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Questions d'éduc.
UN DOSSIER DE L'UNSA ÉDUCATION
#51
Comment s'adapter aux transitions ?
Collection Dossiers UNSA Éducation www.unsa-education.com La fédération UNSA des métiers de l’Éducation, de la Recherche et de la Culture
NOM IC I
FÉVRIER 2024
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Questions d'Éduc.
Actualités
ÉDUCATIVES
2.
LES MUSÉES, AC T E U R S D E LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE
DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE Franck Escoubès, intervenant en démocratie participative, veut redonner de l’envie démocratique. Il constate que la démocratie contemporaine, au mieux, nous ennuie, au pire, nous désole et nous exaspère. Trop institutionnelle, trop technique, trop froide. Et si l’on ravivait la démocratie pour la rendre de nouveau fréquentable, voire même désirable ? Est-ce que des fêtes de l’Huma ou des Nuits de la démocratie ne seraient pas le meilleur rempart contre l’abstention ? Ne devrait-on pas s’inspirer du punk d’hier et du rap d’aujourd’hui pour inventer une nouvelle culture engagée ? L’humour est-il soluble dans l’implication citoyenne ? Quelle architecture des bâtiments institutionnels nous aiderait à décider ensemble ? Où se cachent les petits corners du débat public ? C’est en créant une véritable pop démocratie, culturelle et populaire, partout et avec tous, que l’auteur nous invite à retrouver l’esprit des jours heureux.
FA I R E N AT I O N . . . PA R L E S P O R T
Face à cet enjeu, les musées disposent désormais d’un document stratégique conçu par le ministère de la Culture : le Guide d’orientation et d’inspiration pour la transition écologique de la culture. L’intérêt de ce guide est de traiter des différentes problématiques de façon transversale, avec une attention accrue, s’agissant des musées, sur les questions d’éco-conception des expositions, de mobilité des publics, de sobriété énergétique, et de formation. Le guide est ainsi assorti de nombreux objectifs chiffrés parmi lesquels, par exemple, que « chaque structure culturelle dispose d’un bilan ou d’un référentiel carbone à l’horizon 2025. »
Dans la dynamique des jeux olympiques et paralympiques, le président de la République a décrété la promotion de l’activité physique et sportive comme Grande Cause Nationale 2024. C’est le relai sociétal choisi pour porter l’héritage immatériel de ce rendez-vous historique, avec pour objectif d’améliorer l’éducation, la santé, l’inclusion et de rendre notre société plus solidaire. Et avec comme mot d’ordre : « Bouge chaque jour ! », de l’enfance à l’âge des seniors.
https://www.grandecause-sport.fr/#collectif
Service national universel
Prévenir et lutter contre les violences sexistes et sexuelles, c’est l’objet de l’association Résonantes, qui agit dans tous les espaces d’éducation et d’évènements avec des expos itinérantes, des formations, des interventions, des spectacles-débats. Elle propose des activités éducatives complémentaires aux enseignements dans le respect des projets d'école et d'établissement. Son action apolitique et indépendante est attachée aux valeurs laïques, solidaires et démocratiques républicaines.
Créé en 2019, le service national universel (SNU) s’adresse aux jeunes âgés de 15 à 17 ans auxquels il propose de participer à un « séjour de cohésion » puis à une phase d’engagement (mission d’intérêt général, service civique, bénévolat, préparation militaire…). En 2023, environ 40 000 jeunes ont participé à un séjour de cohésion. Souvent motivés par les rencontres, la valorisation du SNU sur leur CV, le cadre militaire et le sport, ils se déclarent très majoritairement satisfaits de leur expérience, mais soulignent cependant des points à améliorer. L’INJEP est chargé de son évaluation et publie chaque année un rapport.
Vacances pour toutes et tous
Sciences avec et pour la société Les vacances sont des moments inoubliables où les enfants tentent, expérimentent, grandissent. Jeunesse au Plein Air revendique le droit, pour chaque enfant, de pouvoir partir en séjours collectifs sans discrimination liée au handicap ou aux difficultés financières. Aujourd'hui en France, 5,6 millions d'enfants ne partent pas en vacances, que ce soit dans leur famille ou en colo. C'est pourquoi l'association se bat pour récolter des fonds pour permettre à un maximum d'enfants de découvrir cette expérience de partir à l'aventure. Campagne de soutien ici :https://jpa.asso.fr
Un label « sciences avec et pour la société »
a été créé en 2021 pour les établissements d’enseignement supérieur et de recherche engagés dans le cadre d’un appel projet organisé par le ministère en charge de l’ESR. Le label est attribué pendant trois ans et une dotation forfaitaire est attribuée pour la mise en place des actions, annualisée et reconduite sur la durée du label. Ce sont aujourd’hui 18 sites universitaires labellisés sur les territoires, avec des chargés de mission, œuvrant à diffuser, transmettre les savoirs scientifiques, et développer la participation citoyenne.
E N F A N T S L'association agréée par le MENJ Enquête propose des formations à destination de différents types d’acteurs éducatifs pour leur DE LA LAÏCITÉ
permettre d’aborder la laïcité et les faits religieux avec leur public : animateurs villes, animateurs en centre social, responsables du périscolaire, éducateurs PJJ, responsables éducatifs FFF, ... Les formations sont articulées à la présentation d’ateliers pouvant être animés avec les enfants et les jeunes : « les petits enquêteurs de la laïcité et des religions » et les « ateliers-débats ados ». www.enquete.asso.fr
Questions d'Éduc.
VSS
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SOMMAIRE
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Actualités éducatives Édito
Concepts et définitions Les transitions en questions Faire de ChatGPT un allié Collégiens inventeurs en intelligence artificielle
Un livre blanc pour adapter l'école aux enjeux climatiques Le paradoxe d’une volonté bridée De l’agroécologie jusque dans les assiettes L'empathie, ça s'apprend d'abord chez les touts petits La sanctuarisation de l’école est une idée contemporaine Apprendre à s'adapter aux transitions Onze propositions d'avenir Débattre en mouvement de la vie en société
Questions d'Éduc.
Questions d'éduc.
5.
édito
Frédéric MARCHAND
Secrétaire général - UNSA éducation CPE
Les transitions nous appellent à anticiper et agir
Morgane VERVIERS
Une grande transitions ?
Secrétaire générale adjointe - CPE
Béatrice LAURENT
Secrétaire nationale Secteur Éducation et Culture Professeure des écoles - Formatrice INSPÉ ont coordonné ce numéro auquel ont participé : secteur ÉDUCATION ET CULTURE
Willie CHARBONNIER Conseiller national, Professeur de mathématiques Jérôme GIORDANO Chargé de mission Enseignement supérieur Enseignant chercheur Jean-Jacques HENRY Conseiller national Professeur d'économie Gilles LELUC Conseiller national Professeur de lettres modernes Pascale MASSINES, Conseillère nationale, Infirmière scolaire Christèle SAUDER, Conseillère nationale, Directrice déléguée aux formations professionnelles et technologiques Stéphanie de VANSSAY Conseillère nationale Professeure des écoles Directeur de publication Frédéric MARCHAND Graphisme Cécilia Bertin - ceciliabertin.com Crédits photographique UNSA - Unplash - Pexels - Pixabay www.unsa-education.com
transition
ou
des
Dans le contexte écologique et social, parler de transition consiste à reconnaître que la société vit un processus de transformation qui la conduit à modifier une trajectoire insoutenable pour la conduire vers un nouvel état soutenable et équitable. L'éducation et la formation sont touchées de plein fouet par la crise démocratique, l'urgence écologique et la mutation numérique. Auprès des jeunes que nous accompagnons au quotidien, pour l'avenir des sociétés que nous préparons, ainsi que dans nos métiers, ces changements majeurs ont un impact que l'UNSA Éducation veut interroger. En novembre 2023, s’est déroulé le troisième rendez-vous UNSA des métiers de l’éducation. Un événement déconcentré et simultané qui a permis la participation, la réflexion, l’analyse, l’information à partir des expériences vécues par des centaines de professionnels de l’éducation dans leur diversité professionnelle et géographique, et l’apport d’expertes et d’experts invité·es. Ce numéro de Questions d'Éduc. se fait l’écho de toutes les paroles collectées lors de ce rendez-vous, et pour les compléter, ouvre de nouvelles perspectives et réponses par l’action d’acteurs et actrices déjà à l’œuvre. L'équipe éditoriale de "Questions d'éduc."
