SOS Emploi : 5 secteurs qui recrutent / L’employer branding pour attirer les talents / Le premier emploi de Nadia De Vroede / Eric Rozenberg, le globe-organisateur Design your career
eric rozenberg PHOTO mireille roobaert
Attirée depuis son adolescence par l’univers de la justice et le Parquet en particulier, Nadia De Vroede a débuté au Barreau pour ensuite rejoindre le monde de la magistrature debout. Longtemps spécialisée dans les matières familiales, elle a rejoint en 2008 le CSJ pour se consacrer aux rapports entre les citoyens et la justice et en assure la présidence.
Mon premier emploi MON PREMIER EMPLOI Déjà, en humanités, je m’intéressais à l’actualité des procès. Très tôt, j’ai su que je voulais devenir magistrat du Parquet. J’ai donc entamé le droit dans ce but et en septembre 1979, après avoir obtenu ma licence de droit, je me suis inscrite au Barreau, passage obligé pour devenir magistrat à une époque où les nominations politiques étaient encore en vigueur. Je suis entrée dans une association d’avocats assez réputée où j’ai travaillé pour un maître de stage qui était spécialisé dans les affaires
familiales. Pendant ces trois années de stage, j’ai été à l’école de la débrouillardise et j’ai appris énormément sur les ressorts du monde judiciaire. MON PREMIER SALAIRE Ce n’était vraiment pas grandchose, mais malgré cela, je me suis sentie respectée pour mon travail. Cela étant, mon mari étant encore étudiant pendant ma première année de stage et ensuite avocat stagiaire à son tour, nos moyens n’étaient pas grandioses, mais nous étions passionnés et le sommes toujours.
MES PREMIERS ACQUIS PROFESSIONNELS Après mes trois années de Barreau, j’ai été nommée comme stagiaire judiciaire en 82. Être passée par le Barreau (ce qui n’est plus obligatoire aujourd’hui) m’a apporté beaucoup : le fait de m’être familiarisée avec le droit familial que j’ai continué de pratiquer au Parquet, matière pour laquelle le sens de l’écoute et de l’humain est capital, la connaissance des réalités des avocats qui jouent un rôle fondamental en matière de justice, mais aussi des clients de l’aide
juridique dont les réalités sociales étaient bien différentes de celles de mon milieu d’origine. Je me suis aussi constitué un réseau parmi les avocats stagiaires de l’époque. MA FIN DE CARRIÈRE RÊVÉE Je n’y ai pas encore pensé. Mais, à 53 ans, j’ai décidé, en rejoignant le CSJ, de me retirer pendant 4 ans du terrain pour réfléchir de manière plus générale au fonctionnement de la justice afin d’améliorer le service au citoyen. Ensuite, je retournerai au Parquet qui est un métier passionnant.
DR
Présidente du Conseil supérieur de la Justice (CSJ)
MES CONSEILS AUX PLUS JEUNES Persévérer durant les études, malgré d’éventuels échecs : on peut se tromper et recommencer. Essayer d’y voir clair sur le métier que l’on souhaiterait faire plus tard : cela donne une perspective, un objectif à atteindre. Être ouvert aux opportunités.
Propos recueillis par Nathalie Cobbaut
Nadia De Vroede,
J’ai changé ma vie
Gina Van Hoof
Sarah Santin Entrepreneure durable
Le 5e Job Day Europe Alors que le taux de chômage à Bruxelles a dépassé les 20 % et que les prévisions du chômage pour 2011 en Belgique sont de 16 %, la Commission européenne et EURES, le portail européen pour l’emploi, organisent le samedi 2 octobre à Bruxelles le cinquième Job Day Europe, en partenariat avec BECI (la Chambre de Commerce de Bruxelles) et la Région de Bruxelles Capitale. Une soixantaine de stands, dont 40 employeurs, accueilleront quelque 10.000 participants en provenance de toute l’Europe. Des candidats à l’emploi, mais aussi des jeunes en quête d’informations pour donner à leur profil une dimension européenne. La journée s’adresse en priorité aux personnes désirant bouger, que ce soit à travers l’espace européen ou simplement d’une région à une autre. La catégorie des « expatriés », particulièrement multilingues et mobiles, est estimée à plus de 150.000 personnes rien qu’à Bruxelles. En 2009, 20 % des candidats venaient de l’étranger. Samedi 2 octobre 2010, de 10h00 à 17h00, au Berlaymont, bâtiment principal de la Commission Européenne (Rond-point Schuman). www.jobdays.eu
Ce concours de la création d’entreprise prévoyait d’autres prix auxquels Sarah Santin aurait pu prétendre : prix de la femme entrepreneure, prix du développement durable… « Mais je suis fière d’avoir obtenu celui de la micro-entreprise, confie-t-elle. C’est avant tout une reconnaissance pour mon travail. J’aurais eu peur qu’un prix de la femme entrepreneure me marginalise, car avant d’être une femme, je suis chef d’entreprise. Par ailleurs, la micro-entreprise fait tout de même partie des plus de 50 % d’entreprises qui constituent la force économique de ce pays ! » Ceci dit, elle avoue avoir dû être un peu poussée pour participer à ce concours. « Pas le temps. » Forcément, quand on sait que depuis l’âge de dix-huit ans elle mène deux vies en même temps, ou plutôt trois ou quatre… Sa vie et ses changements, on va les évoquer, mais pas trop, car à dire vrai Sarah Santin n’a pas trop envie qu’on s’attarde sur son parcours. « Aujourd’hui j’ai plutôt envie qu’on parle de mes réalisations », confie-t-elle. Dessinons donc juste assez pour deviner la personne absolument étonnante qui se cache derrière la jeune designer durable. Dix-huit ans : c’est l’âge auquel elle a commencé sa vie professionnelle. Sans pour autant arrêter ses études, qui ont été reléguées à une plage horaire où les jeunes de son âge avaient d’autres (pré)occupations. Pendant trois ans, Sarah Santin a d’abord suivi les cours de la Chambre belge des Comptables. Puis elle a embrayé sur une licence en
Référencé par
À force d’enseigner la gestion d’entreprise, Sarah Santin a fini par passer de la théorie à la pratique. Son entreprise de design durable vient de remporter le prix de la micro-entreprise au Grand Prix Wallon de l’Entrepreneuriat 2010. Pas si mal pour un premier essai.
