QDE N°46 - Quel climat pour apprendre ?

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JUIN 2022

Questions d'éduc.

UN DOSSIER DE L'UNSA ÉDUCATION

#46

Quel climat pour apprendre ?

Collection Dossiers UNSA Éducation www.unsa-education.com La fédération UNSA des métiers de l’Éducation, de la Recherche et de la Culture

NOM IC I


Questions d'Éduc.

Actualités

ÉDUCATIVES

2.

L' É V È N E M E N T

EDUCATION AUX DROITS HUMAINS

Pour sa 10ème édition, le baromètre UNSA des métiers de l’Éducation, de la Recherche et de Culture, établit un nouveau record avec 42 836 répondant·es, issu·es de plusieurs dizaines de métiers qui œuvrent pour la jeunesse. Les résultats sont un véritable coup de semonce pour les politiques menées sous le premier quinquennat Macron. Le décrochage est profond entre le début et la fin du dernier quinquennat à plusieurs points de vue, tant pour le désaccord avec les choix politiques effectués qu’au vu du mal-être croissant, profond, perçu chez les personnels : 86% en désaccord avec les choix politiques en 2022 contre 65% en 2016 ; 27% qui disent ressentir de la reconnaissance et du respect contre 46% en 2016. https://barometre-metiers.unsa-education.com

On ne présente plus Amnesty International, mais connaissezvous toutes ses actions en direction des jeunes publics ? Prêt d’expositions, livrets pédagogiques, intervention de militants, il suffit de cliquer par ici : www.amnesty.fr/education/fr

Un partenaire utile pour faire vivre avec les enfants et les jeunes les valeurs de la République, en éducation scolaire ou populaire.

LE SPORT Le Pass’Sport est reconduit, à la prochaine rentrée scolaire. C’est une allocation de rentrée sportive de 50 euros par enfant ou jeune pour financer tout ou partie de son inscription dans une structure sportive éligible pour la saison 2022-2023. Ce sont 1 058 000 jeunes qui ont bénéficié du Pass’Sport pour la saison 2021-2022. www.sports.gouv.fr

TRANSITION ÉCOLOGIQUE La Région Grand Est accompagne les lycées volontaires dans une trajectoire de transition écologique. Alimentation durable, gestion écologique des bâtiments et des espaces extérieurs, réduction et valorisation des déchets, gestion rigoureuse de la consommation d’eau et d’énergie, mobilité douce : tous les services de vie d’un lycée sont concernés pour devenir plus sobres et durables. Équipe de Direction, lycéens, agents techniques, enseignants, personnels administratifs : tous les publics fréquentant l’établissement sont impliqués. Des projets labellisés « mon lycée se met au vert » émergent avec la réflexion des écodélégués. http s : / / www. g ra n d e st .fr / l yc e e s transition/


Questions d'Éduc.

F E S T I VA L « Et maintenant ? » : un questionnaire et un festival tournés vers l’avenir proposé par France Culture et Arte... Après deux années marquées par le covid, la guerre en Ukraine, et les incertitudes politiques, bref, après tout ça, de quel monde voulons-nous ? La parole nous est donnée pour identifier ensemble les enjeux essentiels d’aujourd’hui, d’abord en répondant aux 77 questions, puis après traitement des réponses par une équipe du CNRS, le festival se tiendra les 21 et 22 octobre 2022. https://www.etmaintenant-lefestival.fr

Le livre

LE GOUT DES SCIENCES

Gouverner par l'emploi

Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a annoncé les six nominés de la nouvelle édition du prix Le goût des sciences.

L’école 42 se présente souvent comme une école révolutionnaire, sans cours, sans profs, ouverte 24h/24 et 7j/7. Créée par Xavier Niel, PDG de Free, elle forme en immersion des codeurs et autres techniciens et ingénieurs informatiques. La formation doit-elle être mise au service de l’emploi ? L’accès à l’emploi doit-il être le grand organisateur de notre vie sociale ? Chemin faisant, on comprend que cette création modèle est

moins l’innovation pédagogique qu’elle prétend incarner, qu’une institution à la frontière entre formation et emploi. S’engager corps et âme dans sa formation, subordonner les savoirs et les savoir-faire aux nécessités du marché, accepter de travailler gratuitement dans l’espoir d’améliorer son cv, apprendre à obéir et à travailler sans compter forment les différentes dimensions d’un unique objectif : se conformer à un gouvernement par l’emploi. Gouverner par l’emploi, c’est considérer que l’emploi est un totem, que c’est l’objet autour duquel et pour lequel la société doit s’organiser. Une passionnante étude sociologique, parue aux éditions PUF. Gouverner par l'emploi Camille Dupuy - François Sarfati éd.PUF

Depuis plus de dix ans, ce prix valorise les auteurs qui rendent la science accessible au grand public à travers leurs ouvrages. Il existe en deux catégories : le prix du livre scientifique adulte et le prix du livre scientifique jeunesse, parmi une sélection d’ouvrages parus en 2021. La petite histoire des flocons de neige, l’esprit critique ou la bête en nous sont sélectionnés dans la première catégorie.

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SOMMAIRE

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6 7 8 9 10 11 12

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Actualités éducatives Édito

Concepts et définitions

Créer du sens pour susciter la motivation Émois et moi ATOLE un concentré d’aide à la concentration Quand la vie scolaire est par trop encombrée La protection de l’enfance, une responsabilité partagée Agir contre les freins à la réussite scolaire et universitaire

La coéducation et les alliances éducatives pour apprendre sereinement

15 16 18 19

La douce musique d’un bon climat sonore

20 22 23

Rendre l’enfant acteur de sa santé

« Le climat scolaire n’est pas une fatalité » De l’impact de l’architecture sur les apprentissages Concevoir des espaces de bien-être, aussi hors de la classe Apprendre dans et avec la nature Pour aller plus loin


d'éduc.

édito Bien apprendre, oui mais, sous certaines conditions Frédéric MARCHAND

Secrétaire général - UNSA éducation CPE

Morgane VERVIERS

Secrétaire générale adjointe - CPE

Béatrice LAURENT

Secrétaire nationale Secteur Éducation et Culture Professeure des écoles - Formatrice INSPÉ ont coordonné ce numéro auquel ont participé : secteur ÉDUCATION ET CULTURE Hawa SALL Conseillère nationale, Chargée de mission Conseillère Principale d'éducation Stéphanie de VANSSAY Conseillère nationale Professeure des écoles Gilles LELUC Conseiller national Professeur de lettres modernes Émilie FOUCRET Conseillère nationale Professeure des écoles Christèle SAUDER, Conseillère Nationale, Directrice Déléguée aux Formations Professionnelles et Technologiques Caroline SOREZ Conseillère nationale Cheffe d'établissement Principale adjointe de collège Pascale MASSINES, Conseillère Nationale, Infirmière scolaire

