Urbania Hors Série - Repenser l'école - L'école Urbania

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Repenser l’école

L’École Urbania 2013



Édito

École Urbania 2013 Illustrations par Anthoine Blache

Dix étudiants. Sept programmes différents. Une même université, l’UQÀM. Voilà en quoi consistait la première cuvée de l’École Urbania.Et non seulement on faisait partie de l’École Urbania, mais on fabriquait un magazine sur l’école. L’école dans l’école, vous suivez ? On s’est lancés dans ce projet comme des adolescents en crise, le duvet nasolabial et les boutons en moins. On cherchait notre identité et une façon d’aborder la thématique scolaire au fil des mois. Quelques Pabst, un trou normand et une guerre de bouffe plus tard (merci aux colocs de Laurence pour leur patience), on a réalisé que notre passage dans le monde des bus jaunes et des berlingots de lait avait été plutôt facile. Issus du système traditionnel avec un bulletin rempli de A+, on ne s’était jamais demandé pourquoi notre système scolaire était ainsi fait, dans son carcan et sa structure imposée. Repenser l’école, voilà ce qu’on a décidé. Au-delà d’imaginer une fontaine distributrice de jus de raisin, on y voyait là une occasion de découvrir ce qui est fait autrement dans les établissements du Québec, tout en y injectant notre petite dose de créativité. Et comme nous avons l’imagination fertile…

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Durant plusieurs semaines, on a découvert des pédagogies complètement différentes de la nôtre. On a rencontré des gens passionnés par leur métier, avec l’envie de faire vivre une expérience unique à leurs élèves. Des écoles alternatives aux classes techno en passant par l’enseignement à la maison et la pédagogie Waldorf, on a même réinventé un menu de cafétéria. Le petit nerd en nous a vite réalisé qu’il n’y a pas qu’une dictée sans faute qui se prévalait d’un autocollant parfumé en coin de page. Comme un élève enthousiaste derrière son kiosque Expo-Sciences, on est super fiers de vous présenter ce mini-magazine aujourd’hui. On a passé des heures à bricoler, à expérimenter et surtout, à mettre tout notre cœur dans la création de ce que vous tenez entre vos mains. Soyez certains, le magazine ne s’évaporera pas par procédé chimique dans les 60 prochaines minutes. On n’est pas encore assez bolés pour ça. Bonne lecture, L’École Urbania

L’École Urbania : Myriam Lefebvre (Relations publiques, rédaction), Séphanie Maltais (Rédaction), Sandrick Mathurin (Installation interactive / sandrickm.com), Olivier Morneau (Web, rédaction, réseaux sociaux), Catherine Plouffe (Design graphique, identité visuelle / catherineplouffe.com), Féeniscya Roy (Relations publiques), Jean-François Sauvé (Vidéo, photographie de la couverture), Antoine Turcotte (Vidéo, photographie de la couverture), Laurence Viens (Design graphique, identité visuelle), Félix Waaub (Relations publiques). Collaborateurs : Camille Barrantes Parisien (Scénographie), Marianne de L’isle (Illustration), Zoé Burns-Garcia (Assistante à la scénographie), Caron Guan (Mannequin sur la couverture), Gabrielle Laïla Tittley (llustration / gabriellelaila.blogspot.ca), Valerie Mercier (Retouche photo de la couverture / valeriemercier.com) Judith Portier (Designer / judithportier.ca), Janick Sabourin (Maquilleuse pour la couverture), Vincent Tourigny (Illustration / vtourigny.com)


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Par Félix Waaub Illustration par Marianne De L’Isle

Tricher à l’université

Judy (nom fictif) rédige des travaux universitaires d’amis ou de connaissances pour payer ses études et arrondir ses fins de mois. Cette rédactrice fantôme (ghostwriter) demande un sous le caractère. Payée seulement 250 $ pour un travail de 15 pages, Judy révèle les dessous d’un métier qui ne disparaîtra pas de sitôt.

