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'~t.f~' SOMMAIRE Fa<utt< des Sciences. – Rapport annuel du Doyen. Année Mo)o!re tC~t~o 0. Michaut. – Buffon administrateur et homme d'affaire!. Lettre* ineditee. M. Herube). – Une méthode d'économie maritime et auviate à propot de t'estaaire de la Seine. d'Études gennMtquee. – DieccuM de totmeNfation de t'tMtttut MM. Raymead Poincaré et Henri LichtenbefKer. CnrooiqMe. Vie MtentMiqae.
– Travaux et PubiioatioM Chroniqae de t'UniveMité ChfOMique de ta Société des Amis de t'Untversite
PARIS DRL'UMERSm B&PARIS SC!EM'!HQUES BUREAU DBSMMH6NEMENTS A LA SORBONNE
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1 LAROUSSE !tBL!OTHÈQUE De* edtttoM <tab)ie< d'apte te< textet tea ptua e&M, onnotéM et commenta par des untveMitntres et crhtquM autorh6<. Beau format de bibttothtqua (<3,&X9o), typographie Mgantc et nette (MO fo<u'MMp«f<M). RcMMd Œmvtt cttohttt, par G~UTatM. F<t<mttnM,iturét(d<)'Ae*<«<ni<. <yo). tyo). Rabtta<)),pafCMUi!«T. CornetMe rh<'dff< ctoM, par tf. CLOUtKt). 9ï<)). 9yo). !<ac)ne:M')tf<part<.Ct.ou*ttt'. Molière T'/tMt/'t, par Tu. Co«T< 8 vo). SucceMeuts de MoMtM, par R'~ra. 9 vol. La Fontaine ~'«KM.ptrM. Memot.. a yol. t~o). Botteau.pitrL.CoQUBmt. Bossuet Oraisons. S<fmen< Tn«M de ta concupiscente, par C).oa*M. t vol. Fénelon t'.ttt. Fables, KMnM~xe, toMon d« f<t<«, par A. DuMOt. ~o). Pascal: Les f<n~M. par A. Ei)M*M. mt. La Bruyère t.« CafetHf«, par K.P<c<tos. 9~0). La Rcchetoueautd Matin)«, par M.ttoUtTAX. tTo). M°" de Sévigné <.<«f«, par M. Ct.<M)fT. tvo). M"' de La Fayette ta Pffnemt <<<CH))<t,p!)fCo~t;t!t.t. 1 vol. Regnard ttore. 9 vol. :rM<t<<'teh.,p<rG. Satnt-Stmon M<moifM (extMHt), p!)fAM)t.t)ut'o«y. <}vo). Abbé Prevoat Alanon f.<MaMt, par CtUT)M«K-t'Ktttt)tnBt. t vol. t.'J. RouMCau, par M. LecmitB.. t vol. Dlderol C<Hvf<t eh., par DuMUf. 3 vol.
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Voltaire ÛEuwt* oAoMM, par )i. LM~M. 6 vol. 9 w). LeMge Ct<-S<<M,par H. Cx~t'er <.<«f<< pftonM, Monteequteu tvo). p*rCh.Cm«tt!M L. Chamtort: Dueno*. t <e). Jtfoj'inxt, par Beaumarchais !7ttMfr<, par M. K~M~ ave). B. de Saint. Pierre Paul el fh)~ot. ~in<<,p<rAu)t.DfMuif. tt'mn'M </)., par Chateaubriand 3 ML A-Du~ouY. tvo). B.Cone<ant:~<<o<pte,pt)rM.Au.<n. Stendhat C/«/<.d'«m'M, par At)~. Ut;wu)r et C. StaneMM~ 5 yo). Nodier': (?"<< 9 ve). par G..FK«n)ttn!s. G. de Nervat i Ct'uur« ch., par !<o). CAUTm):n't')!nn<~)tM. Ba)zac:CA<<.d'n'at)f< 0vol. P.-L. Courter. t ïo). par L. CofMt:).t)t.. Mertmee «UM<-M <;hef<<M,par M. Lx~tt.t.AfT. ttro). «KttofM eompH~t MuaMt 8 vol. A. de V<6my <JEMB<-M, G. F)!M)~)t«. t vo). Th. Gautter i Ch<<<'<Bm)f<, par F.(!oa<!<etK.T)<st!«tXB. tvot. Lataarttne Horn. va). Ct'«t'<-MeA.,p*f Baudetatre 9 Te). :<~«u<'Me/t.,p«fKom. Ste-Beuve ~'m~M cA., par R<n-<t. 3 tôt. Michelet ŒuffM cA~bitt, par Il. CtMXOT. OM).
Antbctogtea, par G~UTmM.FBNB)&«:ïA'f* << ~r/MM, t votume* .Vf~' *Mc'<,9 Tôt.Xt'Mf <Kch. 9 vo). X~' t~e<<,4 Tôt. Co.ttt'npcf.. vot. Chets'd'eeuwre de la langue française, par Il. Bon~coua. a tct. 10 ir. Chaque volume ()3,6X<0), brocM.. Hert série Victor Hugo, par LtepoM.t.AeecB,ffo«, t ro)., P<~<{<, t Yo). 2S- ff. Chaque volume. 7bM< <e MtOMtfetMOMt 1 -ES
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Le grand journal français d'information )itMra!re, artistique et Mienttfique inédit); questions d'actua)it< intervtews; comptes rendus des tivfM; chronique des !pcctat:)es,etc. Le n"(ehaqueMn)edi). Off. 76 L'f Ax France 37 fr.; Union postale SZ fr. Autres pays.. 67 fr. a Numéro spécimen sur demande. MRr rcM ~M ~MMM
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~Université de Pafis Faculté RAPPORT
des Sciences ANNUEL
DU DOYEN
ANNÉESCOLAIRE ï~p.t~o PERSONNEL Nominations de ~'o/MMMM. M. BûHM, chef de travaux à la Faculté des Sciences est nommé, à compter du i" octobre n):9, ma!tre de conférences de zoologie (emploi d'Université), par arrêté rectoral du ï" octobre tozp. M. H. BÉMARD,professeur sans chaire, est chargé provisoirement, & partir du i" novembre 1020, d'un cours magistrat de mécanique expérimentale des fluides (fondation de l'Université), par arrêté rectoral du 28 octobre 1929. M. FocH, professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux, est chargé provisoirement, à partir du i" novembre 1920, des fonctions de maître de conférences de mécanique expérimentale des fluides a la Faculté des Sciences de Paris (fondation de l'Université), par arrété rectoral du 28 octobre 1020. Faculté des Sciences de Lille, est M. BÊGtUN, professeur ta chargé provisoirement, à partir du i" novembre 1929, des fonctions de mattre de conférences de mécanique théorique des nuides à lt. Facutté des Sciences de Paris (fondation de l'Université) par arrêté rectora) du 28 octobre ~929. M. pAUTHENtER,professeur de physique à la Faculté des Sciences à partir du t"' décembre 1929, de Lille, est chargé V provisoirement, AHK.UMV.
VI.
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ANNALES DE L'UNtVERStTË
DE PARIS
des fonctions de maître de conférences de physique (P. C. N.) à la Faculté des Sciences de Paris, pat arrête ministériel du 9 décembre tpïo. M. H. BÉXARp, maître de conférences de physique P. C. N., professeur sans chaire à la Faculté des Sciences de l'Université de Paris, est nommé, à titre provisoire, à compter du t5 novembre t;n:o, professeur de mécanique expérimentale des fluides à la dite Faculté (chaire nouvelle), (fondation de t'Université), par décret du ) z décembre 1929. MM. Focs et BÉGHtN sont nommés respectivement maîtres de conférences de 3' et de classe à la Faculté des Sciences de t'Uni' versité de Paris, par arrêté rectoral du ï4 décembre 1029, avec effet du iS novembre tozo. M. ToussAMT, docteur ès sciences, directeur de l'Institut aéro. technique de Saint-Cyr, est chargé provisoirement à la Faculté des Sciences, à partir du ï" février 1930, des fonctions de maître de conférences de technique aéronautique (emploi d'Université), par arrêté rectoral du !? janvier to3o. M. ESCLANGON, directeur de l'Observatoire de Paris, est nommé, à compter du t" janvier to3o, professeur d'astronomie à la Faculté des Sciences de l'Université de Paris (chaire vacante, M. ANDOYER, dernier titulaire), par décret du tp janvier ~30. Mme RAMART-LucAS,maître de conférences de chimie organique à ]a Faculté des Sciences de t'Université de Paris, est nommé professeur sans chaire, par décret du 27 mai ï93o. tS'W~<K'<<!< M. D. ToMBEcK, ancien secrétaire de la Faculté des Sciences de de Paris, est nommé secrétaire honoraire de ladite l'Université octobre j~o. Faculté, par arrêté ministériel du M Docteur (( honoris <:<MM Sur la proposition de la Faculté des Sciences, le conseil de l'Université de Paris a conféré le titre de docteur A<w<~ M~M h M. P. ZEEMANN,professeur à l'Université d'Amsterdam, correspondant de l'Institut de France, prix Nobel de physique. Enseignements donnés
des savants étrangers
M. John D. S. HALDANE,chef du département de génétique à la Institution à Merton (près Londres), Horticultural John-Innes
FACULTÉ DES SCIENCES
3
de biochimie à l'Université de Cambridge, a fait professeur-adjoint une série de leçons (illustrées de projection) sur les problèmes modernes de la génétique. M. B. de KEREKjARTO, professeur à l'Université de Szeged, a traite De quelques problèmes de topologie générale et de topologie des surfaces. Applications à la géométrie. M. le docteur W. B. CANNON,chef du département de physiologie à l'Université Harvard (Boston, Rtats-Unis) a fait un cours de cinq teçons sur l'homeostasie. M. Cari ST<iRMER,professeur à l'Université d'Oslo, a fait une conférence sur l'exploration de la haute atmosphère jusqu'à l'altitude de ooo kilomètres a l'aide des rayons auroraux illuminés par le soleil. M. )e professeur Boris WRtNBERCa fait une conférence sur méthodes de représentation et de réduction des résultats d'obser. vations de phénomènes naturels. M. F. E. C. ScHEFFER, professeur à l'Ecote technique supérieure de Delft (Hollande), a fait une conférence sur l'examen scientifique des tableaux anciens. M. F. A. P. C. WENT, président de l'Académie des Sciences d'Amsterdam, professeur de botanique à l'Université d'Utrecht, a fait une conférence sur les conceptions nouvelles sur les tropismes des plantes. Les enseignements donnés par des savants étrangers à l'Institut Henri Poincaré et à l'Institut de mécanique des fluides sont indiqués ci-après. /~«~/ /W~ P<M')M< En dehors de l'enseignement donné à l'Institut Henri Poincaré par des professeurs appartenant à la Faculté des Sciences, des séries de conférences ont été faites par des savants étrangers et français sur les sujets suivants M. H. A. KRAMERS,professeur à l'Université d'Utrecht: I. – Sur la rotation des molécules polyatomiques; II. Remarques sur quelques théorèmes généraux de la mécanique quantique. M. B. CABRERA,correspondant de l'Institut, recteur de l'Université de Madrid l'état actuel de la théorie du diamagnétisme et du paramagnétisme. M. Francis PERRIN, docteur Es sciences, assistant à la Faculté des Sciences de Paris transfert d'activation, et désactivation activation induite par résonance en mécanique ondulatoire.
4
ANNALES DE L'UNIVERSITÉ
DE PARIS
M. Marcel BMt.t.ouitt, membre de l'Institut, professeur au Collège de France Quelques propriété:. d'une équation aux dérivées partielles hyperboliques. M. Torsten CARt-BMAN,professeur à l'Université de Stockholm théorie des équations intégrâtes singulières et ses applications. M. Pierre DEBYN, professeur de physique et directeur de t'ïnstitut de physique de l'Université de Leipzig tes Electrolytes forts. de GUttingen M. BORN, professeur à l'Université Quelques problèmes de mécanique quantique. M. Léon BLOCH,assistant à la Sorbonne spectres de bandes et constitution des molécules. M. Y. ROCARD,docteur ès sciences I. d'après la théorie cinétique des gaz Hydrodynamique H. Quelques questions concernant la théorie des fluctuations. M. Vito VoLTERRA',associa étranger de l'Académie des Sciences, de Rome mécanique des fluides et professeur à l'Université et fonctionnelles. équations integro'ditfërentiettes M. B. HosTMSKY, professeur à la Faculté des Sciences de Brno, sur l'application du calcul des recteur de l'Université Masaryk probabilités à l'étude du mouvement brownien. de Bruxelles la M. de DONMR, professeur à t'Université gravinque einsteinienne. M. G. DARttois, professeur à l'Université de Nancy statistique et dynamique stellaires. M. P. A. M. DIRAC, professeur à l'Université de Cambridge I. – Base statistique de la mécanique quantique. Il. – Théorie relativiste de t'étectron. III. Mécanique quantique des systèmes a nombreux électrons. L'Institut Henri Poincaré a commencé la publication d' Annales de l'Institut Henri Poincaré '), dans lesquelles seront publiées des conférences données à cet Institut. /M~<<M< <~ M<MW~/« des fluides En dehors de l'enseignement donné par des professeurs appartenant à la Faculté des Sciences, du Laboratoire de mécaM. RtABOUCHiNSKY,directeur-adjoint nique des fluides, a traité Vingt-cinq années de recherches théoriques et expérimentales sur la mécanique des fluides.
FACULTÉ DES SCIENCES,
de Lund M. Nits ZEM.ON,ptofesaeurat'Univefsitë Quelques récents progrès dans l'hydrodynamique des fluides peu visqueux. L'Institut de mécanique des Huides a commencé la publication « Publications de l'Institut de mécanique de fascicules inthutés des fluides de l'Université de Paris ».
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« missions ~~M~«-
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M. Henri BËNARD, délégué du gouvernement français et de l'Université de Paris au III* Congrès international de mécanique appliquée, à Stockholm. M. CARTAN,conférences à l'Institut mathématique de Moscou. Participation au Congrès des mathématiciens de l'U. R. S. S., à KharkoBf. M. CoTTON, conférences à l'Université Charles, à Prague. M. DBMJOY,participation et conférence au Congrès des mathématiciens de l'U. R. S. S. à Kharkoff. M. FABRY,conférences à l'Institut des Hautes Études belges, à et a l'exposition de Bruxelles, à t'Ëcote des Hautes Ëtudes,à Gand, Liège. en Tunisie, sur la M. FMUNDt.BR, mission hydrographique de la demande de la direction générale des travaux publics Régence. M. JuuA, conférences à l'Institut Mittag-Leffler de Djursholm (Suède) et à la Société mathématique de Copenhague. Conférences à l'Institut des Hautes Études de Bruxelles. M. LABROUSTE,délégué du ministère de t'Instruction pubtique au congrès international de géodésie et géophysique, a Stockholm. M. LAUGIER, délégué du gouvernement français au premier Congrès international d'hygiène mentale, à Washington. M. MtCHZL-L&VY,délégué du ministère de l'Instruction pubiique à la quatrième Assemblée générale de l'Union géodésique et géo. physique, à Stockholm. au Congrès de géodésie et de géo. M. MAURAIN,participation interphysique, à Stockholm; à la réunion de la Commission à la céréà Léningrad; nationale de l'année polaire t~a~M, à monie de fondation de la station scientifique du Jungfraujoch, Berne. M. MONTEL, six leçons, comme professeur d'échange, à l'Uni.
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ANNALES DE L'UNtVERSÏTË
DE PARIS
versité de Louvain. Conférence au Congrès des mathemahctens de S. à l'U. R. S., Kharkow. M. PRENANT,chargé de nuMion à l'Institut français des hautes études en Roumanie. Conférences aux Facultés des Sciences de Bucarest, Cluj et Jassy. Conférences à t'tnstitut des hautes ëtudes, à BruxeHes. M. URBAINa fait une série de conférences en Hollande, à Groningue, Amsterdam, Leyde, Delft. Quatre leçons à l'Université de Gand, comme professeur d'échange.
STATISTIQUEDES ÉTUOtAKTS Ëtudiants inscrits pour tes diverses disciplines mathématiques
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physiques. naturelles.
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Sciences –
ACRËGATMN.
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DtPMMBO'ËTUDES. CERTIFICATS D'ÉTUOES SUPÉRtEORES. CERTIFICAT P.C.N. ÏNSTmJTnBCHtMtE. ÉTOMA!tTS îmtATRtCULÉS
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NE POSTULAST AUCUN GRADE.
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En t<)z8-j[p29 le nombre des étudiants était de 4 zSp. En i92p-t$3o le nombre des étudiants est de 43o6. Ces 4 3o6 étudiants se répartissent de la façon suivante 3 oy~ hommes et i zx8 femmes. 33~ Français et 982 étrangers (8~4 hommes et 148 femmes). Les étudiants étrangers se répartissent
Albanie Attemagne. Angleterre. Argenttnc. Arménie. Autriche Belgique.
5 <5 2t to t 2 14
ainsi par nationalités
Répartition
des étrangers
Bolivie. Brésil
t S 32 9 56 i4 1
Bulgarie <ChiH. <Chine <Colombie <Cuba.
Danemark Egypte. Espagne. Esthonic. Èt&ts'Unt. Finlande. Géorgie
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t-'ACUL'I'Ë DES SC!KNCES
Grèce Guatémala Hoogtio. ha)ie. japon Lettonie. Lithwanie. Luxembourg.. Mexique. Nicaragua.
:8 4 ~5 )5 5 t5 :6 7 3 3
2 wt t < t?y 3 t55 4 t~t <46
]Nefvëge Patestine. Panama ]Pays.Bas. Perse. Portugal. Pologne Pérou ] Roumanie. J Kussie.
Parmi les candidats aux certificats d'études immatriculés dans d'autres. Facultés
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San Salvador.. S S Suède S Suisse. 1 Tch~costova. q quie T Turquie. V Veneiiueta Y Yougoslavie..
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Total. S'fATISTtQUËDES EXAMENS
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d'octobre
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de ».».n»"».»..». l'enseignement Candidats EMtnMt.
<" partie. – Sciences, langues vivantes 364 2' partie. – Mathématiques. '706 Candidats reçus à l'une des séries de la z* épr. et s'étant présentes IL l'autre tôt t" partie B. – Nouveau régime 724 Sftston
de juillet
partie régime
B.
–
secondaire Adm!
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) dont 9! admis' sibles. <43) 2M admisdont sibles. 386 )f
33
dont 69}
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ire partie. – 4" série. Sciences, langues vi. vantes ~04 a* partie. – Mathemato5 tiques Candidats reçus à l'une des séries de la a* epr. et s'étant présentés a.. «S l'autre t"
AJouraf!.
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Kouvcau ~5o<
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Au total, 6834 examens de baccalauréat.
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supérieures, 333 étaient
Pharmacie. Médecine Lettres. Dr~
Baccalauréat
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ANNALES DE L'UNtVEKSïTR
CerMNcat d'études physiques,
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CertMicata d'MudM suptrieufea Candidats
)' EeMtund'Mt~bfetMt. Calcul différentiel et calcul intégral. Mécanique rationnelle Astronomie. Analyse supérieure. Géométrie sup<noure. Mécanique céleste Mécanique analytique Calcul des probabilités et physique mathé4 matique des Mathématiques préparatoires Fëtude scieaceephysiqMes(anatyseet mécanique). Mécanique physique et cxpénmenta!e. Mécanique des Guides Technique aéronautiqûe M. P.C. Physique générale Électrotechnique générale Chimie gemefate Physique du globe Chimie appliquée .<. Optique appliquée Mia~ratogie Chimie physique et radioactivité. Chimie biologique. S. P. C. N Zoologie Botanique Geotogie.
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ANNALES DE L'UNÏVERSiTË
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Diplômes d'étudM supérieures z tB t3
Scieocesmath~<natiqu<'s. physiques. – naturelles. Total. Doctorat
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d'État
Sciences mathëmattques. – physiques – natureUcs.
!tc a3 a! Total.
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Doctorat d'Université Quinze thèses ont été reçues pour le doctorat d'Université. Diplôme d'ingénieur.doctenr Néant. NOMBRE Le nombre total de 3 go5.
TOTAL
DES EXAMENS
des examens
pour les élevés de la Faculté
TRAVAUX
DES ELEVES
est
Les recherches effectuées dans les services et laboratoires de la Faculté ont donné lieu à des publications beaucoup trop nom. breuses pour qu'il soit possible de les énumérer ici. J'indiquerai seulement les titres de ceux de ces travaux qui ont été présentés comme thèses de doctorat ou de diplôme. Diplômes d'études supérieures M. DujAMM. Contribution à l'étude de la réaction du carbonate M. FOURSOST.Étude de d'ammoniaque sur le sulfate de calcium. de l'étain. M. GABELLE.Oxydation quelques propriétés physiques des sels de cobalt ea liqueur alcaline. –- M. DELORME.Mesure des durées de fluorescence des sels d'uranyle solide et de leurs soluM. WEILL (Lucien). Recherches sur tes organes adhésifs de tions. Sur la variation de l'Ampelopsis veitchti Hort. – Mlle BOURDOUIL. composition de la banane au cours de la maturation. – M. DAUJAT. Action de quelques bromures organomagnésiens sur quelques bromures d'allyle substitués. M. LEGRIS.Absorption de l'acide tar. trique et des tartrates neutres dans l'ultra.violet. – M. QuKNEY. M. RouAULT. Spectre du phosphore dans l'ultra-violet extrême.
FACULTE DES SCIENCES
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Sur tes directions d'émission des photoélectrons. M. LASS8RM. Réactions de dédoublement et de condensation de quelques carbures cthyteniquessur le nickel réduit. – M. ULRtCH.Morphologie et ana. tomie de l'hydride galium vcrum X G Mollugu comparée!, a celles des purents. – M. SOYER.Variation de la perméabilité des cellules au cours de la végétation d'une plante ligneuse. M. t'RKYMASM. Étude des phénomènes lumineux se produisant aux électrodes pendant t'etectrotyse. M. MENCLOVA-Cp~x.Recherches sur la décomM. DRACH. position de quelques minéraux de la série du mispickel. Étude sur le système branchial des crustacés décapodes. M. MAR')'<. Influence des molybdates alcalins sur le pouvoir rotatoire du M. L'HËRiTtER. Contribution a l'étude de la croissance et glucose. du métabolisme de la souris. M. RossAT.MtONOD.Étude des courbes vérifiant la relation: r -(~)
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t P pl t e~ ~P
M. Gcm'ER. Contribution à l'étude de l'influence des impuretés sur tes propriété; du plomb. Mlle PoBEUU!tt. Contribution a t'etudc de quelques roches de la Guinée française. – M. COMTE.Procèdes de détermination des roches calcaires en plaques minces. Les végétaux des temps primaires. –M.LEMARBSQUtER. Contribution à la géométrie hermitienne hyperbolique de seconde espèce. M. LEFABRY.Sur les applications de la variation de la tension superficielle des lames d'huile avec la température. M. MATHIEU.Anisotropie et activité M. ZEUKOWSKt. optique artificielles du protochlorure d'argent. Les poisons curarisants et la fatigue musculaire. M. PACAUD. Observations préliminaires à l'étude des associations animales d'eau douce. Mtte CAUCHOts.Fluorescence des solutions. Influence do la concentration sur la polarisation. Influence d'un colorant. M. PASTOR.Contribution à l'étude du fouissement principalement des M. CAZALAS.Sur l'évolution du vacuome arthropodes et annélides. des Chara et Nitctta dans ses relations avec les mouvements. Mlle VARENNE.Absorption dans l'ultra-violet de quelques dérivés de l'acide phënytacetique. –M. CAS'fERAN.Action de t'hypobromite de potassium sur quelques amides primaires trisubstituées. Doctorat
d'État
SCIENCESMATHËMATtOUES M. FRODA.Sur la distribution des propriétés de voisinage des fonctions de variables réelles. – M. UuBOCRCtSU. Sur tes réseaux de courbes et de surfaces. M. Amoxo. Recherches d'hydrodynamique en vue de la détermination du mouvement de l'eau sur un barrage déversoir. Mme CHANDON.Recherches sur tes marées de la mer
la
ANNALES DE L'UNÏVERStTË
DE PARIS
Rouge et du golfe de Suox. – M. RACUS. Solution principale de l'équation aux dittérences Snies de Poincaré. – M. DtVK. Rotations M. BEtMtSTEtt).Sur les singularités des internes des autres fluides, séries de Dirichlet. M. CHOMDENKO.Sur la mesure des ensembles. M. VASSEUR.Sur la conservation d'un réseau conjugue dans la déformation d'une surface. – M. HEttMtANO.Recherches sur la théorie de la démonstration. – M. Kuoucut. Sur la théorie du nombre de dimensions. SCIENCESPHYSIQUES M. DAUftE. Contribution à l'étude expérimentale de t'eHet Raman. M. GuTTOK. Recherches sur les propriétés diélectriques des gaz ionisés et la décharge en haute fréquence. –M. LAUM. Contribution à l'étude de l'oxydation ammoniacate des principes carbonés. SynM. WEtLL. Capacités affinitaires comthèses de l'acide cyanique. – M. SIMON.Recherches parées des radicaux anisyle et phényle. préliminaires sur la production de réseaux de diffraction de la phoM. DE MASSACRË. Contribution tographie de franges d'interférence. à l'étude de la catalyse en solution homogène. Hydrolyse conju– M. GMXET. Sur guée du saccharose et de l'acétate de méthyte. M. Jouer. Étude électroles propriétés magnétiques des roches. M. DARBOpc. chimique des radioéléments. Applications diverses. – M. PONTE. Recherches sur la difRecherches d'électrostatique. M. FREREjACQUE. fraction des électrons. Analyse électronique. Étude de quelques éthers sulfoniques, application a l'étude de la – M. BLANCHARD. Contribution à configuration de l'atome d'azote. l'étude des dérivés bihalogènes symétriques de la glycérine. Syn. M. ZAPAN.Sur la chloruration et thèse du Cyctebutanoto!que t'4. la bromuration catalytiques des gaz riches en hydrocarbures méthaM. DuMtt. Étude expérimentale sur les tourbillons alternés niques. de Bénard. – M. DOUCET.Première contribution une étude hydroM. LAMBREY.Recherches dynamique des pompes centrifuges. sur l'oxyde azotique et te péroxyde d'azote. – spectroscopiques intramoléculaires. Mlle AMAGAT.Transformations Déshydratations d'alcools primaires. – M. VOMMtfCER. Contribution, à l'étude des spectres continus et des spectres de bandes des vapeurs de mercure <'t M. D'AzAMaujA.Recherches sur la structure de la chrode zinc. M. AttKUï.)f. La mesure des rayons de courbure mosphère solaire. M. MOURBU.Études des surfaces sphériques employées en optique.M. FAHtRÉMïR. Films monomosur la tautomérie des dieétonesa. M. LORftE. Recherches sur léculaires sur l'eau et sur le mercure. le cérium. SCIENCBSNATURELLES M. PANU.Le tégument de l'anguille. Étude morphologique et bioto~ M. SAMORY. Étude de la dégradatioB de la cellulose chez gique. quelques insectes xylophages sous l'influence de microorganismes. –M. VAUFMY. Les étéphants nains des !!es médittrrMeenBes et la
FACULTÉPESSCIENCES
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M. AsELOOS.Recherches expé. question des isthmes pléistocènes. rimentates sur la croissance et la régénération chez tes Planaires. – YUNGTAt. Recherches sur l'histogenèse et t'histophysiotoM. TCHAHO gie de t'épithétium de l'intestin moyen chez un tépidoptere.–M. BtNET. M. LtNC YoNG. Étude des phénomènes La rate, organe réservoir. de la sexualité chez les Mucorinées, suivie d'un appendice sur les Mucorinées d'Auvergne et spécialement tes Mucorinées du roi. – M. LÉAMNtt. Recherches anatomiques sur tes thyméiéaeées. MmeMAZOUËE.Variations de t'excitabitité de la moelle épiniere sous M. FRÉMY. l'influence de certains agents physiques ou chimiques. – M. GUH.Les Myxophycées de l'Afrique équatoriale française. t,AUME.Contribution à t'élude biologique des a)cato:des; recherches M. GRANJONDELSPINBY.Contribution expérimentâtes sur le lupin. a l'étude du complexe biologique de Lymantria dispar.– M.THOMAS. Recherches THOMASSKT. .Le plexus brachial chez tes mammifères.–M. M. OK CucKAC. sur les tissus dentaires des poissons fossiles. Recherches Recherches surtes glucides des graminées. M. GtMtAUO. sur les échanges d'ions entre cellules de levure et solutions salines. Recherches expérimentâtes sur tes réactions des êtres M. FONTAtNK. M. Cuvu.UER. Revision du Nummuvivants aux fortes pressions. M. Ga!MPU. Recherches cytologiques sur les litique égyptien. M. GAVAUgenres Hordeum, Acacia, Medicago, Sitis et Quercus. M. T!MO!t.DAVtD. OAK.Recherches sur la cellule des hépatiques. Recherches sur tes matières grasses des insectes. – M. PBLOUS. Étude de l'influence des courants électriques alternatifs sur les échanges osmotiques et la circulation de l'eau chez tes plantes vascuMlle TuzET. Recherches sur la spermatogénèse des prosolaires. branches. M. ENNOUCHI.Contribution à l'étude de la faune du M. TcHÊou.TAt-CaulN. Tortonien de la Grive Saint-Alban (Isère). Le cy<)e évolutif du scyphistome de chrysaora. Doctorat d'Université M. BAMELET.Contribution à l'étude des anesthésiques locaux. – M. Aw. Contribution a l'étude des alcools tertiaires a dichtorés et <t<tdiéthoxytes. – Mlle DAVID. Recherches expérimentâtes sur un M. HocH. nématoitoaire du genre Leishmania (L. AgamaeA. David). Stabilité comparée des isomères trans et cis et synthèse par l'ultraviolet. – M. GRARD.Étude de l'aeétat propagylique et de son dérivé, la diatdéhique maionique bromée. – M. HuAN. Action des dérivés organomagnésiens sur quelques amides succiniques. – M. HtBRAONt. Contribution a l'étude biologique et systématique de l'Eurygaster integriceps Put et autres pentatomidae qui attaquent les céréales en M. AsDRÉ Syrie et dans les autres pays. Étude des moyens en lutte. (Marc).'Contribution a t'étude d'un acarien le Thrombicuta Autumnalis Shan. M. F!RMEK!CH.Contribution à l'étude des anesthésiques locaux. M. Yuxc-Ko-CHUMO. Contribution à l'étude cytologique de
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ANNALES DK L'UNiVKKSH'Ë DE PARIS
t'ovogcnëse du développement et de quelques organes chez los céphaM. ÏONïCA.Recherches sur les acides stitbenes ortho-disutlopodes. foniques parasubstitués. – M. ZARA(Zara). Étud~ du compas magnétique à induction et du perfectionnement de cet appareil. – M. UttLa diffusion de la lumière par les surfaces polies. BANKK. M. CAttTACUZ~NE. Contribution à l'étude des tumeurs bactériennes chez les algues marines. OBSERVATIONS
DU DOYEN
II est naturellement impossible au doyen de donner ici chaque année un exposé des multiples observations auxquelles prête la vie d'un organisme aussi étendu et aussi complexe que la Faculté des Sciences de Paris, et il peut seulement attirer l'attention sur certains points particulièrement importants. Cette année, se présentent deux observations de genres très différents. La première se rapporte au changement de date de l'ouverture de l'exercice annuel dans le budget de l'ntat. Cette date, qui était jusqu'à l'an dernier le ï" janvier, a été reportée au i" avril. Mais l'exercice de t'Université (comme celui d'à peu près tous les orgaau 31 décembre. nismes, sauf t'Ëtat) a été maintenu du !janvier Ce chevauchement entraine un supplément de travail considérable, et des difficultés fréquentes dans la comptabilité. J'imagine que cette remarque est générale. Il serait très désirable que l'gtat, après enquête près des administrations, revint sur cette décision. La deuxième concerne les difScuttés de recrutement pour la carrière des recherches scientifiques et de l'enseignement supérieur. Beaucoup de jeunes gens (et leurs familles) sont enrayés par la modicité des traitements de début (préparateurs temporaires, 10000 francs), par le caractère irrégulier et aléatoire d'~ la carrière de l'enseignement supérieur et des recherches, et par le fait qu'il est impossible dans cette carrière, quels que soient la notoriété mondiale d'un savant et les services qu'il ait rendus au pays, d'arriver au même traitement que dans les autres carrières de t'Ëtat. It est saisissant de remarquer que des savants jttustres comme MM. Emite Picard, Jean Perrin, Mme Curie (pour emprunter quelques exemples seulement au personnel de la Faculté des Sciences) ne peuvent arriver qu'~ un traitement inférieur de 35 ooo francs à celui auquel arrivent les généraux de division. La crise de recrutement est très grave, et si manifeste, qu'on cherche actuellement à y remédier de diverses manières. Exprimons l'espoir que ces projets auront une suite assez ample pour être efficaces.
Buffonadministrateur et hommed'affaires Lettresinédites ~~M
G. Michaut
11 m'est venu entre les mains quelques lettres inédites de et aussi quelques lettres de diverses personnes de Buffon son entourage. H m'a paru qu'elles méritaient d'être publiées. Elles nous font pénétrer dans son intimité. Elles nous le montrent dans ses rapports avec ses collaborateurs. Elles nous révèlcnt surtout son activité méthodique comme Intendant du Jardin du Roi et comme directeur de cette grosse entreprise que fut la publication de l'Histoire A~/M/< Les deux premières m'ont été communiquées par M. de Bardy, directeur adjoint du Bureau de& Renseignements à i~ Sorbonnc. Elles étaient adressées à ses arhere-grands'oncles, MM. de Madières, d'Orléans, entrepreneurs chargés des transports pour le Jardin du Roi. Je les reproduis ici d'après les originaux. Dufay. avait été nommé Intendant du Jardin du Roi avec t. Chartes-FrMçcis Je Cisternay Dufay (t~-t~o), membre de l'Académie des Sciences. Il montrait une 6ga)ecompétence dans tous tes domaines scientifiques et c'est pourquoi on avait songé à lui quand on avait voulu réorganiser le Jardin du Roi. Jusqu'en t~, en effet, la Surintendance de ce jardin était rattachée à la charge de Premier Médecin du Roi. Mais tes titulaires de cette charge, peu versés en histoire naturelle, s'étaient contenté! de toucher leurs gages de surintendants et avaient néglige collections et plantations. Alors que les établissements analoguesd'Angleterre et de Hottande étaient célèbres {l'un des premiers soins de Dufay fut d'aller tes visiter), le nôtre n'avait plus ni utilité ni prestige. Le goût de la sniencose répandant de plus en plus, on finit par avoir honte l'on rendit son autonomieau Jardin du Roi, et on mit Dufay à sa tête, avec le titre plus modeste d'intendant, mais avec mission d'en faire un établissement !;cicnti<iqucdigne de la France.
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ANNALES DE L'UNÏVEMtft
DE PARIS
mission de réparer tes longues négligences de ses prédécesseurs. Jeune et plein d'ardeur, il en avait fait en'peu d'années « le plus beau de l'Europe au dire des étrangers mêmes, quand it mourut Buffon désirait vivement lui succéder. On dit même que le chimiste Hellot, son collègue à l'Académie des Sciences, avait obtenu de Dufay qu'en mourant il le désignât comme son digne remplaçante Mais Buffon (t'échec de son ambition lui eût peut-être été trop pénibte) ne voulut ni invoquer cette recommandation, ni poser officiellement sa candidature. Il t'écrivait à Hellot, ajoutant « Je prierai mes amis de parler pour moi, de dire hautement que je conviens à cette place c'est tout ce que j'ai de raisonnable à faire quant à présent. MEt il avait soin de les fournir d'arguments « II y a des choses pour moi mais il y en a bien contre, et surtout mon âge et cependant, si on faisait rénexion, on sentirait que l'Intendance du Jardin du Roi demande un jeune homme actif qui puisse braver le soleil, qui se connaisse en plantes et qui sache la manière de les multiplier, qui soit un peu connaisseur dans tous les genres qu'on y demande et surtout qui entende les bâtiments; de sorte qu'en moi-même, il me M parait que je suis bien leur fait' Nommé, en effet, par Maurepas, il s'appliqua avec ardeur à la besogne. Le voici, dès son entrée en fonctions, qui se met en rapports avec tes correspondants de son prédécesseur, qui tâche de se tes attacher par ses promesses, qui règle avec méthode les questions de transports, de payements, et qui ne craint pas d'écrire lettre sur lettre deux jours de suite, t. t6 juillet t~. z. Nadault de Buffon,Correspondancede Z?M~fw, ï, :3<. 3. Ibid. ~«M <!Hsldod,I, 3a.
BUFt'OM ADM!N!STRATEUR
ET HOMME D'AFFAtRES
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1 BUFFONA MM. DE MADIËRES A Messieurs Messieurs de Madières A Orleans. Aujardin du Roi Le 29 aout 1739. Messieurs, Comme le Roy m'a fait la grace de me nommer Intendant du Jardin Rota! à la place de M*\Dufay que nous avons perdu il y a un mois, on m'a remis La Lettre que vous luy aves adressee Messieurs et par laquelle vous Luy donnes avis de l'envoi de quinze Caisses de plantes qui doit etre suivi de l'envoi de sept autres faisant en tout 22 Caisses j'ai deja recu les quinze Caisses chargees sur la voiture de Jean Jugot d'Estampes pour laquelle j'ai paie 32" suivant votre Lettre de plus j'ai recu trois autres Caisses par une autre voiture que j'ai aussi paiée il y a apparence que vous aures eu la bonté de faire partir les quatre qui restent; je vous serai Messieurs tres oMigé si vous voules bien continuer avec moy la meme Correspondance que vous avies avec M'. Dufay je vous offre en revanche mes services icy pour tout ce qui peut dependre de Messieurs votre moy. J'ai l'honneur d'etre tres parfaitement tres humble et tres obéissant serviteur ))E BUFFON Mon adresse est Au jardin du Roy a paris II BUFFONA MM. DE MADtÈRES A Messieurs Messieurs de Madières frère A Orleans. Aujardin du Roy Le 3o aout t;3<). J'ai recû Messieurs Les quatre Caisses de plantes que vous ~SM.UMV.
Vï.–t
a
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ANNALES DE L'UNJiVËRSITË DE PARIS
aves fait charger sur la voiture de Rene Blenet pour le port desqu'eUes j'ai paie 8"' comme vous L'avies réglé je vous remercie beaucoup des offres de service que vous aves la bonté de me faire, je les accepte avec grand plaisir et vous prie instamcnt de disposer de moy dans les occasions ou je pourois vous être bon a quelque chose, a l'egard des ~2"' 6*' que je vous dois vous pouves tirer sur moy pour cette somme ou bien cette Lettre cy vous servira de credit jusqu'a ce que vous ne jugies a propos de tirer. J'ai l'honneur d'etre Messieurs votre tres humble et tres obéissant serviteur DE BUFFON. Les autres lettres m'ont été communiquées par M. Hug, agrégé d'histoire, actuellement en mission auprès du gouvernement égyptien. Ces documents viennent de la famille de Daubenton. Il y a quelques années, on trouva dans les greniers de nombreuses caisses de paperasses dont on ne savait que faire. Après les avoir sommairement examinées, on crut qu'il n'y avait rien là d'intéressant et on tes fit empiler dans une cour pour les détruire par le feu. Mais on vit du bûcher couler de la cire l'on pensa – un peu tard – que c'étaient peut-être des correspondances du savant ancêtre et l'on en sauva quelques débris. On sait que lW~/<w<'A~/w~ commença à paraître en 1740, sous les deux noms de Buffon et de Daubenton. Car Buffon, pour alléger sa tâche, avait choisi cet ami pour collaborateur et dès ty~.5 l'avait attiré près de lui, le faisant nommer alors « garde et démonstrateur du Cabinet d'Histoire naturelle Ils s'étaient partagé le travail, conformément à un programme publié dès !7~8 dans le journal des Savants. L'ouvrage devait avoir quinze volumes le premier consacré à un Discours sur la manière d'étudier et de traiter l'histoire naturelle et à un second Discours ~«y l'histoire et la théorie de la terre le second, à l'homme; le troisième et le quatrième, aux quadrupèdes; le cinquième, aux amphibies et aux cétacés le sixième, aux poissons; le septième, aux coquillages et crustacés le hui-
BUi-FONAt)MtN!STRATËURET HOMMED'At-'FAtRUS tième, aux reptiles, aux insectes, aux animaux microscopiques le neuvième, aux oiseaux. La, commençait le « règne végétal qui devait occuper trois volumes et les trois derniers seraient consacrés aux minéraux. Dans chaque volume du ccrègne animal Buffon devait donner l'histoire, Duubenton la description et l'anatomie de chaque espèce. inattendus, Au Mais l'ouvrage prit des développements commencement de 1~64, les X', XI* et XII" volumes étaient sous presse (le X' et le Xf presque achevés~ et l'on était loin d'en avoir nni, comme l'eût voulu le programme, avec le règne animal. Directeur de la publication, Buffon s'effrayait des dimensions qu'elle allait prendre. Sur ces entrefaites, survint était imprimée à un événement imprévu. L'Histoire xa/c~ l'Imprimerie Royale, mais aux frais d'un éditeur, Durand, avec qui Buffon et Daubenton avaient traité. Cet éditeur mourut; et dans ta liquidation de sa succession, tout son fonds fut mis en vente, y compris les volumes parus et à paraître de l'M/we a~M~~e. Buffon multiplia les démarches pour éviter d'être lié à un acquéreur éventuel qu'il n'aurait pas choisi et il fut ainsi amené à racheter son ouvrage. Mais il savait Daubenton susceptible et il semble qu'il n'ait pas osé annoncer lui-même à son collaborateur la situation nouvelle. un M. de Montmirait', Du moins, nous voyons qu'un ami en avise sans doute, d'après les termes mêmes de la lettre Daubenton III M. DE MONTMIRAJL A DAUBEKrON Paris, le )o janvier f~6~. L'affaire de votre livre, mon cher Docteur", est en très bon train. M. de Uuffon ne m'a rien laissé ignorer de toutes It s t. Serait-ce le marquis de Montmirail, de l'Académiedes Sciences, fils du marquis de Courta))veaux?(voirplus loin). Cette lettre et Ics suivantes sont publiées d'après la co~i-j de M. Hug. 3. Daubenton était docteur en médecine.
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ANNALES DE L'UNIVERSITÉ
DE PARIS
démarches qu'il a fait' et elles me paraissent conformes au plan que nous en avions tracé ensemble à Montbard. Je ne lui ai entendu dire dans tous les nouveaux arrangemens que des choses honêtes pour vous. H fait même un sort très honête au Cadet et quoique dans tout ce qui intéresse mon cher docteur je sois difficile, je dois dire que je suis content et quant au fond et quant à la forme dans tous les points. Votre dissection du Cabiai est un morceau intéressant et neuf, et quoique l'anatomie ait un peu perdu de sa faveur\ je crois qu'il sera agréé. Je dois vous dire à ce sujet là que dans les nouveaux plans très beaux et très vastes on s'est natté de donner" en trois ans l'histoire des oiseaux, et, pour cet effet on en retranche toute l'anatomie dont on renvoie les choses les plus saillantes dans des discours séparés (et par parenthèses vous ne perdrés pas à cet arrangement), mais on vouloit aussi retrancher ta plus grande partie des otseaux du pays en ne mettant par exemple [que] quatre espèce~s] de pigeon, de mésange, de moineau, etc. J'ai fort combattu ce projet. J'avois beau dire qu'il n'y avoit effectivement dans la nature qu'une espèce de moineau, de mésange, etc., que ce même nom n'avoit été donné à d'autres oiseaux que par quelque raport plus ou moins éloigné avec ces premières espèces, que par exemple la mésange à tête noire n'étoit pas plus une mésange que l'ane n'estoit un cheval, toutes mes raisons estoient rejettées et le désir d'accelerer et de resserer l'emportoit sur tout. Enfin j'ai proposé un arrangement qui avoit les deux propriétés demandées et qui laissait entiere liberté après avoir donné tous les oiseaux étrangers (ce qui estoit dans tous les projets) de resserer plus ou moins celle des oiseaux du pays suivant la place qui rest. Voir la lettre suivante. s. C'est-à-dire à M. Le Cadet, dont il est quettion dans les lettres suivantes. 3. Mammifère rongeur de l'Amérique du Sud. 4. Buffon voulait donc réduire surtout la partie anatomique dont traitait Daubenton. 5.J'entends d'ici trois ans.
BUFFON ADMINISTRATEUR
ET HOMME D'AFFAIRES
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teroit. Cet arrangement est de commencer par les étrangers. Il a été adopté. On le suit aujourdhuy avec chaleur, et on voit sur l'attelier du même graveur le singe à courte queue, le tanrec' de Madagascar et le peroquct oranger'. Voilà mon cher Docteur le compte que je vous devois sur cet article qui a du vous etonner d'abord, mais qui dans le fond revient au même, et vous laissera le tems de vous conduire d'après l'ac. cueil que le public fera à votre ornithologie. La grossesse de Mad* de Montmirail avance toujours fort heureusement. Elle me demande souvent des nouvelles de votre retour et me charge de vous dire combien elle est sensible à votre souvenir. Mon père et ma grand'mère vous font mille remerciemens. Labbé Lequeue me charge de ne point l'oublier auprès de vous. Adieu mon cher Docteur. Je vous embrasse et vous aime de tout mon cœur. Mille complimens pour moi à Mad. Daubenton. M. de Buffon a fait ses remerciemens à M. de Bouillon et je vous y menerai à votre retour si cela vous fait plaisir. Daubenton une fois mis au courant, Buffon lui expliqua lui-même la situation nouvelle. Et la lettre qu'il lui envoie alors est comme une histoire financière et commerciale de l'Histoire <M/«~ IV BUFFONA DAUBENTON A Paris, ce 29. Fev" ~64, MON TRÈS CHERMONSIEUR, L'affaire
du livre est enfin terminée
après des peines
Mammifère insectivore. a. Il faut sans doute lire <~«M~ et il s'agit probablement de la «jolie perruche qui a une grande tache orangée sur le devant de la tête » (Buffon). 3. Sans doute pour quelque témoignage aatteur envers tes auteurs de )'M<<~< naturelle.
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incroyables et vous n'imagineriés pas combien j'ai été obligé de prendre sur moi pour la finir et terminer tout procès. J'ai acheté à la Chambre Syndicale, et après une convocation de tous les libraires de Paris, l'Histoire naturelle cent soixante et dix neuf mille livres, c'est-à-dire cent mille francs de plus que je n'avois d'abord compté. Je perds à ce marché plus de vingt mille écus mais il n'y a pas eu moyen de faire autrement. On a exposé en vente notre traité et les douze volumes et la suite" de l'Histoire naturelle comme appartenant à la succession de Durand et il ne s'en est rien fallut malgré !a somme immense que j'en ai donnée et l'opposition que j'avois faite que le livre n'ait été adjugé à un autre, parce qu'ayant cédé par le traité la proprietée et la suite de l'ouvrage et même les réimpressions et nouvelles éditions, j'aurois perdu le procès que j'avois commencé pour les intimider. H m'en coûte donc i~oooo"' pour m'être mis à la place de Durand et avoir rachepté tous ses droits. J'ai été obligé d'emprunter environ cinquante mille francs pour donner l'argent comp. tant qui étoit nécessaire, j'ai donné cent mille francs en neuf lettres de change à diSérens termes. Je me suis chargé de vingt et un mille francs qui sont dus à M. Duperon pour l'impression des tomes X, XI et XII et du tirage des planches qui sont dues à Richomme. J'ai rendu les honoraires que vous et moi avions reçus et [je m]e 4 suis chargé des 3 toc"' qui vous restoient dues sur les tomes X et [XI]'* et que je vous enverrai quand vous voudrez. Tout cela change beaucoup à ma situation et ne fait rien à la votre, mon cher Monsieur, car je sens bien que je vous traitrez mieux que ne l'auroit fait un libraire auquel les droits de Durand auroient passés. Une chose qui vous etonnera sans doute c'est que Durand n'a réellement et tout au plus gagné sur cet ouvrage que les t. J'entends de mettre de mes fonds. 2. Les douze volumes parus oa sous presse et le reste & parattre. 3.Huffonetait-itseut en nom? Une semble pas, puisqu'il dit «M< traité M il faut donc entendre, je crois, « nous ayant cédé ». 4. Coupures du papier.
BUt't-'ONADM!N!SrRATËURET HOMMED'A1-'FA!RKS a3 t/oooo"' dont je libere aujourd'hui sa succession. H paroit même assez clairement qu'avant la vente qui vient de m'être faite il s'en falloit dix mille écus qu'il ne fut remboursé des frais que [l'édition ?] lui coûtait. En voici le détail pour un seul volume t" L'impression et le papier coutent !2o"' la feuille et tSo"' lorsqu'on tire à deux fois; ainsi cela fait au moins 8000"' pour un volume. Cy. 8000"' 2" Les honoraires aux auteurs, y ooo"' Cy. 7000"3" Cinquante exemplaires donnés aux auteurs, 600~ 600'" Cy. 4° Cinquante ou cinquante cinq planches gravées à cinquante livres chacune et quelques-unes à soixante livres, 3 400"' Cy. 3400"S*Le tirage et le papier de ces cinquante ou cinquante cinq planches tirées à trois mille chacune, 6000" Cy. 6000"' Ainsi chaque volume in-4° lui revenoit au moins à vingtquatre mille livres et comme il ne les vendoit d'abord que douze francs et qu'il étoit obligé de faire quarante sols de remise à tous les colporteurs et libraires de provinces, il falloit vendre 2400 exemplaires avant de retirer ses frais et vous avez vu mon cher Monsieur par le tableau du débit que vous a envoyé M. Le Cadet que même des trois i*" volumes il n'en a été vendu que 2 3~6 attendu qu'il en reste encore aujourdhuy 6~4 et que très certainement ils n'ont été tirés qu'à 3 ooo [C'jest encore bien plus fort pour les volumes suivant[s] dont le débit a prodigieusement baissé, puisqu'il en reste t 5$4 du tome 8 et t S$4du tome o, en sorte que depuis deux ans que ces volumes sont en vente il n'y en a eu que ï 446 de vendu[s] et qu'il faut plus de dix ans pour vendre plus de 2 ooo, attendu qu'il en reste t02) du tome S que nous avons donnés en t/'$4. t. Coupure du papier.
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ANNALES DE L'UNIVERStTË
DE PARIS
Cette diminution de débit est venue en grande partie de ce que les volumes étoicnt trop faibles de substances et de matières qu'on put lire. J'aurois donc bien voulu renforcer notre dixième volume mais il n'y a pas eu moyen et le public ne pourra gueres s'appercevoir qu'au douzième volume d'une augmentation marquée tant dans le nombre des feuilles que dans celui des planches. Dès que l'affaire a été finie, je n'ai pas perdu un instant pour [presser] à l'Imprimerie Royale l'achevement du volume XI et j'espere que je serai en ctat de le présenter* le dimanche onze de mars et que je serai en etat de partir pour Montbard dans la semaine suivante, car Mad* de Buffon ne peut pas retarder plus longtems et partira tout au plQtard le quinze quand même je serois obligé de rester après elle. Je compte aller demain porter votre quittance et recevoir votre pension qui monte à 1o65 M. Le Cadet m'a prié de convertir tout de suite cet argent en une rescription je la lui donnerai et il vous l'enverra. Il me reste encore à vous mon cher Monsieur une somme de 4.80"' pour votre second billet de Durand et je vous enverrai cette somme aussi bien que les 3 t00"' aussitôt que vous le voudrez. Je ferai tous mes efforts pour pouvoir partir en même temps que Mme de Buffon et je serai très aise de prendre un peu de repos et de vous revoir ainsi que Madame Daubenton que j'espère retrouver en bonne santé. Je suis mon très cher Monsieur dans les sentimens du plus sincère et du plus tendre attachement votre très humble et très obéissant serviteur BUFFON. Dans la lettre suivante, Buffon charge Daubenton de commissions diverses. On remarquera qu'il le prend pour intermédiaire entre son père et lui. C'est que le père de Buffon s'était remarié en !/32. Buffon avait vainement essayé d'empêcher cette union et, aussitôt après, il demanda compte à son pc-re du bien que lui avait laissé sa mère. De là naquirent de t. Sans doute au roi ou aux ministres protecteurs de la publication. 3. Ordre de payer, un chaque, dirions-nous.
!)Ut-'FON ADMtN!STKATËUR
KT HOMME D'AFFAIRES
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longs procès qui prirent nn seulement en t/yt par un arrangement amiable. Le père de Buffon, pris en pension chez son fils, vécut dès lors dans les meilleurs termes avec lui. V BUFFONA DAUBENTOX Au Jardin du Roy a Paris, tS'janv" t/M. J'ai mon très cher Monsieur l'honneur de vous envoyer cy joint une rescription de ~80 "'pour payer quelques dettes. Vous voudrez bien me faire le plaisir, lorsque vous aurez touché cet argent, d'ecrire à mon père que je vous ai prié de lui payer trois cens trente trois livres dix sols et qu'il ait la bonté de vous envoyer la quittance qu'ensuite vous m'enverrez ici. Vous donnerez aussi à Dauché soixante livres pour le reste de son quartier échue à Noel dernier. Et comme vous avez eu la bonté d'avancer de l'argent pour les ports des chevreuilsl vous aurez la bonté de vous rembourser sur le reste. M. Le Cadet a du vous envoyer un parchemin~ blanc pour signer votre quittance de la pension de l'Académie; je crois que nous recevrons cet argent dans quinze jours ou trois semaines au plutard marquez-moi mon cher Monsieur si vous voulez que je le remette au Cadet ou si vous aimez mieux que je vous l'envoye par une rescription. Nous aurons M. de Courtenveaux à l'Académie. L'élection doit se faire mercredy et je suis persuadé que tant à cause de luy qu'à cause de son pauvre fils, il aura presque tous les suffrages". t. Il y avait beaucoup de chevreuils dans les bois de Buffon « J'habite souvent, dit.il dans l'Histoire /V<~«)~f, un pays dont les chevreuils ont grande réputation, » Il parait que Louis XV lui.en fit demander une fois et que Buffon ne put lui envoyer (en s'excusant) qu'une moitié de chevreuil. Le roi, à son tour, lui envoya la moitié d'un pNtequi avait été servi le matin sur sa table. J'entends en blanc. 3. François César Le Tellier, marquis de Courtanveaux,ducde Doudeauville. Son fils, le marquis de Montmirail, avait été membre de l'Académiedes Sciences. Il mourut en ~64,et ce fut en effet son père qui occupa son fauteuil académique.
ANNALES DE t/UNIVEKStTË
DE PARIS
nous a écrit qu'il arriveroit Ignace' ici samedy; je ne crois donc pas que vous ayez pu lui remettre ma clef dans ce cas il n'y aura qu'à me l'envoyer par la poste. Notre est un peu ralentie impression depuis quinze jours parce qu'on imprime une multitude de registres pour le nouvel édit qui fait beaucoup de bruit"; toucependant j'espère jours que les deux volumes seront finis pour le quinze de Mars j'ai reçu le discours et je que je vous avais demandé vous remercie bien de la peine que vous avez prise pour le trouver. II ne
nous
reste
cent caisses à ouvrir qu'environ de 400 qui nous sont arrivées"; c'est comme vous voyez ne pas mal travailler, mais aussi nous y non seulement employons tous les gens de la maison, mais encore trois ou quatre étranCes gers. 400 caisses numéros qui sont des premiers sont encore plus mauvaises que celles que vous avez vu au Louvre et au Palais Bourbon. Mes respects, je vous prie, à Mme Daubenton. Vous avez bien fait d'aller à Semur voir vos bons amis. chose Quelque il ne m'a pas été possible que j'aye pu faire, de terminer comme je l'aurois voulu l'affaire de M. Guéneau avec Desplus
t. Le P. Ignace, « le capucin de M. le comte de Buiîon a. C'était un certain Antoine Bougot, de Dijon, qui, après avoir fait partie d'une troupe de saltimbanques, était cntré en religion. Venu à Montbard pour prêcher un carême, il fut invité à diner au château et plut à Buffon. Buffon obtint l'érection d'une cure dans sa terre, et prit le P. Ignace comme desservant il lui faisait « une pension par forme d'aumône, de 800 livres, payables par six mois Le P. Ignace habitait à Buffon la maison seigneuriale et administrait le domaine. Il s est toujours montré plein de reconnaissance et de dévouement envers Buffon. Sans doute l'édit de décembre ~64 sur la libération des dettes de t t.tat". Cet édit établissait un droit sur les arrérages des anciens contrats, une retenue annuelle sur les arrérages des autres contrats, un impôt du dixième sur les rentes et sur viagères avec accroissement les gages, donations et émoluments de tous les des finances. employés H y avait donc beaucoup de monde atteint, d'où le bruit que fit cet édit. 3. Pour le Cabinet du roi, assurément. 4. Les échantillons envoyés étaient, j'imagine, e.'ues. S. Sans doute Guéneau de Montbetiard, le futur collaborateur de Buffon à la place de Daubenton.
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ventes. J'ai l'honneur d'être avec tous les sentimcns du plus inviolable attachement mon cher Monsieur votre. etc. BuFFON. Voici maintenant deux lettres tout intimes VI BUFFONA DAUBEKTON A Monsieur, Monsieur Daubenton de l'Académie des Sciences au Jardin du Roy à Paris. A Montbard,le 7 mai 1766. J'ai prié M. Le Cadet, mon très cher Monsieur, de vous informer que les petits remèdes que vous avcs eu la bonté de me conseiller ont eu un plein succès. Les sels que j'ai pris pendant quatre jours de suite à trois gros par jour en grand lavage m'ont purgé doucement, non seulement ces quatre jours mais encore deux ou trois jours âpres; depuis ce tems j'ai toujours été en mieux: j'ai repris mes forces et mes couleurs et il ne me reste qu'un peu d'enbonpoint à ratraper. J'ai continué et je continue encore mon régime, je prends deux bouillons d'herbes par jour, je ne bois point de vin et je ne mange qu'au-dessous de mon appétit des choses saines, en sorte que j'espère que mon mal ne me reviendra pas; et je suis bien aise de vous en avoir l'obligation. Mandés-nous d'aussi bonnes nouvelles de la santé de Madame Daubenton et rien au monde ne nous fera plus de plaisir. L'histoire des singes est achevée d'imprimer aussi bien que les descriptions et on demande à l'Imprimerie Royale les articles du Cabinet* que vous avés encore à donner. Je vous prie de les envoyer à Vercavin dès que vous les aurés mises 2 en ordre. Après cela, il n'y aura plus que les tables à imprimer t. C'est-à-dire les descriptions des animaux et objets conservésau Cabinet d'histoire naturelle. 2. Il y a bien mises.
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DE PARIS
et je crois que les miennes contiendront plus de deux cens cinquante pages. Ainsi vous aurés tout le tems pendant qu'on les imprimera d'arranger les vôtres. Madame votre belle sœur est fort inquiet[e] de son mari qui depuis plusieurs postes n'a donné de ses nouvelles à personne. Ma femme et mon fils se portent bien. Elle vous fait mille amitiés ainsi qu'à Madame Daubenton. C'est ce soir même que M. Guéneau a du inoculer son fils. Je vous embrasse mon très cher Monsieur, et suis avec le plus inviolable attachement, votre. BUFFON. BUFFON. VU BUFFONA DAUBENTON A Monsieur Daubenton de l'Académie des Sciences au Jardin du Roy. A Montbard, le 31 mai t/66. Il me seroit assés difficile, Mon très cher Monsieur, de vous faire un détail exact de l'état de ma santé. En gros elle va mieux et j'ai repris un peu de chair, mais encore pas à beaucoup près autant que j'en avois auparavant. Pour peu que je m'applique longtems ou que je me fatigue ou que je mange un peu trop je sens des pesanteurs et même des douleurs, mais qui ne sont ni vives, ni de longue durée. Ce soir même que je vous écris, j'ai depuis environ deux heures une douleur assez considerable que je ne puis attribuer qu'à une petite salade de pourpier dont j'ai voulu manger pour la première fois car j'ai suivi exactement mon régime de bouillon d'herbes deux fois par jour et de viande bouillie et rôtie pour toute nourriture, et depuis votre départ j'ai pris des sels a deux différentes Guéneau de Montbéliard,convaincu du bienfait de l'inoculation, avait lui-même inoculé son fils. L'affaire fit grand bruit, car l'inoculation était alorstrès contestée. Guéneau lut d'ailleurs à l'Académie des Sciences un mémoire pour décrire l'opération et pour justifier son audace, que certains jugeaient criminelle.
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fois pendant trois jours. Et comme il y a douze jours de la dernière fois et que la douleur que je ressens ne laisse pas d'être assés forte, je viens de commander des sels pour demain et j'en prendrai trois jours de suite, quoiqu'ils me mettent mal à mon aise en me tracaçant beaucoup et me donnant des vapeurs mais comme je ne puis douter qu'ils ne m'aient fait du bien et que c'est par votre avis que j'en use, je veux les preferer aux eaux de Vichy et à tous les autres remèdes qu'on me pourroit proposer. Je suis très aise des bonnes nouvelles que vous me donnés de la santé de M. de Marigny. J'aurai l'honneur de lui écrire sur son rétablissement et de le féliciter de tout mon cœur. Je vous fais bien des remerciemens Mon très cher Monsieur, de vous être souvenu de parler à M. Hamelin. J'envoye par cette ordinaire ma quittance à M. Le Cadet et je le prie de recevoir cet argent et de vous remettre ensuite les douze cens francs que je vous dois pour le mois de juillet et dont vous aurés la bonté de lui remettre le billet qu'il me renverra. Ma femme est en effet tombée de cheval et s'est fait plusieurs contusions assés considérables pour que M. Barbuot 1 l'aye fait seigner du pied au moyen de quoi [elles] n'ont eu aucune suite et elle a pris la résolution de ne plus courir les mêmes risques; elle a vandu aujourd'hui son cheval et donné à Ignace celui de son laquais. Elle me charge de vous faire ainsi qu'à Madame Daubenton mil et mil complimens. Nous sommes enchantés [du bien] que lui fait l'air de Paris et nous espérons que quand [elle] reviendra sa santé sera parfaitement rétablie. Adieu, Mon très cher Monsieur, je vous embrasse avec le plus sincère et le plus tendre attachement. BUFFON. A la fin de )/'6y, Daubenton devait cesser sa collaboration à l'Histoire Ma/e. Buffon, en effet, avait cédé au libraire Panckouke une édition de son Histoire des y~ sans i. Docteur de Scmur, en qui BuSooavait grande coniiantt.
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les additions de Daubenton; et ce dernier en fut blessé. Peutêtre hésita-t.il quelque temps avant de refuser sa collaboration. Du moins dans la lettre qui suit, rien ne l'annonce; tout au contraire. Mais il est à notcrque cette fois il a pris la peine de faire un brouillon de sa lettre en voulait-il peser les termes pour ne pas trop engager l'avenir? VIII DAUBENTOK A BUFFON (Brouillon de lettre.) '7<'7Je suis fort sensible mon très cher Monsieur à la bonne intention que vous me témoignée et dont vous m'avez souvent donné des preuves. Je voudrois être dans le cas d'en faire autant pour vous et donner des marques reelles de toute ma reconnoissance. Je ne sais si je dois vous féliciter de la vente que vous avés faite de vos deux éditions. Il me semble que vous en avés donné les exemplaire[s] à bas prix en comparaison de ce que le public les paye; mais je n'entends pas les affaires du commerce1. J'ai envoié il y a deja du tems environ 4o pages de la description du Cabinet que vous m'avés fait demander par M. Le Cadet pour le i~' volume. Je n'en ai pas ouï parler depuis et je n'en ai point encore vu d'epreuves. J'attend aussi la suitte des bonnes feuilles2, je ne les ai que jusqu'à la page 232. Les descriptions ne peuvent pas finir le volume. Si ma femme n'est pas en état de partir assez tôt pour que je le puisse presenter avec vous, il ne faudra pas que cela vous cause le moindre retard. Quant au nouveau plan que vous avés fait pour les volumes suivans, je trouve les cetacées fort bien placés à la suitte des i. Ce ton de réserve est peut-être significatif. S'agit.H de la publition faite par Panckouke? a. ~«M)'~ rédaction feuilles de ce volume. 3. /Mw< réduction descriptions finissent elles.
Bt.'Pt'ONADMtNJSTRATBUR ET HOMMED'AFt'AtRRS quadrupèdes et je serai fort aise de travailler à leur description comme vous me le proposés dès que je serai à Paris et même je pourrois commencer ici. Je crois que si vous n'etiez pas si pressé il seroit plus convenable de ne mettre l'anatomie comparée que vous me demandez qu'après les cétacées, afin de les faire entrer dans cet ouvrage. Je ne sais combien il y aura de pages, je n'en ai qu'environ cent; je l'interrompis 1 lorsque je fis un discours sur la conformation des singes. Jc~ quitterai ce qui m'occupe à présent pour le reprendre dès que vous m'aurésfait savoir si vous voulés le faire passer avant les descriptions qui auront rapport aux cétacées et pour m'assurer qu'ils conviennent a votre plan, je vous en enverrai les premieres feuilles à mesure que j'y aurai mis la dernière main cet ouvrage pourroit etre divisé en deux parties. Il y aura encore' environ 25 pages et peut être plus que je ne puis finir qu'à Paris pour les descriptions des choses qui sont arrivées au Cabinet depuis l'impression des differens volumes. J'ai aussi la description d'un bardot et d'un chien de mer que j'ai disséqués il y a longtems. Je vous suis tres obligé m[onj t[res] c[herj Monsieur] de la bonté que vous avés eue de parler a M. Mesnard pour l'augmentation de ma pension à l'Académie mais je voudrois bien que cette affaire ne fit pas tort à celle de la gratification ou augmentation d'appointemens que je demande depuis longtems'. J'espère que vous voudrés bien leur en rappeler le souvenir lorsque vous en trouverés l'occasion. Vous faites bien de ménager votre rhume. Aiés en bien soin Il faut toujours se défner des rhumes tant qu'ils durent. Ma t. Première ~<tt</M Je l'ai. 2. Première ~~<!<<<oM Je le quitterai. 3. J°~M<~ rédaction Enverrai les commencemens. 4. Encore (un mot rayé illisible). Première ~<~<!C<~MMesnard au sujet de ma pension. 6. /M<~ /~<tc«o< Mais ce que j'ai le plus à cœur c'est l'affaire de la gratification. )'tM<tc<«!M Je vous seroi bien obligé si vous vouliez y. /M< bien. 8. ~~Mt~fc rc<<«c<MM Soin, car un rhume n'est pas une chose.
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femme est mieux. Sa fluxion se dissipe. Nous avons ici assez de froid pour les multiplier. J'en ressens quelques atteintes à l'oreille. I! fait aujourd'hui un vent insuportable, la neige dure, il en tombe de tcms en tems. Cependant il n'[y] en a pas encore beaucoup. Le froid etoit ce matin à 7 degrès; cela est bien loin des 12 t/2 que nous avons eu mais c'est encore beaucoup trop. J'ai l'honneur d'etre, etc. iî BUFFONA DAUBENTON A Monsieur Daubenton de l'Academie des Sciences à Montbard. Le mars ~67. Je n'ai pu mon tres cher Monsieur trouver encore un instant pour vous écrire à mon aise; mes affaires qui s'étoient accumulées jointes aux soins que demande toujours ma santé qui n'est pas encore solide me prennent tous mes momens et je commence à peine à etre quitte des choses les plus pressées. Je prends avec grand plaisir ces premiers instans pour vous renouveller les assurances de mon attachement et vous demander des nouvelles de la santé de Mme Daubenton et de la vôtre vous connaissez l'interet très sincère que j'y prends. !I seroit bien long de vous raconter tout ce qui regarde la mienne; il y a eu du bien et du mal depuis mon retour, cependant au total je vais en mieux et j'espère que la belle saison achèvera ce que le régime a commencé. On vient de m'envoier l'état des pensions. Vous avez eu 200"' d'augmentation. Ainsi vous etes à t6oo" Comme il y avoit peu d'argent et beaucoup de demandes, je n'ai pu en obtenir davantage. J'ai reçu le catalogue allemand que vous m'avez envoié. Je ne serois point d'avis de donner 60 louis de la pierre Oculus mundi. Il pourroit bien en être de cette pierre comme de la
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tourmatitte qui d'abord étoit unique et qui s'est multipliée lorsqu'on en a eu besoin. Notre quinzième volume vat paroitre et je n'ai pas cru qu'il valut !a peine d'etre presenté; ainsi cela ne vous genera point pour votre retour. Notre glouton se porte à merveille. C'est un animal doux et gay. Je l'avois si bien deviné que je n'aurai pas un mot à changer à ce que j'en ai dit et seulement à ajouter ce que je connois actuellement de ses mœurs dans l'état de domesticité; it coûte beaucoup à nourrir parce qu'il ne veut que de la bonne viande, mais je le garde afin que vous puissiez en faire la description et la dissection. Le batiment du Cabinet' vat bon train et je compte qu'au mois de juillet et peut etre juin on poura commencer à aranger les deux premières salles; les menuiseries des armoires etoient deja assez avancees à mon arivée et elles seront de toutte la hauteur des planchers, mais nous aurons au moins celles de la gallerie ancienne et celles de la nouvelle à la hauteur que vous desirez. On est bien pauvre au Tresor roial et c'est avec bien de la peine qu'on tire quelque argent malgré la bonne volonté de M. de Boulogne, mais cette banque Z les a mis fort à l'étroit. J'ai lu mon memoire sur la chaleur à l'Academie. Cela leur a paru et nouveau et fort bon. J'ai icy mon frere de Navarre. II me prie de vous faire mention de luy. Nos respects à Madame Daubenton. Vous connoissés, mon cher Monsieur, tous les sentimens avec lesquels j'ai l'honneur d'etre, etc. BUFFON. t. Buffon avait d'abord habité les bâtiments de l'intendance. Le Cabinet du Roi y occupait trois salles deux ouvertes au public, étroites et mal éclairées, une qui servait de dépôt de squelettes. Les co!tections, accrues grâce au zetc de BuCon,envahirent de plus en plus son appartement. Aussi, en ty66, il abandonna ce corps de logis et le nt aménager pour le Cabinet. On créa quatre galeries ouvertes au public. Quant à BuBon, it prit une maison à loyer, rue des Foss<sSaint-Victor. 3. Banque? ou banqueroute? Axx.Uftv.
VI.
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DE PARtS
Lorsque cessa la collaboration de Buffon et de Daubenton, leurs relations ne laissèrent pas de rester courtoises, comme en témoignent les lettres suivantes X BUFFONA DAUBENTON A Monsieur Daubcnton de l'Académie des Sciences Garde du Cabinet au Jardin du Roy A Paris, ce 8* )yy:t. Sur vos bons avis, mon très cher Monsieur, je n'yrai point habiter ma nouvelle maison et je n'yrai pas même dans un hotel garnis où il y a trop de mouvement et de bruit pour un valétudinaire je vais accepter le logement que M. Panckoucke m'offre depuis longtems chés lui et comme mon séjour ne sera pas bien long et que je ne tiendrai point ma maison, je n'aurai avec moi que ceux de mes domestiques qui sont absolument nécessaires. Ma santé n'est pas aussi bonne qu'elle étoit il y a un mois. J'ai eu une fluxion considérable dont j'ai beaucoup souffert pendant quinze jours et je suis douleureusement affligé de l'état desesperé où se trouve M. Laude'. Depuis trois semaines la goutte paroit s'être &xée sur la poitrine et les convulsions ne le quitent que pour le laisser tomber en faiblesse et dans un affaissement mortel. M. Barbuot qui le conduit et qui a la bonté de venir tous les deux jours n'a commencé qu'aujourd'hui à désespérer. Cela me jette dans un grand embarras par rapport à mon fils et je regretterai M. Laude pour lui-même, car il étoit bien digne de mon amitié. Je vois que l'air de Paris a fait grand bien à Madame Daubenton je vous prie de lui en faire mon compliment et de lui dire que je serai charmé de la revoir avec son bel enbonpoint i. La maison destinée à l'intendant depuis l'agrandissement du Cabinet. 2. Le précepteur du jeune Buffon. 3. Qui conduit sa santé, le soigne.
JBUFFOM ADMÏNtSTRATEOR BT HOMMED'AFFAÏRES
M
qo'it vaut mieux conserver à Paris que venir perdre à Montbard. J'ai l'honneur d'être avec le plus inviolable attachement, mon cher Monsieur, votre tres humble. etc. BUFFON. Je vous supplie de dire à Monsieur votre beau-frère que je le remercie de tout mon cœur de l'avis qu'il me donne au sujet de ma maison et que j'y detfére d'autant plus volontiers -qu'il se rapporte absolument au vôtre. XI BUFFONA DAUBENTON Montbard, ce ty janvier t~8. Je vous faits mon compliment, mon tres cher Monsieur, de votre nomination à la chaire d'Histoire naturelle du College Royal il est sur que l'on ne pouvoit faire un meilleur choix et que vous lui donnerés de la célébrité autant que celle de Médecine pratique en aura peu, mais cela est dans l'ordre des choses, puisque tout homme qui vient d'être reçu médecin est censé docteur et régent de droit comme s'il avoit la science infuse. La neige a duré six semaines en ce pays ci et le dégel n'a commencé que depuis trois jours; nous sommes à présent )ncommodé[s] par l'inondation. Cela ne m'empêche pas de faire quelques promenades à mes forges et ma santé n'en souffre pas je suis très aise que celle de Madame Daubenton se maintienne assurés la de mes sentiments de respect et d'attachement et recevés pour vous-même, mon très cher Monsieur, les assurances de la plus inviolable amitié. BUFFON. t. Il y avait eu jusqu'alors deux chaires de Médecineau Collège de France et l'on venait d'en transformer une en chaire d'Histoire natu. rette pour y nommer Daubenton.
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ANNALES DE L'UNtVERS!TË
DE P~RÏS
Je scrois fort faché pour tes intérêts mêmes de t'Académic que M. Tronchin ne fut point élu. XII BUt'FOK A DAUBENTON Montbard, ce 5 mars t/83. J'ai été enchanté, mon trës cher Monsieur, de recevoir une lettre de votre main, qui m'assure de votre entier rétablissement j'en ai fait part à mon fils, il se joint à moi pour vous remercier de la part que vous prennés à son heureux retour' il n'a pas laissé de courir des hazards et mes inquiétudes ne laissaient pas d'être fondées; il compte partir incessamment pour se rendre à Paris, où je ne tarderai pas à le suivre. Recevés en attendant les assurances de l'inviolable attachement avec lequel j'ai l'honneur d'être, mon très cher Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur LECLERCDE BUFFON. t. Tronchin, l'illustre médecin genevois,fut en effet élu. Le fils de Buffon avait fait un voyage en Suisse, en Hollande, en Allemagne et en Russie.
Une méthoded'économiemaritime et fluviale à proposde l'estuairedela Seine L'économie maritime et fluviale est l'étude systématique de l'océan et des fleuves envisagés, d'une part, comme producteurs de forces et de matières premières, d'autre part, comme routes. Autrement dit, l'étude de l'activité humaine déployée sur le littoral et sur les rives, depuis l'acte très simple qu'est le ramassage du goémon, par exemple, jusqu'aux opérations très compliquées des marchés nationaux et internationaux. De cette activité les ports, grands ou petits, voire infimes, sont les organes. D'où l'intérêt primordial, qui s'attache à toutes recherches touchant leur genèse, leur formation, leur développement, leur peuplement, l'évolution de leurs foncet nautiques, leurs tions, leurs conditions topographiques liaisons avec les routes de terre, leurs adaptations aux navires et l'adaptation de ceux-ci aux routes de mer et aux marchandises de mer. Bref, l'économie maritime et fluviale est ou, du moins, veut être une explication. Aussi, dans tous les sujets qu'elle aborde, a-t-elle recours à la méthode génétique. Elle utilise la préhistoire, l'histoire, la géographie, la cartographie, l'hydrographie, les sciences et les arts nautiques, etc. « Loin de se laisser dominer par ces disciplines et entraîner, Dieu sait où, elle les ordonne, les compose, les force à se servir les unes les autres et à servir un dessein'. » Les estuaires sont les régions les plus propices à ce genre de travaux. Celui de la Seine retient aussitôt l'attention, car, J. Tramond, ~?~K< <t/<tn<< janvier ig3t, Analyses et comptes rendus critiques.
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en ce lieu, « s'est élaborée partiellement la vascularité du Monde M.La géographie descriptive le limite à Quillebeuf;. mais l'économie maritime !'étcnd jusqu'à Rouen. Sur une longueur de !2o kilomètres, le canal naturel est ouvert à la grande Navigation. Du cap de la Hève aux environs de Tancarville, une immense plaine, qui va en se rétrécissant vers l'est, s'étend entre te pied des falaises de craie cénomanienne et le fil de l'eau. Là se sont établis Harneur, Gravilie, Leure et Le Havre. En face, Honfleur a choisi comme habitat le débouché de la Claire. Pont.Audemer a profité du libre jeu des marées dans la Risle pour fuir la c6te et s'installer au coeur du Roumois. De la Roque à gauche et de la faille de Lillebonne à droite jusqu'au delà de Rouen, les hauteurs, qui dominent les méandres du Neuve, sont constituées de craie sénonienne. Il y a érosion des rives concaves, à Quillebeuf, à Vieux-Port, à Villequier, à Caudebec, à Duclair, à La Bouille, à Rouen. Il y a, au contraire, alluvionnemeat des rives convexes, au Mesnil-sous-Lillebonne, à Notre-Dame-deGravenchon, à Vatteville, au Conihout-de-Jumieges, dans lequartier Saint-Sever de Rouen. Les polisseurs de silex, les artisans du Bronze montés sur leurs chaloupes, les Saxons, les Vikings portés par leurs drakkars, en un mot, tous les hommes qui, venus de la mer, se sont trouvés, pour la première fois, devant l'estuaire ont eu la curiosité de le connaltre. Ils s'y sont engagés; puis, aidés par le flux, ont remonté, aussi haut qu'il leur a été possible, le chemin liquide. Les plus industrieux se sont alors posé la question que faire de ce magnifique instrument ilMalgré la faiblesse des moyens, le manque d'expérience et les innombrables difficultés de la mise en œuvre, ils se sont établis sur les rives pour travailler. Rechercher les traces de leur occupation et celles de leurs successeurs est donc la tâche primordiale de celui qui veut comprendre et expliquer la Seine maritime, système dynamique sans cesse en construction au cours des âges et dont la fondation du Havre-de-Grâce, en tSty, marque l'achève-
UNE M&THODE D'ËCONOMIE MARITIME ET FÏ.UVtAU:
ment. Cette étude comporte certains procédés d'investigation. J'exposerai les principaux, à titre d'exemples, et sans avoir égard à l'ordre chronologique, et je montrerai quelques résultats obtenus. Voyons d'abord les enseignements que l'on peut tirer des documents écrits. 1 L'instabilité est le propre d'un estuaire. Des bancs apparaissent et se disloquent, avec une extrême rapidité. De 1394 à !~o3, la Fosse de Leure, au sud d'Harfleur, fut à peu près complètement bouchée, alors que les entrées d'Harfleur et de la crique de Graville, situées plus loin de la mer, s'ouvraient toutes grandes et attiraient à elles tous les navires. Leure était désertée. Son prévôt fit saisir les bâtiments directement montés à Harfleur et à Graville. Un procès lui fut intenté par Rouen, qui le gagna en ï~io. Mais, à cette date, il n'y avait plus de litige, car la nature, en rétablissant le cours normal, · avait mis tout le monde d'accord. D'autres bancs se maintiennent. La criste marine les envahit, préludant à la végétation des joncs, et sur l'humus nouveau l'herbe se met à croître: c'est une prairie. Vienne une tempête violente, et la prairie se retransforme en banc. Ainsi s'explique-t-on que le droit de pèche suivait les vicissitudes du lieu où il s'exerçait. Avant i~SS, les seigneurs d'Orcher tendaient lignes et applets dans la baie d'Harfieur <~<; époque. Or, il advint que des bancs se déposèrent entre la Petite Leure et les basses falaises de Soquence; ils découvraient à marée basse et s'affermissaient d'année en année. Alors, le seigneur d'Orcher, après constatation du nouvel état de choses, substitua légalement au droit de pêche le droit d'alluvion et de marais. Et, plus tard, lorsque les marécages colmatés furent incorporés au continent et changés en pâturages, il déclara, et avec raison, qu'il était seul et unique propriétaire de ces pâturages. D'où des procès qui durèrent plus de dix ans et qu'il gagna.
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Cette jurisprudence était encore courante à la &n du dixseptième siècle. Témoin cette clause de bail Jouira la dite preneuse, pendant son bail, du droit de pèche dépendant de ladite châtettenie d'Orcher en toute son étendue, ensemble des marais, en cas qu'ils ~fM~ » D'anciens marais avaient disparu. Mais il pourrait M~. se faire qu'ils revinssent. Alors, il fallait le prévoir, et le locataire avait soin de faire stipuler la transformation de ses droits de pêche en droits de marais et inversement. Les procès d'autrefois sont une mine de renseignements précieux. Loués soient les plaideurs grâce à qui peut revivre le passé 1 II Malheureusement, les enquêtes judiciaires ne nous permettent pas de remonter au delà du treizième siècle. Il faut alors recourir à la seule observation des choses. Les dragues-suceuses, naguère employées entre Haraeur et Villequier, donnaient de bonnes indications sur la nature des fonds et la formation des bancs j'en ai souvent pro&té, ainsi que des sondages opérés par le bateau à vapeur des pilotes de la Basse-Seine. La moitié occidentale de la plaine alluviale du Havre était à peu près exondée à ta fin du Néolithique. Composée de sédiments marins et de tourbe, elle s'est tassée à l'abri des galets charriés par les courants de marée venus du cap d'Antifer et disposés en un solide cordon littoral. L'ouverture de tranchées, tes fondations d'usines et de maisons, le creusement des bassins, alors nouveaux, du Havre et du canal de Tancarville et les descentes, à 12 et t5 mètres, dans les caissons à air comprimé, les sondages préalables à la construction de la grande forme de radoub ont apporté des documents absolument précis sur les couches des terrains traversés galets, sables, vases, tourbe; sur les fossiles coquilles marines et d'eau douce, troncs d'arbres sur les produits de l'industrie humaine .grattoirs moustiéricns et néolithiques, deux ou trois pirogues monoxyles d'un âge
UNE MÉTHODE D ÉCONOMIE MARITIME ET FLUVIALE
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indéterminable, débris de barques armées de pierriers probablement des premières années du seizième siècle. Mais il ne faudrait pas croire que la compréhension des faits soit facile. Maintes fois, le cordon littéral a été défoncé. Des criques se formaient et se comblaient. D'autres subsistaient telles quelles ou se changeaient en lagunes. D'autres encore, se rejoignant, découpaient des ilots. D'autres enfin étaient amendées de la main de l'homme. En ces matières, lorsque le document-objet, qui relève des sciences naturelles, n'est point accompagné du document écrit, dont se nourrit l'histoire, il y a des chances que le problème posé ne trouve pas de solution juste. L'esprit se sent plus libre vis-à-vis du premier qui prête à l'interprétation, tandis que le second, – s'il est parfaitement authentique, bien entendu tranche comme un couperet d'un seul coup, nous est livré tout ce que nous refusent les sciences d'observations plans préconçus, intentions, buts. D'autre part, supposons, ce qui est le cas à partir de l'époque gallo-romaine, que le document écrit aurait pu préciser le document-objet. Alors, s'il manque, le document-objet, privé de son complément attendu, perd un peu de sa valeur. On désirait plus et mieux. Question de psychisme? Certes; mais question dont il faut tenir compte. La même remarque s'applique à l'examen des parties dures les falaises, en l'espèce qui constituent l'ossature de la Seine maritime. Seuls, les éboulements en ont légèrement modi&é l'aspect. Fréquents aux temps anciens, ils sont devenus de plus en plus rares dans la suite. Les plaines alluviales encore inhabitables, c'est sur les hauteurs et sur les versants que les hommes de la Pierre Polie et ceux du Bronze ont cherché asile. Marteau ou bêche à la main, il faut mettre à jour les dépots d'objets en silex ou en métal, les repérer sur de bonnes cartes, les photographier, mesurer leur valeur, les comparer avec des pièces semblables mais de provenance différente, dresser des inventaires, etc. Nous apprenons de la sorte que les camps fortifiés de l'cs-
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tuaire ceux de Sandouville, de Bondeville, de la Roquenotamment ont dû être lesorganes d'une civilisation d'agriculteurs, de marchands et de marins. Nous démontrons un fait curieux la formation d'une puissante thalassocratie bronzière, de l'an – 1900 à l'an 900 environ, étendue à toute la voie atlantique, limitée ensuite à la Manche occidentale. La Basse-Seine fut alors un des axes de l'activité mondiale. Nous discernons un véritable blocus du fer. Le nouveau métal, venu par la voie de terre, traité et ouvré par les. peuples de l'intérieur du continent, est entré en conflit avec le bronze. Durant quatre cent ans, de – 900 à – 400, celuici résista; enfin, it fut vaincu. Les habitants de l'estuaire n'ont pas manqué de s'établir au bas des côtes, le plus près possible de l'eau, chaque fois que les conditions physiques du milieu et les exigences de leur sécurité l'ont permis. Voyez-les à Rouen. Ils utilisent le petit synclinal de la rue Grand-Pont, tendu parmi des marécages et des îlots, et construisent, sur l'emplacement du. magasin des Grandes Galeries actuelles, des palafittes. La future ville aux cent clochers est donc une station de passage à la croisée de routes, ou plutôt de pistes, fluvio-maritimes et terrestres (ng. i). A l'investigation des préhistoriens vont succéder les fouilles des archéologues. Sous les Gaulois et surtout sous les GalloRomains et durant le haut moyen âge, la descente vers les plats pays s'est accentuée. Rouen a pris possession de ses marais et de ses îlots et s'y est assise. Lillebonne a été cons~ truite au pied des falaises et des collines où les polisseurs de silex avaient jadis travaillé, cependant que Harfleur, dont l'altitude est plus faible, restait accrochée aux pentes de Notre-Dame-des-Bois et du Mont-Caber. Il s'est probablement installé à sa place actuelle à la &n des temps mérovingiens (fig. 3). III Les documents écrits ne nous livrent pas l'acte de naissance de Honfleur ni celui de Leure. Mais des procès-verbaux de.
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donations, conservés dans de vieux chartriers, montrent quele premier port avant t0:7, le second avant t0$4 exploitaient des salines et faisaient le commerce du sel. Leure est devenue un simple quartier de la ville du Havre Harneur, un faubourg. Quant à la Crique d'Espagne, dont il va être parlé, elle n'a laiasé nulle trace dans les herbages, qui l'ont absorbée et le nom même est tombé dans l'oubli. Elle s'ouvrait au sud-ouest d'Harfleur au nord des actuels Chantiers de la Méditerranée (voir la carte, fig. 2). En même temps que la Fosse de Leure, aux quatorzième et quinzième siècles, elle a reçu des flottes entières bâtiments de guerre et bâtiments de commerce chargés de marchandises de toutes provenances, principalement d'Espagne. Les livres de « La Vicomté de l'eau de Rouen », les « Coutumiers » de Harneur et de Leure présentent des listes interminables de produits. Le-Portugal, la Castille, l'Aragon nous expédiaient les laines indispensables aux ateliers de draperies rouennais, tes suints, les teintures graines d'écarlate, pastel, garance, brésit, vaude, noix de galle, alun et vertde-gris de Galice; figues, raisins et oranges, miel, réglisse, cire, fer, cuirs de Séville, de l'Estramadure et de Porto, cordouans, nllaches, niés de coton, liège, huile d'olive, sel. D'Écosse, la Normandie tirait de la laine, des cuirs salés, des saumons. D'Angleterre, du suif, du bacon, des harengs caqués, des fromages, du plomb, de l'étain, des pierres d'albâtre, des fourrures, des laines, des cordages, du charbon de terre, etc. Les vaisseaux de la Hanse nous apportaient, le plus souvent avec transbordement à Bruges et à Abbeville, des huiles de poisson, des harengs salés d'Allemagne, du brai, de la poix et du goudron, du lin et des côtes de baleine. Les vaisseaux de Venise des draps de soie dorés ou non, des vins de Chypre, des épices, des niés de coton d'Italie, du bois de cèdre, des éponges, des dattes. Parmi les exportations, citons tes blés et tes draps du pays de Caux, les avoines de Tancarville, les draps de Rouen, les
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articles de coutellerie rouennaise, les vins de France, le cidre, les blés du Vexin embarqués aux Andelys, les blés du Neu. bourg chargés à Elbeuf. J'arrête ici cette énumération, d'allure rabelaisienne, et je reviens à la Crique d'Espagne (ng. 2). I! serait trop long d'en expliquer les origines. Il me paraît préférable de montrer comment il a été possible de reconstituer sa forme et les tra. vaux d'aménagement que Louis XI y a fait exécuter. La reconnaissance sur le terrain et le repérage sur les vieilles cartes et sur les plans cadastraux, d'un lieudit, le Hommet, est à la base du travail. (Le Hommet, ancien Hot, avait déterminé l'apparition, au fond de la Crique, de deux cornes, nord et sud, par où s'écoulaient dans celle-ci les eaux des marais « à peine cheminables », d'après une enquête du prieur de Graville.) Des manœuvres d'atterrissage prescrites, au quinzième siècle, par Garcie-Ferrande, dans son « Grand Routtier», on tire des renseignements assez précis sur les abords et l'ouverture de la Crique. L'aspect se déduit, d'abord, du mandement de Louis XI, en date du 20 avril !~5, où est exposé le plan génér&l des aménagements ensuite, des ordres de payement et des quittances de charpentiers. Nous avons analysé de très près une quarantaine de ces documents. A titre de curiosité, en voici deux Quittance de Jchan Lenfant. pour les causes qui en suivent: C'est assavoir XII d. pour demie livre de fichelle baittée aux char. pentiers pour misurer la trenchée du hable nouvellement faicte près le crique d'Espaigne. Item VI s. VIII d. pour VII livres et huit brasses de corde pour attacher plusieurs pieulx et autres bois à merrien. pour faire le grant bastardel traversant le hable. Item XXVII s.t. pour III, de clou de 1111" livres pour clouer et coustre plu. sieurs grans aes à faire des évantelles pour les asseoir en ung bastar. t. Notamment: carte de Le Bocage (Bib. du Havre, )6~), carte de Vasseur de Beauplan (Ibid., <667),cartes reliées aux armes de Colbert, de Pontchartrain (Serv. Hydrogr.), carte de ~8 (Archiv. Nat.), cartes annexéesau procès Leure-de Metmont,)7S3,cartes annexées au pro. ces: Succession Conty, ~Sû, etc. Pour plus de détails sur cette partie et sur les autres, voir notre livre Les origines des ports de la Seine Maritime; in-8, Xt-~32p. )93o Soc. Edit. géogr. marit. et coloniales.
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dei assis en lad. crique d'Espaigne, servana à aprofondir le nouvel hable. Donné aud. lieu de Hareneu, le XHII'jour [d'Octobre 1475. ] I! s'agit
d'un batardeau destiné à retenir un certain volume de la corne sud de la crique. A marée basse, on ouvrait
d'eau les évantelles, c'est-à-dire tes petites écluses de chasse et le courant ainsi provoqué nettoyait et creusait le chenal d'accès en direction de la Fosse de Leure. Second
ordre
de payement
Nous vous mandons que paiés à GilletJehan Lestandart. Lebeuf. la somme de LXXV s. t. pour le nombre de vingt jour. nées ouvrables qu'il a besogné à deffaire unggrant pont de bois qui estoit assis dedens la crique d'Espaigne et icellui retrait et assis en icelle crique plus hault qu'il ne soulloit vers Graville, afin que plus grant nombre de navires venans de la mer et d'ailleurs puissent t poser en icelle et mectre à sauveté; et aussi afin que tes gens quii pourroient descendre de navires qui seroient arrivés à la fosse de Leure et en icelle crique puissent venir a pie sec pardessus led. pont dedens lad. ville; et aussi pour avoir reflait plusieurs petits. pons et plusieurs criques pour aller et venir es navires estans es lieux dessusd., et m6me pour avoir traché (cherché) plusieurs pièces de bois qui estoient yssues dud. pont de la crique d'Espaigne.. Donné aud.lieu de HareCeu, le XVI'jour de Février, l'an mil CCCC soixante et quinze. Travait de grande envergure de la corne nord dégagement de la crique, construction de solides charpentes servant à la fois de pont et de quai, pose d'une sorte de chaussée en bois, discontinue
ou non en tout cas, nécessaire à cause de l'état de la région – entre la Fosse de Leure et la marécageux d'une part, et entre cette dernière et Harcrique d'Espagne, fleur, d'autre part. IV de la crique répondait, dans l'esprit de L'aménagement Louis XI, à une préoccupation et militaire. Il ne politique résista pas aux atterrissements. Il faudra chercher ailleurs un site plus favorable et c'est pourquoi, après bien des tàton-
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nements, le Havre-de-Grace, une quarantaine d'années plus tard, sera créé. L'histoire de cette fondation nous est connue, année par année et souvent jour par jour. Les sources essentielles sont l'enquête du général de Savoie, en 1477, à laquelle il manque, hélas! la Hpourtraicture" de la côte qu'avaient exécutée deux peintres; les ordres relatifs à !a concentration de la grande flotte, en l5t2, dans l'estuaire les résultats de la commission d'études de !$t5; les lettres-patentes de François I" (la première est du y février !5ty); le « Mémoire » de Guillaume de Marceilles les Il Documents tirés des Archives d'Azay-le'Rideau par Stéphano de Merval. Ce's deux dernières pièces renferment presque toutes les autres (6g. 4). On connaît les noms des t<pionniers qui ont percé Met creusé le port et les chenaux, les noms des charpentiers et des maçons, qui ont construit les jetées, la tour, les quais et les écluses de chasse. On connaît le premier tracé de la ville naissante, c'est-à-dire le quartier Notre-Dame actuel, puis le quartier Saint-François. L'aspect n'en a pas varié. On connaît le plan de lotissement primitif et on constate sans surprise, par les abus dont il a été l'occasion, que les lotisseurs de jadis et ceux d'aujourd'hui sont bien de la même famille! Le Havre, je le répète, est une véritable création. Pour la première fois, en effet, un port national, un port d'État est fabriqué de toutes pièces. Abandon de l'embouchure d'une rivière; choix rationnel d'un site correction de ce site par une intervention délibérée programme d'ensemble, conçu pour la défense du pays et le bien public et adapté à trois buts buts militaires, buts économiques, buts nautiques, c'està dire préoccupation d'assurer le libre accès dans le port aux navires de tous tonnages et surtout aux plus grands vaisseaux; décision préméditée de faire immédiatement des constructions en pierre, spacieuses, durables et susceptibles d'accroissements ultérieurs ces cinq conditions réunies sont réalisées au Havre-de-Gràce. Événement qui marque une étape considérable la fin du port médiéval, la naissance du port moderne.
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En revanche, les documents ne frètent aucun souci de navigation transatlantique. Celle-ci ne tardera pas à s'implanter au Havre, mais ce sera l'effet de la force des choses. Le nouveau port prend la place d'Harfleur et de Leure et enlevé à Honfleur une notable partie de son trafic, voire de ses habitants. Cependant, ainsi que tous ses aînés de la Seine maritime, il reste sous la dépendance économique et financière de Rouen. Cette vérité éclate dans tous les documents relatifs aux armements. Je n'en retiendrai que deux. On lit dans le rapport du chevalier de Clerville, rédigé en t/ot « Il a été représenté-par les habitants du Havre qu'ils ne la (leur ville) regardent, non plus que leur port, que comme un entrepôt de commerce qui se fait en celle de Rouen. Les gens qui s'y meslent du trafic. sont plustot des facteurs que des marchans. ? Et Farin, en t788, déclare, à propos du quai de On l'appelle quay plutôt que port, parce qu'à proRouen prement parler le port de Rouen est à Dieppe et au Havre, où se font les embarquements pour Rouen. )' V Ainsi se dégage, sur le plan économique, l'explication de l'estuaire. II importe, pour finir, de la préciser très brièvement. Au début du Néolithique, l'activité maritime, semblable à une vague, déferle, dans le sens du mascaret, de l'aval vers l'amont. A l'âge du bronze, le phénomène est d'une netteté absolue. Dans une région dépourvue de minerai, le navire, .chargé de cuivre et d'étain, est l'indispensable pourvoyeur de la forge. L'industrie bronzière vit de la mer. Aussi provoquet-elle la formation de la puissante thalassocratie à laquelle il a été fait allusion. Puis, le fer, venu par la voie de terre, triomphe – vous savez au prix de quelles dif&cultés. Sous les Gaulois et sous les Gallo-Romains, la navigation de la Seine se ralentit. Voici Rouen promue capitale, précisément parce qu'elle est éloignée
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de la mer. Elle commande à la future Normandie et, par conséquent, à la Seine maritime. Et, lorsque l'utilisation, d'ailleurs fatale, de celle-ci sera possible, c'est Rouen qui s'en chargera. La vague, alors, se retourne et gagne, de proche en proche, l'aval de l'estuaire, jusqu'au rivage, dans le sens du jusant. La primauté de Rouen, soutenue par les ports d'abbayes, ceux de Jumièges et de Saint-Wandrille, par exemple, et par les ports seigneuriaux comme Honfleur et Harfleur, est affermie et définitivement consacrée par les Normands, peuple venu de la mer. Cette dernière incidente comporte un commentaire touchant la psychologie de certains occupants de l'estuaire. Les premiers ducs, venus de la mer, .se fixent à Rouen et élèvent leur château sur le bord de l'eau, on peut dire dans l'eau, à l'ouestnord-ouest de la future église Saint-Vincent. Leurs successeurs choisissent, toujours à proximité du fleuve, l'emplacement des Halles Centrales actuelles. En 1207, les Français de Philippe-Auguste, venus de la terre, bâtissent leur château aussi loin que possible de la Seine la tour Jeanne-d'Arc, près du boulevard Beauvoisine, en est un témoin. Après leur entrée dans la capitale, le ï3 janvier ï~tS, les Anglais de Henri V, venus de la mer, bâtissent, eux aussi, un château et, comme les Normands, sur la rive, à l'endroit où se trouvent aujourd'hui les bureaux de la Douane. Ces quatre événements n'ont-ils pas la signification d'un symbole Toute la politique britannique est là, et toute la politique française; la première inspirée par la mer, la seconde par la terre. Après la guerre de Cent Ans et surtout à la fin du quinzième siècle et au début du seizième, la vague d'amont reprend force et vitesse; la course aux avant-ports se fait plus pressante. Démontrée par l'échec définitif d'Harfleur, par l'accès difficile, parfois impossible, de Honfleur, la nécessite d'un grand port d'estuaire, demandé par Rouen elle-même, devient évidente. C'est pourquoi François I" fonde Le Havre, dernier en date des ports de la Seine maritime.
UNEMËTHODE D'ËCONOMtE ET t-LUVÏALE49 MARH'tME Au moyen âge, de graves querelles ont éclaté, à propos de la navigation, entre Rouen et Paris. Il y a quelques années, de vieilles chicanes divisaient encore Rouen et Le Havre. Maintenant, les passions se sont éteintes. Les deux grands ports ont compris que, chacun dans sa spécialité et chacun à sa manière, ils constituaient l'un des éléments essentiels de la prospérité nationale. Marcel A. HËRUBEL, de rAead<m!ede Marine.
Atttt.Uiitv.
VI..
Inauguration de l'Institut d'Etudes germaniques La séance inaugurale de l'Institut d'Etudes germaniques a eu lieu le 15 décembre tg3o. M. Raymond Poincaré avait accepté la présidence de la séance, mais, retenu par la maladie, il n'a pu prononcer te discours qu'il avait préparé. C'est M. André Honnorat qui en a donné lecture. On en trouvera le texte M~w ci-dessous, ainsi que celui du discours prononcé par M. Henri Lichtenberger, directeur de l'Institut d'Études germaniques. MM. de Peyerimhoff, président du Comité des Houillères de France; le comte Wladimir d'Ormesson, secrétaire général du Comité franco-allemand d'information etde documentation. Vermeil, professeur l'Université de Strasbourg, ont également pris la parole à cette inauguration où l'on remarquait la présence de S. E. M. von Hœsch, ambassadeur d'Allemagne à Paris, et de MM. S. Charléty, président du Conseil de l'Université de Paris, et Delacroix, doyen de la Faculté des Lettres. Discours de M. Raymond POÏNCARË Dès cienne
le 3o octobre dernier, notre grande Université alsaa créé, avec la collaboration d'un nombre empressée important de ses professeurs, notamment de M. Vermeil, et sous la direction de M. Spenlé, un centre d'Études germadont le niques programme, soigneusement établi, comprend, pour l'année scolaire to3o-lo3i, des cours sur l'histoire générale de l'Allemagne, sur la géographie, sur des questions juridiques, sociales, économiques, politiques, des militaires, exercices pratiques de vocabulaire et de conversation, et des conférences qui seront faites par des spécialistes sur différents sujets d'actualité.
JNAUGURATtO~
DE Ï~NSTÏTUT
O'ËTUOES GERMANIQUES
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Voici qu'à son tour l'Université de Paris inaugure, sous les auspices de M. le recteur Charléty, de M. Delacroix, doyen de la Faculté des Lettres, de M. le sénateur André Honnorat, un Institut d'Études germaniques, dont la direction sera confiée à M. Henri Lichtenberger et dont l'enseignement, donné par les maîtres les plus éminents, concordera sur les points essentiels avec celui de Strasbourg. Outre les professeurs français dont les noms figurent déjà sur l'affiche officielle, cet Institut, dont MM. Henri Lichtenberger, de Peyerimhoff, Wladimir d'Ormesson et Vermeil viennent de nous exposer si clairement l'objet et l'organisation, présentera à ses auditeurs des conférenciers allemands qui traiteront des matières les plus diverses dans l'ordre économiqué comme dans l'ordre littéraire ou scientifique. Ce n'est pas à une coïncidence fortuite que sont dues ces fondations presque simultanées dans deux Universités françaises. Elles sont nées d'un même besoin et d'une même inspiration. A Paris comme en Alsace, on a compris le danger permanent qu'il pourrait y avoir, pour deux grands peuples voisins, à s'ignorer l'un l'autre ou, ce qui est parfois encore plus grave, à se connaître inexactement. On a compris également que de sures informations mutuelles étaient une des conditions préalables de tout rapprochement politique et on a cherché à rétablir dans le calme et le désintéressement les relations intellectuelles qui ont de tout temps existé entre l'Allemagne et la France. On a beaucoup écrit, avant et depuis la dernière guerre, sur l'influence littéraire, artistique, philosophique qu'ont eue l'une sur l'autre, à travers les siècles, ces deux nations curo' péennes. Quoi que nous pensions de cette action réciproque, nous ne pouvons nier qu'elle ait été à peu près continue ni qu'elle se soit alternativement exercée dans les deux sens. Je lisais récemment, comme beaucoup d'entre vous, sans doute, un livre remarquable, ingénieusement commenté par M. Bernard Grasset, Dieu est-il /ra~aMP de M. Friedrich Sieburg, et j'y trouvais avec quelque surprise des phrases
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AKNALKS DE L'UNtVËRSÏTË
DE PARIS
La lutte que la France mène pour consercomme celle-ci va son monopole de civilisation est, à tous égards, dirigée contre nous. Sous l'antagonisme France-Allemagne se cache celui de la France et de l'univers. le véritable antagonisme Ce sont là, n'est-il pas vrai, des jugements erronés contre lesquels proteste toute l'histoire de nos rapports avec nos voisins? Depuis les invasions qui ont jadis transfusé dans les veines de la Gaule celtique et romaine du sang d'outre-Rhin et qui ont même fini par donner à notre pays latin un nom d'origine germanique, nous n'avons guère cessé d'échanger avec l'Allemagne, non seulement nos produits matériels, mais les richesses intellectuelles dont nous étions les créateurs ou les dépositaires. Au douzième et au treizième siècle, nous avons donné plus que nous n'avons reçu; et, de même, au dix-septième et au dix-huitième. Nous avons, au contraire, absorbé beaucoup d'idées allemandes au seizième siècle et, surtout, depuis la seconde moitié du dix-huitième, jusqu'à la veille de la dernière guerre. Quelle a été, au total, la balance de ces échanges spirituels ? Peut-être, quelques-uns de nos historiens, et des meilleurs, tels que M. Reynaud, ont-ils un peu complaisamment la littérature adopté la thèse de Vogt und Koch, que allemande moderne, la plus récente des littératures de l'Europe occidentale et méridionale, est non seulement restée sous la dépendance des modèles de l'antiquité classique, mais encore sous la tutelle de sés voisins et qu'elle ne s'est, en définitive, affranchie de l'influence étrangère que grâce au secours d'une influence étrangère n. Je ne sais. Mais M. Reynaud lui-même a complété son instructive histoire de l'influence française en Allemagne par un second volume sur l'influence allémande en France au dix-huitième et au dixneuvième siècle, aussi nourri de faits et de citations que le précédent, et il y met loyalement en pleine lumière la succession et la réciprocité de cette pénétration morale. Un autre de nos écrivains, un illustre Alsacien, qui est
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D'ËTUUES GERMANIQUES
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aujourd'hui professeur au Collège de France et qui a promis à ce nouvel Institut des leçons sur la poésie lyrique allemande et sur Hegel, M. Charles Andler, a publié, au cours même des hostilités, en 19! 5, une belle étude où il a lumineusement démontré qu'entre les humanistes et les savants de France et d'Allemagne, Ic contact s'était maintenu à travers les siècles et qu'il avait été, au total, profitable aux deux pays. Certes, la civilisation française ne se manifestait pas sous les couleurs de l'impérialisme ou de la jalousie, lorsque les lettres de Grimm introduisaient nos aïeux dans l'intimité de leurs voisins germaniques, lorsque Dieudonné Thiébault recueillait avec complaisance les souvenirs de ses vingt ans de séjour à Berlin, ou lorsque Charles de Villers célébrait l'Allemagne comme la terre classique des Universités. Non, la civilisation française n'était ni égoïste, ni fermée, quand Dorat s'écriait: « 0 Germanie, nos beaux jours sont évanouis; les tiens commencent n quand Gcethe et Schiller révolutionnaient notre théâtre et quand les Parisiens lisaient Werther avec une frénésie presque maladive. Non, la civilisation française ne prétendait pas au monopole, ni même au privilège, quand, en t/os, l'Assemblée législative déclarait citoyens français Klopstock et Schiller et quand, aux applaudissements d'une grande partie de la France, Mme de Staël faisait éperdument l'éloge de la culture germanique. Non, la civilisation française ne prétendait pas à je ne sais quelle suprématie hautaine, lorsque Victor Cousin et SaintMarc Girardin allaient chercher en Allemagne des modèles d'enseignement universitaire et lorsque le second écrivait à son retour « II y a, au delà du Rhin, des trésors d'affection domestique, de foi religieuse, de sentiments exaltés et romanesques. MNon, la civilisation française n'avait ni préventions, ni préjugés, lorsque Edgard Quinet proclamait la parenté du génie des peuples modernes et l'unité de la civilisation européenne, lorsque Victor Hugo, dans le Rhin, répétait que l'Allemagne et la France sont essentiellement l'Europe, sont
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essentiellement la civilisation; lorsque Sainte-Beuve consacrait à Goethe quelques-uns de ses plus brillants Lundis et lorsqu'il étudiait avec une particulière bienveillance, non seulement la politique et les opérations militaires de Frédéric Je Grand, mais ses œuvres historiques et littéraires. Non, la civilisation française n'était ni agressive, ni dédaigneuse, lorsque Guizot, Villemain, Charles Nodier, Barsnte publiaient tous les chefs-d'œuvre du théâtre allemand, lorsque notre jeunesse dévorait les contes fantastiques d'Hoffmann, lorsque Michelet cherchait des inspirations dans Grimm, lorsque Taine et Renan se nourrissaient de Hegel. Comme l'a écrit M. Charles Andler, la France avait eu pour la littérature allemande, et plus encore pour la musique allemande, avant la guerre de 18~0, une sorte de « tendresse admirative M.Cette malheureuse guerre et le traité qui la suivit nous révélaient une Allemagne nouvelle, plus réaliste que rêveuse et plus disciplinée qu'individualiste. La France voulut l'observer d'un peu près, sans haine et sans passion, et elle se livra, pendant plus de quarante ans, à un examen attentif et prolongé de tout ce qui pouvait nous faire mieux connaître l'esprit, les goûts et les habitudes de nos voisins. C'est ainsi qu'Albert Dumont, Octave Gréard, Louis Liard entreprennent en Allemagne des enquêtes approfondies avant de préparer la grande réforme universitaire à laquelle, comme rapporteur et comme ministre, j'ai eu l'honneur d'être associé. C'est ainsi que Frédéric Lichtenberger écrit une savante histoire des idées religieuses en Allemagne que mon regretté collègue, Mézières, qui devait mourir, pendant la nouvelle guerre, en territoire occupé, dédie deux volumes à la mémoire de Goethe; que Bossert compose, lui aussi, sur Goethe et, en outre, sur Schiller, sur les origines de l'épopée germanique, une série d'ouvrages qui se répandent dans tous nos lycées. Et puis, voici qu'Ernest Lichtenberger, à la Sorbonne, et Arthur Chuquet, au Collège de France, donnent tous les deux aux études germaniques un développement magnifique et un éclat grandissant, pendant que, d'autre part, Richard Wagner
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devient de plus en plus populaire à Paris, que les scènes parisiennes jouent de plus en plus volontiers des pièces allemandes, et que Heine et Nietzsche trouvent chez nous autant de lecteurs qu'en Allemagne. A mesure que passent les années, ces connaissances se généralisent et ce travail s'intensifie. M. Henri Lichtenberger compose une belle histoire de la langue allemande il analyse le poème et la légende des Nibelungen; chez Heine comme chez Wagner, il se plaît à rechercher et à nous montrer le penseur; chez Nietzsche, il découvre toutes les démarches du philosophe; tandis que, de son côté, Emile Boutroux nous expose l'évolution de la philosophie allemande depuis les origines médiévales, que M. Lévy Bruhl nous parle de Leibnitz et de Jacobi. Mais comment oublier, dans cette évocation sommaire des persévérants efforts que nous avons faits pour apprendre à connaître nosvoisins, les magistrales publications de M.Charles Andler sur les origines du socialisme d'État en Allemagne, sur le prince de Bismarck et sur le manifeste communiste de de Karl Marx et de Frederic Engels? Les volumes de Charles Andler se succèdent jusqu'à la veille de la guerre et même, loin d'en interrompre la série, l'explosion des hostilités augmente l'heureuse fécondité de l'auteur. II traduit, commente et groupe en quatre tomes les passages les plus significatifs des théoriciens du pangermanisme. Puis, la paix signée, il revient à Nietzsche et lui élève un monument digne de ce grand esprit. Assurément, toutes ces œuvres n'ont pas dissipé entre les deux pays les malentendus. Il est possible que, de part et d'autre, la littérature, l'histoire et même les sciences aient gardé jusqu'ici l'empreinte des pénibles conflits qui, même depuis la fin de la guerre, ont séparé la France et l'Allemagne. Mais, pour mettre un terme à ces dissentiments, pour établir la concorde entre des peuples auxquels leur intérêt économique lui-même interdit de rester divisés, pour les amener à reprendre, au profit de l'humanité tout entière, une collabo-
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ANALES DE L'UNtVERSITÉDE PARIS
ration longtemps interrompue, et même, plus simplement, pour donner à chacun d'entre eux une image fidèle de son voisin, pour substituer les réalités aux partis pris et aux illusions, il est indispensable de renouer les traditions anciennes et de rouvrir, entre des intelligences qui s'ignorent, des communications régulières. Rien ne serait plus dangereux et plus absurde pour l'Allemagne et pour la France que de s'isoler chacune dans un compartiment clos et de se représenter sous un jour trompeur les institutions, les moeurs, le régime politique et social de la nation qui vit dans le voisinage. Rien ne serait également plus fâcheux que de circonscrire notre production littéraire, artistique et scientifique dans un cercle trop étroit et de retrancher dans une sorte de forteresse notre conception du vrai et du beau. Certes, nous avons le droit et le devoir de préserver jalousement contre des altérations regrettables tout ce qu'il y a de caractéristique et d'essentiel dans nos traditions nationales. Mais, pour maintenir les parties les plus saines et les plus précieuses de cet héritage sacré, il faut que nous soyons à même de comparer nos idées et nos coutumes avec les coutumes et les idées étrangères. La meilleure façon de protéger un patrimoine est encore de savoir sur quels points il se différencie des autres. L'isolement prolongé nous conduirait, d'ailleurs, à l'immobilité et l'immobilité à la décadence. C'est à établir une coopération intellectuelle durable et à préparer une entente réfléchie que travaillera efficacement l'Institut d'Études germaniques. Faisons-lui confiance et assurons-le, dès ce soir, de nos vœux de succès et de prospérité.
Discours de M. Henri MCHTENBEMBR L'Institut d'Études germaniques que nous inaugurons aujourd'hui veut être d'abord l'équivalent de ce qui existe depuis longtemps dans les Universités allemandes sous le nom de
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Séminaire germanique, c'est-à-dire un centre où l'étudiant trouve une sat!c de travail ouverte toute la journée, avec une bibliothèque contenant les livres de travail dont i! a besoin, où il peut acquérir aisément la connaissance pratique de la '< littérature avec laquelle il doit se familiariser pour s'élever à la connaissance de la tangue et de la civilisation allemandes, où il lui est loisible de travailler à toute heure en contact permanent avec ses camarades, en collaboration avec eux, en liaison avec ses maîtres. Depuis longtemps nous sentions cruellement le manque d'une organisation de ce genre, dont l'importance capitale au point de vue des études ne fait doute pour personne. Malheureusement, chacun sait l'exiguïté de la place dont nous où nous nous disposons à la Sorbonnc et l'impossibilité trouvions jusqu'à ces derniers temps de concéder à chaque discipline l'espace nécessaire à la création d'un institut spécial. C'est au cours de ces dernières années seulement que nous avons pu, petit à petit, rassembler les éléments essentiels de cet organisme. Le premier pas a été l'acquisition par l'Université et la Faculté des Lettres de la bibliothèque de notre regretté collègue Maurice Cahen, enlevé prématurément à l'affection de ses collègues et à l'estime du monde savant. Elle constituait un magnifique instrument de travail pour tout le vaste domaine de la philologie allemande. La dispersion de la bibliothèque Albert Dumont, qui tenait lieu de séminaire commun à toutes les disciplines, et sa répartition entre les divers enseignements spéciaux nous a fourni ensuite un premier fonds très insuffisant encore de livres modernes. Enfin l'attribution d'un crédit extraordinaire nous a permis de compléter de façon utile notre rayon de livres moderneset contemporains. Nous disposons aujourd'hui d'une bibliothèque d'environ 20000 volumes, beaucoup moins riche assurément que celles de bien des séminaires allemands, beaucoup moins bien dotée qu'elles surtout pour l'acquisition d'ouvrages nouveaux le budget du séminaire roman de Leipzig, que je connais t
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par hasard, est environ décuple du nôtre. Telle qu'elle est, elle nous suffit pour l'instant et nous arriverons, j'espère, à la tenir au courant, grâce au concours de nombreux donateurs français ou étrangers à qui j'exprime ici toute notre reconnaissance. Pendant deux ans environ nous avons entassé tant bien que mal notre bibliothèque dans deux petites salles de la Sorbonne ou nous nous trouvions fort à l'étrott. Cette année, enfin, la Faculté des Lettres, ayant hérité des locaux occupés rue de t'ËcoIe.de-Médecine par l'École des Arts décoratifs, s'est trouvée à même, avec te concours de l'Université et du minis. tère ,de l'Instruction publique, d'y aménager un Institut des langues vivantes où nous avons notre place; nous disposons de tout l'espace voulu pour loger notre bibliothèque et nous avons pu ouvrir à la rentrée une vaste salle de travail où une centaine d'étudiants tiennent à l'aise. L'Institut est aujourd'hui régulièrement constitué il est dirigé par un comité dont le créateur de la Cité Universitaire, M. André Honnorat, a bien voulu accepter la présidence; il est assisté par un comité de perfectionnement à la tête duquel nous sommes heureux et fiers de voir M. Tirard; il est secondé et soutenu par une Société d'Études germaniques qui, sous la présidence de mon collègue et ami Andler, groupe l'ensemble des germanistes parisiens, organise des conférences et séances de discussion et nous aide à compléter notre bibliothèque. o, t~e Sur un point particulier toutefois notre Institut se différencie des séminaires allemands. Les séminaires d'outre-Rhin, en effet, ont été longtemps à peu près exclusivement consacrés à l'étude de la philologie. H n'y a pas bien longtemps encore, les romanistes allemands, par exemple, s'occupaient à peu près exclusivement de la grammaire des langues romanes et des textes littéraires
INAUGURATION
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anciens. C'est seulement à une époque relativement fécentc qu'ils ont élargi le champ de leurs études et que certains y ont annexé la littérature moderne et parfois la littérature contemporaine. Chez nous, l'enseignement de l'allemand dans les Facultés a porté d'abord essentiellement sur la période classKme de la littérature allemande; puis il s'est élargi progressivement soit dans la direction de la philologie, soit dans la direction de l'époque contemporaine. Puis nous avons fait un pas de plus. Il nous a semblé que le futur professeur allemand ne devait pas seulement posséder la connaissance solide et scientifique <ic la langue et de la littérature, mais devait être au courant aussi de la civilisation allemande dans son ensemble. Il ne suffisait pas qu'il fût un philologue et un lettré il était souhaitable aussi qu'il pût acquérir des notions précises sur l'histoire et les institutions, sur l'organisation politique et économique, sur l'évolution philosophique et religieuse, artistique et musicale de l'Allemagne. Connattre la formation de l'unité allemande, ou le rôle de Bismarck, ou la constitution de Weimar, se familiariser avec Luther ou Schleiermacher, avecKant ou Nietzsche, avec Durer et les cathédrales gothiques, avec Bach, Beethoven ou Wagner nous paraissait plus utile peut-être au point de vue de son développement intérieur et de sa formation professionnelle que de se plonger dans l'étude plus minutieuse des seuls faits littéraires ou grammaticaux. Il y a une trentaine d'années nous avons marqué pour la pré. mière fois cette préoccupation en introduisant dans le programme d'agrégation, à côté d'une liste d'auteurs littéraires, une question d'histoire. Aujourd'hui cette tendance s'est largement af&rmée à l'agrégation, une part égale est faite dans nos programmes à la littérature et à la civilisation; et à la licence, nous demandons à nos candidats la connaissance générale des institutions contemporaines de l'Allemagne et <tes notions d'histoire de l'art. Dans notre institut, j'ai pu cette année pour !a première .fois, grâce à des ressources mises à notre disposition par des
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donateurs qui savent toute notre reconnaissance, instituer un enseignement spécial de civilisation allemande. Nous avons ouvert des cours suivis, con&ésa MM. Vermeil, Max Hermant et Giscart d'Estaing, destinés à initier nos étudiants à la vie politique, économique et financière de l'Allemagne contemporaine, et nous organisons en outre une série de conférences faites sur des sujets variés par des personnalités françaises ou allemandes spécialement compétentes. C'est ainsi que, par exemple, M. Hesnard, le directeur de la Maison française de Berlin, m'a promis de nous parler, à l'occasion d'un de ses voyages à Paris, de la situation politique allemande, ou que M. Mulert, le président du congrès des villes allemandes, viendra, en janvier, nous entretenir de la politique économique et financière des villes et communes d'Allemagne. L'étudiant qui aura suivi l'ensemble de ces cours et conférences acquerra de la sorte une connaissance générale de l'existence allemande et de quelques-uns des grands problèmes de l'heure présente qui lui seront exposés, en français ou en allemand, par des savants, des artistes, des hommes publics, des spécialistes de valeur reconnue.
Vous le voyez nous faisons effort pour que notre Institut d'Études germaniques soit en même temps un centre d'études scientifiques aussi solidement outillé que possible et aussi un foyer de connaissance vivante. La connaissance d'une civilisation moderne, et tout particulièrement celle de la civilisation allemande sur laquelle nous avons un intérêt si évident à être exactement informés, ne peut pas reposer uniquement sur la recherche érudite, sur le dépouillement des documents imprimés. Il faut, dans la mesure du possible, compléter le savoir livresque et abstrait par l'intuition concrète de la réalité vivante. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour la développer chez nos étudiants. Nous leur facilitons le plus possible les séjours en Allemagne, soit qu'ils s'y rendent pour quelques semaines, pour
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suivre des cours de vacances ou simplement comme excursionnistes, soit qu'ils y fassent des séjours plus prolongés comme boursiers, assistants dans les gymnases, lecteurs aux universités, pensionnaires de la Maison française de Berlin ou du Centre d'études de Vienne. Pour ceux qui demeurent à Paris, nous ne nous bornons pas à leur offrir l'assistance d'un lecteur allemand et à leur faire entendre à notre Institut, ou encore à l'Association pour la propagation des langues vivantes, des conférences ou des récitations en allemand nous cherchons, grâce au concours d'une série d'organisations officielles ou privées, telles que l'Office des Universités, le bureau parisien de l'Akademischer Austauschdienst, le cercle de Mme Barrance, le Foyer de la Nouvelle Europe ou la Ligue d'Études germaniques, de leur faciliter de toute manière le contact avec la vie allemande et particulièrement de les mettre en rapports avec les nombreux Allemands qui étudient à Paris. Nous donnons ainsi tous nos soins à former une équipe de germanistes à la fois aptes à la recherche scientifique et qui connaissent l'Allemagne et les Allemands non pas seulement par les livres, maisaussi par expérience personnelle. Je tiens à dire que, du côté allemand, j'ai toujours rencontré la plus entière bonne volonté pour cette œuvre de coopération intellectuelle. Partout et dans tous les milieux, nos étudiants rencontrent l'accueil le plus empressé, souvent le plus cordial. Dans nombre de villes, et parfois avec des moyens bien supérieurs à ceux dont nous disposons, on a créé en Allemagne des centres d'études françaises ou des sociétés franco-allemandes. Dans une série de grandes universités, à. Berlin, Leipzig, Munich, Fribourg, Hcidelberg, Francfort, Bonn, Cologne, Hambourg, BresIau.Kônigsberg, on fait aujourd'hui venir régulièrement des professeurs ou conférenciers français qui parlent devant des auditoires singulièrement plus étendus que ceux que nous pouvons offrir à nos visiteurs allemands. A Cologne, s'organise en ce moment un Institut français en liaison avec l'université et la municipalité. Nous sommes en relations avec l'École des sciences politiques de Berlin et un
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institut similaire de Francfort pour l'échange de professeurs. allemands et français. On sent de part et d'autre qu'on cherche sincèrement à se mieux connaître. Quel sera le résultat de cet effort convergent ? C'est le secret de l'avenir. Il n'est personne parmi nous qui ne sente combien ce que nous faisons est peu de chose en regard de ce qui reste à faire. Et surtout nous. sentons l'énormité de cette tâche de compréhension mutuelle, de rapprochement intellectuel, d'apaisement où s'emploient de leur mieux, à l'heure présente, nos hommes d'État, nos industriels, nos artistes, nos publicistes et où nous collaborons nous-mêmes dans la limite de nos forces. Je remercie de tout coeur mes collègues et amis du Comité franco-allemand qui vont tout à l'heure prendre la parole et ont bien voulu s'associer à moi pour vous dire mieux que je ne saurais le faire la nécessité et l'urgence de cette oeuvre d'information loyale et de rapprochement intellectuel. Et je tiens surtout à exprimer en terminant, au nom de l'Université, de la Faculté des Lettres, de l'Institut d'Études germaniques, notre profonde reconnaissance à l'homme d'État illustre, au grand Français qui a bien voulu nous faire l'honneur de consacrer quelques instants de sa vie si occupée à cette réunion, soulignant par sa participation l'importance qu'il attache au développement de nos études et surtout à l'œuvre de compréhension mutuelle qui nous unit tous. Son geste sera pour nous le plus précieux des encouragements à poursuivre avec un entrain nouveau la grande tâche à laquelle nous travaillons tous en ouvriers modestes, mais consciencieux et persévérants, cette tâche à laquelle pour ma part, comme Français, comme Alsacien et comme professeur, j'ai consacré ma vie de tout coeur, en toute conviction, et,– en dépit des désastres effroyables d'un passé récent, en dépit des incertitudes d'un présent voilé de brumes, sans jamais cesser d'espérer en un avenir meilleur. (La
des distours sera ~«M<~dans le ~f~tMM MHM<).
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INSTITUT
D'ÉTUDES
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Programme des Cours et Conférences pour l'année scolaire 19301931 M. Henri LICHTENBERGER,professeur à la Sorbonne. –Z/~oM~ et civilisation allemandes. I. La Révolution française et la Littérature allemande. – II. t" w<Kt/~ Herder. – a* t~<~ Psyallemande. III. ExERCtCES PRAchologie de la démocratie TtQUES Leçons et explication de textes d'agrégation et de licence. M. ROUGE,professeur à la Sorbonne. Z~M~ et Littérature – allemandes. I. Le symbolisme chez les classiques et les romanII. Explication de textes et correction de tratiques allemands. vaux pour les candidats a la licence, au certificat et a l'agrégation. – III. Psychologie de l'emploi des formes verbales en allemand. M. TONNELET,professeur à la Sorbonne. – Z~Mgw et X~f<!<w~ – ï. Morphologie du haut allemand (i" ~MM<M). a~~a~ II. Explication du Explication d'auteurs de licence (2° semestre). A~~M~M/M (Jor semestre) et de Meier ~~M~<*A< (2' semestre). – III. De Lessing à Klopstock. – M. VENDRYBS,professeur a la Sorbonne. Z~w~w. Le verbe gothique et explication du texte de Wulfila. au Collègo de France. M..ANCt.ER, professeur Langue et I. La poésie lyrique allemande dans ses Z<«~a~M ~MBM~M~. II. Explication du texte rapports avec la philosophie après t88o. de la Phénoménologie de /'2~~ de Hegel. M. MossÊ, directeur d'études à t'Ëcote pratique des Hautes Etudes.–I. Grammaire comparée du germanique. II. Explication de textes. M. VERMEIL,professeur a t'Université de Strasbourg. – Z~i~magne ~<<~w. – Les grands problèmes de la démocratie allemande (!" ~MM/~). M. Max HERMANT,agrégé des lettres. –Z'~l~M~w ~<wM~M<. – Les problèmes généraux de l'économie allemande contemporaine (Z* semestre). M. GtscARf D'EsTAtNG, ancien inspecteur des Finances: – Les grands problèmes financiers de Z'~l~~a~M f<tw<MK~ (2' semestre). l'Allemagne d'aujourd'hui M. ScHULz, lecteur à la Sorbonne et à t'Ëcote normale supéII. Exercices rieure. – I. Cours de traduction. Thèmes. III. Exercices pratiques sur les pratiques sur fart allemand. auteurs du programme. sous la direction de MM. LtCHTENBEROER, Travaux pratiques VERMEtL, HERMAMT,GISCARTD'ESTAÏKC. ROUEE, TOMMELAT,
Chronique
LE Xï!'
CONGRÈS D'HISTOIRE
INTERNATÏONAL DE L'ART
H vient de se tenir à Bruxelles du -:o au 29 septembre. Disons tout de suite que, malgré les vacances, les salutaires vacances que la plupart d'entre nous tiennent prolonger jusqu'au début d'octobre et au delà, nos Universités étaient suffisamment représentées côte à côte avec nos confrères et amis du Louvre. MM. Schneider et Focillon, vice.présidents du Comité national français, représentaient l'Université de Paris, et particulièrement l'Institut d'Art et MM. Alazard et Marçais l'Université d'Archéologie, d'Alger, M. Lambert l'Université de Caen. M. Rosenthal, de l'Université de Une quasi-nouveauté est Lyon, avait envoyé deux communications. à signaler, comme fort heureuse plusieurs étudiants de l'Institut d'Art et d'Archéologie étaient là, parmi lesquels Mlle Gotdschmidt, aujourd'hui présidente du Groupe amical des étudiants de l'Institut, auteur du Catalogue des Peintures de l'Exposition d'Art ancien a Anvers, et M. J. Seznec, actuellement élève a t'Ecote de Rome, qui a fait une communication remarquée sur Martianus Capella et la Mythologie du seizième siècle. On connut l'ardeur à vivre de la vaillante Belgique. Elle était encore stimulée par le Centenaire de l'Indépendance. Aussi, du ministre des Sciences et des Arts à la plus modeste des attachées au Secrétariat, s'est-on dépensé pour nous, et pour tous, avec un empressement où collaboraient l'honneur, la fierté nationale, l'amour de la Science, et un don naturel de sympathie qui nous a émus. L'organisation a été presque parfaite. Partout on discernait l'esprit décisif de M. L. Van Puyvelde, professeur à l'Université de Liège et consen'ateut en chef des Musées royaux des Beaux-Arts de Bel. gique, qui fut le président, disons t'âme, du Comité organisateur. On se doute bien que nous avons été comblés. Presque trop. Tout le monde sait que, depuis Philippe le Bon, le génie flamand ne
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risque pas d'être déncient. Nos amis ont mesuré notre capacité d'absorption ou de résistance à la richesse luxuriante de leur pays, gorgé d'art et d'histoire depuis le quinzième siècle jusqu'à nous. Qu'on songe à ce que nous avions à voir ou à revoir de Van Eyck à Rubens et à Ensor; et des cités qui, d'ordinaire pleines d'art à éctater, nous offraient encore, à l'occasion du glorieux Centenaire, des expositions comme la Centennale à Bruxelles, de l'Art ancien à Anvers, de l'Art wallon ancien à Liège, de l'Orfèvrerie ancienne à Namur, et des expositions qu'il fallait absolument voir, surtout cette d'Anvers, parce qu'elles réunissaient des chefs-d'œuvre dispersés qu'on ne reverrait plus et qu'elles suscitaient des comparai. sons décisives pour notre discipline. Et avec cela (je ne parle pas des Musées), de précieuses collections privées, del Monte, Meeus, Vaxelaire, etc., cachées loin du centre, en des hôtels silencieux que parfumaient tes roses d'automne, ou dans des châteaux historiques comme Bioul. Et je ne parle pas des excursions à Bruges au son du carillon, à Gand, à Malines, à Louvain, à Mons, ni des fêtes comme t'Ommegang, pourtant si chargées de tradition, si propres au pays depuis Philippe le Bon et Chartes le Téméraire qu'elles ont pour un étranger ptus que la valeur d'une évocation historique celle d'un document. L'excursion du 22 septembre au château de Bioul, où la ptuie aussi nous a comblés, par l'intérêt du château et des collertions, par le pittoresque accidenté des rives de la Meuse, et t'ori. moderne de ses villas, a failli nous priver de ginale architecture Procris qui chantaient le soir même au théâtre de la MonC~a~ naie. tt fallait voir ce retour en débâete dans la terreur du retard. Heureux pays, ceiui où on n'a lieu de se plaindre, sinon que la mariée est trop belle 1 Mais voici mieux encore. Le succès du Congrès, installé dans l'imposant Palais des Académies, a été complet. Plus de neuf cent c'est.àdire le millier. Tous les matins, le cinquante adhérents, Secrétariat bourdonnait comme une ruche où les abeilles, les distinguéeséteves de nos cottègues, sousla direction de Mlle Marguerite Devigne et de M. Arthur Laos, ne chômaient pas. Tout aurait été parfait si les salles de t'Académieoù siégeaient tes sections avaient été indépendantes (mais il fallait traverser l'une peur aller à l'autre en troublant un peu le sitence attentif d'une séance), et si le système des projections avait été meilleur, du moins au début. Mais ce ne sont là que vétilles. Un caractère émouvant de ce Congrès est qu'il fut un des premiers Congrès vraiment internationaux, moins encore par la diversité des origines des Congressistes que par la franche cordialité de leurs relations, qui dureront. Et on y a fait de bonne besogne scientifique. Les communications JI. f,. u_ A!<:t.u«!v. \'r.–s
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ont été nombreuses J'en compte cent soixante-quatorze dana le programme, et je ne suis pas sûr qa'iln'y en ait pas eu d'ajoutées. Et beaucoup de haute valeur. Les sa~tef. étaient peuplées, et plusieurs fois (j'en sais quoique chose), la discussion fut animée et féconde. Ce n'est pas ici le lieu d'anat~ser les principales, puisque les Actes du Congrès seront publiés. Mais, à regarder l'ensemble, on voit émerger trois résuttats importants. L'un est trop nature) pour qu'on y insiste. Ce Congrès tenu en Belgique s'est surtout occupé de l'expansion de t'Art wallon et flamand. H est évident qne la principale raison d'être de ces Congrès est l'étude des échanges artistiques entre le pays où ils se tiennent et tes autres. Rechercher ce qu'on a reçu et ce qu'on a donné, au cours des âges plaise aux dieux que cet esprit, qui est l'essence de l'esprit historique, déborde l'Histoire de t'Art. Ici la matière était riche. Large a été l'expansion de t'att « Hamand )) en Europe depuis le quinzième siècle, particulièrement en France ce sont des problèmes auxquels s'était attachée la pénétrante érudition de M. Hulin de Loo avant ce Congrès, qui nous a valu d'autres « contributions M précieuses. Un autre résultat, d'actualité pressante l'attention donnée aux méthodes scientifiques de laboratoire pour l'examen des couvres d'art. Significatif, le nombre des communications de MM. Georges Stout, Martin de Wi)d, Paul Gana, de Rechter, L. Van Puyvelde, Fernando Perez, Arthur de Heuvel, sans compter celles qu'avaient envoyées d'autres spécialistes réputés comme M. F. Mercier. Plus significatifs encore le nombre et l'attention passionnée de t'assis. tance. Car it s'agit de savoir si tes moyens de l'historien ou du crisuffisent à tique d'art, comparaison des styles, analyse formelle. éviter l'erreur sur t'authenticité, sur l'auteur, sur la date, sur la discrimination entre le repeint et le morceau original. ou si photomicrographie, rayons X, rayons uttra violets, analyse chimique des couleurs, photographie à la lumière frisante, etc., ne dispensent pas du reste, ou du moins ne priment pas le reste. Un des spécia' listes a même cru devoir inventer un terme de haute allure pour « la Pinacologie M. désigner l'ensemble de ces recherches it ressortait de ces communications, Rassurons-nous jusqu'à recherche ne l'évidence, que jamais d'expertise remplacera l'analyse stylistique. On l'a bien vu lorsque M. Van Puyvelde, dans sa corn' munication du 34 septembre sur a l'examen scientifique des tableaux au moyen des rayons X », commença par dire, à propos d'un tableau de Rogier Van der Weyden au musée d'art ancien de Bruxelles, o& la tête d'un personnage est une adjonction faite à l'huile « J'avais C'est bien cela l'histol'impression qu'il y avait quelque chose.
CHRONIQUE DE L'UNÏVERStTÉ
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rien de l'Art (ou critique d'Art) commence par avoir une impression, une intuition, née des profondeurs de sa science, et il dit au praticien attez et cherchez. Et l'auxiliaire, en service commandé, lui apporte les précisions qui sont de son ressort. Collaboration, non substitution il faut l'encourager, l'organiser, le premier et le dernier mot appartenant à l'intelligence, non à l'appareil. Dérangerat.eite beaucoup tes positions prises sur tes Catalogues du Louvre? En attendant que « tout se tasse M, retenons que ce Congrès a pris ta une initiative féconde. Le suprême résultat a été la création d'un Comité international permanent de l'Histoire de l'Art. I' préparera les Congrès futurs, aura soin d'en orienter les travaux vers les questions d'intérêt international, qui sont celles de la méthode et des échanges, et en attendant il mettra en rapport les savants sur les objets de leurs recherches. Qu'une telle création répondit à un besoin, je n'en veux pour preuve que les applaudissements qui l'ont sature lors de la séance de clôtura dans l'Aula de l'Académie, séance solennelle où fut acclamé, après le président L. Van Puyvelde, le patriarche admiré et aimé de l'Histoire de l'Art en Europe, le sénateur Adolfo Venturi. Et j'aurai tout dit, je crois, sur ce congrès, quand j'aurai ajouté, tout bas, que les résolutions les plus heureuses furent préparées discrètement, en des réunions intimes autour de la table, dans la buée des cigares et le pétillement des idées. C'était loin du Palais des Académies, en un petit restaurant romantique, reste pittoresque du vieux Bruxelles. Que des événements internationaux, officiels et publics, se préparent dans le privé, par un groupe choisi qui, du reste, refusait de se prendre lui-même pour une élite, c'est la philosophie de l'Histoire. Là d'ailleurs collaborèrent, dans l'atmosphère de t'amitié, Enseignement et Conservation, Université et Musées. Quant à nous, témoignons formellement dans ces Annales des progrès que ce Congrès très réussi a fait faire, après les autres, à une des disciplines les plus prospères de nos Universités, à celle que consacre, à ta Faculté des Lettres de Paris, la création récente de l'Institut d'Art et d'Archéologie, désormais installé dans son Palais à lui. R. S.
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Sdentîfique
ET
PUBLICATIONS
PHILOSOPHIE M. André LALANDK,membre de l'Institut, des Lettres. – ~< Illusions ~w~/c~w'
professeur
à la Faculté
Les Illusions ~t'Mw~M sont un nouvel expose d'une thèse, déjà ancienne, et qui traverse pour ainsi dire la physique, la psychologie, la logique, l'esthétique, la morale, la sociologie. Elle pourrait avoir pour épigraphe la parole de Platon « Le semblable vaut mille fois mieux que le différent. )' Ce qui donne une importance pratique à cette thèse, c'est le pré. jugé contraire, devenu presque inconscient tant il est générât, que toutes choses progressent comme se développe lecorps d'un animal, c'est-à dire en passant d'une masse de cellules homogènes, du moins en apparence, à un système de plus en plus différencié, intégré, organisé, efù chacune d'elles est fixée dans une fonction unique et n'a plus de raison d'être que dans le tout dont elle fait partie. A quoi s'ajoute la croyance qu'on doit la merveilleuse organisation du monde et des êtres vivants l'effort de chaque élément individuel la concurrence vitale assurerait pour se maintenir et s'accroître ainsi la survivance et la domination des plus aptes. D'où la justification courante de l'arrivisme, de la production pour le bénëtif'e. de l' « égo!sme sacré de t'impéfiatisme social, et même de la lutte des classes car si différentes, si contradictoires même que soient ces doctrines, cites se réclament toutes de la luttepour la vie comme d'un principe soi-disant scientifique. Les /~«~M< évoliflionnistes visent a montrer au contraire que la différenciation n'est ni une toi générale de la nature, ni le principe des valeurs humaines. Dans le domaine physique, les énergies tendent a s'égaliser entre les masses, et peut-être même dans t'espace. Les corps tes plus rapides, ou les plus chauds, ou placés à un plus haut potentiel, Un volume in-8 de vm-~ô~ pages. Bibliothèque contemporaine. Paris, Alcan, éditeur, <o3o.
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n'utilisent jamais cess.s.·· supériorités énergétiques pour augmenter leur d'action. Non seulement le principe de Carnot constate puissance la prédominance de t'égatisation, mais le principe de Curie, qui entre peut-être plus profondément dans la nature des choses, rattache tout changement physique à un accroissement spontané des symétries. Ce qu'on a appelé (en retournant le sens du mot) un « évolutionnisme physique est au contraire une <M'<~M<<tM, un mouvement continuel vers l'équilibre et l'égalité. Mais c'est surtout dans le domaine humain que le prétendu progrès par différenciation et par concurrence est démenti par tescara' tères les plus universels de la science, de fart, de la justice, de la bienveillance, – en un mot de la civilisation. La science est avant tout assimilation assimilation des esprits, car elle substitue à l'infinie diversité des opinions industrielles ou locales, des connaissances communes admises par tous les hommes compétents – assimilation des choses entreelles, car elle tend d'abord à les ranger en groupes, puis à découvrir des identités entre ces goupes (tels que la chûte des corps et le mouvement des astres, la lumière et t'étectro-magnétisme, les éléments chimiques et les électrons); enfin elle est assimilation des choses aux esprits, par la constitution des systèmes déductifs qui permettent, à partir d'un petit nombre de principes, de prévoir par le raisonnement et le calcul un monde de conséquences vérifiabtes. Rien dans ce progrès qui ressemble à la différenciation et à l'intégration l'histoire des sciences montre se sont non accrues, qu'elles pas comme un arbre qui se divise en mais bien rameaux, plutôt comme un fleuve où viennent s'unir des rivières grossies ettes-mCmes de divers affluents. Loin de s'enfermer dans les lois de la « vie entendues à la manière biologique, t'œuvre d'art n'est grande que par la commu. nauté qu'elle engendre et par la durée des participations qu'elle obtient. Elle a toujours été, disait Carrière, te signe de communion universelle H. Ce qui date ne compte pas. L'art, lui aussi, assimile non seulement les esprits entre eux, mais encore Ics choses à l'esprit. Aussi tous les caractères égoïstes et intéressés sont-ils des ennemis de la beauté vraie, qui s'oppose à leur quant à soi; et il en est de même du nationalisme étroit qui condamne comme une trahison l'admiration, quelquefois même la connaissance de la littérature ou de la musique étrangères. Enfin, il saute aux yeux que, sans la vogue des formules évolution. nistes, personne n'aurait jamais songé à considérer justice et bonté comme un produit de l'esprit de conquête. Il suffit de se replacer directement en face des « faits moraux x (au sens de AI. Bayet) pour constater que. malgré leurs variations d'époque en époque, le renoncement au désir naturel de primer et d'exploiter les autres est le thème le plus durable des jugements d'appréciation sur la conduite humaine tendre, comme les Stoïciens à t'unité de la pensée des sages, « ne pas faire aux autres ce que nous ne voudrions pas qu'on
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nous Ht M, « agir de telle sorte que notre règle de conduite puisse être érigée en loi universelle n, a juger entre un autre et soi même comme on jugerait entre deux autres H, suivre sa raison et non ses penchants, voilà le leitmotiv des moralistes, de l'Antiquité jusqu'à nos jours. Cela est si vrai que, parmi les tenants de t'évotutionnisme. philosophes de la tuttc pour la vie, tes plus logiques ont renoncé à faire rentrer péniblement la morale dans leurs formules comme Nietzsche, ils l'ont carrément jetée par. dessus bord et se sont déclarés immoralistes. S'ils allaient jusqu'au bout, ils devraient combattre de même l'art et la science, fauf quand on peut tes mettre au service de la politique. JI n'est pas dit qu'ils n'aient pas déjà commencé. S'il en est ainsi, tes problèmes de sociologie et tes problèmes sociaux se montrent sous un nouveau jour. Les sociétés évoluent. elles comme des animaux, ou Mw~r.eties comme des idées? L'un et t'autre car ce qu'on appelle société est double. D'une part, grandes ou petites, elles sont des organismes, dont les membres remplissent des fonctions différenciées qui font d'eux des «échangistes a ou des « concurrents et ces organismes ainsi constitués luttent entre eux pour ta vie et la domination comme te faisaient leurs composants. D'autre part. elles sont des communautés, oit les individus sont reliés t'un à l'autre, non par un échange de services différenciés, mais par ce sentiment « exquis et puissant ode la similitude intellectuelle et affective, « qui fait la douceur de la vie sociale, son charme et sa magie propres, le seul contrepoids à tous ses inconvenients1 o. Comme tes relations des compatriotes entre eux, tes relations internationales sont tantôt d'un type, tantôt de l'autre. Toutes les périodes de crise, de troubles, de violence, accentuent l'intégration, la différenciation er t'intégration sur soi-m~me on en a vu des la exemples frappants après guerre. Toutes tes périodes de paix au contraire profitent à l'involution changement de la spécialisation et héréditaire en une division du travail purement teeh. pénétrante facilement nique, variable, et telle qu'elle altère le moins possible l'individu qui s'y prête, passage des castes aux classes, des classes. à t'égatité civite, aspiration énergique à l'effacement graduel des inégalités économiques, aux moins extérieures, régression de la famille, en tant que société autonome et fortement différenciée; assimilation des sexes, développement des institutions et des moeurs internationales chacun de ces points est établi sur un ensemble de faits démonstratifs. Ici; contrairement à l'ordre vital, mais comme dans l'ordre physique, tes vections vont dans le sens d'une identité croissante entre tes êtres qui réagissent l'un sur l'autre. Sans analyser la philosophie de la guerre et de la paix qui s'appuie sur ces observations, et qu'il ne parait pas possible de résumer ici ). Tarde, Les lois de l'imitation, p. 383.
71 dans .n~ une citation .a que!
VÏESCtENTtFXQUK
Mte< brièvement, it suffira d'indiquer par esprit elle a été conçue « Si.l'on veut appeler de telles recherches métaphysiques, c'est une métaphysique pratiquée en fait par tous les grands savants, qui souvent lui ont dû leur supériorité, faillible seulement dans le détait de son exécution, toute Œuvre de science demandant bien des efforts et des retouches successives. Mais elle n'abandonne pas la méthode d'investigation et de rénexiona à laquelletes hommes doivent tout ce qu'ils savent, depuis leurs premières notions d'enfants jusqu'aux plus délicates conceptions de la physique générate. Elle ne fait point de transposition dans cette méthode, elle tache seulement de la conduire le plus largement possible. « Tette a toujours été la véritable philosophie vivante, et non pas cette des dialecticiens, même de génie, enfermes dans un développement de concepts soi-disant nécessaires, alors qu'en réalité ils ne peuvent avancer d'un pas sans se nourrir de toute l'expérience accu. mutée dans le langage, et dont une partie est toujours opaque à notre assimitatrice. 11 y aurait, sans doute, une raison, essentiellement grande élégance à déterminer priori tes possibilités et tes nécessites de l'univers entier, mais la prétendue a théorie de la connaissance x n'a jamais rien produit, tandis que t'élude de l'homme conçut, esprit et corps, instinct et rénexinn, a toujours apporté quelque chose de réet dans la marche de l'humanité. Cette vue de la philosophie, gros. sière si l'on veut, mais du moins solide, et plus accueillante peut-être pour toutes tes virtualités de notre être que tes plus hasardeuses constructions de l'imagination logique, n'a't et)e pas été, non seulement cette des premiers savants modernes, mais même de tous les hommes que nous nous accordons d'ordinaire à nommer tes grands philosophes? n (~43 344).
M. André LE&ov. – ~t critique « la religion c*<'e David Hume. Thèse pour le doctorat soutenue devant la Faculté des Lettres; Paris, <93o. Cette thèse étudie la philosophie de Hume dans ses rapports avec la pensée anglaise du dix-huitième siècle et montre comment elle apporte une solution originale aux problèmes discutés Hume s'oppose au rationalisme professé également par tes adversaires, orthodoxes et déistes,et, par une critique radicale des notions scientifiques, morales et religieuses, it émbtitun certain conventionnatism' Une première partie retrace la formation intellectuelle de Hume; elle rappelle tes lectures de jeunesse et d'adolescence, ')ui ont paru dignes d'une note ou d'une référence dans t'tBuvre de l'homme. Vir. gile et Cicéroo ont été longuement relus, ainsi que Plutarque et Lucien. Fontenelle et Bayte ont séduit par tear virtuosité dans la critique. Fén'-tcn a été juRé comme le type même de l'argumentateur abstrait. Lectures bien disparates sans doute, mais~ui,toutes.sembtcnt conSrmer Hume dans le scepticisme, en lui montrant t'épate solidité des arguments contraires et la fragilité des notions traditionnelles si
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DE PARIS
familières & l'esprit humain. Peut-être, entre tous, Bayle a-t-il exercé l'inBuenee la plus puissante et, sur plus d'un point, on peut retrouver une parenté de pensée entre les deux philosophes. A coup sur.c'e~t par le commerce habituel de ces auteurs que Hume a développe aes qualités de clarté et de précision, cette pensée latine que lui reprochait Samuel Johnson. D'autre part, l'Angleterre vit alors une époque de fermentation intellectuelle intense. Avec la Restauration de <66o,ta raison triomphe dans tous tes domaines; et jamais on ne s'est tant combattu au nom de la raison et du bon sens comme le problème religieux demeure, pour tes Anglais, le problème capital, c'est là que s'affrontent les opinions contraires. Les uns sont épris de science expérimentale ils rien des n'ignorent plus récentes découvertes et ils s'enthousiasment des perfections nouvelles de la machine du monde des esprits retigieux, comme le naturaliste Derham, y aperçoivent de nouvelles rai. sons de célébrer la Providence; mais les mécanistes-nés, comme Totand, t'expédient hors d'un monde qui se suffit à lui-même. D'autres se lancent dans la critique historique et dans l'exégèse; on bataille autour des textes sacrés un Collins, un Wollaston peuvent, en se réclamant de prélats respectés, tes rationalistes Taylor et Tillotson, saper tout traditionalisme; Leslie, puis Sherlock, leur répondent au nom du bon sens. D'autres encore veulent asseoir, sur des démonstrations abstraites et comme géométriques, la religion naturelle et la morale tes maîtres du genre sont Clarke et Wollaston. Et l'on trouve encore un Shaftesbury, rationaliste comme son ma!tre Locke et platonicien autant qu'un Cambridgien, laudateur du Beau moral et du Dieu de bonté et d'harmonie et comptempteur de tout clergé établi. Les opinions s'entre'choquent: tractset volumineux traités, pamphlets ou exposés plus calmes et plus philosophiques c'est une prolifération incessante d'écrits qui établissent, attaquent ou défendent des points de doctrine. On sent alors le besoin d'écrire des traités philosophicoreligieux où tes problèmes religieux seraient étudiés dans leur ensemble. L'éveque Butler écrit son Analogie pour convaincre les déistes de leur inconséquence it faut accepter le christianisme si l'on accepte la religion naturelle et il établit l'analogie entre un monde soumis à un gouverneur moral et le monde dont la constitution est proclamée par la révélation mais, pour y parvenir, it lui faut d'abord étudier le raisonnemeut par analogie et il entreprend ailleurs des recherches sur l'identité personnelle et sur la nature de l'âme. Berkeley établit une solution d'ensemble dans son immatérialisme qui s'appuie sur la nouvette théorie de la vision et, tour tour, it attaque dans leurs principes tes mathématiciens incrédules, les métaphysiciens embarrassés dans la matière, les moralistes enthousiastes ou cyniques, tes exégëtes malins il pense établir solidement la religion chrétienne par une doctrine de bon sens et it ne réussit qu'à passer pour un subtil dialecticien. Tel est le milieu intellectuel et moral où grandit Hume subtiles ou pédantes le plus souvent, les doctrines adverses parlent toujours au nom de la raison. David Hume s'autorise de l'exemple de ses devanciers et reprend l'analyse de la nature humaine pour se fournir la solution du problème religieux, qui le hanta des sa jeunesse. C'est toute une psy-
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chologie mieux, c'est toute une philosophie critique qu'il va consti' tuer de manière originale, sans toutefois perdre le contact avec son époque. Il reprend pour son compte la méthode expérimentale de Bacon, se désintéresse de toute hypothèse physiologique toujours trompeuse et veut examiner avec soin les démarches de l'esprit humain dans la vie courante, afin de tes classer sous quelques faits très généraux. 11 réduira au minimum tes principes originaux; s'inquiétera peu des conséquences morales de ses conclusions, quitte à modifier la morale reçue plutôt que de rejeter une opinion soigneusement établie d'après une expérience suffisamment variée. Les données de la connaissance sont tes « perceptions impressions ou idées, tes idées simples étant tes copies affaiblies des impressions simples. Pas d'idées innées, sinon à titre de virtualités l'esprit est capable, dans des circonstances données, de former telle idée. Pas d'idées abstraites, sinon, comme le veut Berkeley, une idée particulière symbole des semblables et l'habitude, au moins en puissance, d'éveiller toute la série des semblables. L'imagination est le principal ressort de la vie mentale; c'est une puissance de systématisation et de liaison qui procède de diverses manières; parfois, son action s'exerce par des principes changeants et faibles en définitive parfois, au contraire, par des principes permanents que l'on trouve chez tous tes hommes et qui sont à l'origine d'accords spontanés, de conventions implicites, par exemple de la correspondance qui existe entre tes diverses tangues. L'imagination est encore à l'origine de toute croyance, lorsqu'elle communique à une idée la vivacité d'une perception par association; à l'origine même de la science expérimentale, puisqu'elle établit dans l'esprit la croyance en un ordre nature! elle prolonge dans l'avenirson expérience des conjonctions passées et objective la contrainte habituelle, toute subjective en réalité. Les Dialogues sur la religion naturelle recherchent si l'on peut atteindre Dieu à partir de l'expérience; ils négligent les arguments incertains comme la preuve par le consentement universel. L'argument a ~<cn conclut de l'existence du monde à celle d'une cause intelligente incréée; mais comment a-t-on'pu songer à établir une démonstration d'une existence, qui se constate, mais ne peut se prouver par des relations entre idées il n'y a pas à proprement parler d'idée de l'existence, une idée qui s'ajouterait à la notion de l'être possible; l'existence n'est qu'une affirmation, une position dans l'expérience. Or, nous n'avons pas d'expérience de l'origine du monde; et la critique de l'idée de causalité, qui montre un rapport synthétique entre la cause et l'effet, nous autorise à admettre des commencements d'existence sans cause. L'argument a posteriori, la preuve des causes se finales, si à la mode au dix.huiticme siècle, est aussi inopérant sous une forme c'est un raisonnement par présente.t-it rigoureuse, fait de Dieu un homme analogie qui plus puissant, mais encore imparfait et faillible; ou qui peut-être nous ramène à un bylozoisme renouvelé, puisque la raison procède, dans t'expérience, de la génération. Se présente-t-il sous une forme plus imprécise, comme un élan vers la Providence, comme une aspiration généreuse qui se sent au contact immédiat d'une bienveillance ordonnatrice mais un observa. teur impartial constate plutôt l'indifférence de la nature l'égard de
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l'homme et remarque dans ln trame du monde des défauts qui ne paraissent nullement nécessaires. En désespoir de cause.s'adresse-t-on aux miracles? La notion même de miracle n'est pas absurde; mais it est impossible de faire la preuve d'un miracle panicuher. Même incertitude si l'on s'adresse nu problème de l'immortalité de l'âme; le phcnomenisme ruine toute substance et l'on retrouve ici des illusions de l'imagination pas de liberté humaine et, partant, pas de peines futures. Si l'on obtient quelque indication, c'RSt par ana. logie avec certains faits de la vie quotidienne, la maladie ou le sommeil par exemple; et c'est en faveur de la mortalité. Mais tout n'est pas critique dans t'o-uvre de Hume ce n'est là que à une doctrine Les préparation hommes s'accordent spontapositive. nément par le jeu des principes permanents de l'imagination et sous l'action de leurs sentiments naturels. Us pratiquent ainsi sensible. ment tes mc<n<'srègles morales essentielles, qui apparaissent comme autant de conventions naturelles et d'accords implicites, conséquences irréfléchies de la sympathie et d'un sentiment natif de l'utilité. Ainsi s'explique la religion, bien que celle-ci soit encombrée de croyances parasites, fruits des principes capricieux de l'imagination et des pré. jugés sociaux mais les hommes inclinent naturellement à la religion sous l'action de la crainte, de la Batterie, de l'amour et de quelques autres sentiments, et sous l'influence de l'imagination qui nous pousse à chercher partout des causes. Ainsi le philosophe questionne tour à tour la science, la morale et la religion il s'aperçoit qu'elles procèdent toutes de causes analogues, qu'elles sont des transcriptions humaines de l'expérience journalière, plus ou moins fidèles. A bien les considérer, elles ne nous donnent aucune certitude; tout n'est que mirage de l'imagination et c'est le scepticisme. Mais celui-ci ne peut durer, parce que la vie ne peut s'arrêter, ni l'imagination se laisser emprisonner l'on revient à ces conventions naturelles qui s'imposent &nous, parce que nous sommes des hommes; alors on a le sentiment confus d'une parenté lointaine entre le principe ordonnateur du monde et de l'intelligence humaine illusion encore ou pressentiment heureux on ne peut décider. MATHÉMATIQUES M. Jacques BSM-RAMO.– ~<-<~wAM sur la <AM~ de &! démons. <<-<!<<M. Thèse pour le doctorat soutenue devant la Faculté des Sciences. Paris, to3o. Le présent travail est consacré à des recherches mathématiques sur des questions soulevées par une théorie logique, et c'est l'essence même de cette théorie que Hilbert, son créateur, a appelée la Mëtamathématique », que de vouloir résoudre tes problèmes posés par la philosophie des Mathématiques, non par des discussions verbales, mais par la solution de questions précises. Jusqu'à quel point cette théorie atteint le fond des choses, ce n'était pas ici le lieu de le dis. cutcr; on verra par t'analyse que nous en donnerons qu'ctte peut prétendre au phoitivisme le plus strict et à la plus parfaite rigueur, mais qu'elle s'interdit aussi de considérer certaines questions appartenant
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à la théorie de !a connaissance, et que c'est là peut-être que gtt son insuffisance au point de vue philosophique. Quoi qu'il CM soit, elle a un très grand intérêt, ne fût-ce que par les problèmes qu'elle pose toutes tes sciences jusqu'ici – que ce soit la phyoque, la chimie, la sociologie, et même la biologie (qu'on se souvienne des h. ttes recherches faites récemment par M. Volterra) – avaient pose aux mathématiciens de nouveaux problèmes et les avaient incites a forger de noula veaux instruments pour la première fois, gf&ce à la mathématique, elle-même est entrée dans cette voie. philosophie Le point de départ de cette théorie est constitué par tes recherches de Russe!! aboutissement de celles des logisticiens du dix-neuvième Mathemattca siècle. Russe)! avait montré dans les « Pnntipia que, au tieu du on peut employer, langage pour faire des mathématiques, de une sorte de ordinaire, sténographie, langage symbolique, n'utilisant qu'un nombre très restreint de signes t3 signes suffisent), dont tes combinaisons forment tes phrases. Mai:- il a été plus foin, et c'est t'intéressant it a montré que toutes les démonstrations pour nous que l'on peut faire en mathématiques peuvent se ramener à quctques règles simples de raisonnement qu'il a énoncées; dans toute théorie on commence déterminée, par admettre comme vraies mathématique certaines propositions, tes axiomes de cette théor e, qui. une fois trade signes et toutes les démonstrations duits, sont des combinaisons théorie se ramènent à l'emploi successif que l'on peut faire dans la de certaines règles bien déterminées permettant de fabriquer des propositions vraies nouvelles, à partir de propositions déjà reconnues dans le langage comme vraies: si on traduit toute la démonstration ces règles peuvent s'énoncer comme des rëgtc!* de combi. symbolique, naison déterminées des signes de ce langage. On voit, dès !ors, que le problème « Tette proposition peut-elle démontrer dans une théorie tels axiomes? est un problème portant sur tes signes de possédant ce langage et leurs combinaisons, et qu'il est susceptible d'un traitement mathématique. C'est la forme la plus générale du problème que tes Allemands ont appeté l' « E.ntscheidnngsprobtem »; c'est, en quelque sorte le problème le piur générât des mathématiques. C'est à Hilbert que revient l'honneur d'avoir le premier montré que le problème précédent était un problème mathématique bien défini résoluble au moins dans des cas particuliers. Mais la théorie de Hilbert contient plus. Depuis quelques années, en effet, le mathématioen des hollandais Brouwer avait entrepris une critique systématique fondements des mathématiques, ». qu'il a appetée l' Intuitionnisme Dans sa forme la plus extrême, cette théorie n'autorise que des raisonnements ne portant que sur tes nombres entiers (ou des objets effectivement numérotabtes avec des nombres entiers), et satisfaisant aux conditions devront suivantes toutes les fonctions introduites être effectivement calculables pour toutes tes valeurs de leurs arguments, par des opérations décrites entièrement d'avance; chaque fois une proposition est vraie pour tout que l'on sera amené à dire entier n, cela voudra dire « on peut la vérifier effectivement pour tout entier »; chaque fois que l'on sera amené à dire il existe un entier .f « nous avons ayant telle propriété », cela voudra dire imptichement donné dans ce qui précède un moyen de construire un tel a. On voit des règles plus d'acontennos; mais les qu'il est difficile d'imaginer
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brouweriens considèrent que tout raisonnement qui n'est pas de ce type, fait intervenir au moins implicitement, la notion d'une innnité d'éléments, qu'ils considèrent comme non fondée: d'âpre) eux, de tels raisonnements (c'est-à-dire des raisonnements que font tous tes jours tes mathématicien:) pourraient conduire à des contradictions, sans que l'bn puisse s'en étonneret, de toute manière, cous «n'aurionspastc droit ') d'en faire. Quoi qu'il en soit. il est bien certain qu'un raisonnement intuitionniste M ramenant en dénnitive à un raisonnement fait sur un nombre fini et détermine d'objets et de fonctions déterminées, est à l'abri de toute objection, et que l'on peut même vérifier effectivement la vérité de toufs tes propositions intetmédiaires et de sa conclusion; le plus intransigeant critique des méthodes mathématiques ne pourra rien lui reprocher, & moins de prétendre que la considération d'un nombre fini détermine d'objets est ette-meme ittëgitime; mais personne n'est eucore atté jusque-là. Hilbert s'est alors pose le problème de résoudre tes questions intuitionindiquées plus haut, uniquement par des raisonnements nistes. Mais, des le début, il était dès lors conduit à se poser des pro. blèmes tels que le suivant Considérons tes axiomes de l'arithmétique; à partir de ces axiomes, et avec tes règles de raisonnement de Russell, on peut faire des raisonnements que Brouwer rejette; si l'on pouvait pourtant démontrer en toute rigueur, et par des procédés intuitionnistes qu'ils ne risquent pas d'entraîner de contradiction ne (c'est-à-dire permettent pas de démontrer à la fois un théorème et sa négation), la critique de Brouwer tomberait à faux. On est donc conduit à étudier la non.contradiction des axiomes de l'arithmétique, de l'analyse, puis de la théorie des ensembles (on pourra dans cette dernière étudier la non-contradiction de l'axiome du choix), etc. Ce sont maintenant des problèmes mathématiques détermines. D'ailleurs, le cas le plus générât de l'Entscheidungsproblem énonce plus haut se ramène toujours au problème de la non.contradiction d'un système d'axiomes; car, si on peut démontrer une proposition P dans un sys. terne d'axiomes, le système obtenu en ajoutant la négation de P à cetui.ta est contradictoire; et réciproquement, si, en faisant cette addition, le nouveau système est contradictoire, cela veut évidemment dire que l'ancien système permet de démontrer P. Nous voici donc en face du problème étudier, en n'employant que des modes de raisonnement intuitionniste, la non-contradiction de tous les systèmes d'axiomes que l'on peut imaginer, avec tes méthodes décrites plus haut. Avant d'indiquer tes résultats obtenus, indiquons que Hilbert crée à partir de ta une philosophie des mathématiques une des thèses fondamentales en est par exemple que, dès lors que l'on a démontre la non-contradiction d'un système d'axiomes (ceux de l'analyse par exemple), leur emploi est « légitime f; et que l'existence mathématique n'est autre chose que la non-contradiction. Par exemple, dire d'un objet qu'il existe, et démontrer qu'il existe, c'est la même chose. Mais ce n'était pas le but du présent travail de discuter ces idées, et, s'it y avait lieu, leur insuffisance On a seulement cherché à y résoudre dans tes cas tes plus étendus possible, le problème mathématique posé un peu plus haut. Au moment où ces recherches furent commencées, la position de
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ces questions était la suivante Hilbert s'était borné à donner des schémas de démonstration, qui furent presque tous reconnus faux dans la suite; seule M démonstration de la non-contradiction des axiomes arithmétiques les plus simples a pu être esquissée d'une manière un peu complète par son élève Bernays. La seule contribution importante à la théorie avait été donnée par V. Neumann, qui avait démontre d'une manière cotnpt- te ta non-contradiction d'une partie des axiomes de l'arithmétique. D'autre part, quelques autres cas particuliers de l'Entscheidungsproblem avaient eté re~otus, et, en outre, les premiers pas de la théorie avaient été exposés par Hilbert et Aekerman dans un livre. 11 paraissait nécessaire de reprendre toute la théorie depuis tes tout premiers hommes. La première partie de la thèse que nous analysons est consacrée à ce travail. II s'agissait de démontrer en toute rigueur les théorèmes élémentaires de la théorie, et de mettre au point un montrer, par exempte, que les règles de grand nombre de détails; raisonnements employées, qui n'étaient pas les mêmes que celles de Russell, étaient pourtant équivalentes aux siennes, etc. On y redémontre ensuite le résultat de V. Neuman, mais par des méthodes beaucoup plus simples que les siennee et plus complètes, suscepubles d'ailleurs de diverses généralisations. Mais tout ce travail n'était que préparatoire à un résultat de beaucoup plus grande portée. Il s'agissait de trouver une méthode générale permettant d'aborder dans tous les cas te problème pose plus haut. Le théorème obtenu est, sous sa forme complète, extrémement complexe; nous allons essayer, en que)ques mots, d'en donner une idée, par une comparaison dont il ne {.'ut pas &tre dupe, car elle n'est en langage ordinaire de faits se rapportant unique la traduction un ensemble quement à certains systèmes de signes. Considérons d'axiomes, portant sur certains objets; supposont qu'on ait pu fabriquer une réalisation de ces axiomes, c'est-à-dire un ensemble d'objets où ils soient vrais, moyennant des définitions convenables des différentes relations et des différentes fonctions qui y figurent. Alors le théorème en question revient & dire que le système d'axiomes n'est, en aucun cas, contradictoire. Mais il faut traduire tout cela évidems de raisonaux règles intuitionnist' ment en un énoncé satisfaisant des de notre langage nement, et n'utilisant que des propriétés signes symbolique. Les applications de ce théorème sont tr&s nombreuses. !t permet la non-contradiction de tous les axiomes de d'abord de démontrer avec encore l'arithm tique, cependant quelques petites restrictions, JI des axiomes n'a pourtant pas permis de démontrer ta non-contradiction de l'analyse il y avait des dUticuttes dont la nature est extrêmement admises, curieuse, pouvant renverser beaucoup d'idées couramment récemment. Le théorème en et qui n'ont été mises en tumiereouctout question a, d'autre part, permis de montrer que le système des règles tout en du raisonnement pouvait subir de profond' changements, restant équivalent à tui-m&me; c'est ainsi (lue la règle du ~yttogismc, est inutile dans n'importe quel base de la logique aristotcticicnne, raisonnement mathématique. Il a aussi permis de ramenerl'Entscheidungsproblem, dans le cas le un problème sur des plus générât, à une forme remarquable Il savoir
ANNALES OS ~'UNtVMRSïTË
DE PARIS
fonctions arithmétique~ qui n'est qu'une généralisation du probtome de résolution effective des équations diophantiennes. Pat là, toutes les que.tions que t'en peut M poser en tnotamathëmatique sont « artthmetisees Tel est l'ensemble des résultats obtenus. Nous nous permettront désister eatore sur u't point Ilul nous paratt particulièrement digne d'itttent on Un vient de voir que le probteme H Un théorème général est-il vrai dans une théorie dëtermineu est équivalent à un probteme de pure arithmetique On e~t donc dans l'alternative suivante ou bien le premier problème, d'une immense est généralité, résoluble, ou bien Il y a des problèmes d'arithmétique irrésolubles, il y aurait, par exempte, des é ouations diophantiennes telles qu'on ne pourra jamais démontrer qu'elles n'ont pas de solutions, et pourtant telles que cha<)U.. fuis que l'un essayera de veriSt-r si un système détermine d'entiers en est une totution, on trouvera une réponse négative. Il y a bien des m-tthéoMtioens qui seront choques par l'une aussi bien que l'autre alternative Des résultats récents conduisent a penser que c'c$t )a deuxiem" qui rst réalisée; ce serait là ln faillite d'une idée extrémement répandue On v'titiespnncipes sur lesquels s'est élevée cette nouvelle branche des mathématiques. Nous voudrtons insister encore une fois, en tcrminant, sur le fait qu'elle est indépendante de toute opinion philosoles résultats obtenus sont positifs; et pas plus que le mathéphtque; mjucten qui ftudie les équation). d'Einstein ne partage forcément tes id~es de ce dernier, pas plus le mathématicien qui étudie les présentes théories ne doit par là même adhérer aux principes philosophiques de Hilbert. II y a dansées questioos un champ encore a peine exploré de recherches ..rithmetiques du plus haut intérêt, et qui, croyons-nous, réserve bien des surprises.