Directeur de publication Frédéric MARCHAND Graphisme Cécilia Bertin - inanuiicreation@yahoo.fr Crédits photographique UNSA - Pexels - Pixabay www.unsa-education.com

L’éducabilité de toutes et tous est un postulat incontestable. Comment pourrait-on s’engager dans des métiers de l’éducation si on ne la pensait pas possible pour chacune et chacun. Mais à quelles conditions ? C’est un défi de l’éducation au 21ème siècle que de réunir des conditions favorables au plus grand nombre pour bien apprendre. Des conditions matérielles, pédagogiques et psychologiques. Une question large qui va de l’architecture durable et pensée par et pour ses utilisateurs, à la non-violence en passant par la reconnaissance et le respect de tous les acteurs et actrices, professionnels, familles, enfants et jeunes. Le bien-être, la qualité de vie au travail (QV T ) sont des thèmes très en vogue qui traversent toute la société. La bienveillance et la bientraitance ne sont pas que mantras, elles sont encore des concepts qui demandent acculturation et appropriation. Ce numéro de Questions d'Éduc. traite du climat favorable aux apprentissages, un facteur essentiel de la réussite du plus grand nombre et de réduction des inégalités. L’UNSA Éducation revendique qu’il soit un enjeu davantage identifié, travaillé et suivi tout au long du continuum des politiques éducatives. L'équipe éditoriale de "Questions d'éduc."

Questions d'Éduc.

Questions

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Questions d'Éduc. 6.

C O N C E P T S ET D ÉFI NI TI ONS Climat scolaire Il reflète le jugement des parents, des éducateurs et des élèves concernant leur expérience de vie et de travail au sein de l’école, sans pour autant résulter d’une simple perception individuelle. Il renvoie donc à la qualité de vie à l’école. Il concerne les normes, les buts, les valeurs, les relations interpersonnelles, les pratiques d’enseignement, d’apprentissage, de management et la structure organisationnelle inclus dans la vie de l’école.

BIENVEILLANCE / VS BIENTRAITANCE La bientraitance et la maltraitance sont des actions, positives ou négatives, alors que la bienveillance et la malveillance sont des intentions, souvent suivies d’actions. En règle générale, on est bientraitant parce que l’on est bienveillant, et maltraitant parce que malveillant.

Compétence VS appétence La compétence, c’est le savoir-faire, l’appétence c’est l’aimer-faire. Une personne qui éprouve du plaisir dans son travail, sera non seulement plus épanouie mais aussi plus performante. En matière d’apprentissage, il plus aisé de devenir compétent si on a une appétence pour l’objet d’apprentissage. Mais on peut susciter l’appétence en faisant ou par des stratégies de motivation.

Sentiment d’appartenance : Sentiment d’être relié à une communauté constituée de personnes aux statuts différents. Engagement, enthousiasme de cette communauté au service de mêmes objectifs.

Harcèlement Le harcèlement est une conduite abusive qui par des gestes, paroles, comportements, attitudes répétés ou systématiques vise ou conduit à dégrader les conditions de vie ou conditions de travail d'une personne.

Competences psychosociales Il s'agit d'un ensemble cohérent et interrelié de capacités psychologiques (cognitives, émotionnelles et sociales), impliquant des connaissances, des processus psychiques et des comportements spécifiques, qui permettent de renforcer le pouvoir d'agir, de maintenir un état de bien-être, de favoriser un fonctionnement individuel optimal et de développer des interactions constructives.

COMMUNICATION NON VIOLENTE La communication non violente est une méthode de communication formalisée par Marshall B. Rosenberg dans les années 1970. Selon son auteur, ce sont « le langage et les interactions qui renforcent notre aptitude à donner avec bienveillance et à inspirer aux autres le désir d'en faire autant ».


pour susciter la motivation

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Créer du sens

« Motivation » est un mot que l’on entend et emploie plusieurs fois par jour ; il est devenu tellement courant dans notre langage quotidien… Il faut dire, qu’appartenant au grand lexique du mouvement, il est particulièrement mis à l’honneur par le rythme effréné que nous impose notre époque. Le « movere » latin a donné « mouvoir » en français, et toute l’isotopie qui en découle : mobile, moteur, motiver, motivation, mais aussi émouvoir, émotion. La motivation, pour la définir de la façon la plus générique possible, ce sont les raisons, les intérêts qui poussent un individu à l’action, qui le mettent, littéralement, en mouvement.

Au cœur de la problématique scolaire, la motivation nous renvoie, nous, pédagogues (et n’oublions pas que le sens de ce mot tend à souligner que nous sommes les « conducteurs » des enfants qui nous sont confiés), à de multiples difficultés. Celle, dans un premier temps, d’être à l’écoute de toutes les motivations, de la plus balbutiante à la plus affirmée, de tous nos élèves, dans leur multiplicité et leur diversité. Le temps de l’individualisation de l’écoute n’étant pas le plus facile à mettre en place dans nos classes. La façon d’y parvenir n’est pas non plus évidente. Il semble y avoir dans la capacité à faire naître et grandir la motivation de nos élèves une dimension humaine devant laquelle les équipes pédagogiques les plus aguerries peuvent se trouver démunies.

Indissociable du sens La motivation est indissociable du sens : on ne se met en mouvement que si on a un but à atteindre, un sens dans lequel aller. Pour nos élèves, le sens des apprentissages est à lui seul le générateur (ou l’inhi-

biteur) d’une motivation inconstante et fragile. Sans compter que les conditions familiales et sociales influent, voire déterminent le lien que les enfants peuvent nouer avec l’idée qu’ils se font de la réussite, et par conséquent des mécanismes à mettre en œuvre pour y parvenir. Il apparaît donc nécessaire de penser le travail sur la motivation comme un objectif à part entière, construit dans la durée et faisant l’objet d’un suivi pluriannuel. On sort, dès lors, des mises en œuvre individuelles, chacun dans son espace ; c’est dans une véritable dynamique d’équipe, voire d’établissement que doit s’inscrire cette volonté de questionner chez nos élèves le sens de leurs objectifs et du parcours à construire pour y parvenir. Sans doute l’aide apportée par des partenaires associatifs, aguerris à ces problématiques et riches d’une relation différente aux élèves.

Du côté des personnels L’association Energie Jeunes, agréée par le MEN depuis 2014, et reconnue d’uti-

lité publique depuis 2017, propose « une alliance éducative pour coconstruire » la réussite scolaire, particulièrement dans les établissements où les inégalités sont les plus présentes. Sous forme d’interventions ponctuelles ou de supports libres, ils affichent une volonté « de développer au sein de chaque classe les motivations d’apprentissages [et de] provoquer les déclics psychologiques qui aident à surmonter les difficultés scolaires ». Si la motivation de nos élèves est quotidiennement mise à l’épreuve, que dire de celle des personnels ? Sens de la mission, déceptions, difficultés relationnelles ou professionnelles, épuisement des bonnes volontés dans des efforts vains ou ressentis comme tels…. Les écueils ne manquent pas. Tout adultes que nous sommes, il nous coûte parfois beaucoup de temps et d’énergie de tenter de retrouver un peu de motivation pour poursuivre une mission, qui pourtant, reste pour la plupart d’entre nous, une véritable vocation.

