Table ronde: la santé en pleine forme Le premier emploi de Dries Sel / L’opération SOS Emploi fait le plein Dominique Baudoux, retour à l’essentiel Design your career
Dominique Baudoux PHOTO mireille roobaert
Alors que Forest-National, temple bruxellois de la musique, fête ses 40 ans, Dries Sel, CEO depuis une année, travaille sa stratégie pour en faire une salle légendaire et durable. Après des études en musicologie et en gestion, ce passionné de musique s’emploie depuis vingt ans à combiner ces deux domaines dans le secteur du management culturel.
Mon premier emploi
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DR
Dries Sel, CEO de ForestNational
MON PREMIER EMPLOI Très tôt, j’ai appris le piano, le violoncelle, ainsi que le solfège et l’harmonie. À 15, 16 ans, quand je me suis rendu compte que je ne serais jamais virtuose dans ce domaine, l’idée de pouvoir utiliser cet amour de la musique sur le plan professionnel m’est apparue et je me suis lancé dans des études de musicologie à Leuven, puis à Cologne. C’est pendant ma licence à Leuven que j’ai pris contact avec la VRT pour proposer mes services : j’ai effectué deux stages d’un mois chacun, durant
les vacances, où je me suis retrouvé à programmer des heures et des heures de musique classique sur Radio 3. Lorsque j’ai dû faire mon service militaire en 87, ce contact m’a permis d’être engagé comme producteur, toujours à la VRT, tout en faisant mon service. Après cela, j’ai débuté ma vraie carrière en tant que manager d’un orchestre de chambre avec lequel j’ai parcouru plus de trente pays. MON PREMIER SALAIRE Je n’ai rien gagné lors de mes stages à la VRT, mais cela m’a ouvert des portes plus
tard. Pendant mon service, je gagnais environ 1.700, 1.800 euros par mois comme producteur. MES PREMIERS ACQUIS PROFESSIONNELS J’ai surtout appris le management culturel à la tête de cet orchestre de chambre que j’ai emmené sur tous les continents, en apprenant au fur et à mesure la manière de faire du business dans ces différentes cultures. Mes expériences à la VRT m’ont permis de me faire connaître et lorsqu’il a fallu outsourcer l’orchestre symphonique de la VRT, en 1998, j’ai
été contacté pour en reprendre la direction. MA FIN DE CARRIèRE RêVéE Forest-National, c’est un projet intégral qui ne me laisse pas une seconde pour penser à ma fin de carrière. Je réfléchis surtout au développement de cette salle qui a accueilli les plus grands et dont nous essayons de construire l’avenir avec les autorités communales et la Région. Plus tard, j’essaierai de rendre à la société tout ce qu’elle m’a apporté.
MES CONSEILS AUX PLUS JEUNES Etudier, bosser ailleurs est un choix possible aujourd’hui. Mes meilleures idées, je les ai eues « out of the box », à l’étranger, au contact d’autres cultures. On vit aussi dans un monde complexe : par son travail, il faut amener de la valeur ajoutée, et pour cela il faut travailler en mouillant son maillot, en étant ouvert aux autres. Ma devise : « Respect comes back to you ».
Propos recueillis par Nathalie Cobbaut
J’ai changé ma vie
Christiane Léonard
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On dit que la flamme des gens qui inventent et qui créent trouve souvent sa source dans l’enfance. Lorsque par exemple l’ingénieur en herbe démontait ses jouets – dans le meilleur des cas – pour en comprendre le fonctionnement. Mais cela donne quoi quand on est une fille et que, comme Christiane Léonard, c’est aux cosmétiques que l’on voue une passion intense et précoce ?
Carte blanche Ce qui nous distingue de
nos concurrents Quintiles, présent dans plus de 50 pays, est reconnu comme le leader mondial en matière d’aide au secteur pharmaceutique, depuis la recherche clinique jusqu’à la gestion des produits arrivés à maturité. Une collaboration qui concerne pas moins de 550 produits et 150 indications thérapeutiques. Notre objectif est que les patients bénéficient le plus rapidement possible des nouveautés et améliorations en matière de médicaments, grâce à la qualité de nos services d’outsourcing. De par la fusion en un brand unique, la large gamme de nos solutions s’affichera sous le nom de Quintiles. La fusion de tous nos secteurs d’activité nous permet d’offrir des services totalement intégrés et ce tout au long du cycle de vie des produits. L’intégration des différentes solutions de la nouvelle organisation Quintiles permet ainsi d’accéder aux compétences de nos employés et experts internationaux, et garantit l’aide et la rigueur nécessaires,