Gestion de l’Entreprise à l’ULg, toujours en horaire décalé. Tandis que le jour, elle a occupé différents postes dans la gestion d’entreprises, et a terminé comme assistantchercheur en Gestion de PME à l’ULg, avant de quitter pour créer son entreprise en 2009. « Je n’ai jamais raté un seul examen de ma vie », raconte-t-elle. Pas étonnant que les gens la décrivent comme quelqu’un qui sait ce qu’elle veut. « J’ai besoin d’avoir tout le temps des objectifs. » Si la quadrilingue avait continué sur sa lancée, elle serait sans doute, à l’heure qu’il est, cadre dans un cabinet financier. « Le genre de carrière logique quand on a fait ‘Administration des Affaires’… » Si ce n’est que Sarah Santin, dans sa troisième vie, est née avec un crayon dans la main. « Petite, je voulais être styliste. Une fois que j’ai commencé à travailler, je compensais le manque de créativité en suivant des cours en décoration et différentes techniques créatives. » Et puis, Sarah Santin a appris son métier de designer grâce aux maisons qu’elle a réaménagées, dont la première à dix-neuf ans « Je me suis beaucoup renseignée, j’ai posé beaucoup de questions, et j’en pose toujours, explique-t-elle. Je crois que j’ai le sens de la technique. »
Le déclic pour le design durable s’est produit à cette époque. « Un jour, je suis allée acheter un décapant et on m’a donné un bidon sur lequel était écrit ‘interdit aux femmes enceintes et risques de cancer’. Cela a été un vrai déclic ! » Pour Sarah Santin, le développement durable est devenu un mode de vie. « J’ai totalement éco-rénové ma maison. Nous avons créé tout un écosystème, mon compagnon a des ruches, nous avons des poules… » On vous parlait d’une quatrième vie. Aujourd’hui, la jeune entrepreneure propose aux entreprises et particuliers des services tels que la conception d’aménagements intérieurs, la conception de mobilier, des analyses chromatiques, de l’écodesign, la gestion de chantiers… Son bureau anime également des ateliers et formations au sein de différents instituts. « Les gens passent entre 70 à 80 % de leur temps à l’intérieur, or quand on sait que beaucoup de maisons sont plus polluées à l’intérieur qu’à l’extérieur, on imagine tout le potentiel de mon activité. » Sarah Santin affirme être un des rares bureaux en Belgique avec cette approche, qu’elle résume en quatre points : design contemporain, développement durable, responsabilité sociale de l’entreprise, et transmission des connaissances. Ultra-épanouie, passionnée, Sarah Santin vient également de co-signer un livre qui sortira début octobre, « Quand l’entreprise fait appel au designer d’intérieur ». Sorry, c’était cinq vies. Au moins. LILIANE FANELLO
www.sarahsantin.be
Serge Dehaes
« SOS Emploi » ! Au printemps dernier, Références, Le Soir et RTL avaient décrété la mobilisation générale en faveur de l’emploi, en lançant une initiative conjointe à destination des demandeurs d’emploi. C’était une première et elle fut couronnée de succès, dans un contexte où le marché de l’emploi restait fragile. Aujourd’hui, la reprise s’annonce timidement, mais l’emploi tarde à reprendre vigueur. C’est pourquoi nous avons décidé de reproduire l’opération. Ce mardi 28 septembre, branchez-vous sur l’emploi dans le journal papier, sur le web, en télé et en radio pour une opération d’un jour exceptionnelle. Et d’ici là, pleins feux sur les secteurs qui réembauchent.