SCIENCES
NATURELLES
Physiologie M. Maurice FONTAINE. Recherches expérimentales sur les réactions des êtres vivants aux /c~~j Pressions. Thèse pour le doctorat soutenue devant la Faculté des Sciences. Parts, to3o. 1.'auteur rappelle d'abord combien les êtres aquatiques et, en particulier, tes animaux matins obyssaux peuvfnt supporter de fortes pressions. 11 montre que la pression M-mbte jouer un rôle important dans la répartition des êtres marins et étudie ce facteur au point de vue biologique. ~~M<~ Action des fortes pressions partie. sur les tissus en général et, en particulier, sur le muscle M. Fontaine fait d'abord l'examen critique des résultats obtenus par Regnard, auteur qui s'e.t occupé antérieurement de cette même question. tt reprend ses expériences, mais en tenant compte des connaissances actuelles de phystco.chimic. H montre alors que, parmi les divers tissus immerges dans des solutions isotoniqacs et soumis à de fortes pressions, seuls s'imbibent tes tissus musculaires. Cette imbibi-
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tion, qui commence sous pression, <o poursuit, après la décompression, à la pression atmosphérique. Elle peut même se produire exclusivement après la décompression, si la compression s'effectue, te muscle étant isolé de tout liquide. Ces diverses expériences montrent bien que ne peuvent être maintenues les conclusions de Rfgnard d'après lesquelies les fortes pressions n'agiraient que par l'intermédiaire du milieu liquide qui, sous leur inSuence, pénétrerait dans tes cellules et les léserait. D'autre part, des expériences faisant agir sur te même tissu muscu. laire, et la pression et l'hypertonie d'une solution ont montré que ces deux agents physiques additionnent atgébri ~uemeet leurs effets sans les modifier sensiblement. Ce dernier résultat infirme également l'hypo. thèse de Regnard d'après laquelle tes fortes compressions déchireraient, ditacéreraient la membrane cellulaire. On comprendrait difficilement, en effet, que, dans ce cas, tes lois osmotiques continuent à jouer. Mais les tissus musculaires se contractent sous l'influence des fortes pressions et Fontaine montre que t'imbibition du muscle dans une solution isotonique sous l'action de la pression est tout à fait compa. rable à l'imbibition du muscle après une tétanisation. Les phénomènes physiques et chimiques connexes sont les mêmes dans les deux cas r a) Augmentation de poids dans une solution isotonique du même ordre de grandeur; b) Même particularité concernant la courbe d'imbibition du gastrocnémien immergé dans une solution hypotonique; particularité Flechter; signalée d'abord, après tétanisation, par c) Baisse du PH de la solution isotonique où est immergé le muscle; d) Formation d'acide tactique; ~) Sortie de phosphore du muscle; /) Diminution de la teneur en chlore de la solution isotonique où est immergé le muscle. Puis l'auteur étudie l'influence de la durée et de l'intensité de la pression sur l'imbibition du muscle et il cherche, pour diverses intensités, quelle est la durée de la pression nécessaire pour obtenir un rassemblées condébut d'imbibition. Ces diverses déterminations à une courbe très voisine de cette établie au duisent moyen du courant électrique dont on fait varier l'intensité et le temps de passage. Enfin, Fontaine étudie la réaction de divers muscles à la pression et montre, par curarisation, que la pression agit directement sur la fibre du nerf corresmusculaire et non pas seulement par l'intermédiaire pondant. – Action des fortes pressions sur la respiration des /?t!<.rt' ~<< êtres marins. Fontaine constate que l'augmentation de la pression diminue la respiration des algues (ulves). La consommation d'oxygène ne revient ensuite à sa valeur normale que si la pression n'a pas dépassé 600 kilogrammes (cette pression s'exerçant pendant plusieurs heures). Les pressions supérieures à 600 kilogrammes, c'est-à-dire produisant des changements irréversibles
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dans tes échanges gazeux de la cettute végétale, diminuent la photo. synthèse plus que la respiration (toutes choses égales d'ailleurs). L'auteur rapproche ces résultats de ceux de Wurmeer et Jacquot d'après lesquels, tous l'action de la chaleur, la photosynthèse Mt~a. lement bien plus diminuée que la respiration. Au contraire des algues, la resptration des poissons augmente avec la pression tant que cette pression n'entraîne pas la mort de l'animal. Pour des animaux d'une même espèce, de ta consoml'augmentation mation d oxygène sous l'inftuence des de mfrne pressions intensif et de même durée est d'autant plus grande que l'animal est plus petit. Enfin, l'influence de la durée de la compression a été également étudiée et Fontaine a montré que la consommation d'oxygène croit d'abord avec la dorée de ta compression, puis passe par un maximum et décroit, mais semble se maintenir ensuite (au moins sieurs heures) à une valeur supérieure à sa valeur normale.pendant pluy~~t'~c partie. – Recherches diverses sur les effets physiolodes fortes giques pression; L'auteur cherche à déterminer de pression quelle est l'intensité nécessaire pour tuer la cellule. U étudie successivement l'influence de la pression sur la permeabitité sula viscosité du procellulairc, puis toplasme et it arrive, par ces deux méthodes, à des conclusions tout à fait analogues quant à la Mnc où la pression entraine la mort de la cellule. Cette zone semble être située, pour une pression s'exerçant plusieurs heures, aux environs de 700 kilogrammes. Il n'est pas sans tnteret de remarquer que, jusqu'à présent, on n'a pas retiré d'animaux vivants de profondeurs à supérieures 7000 mètres, tt semble donc qut) y ait là une limite qu'on ne puisse pas dépasser (exception faite pour tes microbes) sans tuer la cellule. Enfin, Fontaine ajoute tes résultats de ses expériences concernant t aetton des fortes pressions sur le développement à ceux dëj& connus de Regnard et il réunit tes données qu'il a recueillies sur la résistance de divers animaux à la pression. BIOLOGIE
GÉNÉRALE
PEJ.OUS.– ~'<~<. de ~f«CM des <-C«M~<J Louis-Auguste ~f~~ sur les ~A~ow~M<~ ~'o<Mo~ <<la circulation de l'eau fA<" <<M<</j les plantes vasculaires J. Thèse pour le doctorat soutenue devant la Faculté des Sciences. Paris, )<)3o. Ce travail se rattache à la série déjà longue des recherches etectrobio)o~it;ue.s. des principaux travaux relatifs à l'inAprès un exposé sommaire fluence de t'etectricit~ sur le développement des végétaux et des en sont hypothèses qui nées, l'auteur se propose de vérifier l'une de ces hypothèses t'acceteration des échanges osmotiques par les ~u cou. rants a!tcrnatif9. o. La première partie du mémoire traite de recherches purement physiques. Après avoir constate un accroissement de vitesse osmotique pour diverses solutions contenues dans des osmomètres semi-peri. Revue ~~fa~ F<X«M<yw(aoQt, sept., oct., nov. t930).
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SCIENTtt~QUE
m<ab!cs c< soumises à l'action des courants alternatifs de haute ten'.ion, l'auteur étudie te; modalités de cette action. l'influence Il passe successivement en revue de la concentration dans le cas de solutions électrolysables et non électrolysables, faction des courants de haute fréquence, tes variations du phénomène en fonction du potentiel et les variations de pression osmotique limite. 11 signale en outre une action accélératrice de la lumière, fonction de l'intensité d'éclairement, de la conmais qui paratt indépendante I~es résultats numériques ainsi obtenus sont traduits par tentration. des courbes représentatives. Les conclusions de ces différentes recherches se résument ainsi <° Lorsqu'une solution contenue dans un osmomètre bemiperméable est placée dans le champ d'un courant alternatif de haute tension, sa vitesse osmotique est accélérée t" Cet accroissement de vitesse est fonction de l'intensité du champ, donc du potentiel aux électrodes. Toutefois, la vitesse croit moins vite que le potentiel et semble tendre vers une limite; 30 Pour une substance déterminée, cet accroissement augmente avec la dilution tes mêmes effets, 4° Les courants de haute fréquence produisent à de ces effets sont moins intenses; mais, tension, égalité S*La pression osmotique limite d'une solution est accrue tempo. rairement par l'action du champ électrique; 6" L'accroissement de vitesse osmotique est plus considérable pour de saccharose que pour tes solutions électrolysables; ~solutions l'accroissement 7" Dans le cas des ctcdrotytes persiste quelque des solutions la du dans le cas courant; suppression temps après il cesse aussitôt et peut même être suivi d'une sucrées, au contrair' a été plus que la variation dépression d'autant plus considérable grande; 8~ La lumière exerce une action comparable à cette des courants alternatifs. Cette action est fonction de l'intensité d'éclairement, mais de la concentend rapidement vers une limite. Kt!e est indépendante tration 9" Les solutions colloïdales présentent, au point de vue de l'action des courants électriques, de grandes analogies avec les solutions de saccharose. L'auteur donne ensuite une interprétation théorique des faits observes qui auraient pour cause une orientation des mouvements particulaires dans le champ du courant. Cette orientation peut d'ailleurs être en suspension dans constatée au miscrocope pour de fines particules l'eau, comme en témoignent deux microphotographies. La deuxième partie du mémoire est consacrée à l'étude des mêmes phénomènes chez tes végétaux. Les phénomènes d'osmose cellulaire observés avec des filaments de tes échanges spirogyre, sont accélérés par tes courants électriques d'eau et de substances dissoutes se font beaucoup plus rapidement dans le champ du courant que dans l'expérience témoin. Mais, lorsqu'on passe à l'étude des plantes vasculaires, les conditions de l'expérience sont plus complexes et les résultats paraissent d'eau est ralentie par le courant d'abord contradictoires l'absorption est faible pour tes organes âgés et per. électrique. Ce ralentissement Axx.UxtV.
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ANNALES
UE L'UNIVERSITÉ
DE MttS
siste quelque temps après la suppression du courant, il est ptus accusé pour tes organes jeunes, mais ae persiste pas; l'absorption reprend bientôt son régime normal. Le courant détermine aussi un ratentissement de la transpiration. Cette variation est également faible et persistante dans tes organes &gés; forte, mais temporaire, dans tes organes jeunes. L'étude des variations concomitantes de l'absorption et de la transpiration montre que le premier de ces phénomène! est plus ralenti la plante subit doac une perte d'eau sans que sa turque le second gescence en paraisse diminuée. Mais le régime de la circulation de l'eau peut être relativement des d'osmose cellulaire. indépendant phénomènes Ces derniers être centrâtes des de peuvent par expériences plasmolyse qui déterminent un raccourcissement de cettains appréciable organes (tiges herbacées, pétioles, jeunes racines, etc.). Le retour à la turgescence par immersion dans l'eau produit au contraire un allongement. Or, sous l'influence du courant, ce retour à la turgescence est accéléré lorsqu'il s'agit d'organes morts (ptasmotysés par l'alcool, par se alors comme des osmomètres exempte), qui comportent inertes. Pour des organes vivants, au contraire, le courant détermine un raccourcissement brusque qui est dO à une contraction protoplasmique et qui peut même se produire hors de tout liquide. Cette contraction de la circulation de l'eau. explique le ralentissement Les courants de haute fréquence ne déterminent pas de contraction dans les organes âgés et cette qu'ils produisent dans tes organes jeunes est très faible. Leur action doit donc se traduire par une accélération des phëno. mènes osmotiques et du courant d'absorption, que nulle contraction ne vient contrarier. C'est ce que l'on peut en effet contrôler en étudiant t'absorption par tes feuilles de liquides colorés. Cette absorption est ralentie par tes décharges de basse fréquence qui déterminent la contraction des cellules; elle est au contraire accélérée par les décharges de haute fréquence. Ainsi pourraient être expliqués tes faits observés par les auteurs qui ont emptoyé, pour leurs expériences des pointes ou d'étectrocutture, des réseaux destinés à capter t'ëtectrieité ces appaatmosphérique reils se comportent comme des antennes et sont parcourus par des courants alternatifs de très grande fréquence et de très faible intensité, qui activent tes échanges nutritifs sans provoquer de réaction nuisible à la plante. M. Jean TtMON.DAVtO. – ~A~w <M~<;< Thèse pour le doctorat Sciences. Paris, tg3o.
sur les matières grasset soutenue devant la Faculté
des des
Ce mémoire se place surtout sur le terrain de la biologie gcnérate, mais it touche par bien des points à la biochimie, à la zoologie sysPeu de recherches ont été poursuivies justématique et à l'histologie. sur tes matières qu'à présent grasses extraites des insectes et c'est un très vaste et champ peu exploré que l'auteur a eu devant lui.
VÏËSCtËNTiFtQUE
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Les direct!V9 générâtes qui ont présidé à la réalisation de ce travail peuvent être rt-sumees comme il suit t" Étu e statique des graisses d'insectes, c'est-à-dire extraction des corps gras eh' de nombreuses espères à J'état de tardes, de nymphes ou d'itna({<i; dëtertniuatinndes caractères physiques et chimiques des produits obtenus; analyse aus''i précise que possible des acides gras et de t'inMponiHabte; ¡ a' Étu 'e dynamique de ces substances, envisagées dans leur origine et )<ur dest'nee: ac ion des divets facteurs externes et internes. )" /~M< ~t graisses des << A) Kït'oK -.r'TfQrK. Les corps gras étudié,; ont toujours 't6 extraits par les dissolvants (éther ou éther de petto~e); ils se prt~t'otfnt sous des aspects très variables d' coloration huiles, tfratfFi,. beurres, jaune pa)e(~a<«~)'L.), ou verdure (/'«'f~ t~M~~ L.), ou tout à fait incolores (0~f<M M.rtfo~f L.j. Chez les .arves, la teneur ~n graisser varie dans de très grandes de 28 p. too (du poids frais) chez Balalimitçs suivant t<'s csp&'es MtM«~f/c~/ta!. UyH. à 0.94 p. <oo. hei! /.)'eo~/)H<M «<«fg<t)'t~M Haw., en Chez les imagos existent aussi de passant par t~us les intermédiaires. très grands écarts entre les types extrêmes. Selon l'usage, l'auteur a établi C/<<t<-<!()'OM~Jg~<:tj'Mo!<f<<t. cette t.tssiScatiun en se basant sur la nature physique des produits et sur la valeur de l'indice d'tode. Il a pu ain~i distinguer Huiles à indices d'iode tre' élevés, correspondant aux huiles végétales siccatives 6'~xfMM ~< Sch. (indice d'iode (64,!),.?. /<~ Guer. )4f,4. ~oMMJO tfttM~ t~. tS9,o, etc.; Huiles à tnd'ees d'iode asse~ élevés, correspondant aux huiles demi-siccatives ))Ï, /L)'~M«<«<<M~dtf L. )06,0, /.f~y/<<!«H~M~<)'OMMt~Sch. «'<o~a ~<cf~/<M~<!<<< 6. Say )o8, Huiles à indices ~t'iode m yens ou faibles, correspondant à ce que l'un a :)j'[)e)e huiles d'animaux te restres L. 68,5, C'~<«MM<tMf':<<! L ~t, Cossus ~'gtt~<<e F. ~~<!<~ /<~ MM~t~«\f HUbn ~,2, /')'~«<M<« Xo,8, C'a~t~Aora ~'</Mf~~a Meig. ~.7. Gratsses s.'t.des à indtfcs -)'iode assez éteves (demi-siccatives) t<. <oo,3, Ct!«<~« <M<c/<! Mull. Chtysatides de /'<~<j ~M'w~ ))8.<, Co~<~)~~t<!a<<'<! "t. )~,4; Graisses tndi'es d'iode moyens ou faibles: Orycles M<!M'M/M!'jL. 4), ~t)'Me/«~w«~a<M<~«M L. 3o,8; Graisses à tndict's d'iode très faibles et indices de saponification très étcves M~<f«/a~«tf Pass. ),5 à ?, ~~<j rosat L. /M~/«~:«' A. n<w«;~ F. )6,2. '7, 3" Acides non saturés. Dans la plupart des cas la proportion d'acides non saturés est voisine de y5 p. too. Elle est moins élevée chez /?/<yMcAo~AoF'Hy~<Wf<f«~ L. (40 p. too) et encore beaucoup plus faible chez les Aphidiens. L'acide linoléniquc est présent chez la larve de Cc/ay~«/M<<! <!<<! 01. et dans lit chenille de M'r<j &'<<f<t~ L. Il existe certainement chez beaucuup d'autres espaces. Il fiut défaut chez les larves xylo-
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.\NX.U.HS
DI-: L'UNtVUKStTË DE PARtS
phages (~~«< Cc~tM, etc.). L'acide linoléique existe dans la graisse de cochenilles. L'acide oléique se trouve chez beaucoup d'insectes; l'auteur t mis sa présence en évidence chez /<<M<~<«~M ~f~t~tff!~ Hubn. Chez ce dernier il coexiste avec Say et chez Pyrausta n«~ un acide palmitoléique. 4" /MM~fM<~<t~. En dehors des cires, dont l'étude a en: taitsce entièrement de cOte, les graisses d'insectes ne fournissent que peu chez la larve L, ),)o chez d'A'~a<M laber d'insaponifiable 0,7! p. <oo celle de 7'<'M~«? ~o/t~~ L. Les pourcentages sont un peu plus élevés chez certains Lépidoptères, ~'<yattfignant 8,5 cht'i! 7'Aa«M~/c~a L. MW/'« Sch. et )),S chez ~«'f~ ~~wMt C'c~t l'étude de l'origine des graisses et de B) ÉTUDE DY'~MtQH!. leur de~tin~e chez les insectes. H faut y joindre celle des différents de facteurs nymphose, sexe, température, etc.. qui sont susceptibles jouer un rôle dans le métabolisme. Les espèces les plus riches des graissa-s chex les insectes. 0~/M~ en corps gras sont celles qui ingèrent beaucoup de glucides ou de dans le premier groupe prennent place le< larves amylolipides; les xylophages, etc. Ces insectes synthéphagcs de Curcutionides, tisent les acides gras aux dépens des hexoses, peut-être même des pento~c<. Leurs indices d'iode sont généralement de valeur moyenne, variant de 5o à f)0; ils ne fournissent pas de bromures insolubles dans t'ëthfr et ne contiennent que peu d'insaponifiable. renferment des corps gras dont la nature est en Les tipophages la Bruche grande partie fonction de celle des glycérides alimentaires; des Aracitides est un bon exemple de cette catégorie. Les larves phyttophages sont au contraire pauvres ou très pauvres en corps gras; leurs indices d'iode sont etevc~ ou très élevés, la teneur assez forte. en insaponifiable Les Aphidiens suceurs de sève synthétisent des graisses consistantes riches en acides volatils, dont la structure se rapproche de celle du beurre de coco. Les corps gras accumulés Destinée des graissts fA~ les injectes. (7'<'K~<'<o chex la larve sont parfois utilisés en période d'inanition mais c'est là un Normalement, molitor L.), processus pathologique. une partie disparait au moment de la nymphose; ce qui persiste chez l'imago est utilisé pour la constitution des réserves de t'œuf et pour des organes photogènes. le fonctionnement /K/?<w«;f MytH~/to~c. – Chez la Pyrale du maïs, la lipolyse et non saturés. nymphale porte indifféremment sur les acides saturés Chez la Piéride du chou, les acides non saturés sont détruits électivement, de préférence aux acides saturés, d'où résulte un abaissement de l'indice d'iode chez l'imago. da f/t!tw«!<MM. – Les chenilles de /<!M~<<t nubilalis ~«fi-f l'état de vie ralentie ou Diapause hiverHuba. qui passent l'hiver au début de la saison froide une très importante nate, possèdent réserve de corps gras; cette réserve persiste jusqu'au printemps suivant sans changement appréciable, ni qualitatif, ni quantitatif. Les espèces des régions tropicales /M)!«fMtt de la température. L.) paraissent élaborer des graisses a (~/<y~/«~<!<w ~<M<«M
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indices d'iode ptus faibles que celles des pays froids. Ces faits con. cordent avec la théorie émise par Leathes et Râper. <<xj<f. – Les femelles renferment souvent une ptus forte /M/«f~ de corps gras que les mâles; cette particularité ,proportion est liéeil l'accumulation des réserves dans t'œuf, ainsi qu'à une marche inégale de la lipolyse nymphale (Formica rt</« L.). U arrive aussi qu'on ne saisir aucune différence entre les deux sexes puisse au point de vut: de la teneur en lipides (CoM~/tf~ erythrocephala Meig.). Enfin, un troisième ca'. est parfois réalisé ~'OM~~Mc~t L.), avec prédominance des mutct. /M/!«~«< ~~<M .~cwtt<~«< – H est évident que la natur'' des ~rais'es de réserve ne saurait dépendre de la position systématique de l'insecte envisagé; cependant, il est curieux de constater que les espèces appartenant à une même famille fournissent souvent des corps gras d'un même type. Cette similitude résulte de la composition analogue de leur régime atifnentairc. Ce n'est donc Tjue par voie indirecte qu'il est permis de saisir une relation entre la biochimie des graisses de réserve et la classification.
BOTANIQUE M. !Ab<
Pierre FRÉM\. Les ~y.t-c~yc~c.r de l'Afrique équatorialc /~<!Ki-a~ Thèse pour le doctorat soutenue devant la Faculté des Sciences. Paris, )o3o.
Jusqu'à ces derniers temps, notre connaissance de la population de l'A. E. F. était tout à fait sommaire, car e)]e se myxophycéale réduisait à quatre espèces signalées par Hariot dans une note de )SoS. M. Frémy a tenté de combler cette lacune. Pour le faire, il a utilisé des documents de toute première valeur échantillons contenus dans les herbiers algologiques du Muséum d'histoire naturelle de Paria et dans ceux de l'Institut de Cacn, et surtout, matériaux botanique abondants récoltés avec le plus grand soin au Gabon et dans l'Oubangui, par M. l'administrateur Georges Le Testu. Le travail de M. Frémy est divisé en deux parties t" Systématique; 2" Biologie et répartition géographique. 1. SYSTÉMATIQUE. L'auteur étudie successivement les trois groupes classiques CA~Mcca~t, en CA<MM~M)OMaJ'M, /~<wM~OMM~, dans leurs grandes lignes, les subdivisions admettant, proposées par Elenkin pour les Chrootoccales, Geitler pour les C'/t<!w<!M<Ha~f, Bornet, Ftahault et Gomont pour les ~<w«~<w«~f. 399 espèces sont décrites en détail, parmi lesquelles M7, plus de la moitié (Sy,t) p. too), trouvées effectivement en Afrique équatoriale ces dernières se répartissent française. Au point de vue systématique, comme il suit 3: espèces appartenant C/f~ccocca~, toutes à la famille des Chroococcacées, C/«tM<!M~c~M, 14 espèces (dont 6 Pleurocapsacées et 8 Dotnocarpacces), t8< espèces Hormogoneales, t. Un vol. in-8, ~07 pages, 36t figures. Il rehives de to~Ht~ff, tOj rue B~uvrelu.
Caen,
)o3o, édition
des
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ANNALES DE L'UNtVKR~tTE
DM PAMS
(; R~vutanaccee, M Scytoneft'acee~, 28 Nos(dont Sy Oscittateriacee!, tocacees et 29 Stigt'nemacees). L'étude de chacune des espèces comprend des indications bibtioindications sommaires de :)< g<'aphique~:de& synonyx.ie. y a heu: une diagnose très précise et très dëta~ttee: t'tndtc.ttioo de t'habita), la dans monde. répartition puis plus p~rt)cut)t'r'm''nt géographique en Atrique, et t'tndicanon dëtaitt'e des !o atitesoù la plante a été trouvée en A. E. F. Le plus grand nombre des espèces sont n~ur<'es à chelle et sous teur~ différents aspects, en des dessins dunt la grande sont plupart originaux. Parmi tes plantes ainsi étudiées, trois genres, finquante.deux espèces, huit variété! et un grand nombre de formes som d's acquisitions nouvelles pour la science. Les trois genre:' nouveaux ont été nommés -S'<<t«/'aM/~<owM, MM«<<~«~M< ~<M<«<M~wa. Le genre /'aro~f<CMM)a (p. f~) doit être placé, comme son nom l'indique, au voisinage immédiat du genre ~<'f<M~w<<. t) .n dittêrc surtout par le mode de, multiplication ptanocufjucs tcrtnioaux au lieu d'hormogoni<s. 11 est retnarquabte au!'si par une autre p.~nicularité tes /<<(! sont des plantes fixe' s par des sortes de crampons sur les végétaux a fuatiques et même sur k's g.tin''s d'autres individus de leur e!.pi-ce. Une seule espèce du genre a été de-rite t«~Mf«M. /'<w~c<<WMa Le genre .S<««/fMa<eH~«! (p. 385) apparient à la famille d's St~go. nemacect. Il est asse! vohin des C'~M.f~tt. It en dttftre par la forme des thalles qui sont plans au lieu d'être bombe', par cette des trichomes qui sont nettement cylindriques et nullement toruteux et p.tr le oode de muttipitcatiun latéraux ou terminaux au (pt..nocoqucs lieu d'hormogonies). Ueux espèces, ont été décrites .S<aM'cw'<r<'t«w«t et~'<. entre diffèrent elles de leur M/~«<~ t'M~qui partacou~ur thalle, tes dimensions de leurs trichomes et la fréquence des hëtcrocystes. Le troisième genre décrit comme nouvf'au, /-<'<M<Kt'«'Mt«(p. 3qo), lui aussi à ta famille des Sugunemacée! Ce qu) frappe le appartient plus chez tes plantes de ce genre, c'est la d<<Mrct)fe de form'- entre la de leurs ittamen s. La partie végétative et la partie multiplicativ t des partie végétative re-$ mble beaucoup à celle des Capsosira la partie mutopticat ve se compos de t)):<m''nts .S'~<<«~o'M«<oM~M< beaucoup plus ténus, plus nombreux, pt's ram'uï. assez nettement c'e-t' dispos's en pinceaux. Ces formations seraient des ~fw</c)'t<< a-dire des ptanocojues c~ sertes tongxud~nittes. Assez disposés souvent des conidtes chrooccorotdntes t's Deux accomp.'gnent. ont été décrites ~<<ï<«tM<Ma e) espères ga&c~M~~ ~'f~<tt<tOH. Parmi )<-sautres espèces nouvelles, fcnain' s méritfnt une mention '.oit à cause de leur organisat on, soit à cause d'* leur particulière, de vie. Telles sont genre <T<<A~<J' t~«/fn très rare (p. 263), qui présente la particularité. chez les R)vu)ariac<!<;s, de perforer les coquilles des mf'ttu~ques; <?/a'o~<~<a A~M'M 'p. ~79*, tout à fait remarquable par t~ disposition en étoile de ses filaments et par ses belles spores "vates et son ces .t/M~~Aa~~ <at'M<«'<t~(p. :8~), qui se distingue de se~ cong<Sn~res
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par ta très grande longueur de ses spores qui peut atteindre !o ~~M~ttt ~«h'ttM<a (p. <<)4~ dont le thalle bombé et gétatineux Mss<!mbteacetuides/?~«<d; i moniliformes ~'f)'~«<wa ~«My«M (p. 3~3), à trichomes comme ceux de certains ~V~<fc et dont la teinte bleuâtre contraste agrcabte' ment avec cette de ses larges gaines lamelleuses qui sont jaunes eu brunâtres; ~/ot<oc ~<M<4< (p. 354), remarquable par son thalle tobe-rayonaant comme celui de Nostoc ~«~<<<«, t~~«~~<! ~<j« (p. 433), tout à fait intéressante à cause de ses dont l'auteur a pu suivre tout tes stades de dévelophormospores, pement ~'w/twM« 7'M~«Mtt< (p.4~). à trichomet formés, dans le filament d'ua très grand nombre de cellules accoles principal, latéralement, et dont tes individus présentent des formes différentes suivant qu'ils du développement d'une hormogonie ou d'une conidie proviennent chrooccocoidale. )t. BMt.OGt!! ET RËfARTmOM CËOORAPHtQCE.– Cette seconde partie, en raison de l'imprécision de nos connaissances sur c<?s questions en et surtout en est beaucoup moins dévealgologie myxophycologie, loppe'- que la première. Cependant, l'auteur a pu établir fermement les propositions suivantes vue biologique, les Myxophycées de )'A. F. F. se A) Au ~<t< en deux grands groupt's ou subrépartissent plantes aériennes et aériennes, plantes aquatiques. <* Les espèces <t~<<M ou jMMW~ttM sont de beaucoup les moins nombreuses. leur l'auteur substratum, D'après distingue a) I)es espèces A«Mtco<~ et ja~tM/M. Les premières (humicoles) se rencontrent surtout sur la terre sèche ou peu humide, et tes secondes (saxicoles) sur les rochers mouillés. La population de ces deux stations est d'ailleurs un peu différente il y a beaucoup plus de chr''ococeacées sur tes rochers que sur la terre. Les rochers ont une population myxophycéale très pauvre en espèces et en individus on n'y trouve guère, et toujours en faible quantité, que G~~fa~<t magma et ~OM<'W<t W<«M<t<M t) Des espèces surtout sur tes troncs ~M«M<M se développant d'arbres vtvants ou morts ce sont & peu près les mèmes que celles rencontre sur tes rochers mouillés. qu'on Quelques espèces épiphylles et bryophiles sont également signalées (p. 460.470). T'.utes ces espèces aériennes présentent très nettement une adaptation qui parait générale aux endroits fortement éclairés, leurs deviennent très foncées, très épaisses, très lamelleuses. envftoppcs Les fspecL's <t</t«t<<~«Mproviennent de neuf stations principales <" suintements de sève sur des troncs d'arbres; s" rochers ruisselants; 3'* borts des cascades et des cours d'eau rapides; 4*' terres fortement ou marécageuses; $" terres d'eau, spongieuses très imprégnées humides et boucs au bord des marcs et des cours d'eau, fond des mares récemment 6° eaux courantes des ruisseaux et dépêchées; rivières; y eaux à cours lent ou stagnantes des rivières 8* mares et fontaines 'étangs; o* profondes. Ces neuf stations ont une population
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ANNALES DE L'U~tVËRSt'fË
DK PARIS
myxophyceato assez diMrente. sont particulièrement Quetqucs.unes intéressantes: « a) Aux ~o~~ des cascades et des cc<~f d'rail ~a~«/M, sur les rochers, les pierres et les pièces de bois, vivent une cinquantaine d'espèces s~répartissant en nombre a peu près égal entre tes dittcreutes familles de Myxophycées (p. 472) b) Dans les M<~ à cours rapide, ne peuvent évidemment vivre que des Plantes fixéts tes espèces saxicoles y sont les plus nombreuses: tes espèces ~~Ay~y moins. Un petit nombre d'espèce" beaucoup sont ~!<~y<~ ou vivent MMf ~M~M~ <~ <K<7~;une seule fixée sur ~)'~<!<M«M),est les coquilles tll,s.m1m,s j deux (~~«<<M<ma /oM<a~<!et C<t~<A~<f f~t<«'r<) sont perforantes (p. 473.474). (/a A remarquer qu'en ces stations on n'a rencontré aucune chroococcacêe et très peu d'oscittahces, mais que, par contre, on y a trouva un nombre relativement et d'hormoMgrand de chitmesiphooces néales heterocystces f) Les eaux stagnantes ou à <-o«M ~( des ~'f«vM ont une population myxophyceate qui diffère de celle de leurs eaux rapides par le petit nombre des espèces fixées; de celle des mares et étangs par la rareté des va~Banees et des ar.homocystees; elle ressemble & cette des mares et étangs par la présence d'un grand nombre de Lyngbyées et, en particulier, par l'abondance d'Oseillatoria ~M< (p. 474-47!). C'est dans les wow <-< que vit le plus grand nombre des l'une Myxophycées aquatiques d'elles (/'<tn~<-<<ww<! w~/MJMM)est fixée sur des débris de végétaux, sont épiphytes ou quctques-unes endophytes, ta plupart sont flottantes et parmi cttcs se trouvent de nombreuses ChroococciM-ees, de très nombreuses Qscittaciees (appartenant surtout au g. 0~<<!<on<!), d'assez nombreuses Xostocacees et St~gonemacee~. Une adaptation au milieu acte souvent observée en profondeur et aux endroits peu éclairés, les myxophycecs prennent une teinte rouge ou violacée due à la présence de phycoérythrine (p. 47Ï-477). Parmi tout ces faits, deux sont particulièrement nets le faible en A. E. t' des Myxophycëes subaeriennes, développement, et le grand développement des Myxophycëes aquatiques vivant dans les eaux tranquilles. B)~M ~<M< <~ vue ~o~M, la population de l'A. E. F. se compose de trois groupes bien distincts myxophycéale f Un groupe d'espèces cosmopolites ou & large extension (environ les deux tiers de la population totale) 2° Un groupe d'espèces exclusivement tropicales (environ un sixième) 3' Un groupe d'espèces tout à fait particulières à l'A. E. F. (environ un sixième). Ce groupe est compose surtout d'espèces aquatiques, les Oscittariees y sont les plus nombreuses, mais les Stigonëmacce'. lui donnent un caractère plus original. A noter le petit nombre (o) d'espèces communes & t'A. E. F et aux autres régions équatoriales. Dans l'état actuel de nos connaissances, ce serait avec celle de l'Asie méridionale et de l'Insulinde que la population myxcphyeeate de t A. E. F. présenterait le plus d'affinités. Une abondante bibliographie et des tables alphabétiques détaillées terminent ce travail.
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sur la ~~Mt des A~<t<t?M~ Thèse M. P. GAVAUMN. – ~AwAM pour le doctorat soutenue devant la Faculté des Sciences. Paris, <u3o. étudie le groupe des hépatiques, on rencontre dans lit Lorsqu'on très abondante, indiquant autant de progrès réalisée bibliographie dans tous tes domaines de la biologie, tes noms célëbres de Hofmeister, Strasbur~er, Guignard, Ikeno, Farmer, Dangeard, Scherrer. et d'autres encore, bien counus de tous ceux qui se sont occupés de cytologie végétale. Qu'il s'agisse des délicats problèmes soulevés par l'analyse des du cytoplasme, ou de l'investigation des mécanismes de constituants la sexualité, tes hépatiques ont fourni un contingent de faits des plus importants, et l'on s'explique assez la vogue dont ces cryptogames ont bénéncié auprès des chercheurs si t'en ss souvient de la place particulière qu'ils occupent dans la classification, des structures et des phénomènes particuliers qu'on y rencontre, enfin des facilités de travail qu'ils permettent, qualités qui contribuent à en faire un matériel de choix. C'est dire, en voyant la multiplicité des questions posées par ces végétaux, combien l'idée d'un essai de monographie originale à la fois cytologique et biologique nous a paru séduisante. Ce travail est Je résuttat de quatre années de recherches faites au laboratoire de Botanique de la Sorbonne, dirigé par M. le professeur P. A. Dangeard. Parmi tes constituants du cytoplasme, les enclaves oléagineuses, grasses on essentielles, désignées sous le terme général d'ergastome, ont spécialement retenu notre attention. Nous avons précisé plus aettement que nos nombreux devanciers l'origine de ces étément'selon l'usage, et montré, nommés « corps oléifonncs réfringents à ce contrairement qu'admettaient des travaux relaqu'il était difficile, tivement récents, de tes faire dériver directement du vacuome. Ceci s'accorde d'ailleurs avec tout ce qu'on admet jusqu'à présent en cytologie au sujet des huiles, essences et corps gras qui paraissent toujours prendre naissance au sein du protoplasme. Une étude approfondie des phénomènes au moyen des colorants vitaux nous a montré qu'à l'origine seulement tes jeunes éléments de l'ergastome pouvaient être localisés au voisinage du vacuome, ce qui a pu donner naissance à des interprétations inexactes. Nous avons, en outre, étudié en détail la destinée de l'ergastome au cours de la sporogén&se et indiqué que de façon gënérate une partie de l'ergastome pouvait être utilisée par l'hépatique comme substance de réserve, l'autre partie demeurant dénnitivcment dans immobilisée la cellule, à l'étude des déchets inertes et inutilisables présentant parfois des aspects morphologiques remarquables. Une importante partie de notre travail a été consacrée a l'étude de la production des gamètes m&tes chez le ~<wA<~<«t ~~M<~A«, matériel classique, mais où tes phénom&nes ont été très discutés. Nous sommes revenu avec beaucoup de détails sur le mécanisme de la cinèse; d'autre part, nous avons recherché tes constituants cytoplas-
t. Mémoire extrait du F<~<M<~<série XXII, juin )Q3o.
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ANNALKS PË L'UNtVKRStTE
DE PAtUS
et donné une explication de la miques des cellules spermatogènes, formation des spermMOtoMr: proprement dite. Sans curer dans tes détails q).t s'raient ici fastidieux, nous indiquerons seutff ent que nous avons mis en evtdence l'existence d'un ptastid' me nutooome pendant tuute la durct de la spermatogeaese. He plus, nos prep~'ations nous ont m"n'rf d'une manière irréfutable qu'il existait des corps centraux pr sidant à la dernière cinèse. Nous a'ons ins)St< sur tes phénomènes ultimes de maturation transformant ifs spermatides en ~permato~otdes, et particulièrement sur la se comporprésence à ce stade d'une vedt.'bte pièce intermédiaire, tant comme une extrusion de fhromat~ne nt<c)caire et joignant le Nous avons comparé cette pièce interménoyau au btë; haroptatte diaire au rh':op)aste de nombre de protistes. D'aiHeur~, d'apte- nous, la epftntHtide donnant naissance au spermatoït ide. loin d'être une cellule n rudtmcntaire u ou a indifférenciée t comme e veulent certain auteurs, ett une cellule très corn' plète, et !.i) se produit pour cer):'ins éléments (pbstes, pa exempX-), une réduction numérique, on assiste par itithurs a une suite de phénomènes acc~eres datant la cellule d'ët<?nx'ots nouveaux comme ceux de l'appareil locomoteur et de ses annexes. Cette convergence structurale adaptative des gamètes tt des organi~mes inférieurs est un fait sur )tt)ue) it n'est pa!. inutile de revenir. La dernière partie de notre travat) a étf e~.n-'acree & l'étude des prétendus CMide symbiose rencontrés chez h's h. pati~ues. Depuis Leitgeb, de )88< à tios jt'urs, de nombreux auteurs ont en effet renct'ntfë dan!' tes tissus des hépatiques def champignons endophytes. Un n'a pas manqué d'émettre de nombreuses hyp'-theses sur les rapports du champignon et de ('hépatique. H faut dire qu'- celle de la symbi.~e, a souvent, trop s"uvent été favorite. Le cas des orchidées, on le sait, a fait la fortune des micorhiites, et on a vu dans ces derniers un tact.ur de l'évolution. On a eu également vite fait de rapprocher dans cet crdre d'idées te- prothalles de infestés des thalles d'Hépatiques lycopodes également parfois infestés. L'analyse des nombreux travaux de Goebel. Nfjmec. Cavers. Beauverie, Deni~, Rtdier, Kicotas. c'c., ain-i que nos propres observations, pc mettent de soupçonner te manque de géncratitë de l'infestation des hépatiques par des endopby es. Le cas d's b'-patiques c-t si lingieux qu'il semble prud'-nt, mature intéressants comme ceux de Magrou, quelques résultats expérimentaux de se gard'r de toute hypothèse prématurée concernant tes rapports de l'hôte et du champignon. Cependant, n' us .tv'.ns renct'nttC dans tfs organes mâles du A~f<MM<«! ~o~w~~Ait de m-mbreux cas de castration parasitaire p.us ou moins comptète, ce qu) permet de douter quelque peu de ta prétendue de la symbiose. « utith<! n p&rfuis in'oquce Kn effet, it r~-utte de no~ recherches que tes appareils sexuels matfs du ~<<7«tH<t<t ~o/y~o~A'~ par exemple, ne sont pas à l'abri de l'infestation par un champignca. La plupart des organes frucuf~n's dits « chapeaux mutes o que nous avons récoltés dans le jardin du Mu~um d'HtStoire natur'tte Il Paris étaient envahis par un champignon qui pénétrait dans certains e.<s à
VtR SC!EMT!FtQUK
91
en modifiant plus ou moins les éléments l'intérieur des aatheridies sexu ts en voie de croissance. Nous avons suivi les modalités de t'attaque par le des anthéridies champignon parasite et indiqué que les cellules sexuelles réagissaient de façons diverses,t~s unes étant rapidement tuées, tes autres dégénérant ef retournant à t'etat de ce))ul' frustes, tnd'Mrendëes. C'est également &l'action de ce champignon parasite que l'on peut au cours de qui surviennent rapporter les altérations considérables certaines divi-ions nuctéaires et aboutissent à doubler et multiplier en générât le nombre des chromosomes. Enfin, si une partie des gamètes murs est normale, t'autre possède sur Uf)c taille moyenne moindre et présente d'autres modifications lesquelles nous n'fnststerons pas. A l'heure actuelle, les résultats tes plus intéressants obtenus dans l'étude des endophytes des hépatiques paraissent res'der dans l'exis. tencf des modifications importantes portant sur les organes de la reproduction sous t'innuence du parasitisme. Aux cas déjà connus de parasitisme du sporogone, nous avons donc ajouté des faits nouveaux concernant la spermatogenese pathologique. H n'est pas douteux qu<- l'étude des réactions des endophytes sur les de la sexualité des hépatiques aidera à phénomènes cytologiques signalés par comprendre un jour bien des phénomènes tératologiques différents auteurs chez ces cryptogames.
Chronique -de ~Université EN L'HONNEUR
DE M. CHARLES DIEHL
Le 14 décembre tpSo a eu lieu la remise des ~<w~, offerts il M. Charles Diehl, membre de l'Institut, professeur d'histoire byzantine a t'Université de Paris. Ces œuvre de ses amis et anciens élèves, sont formés de deux volumes, consacrés :'t t'histoire et à l'art de Byzance, Assistaient à la cérémonie de nombreux membres de t'Institut et de nombreux professeurs MM. Athos Romanos, ministre plénipotentiaire de Grèce; Grégoire, doyen de )t Faculté des Lettres de Bruxelles; Dvornik, de t'Université de Prague, etc. Des discours ont été prononcés par MM. Pfister, recteur de l'Académie de Strasbourg; Millet, professeur au Collège de France, et Ebersolt.
CONFÉRENCES
FAITES
PAR
DES PROFESSEURS
ÉTRANGERS I-'ACt.'LTÉfE DROIT M. Joseph C. Cot!sx, conseiller au Conseit tégistatif, avocat au barreau de Bucarest. secrétaire général de la Société de législation comparée de Roumanie, a fait cinq conférences sur le sujet suivant. /J<:projet du MCMfMM Code de commerce. I. – Les principes généraux du projet. H. La faillite et le concordat préventif. – III. Les sociétés commerciales. IV. – Les sociétés anonymes. V. Les principes des obligations et des contrats.
OKL'UNtVËRSHË Ct!RON!QUE
9~
FACULTÉ DES SCIENCES /M!f~~ Henri Poincaré M. R. H. FowLER, professeur a ('Université de Cambridge, a donné pendant le mois de janvier 193' une série de conférences sur les sujets suivants I. interne des ~w~ y'/r~w de ~'<<~«fM gamma ~<<f le ro~</<~<C'. 11. Progrès récents dans <<!théorie du M~K~~w~. M. I,. RosESFELO, chargé de cour!! .'t l'Université donné en janvier ~i une série de conférences sur /.<! ?'A<W7< ~Ma~W
de Liège, a
des cA<!W~y.
M. WALTERMu~D, professeur à t'Université de Louvain, a fait en janvier f<)3i une conférence sur et trois conférences sur la fAo~ initiale des a/fMM /<!</<<Mt a/~«. ~M~M <WM
M. S. STo!t.ov, professeur à l'Université de Cernauti, a donne en janvier et février io3t six conférences sur le sujet suivant: Zf~ ~e~n~.t topologiques des fonctions analytiques <<M~ variable. des fonctions <f~<?()'/<~MM. T')M< <W« iliéorie /C~C~< M. KvRtn.E POPOFF, professeur à l'Université de Sofia, a donné en janvier et février t()3t trois conférences sur à <&Z'o//<M~fet ~<~ <«'<<'M les M~<Ac~~~M~~<cM ~c<t'MJ de mécanique.
FACULTÉ
DES
LETTRES
M. l'abbé Lionel GROULX, professeur d'histoire à la Faculté des lettres de l'Université de Montréat, agréé a l'Université de Paris, a sous les auspices de l'Institut scientifique fait en janvier t~i, franco-canadien, une série de conférences sur Z'.&<M/~WW~ /<M~<MÏau C<!)M<A!. (Des débuts de la colonie à nos ~OM~.) I. L'Enseignement dix-huitième siècles.
en Nouvelle-France
au dix-septième et au
94
ANNAt<BS M
L'UNtVËRStTB
DE PARIS
II. Au lendemain de ta conquête aoghuse Ruines et misères intellectuelles. HI. – L'assaut direct contre l'enseignement français. IV. – La défense de t'enseignement français. V. –. Les progrès de l'enseignement français dans la liberté. Son état présent. M. N. JORGA,recteur de l'Université de Bucarest, agréé à l'Université de Paris, a fait en janvier ig3i trois séries de conférences sur les sujets suivants ï. /Mc</MMW~<t AM~<~< II. – Les ~«~ ~M<M. III. la psychologie de la langue roumaine.
INSTITUT D'ÉTUDESSCANDINAVES M. RAGNARHoppe, conservateur-adjoint du Musée national Stockholm, a fait en novembre <93o une conférence sur Elias ~«~M, peintre suédois du ~.AM<<<~< M. Paul RuBOw, ptofesseur à t'Université de Copenhague, en janvier ig~t une conférence sur ~<~MM.
INSTITUT
D'ART
de
a fait
ET D'ARCHÉOLOGIE
FONDATIONS POUR L'ÉTUDE DES ARTS ET DES CIVILISATIONS DE LA MÉOJTERRANÉE ARTET CIVIUSATM})DE LACATALOGNE (Fondation C<<M~) Des conférences publiques sur la peinture catalane au quinzième siècle ont eu lieu en janvier et février ig~t, selon Je programme ci-après M. Manuel TRBNCS, directeur du Musée du Séminaire de Barcelone. La ~«~«~ <M<<~<MM commencement ~M f«<~ ;M~«'~ ~«~ 2'< ~Me. M. Atexandre SoLER ï MARCH, professeur à t'Ëcote d'Architecture de Barcelone. 2~t Frètes Serra, peintres du ~«<<~f M~<.
CHRONIQUE DE t.'UMtVER8!TJÈ
9!
M. PKncesc MARTOMEU.,membre de l'Institut d'Estudia Catalans. – ~«M FOWMM, ~MW~f retables. M. DuR*N SKMPME, archiviste de la ville de Barcelone. – Z?<M« t< ~~M/. M. Joaquim Fo!.CH t ToRRts, conservateur du Muxée de Barcelone. ~w<~ ~~< M. ~)tcotao d'OLWER, membre de l'Institut d'Estudis Catalans. – Z.'<M'<dans la vit sociale catalane, d'après les romans du ~«<HM~~ ~Mt. M. Foctn.ON, professeur à la Sorbonne. .St'M~ la Ca/a~w. M. R. ScHNEtDER, professeur à la Sorbonne. – ~f~<Mt ~M~/<y~catalane.
Chroniquede la Sociétédes Amis de l'Université CONFÉRENCES DONNÉES EN JANVIERET FÉVRIERt~t A LA SORBOUNE SOUS LES AUSPICESDE LA SOCIÉTÉ DES AMIS DE L'UNIVERSITÉ Z2 janvier /~J/. – M. N. JopGA, recteur de l'Université de Bucarest, professeur agréé à la Sorbonne, correspondant de l'Institut le Paysan Ko~matn. ~p janvier – M. RoussEL, directeur d'Athènes: it-sFouittea de Délos.
de ['Eco)& française
5 livrier /p~. M. COUVELAIRE,professeur à la Faculté de médecinedet'Unifersitéde Paris, membredet'Académiedemedecine: le Rôle du n servicesocial dans la protection de 'a mat~ruité. M. Georges Rtcou, directeur de i'OpÉra. ~2 /<fW Comique At"Ma<)reDuma père et te Romaat'sme A propos de Une répétition chez Atexaod e Dumas père. M. Georges-G. TouDouzE, professeur au Conservatoire national, interprété par les comédiens du M Théâtre Classique universitaire H. – Mozart. Soirée musicale organisée par le 7p février
9~
ANNALES DE L'UNtVERStTË
DE t'ARtS Il
~I.I Ccrck Musical universitaire. Conférence par M. Ernest Ct.osson, prufesseur au Conservatoire royal de Musique de Bruxelles. .?<}février La Vie et l'Art aa Dahomey. Conférence du R. P. AuptAts, provincial des Missions africaines. Présentation de photographies en couleurs faisant partie des Archives de la Planète formées par M. Atbett K~ns.
C~<M< J. de B*MY.
tmpotne)r!e J. DoMCOUf. & Pan*.
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BmmamBBmsBB ~Nx&B~mae"~B~eBB& par G. SALLES, conservateur adjoint au Musée du Louvre R. CROUSSET, conservateur adjoint au Musée Guimet PIt. STEHN, conservateur du Musée indochinois du Trocadéro S. ELISSEEV, docteur de l'Université de Tokio
HISTOIRE UNIVERSELLE DES ARTS offre au public, sous ~ErrE une forme vivante et limpide, )e premier tableau véritablement essentielle du monde entier, de l'Occident complet de l'activité artistique à l'Orient, de l'homme des cavernes à l'homme d'aujourd'hui. C'est l'ouvrage tous les amateurs toutes tes cultivées auront profit à d'art, personnes oue hre et plaisir à regarder précieux instrument d'études, source inépuisable de renseignements, ensemble de 1600 pages et de plus de magmaque la vie et le rêve des générations. 1200 gravures où s'éternisent /?M«!M<<«' le ~W~<M illustré
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DtMCTÏOM ET ADMtMSTRATION BafMtt des RtMttgntmeott SctentiftqttM de t'UotveMttë de Paris A LA SORBONNE, PARIS (V)
DANS
CHAQUE
NUMÉRO
I. Actes de l'Université de Paris. Rapports des Doyens. monies universitaires, comptes rendus et discours. Il. Articles publiés par des professeurs Ht. Vie scientifique. Publications. des thèses de doctorat. Chroniques de l'Université versité.
de l'Université
Bibliographies.
Céré-
de Paris.
Comptes rendus
et de la Société des Amis de l'Uni.
ABONNEMENTS FRANCE Parls Départements et Colonies ËTRANGER
UN AN 2S fr. (Tarif réduit à 15 fr. pour tes ProtesMurs de toutes catégories de l'Université de Paris et pour les membres de la Société des Amis de l'UniYenite de Parts.) CN AN 30 fr. pour tes paysayant adhéré aaxeonven. tions du Congrès de Stockholm; 35 fr. pour tous tes autres pays.
Prix do namero
S tr. pour la France
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t931 MARB-AYRtL
N* 2
6' ANNÉB~
Anna!es de
rUntverstté de Pans DES AMISDEL'UN)VERS!TÉ PUBUÊES PARLASOOÉTÉ
Paraissant
tous
<« deux
mois
SOMMAIRE Rapport annue) du Doyen. Année scolaire to~-tgSo. tteaé Manoter. – Le mélange des races dans les colonies. Problème d'HietoireetdeDrott.
"&
Chrétien de Troyes.
t<8
de l'Institut d'Btudea Oermantquea. (Suite des discours Inauguration W. d'Ormesprononcer le t6 décembre tc3o MM. de PeyerimhoM, Mn.B.VenneM). Vie scientifique. – Travaux et p<tbiication<
'ao
Pacotté
de Droit.-
CMatave Cehen.
– Le fondateur du roman france!:
Election de M. Vendryea à l'Académie des Chronique de l'Université. tneeriptiOM et Bettoe.Lettree. – Election de M. Chartety à )'Acad6mte Conférences faites par des prodes Soiences morales et politiques. feMeuM étrangère.
PARIS DB L'UN!VERStTÉDE PARIS BUREAUDES MNSM6NEMENÏSSCtENT)F)QUES A
LA
SORBONNE
97
t74
'90'
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de Paris de Droit
– Rapport annuel du Doyen ·
ANKKE SCOLAIRE )02Qto3o PERSO~XEL
~CM. – La Faculté a eu à déplorer le décès de M. HtïiER, pro' fesseur d'Ëconomie et de Légistation rurales, qui laisse d'unanimes regrets. A~cw~M~ – M. OuAnn, professeur sans chaire, a été nommé professeur d'Ëcononne et de L~gistation rurales. Ont étë nommés agrégés: M. Roger FtCARO, professeur à la Faculté de Droit de Lille, LAFERRtÈRE, professeur à la Faculté de Droit de Strasbourg, et PETOT, professeur à la Faculté de Droit de L~on. Le titre de professeur sans chaire a été conféré à MM. CAs.st)., Roger PtCARD, LAFERRt&REet PETOT. M. I.Ë\y-BRUHL, professeur à la ~'M~/M~ cAa~~ de cours. Faculté de Droit de Lille, a été chargé du second cours d'Histoire du Droit de première année; M. NmovET, professeur à la Faculté de Droit de Strasbourg, a été chargé du cours de Droit civil appro fondi de doctorat, et M. LE BRAS,profL-ss'urata Facutté de Droit de Strasbourg, a été chargé de supptécr. professeur de M~fMH~s, Droit romain approfondi,en cnm:é po(i):r)n (te~nn~, M. K<CARKA,
Afx.f'stv.
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ANNALES UE L'UNIVERStTÊ
DE PARtS
professeur a la Faculté du Droit de Crenobte, a été chargé de suppléer M. RtST, professeur d'Histoire des Doctrines économiques, en congé d'inactivité. DISTINCTIONS
HONORtFIQUES
a été promu commandeur de la Légion M. le doyen BERTHÉLEMY d'honneur. a été promu oflicier de la Légion d'honneur. M. BASDKVANT Gtt-t~ARf et MAUNtERont été nommés MM. Joseph BARTHËLKMY, chevaliers de la Lésion d'honneur. M. CAPITANTa été nommé commandeur de l'ordre de Pologna Restituta. M. C&t.f.!NETa été nommé oflicier d~ l'ordre du Sauveur de Grèce. M. RtpERT a été nommé grand-officier de la Couronne de Roumanie et officier de i'Etoit'; noire de Bénin. M. HuouEKEY a été nommé oflicier de l'ordre du Dragon de l'Annam. M. OuAUD a été nommé ofncier de l'ordre du Cambodge. RELATIONS
INTERUNIVERStTAtRES
Le titre de docteur /Mw~ causa de i'Université de Paris a été décerné u S. M. ALBERT 1~, roi des Helges, et à M. PIETRO UoNFANTE, professeur à i'Université de Kome. MM CAPtTANTet AFTAHOM,prof<'sst-urs, ont été reçus docteurs honoris fftMMle premier de l'Université de Liège, te second de t'Université de Bruxelles. Conférences faites à la Faculté de Droit par des professeurs étrangers M. ~EGULESCO,professeur à t'Université de Bucarest, a donné deux conférences sur L'inftuenc<; de t'esprit frane.tis sur la transformation du Droit puhtic en Roumanie au dix neuvième siècte ') et sur « La convention de t'aris de )858, comme première coosthu* tion roumaine comparée avec les constitutions de t866 et 19. o. M. RODRIGO(Octavio), membre de la Cour suprême fédérale'tu Brési), a donné trois conférences: t"sur M Sitva Lishoa et tacottaboration étrangère sur le dcvetoppen'ent économique du Bré~i!)); ~"sur "Teixcira de Freitas et t'unifxation du droit privé)); 3° sur <( Ruy Barboza et la défense de l'individu contre t'Htat '). M. Ernest MAHAtM,professeurà t'Université de Liège, a fait deux conférences sur les Conventions internationales du travail.
FACULTÉ DE DROtT
99
Cours libres professés à la faculté de Droit de Paria pendant l'année ecotaire 19Z9-M30 M. JoussEUN, président de la Chambre des notaires à Paris: « Le Notariat dans ses rapports avec Je droit civil, » M. MimnnE-CuETZEvrrcH, ancien professeur agrégé à la Faculté de Droit de Pétrogfad, secrétaire général de l'Institut de Droit international public « Les nouvelles Constitutions européennes d'après guerre. )) M. SHATZKY,ex-professeur de droit constitutionnel à l'Université de Pétrograd « Le Droit constitutionnel américain et la politique extérieure des Ëtats-Unis. » M. LAMUEL-LAVASTJNE, professeur agrégé à la Faculté de Mëde' cine de Paris KPsychiatrie médico'tégate. » M. MonAKD,doyen de la Faculté de Droit de i'Unh'ersitpd'Atger: « Le Droit musulman des successions, ï. La succession ab intestat. II, La succession testam<*nt:ure. x M. Loupn BEY, docteur en droit, ancien <:onsut général de Tur. quie « Le droit turc moderne. » A L'ÉTRANGER MISSIONS, CONGRÈS ET CONFÉRENCES PAR LES PROFESSEURS DE LA FACULTÉ M. BARTIN. – Cours à l'Académie Royale de )a Haye. Dix.huit conférences à la Faculté de Droit de M. TRUCliY. Bogota (Colombie) sur tes grands problèmes économiques de l'heure présente. M. PBRCEROU. – Délégué du Gouvernement français à la Conférence diplomatique pour l'unification du droit de la lettre de change, du billet à ordre et du chèque. M. DEMOGUE. – Detégué du Gouvernement français au Congrès des Sciences administratives de Madrid. Conférences à Anvers et à Liège. M. CoLUNRf. – Détëguë du Ministère de )'Instruction publique au III* Congrès international des Etudes byzantines a Athènes. Conférences à Athènes sur )e XIV* centenaire des Pandectes. Justinien et son œuvre. M. BASDEVA~T.– Délégué du Gouvernement français à )a Confé. rence navale de Londres, à la première Conférence pour la codification du droit international, et a t'Assemblée de la Société des Nations. M. RtPMT. Délégué du Gouvernement français à la Conférence internationale de Varsovie sur la navigation aérienne. Missions
toc
ANNAt-RS DE L'UStVEKsn'Ë
UE PARIS
de Belgrade. dans tes Universités roumainei. et à l'Université M. GtOËL. – Délégué du Gcuvcrnement français il la première Conférence de codineation du droit international. Professeur d'échange à la Faculté de Droit M. Olivier MARTis. de Gand. Conférences en Lithuanie <'t en Lettonie. Journées d'H!s' toire du Droit a BruxeUes. M. AFTAUON. – Cours a f Université de Londres sur la ntutuutie et le change. Exposé oral sur la question 'te t'or à la Déh'-n:'tion de t'or n la Société des Xations. a t'E'-ote des Hautes !!tu't< inter M. LESCCRK.–Confen'n't's nationates de Genève. de t'L'nit'ersitede M. OfAUD. –Représentant Paris au Contres de l'habitation à Rome. Rapporteur générât de la question d'emif[ration à la Conférence if)tf'ro:'ti"r)a!< df; t'Association du ~rugrc~ social à Liège. M. GËXBSTA)..– Professeur 'i'tk'han~e u t'Universite deHruxe)~' <. M. Roger rtCARD. Rapporteur général sur la question drs salaires de l'Association du progrès social a Liège. M. Joseph BARTHÉLÉMY. Rapport au Congrès paneuropee)) de Berlin. Rapport au Congrès de la Fédération européenne de Genève. Délègue du Gouvernement français et vice.president du Congrès des Sciences administratives de Madrid. Conférences a Madrid. M. ~tBOYET. – Cours à l'Académie de La Haye. Cours à l'Université de Madrid. Congrès '!e t'tnstitut du droit international de ~ew.York. M. Le BRAS. – Journées d'Histoire du Droit a Bruxelles. CENTRES
D'ËTUDES
DÉPENDAIT
Études administratives
DE LA l'-ACL'L'i't':
et HnaocSeres
Les conférences préparatoires au Certificat d'études administratives et financières ont été dirigées, en fp~t~o, par MM. BERTHËLEMY, doyen; JÈZE, MKSTRE, PiKou, professeurs a la Faculté de Droit; M. AuBERT, maître des requêtes honoraire au Conseil d'Etat; M. RouMILHAC, inspecteur des Finances,et M. t'Kt.tx, sou~directeur à la Préfecture de la Seine. Le nombre des eteves inscrits s'est élevé à i. Le nombre des diplômes dejivr~ .< été de 3s.
tACULTf: M DttOt't'
Institut de criminologie .S'c-M
du
<J'
~~M/
Pendant cem- année scolaire, 5~ étudiants ont suivi f'enseignement de cette section, dont t5 Français et 35 étrangers. 88 cours ou conférf'nces ont été faits par MM. HL'cftMEY et Doh. NEDiEL'UE VABRKs,professeurs de droit pénal s la Faculté de Uroit pour le droit pénal sp(!cia); M. Gustave Lx Porr'rËVtK, prudent honoraire it )a Cour d'appel d' Paris, pour la procédure criminelle; M. le docteur DEKVtEux, médecin légiste, pour Lamédecine légale; A!. MERCtER, avocat a la Cour d'appel, membre du Comité de Direction de la Société générale des prisons; M. LAiGNEL-I-AVASTttK, professeur agrégé à la Faculté de Mëde. ciné, pour ta psychiatrie criminelle. )6 candidats ont obtenu le diplôme de cette section t'examen d'' fin d'année. .S'OM ~W<«/«!~<' 8 <;tudiant~ se sont fait inscrire pour cette section, dont 3 ont obtenu le diplôme. Outre les cours ci-dessus, communs aux deux s'ctions, des conférenees ont été faites par M. MossÉ, inspecteur générât du service administratif, sur" ta.science pénitentiaire o. Hn cours d'année, des visites aux prisons de Fresnes, au Dépôt, à la Santé ont été organisées pour les élevés de l'Institut. r.'i'UDtANTS STATISTIQt-'H
A.
A'CM~t</<~ ~«/M~
Le nombre des étudiants s'est ct':v', en to~ t~o, 8 7~ hommes et) ~46 femmes. li.
.t 997', dont
.Sf(t/<
!.<:s inscriptions trime<trit'ttt'!i prises en t$~9-t93o ont atteint le thitfrede s5 .!<2. l'es présences au cours ont a'cuse un total de 3~3 ~y. Les conférences facultatives ont été suivies, pendant le premier scm''stre, par t.!<o étudiants et par to8o pendant le deuxième sem''str< Les travaux pratiques ont etf suivis pendant le premier semestre par 946 étudiants et par 6~9 pendant te deuxième semestre.
t<M
ANNALES DE L'UNÏVERStTÊ
DE PARIS
EXAMENS L'ensemble des examens subis devant t~ Faculté donne le chiffre dei56~3. Le nombre des candidats a été
en t029-!o3o
Pour le certificat de capacité en droit. Pouriaiicenceen droit. Pour le doctorat. La proportion des candidats vante
870 8< <366
ajournés s'établit
de la manière sui'
Certificat de capacité. Licenceenen droit. Licence ;0ra! Doctorat.
3o p. ioo ~P-p. roo 5° ~Sp.too ~op.to<J
l;crit ·
LICENCEEX DROIT Nouveau régtme.
Composittons
écrites
Session de juin.juillet et octobre-novembre Les matières tirées au sort ont été )"anntc.
Juin.
– cannée. – 3'ann~e. –
Octobre Juin. Octobre Juin. Octobre
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Histoire générale du I)roit français. Droit constitutionnel. Droit romain. Économie potitique. Droit commercial. J.c~istation financière.
t"'A\XËEDEHCENCË
~<. – 268! étudiants ont subi i'examet) écrit de tin d'année: 1021 ont été déclarés admissibles et t66o ajournes, 1 f$2 représentés à la session d'octobre novembre, ~6 ont été dëctarés admis. sibles, 436 ajournés. Oral. toog étudiants se sont présentés à l'examen oral ~t ont été reçus, 288 ajournés; 83o étudiants se sont représentés à la session d'octobre-novembre 58<)ont été reçus, 2.}t ajournés. 2'AXtfÊKDK LICENCE ~M/. étudiants ont subi J'examen écrit de fin d'année t ;3i ont été déctarés admissibles et 6~3 ajournés; 5o6 se sont repré-
FACULTË DE DROIT
te!
tentés à la session d'octobre. novembre; 340 ont été déctarés admis. sibles, t56 ajournés. 0~. y~4 étudiants se sont présentés à l'examen ora) 6o3 ont été reçus, m ajournés; 457 se sont représentes à la session d'octobre novembre; 3i2 ont été reçus, t~S ajournes. 3* ANNÉEDE LICENCE &r. – 3p4 étudiants ont subi l'examen écrit de fin d'année 747 ont été déctarés admissiblps, 647 ajournés; SoS se sont représenté!! à la session d'octobre-uovembre 4~8 ont été déclarés admis. sibles. tS? ajournés. 6~< Les étudiant de S* année de licence doivent subir deux examens oraux. Les résultats ont été les suivants Pour la session de juillet t"0nd Oral
Examens subis – –
670; 68a;
admis 538, ajournés t4< – 48), 196
Pour la session d'octobre.novembre t'Orat Examens subis :!7o; admis 452, ajournés ttf! – 2* Oral 630; <49 4f)o, La proportion des étudiants ajournés est de en année, So p. too, en ~'année, z6 p. 100; en 3* année, 3o p. too. Nombre des examens subis par tes étudiants Proportion des des Facuttes libres. 26. ~P~'< ~J°~~= Adm~44 4~ P. 'oo. ,ï, t Ajournés. DOCTORAT Il a été soutenu, au cours de l'année f0!o'to3o, at6 thèses de doctorat; 74 ont obtenu la mention très &/M; 62 ta mention bien; 53 la mention ~M< ~MM;27 la mention passable. Ont été retenues en vue du concours 32 thèses. DtPLÙMESOEUVRESPENDANTL'ANNÉEt02Q-to3o Capacité. Bacheliers. Licencias Docteur: SALLESDE TRAVAIL. Les salles de travail, au nombre
ï2t 970 dont 48 Caire oo! dont 37 Caire 2<6 TRAVAUXPRATIQUES de onze, réservées particulière.
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Di-. L'U~tVKKSt'f~
DR t'AKtS
ment :~x étudiants de Doctorat, cunnai~sont toujours une très grande activité. Elles ont été frtqueotces, chaque jour, par une moyenne de trente à quarante travaiHeurs chacune, et ont offert, sous la direction des profeMeuri.-directe'jrs, et avec t'aide des assistants, d'utiles centres d'entraînement aux concours. Lf's travaux pratiques du terminologie juridique allemande, anglaise et espagnole ont fonctionné, sous )a direction de M. le professeur LÉvy Un.MAfx, et de M. le professeur J. de )a MoRAND!?!Rt:,au moyen de leçons données par quatre docteurs en droit. sp~iatisës dans ces législations. MATÉRIEL HL'DGKT
ET
BUDGET
ADDITIONNEL
Le budget de la Faculté de Droit a été arrêté, pour t()3o, ;.Iasommede. Le budget additionnel de t'cx';r ict- t()!o s'0&ve tnrcc<'t<e!i,n)aiomm<'de. en dépenses.!tt.t!.omme de
c. 805 386 j~ûM j~6~
E'{rrd''n:()'r<'rt'ne!
BIBUOTHf:QUK
DE LA FACULTÉ
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DE DROIT
.m.'ATtOX UK LA BIBLIOTH~QUK AU )"' DÉCEMBREto3o I. Les crédits alloués pourt'cxcn.'ice t$3o ont atteint ie chiffre ')f 166 5oo francs, savoir 7~ 5oo pour les achats de livres (r'~sfrve comprise); 3~ 5oo pour tes abonnements; 5~ 5oo pour tes frais de reliure. II. – 63~7 votuMcs sont entrés du t" décembre tp~pau t"'décembre t<)3o, savoir dont (x: ont été fournis au titn' 1767 volumes d'ouvrages !))< d''s Réparation! 7)3 thèses français<-s, :.38o thèses Mtrang{ire&. Les collections, n;vu''s. annuaires mu rapports se sont accrus de ) ~67 volumes. 27 cottfctions nouvettcs, t7 perif)f)i<)')M nouveaux, t) annuaires nouveaux ont Mte acquis. III. – 277 fiches unt cteredigeM et classées 638o ont été insérées au catatogu'- général alphabétique ft ana. titiquf, 1262 au ''ata)').(U<*numérique;
FACULTÉ
DE DROIT
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ont été rédiges pour le catalogue de Montpellier; 58o fiches ont été retirées du catalogue Kcuerai comme usée.; ou périmas; 2 2t5 fiches ont été rédigées et 'Jassef's par le Service des périodiques, 5 ~t6 ti~h.'s par te Service des thèses, tant pour k' c:)t.t!ogu'général que pour le catalogue spét-iat. IV. L'js deux salles de tecture, qui ne donnent au tutal que 268 places, deviennent, chaque annét'.ptus insuffisantes. Au fort 'if cette année scolaire, de décembre à Pâques, la moyenne quotidifnne (les lecteurs a été de t ~oo~ la moyenne quotidienne- d':s ouvrages communiques sur demande atteint t o5o; celle d'-s t'uvrage-s consuttes et dep!a<;e.'<, dopasse.tooo. Ces mo~'nocs librement auraient été plus fortes encor': si la HDjfiotheque pouvait a<'<t)).'i)!ir tum les étudiants qui voudraient y travailler commodément. L'n bun nombre renonce à la fréquenter des le début de t'annee, vu t'cn'ombr -ment et le manque de places. V. Le Service du prêt, réserve en principe aux protcsseur.4, a enregistre: t3<~ prêts d'ouvrages aux professeurs de la Faculté; t .~o aux professeurs du dehors, assistants et auturises; 65). aux étudiants, au nom et sous la responsabilité du bibliothécaire; enfin 2 .!&.(aux candidats de deux concours d'agrégation (droit publie et économie politique) pendant la durée des épreuves. VI. – Le Service des thèses a reçu :f2 thèses de Paris, chacune en trois exemplaires, 77 thèses de province et 38o thèses ou rf'rit~ académiques de t'étranger. Le Service des échanges a distribué d''s collections complètes d'-s ~t.! thèses de Paris, tt~, aux 20 Universités françaises, à 44 Universités étrangères, à la Bibliothèque de la Sorbonne, à t'Ëcote n' rtoate supérieure, à la Bibtiothequ'' nationale, aux Ëcotes franc.!)Aes de droit du Caire et de Beyrouth. .Si! thèses ont été envoyées à la Bibliothèque du Bureau international du Travait, 3) à la Bibliothèque de la Société des Nations, 26 a celle du Palais de la Paix, a La Haye, ~8 à celle du ministère d"s Aftaires étrangères, a nette du ministère des Colonies, t à celle du ministère de la Marine, a Paris. VtL Le Service des recherches a répondu par lettre à près de 85o demandes de renseignements hibtiographi'jues de la province et < t'étrn)));r.
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ANNALES DE L'UMïVERSïTË
DE PARIS
– Mscoars prononcé par M. le Doyen H. Berthétemy daas la séance de rentrée de l'année scolaire t930-!93!
Vous allez entendre dans quelques instants proclamer officiellement les succès que vous avez remportés dans nos concours de fin d'année ig2g-ig3o. Avant d'accomplir ce rite, la Faculté, se conformant à sa tradition, tient à faire devant les meilleurs d'entre ses élevés son examen de conscience, et à dresser le tableau, ou plus exactement t'esquisse de sa vie au cours de la dernière année scolaire. Réjouissons-nous, Messieurs, cette esquisse se présente aujourd'hui sous des couleurs avantageuses. Nul ne conteste plus que nos études soient en très sensibles progrès. La source première en est sans doute lointaine. Elle doit être cherchée d'abord dans la très large extension du champ de notre activité. Nos Facultés de droit, sans renoncer à leur titre, se sont ouvertes à l'ensemble des sciences politiques, économiques et sociales, étroitement solidaires les unes des autres. Cette accommodation n'a pas pu se faire d'un coup de baguette et par l'effet magique d'un texte législatif. Une longue adaptation a été nécessaire. Elle est achevée depuis quelques années et porte aujourd'hui tous ses fruits. Le nombre des maîtres s'est multiplié. D'indispensables spécialisations se sont réalisées. La production de notre littérature scientifique ne s'est pas seulement diversiûée elle s'est intcnsinée d'une manière à peine croyable. Nos bibliothèques se sont enrichies d~œuvres nouvelles dont le nombre et l'importance ont attiré l'attention même de l'étranger. La science française s'est imposée au delà des frontières, et y a pris un ascendant qui s'accroit chaque jour. J'en faisais déjà la remarque dans mes précédents rapports. Ce que j'y ajoute en to3o, c'est la constatation sans réserve, faite par ceux dont l'opinion compte en cette matière, magistrats, administrateurs, hommes d'affaires ou hommes de loi,
FACULTÉ DE DROIT 1 .1
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de la valeur beaucoup plus grande attribuée1 partout à nos grades, notamment à celui qu'on vient le plus communément demander à nos écoles, le grade de licencié. Un licencié en droit, & l'époque ancienne où je recherchais ce titre, était peu considéré. Les licenciés ès lettres nous toisaient avec des airs de condescendance. Ils n'étaient guère à la vérité que des bacheliers supérieurs. Nous semblions n'être que des /f~JtM/~MM/ La plupart d'entre nos parents ne consentaient pas à ce que nous ne combinions pas nos études juridiques avec d'autres occupations, lucratives ou scientifiques. Quelques traces de ce préjugé subsistent encore. Combien de fois ne m'a-t-on pas dit « Notre enfant est laborieux il ne peut cependant pas perdre trois belles années à ne faire que son droit! Perdre trois années Ceux qui connaissent nos programmes les trouvent écrasants pour trois années. Tellement écrasants que nous ne pouvons plus sourire comme autrefois de la mine piteuse de nos refusés. Les parents qui ont fait leur droit et, mieux encore, les grands-parents qui ont été mes contemporains s'en rendent compte. Ils savent que vos études sont beaucoup plus difficiles que celles que nous faisions a votre âge, que les matières à apprendre sont beaucoup plus nombreuses, que les maitres se montrent beaucoup plus exigeants. Certes, on peut encore être assuré du succès, à condition de ne pas faire de nos études l'accessoire d'autres cc< ~/<o~y, censément plus pratiques ou plus alléchantes. Quand on est reçu, pas plus qu'autrefois, l'on ne doit s'imaginer qu'on a l'estampille d'un savant. Mais il faut, il importe que tout le monde sache, et tout le monde commence à savoir et à répéter qu'un licencié en droit est pourvu d'un bagage qui accroit très sensiblement sa culture générale. C'est au surplus ce que recherchent et ce que trouvent chez nous la plupart de nos élèves. La statistique de la dernière année nous montre qu'il ne suffit plus de réclamer nos grades pour les obtenir: 5o p. tou ajournés à l'écrit, 25 p. 100 refusés à l'oral: cela donne à
ANNALKS DE t<'UN!VERStTË Dt! PARIS f'-aéchir.
Les
non des fomittcs familles, mat informées crient au scandale: celles qui ne veulent pas comprendre que les études de droit sont devenues sérieuses. Il en est qui ont recours aux grands moyens. « Nous avons des amis polim'écrit le d'une ttques, de nos victimes. père Nous ferons interpeller le ministre qui obligera bien les maitres à ne pas mettre des notes systématiquement sur les désobligeantes de nos enfants!') compositions avec J'attends l'interpellation curiosité, et l'ordre ministériel avec sérénité. Ne nous plaignons pas, ne vous plaignez pas, mes jeunes amis, de la sévérité des juges. C'est cela même qui rehausse votre mérite et fait la valeur de vos titres. mauQuelques vais plaisants disaient jadis: l'étudiant en droit est un ama. t<;ur qui passe des examens sans valeur pour avoir un titre sans portée. L'étudiant de to3o est un jeune homme qui tente au moins de s'initier par des leçons multiples ou des lectures vanées, à la connaissance de la mécanique sociale. Il y trouvera l'avantage de comprendre une foule de choses sur tes. quelles les étourdis se croient suf&samment renseignés par tes journalistes la ou inconscients. pour plupart ignorants Cet avantage est consacré à la vérité, par un titre modeste mais très enviable et aujourd'hui très envié.
La sévérité de nos examens, au surplus, ne met pas notre clientèle en défiance. Celle-ci augmente chaque jour au point d'inquiéter ceux que le droit je ne sais trop pourquoi effarouche. Nos contrôles accusaient J'an passé un nombre total de86t2 étudiants. En tp3onous en avons < 3Go de plus, en tout oo~t presque )oooo! On ne déserte pas les écoles de droit. Les titres y s~nt moins accessibles mais plus appréciés Dix mille étudiants en droit rien autant en proqu'à Paris v:nce! Que va-t-on en faire de ces ?oooo juristes? N'en ayons aucune inquiétude. Dites vous que nos études
DEDKOn FACUt.TË
te)
et les grades où elles aboutissent n'ont qu'exceptionnellement une valeur professionnelle. On fait son droit pour être avocat ou magistrat, sans doute, ou pour accéder à telle carrière où ce titre est exigé. Mais le plus grand nombre de nos étudiants ne se destinent ni au barreau, ni à la magistrature. H y a des choses qu'il faut que sache tout honnête honuu< au sens qu'on donnait jadis à cette expression. Ces choses s'enseignent chez nous, et /<~<~t<?chez w«y, et ceux qui ont omis de s'en préoccuper peuvent être de grands savants; ils resteront trop souvent de médiocres raisonneurs sur la plupart des questions où personne ne veut être en défaut celles qu'on a l'habitude de considérer comme des questions de sens commun. 11 n'y a rien de si peu commun que ce qu'on nomme ain&). La science s'apprend partout, même à l'école de droit. Le sens commun, c'est-à-dire une conception simple, nette et claire de ce que sont, de ce que peuvent être, de ce que doivent être les rapports des hommes ne s'apprend qu'à l'école de droit.
Voici, Messieurs, les quelques faits qui ont marque en cette année !g3o dans le cours de notre vie scolaire. J'ai signalé déjà l'accroissement de notre population. Le nombre de nos étudiants s'est Mevéà99/t, dont 8725 jeunes gens et i 2~6 jeunes filles. Elles sont très assidues, nos jeunes étudiantes, proportionnellement plus assidues que nos étudiants, pour qui le cumul que je déplore avec d'autres occupations est une nécessité fréquente. M nous est agréable de constater que les études juridiques ne déplaisent pas aux jeunes filles, qu'elles y excellent facilement, et que dans les concours où elles se mesurent avec leurs rivaux, elles ont souvent l'avantage. Qu'elles prennent garde, cependant. Le succès dans les concours et les aptitudes que réclament un bon service admi-
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ANNALH8UE L'UNIVKKStTËDE MMtS
nistratif ne sont pas identiques. Sans qu'on puisse les taxer de partialité, les directeurs des grands services sont unanimes à affirmer l'infériorité des fonctionnaires femmes. J'encourage volontiers nos charmantes auditrices à persévérer dans leur effort pour l'ouverture d'esprit qu'elles en tirent. Le bon sens n'est pas moins utile aux femmes qu'aux hommes. Mais si féministe que je sois, je fais des réserves s'il s'agit d'engager nos jeunes filles à rechercher la plupart des carrières auxquelles le droit conduit. e <te Nous avons fait subir, au cours de cette année scolaire, 15 6~3 examens. Nous avons délivré 1092 diplômes de licenciés, 2 !6 diplômes de docteurs, 222 diplômes de capacitaires. e
Le Conseil de l'Université, sur notre proposition, a autorisé un certain nombre de cours libres qui ont trouvé des auditoires attentifs. M. JousSELtN. président de la Chambre des notaires, à qui depuis longtemps déjà nous sommes redevables du même service, a, pour la neuvième fois, offert son concours à la Faculté pour préparation des candidats au notariat. Son enseignement sur le notariat dans ses rapports avec le droit civil a obtenu un succès bien mérité. Nous remercions de même notre collègue MORAND,doyen de la Faculté de droit d'Alger, qui a fait à Paris, comme chaque anné'e, un cours très apprécié sur le droit musulman. M. LAIGNEL-L,AVASTINE, professeur agrégé à la Faculté de Médecine, a fait à notre Institut de criminologie un cours de psychiatrie médico légale. Des cours intéressants ont été faits par M. MiRKtNE-GUETZEVITCH,ancien professeur agrégé à la Faculté de Droit de
FACULTÉ DE DROIT
lit
Pétrograd, secrétaire général de l'Institut de Droit international public, sur tes nouvelles Constitutions curopéeNnes d'après guerre par M. SHATZKY,ex-professeur de droit constitutionnel à l'Université de Pétrograd, sur le droit constitutionnel américain et la politique extérieure des États-Unis, et par M. LoUFTt BEY, docteur en droit, ancien consul général de Turquie, sur le droit turc moderne.
Nous avons entretenu avec les Universités étrangères des relations très suivies. M. TRUCHY,au cours des dernières vacances, a donné à la Faculté de Bogota, en Colombie, dix-huit conférences sur les grands problèmes économiques. MM. BARTIN, DEMOGUE,RIPERT, AFTALION, LESCURE, NIBOYET, CoLUNET ont fait des conférences à La Haye, à Anvers, à Belgrade, à Londres, à Genève, à Madrid, à Athènes. M. BASDEVANT a reçu la mission de représenter notre gouvernement à la Conférence navale de Londres, à la première Conférence pour la codi&cation du droit international, à l'Assemblée de la Société des Nations. M. PERCEROUa été délégué du gouvernement à la Confércnce pour l'unification du droit de la lettre de change, du billet à ordre et du chèque. M. RtPERT a été détégué à la conférence de Varsovie pour la navigation aérienne. MM. Olivier MARTINet LE BRASont participé aux journées d'Histoire du droit de Bruxelles. Le premier a porté la science française en Lithuanie et en Lettonie. M. OUALIDa. représenté l'Université de Paris au Congrès de l'habitation de Rome, et a été rapporteur général de la l'Association du progrès social de question d'émigration Liége. a eu des missions successives à M. Joseph BARTHÉLÉMY Berlin, à Genève, à Madrid.
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ANNALES UK t.'UKtVERSn'Ë
UR FAR!S
~ous avons été heureux d'accueillir d'éminents professeurs étrtngers qui ont bien voulu venir prendre la parole dans notre Faculté MM. ~ECULESCO,professeur à l'Université de Bucarest; RODRtco OCTAVio, [aembre de la Cour suprême fédérale du Brésil, et Ernest \{AHA!M,professeur à t'Univer sit~ de Liége, dont les conférences ont été très appréciées.
Les mutations dans le personne) de notre Faculté ont été peu nombreuses. M. OUALID,professeur sans chaire, a été nommé professeur d'économie et de législation rurales. MM. Roger PICARD,professeur à la Faculté de Droit de Lille; LAFERRIÈRE,professeur à la Faculté de Droit de Strasbourg et PETOT, professeur à la Faculté de Droit de Dijon, ont été nommés agrégés à Paris. Le titre de professeur sans chaire a été conféré à MM. CASet PETOT. StN, Roger PtCARD,. LAFERRIÈRE M. LÉVY-BRUHL, professeur à la Faculté de Droit de Lille, a été chargé du second cours d'Histoire du Droit de première année M. ~tBOYET, professeur à la Faculté de Droit de Strasbourg, a été chargé du cours de Droit civil approfondi de doctorat; M. LE BRAS, professeur à la Faculté de Droit de Strasbourg, a été chargé de suppléer M. NOAILLES,professeur du Droit romain approfondi, en congé pour raison de santé; M. ESCARRA,professeur à la Faculté de Droit de Grenoble, a été chargé de suppléer M. RtST, professeur d'Histoire des doctrines économiques, en congé d'inactivité.
L'année scolaire a été malheureusement
attristée par la
tACULTËUEPROtT
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mort d'un de nos collègues très cher, qui laisse d'unanimes regrets parmi nous, M. Joseph HrnER. Une intelligence très vive, une culture très large, une science très sûre, servie par un talent très brillant, un cœur vaillant et loyal, une aménité dont nous avons tous éprouvé le charme, telles furent les qualités exquises de celui dont nous déplorons la perte. HmER est né à Revelles, en Picardie, le 1 septembre :865. Il a fait de brillantes études secondaires au collège Stanislas il fut l'un des lauréats du concours général. H a fait de même dans notre école d'excellentes études juridiques attestées par ses succès à nos concours de fin d'année. En t8Sg, il est secrétaire de la Conférence des avocats. I! est docteur en t8go; il est agrégé des Facultés en t8o5. Attaché à la Faculté de droit de Grenoble, il y enseigne successivement le droit commercial, l'histoire des institutions, i'économie politique, et en dernier lieu l'économie rurale. H est rappelé à la Faculté de Paris en tgo6. U est, en 191j, titularisé dans la chaire de science et de législation financières. En igi3, il succède à son ami très cher Auguste Souchon, dans l'enseignement de l'économie rurale pour laquelle il avait une prédilection marcluée. de Joseph HtT!ER n'était pas seulement un théoricien l'agriculture. Passionnément attaché à la terre, il partageait avec son frère, Henri, ingénieur agronome, l'exploitation d'un vaste domaine de famille. A la science, il unissait l'expérience. Aussi fut-il, en 1923, appelé à faire partie de l'Académie d'agriculture dont son frère est le secrétaire perpétuel. Joseph HmER a professé à l'Institut agronomique, à l'Ëcole libre des sciences politiques, à l'École des hautes études commerciales temporairement, à l'École supérieure de guerre. Partout, le succès a récompensé ses efforts et consacré sa valeur. Il laisse à tous ceux qui ont eu l'avantage de l'entendre le souvenir d'un homme réfléchi, sûr de ce qu'il et im&~) un uf<tn:m orateur ità la la pitrmc aussi ud'un avance, van~e~ CL claire, parole ttcrvt.usc~ nerveuse, ciaire, A~)t. U)))V.
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ANNALESDE L'UNtVERStTËDE PAKtS
simple, persuasive. Il en impose par la pondération de ses idées, par son robuste bon sens, autant que par sa logique impeccable. On garde ta même impression favorable A la lecture de ses travaux, nombreux et très divers au surplus, par où se révèle l'étendue de sa formation scientifique. Presque toutes les monographies que nous laisse HtTtER, ont pour matière l'économie politique, et de préférence {'économie agricole. On a de lui, cependant, un ouvrage très apprécia par les civilistes sur le développement de la jurisprudence en matière de divorce. Les historiens et les pubticistes font de même le plus grand cas du volume plein d'érudition et de vues originales qu'il publia en go3, sous ce titre La doctrine de l'absolutisme Sa collaboration à la Revue ~~(~M politique a été abondante; tout ce qui porte sa signature est digne d'être retenu HtTtER voit juste; c'est un guide sûr; un maître dans la plus haute acception du mot. La terrible guerre le détourna, malheureusement, pendant deux années de ses fonctions d'enseignement. Bien que libéré par son âge de toute occupation militaire, il ne se résigna pas à l'inactivité; il reprit volontairement au 5' de ligne les galons de sous-lieutenant qu'il avait portés dans sa jeunesse. Blessé à la bataille de Charleroi, il dut être évacué et dut se résigner à servir après sa convalescence dans la justice militaire du gouvernement de Paris. La gloire, les citations, la croix de guerre, la Légion d'honneur furent certainement pour cette âme si noble et ce cœur si vaillant de moindres récompenses que la conscience claire du devoir intégralement accompti. Nous espérions conserver longtemps encore parmi nous ce maître si brave, si savant et si dévoué, aussi populaire parmi les étudiants que sympathique à ses collègues. Je le croyais personnellement plein de vigueur, lorsqu'il vint me faire part de la résolution qui lui était imposée de
FACULTÉUË DROt't'
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subit une opération dangereuse. Il avait trop attendu, scmbtet-il, puisqu'il ne put pas s'en relever. Profondément religieux, HtTtER subit avec un courage stoïque, avec unerésignation admirable, t'épfeuvedont aucune amertume ne lui fut épargnée, ayant pour unique réconfort– outre sa foi robuste la tendresse attentive de ses proches et de ses ndètes amis. A sa femme, à ses chers enfants, à nous tous, Messieurs, ce grand homme de bien laisse le souvenir d'une vie où tout est digne d'ébges et dont tous les moments peuvent servir d'exemples.
Le mélange des races dans tes colonies Problème d'Histoire et de Droit La colonisation est un contact social entre les colonisateurs et les colonisés. En tant qu'elle est émigration, occupation, elle est pénétration et conjonction des indigènes et des blancs. tt y a relation entre dominateurs et dominés. Et cette relation a quatre aspects o~a entre les peuples imitation entre les peuples association entre les peup!es; enfin, ~y~/MK entre les peuples. C'est de l'agrégation que je voudrais parler ici, et c'est-à-dire du mélange entre les races conquérantes et conquises, du métange racial et social, qui est l'effet des colonisations. J'ai pu marquer par quels chemins les peuples sont venus à cette agrégation, par quels moments ils sont passés, depuis l'opposition jusqu'à l'agrégation ou la fusion. L'~Mt/c/MM forme le premier pas s'imiter, s'adapter, recevoir et donner, c'est esquisser la marche vers la liaison. Mais cette imitation conduit, en second lieu, à une associa/ion, à une collaboration, par le fait même et le fait seul de la ~OM~M/MXdes conquérants sur les conquis. Dans l'ordre politique et dans l'ordre économique, il s'institue, inévitablement, un concours de droit et de fait entre dominateurs et dominés. Et c'est, parfois, en conséquence de cette collaboration qu'on peut voir s'opérer, en dernier lieu, l'agrégation, la confusion entre tes peuples, d'où un nouveau peuple peut sortir. ce sont là les L'imitation, l'association, l'agrégation étapes, non toujours franchies, du chemin que parcourent les peuples qui vont l'un vers l'autre. L'agrégation demeure, en général, exceptionnelle; elle n'en est pas moins de très grande portée; par son antiquité, et par son actualité. Par son <!M/M< d'abord. Le mélange des peuples est
LE M6LANCEDES KACËSDANSLES LO~ONtKS
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vraisemblablement aussi ancien que l'humanité même t'~c~a~M, on le sait bien, est un fait primitif et dès les sociétés les plus barbares, comme sont les Australiens, on voit que le mariage a Heu, non pas à l'intérieur des groupes, mais bien plutôt de groupe à groupe au dehors et non pas au dedans; exogamie et non endogamie. Dès qu'on parle d'exogamie, on parle d'un mélange des groupes humains; mélange dos tribus, ou mélange des clans plus tard, mélange des familles mélange aussi des classes, et enfin des nations ou des peuples. C'est là le grand fait de l'exogamie, ou du mélange des groupes sociaux, qui est vraiment un phénomène primitif dans notre histoire humaine. Et aussitôt qu'ont dans ces pays qui, pénétré dans les pays méditerranéens aujourd'hui, sont de très vieux pays, mais qui étaient alors donc qu'ont pénétré les colons grecs et des pays neufs, -lors les colons romains, s'est fait déjà le mélange des races. Les Grecs et les Romains ont épousé des Rites du pays et la légende de Gyptis, associée a la fondation de la colonie phocéenne de Marseille, est t.t pour en garder le souvenir. Aujourd'hui même, en pays provençal, on peut voir, maintes fois conservé, chex les femmes surtout, un type nettement et clairement gréco-latin, un type hetténique et romain, qui vit après deux millénaires et qui rnarque donc bien l'antiquité du mélange des races. Mais aussi, ce grand fait de la fusion des peuples a son f~/<M~. Il est le grand problème du présent il se pose, non seulement dans les empires coloniaux, mais aussi dans ces grands pays neufs qui sont peut-être les empires de demain notamment aux États-Unis, où le problème capital, qui inquiète et émeut l'opinion, c'est celui du mélange des races. ainsi qu'on J'ai évoqué déjà ce grand creuset, ce wf/ dit là-bas, que constitue la République américaine, qui n'est qu'un peuple immense de métis, et dont tout Ic progrès inattendu, indéfini, quasi miraculeux, depuis un siècle, est l'œuvre de métis. L'agrégation des peuples est donc un fait dominateur de toute histoire.
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ANNALES DE t/UNÏVERS!T&
DE PARIS
11 nous. faut la considérer dans ses /<w~w, et dans ses effets. Nous pourrons voir ainsi que la fusion des peuples n'a pas de tout la même qualité et la même vertu selon les temps, selon les lieux et que, si elle a lieu toujours, si elle a lieu partout, elle a lieu très différemment. Elle a donc sa diversité, elle a donc sa complexité, en même temps qu'elle a son unité et sa pérennité.
Et c'est d'abord ce qui se voit, si nous examinons les /c)W~, ou les aspects, de cette agrégation. Il faut tracer ici une très grande distinction, dont les effets sont vraiment décisifs. Autre chose à coup sûr est le mélange, s'il s'agit de l'union temporaire entre les sexes, c'est-à-dire de l'union illégitime, de l'union irrégutière, entre les conquérants et les cette union qui n'est point reconnue par les lois, conquis ni par les lois du conquérant, ni même, en général, par les coutumes indigènes. Autre chose est, tout au contraire, le mélange, s'il s'agit de l'union conjugale, de l'union légitime entre Européens et exotiques; de l'union régulière, déclarée et proclamée conformément aux lois des conquérants et aux coutumes des conquis union définitive, ayant tous ses effets de droit, et qui peut être fondatrice d'un peuple nouveau. Mais c'est, dans la plupart des cas, et du moins au début du contact, d'union illégitime et temporaire qu'il s'agit. Et ces unions de fait entre les colonisateurs et les colonisés ont quasiment toujours la forme d'unions qu'on peut appeler ce sont des hommes blancs qui vivent, pour un ~Mj~/M~ temps, selon les coutumes du cru, avec des femmes de couleur. Presque jamais n'a-t-on pu voir, sous cette forme, d'union entre les femmes blanches et les hommes de couleur. Cela, nous le verrons, n'est pas toujours le cas pour les unions légales. Et ainsi, dès le moyen âge, on voyait les marins provençaux, qui s'en allaient dans l'archipel ou aux « Echelles
L!: M6f<A!<GM MESKACËSDANSt.ESCOt.ONtHS
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contracter des mariages temporaires, sous le nom de A' avec des filles grecques ou bien des filles turques. Et c'est surtout ce qu'on a vu après la colonisation des Indes orientales et occidentales. L'histoire fut tirée alors, à nombreux exemplaires, de l'union tôt brisée entre la sauvagesse et l'homme blanc. C'est un thème que le roman a dès longtemps exploité amplement. Dans l'ouvrage de l'abbé Raynal, t'7~des Tt~o~e~ dans les deux Indes, on laize des ~M< voit une gravure d'Eisen, qui représente une négresse abance fut !e fait d'où est sortie une donnée par un Anglais littérature non éteinte de nos jours. Une pièce &t alors beaula /<*K~ Indienne, de Chamfort. La jeune coup pleurer Indienne, c'est la femme sauvage, abandonnée par un avenmais ils turier européen, a qui elle a donné son ca*ur Unissent, comme il sied, par s'épouser. La même où le concubinage n'était point régnant, c'était souvent par l'~c/~f~~ qu'avait ]ieu l'union de fait entre les blancs et les femmes de couleur. Le concubinage ou bien !'esc!avagc; ç'ont été là, pendant des siècles, et jusqu'aujourd'hui même, les moyens par lesquels s'est opérée l'union sexuelle entre les conquérants et les conquis. Ces « petites épouses)', ainsi qu'on les a dénommées, ont été fréquemment, contre leur gré, ou bien à leur insu, les agents de relation d'ordre moral entre sauvages et civilisés. Ce sont elles par qui ont pénétré, chez les sauvages, les coutumes des Européens ce sont elles aussi par qui ont pénétré souvent, chez les « mousles Européens, les coutumes des « sauvages 1 sous de l'Afrique occidentale, les congayes )' de l'Indochine, ont composé le bataillon de la diplomatie « sauvage » envers les conquérants « civilisés <'1 Ces unions temporaires, ou bien irrégutiëres, qui sont en même temps des unions n masculines », ont été, en un double sens, des métissages. On y voyait se faire un lien entre des ). Voir, pour cette influence des exotiques sur les bianc:: R. Mau' de ~« '<~<)M<<</ x ~«' le « c<f</<~ Ti'ft'w de <M<<<t<< nier, M<:<«tM .?af/o/~t~ .S'o/t'i!)',Bruxettes, X, )~3o.n*3.
ANALES
DE L'UNtVKKSt't'Ë DE FARtS
races différentes on y voyait aussi se faire un lien entre des classes différentes ces noires, ou ces faunes, avec qui il faut bien que vive t'employé ou le colon, sont de rang inférieur, du moins en général. Ce n'est jamais la règle, sinon dans tes contes, que l'étranger mais épouse la fille du roi ce sont des filles de basse caste qui viennent se donner à nos colons. Par ta, it se fait du bien et du mal. U se fuit quelque bien, puisque, par couches du peuple
dans toutes les là, l'Européen pénètre Mais il se fait aussi du mal, indigène. puisque, par [a, l'Européen perd son prestige et son orgueil. donc cet homme, aux yeux d'un mandarin, ou aux Qu'est yeux d'un caïd, qui vit avec la fille d'un homme de rien ?<' S'il est donc vrai que ces unions de fait ont été l'un des moyens de la fusion des peuples, on a pu voir, principaux parfois aussi, du moins par exception, d'autres unions entre les colonisateurs et les colonisés des unions légitimes, régu. des mariages proprement lières, conjugales, dits, non seulement pour les coutumes indigènes, -– qui sont plus larges sur ce point que les codes des blancs. mais aussi pour nos de ces mariages qu'en Orient latin on nompropres lois « mariages à la franque mait autrefois puisque, dans un temps, hétas révolu, les Européens étaient tous des « Francs les Français pour les indigènes, figuraient, symbolisaient tous les Européens. Ce sont, le plus souvent, des unions « masculines H; mais aussi, et plus rarement, des unions « féminines
L'Européenne qui, en général, n'accède point à l'union temporaire ou bien irrégutièrc avec un indigène, vient parfois à consentir à l'union régulière, l'Européenne ainsi qu'on peut le voir en Afrique du Nord. II faut donc ici deux formes; la forme w<wM/w, union du distinguer blanc avec la femme de couleur; la forme/Jw~ union de la btanchcavcc l'homme exotique. La
w<MCM/M<est de beaucoup la plus fréquente. des unions légitimes ont eu lieu entre des Depuis longtemps, blancs et des femmes de couleur. Elles se faisaient parfois selon la loi des indigènes; mariages qui, dans la forêt ou forme
t.K MËLANGK DES RACKS DANS LKS CO!.ONtKS
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dans la brousse, ne risquaient pas du tout de pouvoir être sanctionnés Et aussi, dans les villes de par nos autorités l'Orient latin ou musulman, ces <' mariages à la copte que Gérard de Nerval a décrits dans son Voyage en Orient, où il nous conte les essais qu'il avait faits, d'abord d'union illégitime, et ensuite d'union légitime, tout au moins à l'indigène. Mais on voit naître aussi, très tôt, les unions légitimes à la Dès que l'Européen est établi, des que sont arrivés française. les « habitants it est possible, aux colonies, de contracter Ht ces mariages, bien qu'ils aient mariage avec une indigène. été très longtemps ont été cependant tolérés dans interdits, des temps déjà anciens. dans sa colonie du Vittegagnon, seulement les unions légitimes avec des Brésil, permettait femmes indigènes, à la seule condition qu'elles fussent bapet il punit un interprète de ses compagnons, tisées pour M avec une indigène, hors des liens conjuavoir « paillardé la règle, sous l'ancien régime, que le gaux. Ce fut pourtant avec des femmes de couleur fût interdit. mariage légitime Rome déjà ne voulut point, dans ses commencements, de ~WKM~tMWentre citoyens et « pcrcgrins tout ainsi que les Grecs ne voulaient point d'f avec aucun barbare tout au début de leur conquête, interAussi, les Espagnols, disaient l'union légale entre les blancs et les Indiennes; ils l'ont autorisée avec le temps et Albuquerque, chez les Por Chez les Français, le « Code tugais, l'avait déjà favorisée. noir de t685, en son article ix, interdit le concubinage, mais Il admit le mariage entre hommes blancs et femmes de couleur. Une ordonnance de !/2~.vint interdire le mariage entre hommes blancs et femmes noires; et une ordonnance de t//S vint défendre le mariage entre hommes Il fallut donc qu'on attendît jusqu'au fût reconnu le droit, pour un Français,
blancs et mulâtresses. Code civil, pour que d'épouser une femme
Désormais fut licite le « mariage bigarré indigène. Ces unions légitimes, qui ont été en général des unions ont été, beaucoup moins souvent, des unions masculines, 11 est un peu moins rare, de nos jours, de voir /~wttK~.
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ANNATES DE t.'UNtVKRSIT&
DE PARIS
un exotique blanc en l'Européenne épouser l'exotique; Afrique du Nord, un exotique jaune dans notre Indochine presque jamais un exotique noir. Voici longtemps que le théâtre a pu, chez nous, poser le thème de l'Européenne enfermée au harem; esclaves enlevées par tes corsaires et, plus tard, femmes blanches, qui ont, de bon gré, épousé. des pachas musulmans mais elles ont, plus tard, épousé des bourgeois, et, maintenant, des gens du peuple. H y en a des exemples connus; celui de la Française Niya Salima, devenue Égyptienne, et qui nous a décrit les mœurs des harems égyptiens; ou celui d'Aurélie Tedjani, épouse d'un grand chef du sud de l'Algérie, et qu'on a appelée « la princesse des sables x. I! y a des Françaises, mariées à des Kabyles, et qui vivent en tribu. Le cas demeure exceptionnel. Mais l'opinion y reste hostile. Cela n'est pas seulement vrai des conquérants européens; la même répugnance est née chez tous les peuples colonisateurs, et même chez des peuples de couleur, férus de leur grandeur; il leur répugne que leurs filles soient épouses chez les peuples subjugués. Les voyageurs nous ont appris qu'au Malabar, les hommes des races conquérantes se mésalliaient avec les femmes des races conquises mais non les femmes des races conquérantes avec les hommes des races conquises! Les Touareg, au Sahara, épousent volontiers des femmes serves, tandis qu'une Targuie et c'en est n'épouse jamais qu'un Targui. La mésalliance une tout au moins dans l'opinion – va dans un sens, dans un seul sens. Entre les ~M, comme entre les classes, un homme peut se mésattier sans déroger, non une femme.
Ce sont quets
là les aspects de la fusion entre les peuples. Disons en sont les effets, t<jut au moins les effets principaux.
i. La question est posée, originalement, si de tels mariages bons, dans un roman récent, où ont eo]tabo)'ë--pourtapfetnitr<:f<')6– un Annamite et un Français: A. de Teneuille et Truong-Dinb-Tri, ~w, in-16, tnsffueHf;, xj3o.
sont M-
t.E M~LANGt! DES MCBS DANS LES COLOMtKS
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Et marquons notamment en quel sens cette fusion des peuples est sans doute un mélange racial, mais aussi un métange et aussi d'ordre socioloMCM/; elle est d'ordre biologique, Contact de races, mais aussi contact de peuples; gique. contact de ~/< différents, qui ne sont point au même état ou métissage au sens biotogique en de société hybridation même temps qu'au sens sociologique. à peine le lieu de traiter du mélange racial, pour lequel je n'ai point qualité de parler. Que peuvent être les effets de ce mélange? Est-il bon, ou n'est-il pas lieu entre bon, physiquement, qu'aient biologiquement, C'est
les colonisateurs et les colonisés l'hybridation, le croisement, le métissage qu'ils ne savent éviter? On sait combien les opinions sont contrastées les uns voulant que, par le croisement, ait lieu une dégradation biologique, au moins avec le temps et les autres voulant que, par le croisement, ait lieu, tout au une amélioration. contraire, ments tirés du croisement
On invoque à l'envi des argudes chiens ou des chevaux! On et les dires de Gobineau. Je n'ai
évoque les lois de Mendel, et les faits, dans nos colonies, point, quant à moi, d'opinion sauf dans lcs sont trop peu nombreux et trop peu anciens Antilles pour qu'on puisse en juger à présent. Ce que je veux marquer, c'est que ce mélange racial a déjà des effets sociaux; qu'il est déjà, en soi, par soi, un mélange social que par là seul qu'est opéré entre des peuples différents un mélange surtout continu, se créent parmi ces peuples des catégories d'ordre social. Le mélange,
n'est pas simple. Ce n'est pas seulement l'union d'un blanc et d'une noire; mais c'est bientôt, avec le temps, l'union d'un blanc et d'une mulâtresse avec le temps encore, l'union d'un blanc et d'une mulâtresse moins foncée.
en effet,
Et ainsi se crée-t-it, par le jeu des mélanges multides divisions pliés et prolongés, qui sont d'ordre social, et parfois, nous le verrons, d'ordre légat, en tout cas, et toujours, d'ordre moral. Le mélange racial n'a pas pour seul effet la confusion des groupes; mais aussi, à l'inverse et par compen-
ANALES
DK L'UNtVERSn'É
DE l'ARtS
la division et la séparation des groupes. 11 forme, par il crée.et l'unité, et la diversité. C'est lut-même, des barrières: ce qu'on voit chez les anciens métis américains, ces métis qui sont aujourd'hui de plus quarante millions, et chez lesquels des rangs se sont créés spontanément. On distinguait, surtout dans l'ancien temps, les wM~ proprement dits, tes w<w, métis de métis: tes /<v<ww<.r, tes quarterons, tes p~/aww, les au Chili, les péones à '/M~/<WM, d'autres encore; tcs~wo)La Plata, les ~w~y et les ~M/t'y/M au Brésil, qui se et se retranchaient séparaient par la couleur subtilement dénoncée de la peau, infinies que les par des nuances ne savaient voir! Et ce sont Européens pas eux-mêmes aussitôt, entre ces gens qui n'ont de différent que la nuance de la peau, ce sont des discriminations et des oppositions ce sont des rangs qui viennent se qui viennent se créer; former, ce sont des hiérarchies et des cascades de mépris! Voilà comment te mélange racial a en soi un aspect social comment, d'un sens, il a fondé une unité entre les peuples, comment, d'un autre sens, il a fondé une diversité. Mais aussi, s'il y a un mélange racial, i) y a proprement un social. Par le seul fait que des unions illégitimes et w~~c surtout légitimes ont lieu entre deux peuples différents, si même il n'en naît point de descendants, par ce fait il se tisse des rapports de société entre eux. Le mariage est le type même de la société et ti'avons-nous pas vu que, chez les primitifs, alliance et communion, pour contracter l'union sexuelle est le meilleur moyen ? Car, pour les primittfs, les sont vraiment ces échanges échanges sexuels secrets par lesquels s'effectue, mieux que par les échanges de richesses, mieux que par tes échanges de paroles, la communion entre les peuples. Et c'est ce que nous pouvons voir par l'examen des rituels primitifs. Par ces unions, il se fait une alliance sation,
plus ou moins intime entre des peuples. Et, par là même, des problèmes sont posés. Les indigènes l'ont bien vu parfois. Ils ont eux-mêmes demandé fussent acceptés que des mariages entre les blancs et les gens de couleur, afin d'entretenir et
t.K MÉt.AMGH DKS RACHS DANS t.KS COLO~USS
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d'affermir le lien. It y eut une pétition touchante des Onéidas, demandant au gouvernement du Canada de permettre aux blancs d'épouser leurs filles, parce que, disaient-ils, c'est là le seul moyen de garantir la paix. Et ainsi les sauvages ont bien eu cette idée, qu'il y a, dans l'exogamie, un lien socia!. Mais, par là même que ('agrégation des peuples est un mélange au sens social, en même temps qu'au sens racial, par là même se posent des problèmes sociaux, des problèmes moraux, et surtout des problèmes juridiques, et parfois des problèmes politiques. Par ces unions multipliées, il naît de ces métis ou de ces va~-M~f, dont Il faut bien fixer la position. Et ici s'est posé aux colonisateurs un des plus vieux problèmes de sociologie: celui qui s'est posé aux primitifs qui pratiquaient l'exogamie. Quand les unions ont lieu entre deux clans, ou entre deux tribus, et, plus tard, entre deux cités, et, plus tard encore, entre deux nations, que seront donc les descendants issus de ces unions ? Seront-ils du groupe du père ? Ou serontils du groupe de )a mère:* C'est la question qui naît par ce seul fait que les unions sont contractées selon la loi d'exogamie, de groupe à groupe, et non selon la loi d'endogamic, à l'intérieur d'un même groupe. Deux solutions y ont été données la descendance maternelle, ou bien la descendance paternelle. Chez les primitifs les plus primitifs, l'enfant, – métis de clans ou de tribus, sinon de races ou de peuples, – l'enfant métis est donc du groupe de la mère, et non pas du groupe du père. La ~~<<!«M M«ï/<<M//e,en général, a précédé la descendance paternelle. Et c'est, sans le savoir, à cette vieille loi que nous obéissions quand, sous l'ancien régime, nous portions dans notre droit que les enfants métis suivaient leur mère et non leur père, sauf en cas d'union légitime. De même que, dans notre moyen âge, on était serf de mère et non de père de même qu'en Champagne, on était noble par la mère la truie ennoet non pas par le père, car, selon le dicton, blit le pourceau de la même façon, aux colonies, le métis
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ANNALESDK t.'UNtVERStT&DE PARIS
suivait la mère et le groupe de ia mère. II était donc, en droit, un indigène, esclave ou serviteur. Le progrès a été, pour les métis, de se voir appliquer la <~<'M</f!M<w ~~M<~< La tendance, aujourd'hui, par des décrets récents, dont j'ai parlé ailleurs, est de donner à ces métis, si la paternité française est vraiment constatée et prouvée par tous moyens de fait, le droit d'être Français; d'appliquer donc à leur égard la règle paternelle et non la règle maternelle, dont l'humanité, de plus en plus, s'est éloignée. On admet même, en Indochine, qu'un métis est ~jMM~ Français, si ses parents sont inconnus. Mais ce n'est pas un fait nouveau si aujourd'hui on vient, pour les métis, & proclamer le droit d'être Français, le droit, autrement dit, d'être fils de leur père. Désormais, dans nos colonies, les métis pourront être citoyens français; et ce sera admettre une paternité très longtemps attendue. Pourtant, dans l'opinion, il subsiste à coup sûr, sans doute pour longtemps, une dépréciation, une exclusion à l'égard des métis. Les métis, même reconnus Français, ne sont pas, selon l'opinion, de vrais Français; et c'est un tort, mais cependant les choses sont ainsi. De la même façon qu'aux « isles sous l'ancien régime, il y avait, pour les mulâtres, une messe à part de celle des blancs; chez nous, et dans nos principales colonies, les relations de société créent des barrières entre les blancs et les métis. Et quand on parle d' « hommes de couleur M,dans un sens trop souvent méprisant, on parle, tout autant et plus souvent, de métis ou de mulâtres que de noirs. Le mépris du métis est un fait d'aujourd'hui comme un fait d'autrefois; nous savons, par une épigramme de Martial, que ce mot de « métis n était, chez les Romains, injure. Le préjugé survit aux lois; et si, en droit, on s'achemine à une solution pour le problème des métis, il subsiste un problème moral; une barrière d'opinion est maintenue il reste à établir l'égalité morale entre le blanc et le métis, et c'est un long chemin à parcourir.
f.E MELANGE DES RACES UANS LKS COt.ONtKS
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<*< C'est le problème, en vérité, – et un problème du futur, d'une civilisation univerplus qu'un problème du présent, selle. Se peut-il donc, ou se pourra-t-il donc plus tard, beaucoup plus tard, que soit fondée, dans notre humanité entière, par le contact et le mélange, une civilisation unique, qui ne fût pas celle des blancs, des jaunes ou des noirs, mais une civilisation pour tous les hommes? C'est là un rêve qu'ont formé depuis longtemps les philosophes; le rêve de la « panmixte ainsi qu'on l'a nommé, ou du mélange universel. Bernardin de Saint-Pierre, dans ses 1/K~ d'un solitaire, voulait qu'un moment vint où s'uniraient ensemble des amans de toutes les nations parce que, pensait-il, c'était donner à notre humanité la civilisation unique qu'elle attend. Avant lui, après lui, bien d'autres; tous ceux qui ont rêvé de constituer l'humanité, depuis les philosophes de l'antiquité, par leur vision du ~e~My~KMMMMM, ou de la civilas /<w~, jusqu'aux réformateurs des temps récents, un Saint-Simon, un Comte, et un Fourier, et un Pecqueur, qui espéraient et prédisaient l' « unité universelle ». Ce rêve sera-t-il jamais réalisé? Souhaitons, tout au moins, qu'un jour, sans doute très lointain, puisse paraître la « cité de Dieu » tant attendue, plus ample que l'ancienne chrétienté; une cité pour tous, fondée sur l'unité du genre humain, et dans laquelle le vieux mot des aurait gagné enfin son sens universel. Grecs, ~M<o~) René MAUNIER, Professeur à la Faculté de Droit de l'Université de Paris.
Le fondateur du roman francs Chrét!ende Troyes Si l'Allemagne avait cu un Chrétien de Troyes, nous disait pittoresquement l'autre jour le grand linguiste Meillet, elle tui eût élevé douze statues, et nous nous ignorons jusson qu'à nom, qu'elle révère parce que toute sa littérature romanesque médiévale est imprégnée de son -influence. » C'est que nous ne sommes pas assez soucieux de ces gloires lointaines, notre formation classique nous ferme les yeux aux douces clartés de la nuit gothique pour ne les ouvrir qu'à flambeau du l'insigne soleil romain. Nuit ou brouillard gothique, l'expression, qui est de Rabelais et qui émane de son humanisme renaissant, est inexacte et fort injuste, aussi bien d'ailleurs que celle de moyen âge, qui fait supposer une sorte d'état amorphe et somnolent entre l'Antiquité et sa Renaissance. Mieux vaudrait dire le ~M<«'.r < celui des enfances ou plutôt des genèses, car, en cette formidable époque naît et se forme la société moderne, civile, militaire, religieuse, politique, économique, se constituent toutes les langues et toutes les littératures modernes, s'élaborent tous nos arts architecture, peinture à l'huile, musique; la plupart de nos formes d'art, ligne d'ogive, perspective, polyphonie, Je mètre syllabique, la rime, la strophe, au point que Ronsard tui.mème n'a point eu à les inventer. De même tes genres httéraires chanson de geste, roman courtois. L'une domine la première moitié du douzième siècle, au bruit de la croisade Gesta Dei per fM~M; l'autre se fait jour dans la seconde moitié, au murmure plus sourd de la Chambre dea Dames C~/a ~MWM F<'<M«w.
!.E FONDATEUR
DU ROMAN
CURËTïRN
HK TROYES
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En effet, et pour des siècles, nous allons nous faire en quelque sorte les professeurs d'amour de l'Europe, enseignant à la société courtoise, qui partout se constitue à l'image de la notre, les jolies façons de donnoier ou de %<«~ c'està-dire de faire sa cour et que ce n'est point la femme qui doit s'offrir, mais longuement se faire prier, sans accorder ce que peut-être elle désire octroyer, sans que non plus la force de l'homme se croie des droits sur sa faiblesse toute-puissante. Le mouvement partit du roman à sujet antique, et l'influence de Virgile d'une part et d'Ovide de l'autre, ces deux grands maîtres de notre littérature à bien des époques, est ici patente. Trois osuvres que j'appelle la Triade classique marquent l'apogée du genre et se situent entre ti~oct t t6o /i*<MM'M de Thèbes, dans l'ordre de leur énumération Roman de ?nM~; le premier racontant la tégcade d'Œdipe, mais aussi les amours d'Atys et d'Ismène, de Parthénopéc et d'Antigone; le second, la passion de Didon et ccite de Lavine pour Énée, le troisième, les amours de Médée et de Jason, de Paris et d'Hélène, de Diomède et de Briséis, d'Achille et de Polyxène. L'amour encore et toujours. Où est la foi nationale et religieuse dont la haute flamme éclairait les rudes ~/<WM, les sombres mêlées, les sauvages eslais ~charges} de la Chanson de Roland? Mais la loi de fatigue est une des lois fondamentales de l'histoire littéraire. Sans doute on ne se lasse point de l'amour, trame de notre vie, mais il en faut changer le cadre. Le Brut de Wace (n55) traduction en vers des imaginations pseudohistoriques de Geoffroy de Monmouth', en fournit un nouveau, convenant à l'attention qu'impose la constitution du grand royaume de l'Ouest, qui embrasse la Bretagne insulaire et la Normandie, l'Armorique, l'Anjou, l'Aquitaine, sous te sceptre d'un prince français, Henri II, Plantagenet, et d'une princesse royale, Éléonore d'Aquitaine, petite-fille du troubadour Guillaume IX de Poitiers et femme divorcée de son t. Cf. Edmond Faral, la /M~<' <~AMMM~. Paris, Champion, << 3 volumes in-8*. AsH.Umw.
Vt.–9 g
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ANNALES DE L'UNÏVBRSÏT& DE PARIS
premier époux Louis VII. Avec te B~< de Wace apparaissent Arthuret ses chevaliers de la Table Ronde, ronde pour éviter toute querelle de préséance entre eux, et avec les lais des harpeurs et jongleurs bretons, les autres légendes des Celtes, semeurs de rêves. Un jeune écrivain, qui na!t vers n6o à la vie littéraire, après s'être essayé dans l'adaptation des Af~/a~oy~c~f et de l'Art d'Aimer, ayant sans doute parcouru la grande et la petite Bretagne, pour y chercher fortune, va faire de la cour fabuleuse d'Arthur et des récits des conteurs bretons le cadre de ses romans. Il s'appelle Chrétien, ce qui n'est qu'un prénom, mais bientôt y ajoutera le nom de sa ville natale, qui est Troyes, Chrétien de Troyes, sur la biographie duquel on ne sait rien que ce qu'il lui a plu de nous apprendre lui-même en tête de son Cligès Cil qui fist ~<-1< <~nM<' Et les C<'M~MM~M<ttJ d'Ovide Et l'Art d'Amors an romans mist Et le ~cfj de f~<!«~ fist, Del Roi /«/<' <'<<<t~<< la blonde Et ~«~ <'< M w~<Et /?MM~t<<'< <<! ~/M<tM< Un novel conte rccomante.
Celui qui fit ~<*<r et ~'M<~ Et les C<tMMtd~<M~<J <<'0!< r Et M~ d'amour en français mit, La /C~M~<' <<<* <<!M~ fit Conta Mare et ~j<-«< la blonde, Et la ~<<)~~AM~ de l'aronde De la A«~ du rossignol, Un nouveau roman recommence.
Qu'était-ce que ce Roi Marc et Iseut la blonde? Un Z~M/~H assurément et sans doute le plus ancien de tous, antérieur à celui de Thomas, qu'on date de vers n~o, et à celui de de Hf)o. Bérout, en partie de la même époque, en partie Était-il court comme un lai, ou long comme un vrai roman, on n'en saura jamais rien, parce qu'il est perdu, mais on peut induire son influence ses débuts imprégné
du fait que Chrétien nous apparaît à et hanté par la doutoureusse légende d'amour et de mort, la plus belle qui fleurit jamais sur les tèvres des hommes et dont Wagner par sa musique et Bédier par sa prose, nous ont à leur tour versé le philtre d'enchantement. Sans doute les ~<!<!f amoris attfibuec~ a Ovtd<: M fju uo p'u plus tard formulera Andr< Le Chapelain.
LE FONDATEURD~ ROMAN CHKËTtENDE TROYES <3t Mais l'œuvre qui le signala au monde littéraire alors naissant,c'cst ~e< (tes romans de Chrétien portent le plus souvent le nom de leur protagoniste) et déjà, en cette première œuvre, son art apparaît avec ses caractères propres mélange d'idéalité et de réalité, vive imagination et don d'observation, goût de la psychologie et de la ratiocination, choix d'une thèse à illustrer par personnages et action, fluidité du style. Érec, par son exploit au tournoi de l'épervier, conquiert pour sa fiancée l'oiseau accordé en prix à la plus belle, si elle est défendue par le plus brave. Sans doute cette jeune blonde au chainse [tunique] troué n'est que la fille d'un pauvre vavasseur [hobereau], mais le roi Arthur lui accorde cependant l'hommage du Blanc Cerf, consacrant sa rare beauté et Êrec l'épouse avec solennité. II s'abîme ensuite dans les délices des nuits et y perd le goût de l'exploit et de l'aventure. Déjà ses écuyers murmurent qu'il est récréant d'armes et de chevalerie. Mot cruel, surtout dans des bouches françaises, car il peint le renoncement à la lutte, auquel est le plus rebelle notre tempérament, c'est, si l'on veut user du mot moderne, que l'Académie a refusé d'admettre en son dictionnaire,. le défaitisme. Récréant, Énide se le répète à elle-même comme un reproche, mais non pas si bas qu'un matin, somnolent dans le lit nuptial, son époux ne puisse l'entendre. Il la somme de s'expliquer, puis la force à le suivre, à travers le monde, en mille aventures, où il entend lui montrer qu'il ne mérite point la cruelle épithète et où il lui impose la dure consigne du silence, qu'elle rompt plusieurs fois pour l'avertir d'un danger imminent. Touché en&n par sa constance dans l'épreuve, il la reçoit à merci, mais, malgré les justes appréhensions d'Énide, il tente encore la Joie de la Cour, qui n'est rien moins qu'une descente aux lieux infernaux pour leur arracher de haute lutte une captive. C'est un thème mi-chrétien, mi-païen, mi.celtique, mi-classique, qui ngure dans presque tous les romans de Chrétien de Troyes. Celui-ci se termine dans la pleine concorde des deux époux et par les fêtes de leur couronnement à Nantes, qui semblent
ANNALESDE L'UNtVERS~Ë DE FAMS sur le modèle de choses vues. Une deuxième fois dans sa carrière, Chrétien reviendra sur le problème de la coexistence de l'amour et de l'aventure dans le cadre de l'union conjugale, ce sera dans Yvain. Pour le moment (je parle d'un peu après 1164), une autre question le sollicite, et qui se rapporte cette fois encore au conflit des sexes et au mariage, c'est l'adultère menaçant le foyer. Il l'avait traité déjà dans son T~a~, mais il va l'aborder maintenant dans un sens bien différent, avec des idées évoluées. On s'étonne de le voir chanter la palinodie, mais cela lui arrivera encore dans Yvain relativement à ~w r C/~f est un anti-Tristan. Il faut faire abstraction de la première partie, d'ailleurs charmante, qui narre les fiançailles et les oaristys de Soredamor ou Blonde d'Amour (jamais le Gentlemen /M/~ Blondes n'a été plus vrai qu'à cette époque, qui prolonge le triomphe de l'aristocratie germanique), et d'Alexandre de Byzance à la Cour d'Arthur, pour ne s'attacher qu'àt la seconde, qui concerne les amours de leur fils Cligès, héritier dépossédé du trône par son oncle, et de Fénice, fille de l'empereur d'Allemagne. Celui-ci l'a donnée pour femme à l'usurpateur, mais elle se refuse à lui et se souhaite au neveu, qu'elle préfère. De partage, elle n'en veut point et s'en exprime durement Miaus voudroie estre desmanbrec Que de nos deus fust remanbrée L'amors d'Iseut et de Tristan, Don tantes folies dit t'an, Que honte m'est à raconter. Je ne me porroie acorder A taviequ'tscnz mena. Amors an Ii trop vitena, Car ses cors fu a deus ranner< Et ses cùers fu à l'un antiers. Einsi tote sa vie usa Qu'onques les deus ne refusa. Ceste amors ne fu pas resnable, Meis la moie est toz jorz estable, Ne de mon (ors ne de mon ruer
Mieux voudrais être démembrée Que de nous deux fut rappelée L'amour d'Iseut et de Tristan, Dont tant de folies se racontent Que de les répéter j'ai honte. Je ne pourrais m'accommoder !)e la vie qu'Iseut mena. Amour s'aveulit trop en elle, Car son corps fut a deux rentiers Et son cœur fut à l'un entier. Ainsi toute sa vie passa Que jamais tes deux refusa. Cette amour fut déraisonnable, Mais le mien toujours est durable. Ni de mon corps ni de mon cœur
LE FONDATEURUU ROMAN CHK~'HHNDE TROYES <M ~'iert feite partie à nu) fuer. Ja voir mes cors n'iest garçooJa n'i avradeus parçon!eM. [niers, CM<a <c e«~, si f<<Tecors.
N'y aura partage à nut prix. Jamais mon corps prostitué Ne sera à deux possesseurs. Qui a le f<f«<'ait corps.
Le dernier vers est comme le M/wo/~ du roman, mais comment le réaliser:' Par la plus abominable des duplicités dont Iseut avait ctte-méme donné l'exemplc quand elle jurait devant Arthur, sur la blanche Lande, qu'elle n'avait jamais été que dans les bras de son mari et du mendiant du gué (qui n'était autre que son amant déguisé) et Dieu, protecteur des fins amants, se faisait complice de ce mensonge en lui laissant porter ie fer rouge dans ses mains intactes. Ici, c'est le philtre brassé par ta nourrice Thcssala, qui ne donne au mari dormant que l'illusion de la possession, et un second philtre final qui, faisant de la reine Fénice une fausse morte, lui permet de se donner à Cligés en son tombeau, réalisant enfin l'alliance des corps et des cœurs. On peut faire bon marché de cette morale de petite fille amoureuse, qui n'est qu'hypocrisie pure ou plutôt impure, mais on ne saurait nier la préoccupation qui se manifeste chez Chrétien, non seulement dans l'ensemble, mais dans le détail, de traiter un cas psychologique et un problème social, relatif aux rapports des sexes. Jusqu'à présent notre auteur n'a dounc que peu de place à la théorie de l'amour courtois provençal, répandue notamment par Êtéonore et ses privés troubadours dans lcs cours du Nord et en particulier chez ses filles Alix de Btois et Marie de Champagne. C'est chez celle-ci qu'après avoir en vain sans doute tenté sa chance auprès de la mère, Chrétien de Troyes viendra chercher refuge. Pour que vive la poésie, il faut d'abord et très prosaïquement que mange le poète, et pour ramasser les miettes tombées de la table des grands, il faut parfois se baisser. Le conflit de l'amour et de l'aventure, la jeune épouse du comte Henri 1~ de Champagne t'a depuis longtemps résolu, sinon dans son existence privée, que nous ignorons, du moins dans ses ~<'WMM/~~'<!M<w, il faut que
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ANNALES DE ï/UNIVËRSt'fË
DE PARIS
l'homme soit entre les mains de la femme un docile instrument et que l'aventure soit fonction de l'amour. Pas de plus belle illustration que l'histoire de Lancelot et de Guenièvre, dont elle baille le thème à son poète à gages. Méléagant, fils de Bademagu, roi de Gorre, a ravi en son lointain et mystérieux royaume, protégé par mille enchantements redoutables, la reine Guenièvre, femme du roi Arthur, après l'avoir conquise sur Ké, le sénéchat fantoche de la cour de Logres. Un chevalier se présente pour aller délivrer la captive, mais pour parvenir jusqu'à elle, il doit monter dans une charrette patibulaire, la charrette des condamnés, conduite par un nain. Lancelot hésite deux instants, puis il monte et, ayant triomphé de maint péril, i! ia reconquiert sur Méléagant en loyal combat. On croit que la reine va se jeter à son cou pour le remercier. Que non, elle détourne la tête quand il veut l'aborder; nous saurons bientôt que si elle lui en veut, c'est pour avoir hésité deux instants à lui sacrifier son honneur. Cependant, ayant appris la fausse nouvelle de sa mort, elle se la reproche et, par repentir, se donne à lui. Une fois encore à la fin,étant rentrée à sa cour, Gueniévre éprouvera la soumission de son servant. Au cours d'un tournoi, où il parait, ventaille baissée, et triomphant de tous ses adversaires, elle lui mande par une suivante ce simple mot d'ordre Au et, tout à coup, le voilà combattant fantoche et falot, qui se fait battre par tout venant. Le lendemain, elle lui <1~ pire, et l'invincible de naguère communique encore affronte à nouveau les huées, puis ensuite au mieux et alors soudain ressuscité dans sa force, elle le voit de tous vainqueur. On ne peut s'imagiuer victoire plus complète de la femme-dieu sur l'homme-pantin dont elle agite les ficelles ~c«~ qui <MMc<~M.MM/. Mais Chrétien paraît avoir été si écoeuré de l'entreprise qu'il ne l'a point menée à fin et a passé la main à Geoffroy de Lagny qui acheva seul ce Las~c/ ou le Chevalie1 à la CAaw/< Voici maintenant que, vers tt~o, ii va revenir au problème d'~cc et qu'il se remet à chercher une conciliation raison-
LE FONDATEURDU ROMAM CimËTtEK DE TROYES
t3!
nabtc entre la passion et l'action, dans le cadre du mariage. Y vain a épousé Laudine, la veuve d'Esclados le Roux, qu'il a tué à la Fontaine merveilleuse de la Forêt de Brocéiiande. C'est un chef.d'ceuvrc d'adresse que le récit de la volte-face de cette femme éplorée qui, à l'instigation de sa suivante Lunète, épouse le meurtrier de son mari. Pour célébrer les noces, arrivent Arthur, sa maison royale et son neveu Gauvain. Au bout de quinze jours de délices et de réjouissances, celui-ci veut emmener son camarade Yvain, en lui disant, pour lui faire honte a Comant? Seroiz vos or de çaus Ce ti dist mes sire Gauvains, Qui por leur famf:s valent [mains ? »
« Comment? Seriez.vous donc de Ainsi parla sire Gauvain, (Mux « Qui par leurs femmes valent [motne?
Laudine, bonne princesse, accorde à son mari un congé d'un an pour chercher aventure, mais, le terme passé et par lui oublié, elle lui ordonne de rendre son anneau, lui retire sa foi et Yvain en devient fou. Longtemps il erre par les forets, est guérfpar l'onguent de la fée Morgue, délivre de t'étreinte d'un serpent un lion qui désormais le suivra, comme un chien familier, et parfois le sauvera, pénètre au château des Pucelles, les libère (toujours la descente aux enfers du héros plus fort que la mort) et enfin, après de nouvelles épreuves, par l'astuce de la &dèle Lunète, rentre en grâce auprès de sa dame. La femme a vaincu et l'homme s'est soumis, mais elle nous a néanmoins livré son secret, qui semble bien celui qu'a voulu le poète elle a fait sa part à l'aventure dans le cadre du mariage, mais l'aventure n'a qu'un temps et le foyer reste le centre de la vie. C'est sur cette morale un peu bourgeoise et assez éloignée de la donnée du Lancelot et de l'amour courtois provençal que se terminerait la carrière littéraire de notre Chrétien de Troyes s'il ne l'avait achevée ou presque, sur une pensée plus haute, celle qu'il est possible de dégager de sa dernière oeuvre Perceval ou le Graal, dédiée cette fois, non plus à
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ANNALESt)ML'UNIVEKSt'fËDE PARIS
Marie de Champagne, mais à un autre protecteur, au service duquel i! a dû entrer vers < t8a, Philippe d'Alsace, le riche et puissant comte de Flandre, protecteur du jeune PhilippeAuguste. Tout le monde, en entendant le ~a~ de Wagner, s'exalte à la pensée du Graal ou vase sacré et s'éprend de Pcrceval, le chaste fol, et nul ne sait (ou peu s'en faut) que ce haut et mystérieux symbole de même que cette jeune et charmante figure sont des inventions du génie français et de notre Chrétien de Troyes, vues à travers Wolfram von Eachcnbach. Rien de plus touchant et de plus frais que l'apparition du w<-cou naïf sauvageon de la gaste /M~ (forêt vierge) Ce fu au tans qu'arbre florissent, FueUes, boschaige, pré verdissent Et cil oise) an tor latin Dolcemant chantent au matin, Et tote riens de joie anname, Que )i 6ti! a la veve dame De )a gaste forcst soutaionf Seteva.
Au temps où tes arbres fleurissent, Feuittee, bocages, prés vcrdtSMOt, Où tes oiseaux en leur latin, Doucement chantent au matin, Où tout être de joie s'enflamme, Le fils de cette veuve dame De la vierge forêt solitaire Se tevn.
H y rencontre des chevaliers armés, et, comme on a évité de lui en parler, car son père et ses frères sont morts en aventure, il les prend d'abord pour des anges de Dieu et veut les adorer, puis, les ayant approchés et tâtés, il leur demande s'ils sont nés comme cela, en cet appareil de heaumes brunis et de hauberts étincelants. Ils se moquent de lui, mais tui révèlent qu'ils viennent d'être adoubés chevaliers par le roi Arthur. H n'en faut pas plus pour éveiller chez le sauvageon le désir de l'être à son tour. Sans égard aux prières, il quitte sa mère, après avoir pris congé d'elle, mais sans même se retourner et sans la voir choir pâmée et morte à la tête du pont. C'est au cours de ses pérégrinations qu'il rencontre la nef des deux rois pécheurs, est accueilli dans leur château et voit dé6ier devant lui le cortège du Graal, qui se présente ici, pour la première fois, dans la littérature médiévatc et européenne
LE FOMtlATKUR DU ROMAN t Que qu'il par!oieot d'un et d'et
Comme
Uns vaslez d'une chanbre vint, Qui une blanche tance tint, Anpoigniee par le mi leu Si passa par dcte~ le feu De ces qui Icanz se seoient. Et tuit fit de teani! veoient La lance blanche et le fer blanc, S'issoit une gote de sanc Del fer de la lance an somet Et jusqu'a la main au vaslet Coloit cele gote vermoi)tc. Et lors dui autre vaslet vindrent, Qui chandeliers an lor mains tin. Ue fin or ovrez à neel. [drent Li vaslet estoient molt bel, Ci) qui tes chandeliers portoient; An chascun chandelier ardoient, Dis chandoites a tot le mains. Un graal antre ses deus mainUne dameisetc tenoit Kt avoec tes vastcz venoit, Be!e et jointe et bien acc'.mcc Quant ele fu leanz antree Atot le graal qu'ele tint, Une si gran~ clartez an vint Qu'aussi perdirent tes chandoitcs Lor clarté, corne les c~toites Quant Ii sotaux ticve o la lune. Aprés celi an revint une Qui tint un tailleor d'argent Pierres précieuses avoit El graal, de maintes menieres, Des plus riches et des plus chieres Qui au mer ne an terre soient. Tot autres! con de la lance Par de devant lui trespasscrent Et d'une chanbre an autre alerent Et ii vastes tes vit passer Et n'osa mie demander De) graal, cui l'an an servoit, Que il to~ jorz el cuer avoit LH parole au prodome sage;
Comme
dans
les contes
CHR&TtKN DE TKOYËS
t~
de chose et [d'autre, Un valet d'une chambre vint, Tenant une brillante lance Empoignée parle milieu Et passa à côté du feu Et de ceux qui là étaient assis, Et tous ceux de la salle voyaient La lance et le fer brillants. H coulait une goutte de sang De la pointe du fer de la lance, Et jusqu'à ta main du valet Cette goutte rouge coulait. Alors vinrent deux autres valets, Tenant en mains des chandeliers D'or fin ouvré en nielle. tts étaient très beaux tes valets Qui tous ces chandeliers portaient. En chaque chandelier brûlaient Dix cierges, à tout le moins. Un graal entre ses deux mains Le tenait une demoiselle Qui avec les valets venait, Belle, élancée, bien parée. Quand elle fut entrée en la salle Avec te graal qu'elle tint, Une si grande clarté en vint en perdirent Que les chandelles Leur éclat, comme les étoiles. Quand le soleil se lève ou la lune. Après elle en vint une autre, Qui tenait un plateau d'argent. Pierres précieuses étaient Sur le graal de maintes manières, Des plus riches et <!eti plus chères Qui en mt'r ni en terre soient. Ainsi qu'avait passé la lance, Devant lui elles repassèrent Et d'une chambre en une autrea))' Et le valet les vit passer [rent, Et n'osa à nul demander A qui l'on présentait le graal, Car il avait toujours au coeur Ln parole du preud'homme xagf.
populaires,
its parlaient
ce silence
lui coûtera
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ANNALES DE L'UNIVERSITÉ
DE PARIS
cher. L'ineffable vision disparaîtra, le château, soudain vide et muet, se refermera derrière lui et il ne saura pasla subHme signification de la scène à laquelle il a assisté. Nous non plus Chrétien de Troyes n'a pu achever son œuvre ni nous livrer ce secret, car mo~ /'<?</CM~ comme le dit un de ses successeurs et continuateurs. 11 est tombé la plume à la main, tel un guerrier avec ses armes, avant no) sûrement, date de la mort de son protecteur Philippe d'Alsace à la croisade, au siège de Saint-Jean-d'Acre. Mais nous en savons assez pour comprendre que le Graal est le vase sacré, ciboire ou calice (on ne distinguait pas bien alors les deux objets) où Joseph d'Arimathie recueillit le sang du Crucifié et dont une seule hostie suffit chaque jour à nourrir et à combler le vieux roi Méhaigne (b)cssé), père du roi pêcheur, au manteau de pourpre et au bonnet de fourrure. Surtout nous savons que ce (7/<M~(ou plat, le mot d'origine grecque et provençale n'a pas en soi une valeur particulière, il est encore attesté dans nos patois) est gonflé d'influx mystique, emprunté à tous les cultes de l'Orient, qu'il est la iwmi d'où sort, pour l'initié, l'arbre de vie. L'enivrement saint qu'il lui communique se transmet jusqu'à nous par la divine musique de Wagner. Ainsi, comme le génial musicien allemand, et sept siècles avant lui Chrétien de Troyes a fait cette ascension qui mène des vals brûlants de l'amour humain de T~M/oxaux sommets radieux de l'amour divin de P<~<wa/. Cela suffirait à consacrer sa gloire, si nous n'étions pas des ingrats. Mais il en a une autre, qui nous est restée propre. I! sema, dit un de ses contemporains, Huon de Méri, le beau français à pleine main. » Quelle embûche toujours tendue que l'emploi de cet octosyllabe, où la rime plate risque toujours d'entraîner la pensée p!ate, par la cheville, et quelle gloire de l'avoir évitée. Chrétien est un maître du style. A profusion il jette les beaux traits et les images heureuses. Décrivant un combat singulier et faisant allusion aux lais bretons chantés en sa jeunesse, il dit
LE t-'ONDATEUR DU ROMAN As espees notent un lai Sor les hiaumes qui retantis$ont.
CHRÉTIEN
DE TRONES
<
Des épées martèlent un lai Sur (e~ heaumes qu! retentissent.
Et l'on en trouverait d'autres à foison. Voici, pour finir, un essai d'harmonie imitative languissante comme il n'yen a pas de meilleure chez nos poètes les plus modernes Et la nui: et ti bois Ii font Grant enei, et plus H eauie Que li bois ne la nuiz la pluie.
Et la nuit et le bois tuffont Grand ennui et plus lui ennuie Que le bois ni la nuit la pluie.
Ainsi, bon styliste et rare imagier, aussi habile à manier le dialogue (je songe surtout à ceux del'Yvain) que la narration, Chrétien de Troyes nous apparaît, en cette seconde moitié du douzième siècle, que j'ai appelée l'âge d'or de la littérature française médiévale, et qui est celui d'une seconde Renaissance, comme le type du grand écrivain. Scrutateur du cœur humain, il est aussi celui qui, le premier, montra que le roman ne devait pas être seulement un tissu d'aventures extraordinaires et disparates aboutissant à la réunion finale d'amants séparés par la tempête ou par les brigands, mais une peinture pénétrante et fidèle de l'homme et de la femme et du conflit de l'amour et de l'aventure, de la passion et de l'action, un tableau fidèle des mœurs et de la société où cette lutte se déroule et se dénoue. Par là, il mérite, à mon sens, le titre de fondateur du roman psychologique et du roman à thèse. Or, si l'on songe à ce que le roman représente dans la littérature européenne en général et dans la littérature française en particulier, n'est-ce pas une cruelle injustice que de n'en point rendre grâce à celui sans lequel il ne serait pas ce qu'il a été, au spirituel et génial Champenois, Chrétien de Troyes? Gustave COHEN, Professeur à la Faculté des Lettres de l'Université de Paris.
Inauguration de
l'institut
d'Études
(Suite des discours ~M~~
germaniques décembre ~j'0)
Diecours de N. BE PEYBBïMHOPF MESSIEURS, Au Séminaire de haute culture dont vous fêtez aujourd'hui l'heureux établissement, il semble qu'un laïque n'ait pas place, comme celui auquel votre Président vient de donner la parole et que, sans titre à se prononcer, son applaudissement doive paraître léger. dès après le service de la chose publique, à de Enchaîné, lourdes tâches pratiques, celui qui vous parle a gardé, inoublié et encore ému, le souvenir des heures de jeunesse passées dans cette bibliothèque Albert Dumont dont on nous rapil un la récente pelait, y a instant, liquidation. Ferveur paisible au jeu divin des idées, communion spirituelle avec les grands esprits, si sagement rangés aux rayons voisins toujours accessibles, avec les maîtres qui traversaient la pièce et parfois y demeuraient, avec tous ces jeunes hommes, à la recherche du dieu intérieur auquel ils consacreront leurs forces naissantes. Mûris à leur heure, les fruits de tels travaux se sont offerts d'eux-mêmes, au fil des ans, aux tournants les plus variés de l'activité, parfois inattendus, toujours savoureux, quelquefois précieux inestimabtement. Et ce n'est pas un faible motif pour celui qui en a joui si pleinement, de vous dire aujourd'hui que votre œuvre est bonne, qu'elle est nécessaire et qu'elle est opportune.
!NAUGURATtON DE L'JNSTtTUT
D'ÉTUDES GERMANIQUES
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Qu'on s'en loue ou qu'on s'en plaigne, l'heure est passée où il suf&sait à l'honnête homme d'apirrévocablement prendre assez de latin pour entendre dans le texte Horace ou les Psaumes de la Pénitence et de parler le français avec suffisamment de nuances pour tenir cercle avec tous les esprits cultivés du monde et le plus grand nombre des femmes du bel air. Au temps de cette fameuse « douceur de vivre la poupée de Paris portait chaque mois aux capitales la seule mode qui fût obéic. On imprimait aussi bien à Londres, à Leyde ou à Francfort qu'en France même, nos classiques, nos doctrinaires et nos conteurs. Les peuples dociles et repliés sur eux-mêmes menaient leur vie modeste au rythme souvent heurté, mais toujours étroitement local des saisons et des récoltes. Et pour démêler l'écheveau des politiques européennes, c'était assez de connaître les pentes secrètes d'esprit ou de caractère d'une demi-douzaine de souverains, de leurs ministres ou de leurs maîtresses. Les temps sont bien changés. Les besoins d'un bien-être heureusement élargi, mais toujours plus exigeant, sont servis par des productions de plus en plus amples et groupées, dont les mouvements divers, dont l'adaptation constante à la consommation revêtent un caractère chaque jour plus mondial. Approvisionnement en matières premières, en crédit, en force et en main-d'ceuvre, largeur des marchés, perfection relative des fabrications, élasticité des prix de revient, santé ou maladie des monnaies, équilibre politique ou social, tous ces facteurs généraux s'exercent avec une force, tous les jours accrue, au-dessus des énergies individuelles, au-dessus des conditions locales ou régionales; comme des dieux muets et souverains, ils semblent tenir la balance des ascensions ou des décadences nationales et, en pleine apparence de paix, marquer des victoires ou des défaites économiques parfois définitives. Plus rapprochés que jamais ils ne l'ont été par la condition des transports, par les échanges de pensée, de correspondances et de produits, les peuples aujourd'hui adultes ont
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ANNALESUË L'UMtVBKStTÊDE PARIS
arrêté leur physionomie propre, con&rmé tours manières particulières de penser et de sentir, fixé leurs réactions traditionnelles. Définitivement nés à une vie nationale consciente, ils l'ont conçue sous le signe d'un égocentrismc de primitif. Si bien qu'à l'évidence d'une inéluctable et croissante solidarité économique, correspond, surtout depuis la grande secousse mondiale, un nationalisme plus défensif et plus inquiet qu'il ne l'a jamais été. En&n, les évolutions de la politique, notamment de cette politique extérieure qui, il y a un siècle à peine, était encore l'apanage des familles souveraines et d'un monde de cour également marqués de brassages cosmopolites, dépendent aujourd'hui de ces larges mouvements d'opinion, phénomènes typiques de la. psychologie des foules et du jeu de ces impondérables aussi difficiles à déceler d'avance qu'à fixer en action. Ainsi, et sur quelque plan qu'on se place, le monde est aujourd'hui soumis aux facteurs de masse qui dominent irrésistiblement les intelligences et les bonnes volontés individuelles. se comprendre Savoir, comprendre ces impératifs de toute vie raisonnable, d'une vie intellectuelle, familiale, sociale, nationale, – et surtout d'une vie internationale, équilibrées, n'ont jamais été plus catégoriques qu'à l'heure présente. Jamais par-dessus les frontières multipliées et héris. sées plus hérissées encore que multipliées – il n'a été plus nécessaire, pour l'homme de pensée comme pour l'homme d'action, de maintenir un œil attentif et réceptif. Ce n'est pas dans cette grande maison des lettres et des sciences qu'il sied de le rappeler nul ne peut se dire présentement maître d'un sujet s'il n'a fait préalablement le tour des références étrangères et s'il n'a pris, des oeuvres cardinales du dehors, une vue directe et approfondie. Mais le témoignage que je vous dois est celui de mon milieu et de mon métier. Le banquier, l'industriel, le commerçant, l'agriculteur lui-
'MAUGURATtO!< t)E L'tN8T!TUT
D'ÉTUDES
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même qui croiraient pouvoir se ctoîtrer sur leur propre man'ché et ne pas dépasser du regard les limites de leur pays payeraient vite et cher leur myopie. Dans le domaine de la production, il ne vient plus à l'esprit de monter une grande entreprise sans avoir fait, des plus récentes réalisations de la profession, un tour d'horizon qui ne s'arrête pas à l'Europe. Ne peut être tenu pour maître en son art l'ingénieur qui, au courant des derniers progrès de la technique, n'en saurait suivre sur place les développements par le contact direct et constant avec ses collègues étrangers. Dans le domaine de la distribution et du crédit, il est à peine besoin de signaler le rôle essentiel d'une documentation internationale journalière – horaire parfois et qui ne se suffit pas de chiffres, car il s'agit de savoir tout de suite et de première main l'interprétation qu'ils commandent et les réactions psychologiques qu'ils provoqueront dans des milieux qui, pour étrangers qu'ils soient, demeurent avec nous en constante et instantanée communication. Montons encore un peu, si vous le voulez bien. Ne pensez pas qu'un chef de grande entreprise, qu'un leader syndical, qu'un membre actif d'une de ces grandes ententes qui ordonnent la production aient à la fois l'autorité et l'aisance d'action nécessaires s'ils ne peuvent débattre les grands intérêts dont ils ont la charge avec la liberté et l'efficacité que donnent la connaissance relative de la langue et la connaissance complète de la psychologie de ceux qui exercent, au delà des frontières, d'analogues responsabilités. Un immense et commun patrimoine s'est constitué aujourd'hui sur le plan de la spiritualité, sur celui de la technique, sur celui de l'information économique ou politique. ït est accessible en premier à ceux qui en auront pris la clé, la clé linguistique et la clé psychologique. La multiplication des langages nationaux est, à coup sûr, un obstacle sérieux à son fructueux emploi. En tout cas, si nous voulons assurer à nos enfants la préparation nécessaire, et pour les postes importants de l'action, et pour les grandes avenues de la culture, la
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ANNALES DE L'UNtVjERSÏT~
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connaissance pratique des langues de nos grands voisins du Nord-Ouest et de l'Est doit être tenue pour une des pièces principales de leur équipement intellectuel. La langue. Est-ce assez ? Que j'ai eu de plaisir, mon cher ami, à vous entendre dire tout à l'heure que l'Institut passerait délibérément et largement les frontières de la philologie! De la fenêtre qu'il ouvre sur l'Allemagne, que devons-nous regarder, que devons-nous retenir ? Rien que la vie. toute la vie. Activité intellectuelle, activité artistique, activité sociale, activité politique et, puisque j'ai ici vocation spéciale à vous la rappeler, cette activité économique si riche de réalisations et de doctrine. La matière est assez ample, assez variée d'aspects, assez originale de développements, assez pleine d'enseignements pour que le champ soit toujours ouvert et lourde la moisson. Je demande instamment que l'on se garde de toute exclusive. Que la porte demeure ouverte à toute Minerve nouvelle et qu'un sujet puisse toujours être traité s'il offre un maître pour l'exposer et un public cultivé pour souhaiter s'en enTi* chir. Et surtout que l'étude en soit vivante. Il faut bien que vos élevés soient livresques, puisque le livre est encore le plus rapide et le plus docile des maitres. Mais qu'il ne soit pas lé seul. La lumière qu'au dernier de ses soirs Gœthe mourant appelait en termes qui nous touchent encore, si c'est au grand air du dehors que nous en recevons Je choc, nous fortifie en même temps qu'elle nous éclaire. Que les jeunes hommes attirés à l'Institut regardent en même temps qu'ils écoutent. Qu'ils parlent, qu'ils écrivent après avoir lu ou entendu. Qu'ils prennent avec les faits, avec les hommes, avec les paysages des contacts directs. Tournées d'études au delà du Rhin, séjours de vacances ou de travail, échange de publications, d'étudiants, de professeurs surtout. Combien il serait désirable que la matière allemande fût le plus souvent exposée par un Allemand Traitée par un maître allemand après qu'elle l'aura été par un Français, la question apparaîtra avec un
tMAUGURATtON DE I/INS'HTCT D ËTUUESGKRMANtQUKS relief plus intense et une articulation plus souple. L'échange des méthodes peut être plus précieux encore que celui des idées. Par ailleurs, combien, après la visite de la Westphalie, l'évolotion de la grande industrie apparattra mieux dessinée et plus impérieuse encore, la prise de la musique allemande sar nos sensibilités après le pèlerinage à Bayreuth. Et puis, Messieurs, que ne devons-nous pas espérer de contacts réguliers et multiples entre l'élite intellectuelle de ces deux grands peuples si riches l'un et l'autre des richesses de l'esprit et si complémentaires d'économie et de culture. La Némésis cruelle entre toutes qui les a trop de fois jetés l'un sur l'autre, ne pensez-vous pas qu'elle eût reculé devant la conscience, si elle eut été claire et générale, de tous les biens qu'ils ont en commun, et devant la mesure, si facile entre hommes qui se comprennent, de l'effroyable enjeu s< légèrement jeté sur la table. Pour qu'un tel risque soit purgé définitivement, pour que nos petits-enfants ne revoient pas les spectacles affreux qui demeureront dans nos yeux jusqu'à ce qu'ils se ferment pour toujours, ne comptons pas trop sur les effusions sentimentales, ni sur la seule mystique des plus nobles idéologies. Tenons pour des barrières insuffisantes et fragiles les combinaisons purement politiques, mouvantes au gré des sautes d'opinion et des constellations de partis. Combien plus efficaces et surtout plus permanents, les liens multipliés de la pensée et de l'action entre hommes de bonne volonté, décidés non pas à se confondre, mais à se comprendre, résolus à substituer sur tous les plans le social, Féconomique, le la féconde composition des forces national, l'international humaines à leur stupide et destructrice opposition. Messieurs, ce n'est ni par des mots, ni par de vaines manifestations que nous exorciserons entre nos peuples les méfiances éterneltement et stérilement conjuguées. C'est par la connaissance réSéchie de ce formidable patrimoine qui ne saurait être divisé, c'est par la constante et tranquille exécution des tâches égales et parallèles de la paix Vt. – M A«X.UMV.