depuis les phases cliniques préalables au lancement jusqu’à la phase de maturité des différents produits. Ce que nous apportons à nos collaborateurs Quintiles est actif depuis plus de 15 ans en Belgique. Nous y sommes leader sur le marché de l’outsourcing tant de délégués médicaux, pharmaceutiques et hospitaliers que de personnel infirmier. Notre approche flexible a une influence des plus positives sur la carrière de nos collaborateurs puisqu’elle leur permet d’avoir rapidement une vue d’ensemble des divers domaines thérapeutiques et de se constituer une belle expérience au contact des firmes pharmaceutiques les plus réputées. Vous avez l’ambition de faire toute la différence ? Chez Quintiles, c’est possible ! Pour renforcer notre équipe et soutenir notre succès, nous sommes continuellement à la recherche de collaborateurs talentueux. www.quintilesbelgium.be/careers
La crème des crèmes
Pas une passion du genre « je porte le dernier parfum à la mode». Pour Christiane Léonard, cela signifiait passer ses temps libres à acheter et tester absolument tous les produits qui sortaient, du genre « du moins cher à la crème à six cents euros… » A ce stade, c’en était pratiquement devenu une addiction. Ou en tout cas une obsession, une obstination. Sans aucun doute deux traits qui caractérisent ceux qui vont jusqu’au bout de leur rêve, malgré les détours que la vie leur impose… Christine Léonard est née à Etterbeek et a été élevée en trois langues : français, néerlandais et anglais. Un très bon atout pour réussir des études de secrétariat à Bruxelles, malgré son rêve de devenir esthéticienne. Puis ont suivi trente et un ans d’une ligne ascendante dans le monde de l’entreprise. Cette belle carrière a démarré dès l’âge de dix-neuf ans. D’abord comme réceptionniste-téléphoniste puis, au fil du temps, Christiane Léonard est devenue directrice administrative. Elle a occupé ce poste aux multiples responsabilités dans deux sociétés : quatre ans au Conseil des barreaux européens, puis douze ans dans une société du secteur de la Défense. « Je n’ai pas travaillé dans beaucoup d’emplois différents au cours de ma carrière, explique-t-elle, mais j’y suis restée longtemps. J’aimais bien cette fonction où j’étais un peu privilégiée, étant
Référencé par
l’une des personnes les plus importantes après le directeur. » En juin 2009, presque un mois avant de souffler ses cinquante bougies, Christiane Léonard a reçu la nouvelle sans se réjouir : le bureau allait fermer. D’accord, le préavis allait être très confortable vu ses années de bons et loyaux services, mais un deuil est un deuil, avec ses hauts et ses bas. Ceci dit, trois mois plus tard et sans emploi, elle s’est dit que son « super préavis » était l’occasion ou jamais de créer son propre emploi. Après avoir suivi des formations à l’Affa (NDLR : Affaires de Femmes, Femmes d’Affaires) pour examiner la faisabilité de son projet, Christiane Léonard a décidé de se consacrer à son site de vente en ligne de cosmétiques bio de haute qualité, lancé à titre complémentaire quelques mois plus tôt. « Ce site n’avait pas été facile, racontet-elle, car je ne fais pas partie de ce milieu très fermé. Très bizarrement, la plupart des marques belges m’ont fermé les portes. J’étais un peu la “petite” Christiane qui les dérange en appelant pour obtenir des fiches techniques. J’ai surtout convaincu par ma personnalité. Au final, je suis restée avec des fournisseurs hyperpassionnés, qui ont envie de partager et mettent beaucoup de conviction dans leurs produits. » Et pourquoi le bio ? C’est une étape qui a bousculé toutes ses convictions : en 2005, Christiane Léonard est tombée sur un
livre intitulé La vérité sur les cosmétiques. « Après la lecture, j’ai vérifié tous mes pots, dont mon dernier achat qui était une marque haut de gamme… Je pense que tous les paquets auraient pu porter la mention “le cosmétique tue” ! Je me suis alors intéressée à la composition des produits, puis aux plantes et à leurs propriétés. J’ai eu le déclic et j’ai commencé à comprendre pourquoi, enfant, ma grandmère me tartinait d’huile d’amande douce et me mettait du jaune d’œuf et de l’huile d’olive dans les cheveux. Après un travail minutieux de recherches, d’analyses et de tests, j’ai sélectionné huit marques qui représentent vraiment ce que je veux offrir aux gens. » Aujourd’hui, Christiane Léonard est passée à la deuxième étape du projet, la plus difficile. « La majorité de mes clients sont français, néerlandais, allemands… Mon défi est de convaincre les femmes belges de consommer du cosmétique bio et de changer leurs croyances. Alors je prends mon bâton de pèlerin et j’ai commencé la vente à domicile. Je pense que c’est la meilleure façon d’expliquer vraiment la différence avec les cosmétiques classiques. » Et puis surtout, ces ventes en direct lui permettent de récolter des informations pour son activité. « Je ne suis qu’au début et je sais que mon projet va LILIANE FANELLO encore évoluer. »
www.cosmaphrodite.com
Serge Dehaes
Talent
Dominique Baudoux Retour à l’essentiel
Un jeune pharmacien de village comprend, avant tout le monde, le pouvoir des huiles essentielles. Il fonde la société Pranarôm, à Ghislenghien, qui deviendra la référence mondiale de l’aromathérapie. Un très beau conte d’apothicaire.