5 secteurs qui recrutent Après la réussite des plus grosses banques au stress test européen, le secteur bancaire reprend un peu de hauteur. À l’origine de ce souffle d’optimisme, la conviction que le secteur bancaire a sans doute vu le pire et que le meilleur est à venir. Le secteur bancaire continue de se restructurer mais les effets négatifs de ces réorganisations sur l’emploi sont compensés par les départs massifs à la retraite des babyboomers. Depuis le début de l’année, donc, les offres de postes se sont accélérées dans certaines fonctions. Les fonctions commerciales ont été les premières à repartir. Du côté des recruteurs, la hausse de la demande est une réalité. « Jusqu’au mois de janvier de cette année, la situation était vraiment difficile, témoigne Fabrice Mahieu, directeur exécutif de Michael Page Belgique. Depuis, les affaires ont repris peu à peu même si nous sommes loin d’avoir atteint le niveau de 2007. Nos clients semblent avoir retrouvé l’appétit de manière plus marquée ces trois derniers mois. Ils passent de nouveau par nous pour rechercher des candidats alors qu’au plus fort de la crise, les seuls mouvements se faisaient en interne ». Fabrice Mahieu chiffre l’augmentation du nombre d’offres d’emplois à 30 % par rapport à l’année dernière. Il signale cependant que l’engouement n’a toutefois rien de comparable à celui observé en 2007, lorsque les établissements s’arrachaient les meilleurs spécialistes. Du côté des banques, Paul Klibanski, directeur des ressources humaines chez BNP Paribas Fortis, confirme que le recrutement fait partie de la politique de l’établissement bancaire. Et que ce dernier a déjà « engagé 776 collaborateurs sur les 1.200 prévus cette année, mais qu’il faudra encore en engager 600 ». ING, quant à elle, prévoit 350 embauches. profils recherchés Parmi les profils les plus recherchés par le secteur, les métiers commerciaux ainsi que les spécialistes. Entre autres, des collaborateurs dans le capital-risque, des contrôleurs financiers et des spécialistes des produits. Les gestionnaires de patrimoine sont de plus en plus demandés. La clientèle s’oriente vers des produits d’épargne à moindre risque. Enfin, depuis fin 2009, on voit émerger une demande non négligeable pour des chargés de clientèle, spécialisés banque en ligne. Ce sont des postes ouverts à des jeunes diplômés. Reste un domaine au sein de la banque où la demande d’experts demeure inexorablement supérieure à l’offre : l’informatique. « Nous recherchons toujours 160 spécialistes IT, pour une informatique extrêmement compliquée. Mais il n’y a pas assez d’experts ni de diplômés sur le marché », confie le DRH de BNP Paribas Fortis. Mais cela n’est pas nouveau.
Le secteur public
Après une dégringolade spectaculaire, le secteur de la construction connaît enfin un peu de répit. Il bénéficie pour les mois de juillet et août 2010 d’une croissance légère, mais une croissance tout de même. Les entrepreneurs ont une meilleure visibilité, avec des commandes à la hausse. Ce qui leur permet d’être optimistes quant à leurs perspectives d’affaires pour la fin de l’année. Cette reprise « modérée » concerne principalement l’activité en rénovation et construction neuve, les logements, les locaux à usage commercial et industriel, mais aussi la voierie et le génie civil. Le recours à la sous-traitance est à la baisse, bien que la disponibilité et la qualité des prestations soient en amélioration. « Le moral des chefs d’entreprise est plutôt positif, bénéficiant d’un gros carnet de commandes. Ils évoquent un volume d’activité escompté en hausse pour 2011 et anticipent déjà leurs engagements », observe Marc Vandeleene, porte-parole de Manpower Belgium, soulignant que le taux de TVA réduit appliqué depuis 2000 est un catalyseur pour l’emploi. « Plus de 7.500 emplois à plein temps, dont 6.000 pour des personnes faiblement qualifiées, ont été créés grâce à la baisse de la TVA », observe de son côté Véronique Vanderbruggen, porte-parole de la Confédération Construction, craignant une hausse du travail au noir et de la fraude sociale en cas d’abandon de la mesure. Néanmoins, la reprise reste encore fragile dans le secteur de la construction. Si le nombre de permis de rénover a enregistré une légère augmentation en 2010, le nombre de faillites dans la construction a connu une augmentation considérable. profils recherchés Les offres d’emploi visent particulièrement des ouvriers toiture, pour l’installation de panneaux solaires photovoltaïques, chauffage, peinture, des placeurs de gyproc, des menuisiers, des placeurs de façades/ allround pour la voirie, des chefs de projet, maîtres d’ouvrage. Profil phare : une formation d’ingénieur (thermicien) ou spécialisé dans l’efficacité énergétique et la qualité environnementale des bâtiments.
L’industrie et l’hi-tech
Après la crise, lit-on, l’économie sera verte ou ne sera pas. L’urgence climatique a secoué – enfin – l’opinion publique et le monde des entreprises. En particulier celles du secteur énergétique. Pour le photovoltaïque, en plein essor, la fabrication belge demeure très loin derrière les industries allemande, chinoise et américaine. Mais depuis 2009, en raison d’une rationalisation de la politique de développement de l’énergie éolienne, le secteur recrute, que ce soit pour l’aménagement de grands parcs ou de petites installations chez des particuliers. « En Belgique, on assiste à la création de bon nombre de petites entreprises spécialisées dans la production d’énergie solaire, le placement de panneaux photovoltaïques, la fabrication de matériaux de construction écologiques ou d’autres activités de niche. En deux ans à peine, leurs effectifs passent de cinq ou six travailleurs à trente ou quarante. De grandes sociétés reprennent ensuite ces entreprises de niche pour ne pas devoir partir de zéro », explique Philippe Meysman du cabinet Hudson. Par ailleurs, les secteurs de l’eau et de l’assainissement, des déchets, ainsi que les bureaux d’études demeurent des valeurs sûres en termes d’emplois verts. profils les plus recherchés restent les techniciens, les ingénieurs, mais aussi des employés présentant un background financier, marketing ou commercial désireux de se reconvertir en responsable de projet pour l’énergie éolienne, solaire ou renouvelable en général. Des connaissances financières sont requises afin de rechercher des financements pour les projets. Autre tendance : nombre d’entreprises embauchent un ingénieur afin de surveiller leur empreinte écologique en raison du durcissement de la législation en matière environnementale. Il s’agit d’un emploi idéal pour de jeunes ingénieurs disposant d’une spécialisation en environnement ou en énergétique (thermique) capables de travailler de manière autonome.
Les banques
La construction
Les énergies renouvelables
L’économie belge se porte mieux. En atteste le nombre de postes vacants, qui ne cesse d’augmenter ces dernières semaines. Même si globalement, les employeurs restent prudents, voici 5 secteurs qui reprennent de l’optimisme.