Pourquoi acceptes-tu des contrats de ghostwriter ? J’ai l’impression d’aider les gens. Si je refusais, ça les mettrait dans le pétrin. Aussi, j’aime avoir de bonnes notes, même si, au bout du compte, ce n’est pas mon nom sur la copie. Ça me valorise. Dis-tu oui à toutes les demandes ? C’est très rare que je refuse un contrat. Toutefois, lorsque je fais le travail de quelqu’un, je m’assure que les capacités qu’elle doit avoir pour exercer son métier plus tard ne sont pas affectées. Par exemple, je ne ferais pas un travail sur les contre-indications médicales de certains médicaments pour un futur pharmacien. Est-ce que des étudiants ont été pénalisés ou renvoyés après avoir fait appel à tes services ? Non, jamais. Une personne a déjà coulé avec un de mes textes, mais elle ne m’avait pas donné les consignes ni les notes de cours nécessaires. Rien ne m’a été reproché. Par contre, mon orgueil, lui, a été blessé. Pourquoi considères-tu avoir les aptitudes pour réaliser des travaux de programmes autres que le tien ? On dit souvent que notre système d’éducation n’est pas adapté à tous. Je fais partie de ceux qui l’ont facile à l’école. Je ne me pense pas plus brillante qu’un autre, j’ai juste un type d’intelligence différent.

Est-ce que tu te poses un questionnement moral ou éthique par rapport à ton travail ? Oui, je ne suis pas fière de faire ça… D’un autre côté, comme je ne fais pas de travail directement lié à la future profession de l’étudiant, je me dis que je ne contribue pas à mettre des incompétents sur le marché du travail. À force de faire le travail des autres, que pensestu des méthodes d’évaluation de l’université ? Les professeurs sont débordés et préfèrent demander à leurs étudiants de longs travaux deux fois par session, plutôt que de les évaluer régulièrement sur leurs apprentissages et leurs compétences réelles. Si les programmes étaient plus adaptés aux réalités de chaque profession, personne n’aurait besoin d’un ghostwriter .


Parascolaire

Par Olivier Morneau

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Certains profs ne font pas les choses comme les autres. Dans un quartier défavorisé de Montréal, on accroche les enfants à l’école grâce à des batailles héroïques intergalactiques.

Nestra, héros interplanétaire, doit sauver une planète imaginaire des attaques du terrible Virulantus. Alors que ce dernier tente de terrifier les habitants d’un royaume encore sans nom, Nestra s’interpose, combat le vilain et devient un héros. Non, cette histoire ne se passe pas à Hollywood. Ça se déroule dans un coin multiethnique et pauvre de Verdun. Nestra et Virulantus sont les protagonistes de Nudrev Nestra, un court-métrage joué par des élèves issus de sept écoles primaires et une secondaire de l’arrondissement. Le concept est simple : les établissements scolaires représentent un « royaume » qui illustrera une scène du film. L’école primaire Lévis-Sauvé répète une dernière fois sa scène. Autour d’un combat chorégraphié, les enfants utilisent des ballons de basket et des bâtons de bois en guise de percussions. L’effet est puissant. On dirait une scène de La Matrice, version miniature, avec des enfants déguisés en ninjas. Le tout est coordonné par Claude Lechasseur, le prof de musique de l’école. Il explique que cette activité permet d’actualiser l’apprentissage. « Les élèves réalisent que tu peux devenir interprète et même créer. C’est différent que juste écouter, parce que tu passes à l’action. » Ça fonctionne. Les enfants, sourire aux lèvres, préfèrent faire semblant de se battre à coups de bâton que de rester assis à pondre une dictée. « Les enfants ont tellement aimé le tournage qu’ils ne voulaient pas retourner en classe après », raconte David Fabregas, le réalisateur. C’est comme une récré, mais en musique.

L’idée d’un tel projet vient de Verdun en Arts, collectif regroupant les écoles du quartier. « C’est unique parce que les écoles ont l’habitude de faire des documentaires alors que nous, on met en scène les qualités artistiques des élèves », explique le cinéaste. Selon lui, le plus compliqué avec les élèves, c’est de faire la discipline. « Les ados de 16 ou 17 ans sentaient une contrainte, se sentaient forcés de devoir jouer les acteurs. » Mais les plus jeunes, eux, en redemandaient.