Une odeur de plantes s’échappe des bâtiments de Pranarôm, dans le zoning industriel de Ghislenghien, en Hainaut. Dans son grand bureau de bois, où tout est ordre et clarté, Dominique Baudoux savoure le calme des lieux. Un diffuseur à ultrasons envoie dans l’air des particules d’essences de bergamote et d’orange amère, pour une ambiance relax. Manifestement, ça marche. Une journaliste arrive avec plus d’une heure de retard au rendez-vous ? Il lui répond tranquillement : « Il n’y a pas de stress. J’ai tout mon temps.» Difficile de croire que cet homme, serein et concentré, court le monde en tous sens pour transmettre son savoir, qu’il est courtisé par les plus grands – Danone, Estée Lauder ou Tupperware – et que l’expertise de sa société est réputée jusqu’en Chine. Comment en est-il arrivé là ? Dominique Baudoux, 53 ans, marié et père de quatre enfants, ne peut parler de sa vie sans évoquer sa famille… Il aimait les voyages et la photographie. Le jour où son père lui demanda à quoi il se destinait dans la vie, le jeune Dominique Baudoux répondit logiquement « reporter-photographe ». Mauvaise réponse. « C’était exactement ce qu’il ne fallait pas dire.» Un autre destin attendait en effet ce fils de pharmaciens et petit-fils de pharmacien qui n’aime pas décevoir : « Il fallait quelqu’un pour reprendre l’officine familiale. J’ai donc fait pharmacie. Et j’ai épousé une pharmacienne… » À la fin de ses études, il n’arrive pourtant pas à s’imaginer derrière un comptoir blanc. Il se fait engager comme délégué médical par un gros laboratoire pharmaceutique. « J’ai fait ça pendant deux ans et demi, et puis je me suis encouru. C’était néanmoins une belle expérience, pour un pharmacien, de voir les moyens utilisés par l’industrie pharmaceutique dans leur approche du médecin et du médicament. » À ce moment, à Marche-lez-Ecaussinnes, l’officine du grand-père cherche repreneur. Dominique Baudoux endosse le tablier et investit ce lieu plein de souvenirs, où il s’amusait, enfant, à remplir des petits sachets de plantes qu’il mettait sur la balance. « Je marchais dans les pas de la tradition familiale. Mais c’est certainement en étant là, dans cette pharmacie, que j’ai compris que le patient, déjà à cette époque, était en demande d’alternatives aux médicaments. Il voulait quelque chose qui marche tout aussi bien mais sans les effets secondaires. »
connaître chaque employé par son prénom mais aussi de mettre le bien-être des travailleurs au centre de la productivité de son entreprise. « Je suis très branché là-dessus. » Il y a quelques années, Dominique Baudoux a même engagé une ouvrière, dont l’unique fonction est de repasser le linge – privé – des travailleurs. Un service très apprécié du personnel, majoritairement féminin. « Quand cette ouvrière est malade une semaine, c’est la catastrophe ! »
Cosmétique intelligente
En 1986, Dominique Baudoux assiste, presque par hasard, à une conférence sur l’aromathérapie. Il sait à peine de quoi il s’agit. « Pendant cette soirée, une petite diode luminescente s’active dans un coin de mon cerveau. Et je me dis : c’est ça que je veux faire. » A l’époque, chez les médecins et les scientifiques, on considère les plantes comme de gentils remèdes de mémés ou des lubies d’écolos de la première heure. « La phytothérapie, à ce moment-là, c’est Rika Zaraï. » Mais dans son officine de village où il commence à proposer des préparations aux huiles essentielles, Dominique Baudoux constate bien l’intérêt de cette médecine innovante. « J’ai un retour des patients qui me disent : votre truc, c’est miraculeux. Alors qu’avec l’homéopathie, il faut parfois se battre pour faire comprendre le principe aux gens, quand on leur parle d’huiles essentielles, ils n’ont aucune difficulté à comprendre. L’huile essentielle, c’est la quintessence du végétal. » Pour obtenir une goutte d’huile essentielle, il faut environ dix kilos de plante aromatique. Leur complexité moléculaire phénoménale et leur concentration inouïe font de ces huiles des produits d’officine puissants, et pleins de promesse. « C’était il y a vingt ans. J’en avais marre de la pharmacie, j’ai eu cette vision que les huiles essentielles étaient les médicaments de demain. » En bon fils, Dominique Baudoux consulte quand même le pater familias. « C’était mon grand oral. Je lui ai annoncé que j’allais créer une entreprise pour faire des huiles essentielles pour la pharmacie. J’avais préparé une sorte de business-plan car je m’attendais à une grosse résistance de sa part. Et contre toute attente, il m’a dit : “écoute, je n’ai rien à redire, vas-y !”» L’entreprise Pranarôm, fondée en 1991, compte aujourd’hui 150 employés, dont 70
Photo mireille roobaert
De gentils remèdes de grand-mère
(1) Dominique Baudoux, Pour une cosmétique intelligente. Huiles essentielles et végétales, éditions Amyris, 2010. www.college-aromatherapie.com et www.pranarom.com
en Belgique, une quarantaine dans les filiales française et espagnole, le reste à Madagascar. Les plantes sont distillées directement dans les pays producteurs mais la fabrication des produits, les mélanges, l’emballage et le conditionnement sont réalisés sur le site de Ghislenghien. « Et je suis presque fier de pouvoir dire aujourd’hui que cette entreprise belge est le leader mondial dans ce marché de niche de l’aromathérapie scientifique ajoute son fondateur, presque modeste. Nous avons une croissance de 30 % par an, sans faire de prospection à l’extérieur. » À Ghislenghien, le Collège international d’aromathérapie Dominique Baudoux forme également des professionnels de la santé et organise des modules ouverts à tous,
pour une automédication sans risque. Depuis dix ans, les chiffres de l’entreprise s’emballent. Le démarrage n’a pourtant pas été évident : « En 1991, j’arrive trop tôt. J’anticipe… Les gens ne sont pas encore prêts à entendre parler d’aromathérapie, à part quelques fanas qui mangent déjà bio… » Pendant un décennie, Dominique Baudoux cherche avant tout à intégrer le savoir existant sur les huiles essentielles : « On se cherche, on tâtonne, mais on acquiert une expertise, aujourd’hui internationalement reconnue. » Il engage son frère, la femme de son cousin, sa sœur, des amis de la famille… Aujourd’hui, l’entreprise s’est nécessairement ouverte vers l’extérieur, mais l’esprit de famille demeure. Le patron peut se vanter de