Les métiers de l’industrie des constructions métalliques et plus particulièrement le secteur de l’assemblage automobile retrouvent des couleurs. Dernier exemple à l’appui après Van Hool, Umicore, Daf et Volvo Trucks : Caterpillar. 400 personnes ont été engagées sous contrat à durée déterminée depuis avril par Caterpillar Belgium (Gosselies). Et 200 autres devraient l’être d’ici à la fin du mois de septembre pour faire face à l’augmentation des volumes de production. « L’industrie recrute. Après avoir énormément dégraissé, l’automobile doit préparer les véhicules hybrides de demain. D’où le besoin de techniciens et d’ingénieurs en bureau d’études », souligne Philippe Meysman, du cabinet Hudson. En 2009, les petites PME avaient soutenu l’activité, en 2010, ce sont les grands groupes et les grosses PME qui signent le redémarrage, non sans une certaine frilosité : « Si les services techniques n’ont pas encore retrouvé leur niveau d’avant la crise, de nombreux sites se remettent en activité. Ce qui produit, inévitablement, des besoins en cascade auprès des sous-traitants et des PME qui gravitent autour. Mais les employeurs restent prudents », témoigne Marc Vandeleen. Considéré comme un indicateur anticipé de l’évolution du marché du travail, l’emploi intérimaire marque un redressement dans le secteur industriel, en hausse de près de 25 % sur un an. profils recherchés Les emplois proposés sont surtout des postes occupés par des ouvriers. « Lors d’une reprise, on engage d’abord des intérimaires – surtout des techniciens expérimentés – et des ouvriers en CDD. Les CDI se font attendre. Des employés sont engagés aussi, mais leur nombre est moins élevé », observe Jacques Hermans, porte-parole de Randstad. Les services techniques, notamment les sociétés d’ingénierie, réembauchent. « Les métiers du high-tech et des télécommunications également, arrivée des portables de 4e génération, développement du e-commerce, etc., obligent », pointe Philippe Meysman. Toutefois, elles pourraient raccourcir légèrement les délais de recrutement et intégrer plus vite les personnes en fin d’année, pointent les observateurs.
Dynamique en 2009, le public et le parapublic poursuivent leurs recrutements à la rentrée. C’est la grande leçon de cette crise : longtemps boudé par les talents, le secteur public vit depuis deux ans l’amorce d’une success story. La Loterie Nationale, dont on ignore souvent qu’elle perdait de l’argent depuis plusieurs années, est bénéficiaire ; La Poste également. Quant à la SNCB, malgré le projet de restructuration et la filialisation des activités fret, elle garde le cap du recrutement de 1.800 candidats avant la fin de l’année, avec 919 embauches concrétisées à ce jour. « 50 % de nos collaborateurs partiront à la retraite entre 2015 et 2018. Les besoins sont énormes. Nos recrutements se concentrent essentiellement sur les profils de techniciens, d’électro-mécaniciens, les spécialistes IT, les ingénieurs civils et industriels », confie Mireille Protin, responsable du recrutement auprès de la SNCB. Autre grand recruteur du public : l’armée. Fin juillet, le serveur de la Défense a connu la surchauffe, assailli de candidatures – surtout francophones – au nouveau service militaire volontaire. Et d’autres formules d’engagement à l’armée séduisent en ces temps de crise. Toutes formules d’engagement confondues, l’armée a prévu d’embaucher 1.300 personnes cette année, 2.000 par an à partir de 2011. Un paradoxe apparent, puisque son effectif n’a cessé de fondre ces dernières années et doit encore être dégraissé. Il devrait tomber à 34.000 en 2012, dont 20.00 civils, contre environ 100.000 hommes il y a vingt ans. C’est l’une des conséquences du plan de réforme de l’armée, ce qui n’empêche pas la poursuite du recrutement. Objectif : inverser la pyramide des âges, répondre aux départs à la pension et à la rotation de l’effectif. Bref, l’horizon s’éclaircit et toutes les entreprises publiques belges devraient recruter durablement. « La crise socio-économique renforce l’intérêt pour un emploi dans le secteur public. Car les gens y trouvent davantage de sens et de stabilité », note Philippe Meysman. Même si ce sont les communes qui en sont les principales bénéficiaires : à elles seules, elles représentent plus de la moitié de l’augmentation des emplois publics. Un élan qui ne devrait pas diminuer leur volonté d’ouverture, note Philippe Meysman : « Les besoins des collectivités leur feront embaucher de plus en plus de collaborateurs issus du privé », assure-t-il. Rafal Naczyk
Ce mardi 28 septembre, onze experts, spécialistes du monde du travail, seront à votre disposition toute la journée pour répondre à toutes les questions que vous vous posez en matière d’emploi ou de recrutement. Par téléphone, par e-mail ou via un forum internet. Vous trouverez tous les détails pratiques dans notre édition spéciale du mardi 28. D’ici là, voici le profil de nos experts. Rendez-vous sur www.sosemploi.be Christiane Van Bedts
Fonction : Administrateur Gérant Employeur : Bureau d’outplacement CVB & Associés Secteur : Outplacement – bilan de carrière Expertise : Aide à la recherche d’emploi. Conseils en établissement de curriculum vitae, lettre de motivation, plan de campagne, préparation aux entretiens embauche…
Mardi, Florence Collard
Fonction : Manager Communities Employeur : References| Vacature Secteur : Média/
Internet Expertise : Conseils généraux sur la bonne manière de détecter les bonnes opportunités (trouver et être trouvé), de bien se préparer à un entretien d’embauche, etc.