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le culte commun de !a pensée, de la beauté et de la raison, la commune recherche du mieux-être moral et matériel, les liens tous les jours multipliés d'une économie ordonnée et constructive. d'une telle durée Pour une œuvre d'une telle portée aussi si vraiment cardinale pour la vie de nos deux peuples et pour l'équilibre du monde, combien l'Institut que vous venez de fonder est heureusement appelé et utilement placé Je salue en lui le plus efficace instrument de culture, de compréhension et de paix. Discours prononcé par M. Wladimir D'ORMESSON secrétaire générât du Comité franco-allemand d'information MONSIEURLE PRËStDENT, MONSIEUR LE RECTEUR, MESSIEURS, Je me sens bien indigne de prendre la parole parmi tant de personnalités émincntcs, et si je me risque à le faire, pour répondre à l'aimable invitation de mon collègue et ami M. Henri Lichtenberger, c'est que, m'étant attaché depuis quelques années et notamment comme secrétaire général du Comité franco altcmand d'Information, à suivre modestement, mais attentivement le développement politique des difficilcs rapports franco-allemands, personne n'est plus convaincu, n'est plus pénétré que je ne le suis moi-même de l'opportunité et de l'excellence de l'initiative que prennent aujourd'hui les fondateurs de l'Institut des Études germaniques en offrant à nos futursprofesseurs d'allemand un enseignement qui ne se limite pas à des aspects techniques de la culture ou de la vie intellectuelle allemande, mais qui leur fournisse en même temps une vue synthétique de l'Allemagne. C'est une vérité élémentaire que dans la vie d'une nation, tous les phénomènes sont liés et que la psychologie d'un peuple est faite des diverses préoccupations qui retentissent sur elle. Mais dans aucun pays peut-être une telle vérité
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ne s'impose avec plus de force que dana l'Allemagne contemporaine. C'est qu'en effet l'Allemagne n'est pas seulement un pays qui traverse, par !e jeu, somme toute normal, des réactions humaines, une crise morale et matérielle consécutive à la défaite qu'elle a essuyée. Non, l'Allemagne d'aujourd'hui est encore j'allais dire est surtout – un pays qui a aubi deux révolutions profondes une révolution d'ordre politique, une révolution d'ordre monétaire. En l'espace de quelques années, le peuple allemand a vu, sur tous les plans, s'effondrer les anciennes valeurs sur lesquelles se trouvaient fondés l'ordre qui lui assurait une étonnante prospérité et les certitudes qui en naissaient. I! en résulte un trouble, un désarroi, un déséquilibre, une recherche anxieuse qui se vérinent à peu près dans tous les domaines de la pensée allemande et qui, s'ajoutant aux dispositions naturelles du tempérament germanique, mais les tendant au maximum, font de l'Allemagne cette nation incertaine d'elle-méme, insaisissable, en perpétuelle transformation que nous avons une telle difficulté à pénétrer et même à suivre et qui, le plus souvent, reste à nos yeux une énigme. Aussi était-il indispensable que l'attention de nos futurs germanisants fût appelée par des observateurs et des spécialistes qualifiés sur les changements profonds qui se sont produits depuis douze ans dans la structure de l'Allemagne et, plus encore peut-être, sur les réactions que ces changements ont déterminées dans les esprits allemands, sur les espoirs qu'ils y font naître, ou sur les déceptions qu'ils y ont éveillées. L'Allemagne d'aujourd'hui est très différente de l'Allemagne d'hier. Peut-être l'Allemagne de demain sera-t-elle très différente de l'Allemagne d'aujourd'hui. Il n'en est que plus important de fixer les points autour desquels ces mouvements, ces oscillations se produisent et, par l'étude approfondie de la constitution allemande, de la structure et du jeu des partis en Allemagne, de la vie superposée du Reich et des États, de la coexistence de cette grande force organisée qu'est le capitalisme économique allemand (et ce n'est déjà plus, tout à fait,
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par soa ampleur même, une forme pure et simple de capitalisme) et de cette autre grande force organisée qu'est le prolétariat allemand (et ce n'est déjà plus tout à fait, par son ampleur même, une forme pure et simple du prolétariat), il n'en est que plus important de dégager les données du vaste problème de l'Allemagne moderne et de déterminer ce qui est d'ores et déjà acquis ou ce qui est d'ores et déjà condamné, ce qui est encore accessible ou ce qui est déjà dépassé. Messieurs, pour nous, Français, un tel effort d'information objective est à la fois difficile, angoissant, nécessaire, et c'est le grand mérite de l'Institut des Études germaniques d'avoir pensé et d'avoir voulu qu'il fût fait. Difficile, parce que la vie allemande est totalement différente de notre vie, qu'elle se meut sur d'autres plans, sous d'autres climats et qu'on ne compte pas les faits, cependant essentiels, qui nous sont totalement étrangers, pour ne pas dire incompréhensibles, en Allemagne. C'est ainsi que me trouvant, il y a quelques mois, à Hambourg, je visitais ce.port magni&que dans une petite chaloupe que, très gracieusement, le département des Affaires étrangères – à vrai dire, le département des Affaires étrangères de la ville de Hambourg – avait mise à ma disposition et que là, roulant sur les flots gris de l'Elbe entre des docks et les géants maritimes, un jeune fonctionnaire dirigeant sa canne vers l'eau me disait de temps en temps, non sans une certaine satisfaction: « Voilà où passe notre frontière ce qui signifiait à la fois beaucoup plus et beaucoup moins de choses qu'on ne serait tenté, a priori, d'en déduire. On pourrait multiplier ces exemples, et dans l'ordre économique comme dans l'ordre social, dans l'ordre même de la politique pour montrer combien les assises mêmes de la vie collective allemande sont différentes des nôtres. Mais un tel effort n'est pas seulement difficile; il est dans une large mesure angoissant. C'est que dans le mot sécurité autour duquel se cristallise si naturellement, dans une époque troublée comme la nôtre, la politique de chaque peuple et celle surtout des peuples qui ont subi les horreurs de l'inva-
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sion, il entre instinctivement comme un besoin de similitude, comme un besoin de communauté de conceptions, comme un besoin d'unification des manières d'agir et de penser et peutêtre tout le drame, disons, plus calmement, tout le problème franco-allemand réside-t-il dans cette sorte de « démangeaison», si j'ose dire,qu'éprouve chaque peuple de convertir l'autre ses thèses, à ses manières de voir, comme si, au fond d'eux-mémes et sans presque qu'ils s'en rendent compte, ces peuples sentaient confusément que pour eux la sécurité la plus solide, celle qui domine et qui commande toutes les autres, c'était une sécurité spirituetle. Sans doute même, la polémique qui envenime d'une manière si funeste les rapports des deux peuples et rend plus âpres encore des questions déjà suffisamment difficiles par elles-mêmes, n'est-elle, après tout, que l'expression simpliste et grossière de ce tourment, de ce besoin peut-être n'est que l'illustration de ces deux sentiments d'abord, l'instinct que ce sont bien moins les faits que la manière dont les esprits les interprètent qui contrarient la sécurité et la paix, et puis, l'irritation qu'on éprouve à ne pouvoir obtenir que le contradicteur interprète les faits comme soi-même on les interprète. Messieurs, un de mes amis luxembourgeois qui assiste, spectateur navré, à la tragique querelle des deux pays, m'a dit un jour « Il est heureux que les Français et les Allemands ne se connaissent pas davantage. Car s'ils se connaissaient mieux, ils désespéreraient probablement de jamais s'entendre. Il y a dans cette boutade une part profonde de vérité qui, certes, congédie bien des illusions. Mais la méthode qui pourrait vaincre le mal s'y trouve implicitement inscrite. Si les Français et les Allemands se connaissaient mieux, ils perdraient vite, en effet, l'espoir facile de se convertir récileurs thèses. Us s'apercevraient que ce ne sont proquement pas surtout, comme ils le croient, leurs intérêts matériels qui les séparent. Plût au ciel que les peuples ne fussent conduits ici-bas que par la juste vision de ces intérêts, car de tels mobiles leur inspireraient plus de sens pratique, plus de pru-
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dence. Non, ce qui divise surtout les Français et les Altemands, ce sont leurs façons de penser et d'agir, leur formation historique, leur tempérament, les idéologies dont ils se nourrissent, peut-être les climats sous lesquels ils vivent. Folie que de ne pas l'admettre. Mais folie plus grande encore que de prendre ces distinctions pour des oppositions et de transformer en conflit inévitable ce qui n'est, somme toute, que coexistence naturelle. C'est ainsi qu'on pourrait dire que l'antagonisme franco-allemand est fait de prémisses vraies et de conclusions fausses. Travailler à la meilleure entente des deux pays, ce n'est pas souligner ce qu'ils ont de commun, de semblable, tâche aisée qui ne convainc personne, c'est tout au contraire mettre consciencieusement en lumière ce qu'ils ont d'étranger l'un à l'autre, d'inassimilable. Mais alors, c'est acclimater l'idée que ces dissemblances n'ont rien qui puisse scandaliser. Plus encore, c'est affirmer que les deux pays n'établiront entre eux le véritable équilibre pacifique auquel ils aspirent que lorsqu'ils auront réciproquement appris à admettre ces différences, à les tenir pour naturelles et à les respecter. Le secret du paisible voisinage franco-allemand réside bien là. Car il est évident que chaque peuple continuera à soutenir ce qui, dans le jeu de la politique internationale,lui apparait comme juste, nécessaire, conforme au droit et à son honneur, la paix la plus solide n'exigeant absolument pas je ne sais qu'elle abdication inadmissible de la personnalité nationale. Mais au lieu de considérer que des politiques respectives, parce que distinctes, sont nécessairement dirigées l'une contre l'autre; au lieu de les frapper a ~Mo/t et réciproquement d'interdit comme si ce qui profite à un pays devait ~<? /c nuire à l'autre, chaque peuple doit admettre que la politique du voisin repose peut-être sur quelque chose de plus qu'une hostilité préconçue et systématique qu'elle repose peut-être sur des conceptions ou sur des besoins qui possèdent une valeur en soi ou une valeur d'ordre général; qu'elle obéit peut-être à des mobiles qui ne sont pas exclusivement vexatoires, et que ces mobiles, il faut
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alors se donner la peine de les pénétrer, car on ne dénoncera jamais avec assez de force le rote funeste que les simples malentendus ont joué et jouent encore dans les querelles des peuples. En d'autres termes, chaque nation devra se con. vaincre que les conceptions différentes qui les séparent ne se: réduisent pas, comme elles le croient souvent, à des antagonismes, à des rivalités étroitement personnels, mais qu'ils relèvent presque toujours d'un plan j;M~~K~, et que c'est sur ce plan supérieur que leur collaboration internationale doit s'effectuer. Précisément le grand fait nouveau que les traités de !ût9 ont apporté à l'Europe et au monde, c'est que ce plan supérieur sur lequel toute collaboration internationale – et singulièrement toute collaboration franco-allemande – doit s'élaborer a cessé d'être une idée abstraite, une simple vue de l'esprit. La Société des Nations en a fait une réalité. C'est à Genève que la politique française et la politique allemande doivent trouver leur rythme commun. C'est à Genève que le souci de l'ordre universel doit les orchestrer. C'est à Genève que les engagements internationaux qui restent et doivent rester la base inébranlable de la paix commune prennent non seulement leur plus haute valeur juridique, mais leur plus haute valeur morale, puisque le pacte de la Société des Nations, préambule des traités de paix, consacre le principe de l'interdépendance et de la solidarité des nations et place par conséquent lcs enjeux de la politique sur un plan où l'égotisme pur et simple n'est plus admis. En dehors de cette procédure et de cette éthique, il n'y a que rivalités épuisantes, conflits certains, ruine commune. Mais alors, Messieurs, une telle politique qui répond exacseules les élites tement au sentiment profond des masses dirigeantes, qui tiennent en mains dans chaque pays lcs responsabilités de la vie nationale, sont capables de l'imposer et de la mener à bien. C'est ainsi qu'on en arrive à conclure que le problème de la paix, et singulièrement de la paix franco-allemandc, est avant tout un problème d'élites, et c'est bien là ce et qui le rend à la fois extrêmement difficile à résoudre
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Oui, extrêmement dif&cile, car les cependant soluble. élites, dans chaque pays, ont le devoir de cultiver fermement, pour le maintenir intact et pour le transmettre, comme )c flambeau sacré, aux générations à venir, ce magnifique héritage de tradition, de principes, d'idéal qui est en nous comme la chair de notre chair, et qui ne représente pas, comme d'aucuns le prétendent, je ne sais quel culte figé que l'on rend à des droits, mais, tout au contraire, la source créatrice de la vie. Toutefois de telles pourquoi ne pas le reconnaître?disciplines ne vont pas sans une défense, sans une éducation rigoureuse de la personnalité nationale, avec tout ce que ce mot comporte de subjectif et de décidé, et la difficulté – est que ces fortes pourquoi ne pas le reconnaître aussi? disciplines nationales ne dégénèrent jamais en passion, passion de race, c'est-à-dire bientôt haine de races. Les élites ont le devoir sacré de tenir la balance égale entre ce que chaque citoyen, digne de ce nom, doit à sa patrie et ce que chaque patrie doit à l'humanité. Pourtant, ne nous le dissimulons pas, Messieurs, dans les temps où nous vivons, un monde gravement atteint non seulement dans son système nerveux, mais dans son économie elle-même et où les phénomènes de toute nature qui se manifestent dépassent, par leur amplitude, tout ce que nous avons jamais imaginé, ne nous dissimulons pas qu'une pareille mission, une pareille œuvre toute d'équilibre et de mesure, qui parait si aisée à accomplir quand on déambule tranquillement dans le cloître des idées pures, se heurte à chaque pas à des obstacles sans cesse renouvelés. Et elle ne se heurte pas seulement à la vieille passion; i elle se heurte encore à des faits concrets, à ces grands et difficiles problèmes de production, de consommation, d'échanges, à ces problèmes sociaux, démographiques, qui sont d'ailleurs sans doute les seuls grands et réels problèmes de l'heure, ceux qui composent la vraie substance de la politique moderne, ceux aussi au sujet desquels les terrains d'entente devraient le plus aisément pouvoir se trouver, les accords utiles le plus facilement se conclure, s'ils n'étaient encore
tNAUCURATtON DE L'tNSTïTUTO'fUDKS GKKMANtQUEStH trop souvent gênés, compromis, voilés par un vieil esprit politique qui n'a pas encore compris ce qu'étaient l'organisation du monde moderne, les droits de la démocratie, les lois de l'interdépendance des peuples et ce qu'ils exigeaient de sacrifice et de renouvellement. Et, alors, parfois, dans ce trouble, dans ce chaos, où il est si difficile, non seulement de suivre les événements, mais encore de se retrouver soi-même, il arrive qu'on est pris de lassitude, d'inquiétude, de découragement. Messieurs, permettez-moi d'évoquer ici un fait tout récent. Il y a quelques jours, nous avions à Paris une réunion du comité franco-allemand d'information. Nous ne nous étions pas retrouvés, nos collègues allemands et nous, depuis quelques mois et, pendant cet espace, il s'était passé en Allemagne tels événements que vous connaissez comme moi et qui avaient gravement retenti sur l'opinion française. J'avais été précisément chargé par mes collègues français d'exposer en détail à nos collègues allemands le point de vue du « Français moyen » devant ces angoissantes questions et, je n'ai pas besoin de vous le dire, les observations que j'avais été amené à présenter, en toute loyauté, en toute franchise, et la discussion non moins loyale, non moins franche qui avait suivie ne nous conduisaient pas les uns et les autres à un optimisme très souriant. Alors, Messieurs, tandis que nous mesurions ainsi la terrible difficulté des obstacles qui contrariaient la politique de collaboration franco-allemande, un de nos collègues allemands, dont vous connaissez tous le nom, le professeur Ernest-Robert Curtius, s'est tourné vers moi, avec émotion, avec gravité, avec angoisse et il m'a dit, il a dit à tons les Allemands, à tous les Français qui se trouvaient réunis là, dans cette salle, et qui sentaient profondément en eux la gravité de l'heure « Allons-nous donc laisser périr l'intelligence? Allons'nous donc nous décourager parce que les forces d'obscurantisme et de désordre semblent faire un retour agressif PAllons-nous cesser notre besogne, nous replier nous-memc?. Non, non, Messieurs, ne nous décourageons
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pas, continuons, persistons, unissons plus que jamais nos Et volontés, nos cœurs pour faire triompher l'intelligence. à ce moment-là, Messieurs, je puis vous le dire en toute sincérité, à ce moment-là il a passé sur nous tous comme un souffle qui nous animait de la même angoisse, de la même volonté et nous avons tous senti, quels que fussent nos griefs, nos déceptions, les dif&cultés qui se dressaient devant nos yeux, nous avons tous senti que nous faisions partie de la même famille spirituelle. Messieurs, je ne suis pas de ceux qui se bouchent les oreilles pour ne pas entendre, qui mettent les mains devant les yeux pour ne pas voir et qui mésestiment les difficultés qui nous assaillent. Mais je suis de ceux qui croient à l'intelligence, qui croient à la morale, ces deux formes inséparables de la paix et qui, parce qu'ils y croient, lutteront toujours, malgré toutes les entraves, toutes lcs déceptions parfois tous les découragements pour que les forces du bien l'emportent sur les forces du mal. Et c'est pourquoi je félicite et je remercie chaleureusement les organisateurs et les maîtres de l'Institut des Études germaniques d'aider si puissamment, pour leur part, à la réalisation de cet idéal en ouvrant aujourd'hui une série de cours qui permettra à une élite française de mieux s'armer pour le bon combat de l'intelligence et de la paix. Discours prononcé par M. le professeur Edmond VERMEIL de l'Université de Strasbourg MESSIEURS, La petite phalange des germanistes français, groupée autour des maîtres qui l'ont formée avant la guerre et tiéc à eux par une inaltérable gratitude, a connu de rudes épreuves. Dans les années qui ont précédé la catastrophc, elle a dû lutter, malgré les progrès notables qu'avaient accomplis chez nous les études allemandes, contre l'isolement, l'indifférence du public, voire certaine hostilité universitaire. Entre 1914 et
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1918, la foi que lui inspirait l'objet même de ses travaux a subi de redoutables ébranlements. Et puis, que de pertes et que de jeunes cerveaux, pleins de clarté et de hardiesse intellectuelle, anéantis avant d'avoir pu tenir tant de belles promesses Enfin, depuis l'armistice, la longue, la décevante attente de temps meilleurs. Mais l'équipe sortie victorieuse de ces épreuves est restée vaillante. La création de l'Institut de Paris en est l'éclatant témoignage. C'est pour moi un insigne honneur que de marquer ici, par ma très modeste présence, l'étroite solidarité qui Je rattache à l'Institut similaire de Strasbourg. Qu'il me soit permis de remercier ici, de tout coeur, les membres du Comité directeur de l'Institut parisien d'avoir fait appel à ma collaboration. Les compensations qu'obtiennent aujourd'hui les germanistes français sont dues à des causes trop tragiques pour qu'ils en tirent vanité. Mais qui douterait maintenant de l'utilité que présentent nos méthodes et nos travaux? Qui hésiterait à soutenir notre effort, alors que l'Institut de Paris établit ses bases d'enseignement et d'action, alors qu'on transfère à Strasbourg le Centre d'Études de Mayence et que, parmi les professeurs d'allemand de nos lycées et collèges, naissent de nouvelles activités publication d'une revue, organisation d'une bibliothèque circulante, effort de saine information entrepris à Paris et en province? Comment l'opinion demeurerait-elle indifférente à tant de projets? C'est que la situation faite par l'Allemagne actuelle à l'Europe et au monde requiert plus que jamais notre vigilante attention. L'étude de la République de Weimar, de son évolution présente et de ses destinées éventuelles est affaire, non d'interviews hâtives ou d'enquêtes superficielles, mais de méthode rigoureuse et de patiente analyse. Sinon, comment connaître, comment révéler à l'opinion, assoiffée de vérité, l'angoissante complexité du problème ? Je me trouvais à Genève en septembre dernier, au moment où t'Assemblée de la S. D. N. commençait ses travaux. Dans
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une salle tout de neuf aménagée, t6~ délégués, représentant plus de So nations, écoutaient les orateurs de tout genre qui se succédaient à la tribune. Spectacle émouvant, malgré l'absence d'enthousiasme qui jetait comme une teinte grise sur ces premiers débats. Car une seule question hantait alors tous les cerveaux rassemblés en cet auguste lieu. Que donneront dans quelques jours, se disait-on, les élections allemandes ? Quel rôle y joueront cette poignée d'aventuriers qui galvanisent les foules d'outre-Rhin? Comment se prononcera le peuple allemand, ce peuple qui n'est souverain qu'en sa totalité et quand il vote au suffrage universel ? C'est son jugement, et son jugement seul, que tous attendaient. Au-dessous de cette assemblée pseudo-diplomatique on sentait passer comme des forces obscures qui n'avaient point encore livré leur secret. Un Allemand me disait à Genève « Les nationauxsocialistes auront cent sièges. » Ils en ont eu cent sept. Et, depuis lors, il y a quelque chose de changé en Europe Hitler et ses partisans ont remué le vieux continent plus fortement que tous les délégués de Genève réunis. MMMC tfe< mini Je voudrais donc, dans le très bref espace de temps qui m'est réservé, vous présenter un tableau en raccourci de la situation présente, en essayant de l'expliquer, si tant est que ce soit possible, par la psychologie et l'histoire. Peut-être ces considérations nous conduiront.elles à d'opportunes conclusions. a < Les partis allemands, tels qu'ils nous apparaissent depuis les élections de septembre, semblent se ranger comme d'euxmêmes dans le dispositif normal que voici au centre, les anciens partis, depuis la Socialdémocratie jusqu'aux natioà leur gauche, les communistes à leur naux-allemands droite, les nationaux-socialistes. C'est là, toutefois, une classification que je crois superficielle. Je vois plutôt les communistes et les nationaux-socialistes Mdoublant pour ainsi
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dire, les partis d'autrefois, c*cst-à-dire représentant, à côté d'eux, des tendances nouvelles. Si bien que toute h politique de l'Allemagne contemporaine repose sur un dualisme fondamental qu'il s'agit justement d'expliquer. Méthode de prudents compromis et appels à la violence, vieilles générations et jeunesse éprise de solutions radicales s'opposent ici en un saisissant contraste. Ainsi, depuis septembre dernier, la politique d'outre-Rhin se présente à nous avec ses attributs complets. Nous pouvons par conséquent porter sur elle une sorte de jugement d'ensemble, jugement provisoire sans doute, puisque l'évolution de la Répubtiquc de Weimar peut nous ménager, dans un proche avenir, de déconcertantes surprises. Regardons du côté des partis traditionnels. Ici, trois groupes nettement délimités la Social démocratie, le Centre catholique et, entre ces deux blocs compacts et jusqu'ici intégralement conservés, les partis bourgeois morcelés, gravement atteints par la crise politique de septembre. La Socialdémocratie, qui représentait autrefois les intérêts du prolétariat des villes, a élargi, surtout au lendemain de la guerre, ses bases sociologiques. Nombre d'éléments petits bourgeois, artisans, employas, fonctionnaires subalternes, sont venus grossir ses rangs. L'ardente propagande que le national-socialisme fait dans les masses ouvrières n'a que très peu mordu sur elles et c'est plutôt le communisme qui constitue, sur leur gauche, une permanente menace. Le Centre demeure fidèle à lui-même, gardant ses partisans coutumiers, son programme à double face, à la fois politique et confessionnel, comme sa tactique prudente qui ne s'engage à fond ni à droite ni à gauche et permet au parti de jouer, entre les autres partis, ce rôle de pivot auquel il tient tant et que les progrès du national-socialisme pourraient bien mettre en cause. La Socialdémocratie et le Centre restent donc les grands bénéficiaires de la démocratie républicaine. C'est eux qui lui donnent le ton et se sont emparés de l'administration prussienne, c'est-à-dire des positions les plus solides qu'offre l'Allemagne d'aujourd'hui.
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Par opposition à ces deux masses relativement homogènes et organisées, malgré leurs divergences de principe, sur le même modèle, la bourgeoisie n'est'plus, en raison des multiples transformations qu'ont subies les partis qui émanent d'elle, qu'une classe sociale politiquement effritée. Elle a perdu la plupart de ses anciennes positions parlementaires. Le parti démocrate s'est absorbé dans le parti d'État (Staatspartei) et le groupe des démocrates purs qui s'est reformé autour de Georg Bernhard et de Quidde ne dispose que d'une faible influence. Les populistes sont sortis très diminués de la dernière bataille électorale. L'Union Économique a également souffert de la crise. Les rameaux qui se sont détachés du parti national-allemand, avec Treviranus et Schiele, ne peuvent que végéter. Quant au gros du parti, cristallisé autour de Hugenberg, il ne saurait retrouver son ancienne influence qu'en faisant le jeu des nationaux-socialistes. C'est là, au reste, le grand danger de demain. Car la haute bourgeoisie, maintenant incapable de défendre ses fiefs économiques, auxquels elle se cramponne désespérément, sur la plate-forme parlementaire, sera de plus en plus tentée de laisser le pouvoir politique au national-socialisme, si du moins il est capable de s'en emparer. Elle essayera de détruire par son moyen les grandes organisations syndicales de ta Sociatdémocratic et de se servir du fascisme, qu'elle a largement financé au cours de la campagne, pour assurer son avenir. Car la défaite de la bourgeoisie capitaliste est et reste le phénomène le plus signicatif des dernières élections. Ainsi, des trois partis qui ont créé le régime de Weimar, l'un, le parti démocrate, n'existe presque plus, et le second, la Socialdémocratie, ne peut que très difficilement gouverner avec le troisième, le Centre, qui est de plus en plus sollicité par les forces de droite. Que reste-t-il de l'ancienne coalition moyenne entre socialisme et bourgeoisie modérée? H n'y a guère, pour résister à la poussée national-socialiste, que la Socialdémocratie qui, avec ses Syndicats, représente des millions de travailleurs, l'élite du labeur allemand.
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En outre, la méthode que toua ces partis ont communément employée jusqu'ici a, sinon fait son temps, du moins fortement diminué de prestige et d'efficacité. En réalité, toes ces partis, depuis la Soeialdémocratie jusqu'aux nationaux-aile. mands, sont les héritiers du réalisme qui porte le nom de Bismarck, de cette Realpolitik n qui, commune à tous les partis et chargée de résoudre les antinomies de t8~8, a été contrainte de bâtir le nouveau système de l'unité allemande sur des compromis qu'elle a uttérieurementtransmis au régime de Weimar. Ces partis ne représentent et ne peuvent guère représenter, cela plus encore en République que sous la monarchie impériale d'autrefois, que des intérêts, intérêts politiques, économiques, sociaux, professionnels et confessionnels. Ils sont tous régis par une discipline collective rigoureuse qui rive chefs et partisans, électeurs, comités électoraux et fractions parlementaires à un même programme commun, à une même tactique et fait d'eux des blocs absolument rigides. Ils ne peuvent s'agréger les uns aux autres, pour former d'indispensables coalitions gouvernementales, toujours précaires et mal ajustées, que par un système de concessions mutuelle obtenues à force de marchandages. Bref, ce sont des partis de pure organisation rationnelle qui, soit qu'ils bénéficient de la République comme le Centre et la Socialdémocratie, soit qu'ils y adhèrent en vertu d'une sorte de résignation forcée ou pour s'y tailler une place, la lient à un opportunisme fatal, qui est sa faiblesse et sa condamnation. Cette méthode, qui a couvert depuis la promulgation de la charte de Weimar à peu près tout le champ de la politique allemande, s'est montrée finalement inefficace. Elle n'a résolu aucun des problèmes intérieurs ou extérieurs dont l'acuité n'a fait que croître depuis une dizaine d'années. Aujourd'hui comme autrefois, la volonté générale de la nation reste mal assurée, incertaine, déconcertante pour l'étranger par ses hésitations et ses heurts. L'Ëtat unitaire décentralisé qui, tel que le rêvent nombre d'Allemands de bon sens, permettrait sans doute au Rcich de construire sur de nouveaux fon-
ANNALESDK L'UMtVMStTÉ DE PARIS dements le compromis financier et fiscal, est loin de sa réalisation. Et cependant, la Commission nommée à Berlin par la Conférence des Pays a abouti à un projet fort raisonnable, d'après lequel la Prusse s'absorberait dans le Reich, le gouvernement, les ministères et le Landtag de Prusse disparaissant. Les résultats acquis par l'administration prussienne passeraient alors au Reich, la décentralisation étant maintenue sur le plan des provinces prussiennes, assimilées aux États de l'Allemagne du Sud, et sur le plan communal. D'autre part, la crise parlementaire est permanente, parce que la précarité des coalitions gouvernementales condamne le Reichstag à l'impuissance et l'expose, soit à la concurrence des Parlements des Pays, soit à celle des autres organes du Reich, Reichsrat ou Présidence de la République. Un système pseudodictatorial, basé sur l'article 48 de la Constitution de Weimar ou sur la loi des pleins pouvoirs, a chance de se substituer à tout instant au système parlementaire proprement dit. Depuis t92/, personne n'a plus osé présenter un nouveau projet de loi scolaire et la délicate question de l'école confessionnelle reste en suspens. La Bavière et la Prusse ont conclu des concordats avec Rome mais ces solutions partielles ne sauraient équivaloir à un concordat que le Reich passerait éventuellement, non seulement à Rome, mais encore avec les Églises évangéliques unies dans une Église nationale. En&n, les difncultés d'ordre social sont plus insurmontables que jamais. Si la connivence cachée de la haute bourgeoisie et des syndicats, qui s'est jusqu'ici manifestée par une politique visant à l'abaissement des salaires ou de l'assurance -chômage, a valu à la Socialdémocratie certains succès apparents, en compensation des concessions accordées par ellc à la politique bourgeoise, la même Socialdémocratic n'en est que plus menacée par le communisme. Ajoutez à cela la crise économique et financière qui a suivi le redressement éphémère de tgs~-tpsô et tant d'autres symptômes de désarroi. La méthode d'organisation rationnelle imitée de la sagesse bismarckienne et réduite à un opportunisme qui condamne
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D'j&TUOËS GHRMANtQUES
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tous les partis aux mêmes compromissions, a donc d~cu tout le monde. Ce n'est certes pas que son couvre législative et administrative ait été, dans le Reich, en Prusse et dans les Pays du Sud, absolument vaine, tant s'en faut. La Constitution de Weimar a été et reste encore, pour l'avenir, un programme d'action qui a permis au Reich de maintenir tant bien que mal sa cohésion et de se refaire partiellement. Mais il apparaît tous les yeux, avec une évidence croissante, que tout ce travail !égis!atifou administratif ne saurait satisfaire les esprits ou les gagner à un républicanisme ardent, capable de se défendre contre les dangers qui le menacent.
C'est la, sans doute, ce qui explique l'immense lassitude qui, au cours de ces dernières années, paraissait peser sur presque toutes les catégories sociales du peuple allemand. Comme nous le disait un jour, à Strasbourg, l'écrivain Gliiser, l'auteur de 67<w<*22, le scepticisme le plus complet règne presque partout. On ne croit plus à rien Les mots d'idéal, de foi, de fraternité, de civilisation, bref les valeurs spirituelles d'autrefois sont comme vidées de leur sens vivant et vrai. Profonde est la dépression politique, dépression que l'Allemagne a d'ailleurs connue à la veille de la guerre mondiale et qui remonte aux origines même du bismarckisme et de ses méthodes réalistes. Or. un peuple de soixante-cinq millions d'habitants ne saurait vivre uniquement d'organisation collective et matérielle. Il a besoin d'un sentiment nationa! ardent, de principes ou de directives capables d'échauffer les âmes, d'y faire nattre l'enthousiasme, d'animer les esprits, de créer une volonté et un élan communs. Où trouver ce que la Répubtique allemande, issue de la défaite et oeuvre d'aménagements rationnels, ne pouvait donner par e!temên)e? Où trouver, dans le Reich de Weimar, une sorte de « religion » qui ressemblât quelque peu à celle dont notre République a été l'inspiratrice ?' AKM.Uotv.
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ANNALES DE t/UN!VKRS)TË DM PARIS
Ce problème fondamental, que de fois t'a'-je abordé cette à Fribourg-en-Bhsgau, année même, à Berlin, à Francfort, informés et actifs, merveilleusement avec une élite d'étudiants le vide de leur conscience polimais qui disaient sincèrement tique, leur désir passionné de quot que ce soit qui eût l'attrait et enflammât les âmes d'une fraîche ferde la nouveauté dans les veur. Avant tout, affirmaient ils, ne pas entrer partis, ne pas sentir peser sur soi leur lourde discipline et leurs mornes méthodes. Avant tout, vibrer aux vents venus du large. Quoi de plus légitime en soi que pareil désir, des jeunes généraentretenu par l'avant garde intellectuelle tions Et puis, dans les foules, surtout dans cette classe ruinés des employés, des petits fonctionnaires des artisans, un et transformés par elle en néo-prolétariat, par l'inflation anciens
la misère. Encore hantés par l'image autre ferment agissait et n'acceptant d'antan de la prospérité pas sa déchéance le nouveau régime et rendait sociale, cette classe maudissait de ses malheurs. la France, surtout l'étranger, responsable Car il faut avoir l'exacte vision de cette Allemagne qui, en de la plus rapide et formia s"bi l'épreuve un demi-siècle, dable industrialisation qui se soit vue en Europe, de cette d'anAllemagne où se dresse, au milieu d'un vaste prolétariat de cienne ou de récente origine, une toute petite oligarchie vrais maitrcs de l'heure. économiques, des Considérez la nostalgie des uns et le mécontentement et les et vous comprendrez autres, pourquoi la doctrine des Hitler, des Goebbels et autres méthodes démagogiques ont remporté, sur tous les points du territoire énergumcnes succès. Les mêmes facteurs de si foudroyants allemand,
chefs
dans un communisme intransigeant déjà précipité autrefois à la Socialnombre d'éléments qui appartenaient il démocratie. Or, entre Communisme et National-socialisme y a, alors même que ces deux partis se trouvent constamment aux prises dans les grandes villes allemandes, de singulières Les deux programmes ressemblances. prêchent la violence, avaient
c'est-à-dire
l'abandon
des compromis
d'antan.
On se nourrit,
!NAUCURATtONUE L'!NST!TUTD'ËTUDMSCERMAN!QUKSt6! de part et d'autre, de mythes ardents, d'une sorte de foi mystique qui fait un saisissant contraste avec la platitude des vieilles méthodes rationnelles. Au fond, le National-socialisme est à la bourgeoisie actuelle ce que le Communisme est à la Socialdémocratie. I! s'agit ici d'avoir sur les masses les prises les plus vigoureuses, de les galvaniser par l'emploi des aussi sensationnels que le moyens les plus « scnsationnets", cinéma, les sports et les inventions les plus modernes. Comse présentent aujourd'hui à nous munisme et rationalisme sous l'aspect de phénomènes collectifs d'une ampleur jusqu'à ce jour inusitée et qui mettent en œuvre des éléments d'action auxquels on n'eût pas songé autrefois. Mais ce socialisme national n'est pas de fraîche date. Il a pris consistance vers 1920, lors des premières manifestations qu'Adolphe Hitler, autrichien d'origine, a organisées à Munich. En 1923, au moment où l'inflation battait son plein, il s'est produit une forte poussée national-socialiste. Nous ne lui avons pas accordé l'importance qu'elle méritait, car elle a été provoquée justement par la crise économique et morale qu'a subie l'Allemagne de cette époque. II en subsistait encore de beaux restes aux élections de mai 1924. Puis, après les élections de décembre !02~, alors que le redressement de l'Allemagne étonnait le monde entier, elle a décru jusqu'en !Q28. Mais, entre !û2& et !g3o, favorisée par la nouvelle crise économique et financière qui a suivi le redressement, elle a repris de plus belle. Partant du Sud, elle a déferlé sur l'Est allemand et gagné toute la plaine du Nord, si bien qu'aux élections de septembre il y a eu en Silésie vingt et une fois plus, dans la Prusse de l'Est quinze fois plus, à l'Ouest six fois plus de nationaux-socialistes qu'en 1928. Depuis, aux élections partielles qui ont eu lieu en Bade et à Bréme, les progrès du mouvement se sont affirmés avec plus d'évidence encore. Où trouver un pays où quelques prophètes puissent, en si peu de temps, soulever pareilles vagues de fond? La doctrine, certes, n'est pas neuve. On en découvrirait les éléments essentiels, soit dans les ouvrages que Frédéric NaM-
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ANNALES DE L'UNÏVERS!TË
DE PARIS
:nann a puHiés sur le socialisme national avant la guerre, soit surtout dans le curieux pamphlet que Oswald Spengler a écrit après sa Décadence de l'Occident et qui a pour titre P~M<rMM~e?/ Socialisme. Toutefois, les véritables sources de la doctrine se trouvent dans la littérature pangermaniste d'avant guerre. U y a, nous le savons, une correspondance suivie, voire des relations personnelles entre Hitler et H. S. Chamsiècle. berlain, te célèbre auteur des Assises dll ~MM~e Hitler a lu et médité les œuvres de Chamberlain et s'inspire directement de ses théories bien connues sur le germanisme. Faut de Lagarde figureégalement parmi les théoriciens du pangermanisme que Hitler paraît avoir le mieux étudies. Le fameux Rembrandt ais E~«'~ est une de ses lectures favorites. Nous voici donc en face d'un mouvement pangermaniste et raciste, mais plus étendu que celui d'avant guerre. !t gagne, en effet, les masses populaires et dresse contre la pohtique weimarienne, quia recueilli l'héritage de Bismarck, une autre politique, un autre esprit, une autre orientation. Le point central, c'est ici l'exaltation, l'apologie de la race allemande opposée, en sa prétendue pureté intégrale, à la race juive 1. Ces idées nous sont d'ailleurs familières. Ce n'est certainement pas là que se trouve l'aspect vraiment original du nationalsociatismc On ne le découvrira pas non plus dans la critique à laquelle (Meitt Hitler, dans son gros ouvrage intitulé Mes ec~a~ Kampf), soumet, soit l'Allemagne d'avant guerre, soit les méthodes de sa politique actuelle. Il y fait preuve, au reste, d'un certain bon sens et d'une justesse de vues qu'on ne saurait lui dénier. Il voit fort bien que l'Allemagne, à la fin du dixneuvième siècle, s'est inconsidérément lancée dans l'aventure <. Ontrouvera sur les tiens directs qui existentcnne pangermanisme d'avant guerre et national-socialisme des détails précis dans le livre de Georges Schott: /?aj )~A~«fA tWMHitler. Munich, )~4. a. On consultera avec fruit, sur cc:te question capitale, les volumes que Charte$ Andler a publiés avant la guerre sur le pangermanisme. C'est maintenant, plus que jamais, qu'on se rendracompte du service inappréciable que aous a rendu cetensemble d'études.
INAUGURAttON!M-:~'MSTÏTUT D'~fUUES GKRMANtQUEStM industrielle et coloniale, qu'elle s'est trop brusquement transformée d'État agraire en État industriel ou commercial et que cette évolution violente, quasi malsaine, l'a empêchée, surtout après la chute de Bismarck, non seulement de résoudre les problèmes intérieurs, mais encore et surtout de pratiquer une politique extérieure modérée, adaptée à ses besoins et à ses possibilités. Quant à la crise partementaire d'aujourd'hui et aux fautes commises par la bourgeoisie allemande ou la Socialdémocratie d'après guerre, Hitler les juge avec une étonnante clairvoyance. C'est la vivacité, c'est l'exactitude même de cette critique qui nous conduit directement aux aspects négatifs du national-socialisme. La nouvelle doctrine est avant tout antimarxiste, s'inscrivant en faux contre le Communisme et la Socialdémocratie. Elle est anticapitaliste et antisémite, ce qui la met, en principe du moins, aux prises avec presque tous les partis bourgeois. Elle est enfin anticatholique et favorable au protestantisme luthérien, s'opposant par là au Centre contre lequel elle a mené, ces derniers temps, la plus vive des polémiques. Elle est donc violemment antirépublicaine. puisqu'elle condamne en bloc toutes !cs tendances, tous les partis et toutes les méthodes du régime présent. Quant aux aspects positifs du programme national-socialiste, on ne peut guère, pour l'instant, les déterminer avec une entière exactitude. L'inspiration générale est, nous le montrions tout à l'heure, pangermaniste. Le national-socialisme reprend à son compte les affirmations gratuites, le prophétisme orgueilleux, le nationalisme outrancier d'une tradition que le romantisme a créée dès la première heure pour la transmettre ensuite au dix-neuvième et au vingtième siècle. Mais la doctrine d'Hittler, qui séduit les esprits justement parce qu'elle n'est pas un programme déterminé correspondant à des intérêts précis et à des responsabilités nettement établies, sert en somme de réceptacle à tous les mécontentements, à toutes les rancœurs, à toutes les injustices, comme aux désirs les plus passionnés et les plus fous. Aussi la littérature natio-
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nale-socialiste croît-elle chaque jour. Elle a ses journaux et ses revues, déjà nombreux. Plusieurs théoriciens, tels que et autres écrivains, développent à qui mieux Strasser,Feder mieux ses aspects sociaux, politiques, voire religieux et pédagogiques. C'est donc bien d'une reviviscence générale du pangermanisme qu'il s'agit, de ce pangermanisme qui, avant la guerre, avait pris forme métaphysique, religieuse, continentale et coloniale. Elle n'en laisse guère tomber que l'aspect bourgeois, industriel et colonial. L'essentiel, c'est l'emploi de méthodes démagogiques qui remportent, dans l'Allemagne mécontente, miséreuse et prolétaire d'aujourd'hui, de foudroyants succès. L'Allemagne attendait un prophète. Elle l'a. Elle en a même plusieurs. De pareil phénomène, seule peut-être la crise boulangiste pourrait nous donner, en France, une idée approximative. Voiton chez nous des énergunèmes tels que Hitler, Gœbbels et autres galvanisant les foules paysannes ou citadines? L'art de la réclame, le prestige de l'uniforme, du costume et des insignes, l'habileté de la mise en scène, l'éloquence des gestes, de la voix, des paroles enflammées qui réchauffent les coeurs et des promesses illimitées qui apaisent les désespoirs, l'organisation de bruyantes manifestations qui noient dans le bruit, dans les pugilats ou les combats de rues la difficulté des problèmes à résoudre, tout est ici réuni, sans oublier les pillages ou les bris de devantures, qu'il s'agisse des séparatistes du Rhin ou des grands magasins israélites de Berlin. Aux troupes de Hitler se sont joints nombre d'éléments louches sans emploi, en particulier les restes de ce Baltikum qui, soudoyé par les hobereaux prussiens, marcha sur Berlin en mars to~o.
Nul mieux que Thomas Mann, dans son récent discours du Beethoven-Saal, n'a marqué le terrible danger que comportent pareilles manoeuvres et pareil engouement. Le célèbre écrivain va jusqu'à soutenir ici des thèses exatement contraires à
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DE L'INSTITUT
D'ÉTUDES GERMANIQUES t
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le fond, d'ailleurs très solide et suggesqui constituent tif, de son livre de guerre, publié en 1917 CtWM<a/~jf<<w ones Unpohomme quine /<!t/ pas de politique (Betrachtungen Il y dressait le germanisme tntégral, dé&nt avec litischen). en face des doctrines occidenune rare- et fine pénétration, et de faux humanitarisme, tales qu'd traitait depharisaïs.ne celles
utilitaire. Il montre les ramenant à un sec et plat rationalisme concette fo~s. inversement, que les principes de l'Occident le seul,le suprême rempart contre la barstituent aujourd'hui barie nouvelle dont le flot montant menace de tout emporter. les suppliant de garder Il fait appel aux forces bourgeoises, le trésor qui leur est con6é, de sauver cette civilisation que l'humanité
si longuement construite a si patiemment, les instincts violents et deva.statcu.s.
pour
endiguer et spiriCar il voit à merveille les origines intellectuelles « A la déchéance économique tuelles du national-socialisme. de la classe moyenne, ecrit-H, se trouvait lié un sentiment qui et une une doctrine qui lui apportait qui l'avait précédée, de l'avenir de l'esprit et une critique du temps préprophétie sent. On se croyait à un tournant de l'histoire et l'on entrevoyait la fin de l'époque qui s'est ouverte par la Révolution On proclamait le et de toute l'idéologie bourgeoise. française nouvelle qui n'aurait, disait-on, plus règne d'une psychologie rien de commun avec celle de la bourgeoisie ou avec ses prinharmonieux de l'indi. Lberté, justice, développement cipes foi dans le progrès. Dans le domaine de l'art, vidu, optimisme, et son cri d'angoisse dans la philol'expressionisme contre t<-3 contre le culte de la raison, sophie, l'hostilité des décades antémécanistes et idéologiques conceptions la révolte de cet irrationalisme rieures, qui se plait à placer au centre même de la pensée le concept de la vie. C'était des poussées dynamiques, des forces inconscientes, l'apologie c'était
de
ces
créatrices cbscures et tâtonnantes qui sont sources de vie et d'action. On clouait d'être contraire à la vie, l'esprit réduit à On lui opposait, comme enfermant la tntellectualité.
puissances seules, af firmait-on, au pilori, l'accusant la pure
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DE PAtUS
vérité vivante, les sombres abtmes de l'âme, la terre ou déessc féconde et maternelle, tout ce monde de profondeur où s'agitent les puissances sacrées lourdes d'enfantements futurs. Or, ce naturisme incline aux manifestations excessives et aux débauches dionysiaques. Il fournit de précieux éléments au néo-nationalisme actuel qui, par rapport au nationalisme bourgeois dix-neuvième siècle, constitue une phase nouvelle dans l'évolution de l'esprit humain. Le nationalismé bourgeois, avec ses idées cosmopolites et humanitaires, contient des contrepoids bien plus efficaces. Or, le nationalisme d'aujourd'hui se distingue précisément par le culte orgiaque de la nature, par l'animosité de principe contre toute idée humanitaire, par l'ivresse des élans instinctifs, par le dédain à l'égard de tout ce qui est règle et frein. Au prix de quels efforts la pensée religieuse de l'humanité n'a-t-elle pas passé du culte orgiaque de la nature, du gnosticisme et de sa barbarie rafonéc, des débauches sacrées du culte d'Astarté, de Moloch et de Baal à des pratiques toutes spirituelles et d'un ordre supérieur! Ne nous étonnerons-nous pas de la légèreté avec laquelle on renie de nos jours ces triomphes et ces libé rations ? Mais ne comprenons-nous pas aussi que pareille réaction est le creux d'une houle qui passe, un engouement sans lendemain et qui, vu du haut, ne compte pas?"Il On ne saurait mieux dire. Mais le flot qui déferle peut exercer de terribles ravages et tout emporter sur son passage. Nous n'affirmerions pas que le national-socialisme ne soit, dans le Reich actuel, qu' « un engouement sans lendemain Il faut voir plus loin encore que Thomas Mann et ne pas se contenter d'opposer l'idéal des nations occidentales à la vague d'irrationalisme instinctif qui entraine avec elle la jeunesse allemande et les foules d'outrc-Rhin mécontentes ou déçues. Le mal est en Allemagne même et il réside dans an conflit fondamental qui, de tout temps, a divisé cette singulière nation. Car le danger ne se trouve en réalité ni dans les pratiques de'la politique de Weimar, h'rit:frc de Bismarck, ni dans le
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nattcnal-socialisme lui-meme.qu'on pourrait considérer juste titre comme un mouvement factice sans consistance récite, sans chance de véritable durée. Le ~M~e~ est dans la ~~w~tion M<M démarches rationnelles ~'MM~~C/t~~ organisatrice el celte ferveur patriotique qui seule peut alimenter le y~~<cM/ élan. Des deux cotés il national et lui <c~ /'«o!t~My< y a, sans aucun doute, légitimité absolue. Tout peuple qui veut faire une politique à la fois grande et modérée, forte et saine, doit tout d'abord, aujourd'hui surtout, résoudre certains problèmes d'ordre technique et sans l'intelligence desquels il ne saurait vivre, organiser son activité intérieure, assurer ses liaisons avec l'étranger. D'autre part, il lui faut un certain degré d'enthousiasme, de foi dans ses propres destinées comme dans celles de l'humanité. Ces démarches rationnelles et ce patriotisme doivent aller de pair, se soutenir mutuellement. La ferveur nationale corrige ce qu'il y a de parfois rebutant dans l'aride étude et les austères pratiques de la politique contemporaine, rivée aux réalités économiques et aux statistiques impitoyables. Inversement, les préoccupations d'ordre technique servent de contrepoids efficace aux enthousiasmes faciles et aux élans aveugles d'une force mystique. Ce qu'est pour l'individu le problème de la morale et de l'art, cet équilibre entre politique rationnelle et ardeur patriotique l'est pour les peuples. Or, l'Allemagne semble ne jamais l'avoir connu. Elle peut réaliser, dans l'ordre de la politique organisatrice, sur le plan des grands municipes, des États-Pays ou du Reich comme sur le plan de la législation, de l'administration publique et de l'économie nationale ou privée, des merveilles de coopération intelligente. Mais jamais ces organisations et ces réussites partielles ne s'élèvent, outre-Rhin, jusqu'à l'organisation supérieure de la nation. Jamais elles n'engendrent une volonté commune faite de confiance en soi et de saine ferveur. La Realpolitik H de Weimar n'a guère mieux réussi que celle de Bismarck et de ses successeurs immédiats. Elle ne résout aucune antinomie et ne parvient pas à établir l'autorité gou-
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veraementale du pouvoir central sur une base inébranlable. A force de tout vouloir concilier, elle n'appréhende qu'un côté des choses et se dérobe aux solutions dénnitives, si bien que dans ce Reich où l'on travaille tant et si bien, tout demeure en suspens. Considérée comme corps politique, l'Allemagne reste incomplète, inachevée, mouvante. Elle se maintient dans un état de labilité dynamique qui rend l'avenir incertain et provoque à l'étranger les pires méfiances. En face de cette politique morcelée, lassante, et finalement impuissante, le patriotisme, légitime en soi, s'exalte à faux, oublie les exigences de la réalité, s'élance dans les rêves irréalisables et dans ces ardeurs qui conduisent à la violence destructive. Le malheur x'<~ pas que la jeunesse allemande actuelle ait la nostalgie <??<' /o< nouvelle. Le M<M~ est que c~/e /<? que cet CM~CM~~F, fM<lieu de ~<~w de sa chaleur et <W~ sa ~W~e la politique a'MM<!M'<MM<, ~OK/MC d'elle, prenne les /O~M~ que lui t/M~P~ le national-socialisrne, préche la f~/c/f, parle de a~MH~ et l'ordre de WMM<~ F/ /F Le /M~?/<* de la situation actuelle ~M/. ~/< Ce phénomène s'explique, évidemment, par la psychologie politique du peuple allemand. Dans son livre curieux et suggestif ~~o~M~c/<~MM pour l'Allemagne 1, Willy Hellpach se demande, après avoir très judicieusement analysé les éléments ethniques dont se compose actuellement la population d'outre-Rhin, quel est le trait commun aux Allemands. Ce trait commun, dit-il, se présente à nous, tout d'abord, sous un aspect négatif. Ce qui manque ea général à l'Allemand, c'est le sens de la réalité, ce que Hellpach appelle « Realvision L'Allemand observe mal la réalité. Il ne sait pas la prendre telle qu'elle est, dans sa simplicité directe, comme le font d'autres peuples. Il ne la laisse pas agir d'elle-même sur lui. Il a toujours devant elle une sorte d'attitude forcée. Ou bien il fonce sur elle, en détache un fragment, le fouille mi). /<<Mc/«'ogM<w/M~Z~«<<<M~. Berlin, S. Fischer, )~28.
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nutieuseraent, l'organise à fond et devient le plus laborieux, mais aussi le plus étroit des spécialistes. Ou bien, lassé de cette spécialisation morcelée qui tourne aisément au pédantisme philistin, il se sépare violemment de cette réalité qui nec le satisfait pas et s'élance dans le rêve illimité, dans ce rêve que le terme allemand de « Schwaermcrei x, intraduisible en français, dé&nit si adéquatement. Si tel est le trait caractéristique du peuple allemand, comment ne pas le retrouver dans la situation présente? Les anciens partis d'intérêts, cantonnés dans leurs positions traditionnelles, incapables de construire autre chose qu'une République opportuniste et limitée dans son action à d'éphémères compromis, ont déçu la population, surtout la jeunesse. Et celle-ci, abandonnant les vieilles méthodes, se jette à corps perdu dans le rêve absurde du '< troisième Reich dans une grotesque eschatologie fondée sur la pureté de la race germanique et la supériorité de l'Arien blond. Ce qu'il y a de nouveau, dans le phénomène actuel, c'est son extension populaire, c'est le fait que ce hiatus tragique divise tout le peuple allemand en deux camps opposés, dont le conflit peut s'intensifier démesurément si le communisme et le national-socialisme, partis de violence et hostiles aux anciens compromis, gagnent en puissance. Or, de récents événements nous enseignent que c'est là une sérieuse probabilité. Ce conflit n'est pas nouveau. Il s'explique, non seulement par la psychologie du peuple allemand, mais encore par son histoire. Ou plutôt cette histoire n'est, en dernière analyse, qu'une manifestation de ce conflit fondamental. Ne trouvonsnous pas, à l'époque bismarckienne, une disjonction semblable entre les méthodesdu bismarckisme proprement dit ou de l'esprit prussien et toute l'idéologie pangermaniste, disjonctionqu'Arthur Roscnberg, dans un livre très remarquable', marque avec force, quand il montre que Bismarck n'a pu organiser l'Allemagne, c'est-à-dire allier ensemble la Prusse but. Ct<-~MMf/wM~ <~ /?~<<M/~M ~~«M<
Berlin, t~S.
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reaocratique et militaire et les ambitions d'une remuante bourgeoisie ivre de conquêtes matérie!!es ? Cette disjonction singulière, n'est-ce pas elle encore qui nous tivrelc secret de !8~8, l'antinomie entre le magnifique rêve constitutionnel de Francfort, si clair, si moderne, si pénétré d'idées saines venues d'Occident, et la réalité lamentable que lui offrait alors la Confédération germanique, avec sonparticu!arismtct sonlégitimisme réactionnaires? Remontez ensuite à la seconde moitié du dix-huitième siècle et vous y verrez le Sturm und Drang" Il et le classicisme dresser leurs admirables constructions en face d'un territorialisme absolutiste qui ne pouvait en aucune manière les comprendre, encore moins les réaHser, impossibilité tragique que le Don C«//M de Schiller exprime si étoquemment ? Et la Réforme luthérienne, phénomène d'incomparable unanimisme national, brisée, fragmentée, peu à peu corrompue et diminuée par ce même territorialisme Et l'ancien Empire, avec ses rêves de grandeur et ses prétentions universelles, vaincu par les princes et les féodaux 1 N'est-il pas d'ailleurs surprenant que l'Atlemagne ait achevé, de i~So à t8t5 environ, son unité linguistique, littéraire et culturelle, au moment même où le morcellement politique y atteignait son point culminant ? Serait-ce donc le divorce perpétue! entre l'action toujours fragmentaire et le rêve toujours illimité?
Que pourrions-nous alors souhaiter de meilleur à rAllcmagne que de se politiser », comme le dit Willy Hellpach, si longtemps rompu? C'est que de rétaMiruaéquiHbredepuis vouloir, en somme, que l'Allemagne achève son unité, la pousse à son point de perfection. Willy HeUpach montre que, malheureux de tempérament et aussi en raison de ses fautes, l'Allemand se plaint toujours, rejetant volontiers sur autrui la responsabilité de ses propres erreurs. I! y a eu, avant t8yt, la plainte du morcellement politique. Puis a retenti, entre les deux guerres, la seconde plainte, engendrée par la pre-
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mière: nous n'avons pas notre place au soleil. Enfin, depuis tgtp, c'est la protestation contre le traité de Versailles, conséquence directe de la précédente. Or, comment organiser {'Europe si pareille revendication se perpétue et si, au centre du continent, un grand peuple de 65 millions d'habitants ne parvient pas à s'organiser iui-même, à s'achever, à atteindre ce point unique où une collectivité puissante, satisfaite de ses actes, sait être grande dans la modération et l'équilibre des forces, modérée et équilibrée dans la grandeur? L'Allemagne oscillera.t-elle toujours entre une politique rationnelle morcelée et par là même impuissante, et un patriotisme violent, forcé, qui cherche à l'extérieur, dans la haine d'une nation étrangère, l'unanimité que ne saurait lui fournir le cadré national ? De l'incertitude où nous sommes, cause permanente de ménancc et d'angoisse, naltra-t-il toujours la paix armée, cet. infaillible préludeaux grandes catastrophes ? Ne pâtissons. nous pas, nous les tout premiers, des difficultés allemandes ? Et n'est-ce pas là, en dernière analyse, le problème des problèmes, celui de la maîtrise de la bourgeoisie sur le vieux continent F Car il est temps que les bourgeoisies européennes se ressaisissent, qu'elles réorganisent le continent, si l'on ne veut pas qu'il soit écrasé entre l'Asie et l'Amérique. Et il faut encore que, de concert, elles le mettent à même d'exploiter le continent africain. Toute méthode qui ne poursuit pas cette fin suprême ne saurait amener que la ruine de nos meilleurs espoirs, que la destruction de nos meilleurs trésors. Le dire, le répéter, travailler à l'intégration de deux grands peuples dans la communauté européenne, tel sera toujours le but de nos travaux. Nous devons cela aux jeunes générations qui attendent de nous les principes directeurs de leur pensée et de leur action. Nous le devons aussi à ceux d'entre nous dont la forte et claire intelligence a été anéantie sur les champs de bataille et qui nous ont laissé, avec le privilège de vivre et d'agir, le soin de sauver la civilisation européenne.
Vie Scientifique TRAVAUX
ET
PUBLICATIONS
SCIENCES JURIDIQUES Droit romain et histoire du droit M. CoutNET. –P~w f~ Z~ ~w<nM, tome I" Librairie DaOoz (3* édition) (en collaboration avec M. A. Gitiard), vtn-5n pages, in-!6. – /f(!f/<(?<7~M~/ ~Vaw~pf<<: (Publie. de la Dotation Carnegie) (en collaboration avec M. P. Stahl); xn-t83 pages. – Les Bibliographie des ?V<H.t de Droit romain en langue /<w~'M. Belles Lettres, n-~t pages, gr. ln-8". M. Olivier MARTIN. – Histoire la <w<<MM~ de la !/«ow<< de Paris, tome II, fasc. II (fin de l'ouvrage), 35o pages, gr. in-8*. M. G~NESTAt.. – la C~M(/~W/ /<MM<mariée dans ~WtM droit MCMM~<(Revue historique de droit, t~3o.) M. FLINIAUX. Cw/~M~OM <'A/~0/~</M modes de ~~K~ simplex n. (Article paru dans la Revue Bm.J~M~w. Z;a « ~«~ historique de droit français et étranger, année to3o.) M. LEVYBRUHL. ~CM~. –~W~M ~'MM /A<f/« </< ~'M~M!~ Sociétédes (Communication à àtala Société des Études Ëtudes Latines, Latines, mai mai 1930.) t93o.)Z'a~<M. L'a#rati<«~!<M<M<par la vindicte. (Communication aux Journées d'Histoire du droit de Bruxelles, juin t~o.) M. LE BRAS. .Sw la part d'Isidore de Séville et des Espagnols dans l'histoire des f<M//Mt canoniques. (Article dans Revue des Sciences religieuses). Notes pour servir à l'histoire des colltetions MH-w'~t. (Article dans Revue d'Histoire du droit français et étranger.) -Divers comptes rendus, critiques et articles de dictionnaires. Droit privé – M. PERCEROu. – Direction des Annales de Droit ~<MWK<~M~. Articles sur Z<~ <M<.gMM/a/<~M de capital par ~M/M/~M ~M/<MM avec /;<! ~<<OM des actions ~M7 vote privilégié. Pub)!primes. cation de la 8* édition du Traité ~WM<<!<~ de droit commercial par E. ?7M~ revue et corrigée par J. Percerou.
VtE SCtENTtt'tQUE
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M. DEMOcuE. – Direction de la Revue trimestrielle de droit civil et collaboration à cette Revue. Préface aux livres de MM. Zatd Abd El Motaal, Abcut Seoud Sef, Durma, de Mlle Jack et de Mlle Biardeau. En préparation tomes VI et VII du Traité des obligations. M. HOMARD. – Précis de droit eivil, t. III, i vol. de 573 pages. (Collaboration au Recueil Sirey et à la Revista de Derecho comerciai, industrial y maritimo.) M. LEVY-ULLMANK.– /M~~<~a/M snr le droit anglais (Cours de doctorat, publié en résumé au cours de droit.) Article MM«?Papers) (Revue historique ~«~A~«e~M~P<!M/ ~(Cottected de droit). – De la ~o«cM, par testament, des fondations ~~<K~M. (Rapport sur le concours entre fea étudiants en droit des Facultés de t'Etat, /cMfMe<officiel du t"' août i~So). Le M!M<< <o~«M MMfM-<-<7MM< /<fM publique? (Rapport au Comité consultatif de la Justice militaire.) (Études criminologiques, mai to3o.) – Z~<'M<<CM de la Collection <:f'j6'<«~ï ~«f/~M et pratiques de droit étranger, <<<' droit Mw~a~ droit international (Rousseau, édit.). io vol. parus dans l'année (tomes XIV à XXIV). Collaboration aux travaux de la Société de Législation, dont il est le président; de l'Académie internationale de droit comparé (La Haye), dont it est le vice-préside la Chambre de Commerce internationale et de l'Institut dent de Coopération intellectuelle (à titre d'expert juridique); de la Société d'Etudes législatives, etc. Membre du Comité consultatif de la Justice militaire (ministère de la Guerre) et du Conseil supérieur de la Coopération (ministère du Travail et de la Prévoyance sociale). M. Rn'ERT. – y'.r<M~a~< droit civil. (t. VI et XIII). ?'.r<K'<< </eM<~to~<de droit «M<. (Planiol, t. II et t. III.) ?'M~ <~ JfM< Ma~ time. 3° édit. 3 vol. M. HucuESEY. – Chronique de jurisprudence criminelle dans la Revue pénitentiaire et dans les Études criminologiques. M. ROUAST–'Z< caractère <M<M«!t~<des ~~MM<<Md'accidents du travail (Annales de t'Université de Paris, ig3o, page 1~8). Les actions auxquelles donne lieu un accident du tfarlail causé par M<tiers. (Article publié par la Revue générale des Assurances, ig3o, p. 836 865.) Notes de jurisprudence les accidents du travail. (Revue générate des Assurances, 1930. Pages ï5o et s., 383 et s..6o5et s., 9~ et s.- Notes au Dalloz, i~o, t" partie, p. 6, 33, ~y, y!. M. Î~IBOYET.– Répertoire de droit internalioeial. Vol. VI, VII. VIII. Notes au Recueil Sirey et dans la Revue de droit international privé. M. ESCARRA. Traduction, avec introduction et notes, du Code pénal chinois de 19:8, des textes complémentaires et des travaux <« CA<w (Recueil préparatoires. – y~<wf ~MCcw~/fXM ~~c~ des cours de l'Académie de droit international.) – Za loi <A~ow M~ les Effets du commercc du ~o octobre ~~o. la loi chinoise sur les
ANNALES DM t/tWVËKSH'É
DE PARIS
j4M~<MMM<~M Jo décembre /~p. Z'<T<7<7<~ la ;Mf<~c<«W ~M'.i~ Chine. (Communication & la Société générale dee ptisons.) ~a<w<~M//<M MW~M~y<MW~~M'~ privé ~<a<'<t. (Communication la Société de Législation comparée.) – Conseil légisde Chine Ï«~ la M<M<<Mt «'M fff~ de /<«t/ gouvernement MO«<W<~ au répertoire de /<'w//< et ~Mdroit des concessions. – Collaboration droit iatetnationat; Vocabutaire juridique, Dai)o<, Bulletin de l'Académie diplomatique internationale Revue de droit publie, etc. Économie politique M. ÏRUcm'. – t~ fM www~ monétaire. (Publié dans le recueil édité en l'honneur du professeur Camillo Supino, de l'Université de Pavie.) Rapport présenté à la Contérence économique internationale des sciences économiques appliquées (Bruxelles. La des actionnaires et l'exercicede leurs droits io3o) représentation les dans sociétés anonymes. Conférences données à Faculté de droit de Bogota Les grands problèmes économiques à l'heure pré-. sente t8 conférences traduites en espagnol et éditées par les soins de la Faculté de droit de Bogota. – Rapport présenté au premier Congrès d'Union douanière européenne (Paris, juin-juillet t<)3o) L'Entente économique européenne et le Mémorandum du i~ mai io3o. le ~:WM< depuis /~ï~. 1 vol. in'8" de M. ALUX. /w~ 3)6 pages (2* suppl. au Traité) (en cottaboration avec M. Lecercté. t~o). M. ApTAnox. – c~<' mondiale. (Revue de Paris, juillet 193o.) M France. (Revue d'économie les périodes de /'A/~c~ <~ < Les causes et les effets des Mo«MMCM/~ l'or politique, mars )$3o.) vers la France. (Mémorandum pour la délégation de l'or de la Société des Nations.) Études économiques dans divers journaux ou périodiques. M. L~SCURE. – Observation « ~MM'OM <~MM<~<M<H<des affaires. Wall Street. (Revue écono(r brochure in-quatto.) -le ~<MA février '9-!o.) Le ~oM<t~< <MG~wM~w. mique internationale, (L'Actuatité économique, août-septembre t93o.) /'A<t~O~M dans la vie urbaine, de mars. M. OUAUD. – Z~ CM~ avril y~o. Z;<tlégislation socialeen /{. dans la France ~KOM~w. Les ~w«;<~ directeurs d'une poli(Revue Économie polit., i93o.) migrations internationales. (Documents du Travail, t~o.) ~w le droit migratoire. (Revue de l'Immigration, août to3o.) M. MAUNtEtt. – Essais sur les groupements sociaux (in 16, 1929.) de sociologie w/<w<M'w <~w7 (in-!6, !p3Q). ~«~c~M ;<M Mm<NM (in-S", t~o). M. PtROU. – Doctrines sociales « ~MM« économique. (i vol. in-8". <« F~<t«« Librairie du Recueil Sirey, 19~!).) – ~<~WaM ~OMOMt~MM
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édition, !o3o.) <~MM ~70. () vol. in t6. Collection Armand Colin. ~K fPMMfM~aux ~aM.~Wt M. Roger PICARD. X'<M~M<t<tM RationaM<M<'M<)M<'ft<M. (Revue d'Economie politique.) – MM/«'M <'<'wM~r< Cc~fM Mtt'MM à HWM~~f. (Revue des – Ëtudes coopératives.) Z'~wfH </<'«<!M'~ f~~MW. (Actualité à voit af~M~ d'Economie économique.) – privilégié. (Revue politique.) Droit puMtc M. BERTHÉt.EMY. – 7' élémentaire de droit a~K'W~<<7. (120 édit.) M. Lx FUR. – Xt~<tw<< droit desgens. (In 12, Sirey, t~o.) i <<'WM MtH'c« les conditions eH~MM~. (Revue de droit internaen droit /Hf<f<M' tional, juillet t~o.) – la responsabilité de /a< tional. (Séance et travaux de l'Académie diplomatique internationale, août )p3o ) Patriofisme et internationalisme. (Revue politique et par. minorités. (Public. de la Z,o ~<~<~ temcntaire, août tpSo.) Pettte Entente.) M. J. HARTHÉLEMY.– Za <KW</M<'«/<<:~<'<<%«<M~n««'<</aaî les ~?j~-</MM ~fc~f les ~MMM< es () vol., <74 pages). (dans – Revue politique et parlementaire). La M«f«'a<w~ les projets d'organisation ~«~~w (dans Revue de.droit international). – La des mers.(dans France et Monde). – Cottaboration à divers <t& périodiques. PHtLOSOPHIE M. P. QUHRCY. – /.W«M«f<t<t<«.'M'.–I.ZM/'A<7MO~/t~tMO~< Les yV)'~<y«M Sainte T'/tf~M, ~j w<j< ~<A<n*, ~~y~MM. Il. La Clinique. sa ~<'tf<~<<0tt<<<j!?tfK,~M~<~0~. Thèse pour le doctorat soutenue devant la t'xcu)~ des L''HTt" l'arii, )<)3o. PmLOSOfHCS.– Au moins depuis l'latun, t'hattucination .< CMun grand prestige, les sceptiques ne respectent qu'e))c, et e))e plie dc.systèmes a ses exigences. Quelques épisodes de cette histoire. St'tXOXA. Dans le parallélisme, l'objet ne cause pas la perception, mais il y a entre eux accord parfait. Perception objet présent. L'ha)tucination est impôssibtc. 1. Or. elle est primitive et essentielle. La trace c'~r~bratc de l'objet persiste, et parfois f<~< en l'absence de l'objet, souvenir identique à la perception. Cette hallucination, si elle c'est pas attaquée du dehors, pcrs<!vcr<-indéfiniment dans .on étre, hypnotisante. Sous la raison et même t'ima~ination. il y a donc un ~f<! premier (.enre de Connaissance, nnrcux detin* hallucinatoire. 11. Automatiquement, )<' ptus fort y réduit le plus faible, d'où t. Alcan, Paris, tf)3o. Axx.UitiV.
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ANNALES DE L'UNtVKKSn'&
DE PARIS
Mémoire, Imagination, Association des idées. tït. Des images irréductibles émergent, idee~ générâtes, notions communes. Ordonnées par ~Mt<w sont des lu raison. Les elles l'entendement, constituent~ et sont toutas des images à charge affective elles en suivent tes lois délires hallucinatoires. une chose qui fait Pour n'en citer qu'un, Aimer c'est connaître et notre joie, et s'efforcer d'en assurer persistance bienfait; mais,cota, la le du sans intérêt c'est rôle pour psycitoto~ie spinoziste corps. c'est-à-dire une avoir une en c'est image, aimer, psychotogic pure, s'efforcer de ta vraie ou fausse, qui fait notre joie, et hallucination, correcte maintenir présente et vive, persister dans cette hallucination, ou délirante. IV. L'amc (!tt* Genre) découvre son <'<<«<< état présent. Tout est éternel étendue, pensée, mouvement, les Strei- et leurs les clasoiquefi affections, les âmes et leurs idées, non seulement des choses particulières, vérités éternelles, mais les intuitions que non le cheval Sans et Dieu connait et conserve sentes, Bucephate mais cela ni ne se souvient doute, s t'ame éternelle n'imagine signifie qu'elle cesse de penser par images ordonnées selon l'ordre du plein d'erreur et d'oubli. L'timc étercorps, étranger a l'entendement, ncUe cesse d'imaginer en cessant de passer, oublier et mourir. Il lui faut bien une façon de percevoir son corps éternel et les autres, et de se représenter ce que sa perception /iMt~ n'atteint pas; elle perçoit le chasteté, clémouvement, regarde pa~cr le temps, a joie, amour, hilaritas M, affections éternelles, aspects affectifs d'images mence, mêmes percepvraies dans le m* Genre c'est-à-dire d'hallucinations, intuitions tions qu'à l'origine, mais, maintenant, intellectuelles, de l'hallucination forme eminente et glorieuse primitive. des visions et voix hattucinatoirc y'MM<A-~Oj[;t'<'t~(~<<< Théorie Lettres & ~o~ et à Fa~'Mg. Fantômes. dans les deux Testaments. L'âme ~/M<a. Visions nées de l'organisme Visions du demi-sommeil. monitrices. ou de l'idée fixe. Hallucinations heureuse, SAtSTt! THÉRÈSE. – Thérèse, femme d'affaires, fondatrice et même ses a eu ses névroses presque Docteur, « grand homme « attaques M,mais n'est en rien hystérique; ses maux sont étrangers à ses visions ou ses extases comme à ses entreprises, et ses prétendues dans fart de subormorbidités sont parfois subtilités et trouvailles ascétisme et donner la raison à la foi, de concilier suavité, obéissance et humilité et affirmation de soi. épanouissement et commandement, diffusion de la personne en Dieu, sainte folie et discrétion, spiritualités et amours. Ace propos, de la sexualité, sans rien pratiquer mais sans froideur, elle a tout connu, et elle a donne de précieuses consultations. Cluitrée par choix cornélien, ettc s'est un moment égarée à conciet elle a lier la perfection avec le monde, qui la trouvait charmante trouvé la solution dans une synthèse du cloître avec l'activité des et du comptable, disant ou pensant affaires, du chef, de l'animateur 'tou'< des austérités quand it le fallait: a soyons saintement insensés", Dieu nous garde des gens trop indiscrètes delivrez-nouii.Seigncur" « l'être -.pirituelt.). « allons dormira, et, au sommet de la perfection, naturel refleurit Le but est t'of Dieu. Pourquoi pas dès ici-bas? Il est intensément en cette vie t': pur verra Dieu n et it y a des sens présent, it a promis,
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spirituels pourcelit. Mais, si on peut dépasser Dieu conclu, on n'atteint pas Dieu perçu, on on éprouve, on ne voit p:M. expérimente On jouit d'une évidence et d'un sentiment: Sx Présence. cachée un des attfibutSM têts «perçoit que l'infinité, mais tout cela n'est qm: g«~ connaissance. Les connaisseurs disent également perception de Dieu et Ténèbres, AAAh, Rien. On ne dépasse pas la /< pauvre chose dans ses bas degrés, mais, au plus haut, infiniment voisine quoique infiniment différente de ta perception, « science M qui fait dire Wt M<<«~t<<~ non <M<~<~<M, trésor tel que si les bienheureux Le possèdent dans la vision nous Le possédons tout autant dans la f&t, sans intermédiaire, état où, sans rien percevoir, on va y réussir, «~<MWM~C<~t<M< Catholique, rebelle aux Nuits, convaincue qu'il est sot de vouloir dépasser Jésus pour aller à Dieu, Thérèse reçoit des lumières préches et communicantes, ler Visions. Elle voit tout ce qui importe, d'un bibelot n Dieu le Père, mais avant tout Jésus, paisible, immobile et bienveillant; ordtnaire, loin des onirismes et des de intoxications, de la vision th<St-ësienne. Ses voix vont du mot isolé au discours, M du va~ttc encouragement à l'ordre précis. fidèle & la Trichotomie, elle distingue les vision;Scotastiquement et intellectuelles. corporelles, Elle assure n'avoir pas imaginatives subi les premières, mais, comme saint Augustin et Jean de la Croix, elle appelle souvent imaginatives des visions sensoriettc~, et souvent t intellectuelles des visions imaginatives (les locutions « sans paroles )' qu'elle reproduit syttabe pour syllabe x). Les visions vraies doivent. être Le Diable est un diagnostiquées. mais les grand peintre, splendeurs et le plaisir qu'il cause ne vont pas sans fièvre, et les bons effets qui paraissent suivre ne sont qu'illusion, tout se passe comme dans les visions toxiques, comme le velléités savent les lsaschischins. Quand il y a maladie, qu'il faut connattre, prévenir, traiter, mais sans phobie, le sujet « croit voir et entendre tout ce qu'il pense )., perd contact avec le réel, se croit béni et hcrotque. et « jure avoir vu La vision divine n'est pas accessible à la jcience, n'est pas effet de méthodes, récompense d'efforts, mais wc)'<M gratuit, et dont il vaut mieux se passer. Le phlegmatique l'aura, le fiévreux. macéré, en sera l'ascétisme privé, modéré, l'activité et la critique de Thérèse en sont fleuris. L'ascèse vise à asservir le corps à l'esprit aussi faut-il jouir de la soif, de l'insomnie, des cilices, mais sans ignorer les visions morbides qui s'ensuivent. Quant au médecin qui diagnostique t'asce. tisme fol, ce ne peut être que t'Asccte saint, l'expérimenté, le praticien. La vision divine a ses preuves. Le normal qui scrute ses rêves, ses visions artificielles et celles qu'il a eues malade, s'en découvre l'ouvricr. Pas plus qu'on ne tombe dans le mat ou l'erreur sans l'avoir plus ou moins voulu, on n'a d'hallucinations sans une part df volonté et de combinaison. Le sujet d'une vision divine, au contraire, constate son absolue passivité, son impuissance à faire autre chose qu'entendre, voir, recevoir, subir. Il ne peut même pas fixer, examiner la vision, chercher ses détails. Au moindre effort, tout s'évanouit. Au sein même de la vision, Dieu confirme verbalement sa c'est véracité de la foi. Les faits qu'elle préfigure s'accom!c~«<M~<~M w<<~
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ANNALES UK L'UNtVRRSrfË DE PAlUS & &A' & plissent sans faute. KHe vst conforme à la foi, sinon elle a toutes les tares de la vision toxique. Avant tout, <')tc est certifiée par ses effets; non seulement l'euphorie <-t la force, qui ne suffisent pas il prouver, mais cet effet spécifique: la combinai'-on de la force, des initiatives et des encrai"!) réalisatrice. avec l'humilité, l'obéissance et le renonecment. Dernier indice: la certitude immédiate, inévitable, spinoziste. '< Elle ne sera jamais suffisante pour en jurer pour qu'on puisse se conduire d'après la vi~iun Être certain, cela ne se peut. f Pans la théorie thefcsienue, l'extase est une syncope, un mal, divin parfois par sa causa et par ses effets. De même, ta vision la plus divine est une hallucination. Dans les bras de Thérèse, le Christ n'a pas quitté les cicux, et il 'st vain de chercher lit Vierge sur la cornée des visionnaires. La vision sainte n'a pas d'objet extérieur, elle n'est pas autre chose que le réveil des traces cérébrales, des souvenirs de tableaux par exempte, nous dit Thérèse. L'effet mornt 'jui accompagne les visions, la sainteté, avec sa spécificité absolue et inimitable montre n'est ici ni l'effet de la maladie sur le produit d'un <jue l'hallucination inconscient génial, mais un travail direct de Dieu en nous, de Dieu agissant sur nos traces cercbt'~tt's. la vision de la théorie thercsiennf <'st une hallucination divine. TI.
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dch philosophies cumontre, dci malades sentent, L'expérience seignent que t'o.'i) peut créer de la lumière, que la perception est pleine de rêves, et peut-être rêve, que toute perception peut se doubler d'une hallucination-perception, sans objet et identique à l'objet. de l'absent est inadon soutient que la perception Symétriquement, missib)<' toute perception se doublerait, non d'une hallucination (H.). mais d'un coMportc'tncnt et d'une croyance hallucinatoires. L'objet. serait et et dan~ la absent présent perçu perception légitime, perçu dans t'H. effective et ne ~ndt ni présent ni perçu dans le comporte, ment hallucinatoire pur. L'hallucination-perception par excellenceest celle de qui perçoit, par tous ses scn.s concordants, un objet, un ami hallucinapar exemple, intégral <'t absent. Le type du comportement toire pur est l'aveugle dément qui nie sa cécité, et affirme voir.san'sans ima({e~ et rien qu'avec des mots. pcrception,')an< H..peut-être Ce<<deux thème!, ~c retrouvent dans tous les dumatnes de l'H. des sensations sans objet t. L'esprit insère dans la perception et l'auteur décrit de:' illusions géométriques, perspectives ambiguës. clairs et disdes objets et des mouvements, figures géométriques, d'autant tincts, d'où naissent des perceptions plus riches que le est différentes du contraires au donne, donné donne, plus pauvre, tre:. comme des rêves, des perceptions, des objets parfois incohérentes impossibles, semble-t-il. t) y a. dans le cas particulier de la lecture et de t'<M<MtOt<<Kfo-f~~Mf une théorie hallucinatoire de la perception. La lecture courante, qui commet ou omet des erreurs, serait moins perception directe que protection de souvenirs sur le papier. Mais ta lecture n'est ni H. ni perception de a formes générâtes a, elle est perdes ception <-fMt~<~ et confuse, les erreurs s'y font par neutralisation conclutdu données, par défaut de perception. Onlit, onncfo~pas.on :,ens au langage. du texte aux mots. des lettres aux contours, de lecture
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a présence et de posent ça vue. Mais il y M des c:~ irréductibles ce mécanisme, et le sujet, averti, maintient voir de l'absent. H. L'H. dont l'objet, présent, diHOe essentiellement de ta perception. Chcï t'«M~!<M, les ncvromes de moignon permettent t'H. de il segment absent. A une limite, y H résurrection integrate de l'organisme sensoriel perdu; a l'autre limite, n'en re''ivcnt que quelques <ensation:i, pauvres, contuses tout en étant vives. f.f sujet se contenude ces sensations pour affirmer la perception du -.csment absent, dans sa compiexitc i) double l'H. effective d'une croyance sonsoriette hallucinatoire. Dans l'<tt«~</<OM ave< n'impfjn'' quctic perception auditive. ~<o/ le sujet fait n'importe 'jucHc H. visuelle. Parfois, )<' son engendre de chatoyante:, continuités visucHcs très riches, tnais à peu près d<tn;< la vie ordinaire, ineffables, parce que sa))''équivalent-: peupletout nouveau de idioment t'espace vi.suei. perreption.~ originates. distinctes de t'cxpcriout' tropes, specitiquement pratique et fondée. <roM~<-«<<M(t. C.), perception de l'absent, est un objet L'fM~ et avec -tUrfaces i-uf h'queitc~onte tes changeant, spontanément pro11 est de ''e~ mf<<t<A<t«'j fort riches de de couleurs et df jette. H;jn' de perfection. reliefs, et qui donnent uu sujet une vive impression famitiert' aux hitHucine! 11 y a des 1. C. t'<a~ /<< présentes avec l'objet, e)tcs inhibent sa perception et s'y substituent. L'objet perf de la metesthcsie peut n'avoir pas été consciemment perçu, ett'1. C. être méconnue, prise pour une vision. L'i. C. montre enfin des variations et des détails qui permettent que)(juefci~ te large d~ptoiemcnt et de la croyance hallucinatoires, du comportement le sujet perdant )a conscience de t'objet. de ta metesthësic. de se, variations et de ses détails, en faveur de ta croyance :t la perception ou même ta présence d'objets. A t'analyse des étrangetés plus ou moins difficiles de t'I. C. le sujet substitue l'affirmntion du /<tM<7<«', les noms d'objets il affirme qu'il est inconscient de ne pas voir Parfois [x'urt.tnt.averti, que les riches visions (lui peuplent ses i. C. teii plus simples sont tout en gardant, dans leur complexité, fort sensorielles, une avance tes détails décelable:; dan. 1't. C. tt aurait infinie sur ainsi, à partir y de l'objet, des hattucications de ptusit-ur~ de~ dont t't. C. serait le premier. Ill, L'H. tiberecde tuut objet ou quasi objet s'observe chez le nor~-ans chapitre partimal l'état normal et, a côté de l'H. volontaire, < utier dans ce travail, l'auteur étudie t't<~<w~. A la timite c'est, en l'absence de l'objet, de sa metesthcsic.et même de son souvenir, sa résurrection iiensorieUc intcgratc. A l'autre limite, c'est une affirmation, un comportement, une croyance devant une 1. C. ou de, souvenirs. L'Èidetismc-pcr< option ne semble pas avoir fait la preuve de son existence. IV. L'H. a sa M<w<~o~< fort propre a faire toucher du doigt ter, de la cécité cortidifficultés. Dans les H. visuelles de t'hcfnianop.sic. des < atc et de l'excitation centres dits visuels, sensoriels, imaginatifs, ta présence d'une démence et d'une agnosie visuettc suggère que tt' étranges et plus ou moins sujet, a propos de phosphcnes compliquea l'inférence immédiate de la perception halluciineffables, tombe Moins il voit et sait. natoire ou de la présence d'objets familiers. plus il croit, nomme et affirme voir. A ta limite, c'est l'aveugle incon-
ANNALES DE L'tWJVERS!TË
DE PARIS
iit~ent de M cécité qui. sans voir, sans H. et sans image, avec de. attitudes, des croyances et des mots, affirme voir; s:t vision et ses pm;teadttti H. n'ciant qu'iaconscience dttmentielle fte ne pas voir et de tic pas imaginer. H y H pourtant des hémianopsies, et cécités corticales pures (-.ans démence ni agnosie) et des H. par trions vi~ueHee où le sujet affirme la libération périphériques de visions comtitrictement et plexes, sensorielles. mimétiques des objets famtlicr:i,de visages. V. Le ~<-«'' rejoint le dément avouée inconscient de sa cécité, ne perçoit pas, et avec de.! images, des mots, afnrme voir. H dispose aussi, dans in MA~<' ~f~<tv<~<f<' du ~~f. de petites ~nsations négligées de [n veille et dunt )'ft")t)'gt<t<f su~erc l'affirmatinn onide et d'; rique Le rêveur, riche de perceptions prc~-nces complexes. rêve!, uù une <-xcit.~)ion auditive dectenche un rêve visuel et un malaise un rêve agreab)c. fort dc)a critique qu'i) a faite en r<;vf de ses rêves, maintient créer d'i perceptions moufeps sur tout le détail (tes itbsen~. objets Vt. Ilans les f<<<j t'M~f/t'i'M.f et tes !M~.)t'<t~o~ <"o/oM~<~ (fevott) du normal, t'H. identique a l'objet s'afnrmc vioh'mm''nt. ))ans un grou!)Iemcnt hallucinatoire confus cristaHisc~t soudain des visions, toujours parfaites et infiniment compHfjuees. dont la hiérarchie va du dessin ~t)m'!triqu<: a l'apparition divine, et il y a. non complicité oa' entre res antagonisme et tout autre c tat psychotoperceptions 1. giqup et conscient: C im; objet,, mots, actes. Maii il est tant de ca< oit )c suj'-t finit par reconnaitre du mot et de l'aptitude :t se faire j'tmage et a régir la conduite, que prendre our perception le critique atfusf- t'intoxique de démence, et lui découvre, .'<mesure qu'il en descend les d~re~. une ivre~c de matérialisation crois<an~e, un état perceptif lui fait baptiser perception ou objet n'imclui porte quel phénomène pxychofo~itjue. Le sujet concède beaucoup; mais assuré de .s'ctre critique pendant et après, il maintient ['(-eatiel esthe'icite des visions. leur indépendance de tout autre fait extérieur ou psychique, apparence de matérialité identique a celle de ~mite. l'objet Vil. Vient le fou. avec surtout. ~es oM~/ffT ?'f~Af!t Il aurait des mf'dc. de pt-n'cr extraordinaires, f-t son effort ineffables, pour les traduire aboutirait a un comportement haUucit.:ttoire sans H. H réplique qu'ti subit une di~ociation où sur~Lsscnt de' sensations, ima~e~. acte> i'f.)es et incohérents, et parmi ces matériaux de- detirci: des H. t'es paranoïaques, ultérieur. étudiés sans '(u'n chapitre -.?< cia) tcttr ait été consacre, ont de, de)i)Cii très clairs et tre~ simptcs, et dans ce~ deHre'i ou a .'ote. d'i H. dont on ne encorfpeut prétendre qu'etfc~ont cunctne~ et non subies. 2. Les pseudo-ft. ou extérieures, ~</</wt, intens' n'hes, tyranniques. ont tout de t'H.. ssuf un je ne sais quoi d'innrn' fnmiH<:r à tous et decistf. \)ai.. b'-aucoup des sujets de ces pseude-thesie-i tomberaient aisément a rafnrtnanon: j'ai vu, et oubHeraicnt t'itnei,thesic de leurs p~eudo-H. Occupe:; ït rêver et non a vivre. i)s. traient sans réserve a l'objet. taisant l'espace envahir le psychique, et su diraient 'paromioion ))a))u':intls sans t'être. Mai:, it. apurent avoir fait jusqu'en rêve ta distinction entre H. et pseudo-H. <-t.tre incade les pables confondre.
VÏE 8C!ENTtF~QUE
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et dont les paroles 3. /M~w< M)~<t<t, sujet:, qui monologuent "ont identiques aux voix qu'its disent subir. Le drame du refus de ses imputions psychiques par le sujet u des terme!) tre~ variées, étudiées en dotait dans cet ouvrage. Un sujet découvrant son monologue cesse d'affirmer des voix des sujets qui monologuent tout en prenant l'atla prendre pour rien. U'auttes titude hallucinatoire reconnaissent affirment irréductiblement des voix, et i) s'agit d'un système, d'un délire qui cumisu' précisément en cette affirmation infondee, t'arouphrenic. Comme chej! l'aveugle dément, à mesure que la vie psychique de ces le ils gcn'~atisent se vide de rea)it'!s hallucinatoires, chroniques des délirants et l'affirmation de t'H. Mais l'ordinaire comportement leurs H. échappent qui .tHegucnt des voix n'a pas ccsfompticatiHns.et à ces objection! le conflit entfe Le dernier chapitre résume et parfois dialogue l'halluciné et son critique (Ûpsiphitc et Noephemc). La /<< de t'hattucine est sujette à des épreuves sans fin, cède quelque chose à toutes les ubjt-ctions et survit a toutes. A côté de l'objet affirmé parce que présent et perçu, it y a l'objet affirmé quoique absent et parce que et entre cette perçu, et l'objet affirme bien que ni présent ni perçu dernière affirmation, parfois d'autant plus invincible nu'et)'; est plus de présences réelles, t'hattuvide, ce sffn~e absolu, et la constatation cination maintient ses positions int<~ra)e et correcte perception des objets tout a fait absents, dans leur infinie complexité On ne des objets. peut pas plus prouver son inexistence que l'existence <<« ~«a<)'~wt ~<!MMlle Marie COMEAU. – Saint ~M~M<<M ~c<~ Thèse pour le doctorat soutenue devant la Facuhe des Lettres. ~<~ Paris, (t)Jo. on a souvent L'oeuvre de saint Augustin a inspiré mainte étude et thco)ogiques;mais exposé ses principales doctrines philosophiques peu de travaux ont été entrepris sur son exégèse. Cette exégèse est présentée ici comme très différente de celle a laquelle nous ont en partie par habitues les récents commentateurs. Le fait s'cxptique se livre à le caractère oratoire des œuvres dans lesquelles Augustin l'explication des textes sacres ce sont en gênera) des sermons populaires, improvisés plus souvent que preparfs avec soin. Tels les cent 7Yae<<!<<tf <7t /aaw<f« prononcés en t'annëc 4)6 et dans vingt-quatre le quatrième lesquels l'évéclue commente devant le peuple d'Hipppne Évangile. It y atoin de ce commentaire parfois littéral, plus souvent attcgo' riqu' à la rigueur et à la minutie de t'excuse scientifique, et des même au modernes seront portés à le juger sévèrement. Cependant, n'est pas entièpoint de vue de la critique du texte, l'etlort d'Augustin rement négligeable. Ues exemples sont donnés, dans la première partie de t'ouvrage, montrant en Augustin un témoin d'anciennes versions latines de t'Évangite, ou des variantes diverses d'un texte connu, d'une ponctuation controversée. De plus, l'étude de l'exégèse offre un intérêt historique réel, car le do':teur afrtcain augttstinienne vivante dans apparait ta comme le témoin d'une tradition longtemps ). Ocauchesne,
Paris, )o3o.
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DE PARIS
l'Église. On retrouve en effet che:! lui la méthode aUégorique d'Ori. xene; it se plait au commentaire des noms propre~, des symbolique nombres mystiques, et de tous les détails du texte sacré. tt interprète les épisodes de i'Évangite allégoriquement pour les transformer en de et les traite comme figures t'Égtise de véritables paraboles en action. Mais la véritable valeur et l'utilité durable des 7'MC<a<<~est surtout mise en rehef dans la seconde partie, la plus importante du livre. On y montre l'exégèse d'Augustin vivifiée par sa profondeur thcotoet son gique En certains cas, son expérience religieuse personnelle. se manifeste originalité surtout par la puissance de synthèse avec laquelle it rassemble et recueille tout l'enseignement de ses devanciers. Dans l'explication des textes trinitaires, par exemple,il présente, sur une question difficile et discutée, une doctrine remarquablement forte et cohérente, résumant toute la tradition ecclésiastique en furmules brèves et frappantes destinées a se graver profondément dans des auditeurs. l'esprit Plus souvent encore, i) s'inspire, pour interpréter les textes scripturaires, de son expérience de converti, d'homme venu lentement à la foi entière. Alors sa pensée rencontre, en général, très heureusement cette de l'Évangéliste. La doctrine de la foi, de t:t connaissance reli~tcusc, est bien la même chez saint Jean et saint Augustin. Ce dernier toutefois altère un peu, sous l'influence de ses théories pcrsonnelles, le sens des textes cvangetttfues qui ont trait à la grâce et a la prédestination. C'est ainsi que l'explication des Écritures se présente pour Augustin surtout comme un moyen d'exposer sa theoto~ie. Les textes sacrés sont moins pour lui objet d'étude désintéressée que thèmes à développer dans des homélies adressées au peuple chrétien. La personnalité du prédicateur s'exprime volontiers dans les 7'<!<«~<M/eaM~M. Elle est mise en lumière dans les derniers chapitres qui leur sont consacres les Noms du Christ, « C/'r<~ total )) ou <w, la <M~. ~~«~~ ;)f« chrétien ~'a~y/'j les 7'Mf<<!<«j. L'auteur y montre comm nt on peut trouver dans ces œuvres improvisées plus de documents précieux sur la vie intérieure et religieuse de t'<!vuquc d'Hippone que dans les confidences un peu trop étudiées des CoM~M<(w. On y voit comment se manifeste, par les noms qu'il donne au Christ Verbe, Maitrc Lumière, Vérité, intérieur, Christ humilié, Christ médecin, sa dévotion personnelle. On Je voit également s'acheminer, d'un christianisme un peu ésotérique et voisin de la philosophie, vers une religion s'adressant au Christ tota,l vivant d'une vie mystique dans tous les membres de son Église. L'auteur conclut en rappelant que i,i les yMC<a<<Min /<MM~M n'ont pa~ cesse, en dépit des différences si considérables de méthode, de retenir l'attention des spécialistes de l'exégèse, ils présentent un intérêt beaucoup plus large encore. Tous ceux que les questions de théologie ou de spiritualité ne laissent pas indifférents, sans parler des nombreux admirateurs de saint Augustin, pourront lire avec fruit et plaisir, sinon i'muvre entière dont la masse peut rebuter, au moins quelques extraits de ces sermons d'un contenu si riche.
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Mlle Marie COMMU. saint /t«~<<K d'après las /i'~o~M<' 7'f<!<M in /MH~M)) Thèse complémentaire pour le doctorat soutenue devant la Faculté des Lettres. Paris, tg3o. Saint Augustin a tenté de faire dans le o'c~tM lu cAn~fto, théorie de l'éloquence sacrée. Les préceptes qu'il donne sont inspiras des rhétoriques classiques et reproduisent souvent, presque mot pour mot, des pacages de Quintilien ou de Cicéron. L'objet de cette etudh sur lac A'M<~«<' j<!<M<~~«~M est de rechercher dans quelle mesure le prédicateur chrétien a pratiquement observe ta technique qu'il conseille. Le premier chapitre, ~C<<!Mt<'<!M<t montre combien peu a!«~«y«M, cette technique traditionnelle a passé dans la pratique un usage modère du pathétique, des figures, c'ext à peu près tout ce qui peut de <ell<; (.te:: discour-. ciaMiques. rapprocher la prose des ?'M<My En dépit de l'orthodoxie littéraire qu'il profère, t'orateur d'Hippone accueilli volontiers et suivi dnciicm'-nt des innuencc.s très différentes de celles de Cicéron. Les sermons chrétiens étant presque toujourdc< discours :ans apprêt, adresses à un auditoire populaire, il était impossible de nf point poser la question de leur, rapports avec ta diatribe cynico.stoïcienne. Ces rapports sont étudiés dans le chapitre second. Que l'on conclue it une dépendance indirecte ou à une ressemblance exigée par la similitude des genres, les traits communs au style de la diatribe et à celui des sermons de saint Augustin nettement apparaissent style simple et familier, jeux de mots, et surtout débat avec )'inter!n. cuteur fictif, form'; voiontier.s diatoguef. Le caractère musical du style de saint Augustin est mi, en relief dans le troisième chapitre, les Figures ~o~tOt<~t(M. C'est en effet au moyen des procédés empruntés & Corgia.~ par le.' initiateurs du mouvement connu sous le nom de seconde sophistique, qu'Augustin "btient des effets de sonorité, d'harmonie et de Bien rythme. qu'il ait a plusieurs reprises condamné les sophistes, il recourt volontiers a leur technique; symétrie, assonance, rime. allitération, jeux de .-on de toute nature servent d'ornement a .on n'est pastyle. L'antithèse 'eutcment pour lui une figure de rhétorique, elle est un procédé de composition, une véritable méthode d'invention. Tout un paragraphe, tout un sermon peuvent être construits sur une opposition de mots. A côté de ces traditions profane. a volontiers qu'il accueillie' Augustin a fait la pan la plus large à une autre tradition, infiniment plus vénérable par son origine si elle l'était moins par son ancienneté, la tradition ~<M<M«?w. L'influence de ta Bible tt des pré. miers écrivains chrétiens est forte et sur un orateur qui profonde cherche dansées livres son unique source Sf.n innuence d'inspiration. s<-traduit dans le style par un considérable du vocabu. élargissement taire classique, l'introduction de mots emprunteau grec, l'usage dtcomparaisons et d'images bibliques. La conclusion cherche & montrer comment ce.- éléments divers se -ont fondus pour donner au style oratoire un caractère d'Augustin bien personnctte. Ces sermon~ d'originalité de forme composite t. Boivin, Paris, <n3o.
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doivent leur unité a la vive intelligence et surtout à ht tPMibttite ardente et passionna d'Augustin. Ct~ciitecsdon-tttnincBti., Utmos. forme parfois le sermon en véritables couplets lyriques dans tesqucts il chante ?a foi, son amour, son désir de ta béatitude éternelle; ou bien il exprime en termes voilés et discrets une intense émotion religieuse qui baigne de mystère toutes ses paroles. C'est ce qui rend son et permet de le distinguer style inimitable des orateurs qui ont à cherche le copier. MATHÉMATIQUES M. Jacques HERBRAND.-?<'<c/«'f Thèse pour le doctorat soutenue Paris, tt)3o.
sur ~a</< ~MM~OM. devant la Faculté des Science".
Le présent travail est consacre à des recherches sur mathématiques des questions soulevées par une théorie logique; et c'est l'essence même de cette théorie que Hilbert. son créateur, a appelée la Il Métax. de vouloir résoudre les mathématique que problèmes posés par la des matMnMtiquenon par des discussions philosophie verbales, mais par la 'iotution de questions précises. Jusqu'à quel point cette théorie atteint le fond des rhoses, ce n'était pas ici le lieu de le dis. on verra par t'analyse que nous en donnerons qu'elle peut précuter; tendre au positivisme te plus -,tri<t <'t a ta plus parfaite rigueur, mais <)U'et)e s'interdit au-.si de considérer «Ttaincs questions appartenant à la théorie de la connaissance, ft c'est ta peut-être que git son insufnsance au point de vue philosophique. Quoiqu'il en soit, elle a un très grand intérêt, ne fût-ce que par le, problèmes qu'elle pose: toutes les -ctencer, jusqu'ici la chimie, (jue ce soit la physique, ta sociologie, et même ta biologie (qu'on sf souvienne des belles recherches faites récemment par M. Votterra) – avaient posé aux mathématiciens de nouveaux problèmes et les avaient incites à forger de nouveaux instruments; pour la première fois, ~rjce a la metamala thématique, philosophie elle-même est entrée dans cette voie. Le point de départ de cette théorie est constitue par les recherches de Russell. aboutissement d<' celles des logisticiens du dix-neuvième Bi&ctf. Ku~ett avait montré dans les t'rincipia Mathematica" que, on peut employer, au lieu du langage pour faire des mathématiques, ordinaire, une sorte de sténographie, de langagc symbolique, n'utilisant qu'un nombre très restreint de signes (3 signes suffisent), dont les f.ombinai-ions forment les phrases. Mais il a et<- plus loin, et c'est l'intéressant pour nou'i: il a montre que toutes les démonstrations l'on que peut faire en mathématique!, peuvent se ramener acjuciquei! de rai-.onnemf'ut régies simples toute théorie qu'il aenon<:ces;dans mathématique detcrmincc. un rommf-nc'' par admettre comme vraies certaine!- propo-itions, te.; axiomes de cette théorie, qui, une fois trades combinaisons duite,sont de .'ignc.s; et toutes les demonstrMionquc l'on peut faire dans la théorie te ramènent à l'emploi successif de certaines régie-, bien déterminer pcrmettitnt de fabriquer d<< proposition!; vraies nouvettes. à partir de propositions déjà reconnues comme vrait-s .'i t'on traduit toute ta démonstration dans te langage symbolique, ces règles peuvent s'énoncer <ommc des regtcs de com-
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Mnaiitome. déterminées des signes de ce langage. On voit, dès tars.qwe te problème « 'i'<'))f proposition peut-ette ëtrf démontrée daa<i une théorie possédant tels axinmes? », est un problème portant sur les M~aee de ce langage et leurs combinaisons, et qu'il ett susceptible d'un traitt-mcnt mathématique. C'est la forme la ptus ~cnerate du prob)cme que les Allemand!, ontappetë t'" Entscheidun){*probtemM; c'est, en quttque sorte, le problème le plus ((encrât des matMmatiques. C'est a Hilbert que revient l'honneur d'avoir le premier montré que le problème précédent était un problème mathématique bien défini, résoluble au moins dans des cas particuti"rs. Mais la théorie de Hiltert contient plus. Depuis quelques année-, en effet, le mathenxfticien hollandais Brouwer atait entrepris une critique i-ystcmatique des fondements des mathématiques, qu'il a appelée )' Intuitionnisme ». Dans sa forme extrême, cette théorie n'autorise que de~ raisonnements ne portant que sur tc~ nombres entiers ~m des objets effectivement num~rotabtes avec des nombres et satisfaisant entier~, aux conditions suivantes toutes les fonctions introduites devront être effectivement ca!cu).tb)es pour toute? les vatfurs de leurs arguments, par des opération!! décrites entièrement d'avance; chaque fois que l'on snra amené à dire « une' proposition est vraie pour tout entier j), cela voudra dire s on peut la uriner etteetivement pour tout entier"; chaque foit que l'on sera nmenC dire « it existe un entier ayant telle proprictë 0. cela voudra dire implicitement « nous avon-! donné dans re qui précède un moyen de «;))-truirc un tel .t M.Un voit qu'il est difficile d'imaginer d<'s règles plus draconiennes; mais les brouweriens considèrent n'est que tout raisonnement qui pas df ce fait au moins type intervenir, la notion d'une infinité implicitement, d'élément! considèrent comme non <ju'i)s fondée: d'après eux. de tels raisonnements (c'est-à-dire des raisonnements que font tous les les jours mathématiciens) conduire à des contradictions, pourraient sani! que t'en puisse s'en étonner et, de toute manière, nous n'aurions pas le droit )' d'en faire. Quoi qu'il en soit. il est bien certain qu'un ra<5ont)ement intuitionniste se ramenant en définitive à un raisonnement fait sur un nombre fini et détermine d'objets et de fonction. déterminées, est il t'abri ()<-toute objection, et que l'on peut même vérifier etfectivement la vérité de toutes t<;s propositions intermédiaires et de sa conclusion le plus intransigeant critique des méthode~ ne pourra rien lui reprocher, a moins de mathématique.; prétendre que la considération d'un nombre fini d~termin- est ellemcme ittegitime; mais personne n'est encore allé jusque-tà. Hilbert s'est alors posé le problème de résoudre )< questions indiquées plus haut. uniquement intuition. parde-. raisonnements nt~tes. Maii. de.s le début, i) était dès lors conduit 11se poser des problèmes tels que le suivant Considérons )e~ axiomes df- t'arithmetiquo; à partir de ces axiomes, et avec h" re~t's d<- raisonnement de «usscH. on peut faire des r.usonnemcnts que Hrouwer rejette; si l'on jjouvait pourtant d'~nontrer en toute rigueur, et par des procèdes ne intuhionnistcs, qu'its de contradiction risquent pas d'entrainer ne permettent pas de dem'tntn'r (c't-st-dire :) )a foi.. un théorème et sa négation), ta critique di- Hrou\ver tomberait a faux. On en donc conduit a étudier la non-contradiction des axiomes de t'arithmetique, de l'analyse. puis de la théorie de.- en.-cmhte-. (on pourra dans cette
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ANNALES DE L'UNtVEtMtTË DE PARIS dernière étudier I~ t:t non-contradiction de !'axiome du choix), etc. Ce sont maintenant des problèmes matMmmiques détermines. D'ailteurs, le ca-i le plus général d<- t'Kntscheidungsprob~em énoncé plus haut M ramène toujours au problème dt' h non-contradiction d'un système d'axiomes; car, si on peut démontrer une proposition I' dans un sys tème d'axiomes; te systentc obtenu en ajoutant la négation de P à cetui-ta est contradictoire; et réciproquement, si en faisant cette addition, t<-nouveau système est contradictoire, cela veut évidemment dire que l'ancien système permet de démontrer P. Nous voi< donc en tace du problème étudier. en n'emptoyant que des modes de raisonnement ta non-contradiction intuitionnistu, de tous les systèmes d'axiomes que l'on peut imaginer.avec tes méthodes décrites plus haut. Avant d'indiquer t'-s résultats obtenus, indiquons que Hilbert crée Mpartir de ta une philosophie des mathématiques une des thèses tondument-Ucs en est par exempte que. dès lors que l'on a démontre la n:)n-contr:tdiction d'un système d'Miumes (ceux de l'analyse par exemple), leur emploi est « tegitime o; et que t'exiatencf mathcma< tique n'est autre chose que la non-contradiction. Par exemple, dire d'un objet qu'il existe, et démontrer qu'il existe, c'est ta même chose. Mai< '.e n'était p.n le but du présent trayait de discuter ces idées et, <'it y avait tieu, leur insuffisance. On a seulement cherche à y résoudre dans tes cas les plus étendus possible, le probteme mathématique posé un peu p)u' haut. Au moment ou ces rerherches furent commencées, la position de ces questions était ta suivante Hilbert s'était borne a donner des schémas de démonstration, furent tous reconnus faux qui presque dans ta suite; seule sa démonstration de la non-contradiction des axiomes arithmétiques les plus simples a pu être esquissée d'une manière un peu complète par son élève Bcrnays. La seule contribution !t ta théorie avait été donnée par v. Neumann, qui avait importante démontré d'une manière complète ta non-contradiction d'une partie des axiomes de t'arithmetique. D'autre part. quelques autres cas particuliers de l'Entscheidungsproblem avaient été résolus, et, en outre, te:, premiers pa.' df la théorie avaient ctr exposés par Hilbert et Ackerman dans un livre. 1) paraissait neee-ihairc de reprendre toute la théorie depuis les tous premiers tem<ne.<. La première partie de la thèse que nous analysons est consacrée a ce travail. 11 Vagissait de démontrer en toute rigueur Ics théorèmes ctementaircs de la théorie, et de mettre au point un grand nombre de détails; montrer, par exemple, que les règles de raisonnements employée- qui n'étaient pas les mêmes que celles de étaient Russe)), pourtant équivalentes aux siennes, etc. Un y redémontre ensuite le résultat de v. Neumann, mais par de<. méthodes beaucoup plus simples que les siennes et plus complètes, susceptibles d'ailleurs de diverses généralisations. Mais tout ce travail n'était que préparatoire à un résultat de beaucoup plus grande portée. !t s'agissait de trouver une méthode gène. rate permettant d'aborder dans tous les cas le problème posé plus haut. Le théorème obtenu est, sous sa forme complète, extrêmement complexe; nous allons essayer, en quelques mots, d'en donner une idée. par une comparaison dont il ne faut pas être dupe, car elle n'est
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en langage ordinaire de fait!, se rapportant unique la traduction un xy~tëmt; à certains quement systèmes de signes. Considérons d'axiomes, portant sur certains objets; supposons qu'on ait pu fabride ces axiomes, c'est-à-dire un ensemble d'objets quer une réalisation où ils soient vrais, moyennant des définition:, convenables des différentes relations et des différentes fonctions qui y figurent. Alors )<théorème en question revient dire que Je système d'axiomes n'est. en aucun cas, contradictoire. Mais il faut traduire tout cela en un aux règles intuitionnistes de raisonnement, énoncé satisfaisant et des de notre n'UtiHsantquedes propriétés signes langage i.ymbolicju' Les applications de ce théor<'me sont très nombreuses. il permet de tous les axiomes de d'abord de démontrer la non-contradiction avec encore Il cependant l'arithmétique, quelques petites re~riction-. n'a pourtant pas permis de démontrer )a non-contradiction des axiomes de t'analyse i) y avait des difficultés dont la nature est extn'-ntcrncnt curieuse, de nature ~trenverser beaucoup d'idées couramment admises. et qui n'ont été mises en lumière que tout récemment. Le théorème- en question a, d'autre part, permis de montrer que le système des règles du raisonnement peut subir de profonds changement)', tout en resc'est ainsi que la rë~lc du syllogisme. tant équivalent à tui-memc; base de la logique aristotélicienne, est inutile dan'' n'importe qurt raisonnement mathématique. tl a au~si permis de ramener l'EntschcidunKSproblem, dan-- te cas !< & savoir: un prublème sur d< plus général, à une forme remarquable, fonctions arithmétiques, du probtem<; qui n'est qu'une généralisation de la résolution effective des équations diophantiennes. l'ar la, toutes les questions l'on se en sont que peut poser métamathématiquc '< arithmétisécs des résultats obtenus. Nous nous permettront Tel est l'ensemble d'tnsittf'r encore sur un point qui nous parait particulièrement dignc d'attention. Un vient de voir que le problème général '< Un théorème est-il vrai dans une théorie déterminée? )'. est équivalent a un problème de pure arithmétique. On est donc dans l'alternative suivante ou bien le premier problème, d'une immense géncratité. est ré~ftiubic, ou bien il y a des problèmes d'arithm- tique )rr<!solubtes. il v aurait. des telles qu'on ne pourra équations diophantiennes par exemple, jamais démontrer qu'elles n'ont pas de solutions, et pourtant tcite;. qu<' chaque fois que l'on essayera de vérifier si un système déterminé d'entiers coi est une solution, on trouvera une réponse négative, tt y a bien des mathématiciens qui seront choqués par l'une aussi bien que l'autre attcrnauvc. Des résultats récent!- conduisent a penser que < 'est la deuxième qui est réalisée; ce serait lit la faillite d'une idée t'xtr<metm-m répandue On voit les principes sur lesquels s'est élevée cette nouvelle branche des mathématiques. Nous voudrions insister encore une fui. f-n t"rsur le fait de tou«: opinion philosom'naot, qu'elle est indépendante phique; les résultats obtenus sont positifs; et pas plus que le mathématicien qui étudie les équations d'Einstein ne partage forcément tt's idées de ce dernx'r. pas plus celui qui étudie les présentes théories. ne doit par là m~mc adhérer aux pr ncipcs philosophiques de Hilbcn. Il y a dans ces questions un champ encore a ponecxplort-de recherches du plus haut intérêt, et qui réserve bien des surprisearithmétiques
Chronique
de PUniversîté
ÉLECTION DE M. J. VENDRYES A L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELMS.LETTMS M. J. VENURYËS,nommé à la Faculté des Lettres de l'Université de Paris en tgo~, titulaire de la chaire de linguistique depuis le )" avril 19~3, directeur d'études pour les langues et littératures celtiques à t'Ëcote pratique des hautes études depuis tpzS, a été élu membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, le 23 janvier 1931, en remplacement de M. Prou. les Ouvrages du professeur Vendryes ~MA<r< sur fA~<M'e latin (Thèse de doctorat, '90~); ?~< effets de /'<~MM'~ M/~<~M~Ma//c'< g~f~MC (190~); CMW/K< du vieil irlandais (t9o8), Langage, /<<~M linguistique /'A<ï~<re ([920); ?'M! de gramMa~f comparée des ~~t f/<Mj/~w (en collaboration avec M. MeilPoésie galloise du moyen ag~ ~<w! ses rapports avec la let, t9a~), /<w~y~(r93o). Nombreux articles dans les Mémoires de la Société de dans la Revue f~w Zw~m'yw, (dont il est secrétaire depuis t9to) et dans plusieurs autres périodiques ou recueils scientifiques. t ÉLECTION DE M. 8. CHARLÉTY A L'ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES Dans sa séance du 2! février 193!, l'Académie des Sciences morales et politiques a élu dans sa section d'Histoire M. le Recteur S. CHARLÉTY,président du Conseil de )'Université de Paris. L'éjection a eu lieu au premier tour de scrutin par :9 voix sur 33 votants. L'oeuvre d'histoire qui fait entrer M. S. Charléty à l'Institut est fort remarquable. En ~96, sa thèse de doctorat ès lettres Essai sur l'histoire du saint-simonisme, fut couronnée par l'Académie française. II publia ensuite, en collaboration avec M. Chabot, en 190!, une Histoire de secondaire dans le <~<MMM< ~< ~AoMf. II fonda la ~JSMM<~MM<M~
GHKON!QUN DU L'UNtVJËKStTË
~t
~fw l'Histoire de ~'M. Puis parurent, en 1~02 et tpoS, taAMcl'Itistoire de ~M, et t'M~t~ ~a~AM f/<<<~ /w ~HM jours; en t9o6, les Documents relatils à la venta des w'«~<'aMM Biens M//CM<!M.): 7i'«f<~< (~)'/t~/<'); en !p20, une //<y/M~ Vient enfin de ~/f</)/eMt!y(A«~/M/ suivie,en 192!, de )'<w< paraître un volume sur /?~/<M~/M,dans la collection des ~/c~M<~<~ sociaux. Parmi les nombreuses études que M. Cbariëty a publiées dans des revues et dans lesquelles on peut suivre les étapes de sa carrière de directeur d'historien, généra) de l'Instruction publique en Tunisie, de recteur de l'Université de Strasbourg, et de recteur de l'Université de Paris, il faut citer l'article qu'il a consacré dans la ~c~M de Paris à ~w~< Lavisse ('929). M. Charléty préside la Commission supérieure des Archives natio' nales et la Commission de publication des documents relatifs aux origines de la guerre de tot~-ioi!
CONFÉRENCES PAR
DES PROFESSEURS
FAITES ÉTRANGERS
FACULTÉDE DROIT M. TASÇA, professeur à l'Université de Bucarest, ancien recteur de l'Académie des hautes études commerciales, ministre de Roumanie à Berlin, a fait, en mars )<)3i, trois conférences sur les sujets suivants I. – ~)~/< gf~<~ M~ la t/~M~M ~MMOM~W la A'C/<W<!MM. ~?M/<f/f. II. – Z<7 ~W<' agraire III. – «!MtM Ca/W/W~W.f de la dépression fCOMfM/~« M ~?CMWaWf. FACUtTÉ DES LETTRES M. GRAKnGEXT, professeur à l'Université Harvard, professeur d'échange, a fait, à partir du 3 mars tt~t, un cours public sur le sujet sun'ant T.e théâtre américain contemporain et des conférences sur la Mo<M<w ~a/ M. ZALESKi, professeur agrégé à la Faculté des Lettres de t'Uitiversité de Varsovie, chargé de cours à l'Institut d'Études slaves de
ANMALtM CE L'UNtVKKSn'Ë
DE PAMS
t'Université de Paris, a fait en janvier et février une série de confé. rences sur le sujet suivant /.<~<MM~ /7
dans la littérature polonaise.
tXST!TUr D'ART ET D'ARCUÉOLOCtE M. LÉo VAN PUYVELDE,directeur des Musées Royaux de Bel. gique, professeur à t'UniversitC de Uége. agréé à l'Université de Paris, a fait deux conférences en mars i~i sur le sujet suivant: t~tW f/ /C~<M ~tM /'M'<M<MK de <'«f<<M~MO<<OK~.
FACULTÉDES SCIENCES INSTITUT HENR!-PO!NCARÉ M. VITO VOLTERRA,professeur à t'UniverMté de Rome, associa étranger de ~'Académie des Sciences, a donné en février t<).h quatre conférences sur le sujet su~'ant: ~M(t</pM~aux <K~M partielles ef théorie des /<W~O~. AI. W. StERptxsK!, professeur à J'Univcrsité de Varsovie, a donn~ deux conférences sur le sujet suivant -S'~ les eraembles fermés.
M. F. BuYTE")D!jK,professeur de physiologie à l'Université de Groningue, a fait ie 9 mars ip3t, sous les auspices du Comité scientifique franco-hollandais et de l'Université de Paris, une conférence sur le cerveau et la pensée. M. T. LÉ~t CIVITA, professeur à l'Université de Rome, membre de t'Aead~tnie des Lincei, correspondant de l'Institut, a donné quatre conférences, en mars tg3t, sous les auspices de l'Institut de Mécanique des Huides. sur les sujets suivants <° ~w les y~ liquides 2*Sur ~f!gravitat OMd'un tube MM« (oMt application au MMC<MM/ de forme ~M~M~M). d'un filet /OM~'M/<MO</f
~< C~<M< J. de BAMV.
tmphmtut J. DonocUM, à Paris.
UBRAtRIE ARMAND COLIN, 103, Boulev. St.Miche!. PARIS
GEOGRAPHIE UNIVERSELLE pubtiëesousta directionde P. Vt)6BAt, ~E LA BLACME et t<. CA~~oas Tome IV (en E~JR~N~E
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CEMTTE~AB.E PAR
EMMAM~EL BE MART<tMME ~«f
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CéméraMtés ~D~ralltt!8
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a conquis d'embKe le ~T tVAOTB,<vocatfice, h <?A~<t~A«' ~t~ Elle oou: offre le grand public. aujourd'hui premier des deux votamet, tant attendu:, qu'eUe Servait à l'Europe Centrale. Dans ce votume, M. Emmanuel de Martonne définit d'abord la notion d' M Europe <entrale », d'ois tout un monde de contrastes géographiques et historiques, physiques et économiques, sociaux et politiques. Puis il aborde l'étude particulière de l'Allemagne. A un chapitre sur l'Etat et le peuple attemands succèdent tes études régionales dont il dégage les conditions générâtes de ta vie économique: agriculture, industrie, commerce. C'est, avec la meilleure étude d'ensemble des caractéristiques de l'Europe cen. trale, la plus suggestive et la plus complète mise au point de l'Allemagne d'aujourd'hui. 0"#U«e Un volume in-a" grand jésus (ïoxzc), 38o pages, 90 cartes et cartoat dans le texte, 134 photographies et deux cartes en couleur hors texte, broche. iMfr. Avec tetiuM de travail, pleine toile, fera spéciaux, tete dot~e. MO&. Avec reliure de bibtiotMque,demi.chagtia poli avec coins, t6te dorée iM fr. VOLUME SUISSE
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ANNALES
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PARIS
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DIRECTIONET ADMINISTRATION BaMM 4es ReNMtpKmeatt Sc!entM<ats de rUn~emM A LA SORBONNE, PARIS (V)
DANS
CHAQUE
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NUM&RO:
Actes de l'Université de Paris. Rapports des Doyens. monies universitaires, comptes rendus et discours. I!. Articles
puMiés par des professeurs
111. Vie scientifique. Publications. des thèses de doctorat. Chroniques versité.
de l'Université
de l'Université
Bibliographies.
Céré-
de Paris.
Comptes rendus
et de la Société des Amis de l'Uni.
ABONNEMENTS FRANCE Paris Départementa et Colonies ÉTRANGER
UN AN 25 fr. (Tarif réduit à 18 fr. pour tes Prêtesseurs de toutes catégorie) de l'Université de Paris et pour tes membres de la Société des Amis de t'Uni. versité de Paris.) UN AN 30 fr. pour les pays ayant adhéré auxconvea. tions du Congrèa de Stockholm; 36 fr. pour tous les autres pays.
Prix du numéro
5 fr. pour la France
7 fr. pour l'étranger
MAt.Jutsi931
N'3
6'ANKÉE.
Annales de F
de
Université
Paris
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SOMMAIRE Faculté de Pharmacie. '99j)''93o.
Rapport
annuel
du Doyen. Année scolaire '9~
Léon BfOMehvicg.–L'f<Hotao)cqueMM Charies Goignebert. – A propos de la licence ès lettres Vie scientifique. Chronique gers.
– Travaux et publications
de l'Université. Conférences faites par des professeurs étranÂMociat!on générale des étudiants de Paris -w--
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Annates de
FUnîvefsité de Pans FacultédePharmacie RAPPORT
ANNUEL
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PERSONNEL
I. Retiaites. ~<oM. Nous avons, cette année, à déplorer le départ de deux de nos collègues l'un, M. GRtMBERT,atteint par la limite d'âge,a cessé ses fonctions en même temps que se terminaient les travaux de l'année; l'autre, M. DËLÉpt~E, quitte cette maison où il a effectué ses beaux travaux pour succéder, dans la chaire de chimie organique du Collège de France, au regretté professeur MOUREL. Le professeur GtUMBERToccupait depuis r907 la chaire de chimie biologique dont t'Ecote supérieure de Pharmacie de Paris venait justement d'obtenir la création dans les motifs déterminants de cette fondation, due à la libéralité de la Ville de Paris, une bonne part revenait incontestablement à l'autorité scientifique de celui qui allait en être le premier titulaire. En effet, deux années auparavant, M. Grimbert, agrégé de pharmacie, avait été chargé de conférences de chimie biologique qui avaient remporté auprès de ses auditeurs, étudiants et pharmaciens,le succès le plus complet et le plus mérité. Pendant ses vingt.trois années de professorat, M. Grimbert a développé avec une mattrise incomparable l'enseignement qu'il avait n
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créé, en le tenant toujours en harmonie avec les progrès rapides des théories et des techniques de la chimie biologique. Par la parole et par le livre, il a été ('éducateur avisé, non seulement de nos étudiants, mais aussi de nombre de chercheurs étrangers à notre Faculté. H a été en même temps un homme de laboratoire, produisant tui mêmeou suscitant autour de lui un grand nombre de travaux originaux qui représentent d'importantes acquisitions dans le domaine de la biologie.. 0 Profondément verse par son éducation première dans la connaissance la plus large de nombreuses questions d'ordre pharmaceusoit en dehors même de son enseignement, tique ou médical, comme directeur de la Pharmacie centrale de l'Assistance publique de Paris, soit comme membre de multiples Sociétés et Commissions, il a rempli et continue a remplir un rôle spécial de première importance, dont notre Faculté peut justement s'enorgueillir. Ancien élève et pharmacien de la Faculté de Paris, M. DELÉptNE fit une scolarité brillante, il montra de bonne heure des dispositions remarquables pour la recherche scientifique. Il travailla d'abord à la Faculté, au laboratoire de Léon Prunier, professeur de pharmacie chimique, et, à l'âge de vingt-deux ans, en 1892, faisait sa première publication. Quelques années après, en )8<)6, il réunissait pour sa thèse de pharmacien de t" classe un ensemble de recherches sur les méthytamines. Dès <8f)5, il fut désigné comme préparateur du cours de chimie organique professé au Collège de France par Marcellin Berthelot; il occupa cette fonction jusqu'en 1902, époque où il fut nommé pharmacien des hôpitaux de Paris. De cette période de sept années où il se trouva placé au foyer même de la science de la thermochimie, datent tout un ensemble de recherches sur tes combinaisons des aldéhydes avec l'ammoniaque et les amines, sur les aldéhydes, sur les acétals, etc., recherches où les expériences de chimie pure conduites parallèlement avec l'étude thermochimique des corps étudiés ont fourni des résultats précieux au point de vue de l'énergétique de certaines réactions. En ~04, M. Detépine était nommé agrégé à la Faculté de Pharmacie de Paris; à partir de 1908, il fut chargé des conférences de chimie organique et après avoir été, en t9t:, chargé du cours de la chaire d'hydrologie et de minéralogie, il devenait, en 1913, professeur titulaire de cette chaire. Depuis t'entrée de M. Delépine à la Faculté de Pharmacie, son activité scientifique a été ininterrompue et ses communications aux Sociétés savantes se sont succédé avec une fréquence peu com.
FACULTÉ DR PHARMACtK
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inune. Au cours de la période too~-t~So, ce savant a abordé un grand nombre de sujets dont la diversité révèle chez lui une univer. salité d'esprit et une habileté expérimentale surprenantes, Qu'il s'agisse de travaux de chimie minérale sur les sels complexes de l'iridium et du rhodium, de travaux de chimie organique sur de multiples classes de composés sulfurés, sur les terpënes ou sur un composé naturel, l'huile essentielle de criste marine, son labeur inspiré par une vision nette des choses, dirigé avec une sûreté qui ne connait pas d'obstacles, le mené au but comme sans effort. M. Deiépine a été honoré des récompenses les plus hautes; l'Académie des Sciences lui décernait en jot~ le prix Jectterj il recevait en to~3 le prix Cannixzaro décerné par l'Académie dei Lincei à Rome, et en j927 le prix de la Fondation Lasserre dont dispose M. le ministre de l'Instruction publique. M. Delépine est membre de l'Académie de Médecine depuis ~28 et de l'Académie des Sciences depuis tp3o. II. Z~f~. – Nous avons eu le regret, cette année, de voir dispa. rattre en pleine vigueur un de nos plus anciens collaborateurs, homme distingué et dévoué qui, dans les diverses fonctions qu'il fut appelé à remplir, avait su conquérir non seulement l'estime et la sympathie de tous, mais surtout l'affection de ceux qui le connurent plus intimement. Né en juin 1867, Edouard DEt-ACQZ,qui fut un brillant étève de la Faculté et de t'Ëcote de physique et de chimie, fut nommé préparateur en r8~, puis chef des travaux pratiques de chimie générale en roo5. Durant sa longue carrière, il sut intéresser à cette science si ardue de la chimie la plupart des étudiants qui lui furent connés et nombreux sont ceux qui, grâce à ses sages conseils, prirent goût à la recherche et vinrent grossir le nombre de ceux qui ajoutent au renom de la pharmacie et de la chimie françaises. Defacqz laisse à la Faculté le souvenir d'un travailleur consciencieux et d'un éducateur bienveillant. B. – ACTIVITÉ
SCIENTIFIQUE
Le nombre des chercheurs qui fréquentent les laboratoires particuliers des professeurs s'est accru encore cette année. Ce nombre, qui était de 83 en r~S-to~g, est actuellement de oo. Encore convient-il de faire remarquer que les ressources très insuffisantes dont disposent les professeurs et )'exigu:té des locaux mis à leur disposition ont obligé certains d'entre eux à refuser nombre d'étudiants désireux de s'initier à la recherche scientinquf. Mais les professeurs, tout en dirigeant les travaux de ceux qui
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ANNALES DE L'U~tVEKS!TË
DE PARIS
viennent solliciter tours conseils éclairés, poursuivent eux-mêmes des recherches personnelles. C'est ainsi, pour parler tout d'abord du laboratoire de pharmacif chimique, que M. LEBEAU a continué avec M. D*M!ENS ses recherches sur les Buorurcs dp carbone. Il a été possible de préparer une quantité importante de après de nombreuses purifications tétraSuorure de carbone, à l'état Je pureté. Les constantes physiques de ce nouveau gaz ont pu être ainsi nettement précisées*. Le fluor agissant sur le charbon de bois donne surtout du tétra. fluorure de carbone, mais il se forme en même temps un certain nombre de gaz (à points d'ébullition plus étevés), et même des liquides. Dans les produits gazeux, on a constaté la présence de l'hexafluorétane et de l'octofluopropane. M. Lebeau a, en outre, continué ses recherches sur les combustibles fossiles. En collaboration avec M. Leroux, chef de travaux de physique à la Faculté de Pharmacie, il a fait une application des méthodes d'extraction utilisées par Wheeter, ses étèves et divers savants, pour isoler certains principes constituants des houilles, au Le prineipat de ces moyen de dissolvants convenablement choisis dissolvants est la pyridine, qui a la propriété, non seulement de dissoudre une quantité relativement importante de matières, mais aussi d'effectuer une véritable désagrégation de la houille. Des perfectionnements ont été apportés à ce mode d'examen des combustibles, et l'application du fractionnement thermique des gaz de la pyrogénation a été, en la circonstance, d'un grand secours pour permettre de suivre les variations des propriétés des fractions isolées au cours des traitements. Elle a, en particulier, mis en évidence que les modincations proposées aux procédés déjà employés ne changeaient rien aux conclusions que l'on peut en tirer. Dans ce même laboratoire, M. BEDEt, professeur agrégé, a poursuivi l'étude des propriétés du silicium. It a réussi à obtenir ce métalloïde fondu, compact, et dans un état de pureté satisfaisant, ce une étude approfondie de ses proqui l'a conduit à entreprendre priétés physiques et chimiques. It a publié une note aux comptes rendus de l'Académie des Sciences (t. !f)o, p. 434, t~o) sur la densité du silicium sous ses différentes formes. En collaboration aver M. LEBEAU, il continue ses investigations sur certains siticiure~ métalliques riches en silicium. Mlle TANASEseo, pourvue du diplôme de pharmacien de l'Université de Bucarest, a fait une étude sur le paradichlorobenzène. t. C. R., t~o, t. «)t, n* M, p. 93o. a. ~M«. Off. nal. Comb. liq., t~3o, n' 3, p. 443.
FACULTÉ Dt6 PHARMAC!
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Ce produit, actuellement très employé en raison de ses propriétés antiseptiques et parasiticides, est susceptible de fournit des soiu. tions ou des combinaisons avec un certain nombre d'autres corps. Les différents systèmes Paradichtorobenzene'naphtatine, Paradi. chtorobenzëne-phéno), Paradichlorobenzène. camphre, etc., ont été examinés, et les courbes de fusibilité ont été établies. Mlle Tana. sesco a vériué les constantes physiques du paradichlorobenzène et déterminé sa solubilité dans de nombreux liquides organiques alcool méthytique, alcool éthylique, acide acétique, chloroforme, etc.; elle a notamment réalisé les courbes de solubilité dans J'alcool éthylique et l'acide acétique. Elle s'est également occupée de la volatilisation du paradichlorobenzène dans l'air, dans des conditions variées. Mlle BLOT, lauréate de la Facutté de Pharmacie de Paris, a apporté une contribution importante à l'étude du protéinate d'argent, produit dont les échantillons commerciaux sont très différenciés et tes applications antiseptiques assez étendues. Ce travail, qui corn* porte une partie analytique considérable, fournit d'utiles indications pour la comparaison de ces divers proteinates et l'établissement d'une espèce type. M. MARMASSE,pharmacien de l'Université de Paris, a examiné un certain nombre de bois coloniaux, il a pu en déterminer les principaux constituants; celluloses, lignines, hydrates de carbones, résines, etc. Il a, en outre, appliqué à ces bois la méthode de fractionnement thermique des gaz de la pyrogénation, déjà utilisée par M. Lebeau pour quelques bois indigènes et pour les combustibles fossiles. Cette méthode a été également employée pour suivre la carbonisation des celluloses et lignines provenant de ces divers bois. Mlle MICHEL, ex-interne des hôpitaux de Paris, fait actuellement au laboratoire de pharmacie chimique, sous la direction de M. le professeur Lebeau, une série de recherches sur d'autres variétés de bois exotiques et sur les qualités de charbons qui peuvent résulter de leur carbonisation. Nous signalerons aussi les travaux effectués par M. Daniel DARRASSE,sur quelques méthylarsinates;ceux de M. CMGOLEA, maître de conférences à la Faculté de pharmacie de Bucarest, sur quelques citrates alcalins, et ceux de M. PETROvrct, pharmacien de l'Université de Cluj (Roumanie), sur les hyposulfites métalliques. M. Picox, professeur agrégé à la Faculté de Pharmacie de Paris, continue, en utilisant l'installation de fours électriques du labora. toire de M. Lebeau, réalisée avec l'aide de la Fondation Edmond de
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ANNALES DE L'UNIVERSITS DE PARIS
ses recherches sur les sulfures de terres rares. Ces Rothsehitd, composés sont à l'état pur et fondu, et il en détermine tes princi. pales propriétés. Il a poursuivi ses travaux sur les sels organiques de bismuth, travaux qui ont donné lieu à quelques publications'. II a également entrepris l'étude systématique d'un certain nombre de camphocarbonates métalliques au point de vue de leur solubilité dans des dissolvants autre que l'eau. I) s'est occupé, en outre, du campho. carbonate de mercure et de quelques autres composés mercuriels intéressants pour la thérapeutique". Enfin, M. LEMO<<MA:<D a préparé quetques sels doubles de bismuth et de quinine, dont il a fait connattre les principales propriétés'. Un travail du même ordre a été effectué par M. PILON, sur quelques sels organiques de bismuth. Ces recherches ont fait l'objet de thèses pour l'obtention du grade de docteur.
Au Z~<!n!<OW des M<<~ï ~<M<~<! d'origine f~~<, sous la haute direction de M. le professeur E. PERROT, un grand nombre de travaux ont continué à faire l'objet de recherches méthodiques. Citons parmi Ics plantes à t'étudc les digitales, les pyrèthre ou les graines oléagineuses des aleurites, chrysanthème insecticides, des ricins et des jatropha, diverses rubiacées africaines et plusieurs solanées exotiques, etc. En outre, le laboratoire a reçu de nombreuses demandes, tant d'administrations publiques que de personnalités privées, relatives à l'identification ou l'utilisation de plantes des plus variées. M. le professeur PERROT, en collaboration avec M. le docteur BouRCET et M. Raymond HAMET, a indiqué, dans une note à t'Académie de Médecine, les possibilités de culture et d'emploi d'une digi. tale, le digitatislanata, qui n'a encore jamais été utilisée en France et qui est douée d'une activité pharmacodynamique indéniable. En collaboration avec MM. R. HAMET et Pierre LARRiEU, M. PERROTa donné une seconde note à l'Académie de Médecine, sur l'action pharmacodynamique de deux rubiacées africaines, le africana Korth, et le /~M~M Hiern. La pre. /t/<~M M~c~A~ mière de ces espèces contient un atcatoïde qui, comme ceux de l'ergot et ceux de l'écorce de Yohimbé, paralyse le système nerveux sympathique. t. ï. 3.
7'. C., &' s., t. 9, p. 4S< ~<M..XM. C/«M., 4' s., t. 45, p. !o56. C., 8<s., t. t2, p. 3<)6 t93o. P. C., 8' s., t. 9, p. 69; t. )o, p. t6:, t~o.t. t2, p. t!<); tg~o.
FACULT& CE PHARMACtK
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M. MASCRE,agrégé, a publié deux notes, dont l'une en collaboration avec M. Marcel CARON,sur le dosage par l'acide silicotungsde tique des alcaloïdes totaux du Z~M'<! ~«ra et sur la toxicité cette plante exotique dont la culture vient d'être introduite en France. ° Trois thèses de doctorat ont été préparées :tce laboratoire en )<<3o. M. LAMHEU, pharmacien, a étudié spécialement les deux ~«M. et l'autre, ~'M africains mentionnés plushaut,il a trouvé,dans l'un des alcaloïdes, dont il a déterminé les caractères et pour chacun lui desquels il a proposé une formule chimique. Les deux écorces ont donné de !a quinovine et du rouge cinchonique. Il a eSectué en outre l'examen botanique et histologique des échantillons de ces et complantes rapportés du Soudan par M. le professeur Perrot plétés par des envois plus récents. Mme TCHEOU WANG YAO KuïN, de nationalité chinoise, pharmacienne de l'Université de Montpellier,a fait la délicate étude anatomatique dfs fruits d'un certain nombre d'Ombellifères de la tribu des amminées, pour la plupart étrangères à la flore française. Les caractères histologiques observés concordant bien, en général, avec la classification en genres telle qu'elle a été établie grâce aux observations de morphologie externe, ta structure du péricarpe, Rnombre et la taille des canaux sécréteurs permettent le plus souvent de rapprocher les espèces voisines. Des coupes en série pratiquées dans le pédoncule de l'inflorescence et dans celui du fruit ont montré des modifications de structure analogues dans les quatre genres étudiés à ce point de M~m et M'MM. vue <WK, ~~< M. Sadegh MoGHADAM, de nationalité persane, pharmacien de l'Université de Paris, a présenté une intéressante ~<~ historique, botanique et biochimique des /<MM<t de Perse. Ces exsudations sucrées sont produites par des plantes' appartenant a des groupes botaniques très divers. Par la méthode biologique, l'auteur a pu caractériser, dans le tréhata, le tréhatose~ dans la manne du saule, le saccharose et le métézitose (ce dernier n'avait pas encore été retiré de ce produit); dans la manne d'Alhagi (légumineuses), le saccharose, à l'exclusion du métézitose, dans la manne de Tamarix et la manne de chêne, le saccharose seul. En outre, plusieurs de ces mannes renferment des ferments hydrolysants ou oxydants. M. MAttoEL PtKEtRO KuNES, assistant de la chaire de Z~MMW et ~<!<wc MM<M~ à l'Université de Lisbonne, a effectué l'étude M<-<w/MMwM/g<~M~w. des tubercules d'un aconit d'Indochine,
300
ANNALES DE L'UNIVERSITÉ
DE PARIS
qui se sont montrés par leur morphologie, leur composition chimi' que et leur action physiologique très voisins de ceux de t'<4~M<MM A~fMw, espèce officinale pour laquelle la droguerie exige un titre moyen de a p. i o0o d'alcaloïdes. L'espèce examinée en renfermait i,9S p. t ooo. Mlle LAHURE et M. BESQUEUTont eiîectué des recherches sous la direction de M. E. ANDRÉ,docteur ès sciences, pharmacien des hôpitaux de Paris. La première étudie les graines d'une espèce de Flacourtiacées, i'M~M o/~M, utilisables contre la lèpre. Le second a étudie la graine de lin, sa teneur en mucilage et les utilisations possibles de la farine de lin déshuilée. M. Bt.AtSE, en vue d'une thèse de doctorat, a fait des recherches botaniques et chimiques sur deux espèces du genre C~Mo~~T, le C. ~WM et le C. /~y/ La première de ces espèces renferme un a)cato:de cristallisé et une petite quantité de quinovine. M. VACHBRATa étudié dans tes mêmes conditions deux solana. cees, le ~OM«M t~cww~M originaire du Maroc et le .SW<w/<M M~/mf~M qui a été adressé au Laboratoire par un correspondant du Siam. Le &'<~<!M«M sodomatum renferme en abondance une saponine dont les propriétés seront ultérieurement décrites en détail.
Au laboratoire de CA/m~ biologique, sous la haute direction de M. le professeur GRiMBBRT,les divers travaux entrepris l'an dernier ont été poursuivis. Trois de ceux-ci ont fait l'objet d'une thèse de doctorat soutenue au cours de l'année scolaire. Ce sont t" Le dosage des sels biliaires dans la bile et le liquide duodénal, par M. L. Cuxy; 2" Recherches sur le dosage des protides du sérum sanguin et des liquides pathologiques par la méthode de l'acétone de Piettre et Vila, par M. A. AscAx, 30 Ëtude de deux microméthodes de dosage de l'ion SO'. Appli. cation au dosage du soufre sanguin, par M. M. CttATROx. M. FLEURY,professeur agrégé, a continué ses recherches, d'une part, avec M. POIROT, assistant, sur les modalités de la décomposi. tion du chloral par les alcalis et, d'autre part, avec M. CAMPORA,sur la laccase de t'arbre à laque. De plus, il a publié avec M. DELAUNEY,assistant, dans le /<ww~ de Ma/~< C~M, une étude sur un procédé indiqué par Florence pour la recherche de l'albumine dans les urines troubles. Sous sa direction, de nouveaux élèves ont commencé des recher*
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ches en vue de la préparation d'une thèse de doctorat Mlle CuEYS. SENa entrepris une étude sur l'acidité organique urinaire; M. CoL'R. TOJS tente de généraliser les résultats obtenus précédemment par MM. Fleury et Amhert; M. LANGEétudie la réaction de Malaprade sur les glucides en vue d'applications analytiques; M. GuÊtUN fait un examen critique du dosage colorimétrique de certains acides aminés. En liaison avec le laboratoire de Clinique médicale de la 2'M/< </<Médecine de M. le professeur Achard, M. BOUTROUX poursuit ses études sur les protides du sérum sanguin. Enfin, deux séries de TYacaM.f~~<w ont eu ~/M/«WMM~ lieu en juin et octobre, sous la direction de M. Fleury, avec l'aide de MM. Poirot, Malmy, assistants, et Campora. Leur programme avait été amélioré par adjonction de nouvelles méthodes (microdosage de l'urée sanguin, dosage du sucre sanguin par mercurimétrie, détermination de la réserve alcaline, etc.). Ces travaux ont été accueillis avec une faveur marquée et suivis par une quarantaine de pharmaciens. se Au laboratoire d'/7~<< et ~'A~w, sous la haute direction de M. le professeur DEt-iplKE, M. POULENCa poursuivi et pubtié un travail sur les bromosets alcalins du rhodium, M. GmesTET a achevé et soutenu une thèse sur les chlorhydrates de pinëne et de camphène. M. CHARONNAT,assistant, a poursuivi les travaux entrepris par lui en vue de sa thèse de doctorat ès sciences et relatifs à t'étude des combinaisons complexes du ruthénium, au rôle de l'eau dans les sels et & des recherches sur tes variations du pouvoir rotatoire spécifique de la nicotine sous l'influence des solvants. « Au laboratoire de Toxicologie, sous la haute direction de M. Je professeur GUERBET, M. LAGARCEa achevé l'étude qu'il poursuit depuis deux ans sur la toxicologie des dérivés barbituriques, sur leur localisation dans les organes, en particulier dans le cerveau du lapin, et sur leur élimination au cours de la vie. Cette étude, dont il a publié quelques extraits au /M/M/ de Pharmacie et de Chimie, fera l'objet d'une thèse de doctorat. M. LACOMBEa étudié les dérivés de l'acide campholique et du
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dicampholyle; il est arrivé à des résultats fort intéressants qu'il publiera bientôt. M. CouFECHoux a étudié la composition de l'essence de santal d'Australie comparativement avec celle de l'essence de santal des Indes Orientâtes. Il est arrivé à préparer avec ces deux essences des composés cristattisés qui lui permettent d'affirmer qu'elles renferment le même principe actif, le Santatot. M. RosiNEAU continue ses travaux sur les principes toxiques de t'œnanthe safranée et de la ciguë vireuse, qui ont déterminé déjà bien des intoxications. Il est parvenu à extraire du rhizome de la première un composé cristallisé très toxique encore inconnu, dont i'étude est rendue particulièrement difficile par la petite proportion qu'on en peut extraire. Dans ce même laboratoire, en collaboration avec M. LAGARCE, 'M. CHÉRAMYs'est occupé de la toxicologie des dérives barbituriques. ït a élaboré et publié au /<w~ de Pharmacie et de Chimie un procède de défécation des liquides d'extraction en toxicologie au moyen du chlorure de baryum. Dans un autre ordre de recherches, il a étudié l'élimination de la novocaïne utilisée pour l'anesthésie épidurate. Enfin, il a poursuivi ses travaux sur les réactions que donnent les magnésiens mixtes avec le camphre et ses dérivés. f Dans son laboratoire de Chimie analytique, M. le professeur BouGAULT, en collaboration avec Mlle Popovici, a étendu aux semicarbazones des acides benzylpyruvsque et pyruvique ses pré. cédantes recherches se rapportant aux semicarbaxones des acides et phénytgtyoxytique. phénytpyruvique de ces L'hydrogénation composés a fourni les acides semicarbazides correspondants. Les thiosémicarbazones des acides phénytgtyoxytiques, phénytpyruvique, benzytpyruvique et pyruvique conduisent de même par hydrogénation aux thiosémicarbazides, ainsi que la réduction des sulfoxytriazines. Mlle PopovtCï a préparé en outre l'acide naphthyt-~ glyoxylique, dont elle a précisé les conditions de préparation. Elle a ensuite appliqué à ce nouvel acide « cétonique tes réactions étudiées avec tes autres acides du même groupe cités plus haut, elle a ainsi préparé la semicarbazone, la thiosémicaibazone, tes acides semi. carbazide et thiosémicarbazide de l'acide naphtyi.p-gtyoxytique, ainsi que la dioxytriazine et la sulfoxytriazine correspondantes.
FACULTÉ DE PHARMACÏK
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et son M. E. CATTELAINa publié une étude sur t'o.oxyquinotéine utilisation en analyse pour le dosage de certains cathions, ainsi qu'une notice pour l'emploi de l'hydrogène sulfuré et du sulfure d'ammonium dans les laboratoires d'analyse. H a mis au point et appliqué à de nouveaux composés la méthode de Vanino et Treubert pour le dosage gravimétrique des sels mercuriques à l'état de chlorure mer. cureux au moyen de l'eau oxygénée et de l'acide hypophosphoreux. Il a utilisé cette méthode pour doser le mercure dans le cyanure mercurique après transformation du cyanate paroxydation au moyen du permanganate de potassium en milieu alcalin. Il a enfin déterminé la teneur en fer soluble dans l'acide chlorhydrique d'un certain nombre d'échantillons d'amiante pour creusets de Gooch. M. J. LEBOUCQ(thèse de doctorat) a donné une méthode gênérate de préparation des éthers et des amides allophaniques partir du chlorure de cet acide, méthode s'appliquant également à la préparation des carbonytdiurcM. à partir des urées monosubstituées et des semicarbazides substituées en i. Les amides attophaniques dérivées des amides primaires, soumises à l'action de la chaleur, donnent de l'ammoniaque, de t'ac!d<; les urces monoetbisubstituées f-orrespondantesdans cyanurique.et les mêmes conditions les amides dérivées des amides secondaires régénèrent l'amine correspondante et celles dérivées des hydrazines De plus, par conduisent à J'urazot monosubstitué correspondant. l'action de la lessive de soude diluée sur les carbonytdiurées, on obtient une série d'acides nouveaux ou acides cafbimidoattophaniniques. Enfin, la formation d'éthers attophaniques utilisée en ana. en parlyse qualitative pour identifier les alcools peut être effectuée tant du chlorure de l'acide attophaniquc qui permet de les obtenir avec d'excellents rendements. Dans un autre travail ayant trait aux semicarbazides substituées obtenues par action des cyanates sur les hydrazines primaires, M. LEBOUCQa montré que, d'une manière généra) e, les hydrazines aux semicarbazides du groupe arylique conduisaient substituées substituées en i et celles du groupe aliphatique aux semicarbazides substituées en 2. M. P. CoRDiERa exposétes résultats d'une longue série de recher. ch<-s relatives à l'étude des propriétés manifestées par les anhyJI a réussi à préparer, à partir de drides diaralcoyloxysucciniques. un anhydride dibenzytoxy t'acide benzytidénebenzytosuccinique, succinique présentant les mêmes analogies que les anhydrides obteet aninues à partir des acides ben~tidénephénytethytsuccinique L'acidité de l'oxydrile de ces anhy. sytidénephénytéthytsuccinique.
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ANNALES HE L'UNIVERSITÉ
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drides it fonction alcool tertiaire Sf trouve accentuée une activité comparable à celle d'un phénol.
et manifeste
Au cours de cette année, M. le professeur A. GoRtS. dans son laboratoire de pharmacie galénique, a continué a orienter tes recherches de ses élèves dans deux voies différentes: i* Étude chimique de substances isolées des végétaux; 2" Application de nouvelles méthodes au dosage des principes actifs des préparations galéniques et, dans tous les cas possibles, contrôle de ces méthodes analytiques par les techniques physiologiques. Dans le premier groupe, MM. JAKOT, POTTIER, LACRtx.Cto~CA, STENfAi. poursuivent l'étude de principes isolés des Labiées, Liliacées, Vatérianacee:, en vue de l'obtention du diplôme de Docteur ès sciences ou de Docteur en pharmacie. Dans le deuxième groupe ont été poursuivies des recherches qui sont consignées dans des thèses: M. H. TROU!H.ET. Humidité et cendres de certains extraits officinaux. M. F. GttËcoiRE. gtude physico-chimique et physiologique des eaux distillées aromatiques. – M. R. MofTOX. Dosages chimiques et rapides essais pharmacodynamiques du semen contra. D'autre part, M.SALESSBcherche à fixer l'état actuel de la qualité des verres destinés aux solutés injectables au moyen des méthodes potentiométrique, colorimétrlque et acidimétrique.
M. )e professeur GuËRix, dans son laboratoire de F<a'w' a. poursuivi ses recherches sur les Lotus et les Vicia à acide cyanhydrique et a fourni une mise au point de la question des Légumineuses à acide cyanhydrique dans les ~WM/M de /7~ national o~McM/~M (t. a3). H a étudié Je dévetoppement de t'œuf et la jjotyembryonie chez l'.E'y/~cw'MM ~M MK/~ (Liliacées). (C. R. Acad. des ~'<;«M<:< t. t~r, 22 dëc. ig3o.) M. MASCRE,agrégé, a étudie, en collaboration avec M. R. THO. MAS,l'assise nourricière du pollen (tapis staminat) chez les Angiospermes (ZM/. ~c. Franct, déc. jp3o). – M. SouECES, chef des travaux micrographiques, a publié dans te ZM~w de la Société des Ombelbotanique de Z-MM~ un mémoire sur l'Embryogénie Ufères. – M. MAHEU,assistant aux travaux pratiques de microgra-
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phie, a fourni une note sur la Flore des Lichens d'Aix'en'Provence (F~M. Sot. France, nov. t~3o). Il a donné dans le Bulletin d'agronomie générale des Colonies plusieurs articles sur des graines otciferes et des matières grasses. M. Duaots a poursuivi ses recherches sur les Rutacées du Cap et M. PtPAUt/rsurt'anatomiedes Labiées du littoral méditerranéen. M. GALV a continué l'étude M. PICARD étudie fin. anatomique du Fruit des Crucifères. Buence des anesthésiques sur la structure cellulaire des végétaux. M. THOMAS a terminé son travail Recherches cytologiques sur le /0~ ~f<«'M< ~MM<y ~<< ~M les Angiospermes, qui va être présenté incessamment comme sujet de thèse de doc. torat d'Université. M. ËTtE~~Ë, professeur suppléant à l'Ecole de Médecine et de Pharmacie de Tours, a soutenu, en juin dernier, sa thèse pour l'obtention du diplôme supérieur de pharmacien de ï" classe Contribution à l'étude structurale des Labiées endémiques des !)es Canaries. s t<t Au laboratoire de~'M' sous la direction de M. te professeur r TAsstLLY, assisté de M. FABRE, agrégé, les travaux effectués ont porté sur tes sujets suivants: M. FABRE,professeur agrégé, a étudié i" Avec M. StMONNET,fe potentiel d'oxydo.réduction des tissus 2* Avec MM. BEH.OC et StMO~~ET, t'activité biologique des sté. rols; 3' Avec M. Bt;<ET, la répartition de la quinine et d'un certain nombre de produits médicamenteux ou toxiques entre les globules rouges et le plasma. Ces travaux ont été publiés (C. R. ~<r. A'< ~«M..9~. ÇA. ~W., /MM. ~o/M. ~/M.). M. LE Roux, chef des travaux pratiques de physique, a fait une communication à la II* Conférence mondiale de l'énergie (Berlin, juillet J93o), sur des essais de distillation sous pression et en pré. sence d'hydrogène. M. LETELUER, professeur suppléant à t'Ëcote de médecine et de pharmacie de Tours, a soutenu, à la rentrée de novembre dernier, en vue de l'obtention du diplôme supérieur de pharmacien, une thèse ayant pour titre &M<«<y<~A<~M«~7~M de la ~<Mt/ea </M chlorure /H~w sur acitylacétiqae. M. FROtDEVAUXa soutenu, en mars tp3o, une thèse intitutéf Contribution à de la ~<~M/<~< des A~<MM par applicatio « </f/~«~ ~<wo-<A<MM~w, en vue du doctorat. < M. le professeur
DAM!ENsa poursuivi,
en collaboration
avec
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M. le professeur LEBEAV.i'étude des Nuorures de carbone. La pré. paration de plusieurs titres de t~traNuorure de catbonf, dans un grand état de pureté, a permis d'en déterminer, de façon plus rigoureuse, les constantes physiques. (Note de MM. Lebeau et Damiens, C. R.). Au cours de cette étude, il a été possible de mettre en évidencf, dans t~s produits résultant de faction du fluor sur le charbon de bois, un h~xaSuorure de cart~one, C'F', et un octoBuorure, C"F', dont l'étude est poursuivie. En collaboration avec M. DoMANCE,M. DAM!E:<sa en outre repris l'étude des carbures des terres rart's. I) a mis en évidence, dans les recherches antérieures, l'existence d'un carbure, C"C<, et les essais actuels ont pour but )a prépatation de ce compose qui parait devoir être le carbure normal de cet élément. M. DouQUE, assistant, a poursuivi sa thèse de doctorat ès sciences qu'il soutiendra d'ici peu, et qui se rapporte au sujet suivant Relations entre la t<w~«<< ~<w~w de ~f~w~ dérivés de la série maloniqtie «~«fï spectres d'absorption ultra.violette. Le 7 avril )o5o, M. Dolique a public une note aux comptes rendus de t'Acadénue des Sciences ~/<y les alcools H-M~~<&<'M~<A~M, et w~~M<a~ M/ isomères. – Le w~.y/& n juillet i93o, Mme Ramart.Lucas, en son nom et en celui de M. Dolique, n fait une communication verbale sur Z'/t~MM~ f/<~C~/«' des g~M~M~~ C'H" – et
C<H' C~ (COOH)'
et <'a~~<<o« des acides C'H'
– (CH~)''
C~H" C~ (COOH)~. (COOH)2.
M. MouGXAUDpoursuit une thèse en vue de l'obtention du doctorat en pharmacie, sur le dosage du fluor. Ce travail doit permettre de préciser certains points délicats d'une détermination particuHèrement difficile. <<
Sous la haute direction de M. le professeur CouTtÈRE, de nombreux étudiants ont poursuivi des recherches relatives à diverses espèces. C'est ainsi que M. FpousAKT a étudié les espèces usuelles de Poiystomiens. M. ADAMa étudié les espèces usuelles des Distomiens. M. HÊox, tes Protozoaires coprophiles non pathogènes. M. RONDEAUDU NOYER,assistant, a constitué, en vue des travaux pratiques de parasitologie, une collection de huit cents dessins ou
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aquarelles et a réuni pour le même objet une quantité fort impor. tante de matériaux des plus intéressants. En outre, il a pris une part active à ta publication d'un Précis de c~c/o~ M~M~o~M< M. le professeur CouTiÈRE, outre la direction de son laboratoire, a consacré ses instants à la préparation et a la publication du cours de zoologie appitquëe et parasitologie qu'il professe à la Faculté et aussi des leçons spéciales qu'it fait a l'École normale de SaintCtoud. Pans )a ~~w<r~ Biologie Médicale, 11 a pubtié de nombreux articles sur l'hypophyse, l'énergétique du muscle, etc.; enfin, il prépare actuellement les documents nécessaires ta publication de la deuxième édition de l'encyclopédie du Monda t'M~. < Les travaux scientifiques effectués dans le laboratoire de CA<M~ ~<MM~w ont été entrepris sous la direction scientifique de M. BËHAL, professeur. MM. SoMMELETet MONDE ont commencé un ensemble de re. cherches sur un éther p.cetonique peu étudié jusqu'ici, le dérivé «-Y-diëthoxyte de t'ëther acétylacétique; ils ont fixé les meilleures conditions pour l'obtention de ce composé qui se révèle, par certaines de ses particularités chimiques, comme méritant une étude approfondie. M. SoMMELETa poursuivi, seul ou avec quelques élèves, ses travaux sur les amines de la série du diphénylméthane. A ce même laboratoire et sous la haute direction de M. le professeur BÉHAL, M. DELABy, agrégé, aidé de quelques collaborateurs, MM. CHARONNAT et JANOT, assistants, et de Mlle H)ROM,a continué des recherches de chimie organique et de radioactivité des sources thermales. En chimie organique, il a réalisé la synthèse du dioxypyramidon et publié, au Btilletin dos Sciences ~A~m<< un long mémoire sur ce nouvel analgésique; il a cherché, d'autre part, à généraliser la réaction de Skraup, appliquée aux a-alcolyglyeërols en vue de la synthèse des alcoylquinoléines dans le noyau pyridique; enfin, des huiles végétales à indice d'acétyte notable ont été soumises à la pyrolyse et il a été prouvé que l'huile industrielle de pépins de raisins et l'huile d'<f<<! ~<w7MM~ ne renferment pas d'acide-alcool analogue à l'acide ricinoléique. En hydrologie, M. Delaby a déterminé la radioactivité d'une nouvelle source captée à Plombiëres, et au cours d'une campagne d'un mois à Salies-de.Béarn, celle des sources et puits salants qui alimentent l'établissement thermal.
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Au laboratoire de C/M~ sous la haute direc. ~wM~M, tion de M. )e professeur RADAts, M. le professeur Lu-rz a poursuivi ses recherches sur les ferments solubles sécrètes, en culture pures, par les champignons hyménomycetes. Continuant l'étude des actions antioxygènes exercées par certains constituants des essences vis. ~-vis de ferments oxydants fongiques, il a constaté que divers carbures d'hydrogène possèdent cette propriété, mais grâce surtout à t'intervention des radiations lumineuses. L'oxydation qui transforme les carbures terpéniques en oxydes terpéniques fait disparaître leur pouvoir antioxygène. Les quinoncs étant saturées d'oxygène et, par suite, théoriquement inactives à l'égard des catalyses oxydantes, subissent, par contre, l'action de ferments réducteurs sécrétés simultanément par les champignons. Les hydroquinones résultantes, qui sont puissamment antioxygènes, interviennent alors dans la réaction, si bien que, finalement, tes quinones se conduisent indirectement comme de puissants antioxygenes. M. LL"rz a également fait connaître les premiers résultats de ses observations sur la dégradation des éléments de la membrane végétale sous l'action des champignons lignicoles. Étudiant successivement les hémicelluloses (gomme adragante, albumens de Caroubier et de CM<<M<AMT~M~A~) et la matière il a montré que la dégradation de ces substances par les ligneuse, champignons est une véritable hydrolyse progressive, dont l'un des termes intermédiaires, dans le cas de la matière ligneuse, est constituée par une gomme (xylane), et qui aboutit finalement aux sucres réducteurs correspondant à leur composition initiale. Ces sucres peuvent d'ailleurs subir à leur tour une dégradation due en grande partie à une fermentation anaérobie, donc alcoolique, 'tont les produits ont été caractérisés dans les cultures. L'étude microscopique, conduite parattètement, a montré que, dans cette dégradation de la matière ligneuse, ce sont les couches d'épaississement lignifiées de la membrane qui sont hydrotysées les premières; la cellulose n'est hydrotysée qu'après la disparition de ta lignine. Enfin, la lamelle mitoyenne des cellules résiste le plus longtemps à la destruction, et subsiste pendant quelque temps sous forme d'un réseau extrêmement ténu et subit finalement la lyse fermentaire. A ce même laboratoire de cryptogamie, M. BACHa poursuivi ses recherches sur la physiologie des champignons inférieurs.
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En appliquant la méthode des voiles solides dont il a d'abord précise la technique et l'appareillage, i) a constaté qu'un mycélium mis au contact d'une solution de glyco. jeune d'<l~7~M ~f, colle, sans autres éléments nutritifs, est capable d'en provoquer l'hydrolyse complète, avec accumulation de l'ammoniaque résiduelle dans le liquide. La marche de cette hydrolyse a été étudiée, ainsi que t'inSuence des antiseptiques et des anesthésiques. Ces substances arrêtent de l'amino-acide, ce qui tend à généralement la désamination démontrer qu'il ne s'agit pas d'une action diastasique. Si la désamination est effectuée sur des solutions de glycocolle amenées n des ~H ditTérents, on constate que la réaction passe par un minimum vers pH 6, qui se trouve être le point isoétectrique du glycocolle. H attribue ce résultat au minimum d'ionisation que présente le glycocolle à son point isoélectrique, ce qui s'accompagne d'une concentration moindre des ions pouvant pénétrer dans la cellule où se fait l'hydrolyse. Avec les amino-acides qui, comme t'asparagine, ont un point isoélectrique nettement différent de celui du glycocolle, le minimum d'hydrolyse correspond encore à ce nouveau point isoélec. trique. En modifiant le point isoélectrique du glycocolle par l'action des sucres, à chaud, on constate un déplacement parallèle du minimum d'hydrolyse. M. BACHs'est livré à l'étude de la toxicité des acides organiques pour tes bactéries, il a déterminé le mécanisme de faction inferti. lisante desacides suivants formique, acétique, propionique, tactique, sur dix-neuf espèces bactériennes différentes. Les résultats confirment ce que l'on savait de la toxicité de la fraction de molécule non ionisée. La concentration infertilisante de cette portion de la motecute a été exactement déterminée. De plus, on a constaté, dans de fanion. Ces travaux quftques cas, une action infertilisante feront l'objet d'une série de notes en cours de publication ou de rédaction. D'autre part, M. Bach a en outre dirigé les travaux entrepris par M. DELETANGsur l'étude de l'influence des réactifs fixateurs sur la réaction de Gram. Enfin, M. Bach a pris une part active aux travaux du Congrès international de Bactériologie de Paris, en juillet !;)3o. H a fait au Congrès une conférence fort intéressante sur la réaction de Gram. Le résumé de cette conférence paraîtra aux comptes rendus du Congrès. _o_ AxK. Uttv.
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M. RÉGLER,poursuivant ses recherches sur les anesthésiques noulocaux, s'est livré à t'étude particutière de corps synthétiques veaux (psicaïne, etc.}) ces travaux ont été effectués en collaboration avec F. MERCIERet ont fait l'objet de publications diverses. M. RÉGNtERa mis en évidence une hormone thyroïdienne régula. trice de t'excitabitité des centres psychomoteurs. Ces travaux ont été effectués en collaboration avec le D~ SANTEMOtSEet ses étèves. En outre, il a poursuivi avec M. le professeur RouvtËRË l'étude physiologique de certains éléments du système sympathique. D'autre part, M. RÉGNIERa dirigé de nombreux chercheurs qui, dans ce laboratoire de cryptogamie'microbiotogie, ont effectué de forts intéressants travaux en vue du doctorat, notamment les travaux de M. DAVtp, sur l'étude numérique de la multiplication micro. bienne dans les milieux de culture usuels liquides. Influence de la qualité et de la quantité des matières nutritives sur la multiplication microbienne. Ceux de Mme A. KApLAX,sur l'étude numérique de la multipli. cation microbienne dans un milieu de culture liquide. Influence de la grandeur de l'ensemencement (nombre de microbes) sur le rythme de la multiplication. Ceux de Mlle S. LAMStx, sur la contribution à l'étude des pouvoirs antigénétiques et antibiotiques des substances antiseptiques. Importance du nombre et de la vitalité des microbes mis en réaction. Ceux de M. P. DELAUKAY, sur les valeurs antimicrobiennes de divers corps phénoliques hatogéncs. Essais antiseptiques effectués avec les substances synthétiques préparées par l'auteur. Ceux de M. NE!?p, sur l'étude de la vitalité microbienne. fort intéressante de M. VALETTE,sur le mode d'' Ennn,t'ctude fixation de la cocaïne sur les fibres nerveuses. Mise en évidence d'une absorption normale. Innuence sur ce processus physico-chimique de la réaction (pH) et de la température. C.–
ELEVES
Le nombre de nos étudiants continue sa marche ascendante: d~ il est passé à 990 en ro~S-tozo, pour atteindra $48 en i~-tt~S, io~5 en i92Q'to3o (36~ étudiantes). A ces i o~5 étudiants ayant pris inscriptions, il y a lieu d'ajouter: b) 38r étua) 147 étudiants qui ont été seulement immatriculés; diants qui, en vertu d'inscriptions antérieures ou pour la validation de stage, ont subi des examens. Le nombre total des étudiants ayant fait acte de scolarité s'élève ainsi à t 553 (t 409 en lozS-jo~).
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Le tableau ci-apree donne dans tes diverses catégories A.B.C.:
an
ta répartition de ces r 553 ëmdiants prévues par ta statistique officielle A
lrtudiants ayant pris rn du diplôme d'État. danB t'annde une E' ouptusieur. En vue du diplotneuniversitaire. EnvuedudtptûmcuntvefSitatrc. crinttons ou plusieurs
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t o_5 '~S 2):~
B Étudiants immatricutë!.
vue du certificat d'herboriste vue du diplôme universitaire Sans grade.
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C Étudiants ayant dans l'année examens
subi des
En vertu d'inscriptions ant~rieures. Pour la validation de stage. Tota).
) t33 248 )
3g; t S:3
Entrée et sortie. – Au cours de l'année scolaire qui vient de se terminer, zz5 élèves nouveaux se sont fait inscrire. Ce nombre est en tégëre progression sur celui de l'an dernier qui s'élevait à t$3. ~t~ /fMM< – Comme les années précédentes, je constate ¡" nouveau l'accroissement régulier du nombre de nos élèves femmes. Je ne rechercherai pas les raisons d'un état de choses que je signate depuis longtemps, et je me borne une fois de plus à constater l'envahissement de la profession pharmaceutique par l'élément féminin. En dix années, te nombre de nos étudiantes est passé de 58 (tpip!9~o) à 36y (xg2g-ig3o). Ce nombre représente 35 p. foc de l'effectif total de nos étudiants (i ozS). Je constatais l'an dernier une légère recrudescence du nombre des étudiants au titre d'herboriste. Cette recrudescence ne s'est pas maintenue. 'En i~-io~S, le nombre des candidates reçues n l'examen d'aptitude à la profession d'herboriste était de i~, sur un total de t3(), il était passé l'an dernier (t~S-io:~) à 61, sur un total de 92,et il est seulement de ~S.sur un total de go,en r~-t~o. – Le nombre des .S'«KW. stagiaires ayant pris inscription, qui était de tS? en ~S-t~, s'est étevea230 en t~i~o.soit un accroissement de 43 unités. lmeriptions de scolarité. – Le nombre des inscriptions délivrées
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devrait être fonction du nombre des étudiants, mais cette règle mathématique ne peut ici recevoir son application du fait que de nombreux étudiants sont dispensés d'inscription, soit parce qu'ils sont boursiers d'Ëtat, soit parce qu'its appartiennent ù des familles nombreuses et peu fortunées. Le nombre total des inscriptions délivrées en !02o.to3o aux j o25 étudiants est de 3873, soit une moyenne de 3,77 par étudiant. Le nombre des étudiants dispensés ou boursiers a atteint en t{)29. Ce nombre était :93o le chiffre de 8?, qui ont pris 36o inscriptions. en !p28-t<~9 de 9~ étudiants pour 36o inscriptions. Le nombre d'inscriptions délivrées aux autres étudiants (10~–82 == 043) est de 3 5i3 (il était de 3463 en 1928.19~9). Savoir 8 inscriptions pour 2 candidats au diplôme supérieur, soit 4 par étudiant; 46 inscriptions pour t2 étudiants candidats au diplôme universitaire, soit 3,83 par étudiant, et 3499 inscriptions pour 929 étudiants N. R., soit 3,;23 par étudiant. 7~<M.T pratiques. Les ion étudiants postulant le diplôme d'Ëtat et qui au cours de l'année scolaire ont pris inscriptions, ont également suivi les travaux pratiques réglementaires. Ils se répartissent ainsi par année d'études )"ann~ 2'M~e. 3'aonëe. 4'année.
:63 249 z~3 :56 Soit
tôt) r EXAMEXS
Le tableau ci.après indique, avec )a nature de l'examen subi, le nombre des candidats examinés, celui des candidats admis, entin la proportion des ajournés tttmeet. Stage. Fin d'année. – Fin d'étudas. – Herboristes Doctorat.
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FACULTË
DE PHARMACHE
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Si, d'autre part, nous jugeons la valeur des examens d'après les notes obtenues par les candidats, nous trouvons par nature d'examens les indications suivantes `. ~1. Ffott'Mn~. ~ot<-<. Trctbien. Bien Assez bien Passable Ajouraes.
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C/<!<~ « diplômes. – Le nombre des grades et diplômes conférés à 283, il atteint cette année par la Faculté s'était élevé en t~S-to~ le chiffre de 3o~, se répartissant ainsi Dipt~mc de pharmacien –
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supérieur (Pharmacien. Dip~me~ universitaires. Docteur Certificats d'herboriste. Totaux.
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Ainsi que j'en fais la remarque depuis quelques années, te goût de la recherche se développe de plus en plus chez nos étudiants, et nombreux sont ceux qui, sur le point de terminer leur scolarité ou l'ayant complètement achevée, sollicitent des professeurs l'autorisation de travailler sous leur direction. Le nombre de ces chercheurs qui, l'an dernier était de 83, est actuellement de 90. Les travaux qu'ils poursuivent sont très divers, ainsi qu'on peut s'en rendre compte en parcourant la liste des thèses de doctorat qu'ils ont soutenues Mlle Sansonetti Sur tes flores bactérienne et fongique descaittés M. Gaudin Ëtude de l'action des alcaloides de l'opium de lait. sur l'intestin isolé de cobaye. – M. Lenormand Contribution à l'étude de quelques sels doubles de bismuth et de quinine. Contribution à l'étude de la purification des hémo' M. Froidevaux hsines par application de leurs propriétés physicochimiques. M. Arcand Recherches sur le dosage des protides du sérum sanguin et des liquides pathologiques par la méthode à l'acétone de Piettre
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ANNALES DE L'UM!VERSÏT&
DE PAR!S
et Vtte. –MtteTanaseseo Sur quelques propriétés de paradichlo. robenzène et ses applications. Mtte Logerot Contribution :< l'étude de l'uitrafiltrable urinaire. – M. Bonvartet Contribution à l'étude du soufre cottoïdat. M. Froissant Contribution à i'étudf de quelques trématodes ecto parasites. – M. Leboucq Les éthers et amides attophaniques. – M. Ginestet Contribution à l'étude des chlorhydrates de Pinène et de Camphène. – M. Moghadam Les mannes de Perse. – M. Badreau Action de quelques poudres d'organes sur l'amylase de la poudre de Pancréas. – Mlle Hiron Contribution à l'étude de la quinoléine et des Py.atcoytquinotéines. M. Cuny Dosage des sels biliaires dans la bile et le liquide duo. dénat. M. Desgrez InOuence de certaines eaux minérales sur la localisation et l'élimination de substances toxiques déterminées. M. Kechichian Etudes des variations de l'état physique et de la constitution ,chimique de la salive à l'état normal chez les diabe. Mlle Btot Cantribution à t'étude du tiques et les néphrétiques. protéinate d'argent. – M. Grégoire Étude physico-chimique et physiologique des eaux distillées aromatiques. – M. Chatron Étude de deux microméthodes de dosage de l'ion SO*. – Mme Tchéou Contribution à l'étude anatomique du fruit des ombellifères, tribu des amminées. – M. Larrieu. Deux mitragyna africains: la bahia et le dion. M. Cahen Dosage biologique et étalonnage de quelques glucosides cardiotoniques onaha:ne, digi. Mlle taline, scillaténes, cyramine. Bonnard Sur quelques ortho. M. Lagarce Contribution à la toxi alcoyloxybenzhydrylamines. M. Heon Ëtude systématique cologie des dérivés barbituriques.– et critique des principaux protozoaires coprophiles de l'homme. – M. Ëmite Pilcn: Contribution à l'étude de quelques sels organiques de bismuth. – M. Mouton et Dosages chimiques rapides essais du semen-contra. pharmacodynamiques D.