Bien qu’elle soit de plus en plus courtisée par l’industrie alimentaire ou cosmétique, Pranarôm concentre l’essentiel de ses activités sur les produits de la marque : huiles essentielles pures, mélanges en gélules (immunité, tourista, sommeil, anxiété…), soins pour la grossesse, les enfants… On les trouve dans les magasins bio ou d’alimentation naturelle, ainsi que dans certaines pharmacies. Pour sa toute nouvelle gamme de produits dermocosmétiques, Pranarôm a néanmoins investi massivement les magasins Inno. « C’est un grand pas dans la visibilité. Jusqu’ici, nous avions une diffusion très confidentielle mais on voulait qu’un maximum de consommateurs lambda puissent découvrir Pranarôm, entre Nuxe et Dior, et se dire : tiens, une marque belge, 100 % bio, à base d’huiles essentielles. » Et ajoutons : dont l’approche est résolument innovante. Au lieu de considérer un problème de peau (psoriasis, eczéma, cernes, rides…) comme étant un problème local, cutané ou superficiel, l’aromathérapie travaille sur les problèmes nerveux, affectifs ou hormonaux, dont la peau n’est que le miroir. Le dernier ouvrage de Dominique Baudoux traite précisément de cette nouvelle « cosmétique intelligente » (1). Dans un tout autre rayon, Dominique Baudoux sort de son tiroir sa dernière création, réalisée en exclusivité pour Tupperware : « Voici un petit spray d’huile essentielle d’orange, 100 % bio, que vous pulvérisez sur votre fondant au chocolat qui sort du four.» Le gourmet se réveille. Il évoque les saveurs merveilleuses apportées par les huiles essentielles culinaires : un coup de spray à la menthe sur un taboulé, des concentrés d’estragon ou de mélanges provençaux sur le poulet… Un peu cuisinier ? « Un pharmacien, c’est un cuisinier ! », déclaret-il, avant d’admettre que sa femme se débrouille tellement bien qu’en pratique, il ne touche jamais une casserole. Mais il aime élaborer des recettes. Comme ces chocolats noirs gingembrecitron, qui trônent sur son bureau. « Quand on aime les huiles essentielles, automatiquement, on recherche le raffinement. On aime ce qui est beau, propre, de qualité. » Il y a quelques années, Dominique Baudoux a engagé un directeur général pour « tout ce qu’il n’aime pas faire », la gestion, l’opérationnel, les ressources humaines. De quoi pouvoir se concentrer sur ses activités d’écriture, d’enseignement, de formulation et de développement de produits, ainsi que sur la stratégie long terme de l’entreprise. Parmi ses grands projets du moment, la filiale de Madagascar : « L’intérêt, pour nous, c’est déjà de sécuriser l’approvisionnement d’huiles essentielles que nous considérons comme stratégiques.» À savoir, pour le moment, le ravintsara et la mandravasarotra, dont les premières récoltes auront lieu début 2011. « Nous avons acheté 50 hectares de terre dans ce pays, qui connaît aujourd’hui une déforestation massive. Nous replantons sur ce qui serait devenu un désert dans le futur. On veut être exemplaires sur ce genre de projets et créer une économie durable, écologique, sociale, équitable. » Pour ses 35 employés malgaches et leur famille, Dominique Baudoux nourrit encore un rêve ambitieux : « Je voudrais ouvrir, dans la plantation, un dispensaire, où l’on utilisera un maximum d’huiles essentielles, mais aussi une école. » S’il y a un regret dans ce parcours couronné de succès, c’est celui de parcourir sans cesse le monde sans avoir le temps de voyager. Un jour, peut-être, il retrouvera son sac à dos et son appareil photo. « Plus tard. Il y a des choix dans la vie. Et j’ai la chance de vivre une vraie passion. »
Céline Gautier
Table ronde Healthcare Mutuelles, administration sociale, organismes assureurs, hôpitaux, laboratoires pharmaceutiques... Le secteur des « soins de santé » est amené à devenir le principal moteur de l’économie. Il regroupe des métiers en pleine mutation. Mais peine à trouver les bons candidats.
Une pénurie favorable aux jeunes
Pour beaucoup d’hôpitaux, le salut vient de Roumanie, du Portugal, du Liban, de Tunisie. Médecins, chirurgiens dentaires, aides soignantes y sont recrutés, par le jeu des accords de l’Union européenne, pour pallier le manque d’effectifs. La
pleine forme défis
Photos dominique rodenbach
Les infirmières ? En sous-effectif. Les médecins ? En surmenage. Les cadres hospitaliers ? Les informaticiens ? Les candidats bilingues ? Difficiles à recruter. Tel est le constat alarmant lancé par 4 spécialistes du recrutement, issus du secteur des soins de santé, réunis autour de la table ronde de Références. Alarmant car malgré les chiffres du chômage, l’attractivité d’un secteur à « haute valeur et responsabilité sociale », rares sont les candidats qui optent pour une carrière dans les soins de santé. Alarmant aussi parce qu’en l’absence de changements institutionnels et politiques, les tendances démographiques devraient considérablement modifier nos sociétés, affectant la solidarité intergénérationnelle et imposant de nouvelles exigences aux générations futures. Ces tendances auront une incidence significative sur la croissance potentielle et amèneront à accroître considérablement les dépenses publiques, non seulement en termes de pensions, d’infrastructure, de logement et d’éducation, mais surtout en termes de dépenses de soins de santé. Or, les besoins de professionnels de la santé n’ont jamais été aussi criants. « La pénurie d’infirmières est systémique. Quant aux forces médicales, elles se réduisent comme peau de chagrin », insiste Nicolas Bodson, directeur général du CHU Brugmann. Et de souligner qu’ « auparavant, la majorité des médecins étaient employés sur base de 44h/ semaine mais à l’heure actuelle, alors que 70 % des médecins sont des femmes, beaucoup demandent à ne plus travailler que 4 jours par semaine. Dont une ou plusieurs journées complètes le week-end. Le numerus clausus devient intenable à plus d’un titre ! Je sais qu’il n’y a pas unanimité là-dessus, et que des critiques subsistent, surtout en Flandre. Il faudra toujours une régulation médicale, entre disciplines, et des “quotas protecteurs” dans certaines spécialités où des pénuries menacent, pédiatres hospitaliers, urgentistes, psychiatres... et généralistes. Mais s’il n’y a pas de réforme en profondeur et si l’Etat ne parvient pas à stimuler les vocations, cela risque d’entraîner un appauvrissement considérable de la filière scientifique. Et c’est toute la qualité des soins de santé qui sera mise en péril.»