Jean-Philippe Mulders
Fonction : Manager Employeur : Randstad Galilei Secteur : Outplacement / Career coaching Expertise : Comment gérer la situation. Aide à l’identification du projet de carrière. Conseils pratiques dans la recherche d’emploi Comment aborder le Marché du travail. Se préparer aux différentes étapes d’un recrutement
11 experts à votre service Michel Martinot
Fonction : Service Animations Employeur : ACTIRIS Secteur : Fonction publique – Office régional bruxellois de l’emploi Expertise : Accompagnement et conseils aux chercheurs d’emploi : les outils de la recherche d’emploi, l’orientation professionnelle les démarches emploi à Bruxelles
Stéphanie Wyard
Fonction : Porte-parole Employeur : FOREM Secteur : Emploi et Formation – service public Expertise : L’aide qu’un service public peut apporter aux demandeurs d’emploi et aux entreprises, l’éventail des outils que le Forem propose, la plus-value des démarches, le contenu d’un service individualisé et de proximité
William Decamp
Fonction : Executive Manager Employeur : Références Secteur : Media & Emploi Expertise : Comment recruter efficacement ? Quels sont les outils à disposition des employeurs ? Comment se différencier de la concurrence pour attirer les talents de demain ? L’importance de l’employeur Branding.
David Brilot
Fonction : Gestionnaire en ressources humaines Employeur : SPW Wallonie Secteur : Public Expertise : Le recrutement de personnel permanent via les concours organisés par le SELOR L’engagement du personnel contractuel via les sélections internes La sélection de carrière (promotion)
Fonction : Business Unit Manager CRM Employeur : Selor Secteur : Administration. Selor cherche des profils pour les services publics (administration fédérale, régions, communautés, organisations semi-publiques…) Expertise : Connaissance du recrutement et sélection dans l’administration.
Julie de Fays
Fonction : HR consultant Employeur : Groupe S Secteur : Secrétariat social Expertise : Conseils généraux en rapport avec les ressources humaines, principalement sur le recrutement de A à Z (les choses à faire, ne pas faire, les formations, etc.). Psychologue de formation, je serai également en mesure d’apporter mon aide par rapport aux questions sur le bien-être.
Jean-Pierre Landrain
Fonction : coordinnateur interpôles Employeur : Bruxelles Formation Secteur : Formation professionnelle Expertise : Informations et conseils sur les possibilités de formation professionnelle à Bruxelles
Mireille Protin
Fonction : Responsable du recrutement et de la sélection Employeur : SNCB-Holding Secteur : Transport public Expertise : Préparation aux entretiens d’embauche et aux épreuves de sélection
Employer Branding
Bien recruter, c’est aussi du marketing ING, GDF Suez, PWC, la STIB, etc. L’organigramme du service ressources humaines de ces fleurons de l’économie s’est enrichi ces dernières années d’une nouvelle fonction : directeur ou responsable marque employeur. À l’image de leur alter ego du service marketing, leur mission consiste à définir une stratégie pour attirer vers l’entreprise la crème des candidats à l’emploi. « Le recrutement est un acte de vente. Une entreprise se vend sur un marché, celui de l’emploi. Comme sur tout marché, il lui faut identifier sa cible, lui adresser le bon message, au bon moment, et le faire savoir via les médias les plus appropriés pour toucher au but », analyse Mick Daman, CEO d’Universal Communication, une agence spécialisée dans la gestion de campagnes de recrutement. Fille naturelle du marketing produit et de la communication « corporate », la marque employeur ne se contente pas de faire connaître à la cible l’étendue de l’offre métiers de l’entreprise, elle en porte haut et fort les valeurs. D’où l’intérêt de s’assurer que le discours RH est en phase avec l’ensemble des autres prises de parole. « La marque
Corinne Benharrosh
parle généralement d’une seule voix et si elle ne dit pas toujours la même chose, elle doit cependant toujours raconter la même histoire », rappelle Jan Denys, directeur Corporate Communication & Public Affairs chez Randstad. D’autant que, en utilisant tous les leviers et outils du marketing, la marque employeur s’expose aujourd’hui à de nouveaux risques. À commencer par celui de sa réputation. L’Oréal, par exemple, si glamour, choyée par les jeunes diplômés, a dû faire face en 2000 à une accusation de discrimination raciale à l’embauche sur des postes d’animatrices dans sa filiale Garnier. Le groupe a réagi illico. Déjà engagé dans une politique de diversité, il s’est offert 52 pages dans la presse française pour l’expliciter. Et il a mis les bouchées doubles pour la faire vivre, afin de redorer son blason en prélude au procès qui l’a condamné. L’essentiel était sauvé. D’autres n’ont pas cette chance.
