ÉDITION LA GRANDE ENQUÊTE SPÉCIALE DES SALAIRES 2014 Diplôme universitaire : un salaire à géométrie variable
Chimie et pharma restent (et de loin) les meilleurs payeurs
Avantages extralégaux : de plus en plus de créativité
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22.11.14
OSEZ LE TALENT
Les cinq clés d’un salaire attractif Quels sont les déterminants d’un « bon salaire » aujourd’hui ? Plus que jamais, la valeur du diplôme qui est discriminante dès le départ d’une carrière. Mais aussi le secteur dans lequel on s’active, la taille de l’entreprise, voire sa localisation ou sa nationalité. Entre autres facteurs-clés parmi lesquels les incontournables avantages extralégaux...
T
ous les deux ans depuis 1998, Références décortique grâce à l’équipe du professeur Luc Sels, de la KU Leuven, le salaire des travailleurs belges. En deux ans, ceux-ci ont progressé, en moyenne et en brut, de 4,09 % – la hausse précédente, en deux ans, était de 4,2 %. Les données issues de cette enquête constituent un réservoir d’infos dont nous continuerons de décliner les enseignements dans nos prochaines éditions, mais aussi en ligne, par le biais de notre nouveau Compas des salaires, un outil exclusif qui vous permet d’anticiper, en fonction de votre profil, le salaire mensuel et les avantages extralégaux dont vous pouvez bénéficier.
Gilles Klass, vous êtes notre consultant en matière salariale (*). La progression des salaires en Belgique reste globalement limitée. Pourquoi ?
En moyenne, la hausse sur deux ans est en effet de l’ordre de 4 %. Cela correspond grosso modo à l’augmen10% gagnent moins de 20% gagnent moins de 30% gagnent moins de 40% gagnent moins de 50% gagnent moins de 60% gagnent moins de 70 gagnent moins de %
80% gagnent moins de
tation salariale liée à l’indexation. C’est d’ailleurs comme cela que les travailleurs interrogés justifient en règle générale leur augmentation : ils évoquent spontanément l’indexation, mais aussi l’ancienneté. À défaut de changer d’employeur, ce qui constitue souvent le meilleur moyen de bénéficier d’une augmentation, ou à défaut d’obtenir une promotion, il faut donc être bien conscient que les choix qu’on pose, parfois très tôt dans la vie, vont fortement déterminer le niveau de salaire auquel on pourra prétendre par la suite.
de conséquences salariales. Et que ces conséquences, vous devrez probablement les assumer pendant toute votre vie professionnelle.
Les différences sectorielles sont, elles aussi, particulièrement importantes : la chimie et la pharmacie caracolent en tête du classement...
rémunération. L’avantage penche clairement en faveur de la grande multinationale...
Il ne faudrait pas inférer de ce constat qu’on est « mal payé » dans les PME. Certaines d’entre elles parviennent à s’aligner et ont de toute façon d’autres atouts à proposer. Mais, en moyenne, les salaires sont plus élevés dans les grandes entreprises : de l’ordre de 16 % entre l’entreprise de plus de 500 tra-
Entre le secteur pharmaceutique et le tourisme, le différentiel, en moyenne, est de l’ordre de 31 %. C’est bien évidemment énorme et c’est conforme au marché. La différence est d’auLe premier déterminant d’un tant plus importante quand on sait « bon salaire » reste le diplôme, de que ces secteurs qui rémunèrent préférence universitaire. Faut-il le mieux, comme aussi dans une cependant nuancer ? moindre mesure les banques et La prime au diplôme universitaire est assurances, l’énergie, les télécoms effectivement importante, de l’ordre de entre autres, sont aussi souvent 29 %. Mais derrière ce constat global plus généreux en termes de jours de L’équivalent en salaire net se cache une très grande disparité. Les congé et d’avantages extralégaux. peut être évalué à 2 068 €. rémunérations de certains diplômes De telles différences se justifient Par rapport à notre dernière enquête universitaires sont en effet très faibles, de manière historique, en particuet parfois inférieures à celles d’un di- lier pour la chimie et la pharma qui (2012), où le salaire mensuel brut plôme non universitaire. Il s’agit là ont longtemps dégagé des marges très moyen s’élevait 3 133 €, d’un des grands enseignements de importantes et pouvaient se permettre la hausse est de 4,09 %. cette enquête, qui met le doigt là où de rémunérer généreusement pour atcela fait mal : la course au diplôme uni- tirer les meilleurs talents. Je