7.


Questions d'Éduc.

Émois et moi Nos émotions sont comme une boussole intérieure. Elles nous permettent d’ajuster notre vie. Lorsqu’un besoin n’est pas respecté pour soi, une émotion vient s’activer. Si cette émotion est

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étouffée, elle ressort de plus belle, jusqu’à ce qu’on y prête attention. Pour cela, le travail d’autoempathie permet d’écouter l’émotion qui surgit et indique le besoin qui n’est pas encore assouvi.

Le bien-être des personnels est fortement impacté actuellement. Les conséquences sur la santé des professionnels sont de plus en plus visibles et des symptômes liés aux risques psychosociaux peuvent entraîner :

Les risques psychosociaux (RPS) • le stress • les violences internes commises au sein de l’établissement ou de la structure par des professionnels. (Harcèlement moral ou sexuel, les conflits, …) • les violences externes commises sur des professionnels par des personnes externes à l’établissement/la structure (insultes, menaces, agressions…)

La société nous demande d’être dans l’action ne laissant que peu de place à l’être et à l’introspection. Pourtant, une méconnaissance des émotions entraîne une mauvaise gestion de celles-ci. Avant d’aider nos élèves à mieux gérer leurs émotions, nous devons apprendre à les gérer pour nous-mêmes pour commencer. Le processus tiré de la communication bienveillante, initié par Marshall B. Rosenberg, est un

Symptômes liés aux risques psycho-sociaux Suicide

Burn-out

Dépression, anxiété

Maladies cardiovasculaires

Troubles musculosquelettiques

Troubles du sommeil

Troubles de la concentration de l’irritabilité, de la nervosité

Fatigue importante

outil qui devrait être enseigné aux élèves et travaillé en formation initiale et continue pour tous les professionnels. Lors d’une situation conflictuelle, le processus de communication repose sur quatre étapes : 1. L’observation précise et le constat conséquent des faits. 2. L’émotion que cela provoque chez les protagonistes. 3. La demande concrète et négociable de chacun. 4. Les avantages pour les deux personnes que cette solution apporte.

Actuellement, les formations sur ce type de compétences sont rares, voire inexistantes. Les personnels désireux de se former travaillent par eux-mêmes. C’est regrettable que l’éducation nationale ne choisisse pas de s’emparer de ces compétences essentielles, pour le bien-être des élèves, mais également des personnels. Plus les personnels de la sphère éducative seront formés à cette pratique, plus la mise en place au sein des classes sera facile. Les relations humaines n’en seront que plus sincères et apaisées.


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AT O L E

un c onc ent ré d ’ aide à la concentration

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« Concentre-toi ! » : cette injonction bien connue fait régulièrement irruption dans les salles de classe. Mais comment faire pour parvenir à se concentrer ? Personne ne nous apprend à le faire et pourtant c’est un prérequis à avoir en tant qu’élève, puis tout au long de sa vie.

Jean Philippe Lachaux, directeur de recherche Inserm au Centre de recherche en neurosciences de Lyon a créé le programme ATOLE (ATtentif à l’écOLE). En considérant que l’attention est essentielle aux apprentissages, ce dispositif s’inspire des recherches en neurosciences cognitives. Il a pour but d’aider les jeunes générations à choisir ce à quoi ils accorderont leur attention avant d’être piégé par l’exposition massive aux écrans. L’objectif général est de rendre l’élève responsable de sa propre attention pour l’amener à mieux la maitriser, tant à l’école qu’à l’extérieur. Trois leviers sont proposés dans les séquences pour favoriser l’attention : 1. Apprendre à reconnaître les distractions externes qui aspirent l’attention. 2. Comprendre leur mode d’action dans le cerveau. 3. Apprendre à réagir progressivement grâce à un ensemble d’habitudes et de stratégies cognitives pour rester concentré.

Dans ce programme, des fiches sont mises à disposition gratuitement aux enseignants, aux parents et aux professionnels de santé. On y trouve des séquences détaillées avec des apports de savoir et de savoirfaire. Aucun prérequis en neurosciences n’est demandé pour y avoir accès. Les savoirs sont vulgarisés et souvent imagés pour faciliter la compréhension. Le dispositif déculpabilise les élèves et les enseignants

trouvent des outils accessibles et faciles à mettre en œuvre. ATOLE fournit à l’enfant et l’enseignant différents modes d’emploi et stratégies à mettre en place. Dans l’une des séquences par exemple, l’enfant visualise, dans son esprit, sur son « écran mental », une poutre à traverser, sans tomber, pour aller d’un point A à un point B. L’idée est de l’aider à détecter le moment où il commence à être déconcentré pour qu’il puisse vite se ressaisir et restabiliser son attention.


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Quand la voie scolaire est par trop « encombrée »

10. Le graphique, connu sous le nom de pyramide de Maslow, est souvent évoqué lorsque la question se pose de réfléchir à la hiérarchie des besoins de l’être humain. Simple, sans ambages, il nous rappelle que les besoins physiologiques puis les besoins de sécurité forment le socle de nos besoins humains.

Manger à sa faim, avoir un « chez soi » confortable et sain, évoluer dans un environnement exempt de violences physiques ou psychologiques, nous semble une évidence. Mais pour une partie non négligeable des enfants, ça ne l’est pas. Quiconque a déjà posé aux élèves la question de l’endroit où ils font leurs devoirs ou avec qui ils partagent leur chambre, le sait. Les personnels qui participent aux commissions fonds sociaux le savent aussi : nombre d’entre eux ne mangent pas chaque jour à leur faim ou n’accèdent pas correctement au confort d’une hygiène quotidienne, de vêtements propres et à leur taille, aux lunettes ou aux soins dentaires né-

cessaires. C’est parfois à l’occasion de retards récurrents qu’un professeur ou les personnels de vie scolaire comprennent qu’un élève dépose ses petits frères et sœurs à l’école avant de venir au collège. Parce que le.s parent.s sont déjà partis travailler. Ou dorment encore. Comment alors être disponible pour les apprentissages, ou même pour les relations interpersonnelles qui sont le quotidien d’une journée d’école ? D’autant plus quand, à l’école, ces raisons, ou d’autres, sont l’origine de situations de rejets voire de harcèlement qui retentissent sur les besoins supérieurs de la pyramide, les besoins d’appartenance et d’estime.