Une dose d’émotion
Car un facteur nouveau a surgi qui déstabilise les états-majors des entreprises : la démocratie
Les entreprises doivent aussi se vendre sur le marché de l’emploi pour séduire de nouveaux collaborateurs et redonner de la fierté et de l’élan à ses salariés. Leurs services RH adoptent donc des leviers et des techniques issus du marketing.
directe issue du Web. Toute promesse non tenue est instantanément commentée (et souvent critiquée) sur le Net, via des forums sectoriels ou des groupes Facebook. « Le Net est un immense mur couvert de graffiti juste sous vos fenêtres. Et ce mur est permanent, accessible à tous et indélébile », avertit Olivier Zara, spécialiste de la réputation numérique. « Avec l’explosion des réseaux sociaux, la marque employeur a cessé d’appartenir à l’entreprise. Et la guerre des talents ne fait qu’accentuer la donne : les candidats évaluent eux-mêmes les sociétés, parfois sans les connaître. D’où l’intérêt, en interne, d’avoir des postures qui correspondent à l’histoire qu’elle raconte », estime Mick Daman. Désormais, pour être crues et pour séduire leurs salariés, les entreprises doivent tenir un discours authentique, en phase avec le vécu des équipes. Et y adjoindre des actes. D’ailleurs, la cible visée par la marque employeur, principalement les jeunes diplômés, n’est pas née de la dernière pluie. Les 20-30 ans connaissent sur le bout des doigts les ficelles du marketing et l’entreprise n’est, pour la plupart d’entre eux, qu’un bien consommable comme un
autre. Quant aux promesses de réalisation de soi, vantées par les campagnes de communication, elles n’ont, à leurs yeux, qu’une valeur relative. Résultat : pour les convaincre du bien-fondé de ces dernières, les marques employeur délaissent donc peu à peu le discours institutionnel et optent pour la preuve, via la mise en avant des collaborateurs. « La marque employeur traduit des engagements, des attitudes, une culture, un langage spécifique. Il y a des hommes et des femmes pour l’incarner. Elle doit refléter l’âme d’une entreprise », précise Jan Denys. Vidéos sur le Web, portraits affichés dans la rue, le collaborateur porte la bonne parole urbi et orbi. Le discours de l’entreprise y gagne certainement en sincérité. Et en crédibilité ? Seul le temps permet d’en juger. Car si l’employeur offre des promesses, des métiers, un style de vie et un revenu, il doit surtout montrer qu’il sait les tenir dans la durée. Rafal Naczyk
Entretien
« La neutralité n’est plus une option raisonnable »
Jan Denys
spécialiste du marché du travail et Directeur Corporate Communication and Public Affairs chez Randstad. Dans Employeurs, à vos marques (Ed. Lannoo Campus), il analyse 10 années d’attractivité des plus grands employeurs du pays.
Avec la « marque employeur », le recrutement est-il devenu un acte de vente comme les autres ? Avant que l’idée de marque d’employeur ne se répande, les spécialistes parlaient de « marketing interne ». Le marketing interne considère les salariés comme des clients et les fonctions à pourvoir comme des produits à vendre. Valoriser une image d’employeur, ce n’est donc rien d’autre qu’appliquer au travail salarié les connaissances scientifiques acquises dans la stratégie de marque des produits et des organisations. Dans le contexte des ressources humaines, il s’agit de présenter et de positionner l’expérience unique pour le salarié que constitue un emploi dans une organisation. Mais la relation entre l’employeur et le salarié ne se réduit pas à celle qui existe entre un fabricant et un consommateur. Si le consommateur entre chaque jour en contact avec une quantité de produits très différents, il ne rencontrera qu’une poignée d’employeurs « seulement » pendant sa carrière professionnelle. C’est pourquoi les employeurs doivent signifier clairement et fortement ce qu’ils représentent.
La communication sur les valeurs est devenue le lot commun de toutes les grandes sociétés. Cela suffit-il à attirer les jeunes diplômés et à retenir les meilleurs collaborateurs ? Communiquer sur les valeurs revient à communiquer sur l’identité d’une organisation. C’est l’image qu’elle souhaite avoir d’elle-même. Encore faut-il faire vivre les valeurs au sein d’une organisation. Ce qui est beaucoup plus difficile. Les candidats ne sont pas dupes, ils ont leur opinion. Ils veulent que les entreprises se sentent responsables de l’avenir qu’elles leur préparent. Elles doivent donc communiquer de façon plus prudente, moins hypocrite. Par exemple, aujourd’hui, les entreprises ne peuvent plus promettre la sécurité d’emploi à leurs collaborateurs. À l’avenir, la plus grande sécurité offerte à un salarié sera la sécurité d’emploi sur le marché du travail. Non dans une seule entreprise. L’essentiel sera pour un salarié de pouvoir évoluer en souplesse dans ce marché. Il faut donc prendre son avenir professionnel en mains. Si on refuse de le faire, on se soumet à son employeur, ce qui signifie que l’on est moins libre au fond…
Avec l’explosion des réseaux sociaux, internet a libéré la parole des salariés. Aujourd’hui, la « marque d’employeur » n’est-elle pas en train d’échapper à l’entreprise ? Les employeurs devraient anticiper davantage et faire plus d’efforts pour « être sur le radar » des salariés. Il est dans leur intérêt d’être attentifs aux ondes positives et négatives émises par les salariés. Anticiper des évolutions, faire preuve de pro activité, alors que tout va tellement vite et que nos vies (en partie professionnelle) passent par internet… L’employeur du futur ne peut se permettre de rester simple spectateur ; il devra s’engager, dialoguer avec les salariés, jeunes et moins jeunes, pour rester dans le coup. Pour maintenir le contrôle sur sa marque d’employeur, l’entreprise devra prendre position. Car les débats d’idées sur le web concernent aussi la marque d’employeur. La neutralité n’est plus une Propos recueillis par R.N. option raisonnable.
Talent
Le président de Swantegy a largement contribué à la professionnalisation du secteur de l’événementiel et de l’incentive. Pour lui, cela doit clairement faire partie de la stratégie de développement d’une entreprise. Experts en la matière, les Américains ont reconnu son talent : ils l’ont propulsé à la tête de l’industrie mondiale des meetings et congrès.