« C’est unique parce que les écoles ont l’habitude de faire des documentaires alors que nous, on met en scène les qualités artistiques des élèves. » Claude Lechasseur croit que le jeu en vaut la chandelle. Par le passé, il a développé des ateliers de chant gospel dans ses cours. En plus de présenter ce genre musical, il incluait des éléments d’histoire de l’esclavage aux États-Unis, sujet peu enseigné au Québec qui touche pourtant les racines de plusieurs élèves à peau noire de la province. Dans une classe où « seulement quatre ou cinq élèves sont des Québécois de souche », des projets de ce genre visent droit au coeur plusieurs élèves immigrés. « La culture qu’on leur donne, ils ne l’auraient peut-être pas autrement », croit le sympathique prof. Il ajoute qu’il aurait aimé avoir un cours « de même » au primaire. Nous aussi.


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Par Stéphanie Maltais Illustration par Vincent Tourigny

L’école à la maison

Seulement cinq enfants fréquentent l’École Boissonnière. Dans cette maison rouge des Laurentides, la salle de classe s’étend sur trois étages et chaque élève apprend à son rythme, sans pression. Une fois la journée terminée, les cahiers font place aux jeux et la professeure redevient la mère des élèves, tous des Boissonneault. Récit d’une journée dans une maison-école hors norme. Il est 10 heures et, dans la demeure familiale, les enfants vaquent à leurs occupations sous l’œil de leur mère, Mélanie Clément. Hugues, huit ans, complète sa bande dessinée. Élodie, dix ans, conjugue des verbes à l’ordinateur. L’énergique Maélou, cinq ans, court partout et joue avec son petit frère Youri, encore bébé. Chacun d’entre eux n’a jamais mis les pieds à l’école.

« Ça ne me tentait pas d’envoyer mes enfants dans ces classes, où ils perdent du temps parce que le prof fait beaucoup de discipline. » Ancienne technicienne en éducation spécialisée, Mélanie Clément a vite déchanté en accompagnant les élèves en difficulté à l’école. « Ça ne me tentait pas d’envoyer mes enfants dans ces classes, où ils perdent du temps parce que le prof fait beaucoup de discipline. Accomplir une petite tâche, comme sortir une efface, ça peut prendre 15 minutes si quelqu’un niaise ! » raconte cette petite femme à lunettes. Après avoir convaincu son mari ingénieur de tenter l’expérience et d’éduquer leurs enfants à la maison, elle n’a jamais regretté son choix, tout à fait légal.

Chez les Boissonneault, on explore un thème différent chaque année scolaire, comme les lettres, les animaux ou encore les explorateurs du Canada. Les enfants apprennent à lire à des âges différents et progressent de façon autonome. Pour Mélanie, conjuguer le rôle de mère et de professeure est un défi. « Quand je suis prof, il faut que je mette mes sentiments de côté. C’est vraiment pas facile de jouer le double jeu », explique-t-elle. Tout en parlant, l’énergique maman prépare le dîner, surveille le jeune chien et réconforte Youri, deux ans, dans ses nombreuses crises de larmes. À midi, les enfants mangent en silence en écoutant un film éducatif sur la forêt amazonienne. Mélanie profite de ce calme temporaire pour se reposer un peu. Durant l’après-midi, les enfants se consacrent aux projets personnels ou aux jeux éducatifs. Ainsi, pour apprendre l’habillement au 18e siècle, Élodie a confectionné des marionnettes vêtues comme à cette époque. Quant à Hugues, il a inventé un jeu d’association avec les personnages de Star Wars pour perfectionner son français. Sur le comptoir de la cuisine, un iPad rose côtoie des centaines de fiches de questions que Mélanie intègre dans une variété de jeux. « Ce qui est le plus triste dans tout ça, c’est que les enfants ne sont pas reconnaissants. Ils ne voient pas que je me suis donné beaucoup de peine. »