Pyramide de Maslow

Ressources Rapport « Grande pauvreté et réussite scolaire » sur https://www.education.gouv.fr/ grande-pauvrete-et-reussitescolaire-le-choix-de-la-solidaritepour-la-reussite-de-tous-8339 Pyramide de Maslow : https://cdn.scribbr.com/wpcontent/uploads//2019/08/ image-10.png https://cdn.scribbr.com/wpcontent/uploads//2019/08/ image-10.png

Ces manques chroniques, ces problèmes récurrents finissent par peser non seulement sur l’enfant qui les supporte, mais également sur les personnels éducatifs, d’encadrement et médicaux-sociaux qui n’arrivent pas à les résoudre, et qui s’y épuisent tant physiquement que psychologiquement. Il n’est pas question ici d’en faire une liste exhaustive. Le rapport de Jean Paul Delahaye Grande pauvreté et réussite scolaire, les décrit parfaitement. Sept ans après sa parution, le rapport de celui qui était à l’époque Inspecteur général de l’Education nationale est tout sauf obsolète. Il recense, point par point, les inégalités sociales et les difficultés institutionnelles en jeu, et propose, sans langue de bois, des réponses de terrain à ces problématiques pérennes et sans cesse renouvelées. A l’heure d’une incarnation nouvelle de la politique d’éducation en France, la mise en œuvre d’une politique de résilience, pour les élèves mais également pour les personnels, est, plus que jamais, l’objet de tous nos souhaits.


Questions d'Éduc.

L A PR OT E C T I O N D E L’E N FANC E, U N E R E S P ON SABILIT É PARTAGÉE

11.

L'École est un lieu privilégié d'observation des difficultés personnelles, sociales, familiales et de santé des élèves. Elle offre un cadre favorable au recueil de la parole de l'enfant et aux échanges avec les parents sur les questions éducatives. Les enseignant.es dans le cadre des programmes et des séances de sensibilisation aident les élèves à acquérir des compétences pour savoir se prémunir et demander de l’aide et leur font connaître leurs droits. Les personnels sociaux et de santé de l’éducation nationale apportent expertise et conseils techniques - accueil, conseil, soutien et orientation - aux élèves et aux personnels de l’établissement. Médecins, infirmières et assistants de service social sont à l’écoute des élèves et des familles.

Trois acteurs principaux Le Président du Conseil Départemental reçoit les informations préoccupantes transmises par l’Aide Sociale à l’enfance (ASE) via la Cellule de Recueil des Informations Préoccupantes. Il peut demander à ce que soient réalisées des investigations sur les conditions de vie de l’enfant afin d’apprécier la gravité du danger. Trois propositions sont possibles : une demande de mise en place d’une prestation de l’ASE, la volonté de saisir l’autorité judiciaire ou la demande d’un complément d’évaluation accompagnée de premières mesures. Le président du conseil du département signale au procureur de la République ou au juge des enfants d’une situation de danger afin qu’ils prennent les mesures nécessaires pour protéger l’enfant.

Le juge des enfants est compétent pour fixer des mesures d’assistance éducatives. L’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) peut apporter des aides financières, un accompagnement pour les familles en difficulté ou la prise en charge d’enfants. L’objectif est de maintenir le mineur dans son milieu habituel le plus longtemps possible avec un accompagnement social et familial. Objectif : maintenir l’enfant dans sa famille

Le Technicien de l'Intervention Sociale et Familiale tient un rôle préventif et éducatif et apporte un accompagnement et un soutien aux parents. Il s'occupe des enfants en les aidant à faire leurs devoirs ou dans leurs activités et loisirs. Il soutient les parents dans la vie ou propose des mesures d'accompagnement en économie sociale et familiales. Des actions éducatives à domicile ou en milieu ouvert se réalisent avec l’intervention d’un éducateur auprès de l’enfant et de ses parents.

R NIR TENI RETE À À RE L'Éducation nationale contribue à la protection de l'enfance aux différents niveaux du système éducatif. Elle est à l'origine d'environ un quart des transmissions d'informations préoccupantes aux conseils départementaux et des signalements à la justice.


Questions d'Éduc.

AGIR CONTRE LES FREINS À LA RÉ USS I T E S CO L A I R E ET U N I V ER S I TA I R E

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L’entrave de l’insuffisance alimentaire L’insuffisance d’alimentation lors du temps scolaire contribue aux difficultés d’apprentissage des élèves. Est il besoin de rappeler que l’alimentation contribue au bien être, à la bonne santé et donc à la mise en condition favorable pour apprendre ? Et pourtant tous les enfants et jeunes ne bénéficient pas de ces préalables. La privation de nourriture est un véritable problème tout comme la mauvaise alimentation. Nous revendiquons une politique sociale au bénéfice des élèves, des seulement des étudiants, des apprentis, étudiants sont portée par les services boursiers sociaux qui en sont les acteurs et les actrices essentiel·les. Pour se faire, le renforcement de leurs moyens est indispensable. L’UNSA Éducation s’oppose à tout système éducatif renforçant les déterminismes sociaux, genrés, culturels ou géographiques. Il est indispensable de lutter

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Les propositions de l'UNSA : www.unsa-education.com/ magazines/unsa-education-programme-esr-2/

d’avoir une activité salariée : le montant de la bourse est insuffisant ou ils/elles n’en perçoivent pas. Cela impacte directement les conditions d’études : une partie du temps et de l’énergie est La crise sanitaire a révélé au consacré à un emploi qui remplit grand jour la précarité étudiante. la fonction de « job alimentaire » et constitue un Souvenez vous des frein à la réusfiles d’attente des « La crise site. C’est pourétudiant·es pour des distributions sanitaire a révélé quoi l’UNSA Éducation realimentaires ; ces au grand jour vendique l’insfiles nous obligent. tauration d’une Les difficultés fila précarité allocation nancières d’une étudiante » d’étude univerpartie de notre selle. Cela perjeunesse sont une mettra à chacune et chacun de réalité. Et pourtant les politiques pu- bénéficier d’un revenu et de se fobliques ne sont pas à la hauteur. caliser sur sa réussite. L’absence A peine un tiers des étudiant·es d’environnement favorable et de perçoit une bourse sur critères conditions matérielles satisfaisociaux. Pour vivre ou survivre, santes sont des freins qui doivent les étudiant·es sont contraint·es être combattus. contre la pauvreté et ses conséquences néfastes pour que les besoins premiers des familles en situation de précarité soient satisfaits.


Questions d'Éduc.

L’inégalité du capital culturel « L'éducation artistique et culturelle est fondamentale » Facteur décisif pour la réussite scolaire et concept du sociologue Pierre Bourdieu, le capital culturel désigne l’ensemble des ressources culturelles dont tout un chacun dispose. Les sorties culturelles en famille, les débats lors des repas, les vacances avec les grands-parents,

tout cela contribue à forger des compétences culturelles. Celles et ceux qui évoluent dans ces milieux plutôt favorisés, peuvent réinvestir dans leur scolarité des compétences acquises dans la structure familiale. Il y a donc un enjeu de démocratisation de la culture et de société pour donner les mêmes chances à tous les futur·es citoyen·nes. La politique d’éducation artistique et culturelle est fondamentale pour permettre un accès à la culture du plus grand nombre en dépassant les acquis de la sphère familiale.

