L’été de tous les projets / er Le 1 emploi d’Ivan Corbisier Le jardin de Ben / Philippe Antoine,l’environnementaliste/ Design your career
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Philippe antoine
PHOTO MIREILLE ROOBAERT
Après en avoir assuré la coordination en 2005 et 2006, Ivan Corbisier est aujourd’hui à la tête du Brussels Film Festival. Le cinéma, c’est une de ses passions avec l’organisation d’événements dont il s’occupe depuis plus de 15 ans. Il a débuté son parcours en France, en organisant la foire commerciale de Montluçon.
MON PREMIER EMPLOI Dès la 3e, 4e humanités, je voulais travailler dans l’audiovisuel. Après ma rhéto, j’ai passé l’examen d’entrée à l’IAD (Institut des Arts de Diffusion) en réalisation et je n’ai pas été retenu. J’ai choisi l’histoire comme plan B, mais toujours avec la même envie. En licence, j’ai pris pas mal de cours à option en communication et j’ai consacré mon mémoire à l’avènement du cinéma parlant en Belgique. Pour des raisons de cœur, je suis parti vivre en France après mes études, en 96.
J’ai été engagé par la municipalité de Montluçon, pour organiser une foire commerciale, une braderie, un salon consacré aux loisirs. Je devais gérer des événements qui se déployaient sur plus de 40.000 m2 d’exposition. Après cette première expérience d’une année, je suis revenu en Belgique et j’ai été engagé au Centre culturel d’animation culturelle (CCAC), à Schaerbeek, projet essentiellement axé sur le cinéma et où j’ai pu allier journalisme, organisation d’animations dans les festivals, mais aussi la gestion
Ivan Corbisier, Directeur du Brussels Film Festival
d’une salle de cinéma d’art et d’essai à Namur. MON PREMIER SALAIRE Pour ce premier job, je devais gagner environ 1.000 euros net par mois. De quoi vivre. MES PREMIERS ACQUIS PROFESSIONNELS Cette première expérience en France m’a permis de découvrir l’organisation d’événements, qui est passionnante. Puis, avec le CCAC, je me suis rapproché de ma passion pour le cinéma. Le fait d’être engagé comme directeur du CCAC a vraiment mis mon parcours sur les rails que je souhaitais. J’avais carte
blanche, je devais prendre en charge la gestion des équipes, des finances. Je me suis également constitué un carnet d’adresses de journalistes, de distributeurs, d’organisateurs de festivals… MA FIN DE CARRIÈRE RÊVÉE Pour l’instant je m’occupe du FFFB, je ne me suis pas encore penché sur ma fin de carrière. En même temps je sais que je changerai encore de job. Il y a une chose qui me chatouille, c’est la musique, la guitare que je pratique depuis longtemps. Je me vois bien dans un groupe, en tournée… Une belle fin de
Photo CH.TIMMERmANS
Mon premier emploi
carrière. MES CONSEILS AUX PLUS JEUNES Le secteur culturel n’est pas le mieux loti, il n’y a pas beaucoup de bugdets, de boulot, mais il faut s’accrocher et aussi toujours chercher à innover, avec des idées comme les Brussels Movies Days au Wolubilis ou les tournées de cinéma en plein air, partout en Wallonie.