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« J’aurais envoyé mes enfants dans une école comme dans le temps d’Émilie Bordeleau. » Un enfant quittera l’École Boissonnière en septembre. Joriane, 11 ans, ira au secondaire, dans un programme d’éducation internationale. « En rentrant de mon camp de scouts, j’ai trouvé ça tellement le fun d’être avec des amis que ça m’a tenté d’aller à l’école », relate-t-elle. Malgré tout, la socialisation n’est pas un problème pour cette famille de sportifs. Chaque lundi, les familles de la région qui font l’école à la maison se réunissent pour faire des activités, souvent liées au métier des parents. En attendant d’avoir des chevaux et des poules dans leur prochaine maison, Mélanie Clément s’approche un peu plus de son rêve inspiré des écoles de rang d’antan. « J’aurais envoyé mes enfants dans une école comme dans le temps d’Émilie Bordeleau, de la première année à la première secondaire, où ils ont tous des tâches. » À voir la vitesse à laquelle les enfants desservent la table et font la vaisselle, cet idéal ne semble pas impossible à atteindre.


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Textes et images par Sandrick Mathurin

Caféteria

Royaume du néon, de la mélamine et des plats congelés Michelinas, la cafétéria est un espace désertique qui s’anime seulement une heure par jour. Pour s’émanciper de cette hégémonie du fonctionnalisme, on a demandé à Jean-François Archambault de La Tablée des chefs de mettre des idées dans le blender.

Depuis que Jean-François a fondé La Tablée des chefs, des tonnes de surplus de nourriture des grandes chaînes hôtelières sont redistribuées à l’aide alimentaire. En plus, ce Robin des bois des victuailles a mis sur pied un programme de cuisine dans les écoles secondaires en milieu défavorisé afin de « développer l’autonomie alimentaire de la prochaine génération ». Selon lui, les cafétérias ne devraient pas être uniquement un endroit où manger, mais un lieu où toutes sortes d’activités permettraient aux jeunes de tripper en parlant de bouffe. Il prône ainsi la rénovation du modèle existant.

« On doit s’arrêter pour se questionner et revoir notre façon de fonctionner. Aujourd’hui, on n’apprend même plus à éplucher une carotte ! On va l’acheter en julienne à un prix beaucoup plus élevé. » « On doit s’arrêter pour se questionner et revoir notre façon de fonctionner. Aujourd’hui, on n’apprend même plus à éplucher une carotte ! On va l’acheter en julienne à un prix beaucoup plus élevé », affirme le chef. Sœur Angèle et tout le Cercle des Fermières doivent déjà fulminer en pensant à cette apathie ! Cependant, il remarque que si les « jeunes partent de loin et n’ont jamais fait cuire de pâtes ou des œufs », ils développent rapidement l’intérêt culinaire, et c’est là-dessus qu’il faut miser.

Quant à l’organisation de la cafétéria, Jean-François propose qu’il y ait une gang ayant le mandat de la gérer comme une coopérative composée d’étudiants, avec un zeste d’encadrement. Actuellement, il constate un flagrant « manque de communication entre la direction, la vie étudiante et les compagnies auxiliaires, trop axées sur l’opérabilité. » En favorisant leur participation dans la prise de décisions, la cafétéria deviendrait la leur et s’élèverait au rang de chilling spot ambrosiaque. Selon lui, par exemple, ils pourraient mettre leur grain de sel en décorant les tables, en proposant des recettes et en organisant des concours. « Pourquoi ne pas créer quelques postes où tous les élèves de l’école viendraient faire un stage durant l’année ? Une fois que tu as vu ce qui se passe de l’autre côté du comptoir, ta vision de la nourriture et de l’environnement est complètement différente. » Si Jean-François avait à reconstruire la salle à manger, il le ferait à la façon des Anges de la rénovation en mandatant Sid Lee Architecture pour que l’espace devienne plus convivial et chaleureux, comme un restaurant. La cafète de ses rêves : une grande cuisine à aire ouverte dirigée par un chef mutant composé de l’ADN de Claude Pelletier pour la finesse, de Martin Picard pour la viande, de Normand Laprise pour l’utilisation des produits du Québec et de la dent sucrée de Patrice Demers. Que la bouffe devienne la nouvelle religion scolaire. Place aux comptoirs à sandwichs et à soupes personnalisés. Place au touillage d’idées ! Place aux rénos ! Place aux nécessités !