La santé est en
Belgique constitue, bien souvent, un Eldorado pour ces docteurs qui gagnent 500 euros par mois dans leur pays d’origine. Si, en 2005, le plombier polonais de la directive Bolkenstein avait suscité la crainte des Occidentaux, le médecin roumain semble, lui, rassurer la population. « À l’heure actuelle, on recrute des centaines de médecins à l’étranger. C’est une ineptie, s’indigne Nicolas Bodson. La maîtrise de la langue peut aussi, dans certains cas, poser problème, mais nous veillons à ce que les candidats connaissent au moins une des langues nationales. Il y a des subtilités pour certaines choses. Ce n’est pas toujours évident ». Autre crainte, éthique celle-là: la présence et le travail de cabinets de recrutement qui réalisent un vrai commerce sur le dos de ces médecins. Le directeur du CHU Brugmann conclut qu’au chapitre de la collaboration infirmièremédecin, des pas importants avaient été franchis, mais qu’il y avait encore place à l’amélioration ainsi qu’à la flexibilité à l’intérieur des professions de la santé. « Pour améliorer l’accessibilité et la qualité des soins de santé offerts à la population, il faut accroître le soutien à la formation et au développement de la profession d’infirmière spécialisée de même qu’à son intégration dans le milieu clinique.» Nicolas Bodson reconnaît aussi, pour les hôpitaux, un besoin des métiers du management, une recherche d’experts en informatique et de bons chefs de projets. « Face aux
sociétaux, le monde hospitalier est en évolution constante. C’est un environnement radicalement porteur de sens, dans lequel il y a matière à s’épanouir. La porte est ouverte aux candidats issus d’autres horizons.»
Les écoles ne préparent pas au marché du travail
Revenant sur la formation des jeunes diplômés et leur entrée sur le marché de l’emploi, les quatre observateurs constatent, en annonces comme en chasses, des réponses intéressantes et des candidats bien formés. « Mais plus que la technique, ce que recherchent les organisations, c’est une personnalité, un comportement dynamique et une vraie capacité à apprendre », affirme Karina Urbina de Securex, qui note un décalage entre les attentes des entreprises et la formation des candidats. « Les écoles et les universités ne préparent pas assez les candidats au marché du travail. 95 % des étudiants ne connaissent pas les réalités du travail, ses structures, le fonctionnement de la hiérarchie. Les écoles ont le devoir de préparer les étudiants à des compétences allant au-delà du diplôme.» Karina Urbina insiste sur l’attention portée dans ce cas par les entreprises à la personnalité, l’envie du candidat. « Lorsqu’une société relance des recrutements, confie-t-elle, elle donnera toujours sa préférences aux bonnes attitudes et aux compétences sociales
du candidat, plutôt qu’au diplôme.» D’accord avec la notion de décalage évoquée par sa consœur, Philippe Van Werveke des Mutualités Socialistes rebondit sur la difficulté entre la capacité à mettre en œuvre une formation et l’attente des entreprises. « Les écoles ne forment pas aux métiers mutualistes, qui s’orientent davantage vers le conseil que les formalités administratives. C’est pourquoi nous attachons une importance capitale aux évolutions et aux formations en interne. C’est pour nous un véritable défi, car d’ici 10 ans, 25 % de nos effectifs vont quitter l’organisation.» Revenant aussi sur la difficulté à attirer certains profils - comme les informaticiens -, il précise que le changement de comportement suppose un véritable travail sur l’image du secteur. « Les mutualités ont entamé une mue majeure, concède Philippe Van Werveke. Bon nombre de services passent aujourd’hui par les flux électroniques. Les défis informatiques sont gigantesques : on se dirige, entre autres, vers une numérisation des attestations de soins.» Le rôle du guichetier n’est plus de rembourser, mais de guider et de conseiller l’affilié dans un domaine qui devient de plus en plus complexe. Précisant la notion de “tension”, Benoit Duvivier, responsable du secteur Healthcare auprès du cabinet Hudson, souligne le décalage entre les entreprises issues de l’industrie qui diffèrent fréquemment leurs embauches pour les lancer ensuite dans l’urgence, et les candidats, notamment à forte valeur ajoutée et très opérationnels, qui eux se trouvent dans une tout autre logique : « Les candidats font désormais moins de sentiments, déclare-t-il. Ils sont devenus très sélectifs, attentistes. Ils freinent car ils “veulent voir”, ils ont plusieurs pistes et souhaitent comparer avant de verrouiller leur choix ». Benoît Duvivier décèle, en amont, une véritable évolution et note un paradoxe : « Le rôle des DRH est devenu capital. Ils ne peuvent plus minimiser les attentes de leurs salariés en matière de contenu du poste, d’ambiance au travail et de perspectives d’évolution à court et long terme, explique-t-il. Les salariés sont plus lucides qu’on ne le pense sur l’utilité des formations et la nécessité d’améliorer leurs compétences, abonde le consultant. Les compétences liées à l’expérience doivent être plus valorisées. La qualité du démarrage et du premier emploi est donc essentielle. » D’où l’importance de donner leur chance aux jeunes diplômés qui débutent. Rafal Naczykw