MATERIEL
Budget dela 7'<K~. Nous ne pouvons évidemment que nous féliciter de l'accroissement de l'activité scientifique des divers labo. ratoires de la Faculté de Pharmacie, les publications ci-dessus énu. mérées en sont la plus probante manifestation; mais nous devons aussi reconnaitre que les ressources qui normalement doivent per. mettre l'entretien et l'extension des laboratoires laissent de plus en des besoins plus apparaître qui sont bien loin d'être satisfaits. Si la taxe d'apprentissage a permis de mettre à la disposition des chercheurs des moyens matériels appréciables, il nous faut cepen. dant pour l'avenir escompter la consolidation de ces nouvelles res.
FACULTÉ DE PHARMACIE
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sources et, mieux encore, leur accroissement. La Faculté de Phar. mae~ne le cède, en effet, en rien à aucun autre établissement pour la valeuret la pratique des recherches qui sont poursuivies dans ses laboratoires: on peut même dire, sans exagération aucune, que c'est des laboratoires de la Faculté de Pharmacie que sortent les mei)n leurs chimistes, ceux que l'industrie recherche et apprécie; il est donc de toute justice que la Faculté participe dans une plus large à la des nouvelles proportion ressources mises à ta disporépartition sition de l'Université. Dans un récent rapport, je passais en revue tes différents postes 'iu budget de la Faculté et je montrais t'insufOsance de chacun d'eux. Notre situation budgétaire a la Faculté de Pharmacie devient de plus en plus critique, cela tient à notre situation qui est unique. Seule, en effet, de toutes les Facultés et établissements d'Enseignement supérieur, la Faculté de Pharmacie n'est pas che: elle; elle est, en quelque'sorte, locataire d'un établissement dont l'Ëtat, en l'espèce les bâtiments civils, est propriétaire. Je disais, l'an dernier, que la situation budgétaire de !a Faculté de Pharmacie ne laisse pas que de m'Inquiéter beaucoup et c'est un nouveau cri d'alarme que je jette aujourd'hui. Dans un rapport du )o novembre dernier, j'ai demandé, pour la Faculté de Pharmacie, un crédit supplémentaire de 435 ooo francs, crédit qui nous est non pas seulement nécessaire, mais indispen. sable, si nous voulons assurer la marche régulière des services, permettre aux professeurs de continuer et de développer leurs recherches et surtout assurer les travaux pratiques des étudiants. Depuis longtemps, disais.je, j'ai demandé le relèvement des droits payés par les étudiants pour les travaux pratiques. De l'avis de tous ceux qui s'occupent de cette question, ces droits sont notoirement insuffisants; c'est à peine si le taux de relèvement applicable à ces droits est de 2,5 p. too, alors que certains produits ont atteint une augmentation de 200 a 2$o p. 100. Si, pour des raisons que j'ignore, il n'est pas possible d'envisager pour )e prochain budget un relèvement des droits payés par les étudiants, je demande, pour cet objet spécial, une augmentation de crédits de rooooo francs. Si nous voulons maintenir le renom des Universités françaises, et plus par. ticulièrement celui de l'Université de Paris, il nous faut donner aux étudiants qui viennent chez nous l'instruction pratique dont ils ont besoin. Or, les manipulations de travaux pratiques exigent à ta fois un matériel relativement important et des produits chimiques dont le prix s'accroit sans cesse. Le chauffage et l'éclairage entraîneront,
ANNALES UE L'UNtVEHStTÉ
DE PARIS
cette année encore, une augmentation de dépenses considérable. Les dépenses de gaz et d'électricité se sont étevees l'an dernier à plus de ï20ooo francs, t'etevation sans cesse croissante du nombre de nos étudiants va encore accroître cette dépense. C'est pour faire face a ces divers accroissements de dépenses qu'une augmentation de crédits de ~35 ooo francs est indispensable. Il est urgent que cette mesure soit prise si t*on veut éviter que la Faculté ne voie s'ouvrir devant elle le gouffre du déficit. BtBLtOTHÈQUE. COLLEC'TMXS A. ~Mf/~w. Notre bibliothèque est toujours celle qui est la plus fréquentée par ceux que les travaux et les questions de chimie intéressent ou industriels, fabricants de travailleurs, étrangers produits chimiques ou pharmaceutiques ou même simples étudiants. Tous savent qu'iis trouveront là le renseignement nécessaire, l'indication indispensable et que vainement ils chercheraient ailleurs. Le mouvement général des livres communiqués et des lecteurs s'établit ainsi
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Lt: nombre des ouvrages reçus en dons s'est étevé a ~oo. Cf nombre avait été de5oo durant l'année scolaire ~ozS.tp~p. B. Cc//<'<<wM.– M. Je professeur GuËRtx continue à enrichir les admirables collections du Jardin botanique constituées parles soins de son maître, M. te professeur GUIGNARD,et où les étudiants et te chercheurs trouvent toujours les renseignements précis et les maté fiaux .indispensables à l'étude des problèmes dont ils poursuivent la solution. De même, le ~/«~<' de w<<~ médicale, constitué par les soins de M. le professeur PERROT, s'est encore enrichi cette année de nou veaux spécimens de drogues de nos diverses colonies. Ce musée présente, pour nos étudiants, un intérêt de plus en plus puissant.
FACULTÉ DE PHARMACtE
Je ne rappelle ici que pour ordre la superbe collection de produits chimiques constituée par tes soins de M. le professeur LEBEAU,grâce aux dons généreux de la plupart de nos fabricants de produits phar. maceutiques et même de la Société du Gaz de Paris. Cette collection présente pour nos étudiants le complément de l'enseignement donné par te professeur. Les collections de zoologie et de physique auxquelles MM. les professeurs CouTiÈRE et TASStLLï donnent tous leurs soins, se sont enrichies de nouveaux spécimens ces collections sont toujours très visitées. OBSERVATIONS ET VŒUX En terminant ce rapport, je crois devoir exprimer à nouveau mon ardent d'?sir de voir notre modeste budget doté des crédits qui sont indispensables au fonctionnement régulier de nos services. J'ai dit, à maintes reprises déjà, combien avait été grande ta générosité de la Société des Amis de la Faculté de Pharmacie, qui nous a permis d'édifier un local dans lequel le laboratoire d'essais ~wdes médicaments est en voie d'installation. Ce laboratoire set-vira à la fois à l'enseignement didactique de la pharmacodvnamie et aux essais auxquels la Commission du Codex jugera utite de procéder. Il nous faut maintenant songer à l'achèvement de cette installation et au fonctionnement normal de ce laboratoire. J'exprime le voeu que t'Ëtatet l'Université, tous deux intéressés à une ceuvre qui con. tribuera au progrès de l'art pharmaceutique, veuillent bien nous aider.
L' «
Homo
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R{)LËDU LANGAGE DANSLE PROGRÈS DELA CONSCIENCE
Cabanis regrettait que la langue française ne connût pas sens large où Kant l'avait pris, l'usage du mot tM/A/<<~au en lui donnant pour objet l'étude des fonctions de l'homme en général et de leurs rapports mutuels. C'est à une esquisse d'anthropologie, entendue de cette'manière, que nous avons consacré un de nos derniers cours de Sorbonne. Nous avons donc eu à examiner les différentes définitions que l'on a pro« animal posées de l'homme A<wc laber et ~<w~ ~<wy, politique '), ~<w<p<M7<tr et homo M~MM. Chacune de ces déûnitions correspond à une certaine philosophie de l'humanité; sans doute n'exprimera-t-elle qu'un aspect de notre activité, qu'il serait assurément dangereux de prétendre cristalliser dans un système particulier. Mais écartons tout parti pris de système, ne retenons les différents points de vue qu'avec l'intention de les éclairer les uns par les autres, sans nous permettre aucune exclusion, sans consentir aucun sacrifice; ne pouvons-nous espérer qu'une lumière jaillira de leur rapprochement:' N'assisterons-nous pas à un mouvement d'ensemble qui marque, à l'intérieur de chacune des fonctions entre lesquelles se partage le champ de l'humanité, le sens d'un même progrès spirituel ? Telle est la question que nous nous posons en traitant du l'homme artisan, artiste, langage. Si nous considérons politique, savant, religieux, nous ne concevons guère comment l'ensemble des institutions économiques, politiques, religieuses, comment l'encyclopédie des connaissances métho-
L' « HOMO LOQUENS a
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diquement contrôlées, comment les monuments de l'art qui correspondent aux diverses modalités de l'expression, comment tout cela aurait pu, je ne dis pas naître, mais se développer, sans qu'il existe quelque chose à quoi se réfèrent, et entre eux et par rapport à tous, les fidèles et les citoyens, les artistes et les savants. Cet instrument de communication, par quoi la civilisation humaine nous apparaît, non seulement à base de communauté, mais à fin de communion, c'est le langage. Nous avons ainsi une nouvelle définition de l'homme, ~e~o loquens, suivant la thèse classique du Discours de la ~Mo~e. Les animaux ont des organes pour parler, ils ne parlent pas, tandis que « les sonrds-muets ont coutume d'inventer quelques signes pour se faire entendre, et ceci ne témoigne pas seulement que les bêtes ont moins de raison que les hommes, Bien entendu, il n'immais qu'elles n'en ont pas du~tout porte pas à notre problème de décider si le critère cartésien doit être pris à la rigueur l'usage de la parole qui nous intéresse ici est celui qui est capable de soutenir l'effort d'une civilisation comme est la nôtre. Or, le langage, tel qu'il doit être envisagé pour le progrès de la connaissance de soi, est un langage rationnel qui s'accompagne de réflexion. Et c'est pourquoi, si les animaux parlaient au sens plein et fort du mot, ils viendraient nous le dire; ils feraient société avec nous. Pas plus que les animaux n'ont inventé la poudre, ils n'ont su tirer la parole hors du temps, la fixer dans la durée. avec ses Ils ne connaissent ni l'écriture, ni l'orthographe impératifs, ni l'imprimerie. Ils ne possèdent pas nos bibliothèques, dont le format sans cesse croissant menace de faire honte à la tour de Babel. L'humanité, seule, a constitué un univers de sons, toujours plus complexe et plus raffiné, qu'elle a transporté d'ailleurs dans le monde des images. Les sourds entendent du moment qu'ils lisent; les aveugles voient du moment qu'ils ont des livres imprimés pour eux. Voici maincet univers des sons tenant ce que l'on peut se demander n'est-il pas quelque chose d'extérieur à la réalité du MM,
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ANNALES DE L'UNIVERS!TË DE PARIS.
l'univers du « divertissement Mperpétue!, pour reprendre le mot de Pascal? Rien ne sert à l'homme de savoir « demeurer dans sa chambre H, sans perdre son temps à la chasse, au théâtre, en voyages, si dans cette chambre toutes les voix du monde viennent le trouver, par les journaux et les livres, ceux qui paraissent et ceux qui ont paru, avec toutes les histoires, les rêves et les visions, les espoirs fantastiques et les souffrances des peuples et des siècles. Et, à la vérité, il faut encore aller plus loin, car on ne gagnera rien si, une fois qu'on aura refusé d'entendre les discours d'autrui, qu'on aura fermé ses oreilles à ce qui a pu se dire depuis qu'il y a des hommes et qu'ils parlent, on doit ne retrouver dans sa solitude que l'écho du langage humain, si cette pensée, qu'on voudrait opposer au langage, se ramène elle-même à la parole intérieure Je n'ai pas besoin de rappeler à cet égard la monographie classique de Victor Egger il ne s'agit pas d'une particularité psychologique, d'un phénomène exceptionnel comme seraient le démon de Socrate ou les voix de Jeanne d'Arc. Il est singulièrement significatif, au contraire, que la pensée se manifeste sous forme de dialogue chez les philosophes mêmes dont le génie a consisté à suivre l'ascension de l'esprit, dans le détachement du monde sensible, vers la région de la pure intelligence, tel l'auteur du C/<~< qui-a si profondément scruté le problème des rapports entre le langage et la pensée, problème difficile d'abord chez les Grecs, puisqu'ils ne disposaient que d'un mot, logos, pour désigner l'un et l'autre. La dialectique est le dialogue de Socrate, transporté de la place publique dans l'intimité de l'esprit. C'est sous forme d'Z~/y~M~que Malebranche présentera son système, allant dans les Méditations Chrétiennes jusqu'à le faire exposer par l'organe de la Raison éternelle, par le V< ~<r~. Si j'insiste sur ce point, c'est qu'il est de nature à nous expliquer un des spectacles les plus curieux de l'histoire. A l'époque du romantisme, Malebranche, rationaliste et idéaliste autant qu'homme a jamais pu l'être, sera invoqué pour
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HOMO LOQUENS
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couvrir de son autorité le réalisme sociologique qui devait être un des caractères dominants du dix-neuvième siècle. De Bonald ne cessera de citer la formule sur le Verbe, lieu des comme l'espace /e lieu des corps a6n d'illusM~~Hf~ trer la thèse dogmatique, avec laquelle Auguste Comte et Durkheim nous ont rendus familiers, d'une incarnation ori* ginelle du langage dans la société qui serait une réalité première par rapport, non pas seulement à tel ou tel individu, mais à l'homme considéré comme individu. L'éducation, qui est essentiellement l'oeuvre du langage, est le moyen grâce auquel la société nous porte à son niveau, et nous fait participer aux idéaux collectifs qu'elle a constitués. C'est d'elle que nous recevons notre âme. A travers le langage nous sommes dressés à nous connaître nous-mêmes. Le retournement des valeurs apparaît ici complet. Nous sommes en présence d'une ligne de partage décisive pour l'examen de notre problème. Dans un rationalisme cartésien, la parole est le produit de l'activité spirituelle qui a l'intuition claire et distincte de soi; dans le sociologisme bonaldien, le langage est un « en soi antérieur à la parole, et d'où dériverait la raison elle-même. Assurément l'hypostase métaphysique de la société ne s'expliquerait pas, ne se concevrait même pas, sans le souvenir de son origine théologique. Le langage n'est invoqué que pour servir de véhicule à une révélation dont le secret se perd dans le mystère de la transcendance. La société, pour de Bonald, est simplement un intermédiaire entre l'homme et Dieu; ce qui devient tout à fait évident si on observe que cette thèse même n'a pas été plus inventée par de Bonald que par Auguste Comte. Au cours de ses recherches si substantielles et si précieuses sur Les ~<w~.f occultes du ~o~M~Me <«W(MMW<û~AM (1770-1820), M. Viatte a montré récemment comment de Bonald a lancé dans la circulation, en l'utilisant pour ses propres fins politiques et religieuses, un thème banal d'illuminé. « Cette théorie, à cette époque, ne peut venir que des illuminés. (1928, t. II, p. 83.) En effet,
AKNALËSDE L'UNïVERSM&DE PARIS Saint-Martin, rappelant le mot de Rousseau La ~ro~ est en tirait absolument nécessaire ~Mf ~e/a~<M<WM/ la tes conclusions suivantes « C'est <M«injustice à /WM< vouloir nier la source légitime des langues, ~CKfy yM~~Me~une de ses inventions. ') Lorsque fut créé notre premier père, « les noms de toutes les choses qui l'entouraient durent lui être infusés par son principe simultanément comme ceux des objets d'aujourd'hui le sont progressivement aux enfants Viatte 1, 283). (< De telles doctrines devaient rejeter le dix-neuvième siècle dans le plan de la mentalité primitive, et l'on comprend l'ob« Le mot de sociologie servation spirituelle d'Henri Hubert est un mot magique, qui a déjà fait trop de magiciens 1. En fait, « on ne saurait s'exagérer le pouvoir magique des noms Selon la tradition de la technique manuelle, la prise de contact avec les choses s'accompagne de la croyance qu' « il suffit d'invoquer un objet ou un être par son vrai nom pour le conTout se passe dans les formules traindre à vous obéir' d'incantation et d'exorcisme comme si la chose était inhérente au mot par lequel on la désigne. Dès lors, qui possède le mot possédera la chose, qui redoute la chose s'interdira de prononcer le mot. La seule inquiétude qu'on puisse avoir, et que la psychologie infantile observe en effet, c'est de se tromper sur le nom. Fechner cite une page de Sachs, auteur d'un construction du du soleil ou MPM! /~W ;MF ~<?M< où se trouve posée sérieusement la question tout à fait « Q~' <M~<w« ?'« planète regardée par les désespérante <M~~WMCOM~M' Uranus est bien réellement C/~MK.~?ii Les religions s'organisent autour de cette puissance surnaturelle du langage. Par la parole, les dieux créent les mondes. des Religions traduction du .VdMM~ ~<<'<~ t. Pré/ace a Chantepie de la .~M~ay~, '904, p. xttt. 9. Louis Weber, A~y<AM~M Progrès, !9<3, p. t4'. Actes de 3. Arnold Reymond, Les Sciences occultes ~M~lK<t~«< la Société Helvétique des Sciences naturelles, t<):8j H' partie, p. 4). la ~t)'«~ MC~Mf, trad. franç., 1899, 4. Apud Stallo, /.<! MM~ p. ~9.
t.HOMOf.OQUENS.
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Directement dans la révélation, indirectement au moyen des oracles, de la divination, des prophéties, les dieux font à l'homme'confidence de leur propre psychologie, ou les initient aux secrets de l'avenir. La transfiguration spontanée du Verbe a été un des grands traits de l'humanité, celui qui éclaire le mieux la courbe de son histoire. Le commandement humain, qui préside à l'ordre de la cité, s'apparente au commandement divin d'où dérive l'ordre de l'univers. Les villes se bâtissent d'elles-mêmes au rythme de la lyre. Le législateur est, suivant la légende qui aura cours pour Lycurgue et pour Solon comme pour Moïse ou pour Numa Pompilius, une sorte de démiurge que la sagesse céleste inspire. La justice, c'est, matériellement, la parole qui a passé la barrière des dents du souverain. L'arrêt tombé de la bouche royale s'impose au respect du peuple comme la voix de Dieu lui-même. Le voile du sacré détourne ainsi l'attention de ce qui est dit pour la concentrer sur celui qui parle. L'autorité l'emporte sur la vérité, ou, plus exactement, en tient lieu. Voici maintenant le phénomène qui se produit à l'aurore de la civilisation hellénique, une dissociation consciente des moyens et des fins, qui fait apparaître le moyen comme évidemment humain la technique du langage vaudra désormais pour elle-même. Tel est le fait dont nous, avons maintenant à souligner le caractère. Tandis que la technique manuelle est maintenue à l'écart de la science qui se constitue sur le terrain abstrait, purement contemplatif, de la mathématique, la technique de la parole devient objet de réflexion systématique. Dès lors, cet équilibre dans la conception du monde et de la vie qu: apparaissait lié à la souveraineté magique de la parole, qui imposait par elle le respect aveugle de l'autorité, la sophistique l'a rompu dans l'Athènes du cinquième siècle sur le terrain même du langage où il s'était établi. Événement décisif, non seulement parce qu'il marque une révolution dans les moeurs et dans les idées, mais aussi parce que la réaction à laquelle il donnera lieu devait aboutir, avec la logique
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ANNALES DE Ï<'UNÏVERS!TË DE PAJUS
d'Aristote, à la tentative, en apparence la plus heureuse, en tout cas ta plus durable, pour constituer une discipline tout à la fois du discours et de la raison. « Les sophistes, écrit M. Rivaud, ne veulent pas être des spécialistes; et cependant ils prétendent, comme les philosophes de nos jours, parler de toutes les spécialités d'une Leur façon plus pertinente que ceux qui les pratiquent. premier domaine est celui du langage. Ici, leur œuvre est La grammaire est leur capitale, encore que mal connue. oeuvre; nos enfants à l'école parlent encore le langage qu'ils ont établi. Mais avant tout, le sophiste est maître dans l'art de la parole. Or, parler utilement, c'est convaincre, c'est plaider une thèse, et le procédé technique est d'autant meilleur qu'il se permet de défendre une cause en apparence plus désespérée. Avec une bonne méthode, on peut tout plaider. L'avocat, formé par le sophiste, innocentera le criminel et confondra l'innocent. La cause ta plus mauvaise est celle qui lui plaira le plus, puisque son art y éclatera avec plus de perfection 1) Bien entendu il ne s'agit pas d'une découverte, absolument parlant l'enfant exerce spontanément, par la mimique et par la parole, ses talents de séduction; et Ulysse s'était fait, dans l'armée d'Agamemnon, la réputation d'un savoir-faire diplomatique qui le rendait irrésistible. Mais, avec les la théorie des sophistes, la systématisation du savoir-faire ruses et des artifices oratoires, fourniront la base d'une pédagogie et d'une politique, aboutissant « au début du quatrième siècle, d'une part au cynisme politique, d'autre part à la pure virtuosité~ n. Le langage n'est plus l'expression directe, naturelle et presque nécessaire de la pensée c'est un instrument au service d'un intérêt, intérêt de ceux à qui l'on parle, ou intérêt de celui qui parle, mais, dans les deux cas, sans rapport ni avec la vérité des choses ni avec notre pensée sur elles. Le fait est alors public et patent, selon la formule chère t. ~<J grands M<MM<~ la ~M~< antique, <9~, pp. 68.99. la /«7<M<i'«~,t. 2. Brébier, Histoire ~~<t~ I", t<)ï6,p. 8;.
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à l'auteur de Le /~M.~ Noir, que la parole a été donnée à l'homme pour déguiser sa pensée. Si le rapport du langage à ce que soi-disant il exprime est susceptible de se renverser par une systématique du mensonge et de la duplicité, la sincérité du discours, la simplicité du cœur, deviennent des vertus dérisoires, à rebours de l'évojution sociale. Mais, bien que cette naïveté se rencontre chez ceux qui se flattent d'être les plus raf6nés, il serait assez naïf d'aller imaginer que la connaissance de soi puisse conserver son intégrité là où est faussée la connaissance des autres. Le châtiment de l'orateur professionnel, tribun ou prédicateur, ce sera que son propre wc~ lui apparaît comme un moi parlé au même titre que le moi des autres. L'homme qui accepte de travestir sa pensée pour l'ajuster au costume qu'il porte, pour jouer le rôle qui lui a été assigné dans les drames profanes ou dans la divine comédie, ne peut plus espérer être de bonne ~oi avec lui-même, ayant cessé de l'être vis-à-vis d'autrui. It demeurera prisonnier de son attitude et de son langage, tel l'acteur qui, à force de représenter Napoléon sur les planches, sera incapable de dépouiller l'uniforme du « petit Caporal M et qu'il faudra interner. On dirait, du point de vue psychoà l'envers, une impossilogique, une sorte de ~M~~M bilité de prendre contact avec son ww intime, qui engendre une série de scènes à la Pirandello. On comprend alors de queUes répercussions sociales s'accompagnait la découverte de la rhétorique. Ce qui avait été jusque-là instrument d'éducation, au sens fort du mot, devient pouvoir de séduction et de corruption. La royauté légitime apparaît tyrannie; et (si vous me permettez de parler argot dans une leçon consacrée au langage), on se fera fort d' « avoir M autrui '< au boniment Qu'il s'agisse de la vie privée ou de la vie publique, de la satisfaction d'un désir sensible ou d'une ambition parlementaire, il y a dans cette formule toute une philosophie de l'histoire, qui n'a rien perdu assurément de son actualité. Pour revenir aux sophistes grecs, « dans un ordre politique Ats. Ustv.
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ANNALES DE L'UNtVEKStTË
DE PARtS
et social fondé sur la tradition, ils introduisent, comme ie dit M. Rivaud un ferment d'inquiétude, de mécontentement et de mort Athènes se sent menacée par la chute du respect; et la secousse est tellement forte que ceux qui luttent contre les sophistes sur le terrain même où ils ont engagé la bataille, qui prétendent triompher d'eux avec leurs propres armes, apparaîtront, du potnt de vue traditionaliste, suspects de livrer la forteresse à l'ennemi; c'est ce que soutient Aristophane dans les Nuées, et tel sera aussi l'avis du peuple. Mais le problème socratique survit à Socrate il s'agira de prouver que le philosophe n'est pas un sophiste, que la crise, liée à l'avènement de la rhétorique, ne sera pas surmontée par le regret stérile d'un ordre incapable de rendre raison de même des conditions dans soi, mais par l'approfondissement lesquelles se déploie le discours. Le langage, qui est fait pour exprimer la vérité d'une pensée, se détruit lui-même lorsqu'il contredit aux lois de la pensée. Platon se donnera comme programme de réaliser ce qui avait été le but de l'enrestituer son âme au langage, faire seignement socratique prendre conscience aux hommes de ce qu'ils veulent dire lorsqu'ils parlent et, par une confrontation mutuelle de leurs thèses, les obliger à se mettre d'accord chacun avec soi, pour accomplir leur propre vouloir en esprit et en vérité. Platon superpose au dialogue la dialectique. La convergence des pensées obtenue par les procédés d'ironie et de MMM«~<~ sera la conséquence et le reflet de l'unité qui appartient au monde solidaire des Idées universelles et éternelles. Mais, historiquement, et du point de vue encore extérieur où nous place l'étude des rapports entre le langage et la pensée, on peut se demander si Platon n'a pas dépassé le but. Cette unité du monde des Idées, destiné à supporter l'univers du discours, ne risquc-t-elle pas d'apparaître, sinon comme le rêve d'une transcendance en soi insaisissable, du moins comme l'effet d'une conception de l'intelligence et de la vérité ). 0~. <
p. 6~.
L- HOMOÎ.OQUËNS qui est particulière à un système, qui par là.même est vouée à se perdre dans la rivalité sans issue des systèmes Ce qu'il faut à l'humanité, c'est une discipline du discours qui se suffise à elle-même, sans impliquer de référence accidentelle aux données arbitraires de telle ou telle discussion, aux assertions imprudentes de.tel ou tel interlocuteur. Dans te sens de cette exigence, Aristote s'est engagé. H a rejeté la dialectique métamathématique pour s'attacher à perfectionner les procédés de l'induction conceptuelle chez Socrate, de la division dans le Sophiste de Platon; il est parvenu à la constitution d'une science qui trouve sa valeur intrinsèque dans la liaison nécessaire des propositions. Les deux prémisses d'un syllogisme étant posées, une troisième proposition s'en conclut qu'il est impossible de récuser. Comme M. Bréhicr y a insisté, dans son Histoire générale de la Philosophie (t. I" p. 173 et suiv.), la théorie aristotélicienne du syllogisme, sur laquelle on a échafaudé tant de développements abstraits et rébarbatifs, est, en fait, le dénouement de la crise sociale qu'avait provoquée l'enseignement des sophistes. A mi-chemin de la rhétorique et de la dialectique, elle promet à l'humanité une norme incorruptible du vrai par quoi la conviction légitime est à l'abri d'un art trompeur de persuader et de séduire. La mauvaise volonté, la mauvaise foi, qui perpétuent les discordes, sont désormais enchaînées. La grande espérance de paix réside dans cette explicitation régulière de thèses opposées, qui donne le moyen de trancher le débat, par la vertu de la forme, grâce à l'arbitrage souverain de la logique. On comprend alors comment s'est poursuivi à travers les siècles le rêve d'une caractéristique universelle, c'est-à-dire coextensive au monde du discours, capable, comme l'aurait voulu Leibniz, sur tout sujet où l'on discute, de convier les parties en cause à se détourner de toute violence, à déposer les armes, pour prendre la plume et pour calculer. Pourtant, que ce rêve soit un rêve, que l'on ne puisse pas conclure de la forme au fond, c'est l'évidence même; et le
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Il bon sens » n'a cessé de dénoncer le dogmatisme sans cesse renaissant des purs logiciens. Il Le syllogisme, en effet, a pour condition des principes pris pour accordés. Mais d'où peuvent venir ces principes, au regard d'un homme qui ne connait d'autre méthode que la syllogistiquc, sinon d'une autorité qui s'impose arbitrairement? Le syUogismeest ainsi la forme de la méthode d'autorité'. Du moment que la pétition de principe a été reconnue comme sophisme, scolastique et néo-scotastique s'épuiseront en vain à perfectionner la technique qui use de la pétition de principe, en bornant leur effort à la dissimuler. Seulement deux faits sont intervenus ici qui font comprendre comment cette tentative de dissimulation a pu se prolonger d'une façon si étrange: d'une part, la constitution, avec Euclide, d'une méthodologie géométrique sur le modéle de la logique aristotélicienne d'autre part, dans le domaine de la biologie, une conception apodictique de la science qui proclame le primat de la classification pour aboutir aux ordres hiérarchiques de Linné et de Cuvier. Depuis l'analyse cartésienne ou, en tout cas, depuis' la géométrie non euclidienne, depuis le transformisme de Lamarck, ces deux faits appartiennent au passé. Mais leur action perturbatrice survit à leur justification. Par la confiance que l'humanité a mise dans la forme pour la forme s'explique la faveur du double enseignement de la grammaire et de la logique. La forme canonique de la proposition sujet, copule, ~M<~<M/,correspond à la forme cano~j/a~ !w~, <M/, nique du jugement catégories grammaticales et catégories logiques se renvoient les unes aux autres. La encore, nous sommes en présence d'une apparence trompeuse, qui a son origine dans une sorte de quiproquo mutuel. Les grammairiens se fiaient aux logiciens qu'ils s'imaginaient en possession des normes éternelles de la pensée: les logiciens appuyaient leur analyse à la décomposition des façons ). Émile Boutroux,
Natureet l'Esprit, ~6, p. 67.
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de parler qui leur étaient habituelles, en conférant une valeur d'impératif à ce qui n'était qu'un accident. « Les catégories grammaticales sont toujours relatives à une langue donnée, et aune certaine période de l'histoire de chaque langue', n Nous n'avons pas besoin d'insister sur l'existence du genre qui, non seulement n'a rien de nécessaire, qui, par exemple, ne se trouve pas chez les Algonquins, mais qui nous ramène aux stades les plus reculés de la mentalité primitive: il y a mêmedes peuplades qui ont un langage spécial à l'usage des hommes et à l'usage des femmes. Le duel tendait à disparaitre du grec ancien, parce qu'il n'y était que le souvenir d'époques où la numération n'était pas constituée pour ellemême, où le signe du nombre était encore incorporé au langage qualificatif. « En fait, remarque encore M. Vendryès, notre grammaire a été bâtie au dix-septième et au dix-hui. tième siècle sur le modèle des grammaires du grec ancien ou du latin; elle en est restée faussée. Nous l'appuyons encore sur une nomenclature qui ne cadre pas avec les faits et donne une idée inexacte de la structure grammaticale de notre langue. Si les principes sur lesquels nous nous réglons avaient été établis par d'autres que par des disciples d'Aristote, notre grammaire française serait assurément tout autre. Il (/M< P. 107.) Ainsi les grammairiens ont été dupes des logiciens comme les logiciens ont été dupes des grammairiens; c'est ce qui pouvait justifier le sarcasme d'Auguste Comte « Quoique les grammairiens soient encore plus absurdes que les logiciens, ilssont beaucoup moins discrédités jusqu'ici ".MMaislestemps sont changés: aux uns et aux autres, l'histoire a rendu con. naissance et conscience de soi. Aujourd'hui, les logiciens, devenus psychologues, rencontrent devant eux, non plus des grammairiens, mais des linguistes. Personne ne s'amuse plus à multiplier les coups de pouce, honnêtes ou malhonnêtes, pour accommoder les impératifs factices du langage aux imt. V<nd)-y::s, Le Langage, <o~),p. to;. M'<«?~ positive, t. H, 3° édit., t~, p. 3~.
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pératifs artificiels de la logique. Il s'agit seulement de décrire et d'expliquer une succession de phénomeaes, en s'affranchissant des normes illusoires qui reflètent les conventions sociales du langage et les imaginations métaphysiques de l'ontologie. Pour cela, on devra, comme l'a dit M. Brunot', '< retourner entièrement le point de vue usuel, procéder, non d'une même forme aux diverses idées qu'elle exprime, mais d'une même idée aux diverses formes qu'elle emprunte: du commandement, par exemple, aux diverses manières de commander H. Justice est donc entièrement faite du préjugé en vertu duquel « les logiciens disciples d'Aristote ont décomposé la phrase verbale de façon à y introduire le verbe substantif le cheval <~M//= le cheval est couranl. Peu d'erreurs ont été aussi tenaces celle-ci a été forticée par les idées métaphysiques qu'on y rattachait. Des philosophes abusés par le nom du verbe « substantif » ont opposé la substance représentée par le verbe aux accidents qui exprimaient les attributs. Toute une logique s'est bâtie sur l'existence primordiale du verbe ~f, lien nécessaire entre les deux termes de toute proposition, expression de toute affirmation, fondement de tout syllogisme. Mais la linguistique, loin d'appuyer cette construction scolastique, la détruit par la base. D'après le témoignage de la plupart des langues, la phrase verbale n'a rien à faire avec le verbe et le verbe lui-même n'a pris place qu'assez tard comme copule dans la phrase nominale. » (0/ <!< p. 144.) Cette page ne sonne pas seulement le glas d'un esclavage séculaire, mais encore (et cela est décisif pour ramener sur son véritable terrain le problème de la connaissance de soi en éclairant les rapports entre la sociologie et la psychologie) la chute de ce double impératif, contre lequel s'insurgeait Auguste Comte, écrase sous ses ruines le postulat que le soidisant positivisme d'Auguste Comte avait emprunté à De Bonald. Entre l'homme et sa parole ne s'interpose plus une réat. B«~<M .?c<'«'~//«M~n~ )<)3o,t.XVf, tt)zt, p. toy.
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lité soustraite à ses prises, un langage qui aurait en soi son devenir et son principe comme s'il se développait par ses lois immanentes sans référence à l'activité réfléchie de la personne. Le romantisme sociologique sur quoi s'était fondée lamétaphysique.ou, pour mieux dire, la théologie, du langage, correspond à une ~o/f du /<~«w, à ce qu'on pourrait appeler, d'un nom ici approprié, une maladie du langage. C'est en effet un abus, sinon une incorrection, de prendre la t( vie" ou la « société pour des sujets de proposition, a&n de spéculer sur elles comme sur des réalités substantielles. Tout prétexte à hypostase ontologique disparatt, d'ailleurs, du moment qu'avec la linguistique contemporaine on distingue le langage et les langues K Le langage est l'ensemble des procédés physiologiques et psychologiques dont l'être humain dispose pour parler, tandis que les langues » Entre représentent l'utilisation pratique de ces procédés la transmission du langage et son utilisation pour l'exercice de la parole entrent, dans une réaction incessante dont l'histoire nous rend témoins, toutes les conditions du déterminisme historique, si compliqué, si hétéroclite, si paradoxal qu'il puisse être. Il n'y a pas plus d'invariant dans le temps que de frontière dans l'espace, qui lie l'évolution d'une langue à la définition ~tcM d'un concept, au génie supposé d'une race ou d'une nation. Le culte de l'étymologie ne peut qu'engendrer de perpétuels anachronismes. Dès lors, la muraille de Chine est tombée que le langage dressait devant la pensée. Tous les chemins sont ouverts pour la conquête de l'être intérieur à travers et par delà le temps. MParler n'a trait à la réalité des choses que commercialement en littérature, cela se contente d'y faire une allusion ou de distraire leur qualité pour incorporer quelque idéc~. "Formule pleine de sens et qui nous découvre notre tâche future. 6oM<w~f«!/<'WM/ est sans doute un adverbe d'intention péjorative; t. Vcndryes, o~.«< p. 27!. Stéphane Mallarmé, /~w/~ ~<Met prose, t~oS,p. )8S.
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mais, si l'on remonte jusqu'au substantif, on voit que dans le champ du « commerce » rentrent toutes les formes de la communication humaine. D'une part, la refonte systématique du langage concerne, non seulement les signes conventionnels entre voyageurs et hôteliers, mais les symboles de l'algèbre ou la nomenclature de la chimie. D'autre part, dans l'ordre, qui sera plus proprement celui de la parole, il y a un ensemble de réactions spontanées, de réflexes de la voix et du geste, que l'éducation assouplit a6n de dresser au parler correct « l'honnête homme qui se laisse habiller par son tailleur », mais qui va aussi au delà, qui pourra servir de tremplin pour une expression originale de l'être intérieur dans la singularité des moeurs et des sentiments, qui deviendra par le prestige et la contagion de l'art le point de départ d'un progrès d'intelligence. Le monde du langage, loin de se fermer sur soi, ouvre une carrière indéfinie à l'activité spirituelle, c'est-àdire à la connaissance de soi. Léon BRUNSCHVICG, Membrede l'Institut, Professeur à la Faculté des l.ettres de l'Université de Paris.
A propos de la licenceès lettres Voilà bien déjà un demi-siècle que s'est posé le problème de la licence ès lettres, au temps où l'on a commencé à mettre en doute l'efficacité absolue des vieilles méthodes humanistes. Depuis lors, on l'a souvent examiné sur toutes ses faces et on a même pensé plusieurs fois le résoudre. Illusion Après un répit qui n'est jamais très long, il reprend vigueur et s'agite de nouveau. Et, je ne sais trop pourquoi, dès qu'il se manifeste, les opinions diverses se hérissent en convictions intrai. tables très vite la discussion s'échauffe et chacun des adversaires d'invoquer avec conviction les droits du Goût, les On intérêts de l'Esprit, le salut de la Culture nationale pourrait croire que va recommencer l'antique querelle des Anciens et Modernes, car, le plus souvent, chaque nouvel épisode de l'inépuisable débat s'ouvre sur une revendication des Anciens ou, du moins, de leurs partisans. Il paraît pourtant clair que le désaccord se nourrit de sentiments qui le dépassent et qu'il serait sage, si l'on veut, une bonne fois, se placer au plein du réel, de quitter l'abstraction des principes, de se détourner du leurre de l'idéal et de descendre jusqu'aux faits véritables. En l'espèce, expérience vaut sans doute mieux que doctrine. Dix ans à peine se sont écoulés depuis qu'a été établi le régime des certificats pour la licence ès lettres; ceux qui sont chargés de l'appliquer ont tout juste eu le temps de se rendre compte de ce qu'il pouvait donner, et l'impatience des Anciens – car ce sont eux encore qui ont commencé les hostilités n'a pu se résigner à une plus longue attente. Je voudrais, à ce sujet, présenter quelques observations faciles à contrôler et quelques réflexions fondées sur une
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longue pratique de l'enseignement. Elles sont d'un vieux trois, au professeur qui a connu et appliqué prq ~ay/<* t' moins, des quatre systèmes successivement essayés jusqu'ici pour concilier les contraires et qui en a consciencieusement étudié plusieurs autres car, par bonheur, tout ce qui a été proposé n'a pus été essayé. Mais, d'abord, pourquoi donc cette crise nouvelle ? Quelle a été la préoccupation principale de ceux qui l'ont ouverte? Ils le disent très clairement c'est le souci anxieux de la fM//?/~ ~<~M/~ qui les a émus et mis en branle. La culture Voilà encore une représentation sur laquelle il n'est ~K~<< pas aisé de s'accorder. Tous, nous sommes prêts à prendre les armes pour sauver et exalter la ~«//M~ ~~<t/<? tous, nous la proclamons de première nécessité et tous nous voulons qu'elle précède et prime toute éducation technique. Mais, dès que l'un d'entre nous risque une définition, elle offense celle des voisins, si bien que, par une sorte de consensus tacite, on parle toujours de cette indispensable culture et on ne dit jamais ce qu'elle est au juste. Il n'est pourtant pas très difn. cile de deviner ce que voudraient qu'elle fût les adversaires du système actuel de licence. Ils se tiendraient, je pense, pour satisfaits si elle réalisait le programme d'entrée à l'École normale, imposé aux candidats d'il y a quarante-cinq ans un bon fonds de latin,contrôlé par une dissertation, – et une version mettons un thème, pour ne rien exagérer, une connaissance raisonnable du grec, attestée par une version, au moins; une familiarité avec les lettres françaises, éprouvée les notions par une composition où devraient s'accorder précises et le goût, l'ordre, le mouvement des idées et la parfaite correction de la forme; enfin, les lumières qu'un homme réputé éclairé doit posséder sur la philosophie et l'histoire, soit encore deux dissertations. Il est vrai un bon vétéran de l'ancien temps se trouvait assez souvent en état de se tirer avec honneur de ces épreuves témoignage de panachées, qui portaient incontestablement
A PROPOS DE LA LICENCE &S I-KTTRES
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bonnes études secondaires, telles qu'on les entendait alors, d'une certaine aptitude à apprendre et surtout d'une souplesse d'esprit que ne venait raidir aucun scrupule. A l'heure ainsi déterminée, ne se rencontre présente, la <-M/K~<?~, plus guère nulle part chez les jeunes c'est un fait que je constate sans t'apprécier et sans chercher, pour le moment, à Mais nombreux se trouvent aujourd'hui les l'expliquer. hommes qui, prenant en mains les intérêts qu'ils reprochent à l'Université de méconnaître, fidèles aux enseignements qu'ils ont reçus jadis et dont il faut croire que l'épreuve de la vie leur a confirmé l'excellence, accusent la licence actuelle d'être la grande responsable de cette décadence. Pourquoi? D'abord, parce yKW/< favorise la spécialisation des jeunes gens qui ne sont pas en possession de la fM//we générale, qui ne chercheront jamais plus à l'acquérir, se jettent à corps perdu dans l'étude de la philosophie, de l'histoire, des langues vivantes; et ils deviennent licenciés; ils reçoivent le droit d'enseigner, sans avoir, le plus souvent, acquis la moindre teinture du grec, sans posséder une connaissance suffisante du latin, puisque, paraît-il, la version que n'offre comportent les licences spéciales d'enseignement aucune difficulté je l'ai lu dans un rapport présenté tout récemment au Sénat. Ils pourront devenir des spécialistes avertis; des hommes cultivés, véritablement? Non. Et ils feront des élèves à leur mesure. Voilà le premier méfait de la licence actuelle. En voici un autre elle permet des combinaisons de certificats qui excluent complètement les disciplines antiques. Elle fait des licenciés sans latin! Est-ce concevable ? Assurément, cette licence libre, comme on d it, ne donne pas le droit d'enseigner mais qu'est-ce qu'un licencié qui ne peut pas enseigner? Et à quoi rime l'octroi d'une licenlia qui n'est pas docendi, sinon à un non-sens, qu'une bonne culture générale rend intolérable? Cette licence libre avilit le grade en ce qu'elle favorise les spécialisations les plus étroites, accepte les combinaisons les plus saugrenues et offre aux Il amateurs u des facilités de préparation et d'ob-
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tention incompatibles avec les exigences nécessaires d'un examen sérieux. Qu'on maintienne, si l'on veut, cette singularité, si difficilement intelligible, que tel ou tel des protestataires et non des moindres – s'est désespéré de n'arriver point à la comprendre et y a renoncé mais que, du moins, on lui refuse le titre usurpé de licence. A côté de ces inquiétudes nobles, si j'ose ainsi dire et sans aucune ironie, vient se placer une préoccupation d'origine plus modeste, mais aussi fort instante. Voici que nos collèges manquent de professeurs de lettres. La culture générale déficiente de trop de nos étudiants les détourne des humanités et l'administration de l'enseignement secondaire se voit dans l'obligation de renoncer pratiquement, en ses nécessités, à distinguer entre les licences d'enseignement, et de confier des classes de latin et de français à des licenciés de philosophie ou d'histoire. Les résultats sont trop souvent lamentables: ces professeurs ne savent pas ce qu'ils enseignent, et ce qu'ils enseignent est, en l'espèce, essentiel. leur culture généDonc, ils ne sont pas dignes d'enseigner rale est insuffisante et c'est dans le programme même de leur licence que gît la cause de tout le mal. Je ne crois pas avoir affaibli le réquisitoire, ni l'avoir trahi j'en reconnais volontiers la sincérité, les bonnes intentions et même l'utilité. Ce que je voudrais, c'est en conférer les affirmations essentielles à la réalité, plus forte que toutes les doctrines et tous les raisonnements. Mais auparavant, pourquoi ne ferais-je pas remarquer qu'il n'a pas jusqu'ici convaincu les professeurs de l'enseignement supérieur, lesquels, à une grosse majorité, se sont prononcés pour le maintien du statu ~<M,tout en acceptant quelques mises au point là où l'expérience les a montrées utiles? Pourquoi même n'ajouterais-je pas que beaucoup d'entre nous, nourris de la sève antique, pénétrés de respect et de gratitude pour la culture qui les a formés, pleinement conscients de tout ce qu'ils lui doivent et qui, les uns par profession, les autres seulement par goût, n'ont jamais cessé de demeurer en contact
PROPOSDE LA HCENCMt:S LETTRES
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intime avec elle, de lui demander et d'en recevoir réconfort et joie, loin d'applaudir à la réaction qu'on réclame, !a redoutent comme le plus grand péril qui puisse présentement menacer les études supérieures? Qui ne conviendra que cette défiance raisonnée des « techniciens < comme on aime à dire aujourd'hui, des responsables aussi, mérite considération ?P Que la culture humaniste aille s'anémiant et qu'elle soit aujourd'hui bien maladc, personne ne songe à le nier et nous tous, qui recevons les jeunes gens frais émoulus du baccalauréat, nous sommes les premiers à déplorer leurs ignorances et à en souffrir. Elles nous obligent à des précautions, voire à des concessions qui nous coûtent et qui nuisent à notre enseignement. Mieux que quiconque, nous sommes bien placés pour nous rendre compte de ce que représente la pseudoconnaissance de l'antiquité dont se parent les bacheliers. 11y a quelques exceptions d'autant plus louables qu'elles sont plus rares. Mais, si nous prenons un candidat moyen et qu'il ait, par exemple, choisi Virgile parmi les auteurs à nous proposer, il se peut qu'il arrive à donner vaille que vaille le sens de quelques vers pris dans un épisode très connu de F~~c mais qu'on lui demande ce qu'il sait de Virgile,de son temps, de ses ouvrages, qu'on l'interroge sur la composition du grand poème national et sur la relation entre l'oeuvre de Virgile et l'esprit, les moeurs, les sentiments, les croyances de son siècle, ou sur sa place dans les desseins d'Auguste; qu'on le prie aussi de dire avec quelque précision ce qu'est un vers latin; enfin qu'on essaie de voir s'il a pénétré jusqu'à la véritable culture romaine, au moins sur un point d'un tel intérêt, on a toutes chances de n'obtenir que réponses vagues et inexactes, ou le silence pur et simple. Ce garçon sait ânonner un peu le latin c'est vrai mais pour quel profit véritable ? On se le demande. Certes, la culture antique est féconde; elle peut se montrer admirablement éducatrice à beaucoup de points de vue, mais pour cehti-tà qui la possède
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réeUement et non pour le malheureux qui prétend s'autoriser d'elle sans même la soupçonner. Par infortune, ce malheureux-là, il s'appelle Légion et, bien entendu, il est tout de même reçu au baccalauréat. Si<m le refusait, qui recevrait-on ? Quand le cœur lui en dit, i! n'hésite pas avenir à la Faculté et il nous faut nous accommoder de lui. La tare qu'il nous apporte de l'enseignement secondaire, il nous l'impose et, tout naturellement, comme il redoute à juste titre les épreuves classiques, il se sent d'abord une irrésistible vocation de philosophe, d'historien, de géographe, d'angliciste, etc. La véritable cause de la ruine des humanités n'est donc pas à chercher dans le régime de la licence elle git dans la décadence de l'enseignement secondaire et ce n'est pas la licence qui pourra y porter remède. On ne refait pas en deux ans une éducation manquée pendant sept ans. Ne déplaçons pas les responsabilités. Il ne m'appartient pas de rechercher ici les causes de l'effondrement des études classiques dans l'enseignement mais je puis toujours dire que j'en aperçois secondaire d'abord deux. L'une est que l'enfant se sent normalement hors d'état de donner ordre à l'amas de connaissances hétérogènes et hétéroclites que les programmes lui imposent. Comprendre, apprendre, assimiler tes langues anciennes est une opération qui demande du temps, de la suite, de la ré&exion répétée et lente. Saisir le sens de la vie antique, en sentir le charme ou en pénétrer la leçon, réclame aussi quelque insistance. Où trouver le loisir de satisfaire ces exigences diverses parmi les impératifs des diverses sciences, des langues vivantes, de toutes les disciplines qui sont venues l'une après l'autre enrichir la '<progression pédagogique de nos lycées ? Et l'autre cause de décadence dont je voulais parler, la voici ne pouvant tout faire, l'enfant choisit et, d'instinct, il va à ce qui le rapproche de la vie d'aujourd'hui, il va aux sciences. Il ne me serait pas difficile de nommer d'excellents élèves de tel lycée de Paris, qui tiennent la première place en /<??/ dans leur classe, y compris la version
A PROPOS M LA LICKNCE ES LETTRES
.f'M~w.f~f/ plus aux ~MMdWt~. grecque, mais qui, en vérité, Ayons le courage de nous avouer, parce que c'est vrai, qu'à peu d'exceptions près, les meilleurs élevés en sont là. Je ne soutiens pas que ce soit un bien, je dis que c'est un fait et que, si l'on convient de tenter de le changer, ce n'est pas en chargeant d'épreuves classiques les diverses licences spéciales qu'on y parviendra. Dans tous les cas, pourtant, c'est l'état des connaissances de nos bacheliers qu'il faut d'abord considérer et c'est «!W</ leur préparation à la licence qu'il faut leur appliquer le topique salutaire, si on le découvre. On a parlé d'imposer à tous les futurs licenciés d'enseisi on le croit gnement une année de première supérieure possible, rien de mieux. On a songé aussi à organiser la ~wpédeutique obligatoire pour ceux qui n'auraient pas accepté l'année complémentaire au lycée. Ce ne serait pas non plus mauvais; mais il en coûterait quelque argent à l'État, car les Facultés, obligées qu'elles sont d'assurer la préparation de la licence, du diplôme d'études supérieures et de l'agrégation, sans compter le doctorat, ne disposent pas présente. ment des ressources qu'il faudrait pour mettre en bon état de fonctionnement l'espèce de P. C. N. littéraire qui serait à prévoir. D'autre part, serait-il facile d'allonger d'autorité, de deux ans à trois, les études de la licence d'enseignement? Et ennn, cette La question n'est pas oiseuse aujourd'hui. année d'études générales suffirait-elle à combler les lacunes de toute une éducation déséquilibrée par ses prétentions encyclopédiques? J'en doute un peu. Elle serait d'un excellent rendement pour les élevés qui se sont intéressés aux humanités, c'est-à-dire pour ceux qui auraient le moins besoin d'elle; pour les autres, ceux que n'importe quelle raison pousse vers la philosophie, l'histoire ou les langues, il est à craindre qu'ils considèrent l'année de propédeutiquc comme une corvée dont ils se débarrasseront au plus juste prix. C'est pourquoi je crois que le salut dont on cherche la formule, s'il est entendu que le retour à l'humanisme est le salut,
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ANNALE UE L'UNtVERS!TÉDEPARIS
on ne le trouver que dans le changement d'esprit et de contenu des programmes de l'enseignement. secondaire. Un abandon de la doctrine de la tête bien pleine et un retour modeste à celle de la tête bien faite pourront restaurer, du moins en faveur d'une élite bien douée pour les lettres, cette culture générale qui doit être le fruit précieux de l'enseignement moyen. Certainement, c'est aussi une culture générale que doit authentiquer la licence d'enseignement, mais ce n'est pas la même que celle dont le baccalauréat devrait représenter la consécration. Les études d'enseignement supérieur ont mission d'approfondir, étendre et expliquer les connaissances que l'étudiant apporte à la Faculté, mais aussi d'y ajouter des connaissances nouvelles et de préparer un jeune esprit aux méthodes et aux recherches de la science. Si l'on veut que la licence soit mieux que la troisième partie du baccalauréat, il faut qu'elle renonce, elle aussi, aux ambitions encyclopédiques et que la culture générale qu'elle prétend attester se résigne à ne point sortir des bornes d'une grande lettres classiques pures, ou philosophie, ou discipline histoire et géographie – lesquelles, d'ailleurs, devraient être distinctes, sans cesser de se prêter assistance – ou langues vivantes. Mettre au point en deux ans l'initiation historique d'un étudiant, c'est une très grosse besogne et qui suffit à absorber tout le temps disponible. Se représente-t-on bien ce que sait d'histoire ancienne et d'histoire du moyen âge un très bon bachelier? C'est misérable. Réduire l'étude de l'histoire pour le futur historien, ou de la philosophie pour le futur philosophe, à n'être, pendant la préparation de la licence, qu'un complément de la culture humaniste, c'est assurer la rapide décadence d'agrégations spécialisées qui ont jusqu'ici gardé une excellente tenue. Niveler toutes les études de licence sous un programme plus ou moins analogue à celui que je rappelais au début de ces notes, c'est les condamner à l'irrémédiable médiocrité qui prétend
A PROPOS DE LA LICENCE » II.'
à tout n'arrive
ES LETTRES t 1 1.
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à rien. On a honte de le répéter it parait pourtant que ce n'est pas superRu. A l'heure actuelle, nous, les examinateurs de la licence, nous constatons les bienfaits des certificats. Voilà douze ans, encore, nos candidats laissaient délibérément de côté ce qui leur déplaisait, je ne dis pas parmi les questions d'un programme, mais parmi les disciplines que l'examen était censé contrôler. Par exempte, ils préparaient leurs épreuves d'histoire ancienne avec un manuel à l'usage de la classe de sixième et ils comptaient, pour y compenser leur nullité, sur leur note d'histoire moderne ou de géographie. Il en allait de même dans toutes les licences. Cet abus scandaleux et dangereux n'est plus possible chaque certificat fait la preuve d'une étude sérieuse de tout son programme et nous pouvons affirmer qu'un de nos licenciés, quelle que soit la section qui l'ait reçu, sait ce qu'il prétend avoir étudié, qu'il possède vraiment cette culture générale d'enseignement supérieur que j'ai, il y a un instant, tenté de dénnir. Il y a plus dans les licences spéciales, il a dû fournir la preuve d'une connaissance convenable de la langue latine ou de la grecque, considérées comme instruments de travail et de recherche. Pour ne parler que de ce que je sais, je dirai qu'il n'est pas du tout rare, encore qu'on ait soutenu le contraire, que l'option de quelques candidats se porte sur le texte grec au certificat d'histoire ancienne et que le texte latin n'est pas autrement facile. Il est choisi d'un commun accord, à Paris, par les quatre professeurs d'histoire ancienne. Les candidats le redoutent beaucoup et ils ont raison, car, à chaque session, il fait te malheur d'un grand nombre d'entre eux. Je ne conteste pas qu'il soit possible d'améliorer l'épreuve, en ajoutant, par exemple, une explication latine à l'examen oral. On ne pourra parler du grec qu'après que l'obligation de l'étudier aura été imposée à tous les élèves de l'enseignement secondaire. Et si, de toute évidence, nos licenciés de philosophie ou d'histoire ne s'en trouvent pas qualifiés pour enseigner les humanités dans un collège, je AXM.Uxtv.
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ANNALESDE.L'UNiVBRS!'f&DE PARIS <–~ j..– moins. x–j):–~t~<. à fait tort de consiredire qu'on a tout ~<tt–t~ tiens, du dérer comme un M~ ta version classique à laquelle ils ont satisfait. Ce qui pourrait bien en être un, en revanche, et très pemicteux, même à ce qui subsiste des études humanistes, ce serait de revenir à la vieille licence omnibus d'autrefois et de àla parure d'un confondre les connaissances qui suffisent homme du monde éclairé avec celles qu'il faut à un professeur pour dominer son métier. Donner à l'administration toutes les facilités possibles pour recruter les mattres de ses collèges, rien de plus souhaitable mais à la condition de ne pas compromettre, avec le recrutement des spécialistes, la dignité de l'enseignement de nos lycées. Si nos futurs agrégés des lettres ou de grammaire sont, eux aussi, des spécialistes qu'il ne faut pas encombrer, au cours de leurs études supérieures, d'obligations parasites, nos apprentis philosophes, historiens, géographes, linguistes ont droit aux mêmes égards. C'est l'intérêt de la culture humaniste elle-même et c'est celui de la science. Qu'on ne les leur refuse pas. Je n'ai parlé jusqu'ici que de la licence d'enseignement. Je la mal nommée. Fautvoudrais dire un mot de la licence /< il rappeler à quels besoins et à quelle espérance elle répond? Les besoins, ce soht ceux d'une foule grandissante de jeunes gens des deux sexes, Français ou étrangers, qui jugent utile à leur carrière ou plaisant à leur satisfaction personnelle de venir chez nous passer deux ou trois ans, et qui demandent à la licence d'authentiquer les études qu'ils y font. Études fantaisistes? Oui,quelquefois; mais où est lemal, puisqu'il ne s'agit pas de futurs enseignants, mais d'étudiants qui vont où leur curiosité, leur goût ou leur intérêt particulier les poussent ? Est-ce que la liberté d'apprendre ce qu'on aimerait à savoir est un mal, quand on n'a rien de mieux à faire ? Du reste, en l'espèce, la fantaisie est beaucoup plus rare qu'on ne semble le croire. Dans la section d'histoire, je vois particulièrement nombreuses deux catégories de ces « amateurs x. L'une est composée d'étudiants en droit, souvent, en même
A PROPOS DE LA LICENCE&SLETTRES temps, élevés à t'Ëcote des Sciences politiques. Je leur conseille de préparer le certificat d'histoire moderne et contemporaine, le certificat de sociologie, et, selon leurs intentions de carrière, soit le certificat de géographie économique, soit le certificat de géographie coloniale. Quand ils ont ajouté au total la licence en droit, est-ce là un groupement fantaisiste et incohérent? L'autre catégorie, la plus nombreuse, s'intéresse à l'art elle combine les enseignements théoriques de notre Institut d'histoire de l'art avec l'enseignement pratique de l'École du Louvre. Est-ce si fâcheux? Et un curieux de l'histoire des religions de la Bible, auquel je conseille de joindre au certificat spécial d'histoire des religions, un certificat de langue sémitique, un certificat de langue grecque et un certificat d'histoire de la philosophie, ou un certificat d'histoire ancienne, est-ce qu'il est du coup jeté dans l'anarchie intellectuelle ? Je pourrais multiplier les cas. F/ il w' pas vrai, je ne saurais le dire avec trop de force, il n'est pas vrai que cette licence libre soit plus facile y~ l'autre. Sans doute, quelques combinaisons ont été d'abord possibles, qui revenaient à tirer plusieurs moutures du même sac, plusieurs certificats de la même discipline; mais nous les avons dépistées assez vite et interdites. Ce qui est exact, c'est que plusieurs des certificats spécialisés sont beaucoup plus difficiles que ceux des licences d'enseignement. Je cite presque au hasard les certificats de linguistique générale, de philologie romane, de géographie générale, d'histoire des religions, d'histoire de la musique, qui représentent, comme plusieurs autres, une introduction technique à des recherches scientifiques fort ardues. Assurément, plusieurs autres certificats très attrayants sont aussi d'accès bien plus aisés; c'est qu'ils ont été disposés pour attirer les étudiants désintéressés qui ne cherchent qu'à s'instruire, pour cultiver et orner leur esprit. Est-ce qu'ils ne sont pas entre tous intéressants ? C'est à eux que s'attache précisément t'cspérance à laquelle je viens de faire allusion. Elle est qu'un jour il soit entendu dans ce pays, d'un consentement unanime, que tous les jeunes gens
ANNADM DE î.'UNtVERSn'É
DE PARtS
qui auront l'ambition de compter dans la vie nationale ou seulement d'être considérés dans ce qu'on nomme le monde, devront avoir passe deux outroisansàl'Université.Jedemande si la culture générale de notre peuple y perdra et si le renom de notre enseignement supérieur en sera compromis. Et maintenant, pourquoi nous désirons que quatre certificats groupés en pleine liberté donnent la licence au bachelier Parce que, d'abord, il y va de l'intérêt immédiat de la science; en second lieu, parce que la réalisation de notre grande espérance dépend strictement de cette concession. Un jeune homme qui s'applique, je suppose, à l'étude de la linguistique générale, est-il juste, est-il sage, de lui fermer l'accès du doctorat ? Et le futur orientaliste, l'archéologue, le musicien, le géographe, et d'autres encore, n'ont-ils pas droit à la même complaisance, dans l'intérêt de la contribution que leur spécialité attend de leur effort ? D'autre part, du jour où il sera décidé que la conquête de quatre certificats ou la combinaison de trois certificats avec une des équivalences autorisées, ne feront l'objet que d'un diplôme spécial purement honorifique, qui s'y attachera ? Quelques rares travailleurs, qu'auà commencer par cun découragement n'atteint; les autres tous les étrangers disparaîtront sur l'heure, et je prévois, dans la seule section d'histoire et de géographie, une diminution de <).op. 100 de l'effectif scolaire. Est-ce à souhaiter? Et ne vaut-il pas mieux constater que le fait a débordé les mots, que la licence n'est plus seulement un examen professionnel et ne peut plus le redevenir sans dommage ? Rien n'est parfait. Nous souhaitons nous-mêmes une revision sévère de la liste des équivalences admises, dans la licence libre, à représenter un certificat. Nous sommes disposés à demander l'abolition des certificats reconnus superflus. Nous sommes tout prêts à étudtcr les moyens de renforcer la culture classique de nos spécialistes et même des autres; i mais perfectionner, corriger n'est pas bouleverser, et une réaction dans un moment de mauvaise humeur ne se confond
ES LETTRES A PROPOSDH LA UCENCM
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jamais avec un progrès. Ce n'est pas à la tribune du Parlement et sur un coup d'éloquence qu'il convient de décider en si délicate matière; la plus prudente circonspection s'impose et il est sage de n'accorder à la puissance du décret qu'une con&ance restreinte. Un décret qui ne tiendrait compte ni de l'esprit du temps, ni des exigences delà vie réelle, ni tout simplement des tendances qui poussent la jeunesse irrésistiblement dans tel ou tel sens, aurait toutes chances de rester lettre morte. Ne confondons pas une loi et une institution l'une est toujours facile à rédiger et à proclamer, l'autre ne s'installe et ne dure que lorsqu'elle répond à un besoin; elle peut sans doute lui survivre, mais elle ne naît pas avant lui Si l'on doit nous faire essayer un nouveau système de licence, que ce ne soit du moins qu'après une enquête patiente et précise, au terme de laquelle, par ordre chronologique, les Facultés, la Direction de l'Enseignement supérieur, le Conseil supérieur et le Mmistre auront pris leurs responsabilités. Ch. GUIGNEBERT, Professeur à ta Faculté des Lettres, Directeur d'études pour l'Histoire et la Géographie.
Vie
TRAVAUX
Scientifique
ET
PUBLICATIONS'
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PHILOSOPHIE Léon BRUNSCHVtCG, membre de l'Institut, professeur à la Faculté des Lettres de l'Université de Paris. De la Connaissance da Soi. Un vot. in-8, xi-t<)~ p. Paris, Alcan, f~t. Les dix chapitres de ce livre* sont des leçons professées à ta Sorbonne pendant l'hiver ro~p'i~o. Chacun d'eux correspond à un thème d'entretien qui devait être exposé dans les limites d'une heure; dt? là les reprises et les raccourcis, comme le choix, comme la longueur même, des textes invoqués pour une justification rapide et sûre des faits, pour une illustration commode ou frappante des idées. Le sujet du cours, tel qu'il était annoncé, a fourni te point de départ. Mais comme il était naturel, la réponse a débordé la question le problème a engendré d'autres problèmes, et le cadre des recherches purement psychologiques a été rompu. On ne trouvera donc pas ici un tableau des caractères et des passions, ni davantage un encouragement à ce goût d'analyse égocentrique qui a fait passer la confession pubtique du plan religieux au plan profane, et pour lequel les héros du romantisme, Rousseau, Goethe, Chateaubriand, attendaient de pouvoir invoquer l'excuse de l'âge. Il est vrai que l'esprit ne cesse d'être, suivant l'expression de M. Jacques de Lacretelle, dans la P~/<!<*<pour sa traduction de Sarn, « sollicité à la fois par les plus vastes problèmes de l'univers et les plus petites espérances de notre vie H. Ainsi s'expliquent les alternatives, interférences et confusions, dont la littérature tirera t. Les résumés des thèses ont étéétab)iiipar!es auteurs eax-mcmes la rédaction des Annales ne prend pas plus que les Facultés la respon. sabilité des opinions émises dans ces thèses et dans ces résumés. a. TAM.EDESCHAPITRES I. Psychologie et Biologie. II. L*~MM – 111. L'Homo M~«M~. – ÏV. La Magie. – V. Le LanL'Homo ~t/ gage. – VI. L'Animal politique. – VII. LW<w~ VIII. IX. L'Agent moral. X. L'Être spirituel. .?<t~M.–
VIESCtENTWtQUE
ses effets les plus dramatiques. Un échec d'amour ou d'ambition nous renvoie de Leibniz à Schopenhauer, à moins qu'il nous ramène de Freud à Pascal. Mais l'intérêt du philosophe est de discerner les plans. Même dans la vie de l'âmu, quand il découvre l'équation personnelle et qu'il en mesure les effets, c'est pour tâcher d'en affranchir le calcul des valeurs positives. Se connaître, c'est assurément se pencher sur son passé dans l'espoir de le ressusciter; c'est aussi, et c'est plus encore, s'interroger sur son devenir et sur sa destinée; c'est parier sur soi-même. Mais l'individu ne fait pas ce pari à soi tout seul et pour son compte unique. II y aurait beaucoup de complaisance et de vanité à imaginer que ce qu'il y a de véritablement w~ en nous, c'est ce que les autres ne sont pas; et cela reviendrait à déterminer notre originalité, sinon d'une façon négative, du moins par rapport à autrui. Parier sur nous, c'est, au fond, parier sur notre capacité intime de comprendre et d'intégrer les valeurs qui se sont produites au cours de l'évolution humaine. Le pari de l'individu sur soi conduit ainsi à ce pari plus essentiel que l' « animal raisonnable H a fait sur lui-même quand il a proclamé l'autonomie de son progrès spécifique à l'encontre des nécessités qui sont impliquées dans l'instinct de la vie et dans la tradition de la société. Ce second pari, avons-nous le droit aujourd'hui d'affirmer que l'humanité l'a gagné? Oui, sans aucun doute, si nous considérons l'humanité au sommet de son idée. Jamais la raison ne nous a fait apparaître plus évidente notre vocation de spiritualité qu'avec la science contemporaine, qui a réussi enfin à nous situer, selon nos dimensions réelles, dans un univers lui-même conçu dans son ordre exact de grandeur, tandis qu'autour de ce cercle de lumière, et comme pour en confirmer l'éclat, se disposent les études, si curieusement convergentes et décisives, sur la mentalité des primitifs, des enfants, des malades. Par contre, et pour l'humanité ramenée à son niveau moyen, jamais n'a été plus plus clair le danger d'une régression collective; et c'est plus qu'une menace qui est inscrite dans les croyances et les moeurs dont procèdent les événements de l'Europe depuis 1~4 et depuis 19:8. A gauche aussi bien qu'à droite, les jeunes poussent les a!nés vers les formes les plus archaï. ques et rudimentaires de leurs orthodoxies. Et pourtant, si pressantes qu'aient été, à certaines époques de l'histoire, les luttes, ou de peuples, ou de classes, ou de religions, la méditation de la guerre pour la guerre, qui nous détourne et nous divertit de nous. même, demeure aussi courte, aussi stérile finalement, que la médi. tation de la mort. Que les écrivains à ambition de prophètes prétendent s'appuyer sur les leçons du passé ou qu'ils s'autorisent simplement de leur génie propre, nous leur refuserons le droit de nous alarmer ou la chance de nous rassurer. Comment prédire ce que les hommes dans leur ensemble feront de l'humanité, alors que le problème à résoudre
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ANNALES DE L'UNtYERStTË
DE PARIS
se pose précisément en termes inverses? 11 est, pour chacun de fera de lui dans la mesure où il nous, de décider ce que l'humanité aura su se réconcilier avec soi en parvenant au degré d'intelligence et de conscience qu'elle a effectivement atteint par le progrès d'un effort séculaire. Et ces pages auront touché leur but s'il peut semue lui ont pas été tout a fait inutiles pour bler au lecteur qu'elles se définir à lui-même un tel problème dans son ampleur et dans sa précision. la ~<~«'<Mf< – Raymond RCYKR. – 1. ~t~<ttt«* <<'««<'~t~î~/x~ It. L'humanigé de /'<!WM<<'d'après CoM<'Mo< Thèses pour le doctorat soutenues devant la faculté des Sciences. Paris, to3o. A'j~M~~ <«t<~ ~/«<oM~A«'
la ~<n«'<«re
une réalité quelLorsqu'on veut décrire d'une façon approfondie on est vite amené & donner des détails sur sa conque, forme, sa strucsur lu disposition dans l'espace de ses parties, sur les ture, c'est-d'fc huilons de celles-ci, sur leur mode de fonctionnement dans le temps. Le; phitosophes considèrent les détails de structure comme qui secondaires seraient fort embarrassas si on les mettait en demeure de parler des choses sans faire mention de leurs dispositions spatiales. H est donc permis de se demander si toutes tes différences entre réalités ne se réduiraient pas Mdes différences de structure. Le mécanisme matérialiste, presque aussi vieux que la philosophie, est en un sens une philosophie de la structure, puisqu'il veut tout de disposition dans l'espace d'éléments expliquer par les changements le vieux mécanisme, matériels immuables. Seulement, depuis les derniers progrès de physique, est périmé. La matière s'est évanouie entre les doigts des physiciens. La physique moderne, surtout la physiclue relativiste, non seulement recourt en dernier ressort aux explimais elle ne craint pas de suspendre ses explications géométriques, cations en quelque sorte dans le vide. En analysant les réalités elle ne trouve finalement des rides physiques, que d'espace et de s'est toujours montré tout & fait temps. En outre, le mécanisme d'aborder sérieusement le domaine des réalités mentales, incapable des sensations Il est indispensable conscientes. de constituer un n nëo-mécanisme philosophique, qui répudiera le matérialisme, tout en conservant ce qu'il y avait de solide, de positif, dans les tendances mécanistes, dans ce mode de pensée sainement éloigné des explications verbales, des jeux de mots et de la dialectique. Tout le but de l'ouvrage est donc de montrer que les problèmes s'éclairent si on les aborde avec le parti pris de les philosophiques traiter comme des problèmes'de physique. Les divers ordres de reala lité réalité psychologique y compris s'opposent par leur type de structure, par leur système de liaison. Une pareille entreprise n'est paradoxale qu'en apparence puisque le réel est défini par la forme, toute forme, même complexe, est aussi réelle qu'une inversement, t. Alcan, Paris,
<o3o. Bibliothèque
de philosophie
contemporaine.
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structure élémentaire, et le supérieur n'est pas expliqué par l'inférieur, puisque chaque forme entraîne avec elle sa '.péciScité absolue. Matière, ce ne sont pas non esprit, ne sont pas des substances primitives, plus des systèmes dérive!! d'une 'f substance neutre analogue à celle dont parlent les néo-réalistes américains, ce sont deux étapes dans le des mécanismes. D'ou tes divisions de l'ouvrage développement )" Les formes il liaisons objectives non c~rébrutc.~); 2° Les formes n liaisons cérébrales; 3" Kappons entre t"~ deux types de formes (la connaissance). Quoi qu'en pcn~e le sens commun des philosophe:), encore tout imprégné de préjuges idéalistes, le monde des formes peut exister de la con'-cicnce. 11 y a une évolution réelle. vraiindépendamment ment créatrice, même au niveau des pures choses. Le temps de la ou plutôt de la physique, mécanique puisque, depuis Einstein, cette-ci a absorbe celle-là, n'est pas une abstraction le artificielle; en dérive. Les du de la causatemps-durée principales énigmes temps, lité, du hasard, disparaissent si t'en fait ta distinction des mécanismes dits (structures a liaisons dénnics) et des cosmos o proprement (groupements de mécanismes très variés et liés entre eux d'une façon vague). La distinction des données théoriques, abstraitement considérées comme en dehors du temps, et des données historiques, soumises au temps, est toute rotative; elle se réduit à l'opposition des formes simples et des formes très complexes. L'idée de cosmos jette encore On peut considérer quelque lumière sur la nature des organismes. ceux-ci comme des « cosmos au second degré M,formés de mécanismes d'un type encore inconnu. La biologie est trop peu avancée pour qu'on puisse faire autre chose que s'en tenir simplement à quelques principes rejet de tout vitalisme, de tout dynamisme. La pierre d'achoppement du mécanisme, c'est l'existence de la conscience. Au contraire, la réalité consciente ne constitue pas une difficulté pour la philosophie de la structure. II faut seulement éliminer radicalement tout un vocabulaire artificiel qui embrouille la question opposition du subjectif et de l'objectif; concepts d'&me, d'esprit, de etc. Il faut se représentation, parallélisme psycho-physiologique, résoudre a un réalisme absolu. L'image cc mentale )) d'un objet est une réalité particulière, à côté de la réalité de l'objet; il s'agit de la décrire exactement, de telle sorte que, de la seule description, se déduisent les propriétés particulières de l'image, qui l'opposent à à la forme non Résoudre le de la !'objet physique, image. problème conscience, c'est encore chercher un type de structure. Quel genre de liaison, quel fonctionnement implique l'image visuelle d'un arbre, par Une exemple? image purement physique – celle qui se forme sur une placlue photographique – n'est constituée que par la juxtaposition banale d'éléments, mais l'image mentale est faite d'un mode de liaison' tout particulier elle agit comme une été sur l'organisme. Le système nerveux sert de support à la conscience parce qu'il réagit, à la manière d'une serrure, selon la forme de l'excitant sensoriel. L'arbre-forme fonctionne selon sa forme, l'arbre-image existe, dans la mesure où, grâce au système des associations nerveuses,la forme d'ensemble de J'arbre est impliquée dans une action commune sur un organisme. La différence entre l'état de conscience et l'état physique est donc un peu analogue 3~ la différence entre l'état nuide et l'état solide. t) est absurde de cher-
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ANNALES DR L'UNÏVERStTÉ
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cher fit conscience dans la chimie ou la physiologie du neurûnc isolé. H faut ta chercher dans le type de liaison que fournissent tes conducteurs nerveux. Cette conception n'est pas du tout un matérialisme extrémiste la matière du cerveau n'est en rien plus réelle que l'état de conscience, puisqu'elle <Mrivc eile-meme d'un mode de liaison entre élément;: d'espace. Si les qualités sensibles n'ont pas de structure, c'est qu'elles sont notre être même, qu'elles constituent la réalité spéciale qui est « nous )', au milieu de ('univers. Le mode de composition qui fait l'existence des qualités sensibles n'est donc pas connaissable, décomposable, puisque nous ne pouvons échapper a notre être. Personne ne peut assister !a propre naissance, et sa naissance est, pour chacun, un absolu. Il ne reste plus qu'à montrer pour toute la psychologie qu'elle peut se ramener a des sensations, des images, et des réactions Les tendances nouvelles de la psychologie, surtout en organiques. et en Allemagne, vont bien dans le sens d'une telle réducAmérique tion. est-elle Comment, dans l'univers des structures, la connaissance Tant la de la connaissance n'est possible? que pas résolue, question routes les constructions restent en l'air ». Mais une précédentes ~OMM«<M<!W~ est possible. Le cerveau, d'une part, ~Ay~t~Ht comme une serrure, et subit l'action des tendances organiques, agit .tuxquettes it répond par une production d'images sans valeur de vérité; d'autre part, it peut fonctionner aussi comme machine à cala des symboles ou culer, en donnant des propriétés conventionnelles algorithmes, qu'il emploie ensuite pour reconstruire les réalités extérieures. Du reste, le mécanisme particulier de l'image mentale la rend d'avance propre a ta fonction de connaissance. L'image de l'arbre, bien que différente de l'arbre-objet, présente une correspondance avec celui-ci. Les théories modernes représentant la conscience comme un instrument d'adaptation biologique sont justes, à condition d'ajouter que l'adaptation n'est possible que par cette correspondance. En considérant le cerveau comme une machine à calculer, réglable on ramène dans le monde physique tes prétendus par convention, Le nombre gcnératisë. les espaces objets idéaux des mathématique. euclidiens et non euclidiens, toute:! tes mathématiques pures, résultent des opérations de notre machine cérébrale. Ces opérations, loin de dominer l'ordre des réalités physiques, peuvent au contraire être la d'une jugées par physique, ~avènement géométrie naturelle l'a prouvé. La forme, telle qu'elle apparait dans la géométrie classique, est une abstraction les formes, tes structures réelles sont du ressort de la mécanique et de la physique. Une théorie néo-mécaniste de la connaissance s'accorde parfaitement avec la te~on » a tirer de la physique relativiste, qui a modiSc nos idées srr le rôle du sujet dans la connaissance. Les interprétations idéalistes que l'on a pu faire de la théorie de la relativité (Brunschvicg, Eddington; sont très contestables il apparalt, au contraire, que le système observateur, comme le système observé, ne peut être considéré que comme une réalité phy~'<MMwM«<M structures sique. Pour tout résumer en une formule est la ~a~<~ seuls, les autres mots du vocabulaire scientifique n'ont qu'une valeur relative. Une physique de la connaissance ne peut, naturellement, que con.
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SCIENTIFIQUE
damner la connaissance métaphysique. Nos constructions mentale;. les formes et rien peuvent reproduire d'autre. Dépasser le extérieures, plan de ta structure, c'est M perdre dans le verbalisme. Le n~o-mëcanisme implique ainsi une sorte de criticisme nouveau et radical. Des notion.. métaphysiques comme celles de « nécessaire <, de possible d' « essence », de '< nnatite o ne viennent que du langage, opérant un dédoublement artificiel de l'absolu de ta forme. Notre connaissance est en même temps illimitée dans ses surce'! – la science reconstruit pièces & pièces tous les phénomènes – et sans portée réelle, puisqu'elle n'aboutit finalement qu'à poser l'univers une seconde fois. ~HU!
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Cournot
Cournot, avec une sorte de rigueur philosophique, et sans se livrer un jamais aux jeux de l'imagination, prévoit règne futur de l'homme, ou, plus exactement, de l'homme civilisé. Notre époque, de transition. voit disparaitre les derniers vestiges de l'homme naturel soumis encore aux instincts obscurs et irrationnels de la vie. L'équilibre de l'humanité future sera d'un ordre purement rationnel et mécanique. La phase de l'histoire, où les grands hommes et des hasards infimes peuvent encore produire des bouleversements, est destinée & finir. Un moment viendra où l'histoire s'arrêtera. L'humanité aura atteint son profil d'équilibre, et elle ne pourra plus être décrite que par des statistiques ou des chroniques monotones. C'est devenu un lieu commun aujourd'hui que d'annoncer la « mécanisation des sociétés et la transformation de l'humanité en une espèce de ruche ou de termitière. Cournot annonce plutôt une sorte de pétrification Mdes sociétés. Les passions politiques s'éteignent pour faire place à l'administration utilitaire. Le culte de l'intérêt matériel une sorte produit Cournot applique'ces d'assagiMement. idées générales aux problèmes de l'avenir de la religion, de la démocratie, et surtout du socialisme. Les lois de la « physique sociale u et aussi de l'économie politique lui paraissent devoir toujours imposer une dénivellation dans la société, malgré les explosions que le socialisme pourra provoquer. L'humanité perdra son âme. parce que t'ame tient aux instincts de ta vie. Les peuples et les cités héroïques feront place aux populations unifiées et grises et aux villes pareilles à des banlieues sans personnalité. Cournot a été le précurseur de toute la littérature d'aujourd'hui, assez peu optimiste, sur l'avenir du monde. Sans croire précisément à la faillite du règne humain, de cette grande tentative qui va contre la nature vivante, il la dépouille de toute poésie et la considère au fond comme un phénomène grossier, comme un retour à la matière.
M. Paul-Henri MICHEL. – Un idéal /wMaM ait J~ j< La ~tK~ de /M.Fa~<~ Alberti (~) Th!!se pour le doctorat sou. tenue devant la Faculté des Lettres. Paris, t~So. Cet ouvrage n'est pas une étude complète de la vie et des œuvres de Leoa.Baptute Alberti, mais seulement, comme t'tndïque te titre, t. Paris, Société d'éditions « les Belles Lettres M, !<)3o.
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ANNALES DE L'UNIVERSITÉ
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u.'f L:L:1.. un exposé de ses .1. doctrines. La sans être biographie du personnage, entièrement négligée, a été réduite au cadre d'une introduction. Quant aux mcmuMents d'architecture qu'Alberti a construits ou restaurés, <-t dont les principaux sont le Temple de Rimini, le paiais Rucccttai, la façade de l'église norentine de Santa Maria Novella et le SaintSébastien de Mantoue, it n'en est parlé qu'incidemment et dans la mesure où ih illustrent ses goûts, ses idées et ses théories esthétiques. D'aitteur?, l'analyse des textes laissés par le grand polygraphe et florentin formait déjà un sujet très vaste. Alberti n'a pas humaniste écrit moins de quarante-six traités, dont quelques-uns sont perdus, mais dont it nous reste encore une quarantaine. Le désordre de ces abondent en traités, qui digressions et fourmillent d'idées, anciennes ou nouvelles, jetées un peu au hasard, a contraint le commentateur il tenter une systématisation. Les textes ne sont pas abordés un par un, dans l'ordre chronologique et suivis pas a pas. Ils sont groupés par (traité: traités esthécatégories scientifiques, traités potitico.moraux, tiques). et de chaque groupe est tirée une doctrine, reconstituée à l'aide d'éléments épars, Dans un premier chapitre, intitule « la Connaissance », l'auteur a analyse les traités d'Alberti relatifs à la logique et aux sciences, sans y trouver, lt vrai dire. rien de très original. Alberti n'a été ni un grand ceci de remarlogicien ni un grand savant. Sa ~g<~«<' a cependant de la pensée quable qu'elle est moins une science des articulations qu'une science du langage, déj& conçue par lui comme une science concrète. 11 ne considère pas tes mots comme des éléments éternels et immuables (postulat nécessaire si l'on veut qu'un raisonnement puisse être concluant ft'w~);it possède déjà et il est des premiers, sinon a posséder, du moins it bien dégager, la notion de l'évolution du langage. En matière de sciences, it est simplement un homme au courant de l'état des connaissances en son temps, mais it n'innove rien. On parle volontiers de ses découvertes, mais elles appartiennent au domaine de la science appliquée et non cetui de la science pure. Quant aux idées d'Alberti sur la société (qui font l'objet d'un second chapitre), it y a lieu de distinguer deux choses: la critique, ou même la satire des moeurs tettes qu'elles sont, et la construction idéale de la cité. La satire des mceurs, chez Alberti. n'est pas dépourvue de verve, mais elle ne fait, comme le reecnnah l'auteur du présent ouvrage, que ressasser des thèmes familiers à la littérature médievate satire des femmes, du clergé, des princes, des philodes écrits politicosophes, etc. Par contre, la partie constructive d'Alberti n'est moraux pas négligeable. Les traités de la f<!)M(K<, de la /~«M<~ et certains chapitres du traité de t'<'cA«~<«/< permettent de reconstituer de la cité selon Alberti. Ce l'image parfaite fjui frappe d'ailleurs chez lui, c'est l'esprit réaliste avec lequel il conseille de préserver et d'améliorer tes institutions existantes plutôt d'en créer d'entièrement nouvelles. Loin de sacrifier la famille, que comme te Platon de la /?~MMt~, it insiste beaucoup sur l'organisation de la vie domestique. II est à noter, à ce propos, qu'il conçoit la famitte.non comme un groupe étroit, restreint aux parents et aux enfants, mais comme une société d'un volume très étendu, une sorte de tribu gouvernée par un conseil des anciens. L'existence de ces
VIE SCtENTtFIQUE clans )' peut être un danger; elle a en fait provoqué des nvatuet. des troubles politiques dans l'Italie des treizième et quatorzième siècles et Atberti ne l'ignore pas. Aussi precise.t.il que. si la famille doit être « puissante elle doit exercer sa puissance sur elle-mûme. tin vue de sa cohésion morale et de sa prospérité économique, et non pas hors d'elle-même, en face de l'État et contre l'État. Sur la façon dont la cité doit être gouvernée. sur le « régime )', Alberti est peu explicite. !) craint tex abus symétriques de la tyrannie d'un seul et du gouvernement populaire, et laisse deviner plutôt qu'il n'affirme son penchant pour une république aristorratique. Sur l'art et sur les arts (chapitre t!t), Alberti a laissé des ouvrages fort importants. Sa doctrine esthétique est complexe. Il se fait de ta beauté une idée presque mystique, une idée plotinienne (le beau serait un moyen de connaissance, une voie d'accès au souverain bien'. et il la conçoit d'autre part comme résultant d'un système de relations, lesquelles. en dernière analyse, sont des relations numériques. Mais ces deux conceptions. loin d'être contradictoires, procèdent d'une même vue du monde. Pour Alberti, le monde est harmonieux, il est soumis à un ordre, à un rythme. Cette harmonie (~MWM<<a~) réside en toutes chose:: c'est la raison première et absolue de la – nature absoluta primariaque radio M<t<M<f– et, par conséquent, elle réside en nous-même, en notre âme, puisque cette Ame est un'' partie de l'univers. Têt est le sens de la phrase 7'o<<! MM~<««r /<CM<WW<<tW~< ~!<«WM, <0<aW~W periractai H<!<K~!WWWM. AvOf cette harmonie réside en nous la notion du beau; en sorte que nous portons sur la beauté un jugement fondé sur une raison innée (~<?<t<' du jugement !M<<!), particularité fortement mise en esthétique lumière par Alberti. qui la considère comme très importante. Kt c'est en effet un des points par lesquels sa doctrine esthétique s'encadre dans une philosophie la beauté est une forme df plus genérate t'harmonie; le caractère invariable des jugements de la ratio dit l'unité de notre conscience leur objectivité suppose l'unité de l'univers. De ces principes abstraits, il semble qu'on doive difficilement à des conclusions des indications passer pratiques, utiles soit a l'artiste, soit à son public, sur la manière de juger t'œuvre d'art – ou de la produire. Alberti y arrive pourtant. Ce que doit être d'une façon générale t'o-uvre d'art, il le dit en termes clairs. L'o-uvre d'art. reflet de l'harmonie du monde, sera nécessairement une imitation de la nature ce qui ne signifie pas une copie des objets que l'on trouve dans la nature, mai:, une création conforme à l'élan, au mouvement de la nature. Imitari «<!<«<w«. pour Alberti, c'est imiter la nature naturante et non la nature naturée. C'est faire œuvre organique. C'e. faire une œuvre organisée, cohérente, proportionnée – autant de termes dont nous retrouvons sans cesse les Mquiv.ttcnts dans les traités de la peinture au.~i bien que de l'architerturc. Mais aucun mo: n'éclaire mieux l'intention de cette doctrine que la recommandation. faite a l'architecte, de construire des édifices qui soient comme dea êtres vivante veluti animal <</«-<«M. l.e.~ traités d'Albeni enseignent enfin comment la techniqu" des différent arts peut et doit s'accorder à ces préceptes généraux. Uans un quatrième et dernier chapitre, intitule le Monde et
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communes l'homme, – fauteur a tenté. de dégager tes conclusions de Léon-Baptiste des traités scientinquet, moraux et esthétique: Alberti. L'idée d'une relation, d'une correspondance étroite entre l'homme et la nature n'est pas seulement la clé de l'esthétique d'Alberti cette domine toute sa pensée. Dans d'origine tOMeption platonicienne l'âme humaine, entre cette Ame et l'univers, entre les diverses parties De là la régularité avec de l'univers, partout règne l'harmonie. laquelle les effets succèdent aux causes, de là aussi l'absolue valeur de certaines lois de la beauté. indi' Quant il l'éthique d'Alberti, elle se rattache aux tendances » vidualistes de son époque. Pour que le terme d' « individualisme ne risque pas d'induire en erreur, ne manquons pas de préciser qu'il Selon d'individualisme. nd s'agit pas ici d'une forme anarchisante de l'individu Alberti, au contraire, le terrain propre a l'épanouissement étant la vie sociale, it est clair que l'individu doit, dans l'intérêt même de cet épanouissement, accepter la vie sociale, avec tes devoirs La véritable victoire de t'homme est cette qu'il qu'elle comporte. obtient par la connaissance de ses propres dons et par leur exercice. des puissances de t'anoe Aristote enseignait déjà que l'actuation Atberti cette &t'homaac leçon, ït impose reprend engendre t'<M<H)M~. la sévère discipline de la « vertu », mais cette discipline a un but elle tend à la réalisation complète du moi elle la ptomet à l'individu et, dans cette promesse, est incluse cette du bonheur. d'Alberti que son La postérité a mieux jugé l'ouvre architecturale fruvre écrite, où l'on n'a guère vu qu'une compilation adroite. La con. clusion de l'auteur est que l'on doit restituer il Alberti le mérite d'avoir ctaboh!, au moins sur certains points, une doctrine qui lui est propre. LETTRES Vit et <'<E<K'~ de /<'« C~-MM~a(/o)'. M. Jean BoUtt~RE. – Thèse pour le doctorat soutenue devant la Faculté des Lettres. Paris, )o3o. 11 v a peu d'auteurs qui soient aussi estimés, en Roumanie, que le ses Contes et ses ~«f~MM conteur populaire moldave Ion Creanga ont connu, depuis quarante ans, une faveur toujours croissante, et annitoute la presse roumaine a célébra, l'an dernier, le quarantième le de de mort. En bien nom versaire sa revanche, que Creanga figure et des traductions que parétrangères dans quelques encyclopédies œuvre aient etC en en en de son allemand, tielles français, publiées italien, en anglais et en ruthène, le conteur moldave n'est guère connu n l'étranger que par les roumanisants. intéresse non C'est là un fait très regrettable, car l'oeuvre deCreanga et les linseulement les amis des lettres, mais aussi les folkloristes il contradiction, guistes. Et comme, de plus, par une singulière sérieuse de Ion Creanga, n'existe pas en Roumanie de monographie ). Ouvrage orné de 2~ illustrations d'après J. Gamber, Paris, to9o (xxxn-:5.t pages).
des documents
inédits.
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écrire un ouvrage sur le conteur moldave, c'était, & ta fois, donner aux Roumains un instrument de travail indispensable et permettre à ne beaucoup d'étrangers, qui de pratiquent pas la langue roumaine, connaître l'un des écrivains moldaves les plus originaux et l'un des meilleurs conteurs populaires de l'Europe. Tel était le but qu'a poursuivi M. Routière en écrivant la ~( ~'Œ'Mw /<?M Creanga, première thèse de roumain présentée en Sorbonne par un français. L'entreprise présentait, surtout loin de la Roumanie, des difncuttés considérables la langue du conteur, difficile pour les Roumains eux-mêmes, passe pour intraduisible »; les matériaux de la biograétaient rares, phie dispersés ouignorés; l'étude comparative des CoM<~ nécessitait le dépouillement de nombreux ouvrages et de recueils de contes peu abordables et dépassant de beaucoup les limites du domaine roumain. Ion Stefancsco, appelé plus tard Ion Creanga, du nom de sa mère, une naquit le << mars <83y auvittagedeHumutcstt.a centaine de kilomètres de lassy, alors capitale de la principauté de Moldavie. t'its d'un petit propriétaire terrien, il semblait destiné, par ses modestes origines, àrester attaché, comme ses ancêtres, à la terre moldave. Mais l'ambition de sa mère changea sa destinée Smaranda Creanga, qui était d'une intelligence très supérieure à la moyenne des paysans, rêvait de faire de son fils un pope, et lorsque la prcmiërt école eut été ouverte a Humulesti, elle se buta d'y envoyer le jeune Ion. Creanga étudia ensuite successivernentaux écoles de Brosteni et de Târgu-NeamUu, chez les catéchistes de et enfin puis Fotticeni, à l'automne de entra, 1855, au séminaire de Socola, près de Iassy. en il son Mais, tOSS, perdit père, et sa mère, restée veuve avec cinq enfants, ayant beaucoup de peine à vivre, il rentra à Humulesti. Il se maria, is lassy, au début de t'été de t859, et, quetques mois plus tard, il fut ordonné diacre et officia tour à tour à diverses paroisses de sa résidence. En t864, désireux d'améliorer sa maigre situation de diacre, il commença à suivre, à vingt-sept ans, à t'Ëcote normale de Iassy, le cours des classes primaires, et passa brillamment, préparatoire d'instituteurs en t!6S, son examen général de fin d'études. Des ce moment, le jeune instituteur déploya une activité considérable d'une part, il se mêla assez activement ta politique et devint rapidement un orateur très d'autre part, il se mit a préparer, en collaboration populaire avec de ses anciens condisciples, des ouvrage:, quelques-uns didactiques à l'usage des écoles primaires. En tS6S, Creanga entama avec ses supérieurs un conflit qui devait se terminer, trois ans plus tard, par ta destitution. Au début de l'année. le jeune diacre, dont les maninrcs et le langage libres déplaisaient, fut puni, puis gracié, pour être allé au théâtre, et pour avoir essayé de montrer que les prêtres peuvent prendre cette liberté. Au mois de mai, il provoqua un nouveau scandale, dont la presse se fit en tirant des de fusil dans t'echo, la cour de t'égtisc Golia. coups Enfin, en <8y), il combla la mesure en violant la regte qui exigeait alors des prêtres orthodoxes le port des cheveux longs. Frappé de suspension provisoire et convoqué devant le Consistoire, il ne se présenta pas devant ses chefs; et la haute assemblée le frappa d interdit définitif M. Creanga se hâta de jeter sa soutane aux ortics, et, quittant
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des faubourgs qu'il t'egtisc Golia, alla se fixer dans UM maisonnette devait habiter jusqu'à sa mort. publique, Quelques mois plus tard, le ministre de l'Instruction de la sentence du Consistoire, desaprès avoir reçu communication de ses d'instituteur. l'rivé d'exiititua Creangade fonctions moyens des leçons à ferme un bureau de tabac et donna tence, Creanga prit en )874,Titu Maiodans uncinstitution libre detassy. Heureusement, normale de resco, ancien directeur de t'Ëcote lassy, devint ministre de l'Instruction publique et, par un décret du ?7 mai, il réintégra son et le fit nommer dans un ancien eUve dans ses fonctions d'instituteur village de la banlieue de tassy. il avait déjà trente-sept ans. Lorsque Creanga redevint instituteur, Dans une ruelle d'un modeste faubourg, il habitait une petite maison comme i) disait, et il serait mort sans répumasure paysanne, sa tation s'il n'avait eu, en 1875, la bonne fortune de faire la connaissancedu poète Miha!t Eminc~co, récemment nomme inspecteurd'Ac.tdémie Mtassy. et l'instituteur très différente, l'inspecteur Bien que de cuhun' furent bientôt liés d'une bonne amitié Eminesco. qui avait pour le de cet peuple une cordiale sympathie, fut heureux de se rapprocher incarnait si bien le de Molhomme simple et intelligent, paysan qui matice. Lorsqu'il apprit davie, avec tout son esprit et son innocente engagea son ami à que Creanga savait nombre de contes, Eminesco et l'introduisit à la société tes rédiger, en vue de leur publication, (la Jeunesse), la plus célèbre de la~y: Creanga y littéraire/K~tMM <!Kr trois brus, que la revue de lut son premier conte, la F~f-.V~ ~'<t'M~. publia bientôt après. Encouragé et la société, les C'c'M'<< devint l'un des membres les plus assidus de la conseillé, l'instituteur /M<~M,et écrivit de nouveaux contes qui parurent dans les Convorbiri de )Sy! à (S:o. !t continua, mai-, intervattc~ plus longs, par tc~ et quelques anecde nouvctte ie~S'fW~M t/'A'M/d~~une fragments dotes. C'est qu'en effet Creanga ressentit d'assez bonne heure les atteintes du mal incurable (l'épilepsie) qui devait l'emporter prématurément. te mal progresaux bains de cures Sbnic-~tdovei, Malgré plusieurs sait lentement, et, trop souffrant pour assurer son service, Creanga fut il vécut alors dans ta une retraite anticipée: contraint de demander gêne. En t888. il connut rjuetquc joie il fut invité à assister aux séances de lassy venait de d'un nouveau cercle littéraire qu'un professeur souleva chez fonder, et y lut la quatrième partie de ses .yoMtWt~fqui les jeunes cfrivain* un grand enthousiasme. de ptus en plus frcCependant, lrs <n<t; d'epitepsie dc\'enaient quentes. et le conteur mourut le n janvier )8~o. dans sa cinquantetroisième année, six mois environ après son ami Eminesco. Et c'est sans aucune pompe qu'un maigre cortège de parents, d'amisetd'ëteves demeure celui qui a '-a dernière des écoles publiques aecompagn.t avait été l'un des plus grands conteurs de Roumanie. Creanga a consacré la plus grande partie de son activité à l'enseide plusieurs gnement primaire et a la rédaction, en collaboration, de plus, la maladie vint, de tre~ excellents ouvrages didactiques: bonne heure, affaiblir sa force de- travail; aussi son u~uvre littéraire
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est-elle peu considérabto elle comprend une quinzaine de contes, des .~Mw~M<<tMM en quatre parties, un fragment de comédie posthume, quelques morceaux de poésies populaires et quelques arttcles de journaux. Ce sont tes C~<M et les Souvenirs qui constituent, et de beaucoup, l'essentiel de t'œuvre de Creanga le fragment de, comédie est ptat et sans intérêt, les poésies ne sont que des transcriptions de poésies populaires, les articles de journaux n'intéressent que le biographe. Les contes de Creanga, dont trois peuvent être négligée pour des raisons diverses, comprennent une anecdote la ~Mfaux trois deux fables animales ~w la Patite ~«~M aux deux <~r<f~, la C~~wo aux trois ~MM.f,deux récits du Cycle de la sottise humaine la ~~M~ /<WM<!<M<f, /?<!«<&!~M~; quatre contes fanmsuques <« )~~ <<«r~ ~<«~M /t~ le CoM« du Porc et ~a~ y' et deux contes religieux .S<<tM ~<«t«~ et Ivan la ~M~ Ces récits, Creanga ne les a pas tirés de son conserimagination vant dans sa mémoire, à l'age adutte,un fonds important de contes populaires qu'il avait entendu raconter à la campagne, fonds qui fut peut-être accru plus tard par diverses collaborations, notamment par celle de sa gouvernante Tinca Vartic, il s'est contenté de reproduire un certain nombre de ces contes, en choisissant d'abord des thèmes simples, puis en s'efforçant d'offrir à ses lecteurs une collection variée. L'étude comparative revête, en effet, que tous tes contes de sont apparentés, souvent étroitement, à des variantes de Creanga mêmes thèmes publiées, antérieurement ou postérieurement, par d'autres conteurs roumains et étrangers. Publier des contes populaires en 1875 n'était pas, en Roumanie, une nouveauté la littérature populaire était bien connue depuis ISSa par les Ballades éditées par Alecsandri, et des contes populaires avaient été imprimés, dès tMo, par Stanesco Aradanul, puis notamment par N. Filimon, P. Ispiresco, Fundesco, Slavici, etc. P. Ispiresco surtout avait édité, de tSyx tS~, plusieurs collections importantes de légendes et de contes. .Mai. tous les auteurs précités s'étaient bornés à reproduire, plus ou moins fidèlement, les récits qu'ils avaient recueillis dans les campagnes. Aussi leurs contes, comme les contes populaires de tous te:, pays, nous intéressent-ils surtout par leurs péripéties extraordinaires. Comme ses prédécesseurs, et même mieux qu'eux, Creanga a contervé scrupuleusement, d'une part, les intrigues des récits que lui fournissait la tradition, et, d'autre part, les particularités de langue et de style qui caractérisent les contes populaires de tous les pays, notamment tes expressions, phrases et dialogues stéréotypés, tes formules initiales, médianes et finales, en vers ou en prose, et les phrases assonancées. Mais, seul, il a su introduire dans les thèmes populaire! un élément essentiel qui leur faisait défaut la vie. Il a su tracer des esquisses vivantes des personnages principaux de ses contes, tant au physique qu'au moral, peindre avec art des scènes où figurent plusieurs acteurs, et, surtout, localiser souvent avec précision les actions de ses récits AttX.UNtV.
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la bette-mère aux trois brus, Danita Prepeleac, Stan, Ivan, ta ntte de la vieitte et la fille du vieux, lu chèvre et ses chevreaux, les compade Harap Alb, ne sont plus des personnage;gnons merveilleux tmditioMnets, dépourvus d'individualité; par leur caractère plaisant et volontiers gouailleur, par leur savoureux langage, riche en expres. sions et en termes fitmitier* en dictons et en proverbes, et parfois par leur prolixité, par leur genre de vie, tcur~ croyances et leurs ce sont des agriculteurs du district de Neamtxu, superstitions, des contemporaine deCreanga. Enfin, le conteura répandu en maints endroit*) sou esprit et sa bonne humeur, et il a tait preuve d'un souri de la composition qui n'appara!) jamais chez les autres conteurs populaires. Creanga a fait ainsi de thèmes populaires empruntés des o-uvrevraiment à lui. 11 ne se proposait pas, en effet, d'apporter, comme tes autres conteurs de son pays, une modeste contribution au folklore roumain nationaliste sincère et même un peu chauvin, il voulut montrer a ses compatriotes, à son gré de la culture trop enthousiastes roumain avait crée des oeuvres étrangère, que le génie populaire anonymes qui, rédigées dans la pure langue roumaine et ornées de la seule parure de l'esprit, des proverbes et des dictons nationaux, pouvaient rivaliser avec tes chefs-d'œuvre de la littérature savante; et soit mince recueil est vraiment une démonstration des plus probantes. du conte en œuvre d'art est un fait Cette transformation populaire que l'on ne constate pas dans beaucoup de nations. On ne peut guère citer, à côté du recueil de Creanga, que tes collections de Ch. Perrault, des frères Grimm, du ch.moine Schmid et de Chr. Andersen. Creanga n'est ni un moraliste, comme te cbanoine Schmid, ni un c'est sans le vouloir qu'il est, comme tes poète, comme Andersen frères Grimm, un folkloriste. est avant tout un artiste. Creanga ou trouve dans t'œuvre des deux conteur: comme Charles Perrault la même reproduction fidèle des vieilles fictions et du simple langage populaires, la même vie, la m~tne évocation des petites gens d'une certaine époque, le même esprit. Creanga ne se distingue de son prédécesseur que par un réalisme par la riche collection de parfois un peu plus poussé et, surtout, offre à ses dictons et de provcrbe-j qu'il lecteurs, collection dont de M. Boutière, dans t'œuvrc t'équivalent n'existe, à la connaissance d'aucun autre conteur curopëet). Creanga avait clos la série de ses contes le t*~octobre t87S; à partir soit que, de cette date, it n'ëcrivtt plus de contes populaires, ces récits comme un genre conscient de son talent, il considérât inférieur, trop enfantin pour lui soit plutôt parce que, gêné par t'intrigue et le cadre étroits du conte, it préféra traiter des sujets qui lui permissent d'achever ce tableau de la vie paysanne qu'i! avait commencé dans ses Povesti. Quoi qu'il en sdit, it ne publia plus désormais que deux anecdotes, la nouvelle /'<~t ~«~M et ses So«WM<~ .<c/«/Cf le <~M/<tMM. A ces trois ouvres, on peut joindre le Trompeur, bien que cette nouvelle ait paru dès janvier )8yy. Z~ Père A'«A<7<~ Trompeur est une nouvelle un peu scabreuse, dont l'action est assez insignifiante; mais Creanga a su faire vivre son récit par la peinture magistrale de son personnage principal, un vieux voiturier moldave, intelligent, spirituel, gouailleur, loquace et madré.
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Les deux anecdotes, qui présentent deuxpetits épisodes d'un événement historique, l'union des principautés roumaines, sont essentiellement des pages de critique politique et sociale. Elles ont pour héros un même paysan moldave, le père Ion Roata. La nouvelle /'<« /?«/<«, malheureusement déparée par des ptaisanteries et des jeux d'esprit d'un goût douteux, évoque en quelques traits vivants le pope Isaia Teudoresco, à l'humeur ecclésiastique ttrange.que Creunga eut pour maître à l'école de Targu.Neamtzu. Mais ce qui nous intéresse surtout dans cette deuxième partie de l'œuvrc de Creanga, ce sont les J'MffM<~<<<!«ff. d'aucun modèle, lorsque, a partir de sepCreanga ne s'inspirait tembre )!}8o, il écrivit ses ~«Mw~~j, dont les trois premières parties seulement furent publiées avant sa mort. Dans cet ouvrage, qui n'a guère qu'une soixantaine de pages, il ne raconte pas méthodiquement son enfance; il a glané seulement parmi i ses souvenirs ceux qui étaient restés en lui les plus fidèles ses premières impressions la maison paternelle de Humulesti, d'écolier, ses mésaventures d'enfant, le joyeux séjour & l'école des catéchistes, son triste départ pour le s~mimure; et, en faisant défiler sous nos yeux une série de tableaux pleins de vie, il sait tour.à tour nous ëgayer et nous émouvoir, Ces .S'CMMMW<<'<'M/M<'< présentent un double intérêt. Ils constituent d'abord un document biographique et psychologique très précieux d'une part, ils nous donnent des indications assez précises sur la famille de Creanga et sur les années antérieures à l'entrée au séminaire de Socola, longue période pour laquelle nous manquons à peu près complètement de documents et de témoignages. D'autre part, ils nous révèlent les deux sentiments profonds de leur auteur l'amour filial et l'amour de sa petite patrie, la Moldavie, sentiments qui lui ont donne le désir d'écrire ses Souvenirs comme un témoignage d'amour et de reconnaissance. En deuxième heu, les Sc«WM/~ présentent le tableau réaliste et fidèle de la vie paysanne d'un coin de la Haute Moldavie aux alentours de t85o le village, les travaux des champs, les veillées, les ripailles des jours de fête, l'école, l'église, la vie en commun des jeunes étudiants moldaves et nous trouvons au cours du récit, toujours attasur les vêtements chant, de multiples renseignements paysans, la cuisine moldave, les coutumes et usages locaux, les superstitions et les remèdes populaires, si bien que les .ïot<w!t~ constituent une sorte de recueil folklorique d'un grand intérêt. de leur intérêt biographique, psychologique Enfin, indépendamment et documentaire, les ~MWM<~ ~'A'M/aMM ont une valeur littéraire considérable. Comme les Contes, ils sont caractérisés essentiellement parla fM Creanga sait donner aux lieux et surtout aux personnages un relief saisissant, et les .S'Mf~t/~t présentent une galerie de portraits des plus vivantes. Bien composés, animés et sobres de détails, les récits sont baignes dans une atmosphère de saine galté, qui s'annonçait déjà dans les Ccx<~ par de nombreux mots d'esprit. Mais ici devenu maitre de son talent, procède avec beaucoup Creanga, plus d'art tantôt il force à dessein la réalité pour provoquer le rire de ses lecteurs plus souvent, il introduit, au milieu ou à la fin d'un dcve. loppement des meilleurs sérieux, des traits inattendus, dignes
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humoristes. Le talent'de Creanga, encore un peu gauche parfois dans les épisodes, les Contes, se manifeste ici dans toute sa plénitude sans sérieux ou comiques, se succèdent monotonie, et lorsqu'on arrive à la dernière page du livre, on regrette de le voir terminé si tût. Les Souvenirs <M/<!M~ sont vraiment t'un des ouvrage!! tes plus parfaits;que la littérature roumaine ait produits. Ses oeuvres (tant tes Contes que tes ~Mtw<~), Creanga les a écrites dans ta langue simple et colorée des agriculteurs de Moldavie. Son style s'adapte merveilleusement aux besoins du moment tantOt it est simple et oatf, comme le récit populaire lui-même; tantôt il devient (surtout dans tes descriptions) vif, précis et nerveux parfois enfin, au souvenir de ses parents ou de son village natal, le conteur exprime sa mélancolie dans de larges phrases harmonieuses. Pareil à un F. Mistral, it n'a pas craint d'introduire dans son vocabulaire, qui est d'une incomparable richesse, tes vieux mots restés usuels dans la bouche des campagnards, et les termes et expressions populaires qui lui paraissaient plus vivants que leurs équivalents de ta langue littéraire. Il a semé aussi & profusionr dans toutes les parties de son œuvre, des dictons et des proverbes paysans, en vers ou en prose, et, à ce point de vue, les CM<M et les S~MfMt~ sont précieux à la fois pour le linguiste et le folkloriste. En somme, enfant du peuple moldave, et resté toute sa vie un paysan par ses dehors et sa mentalité, Creanga a consacré la plus grande partie de son œuvre à ce peuple, dont il reproduisait la vie, les superstitions, tes fictions, la langue et l'esprit et ses Ce«<~ et ses ~MtWtw sont deux modèles presque parfaits de cette « littérature nationale » que réclamaient instamment, aux alentours de !840, les Moldaves patriotes qui voulaient réagir contre l'invasion des influences étrangères. Cette œuvre, certes, est d'étendue assez médiocre mais, profondément originale par sa conception et la perfection de sa forme, elle place son auteur parmi tes plus grands écrivains roumains du dixneuvième siècle et parmi tes meilleurs conteurs populaires de l'Europe. M. Jean BouTt&RE. – ~« ~o~<M <<«<M«6a~CMf/'<t~ BMMca ~<MJ Novas, publiées avec une introduction, une traduction etdes notes'.r. Thèse complémentaire pour le doctorat soutenue devant la Faculté des Lettres. Paris, ïo3o. Vingt chansonniers provençaux ont conservé des poésies sous le nom de Ricas Novas ou, moins souvent, de Paire Bremon Ricas Novas, mais aucun d'entre eux ne nous a transmis de biographie de ce trou~ badour. Si l'on en croit J. de Nostredame, Peire Bremon Ricas Novas, de son vrai nom Ricard de Noves, serait né d'illustres parents à Noves, à quelques lieues au nord petite localité des Bouehes-du'Rhône, d'Arles, ou peut'ëtre à Barbentanej bourg voisin de Noves. Après Toulouse-Paris, t. XXI).
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(Bibliothèque
méridionale,
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série,
VIE SCIËNTtnQUE
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avoir été au service des princes d'Aragon et de Raimon Bérenger, maintes bonnes chansons n, il aurait pour lequel it aurait fait dans un la mort de son protecteur et aurait fini sa vie déplora ~<M/t ':omme « trésorier de Charles d'Anjou. Mais nous ne pouvons accorder aucune créance au récit de Nostredame, qui n'est appuyé sur aucun document et ne correspond nullement à ce que nous apprennent tes pièces subsistantes du poète. En realité, le nom de Peire Bremon Ricas Novas ne figure dans aucun document provençal du douzième ou du treizième siècle, et c'est dans tes pièces de Bremon et dans celles d'autres troubadours contemporains (Sordet surtout, et aussi Reforzat de Tres et Gui de Cavaillon) que nous en sommes réduits à chercher des renseignements. Le nom même de Ricas Novas, qui parait avoir été l'appellation ordinaire de Bremon, demande quelques éclaircissements. L'interprétation de Nostredame, « Ricard de Noves est insoutenable grammaticalement; et comme Ricas A~c~~ne saurait être un nom patronymique, puisqu'il ferait dans ce cas double emploi avec celui de Bremon, auquel il est si souvent juxtaposé, M. Boutiere croit que Ricas Novas est un sobriquet, parallèle à celui que portait Peire Bremon ~o Tort. Ce surnom signifierait, suivant le sens que l'on donnera aux deux mots qui le composent, soit « nouvelles abondantes ou « nouvelles intéressantes soit récits abondants o ou « récits intéressants soit d'ailleurs Quelle que l'interprétation adoptée, ce sobriquet parait désigner un personnage bavard et un peu cancanier. Dans ces conditions, on serait tenté de penser que ce surnom convenait tout particulièrement à un jongleur; mais il est bien évident que si Bremon avait été jongleur, il n'aurait pas pu reprocher à Sordel, dans ses sirventés, d'exercer ce vil métier. Contemporain de Sordel et de B. d'Alamanon, Ricas Xovas, qui avait des enfants assez jeunes aux alentours de t:4o, et dont toutes les pièces dont on peut fixer la date paraissent postérieures à tM~, naquit vraisemblablement dans les dernières années du douzième siècle. Il nousapprend lui-même, dansson célèbre ~sttA, qu'il était provençal. Si l'on en croit Sordel, it fut un plat courtisan, vivant des largesses des grands seigneurs, un bell&tre soucieux seulement de sa toilette et de ses beaux équipements. A une époque qu'il est impossible de préciser, Ricas Xovas nt un séjour à Aix.en-Provence, à la cour de Raimon Bérenger, et c'est là vraisemblablement qu'il connut B. d'Alamanon et, après tM~, Sordel, avec lesquels il fut d'abord lié d'amitié. C'est là aussi, sans doute, qu'il composa, en t~7, son ~MA sur la mort de Blacas, seigneur d'Aups. Un peu plus tard, il se brouilla avec son protecteur, soit qu'il ait eu à se plaindre de lui, comme it le prétend, soit qu'il ccait abandonné son seigneur et sa foi comme le dit Sordel. Quoi qu'il en soit, il Aix et se rendit à Marseille, à la cour de Barrai de Baux. où il quitta bientôt une pièce (46), 4!) dans laquelle it exprimait sa ranrédigea cœur contre Bertran d'Alamanon et Sordel, qu'il accuse de ne pas l'avoir soutenu dans ses démêles avec Raimon Bérenger. ït parait avoir fait ensuite un séjour auprès du comte de Toulouse; ¡ mais, renvoyé par Raimon VU auquel il déplaisait (c'est du moins ce que dit Sordel), il serait bientôt revenu chez Barra). La brouille avec Sordel, qui se dessine dans la pièce précitée: prit
DE L'UNIVERSITÉ ANNALES DE t'AR!S faoidement un car~cttrfaimi'nn n:m:t!.t W caractère aigu; au nr<*mi~r rapidement un motif~d'inimitié s'en ajouta. premier m~tit
en effet, un autre une rivalité en amour. C'est Sordel (lui ouvrit les hostilités par un sirventés assez violent Bremon, qui était alors auprès de Barrai, répondit par de cruels sarcasmes, et ainsi s'engagea, sans doute en <340-)94t, un véritable Il duel poétique o, au cours duquel chacun des deux troubadours décocha à son adversaire trois sirventés. Une allusion d'une <« de G. de Cavaillon semble bien montrer que l'accord de Bremon avec Barrât ne fut pas de longue durée. Mais nous ne pouvons pas affirmer que le vicomte dont parle Gui soit Barrai de Baux. Nous ne savons absolument rien des dernières années de Ricas Novas. Nous n'avons aucune raison de penser qu'il alla en Terre sainte, soit en tzz8, soit en t:4ii, comme l'ont conjecturé MM. De Lollis et Salverda de Grave, en se basant sur une fausse attribution, ni qu'il vécut à la cour de Ch. d'Anjou et mourut vers [~o, comme le prétend J. de Nostredame. Dans son <?y«x<jf~<M:«)' Gw/(«7t<<' der ~~cfo~aMj~~M ~,<<~)-a<t~, Bartsch attribue vingt et une pièces à Ricas Novas; en réalité, quatre de ces pièces n'appartiennent pas à Bremon en revanche, nous devons lui en rendre trois autres, dont deux avaient reçu une fausse attribution et dotft la troisième était inconnue a Bartsch. Bremon est donc l'auteur de vingt pièces auxquelles il f~ut peutêtre joindre un sirventés (ta;, r), qui appartient plus vraisemblablement à Duran de Carpentras) treize chansons, dont une fragmentaire, une Mtf/a <MMM,quatre sirventés, une cobla échangée et un ~«M~. Les chansons et la <~<<! MHtc ne font que les lieux développer communs familiers aux troubadours. Observant la discrétion qui était de règle, Ricas Xovas ne laisse pas deviner quelle est la dame dont il fait t'etoge seul le nom connu d'Audiart de Baux, femme de Bertran de Meyrargues, figure dans deux pièces. Les quatre sirventéset ta.<'oM<! constituent, parles précieux renseignements qu'i)'i nous donnent sur la personne et la vie de leur auteur, la partie la plus intéressante de t'fruvre de Bremon. Les trois sirventés contre Sordel révèlent un poète assez habile à manier l'ironie et les sarcasmes, mais ils sont dépares par des grossièretés, et leur valeur littéraire est peu considérable. Quant au ~M/t sur la mort de Blacas, ~<!tA imité de Sordel, il n'a pas la vigueur de son modèle et se développe, comme celui de B. d'Alamanon, avec une certaine monotonie. De plus, t'innovation saugrenue que Bremon y a introduite (partage du corps de Blacas, et non plus du cn'ur) en fait presque une parodie. La langue de Ricas Nova; ne donne lieu qu'à une la remarque réduction en maints endroits de -tz final à -s. Le style est généralement simple; le vocabulaire est assez pauvre on relève les mêmes mots et les mêmes formules dans des pièces différentes, et dans maints pacages on constate d'évidentes chevilles. Signalons seulement, dans les pièces VI et VII, quelques coblas <«~rogativas ou ~WM<!<<«j, qui présentent un dialogue fictif. Bien qu'on relève en plusieurs endroits la négligence qui consiste à répéter, au cours d'une pièce, le même mot à la rime, on peut dire que la versification de Ricas Xovas est en général assez recherchée les
VIE SCÏENTtFÏQUE
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couptets combinent jusqu'à quatre mètres ditrerents six formules stroont un, deux et même tfoi; phiques sont des KM«'<t; six chansons dans deux autres apparaissent des rimes dérivatives. mots-rimes avec alternance de rimes masculines et féminines enfin, dans la pièce XUI (33o, ta), le po&te a accumulé les plus grandes dif6cu)t<'s emploi de dérivés et de composés d'un m6<ne radical à presque tous tes ven d'une même strophe. allitérations, mots et rimes rares. Et nous rom' Ricas se vu Nova! soit prenons que reprocher par ses contemporains d'écrire « sotilmen ». En somme, Ricas Xovas n'est pas un troubadour de première valeur, Mais si ses chansons offrent un intérêt médiocre, la mieja c<tMMappardont tes spécimens sont tient, en revanrlie, à un genre intéressant, assez rares; le ~<t~ r, côté de ceux de Sordel et de soulevait, B. d'Alamanon, un petit problème d'histoire littéraire; enfin, tes trois sirventes échanges avec Sordel offrent l'un des premiers exempte. connus de duel poétique. Pour ces différentes raisons, ce qui reste de t'truvre de Ricas Xovas méritait d'être pubtie.
HISTOIRE
DE L'ART
M. Paul HEXRY. – Les Églises de la ~~aï't<~« A'c/ des origines à la fin du ~<<~M< J/ Architecture et Peinture. CCM~t~M~'OMà <tM< de la civilisation /M~M<<' Thèse pour le doctorat sou. tenue devant la Faculté des Lettres. Paris, <o3o. Alors que l'art balkanique est connu depuis longtemps et que de belles synthèses ont paru, comme tes /< serbes de M. G. Millet ou la Peinture bulgare d'A. Grabar, le même travail n'a pas été fait dans divers livres sur pour l'art roumain. Des détails se rencontrent l'Art byzantin, et quelques ouvrages, d'ailleurs bien informés et intéla peinture,les arts mineuts de ta ressants, ont paru sur t'architecture, Roumanie. Mais il n'existe encore aucune histoire proprement dite de tatormationct de l'évolution de cet art, si original parfois, mais qui n'en apparait pas moins comme fortement lié à l'art balkanique en de se faire une idée tous ses principes essentiels. U est impossible si l'on néglige la Roumanie; finissant complète de l'art byzantin malheureusement aucune étude ~y~M<t<<M<' des traits caractéristide cette école n'avait encore vu historique ques et du développement le jour et les détails relevés jusqu'ici étaient loin de donner au lecteur une image exacte des monuments religieux roumains. M. Henry, que ses fonctions d'administrateur de l'Institut francaide Hautes Études en Roumanie ont retenu de longues années en Rouà cette iacuno en manie, s'est efforcé de remédier partiellement étudiant de près une école d'art particulièrement celle intéressante, de la Moldavie des origines au seizième siècle. 11 s'agit en fait de la période qui va en gros de t4oo à t6co, et pendant laquelle se déveet pictural, d'essence byzantine, fortement toppe un art architecturat t. Un volume 23 x 3f), 287 pagc~. index et tables, ~cc 80 ittustrations et trois relevés hors texte, plus un album de 68 planches, index et tables. Leroux, Paris, to~o.
ANNALES DE L'UNIVERSÏTE
DE PAMS
pénètre d'ailleurs d'autres influences, et qu'on peut assez proprement nommer ~< M~~w. de J'architecture Après )6eo, les principes comme de la peinture subissent des altérations profondes qui se laissent déjà prévoir avant !&0n du sehteme siècle, et qui déterminent l'éclosion d'un art très différent, ne gardant de ta période précédente que quelques traits essentiels, perdus au milieu de caractères étrangers il la Moldavie qui lui donnent une physionomie tout autre. Cette première limitation dans le temps en entraîne une autre dans l'espace. Aux quinzième et seizième siècles, en effet, l'essentiel de la vie moldave est confiné dans la partie septentrionale de la Principauté. C'est dans la région que les Autrichiens, de t~S à <Qto, ont appelée la Bukovine, que se trouve le berceau de la Moldavie,ct que sont situées les trois premières capitales, Baia, Siret, Suceava lassy n'est élevée à ce rang qu'en t!6~, sous Alexandre L:ipu;neanu. On ne s'étonnera donc pas si la grande majorité des églises et des monas. teres, fondés par tes princes et les grands boyards, a été élevée dan;! cette région, cherchant à proximité de la capitale, derrière un rideau de forêts difficilement franchissables, une sécurité relative qui n'existait pas plus au sud. Les cartes de répartition des monuments, sous Êtieane le Grand au quinzième siècle et sous Pierre Rare; au seizième, ce phénomène de la manière la plus nette. Le titre de soulignent est né tout naturellement de cette double constatation. l'ouvrage Dans l'Introduction, l'auteur, après avoir expliqué t'importante de la haute Moldavie et passé en revue les principales historique de (cuvfes la bibliographie du sujet, rappelle les origines de la Prinavant sa fondation comme État indépendant vers <36o il cipauté recherche dans ce passé ce qui peut avoir déterminé quelques-uns des caractères de la Moldavie historique, les influences orthodoxes, slaves, et il se demande, sans peut'être trop y croire lui-même, si hongroises certains souvenirs des temps romanothraces ne seraient pas au fond de l'art populaire, éminemment conservateur et de caractère parfois de la Roumanie, cet art qui non seulement subsiste préhistorique, dans les tapis et les broderies paysannes, mais même décore les églises de bois et parfois le mobilier du culte qui subsistent encore de nos jours. Le livre I"est consacré aux origines jusque vers )4So. Dans cette période reculée, le sanctuaire le plus courant est évidemment t'egtisc de bois qui a franchi les siècles et qui est encore en honneur aujourd'hui. Il ne subsiste point, il est vrai, de monument de l'architecture du bois qui soit antérieur au dix'septieme siècle, sauf peut-être la douteuse église minuscule de Putna, attribuée par la tradition au plus ou moins légendaire prince Dragos, qui aurait vécu vers t35o. Quoi qu'il en soit. l'église de bois roumaine a une forme définie,celle d'une simple maison paysanne, couverte d'un grand toit de bardeau, son extrémité orientale terminée par une abside polygonale l'intérieur est divisé, une ou cloison deux en narthex et colonnes, par nef le sanctuaire est masqué par l'iconostase habituel. Les églises transylvaines a flèches suraiguës recouvrant une sorte de balcon qui couronne une tour, à l'entrée de l'église, et qui rappellent des églises suisses, autrichiennes, etc., ne sont pas connues en Moldavie les églises à une ou plusieurs coupoles bulbeuses, d'aspect plus ou moins complique, que l'on rencontre en Bukovine, sont ukrainiennes.
VIE SCtEMTIFtQUK
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Les premières églises de pierre qui ont été construites en Moldavie ont disparu et nous ne pouvons nous faire une idée exacte des corn' mencements de l'architecture moldave dont l'église la plus ancienne, celle de Patrau;i ('487), présente te type achevé, t) n'existe actuellement,du temps d'Alexandre le Bon (t4oo-t43~), et d'ailleurs retouché depuis, qu'un seul monument, t'egUse de Radau'i, dont Étienne le Grand nt le mausolée des premiers et cet princes de la dynastie en une édifice est, miniature, basilique de type cisterclen, construite certainement par des Polonais, aidés peut-être de quelques Transylvains. Deux églises fondées à cette époque à Siret ont été fort rema. niées depuis mais, fait intéressant à noter, il existe encore les ruines de quelques sanctuaires catholiques, gothiques, élevés en Moldavie au début du quinzième siècle, et ces monuments n'ont pas d& rester sans influence sur le développement ultérieur de J'art orthodoxe de la Moldavie, où t'orncmentation gothique joue un rôle important. Le livre H traite de la grande époque de l'histoire politique et Grand (t~o~). Ce artistique de la Moldavie, celle d'Étiennete met fin à l'anarchie qui avait suivi la mort d'Alexandre grand prince le Bon et il assure à son pays une place déterminée dans la politique européenne. Il sait se faire respecter des Hongrois, des Polonais, des Tatars et dirige le principal de son effort contre les Turcs, qui, après avoir pris Constantinople, se mettent en devoir de s'ouvrir la route de Vienne, ~tienne le Grand les bat plusieurs fois, puis obtient, en t488, la conclusion d'un traité honorable qui assure à la Moldavie la sécurité moyennant le versement d'un tribut modéré. A part quel. luttes avec les Étienne restera désormais en paix ques Polonais, jusqu'à sa mort et profitera de cette ère de tranquillité pour couvrir la d'une pittoresque floraison d'églises destinées à remer. Principauté cier ses célestes protecteurs et à s'assurer leur bienveillance à l'avenir. Après la fondation du célèbre monastère de Putna, qui reste l'exemple typique des couvents moldaves, le prince élève une trentaine d'églises dont beaucoup ont subsisté jusqu'à nous. Ce sont de petits édifices, bâtis pour la plupart suivant les principes des architectes serbes de la Morava une nef carrée, suivie d'un sanctuaire à une abside unique, flanquée généralement d'absides latérales et prccc. dée d'un ou plusieurs compartiments (le type complet comporte une salle funéraire, un narthex et un exonarthcx). L'organe le plus curieux de cette architecture est la coupole, qui couronne un tambour deux séries successives et étagées d'arcs et de peasupporté par dentifs, suivant une formule que l'on ne rencontre qu'en Moldavie et qui parait s'apparenter à certains partis asiatiques et aussi aux procédés de l'art du bois. La décoration extérieure est aussi très tpMate, assurée par la tradition byzantine de la polychromie des matériaux le mur de pierre polie est surmonté d'une frise de briques rouges, rangées en arcatures et en ceintures.,agrémentécs de disques de terre cuite de couleur. Cette frise reçoit un développement variable, allant d'un sixième aux deux tiers de la hauteur de la façade de hautes arcatures étagées prennent toute la hauteur des absides, et le tambour est orné suivant une formule qui rappelle celle des murs. Dci essais divers conduisent l'architecture moldave à son type définitif dans court de dix ans ~487 à t~oy) qui sépare les l'espace remarquablement de de églises Partrau~ et Neam~ quelques rappels d'autres formules,
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ANNALES DE L'tJNtVERSFfË
DU PARIS
le plu;. souvent romanes, ne sont pas retenus par tes architectes. Le modèle ci-deMu~ décrit restera le type de l'église moldave. des toitures moldaves, Signalons enfin ta forme très particulière très hautes et vigoureusement individualisées en plusieurs ma~ej couvrent la chacune des absides et h' qui respectivement coupole, corps antérieur de t'egtise. Quels que soient le plan ou les formules architecturales employés, certains éléments occidentaux paraîtront invariablement et resteront de t'ecotc moldave tes contreforts les caractéristiques flanquant absides et appuyant les angles nord et sud du narthex, et, lorsqu'il existe, l'arc médian de cette pièce tes fenêtres gothiques (narthex) ou Renaissance (nef); les encadrement! des portes Renaissance. Le seizième siècle (livre 111) n'apporte pas de grands change. ments à ces formules; seules les proportions des édifices deviennent caractères commencent a plus majestueuses; mais,d'une part, certains s'altérer, et, d'autre part, ta brittantc époque de Pierre Raro~ (tS~y-tS~ô), marquée par un renouveau d'activité belliqueuse de la nation, voit l'ornementation extérieure sculptée céder le pas à une étonnante décoration de fresques qui est peut-être ce que la Moldavie a produit de plus original. Le seizième siècle est, en effet, le siècle de la peinture. Le livre IV s'efforce de donner de la peinture de la belle époque une vue d'ensemble aussi précise que possible, dans ses caractères constitutifs co,mme dans la direction de son évolution. Du quinzième siècle, il ne reste en effet que des fragments de peinture, fort intéressants mais trop réduits pour permettre une étude de la ravissante église de Vorone~ dont la cumptetc, à l'exception décoration du sanctuaire et de la nef paraissent avoir subsisté sans trop de retouches depuis l'époque d'Ëticnne te Grand, L'auteur l'analyse scène par scène et arrive a cette conclusion qu'il s'agit d'un ensemble ancien, fort différent de t'etat d'esprit (lui règne au seizième siècle les sujets de la Vie du Christ notamment, choisis sans trop de préoccupations chronologiques semble-t-il, révèlent un souci de l'enseignement théologique, didactique et moral qui sera moins accusé au siècle suivant. Au seizième siècle, en effet, ce souci th6o)ogique reste entier, mais déjà s est constitué un récit détaillé de la Passion, allant de Gethsémani au Thrène, ou les scènes, toujours les mêmes, excluent moins le pittoresque et le mouvement. A Sucevi;a enfin (vers 16oo), l'évolution est au comble de son développement les registres se sont multipliés, les scènes se juxtaposent à l'infini en une narration pittoresque remplie de détails gracieux ou amusants, mais d'où toute de pensée c: toute expression psychologique sont sur le profondeur point de disparaître. Les origines de cette iconographie sont diverses. Elles sont avant tout balkaniques, et par là l'école moldave s'affirme comme la s<t:ur des écoles serbe et bulgare. Mais vers la fin du siècle se révèlent deux influences nouvelles, celle de l'Italie du quatorzième siècle et celle de la Russie. Enfin, des thèmes moins connus des Balkans, mais fort anciens néanmoins r.t se rattachant à la vieille iconographie font partie de l'iconographie byzantine ou cappadocienne, byzantine sur tes générale du seizième siècle, et, comme tels, se rencontrent murs des églises moidavcs.
VIE SCÏENTtFtQUE <t En dehors du sanctuaire et de la nef, les autres compartiments reçoivent une décoration peinte spéciale, d'un caractère différent, mais non moins intéressant. Le narthex est généralement consacré au d'une allure assez libre et personnelle, surmonté des Sept Ménologe, Synodes et d'une Vierge des Btachemes parfois remarquablement belle (Homor) t'exonarthex au Ménologe également (Vorone;) ou, dernier. Les murs extérieurs, enfin, de plus jouvcnt, au Jugement t53o à t6oo, sont entièrement!) couverts de fresques dont la répartition suit des régie.; très définies. Les absides sont consacrées à ce nu'on pourrait appeler t'JÈgiiiip triomphante, anges, prophète: apôtres, de eveques, martyr. et d'autre de anachorètes, groupe; l'Ancien part des Jours, de la Vierge, du Christ, de l'Agneau. Sur tes fa';ad~ se rencontrent l'Arbre de Jessé, qui reçoit en Orient un rc~utieremcnt développement considérable, l'Hymne Attathiste de la Vierge, une ou deux Vies de Saints, la Cenese et le Jugement dernier; il faut y ajouter t'Échctte des Vertus de Jean Climax, parfois remplacée par le thème folkloristique des Étapes Célestes ce n'est pas la seule fois que le folkore local inspire l'artiste moldave, et l'auteur en relève plusieurs exemples. Là s'arrête l'ouvrage. Après tûoo, en effet, une coupure nette sépare les monuments dont il vient d'être question de ceux qui suivront. L'architecture dégénère dans le rapport des proportions entre elles, et se laisse pénétrer d'influences va)a(;ucs et russes qui changent totalement son caractère. La peinture également devient plus mauvaise, matériellement et artistement parlant, et l'iconographie, qui reste tre~ intéressante et qui s'enrichit et se même, change d'inspiration de celle du rapproche beaucoup plus Mont Athos qu'elle ne l'a fait jusqu'ici. Bref, le dix-septième et le dix-huitième siècle représentent une période à part, une autre école presque, qui pourrait donner matière à un nouveau livre aussi développe que celui dont nous venons de rendre compte. Un album séparé de 68 planches permet de suivre l'évolution de l'architecture illustrée dans le texte par de (pl. 1-tX), d'ailleurs nombreuses gravures, et surtout celle de la peinture, admirablement rendue en phototypie par les soins de la maison Leroux.
HISTOIRE
MODERNE
M. Pierre JOCRnA. – ~w<'<~ duchesse ~i~Mfo~, ~HgoM~tf, reine de Navarre (/<), ~M~f &t~~<A<~M<' et littéraire 1. et de Mar~?~<F-<0<~ analytique t/MKO/Cg~Mt de la M~/M~OM~aM<:< guerite <<*<4M~«~W< Thèses pour le doctorat soutenues devant la Faculté des Lettres. Paris, )<)3o. Marguerite de Va)ois.Angou)cme, SUe de Chartes, comte d'Angouet de Louise de Savoie, sœur du futur François I", connut, t&me, ). Paris, Champion, s. Paris, Champion,
<o3o. a vol. in-8 de X!V-644et ~46 pages. )o3o. t vol. in-8 de xxxvm-~66 pages.
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ANNALES DE L'UNtVERSITË
DE PARIS t
aptes les tristesses d'une jeunesse troublée par la mort de son père, les inquiétudes de sa mère, un mariage politique qui l'unit au duc d'Alençon, des années radieuses alors qu'elle vit se réaliser pour son frère tes espoirs que <a famille formait pour lui. Lorsque la mort de Louis XI!, le jeune François I" monta sur le trône de France, ta duchesse d'Alençon, qui l'avait entoure de son affection la plus dévouée aux heures difficiles de son adolescence et lorsqu'ils pou' vaient voit leurs rêves de gloire anéantis, se trouve tout naturellement être, avec leur mère, la personne la plus en vue de la cour. Elle était préparée à jouer ce rôle, ayant reçu, pour l'époque, la plus forte et la plus sage éducation. Elle connut, de Marignan à Paris, l'existence la plus heureuse, toute illuminée des succès de son frère et des fêtes qui se succédaient à la cour; plus que la reine Claude qu'une santé délicate forçait & l'effacement – elle fait alors figure de reine de France que flattent et courtisent favoris, ministres, ambassadeurs. Mais elle ne se laissa elle a déjà pas griser par le plaisir de se voir ainsi au pinacle mesuré la vanité des plaisirs du monde et, dans l'angoisse qui saisit le royaume menacé dans son unité politique et religieuse, elle cherche en une foi plus intense et plus active tes satisfactions que ne lui donnent ni son mari ni son rang. Disciple de Briçonnet, et, par lui, de Lefevre d'Étaptes, elle participe au mouvement de Meaux qui s'éveille de tS:o& )5~. Les événements politiques t'étoigneot, un temps, des spéculations religieuses' auxquelles elle s'est plu pendant deux ans. Les deuils frappent la famille royale. La défaite de Pavie met en danger l'existence même du royaume. Marguerite d'Atençon, toujours fidèle à son frère pour lequel, toujours, elle est prête à se dévouer, n'hésite pas, rendre en Espagne pour négocier après la mort de son mari, se avec Chartes-Quint la libération du roi. Les pourparlers de Tolède, où elle fit preuve de la plus ferme diplomatie, n'aboutissent pas. Elle revient en France pour apprendre la signature du traité de Madrid. Son frère, enfin, va être libre 1 Elle épouse alors le roi de Navarre, plus jeune qu'elle, vers qui elle est poussée par un sentiment de tendresse qu'elle n'a pas encore connu, sentiment qui, très vite, se verra déçu. Si elle connait la joie de donner le jour à Jeanne d'Albret, elle a aussi la douleur de perdre un fils nouveau-né, celle de voir disparaitre sa mère, de sentir son mari et son frère s'éloigner d'elle pour des raisons différentes, d'assister à la naissance en France de querelles religieuses qui vont, pendant un siècle, désoler le pays. Cultivée, de cceur et de pensée ardents, elle a favorisé de toutes ses forces, de ~2: <~4, puis do 1526à <M3, les tentatives de réforme pacifique elle a la douleur de voir le schisme qu'elle redoutait se produire, et la politique modérée de Guillaume et de Jean du Bellay échouer. Au même moment, alors que l'Empereur menace ta Provence, elle se retrouve, smur aimante et dévouée, aux côtés de son frère elle se fait son lieutenant, l'aide de ses conseils et de son influence, pour se retrouver en désaccord avec lui, peu après, lorsque son mari, Henri d'Albret, engage avec Charles-Quint de délicates et obscures négociationa pour obtenir de lui la restitution de la Kavarre espagnole la politique du roi de Navarre n'est pas celle de Montmorency.
VIE SCIENTIFIQUE
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La malheureuse Reine, désireuse à la fois de sauvegarder tes intérêts de son frère et ceux de sa fille, se voit séparée de la petite Jeanne d'Albret, puis est obligée de consentir au mariage, voulu par Frsn' çoisï*' et le connétable, de cette dernière avec le duc de Cleves. Cette union sera rompue sans doute Marguerite de Navarre n'en a pas moins été douloureusement blessée d'être forcée de céder à son frère. Elle se retire en Navarre, loin de la cour où elle ne peut plus rien; i la méditation, l'étude, la composition de la plus large part des poésies qu'elle publie en t547 et des premiers contes du recueil qui constituera lui sont une consolation. Elle vit, & Nérac, à Pau, l'aM~t d'une existence simple et sans apparat, entourée d'humanistes et de lettres, et se consacre à la fois à la prière, aux lettres, aux soins de la politique, car elle surveille, au nom du roi, les frontières espagnoles. La mort de François I", en t~y, lui est le deuil le plus cruel elle pleure, dans tes vers qu'a publiés Abet Lefranc sous le titre de DerM<<*w~j< le frère auquel toute sa vie elle s'est dévouée. Les soucis matériels l'attristent. Elle est obligée de consentir au mariage de sa fille avec te duc Antoine de Bourbon. De plus en plus elle se confine eu sa retraite, ne trouvant plus de consolation que dans l'amour de Dieu et le travail. Sous l'influence des libertins spirituels, elle s'éi&ve à un mysticisme qui fait d'elle une émule de sainte Catherine de Sienne et dont on trouve la trace dans ses derniers vers. Détachée de ce monde, elle meurt en t:4o, à la veille des guerres de religion qu'elle ne verra pas. Elle laissait une œuvre abondante. Des poésies, imprimées ou Inédites, qui font d'élie, plus que Marot, notre plus grand poète avant Ronsard. Cette partie de son œuvre est longue et touffue, sans doute, et, parfois, manque d'originalité ou d'art. La princesse use trop de ses lectures copieuses, et, trop souvent, se borne à paraphraser l'Écriture ou les mystiques, ses devanciers, à s'inspirer de Dante ou de Pétrarque; elle reste trop fidèle aux genres, aux procédés en honneur a la fin du moyen âge et ne sait pas, hardiment, tracer des chemins nouveaux on la voit écrire trop de ~o~.f ou de Z~r<~< user de l'allégorie ou de figures aussi usées, ne pas se préoccuper de donner a ses poèmes la forme élégante sans quoi la pensée la plus haute risque de rester obscure ou de paraître sans intérêt. Mais elle sait aussi ne pas tomber dans la grossièreté, la préciosité ou la banalité des disciples de Marot ses vers de psychologie amoureuse témoignent de récites qualités d'observation, parfois d'une finesse de sentiment et d'une force d'expression jusqu'alors inconnues. Surtout'lorsqu'un sentiment profond la soulève, lorsqu'elle est portée par une intime émotion, ses vers ne sont plus seulement sincères ils sont vraiment émus et émouvants. Qu'elle chante l'amour qu'elle éprouve pour son Dieu, dans ses comédies par exemple, ou dans les /<M~ et le A at't~–le deuil que lui cause la mort d'un frère bien-aimé, elle trouve, d'instinct, la forme la plus pure, le mouvement le plus éloquent, les sonorités tes plus plaintives, et certaines de ses C~MMt ~<f<<«<MM sont, avant les 0<f de Ronsard, les premiers cris de notre poésie lyrique moderne, et non les moins sincères et les moins beaux. !t lui a manqué on le regrette le sens de l'art, une technique plus sure venue au monde vingt ans plus tard, qui sait si elle n'eût pas rivalisé avec le Vendômois?
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ANNALES DE L'UNtVERSÏTË
DE PARIS
Ses contes écrite, sembte't'i), après i54o, et qu'elle commençait à classer vers <~4&,peu avant sa mort, pour en faire un ~VfetM~w français, la montrent écrivain de race et déjà classique. Elle les dit vrais on a suspecté sa sincérité, – à tort, semble-t-il. Une enquête minutieuse donne a croire qu'elle a fort peu copié ses devanciers, – et hors Boccace à qui elle emprunte le cadre et l'idée de son livre, qu'elle n'a jamais traduit une page des conteurs italiens dont on a prétendu qu'elle s'inspirait. Elle a voulu faire un livre vrai c'est bien la qualité qu'il faut reconnaître à son //<<<tM<~OMpublie seulement après sa mort, et qui est bien, au sens moderne du mot, l'une des premières ouvres réalistes de notre littérature. Vérité de l'intrigue, exactitude ou vraisemblance des histoires rapportées, finesse et sûreté des analyses psychologiques, justesse de lapeinture des mfurs, rigueur de la composition, simplicité, mais vivacité du style, telles sont les qualités qu'il faut reconnaître à une œuvre trop souvent mal appréciée et qui, par la place qu'elle fait a la peinture des sentiments, au désavantage de celle du décor et des gestes, se trouve être, un siècle à l'avance, une oeuvre d'allure classique. Elle l'est plus encore peut.être par les intentions morales que décèlent les discussions qui suivent chaque nouvelle et qui font de !<<!W~w un traité de les civilité, une oeuvre d'éducation injustement taxée d'immoralité contes de la Reine de Navarre annoncent les grandes œuvres du siècle de Louis XIV; il ne leur manque, pour être parfaits, qu'une forme un peu plus achevée. Princesse, so'ur et mère de rois, poète sincère et parfois émouvant, conteur averti et délicat, la Marguerite des Princesses est la plus grande et la ptus pure des figures de notre histoire et de notre littérature pendant la première moitié du seizième siècle protectrice des lettres et des arts, amie de tous les amis de l'esprit, éprise d'une vie intellectuelle et spirituelle intense, on la voit protéger tous ceux, de Marot à Calvin qui, politiques, lettrés, artistes, théologiens le moyen &ge mort, s'essayent & doter la France de la littérature et de la religion que les bons esprits sentent lui manquer. Elle rêva. un moment, de vivifier le catholicisme par une réforme opérée par l'Église dans l'Église; elle put ainsi, quelques années, donner des gages aux partisans de Briconnet, même aux plus avancés. La réforme et ses conséquences qu'elle devait amener et que la princesse sut très vite, elle se replia sur elle-même pour prévoir l'effrayèrent trouver dans une religion moins formaliste qu'elle ne l'était pour ses contemporains, plus ardente, plus vivante, mais qui restait conforme à la tradition, le réconfort et l'aliment spirituel dont elle avait besoin. Elle est, à t'aube de la Renaissance, à la veille des guerres de religion, l'une des figures les plus attirantes de notre histoire et la première de nos femmes de lettres.
VIE SCtENTIFtQUK HISTOIRE CONTEMPORAINE des ~<<M<~ Mlle L. M. CtMEY. – ~'<?«M< sot, Cott<<e~<< et <<H< ~~<!M< Thèse pour des Lettres. Paris, <9?o. devant ta'Faculté
<~w<v)~ le doctorat
fMf Ilrissoutenue
sur la Révolution fran. de la revotution L'innuence d'Amérique caise a été de tous temps constatée, ïoit par tes contemporains, sera le foyer comme Brissot de Warville, «ta révolution américaine. soit par sacré d'où partira t'ctincette qui embrasera les nations. tes historiens modernes. Mais elle est fort complexe. Grouper ce qui a été dit a cet égard dans des ouvrages précédents, si possible, et, ce faisant, donner des compléter les renseignements nouvelles quant au rôle des États-Unii. sur la Révolution précisions française, par t'cntremise de quelques chefs girondins, ces grands meneurs, tel a <!t6notre but. Brissot, Condorcet et Mme Roland diffèrent par leur caractère et par leurs idées, mais ils furent liés d'amitié et leur admiration pour les É~ats-Unis était commune: n'était-ce pas le pays qui, le premier, mettait en œuvre tes théories des philosophes et des encyclopédistes? Au début de l'ère nouvette qu'ils créaient, c'est vers l'Amérique qu'ils tournèrent leurs regards pour voir fommcnt tes Américains avaient agi dans des difficultés semblables. Brissot nous a semblé devoir tenir la plus grande place. Ses voyages en Amérique, son caractère, sa situation à l'Assemblée législative et a la Convention lui donnaient plus d'autorité sur tes choses que ne pouvait en avoir Mme Roland. Son activité prodigieuse, ses lectures, ses articles, ses pétitions, ses discours exercèrent une influence reconnue sur ses amis Rcat, Potion, tes Roland et tous ceux qui les entouGuadet, Vergniaud, des terres du raient. Brissot avait réussi à vendre a des français réussir il introduire nouveau monde, il ne devait pas moins bien dans le vieux continent tes idées nouvelles. Ses opinions de journaliste l'emportèrent lorsque l'on rédigea la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, lorsque fut organisée la Chambre unique et ce permanente, lursclue fut admis le veto suspensif, pour ne citer que servilement, qui est le ptus important. Il ne suivit pas d'ailleurs, il savait mieux que personne toutes tes suggestions d'Amérique: combien différaient les deux pays. H lui arriva même parfois de se tromper, comme pour le sens du mot fédéralisme ». Mais il avait du peuple dans la compris le principe américain de la souveraineté et ta grande force de l'opinion publiclue. Constitution, Condorcet, lui, prit une grande part à la rédaction de la ConiititUtion. 11 proposa plus d'un décret important, comme l'abolition des titres de noblesse, la libération des noirs dans tes colonies françaises on lui doit Soo comptes rendus des séances de la Législative et sa part est active dans tous les travaux de la Convention. Membre de l'Académie de Phitad<:)phiedeputs ~86, il suivit la Comtitutton <. Éditions
Riedcr, Paris. Un vol. in-8"; !76 pages.
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fédérale dans ses grandes lignes et admirait fort l'acte de confédération. De Franklin et de Hamilton, il prit l'idée de la séparation des pouvoirs; de Jefferson, celle de la souveraineté du peuple de Paine, ~ette de la déchéance de la monarchie. Le droit de suffrage, la délégation des pouvoirs, le droit du peuple à élire ses agents, le gouvernement par la majorité, tous ces principes étaient déjà reconnus et appliqués aux États-Unis. Mme Roland (lui « se mêlait d'autres affaires que de celles de son eut une influence surtout par son salon, par son charme, ménage par la flamme de sa vive intelligence. Ses entretiens étaient remplis de souvenirs des anciennes républiques de la Grèce et de Rome, qu'elle Elle donna aux comparait à la république d'outre-Atlantique. jeunes députés le courage de renverser les anciennes barrières. A vrai dire, vivant davantage dans un domaine d'idées pures, elle n'a pas éprouvé aussi souvent que Brissot et Condorcet le besoin de s'appuyer sur l'exemple que lui fournissait le nouveau monde, mais elle adhérait pleinement aux idées de Brissot sur la plupart des sujets que tout le monde discutait alors avec passion. Elle était même plus excessive que Brissot et que la plupart des Girondins et sa sévérité à l'égard de la royauté lui était toute personnelle. Elle a souvent mani' festé de vifs regrets de mal connaître l'Amérique et te fonctionnement de sa nouvette administration. Aussi se tournait-elle vers les pays fibres", surtout lorsqu'on parlait de réformes humanitaires, de la bonté du peuple, de la nécessité des bonnes mceurs, de la liberté, de l'absurdité de la royauté, de tous les principes enfin qui demandent plus d'ardeur, d'enthousiasme et de générosité compréhensive du temps dans lequel on vit, que de connaissances précises. Elle fit vibrer les esprits et encouragea les eBorts par d'autres moyens que les deux autres membres de ce noble triumvirat. Ce furent les livres sur les États-Unis, le contact personnel avec des Américains, soit à Paris, soit aux États-Unis, qui trempèrent leur esprit et les confirmèrent dans leurs tendances libérâtes. Car ces tendances existaient déjà en France, – l'empreinte du Contrat M~<t< et des Il républicains" du seizième et du dix-septième siècle est évidente sur Condorcet, et c'est ce qui leur permit de ne prendre dans le système américain que ce qu'il y avait de meilleur à adopter pour eux: ils étaient préparés et assouplis. La révolution américaine leur servit d' «expérience Het cette expérience fut utile. Les grands principes de Liberté, d'Égalité, de Fraternité, qui subsistent encore aujourd'hui, en sont la meilleure des preuves.
M. Lionel-D. WooowAM. – <7~<<t<Mt~<~ anglaisa d, la /?~~t<(<cM /~M~t<M, Hélène-Maria Williams et ses amis. Thèse pour le doctorat soutenue devant la Faculté des Lettres. Paris, ~3o. La Révolution française à ses débuts rencontra en Angleterre de nombreuses sympathies, en particutier dans les milieux cultivés. Des ctubs, des sociétés, des académies se fondaient, exerçant sur l'opinion une grande influence. Ils recevaient des détenues français, entrete-
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naient les uns avec les autres une correspondance importante, écrivaient avec éloges sur la Révolution. A leur exemple, des sociétés analogues s'établirent un peu partout en France et entrèrent en relations avec celles d'Angleterre. Ue part et d'autre du détroit, on rencontrait des ~<'<<'<~ da Cc~'f<c*t<<<ttf<, des tS'M~<t~t~« des Sociétés Révolutionnaires. /M~e, Des hommes tels que Priée, Thomas Paine, Priestley, J.-H. Stone, avec Sheridan ou Word~worth leur Kemble, Reynolds, partagent enthousiasme la Révolution. même quitteront pour Quelques-un!; leur patrie et iront vivre à Paris pour y assister au spectacte sublime H. De ce nombre est Hélène-Maria \i)tiams qui fait l'objet de cette ëtude. Sa sympathie pour la Révolution ne faiblit jamais, et ses ecrin eurent en France comme en Angleterre assez de retentissement en leur temps pour attirer dans les deux pays l'attention de? gouvernements. Née à Londres en ~6<, Hélène-Maria Wittiams passa une panie de sa première jeunesse au milieu des riants paysages de Bertsick-onencouTwecd, près de la frontière de l'Ecosse. Elle fut grandement ragée dans ses travaux littéraires par le savant Kippis qui publia pour elle son premier poème ~M«'<M and ~fK~a, a legendary ya~. Le succès de ce poème, nous dit Spears, fit venir toute la famille à Londres ou elle s'entoura d'un eon'teHtteraire choisi qui appréciait pleinement les rares talents et le bel esprit de Miss Williams. )' C'est en ty8/ et tySS que se place sa correspondance avec le grand ce date sa rencontre écossais Robert Burns. De moment aussi poète avec Samuel Rogers, qui se trouvait cn rapport avec la plupart des hommes politiques «radicaux Pett après, son salon devint un cemre de réunion de plus en plus suivi. A l'aube de la Révolution, nombre d'esprits exaltés, tourne:- vers la France, se retrouvaient ta, Miss Williams, entralnée par l'opinion publique et sa propre inclination, va s'éprendre, elle aussi, des prinet se montrer leur ardent champion. cipes révolutionnaires Elle part pour la France en t~o et assiste avec une profonde émotion a ta fête de la Fédération, puis à une séance de l'Assemblée nationale; elle visite les monuments et se rend près de Rouen à l'invitation du baron Augustin du Fossé. L'ensemble et l'hisde ses observations toire des malheurs de ses amis du Fossé, fort durement traites par un père inflexible contre le gré duquel ils s'étaient mariés, firent l'objet du premier volume de /<w écrites ~f /~< par Miss Williams a une amie anglaise, ouvrage qui suscita des polémiques pa<sionn~f" car il répondait aux éloquentes de Burke qui venaient de ~ct~KY paraître. En i/o~, H.-M.Williams revint en France, définitivement cette fois. De ses fenêtres, elle vit l'émeute du to aoot qui l'impressionna fon. mais son salon ne fut pas ferme pour cela et son h<)tet fut bientôt le de libéraux et de rendez-vous d'un grand nombre de philosophes, personnages de tous les pays. Une grande intimité se forme entre elle et Mme Roland, et )a fin de cette même année la voit tancée en plein monde girondin. Avec beaucoup de courage, elle ne craignit pas de leur témoigner son VI. Aftt. UxtV. <S
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-tv_m t. J_ t_ :v.l. amitié jutqu'M) dernier moment et fut de ce fait jetée en prison pendant près de deux mois. le salon d'Hélène, l'un de Parmi tes étrangers qui fréquentaient sur Mis) Williams fut John ceux qui exercèrent le plus d'influence Hurford Stoae. Elle l'avait connu lors de sa première visite P&riii. homme d'afaires Ce Stone cet un personnage assez énigmatique; trùs intelligent, esprit cultivé, it était en relations avec des gens im' Ainsi portants et ses opinions étaient fort estimées des Girondine. do la Reveit a dli l'histoire jouerdans que quelques autres étrangers, un rote obscur mais lution important. Stone avait été arrêté en même temps que Miss WHtiams, à cause de ses rapports avec les Girondins, mais remis en liberté quelques jours après. Il fut arrêté de nouveau en mars 1796, sous l'inculpation d'espionanglais, mais acquitté par te nage pour le compte du gouvernement Directoire, Il avait évidemment des amis dans bien des camps. dea volumes de /«w Cependant, Miss Williams continue publier sur ta politique et les événements de France, en tyo:, en '79!, cn tSo). D'après ces dernières, le Premier Consul lui avait d'abord inspiré lui avait une grande admiration, d'autant plus que M. de Talleyrand déclaré que « la lecture d'Ossian faisait tes délices de positivement Napoléon 0. Et pour Miss Williams, toujours dominée par ses sentiments plutôt que par sa tête, et dont a la profession de foi politique ainsi qu'ctte le déclare elleétait une affaire purement de cu'ur Elle devint « bonamême, cette raison semble avoir été péremptoire. partiste enthousiaste Après le <8 Brumaire, plus encore après la paix d'Amiens, ce sentiment se refroidit pour se changer peu à peu en une vive haine, et notre Anglaise ne vit plus en Xapot~on qu'un odieux despote. Son salon, un des plus importants qu'il y eût sous le Consulat, de reçoit au cours de ces quelques années la visite de Kosciusko, O'Connor, M.-J. Chcnier, Carnot, La Harpe, Charles Fox, l'Irlandais de Humboldt. Bernardin Saint-Pierre, En )8o3, Hélène Williams public ta C<~w~<~<tMfc~<<~M~<<wy joignant ses notes et ses observations. /t<~n<t~<t< ~K<t<tT/,cn L'édition, saisie par la police, fut remise en circulation peu de temps L'étude après. Hélène avait acheté ces lettres, tes croyant authentiques. Breton de la attentive de leur origine, faite par Barbier en )8o~, par Martiniere, par Bouchot en tS)8, montra qu'clles étaient apocryphes et t'muvre d'un certain Babié. Mais. au moment de leur publication, ces prétendues lettres de Louis XVI soulevèrent une émotion considérable. Les années de Miss Williams étaient alors remplies par les soins et de ses neveux orphctio~, Athanase que lui donnait l'éducation Charles Coquerel. car elle craignait Entre tSo3 et t8<4, elle n'écrivit rien d'original, des trop Napoléon. Mais elle travaillait à la traduction en anglais à se.~ qu'elle fit connaître Voyage.t de A. de ~MM~M<M ~M~~f, compatriotes en t8f.t. Un Récit <<M<MM~ $«< <'M<eu ~M M /M«M pendant les Cent <<<France de !8)S Jours, publie en t8<5, des Z~~M sur ~M <M~M~~ à t8)[),qu'ett<-eut bien de ta peine afaireediterca Angleterre, achètent
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te cycle des commentaires de Miss Williams sur la période d'histoire a vécue. EUe était devenue si française d'habitudes que, lorsqu'elle qu'elle charge en t8<oson ami Crabb Robinson de faire imprimer ses JL~Mw à Londres, celui-ci « se fit d'abord un devoir de tire le manu. btrit et d'en corriger les gallicismes Mt Mais ni sa prose, ni ses vers, ne lui permettaient plus de subvenir à son existence, et l'un de ses neveux, AtbanaseCoqueret, devenu pasleur de l'Église Wallonne à Amsterdam, fit venir sa tante auprès de lui. < La privation de sa délicieuse société de Paris et la différence des habitudes hottandaises lui causèrent un choc au-dessus de ses forces. H Si bien que son dévoue neveu la ramena à Paris après quelques années. Elle s'y éteignit le 15 décembre )8~ et fut enterrée, selon son désir, au Pere-Lachaise. Hélène-Maria Williams, à son époque, était considérée comme un des bons poètes anglais. Ses vers sont harmonieux, les mots sont bien choisis. Ginguené ren)!<rt)ue chez elle Mune sensibilité qui parait être la qualité dominante de son Ktne et de son talent Son style est toujours facile, tombant un peu trop souvent pcut-ctre dans t'aSeetation et dans la fadeur. Ce sont ses écrits en prose, d'un style élégant et vigoureux, qui firent la réputation de Miss Williams. Nous avons vu le succès ses lettres sur la Révolution qu'obtinrent française. Ses observations sont intéressantes. On l'a accusée d'être partiale et d'avoir dénature certains faits. Dans les graves annales de l'histoire, repond-ettc, tout est raconté avec calme et avec méthode, mais je ne suis pas un historien; j'ai seulement hasardé. d'exprimer mes propres sentiments pendant le cours de la Révolution. et de les peindre, d'une touche mal assurée sans doute, mais dont les traits laissent une certaine impression de vérité, n Elle admet qu'elle s'est quelquefois permis un jugement peut-être prématuré sur les événements. « J'ai pu me tromper, ajoutc.t-e))e, mais j'ai toujours été sincère, o
M. Jean MAURAtX.– La politique M~~f'a~t~w du Second ~M~«'t Le Saint-Siège et la y'MM, 185a ïMp'. ~m<~ à avril /~i ~<MMt~K~ inédits 3. Thèses pour le doctorat soutenues devant la Faculté dos Lettres. Paris, 1930. Les questions ecclésiastiques ont tenu une place importante dans l'histoire du Second Empire, et le tûic joué par te clergé pendant cette période, où s'est faite en France l'éducation du suffrage universé), a eu, pour l'évolution de la vie politique française, des conséquences durables. Le gouvernement impérial et l'Église se sont tour h tour alliés et combattus, mais, de tS~ à t86o, le personne) dirigeant du Second Empire s'est peu modifié; aussi sa politique ecclésiasune réelle unité. C'est pourtique a-t-elle, à travers ses changements, de l'étudier dans son ensemble, a l'aide de la docuquoi j'ai tenté mentation très abondante et très neuve que fournissent tes Archiver ). Atcan, Paris, to3o. In-8, Lt'o~ pages. a. Alcan, Païis, t~So. In-8, pages.