Propos recueillis par Nathalie Cobbaut
J’ai changé ma vie
Benoît Blairvacq
Photos dr
Jardin de Ben
Il paraît que l’économie mène à de nombreux débouchés. Ce n’est sans doute pas à celui de jardinier-maraîcher que pensaient les parents de BenoÎt Blairvacq en l’encourageant à aller à l’UCL. « L’économie, ça faisait bien. Mais personnellement, je passais plus de temps aux cours d’histoire du Moyen Age », raconte celui-ci. Et aussi à cuisiner. C’est de cette époque que date son premier potager. Au bout de sept ans – « une première, première bis, première ter, deuxième, deuxième bis, première licence, première licence bis », décrit le cv improvisé envoyé à son attachée de presse –, l’aventure universitaire s’arrête définitivement. Benoît Blairvacq reprend la société d’assurances laissée par son frère décédé. « Je n’étais pas à ma place, mais c’était une vie confortable. J’ai beaucoup apprécié mes clients, qui étaient plutôt de milieux défavorisés. Des milieux vers lesquels les études universitaires ne mènent pas, en général. » Ce qu’il retiendra avant tout, cependant, c’est que l’activité lui a permis de visiter pas mal de restaurants. « J’ai vraiment un énorme amour pour la nourriture. Je ne vis que pour cela et des plats défilent tout le temps dans ma tête. C’est d’ailleurs mon seul “budget loisirs”. Quand on part en vacances, on dort toujours dans la voiture. Même quand j’étais au bureau, c’était ainsi. » Parallèlement à son bureau d’assurances,
Référencé par Dès ce samedi, un nouveau talent rejoint l’équipe de Références pour vous adresser son clin d’œil hebdomadaire : le dessinateur Serge Dehaes. Il poursuivra dans ces colonnes la série « Manager, mode d’emploi », qui a déjà fait l’objet de deux tomes parus chez Fluide Glacial. Graphiste de formation, Serge Dehaes a enseigné la communication visuelle à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles avant de s’installer comme illustrateur indépendant. En 1998 paraît On ira à Mopti, son premier livre pour enfants aux éditions Labor. Coloriste de Philippe Geluck depuis 20 ans, il co-écrit et dessine également la série Le Fils du Chat éditée par Casterman. Il est aussi dessinateur de presse : ses dessins ont notamment été publiés dans Vacature, Trends Tendances, L’Echo, La Libre, PME/ KMO, Flair et Spirou. Sa dernière actualité BD est l’album des Frères siamois publié avec son coscénariste Bernard Hellebaut chez l’éditeur franco-suisse Paquet.
Dire de Benoît Blairvacq qu’il est jardinier est réducteur. Il ne jardine pas, il crée. Il ne désherbe pas, il permet aux fleurs, herbes, plantes aromatiques, fruits et légumes de devenir « les muses du cuisinier ». La nourriture, pour laquelle il éprouve un « grand amour », est sans doute l’unique point commun avec son précédent métier d’assureur. Ou du moins avec les repas d’affaires qu’il permettait.
Benoît Blairvacq va continuer à cultiver son potager privé. « Je n’aimais pas trop les légumes, confie-t-il, mais c’est un outil de cuisine. » Jusqu’à la rencontre, fortuite mais décisive, avec Sang Hoon Degeimbre, chef étoilé et propriétaire de l’Air du Temps (Noville-sur-Mehaigne). Celui-ci sera son premier client. « Il est d’abord venu chercher de l’angélique. Petit à petit, on a commencé à collaborer. » C’était il y a douze ans environ. « Il m’a fallu le temps d’apprendre car je n’y connaissais rien en graines, fruits ou légumes… Mais s’il y a bien quelque chose que j’ai appris à l’unif, c’est à apprendre ! » Jusqu’au jour où, complètement saturé par deux vies professionnelles menées de front, il propose à Sang Hoon Degeimbre de l’engager. « J’ai finalement revendu mon bureau à un de mes employés, il y a un peu plus d’un an. » Son métier se partage désormais entre la gestion du potager – avec lequel il fournit l’Air du Temps ainsi que d’autres grands restaurants de la région –, les cours de cuisine, la cueillette de plantes sauvages, et la partie la plus créative : « En fait, notre métier n’existe pas. Je réfléchis aux plats, à la structure
Serge Dehaes
du potager. J’essaye de vendre mes idées. J’expérimente. Ma particularité est que j’ai une formation en cuisine. Donc, dès que je vois un légume, je le vois dans l’assiette. J’arrive avec un produit totalement différent. » Son potager est une réelle source d’inspiration. Le nombre de variétés cultivées s’élève à 300 ou 400. Certaines sont rares ou de provenance lointaine (Asie, Amérique latine, Himalaya…). Il trouve un réel épanouissement dans cette grande complicité avec Sang Hoon Degeimbre. « Chef, c’est bien. Mais second, c’est mieux. C’est lui qui prend les décisions. On dort mieux la nuit. » Et au bout du compte, le seul patron intransigeant reste le potager. « Le jardin a ses impératifs. Il m’est déjà arrivé d’arroser et désherber la nuit, dans le noir tellement je connais les lieux. » Tout se fait au maximum à la main, sans pesticides ni herbicides. « Imaginez plusieurs lignes de carottes dont il faut enlever les mauvaises herbes à la main, accroupi. Il faut presque une journée par ligne. C’est extrêmement physique. » À presque 42 ans, Benoît Blairvacq a mis de côté toute ambition salariale. « Je gagne 1.250 euros net par mois et j’ai assez. Par contre, je suis là pour les enfants. On a vraiment une chouette vie de famille. » Et tous les jours de 17 à 19 heures, pour eux il cuisine…
LILIANE FANELLO www.airdutemps.be
Talent
Il parlait déjà environnement quand le développement durable n’était qu’une utopie. Il se voyait glaciologue en Antarctique mais a choisi le secteur public pour secouer le cocotier. Si la cause environnementale triomphe aujourd’hui dans le développement économique bruxellois, c’est aussi grâce à lui.