Questions d'Éduc. 6.
C O N C E P T S ET D ÉFI NI TI ONS * Transition Passage de manière graduelle d’un état à un autre ou d’une idée à une autre en les reliant dans le discours. L’expression bien connue « sans transition » des orateurs et animateurs de plateaux télé confirme bien qu’une idée qui succède à une autre sans aucune relation entre elles survient donc brutalement « sans transition », suggérant a contrario le caractère dynamique et progressif, plutôt lent, sans rupture, d'une transition d’un état à un autre.
Revolution Mot qui répond à diverses définitions, astronomique, historique, sociale… Il y a derrière lui l’idée d’une rotation, d’un retour de l’objet sur lui-même (astre) mais aussi celle d’un profond bouleversement ponctué d’une éventuelle effervescence (révolution culturelle, changement de société). La transition peut opérer une révolution, plus ou moins rapide,
TRANSFORMATION Celle-ci peut vouloir dire « amélioration », « rénovation », mais elle s’applique autant aux situations de transition lente (évolution) qu’aux transitions brutales (mutation, révolution). En linguistique, le terme est utilisé pour nommer toute opération permettant le passage de la structure profonde de la phrase à sa structure superficielle.
avec un retour à l’origine, peu ou prou modifié, mais aussi marquer une avancée d’une situation initiale vers une situation finale totalement transformée.
Conversion Ce terme n’a pas qu’une seule définition liée au passage d’une pratique religieuse ou
Mutation
d’un paradigme philosophique, scientifique
Outre sa synonymie générale de changement, ce mot peut être utilisé pour évoquer un déplacement spatio-temporel, une évolution de poste professionnel, la transmission d’un droit de propriété ou d’usufruit mais aussi, en biologie, la variation d’un caractère héréditaire propre à une espèce. Il s’agit souvent d’une transformation rapide, qui peut aussi être brutale.
les informaticiens (conversion de fichiers),
REinvention Nom construit à partir du verbe réinventer qui veut dire renouveler, inventer de nouveau. Une transition peut être considérée comme un processus de renouvellement qui vise à remplacer l’ancien par quelque chose de « nouveau et semblable », en lui donnant une nouvelle forme sans modifier son essence. D’où le caractère dual de permanence et de nouveauté de cette notion.
* Avec l’aide précieuse du dico en ligne Le Robert.
à un·e autre. Il est également employé par les économistes (conversion de devises, reconversion professionnelle), les militaires (mouvement tournant d’une troupe), les sportifs (demi-tour sur place des skieurs).
Adaptation Elle a valeur de changement lorsqu’elle évoque
la
transformation
d’une
œuvre
artistique en une autre, un roman en pièce de théâtre ou la transcription musicale d’un motif poétique par exemple. Néanmoins, elle suggère l’idée que celle ou celui qui s’adapte doit s’acclimater à un changement extérieur, et donc opérer une transition entre ce qu’il était et ce qu’il tend à devenir.
World café
Les transitions en question Démocratie, écologie, numérique : trois défis pour l’avenir dans un monde en transition, chahuté par des changements de plus en plus rapides et profonds. Tel était l’objet du 3e Rendez-Vous des métiers de l’UNSA Éducation qui s’est tenu en novembre 2023 au siège social de la CASDEN à Champs-sur-Marne, et qui a été relayé par visioconférence dans 24 villes du territoire national pour plus de 1000 participants.
Au cours du world café d’accueil, tous les participants ont pu s’exprimer sur ces trois thématiques en partant d’une question centrale pour chacune d’entre elle. Nous vous livrons ici des extraits de ces contributions venues de tous horizons. Certaines sont la synthèse de ce que nous nous disons déjà ; d’autres ouvrent des réflexions inédites.
QUESTION 1 Démocratie en danger : Comment préparer les enfants et les jeunes à devenir les actrices et acteurs de demain ?
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T TAT NSTA CO CONS
La jeunesse exprime le désir de jouer un rôle actif dans le processus politique. Pourtant l’abstention est très forte chez les jeunes adultes et 26% des 18-24 ans qui se sont exprimés ont choisi l’extrême droite lors des dernières élections présidentielles. C’est particulièrement inquiétant. Beaucoup de dispositifs existent dans les établissements mais nous devons les améliorer et innover, c’est impératif. Nous ne pourrons néanmoins pas nous soustraire au devoir d’exemplarité hors des établissements scolaires et du supérieur.
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Les innovations possibles Nous devons penser les modalités pédagogiques en les orientant systématiquement vers des fonctionnements coopératifs. Il faut y encourager l’expression des points de vue qui permettent de mieux comprendre la complexité des sujets abordés, au-delà du simplisme et de la caricature, en donnant la parole à chacun. L’éducation à la politique, à la démocratie, au débat argumenté, à la recherche d’un consensus existe ailleurs, nous devons nous en inspirer. Par exemple, en organisant, au sein des établissements, des débats éclairés par des spécialistes autour de questions socialement vives. De nouvelles modalités de désignation de représentants sont possibles et doivent être discutées pour éviter de faire passer l’ego avant le collectif : vote sans candidat, tirage au sort.
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Ce qui fonctionne et que nous devons améliorer ou amplifier Les instances internes aux établissements doivent être plus démocratiques dans les décisions prises qui doivent aboutir à des réalisations concrètes. Le sentiment d’utilité du vote en sera accru. Le rôle des représentants de la jeunesse y aura plus de sens. L’éducation morale et civique (EMC), l’éducation aux médias et à l’information (EMI) doivent être renforcées et se développer dès le plus jeune âge. Partout des projets allant dans ce sens fleurissent suivant des modalités très variables (théâtre forum, conseils locaux des jeunes, ateliers philo, …) ; ils doivent être encouragés.
Questions d'Éduc.
R EN D EZ-VO U S AN N U E L DE S M É TI E RS
7.
Questions d'Éduc.
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Le devoir d’exemplarité du reste de la société Apprendre à la jeunesse qu’il y a des droits et des devoirs implique que nous montrions l’exemple. Nous devons retrouver l’esprit du collectif, lutter contre l’entre-soi, œuvrer pour une plus grande mixité sociale et la prise en compte de l’altérité. La démocratie participative ne doit pas être qu’un vain mot. Le modèle des conventions citoyennes doit s’étendre mais il faut prendre en compte les résultats de leurs travaux. Enfin, le vote blanc doit être pris en compte et nous devons exiger une plus grande probité de nos élu·es. Si la volonté politique est là, si nous donnons collectivement des moyens humains et financiers, y compris à une jeunesse engagée et militante, pour porter des projets dans ce sens, une autre démocratie est possible.