Pour remédier au déficit de capital culturel de certain·es, plusieurs associations ont décidé de se regrouper en collectif en septembre 2019 pour favoriser le mentorat et lutter contre cette inégalité d’accès à la culture reproduite par notre système éducatif. Le mentor accompagne l’étudiant·e ou l’élève plusieurs années avec l’objectif de l’aider à cette ouverture sociale et cuturelle par des sorties et des rencontres, qu’il s’agisse d’évènements culturels ou de découverte de milieux professionnels, de soutien vers l’emploi etc.

La solution du mentorat Focus avec 2 associations

« L’accompagnement proposé est multiple »

{

L'association Article 1. L'Association Fondation Étudiante pour la Ville

Un étudiant intervient 2h par semaine auprès d’un élève qui rencontre des difficultés. L’accompagnement mis en place dépendra des besoins du jeune. C’est un outil qui vise à faire prendre confiance par l’ouverture culturelle et de fournir au jeune des ressources lui permettant d’avancer par lui-même. En 2021, l’association Article 1 a lancé la première plateforme digitale et gratuite pour démocratiser le mentorat après plusieurs années d’expérience dans le domaine.

}

Cette plateforme DEMA1N. org met en relation chaque jeune avec un mentor bénévole qui lui correspond en termes de besoin et de projet. L’accompagnement proposé est multiple : une aide pour trouver un premier emploi, des conseils méthodologiques pour s’orienter ou progresser dans une langue étrangère pour ne citer que ces exemples. L’objectif est toujours le même : compenser les inégalités d’accès au large champ de l’insertion sociale et professionnelle et favoriser la réussite étudiante.

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Questions d'Éduc. 14.

LA C O É D U CAT I O N E T L E S ALLIA N C E S É D U CATI V E S P O UR AP P R E N D R E S EREI N E M E N T Un bon climat relationnel des adultes autour de l’enfant est indispensable. La crise sanitaire a impacté les relations entre les familles et les différents acteurs et actrices. Il est nécessaire d’encourager la coéducation et de mobiliser les alliances éducatives. La confiance entre les professionnel·les et les parents est essentielle et précieuse. Si c’est une évidence pour certains, un défi encore à relever pour d’autres, pour l’UNSA Éducation, les parents sont les partenaires premiers et des membres indispensables de la communauté éducative. Un récent rapport de l’inspection générale, de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) fait état d’une dégradation des relations entre l’école et les familles. Pourtant la coéducation est essentielle pour la réussite des élèves : nous avons besoin des parents. Une des difficultés

réside dans le fait qu’il n’y a pas de véritable politique publique consacrée aux parents dans et hors de l’école.

Reconnaître la place des parents On constate que c’est sur le terrain que des actions se développent. Ces initiatives mériteraient d’être généralisées ou inscrites au sein des politiques publiques qui se doivent de dépasser le rôle reconnu des parents et de leurs représentant·e·s. Nous pensons qu’il est nécessaire de développer une véritable empathie envers les parents. C’est la base de la relation de confiance que nous devons construire avec eux.

Et en parallèle, il y a urgence à reconnaître et respecter l’ensemble des professionnel·les. C’est une revendication de l’UNSA Éducation qui permettra de faire des parents de véritables partenaires et membres indispensables de la communauté éducative. C’est bien des personnels reconnu·es et respecté·es qui pourront bâtir un climat de confiance avec des parents.

Mobiliser dans les territoires Il est primordial de rappeler qu’un enfant se développe dans et hors de l’école. D’où l’importance de nouer des partenariats et des alliances avec les animateurs et animatrices, les collectivités, les associations partenaires et toutes les structures qui contribuent à l’éducation des enfants et des jeunes. Le bien-être et la réussite des élèves impliquent une coopération. Accepter de partager des responsabilités, dans le respect du rôle de chacune, chacun, et de ces missions, c’est faire alliance. Il faut construire ensemble et en concertation les réponses pour une continuité éducative sur un territoire. C’est dans ce sens que l’UNSA Éducation rappelle l’importance des projets éducatifs de territoire (PEDT) et soutient des dispositifs comme les cités éducatives, qui permettent de mener des projets avec une vision globale des enfants et de leurs problématiques.


La réduction de la pollution sonore est un enjeu de l’architecture et de l’urbanisme scolaires. Mais les solutions existent aussi en classe ; s’attacher au « mieux entendre » favorise une bonne écoute et de meilleurs apprentissages. Faut-il encore démontrer les effets néfastes du bruit sur les comportement et l’apprentissage des enfants comme sur la patience et l’humeur des enseignants et des personnels ? Il est aujourd’hui entendu que la qualité de l’ambiance sonore d’une école ou d’un établissement scolaire a un impact sur le bien-être des enfants et des adultes qui vivent quotidiennement dans les espaces bruyants que sont les cours de récréation, les couloirs et les salles de classe : fatigue, stress, déconcentration, perte d’audition etc... Les premières parades à cette pollution sonore qui nous viennent à l’esprit sont souvent celles du bâti scolaire et de l’amélioration des conditions acoustiques. Mais il en est d’autres qui nous incombent, nous, personnels scolaires et équipes pédagogiques, justement dans l’exercice de notre

mission d’encadrement et d’enseignement.

Initiatives pédagogiques La sensibilisation des élèves à la question du bruit relève autant d’un savoir que d’un savoir-être ayant trait à la santé. Nombreux sont les enseignants qui développent des séances sur ce thème, créant des quizz sur la relation entre bruit et bien-être, organisant un jeu de rôles visant à découvrir le schéma de la propagation du son dans l’oreille, invitant un médecin scolaire à venir témoigner des dangers d’une écoute à haute intensité d’un appareil MP3 et suscitant un débat entre élèves. En primaire, au collège, il est de plus en fréquent d’aménager en classe des « coins doux » pour des activités calmes, coin lecture ou de détente avec des jeux solitaires, réservé aux élèves qui ont terminé leur activité ou ceux

qui ont besoin d’une pause pour se ressourcer quelques instants.

Apprendre « zen » Pour les activités de groupe qui se déroulent en îlots, la montée sonore des échanges est un inconvénient de plus en plus mesuré et anticipé par les enseignants. Aussi, mettre une musique suave, zen, à un niveau suffisant pour faire sentir une présence apaisante sans risque de distraction, permet aux élèves de réguler par eux-mêmes le niveau de leurs conversations. Certains professeurs n’hésitent pas non plus à tapisser d’un doux fond sonore une séance d’évaluation ou de travail individuel car de source scientifique, il est également dit que la musique améliore la concentration, stimule la mémoire et facilite l’apprentissage du langage.