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Pour que les saveurs et le savoir-faire d’ici envahissent les cafétérias, on a demandé à deux chefs de concocter un menu santé, pas trop cher, pas trop de popote compliquée pour lequel on ferait la file jusqu’au rack à bicycle !

Salade du moment avec vinaigrette crémeuse à la pomme

avec l’historien culinaire Michel Lambert Cuisine patrimoniale des familles du Québec (cuisinepatrimonialeqc.org) L’histoire d’ici bouchées par bouchées

Blasphème au saumon fumé

Blanc-manger à la cannelle

Eau à la framboise

L’Anarchie culinaire (boblechef.com) L’expérimentation du comfort food végétarien.

Pain de viande végétarien

Toutes les recettes se trouvent sur notre site web ! Barres tendres maison

Smoothie aux bleuets

Flan de légumes


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Par Myriam Lefebvre et Félix Wauub Illustrations par Laurence Viens

Technologie

Ciao le papier Vous avez déjà fait un feu de joie avec vos livres d’école ? Désormais, il n’y aura plus que le bruit de chiffonnement que fait votre ordinateur quand vous videz la corbeille pour vous satisfaire à la fin de la session. Grâce au mouvement international des Ressources Éducatives Libres, on distribue gratuitement des manuels, des recueils de notes de cours et des logiciels éducatifs sur Internet. E-learning, En Colombie-Britannique, on implante iclasse peu à peu ce système en offrant des manuels en licence libre pour les 40 et iquoi ? cours les plus populaires de la province. L’e-learning, quoique très avant-gardiste, n’est pas un nouveau produit d’Apple. Il regroupe plutôt toutes les méthodes d’apprentissage s’appuyant sur des outils informatiques, comme des sites web éducatifs ou de la télématique, enseignement à distance avec ordinateurs. Cela veut dire qu’un professeur d’espagnol peut donner rendez-vous à son étudiant, à la maison, lui faire faire quelques exercices d’accent tonique et l’évaluer du même coup. L’apprentissage en ligne permet aussi de procéder à des learning analytics : observations faites à l’aide de données sur la navigation d’un jeune. On y remarque donc ses forces, faiblesses et champs d’intérêt pour lui proposer Classe cubique, un cheminement plus personnalisé. je te quitte Cinq rangées de cinq pupitres. Tout s’aligne. Quant aux médias sociaux, les profs les plus techno croient Plus maintenant. Même l’architecture et que Twitter ne sera plus tendance pour longtemps. Certains le design des classes sont repensés en préfèrent créer eux-mêmes des applications qui sont en lien fonction des technologies qui y sont utili- direct avec leur cours. Un prof de biologie pourrait par exemple sées. Plusieurs écoles, notamment en concevoir une application sur le corps humain que les Scandinavie, ont quitté l’ère quasi jeunes utiliseraient avec leur iPad. industrielle des classes pour créer des environnements où l’on réfléchit même à la forme des installations, selon les positions que l’enfant Un cours, adoptera alors qu’il aura son ordinateur sur les genoux. La star des écoles techno et design se trouve en Suède. À l’école Vittra Telefonplan, on y trouve des structures comme un iceberg bleu qui sert d’escalier ou une grotte rouge transformée en salle de cinéma. Pour voir quelques images, visitez notre site Web ecoleurbania.ca.

20 000 personnes

Les MOOC ou Massive Open Online Courses démocratisent le savoir et sont accessibles à tous, partout sur le globe, dans le confort de son salon. Une vraie révolution. Ces cours sont ouverts sur le web et misent sur une participation interactive grâce à des forums d’échange entre les étudiants, les professeurs et les auxiliaires d’enseignement. De McGill au MIT en passant par Harvard et les HEC, ces cours gratuits ont tout pour faire baver d’envie les carrés rouges.