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QUESTION 2 Le changement climatique rend nécessaire une transition écologique rapide dans la société. Comment réussir cette transition ? Quelle contribution du système éducatif ?
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Changer nos comportements Le postulat initial posé est celui de la nécessité d’une prise de conscience collective vis-à-vis des changements de comportements, de consommation et des gestes du quotidien. Il est essentiel de repenser l’urbanisme en favorisant des architectures labellisées avec des matériaux écologiques et une isolation adaptée aux conditions climatiques de chaque région. Le transport constitue un enjeu majeur qui exige une transition vers une consommation énergétique exclusivement basée sur l’électrique. L’emploi du numérique ne remporte pas une totale adhésion en raison des data centers très énergivores.
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Surveiller nos consommations La contribution de l’École à la transition écologique repose sur la sensibilisation des élèves à leur environnement. Cela se traduit par l’apprentissage de la nutrition avec des actions d’information dans le cadre du Comité à la santé, à la citoyenneté et à l’environnement mais aussi avec une restauration collective basée sur des produits bio, locaux et de saison. Individuellement, tous les personnels du ministère de l’Éducation nationale pourraient adapter leur manière de travailler - avec le tri des déchets, l’emploi de papier recyclé, l’usage efficace du numérique avec le regroupement des mails, le triage des mails, éviter le cloud, fermer les onglets inutiles, éteindre son ordinateur.
3 Adapter nos mobilités La mobilité durable est une démarche envisagée par toutes et tous mais nécessite des aménagements dans les établissements – casier assez grands pour y entreposer un casque – pedibus, covoiturage entre collègues ou covoiturage entre parents. La rénovation des bâtiments passoires thermiques ou les nouvelles constructions requérant des matériaux non polluants sont plébiscitées. Cette volonté d’être un.e acteur·trice de son environnement se heurte au coût financier : produire local et bio revient le plus souvent plus cher que d’importer des matières premières produites via des OGM ou par l’emploi des pesticides pour assurer une plus grande productivité. L’ampleur des modifications architecturales apparaît alors comme un gouffre financier.
4 Faire évoluer notre législation La transition écologique nécessite une volonté politique forte pour ne pas répercuter son financement sur la population. Imposer des lois et des règlements ne suffira pas sans une adhésion de la société assortie d’une justice sociale, d’un sentiment d’égalité face à l’écologie. Tout ne doit pas reposer sur les efforts individuels des citoyens ; les grands groupes industriels doivent aussi être incités à moins polluer. En outre, l’effort national doit être prolongé au niveau mondial.
Le numérique a envahi notre quotidien pour le meilleur et pour le pire. Source d'inégalités, de déshumanisation, de pollution, pourquoi demeure-t-il un sujet d'éducation ?
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CONSTAT Les défauts des progrès sociaux, mais également l’amélioration des outils de travail, s’observent aussi dans le monde numérique. Les outils numériques au service de l’humain ont permis un gain de temps apparent, une facilitation d’accès à l’information et des relations aux autres. Les sites internet, les podcasts publiés par des experts ou des amateurs ouvrent sur le monde et les savoirs. Il n’en reste pas moins que de nombreux points méritent une vigilance accrue et des mesures éducatives fortes.
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Il convient d’être vigilant sur l’origine des sources et l’intention des rédacteurs, le complotisme se développant en exploitant des réseaux « sociaux » sans réels contrôles. Les jeunes, les adultes, focalisés sur leurs écrans et enfermés par des algorithmes mal intentionnés ne prennent pas le temps de se déconnecter et absorbent une somme d’information sans aucun filtre ni analyse.
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mentale
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Un impact environnemental Comme toute activité, le numérique produit de la pollution de par sa fabrication, l’exploitation des ressources nécessaires, sa commercialisation et son utilisation. Mais il évite des déplacements, il peut être partagé et l’achat de produits de seconde main est croissant.
Des sources d’inégalité à corriger L’accès à la culture est souvent freiné par son coût ou son éloignement. Les musées en ligne, les concerts en streaming permettent un accès plus large à un plus grand nombre, d’autant plus que presque toutes les familles ont accès à internet via un smartphone.
Veiller à ne pas déshumaniser La crise Covid a vu le recours à la visioconférence qui a permis de maintenir des relations professionnelles et personnelles. Son prolongement devrait se faire à minima car elle ne permet pas les moments informels dans le cadre du travail par exemple. L’utilisation de l’ENT dans les établissements scolaires offre la possibilité d’un contact permanent, trop peut-être.
Esprit critique et créativité Le manque cruel de modes d’emploi face aux réseaux sociaux est une aubaine pour la diffusion de fausses informations et la manipulation des individus. L’intelligence artificielle est perçue comme facilitatrice au service des personnes dans la vie professionnelle et personnelle. Une application, telle que Chat GPT, entraîne une renonciation à la réflexion et à la synthèse d’informations à traiter et à analyser. Ce type de logiciel ne crée rien, tout comme ses utilisateurs.
Des dangers pour la santé physique et Le temps d’écran est souvent décrié comme étant excessif et se retrouve être la principale critique faite aux outils numériques. Cette nouvelle addiction perturbe le sommeil, ainsi que l’imaginaire qui se retrouvent tous deux réduits. L’impact sur les corps est visible, les salles de sport se remplissent de plus en plus pour compenser ce manque d’activité physique, à moins que cette pratique soit imposée par les réseaux eux-mêmes.
La nécessaire régulation
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Et l’éducation dans tout ça ? Ce n’est pas que l’affaire de l’école, et pour être proactifs les parents ont besoin d’aide dans le cadre d’une coéducation par exemple. Éduquer au discernement face à l’information, à l’image, aux réseaux sociaux doit être inscrit dans les programmes et référentiels de diplômes. Cela n’est pas nouveau, chacun a eu des cours sur l’analyse de la presse écrite, alors pourquoi ne pas le remettre au goût du jour. Les enjeux sont nombreux mais tout n’est pas binaire dans le monde du numérique.
Questions d'Éduc.
QUESTION 3
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Questions d'Éduc. 10.
Conférence
R E N D E Z-VO U S ANNUE L DE S M É TI E RS
Faire de ChatGPT un allié Au rendez-vous annuel des métiers de Montpellier, David Cassagne, président de France Université Numérique, est intervenu sur le thème : « L’intelligence artificielle générative et ses impacts sur l’éducation ». Sa conférence sur les usages de ChatGPT* et de l’intelligence artificielle a tenté de rassurer et de mettre en avant les « bons côtés » de ce puissant outil. En voici quelques propos.
LIMITATIONS L’arrivée de ChatGPT depuis 2022 dans le domaine public a mis en lumière les usages et les limitations de cette technologie. Les usages très variés comme l’écriture de texte allant jusqu’à de la poésie, ne doivent pas masquer certaines limites. En effet, les réponses générées peuvent être fausses ou biaisées, d’où la nécessité de l’utiliser avec un esprit critique. La mise à jour technologique régulière du corpus d’entraînement est également fondamental ; si ce corpus est ancien, les réponses ne seront pas complètes. Néanmoins, se basant sur des grands modèles de langage 1, des entraînements à répondre aux demandes humaines et un réseau neuronal deux fois plus important que le cerveau humain, les intelligences artificielles génératives évoluent très vite.