Philippe Antoine,
Dans son genre, Philippe Antoine est un précurseur. Sans doute n’y avait-il rien de très original lorsqu’il était ado, dans les années septante, à être à ce point « passionné par les petites fleurs et les petits oiseaux ». La « beat generation » avait encore de beaux restes. Mais lui, il sentait qu’il en ferait un métier. Et que d’une façon ou d’une autre, fût-elle modeste, il contribuerait à faire bouger les choses. À stimuler le respect de l’environnement par ses contemporains. Il ne lui a pas fallu beaucoup de détours pour y arriver. Seulement une passion sans faille. Dans le long couloir qui mène à son bureau de directeur général, un cadre accroché au mur résume son leitmotiv. Il affiche le label écodynamique attribué par l’IBGE, l’Institut bruxellois pour la gestion de l’environnement, à la société qu’il dirige. « Une certification basée sur le respect de 92 critères environnementaux par le bâtiment, mais aussi la mobilité du personnel, précise le maître des lieux. Elle est reconnue à l’étranger. Nous allons décrocher notre 3e étoile ». C’est d’autant plus méritoire que le très bel immeuble concerné ne date pas d’hier. Dessiné au cœur de Molenbeek par l’architecte Adrien Blomme, un maître Art déco, il a longtemps abrité – comble de l’ironie ! – le cigarettier Gosset qui roulait les Saint Michel. Rénové par Joël Claisse, il abrite depuis 1992 le siège de la Société de développement régional bruxellois, cet organisme public autonome connu sous son acronyme SDRB. Philippe Antoine y est entré en 1995. Il dirige aujourd’hui son pôle « expansion économique » (l’autre étant la rénovation urbaine). Et œuvre à faire basculer les missions de l’institution « dans une dimension qui intègre complètement le développement durable. Le défi étant de générer des réalisations concrètes ».
Un autre regard sur l’environnement
Retour aux sources. On l’a dit, le quadra souriant qui nous reçoit en pantalon à bretelles, chemise ouverte, mèche rebelle et veston posé sur un dossier, est un homme de passion(s). « La première, qui fut mon moteur entre 15 et 25 ans, est celle de la montagne.» Des stages Adeps aux séjours en Suisse, le jeune homme joue les apprentis guides de haute montagne. Il ouvre même des voies, qu’il baptise du prénom de ses petites amies – il n’aura pas volé son totem scout, qui s’articule autour du plantigrade « koala » et du qualificatif « amoureux »… Qu’estce qui, en montagne, symbolise le mieux la dégradation accélérée de notre environnement ? La disparition des glaciers, pardi. Ses humanités achevées, Philippe Antoine se rêve donc glaciologue. « Mais les études de géologie s’accordaient mal avec ma soif de montagne.» Il décide donc de partir apprendre le métier sur le terrain. Un fiasco. « Ma première leçon de vie. Il fallait 6 ans pour devenir guide. En attendant, je devais m’assumer. Et en montagne, le protectionnisme économique n’est pas une vue de l’esprit. Les gens de la vallée sont à peine tolérés, alors un petit Belge, vous pensez… Ce furent trois mois de galère.» Ce fut aussi une chance. « J’ai pris conscience de l’utilité de faire des études comme moyen d’atteindre mes objectifs.» Et tant qu’à faire utile, pourquoi pas le droit ? « Une découverte. J’y ai appris la rigueur et, surtout, l’outil indispensable qu’il représente dans bien des domaines. La première année, j’étais tous les jours à 7h30 dans l’auditoire… » Encore une passion. Qui ne l’éloigne pas de ses amours premières, que du contraire. En cours à option, il choisit forcément… le droit de l’environnement, dont aucun colloque ou séminaire ne lui échappe. Et lorsque, pendant ses études, il s’inscrit au concours de droit international humanitaire organisé par la Croix-Rouge, c’est sur « la protection de l’environnement en temps de guerre » qu’il choisit de plancher. À lui les palmes de 1er lauréat. Le vert lui colle à la peau. Pendant son service militaire, il est versé comme chercheur au ministère de la Défense et détaché au sein de la commission interministérielle de droit humanitaire. Il passe son temps à éplucher les archives du palais de justice. Le jour.