Eric Rozenberg globe-organisateur
Pas une agence de voyages
Eric Rozenberg est tombé dedans par hasard. Voici 15 ans, il fondait Ince & Tive, une petite société spécialisée dans l’organisation d’événements pour les entreprises, qui a ensuite intégré le groupe Swantegy, dont il est devenu le président. Swantegy, qu’il codirige avec son nouveau CEO Georges Yana,
Il fallait avoir une licence d’agent de voyages. « J’ai pu démarrer grâce à un coup de pouce financier de mon grand-père. Pas dans mon garage, mais dans mon salon. Tout seul. C’était souvent du bricolage, j’étais une sorte de Rémy Bricka de l’incentive. Mais c’est encore grâce à l’Aiesec que j’ai pu décrocher mes premiers clients. Mon appartenance à ce réseau dont la devise pourrait être “when you promise, you deliver”, inspirait confiance ».
Réunir les gens en face-à-face
PHOTO mireille roobaert
Ne dites pas à Eric Rozenberg qu’il est un organisateur de soirées ou qu’il dirige une agence de voyages, ça le fait rigoler parce qu’il a de l’humour, mais ça prouve surtout que vous n’avez rien compris à l’importance stratégique de son activité. Les Américains, eux, toujours en avance d’une guerre en matière de business, l’ont non seulement comprise, mais surtout plébiscitée. Depuis le 1er juillet en effet, ce quadragénaire d’origine carolo a été désigné comme président de Meeting Professionals International (MPI), la plus importante organisation professionnelle de l’industrie des congrès et réunions, qui compte plus de 23.000 membres à travers le monde, dont 85 % aux Etats-Unis. Puissance d’achat des membres : 16,9 milliards de dollars. Budget de fonctionnement : 20 millions de dollars. Excusez du peu. C’est une première : jamais la puissante MPI n’avait été présidée par un non-Américain. Le mandat dure un an. Pour Eric Rozenberg, c’est un couronnement mais il n’en tire aucune gloire. Seulement la satisfaction de voir que le métier dans lequel il s’investit corps et âme depuis 15 ans acquiert enfin une réelle reconnaissance. Surtout chez nous, en Europe : « Au cours des dernières années, la branche européenne de MPI est passée de 1.100 à 2.500 membres », illustre-t-il. C’était sous sa houlette. Très actif au sein de l’organisation, il en était devenu le directeur pour l’Europe et siégeait au conseil mondial. Ceci explique sans doute cela. Mais surtout, estime-t-il sans fausse modestie, les Américains ont trouvé en lui une personnalité susceptible de faire évoluer l’industrie des « Meetings & Events » parce qu’elle a initié en Europe des pratiques nouvelles et performantes. Dont l’impact est aujourd’hui clairement mesurable dans les résultats des entreprises : c’est même l’une des évolutions marquantes du secteur de l’événementiel. « On ne se contente plus d’organiser des événements, on en assure le suivi et on en mesure les retombées pour le client. C’est une industrie qui commence enfin à se professionnaliser.» Et à être prise réellement au sérieux.
pratique le même métier, mais avec une approche totalement intégrée. « Il s’agit d’aider nos clients à améliorer leurs performances grâce à l’utilisation de “business meetings” et de “business events”, résume Eric Rozenberg. Notre méthode consiste d’abord à comprendre et à analyser la stratégie de l’entreprise, puis à proposer des solutions, à aider la direction à les mettre en œuvre et, enfin, à en mesurer l’impact et à en assurer le suivi. Nous ne sommes ni une agence de voyages, ni une société qui se limiterait à assurer la logistique d’un événement, comme beaucoup d’agences de pub ou de communication se contentent de le faire.» Lui a toujours vu les choses autrement. Ingénieur commercial formé à Mons, titulaire d’un master en marketing Solvay, il rêve très tôt d’une carrière dans le marketing et la vente au niveau international. C’est ce qui le pousse à entrer dans l’Aiesec, cette sorte d’internationale
étudiante qui regroupe 1.700 universités de plus de 100 pays et organise des échanges et des stages pour ses membres à travers le monde. Eric Rozenberg en sera le président pour la Belgique. « Une chance inouïe. J’ai été à plus de 50 congrès pendant mes études, j’ai rencontré des gens du monde entier. Non seulement ça vous donne une expérience unique, mais cela crée aussi des liens indéfectibles.» Ce qui s’appelle bâtir un réseau sans le savoir. C’est grâce à ce réseau qu’il décroche son premier emploi, dans le marketing pour une société de bourse. Manquait la dimension internationale. Il démissionne après deux ans. Rencontre – toujours le réseau – un couple qui travaille dans l’incentive : voilà un créneau qui lui plaît. A l’époque, cela consistait surtout à organiser pour le personnel, les clients ou les forces de vente d’une entreprise un événement mobilisateur, le plus souvent à l’étranger.
