mensuel de l’Union des progressistes juifs de Belgique octobre 2012 • numéro 329
éditorial Historique ! Bureau de dépôt: 1060 Bruxelles 6 - P008 166 - mensuel (sauf juillet et août)
LE CONSEIL D’ADMINISTRATION DE L’UPJB
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oilà, nous y sommes, par couches successives les responsables politiques de ce pays ont fini par reconnaître officiellement la collaboration de l’appareil d’État belge à la traque des Juifs. Il était temps, grand temps : il y a 70 ans, avaient lieu les premières rafles de Juifs à Anvers et à Bruxelles. 60 ans plus tard, en octobre 2002, Guy Verhofstadt, alors premier ministre, déclarait devant l’ancienne caserne Dossin de Malines : « Trop nombreux ont été ceux qui ont sombré dans la collaboration, aussi dans l’Administration. Cela nous
devons avoir le courage de le dire, de le reconnaitre et de l’assumer ». Cette dernière phrase sonnait pourtant comme une dénégation, d’autant plus qu’elle n’avait pas été assortie d’excuses au nom de l’État, comme l’avait fait Chirac, en 1995, ou comme Verhofstadt l’avait fait lui-même avec beaucoup d’émotion et de conviction pour la part de responsabilité belge dans le génocide rwandais. Nous étions donc restés sur notre faim en ce 6 octobre 2002. Quelle ne fut pas notre surprise quand trois ans plus tard, lors d’une visite officielle à Yad Vashem, le même Guy Verhofstadt, par
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BELGIQUE-BELGIE P.P. 1060 Bruxelles 6 1/1511
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sommaire
éditorial ➜
éditorial
1 Historique ! .............................................Le Conseil d’Administration de l’UPJB
hommage
5 Jacques Gevers .......................................................................................................
israël-palestine
6 Netanyahu-Barak-Lieberman, dormez tranquilles ............... Henri Wajnblum
lire
8 Clarisse Lispector. la force des mots ..............................Tessa Parzenczewski 9 Humeurs et humours.........................................................Tessa Parzenczewski
lire,regarder, écouter
10 Des femmes, rien que des femmes (épisode n°3) ................ Antonio Moyano
mémoire(s)
12 Le Musée de la Résistance .................................................... Roland Baumann
réfléchir
14 Le saint-prépuce s’enflamme ...................................................... Jacques Aron
yiddish ? yiddish !
! widYi ? widYi
18 di goldene pave - Le paon d’or ................................................Willy Estersohn 20
activités upjb jeunes
26 Communiqué des Sachems................................................................................... 28
les agendas Errata Dans l’éditorial du mois de septembre (page 3, colonne de droite) la phrase « L’essentiel n’est pas là : ce sont les autres critères qui introduisent des discriminations de langue et de genre » doit être lue comme suit : « L’essentiel n’est pas là : ce sont les autres critères qui introduisent des discriminations de classe et de genre ».
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un tour de passe-passe, se contenta non seulement de « réitérer » ses excuses, mais de le faire « pour ceux (…) qui ont sombré dans la collaboration », réduisant ainsi l’implication de l’appareil d’État à quelques individus. Pas un mot sur le rôle joué par la police d’Anvers dans les rafles de l’été 1942, pas un mot sur la politique d’asile restrictive, pas un mot sur la reconduction à la frontière de réfugiés (Juifs) allemands, menée par l’Office des étrangers durant les années qui ont précédé la guerre, pas un mot sur la participation active des autorités bruxelloises à la confection d’un Registre des Juifs pour l’occupant. Car s’il est vrai que les bourgmestres de Bruxelles ont refusé, eux, de prêter main forte aux rafles et de distribuer l’étoile jaune, l’administration bruxelloise n’avait vu aucune objection à établir en 1940 ce Registre des Juifs, et mettra même au point une fiche d’identification qui servira de modèle pour tout le Royaume. Les travaux de Maxime Steinberg en attestent : sans ce registre, la traque des Juifs par les nazis n’aurait pas eu le même impact. C’est d’ailleurs pour cette raison que, le 2 septembre 2012, le bourgmestre de Bruxelles, Freddy Thielemans, a présenté les excuses officielles de la Ville de Bruxelles à l’ensemble de la Communauté juive, comme
Le premier ministre Elio di Rupo à Malines. Photo Roland Baumann
Patrick Janssens l’avait fait avant lui pour Anvers. Beaucoup de monde pour cette
cérémonie, la salle Gothique de l’Hôtel de Ville n’y a pas suffi, il a fallu ouvrir la salle du bas
pour une cérémonie en duplex sur grand écran ! Même 70 ans plus tard, il y avait encore foule pour entendre enfin une reconnaissance sans ambiguïté du tort fait aux Juifs avec l’aide de l’appareil d’État. Beaucoup de monde aussi au Mémorial de la caserne Dossin, une semaine plus tard. Cette fois, c’est Elio Di Rupo qui officie. Des mots « justes, simples et courageux », comme l’avaient demandé inlassablement et sans concession Eric Picard et l’Association pour la Mémoire de la Shoah, à qui nous tirons notre chapeau aujourd’hui. Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi si tard ? Cela fait des décennies qu’on nous ressasse pourtant ce « plus jamais ça », ce « Devoir de mémoire »... mais mémoire de quoi ? Pourquoi le travail des historiens a-t-il mis tant de temps à pénétrer la mémoire collective ? En effet, il en a fallu des années pour faire la distinction dans l’imaginaire collectif entre camps de concentration et camps d’extermination, entre politique d’occupation et solution finale. Car la mémoire charrie des mythes, la mémoire évolue. « Notre arme n’est pas la mémoire qui construit, déconstruit, oublie ou enjolive, mais l’Histoire seule » nous dit Bensoussan à propos de l’usage de la mémoire1. Ça, nos politiques de 2012 l’ont
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hommage ➜ compris, qui, comme Freddy Thielemans le souligne: « c’est pour cette raison » (le Registre des Juifs) qu’il a présenté à la Communauté juive les excuses officielles de la Ville de Bruxelles ; et qui, comme Di Rupo le déclare: « la collaboration de certaines autorités et fonctionnaires entre 1940 et 1945 est une réalité qui a été démontrée par diverses études, dont l’étude du CEGES La Belgique docile » ; et d’inviter « le Sénat à débattre dès que possible Elio di Rupo et Didier Reynders, vice- premier ministre et ministre des Affaires étrangères à Malines. de la proposition de Photo Roland Baumann résolution à propos matière d’asile, de migration et de la responsabilité de l’État belge. Le Gouvernement d’emploi. Ces Juifs d’aujourd’hui, sera évidemment très attentif nos réfugiés indiens et afghans, aux conclusions des travaux et il nos Belges d’origine marocaine en tirera les enseignements pour ou turque ; sans oublier les Roms qui furent eux aussi déportés à l’avenir ». Cette conscience des faits, nous Auschwitz avec l’aide des autola devons donc au travail des rités belges et dont le tragique historiens, à commencer par Max- destin mériterait un peu plus ime Steinberg, comme l’a rappelé d’attention. ■ à juste titre Maurice Sosnowski, le président du CCOJB lors de la céré1 G. Bensoussan, Auschwitz en héritage ? monie du 2 septembre à Bruxelles. D’un bon usage de la mémoire, Paris, 1998. On regrettera cependant l’usage du devoir de mémoire fait par Sosnowski quand il mêle allègrement antisémitisme et antisionisme, judéocide et BDS, sans un mot pour les victimes actuelles (non juives) des politiques discriminatoires en
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Jacques Gevers
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acques Gevers est décédé le lundi 12 septembre à l’âge de 63 ans. La dernière fonction qu’il aura exercée est celle de rédacteur en chef de l’hebdomadaire Le Vif/L’Express. Avant d’entamer sa carrière de journaliste, il avait travaillé en tant que coopérant en Algérie. Puis il était entré au quotidien La Meuse/La Lanterne. Mais c’est au Vif/L’express qu’il a donné toute la mesure de son immense talent. Il fut un modèle de rigueur intellectuelle, traquant inlassablement la vérité, dénonçant sans relâche l’injustice et l’intolérance. Bref, un journaliste comme on aimerait qu’il y en ait tant d’autres. Jacques était un passionné, mais sachant toujours raison garder, ne se laissant jamais dominer par sa subjectivité. Le conflit israélo-palestinien l’interpellait particulièrement. C’est en 2002 que nous avions fait sa connaissance, lorsqu’il nous demanda s’il pouvait se joindre à la mission d’observation et d’information que l’UPJB projetait de mener à Jérusalem, dans les villages palestino-israéliens non reconnus et dans les territoires palestiniens occupés. Et il s’était effectivement joint à nous en juin de cette même année 2002, tout comme Bénédicte Vaes, journaliste au Soir, et elle aussi bien trop tôt disparue. Nous nous souvenons de l’émo-
