« Putain ! Appelez-moi Monsieur ! » « En banlieue, soit tu as la force, soit tu as la tchatche. » Jamel Debbouze Mon horaire est maintenant cadré dans mon esprit, mes salles de classe sont identifiées, les clés des portes aussi. J’ai définitivement fixé le prénom de mes élèves. Ma matière est structurée et j’avance bien. Je suis heureux. J’ai mon lot de difficultés, mais aucune d’elle n’est réellement désagréable. De simples défis nouveaux à relever tous les jours. Il est pourtant certains aspects de mon contact avec les élèves auquel je ne m’habitue pas. Un de ces points est leur accent « type banlieue française ». Cette façon de parler notre belle langue comme si chaque mot sortait du plus profond de leur gorge, où les syllabes se chevauchent pour s’assembler en des termes incompréhensibles, où les accents toniques tombent toujours au mauvais endroit, soit trop tôt soit trop tard, où la recherche de pauvreté du vocabulaire semble être facteur d’appartenance à leur groupe. Si encore ils ne savaient pas parler autrement, j’aurais compris, accepté, mais le plus grave, c’est qu’ils savent parfaitement s’exprimer sans l’accent de leur barrio1, de leur commune, des banlieues. Quand je les prends à part, quand ils ne doivent plus crâner devant le reste de la classe, généralement, l’élocution est tout à fait acceptable. Outre l’accent, les mots d’argot jetés en pâture en tout début ou fin de phrase commencent à me rendent hystérique. Je décide d’entamer un nouveau combat : ma petite
1. Quartier.
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