REPENSER LES ÉVALUATIONS L’impact immédiat, relayé par les médias, a été l’interdiction d’utiliser l’IA par de nombreux centres de formation et grandes écoles (Sciences Po, lycées new-yorkais…). Cette volonté d’interdire est, au fond, illusoire, car actuellement aucun logiciel ne permet d’en détecter l’utilisation par les élèves. Beaucoup d’établissements sont déjà revenus sur cette interdiction. Quels avantages et quels inconvénients ? Pour les évaluations réalisées dans un contexte contrôlé, cela n’impactera pas les résultats. Par contre, les méthodes d’évaluation devront être repensées avec ce nouveau paramètre. Les travaux personnels (mémoire, dissertation,) sont, quant à eux, davantage sujets au doute. Comme dans toute évolution, la peur de la nouveauté technologique ne doit pas occulter les opportunités offertes : de nombreuses applications devraient changer les métiers de l’éduca-
tion, permettre plus d’inclusion et développer l’esprit critique.
UNE ASSISTANCE NUMÉRIQUE Des guides existent déjà pour utiliser l’IA à des fins éducatives. L’IA doit d’abord être considérée comme un outil d’assistance qui appelle à une bonne manière de l’utiliser. D’où une formation nécessaire à cette utilisation, notamment à la façon de poser les questions car celle-ci est primordiale (l’art du prompt). Voici les intérêts pédagogiques à travailler avec l’IA qui facilite : les évaluations formatives régulières et le suivi individuel des élèves (création de quiz par exemple) la pédagogie différenciée la modélisation par la création de plans de cours et d’illustrations selon les objectifs et les critères de réussite la création de modèles ou de contre-exemples de devoirs types Les pédagogues doivent apprendre à manipuler l’IA pour gagner du temps par la suite. A l’instar de la mise en place de l’informatique ou d’internet, il faudra, outre du temps d’appropriation par de la formation continue, une vigilance permanente.
ÉGALITÉ DES CHANCES L’opinion trop vite répandue selon laquelle l’IA se résumerait à un outil qui fait le travail à la place des jeunes a masqué d’autres opportunités. En premier lieu, l’IA peut assister les élèves à besoins particuliers en adaptant les ressources à leurs besoins, en répondant à leurs attentes spécifiques comme des explications complémentaires ou un approfondissement du cours. Elle
Questions d'Éduc.
* ChatGPT : kesako ? ChatGPT, pour Chat Generative Pre-trained Transformer, est un logiciel de dialogue informatique utilisant l'intelligence artificielle, capable de répondre à des questions, de tenir des conversations, de générer du code informatique, et d'écrire, traduire ou synthétiser des textes. Il peut le faire en tenant compte du contexte, et de contraintes telles que le style d'écriture
apparaît dès lors comme un vecteur d’égalité des chances, en compensant le manque d’aide ou des ressources des élèves qui bénéficient le moins d’accompagnement familial et personnel. Elle permet également de stimuler la créativité, pour l’écriture par exemple, en génération de début de récit. Elle peut aussi aider à lever des difficultés et des freins en matière de prise de parole, car l’outil est audio. Comme pour l’apprentissage des langues avec la simulation de conversation en langue étrangère.
En raison de ses multiples capacités, il suscite des inquiétudes quant aux risques de détournement à des fins malveillantes, de plagiat dans le monde universitaire et de suppressions d'emplois dans certains secteurs. ChatGPT soulève également des préoccupations en matière de sécurité et de désinformation, car le modèle peut être utilisé pour créer des textes faux et des informations trompeuses (source Wikipédia).
- Un grand modèle de langage est un type de programme d'intelligence artificielle capable, entre autres tâches, de reconnaître et de générer du texte. 1
IN POUR ALLER PLUS LO 1) Extrait de « IA génératives et ingénierie pédagogique : le prompting, pistes de travail et applications », Elie Allouche (DNE/MENJ) Education, numérique et recherche, sur : https://edunumrech.hypotheses.org/9934
Voir la conférence Digipad des RDVA Unsa éducation Montpellier : https://digipad.app/p/527814/4c6a0e206dc4e
2) Intervention d’Elie Allouche dans le cadre des “Jeudis de la recherche” (DANE Versailles) sur : https://edunumrech.hypotheses.org/8726 3) Guide de l’enseignant pour ChatGPT : https://edunumrech.hypotheses.org/8726
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Questions d'Éduc. 12.
innovation et pédagogie
CO L L ÉGIENS INVENTEURS E N INTELLIGENC E AR T IF ICIELLE Frédéric Delanoue, passionné de bricolage et de modélisme, est enseignant SII option Ingénierie Électrique en lycée technique. Il a mené avec des collégiens un projet sur l’intelligence artificielle qui a conduit ses élèves jusqu’au concours Lépine.
QDE : Tu mènes un projet “intelligence artificielle” avec tes élèves. D’où t’es venue cette idée et quelles sont les principales étapes du projet ? F.D. : L’an dernier, au collège Le Colombier de Dun-sur-Auron (Cher), des élèves de 3e souhaitaient en savoir davantage sur l'IA et ils m'ont demandé de travailler sur ce thème. Je les ai orientés vers la plateforme Vittascience qui commençait à développer une partie “découvrir l’IA”. Je leur ai demandé de tester cette programmation et ils ont réalisé le jeu pierre/feuille/ciseaux pour comprendre son fonctionnement. Avec une webcam, ils ont enregistré plusieurs centaines d’images de leurs mains mimant la pierre, la feuille et les ciseaux, afin d’implémenter leur base de données. Après avoir entraîné le modèle de cette base de données, ils ont récupéré un lien, qu’ils ont réutilisé dans leur programme permettant de jouer à pierre/feuille/ciseaux contre l’ordinateur (via l’utilisation d’un nombre aléatoire). Ils étaient donc parvenus à créer l’IA de ce jeu (base de données + algorithme). Ensuite pour développer leur créativité, je leur ai demandé de trouver une application d’IA « utile ». Après quelques recherches d’exercices au niveau de la main et ayant suivi la formation PSC1 (Prévention et secours civiques de niveau 1) en 4e, ils se sont
orientés vers la rééducation post-AVC de la main. Ils ont alors suivi le même protocole que celui du jeu, pour réaliser cette nouvelle IA qui aide à effectuer correctement les exercices et compte les occurrences. Une fois l’IA de rééducation fonctionnelle mise au point, je leur ai proposé de participer au Salon des jeunes Inventeurs de Monts (37) qui est réservé aux moins de 25 ans, en partenariat avec le Concours Lépine. Après un week-end de présentation au public venu découvrir diverses inventions, ils ont été récompensés par une médaille d’Or du concours Lépine et se sont vus invités au salon Made In Val de Loire 2023 sur Tours et au concours Lépine Paris 2024. QDE : Comment tes élèves ont vécu le projet, qu’en ont-ils retenu ? Ont-ils pu faire preuve de motivation dans la durée ? F.D. : Il s’agit de leur projet puisque ce sont eux qui souhaitaient travailler sur cette thématique et bien que je les ai guidés à travers cette démarche, ce sont eux qui ont imaginé l’IA de rééducation. Ils
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étaient donc très motivés et ils ont parfois passé leur week-end à "débugger" un programme pour obtenir le fonctionnement souhaité et me présenter leur solution dès le lundi. Même après une année de projet, ils sont encore très motivés et appliqués pour présenter leur projet aux différents concours et sont étonnés de l’intérêt et des compliments du public ainsi que des prix obtenus. D’un point de vue technique, ils ont réalisé un projet qui les a sensibilisés à cette révolution annoncée de l’IA (formation du citoyen), avec la mise en avant des bienfaits (tel que la rééducation qu’ils ont imaginée) mais aussi des risques (les questions d’éthique notamment). Même s’ils ne souhaitent pas tous s’orienter vers des études techniques, ils ont gagné en maturité et se sont pliés à l’exercice de la présentation en public. Ils sont maintenant plus à l’aise à l’oral. Leur expérience se diffuse au sein du collège et d’autres élèves se montrent intéressés. QDE : Quelles sont tes intentions pour la suite ? Réitérer le même projet ou tu as de nouvelles idées en tête ? F.D. : Étant affecté depuis la rentrée en STI2D, je vais mettre en place une liaison collège/ lycée pour poursuivre ce projet et vu qu’il s’agit du lycée technique de secteur, je retrouve certains élèves que j’avais au collège. Au niveau pédagogique, je pense réinvestir ce projet pour réaliser une séquence présentant l’IA (fonctionnement, avantages et inconvénients, débouchés possibles). Je pense aussi reconduire cette démarche, qui part de la demande des élèves, en STI2D (préconisée dans les programmes en parallèle de l’apport de connaissances obligatoire), démarche qui favorise la créativité des jeunes. Et peut-être engager un second projet de type IA pour mettre en avant ces filières techniques et leurs débouchés.