IR VOIR SAVO À À SA

Le bruit, une nuisance pour le bien-apprendre

11%

Les interruptions fréquentes des échanges dues au bruit représentaient une perte de près de 11% du temps d’enseignement. (Bronzaft et Mc Carty, 1975).

Selon Kristiansen et al. (2011),

82% des enseignants sont perturbés par le bruit pendant environ un quart de leur temps de travail.

1/2h

de musique classique par jour est obligatoire pour tous les enfants de Floride (Etats-Unis). Surnommée Beethoven’s Babies Bill, la loi 660 n’a pas pour seul objectif d’aider les petits à s’endormir à l’heure de la sieste, elle vise également à stimuler d’une façon harmonieuse leur développement cérébral.

Questions d'Éduc.

LA DOUCE MUSIQUE D’UN BON CLIMAT SONORE

15.


Questions d'Éduc. 16.

« Le climat scolaire n’est pas une fatalité » « Améliorer le climat scolaire » (Editions ESF), par Erik DUSART, directeur d’une école fondamentale en Belgique avec 321 élèves et 25 enseignants, et Nicolas ROUBAUD, formateur en relation humaine et coach en milieu scolaire.

Qu’est-ce qui rend les éducateurs et les enseignants heureux d’aller au travail ? C ’est à partir de cette question que Erik Dusart et Nicolas Roubaud ont cherché à approfondir la question des conditions d’un bon climat scolaire. Pourquoi avoir écrit ce livre ? Erik DUSART : L’objectif de ce livre est de témoigner que le climat scolaire n’est pas une fatalité et qu’il y a moyen de le travailler. On peut apprendre des compétences qui sont transférables. Nicolas ROUBAUD : « Faire société » ça commence à l’école. Si on passe à côté des relations humaines, d’une profonde écoute et du vivre ensemble quand on est enfant et adolescent, cela pose problème quand on devient adulte. Aborder la question de l’amélioration du climat scolaire, ça doit aussi permettre aux éducateurs et enseignants de se lever le matin en ayant envie d’aller travailler, sans avoir la boule au ventre. Quand on arrive dans un système scolaire en difficulté, de multiples symptômes se développent tels que le harcèlement ou le suicide.

Quelles sont les causes d’un mauvais climat scolaire ? E.D : Il y a l’influence de notre société égocentrée et centrée sur le seul individu. Comment apprendre la solidarité alors que la télévision promeut des émissions d’exclusion telles que « Le maillon faible » ? Au sein d’un établissement, la violence scolaire peut casser, démolir, alors qu’il y a besoin de faire groupe, de faire sens ensemble. On peut reconstruire ça à l’école, par des espaces de parole par exemple. N.R : Notre société est éloignée des vraies valeurs de l’être. Elle nous demande d’être rentable et productif, elle met la pression sur l’individu, elle crée de l’agitation alors qu’une part de nous-même est sensible au besoin d’être en phase avec la nature, de retrouver plus de lenteur, d’avoir du temps d’introspection, d’avoir une qualité relationnelle. Les médias participent de cette agitation en transmettant plus d’opinions que de faits. On

voit donc apparaître de plus en plus de comportements violents comme du harcèlement ou du racisme. Cet aspect sociologique dépasse le champ pédagogique, mais c’est pourtant dans les lieux où l’on enseigne que s’exprime cette somatisation .

Quels sont les leviers pour améliorer le climat scolaire ? E.D : Les enseignants et les éducateurs s’interrogent sur la nécessité d’y consacrer du temps. « Pourquoi passer 20 minutes à faire un cercle de parole ? » se demandentils. Alors que c‘est un investissement profitable pour eux à condition qu’ils y trouvent du sens afin de l’intégrer dans leurs pratiques. N.R : Il y a, selon nous, un protocole à suivre. On doit partir d’un état des lieux initial, avec une adhésion commune de tous les acteurs, puis émettre


Questions d'Éduc. 17.

des principes opérationnels de changement. Les éducateurs et les enseignants ont très souvent une fibre sociale, un élan pour la qualité de relation et du vivre ensemble. Ça fait partie des paramètres qui caractérisent la corporation. Il faut leur donner la possibilité de vivre et partager ce type d’expérience. Une perte d’organisation et des acteurs qui se parlent moins bien peut conduire à une situation conflictuelle. Le sac à dos émotionnel se remplit, les rumeurs émergent et génèrent une ambiance négative. A côté des outils méthodologiques, nous proposons donc des récits d’expérience et des apports pratiques qui peuvent aider à une synergie positive des équipes et une meilleure connaissance et gestion des compétences émotionnelles. Il est primordial d’être entouré de collègues qui partagent le même objectif d’amélioration et de dépassement du conflit par une mise en mouvement et un partage d’expérience de vie.

DES RESSOURCES - Un accueil et une reconnaissance de la situation de départ - Un retour sur les besoins fondamentaux des acteurs (enseignants, élèves, autres personnels) - Une méthodologie avec une grille de lecture - Des pistes et outils de formation L’ouvrage se veut également pratique avec de nombreux exemples comme : - Des outils de la classe démocratique ; - Des situations types pour mieux gérer les conflits avec des parents ou des collègues ; - Un protocole détaillé permettant d’apprendre à parler vrai ; - Un accompagnement pour reprendre la main sur une classe difficile ; - Un modèle de gouvernance participative. On parle de la vie d’un groupe au travail. Tous les groupes éducatifs sont concernés par cette grille de lecture qui est inspiré du Leadership relationnel.

R NIR TENI RETE À À RE

Une méthode : 2. Retour à une parole vraie en faisant taire les rumeurs

3. Développer des pratiques collaboratives

CLIMAT SCOLAIRE

1. Recherche d’adhésions de tous les acteurs

4. Se réjouir de chaque avancée.

5. Mettre en place une gouvernance participative


Questions d'Éduc. 18.

DE L’IMPACT DE L’ARCHITECTURE sur les apprentissages

L’étude de Salford : Impact de la conception des classes sur les apprentissages

L’étude « Clever Classrooms » menée par le professeur Peter Barrett et les docteurs Yufan Zhang, Fay Davies et Lucinda Barrett pour l’Université de Salford à Manchester. 153 salles de classe dans 27 écoles et 3 766 élèves

Design et appropriation Les facteurs environnementaux Si la lumière et la température influent sur la qualité des apprentissages, la qualité de l’air est également un facteur important. Dans cette période d’équipement des salles en détecteurs de CO2, il semblerait que la sécurité sanitaire et la pédagogie se rejoignent.

La conception flexible Les « Learning Zones » avec un découpage de la salle de classe en différentes zones, type ilots permettent de différencier les apprentissages (lecture, collaboratif, autonomie) et semblent très efficace. Ce type d’aménagement, très utilisé sur les plateaux technologiques est malheureusement quasi inexistant dans les matières plus généralistes. Avec l’évolution générationnelle et la nécessité de mettre en place de nouvelles pédagogies, on ne pourra pas faire l’économie d’une réflexion sur la nouvelle salle de classe.