Benoit Duvivier
Nicolas Bodson
Philippe Van Werveke
« Le marché veut des super candidats »
« Le rôle des RH est fondamental»
« Soigner une population très diversifiée»
« La solidarité chevillée au corps»
Ce qu’ils en disent
Karina Urbina
Regional Manager Brussels chez Securex
« Avec la crise, le marché a beaucoup changé. Il y a beaucoup plus de candidats qu’auparavant. Mais de simples compétences techniques ne suffisent plus. Le marché du travail demande des “supercandidats”, avec des diplômes, de bonnes connaissances linguistiques, des compétences sociales et en communication, d’excellentes attitudes. Securex, spécialiste de l’administration sociale et des ressources humaines, offre des solutions innovantes et fiables visant à optimaliser la gestion du capital humain. En ce moment, nous avons plus ou moins 45 postes vacants. Avant tout des fonctions commerciales, administratives, des experts de la paie et des conseillers pour les indépendants et les particuliers. Nous œuvrons en faveur de l’épanouissement et du bien-être de nos collaborateurs. Mais l’engagement et le dynamisme sont indispensables. Si le développement des compétences est primordial chez Securex, nous souhaitons nous entourer de collaborateurs capables d’aller au-delà des exigences de leurs fonctions. Des personnalités créatives, qui peuvent apporter de nouvelles visions au fonctionnement de nos structures. Et rendre leurs métiers encore plus intéressants.»
Associate Director auprès du cabinet Hudson
« Notre équipe de consultants spécialisés dans le secteur médical et pharmaceutique recrute quotidiennement des généralistes et des managers en ventes et marketing, ainsi que des experts dans des disciplines allant des essais cliniques à la pharmacovigilance en passant par les affaires réglementaires. Nous assistons des sociétés pharmaceutiques, des entreprises spécialisées en medical devices et des hôpitaux. Selon nos observations, le rôle des ressources humaines est devenu fondamental dans le secteur. Non seulement pour le recrutement, mais aussi pour le développement des compétences des employés. En ce moment, on assiste à une abondance de candidats sur le marché. Toutes fonctions confondues, ceux qui intéressent davantage les employeurs, ont avant tout des capacités à négocier, des aptitudes au project management et une bonne communication interpersonnelle. Enfin, la manière dont les hôpitaux évoluent (avec des besoins managériaux forts, des services informatiques à la pointe) devient extrêmement intéressante pour les profils qui n’ont pas forcément de background hospitalier, mais qui ont, par exemple, eu une expérience dans l’industrie.»
Directeur général du CHUBrugmann
« Le CHU Brugmann se veut un hôpital de proximité, de spécialisations et de référence pour répondre de manière optimale aux besoins des populations desservies, grâce au développement d’activités réparties en cinq axes (axe médicochirurgical, axe gériatrique, axe mère-enfant, axe psychiatrique, axe réadaptation) qui se déploient en ambulatoire et en hospitalisation. Nous sommes un hôpital universitaire : on y fait de la recherche et de l’enseignement. Nous assurons la formation des futurs médecins. Nous avons aussi une école d’infirmières sur notre campus. C’est un hôpital qui emploie 3.000 personnes, dont 2.300 équivalents temps plein. Ces 6 dernières années, nous avons connu une croissance importante, avec un chiffre d’affaires de 2,3 millions d’euros. La difficulté dans des hôpitaux publics et bilingues comme le nôtre, est de soigner une population très diversifiée. Chaque jour, environ 710 patients passent la nuit à l’hôpital.»
DRH de l’Union Nationale des Mutualités Socialistes (U.N.M.S.)
« L’Union nationale des mutualités socialistes (U.N.M.S.) coordonne le travail de 13 Mutualités qui gèrent elles-mêmes un réseau important de points de service et agences régionales. Grâce à ce réseau étendu qui emploie 4.700 collaborateurs, nous entretenons une relation de proximité avec près de 3 millions d’affiliés. L’U.N.M.S. a la solidarité chevillée au corps. Bien plus qu’un slogan commercial ou une idée abstraite, elle est au cœur de notre engagement. Nos métiers évoluent avec les besoins de l’époque. Et comme beaucoup d’organisations, nous avons informatisé d’importants services. Même pour un guichetier, il ne s’agit plus d’encoder et de rembourser les prestations médicales, mais d’informer et de conseiller nos affiliés. Pour entretenir une collaboration efficiente avec les Mutualités, de leur offrir la meilleure assistance au travers d’outils performants et adéquats, de faire profiter chacun de l’expérience de tous et de réfléchir ensemble aux défis de demain, nous recherchons régulièrement des analystes-programmeurs, des gestionnaires réseaux, des analystes business, des employés administratifs, des supports administratifs, ainsi que des médecinsconseils.»