tion, de l’incompréhension, de la colère qu’il avait éprouvées, comme nous tous, lorsque nous sommes entrés, par des chemins détournés, dans le camp de réfugiés de Jénine, deux mois à peine après l’opération Remparts menée par
Oren Meddiks, que nous avions invités à Bruxelles. Cette interview n’a jamais été publiée… Trop politiquement incorrecte sans doute pour la direction du Vif/L’Express. Nous l’avions revu quelque temps plus tard et il nous avait annoncé
Juin 2002. Avec la mission de l’UPJB, Jacques Gevers, deuxième en partant de la gauche, au village palestino-israélien non reconnu de Ein Hod
l’armée israélienne, et qui avait réduit toute une partie du camp à un vaste champ de ruines. Des liens durables d’amitié s’étaient établis entre nous depuis. Et il venait de temps à autre à des conférences-débats sur la question du Proche-Orient que nous organisions à l’UPJB. En 2005, il avait fait une longue interview de deux jeunes refuzniks israéliens, Elik Elhanan et
qu’il avait dû quitter son journal, lui aussi trop politiquement incorrect pour ses patrons… Ce départ l’avait beaucoup plus affecté qu’il ne le laissait paraître, s’en tirant toujours par un trait d’humour. Mais nous le sentions profondément atteint. Jacques nous manquera. Nous présentons à tous ses proches nos condoléances émues. ■
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israël-palestine Netanyahu-Barak-Lieberman, dormez tranquilles. Big Brother veille sur vous HENRI WAJNBLUM
A
vançons-nous un peu… Au mois de novembre prochain, Barack Obama sera v raisemblablement reconduit pour un second mandat à la présidence des États-Unis. Cela rouvrira-t-il la perspective d’une nouvelle initiative américaine pour la résolution du conflit israélo-palestinien ? Rien n’est moins sûr. Au vu des déclarations du candidat démocrate lors de la convention de son parti et de la plate-forme de ce même parti, le triumvirat à la tête du gouvernement israélien, Netanyahu-BarakLieberman peut dormir sur ses deux oreilles… Ouvrons une parenthèse : Dans le numéro de juin dernier de Points critiques, je titrais mon article « Ils étaient trois, les voilà quatre. Shaul Mofaz le retour ». Fraîchement élu à la présidence du parti Kadima, celui-ci, un faucon notoire, faisait en effet, début mai, une entrée fracassante au gouvernement avec le titre de vice-premier ministre sans portefeuille. Il aura fallu un peu plus de deux mois pour qu’il claque la porte, non pas en raison de l’enlisement du « processus de paix » dont il est un fervent partisan – pas du « processus de paix », mais de l’enlisement -, mais à cause de la loi de conscription, cette loi qui exempte les Juifs ultra-orthodoxes de service militaire. Kadima exigeait un service national
égal pour tous, mais le Likoud de Netanyahu a préféré jouer la carte des partis religieux au sein de la coalition. Fin du « quartet » et de la parenthèse… Je disais donc que, au vu des déclarations de Barack Obama lors de le convention démocrate et de la plate-forme de son parti, le triumvirat aux commandes de la politique israélienne peut dormir sur ses deux oreilles. Il est clair que, aussi bien Obama que Romney veulent éviter les sujets qui fâchent et qui risquent de leur aliéner le vote juif, notamment celui de l’Aipac. Il faut dire que Barack Obama est passablement échaudé par le dossier israélo-palestinien sur lequel il a enregistré l’un de ses revers les plus cuisants. Il n’est, cependant pas allé jusqu’à oublier totalement son objectif : « Notre engagement pour la sécurité d’Israël d’Israël ne doit pas faillir, pas plus que celui en faveur de la recherche de la paix ». Le minimum syndical donc. Où la sécurité d’Israël tient la première place avant la recherche de la paix ! Toute aussi brève sur la question, et penchant toujours dans le même sens, la plate-forme du Parti démocrate : « Le président Obama et le Parti démocrate sont résolument engagés en faveur de la sécurité d’Israël. (…) Un Israël fort et en sécurité est vital pour les États-Unis pas seulement parce que nous
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partageons des intérêts stratégiques mais également des valeurs communes. (…) Le président Obama continuera de presser les États arabes à tendre la main à Israël. (…) Jérusalem est et continuera d’être la capitale d’Israël, indivisible, mais qui devra être accessible aux personnes de toutes les croyances » ! Tout se passe comme si les Palestiniens étaient soudain devenus invisibles. Ou, pire encore, n’existaient tout simplement pas…
ET POURTANT… Et pourtant ils existent toujours bel et bien… Et ils le font savoir à leurs dirigeants. Ils leur font savoir qu’ils ne supportent plus leurs conditions de vie. Depuis plusieurs semaines en effet, ils descendent dans les rues de Cisjordanie pour manifester contre la vie chère, et c’est à Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, et à Salam Fayyad, le premier ministre, qu’ils s’en prennent avec véhémence. Face à ces manifestations, l’Autorité palestinienne a annoncé qu’elle avait demandé à Israël la révision d’un accord économique clé qui détermine ses droits de douanes et ses taux d’imposition depuis dix-huit ans. Cet accord, issu des accords d’Oslo, et concrétisé dans le « Protocole de Paris » de 1994, a été appliqué
les conditions de vie deviennent aussi de plus en plus précaires en raison du fait que les agriculteurs palestiniens ne peuvent pas accéder à toutes leurs terres en raison du mur de séparation et des check-points. Quoi qu’il en Mahmoud Abbas devant l’Assemblée générale des Nations soit, face à cette unies en septembre 2011 crise de confiande façon sélective par Israël et la ce, et avant qu’elle se transforme plupart du temps à son avantage. en affrontements violents, MahCe Protocole établit une feuille de moud Abbas a un besoin urgent route économique pour une union de redorer son image. douanière entre Israël et les Territoires palestiniens et aligne la MAHMOUD ABBAS À TVA sur le taux israélien, actuel- NOUVEAU DEVANT lement de 17%, ce qui empêche L’AG DE L’ONU toute baisse rapide des prix dans L’occasion lui en sera sans doules Territoires palestiniens oc- te fournie très prochainement. Il a cupés. L’économie palestinien- en effet annoncé qu’il comptait se ne a également été freinée par la représenter devant l’Assemblée non-application d’une disposition générale des Nations unies comautorisant les Palestiniens à si- me il l’avait fait l’année dernière. gner librement des accords com- Non plus pour y demander un stamerciaux avec d’autres États et tut d’État à part entière qui a beleur donnant accès aux marchés soin d’un aval du Conseil de Sécuisraéliens. Mais la crise financière rité et qui se heurterait à nouveau qui touche l’Autorité palestinien- à une menace de veto de l’Adne, qui n’exerce, comme on ne le ministration américaine, mais un sait que trop, qu’un contrôle limité statut d’État non membre qui désur la Cisjordanie, est également pend d’un vote à la majorité de due à une baisse de l’aide inter- l’Assemblée générale. Cette manationale, et notamment des pays jorité, l’Autorité palestinienne est arabes, dont les Palestiniens dé- quasi certaine de l’obtenir qui dit pendent largement. pouvoir compter sur le soutien de Le demande faite à Israël par 133 États sur les 193 membres. l’Autorité palestinienne de revoir Privé d’une adhésion formelle volet économique du Protocole le, ce statut d’État non memde Paris a-t-elle quelque chance bre de l’ONU permettra néand’aboutir ? Rien n’est moins sûr. moins aux Palestiniens d’accéder, C’est donc en toute logique que en tant que membres à part enMahmoud Abbas a pointé un doigt tière, à toutes ses agences, comaccusateur sur Israël : « Nous ne me l’OMS, l’Unicef, où ils ne sièsommes pas un peuple libre par- gent qu’en tant qu’observateurs ce que nous ne contrôlons pas nos (sachant qu’ils siégent déjà en frontières ». Et il faut ajouter que tant que membres à part entière
à l’UNESCO), et aussi à la Cour internationale de justice et, surtout, à la Cour pénale internationale. « Une reconnaissance internationale de notre État, sur la base des frontières de 1967, en fera un État sous occupation. Cela va changer la formule juridique de notre situation », déclarait déjà, l’année dernière, Mahmoud Abbas dans une interview conjointe avec le quotidien jordanien AlDoustour et le quotidien du Qatar Al-Watan.