l’environnementaliste
Parce qu’à 17h, il rejoint l’université pour suivre les cours, vous ne devinerez jamais : de la licence spéciale en sciences de l’environnement, qui vient d’être créée à l’ULB. « Les étudiants venaient de partout, j’étais un des seuls juristes.» C’est qu’entretemps, un acte fondateur a été posé sur le plan mondial en matière de respect de l’environnement : la publication du fameux rapport Bruntland qui jette les bases du développement durable. Nous sommes en 1987. Il s’intitule Notre avenir à tous. Et confirme clairement la pertinence de celui que s’est tracé Philippe Antoine. Il fut vice-président fondateur d’Alien, l’association des anciens de la licence spéciale. Laquelle s’emploie, au travers de colloques et séminaires, à promouvoir « un autre regard sur l’environnement » et à diffuser largement de l’information.
Une dette envers la société
Lorsqu’il pose le pied sur le marché de l’emploi, Philippe Antoine suit tout d’abord la voie prétendument royale et entre dans un gros cabinet d’avocats comme spécialiste des questions environnementales. « C’était une grosse machine à
produire du rendement, je n’étais qu’un petit rouage, pas le ver dans la pomme. Beaucoup de confrères étaient prêts à sacrifier leur épanouissement personnel et leur vie de famille pour devenir millionnaires et propriétaires dans le sud de la France. Pas moi. Je suis devenu consultant.» Il faut préciser que sa situation financière plus que précaire l’avait contraint, entre plusieurs petits boulots, à émarger au CPAS pour financer ses études. Une expérience qui l’a marqué à vie. « Je ne serais pas devenu l’homme que je suis si la société ne m’avait pas aidé. J’ai une dette envers elle.» De là à songer à s’investir dans le secteur public… Six mois plus tard, en janvier 1995, l’opportunité arrive de la SDRB. Qui lui offre un poste de juriste spécialisé dans le droit de l’environnement et l’urbanisme. Bingo. Il s’agissait d’accompagner les entreprises dans leurs démarches pour obtenir leurs permis d’urbanisme et de les aider à développer leur projet économique. Philippe Antoine y nage comme un poisson dans l’eau. Comme un ver(t) dans le fruit. C’est le coup de foudre. Et réciproquement. D’abord parce que dès son arrivée, le juriste francophone rencontre Annelore, une
homologue néerlandophone qui deviendra sa femme et la maman de ses deux enfants, 10 et 12 ans aujourd’hui. Ensuite parce que toutes ses passions vont enfin pouvoir s’exprimer (presque) à leur guise. Il arrive dans une cellule de 4 personnes, sorte de guichet d’entreprise environnemental, qui s’étoffe rapidement pour devenir Eco-Bru. Laquelle, en partie sous son impulsion, fusionne bientôt avec le Technopôle bruxellois pour former l’Agence bruxelloise de l’Entreprise (ABE), dont il devient secrétaire général et directeur de la business unit « urbanisme et environnement ». C’est une sorte de « facilitateur pour tous les acteurs économiques de la région bruxelloise, un soutien de première ligne qui permet aux entrepreneurs de s’y retrouver dans la jungle des interlocuteurs qui peuvent les aider à créer ou à développer leur société ». L’ABE occupe aujourd’hui 50 personnes et est devenue un pivot incontournable du développement économique bruxellois, estampillé durable. Annelore y travaille toujours sous la direction de Bruno Wattenberghs, l’ancien patron du Technopôle et co-initiateur de la fusion. Mais sans Philippe. Voici trois ans, la SDRB est venue le repêcher. Pour qu’il insuffle chez elle ce qu’il a réussi à distiller à l’ABE.