Coup de pouce
Près de 200 appels, 700 questions d’internautes, 300 offres déposées par les employeurs, un cahier Références spécial de 24 pages, encarté dans Le Soir : l’opération « SOS Emploi » menée en partenariat avec BelRTL, ce mardi 28 septembre, a dépassé les attentes.
a fait le plein
PHOTOs dominique duchesnes
« Par rapport à la première édition au printemps dernier, le nombre d’offres reçues a triplé », se réjouit William Decamp, directeur de Références. « C’est un signe de reprise du marché. » Pour répondre aux candidats, un panel d’une dizaine d’experts avait été mobilisé, en provenance du secteur public (Actiris, Bruxelles Formation, Forem, Selor, Service Public Wallonie) ou du privé (Randstad Galilei, CVB & Associates, Groupe S et Références), accompagnés d’un (gros) recruteur comme la SNCB. Que demandaient ces candidats ? Plutôt des questions précises via le chat, plutôt une recherche de soutien via le téléphone. « Les gens que nous avons eu en ligne avaient évidemment très envie de (re)trouver du travail mais ne savaient manifestement pas toujours comment s’y prendre », commente Mireille Protin, responsable du recrutement et de la sélection pour le Groupe SNCB qui constate que beaucoup ignorent à quel point rechercher un emploi est un emploi à plein temps, voire un parcours du combattant. « Certaines personnes sont perdues, nous demandent à qui elles doivent s’adresser, comment elles doivent rédiger un CV… ce qui est assez basique », poursuit Corinne Benharrosh, du bureau de sélection de l’administration (Selor). « En tant que recruteurs ou services d’aides à l’emploi, nous devons nous efforcer d’encore mieux communiquer... » Mais la bonne manière de procéder - multiplier les canaux, rappeler à la suite de l’envoi d’une lettre, d’un mail, ou après un premier entretien, etc. - n’est pas tout. Bien en
phase avec la réalité du marché, l’opération a aussi confirmé l’existence d’un fossé assez large entre les attentes - les « exigences » - des employeurs et les profils présentés par certains candidats. En clair : les « SOS » étaient surtout lancés par des personnes pénalisées soit par leur âge, soit par la faiblesse de leur diplôme. « Il est vrai que la tendance, dans les entreprises, est de se focaliser sur la recherche de compétences et de personnalités et que cela permet parfois à certains de décrocher un emploi malgré un parcours scolaire chahuté », analyse Mireille Protin (SNCB). « Mais il ne faut surtout pas en déduire que le diplôme n’a pas d’importance : c’est la porte d’entrée indispensable, qui permet ensuite de mettre en exergue ses autres qualités ! Affirmer le contraire serait faire passer un très mauvais message alors qu’on sait que la majorité des demandeurs d’emploi sont peu ou pas diplômés. » D’où l’importance des apports de partenaires tels que le Forem, Actiris ou Bruxelles-Formation dont les représentants furent inondés de demandes quant aux conseillers susceptibles d’aider les candidats à identifier leurs points faibles et quant aux conditions à remplir pour bénéficier de formations susceptibles d’y remédier. « Dans le seul Hainaut, j’ai une liste d’attente de plusieurs centaines de candidats peu formés pour obtenir un job dans la maintenance des voies », souligne Mireille Protin. « Il en faut certes, mais nous avons surtout besoin d’ingénieurs et de techniciens. Ce sont de tels profils, qualifiés, qui sont BENOÎT JULY recherchés. »
« Allô ? Nous avons trouvé des recruteurs intéressés ! » Il est 14 heures, ce mardi, dans la « RTL House » à Bruxelles. C’est ici, au siège de BelRTL, partenaire de « SOS Emploi », que se situe le centre nerveux de l’opération. Nos experts sont pleinement mobilisés pour répondre aux questions qui leur parviennent par le biais du téléphone ou des chats. Certains étudient, en plus, les fiches qui leur sont fournies : ils jouent le rôle de « matchers », de relais entre l’offre et la demande, afin de mettre en contact des candidats avec des recruteurs potentiellement intéressés par leur profil. « Nous faisons en temps réel le screening des offres déposées dans le cadre de l’opération ou qui figurent dans les bases de données de Références, d’Actiris et du Forem », précise Gregory Hulstaert, marketing manager de Références. « Nous objectif est d’être directement efficaces : nous
nous focalisons donc sur les profils pour lesquels le matching est évident tant au niveau de la fonction recherchée que de la région où elle sera exercée. » Ceci étant vérifié, un filtre est posé avant de mettre le candidat en contact avec l’employeur potentiel, sous la forme d’une conversation préalable avec JeanPhilippe Mulders, manager « career services & outplacement » chez Galilei (Randstad). « J’ai eu ce matin en ligne un jeune commercial qui attendait l’emploi idéal depuis un an. Je l’ai un peu remué », avoue-t-il. « Je ne sentais pas chez lui l’énergie, la motivation que l’on attend certes de tout candidat mais aussi et surtout d’un commercial. Je l’ai donc prévenu avant de lui donner les coordonnées des entreprises : vous devez impérativement mieux montrer votre envie d’obtenir le job ! Beaucoup de