ne suis pas versitaire à tout prix n’est pas toujours certain cependant qu’à l’heure actuelle, justifiée, du moins si on l’évalue sur ces entreprises, qui sont fortement exvailleurs par rapport à celle qui emploie le strict plan salarial. Les universités posées à la concurrence internationale, moins de 10 salariés. Parmi les grandes devraient être plus transparentes à ce se réjouissent de ce classement. D’anentreprises, il faut également opérer une propos : bravo si vous choisissez la psy- née en année, le différentiel tend d’aildistinction puisqu’il apparaît que les chologie, la criminologie ou l’archéo- leurs à diminuer. organisations étrangères rémunèrent logie par exemple, qui sont des études sensiblement mieux que les belges : de évidemment très intéressantes, mais La taille de l’entreprise, voire l’ordre de 10,7 % pour une entreprise sachez que ce choix ne sera pas exempt sa nationalité, influence aussi la américaine par exemple. Enfin, par rapport à la moyenne nationale, les entreprises implantées à Bruxelles paient des 1 900 € brut (1 430 € net) salaires plus élevés de l’ordre de 5,56 %. Tout cela est assez cohérent : Bruxelles est le siège de nombreuses multina2 160 € brut (1 531 € net) tionales d’origine étrangère, qui y emploient du personnel souvent très 2 398 € brut (1 642 € net) qualifié et exerçant des responsabilités importantes. Avec un avantage salarial significatif à la clé. 2 600 € brut (1 750 € net)
3 261 € salaire mensuel brut moyen
Salaire mensuel brut des Belges
Les avantages extralégaux constituent une partie importante, et souvent croissante, du salaire. Pourquoi ?
2 875 € brut (1 875 € net) 3 200 € brut (2 000 € net) 3 505 € brut (2 200 € net) 4 048 € brut (2 450 € net)
90% gagnent moins de
Ce tableau donne un bon aperçu de la répartition des salaires dans notre pays.
5 000 € brut (2 900 € net)
C’est lié à la fiscalité sur le travail, qui oblige les employeurs à faire preuve de créativité. Le résultat, c’est qu’il devient très difficile, voire impossible, de recruter aujourd’hui si on n’offre pas une assurance groupe, une assurance hospitalisation, des chèques-repas, des indemnités forfaitaires ou, pour certaines fonctions (tout de même 20 % des salariés) une voiture de société.
Ce qui est frappant, c’est que ces avantages sont en croissance chaque année. La conséquence, à laquelle on ne prête peut-être pas suffisamment attention, c’est qu’on évolue vers un modèle de société où c’est l’entreprise qui prend financièrement en charge, de manière substantielle et croissante, des pans entiers de la vie des salariés : leurs déplacements, leurs hospitalisations, leurs pensions.
La partie variable du salaire, enfin, est-elle aussi globalement en croissance. Pourquoi ?
Un tiers des salariés déclarent qu’une partie de leurs revenus est variable, liée à divers critères comme leur performance individuelle ou celle de l’entreprise. On évolue en effet vers un système où la compétence et la performance constitueront des éléments de plus en plus déterminants de la rémunération, au détriment de critères tels que les fameux barèmes ou l’ancienneté. Il s’agit à mes yeux d’une tendance lourde, inéluctable, car liée à la compétition internationale : le nombre de salariés concernés va continuer à croître et, surtout, la partie variable de leur salaire, limitée en moyenne à 11 % pour l’instant, va vraisemblablement elle aussi :: Benoît July augmenter. (*) GILLES KLASS EST CONSULTANT INDÉPENDANT. IL COLLABORE ENTRE AUTRES AVEC MERCURI URVAL DEPUIS 1995, DÉSORMAIS EN TANT QU’EXECUTIVE ADVISOR.
17,1%
Le reflet de la population au travail en Belgique
12,2 Menée par la KUL sous la direction de Luc Sels et Gert Theunissen, sur la base de 33 000 réponses à un questionnaire détaillé, cette % pondérée, salaires, 9e Enquête des10,8 est représentative de la population au travail en Belgique tant au niveau du genre (51,8 % d’hommes, 48,2 % de femmes), du statut (30,1 % d’ou% vriers, 44,2 % 8,3 d’employés, 25,7 % de fonctionnaires), de l’âge (19,5 % ont moins de 29 ans, 26,3 % sont âgés de 30 à 39 ans, 28,4 % de 40 à 49 ans et 25,8 % ont plus de 50 ans) que du diplôme 7,4% (58,1 % n’ont pas de diplôme de l’enseignement supérieur, 19,5 % ont un bachelier professionnel, 7,6 % sont diplômé d’une haute école et%14,7 % de l’uni7,4 :: BL versité). %
7,2% 6,6% 6,0%
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