LIEBERMAN ÉGAL À LUI-MÊME Conscient du danger de voir aboutir la démarche de Mahmoud Abbas, le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman s’en est récemment pris à lui, l’accusant de conduire une campagne de « terrorisme diplomatique» contre Israël ». Excusez du peu !… « Il y a un partage du travail entre Ismaïl Haniyeh (le premier ministre du gouvernement du Hamas à Gaza) et Abou Mazen (surnom de Mahmoud Abbas) », a-t-il ainsi déclaré dans une interview à la radio publique israélienne. Et encore : « Haniyeh et Khaled Mechaal (le chef du Hamas en exil) sont les chefs du terrorisme armé. Abou Mazen mène un terrorisme diplomatique. Je ne sais pas lequel est le plus dangereux pour nous ». À n’en pas douter, c’est Abou Mazen. Tout simplement parce qu’il s’appuie sur le droit international et sur les Résolutions du Conseil de Sécurité. Et Lieberman craint bien plus les retombées que pourrait avoir un vote favorable de l’Assemblée générales des Nations unies à la demande de l’Autorité palestinienne que les piqûres de moustiques infligées à Israël par les tirs de roquettes du Hamas ou du Jihad islamique. ■
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lire Clarisse Lispector. La force des mots TESSA PARZENCZEWSKI
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our qui n’a jamais lu Clarice Lispector, la biographie de Benjamin Moser est une porte royale vers un univers complexe, pétri de contradictions où une écriture novatrice et parfois vénéneuse plonge dans l’introspection, sans garde-fou, toujours au bord du gouffre. On ne peut pas dire que ce sont des fées qui se sont penchées sur le berceau de Clarice Lispector. Née en Ukraine en 1920, elle est arrivée au Brésil à l’âge de deux mois, avec ses parents et ses sœurs fuyant les pogroms. Po-
groms où son grand-père trouva la mort et où sa mère, violée, contracta la syphilis. La famille s’installa d’abord à Recife et ensuite à Rio de Janeiro. Benjamin Moser nous introduit dans la communauté juive du Brésil où, dans les années 20 et 30, la pauvreté était le lot de la plupart. Le père de Clarice, colporteur à l’époque, n’atteindra jamais vraiment l’aisance. Marquée par une histoire dramatique, Clarice Lispec-
tor entamera une œuvre littéraire très jeune, son premier roman a été écrit à l’âge de 18 ans. Après des études de droit, elle épousera un diplomate qui l’emmènera en Europe et aux États-Unis, au gré de ses désignations. Lors de ses pérégrinations de consulat en ambassade, dans un monde pétri de codes rigides, Clarice continuera à écrire, créant des univers où les personnages, écartelés entre leur moi profond et l’agression du monde extérieur, reflèteront de multiples manières son propre malaise, ses propres souffrances. Avec une exigence sans concession, elle ne cesse de traquer, non pas le mot juste, mais quelque chose d’indéfinissable, l’essence même des choses et des sensations, et comme le dit Moser, dans une sorte de quête mystique. Les citations abondent dans cette biographie quasi empathique et révèlent une écriture insolite et somptueuse : « Dans les arbres les fruits étaient noirs, doux comme du miel. Il y avait sur le sol des noyaux secs pleins de circonvolutions, comme de petits cerveaux pourris. Le banc était taché de jus violet. Les eaux murmuraient avec une douceur intense. Au tronc de l’arbre se crochaient les pattes somptueuses d’une araignée. La cruauté du monde était tranquille. L’assassinat profond. Et la mort n’était pas ce que nous pensions. »
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Parallèlement à son travail de romancière, Clarice Lispector tenait chronique dans la presse, entre futilités et considérations plus profondes. Au fil des ans, elle acquit une extraordinaire renommée au Brésil, où on la comparait à Virginia Woolf, ce Brésil du temps de la dictature, où elle participa à quelques manifestations et fut obligée de cesser sa collaboration aux journaux. D’une beauté exceptionnelle, comme en témoignent les photos, elle n’a jamais perdu une certaine étrangeté et exerça une réelle fascination dans le microcosme littéraire. Mais revers de la médaille, elle souffrait de dépressions et d’angoisses continuelles, n’arrêtait pas les analyses pour essayer d’échapper à l’obsession de la folie. En cela elle fait penser à Alejandra Pizarnik, cette poétesse argentine, dont la famille venait aussi d’Ukraine et qui, comme elle, poussait les mots dans leurs derniers retranchements. Celle qui disait « J’écris comme si cela devait permettre de sauver la vie de quelqu’un. Probablement la mienne », mourut en 1977. Les Éditions des Femmes ont publié toutes ses œuvres en français, leur donnant ainsi un rayonnement plus universel. ■ Clarice Lispector Une biographie Pourquoi ce monde Benjamin Moser Traduit de l’anglais (États-Unis) par Camille Chaplain Des Femmes-Antoinette Fouque 440 p., 25 EURO
Humeurs et humour. Les chroniques d’Anne Grauwels TESSA PARZENCZEWSKI
D
ans Points critiques, elle signe Anne Gielczyk ses « Humeurs judéo-flamandes ». Elle publie ces jours-ci un recueil de ses chroniques, de 2001 à 2011, qu’elle signe Anne Grauwels. Deux noms, deux identités. « Mauvaise Juive et mauvaise Flamande », comme elle aime à le dire. Et entre les deux, des passerelles. Des passerelles comme elle en construit constamment dans ses textes. Un mot déclenche une série d’associations d’idées, des transitions inattendues nous mènent à travers digressions et bifurcations à la chute, et au final, tout est en place et riche de sens. Au départ, une réflexion souvent anodine ou une expression insolite glanée dans la presse, une sorte d’amorce piège le lecteur et le mène de surprise en surprise. Rien n’indiquait une route balisée, mais elle l’était et dès le début les cibles placées. Et Anne dégaine. Ses armes ? un humour décapant, des sarcasmes affûtés, des formules assassines. Son champ de tir ? l’air du temps charriant guerres et injustices, mais aussi le champ clos des joutes politiques à domicile, la main invisible du marché et les tics de toute une époque. Nous parcourons ainsi toute une décennie. Certains personnages ont déjà quitté la scène. Le fameux W a disparu mais Sarko remue encore. Des séquences an-
ciennes resurgissent. En Flandre, la valse des sigles des partis reconvertis et les tentatives de « désantisémitisme » du Vlaams Belang pour conquérir l’électorat juif anversois. La famille royale n’est pas épargnée. Laurent et Philippe dans le viseur. Une expression de Ducarme père : « le Belge d’origine belge » donne lieu à un carrousel hilarant où les multiples identités s’enchevêtrent et finissent par se mordre la queue. Qui est qui ? Plus loin, en Méditerranée, c’est la guerre du Persil. Qui s’en souvient ? « Le loup dans la bergerie » évoque Wolfie, Wolfowitz, un néo-cons, à la Banque Mondiale. Lui aussi a quitté le paysage. Mais la crise elle, est toujours là. Et de la hausse vertigineuse du cours du bulbe de la tulipe au XVIIe siècle jusqu’à son effondrement final il n’y a qu’un pas vers la bulle spéculative d’aujourd’hui, c’est Anne l’économiste qui nous le dit. Certaines chroniques auraient pu être écrites aujourd’hui : les laïcards obtus, obsédés du voile, sont toujours là et ne voient pas plus loin qu’un bout de tissu. Les sans papiers campent toujours dans nos villes. Et Anne continue de puiser dans le flot incessant des infos, tout fait farine au moulin de son esprit caustique. Elle dégote la perle rare, le mot qui va rebondir et déclencher une salve percutante. Elle débusque les idées reçues, les retourne, les
dépiaute et comme dans les contes, le roi est nu. Parfois, une accalmie. « Prenez soin de vous », où elle évoque l’univers autobiographique et fascinant de Sophie Calle. Car la chroniqueuse ne ressasse jamais. À chaque fois, elle nous étonne. Par le biais d’un humour constant, avec légèreté et finesse, d’une écriture virevoltante et inventive, elle nous restitue les remous et les questionnements de notre temps, trace des portraits au vitriol, fixe l’éphémère et construit ainsi un précieux aide-mémoire. L’actualité autrement, à lire ou à relire en ces temps moroses. ■ Anne Grauwels, Humeurs judéo-flamandes, chroniques 2001-2011 Éditions Ercée 140 p., 12 EURO
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lire, regarder, écouter Des femmes, rien que des femmes
les Clarisses de Malonne ? » Tout le long du livre, l’auteur s’adresse à Michelle Martin par un « vous »
(épisode n°3)
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ANTONIO MOYANO
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n 1950, il fallait un visa pour aller de Vienne à Paris, et Paul, qui habitait alors LevalloisPerret, attend Ingeborg avec impatience, et moi chevauchant mon vélo-cardiaque, j’écoute sur France-Culture la lecture de leur correspondance, CelanBachmann2. Et lundi 3 septembre, je me suis énervé, je regardais sur ma chaîne préférée « Amélie Nothomb une vie entre deux eaux », un docu de la série Empreintes, et subitement, de la pub en plein milieu comme une moumoute dans la soupe ! Nicolas 1er tu cherches un emploi ? Envoie ton CV à la RTBF et fais-leur admettre ta belle idée : pas de pub après 20h à la télé ! Cette injection de pub en plein milieu, mais c’est vraiment pousser trop loin l’esprit anti-commercial ! Je vous explique : dès que la pub apparaît, moi par instinct je zappe, et vu le nombre de chaines que j’ai dans ma manette, je fais le tour de la planète et puis quoi ? Pour retrouver la Cité Reyers, S.O.S. à moi le GPS ! Moi je suis très lambda, tout le monde fait de même ; c’est la dinde ou la farce, de toute façon, ça ressemble au type qui se tire une balle dans le pied ; la télé serait-elle suicidaire ? S’il vous plait, pas de pub intempestive, c’est trop anti-productif ! Comme chacun sait, Amélie Nothomb est nippone, et comme une vraie immigrée, elle a quasiment oublié la langue de ses babils d’enfant,