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Contribution fédérale
Un livre blanc pour adapter l’École aux enjeux climatiques L’ONU a établi en 2015, dix-sept objectifs de développement durable (ODD) pour sauver notre planète à l’horizon 2030. Plusieurs d’entre eux engagent le monde de l’éducation. À cette date, selon l’accord de Paris pour le climat, il faudra avoir limité l’augmentation de la température de 1,5 ° C, puis de 2°C en 2050. Comment y parvenir ? Pour la France, cela impose de passer à la neutralité carbone, soit une division par six des émissions de gaz à effet de serre sur son territoire.
L’Éducation nationale a un rôle clé à jouer dans l’adaptation de notre société au changement climatique. Elle doit également s’engager dans la transition écologique. Elle ne peut évidemment pas être seule dans cet effort à fournir qui concerne toutes les facettes de la production, de la consommation, de la manière de se nourrir, de se déplacer et de bâtir, et plus largement de vivre en société. Des expériences dans le monde scolaire se sont multipliées ces dernières années mais face à un changement climatique brutal, pour lequel nos efforts, selon les expertes et experts du GIEC, ne sont ni assez forts ni assez rapides pour l’instant, il faut un changement d’échelle. Cela implique des politiques publiques allant de l’éducation au développement durable, à la fabrique d’une citoyenneté écologique, des écogestes à la rénovation globale et performante du parc immobilier scolaire dans son ensemble, en misant sur l’implication des usagers et de l’ensemble des personnels. L’approche globale et systémique est nécessaire. Les épisodes de plus en plus nombreux de cani-
cules sur l’ensemble du territoire ou les inondations qui ont récemment touchées une grande partie de la France sont autant d’éléments qui nous montrent qu’il est urgent d’agir.
La place prépondérante du bâti scolaire Avec leurs bâtiments, leurs terrains, leurs gymnases, voire leurs extérieurs proches et abords, les écoles, collèges et lycées forment ensemble une immense superficie :
• 50 millions de m 2 pour les écoles
• 38 millions de m 2 pour les collèges
• 41 millions de m 2 pour les lycées Cela représente un total de 140 millions de m 2 pour 60 000 écoles, collèges et lycées. En surface, ces bâtiments représentent 45 % du patrimoine des collectivités territoriales. Les objectifs de la France en ce qui concerne les bâtiments publics sont de réduire les gaz à effet de serre de moitié d’ici 2030, ce qui illustre l’importance du bâti scolaire pour atteindre de tels objectifs.
L’Éducation nationale, avec son million de personnels et ses 12 millions d’élèves, est aussi un des premiers services publics touchés (après les hôpitaux) quand les premiers effets du changement climatique en France se font sentir. Ainsi, les journées anormalement chaudes et/ ou marquées par de fortes intempéries seront plus nombreuses dans les années à venir et toucheront l’ensemble du territoire, y compris sur temps scolaire.
Une priorité syndicale qui engage tous les métiers de l’éducation L’UNSA Éducation fait du virage écologique de notre société, une priorité. Il ne s’agit pas de prendre seulement des mesures pour s’adapter aux conséquences de ce changement climatique, mais aussi d’agir globalement, de manière systémique, à la fois pour réduire l’empreinte écologique, et pour préparer et former les millions d’enfants et de jeunes à ce monde nouveau, tant du point de vue des programmes, des formations universitaires, que de la préparation aux métiers d’avenir.
Questions d'Éduc. 15. Le collège Jean Lamour de Nancy, un établissement à énergie positive
L’UNSA Éducation fait de ce sujet une priorité syndicale, avec la force donnée par tous les métiers qu’elle représente : enseignantes et enseignants, personnels de direction et d’inspection, travailleurs sociaux et de santé, personnels administratifs, techniques, éducatifs, et d’accompagnement, qui tous agissent déjà dans les écoles et dans les établissements avec de nombreuses initiatives. L’UNSA Éducation s’engage de toutes ses forces pour faire de la transition écologique un enjeu majeur du débat éducatif, en impliquant ses adhérents et adhérentes, en intégrant ce sujet dans ses revendications et dans sa communication, en l’imposant auprès des acteurs et décideurs politiques, auprès des acteurs associatifs, et en cohérence avec les organisations internationales dont elle est membre (Comité syndical européen de l’éducation et internationale de l’éducation). Ainsi, un document téléchargeable, élaboré collectivement avec les syndicats qui composent notre fédération contient 22 propositions, certaines très concrètes, d’autres plus prospectives, afin d’adapter l’École aux enjeux climatiques. Le document à télécharger ici : https://nuage.unsa.org/index. php/s/8FFEEeH5mCE39qP
DES IDÉES
Quelques propositions : Proposition 1 : Créer un observatoire national de l’adaptation du bâti scolaire au climat et à l’écologie Proposition 2 : Tous les projets de rénovation doivent impliquer l’ensemble des personnels et des usagers des établissements au moyen de réunions spécifiques. Proposition 6 : L’attention particulière sur l’énergie est nécessaire : il est indispensable de revoir les modes de chauffage à court (fioul, dont l’interdiction est prévue dans quelques années) ou moyen terme (gaz naturel). Proposition 15 : Généraliser les éco-délégués et impliquer davantage les élèves selon des modalités d’actions qui peuvent être guidées. Proposition 19 : Missionner le conseil supérieur des programmes pour engager la construction de nouveaux programmes scolaires plus cohérents, intégrant de manière transversale le défi climatique dans toutes ses dimensions. Proposition 22 : La construction de l’écocitoyenneté passe notamment par des programmes d’EMC incluant cette dimension, mais elle passe également par l’acquisition des compétences sociales dont la place doit être accrue à l'École, en particulier la coopération, la gestion des émotions, ainsi que la capacité à prendre des décisions.
