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DossieR : les conquistadors du web / Et Si c’était à refaire /Un marathon pour l’emploi/ Michel Tombroff, le dompteur du mouvemenT Design your career

Retrouvez notre enquête des salaires 2010 en pages centrales

michel tombroff

PHOTO MIREILLE ROOBAERT


Alors que la villa Empain était inaugurée en avril dernier, Francis Metzger, dont le bureau d’architectes fut chargé de la restauration, est déjà occupé sur d’autres chantiers. à son palmarès : la bibliothèque Solvay, la maison Autrique, mais aussi le théâtre de la Balsamine. Ses débuts furent marqués par une rencontre décisive avec Luc Schuiten.

MON PREMIER EMPLOI Je suis sorti de l’Institut Victor Horta en 82 (j’en suis aujourd’hui directeur adjoint). Durant mes études, j’ai fait la rencontre de Luc Schuiten qui, à l’époque, avait construit une maison biosolaire, avec capteurs, éolienne et biogaz dans une forêt du Brabant flamand. J’étais fasciné par ces techniques, mais surtout par la poésie de son architecture. J’ai travaillé sur ses chantiers durant mes études et j’y ai fait la rencontre de Luc Deleuze. Quand Luc Schuiten est devenu

professeur, Luc Deleuze et moi avons alors décidé de nous lancer à deux. Les débuts n’ont pas été évidents, mais nous étions portés par une vision que nous voulions imprimer à la ville. Nous avons notamment adapté le concept de maison biosolaire à une maison de maître en plein Bruxelles et nous avons reçu un prix. Le fait de répondre à un appel à candidatures pour la restauration de la bibliothèque Solvay a orienté la suite du parcours, mais nous étions et sommes toujours (chacun de notre côté,

Portrait

Francis Metzger, architecte (bureau MA2)

puisque Luc Deleuze a rejoint Art & Build) impliqués dans l’architecture contemporaine. MON PREMIER SALAIRE Commencer comme indépendant n’est pas facile comme architecte car il se passe des mois entre le début d’un travail et le paiement des honoraires. Mais l’argent n’étant pas un moteur pour moi, cela ne m’a pas empêché d’avancer. MES PREMIERS ACQUIS PROFESSIONNELS Je me suis lancé sans véritable maître de stage : je n’ai

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Mon premier emploi

jamais travaillé sous les ordres de quelqu’un, ce qui me correspond bien. Vous devez apprendre par vousmême, mais en même temps vous prenez en charge des projets de A à Z, dès le départ. Le fait d’avoir assez tôt pratiqué l’architecture contemporaine et la restauration de patrimoine, combinaison plutôt rare, m’a permis d’enrichir ma réflexion sur ce qui reste au-delà des modes. MA FIN DE CARRIÈRE RÊVÉE Je ne fais pas une carrière, donc pas de raison d’en envisager la fin. J’aimerais

peut-être écrire davantage, notamment sur la restauration dont les techniques ont beaucoup évolué. MES CONSEILS AUX PLUS JEUNES Pénétrer dans un bâtiment que l’on a d’abord rêvé, c’est une sensation extraordinaire, une passion plus qu’un métier. Après cela il faut choisir le type de parcours, selon que l’on veut faire une carrière ou de l’architecture.

Propos recueillis par Nathalie Cobbaut

La huitième WIC (World Investment Conference) de La Baule, du 2 au 4 juin, s’est choisi comme thème l’attractivité et l’avenir du modèle économique européen dans un monde en mutation. En pleine panade de la zone euro, on pourrait craindre que la célèbre expression bruxelloise – « ça veut juste réussir que ça rate » – ne soit tristement appropriée… Au contraire, estime Jean-Bernard Guerrée, le nouveau patron de la WIC, c’est le moment ou jamais d’en débattre sérieusement et d’en tirer un nouveau souffle.

Jean-Bernard Guerrée

Photo DR

Des emplois cleantech sur la plage Jean-Bernard Guerrée, c’est un entrepreneur aux commandes d’une plate-forme de rencontres et de discussions mondiale qui, l’an dernier, avait réuni 900 invités de 40 nationalités différentes, dont près de 500 chefs d’entreprise. Ce jeune (43 ans) Lorrain a prolongé pendant vingt ans son séjour aux USA, où il a fait un MBA, profitant de son implantation dans la Silicon Valley pour se positionner comme « the right man in the right place » pour les sociétés françaises désireuses de participer à la ruée vers la technologie et l’internet. « À 23 ans, je me suis positionné comme les “grandes oreilles” pour elles et, avec une assistante et un analyste, j’ai fondé une société, Avisé, qui a joué le même rôle auprès des sociétés US vers l’Europe.» Il était aux premières loges pour vivre – et survivre – la « bulle » internet et, par la suite, a accumulé de l’expérience au travers d’une bonne centaine de dossiers d’implantations transatlantiques, comme Amazon, eBay, eTrade, NetScreen entre autres. Un parcours privilégié pour témoigner des forces et des faiblesses européennes en matière d’innovation technologique, notamment dans les cleantechs qui sont clairement un bassin de croissance. « C’est dans ces domaines-là que l’Europe peut réellement faire un carton, car elle est très en avance sur le plan de la réglementation et ses grands groupes