d’ailleurs quand elle a échoué sur les rives de l’ULB, les aborigènes du coin lui criaient : « Dégage, t’as pas ta place ici, ouste ! » C’est très beau la voir déambuler dans son école gardienne à Kobé, et revoir sa frimousse dans des archives télévisuelles, si bien qu’on finit même par avoir envie d’aller visiter les lieux dévastés par le tsunami, et comme fan d’Amélie j’étais comblé. Et le plus beau : la visite à sa nounou, celle qui fut pour elle comme une autre mère. Et moi, je suis allé voir Marie-Laure, Marianne, Karine, Carole, Capucine, Soleil, Isabelle, Vanessa, Clémentine, Aurélie, Stéphanie, Sandra, elles tournaient, tournaient, tournaient chacune autour d’un mât de « pole dance » on voit ça dans les boîtes à striptease, et j’ai dit à l’amour allez, on s’en va, j’en ai ma claque de « Révolution » (c’est le titre du spectacle, durée 120 minutes !), et l’amour a répondu pas question, ça m’intrigue, je reste. Le plus agaçant c’est que le jeune chorégraphe français Olivier Dubois (1972) avait choisi un tube de la musique classique, le célébrissime Boléro, et de surcroit il ne s’est pas tout de suite avoué vaincu, il croyait (le pauvre !) être plus fort que Maurice Ravel alors on a supporté le coupé/collé des premières mesures pendant 60 minutes ! Et voici le public quittant la salle à la queue leu-leu, sur la pointe des pieds, et puis, peu à peu, comme des effluves d’amandiers ah ! ça fait du bien, tout le
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Boléro par touches impressionnistes nous revenait et à la fin, debout, j’ai crié trois-quatre fois Bravo les filles ! L’amour avait donc raison, nous avons résisté à « Révolution » et nous avons été récompensés, houp ! Et comme nous étions dans la Chapelle des Brigittines (qui n’a plus de vocation religieuse depuis… 1784, la Ville de Bruxelles l’achète en 1920, Patrick Bonté anime ce Festival depuis 1995), je me suis posé la question : les Clarisses ou les Brigittines il en existe encore beaucoup ? Oui, car avec tout ce raffut, les indignations, les pour, les contre, les pétitions (oui, moi, j’étais à la manif du dimanche 19 août, et drôlement inquiet de faire partie, selon certains, de la vile populace « esclave de l’émotion »). Oui, tout ça pour dire que j’ai eu envie de lire le livre de Nicole Malinconi3. « Les mots de ce livre, nous les avons d’abord dits, vous et moi, au cours de nos entretiens. Vous aviez fait appel à moi, dans l’idée encore vague d’écrire. (…) Après la première rencontre, d’autres ont suivi, chaque mois, pendant plus d’un an. » (p.11) Oui, exactement, la complice du prédateur, souvenez-vous les maisons de l’horreur à Marcinelle et Sars-laBuissière… Mon étonnement était grand, pourquoi tant et tant de gens parlent et radotent, et personne, me semble-t-il, ne tend le micro vers l’écrivain Nicole Malinconi : « Et vous, que pensez-vous de l’arrivée de cette femme chez
qui installe la distance et fait de ce texte quelque chose de théâtral. On y entrevoit beaucoup de silence. J’ai (c’est très subjectif) la sensation que d’autres mains, d’autres yeux sont passés par là avant nous, on a comme corrigé, amendé, atténué par-ci, par-là telle phrase, tel propos, tel passage. C’est écrit au scalpel, sans nulle complaisance, on y décèle une sorte de gêne comme si l’écrivain se demandait : où donc me suisje embarqué ? Je fais bien ou mal ? Et toujours à l’avant : les victimes, les petites filles. « Ce jour-là, vous apportez le texte dans le parloir. Vous le posez sur la table, vos mains par-dessus, vous me regardez, vous dites : Je n’aime pas. » (p.102) « Je reste pourtant sans mots, le premier lundi de mai, au matin, quand le gardien de la prison m’annonce que vous refusez
ma visite. (…) Il dit que vous les avez prévenus, il montre un petit bout de papier avec, écrit, Visite refusée. »(p.108) J’avais rien que des femmes en tête et voilà que je vais vous parler d’un livre écrit par un homme, le titre : TRAVESTI, l’auteur : David Dumortier, l’éditeur : Le Dilletante, 2012. Et ça débute ainsi : « Sophia, Dora, Lona, Dona, il n’y a pas qu’une travestie en nous ». David Dumortier est très polyvalent, il est pute et poète et écrit son livre avec un je excessivement vamp et femme, et c’est craquant d’humour, de poésie, d’humanité. Son livre est 100% un chef d’œuvre de part en part. « Alors, je prends la plume comme Grisélidis Réal s’en est servie. Elle me rend triste cette vieille écrivaine parce que l’histoire l’a rangée dans la catégorie « putain » et pas dans la liste des gens de lettres. » (p.112) Mêlant les souvenirs de son enfance fermière et campagnarde, la brutalité d’un père, et puis voici la mère qui oubliait de se faire un peu belle, un peu femme. Et puis le portrait des clients, qui sont tous pour la plupart des fidèles, et on rit, on est ému et c’est vachement bien écrit, et puis en voilà un(e), qui n’a pas les chocottes face au multiculturalisme, sacredieu ! ça fait du bien par ces temps d’éloge à un certain… Comment s’appelle-t-il encore l’abominable assassin norvégien ? Les coulisses, la vie des autres, ça vous intéresse ? Je raffole des biographies, hier encore je finissais la soirée avec une bio sur Jean Sénac, mais ici la voici, la voilà la superbe Susan Sontag (1933-2004) (née Rosenblatt). Morte à New York, elle est enterrée à Paris, dans le même cimetière que Samuel Beckett qu’elle admirait tant. Elle avait perdu
son père à l’âge de cinq ans, Sontag est le nom de son beau-père. J’ai acheté Sempre Susan. Souvenirs sur Sontag4 parce que le livre est petit, pas cher, et nous voici dans le New York de 1976, Susan a 43 ans et se remet d’une mastectomie radicale. L’auteur se nomme Sigrid Nunez, elle fut la petite amie de David Rieff, le fils de Susan et partagea leur espace, dans cet appartement avec vue sur l’Hudson. Susan en ce tempslà avait comme amant le poète Joseph Brodsky, avant qu’il ne reçoive le prix Nobel. C’est un portrait et non pas une biographie. Susan Sontag, heureusement, était loin d’être parfaite, elle avait des « vices cachés » comme l’on dit pour les appareils électroménagers, à quoi bon s’en étonner ? Ce petit livre a une grande vertu, il donne envie de mieux lire Susan Sontag : Le sida et ses métaphores, Sur la photographie, Devant la douleur des autres, L’Amant du volcan, La maladie comme métaphore… « Susan ne supportait pas la solitude. (…) Elle ne laissait jamais son esprit vagabonder. En l’absence de distraction, sa tête se vidait, son esprit ressemblait à un écran de télévision envahi par la neige après l’arrêt des émissions. C’est ce qu’elle m’a dit. » (p.75) Après le hors-d’œuvre, je veux le plat de consistance : une bonne et longue biographie afin de pouvoir démêler la liste de tous ses amours, ses aimantes et ses amants. Et lui, Brodsky, où est-il enterré ? À San Michele, l’île-cimetière de Venise… ■ Les précédents épisodes sont parus dans les Points Critiques de mars et mai 2012. 2 Paul Celan, Ingeborg Bachmann, Le Temps du coeur. Correspondance, traduit par Bertrand Badiou, Seuil, 2011, 464 pages. 3 Nicole Malinconi, Vous vous appelez Michelle Martin, Denoël, 2008, 111 pages. 4 Sigrid Nunez, Sempre Susan. Souvenirs sur Sontag, 13ième Note Éditions, 2012, 106 pages. 1
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mémoire(s) Le Musée de la Résistance ROLAND BAUMANN
P
roche du Mémorial National aux Martyrs juifs de Belgique dont les travaux de restauration sont sur le point de commencer, un autre lieu de mémoire anderlechtois évoque les crimes nazis et les luttes de la « Belgique indocile » sous la seconde occupation allemande. Inauguré en juin 1972 le Musée National de la Résistance, 14 rue Van Lint, conserve un important patrimoine historique documentant cette période de notre histoire nationale. Résistance civile, lutte armée, renseignement, presse clandestine, filières d’évasion... Les différentes formes d’action antinazie et d’opposition à l’Ordre Nouveau sont bien documentées dans ce lieu privilégié de la transmission pédagogique des mémoires de la guerre « 40-45 ». Directeur du musée, Jean-Jacques Bouchez résume les origines de l’institution : « Le siège national du Front de l’Indépendance (FI), installé rue du Taciturne, devait déménager suite aux expropriations dans le quartier européen. Monsieur Lauwers qui exploitait ici un atelier de photogravure avait été associé à l’impression du « Faux Soir » en novembre 43. Membre du Front de l’Indépendance, il avait aussi travaillé pour d’autres organisations de Résistance telle l’Armée secrète et comme il cessait ses activités commerciale, il proposa de vendre la maison au FI.