Questions d'Éduc.
Enseignement supérieur et recherche
LE PARADOXE D’UNE VOLONTÉ BRIDÉE L’Enseignement supérieur et la recherche (ESR) sont, par essence, sensibles aux problématiques du développement durable (DD) et participent fortement à faire changer la société en la matière.
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Ce travail de changement est aussi réflexif et les universités, écoles et organismes évoluent dans ce qu’ils sont et ce qu’ils font pour tenir compte de l’impératif écologique. Malgré un cruel manque de moyens à la hauteur de ce défi.
Ainsi, ces dernières années on a pu voir éclore des initiatives spontanées venant directement des personnels. On citera par exemple celle du Labo 1.51 désormais structurée en groupement de recherche, qui permet aux équipes de recherche de d’analyser et réduire l’impact carbone de leurs activités.
Obligations législatives En parallèle, des obligations législatives, à l'instar de celle de former aux enjeux du DD (loi de programmation 2020), rythment également les actions en faveur du DD. Dernièrement, la ministre Sylvie Retailleau a rendu obligatoire les recommandations de Jean Jouzel2 de donner à tous les étudiants du premier cycle un « socle de connaissances et compétences globales, transversales et pluridisciplinaires » sur la transition écologique. Ainsi, les établissements ont fait évoluer leurs formations pour
pouvoir assurer cette nouvelle mission. Si bien qu’on dénombre actuellement plus d’une trentaine de formations du BTS à l’ingénieur dans cinq grands domaines, formations auxquelles on pourrait ajouter les multiples options et colorations "Environnement" de quantité d’autres filières. Sur un plan plus politique et stratégique, on peut également citer les contrats d’objectifs, de moyens et de performance qui incitent les établissements de l’ESR à intégrer ces questions de DD, contrats qui affichent une réelle volonté des pouvoirs publics à ce que ces établissements soient parmi les premiers leviers de la réponse aux défis écologiques.
Peu de budgets « verts » Néanmoins, le récent rapport de la Cour des comptes3 indique que « les actions liées à la transition écologique ne font que dans
Collectif de recherche créé en 2018 et soutenu par le CNRS, l’INRAé, l’INRIA et l’ADEME 1
Rapport « Sensibiliser et former aux enjeux de la transition écologique et du développement durable dans l’enseignement supérieur » remis le 16 février 2022. https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/remise-du-rapportsensibiliser-et-former-aux-enjeux-de-la-transition-ecologique-et-dudeveloppement-83903 2
Rapport « L’enseignement supérieur face au défi de la transition écologique » de décembre 2023. https://www.ccomptes.fr/fr/publications/lenseignement-superieur-faceau-defi-de-la-transition-ecologique 3
21 % des cas l’objet d’une présentation d’un budget spécifique et 8 % seulement des établissements concernés soumettent ce budget au vote du conseil d’administration. Pratiquement aucun établissement ne présente un budget "vert" mesurant l’impact environnemental de ses différentes dépenses ». Une sévérité qui doit cependant être largement tempérée. Alors que les contraintes sont de plus en plus fortes, les missions et les injonctions de plus en plus nombreuses, les moyens que l’État leur alloue ne suivent pas. Le budget 2024 dédié à l’enseignement supérieur est en effet le plus faible, en euros constants, qu’un gouvernement ait proposé depuis plus de dix ans.
Questions d'Éduc.
Action citoyenne
Préparation et dégustation au sein de l'établissement avec les élèves de la filière Services aux personnes et Vente en milieu rural
DE L’AGROÉCOLOGIE JUSQUE DANS LES ASSIETTES
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Parmi les cinq missions, fixées par la Loi d’Orientation Agricole (LOA) de 1999, celles portant sur l’insertion sociale, scolaire et professionnelle et sur la coopération internationale se concrétisent au quotidien dans l’enseignement agricole par une pédagogie de projet axée sur l’éducation à la citoyenneté. Ces pratiques pluridisciplinaires mobilisent des enseignant.es de toutes disciplines mais également d’autres membres de la communauté éducative.
Dans le cadre du plan "100 % citoyen", la direction générale de l’enseignement et de la recherche du ministère de l’Agriculture énonce trois objectifs : défendre la laïcité et lutter contre les discriminations, favoriser la citoyenneté et l’engagement personnel, et lutter contre les inégalités et promouvoir la mixité sociale. Compte tenu des formations relevant de ce ministère et des objectifs en matière de transition environnementale, les projets sont majoritairement axés sur l’agroécologie, en France comme à l’étranger.
Un plan pour produire mieux Le plan "Enseigner à produire autrement", lancé en 2014, en est à sa deuxième phase. Il est depuis la rentrée 2023 inscrit dans les missions "pactisables" à travers les fameuses briques d’heures supplémentaires proposées aux enseignant·es. Les enjeux ne se limitent pas à une simple approche technique et productive mais intègre une
dimension citoyenne. A titre d’exemple, le lycée professionnel agricole de La Martellière à Voiron (Isère) a mis en place une action avec des élèves de Bac Pro technicien-conseil-vente en produits alimentaires qui vise à intégrer la question du manger durable en lien avec les acteurs du territoire, le service de restauration de l’établissement et les élèves des autres classes. Ce projet, porté par une enseignante de biologie-écologie, a permis de faire prendre conscience aux apprenant·es et aux personnels, que manger local et écoresponsable est un acte citoyen avec des impacts dans un environnement immédiat. Ce qui est évident pour bon nombre de personnes ne l’est pas pour toutes et tous les apprenant.es qui sont souvent issu.es de familles en difficultés financières pour lesquels manger durable est un luxe.
Journée laïcité Ce même établissement organise chaque année une journée des droits humains et de la laïcité avec les élèves de 3 e de l’ensei-
gnement agricole. Les professeurs de techniques documentaires, histoire-géographie et éducation socio-culturelle copilotent cette action. L’intervention de partenaires associatifs (Unicef, Réseau Éducation sans frontières, Ligue des droits de l’homme...) devant les différentes classes vient compléter les prestations des élèves qui s’improvisent lectrices et lecteurs à haute voix sur le thème du racisme. Au-delà de la pédagogie à la citoyenneté, c’est aussi la confiance en soi qui est travaillée ici.
Questions d'Éduc.
Innovation & pédagogie
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L’empathie, ça s’apprend d’abord chez les tout-petits Le gouvernement a annoncé vouloir lutter contre le harcèlement scolaire en instaurant des cours d’empathie. Quelque 1000 écoles devaient être concernées par l’expérimentation lancée à la dernière rentrée. Plusieurs méthodes sont testées, dont celle développée de longue date au Danemark intitulée Fri For Mobberi, et importée en France par la Ligue de l’enseignement.
À Paris et Saint-Ouen, ce sont déjà 2 500 enfants répartis dans 17 écoles maternelles qui sont engagés depuis la rentrée 2022 dans la démarche Fri For Mobberi. Et 9 écoles maternelles supplémentaires les ont rejoints à la rentrée 2023 (ainsi que des écoles primaires et 7 crèches) pour tenter de constituer un échantillon significatif permettant de jauger ce que cette méthode peut apporter au système scolaire français.