sont capables d’en profiter. On ne manque pas d’idées en Europe mais, par contre, c’est la culture de l’entrepreneuriat qui fait défaut. Comme la volonté et l’ambition. C’est typique de voir comment les CEO européens se contentent souvent de ronronner à quelques millions d’euros de chiffre d’affaires, ils choisissent la zone de confort alors qu’ils pourraient prétendre à une expansion mondiale. C’est vrai, on a un ensemble économique de 500 millions d’habitants mais on a l’impression qu’on a tous les inconvénients d’un continent sans en avoir les avantages : c’est ridicule, par exemple, qu’un fonds français ne puisse investir en Allemagne ou en Angleterre ! Avec la Chine et l’Inde, par contre, on a affaire à des pays-continents, qui ne sont qu’un seul état. La différence est aveuglante quand on voit la détermination et l’organisation de rouleau compresseur des Chinois, à qui la croissance permet de progresser. » Même analyse pour le caractère bureaucratique des institutions européennes qui, dit-il, fonctionnent top down au lieu de favoriser le bottom up, l’initiative privée partie de la base, comme c’est le cas aux Etats-Unis avec des exemples éclatants comme Google et Facebook. « L’Europe n’a pas lésiné sur les moyens, au niveau des infrastructures, de l’éducation, du modèle social, mais elle a encore un grand effort pédagogique à faire pour favoriser

Référencé par

En quoi nous désirons d’abord progresser ? Igretec, entreprise multimétiers aux compétences étroitement intégrées, s’appuie sur des collaborateurs qualifiés et un équipement technologique performant. L’intercommunale ambitionne de pousser encore plus avant les synergies entre ses métiers pour offrir des solutions sur mesure à ses clients. La préoccupation environnementale s’y exprime au quotidien depuis toujours. Ces 2

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Voutch

priorités se traduisent par des projets marqués du sceau de l’éco-conception et de la durabilité. À l’écoute de besoins évolutifs, Igretec développe constamment de nouveaux métiers ou services. Ce que nous apportons à nos collaborateurs ? Igretec est un acteur de service public dynamique et efficace. L’entreprise offre de belles perspectives d’emploi, combinées à de réelles possibilités d’expression et d’évolution pour tous profils, techniques comme administratifs : études en tous genres, conduite des travaux, accueil et encadrement d’entreprises, exploitation d’ouvrages, gestion immobilière, TIC, etc. La multiplicité des métiers et implantations chez Igretec assure un environnement de travail extrêmement varié, propice au développement des collaborateurs. L’acquisition continue de nouvelles compétences y est encouragée. Ses valeurs cardinales (responsabilité, intégrité et solidarité) se pratiquent au quotidien, à tous les niveaux.

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Carte Blanche

Ce qui nous distingue de nos concurrents ? Intercommunale dotée d’une expérience de 65 ans dans la Gestion et la Réalisation d’Etudes Techniques et Economiques, Igretec est active dans l’eau et l’environnement, le développement économique, l’énergie et comme bureau d’études. Plus de 260 hommes et femmes répartis sur 5 implantations en région de Charleroi et du Sud-Hainaut y pratiquent une trentaine de métiers au service d’administrations, d’entreprises et de citoyens.

l’esprit d’innovation. Les subventions, c’est bien, mais elles auront une fin un jour. Et puis, ça ne fait pas un business model : sur 1.000 entreprises financées dans le domaine de la high-tech en 2005 dans le monde, il n’y en a que 80 qui ont un chiffre d’affaires de plus de 100 millions de dollars. Et pas une seule européenne dans le tas… » Pourtant, USA et Europe restent en pointe dans ces domaines, où ils représentent 70 % des dépenses en matière d’IT, par exemple. L’Europe, en particulier, est un marché sûr, avec un formidable potentiel et peu de risques, pour les sociétés cleantech innovantes qui s’internationalisent. Avec un correctif, qui est une évidence : « Pour faire des affaires ensemble, il faut au moins que les partenaires se connaissent. D’où l’utilité de rencontres comme celle de La Baule, où nous ciblons les responsables du Tech sourcing et les Innovation managers des grands groupes. On a réduit le nombre de participants à 500, pour ne garder que les meilleurs interlocuteurs pour ce type d’évènement, prolongé par une communauté virtuelle sur le Net. C’est vrai qu’on est dans une période de chaos, mais c’est le moment d’en profiter pour y aller à fond et créer un système d’avenir Stève Polus sustainable… »

- Je suis vraiment fou de vous,Carlotta. Je suis même prêt à vous le confirmer par fax.


Talent

On peut être un amoureux des maths et avoir les pieds sur terre. Et surtout les mains. L’avenir passe par la reconnaissance gestuelle et Michel Tombroff, avec Softkinetic, en est l’ardent promoteur.