Merci au consultant au programme École 2.0 du MELS et éducateur expert en technologies François Guité, ainsi qu’au professeur de philosophie au cégep de Terrebonne et passionné de techno, Christian Frenette.


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La mode a ses collections automne-hiver, la techno dans les écoles aussi. Voici un aperçu de quelques tendances technologiques qui pourraient très bien faire leur apparition ou prendre de l’ampleur au Québec au cours des prochains mois. Dites « bye-bye » à votre crayon HB !

Pipi, caca Ça y est, on a capté votre attention. Pour garder l’intérêt de leurs élèves, certains professeurs se sont tournés vers la classe active. Dans celle-ci, on y utilise des tablettes tactiles et graphiques, ou Mario Bros, encore des télévoteurs, c’est-à-dire des manettes ton nouveau avec lesquelles un étudiant peut répondre à une prof question à choix multiples de façon Jouer et apprendre en même temps ? Pourquoi pas. La tout à fait anonyme. Bref, on mise sur ludification, qui se retrouve dans les mécanismes du l’action et l’interactivité pour faciliter jeu, peut très bien s’appliquer à l’enseignement. Un le travail et conserver l’attention des étudiant pourra donc s’instruire avec des « jeux sérieux » jeunes. Avec la classe active, inutile de se comme Mécanika, développé par l’entreprise Creo et présenter devant ses étudiants armé d’un des chercheurs de l’UQÀM, et développer des con- PowerPoint ou d’un Prezi. naissances de par son intuition devant des concepts de mouvements. Il pourra aussi utiliser un logiciel comme ERPsim, conçu entre autres par les HEC, former son équipe et gérer une entreprise comme si elle était réelle. Si ces jeux ne sont pas tous en vente dans votre magasin d’électronique préféré, ils intéressent de plus en plus les institutions scolaires. À quand le cours Zelda et les lois de la physique ?



La pédagogie Waldorf

Par Antoine Turcotte Illustration par Gabrielle Laïla Tittley

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À Montréal, une petite école au nom allemand apprend aux enfants à tricoter et à manipuler le bois. Les groupes se suivent de la 1ere à la 8e année avec la même professeure à sa tête. Antoine est allé visiter cette version actuelle des écoles de rang. Voici son témoignage d’une journée plutôt atypique. Arrivée à l’école Rudolf Steiner, dans le quartier Hampstead. La première chose que j’ai remarquée, c’est la couleur. Un orange pâle appliqué à l’éponge qui donne une texture de ouate aux murs. C’est un des milliers de détails qui distinguent l’éducation Waldorf de l’éducation classique. Ouverte depuis 1980, cette école francophone privée est fondée sur la pensée du philosophe austro-hongrois Rudolf Steiner. On mise sur les travaux manuels, l’art et une structure moins rigide comme ligne directrice de l’apprentissage. Pour annoncer le début des cours, aucune cloche électronique ne vient troubler la quiétude des lieux. Il est 8 h 35 et je m’invite dans le cours de flûte à bec des élèves de Marisol Thellier, en 5e - 6e année. J’espère secrètement entendre la mélodie de Titanic, mais ils pratiquent plutôt un morceau pour leur pièce de théâtre grec. On m’explique que le matériel scolaire provenant de l’extérieur est rare, comme en témoigne cette carte de l’Europe dessinée à la craie et étonnamment précise. Le personnel s’occupe de rédiger et de créer lui-même les outils dont il a besoin.

« Je suis surpris de voir des enfants tricoter des étuis pour leur flûte. » Saut à la corde et dictée improvisée. Après le cours de flûte, Marisol aborde la conjugaison jusqu’à ce que les élèves commencent à s’agiter. On se dirige donc dans la grande salle commune où les enfants sautent à la corde. Le temps de jeu improvisé se termine et on retourne en classe continuer les leçons, comme si de rien n’était. Pour la rédaction historique sur Alexandre le Grand, les enfants sortent leur stylo plume et un cahier sans ligne. Un soin spécial est accordé à la calligraphie et à l’illustration.