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du ministère des Affaires étrangères. nationales et les archives fonds sont cetui de la les principaux Aux Archives nationales, direction des Cultes, qui est très important, et ceux des ministères de ott les quesde !a Justice et de l'Instruction t'Intéfieur, publique, du tiennent une large place. Aux archivM tions ecclésiastiques on trouve, outre les documenta ministère des Affaires étrangères, lettres privées des ambassaofficiels du fonds Rome, d'intéressantes deurs de France à Rome dans les papiers de Cerçay. des renseignements Ces archives fournissent abondants, précis, avec du avec le et sur les Saint-Siège directs, gouvernement rapports le clergé français, sur les tendances et ttaction des diverses administrations. Mais, si elles nous montrent bien comment les affaires ecclésiastiques étaient traitées, et comment les décisions du gouvernement moins sur la étaient exécutées, elles nous renseignent beaucoup manière dont ces décisions étaient prises. En effet, les document). n'ont pas et'! du gouvernement relatifs aux plus hautes délibérations versés dans les archives publiques et, de plus, Napoléon III prenait ses principales décisions secrètement, pour des motifs personnels difficiles à préciser. le rôle joué par le Les Archives nationales font aussi connaître clergé et par les questions religieuses dans la vie publique française on y trouve, pour chaque région, des rapports ou des lettres émanant des des préfets et sous-préfets, des recteurs et inspecteurs d'académie, se complètent et il est et des évëques. Ces documents magistrats facile de les contrôler les uns par les autres. Ils nous renseignent naturellement avec plus de précision sur les gens haut placés, avec qui les agents du gouvernement étaient en contact personnel. que sur le peuple. Les publications relatives à l'histoire ecclésiastique de cette période sont très nombreuses, mais elles ont en générât été faites par des apoloprêtres ou par des catholiques laïques, avec des préoccupations gétiques. De plus, la plupart de ces ouvrages sont des biographies, du personécrites souvent par un ami ou par un ancien collaborateur nage dont elles retracent la vie; aussi représentent-elles presque toutes leur héros sous le jour le plus favorable. La critique de ces livres est facilitée par les divisions de l'Église, par l'hostilité violente français les uns aux autres sous le qui opposait tes catholiques ont été Second Empire, et qui persistait lorsque ces publications est facile de contrôler les livres des faites il assez gallicans et 'des et réciproquement. libéraux par ceux des ultramontains, De t!!)2 à )!!5<),l'Empire et l'Église se sont alliés contre les répude Rome par les blicains, mais cette alliance, dont l'occupation troupes françaises était la base et le symbole, a été moins étroite, et surtout moins cordiale qu'elle ne le paraissait. En théorie, le Second Empire était fondé sur les principes de )y8<), dont plusieurs étaient condamnés par t'Égtise. En fait, il y avait très peu de cléricaux dans le personnel dirigeant; les gallicans, au contraire, y étaient nombreux. et jaloux des autoritaire, Surtout, ce personnel était essentiellement t. J'en ai retrouvé plusieurs, papiers de Baroche,conservés
dont certains fort importants, à la bibliothèque Thiers.
dans les
VIE SCtKNTtt'IQUE droits du pouvoir civil, qui souvent, depuis t~S, avaient été sacrifiés au elMge. Mais ces tendances gallicanes, qui se sont manifestées dès le lendemain du coup d'État, ont été d'abord paralyses. Le gouvernement avait en e<tet un intérêt politique & garder l'appui du clergé, utile contre les oppositions et légitimiste. De plus, républicaine Napoléon III était personnellement étranger a la tradition gallicane; il rêvait d'un catholicisme, théocraqui, renonçant aux prétentions se fat la avec la civilisation réconcilie, régénérer, tiques, pour moderne. En outre, il désirait que Pie IX vint le sacrer à Paris, comme Pic VIi avait sacré Napoléon I". Aussi le gouvernement impérial a-t-il laissé à l'Église la situation qu'elle avait conquise depuis ~S, elle resta seule libre privilégiée dans une société opprimée, ce qui lui donna une grande force d'exDe contrairement aux tendances de ses conseillers, pansion. plus, du:t mars t853, Napoléon III laissa Pie IX assurer, part'cncyctique le triomphe de l'ultramontanisme'en France Mais l'empereur recula devant la suppression des Articles organiques et du mariage civil, qui seule eût décida Pie IX à venir le sacrer. et à mesure que le gouvernement Après l'échec de cette négociation, devenu a moins senti le besoin de l'appui du impérial, plus puissant, le clergé, personnel dirigeant, qui voyait avec inquiétude tes progrès de l'ultramontanisme et de l'influence cléricale, a tenté de les limiter. Cette résistance a été très prudente, très discrète surtout, mais assex efficace c'est ainsi que le gouvernement impérial a appliqué la loi Falloux dans un esprit beaucoup plus étatiste et moins clérical que celui dont elle était inspirée. Non content de ce résultat, le ministre d<: l'Instruction publique et des Cultes nommé en t856, Rouland, jugeait nécessaire, en <858, une réaction générale contre t'ultramontanisme et le cléricalisme et il envisageait, dans cette intention, tes mesures qu'il devait appliquer en t!!6o. Toutefois, il n'y avait pas encore de conflit engagé entre t'Égtiscet le gouvernement impérial. C'est alors que Napoléon III entreprit la guerre d'Italie. Victorieux, il laissa le Piémont annexer en tS6o les États pontificaux, à l'exception de Rome et de ses environs que les troupes françaises continuèrent & occuper. Pie IX ressentit ces atteintes portées à son pouvoir il en rendit temporel comme des attentats sacrilèges contre l'Église III lui devint très hostile. et La question Napoléon responsable romaine entraina la rupture entre l'Église et l'Empire 2. La politique du gouvernement fut ainsi subordonnée à sa politique ecclésiastique ). Pendant la premiëre moitié du dix-neuvième siècle, t'Égtise de France, en vertu d'un droit coutumier très différent du droit commun de l'Église, avait été gouvernée par les cv&ques, tout-puissants dans leurs diocèses, et assez indépendants du pape. Ce droit coutumier fut très combattu après <8~8 par le Saint-Siège et par les ultramontains hostiles à l'omnipotence bas clergé, réguliers, journaépiscopale listes laïques. Les évoques tentèrent de réagir en tS~, mais le pape profita des hésitations du gouvernement impérial pour briser leur résistance par l'encyclique du 2t mars t833. Voir Le ~a<M< la /aMCt de décembre «f~ ~J~. ne l'ai étudiée qu'au point de vue de la politique intérieure. Je
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italienne Napotéon III se préoccupait peu des questions religieuses, tandis que tes affaires d'Italie lui tenaient fort & cœur. En supprimant f~M<f< (janvier <S6o), qui avait tant contribué à lui rallier le clergé, le gouvernement impérial montra qu'il ne toKre. rait pas tes attaques de la pre~e c)cricntc. Les mandements des tous appartenaient évoques, !ct brochures des écrivains, qui presque au petit groupe parisien des catholiques furent donc les libéraux, du mécontentement des cathoprincipales manifestations publiques montrent liques, Mais les documents d'archives que tes écrits des et que les évêques, :t catholiques libéraux ont eu très peu d'ianuence, peu d'exceptions près, ont été, en fait, modère et conciliants vis-a-vh du gouvernement. L'agitation a été f'ruvre du bas clergé, beaucoup ultramontain et plus ardent que les évoques, et des laïques, plus presque tous riches et influents, que groupaient, dans toutes les villes ceux-ci de province, les associations de bienfaisance catholiques ou ou moins étaient soit des légitimistes, intransigeants rallier, plus soit des catholiques été les avant tout avaient qui parmi plus seule chauds partisans de l'Empire. Le~ tentatives d'agitation, la dont le gouimportante a été celle de janvier t86o, ont très vite échoué vernement les a réprimées énergiquement, et surtout tes population: même dans les régions cléricales, sont restées indifférentes a la question romaine; elles ne pouvaient croire l'Église menacée alors que rien notait change dans leur vie religieuse quotidienne. Par contre. c'est-à-dire le bas clergé et les laïques mililes cadres catholiques, tants des associations de bienfaisance, sont restes,a partir de )S<)0, irréductiblement hostiles au gouvernement impérial. Ainsi combattu, Napoléon m n'avait plus intérêt & ménager le clergé, mais au contraire à l'affaiblir. 11 adopta en (860 les mesures envisagées dès )8!8 par Rouland pour restreindre l'influence du SaintSiège sur l'Église de France et cette du clergé sur la société civile. A cette fin, Rouland, puis Duruy, défendirent et développèrent energile fit dissoudre la l'enseignement ta:que, gouvernement quement association de la Société de Saintbienfaisance, principale catholique Vincent-de-Paul (octobre <!?<); il s'efforça, non sans succès, d'arrêter le développement des congrégations, ce qui donna lieu à de très vifs connits; il fit punir par les tribunaux les crimes et délits commis par dont la répression était jusqu'alors tes ecclésiastiques, généralement et surtout le 6'«<f, réservée a l'Église il laissa la presse républicaine, qui était, depuis t85:, le premier journal de France, attaquer vivement le clergé. A partir de )8'5o, le gouvernement choisit les évoques parmi les prêtres qui, malgré la question romaine, lui étaient restés dévoués, et et conciliants envers qui, de plus, étaient hostiles à l'ultramontanisme la société moderne, c'est-à-dire gallicans et libéraux. Tous ces choix furent faits en dehors du nonce, qui, avant <86o, était parfois consulté sur le mérite des candidats à t'épiseopat. Mécontent et inquiet de cette politique, Pie IX, des t86o, refusa de préconiser deux des évoques nommés par l'empereur il considérait, en effet, cette nomination sans comme une présentation qu'il pouvait refuser de sanctionner ses Le même faire connaitre motifs. gouvernement impériat soutenait, au contraire, que tes évêques nommés par lui devaient être préconisés, sauf le cas d'indignité dûment démontrée. Ce conflit fondamental
VIE SC!ENT!fIQUN donna lieu à de nombreuses difficultés, surtout après que Pie tX eut cfDdamne par le .SyM~w les et libéraux qui principes gallicans étaient ceux du gouvernement impérial (décembre ~64). Dans deux cas, le conflit resta sans issue l'évtché de la Martinique à partir de 186o, celui d'Agen à partir de tSoy, restèrent vacants jusqu'à la chute de l'Empire. La question était grave. Le pape cherchait à restreindre le principal droit que le gouvernement français tînt du Concordat. Le gouvernement impérial représenta à.Pie IX qu'en empêchant ainsi le Concordat de fonctionner, it risquait de provoquer la séparation de l'Église et de t'Ëtat. En fait, le gouvernement impérial et le Saint. Siège redoutaient également cette éventualité, mais la question se trouvait posée devant l'opinion française le parti républicain se prononça pour la séparation. Nominations épiscopales, congrega. tions, enseignement, c'étaient tes trois questions sur lesquelles la lutte allait se poursuivre entre le gouvernement français et l'Église jusqu'en <eo5. Sur ces trois points, les mesures prises après <86opar le gouvernement impérial ont ébauche ta politique taîque qui devaitprévaloir sous la Troisième République. jules Ferry et Émile Combes ont pu montrer ù la tribune qu'à cet égard, les ministres de l'Empire auraient été leurs précurseurs. Le rote joue par les questions ecclésiastiques dans la vie politique était extrêmement variable suivant les régions. La carte de l'influence cléricale apparaît, sous le Second Empire, fort semblable à cette que MM. Ch. Seignobos et A. Siegfried ont fait connaître la Seconde pour et la Troisième Républiques; elle n'est pas sans analogie avec la carte des prêtres réfractaires de tyço qu'a dressée M. Sagnac, ce qui confirme une fois de plus la stabilité des tendances et en par. politiques, ticulier cette de l'influence du clergé, en France. Les bocages de t'Ouest, tes pays de montagne, surtout le sud <-)t'est du Massif Central, le pays basque, la Flandre et l'Alsace, sont les principales régions cléricales. Les curés y exercent une grande influence sur tes paysans, on peut remarquer que ceux-ci vivent assez isolés, soit par suite de leur langue, soit en raison de la nature du pays qu'ils habitent. En outre, dans la plupart de ces pays, la grande propriété domine, et tes propriétaires, dont beaucoup sont des nobles secondent le clergé. La force de t'Égtise est donc ici dans légitimiste; les campagnes; tes villes sont libérâtes le peuple est démocrate et la hostile à anticlérical, bourgeoisie l'ancien régime, bleue, comme J'on dit dans l'Ouest. Par conséquent, c'est au clergé des paroisses les congreganistcs qu'appartient t'innuence; et tes laïques ne sont que ses auxiliaires. Le clergé séculier est lui-même dominé, soit par son évêque, soit, plus souvent, par quelques prêtres actifs qui sont à la fois tes chefs et tes représentants de leurs collègues. Dans le reste de la France, au contraire, les paysans n'obéissent aux mais tes plus curés, classes riches, noblesse et bourgeoisie en train de se fondre, cherchent l'appui du clergé contre la démocratie or, elles résident surtout dans tes villes, qui deviennent ici tes centres de l'influence cléricale. Le clergé des campagnes est donc sans influence; par contre, tes congrégations, spécialisées dans l'apostolat des classes riches et qui dirigent souvent tes associations laïques de exercent une puissance sociale considérable. bienfaisance, Elles peuvent influencer les fonctionnaires, qui appartiennent à la « bonne
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AXIALES
DE I,'UNIVERS!TË
DE PARIS
société et, par conséquent, agir sur l'administration. Mais toutes leurs tentatives pour ramener les ouvriers à l'Église échouent le des villes reste Dans ces anticlérical. l'action du peuple répons, clergé ne s exerce donc qu'indirectement, par l'intermédiaire des classes dirigeantes; it n'a pas d'influence sur le suffrage universel. Telle est la situation que l'on constate, par exemple, a Toulouse, Marseille, Avignon, Dijon, Nancy, Amiens, Poitiers, etc. C'est surtout à partir de 1863 que les sentiments de la nation se manifestent. A cette époque, le gouvernement impérial a contre lui presque tout le clergé, sans que ses conflits avec l'Église aient atténué, comme il l'avait quoique temps espéré, l'hostilité des républicains. Aux élections de <M3, une question essentiet'c se pose pour les opposants doivent-ils s'unir tous contre l'Empire autoritaire, en formant ce que l'on appelle l'Union libérale? Certains républicains modérés, les orléanistes, les indépendants et quelques légitimistes le souhaitent, mais tous ceux qui attachent à la question religieuse une importance primordiale s'y opposent. L'Union libérale est repoussée à la fois par les organes du clergé et par Siècle. Peyrat, surtout, la combat avec une lucidité et une force remarquables, et donne aux républicains le mot d'ordre fameux le parti clérical, c'est l'ennemi. Aussi l'Union libérale ne peut-elle se former, à de rares exceptions où les questions religieuses ne près, que dans les circonscriptions jouent pas un grand rôle; dans l'ensemble, elle ne se réalise pas: les cléricaux et les républicains votent les uns contre les autres dans la plupart des circonscriptions. La question religieuse apparaît ainsi, des 1863, comme la pierre de touche du classement des partis. De 1863a )f!6o. le gouvernement impérial reste combattu par deux oppositions distinctes, hostiles l'une à l'autre,et de plus en plus puisx.mn'; le Tiers Parti clérical, c'est-à-dire l'ancien parti de l'ordre qui se reforme peu à peu, et le parti républicain. A mesure que la vie il politique se réveille, l'échec de l'Empire autoritaire s'affirme devient de plus en plus difficile de gouverner la France sans l'appui de l'un des deux grands partis qui s'y affrontent. Le gouvernement le sent et voit que l'appui des cléricaux lui sera nécessaire pour tenir tête aux républicains. Aussi, sans renoncer à sa politique laique et gallicane, il l'atténue après )8o5 en ce qui touche les congrégations; ¡ il sauve le pouvoir temporel du pape en t8&7 par la seconde expédition de Rome aux élections de )86o, il choisit ses candidats de manière à préparer un rapprochement avec le clergé. Ce rapprochement se fait incomplètement au premier tour, les cléricaux ayant tre. souvent présenté un candidat contre le candidat officiel; mais dans la plupart des ballotages, qui sont nombreux, l'administration et le clergé s'allient contre les républicains. Le classement des partis dénni par Peyrat dès t863 est alors presque complètement réalisé. Les députés cléricaux, presque tous etus avec le concours de l'administration, sont en tel nombre dans le nouveau Corps législatif que l'on ne peut y former sans eux une majorité contre les républicains. La politique ecclésiastique suivie depuis )Mo est donc abandonnée dès juillet tMf), et le personne! gallican de l'Empire autoritaire cède le pouvoir/en janvier tSyo, au ministère Émile Ollivier, qui, recruté dans le Tiers Parti, compte, sur neuf ministres civils, sept cléricaux prononcés. Le Second Empire marque, je crois, un tournant décisif dans t'his-
VIESC!ENTtï'ÏQUK
,5,
toire ecclésiastique et politique de la France. A l'époque où il s'établit, la domination du clerg6 s'exerce sur une partie de la poputation française, mais répugne &la majorité de la nation. Jusqu'alors, sous des régimes non démocratiques, le pouvoir de t'Égtise sur la France a été limité par le gatticanismc, qui était la politique ecclésiastique des classes dirigeantes, et qui comportait, depuis la Révolution, la saude des de vegarde plusieurs principes t~Sf) laïcité de t'Ëtat, liberté de conscience et de culte. Or, vers le milieu du dix.neuviëme siècle, le gallicanisme s'effondre. L'Église, en effet, accentue rapidement son évolution vers l'ultramontanisme théocratique, et les classes diri. geantes, c'est-à-dire les classes riches, ayant besoin du clergé contre les révolutionnaires, sacrifient à cette alliance leurs anciennes ten. dances gallicanes. La politique faite après t86o par le gouvernement impérial est une derni&re tentative gallicane, qui échoue irrémédiablement en fSôo. Le gallicanisme disparaissant, il ne reste, en matière de politique ecclésiastique, que deux tendances opposées, qui existaient déjà en t&tf), mais au conflit desquelles le gouvernement impérial avait pré. tendu mettre fin par une solution moyenne le ciericatisme, qui dans les classes prédomine riches et dans les campagnes tes ptus conservatrices, et l'anticléricalisme qui se développe rapidement parmi les intellectuels, dans le peuple des villes et dans les campagnes les plus évoluées au point de vue politique. Aussi, après t~o, le pouvoir a-t-il été disputé en France pendant un demi-siècle entre les conser. vateurs cléricaux et les républicains anticléricaux.
BOTANIQUE M. Antoine os CuoHAC. – /?~A<«M ~«c<~ des C~M/M~ Thèse pour le doctorat soutenue devant la Faculté des Sciences. Paris, <o3o. A côté de l'amidon et du saccharose (ordinairement accompagnes d'un peu de réducteur glucose et fructose), qu'on trouve constamment, au moins dans quelque partie de la plante, chez les Graminées, et dont l'abondance particulière, dans certaines espèces, leur confère une valeur économique de premier ordre (Céréales, Canne & on sait qu'il se rencontre assez souvent, et parfois en grande sucre), des produits saccharifiables, habituellement désignes, dans quantité, les anale sous nom de « n lyses, dextrines ou de produits dextriniformes n. Ce sont, en réalité, comme l'a montré Betvat (Thèse, Paris, )o~), pour les Céréales, non pas des dextrines, dont on ne trouve trace nulle part (et les présentes recherches permettent de conclure qu'il en est de même pour l'ensemble des Graminées), mais des glucides lévogyres, fournissant du fructose par hydrolyse (lévulosanes, lévuloside=, ou plus correctement Ces glucides étant /fw<<~<w<~). Annales des .S'<;«~f~ naturelles, J?0(<!M<~«<<o3t [)0], 13, ).)~.
AMNALES DE L'UNIVERSITÉ
DE PARIS
encore assez peu connus jusqu'ici, sur eux c'est particulièrement qu'on a fait porter l'attention dans ce travail. Ces fructoholosides sont ffëquents chez les Graminées de nos régions F<tM<"g~<t, M~fttM, f't/e~vMrw, ~js;)'M< fMMW<f, ?')'<M. <«M<,<4t'fM«, ~<M«</«-~«~, F~owM, /'M(«M, Z.o~«M, /t~<~ytWM, tandis que leur absence est la règle ~c~<MM, 7'<'<<~t«M, etc. chez celles des contrées chaudes (auxquelles il faut joindre quelques espèces de notre Flore), qu'on peut ainsi caractériser par la présence du saccharose, avec ou sans amidon dans les organes végétatifs Maïs, Sorgho, Canne à sucre, /'<t~'<:«~, Riz, Bambous, ~c~«t, /in<Mt~, ~«f/<<Km, y/t/'<~M< C~M~M, etc. Au point de vue systématique, on remarquera que toutes les Graminées à fructohotodides appartiennent il un même groupe de tribus Phalaridées, /t~<M/Mt~M'Mt<M, (scion Engler et ~j<!<c~, //<?~ Prantl). Mais il se rencontre aussi, dans ces tribus, des espèces n saccharose, parfois assez voisines des précédentes, ce qui peut donner à penser que les indications sur le chimisme permettraient de contrôler certains cas d'affinités critiques (par exemple, ~<!<)':<M, a à fructobolosides). saccharose, à côté de ~'M<w<<,~fM«j, ~KM, Mais en pareille matière, il convient de se montrer fort circonspect, comme le fait voir l'étude de plantes appartenant à des familles très diverses (Composées, Iridées, Scillées, etc.). Les fructohotosides ne se forment pas dans te limbe des feuilles, chez toutes les Graminées, particuHerement riche en sacchaqui est, rose. Mais on en trouve dès la gaine, d'où la nécessité de séparer ces deux parties de la feuille, dans les analyses. Les teneurs les plus fortes s'observent à la base des tiges (chaumes un avant ou dans les organes pérennants annuels), peu l'anthèse (rhizomes, tubercules, etc.), si la plante est vivace (jusqu'à près de M p. <oo de la matière fraiche, chez certaines espèces). Mais en remontant le long de la tige, les glucides lévogyres font de au saccharose et aux sucres réducteurs, place progressivement sorte qu'au voisinage de l'inflorescence, on n'en rencontre plus. On en retrouve cependant dans le grain, surtout au début de son déveOn voit par ce qui précède qu'ils y résultent d'une loppement. nouvelle formation, et non, comme on aurait pu le croire, du simple transport de ceux de la tige. Leur présence dans les grains parait d'ailleurs transitoire, car ils diminuent beaucoup d'importance à maturité, et peuvent même disdans certaines espèces. C'est, par exemple, le parattre complètement cas de l'Avoine, et c'est ce qui explique que Tanret ne put en isoler, des grains mûrs, la tevosine qu'il avait signalée dans les farines de Blé, de Seigle et d'Orge, bien que les grains jeunes en contiennent abondamment (Belval). ont aussi été prépares par divers Quelques autres fructohotosides auteurs, à partir des organes vivaces de certaines Graminées fourragères ou sauvages. Mais leur spécificité n'ayant pas été généralement admise par la il a nécessaire d'effectuer une étude suite, paru comparative de quelques-uns d'entre eux. On a ainsi préparé les fructoholosides de l'Avoine a chapelets (~y/~M<A~KM &K~.t«<M),ou g)'<!W<wA<'<<Mt~(graminine); du Chien-
VIE SCtENTtUQUB dent rampant (/t~~y)'«M ou ~~A~<M«~ f<M), (tricitine); de la Fléole des prés (M~MM ~a~tf), ou ~A~oA<~<w'<~ (phteine) de l'Oyat ~MMM« <t~M«~«t); de l'Orge bulbeuse (//c~«M ~K~ww~etc. La méthode employée est celle de la précipitation u l'état de com. plexe barytique, classique depuis les travaux de Tanret, et qui permet d'obtenir des produits bien plus purs que par tes anciens procédés <)e précipitation directe par l'alcool. De très nombreuses mesures ont été effectuées pour déterminer les de ces diverses substances. principales caractéristiques La conclusion qui s'en dégage est que deux au moins de ces glu. et le triticoholoside, eides, le graminoholoside présentent les caracttres d'espèces chimiques distinctes. Ils diffèrent, en effet, par diverses propriétés d'ordre physico-chi. la solubilité (85 p. too 'mique:tcpouvoirrotatoire(–43" contre–48°,!), pour le premier, illimitée pour le second), la viscosité en solution, l'hygroscopicité (très forte pour le triticoholoside, qui devient rapidement pâteux à l'air humide), etc. Mais le meilleur critérium est fourni par l'action de la sucrase de Levure (autolysat, selon la méthode de H. Colin,ou poudre de Levure tuée par l'alcool, de Bourquelot). Alors que le graminobotoside se laisse entièrement hydrolyser par ce ferment, le triticoholosicle reste inaltéré en sa présence. On en conclut qu'il s'agit certainement de deux glucides distincts. Mais une nouvelle question se pose lorsqu'on étudie leur constitution. On a pu se rendre compte, en effet, qu'ils ne sont formés que de fructose, sans mélange de glucose. Il convient alors de se demander si c'est la saccharose qui agit en l'occurrence, ou une diastase spécifique, une graminoholosidasc? Quant à l'hydrolyse par les acides, elle est extrêmement facile, surtout si l'on opère avec des produits bien purifiés. Aux concentrations habituelles, il suffit de cinq minutes de séjour au bain-marie en bouillant, présence d'acide chlorhydrique N/700 (o gr. 005 p. too), pour saccharifier entièrement le graminoholoside ou le fructuhotoside en solution. Dans la pratique des analyses, on pourra donc se contenter, pour tenir compte des impuretés, l'acide X/So ou N/M (de d'employer o gr. t à gr. s p. too cnv.), en laissant en contact pendant un quart au lieu des teneurs bien plus fortes d'acide conseillées d'heure, autrefois (de < il 5 p. <oo), qui risquaient d'altérer les liqueurs. Mais on a signalé depuis longtemps pour l'inuline, et on retrouve le même résultat pour les fructoholosidcs des Graminées, que dans ces conditions, le rendement en fructose obtenu, par rapport au ne glucide initial, correspond que par défaut à celui qu'exigerait la formule C<-H"'0' + ?0 = CWO". to de fructose pour 9 c'est-à-dire de glucide initial. Le rendement constaté, et vérifié par de nombreux contrôles, parait être, en effet, régulièrement comme si la réaction égal l'unité, s'effectuait sans augmentation de poids, en passant du fructoholoside au fructose. Il est donc fort probable que la formule ci.dessus, communément admise pour les holosides analogues, mais dont les termes n'ont
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ANMALES DE L'UNtVERStTË
Dg PARIS
jamais fait l'objet d'une vérification directe, ne rend compte que d'une manière approximative de la réalité. On voit que les problèmes qui se posent, au sujet des glucides lévogyres des Gratnindes, en rendent l'étude particulièrement iat6res' sante. Comme, d'autre part, les espèces où on les rencontre sont parmi les plus fréquente; de notre Flore, ou les plus largement cultivées, et que les teneurs en rructoholosides peuvent y atteindre de~ valeurs fort élevées, il paraissait indispensable de les signaler tout spécialement a l'attention, d'autant plus qu'on les a trop souvent confondus avec des dextrines.
DROIT Caltiers de droit f~aM~f, publiés en français, en anglais et en allemand, sous la direction de juristes français et étranger!, (France MM. Joseph Barthélémy, Masse, Dumas, Mestre, P. Gide, J. P. Cou. ion, tncarra, A. Cregoire, P. 0. Lapie). Premier cahier paru /.M Sociétés étrangères devant le /t~c, M ~<!Mf< ln Angleterre, <'M<l~fM<t~M~,«K.)-~'<«<</M~ 1. Cette même question est traitée pour la France par MM. P. G. E. Gide et Lc~mpte; pour l'Angleterre, par W. Chantrey;pour les EtatsUnis, par E. AngeH; pour l'Allemagne, par E. Kemper. Ces articles sont traduits en fran~ah dans le numéro français. t. Un vol. 3oo pages. Librairie du Recueil Sirey.Pari!,
tt)3t.i.
Chronique
de l'Université
CONFERENCES PAR
DES PROFESSEURS
FAITES ÉTRANGERS
FACULTÉ DE DROIT iKSTtTUT DE CRIMINOLOGIE M. le professeur Antonio MENDES CoRREA, doyen de la l'aeutté des Sciences d'Oporto, a fait, te eï avril !$3t, une conférence sur le sujet suivant ~«~ du <M au P<')' tt t INSTITUTD'ÉTL'DESSCAXDIXAVES M. 0)af KiNBERG, professeur à t'Universitë de Stockholm, a fait en avril ï~3! deux conférences sur les sujets suivants I. – Z<!loi w~M'M .f<w'~ fo~~ les a~~MM.t fy/w/M/~s /M ~/<~MM~ ~<~< II. – Z<! loi ÏM~MK ~a<<f <W /<;WM< des <C<'<7/<
FACULTÉDES SctEXCES M. )e professeur Othenio ABEL, directeur de l'Institut paMontologique et paléobiologique de l'Université de Vienne, a donné en avril !~3i trois conférences sur les sujets suivants I. – Za vie des ayKMaMX /'c~c~W jPM~M ~/<;):M</zen Styrie. Il. Analogie et Homologie. III. Z~ loi d'inertie biologique.
~/<a~f
dans la ~ro~f des
M. TER MEULEN,professeur de chimie analytique à t'Ecote tech. nique supérieure de Delft, a fait, ie n mai J~t, sur l'invitation du
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ANNALES DE ~'UNtVERSïTE DE PARtS
Comité scientinque franco-hoXanoais, une conférence sur le sujet suivant /~y ~f~Ct/fy <A~~M<<'<'M ~Mt~'aM~M cAt'tttf'~M~ c~cft~Mt. < M. SwtETOXL~wsH, professeur l'Université de Varsovie, a donne en avril J93t deux conférences sur les sujets suivants I. – A~<M//f MM<~ ~"M~WMW~~t /fM ~t ~fW~t'y. – ~M a~/fa~'Mt. II. :V<wf<t~ «~~M~ f~M~~«M t
<'
I~TtTUT DE MÊCA~tQt.'B DES FLUtDËS (Fondation du Ministère de t'Air) M. A. RosENBLATT,professeur it l'Université de Cracovie, a donne en !t\'rit t~Si trois conférences sur le sujet suivant .Sw f~aM~ m<f~MM~ a'M ~w~
Ixs-mUT
w'~wM.e wfCM~MM~/M.
HESM-POtSCARË
M. de ta VAt-L&E-PoussM.profpMeurà t'Universitë de Louvain, a fait en avril ï~St quatre conférences sur le sujet suivant </M~W. de FMW<!T~ 2% M~P~ (~<~<?/ ~.t~MH'OW de /3<wA~. ~f~< < M. Victor HEXRt, directeur du laboratoire de recherches à Berr' ancien professeur à t'UniversitÉ de Zurich, a fait en avril-mai to3) huit conférences sur les Spectres MoMcM~K~ et sur la Structure molécules. <' <' M. A. SoMMERfELD, professeur à l'Université de Munich, a fait en avril 1931 trois conférences sur les sujets suivants Distribution des vitesses des électrons pro. I. – PAt~M~. M/MM/ des MMAM et L. électrons de faibles II. –. DMM<< apparent des <M<~ ~W f~MW. III. Spectre <M<MMdes rayons .ï.
CHRONÏQUE DE L'UNÏVERStTË t
f
M. G. BtRKHOFF, professeur ù i'Universitë Harvard, membre correspondant de l'Académie des Sciences, a fait, le i*'mai t~i, une conférence sur le sujet suivant C~W<M <~W ~M/~MM ~Mf/W~ tW les f~M~'M~ ~M/y <~<'mMM< f~. A M. E. ScttRëDMGER, professeur à l'Université en mai rpSt cinq conférences sur te sujet suivant y'A~M relativiste
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de Beriin, a fait
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~M/f. FACULTÉ DES LETTRES iNSTtTUT O'ÉTCDES HtSPAMQUESDE L*UxtVERS!TÉDE PARtS M. Amerieo CASTRO, professeur à t'Universitë de Madrid, adonna en mars r~St deux conférences sur tes sujets suivants tW C~Mt~f~. I. – /?N <MWM<W IL – Z~<'M<W~MW~M. <! M. Ctoudestey BRERETOKa fait, le 8 mai tp3t, sous les auspices de l'Association France-Grande-Bretagne et sous la ptésidence de M. Chartes CHERMOUT,proviseur du tycée Janson-de-Saitty, une conférence en anglais sur te sujet suivant Z~ and ~/a~<~ in /A<*A~'w<w. < INSTITUT D'ÉTUDESGERMANIQUES M. BRECHT, directeur au ministère de t'Etat de Prusse, membre du Reichsrat, a fait, !e 24 avril ty3t, une conférence sur le sujet suivant Z:<~M
et les Pays. <*
M. Thomas MAXKa fait, te n mai t93t, une conférence sur le sujet suivant ~<t ~<!M da S. y~M<~<M /'A/~MM
M~~W.
<S8
ANNALES DE !U}<T!VERS!TÉ Dr PARIS
INSTITUT P'~RT ET D'ARC!~ÊO~OC!E M. W. DEONSA,professeur à l'Université de Genève, directeurdu Musée d'art et d'histoire à Genève, ancien membre étranger de i'Ecote française d'Athènes, a fait,le 8 mai jj)3i,une conférence sur le sujet suivant Z<!draperie dans l'Art, invention M~H/~Mf.
GÉNÉRALE
ASSOCIATION
DES
ÉTUDIANTS
DE PARIS (Reconnue
d'utilité
ÉLECTION
publique
et de bienfaisance)
DU COMITÉ
ET DU BUREAU
L'Association générale des Étudiants et Étudiantes de Paris a procède le 3o avril dernier & l'ëtcction de son Comité et de son Bureau. Ont été étui membres du Comité M. MARGERAKO.– /~<'< de Chirurgie ~tf. /f<~ ~FM«~ ~<-<~ des Hautes Études MM. J. PtCREL, Pierre TERTOIS. taire MM. <~MM~M~ DUPONT, CRAVFLIN, LATHAM,LA\'R!AT, STUDÏL, MM. LÉVY.SAFFAR.VAGMEZ, BOURCART. TRtOOX.–<-o/<<?~-<~<M: – des ~~MW ~<t~M~ M. de la SALLE. – ~c~ ~f~a<~ Faculté <<< MM. CERvoSl, DEftS, Paul M. Lucien MACSET. – Droit MM. FABRE, Lucien LACES, Pierre LEppoux. – Faculté des Lettres Faculté'de Charles BR!SARD, Raymond DAMtEN, Henri GARNIER. Paul MM. Médecine CutMARD, Raymond LADES, Paul PÉGOURtER, René TRAUT. – Faculté <~ /<<!<'?<!<'«' MM. Pierre MosKtER, Pierre Faculté des ~c~MCM MM. SORTAIS,ROCGKTCE GOURCM, SOULAT. Yves QCECRUE) Gaston ZIEGLER.– P. C. A'. MM. André L'HotR, Jacques LAVEDAK.– 7*<'«)'~Mf MM. MAULVAST,KETTER. Le Bureau a été constitué ainsi qu'il suit MM. LAVRtLUT Président Lucien LABES(Droit). ~~F'MM~ – (Beaux-Arts), Paul PÉCOt-'RtER (Médecine). (H. E. C.). MARCERAND XtEGMR (Sciences). –S~f. Secrétaires généraux MM. DEKls(Droit), Trésorier ~M<'<-«< M. MACHET(Éco)c Vétérinaire). <<!<< adjoint M. ROUCET DE Got-RCEZ ?*~WW M. BR!SARO(Lettres). adjoint Bibliothécaire ~Mff«~: M. René TRAUT (Médecine'l. (Sciences). Bibliothécaire adjoint M. Pierre LEPROt.'X(Droit). (Cf. le Hors-texte de ce aum~ro qui donne que)qu« illustrations représentant la Maison des Etudiant*, <3 et t!, tue de la Bttch<ti<).
Z< G~M< J. de B*ttCY.
Imptimetie J. DcMOOt.t)', Pant.
A~WAME
~~ËRAL de
r~MtVEKStTTJË et de N BBmseS~M$mem<Fa~m~s MMw<<fu<MtM«<~<M~« mtMMM et da, CetM-~fM f/<tt<w<&M 5" A)/m«~e <"'*6M<<<m«t<tn< T" C'?' «eA~OM </</'0/j!tt <M~<MM< <<M </0<W<Mt « ~t~M ~«)~t tMÈMet BT PMBH)È MM
L'os~nA!RE ~OUHWAt. HMOOMADAtM (*) 8
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Parafant
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SOMMAIRE Faculté
des
~o. K. Nyrop. Jean
Lettre:.
Rapport annuel
La Vie universitaire
Leseufe.–Le
du Doyen. Année Nectaire ;g~
en Donemark
chômage britannique.
9~6 s,~
Les tnatttuts de t'Utt!vefs!té. Rapports des Directeurs pour l'année scolaire. Institut d'Art et d'Archéologie. iMtitut d'Urbanisme. – tnttitut de Institut d'Ethnologie. Géographie. Institut de Civi. tiMtion indienne. – Institut d'Études aérnitiques. – Institut d'Ëduca. Uon physique. Institut françait du Royaume-Uni
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L'ALGÉRIE par Augustin BEMNAtm,Professeur & la Sorbonne et & t'Ëeote coloniale. Une étude d'ensemble très complète et au courant des données MetueUe~. Cette étude fait partie d'une ~rie de votumM conçu! sur un plan uniforme, tous 'ifftX'e d'écrivains ittuttre~. L'ouvrage est divisé compétent' et remarquablement en quatre partie! Le Pays <t <M ubitants, L'~t<<reM<<oa/MH. f<'<M, L'et'ttUM politique <-<sociale, La ~h< en valeur. Beau 30 fr. vo)ume(t6x!tt),)<iohet!o~retufCt,8ctrte<.Broche
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L'ant)~ )9~9-)<)3o a vu t'instatiation du nouvel Institut des langues vivantes dans les locaux récemment attribués à la Faculté des Lettres, rue de i'Êcote.de.Medecine. H reste :'t restaurer la coupole de l'ancienne Ëcotc de Chirurgie, qui fournira à cet Institut l'amphithéâtre qui lui est indispensable; mais, d'ores et déjà, les bibliothèques anglaise, américaine, germanique, italienne, Scandinave ont été installées de façon très heureuse; les salles de travail ont leur plein rendement et les conférences fonctionnent régulière. ment dans ces nouveaux locaux. L'Institut de littérature comparée a occupé les salles laissées vacantes à la Sorbonne par l'Institut d'etudfs germaniques. Nous pouvons espérer que l'installation f! t'Institut d'art et commencera dès la rentrée; il s.;ra alors possible d'archéologie d'installer à la Faculté !'Institut d'histoire. Un Institut d'études islamiques et un Institut d'études sémitiques ont été crées à la Facuhé. D'autre part, un Office central du baccataureat a été créé sous les auspices de l'Université de Paris et il fon<-tionnc provisoirement au rez-de-chaussée dans les bâtiments nouvellement aménages rue de i'~cote de-Médecine. PERSONNEL Retraites. M. Paul VERRIER, professeur de langues et littératures Scandinave, et M. Andr'' LE BRETOX, professeur A~.ri.iv.
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ANNALES DE L'UMÏVERSITË
DE PARIS
d'histoiff de la littérature française, ont été admis à la retraite par décret du n février ït~o. Le titre de professeur honoraire leur a été confère. .V<'mMM~tw.– Par arrêté du 9 octobre t~o, M. Pierre LAVECAt, professeur sans chaire à l'Université de Montpellier, a été chargé d'un cours au centre d'études de l'art catalan (Institut d'art et de Paris). d'archéologie de l'Université M. Lou$ a été nomme professeur titulaire dans la chaire de tangue et littérature hëhra!ques (z? avril t~o). M. JfouvET, professeur ta Faculté des Lettres d'Alger, a été nommé maitre de conférences de langues et littératures scandinaves (1"" octobre tt)3o). M. STROWSKIa été nommé professeur titulaire d'histoire de la littérature française moderne et contemporaine (t*~ octobre ~3o). MM. LKGRASet GAiFFE ont été nommés professeurs sans chaire (i" mars t ()3o~. I.
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Diplôme de phonétique 9 candidats.
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7 admis.
universitaires
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7 admis.
Certificat d'études françaises 44 candidats.
8 ajournés.
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Diplôme d'études supérieures NontbM
de Cmd<Um)n.
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Comme on le voit, le nombre des candidats aurait tendance à augmenter, mais la qualité est plutôt faible. Ceci est vrai, surtout, du Certiticat de géographie (enseignement), exigé pour la licence d'en. seignement, et du Certificat de géographie économique. Le Certificat de géographie générale, qui n'est abordé que par un très petit nombre de spécialistes, donne proportionnellement des résultats meilleurs. INSTITUT DE PSYCHOLOGIE Le nombre des élèves /~<v~ de l'Institut continue à rester très stable et atteint sensiblement, pour la onzième année, le chiffre moyen des dix années précédentes; mais le nombre des candidats au diplôme n'a pas cessé de croître dans ces dernières années; il a atteint, en juin to3o,te nombre de 28, qui dépasse notablement celui des autres années (~r en t~<), t5 en 1928, 7 en tpzy). Le nombre des diptômes accordés croit toutefois moins vite que le nombre des candidats; il n'a été que de t5 (contre )y en tt~9, to en tpzS). Psychologie générale: trois candidats, dont un admis (sans men-
FACULTË DES LETTRES
tion). Psychologie apptiquée: neuf candidats, dont quatre admis (avec deux mentions bien et une mention assez bien). seize candidats, dont dix admis (avec Psychologie pédagogique trois mentions bien et quatre mentions assez bien). Pour Cannée scolaire t~3o-!<~t,te nombre des inscrits est de 65 (64 et 58 tes deux années précédentes). Le nombre des étudiants français est de .'8 (dont :3 femmes). Celui des étudiants étrangers est de 3~ (dont i3 femmes), de douze nationatités différentes (Aiiemagne, Canada, Chine, Etats-Unis, Grèce, Hongrie, Pologne, Roumanie, Russie, Suisse, Turquie, Yougoslavie).
La Vie universitaire en Danemark faire cette conférence à notre Institut d'études X\rop devait Scandinave! H en a été empêche par la maladie, par la mort. Nous devons & Mme Xyrop de pouvoir du moins publier le manuscrit qu'il avait dicte. Il manque une conclusion peut-être seproposait.i) de l'improviser. Ce qu'il désirait y exprimer, nous t'ignorons. Tout ce que nous pouvons ajouter ici, c'est un dernier hommage de notre part au grand savant, au grand ami de notre langue, de notre de notre tittératurc, civilisation, de notre pays. Certes, son admi. rable activité scientifique s'est exercée dans bien des domaines. Mais depuis sa première œuvre originale jusqu'à la dernière, depuis son /t~<w< <)M sa /MM(tMM)usqu'a monumentale C~MMMw il n'a cessé de travailler pour la historiqtie de la Z~M //<w~ France. C'est encore a nous qu'il pense, a notre instruction, en nous parlant dans cette conférence de sa chère patrie, du Danemark. Ecoutons'te avec reconnaissance. P.V. ORGANISATIONET FINANCES ~Université
de Copenhague remonte à une bulle du Pape Sixte
au quinzième
siècle.
Conformément IV, datée du 19 juin 1475, elle fut ouverte en t~/o. Au cours des quatre siècles et demi écoulés depuis sa fondation, elle a subi beaucoup de vicissitudes; mais, comme mon exposé a pour seul but de vous donner quelques notions sur la vie universitaire telle qu'elle se développe actuellement en Danemark, je passerai sous silence l'histoire de notre Université, tout comme je ne donnerai que les renseignements les plus indispensables sur son organisation. Le bâtiment qu'occupe actuellement notre Université date de 1836; il est depuis longtemps tout à fait insufasant, vu le nombre toujours croissant des étudiants, des enseignements
LA VIE UN!VERStTAtREHN DAJfHMAKK
,9,
professés et des maîtres; c'est pourquoi on a dû construire dans le voisinage plusieurs annexes universitaires contenant non seulement des salles de cours, mais aussi des «sémi naires de divers ordres avec leur bibliothèque et leur appareil scientifique spécial. L'Université de Copenhague a un double rôle. D'un côté elle doit cultiver la science pure, elle doit travailler d'une manière tout à fait désintéressée au développement de toutes les sciences qui sont de son ressort. Mais, d'autre part, elle a aussi un but tout à fait pratique, celui de donner aux professeurs de lycée, aux médecins, aux juristes, aux économistes, aux prêtres, les connaissances nécessaires à l'exercice de leurs fonctions. Elle prépare ainsi à beaucoup de professions très différentes, mais qui toutes supposent et demandent une forte culture scientifique. L'Université de Copenhague se compose de cinq Facultés. La plus ancienne est la Faculté de théologie; notre Université était primitivement, tout comme la Sorbonne, un collège de théologiens. Le cercle des études s'est graduellement développé et agrandi; les Lettres et les Sciences occupent maintenant dans l'enseignement universitaire une place bien plus importante que la théologie, mais par respect pour les origines et la tradition, les professeurs de théologie ont toujours le premier rang dans les cortèges et partout ailleurs. Les quatre autres Facultés sont de création plus récente, ce sont la Faculté de Droit et d'Économie politique et sociale, la Faculté de Médecine, la Faculté des Lettres et la Faculté des Sciences. Chacune de ces Facultés a son chef particulier, le doyen; il est élu, pour un ou deux ans, par ses collègues, et en règle ordinaire le décanat passe d'un professeur à un autre, selon l'ancienneté de sa nomination. A la tête de l'Université se trouve le 2?~ H ~CM. est nommé pour un an, et le rectorat échoit à tour de rôle aux différentes Facultés. Le recteur est secondé par l'administrateur. Celui-ci doit appartenir comme professeur titu-
ANNALES DE I.'UN!VERSÏT&
DE PARIS
taire à la Faculté de Droit, et il est nommé pour huit ans; il peut être réélu. Le recteur est assisté, dans sa tâche administrative, par un Conseil, appelé C<WM/o~«<w, encore un souvenir des il se compose origines théologiques de notre Université; normalement de vingt membres, dont le recteur, l'administrateur et les cinq doyens. Les attributions du Consei! sont multiples il administre le patrimoine commun de l'Université il contrôle l'emploi des fonds et la distribution des legs; il veille à l'organisation générale des enseignements. La plus haute autorité universitaire est l'Assemblée <!e<MMmique (den akademiske. La:rerforsamling). Elle comprend tous les professeurs titulaires, les professeurs extraordinaires et les chargés de cours. Le nombre des membres actuels de cette Assemblée est de n!. Son rôle est de délibérer sur toutes les questions présentant un intérêt général pour l'Uni. versité et qui lui sont soumises par le Ministère ou par le Conseil mais elle peut aussi en prendre elle-même l'initiative. Ses décisions en pareil cas sont considérées comme l'expression définitive de l'opinion ou des désirs de l'Université. L'Assemblée académique tient une séance annuelle pour l'élection du recteur et éventuellement de l'administrateur et des membres du Conseil; en outre, elle se réunit tous les deux ou trois mois, sur convocation du recteur. Finances. Au point de vue économique, l'Université ne jouit d'aucune autonomie. Christian III l'avait très richement dotée, mais l'accroissement constant des dépenses, surtout à l'époque moderne, a eu pour résultat que l'Université, dès la fin du siècle dernier, a dû recourir à l'État. Depuis !8oo, ses recettes et dépenses, comme celles des autres institutions officielles, figurent au budget annuel. A l'heure actuelle, l'ensemble des dépenses s'élève à ~$00000 couronnes environ, sur lesquelles l'État prend à sa charge 4 millions, le surplus étant payé à l'aide des ressources propres à l'Université.
LA VIE UNtV!!RS!TA!RE KMDANEMARK I! faut mentionner à part l'existence d'un fonds de roulement désigné sous le nom de ~ûN:M<MM/ et qui remonte au dixseptième siècle. Il a pour objet principal de soutenir les étudiants peu aises, et contribue en outre de diverses manières au développement des études scientifiques. Il dispose à cet effet d'une fortune qui s'élève à l'heure actuelle à environ jo millions de couronnes. 11.
ENSEIGNEMENT
Le riche développement scientifique qui est une des caractéristiques les plus saillantes de notre temps a eu pour résultat dans toutes les Facultés, un accroissement considérable du nombre des chaires. On peut ajouter qu'en même temps l'enseignement, au moins dans certains domaines, a changé de caractère. Les idées qu'on se fait maintenant du but de l'enseignement supérieur diffèrent beaucoup de celles d'autrefois. L'enseignement lui-même a changé de forme. Les professeurs ne s'en tiennent plus exclusivement à la leçon traditionnelle, ils la remplacent en partie par des exercices pratiques, des discussions, des interrogations; à cote des conférences du maître, il y a maintenant des conférences d'étudiants. Cette révolution pédagogique a contribué à faire éclater les cadres de notre organisation universitaire. D'autre part, les exigences de la vie devenant de plus en plus fortes, l'enseignement universitaire comprend maintenant plusieurs disciplines visant surtout à une application pratique des résultats obtenus par les recherches scientifiques. Sans parler des Universités américaines, où s'enseigne, par exemple, d'une manière tout à fait méthodique du reste, l'art de la réclame, je me contenterai de vous rappeler que l'Université de Paris confère le diplôme d'ingénieur-chimistc et qu'elle possède un enseignement théorique et pratique de l'aviation. Citons aussi que plusieurs Universités françaises de province ont des écoles d'électricité, de brasserie, etc. En ce qui concerné l'Université de Copenhague, les écoles
3oo
ANNALES DE L'UNIVERSITÉ
DE PARIS
techniques spéciales sont tout à fait en dehors de son domaine Í mais je signalerai deux disciplines d'un caractère éminemment pratique et que l'on y enseigne depuis peu de temps, à la vive satisfaction des étudiants la gymnastique et le chant. Ces deux matières sont, si je ne me trompe, tout à fait inconnues à l'enseignement universitaire des autres pays. Cy~M~w. -– Depuis plus d'un siècle, la gymnastique joue un assez grand rôle chez nous. Le Danemark est en effet le premier pays qui ait introduit la gymnastique comme matière scolaire. C'est grâce à obligatoire dans renseignement l'influence de Rousseau et à l'expansion de ses idées que la gymnastique a commencé vers la fin du dix-huitième siècle à attirer, dans les pays germaniques et scandinaves, les esprits préoccupés du progrès physique de leur peuple. Par un décret royal de 1814, la gymnastique fut introduite dans toutes les écotes danoises d'enseignement primaire ou secondaire. Moins de cent ans après, la gymnastique a été également introduite par un décret royal dans l'enseignement supérieur. Depuis !Qt3, il existe à notre Université une chaire de gymnastique, dont le titulaire est un professeur de médecine, préparé à cet enseignement par des études spéciales de physiologie. La gymnastique peut être choisie comme matière secondaire à la Faculté des Lettres ou comme matière prinopale à la Faculté des Sciences. Le programme comprend un enseignement théorique et un enseignement pratique. L'enseignement théorique est principalement basé sur l'étude de l'anatomie et de la physiologie, surtout de la physiologie du mouvement. H a lieu dans une salle de l'Université à laquelle est annexé tout un laboratoire. L'enseignement pratique se donne hors de l'Université, dans un institut spécial fondé et administré par l'État. Cet institut, dénommé « Gymnastikinstitutet o, occupe à l'heure actuelle un bâtiment très spacieux, de style grec, et situé dans un faubourg de Copenhague, tout près d'un grand parc. L'enseignement est dirigé par des spécialistes et comporte
LA VIE UXtVEKStTAME
EN DANEMARK
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non seulement des exercices gymnastiques proprement dits, mais aussi différents jeux, en particulier des jeux de paume. Pour donner aux étudiants la pratique pédagogique nécessaire, ils dirigent eux-mêmes renseignement des classes des écoles communales voisines, dont les élevés se rendent à cet effet à « Gymnastikinstitutet Ajoutons enfin que le cours de gymnastique comprend aussi la natation. Cet enseignement a lieu pendant les mois d'été, dans un établissement de bains situé au bord du Sund. En introduisant la gymnastique, le chant et l'enseignement religieux parmi les disciplines universitaires, on a donné satisfaction à ceux qui désiraient que toutes les matières enseignées dans les lycées le fussent également à l'Université. Quant à la gymnastique, on peut signaler une autre raison qui a amené la création d'une chaire spéciale de cette matière en transformant le caractère de l'enseignement, on a voulu créer en même temps tout un nouveau corps enseignant. Depuis fort longtemps, nous l'avons vu, la gymnastique joue un rôle assez grand dans notre enseignement scolaire; on lui accorde de trois à cinq heures par semaine dans toutes les écoles primaires ou secondaires. Autrefois, cet enseignement était ordinairement con6é à des sous-officiers, professeurs irréprochables le plus souvent, mais dont la culture générale laissait parfois à désirer. C'est pourquoi la gymnastique ne jouissait pas, en général, du même prestige que les autres matières enseignées. Par cette réforme on a voulu former des professeurs de gymnastique possédant les mêmes qualités et la même culture générale que les autres professeurs de l'enseignement secondaire. Chant. A l'Université de Copenhague, deux groupes d'étudiants s'occupent d'études musicales l*un de ces groupes a pour but de cultiver exclusivement l'histoire et la théorie de la musique, l'autre vise au but pratique d'enseigner le chant dans les lycées; car, il faut bien le remarquer, dans toutes les écoles danoises d'enseignement primaire ou secondaire, le
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ANNALESM! L'UNïVERSn'ËDE PARIS
chant est une discipline obligatoire; dans nos lycées on l'en. seigne même jusqu'au baccalauréat. A la nn de leurs études universitaires, tes étudiants du premier groupe disputent le grade de ma!tre ès arts (A~M~ <!)'«<?) en science musicale. Les autres finissent leurs études universitaires par un concours d'agrégation. Une différence capitale sépare les deux groupes: c'est que, pour ceux qui disputent le titre de ~«~~ la science musicale est la seule matière étudiée, tandis que, pour ceux qui vont pratiquer comme professeurs de chant dans les lycées, la musique n'est, au concours d'agrégation, que la matière secondaire, une langue ou l'histoire constituant la matière principale. Comme les étudiants qui choisissent la musique pour matière secondaire se destinent à l'enseignement du chant dans les lycées, on donne tout naturellement à leur matière le nom de « chant M,ce qui d'ailleurs répond très bien à l'organisation des études elles-mêmes, les étudiants doivent, en effet,' suivre un cours théorique et pratique de chant. Voici maintenant quelques renseignements de détail succès deux groupes d'étudiants. I. Grade de M~/y~
arts
Les étudiants qui se destinent à ce grade sont soumis à une épreuve préalable de nature à la fois pratique et théorique, pour s'assurer qu'ils possèdent les dispositions nécessaires. Le programme comprend l'étude des trois disciplines sui. vantes l'histoire de ta musique, sa théorie et son esthétique. Au cours des études (qui durent de cinq à six ans), on s'occupe particulièrement de la composition musicale aux différentes époques et de sa technique (en ne s'attachant que secondairement aux questions d'ordre biographique). De même, on étudie particulièrement la manière dont, aux différentes époques, on exposait la théorie de la musique. Il faut donc, pour achever ces études, être en possession d'une connaissance assez vaste de la musique au cours des
LA VIE UNIVERSITAIRE
EN DANEMARK
303
temps, de même qu'il faut connaître les traités de musique anciens et la littérature technique moderne. L'examen comprend une suite de petites épreuves écrites et orales; en môme temps le candidat doit présenter un mémoire sur un sujet qui lui est donné, dans sa spécialité, par le professeur. Ajoutons que ces études n'exigent pas (comme c'est le cas dans les Universités anglaises) de dispositions particulières comme compositeur elles ne donnent pas non plus l'éducation nécessaire à un compositeur. Par contre, elles nécessitent des dispositions scientifiques et critiques. II. Co~fCCMM ~'a~M~ Le programme comprend les disciplines suivantes a) La théorie du chant et du parler basée sur la connaissance de l'acoustique, de la phonétique et de la physiologie ~) La pratique du chant et du parler, ayant pour objet de constater si le candidat possède à fond l'étude de la formation des sons et s'il est en état d'appliquer ses connaissances au chant et au parler; c) La théorie de la musique comportant l'étude de l'harmonie et complétée par une épreuve d'harmonisation d'une mélodie donnée; d) L'histoire de la musique où l'on demande la connaissance des grands traits de l'histoire du style musical, depuis l'antiquité grecque jusqu'à nos jours (c'est-à-dire un programme d'une étendue égale à celui des magisters, mais comportant une étude plus sommaire des différentes périodes). Les épreuves sont à la fois écrites et orales pour les disciplines a et c, exclusivement orales pour les deux autres. Enfin, les candidats sont soumis à un examen de piano ou de violon. Les agrégés, nous l'avons dit, entrent comme professeurs de chant dans les lycées où ils enseignent en même temps leur matière principale. Si l'Université se charge, depuis 1924, de
ANNALES DE L'UNJVURSÏTË
DE PARIS
ta formation des professeurs de chant, c'est pour les deux raisons suivantes En introduisant cette discipline parmi celles de l'Université, on a donné satisfaction, nous l'avons vu, à ceux qui désiraient que toutes les matières enseignées dans les lycées )e fussent également à l'Université. D'autre part, on a voulu amener une transformation de l'enseignement du chant dans les lycées, les élèves ne se bornant pas dorénavant à apprendre certains chants, mais devant aussi recevoir des notions exactes sur la théorie et l'histoire de la musique. Avant de quitter l'enseignement, je voudrais ajouter une remarque qui ne me parait pas tout à fait dénuée d'intérêt et qui montre d'une manière irrécusable le bel esprit démocratique qui caractérise et anime toute notre vie universitaire. L'enseignement que donnent les professeurs titulaires et les chargés de cours est absolument gratis. Les étudiants n'ont à payer que le montant de l'immatriculation qui s'élève à 23 couronnes, versées une fois pour toutes, à leur entrée à l'Université. Ils doivent égatcmentacquitter une petite somme, dont le montant varie selon les Facultés, quand ils se présentent à un examen. Ainsi, l'étudiant danois n'a à payer à l'Université qu'une somme totale d'environ 5o couronnes, dont une partie est versée à son entrée et l'autre à sa sortie; il n'a pas d'inscriptions à prendre, il assiste de droit à toutes les leçons ordinaires et il a accès gratis aux séminaires et à leurs bibliothèques. Pour être immatriculé à notre Université, il faut présenter le diplôme de bachelier. L'immatriculation dont le coût est de 22 couronnes danoises, comme nous venons de l'indiquer, donne le droitde suivre l'enseignement des différentes Facultés et de prétendre aux diplômes qu'elles confèrent. III. -– ÉTUDIANTS .Vow~ des </M<~«M/.f. Le nombre desétudiants va toujours en augmentant. En t~t, il y avait 3z36 étudiants inscrits; cinq ans plus tard, à l'automne de tQ2Ô, leur nombre s'élevait
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à 4437, ce qui représente une augmentation annuelle d'environ 340 étudiants. A l'heure présente, le nombre des étudiants à l'Université de Copenhague dépasse un peu 5 ooo. Sur le nombre total des étudiants, la proportion des femmes est assez élevée. En t8/5, l'Université a ouvert ses portes aux jeunes filles; au commencement, le nombre des étudiantes était assez restreint, mais actuellement il a atteint un chiffre imposant. Parmi les 5o2t étudiants inscrits en automne tg3o, il y avait 926 femmes. Elles ne se bornent pas à suivre les cours, elles se préparent aussi à subir les mêmes examens et à ` conquérir les mêmes grades que les jeunes gens, elles deviennent licenciées, maîtres ès arts et docteurs. La plupart des étudiantes appartiennent à la Faculté des Lettres (356 femmes et 686 hommes). Elles étudient surtout les langues modernes, la littérature et l'histoire. Il convient d'ajouter que les nouvelles chaires de gymnastique et de chant ont attiré un nombre à peu près égal d'étudiantes et d'étudiants sur 82 inscrits pour les cours de gymnastique, il y a 38 jeunes filles, sur 39 inscrits pour les cours de chant j/ jeunes nlles. La Faculté de Médecine compte au total t 24~étudiants, dont 168 femmes. A la Faculté des Sciences, on compte 442 étudiants, dont 91 femmes. A la Faculté de Droit, de Sciences économiques et politiques, on compte au total 333 étudiants, dont no femmes.. Enfin, la Faculté de Théo. logie est celle qui compte le plus petit nombre d'étudiantes, ce qui s'explique aisément; sur les 58i étudiants en théologie, 5 seulement sont des femmes. II existe à Copenhague un certain nombre de Logement. fondations destinées à loger des étudiants, des A<M nous les appellerons « collèges », en donnant à ce mot le sens que En vieux présentent l'anglais college et le danois /'c/Mw. français on se servait également du mot collège pour désigner une sorte d'hôtellerie ou de pensionnat destiné à héberger des étudiants pauvres (Collège d'Harcourt, Collège de Lisieux, etc.). Le plus grand deccscoUègesestle Collegiumregium", A!(M. UtttV.
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H compte to3 boursiers. appelé ordinairement ~e~M. Selon le régime du collège, on met gratuitement à la diapo* sition de chacun d'eux une chambre partiellement meublée, parfois deux, dont le chauffage et l'éclairage sont aux dépens du collège, qui se charge également du nettoyage quotidien. Les boursiers prennent ordinairement leurs repas hors du collège, mais ils ont à leurdisposition à chaque étage plusieurs petites cuisines avec des appareils à gaz, des bouillottes, des poêles, etc. ils peuvent ainsi préparer eux-mêmes leur café ou leur thé, cuire des œufs et faire d'autres petits plats légers. Rappelons encore que Regensen possède une belle salle de lecture, qui sert aussi de salle de fêtes, une salle de musique, une salle d'armes et plusieurs salles de bain. Au cours des siècles écoulés, bien des génératious d'étudiants se sont succédé à Regensen. Les jeunes habitants de ce collège vénérable ont à plusieurs reprises pris une part active à des événements historiques et ils ont joué un rôle considérable dans la vie de Copenhague. C'est pourquoi Regensen est riche de traditions, de cérémonies, de rites, de chansons, de petites coteries plus ou moins badines, etc. A c&té de Regensen, citons le collège de It~e~ fondé en t5o5; il est ainsi le plus ancien de tous nos collèges, et il a sans doute servi de modèle à la fondation de Christian IV, dont nous venons de parler. Il donne logement à vingt étudiants. Un peu plus jeunes sont les collèges de ~o~ etd'c~, qui datent de t68<) et de tôpi, et qui donnent respectivement le logement à 16 et à 21 étudiants. H faut noter que ces deux derniers collèges admettent comme boursiers non seulement des étudiants proprement dits, mais aussi des licenciés et des docteurs. Ajoutons un tout petit collège de création récente, celui de N<MM~, qui n'admet que io boursiers. A côté de ces cinq collèges, dont le régime est à peu près identique, il faut citer à part une fondation toute spéciale intitulée F7~WMKK.y~<?~«MM. Elle date de JQO/ et est due à
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un legs du regretté chimiste G. A. Hagemann (qui fut pendant de nombreuses années directeur de i'Ëcote Polytechnique de Copenhague) et de son épouse Mathilde Hagemann. Le régime du collège Hagemann présente plusieurs traits particuliers. Signalons d'abord que les boursiers ne sont pas logés gratui. tement ils doivent payer une rétribution mensuelle assez modeste (actuellement 80 couronnes danoises) pour cette somme on leur donne non seulement une belle chambre confortable et en partie meublée, mais aussi la nourriture complète. Je rappellerai ensuite que des cinquante places dont dispose le collège, six sont réservées aux femmes; les six boursières occupent un appartement spécial, mais elles prennent part aux repas, communs aux boursiers et aux boursières, de même qu'elles participent à toutes les réunions qui ont lieu au collège. Je note enfin que les deux tiers des places sont réservées aux élèves de l'École Polytechnique les places restantes étant données soit aux étudiants de l'Université, soit aux élèves de l'École d'Agriculture, de l'Académie des Beaux-Arts ou du Conservatoire. Le collège dispose d'un capital de 3ooooo couronnes danoises dont les revenus sont employés à donner aux boursiers des prêts d'honneur. Il me reste encore à parler de ~H~ex/~a~~K, le plus récent de tous nos collèges, inauguré en !Q23. Il est aussi le plus grand et reçoit cent dix boursiers. On met à la disposition du boursier une chambre toute meublée, chauffée et éclairée, moyennant une somme mensuelle de 25 couronnes. Il prend, en règle générale, ses repas hors du collège, mais tout comme à Regensen il y a à chaque étage de petites cuisines à la disposition des étudiants. Nourriture, Au seizième siècle, cent étudiants pauvres étaient logés et en partie nourris aux frais de l'Université; cet ordre de choses resta en vigueur jusqu'au commencement dudtx.huitième siècle. En !736, les repas qu'on servait aux étudiants furent remplacés par une subvention. La question de la nourriture des étudiants fut de nouveau
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ANNALES DK L'C~tVERStTÉ
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prise en considération pendant la grande guerre. Le médecin attaché aux différents collèges de l'Université attira l'atten. tion du Conseil sur le mauvais état de santé d'un grand nombre des étudiants: à cause de la cherté de la vie, ils se nourrissaient mal, et leur sous-alimentation avait déjà eu comme résultat des maladies intestinales qui compromettaient sérieusement leur santé. Une fois le danger démontré, on s'empressa de remédier au mal de la manière la plus énergique. Au lieu de renvoyer les étudiants à quelques restaurants subventionnés, l'Université se chargea elle-même de les nourrir. Le premier diner servi aux étudiants dans des locaux appartenant à l'Université eut lieu le 23 mars tpiy, en présence du recteur, de l'administrateur et d'un grand nombre de professeurs qui tous prirent part au repas avec cent trente-deux étudiants. Peu à peu, la cuisine universitaire s'est accrue. Elle est main. tenant installée dans le sous-sol d'un vieux bâtiment appartenant à l'Université. Au rex-de-chaussée se trouvent deux grandes salles à manger ouvertes de dix heures à sept heures; quatre cents étudiants y prennent tous les jours leur déjeuner et leur diner à un prix très modéré. La cuisine universitaire ne vise pas à faire desbéné&ces: elle s'attache seulement à maintenir la balance entre ses recettes et ses dépenses, en faisant varier le prix des repas d'après le coût des denrées. Toute idée de pront est rigoureusement exclue. Aide ~oww~e. L'esprit très démocratique qui anime tous les systèmes scolaires du Danemark a rendu le baccalauréat accessible à la jeunesse intelligente de toutes les classes sociales. Elles en ont pro&té, comme nous l'avons vu, dans une large mesure, et le nombre des étudiants est toujours allé en augmentant d'année en année. Cette augmentation est sans aucun doute à regarder comme un progrès réel, comme un avantage incontestable qui a relevé le degré de culture générale du pays: mais, d'autre part, il ne faut pas oublier qu'elle a eu aussi pour résultat d'augmenter dans des proportions considérables le nombre des étudiants sans fortune.
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Pour venir en aide aux jeunes gens et aux jeunes filles peu aisés qui séjournent à Copenhague pour faire leurs études, on a créé en t0!3 un fonds de subvention intitulé Z?<M.f~ 5' Les moyens du fonds proviennent de dons, de legs, de cotisations annuelles ou d'allocations des sociétés de bienfaisance. Le capital disponible s'élève actuellement à 200 ooo couronnes. Le fonds a pour but de prêter de l'argent dans les conditions les plus favorables aux étudiants peu aisés appartenant à une des huit institutions d'enseignement supérieur de Col'École Polytechnique, l'Institut l'Université, penhague Agronomique, l'École de Pharmacie, l'École des Beaux-Arts, le Conservatoire de Musique, l'École de Commerce et l'École des Arts et Métiers. Le Conseil d'administration se compose de dix-sept membres, soit un professeur et un étudiant pour chacune de ces huit grandes institutions et un représentant du ministère de l'Instruction publique. Le Comité d'action chargé du travail quotidien ne compte que trois membres. D'après le règlement, aucun prêt ne pourra être fait au commencement des études; ils sont exclusivement accordés dans les dernières années d'études, c'est-à-dire dans la période même où il est de la plus haute importance d'être libre de soucis économiques et de pouvoir se consacrer à la préparation des examens sans être obligé de s'occuper de travaux rémunérateurs. Dans chaque cas, le professeur et un représentant du conseil des étudiants décident si le demandeur a les facultés nécessaires pour mener à bonne nn ses études et s'il est digne d'être secouru. Une seule personne peut emprunter jusqu'à 2 5oocouronnes. En général, les versements se font mensuellement ou tous les deux mois, par sommes s'élevant jusqu'à 3oo couronnes. Les prêts sont garantis par des engagements formels; en général on n'exige qu'un seul garant, qui est habituellement le père. Pourtant, quand les prêts dépassent ooo couronnes, on exige des garanties plus complètes.
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Les intérêts à payer sont de 3 p. MO; ils servent à couvrir les frais d'administration et les pertes éventuelles. Le remboursement des emprunts se fait d'après des arrangements spéciaux avec chaque emprunteur, en tenant compte des conditions particulières. D'habitude, il commence un an environ après les examens dennitifs et après le service militaire; il se fait généralement par annuités, dont un quart est payable tous les trimestres. On a: souvent accordé des délais pour le remboursement, mais il n'est pas rare que les emprunts soient remboursés avant le terme fixé. Les bénéficiaires se font un devoir de rembourser le plus vite possible la somme empruntée, afin qu'un camarade plus jeune puisse en profiter à son tour. IJ est inutile d'ajouter que l'administration du fonds a le droit d'annuler une dette en cas de maladie ou de mort de l'emprunteur. Malgré toutes les garanties prises, on a jugé prudent de compter avec une perte de 4 p. 100; mais jusqu'à présent il n'y a eu que peu de pertes. Voici maintenant quelques chiffres pour montrer l'activité du fonds pendant les années tgt~-tga; Le fonds des étudiants a accordé 84< prêts, dont le montant total s'élèveà~3 ooo couronnes. Il prête à présent ooooocouronnes par an à cent vingt.cinq étudiants. Le gros succès obtenu par le Dans!: ~~M/c~</ a eu pour résultat qu'on s'est résolu à élargir son activité. Depuis !02~, le DanskStudielond accorde des prêts d'obligeance non seulement aux étudiants, mais aux licenciés et aux docteurs pour leur faciliter la continuation de leurs études soit en Danemark, soit à l'étranger. A cet effet, le fonds dispose maintenant de 35ooo couronnes par an; les prêts ne doivent pas, en règle générale, dépasser t 5oo couronnes. <?/hygiène. – On peut dire qu'en règle générale les étudiants danois prennent un intérêt assez vif aux différents sports et à la vie sportive, sans que cet intérêt nuise en aucune manière à leurs études. Ils ont créé un certain nombre de
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sociétés sportives de tir, de tennis, de foot-ball, de canotage,. d'escrime, de boxe. Les étudiantes se sont également réunies en sociétés qui cultivent l'escrime, la gymnastique, le tennis et la natation. Mais, il faut ajouter que toutes ces sociétés ont un caractère absolument privé; elles sont dues à l'initiative des étudiants et n'ont aucun rapport avec l'Université. Je les laisserai donc de côté, quoiqu'elles jouent un rôle assez grand dans la vie journalière des étudiants, pour m'arrêter tout particulièrement à deux entreprises sportives dirigées par l'Université et qui ont eu un gros succès au cours des dernières années. Je veux parler d'abord des camps des étudiants (studenterlejre), le camping des Anglais et des Américains. Le but principal de ces camps est de permettre aux étudiants d'entreprendre des voyages dans des conditions favorables à leur santé et à leur bourse. Ces excursions présentent en outre le double avantage d'assurer aux jeunes gens quelques jours ou quelques semaines de vie au grand air et de développer entre eux le sentiment de la camaraderie. L'administration des camps est entre les mains d'un comité composé de quatre étudiants et d'un représentant de l'Université ou de l'École Polytechnique. Tout le matériel nécessaire pour établir les camps il est appartient à l'Université et à l'École Polytechnique mis gratuitement à la disposition des membres des « camps d'étudiants x. On dispose de vingt-sept tentes pouvant contenir jusqu'à huit hommes et munies de tout le matériel de campement nécessaire. A côté des excursions pour ainsi dire ofcciellcs, il y a aussi des excursions privées. Quelques étudiants voulant passer ensemble une partie des vacances se groupent et empruntent à l'Université, pour un prix minime, le matériel nécessaire à leur excursion et à la vie au grand air. La plupart des excursions ont eu lieu à l'intérieur du pays, les autres à l'étranger. On a visité de préférence la Suède, la Norvège, le nord de l'Allemagne, la Belgique et la France du Nord. En 1926, il a même été organisé une grande excursion
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ayant pour but la Suisse et le nord de l'Italie. Je rappelle aussi qu'un tout petit camp d'étudiants il ne se composait a fait le tour de la France et que de deux participants d'une partie de l'Italie; il est allé jusque dans !'îtc de Corse, où il est resté trois semaines. Les voyages se font parfois à pied, mais en règle générale à bicyclette. Le nombre annuel des camps est toujours allé en augmentant depuis t020, année de leur création. En 1928, 67 camps ont été organisés avec un nombre total de participants de 263. A côté des camps d'étudiants, il faut rappeler que notre Université a organisé des cours de gymnastique auxquels les étudiants de toutes les Facultés ont accès gratuitement. Ces cours se font pendant les mois d'hiver, le matin ou le soir, deux fois par semaine (mercredi et samedi). Ils sont dirigés par deux professeurs spécialistes nommés par l'Université et ont lieu dans deux salles de gymnastique qui se trouvent hors de l'Université, mais dans des bâtiments voisins. Des bains sont annexés aux salles. Par ces cours de gymnastique on a voulu obvier aux effets souvent néfastes d'une vie trop sédentaire. Les étudiants comprenant la grande valeur hygiénique de la gymnastique de motion, ont pris une part très active à ces cours. En !p28, le nombre des participants était de 428 dont !5o femmes. C<MM~/a~.f~M?MH~. Le corps des étudiants danois pos. sède une forte organisation qui lui assure quelque influence dans certaines affaires universitaires. Cette organisation témoigne d'une manière irrécusable de l'esprit démocratique dont j'ai déjà constaté l'existence à plusieurs reprises. A côté du Conseil académique, composé de tous les professeurs ordinaires et extraordinaires de l'Université, existe le Conseil des étudiants. Celui-ci fut établi en tgjz, à titre d'essai, pour une période de cinq ans. Le Conseil ayant pendant ce temps fonctionné à la satisfaction générale et rendu service à la fois aux étudiants et à l'Université, fut, par une résolution du Conseil académique datée du t8 octobre tQ!
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reconnu comme institution universitaire permanente, et, conformément à un décret roya! du tt mai tps!, il fait maintenant partie de notre organisation universitaire. Sa base économique consiste dans une allocation annuelle figurant au budget pour les frais de bureau, de voyages et de représentation à l'étranger. Le Conseil des étudiants se compose de cinq groupes, correspondant respectivement aux cinq Facultés. Chacun compte neuf membres représentant les différentes spécialités d'une Faculté (par exemple, à la Faculté des Lettres, l'histoire, le français, l'allemand, les tangues classiques, etc.). La tâche principale du Conseil est d'examiner avec l'Université les questions qui touchent aux intérêts des étudiants. A cet effet, on a constitué un certain nombre de délégations, dont plusieurs sont permanentes; telles sont, par exemple la Commission des livres, chargée de procurer aux étudiants, dans tes meilleures conditions possibles, tesaouvrages qui leur sont nécessaires; la Commission des Bourses, ayant pour objet de donner son avis sur les candidatures aux subventions diverses dont dispose l'Université; la Commission du Livret des Étudiants, chargée de la rédaction de ce manuel publié tous les ans et dont il est remis un exemplaire, à titre gracieux, à chaque nouvel étudiant. Le Conseil s'occupe également d'améliorer de toute manière la vie matérielle des étudiants; c'est ainsi qu'il a réussi à aménager dans l'Université même des salles où ils peuvent se faire servir un léger goûter, à prix extrêmement modéré, et qu'il a pris l'initiative d'organiser, au commencement de chaque année scolaire, une série de conférences sur l'hygiène sexuelle. De même, le Conseil est invité à donner son opinion toutes tes fois qu'il s'agit d'un changement quelconque, soit au programme des études, soit à la forme des examens. K. NYROP.
Le chômage britannique La situation de la Grande-Bretagne, affligée de millions de chômeurs, n'est pas aussi dramatique que certains la représentent. I! y a du chômage en Angleterre, mais il y a peu de misère, moins qu'en loj~. L'assurance chômage obligatoire, généralisée en t020, assure à tous les sans-travail un minimum d'existence. Elle a peut-être épargné à l'Angleterre une révolution et si elle contribue à la hausse des salaires, on ne saurait la tenir pour responsable de cette hausse et moins encore du chômage lui-même. Le problème est autrement complexe. Le chômage britannique est grave, sans être très grave. Bull n'est la ou la John victime que certains imapas dupe ginent. La Grande-Bretagne travaille moins, mais vit plus largement qu'en 191~. Elle vit mieux, sans se ruiner pour autant. Elle consomme par tête d'habitant plus de viande, plus de beurre, plus de lait, plus de fromage, plus de jambon, plus d'œufs, si elle exporte moins de cotonnades, moins d'aciers, moins de machines, moins de navires. Le ministère de l'Agriculture a publié en ig3o un document ne laissant aucun doute à cet égard. John Bull travaille moins, mais consomme davantage. Avant la guerre, l'Angleterre consommait t 220000 tonnes de bœuf et de veau, et aujourd'hui t 398000. De même pour le reste. D'aucuns crieront au paradoxe. Mais l'économie politique en compte plus d'un. Et le cas britannique eût fourni à Bastiat ample matière à l'un de ces pamphlets pleins de verve et de substance où il excellait.
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L'Anglais vit mieux, et travaille moins, parce qu'il vend cher et achète bon marché. De tous tes industriels du monde, il est « le plus cher La Société des Nations publie des l'indice des chiffres, que les spécialistes qualifient d'indices prix à l'exportation en Grande-Bretagne dépasse l'indice français, allemand ou américain sensiblement. Mais l'industriel britannique n'en conserve pas moins une partie appréciable de sa clientèle. L'économie politique s'accommode mal de l'esprit de géométrie. La loi du moindre effort elle-même est plus d'une fois en défaut, à moins de considérer l'habitude comme un autre aspect du moindre effort. Malgré leurs prix de vente très élevés, dont chacun de nous s'aperçoit, les industriels britanniques retiennent dans le vaste monde une large clientèle. Sans doute, leur place décline sur bien des marchés. Mais comment l'éviter puisqu'ils vendent cher, plus cher que leurs concurrents ? Vendant cher, ils vendent moins. De là le chômage. Mais s'ils vendent moins, ils achètent davantage, car ils achètent bon marché (leurs vins, leurs matières premières). Le paradoxe est bien près de devenir une évidence l'Anglais travaille moins, l'Anglais chôme, mais il vit mieux, parce qu'il vend cher et achète bon marché. Certains esprits, un peu mal tournés, sévères pour la main-d'œuvre, seront alors assez près de la vérité en considérant le chômeur presque comme un rentier. Ce qui apparaît aux yeux de certains comme une catastrophe pourrait passer à bien des égards pour une habileté. Précisons. L'Anglais achète en Argentine, au Canada du blé à un prix inférieur au prix de tg!<).; mais il vend aux Argentins, aux Canadiens feutres, étoffes, chaussures 5o p. 100 de plus. L'Argentin est incapable d'acheter avec son blé, sa viande, son beurre autant de feutres ou d'étoffés. Les chapeliers britanniques manqueront de travail, mais ils ne seront pas dans la misère. Car les ouvriers restés au travail et bien payés verseront des cotisations à l'assurance chômage, en vue du service des allocations aux chômeurs. Tel est en bref le vrai profil du chômage britannique,
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profil qui n'a rien de tragique. Nous lui découvririons même une pointe de comique s'H était apprêté et voulu. Certes, pareille situation n'est pas sans danger. On ne saurait tabler sur la fidélité d'une c!icnte!e sollicitée par une concurrence étrangère toujours plus vive concurrence des États-Unis partout, concurrence du Japon 'en ExtrêmeOrient, concurrence française et allemande en Europe, en Amérique do Sud. La Grande-Bretagne n'a sauvegardé sa place sur les divers marchés du monde que dans quatre pays la Hongrie, la Hollande, la Belgique, les Indes Néerlandaises. Elle a partout ailleurs perdu du terrain, si l'on compare K)t<t et l'époque contemporaine. Il est grave aussi au point de vue moral, social, technique d'entretenir dans l'oisiveté un aussi grand nombre d'ouvriers, certains hautement quatl&és. Cette main-d'œuvre perdra sûrement son aptitude au travail. Elle en perdra peut-être le goût. Mais nous comprenons aussi que la Grande-Bretagne conserve, au milieu de l'orage, sa sérénité, son flegme et même sa gaieté, sa prédilection pour les sports. Jamais elle n'a compté un plus grand nombre d'oisifs prêts à acclamer les vainqueurs des « matchs » ou à fournir des spectateurs à tous les spectacles. Soit dit en passant, cette dernière industrie, et plus particulièrement celle des cinémas, est de toutes les industries la plus prospère. Cette grande calomniée qu'est la statistique nous fournit à tous ces égards des précisions. Elle compte le nombre des o'sifs recevant le « dote )t,el!e nous indique sans aucune légèreté le niveau des prix des produits importés; le niveau des prix des produits exportés; eUe précise le volume des importa.. tions, le volume des exportations. Et tous ces chiffres combinés mettent le dernier trait, le trait arithmétique, à ces développements. Si l'on cote l'année if)t3 toc, Le niveau des prix à l'importation était en 1029 de 134; Le niveau des prix à l'exportation était en ~029 de t$p. la Grande-Bretagne importait de Conséquence grandes
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quantités, exportait de moindres quantités. Le volume des importations et des exportations calculé par la S. D. N. don36 nait aux mêmes dates pour le « volume des importations et le volume des exportations 8y. Malgré cette réduction du volume des exportations, la balance du commerce et la balance des comptes britanniques restent en équilibre. Car si l'exportation a diminué en Mvolume », elle reste satisfaisante en valeur. Pour employer une expression manquant d'élégance, mais commode le pouvoir d'achat de l'exportation britannique reste substantiel. Et John Bull n'a pas cessé d'être l'homme aux cinq repas. Ces cinq repas ne sont, il est vrai, pas également copieux pour tous. Le chômeur, quoi qu'on en dise, n'est pas un rentier aisé. S'il y a des exagérations, des abus, si l'allocation est appréciable (17 sh. par semaine), les chômeurs (sauf les chômeurs chargés d'une nombreuse famille) sont loin de recevoi r l'équivalent de leur salaire. Mais ils touchent suffisamment pour n'être pas des insurgés ou des mendiants. Telle est en bref la situation de la Grande-Bretagne et de son chômage. Il ne faut pas la représenter ni en noir ni en rose. Il faut la voir en gris, en gris foncé, comme son brouillard. « Gardons-nous surtout de supposer que la Grande-Bretagne a, de propos délibéré, tourné dans cette direction singulière. Elle n'a pas établi l'assurance chômage pour permettre, à un million de ses ouvriers, de vivre désormais sans travailler. Elle ne maintient pas ses prix à un niveau très élevé en vue de prolonger une situation qui n'est pas, on le voit, sans avantage. C'est le penchant naturel des choses qui a provoqué cette évolution. La surabondance des produits agricoles dans le monde, l'organisation très forte des ouvriers britanniques dans leurs syndicats, l'organisation puissante des industriels britanniques permettent cet écart entre le prix d'achat des objets importés et le prix de vente des produits exportés.
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ANNALES DE t/UNtVERStTË
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H serait excessif encore de croire que les prix élevés des produits britanniques sont commandés par tes salaires des ouvriers, ces salaires pouvant être défendus avec d'autant plus de succès par les trade-unions que l'ouvrier britannique, en cas de chômage, désormais ignore la misère. La France ignore l'assurance chômage et les salaires ne baissent pas. Si la Grande-Bretagne exporte de moindres quantités parce que ses prix sont hauts; et si ses prix de revient commandent des prix élevés, le salaire n'est pas seul responsable, à beaucoup près. Résoudre la crise du chômage en Grande-Bretagne par une baisse générale et massive des salaires serait aller à un échec, peut-être à une révolution. Le problème est autrement complexe. L'entrepreneur britannique ne jouit plus d'une situation aussi favorable qu'avant la guerre dans l'amalgame des trois facteurs de la production nature, capital et travail. La nature ne lui fournit plus du charbon de même qualité, à aussi bon marché les mines britanniques descendent la pente. Le pétrole, l'électricité concurrencent désormais le charbon et le remplacent. Mais l'entrepreneur britannique, de son côté, n'aménage pas toujours la production britannique au gré des dernières exigences de la technique. Des termes un peu barbares de concentration, d'intégration, de rationalisation définissent ces améliorations. La grande industrie britannique a, trop souvent, négligé d'adopter ces pratiques. Le cas des mines de charbon est typique on y compte i 5oo entreprises, il y en a 70 en Allemagne, pour une production équivalente. Certaines mines anglaises occupent 3000 ouvriers, d'autres So. Mais on citerait des négligences analogues dans la métallurgie, dans le textile. Là comme ailleurs on a pratiqué le « wait and see Mais il est un élément des prix de revient généralement passé sous silence dans les études consacrées en France à la Grande-Bretagne, et qui nous paraît jouer un rôle essentiel. Depuis la guerre, le capital de l'industrie britannique, nous voulons dire le capital actions ou obligations de ses sociétés, a
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considérablement augmenté. Et la puissance de production de l'industrie britannique n'a pas grandi en proportion. On produit moins. Pendant la guerre, à la faveur de pronts exceptionnels, on a remanié le capital actions des sociétés, on a distribué des actions gratuites. On a émis des obligations, pour améliorer, renouveler l'outillage. Bref, le capital des entreprises anglaises a été un peu soufflé ou, si l'on préfère, mouillé. Une revue anglaise, The Economist, nous fournit à cet égard des données assez instructives. Le capital (valeurs mobilières) des sociétés britanniques de la métallurgie était en tût~deS t8millions et en tpz~ de ë6/ millions. La production de fonte britannique était en !gi3 de 10,4., en 1920 de 7,5 millions de tonnes. Nous pourrions citer des exemples analogues dans le textile. Le professeur Daniels, qui a consacré une excellente étude à l'industrie textile, dans un ouvrage collectif paru en JQ25 nous décrit avec beaucoup de détails comment en tQ20-fû2l de très nombreuses sociétés textiles ont, par des distributions gratuites d'actions, doublé ou triplé leur capital. Bref, l'inflation qui avait n soufflé u les prix, a aussi mouillé le capital des sociétés. Le vent a déchaîné la tempête. Et les capitaux à rémunérer sont aujourd'hui excessifs. Or, il est des industries (la métallurgie, le textile) où les charges en capital constituent avec les matières premières l'élément essentiel du prix de revient. Interrogeons l'enquête publiée par le Cc~/M on /~<' <tMo!' dans l'indusM< trie métallurgique, le salaire représente 20 p. too du prix de revient dans le textile, j2 à t/ p. too. En réalité, le salaire n'a le premier rôle que dans la mine de charbon, où la main-d'œuvre représente 80 p. too du prix de revient. La baisse des salaires, l'allongement de la durée du travail à la suite de la grève de 1026 ont permis dans cette industrie une ). Is «M~M~/OyM~M< tM~f<<<!&~
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baisse des prix accompagnée d'une reprise de l'exportation. Mais ailleurs, la Grande-Bretagne se bercerait d'une singu. lière illusion en imaginant pouvoir réduire ses prix de revient et ses prix de vente par une simple réduction des salaires. La baisse des salaires est cependant un élément de la réduc. tion des prix de revient. Les salaires britanniques ont un niveau très élevé. Ils sont les plus hauts d'Europe. A la détermination du salaire d'après l'état de l'industrie a succédé pendant la guerre une autre méthode le coût de la vie règle le taux du salaire. Ce procédé indispensable, justi&é pendant la période de baisse de la monnaie, subsiste encore à l'heure actuelle. L'effet a survécu à la cause. Et comme le coût de la vie ne baisse pas, malgré la baisse des prix de gros, les salaires britanniques restent très élevés. L'enquête du C<w<M on /M'</fand M!< &xait la hausse des salaires en argent, entre 19~ et tgzS, à yo ou/5 p. too en moyenne. Depuis t925, les salaires n'ont pas baissé. Ils sont particulièrement hauts dans les industries n'ayant rien à redouter de la concurrence étrangère (sheltered industries) imprimerie, bâtiment, services publics (eau, gaz, tramways, chemins de fer). La hausse dépasse too p. !oo. Elle est moindre dans les industries travaillant pour l'exportation (unsheltered industries). Pour les ouvriers mineurs, l'augmentation est de 60 p. too i dans l'industrie du fer et de l'acier de yo à 80 p. too. Dans la construction mécanique, on l'évalue de 55 à 65 p. too pour les ouvriers qualifiés. L'élévation des salaires est moindre pour ces derniers que pour les manœuvres go p. too. Dans l'industrie du coton la hausse est de 95 p. too, dans l'industrie de la laine, de 80 à 90 p. too; dans les manufactures de chaussures de toop. too; dans la confection, de toc p. too. A interroger les statistiques du coût de la vie, on constate que, de toutes les dépenses, celle du vêtement a le plus augmenté. Les entrepreneurs britanniques, certains économistes inclinent alors à expliquer les prix de revient et les prix de
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vente élevés de l'industrie anglaise par le taux excessif des salaires. Cette thèse est unilatérale, erronée. Elle est, par les conséquences qu'on en déduit, dangereuse. La véritable cause de la hausse des salaires ne réside ni dans l'assurance-chômage principalement, ni dans !a puissance des trade-unions. La vraie cause, c'est la hausse du coût de la vie. Même après la guerre, malgré le retour de. la livre sterling au pair, et la baisse des prix des produits importés (vivres, matières premières), ou des prix de gros britanniques, le coût de la vie n'a pour ainsi dire pas baissé. En France, en l'an de grâce to3t, le coût de la vie monte, tandis que s'effondrent les prix de gros ou les prix à l'importation. Comment réduire le salaire nominal, si le coût de la vie ne diminue pas? Le problème n'est pas tellement d'expliquer le taux élevé du salaire. H est de préciser pourquoi le coût de la vie offre une telle résistance à la baisse. Car les patrons, malgré l'assurance-chômage, malgré la puissance des trade-unions, malgré le gouvernement travailliste, seraient singulièrement forts, pour suggérer à leurs ouvriers des réductions du salaire nominal, si le coût de la vie baissait. Car la réduction du salaire nominal n'entraînerait pas une réduction du salaire réel, c'est-à-dire de la quantité de produits achetés par le salaire. Résultat essentiel: à réduire le salaire nominal indépendamment de toute réduction du coût de la vie, on provoque une moindre consommation de la classe ouvrière on aggrave le chômage. Si le salaire est un élément du prix de revient, il mesure aussi le pouvoir d'achat de la classe ouvrière. Les États-Unis, malgré la crise qui les atteint profondément, ont jusqu'ici respecté le taux des salaires de leurs ouvriers, pour éviter de réduire leur consommation. Ford a même, après le krach de Bourse d'octobre 1920, haussé les salaires de ses ouvriers en décembre tozo. Dans la conception des patrons américains, la baisse du coût de la vie doit précéder la baisse des salaires. La baisse des prix de gros doit retentir jusqu'au détail et pronter au consommateur. Si une diminution des taux du salaire nominal est émincmAtOt.Uxtv.
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DE PARIS
ment souhaitable en Grande-Bretagne pour réduire les prix à l'exportation, cette réduction doit être précédée d'une baisse du coût de !a vie, ou, si l'on préfère, conjuguée avec elle. Procéder autrement, c'est risquer une crise sociale, des grèves repétées et générâtes. C'est aggraver la sous-consommation et Je chômage. Les abus de l'assurance-chômage méritent, certes, d'être réformés. L'assurance-chômage doit retrouver un équilibre satisfaisant en dépenses et en recettes. Une commission actuellement réunie a fait à cet égard des propositions. Mais supprimer l'assurance-chômage en vue de provoquer une baisse des salaires nous parait la plus grave des erreurs. Or, c'est une erreur plus caractérisée encore d'en attendre la guérison du chômage lui-même. Les États-Unis ignorent l'assurancechômage. Ils connaissent pourtant le chômage chronique et le chômage cyclique. Et quel chômage En réalité, si l'on tombe assez généralement d'accord au sujet de la cause principale du chômage en Grande-Bretagne, si l'on est à peu près unanime aujourd'hui à admettre que ses prix de revient, et, par suite, ses prix de vente, sont trop élevés, on ne saurait imputer au niveau des salaires toute la responsabilité, ni même la principale responsabilité. Il est d'autres possibilités de réduction des prix de vente. L'Angleterre est aujourd'hui le pays des singularités le chômage est chronique, mais tes profits sont satisfaisants. Avant la crise de tpao, les dividendes, le cours des actions des sociétés anglaises étaient en hausse. M. Coates, statisticien de grande valeur, a établi à l'aide des données ûscales ou des bilans des sociétés, que la Grande-Bretagne réalise des bénéfices très substantiels. La statistique des profits dressée par le Times, par l'2r<'<wo~M/,ne fait nullement mauvaise figure, au moins avant la crise de t920, malgré le million de chtmeurs. Le profit pourrait, par suite, être comprimé, en vue de réduire le prix de vente. H est enfin un dernier élément, sur lequel les économistes
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font volontiers le silence et qui nous pa<att essentiel l'énormité de la dette publique et du budget britannique. Avant la guerre, le budget de l'Angleterre atteignait 5 milliards de francs or (aS milliards de francs 1928). Il est aujourd'hui de près de 100 milliards. La dette absorbe 48 milliards de francs par an. De telles charges nscales ont leur incidence sur tes prix de vente. Nous ne saurions entrer ici dans le détail de la controverse, qui s'est instituée sur ce point au sein du comité Colwynn. Les impôts britanniques, étant principalement des impôts directs, n'auraient pas d'incidence sur les prix. Mais les industriels britanniques ont été unanimes à affirmer le contraire en face des doctrinaires intransigeants de l'économie politique. L'aveu des industriels, déclarant qu'ils majorent leurs prix à raison de leurs impôts, ne nous paraît pas devoir être récusé au nom de la théorie pure du prix mendiât unique en régime de libre concurrence. De ce chef, l'Allemagne jouit, vis-à-vis de l'Angleterre, d'une situation privilégiée. L'Allemagne n'a plus de dette publique en dehors de la dette des réparations. Elle doit payer 12 milliards par an, la Grande-Bretagne ~8 milliards, la France 23 milliards. Conclusion Le problème du chômage britannique est un problème de prix de vente. La Grande-Bretagne vend cher, elle vend trop cher pour vendre autant qu'avant guerre. Le remède au chômage? La baisse des prix de vente, grâce à la baisse des prix de revient< La baisse des prix de revient, par la réorganisation des sociétés, par la réduction du capital exagéré des sociétés conjuguée avec l'apport des capitaux neufs permettant la mise au point technique et économique des grandes industries d'exportation. La revision du taux des salaires à la suite de la baisse du coût de la vie et la compression des profits, l'allégement de la dette publique. Voi!à, semble-t-il, l'essentiel. Jean LESCURE, Professeur à la Facultd de Droit de Paris.
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Les !nstitMts de l'Université de Paris des rapports sur les Au moment 'Je: comntt'ncet la publication Instituts de l'Université de Paris, il n'est pas sans intérêt de rappeler les conditions dans lesquelles ces Instituts ont été fondés, et de citer, au moins en partie, le rapport où sont exposées les raisons de cette création et le décret qui les organise « Dans tes Universités 1, l'avenir est aux Instituts qui groupent et coordonnent dans un foyer commun les enseignements et les recherches. Il a paru nécessaire de marquer aux Universités toute la latitude qu'elles ont – et dont elles n'ont pas assez usé jusqu'ici – de créer des Instituts soit d'Université, soit de Faculté. Le projet de décret peut lever tous leurs scrupules et toutes leurs hésitations. nécessaires sont maintenus entre les Les rapports scientifiques Instituts et les Facultés compétentes, afin de bien marquer que dans les Universités un lien précis doit unir la science et les applications. Mais les Instituts d'Université pourront avoir plus de liberté pour intérieure. Et, quant à la création même des leur administration il Instituts, seules les formalités essentielles ont été indiquées faut laisser aux Universités et aux Facultés, sous réserve d'une ministérielle très libérale, le soin d'organiser leurs approbation Instituts selon leurs besoins et leurs ressources. Décret du 31 juillet 1920 (Art. 3) « Il peut être constitué dans les Facultés des Instituts dfstinés aux recherches scientifiques ou aux applications pratiques. La création est proposée par la Faculté et décidée par le Conseil de l'Université, elle est soumise à l'approbation du ministre de l'Ins. truction publique. Les conditions de fonctionnement seront déterminées pour chaque cas particulier selon les besoins et les rcs. sources. « Sur la proposition d'une ou de plusieurs Facultés, il peut être ). Extrait du Rapport du Ministre de l'Instruction publique au Président de la République, en tête du décret du 31 juillet <9:o, sur la constitution de; Université.
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constitué des Instituts d'Université. Ces Instituts relèveront, au point de vue scientifique, de la Facutté ou dea Facultés compétentes. Ils auront un budget apéciat incorporé au budget de l'Université. La création des Instituts d'Université est approuvée par décret, après avis &vorabte de la section permanente du Conseil supérieur de l'Instruction publique. « Le nom d'ncole pourra, dans certains cas, être substitué à celui d'Institut. (Art. 4) MIl peut être constitué des Instituts dans les pays étrangers par les Facultés ou tes Universités. La création est faite dans les mêmes conditions que pour tes Instituts prévus à l'article 3. L'agrément du ministère des Affaires étrangères sera nécessaire. Ces Instituts auront un budget spécial qui sera incorporé au budget de la Faculté ou de l'Université. M.
!nstitut d'Art et d'Afch6otog!e L'acte de naissance de l'institut d'Art et d'Archéologie est la généreuse donation faite à l'Université de Paris par la marquise Arconati Visconti, en janvier ig2o, entre les mains du Recteur Lucien Poincaré, en mémoire de Raoul Duseigneur. Le souvenir de ce bienfait et de notre profonde reconnaissance sera perpétué, dans le vestibule de l'Institut, par une plaque de marbre avec Ainsi était consacrée, au sein de l'Université, la valeur inscription'. scientifique et éducative, et aussi le succès croissant, de la discipline que H. Lemonnier et E. M&)e avaient inaugurée. En tant qu'organisation scientifique, l'Institut a été fondé par décret du )o janvier ï$z8. Le 3o janvier ~9, il constituait son Conseil et son Comité directeur. Seulement, comme les autres Instituts, il demeurait encore dans les locaux de la vieille et vénérable Sorbonne, coincé (sauf pour les cours publics)dans trois salles trop petites que se partageaient d'ailleurs plusieurs disciplines, m6me étrangères à l'histoire de l'art. La.haut ont fonctionné Henri ). Voir, sur tes Bienfaiteurs de l'Université, les articles deL. Liard et de P. Appctt dans la /?~«~ Paris de )~3 et du tS mars t~4.
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Lemonnier, Emile Mate, Colignon, Fougère, Bertaux. Ce fut la période héroïque. On nous pardonnera, à nous qui l'avons encore connue et qui l'avons close, de nous retourner vers elle une dernière fois avec un respect teinté de mélancolie. Mais désormais, nous somme: chez nous, et même nous avons pignon sur rue. On devine que tes 3 millions de la marquise, avec tes arrérages, n'avaient plus, au lendemain de la guerre, qu'un « pouvoir Mréduit. Mais à l'heure opportune tes concours dévoués ne nous ont pas manqué. La générosité de la Ville de Paris, et sur. tout la sympathie croissante dela Direction de t'Enseignement supérieur, ont permis la construction d'un magnifique monument. Les ne nous tes a pas ménagés, bienfaits du Conseil det'Université.qui Le palais s'élève dans un des ne visaient que le fonctionnement. endroits tes plus charmants du quartier, au coin de la rue Michelet sur l'emplacement de l'ancien et de l'avenue de l'Observatoire, laboratoire de Chimie qui tombait en ruines. Au concours entre architectes (tozo), c'est le projet de M. Bigot, ancien pensionnaire de l'Académie de France à Rome (villa Médicis) et professeur à t'Ecote nationale des beaux-arts, qui fut primé et réalise. Les fondations étaient enfoncées dans le sol dès 1926, le gros œuvre terminé en 19~8, l'aménagement intérieur très avancé en tg~ç, et enfin nous nous sommes installés en novembre tQ3o. Le premier cours dans tes nouveaux locaux a eu lieu le ro novembre. C'était la meilleure celle des inaugurations, discrète, cette-tà, mais active et pratique du travail. Ce n'est pas le lieu de dire tes mérites artistiques, le style, de ce monument, que déjà tout le monde connatt et dont tes divers aspects et par ont été publiés par des revues techniques d'architecture ~7/~f<t/«w. Quatre étages, sans compter te rez-de-chaussée et le sous'sot. A ne parier que des étages consacrés à l'enseignement, dans le sous-sol, aéré par des moyens adéquats, un amphithéâtre de quatre cents places est prévu, apte aux projections et même à des vues cinématiques. Les trois autres, terminés ou à la veille de t'être, ont reçu ou vont recevoir des installations importantes. Le premier étage (où t'Université loge depuis le début l'Institut d'Urbanisme de la Ville de Paris), qui est prêt à recevoir t'Archéotogie byzantine et le reste des Fondations pour l'étude des arts et civilisations de la Méditerranée, abrite déjà la Fondation pour l'étude des arts de la Catalogne. Les deuxième et troisième sont en pleine activité depuis la rentrée de novembre. Au deuxième, c'est d'abord la salle de Cours commune, de deux cent quarante places, non seulement avec rideaux d'obscurité, écran et appareil à projections, mais encore (et ceci est one nouveauté à Paris) avec une petite
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lampe électrique :'t chaque place pour permettre de prendre des notes pendant les projections. Puis, le séminaire d'histoire de la musique, le séminaire d'esthétique, le séminaire d'archéologie médiévale, le séminaire d'histoire de l'art, et, dans les quatre galeries, un musée de moulages. Au troisième, trône farchéotogie classique, toute seule, avec un ampte séminaire, un cabinet à coupole, et un vaste musée qui fait le tour des quatre galeries du bâtiment. I) y a dans cette installation, a l'égard de celle que nous avions à la Sorbonne, des nouveautés qui seront fécondes. Nos bibliothèques existaient déjà et rendaient de grands services. Mais bibliothèque Dupiessis, bibliothèque d'Archéologie du moyen âge, bibliothèque d'Archéologie classique, sont désormais plus nettement séparées, et se développent. Bien entendu, elles ne visent nullement à remplacer la bibliothèque d'Art et d'Archéologie donnée à l'Université de Paris par l'inoubliable générosité de M. Jacques Doucet elles sont de consultation courante. On doit signaler que M. le Recteur a autorisé, le 5 décembre tg3o, le transfert au séminaire de l'Histoire de la musique (satte Pierre Aubry) du précieux fonds Guilmant, et qu'une partie de la bibliothèque du regretté Théodore Reinach nous reviendra en vertu de ses dispositions testamentaires. Jt faut joindre à ces instruments de travail une collection importante de photographies, soit en cartons, soit dans les meubles àglis. sières de nos séminaires. Elle ne cesse de s'enrichir. ft y a même des séries, par exemple sur les monuments du moyen âge en Géorgie et Arménie, qui sont inédites et que pourront venir consulter les savants intéressés. Une partie vient d'être exposée au Pavillon de Marsan, en mai, !ors de l'Exposition de l'art byzantin. A noter surtout une très riche collection de projections, méthodiquement classées en des meubles à casiers, très modernes, dans les cabinets des professeurs. Un règlement voté par l'Assemblée de la Faculté des Lettres en interdit le prêt. Outre qu'elles sont aussi fragiles que précieuses, et qu'elles coûtent cher, ce prêt, qui prenait des proportions inquiétantes, qui dévorait notre temps et multipliait notre eût nécessité un service spécial, rémunéré par les emprunpeine, teurs. L'Institut d'art et d'archéologie n'entend faire concurrence ni aux Archives photographiques de la rue de Valois ni au Musée pédagogique. Un autre nouvel arrangement concerne les deux musées, d'Archéologie classique, d'Archéologie du moyen âge et d'Histoire de l'art. A la Sorbonne, ils étaient loin de nous, puisqu'il fallait prendre la peine d'y aller. A l'Institut, ils sont sous les yeux, sous les mains, comme la matière même de nos cours. Le musée d'archéologie
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classique particulièrement est magnifique par l'abondance, le (.'tassement et l'installation. Le musée du Moyen Age et de l'Art moderne n'avait pas à être aussi riche, puisque les ouvres d'art ettes-mêmes, en originaux, sont à Paris ou en province. Mais il n'y a pas de période qui ne soit représentée par une pièce évocatrice. Et au besoin il ~'enrichira, sans dépasser la mesure que la raison lui assigne. A ce propos, il est à noter que l'enseignement de l'Institut ne reste seraient tentés de le croire. pas théorique, comme quelques-uns Que ce soit dans nos musées particuliers ou dans les musées nationaux, qui sont a tous, et pour lesquels la grande obligeance de M. le Directeur des Musées accorde à nos étudiants de précieuses facilités d'accès; que ce soit par les études surplace dans les monu' ments, dans les expositions, il entend être pratique, c'est-à-dire direct, ce qui est pour un enseignement d'Histoire de l'art la seule façon d'être probe, et à vrai dir'' la seule façon d'être. Nous envisageons aussi ces musées d'un jour qu'on appelle des leur offre, du moins Expositions. Le grand hall du rez d'<haussée tant qu'il est libre, un local et une belle présentation. Palais et instruments de travail sont au service d'enseign'-ments qui forment dès maintenant un groupe organique. Inutile de dire qu'il s'enrichira. //<~<M~ antique M. Ch. PtCARD. /~r<w«~ l'art du M<~M MM.MALE et Foctu.ox. moderne M. René ScttfEtDER. /f<.ff<w«~'<~ Les Arts de la Ca/a/~w.- M. Pierre LAVEpAX. Les Arts de la Syria M. VtROH.EAUD. Z'<4~ ~M~M M.DiEHI.. MM.PtRRO et MASSO~. <V«M'~Cp< Arts <F't~fMf.O~~ M. REVON. M~w~ de l'art \L BASCH. F~r~ ~ry~w~ gravure (cours libre) Mlle DcpORTAL. A cette activité régulière il faut ajouter les conférences des savants étrangers, que nous appelons et qui sont agréés par l'Université d' Paris. M. Goloubev, membre de t'Ëcote française d'Extrême-Orient, chargé de conférences à t'Ecote des hautes études, a fait une série sur l' <( École de Mathura H et sur l' « Architecture religieuse de l'Indochine H. M. L. Van Puyvelde, directeur des musées royaux de Belgique et professeur à l'Université de Liège, est venu parler de la formation de Rubens et de Van Dyck M. Mercier, ancien conservateur du musée de Dijon, des fresques
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(résuttats de l'application des nouveaux moyens d'investigation technique)~ M. Déonna, professeur à l'Université de Genève, de la draperie, invention hellénique. Il faut mettre à part, comme une sorte d'institution permanente, la série de conférences organisée par la Fondation catalane. Il y en a eu huit cet hiver sur la peinture catalane au quinzième siècte, qui feront, comme tes suivantes, l'objet d'un volume. Les professeurs de l'Institut sont eux-mêmes, t;t en retour, appelés par tes Univeri.ités ou centres étrangers. Mais tes témoignages les plus directs de l'activité scientifique de l'Institut sont tes certificats, les mémoires de diplôme d'études supé. rieures et tes thèses de doctorat. Trois cent cinquante étudiants ont été inscrits cette année pour tes examens des certincats et ont versé tes droits d'inscription. H ne s'agit que des inscrits. I) faut ajouter tes étudiants qui suivent régulièrement tes cours fermés sans ce sont tes simples immatricules. poursuivre d'examens Quant aux auditeurs des cours publics, ils affluent toujours dans les dans te « Riche. amphithéâtres de la Sorbonne, particulièrement lieu )), scu) capable de tes contenir, et it est impossible de les dénombrer. Le diplôme de l'Institut d'art et d'archéologie (qui ne peut être délivré qu'à des licenciés) repose sur quatre certificats dont trois obligatoires, un d'option, plus une version, destinée à maintenir chez nous le droit des humanités classiques ou modernes. Il est la sanction spéciale, et très recherchée, de nos études. Douze mémoires de diplôme d'études supérieures ont été présentés et soutenus cette année. Travaux de véritable recherche per. sonnelle, ils peuvent être et seront tes germes de thèses futures de doctorat. Quant à celles-ci, qui sont le plus souvent des émanations de notre enseignement, ou le résultat d'échanges de vues constants et prolongés, elles ont été, cette année, particulièrement brillantes en même temps que sotides de M. Delage, ~<w~~ ~<M~, de M. Cahen, Co~MM~w: de M. Collart, A~MM P<M< de M. Gauthier, F~~« <~M Min en -j de Mme Cottas, «C~/M P<MfAMn Z'<~<W~<&«~M< W ~'7 ~</M ~'<?w~, de M. Lambert, Z'~ gothique en ~~w aux <~M<MMet ~M de M. Baltrusaïtis, La ~/<~M ornementale <&mt M«~<~ w~ San CM~ romane, et les ~~AaM' de M. Paul Henry, Z'<M'~t'~<w Moldavie du Nord de ~M<M~ dans les ~MM M. Henri Michel, Za Pensée d'Alberti, de Mlle Villotte, groupe deMtte Poirier, Les idées <M-t<~«M<t<CA<t<M«. ~~<<<f«~ Za<M<~ son w~/c~M'M dans ~M~, de M. Ségu, Henri Arts.
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Dans le nouvel Institut tes étudiant!! nous sont plus étroitemenf associés. Il ne s'agit pas, cela va sans dire, de « collaboration », mais de rapports con6ants et fructueux. Ils sont organisés en f Groupe amical des étudiants d'Histoire de t'Art H, autorisé et encourage par la Faculté. Ils ont désormais un local à eux, salle de causerie, thé, fumoir. Ils ont tes séminaires, où tes échanges de vues alternent avec le travail silencieux; ils se font en cours d'année des conférences, et, à la fin de l'année, des revisions pour préparer leurs jeunes camarades aux examens. Enfin ils font à Paris, en province, à l'étranger, des voyages d'études sérieusement préparés et très suivis. Une décision du Conseil de l'Institut, le z8 janvier, approuvée par M. le Doyen, a créé des fonctions d'attachés pour chaque enseignement. iatératcs qui 11 y a lieu enfin de signaler deux organisations Les cours d'hiver ou cours ajoutent au rayonnement de l'Institut. Sherrit) (fondation de l'Université de New.York), en anglais, en étaient cette année à leur troisième session, en progrès sur tes précédentes, grâce aux efforts de M. Chassé. La troisième session des cours d'été va commencer en juillet. Grâce à M. Desclos, sousdirecteur de l'Office nationat des Universités, le renouvellement des yingt bourses, de la Fondation Carnegie pour étudiants des Uniyersités des Ëtats-Unis a été obtenu du donateur. Et à ce noyau viendront s'adjoindre un nombre appréciable d'étudiants d'autres Universités étrangères. Telles ont été la fortune et l'activité de l'Institut d'Art et d'Archéologie en !p3o.t93i, première année de sa vie indépendante. Le présent est le meilleur garant de l'avenir. R. ScHNEtDER, Professeur à la t'acutté des Lettres, Président de l'Institut d'Art et d'Archéologie.
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ANGLES
DE L'UNtVERSÏTË
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Institut d'Urbanisme La mort a privé l'Institut de la collaboration de M. le docteur Georges GuiLHAUD, chargé des conférences relatives à l'hygiène de l'habitation. M. le docteur GoMMÈs a été désigné en son remplace. ment. L'Université a mis à la disposition de l'Institut certains locaux, 3, rue Michelet, ce qui a permis le transfert dans ceux'ci du Secrétariat et de quelques cours. Nous rappelons sous une forme sommaire dans les lignes qui suivent l'organisation générale de l'Institut qui a été décrite dans les rapports précédents. Nous nous bornons en conséquence à indiquer les modifications destinées à être appliquées en i~o.K~r à certains enseignements. FONDATION L'Institut d'Urbanisme de l'Université de Paris a été fondé en ~to sous le titre d'Ëcote des Hautes Ëtudes urbaines. H a été réuni à l'Université de Paris sous son nouveau titre en 1~4. Ses ressources proviennent d'une dotation annuelle du département de la Seine et du produit des droits d'inscription et d'examens. Il comprend deux établissements l'Institut d'Urbanisme et t'Ecote nationale d'administration Ces deux établissements municipale. sont placés sous une même direction, mais leur régime est dinférent. ADMINISTRATION L'Institut d'Urbanisme dépend de la Faculté de Droit et de la Faculté des Lettres. Sa direction scientifique est assurée par le Conseil de l'Université qui prend l'avis d'un Conseil de perfectionnement désigné par lui. Son budget est incorporé dans celui de l'Université. Les droits d'inscription des étudiants sont perçus par l'Université. Son administration est confiée à un Conseil d'admi. nistration présidé par le recteur et composé de membres désignés par le Conseil de !'Université. Les professeurs et chargés de conférences sont désignés par le Conseil de i'Université. Ceux dont renseignement comporte des exercices pratiques dirigent eux.mëmes les travaux des étudiants. H n'y a pas de privât docent.
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ADMISSIONDES ÉTt/DtANT.') le diplôme du baccalauréat Les étudiants français produisent ou du brevet supérieur, ou celui de fin d'études des lycées et collèges de jeunes filles, ou le certificat d'études administratives et financières, ou les certificats de l'tcole nationale d'administration municipale. Les étudiants étrangers produisent un diplôme ou certificat équivalent aux dipt&mes français ci.dessus. statue sur l'admission Un comité de trois professeurs des étudiants qui, à défaut de ces pièces, produisent tous certificats attestant que le postulant a une culture générale suffisante pour suivre l'enseignement. Tous les étudiants doivent être âgés de dix-huit ans au moins et être immatriculés a l'une des Facultés de l'Université de Paris. 100 francs.) (Droits annuels d'immatriculation et de bibliothèque Tous versent un droit d'inscription semestriel de !~5 francs. Les étudiants français domiciliés dans le département de la Seine sont exemptés de ce droit. Des bourses de voyages peuvent être accordées. Cinq prix offerts par la « Renaissance des Cités )) ont été attribués en tp3o. L'enseignement est exclusivement destiné aux étudiants régulièrement inscrits. L'assiduité est contrôle. RÈGLES DES ÉTUDE:' L'enseignement comprend quatre sessions correspondant à deux années d'études. H est réparti en cinq sections comprenant chacune un cours fondamental et des conférences annexées. a) La section Évolution des villes comprend un cours fondamental de vingt heures par année d'études, consacré à l'étude (le l'origine et des transformations subies par les vit!es. La section Organisation sociale des villes comprend un cours fondamental de vingt heures par année et qui a pour objet t'étudf de la population grand.urbaine, de ses besoins et de ses crises. de recherches et de Quelques visites d'études aux institutions statistiques sont faites. Des conférences ;.ur l'hygiène de l'habitation (quatre heures en première année/ ont spécialement pour but de définir les conditions de la construction de l'habitation, de son usage et de son maintien. La section Organisation administrative des villes comprend un cours fondamental de vingt heures par année Exposé des rouages
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administratifs par lesquels sont étudiées et résolues les questions municipales, ainsi que des moyens financiers dont disposent les villes. Solutions données aux probtèmea soulevés par la vie dans les villes par le fonctionnement des services publics municipaux! 1 Police. Voirie. Extension. Responsabilité. Conférences sur l'orga. nisation des services publics dans ift région parisienne (les difli. cultés rencontrées, les solutions administratives et techniques envisagées, trois heures en deuxième année); sur l'organisation des capitales (les régimes particuliers, les banlieues, les extensions, six heures en deuxième année); sur l'autonomie communale (en France et aux Etats-Unis. Recrutement et organisation des autorités locales, leurs attributions, leur liberté d'action dans la gestion des finances, sept heures en première année); sur lemaintien de l'ordre dans la cité (en Angleterre et aux Etats-Unis. Rôle des autorités locales. Recrutement et pouvoirs des autorités et du personnel. Règles pour maintenir l'ordre dans les cas graves, cinq heures en deuxième année); sur le rôle des autorités locales en matière d'enseignement (étude d'ensemble, cinq heures en deuxième année). La section Organisation économique des villes comprend un cours fondamental de cinq heures par année: Utilisation de la terre et urbanisation. Rente foncière. Plus-value foncière. Politique foncière. Gestion du sol en communauté. Colonies, phalanstères, familistères. Cités.jardins. Letchworth, Welwyn. Conférences sur le municipalisme en matière industrielle et (activité municipale commerciale. Causes financières, politiques et économiques. Objets et résultats dans divers pays. Huit heures en première et deuxième années). La section Art urbain (art et technique de la construction des de dix-huit villes) comprend un cours fondamental théorique heures en première année (Eléments de la ville; Le sol, le sous'sot, les sous-sots; Les espaces bâtis; Les réglementations étrangères et Les voies publiques françaises; Les méthodes de réglementation; et tes plans; Le mobilier de la voie publique; Les espaces non bâtis; Les plans d'extension; Les transitions entre la ville et la campagne; et de dix-huit heures en L'esthétique; Projet d'urbanisation) deuxième année. (Les règlements en préparation; Le mouvement des populations; La circulation; Le casier archéologique; L'esthétique générale; L'aménagement d'une région; L'urbanisme au Maroc; La capitale australienne; Greater London; L'évolution de Paris). La section comprend aussi, en première année, trois conférencea en deuxième année, trois conférences et et douze cours pratiques douze cours pratiques, relatifs à la circulation et aux espaces libres, Ette comprend encore, en première année, trois conférences et dix
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cours pratiques; en deuxième année, deux conférences et treize cours pratiques, relatifs à la composition d'ensembles de villes. Elle comprend enfin vingt conférences par année sur l'art de des questions que principaux l'ingénieur municipal (caractères résoudre ou à contrôler. Etude du plan de l'ingénieur est appelé la ville. Relation entre l'aménagement du sol et celui du sous.sol. Matériaux. Projet complet de voie publique. Entretien. Nettoie. ment. Ordures ménagères. Transports en commun. Electricité. Gaz. Eaux. Evacuations. Tous services publics au dessus et au-dessous du sot); douze visites d'études en première année treize visites d'études en deuxième année. ~) Pour les cours pratiques tes étudiants sont répartis en trois groupes en première année d'études et en deux groupes en deuxième année d'études. Les heures mentionnées pour ces cours à l'alinéa précédent sont celles que le professeur consacre à chaque groupe pour les correct tions de travaux et explications. Les étudiants préparent leur travail à l'atelier de l'Institut ou chez eux. Les sujets de devoirs pour l'enseignement concernant la circula. tion et les espaces libres sont: en première année, la préparation et de croquis, tes schémas de villes, de planches documentaires l'étude des voies publiques, les plans de carrefours et places, l'ensemble et le détail de jardins publics et de systèmes d'espaces libres. En deuxième année des exercices d'importance variable comme la composition d'une place de trafic à l'extrémité d'un pont avec étude de jardin, l'étude d'un port avec création de quartiers de et système d'espaces libres d'habitation commerce, d'industrie, entre ces divers quartiers, etc. Les sujets de devoirs pour la composition d'ensembles de villes comprennent en première année, outre la préparation de planches documentaires, des études de lotissements, des projets de quartiers et de fragments de quartiers. En deuxième année, des compositions de villes sur deux ou trois programmes d'importance progressive. à l'appui c) Les visites d'études sont organisées principalement du cours d'art de l'ingénieur municipal. Elles sont destinées à compléter tes explications du professeur, tant en ce qui concerne la production et le contrôle des matériaux et leur utilisation sur des chantiers en activité qu'en ce qui concerne l'organisation et le fonctionnement techniques de tous les services publics (Ville de Paris et Département de la Seine). Elles représentent un excellent moyen didactique. Elles sont faites en autocars. Au nombre de vingt-cinq, elles durent chacune environ deux heures.
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ANNALES DE L'UNtVERSH'Ë
DE PARtS
Dans son ensemble, renseignement de t'Institut constitue une synthèse de l'organisation de la vitte, recherchant tes exemples du passé en vue de constater l'état présent ft d'indiquer les condi. tions d'avenir du phénomène de l'urbanisation. H tend à mettre ceux qui ont suivi cet enseignenu'nten mesure de se spécialiser, soit dans la construction de la ville, soit dans ('administration de cefic-ci. ~) Les cours théoriques ont lieu à six heures du soir. Les cours pratiques ont lieu entre trois heures et six heures de l'après midi. Les visites d'études ont lieu aux heures tes plus favorables indiquée! par les institutions ou établissements visités. Les études de l'Institut n'empêchent pas un étudiant d'exercer en même temps une profession. Il n'est pas organisé d'enseignement par correspondance. H est seulement institué une discipline spéciale applicable aux étudiants des départements ou de l'étranger qui peuvent obtenir à titre exceptionnel la dispense de suivre tes cours oraux. Ils doivent être en mesure de travailler par eux-mêmes. Ils reçoivent les notes de cours et les exercices pratiques. Ils doivent se soumettre aux épreuves prévues, mais celles.ci sont organisées en leur faveur fie manière a pouvoir être subies pendant un séjour à Paris. EXAMENSET DIPLOMES Les étudiants justifiant des quatre cinquièmes de présences aux cours, visites et interrogations sont admis aux épreuves de juin correspondant à l'année d'études qu'ils ont fréquentée. Une épreuve dite de réparation est réservée en novembre à ceux qui ont échoué en juin. Ces examens portent sur toutes les matières enseignées. Les travaux pratiques faits en cours d'année sont présentés aux examens et il en est tenu compte dans l'attribution des notes. Ne peut être considéré comme ayant terminé l'étudiant qui n'a pas obtenu en fin première et fin deuxième année d'études, une note satisfaisante pour chacune des matières. Pour la première et la deuxième année d'études, le jury est formé de tous les professeurs et chargés de conférences intéressés. L'étudiant qui a satisfait aux épreuves de fin deuxième année est admis à préparer une thèse dont il détermine le sujet d'accord avec un professeur ou chargé de conférences qui devient son président de thèse. La thèse constitue un travail destiné à permettre au jury de se rendre compte des connaissances acquises par l'étudiant pendant
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D'URBANISME
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tes études à l'Institut. Elle doit faire preuve de recherches et de travaux personnels. Elle est composée d'un mémoire dont le président de thèse ftxe l'importance et approuve les éléments et les plans, dessins, graphiques dont i) détermine également l'importance. La thèse est soutenue en assemblée publique d'un jury composé du directeur et de quatre membres du corps professoral désigné: annuellement par le Conseil de l'Institut. Le diplôme d'études spéciales d'Urbanisme est délivré par l'Uni. versité de Paris à l'étudiant qui a donné satisfaction à cette épreuve qui marque la Hn des études. Un diplôme de lauréat peut être délivre de la même manière à t'étudiant qui a été jugé digne de la distinction précédente et qui a en outre obtenu une bourse de voyage à raison des conditions particulièrement brillantes dans lesquelles il a soutenu sa thèse. Dans la pratique courante, le diplôme de l'Institut est assimilé aux diplômes des grandes écoles. Il a pour effet, comme ceux-ci, de dispenser le diplômé de certaines épreuves dans les concours pour lea fonctions ou emplois vacants à la Ville de Paris et au départe. ment de la Seine. H n'est pas organisé en France d'autres examens que ceux de l'Institut. Un droit de 3o francs est perçu pour les épreuves de première, pour celles de deuxième année et pour celles relatives à la thèse. ËCOLE NATIONALED'ADMINISTRATtOK MCNICIPALE Un enseignement de perfectionnement administratif, créé en 19:1, fonctionne depuis 1920, sous le titre d'Ecole nationale d'administra. tion municipale près l'Institut d'Urbanisme. Cette écote offre un enseignement préparatoire à l'enseignement supérieur de l'Institut d'Urbanisme proprement dit. Elle procure en outre aux employés des services départementaux et municipaux )<;s en vue de l'accomplissement de leurs connaissances indispensables fonctions. Elle est administrée et dirigée de la même manière que l'Institut d'Urbanisme, sauf les différences indiquées ci-après. Les chargés de cours sont désignés comme les membres du personnel enseignant de l'Institut. Peuvent être admis comme étudiants les employés des services départementaux et communaux et toute personne, française ou étran' gère, âgée de seize ans au moins. Tous les étudiants doivent être immatriculés à t'une des Facultés AUM.UMV.
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de l'Université
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de Paris. (Droit: annuels d'immatriculation et de xoo francs). bibliotbèque Tous versent un droit semestriel d'inscription de So franca. Les étudiant:! français domiciliés dans le département de la Seine sont exemptés de ce droit. L'ËcoJe nationatf d'administration municipale comprend deux sections. La première section prépare au certificat de « gradué H de t'Ecote et comporte, en soixante leçons réparties sur quatre sessions, soit deux années scolaires, des notions élémentaires d'administration et de droit civil. La deuxième section, dite complémentaire, prépare au certificat de « diplômé M de t'Ecote. Elle est réservée aux gradués de t'Ecote et comporte, en trente leçons réparties sur deux sessions, soit une année scolaire, une étude détaittéf et pratique des principales questions qui se posent dans tes mairies, ainsi que des travaux pratiques sur tes budgets et la comptabilité administrative des communes. Tous tes cours ont lieu à six heures du soir. Les étudiants employés de mairie continuent à excercer leur fonction. Un enseignement est organisé à spécial par correspondance l'intention des étudiants des départements autres que la Seine. Droits annuels d'immatriculation et de bibliothèque too francs. Droit annuel d'exercices pratiques too francs. Cet enseignement est confié à un chargé de cours. Les étudiants reçoivent tes résumés des cours a mesure qu'ils sont faits à Paris. Ils ont à faire par année scolaire sept devoirs qui leur sont renvoyés corrigés et annotés. Ils reçoivent des notes explicatives. Les épreuves écrites et orales ont lieu à Paris, en même temps que celles organisées pour tes étudiants de la Seine. Le jury d'examen se rend dans les vittesoù le nombre des étudiants justifie ce déplacement. La deuxième année d'études de t'Ecote est réservée aux étudiants ayant satisfait aux épreuves de la première année. La troisième année d'études n'est accessible qu'aux gradués. Le jury est composé du directeur et des trois chargés de cours de t'Ecote. L'Université de Paris délivre aux étudiants, après les épreuves de deuxième année scolaire, un certificat donnant droit au titre de gradué de t'Ecote nationale d'administration municipale. Elle délivre aux gradués, après tes épreuves de la troisième année sectaire, un certificat donnant droit au titre de diplômé de t'Ecote nationale d'administration municipale. Certaines municipalités et administrations prennent à leur charge tes droits d'immatriculation, d'inscription et d'examens de leurs
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employés. Certaines prennent à leur charge les fraie de déplacement provoqués par les examen):. Un droit d'examen de 3o francs est perçu pour les épreuves de première année, pour celles de deuxième et pour celles de troisième année scolaire. La plupart des municipalités ou administrations accordent des avantages aux porteurs des distinctions de l'Ëcofe dans les concours pour les emplois dont elles disposent. Elles accordent de même, soit un supplément d'indemnité, soit un avancement à ceux de leurs employés qui conquièrent ces distinctions. RÉSUMATS Le jury composé en vue de la soutenance, en séance publique à la Faculté de Droit, des mémoires de fin d'études de t'Institut a admis les travaux suivants M. PopovtTCH (Dragomir), né à Belgrade (Yougoslavie). Mémoire intitulé « Contribution à l'étude de t'aménagement d'un quartier de la ville de Belgrade. )) Président M. BoxNtER. M. PxoQuiTTE (Henri-jules), né à Lausanne (Suisse). Mémoire intitulé « L'évolution contemporaine de Vitry-sur-Seine. )) Président M. PORTE. M. VIGNIER(Pierre), né à Paris. Mémoire intitulé « Les lotissements en Seine-et.Marne. Contribution à l'étude du développement de la grande banlieue parisienne. n Président M. FusTKR. M. SARRE (Raoul-Edmond), né à Limoges (Haute-Vienne). Mémoire intitulé « Projet d'aménagement et d'extension d'une petite agglomération provençale. H Président M. L. BoMNtER. M. ToNEFF (Lubain), né à Kustendil (Bulgarie). Mémoire intituté « Ville de Varna. Ëtat actuel. Aménagement. Embellissement. Extension. » Président M. PoËTE. M. YovANOVtTCH (Dragolioub), né à Belgrade (Yougoslavie). K La formation et l'évolution de Belgrade. )) Mémoire intituté Président M. POËTE. M. Y~x (Zock Ming), né à Mié'Hsien, province de Kouang-Ton « L'organisation (Chine). Mémoire intitulé sociale de Nankin (Chine). )) CORREA LtMA (Attilo), né à Rio de Janeiro (Brésil). Mémoire « Avant-projet d'aménagement et d'extension de la ville intitulé de Niteroi. )) Président M. PROST. ). Pour la période (()M.to:o, voir Annales <<<~«'~<~ S* année, a* t, p. 34 et suivantes.
Paris,
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M. BissoM (Georges), né? Paris w Mémoire sur les lotissements dans la région parisienne. MPrésident M. L. BoNKtER. M. MARTtNEz(Carlos), né a Subachoque (Colombie). Mémoire i « Contribution à une étude d'urbanisation intitulé de Bogota Président M. PoËTE. (Colombie), REYES GAMBOA(Severo), né & Cerrito (Cotombie). Mémoire intitulé « Projet < rite industrielle à Ca)i. )) Président M. A. BRUOGEMAN. M. RKCE~STREtF(Jutes), né au Caire (Egypte). Mémoire intitulé « Contribution àt'étude de ('Hygiène de l'habitation. Tuberculose et urbanisme. H président M. Louis BoNMER. M. UZIEL (Vi''tor), né à Constantinopte Mémoire (Turquie). « Thèse sur les principales régies municipales dans la intitulé ville de Grenoble. H Président ~L W. OuAt.tD. M. MABEREAu (Pau!-Ëmi)<-), ne a Ma)ako(f (Seine). Mémoire intitu)ë «.Etude d'aménagement d'une station balnéaire a la Trembtade. u Président M. Jacques GRÉBZR. M. ROBERT (Pierre.Char)es. Jacques), né a Paris (VI*). Mémoire « Etude d'une Cité.Jardin à Bièvres (Seine.et-Oise). intitule M Président M. PMST. M. VELASCO(Hernando), né a Popayan (Cotombie). Mémoire « Projet de station bahieaire a Punta-Basau (Co)ombie). intitule Président M. BoN!<!Et;. Le jury a proposé l'attribution du fiipjôme d'études spéciales d'L'rbanistne aux étudiants précités. Il a, en outre, proclamé lauréat ')c l'Institut d'Urbanisme M. Alexandre ZAMPHtRopoL, ne a Bucarest (Roumanie), pour son travail intitulé Une Cité du Pétrole en Roumanie. H Président M. BRL'GOEMAK. Il a enfin décerne les prix suivants offerts par la « Renaissance des Cités » aux étudiants qui ont présenté au cours des années t9:5-t~8 les meilleurs travaux concernant l'aménagement des villes prix(bourse de 2000 fr.).– M. AJ'-xandreXAMptnROpOL~~S): Une cité du pétrole en Roumanie. j* prix (bourse de f ooo fr.). – M. Carlos DEH.A PAOLERA('9:8) Contribution à l'étude d'un plan d'aménagement, d'embellissement et d'extension de Buenos.Ayres. 3' prix (bourse de < ooo fr.). M. Jean DESCOUTURES('927) Aménagement et extension d'une station thermale. M. Alexandre prix ex <t~M(une bourse de Soo fr. à chacun). HEMPEL(!<)28) Etude d'aménagement et d'extension de la ville de ConstantM.et M. Mohamed MAKAWt(fp~S) Avant-projet d'aménagement et d'extension du Caire.
INSTITUT
Du
D'URBANISME
janvier au 3< décembre
~t
tt~o ont été dctivrcs
t Diplôme de lauréat. )6 Uipt&mes de l'Institut d'Urbanisme. S Prix de la Renaissance des Cités, Diplômes de t'Ëcote nationale d'administration municipale, !4 Certificats de gradués de l'École nationale d'administration municipale. La population scolaire, à ta n'ntrct; scutairc de «membre <93o, ëtait contposce comme suit Institut d'Urbanisme. t/S, dont 80 étrangers. École nationale d'administration municipale :n, tous français. 386 étudiants.
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Les ouvrages suivants ont paru dans la série intitulée ~«f de /7'<!<~«/ <<7~<!t«'!M<' l'Université de P«'<~
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/~<w (Les Presser Jutes GÉRARD. J/M<M. élude <f!/c~w~ Universitaires a Paris). – Robert LAtKVtLLE.X~~ fonds ~~«'aMT dans les y!M<!M~<~ MM/MWM/ (Les Presses Universitaires à Paris). Jean RoYER. ~t'<'<w~, son ~o;sf, son état a<~«/, son avenir (Librairie Robert LAtxvtLLE. C~M~'w~ fcwM~Mw.c </ Séguin, a Libourne). t'~ Urbaine, organe taxes nouvelles (Librairie Sirey. à Paris). – de l'Institut, revu'' paraissant six fois par an. A~G. BRUGGEMAX, Directeur de l'Institut d'Urbanisme.
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DE PARIS
Hns<!tu<de Oéograpble L'Institut de Géographie de l'Université de Paris groupe dans !e bâtiment spécial ediné t<)t, rue Saint-Jacques, tous les services de Géographie de la Faculté des Lettres et plusieurs laboratoires de la Faculté des Sciences (Physique du Globe et Géologie appliquée) auxquels s'ajoute encore t'Institut d'Ethnologie. Les renseignements suivants sont extraits du rapport annuel du directeur pour l'année scolaire t;):Q-to3o. Cf/~f//<w de ~~M~ L'augmentation des collections de géographie a continué sa marche ascendante. La Bibliothèque s'est enrichie de 3io ouvrages, dont 37 seulement par achats, plus 6o5 brochures et les périodiques courants au nombre de 70, dont 7 seulement par abonnement. La salle des cartes a vu entrer J 828 feuilles provenant presque en totalité de dons (7! par achats), ce qui porte le total de la collection de cartes à 47 5y5 feuilles, sans compter les nombreuses feuilles en double servant aux travaux pratiques. Les photographies se sont accrues de 800 unités, dont 5oo positifs sur verre pour projection. On se rappelle que nous possédons une collection de reliefs unique. L'accroissement que nous y prévoyions l'année dernière n'a pu être réalisé, le service des prestations en nature ayant cessé de fonctionner, et les plans demandés à une grande maison de reliefs allemands étant, par suite, restés au delà du Rhin. Personnel. – Aucun changement à noter dans le personnel ensei. de la situation du professeur E. F. Gaugnant, sauf !a consolidation tier, notre collègue de t'Université d'Alger, définitivement chargé des conférences de géographie coloniale pendant le semestre d'été. Le budget du ministère de l'Instruction publique pour )<)3t porte création d'un poste d'assistant à la Faculté des Lettres de l'Université de Paris (le traitement et les possibilités d'avancement étant ceux des Facultés des Sciences). Nous avons le ferme espoir que ce poste sera attribué à la géographie, comme le ministère tui-meme parait l'envisager d'après t'exposé des motifs. Nous avons pu, en tenant compte de l'accroissement des revenus des travaux pratiques, et grâce à une légère augmentation des
L'INSTITUT
DE GËOGRAPH!E
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crédits que ta Faculté des Lettres nous accorde, nous attacher un photographe qui travaille pendant la moitié de la semaine à notre laboratoire. Nous avons l'espoir de lui adjoindre dans tes mêmes conditions un dessinateur-cartographe. Nous avons publié cette année comme d'habi. E~M'~MM~. pratiques utiles tude une brochure donnant toutes tes indications aux étudiants sur tes enseignements géographiques. Les données essentielles restent tes mêmes. Seize cours ou travaux pratiques par semaine, dont un cours de géographie physique un cours de générale, un cours de géographie économique générale, géographie de la France, trois ou quatre cours de géographie régie. et cinq séances de nale sur l'Europe et tes pays extra-européens travaux pratiques. 35o fréquentant la salle Le nombre des étëves n'a pas diminué, de travail, 4: candidats à l'agrégation, 25o candidats aux quatre certi. ficats de géographie en juillet et 15o en novembre, – mais grâce à la être générosité du Conseil de t'Université, le grand amphithéâtre a pu transformé par la construction de deux galeries latérales qui nous donnent une soixantaine de places de plus, ce qui suffit actuet. lement. et en particulier des Le contingent des travailleurs indépendants, étrangers, a été important, comprenant comme l'année dernière les tes plus diverses, jusqu'aux nationalités pays d'Extrême-Orient (Japon). Les excursions n'ont pas conduit nos élèves aussi loin que i année précédente, où nous sommes attés en Yougoslavie. Cependant, nous avons pu, outre tes excursions d'un jour, organiser un voyage d'études de quatre jours dans le Morvan et ses environs et un autre de six jours dans tes Cévennes et tes Causses. Nous avons, au cours de l'année dernière, dirigé ~A~A~. les recherches de t5 étudiants sur des sujets de géographie régie* nale, physique, économique, en vue de l'examen du diplôme d'études supérieures. On remarquera encore, parmi tes sujets indi. qués ci-dessous, un sujet relativement exotique, c'est celui traité par M. Weymuller, étève de i'Ecote normale supérieure, sur tes cottines le terrain subcarpatiques de Prahova-Buzeu, fruit de recherches sur poursuivies depuis octobre jusqu'à mars, M. Weymutter étant pendant cette période admis comme pensionnaire à l'Institut français des hautes études en Roumanie. Nous avons fait passer quatre thèses de doctorat qui ont valu à celle leurs auteurs le titre de docteur avec mention très honorable
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de M. Goblet, sur le cadastre de l'Irlande au dix.septieme siècle; celle de M. A. Briquet, sur l'évolution morphologique du littoral du nord de la France; cette de M. Lcspès, sur Alger, et celle de M. Ancel, sur !a Macédoine, étude de colonisation contemporaine. Plusieurs manuscrits de thèse ont été admis au visa et nous avons à prévoir quatre ou cinq soutenances pendant l'année io3t. Dans la liste des travaux de professeurs donnés ci-dessous il convient de relever particulièrement la continuation de l'Atlas de l'Algérie, publié par M. Augustin Bernard; l'apparition du premier fascicule de t'attas photographique du Rhône, préparé par M. Cholley, en collaboration avec le capitaine Seive, et l'apparition du premier volume de l'ouvrage de M. Emmanuel de Martonne, sur l'Europe centrale, consacré aux généralités et à t'AHcmagne. H faut relever encore la part importante prise par les professeurs de l'Institut de Géographie à la Bibliographie géographique annuelle éditée par l'Association des géographes français et à la direction des Annales de Géographie, enfin à la préparation du Congrès interna. tiona) de Géographie. PA~H<' C~, C~/o~ L'activité des ensei. ~~w/ gnements et laboratoires non proprement géographiques, installés dans l'Institut de Géographie, mérite d'être signalé. M. Maurain a donné une impulsion vigoureuse à la Physique du globe, en corn. d'un réseau gravimétrique analogue au mençant l'établissement réseau magnétique qu'il achève sur le territoire français. M. Léon Bertrand groupe au Laboratoire de Géologie appfiquéc des étudiants et chercheurs de plus en plus nombreux. Les cours de l'Institut d'Ethnologie ont attiré plus de roo étu. diants; des missions ont été subventionnées au Maroc, au Sénéga), au Ouadai, au Canada, etc. CONCLUSION.– – L'ensemble des /w~< G~a~. services réunis dans les bâtiments de l'Institut représente un centre d'études pour les sciences de la terre géographie physique, écono. et mique, générale régionale, géologie, physique du globe, ethno. tel logie, que peu d'Universités peuvent en offrir. Cette maison n'est pas seulement un lieu d'enseignement dont les couloirs et les escaliers bourdonnent des allées et venues de tout un peuple d'étudiants, ce n'est pas seulement une réunion de labo. ratoires de recherches c'est un foyer scientifique dont le rayon. nement dépasse le cadre de l'Université. Nous accueillons libéralement à l'Institut de Géographie les personnes de plus en plus nombreuses qui y viennent chercher des
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nous répondons aux lettres qui sotlicitent des renseignements; indications bibliographiques ou direction d'études; les journalistes eux-mêmes commencent a connaître, aux époques d'événements sensationnels, le chemin de cette maison. Nos amphithéâtres abritent les séances de plusieurs Sociétés ou Associations la Société météorologique de France, la Société de Biogéographie, l'Association de géographes, français et le Comité national de géographie. La Bibliographie géographique annuelle, publiée par l'Association de géographes français, est préparée ici et l'extension de nos locaux a permis de donner à son directeur un cabinet voisin de la qui s'enrichit de tous tes ouvrages reçus à cette Bibliothèque, occasion. Le Congrès international de Géographie, qui doit se réunir a Paris en septembre to3t, a son siège ici même. La préparation de cette manifestation, systématiquement organisée pour donner le de maximum résultats scientifiques, occupe tout notre personnel enseignant et une partie de nos élèves avancés. ~ous mettons en train, avec la collaboration du Service géographique de t'Armée et de la Société de documentation industrielle, un Atlas de France, dont la première livraison sera offerte aux congressistes; nous dirigeons plusieurs grandes enquêtes, notamment celle sur l'habitat rural et celle sur la cartographie des surfaces d'aplanissement. L'idée que de tous les coins de l'Europe et d'au delà des mers des centaines de géographes vont venir dans cette maison nous pousse à ne rien négliger pour la montrer aussi bien équipée que possible.
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Institut <rE<htMbgie Pendant l'année scolaire tozo-to3o, l'Institut d'Ethnologie a con" tinué de progresser normalement, comme it le fait régulièrement depuis sa fondation en décembre to<S. ENSEIGNEMENT Aux cours professés dans les établissements supérieurs de Paris (Université, Collège de France, Muséum, Ecole coloniale, ncole du Louvre, Ecole des langues orientales vivantes) qui figurent sur l'affiche del'Institutsontvenus s'ajouter, comme tes années précédentes, ceux qui lui appartiennent en propre Instructions d'Ethnographie descriptive, par M. Marcel MAM8S (45 leçons); instructions de Linguistique descriptive, par M. Marcel COHEN (6 leçons) instructions d'Anthropologie, par M. Paul RtVRT (6 leçons), instructions de Préhistoire exotique, par M. Henri BRBUU, de l'Afrique, par M. Henri LABOURM (6 leçons); Ethnographie (5 leçons). Linguistique de l'Afrique, par Mlle HoMBURG)5R(5leçons) Ethnographie et Linguistique de l'Asie orientale et de l'Afrique, par M. Jean PRZïLUStu (5 leçons); Anthropologie zoologique et biologique, par M. Ëtienne RABAUD(to leçons); Géologie des temps quaternaires et Paléontologie humaine, par M. Léonce Jot-EAUD (10 de l'Homme et des Anthropoïdes, par leçons); Psycho-physiologie M. Paul GUILLAUME(4 leçons). Les cours ont été suivis par n~ élevés, régulièrement inscrits au Secrétariat. L'an dernier leur nombre s'élevait à 89. Ces élèves se dénombrent ainsi 33 étudiants de ta Faculté des Lettres, 6 étudiants de la Faculté des Sciences; 3 étudiants de la Faculté de Droit; t ét&ve de t'Écoie cor. male supérieure; 3S élèves de t'Écote coloniale; 8 élèves de l'École élèves de l'École du Louvre; des Langues orientales vivantes; 6 élèves de la Maison des missions évangétiques; a docteurs en médede préhistoire à t'Univenité de Tokio; t professeur cine; professeur de l'Université de Kioto; t professeur de l'Université de Leningrad 2 sous-directeurs de laboratoire du Muséum; s assistants du Muséum; 7 attachés du Musée d'ethnographie du Trocadéro.
INSTITUT D'ETHNOLOGIE
Le reste se compose d'auditeurs. Quatre candidats se sont préMntés,a la session de juillet,au certificat d'ethnologie délivré par la Faculté des Sciences. Ils ont été admis tous les quatre un avec la mention bien, les autres avec la mention assez bien. Dix candidats se sont présentes au certificat d'ethnologie détivré par la Faculté des Lettres, &ta session de juin: 5 entêté reçus:¡ a se sont présentes à la session de novembre, i a été reçu; 6 se sont présentera à la session de juin, au diplôme délivré par l'Institut d'eth. se sont présentés avee succès à la nologie, 5 ont été reçus; autres session d'octobre. CONFÉRENCE Sous le patronage de la Société asiatique, de l'Institut de civilisadon indienne, de l'Association française des Amis de l'Orient et de l'Institut d'Ethnologie, le R. P. 0. BoppïNC a fait dans le grand amphithéâtre une conférence sur les Santals (le peuple, les institutions, la société). MISSIONS M. Lucien COCIIAIN,auquel l'Institut d'Ethnologie avait accordé une subvention pour un voyage d'études au Maroc, a pu rapporter de cette mission deux coutumiers des Ida ou Tanan et un vocabulaire établi avec le Questionnaire édité par l'Institut. M. CocHAtN va repartir pour le Tibesti. M. LABOURETa rapporté de son voyage en A. 0. F. des objets ethnographiques intéressants, entre autres une bette collection de masques Habé. Ces collections ont été remises au Musée d'Ethno. graphie du Trocadëro. M. GADEN continue au Sénégal, sur place, ses travaux sur les Peuls. L'Institut d'Ethnologie lui a accordé, dans ce but, une nouvette subvention de ï 5oo francs. Unesubvention de 4000 francs a été accordée au lieutenant de la CHAfEt.LE, du service d'informations sociologiques au Maroc, pour lui permettre d'étudier les conditions du peuplement de la Mauri. tanie du Nord et spécialement une ou deux tribus choisies. Il a fait de cette mission un rapport déjàrésumé au Congrès des Ëtudes sahariennes de Rabat, en juin to3o. Le lieutenant-colonel HussoN a pu rapporter de son séjour au Ouadai de belles collections qui sont attées enrichir le Musée d'ethnographie du Trocadéro. Une nouvelle subvention de 10000 francs a été accordée au docteur Henri MARTIN,pour la continuation de ses fouit tes à La Quina et au Roc. Une subvention de 1000 francs a été accordée à M. WATBM.OT,
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DE PAR!S
directeur de l'Imprimerie ofHeiette de Koulouba (Soudan), pour récoltes ethnographiques. M. HACKM, auquel l'Institut avait accordé une subvention de 10000 francs pour des récoltes ethnographiques en Afghanistan, en revient avec succès. Une subvention de $000 francs a été accordéon M. Paul CozE, pour une mission ethnographique au Canada. Une subvention de Sooo francs a été accordée n M. MARCY,qui part en décembre pour les Canaries, pour y étudier sur place les caractères linguistiques des anciens parlers guanches. Une subvention de 10000 francs, renouvelable en tp~t,a été accordée à la mission ethnographique GRIAULE,qui se propose de traverser l'Afrique de Dakar a DJibouti. Une somme de Sooo francs au maximum a été accordée a M. DECARY,pour études ethnographiques à Madagascar, et une somme de toooo francs a la mission Centre-Asie. DtRECTtOKSDE TRAVAUX M. LAROCKa passé une thèse de t'Ëcote des hautes études w Sur le caractère religieux des prénoms dans les sociétés inférieures)). M. LECŒURa passé une thèse n Sur la Religion df la génération en Guinée )). ExCURStOKSET VISITESDE MUSÉES Le n mai, sous la conduite des professeurs RABAUDet JOLEAUD, trente-deux professeurs et étevcs ont pu visiter, grâce il M. et à Mme de SAMT-PÉmER, qui les ont intelligemment dirigés, des sites préhistoriques de la région d'Étampes. Le t3 juillet et les jours suivants, treize professeurs et élèves se sont rendus a La Quina et aux Eyzies, accompagnés des professeurs RABAUDet JOLEAUD. Sous la conduite de l'abbé BREUIL, les éteves ont pu visiter le Musée de Saint-Germain. PL'BUCATIOXS Ont paru dans la « Collection l'Institut pendant l'année io3o
des Travaux et Mémoires
)) de
Xotes d'ethnologie néo-catédonienne.par M. Maurice LEEKHAROT. Verdadera relacion delo sussedido entos Reynos e prouincias del Peru. Reproduction en fac'sinuté, avec une préface de J. Toribio Médina, d'un manuscrit de Nicolao de ALBENINO,Sevilla (tS~ç).
MST!TUT D'ETHNOLOCtE L<; tivrc de recettes d'un dabtara abyssin, par M. Matée) GR!At;t.E. Sont sous presse: Documents n~o-catédoniens et Lexique Houalou, de M. Maurice I.E~KHARPT. Essai sur la grammaire Banda, du R. P. Charles TtssERAKT. Lexique Banda.français, du même auteur. Proverbes et maximes Peuls et Toucouleurs, traduits, expliques, annotés par M. Henri GADEN.Les tribus du rameau Lobi, Volta noire moyenne, Afrique occidentale française, par M. Henri LABOURET.Reproduction en fac-similé d'un manuscrit péruvien de PoMA DEA~ALA. Sont en préparation Bibliographie analytique indochinoise, par M. Henry GouRcon. Histoire des tribus austro'cnadëcasses, par M. Gustave JuuEK. Lexique et grammaire de la langue Rahde (Annam), par M. L. SABATIER. Depuis leur impression en mai i$28, l'Institut d'Ethno)o~!p a dis. tribué soixante-six questionnaires linguistiques. Certains ont fait retour. C'estainsiqu'on a reçu des documents de Mme de MospRHD sur la tribu des Orgaba; De Mlle Dijoun, sur le Quichua, d'après une enquête faite à Paris, près d'un Bolivien de Cochabamba; De M. COCHAIN, sur le dialecte berbère de la tribu des Ida ou Tanan, recueilli sur place; Du lieutenant BRossET, commandant le groupe mfhariste de Chinguetti (Mauritanie), sur le langage Azzer; Du lieutenant LAPLAIGE,des Tirailleurs sénégalais, sur les Sara; De M. Félix SpNSKR, sur le dialecte parlé aAnato (côte sud de la Nouvettc-Bretagne); De M. FEUinolEY, missionnaire protestant, sur le langage Sâgo et sur le langage Manjia, recueillis sur place; De M. VEt-LARD,sur tes tribus indiennes de l'Araguaya. Une nouvelle édition est en préparation pour remplacer la pré. mière qui est sur le point d'être épuisée. BUDGET Au cours de t'année Yo3o, l'Institut a reçu des subventions des colonies, s'élevant à ce jour à la somme globale de 176500 francs. Les recettes spéciales de l'Institut provenant de la vente de ses publications, des droits d'examen et des droits de travaux pratiques s'élèvent à la somme de 11670 francs. Le reliquat de î<~o était de ~0485 fr. 33 centimes. Les dépenses mandatées et liquidées s'ëteventà 214 o~S francs. H reste donc en caisse, outre les <ooooo francs placés en Bons de
3So
ANNALES DE L'UNÏVERSÏTË DK PÀRtS la Défense nationate, $6 53o fr. 5ï centimes, qui nous permettront de régler des dépenses assez fortes d'impressions en cours (affiches et publications) et d'attendre sans complications budgétaires les subventions de !p3t. PROJETDE BUDGETPOUR tpSt Prévisions pour le budget de io3t RECETTES
Subventions descotontM Re<:«tesspëcitte;
tySooo francs. t5ooo<rMcs. Total
~ocoo francs.
DÉPENSES t" Personnel administratif et personnel de service 32000 fr.; Enseignement 9t tenons à 3oo fr., 27 3oo fr.; 3< Conférences a à 4000 fr., 8 oco fr.; Travaux pratiques 5 a )oo fr., 8 à t;o fr., t 700fr.; 3" Frais de cours et de laboratoire: aooo fr.; 4* Matériel et téléphone: toooo fr.; Chauffage et éclairage :ooo fr. 60 Frais de timbres et de correspon. dance, divers 3 ooo fr. 7" Publications et affiches 64000 fr. 80 Missions, enquêtes, collections et travaux sur le terrain: 40000 francs. Total tooooo francs. RAPPORTSAVEC LES INSTITUTIONS M. LÉVï'BRUHL a été invité par l'Université de Hambourg (Fondation Warburg). Il représente en ce moment l'Académie des Sciences morales et politiques à l'inauguration de l'Académie des Sciences sociales des Etats-Unis d'Amérique à New-York. Il est invité par les Universités de Philadelphie, Harvard, Chicago. M. MAUSSa été invité au Maroc par le Résident général. Il a donné des teçons à l'Institut des hautes' études marocaines à Rabat. Il s'est livré à des enquêtes ethnographiques personnelles. It a donné des avis pour l'organisation d'un service et des collections ethnogra. phiques du Maroc. M. RIVET a été charge de la Frazer Lecture à Oxford. Il a été invité par les Universités de Bristol, Manchester, Reading, Cambridge et Londres. Il a été invité par le ministère des Affaires étrangères à faire une série de conférences au Mexique, où il a installé M. RiCARC, premier pensionnaire de l'École française de Mexico, au Guatémala et au Salvador. Le gouvernement mexicain lui a demandé
INSTITUT
DE CIVILISATION
INDIENNE
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cinq professeurs pour t'UniverMt~ de Mexico. M. RIVET a rapporté en outre quetques collections pour te Musée du Trocadéro.. M. le lieutenant-gouverneur PROUTEAUXa formé une Commission d'études des populations indigènes, composée des autorités les plus compétentes de son gouvernement. LÉ~Y.BRUH! Président du Comité directeur de t'Institut d'Ethnologie.
Institut de Civilisationindienne Préparé et présidé par M. E. Senart, le regretté doyen de l'orientalisme français, un Institut de Civilisation indienne a été fondé en Sorbonne, en rpïS, sous les auspices de l'Université de Paris. Le but de cet Institut est de centraliser et de coordonner les cours reta< tifs à l'Inde qui ont lieu dans les établissements d'enseignement supérieur de Paris, et d'imprimer par les moyens dont il dispose une impulsion nouvelle aux rapports scientifiques et culturels entre la France et l'Inde. Un ensemble de cours réguliers, embrassant toutes les branches de l'indianisme, a été donné en tp3o tg-h, comme les années précédentes, au Collège de France, à la Faculté des Lettres, a l'Ecole des hautes études, à t'Ecote des langues orientales vivantes, à l'École du Louvre. En premier lieu, les enseignements relatifs à l'Inde même, tant ancienne que moderne les doctrines philosophiques et religieuses ont été étudiées par M. Foucher, qui a lu et commenté les passages essentiels des C~aw'~Aa~,etpar M. Masson-Ourse), qui a poursuivi t'examen des y~S~w, a précisé la notion du A~:WM et a préparé rétablissement d'un vocabulaire philosophique sanskrit-français. Le Bouddhisme qui, depuis Burnouf, jouit dans la science française d'une audience privilégiée, a fait l'objet de plusieurs cours M. Foucher a donné lecture du Mahâ1Jastll, M. Przyluski a continué à préparer t'édition d'un texte pâti et a examiné les premières t/~M/~<M~ dans leurs rapports avec le Bouddhisme primitif. L'enseignement élémentaire du sanskrit était assuré par M. Foucher, qui d'une part
AXKALES DE L'UNIVERSITÉ
DE PARIS
donnait aux étudiants des notions de philologie indienne, d'autre part dirigeait des explications de textes classiques pour le certificat d'études indiennes. M. Renou a décrit pour les débutants la grammaire sanskrite et a commenté la lecture d'hymnes védiques, tandis que M. Bloch exposait, avec une orientation comparative, la phonétique du sanskrit et que M. Benveniste étudiait les noms de nombre en indo-européen. M. Sylvain Lévi a dirige la lecture du /~<t~Ma-. racarita, ft cette d'un texte du canon jaina. Le moyen indien était représenté par un cours de Il. Bloch sur les inscriptions d'Asoka; les langues modernes de l'Inde, par des cours d'hindoustani (our. dou et hindi), de bengali et de tamoul, donnés également par M. Bloch, (lui examinaitd'autrepart, du point de vue linguistique, un poème en gujuri ancien. Enfin, l'histoire de l'art et l'archéologie ont fait l'objet de cours par MM. Foucher, Grousset et Stern. Une seconde portion groupe les enseignements relatifs aux pays voisins de l'Inde, avec lesquels l'Inde a eu, depuis une date souvent fort ancienne, des contacts de civilisation en premier lieu, t'Indo. chine, à laquelle M. Przyluski a consacré deux cours, l'un sur les inscriptions sanskrites du Cambodge, l'autre sur <'la Conquête de la Toison d'Or dansles traditions indochinoises H. Ensuite, l'Indonésie: M. S. Lévi a décrit la civilisation de l'Inde, étudiée dans une colonie indienne, à Bali, et a poursuivi l'examen du A'a~M~Ma~o en rap' port avec les sculptures de Boro-Boudour. M. Ferrand a commente un traité de i5t8re)atif aux pays de l'océan à la cour de Indien, ainsi que les rapports officiels d'Albuquerque Lisbonne, M. Cabaton, enfin, a continué son étude du vocabulaire matais. L'enseignement relatif à l'Iran a été assuré par M. Benveniste, qui a expliqué des textes avestiques et pehlevis. L'Asie centrale était représentée par le cours de M. Bacot <:Éléments de thiMtain classique n. L'Islam, dont la civilisation a marque si fortement l'Inde médiévale et moderne, a fait l'objet de deux cours de M. Massignon, t'un intitulé K Contacts et conflits de la mystique avec l'amour courtois dans l'histoire de la pensée mulsumane )), l'autre « Le Chiisme a travers les siectcx, rû)<- doctrinal et social d'une minorité tégi. timiste M. Ces enseignements routiers ont été complétés par une série de conférences libres qu'ont données au cours de l'année des spécialistes réputés M. de La Vallée Poussin a exposé le dogme et la philosophie du Bouddhisme, M. P. 0. Bodding a parlé des Santals, M. Hrozny du déchiffrement des textes hittites. Enfin, en complément des exposés théoriques donnés d'autre part, Mme Stchoupak a réuni régulièrement les étudiants de première année pour des exercices pratiques de sanskrit.
INS'iTUT
DE CtVftJSATtON
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MOtENNt:
Ces divers cours et conférences ont été suivis par un nombre ret:t tivement étevé d'étudiants et d'auditeurs libres. Une innovation qui promet d'être fructueuse a consiste a donner au début de l'année une série de conférences dites d'initiation, pour chaque branche des études indiennes, et d'y convier les étudiants d'autres spécialités désireux de ne pas ignorer les éléments de notre connaissance de l'Inde. L'Institut de Civilisation indienne patronne une collection de '< Clussiques indiens o.dont la direction est devotue a son président actuel, M. Foucher; un premier volume est paru, le texte et la traduction de la CA<!M</<~a.~<MM<K~ dû a E. Senart et ëdité par M. Foucher, deux volumes sont sous presse, plusieurs en préparation. L'Institut patronne en outre un dictionnaire sanskrit-français, de Mlle Nitti et de dû a la cottuboration de Mme Stchoupak, M. Renou, et dont les deux premiers fascicules paraîtront a la rentrée prochaine; sous ses auspices vient de paraitre également un manuet élémentaire de sanskrit, dont l'auteur est M. Courbin. MUe Rowlands a soutenu heureusement une thèse remarquable sur « la Femme bengalie dans la littérature du moyen âge n. L'Institut délivre un certificat d'études indiennes, qui vaut comme certificat libre de la Faculté; plusieurs étudiants en ont passé les épreuves avec succès. Mme Morin, M))e Nitti. M. Buksta. La vie extérieure de cet Institut n'est pas moins active que sa vie scolaire des réunions mensuelles sont organisées par ses directeurs, auxquelles sont conviées les personnes qui témoignent de quoique intérêt pour les études orientales; ces réunions ont été particutierement suivies au cours de la dernière année, et d'éminentes personnalités étrangères sont venues les honorer de teur présence; il suffira S. A. le Gaekwar de de mentionner parmi les visiteurs de l'Institut Baroda, le prince Damrong, le poète Tagore, les professeurs Serge d'Oldenburg, Oltramare, La Vallée Poussin, Hrozny, Woolner, et(;. Mais l'intérêt principal de cet Institut réside dans le cadre et tes instruments de travai' qu'il a réussi a se constituer. Il a pour siège une rotonde, située en pleine Sorbonne, et dont t'acces a lieu par la galerie Rifhetieu ou galerie des Sciences. De nombreux cours et scolaires et mondaines sont toutes les réunions administratives, données là. C'est ta que se tient en permanenee, tous les après-midi. la secrétaire, Mme Stchoupak, qui se charge d'informer tes visiteurs, de diriger les étudiants, de surveitter les mouvements de livres. C'est )a surtout, dans lesannexes de cette rotonde, qu'est réunie la bibliothèque d'indianisme, déjà importante et qui s'accroit de jour en jour. Le premier appoint provenait des livres d'E. Senart, qui sont demeurés à ta ¡-place d'honneur, sous le fronton qui vporte le nom (lu Anx.UKtf.
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ANNALES DE L'UNtVKRSH'Ê
DE PARIS
premier président de l'Institut; depuis, la bibliothèque s'est enri. chie, tant en suite des dons importants de livres faits par la veuve du Pandit Krishnavarman, que des subventions tiM'ratement octroyées par S. A. le Gaekwar et par le Wadia Trust de Bombay. L'Institut est dès a présent en mesure de munir ses étudiants des instruments de travail les plus nécessaires, de compléter l'équipement des biblio. thèques publiques et de tenir ses habitues au courant de ta ptodw* tion scientitique récente. Ainsi se trouve déjà a demi reatise l'un des vœux les plus ''hcrs des fondateurs de cet Institut, selon qui cet organisme doit constituer un foyer intellectuel, centralisant tes ressources eparscs a travers les collèges et les bibliothèques de Paris. Le travail accompli ces trois dernières années permet d'envisager avec confiance tes tâches muttiptesqui demeurent pour t'avenir. L. RExou, Directeur d'études a l'École Pratique des Hautes ~tudes, membre du Comité directeur de l'Institut de Civilisation Indienne.
Institut d'Études sémit!ques L'Institut d'Études sémitiques a été officiellement créé par décret en date du t6 août t~So. Grâce aux pourparlers préparatoires qui s'étaient poursuivis pendant l'année scolaire jp29-)93o, il a pu étre organisé dès la rentrée de novembre ig3o. Le premier soin du bureau formant le Comité de direction a été de dresser l'affiche des enseignements relevant du nouvel orga. nisme. Cette liste, qui ne comprend pas moins de soixante.quatre postes, fait apparaître t'abondance et ia\'ariét6 des ressources offertes d'enseignement public de Paris, à tous ceux par les établissements qui désirent poursuivre i'étude des civilisations sémitiques. Les cours portent sur les langues et les littératures, t'épigraphie, l'histoire générale de l'Orient, l'histoire des religions, t'histoire de l'art et l'archéologie, la sociologie musulmane et les études connexes. de ces enseignements, il était inévitable que Vu la multiplicité plusieurs d'entre eux fussent donnés aux mêmes heures. Mais on a
MS'n'I'UT P'~TUDKS SËMtTtçUES
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eu soin de placer les cours portant sur les éléments de chaque idiome sémitique à des heures telles que les mêmes étudiants pussent en suivre plusieurs simultanément. L'Institut s'est assuré le droit de faire figurer sur son affiche les enseignements se rapportant à diverses langues ou civilisations celles des Sumériens, d''s Egyptiens, des Berbères, des Hittites, – dont l'étude est liée à celle des Sémites, soit en raison d'affinités linguistiques ou historiques particulièrement étroites, soit parce que l'écriture employée était la même. L'Institut, qui relève au point de vue scientifique de )a Faculté des Lettres, a provisoirement son siège dans le cabinet attenant à l'amphithéâtre Chastes, à la Sorbonne. On peut y rencontrer le secrétaire, M. Ch. Virotteaud, le mardi, de dix heures trente a midi. Une bibliothèque de travail commence à y être formée. Pendant l'année tgSo-t~i, tes étudiants ont été préparés aux divers diplômes que confèrent les étahlissements affiliés à l'Institut, notamment a ceux de t'Ëcote des Langues orientales vivantes, de t'Ëcote du Louvre et de t'Ecote des hautes études, au certificat d'études sémitiques anciennes, à celui d'histoire des religions et aux certificats d'arabe de la licence ès lettres. Quelques jeunes hébraïsants ont constitué un groupe de travail, qui s'est réuni une fois par semaine au siège de l'Institut. Cetui'ci, n'ayant pas achevé sa première année de fonctionnement, n'a pas encore eu l'occasion de décerner le diplôme qu'il a créé et dont le programme comporte à ~'w<< t" deux compositions sur deux des cours professés à l'Institut pendant l'année scolaire en cours ou la précédente, ces cours devant concerner deux groupes commentée d'un texte sémitiques différents~ 2" la traduction au choix du emprunté à l'une des langues enseignées a l'Institut, des interrogations sur les cours de l'Institut candidat; <'t~, suivis par le candidat, ces cours devant être au nombre de trois au moins. Ad. LODS, Président de l'Institut d'études sémitiques.