La primauté du facteur humain
« La SDRB gère 200 hectares de terrain à Bruxelles et 45 sites comprenant des incubateurs et centres d’entreprises, des parcs d’activité économique pour PME et même des zones mixtes combinant modules pour entreprises et logements. Un fabuleux levier pour pousser le développement de bâtiments respectueux de l’environnement.» Un exemple au hasard, dont il n’est pas peu fier : le « concept store vert » géant construit à Woluwe par le soldeur fashion Cameleon. « La plus grande surface commerciale d’Europe sans air conditionné », se réjouit Philippe Antoine. Dont il ne conteste pas la paternité à ses promoteurs. « Nous, on suscite, on incite, on génère, mais nous ne sommes jamais que les propriétaires du terrain.» Son rôle d’aiguillon lui a tout de même valu d’aller exposer le savoirfaire bruxellois à l’Expo universelle de Shanghai. Aiguillonner. Le voilà, son truc. Il fonctionne aussi avec ses collaborateurs. « C’est d’autant plus facile de communiquer mon enthousiasme que je suis heureux dans le secteur public, en phase avec mes idéaux de jeunesse. Quand je me lève le matin, je peux me regarder dans la glace. Je ne vais pas seulement au boulot content, je fais des bonds de joie.» Le facteur humain est au cœur de ses préoccupations. « Mon plus grand bonheur est de travailler avec des collègues qui ont l’air de s’éclater comme moi.» Sa griffe ? « Le respect de l’individualité de chacun. Et la capacité à adresser des marques de reconnaissance. À celui qui fait bien son travail ou qui fête son anniversaire. Je tâche de ne jamais l’oublier.» À propos, qu’est devenue la glaciologie, dans tout ça ? N’en doutez pas, cette passion originelle a elle aussi trouvé à s’exprimer dans l’uni-vert de Philippe Antoine. Il la cultive en dehors de son boulot, sous une forme très concrète et « presque monomaniaque » : une véritable fascination pour l’Antarctique. Membre actif du Club Antarctica, il a aidé Alain Hubert à trouver des sponsors pour le financement de la station polaire belge Princess Elisabeth. Une base « zéro émission », bien sûr. À titre tout à fait privé, il possède l’une des collections les plus complètes d’objets en rapport avec le sixième continent. Dont deux versions originales de l’album Jo, Zette & Jocko : Destination New York : « Dans la première, Hergé avait dessiné des ours blancs et des manchots alors que cela se passe au pôle Nord. Une aberration. Il a refait une version corrigée.» D’autres pièces uniques, souvenirs des explorateurs du passé, qu’il verrait bien dans un musée. Lequel ? À voir ses yeux pétiller de malice, on sent bien qu’il a un projet précis derrière la tête. En attendant l’occasion d’aller y faire un tour. « Mais pas pour y boire du champagne et manger des petits fours. Ce serait me fourvoyer complètement.» PHILIPPE BERKENBAUM
Création d’entreprise L’été de tous Etes-vous de ceux qui ont rangé, dans un coin de la tête, un projet que vous rêvez de développer ? Un jour. Peut-être. Le jour où vous aurez plus de temps, d’argent ou d’énergie. Profiter des vacances pour examiner cette idée sous toutes ses facettes, et voir si elle vaut la peine (ou non) d’être lancée, c’est ce que proposent deux programmes d’accompagnement à la création d’entreprise.