Michel Tombroff le dompteur de mouvements Cet homme est peut-être le futur Steve Jobs belge. Ne le lui dites pas, ça heurterait sa modestie de génie des maths et de l’informatique qui s’ignore… Ou plutôt qui ne comprend pas que d’autres puissent trouver tout cela compliqué. Sinon totalement hermétique. Au sommet de la pile de ses livres de chevet, Michel Tombroff place l’ouvrage de Douglas Hofstadter Gödel, Escher et Bach, qui « établit un parallèle entre l’infini mathématique, artistique et musical ». Ses maîtres à penser sont précisément Kurt Gödel et Georg Cantor, deux mathématiciens morts fous pour avoir toute leur vie cherché à comprendre la nature de l’infini. « C’est aussi mon Graal », soupire-t-il. Mais son modèle, le fondateur et patron d’Apple, a bien les pieds sur terre, même s’il n’y a pas de limite à sa créativité. Exactement comme lui. Depuis trois ans, Michel Tombroff dirige une petite société bruxelloise également née dans un garage. Elle s’appelle Softkinetic. Et elle s’apprête à révolutionner le monde de la télévision et des jeux vidéo. Comme Apple l’a fait avec celui des téléphones portables. Son secret ? Les systèmes de reconnaissance visuelle du mouvement en 3D. Qui permettent à un individu de contrôler tout ce qui se passe sur un écran (télé, vidéo, informatique…) en ne bougeant que les mains. Ou les pieds ou le corps. Comme s’il était à l’intérieur. On pense au Minority Report de Spielberg. « Ce n’est plus de la science-fiction. Ces technologies s’apprêtent à débarquer sur le marché grand public. Elles seront accessibles d’ici Noël 2010. Et elles vont beaucoup plus loin », promet Michel Tombroff. On croit rêver. Pas lui. C’est son domaine d’expertise.

À l’époque, elles étaient encore énormes et hors de prix. « On était en 2007, ils y travaillaient depuis 4 ans. Ils avaient créé leur société, avec un investisseur et des subsides bruxellois à l’investissement en R&D. Et cherchaient un manager doté d’une expérience business et technologique internationale. C’était le perfect match. Je n’ai pas hésité longtemps.» Juste le temps de vérifier l’existence d’un marché potentiel pour cette technologie du futur… « Mais la clé, pour moi, est qu’il s’agissait une fois encore de gens exceptionnels. Leurs idées étaient inouïes, elles paraissaient hors d’atteinte. Mais ils avaient la hargne pour convaincre. Et ils ont réussi.» Non sans l’aide de leur nouveau patron. Qui a pris son bâton de pèlerin pour décrocher d’emblée un partenaire de référence. « J’ai vu à peu près tout le monde. Le premier à nous faire confiance a été Electronic Arts, le leader mondial du jeu vidéo. Ensemble, nous avons développé un premier prototype.» Beaucoup d’autres ont suivi. Orange, Panasonic, Texas Instruments… Softkinetic a creusé son trou. Elle est déjà à la croisée des chemins. Microsoft devrait lancer à la fin de l’année la Xbox Natal, première plateforme de jeux vidéo intégrant la reconnaissance gestuelle par caméra. « C’est un moment clé. Nous sommes la seule alternative à Microsoft, avec un produit plus complet et, surtout, ouvert, qui n’est pas dédié à une seule plateforme.» Mieux : les petits Belges disposent désormais de leur propre studio créatif (à Charleroi) pour développer du contenu et d’un partenaire stratégique (Optrima), belge également, à la pointe du développement des caméras 3D miniatures. « Une start-up issue de la VUB.» Il ne manque que les fonds nécessaires pour passer la vitesse supérieure. Et partir à la conquête du grand public. Michel Tombroff a donc repris la route. La semaine dernière, il était invité par la banque UBS à s’exprimer à Palo Alto devant les plus gros investisseurs potentiels, dans le cadre d’une conférence sur l’avenir du divertissement. « Ils m’ont prévenu qu’il y aurait un trillion de dollars en face de moi.» Il devait enchaîner par Pékin…

Hasard et opportunités fortuites

L’hypothèse du continu

PHOTOS MIREILLE ROOBAERT

Ce polytechnicien de 47 ans, formé à l’ULB, a décroché une maîtrise en informatique à l’Université de Californie à Santa Barbara. Il aurait pu, et même voulu, poursuivre une carrière de chercheur. « Cela reste un regret. La recherche fondamentale m’attirait. Le hasard en a décidé autrement. Je crois beaucoup aux opportunités fortuites.» La première a pour cadre le service militaire. Notre jeune ingénieur informaticien en uniforme séjourne à Paris où son commandant l’a envoyé suivre une conférence. « J’y ai rencontré un type génial, le premier des trois personnages qui vont marquer ma vie. Michel Gien venait de créer la société Chorus. Il m’a proposé un job. La conjonction haute “technologie + startup” m’a séduit ; j’avais été piqué par le virus de l’entrepreneuriat aux Etats-Unis.» Chorus développe un système d’exploitation pour systèmes embarqués. Il sera racheté plus tard par le géant Sun Microsystems, mais n’anticipons pas. Michel Tombroff fait donc ses premières armes à Paris, comme programmeur. « Pendant trois ans, j’ai travaillé jour et nuit, avec des collègues russes, polonais, indiens. Un environnement fabuleux. Jamais on ne m’a autant donné l’envie de créer, de me dépasser, d’aller jusqu’au bout. Nous étions des pionniers.» Ça ne l’empêche pas de rencontrer Jennifer, qui deviendra sa femme. Une Américaine à Paris. Pas pour longtemps : un mois plus tard, Chorus l’envoie aux USA. D’abord à Portland, Oregon, puis très vite à Palo Alto, l’épicentre de la Silicon Valley. En 1995, au cœur des années folles. « Nous étions en plein boom internet, nos voisins s’appelaient Intel, Google, Apple… On baignait dans la bulle.» Et lui comme un poisson dans l’eau. Mais un petit poisson, qui suscite l’appétit des plus gros. Celui de Sun. « J’étais chef de projet chez Chorus, je me suis retrouvé dans les mains d’un géant. Ce n’est pas ce que je cherchais.» Rideau. Mais Michel Tombroff est dans la place, là où tout se passe, muni d’un solide bagage. Il ne manque qu’une nouvelle opportunité fortuite. Ou un nouveau bon génie. La première s’appelle Tibco Software, le second Vivek Ranadive. Formé à Harvard et au MIT. « C’est la deuxième personne qui a vraiment compté professionnellement. Il avait inventé un truc incroyable : un programme qui permettait de disséminer l’information en temps réel sur internet.» Révolutionnaire, à l’époque. Les banques, la finance, les salles de marchés s’en emparent. « Tibco comptait Cisco, Yahoo, Reuters parmi ses investisseurs.» En 1999, la société est introduite en Bourse. « Au pic du pic de la bulle spéculative.» Jackpot !