Le secrétariat général et les archives du Front de l’Indépendance s’installèrent donc ici et on créa un musée pour pérenniser le souvenir de la Résistance. Le FI compte encore aujourd’hui quelque six cents membres dans toute la Belgique et le secrétariat poursuit ses activités. Le musée fonctionne depuis toujours sur fonds propres de l’organisation avec de modestes subsides des ministères de la Culture et de la Défense. Trois personnes sont employées à temps plein avec des salaires payés par la région bruxelloise et nous sommes aidés par des bénévoles. Nous n’avons pas de budget pour enrichir nos collections et je dois souvent y aller de ma poche pour acheter des livres ou des documents intéressant le musée. Heureusement, nous avons des donateurs. La ministre Lanaan a promis de nous aider et nous espérons pouvoir bénéficier du décret mémoire de la Communauté française. »
LA TRANSMISSION Le Musée a pour objectif de transmettre la mémoire de la Résistance, celle du FI et de tous les autres groupements de résistants. Maintenir l’esprit, les valeurs de liberté et de démocratie de la Résistance, éveiller les consciences, développer l’esprit critique et la citoyenneté. Monsieur Bouchez remarque : « En Belgique, la Résistance s’est vue marginalisée après la guerre, au contraire
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de la France où sa mémoire a encore aujourd’hui un caractère sacré. Pour le public belge, l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale se résume trop souvent à une histoire militaire : le débarquement de Normandie, la bataille des Ardennes. De rares écoles ont l’histoire de la Résistance au programme, je pense en particulier à l’Institut Marius Renard dont nous recevons souvent des classes. Nous accueillons beaucoup moins d’écoles flamandes que d’écoles francophones et, le plus souvent, elles viennent de province, rarement de Bruxelles. Nous recevons chaque année des groupes de la communauté germanophone, en particulier de l’Institut Père Damien à Eupen dont les professeurs veulent faire connaître aux jeunes l’histoire nationale. » Le directeur ajoute : « Je constate un intérêt croissant de la part d’écoles et de visiteurs individuels venant de l’étranger. De plus en plus de gens viennent chez nous à la recherche de proches ou de parents dont ils savent qu’ils étaient actifs dans la Résistance. Nous les orientons souvent vers le service des victimes de la guerre où ils peuvent consulter des dossiers de reconnaissance de statut de résistant ou de prisonnier politique constitués après guerre. En général ce sont les petitsenfants qui s’intéressent aux passé résistant du grand-père qui le plus souvent n’a pas transmis la mémoire de son engagement. La
majorité des anciens résistants n’ont pas raconté ce qu’ils avaient fait et bien peu d’entre eux ont laissé des témoignages écrits de leur expérience de guerre. Parce qu’ils étaient persuadés qu’on ne les croirait pas ou pour éviter de révéler des souvenirs trop douloureux. Ces jeunes s’intéressent au passé familial et les idéaux de la résistance peuvent les inspirer au présent. Je suis actif au musée depuis une douzaine d’années. Ma famille m’a transmis la passion du temps de la Résistance. Mon père français, résistant dans la région de Lille et ma mère, belge et patriote, se sont rencontrés lors de leurs activités clandestines. Mais c’est seulement après la mort de mon père que j’ai découvert son passé de Résistant. Il ne m’en avait jamais parlé... C’est très frustrant pour un jeune qui s’intéresse à l’histoire. Je trouve important de faire connaître les idéaux de la Résistance aux jeunes alors que nous sommes confrontés à une société de plus en plus inégalitaire et si peu solidaire. Les Résistants ont construit ce musée pour continuer la lutte contre le fascisme. Nous voyons un peu partout en Europe une poussée de l’extrême droite, comme en Grèce et en Hongrie... et aussi des atteintes à la charte des droits de l’homme, en particulier contre les Roms... »
PAS DE CONCURRENCE Le Musée de la rue Van Lint entretient des rapports de collaboration avec le CEGES, la caserne Dossin et les archives de la RTBF. Monsieur Bouchez affirme son refus de toute concurrence de mémoires entre Résistants et anciens prisonniers politiques et survivants de la Solution finale : « Notre exposition permanente distingue bien camps de concentration et centres d’extermination. Nous
valorisons l’héritage de la Résistance sans pour autant minimiser le judéocide, et mettons en valeur le rôle de la Résistance juive, au sein du CDJ ou des Partisans armés. David Lachman fut un peu mon « père spirituel » et j’éprouve une vive admiration pour le travail de Maxime Steinberg. Certains groupes viennent nous visiter puis se rendent au Mémorial juif dont nous avons la clé depuis un peu plus d’un an. Cette collaboration me semble normale entre voisins travaillant pour la mémoire. »
DES LYCÉENS ALLEMANDS Le Musée est aujourd’hui en pleine mutation comme l’expose brièvement le directeur : « Nous sommes très attachés à ce lieu de mémoire lié à l’histoire célèbre du « Faux Soir » mais il faudra procéder à une refonte du musée, réaménager l’espace et la muséographie et les expositions en tenant compte des progrès de l’historiographie. » En fin d’interview, Monsieur Bouchez reçoit une classe d’étudiants du Lise Meitner Gymnasium de Hambourg. Passant la semaine à Bruxelles, ils se rendent ensuite au Centre Belge de la Bande Dessinée et visiteront demain la chocolaterie Duval. Confrontés à la mémoire de la Résistance au nazisme, ces étudiants sont surtout intrigués par l’aspect désuet du musée. Ici, pas d’écrans vidéo ni de bornes interactives, mais une accumulation d’objets hétéroclites et de documents dans des vitrines, ainsi que de nombreux panneaux photos et textes, remplissant presque entièrement l’espace modeste d’une typique maison-atelier bruxelloise. Pointant du doigt les urnes marquées aux noms des principaux camps de concentration qui
sont rassemblées dans le petit réduit mémorial au fond du rez-dechaussée, une étudiante me demande un peu effrayée si toutes ces urnes contiennent bien des cendres humaines... Le directeur pointe du doigt une porte exposée dans le couloir du musée. Une porte de cellule de la Geheime Feldpolizei, installée près du Botanique, au 6 rue Traversière : « C’est tout ce qui a pu être sauvé lors de la destruction de l’immeuble afin de construire une auberge de jeunesse. Aujourd’hui rue Traversière, il n’y a rien pour rappeler aux passants qu’en ce lieu de nombreux résistants furent interrogés et torturés par les bourreaux de cette police secrète de l’armée, qui était tout aussi redoutée que la Gestapo de l’Avenue Louise. » Une conversation animée s’engage entre certains des étudiants, leurs deux professeurs et le conservateur sur les éventuels ressentiments des Belges aujourd’hui envers l’Allemagne et les difficultés de la résistance en Allemagne nazie de 1933 à 1945. Certains des jeunes ont vu Auschwitz. La plupart ont visité le mémorial du camp de Neuengamme à Hambourg, mais ne savent rien des combats de la Résistance en Europe occupée. La conversation s’achève dans la salle de réunion pour une photo de groupe. Les jeunes partent très satisfaits de l’accueil chaleureux dans cette maison de la mémoire résistante... ■ Musée National de la Résistance, 14 rue van Lint, 1070 Bruxelles Tél. 02 .522.40.41 resistance.verzet.widerstand.anti@skynet. be Ouvert les lundi, mardi, jeudi et vendredi, de 9h à 12h et de 13h à 17h. Mercredi et weekend uniquement sur rendez-vous et préférence visite en groupe.
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réfléchir Le saint prépuce s’enflamme JACQUES ARON
L
e Juif athée que je suis s’étonne encore de voir à quel point les débats de nature religieuse, surtout lorsqu’ils touchent à des pratiques symboliques ou à des comportements affectifs atteignent rapidement un degré d’agressivité et d’intolérance qui condamne au silence toute intervention réfléchie. L’affaire est partie d’un évènement mineur, comme si une partie de l’opinion publique, juive ou non, n’attendait qu’un prétexte pour relancer les guerres de religion, les querelles ethniques, les conflits politiques les plus fondamentaux sur le rôle de l’État et la légitimité de ses interventions régulatrices dans la vie sociale. Chargée de lourds fantasmes, précédée d’une longue histoire en grande partie oubliée et suivie d’un cortège de préjugés d’un autre âge sur le sexe et le sang, la circoncision rituelle présentait, il est vrai, tous les ingrédients de la passion irrationnelle qui ne laisse personne indifférent. Le 26 juin 2012, un tribunal de première instance de Cologne rend un jugement dont personne ne connaît encore l’intégralité – il n’est pas encore publié à l’heure où j’écris ces lignes – mais dont quelques bribes de phrases extraites de leur contexte suffisent à mettre le feu
aux poudres. En l’occurrence, une mère musulmane qui a fait circoncire son enfant de quatre ans par un médecin de même confession, le présente peu après à l’hôpital universitaire de Cologne. Apparemment, une dénonciation à la police déclenche l’intervention du procureur, de telle sorte qu’un jugement sera rendu contre elle, mettant en cause une mutilation irréversible imposée à l’enfant. En quelques mots, un seul juge allemand, qui aurait dû féliciter une mère de son geste et du souci de la santé de son garçon, venait de remettre en question une opération bénigne – ce qui ne signifie pas sans risques – largement pratiquée dans le monde pour des motifs divers, religieux, culturels ou hygiéniques. Avec une large marge d’erreur, on estime à près d’un milliard le nombre d’hommes circoncis dans le monde. En Allemagne, cette pratique reste avant tout un fait de religion ou de tradition, une notion très vague à laquelle se rattachent des usages très différents. Les Juifs organisés officiellement en communautés synagogales reconnues de longue date y sont environ 250.000 ; les musulmans, dont la représentation est plus récente et encore largement en discussion y seraient au nombre de 4,5 millions. Même s’ils ne la pratiquent
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pas à des fins religieuses, les Allemands de confession chrétienne – catholique ou protestante –, majoritaires, n’ignorent évidemment rien de la circoncision, dont l’absence est précisément la marque (ou le lointain souvenir mythique) de peuples dits « païens », plus ou moins profondément évangélisés. Il n’est pas certain qu’ils soient encore aussi nombreux qu’au 19e siècle à connaître les passages de l’Ancien Testament qui distinguent l’élection divine des Juifs (qu’ils reconnaissent tout en la considérant comme obsolète). Les controverses théologiques ont beaucoup perdu de leur actualité. Sans doute savent-ils encore que leur messie, le Fils de Dieu, a été circoncis – les plus belles représentations de cette cérémonie se trouvent aujourd’hui dans les musées ; mais combien sont-ils à célébrer le Nouvel-An comme fête de la Circoncision du Christ ? Et qui se hasarderait aujourd’hui à invoquer les reliques du saint prépuce ? Cette perte de substance religieuse ne serait-elle pas l’un des facteurs de crispation du débat actuel ?