les projets
créateur du programme Summer Spirit. Or, l’été est une période calme dans les entreprises, et sur le plan économique. Il est donc plus facile de s’absenter pour suivre une formation. » Par ailleurs, les vacances sont souvent le temps des remises en question, et des projets pour la rentrée. « Or, on constate que la plupart des structures d’accompagnement à la création d’entreprise sont fermées deux à trois semaines, ou assurent juste une permanence estivale. Pourtant, au vu des candidatures que nous avons déjà reçues pour le Summer Spirit,
L’un se déroule à Liège. L’autre peut être suivi depuis la plage, le jardin… pourvu qu’il y ait une connexion internet. Ils ont été imaginés par des spécialistes de l’accompagnement à la création d’entreprise. Ceux-ci ont vu dans la période estivale un moment particulièrement propice pour faire ses premiers pas dans la création d’entreprise. « Il y a des tas de gens qui ont un projet quelque temps, mais qui n’ont pas l’occasion de s’y pencher pendant l’année, explique Michaël Malherbe, co-
il y a vraiment des candidats à la création d’entreprise à cette période. » Alain Zimmerlin, créateur du programme « L’université d’été de la création d’entreprise », a, quant à lui, opté pour la formation à distance. « Les ateliers d’été sont en fait une transposition en ligne des programmes en présentiel que je mets au point depuis douze ans. Ils vont permettre d’abolir l’obstacle de la distance et de la disponibilité. » Si l’approche est différente, les deux programmes ont accordé une bonne place aux échanges entre participants. « Pour réussir un projet, il est essentiel de sortir de son isolement, souligne Michaël Malherbe. Si l’on cherche seul les réponses à ses questions, on se trouve emprisonné par son propre prisme. Alors qu’avec d’autres, on peut imaginer de nouvelles idées, avoir un autre regard. »
Se poser les bonnes questions
Cet autre regard aide également à trouver le moyen de se différencier. « J’accompagne des porteurs de projets depuis près de dix ans, et je peux vous assurer que le marché est de plus en plus exigeant en termes de différenciation, affirme Michaël Malherbe. Le coiffeur d’il y a dix ans n’a plus
rien à voir avec le coiffeur d’aujourd’hui. » « En réalité, poursuit Alain Zimmerlin, ceux qui ont le plus de chances de réussir sont ceux qui viennent avec le moins de vérités absolues, et qui sont prêts à se remettre en question en étudiant vraiment le marché. Mon travail consiste à aider les porteurs de projets à se poser les bonnes questions, et dans le bon ordre. Est-ce que je connais les facteurs clés de réussite de mon secteur d’activité ? Est-ce que je connais mes concurrents, leurs points forts et faibles ? Ai-je un avantage compétitif par rapport à eux ? Ai-je bien identifié mes futurs clients ? Mon offre répond-elle à une attente précise de leur part ? Mon offre est-elle difficile à copier ? Etc. » Et après s’être posé toutes ces questions, créer une entreprise ? Pas trop vite. « En deux mois on sait bien que c’est rare de démarrer une entreprise, précise Michaël Malherbe. On va davantage aider la personne à aller plus loin, avoir un autre regard en sortant de son isolement et trouver une idée qui a du potentiel. En fin de session, les candidats vont avant tout pouvoir prendre la bonne décision : se lancer à titre principal, ou à titre complémentaire, passer par une période test, ou simplement faire le LILIANE FANELLO deuil de leur projet… »
En pratique Summer Spirit Période : du 5 juillet au 27 août Méthodologie : séances collectives, travail en sous-groupes et coaching individuel Rythme : 2 à 3 jours par semaine Lieu : Sart Tilman (Liège) Conditions : gratuit (payable avec des chèques création), dossier de candidature et entretien de sélection Programme : sessions autour de cinq thèmes : la personnalité, la communication, le marketing, le financier et le business plan Infos : contact@creapme.be
L’université d’été de la création d’entreprise
Période : trois modules de deux semaines entre le 5 juillet et le 13 août Méthodologie : essentiellement ateliers en ligne, avec espace de travail personnel et forum interactif, contacts téléphoniques avec l’accompagnateur Rythme : flexible Lieu : d’où on veut Conditions : chaque module coûte 95 euros et peut-être suivi indépendamment l’un de l’autre Programme : Module 1 – Moi et mon projet ; Module 2 – Mon projet tient-il la route, point de vue commercial ? ; Module 3 – Mon projet tient-il la route, point de vue financier ? Infos : webmaster@aerograf.be
Recrutement
Les groupements d’employeurs existent depuis quelques années. Mais ils ont encore du mal à décoller. Ce dispositif (trop ?) créatif conviendrait pourtant bien à toutes les PME qui n’ont pas la possibilité d’occuper certaines compétences à temps plein. Et qui en ont pourtant besoin.