Son premier gros client est un géant du café colombien pour qui il doit organiser un meeting de 3 jours à Marbella pour 50 personnes, dont 20 du top management… Les choses ont bien évolué depuis. Mais la logique est toujours la même : « Il s’agit avant tout de réunir les gens, de les mettre face à face, par opposition à la pub ou au marketing qui se contente d’une communication passive. Mais pour que l’événement fonctionne, il faut réunir trois conditions : les participants doivent être incapables d’y accoler un prix, il doit être marqué par des surprises et des contrastes et il doit constituer une expérience unique, impossible à reproduire seul ou chez soi ». Aujourd’hui, le conseil, le suivi et la mesure d’impact ont pris de l’ampleur et le voyage incentive en tant que tel ne représente plus que 20 à 30 % du chiffre d’affaires de Swantegy. Que la crise, affirme Eric Rozenberg, n’a finalement pas tellement affecté. « Il est d’autant plus important pour une entreprise en période de crise d’être capable de former, de motiver et de garder ses meilleurs éléments, de maintenir une relation forte avec ses clients, de veiller à ce que son produit reste en phase avec le marché et de continuer à se développer en allant vers l’extérieur. C’est ce que nous aidons nos clients à faire. Et c’est ce que nous avons appliqué chez nous : nous venons de recruter deux collaborateurs supplémentaires.» C’est qu’il y a du potentiel. En Europe, estime Eric Rozenberg, les événements, meetings et congrès sont encore sous-utilisés par rapport aux EtatsUnis, où cette industrie représente plus de 130 milliards de dollars. Il y a donc un beau potentiel de croissance, même si la crise oblige parfois à réduire le « côté glamour » de certains événements. N’empêche. Pour Eric Rozenberg, cela reste un plaisir. « J’adore mon métier, sourit-il. Je redoute le jour où je devrai vraiment commencer à travailler.» PHILIPPE BERKENBAUM
Business Bikers Day Networking
version cuir
Il s’agit d’un événement business comme beaucoup d’autres… sauf que les cartes de visite et les petits fours, c’est pour plus tard, après les essais motos. Le Business Bikers Day (BBD) réunit depuis trois ans des CEO, patrons de PME, cadres et professions libérales autour d’une passion commune : la moto. « Chacun a son jardin secret, et on est parfois surpris car on n’imaginait pas telle personne sur une moto. » Yves de Bohan est le Directeur général de Laurent Perrier Belgique, et un habitué de ces deux journées de networking hors des sentiers battus. D’ailleurs, pour ce qui est de sortir des sentiers, ce passionné de champagne et de deux roues à moteur s’y connaît. « Mon profil détonne un peu par rapport au profil-type des autres participants du BBD, en général de grands routiers. Moi, je suis passionné de moto tout terrain. » Quelques-uns de ses exploits, parmi d’autres : en 1988, Yves de Bohan a effectué en quatre semaines un aller-retour France/Cap Nord, soit 10.000 km. En 1994, il a réalisé un de ses rêves : Reims-Dakar à trois motos sans assistance. Il est aussi un habitué du Rallye de Tunisie et du Rallye des Pharaons. « Même dans les derniers, j’étais toujours à l’arrivée », raconte-
t-il. L’autre objectif du BBD est aussi de casser un certain nombre de clichés. À commencer par celui du motard-pas-très-fréquentable. « De plus en plus de gens s’intéressent à la moto, explique Alain Vande Kerkhove, Directeur de The ARC Group, organisateur du BBD. Selon les chiffres de la Febiac, il y a quelque 420.000 deux-roues immatriculés en Belgique. »
Il devait y avoir un vacarme du tonnerre ces jeudi 23 et vendredi 24 septembre autour de l’Holiday Inn de Gand. Mais aux alentours, se doutait-on que ce rassemblement de motards était en réalité une activité de networking un peu spéciale, réunissant patrons d’entreprises, cadres et professions libérales, hommes et femmes ? Un des objectifs du Business Bikers Day est de casser les clichés…
Un regain d’intérêt que la Secrétaire générale de la FEMA (Federation of European Motorcyclists’ Associations) explique notamment par la question de l’image de la moto. Aline Delhaye était elle aussi au BBD. « C’est bien qu’on ait plus de visibilité car la moto est une réponse intéressante à la mobilité, se réjouit-elle. Et ce type de manifestation donne d’autres perspectives à la moto. » Il est vrai que voir arriver un groupe de personnalités « respectables » casquées et habillées de cuir, cela fait son effet ! Et encore plus lorsque ces personnalités sont des femmes. C’est l’autre stéréotype. « Cette année, les femmes ont été particulièrement mises à l’honneur, explique Alain Vande Kerhove. Une quinzaine se sont inscrites sur les quatre-vingts participants, avec la présence de vraies fanatiques, qui n’ont absolument rien à envier aux hommes. » Selon l’organisateur, la moto passionne de plus en plus de femmes pour différentes raisons. Tout d’abord parce que c’est une solution aux problèmes de mobilité. Ensuite, en dix ans les motos sont devenues beaucoup plus légères et maniables. « Et puis les femmes sont de plus en plus à la recherche de sports extrêmes. » Mais le BBD est avant tout conçu comme un
événement business, avec des sessions de travail, échanges d’expériences, conférences et activités de networking. Le thème de cette année était l’innovation : Comment intégrer l’innovation au cœur de la stratégie ? Comment valoriser l’innovation dans la perspective du client ? Il semble que beaucoup de parallélismes puissent être établis entre la conduite d’une moto et celle des affaires. « Il y a trois ans, la conférence portait là-dessus et nous nous sommes rendu compte que le style de management correspond au style de conduite d’une moto. On peut par exemple établir un parallèle entre la prise de risque à moto et dans le management », affirme Alain Vande Kerkhove. Le Directeur général de Laurent Perrier Belgique en est, quant à lui, convaincu. « La moto est une leçon de vie et d’humilité, explique-t-il. On y développe le goût de l’effort pour atteindre ses objectifs et le sens de l’anticipation, très importants sur la route comme en entreprise. De même que le management et l’esprit d’équipe. Les motards sont très solidaires. Si un autre motard est en panne sur la route, on s’arrête. Et puis on développe aussi la notion du détail. Dans le désert, certains détails peuvent LILIANE FANELLO vous coûter la vie. »