Trois génies dans un garage

Entretemps est né un petit Ethan, et s’annonce une petite Milla. Tibco propose à Michel Tombroff de retourner à Paris créer une filiale française ; puis rebelote à Bruxelles, pour la filiale Benelux. Au bon moment. « Les enfants étaient petits, j’avais bien roulé ma bosse, déménagé sept fois, nous voulions poser nos valises. Près de la famille et des amis.» Les affaires tournent, la vie coule, le travail reste hyperintensif. Arrive 2005, la quarantaine, le temps des remises en question. « Je devais réfléchir à la suite. J’ai pris une demi-année sabbatique. Pour ne rien faire, surtout.» Sauf

du kite-surf, dont il devient mordu. Comme du hockey, qu’il pratique toujours. Champion de Belgique en division 3, cette saison. L’expérience suivante le conduit à Londres, mais elle tournera court. Il est mûr pour la troisième rencontre fortuite. Elle commence par le coup de fil d’un ancien collègue. Qui évoque son fils, lequel « fabrique de drôles de trucs dans le garage avec ses copains ». Lui demande de venir donner son avis. « Ils étaient trois, Xavier Baele, Gilles Pinault et Eric Krzeslo. Un chercheur, un créatif et un architecte. Ils étaient persuadés qu’on ferait un jour une nouvelle révolution avec les caméras qui détectent les mouvements.»

Ça ne lui donne pas la grosse tête. L’ambition de révolutionner le monde, oui, mais en gardant les pieds sur terre. À Evere, où Softkinetic occupe un plateau dans un bâtiment industriel superbement rénové. Ambiance à la fois studieuse et extrêmement ludique. Une trentaine d’ingénieurs, chercheurs et développeurs, inventent le futur. Moyenne d’âge : à peine 30 ans, « je suis largement le plus âgé ». On passe évidemment du temps et du plaisir à tester les programmes et les jeux. Même si c’est un vieux baby-foot qui trône au milieu du patio… Quand on lui demande quelle est son application préférée, Michel Tombroff n’hésite pourtant pas longtemps. C’est Silverfit, un programme développé avec un partenaire hollandais, qui vise à stimuler l’exercice physique chez les personnes âgées et les handicapés. « Voir des gens en chaise roulante se remettre à bouger grâce aux programmes que vous avez développé, ça crée un choc. C’est une belle récompense.» Il y en a d’autres, des récompenses. La plus belle a pour nom Mike Nichols et c’est depuis 20 ans l’un des papes mondiaux des jeux vidéo. C’est aussi le responsable du projet Natal chez Microsoft. Ou plutôt, c’était : il vient d’être engagé par Softkinetic. « Et ce n’est pas moi qui suis allé le chercher, c’est lui qui nous a contactés, confie Michel Tombroff. Il a choisi de troquer la Californie pour Charleroi, où il sera basé.» La plus récente date du début de la semaine. Michel Tombroff la diffuse fièrement : c’est une image de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton testant un de leurs prototypes installé par General Electric à l’expo de Shanghai. Hilare. Un de ces moments forts qui, mis bout à bout, composent une vie professionnelle réussie. Mais pas la sienne. Un jour, affirme-t-il, il se consacrera tout entier à sa passion des maths. Pour résoudre l’énigme de l’infini. « L’hypothèse du continu : c’est le titre du livre que j’écrirai un jour, quand j’aurai 90 ans.» Et plus l’âge de Philippe Berkenbaum jouer aux jeux vidéo ?


Dossier

Le marketing s’est emparé d’internet dès sa naissance. Aujourd’hui, rendre visible un site ou déclencher un buzz est devenu une activité majeure sur la Toile. Deux nouveaux métiers ont émergé depuis peu : le référenceur naturel et le community manager, stars du 2.0.