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ANNALES DE L').'N!VERSITE
DE PARIS
!nstKM< d'Êduca<!onphysique La formation des professeurs d'éducation physique est chose fort déticate et de bons professeurs sont indispensables si t'en veut que le temps consacré à l'éducation physique ne soit pas un temps perdu. Ils doivent être d'abord de bons professeurs, sachant attirer et intéresser tentant, et de bons éducateurs physiques, connaissant à fond ce métier difficile, capables de graduer t'effort demandé et de l'adapter a la résistance et a la force de chaqueétève, <;hose déjà coin pliquée, lorsqu'on se trouve en fa''e d'un individu, tache extrêmement complexe, lorsqu'il faut diriger une classe, parfois nombreuse. Un effort considérable a été fait à l'étranger, on se sont fondées des écoles dans lesquelles les futurs professeurs restent deux ou trois ans, parfois plus. En France, il n'existait qu'une organisation embryonnaire, vieille de trente ans. En 1928, le ministère de fins. truction publique voulut mettre fin a cet état de choses et fonda plusieurs Instituts d'Éducation physique d'Université, dont celui de Paris, qui, créé par décret du 9 juin fo~8, est un institut relevant, du point de vue scientifique, de la Faculté de Médecine. Le but de cet Institut est de constituer, tout d'abord, un centre de l'éducation physique et de ses applications des. d'enseignement tiné, d'une part, aux médecins et aux étudiants; d'autre part, aux membres de l'enseignement, aux moniteurs des sociétés d'éducation physique et des sociétés sportives, aux candidats d'aptitude à l'enseignement de la gymnastique (degré supérieur) et ensuite un centre recherches scientifiquesrelativesà l'éducation physique. d'étudesetde Le siège de l'Institut est rue Lacretelle (393, rue de Vaugirard), dans le XV* arrondissement, où sont mis a la disposition des élèves, deux salles de cours, deux grandes salles de gymnastique très bien un stade d'entraînement avec terrain de basket-ball, aménagées, enfin une bibliothèque et une salle de travail. A l'heure actuelle. on est sur le point d'agrandir les installations techniques stade, piste de course à pied, terrains de jeux, piscine, etc. L'Institut' est dirigé par le docteur CHAU.LEY-BERT,professeur sous l'autorité d'un Conseil d'adagrégé a la Faculté de Médecin' ministration, comprenant, entre autres, le recteur de l'Université (président), te doyen de la Faculté de Médecine, huit professeurs ou agrégés de cette Faculté et plusieurs autres membres choisis parmi des personnes particulièrement compétentes. Par ailleurs, le Conseil t. i. rue Lacretelle (XV*).
tXS'ftTUT D'ËDUCATtOU PHYSIQUE
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d'administration nomme un Comité de direction, compose de cinq membres, et présidé par le docteur TANOx, professeur à la Faculté de Médecine. Les cours, conférences théoriques et techniques, ainsi que les exercices pratiques de l'Institut, se répartissent en trois sections. Tout d'abord, un enseignement est fait aux médecins et étudiants en médecine qui voudraient se perfectionner dans les questions d'éducation physique. Cet enseignement est fait tous les ans pen. dant le semestre d'été. Un diplôme médicat d'éducation physique est délivré a la suite d'un examen. Ensuite, un enseignement est destiné aux candidats au certificat de la gymnastique (degré supérieur). d'aptitude à l'enseignement Les cours et exercices pratiques commencent le i5 octobre et se terminent fin juin. Les cours théoriques portent sur l'anatomie, la physiologie, la pédagogie, l'éducation physique, t'éducation et la technique sportive, les méthodes d'éducation physique, l'analyse et la mécanique des mouvements. Les cours pratiques portent sur l'éducation physique, la pédagogie, )a technique et l'éducation sportive. En outre, deux fois par semaine, )c matin, les élèves sont entraînés à la natation par un professeur spécialisé. Pendant le semestre d'été, les étëves de l'Institut dirigent des dans des écoles de Paris et sous la leçons d'éducation physique direction de professeurs de l'Institut. L'Institut délivre aux élevés qui ont suivi cet enseignement pen. dant au moins une année sectaire, un certificat d'études supérieures d'éducation sur toutes les physique, après un examen ponant matières ayant fait t'objet de )'enseignement a l'Institut. Enfin, i côté de cet enseignement semblable à celui des autres Instituts régionaux, a été organisé un enseignement plus élevé et et dont te but est d'ascomplet, appelé Cotirs de ~<wwM<m', surer aux professeurs d'éducation physique un enseignement qui se rapproche de celui des grandes écoies étrangères. I) dure une année scolaire et est ouvert a vingt-cinq jeunes tilles et à vingt-cinq jeunes gens, recrutés par concours parmi les éteves sortis des autres Instituts, et qui sont logés et nourris aux frais de l'Institut. Le programme du concours est celui du certificat d'aptitude à l'enseigne. ment de la gymnastique (degré supérieur), Les épreuves écrites ont lieu au chef-iieu de chaque académie et les candidats admissibles sont convoqués à Paris pour y subir les épreuves définitives (orales et pratiques). D' C:Mt.LEY-BERT, directeur de l'Institut d'Éducation Physique'
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ANNALES DE L'UNtYERStTË
DE PARtS
tnstMotfrançaisdu Royaume-Uni L'Institut français du Royaume-Uni a été fondé en 1910} il a son 9iègeà Londres, t.y, Cromwell Gardens (S. W. y). H est administré, sous le haut patronage du président de Ja République française, de la princesse Mary et de l'ambassadeur de France à Londres, par un Conseil d'administration dont le président est Lord Asquith. Mme Bohn, la fondatrice, est la déléguée du Conseil d'adminis. tration. Les Universités de Lille et de Paris organisent les études et tes conférences par le moyen d'une commission interuniversitaire dont le délégué est le directeur de l'Institut. Le directeur actuel est M. Denis SAURAT,professeur à l'Université de Bordeaux, détaché de son Université, professeur à l'Université de Londres. Le but de l'Institut est de répandre en Grande-Bretagne la de connaissance la pensée française dans toutes ses manifestations langue, littérature, art, sciences, méthodes de recherches et d'ensei. gnement, et de faire connaître la France à la fois dans son histoire et dans sa vie actuelle. L'Institut comprend trois départements: une Faculté des Lettres, des cours publics, un h'cée de filles et de garçons. FACULTÉDESLETTRES La Facutté des Lettres organise les cours et t';s conférences nécessaires aux étudiants qui veulent passer des examens. Elle prépare surtout à deux examens Je certificat d' français de l'Université de Londres et la licence es lettres des Universités françaises. EUe fonctionne en tant qu'Institut df l'Université de Lille pour la préparation à la licence es lettres et travaille en liaison avec tes autorités scolaires du London County Council et avec l'Université de Londres. On y donne des cours de langue, df fittératurf, d'histoire moderne, de phonétique, de traduction '-t de civitismion française. Le public est admis à suivre ces cours sur payt'ment ftt's droits d'entrée, mais ne peuvent se présenter aux examens que tes étudiants remplissant des conditions déterminées.
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FRANÇAIS DU RO~AUME.UNJ
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Il existe des cours de commençants. Les professeurs de la Faculté des Lettre!; sont en majeure partie dfs agrégés de l'Université détachés des cadres de France et qui ont l'expérience de l'enseignement français. Quelques cours sont donnés par des professeurs de l'Université de Londres. Les étudiants sont presque tous professeurs dans des écoles primaires ou primaires supérieures. Le nombre total des étudiants dépasse ~oo. Les résultats aux examens sont tout à fait remarquables, si l'on tient compte du fait que les candidats, à de rares exceptions près, sont de nationalité et d'éducation anglaises. Pour les certificats de licence, au cours des deux sessions de to3o (juin et octobre), sur fo5 candidatures on a pu enregistrer 66 succès. Ajoutons que depuis que l'Institut fran. çais a organisé la préparation de la licence, c'est-à-dire depuis quatre ans, 3o candidats ont obtenu le grade de licencié ès lettres, dont t3 en ;<)3o. Les épreuves écrites de cet examen ont lieu à Londres, sous la turveillancf d'un professeur de la Faculté des Lettres de Lille, et les admissibles font le voyage de Lille pour y passer l'oral. Le « Certificate in French ))de 1' Université de Londres est préparé à peu près exclusivement par l'Institut français. Sur 35 candidats présentés en ig3o, 26 ont été reçus. COURS
PCBLICS
Les cours publics s'adressent au public générât qui s'intéresse aux choses de France. Ils comptent environ 400 membres. L'Institut fait venir de France, plusieurs fois par trimestre, des hommes de lettres, des artistes, des savants, qui peuvent ainsi exposer eux-mêmes leurs idées devant un public britannique. L'nn certain nombre de ces conférences sont organisées d'entente avec l'Alliance française. De plus, des séries régulières de conférences sont faites par des professeurs de l'Institut. Deux fois par mois, des scènes ou des pièces du répertoire classont jouées a l'Institut et un « Journal sique ou contemporain parlé ') tient le public au courant des questions actuelles. A cette organisation des cours publics est adjoint un club français qui réunit tous les membres du public s'intéressant aux a Social activities )). Au cours de l'année t~o-x~t, nous pouvons dter, parmi les prinMM. Victor Bérard, Claude Farrère, Jean cipaux conférenciers: Richard Bloch, Jean Mistler, René Fauchois, Maurice Bedel,
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ANNALES UE L'UXtVËRSÏTÊ DE PARIS
Ramon Fernandez, Jean Prévost,, ta princesse Lucien Murât, Mme R. Taboue, sans compter la visite du théâtre classique universitaire. LE LYCÉE (Ca~<w et ~~) Le lycée a été fondé pendant la guerre grâce à la générosité de M. et Mme ËmiteMond. ï) donne l'enseignement secondaire français ft prépare au bacca. lauréat es lettres des classes primaires et un jardin d'enfants reçoivent les élèves dès le commencement de leurs études. La très grande des éteves est majorité française et le milieu est tout français, mais les élèves anglais ou étrangers sont admis et des cours spéciaux, leur d'arriver à permettant suivre les cours en français, sont organisés pour eux. Une section commerciale prépara les étèves, français ou non fran. du <M çais, l'examen <<~<~ foww~f/o~y~a~M, signé par tf recteur de )'Aca'!émie .)<-Lille. Le tycée compte environ ~:o élèves, garçons et filles. BtBHOTtf&QUE
Il existe à l'Institut unf bibtiothèque française très complète pour tout ce qui touche à la littérature française actuelle et comprenant des collections importantes d'ouvrages sur la littérature classique, l'histoire de l'art, l'histoire, etc. Les étudiants de la Faculté des Lettres et les membres des cours publics sont admis à l'usage de la bibliothèque. Le nombre des volumes en juillet ro3o était de y 388. On voit qu'au moyen de ses trois départements, l'Institut français de Londres atteint des milieux très divers. JI faudrait ajouter que ses professeurs sont souvent appelés à faire des conférences, et parfois de véritables cours, en dehors de l'établissement et même en dehors de Londres. L'influence exercée est donc très étendue. Elle est aussi profonde et durable, grâce à l'attachement qu'éprou. vent pour la maison ceux qui y ont fréquenté, ainsi qu'en témoignent les Associations d'anciens étudiants, d'anciens élèves des cours corn. merdaux et d'anciens élèves du lycée, toutes trois très vivantes et très actives. Marcel A. RufF, Secrétaire générât.
Vie Scientifique TRAVAUX
ET
PUBLICATIONS'
MATHËMAT!QUES M. Vt.AD!M)R BERXSTEtX. – Sur les singularités des ~~<M de DirifA~< Thèse pour le doctorat soutenue devant la 1-'aculté des Sciences. Paris, to3o. 1. Le résultat .< la M<
principal démontre est Je -.uivant (~ <t «Mf <<~<<<' Wa~/M«W /tK« !) 00
("
et si la J«t'~
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a MMtabscisse de COW~g~ff /C, seuls les ~«~ cas ~«~<!«<J~K~M< ~~JM< )" La ~M<'<<ÛM ~) est MMf/CMC<<0«M</<rf de s, ou bien, existe KM~Mtt.~<!K R (t) H (H C) à y'M~Mf <<«?«~ tJ) rst A~a~ <aM~Mque <<ayMf intervalle /~W~ ~~M~M~- n D la droite R <J) = H fM<~<< au ~J un ~0<M<~<M~««~ de (s). La ~t'~M~ C-H a ~'<!<~«~ une borne ~M~tM~f qui ne dépend des sorte ~«f /.n, de ~M~ premier cas ne petit se ~~t~M<<~ que lorsque celle borne est «t~Mt~. 2. Ce thcoretne généralise et comprend comme cas particuliers deux théorèmes de M. Potya~. La démonstration du théorème pré). LM résumés des thèses ont été établis par les auteurs eux-mêmes: la rédaction des Annales ne prend pas plus que les Facultés la responsabilité des opinions émises dans ces thèses et dans ces résumés. 2. Rendiconti (R.). Ist. Lombardo ~< /«.(t. 63, to3o). 3. C'est-à-dire s'il existe une suite (:jKn)qui contient la suite ~) f-omme suite
partielle
et pour
~'M =~, pour m _+oo (tm Voir aussi le paragraphe
)aque))e
chaque
il D et pour de tels d seulement. 4 de ce résume. 4. L'un se rapporte au cas I)==0 (COM. Nachr. )o~, p. )8y l'autre au cas de U quelconque, avec <<w (A«+ – ?.«) == > 0 f~f~y<<s. M*ec 1923, p. ~6); dan:, ce dernier cas on a nécessairement H==C.
36j
ANALES
DE L'UNtVERSITÊ
DE PARIS
cèdent donnée (ainsi que celles d'autre" théorèmes moins importants) aux paragraphes 9 et )o de cette thèse, est basée sur le théorème suivant auquel est consacré le paragraphe y de la thèse /'<'«)' que la suite (t), dont l'abscisse
<<f ~MW~g~ff~
M< y«~0j't'<*
une /OM<:<<eM nulle, <*< pour laquelle ~'W< – =: U, f~M~ A<~tW«M'« M-~M l'a.re <t< ~~WM< (–<+<7) triangle isocèle ayant ~K~ ~< est Ii et dont <<' sommet est tt, imaginaire, dont <'<!M~~ « la base égal ~<7K~<~~ttSf/t~ t!t <'<f~ <~tt!~<M< ~M/~< ~!< f.r~~ KMf /tM< /<'M<'<t'0~y (t), M~'J/f«y«M< aux <M~<<tCK~~Mtt'0~<M t" t (*) est /fC/CW~<' .W~~ (2)
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~(~)=<!aC'<
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C c~=n(, ~s~=!1 M==t\(t
CM .2 )
Ce théorème est l'analogue pour les séries de Dirichlet de théoremes connus sur tes séries de Taylor et précisément d'un théorème de M. Cartson' (condition '.condition nécessaires et de M. Soulà sufnsante'. L'idée générale de la démonstration, pour ce qui regarde est de la condition suffisante, la même que dans la démonstration ~t. Lindetof pour un théorème du même genre pour les séries de est l'introduction dc la Taytor. La seule modification importante fonction (4) à la place du sinus .c'est précisément la neccs~të de cette substitution qui fait que la fonction ? (s; interpole non pas les coefficients an eux-mêmes 'comme cela a lieu pour tes séries de Taylor), mais les nombres (3). Quant à la condition nécessaire, la démonstration de M. Carlson ne parait pas être transportable dans le domaine des séries de Dirichlet. L'auteur a dû donner une démonstration basée sur la considération de certaines intégrâtes du type de t'ourier. 3. On peut apporter au théorème précèdent quelques précisions de plus pour Je cas où l'angle x devient cgut a fte triangle devient .dors une demi-bande horizontale). On obtient alors un théorème qui est démontre au paragraphe 8 et qui correspond à deux théorèmes de t. /a<A. Ann., t. yo, t0)o, p. :3a. :4««. Ec. ;Vo~w., t. 4~. 3' série, tozy, p. ): 3. LMUELof. Calcul des résidus, p. tooet sui\ graphe 3 de ce résumé.
voir aussi
le para-
VIE SCH':NT~FtQL'E
363
MM. Lindetof 1 et Carlson sur les séries de Taylor. On peut répéter, àladémonstration de ce théorème, ce qui a été dit plus haut à quant propos du théorème du paragraphe y. 4. Dans ce qui précède, nous avons donné le résumé du deuxième chapitre de la thèse (paragraphes 6-<o). Quant au premier chapitre, il est consacré à l'exposition de théorèmes préliminaires dont il est fait les démonstrations du deuxième chapitre; il se divise usage dans d'ailleurs lui-même en deux parties distinctes. Dans les paragraphes < et 3 on généralise la notion de densité maximum d'une suite de nombres indéfiniment croissants introduite par M. Pot/a". M. Pot/a a démontré que si une suite (~) satisfait aux deux conditions (5)
?=~<M J~. M-~oo
~)
<<M(/.M+ – ~) == M-~M
>0,
il existe une suite (;tm) qui contient la série ~a) comme suite partielle et pour laquelle le rapport vers une limite finie d torque m tend :~M croft indéfiniment (une telle suite est dite mesurable et de densité d). La borne inférieure D des nombres < a~WfC par .4/. /'M~<! la ~Mft~w~tMMM jM<~ (In). M. Potya a démontré que cette borne est atteinte, et il en a donné une expression analytique. Dans les 3 de la thèse, il est démontré que la notion de la et paragraphes densité maximum peut être généralisée pour des suites (/.M) qui ne satisfont qu'à la condition (5) sans satisfaire à la condition (6), les formules de M. Potya restant vraies. Toutefois, pour les suites de cette nature, il peut arriver qu'il n'existe pas de suites mesurables contenant ta suite (/.M)comme suite partielle, mais, même dans ce cas, les formules de M. Potya sont encore applicables, car elles donnent pour D la valeur-~ M. 5. Le paragraphe est consacre a la construction de certains ensembles d'interv alles qui contiennent tous les points (An) a l'intérieur et qui possèdent certaines propriétés qu'il n'est pas possible d'exposer ici, mais qui ont une grande importance pour les démonstrations qui suivent. 6. La deuxième savoir les parapartie du premier chapitre, de la fonction graphes 4-6, contient une étude des propriétés (~). Cette fonction a été introduite dans l'étude des séries de Dirichlet par plusieurs auteurs, mais la plupart de ces auteurs ne l'ont étudiée que dans le cas où les (~)) satisfont à la condition (6). L'auteur démontre au paragraphe 4 </w, si la suite (/ est MMtM~ et de <<<tsité d, la /eMC<«~t C «) satisfait, ~!<<<ifM< petit que soit t ~>0 à la condition –-Il ? C~) ><t. /:0f. <:«.1. a. CAttLso~. Sur sine classe de ~nM 3. tt/a<A. ~c~cA~ t. 20, tf)2o, p. SSo.
y<!y~f.
Upsal, tQ<4, p. 5ï.
364
ANNALES DE L'UN!VERStTÊ
DE PARIS
<M<'<t~«f~ <«//}MMMM<~<M~M ~<W <<M<<M a, à ff.Cf~~M tout au <!K~ f~~FM~M plus des ~0~~ <~<<M< o!'<M<<t~M, définis au parala <A~f S du jgf<t~< résumé). La démonstration de (paragraphe ce théorème est basée sur ta considération du développement en on divise tes facteurs de ce pro. produit infini du rapport ––"L. duit en trois groupes et on évalue l'ordre de grandeur de chaque groupe par tes procédés usuels. 7. Le théorème précédent n'est plus vrai si la suite (~) n'est pas mesurable; on démontre toutefois au paragraphe que, si l'on a deux suites (~a) et (~) possédant une densité maximum finie, et telles que = ~M le rapport des fonctions (4) correspondantes aux suites M ~tO (At) et (~M) vérifie encore le théorème précédent. Le paragraphe 5 se termine parquelques dévetoppements qui permettent d'évatuer l'ordre de grandeur de la dérivée C' (a) aux points In. Cet ordre de grandeur intervient dans le calcul de la borne supérieure de la différence C-H. 'Voir paragraphe < de ce résumé.)') Enfin, le paragraphe 6 est consacré à la démonstration de la possibilité de construire une fonction (<) holomorphe dans un secteur du type (~, et qui, d'une part, satisfait dans ce secteur à certaines conditions de croissance et, d'autre part, est de même ordre de grandeur ? que la fonction C(<) en une suite de points réels, indéfiniment croissants <r;, donnés à l'avance. La possibilité de construire une telle fonction joue un rôle important au deuxième chapitre de la thèse. 1.'auteur !e permet d'ajouter ici que les méthodes employées au deuxième chapitre de sa thèse permettent d'étudier <'«~<<WKW~<f<' des série:; de Dirichlet ()). pour lesquelles la suite (AH)a une densité maximum finie. Il a exposé les résultats qu'il a obtenus dans cette voie dans une note récente et il compte publier prochainement un Mémoire sur le même sujet.
M. Paul DuBREtt.. – Recherches sur la <'<f<~ des exposants des coMidéaux de ~c~MOM~. Thèse pour le doctorat posants primaires soutenue devant la Faculté des Sciences. Paris, )~3o. Un des théorèmes les plus importants de la géométrie algébrique, dû Max Xoether, caractérise l'intersection totale de deux courbes algébriques planes étant données deux courbes (x, y) ~=o, g (~ y) = o, on peut attacher à chaque point d'intersection M M de ces courbes un nombre minimum pM tel que, si une courbe F (.f,y)=c passe par chaque point M M avec un ordre de multiplicité au moins égal au nombre pM correspondant, le polynome F est de la forme F (.r. y) = A(~ y) f (~, y) + B y) (~. y) fft A (x, y), B (x, y) sont des polynomes. i. ~MM<<
(~?.). Ace. ~tM<«, 6' série, vo). XII, <o3o, p. 9).
VIE SCtENTttfQUE
3<
La détermination du nombre en un point M ne présente pas de difficulté dans le cas simple où les courbes/==~==~ ne Mnt pas en ce si M est tangentes point point ~–upte pour /==e, s- uple on a pour g = < ~== -t- – Dans le cas général ou les courbes /=c, g ==o ont en M des singu. larités quelconques, la détermination aussi exacte que possible du nombre p, en fonction d'éléments géométriques simples attachés aux deux courbes, restait à peu près entièrement & faire c'est là princile me suis problème que je palement proposé de résoudre dans ma thèse. J'ai obtenu, pour non une valeur exacte, mais une timif supérieure 6, et j'ai donne, sous une forme simple, la condition, « en général vérifiée", pour que l'on ait p==S. Examinons d'abord le cas particulier important dans lequel 1'unt des deux courbes, ~==c par exemple, a toutes ses tangentes distinctes au point d'intersection considéré. Désignons alors par N,, K,, Xt les sommes respectives des ordres de contact de chacune des branches en ce point avec toutes les branches de et supposons le-. de notations telles que l'on ait N~X~N, Alors, la valeur de p est donnée parla formule !.=~+N,. Un théorème un peu plus général permet de se ramener au cas où les courbes 1 =o, ~==0 ont, au point d'intersection considéré, toutes leurs tangentes confondues avec une même droite. Soient en eNet D). les tangentes communes aux deux courbes, ri et Dp n; les nombres respectifs de branches de et de g tangentes à D<. Comme nous le verrons plus loin, on ne restreint pas la généralité en supposant les polynômes/, décomposas /=/). ~=~<j!ten produits de facteurs tels que, avec une approximation convenable au voisinage du point d'intersection considéré, la courbe ~o==c coïncide avec l'ensemble des branches de non tangentes à g, la courba /,=o avec l'ensemble des branches de tangentes à D;. etc. Soit alors fi==f.-+~–!+Pf (P.=0, le nombre p relatif aux polynomes fi, gl. On a, pour les polynomes /= r ;.=f+~–t+P P désignant le plus grand des nombres Pi. Les courbes /=«, ~==0 étant donc supposées avoir en M toutes leurs tangentes confondues avec une mcme droite D, une transformation aisée permet de supposer qu'elles se composent uniquement de branches simples au voisinage de M. Il convient d'abord d'examiner le cas où l'une des deux courbes, g = o par exempte, forme un c'est-à-dire où une branche quelconque de f /ft<j<MK par rapport
.?6
ANNALES DE L'UN!VEKS!TË DE PARtS
S'it en est a des cootacM de même ordre avec toutes les branches de ainsi, on a, en désignant par v l'ordre maximum du contact d'une branche de avec une branche de g, par K la somme des ordres de contact d'une branche de g avec toutes les branches de y ~<:=~+f–t+N+(J–')~ et l'égalité est vérifiée toutes les fois qu'un certain nombre w attacb6 au faisceau g est différent de zéro. Appelons <)'t<t~<~<-OM/K~f<~ ? de g dans l'ensemble des branches de qui ont avec g le contact d'ordre le nombre tu est sûrement différent de zéro lorsque le maximum v sont y~ft~ff. c'cst-a-dire tels que faisceau g et son système conjugué l'ordre du contact de deux branches appartenant toute:, deux à g ou On a alors ~=X. toutes deux à ? soit supérieur courbes Si aucune des deux ==o, g = o ne forme un faisceau par chacune d'elles en faisceaux par rapport & t'autre, on décomposera certains faisceaux, dits rapport à l'autre. Dans cette décomposition, jouent un rote privilégié. Leur définition résulte /awMM:t~t'M~«M.t, deux faisceaux de g tels que soient g,, de la propriété suivante dans aient une ou plusieurs leurs syst&mes conjugués p, et dans ces conditions, branches communes, et soit par exemple 'j; a dans et l'on ?~ v, ><~ Un faisceau gf est e, est contenu tout entier c'est-à-dire ne contient principal si son conjugué ~< est minimum aucun autre conjugué et ne coïncide éventuellement qu'avec des coninrérieur à tt. l.es faisceaux jugués de faisceaux pour lesquels est ont cette première propriété que leurs conjugués principaux dans /< sont eux-mêmes des faisceaux, et des faisceaux pringc cipaux, par rapport à g; leurs conjugués dans g sont de faisceaux la ces suite, On considère, par principaux concouples ~() relatif aux jugués, et, pour chacun d'eux, le nombre Xf=~(/ polynomes fg'i. gi, où gi désigne l'ensemble des branches de g qui faisceau par n'appartiennent pas à .gt. On démontre sans peine que est aussi un faisceau par rapport à g'i (propriété encore rapport à a donc la vraie si gi est un faisceau non principal). Le nombre valeur == f + j – t + Xf + ~f + (~– )) '« où Kt, '< désignent les sommes respectives des ordres avec les branches de et celtes de d'une branche de étant principal, on a ceau S (/)=
de contact Le fais-
S;<.g.)=<i
et ?< est supérieur à tout nombre analogue relatif &un faisceau non ou coïncide avec lui. principal de g dont le conjugué contient ces nombres Sf relatifs aux couples de Cela posé. soient S;, B; faisceaux principaux, et soit leur plus grande valeur. On a 3~. et il est possible de préciser la condition pour que l'on ait [. = cette condition est que la somme de certains rapports relatifs aux faisceaux principaux soit différente de iséro, ce qui est en général véfiné. La théorie précédente subsiste entièrement si les courbes /==c,
VIE SCtENTÏFtQUE
367
g = admettent en a des systèmes circulaires d'ordre supérieur a <; on doit seulement prendre pour expression des nombres Bf 8, =
+ j– t +. H f<; + Mf+ f~; – t ) ~)
où H (u; désigne le plus grand entier contenu dans u.*
Ces résultats, d'aspect purement géométrique, sont obtenus par une méthode qui relève de l'algèbre moderne et plus spécialement de la des polynomes F = A/ -{- Bg où et g théorie des idéaux. L'ensemble sont donnés, A et B arbitraires, possède les deux propriétés caractéristiques d'un <<!t'<~ t" La somme ou la différence de deux tels polynomes est un polynome de même forme; 2* Le produit d'un de ces polynomes par un polynome arbitraire est encore un polynome de cette forme. La condition pour qu'un polynome F appartienne à l'idéal f/. se décompose, d'après t'énoncé de Xoether, en un certain nombre de conditions partielles, locales, relatives chacune à un point d'inter. section. On voit sam peine que l'ensemble des polynomes satisfaisant à t')Wf de ces conditions constitue encore un idéal, et que cet idéal est Primaire, c'est-à-dire tel que, si un produit FG appartient a cet idéal sans qu'aucune puissance de G lui appartienne, F lui appartient. Effectivement, le théorème de Xœther n'est qu'un cas particulier du théorème de décomposition d'un idéal en plus-petit-commun-multiple d'un nombre fini d'idéaux primaires, théorème valable moyennant « l'axiome de la chainc de diviseurs n, lequel est vérifié pour tes A chaque idéal primaire q correspond idéaux de poiynomes'. un idéal p, formé de tous les polynomes dont une puissance appartient a cet idéal est premier, c'est-à-dire que si un produit t'G appartient à p sans que G appartienne à cet idéal, F lui appartient. Dans le cas d'un idéal (/, g) correspondant à deux courbes planes /:=e~:=c, t'idea) premier correspondant à un composant primaire q relatif a un point d'intersection M, est l'ensemble des potynomcs s'annulant en M. Le produit de deux idéaux a. b étant défini comme l'ensemble formé par les produits d'un polynome de a avec un polynome de b et tes sommes d'un nombre quelconque de ces produits, on démontre qu'il existe une puissance minima p!' de p contenue dans q; p f'st l'exposant de l'idéal q, et n'est autre que le nombre p introduit plus haut géomé. triquement. Pour te calculer, j'utilise le t<w-~«~<t~ !< (J) = A (x, y) 1 (:.r, y) + B (~ y) j? (~ y) t. Ce théorème est dû a M)tc E. Xœthcr cf. Ideattheorie in Ringbcreichen, Math. Ann. T. 83, p. 24. Le ppcm. [a. b) de deux idéaux a, b est t'idëat formé par tous les éléments communs à <<et L'axiome de la chaine de diviseurs est équivalent à celui de l'existence d'une base finie pour tout idéal et ce dernier est vérifié, comme on sait. dans le cas des polynomes. (Théorème de Hitbert.)
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DE PARIS
de l'idéal (/, g), c'est-à-dire le polynome en x seulet de degr~ minimum appartenant &l'idéal. Si « désigne l'abscisse d'uo point d'intersection Met ~iR(.r) contient le facteur (<<!)", on a ~? et il est toujours possible de choisir des axes tels que l'égalité ait lieu (MOft~ttMw WfMa<M). Si K est un corps parf.tit quelconque contenant tes coefficients des polynomes de base, la décomposition du sous-résultant en puissances de facteurs irréductibles dans ce corps. correspond à celle de l'idéal (/, ~), dans le même corps K, en idéaux primaires; ce théorème est vrai pour tout idéal dont la variété, dans un hyperespace quelconque, est un système de points. Après quelques lemmes qui permettent de supposer, dans une étude locale, les polynomes g décomposés en facteurs correspondant aux différents systèmes circulaires, viennent deux théorèmes qui jouent dans la détermination de l'exposant p un rôle particulièrement important I. Soient ="o trois courbes sans partie commune = o, g, = o, et passant par le point 0. Soient et les exposants des composants l'ordre de mulprimaires, en 0, des idéaux (/, ~) et (/, j~); soit tiplicité du point 0 pour la courbe g, o. On a P>+~ t'tgatitë ayant lieu si les courbes /= o et g, = o ne sont pas tangentes enO. II. Considérons les idéaux "'t=(?t.?:
'"s=(~.?t?t)
'"j=(fa.!t?i;)
?< == ?~==~t ?~ = o <tant trois courbes sans partie commune passant par l'origine. On a [tn,, tn~ ==[m:, m,] = [m~, n~) = (t; t,. p;; t., ?t) H en résulte, si y; désignent les exposants en 0 des composants des idéaux nt,, Ms, ntj que les deux plus grands de ces primaires nombres sont nécessairement égaux, par exempte ~=?<>~ Ces deux théorèmes permettent d'établir assez aisément les propriétés géométriques résumées plus haut. Enfin, un quatrième chapitre contient un certain nombre de résul. tats sur les idéaux définis par une base d'un nombre quelconque de polynomes à deux variables.
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MÏBNOE8 PHYSIQUES M. E. MOUCKT.– ~MN~t MM<f<t««OMa «M~étude /t)'yM<tMt'~«~ <<<-< ~ow~M e~M~</M~t. Thèse pour le doctorat soutenue devant la Faculté des Sciences. Paris, <o3o. L'étude industrielle des pompes centrifuges se fait maintenant d'une manière satisfaisante. Des diagrammes, des formule: empiriques ou semi-empiriques permettent de tracer et de construire des pompes satisfaisant à des conditions déterminées d'emploi. M. Bergeron, professeur à l'École Centrale, a résuma ces problèmes dans son ouvrage récent Hydraulique H. L'expose de la question indus. trielle semble avoir atteint sa forme définitive. De nombreux points restent d'ailleurs obscurs. L'un d'entre eux a attiré notre attention. L'erreur relative sur la puissance calculée, c'est-à-dire la différence eatre la puissance calculée et la puissance observée rapportée à la puissance calculée atteint couramment des valeurs de 3o et 40 p. [oo. Une série d'essais industriels, au nombre de cinquante-deux, et portant sur des pompes très variées, met en évidence cette différence qui dépasse de beaucoup la marge de$p. )oo que représentent de bons essais industriels. Quelle explication donner de ce phénomène ? une foule d'explications Naturellement, variées avait déj~ été fournie par 'es ingénieurs auxquels une telle différence paraissait, à juste titre, anormale. L'explication la plus fréquemment donnée était que la cause de cette différence était le phénomène de « déflexion constitué par une inclinaison de 7 à to degrés de la vitesse moyenne sur l'aube. De plus, certains auteurs faisaient intervenir la contraction de la veine à la sortie du rotor, contraction qui, dans certains cas, pouvait expliquer au moins une partie du phénomène. Cette contraction de la veine, à la sortie du rotor, est tout à fait comparable à une série de phénomènes déjà étudiés et connus en hydraulique. Le coefficient de contraction, naturellement bien difficile à mesurer directement et bien variable setoa les types de pompes, semble toutefois être de l'ordre de celui des vannes noyées. Mais te phénomène de déflexion, qui n'avait jamais été mis en lumière de manière bien certaine, nécessitait de nombreuses hypothèses locales variées, plus ou moins arbitraires. La solution hydraulique du problème des pompes centrifuges n'est ni difficile, ni compliquée, elle est impossible parce que l'hypothèse fondamentale de la théorie hydraulique est que le phénomène est de révolution. Or, la déflexion rompt justement cette hypothèse elle ne peut être de révolution. Nous nous sommes donc proposé d'étudier les pompes centrifuges par les théories hydrodynamiques et nous avons pris les équations générales du mouvement des fluides visqueux en axes relatifs. Nous avons toutefois émis quelques hypothèses simplificatrices sur la vitesse, de manière a rendre les calculs numériques plus simples. Nous avons ainsi admis que, en un point, la composante de la vitesse parallèle a l'axe ne dépend que de la distance à l'axe, du point et de la distance de celui-ci au plan du rotor. De même, nous avons supposé que les composantes de la vitesse normales a l'axe étaient indépenASK. UttY. VI. – t4
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ANNALES DE L'UMïVERSïTÊ
DE PARIS
dantes de la distance du point considéré au plan de symétrie du rotor. Ces hypothèses sont vraisemblables, elles seront simplificatrices naturellement à veriner et à améliorer ultérieurement. Une fois en possession des équations f~nerales, quelques difficultés se présentèrent. Le problème, dans t'état actuel de nos connaissance: du mouvement à la paroi, n'est détermine que si cette vitesse à la est nulle. !) suffit d'avoir vu l'usure d'un rotor de pompe, pour paroi écarter cette hypothèse, f) ne restait donc que la condition d'avoir une vitesse tangente a )a paroi de l'aube, condition insuffisante pour déterminer te mouvement. Mais tes deux hypothèses faites plus haut permettent, dans une certaine limite, de trouver une solution au problème. Que ce ne soit pas ta" solution hydrodynamique de la théorie des pompes centrifuges, aucun doute n'est permis sur ce point. Mais devant la complexité des phénomènes, nous devons nous estimer heureux de former une solution particulière. Nous avons cru utile de conduire les calculs de cette solution calculs et nous avons constata qu'à particulière jusqu'aux numériques la paroi la vitesse pouvait être rendue sensiblement tangente aux C'est t:t une vérification nece:profits usuels des pompes centrifuges. saire et intéressante. La distribution proposée n'est peut-être pas la distribution réalisée, mais, en tout cas. c'est une distribution possible. Elle fait apparaître dans certains cas le phénomène de contraction de la veine et se relie par là aux théories hydrauliques usuelles. Mais ce de contraction ne la totalité de la difféphénomène peut expliquer rence constatée et étudiée. De plus. cette solution ne met pas en évidence le phénomène de d~nexion. Nous avons alors repris la question autrement, par le raisonnement si on considère, que l'on peut schématiser ainsi par exemple, un rotor à six pâtes formant six alvéoles, il est bien sûr qu'en des points de chaque alvéole, la vitesse est la mente. La vitesse correspondants est donc une fonction périodique, ici. du sixième de la circonférence. Ses composantes doivent '~re exprimables en série de Fourier. C'est ce que nous avons vérifie sur tes équations et nous avons générâtes pu ainsi, former une solution des équations générâtes de l'hydro. dynamique dépendant d'une infinité de paramètres. Ceux-ci seraient de la distribution détermines des vitesses à la par la connaissance sortie du rotor. Cette solution met d'ailleurs également en évidence la possibilité de phénomènes de résonance varias, observés jusqu'à dans présent d'une manière certaine mais peu précise, en particulier les pompes conduites par des moteurs a courant alternatif. D'ailleurs cette solution, beaucoup plus générale que la première, donne des profils tout à fait analogues aux profils usuels. Enfin elle permet du phénomène de l'explication directe, sans hypothèses particulières, déflexion. Utilisant des angles de déflexion d'une dizaine de degrés, un coefficient de contraction analogue celui des vannes noyées, nous avons de dans bonnes conditions tes essais industriels dont pu compenser il a été question plus haut. Sans vouloir prétendre avoir obtenu la solution générale du problème d'hydrodynamique, nous pensons que notre étude est suffisante pour convaincre tes ingénieurs, d'une part, de l'intérêt de ces études et, d'autre part, de la possibilité de pousser tes calculs jusqu'aux résultats numériques. Depuis ces études, dëja un
VESCÏEtTtFÎQUK
3~
peu anciennes (janvier-juin ~9), M. Barrillon, directeur du Bassin des Carènes, a pu enregistrer d'une manière certaine le pMnumenc de déflexion et M. Auclair, président du Comité de mécanique a l'Office nationa) des Inventions, a montré que, dans une pompe donnée, le régime pouvait ne pas ctre unique et que la déflexion pouvait, par exemple, prendre deux valeurs différentes. De tels essais, postérieurs à nos travaux, ont donc confirmé l'existence de la déflexion et, en quelque sorte, justifié notre étude. inattendu et très important s'est présenté à Mais un phénomène nous. Les solutions proposées, malgré nos efforts, ne se raccordent pas en amont de la pompe, u ta distribution des vitesses dans le tuyau d'amenée. 11 existe une discontinuité dans une certaine section qui semble rester immobile. L'existence de cette discontinuité était grave parce qu'elle mettait en doute les hypothèses mêmes que les mathématiciens ont coutume de faire dans l'étude de l'hydrodynamique. Aussi avons-nous été particulièrement heureux de mettre en évidence de t'MM ce phénomène dans le tuyau d'arrivée de la pompe. Nous t avons pu le produire a mètre environ du rotur, par conséquent tout n fait en dehors de la pompe. En amont de cette discontinuité, les filets sont parallèles à l'axe du tuyau d'arrivée. En aval, les filets sont Le passage d'une des distributions de vitesse a l'autre se hëlicotdes. fait brusquement. Pour expliquer ce phénomène, nous élaborons une théorie qui en donne une représentation satisfaisante. Ces distributions successives et ce passage brusque de l'une à l'autre proviennent du fait que l'énergie dissipée est minima. Mais il faut simplement modifier les lois de frottement à la paroi et tenir compte de la courbure des filets au voisinage de la paroi. En résume, cette thèse a montré, d'une part, la possibilité d'une Ctudc hydrodynamique des pompes centrifuges et de la conduite des calculs jusqu'aux vérifications numériques et, d'autre part, la possibilité de représenter, d'une manière satisfaisante et sans hypothèses les phénomènes de déflexion et de contraction. Ces particulières, deux phénomènes permettent d'expliquer les différences considérables cntre la puissance mesurée et la puissance calculée. de disconEnfin, elle a mis en évidence un phénomène important tinuité dans l'écoulement d'un liquide dan:, un tuyau de section circulaire. L'existence de ce phénomène est de nature à modifier les vues actuelles des mathématiciens sur les équations de t'hydrodyna' En on ne mique. particulier, peut songer à représenter toujours par une intégrale unique les distributions des vitesses dans un tuyau de révolution. cylindrique M. J. GtLLES. –~Ct/t~ft/t~JK~ la f<M~M~ des spectres du MM/ CcM~ft~<<«W f<'<«~ des relations entre les spectres de M<?Mfj WK<<t~<e<< Thèse pour le doctorat soutenue devant la Faculté des Sciences. Paris, to3o. La théorie quantique des spectres a donné des règles de classification qui ne s'appliquent, en toute rigueur, qu'aux spectres émis par les atomes et ions composés d'un très petit nombre d'électrons cxtë' rieurs et de couches électroniques saturées.
ANNALES DE L'UNIVERSITÉ
DE PARtS
Pour arriver progressivement aux perfectionnements nécessaires, on a pensé que Fétude des spectres du soufre était intéressante l'atome excité comprend tes couches saturées t 31, a et, en général 3 s. H était de plus avantageux de grouper tes élément! S P 0 et K dont les nombres atomiques présentent des relations simples. Le retevé générât des raies du soufre, dans difïérents états d'exci. tation, était incomplet, et tes mesures faites, insuffisamment précises une ctaMincaHon Pendant ces dernières pour (Handbuch). années, Runge et Paschen, Dun~ ('9*4). Hopficld ('ozS) ont fait la classification des raies principales de SI. Puis, Millikan et Bowen (tQ:5, 1928) reconnaissaient tes principaux multiplets de SIV, SV et SVI. Mais, à part quelques raies ~tettaires attribuées à SU et SHI par Lockyer, aucune ctassincation de S!t et SU! n'était ébauchée. Pendant le cours de nos recherches, paraissaient successivement, la séparation des raies en ordre d'ionisation, quelques multiplets et raies d'intercombinaison de SII par MM. L. et E. Bloch, un retevé partiel de M. Lacroute, et deux mémoires importants de M. Ingram. dont tes résultats vérinaient et complétaient les nôtres pour SU et SIII. Le travail d'obtention des raies de S, de séparation de ces raies en ordre d'ionisation, d'enregistrement de l'effet Zeeman sur les raies les plus intcnsey de la région visible du spectre, aet~ réalisé en prenant comme source t'etiacette jaillissant dans un tube de Geissler en pyrex, à l'intérieurduquel une pression convenable de soufre était entretenue sur le passage de t'etincettf. Un avantage de ce dispositif est le sui. vant tout en faisant le vide dans le tube, on chauffe légèrement le soufre pour faire passer la décharge. Le soufre se vaporise lentement, la vapeur créée se condense presque entièrement dans )e réservoir où se trouve le soufre en fleur. Lorsqu'une pellicule recouvre tes parois du tube, il suffit de tes chauffer légèrement pour que le soufre se au bas du réservoir. On ainsi avec le même tube et la rassemble opère de soufre, ce qui fait que le spectre ne même quantité approximative contient aucune raie étrangère après quelques opérations. La pression du spectre avait de la vapeur était toujours très faible, et rémission ce qui coïncide bien lieu à la température élevée de la décharge, avec le fait que la vapeur de soufre est en grande partie à l'état atoet très basses pressions. Le même mique aux hautes températures procédé était employé pour l'étude de l'effet Zeeman, les tubes étant également en pyrex. Les spectrographes utilisés étaient à optique de verre pour la région de quartz pour l'ultrarouge (spectrographe du type autocollimateur), v iolet (Hilger, prisme de Cornu); un réseau Rowtand était utilisé dans le visible, comme dans le proche ultra-violet, soit en montage stigmatique de Wadsworth, soit en montage Eagle. Dans t'étude de l'effet Zeeman, le réseau était monté en WadsM'orth. Pour l'enregistrement et perpendiculaires, parallèles l'image du séparé des composantes du spectrographe capillaire du tube de Geissler projetée sur la fente était divisée en deux images, à l'aide d'un rhomboèdre de spath dont l'axe optique était parallèle à la fente. Sur la plaque, nous avions t'un aux vibrations parallèles, deux spectres superposés correspondant l'autre aux vibrations perpendiculaires. Mais, comme dans le 3* ordre, sur la plaque, avec une les vibrations parallèles étaient ccregistrées ce intensité bien moindre que celle des vibrations perpendiculaires,
VtBSCIENTtHQUE
ï?ï
qui ne correspondait pas au rapport de leurs intensités avant leur entrée dans le spectrographe, il était nécessaire de faire en sorte que la direction des vibrations parallèles au champ fasse,autant que posavec traits du réseau les pour éviter le sible, un angle de 4$ degrés phénomène de la polarisation due aux traits et à la fente du spectregraphe (l'influence de la fente est très faible). Nous avons placé une lame de mica, d'épaisseur convenable, au contact de la fente, sur l'image correspondant aux vibrations parallèles, pour faire tourner la direction de ces vibrations de 45 degrés environ. L'intensité générale des composantes parallèles s'est trouvé renforcée. des régions de grandes longueurs d'onde dans Pour l'enregistrement lesquelles les plaques ordinaires ne sont pas sensibles, nous avons au pinaverdol, à la dicyanine, utilisé les procédés de sensibilisation à la néocyanine. Des plaques du commerce, sensibilisées à la néocyanine, doivent être plongées pendant deux ou trois minutes dans un bain d'eau pure, puis mises a sécher rapidement, pour les utiliser de suite. Dans les régions de courtes longueurs d'onde, nous utilisions les plaques Schumann. étant réalisa dans Le relevé général de l'infra-rouge à l'ultra-violet les meilleures conditions possibles d'excitation de Stt et SU! (coupure à étincelles de 6 à 9 mittim.), il était nécessaire de séparer les raies précisément en raies de SU et SIII. Or, les variations de pression de la tapeur de soufre, réalisées dans le tube de Geissler, ont très bien A signaler que de 011 à 011!, tes permis de faire ces discriminations. différences d'énergies montrent que les variations doivent être, élec. triquement, plus caractéristiques que pour S!! et SIII. Quelques bandes ont été mesurées et classées par groupe suivant l'apparence de struc turefine, ou les différences de fréquences des raies nulles. It est arrivé que quelques raies intenses ont été obtenues très larges, malgré toute précaution prise concernant les réglage et condition d'émission de la source. Ce doit être dû à un effet Stark. Les orbites de l'électron émissif de nombres quantiques principaux M ~.4 corres. du sensibles aux variations pondent à des raies particulièrement dans l'atome de soufre une fois cliamp électrique, principalement ionisé. Ce phénomène a été également observé par M. Fowter sur certains groupes de raies de N et 0. L'étude de l'effet Zeeman a été réati~ dans des conditions d'émissions lumineuses et de champ très favorables. Tout d'abord, le capillaire étant en pyrex, résistait bien au passage d'une décharge intense. En effet, si l'intérieur du capillaire est a la température élevée de la au contraire, est en contact avec les pièces décharge, l'extérieur, polaires qui sont à la température de la salle. Quant au champ, il était aussi grand que possible dans ta partie lumineuse photographiée de4tnit!im. (pièces polaires percées d'un trou de 3 mittim.S,distantes était maintenu à une l'une de l'autre; courant de t56 ampères). valeur de 31700 Gauss pendant cinq heures environ pour chaque pose. raies de SII et cinquante et une raies de SUt ont été Cinquante-cinq obtenues décomposées par le champ magnétique, et les écarts mesurés en fréquence, rapportés à l'état normal, sont donnés avec leurs carac. tëristiques azimutales et internes. On sait, en effet, que chaque terme différents S, L, J, M, caMc. (S, L, J) se décompose en ~J+t termes térisés chacun par un quantique magnétique M capable de prendre
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ANNALES DE L'UNIVERSITÉ
toutes les valeurs entières valeurs demi entières
M==o+t.r:J
DE PARIS
s! J e<t entier, et toutes les
si J est demi entier. Quant M==~±-J aux valeurs de ces termes, elles diffèrent du terme original (S, L, ))< par la quantité wL. M. g., les quantités Ml. et g étant données par les formules dues respectivement à Larmor et à Lande. Les différentes études précédentes sont destinées à la classification des spectres SU et SIH, ce qui revient & établir des groupements de raies, ou multiplets, qui permettent de retrouver la structure étectro. de l'ion nique correspondant, pour en faire ensuite l'analyse par comparaison avec les résultats obtenus pour les éléments voisins. Ainsi l'ion S IV normal, possède un seul électron 3~, et ressemble aux alcalins. Ajoutons un électron à cet ion, nous formons les principales configurations fondamentales de S III si cet électron optique occupe successivement les différentes trajectoires. Les termes triples et simples sont les plus intenses de ce spectre, et les termes les plus aux trajectoires 3~, 3d, 4s, 5p ef 4<<de t'étec. importants appartiennent tron optique. Par la détermination des des valeurs approximatives différents multiplets, sur la base d'un couplage plus tache dans S III que dans 0 IH, par l'utilisation de caractéristique Zeeman, par l'observation des règles de combinaison et aussi en tenant et d'intensités, df la présence de certaines raies de S dans les étoiles, nous compte avons établi l'ensemble des triplets les plus importants de S III, et une raie simple. Les valeurs des termes qui en résultent ont été déduites de celles des t''fmes3~.4~'P, et 3~, *P~ calculées à partir d'une formule simple de Rydberg. Ingram a complété ce travail en étudiant l'ultra-violet de Schumann; le potentiel d'ionisation de S III est de 34.0 volts. On remarque que les valeurs, en fréquence, des termes triples 3~, M,'P, ')), sont très voisines de celles du terme triple la strucse présente pas dansOtII,complique 3~,4~P.Cefait,quine ture du spectre, car les multiplets correspondants sont enchevêtrés. D'autre part, les écarts des termes 3d sont tout à fait irréguliers, car les intervalles qui, normalement, devraient être les plus petits sont au contraire les plus grands. A signaler aussi que les écarts du terme 3~4f*P sont beaucoup plus faibles que ceux que l'on pouvait attendre. Cet ensemble succinct de remarques montre que les résultats prévus d'après la théorie de Hund se trouvent inversés, et que les écarts à attendre d'après les formules de Lande ne sontpasobservéssur3<<et4~. Lorsque l'ion S III capture un électron, il donne t'ion S Il. Norma. à la première famille lement, les raies les plus intenses appartiennent de configurations de S Il électroniques qui repose sur S III normal. Par l'application des mêmes procédés de recherches que dans S III, nous avons étabii les quadruplets principaux de SU qui se sont trouvés ultérieurement établis indépendamment par Ingram, et comptétés par l'identification des doublets. Les écarts des termes quadruples ne vérifient pas les règies de Landé, avec grande exactitude. A remarquer également l'anomalie de rapport des intervalles 3~,<n. Le deuxième système de doublets est très peu développé. Le potentiel d'ionisation de SU est de ~3.3 volts. Quant à la deuxième famille de configurations électroniques de SU basée sur un état excité de S III, elle a été aperçue dans la région Schumann par Ingram.
VIE SCIENTIFIQUE
3y;
raies de S III sont présentes Certaines dans les etoUe! et à (zo a) ooodegr~t) et quelques raies de S Il sont relevées dans les étoiles de la classe P, (t5 ooo degrés). L'étude de la position des multiplets de S II, S III dans le spectre, est faite par l'application de la loi des doublets irréguliers, et par celle des doublets réguliers de Sommerfeld. Les résultats sont de l'ordre de ceux attendus par l'étude de spectres correspondants d'été' ments voisins. Enfin, dans une dernière partie, par t'etude du couplage vectoriel dans certains termes multiples des éléments à structures isoétectroniques NU, OHt, PU et S III, nous avons suivi t'ëtcctron optique d'une trajectoire nd à une autre par différents chemins équivalents au point de vue énergétique. On sait que, dans le cas d'un seul électron, la séparation énergétique d'un terme double, due à l'interaction entre le mouvement de rotation de l'électron sur lui-même et son sur sa déplacement trajectoire, est donnée par f== «~ ces (<,~). Dans le cas de n etcctrons, en négligeant les couplages entre électrons et trajectoires différents~ les écarts des termes seront donnés par Sf==r dont la valeur, en fonction des différents nombres quantiques, a été établie empiriquement Ces Lande. valeurs donnent le l' par déplacement des niveaux vrais, il partir d'un niveau hypothétique qui n'existerait en cas d'interaction nulle entre mouvequ'idéalement ments de l'électron sur tui-mCmc et sur sa trajectoire. Sur cette base. on observe que, d'une manière très rigoureuse, la somme des variations d'énergie des couplages dérivant de m et M~ dans PU est égale à la somme des variations correspondantes de N Il et OIH, et dans S III, elle est rigoureusement double de celle de 0 III. On peut écrire: PH-~OHI~NH+SIU. Ces relations correspondent à celles qui existent entre les charges nucléaires de ces ions. Par analogie avec ce qui est observe pour les coefficients g, nous dirons que la somme des facteurs r est normale pour un ensemble de termes convenablement choisis. Nous avons, de déduit de ces relations une limite maximum des valeurs énerplus, des termes l'écart spécigétiques 4f. ~P, par exemple, en considérant nquc qui est l'écart total divisé par le nombre atomique. (7'Mz't!~ fait <t«.<-laboratoires de .1/A/. C'o«c« et CM:c.)
SCIENCES
PHYSIQUES
M. Maurice L~MBREY. /w<M sur <'c~y~ f~M~MM~Kf.! et le ~fc~y~ d'asote. Thèse pour le doctorat soutenue aec~Mf devant la Faculté des Sciences. Pans, t~So. Les progrès considérables réalisés depuis quetques années dans la ctassincatioo et l'interprétation <tcs longueurs d'onde caractéristiques des spectres ont eu pour conséquence une concentration des efforts des physiciens autour de cette question. Il n'en est pas moins vrai qu'il existe en spectroscopie d'autres problèmes présentant également un grand intérêt et, parmi eux, on doit faire une ptacc importante aux des spectres, tant d'émission questions relatives aux intensités que d'absorption.
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ANNALES OE L'UNIVEItSIT9
DE PARtS
Il a semblé à l'auteur qu'on avait le maximum de chances d'opérer dans des conditions bien définies en étudiant, à froid, sans excitation, le spectre d'absorption d'un gaI aussi simple que possible et pour la classification et lequel des longueurs d'onde caractél'interprétation être faite. ristiques puisse L'oxyde azotique NO est l'un des rares gaz satisfaisant il cet conditions. H présente, dans une région accessible aux mesures photo. métriques (entre zoo et SSo X.)deux systèmes de bandes d'absorption le système à une transition "P -P électroniques, et correspondant le système y correspondant à une transition 'P-S, l'état initial étant le mtme, en absorption, les deux systèmes de bandes. pour Après une analyse du spectre observé, une contribution personnelle a la classification de ses longueurs d'onde caractéristiques, et une détermination des constantes spectroscopiques qui en résultent, l'auteur s'est efforcé de mesurer le coefficient d'absorption de l'oxyde des bandes g et y. azotique l'intérieur Le fait essentiel observe est des plus curieux Si une masse constante d'oxyde azotique gazeux est enfermée dans un tube de section constante, de longueur variable, traversa par un faisceau de radiations, la proportion de lumière absorbée augmente considérablement lorsqu'on diminue la longueur du tube. En d'autres termes, à masse constante traversée, le gaz est d'autant plus absorbant que sa pression est plus élevée. Pour préciser, disons que la densité optique d'une couche d'oxyde sous la pression est a azotique d'épaisseur proportionnelle Tout se passe donc comme si le gaz devenait plus absorbant lorsque ses molécules sont plus près les unes des autres. On pouvait doac se demander si l'addition d'un gax étranger non absorbant pro. duirait également une augmentation du coefficient d'absorption du XO. montre en est ainsi. L'addition d'un gax gaz L'expérience qu'il une masse constante étranger quelconque d'oxyde azotique enfermée dan~ un tube déterminé, provoque une augmentation considérable de la proportion de lumière absorbée. Au cours d'une longue discussion, et en invoquant des arguments très divers, l'auteur montre que ces différents phénomènes ne sont pa.' purement apparents et dus par exemple a un défaut de résolution du mais bien réels, et, dans l'état de nos connaissances spectrographe, actuelles, exceptionnels. !t est d'ailleurs remarquable de constater que cette variation curieuse du coefficient d'absorption n'existe que pour les bandes y et non pour les bandes la plus simple des faits observés est la suivante L'interprétation de lumière L'absorption par le passage sp–P (bandes g) serait la seule qui se produise normalement une molécule unique située pour loin des autres, et ce passage serait d'ailleurs assez rare, les bandes étant faibles. L'absorption de lumière par le passage ~P–S (bandes y) se pro' duirait au contraire lors des chocs des molécules NO avec d'autres molécules NO ou encore avec des molécules étrangères. L'examen des constantes spectroscopiques de l'état caractéristiques "P montre que cet état est légèrement différent, pour les bandes y, de ce qu'il est pour les bandes Ceci traduirait l'existence, au moment
VIE SCïENTÏUQUt:
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du choc, d'une modification de la structure "P de la molécule avant le passage de cet état ~Pat'ëtat'S. A coté de ces suggestions théoriques, le phénomène observé permet d'établir une méthode d'une très grande sensibilité pour déceler de faible: quantités d'oxyde azotique. D'autres résultats de ce travail, notamment l'étude du spectre d'absorption du peroxyde d'azote, la réalisation, en collaboration avec D. Chalonge, d'une lampe donnant un spectre continu dans l'ultra-violet, sont susceptibles d'une utitisation pratique étendue. CHIMIE Thèse M. Louis Bt.A!<CHAM. – .S')'K<A~ du Cyc<<'&«<<tM<tc:}«< pourie doctorat soutenue devant la Facuttëdes Sciences de Paris, to3o. Les acides-alcools t-4 sont difficiles & obtenir, ta lactonisation ii'eCectuant avec une grande facilité. Mais, si entre tes deux fonction! se trouve un noyau cyclanique, CH~
COOH
HOC~ ~CH"~.C<'
COOH.
la réaction de lactonisation ne se produit plus par empêchement stérique. C'est ce qu'a démontre M. Htanchard en préparant l'acide oxycyclobutane dicarbonique. Cet acide a été obtenu par condensation avec le malonate d'éthyle disodë de dérives dihalogénés de l'alcool isopropytique, XCH'– CHOH–CH'X' et spécialement du dérive chlorobromé, Ct CH=– CHOH–CH~Br. Mais si on emploie ces dérives en laissant libre leur fonction alcool, la lactonisation se produit avant la cyclisation, qui alors n'a plus lieu. H fallait donc protéger la fonction alcool. L'auteur y est arrivé par deux moyens par formation d'ëthers-oxydes et par formation de formats; ce qui a permis d'étudier deux séries de composés presque inconnus. Les formais mixtes des dihalohydrines, RO–CH~–OCH
~~CH~C) CH'X
d'éthers m~thyont été prépares par addition à t'ëpichtorhydrine liques halogènes ROCH~X. Cette addition se fait froid en présence d'une trace de catalyseur H~ C! On a
CtCH~–CH–CH~+ROCH=X= ~0~ CtCH~-CH-CH~X 0–CH~OR
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ANNALES DE L'UNIVERSITÉ
DE PARIS
Si on laisse chauffer, il y a condensation du formai mixte cm for. mats symétriques: c CH3 H' en* CH'Hyr OCH C etetCH~OR~. C Hs [0 RI 1 L \CH'XJ CI]1 Ces formais mixtes, contrairement à ce qu'on croyait jusqu'ici, sont stables à la distillation faite (tans le vide. Ils sont très facilement hydrolysables par ébullition avec de l'eau acidulée en ses deux alcools. L'auteur s'est servi avantageusement dans la suite de cette propriété. Les éthers-oxydes des dihalohydrines, XCH'-CHOR–CH'X', ont été préparés par deux méthodes. La première est celle de Hamonet action d'un organo-magnésien mixte sur un éther chlorométhylique, RUCH~C). Il a donc fallu obtenir ce genre d'éther avec les L'auteur a eu l'occasion dihalohydrines XCH'–CHOH–CH'X'. de faire de nombreuses remarques sur la stabilité de ces corps. Par exemple, CH'Br–CH–CH'Br OCH'Cl se décompose même à froid par t'eauenHCt CH"
et format symétrique
F
CH~Br~ OCH Hg Br]2. L \CH~BrJ
C'est la formation de ce forma) qui abaisse le rendement oxyde dans la méthode Hamonet. /CH'X RMgBr+CICH'O–CH
-~RCH'OCH
\CH'X' L'autre méthode emploie le p-toluène-sulfonate donne tes éthers.oxydes méthyliques.
en éther-
/CH~X \CH'X'. de méthyle et
CH'–C''H<SO~-OCH"+CH"XCHOH-CH'X' CH=X-CHOCH~CH='X +CH'-C'H<–SO!-OH. Les halobydrines se sont montrées très sensibles à l'action de l'acide ~.toluène sulfonique. Un composé même monoiodé, CICH'–CHOH est détruit totalement avant son ctheriScation; le dibromé, –CH'I, résiste difficilement. Trois éthers seuBrCH'–CHOH–CH~Br, lement ont pu être obtenus par cette méthode et
CtCH"–CHOCH~–CH~C),CtCHs–CHOCH"–CH=Br BrCH~–CHOCH'-CH'Br.
Les halogènes de ces éthers résistent !t l'action de XaI, de KCN. Leur stabilité est donc augmentée par le voiCH~COONa.dc du sinage groupe OCH'. Mais ils réagissent sur le malonate sodé.
VtM SCIENTIFIQUE 1.'étude des éthers oxydes a été poussée plus loin triques ont été préparés. rXCH\ 0. L.XCH~ .Ctt J On s'est servi du chlorure
de sulfuryle
SO~Cf.
les éthers sym~.
11 se forme d'abord, puis a )4o" le sulfate
vers ~o", le clilorosulfate d'alcool SO'~u neutre qui réagit sur une autre molécule d'alcool pour donner l'éther. oxyde symétrique, ROR. Là encore la stabilité diminue des composés chlorés aux composés bromés. On a pu isoler le chlorosulfate de CH"Ci OSO~–OCH
dichlorhydrinc.
CH~Ct a CH'ctT r U. L j CH CH'C)J JO.
et son ether trther oxyde
Le chtorosutfate de la chtorobromhydtine n'a pu iare obtenu, mais bien son éther-oxyde. Les autres composés, cModibromhydrine, Toiodhydrinc sont décomposés dès qu'on les chauffe avec SO~Ct*. On est donc maintenant en possession de dihalohydrines ayant leur fonction alcool bloquée soit par une fonction format, soit par une fonction éther-oxyde. La première condensation avec le malonate a donné avec le dérivé monosodé d'éthyle COOC~H' CtCH'–CHOCH"–CH'–CH \COOC~ Le malonatc disodë C!C H' -C H OC" H"
a fourni, avec l'éther amylique C H'Br, l'étber cyclique,
H* chlorobromé,
/COOC=H~ ~C \COOC!'H~
C~H"OCH C-11111
qui a été particulièrement étudie, If a fourni le diacide corresponle dant, chorure, l'amide, le dérivé barbiturique, l'anilide; puis, par départ de C 0', le monoacide CH" C~H"OCH
>CH–COOH. CH'
Pour bien démontrer l'empéchement apporté à la lactonisation par le noyau cyclobutanique, il restait à faire apparaitre la fonction alcool. Afin d'être certain de conserver ce noyau, qui aurait pu être ouvert quand on aurait fait réagir 1 H, l'auteur a remplacé la fonction éther-oxyde par la fonction format. I) a obtenu
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ANNALES DE L'UN~ER3n'&
C~H"0-CH"-OC~
\C
etparhydrotyse
/COOH \COOH. COUFt,
\C~ HOCH ~C \CM~
DE PARIS
/COOH COOH. \COOH.
L'existence de cet acide est prouvée par l'analyse de son sel de Ba. de celui de Ag et enSn par des coosiderittions ster<ochimiques. Quand on Bgure sa molécule par les carbones tétraédriques, on voit nettement que la distance de t'oxhydryte OH à un groupe acide COOH estegate u z,6)3, distance qui empcchc la réaction mutuette de tactooisation. SCIENCES NATURELLES Physiologie M. H. BARTHELEMY. C~n~t'M à Mt«~ de M«~M(«w< et la ~(««fatt'CM des <?M/j<<<-la Grenouille /ofM~ (/?«)M /«~<!). Thèse pour le doctorat soutenue devant la Faculté des Sciences. Paris, <o3o. Délaissant et cytologique complètement le côté morphologique bien étudié de nombreux savants, H. Barthélémy s'occupe déjà par de la et du métabolisme des ptus spécialement partie expérimentale principaux constituants de l'organisme et des œufs de la Grenouille rousse. Par analogie avec tes faits connus chez tes Mammifères hibernants pour lesquels l'hibernation s'accompagne d'une perte de un cinquième a un quart du poids de l'animal, dans la première partie de son mémoire, l'auteur recherche tes influences et conditions physiques nécessaires pour que l'hibernation et la maturation soient possibles, en même temps que tes changements pondéraux subis par la Grenouille. La deuxième à partie essentiellement biochimique, indiquant de l'animal normal ou chaque période de l'année la composition surmature ou inanitié, de ses principaux organes et de leurs constituants tes plus importants, permet de préciser sinon le déterminisme de l'hibernation et de la ponte, tout au moins un ensemble de conditions internes indispensables pour que ces deux phénomènes physiologiques puissent se réaliser. Ces données complétées dans la troisième partie du mémoire par l'étude analytique et comparative du métabolisme et des fonctions essentielles de l'organisme d'individus physiologiques normaux ou inanitiés amènent nécessairement à préciser les de la caractéristiques femelle hibernant et maturant. Parmi les premiers résultats, le plus saillant, paradoxal, est que durant l'hibernation aquatique, s'effectuant sans nourriture et s'échelonnant sur quatre à cinq mois, la Grenouille non seulement ne baisse pas de poids, mais subit une légère augmentation pondérale surtout sensible en fin de période, au moment de la reproduction.
VIE SCIENTIFIQUE
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à sec des Batraciens Mais t'étude de l'hibernation expérimentate permet de faire rentrer la torpeur hibernale des Homéothermes et des PoïkUothermes dans le même cadre générât. De t'expérimentatton il recuite également que tes limites de température compatibles pour que l'hibernation se fasse sont relativement restreintes et s'échelonnent du voisinage de o" à + to* environ. Il est remarquable de constater l'existence de relations très étroites entre l'hibernation et la maturation proprement dite de l'œuf lui faisant naturellement suite. Cette solidarité de l'état physiologique général de la femelle et la bonne marche de t'ovogénese normale aboutis&ant a la maturité sexuelle semble exiger outre une basse température, le ralentissement des fonctions vitales et, au moment de la reproduction, une hydratation préalable de t'animai. Ces énigmes amènent nécessairement à rechercher les variations des principaux constituants et des rapports biométriques des différents organes de la Grenouille et en particulier des ovaires durant le cycle anaue). Le résultat primordial de ces études biométriques et biochimiques réside dans le fait capital qu'à l'époque de la ponte <° La constitution des œufs comme de la Grenouille est remarquablement fixe, indépendante de la taille et du poids des femelles productrices; 20 L'animal débarrasse des ovaires se trouve dans un état voisin de l'épuisement, mais tes œufs représentant t5 p. <oodu poids total de l'animal renferment la plus grande partie f68 p. too) des lipides de l'organisme global; 30 La comparaison de /?<tt« /<w« avec des animaux d'autres groupes zoologiques, tout en montrant parfois la presque identité de composi. tion cent~simaie des œufs prouve que si tes ovaires contiennent sinon la plus grande partie, du moins un pourcentage relativement élevé des graisses de l'organisme global; pour une espèce donnée, la Sxité de la constitution chimique l'ovocyte mûr, comme la constance des rapports du poids de l'ovaire et de ses substances aux poids correspondants de l'organisme sont caractéristiques, mais néanmoins variables d'une espèce l'autre. Ces relations biochimiques très étroites entre le producteur et ses ovocytes au moment de la reproduction, suivies pendant une année amènent à séparer le cycle annuel en deux phases bien distinctes l'une terrestre d'alimentation comprenant la période printanière de restauration de l'organisme et la période estivale caractérisée par l'enrichissement des ovaires l'autre aquatique et d'inanition spéciatc à basse température comprenant l'hibernation et la posthibernation. Mais le fait que le poids seul des ovaires varie pendant l'hibernation, tandis que la composition globale (eau, matières protéiques, substances grasses et lipoidiques) et l'indice d'iode des acides gras changent peu, indique que ce n'est pas dans une proportion déterminée des éléments dosés qu'il faut rechercher un test biochimique caractéristique de l'oeuf prêt à subir la maturité. La question dé l'existence d'un tel test reste entièrement posée et ne sera résolue que par des investigations plus approfondies. Par contre, t'œuf se comporte comme un parasite s'enrichissant particulièrement en graisses, même pendant l'hiver, aux dépens de l'animal qui s'appauvrit. Incidemment, la constance de la teneur de l'organisme en glyco-
3(b
ANNALES DE L'UNiVENStTË
t)E PARIS
du muscle et la perte minime des gène, cette de la composition matières protéiques de l'animal global,permettent d'affirmer qu'il n'y a pas durant l'hibernation de synthèse des graisses aux dépens des tissus, mai! déptacement vers le. u'ufs des substances grasses accumulées dans tes organes pendant la période d'alimentation. L'indice des acides d'iode gras des ovaires à peu près constant et toujours plus étevé que celui du corps indique des remaniements des graisses avant ou pendant leur accumulation dans les ovocytes. L'étude expérimentale et biochimique de la surmaturation et de l'inanition l'hiver fournissent quelques résultats intéressants pendant de mieux permettant comprendre l'hibernation normale. Dans le premier cas, la constatation que la femelle surmature se déshydratant, baissant son poids et ses teneurs en matières protéiqucs et en graisses dont l'indice d'iode progresse alors que les œufs s'hydratent avec augmentation pondérale, mais diminuent leurtaux d'azote et d'acides gras avec un indice d'iode plus étevé permet de déduire que durant cette phase spéciale de l'existence de la Grenouille il y a des oxydations importantes de l'organisme et des ccufs utérins. Ces derniers ne pouvant vivre sans 0~ semblent périr d'intoxication par leurs déchets. Pour tes u-ufs, mais surtout pour l'organisme, l'indice d'iode des acides gra- s'élevant, laisse supposer tes combustions que portent d'abord sur tes graisses à indices d'iode moins élevés; ce qui n'exclut nullement pour les ovocytes la désaturation d'une partie des acides gras. Quant h l'inanition !t température plus élevée, une baisse pondérale continue et très accentuée, l'hydratation de l'animal en même temps considérable d'acides qu'une perte et gras et surtout d'albuminoides metne d'eau, permet de dire que le métabolisme d'inanition des Amphibiens est d'un caractère protéique prédominant. L'analyse plus détaillée et comparative de ces différents métabolismes, de même que du mode de vie et des divers états physiologiques permet de préciser les notions antérieures et d'en déduire les caractéristiques de l'hibernation Une température inférieure à )o", une accumulation abondante de réserves accompagnée d'une déshydratation de l'orgaprogressive nisme provoquent l'engourdissement hibernal et le ralentissement des vitaux phénomènes (respiration, circulation, excrétion, etc.), en même du temps qu'une dégtobutisation sang, un Q. R. très bas et une résis. tance plus grande à t'asphyxie. Bien que l'intensité des échanges soit faible. il y a néanmoins disparition d'une quantité appréciable des constituants et en particulier des acides gras, faisant dire que le métabolisme de cette période est surtout celui des graisses, bien qu'elles ne se transforment nullement en glycogène. Par comparaison aux femelles sorties de torpeur reportées au laboratoire et perdant rapidement du poids et de l'eau, on constate que les de malgré pertes substances, le poids total de l'animal en léthargie varie peu, alors qu'il s'hydrate; tes liquides d'hydratation se trouvant en combinaisons instables avec tes constituants le plasmatiques, CO~ et les déchets résultant des combustions internes. D'autre part, la baisse légère des indices d'iode des acides gras de l'animal total en torpeur indiquant l'oxydation incomplète d'une partie des
VIE SC!ENTtFJfQUE
?!
d'une autre portion acides gras de l'organisme global, la désaturation des graisses mobilisées vers les (cufs (conditions qui provoquent avec le CO~ retenu dans tes liquides organiques la diminution du Q. R.), s'ef. et enfin t'habitât confiné permettent d'affirmer que l'hibernation fectue dans des conditions semi'asphyxiqucs. les durant cette période dépourvue d'alimentation, Néanmoins, aux en parasites, continuent leur développement ).<;ufsse comportent dopent de l'organisme auquel ils empruntent les constituants essentiels, en particulier les substances grasses. Ces dernières sont incor. efrectuée par désaturation porées aux ovocytes après remaniement dans )c foie et nécessitent une absorption d'oxyvraisemblablement gène qui, ne réapparaissant pas dans le Q. R., contribue encore à l'abaisser. Le réveil printanier normal semble provoqué par l'insuffisance du taux des constituants de l'animal. Des considérations précédentes, on peut donc conclure que t'entrée est provoquée par trois facteurs indispensables en hibernation agisde réserves et basse température, accumulation sant simultanément L'une ou l'autre de ces conditions de l'organisme. déshydratation hibernale cesse immédiatement, aboun'étant pas réalisée, la torpeur avec son métabolisme spécial. tissant à l'inanition Par suite des relations étroites du soma et du gcrmen, la maturation des élément* génitaux exige l'hibernation préalable de l'animal et le passage des matériaux de l'orgaf.ismc dans l'u:uf. Mais la maturité, des ovocytes, nécessite, outre cette terme ultime du développement accumulation de réserves empruntées a l'h&tc, des rapports constants des constituants de l'œuf et de l'animal, une hydratation adéquate et du un état d'intoxication provenant des conditions semi-asphyxiques milieu intérieur. comme celui de la Dans l'un et l'autre cas, celui de l'hibernation maturation, la reprise de la vie active et de l'évolution normale exige une désintoxication par élimination des déchets accumules pendant les périodes précédentes. Pour l'organisme, cette épuration apparaissant au début de la posthibernation, au retour à l'activité physiologique, se manifeste par une respiration intense et un Q. R. parfois plus élevé que l'unité. Pour l'œuf, elle est déclenchée par la fécondation ou la parthénogenèse qui ont pour effet immédiat l'expulsion du d'une oxygénaliquide périvitellin reconnu toxique et l'établissement tion active. comme t'entrée en maturité, exige auparaL'entrée en hibernation, une des réserves. Les métabolismes sont parallèles vant accumulation la maturadans les deux cas, mais avec un décalage dans le temps tion proprement dite survenant à la fin de l'hibernation. Outre une des basse température ralentissant les phénomènes vitaux, conditions et d'intoxication paraissent indispensables pour la semi-asphyxiques réalisation de ces deux états physiologiques.
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FACUL'fË DES LETTRES M. Ct.ARENCEA. PH!L!PS a fait, le 28 mai i~t, sous les auspices de l'Université de Paris et du Centre Européen de la dotation Carnegie, une conférence sur le sujet suivant <~ C<7<~ c/ Z7m/S/<~ a~~ C~w< t~~g/oH, W~/M'a. « CONFÉRENCESRATAMBAtKATRAK M. H. S. XYBERG,mattre de conférences a t'Universite d'Ups&t, a fait, en mai et juin ï~i, une Mfie de conférences sur le sujet suivant: Z~ /M~~W<
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M«~«~ MMM/MNMM.
M. BR. DEMBMSKt, professeur à t'Universite de Poznan, agrée à t'Université de Paris, a fait, en juin j~ sous les auspices de l'Institut d'études slaves de t'Université de Paris, deux conférences sur: I" /:< ~<M<~ </< /M/7~~ ~<M W~. /)/<t<~ C/<tM~ ~««~MM, /~M< à ~C~W de la /?~H.
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J. de B*))oy.
la f~o~M
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M/W'Î/~ ~M~MM. ~CM
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Imprimerie J. DoMOUUM.t Palis,
LE LIVRETDE L'ETUDIANT DE L'UNIVERSITEDE PARIS Pourl'année scolaire 1931-t932 Publié
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le Bureau
de l'Université,
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Reosetgnementa scientifiques le i" septembre iMi paraîtra
Un volume iUu<tr<,tn.8 earr6 de 5oo pages. En vente chez tous les libraires du quartier des Ecoles e< notamment OHa-PMSMS UNIVERSITAIRES DB FMMCB, Librairie, 49, boulevard Satn<.M<che!, Paris (V). Prix
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L'ETUDIANT
et les ÉtaMtMementa publics de Paria. Introduction.
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Faculté de Droit, Faculté de Médecine, Faculté de. Sciences, Faculté dt) Lettres, Faculté de Pharmacie, Eooles et Instituts annexes Ecole Normale Supérieure, InaUtub d'Univeraité, Cours de Civilisation Française, Cours de Vacances de la Sorbonae. Programmes <<horaires des Cours pour l'année ~M<932 II.
Les ÉtaM!Memenis puMies d'Enseignement extésupérieur rieurs A i'Univerotté Collège de France, Mutcum d'Hhtoire naturelle, Ecole pratique des Hautes Etudes, etc. (Programmes el horaires des CouM)
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Les ÉtaNiMements
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Liste dei Bibliothèques, Musées, ArchiTea à Paris. Notlcea aur te* CEu~rea, AMociatione, Centres d'Etudee, Bourses, Prix, Fondations, oféêe pour les étudiante.
Ilbres
d'Enseignement
V. – Adressee du Personnel enseignent de l'Université.
supérieur.
ANNALES
DE
LTMYERSn~M
PARE
PttMte« pM h SOCtÈTÉ DES AMIS DE L'UNIVERSITÉ DE PARIS
ftM'tHa)aant
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les
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mois
ET ADMINISTRATION
B<uwa<t <M ReoMitnemeataScteotMqet: de l'Universitéde Paris A LA SORBONNE,PARIS (V)
DANS
CHAQUE
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I. Actes de l'Université de Paris. Rapports des Doyens. monies universitaires, comptes rendus et dlsoours. II. Articles pubUés par des profeaseuM de l'Université III. Vio aotentiNque. PuMtoatIons. des thèses de doctorat.
Céré-
de Paris.
Blbllographles. Comptes
rendus
Chroniques de t'Untvorstte et de la Sootéte des Amis de t'Uni. versite.
ABONNEMENTS FRANCE Parle Départements et Colonies ÉTRANGER
UN AN ? fr. (TarH réduit à 1S fr. pour le. Ptofet. teuM de toutes catégories de )'UntveK:té de Pari. et pour les membres de la Société des Amis de t'Uni. veMtté de Paris.) UN AN 30 ff. pour les paysayant adhéré auxeoaven. tiona du Congrès de Stockholm; 36 ff. pour tous les autres pays.
Prit du numéro
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$' ANNÉE.
N' 6
SBPTNMBBtt-OOTOBM it31
Annales <'
rUnîvers!t6
de
Paris
PUBUÉESPM La SOOÉTÉCESAM!SBEL'UNtWERS~
Parafant
<ot« ~M deux mois f
SOMMAIRE Les Instituts de t'Un!veratte de Par!a. Rèpporta annuels (suite). Institut de Physique du Globe. iMtttut d'Optique théorique et iMtitut du Radium. hMtitut Institut de Chimie. appliquée. de Médecine coioniate. – Laboratoire de Parasitologie. Ëcote de Maiariotogie.
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H. CoMtïOre.
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C. BoueM.
Parthênogënete.
– Le Bilan du Saint-Simonisme
(premier o)*<M<).
Vie MienMfique Chronique
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de t'Ua!vefatte
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6' Année.
Sept-.Oct. i93i
Annales de
!'Umversité de Paris Les Instituts de l'Universitéde Paris RAPPORTS ANNUELS (Suite) Institut de Phys!que du Globe Service Central et enseignement: 19',rue Saint-Jacques, Paris. .S/of«w: Observatoire du Parc Saint-Maur.4, avenue de Neptune, Le Parc Saint-Maur (Seine). Tél. Gravelle 01-45. (Séismologie, météorologie, radiation solaire et terrestre.) – Latitude 48°48'34" N. Longitude 2"zt)'37" E. de Greenwich ou o°p'23" E. de Paris. Observatoire du Vat-Joyeux, a Villepreux (Seine-et-Oise). Tél. 6 Villepreux. (Magnétisme terrestre, électricité atmosphérique.) Latitude 48"4p'i6*' N. Longitude 2"o'5t* Ë.de Greenwich ou o't~'zS* W. de Paris. Observatoire du Petit-Port, a Nantes (Loire-Inférieure.) (MétéoLatitude 47''J4'8" N. Longitude rologie, magnétisme terrestre.) ~33'6' W. de Greenwich ou 3'53'&" W. de Paris. StTUAT!OXGÉXÊRALE Les crédits affectés en t$3o à l'achèvement de l'aménagement du bâtiment de t'Institut de Géographie, où se trouve le Service Central de l'Institut de Physique du Globe, ont permis d'organiser les des travaux nouveaux locaux ouverts l'an dernier. L'installation pratiques et des salles de recherches est maintenant satisfaisante. La bibliothèque a reçu une nouvelle travée. Le sous-sol a été amë. nagé pour les mesures de gravité et éventuellement la séismotogie. AHM.UftV..VI.
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ANNALES DE I.'UNIVERStTË
DE PARIS
TRAVAUXSCIEN'rlFIQUES Pendant l'année 1930 ont été achevés les travaux qui nous incombaient relativement au nouveau réseau magnétique de la France, sous la direction de M. Mathias et de moi-même. Le deuxième mémoire, par MM. Mathias, Maurain et Ebté, a paru en juillet to3o dans les ~~wa/~ de ~)f/ /M~<~ du Globe. I) est consacré à la distribution générale des étémt.'nts magnétiques en France, à l'établissement de formules représentant cette distribution et à la définition numérique des anomalies. Le troisième et dernier mémoire, consacré it l'étude des anomalies, est actuellement à l'imil est accompagné de quatre cartes au 1/2000000' pression représentant les anomalies de la déclinaison, de l'inclinaison et des composantes horizontale et verticale; Mlle Homery a eu un rôle particulièrement important dans l'exécution de ce travail, en particulier en établissant les cartes. Ces cartes des anomalies sont intéressantes non seulement au point de vue du magnétisme terrestre lui-même, mais aussi pour l'étude du sous-sol. Parmi les méthodes géophysiques appliquées a l'étude du sous-sol qui se sont deve. toppées dans ces dernières années, comme auxiliaires de la géologie, la méthode magnétique est une des plus importantes; les anomalies magnétiques très tocatisees se prêtent à t'etude du sous-sol rapproché, applicable en particulier à la prospection, et tes anomalies étendues peuvent être reliées à la géologie générate. C'est ainsi que M. Jean Rothé, qui est venu travailler pendant une année à l'Institut de Physique du Globe de Paris, avec une bourse de la Faculté des Sciences, et a étudie les anomalies magnétiques du pays de Bray et du bassin de Paris, a montré qu'un grand arc jalonné de la Manche aux Pyrénées par des anomalies correspond a la ligne de rebrousse. ment des plis hercyniens. Grâce a M. Lacroix, président du Comité français de Géodésie et de Géophysique, et a M. le générât Ferrié, président de la Section de Magnétisme terrestre de ce comité, sous les auspices de laquelle a été établi le nouveau réseau magnétique, des subventions de la Caisse des Recherches et (le l'Académie des Sciences ont permis de couvrir les frais des publications. J'indiquerai maintenant les principaux travaux effectués par le personnel et les travailleurs du laboratoire et donnerai ensuite la liste de leurs publications. Je signalais l'an dernier un important travail de M. LABROUSTE sur l'analyse des graphiques résultant de la superposition de sinusoides, en indiquant que cette méthode était applicable à l'étude
ÏNSTITUT
DE PMYStQUE
DU Ct.O!!H
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des périodes des phénomènes naturels. M. Labrouste a publie en t~o, à l'aide d'une subvention de la Caisse des Recherches, des Tables numériques qui lui ont coûté un long travail, mais qui les calculs encore assex longs nécessités par abrègent beaucoup l'application de la méthode. M. Labrouste, qui avait donné un premier exemple d'application à ta recherche des composantes élémentaires d'un séismogramme, en a donné un autre, en collaboration avec Mme LABROUSTE,à la recherche des composantes périodiques de l'activité solaire et de l'amplitude diurne de la déclinaison magnétique au Vat.Joyeux et à l'étude des relations entre les unes et les autres. Sous sa direction, M. Smetana, ancien élève de t'Ëcote normale, a appliqué la méthode à d'autres stations magnétiques, et M. GmzoNNtER, professeur au lycée de Vendôme, à l'étude des variations périodiques du l'applique actuellement champ électrique atmosphérique, d'après les résultats des observations faites au Vat-Joyeux. M. BnAZ!M, qui a la charge au Parc Saint-Maur des observations séismologiques, météorologiques et actinométriques, a publié plu. sieurs études personnelles en ces domaines. Il a étudié la radiation diffusée sur le sol par l'atmosphère par elle est en moyenne de l'ordre du tiers de la radiatemps couvert tion solaire globale enregistrée par temps clair. ït a cherché dans quelles conditions tes anémocinémographes Richard ou les anémographes de Dines enregistrent les pulsations rapides du vent, qui sont plus ou moins amorties par ces appareils. Il a étudié le régime pluviométrique dans la région parisienne et montré ses fluctuations le rapprochant tantôt du type continental, tantôt du type marin. En collaboration avec M. SALLES, M. Brazier a cherché à dégager dans les variations très amples et très complexes du champ électrique de l'atmosphère ce qui est dû à l'influence des phénomènes météorologiques. MM. Salles et Brazier arrivent à la conclusion que t'influence des phénomènes météorologiques locaux est souvent masquée par des variations dont la cause est plus générale. M. GtBAULT a étudié particulièrement l'influence de la direction du v<'nt sur la conductibilité. M. Salles, continuant les recherches qu'il poursuit depuis longtemps sur l'électricité atmosphérique, a étudié la charge électrique globale de l'atmosphère par unité de volume, on peut l'évaluer soit à t'ai'Jt rles déterminations du nombre des ions positifs et des ions négatifs, soit en captant totalement ces ions et mesurant la charge algébrique d'un volume connu. Les deux procédés concordent à
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ANNALES DE L'UNIVERSITÉ
DE PAMS
indiquer une charge généralement positive, mais qui subit de grandes fluctuations. M. Salles a continué d'étudier, avec M. Gibault, la conductibilité électrique au Val.Joyeux, c'est-à-dire à la campagne. Mlle DucLAUX, depuis Mme BAYARODucLAUX, a fait parallèlement des mesures de la conductibilité à Paris, où elle est en moyenne beaucoup plus faible qu'au Val-joyeux, ce qui est en rapport avec la proportion beaucoup plus grande des gros ions qui, moins mobiles que les petits ions, donnent à l'air une conductibilité réduite. L'étude de l'électricité atmosphérique, que t'on connaît encore assez mal, est très intéressante. Je lui ai consacré une notice dans l'Annuaire du F«~<K<des Longitudes, J'ai fait, avec la collaboration de Mlle HoMERvet de M. Gibault, une étude du courant électrique vertical atmosphérique, d'après six années d'observations au ValJoyeux. L'intensité de ce courant se déduit de la valeur du champ électrique et de celle de la conductibilité, mesurés simultanément. Elle est très faible; sa valeur moyenne est d'environ 10'" ampère par kilomètre carré, ce qui correspond pour toute la France à un peu moins d'un ampère. Mais ce courant est général et continue) ses variations sont plus faibles que celles du champ ou de la conduct!' bilité, et c'est en somme l'élément le plus constant dans les phénomènes électriques de l'atmosphère. Le débit total se trouve du même ordre de grandeur que celui de l'ensemble des coups de foudre. M. EBLÉ, qui dirige les observations magnétiques effectuées au Val-joyeux, et en a publié, comme chaque année, tes résultats, a pris une grande part aux* travaux concernant le réseau magnétique dont t'étabtissement des formules représentant la j'ai parlé ci.dessus, distribution des éléments magnétiques en France au i" janvier t~ l'a conduit à étudier la variation séculaire du magnétisme terrestre en France d'après les formules représentant pour différentes époques cette distribution, formules qu'il a déterminées d'après les observations remontant jusqu'à celles de Lamont en t858. C'est une méthode nouvelle très intéressante, permettant de suivre l'évolution d'ensemble du champ magnétique dans une région en faisant abstraction de l'évolution de détail fort complexe; l'étude de ce détail est d'ailleurs intéressante aussi, étant liée à t'évotution du sous-sol, et M. Eblé a étudié à ce point de vue le changement de l'anomalie du bassin de Paris, région pour laquelle il a fait les mesures nécessitées par le nouveau réseau magnétique. M. RouGEtUE a commencé un travail de longue haleine sur les courants telluriques enregistrés à l'Observatoire du Parc Saint-
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Maur. L'installation qui a servi ces observations avait été établie avec beaucoup de soin par MouREAUX et a fonctionné pendant quatre ans, de i8<)3 à 1897. Or, ni Moureaux ni aucun de ses collaborateurs n'a fait de publications relativement aux résuttats. Il y a lieu d'attirer l'attention sur ce fait, parce qu'il manifeste une diffi. cuité qui se présente dans les Instituts de Physique du Globe, et, on peut le dire, dans beaucoup d'établissements consacrés à l'étude des phénomènes naturels. L'observation précise et numérique de ces phénomènes est fort absorbante, et il arrive en beaucoup de cas que le personnel, trop peu nombreux, a tout son temps pris par les observations mêmes et n'en tire pas les travaux scientifiques qui devraient en être la suite. Souvent même, les résultats bruts des observations ne sont pas publiés. C'est ce qui est arrivé pour les courants telluriques de Saint-Maur. Et pourtant, tes graphiques étaient intéressants; M. BosLER, qui les a utilisés en ton, en a tiré un important travail, qui a été sa thèse de doctorat, sur les relations entre les courants telluriques et les perturbations magnétiques. M. Rougerie va les étudier en détait, il a commencé par la variation diurne, qu'il a déduite de l'analyse de 4~5 graphiques des années r8o3 à t895; cette variation est analogue à celles observées en Espagne, en Allemagne et en Australie, ce qui montre le caractère général de ces courants, dont l'origine est encore mystérieuse. M. Eblé et moi nous avons étabti au Vat-Joyeux une installation pour l'étude des courants telluriques avec enregistreurs rapides; M. Gibault prend fréquemment des graphiques. Bien que cette installation ait fonctionné déjà plus de deux ans, nous n'avons fait encore aucune publication. Le sujet est d'ailleurs très complexe. Nous espérons pouvoir y consacrer plus de temps maintenant que le réseau magnétique est terminé. Relativement aux recherches effectuées par des personnes étrangères au personnel, j'indique d'abord pour mémoire la fin et la publication de travaux dont j'ai parlé dans le rapport de l'an dernier M. GRENKT, qui est maintenant aide.physicien à l'Institut de a soutenu sa thèse de Physique du Globe de Ctermont-Ferrand, doctorat sur le Magnétisme des roches le <4 mars to3o, et le mémoire a paru dans les Annales de P/t~M~w. Le mémoire sur les particules en suspension dans l'atmosphère présenté par Mlle DAUDE pour le diplôme d'études supérieures a paru dans les ~Ma/M de P. G. de ipSo. Ni. K.osTtT2!X a terminé son travail statistique sur les relations entre l'activité solaire et l'agitation magnétique le mémoire a paru dans les Annales. Depuis, M. Kostit/in étudie les corrections à
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ANNALES DE L'UNÏVËRStTÉ
II'IIV,ICI.i.aux mesures _IiIAn .t.de II:a.aA l'intensité
DE PARIS
.i,. de 1ta -& apporter pesanteur avec un appâter à quatre pendules de Sterneck, corrections correspondant a la pré. sence de t'ait, à la température, a i'amptitude, à t'entratnement du support et à la'marche du chronomètre; cette marche a été étudiée il l'aide d'un récepteur spécial des signaux horaires qu'a bien voulu faire préparer M. le général FERMÉ par M. le commandant GrtLsoN. Cette étude des corrections est plus délicate que ne permettait de le penser leur caractère classique. M. Gregorio ZARAa achevé pendant le premier semestre le travail sur les compas électromagnétiques à induction qu'il a présenté comme thèse pour le doctorat d'Université et a soutenu sa thèse à la fin du mois de juin. It a réussi à beaucoup augmenter la sensibilité de ces appareils par l'emploi d'un noyau magnétique de haute perméabilité et finement feuilleté, de manière à éviter les courants d'induction dans la masse; de plus, par une disposition nouvelle de l'induit et t'utitisation de bâtais frotteurs qui nettoient constamment les contacts, il évite les interruptions de courant qui ont été si préjudif'iabtes au cours de nombreux raids d'avions. Ces résultats ont beaucoup intéressé le Service Technique de l'Aéronautique, Zara une subvention au cours de son travail. qui a accordé M. Dans une lettre du ~5 novembre !02$, M. l'Inspecteur générât directeur du SKGUtK, Service des Recherches de l'aéronautique, dans une note à ce sujet, dit « Le compas Zara marque un progrès très important sur l'ancien compas à induction, en ce qu'il est notablement plus sensible, et en ce que des remèdes aussi simples qu'efticares y sont apportés à la disparition spontanée du courant d'induction. )) J'ai parlé tout à l'heure des recherches de M. Jean Rothé, qui a étudié en détail au variomètre magnétiqu'' l'anomalie du pays de Bray et une partie de celle de la région parisienne. Mme Bayard-Duclaux, qui a étudié dans le début de l'année la conductibilité électrique de l'atmosphère à Paris, est devenue en octobre titulaire d'une bourse d'études de la L'acuité des Sciences et a commencé un travail sur la conductibilité électrique des roches. M. DEBRACQ,aussi boursier d'études, continue ses recherches actinométriques en vue d'une thèse de doctorat; il étudie les échanges d'énergie calorifique rayonnante entre le sol et l'atmosphère; en particulier, il a établi une mesure avec enregistrement continu de la radiation nocturne. M. THELLIER, attaché au laboratoire de géologie du Muséum, étudie t'aimantation que prennent les argiles par cuisson dans un
INSTITUT DE PHYSIQUE DU GLOBE
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champ magnétique; comme on sait, l'aimantation acquise à haute température par tes poteries et certaines roches sous t'innuence du champ magnétique terrestre est applicable à t'étude des variations séculaires de ce champ. M. SAMURACAS,professeur roumain, étudie les perturbations éprouvées par les enregistreurs magnétiques au moment de certains tremblements de terre. Plusieurs professeurs de physique de lycées viennent de temps en temps au laboratoire et poursuivent à leur résidence des recherches de physique du globe M. PAYNEL,du prytanée militaire à La Flèche, s'occupe du champ électrique de t'atmosphère: M. ToussAtNT, du lycée de Beauvais, de l'électrisation de la pluie; j'ai cité plus haut M. Guizonnier, du tycée de Vendôme, qui travaille avec M. Labrouste les variations périodiques du champ électrique. M. CHEVRtER,professeur au lycée de Beyrouth, a fait en liaison avec nous des mesures du champ électrique a l'observatoire de Ksara; il a prottté aussi du déplacement de convois militaires pour faire des mesures magnétiques en une vingtaine de stations réparties sur tout )e territoire en mandat français et jusqu'au delà de J'Euphratë, c'est-à-dire dans des régions où elles faisaient presque complètement défaut; il a pris cette année un congé pour se consacrer à ses travaux d'étectricitê atmosphérique. J'ai signaté plus haut t'ëtude des corrections dans les mesuras de pesanteur, qui a été faite par M. Kostitzin. Cette étude est à peu près terminée, et les mesures en d'autres stations vont être commencées cet été. Une camionnette a été acquise à t'aide d'un crédit spécial du ministère, et permettra le transport des appareils d'une station à l'autre. Le programme des mesures sera établi, sous les auspices du Comité de géodésie, d'accord avec M. le général PKRRIER. PUBUCATIONS Ctt. MAURAtK. – Sur le courant électrique vertical atmosphé<4<'<!< rique. (En cottab. avec Mlle G. Homery et G. Gibault.) (C. <<<:j6'< t. f0t, t<)3o, p. 87.) Distribution générale des étcmfnts magnétiques en France. Formules représentatives. Définition numérique des anomalies.) (En cottab. avec Ë. Mathias etL. Ebié.)(~w/. ~M/. G7e~ 7~. et ~« cmtr. <f« w<t~M~<~Mf' t. VIII, ig3o, p. 37 63.) /< L'Electricité atmosphérique. (/lMw<o«'<'<fM des longitudes pour p. Bt à 2~.) Comparaison de la quantité d'ozone de la haute atmosphère et de l'agitation magnétique. (Congrès des Soc. sav., Alger, ig3o.)
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ANNALES DE L'UNIVERSITÉ
DE PARIS
Communications au Congrès de géophysique de Stockholm sur la variation diurne du champ électrique et l'ionisation atmosphérique. (Aoat t93o.) La Station scientifique du Jungfraujoch. (La .<'M?< novembredécembre t93o.) H. LABROUSTE. Relation entre certaines composantes pério. diques de l'activité solaire et de l'amplitude diurne de la déclinaison magnétique. (C. R. Ac. des Se., 7 juillet to3o.) (En cottab. avec Mme Labrouste.) Communications au Congrès de géophysique de Stockholm, 7 août to3o f A la section de séismologie: Notations internationales. Code télégraphique. ?" A la section du magnétisme Analyses des variations périodiques. (En collab. avec Mme Labrouste.) Tables numériques pour l'analyse des graphiques résultant de la superposition de sinusoïdes, avec une Introduction donnant l'exposé de la méthode d'analyse (un vol. de 126 pages, renfermant 40000 valeurs calculées.) C..E. BRAMER. – Sur l'enregistrement des pulsations du vent à l'aide des anémocinémographes Richard. (Congrès des Soc. sav., Alger, )93o.) Sur les relations entre les éléments météorologiques et le champ électrique de l'atmosphère au Val-Joyeux, id. (En collab. avec E. Salles.) La radiatiot) solaire diffusée par tf ciet sur la surface du sol par temps couvert. (Congres de t'Assoc. française pour l'avancement des Sciences, Alger, io3o.) Le régime ptuviumétrique dans la région parisienne de la fin du dix-huitième siècle à nos jours. (Soc. météorologique, déc. t93o.) Observations actinométriques faites à l'Observatoire du Parc Saint-Maur en !~8. (Ann. <7. P. G., t. VIII, 1~0, p. ~6.) Résumé des observations séismofogiques au Parc Saint.Maur, en 1928, id., p. m. (En col lab. avec L. Ebté.) Résumé des observations météorologiques faites au Parc SaintMaur, en t()28,< p. jzS. Bulletin mensuel de l'Observatoire du ParcSaint-Maur, ~numéros et un supptément. Bulletin mensuel séismique de l'Observatoire du ParcSaint-Maur, 12 numéros et un supptémfnt. (En collab. avec L. Génaux.) L. EBLÉ. Valeur des éléments magnétiques à la Station du au t" janvier 1930. (En collab, avec Vat-Joyeux (Seine.et.Oise), M. J. Itié). (C. R. <4< des .S~ t. t<)o, ig3o, p. 760.) Observations magnétiques faites au Val-Joyeux pendant l'année P. G. de Paris, t. VIII, p. 1. <928. (~M.
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DU GI.OBK
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Distribution générate des éléments magnétiques en France. Formules représentatives. Définition numérique des anomalies. (En col. tab. avec MM. E. Mathias et Ch. Maurain.) (~ de < P. G. de Paris, t. VIII, p. 37.) Résume des observations séismologiques faites à t'Obsen'atoire du Parc Saint-Maur en ro~8. (En collab. avec M. C..E. Brazier) 1'l. P. G. Paris, t. VIII, p. t:t.) (~ Nouvelle méthode de mesure relative à la granté. (~ 68'année, n* 20, 25 octobre )o3o, p. 600.) Variation séculaire du magnétisme terrestre en France. (Communication faite au Congrès des Sociétés savantes, Alger, 1020.) E. SALLES.– Sur la conductibilité électrique de l'air. (Congrès des Soc. sav., Alger, to3o. (En cojtab. avec G. Gibault.) Sur les relations entre les éléments météorologiques et le champ électrique de l'atmosphère au Vat-Joyeux. (Congres des Soc. sa\ Alger, <o3o). (En collab. avec C..E. Brazier.) La radioactivité est-elle une propriété générate de la matière? (Assoc. pour l'avancement des Sciences, Alger, jp3o.) La charge électrique de l'atmosphère. (Soc. météorologique de France, décembre to5o.) G. G:BAUt.T. – Relation entre la direction du vent et la conductibilité électrique de l'air au Val-Joyeux. (Congrès des Soc. sav., Alger, tp3o.) P. RouGERiE. – Sur la variation diurne des courants telluriques enregistrés à l'Observatoire du Parc Saint-Maur. (C. /4<:<Mf. des ~'c., t. tôt, p. ~65, t()3o.) Mme H. LABROUSTE. Vitesse des ondes séismiques superficielles propagées suivant différents arcs de grand cercle de la sphère terrestre. (Congrès des Soc. sav., Alger, it~o.) Reiation entre certaines composantes périodiques de l'activité solaire et de l'amplitude diurne de la déctinaison magnétique. (En collab. avec M. H. Labrouste). (6'. /?. ~<M~. des A., 7 juillet !o3o.) Analyse des variations périodiques (taches solaires et déctinaison magnétique. (Communication au Congrès de Stockholm, Section de magnétisme terrestre, août t<)3o.) E. TABESSE. Observations magnétiques faites à l'Observatoire de Nantes en roaS. (~M. < P. G., t. VIII, p. ~7, ip3o.) G. CKEXET. Sur le magnétisme des roches. (Thèse de la Faculté des Sciences de Paris et Ann. ~< to" sér., t. XIII, p. !:63, t93o.) Id., Aw<. < P. G., t. VIII, p. to3, <93o.) V. A. KosTtTMK. – Sur l'agitation magnétique et ses relations avec l'activité solaire. (~MM.~c <7. P. G., t. VIII, p. 8.), ig3o.)
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Denise DAUM. – Contribution à t'étude des particules en suspension dans l'atmosphère. (Thèse pour le diplôme d'études supé. rieures, et ~M. P. G., t. VIII, p. ut, to3e.) Gregorio ZARA. – Sur les compas étectromagnétiques. (Thèse te doctorat de l'Université de Paris. Paris, Les Presses Uni. pour versitaires, t~3o.) Jean RoTHK. – Interprétation géologique des mesures magnétiques dans le bassin de Paris. (C. R. Acad. ~c., t, 191, p. 1144. ~<)3o.) Le tome VI Mdes ~M. /7. P. C. « ~< N«~ow central de Magtléen juillet f~~o; il comprend des publications //jw/wM~aparu et mémoires qui se trouvent indiqués dans ce qui précède, et aussi un travail du lieutenant de vaisseau LAURENT,intitulé « Observa. tions magnétiques dans les possessions françaises du Pacifique. M ENSEIGNEMENT H y a eu en t93o t8 candidats au certificat d'études supérieures de Physique du globe, dont 8 ont été reçus. J'ai signalé plus haut que les travaux pratiques sont maintenant bien mieux installés qu'antérieurement; d'ailleurs, grâce it une subvention de la Faculté, teséteves vont travailler plus fréquemment qu'auparavant dans les Observatoires du Parc Saint-Maur et du Val-Joyeux; ils sont indemnisés de leurs déplacements. L'installation de la bibliothèque a été aussi asnotiorée. Un de nos anciens éteves, M. Ravet, a été nommé chef du Service météorologique de t'Océanie. Un de nos éteves de cette année, M. Caittebotte, est entre dans le personnel de l'Office national météorologique après examen. RELATtO~S AVEC L'EXTÉRIEUR Nous avons été, comme chaque année, en relations avec de nombreux services français et étrangers. Nous envoyons des renseigne. ments magnétiques réguliers à certains, occasionnels a d'autres et a de nombreux particuliers. Je n'en donnerai pas le détait qui croît seulement que le développement de la constamment; j'indiquerai nous a valu beaucoup de demandes; les prospection ~ophysique mesures magnétiques en vue de la prospection nécessitent, en effet, une correction tenant compte des variations de t'étément magné. de ces variations. Sans tique utilisé, et qui exige l'enregistrement doute, dans l'avenir, les principaux organismes qui emploient ces méthodes devront-ils procéder eux-mêmes a l'enregistrement des variations magnétiques, sans quoi l'intervention continuelle des observatoires deviendrait impraticable.
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Des étalonnages d'appareils destinés à des services français et étrangers ont été faits comme d'habitude au Parc Saint Maur, où t8 actinomètres ont été étudiés, et au Vat-Joyeux où M. Itié a étalonné j~appareits magnétiques. Des stages d'étude ou des mesures ont été faits par plusieurs per. sonnes. Nous avons été heureux en particulier de recevoir le futur directeur de l'Observatoire de la Martinique, M. Romer, et son adjoint M. de Hys. Le colonel Ferri, sous'directeur de l'Institut géographique italien, a fait un stage assez long au Val.Joyeux pour s'initier aux mesures magnétiques, que cet Institut compte entreprendre avec des appareils français. En terminant ce rapport, je dirai quelques mots d'événements particuliers auxquels l'Institut de Physique du Globe a été mëté. D'abord, l'année a été marquée par le Congrès de géodésie et de géophysique tenu à Stockholm au mois d'août, et auquel j'ai assisté, ainsi que M. et Mme Labrouste. Des communications y ont été présentées, tant en notre nom qu'en celui de nos collègues qui n'étaient pas présents. Comme secrétaire de la Section internationale de magnétisme et é)ectricité terrestres et directeur du Bureau central, j'ai eu une assez lourde besogne pour la préparation du travail de cette section, et, depuis le Congrès, pour t'établissement du volume des comptes rendus. Ce volume est actuellement à t'impression. D'autre part, s'est dévcfoppe le projet d'une année polaire interde l'année nationale en io32-t933, en manière de cinquantenaire polaire de )88z-~S3. Comme membre de la Commission internationale de cette année polaire, j'ai, après ie Congrès de Stockholm, pris part à une réunion de cette Commission qui avait lieu à Lenin" grad, parce que les Russes et les Allemands ne font pas partie de l'Union géodésique et géophysique. J'ai été chargé d'un rapport relatif aux observations magnétiques et électriques, rapport qui a été discuté avec ceux relatifs à la météorotogie et aux aurores dans une nouvelle réunion tenue à Londres en décembre. La participation française à l'année polaire, qui a été étudiée par une commission présidée par M. te généra) Ferrié, comporte des mt-surt-s magnétiques et électriques au Scoresby Sund dans le Croentand et dans les îles Kerguelen. Ces mesures nécessitent une longue préparation et l'achat d'appareits; il serait désirable qu'on pût compta prochainement sur les crédits nécessaires. Enfin, je signalerai l'ouverture prochaine de la Station scientifique établie au Jungfraujoch, à une attitude de. 3 600 mètres, au terminus du chemin de fer électrique de la Jungfrau. Cette station est des-
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DE PARIS
tinée aux recherches géophysiques et biologiques. Le projet en est dQ à la Société helvétique des Sciences naturelles. CeHe.d avait reçu la proposition d'une aide financière importante de l'Allemagne. Grâce à t'intérët qu'a porté à ce projet M. Lacroix et à ('active bienveillance de M. le directeur Cavalier et de M. te recteur Charléty, la France a participé a l'établissement de la station par l'intermédiaire de l'Université de Paris, est représentée dans son Conseil et pourra envoyer des travailleurs à cette station, dont l'accès est facile en tous temps par le chemin de fer, en tunnel dans sa partie ta plus élevée. L'acte de fondation a été signé en septembre et la construction, qui était très avancée à ce moment, sera bientôt ter. minée. En France existent d'excellents observatoires de montagne, à diverses altitudes; on doit espérer que l'établissement de la station de la Jungfraujoch dévejoppera le goût des jeunes chercheurs pour le travail en montagne et, loin de nuire à la clientèle des observatoires français, contribuera à son accroissement. Ch.
MAURAtN.
Institut d'Optiquethéorique et appliquée J&M~ M~/M~. Aucun changement n'est intervenu dans le personnel enseignant; l'accroissement du nombre ries etèvesa obligé d'augmenter te nombre des séances de travaux pratiques. Le mate' riel est toujours qm'jque peu insuffisant. Pendant t'annec scolaire tt)~o-x)3o, 26 inscriptions ont etë reçues pour tout ou partie (tes f'ours. En fin d'année, f candidats ont obtenu h- diptûmc d'ingénieur, et ont reçu le certificat d'optique appfiquet- valable pour la )if:enc< A la rentrée de no~'mbre fo3o, le nombre des inscriptions'~tait de 5~ (dont )5 étrangers). Jusqu'ici, nos ingénieurs diptômM ont trouve :'t se placer. L'accroissf-ment du nombre de nos c)evM, en même temps que la crise qui sévit sur toutes fcs industries, nous donne quelques inquiétudes a t'egard du ptaccmcnt <ies élèves..
MSTH'UT
D'Ot'TtQUE
TtiÊOUtQUE
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– Ce service continue à se dévetopper dans des ~<w~<w. directions très diverses. Les recettes ont été, pendant {'année ~30, d'environ o3ooo francs. Actuellement, il peu près toute la production française de verre Il d'optique passe par notre laboratoire pour la mesure des indices. est agréable de constater qu'aucune des nombreuses mesures faites n'a donné lieu à contestation, et ce résultat fait honneur à la con. science professionnelle de M. GUÉRIAU,chargé de ce service. M. ARNUJ.Fa encore perfectionné et dévetoppé ses méthodes pour l'examen du quartz et des verres d'optique. It est maintenant en sûr les possession d'une méthode qui lui permet d'éliminer à coup verres qui présentent des variations progressives d'indice, défaut très grave qu'il est impossible de déceler par l'observation directe. Les mesures photométriques sur la transmission des instrument:! et la réfiexion par les miroirs ont été nombreuses. Les appareils très à fait simples que nous employons pour cela sont maintenant tout au point ils ont été communiques à tous les constructeurs que la question peut intéresser, et plusieurs les ont réalisés par leurs en a propres moyens. Une circulaire du service de l'artillerie navale recommandé l'emploi. La lumière diffusée par les surfaces a retenu notre attention; un M. UMA' important travail sur cette question a été fait chez nous par NEK,et a valu à ce jeune savant hongrois le titre de docteur de l'Université de Paris. M. Poss a fait des recherches d'un certain intérêt sur la lumière diffusée par le verre dépoli. Les questions de signaux cotorés pour tes chemins de fer et pour divers services de la marine sont toujours à l'ordre du jour: il m'a semblé que certaines questions importantes étaient résolues d'une manière un peu arbitraire, et qu'en particulier les spécifications rotatives aux verres cotorés, empruntées aux spécifications américaines, n'étaient basées sur aucune expérience méthodique. La Société de Saint-Gohain a bien voulu s'intéresser à cette question et permettre à un de ses ingénieurs de s'en occuper sous notre direction à l'Institut d'Optique. Nous avons réalisé un appareil produisant un feu coloré par analyse et recomposition de la lumière, de telle manière que t'on pût donner à cette lumière telle composition la colorimétrie du que t'on voudrait. Les essais ont montré que /www/t était sensiblement différente de celle des ~/<M~, et ~p<M< des charges amé. que certaines obligations imposées par les cahiers ricains étaient plus nuisibles qu'utiles. En dehors de son intérêt contribution intéressante pratique, ces expériences apporteront une
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dans une question où ta science française était complètement deft. ciente. Je signalerai encore un travail de M. REUt.os, non encore publié, où est mise au point une méthode simple et pratique pour la mesure de la conductibilité calorifique des verres. Dans mon rapport de l'année dernière. je signalais l'intérêt que présenterait un enseignement pratique de spectroscopie et spectrographie. Nous venons de réaliser cette idée avec l'active collaboratiou de M. CROXE,professeur à l'Université de Nancy, dont la haute compétence en ces matières est connue de tous. Le succès a, de beaucoup, dépassé notre attente. Nous avions évalué le nombre probable des inscrits à une dizaine au plus; le nombre des incrip. tions a atteint 3~. Ce succès inespéré nous aurait mis dans un grand embarras, à cause du manque de matériel, si nous n'avions reçu l'aide la plus efficace de plusieurs constructeurs qui ont bien voulu nous prêter, pour la durée de cet enseignement, des appareils de leur fabrication. Je teur exprime ici tous nos remerciements. Cette forme d'enseignement sur un sujet limité et pratique, s'étendant sur une période de quelques semaines, paraît -intéressante il y aurait lieu de la développer. Malheureusement, il ne sera pas toujours facile de trouver les personnes ayant la compétence voulue pour les diriger. ./?c~ ~p/<'M/<wM~. – La septième promotion d'apprentis est sortie au mois de juillet dernier; tous les apprentis ont été embauchés. Quatorze apprentis nouveaux ont été désignés par concours pour la rentrée d'octobre f93o. Nous avons cherché à perfectionner l'ensei. gnement en ce qui concerne la rapidité de production de nos éteves. On croit pouvoir affirmer qu'une sérieuse amélioration sera obtenue pour la présente année scolaire. Les ateliers ont continué à travailler pour les laboratoires. Le colonel D&vÉ y a développé ses études sur les machines a potir et définitivement mis au point ses méthodes pour l'obtention des surfaces cylindriques de haute précision. ~MM~M. <S<&/<<M~ – Notre bibliothèque, ouverte en fait à tous ceux qui en ont besoin, <:st un centre de documentation de plus en plus fréquente. La salle destinée au dépôt de livres est déjà pleine, et les livres ont déjà envahi un couloir. Je signalais, dans mon rapport df t'année dernière, la création, sur l'initiative de M. GMMT, de nos « Réunions de l'Institut d'Optique », et je donnais les sujets traités dans tes premières
INSTITUT D'OPTIQUE THÉORIQUE ET ~PJ't-lQUEE
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réunions de to3o. Ces réunions continuent avec un plein succès. La cinquième réunion de igSo a été consacrée à l'optique des projecteurs d'automobiles, sous les auspices du Laboratoire central d'électricité, en même temps que de l'Institut d'Optique. Ëttf était accompagnée de séances de démonstrations sur les divers systèmes de projecteurs, qui avaient lieu sous une vaste tente instattée dans notre cour. En dépit d'averses diluviennes qui rendaient peu commode l'accès de la tente, ces réunions ont eu un vif succès et nous ont valu les chauds remerciements des fabricants de projecteurs, pour qui ces réunions ont été un très utile enseignement mutuel. Elles m'ont permis également d'attirer l'attention des autorites du règlement relatif aux sur certaines imperfections compétentes projecteurs. Nos réunions de <o3t ont été consacrées aux anamorphoseurs, au quartz, à la diffusion de la lumière, à l'éblouissement. ces réunions ne peuvent avoir lieu chez nous Malheureusement, le nombre des auditeurs varie de 100 à zoo, et aucune de nos salles ne peut les contenir; nous sommes obligés 'l'emprunter t'amphithéâtre de Physique de la Sorbonne. continue l'importante série de ses publica. La ~!<w c~'O~ tions. Avec des ressources très limitées, elle peut faire beaucoup de bonne besogne, grâce à l'activité et à l'ingéniosité de M. GUADET. Elle publie maintenant deux revues, la ~M~ <<?~<~«' et Science et et continue l'importante série de ses votu. /~<M!w ~o~MM, mes. Le dernier paru est un très bel ouvrageintitulé Traité de ~F' métrie, par M. RIBAUD, professeur à l'Université de Strasbourg. Plusieurs autres volumes sont à l'impression ou en préparation. Grâce à la générosité de Lady MtCMELHAM,un prix a été fondé sous le nom de «Prix Arthur Capt't M,qui doit être décerné, chaque du année, par la direction de l'Institut d'Optique, fauteur fM~ meilleur article publié dans la /?MW<<(?~<~M< r~cn~Mt ~Mfo/f. H a été, pour la première fois, décerné M. URBANEK. Ch. FABRY.
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ANJfALKS DE L'tJfNtVEKStTË
DE t'AKtS
institut du Radium LABORATOIRE
CURIE
Les conditions de renseignement pour l'année scolaire toso-t~o ont été les mêmes que pendant l'année scolaire précédente. Le nombre de personnes qui ont pris part aux recherches s'est élevé à 35 dans ce nombre est compris le personnel scientifique. Travaux et publications
du Laboratoire
AKXÊESCOLAIRE tQZO-IOSo Le nombre de publications, y compris les résumes de communications scientifiques, est 40, dont t thèse de doctorat, 3 mémoires étendus et 2 tables de constantes. Mme CcRtE. – Sur la ~w~MWf du radium Z?. (Journ. de Phys. et Rad. /o (tp~o), 385 (en collaboration avec Mme Irène CuptE). – .S'M~'<K</w/<M (Journ. Ch.-1'hys. 27 (t93o), t). /<«Mo~MW~ R. l'ionium. (C. /po (to3o), 1289) (en collaboration avec Mme Codes radioTELLE). – 6'W «M relation entre la constante ~<<M <~M<M~émettant des rayons tf et leur capaeité de filiation. (C. R. /?/ (to3o), 326 (en collaboration avec M. FouRMER). – ~wAt production de ~<«M~~OMMM. (Journ. Chim. Phys. ~7) (t93o), 341. M. HOLWECK. ~M<!f énergétique de l'action biologique de diverses radiations (accompagnée d'une Note de M. LACASSAGNE sur le même .S'Mfle mécanisme ~a<<'M <~M/Msujet). (C. R. tgo (t93o), 327). ~« des radiations. (C. R. de la Société de Biologie /o.?(ro3o), 766) (en collaboration avec M. le docteur LACASSAGNB).– Action M~ les levures des rayons XMCHt. (K du fer). (C. R. de la Société de Bioavec M. le docteur LACAStogie ~J (ig3o), 60) (en collaboration SAGNE).– Appareils producteurs de )'<WM A' intenses et WCMMA/CMMtris grande ~~<W~ d'onde. 7M<' à rayons X à potentiels ~MM échelonnés /<'M~<MMM< sous tris AaK~ tension. (Communication à la Société de Phys. Mai io3o.) /M/~y~a/<CM yMOM~M<' l'action a la Société de Physique, M~o~M<~M~M«'MM. (Communication t6 mai t93o.) Un ~~«M~< la transportable pour la M<t«M gravité. (C. R. /ou (!93o), 138?) (en collaboration avec le P. LEjAY). – Sur MM<e~</ pour la MMMMrapide ~< gravitation. (Communi-
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DU RADIUM
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.tj[~~ de ttt~ .~t~\ C.J~t;<~ cation à la Société Phys., 20 juin tp3o.) – Sur <<t~<K~<M<Mt~M de la ~«~ M«Ao'aM~M <~M/<~«t. (C. R. Société de Biologie, t. (t93&), t22t)(en collaboration avec le docteur LACASSAGNs). /<WM<<c~<~a~a<<y<!<<<'M.(Nature r26 (tpSo), 433) (en collaboration avec M. WERTENSTEIK). M. LAPORTE. – Les particularités de la <<Ma~< électrique dans les au ~o/M<de fw ~Mf application à ~/ow! ~~<M, (Rev. Gén. des Se. (t93o), 5~3). Mme JOLIOT-CURIE. Sur la quantité de polonium aMMMM~tdans ~'a~M~M ampoules de radon tt sur la oiriode du ~w/M D. (Journ. de Phys. Rad. /c' (t~), Sur la décroissance <<«radium D. 388). avec (Journ. de Phys. Rad. ro (~zp), 385) (en collaboration Mme P. CURIE). Sur la M~Wf du rayonnement absorbable qui «MMR. /~p(tpï9), !a7o)(en collaboration pagneles ~'<<t~<~o~H<t<w(C. avec M. F. Jonor). ~<WMWMM~ associés à l'émission de rayons « avec M. F. <~M~<'w'«M (C. R. ~po (fp3o), 1292) (en collaboration Jouor). Mme COTELLE. Sur la M't M<~WM<WKMW. (C. R. /<?o(t93o), 289)(en collaboration avec Mme P. CURIE). Mlle C. CHAMtË. –M<M/~<<'M~~«<<t'«~<< ~/fwWw. (C. R. /{? (t93o), t!S~)(en collaboration avec M. GMi-Tables relatives à la décroissance et à ~'a««M«~~K <~M radon. LOT). (Gauthier-ViHars, tgSo) (en collaboration avec MM. CAILLIET et FOURNIER). Mlle DORABtALSKA. – le débit <:A<~<«~ du polonium (C. R. 7~p (ï9!p), 988). M.G. FOURNIER. –<'M~<MMM~M~KM~/«~M~<MMM<«~ (D + JE). (C. R. 7~(t9:j)), deStourbes d'absorption relatives <!HM<<<MM M. GujLLOT). -Sur une relationarithméicyp) (encollaborationavec poids a«'m~w et le numéro atomique. (C. R. /po (~30), tique M/~ – J t8). Sur MM~relation entre la capacité de filiation des a/MM~ radioémettent. (C. R. 7~0 (t~~o), 1408). a<~ /<! vitesse des f<wx – Sur une relation entre la ~<'«~<<< désintégration des radioéléments émettant des rayons a et leur <<t~M~ jM/<!<<CK. (C. R. ~p~ J!93û), Sur «w </<MM)!«t~M 326) (en collaboration avec Mme P. CURIE). nucléaire des atomes en relation avec leur ~<MM<possible et leur désinté~o<MH radioactive. (Journ. de Pttys. et Rad. 7 (tp3o), t94). –y<tM~ relatives aux particules en mouvements. (Gauthier-Villars, 1930.) – du radon. Tables relatives à la décroissance et à l'accumulation (Gauthier-Villars, 1930) (en collaboration avec Mlle CaAMtÉ et M. CA!LLET). M. GUILLOT. ~M/~ rayonneml1ltflsponsabledllrelivement /!<M~<~« .AftM.UKtv.
VI. – jt
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ANNALES
DE L'UNtVERStT~ DE MtUS
M~MM (D + JT). (C. R. ('999)' <;<'«~M <<'a~w~«'M M~M Essai de mise ~~M. ïo79 (en collaboration avec M. FouttMtER). du ~a/owMM. (C. R. ofM<:<'~'«a ~M~t non ~c~c~ (<93o), d'amrno. de cA~/f~O/fW~ dit ~«M/~W, /<t/ ~/<~WMM/ 127). Sur la MM~/M~MM des solutions W/<W.(C. R. /~U (tp~O), 39o). (C. R. ~po(t93o), tt87)(enco))aboration <'A/f~<M~~<MM. avec Mlle CHAMJÉ). –~«' la relation de plusieurs réactions ~a/M<. <p//<<.t ~(W/~Mf de ~<~ WW~ </H~O/MW ~WC /'<M~, M radioéliment. (C. R. /po dérivés <wo/«M<! fM~~f~/M, (ip3o), j 553). M. F. JOHOT. – Sur les propriétés ~/M~<<~M~ </M ~fMMM. M~wMMMt absorbable (C. R. /~p ~929), 986).–6'Mr la nature ('9~9). t27o)(enco)ta. (C. R.p accompagneles rayons !t~«~/M~M. boration avec Mme Irène CuRtE). – J~~ </ef~<M<' ~ï radiodiverses, Thèse de doctorat, Paris, t93o. <<~wM~. ~<-<~w électriques et ~~«~ (Journ. Chim. Phys. zy (f9~<'). "9). eatho. ~~M<«~ des métalliques C~<MM~ projections ~<~< à /M~H~ de ~)'fW«'M~~aM<w~ diqne (C. R. /<70 (1930), 627). (C. R. /!?f(i9~o), 1292) (en collaboration avec /w~t~cw'Mw. dela période du ~</MM C' ~~MtM/'w Mme Irène CURIE). – .Sw Jacobsen. Expériences avec le //t~MM. (C. R. /!?~ par la M~/M (1930), t3t). M. PAWLOWSKI.– y'/<M!y/M-M<<Wde la ~~a/~M sous /<~«~« – (/~ corps M~'M~/t. (Journ. de Chim. Phys. 27 (t93o), 20). éléments. (C. R. la désintégration a/t«~ /i'<'<<< ~~w~ (f93o), 658). Dirac. (C. R. /{?<?(1930), 1377). – Sur /a/ M. PKOCA. ('93o), .S' /Ma~ca de Dirac. Les composantes e. (C. R. 235). <~ /~ac. (Journ. Phys. Rad. ~(i93o), Sur /Ma~M j6). des M. S. RosK~BLUM. – ~~M~~<* /îw e'« spectre ma~< M~M~x. (C. R. /~o(t93o), H24). V~MV/Mg MMffdie ~< AI. SKOBEt.TZVK. -– Die ~~«~ M~'«M Y~a~M. 595). (Étude (Zeit. f. Phys. ~(tp~, ~a~ théorique d'après des expériences antérieures. ) D&TAtLS SURLES TRAVAUXSCJEKTtFIQUES Mme P. CuRiE, ~/M~ – En collaboration avec Mme ~otiotCurie, Mme P. Curie a donné une valeur corrigée de la constante de décroissance du radium D, déduite d'expériences portant sur environ vingt ans; il a été étabti que les valeurs jusqu'ici admises pour cette constante étaient notablement trop élevées. – A donné un article qui comprend le résumé des recherches qui ont été pour'
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suivies pendant plusieurs années en vue de la concentration de l'actinium et qui ont abouti à établir des méthodes très efficaces pour la séparation de ce corps. – A fait une étude théorique des conditions de production du radium par l'ionium relative à t'n travail expérimental sur la détermination de la vie moyenne de l'ionium par cette méthode; ks travaux chimiques de purification des matières utilisées et les nombreuses mesures nécessitées par ce travail ont été exécutes par Mme S. Cotelle, chimiste attachée au laboratoire. S'est occupée des relations théoriques qui existent leur poids atoentre la constante radioactive des radioéléments, mique et leur nombre atomique (en collaboration avec M. G. FourA continué à s'occuper d'un travail sur la charge des nier). avec M. Grégoire, prépa. rayons a du polonium (en collaboration rateur auxiliaire). M. Di:B!ERNB,~c/MM~. Recherches sur les minéraux radioactifs. M. F. HoLWECK, dltl de travaux. Recherches, en collaboration avec M. le docteur Lacassagne, sur l'action des rayons X de grande longueur d'onde sur les microorganismes et s'est occupé d'appareils A nouveaux, en collaboration avec MM. Chevaftier et Lejay. poursuivi, en particulier, avec succe: la construction et le perfectionnement d'un tube à rayons X fonctionnant sous très haute tension. M. M. LAPORTE,assistant. Recherches sur la décharge élecS'est dans les gaz rares. trique dans les gaz, plus particulièrement occupé de recherches sur le comportement du dépôt actif dans les gaz, en collaboration avec M. L. Goldstein. Mme F. Jouo-r-CuRtE, assistante. A complété l'étude directe de la décroissance du radium D, précédemment signalée, a l'aide d'une nouvelle méthode consistant à mesurer la quantité de polonium accumulée dans d'anciennes ampoules de radon les conclusions sont d'accord avec celles relatives à l'étude de la décroissance directe. S'est occupée, en collaboration avec M. F. Jotiot, de l'étude des rayonnements absorbables qui accompagnent les rayons < du polonium; d'après cela, quand la source est placée dans l'air, ce rayonnement se compose pour une forte partie de rayons H de désintégration de falote jusqu'ici non signalés dans ces conditions, tandis qu'un faible rayonnement résiduel a été identifié comme groupes de rayons y de basse fréquence d'origine secondaire. M. F. JouoT, ~«M/~ Z'<~M?a//<w~MM~/M. En plus de la collaboration ci-dessus indiquée, M. joliot a achevé son travail sur les propriétés étectrocbimiques du polonium. Ce travail, qui a
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été présenté comme thèse de doctorat, a étabti l'existence d'un nouveau potentiel éteetrochimique et a permis une discussion détaiUée de la nature chimique des ions dans lesquels le polonium est engagé et des conditions qui régissent la vitesse de dépôt. Deux méthodes nouvelles pour mesurer cette vitesse ont été appliquées par l'auteur. Celui-ci a continué également ses recherches sur les films ntétattiques minces et a fait une nouvelle détermination de la période du radium C, par la méthode de Jacobsen, avec rectification de quelques détaits des expériences de cet auteur. Mlle C. CHAMIE, t~M<!MM <!M~W~ des MMH~Ï. S'est de solutions de polonium, en vue de occupée de la centrifugation l'étude des groupements d'atomes contenus dans ces sotutions. M. G. FouRMER, ~~<!<«~ aM P. C. ~V. – A continué t'étude des courbes d'absorption des rayons et y du radiumD E et a fait plusieurs études sur les relations qui existent entre diverses constantes des éléments, tant actifs qu'inactifs; ces résultats font intervenir le poids atomique, le nombre atomique, la vitesse de désintégration des radioéléments et la vitesse des rayons < émis. I) a, d'autre part, consacré un travail important à la revision et à la mise au point de tables relatives aux « particules en mouvement » qui ont été éditées en brochure et qui pourront rendre de signalés services aux laboratoires scientifiques. Une autre table relative à la décroissance et à l'accumulation du radon, également publiée par les soins de M. Fournier, résulte d'un travail d'ensemble auquel ont collaboré M. Cailliet et Mlle Chamié et qui utilise la constante radioactive déterminée avec une grande précision par Irène Curie et C. Chamié. M. GutLLOT, ~<t~Ma«'<a dos At!~</a«x. A continué ses recherches sur les composés chimiques complexes du polonium et sur la nature des réactions de ce corps, à l'étude desquels il a appliqué la méthode de centrifugation. It a réussi à obtenir dans cette voie des résultats nouveaux qui permettent de caractériser les valences chimiques que peut prendre le polonium et d'établir quelques formules de ses composés. Ce travail, fort intéressant, a fait l'objet d'une thèse de doctorat présentée au début de l'année scolaire t$3o-to3!. M. Guil. lot a collaboré, en outre, avec M. Fournier, en ce qui concerne l'étude du rayonnement et y. M. PAWLOWSKÏ,adjoint à l'Université <~ t~MtW, ~WMW de la F<MMfa<<c« CaM<-C<M'<M~M. A continué ses recherches sur la desin* tégrégation artificielle des éléments et a réussi à obtenir dans cette voie des résultats bien dénnis à l'aide d'un dispositif expérimental qu'il a spécialement étudié à cet effet. Ces expériences confirment,
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du carbone sous l'action des en particulier, la désintégration rayons a du polonium, laquelle fait jusqu'ici l'objet d'une controverse. –H s'est aussi occupé de la modification de la paraffine sous l'action des rayons « intenses et a achevé un travail important sur les rayons H naturels qui sera pubtié prochainement. I! a été assisté dans ses recherches par M. Gorodetxky, qui se propose de tes continuer. A ~«wa/t.V/M'M~. M. ROSENBt-UM,boursier de la ?<W~< continué ses recherches sur la structure fine du spectre magnétique des rayons a, pour l'exécution duquel il a été autorisé par M. )e pro. fesseur Cotton à utiliser le grand étectro.aimant de Bellevue. Les résultats qu'il a pu obtenir à l'aide de ce remarquable instrument ont attiré l'attention générale et ont été l'origine de discussions concernant les relations qui peuvent exister entre t'émission des et les rayons a et des rayons y par les noyaux des radioéléments à la structure présomptions qu'on peut en déduire relativement nucléaire. <'<'< de ~<* ~AM/ MM!~ a«' M. SKOBEt-TZYK, A pourAMA<< léningrad, boursier de la ~'<'M</<!<<OM w~ suivi ses recherches sur les rayons y à l'aide de la méthode qui secondaires consiste à observer les rayons produits par effet Compton. M. REYMOND,~~<M'<t/~ auxiliaire. – A continué ses recherches sur tes propriétés chimiques du protactinium, auxquelles a cottaboré, vers la fin de l'année, M. Tcheng. M. REGXtERa continué l'étude de l'absorption des rayons X par la matière et s'est occupé de mesures pour le laboratoire biolo. gique. – M. NAIDU a poursuivi l'étude des courbes d'ionisation M. \AHMHS a fait quelques essais d'application de dans les gaz. la méthodes Wilson aux trajectoires de rayons x dans l'air. Mlle MoNTEt a fait des expériences sur le passage du polonium au M. MAKOa étudié le travers des feuilles métattiques cristallisées. Mlle LEBLAXCa fait ralentissement des rayons x par la matière. des essais de séparation de polonium dans les solutions de radio. ptomb. – Mlle PoMPEï a étudié l'influence du support de la source Mtte DORAdans les mesures du radium E par son rayonnement~.– BtALSKAa fait une étude sur le dégagement de chaleur du polonium a l'aide d'un calorimètre d'un type nouveau construit à Varsovie avec sa collaboration et transporté au laboratoire à cet effet. MJteARCHiMRD a étudié un appareil pour la distillation des radioéléments, en collaboration avecM.BoxET MAURY,qui s'était préala. blement occupé de cette question. – M. JAKiMACH,M. TcttEXG,
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M. SxE YuA\ SH!H, ont été admis vers ta fin de l'année et se sont mis au courant de la technique du laboratoire. Il n'a été fait aucune publication relative à ces travaux. Dans le courant de l'année scolaire, comme l'année Ctw/t~w.– précédente, les membres du personne) scientifique ont fait plusieurs conférences, soit publiques, soit réservées aux étëves de diverses Ecoles supérieures. Le.~M~~ mesures a fonctionné régulièrement pendant toute l'année. Le nombre total des mesures effectuées et de certificats délivrés s'élève à 36t. .~f<~ <M/M~< </« laboratoire Carie. – Le Service d'émanation du Laboratoire Curie a fonctionné partiellement avec l'emploi d'une solution contenant environ r gramme de radium élément (solution n" Si). H a été fait 10 extractions, portant au total sur Ces extractions ont eu pour objet la préparation ~~Somittieuries. d'ampoules de radon à très forte teneur pour les besoins des travaux scientitiques. Le Service est en voie de réorganisation. /i«<w wMMt. – La préparation du potonium, aussi intensive que l'année précédente, a été assurée par Mme Cotelle. Par suite de t'abafdon des locaux industriels utitisés jusqu'ici, la préparation de l'ionium et de l'actinium a été continuée avec des moyens fort restreints dans .les locaux du laboratoire, avec le concours de M. P. Kerromes et de M Ne Perey. La préparation de l'uranium X a dû être partiellement abandonnée. Le projet de création d'un laboratoire industriel établi avec l'assentiment de M. )e directeur de l'Enseignement supérieur et approuvé par le Parlement, laisse espérer que dans un avenir prochain les traitements chimiques, nécessaires pour le bon fonctionnement de l'Institut du Radium, pourront être exécutés d'une manière satisfaisante. TyoMM' ~'<MM~M~~M<<M<w'M< Grâce à la subvention spéciale que le Parlement a bien voulu accorder au laboratoire Curie de l'Institut du radium, on a pu y effectuer des travaux reconnus nécessaires, tels que la transformation de la bibliothèque avec la circu. aménagement d'un couloir, afin de rendre indépendante lation entre les parties ancienne et nouvelle du laboratoire, l'établissement d'une cour anglaise pour assainir les locaux du sous sot utilisés pour les travaux d'atelier et pour les recherches scientifiques, renouvellement et perfectionnement du matériel de l'atelier, remise en état générât des locaux qui étaient fortement détériorés. Mme P. CuRtE.
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!nst!htt de Chimiede l'Universitéde Paris En 1895, suivant l'initiative de Charles FtUEDE)., membre de l'Institut, professeur de chimie organique à la Sorbonne, le Parlement décembre, les dispositions votait, dans la loi de finances du nécessaires pour la création, a la Faculté des Sciences, de laboratoires d'ElISeigneml1lt pratique de la CA/ww. Ces laboratoires furent installés, en t8<)6, dans les locaux qu'avaient occupes provisoirement, rue Michelet, les services de Chimie de la Faculté pendant la construction de la nouvelle Sorbonne. Ils devaient y rester pendant près de vingt cinq ans. Le but de l'enseignement créé par Friedel était de former, tant pour les laboratoires que pour l'industrie, des chimistes praticiens exercés. A cette époque, en effet, l'enseignement de la chimie à la Sorbonne était pnur ainsi dire purement théorique; les manipula. tions de la licence, sans portée pratique, préparaient mal les candidats au doctorat. D'autre part, l'industrie chimique, qui se développait en France, avait besoin de techniciens. Les élèves du nouvel enseignement, au nombre d'une trentaine, recrutés sans concours, passaient trois années dans les laboratoires et, manipulant matin et soir, étaient exercés aux opérations de de la chimie minérale et de la chimie l'analyse chimique, organique. Un diplôme, accordé aux plus méritants, consacrait cet enseignement. Le programme, on le voit, ne comportait pas d'enseignement théorique; les étudiants devaient se contenter des notions acquises au lycée, complétées par des lectures qui leur étaient conseillées au <:ours de teurs trois années de laboratoire. Friedel conserva la direction de cet enseignement jusqu'à sa mort et, en i8oo, fut remplacé par H. MoissAt), membre de l'Institut, professeur de chimie minérale à la Faculté des Sciences. Au décès de celui-ci, en too?, C. CHABMÉ, professeur de chimie appli. quée,fui succéda. Au cours de ces nouvelles directions, une évolution se dessina Peu à peu, en effet; la conception dans la forme de l'enseignement. de Friedel, d'un enseignement uniquement pratique, s'était montrée trop absolue; tes bases théoriques indispensables manquaient sou' vent aux apprentis chimistes, leur acquisition au cours de la scolarité
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pratique était précaire. Les étudiants furent alors tenus d'assister aux divers cours de chimie professés a la Faculté des Sciences. MotssAN, qui avait obtenu que les laboratoires de la rue Michctet fussent désignés par le titre d'/M~<< de CA<Mff appliquée, institua un concours dont le programme, qui n'a que peu varié depuis lors, était à peu de chose près celui du Baccalauréat de Mathématiques. A la suite de ce concours, trente-cinq étudiants environ étaient admis à suivre renseignement de l'Institut de Chimie appliquée. L'élimination pouvait être faite, en cours d'études, des étevs reconnus insuffisants. Jusqu'en t8oo, l'enseignement pratique est resté limité à la chimie proprement dite analytique, minérale et organique. A cette époque fut institué un enseignement pratique de chimie'physique et d'étectrochimie, comportant les manipulations les plus importantes relatives à ces disciplines. Notons, pour compléter ce court historique, que, à partir de too? et surtout sur l'initiative de l'Association des anciens éteves, les étudiants ayant obtenu le diplôme reçurent le titre d'w'w. <M<~<. Ce titre était d'ailleurs justiSé par des cours complémentaires de mécanique appliquée et d'électricité industrielle qui furent créés à l'Institut de Chimie appliquée. Au début de la guerre, la presque totalité du personnel étant mobilisé, l'Institut de,Chimie fut fermé pendant deux ans. H rouvrit en t{)t6 avec un personnel réduit. En 1920, les bâtiments de la rue Pierre-Curie, commencés depuis longtemps, furent enfin achevés; l'Institut de Chimie s'y transporta. A cette époque, le pays était en pleine renaissance industrielle; la chimie, dont le rôle s'était montré pendant la guerre d'une importance sans égale, était, si i'on peut dire, à l'ordre du jour. On escomptait un développement considérable des industries chimiques et, en conséquence, l'emploi d'un grand nombre de chimistes. Le nombre des élèves admis au concours de l'Institut de Chimie fut notablement augmenté de 33, il passa à 80. It semble bien qu'il y ait tieu de le regretter aujourd'hui. En <o27, à la mort de CHASRtÉ, M. le Recteur CHARLÉTYdésigna pour lui succéder M. G. URBAIN,membre de l'Institut, professeur de Chimie généraie à la Sorbonne. M. te Recteur ayant demandé des certificats de licence de chimie, trop à que les manipulations l'étroit au P. C. N., fussent transportées dans tes bâtiments de la rue Pierre-Curie, les transformations nécessaires turent entreprises. Elles sont bien près d'être achevées et, désormais, t'</« de
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la section des étudiants de Chimie comportera deux sections C'est de celle-ci que nous licence, la section des ëleves.ingénieurs. allons exposer l'organisation. Sous l'impulsion de G. URBAIN, des réformes importantes dans donné à l'Institut de Chimie furent entreprises, l'enseignement malheureusement gênées par des difficultés d'ordre budgétaire. Le but à atteindre est de pouvoir donner aux jeunes étudiants une très solide instruction chimique générale, tant théorique que pratique, de façon à fournir &l'industrie des ingénieurs-chimistes de premier ordre. La première question qui se pose est celle du recrutement, c'est. à-dire de la sélection au concours, afin de ne laisser entrer que des sujets parfaitement capables de recevoir utilement l'enseignement qui leur sera donné par la suite. Il est clair qu'une telle sélection n'est efficace que si le nombre des admis est relativement faible par ce Malheureusement, rapport au nombre total des candidats. nombre total, qui, vers t<~) -<t)23, a dépassé 3oo, est aujourd'hui en très notable décroissance; d'autre part, comme l'Institut de Chimie tire le plus clair de ses ressources des scolarités versées par ses étudiants, il est impossible de diminuerle nombre de ceux-ci au delà d'une certaine limite. La sélection se trouve ainsi entravée et reste un problème qui ne peut guère trouver de solution que dans une contribution financière plus large de l'Etat au fonctionnement de l'Institut de Chimie. d'accord avec les autorités Quoi qu'il en soit, la Direction, s'est efforcée de parer à l'inconvénient que nous universitaires, venons de signaler par une organisation intérieure dont voici les grandes lignes à l'Institut de Chimie, se poursuit pendant trois L'enseignement, années. La première année est une aw<f~ préparatoire. Les étudiants, admis au concours, au nombre de yo à 80, y reçoivent des connaissances générales, aussi bien théoriques que pratiques, mais relade chimie, de physique et de mathéma. tivement élémentaires, tiques. Pour la Chimie, ils suivent l'un des cours professés à la Faculté des Sciences par M. URBAINet spécialement adapté àleurs besoins ce cours est conçu de façon à combler, dans la mesure du possible, le hiatus qui existe entre l'enseignement du lycée et l'enseignement théorique de la Faculté. Ils suivent, également à la Faculté, les cours de mathématiques générales et assistent, en plus, à des conférences de mathématiques
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faites à l'Institut de Chimie et destinées à leur f&cititer la compré. hension des cours généraux. En ce qui concerne la Physique, un enseignemert rciativement élémentaire a été crée à t'ïnstitut de Chimie il comporte l'étude des parties principales de la Physique et particutiorfment de celles que le chimiste utilise constamment. Ces enseignements sont soutenus par des interrogations et des exercices pratiques. En principe, les cours ont lieu le matin, les après-midi sont réser. vés aux manipulations, Celles.ci comportent, d'une part, les opéra. tions simples de l'analyse chimique et de la chimie minérale, d'autre part, dt-'s manipulations simples de physique et de physico.chimie. A la fin de cette année préparatoire, les éteves passent un examen dont les notes sont combinées avec celles obtenues au cours de l'année. Ceux qui obtiennent une moyenne sont supérieure à admis à continuer leurs études. Les cieux années qui suivent sont dites d'enseignement ~w~. Elles reçoh-ent, non seulement les élèves provenant de l'année pré. paratoire, mais, après examen, des jeunes gens munis du certiticat de Chimie générale ou du certificat de Physique générale, ou bien sortant des Ecoles Polytechnique, Normale supérieure, Centrale, Arts et Métiers. Au cours de ces deux années d'enseignement supérieur, les étu. diants suivent les cours de la Faculté des Sciences portant sur la Chimie générale, la Chimie minérale, ta Chimie organique, la Chi. mie analytique, ta Chimie apptiquée. Ils suivent en outre des conférences de Chimieorganique pratique, de mécanique appliquée, d'électricité industrielle et d'etectro.chimie. faites à l'Institut de Chimie. Le travail pratique est réparti, à peu près également, entre les laboratoires de Chimie organique, de Chimie analytique et minérale, d~étectro.ehimie. A ces travaux pratiques sont associés des travaux bibliographiques sur des sujets variés. Des interrogations ont lieu en cours d'année et, à la fin de chaque année, un examen porte sur les matières enseignées, tant aux cours qu'au laboratoire. En fin d'études, le diplôme d'ingénieur.chimiste est délivré a tout étève ayant obtenu la moyenne i~ pour l'ensemble de ses notes dans les deux années d'enseignement supérieur. Tout récemment a été créé, pour permettre aux meilleurs élèves d'aborder la recherche scientifique ou industrielle, un laboratoire dit de ~/M«<MHMM<M/.Là, quelques élèves sont admis et peuvent, soit simplement passer un an ou deux à s'initier à la recherche en
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DE MÊDECtNE COLONtALK
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vue d'augmenter
leur valeur personnelle et d'accéder ensuite aux postes supérieurs de l'industrie, soit préparer une thèse d'ingénieurdocteur ou de docteur d'Université, même de docteur d'Ëtat, s'ils sont titulaires d'une licence normale. It y a beaucoup à attendre de cette nouveHe création. I) faut bien être persuadé, en effet, qu'en trois années d'études, on ne peut faire mieux quede donneraux jeunes gens un minimum de connaissances fondamenta'es et d'esprit de méthode, mais qu'il est bien difficile d'exercer leurs qualités personnelles d'initiative et d'invention. Ces à celui qui veut réaliser un progrès qualités sont indispensables dans quelque branche que ce soit de l'activité humaine, et ce n'est qu'au cours d'un travail personne) qu'elles trouvent à se manifester' & se dévetopper, à se discipliner. L'étudiant qui a passé quelque temps dans un laboratoire de recherches en sort non seulement plus instruit, mais plus mûri, plus capable d'aborder avec confiance les problèmes qui se poseront a lui, plus capable donc, s'il entre ensuite dans l'industrie, de rendre des services et de contribuer au succès de l'entreprise. L'industrie recherche de tels hommes et n'hésite pas à leur faire des situations avantageuses. R. MARQUIS, Sous-Directeur de l'Institut de Chimie de l'Université de Paris.
Institut de Médecinecolonialede la Facutté de Médecinede Paris L'Institut de Médecine coloniale, rattaché à la ~/<M~M. Faculté de Médecine de Paris, a été fondé en 1902, à la suite de démarches effectuées par les professeurs BROUARDELet R. Bt.AN. CHARD, dans le but de donner une connaissance approfondie des maladies et de l'hygiène des pays chauds aux médecins destinés à exercer dans les colonies ou dans les pays intertropicaux. L'exemple avait été donné en Angleterre où, dès )8<)o,les Ecofes de médecine tropicale de Londres et de Liverpool, fondées grâce à l'initiative privée, avaient inauguré avec succès un enseignement analogue. Après une série de délibérations du Conseil de la Faculté de
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Médecine, le nouvel Institut fut définitivement créé par un arrêté du ministre de t'Instruction publique, en date du 3 juin !<)M. H était annexé à la Faculté de Médecine et administré par un Comité permanent composé du Doyen de la Faculté de Médecine, d'un directeur, d'un secrétaire général, d'un secrétaire généra) adjoint et du personnel enseignant. D'autres délibérations du Conseil de la Facutté de Médecine et du Conseil de t'Univcrsité aboutirent à la création d'un diplôme de médecin colonial de l'Université de Paris (arrêté ministériel du 26 décembre tpcz) et fixèrent les droits à percevoir pour les frais d'études et d'examens (arrêtes ministériels des 16 et 11 janvier t~oS). Fonctionnement. La première session s'est ouverte le t6 oc. tobre 1902 et a réuni plus de :5 élevés; elle dura jusqu'au 24 dé. cembre. Depuis lors, une session a eu lieu chaque année aux mêmes dates, c'est-à-dire du t" octobre au 24 décembre. Cet enseignement a été interrompu pendant la grande guerre (tQt~.i~tS), mais il a repris en r~to. Chaque session comprend des cours théoriques, des travaux pra. tiques et un enseignement clinique. L'enseignement théorique consiste en leçons didactiques faites dans les amphithéâtres et les laboratoires de la Faculté de Médecine ou dans les hôpitaux. L'enseignement pratique comporte des exercices et manipulations auxquels les élevés sont individuellement exercés. Ils ont lieu dans les laboratoires de la Faculté de Médecine. L'Institut possède de nombreux microscopes grand modèle; ces instruments sont mis à la disposition des élèves. L'enseignement clinique est donné à l'hôpital Ctaude-Bernard, siège de la clinique des maladies contagieuses, à l'hôpital SaintLouis, à t'Hôtet-Dieu et à l'hôpital Pasteur. L'enseignement porte sur les matières suivantes pathologie et exotique, parasitologie, bactériologie, hygiène épidémiologie exotiques, maladies cutanées, chirurgie des pays chauds, ophtalmologie, règlements sanitaires et administratifs. Cet enseignement est ouvert aux docteurs en médecine français; aux étrangers pourvus du diplôme de doctorat d'Université français (mention médecine) aux docteurs étrangers, pourvus d'un diptôme admis par la Faculté de Médecine de Paris; aux étudiants de médecin): des Facultés françaises, pourvus de seize inscriptions, sans distinction de nationalité, et, enfin, aux internes des hôpitaux, quel que soit le degré de leur scolarité. Les élevés ayant suivi les cours et pris part aux exercices prati-
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ques et cliniques, subissent des examens, à l'expiration de la période scolaire, sur les diftéfentes matières qui ont fait l'objet de l'enseignement. Ces examens, au nombre de deux, comportent des épreuves pratiques et des épreuves orales, divisées comme il suit Premier examen. Épreuve pratique de bactériologie. Epreuve de parasitologie. Épreuve théorique de bactériologie. pratique Ëpreuve théorique de médecine exotique. Deuxième examen. Hygiène et cpidémiotogie exotiques. Régie. ments sanitaires. Parasitotogie. Maladies exotiques cutanées. Mala. dies exotiques chirurgicales. Maladies exotiques ophtalmologiques. Les candidats qui subissent ces deux examens avec succès reçoivent le diplôme de médecin colonial de t'Université de Paris. Ce diplôme, auquel devra être joint un certificat du professeur d'hygiène, confère à ceux qui en sont titulaires t'équivatence du titre de médecin sanitaire maritime. Les docteurs en médecine entrent immédiatement en possession du diplôme de médecin colonial; les étudiants et les internes reçoivent provisoirement un certificat d'aptitude qui est échangé contre le diplôme dès qu'ils ont soutenu leur thèse de doctorat. La distribution des diplômes et des certificats d'aptitude a lieu dans la séance de clôture de la session, qui se tient dans la salle du Conseil de la Faculté de médecine. Ressources. L'Institut de Médecine coloniale jouit d'une com. plète autonomie financière, son budget est incorporé à celui de la Faculté de Médecine de Paris, mais en reste entièrement distinct, en raison de son affectation spéciale. Cette situation confère à t'Institut la personnalité civile, en sorte qu'il peut recevoir des dons, des legs, des subventions ou des bourses provenant de t'Ëtat, des colonies, des départements, des communes et des particuliers. Ces fondations ou donations peuvent être faites soit à l'Institut pour ses besoins généraux ou pour une affectation spéciale (missions, musées, achat de terrain, construction, etc.), soit à t'un de ses services particuliers (bactériologie, hygiène, parasitologie, etc.). Les personnes généreuses qui s'intéressent à l'Institut et désirent contribuer à son développement ont donc la plus grande liberté d'action. En fait, les ressources actuelles de l'Institut de Médecine colo. niale consistent, d'une part, dans une subvention qui lui est accordée par le ministère des Colonies, d'autre part, le budget est en outre alimenté par les droits versés par les élèves. Ces droits sont ainsi répartis
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ANNAf.KS Dt: L'UMtVJBRSfTË DE FAKIS Droit d'immatricutatton. Droit de bibliothèque Droit de taboratoire (pathologie expérimentate, parasitologie, bactériologie, hygt&nc, enseigoemeutciiaifjue.etc.). Soitautotat.
60 francs 40 –
ySo
–
85o francs.
Les frais d'examen et de diplôme sont compris dans ce tarif. Les étudiants en cours d'études sont dispensés des droits d'immatricutationct de bibliothèque. ~a~ «~w/. La dernière session, qui a eu lieu du 6 octobre au 20 décembre ig3o, est la vingt-quatrième depuis la fondation de l'Institut. Le programme, de plus en plus chargé en raison du développement incessant de la pathologie exotique, a compris *36 cours théoriques ou leçons cliniques et 63 séances de travaux pratiques ainsi reparties. MM. tes professeurs Lemierre, 16 leçons et maniet sérologie; Brumpt, 3o leçons et pulations de bactériologie manipulations de parasitologie; Tanon, :o teçons et manipulations d'hygiène, épidemiologie et bactériologie; Gougerot, t3 leçons sur tes maladies cutanées exotiques; Lenormant, 5 leçons sur les maladies chirurgicales exotiques; Teissier, ta leçons cliniques; Terrien, 5 leçons d'ophtalmologie tropicale. Les autres leçons, intercalées parmi ces cours réguliers, ont été faites par MM. Camus, Dopter, Marchoux, L. Martin, E. Pozerski. Cet enseignement intensif a été suivi, durant la vingt quatrième session, par 60 élèves, dont ~S français (métropole, Guadeloupe, i; Indochine, t) et 35 étrangers appartenant aux dix-neuf nations suivantes Albanie (t), Autriche (t), Chine (i), Colombie ~), Égypte (~), Géorgie (J), Grèce (5), Hongrie (4), Italie (2), Li. thuanie (i), Mexique (4), Palestine (f). Pérou (:), Perse (:), Portugal (t), Roumanie (t), Russie (i), San Salvador (r), Suisse (i), Syrie (t), Venezuela (t). Cette liste porte à ï 037 le nombre des étëves ayant suivi les cours de l'Institut depuis sa fondation. Dans ce nombre, on compte 575 français (métropole, colonies et pays de protectorat) et 462 étrangers appartenant aux cinquante et une nations suivantes Albanie (:), Argentine (8), Arménie (6), Autriche (x), Belgique (7), Brésii (8), Bulgarie (2), Chili (i), Chine (5), Colombie (70), Costa Rica (4), Cuba (2), République dominicaine (8), Egypte (3p), Equateur (5), Espagne (3), Esthonie (t), États-Unis d'Amérique (5), Géorgie (3;, Grande- Bretagne (métropole, Dominions et colonies, 19), Grèce (36), Guatémala (t3), Haïti (u), Hollande (3), Hondu-
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ras (t), Hongrie (4), Irak (t), Italie (12), Lithuanic ()), Luxem. bourg (z), Mésopotamie (2), Mexique (f3), Nicaragua (8~, Palestine (7), Panama (t), Paraguay (4), I~rou (<4), Pc-rsc f~), Pologne (.-), Porto Rico (2), Portugat (6), Roumanie (6), Russie (z3), San Salvador (t3;, Serbie (z), Suisse (5), Syrie (ït), Tch~ostovaquie (t), Turquie (n), Ukraine (t), Venezuela (3o). Ces chiffres démontrfnt le succès de l'enseignement donné à l'Institut de Médecine coioniaic. Son essor, momentanément arrCte par la guerre mondiale, n'a pas tardé à reprendre, et la session de ip3o compte parmi tes trois sessions qui, depuis ~o~, ont réuni le plus grand nombre d'élevés.
Laboratoire de Parasitologie de la Faculté de Médecinede Paris Divers enseignements complémentaires et de petfectionnement sont organisés au Laboratoire de Parasitologie de la Faculté de Médecine, sous la direction du professeur BRCMPT enseignement comptémentairt; de la parasitologie appliquée aux maladies tropicales, qui a lieu pendant if- cours de l'Institut de Médecine coloniale; enseignement de la parasitologie appliquée à l'étude et à la prophylaxie du paludisme, qui a lieu pendant le cours de )'Ë';o)c de enfin, enseignement complémentaire de mycoiogie Malariologie; théorique et pratique. Ce dernier enseignement est une création toute récente du professeur Brumpt qui, avec t'aide de la Fondation Rockefeller, a organisé dans son laboratoire une mycothèque, où est conservée une cottection de cultures vivantes de champignons pathogenf's, et une série de vingt-trois manipulations dont il a confié la direction au docteur Maurice Langeron, Chef de laboratoire. Ces manipulations ont lieu une fois par an et sont ouvertes a toute personne agréée par le professeur, directeur du laboratoire. Le droit d'inscription est de <too francs. En outre, le laboratoire peut accueillir en tout temps, aussi bien pour ta mycologie que pour les autres branches de la parasitologie, un nombre limité de travailleurs qui peuvent s'inscrire après autori-
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sation du professeur. Les droits à acquitter par ces travailleurs sont de 25o francs pour t'après'midi et de 400 francs pour la journée entière, non compris les droits d'immatriculation et de bibliothèque dus par les personnes qui séjournent plus d'un mois au laboratoire. La mycothèque est une 'tes très rares collections européennes et même mondiales où l'on conserve une série aussi complète que possible de cultures vivantes de champignons pathogènes. L'entretien de cette collection est rendu possible grâce à la libéralité de ta Fondation Rockefetter, qui assure les fonds nécessaires aux émoluments de deux assistantes, spécialisées dans ce travail, et à l'achat du matériel. La mycothèque elle-même est constituée par ['ancienne collection de cultures du laboratoire, alimentée continuellement par les envois des correspondants, auxquelles sont venues s'ajouter les collections Sabouraud et Guilliermond, dont le professeur Brumpt a reçu une série complète de doubles. La collection Sabouraud est constituée d'abord par la plupart des décrits par Sabouraud; ces souches, au types de dermatophytes nombre de plus de So, sont conservées sur les trois milieux originaux de l'auteur, ce qui permet de faire à tout moment des comparaisons avec les types classiques. En outre, cette collection renferme une série d'autres souches, dont quetques'unes très rares, de champi. gnons pathogènes appartenant à divers groupes. La collection Guilliermond est formée d'une soixantaines de types de levures et champignons levuriformes, pathogènes ou non, mais présentant tous un grand intérêt au point de vue de la mycologie générale et fournissant un précieux matériel de comparaison pour l'étude éventuelle de nouveaux types parasitaires. Ces souches sont entretenues sur les milieux appropriés. Une petite bibliothèque mycologique, faisant partie de la grande bibliothèque du laboratoire, comprend les principaux périodiques et ouvrages de fond nécessaires pour t'étude de la mycologie médicale, ainsi qu'une riche collection de tirés à part. Les travailleurs, même non-médecins, qui viennent au laboratoire, sont donc sors d'y trouver non seulement le matériel nécessaire aux recherches, mais encore les types de comparaison et les principaux ouvrages de mycologie.
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Ëco!ede Ma!ar!otox!e Rattachée au Laboratoire de Parasitologie de la Faculté de Médecinede Paris
L'Ëcote de Malariologie de Paris a été fondée sur l'initiative du Comité d'hygiène de la Société des Nations. En effet, la Commission du paludisme qui fait partie de ce Comité a organisa, en :9:6, des cours généraux de malariologie s'adressant aux médecins spécialisés ou désireux de se spécialiser dans cette branche et de se destiner à la carrière sanitaire dans leurs pays respectifs. Pour répondre entièrement à ce but, renseignement de la mala. riologie a été divisé en deux cyctes d'une part. des cours théoriques, donnés dans des Instituts appropries et accompagnes de travaux pratiques, d'autre part, des stages d'application qui sont effectués dans des régions où existent des Instituts antipaludiques et où la lutte contrele patudisme est activement poursuivie, sous la direction d'autorités compétentes. La première partie de ce plan a été réalisée par la création de quatre cours de malariologie à Paris, Londres, Rome et Hambourg. L'Ëcote de Matariotogie de Paris, dirigée par le professeur BRUMPT, est rattachée à la Faculté de Médecine. L'enseignement qu'elle donne est sanctionné par deux examens, comportant chacun trois épreuves; les élèves qui ont passé cet examen avec succès reçoivent le diplôme de médecin malariologiste de l'Université de Paris. Les autres cours ont lieu respectivement a t'Ëcote d'hygiène et de médecine tropicale de Londres, à t'Ëcote supérieure de malario. togie de Rome et à l'Institut des maladies navales et tropicales de Hambourg. Tous ces enseignements sont donnés pendant les mois de juin et de juillet. Celui de i'Ëootc de Malariologie de Paris a lieu au mois de juin. La seconde partie du plan d'études consiste en deux stages d'un mois chacun, effectués dans des régions palustres. Les eteves peu vent ainsi étudier l'application pratique des notions qu'Us ont acquises pendant la durée des cours théoriques. Travaillant sous une direction autorisée, ils peuvent se familiariser avec l'activité pratique journaAttx.Uxn'.
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lière du malanotogue &la consultation, au dispensaire et à l'hôpital, ainsi qu'avec les mesures antilarvaires et tes divers procèdes d'assainissement du soi. Ces stages sont organisés en Espagne, à t'tnsti* tut antipaludique de Navalmoral de la Mata (province de Caceres, en Estrémadure) en Italie, & la Station expérimentate de lutte antimalarique de Rome et à l'Ëcole de malariologie de Nettuno; en Yougoslavie, à l'Institut d'hygiène de Skoplje. L'enseignement de t'Ëcote de Malariologie de Paris est donné par le professeur Brumpt et ses collaborateurs. Sa durée est de 32 jours et tes leçons sont divisées en 7 sections i" hématologie humaine et comparée et sérotogie (3 jours) ~protozootogie, comprenant l'étude des sporozoaires et surtout cette des parasites du sang (3 jours) ¡ 3" étude des parasites du paludisme et de leur biologie (4 jours); 4" entomologie appliquée au paludisme, morphologie et biologie des moustiques (8 jours); 5" étude épidémiologique et clinique du paludisme (4 jours), 6" prophylaxie du paludisme (8 jours); 7" assainissement et drainage, mise en valeur des régions insalubres (2 jours). L'enseignement est ouvert aux docteurs en médecine français, aux étrangers pourvus du diplôme de doctorat de l'Université de Paris (mention médecine), aux étrangers pourvus d'un diplôme médicat admis par la Faculté de Médecine de Paris et enfin aux étudiants pourvus de j6 inscriptions et aux internes des hôpitaux reçus au concours j ces derniers recevront, s'ils subissent l'examen avec succès, un certificat d'assiduité qu'ils échangeront contre le diplôme de médecin malariologiste après la soutenance de leur thèse. Un nombre limité de bourses est accordé par l'organisation d'hygiène de la Société des Nations pour tes cours théoriques suivis de deux stages d'application. La demande doit être présentée au directeur médical de ta Société des Nations par tes administrations sanitaires des pays auxquels appartiennent les candidats. Les examens comportent tes épreuves suivantes s Premier examen. – Ëpreuve pratique d'hématologie épreuve de pratique protozoologie, épreuve pratique d'entomologie appliquée à l'étude du paludisme. Deuxième <MMM. – Épreuve théorique de protozoologie; épreuve théorique d'entomologie appliquée à l'étude du paludisme; épreuve théorique sur l'épidémiologie, la symptomatologie et la prophylaxie du paludisme. Les droits a verser, comprenant tes frais d'examen et de diplôme, sont au total de ïooo francs droits d'immatriculation et de
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bibliothèque, toc francs; 2* trois séries de droits de laboratoire à 3co francs, goo francs. Les élèves en cours d'études, déjà immatriculés, sont dispensés des droits d'immatriculation et de bibliothèque. Le fonctionnement de i'Ëcote de Malariologie est assuré à peu près uniquement par les droits versés par les auditeurs. Lorsque la somme de ces droits n'atteint pas un chiffre suffisant, le Comité de la Société des d'hygiène Nations accorde une subvention destinée à parfaire le chiffre nécessaire.