Appui de la recherche « Nous voulions travailler sur un projet attesté scientifiquement et le développer sur les petites classes, particulièrement la maternelle », explique David Brée, référent académique à Paris de la Ligue de
l’enseignement. En prospectant sur ce qui pouvait exister ailleurs, et qui était digne de sérieux, c’est vers le Danemark et deux ONG danoises spécialisées sur les droits de l’enfant que les « prospecteurs » de la ligue se sont tournés. Là-bas, dans ce pays scandinave, la question des compétences psychosociales est au cœur des pédagogies chez les tout-petits, et plus particulièrement celle de la lutte contre le harcèlement scolaire, est une préoccupation des pouvoirs publics qui remonte déjà au début des années 2000. Fri For Mobberi (qui veut dire « libéré du harcèlement » en danois) est instauré avec le souci de prévenir ce fléau au plus tôt, chez les enfants de 0 à 9 ans, avant qu’ils n’entrent pleinement dans le parcours scolaire (qui ne commence qu’à partir de 7 ans au Danemark), en
Questions d'Éduc.
privilégiant la dynamique de groupe et la mise en situation des enfants, et en cherchant à impliquer aussi les parents d’élèves.
Acquisition des droits et adaptation La Ligue de l’enseignement acquiert les droits du dispositif danois. Un chercheur français et une pédagogue ayant travaillée dans une école française au Danemark sont sollicités pour adapter la méthode au contexte hexagonal et le déployer à l’échelle parisienne pour commencer.
« Le dispositif est un peu clé en mains » Des outils, trois mallettes pédagogiques selon les âges des enfants, un guide de séance et un programme de formation associant professionnels de la petite enfance et parents d’élèves sont mis en chantier et réalisés. Car il convient d’être préparé aux séances à travers un module de 6 heures de formation pour tous les adultes qui accompagnent le programme. Une fois en classe, « c’est assez facile à mettre en place », témoigne Margot Neuvialle, la pédagogue en charge du déploiement de la mesure. « Le dispositif est un peu clé en mains », sous entendu qu’il revient ensuite à l’enseignant·e d’adapter le kit de départ au fil de l’eau, au déroulement des séances : « Nous ne voulions pas rajouter quelque chose au programme existant mais un outil capable d’être intégré et développé au cours des séances avec l’objectif d’une auto-régulation par le groupe d’enfants ».
Auto-régulation par les enfants Parmi les outils proposés dans les mallettes figure en première place l’ours en peluche, mascotte du programme, le "bon ami" des enfants à qui on peut transmettre toute son affection. Des planches dites de discussion présentent des images de situations conflictuelles ou d’élèves victimes d’actes visant à les stigmatiser avec l’objectif de créer le dialogue entre l’enseignant·e et ses élèves, la mise en mots de ces conflits et des émotions qu’ils entraînent, jusqu’à la recherche de solutions par les élèves eux-mêmes.
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Autre support, le livret de massage qui invite les élèves à dessiner avec leurs mains sur le dos d’un·e camarade pendant la lecture d’une histoire. Une activité qui vise au bien-être par le toucher mais aussi à apprendre à consentir ou à refuser : « Me prêtes-tu ton dos ? ». Et à remercier sa ou son camarade à la fin de l’exercice. Une collection de posters illustrant les émotions, la peur, la colère, la tristesse, la joie, etc. complètent ce matériel ; ils permettent aux enfants d’apprendre à décoder chacune d’entre elle pour tenter de l’appréhender, de la comprendre,
« Le programme Fri For Mobberi entend ainsi inculquer dès le plus jeune âge les grandes valeurs qui président au bien vivre-ensemble » sachant que « tous les enfants n’ont pas les mêmes ressentis dans une même situation », afin d’être le mieux armé possible en cas de conflit, stipule David Brée. Le programme Fri For Mobberi entend ainsi inculquer dès le plus jeune âge les grandes valeurs qui président au bien vivre-ensemble : la tolérance, la bienveillance, le respect et le courage. Car il faut aussi « savoir oser aller vers les autres et dire les choses lorsque ses limites ou celles des autres ont été franchies ».
RESSOURCES • https://ligueparis.org/zoom-sur/vivre-ensemble-fri-for-mobberi-prevenir-le-harcelement-scolaire-dans-les-ecoles/ • www.freeofbullying.com
Questions d'Éduc. 20.
R EN D E Z-VO U S AN N U E L DE S M É TI E RS Conférence
LA SANCTUARISATION DE L’ÉCOLE EST UNE IDÉE CONTEMPORAINE Ariane Azéma, inspectrice générale de l’éducation, du sport et de la jeunesse et ancienne déléguée générale de la Ligue de l’enseignement, a évoqué le concept très discuté de l’école-sanctuaire. Contrairement aux idées reçues, dès sa création, l’école a été conçue comme un lieu ouvert sur son environnement social et économique. Extraits. « Cette idée de l’école sanctuaire est ramenée aux origines de la création de l'école républicaine, au moment des lois Ferry, à la fin du 19e siècle. Contrairement à ce qu'on pense, la clôture, le sanctuaire, c'est plutôt une idée très contemporaine, des 10, 20 ou 30 dernières années. […] Avant que l'école ne se clôture, se ferme, s’équipe de grilles, comme on la connaît aujourd'hui, il s'agit de locaux très ouverts, beaucoup plus ouverts qu'on ne le croit. » « Tout au cours du 19e siècle, et encore au début du 20e siècle, la question du jardin est absolument clé dans les écoles primaires. ça permet de nourrir l'instituteur ; c'est un lieu à la fois à la fois privé pour l'institu-
teur mais aussi un lieu de monstration qui a une certaine taille et qui, mécaniquement, est ouvert, en contact avec l'extérieur. » Autre exemple, celui de la cour d'école. « Dans les années 30, elle est généralement partagée avec la mairie ; souvent, l'instituteur, l’institutrice sont aussi secrétaires de mairie. Dans cette cour vont et viennent aussi bien les gens qui vont à l'école qu'à la mairie. C'est un lieu tout à fait ouvert sur l'espace public. Rappelons-nous qu'à cette époque, les réunions syndicales, les réunions politiques se tiennent aussi dans les écoles. D'où notre tradition que s’y tiennent les élections. » « La question de la promenade scolaire, quasiment une obligation à l’époque, était un sujet tout à fait important, pas un supplément d’âme ; les enfants sortent au moins une fois par semaine, parfois pour faire
de nombreux kilomètres. Les pédagogues et les hygiénistes en rappellent souvent l'enjeu. L'école doit former des élèves qui seront des citoyens dans le milieu qui est le leur. […] Dans certaines pages du fameux dictionnaire de Ferdinand Buisson, l'école doit être localisée dans un endroit qui n'est pas bruyant, qui se prête aux apprentissages, mais qui doit être au cœur des quartiers, y compris des quartiers industriels, où les enfants vivent et où, demain, ils seront des citoyens actifs. » « Si sanctuaire, il y avait, ce n'était pas l'école primaire mais bien l'école dite des élites, telle qu'elle se déroulait jusqu’au début du 20e siècle. La clôture, la fermeture de l'école, elle, est plus tardive. Elle commence à partir du moment où l'école se massifie, se développe, se standardise, "s'industrialise" d’une certaine manière à partir des 30 glorieuses. »
L’intégralité de la conférence sur : www.youtube.com/ watch?v=mEsdaQcz3ZA
Conférence
APPRENDRE À S ’A D A P T E R A U X TRANSITIONS
21.