choses passent déjà par la voix… » Nouvelle fiche, nouvel appel : « Bonjour, je vous appelle dans le cadre de l’opération SOS Emploi. Nous avons trouvé deux offres pour vous dans le Hainaut », expose Jean-Philippe Mulders qui invite l’interlocuteur, que nous appellerons fictivement René, à lui exposer sa situation. « On me dit partout que je ne rentre pas dans les conditions pour bénéficier des aides », expose René, manifestement découragé. « J’ai envoyé au moins 25 demandes, je suis soit trop vieux, soit trop qualifié… » Notre « matcher », qui en tant que spécialiste de l’outplacement parle d’expérience, remet d’emblée l’église au milieu du village. « Vous savez, 25 demandes, c’est beaucoup trop peu ! Il faut parfois plusieurs centaines de démarches avant de trouver… mais on finit par trouver. Tous les employeurs
n’attendent pas, du reste, de recevoir des aides pour recruter : vous devez croire en votre valeur ajoutée. Avez-vous discuté avec un consultant pour mieux faire valoir vos compétences ? Avezvous pensé à activer vos amis, vos relations, vos anciens clients ? Faites-leur savoir que vous êtes disponible. Avez-vous visité des agences d’intérim, qui sont de puissants vecteurs de recrutement ? En attendant, voici deux entreprises qui pourraient être intéressées : appelez-les, vendez-vous et, surtout, croyez en votre potentiel ! » Manifestement trop isolé dans sa démarche, René reprend confiance. Sa voix se raffermit. C’est certain : il va appeler les recruteurs dont les noms lui ont été communiqués. L’affaire n’est évidemment pas gagnée. Mais il a indubitablement mis plus de B. J. chances de son côté…
Entretien
« Créer un rendez-vous récurrent pour dynamiser le marché »
William Decamp, directeur de Références,
dresse un premier bilan de cette opération. En fixant d’ores et déjà le prochain rendez-vous au mois de janvier.
Voyez-vous dans le succès de l’opération un premier signe de reprise du marché de l’emploi ? J’y vois plutôt la confirmation d’indices perceptibles depuis quelques mois comme le regain de la croissance globale, la reprise même légère des investissements, le redressement de la confiance des entreprises, certains signes donnés par le secteur de l’intérim… ainsi que la croissance des offres publiées par Références. Ceci étant, la prudence continue bien entendu de s’imposer. Les entreprises ont fortement réduit leurs coûts et vont poursuivre les efforts sur le plan de la productivité. Il faudra donc patienter avant que la reprise se traduise par des créations nettes d’emplois, l’animation
du marché restant essentiellement liée aux enjeux de la mobilité : le remplacement des départs à la retraite des « baby-boomers » va créer de nombreux appels d’air. Il y a un an, la proportion de personnes ouvertes à la perspective de changer d’emploi dans les six mois était de 15 % mais elle a déjà doublé pour dépasser les 30 %. Le défi structurel de la guerre des talents, que la crise avait quelque peu estompé, revient à l’avant-plan… Le marché s’anime mais de nombreux candidats risquent néanmoins de rester « en rade ». Les experts ont dû répondre à beaucoup de questions basiques, émanant de personnes peu préparées à la recherche d’un emploi… Il faut nuancer le propos. Les questions posées via les chats sur notre site web étaient très
précises, pertinentes, venant manifestement de gens avertis et soucieux d’obtenir rapidement une réponse très concrète : ils savaient ce qu’ils recherchaient. C’est plutôt par le biais du téléphone que se sont exprimés des candidats un peu désorientés, en quête d’un conseil global, en recherche de confiance. Nous étions dans ce cas, c’est vrai, davantage dans la notion de « SOS » et je me réjouis vraiment que les experts aient pleinement joué leur rôle. Les profils de ces candidats étaient d’ailleurs très variés : des jeunes découragés par des premiers refus, mais aussi des personnes plus âgées qui étaient confrontées pour la première fois à l’obligation de trouver un nouvel employeur et qui étaient naturellement un peu désarçonnées face un marché difficile
MERCI ! D’avoir fait de cette 2e édition de SOS Emploi un réel succès. Vous avez été : n Plus de 484.100 lecteurs n Plus de 12.000 visiteurs sur le site www.sosemploi.be n Plus de 300 recruteurs participant à notre opération n Plus de 200 à nous avoir appelés n Plus de 700 à nous avoir contactés par internet
et des exigences élevées. D’où l’idée de « matcher » l’offre et la demande, de provoquer si possible la rencontre entre recruteurs et candidats ? C’est effectivement une nouveauté par rapport à la première opération qui nous avait un peu laissés sur notre faim. Nous avions remarqué que nous pouvions parfois dépasser le conseil et aller en quelque sorte au bout de la logique du « SOS » en jouant un rôle d’intermédiaire : nous avions sous la main des profils correspondant aux besoins de certains employeurs et vice-versa. Nous avons pu de la sorte mettre cette fois-ci une vingtaine de candidats en contact direct avec des recruteurs potentiels… à charge pour eux bien entendu de continuer les démarches car eux seuls sont capables de le faire. La décision de renouveler l’opération en janvier est-elle bétonnée ? Notre volonté est de créer un rendez-vous, tant pour les candidats que pour les employeurs. Inscrire cette opération de manière récurrente dans le paysage va indubitablement générer une dynamique positive : nous avons déjà triplé le nombre d’offres reçues par rapport à la première opération au printemps dernier. Nous allons donc mettre à profit les prochains mois pour « débriefer » cette action à tête reposée et, le cas échéant, lui apporter d’autres améliorations. Il est en effet très important à nos yeux de coller parfaitement à la demande Propos recueillis par BENOÎT JULY du marché.