web

S’il est un métier du Net qui existe depuis bien avant le web, c’est le marketing. Il a d’ailleurs fait son apparition dans ce secteur très rapidement, peu après les fonctions purement techniques. Mais depuis sa naissance, il y a environ treize ans, le rôle du « web marketeur » a fortement évolué, accompagnant la complexité croissante de la Toile et de ses innombrables acteurs et leviers. La mission essentielle du responsable du marketing en ligne : aider les marques à comprendre les différents leviers existant sur internet et à les actionner en constituant le point de contact avec les agences de création publicitaire et les médias. Aujourd’hui, le spécialiste du marketing interactif (ou digital marketing manager) en entreprise n’œuvre plus en solo. Il est devenu un véritable chef d’orchestre, et encadre une équipe constituée de spécialistes divers. Parmi eux : des webanalystes, des optimisateurs de moteurs de recherche et des experts du CRM (gestion de la relation client) qui mettent en place, par exemple, des outils tels que les agents conversationnels. Ce sont des interlocuteurs virtuels symbolisés par des figurines animées d’apparence humaine, derrière lesquels se cachent des moteurs de dialogue capables de simuler une conversation humaine avec un internaute au travers d’une interface de type messagerie instantanée. Autre profil : celui du planificateur stratégique qui opère dans des grandes entreprises ou des agences, et dont la mission sur internet consiste à étudier l’univers de la marque pour en tirer des recommandations sur la façon d’étendre sa notoriété sur le web. Premier objectif d’un site internet quel qu’il soit : être visible sur les moteurs de recherche. C’est la mission de ceux qu’on appelle les référenceurs. Leurs tâches se sont tellement spécialisées qu’ils sont devenus des experts de deux nouveaux métiers, sensiblement différents mais pour autant indissociables : SEO, pour Search Engine Optimization (optimisation pour les moteurs de recherche) et SEM, pour Search Engine Marketing (marketing exercé sur les moteurs de recherche). Pratiquement, le spécialiste en SEO se charge du référencement naturel du site, alors que le responsable SEM achète les liens commerciaux dans les moteurs de recherche. Une fois leurs cibles d’audience définies, la tâche commune de ces deux référenceurs est de générer du trafic. « Les responsables SEO sont des stars ! Il existe à peine une poignée d’experts en Belgique, que les entreprises s’arrachent… », constate Sofie Smolders, consultante au sein de « The House of Marketing », centre d’expertise dédié aux nouvelles approches marketing. Le responsable SEO existe depuis l’apparition des moteurs de recherche, mais s’est extrêmement spécialisé au fur et à mesure de l’évolution des techniques de référencement. « Les gens qui savent faire du référencement naturel doivent connaître les algorithmes et comprendre le fonctionnement des moteurs de recherche », précise Sofie Smolders. Plus précisément, un tel spécialiste a des compétences dans les langages de programmation utilisés (HTML, PHP, ASP, Javascript…), les bases de données, l’arborescence et la structuration des pages du site, etc. Ce poste requiert aussi des compétences en marketing (études sur les mots clés pertinents et le contenu des pages, suivi et analyse de statistiques sur le trafic venant des moteurs de recherche, étude de la concurrence, etc.) que certains profils techniques apprennent sur le tas. Une double compétence dont la rareté explique en partie la difficulté des entreprises à en recruter. Les experts SEO ont souvent suivi une formation en développement informatique ou ont bénéficié de l’expérience correspondante. Parfois, ils ont un profil plus tourné vers les mathématiques. Certains travaillent dans des agences spécialisées dans le référencement ou la création de sites web. Là, ils optimisent le référencement de différents clients dans des secteurs variés. D’autres sont embauchés directement par l’enseigne dont ils sont chargés d’accroître la visibilité. Quelques spécialistes travaillent également en free-lance. Tout aussi important, le responsable SEM, chargé de l’achat de mots-clés sur les moteurs de recherche, exerce un métier moins technique que le référenceur naturel. Sa première attribution est l’identification des mots-clés pertinents. Sa mission implique un travail analytique important, ainsi que la bonne maîtrise du budget alloué pour ces achats. En revanche, l’expert SEM s’implique moins dans la stratégie à long terme que le spécialiste SEO. Tous deux travaillent en général de manière complémentaire. « Mon métier consiste à rendre visible un site sur les moteurs de recherche, à faire en sorte que la bonne page soit poussée vers

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Les conquistadors du

l’internaute en fonction de sa recherche, à gérer les campagnes de liens sponsorisés », résume John, 32 ans. Ce spécialiste marketing web dernière génération s’est formé à ce métier suite à un master en commerce électronique. « J’aime tout ce qui est relatif aux nouvelles technologies et le marketing m’intéressait particulièrement. Lier les deux était le prolongement naturel de ma formation », explique John. Celle-ci combine le savoir technique sur ces univers du référencement et les connaissances en marketing. « Ce métier est à la frontière de ces univers. Il est nécessaire de comprendre les termes utilisés, de savoir mettre en œuvre les techniques, mais pas de savoir coder. » Selon la taille de l’entreprise et ses besoins, certains professionnels gèrent l’ensemble de la fonction de référencement et portent alors la double casquette SEO et SEM. En moyenne, un SEO peut prétendre à une rémunération (fixe, en général) comprise entre 28.000 et 40.000 euros brut annuel.

Des hommes d’influence « Une fois que le référenceur naturel a optimisé le site pour les moteurs de recherche, il reste à en propager le contenu et à en faire la promotion sur d’autres sites afin d’améliorer sa popularité », explique Sofie Smolders. S’il existe depuis quatre ou cinq ans, le web 2.0 a fait depuis peu son entrée massive dans les grandes entreprises, en particulier depuis le début de l’année 2009, et il requiert de nouvelles compétences aujourd’hui très recherchées. Des compétences détenues par un profil providentiel : le Community manager (CM), le « buzzword » du moment. Certaines entreprises commencent à comprendre l’intérêt de recruter ces médiateurs des temps modernes pour animer leur marque et leur image auprès des différentes communautés. Parce que la communication est devenue circulaire, et non plus descendante, les directions marketing recherchent une présence sur les réseaux sociaux, blogs et forums, et – cerise sur la gâteau – une création de communautés de clients. D’autres restent frileuses, par manque de moyens, par peur des débordements et de l’instrumentalisation, mais surtout par manque d’information sur ce métier d’avenir. Le Community manager a ainsi pour mission de créer des communautés pour développer la notoriété de la marque,