Parthénogenèse Même débarrassé de toute contingence humaine, le problème du sexe ne saurait éviter quelques questions redoutables. La première étant celle même de sa nécessité, autrement dit de son « but)', il s'agit par surcroît d'expliquer les exceptions par excès, comme celle de l'hermaphrodisme, ou par défaut, comme celle de la parthénogénèse. Un être vivant est possédé par son sexe, non pas seulement de façon extérieure et visible, mais sous forme d'une imprégnation substantielle profonde. Pourtant, cette prise de possession tyrannique souffre très bien la coexistence de deux activités sexuelles opposées, soit qu'elles se succèdent dans le temps, comme c'est le cas le plus prdinaire, soit qu'elles fonctionnent vraiment côte à côte. Si l'on admet, comme une hypothèse depuis longtemps faite, que le sexe est lié à un certain mode de fonctionnement du corps, à quelque métabolisme d'ordre physico-chimique, on ne voit pas comment deux modes aussi contradictoires trouvent le moyen de plier en même temps à leur façon de faire les particules élémentaires du vivant, à l'échelle ultra-microscopiquc, puisqu'il faut obligatoirement et d'emblée aller jusqu'à cet invisible. La sexualité se manifeste d'ordinaire par des gamètes, autrement dit des éléments cellulaires très spéciaux, dont la courbe évolutive est plus inexorable que celle de n'importe ces gamètes quel autre plastide vivant. Non seulement ne sont pas viables en dehors d'une fusion intime (fécondation), mais leur formation, en deux temps, s'accompagne d'une réduction de moitié de leurs chromosomes nucléaires. La fécondation parait si bien refaire ce que la réduction a défait
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qu'on tient d'ordinaire ces deux gestes comme complémentaires, celui-ci étant la raison d'être de celui-là. On est fortifié dans cette idée, probablement fausse, par la grande différence de taille, de forme et de fonction des gamètes la maigreur squelettique, l'allure pressée, la foule inutile des spermatozoïdes contrastent vivement avec l'indolence replète, !a thésaurisation, le quant à soi égoïste des ovules rares et précieux. Mais, dans les limbes de la sexualité (où d'ailleurs on se passe si facilement d'elle), il n'y a même plus de gamètes. Ce sont des portions privilégiées du corps qui en tiennent lieu et qui fusionnent irrésistiblement, comme si elles étaient tout imprégnées d'un sexe invisible, n'admettant que son contraire. Comment concevoir une qualité sexuelle univoque, alors qu'elle permet de telles différences de comportement ? Qui donc surtout des deux puissances a permis l'autre, du corps ou du sexe? Il semble bien qu'il faille préalablement avoir un corps, mais exista-t-il jamais quelque substance vivante vraiment impolarisée sexuellement? Question fondamentale, à laquelle il ne semble pas qu'on ait jamais répondu. De même que la sexualité courante et plus ou moins solide du corps ou soma a pour correctif (?) l'hermaphrodisme, de même la conjugaison habituelle des gamètes se tempère de la parthénogénèse. Cet état suppose la formation régulière de gamètes femelles dans leur glande génitale habituelle, mais ces ovules évoluent jusqu'à donner un adulte, de façon parfaitement normale quant au résultat, sans subir jamais l'intervention du gamète mate. Cette entorse aux règles habituelles de la génération n'est nullement rare, elle se rencontre dans les groupes les plus variés d'animaux et de plantes, au point de grouper peut-être un millier d'espèces. Cela fait approximativement une espèce sur mille dans l'ensemble du monde vivant. C'est un petit nombre, mais, chez les espèces qui en usent, le procédé est si bien ajusté et si sûr que cela évoque la comparaison avec des religions rivales. Dans l'ignorance où nous sommes des « buts » hypothétiques de la reproduction sexuée, il n'est pas défendu de penser que les choses eussent
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marché tout aussi bien avec un sexe univoque et parthénogénétique quelque pauvre incident aura néchi à l'origine la marche des choses en faveur du couple assorti, de même que la qualité fortuite de persuasion de quelque prophète inspiré détourne à son profit un vaste courant de crédulité messianique, jusque-là hésitante à se laisser lier. On peut faire à cette suggestion un reproche, à savoir que la parthénogenèse, naturelle ou imitée, comporte des procédés assez divers, et n'aboutit pas fatalement aux seules femelles, comme cela devrait être dans une méthode bien régtée. De sorte que cette manière d'être n'est peut-être qu'une cour des miracles, où se groupent des taissés.pour.compte de la reproduction sexuée. L'argument est de grand poids, mais, en bonne logique, la simple et vraie méthode devrait être la production de bourgeons détachés du corps, quelque nom qu'on leur donne, méthode encore en grand honneur et très efficace. Si ce mode a quelque jour dévié vers un perfectionnement (le mot souffre tout) sous forme de bourgeons très spécialisés ou gamètes, les circonstances de cette révolution sont à peine soupçonnées. Chez beaucoup de Protistes, où la reproduction asexuée est la règte, par bourgeonnement ou bouturage, on voit de temps à autre de brusques accidents N marqués par le retour d'une sexualité jusque-là silencieuse. On dirait qu'il s'agit d'une situation à rétablir, d'une ligne de conduite moyenne que le bouturage indé&ni risquait de laisser fléchir, et que la fusion corrige. Le parasitisme, par les conditions de milieu qu'il fait naître, paraît souvent tié à ce comportement mais it a nouveau, y autant d'exceptions que de cas positifs. H suffit de penser aux divers Protozoaires parasites du sang, dont la vie s'écoute ent re deux hôtes, et qui tantôt extériorisent chez l'Invertébré une perfection de rites sexués qu'envierait un Mammifère (Plasmodies du paludisme), tantôt sont, au contraire, abstinents ou indéchiffrables (Piroplasmes, Trypanosomes). Chez les Infusoires, où le fameux rajeunissement caryogamique ressemble tant à une fécondation sexuée, cet acte n'est pas une nécessité tant qu'un ensemble idéa! est
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rempli de conditions intérieures et extérieures. Mais chez les mêmes Infusoires, l'effet de remise en train peut être obtenu chez un individu isolé, par remaniement nucléaire (cndomixie) assez comparable à la parthénogenèse. Dans l'un et l'autre cas, le bouturage multiplicateur peut reprendre. La parthénogenèse suscita les plus vastes espoirs au moment où elle fut soumise à l'expérimentation. Grâce à quelques espèces complaisantes, on put espérer avoir reproduit le ou les modes naturels de l'étrange processus. Depuis, la liste des. espèces ne s'est pas accrue, les procédés – en grande partie empiriques – sont sensiblement restés les mêmes pour agir sur les œufs vierges, et les difficultés de l'élevage des larves obtenues n'ont pas été surmontées. On attend toujours l'événement que serait une seconde génération parthénogénétique d'Oursins ou de Grenouilles.
Ainsi qu'on pouvait le prévoir, cette recherche expérimentale, avec les magnifiques résultats qu'elle obtint presque d'emblée, fit naître un vif mouvement de curiosité en faveur de la parthénogenèse naturelle, et la plupart des espèces qui la présentent furent ardemment scrutées, dans la pensée que les deux méthodes se soutiendraient l'une l'autre. Cet espoir n'a été réalisé que bien partiellement. Rien ne ressemble à un œuf parthénogénétique comme un œuf fécondé, et il est exceptionnel que les conditions de milieu, qu'on pourrait croire agissantes, parlent sans équivoque. On peut dire, en grossissant quelque peu, que les ovules parthénogénétiques, suivant que leur propension à se développer était naturelle ou provoquée, ont été l'objet de recherches antinomiques, tant par les méthodes employées que par la structure mentale que celles-ci supposent D'un côté, une profusion d'images d'après des coupes, parfois admirables de netteté, mais mortes. De l'autre côté, des mesures physiques, ou des images morphologiques à contours
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peu poussés, mais obtenues d'après le vivant. Il n'est guère étonnant que les deux explorations aient conclu séparément. 11 faut presque un effort pour se rappeler aujourd'hui, en deçà des grandes découvertes sur la cytologie des gamètes et la fécondation, qu'une longue controverse a divisé les naturalistes à propos des Pucerons, dont Ch. Bonnet observa le pré. mier (!/6g) jusqu'à dix générations obtenues sans intervention d'aucun mâle. Rappelons rapidement qu'un plastide, destiné à devenir un gamète, subit un arrangement très particulier de la substance colorable, ou chromatine, diffuse dans son noyau. Le point le plus essentiel est que cette chromatine, après avoir formé le nombre de chromosomes qui caractérise l'espèce considérée, rassemble ceux-ci par paires indissolubles, dont le nombre est naturellement moitié moindre. Les choses ne s'arrangent pas par la suite, comme si quelque synthèse régulatrice manquait de se produire, et, le noyau initial ainsi marqué ne pouvant donner que ce qu'il a, ses deux « fils o ne recevront chacun que ce nombre réduit de chromosomes (nombre haploïde) au lieu du nombre normal (ou diploïde). A la seconde division, les noyaux-fils se sont bien partagé correctement la chromatinc présente en dédoublant les chromosomes suivant leur longueur, mais, comme les parties prenantes sont elles-mêmes quatre au lieu de deux, cela ne fait toujours, pour chacune, que le nombre haploïde. Faut-il ajouter que si le plastide est marqué du signe mâle, les deux divisions aboutissent à quatre maigres spermatozoïdes équivalents, alors que dans le cas du gamète femelle, un seul ovule reste replet et viable, le vestige des trois autres étant représenté par un rebut, deux (rarement trois)globules polaires? Cette différence de comportement est sans aucun doute la clef du mystère et n'a jamais pu être expliquée. Weissmann a vu que les deux globules polaires ne sont pas semblables et pensé que le second, celui qui n'est pas émis par l'ovule parthénogénétique, par le fait même qu'il n'est pas émis, doit remplacer de quelque façon le spermatozoïde défi-
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cient. L'hypothèse était si lumineuse qu'elle est encore admise par la plupart des cytologistes, malgré l'importante modification qu'elle a subie. On peut dire d'elle qu'elle reste applicable bien que reconnue fausse. Les Pucerons, qui sont une véritable mine de miracles biologiques, ont encore servi à élucider le détait cytologique, après avoir permis de constater le fait global. Il se trouve, si l'on en croit de Bsehr, que dans l'ovaire de l'espèce Aphis ~/w<p, Ics formalités qui aboutissent à la maturation des ovules ne suivent nullement la voie ordinaire. I! y a bien ébauche de réunion des chromosomes par paires ou dyades, mais ébauche seulement: Très vite les bâtonnets chromatiques se séparent (déconjugaison), puis se fendent en long, comme ils le feraient dans un plastide quelconque en voie de division; par suite, il n'y a pas réduction de leur nombre, mais il ne se /a</ aucune <s~MWM,ni éga)c, ni inégale. Cela prouve, entre parenthèses, que la danse chromosomique n'est pour rien dans les raisons impérieuses qui poussent un plastide à se diviser. Les chromosomes sont des sortes d'obsédants portraits de famille qui, lors d'un déménagement, donneraient l'illusion de l'avoir provoqué, par suite des soins dont ils sont l'objet, alors qu'ils ne font que suivre. 11 est vrai que la division subséquente a lieu, et libère un débris globulaire, mais, contrairement à ce que pensait Weissmann, c'est là une division quelconque, faite suivant toutes les règles (hormis l'inégalité de taille~ et qui ne réduit rien. On remarquera que, par ce geste exceptionnel, le plastide d'Aphis, candidat à l'ovulation, se comporte exactement comme le ferait un plastide quelconque asexué. II se libère d'une lourde chaine de formalités et revient au mode simple de multiplication, celui d'une sorte de bouture. Les grands naturalistes comme von Siebold, Huxley, Lubbock, Leuckart, n'avaient donc pas si tort en émettant d'emblée cette hypothèse, que la cytologie confirme. II est vrai que le détour par lequel on y revient n'est pas mince. Si l'ovule d'/l~M est en quelque sorte pris de remords et défait en le simplifiant un geste commencé, n'est-ce pas parce qu'il représente l'enfant
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perdu d'une série progressive, à l'autre bout de laquelle on trouverait, au contraire, le geste dans toute sa complication? N'y a-t-il pas là une réminiscence sans utilité qui doit « disparate à la façon d'un organe rudimentaire "7 Vandel se rallie à cette thèse, il apporte comme argument de grand poids l'existence, chez les végétaux et les animaux parthénogénétiques, d'une véritable série où l'on assiste au renoncement progressif de la réunion par paires. S'il en est ainsi, c'est donc que ce mode de parthénogenèse ~Mff du mode sexué ordinaire. Cette parthénogenèse diploïde pourrait se nommer aussi bien ~<'M~<w«/a/<CM, elle pour reprendre le terme d'Huxley parait tenir à ce que les plastides de la région ovarienne ne sont plus tout à fait banaux, ils ont déjà subi une assez forte polarisation, une répartition de leur matériel cytoplasmique qui risque de les engager dans l'ornière sexuée, cette d'où l'on ne sort qu'avec un secours étranger. Le mécanisme est déjà si grinçant que la division du cytoplasme n'arrive pas à se faire. Puis, il y a là un /Mw~~cM/,et quelque bon génie rétablit les affaires. Elle est en tout cas la plus répandue. C'est cette des Puccrons déjà nommés, où la réalité de l'unique globule polaire a été démontrée par Blochman en tSSy; c'est cette des Rotifères, ces petits Vers miscroscopiques à roues ciliées, qui sont un autre monde de merveilles; elle est également commune chez les humbles Crustacés du plankton des eaux douces, Ctadocères et Ostracodes, comme chez les Artémies des marais sursatés. Sa complication est souvent extrême. La parthénogenèse sera par exemple saisonnière, elle ne se produira qu'au printemps, prenant le masque d'une mesure providentielle de multiplication rapide, qui, par surcroît, dépendrait de la météorologie. Mais l'illusion disparait devant les cas de parthénogenèse ~c~yMe, où l'on découvre une alternance, toutes choses égales d'ailleurs, avec la reproduction sexuée. Tantôt, c'est un seul et même individu qui incarne successivement les deux sortes de germen (sans compter les faux pas
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dans le sens mâle qui brochent sur le tout chez les intersexués) tantôt, au contraire, un seul et même mode de reproduction « possède M des générations entières, puis change brusquement chez une génération donnée, qui sera par (génératrice de mâles et de femelles) et non exemple ~:rM~<M~ Enfin, chez certaines espèces, on plus parthénogénétique. semble bien avoir renoncé à tout autre mode, et l'apparition du sexe mâle, ou bien ne se fait plus, ou bien est un phénomène quasi astronomique. A côté, d'autres espèces seront, au contraire, cycliques, ou même normalement sexuées, sansqu'on en devine les raisons.
II est une autre parthénogenèse qui est, si l'on ose dire, plus populaire, en ce qu'elle se réalise chez les Abeilles et chez le petit peuple des Hyménoptères. Le cas de l'Abeille est bien connu. La femelle unique que laisse subsister la sévère assemblée des eunuques femelles, dites ouvrières, est fécondée pour toute sa vie au cours d'un voyage de noces aérien, mais il arrive que certains de ses ovules ne sont pas fécondés, grand mystère. Le curé silésien Dzierzon, il y a un siècle, croyait que la reine peut, à volonté, laisser passer les spermatozoïdes ou leur barrer la route. Si incroyable que !e fait paraisse, on n'a guère trouvé mieux pour en expliquer une conséquence, celle-ci incontestable l'oeuf fécondé donne une femelle, t'œuf vierge un mâle ou fauxbourdon. La parthénogénèse aboutit ici à des mâles, contrairement au cas précédent où elle donnait des femelles. Fécondé ou non, !'œuf a été soumis aux formalités régulières de l'expulsion de deux globules polaires, mais, comme il ne reçoit pas de supplément de chromatine dans le cas de non-fécondation, il se développe, contrairement à toute règle, malgré le nombre réduit de chromosomes, et, ce qui est aussi étonnant, donne naissance à un mâle dont tous les plastidcs sont affectés de la même tare. Si ces faux-bourdons, « prétendants dans la maison d'Ulysse », sont un peu ridicules et
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pitoyables dans la ruche, ce repaire du féminisme intégral, on ne peut leur refuser d'être de construction avantageuse et de remplir parfaitement leur rôle fécondateur sans lendemain. C'est donc, ou bien que le fait d'être haploïde n'a pas l'inconvénient qu'on pourrait croire, ou bien que cette tare n'existe pas, la chromatine s'étant rapidement reconstituée au cours du développement. H semble bien exister des mâles véritable. ment haploïdes, par exemple chez la fameuse Cochenille Icerya ~<-AMt, fléau des Orangers dans le monde entier, mais peutêtre accorde-t.on, contraint et forcé d'ailleurs, trop de valeur au nombre et pas assez au poids inconnu des chromosomes. Il est bien surprenant que ce cas soit unique dans le monde vivant, animal ou végétal. La parthénogenèse de t'œuf d'Abeille, ou de cas analogues, est d'une explication presque impossible si l'on place au premier rang la quantité apparente de chromatine, puisqu'il n'y a cette fois aucun auxiliaire secourable pour remédier à sa déûcience. Cela nous conduit à une autre catégorie de cas, du plus vif intérêt, où la parthénogénèse est tout à fait inconstante et fortuite. Le Ver à soie en est l'exemple le plus anciennement connu, mais beaucoup d'espèces de Papillons paraissent lui ressembler sous ce rapport. La nature accidentelle du phénomène le rend très difficile à étudier, mais on a pourtant la certitude, à force de recoupements, que les œufs vierges se développant ainsi ont bien subi l'expulsion normale des deux globules polaires, et que les adultes sortis d'eux sont parfaitement diploïdes dans toutes leurs parties. C'est donc, pour partie, le cas de l'Abeille, mais dans lequel il serait intervenu une régulation du nombre des chromosomes. En se basant sur une ingénieuse hypothèse du cytologiste Boveri, on admet que le second globule polaire, après être sorti de l'ovule sous forme d'un cône de soulèvement, y rentre de nouveau et joue en quelque sorte le rôle du spermatozoïde absent. L'œuf parthénogénétique d'Abeille soulève d'ailleurs bien d'autres énigmes, en particulier le sexe mâle des adultes
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qu'il donne, mais nous ne saurions même aborder cette dif&cile question. Un dernier cas de parthénogénèse naturelle, et ce n'est pas le moins curieux, est celui dans lequel cette anomalie affecte seulement une race géographique de l'espèce considérée. On entend par là une collection d'individus qui ne sont plus capables de se mêler par fécondation aux individus normaux, et qui s'isolent par conséquent de plus en plus, formant une sorte de tache sur une carte de répartition de l'espèce. Il se trouve que cette anomalie est liée à un excès (numérique) de chromosomes, dont le nombre est un multiple du nombre normal (jusqu'à six fois). Les cas signalés de polyploïdie sont déjà fort nombreux chez les plantes, et font l'objet d'un chapitre particulièrement ardu de la génétique, riche en conséquences culturales. La simple arithmétique oblige de distinguer parmi ces monstres deux catégories, ceux chez lesquels le nombre des chromosomes est divisible par deux, le doublement étant alors relativement simple, et ceux chez lesquels il ne l'est pas, infiniment plus difficile. Cette monstruosité se voit aussi chez quelques rares espèces animales, et, si peu qu'elle soit encore connue, elle semble bien avoir pour cause une absence de réduction chromatique, faisant que les gamètes anormaux doublent d'abord, puis ont tendance à quadrupler, à sextupler le nombre des chromosomes, par fusion sexuée. Comme de tcls gamètes ressemblent à des plastides quelconques, on conçoit qu'ils ne se différencient même plus, la reproduction devient d'apparence parthénogénétique, en réalité asexuée, et l'anomalie des chromosomes se maintient à la fois dans le soma et le germen. Les mâles deviennent de plus en plus rares, d'ailleurs incapables de faire leur office par inappétence sexuelle ou infécondité. Le fait le plus remarquable de la polyploïdie, celui aussi sur lequel les auteurs insistent le moins, est, à notre avis, la régulation qui s'installe très vite, à partir d'un certain niveau, et ne permet pas au nombre de chromosomes de doubler indéfiniment.
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La chromatine est un bloc, le nombre de ses fragments visibles est un repère curieux par suite de sa constance spécifique, mais rien de plus. C'est tout juste si l'on trouve, dans le million d'espèces cataloguées, une variation de deux à trente paires de chromosomes, nombre nu, sans aucun rapport avec la perfection organique, la nature animale ou végétale de l'être considéré. Des nombres tels que quarante-huit ou soixante chromosomes ne représent-ils pas déjà une polyploïdie masquée, dont les possesseurs se sont accommodés (tout s'arrange)?
La ~<< ay~c~/c, après de nombreux coups de sonde un peu partout dans le règne animal, n'a guère donné de résultats éclatantsque chez certains Échinodermes(0ursins, Astéries), où elle est tout à fait fortuite (ou douteuse) à l'état de nature, et chez les Batraciens, qui n'en présentent aucun cas naturel. Autrement dit, il n'existe aucun lien entre ces remarquables expériences de démiurge, et les expériences toutes faites qu'offre le catalogue des êtres, ce qui est assez curieux. Le bilan serait fort maigre si l'on s'en tenait au pouvoir « créateur » de la méthode les huit petits Oursins obtenus par Delage, dont trois étaient des mâles et vécurent plus d'un an; 2" les onze très petites Grenouilles obtenues par Loeb (neuf femelles et deux mâles) par la méthode de Bataillon. Mats il faut soigneusement remarquer que ce but créateur n'a été que très secondairement poursuivi, et que, dans la nature, le gaspillage des vies larvaires est du même ordre de grandeur, la faune terrestre ou marine n'ayant jamais <fdébordé )) ni de Grenouilles ni d'Oursins. Il est nécessaire de rappeler brièvement en quoi consistent les méthodes d'activation parthénogénétique. La méthode de Lœb, dite en deux temps, est la plus compliquée. Elle est le résultat d'une masse énorme de travaux et d'hypothèses, souvent confus ou même contradictoires, conçus sous le signe du « mécanisme » pur. Delage en a fait une critique qui restera
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un modèle de logique et de mesure. On porte les oeufs vierges d'Oursin, soigneusement lavés à l'eau de mer, dans une large quantité de solution déci-normatc d'acide butyrique, étendue à 5,6 p. 100. Après quelques minutes, on rapporte les œufs dans l'eau de mer, où ils soulèvent une membrane, qui marque leur activation. C'est là le premier temps. On les place ensuite dans de l'eau de mer sursalée, hypertonique, et, après un séjour d'une heure, les œufs reportés dans l'eau de mer pure, au moins certains d'entre eux, se segmentent et donnent des larves vigoureuses. La méthode de Delage est infiniment plus simple. S'adressant, il est vrai, aux œufs vierges des Étoiles de mer, qui paraissent être plus faciles à ébranler, Delage montra que le simple passage dans l'eau de mer saturée de gaz carbonique suffisait à produire l'activation, si bien que ces œufs, reportésdans l'eau de mer pure,donnaient jusqu'à too p. !oo de larves. Un peu plus tard, guidé par des considérations sur la structure physico-chimique de l'édifice ovulaire, il imagina une seconde méthode qui, améliorée peu à peu, donna, même avec l'Oursin commun, une réussite absolument parfaite; les larves obtenues s'élevèrent aussi bien que les larves normales, ce qui n'est pas beaucoup dire, mais prouve au moins que l'expérimentateur avait trouvé juste le point où il convient d'appuyer pour déclancher le mécanisme. On plonge les œufs dans de l'eau de mer sucrée additionnée de quelques gouttes de tanin. Après quelques minutes, on alcalinise très légèrement à l'ammoniaque, et les œufs sont laissés une heure dans le liquide. Ils se développent quand on les reporte en eau de mer pure. Delage a fait remarquer fort justement que, dans les méthodes de fécondation dites chimiques, aucun développement n'a lieu en présence des réactifs, mais seulement par report dans l'eau de mer, ce qui est au moins singulier si ces réactifs interviennent chimiquement. Dalcq a décrit récemment une méthode, dite des quatre chlorures, qui échappe à ce reproche en ce que les ceufs (d'A~«M glacialis) peuvent parcourir dans le réactif même tous les stades de la segmentation.
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La méthode par piqûre imaginée par Bataillon est elle-même l'aboutissant d'une longue série de recherches (depuis !{)oo). L'idée directrice était d'abord toute différente, celle d'une expulsion de liquide entraînant certains déchets, tesquets causaient l'inertie de l'œuf. Puis, analysant avec clairvoyance et méthode les causes d'insuccès, l'éminent biologiste fut amené à constater l'influence d'un élément vivant étranger, puis à préciser l'action prépondérante de son noyau (leucocyte, spermatozoïde;. Ce mode de parthénogénèse se laisse ainsi rattacher à un ensemble de remarquables expériences, où l'élément d'activation a bien été un gamète mate, mais provenant d'une espèce très étrangère (œufs d'Oursin, sperme de Moule, exp. de Kupetwieser) ou ayant subi un traitement qui lui enlève toute valeur fécondante (radium, bleu de méthytène, alcool, jaune d'acridine, exp. de G., 0. et P. Hertwig, de Dalcq). Il ne se fait aucun apport, aucun mélange de chromatine mate, le gamète lésé est en apparence un spectateur impassible de l'action qu'il déchaine, et le futur produit du développement n'aura qu'une stricte hérédité maternelle. Pourtant, l'entrée en scène de l'étranger est si efficace et le résultat si régulier que cela met tout de suite en doute contre une intervention prépondérante de la chromatine, si tant est même qu'elle intervienne. Ces divers procédés, ou méthodes, ont assez peu de points communs pour que l'on ne soit pas en état de dresser une explication cohérente de la parthénogenèse. Pas davantage de la fécondation, puisqu'il apparaît que le gamète mate, s'il en est l'instrument usuel et irremplaçable, ne fait cependant que rompre une sorte de « charme u chez !e gamète femelle devenu inerte. Il peut arriver que cet état d'excessive polarisation ne soit pas atteint, le gamète se rapprochant alors beaucoup du plastide quelconque capable de division indé&nie les phénomènes normaux d'expulsion des globules, dans la parthénogénèse naturelle, seraient alors le témoin, bien plus que la cause de cette mise en route, et le plastide finirait par récupérer son pouvoir perdu. Mais on conçoit aussi une série très
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nuancée d'états d'inertie relative. passibles d'excitants euxmêmes gradués, jusqu'à l'état de profonde hypnose », que le gamète mâle bien constitué serait seul en état de faire cesser. Il est impossible, en un mot, de séparer la recherche causale dans la fécondation et dans la parthénogenèse.
Un oocyte est aussi diBérent que possible d'un spermatocyte. Il se constitue en lui un ensemble d'appareils et de réserves qui le rendent hétérogène à sa façon un pôle animal de sarcode presque pur, un pôle végétatif de vitellus prédominant. Tous les événements dont t'œuf serale siège se produiront sur l'axe qui joint ces pôles, en particulier le fait décistf d'une première segmentation, dont le déterminisme est la clé du problème. On a l'impression, en le suivant sur des oeufs vivants et non colorés, que l'essentiel réside dans les volumineuses irradiations ou asters, qui se produisent dans le sarcode autour de points particuliers dits centrosomes. Un état d'équilibre s'est préalablement établi entre sarcode et noyau, si bien que celui-ci s'est éclusé u dans celui-là au point de ne plus posséder de contour. Ce contenu nucléaire, épanché entre les asters, forme là un fuseau, tandis que le reste du noyau, différencié en chromosomes visibles, subit une poussée convergente vers t'équateur, suivant un plan. Puis se déroule, sans raison apparente, un reflux d<vergent, qui entraîne vers les potes astériens les chromosomes, courbés en anses et dédoublés d'abord, puis recroquevillés et finalement évanescents au sein d'une sphère nucléaire rétablie. Un suc hyalin prend la place de la plaque équatoriate de naguère, une invincible constriction serre le sarcode comme le nœud d'un fil, jusqu'à séparer deux plastides là où tt n'en existait qu'un. Une fois mise en route, cette segmentation se poursuit indé&ntment, comme les explosions d'un moteur. Elle contraste ainsi très vivement avec la séparation des globules polaires, segmentation aussi, mais tout de suite arrêtée, locaAttx.Utttv. VI.–tg
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Usée au pôle animal et n'arrivant pas à franchir ses étroites limites. H semble, en un mot, que d'un mode de segmentation à l'autre, l'CMtfa vaincu. un obstacle ce qui pouvait avoir lieu seulement en une zone étroite s'est maintenant étendu à toute sa masse, il s'est dépolarisé.
Depuis que l'on a touché réellement de l'aiguille à microdissection le sarcode géli&é sous forme d'asters, on sait aussi que la partie non gélifiée de ce sarcode est fluide comme de l'huile et qu'elle subit par suite, à l'occasion, de grands changements de consistance. Ces changements ne sont euxmêmes que le signe visible de profondes variations dans plusieurs sens la concentration en ions hydrogène, l'indice de réfraction, laconsommation d'oxygène, la perméabilité, subissent des crises concordantes, chacun de ces grands témoins ou paramètres varie suivant une série d'ondulations, dont les points remarquables, maxima ou minima suivant le cas, se placent au moment de l'apparition desasters, puis au moment de l'apparition des sillons de segmentation. Nous serions extrêmement frappés de ces bouleversements à la « frontière douanière Mde l'œuf si nos yeux en étaient témoins, sur une sphère de quelques mètres de diamètre. Le travail capital sur ce point, classique et toujours cité, est celui du jeune biologiste belge Herlant, mort il y a dix ans environ, et qui avait vu dans cette sensibilité cyclique la cause profonde du « départ M de l'oeuf, parthénogénétique ou fécondé. Le noyau peut se diviser sans le sarcode, mais il semble bien (le cas des syncitiums étant réservé) que la plus importante des deux divisions soit celle du cytoplasme, celle du noyau lui étant subordonnée. C'est la revanche de l'idée courante imposée par les images cytologiques. Non seulement le sarcode dominerait les phases de toute division mitotique, mais encore il trouverait dans son propre métabolisme, même sans apport d'ions extérieurs, de quoi faire varier les tensions
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internes de ses territoires jusqu'à création de figures tou-rbillonnaires et d'une cloison résistante. Les cycles de perméabilité seraient, vis-à-vis de ces révolutions internes, non une cause, mais une conséquence et un témoin. La surface de l'œuf réagit vivement au contact du gamète mâle sous forme d'une sécrétion temporaire sans laquelle l'oeuf no parait pas fécondable. Mais ce gamète mâle lui-même, avant d'avoir fait le gestede pénétrer, changeinstantanément, et par sa simple présence, les propriétés de la couche corticale au point qu'on a vu, sur des ovules d'Oursin, la consommation d'oxygène passer de un à quatre-vingts. Le spermatozoïde ébranle l'ovule comme fait une amorce de fulminate d'une charge inerte de cheddite, sans rien lui apporter de matériel. L'amorce doit être fortement surabondante et gaspillée, car on ne comprendrait plus comment l'ovule parthéoogénétique arrive, à s'en passer. Le changement de propriétés du cortex de l'ceuf a une autre conséquence, celle d'arrêter net, d'ordinaire, la pénétration des gamètes mâles moins pressés que le premier. La naissance de cette « vague de négativité » instantanée n'est pas également rigoureuse pour tous les ceufs, mais on n'a pas manqué de l'interpréter comme une « défense providentielle contre les désordres qu'entraînerait l'afflux des prétendants. Plus exactement leur réussite auprès d'un noyau femelle débordé par eux, car l'afaux est normal dans les œufs à gros vitellus et il n'en résulte rien, les gamètes évincés étant utilisés à des fins nutritives après leur mort. La superfétation, au contraire, amène des larves monstrueuses, qui n'aboutissent pas. Les cas-limites des rapports d'attraction entre gamètes sont, d'une part, ceux de non-spéci&cité, où le sarcode d'un ceuf laisse entrer (moyennant un artifice d'hypnose physique ou chimique) un spermatozoïde d'un groupe lointain. D'autre part, ceux où l'œuf repousse tout gamète mâle fourni par le même individu, pour n'accepter que ceux d'un autre mâle de même espèce. Tout cela ne témoigne pas d'un prophétismc
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bien réglé, et le chemin du gamète mâle n'est pas, comme on le croit si souvent, le « chemin de velours » passible d'admiration béate. Le cas le plus étonnant est sans doute celui d'animaux marins dont le sperme ne supporte pas le contact de l'eau de mer. Les Annélides du groupe des Néréidiens, dont les danses nuptiales à la pleine lune sont fort célèbres, sont dans ce cas il faut que la femelle déglutisse le produit fécondant (cette physique de l'amour, dirait R. de Gourmont, n'a ni ~goût ni dégoût), et le contact avec les œufs se fait dans la cavité générale du Ver, à l'abri de l'eau de mer. L'immense majorité des gamètes, émis sous forme d'un nuage laiteux, sont ainsi perdus, contrairement à toute logique.
La méthode de parthénogénèse expérimentale qui parait limiter de plus près l'action du spermatozoïde est celle de Bataillon, décrite plus avant (piqûre et innoculation d'œufs de Batraciens). Grâce à une série de très beaux travaux, ce savant est aujourd'hui le grand théoricien de la parthénogenèse. Lesceufs piqués, mais non inoculés de lymphe, ne dépassent pas la phase de monaster et régressent, ils sont assez fidèlement comparables à ceux d'Oursin après le premier temps de la méthode de Lœb à l'acide butyrique. Dans les ceufs qui ont reçu, au contraire, quelques éléments vivants riches en chromatine, comme les leucocytes, il y a, dit Bataillon, M~ccatalyse, les noyaux étrangers sont le siège d'asters, et ce sont eux, d'un certain point de vue, qui déclenchent la segmentation, comme s'ils tenaient la place de l'aster spermatique. Sans que ces asters accessoires entrent pour rien dans t'édi&cation de la figure de mitose, on voit le pronucleus femelle agrandir son champ de géti&cation astérienne, allonger le diamètre de son fuseau, et, du coup, la figure devient bipolaire il y a dicentrie. C'est d'ordinaire le pronucleus mâle, provenant du spermatozoïde, qui dirige tout ce
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mouvement, et tout le secret de la parthénogénèse consiste à comprendre comment le pronucleus femelle arrive à le suppléer. Le problème a été abordé de diverses façons, en particulier avec l'aide de gamètes mâles étrangers, ou gamètes mâles de même espèce, mais intoxiqués. On obtient ainsi, parfois, un véritable développement parthénogénétique, en ce sens que le gamète introduit est un pur agent d'excitation, il ne cède à l'ovule, comme on l'a dit plus haut, aucune parcelle de sa chromatine et n'est pour rien dans les caractères héréditaires du descendant. Une telle méthode d'analyse a paru montrer que le principe actif de Ia<~<M', autrement dit de la première segmentation de l'ovule, n'est pas la chromatine du noyau étranger, mais bien le suc nucléaire dans lequel elle est répartie, et dans lequel elle se redissout à la fin de chaque division ou ~t/<w. Le suc nucléaire paraît être essentiel à la formation du fuseau, cette sorte de cristal semi-liquide si typique qui joint entre eux les asters et les refoule aux extrémités d'un diamètre. Diverses causes peuvent provoquer dans un ovule la formation d'asters, ces irradiations du sarcode autour d'un centre privilégié, mais seul un fuseau d'un certain volume peut conduire un aster jusqu'à la dicentrie, et déclencher ainsi la danse hiératique si connue des chromosomes, la figure de caryocinèse. Aucune activation ne peut se faire sans un fuseau. Peut-on passer de cette activation naturelle, du fait d'un gamète vivant ou toutau moins agissant, àl'activation artificielle, du fait d'un réactif physico-chimique? Un ensemble de phénomènes leur est commun, ceux qui s'exercent à la frontière de l'ovule et aboutissent au remaniement de sa membrane. Il existe, à n'en pas douter, un lien étroit entre l'activation et une certaine perméation de l'oocyte, et tous les procédés de parthénogenèse tendent, plus ou moins empiriquement, à modifier la membrane dans le sens d'une plus grande perméabilité la vie ne se conçoit que comme une somme, celle des échanges avec le milieu. La vie de l'ovule comportera donc deux phases, celle des limbes, pendant laquelle une frontière
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fetmée imposer une activité ralentie à l'extrême, puis la phase normale, où l'ovule se comportera comme tout plastide jeune, allant jusqu'au bout de ses chances. Mais l'ouverture de la frontière se manifeste de deux façons t* L'eau, les sels, les acides, les bases, en d'autres termes, les molécules et les ions, transitent activement dans les deux sens, au lieu d'être presque stationnaires; 2* les oxydations sont considérablement accrues. Cela fait aussi deux moyens de pénétrer dans le secret de l'activation, mais ils sont d'allure bien différente. La constatation et la mesure des transits sont infiniment complexes, on est encore loin de s'entendre sur la nature même de la surface de séparation plastide-milieu, sur le rôle que peuvent jouer les charges électriques, l'adsorption par les surfaces micellaires, l'imbibition, le coefficient de partage, la conductibilité, et d'autres facteurs encore. Sans entrer dans le détail, on peut dire que l'activation modtne profondément la perméabilité, mais que celle-ci n'apparait pas forcément l'instigateur de celle-là. L'activation frappe par son caractère soudain, instantané, la perméation est lente à s'installer, si l'on en juge au moins par nos moyens de mesure. Cela explique que l'on se soit tourné avec prédilection vers le second moyen, l'accroissement des oxydations. Il a également été question plus avant de leur caractère explosif, qui suit fidèlement l'allure même de l'activation et parait indiquer un lien de cause à effet. Comme dit Dalcq, cet effet de surface est si caractéristique qu'on a l'impression de toucher au principe même de l'activation. Lœb avait pensé que l'œuf vierge était un plastide inerte, ~a~c que anaérobie, et que l'intervention de l'oxygène était fondamentale. Avec sa grande imagination constructive, Lceb avait édi6é de nombreuses explications intriquées, pour concilier le principe de sa méthode (acide gras solution hypotonique) avec une activité oxydante, et aussi avec des difncultés de détail gênantes. C'est ainsi que, dans bien des cas, il n'y a pas parallélisme entre la courbe des oxydations et les travaux accomplis dans
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l'oeuf; ceux-ci paraissent n'utiliser qu'une faible partie de l'énergie respiratoire, produite superficiellement et dépensée amène pour rien, sous forme de chaleur. Telle solution qui un accroissement indéniable des oxydations ne déclenche aucune mitose. Aucun œuf vierge n'est activé par le simple contact de l'oxygène atmosphérique. Rien ne permet de comprendre qu'un ceuf d'Oursin, suivant qu'il est ou non activé, c'est-à-dire perméable, consomme quatre-vingts fois plus d'oxygène. Que l'effet de surface soit dû à une catalase, c'est-à-dire à l'un de ces complexes habiles fonctionnant comme oxydo-réducteurs, c'est fort possible, mais la mise au jour d'un tel système, jusqu'alors caché, est sous la dépendance d'une distribution ionique nouvelle, dont la frontière de l'œuf serait le siège. C'est, encore une fois, le changement de perméabilité qui est le ~MMM movens, le bondissement des oxydations n'en est qu'une conséquence et la cause n'apparaît pas. En même temps que la réaction corticale, il se fait dans le et une sarcode un remaniement des phosphoglycérides celle-ci est synthèse du matériel nucléaire. A vrai dire, surtout évidente à partir du moment où la segmentation fait suite à l'activation, mais on tend à penser que le sarcode tient du probablement en réserve tout le nécessaire, à partir moment où l'oocyte est déterminé comme tel. Le biologiste polonais Godlewski croit pouvoir concluré de ses mesures de ~y/ae<M nucléaire et sarcodique (chez l'Oursin) qu'un certain se retrouve semblable dans rapport nucléoplasmatique dans la l'oocyte prêt à expulser ses globules polaires, et blastula pourvue de soixante-quatre blastomères. Entre temps, les divisions hâtives de maturation paraissent avoir appauvri sans compensation le matériel nucléaire, mais comme le relèvement du rapport se fait sans rien emprunter au milieu, cela évoque l'idée d'une migration soit à partir du suc nucléaire, comme le pense Godlewski, soit à partir du sarcode, comme cela est peu probable. Il est remarquable de voir le taux du phosphore nucléinique ne pas varier, ou
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presque, de !'ceuf vierge à ta ~M/< Ce résultat, d& à Wasing, est assez important, d'obtention assez délicate, pour valoir la peine de confirmations réitérées.
Le problème de la mise en marche de Fœuf vierge est lié de façon très intime à celui de ws/MM~ow, autrement dit, à cette double divisionabortive qui libère les globules polaires. Le mot de maturation implique l'idée de quelque substance nuisible, dont l'expulsion doit obligatoirement précéder l'action des réactifs activants. En fait, il n'en est rien. Dans les cas où ce réactif est un gamète mâle, celui-ci peut pénétrer dans l'oocyte bien avant la fin de la maturation, comme en témoignent les imagesclassiques de l'Ascaris. De même, l'activation artificielle est possible à un temps presque quelconque de l'expulsion, au moins pour certains oocytes, comme ceux des Échinodermes. Une telle intrication n'est pas faite pour simplifier, mais elle est significative la maturation représente ce que l'oocyte peut livré à ses faire, seuls moyens. D'ordinaire, il retombe ensuite dans une telle inertie qu'il faut une cause externe pour l'en tirer, et c'est l'ae/M~/K~, mais on peut se demander si ce premier essai de segmentation, bien qu'avorté, n'a pas laissé de trace cachée et fait une partie du chemin. En d'autres termes, s'il fallait une cause s'exprimant par le chiffre too pour inciter l'oocyte à la segmentation, peut-être ce chiffre se réduit-il à So chez l'oolide, c'est-à-dire chez le gamète ayant expulsé ses globules. Chez les oocytes parthénogénétiques naturels, là où l'on constate d'ordinaire des troubles encore incomplète. ment analysés de la maturation, le chiffre arbitraire de So se réduirait à zéro. Il s'agit donc d'un phénomène très chargé de sens, qu'il y a mtérêt à contrarier ou à provoquer expérimentalement. Rappelons qu'il s'opère sur un noyau assez particulier, très volumineux, la vésicule germinative, et que sa mise en marche naturelle est assez décevante, puisque tantôt elle se fait dans
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l'ovaire même, ou sur le chemin de la ponte, ou après la ponte, ou, enfin, seulement après fécondation. Ces derniers cas sont très intéressants, car ils permettent l'essai de réactifs qu'on peut qualifier d'activants, la segmentation parthénogénétique faisant suite à la maturation. De sorte qu'en étudiant, à la suite de Herlant, les cycles de perméabilité pendant la matu. ration, Dalcq s'est trouvé mettre sur pied une méthode de parthénogenèse, dite des quatre chlorures (Na, K, Mg, Ca, le chlorure de calcium prédominant largement). Cette méthode ne vise pas à obtenir un pourcentage élevé de développements larvaires, mais elle permet, mieux que toute autre, d'analyser les actions ioniques qui déterminent la mise en route. Elle a dont les porté presque exclusivement sur /1.~«M ~MRj ceufs vierges, simplement exprimés de l'ovaire dans une telle solution, peuvent y subir tous les stades de l'activation et se segmenter. II s'agit bien d'un certain « balancement » optimum des sels, puisqu'il n'est pas nécessaire de soustraire les œufs au réactif, et les effets peuvent en être purement observés. La réaction possède une allure quantitative régulière, elle progresse en fonction de la concentration, comme si les ions pénétraient l'oeuf et agissaient en fixant des substances hostiles physiquement à la maturation. Si l'on veut, cette fixation déverrouille une porte d'écluse, un niveau osmotique s'établit entre le sarcode et le contenu nucléaire, et la volumineuse vésicule disparaît. Pourquoi faut-il la symbiose de l'ion potassium, excitateur de l'irritabilité sarcodique, et de l'ion calcium, cheville ouvrière des diastases coagulantes? En quoi cette symbiose est-elle imitée par le gamète mâle ? Les deux questions restent en suspens, mais c'est bien quelque chose qu'elles se laissent poser. Le contenu de la vésicule se comporte en gros comme dans une mitose normale, les chromosomes s'extériorisent à leur façon, qui est très particulière, le suc imbibe le sarcode à la façon d'un buvard, en ce sens que l'écorce ou frontière de ce sarcode ne reçoit probablement pas exactement le même produit que les régions centrales. L'oocyte voit la plupart de
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ses propriétés changer, il y a g~tt&cation astérienne et fusoriale, mais de façon également très spéciale, puisque les deux divisions qui vont s'ensuivre sont extrêmement inégales l'une et l'autre. Le théâtre des opérations est infiniment plus restreint que dans une mitose régulière; cela est si vrai que la portion du sarcode intéressé par le sillon de séparation, si minime qu'elle soit, s'en sépare préalablement en faisant saillie au dehors comme le pseudopode d'une Amibe. On dirait que le suc nucléaire n'a fusé que dans une seule direction, celle du p6te animal, déjà déterminé, de l'oocyte. De ce fait, ces divisions polaires réduites sont moins rigidement déterminées que les divisions normales; quand on parvient à empêcher la sortie du premier globule, la figure astérienne réussit à se remanier jusqu'à émergence d'un globule géant, qui restera unique. Mais si la seconde figure astérienne est à son tour empêchée d'atteindre la surface, on la voit se rapprocher du centre, s'agrandir beaucoup, et déterminer un sillon profond, comme si elle tendait vers une segmentation. En même temps, les chromosomes se déconjuguent, de sorte que le cas devient parallèle à celui de certaines parthénogenèses de Pucerons. Les mélanges de chlorures, mieux encore que l'eau de mer diluée, sont très propres à montrer ces faits remarquables, et, là encore, c'est surtout l'ion calcium qui se montre efficace, ou encore le gaz carbonique, base d'une des méthodes de Delage. On peut dire qu'il s'agit d'un ébranlement progressif du sarcode, d'une dépolarisation qui le fait participer de proche en proche à une architecture nouvelle. Brachet en a donné une preuve indirecte remarquable, avec certains oeufs d'Oursin où la maturation était restée suspendue, si bien que les chromosomes ne s'étaient pas évanouis dans le sens d'un pronucleus femelle. Un gamète mâle vient-il à pénétrer dans ce milieu aberrant, il se « met à l'unisson x, dit l'éminent biologiste, et ses chromosomes apparaissent, comme s'il ne pouvait échapper aux conséquences impérieuses de la dépolarisation naissante. Il faut avouer qu'une telle dépolarisation, surtout lorsqu'elle
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se poursuit sous forme d'une segmentation régulière, évoque très fortement l'opinion courante d'une parthénogenèse (naturelle) par rétention d'un globule polaire, que Dalcq déclare « périmée M. Elle t'est évidemment, si l'on se restreint à l'idée trop étroite d'une thésaurisation de la chromatine, qui, il faut bien le dire, s'aperçoit presque dans tous les mémoires classiques. Mais le passage d'une polarisation étroite à une dépolarisation large n'en est pas moins basé sur un faux pas du mécanisme, qui devait normalement se diviser et ne l'a pas fait. Tout ce qu'on peut dire, c'est que la parthénogenèse (artificielle) peut être réaliséechez les espèces sensibles (Échinodermes, Grenouilles) pendant ou après la maturation. Mais, plus on étudie les trois séries parallèles (parthénogenèse naturelle, artificielle, fécondation) et plus on a tendance à leur attribuer prudemment des déterminismes spéciaux. Le moment est venu de conclure ce laborieux exposé, où les hypothèses l'emportent forcément de beaucoup sur les faits. Il nous semble qu'on peut donner & ce qui parait connu une forme aphoristique qui en facilitera sans doute la lecture. L Le sarcode de.la cellule-œuf, comme d'ailleurs tout sarcode, possède la prééminence dans les phénomènes de division mitotique. Encore faut-il distinguer en lui une activité corticale, avec variations cycliques de la tension superficielle et de la perméabilité, et une activité profonde, nucléo-astérienne. Celle-ci ne se manifeste qu'après éclusage préalable du suc nucléaire dans le sarcode et apparition figurée des chromosomes, mais ces actes eux-mêmes traduisent l'établissement d'une architecture sarcodique profondément remaniée. Une des causes reconnues de ce remaniement est l'apport d'électrolytes spécifiques et balancés. II. – Aucune segmentation ne parait avoir lieu sans intervention d'un fuseau, partie de la figure nucléo-astérienne, qui en écarte les pôles, transforme la monocentrie en dicentrie et préside peut-être à la reconstitution des noyaux-fils. Ce fuseau, distinct des asters par son aspect, en est sans doute distinct aussi chimiquement, par une sorte de tri du contenu nucléaire.
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ÏH. – Un oocyte présente deux modes d'activité. L'un se réduit à deux divisions spéciSques, qui rappellent celles du spermatocyte, en ce qu'elles terminent d'ordinaire sa carrière spontanée. C'est la période d'expulsion des globules polaires, ou de maturation. L'autre est, au contraire, très prolongée, et se traduit par des divisions égales, c'est la période constructive, où s'édifie l'embryon, puis l'adulte. Certains oocytes passent de l'une à l'autre période spontanément, au moins en apparence (parthénogénèse naturelle). L'immense majorité ne peut le faire que par l'intervention d'un gamète mâle (fécondation) ou par celle de divers réactifs, très différents les uns des autres et de découverte presque empirique (parthénogenèse artincielle). IV.– Ces réactifs déclenchent un processus progressif, approximativement régulier, mais qui parait s'exercer en deux temps l'un avec activité corticale prédominante, soulèvement d'une membrane, changement d'état plasmatique faisant figure d'épuration, l'autre avec régulation de la figure astérienne dans le sens de la dicentrie. It s'agit, en réalité, de rouages multiples et dépendants, mais dont l'éveil n'est pas forcément synchrone, et qui doivent vaincre une polarité primordiale de l'oocyte. V. – On entend par là que la structure physico-chimique de l'œuf, et, de façon plus vague, ses propriétés, varient d'un pôle à l'autre suivant une certaine progression. Le pôle animal, plus riche en sarcode pur, ne peut d'abord ébranler l'univers ovulaire que suivant une sphère d'influence très étroite, d'où les figures astériennes exiguës. les segmentations velléitaires et abortives des globules polaires. VI. – Pourtant, cette première tentative introduit une dépolarisation décisive. Déjà, le second globule polaire, par le comportement de ses chromosomes, a repris l'allure normale il suffit de gêner le déroutement du phénomène pour que, transporté en profondeur, il esquisse une ébauche de segmentation vraie. Enfin, cet ébranlement suffit à la plupart des œufs parthénogénétiques, qui poursuivent, sans plus attendre, leur segmentation.
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L'entrée en scène du gamète mâle ne fait que répéter exactement les mêmes gestes de dépolarisation, mais c'est l'appareil nucléo-astérien de ce gamète qui paraît, cette fois, élargir cette dépolarisation jusqu'aux dimensions de l'oeuf. Dans l'état actuel des recherches, il n'est pas VII. permis de tracer un parallèle strict entre la parthénogénèse naturelle, la fécondation, la parthénogenèse provoquée. Pour la dernière, la mieux étudiée, tout se passe comme si l'essence de l'activation résidait dans des changements à la « frontière douanière » de l'œuf. Il se fait, en ce lieu Il passionné un choix parmi les molécules et les ions autorisés à transiter (perméabilités sélectives). Dans ce plastide, comme dans tout plastide vivant, les réactions qui en résultent ont chacune leurs caractéristiques, en particulier leur vitesse, elle-même fonction de la concentration et de la température, et il est future de l'ceuf est entièrement probable que l'histoire inscrite dans le déroulement spécifique de ces migrations. De même que l'oeuf n'est un plastide spécial que pendant le temps assez court de son hypnose, en rapport avec la figure a hétérotypique )' de ses chromosomes, de même sa physiologie tend à devenir celle d'un plastide ordinaire, par le rétablissement direct (parthénogenèse) ou indirect (fécondation) de sa faculté de diviston. Sa physiologie, mais non, si l'on peut dire, sa psychologie, car, seul entre tous les plastides, l'œuf conserve, dans son volume si exigu, la tradition complète desontogénèses passées. Elle est inscrite sous forme de « facteurs n héréditaires dans la substance figurée des chromosomes, nous dit-on, comme le souvenir des actes et des émotions passées est inscrit dans la substance figurée des neurones cérébraux. On ne sait laquelle des deux mémoires est la plus étonnante, ni laquelle comporte le plus de métaphysique dans son explication. H. COUTIÈRE, Membre de l'Académie de Médecine, Professeur à la Faculté de Pharmacie.
r Le Bilan du Sain~Simooisme' (PM<m~ <~c~) Depuis que le Centenaire de la mort de Ijenri de Saint. Simon a été célébré dans le grand amphithéâtre de la Sorles études saint-simonicnnes proatent, bonne, -en tozS, semble-t-il, d'un regain d'actualité. Maxime Leroy, qui avait déjà publié le Socialisme des Pro<~c~MM Henri de Saint-Simon, a rédigé une Vie du comte de Saint-Simon. M. Alfred Péreire réimprimé, conformément à l'édition originale, les Lettres d'un habitant de Cf/~M ses suivies de deux documents inédits Lettres aux f~~w~~wy, et Essai sur ~'o~<MMa/<M~~M~. Nous avons nousmême mis à la portée du public, après la Doctrine de SaintSimon, série des conférences de tSzp que nous avons rééditées avec la collaboration de M. Élie Halévy, ~'<Ew~ <~<Mw Saint-Simon lui-même, en rassemblant un certain nombre d'extraits classés (Philosophie des Sciences Organisation de la Paix; Industrialisme socialiste: Religion de l'avenir). Un gros volume publié par M. Henry Rémi d'Allemagne évoque l'Histoire des Saint-Simoniens entre et largement illustré, il fait connaître leurs figures et les caricatures dont elles furent l'objet. Mme Jehan d'Ivray écrit l'Aventure Saint-Simo~MWMet les ~~M~. Enfin, M. Charléty, après avoir donné des extraits d'Enfantin dans la Co~*<<w des Réformateurs sociaux, réédite sa propre thèse, parue en 1895, peu de temps du sociaaprès l'ouvrage de G. Wcill consacré à Un ~w~~ lisme Saint-Simon et son <w~. Cette Histoire ~M Saint-Simonisme, qui n'a pas peu contribué à l'espèce de résurrection dont nous sommes témoins, reparaît augmentée d'une biblioRésumé d'une partie d'un cours public du soir, fait )a Sorbonnc pendant le trimestre d'hiver t~o-t~t.
LE BILANDU SAINT.StMONtSME
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graphie nouvelle une liste d'ouvrages et d'attirés récents se rapportant au saint-simonisme, établie avec le concours du. Centre de Documentation sociale de l'École normale supérieure, comprend plus de t3o numéros. Le moment est donc bien choisi pour dresser une sorte de bilan du saint-simonisme, pour inventorier les idées que ses adeptes ont apportées au monde, et distinguer celles que le monde a accueillies. M. Benedetto Croce a écrit un livre célèbre Ce qui est vivant et ce qui est mort de la pensée de Toutes choses égales d'ailleurs, on voudrait, pour la J?~ pensée saint-simonienne, se livrer à la même analyse. u Le monde se partagera nos dépouilles affirmait orgueilleusement Enfantin, le pape redevenu homme d'affaires, mais gardant toujours sa foi profonde. Et Karl Griin, l'un des Allemands qui vinrent à Paris entre l83o et t8~8 prendre la mesure de la France nouvelle, déclarait de son côté « Le saintsimonisme est comme une boîte pleine de semences la botte a été ouverte, son contenu s'est envolé on ne sait où, mais chaque grain a trouvé un sillon et on les a vus sortir de terre l'un après l'autre. » Ces prophéties se sont-elles vëri6ées ? Que le monde moderne doive beaucoup à Saint-Simon et aux saint-simoniens, que nombre des idées lancées par eux se soient révélées fécondes, pratiques, capables de s'adapter aux besoins des sociétés, cela peut paraître au premier abord assez surprenant pour qui se rappelle leur vie tumultueuse, leurs aventures, leurs bizarreries. A travers les lignes de l'histoire que conte M. Charléty avec un mélange de sympathie et d'ironie particulièrement savoureux, on voit passer des cerveaux brûlés, des agités, des exaltés, des touche-a-tout. Faut-il donc croire, comme Sir James Frazer aime à le dire en parlant des primitifs, que K la folie mystérieusement verse dans la raison M? Saint-Simon tout le premier étonne. Quel beau roman ou Premier tableau le plutôt quel beau film que sa biographie. jeune gentilhomme qui voit en rêve le comte de Vermandois
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et même Charlemagne, ses ancêtres, se fait réveiller dès cinq heures du matin par son valet de chambre « Souvenez-vous, Monseigneur, que vous avez de grandes choses à faire. )' II pense dès son jeune âge que les aristocrates doivent désormais se distinguer par l'éclat des services rendus à l'humanité. Au moment où le jeune comte arrive à l'âge d'homme, l'Amérique s'agite, le monde s'émeut, le drapeau de la rébellion est levé contre l'Angleterre. Saint-Simon s'embarque à la suite de Lafayette. Il a voulu défendre, dira-t-il plus tard, sur le Il fait sol américain la cause de la « liberté industrielle bravement son devoir et il est blessé à la cuisse, à bord d'un navire en face de la côte américaine. Mais déjà sous le militaire perce l'ingénieur, l'homme d'affaires. Saint-Simon propose au vice-roi du Mexique d'entreprendre la percée d'un canal qui unirait les Deux-Mers, à Panama. Déjà, ce qui l'intéresse le plus, c'est l'exploitation du globe. Il sait d'ailleurs qu'il y faut de la science. Et quand il revient servir en Belgiqre, on le trouve préoccupé d'accroître son bagage de connaissances il suit avec zèle les leçons de Monge. Mais pour acquérir le savoir lui-même, encore faut-il avoir à sa disposition les moyens d'action que donne la richesse. Saint-Simon profitera de la Révolution, qui rend la vie difficile aux gentilshommes, pour devenir une manière de nouveau riche. Associé avec un Allemand, M. de Redern, il brasse des affaires, monte des entreprises de bazars, soumissionne pour la couverture en plomb de Notre-Dame, spécule sur les biens nationaux. Période de luxe. Réceptions fastueuses. Saint-Simon réunit à sa table des savants de toutes espèces auprès de qui il pense s'instruire entre la poire et le fromage. Il se marie même, assure-t-it, dans l'intérêt de la science il demande à Mite de Champgrand de tenir sa maison avec l'éclat qui convient. Le mariage bientôt rompu, Saint-Simon pense épouser Mme de Staël le produit d'un pareil couple ne serait-il pas génial ? Mme de Staël refuse. Saint-Simon se console en écrivant, en !8o3, les Lettres d'un habitant de Genève pour inviter les peuples de l'Europe à honorer comme il convient la science et
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les savants, en fournissant aux meilleurs de ceux-ci les moyens de se libérer, de se réunir, d'endoctriner le monde. Mais bientôt le tableau change de couleurs. L'associé de Redern est ruiné. Il lui faut, pour vivre, accepter une place de copiste au Mont-de-Piété – et les secours de son valet de chambre. te gentilhomme copiste rédige une /M/M'</«e/~ Qu'importe aux travaux Mt~MM du dix-neuvième ~C~, puis un Mémoire yw/<! Science de l'Homme, puis un Travail sur ta graM/<< Il accable, d'ailleurs, d'injures les membres du Bureau des Longitudes, les traitant d'anarchistes, parce qu'ils ne voient pas l'intérêt de l'effort de coordination supérieure auquel il se livre ne prétendait-il pas faire avancer la science d'un '< pas napoléonien ? Bientôt, des problèmes plus pressants s'imposent à lui à la veille du Congrès de Vienne, il écrit avec son secrétaire Augustin Thierry un plan grandiose de Réorganisation de la société européenne. Mais la paix elle-même peut-elle s'installer sans un progrès qui organise l'industrie ? C'est de l'industrie, à partir de t8t 7, que Saint-Simon va devenir le héraut. C'est des industriels qu'il va devenir l'avocat. Pour eux, pour grandir leur place dans le monde, il rédige, en collaboration avec Auguste Comte, un véritable « Catéchisme Mais beaucoup se lassent de l'aider et Saint-Simon se lasse de frapper à toutes les portes. Dans un instant de découragement, il se tire un coup de pistolet dans la tête. Miraculeusement rétabli, il retrouve son ardeur, se réjouit de voir se grouper autour de lui des hommes d'élite comme Olinde Rodrigues, Léon Halévy, Duveyrier, Carnot. Et lorsqu'il meurt, en 1825, leur laissant le soin d'éditer son Nouveau « l'Avenir est à nous. M christianisme, il s'écrie avec transport Une élite, en effet, et qui devait grossir, s'enthousiasme pour sa doctrine. Des polytechniciens comme Enfantin, des financiers comme les Péreire s'agrègent aux premiers disciples. Ils publient une revue, le Producteur, dont le titre est un programme, qui sera suivi de /'0~<H<M<~«< autre mot d'ordre. Ils organisent des conférences, élaborent, pour justifier leur confiance dans l'industrie rénovée, toute une philosophie de Axtt. UMtv.
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l'histoire, qui bientôt prend les allures d'une religion. Voici les conférenciers devenus apôtres qui se retirent à Ménilmontant, y font l'apprentissage de la solidarité et du travail, cultivent la terre en chantant des hymnes composés par Félicien David, et, les jours d'émeute, promènent dans les Mais Enfantin et faubourgs leur bannière pacificatrice. Bazard, en train de devenir papes, se heurtent bientôt. Enfantin émet sur les femmes et les droits du grand-prêtre, en matière d'amour, de bizarres prétentions. La zizanie s'aggrave. La scission éclate. Le groupe qui arbore le titre de « Compagnons de la Femme », secouant sur l'ingrate grande ville la poussière de ses souliers, s'embarque pour l'Orient. Après bien des avatars, il échoue en Égypte où les qualités d'entrepreneurs et d'organisateurs des saint-simoniens reparaissent. Ils mettent sur pied, entre autres, un plan pour le percement de l'isthme de Suez. Chassés du Caire par la peste, revenus en France, la plupart retrouvent l'emploi de leurs aptitudes aux affaires. On retrouve Enfantin lui-même à la tête d'entreprises comme la C'' P. L. M. Les disciples de Saint-Simon jettent des ponts entre industrie et finance. Perceurs d'isthmes, ils sont aussi poseurs de rails. « C'est sur le rail qu'il faut marcher », répétait Enfantin. Mais il entendait bien que par les rails, par l'expansion de l'industrie, la doctrine chère aux saint-simoniens réussirait à conquérir le monde. Relisons plutôt ce curieux passage dont M. Charléty déclare qu'il donne la moralité de l'œuvre industrielle d'Enfantin et en explique le sens L'esprit dort, la chair veille et travaille. Ils ont la force et le vertige des manieurs de la matière, et dans leur bacchanale ils maudissent l'esprit, l'idée, si bien qu'on pourrait la croire perdue et retournée à Dieu. Mais elle est toujours là, la maligne, elle est là qui se frotte les mains, et dit tout bas « Allez, chantez, cancannez, bambochez. Travail et terre, vous enfantez, vous créez un nouveau monde que ce nouveau monde naisse entouré de toutes ces ordures, nous le laverons. » Quelle est donc cette idée, ou plutôt quelles sont donc ces
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idées auxquelles, même rentrés dans le rang, les saint-simonient tenaient par-dessus tout ? Nous disons exprès les idées. Car, si fortement lié qu'ait voulu être te système, telle de ses parties a pu rester vivante, telle autre dépérir. Religion, pacifisme, industrialisme, socialisme, ces tendances peuvent se distinguer elles ne conna!tront pas inévitablement la même fortune. La religion reste le sommet vers lequel tout converge. Le saint-simonisme n'a pas commencé par être une Église. Mais très vite, et de l'aveu du plus grand nombre des cottaboratcurs du ~<M~< l'École a éprouvé le besoin de se muer en Église. « Religion saint-simonienne », tel était au grand étonnement du compagnon Vinçard – l'en-tête des affiches qu'ils apposèrent bientôt sur les murs du Quartier latin pour convier le peuple à leurs réunions. Dès tSzg, lorsqu'ils commentent la Doctrine de ~<M~S~Mo~ dans l'admirable série de conférences que prononça Bazard, ils laissent entendre que, s'ils parlent le langage de la science, s'ils induisent et démontrent, c'est pure concession au siècle. Ils ont hâte d'en appeler au sentiment, pour reconduire les âmes à une foi. Et non pas une vague aspiration humanitaire, mais à une vraie foi, rattachée à une doctrine, soutenue par une hiérarchie. Le saint-simonisme a prétendu, lui aussi, construire une cathédrale. Impossible, si l'on veut comprendre son essence, de faire abstraction de cette construction. Saint-Simon lui-même avait, it rêvé, aurait-il voulu cela ? Les commentateurs en discutent. Il y a longtemps que M. G. Dumas nous a présenté le grand homme comme un Messie exalté. Maxime Leroy, au contraire, nous fait admirer en lui une tête lucide, un vrai laïque, un fils du dix-huitième siècle. Et il est vrai qu'il retient beaucoup des encyclopédistes il compte, comme eux, sur le progrès des sciences pour entraîner le progrès de l'humanité. Mais déjà il entend bien dépasser le point de vue des époques critiques, pour lesquelles ses disciples seront si sévères. Il loue les théocrates d' <' avoir compris l'utilité de l'unité systématique ». Il finit par écrire
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un ~M'~w Christianisme où, s'il fait !e procès du protestantisme et du catholicisme, trop peu ardents à transformer la terre pour le bien-être des masses, il laisse entendre que, pour améliorer la destinée physique et morale de celtes-ci, une foi qui rallie et exalte présente beaucoup d'avantages. Ne devaitil pas déclarer sur son lit de mort « Ona cru que tout système religieux devait disparaître parce qu'on avait réussi à prouver la caducité du système catholique. On s'est trompé, ta religion ne peut disparaître du monde elle ne fait que se transformer. Rodrigues, ne l'oubliez pas, et souvenez-vous aussi que, pour faire de grandes choses, il faut être passionné. o Est-il étonnant qu'en de pareils souvenirs, les disciples aient trouvé, comme le remarque M. Charléty, l'étoffe d'un rédempteur et la matière d'une religion? Une fois groupés et exaltés par leur groupement même, ils ont abondé dans ce sens, ils ont fait pencher leur barque du coté mystique. Et, réagissant contre l'excès de l'esprit positif, qu'ils croyaient prêt à les submerger, ils ont protesté avec énergie contre l'idée courante que la religion avait fait son temps, qu'elle était périmée, dépassée, désuète. Proudhon insistera à plaisir sur cette désuétude. Et Auguste Comte – qui, abandonnant Saint-Simon, s'est retiré sous sa tente Erdan a encore l'air,en :83o, l'appelle l'Achille du saint-simonisme de défendre la même thèse. Mais regardons-y de plus près. Nous nous apercevrons que chaque développement de l'humanité est caractérisé par un développement en intensité et en étendue des idées religieuses. Les croyances s'épurent et elles s'élargissent. Mais l'humanité ne se passe jamais de croyances. Pour la préparer à accepter les nôtres, adaptées à ses besoins d'aujourd'hui, convainquons-la qu'elle a un grand avenir religieux. Le moment est venu de redresser les bannières. Rien d'étonnant donc si Sainte-Beuve loue surtout le saintsimonisme d'avoir « donné à plus d'un qui en manquait l'idée d'une religion et le respect de cette forme sociale, la ou si Carlyle regrette de n'avoir pas plus haute de toutes
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su plus tôt que près du Palais.RoyaI, au milieu des cafés et des billards de votre jeune cité, écrit.it à d'Eichthal, « une société d'apôtres couvait dans son sein une nouvelle religion Il est vrai que la religion ainsi couvée devait elle-même élaborer des « dogmes » assez scandaleux pour la religion chrétienne. Habituée au dualisme, celle-ci oppose volontiers l'esprit à la chair, la nature à Dieu. C'est justement ce dualisme que les saint-simoniens désirent à tout prix effacer. Une part essentielle de leur mission réconciliatrice, c'est de réhabiliter la chair par où ils entendent, non pas seulement ni surtout, comme on l'a trop répété, licence aux passions, mais apologie du travail, revendication du bien-être, glorification de l'industrie. Une sorte de panthéisme de polytechniciens, qui ferait de Dieu un ouvrier géant, se discerne dans leurs effusions. Et cette croyance ou cette aspiration, c'est bien le cœur de leur système, c'est leur Saint des Saints. Si l'humanité consentait à suivre cette bannière, on ne verrait pas seulement progresser l'industrie, mais s'organiser la paix. Conviction profonde, partagée par tous les saint.simoniens. Et celle-là, du moins, ils peuvent se vanter, sans conteste possible de la tenir directement du Maître. Nous avons rappelé que Saint-Simon écrivit en t8o3 les Lettres d'un Habi. lant de G~ew,' en tSt~ le Plan des ~'<Kw<M' nécessaires pour /'<?~a~t~/M< de ~<WM~/F. Dans le premier ouvrage, il exhorte les peuples à déléguer à Genève, autour du tombeau de Newton, un certain nombre de savants pour qu'ils s'entendent sur les directives à donner à l'humanité. Dans le second, invitant les nations à suivre l'exemple de l'Angleterre et de la France, qui ont institué unrégime parlementaire, il souhaite la – un super-Parle« suprématie d'un Parlement général ment, dirait-on aujourd'hui – placé au-dessus de tous les gouvernements nationaux et investi du pouvoir de juger leurs différends. Il n'aurait pas surtout, d'ailleurs, à arbitrer, mais à coordonner, à diriger des travaux d'utilité publique internationale, à rendre enfin l'Europe « habitable o, à préparer
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dans les cœurs des nouveUM générations l'essor d'un « patriotisme européen Que pareille entreprise soit possible et nécessaire, que cette construction se présente elle-méme comme un couronnement, c'est ce que les disciples se donnent à cœur d'établir par une véritable philosophie de l'histoire. Elle ne nie pas la guerre, son volume; son rote et même elle reconnaît que le passé n'a été qu' « un vaste état de guerre systématisé Mais elle remarque que, peu à peu, l'association gagne sur l'antagonisme Luttes entre groupes ou luttes à l'intérieur des groupes, qui s'entraînaient les unes les autres, s'atténuent progressivement. Les cercles de sécurité vont s'élargissant. La cité fédère les familles. La nation impose un ordre commun aux cités qu'elle assemble. Les Églises débordent les frontières des nations. Et les saint-simonicns annoncent en même temps qu'ils appellent l'institution d'un groupement plus large encore, d'un type nouveau il devrait tenir sans doute à la fois de J'État et de l'Église. L'idée reste ici quelque peu imprécise. Le fleuve poursuit sa route dans la brume. Mais, sur la direction et l'intensité du courant, nulle incertitude chez ces philosophes-apôtres. La force qui meut tout le reste, on sait, d'ailleurs, où il la faudrait chercher: dans l'industrie. Cette milice d'apôtres est un corps d'ingénieurs. Une meilleure exploitation du globe, c'est leur idéal central. Et leurs hymnes finissent toujours par un hymne à la production. Ils réagissent avec force contre ia tendance ascétique, hostile au progrès de la civilisation matérielle, qu'on justifiait par divers souvenirs: anathèmes du christianisme contre la chair, réquisitoire de Rousseau contre les sciences et les arts, ou même déclamations spartiates contre le luxe. Buonarroti, en évoquant l'oeuvre de Babeuf, ne rappelle-t-il pas le duel engagé sous la Révolution même, entre les « Athéniens », apologistes de l'expansion commerciale, et les Il Spartiates », prêts à réduire la consommation de tous pour assurer !'éga!itê ? L'égalité dans le dénuement, pas de consigne plus opposée au vœu
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des saint-simoniens. Ils sont convaincus que leurs plus belles t'avenir religieux de l'humanité, l'organisation espérances de la paix demeureraient lettre morte si la roue de t'indus. trie s'arrêtait. Ils sont reconnaissants à leur initiateur d'avoir poussé à cette roue. « Tout par l'industrie, tout pour elle s'était écrié Saint-Simon, transposant le mot de Lincoln. Et sa préoccupation maîtresse, à partir de t8t7, c'est de porter sur le pavois une classe nouvelle celle des industriels. C'est lui qui transforme cet adjectif en sub3tantif. C'est lui qui rédige les Cahiers des industriels pour mettre en vedette leurs revendications propres. C'est lui qui laisse le plus clairement entendre que, par la transformation, par l'amélioration des méthodes appliquées à l'exploitation du globe, un nouveau pouvoir économique est né, qui réclame sa part grandissante du pouvoir politique. Les éminents services que rend une classe ne doivent-ils pas lui assurer un droit supérieur? Nous entreprenons, déclare Saint-Simon, d'élever les industriels au premier degré de considération et de pouvoir. Saint-Simon raisonne ici à la manière de Quesnay, dont la théorie tend avant tout à une réhabilitation de la classe la plus utile. Mais, tandis que pour le chef des Physiocrates la c!as-~ela plus utile, et même la seule productive, la seule dont le travail donne un produit net, parce qu'elle est aidée par les dons de la nature, est la classe des agriculteurs, Saint-Simon voit plus large le travail humain, transformateur de la matière, prend à ses yeux la valeur la plus haute; au fond, il crée les valeurs, tant sociales qu'économiques, la valeur des hommes aussi bien que celle des choses. Et c'est pourquoi l'ingénieur est le préféré de Saint-Simon. Non, certcs.qu')! relègue les cultivateurs parmi les classes improductives. 1) leur fait leur place à côté du négociant et du fabricant Mais enfin, ceux-ci, serviteurs du progrès de la production et de la consommation, ne cessent de grandir à ses yeux. Il ne manquera pas d'appuyer la –- avec qui il est en relations pétition présentée par Laffitte suivies lorsque celui-ci se plaint qu'en voulant fonder la nationale sur l'impôt territorial, on tende représentation
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à priver indirectement le commerce et l'industrie de leurs droits incontestables, à sacrifier l'élément actif qui anime la société entière à ta matière inerte, à la terre qui la supporte, Il cette terre féodale où sont encore empreintes les traces de la superstition et de l'anarchie En se faisant l'apôtre de ces revendications, Saint-Simon ne prend pas seulement sur certains points le contrepied de Quesnay, il dépasse et déborde Sieyès. Lui aussi, sans doute, il parle en avocat du tiers état, héritier des Corporations des Communes, et même lointain représentant de ces Gaulois si longtemps opprimés par les ic Francs Mais c'est un avocat qui n'aime pas les avocats. Pas plus que les militaires. « Sabreurs et « parleurs Msont également dangereux à ses yeux. C'est pourquoi il ne concevra pas la hiérarchie des catégories sociales sur le même type que Sieyès, ce légiste. I! accuse formellement les légistes de l'impuissance de la Révolution. Place aux hommes d'action, à ceux qui agissent sur les choses, manipulent la matière, préparent autrement que par des discours, décrets ou circulaires un meilleur aménagement du globe les producteurs au-dessus, non seulement des aristocrates, mais des « bourgeois n eux-mêmes, comme les abeilles au-dessus des frelons. Les producteurs, qu'il ne faut pas confondre avec les travailleurs, entcndus comme ouvriers, comme prolétaires serviteurs de la machine. Les saint-simoniens diront plus tard qu'il est temps de fonder le parti des travailleurs », et certains, portant la bonne parole dans les faubourgs et organisant un degré « ouvrier se rapprocheront de plus en plus des prolétaires*. Mais au moment où Saint-Simon lance son mot d'ordre, la distinction n'est pas faite dans le bloc qu'il présente. Les ouvriers n'y paraissent pas séparés de leurs chefs naturels. Et même, il est visible que pour Saint-Simon ils ne pourraient aboutir à rien séparés de leurs chefs. La plupart des saint-simoniens resteront sur ce point fidèles à t. Voir notre vo)uf)Mintitutë ~<~<<<M<W<X~ouvriers.
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la pensée du maître qui est une pensée de « hiérarque H. Autant l'héritage leur répugne, autant ils croient aux capacités qu'on leur laisse les coudées franches, quitte à leur accorder une prime'. Le saint-simonisme est d'abord une apologie des chefs d'entreprise, techniciens, organisateurs de la production. Et au-dessus du chef d'entreprise proprement dit, ils feront trôner le banquier général coordonnant les efforts de ceux que Carlyle appellera, d'un terme qui est resté, les capitaines d'industrie. Saint-Simon lui-même ne disait-il pas déjà que l'industrie banquière avait pour fonction de faire la liaison entre les corps séparés des agriculteurs, des fabricants, des négociants ? A noter que dans ce système, les intellectuels (encore un mot à qui Saint-Simon essaye de faire un sort) gardent leur place. Et les disciples ne se feront pas faute d'y insister. L'industrie a par-dessus tout besoin de savants. Elle a même besoin d'artistes si l'on veut que la masse s'enthousiasme pour ses conquêtes~. Et c'est pourquoi, plus tard, Enfantin, aidé par Arlès-Dufour, prônera l'idée du Crédit intellectuel. 11demandera qu'on multiplie les bourses pour le développement des talents. Il sait, il rappelle que l'intelligence est la principale richesse des nations. Mais l'intelligence elle-même dans ce système demeure au service de l'industrie. Le progrès de celle-ci reste la préface de tous les autres. A une condition toutefois, sur laquelle les saint-simoniens vont insister de plus en plus, c'est qu'à une meilleure exploitation du globe corresponde aussi une moindre exploitation de l'homme par l'homme, c'est que l'industrialisation se complète et au besoin se limite par le socialisme. Socialisme, le mot n'est pas chez les saint-simoniens, mais bien la chose. Le mot, dès le dix-huitième siècle, avait été appliqué à Grotius. On le retrouve au début du dix-neuvième, t. Voir les remarque* d'ÉHc Halévy, à ta fin de l'Introduction à notre réédition de la ~o~<Mc de ~an<<Y<M<t't<. t. Voir la thèse de Mme Marguerite Thibert sur <<Rôle Mc<~ <'<!r< <f<t~~ les MtM~tMMWM.
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employé pour caractériser les théories et les expériences de Robert Owen. Pierre Leroux l'acclimate en France entre i83o et t835, en l'opposant à individualisme. Les saint-simoniens usent volontiers de la même antithèse, mais non dans les mêmes termes. Ils disent parfois « collectisme ». Beaucoup plus souvent le terme d'Association leur suffit. Et quand ils répètent que l'ère de l'association va se substituer à l'ère de l'antagonisme, entendons qu'un régime socialiste est en préparation. Son heure est venue. I! immine. Faut-il dire que sur ce point encore, Saint-Simon lui-même leur ouvre les voies, et accorder, selon la formule fameuse, que le dernier des gentilshommes a été aussi le premier des socialistes? On a fait observer qu'il a été en relations suivies avec des financiers, des patrons, des grands bourgeois. Il a fait siennes plus d'une de leurs revendications. Ne les a-t-il pas servis autant et plus qu'il s'est servi d'eux ? Peut-être. Mais, si au milieu même de ces tractations il suivait son idée? Et si cette idée était bien de mettre un terme à l'anarchie économique dans l'intérêt des masses laborieuses? Dès longtemps, il avait déclaré que le premier article du budget devrait être consacré à procurer.du travail aux valides et une retraite aux invalides. De plus en plus clairement, il manifeste son antipathie pour les frelons, pour quiconque peut se laisser vivre sans rien faire de ses dix doigts; il assigne comme fin suprême aux progrès de l'humanité l'amélioration du sort matériel et moral de la classe la plus nombreuse et la plus pauvre. Et lorsque enfin il écrit son testament intellectuel, le Nouveau C/MMMMc, c'est pour rappeler en termes solennels aux grands de ce monde, dans une objurgation qui sonne comme un avertissement, qu'un souci doit primer tous les autres celui du bonheur social des pauvres. Mais ce ne sont ici, au total, que vœux et amorces. Sur ces quelques pierres, les disciples vont bâtir tout un édince. Et c'est à eux vraiment que revient l'honneur d'avoir constitué la réserve d'arguments où pendant des années le socialisme devait puiser.
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Très consciemment, très méthodiquement, ils opposent leur point de vue à celui de l'économie politique libérale, soutien de l'ordre ou plutôt du désordre social contemporain. Elle manque de sens historique comme de sens social. Elle n'a une idée assez nette ni des ensembles ni des phases. Elle ne voit pas les mesures nécessaires à la vie même des groupes, à l'harmonie de leurs parties. Elle ne se rend pas compte non plus que ces mesures peuvent varier selon les temps, selon la structure de ces groupes, selon le degré de développement qu'ils ont atteint. Elle-même traduit à sa façon un moment de la vie économique en voie d'être dépassé. C'est dire que les saint-simoniens vont porter la main sur l'arche sainte du libéralisme économique, sur l'institution présentée comme éternelle, universelle, inamovible sur la propriété privée. Ils dénoncent avec force les abus qu'elle entraîne. Ils en arrivent à en contester jusqu'au principe. L'héritage sans doute est à leurs yeux le scandale par excellence. Ayant eu maille à partir avec leurs familles lorsqu'elles étaient riches, ou, si elles étaient pauvres, ayant rencontré toutes sortes d'obstacles à leur ascension, ils savent, par expérience personnelle, ce que c'est que d'être une capacité déshéritée. Ils mesurent l'avantage, dangereux pour l'ensemble autant qu'injuste, dont jouissent des hommes notoirement inférieurs, mais soutenus par la fortune que leur ont léguée leurs parents incapables par suite de bien remplir les fonctions sociales qui correspondent à leur situation économique. C'est pourquoi les saint-simoniens demanderont pour commencer la suppression des successions coUatérates, puis un impôt sur la succession directe. Ils envisagent enfin, sans appréhension aucune, la suppression d'une institution qui, par la prime qu'elle donne au hasard de la naissance, constitue le premier obstacle à leur idéal, lequel est que chaque capacité puisse donner sa mesure et être rétribuée selon ses oeuvres. ~îaisserait'ce assez de supprimer l'héritier? D'une façon plus générale, le rentier est-il défendable ? La faculté de vivre
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sans rien faire doit-clle être maintenue dans une société où tout repose sur le travail? Les oisifs contre les travailleurs, antithèse de grande conséquence, devait remarquer Chateaubriand. Les saint-simoniens y insistent à plaisir. Ils applaudissent à la définition fameuse que le général Foy propose « Une classe qui veut consommer sans prode l'aristocratie duire », pour faire observer qu'elle convient à quiconque compte sur ses rentes pour vivre. Ils se réjouissent donc de la réduction de la rente. Ils en accepteraient d'un coeur léger la suppression. La lutte contre les revenus sans travail – qui va tenir une si grande place dans la littérature socialiste est ici entamée avec véhémence. La chose essentielle, le nerf de toute cette argumentation, c'est l'idée que la propriété est une catégorie historique. Ici encore le mot manque. Il ne sera prononcé que par Rodbertus, mais par un Rodbertus profondément imprégné, à ce qu'il semble, de l'enseignement des saint-simoniens. Nul n'a mieux travaillé qu'eux à baigner l'absolu de la propriété dans le fleuve héraclitéen. Jadis, on a possédé des hommes. Aujourd'hui, on ne possède que des choses. Jadis, le droit de tester était complètement libre. Aujourd'hui, il est soumis à toutes sortes de limitations. II n'est plus aujourd'hui ce qu'il était hier. Pourquoi voulez-vous qu'il soit demain ce qu'il est aujourd'hui ?. Tout passe. Les institutions les plus respectées doivent s'adapter aux besoins nouveaux de l'humanité. Or, que celle-ci n'ait pas reçu, par la transformation du droit, pleine et entière satisfaction, il est facile de le démontrer. La meilleure preuve en est dans l'existence d'un prolétariat, dont la liberté n'est que nominale. Le prolétaire est de Saint.Simon, présenté, par les rédacteurs de la /)oe/W comme l'héritier direct de l'esclave, du plébéien, du serf. Moins oppnmé que ses ancêtres, il est pourtant un opprimé, puisqu'il ne possède pas les moyens matériels de faire valoir ses capacités ni de se faire rétribuer selon ses œuvres. Trop de droits proclamés demeurent pour lui des virtualités, qu'il est pratiquement incapable de faire passer à l'acte. Et c'est
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pourquoi on ne peut pas accorder que le progrès accompli par l'humanité dans « l'exploitation du globe ait fait cesser, sous toutes ses formes, l'exploitation de l'homme par l'homme )'. Qu'y faudrait-il donc? Quelles mesures s'imposent? Quel est, en un mot, la partie positive de ce socialisme dont nous venons de résumer la partie négative? Tout ce que perd le « laissez-faire, laisscz-passer » dans ce système, l'État le gagne. Mais c'c3t un État de type nouveau, aidé par la puissance des banques, régénéré par lcs méthodes de l'industrie. Héritier universel, l'État va devenir aussi le grand prêteur, le distributeur du travail, l'organisateur de la production. Les saint-simoniens ne reculent pas devant ce collectivisme. Ils comptent sur lui pour transformer des institutions et des mceurs qui sont un legs du régime militaire. Voyez en quels termes Michel Chevalier dans sa Michel Chevalier entre autres période de ferveur saint-simoniennc – parle du rôle des préfets f( I! viendra un moment où on trouvera aussi absurde qu'un homme ait la prétention d'être le premier magistrat de la Seine-Inférieure, par exemple, en restant étranger à la fabrication et au commerce des cotonnades, qu'il le serait de mettre un évêque à la tête d'un régiment de carabiniers ou de houzards. » Le même, imaginant les armées industrielles de l'avenir « Alors, on ne recrutera plus les hommes pour leur enseigner l'art de détruire et de tuer, mais pour leur apprendre la production et la création. Les régiments deviendront des écoles d'arts et métiers où tous pourront être admis dès l'âge de seize ans. Les artilleurs seront les mécaniciens, les fondeurs de métaux fabriqueront des machines à vapeur. le corps des laboureurs fera les charrois, les soldats du génie seront les les pontonniers suspendront des ponts sur les mineurs. fleuves. l'infanterie de ligne embrassera une longue série de professions. Alors s'organisera l'industrie attrayante et glorieuse. il y aura tendance à ce que l'État devienne le dis-
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et aussi
d'une
à ce grand résultat, sur quelle faut Sur celle de la banque. On ne putssancc compter? peut aboutir à rien sans crédit. Le difficile est d'ouvrir et de fermer le robinet judicieusement, en tenant compte et des et des intérêts collectifs. C'est cette capacités personnelles mission que remplissent, fort imparfaitement selon les saintsimoniens, les banques privées, trop attachéesàia sauvegarde des anciens privilèges. Des banques d'État, se pensent-ils, laisseraient moins faciloncnt alarmer par la diminution des rentes ou la baisse du (aux de l'intérêt. Elles sauraient comdes entreprises manditer d'utilité Au surplus, une publique. leurs actiBanque Centrale aurait pour rôle de coordonner vités. Et cette Banque ne serait rien moins- selon la formule des Péreire – que "]e gouvernement dans l'ordre ternporeh', un gouvernement d'ailleurs au service de l'État qui resterait constitué tui-même par l'association des travailleurs. C'en est assez pour mettre en lumière les traits distinctifs du socialisme saint-simonien. Un socialisme de producteurs_ Maxime Leroy et ÉHe liatévy y ont insisté avec raison moins la consommation ou d'y adapter ta préoccupé de réglementer production que d'augmenter la somme de biens dont dispose. rait une humanité qui saurait de mieux en mieux exploiter le globe. Pour mener à bien cette entreprise, place aux capasont à leur façon, comme ils disaient, cités. Les saint-simoniens des hiérarques ». Non qu'ils veuillent à aucun degré restaurer des castes. Mais ii leur faut à tout prix des élites directrices. Et s'il est nécessaire de mieux rétribuer celles-ci, de les payer
selon leurs œuvres
n'est pas pour M, la perspective Us sont prêts à admettre la entendu d'ailleurs qu'au-dessus
effrayer lcs saint-simoniens. Étant royauté de l'ingénieur. de l'ingénieur le banquier, lui-même, ils placeraient général en chef des armées pacifiques que sont les masses laborieuses, un générât en chef qui devrait en même temps, vrai dire, être un apôtre.
LK BILANDU SAINT-SÏMO~tSME ~3 –<– '~f–.–~ -i.~ En tout< cas, pour ne pas nous laisser effrayer par cette débauche d'étatisme, souvenons-nous bien que l'État, conforme à l'idéal de l'industrialisme saint-simonien, sera un État transformé, régénéré, et, si l'on ose dire, purifié. Purifié des mauvais germes d'autoritarisme incompétent qui sont le legs des politiques guerrières. Les méthodes de l'industrie, qui n'aime pas Ics contraintes, prévaudront sur celles de la politique. « L'administration des choses remplacera le gouEncore une formule qui n'est vernement des personnes. pas textuellemcnt saint-simonienne. Mais elle répond exactement aux tendances les plus profondes de t'Ëcote, à celles du maître, à celles des disciples. Et c'est sans doute par ce c6télà de leur pensée qu'ils doivent laisser, sur le mondecontemporain, la plus durable empreinte. (A suivre.)
C. BOUCLÉ, Professeur !i la Faculté des Lettres, Directeur adjoint de )'Ëco)e Normale supérieure.
Vie
Scientifique'
SCIENCES
JURIDIQUES
Mlle Edmée CHAttRtER. – Z.<~«<«~ «t~M~M~~ Thèse /~M<M~ pour le doctorat soutenue devant la Faculté de Droit. Paris, )o3t. Il est intéressant d'étudier révolution intellectuelle de la femme à travers les époques et chez les différents peuples. La thèse de Mlle E. Charrier, qui poursuit ce but, comprend deux de la intellectuel parties. La première concerne le développement femme. L'instruction féminine varia chez les peuples civilisés. En France, presque inexistante au moyen ûge, elle est offerte seulement aux reines et aux riches bourgeoises a l'époque de la Renaissance. Aux dix-septième et dix-huitième et savantes siècles, précieuses la et les mœurs. Aux dix-neuvième et vingépurent langue façonnent tième siècles, le savoir féminin s'élargit et s'approfondit, il se démocratise. L'enseignement primaire s'organise, obligatoire pour les deux secondaire des jeunes nttes se fonde; les femmes sexes; l'enseignement affrontent, de plus en plus nombreuses, l'enseignement supérieur; elles ont accès à l'enseignement technique supérieur. L'ouvrage de Mlle Charrier contient de nombreux tableaux et graphiques en couleur féminines et des grades qui montrent la progression des inscriptions obtenus par les femmes dans ces quatre ordres d'enseignement. Dans une seconde partie, l'auteur de la thèse étudie les professions intellectuelles exercées par les femmes. Quatre monographies sont consacrées à la femme médecin, la femme avocat, la femme ingénieur, la femme professeur. Une vue objective de laprogression des femmes dans ces professions est fournie par des statistiques, cartes et gratermine phiques. Un coup d'a;il sur ces quatre professions at'étrangcr la seconde partie de l'ouvrage. La documentation en provient, dans une large mesure, des associations universitaires composant la Fédération internationale des femmes diplômées des Universités. Une conclusion envisageant la répercussion, au point de vue social, de l'exercice d'une profession intellectuelle par les femmes, complète cette étude. « L'heure des premières griseries est passée, écrit M. le t. Les résumés des thèses ont été établis parlesauteurs eux-mêmes la rédaction des Annales ne prend pas plus que les Facultés la responsabilité des opinions émises dans ces thèses et dans ces résumés. t. Paris, A. Mechetiock, éditeur. Un vol. in-8, !ya pages, 49 tableaux et graphiques. <oh.
VIE SCIENTIFIQUE
professeur William Oualid, dans une préface consacrée à ce travail. Pendant longtemps,les intellectuelles faisaient trop souvent figure do parvenues de l'esprit ou d'êtres insexués. Aujourd'hui, la nature a repris ses droits. L'équilibre s'est rétabli. Et si l'intellectuelle moderne est fort différente de la mondaine de jadis, elle n'en est pas moins séduisante et digne d'être la concurrente, la collaboratrice ou ta compagne d'un homme lui aussi transforme.
SCIENCES
PHY8ÏQUBB
Chimie M. GUtU.OT,Th. – ~«~ les conditions de précipitation dll ~~M«<M sur quelques-uns de ses dérivés <WM~-M Thèse pour le doctorat soutenue devant la Faculté des Sciences. Paris, to3o. L'étude des propriétés chimiques des radioéléments présente des difncultés particulières. Elles tiennent d'abord au fait que les quantités de substance dont on dispose, sauf dans le cas de l'uranium, du thorium et du radium, sont toujours impondérables, au point que même la microchimie habituelle tour serait inapplicable. Les renseignements d'ordre chimique qu'on a d'abord réunis sur les radioéléments étaient des règles empiriques de chimie analytique. Aux yeux des spécialistes, le terme de « chimie des radioéléments o s'applique avant tout à cet ensemble de règles qui ont permis d'isoler et de purifier chacun de ces corps, et ensuite de les placer dans la classification périodique, ce qui a conduit à la notion d'isotopie. Entendue dans ce sens, la ccchimie du polonium )' est depuis longtemps connue dans ses grandes lignes. Le but de ce travail a été plus exactement celui qu'on donne le plus habituellement aux recherches de chimie minérale: préciser la physionomie générale des réactions de t'êtément, en cherchant à déterminer les formules de plusieurs de ses composés, et par voie de conséquence ses valences et coordinences. Les moyens d'études utilisables en pareil cas sont fournis d'une part par les méthodes électrochimiques, d'autre part par les phénomènes d'entra!nement. C'est à ces derniers que l'auteur a eu recours. Mais c'est seulement dans des cas bien déterminés que, de l'entrai. nement chimique d'un composé par un autre,on peut conclure à un isomorphisme. L'auteur a donc été amené à faire, dans la première partie de son travail, une étude serrée des conditions d'entraînement par syneristallisation, par adsorption coMcM~ et par <<~<«~ ionique. II a utilisé pour cela la centrifugation qui permet, dans une solution contenant du polonium, de savoir s'il est à t'état de précipité colloidal ou à t'état d'ions. Il a constata ainsi que le polonium est sous forme soluble, en solution chtorhydrique N, en solution 5 N, en solution neutre gtycérinée, en solution oxalique sodique neutre. Tandis que le polonium fournit des précipités colloidaux centrifugeables, sans addition d'entraîneur, dans les solutions chlor. t. Presses universitaires Aw.Utttv.
de France. Paris, )o3o. Vt.–3o
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ANNALES DE L'UNtVERSITË
DE PARIS
faiblement acides, dans les solutions neutres, la solution hydriques normale raturée d'acide sulfhydrique, etc. La discuschlorhydrique le con. sion dea conditions dans lesquelles se font ces précipitations des composés aux très faibles solubilités à les attribuer duisent par les eoltotdee étrangers précipites, plutôt qu'à des adsorptions éventuellement présents dans les réactifs. sans addition des conditions de ces précipitations, La comparaison du polonium, déjà avec les conditions d'entraînement d'entraineur, étudiées auteurs, l'amène à conclure que dans lespar différents la totalité du suffit à précipiter où une trace d'entraîneur réactions et de l'ensimultanée de l'entraîneur il y a précipitation polonium, trainé, tous deux également insolubles, et que le rôle du précipite se borne a rassembler le précipité déjà existant du dérivé entraîneur de polonium. tt en résulte qu'a priori, aucune analogie de structure ne peut être déduite d'un tel entraînement. l'auteur montre Pour déceler dans ce cas une syncristallisation, des compose;. (entraîneur et entraîné), tous deux qu'il faut s'adresser dans l'eau, mais solubles sans altération dans un solvant insolubles Il a choisi comme dans lequel ils puissent cristalliser. neutre, complexes ou métalli-carboexemple celui des thiosulfocarbamates complexes internes parfaits, non électrolytes, dithio-dialcoylammines, insotubtes dans l'eau, mais solubles dans le chloroforme et y donnant de beaux cristaux. Le polonium est également entraîné par les comBi" Mais t'etude de la réparposés de ce type en Ni", Cu", Co' du polonium dans les cristaux met en évidence un isomortition ce qui conduit phinnc du composé de polonium et de celui de Co' 6. Le ici au polonium la valence JII et la coordinence à attribuer semble avoir aussi la valence III dans [Pô CI"] (N H</ H'O, polonium du sel de Ir'" correspondant, et dans son oxalate. isomorphe montré D'autre part, c'est dans les conditions où la centrifugationa que le polonium formait des composés solubles, que peuvent se sélective, tou. des réactions d'entraînement par adsorption produire jours incomplètes (rendement variable avec la masse de t'cntra:neur, montre que. d'acidité ou d'alcalinité, etc.). L'auteur les conditions une syacristattisation avec certitude dans ce cas, pour distinguer une série d'entraineurs il est fructueux d'employer d'une adsorption, isomorphes, pour voir si l'entraînement se produit avec chacun d'eux. du polonium, en solution Il choisit l'exemple de l'entraînement stannihexa. et concentrée, par les plombi, telluri, plati chlorhydrique chlorures d'ammonium, qui lui permet de conclure & l'existence d'un dans lequel le polonium a la [Pô Cf] (N H~ poton'hexachtorure des conditions de 6. La comparaison valence IV et la coordinetice de l'hydroxyde de polonium avec ceux des hydroxydes de solubilité tellure et de bismuth, dans différents milieux, conduit à attribuer à la formule OPo (OH)', qui confirme cette valence IV cet hydroxyde du polonium. Le radioélément semble donc susceptible, suivant les circonstances, du tellure), ou la de prendre la valence IV (ce qui le rapproche valence Ht (ce qui le rapproche du bismuth). L'auteur explique ainsi entre les difterentes les contradictions qui existent apparentes du polonium, dont les unes ressemblent à réactions analytiques celles du bismuth, et les autres à celles du tellure.
VIS SCtENT!FtQUE M. Jean.Maufice RAMOteR. ~<M~ Thèse pour le doctorat soutenue Paris, <o3o.
condensations de la ~y~~w. devant la Faculté des Science;.
On peut définir, sous le terme général de « polyglycérinel x, les de la condensation produits résultant de 2.3.4.S.M molécules de glycérine avec élimination d'eau. Cette élimination peut se faire soit aux dépens des fonctions alcooliques primaires pour donner des corps du type générât suivant n-z CH'OH.CHOH.CH'0–(–CH'.CHOH.CH"0~~ –CH~CHOH.CH'OH. soit aux dépens d'une fonction alcoolique daire pour donner des corps du type
primaire
et d'une
secon-
CH'OH "-z CH–0–(–CH'.CHOH.CH~O–)–CH'.CHOH.CH'OH CH'OH et j'ai en effet rencontré des isomères dans les polyglycérines, du moins quand j'opérais au-dessus d'une certaine température. Ce n'est pas tout; deux molécules de glycérine peuvent aussi se souder avec perte de deux et de trois molécules d'eau pour donner des produits de condensation. On peut ainsi prévoir un nombre très grand de « potyglycérines M que l'on appelle encore cealcools polyglycériques En chauffant de la glycérine (à o6,5 p. <oo de glyeérol) avec a p. too d'acétate de sodium comme catalyseur et en entrainant par un courant de gaz inerte bien sec (CO2. N) l'eau qui se dégage de la réaction, j'ai pu préparer des mélanges de polyglycérines plus ou moins condensées. Pour séparer les constituants des mélanges ainsi obtenus, j'ai transformé ces alcools en éthers acétiques ou « acétines Men acétylant la masse par l'anhydride acétique. Puis j'ai fractionné ces aeéunes dans un vide poussé et je suis revenu aux alcools initiaux en saponifiant les diverses fractions rectifiées par l'hydrate de baryte. -J'ai étudié la marche de la catalyse dans l'échelle de température suivante t0$'' MS" 265" 945" ay:" Les graphiques obtenus permettent de se placer dans les conditions expérimentales optima pour obtenir le meilleur rendement en tel ou tel alcool que l'on voudra préparer. Oc peut interpréter l'action de l'acétate de sodium dans la catalyse, en supposant qu'il donne transitoirement naissance dans le mélange au corps CH'COO Na. 3 H'O qui sert de transport à l'eau de conden. sation. L'acétate de sodium CH'COO Na, 3 H'O, en effet, fond à 58 degrés dans son eau de cristallisation et devient anhydre à iM + degrés.
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AUNALKSDE L'UNIVERSITE DE fARtS
jf'ai préparé tt décrit la série des composé:! suivants t" Une acétiae cristattisée correspondant à un alcool diglycérique cyclique cristallisé (diacétiae de t'éther digtycérique bis-éther-oxyde t.)' 3'); La tétra-acétine de l'alcool isodigtycérique (tétra.acétine de t'éther digtycérique mooo-éther'oxyde <'); 3" La tétra.acétine de l'alcool digtycérique que j'ai identifiée avec le produit obtenu par Nivière (tétra.acétiae de l'éther diglycérique mooo-éther-oxyde 3. )') 4* La penta-xcétine de l'alcool isotrigtycérique (penta-acëtine de l'éther trigtycénque bis-éther-oxydc t*. 3'. t') La penta-acetine de l'alcool triglycérique (penta-acétine de l'éther triglycérique bt!.ether-oxyde3. t'. 3'. t'); 6° L'hexa-ac<tine de l'alcool isotétraglycérique (hexa-acétine de t'etber tétraglycëriquetn.ether.oxydea. t'. 3'. t'. 3'. <");t. <3'. t'.3*. < y° L'hexa.acetine de l'alcool tétraglycérique (hexa.acëtine de l'éther tétraglycérique tri.éther.oxyde 3. < 3\ t'. 3°. t"); 80 L'hepta-acétine de l'alcool isopentaglycérique (hepta.acétine de l'éther pentagtycehque quatet-ether-oxyde (a. t'. 3'. t".3'. )'3' t' 9' L'hepta-acétine de l'alcool pentaglycérique (hepta-acetine de l'éther pentaglycérique quater.éther-oxyde 3. t'. 3'. t". 3*. t' 3' <); io° L'octa.acetine de l'alcool hexaglycérique (octa-aeetine de l'éther t' 3'. <"); hexaglycérique quioter-ether-oxyde 3. t'. 3'. t'. 3'. t'3' n" La nona'Mëtine de l'alcool heptaglycérique (nona-acétine de l'éther heptaglycériclue sexter-éther-oxyde 3. t'. 3'. < 3'. t'
3' t". 3". < 3'. t").
La condensation de la glycérine en grande quantité jusqu'au voisinage de sa limite inférieure de condensation, entre 240* et 25o*, après acétylation, m'apermis de séparer dans le résidu non distillable dans le vide a) Un mélange d'acétines solubles dans l'éther, de poids moléculaire moyen voisin de 5~3 ~) Un mélange d'acétines insolubles dans l'éther et solubles dans le benzène, de poids moléculaire moyen voisin de t3oo. D'une manière générale, ces acétines sont des liquides huileux, de saveur très amère, insolubles dans l'eau, solubles dans les dissolvants organiques usuels et d'autant plus visqueux que la condensation est plus grande. Les alcools correspondant à ces acétines, que j'ai prépares par saponification, se présentent sous l'aspect de corps extrêmement visqueux, très hygroscopiques, de saveur sucrée, solubles dans l'eau et dans l'alcool, mais insolubles dans les dissolvants organiques usuels. L'alcool diglycérique se présente sous l'aspect d'un liquide coulant avec difficulté à froid, les autres termes de la série ont l'aspect de gelées d'autant plus épaisses que la condensation est plus grande. La saponification des acétines de poids moléculaire ëtevé: (poids moléculaire moyen voisin de t3oo, acétines non distillables sous t millimètre, insolubles dans l'éther et solubles dans le benzène), m'a conduit à un mélange d'alcools polygtycériques solides, pouvant être rayés par l'ongle et rappelant par leur aspect les cires.
VIE SCIENTIFIQUE
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Les composés que j'ai préparés renferment des atomes de carbone asymétriques et t'en peut naturellement prévoir la possibilité de tenr dédoublement en corps actifs sur la fumicre polarisée.
PHYSIOLOGIE
VÉGÉTALE
M. A. HËE. – Contributions <<t<~ de la respiration cA~<fles f~ taux. Thèse pour le doctorat soutenue devant la Faculté des Sciences. Paris, )<)3o. Le point de départ du travail a été la préoccupation de trouver un de la masse représentant protoplasmique pouvant servir de base rationnelle de mesure dans les comparaisons d'activité métabolique des végétaux. Les recherches entreprises dans ce sens ont été faites en utilisant la respiration comme expression de l'activité vitale de ces êtres. Au cours des tentatives de détermination d'une unité de mesure moins arbitraire que celles ordinairement employées: poids, surface ou volume des organismes, l'auteur a fait, à divers points de vue, un certain nombre d'observations qui se sont trouvées plus ou moins en désaccord avec les résultats expérimentaux de ses prédécesseurs. Le travail est divisé en trois parties. La première comprend les données se rapportant à l'étude de l'action de la température et de la richesse en oxygène du milieu ambiant sur l'activité respiratoire d'organes séparés ou de végétaux pris en totalité. La deuxième a trait aux répercussions sur la valeur des échanges gazeux des différences dues au sexe, l'âge, à l'état de développement, à la surface et au poids des individus. La dernière partie est consacrée aux rapports entre la respiration et un certain nombre de constituants eau, substances prochimiques téiques, phosphore lipoidique, composés puriques. Elle se termine et de ses relations avec les par l'étude de l'indice nucléo-plasmatique variations constatées dans l'énergie respiratoire d'un organisme au cours de ~on développement. Les principaux résultats acquis dans cette étude sont les suivants 1 Les températures basses ou élevées subies antérieurement par les en état de vie active ne modifient végétaux pas l'activité respiratoire, alors qu'un séjour préalable à des températures extrêmes provoque dans l'intensité des échanges gazeux des d'importants changements en vie ralentie. C'est ainsi que: organes f L'action antérieure des températures extrêmes ne se fait pas sentir sur la respiration normale des germinations (Vicia Faba) et des adultes (<4 ?«? fo~«M) plantes 20 Les tubercules de 5'<~«M <«~«M< et les bulbes d'~WwM~ftWM exposés un certain temps quelques heures ou quelques jours, suivant les cas a. des températures voisines de o" ou de 40" ont, retour à une après température moyenne, leur respiration fortement
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ANNA!.KS DE L'UNtVBRS!T6
DE PARIS
augmentée. L'excitation se manifeste encore quelques jours après le séjour un degré thermique extrême; 3" Pendant la période de repos hivernal, t'intcosité normale des échanges gazeux des organes foliaires des plantes de pleine terre modifiée est temporairement /«M«J ~.<t«)'aM<t) (lledna /y< toute vague de par les périodes de getées. Chez les feuilles âgées, sensible de la respiration, l'augfroid est suivie d'une augmentation mentation étant d'autant plus forte que le froid a été plus vif. Les légères gelées diminuent l'activité respiratoire des organes foliaires jeunesses froids intenses (- t3") l'augmentent, mais d'une façon moins prononcée que celle des feuilles adultes. Dans tous les cas,l'intensité des échanges galeux tend à redevenir normale lorsque la température du milieu ambiant se maintient au-dessus deo"; 4" En été, après les vagues de chaleur intense (3o* à 3S* à l'ombre), on constate un abaissement considérable de la respiration des plantes mais annuelles (Vicia /<!<'«, Z.K~<~M~ ft/~M~, /<!<t'M<j; ~«~~cfa), de n'est peut-Ctre que le résultat l'intervention cette manifestation se certain nombre do facteurs dont l'action d'un superpose à celle la température. faites sur mycéliums de .S't~wa~y~ nigra, sur ~'expériences plantes aquatiques, ~o~M <'<ttM<~Mj<f,~f~Ay/~M ~<M<«w, <*<< bulbes dans le but d'étudier d'Mm /'o~wM, ~o~AoM j- et sur des de la température sur les échanges l'action directe et immédiate bien déngazeux, il ressort que, dans des conditions expérimentâtes courtes et à des tempéranies, en faisant des mesures nombreuses, de la en fonction de <" l'accroissement tures rapprochées: respiration n'obéit pas a la règle de V~ 'T HOFF; 2" l'intensité la température des échanges gazeux croit avec la température jusqu'à un maximum qui est atteint à un degré thermique variable avec l'espèce (3y" environ pour te.?<~<~M<)<o~<jM~ 4 <" pourles bulbes d'/t~'MM Cepa), après elle décroît tant qu'une action nocive de la chaleur ne se fait pas sentir. La teneur en oxygène de l'eau n'influe pas en général sur la respiPota. ration domptantes submergées (C'<t~< ~n'<v«MM,/L'MM, C/<!<<o~/<c)'a).Ce n'est que lorsque la concentration mo~<;M, ;V<< en oxygf'nc est très élevée, ou presque nulle, que de faibles variations dans l'émission du gaz carbonique. apparaissent L'.n-tivité respiratoire d'une Moisissute n'est aucunement modifiée par tes variations de la richesse en oxygène du milieu ambiant. Le .y<M<:<ofy~<<j nigra respire aussi normalement dans l'oxygène pur que dans l'air ordinaire. Il Les résultats des mesures faites en utilisant des feuilles, des rameaux fertiles ou stériles ou des individus entiers de diverses <!<tKM, <?<M~c biloba, ~/)'<<ca dioica, J/«Wa~t'.t plantes dio!qucs le sexe ne manifeste d'influence sur la ponont a conclure que pas valeur de la respiration. L'intensité respiratoire des mycéliums de cultures de Slerigmaloet très fortement au fur et à cystis M<~<t diminue graduellement mesure que le séjour sur le milieu nutritif primitif se prolonge. Elle
VIE SCtKNWtQUE
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est huit à onze fois plus faible, après neuf jours de culture, que deux jours après l'ensemencement. Les échanges gazeux sont diminués environ de moitié quand le est mis à respirer sur un milieu dépourvu d'azote et de champignon glucides. au poids, la respiration des feuilles persistantes ou Rapportée diminue avec caduques toujours l'âge. Chez les plantes annuelles prises en totalité, on constate, dans l'ensemble, au cours du cycle vital, depuis la germination jusqu'à la formation des fruits, un abaissement de l'activité respiratoire, celle-ci étant exprimée par rapport à la masse. I! n'y a pas de maximum respiratoire t'epoque de la floraison. Dans une espèce végétale déterminée, qu'elle soit phanérogamique ou cryptogamique, on pour un même stade de développement, a l'autre, des fluctuations assez importantes observe, d'un individu dans )a valeur des échanges gazeux. Quoi qu'il en soit de ces variations individuelles, les différences dans la taille, tout en pouvant de t'age, une certaine influence sur la exercer, indépendamment ne de ce phénomène. respiration, régissent pas l'intensité Le poids brut ne peut donc être considéré comme une unité rationnelle dans l'expression du métabolisme des végétaux. 11 n'y a ces de H loi des tailles n. pas, chez êtres, Les nombreuses mesures faites sur organes foliaires montrent que si la surface externe peut, dans une certaine mesure, agir sur la respiration des plantes, elle ne règle pas celle-ci. La surface n'est pas une meilleure unité de comparaison que le poids pour exprimer l'activité métabolique, et de l'importance de la surface par rapport au poids on ne peut tirer aucune conclusion quant à l'intensité respiratoire d'un organe végétal; on ne peut donc songer à établir, chez les végétaux, une « loi des surfaces 0. III L'examen des données fournies sur la teneur en eau des feuilles de divers nrbreii et arbu.-tes de nos régions .S')'f<M~t!t'M/~ay~ /'y~K~ <'ot«w«M< Cffo~Mj /!t'<«M<, récoltées à différent!: moments de la journée, montre que l'hydration de cca organes subit des variations assez élevées. En été, le minimum nycthémérales apparait vers )5 h., le maximum se manifeste entre S h. et oh. Ces variations, ainsi que les différences dans la richesse en eau qui se produisent naturellement dans tous les organes végétaux, n'ont pas toujours une directe sur l'activité rcspir.ttoirc. répercussion Les essais de détermination de la masse active protoplasmique tendent à prouver que celle-ci ne peut être définie par la teneur en substances totales. Cependant, chez les plantes supéprotéiques rieures, la masse des protéines parait êtrc un meilleur représentant de la substance vivante que )<*poids brut. ))'apr&s les chiffres se rapportant à la richesse en phosphore lipoïdique des mycéliums de diverses Moisissures, ~<~<gMa<oc)'j<~ "~ra. ~'CM!<'<~t«w ~dKCMM, ~?/«<to~<MM~n'MM~, prélevés après trois jours de culture, on voit que la teneur en ce constituant (o,oy3 à 0,097 p. too du poids sec) est voisine de celle trouvée chez un certain nombre de
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DE PARIS
plantes vertes aduttes, mais inférieure a cette présentée par les jeunes germinations de Lupin et par le bacille de la Fléole (o,<So p. too). En tout cas, quantitativement, le phosphore des phospbatides ne gouverne pas t.t respiration des végétaux. Les données relatives à la représentation du noyau cellulaire par la teneur en bases puriques et leur comparaison avec les chiffres d'intensité respiratoire montrent que chci! le ~<<Wgw<t<e~< Mt~nt l'émission du ga:: carbonique n'est pas sous la dépendance directe de la masse nucléaire. L'étude de la relation nucteo-ptasmatique, chimiquement définie, et de ses variations au cours du développement d'une Mucedinee met en évidence le fait qu'au cours de l'autolyse, il y a un parallélisme remarquable entre les valeurs que prend le rapport nuctco-ptasmatique et celles que présente la respiration.
M. Pierre RKMtt). – Thèse pour le doctorat Paris, )o3o.
MM!<t(<MM~~M~M<~MM ~~«~ t~«M~. soutenue devant la Faculté des Sciences.
Le groupe des algues brunes compte sur nos eûtes de Bretagne de très nombreux représentants. Certains envahissent même les rochers avec une extraordinaire abondance. Les Ascophylium et les /M<-)M, à mi-marée, les Laminaires, au niveau des basses mers de vive-eau, forment des zones caractéristiques. Leur taille est très variable, depuis le minuscule ~<-<<~<t~«f <f~<M< (quelques jt) jusqu'aux grandes Laminaires qui atteignent, dans nos pays, plusieurs mètres de longueur. La physiologie d'un groupe aussi important du règne végétal est encore assez mal connue. Le présent travail vise à apporter une utile contribution à la connaissance que nous avons de la nature et de l'évolution des « constituants o chez les Phéophycées. glucidiques Les recherches ont porté d'abord sur deux de ces algues Laminaria et Laminaria ~t~«a«<t'~ Mft/ta)'!t!a/ elles ont été ensuite étendues à un certain nombre d'espèces pour déterminer, à ce point de vue, t'hoEnfin, deux constituants mogénéité du groupe. principaux ont été et leur isolés étude chimique entreprise. Les constituants des Laminaires sont au nombre de glucidiques le mannitol, isolé par Stenhouse en )844; la laminarine, préquatre en )M5;i'atgine, décrite par Stanford dè. parée par Schmiedeberg et de la cellulose par certaines de ses pro<M3, l'algulose qui diffère en sa résistance à l'action des acides. priétés, particulier par La laminarine est un bologlucoside à grosse molécule, repondant à la formule (C'H"'0~)' On ne la trouve, chez les Laminaires, que la moitié de l'année été-automne. De décembre à mai ou pendant a trace. juillet, selon les espèces, il n'y en pas Sa proportion est maxima en septembre et ce maximum est très variable suivant les années il atteint parfois la moitié du poids sec. Cette proportion de laminarine élaborée par les tissus est sous la dépendance directe du facteur insolation. Lorsque l'été est ensoleillé, cette proportion est beaucoup plus forte. L'été de '937, qui a été, dans nos régions, très peu favorisé
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sous ce rapport, est aussi celui où les algues sont le plus pauvres. confirmé est remarquablement Ce fait qui n'est pas surprenant de moyenne publiés par l'Observatoire par les chiffres d'insolation t'Ite de Jersey, lieu habituel des récoltes pendant plusieurs années. Il y a parallélisme étroit entre l'état de la fructification et les variations saisonnières de la laminarine. A Jersey, les spores commencent de se former peu de temps après que les premières analyses ont révélé sa présence. Fin décembre, la sporulation est finie le glucide a disen lamiparu. Ne pourrait-on pas en conclure que la concentration le début de celle-ci marnarine est en relation avec la fructification, quant toujours l'époque de la grande richesse en glucide, alors que l'algue stérile en est dépourvue? Ce serait trop se hâter. En effet, dans le nord de la France, aux environs de Boulogne, les Laminaires sont fertiles, non plus à l'automne, mais au printemps. L'analyse a en montré que l'algue fertile, mars, ne renferme pas trace de laminarine, alors que l'algue stérile, en septembre, en est abondamment pourvue. La laminarine n'est donc pas nécessaire à la sporulation, conclusion qui apprend, une fois de plus, à ne pas fonder trop rapidement une hypothèse sur des résultats expérimentaux. On admet généralement que le premier produit de l'assimilation est le gtucose ou un mélange de glucose et de frucchlorophyllienne tose, peut-être, selon certains, le saccharose. C'est à partir de ces sucres que l'amidon serait élaboré par les cellules vertes. Or, jamais, à aucune époque de l'année, même au moment où s'élabore si activement la laminarine (qui semble jouer chez ces algues le rôle de l'amidon dans les plantes terrestres), on ne trouve trace de sucre réducteur dans les tissus. Il semble, dès lors, difficile d'admettre Serait-ce le mannitol? L'allure que le glucose soit ici l'intermédiaire. des courbes qui expriment ses variations saisonnières pourrait autode riser cette hypothèse. Cependant, les essais d' « alimentation en l'algue en mannitol sont restés sans résultat. De même, disons-le passant, l'algue s'est montrée incapable de transformer en taminarine glucose, fructose ou saccharose. Dans les quinze espèces d'algues brunes étudiées, même carence de sucre réducteur le fait mérite d'être signalé. Le mannitol est présent chez presque toutes, mais la laminarine semble réservée à un petit nombre d'espèces bien déterminées et ne saurait dès lors être considérée comme caractéristique du groupe. La laminarine a été retirée de Laminaria dexicaulis par un procédé qui a donné d'excellents résultats. La purification a été poussée aussi loin que possible pour permettre une étude complète des propriétés du glucide. L'exposé de ces propriétés serait fastidieux deux seulement seront retenues. à la En solution étendue, la laminarine précipite spontanément qui longue, sous forme de petites boules ou sphérites, biréfringents, ont des propriétés optiques très particulières entre nicols croisés ils le phénomène de la croix noire, mais les branches de présentent cette croix sont orientées à 4!" des sections principales des nicols (dans le grain d'amidon, elles sont parallèles à ces sections) et l'ensemble des phénomènes observés montre qu'ils ont une symétrie bien déterminée, la symétrie de la sphère tournante. Ces caractères sont. ils dus à une structure cristalline? L'étude aux rayons X a répondu néga-
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tivonent l'aspect du cliché décote nettement un produit amorphe. Anomalie d'un autre ordre, cet hotog!ucOMde,qui ne donne à t'hydtuiyse que du glucose, est saccharine complètement et rapidement par la sucrase. A quel ferment faut-il rapporte); cette action? Si t'oa admet la définition ctassi~ue de la saccharase, « ferment qui se porte sur la liaison glucose-fructose, telle qu'elle existe dans le sucre de canne ce n'est pas cet enzyme qui entre en jeu ici. Devons-nom modifier notre conception sur la sucrase ou chercher un autre ferment dans les préparations diastasiques qui l'accompagnerait employée!? De l'algine, jusqu'ici, on sait peu de chose. On la compare généralement aux matières pectiques, avec lesquelles elle pr~ente une certaine analogie.C'est an acide faible, dont les sols alcalins sont solubles dans l'eau. L'étude qui en a été faite (et dans le détail de laquelle nous ne saurions entrer) permet d'arriver à cette conclusion que la molécule d'algine renferme des acides uroniques en CG et que le pouvoir réducteur des produits d'hydrolyse est la conséquence de la rupture de liaisons glucosidiques entre ces acides.
M. Chartes NEYROK. – /~c/<M J«f jt~wc~ /MM<Mc~~ Thèse pour te doctorat soutenue devant la y*«<'<«~y~'<4~/<c~ Faculté des Sciences. Paris, t93o. La présence dans les tubercules d'Asphodete d'un glucide spécial a été signalée il y a déjà près d'un siècle, notamment par Clerget (t854). Son étude, reprise par différents auteurs (Chevastelon-Sarvini), n'a pas abouti, faute de connaissances sut ta composition des tubercules à différentes époques de l'année. On savait seulement que le principe en question était une sorte d'inuline soluble, donnant par hydrolyse une forte proportion de fructose. Le présent travail, inspiré par H. Colin et exécute en partie dans son laboratoire, en partie à la Faculté de Médecine de Beyrouth, a porté sur différentes espèces ou vane«!s d'Asphodèles à racines tuber. cutii)Ce!i (/t. M<f~M~«~ oM<M)provenant soit de la côte libanaise, soit de la Provence, du Uauphinë ou du Maroc. It débute par l'examen détaillé des constituants de la plante glucidiques tubercules, rhizomes et parties vertes. La technique employée est celle qu'ont adoptée H Colin et ses élèves,et qui permet un recensement suffisamment corrfet des glucides contenus dans les organes végétaux. Les extraits, obtenus avec toutes les garanties désirables de stabilité, sont, après défécation, examinés au double point de vue de leur avant toute pouvoir réducteur et de leur déviation potanmetrique, hydrolyse d'abord, et ensuite après hydrolyse, soit par te'- acides dilues à chaud, soit par une préparation de sucrase de levure (autolysat de levure). Xi le, feuilles ni les hampes florales ne révèlent la présence d'autres gtucidcs que te saccharose et ses produits de dédoublement. Il en est de même des tout jeunes tubercules, qui apparaissent en ait leur lieu sur des eux-mêmes décembre, que développement pieds ou sur des très anciens. Leur suc est nettement dextro. jeunes, pieds
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et totalement par la sucrase gyre (+34'), it est hydrolysé rapidement &celui d~ avec un indice de réduction eotymolytique correspondant saccharose. Mais & mesure que le petit tubercule se développe (de février en mai), ces caractères se modifient: la déviation potarimédevient et nulle, puis gauche, trique diminue, l'hydrolyse par la sucrase se produit d'une façon de plus en plus incomplète et pares. seuse. Pendant l'été et le début de l'automne, le contenu gluciit ne se compose plus, en dique soluble est a peu près stabilisé; dehors d'une petite quantité de saccharose et de réducteur, que d'une proportion assez élevée (8 à <o p. <oo du poids frais) d'un glucide ou d'un mélange de glucides, tévogyre, dont l'hydrolyse par les acides fournit du fructose, associé à un constituant dextrogyre, vraisemblablement au glucose, le pouvoir rotatoire se fixant alors a–oy environ. Vers le milieu de l'automne, au moment où les nouvelles feuilles soudaine et font leur apparition, on assiste & une transformation le pouvoir rotatoire direct s'abaisse assez poussée de cette reserve encore un peu, le réducteur nettement et les préformé augmente Le tubercule entre alors dans sa seconde glucides totaux diminuent. année d'existence il évolue dans le même sens que l'année précéun suc dextrogyre dont le mélange à dente, accumule par conséquent son contenu préexistant donne l'extrait une déviation croissante en valeur absolue, puis nulle, puis droite (avril). A partir de ce moment, son histoire se confond avec celle des nouveaux tubercules qui se sont formés, le principe tévogyre prenant la place du saccharose. Un de tubercules, pied d'Asphodèle porte ainsi plusieurs générations à part les tout nouveaux au cours de leurs dont la composition évolue au cours d'un cycle annuel de façon idenpremiers mois tique. L'étude chimique du principe lévogyre ainsi mis en évidence a été faite sur des tubercules ramassés au cours de l'été, puisque a cette taux minimum sont leur époque les glucides qui l'accompagnent et que lui-même atteint son maximum de concentration. On l'isole sous forme de complexe barytique, que l'on décompose par le gaz l'acide achever l'action incomcarbonique, puis par suifunque, pour plète du CO". Le sirop est concentré avec précaution pour éviter encore l'hydrolyse, toujours à craindre. I) faut ensuite le débarra~er des restes de de et sels réducteur de par dialyse saccharose, qu'il renferme encore. Evaporé à sec dans le vide, en présence d'acide sulfurique, et pulvérisé, il se présente s.ous l'aspect d'une poudre blanche, :t peu près où l'analyse décèle encore des traces de insipide, très hygrométrique, réducteur et de cendres. Son pouvoir rotatoire est compris entre –)8° et –<()". Les fractions successivement obtenues par l'épuisement a plusieurs reprises par des alcools de différents degrés (alcool sont pratiquement idenethytique absolu (p"–& Qo~–a 80°) tiques on a donc affaire a un seul glucide, dont le poids moléculaire, obtenu par cryoscopie en solution aqueuse, est un peu supérieur a yoo, ce qui n'est évidemment qu'une limit' inférieure. L'hydrolyse acide, facile à réaliser, donne du fructose, caractérisé sous forme de fructosate de calcium et de methy)pheayto:a<one. En les l'alcool absolu épuisant produits d'hydrolyse par bouillant, on le un relèvement très net du obtient, pour résidu, pouvoir rotatoire,
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primitivement égal à –67", et qui finit par atteindre -'40" signe de la présence d'un constituant dextrogyre associé au fructose dans l'édifice de l'holoside. Ce constituant est un sucre atdehydique, car l'oxydation par le brome ou par t'iode porte sur une fraction du dans une solution mélange voisine de un cinquième. L'émulsine, & fait une proporméthylique 70 p. <oo, disparaître assez rapidement tion de réducteur du même ordre de grandeur. On réunit ainsi les principales preuves que le glucide associé au fructose n'est autre que le glucose. Le mëthytgtucoside formé sous l'action de l'émulsine n'a être extrait en suffisante pu quantité pour être identifié par son pouvoir rotatoire, mais il l'a été par sa saveur, sa forme cristalline et son point de fusion. Les observations faites à propos de l'action de la sucrase sur les extraits de tubercules appelaient une étude de son action sur le La constatation essentielle faite à ce sujet a été la produit isolé. suivante les ferments contenus dans les liquides ou les poudres fcrmentaires d'Aspergillus M<~ cultivé sur liquide de Raulin a base de glucide d'Asphodèle (Asphodéloholoside), hydrolysent très rapidement ce produit et donnent les mêmes résultats que l'hydrolyse acide. Les ferments tirés des levures de brasserie ou de boulangerie (levure Moritz ou levure Springer) ont une action lente et incomde la réaction (jusqu'à deux mois et plus) plète, qu'un prolongement avec renouvellement dela sucraseest impuissant à achever. It n'a pas été possible .de trouver a la sucrase de levure un complément qui la rende capable d'égaler l'effet des diastases de la moisissure. La fermentation alcoolique des extraits de tubercules ou du glucide isolé est pourtant réalisée a peu près quantitativement par ces mêmes levures.
Chronique
de
LA
CELEBRATION
DU tV
CENTENAIRE
~Université
EN SORBONNE
DU COLLÈGE i9
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La cérémonie solennelle, qui, en présence de M. Paul Doumer, président de la République, a marqué en Sorbonne le IV* centenaire du Collège de France, comprenait des discours de MM. le recteur Charléty, au nom des Universités françaises; Alessandro Ghighi, recteur de l'Université de Bologne, au nom des Universités étrangères Alexandre Millerand, président de l'Académie des Sciences morales et politiques; Widor, secrétaire perpétuel de l'Académie des Beaux-Arts, Alfred Lacroix, secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences, Denis Puech, président de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres; Gabriel Hanotaux, au nom de l'Académie française. Les délégués des institutions savantes françaises et étrangères ont remis, au nombre de cent quarante-trois, les adresses qu'ils apportaient au Collège de France de tous les points du monde. Nous sommes heureux de pouvoir reproduire ici le discours prononcé à cette occasion par M. Charléty, président du Conseil de l'Université de Paris. Discours de M. le Recteur CHARLËTY Président du Conseil de l'Université de Parte L'Université de Paris éprouve de la joie et de l'orgueil à recevoir son illustre voisin. Dans cet amphithéâtre témoin de tant d'émotions magnifiques, le Collège de France est chez lui par le droit supérieur de ses quatre cents ans de gloire; toutes les Universités de France lui apportent leur déférent hommage. Vos privilèges, Messieurs, qui sont très beaux, n'excitent chez elles aucune envie, étant nécessaires à la Science et à la Nation. Si nul ne peut prétendre au monopole de la science qui se fait, et laisser à d'autres la science faite, c'est
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DE PARIS
que l'esprit souffle ut) il veut il n'y a pas d'heure ni de lieu imposés pour la découverte ni pour le génie. Mais échapper à la formation professionnelle des étudiants et au fardeau des examens, c'est une faveur de la fortune qu'il faut défendre sans défaittance; si elle fut peut-être la cause de t'indifférence avec laquelle vous fûtes longtemps si misérablement traités par les pouvoirs publics qui pensèrent vous laisser mourir d'inanition, c'est dans les Universités que l'on voit avec le plus de satisfaction cesser cette indifférence et s'élever des laboratoires neufs, témoignage tardif d'une sympathie nécessaire. Vous avez enfin le privilège de vous recruter sans souci des parchemins et des concours, guidés uniquement par le respect de l'opinion scientifique universelle cette liberté sans équivalent est trop précieuse ette aussi pour ne pas être gardée contre toutes les entreprises. Où seraient représentées, si elles ne t'étaient chez vous, les spécialités rares en histoire, en philologie et dans les sciences expérimentales ? Votre maison offre un abri aux travailleurs expérimentés et riches encore de force et d'imagination. Une grande œuvre scientifique demande de longues années de travail continu; elle réclame l'homme tout entier. Qu'il trouve dans l'enseignement un stimulant parfois nécessaire, c'est à lui et au public savant d'en juger; mais Anquetil du Perron n'eut probablement pas découvert ni ramené en France t'~f~or s'il eût dû interrompre une vie aventureuse pour soutenir l'assaut des foules, quand elles prononcent contre les Universités l'attaque désespérée du baccalauréat. Si le Collège de France n'existait pas, il faudrait l'inventer. Les pays les plus réputés pour leur organisation scientifique ont-ils fait autre chose que créer des c Collège de France M,des « Muséum )), des M Institut Pasteur H, quand ils ont construit, avec un luxe que nous connaîtrons peut-être un jour, cet admirable Institut Rockefeller, et cette puissante Kaiser Wilhelm Gesellschaft zurForderung dsr Wissenschaften qui, née en tQt3, compte déjà. plus de trente Instituts, en ouvre un ou deux par an et qui, partie de la chimie et aux sciences de passant par toute la biologie, en est aujourd'hui l'homme et au droit comparé? It est glorieux de dater de François I'' d'avoir donné il y a quatre siècles cet exemple au monde. Mais il importe de persévérer le Collège de France, comme les Universités, ont applaudi à f'initiative audacieuse et belle de Jean Perrin dont l'enthousiaste ardeur veut doter d'une fortune une fondation pour la recherche scientiH faut absolument comprendre, dit-il, que la recherche fique. scientifique est notre seule chance de créer des conditions vraiment nouvelles, où la vie humaine soit pour tous de plus en plus libre et
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puissante. H Peut-être, faute de moyens appropries, avons-nous perdu des homme: de génie. « Cette faute est irréparable pour nous, mais du moins pouvons-nous tenter d'organiser l'avenir prochain. M Il y a bien un conseil supérieur de la guerre; il faut qu'il y ait un conseil supérieur de la science. Jt na!trade la collaboration de la science et de la richesse industrielle. Dans la défense nationale, elles se sont unies. Vous savez mieux que d'autres les travaux d'un Charles Moureu, les magnifiques inventions d'un Langevin. Ces oeuvres sont aussi précieuses dans la paix. L'admiration et le respect qui vous entourent vous assurent que l'exemple que donnait hier un petit pays comme la Belgique doit donner confiance et hardiesse. Messieurs, c'est une chose qui ne s'est point encore vue qu'une civilisation guidée par la science. Sans doute faudrait-i) y réserver toujours la part du sentiment M de la divine illusion Pt aussi de fécondes erreurs. La recherche de la vérité ne s'affirmera point par un système, mais par une philosophie capable de s'ouvrir à la réalité concrète dans toutes ses sinuosités. Aucun système ne peut sans imprudence prétendre à embrasser la rotatif des choses dans une formule simple, mais si tous ceux qui pensent et qui travaillent sont rapprochés et vivent d'une vie commune, ils pourront dire avec l'un des vôtres, l'illustre Bergson « Travaittons à dilater notre pensée, forçons notre entendement, brisons s'il le faut nos cadres, mais ne prétendons pas rétrécir la réalité à ta mesure de nos idées, alors que c'est à nos idées de sc modeler, agrandies, sur la réalité. ') De telles paroles préparent et chaque jour réalisent cette union, puisque c'est chez vous qu'ont été définies les conditions éternettes, impérissables de toute recherche et la règle absolue des hommes qui y dévouent leur vie. K It faut avant tout aimer la vérité, vouloir la connaître, croire en elle, travailler si l'on peut à la découvrir, It faut savoir la regarder en face et se jurer de ne jamais la fausser, l'atténuer ou t'exagérer, même en vue d'un intérêt qui semblerait plus haut qu'elle, car il ne saurait y en avoir de plus haut, et du moment où on la trahit, fût-ce dans le secret de son cœur, on subit une diminution intime qui, si légère qu'elle soit, se fait bientôt sentir dans toute l'activité morale. Il n'est donné qu'à un petit nombre d'hommes d'accroitre son domaine; il est donné à tous de se soumettre à ses lois. Soyez sûrs que la discipline qu'elle imposera à vos esprits se fera bientôt sentir à vos consciences et à vos cœurs. L'homme qui a jusque dans les petites choses l'horreur de la tromperie et mëmfde la dissimulation est par là éteigne de la plupart des vices et préparé à toutes les vertus. M
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Paroles mémorables de Gaston Paris que rappelait en un jour solennel celui que vous avez maintenant placé à votre tête, et à quoi il ajoutait w Ne croyez pas que ces idées puissent jamais néchir ni vieillir; elles ne forment pas, disait-il, une doctrine abstraite que l'on critique et que l'on juge, elles sont pour nous la règle acceptée, en nous incarnée non pas la règle dure, mais la loi souple et forte, la bonne nouvelle qui confete notre vie sa part de joie et de beauté, x Oui, c'est ce regard purificateur jeté sur la réalité qui est le secret de toute vie scientifique et qui, à lui seul, suffit à créer une vie morale supérieure~ aimer la vérité c'est aimer la justice. Travailler à l'établissement de la probité intellectuelle dans le monde, travailler à t'abnégation devant le vrai, c'est le fond des passions nobles sur lequel il faut édiHer l'avenir et édifier sa propre vie. Est-il indiffèrent à votre gloire ou à votre tâche que le petit Breton qui voyait comme le plus noble terme de son ambition son entrée au Collège de Franc< Ernest Renan, ait écrit à vingt-cinq ans dans la mansarde où il aimait frénétiquement la vérité, à la première page du livre où d'avance il résumait sa vie et où il décrivait t'~MM'r <~<t Science « Une seule chose est nécessaire j'admets dans toute sa portée philosophique ce précepte du grand mattre de la morale, je le regarde comme le principe de toute noble vie. Ce n'est pas une limite étroite que nous posons à la nature humaine en proposant à son activité une seule chose comme digne d'elle, car cette seule chose renferme l'infini. » ï) voulait dire, – et c'est sous la protection de ces hautes paroles prononcées devant votre porte que nous célébrons ce quatrième centenaire de votre gioire,–ii voulaitdire qu'une seulechose estnécessaire, c'est de travailler à la recherche de la Vérité.
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DIRECTION ET ADMINISTRATION Bureau de. Renseignements Scientifiques de t'UntvtMtté de Paris A LA SORBONNE, PARIS (V)
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L Actes de l'Université de Paris. Rapports des Doyens. Cérémonies universitaires, comptes rendus et discours. Il. Articles publiés par des professeurs III. Vie scientifique. Publications. des thèses de doctorat. Chroniques de l'Université versité.
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Séance solennelle de rentrée de t'Unîverstté. Discours de M. le Recteur S. Charléty, Président du Conseil de t'Uo:versit<5. <8r Réeepttea des aoMveattx docteurs Henor~s CaMM. 490 Les !nBt!tMts de t'Unïverstté de Paris. – Rapports annuels (<u<< -Institut de Langue et Littérature françaitee. Institut des etudes Institut des Haute! études chinoises. – Institut ffançait Islamiques. de Varsovie. – Observatoire de Kicc. 6o5 La « Comédie » latine en France dans la seconde moitié du 0. Cohen. xn* siècle 6~5 C. Bouglé.
Le Bilan du Saint-Simonisme (deuxième oWfcte).
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Vie scientifique
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Chronique de t'Untverette
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t'Uïuversïté Séance solennelle
de Paris de rentrée
de ~Université de Paris ANNÉE SCOLAIRE t93t.t(~32 Discours de M. S. CHARLÉTY, recteur de l'Académie de Paris, président du Conseil de l'Université Notre Université voit croître chaque année le nombre de ses étudiants. Il en est ainsi dans la plupart des Universités du monde. Peut-être le monde affirme-t-il ainsi un goût croissant et louable pour la culture supérieure ? Peut-être aussi est-il victime d'une illusion qui serait ainsi universelle, et qui l'entraînerait à croire que cette culture conduit nécessairement au bien-être, à la puissance et à la gloire ? Je ne sais pas. Mais nous voici de toutes façons invités à nous préoccuper d'un problème nouveau et peut-être urgent. Que feront dans la société, telle que nous la connaissons, tant de jeunes gens des deux sexes diligemment enrichis par nous de sciences morales et de sciences naturelles? Quand ils au.'ont traversé non sans fatigue – une période de Il tâtonnements désordonnés », au moment d'installer chez eux « un Ax. Uxtv.
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certain ordre dans un milieu dênui seront-ils, par nos soins, bien orientés et pourvus d'une connaissance suffisante du monde actuel où ils s'efforceront de trouver une place ? Certes, ce souci ne nous fut jamais étranger. Mais, la part faite à la préparation strictement professionnelle destinée à fournir à la nation les juges, les médecins, les professeurs, les ingénieurs dont elle a besoin, ce qui nous est cher, c'est la libre recherche, c'est l'étude désintéressée, c'est la découverte. Dans l'une comme dans l'autre, ce qui nous domine, c'est la détermination du passé, c'est le triage incessant des valeurs anciennes c'est la constitution de sciences qui sont d'abord « la somme du connu' Notre souci essentiel est moins actuel que rétrospectif. Cet « historicisme o dominant fait de nous les dépositaires de la mémoire de l'humanité, et cela ne manque ni de force ni de beauté. Mais si nous laissons volontiers à d'autres le soin de distribuer les « recettes qui procurent la maîtrise, le maniement des faits immédiats », s'ensuit-il que nous ne devions négliger de donner du présent, du moment présent, où ces jeunes gens vont utiliser leurs connaissances, une suffisante science ? Il y a sans doute des époques où les habitudes, les ambitions, les affections contractées au cours de l'histoire antérieure ont quelque chose de stable, de durable. inspirent une confiance et une amitié universelles. Mais quand, comme aujourd'hui, toutes sont ébranlées et en quelque sorte inadéquates, n'y a.t-il pas lieu au moins de prévenir la jeunesse et de la préparer ?
Je
voudrais
profiter
d'un
avertissement
qui
vient
de
MNotes sur lcs Uoivffsitcs t. Voir une étude de M. Baldensperger étrangères M(~'tf. se. polit., <! avril )~o).
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nous être donné. Le grave réquisitoire que M. Paul Valéry a prononcé contre l'histoire n'est pas, venant d'un tel homme, û passer sous silence. Non pas que l'illustre écrivain n'ait que du mépris pour les travaux historiques « Ce sont, dit-il, des merveilles de l'esprit. Il en est que rien ne passe dans la littérature et dans la philosophie mais il faut prendre garde que les affections et les couleurs dont les premiers nous séduisent et nous amusent, la causalité admirable dont les seconds nous persuadent, dépendent essentiellement des talents de l'écrivain et de la résistance critique du lecteur. ') Voilà en quelques mots jetées par terre toutes les prétentions de l'histoire à être une science. Mais ne serait-elle qu'un art, cet art est plein de dangers et de perfidies. « Le passé plus ou moins fantastique, ajoute-t-il, plus ou moins organisé après coup, agit sur le futur avec une puissance comparable à celle du présent même. C'est peut-être faire beaucoup de cas des leçons de l'histoire à quoi les historiens ont renoncé à croire depuis assez longtemps. Au contraire, ils sont tentés de croire, à bien juste titre, que c'est la lumière du présent qui éclaire le passé et qui nous permet de ne pas nous y égarer. Mais que les historiens le veuillent ou non, c'est l'histoire telle qu'ils la racontent qui donne à l'avenir les moyens d'être pensé par les hommes. Une nécessité de notre esprit nous pousse à solliciter les précédents et à nous livrer ci à l'esprit historique qui induit à se souvenir d'abord, même quand il s'agit de disposer pour un cas tout nouveau M. Ainsi, tandis que les sciences de la nature nous font du monde une vue de plus en plus exacte et modifient chaque jour notre vie présente (pensez à l'innervation du monde par l'électricité), « l'image du monde, telle qu'elle se forme et agit dans les têtes politiques, est fort loin d'être une représentation satisfaisante et méthodique du monde '), et, malheureusement, cette image est
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agissante. L'histoire alimente l'histoire'~ et nous voilà, pour en avoir appris et pour peut-être la savoir, devenus les esclaves de son observation désordonnée qui nous conduit aux plus grossières erreurs de conduite. La principale est étalée sous nos yeux. L'Europe qui a fondé la science positive a, par elle, dominé le monde. Le récit de ses triomphes et de sa grandeur, voilA ce que lui apprend le passé. Or, cette grandeur est menacée par une suite d'événements que leur lenteur rendit imperceptibles. L'ère des découvertes fut magnifique. L'Européen s'y est jeté avec une incomparable ardeur. Voyager, coloniser, pour lui, ce fut vivre. Le premier des colons fut le premier des fils, a-t-on dit (Hanotaux) la marche vers l'inconnu poussa jadis Crétois et Phéniciens dans la Méditerranée préhellénique Alexandre le Grand fut le plus grand des coloniaux, et son œuvre dura mille ans. Quand vint la réaction de l'Asie contre l'hellénisme, l'Europe ne se relâcha pas de son effort, pour traverser, puis pour tourner, cet hostile continent. L'expansion éclatante du dix-neuvième siècle a là son origine. Et ce fut comme la rupture d'une digue. En dépit des philosophes et des sages qui s'écriaient Crime contre l'humanité, crime contre la patrie qu'on détourne de ses destinées; contre le bon sens, parce qu'une colonie est le plus déplorable des placements. En dépit de tous les conseils et même de l'indifférence ou de l'hostilité populaires qui eussent dû tout arrêter dans les démocraties, l'œuvre s'est faite. Elle a dépassé le cadre des histoires nationales et, par là, nous fut longtemps mal intelligible, et voici qu'aujourd'hui nous en apparaît la splendeur. Quand la France a invité le monde entier a contempler la conquête européenne dans son Exposition, elle lui a présenté la plus magnifique image de l'Europe. Mais au même instant tombe sur nous la certitude que « l'ère des terrains vagues. des lieux qui ne sont à
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personne, donc l'ère de libre expansion est close. Le temps du monde fini commence u. « A la période de prospection succède une période de relations. Relations tellement nouvelles et imprévues qu'elles engendrent « un désordre de résonances entre des groupes d'hommes qui s'ignoraient parfaitement. L'empire qu'a fondé la petite Europe était fondé sur la science et la science était le monopole de l'Europe oui, mais considérez que la science est essentiellement transmissible. L'inégalité fondée sur le pouvoir technique tend à disparaître. Et nous avons fait pour la supprimer tout le nécessaire, nous étant, nous Européens, disputé, avec le désir avoué en secret de nuire à nos concurrents, l'avantage de vendre nos armes et de prêter notre argent. Enfin, nous avons apporté avec nous des manières de penser qui ouvrent aujourd'hui entre nos protégés et nous une grave controverse. Le contact entre l'Orient et l'Occident a détruit presque sans transition une vie politique séculaire, une vie économique immobile, et, par là, bouleversé toute la vie morale des peuples soumis. Et des voix s'élèvent; entendez-les dans le livre écrit avec un éclat courageux par un de nos grands coloniaux, M. Albert Sarraut nous avons, disent-elles maintenant, grâce a vous, dont nous n'hésitons pas u proclamer le mérite et le désintéressement, acquis votre langue, et même vos titres, vos grades. Nous avons fut vos études; nous sommes en état de nous gouverner. Vos écoles, votre assistance médicale nous ont sauvés de notre décrépitude physique et de notre léthargie intellectuelle. Nous avons crû en nombre et en force et en richesse. Votre justice nous a appris la liberté et le droit. Vous nous avez appris à défendre notre propre pays. Vous nous avez conviés a défendre le votre sur vos champs de bataille et nous avons contribué à sauver votre idéal humain. Nous
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devenons des nations. Votre colonisation a été une réussite admirable son rôle n'est-il pas terminé ? Y a-t-il là de quoi donner à l'Europe une soucieuse insomnie ? Allons-nous manquer de confiance et laisser crouler une œuvre dont la mort paralyserait la plus grande part de notre vie? Il n'en sera jamais question. Notre oeuvre, faite, à ses lointaines origines, de tous les hasards de la découverte et de la force, repose maintenant sur une nécessité magnifique de solidarité humaine contre la barbarie toujours proche et parfois renaissante. La colonisation est une grande mêlée mondiale. Brassant les peuples et les cultures, elle a contribué au développement général de l'homme sur la planète. Les indignations sentimentales, ni même les balances commerciales, ne sont des méthodes, ni des causes. La vie, avec une obstination indécente, a démenti les théories et continuera de les démentir.
Mais les Universités n'auront-elles donc rien à dire sur tout cela? Dépositaires du passé, mémoire des hommes. n'est-ce pas à elles d'indiquer le changement d'échelle. des problèmes de notre temps, de la figure du monde ? Et surtout, n'ont-elles pas à former les jeunes hommes qui se trouveront demain face à face avec un empire ? Tout les y invite. Avant guerre, si l'art, de Delacroix à Gauguin, de Chassériau à Fromentin, donne l'exemple d'un élargissement de sa vision, la littérature reste plus indinérente. En France, on ne lut pas Gobineau. Maupassant avait écrit Ausoleil unique dans son oeuvre, mais dont l'originalité resta inaperçue. Un Loti, un Farrère. officiers de marine, nous initièrent plutôt à un nouvel exotisme qu'à l'œuvre des conquérants. Le Barnavaux de Pierre Mille demeura à peu près isolé. Et la masse de la littérature continua d'errer autour des vieilles études traditionnelles, fouillant la psychologie française, qui était-
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depuis longtemps sans mystère, et lorsqu'un Rosny fuyait la vie parisienne, c'était pour remonter à l'âge de pierre, s'évadant dans le temps, non dans l'espace. Dans l'océan de romans d'aujourd'hui où l'attention s'égare, voici qu'au contraire, la production traditionnelle semble faiblir, et qu'on voit naître des œuvres coloniales et même planétaires. )7~ Voyage au Congo, une Magie noire conquièrent le public. La Vaste Terre envahit la littérature française, la jette hors d'elle-même. Cela ne s'était, je crois, jamais vu, du moins à ce degré. Il y a toujours collaboration plus ou moins consciente entre l'auteur et le lecteur. On lit avidement des propos que l'on a déjà entendus en soi-même. Le Français, quelle que soit sa condition, ne vit plus ignorant, replié et satisfait. Une porte est enfoncée. Le vigneron du Midi surveille non sans Inquiétude celui de l'Afrique du Nord. Il y a des villes en France dont la population oscille d'une dizaine de mille âmes suivant le cours du caoutchouc; et l'on y sait que le phénomène a son origine dans l'Asie tropicale. Toute notre vie est envahie de sensations étrangère&. Voilà beau temps que le Savoyard et sa marmotte ont été remplacés dans les types populaires de la rue par le Kabyle et ses tapis. Le bétail du Nord consomme du manioc de Madagascar et nous mangeons autant de bananes que de pommes. L'essence de votre voiture vient de partout, sauf de chez nous. Il faudrait être sourd pour épargner a ses oreilles la plus redoutable des importations, celle de la musique nègre. Au temps de notre adolescence, il y avait des cafés: nous avons les bars. Ecoutez les voix de notre boulevard préféré, et regardez les physionomies figures et voix venues des lointains orients et extrêmes-orients. A la Cité universitaire, les palais s'édifient; le dragon, le lotus y sont chez eux. Et nous ne sommes plus tout à fait chez nous; les cloisons ont sauté; la planète, jadis si lointaine,
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nous pénètre, et quelques-uns craignent qu'elle ne nous submerge. Ainsi le phénomène colonial nous parait aujourd'hui le phénomène central de l'histoire du monde. Notre part y est belle, nous l'avons conquise un peu par inadvertance; et c'est un échantillonnage magnifique de la planète. Mais le jeune Français moyen le sait-il bien et le croit-il consciemment à cette heure? Il semble qu'il se méfie; pour. tant, il est obscurément troublé. II va à l'Exposition et on lui dit que pareil succès ne s'était pas vu depuis la dernière Exposition universelle, il y a trente et un ans. Il sent confusément que colonial et universel sont devenus synonymes. On nous dit que certains, en Angleterre, pensent que peut-être les difficultés des Anglais dans l'Inde viennent, pour une part, d'une baisse dans le recrutement du Civil Service, qui fut un des meilleurs du monde. Cette observation soulignerait, s'il le fallait, l'importance des hommes, et peut-être que nous avons été moins profondément ébranlés par la guerre que la société anglaise. Chez nous, naguère, le protagoniste colonial était l'officier; il y était roi. Vie très dure, très belle, lourde de responsabilités. Elle a formé les Faidherbe, les Gallieni, les Lyautey, et combien d'autres. Maintenant, sauf sur les confins dangereux, la conquête étant faite, le militaire a passé la main au civil. C'est le civil qui est en contact avec l'indigène. Qui formera le civil ? Naguère, les services sanitaires étaient assurés par les médecins militaires. Souvent dépourvus de moyens, ils firent de grandes choses. II y eut là de nobles cerveaux et de grands cœurs. Nos jeunes médecins auraient-ils moins de zèle et de vertus ? En Afrique occidentale, nous avons accueilli des étrangers qui ne sont pas, n'étant pas pourvus de grades français, des médecins réguliers. Une administration ingénieuse et hardie les a appelés hygiénistes. Un de ces hygiénistes a passé à Dakar son bacca-
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lauréat à quarante ans pour conquérir le droit d'être un jour docteur en médecine. Or, il n'y a pas une de nos Facultés de médecine qui ne se plaigne de lancer trop de docteurs dans la circulation, sans aucune proportion avec les besoins. évidemment, il y a là une adaptation qui n'est pas faite. Nosprofesseurs, nos instituteurs montrent plus de hardiesse. Mais on se plaint aussi que nos magistrats coloniaux se recrutent trop rarement dans la métro. pole~ Dans l'océan des programmes scolaires, je sais bien que les colonies ont leur place. Ils éveillent, et j'en sais de très belles, pleines de promesses, des vocations scientifiques parce que le laboratoire oriente vers les réalités. Comptez, au contraire, dans l'ensemble de nos Facultés littéraires les thèses de doctorat dont le sujet soit colonial. I,'État du Liban a supprimé, faute de candidat, un crédit de mission géographique; la jeune école de Damas qui a des arabisants accueillerait un géographe, s'il s'en trouvait. II faudrait aussi que notre jeunesse sût ce que tout le monde sait, que le corps de nos administrateurs civils est un des plus admirables qui soient. Les voyageurs de l'Afrique occidentale et équatoriale ne cachent pas le respect que méritent le bon sens, le dévouement, pour tout dire la passion du métier qui les animent. Ils ont réalisé une innovation immense, c'est la venue de la femme française, et, par là, de la famille française. Un paquebot de vacances en ramenait l'an dernier quatre-vingt-deux bébés. L'administrateur n'est plus un isolé; il s'enracine; il s'installe dans son métier; c'est une preuve qu'il l'aime. Dès lors, aucun problème n'est vraiment redoutable. Métier admirable qui s'empare de l'homme, parce qu'il le forme, lui laissant de l'initiative et des responsabilités. A-t-il chez nous le retentissement qu'il devrait avoir? Donnons-nous à notre excellente École coloniale tout ce que nous pourrions lui offrir de jeunes hommes désireux de se soustraire aux routines, aux misères, a
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l'usure de l'administration métropolitaine? Placée devant les magnificences et les dangers de notre empire, notre jeunesse, notre élite morale et scientifique en doit acquérir clairement le souci. Quel est celui de nos étudiants qui rêve d'être le grand chef futur, après une carrière impériale ? C'est en pensant à ce jeune Français, Monsieur le Président de la République, que je vous apporte la respectueuse reconnaissance de l'Université. Votre présence nous est chère; elle nous rappelle l'amicale bienveillance du président du Sénat que le chef de l'État veut bien ne pas oublier. C'est pourquoi, ayant fait, comme tout le monde, une promenade à l'exposition coloniale, ayant, comme tout le monde, lu quelques beaux livres d'aujourd'hui dont l'un accable de remords les historiens que nous sommes, j'ai cru pouvoir proposer à votre habituelle indulgence cette sévère et peut-être indiscrète méditation.
REMISE DES DIPLOMES
DU GRADE DE DOCTEUR cc HONORIS
CAUSA )) DE L'UNIVERSITÉ DE PARIS AUX NOUVEAUXTITULAIRES
MAURICE A~SIAUX PROFESSEURA L'UNIVERSITÉLIBRE DE BRUXELLES Rapport de M. BERTHËLEMY, doyen de la Faculté de Droit C'est à l'un des économistes européens dont la réputation s'est le plus étendue, dont l'autorité s'est te mieux aftirmée au cours de ce siècle, que t'Université de Paris, sur la proposition de notre Faculté de Droit, décerne aujourd'hui le titre de « Docteur A<wow MMMM. J'ai ainsi désigné M. Maurice Ansiaux, professeur à i'Universite libre de Bruxelles. Le professeur Ansiaux est un sociologue érudit et un observateur sagace. Sa haute valeur scientifique est servie par une large expérience des affaires publiques.
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Conseiller du ministère des Finances du Royaume de Belgique, 11 est Président de la Commission des Changes; il est membre du Conseil supérieur du travail; it fait partie de ta Commission permanente des questions monétaires, it est membre de la Commission centrale de statistique. Quiconque a beaucoup tu peut avoir beaua beaucoup coup retenu, c'est encore plus vrai de quiconque agi. M. Ansiaux est un homme d'action qu'on rencontre au service de toutes tes grandes causes oo ta précision de ses connaissances, la pénétration de son esprit l'ont fait choisir pour guide. C'est à l'Université libre de Bruxelles qu'il enseigne, depuis un tiers de siècle, l'économie politique. It en a été le recteur de tp~6 à t029. H est membre de l'Académie Royale de Belgique. tt est directeur ue la section des Sciences sociales économiques et juridiques de t'Institut des Hautes Études. Ses relations avec l'enseignement français sont étroites, je devrais dire fraternelles; c'est l'expression qui traduit le mieux, en effet, l'intimité qui rapproche les mattres des deux nations alliées. Nous enseignons ordinairement en la même tangue – la plus claire de toutes les mêmes choses, nous défendons les mêmes causes, nous avons les mêmes préoccupations et le plus souvent le même idéat. Aussi, le professeur Ansiaux a-t-it reçu déjà le titre de docteur honoris causa des Universités de Lyon et de Toulouse dont it a été le cotiaborateur temporaire et où ses conférences pleines d'originalité ont laissé un vivant souvenir. A plusieurs reprises, invité a traiter devant nos étudiants certaines des grandes questions actuelles qui lui sont familières, it l'a fait avec la meilleure grâce, et nous lui en sommes profondément reconnaissants. Ces titres auraient pu suffire à appeler sur notre nouveau docteur l'attention de l'Université. Sa production scientifique s'y ajoute très riche, hautement estimée, elle justifie le désir que nous avons eu de créer un lien de plus entre cet éminent écrivain et notre enseignement. La première ceuvre où sa vocation économique s'est affirmée est le volume qu'il a consacré en t8o? a la double question, brûlante à cette époque en Belgique aussi bien qu'en France, du salaire et des heures de travail – ces deux points culminants de la législation ouvrière. La préoccupation de t'amélioration du sort des travailleurs se manifeste au surplus tout au long de la carrière scientifique de M. Ansiaux, dans de nombreuses monographies. L'autre branche des Sciences économiques qui a spécialement retenu l'attention de M. Ansiaux et dont il s'est fait une spécialité consiste dans l'étude de la monnaie et des changes. Aujourd'hui
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plus que jamais, on consulte avec profit son ouvrage qui remonte cependant à ïQio et a pour titre P/w~ ~<~M ~a~<t< des changes, ses monographies déjà anciennes sur la question monétaire en Belgique, surtout ses très récentes observations sur l'accaparement prétendu de l'or, sur le marasme économique et le prix du détail, sur le progrès technique et la consommation du capital, sur la doctrine du progrès social, etc. Est-it besoin de signaler le fait que le professeur Ansiaux est te collaborateur de toutes les revues, françaises, belges, canadiennes, traitant des questions économiques? Mais son oeuvre capitale, œuvre d'une originalité puissante et d'une valeur scientifique incontestée, est son yrd</f d'économie politigue en trois volumes. Le succès en a été si grand que le dernier tome venait à peine d'être mis en vente qu'il fallut que l'auteur rééditât tes deux premiers. Le traité du professeur Ansiaux occupe une place à part dans ):t science économique. It ne ressemble que de loin aux ouvrages du même genre, aujourd'hui nombreux. Les mêmes problèmes constituent évidemment la matière des uns et des autres. Mais ils sont exposés par notre <!minent collègue avec un tout autre esprit et suivant une tout autre méthode. Le professeur Ansiaux n'affirme pas sa foi économique en un credo préféré il agit plutôt en critique perspicace et s'applique à signaler la faillite relative des systèmes qui s'opposent les uns aux autres. ît est pénétré plus que n'importe qui de cette idée que tout est relatif en économie politique, sauf ce précepte qu'il n'y a rien d'absolu. Les économistes classiques, dit-il, se sont donné pour règle la détermination de lois essentielles dissimulées sous leurs apparences. Leur arme favorite pour dégager ces lois est le raisonnement abstrait. Ils ne le manient pas tous de la même manière, mais tous partent de principes auxquels ils donnent figures d'axiomes, bien qu'ils soient souvent le fruit d'une observation superficielle généralisée par une induction imprudente. Cette méthode et ses résultats sont condamnables; notre collègue n'accepte les prétendues lois naturelles qu'à la condition de n'y voir que des tendances susceptibles d'être paralysées dans la pratique par des tendances contraires d'une puissance égaie. M. Ansiaux n'est donc ni orthodoxe ni même schismatique; il n'oppose pas à un ensemble de doctrines une doctrine qui se heurterait aux mêmes objections. Fidèle observateur du précepte énoncé par Dunoyer, il n'impose pas, il ne propose pas, il expose.
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Ce qu'il expose est le résultat de son expérience; it dit ce qu'il a vu, ce qu'il a retenu, ce qu'il a appris et compris en essayant de démeter l'enchevêtrement des phénomènes économiques. Son premier tome donne une idée précise de l'organisation éconole facteur physio. mique et des divers facteurs qui l'influencent psychologique, le facteur technique, le facteur juridique (entreprises, concurrences et monopoles, syndicats, trusts, participation, etc.). Sous ce titre w Prix et revenus», il aborde dans le second volume les problèmes capitaux de la valeur, de la monnaie, des proSts et des salaires. Le dernier tome est consacré aux problèmes généraux de la vie économique – problèmes nationaux et internationaux, question de crise, question du papier monnaie et des changes. La dernière partie du volume contient un magistrat exposé de l'évolution des doctrines et des idées motrices, portant notamment sur les vues des partis révolutionnaires ou simplement réformateurs. Cette œuvre, où nous trouvons groupés avec art les fruits d'une vaste expérience recettes par un penseur aussi subtil que savant, place son auteur au rang des meilleurs sociologues de notre temps. Très modestement, le professeur Ansiaux ne se propose pas comme un mattre. Il n'est pas chef d'école. Il est plus qu'un mattre, car nous voyons en lui un guide dont les critiques s'imposent à l'attention de tous ceux qui ont l'ambition de compter parmi les maîtres. Notre Université peut être fière de l'inscrire au nombre de ses docteurs. < WALTER B. CAKXOX PROFESSEURA L'UKtVERSITË HARVARD Rapport de M. BAMHAZAM,
doyen de la Faculté de Médectne
Le savant à qui l'Université de Paris confère aujourd'hui le grade de docteur honoris causa, le plus important dontctte dispose pour les étrangers, a fait ses études au collège d'Harvard, où it a conquis les grades de bachelier ès arts en 1896, de maître ès arts en 1897, de docteur en médecine en igoo. C'est à l'Université Harvard qu'il a développé toute sa carrière, il en est actuellement l'un des professeurs les plus éminents. A peine bachelier, il s'adonne à la recherche scientifique et son ardente imagination le conduit au laboratoire de physiologie. A t'époque où, en France, la plupart de nos étudiants consacrent
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leurs efforts à t'étttde ctaasique et à la préparation des concours de l'externat et de l'internat, M. Cannon votait déjà de ses propres ailes et entreprenait des recherches sur le mécanisme de la digestion. La suite de la carrière de M. Cannon semble prouver que les Amé. ricains n'ont pas à envier sur ce point l'organisation de nos études médicales et qu'il n'est pas indispensable d'avoir parcouru le cycle des études classiques pour aborder les recherches personnelles au laboratoire. En décembre <8o6 et en mai )8o?, M. Cannon faisait exposer devant la Société physiologique américaine, par son mattre le professeur Henry P. Bowditch, le résultat de ses recherches sur le phénomène de la déglutition et fur les mouvements de l'estomac. L'originalité de ces recherches tient à l'emploi des rayons X pour étudier les mouvements de l'estomac sur le vivant. Jusqu'alors, les rayons X avaient rendu des services pour le diagnostic précis des fractures et l'étude des malformations osseuses; il semblait que la médecine n'eûtpasà bénéficier de teur découverte. Rendant l'estomac opaque en y introduisant une substance imperméable aux rayons X, le sous-nitrate de bismuth, M. Cannon voyait se former les ondes de contraction musculaire, qui progressaient ensuite du cardia vers le pylore. J'aurais mauvaise grâce à insister par trop sur l'importance de cette méthode nouvelle d'exploration des fonctions gastriques, car, le t2 juin 1897, deux jeunes chercheurs français, ignorant manifes. tement les travaux de M. Cannon, publiés également en juin t8~ dans le journal ~/M~, présentaient devant la Société de Biologie les résultats qu'ils avaient obtenus pour l'étude de la motricité gastrique chez la grenouille, le chien et l'homme, en examinant à l'aide des rayons X l'estomac rendu opaque par le sous-nitrate de bismuth. Bien plus, ces jeunes étudiants appliquaient à l'estomac la méthode de Marey et donnaient le premier exemple de radiocinéils inscrivaient sur le film les matogralihie des organes internes formes successives de l'estomac à intervalles réguliers et suivaient la progression des aliments dans le tube digestif. M. Cannon, a depuis t8o7, acquis tant de titres scientifiques, ses travaux de physiologie ont eu un tel retentissement mondial, qu'il ne m'en voudra pas de lui avoir appris que sa première découverte avait été réalisée simuttanément en France par deux jeunes gens, dont l'un est Jean-Charles Roux et dont l'autre, après s'être pendant de nombreuses années adonné à t'étude des sciences pures, a mat tourné, puisqu'il est devenu médecin légiste, puis doyen de la Faculté de Médecine de Paris.
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La carrière de M. Cannon n'a pas subi de pareilles fluctuations. Physiologiste des le début de sa carrière, il est resté physiologiste et est même deveuu un grand physiologiste. En !;too, reçu médecin, il est nomme moniteur de physiologie, en tpM, it est promu assistant du professeur et, en tf)o6, il succède au professeur Bowditch. Depuis cette date, il n'a pas quitté la chaire de physiologie de l'Université Harvard. Avec persévérance, M. Cannon a poursuivi t'étude de la motricité gastrique et intestinale, les recherches de dix années sont résumées dans un volume paru à Londres 7'~ ~f<HW<<w 01 digestion, le document le nous plus important que possédions qui constitue sur cet important sujet. C'est au cours de ces recherches que l'attention de M. Cannon fut attirée sur l'influence remarquable de t'émotion dans les fonctions gastriques. Les fortes émotions, la frayeur, la colère modifient l'activité du système nerveux central et aussi du système nerveux automatique. M. Cannon put préciser les relations du système sympathique avec les glandes à sécrétion interne, en particulier avec tes glandes surrénales, et parvint à discerner les bases physiologiques des sensations de faim et de soif. Il a réuni ses recherches dans un volume intitulé Hodiles ~<M~M in Pain, Hunger, 2-'<~ and Rage (les altérations du corps dans la douleur, la faim, la crainte et la colère). La première édition remontea iptS, ta seconde est de t~9.11 suffit de se reporter aux commentaires que notre compatriote Georges Dumas à donnés de ce volume dans son traité de psychologie, pour comprendre le progrès apporté par les recherches de M. Cannon dans nos connaissances sur la digestion et la motricité gastrique. le Sans se laisser détourner un instant de ses préoccupations, savant poursuivait tranquillement sa carrière, amassant chaque jour des faits nouveaux et réalisant d'ingénieuses expériences qui précisent les rapports du physique et du moral. Lorsque en 19:7 les Américains décident d'entrer en guerre, M. Cannon rejoint aussitôt l' « Harvard Hospital Unite ') et, malgré sa hâte, il n'arrive que second pour se faire inscrire sur le contrôle des hommes qui demandent à gagner la France. Vous verrez là un titre admirable à notre reconnaissance. Le 20 mai 19)7, les engagés volontaires américains arrivent en Angleterre; ils se rendent de suite a Dannes-Camiera, près de Bou' logne, où M. Cannon se trouve immédiatement en présence d'un probtëme qui a préoccupé tous ceux qui ont eu à soigner les blessés de guerre. Qu'est-ce donc que ce Kshock traumatique M,qui causa
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la mort de tant de btessës ? Jusqu'en février t~tS, soit seul, soit avec l'aide de Baylies, de Londres, M. Cannon s'efforce d'étucider cette question par des expériences sur les animaux. Transféré à Paris, il est attaché au service américain des gaz. Mais comment le détacher d'un problème dont il a commencé t'étude? M. Cannon se rend au laboratoire du professeur André Mayer, au Collège de France, et it poursuit l'étude du shock. Il en va de même à Dijon, où M. Cannon est dirigé sur le centre chirurgical; au moins peut-il y instruire les médecins américains sur le traitement du shock. Bien lui en prit, car ces médecins rejoignirent bientôt le front, où i!s rendirent de nombreux services, en particulier lors de t'attaque du saillant de Saint.Mihie). Après la bataille de la forêt d'Argonne, M. Cannon résuma ses travaux sur le shock dans une communication a la Société de Biologie et les précisa dans un volume 7'MMMa//<'.Mw~. La Croix-Rouge ayant organisé, à la fin de toto, des réunions où t'en exposait les recherches faites sur les problèmes médicaux les plus importants, M. Cannon fut désigné pour présider ces réunions du mois de février au mois de novembre. It dirigea également les travaux du comité directeur de cette réunion. Depuis l'armistice, M. Cannon a repris son poste à l'Université Harvard et, avec le zèle qu'il apporte toujours à l'étude des ques. tions qui lui tiennent à cœur, il nous a initiés au rôle du système nerveux sympathique, encore si obscur, et nous a fait connattre les symptômes observés chez les animaux complètement privés des chaines sympathiques. La tâche qu'il s'est assignée est loin d'être épuisée et nous espérons encore une ample moisson de découvertes importantes. Ënumérer les Sociétés qui ont ouvert leurs portes à M. Cannon. tant aux Etats-Unis qu'en Amérique du Sud ou en Europe, indiquer les honneurs qui lui ont été déjà conférés par les Universités de etc., nous prendrait trop de temps. Nous Liège, de Strasbourg, souhaitons seulement que M. Cannon trouve, dans l'honneur que nous lui faisons aujourd'hui, autant de plaisir que nous en avons éprouvé à pouvoir le lui décerner.