Les chercheurs ont découvert que l’appropriation d’une salle de classe (confort, appropriation) permettait également de diminuer l’anxiété scolaire et ainsi améliorait les résultats. Pour la classe de mathématiques notamment, 73% des progrès sont ainsi corrélés à ce critère.

Bouleverser l’architecture scolaire : L’expérience danoise de Rosan BOSCH Designeuse et architecte, Rosan Bosch est partie des besoins des utilisateurs et a dégagé le concept de 5 espaces : "Mountain" : espace conventionnel, un professeur face au groupe élève "Cave" : zone de travail individuel

"Campfire" : espaces de travail en mode projet par petits groupes. "Watering hole" : espaces de circulation et d’échanges informels. "Hands on" : zone où l’on fabrique, on bouge. L’architecte aménage l’école avec ces 5 types d’espaces, ouverts entre eux pour permettre aux utilisateurs de passer de l’un à l’autre. Ce nouveau concept permet l’innovation pédagogique, le travail collaboratif et à chacun de trouver son lieu. En misant sur un mobilier coloré et très fonctionnel, elle accentue le bien être pour favoriser les apprentissages. Projet du collège de Glasir – Tórshavn

College

TORSHAVN,

FAROE ISLANDS Danemark


Maurice Mazalto était proviseur de lycée d'enseignement général et technologique (LEGT ) en 2000 quand il a dû super viser des travaux d’extension de son lycée en Normandie. Il s’est alors intéressé à l’architecture et à son impact sur la vie du lycée et découvre son importance. Il déplore que la formation des personnels de l’éducation n’inclue pas cette thématique. Depuis, il a écrit cinq livres et poursuit ses recherches et ses inter ventions sur le sujet.

Bosch, Rosan. "Designing for a better world starts at school » Rosan Bosch at TEDxIndianapolis https://www.youtube. com/watch?v=q5mpeEa_VZo Padlet Site ressource : http://www.csidoc.com/ blog/csi-prof/architecture-scolaire-et-innovations-pedagogiques-1. html Podcast France inter : https://www. radiofrance.fr/franceculture/podcasts/ rue-des-ecoles/l-architecture-scolaire-6637287 Expérimentation Eduscol : https://youtu.be/q-3zcdNkRoY

M a u r i c e M a z a l t o s ’ a p e r çoit que l’on commence à s’intéresser à ce sujet en 2005 grâce à deux portes d’entrée. La première fut le numérique qui a induit des pratiques plus nomades et l’appropriation de nouveaux espaces de travail. Le second fut l’écologie qui mena à la végétalisation des cours de récréation. « Tout projet doit d’abord commencer par une interrogation sur les besoins réels des utilisateurs : apprenants, et équipes pédagogiques, sans oublier les agents territoriaux », stipule Maurice Mazalto. Concevoir les espaces sans l’adhésion des équipes ne peut être qu’un échec. Il a, lors de ses interventions, interrogé plus de 1 300 jeunes du CP au lycée. Les trois demandes principales émergeantes sont la création de zones d’échange, des aménagements plus calmes et enfin des espaces pour que chacun trouve sa place. La distribution des lieux devrait

ainsi dégager des lieux sûrs pour réaliser des activités physiques ou des jeux, permettre la différenciation selon les âges si besoin et proposer des endroits où se poser.

Faire vivre chaque zone Pour que cela fonctionne, la communauté doit également réfléchir au règlement de fonctionnement pour faire vivre chaque zone. Cela fait partie d’une stratégie éducative indispensable au bien-être de toutes les personnes utilisant l’espace scolaire. « Il n’y a pas un modèle d’aménagement de l’espace mais celui-ci doit être adapté à la typologie du lieux (ancien, moderne, étendu ou non) et aux besoins des usagers. Faire un aménagement type n’a pas de sens ». Repenser l’aménagement des parties hors classe est fondamental pour la réussite des élèves et leur épanouissement. C’est un travail long qui doit être réfléchi collectivement en ne négligeant pas les freins liés à la peur du changement.

Questions d'Éduc.

D es r es s o u r c es

Concevoir des espaces de bien- être, aussi hors de la classe

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Questions d'Éduc. 20.

R E N D R E L’ E N FA N T

ACTEUR DE SA SANTÉ L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité ». La santé est ainsi prise en compte dans sa globalité. Elle est associée à la notion de bien-être qui est d’améliorer sa qualité de vie et prendre soin de sa santé. C'est également le droit, pour la personne malade, de mieux vivre sa maladie au travers d'une écoute et d'un accompagnement adapté.

« Le parcours de santé s’inscrit dans le continuum éducatif et prépare les élèves à prendre soin d’euxmêmes ». La promotion de la santé à l'école s'appuie sur une démarche globale et positive permettant de promouvoir le bien-être des élèves dans un environnement bienveillant favorisant un climat de confiance et de réussite. Elle nécessite une volonté d’agir précocement sur le jeune public, sur leurs habitudes de vie, leurs comportements adaptés à la vie en collectivité, mais aussi sur la prise en charge des troubles des apprentissages et l’inclusion des élèves porteurs et porteuses de handicap.

Un enjeu de réussite scolaire Le parcours de santé s’inscrit dans le continuum éducatif et

prépare les élèves à prendre soin d’eux-mêmes, à devenir des citoyen·nes responsables en matière de santé individuelle et collective. Tous les acteurs de la vie éducative, pédagogique et les professionnel.les de santé et sociale sont appelés à se mobiliser pour apporter leur expertise. Le dépistage précoce des troubles de la santé relève d’une nécessité incontournable pour diagnostiquer des éléments perturbateurs à l’égalité des droits.

lutte contre les violences scolaires s’appuie sur quatre axes : « sensibiliser », « prévenir », « former » et « prendre en charge ». Savoir résoudre des problèmes, communiquer efficacement, avoir conscience de soi et des autres, savoir réguler ses émotions sont quelquesunes des compétences psychosociales qui sont reconnues comme un déterminant clé de la santé et du bien-être avec, au final, l’objectif de rendre l’élève acteur de sa santé.

Les comportements à risque pour la santé structurent les inégalités sociales au cours de l’enfance et de l’adolescence. Ainsi, le renforcement des attitudes favorables à la santé pour tous les élèves qui se réalise via des actions d’éducation à la santé centrées sur des thèmes comme l’addiction, la sexualité et l’alimentation est primordial.

Dans cette perspective globale, l’Éducation Nationale est au cœur de la prévention, de l’inclusion et des soins apportés aux élèves, dans un souci d’égalité des droits. Mais une attractivité en baisse pour la profession de médecin de l’Éducation nationale, des quotas inadaptés au recrutement nécessaire de personnels infirmiers et des salaires largement insuffisants sont en inadéquation avec une politique d’éducation à la santé qui se veut ambitieuse.