Quand je compare mes notes d’écoles aux leurs, j’ai l’impression d’être Ron et eux, Hermione, dans Harry Potter. Marisol Tellier improvise sa dictée en demandant la collaboration occasionnelle des élèves pour trouver des mots, jusqu’à la collation. Avant de grignoter, ils sortent des napperons sur leurs pupitres en bois, allument une chandelle et chantent en chœur en latin. Bon appétit ! L’heure du tricot. Après les deux heures d’enseignement, on passe au cours de broderie avec Andrée Bougie. Je suis surpris de voir des enfants de neuf et dix ans tricoter des étuis pour leur flûte. Le calme disparaît lorsque l’un d’entre eux imite un sabre laser à chaque coup d’aiguille. Obi-Wan rencontre ma grand-mère, drôle de mélange. L’enseignante m’explique que ces projets, tout comme la calligraphie, incitent les enfants à s’engager et à s’appliquer, deux qualités difficiles à inculquer aujourd’hui. Pour respecter la philosophie de l’école, l’ordinateur est délaissé jusqu’à la 7e et 8e année. Alors que les technologies s’implantent partout ailleurs, on ressent ici une fierté d’accomplir les choses avec ses mains et sa tête. Adibou va devoir se chercher du boulot ailleurs. Le départ. À la suite de ma visite des ateliers de menuiserie, la journée tire à sa fin. Les élèves se séparent et se dirigent vers leur atelier de théâtre, de lyre ou encore de peinture. Cette journée m’aura tout au plus laissé un sentiment d’intrusion dans un univers à part. Comme si je ne pouvais pas saisir la portée marginale, presque spirituelle des lieux. Pourtant, le concept théorique de l’école, son approche familiale, écologique et artistique de l’apprentissage n’est pas bête du tout. Dommage qu’elle soit privée… Je me verrais bien impressionner les filles avec des chandails brodés de ma main !


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Par Myriam Lefebvre

Équipements scolaire

Repenser l’école, c’est aussi repenser l’espace dans lequel on évolue ; du bâtiment à la classe, jusqu’au simple pupitre qui nous suit toute notre jeunesse. L’École Urbania a décidé de revoir la forme et l’utilisation de ce meuble en faisant appel à Judith Portier, designer commerciale et événementielle. Comment décris-tu ton pupitre de rêve ? L’idée, c’était de revenir à quelque chose de très simple, tel un petit pupitre d’écolier, tout en étant axé vers les besoins du futur, c’est-à-dire l’ordinateur ou la tablette. Une fois le meuble déplié, le dessus constitue une grande tablette inspirée par l’ère numérique. Étant donné la façon dont le bureau se referme, il y a de l’espace pour y glisser un iPad, des feuilles, et des crayons. Le strict minimum, quoi ! L’objet prend donc forme sous différents états ; il est à la fois un meuble, un sac et il ressemble à un livre lorsqu’il est replié Sur quoi t’es-tu basée pour créer ton concept ? Premièrement, je voulais que l’objet rappelle l’école, qu’il nous ramène aux sources. Deuxièmement, comme je crois que le concept de mobilité est primordial pour l’apprentissage, j’ai conçu un bureau transportable. Ainsi, on peut travailler n’importe où, se poser, étudier un peu, puis repartir vers un autre lieu. Finalement, je voulais qu’à l’intérieur même d’une classe, on puisse y créer de multiples configurations. Les grandes salles de cours vides avec 35 bureaux et 20 étudiants sont tellement impersonnelles. Avec ce que j’ai produit, s’il y a seulement cinq élèves, on ouvre cinq pupitres et on les positionne pour faciliter l’interaction. Si tu avais ton mot à dire sur le design des classes, qu’aimerais-tu changer ? Je crois qu’on devrait accorder une plus grande importance à la rencontre des gens au travers de la configuration de l’espace.


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FAI T À LA MAI N À MON T RÉAL

Crédit photo : Sandrine Castellan

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