et soigner sa réputation en ligne. Dialoguer avec les internautes sur les blogs et forums, faire la promotion du site ou de la marque sur les réseaux sociaux, propager le contenu sur Dailymotion… le Community manager fait feu de tout bois. Et profite au maximum des nouvelles plates-formes particulièrement en vogue actuellement : Facebook, Twitter, Youtube, Delicious, Digg, Flickr… « Notre métier suppose de bien connaître les outils d’alerte pour faire remonter les informations. La stratégie de l’entreprise influe sur les canaux par lesquels elle passe », explique Jérôme, Community manager pour une grande banque, tout en se réjouissant de la pluralité de ses missions. En effet, un CM est chargé de faire parler de la marque, mais aussi d’identifier les réseaux sociaux qui fonctionnent, de répondre de manière pertinente aux remarques des internautes… Les CM sont avant tout des « médiateurs », puisqu’ils jouent un rôle d’interface entre la marque et ses communautés, qu’ils animent et informent. Ces compétences supposent un réel savoir-faire, pourtant l’enseignement ne s’y est pas encore intéressé. Ceux qui exercent cette fonction sont le plus souvent des jeunes férus de nouvelles technologies, issus de la communication ou du journalisme… Ils viennent seconder des directeurs marketing et communication un peu déphasés. « À travers le travail du Community manager, ce n’est pas forcément le site de la marque qui remonte en tête de liste des moteurs de recherche. Mais ce n’est plus l’essentiel. Ce qui compte, c’est la mise en avant de la marque par tous les moyens », note Sofie Smolders. L’enjeu est de taille : au-delà de la simple notoriété, l’objectif est de fidéliser les internautes par l’intermédiaire des communautés pour les transformer sinon en clients, tout au moins en ambassadeurs de la marque.

« Accros » du blogging Il s’agit là d’une fonction résolument ancrée dans le marketing et qui fait bien souvent partie intégrante du service communication de l’entreprise. Ces spécialistes ont donc déjà une bonne expérience du marketing en ligne ou des relations publiques. Le profil type, tel qu’il est défini aux Etats-Unis, parle d’« accros » des médias sociaux ou de « passionnés fanatiques du blogging et du microblogging ». En Belgique, les entreprises

qui dédient un poste au CM sont encore peu nombreuses. « Pour l’instant on compte quelques dizaines de spécialistes de l’animation de communautés, mais cette population va augmenter », prédit Sofie Smolders. Cette fonction est exercée majoritairement dans les agences, mais fait son entrée dans les entreprises, en particulier chez les grands comptes en quête de clients consommateurs. « Des enseignes comme la Fnac, Delhaize ou d’autres acteurs majeurs de la distribution n’ont pas encore, à ma connaissance, de Community managers, indique Sofie. Ce qui serait inconcevable aux Etats-Unis, où les grandes enseignes ont généralement des équipes d’une dizaine de Community managers. Bien sûr, face à une clientèle de plus en plus utilisatrice d’internet, de tels postes existeront en Belgique dans quelque temps. » Problème : à défaut de formation spécialement dédiée, les entreprises ne prennent pas les postes de CM au sérieux et les confient trop souvent à des juniors ou à des stagiaires : « Les marques veulent se positionner sur le social media, mais n’y allouent pas les ressources nécessaires. Pour animer une conversation, gérer des flux d’information, il faut une personne bien rodée à la prise de parole. C’est un poste stratégique. » D’autant que les consommateurs sont arrivés bien avant les entreprises sur les médias sociaux. Habituées à tout maîtriser, elles ont donc perdu le contrôle de leur image. Des microcommunautés se sont structurées autour de marques, de loisirs… Elles ont le droit de cité sans y avoir été autorisées. Cette nouvelle donne transforme profondément la façon dont les entreprises communiquent. Mais pour défendre l’image d’une entreprise, les CM doivent-ils officier en interne ou en externe ? Cette question divise les spécialistes. « Si les marques s’adressent à des agences pour gérer leur communication numérique, c’est parce qu’elles ne souhaitent pas investir dans ce type de postes. D’autant qu’en leur sein, les services sont trop cloisonnés. Il y a d’un côté les RP, de l’autre le marketing, puis le digital. Aller à la rencontre des gens équivaut à tout réunir. De plus, ce qui soude les communautés n’est pas tant la marque elle-même qu’un centre d’intérêt commun », souligne Aurore, 29 ans. CM au sein d’une agence de communication, elle s’est immergée dans la culture des entreprises pour lesquelles elle travaille. Pour elle, le fait d’être extérieur confère une neutralité, gage de crédibilité. Rafal Naczyk


Si c’était à refaire

Laurent Quittre

Diplômé de HEC Liège, Laurent Quittre a travaillé pendant 13 ans comme consultant dans le secteur bancaire avant de changer complètement son fusil d’épaule en créant en 2006 la société Issol spécialisée dans la production et l’intégration de panneaux photovoltaïques dans le cadre de projets architecturaux. Cette société implantée à Thimister en région liégeoise, qui emploie 36 personnes pour des ventes de l’ordre de 11 millions d’euros, vient de remporter un gros contrat pour poser une « voile » solaire sur la gare de Perpignan dans le sud de la France. Mon meilleur souvenir Le premier bilan qui démontrait, noir sur blanc, la viabilité de notre business plan. C’était un défi, du moins si j’en crois les réactions mitigées que nous avions rencontrées chez les investisseurs et les banquiers qui nous conseillaient tous de faire produire nos panneaux en Chine et non en Belgi-