Prévention et climat scolaire Le plan de prévention et de


Ensemble autour des ecrans Profitons des moments informels pour observer ce que

Cyberharcèlement, addiction, isolement, dépression, fake news, surveillance, économie de l’attention… la vision du numérique véhiculée par les médias et les éducateurs est souvent bien sombre.

font les jeunes avec leurs outils

Nous ne discuterons pas ici de tel ou tel danger - tous ont une part de réalité augmentée de fantasmes et de généralisations abusives - mais de la pertinence de ce matraquage en règle que nous subissons toutes et tous, et répercutons, sans forcément en avoir conscience, dans nos actions et réactions éducatives.

sur leurs usages personnels,

Le numérique crée des espaces de vie et de sociabilité à investir, il est donc à la fois un lieu et un moyen d’éducation incontournable. Comme pour plein d’autres champs, il comporte des aspects très agréables et positifs et aussi des points d’attention nécessaires et des dangers plus ou moins spécifiques. Jamais il ne nous viendrait à l’idée de commencer par dire aux enfants à quel point la rue, ou l’école par exemple, est un lieu plein de dangers et tout ce à quoi ils peuvent s’attendre comme désagréments, mais nous les accompagnons, les laissons découvrir, expliquons en contexte le pourquoi de telle ou telle règle de prudence nécessaire… faisons de même avec le numérique.

IRE INT ÉG RE R PL UT ÔT QU ’IN TE RD Même s’il est inévitable de poser quelques règles, sur l’usage ou le non-usage du smartphone notamment, pensons aussi et surtout à l’autoriser, voire à demander de le sortir pour documenter (photographier, enregistrer, filmer…) une activité ou une expérience vécue. Il peut aussi servir à raconter (avec partage sur les réseaux sociaux), à chercher ou compléter des informations (via l’application Wikipedia), à solliciter des avis extérieurs de pairs ou de spécialistes.

numériques, regardons-les interagir autour de leurs écrans, posons-leur des questions partageons-leur les nôtres…

Accompagner en contexte De cette façon, en plus de développer nos compétences et habiletés mutuellement, nous multiplierons les situations où il sera pertinent, en contexte, de constater les problèmes qui apparaissent et les différentes stratégies possibles pour les éviter ou les régler. Cela ouvrira des espaces de discussions enfants-éducateurs (pouvant se poursuivre numériquement) qui outilleront les jeunes pour leur vie sociale en ligne, bien plus sûrement qu’une énième intervention sur “les dangers des écrans”.

Questions d'Éduc.

Plaidoyer pour un numérique serein

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Questions d'Éduc. 22.

Apprendre dans et avec la nature Éducation et nature sont liées dans une tradition pédagogique ancienne. Si à l’Ecole, on redécouvre les bienfaits de la « classe dehors », dans les colonies de vacances ou centres de loisirs, on ne s’en est jamais éloigné. Ce qui était utile hier devient aujourd’hui indispensable et urgent pour former les citoyen·nes de demain. Une reconnexion à la nature pour tout à la fois mieux la connaître et la préserver, et s’y sentir bien et partie prenante. Donner du sens à son apprentissage, donner un avenir à son futur.

Des conceptions de la nature Pour les adultes en charge d’éducation, il est essentiel de savoir ce que recouvre le mot « nature », son histoire, et sa compréhension actuelle du lien entre les êtres vivants. L’enjeu est bien de prendre conscience que les humains font partie intégrante de cette nature que nous pouvons étudier, essayer de comprendre, et que nous nous devons de respecter, protéger en sachant que notre avenir y est lié.

Une approche pédagogique pas si nouvelle Apprendre à observer, comprendre les êtres vivants animaux et végétaux mais aussi les minéraux ne peuvent efficacement se faire qu’en étant à l’extérieur. Les pédagogues de l’éducation nouvelle ont toutes et tous souligné cette nécessité d’une harmonie entre le corps et l’esprit à travers la présence

de la nature. Élise et Célestin Freinet, Maria Montessori, Ovide Decroly, ainsi que Jules Ferry qui concrétisa l’enseignement public laïc, ont insisté sur la complémentarité entre observations en extérieur et travaux de classe. La classe-promenade a même été réglementaire (loi du 10 juillet 1889), une idée issue de préoccupations hygiénistes, reprise par la suite pour donner du sens à une multitude d’apprentissages transdisciplinaires mais aussi pour tenir compte des besoins et rythmes des enfants. Être dehors pour apprendre à identifier les chants des oiseaux, courir, se rouler dans l’herbe, grimper aux arbres, faire la sieste, s’émerveiller, dessiner, photographier, prendre des notes….

Pour que dure une éducation populaire émancipatrice Accompagner les enfants et les jeunes dans la découverte du monde extérieur a toujours

été au cœur des projets pédagogiques de l’éducation populaire. L’émancipation et l’autonomie des enfants et des jeunes sont en ligne de mire, et rien de tel que de se confronter à l’environnement naturel pour les atteindre. La politique progressiste du Front Populaire mise en œuvre par Jean Zay et Léo Lagrange a fait rayonner l’éducation populaire, en multipliant les vacances collectives, les expériences de découvertes de nouveaux milieux. Aujourd’hui, elle perdure tout en cherchant, fidèlement à sa tradition humaniste, à être en phase avec les grands défis écologiques du 21ème siècle. Que ce soit en milieu scolaire ou extra-scolaire, l’objectif lié entre nature et éducation est le même : permettre aux enfants de mieux se connaître, et connaître les autres humains et êtres vivants, dans un environnement partagé.


Le prix "Non au harcèlement" organisé par le ministère (MENJ) avec le soutien de la mutuelle MAE, a pour objectif de donner la parole aux jeunes des écoles, collèges, lycées, structures péri et extrascolaires pour qu’ils s'expriment collectivement sur le harcèlement à travers la création d’une affiche ou d’une vidéo.

Réseau Canopé propose des formations en ligne pour comprendre les compétences psycho-sociales et comment les développer : https://www.reseau-canope.fr/ notice/formation-sur-les-competences-psychosociales.html

Prix coup de cœur des élèves 2021, lycée Honoré Daumier Académie d’Aix-Marseille

L’école des loisirs :

Les émotions de P’tit Cube : sept épisodes vidéo de la nouvelle série des Fondamentaux sont désormais en ligne. Avec un accompagnement en autoformation par un parcours M@gistère.. https://lesfondamentaux.reseau-canope.fr/ actualite/details/les-emotions-de-ptit-cube-enligne-dans-leur-integralite

Pour aller plus loin

DES LIVRES

organise chaque année des concours de dessins, écritures, création de chansons, pour mettre en musique et en création les livres publiés. Le thème du « vivre ensemble » est toujours d’actualité, comme par exemple « Les copains d’abord » en 20212022. https://www.ecoledesloisirs.fr/ nos-concours

Questions d'Éduc.

D es a c t io n s

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Questions d'éduc.

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