VAGUES SUCCESSIVES Alors que ce jugement isolé et certainement discutable (et réformable comme toute décision judiciaire à ce niveau) ne touchait
Siège solennel de criconcision. Grandes Synagogue de Rome
pas à l’exercice de la religion et qu’aucune plainte ne visait le médecin qui avait pratiqué l’opération, les représentants du rabbinat allemand, du Conseil central des Juifs en Allemagne et les milieux médicaux juifs réagirent immédiatement. La Conférence générale des Rabbins déclara : « Qui s’attaque à la circoncision s’en prend au cœur du judaïsme. » On s’empressa de rappeler que les mohalim (circonciseurs) recevaient une formation appropriée et l’on vit monter au créneau une rabbine et mohelet (aussi exceptionnelle que
le jugement de Cologne), officiant à Bamberg, médecin urologiste et auteur d’un livre sur la pratique de la circoncision. Se souvenait-on que la question médicale avait été vers 1850 au centre de la Réforme juive allemande ? Plus circonspects, certains rabbins ou médecins appelaient publiquement à élever la formation et la responsabilité du mohel. Surprenante fut la décision des médecins de l’hôpital universitaire juif de la Charité, vénérable institution créée à Berlin en 1756, de ne plus procéder à cette opération
avant toute clarification juridique. Ils n’ignoraient cependant pas que ce choix plus politique que médical ne touchait que les patients musulmans qui s’en remettaient à leur compétence – cinq interventions furent immédiatement annulées. S’agissait-il avant tout de forcer une réaction musulmane, moins prompte à s’exprimer ? La Conférence européenne des Rabbins déclara que « l’interdiction de la circoncision en Allemagne y posait un problème fondamental aux communautés en touchant à un pilier de la loi judaïque ». Le président de la Conférence en profita pour dénoncer une tendance générale antireligieuse qui se ferait jour selon lui en Europe (interdiction des minarets, de la burka ou de l’abattage rituel). En moins d’un mois, le jugement du tribunal de Cologne avait pris une dimension politique nationale et internationale : le Bundestag en débattit, se prononçant à une large majorité pour le respect de la circoncision rituelle et invitant le gouvernement à légiférer en la matière. L’ambassadeur allemand en Israël fut invité à s’expliquer devant la Knesset ; l’ambassadeur d’Israël en Allemagne dénonça la menace pesant sur la liberté religieuse, tout en ne manquant pas de conclure que les Juifs en Allemagne, citoyens de ce pays, « gardent toujours le droit et la possibilité de venir en Israël » !
LES RAPPORTS ENTRE L’ÉGLISE (LES ÉGLISES) ET L’ÉTAT De proche en proche, le vieux débat jamais tranché de l’État moderne non confessionnel, respectant la liberté de conscience dans le cadre des droits civils fondamentaux arrêtés par les représentants de la nation (les droits de l’hom-
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est le mensuel de l’Union des progressistes juifs de Belgique (ne paraît pas en juillet et en août)
me et du citoyen), reprit vigueur. Quoi d’étonnant, si l’on se souvient que la « question juive » condensa à partir de 1840 l’affrontement de deux modèles étatiques diamétralement opposés : celui de la France postrévolutionnaire et celui des innombrables pays de culture germanique encore marqués par les luttes intestines de la chrétienté et à la recherche de structures nationales unificatrices « germano-chrétiennes », auxquelles la Prusse tentait d’imposer son empreinte. C’est pourquoi le jugement de Cologne qui ne les concernait en aucun cas réveilla de vieux démons. On vit en Autriche le FPÖ de feu Jörg Haider exiger de tous les hôpitaux provinciaux de ne plus pratiquer la circoncision religieuse. En référence au jugement allemand, l’hôpital pour enfants de Zurich, suivi par celui de Saint-Gall, suspendit ses interventions en la matière. En Allemagne même, l’ex-présidente du Conseil central des Juifs en Allemagne, l’influente Charlotte Knobloch, fit remarquer que la République fédérale était loin d’être une institution « laïque » à la française. Le préambule à la constitution du pays ne porte-t-il pas que « le peuple allemand se l’est donnée, en conscience de sa responsabilité devant Dieu et les hommes… » ? Quel Dieu se demanderont quelques mauvais esprits ? Knobloch n’hésite pas un instant : « Il est clair (sic) que l’État et la société sont bâtis sur les valeurs judéo-chrétiennes. » Quelles valeurs ? « Je ne suis pas prê-
te, écrit-elle, à sacrifier ne fût-ce qu’un iota de mon identité juive. Nous voulons le meilleur pour nos enfants, lorsque nous les introduisons dans l’Alliance avec Dieu et les enracinons dans notre foi. » Peut-on pour autant éviter la dimension théologico-politique des questions fondamentales de société, qui depuis Spinoza, il y a trois siècles et demi, taraudent la conscience européenne et s’élargissent aujourd’hui avec l’irruption du troisième grand courant monothéiste, l’Islam, aussi divisé que les autres, dont les croyants affrontent, avec le « printemps arabe », la nature de l’État comme une question centrale. La prétendue loi de Dieu contre la loi des hommes, bien imparfaite sans doute mais dont on doit pouvoir débattre sans être accusé d’attenter à la loi révélée. Le rappel de cette dernière n’est bien souvent que le paravent derrière lequel s’abritent des intérêts politiques très concrets. « Dieu avec nous », surtout dans sa version germanique « Gott mit uns » ne devrait plus nous paraître un slogan si innocent. Il faut sortir des confusions sanglantes. Que les trois monothéismes honorent Abraham ou Moïse n’empêche pas chacun de tirer à soi la couverture divine. Les descendants d’Israël et d’Ismaël n’y sont pas traités sur le même pied. L’alliance n’est pas, comme on aimerait nous le faire croire, une obligation morale que les adeptes s’imposent comme un fardeau, mais l’engagement d’un Dieu national et guerrier à tenir sa
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Promesse. La Genèse, 17, 7-8, (ou le Livre I de Moïse pour les Juifs) enchaîne à l’alliance le don perpétuel de la terre de Canaan, ce qui explique que l’État d’Israël est loin d’avoir rompu avec son lointain prédécesseur théocratique. Il est parfaitement vain et hypocrite de subodorer un grand complot antisémite et antisioniste derrière toute prise de position, même si les poubelles virtuelles d’Internet débordent de propos stupides, voire infâmants. Inutile et nuisible aussi de dramatiser à tout propos et hors de propos en invoquant le génocide, dont les racines et la mise en œuvre sont bien autre chose que de l’intolérance religieuse. Comme ce pasteur protestant américain, Walter Russell Mead, complaisamment cité par l’hebdomadaire du Conseil central des Juifs en Allemagne : « Si l’on interdit la circoncision en Allemagne, on rend tout-à-fait impossible d’y pratiquer la religion juive ; et c’est à nouveau un crime d’y être un Juif. » Pour ajouter in fine avec une ironie parfaitement déplacée : « Peut-être que ceux qui sont convaincus d’avoir commis le crime de la circoncision, devraient être contraints à porter l’étoile jaune ? » Ah si chacun pouvait mieux balayer devant sa propre porte !
ET LA BELGIQUE Un mois et demi après la naissance du séisme allemand, l’ablation du prépuce s’invite en pleine page du Soir (10 août 2012). Mais curieusement (nous ne ferons ja-
mais les choses comme les autres pays), crise oblige, c’est sous l’aspect de sa charge pour la Sécu qu’elle se manifeste, statistiques à l’appui. Des interventions médicales et un budget de l’INAMI en hausse constante, se répartissant à peu près également entre la Flandre, d’une part, et Bruxelles-Wallonie, d’autre part. Une tempête dans un verre d’eau ? En 2011, environ 25.000 interventions à 100 EURO, soit un total de 2,5 millions EURO. Dont il faudrait peut-être déduire le coût des complications ultérieures évitées de ce fait. Pas besoin d’être grand clerc pour supposer que la majorité des cas sont liés aux habitudes ou au culte musulmans, le président de l’Exécutif des musulmans de Belgique recommandant d’ailleurs clairement que les fidèles passent par un hôpital. Un médecin interviewé commente : « Et mieux vaut que ces ablations du prépuce se fassent en hôpital, par des gens compétents, que dans une cave (sic) de Bressoux ou Molenbeek. » Une question reste cependant posée, qui ne manquera pas d’avoir ses prolongements : un acte rituel et cultuel relève-til de la politique de santé publique et doit-il être subventionné en tant que tel ? Délicate question politique qui ne peut s’inscrire que dans une discussion globale sur le financement équilibré des cultes et autres options philosophiques alternatives. La Belgique dispose heureusement de quelques atouts liés à son histoire politique, sociale et religieuse, qui
devraient lui permettre d’éviter les pièges de la confusion et l’attisement des peurs en contexte de crise. Une sagesse qui a même fait ses preuves en période de carence du pouvoir politique. Une sagesse que parfois l’étranger, étonné, nous envie. En guise de conclusion, je n’hésiterais pas à recommander à nos étudiants en mal de sujet de thèse, qu’ils soient futurs philosophes, historiens, sociologues, politologues, spécialistes des religions, etc., de traiter de la circoncision comme révélateur et catalyseur de tous les aspects d’une société, de ce que l’on appelle aujourd’hui en termes un peu emphatiques une « civilisation ». Des dizaines et des dizaines de livres y ont été consacrés, émanant de tous les milieux. Les Juifs y ont apporté leur contribution. Pour en avoir relu quelques-uns récemment, je dois dire qu’ils furent souvent intelligents et érudits, et que l’on y mesure mieux, avec le recul du temps, ce qui relève d’un véritable savoir philosophique ou scientifique et ce qui, noyé dans le brouillard de l’ignorance et de la superstition, ne suscite plus aujourd’hui qu’un pénible embarras. ■
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Yiddish ? Yiddish ! PAR WILLY ESTERSOHN
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TRADUCTION Avec les innombrables « yeux » qui ornent ses plumes chatoyantes, le paon (au féminin en yiddish !) d’or est un symbole mythique de la poésie des langues juives européennes, le yiddish et le judéo-espagnol. Il apparaît pour la première fois dans une chanson populaire où il est question d’une fiancée malheureuse éloignée de ses parents et séquestrée dans la propriété de sa belle-mère. Un paon d’or sera le messager entre la jeune femme et ses parents. Des poètes yiddish de premier plan ont abordé ce thème. Parmi eux, Itsik Manger, Leyb Halpern et, plus récemment, Anna Margolin (voir Points critiques de mars 2012) pour qui le paon d’or représente la nature éphémère de l’amour. Son poème, que nous publions ici, a été mis en musique par la chanteuse israélienne Chava Alberstein (khave albershteyn).