La société planétaire traverse une période inédite d’accélération des transitions : changement climatique, évolutions technologiques, multiplication des échelles d’intervention. François Taddei, chercheur en génétique moléculaire évolutive et médicale et en éducation, a répondu à nos questions sur les transitions. Extraits choisis. ✓ Quelle est votre analyse sur cette période de transitions, au pluriel, que traverse notre société en général, et l'éducation en particulier ? « Aujourd'hui, les transitions collectives, qu’elles soient locales, nationales et internationales, écologiques, technologiques, sont plus rapides et plus imbriquées. Elles sont des défis à la fois complexes et inédits. Inédits par leur ampleur, leur synchronicité, l'ensemble des manières dont ils impactent nos vies. » « Nos systèmes éducatifs qui nous aidaient à vivre ces transitions étaient pensées dans la continuité des générations précédentes. Et ça a fonctionné dans un monde qui était en transition lente. Dans un monde en transition toujours plus rapide, faut-il qu'on prépare nos jeunes exactement comme on les a préparés hier, pour un monde qui sera très différent de celui que nous avons connu ? Ça nous oblige à nous interroger sur la manière d’apprendre et d’enseigner à faire et à vivre ces transitions. Et il y a relativement peu de lieux dans lequel on se donne les moyens de réfléchir sur ces sujets. »
L’intégralité de la conférence sur : www.youtube.com/watch?v=V0wWmH9IpHI
Questions d'Éduc.
R EN D EZ-VO U S AN N U E L DE S M É TI E RS
✓ Dans ce monde actuel qui suppose qu'il nous faut changer nos manières d'apprendre, quelles compétences sont utiles à développer chez nos jeunes pour demain à votre avis ? « Il y a un rapport de l'Unesco sur le nouveau contrat social pour l'éducation qui explique que les crises que nous traversons ont toutes un lien avec l'éducation. Si les décideurs avaient été mieux formés pour faire face à ces situations, nous ne serions pas dans les crises auxquelles nous sommes confrontés. C’est pourquoi on met l’école toujours plus en avant. On attend d’elle qu'elle apporte des solutions à ces difficultés. Mais il ne suffit plus que la génération précédente transmette ce qu’elle a appris à la nouvelle génération car en quoi les solutions d'hier sont adaptées à un monde qui change si radicalement ? Il ne faut pas simplement transférer des connaissances mais aussi des compétences. Et parmi celles qui sont très utiles, il y a apprendre à apprendre, savoir s'adapter, être résilient, savoir comprendre et agir dans un environnement complexe incertain, savoir coopérer, faire ensemble des choses plutôt que subir une situation, essayer de co-construire les solutions pour demain. Comment forme-t-on nos jeunes à ces enjeux ? Il faut les confronter à des situations qui sont à leur hauteur et qui leur permettent de développer des capacités de créativité, de coopération, d'esprit critique. » « Nous, (-au Learning Planet Institute, le centre de recherche dirigé par François Taddei, ndlr), on essaye de fédérer les meilleures pratiques existantes pour développer ces nouvelles pédagogies, ces nouvelles méthodes et manières de préparer les enseignants et leurs élèves à ce monde toujours plus en transition. »
Questions d'Éduc.
E-Culture
22.
Onze propositions d’avenir François Taddei (voir page 21) nous invite à définir nos actions, nos possibles, à faire et imaginer ensemble. Florilège récolté dans nos rencontres-dialogue en inter-métiers.
1
Et si nous aidions les élèves à développer les compétences nécessaires à un avenir en bouleversement permanent ? (capacité d’adaptation, coopération, imagination, empathie, intelligence collective)
2 Et si nous mettions la coopération au centre de notre pratique ? 3
Et si nous nous formions à l’intelligence collective ? (Ceci n’est pas un gros mot !) 4 Et si nous faisions confiance à la jeunesse, à nos élèves pour construire les transitions vers le monde de demain ?
5
Et si nous faisions chacun un petit pas vers davantage de coopération ? 6 Et si nous continuions à réfléchir ensemble pour croiser nos regards différents ?
7 8
Et si nous nous retrouvions pour continuer le débat ?
Et si nous continuions à penser collectif ?
9
Et si nous partagions plus nos ressources ?
10 Et si nous demandions aux élèves quelle serait l’école idéale ? 11 Et si... on se disait MERCI !
Questions d'Éduc.
Exposition avec quiz
Débattre en mouvement de la vie en société L’éditeur Le Moutard a créé un concept d’expo-quiz sur des sujets ayant trait au vivre ensemble qui permet aux enfants comme aux adultes de s’interroger sur diverses facettes de la citoyenneté et d’en débattre de manière ludique. Égalité filles-garçons, laïcité, sport et discriminations… Ce sont près d’une vingtaine de thèmes qui sont développés par Le Moutard sous la forme de grandes planches de textes et d’images à décrire et à commenter, devant lesquelles on défile un stylo à la main, un peu comme un jeu de l’oie où l’on va de case à case.
Lieux de parole Le concept d’expo-quiz est né à partir de la fin des années 90, lorsque cet éditeur lyonnais qui s’attache à sortir de l’édition traditionnelle initie au salon du livre de Montreuil une place de village avec débats. Il s’ensuit la création d’un forum des enfants citoyens, lieu de parole mobile qui a vocation a être déployé en partenariat avec des structures culturelles, opéras, musées d’art contemporain, Fnac, MJC…
La formule, qui est un véritable succès, incite les créateurs à la développer sous un nouveau support, un kit de kakemonos dédiés à l’exposition. Un kit par thématique proposant entre 5 et 10 planches illustrées invite à cheminer entre elles, à s’interroger, à comprendre, à échanger avec les autres visiteurs selon un parcours ordonné et éprouvé.
Pédagogiquement pensé Chaque kakemono lui-même a été conçu de manière ludique et attractive, et pédagogiquement pensé : une illustration de type dessin de presse sert d’accroche et permet d’entamer la discussion par une lecture d’image, après quoi des textes informatifs, des questions d’observation, à choix multiples, ouvertes et fermées engagent à approfondir les échanges. Des visuels ressources complètent la planche, pour susciter de nouveaux horizons de parole, faire la transition vers le kakemono suivant. Une fiche d’activités accompagne certains kakemonos, fiche qui peut être achevée à la maison et réalisée en famille. Un guide pratique d’utilisation est également fourni pour les personnes en charge de l’animation.
Réfléchir en se déplaçant Debout, se déplaçant autour des supports, « les jeunes ne sont plus assis autour d’une table mais ils bougent, discutent en mouvement, sont séduits par l’outil », témoigne Elodie Rouzé, la directrice du Moutard, qui préconise une durée d’exposition de six semaines et une séance de travail par kakemono. Pour les plus jeunes, il est conseillé un double travail, en binôme d’abord, en restitution collective ensuite. Car Expo-quiz est adapté à tous les niveaux et classes d’âge à partir de 9 ans, et sans limite d’âge ensuite. Il peut être déployé dans un cadre scolaire ou extra-scolaire, au CDI, en médiathèque, dans un hall de la culture ou tout autre espace pédagogique en capacité d’accueillir des petits groupes. Prochain thème à venir dans la collection, le sommeil, à la demande d’un nouveau partenaire, la maison d’innovation pédagogique et de l’orientation professionnelle de l’Essonne. Les contenus, comme tous les autres titres, sont supervisés par une équipe scientifique et relus par la Degesco.
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