que. Or, nous étions convaincus que le photovoltaïque pouvait être autre chose qu’un produit standardisé : un élément conçu et produit sur mesure, dont la dimension esthétique peut être pleinement intégrée dans un projet architectural. Un fabricant de masse ne peut pas offrir les solutions complexes que nous élaborons. Mon moins bon souvenir L’échec du sommet de Copenhague en décembre dernier. Les espoirs de déboucher sur un accord mondial ambitieux pour le climat, dont on avait tant parlé, ont été complètement douchés. Cela a non seulement plombé l’ambiance générale, provisoirement cassé un mouvement de fond, mais aussi généré des conséquences négatives dans notre business quotidien. Nos relations avec les gestionnaires de réseaux, par exemple, se sont dégradées, comme s’ils n’avaient plus l’envie de surmonter les difficultés techniques liées à l’intégration de

l’électricité verte que nos panneaux produisent. Cet échec de Copenhague a freiné notre développement. Ma rencontre décisive Mes deux associés au sein d’Issol, que j’ai rencontrés peu avant la création de l’entreprise et avec lesquels le courant est directement passé alors que je ne les connaissais pas auparavant. Bien que de profils et de parcours très différents, Ivan Schiemsky et Olivier Van Langenacker ont tous deux l’état d’esprit propre aux entrepreneurs. Je crois très fort à l’importance des rencontres, à l’alchimie qui doit se créer entre les personnes. Sans cela, un projet même excellent aurait très peu de chances d’aboutir. Mon choix décisif Quitter le secteur bancaire dans lequel je travaillais comme consultant indépendant pour lancer cette activité dans le photovoltaïque. J’étais pourtant heureux dans ce job, bien payé, qui m’a donné l’occasion de voyager,

de travailler en Afrique du Sud et à Hong Kong, notamment, mais j’avais envie de tourner la page. Mon épouse étant d’origine espagnole et résidant moi-même souvent en Espagne, j’étais persuadé depuis longtemps des potentialités des panneaux photovoltaïques, surtout en Belgique où il y a 5 ans le secteur était encore très peu développé. Ceci étant, ce changement de carrière n’est peut-être pas le dernier… Mon tuyau GRH Combiner les approches rationnelles et celles qui sont davantage centrées sur les relations humaines. Dans le cadre d’un recrutement par exemple, je fais appel à des outils très perfectionnés de sélection afin de pouvoir comparer l’adéquation de la personne avec le poste à pourvoir. Mais c’est lors de l’interview qu’on cherche à trouver l’alchimie, les deux approches étant donc parfaitement complémentaires à mes yeux. Propos recueillis par BENOÎT JULY

Sport et entreprise

marathon

Un pour la recherche d’emploi « Avec un taux de chômage de 17 % et 27,5 % de chômeurs de moins de 25 ans – soit un jeune sur quatre ! –, nous devions faire quelque chose. » Cette réalité est le point de départ du projet Jobmarathon1050 : « Aider la population bruxelloise la plus fragilisée à bâtir son avenir dans un projet professionnel durable. » Ce vendredi 4 juin, plusieurs équipes composées de personnes du monde de l’entreprise, du domaine de l’insertion socioprofessionnelle et des chercheurs/euses d’emploi, encadrées par des personnalités du sport et des coaches sportifs, courront autour de l’Abbaye de La Cambre et s’affronteront autour d’épreuves intellectuelles et d’adresse sur le thème de l’emploi. À travers cet événement ludique, qui s’inscrit dans le cadre de la Semaine de l’emploi d’Ixelles, les organisateurs veulent favoriser les rencontres entre entreprises et demandeurs d’emploi. « Et plus si affinités… » C’est Bea Diallo, ex-champion de boxe et échevin de l’emploi de la commune, qui en a eu l’idée : le sport contribue à l’acquisition d’un savoirêtre indispensable aux chercheurs d’emploi. « Pour moi, la grosse difficulté est que tous ces mondes ne se côtoient pas. Aujourd’hui, les chercheurs d’emploi sont découragés et ont peur de postuler parce qu’ils ne correspondent pas forcément à toutes les exigences formulées par les

Initiatives

Photo DR

fondateur et administrateur délégué d’Issol

Esprit d’équipe, persévérance, rigueur… Les valeurs du sport sont proches de celles véhiculées par les entreprises. Pas étonnant qu’il soit utilisé comme outil de team building et de management. Et avec le Jobmarathon1050, il sera même le terrain d’un rapprochement entre le monde des entreprises et celui des chercheurs d’emploi.

entreprises. À partir de cette réalité, il faut mettre en place des projets qui permettent d’optimaliser les rencontres et de montrer que ces jeunes ont du potentiel, de réelles ambitions. » Une quinzaine de sociétés, la plupart de grosses structures, étaient inscrites au moment d’écrire ces lignes. « Celles qui se sont inscrites ont été sensibles à notre argument : cet événement humanise l’entreprise en la faisant descendre dans la rue, explique Françoise Kemajou, coorganisatrice de cette première édition. Certaines n’ont simplement pas voulu participer car elles ne recrutent pas en ce moment, et elles ne voulaient pas donner de faux espoirs. » Quant aux jeunes, ils sont déjà 85 inscrits. « Il va falloir sélectionner. Nous allons appliquer la règle des premiers inscrits. Tout en sachant que 50 % des places seront réservées à des jeunes de moins de 26 ans, et que nous allons essayer de garder un équilibre hommesfemmes. » La case « secteurs souhaités » du formulaire d’inscription part dans tous les sens : du graphisme à l’hôtellerie, en passant par le marketing ou le nettoyage… « Je n’ai pas de doute sur le fait que la sauce va prendre pendant le marathon. Mais ce qui sera important pour nous, c’est de voir si après, les gens vont se mélanger et les LILIANE FANELLO barrières se casser. » www.jobmarathon1050.be