Le paon d’or a volé, volé/et la nuit a ouvert ses yeux d’or./Endors-toi, mon radieux. La nuit a ouvert ses yeux d’or,/je suis devenue violon et toi l’archet./Endors-toi, mon inquiet. Je suis devenue violon et toi l’archet, /et le bonheur au-dessus de nous s’est penché amoureusement./Endors-toi, mon tendre. Et le bonheur au-dessus de nous s’est penché amoureusement,/nous a laissés seuls et s’en est allé à tire d’aile, à tire d’aile./Endors-toi, mon mélancolique.
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octobre 2012 * n°329 • page 18
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REMARQUES Ngyvlfeg gefloygn : part.passé de NeYlf flien = voler (dans les airs). Ngivb boygn = arc, arche ; ici : archet (normalement : kyms smik). Nf]lwnUj aynshlofn = s’endormir (Nf]lw shlofn = dormir).
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activités Mouvement pour la Civil-isation de la société israélienne
Du lundi 1er au samedi 6 octobre 2012
Exposition photos de New Profile qui montre et dénonce l’omniprésence de la pensée militariste à tous les échelons de la société israélienne
Rencontres avec un de ses représentants
Raanan Forshner
En partenariat avec plusieurs associations amies « Nous, un groupe de femmes et d’hommes féministes, sommes convaincus que nous n’avons nul besoin de vivre dans un état militariste. Aujourd’hui Israël est en mesure de mener une politique tournée résolument vers la paix qui ne nécessite pas une société militariste…. Alors qu’on cherche à nous faire croire que le pays est confronté à des menaces qui échappent à son contrôle, nous réalisons maintenant que l’expression « sécurité nationale » a souvent masqué des décisions prises pour adopter des actions militaires en vue de la réalisation d’objectifs politiques. Nous ne voulons plus partager de tels choix. Nous ne voulons plus être mobilisés en permanence, élever des enfants pour qu’ils soient mobilisés, soutenir des partenaires, des frères et des pères mobilisés, alors que les responsables du pays continuent à avoir recours à l’armée plutôt que chercher d’autres solutions… » C’est ainsi que débute la « charte » de New Profile, mouvement pour la civil-isation de la société israélienne.
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Ce que le Mouvement souhaite et ce pourquoi il milite : une société plus démocratique et plus égalitaire entre les hommes et les femmes, mais aussi entre l’ensemble des citoyens israéliens, qu’ils soient juifs ou non. Il soutient aussi les mouvements de ceux qui refusent de servir dans les territoires palestiniens occupés. New Profile fait également partie de la Coalition des Femmes pour la Paix et est très actif dans ces différents domaines : Replantations d’oliviers arrachés par les colons ; Ramassage des olives ; Actions contre le mur de l’annexion ; Soutien aux ONG palestiniennes ; Soutien aux Bédouins israéliens du désert du Néguev expulsés de leurs terres.
Nous vous invitons à venir voir l’exposition de photos que New Profile a collectées et qui montre et dénonce l’omniprésence de la pensée militariste à tous les échelons de la société israélienne, et à en débattre avec notre invité Raanan Forshner.
Programme de la tournée Lundi 1er octobre à 17h30 heures : Visite de l’exposition et, à 19h30, conférence-débat avec Raanan Forshner à Wavre, à la Maison de la Laïcité, 33 rue Lambert Fortune. En partenariat avec la coordination du Brabant wallon des groupes PJPO (Pour une Paix Juste au Proche Orient). Mercredi 3 octobre à 19h : Visite de l’exposition et conférence-débat avec Raanan Forshner à Leuven, Damiaancentrum, 5 Sint-Antoniusberg. En partenariat avec Vrouwen in ‘t Zwart Leuven, Leuvense Actiegroep Palestina et Intal Leuven. Jeudi 4 octobre à 18h : Visite de l’exposition et, à 20h, conférence-débat avec Raanan Forshner à Mons, Université de MONS, Bâtiment Warocqué-Auditoire Hotyat-1er étage, 17 Place Warocqué. En partenariat avec L’Association Belgo-Palestienne Mons-Borinage. Vendredi 5 octobre à 19h30 : Visite de l’exposition et conférence-débat avec Raanan Forshner à Antwerpen, Vrijzinnig Karel Cuypershuis, 57 Lange Leemstraat. En partenariat avec Pax Christi Vlaanderen, Vredesactie, Masereelfonds, Oxfam Wereldwinkels et Humanistische Vrijzinnige Vereniging. Samedi 6 octobre à 12 heures : Visite de l’exposition et conférence-débat avec Raanan Forshner à Mouscron, dans les locaux «de l’aut côté», 21A rue des Brasseurs. En partenariat avec l’Association Belgo-Palestinienne - Plateforme mouscronnoise pour la Palestine.
Avec le soutien de la Fondation Heinrich Böll et de l’Échevinat pour l’Égalité des Chances de Saint-Gilles.
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activités les dimanches 7, 14 et 21 octobre à 16h30
vendredi 5 octobre à 20h15 Conférence-débat avec
Inédit!
Jean-Christophe Attias
La trilogie de Vienne, le chef d’oeuvre d’Axel Corti
autour de son ouvrage
historiens de la seconde guerre mondiale
Les Juifs et la Bible
« Enlevez la Bible aux Juifs, ils ne seront plus juifs. Ne leur laissez que la Bible, seront-ils encore juifs ? Comme l’identité qu’elle est censée fonder, la Bible échappe à toute définition simple. Livre un ou bibliothèque disparate ? Texte ou objet ? Révélation divine ou mythe national ? Littérature ou code législatif ? Pour les Juifs, la Bible a été tout cela. À travers les rapports changeants qu’ils ont noués avec elle, ce sont leurs propres métamorphoses qui se donnent à lire. Ainsi que celles de leurs adversaires. Car la Bible a aussi été brandie contre les Juifs – par les chrétiens – pour les convaincre de leur erreur et pour les convertir. Ni somme ni essai, ce livre est d’abord la libre exploration d’un imaginaire. Une fenêtre largement ouverte sur une tradition qui à la fois nous interroge et nous engage tous, aujourd’hui comme hier. Ici même comme sur les collines de Cisjordanie. Que nous soyons Juifs ou pas. Que nous croyions au Ciel ou que nous n’y croyions pas. » Jean-Christophe Attias est Directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études (Sorbonne). Spécialiste de la pensée juive, c’est aussi un intellectuel engagé dans le débat public français, il a notamment publié, avec Esther Benbassa, Israël, la terre et le sacré et Les Juifs ont-ils un avenir ? Il a également présenté à l‘UPJB son ouvrage précédent, Penser le judaïsme. PAF: 6 EURO, 4 EURO pour les membres, tarif réduit: 2 EURO
mardi 9 octobre à 20h15 Conférence-débat avec
Pascal Boniface,
directeur de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) et enseignant à l’Institut d’Etudes européennes de l’Université de Paris 8 à propos de son livre
Les intellectuels faussaires
Avec la participation de Julie Maeck et Pieter Lagrou,
Peut-être avez-vous vu Welcome in Vienna et en avez-vous gardé un souvenir inoubliable. Ce film d’Axel Corti (1933-1993) fait partie d’une trilogie. En trois films, Axel Corti raconte l’épopée de quelques jeunes Juifs autrichiens (et d’un résistant allemand joué par Armin Mueller-Stahl) durant la Seconde Guerre mondiale. Contraints à l’exil, ils partent pour les États-Unis d’où ils viendront libérer l’Europe avec l’armée américaine. Seul Welcome in Vienna était sorti en salle à l’époque. Aujourd’hui les trois fillms ont été Santa Fe remastérisés. Nous vous les présentons en trois séances : dimanche 7 octobre première partie Dieu ne croit plus en nous (la fuite) - 1982 Cette séance sera suivie d’un débat introduit par Julie Maeck, historienne FNRS-ULB, auteure de Montrer la Shoah à la télévision, Paris, 2009 dimanche 14 octobre Santa Fe, (l’exil aux ÉtatsUnis) - 1985
Pascal Boniface est un intellectuel sérieux et pondéré. L’écriture pamphlétaire n’est pas son genre. Et voilà pourtant qu’il publie un essai au vitriol, dans lequel il s’interroge sur les raisons du « triomphe médiatique des experts en mensonge » (sous-titre de Les intellectuels faussaires). Il y critique âprement quelques intellectuels hyper médiatisés, tels Bernard-Henri Lévy, Caroline Fourest, Alexandre Adler, Philippe Val et quelques autres, les accusant de mentir sciemment. De quels mensonges s’agit-il ? Qu’est-ce qui amène ces « intellectuels-vedettes » à mentir ? Qu’ontils en commun ? Comment expliquer que, malgré leurs mensonges répétés, ils continuent à être plébiscités par les responsables des grands médias ? Comment expliquer que quatorze éditeurs ont refusé de publier l’essai de Pascal Boniface ?