Gisements d’emplois cherchent employeurs de fond « Cherche 3ème partenaire pour occuper une secrétaire 1j/sem. » C’est le type d’annonce que l’on peut lire sur le site du CRGE, Centre de ressources des groupements d’employeurs (GE). La difficulté n’est pas tellement de trouver le/la candidat(e) compétent(e), mais l’entreprise convaincue par la formule, ET à la recherche de compétences similaires, ET non directement concurrente des deux premières, ET située dans un rayon géographique raisonnable. D’accord, cela fait beaucoup. Et en même temps, une fois en place, le dispositif a l’air moins compliqué qu’il n’y paraît. Le GE est un groupement d’intérêt économique (sans but lucratif) fondé par d’autres entreprises qui permet de mutualiser l’emploi. Le salarié engagé par ce groupement partage ainsi son temps entre les différents membres, tout en bénéficiant d’un contrat à temps plein et à durée indéterminée. Il convient
à deux cas de figure : le partage de compétences entre sociétés qui n’ont pas les moyens d’engager une compétence à temps plein, et le travail saisonnier. L’un comme l’autre se différencient de l’intérim et de la sous-traitance par l’aspect “fidélisation” du collaborateur. Renaud Ducobu travaille depuis deux ans comme infographiste pour cinq sociétés de secteurs et de tailles variables. Une société par jour. « Ce n’est pas trop compliqué car on m’a fourni un PC portable où je centralise tous les travaux. Les avantages sont nombreux : le travail est varié, je change tous les jours d’endroit, de projet, et de collègues. Cela me convient parfaitement. En revanche je dois être assez souple car je dois gérer des niveaux d’exigences différents. Et pour la société, cela demande un travail de préparation en amont car je ne viens qu’une fois par semaine. L’infographie est un secteur extrêmement difficile et les entreprises sont
noyées de candidatures. Les principaux débouchés en CDI sont les studios graphiques ou les très grosses boîtes. Le GE ouvre de nouvelles perspectives en permettant l’accès à des ressources à de toutes petites structures. » Comme le nombre de GE en Wallonie et à Bruxelles – on parle d’une vingtaine d’emplois au total à l’heure actuelle, seulement… –, les fervents « lobbyistes » du GE se comptent sur les doigts de la main. Mais ils y croient fermement. « Nous avons positionné le GE comme un service de notre Chambre de Commerce, explique Pierre Neuray, directeur du développement de la CCI Liège-Verviers-Namur, car nous estimons qu’il s’agit d’un très beau dispositif, quelle que soit la conjoncture. En période de basse conjoncture, par exemple, si une entreprise ne peut plus garder un collaborateur à temps plein, elle peut le partager avec d’autres. Cela permet de sauver l’emploi. » Marc Gérard est direc-
teur adjoint du CRGE Bruxelles. « On est vraiment sur des emplois durables, avec l’acquisition de compétences sur le long terme. Le seul GE bruxellois est un exemple. Job Iris a en effet permis à deux sociétés de se partager douze saisonniers : Viangros en été, et Leonidas l’hiver/printemps. Si les travailleurs avaient au départ des compétences minimes, plus de la moitié sont aujourd’hui des moniteurs. » Alors pourquoi un succès si modeste ? « Il y a plusieurs raisons, explique Frédéric Naedenoen, du Lentic (Laboratoire d’études sur les nouvelles technologies, l’innovation et le changement de l’ULg). La méconnaissance de l’outil, la crainte de la nouveauté. La difficulté à prévoir les besoins… Pour que ça marche, nous devons d’abord atteindre une taille critique. Mais on voit que ça fonctionne en France, où les GE ont créé 35.000 emplois. Alors ça vaut le coup de continuer à le promouvoir ! » LILIANE FANELLO