Echange de bonnes stratégies

C’était fin mars. Une dizaine de District Managers de Volkswagen rejoignaient leur DG et quelques personnes de la hiérarchie pour une journée de formation. Pas dans les loges… Sur le terrain. Au programme de la journée : basket. Objectif : « structurer la mise en place des indicateurs de performance dans le réseau, ainsi que la façon de les suivre. » La journée était conduite par un tandem : Giovanni Bozzi, coach des Spirou de Charleroi, ainsi que Jean-Pierre Strouvens, coach d’entreprise. Le premier exercice abordait les « volumes » : « Vous avez cinq minutes pour marquer 300 points. » Nombre de paniers, nombre de points, volume des ventes, chiffre d’affaires… En entreprise comme en sport, on fixe des volumes à atteindre. « Pour cela il faut une stratégie. Il faut en effet déterminer différents paramètres pour y arriver. Le nombre d’essais, de rebonds, les shoots à trois

points… En sport, le coach est beaucoup avec ses joueurs, sur le terrain, ce qui lui permet une analyse beaucoup plus fine par rapport au volume. Dans le monde du business, par contre, le chef demande en général une augmentation du chiffre d’affaires de X %. Point. Or, différents paramètres permettent d’y arriver : nombre de prospects à relancer, nombre de propriétaires d’un modèle de véhicule qu’on appelle pour un entretien… » La journée s’est déroulée au fil des passes entre sport et entreprise. « 35 % de la stratégie d’une entreprise est influencée par des paramètres non financiers, comme la capacité de mise en application de cette stratégie, la crédibilité de l’équipe gagnante…, explique Jean-Pierre Strouvens. En sport, le coach se demande comment avoir la dream team pour chaque match. Or, en entreprise, on a toujours la même équipe, quels que soit la stratégie ou les marchés. » Jean-Pierre Strouvens est actif dans le

conseil en gestion d’entreprise et l’amélioration de l’efficacité des organisations. Avec quatre partenaires, il vient de créer Strategic Coaching & Advice, « un concept qui, au-delà de la formation et du conseil en organisation, devrait permettre d’accompagner encore plus en avant les managers, comités de direction et CEO désireux d’améliorer leurs compétences managériales, individuelles ou en équipe ». Convaincus par cette expérience avec VW, l’équipe de Strategic Coaching & Advice va continuer à développer cet axe sportif. Un séminaire résidentiel sur « comment managent les grands sportifs et quels enseignements pour le monde de l’entreprise ? » se prépare pour la rentrée. « Il y a clairement des piliers communs à tous les managers, sportifs et d’entreprise : garder le cap, communiquer la vision et les plans d’action, évaluer le succès et motiver le personnel. » L.F.

« Suer ensemble crée une vision commune » Décider de courir les 20 km de Bruxelles était bien plus qu’un défi anecdotique pour l’équipe dirigeante d’Altran. Ce dimanche 30 mai, ils devraient être 63 membres de la société sur la ligne de départ, dont le comité de direction. Celui-ci a eu droit à une préparation spécifique puisque bon nombre de ces managers partaient de zéro. L’idée du semi-marathon est arrivée un peu par hasard. « Le groupe Altran était constitué de 180 filiales par le passé. Depuis trois ans, nous avons lancé un process d’optimalisation et de recentralisation, explique Philippe Vranckx,

DRH en Belgique et coordinateur RH pour tout le groupe. En juin 2009, Altran BelgiqueLuxembourg a été créée à partir de plusieurs sociétés. » Depuis lors, un comité regroupe les directeurs des anciennes structures. « Notre principal défi consiste à créer un réel esprit d’équipe, avec des objectifs communs à toutes les entités. Lors du lancement de cette Manager Team, nous avons abordé le fait que l’équilibre passe par trois piliers : mental, émotionnel et physique. Ce dernier était notre point faible. Et quelqu’un a lancé le défi. » Le groupe Altran, qui occupe 18.000 person-

nes dans le monde, dont 850 en Belgique et au Luxembourg, est un acteur important en matière de conseils en innovation (conseils en technologies, en informatique et en stratégie). « Au début nous n’y croyions pas trop, poursuit le DRH, mais nous avons fait appel à un coach sportif qui nous a mis en confiance et en sécurité. » Peter Pastijn, Corporate Coach à L’Aspria, société qui gère plusieurs clubs de sport à Bruxelles et en Europe, a adopté la philosophie du « Less is more ». « Vu l’hétérogénéité du groupe, le programme devait être personnalisé. Mais nous avions un

objectif commun : que tout le monde termine la course. » « Le fait de suer ensemble, cela crée forcément une vision commune, poursuit le DRH d’Altran. Les gens apprennent à mieux se connaître, et du coup à se faire confiance. Et puis ils se sont pris au jeu car ils ont vu les bénéfices de la pratique d’un sport. Nous avons d’ailleurs décidé de promouvoir ces valeurs auprès du personnel : l’importance d’un équilibre entre vie privée et vie professionnelle, ainsi que le fait de pouvoir lever le pied et recharger L.F. ses batteries. »


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