dimanche 21 octobre Welcome in Vienna (le retour à Vienne en libérateurs) - 1987, suivi d’un débat animé par Pieter Lagrou, professeur d’histoire contemporaine à l’Université libre de Bruxelles
PAF: 6 EURO, 4 EURO pour les membres, tarif réduit: 2 EURO
Entrée gratuite
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Welcome in Vienna
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vendredi 16 novembre à 20h15 samedi 20 octobre à 20h15
Conférence-débat avec
Ahmed Ahkim et Jacqueline Fastrès
Ioanes Trio en concert D’une voix rocailleuse et chaude s’élève une poésie critique et tendre, baignée d’influences multiples. De Vissotzky à Brassens, de Brecht aux chants contestataires, inspirée par Tom Waits, Brel, Aliocha Dimitrievitch ou encore Bregovic. Un univers métèque choyé par les turbulences d’un accordéon venu des arts de la rue, d’une basse ronde et dansante ... Une musique d’origine incontrôlée empreinte de blues, de rébétiko, de musette, de jazz, de musiques des Roms. Les textes sont nécessités, ils sont amour, refus, souffrances et jubilations. Au carrefour de trois histoires singulières – un instant – la scène se remplit de fête et de poésie, de mots, de cris et de sentiments. Chaque soirée comme une occasion à ne pas rater, un public comme une assemblée humaine avec lequel se fonde une complicité dans l’écoute, la chaleur et la danse. Présentation et extraits musicaux : http://www.myspace.com/ioanestrio Ioanes Vogele : textes, guitare, bouzouki, chant Yann Engelbrecht : basse acoustique, chœurs Riton Palanque : accordéon, scie musicale, chœurs PAF: 10 EURO
autour de leur livre
Les Roms. Chronique d’une intégration impensée Dissemblables et hétérogènes, les Roms sont continuellement stigmatisés, d’abord dans leurs pays d’origine et ensuite, dans leurs pays « refuges », comme la France et la Belgique. Comment leur faire une place tout en laissant un espace à leur culture d’origine ? Estce conciliable de garder leur tradition dans le monde d’aujourd’hui ? Le livre d’Ahmed Ahkim et Jacqueline Fastrès analyse les aspects historiques et politiques, juridiques et sociaux de cette problématique en Belgique. Ahmed Ahkim est directeur du Centre de médiation des gens du voyage et des Roms en Wallonie Jacqueline Fastrès est licenciée en histoire et coordinatrice du département Formation/Recherche de l’association de formation et d’insertion RTA PAF: 6 EURO, 4 EURO pour les membres, tarif réduit: 2 EURO
Atelier d’écriture Autofiction, fiction Il s’agit d’un cycle de 10 séances de 3 heures les jeudis
4, 11, 18 et 25 octobre, 8, 15, 22 et 29 novembre, 6 et 13 décembre de 14 à 17h Contact : lara.erlbaum@yahoo.fr 083.61.27.67 0476.99.32.96
Pour plus d’informations : www.upjb.be
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UPJB Jeunes Carte de visite
Communiqué des Sachems
L’UPJB Jeunes est le mouvement de jeunesse de l’Union des progressistes juifs de Belgique. Elle organise des activités pour tous les enfants de 6 à 15 ans dans une perspective juive laïque, de gauche et diasporiste. Attachée aux valeurs de l’organisation mère, l’UPJB jeunes veille à transmettre les valeurs de solidarité, d’ouverture à l’autre, de justice sociale et de liberté, d’engagement politique et de responsabilité individuelle et collective.
A
près un passage, le 7 juillet dernier, au camp d’été de l’UPJBJeunes qui se déroulait en Bretagne, le Grand Conseil des Sachems, réuni en cette occasion sous l’égide du Grand Sachem Luciole « Contemplative », a l’immense fierté et l’inégalé privilège d’annoncer à qui veut bien l’entendre que la Grande Communauté des Sachems de l’UPJB compte désormais 13 membres de plus dans ses rangs :
Chaque samedi, l’UPJB Jeunes accueille vos enfants au 61 rue de la Victoire, 1060 Bruxelles (Saint-Gilles) de 14h30 à 18h. En fonction de leur âge, ils sont répartis entre cinq groupes différents.
Juliano Mer-Khamis
Les 2005 Moniteurs : Charline : 0474.30.27.32 Miléna : 0478.11.07.610
Noé est désormais Tanuki « Dissident » Sarah est désormais Suricate « Impulsive »
Marek Edelman
Les pour les enfants nés en 2002 et 2003 Moniteurs : Sacha : 0477.83.96.89 Lucie : 0487.15.71.07
Milena est désormais Bengal « Étourdie » Sacha S. est désormais Mouflon « Zélé » Lucie est désormais Courlis « N’en pense pas moins » Axel est désormais Wallaroo « Superman » C’est avec un plaisir qui l’honore que le Grand Conseil des Sachems souhaite la bienvenue aux nouveaux arrivants et prévient la génération suivante qu’elle n’a qu’à bien se tenir en attendant la prochaine cérémonie de Totémisation... Manjit est désormais Loup « Chevaleresque » Charline est désormais Isatis « Diamant Brut »
pour les enfants nés en 2004 et
Fanny est désormais Margay « Nonchalante » Clara est désormais Belette « J’me comprends » Josepha est désormais Tamia « Dé-
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sinvolte » Maroussia est désormais Suni « Pertinence Impertinente » Sacha R. (dit « Totti ») est désormais Caracal « Spirituel »
...Temporis progressu communitas crescit. ■
Janus Korczak
Les pour les enfants nés en 2000 et 2001 Moniteurs : Manjit : 0485.04.00.58 Fanny : 0474.63.76.73 Clara : 0479.60.50.27
Émile Zola
Les pour les enfants nés en 1998 et 1999 Moniteurs : Totti : 0474.64.32.74 Sarah : 0471.71.97.16 Axel : 0471.65.12.90
Yvonne Jospa
Les pour les enfants nés en 1996 et 1997 Moniteurs : Maroussia : 0496.38.12.03 Noé : 0472.69.36.10
Informations et inscriptions : Julie Demarez – upjbjeunes@yahoo.fr – 0486.75.90.53
Les Sachems
octobre octobre2012 2012**n°329 n°329•• page 27
agenda UPJB Sauf indication contraire, toutes les activités annoncées se déroulent au local de l’UPJB, 61 rue de la Victoire à 1060 Bruxelles (Saint-Gilles)
du lundi 1er au samedi 6 octobre
Exposition photos photos de New Profile, mouvement israélien pour la civil-isation de la société israélienne et rencontres avec a un de ses représentants Raanan Forshner (voir pages 20 et 21)
vendredi 5 octobre à 2Oh15
Conférence-débat avec Jean-Christophe Jean-Christ Attias autour de son ouvrage Les Juifs et la Bible (voir page 22)
mardi 9 octobre à 20h15
Conférence-débat avec Pascal Boniface à propos de son libre Les intellectuels faussaires (voir page 22)
dimanches 7, 14 et 21 octobre à 16h30
La trilogie de Vienne, trois films d’Axel Corti avec la participation de Julie Maeck et Pieter Lagrou, historiens de la Seconde Guerre mondiale (voir page 23)
samedi 20 octobre à 2Oh15
Ioanes Trio en concert (voir page 24)
vendredi 16 novembre à 2Oh15
Éditeur responsable : Henri Wajnblum / rue de la victoire 61 / B-1060 Bruxelles
Conférence-débat avec Ahmed Ahkim et Jacqueline Fastrès autour de leur livre Les Roms. Chronique d’une intégration impensée (voir page 25)
club Sholem Aleichem Sauf indication contraire, les activités du club Sholem Aleichem se déroulent au local de l’UPJB tous les jeudi à 15h (Ouverture des portes à 14h30)
jeudi 4 octobre
« Une enfance pendant la guerre » Edna Bratzlavsky ( se ) raconte. Présentation par Johannes Blum, « compagnon de la mémoire »
jeudi 11 octobre
Le cimetière de Prague de Umberto Eco. Jackie Schiffmann, simple lecteur attentif, fera, dans son commentaire de ce livre basé sur des faits historiques, une large place aux conspirations qui débouchèrent sur Les Protocoles des Sages de Sion
jeudi 18 octobre
« Les resto du coeur. 25 ans déjà! » par Frank Duval, vice-président de la Fédération des resto du coeur de Belgique et formateur à l’ASBL « resto du coeur » de Laeken
jeudi 25 octobre
« L’actualité politique au Moyen Orient » par Henri Wajnblum
jeudi 1er novembre Congé
jeudi 8 novembre Prix : 2 EURO
« Être guide, accompagnateur de groupes au musée Caserne Dossin. Pourquoi cette mission ? » par Jo Szyster Les agendas sont également en ligne sur le site www.upjb.be