SBAMCE SOLENNELLE
HENRY
DE RENTRES DE L'UNIVERSITÉ
FAÏRHELD
OSBORN
DIRECTEUR DE L'ÂMERtCAMMUSEUM 0F ~ATURALHtSTORy DE NEW.YORK Rappott
de M. MAURAIN, doyen de ta Pacutté des Sciences
L'un des sujets qui passionnent le plus les hommes est l'étude de l'évolution de la vie sur )a terre. C'est dans ce domaine que s'~st illustré Henry Fairnetd Osborn, directeur de l'American Museum of Natural History de New.York. Par de longs et brillants travaux de paléontologie, qui constituent ln partie fondamentale de sou œuvre, il a précisé l'histoire de races animales anciennes j puis il s'est occupé de l'histoire de l'homme lui-méme; enfin, utilisant les conquêtes physico-chimiques modernes, il a développé des vues sur l'évolution même de la vie. générales et philosophiques D'abord professeur d'anatomie comparée à l'Université Princeton, où il avait fait ses études, Osborn prit ensuite à l'Université Columbia la chaire de Biologie et y organisa le département de Zoologie. Mais c'est surtout au Musée américain d'histoire naturelle de New-York, dont il dirige les destinées depuis 1908, après y avoir été pendant longtemps le Conservateur de la Paléontologie des Vertébrés, qu'il a donné toute sa mesure. Sous sa vigoureuse impulsion, le Musée de New-York est devenu une sorte d'établissement modèle, à la fois par la richesse des documents accumulés, par l'ordre qui préside à leur classement, par leur présentation, par l'immense labeur scienti. fique que traduisent des publications de tous ordres, enfin par le rayonnement d'explorations qui, parties du Nord-Amérique, s'éten. dent maintenant à de vastes régions du globe. Explorateur et organisateur d'expéditions scientifiques, professeur, naturaliste descripteur, biologiste préoccupé des doctrines de t'évo. lution, directeur soucieux du rôle que doivent jouer dans la société moderne les institutions scientifiques, Osborn a exercé son activité dans des domaines bien divers. Possesseur d'une fortune qui lui eût permis l'existence la plus facile, il a mené une vie d'ardent labeur, usant largement de ses ressources personnelles. Son oeuvre est immense. Il ne sera possible ici que d'indiquer quelques-uns de ses plus importants travaux et ouvrages. C'est d'abord la morphologie des dents chez les mammifères qui lui fournit matière à des considérations générales. On sait combien, Attx.Uxtv.
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DE PARIS
suivant les régimes, les types des molaires des animaux supérieurs sont variés. Partant des petits mammifères rencontres sporadiquement dans les terrains secondaires, Osborn reprend une théorie de Cope et fait dériver les molaires, jusqu'aux plus complexes, d'un dessin initial a trois tubercules, et, dans ses études descriptives, il crée une nomenclature dont la plupart des termes sont devenus d'un usage courant. De couches crétacées des Montagnes Rocheuses, il exhume et le Tyrannosaurus rex, décrit deux types magnifiques de reptiles animal du plus de 5 mètres de haut, à station bipède, qui est bien le plus formidable carnassier de toute la série animale, et le Trachodon, herbivore d'un port analogue, voisin des célèbres Iguanodons conserves au Musée de Bruxelles, et dont, disposant de restes momifiés, Osborn a pu reconstituer l'anatomie presque complète. En i~to, il donne un grand ouvrage qui a fait époque 7'A< < M<!WM«~<~ ~<~«, Asia <H<~A'~M~wo. C'est une revision des connaissances sur les mammifères de l'hémisphère nord.avecincur. sions en Afrique et en Amérique du Sud. Les horizons géologiques discernés, au nombre d'une vingtaine, sont répartis, du paléocène au quaternaire, en sept grandes phases devenues classiques. A propos dechacune d'elles, sont analysés non seulement lesensembles les faunistiques, mais les conditions de milieu, les apparitions, migrations et les extinctions des groupes, et le développement de t'évotution. et théoriques, Ne se contentant pas de vues encyclopédiques Osborn sait, comme tous les vrais naturalistes, combien les conceptions générâtes nécessitent de perpétuels contacts avec les faits. Évolutionniste convaincu, it s'est controté toujours; it a toujours eu sur le chantier des études de détail te conduisant à des monographies descriptives du plus grand intérêt. t) s'est longtemps occupé des chevaux. La séri'' américaine des animaux de <:)'groupe est absolument complète, avec tous les intermédiaires désirables, depuis les types de petite taille, à quatre ou trois doigts, de t'Ëocene, jusqu'au cheval monodactyle du i'tiocènf supérieur et du Quaternaire. A coté de ses travaux personnels sur les chevaux américains, Osborn a contribué à rassembler et à exposer a Xew.Vork un ensemble unique de documents. l,a satte de la généaest considérée logie du che~a), avec ses annexes documentaires, comme donnant le plus bel exempte que la paléontologie moderne puisse offrir de t'évotution d'un rameau, et le tableau qui résuma cette généalogie figure maintenant dans tous les Traités. Osborn s'est occupé aussi des rhinocéros. It a de même longue-
SÉANCE SOLHNMNLLE DE REMTRËE DE L-UNtVHKSIfË
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ment étudié les proboscidiens, et it annonce un mémoire étendmur les grands ongutés de ta classe des étéphants. Dès tpoo, il avait prévu que leur patrie initiale devait être recherchée en Afrique, prophétie confirmée par les belles découvertes anglaises au Fayoum en Egypte. Osborn a )ui m6me organisé fu Fayoum une mission dont la science a largement profité. américaine, Mais, parmi les monographies d'Osborn, la plus importante, parue en tpzo, et qui a requis plus de trente années d'efforts, est consacrée aux Titanothéridés. Ce sont des ondules aboutissant à de gros animaux au crâne bosselé de manière invraisemblable, orné de cornes, avec une stature rappetant ies rhinocéros. Osborn en décrit les divers types; aidé de Grégory, il va jusqu'à rétablir teur muscu. 1ature et à faire dresser des reconstitutions plastiques par lesquelles ces curieuses formes revivent sous nos yeux. Ëtendant son étude aux groupes voisins, il f-n applique les résultats aux caractères de t'évotution. Cet ouvrage comporte aussi un complément d'un autre genre. Depuis longtemps, Osborn pense que l'Asie centrale a pu Hre autrefois un centre important d'Irradiation pour les mammifères. Aussi a-t-il provoqué de grandes explorations américaines en Mongolie. On en connaît le succès. Le gtand public a ét<: informé de la découverte, dans ces dernières années, de reptiles Dinosau. riens dont, pour certains, les œufs ont été retrouvés. Mais, en outre, les missions ont exhume tout un contingent de mammifères tertiaires, dont les Titanothéridés, qui complètent la documentation nord-américaine. des vertébrés, Osborn ne pouvait se désintéresser Patéontotogiste de l'homme. II s'en est occupé surtout pour mettre son pays au courant des belles découvertes de la préhistoire, notamment dans notre pays. La France a été peuplée de bonne heure; sans doute y faisait-il bon vivre aux temps préhistoriques, comme aujourd'hui. Les stations qu'on y a découvertes sont nombreuses et importantes. Après un voyage dans le bassin d'Aquitaine etk's régions cantabriques, sous )a conduite de Cartailhac, de U~-uH et d'Obermaier, Usborn a pubflé, <-n t8o5, un iivrc. dédié à ses guides, qui renaît chaque année des éditions ou des réimpressions nouvelles /<M oM ~cac o~. Un ouvrage plus récent Man rises ~f ~~M.<Mt, prolonge le précédent ct rencontre le même succès. Signalons enfin, dans l'immense production d'Osborn, un ouvrage /'<?:'f/M«wde la 1~, dont l'édition française synthétique, J'v~M~ est due à I''é)ix Sartiaux, qui a ainsi rendu, comme en plusieurs autres domaines, un précieux service au public français. On v trouve, développées, des préoccupations déjà latentes dans un autre
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G~<~ to C<t~'<M.D'où sort volume maintes fois réédité F~M la vie? Comment comprendre le mécanisme de t'évolution ? Graves questions qui ont passionné beaucoup de grands esprit!. Osborn voit dans t'être vivant un système énergétique et physico.chimique, pour l'évolution duquel il ne se réclame d'aucun système exclusif. Il cherche une interprétation éclectique, dite tétraplane, où inter. viennent le milieu physique, t'ontogénie ou jeu du dévetoppement individuel, l'hérédité et ta sélection. H l'appuie sur une partie objective, celle-là tracée à fresque avec de magnifiques raccourcis sur l'évolution des végétaux et des animaux dans le cours des SgM. Osborn est un familier de notre pays. Depuis un premier séjouren 1869, il y est revenu à maintes reprises. « Ces voyages, a-t-it écrit, et à aimer la France, mais m'ont appris non seulement connaître à puiser constamment mon inspiration dans t'œuvre illustre de sa longue chaîne de savants et de naturalistes. » Dans ta mêmepréface à ta traduction de Sartiaux, il ajoute, après avoir cité nombre de nos savants, de Descartes à Curie et de Buffon à Claude Bernard et à Pasteur « J'espère me libérer dans une faible mesure par cet intellectuelle et morale ouvrage de ma dette de reconnaissance envers ces grands maîtres de la pensée, ainsi qu'à l'égard de notre éternelle amie et alliée, la France. » Cette dette de reconnaissance, il l'a payée encore d'autre façon pendant la guerre, quatre enfants d'Osborn ont servi parmi nous. En inscrivant le nom d'Henry FairCetd Osborn sur la tistt- de ses docteurs honoris causa, t'Université de Paris est heureuse de saluer un des plus grands savants de l'Amérique contemporaine, dont t'œuvre magnifique s'est accompagnée d'une part prépondérante dans le développement du Musée de New-York, où vont travailler avec un incomparable profit les naturalistes du monde entier.
SEANCE SOLENNELLE
DE RENTRES DE L'UN!VER8!TË
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NICOLAS JORGA PROFESSEURA L'UNIVERSITÉDE BUCAREST Rapport de M. DEMCROUt, doyen de la FacaKé des Lettres L'année même où Nicolas Jorga, le grand professeur, le grand recteur de l'Université de Bucarest, vient de recevoir, à l'occasion de son soixantième anniversaire, l'hommage du monde savant, l'Université de Paria, par une heureuse rencontre, lui décerne, dans ce noble amphithéâtre, l'hommage suprême dont elle dispose, le doc. torat Ac~tp~ M~M. Qu'il reçoive d'abord nos félicitations et nos vœux. L'Université de Paris est Hère de compter désormais pour l'un des siens cet éminent historien, ce grand universitaire, ce grand patriote, cet homme à l'âme sincère et au cœur généreux, ce grand ami de toujours. A vrai dire, voilubien des années qu'il est nôtre. Professeur agréé en Sorbonne, il nous arrive chaque hiver pour une série de leçons savantes.et riches, que notre public apprécie hautement. Il a parlé ici m!me, tour à tour, de l'histoire de Chypre au moyen âge, de Rhodes sous les Hospitaliers, des voyageurs orientaux en France, des écrivains réalistes en Roumanie, de la pénétration des idées de l'Occidentdans le sud-est de l'Europe aux dix-septième et dix-huitième siècles. Ce n'est pas seulement l'histoire de son pays qu'il nous enseigne, mais celle de tout l'Orient méditerranéen. Que l'éminent t professeur permette au doyen de la Faculté des Lettres de le remercier d'abord et solennellement de cette longue et précieuse collaboration. Historien éminent, M. Jorga nous appartient un peu plus qu'aux autres, puisque c'est en France, où il vint suivre les cours de l'Ecole des Hautes Études, qu'il a débuté dans la carrière scientifique. Son premier livre – une étude sur Philippe de Mézières, un personnage du quatorzième siècle qui fut mêlé aux dernières tentatives de croisad'' – a paru dans la Bibliothèque de notre École des Hautes Etudes (t8<)6) sous le patronage de son vénéré maître M. Charles Bémont. Par l'ampleur de l'information autant que par la sévérité de la méthode, ce travail de jeunesse annonce l'historien que sera Jorga. Il a fait paraître ensuite une //<~<M~' ~'Ew~< turc, en cinq volume: la meilleure histoire des Ottomans que l'on possède, puis unf/7/~f~<' lies ~<M<tMM,en trois volumes, qui n'est pas moins précieuse.
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ANNALES BE L'UNÏVERStTË DE PARIS
Et depuis, son activité infatigable s'est manifestât- <*n une suite prodigieuse d'ouvrages, dont beaucoup sont dents en français, et qui Les tous attestent sa vaste information et sa puissante intelligence. cnumérer tous serait bien inutile. On ne connait pas de bibliogra. phie de Jorga qui soit, sinon complète, du moins proche de l'être. Ce travailleur est inlassable. Ce chercheur est toujours en eveit. La masse des documents qu'il a rassemblés est stupéfiante. Dans les bibliothèques et les dépôts d'archives de l'Occident, il a fait d'innombrables explorations. De ta ses notes et extraits pour servir H)'n?</<~ <~MC'~MM~~ ~WM/f~Mw~ (5 vol.), ses actes et fragments relatifs à t'<c~<' des ~c~w~M rassemblés dans les dépôts de manuscrits de l'Occident. Jorga est patéographt'.i) est diplomatiste; il est juriste à l'occasion; et épigraphiste, naturettemeut.It sait toutes les langues scientifiques de l'Europe, et le slavon ne l'embarrasse pas plus qmle grec ou le latin. Mais, bien plusqu'unéditeurde textes inédits, Jorgaestun historien. Beaucoup de ses travaux historiques sont naturellement consacrés à l'histoire de son pays nata) //<~<M'~des ~fWM/M~de y'.raM~/fOM't et de 7/c~~ la FY~Mf~ la (2 vo).), Histoire des relations <v ~cKM<Mw;r~f/M~~ ~MMMw; ~«Ma/K!~ G'~tj. Mais sa .curiosité s'est étendue a bien d'autres domaines. H a écrit un remarquabte de /Ew~w ~M~M, une brève histoire des petit livre sur I'w<' croisades. Il est historien d'art. Son /w<iit~/w<w<KM, maigre les travaux spéciaux pubties sur la matière, est assurément le meilleur ouvrage que nous ayons sur les remarquables monuments de tu Roumanie, et elle est fort heureusement complétée par le très curieux livre que Jorgaaecritsurt'art populaire roumain. Son album des Portraits des souverains roumains, paru en )o~9, nous apporte par ailleurs une remarquable et précieuse collection de documents, et il suffit de feuilleter le ~M/H la Commission des wfMM~M/t AM~~MM de ~a~awf pour voir tout ce que Jorga a fait pour la connaissance et t'élude des monuments de son pays. Devant une tette production scientifique, on demeure presque stupéfait, si l'on se souvient surtout que Jorga est par surcroît journaliste, homme politique et même auteur dramatique. Mais la chose admirable est que cet homme prodigieusement occupé trouve tou. jours, sans effort, le temps nécessatre pour toutes choses et qu'il accomplit chacune de ses tâches avec une souveraine élégance. )<' trait frappant chez Jorga, c'est l'ampleur Incontestablement, de l'esprit et t'univcrsatité du savoir. Sans doute, les pays roumains tiennent une place particulière dans son œuvre, mais il les étudie
SEANCE SOLENNELLE DE RKNTKËË DE L'UNIVKRSH'Ë
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toujours par rapport au grand milieu historique de n:urope orientale et sud-orientate;CGtte-ci même it ï'etenddans titi sens fort large Et comme l'Orient méditerra. "t il y annexe l'Orient méditerranéen. n<en a été h'rendex.vous de t'Europe tout entière pendant des siècles, par les croisades, le commerce, la diplomatie ou les guerres, c'est toute l'Europe que Jorga a étudiée. Pour lui, d'ailleurs, l'histoire n'est pas une histoire politique ou elle est tout. Si t'on examine ta pré. diplomatique, ou économique, paration de son oeuvre, rien de plus curieux que la variété de ses dans un volume, des inscriptions slavones recueils de documents archaïques, dans l'autre, des dépêches d'ambassadeurs italiens; puis des textes littéraires; puis, tout à coup, les livres de comptes des marchands transylvains. H a étudie en Roumanie non seulement les faits que l'on qualifie communément d'historiques, mais aussi l'histoire de l'Eglise, de l'Armée, de la Presse, de la Littérature, de l'Art, du Commerce, je suis sûr d'en oublier. De ce vaste travail préliminaire se dégagent de grand) synthèses, des synthèses comme on n'osait plus en faire. Les grandes entreprises historiques que nous voyons paraître depuis trente ans sont des œuvres collectives, et surtout des collections de chapitres. Or, Jorga vise en pleine maîtrise à l'histoire de la ~M/~ «c l'activité humaine sous toutes ses forme!! /ma/ ainsi s'intitule audaoRus'jm'-nt son der!'Histoire de <ww<M/ nier ouvrage. Ces quatre gros volumes sont tout autre chose qu'un discours sonore sur l'histoire universelle. C'est un manuel parfois étonnant par la vigueur de ses raccourcis synthétiques. On y sent à chaque page l'historien bien informé, qui sait les choses et a réfléchi sur elles, et c<' livre, au titre d'abord un peu inquiétant, apparaît commr prodigieusement intéressant. Contre la spécialisation parfois excessive qui risque df rétrécir la science, t'ceuvre dt'Jorga, soutenue par un sens aigu de la spécialité, cherche audacieus<-ment les grandes lignes, les grands ensembles, les grands plans d'humanité. car l'homme politiqm- déborde ma A ce portrait si Insuffisant, compétence, et pourtant il révétt'rait bien des aspects du la personnalité de Nicolas Jorga, qu'on me permette d'ajouter un trait hncore. Jorga a créé et dirigé l'Ëcotc roumaine <'n France. Anatoguc t)ans son principe notre Rcotf' de Franct- à Rome, '-ttt; doit roumains d'étudier la France, les i.erm':ttre à des travailleurs méthodes françaises de rcchcrchf et d'information. C'est aussi à son appel qu'ont répondu beaucoup d': savants
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ANNALES DE L'UN!VERS!T&
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français qui sont attés en Roumanie et n'ont point oublié la grâce de son accueil. Qu'il soit remercié d'avoir, continuant une tradition qui nous est si chère et qui a fondé tant de précieuses amitiés, – je n'en veux nommer aucune, de peur d'être entraîne à les nommer toutes, – dirigé vers notre Université beaucoup d'élevés ardents et curieux. Depuis toujours, la jeunesse roumaine est proche de la nôtre. Elle a avec la notre une affinité d'âme qui remonte au monde antique, une communauté d'aspirations et de culture consacrée par l'histoire, une indissoluble fraternité. Depuis toujours, elle vient à nous. A Paris, elle est chez cite. Nous l'aimons comme la nôtre. Nous nous réjouissons de la voir s'épanouir. C'est une grande joie pour nous quand nous reviennent, comme des mattres, ces disciples d'autrefois qui ont achevé de développer dans leur pays les dons et les promesses que Paris avait aimés dans leur fleur. C'est l'un de ceux-)& que nous fêtons aujourd'hui, de tout notre coeur, l'un des plus grands.
Les Instituts de !'Univefs!t6de Paris RAPPORTS ANNUELS (Suite) Institut de Langueet Littératurefrançaises L'Institut de Langue et Littérature françaises (I. L. L. F.) est peut-être le plus ancien de notre Faculté des Lettres. Sa création fut proposée le 8 décembre 19: sous le nom qu'il porte à cette heure, par un vote unanime des professeurs de la section de français, dans une séance privée dont on a le procès-verbal. L'idée des Instituts était depuis longtemps dans l'air. Le décret du 3< juillet 1920 n'allait pas tarder à la réaliser. Comme il importait avant tout de faire passer l'idée dans les faits en la rendant familière aux esprits, une dizaine d'années, l'affiche des cours de français pédant en gros caractères, ce nom d' Un porta systématiquement, arrêté ministériel, en date du t6 juin to3), vient enfin de donner à cet Institut sa consécration légale. 1 L'I. L. L. F. est constitue, de façon générate, comme les autres Instituts de la Sorbonne. L'article 2 de ses statuts stipule qu' « il a pour objet de coordonner et de développer les études portant sur la langue et la littérature de la France, depuis les origines jusqu'à l'époque actut-He '); qu'n cet effet, « il organise les recherches scientifiques dans ce domaine, et prépare aux divers examens et concours qui relèvent, en tout ou en partie, de cette même discipline M. L'Institut est administré par un Conseil de direction qui comprend, sous ta présidence du doyen de la Faculté, les professeurs, chargés df cours et maîtres de conférences de langue et littérature françaises. Un directeur, proposé par le Conseil à la majorité des voix et nommé pour trois ans par arrêté rectoral, un secrétaire, choisi par ses cotteKues, assument les fonctions exécutives.
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AîîKALES DK L'UNt\RRStT& DE PARtS
Telle est, dans ses grandes lignes, l'organisation intérieure de t'I. L. L. F. Vu du dehors, il est, pour tes étudiants et les auditeurs de la Faculté, le groupement d'une quinzaine de maîtres qui leur font connattre en détail, chacun dans sa spécialité, l'histoire de notre langue et de notre littérature nationales. I) est encoreet c'est ta chose d'importance dans une discipline où )e livre est sou. verain une belle et riche bibliothèque de plusieurs milliers de volumes (on en compte à cette heure plus de sept mille, sans parler des périodiques), qui leur permet, ~c~ <<!modeste somme de c~~«<w~ /~<?//<j! par <M, d'avoir sans cesse à leur disposition, dans le domaine propre des études françaises, les instruments les plus utiles, soit la recherche savante, soit a )a préparation pratique des examens et des concours. Peut être ne sera-t-il pas sans intérêt de rappeler, dans un exposé sobre et précis, comment s'est constituée cette bibliothèque. II Son fonds primitif, peut-on dire, lui vient de l'ancienne bibliothèque Albert Dumont, qu'elle a remptacee dans son local même. Pendant une quarantaine d'années, la grande et tumineuse salle, a laquelle on avait donné le nom de l'ancien directeur de t'Enseignement supérieur, n'a cessé d'abriter, dans sa calme retraite, les générations d'étudiants qui préparaient l'agrégation de philosophie, celles des lettres ou de grammaire, et des langues vivantes. Ils trouvaient là, dans chaque discipline, les outils nécessaires à leur préparation spéciale, des textes, des œuvres de critique, des dictionnaires, quelques revues. Ils vivaient en privitégiés, a l'écart de leurs camarades, les divers candidats aux diverses licences. Albert Dumont était leur domaine réservé. Cet isolement, s'il avait ses avantages, n'allait pas sans inconvénients. It rapprochait des étudiants dont les études n'avaient rien de commun. Il les privait, chacun dans sa partie, des bénéfices qut distincts et pouvait seul leur assurer t'étabtisscment d'Instituts largement dotés. Aussi s'explique-t-on que la L'acuité des Lettres ait envisagé, comme une mesure d'intérêt général, la suppression et le démembrement de la bibtiotht-que Albert Dumont. Dans une séance de l'année t~6 présidée par M. le doyen Brunot, elle attribuait local au futur I. L. L. 1* et décidait que tous tfs livres seraient répattis, selon leur nature, f:ntre les divers Instituts. Les livres d'anglais, d'allemand, d'italien sortirent les premiers de la salle commune pour aller grossir les bibliothèques des langues vivantes.
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_fI, 1...1" I~n ..ln r.. Au moix d'octobre r~ap, c'était le tout des livres de philosophie. En même temps, les ouvrages grecs et latins prenaient la route du futur Institut des études anciennes. H ne restait sur place que les livres des collections de textes quelque peu ayant trait au français trop souvent incomptetes (les vols disparates, et malheureusement n'étaient pas rares, hélas dans une bibliothèque assez mal surun veillée), quelques dictionnaires historiques ou lexicographiques, nombre imposant de thèses, des ouvrages de critique ou d'histoire littéraire, dont le fâcheux état et les marges chargées de notes manuscrites revêtaient qu'ils avaient passé par bien des maius d'agrégatifs.' III
A ce fonds primitif, dont il ne faut d'ailleurs pas méconnaître l'importance, sont venus s'ajouter de très précieux apports. dans une salle du premier étage, Bien avant ~900, sauf erreur, située tout au fond d'un couloir, auprès du cabinet des directeurs d'études, M. Antoine Thomas et M. Ferdinand Brunot avaient constitue, pour les étudiants spécialistes qu'intéressaient la philologie romane ou ('histoire de la langue française, une modeste bibliothèque de quelques centaines de volumes, dont le choix judisans parler de ta cieux rendait de grands services. H y avait là collection complète publiée par la Société des aw/t~ textes /)'o~a/J une ample provision de dictionnaires et de lexiques: Nicot, Cotgrave, La Curne, Godefroy, plusieurs éditions du Dictionnaire de /M~M~, Richelet, Furetière, Trévoux, Littré, l'Atlas ~w~f~< de la F~M~, etc., et toute une série d'ouvrages ou d'opuscules, publiés aux dix-septième et dix-huitième siècles, conf'ernant l'histoire de la tangue française. Bientôt, la création du diplôme d'études supérieures des langues classiques (tt)o5) entraîna comme conséquence t'impérieuse nécessité de satisfaire à de nouveaux et pressants besoins. Aux jeunes étudiants qui, dans l'ordre de la littérature française, aHaient s'initier a la recherche scientifique, il fallait fournir les moyens d'amorcer et de poursuivre cette recherche selon les principes d'une bonne méthode. C'est alors que M. Gustave Lanson, directeur des études françaises a la Sorbonne, eut t'idée de fonder un petit siminaire. A côté de la salle de philologie existait une autre salle, réservéee à quelques étudiants d'anglais, qui n'en faisaient jamais usage, et pour cause car la salle était incommode, et l'on ne saurait dire ce qui la rendait le plus déplaisante, de sonétroitesse ou de son obscurité. C'est dans ce pauvre réduit, faute de mieux, que M. Lanson
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ANNALES DE L'UtttVERSïTÊ DE PARIS
2'aw installa son séminaire. La ~<W dis Amis de ~'P~/wf~ donna généreusement tout un rayonnage. La Faculté fournit des crédits, qui permirent l'achat des grands instruments bibliographiques VaUée, Stein, Brunet, Barbier, Quérard, Vicaire, Thieme, Lorenz, Soleinne, Lachèvre, etc. Les dictionnaires de Bayle, de Chaufepié, de Moréri vinrent s'y ajouter. M. Lanson obtint du Ministère le service gratuit de grandes collections le Catalogue des Nationale, le Catalogue des manuscrits des /W~<M~ ttt la F~W des Sociétés savantes, etc. ~/M«?~<~w~ de ~roM~, la ~'M~o~A« Le jeune séminaire fut ainsi bien pourvu quant à la bibliographie. Il ne tarda pas à se développer dans une autre direction. It s'enrichit bientôt d'une importante collection des thèses de doctorat soutenues devant la Faculté sur des sujets intéressant la littérature française. Mais surtout, it lui vint un apport imprévu qui tripla ses ressources. It existait depuis longtemps une « Bibliothèque de la Facutté des Lettres » qui, faute de place, n'avait pu s'installer nulle part, et qui, par conséquent, ne servait à personne. On en trouvait partout des volumes épars dans l'antichambre de la Salle des Actes, dans le cabinet du secrétaire, dans celui de l'agent comptable, dans celui des commis, et jusque dans les sous-sols de la Faculté. Beaucoup gisaient perdus au fond d'armoires ou de placards qu'on n'avait pas ouverts depuis bien des années. Des fouilles autorisées par le doyen Croiset permirent de récupérer une collection complète des grands écrivains de la France édités par Hachette, le Bossuet de Lebel (47 vol.), le Voltaire de Beuchot (72 vol.), toutes les (Buvres de critique littéraire de Villemain, de Guizot, de Cousin, de Nisard, de Saint-Marc Girardin, de Sainte-Beuve, et par surcrolt t'édition originale, en 35 vol. in-folio, de la grande Encyclopédie du dix huitième siècle. A quelque temps de là, dans t'antichambre commune aux deux salles de philologie et de littérature, M. Lanson faisait déposer près de cinq cents volumes de poésie contemporaine, qu'il donnait personnellement au séminaire par lui fondé plaquettes inégales, comme de juste, que la génération actuelle parcourt d'un œi) dis. trait ou même indifférent, mais qu'il sera précieux de trouver réunies un jour, lorsque les temps seront venus d'étudier scientifiquement le mouvement poétique en France entre tSooet t~o. Des esprits malintentionnés, et de vue courte, ont cru plaisant 'te dénommer laboratoire les deux salles où de jeunes étudiants s'initiaient aux méthodes pour atteindre l'exactitude dans l'ordre tittéraire comme dans l'ordre philologique. On ne saura jamais tout
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ce qui s'est accompli de travail modeste, silencieux et fécond dans ces petites salles aujourd'hui détectée)). IV D'ans les derniers mois de l'année scolaire !02S-!oap, avec L'auto. du risation de M. le doyen Delacroix, commença t'aménagement nouvel ï. L. L. F. Les ouvrages qui composaient le fonds philologique, le fonds bibliographique, le fonds proprement littéraire, quittèrent, les uns après les autres, les salles exiguës d'en bas, pour monter au deuxième étage se fondre avec ce qui restait de la biblio. thèque Albert Dumont. cet ensemble, déjà très riche, s'est Depuis deux ans (i~p'jo3ï), encore enrichi. Des subventions, des donations y ont largement contribué. La subvention annuelle de la Faculté, toujours libérale sous l'impulsion de son doyen, permet l'entretien des cotlections, l'achat de nouveaux livres, la reliure des anciens. D'autre part, à la mort de l'abbé Rousselot, la Faculté a~'ait acquis sa précieuse bibliothèque pour l'Institut de Phonétique. Mais it se trouvait là nombre d'ouvrages qui n'avaient rien à voir avct- la phonétique. En décembre 19~, M. Hubert Pernot proposait à t'I. L. L. F. de lui remettre ceux qui étaient de nature à lui rendre un inventaire était service. Le 20 mars 1928, le transfert s'opérait et les dressé par M. Robineau, conservateur des collections, volumes attendaient à l'abri t'aménagement de l'année suivante. Plus de trois cents ouvrages nous sont ainsi venus, parmi lesquels des éditions originales du seizième et du it en est de fort rares dix-septième siècle, MwK~CM de Remy Belleau (i556), les deux gros volumes in-folio du Plutarque d'Amyot (t55o et tSy~), les Comédies de Larivey (t6i!), la P~ff~ de Chapelain (t6S6), le ?'~o/ff de Corneille (t664), l'Histoire universelle de Bossuet (ï68i), etc. Et je ne dis rien de mainte édition des grands écrivains religieux du dix-septième siècle, qu'on n'est pas surpris de trouver dans la bibliothèque d'un ecclésiastique. L'I. L. L. F. a également bénéSciu de généreuses donations. La plupart des professeurs que leur discipline y rattache lui ont fait don de leurs propres ouvrages ou de livres dont ils voulaient alléger leur bibliothèque. Un savant Américain, professeur à l'Université de Michigan, bibliographe de renom en même temps que spécialiste de notre ver' sification, M. Hugo Thieme.nes'estpascontenté d'hommages personil fait à l'Institut le service gracieux des nels depuisptusieursannées,
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DE L'UNIVERSITÉ
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revues américaines qui traitent de la langue et des lettres françaises. Ce n'est pas tout. L'année dernière encore, le regretté conservateur de la Bibliothèque Universitaire, M. Batrau-Dihigo, donnait sur ses réserves à t'I. L. L. F. une centaine de volumes qui venaient combler des lacunes. Et cette année, ennn, le don fait par les héritiers de Théodore Reinach de sa riche bibliothèque à notre Faculté des Lettres vient de faire entrer à t'I. L. L. F. plus de six cents votumfs, dont un quart au moins de grand prix, Voilà quels apports successifs ont constitue la nouvette bihtin. theque ouverte aux étudiants de français depuis la rentrée de t~p. V Sur quel plan générât est-ettc organisée ? Comment s'est faite la fusion de tous ces apports différents, et d'après quels principes? C'est ce qu'il reste à dire en terminant. Il a paru bon df garder les principes suivis naguère dans l'établissement de l'ancien séminaire de littérature française, et (le répartir les ouvrages, d'après leur nature, dans un certain nombre de classes. Sous la lettre B sont rangés tous les ouvrages de &Wc~~A/< et de référence, qui se partagent en trois sections Bg (généralités), Bs (~M~), Bc (M~/cp/M). Cette classe essentielle ne comprend guère moins de sept cent cinquante volumes, qui donnent à tout étudiant faisant un travail personnel, pour peu qu'il sache y recourir, le moyen de se constituer en peu de temps une documentation abondante et précise. Il est à craindre cependant que la pratique ici ne fasse un peu défaut. Fait singulier et regrettable les étudiants à qui ce fonds rendrait le plus de services, les candirlats au diptëfne d'études supérieures, sont de beaucoup les moins nombreux a fréquenter la bibliothèque. Un fonds d'environ deux cents volumes (D) groupe la série des in-folio, des in 4° et (tes in 8° qui ont pour trait commun d'être des <~<wM<w dictionnaires d'histoire, de biographie, de littérature, d'étymologie, de lexicographie. Ce qui concerne le Moyen Age linguistique ou littéraire forn~une classe à part (six cent cinquante volumes), oit tout est réuni textes, traductions, commentaires, ouvrages généraux, monographies particulières, revues, manuels, grammaires, glossaires et lexiques. C'est le domaine de la Romania (R}. Deux cent cinquante volumes, cotés L, représentt-nt, avec quelques additions, l'ancien fonds relatif à l'histoire de la langue.
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UE LANGUE HT HTTÉRATURE
FRAMÇAtSES
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Vocabulaire, phonétique, morphologie, syntaxe, toutes te~ patties de la grammaire française sont l'objet d'études spéciales qu'on trouve réunies ici. Les lexiques d'auteurs y figurent a côté des traités théoriques ou critiques, et les histoires de la langue auprès des dictionnaires de toutes les époques. Comme une annexe au précédent, un petit fonds d'une trentaine de volumes (V) groupe les couvres consacrées aux sujets de zw~ M//OM. Le compartiment le plus riche, commede juste,est celui des~~t d'auteurs (T), puisqu'il dépasse deux mille volumes. Du seizième siècle au vingtième siècle, les auteurs ont été ctassés, autant que possible, par époques, par écotes et par genres. On n'a pas cru devoir leur assigner un numérotage continu, ce qui permet à tout moment des additions sans apporter de trouble à la série chronologique. Les numéros inexistants à l'heure actuelle existeront un jour ou l'autre, quand auront paru de nouvelles éditions ou que seront 'omhtées certaines lacunes. H a semblé convenable de maintenir à part, sous la lettre P, le fonds de poésie contemporaine donné par M. Lanson. H s'est accru, depuis sa donation, d'une centaine d'unités. H peut s'accroître indéfinirnent. La c/<et l'histoire littéraire (C) comprennent un millier de votumes. C'est relativement peu, et c'est de ce côté surtout que devront se porter les futures acquisitions. Ici, tout classement logique était à peu près impossible. On s'est arrange de façon que les étudiants aient immédiatement à portée de la main les ouvrages les plus utiles, les plus courants, les plus actuels. A la critique se rattache la belle collection des ~t'~ (<=))portant sur notre tangue ou notre littérature. Si l'on tient compte dt's doubles, qui sont assez nombreux, elle atteint près de neuf cents volumes et ne présente pas de lacunes très graves. E le commence en f83~, avec la thèse de Monin sur le 7?om<wde /t*M<:t;tw<A-, et se poursuit de chacune mois en mois. Ces thèses sont classées chronologiquement, ayant un numéro d'ordre sous l'année de la soutenance. La bibliothèque Albert Dumont recevait et l'I. L. L. 1' continue de recevoir plusieurs ~/7'c< (I'ér.). On y trouve à cette heure, mais avec des lacunes imputables au passé, la /?<« des /«.v Mondes depuis 1896, la /~t'Mf de Paris depuis tSgS, la ~<f/«' ~< ~<M~ depuis too8, la ~fM universitaire depuis t~to, la ~?<:w des Cours f<'Ctw/~w<M depuis t~t. La A'~w des ~M rabelaisienn,s, hérité'' de l'abbé Rousselot, est fâcheusement incomplète. Mais l'Institut possède intégralement la /!f!.w d'histoire littéraire de ~o Ff<!w<, la
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/?<MM du Mt~Mt siècle, la /?<MM ZtM~M~M M~o~, la CA~. Paris. Les M~M< des i~<~$ françaises, les Annales de <'C/m<w«~ périodique: spéciaux au Moyen Age font partie du fonds R. Enfin, l'I. L. L. F. ayant ta bonne fortune de posséder également, par acquisitions ou par donations, toute une série de choses pré. cieuses (albums, fac-similés d'autogmphes ou de manuscrits, éditions originales ou tirées à petit nombre, raretés, vieilles reliures, ouvrages illustrés, livres anciens de date, maintenant épuises, etc.), il a paru prudent de les soustraire aux tentations, – ou disons aux dégradations. Elles constituent un fonds de ~(Res.), qui monte actuellement à plus de neuf cents volumes. En dehors de ces ouvrages, qu'on communique bon escient, – tous les livres de l'Institut sont, de la façon la plus libérale, à la disposition de ceux qui le fréquentent. Aidés par un catalogue alpha. tenu constamment à jour, les étudiants bétique et méthodique, prennent eux-mêmes sur les rayons les livres dont ils ont besoin. On ne leur demande qu'une chose en avoir soin, et les remettre exactement en place après usage. It est de leur intérêt même que règne un ordre rigoureux. Si j'ajoute qu'un article du règlement interdit de façon formelle le prêt extérieur des livres, les étudiants sont toujours sûrs de pouvoir consulter sur place, s'il ne fait pas défaut à l'Institut, l'ouvrage dont ils viennent prendre connaissance. Souhaitons qu'ils se rendent compte, de plus en plus nombreux, de la valeur de l'organisme que la Faculté des Lettres, pour leur plus grand profit dans les études françaises, a mis si généreusement à leur libre disposition Henri CHAMARD, Professeur à la Faculté des Lettres, Secrétaire de t'L L. L. F.
!nstKui des Études islamiques L'Institut des Ëtudes islamiques, crée par arrêté ministériel en datedu 21 juillet tpzp, fonctionne sous le contrôle d'une assemblée composée des professeurs chargés d'un cours d'orientalisme dans un établissement public de Paris, l'affiche de l'Institut coordonne leurs L'Institut des Etudes islamiques est dirigé par un enseignements. bureau composé de MM. W. M~RÇAts, président; GAUDEFRoy.
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DtiMOMBYNEs,vice-président, et L. MASstOMOM,secrétaire général. Parmi les tâches multiples qui s'offrent à son activité, l'Institut des Etudes islamiques s'est restreint, pendant l'année scolaire to3o-!o3t, à quelques réalisations, dans la mesure de ses ressources financières et dans le cadre étroit de son installation matérielle provisoire. H occupe, en effet, deux petites salles qui donnent sur la rotonde de l'Institut de Civilisation indienne, galerie Richelieu, à la Sorbonne. Soucieux de remédier aux trop visibles lacunes des enseignements orientaux à Paris, l'Institut des Etudes islamiques a organisé, en trois séries de conférences sur t'<M~ t~o.~St, <~t~«~M~ berbères de l'Atlas marocain, par M. R. Montagne, directeur d'études à l'Institut des Hautes Études marocaines à Rabat, aujourd'hui directeur de l'Institut français de Damas; sur Droit ~wM~, par M. Bruno, directeur d'études à l'Institut des Hautes Etudes maro. caines à Rabat; sur la Vie sociale en Andalousie ~w~ les Omeyyades, des Hautes Etudes par M. Lévi.Provença), directeur de l'Institut marocaines. Ces conférences ont eu pour auditeurs assidus un groupe compact d'étudiants. Elles ont pu être organisées, grâce à l'appui de M. Cavalier, directeur de l'Enseignement supérieur, et de M. le Résident général au Maroc. Tout en commençant à former une bibliothèque d'ouvrages en orientales ou sur langues l'Orient, l'Institut des Etudes islamiques s'est, avant tout, donné pour tâche de réunir des collections de journaux et de revues d'Orient en toutes langues. Aucune bibliothèque de l'Europe ne possède des séries de revues et journaux musulmans classés et accessibles, et il serait difficile d'en trouver en Orient. Grâce à l'appui de M. le ministre des Affaires étrangères et de M. le ministre des Colonies, aux dons de la Revue des ~<~ islamiques et de divers membres de l'Institut des Etudes islamiques, la bibliothèque de l'Institut des Etudes islamiques compte déjà trois mille journaux classés et catalogués. L'Institut tout accepte avec reconnaissance don pour sa bibliothèque. Il vient d'acquérir le C<A5f <~ <tMMf de Majtisi, encyclopédie chiite en arabe, exemplaire unique en France. L'Institut des Études islamiques se soucie d'encourager et même de susciter des ouvrages solides d'érudition ou de vulgarisation orientale, il assurera la publication des conférences faites chez lui. Grâce à une subvention que M. le Haut-Commissaire Ponsot a bien voulu lui accorder, à partir de t~o, l'Institut des Etudes islamiques a. pu entreprendre la publication du dictionnaire arabe-français A))M.UMV.
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(dialectes syriens) de M. Barthélemy, professeur honoraire M'Ëcole des Langues orientales, ouvrage considérable, qui comblera une lacune scandaleuse de la philologie arabe. L'insuffisance de l'installation matérielle ne permet point à t'Insti' tut des Études islamiques d'être, dès maintenant, le centre de ralliement des islamisants français et étrangers et des étudiants orientaux qui fréquentent les cours d'Université. Du moins, ils Études apprennent le chemin des deux petites salles de l'Institutdes islamiques et ils sauront, de plus en plus, y trouver une direction pour leurs études et pour leurs travaux personnels. Grâce à son aimabte aînée, l'Institut de Civilisation indienne, l'Institut des Etudes islamiques a pu fêtet, dans une réunion amicale, le doctorat de M. Zaki Mubarak, de l'Université du Caire. L'Institut des Etudes islamiques est en relations étroites avec l'Institut français de Damas et avec l'Institut français d'Archéologie du Caire qui, tous deux, sont représentés dans ses assemblées. L'Institut des Etudes islamiques est intervenu utilement pour faire rétablir et augmenter les subventions annuelles nécessaires à. la continuation de l'édition française de l'~<<<f~M. des Études islamiques sait qu'il aurait à remplir des L'Institut tâches beaucoup plus étendues. Il espère qu'il continuera à trouver, auprès de l'Université de Paris et de son chef, la bienveillance active qui lui permettra de réaliser ses projets de travail. GAUDE!'RO?.DEMOMBY?)ES, Professeur à l'École des Langues orientales et à la Faculté des Lettres.
U!nstMutdes Hautes Études chinoises L'Institut des Hautes Études chinoises a pris possession, au mois de décembre dernier, des locaux mis à sa disposition par l'Université de Paris, à la Sorbonne, galerie Richelieu. Ces locaux comprennent une salle de conférences pouvant contenir une centaine d'auditeurs, une salle de cours, une salle de travail pour les etu* diants, les bureaux du Secrétaire et du Bibliothécaire, etc. L'Institut des Hautes Ëtudes chinoises y a instatté sa bibliothèque,
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DES HAUTES ÉTUDES CHINOISES
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riche déjà de plusieurs milliers d'ouvrages et en voie d'accroissement. Elle vient notamment de faire l'acquisition de la plupart des publications et ouvrages importants concernant l'art chinois. Elle possède une bonne collection d'ouvrages des missionnaires du dix-huitième siècle. Son fonds chinois, outre les classiques, les philosophes, les historiens, etc., comprend quelques-unes des grandes cottections où sont réimprimes nombre d'ouvrages introuvables isolément; il comprend aussi de nombreuses monographies historiques et géographiques des provinces, des sous-préfectures et des pays tributaires de la Chine. Récemment, M. Kao Lou, ministre de la République chinoise à Paris, au nom des amis chinois de l'Institut, lui a fait don de plus de 4000 volumes. La bibliothèque est ouverte un jour par semaine, durant l'année scolaire, aux personnes autorisées par l'administrateur. Des autori. sations spëciates sont accordées à ceux qui poursuivent des recherches et travaux scientifiques. La salle de travail est réservée aux étudiants régulièrement inscrits. Us y trouvent tous les ouvrages de référence indispensables en sinoto~ie et trop souvent introuvables ou d'un prix inabordable dans le commerce dictionnaires, recueils bibliographiques, les principales revues, les ouvrages de Chavannes, Legge, Couvreur, etc. Les enseignements de l'Institut des Hautes Etudes chinoises portent sur les matières suivantes Civilisation chinoise. Littérature, philologie et art chinois. Esthétique chinoise. Histoire économique de la Chine moderne et contemporaine. Histoire politique et diplomatique de la Chine contemporaine. Droit chinois. Science chinoise. Un cours cle préparation au doctorat est destiné plus particuliè. rement aux étudiants chinois. Ces enseignements sont comptétes par trois séries de conférences dont l'une, relative à t'épidémiotogie et à t'hygiène en pays chinois, est confiée à l'Institut Pasteur. Les sujets traités dans les cours et conférences sont portés chaque année à la connaissance des intéressés par tracts et affiches et aussi par l'intermédiaire du Livret de t'étudiant, en même temps que les conditions pour être admis comme étudiant à l'Institut, pour obtenir le Brevet d'éteve titulaire et le Diplôme des Hautes Etudes chinoises.
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Des bourses peuvent être accordées aux élèves titulaires méritants. Elles sont destinées à leur permettre de prolonger leurs études et de produire un travail personnel. <t L'Institut des Hautes Etudes chinoises, association déclarée le 24 mars !pM et reconnue comme établissement d'utilité publique' 1 le t2 décembre 1921, a été fondé par un groupe d'hommes d'gtat et de savants chinois et français, sous la présidence de M. Paul Painte\'é. C'est un centre d'enseignement et de travail scientifique qui s'applique à faire connaître – dans ses créations multiples et dans son génie la civilisation de la Chine. En 1026, grâce aux bienveillantes interventions du Service des oeuvres françaises du ministère des Affaires étrangères, la dotation de l'Institut s'est trouvée fortement accrue. Dès ce moment, l'Institut n'a cessé de développer et de consolider son organisation. Il est devenu Institut d'Université par suite d'une convention inter. venue avec l'Université de Paris et approuvée par décret du jy mars to; Les diplômes conférés par l'Institut sont établis au nom de l'Uni. versité de Paris, signés par le recteur et contresignés par l'adminis. trateur de l'Institut. Une délibération du Conseil de l'Université, approuvée par arrêté ministériel du ~o juillet ioao, a créé un brevet d'élève titulaire et un diplôme des Hautes Études chinoises. Le premier de ces titres peut être obtenu après un an de scolarité à l'Institut. L'examen comporte des épreuves écrites et orales. Les candidats au diplôme des Hautes Études chinoises doivent justifier de deux ans de scolarité à l'Institut. L'examen consiste dans la rédaction d'un mémoire sur un sujet approuvé par l'un des pro' fesseurs de l'Institut.
Les étudiants qui se sont inscrits et qui ont effectivement parti' cipé aux travaux pratiques durant l'année scolaire tgap-tg~o, ont été au nombre de ty pour le premier semestre et de 13 pour le second. Parmi eux figuraient 6 Chinois et 2 Annamites. Pour l'année scolaire !p3o-j<)3i, l'Institut a reçu 23 inscriptions pour le premier semestre et i5 pour le second, soit au total 38, dont 26 payantes et 12 gratuites (celles de 5 élèves de t'Ecote des langues orientales vivantes, étevede t'Ecote des Hautes Ëtudes, t élève de ). L'Institut peut, à ce titre, recevoir tous dons et legs.
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t'Eeote normale supérieure). Ces inscriptions ont été prises par 13 Chinois, '37 étudiants qui se répartissent ainsi par nationalités 8 Français, 3 Annamites, r Allemand, t Anglais, ï japonais. Deux étudiants, à ce jour, ont mérite le diplôme des Hautes Etudes chinoises. Ce sont en i{)3o, M. Jablonski (Polonais), qui a présente un mémoire sur" Le sentiment personnel et le conformisme dans le Li Ki M, en i~t, M. Trân Van Giap (Annamite), qui a de Le présente un mémoire sur « Les chapitres bibliographiques Qui Don et de Phan Huy Chu ». Parmi les travaux de thèse prépares à l'Institut, il convient de citer les suivants Recherches ethnographiques sur les Yao dans la Chine /~<?. du Sud, par M. Ling Zeng-Seng (mention très honorable). Histoire douanière de la Chine de 1842 à t~tt, par /?.?!?. M. Hou Hon-Chun (mention honorable).'). /<~?o. – Le prêt sur récoltes institue en Chine au xi" siecte par le ministre novateur Wang Ngan.che, par M. Tcheou Hoan (mention très honorable). L'Institut des Hautes Ëtu'tes chinoises s'efforce de favoriser les contacts entre travailleurs chinois et français, étudiants ou professeurs. Les étudiants chinois qui suivent les cours et fréquentent la salle de travail y trouvent l'occasion de lier avec leurs camarades français des relations d'amitié. Les uns et les autres y contractent des habitudes de travail collectif et de réflexion en commun dont chacun tire les plus grands avantages. Certains des étudiants chinois de l'Institut sont déjà retournés dans leur pays et enseignent dans différentes Universités chinoises. Par ailleurs, l'Institut cherche à s'assurer la collaboration de savants et de lettrés formés en Chine, qui apporteront à ses étudiants les résultats des recherches et des travaux chinois. Ainsi il arrivera à réaliser pleinement son programme en collaboration étroite, par un vaste échange d'idées et d'hommes, avec les Universités et Insti* tuts de Chine. L'Institut Deux envisage une importante série de publications. ouvrages sont actuellement sous presse, savoir ï" Le 4° volume laissé en manuscrit par Edouard Chavannes des cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois; 2" Un travail de M. R. Des Rotours sur l'histoire des T'ang. Administrateur
Maroc) GRA\ET, de l'Institut des Hautes Études chinoises de l'Université de Paris.
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ANNALES DEL'UN!VERS!TË DEPARIS L'institut français de Varsovie
L'Institut français de Varsovie a été fondé en 1924, après accord entre le gouvernement français et le gouvernement polonais. Ouvert en avril tpz5, il est destiné à fournir aux étudiants de l'Université le complément de culture qu'ils souhaitent, à faire connaître ta France et la vie française au public polonais, il faciliter tfs relations intellectuelles et les recherches 'scientifiques aux travailleurs des deux nations. H est installé au Palais Staszic, au centre même de la capitale (Krakowskie PMedmiescie et 72, Nowy Swiat), à quelques pas de l'Université, en contact avec un certain nombre d'instituts consacrés par la Pologne au développement des diverses parties de la science. Pour tout ce qui regarde l'organisation intérieure, la discipline et l'enseignement, il relève d'un Conseil de direction qui réunit à la Sorbonne des représentants de l'Académie française, de l'Académie des sciences morales et politiques, des ministères des Affaires étrangères et de l'Instruction publique, de l'ambassade de Pologne, des Facultés des Lettres, des Sciences et de Droit; de l'Institut d'études slaves, de t'Ecote des langues orientales vivantes, des Universités de Nancy et de Strasbourg, de l'Association FrancePologne, sous la présidence du recteur de t'Université de Paris. Un Conseil de perfectionnement, à Varsovie, rassemble, sous la présidence de l'ambassadeur de France, des représentants des Universités, services ministériels et sociétés scienti6ques, ainsi que de la colonie française, pour l'étude des questions qui intéressent soit le développement de l'Institut, soit la collaboration intellectuelle francopolonaise. Au stade présent, l'Institut possède deux moyens d'action des chaires d'enseignement et une bibliothèque. L'enseignement est distribué dans cinq chaires littérature française, grammaire et philologie françaises, histoire, géographie physique, économique et coloniale, histoire de l'art français ancien et moderne. Ces deux dernières ont été fondées et sont entretenues respectivement par la Chambre de commerce de Lyon et par la Ville de Paris. Chacune de ces disciplines comporte des cours, dont certains peuvent être ouverts au public, et des conférences d'application et de travaux pratiques pour lesquelles l'immatriculation est requise. Depuis l'année dernière, une section juridique est offerte
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aux étudiants de troisième année; elle comporte de même des cours suivis sur les principaux problèmes du droit français et des séances de séminaire. Chaque année, deux « missionnaires M appartenant à l'enseignement supérieur français ou qualitiés par leurs travaux donnent à l'Institut des séries de leçons destinées au grand public sur des se sont appliqués plus sujets de leur spécialité. Quelques-uns à établir ou à resserrer les liens avec les Facultés spécialement (sciences, médecine, etc.), dont l'enseignement n'est pas normalement représente à l'Institut. La bibliothèque, qui compte aujourd'hui dix mille volumes environ, s'est enrichie successivement par des dons généreux provenant des ministères français, des gouvernements généraux des colonies, de S. A. S. le prince de Monaco, du Conseil municipal de la Ville de Paris, de M. André Citroën, etc. Elle comprend, outre les collections de textes français indispensables à l'enseignement, des ouvrages de critique, d'histoire, de géographie, de philosophie, d'histoire de l'art et de droit et des répertoires généraux, mais aussi ce qui a été publié de plus important depuis cinquante ans en France dans l'ordre des sciences mathématiques, physiques et naturelles. Elle est accessible à toutes les personnes immatricutées à l'Institut, ainsi de l'Université polonaise que leurs professeurs qu'aux étudiants envoient travailler particulièrement sur des matières françaises. Elle occupe de vastes salles confortablement aménagées, ouvertes de dix heures du matin à une heure et de quatre heures à neuf heures et demie du soir.Telle qu'elle fonctionne maintenant, la bibliothèque, de nombreux lecteurs, s'atteste que fréquentent quotidiennement l'une des parties les plus vivantes et comme lecceurde l'Institut. Le Conseil de l'Université de Paris a approuvé qu'un système d'examens sanctionne la série des études. Un C~<~M< <~«<~ /MH~M~Mpeut être délivré, après épreuves dont l'une est une traduction d'un texte polonais, aux étudiants qui ont fréquenté régulièrement les cours pendant au moins deux semestres. Après quatre nouveaux semestres (que réclame justement le ministère de l'Instruction les étudiants pourvus du certificat peuvent publique polonais), obtenir le Diplôme de M'M/<M~M/w~<M' Il comporte, à l'écrit et à l'oral, des épreuves communes de littérature et de grammaire avec des épreuves de spécialités au choix du candidat. Certificat et diplôme sont signés par le recteur de l'Université de Paris, sous le sceau de l'Université. Le diplôme, reconnu depuis t~p par l'autorité académique de.Pologne, confère aux étudiants, pourvus par ailleurs des titres polonais indispensables, un privilège de priorité pour la
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nomination dans les gymnases du dagré secondaire, dans les écotes normales et, en général, dans les établissements d'instruction où est enseigné le français. H entre en compte, ainsi que le certificat qui peut, au bout de quatre semestres, sanctionner les études de droit français, pour l'attribution, prononcée par l'ambassadeur de France, des bourses annuelles de séjour réservées aux étudiants polonais près des Universités de notre pays. Le nombre des candidats a varié jusqu'à présent de sept à douze pour le diplôme, de dix à vingt-deux pour le certificat. Depuis t~20 également, :es cours supérieurs de langue et littérature françaises établis près de l'Université de Poznan sont rattachés à l'Institut et organisés sur son modèle. Une session annuelle d'examens permet aux étudiants poznaniens d'obtenir le Certificat <~<~</M /~<w~Mwde l'Institut. On peut ajouter que les ressources de l'Institut en livres, cartes. clichés de projection, albums de photographies, documents figurés sont mis tibératement a la disposition des Français de Varsovie et des Sociétésqui se vouentenPotogneàtadin'usiondufrançais. Cette année même, l'Institut s'est mis d'accord avec l'Université pour donner tout l'éclat possible à la célébration du cinquième centenaire de Ja mort de Jeanne d'Arc. L'an dernier, il avait commémoré par une série de conférences le centenaire de l'Algérie française; ces derniers mois, il a fait connattre par le même moyen et par des projections cinématographiques, à l'occasion de l'Exposition Coloniale, la formation, la vie présente et !a valeur économique et nationale de J'empire colonial français. Le nombre des étudiants régulièrement inscrits et suivant les cours se tient entre quatre cent dix et quatre cent quarante. Le directeur est M. Paul Feyet, ancien élève de t'Ëcote normale supérieure, agrégé de l'Université.
OBSERVATOIRE OENtCE
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Observatoirede Nice PERSONNEL. – Au 31 décembre 1930, le personnel scientifique comprenait: s MM. FAYET, directeur; ScHAUMAssE,astronome adjoint; PATRY, calculateur; RAPIAN, calculateur; CAtLLtATTE, délégué dans les fonctions d'assistant. En outre, M. E. B'ANTAPtÉ,aide.météoroto. giste à l'Observatoire du Puy-de-Dôme, a été maintenu, comme par le passé, à la disposition de notre Observatoire. Depuis avril, le directeur, nommé membre du Bureau des longitudes, en remplacement de M. ANDOYER, a été chargé, comme l'était son regretté prédécesseur, de la rédaction de la Connaissance des ?'~M~. ÉTAT DUCIEL En se bornant à celles qui ont permis des obser' vations astronomiques pendant un minimum de trois heures consé. cutives, on a eu, en to3o, i56 belles nuits, se répartissant ainsi entre les divers mois: Janvier, 12; février, 8; mars, 8; avril, 6; mai, ri; juin, i5; juillet, 23; août, 22; septembre, 12; octobre, 17; novembre, t~; décembre, 8. L'année écoulée figure parmi l'une des plus défavorables pour notre station, où l'on profite, en moyenne, d'environ 190 belles soirées par an. M. SCHAUMASSE, ËQUATORtA!.COUDÉ(o m. 40 d'ouverture). observateur, a effectué 100 mesures précises de comètes ou de petites planètes. It a observé, en outre, une étoile variable et déterminé des étoiles de comparaison. En vue des observations de la planète Eros, que M. ScHAUMAssE était chargé de suivre régulièrement pendant le cours de la présente opposition, on a muni le micromètre des fils supplémentaires, fixes et mobiles, permettant les mesures micrométriques par Atf et A!. D'autre part, le mécanicien, M. MuoNiER, a installé, à la butée de un roulement à billes destiné à obtenir un déplace. l'instrument, ment plus doux en angle horaire et à réaliser un entraînement plus régulier de la part du mouvement d'horlogerie. D'ailleurs, on a procédé à un nouveau réglage de l'équatorial et à une redétermination de la valeur du tour de vis. M. ScHAUMAssE a donné, dans le Bulletin de /'<?<t'«/<?/~ de Nice, 66 positions de comètes ou d'astéroïdes; il a communiqué directement, soit à M. L. FABRï, soit aux astronomes de l'Institut
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astronomique de Leningrad, un certain nombre de positions précises de petites planètes devant servir au calcul d'etéments ~m6liotés. PE'rtT ÉQUATORtAL(o m. 38 d'ouverture). Pendant le i" trimestre, M. PATRY, observateur, a continué la recherche régulière des astéroïdes, avant leur retour à l'opposition, en faisant usage du comparateur photo-visuel. Il a retrouvé ainsi 27 astres. PUBLICATIONDES BUH.ET!NS DE CALCUL.– Le Service j TRAVAUX des calculs relatifs aux petites ptanetes, ainsi que !a publication des Bulletins correspondants, ont fonctionné normalement. On a publié 5 Bulletins (n" 63 à 6y), fournissant tïo éphémérides et indiquant, d'autre part, les corrections de position déduites des observations faites à Nice communiquées par d'autres astronomes, principalement nos collègues de l'Observatoire d'Alger. M. RAftAtt a calculé ro3 éphémérides; M. PATRYet M. FAYET, une chacun; les autres nous ont été adressées par MM. PAt.OQUE(z) et H. BoNDEL (3). Ces éphémérides portent généralement sur quatre lieux, espacés de huit en huit jours, le premier lieu précédant de six semaines environ t'époque de l'opposition. Secondé avec beaucoup de ze)e par MM. PATRY,RAPIAN, CAILLIATTE,j'ai pu avancer très notablement la confection des tables d'astéroïdes dont j'ai eu l'occasion de faire mention à diverses reprises. Pour les quelque 800 petites planètes dont les éléments reposent sur des observations de deux oppositions au moins, nous avons entrepris le calcul des coordonnées héliocentriques écliptiaux ques f w );, r six p, qui correspondent respectivement 36 valeurs équidistantes (o", to* 350°) de la longitude héliocentrique. Ces tables fournirent d'ailleurs d'autres quantités (anomalie moyenne, anomalie vraie, rayon vecteur et coordonnées héliocentriques rectangulaires, x, y, s, etc.); elles permettront également d'obtenir rapidement, pour chacun des astres envisagés, les valeurs approchées des principales données utiles concernant une opposition quelconque date, grandeur, coordonnées géocentriques, déplacement en un jour, orientation du grand cercle de recherche, distance au soleil et à la terre. J'espère, en outre, que ces tables rendront plus aisée l'étude de certaines questions intéressant l'ensemble des astéroïdes. Bien qu'il s'agisse d'un travail de calcul très considérable, je crois que celui-ci sera complètement achevé d'ici une année et je compte publier, dans le courant de r~3t, les résultats relatifs aux planètes i à 200.
OBSERVATOïRE CE N!CE
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SERVICEMÉTÉOROLOGIQUE.– Ce service qui comportait, jusqu'en novembre 1928, trois observations par jour et t'étaMissement d'un il ne relevé circonstancié à la 8n de chaque mois, a été restreint comprend plus maintenant que deux observations quotidiennes et un tableau mensuel assez succinct. De cette façon, on a pu charger M. FANTAMEde quelques travaux de calcul relatifs aux petites planètes. BIBLIOTHÈQUE.– J'ai réussi à obtenir gratuitement, au titre des à notre établissement d'assez nombreux prestations, l'attribution en particulier cela m'a permis de mettre à jottr ouvrages allemands la plupart des très importantes collections qui avaient dû être interrompues, faute de ressources suffisantes, a la mort de notre fondateur, en ioo5. NOUVEAUXINSTRUMENTS.– En octobre 1928, un incendie, provoqué par la foudre, a détruit presque entièrement le pavillon du Petit Méridien et la totalité des appareils qui s'y trouvaient. Ce pavillon est reconstruit et dans deux ou trois mois on pourra y installer le nouvel instrument des longitudes qu'achève M. PRIN. Sur ma demande, M. le directeur de l'Observatoire de Paris a bien voulu donner l'autorisation que cet instrument fût d'abord expérimenté dans ses services avant d'être expédié au Mont-Gros. Nous avons obtenu, sur les prestations, un chercheur de comètes et un puissant astrographe double (o m. 40 d'ouverture, s mètres de distance focale), à très grand champ, que nous destinons, en particulier, :t ta recherche et à la mesure des petites planètes. La firme Zeiss, qui doit fournir ces instruments, nous a déjà adressé, dans le courant de novembre dernier, un envoi important comprenant les coupoles et les grosses pièces de support. Le reste doit nous être livré pour la fin d'août toSt. Le bâtiment destiné au chercheur de comètes vient d'être com. mencé. J'espère obtenir, en temps utile, le complément nécessaire de crédits qui permettra d'achever cette construction et de faire procéder à la transformation du pavillon d'astrophysique où l'on se propose d'installer i'astrographe. PUBLICATIONS. TRAVAUXPERSONNELS. M. SCHAUMAS~E0~< vations t~ comète /i.)~ (J. des Obs., XIIL p. 44). O~~c~ de comètes(J. des Obs., XIII, p. 80). M. ScHAUMASSEa entrepris et presque terminé, en ce qui concerne la comète périodique Borrett;, dont le prochain retour aura lieu en 193~, l'évaluation des perturbations produites par les grosses planètes, de ï~tS a to.-5.
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M. FAYET l'ables destinées à /<K~<'f le calcul <0< des conf<9K<M~?M~fM/M Ga/<M(J. des Obs., XtH, p. r). H s'agitdc tables assez étendues (~3 pages) dont le but est de rendre un peu plus aisé le calcul Je ces constantes. Chacune des six quantités A, log. sin a.; sin b sin c, s'obtient par interpolation d'une table à double entrée ayant pour arguments Il et i. Une notecomptementaire rappelle les principales formules de vérification et donne une table supplémentaire fournissant directement log. sin c, en fonction de log. sin a et log. sin A'f/o<'<<; ~M~~ de la ~/«Mt'/< ~<y/ ~Aa (J. des Obs., XIII, p. t54). Nouvelle détermination de l'orbite, en faisantintervenir l'ensemble des oppositions observées postérieures à 1906, et en tenant compte, en outre, de l'action perturbatrice de Jupiter durant l'intervalle 190~0. <~w</<w /<!f~oMM ~~f (C. R., t. CXCXI). On trouve que vingt et une révolutions sidérâtes de cet astre correspondent très sensiblement a trente-sept années juliennes; d'autre se produisent pendant un tel cycle, part, sur les seizeoppositionsqui deux seulement se présentent dans des conditions assez favorables pour permettre une détermination assez précise de la parallaxe solaire. L'opposition actuelle, qui offre des circonstances particulièrement avantageuses à ce sujet, sera suh'ie, en r937, d'une opposition qui, sans être optima, offrira cependant des conditions plus favorables que cefies de icoo-tgot.
G. FAYET,
Directeur de l'Observatoire
de Nice.
La « Comédie » latine en France dans la secondemoitié du X! siècle 0 On constate de plus en plus que le moyen âge, si improprement nommé, et qu'il faudrait appeler le ~MM/ car c'est celui de la genèse du monde moderne, cesse d'être pour le grand public le gouffre sombre où se traînent des larves mons. trueuses, l'époque du crime, de la famine et du fanatisme, une sorte d'abîme où la civilisation gréco-romaine faillit sombrer pour ~H<< au seizième siècle seulement à l'insigne clarté du soleil. Conception seiziémiste précisément, prolongéc par l'époque classique, que le siècle des lumières le dix-huitième commença à dissiper, dont le romantisme contribua à faire justice, mais à laquelle seuls la seconde moitié du dix-neuvième et le commencement du vingtième ont pu substituer une connaissance réelle, fondée sur l'étude des documents et des œuvres pour parvenir à l'esprit. Il y faut cependant encore une longue enquête, qui est bien loin d'être achevée et une certaine puissance de résurrection, où l'imagination, étayée toujours sur les faits, peut jouer son rôle, et, quand la masse des lettrés, que la science n'a pas le droit de négliger, mais a le devoir d'éclairer et d'attirer, sent qu'il y a là quelque belle pâture spirituelle, elle nous suit. J'en ai la preuve chaque année, dans ces cours publics de littérature médiévale, que j'ai restaurés en Sorbonne en 1925 (il n'y en avait pas eu depuis tgoo, je crois; et où chaque année j'explore un sujet nouveau, qui se révèle toujours plein de saveur et de profit. Mon effort a surtout porté jusqu'à présent sur le douzième
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siècle, qu'il ne faut pas envisager comme un bloc, non plus que le moyen âge d'ailleurs, en sa rigidité séculaire, mais comme divisé essentiellement en deux parties sensiblement égales, la première, dominée par la rude et noble chanson de geste, la seconde par le délicat et subtil roman courtois, de même que dans l'ordre de l'architecture, la première moitié du siècle est caractérisée par le robuste art roman, la seconde par la grâce élancée de l'ogive. Il ne faudrait pas croire cependant que le seul raffinement de la « courtoisie » distingue la littérature de cette riche période de la seconde moitié du douzième siècle, que j'ai appelée l'âge d'or de notre littérature française médiévale, car la satire s'y fait jour dans le fabliau et dans les AnHM~ du ~!<MM<M de ~M~. J'ai parlé aussi, à propos de la même période, de seconde Renaissance (la première étant celle de Charlemagne et d'Alcuin), et ceci doit s'entendre, d'une part, de la diffusion plus grande de la littérature latine classique, de ses thèmes, de ses genres, de ses auteurs, Virgile et Ovide en tête, mais encore d'une, connaissance meilleure du latin classique, et surtout de l'âme, sinon des mœurs antiques, d'une plus rare entente de la forme, d'une indépendance plus grande de l'esprit, du développement et de l'épanouissement de l'individu, d'un goût plus vif de l'amour et de la volupté. Il y a quelques années que l'on s'est avisé de l'importance de la littérature latine médiévale, pour la connaissance de la littérature française du même temps. C'est d'ailleurs un grand tort des historiens de la littérature moderne du seizième et du dix-septième siècle d'avoir négligé la production latine concomitante. II faut songer que, jusqu'au dix-huitième siècle, elle dépasse en nombre et en importance toute la production française, puisqu'elle règne presque exclusivement en philosophie, en théologie et en science, et qu'elle n'est absente d'aucun domaine littéraire ou spirituel. On est donc sûr d'y trouver l'expression d'une âme essentiellement bilingue. Pour tout homme qui participe à l'enseignement, soit comme
f<A« COMËDtK LA'ftNERMFRANCEAUXH<SJËCLB ~7 taaitro, soit comme élève, le latin est même la langue unique et souveraine et c'est presque miracle qu'il y ait eu, avant le dix-huitième siècle, une littérature écrite dans un idiome – le français que l'on n'enseignait point ou peu. Toujours est-il qu'à aucune époque nous n'avons le droit d'ignorer les manifestations latines de l'esprit, sûrsqu'elles en traduiront seules certains aspects ou qu'elles compléteront heureusement ceux que nous livre la littérature enlangue vulgaire. Les Allemands s'en sont avisés* (non pas les premiers, car notre Du Mérit et notre Hauréau ont été, chez nous, vers le milieu du dix-neuvième siècle, les précurseurs de cette discipline nouvelle), les Français ont suivi, avec Edmond Faral, qui l'enseigne au Collège de France et à l'École des Hautes Études", et les Anglais et les Américains multiplient aujourd'hui les publications dans ce domaine'. Il ne faut pas que nous nous laissions devancer, d'autant plus qu'en littérature latine, comme en littérature en langue vulgaire, comme en art, la France médiévale peut légitimement revendiquer l'honneur d'avoir ouvert la voie. Pourtant, il faut, au seuil de ces études, formuler une règle qui est d'élémentaire prudence. De ce que le latin soit antérieur au français, il faut se garder de conclure que toute œuvre littéraire française médiévale a nécessairement sa sourcedans le latin et ensuite que toute œuvre littéraire néolatine, découverte ou constatée à une époque donnée, est nécessairement antérieure à l'œuvre française contemporaine de même sujet. t. Je pense surtout, parmi les contemporains, au professeur Paul Lehmann, del'Université de Munich, à H. Brinkmannet à M. Manitius. 2. On lira de lui, outre sa leçon inaugurale du Collège de France, cette qu'il a faite en juin dernier à l'occasion du quatrième centenaire et qui paraîtra dans le Liber MewM~M~M. 3. Voyez les beaux travaux de Charles Homer Haskins, docteur &«M~ ca«Mde notre Université, et ceux de Philip Schuylcr Au,EN, 77<~Romanesquelyric et Mediaeval latin lyrics, Chicago, )o3), et la revue .S'~t<<«M, éditée par l'Académieaméricaine de littérature latine manuel dOà F.-A. WMGHT médiévale.Un et à T.-A. Smct.AtRvient de paraitre, A history o/ ~a<<~latin Literature, Londres, Routledge, to3t, in-8, mais aucune allusion n'y est faite aux pièces dont il est question ici. Il n'en est pas de mêmedans let. III de Manitius, )o3t.
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ANNALESDE L'UNtVERStfË DE PARIS
Il peut arriver, et nous constaterons ici même, que ce soit l'oeuvre néolatine qui s'inspire, elle, de l'oeuvre française contemporaine, et que celle-ci ait été imitée par celle-là. Je suis de ceux qui croient à l'existence d'un roman ou de récits de Renard français ou germanique populaires antérieurs à l'Ecbasis captivi lorraine et à l'Ysengrimus gantois. Par contre, dans le domaine du théâtre religieux il est certain que l'office dramatisé en latin a précédé le mystère plus la!que et que la langue commune ne s'est insérée dans celui-ci que timidement d'abord et progressivement. En matière de théâtre profane, de même, il paraît probable, au moins à envisager la chronologie des œuvres conservées, qu'un certain développement de la « comédie latine scolaire au douzième siècle a précédé celui de la «comédie » en langue vulgaire au treizième siècle. Ainsi, la tragédie~ et la comédie scolaires latines ont précédé au seizième siècle notre tragédie et notre comédie classiques. C'est à l'occasion de ma conférence d'agrégation de tga~, dont le programme qui nous est toujours imposé du dehors par le jury de l'année précédente – portait sur « les origines du théâtre comique que j'eus l'idée de me poser à moimême et de proposer à mes auditeurs le problème des origines latines médiévales. Je me trouvai en présence d'un certain nombre de pièces, fort difficiles à rassembler, car elles étaient dispersées dans des publications souvent étrangères et souvent fort anciennes, et leurs manuscrits se rencontraient dans toutes les bibliothèques d'Europe, voire dans celles des couvents autrichiens. Désireux de ne travailler, à notre accoutumée, que sur des textes authentiques et corrects, je fis photographier ces manuscrits et bientôt me vint le projet, que je soumis âmes étudiants, d'en constituer le <w~<.fet de le publier i. Cf. G. CoHEt).Le 7'AAM~MFrance au moyenâge, I. Zc T'A<M<<~ ~M~M.)f,Pans,Rieder,t[):8.n. Le T'A~o/a' <93<.avot.in-t:, illustrés. Cf. A.LEB6GUE. La Tragédie r<<MM en ~«M~. I. Z~ Débuts Paris, Champion, ig2g. (1514-1573).
LA « COMÉD!E LA't'tNE
EN FRANCE AU XH' St~CLK
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avec leur concours, par les soins de l'Association Guillaume Budé et selon sa méthode. Je répartis entre eux les diverses pièces, en leur confiant les photographies y afférentes, et je leur laissai te soin de les traduire, tout en revisant leurs traductions, après leur avoir fait classer leurs manuscrits pour en établir la filiation, à quoi nous aida grandement un des leurs, devenu un de nos meilleurs spécialistes en cette matière, Alphonse Dain, aujourd'hui directeur d'études suppléant à l'École des Hautes Études. Dispersés après l'examen et nommés dans des lycées de province, souvent fort éteignes, ces jeunes professeurs agrégés restèrent cependant idéalement groupés autour de leur maître, qui correspondait avec eux et leur envoyait ses directives par l'intermédiaire du secrétaire du groupe, A. Cordier. Sept ans s'écoutèrent avant que l'oeuvre, qu'en t028 l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres avait couronnée en manuscrit, en lui accordant le prix du Budget de 2 ooo francs, pût être imprimée, grâce à un généreux donateur, pour inaugurer en deux tomes in-8, la nouvelle série latine médiévale de l'Association Guillaume Budé, lesquels verront le jour en décembre tû3!. Excellent exemple de travail universitaire collectif, qui montre qu'à la Sorbonne, dans notre Faculté des Lettres, nous ne nous contentons pas, comme on l'a parfois dit, d'enseigner la science acquise, mais que nous contribuons aussi à élaborer avec nos auditeurs la science qui devient. Maintenant, – l'expression est de mise, puisqu'il s'agit de le jeu valait-il la chandelle, et n'est-ce pas trop de théâtre, sept ans d'efforts de treize collaborateurs et de leur chef pour restituer seize pièces latines de ce lointain douzième siècle? C'est trop pour qui considère que la science ne s'édifie que dans les laboratoires, entre les cornues et les éprouvettes, ce n'est point trop si l'on tient que la science française est un temple aux proportions gigantesques dont plusieurs hypogées peuvent être réservées à la contemplation des témoignages éclatants du passé, surtout quand ce passé est le nôtre et est devenu en nous sang, chair et cerveau. Pour moi, je ne sauAsx.UMV.
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ANNALESM L'UNIVERSITEDE PARIS
rais trop louer le zMe et le désintéressement de ces jeunes travailleurs qui; dans une époque tout empesée de préoccupations matértetles et souvent avec des charges de famiHe déjà lourdes, ont voulu consacrer leurs loisirs et leurs veilles à contribuer à ce que nous ne soyons absents d'aucune partie du savoir humain. J'ai dit qu'il s'agissait du problème de nos origines spirituelles, mais ceci reste d'abord à démontrer, parce que personne n'avait jamais pensé que ces pièces latines, dispersées dans les bibliothèques étrangères les plus lointaines, fussent d'origine française. Ce qui me frappa tout d'abord, c'est que les noms de leurs auteurs, quand ils se trouvaient être connus, nous ramenaient tous à ce terroir tourangeau, où une nature complaisante et souriante, facile et harmonieuse, fait volontiers éclore les poètes comme les fruits bleutés de la vigne. Ne s'appelaient-ils pas en effet Vital de Blois, à qui l'on attribue un Gela et une Guillaume de Blois, auquel on doit l'Alda, Mathieu /1~/<~< de Vendôme, qui écrivit le Milon et, selon certains, la Lydia et le qui en tout cas appartiennent à la même écote ? C'était une indication, ce pouvait être une hypothèse directrice, qui bientôt se montra féconde, car les autres pièces, tels le Z?~c, le P<?w~ le De A~<w sagaci, le jPaw~ et ~~M, le De tribus Puellis, dépouillés des lus, 6'/M~<f7tMW corrections d'humanistes impénitents, qui les avaient classicisées ne tardèrent pas à révéler leurs relations avec les précédentes et à trahir leur origine française par leur style, par les gallicismes savoureux qui entachaient leur latin et par leur tendance platonicienne, qui les reliait à l'école chartraine, de telle sorte que je crois pouvoir les inscrire dans un quadrilatère dont les sommets topographiquement sont Orléans, Blois, Vendôme et Chartres et que je crois pouvoir les assigner à notre glorieuse seconde moitié du douzième siècle. En voici la démonstration abrégée. De la personne de Vital de Blois (t~/M Blesensis), nous ne savons guère que son nom, mais, dans des vers orgueilleux
LA COM&DtE LATÎNE EN FRANCKAU XU*SIËCLE
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(et l'orgueil de t'écnvain qui se nomme est une manifestation ~MMMM/<'), il s'affirme, en un très ancien manuscrit du douzième siècle, l'auteur d'un ~w~ûM Amphitryon 3 en – attendant t't~CH 38 et d'une Aululaire « J'ai abrégé Plaute et il a gagné à être ainsi écourté. C'est grâce à Vital que Plaute peut plaire aujourd'hui jadis A~A~M, à présent !«!~<K~, accablés de vieillesse, ont éprouvé l'heureux effet du secours de Vital'. li a tort de nommer Plaute, car ce ne sont que des pièces pseudo-plautiennes du quatrième siècle après Jésus-Christ, un Gela perdu, et un Querolus conservé qu'il imite, voilà pour sa paternité. Quant à l'époque, elle ne saurait être postérieure à uûo, date de la mort de Gerboh, qui fait des citations du 6~/<j, ni antérieure à n 5o, puisque le vers léonin, à rime intérieure, n'y trouve point emploi. Nous sommes mieux informés au sujet des deux antres auteurs connus Guillaume de Blois et Mathieu de Vendôme. Le premier des deux était le frère de l'épistolier Pierre de Blois, archidiacre de Bath et ami de Jean de Salisbury (l'évêque platonicien installé sur le siège épiscopal de Chartres). Sa lettre ~3 adressée à Guillaume, de t !6y à 1169, abbé de Sainte-Marie de Maniaco au diocèse de Messine, le loue de sa tragédie De F/<7M/<? et A~ de sa 6'<?M<~Mde Alda et affirme qu'elles lui vaudront plus d'honneur que quatre abbayes, ce qui est assez surprenant, car l'Alda est une leçon d'amour de la plus rare audace. Quant à Mathieu de Vendôme, il nous est mieux connu encore, non pas seulement parce qu'il a signé, avec une feinte humilité, notre A~< Debile Malhei Vindocinensis opus, mais comme professeur de grammaire à Orléans, école rivatc de celle de Paris, et comme auteur d'un Ars MM~M/o~-M, qu'Edmond Faral a publié dans ses /1~~M<<M <~ ~o«~w<' siècle (1923) et qui fut achevé peu avant n/J. Le Milon est anté). Je fais alluoiona la pièce récente de Giraudoux rcptcscntcc pour la première foi; le 8 novembre tQ:().' t. Voir v. 27-28de l'éd. Girard.
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rieur. Mathieu n'est pas, comme on l'a parfois cru et dit, fauteur du ~ïA'y, puisqu'il le critique dans son Ars M~M~M, mais cette pièce appartient vraisemblablement à un de ses disciples indociles, lequel lui répond vertement dans une Lidia postérieure. Voici une autre preuve assez frappante de l'origine française de nos œuvres dans une pièce intitulée Pa<K~/«.f, C/fww~ c/ F<y~, que nous publions d'après un manuscrit du Vatican, Pamphilus se rend avec son valet Birria en France (Gallis ~M~w), ce qui montre qu'il n'y était point, à Paris (P~~tMj), d'ou il ramène son amie Glisccrium après un voyage de trois jours in ~MMM w~M, disait le texte. Mon élève Cordier, bon latiniste, avait pensé à l'Euboïcis C'MW:7/KM a&M/ oris de l'Enéide (Vt,2), mais s'était demandé comment, même ayant des ailes, on pouvait se rendre à pied de Paris à Cumes en trois jours. Une correction fort simple et qui s'impose me permit de résoudre la difneulté. Il fallait lire in ~wftMM ~<w<, c'est-à-dire Évreux, précisément à trois étapes de la capitale et appartenant à la Normandie et au roi Henri, auquel il est fait allusion au v. 2o3 et qui ne saurait être que Henri II Plantagenet, mort en f!8g, ce qui nous donne notre /ey~MMyad ~MM. Les autres pièces de notre tome II ne renferment pas d'allusions topographiques et chronologiques aussi précises, mais elles s'apparentent nettement entre elles et avec les précédentes. Le Pamphilus. édité par E. Evesque, si célèbre qu'on lui doit le mot ~<w~ imite d'assez près le De Noncio sagaci, édité par A. Dain, et tous deux retracent la séduction d'une jeune fille par un jeune homme avec l'aide d'une entremetteuse dans le premier, d'un entremetteur (le messager) dans l'autre. Or, ceci est également le thème de l'Alda, et une allusion contenue dans une lettre écrite vers u8o rapporte le De M<«e<oà la période qui nous intéresse. C'est aussi une entremetteuse qui est l'héroïne de notre ~w~f et T,aso et qui offre à celui-ci une horrible p. dont elle a refait une vierge en se servant de plaisants ingrédients les yeux d'un aveugle, les cheveux d'un chauve, la blancheur d'un corbeau, la barbe d'une femme
LA COM&D!E LATtXEEN FRANCEAU Xït* StÈCLK !?3 et.
le membre d'un eunuque. Ici c'est le souvenir de notre plus ancien fabliau, la ~«rA~, qui s'impose (preuve de ce que nous avancions en commençant, que parfois c'est la littérature néolatine qui imite la littérature populaire française) et ~<~K/ est antérieure, car son auteur parlant de la pseudovierge Hersent, offerte par elle à Samson, l'ennemi des femmes, n'eût pas laissé échapper le trait grossier, mais amusant, que nous avons mentionné. Ainsi notre réseau se resserre, les M<<ï <«/o' ~M~M se ressoudent, le cadre temporel se limite aux années i i6o à ugo environ, tandis que le cadre local s'inscrit dans le royaume de l'Ouest avec, pour base, le cours de la Loire entre Orléans et Blois. Et ce qui précise cette origine, c'est ce style latin analytique, où les mots se juxtaposent, souvent en cascades de synonymes ou en successions d'antithèses sans conjonctions de subordination et, encore une langue où le français transparaît sans cesse, M~M, signifiant mettre x, plus ~o~, plus que quando, quand; castrum, château <'OMM:c cwMCM,commettre un crime, juro Deum, j'atteste Dieu, elle, et reflète notre société courtoise du deuxième siècle avec ses chevaliers (duces), sa dame (domna), sa yM~ca', ou vilaine. Qu'on ne croie pas cependant à quelque latin macaronique ou de cuisine nos auteurs savent leur langue, en respectent la grammaire et les quantités dans le distique élégiaque (hexamètre plus pentamètre) dont ils se servent de préférence, ils pensent en latin, mais en Français qu'ils sont, et le manient avec liberté, adresse et abondance. Mais quel est, à vrai dire, ce genre où ils exercent le talent Est-ce exactement la comédie, telle que nous l'entendons, interprétée par des acteurs montés sur des tréteaux ? Pas précisément. D'abord, il s'agit de théâtre scolaire, réservé, en des circonstances ou fêtes solennelles ou à titre d'exercices, aux élèves et aux professeurs qui les dirigent, à de grands élèves assurément, à des étudiants, si l'on en juge par la singulière audace de ces pièces, qui ne les a pas empêchées de figurer dans les florilèges. Toutes n'ont pas même été
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jouées, car dans beaucoup d'entre elles l'élément narratif, !e récit, l'emporte sur le dialogue, mais nous savons pourtant, par l'exemple du théâtre religieux, que le MFa~ de jeu présentait souvent les personnages et les décors et résumait l'action, et, par l'exemple du théâtre comique, l'adresse de certains mimes ou jongleurs, héritiers de la tradition antique, à incarner à eux tout seuls plusieurs personnages en changeant de voix et en alternant récit et dialogue. Les fréquents déplacements de l'action à travers des lieux souvent éloignés dans les réalités n'est pas non plus un obstacle, si l'on tient compte des principes de la mise en scène simultanée alors en vigueur et que j'ai longuement exposés ailleurs'. Quoi qu'il en soit, on peut, avec plusieurs de mes collaborateurs, douter de la représentation de certaines pièces, mais non pas cependant pour le Sabion, qui est entièrement et exclusivement dialogué, pourvu de jeux de scène et de didascalies, qui les indiquent, et dont les effets, véritablement scéniques, ont laissé des traces dans la tradition comique française. Babio est un personnage plaisant, il concentre mecne sur lui un peu trop de vices et de ridicules, car il est à la fois hâbleur, poltron, avare, sensuel et. cocu. Il est affligé d'un esclave, Fodius, qui s'entend à le berner de toutes les manières. Ce dernier contrefait sa voix dans la coulisse (la nuée coulissée ou toile de fond), pour révéler à son maître une infortune conjugale dont ce serviteur infidèle est lui-même l'agent. Ensuite, comme Babion, après une fausse sortie, revient brusquement pour le prendre sur le fait, une première fois, il se fait compisser d'importance, une seconde fois Fodius, pour échapper à une juste vengeance, contrefait le malade et le mourant. Or, le premier de ces traits, la feinte du changement de i Histoire de la A~C W W~Mdans le 7'AA~ religimx /f<t~<tM~t< Livre de Conduite ~« Paris, Champion, <(~6,ia-8, Moyen A~M~t~ pour le Mystèrede la /'<M~M,Strasbourg, Istra, et Paris, Champion, t~aS, in.
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et ce ne peut guère être t'e&et du hasard, voix, se rencontre, à un sièctc de distance, dans notre plus ancienne farce C~fOM et l'Aveugle', et, je t'ai montré, française conservée, au quinzième siècle, dans des scènes comiques du Mystère de la Résurrection, où réapparaissent lcs personnages de l'aveugle et de son valet-, et on le retrouve enfin dans les Fourberies de n'est guère Scapin (III, H). Le grossier compissage, qui les sommaires vidanges plaisant qu'à. la scène et qui rappelle des venelles médiévales, est aussi dans la Baucis c~ Tiaso (éd. l'Étourdi de Mouton), ce qui l'apparente au Babio, et dans Molière (III, IX). Enfin, l'on aura reconnu dans Fodius qui contrefait le malade, notre Pathelin, premier chef-d'œuvre de notre théâtre comique (vers l'an ~64)", imité peut-être par (111, Xt!!). Singuliers Molière dans les Fourberies de de la continuité témoignages, mais non pas uniques ni isolés, de notre tradition comique et de l'importance de notre comédie latine scolaire médiévale dans son élaboration. Mais ce qui m'intéresse davantage, c'est le témoignage que comédie )', qu'elle ait été jouée ou non, apporte sur cette du douzième siècle, l'esprit français dans la seconde moitié sur ses dons satiriques et son génie comique. Une fois cohésion démontrées, comme nous l'avons fait tout à l'heure, la du groupe et sa naissance aux bords de la Loire, nous aussi valables que pouvons nous en servir comme de témoins, les sculptures qui figurent aux voussures des porches de nos cathédrales et souvent d'une chronologie plus assurée. Il semble bien d'abord qu'un goût très vif de la scène, et de la rhétorique, qui est celui de l'École d'Orléan' s'y oppose à la dialectique, cultivée surtout par l'École de Paris et qui est ici l'objet d'une satire assez fine. Geta a appris à Athènes, où l'accompagnait son maître l'on peut prouver Amphitryon, la fragilité de l'être et que t. Édité par Mario Roques dans les C<.MM~ français du ~)w Paris, Champion, t9t~,in-t:. ~M~l'Aveugle 2. Cf. mon article de la Romania, '9' intitula <<<~~M valet. 3. Voir mon 7'/«M<)~ ~/<w, déjà cité, <çj! p. 79-
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ANNALES DE L'UNIVERSITÉ
qu'un homme le voilà pris Sosie
de
voilà tout
DE PARIS
est un âne ou un bceuf. Je suis logicien à son propre Mercare.Archas piège, quand lui
Plaute)
prouve
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que
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plus
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lui Geta.
désempare
Malheur à moi, qui étais et qui maintenant cesse d'exister! Geta, qui peux-tu être? Je suis Platon, les études ont fait de moi un Platon. On m'appelait Geta, quel sera désormais mon nom? Je n'aurai pas de nom, puisque je ne suis rien. Périsse la dialectique qui m'a tué si complètement il est nuisible Je suis savant maintenant, d'être savant. C'est au moment oit il a appris ta logique que Geta a cessé d'exister elle qui fait des autres des bœufs, fait de moi un pur néant. Par Hercule, le monde entier est sens dessus dessous. Du sot que j'étais, la Dialectique a fait ua fou ) On
croirait
contre
celle-ci
Salisbury,
entendre
un
écho
des vives
dirigées Jean de
par le délicieux évêque platonicien, alors sur le siège de Chartres, dans son fameux contre son Cornincius sans doute le qui désigne
Po~M/~Mj, maître parisien
Adam
C'est
toujours une Renaissance.
du Petit-Pont.
sous le signe Il inspire
de Platon
le culte
et la souplesse et l'indépendance l'auteur du B<M~< que nos auteurs écoutons
critiques
le
dieu
lare
dans
que se fait chez nous
de la beauté, qu'il célèbre, des idées. Aussi, est-ce à font
l'Aululaire
sans
cesse allusion
du
même
Vital
de
Blois Il y a un ordre des faits qui nous tient sous son étroite loi; tout suit les ordres de Jupiter. I! y a un ordre dans le cours des événements. Au signe de l'esprit divin, ce cours s'arrête et reçoit de nouveau sa liberté et son pouvoir d'action. L'enchaînement confus des l'ordre raisonné d'un faits, rien n'erre au esprit supérieur l'explique rien ne marche sans obéir à une loi. Aussi, cet ordre divin hasard, noue et renoue t'enchaincmcnt des faits, créant le bonheur universel; il c'y a point de place dans le monde pour le malheur. Ma foi, dit alors Querolus, jamais je n'aurais cru que le dieu lare était platonicien; heureux Platon qui fait l'éducation des dieux". Aristotc,
au contraire,
t. Éd. Guilhou, v. 3Q)-4t<). V. t57-t6.t de t'ed. Girard.
n'est
presque
jamais
nommé
et il
LA « COMEDIE
LATtNE EN FRANCE AU XH" SIECLE
M?
semble, bien que ce soit son syllogisme qui soit atteint, lorsEn que Babion, dans la pièce qui porte son nom, affirme posant bien les prémisses, je prouverai que Socrate est Socrate et qu'un homme est un homme. )' L'école empirique anglaise n'a rien dit de plus révolutionnaire à l'égard de ce mode de raisonnement si cher à la scolastiquc. La satire n'est pas seulement d'ordre philosophique, elle porte aussi, et parfois avec une liberté singulière, sur les choses religieuses, et cette indépendance relative est, au siècle de saint Bernard, assez inattendue. Vital de Blois, le coryphée du groupe, ne met.il pas dans la bouche de son grincheux Querolus, parlant de Platon, ces mots « C'est l'imbécile piété des hommes, qui se plaît à servir des dieux qu'ils ont eux-mêmes créés u ? On croirait entendre Lucrèce. Quant à son émule, l'abbé Guillaume de Blois, l'auteur de l'Alda, il met dans la bouche de son esclave Spurius ces paroles, qui renferment une vive critique à l'égard de la simonie, alors en vigueur II faut payer pour avoir l'oreille de Jupiter; si )'oa n'y met le prix, c'est en vain qu'on lui adresse de vaines prières. Devant Jupiter, si ta cause est mauvaise, un présent la rend bonne il absout le coupable et enchatne l'innocent. Les dieux n'accordent plus rien gratis. i)s mettent jusqu'à leurs temples en location. Jupiter luimême vend à son pontife la dignité sacerdotale'. Ici, les flèches tirées contre le père des dieux ne sont pas loin d'atteindre Dieu le Père ou au moins ses ministres sur terre, mais il faut se garder de généraliser et de voir dans ces critiques un écho de celles, toutes contemporaines, des Albigeois et des Vaudois. Le véritable effort de nos auteurs est simplement de plaisante satire des mceurs, des travers, des ridicules des hommes et des femmes. Plus qu'à corriger ils visent à amuser. Leurs plaisanteries sont parfois un peu trop scolaires pour atteindre un public plus étendu, mais elles faisaient bien rire les écoliers quand, nous décrivant un esclave t. Éd. Girard, v. S/-S8. t. Éd. Wintxweiier, v. t)!-t~4.
SM
ANNALES DE L'UNtVERSH'Ê
DE PAKtS
obèse et contrefait, dont le ventre le précède et les fesses le suivent, le même Guillaume de Blois caractérise la marche de celui-ci comme iambique, ses tibias inégaux faisant la longue et la brève. Elle exprime plus drôlement encore la stupeur du père d'/t&~a, constatant que sa fille est engrossée après la visite d'une femme (Pyrrhus ayant pris les vêtements de sa sœur) Celui qui pense empêcher la mer de rouler des vagues et le feu de brûter perd sa peine. Une femme ne restera jamais longtemps chaste. J) ne faut même pas laisser une fille avec des filles elle c~t capable de se fabriquer un homme avec une femme. En voici un exemple mémorable ma fille s'est fait engrosser par un homme-femme.De quel genre, masculin, féminin ou neutre, est l'être qui devient faut.il dire mon gendre ou ma ~M~wjt ?P Voilà une plaisanterie grammaticale qui n'est pas sans esprit et il y en a d'aussi drôles dans le Babio, qui a du reste, dans le manuscrit de la cathédrale de Lincoln, reproduit ce passage. Mais ce que je goûte surtout dans cette pièce, que je crois le plus avoir été jouée, car elle ne renferme pas un seul vers narratif et qu'elle présente maint plaisant jeu de scène dont j'ai parlé, c'est le repas ridicule prescrit par le maître avare à son valet Presse les cuisiniers; fais préparer un splendide festin Immole une poute mais je crois que c'est trop. Conserves-enla moitié que l'autre soit servie à Croceus; et, pour les serviteurs, du chou et des fèves. Voici un bon quart d'as achète des pains, de la boisson, des poissons, il n'est pas nécessaire de sortir tant d'argent'. On croirait entendre Harpagon chez Molière. Ailleurs, c'est la voix de Ronsard qu'il semble que l'on distingue déjà aux bords du Loir dans le lointain des temps. Je connais peu de pages plus belles que cette adoration de la beauté nue dans le De Tribus Puellis à une époque où la sculpture ne dévêt pas encore ses modèles Je me couche enfin sur ce lit précieux. La belle ordonne à ses ). Éd. Wint~wciter.v. 5!3-554. 9. Éd. Layc, v. !o3~o8.
LA « COMÊDtE
LATtNE E~f FRANCE AU X!
StËCLE
M~
filles de quitter la chambre et ferme la porte au verrou. Partout brillaient les feux d'une lampe dorée, comme si le soleil était entré à l'intérieur avec ses chevaux rutilants. Elle se mit nue, oui, elle voulut aussi se faire voir nue, mais il n'était pas une tache sur sa peau délicate. Maintenant, croyez-moi, si vous voulez, amants son corps était plus blanc que neige, non pas neige fondue, quand l'a touchée encore. Ah quelles mais neige que nul soleil n'attiédit Phebus, blanches, épaules et quels bras j'ai vus) Ses jambes, extrêmement n'étaient pas moins belles. Je me retins a peine, la voyant nue, de ravir d'une main passionnée ces membres laiteux. Que faire ? je ne puis pas contempler plus longtemps, et je ne puis pas cependant ne )I plus regarder ce corps éblouissant de la beauté admirable faut-il que cette apothéose Pourquoi Cette adoranue nous soit gâtée par un trait de grossièreté. à l'amant d'un repas où la belle a présenté tion a été précédée rôti qu'il dévore avec les un pigeon elle se destine auquel os et la chair. longue
encore
Preuve
d'amour
La route est un peu barbare. mais à la grande Renaissance,
qui conduit des petits chemins
quelques-uns et battus frayés
à travers
satyres C'est
et des nymphes notre destinée
grimaçant
de Thalie?
qui les Gâtines
au corps
se trouvent y mènent des boucanés hantées
blanc.
ne se renouvelle que notre littérature de l'esprit latin. N'est-il pas curieux que notre qu'au contact lui-même, propre génie comique qui paraît si exclusivement ne s'épanouisse d'abord à notre nation, que sous le masque Gustave
COHEN, Professeur à la Faculté des Lettres de l'Université de Paris. Vers :.t3-:)66, de l'éd. Maury.
Le Bilan du SaintaSimonisme (Deuxième <M7<~) Après leur expédition d'Egypte, les saint-simoniens sont dispersés, l'heure de la diaspora est arrivée pour eux aussi. Ils reviennent en France et chacun se met plus ou moins tranquillement à gagner sa vie. Leurs théories saint-simoniennes, la grande doctrine, la grande croyance qui les avaient enthousiasmés, ils n'en parlent plus. Ce n'est pas que tous l'abandonnent, quelques-uns la gardent au plus profond de leur cœur, mais enfin, elle ne fait plus entendre sa musique, elle ne déploie plus ses étendards sur les places publiques, on pourrait croire que l'idée saintsimonienne est morte et enterrée. Peut-être cependant vit-elle d'une vie souterraine, peut-être lui adviendra-t-il de ressusciter, des souffles nouveaux réveilleront les rêves des SaintSimon, Enfantin, Bazard. On s'apercevra à ce moment-là que ces rêves sont encore capables de vitalité et de fécondité, qu'ils répondent à des besoins de notre temps il les appelait, dirait-on, sans les reconnaître. Pour le vérifier, rappelons les différentes tâches que semblait s'assigner lesaint-simonisme restaurer la religion, préparer la paix, défendre l'intelligence, organiser l'industrie, construire le socialisme. Le premier point, nous ne nous y arrêterons pas longtemps la religion saint-simonienne est la partie la plus abandonnée du vieux jardin de Ménilmontant. Le saint-simonisme comme religion n'a même pas eu cette fortune dont jouit le positivisme, de conserver quelques sectes, quelques chapelles encore debout. Le Père Enfantin, obstiné et désireux de se prouver à lui-mêmequ'il reste fidèle à ses pensées de jeunesse, pourra bien réimprimer après 1860
LEBH.ANDUSAtNT.StMONtSME
54r
Vie ~e~e~. H ne trouvera pas d'écho. une méditation sur La religion qui lui était chère semble s'être complètement évaporée et comme volatilisée. Est-ce à dire que les besoins auxquels il avait voulu répondre, besoins d'enthousiasme, de foi, de ralliement et de règlement, est-ce à dire que ces besoins religieux soient moins vivement ressentis en 19~0 qu'en t83o? Il est difficile d'en juger. On répète souvent qu'après la guerre, de nouveau le sentiment religieux s'est révélé pressant, exigeant. En admettant que le fait soit vrai, on n'a pas vu beaucoup d'àmes tentées de retourner au saint-simonisme. Pourquoi ? Parce que d'autres voies s'ouvraient devant elles, et d'abord le christianisme. Le christianisme se prétend capable de s'adapter à tous les besoins de notre époque et spécialement à ses besoins sociaux. N'a-t-on pas vu au cœur du dix-neuvième siècle les Buchez, les Pecqueur, les Louis Blanc lier étroitement l'une à l'autre la cause du christianisme et celle du socialisme Contre cette identification, les saintsimoniens, eux, protestaient, ils accusaient la tradition chrétienne d'être dualiste, d'opposer l'esprit à la matière, eux voulaient au contraire réhabiliter la chair pour justifier les exigences de bien-être des classes malheureuses et le progrès même de l'industrie. Mais l'antithèse saint-simonienne semble en voie d'être démentie par le cours des événements. En fait, nombre de gens à notre époque peuvent rester attachés ou même retourner au christianisme sans abandonner pour autant le souci du bien-être et le culte du travail productif. La religion traditionnelle en France a révélé, sur ce point comme sur tant d'autres, une incroyable souplesse d'adaptation. Elle a bien supporté des accommodements avec la guerre comment n'en aurait-elle pas supporté avec l'industrie ? Michel Chevalier, à la fin de sa vie, admirait qu'un évoque vînt bénir une locomotive. Pareilles consécrations de nos jours n'étonneraient plus. L'Église, en dépit de l'ascétisme, a décidément fait sa paix avec le machinisme. C'est dire que. envers et contre les saint-
ANNALES DE L'UMÏVËRSÏTË
DE PARIS
simoniens, rien ne s'oppose à ce qu'on soit à la fois industrialiste et catholique. D'autres forces morales peuvent d'ailleurs, sans prendre pour autant les formes saint-simoniennes, jouer le rôle que l'fM/MK ladoctrine </cSaint-Simon attribuait aux religions. Le socialisme est une de ces forces-là. L'af&rmation étonnera peut-être ceux qui tiennent le marxisme pour la forme éminente en même temps que le terme du socialisme, et, d'autre part, sont habitués à le considérer comme une science, comme la science par excellence. Mais, même sous la forme marxiste, le socialisme est une foi. II tend à J'action en suscitant l'enthousiasme. Laissera-t-il subsister à c6téde lui les formes traditionnelles de la foi, ou au contraire prétendra-t-i! à lui seul les remplacer en les résorbant? Les jeunes socialistes en discutent et de la façon la plus intéressante, lorsqu'ils essayent de préciser les rapports de la doctrine qui leur est chère avec le christianisme ou y.vecle laïcisme. Et il est manifeste que beaucoup d'entre eux demandent au socialisme d'êtrc « intégral '). de leur fournir une conception de la vie qui tende à une rénovation complète de la civilisation. C'est peut-être à cette puissance de ralliement que pensait Durkheim lui aussi nourri de saint-simonisme – lorsque, à la fin de son livre sur les fc~-M~ élémentaires de la Vie religieuse, il laissait entendre que notre époque pourrait bien connaitre des effervescences nouvelles, créatrices de jugements de valeur impératifs. Mais ce n'est pas cela seulement qu'eussent voulu les saintsimoniens eux-mêmes. Qu'on relise les dernières leçons de l'Exposition, année, on verra qu'une religiosité plus ou moins vague, à quelque grand objet qu'elle s'applique, ne saurait leur donner satisfaction. Ils ont essayé de mettre sur pied eux-mêmes, par un effort héroïque, une vraie religion, avec ses dogmes, sa hiérarchie, ses cérémonies. En ce sens et sur ce point, leur échec est complet. îsious n'en dirons pas autant, bien au contraire, de la dernière tendance que nous avons distinguée dans le saint-simo-
LE BILAN DU SAtNT.SïMONtSMH
msmc celle qui vise à l'organisation de la paix par l'extension de l'association. Peu d'idées sont aujourd'hui plus vivantes, plus actives. Et la Société des Nations, où elles s'incarnent, est la preuve qu'elles ont réussi, en s'aidant des réactions
à susciter un provoquées par la dernière guerre, paissant mouvement d'opinion. Les saint-simoniens ne sont certes pas les seuls à avoir de leurs vceux une organisation de ce genre. Une appelé histoire de ses précurseurs ne devrait oublier, par exempte, ni l'abbé de Saint-Pierre chez nous, ni Kant en Allemagne. Mais les conceptions élaborées par les saint-simoniens, et d'abord avec Aupar le Maître lui-même au temps où il collaborait sont peut-être les plus proches des réalités gustin Thierry, Car ils n'imaginaient d'aujourd'hui. pas seulement, pour faire sortir l'Europe de « l'état violent où ils la voyaient plongée, un tribunal disant le droit, ou des appels à l'arbitrage. SaintSimon tenait que, pour faire régner le droit entre les nations, il est bon qu'elles s'habituent de plus en plus à l'action solidaire, qu'elles s'associent, les unes aux qu'elles s'enchaînent autres pour degrandes entreprises d'utilité commune. N'est-ce pas cette conception qui a prévalu à Genève ? Directement ou indirectement, par ses organes propres ou par les organisations qu'elle mobilise, la Société des Nations s'applique à des de transit, de finances. Avertie que tout problèmes d'hygiène, se tient, et que les problèmes politiques sont en tout cas en étroit rapport avec les problèmes on la voit économiques, s'efforcer, comme le voulaient les saint-simoniens, de rendre du globe. plus rationnelle l'exploitation Idées retrouvées, du dira-t-on, plutôt qu'idées inspirées saint-simonisme. Peut-être. Analogies plutôt que filiations. Saint-Simon n'a pas encore sa statue à Genève. Et les délégués des nations qui s'y réunissent n'ont pas éprouvé le besoin de lui rendre le solennel hommage qu'ils ont rendu à Rousseau. Il y a pourtant des cheminements
par exemple d'influences possibles, qu'il ne faudrait pas négliger a priori. Nul ne contestera, par exemple, que les Ligues pour la paix qui se sont
!<4
ANNALES DE L'UNIVERSITÉ
DE PARIS
constituées en Europe avant 18~0, puis avant iQt~, aient frayé la voie à la Société des Nations. Or, l'une des plus actives de ces ligues, celle qui réunissait un Congrès à Genève dès t8C/, la Ligue pour la paix et la liberté, est bel et bien la fille chérie de M. Le Monnier, le même qui créa Je journal intitulé les ~/<6'~ <Cw(~, et Le Monnier fut touché en son temps de la grâce saint-simonienne. Nous tenons ici des fils qui, sur d'autres points, peut-être demeurent invisibles. En tout cas, de toutes les idées que la Société des Nations s'efforce d'incorporer en des institutions, il en est une qui mérite une attention spéciale, tanr elle fut chère au cceur de Saint-Simon, tant elle est caractéristique d'un des aspects de la politique saint-simonienne c'est l'idée de la coopération intellectuelle internationale. On a installé à l'Institut de la rue Montpensier un buste de Henri de Saint-Simon. C'est justice. Saint-Simon est là chez lui, à deux pas de ce PalaisRoyal où il n causait u ses grands projets. Et celui qu'il avait conçu dès t8o3 à Genève même trouve ici un commencement d'application. Relisons ces le~w d'un habitant de Genève que Saint-Simon écrivit pour se consoler, dit-on, d'avoir vu Mme de Staël lui refuser sa main une souscription internationale pour élever un mausolée à Newton; autour du mausolée, un territoire sacré où l'on pourra élever une bibliothèque, une école, des laboratoires modèles pour administrer l'œuvre, un conseil de savants qui pourront travailler en toute liberté et donner leurs directions aux conseils nationaux. Le plan est grandiose. Et personne ne peut songer sérieusement à le réaliser tel quel. Mais dans cette espèce de mythe, on retrouve, on reconnaît les linéaments de conceptions viables. L'attention est utilement attirée sur la nécessité et de libérer et d'organiser la puissance de l'esprit, pour aider le monde à retrouver son équilibre. Ce primat de l'intelligence, les disciples de Saint-Simon en devaient retenir la notion et en tirer diverses conséquences. Ainsi sont-ils amenés à ouvrir des voies où, depuis la guerre, on s'est à nouveau engagé. On s'est avisé que l'intelligence
H-:BILANUUSAtXT.StMONtSME
S~!
aussi méritait d'être défendue. On a constaté que dans le boulevcrsement de l'après-guerre les valeurs intellectuelles étaient menacées d'une baisse inquiétante. Non seulement parce que leurs gardiens naturels, ceux qui exercent des professions dites intellectuelles, étant moins bien organisés, risquaient de voir diminuer leur situation en même temps que leur tôle, mais encore parce que la pure culture, source pourtant de tant de richesses, risque de perdre, en même temps que les serviteurs dont elle a besoin, la place à laquelle elle a droit. Pour répondre à des préoccupations pareilles, se sont constitués, par exemple, la C. I. T. I., la Confédération internationale des travailleurs intellectuels, ou les Compagnons des professions intellectuelles. Or, sur ce terrain aussi, les saint-simoniens sont des précurseurs et pourraient être des guides. D'abord, parce qu'ils ont insisté sur ce fait que les conditions de la bonne production dans l'ordre intellectuel méritaient d'être observées avec autant de soin que dans l'ordre matériel – idée que MM. Otlet et Lafontaine, en Belgique, avaient reprise ou retrouvée de leur côté avant la guerre. Les saint-simoniens n'allaient-ils pas jusqu'à dire: « Il faut administrer le corps scientifique comme nous avons dit qu'on devait administrer le corps industriel, pourvoir aux besoins de la production et de la consommation intellectuelles par l'habile distribution des travailleurs, des travaux et des produits »? Retenons en second lieu qu'ils se sont toujours préoccupés de chercher les talents où ils sont. En ce sens, quelque défiance que leur inspire un égalitarisme intransigeant, ils sont les partisans de ce que les Français appellent l'égalité devant l'instruction et les Anglais l'égalité des chances au point de départ, des « opportunités )'. M. Vandervelde n'avait pas tort qui présentait M. Ernest Solvay, le roi de la soude, fondateur de tant d'entreprises de recherches scientifiques, comme un nouveau Saint-Simon, en le louant notamment d'avoir protesté contre les hasards de l'hérédité, grâce auxquels les uns sont jetés tout nus dans l'arène, tandis que les autres y entrent armés de pied en cap, et d'avoir prédit Il Aucun homme ne pourra vouloir pour les AHN.Uxtv.
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ANNALES DE L'UNIVERSITÉ
DE PARIS
débuts d'un autre cequ'il n'auraitpas voulu pour les siens. Dans cette course laborieuse de l'existence, la plus sérieuse de toutes, il y aura alors l'équitable égalité du point de départ. Nul partisan de l'école unique n'est plus sévère aujourd'hui pour les inégalités d'instruction au point de départ que ne le furent en 1829 les rédacteurs de la cinquième leçon de la Doctrine de ~<«~<MCM Non, sans doute, l'éducation, sans laquelle les vocations les plus prononcées sont frappées de stérilité, n'est pas accessible à tous sans distinction, mais c'est encore un privilège que donne la fortune, et la fortune elle-même est un privilège presque toujours en disproportion avec le mérite de ceux qui la possèdent. Le moyen de remédier à cette injustice si dangereuse pour le progrès social, ce serait sans doute un nouvel aménagement des divers degrés de l'instruction – et les saint.simoniens sur ce point, ne manquent pas d'avoir leur plan qui ferait une grande place, non seulement à une culture générale unifiante, mais à des préparations professionnelles de nature technique. Un palliatif, en attendant, ce serait une nouvelle organisation de « crédit intellectuel qui mettrait des avances à la disposition des talents. La revue le P~M~ qui a repris le titre de la revue de !82$, déclare justement, en consacrant un numéro à cet objet, qu'elle espère, avec les forces nouvelles fournies par le syndicalisme, ramener au jour et pousser dans la vie cette grande idée saint-simonienne. Bourses, prêts d'honneur, plus récemment caisse nationale des sciences, toutes ces institutions sont comme autant d'incarnations de cette même idée. Et c'est la preuve que notre politique intellectuelle, comme on dit quelquefois aujourd'hui, est, qu'on s'en doute ou non, tout imprégnée de saint.simonisme. Mais il va de soi que la partie essentielle, le cœur du saintsimonismc.est dans la politique industrielle. Pour mieux dire, et pour reprendre les expressions de Saint-Simon lui-même, aux yeux de ses disciples comme à ses yeux, la politique sans l'industrie est un mot vide de sens. Si donc il leur avait été donné de jeter un regard sur notre temps, ce sont assurément
LE MLAN DU SAtNT.MMONtSME
547
les efforts de l'industrie pour décupler sa puissance en s'organisant plus rationnellement qui les auraient le plus vivement intéressés. Et ici, il est facile de prouver qu'ils ont non pas seulement prévu et demandé, mais directement préparé les grandes opérations de coordination auxquelles nous avons assisté et qui se poursuivent sous nos yeux. Perceurs de canaux et poseurs de rails, disions-nous, la plupart desitaint-simoniens ont été hantés par des préoccupations d'ingénieurs. Ils ont été, eux d'abord, de hardis capitaines d'industrie. Nous avons signalé la part qu'ils avaient prise, en Égypte, à l'élaboration du projet du canal de Suez. L'idée avait été conçue par Fournel, adoptée par Enfantin, reprise par Michel Chevalier. L'honneur ne revint à aucun d'eux pourtant de faire passer l'idée à l'acte. Il fallut attendre Lesseps. Mais Enfantin pouvait justement dire, avec un mélange d'orgueil etde mélancolie « Sans doute il sera bon et juste que l'on sache dans l'avenir que l'initiative de cette réalisation gigantesque a été prise par ceux'là mêmes en qui le vieux monde ne voulait voir que des utopistes, des rêveurs et des fous. Mais fiez-vous à l'Histoire pour cela. n Plus connu est dès aujourd'hui leur rôle dans la création des réseaux de chemins de fer. Dès rSsô, dans le P~~f~Hr, Dubochet prédisait avec complaisance que les routes à ornières de fer seraientdes «sources abondantes de richesses et d'améliorations sociales », qu'elles entraîneraient une grande révolution dans l'état de la société, peut-être égale à celle qu'entraina naguère la navigation elle-même. Entre ï83o et t85o, les saint-simoniens revinrent vingt fois sur ces perspectives. Dans le .S~~MM de la Méditerranée, en 183z, Michel Chevalier s'enthousiasme en se représentant le réseau de fer qui va rétrécir le globe en l'étreignant. La même année, les frères Flachat préciscntleurs projets dans des Vuespolitiques et pratiques sur les travaux publics en France. Avec quelle intelligente énergie les Péreire s'attachent à faire aboutir ces plans, on peut le voir dans la longue série des volumes où
ANNAt.ESDE L'UNIVERStTEDE PARIS leurs écrits ont été pieusement recueillis. Aidés de collaborateurs où l'on retrouve bien une vingtaine de polytechniciens teintés de saint-simonisme, ils établissent en t832 la ligne en 1835, Alais-Beaucaire, en tS~a, Roanne.Saint.Étienne, Paris.Saint-Germain, et font voter, malgré l'opposition de Thiers qui manque totalement ici d'imagination, te projet de toi. Ils ne négligent d'ailleurs pas de préparer la fusion des compagnies particulières qui se sont créées pour l'exploitation des chemins de fer. Et Enfantin lui'mcme, devenu administrateur du P.-L.-M., se donne avec ardeur à cette oeuvre de coordination, caractéristique du génie saint-simonicn. tels sont bien en effet Coordination, voire concentration, les mots d'ordre des anciens collaborateurs du Producteur et de leurs disciples. Laisser les entreprises se multiplier et s'agrandir au hasard, sans lien entre elles, ne serait-ce pas le meilleur moyen de perpétuer l'anarchie industrielle? C'est pourquoi les saint-simoniens, à qui celle-ci fait horreur, sont sympathiques à toute entente qui permet, directement ou indirectement, l'augmentation du rendement, l'abaissement des prix de revient, la répartition des matières premières ou des marchés. Mais comment réaliser ces ententes elles-mêmes s'il ne se constitue pas des organismes commanditaires de l'industrie, comme disait Rouen dans le ~w/wc/~w dès 1826 pour mettre le crédit à la disposition des entreprises? D'où le rôle primordial des Banques dans la conception saint-simonienne le banquier, pour eux, est à l'industrie ce que le général est aux armées. Les Péreire, les plus pratiques de ces rêveurs, passent eux-mêmes à l'action. Ils créent en t85z le Crédit foncier, puis le Crédit mobilier. Veut-on voir comment ils justifiaient cette dernière création?" La pensée du Crédit mobilier, écrivent-ils, est née de l'insuffisance des moyens de crédit offerts à l'organisation des grandes affaires du pays, de l'isolement où ont été réduites les forces financières en l'absence d'un centre assez puissant pour les lier entre elles; elle est née du besoin sur le marché du concours régulier de capitaux nouveaux destinés à faire face au
LK BILAN DU SAtNT.StMONISME
s~9
développement du crédit public et industriel cUe est née de t'exagération des conditions auxquelles se faisaient les prêts de fonds pubUc<;et des difficultés qui en naissaient pour le placement définitif des meilleurcs valeurs elle cst née encore du besoin de centraliser le mouvement financier et administratif des grandes compagnies et notamment des capitaux dont chacune dispose successivement, de façon à ménager les ressources communes aussi bien au pru&t des compagnies qu'à celui de leurs nombreux actionnaires; elle est née enfin de la nécessité d'introduire dans la circulation un nouvel argent, une nouvelle monnaie fiduciaire, etc. Rarement vit-on pensée plus consciente de financiers organisateurs. On reconnaît ici le style de ceux qui devaient quaet d'autre part déclarer lifier la banque d*« âme économique que, dans l'ordre temporel, elle ne constituerait rien moins que le gouvernement. Dans quelle mesure ces pensées sont-elles aujourd'hui vivantes? Ces exemples ont-ils été suivis? Ces grands organisateurs ont-ils trouvé des successeurs qui, parfois les connaissant, parfois les ignorant, continuent teur œuvre de coordination ?1 On a longtemps répété que le Français, même en industrie, restait individualiste, incapable de respecter une discipline, de consentir et d'obéir à un accord; que, par suite, cartels et trusts seraient chez nous particulièrement difficiles à acclimater. Encore un thème à abandonner. Avant la guerre déjà, de grandes industries avaient réussi à constituer des sortes de syndicats – dont le Comité des Forges est l'exemple le plus et à faire vivre des ententes pour l'établissement fameux des prix et la répartition des commandes. M. Robert Pinot, dont on sait la compétence en cette matière, fait remarquer qu'on a longtcmps préféré en France, à la formule du trust ou du cartel, celle du comptoir, plus souple, plus adaptable à nos habitudes. Mais sous une forme ou une autre, sous un nom ou un autre, des ententes s'établissaient qui imitaient les laissez-faire. Pendant la guerre, on se doute bien que cette
K<t
ANNALES DE L'~NIV&RStTË
DE PAKtS
limitation se nt plus étroite. En se mettant « au service de la nation e, comme dit M. R. Pinot encore, les grands indus. trie!s étaient bien obligés de s'entendre entre eux en présence de l'État et sous son contrôle. Beaucoup pensaient, à vrai dire, que ce régime de guerre ne serait plus, la guerre finie, qu'un souvenir. Mais le désordre d'après guerre ne rendait-il pas àsontournécessaires les efforts d'organisation? M. Charles Rist, dans la ~M<<~<ww~7<~ rénovée, déclarait que nous avions plus que jamais besoin d'un bain de saint-simonisme. En fait, un grand travail de construction a été accompli. Ouvrons par exemple le livre de M. Villiers, qui date de t022, SUr/'C~MM.M/K~ des ~<y<'<W dans findustris /MHçaise. On y voit se constituer toutes sortes de groupements, non seulement professionnels, mais interprofessionnels et régionaux. Ils tendent à se fédérer et en même temps à se spécialiser. On les voit se coordonner pour agir sur le régime douanier, sur la législation ouvrière, sur l'outillage et les techniques, sur la formation professionnelle. Ils ont décidément passé du « caractère défensif Il au « caractère actif » et leur sphère d'action commune s'élargit chaque jour. Un pareil mouvement conduit les chefs d'établissement à constituer à leur tour une C~M/MM générale de la production franfaise, qui, utilisant les lois de 1884 et de tQO!, crée des « Unions » de toutes sortes, les classe, les fédère, les entraîne à s'attaquer ensemble aux problèmes non seulement d'ordre social et ouvrier, mais d'ordre économique et commercial, à tous ceux dont la solution intéresse en commun les « producteurs x. Ainsi, de toutes parts sous nos yeux grandissent des constructions nouvelles. Elles n'ont pas encore trouvé sans doute leur forme dé&nitive. Mais puisqu'elles sont bâties pour défendre l'industrie, par l'association, contre les effets anarchiques du laissez.faire, elles auraient réjoui les collaborateurs du /~c. ducteur et de ~<MM~/<w toute cette architecture est bien du style saint-simonien. Mais une organisation comme celle-là peut.elle se déve. lopper sans l'appui, sans le contrôle de l'État? Qu'il s'agisse
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de l'établissement des prix, du niveau des salaires, de la répartition des crédits, la puissance qui représente l'ensemble de la nation n'a't-cllc pas fatalement son mot à dire ? Les saintsimoniens l'auraient sûrement pensé qui tendent à faire de l'État, comme nous l'avons vu, le régulateur universel. Mais à la condition formelle, avons-nous ajouté, que l'État change ses méthodes, qu'il n'intervienne pas ici avec la lourde puissance coercitive qui est le legs de la politique, qu'il apprenne à administrer en gouvernant moins, c'est-à-dire, comme l'indiquait déjà Saint-Simon lui-même dans sa parabole des deux caravanes, à traiter moins les hommes en sujets qu'en sociétaires c'est-à-dire encore à admettre, dans l'administration de type nouveau, la collaboration des intéressés et des compétents. L'Étatisme à la manière saint-simonienne ne saurait être qu'un Étatisme mitigé, voulant exercer un contrôle, mais se posant à lui-même des limites, prêt à chercher des dirigeants en dehors des gouvernants, et à faire reculer la politique devant la technique. Mais ces formules mixtes, ces régimes hybrides, n'est-ce pas justement ce que notre temps cherche de tous côtés avec ardeur ? Syndicalistes et coopérateurs, juristes et économistes, ou de l' n économie partisans de l' « économie dirigée mixte )', démontrent la nécessité de ces formations nouvelles. Voici M. Maxime Leroy qui, l'un des premiers, annonçant l'avènement du quatrième pouvoir, le pouvoir professionnel, déclare compter sur celui-ci et sur l'action, non seulement de syndicats, mais d'offices de types divers, pour amener l'État à changer enfin ses méthodes d'administration régalienne. Voici M. Bernard Lavergne qui se réjouit de voir se constituer des entreprises de type coopératif où l'État, actionnaire, garde sa part de contrôle. Voici M. Jouhaux qui, lançant la formule de nationalisations industrialisées, reconnaît que tout en soustrayant les entreprises à l'anarchie de la concurrence, il faut éviter aussi de les laisser écraser par une bureaucratie étatique l'entreprise nationale de type nouveaudoit opposer ses méthodes à la fois, suivant lui, aux méthodes d'exploitation
ANALES DE L'U~tVERSHEDE PARIS individuelle et capitaliste et à l'administration bureaucratique traditionnelle des monopoles. Il convient, dira de son côté M. Léon Blum à propos des chemins de fer, de trouver un organisme sachant se défendre et nous défendre contre les retours offensifs de féodalité industrielle, mais employant pour l'intérêt public ce qu'il y a de fécond dans les méthodes d'intérêt privé. Voici enfin M. François Poncet, qui, inaugurant une des sessions de ce Conseil national économique –de tour assez saint-simonien, dit Maxime Leroy où des représentants du travail, du capital, de la production, de la consommation sont appelés à collaborer avec des représentants de l'État, met en lumière la série de faits nouveaux dans l'ordre économique qui amènent au glissement du plan individuel vers le plan général, du plan national vers le plan international, du plan de la liberté économique vers celui de l'ordre économique. Devant l'amplitude des transformations incessantes aux répercussions imprévisibles qui sont la loi du monde économique contemporain, l'État, ajoute-t-il, doit être arbitre, régulateur, conciliateur, directeur. I! importe que nous ne retombions pas dans les errements d'économie classique. Il nous faut une économie qui ne se rapproche point de l'économie socialiste, mais qui s'éloigne de l'ancienne économic libérale. Dans sa recherche de ce système, hybride et intermédiaire, que le sous-secrétaire d'État de l'Économie nationale soit comme hanté, lui aussi, par des souvenirs saint-simoniens, il en donnera la preuve devant la Chambre en définissant les tendances qui doivent être, selon lui, celles du capitalisme moderne, d'un néo-capitalisme pénétré de la notion de sa responsabilité sociale, du sentiment de la solidarité de tous les éléments de la production. « Ce capitalisme, ce n'est pas la réaction, nous avons la conviction, au contraire, que c'est le progrès, que c'est l'avenir, l'avenir qui doit rénover et féconder la notion de politique et nous enseigner que, comme l'avait annoncé Saint-Simon, la politique, demain, ce ne sera plus autre chose que la science de la production.
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Beaucoup parmi les organisateurs dont nous résumons les tendances font du saint-simonismecommeM. Jourdain faisait de la prose, sans le savoir. Mais il n'en manque pas on vient de le voir par quelques exemples qui sont conscients de la tradition qu'ils veulent faire revivre. Tant et si bien que, pour donner corps à cette volonté, un groupe s'est constitué, un organe a été créé qui a repris tout exprès l'antique enseigne des premiers disciples de Saint-Simon peu de temps après la guerre a paru un nouveau f/c~Mc/cw. Soutenu par des ingénieurs, des financiers (parmi lesquels, comme naguère, des polytechniciens) et des intellectuels, ce Producteur se place solennellement sous le patronage de Saint-Simon. Non sans doute qu'il adopte intégralement le patrimoine traditionnel du saint-simonisme. It en retranche et il y ajoute. Il y ajoute, par exemple, une apologie de l'individu inspirée, semblet-il, et des attitudes de Stendhal et des batailles de M. Bédicr contre les abus du romantisme en matière de littérature épique – qui est difficile à concilier avec ce qu'on peut appeler déjà le sociologisme des saint-simoniens, aussi net chez les disciples que chez le maître. Mais pour le problème qui nous occupe actuellement, rapports de l'économique et du politique, – les collaborateurs du nouveau Producteur sont bien d'accord avec l'esprit de l'ancien. Qu'on ne nous demande nos opinions ni en politique intérieure ni en politique extérieure. Pour le moment du moins, nous ne saurions répondre que d'une manière détournée par des mots tels que charbon, azote, engrais, houille blanche, crédit, bureaux d'organisaM. Francis Delaisi, tion, culture technique,culture générale. qui reprend avec enthousiasme cette déclaration dans la préface de son livre sur le Pétrole, y semble voir, en effet, une sorte de déclaration de guerre à la politique et à l'intrusion de ses concepts désuets dans le monde des affaires. La Chambre des députés, dira M. Darquet, est un musée de doctrines. Un député est un homme-doctrine. Il s'agit donc, en s'appuyant sur la tradition saint-simonienne, de refouler les « doctrines de faire taire les jeux et les batailles d'opinions
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pour mettre en présence les hommes ou les organismes qui de façon « franche et ouverte » représentent les intérêts et possèdent les compétences. Une fédération de bureaux techniques et de groupements professionnels, c'est peut-être la forme que prendra, selon ce système, l'État de l'avenir. II y a une chose, à vrai dire, qu'on paraît oublier dans cet organisme néo-saint-simonien, ou du moins qu'on passevolontiers sous silence c'est la question sociale elle-même, c'est le problème de la situation faite aux travailleurs et spécialement aux masses laborieuses salariées par l'industrie. Les auteurs croient-ils que l'amélioration du régime de la production entraînera une amélioration suffisante des conditions de vie de tous les producteurs, jusqu'au plus humble manoeuvre? En tout cas, tels d'entre eux paraissent compter sur leur programme d'organisation pour enlever le mouvement ouvrier à l'emprise du socialisme. Le Bureau technique, déclare M.Darquet, ne connaîtra plus la distinction des classes. L'ouvrier porteur d'unprojet y trouvera du crédit aussi bien qu'un autre. Ilaurad'ailleurs sa place marquée dans Ie"syadicat des épargnants M. Que lui reste-t-il à réclamer en tant qu'ouvrier? Ainsi, c'est un saint-simonisme édulcoré qu'on voudrait faire revivre, privé de tout ce qui faisait la portée réformatrice des leçons de l'2?:)~<w/tM de la Doctrine. Mais on sait assez que, pour recueillir ces germes, d'autres héritiers se sont rencontrés, et au premier chef le parti socialiste S. F. I. 0. Parti essentiellement marxiste, direz-vous. C'est au ~<MM/e~/<cMMWK~M/e, au 6' à I'<-Z)M~ qu'il emprunte ses thèses. Et il y reste fermement attaché, en raison même des succès de propagande que la répétition de ces « dogmes lui a valus. Il ne voudrait pas, dirait on, boire à d'autres sources. C'est possible. Mais la source où il boit est alimentée elle-même par des lacs plus haut placés dans la montagne. Le marxisme est pour partie unerééditiondu saintsimonisme. Marx a été particulièrement sévère pour les saintsimoniens "Moitiéprophëtes, moitié escrocs. )'Est-ce peutêtre justement parce qu'il sentait leur devoir beaucoup? En
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tout cas, il ya longtemps que Ch. Andler a montré dans son <~M magistral C<M<WMM/<KM Manifeste communiste qu'on y voit affleurer toutes sortes de notions élaborées par les rédacteurs de 1'<M~<M< de la Z~WM. Étudiant les passages où Marx et Engels représentent les ouvriers comme les héritiers du serf, du p!ébéien, de l'esclave, ou ceux où ils dénoncent les méfaits de l'anarchie industrielle, il peut écrire « Bazard est ici la source constante du ~a~t/f~. u Il va sans dire que, pour constituer le stock des traditions socialistes, beaucoup d'apports divers s'ajoutent à l'apport saint-simonien. Les disciples du messie-gentilhomme, fiers eux-mêmes de leurs capacités, persuadés que la production ne saurait s'organiser sainement que par une hiérarchie portant les talents à son sommet, ne sont nullement « ouvriéristes », comme on dit aujourd'hui. Ils ne sont même pas démocrates. Ils ne sont pas, a/c~M/t, révolutionnaires. L'organisation dont ils rêvent, celle qui leur paraît avant tout indispensable, c'est une organisation par en haut plutôt qu'une organisation par en bas. Ils ne voient pas tout de suite dans l'entente des prolétaires une condition detransformation de la propriété. De même, ils ne semblent pas attribuer grand intérêt, pour l'application des réformes qu'ils méditent, à la pression exercée par les peuples sur les gouvernements. Enfin, l'idée d'un coup de force monté par des prolétaires décidés et décrétant la révolution leur ferait horreur, si seulement elle pouvait se présenter à leur esprit comme une possibilité sérieuse. C'est sous d'autres influences que ces trois éléments l'ouvriériste, le démocratique, le révolutionnaire s'incorporeront à la doctrine socialiste. Il n'en reste pas moins que lorsque celle-ci veut, non pas seulement critiquer le libéralisme classique, mais esquisser un plan d'action constructive, elle se retourne naturellement vers le saint-simonisme. N'est-ce pas précisément sur les préoccupations qu'ils ont héritées de lui que les socialistes s'appuient pour se distinguer des partis qui ne sont que démocrates et qui semblent compter, pour réaliser les réformes exigées par
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les prolétaires, sur la manière forte chère à la politique jacobine ? L'un des jeunes orateurs les plus écoutés des Congrès socialistes, Marcel Déat, opposant justement socia!istcs et jacobins, faisait observer que les socialistes avaient avant tout à s'inspirer de la tradition saint-simonienne; elle veut qu'on prépare l'administration des choses par toutes sortes d'organisations, qui, n'étant pas sous la coupe de la politique, ne sauraient user de ses méthodes et ne peuvent utiliser t'Ëtat qu'en le transformant. Il est vrai qu'en prenant cette position, le nouveau leader ne fait pas seulement pièce aux radicaux-socialisants. Ses balles atteignent par ricochet tels membres de son propre parti qui, se contentant de répéter les dogmes propres à ameuter les masses prolétariennes, semblent croire que du jour où celles-ci auraient conquis te pou voir, soit par te verdict des urnes électorales, soit de haute lutte, tout serait gagné, les fours seraient chauds et le pain cuit pour le socialisme. II y faut, selon l'auteur des P~e/w~ socialistes, une tout autre préparation. I) y faut la collaboration non seulement des syndicats, mais des coopératives, et non seulement des ouvriers, mais des paysans. A élaborer les plans nécessaires à cette action positive, M. Déat se trouve amené à préparer une sorte de néo-sociatisme sous le signe du saint.simonismc, comme M. François-Poncet sous le même signe semblait préparer un néo-capitalisme. Et peut-être, en effet, les luttes et les accords de ces deux forces – néo-capitalisme et néosocialisme – sur un terre-plein formé d'alluvions saint-simonicnnes, c'est la partie capitale, c'est le nœud du drame confus qui se joue sous nos yeux. C. BOUCLÉ, Professeur à la Faculté des Lettres, Directeur adjoint de t'Ëcote Normale supérieure.
Vie Scientifique TRAVAUX
ET
PUBLICATIONS'
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PHILOSOPHIE M. René devant
LE SEXXK. – Devoir. Thèse pour la Faculté des Lettres. Paris, toh
le doctorat
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Ce livre se présente comme une application de la méthode philosola méthode de la description de phique, qui peut être appelée conscience, et qui doit inspirer la philosophie, en tant que celle.ci est un effort vers l'intériorité spirituelle. L'idéalisme absolu y prépare, puisqu'il consiste, par exemple sou, la forme hamelinienne, a anéantir tout ce qui pourrait être posé en dehors de l'esprit. Mais une doctrine n'échappe pas a ce défaut de remplacer la conscience par une projection objective d'elle-même et. quelque valeur que l'on accorde a un système de catégories, il ne peut être présenté comme équivalent a la conscience compt'-tt-. puisque, de l'aveu même de celui qui le dégage, il résulte d'une purification faite par la conscience a l'intérieur de soi. Contre t'abstraftion d'une doctrine catégorialc, la tradition française, qui de Biran a mené à la philosophie bergsonienne, a l'avantage, extrêmement préde cieux, ramener la conscience vers l'intuition de son dynamisme concret. Mais il semble que ce mouvement, par lequel ce qu'il y a dans toute conscience est systématiquement d'analytique déprécié intuitive d'une durée sans coupures, est par rapport à la continuité encore le résultat d'un parti pris de conscience; et que, par conséquent. t ce souci de ne par fidélité même aux enseignements bergsoniens, pas substituer au récl, tel que nous le donne l'expérience de nousm6me, une image de ce réel qui soit a la fois idéale et fictive, il faut chercher dans nos démarches les plus intimes comment s'oppo. sent et se composent ces opérations, dont les philosophies sont toujours des expressions partiales. Cette recherche peut être mise sous le patronage de Kauh, puisque, à propos de la recherche morale, il a montré, aussi nettement qu'' la réalité est une expérimentation possible, que s'orientant ettc.memc. E~t toujours
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t. Les résumés des thèses ont été établis par les auteurs eux-mcmes; taredacttondes/tHMO~ne prend pas, non plus que les Facultés, la resdes ponsabilité opinions émises dans ces thèses et dans ces résumés. Un vol. Alcan, Paris, )o3).
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ANNALES DE ~UNtVERSH'Ë
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nous impose. Elle oe permet personne d'attendre. Sans doute, elle est aussi peu favorable que possible & l'examen de soi. Cela n'en dispensera pas. Rien n'assure que la philosophie doive être facile; et la facilité ne peut être que la jouissance d'une construction, que la recherche qui sort de l'urgence doit d'abord avoir fi ta fois décou. verte et créée. Qu'y a-t-il au principe de l'urgence?Ce ne peut être qu'une multiplicité inconsistante, ou, comme l'on peut dire, une contradiction la intérieure, de la contradiction pour distinguer absolue, qui ne peut devenir une exigence de recherche, puisqu'elle est une interdiction pour tout être d'apparaitre. La contradiction dont le et la xouKrance sont les éprouvée, problème formes les plus générales, est l'expérience cruciale, qui s'offre à l'examen philosoelle n'est pas cruciale en ce qu'elle décide, mais en ce qu'elle phique inquiète. L'analyse de cette expérience, considérée d'abord indépen. <tamment de la réaction de la conscience, qui, en tant qu'elle réagit sur son contenu, devient volonté, puis la reconnaissance des manières les plus usuelles dont elle joue avec lui composent la première partie du livre. Conformément à la méthode indiquée, cette étude ne cherche pas à obtenir une évidence logique, qui est cette impossibilité de ne pas affirmer que la démonstration prétend produire. L'évidence logique n'est qu'un cas assez particulier, on pourrait presque dire profes. de l'évidence sionnel, vécue, par laquelle une conscience se reconnait ctte-meme dans la description d'un procès de conscience, faite ou non par autrui. L'analyse de la contradiction intérieure parait bien imposer à celui trois conclusions qui l'entreprend importantes t" La première est celle de sa propre existence. Le sujet se retrouve dans le doute et te matheur car l'incompatibilité entre deux détermide nations l'objet vérifie l'impossibilité pour nous de nous reposer sur un déterminisme objectif comme sur un monde auquel t'unité de la nécessité imposerait la cohérence. Dans la contradiction intérieure, le sujet qui le sent se trouve dans ce sentiment. Par l'objet avorte cette le sujet se reconnaît comme destiné à la rapport expérience, recherche; et, par suite, toute philosophie qui prétend être vraie, en tant qu'elle exclut la contradiction dans le système qu'elle propose, doit lui apparaître comme idéale par rapport à celle que l'homme vit. Le sentiment ininterrompu de la présence de la contradiction intérieure au cours de notre vie est fait pour favoriser la liberté de l'esprit en empêchant le sujet d'abdiquer en faveur de n'importe quel objet. La pure fruition de l'être nous est interdite nous devons chercher ou mourir. Sous ce premier aspect de sa condition, ta conscience se sent menacée d'une détresse tragique et le pessimisme absolu, qui est au delà du pessimisme philosophique, puisque cetui'ci enveloppe encore quelque espoir dans la pensée, serait justifié par le désespoir de la conscience, si la contradiction éprouvée ne portait son remède avec elle. Une dualité ne peut être inconsistante que si le sujet qui porte les contradictoires discerne, grossit, prolonge au sein de cette dualité une invitation à les unifier, dans laquelle il faut reconnaître te devoir. La recherche y sera indispensable, puisque des contradictoires ne
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le devoir ne peut donc être peuvent être unifiés sans remaniement ou mieux à traité comme une nécessité qui ferait perdre à l'individu, la personne, cette conscience aiguë de soi qu'elle vient de trouver dans le problème et la souffrance, du dynamisme de la conC'est le devoir qui est l'inspirateur science. Celle-ci est rationnelle dans son fond en tant qu'une exigence mais la raison sollicite le vouloir, elle ne d'organisation l'inspire mais quand peut en dispenser. Le sujet pourra toujours se décourager il voudra, ce qu'il fera vérifiera la réalité du devoir. Il est avant le temps, car la succession ne fait que manifester cette exigence d'altéles catégories, qui sont des impératifs, ritc, qui est un de ses aspects et de nouvelles le spécifient spécifications sont toujours possibles. 11 fallait qu'il en fût ainsi, pour que la moralité eût un sens, car si le développement de la conscience était autre chose que le résultat voulu par elle à chaque instant d'une puissance d'infinité qui lui est elle ne pourrait être que t'cpi phénomène absolu consubstantielle, d'un être en soi,c'est'a-dire rien. Au contraire, si le devoir se propose, des difficultés, sans même la médiation des moralistes, a l'intérieur que tout le monde connaît, humbles ou graves, il révèle à tous une destinée d'épanouissement qu'il dépendra de chacun de poursuivre, en en faisant, sous une forme toujours originale, sa vocation. 3" Cette universalité concrète du devoir interdit qu'à la manière de beaucoup de moralistes, on coupe entre le devoir et le reste de la vif. Il n'y a pas un domaine du devoir, comme il y a un domaine de la ou du sport. L'idée du devoir, les règles et les fins météorologie abstraites qui la spécifient sont des moyens pour faire le devoir, mais elles ne suffisent pas à constituer l'acte ou plutôt la manière de vivre qui est le devoir même. Dans la morale comme dans la science, la valeur ne peut se réduire à l'actualité objective des indicatifs ou des impératifs posés: elle est la relation secrète qui les unit au principe infini de tout acte de conscience. Il en résulte que la moralité n'o~t jamais dans l'application d'une règle, dans l'identité pure d'un acte à la fin qui le faisait présumer elle est satisfaite par la nouveauté absolue, qui dans l'acte a pu être atteinte grâce à la règle, mais toute moralité est une qu'elle ne connaissait pas. C'est pourquoi jeunesse absolue. Pour vérifier la fécondité du devoir, il convenait de reconnaître les fonctions jyM<A<<<y«M,qui, plus concrètement principales que les les fonctions abstraite:. catégories, spécifient son exigence d'union la science et la morale, inspirent la conqui sont la métaphysique, science analytique les fonctions concrètes, qui sont la religion et l'intensité et les modes de la conscience intuitive. l'art, fournissent La deuxième partie du livre se propose de préciser les fins propre de chacune de manière à montrer en quoi chacune est indispensable à l'épanouissement de la conscience, et par suite insuffisante. La condition normale de la conscience sera leur querelle, tout au moins dans la mesure où elle ne saura pas refaire leur harmonie et assurer leur collaboration par la solution successive des problèmes qui sortent de leur conftit. Au cours de ce travail, la personne se fait. C'est parce qu'elle ne doit jamais cesser de se faire que l'objet qu'elle pro. duit, quand elle réussit un acte, doit garder cette invincible caducité
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ANNALES DE L'UN!VERS!TÉ DK PARIS .I_ .t.lu Dans te mouqu'exprime lc deuxième principe de thermodynamique. vement même par lequel elle crée, quand elle réussit à créer, elle trouve cette communion avec l'exubérance créatrice de la conscience univfrselle, qui est a lt fois la connaissance vraie et le bonheur. Il suffit, ea effet, que la conscience, ainsi enfermée entre la soufl'une de l'autre comme la contrafrance et le succès, inséparables diction et l'unité, la conscience qui se sent limitée et particulière dans le succès, se voie, quand le devant la souffrance et triomphante est du de vue de son triomphe, pour que ces succès obtenu, point analyses descriptives puissent être converties en affirmations métaphysiques. De même que la métaphysique ne peut consister à sauter de consciente dans un ultra'monde qui ser:m absolument l'expérience Uieu extérieure toute ne être connaissance, peut pour la conscience qu'elle-même dans son infinité sans entraves. Elle le conçoit par l'acte même par lequel elle se conçoit car elle ne peut se concevoir sans croire qu'elle est et quand elle affirme qu'ctte est, elle affirme aussi que la conscience est supérieure à toutes les choses finies, par conséquent que Dieu est. L'affirmation de l'existence de Dieu est identique & la foi de la conscience en elle-même, dont le devoir est le principe. L'intériorité de la personne divine par rapport à toutes les personnes des entravées et troublées, qui constituent la société transhumaine entrainera d'un consciences particulières, l'hypoth&sc métaphysique de la conscience universelle. Mais tous ces mots fractionnement n'ont de sens et de valeur qu'en tant qu'ils expriment des opérations de de toute conscience éprouvées possible. Issue de l'expérience l'urgence, après avoir passé par l'expérience de l'analyse, la théorie de la moralité doit venir s'achever dans l'expérience d'une conviction, qui ne diffère de la certitude que pour permettre le renouvellement à la fois de ce même procès, au cours duquel se fait l'épanouissement rationnel et libre de la pluriconscicnce universelle. Ces considérations conduisent a des règles qui peuvent définir l'éduCelle-ci cation. s'opposera à la fabrication objective d'une nature, de la même façon que la préoccupation de respecter la subjectivité personnelle à son remplacement par un système. Un éducateur doit d'abord inquiéter, pour que son élevé se trouve lui-même dans les problème!: a résoudre. Mais il y a perversité chaque fois qu'on crée une inquie. tude d'où ne peut sortir que la destruction. II faut, pour orienter le souci vers le bien, qu'une espérance y soit montrée c'est ~ow~«~. à sa le il faudra aider la en mettant recherche, Enfin, disposition méditations. Mais ici plus d'idées possible et de choses utiles ses ['éducateur, qui ne doit pas être un dictateur, car la dictature ne peut obtenir qu'on invente par ordre, est rappelé à la modestie tout d'autrui n'est rien si celui qu'il essaye <-f: qu'il offre à l'invention d'encourager n'intègre ce qu'il reçoit dans un acte créateur. Aucun ou de progrès objectif, de la science ou du droit, de la métaphysique la religion, ne pourra dispenser de la moralité. Chaque personne se fait le monde qu'elle veut, tragique ou tendre, discordant ou harmonieux.
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SCïEMTtFtQUE
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H!BT<MRB DE L'ART M. ~t.!)! L.tMBERT. – ~'af< g~tt/Mf M ~.<~ ««.< .V/ « ~< j<M~ Thèse pour le doctorat soutenue devant la Faculté des Lettres. Paris, to3t. L'histoire de l'art du moyen âge en Espagne est une des plus atta. chantes qui soient. Mais elle est aussi extrêmement complexe, et c'est pourquoi elle est encore asaez mal connue. Les formes d'art qui se sont succédé pendant plus de sept siècles sur le sol de la péninsule hispanique tiennent à la fois par leurs origines à tout l'Orient médi. terranéen et à tout l'Occident médiéval. Du huitième au onzième siècle, c'est surtout l'art musulman d'Andalousie, puis des État' issus dans le Sud et dans l'Est du démembrement du califat de Cordoue, qui a brillé d'un vif éclat en se reflétant plus ou moins jusque dans les églises asturiennes et mozarabes. Aux onzième et douzième siècles, un art roman trës varié s'est répandu dans les royaumes chretiens du Nord et de l'Ouest, où il a pris bientôt un accent local souvent fort marque, tandis que l'Andalousie demeurée musulmane donnait naissance aussi dans l'Afrique du Nord à l'art tnut récemment étudié des mosquées almoravides et almohades. Enfin, de la fin du douzième à la fin du quinzième siècle. tandis que l'Islam hispanomaghrébin crée encore l'art délicat de l'Alhambra de Grenade ou des médersas de Fes, l'Espagne chrétienne adopte, puis nationalise l'art SOthtque, et celui-ci se combine avec la technique et la décoration musulmanes pour donner l'art dit », dont les variétés très diverses représentent en Espagne un mudejar véritable art national. Après avoir étudié pendant cinq ans sur place tous ces aspects de l'art médiéval hispanique, M. Lambert a choisi comme sujet de thèse l'histoire de l'introduction et du développement de l'art gothique en Espagne au douzième et au treizième siècle, en s'attachant surtout a rechercher quelles régions de France en avaient fourni les modèles. bon livre s'ouvre par une large introduction qui retrace l'histoire de l'art espagnol du huitième au douzième siècle et définit les conditiondans lesquelles l'art gothique a pu se développer en Espagne. Ensuite l'ouvrage se divise tout naturellement en deux parties, dont chacune commence, pour plus de clarté, par un chapitre résumant ce qu'il est nécessaire de savoir sur les monuments français pour bien comprendre les monuments espagnols, et où sont étudies successivement les premiers monuments espagnols à voûtes d'ogives, les monument'. puis proprement gothiques d'Espagne. Ce sont, d'abord, des éléments isolés d'architecture qui sont venus se mélanger avec des traditions romanes existantes dans les difdéjà férentes régions de la péninsule hispanique; et c'est ainsi que dans les Etats de Castille et de Lcon ou dans le nord-est de l'Espagne la vonte d'ogives est apparue en premier lieu dans un grand nombre de monuments qui ne rappellent qu'en partie ceux de France, et dont certains constituent des groupes assez nettement marques. Comme à 1 époque romane. l'Aquitaine et la Bourgogne ont, plus que toute autre région de France, inspiré séparément ou simultanément ce qu'il ). Un vol, in-4, Henri Laurens éditeur, Paris, a 1 )o3t. · Atttt.UMV.
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y a de nouveau dans ces premières «-uvres qui constituent dans la péninsule une véritable architecture de transition. La Bourgogne, qui est alors elte-mctne très fortement inNuencéc par l'art de t'He-deFrance, exerce en Galice une action prépondérante, mais métaagée :< cette du Sud-Ouest et à la tradition locale, dans l'oeuvre de Mattre Mathieu Compostelle et dans l'abbatiale de Carboeiro comme dans les premières églises cisterciennes de cette région, l'admirable et complexe ensemble des sculptures du Porche de la Gloire reste une œuvre isolée autant qu'exceptionnelle où le souvenir des portails de Vézelay et d'Autun ne doit pas être négligé. Les influences bourguignonnes se marquent seules à Avila, ott elles se sont superposées à une architec. ture romane d'origine aquitaine, et où des circonstances spéciales donnent à la cathédrale de cette ville une originalité singulière. Dans l'ancien royaume de Léon, à Zamora, Satamanque, Toro, Ciudad. Rodrigo, Plasencia, l'action du Sud-Ouest de la France se combine curieusement avec des traditions hispano.mauresqoes, et c'est ce qui explique le caractère étrange et puissant des « cimborios n de ce groupe d'églises. Le long du chemin de Saint-Jacques, depuis la Navarre jusqu'à la région léonaise, l'influence aquitaine s'est également répandue, et on la constate en particulier a Estella, à Santo Domingo de la Calzada, à Sahagun, avec, dans cette dernière église, une couleur mudéjare aussi marquée et aussi facilement explicable que dans certaines constructions cisterciennes voisines. Le développement vers le même moment de l'ordre de Clteaux a contribué plus qu'aucune autre cause à répandre dans les mêmes régions les mêmes influences artistiques. Dans le nord-ouest de l'Espagne, où les moines de Saint-Bernard ont parfois construit des églises d'un caractère local encore très net, la filiation bourguignonne de leurs abbayes expliqueque l'architecture de celles-ci ait été surtout inspirée par cette de la région française d'où l'ordre était originaire. Dans le Nord-Est, au contraire, où d'étroites relations unissaient les monastères à ceux du Languedoc, l'influence de la Bourgogne a été transmise par l'intermédiaire du midi de la France en même temps que se faisait sentir l'influence propre de cette dernière région. Et bientôt, de même qu'à l'époque romane les Clunisiens avaient fait du Languedoc et du nord de l'Espagne une seule et même province artistique, l'action des Cisterciens a fait élever dans le midi de la France, en Castille, en Navarre, en Aragon et jusqu'en Catalogne, les nombreuses oeuvres d'une école que M. Lambert appelle hispano-languedocienne et qui est devenue à son tour en Espagne une véritable écotc indigène. Le développement considérable de cette école dans tout le nord.est de l'Espagne, où elle a élevé des teuvres aussi importantes que les eathé dralesde Tarragone et de Lérida, n'avait pas encore été mis en valeur. pas plus que ses caract6rcsn'avaient été définis. H y a lit dans l'histoire de l'art médiéval un phénomène d'expansion artistique qui n'est comparable qu'avec )<' développement de l'art roman originaire de Normandie en Angleterre à l'époque de Guillaume le Conquérant. C'est seulement pendant la première moitié du treizième siècle que l'art proprement gothique importé du nord delà France apparaît enfin dans le royaume de Castille et de Léon. Les origines françaises de cet art sont également diverses et parfois complexes. Dans un premier groupe de monuments qui n'avaient encore été étudiés qu'imparfaite-
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ment, c'est, semble-t-il. la Bourgogne qui a transmis en Espagne une forme nouvelle d'architecture qu'elle venait de recevoir ette-mcme de la région de Laon et de Soissons. Ce groupe comprend la cathédrale de Cuenca, ta plus ancienne probablement des cathédrales vraiment gothiques d'Espagne, celle de Sigilenza, où une première église de l'école hispano-languedocienne a été surélevée d'un étage dans le style nord de du Ii France, et les abbayes cisterciennes de Santa Maria de Huerta et de Las Huelgas, qui ont conservé à côté de leurs églises constructions d'importantes monastiques. A Tolède et à Burgos, les cathédrales célèbres et si différentes entre elles de ces deux villes ont été inspirées d'abord par les cathédrales que M. Lambert appelle franco-normandes de Paris, Bourges, Le Mans et Coutances; puis ce style gothique français a reçu bientôt à Tolède un accent local d'oh. gine en partie chrétienne et en partie mauresque, tandis qu'à Burgos l'inspiration française restait jusqu'au bout très pure, mais en se nuançant de l'imitation de modèles nouveaux. Ceux-ci étaient fournis par l'art franco-champenois, qui venait de trouver à Reims sa plus comet plète expression, qui, après avoir inspiré à Burgos la composition des façades et la sculpture des portails, a été exactement imité en Espagne à la cathédrale de Léon, comme dans l'extrême sud de ta France, a celle de Bayonne. C'est à Burgos que l'on trouve pour la première fois en Espagne un grand ensemble de sculpture gothique; et seul l'atelier de Léon peut être. au sud des Pyrénées, comparé pour ta fécondité de ses imagiers à ceux des cathédrales françaises. Cet art gothique importé du Nord, si complexe par ses origines, s'est heurté en Espagne à de bien plus fortes résistances locales que l'art roman ou l'art qu'on peut appeler de transition. Il a trouvé presque partout en face delui un art mudéjar que la reconquête de l'Andalousie a rendu bientôt très puissant et qui se maintiendra dans les combinaisons les plus variées jusqu'à une époque avancée du seizième siècle. Mais, malgré les circonstances défavorables, l'architecture proprement ogivale ne s'en est pas moins acclimatée à son tour en Espagne. San; doute elle ne s'est guère répandue que dans une zone relativement res. treinte par rapport à celle où s'était développé l'art roman en dehors de la Xavarre et de la Catalogne, où des influences nouvelles sont venues seulement vers l'extrême fin du treizième siècle et au début du contribuer a la formation d'autres centres d'art gothique, quatorzième les monuments de Burgos ont inspiré à des artistes locaux de nombreuses œuvres, groupées pour la plupart en Vieille Castille, dont la plus importante et une des plus anciennes est la cathédrale d'Osma. Les Cisterciens qui avaient déj& contribué à l'introduction de l'architecture gothique septentrionale à Santa Maria de Huerta et à Las Huelgas, comme sans doute à Cuenca et a Siguenza, ont joué un rôle actif dans la diffusion de cette même forme d'art particulièrement qu'ils ont portée avec eux non seulement en Castille, mais encore en Aragon et jusqu'en Andalousie. Vcr« la fin du treizième siècle et au début du quatorzième, le rote des Cisterciens est terminé, de nouveaux ordres religieux prennent leur place, et d'autres influences artistiques vont se faire sentir. A l'est de la péninsule, les rapports de la Catalogne avec le Languedoc et la puissance grandissante du royaume aragonais expliquent le développement jusqu'à Valence et aux Baléares d'un art ogival original et
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fécand qui dérive dans son principe des grandes églises méridioMtcs françaises comme celles de Narbonne, de Toulouse, de Carcassonnede ou d'Albi. Vers l'ouest, les rois de Navarre appellent à Pampelune nombreux artistes français et flamands qui font de cette capitale un nouveau foyer d'art gothique au sud des Pyrénées, et dans tes provinces basques comme le longdu chemin de Saint-Jacques jusque vers artistique Burgos, cet afflux nouveau vient prolonger l'effet du courant alors une Léon. C'est qui s'était fait sentir précédemment jusqu'à de l'art période nouvelle qui s'ouvre en m6me temps dans l'histoire espagnol comme dans l'histoire générale de la péninsule hispanique.au L'art gothique de Navarre, de Castille, de Catalogne et d'Aragon de l'art quatorzième et au quinzième siècle, les formes successives musulman et mudéjar pendant la même période, et enfin l'art si typiftoraison quement espagnol qui s'est épanoui dans une somptueuse au temps des Rois Catholiques mériteraient a leur tour de se voir con. sacrer plusieurs autres volumes. Entre l'époque préromane et romane et celle du gothique rayonnant et flamboyant, c'est au douzième et au treizième siècle que l'art espagnol et l'art français ont eu au cours de leur longue histoire les plus étroites relations. Telle est la conclusion de qui ressort de la thèse de M. Lambert. Il faut y ajouter, et l'auteurartis. ce livre a déjà commencé à le montrer ailleurs, que tes échanges à cette période, tiques entre les deux pays ne doivent pas être limités mais se sont poursuivis dans l'un et l'autre sens pendant tout le moyen âge. DROIT Droit constitutionnel M. Georges BuROBAU. – Essai d'une </t<t<- de la 'wwM des lois Thèse pour le doctorat /M«f< MW~M/M~M M droit soutenue devant la Faculté de Droit. Paris, to3t. Sous le titre d'< Essai d'une théorie de la revision des lois consti. étude du pou. tutionnelles)',la thèse de M. Burdeau est en réalité une est l'introduction voir constituant. La question que pose l'auteur dès la suivante: Qu'est-ce que le pouvoir constituant? Est-il une puissance extérieure à l'ordre juridique ou, au contraire, n'est-il pas juridique existante plutôt un pouvoir conditionné par l'organisation et dont l'action consiste a modifier cet ordre selon une procédure et des formes déterminées à l'avance ? Selon M. B., c'est seulement en envisageant le pouvoir constituant Le droit dans ce second sens que le juriste peut en aborder l'étude. lieu ne peut se concevoir que dans un État formé, il n'y a donc pas ont contnbué à d'examiner, dans une étude juridique, tes forcesdequil'État n'est qu'un la formation initiale de l'État cette naissance M. B. remarque fait insusceptible de qualification juridique. Cependant, du la définition pouvoir que la plupart des auteurs utilisent, apour cette opération originaire de constituant, des éléments empruntés concréation de l'État, et associent, sous le même terme de pouvoir cette confusion? Elle est stituant, le droit et le fait. D'où provient redevable à l'apparition simultanée de deux problèmes qui, posés
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ensemble avec un manque suffisant de clarté, ne permirent pas que leurs données fussent nettement séparées. Lors des premières Assemblées de la Révolution on créait un ordre juridique qui ne se rattales représenchait pas à l'ordre juridique de la monarchie déchue le se considéraient comme tants chargés d'exercer pouvoir constituant comme elle, ils tes remplaçants de la nation ette-mëtnc, indépendants à l'exercice du pouvoir constituant l'idée unirent tout naturellement d'une volonté inconditionnée qui vaut comme cette de la nation. Il était des lors facile à prévoir que, lorsque l'acte constitutionnel étant achevé, on en arriverait à poser tes conditions selon lesquelles il pourdans rait être modifié, tes esprits se reporteraient aux circonstances la constitution était en train avait été élaborée l'on de que lesquelles parfaire en établissant tes modalités de sa revision. Par une vue de l'esprit purement gratuite, on identifiait la revision effectuée dans le cadre d'un ordre statutaire antérieur à l'acte par lequel avait été issue d'une agitation révolutionnaire. établie la première constitution C'est cette confusion qui domine encore une partie de la doctrine actuelle (certains auteurs considèrent le pouvoir de revision comme ne pouvant effectuer que des réformes de détail, alors que seul le dans leur a le droit de changer les institutions pouvoir constituant de M. B. En s'oppose. effet, s'il disintégralité) à laquelle l'ouvrage tingue le pouvoir de revision du pouvoir constituant, c'est pour refuser à ce dernier l'accès aux catégories juridiques. S'étant ainsi des l'abord placé sur le terrain du positivisme juridique, M. B. définit le pouvoir de revision comme la puissance conl'ordre juridique et expose les raisons stituante considérée travers la revision doit être considérée comme inséparable pour lesquelles statutaire la docd'un ordre préétabli. Envisageant successivement trine de Sic/es et cette de Rousseau, il montre qu'aucune d'elles ne les modifications constitutionnelles. La peut justifier juridiquement de Rousseau t'idéat du en théorie posant principe le sépare pratique droit imprescriptible que possède la nation de changer sa constitution, elle aboutit, en fait, à un système qui ruine le postulat de du pouvoir constituant. La théorie de Sieyès, consél'indépendance absolue quente avec elle-même, respecte le principe de l'autonomie du pouvoir constituant de la nation et laisse cctte'ci libre de modifier l'acte constitutionnel selon tes formes que lui dictera t'imputsioh du moment. Génératrice d'anarchie, cette thèse est écartée comme trop dangereuse. Sommes-nous donc forcément réduits choisir, pour la revision de la constitution, entre une thèse qui consacre '< une agitation révoluune organisation tionnaire reconnue légitime et en permanence et reposant sur une contradiction fondamentale ? Non, dit M. B. En effet, la force qui a donné naissance à la première constitution est un fait dont, en droit, nous ne pouvons tenir compte. Ce qui, par contre, nous intéresse, c'est de justifier le droit exercé par l'organe constituant constitutionnelles. lorsqu'il Or, cette procède à des modifications est constituant son mais aisée justification organe par but, organe ronstitué son l'autorité des revisions constitu. par origine, chargée tionne'tes agit en vertu d'une compétence statutaire qu'elle a reçue de au même titre que les autres autorités étatiques ont la constitution été investies de la leur.
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De ce pouvoir de revision envisagé ainsi sur le même plan que tous les autres pouvoirs qui se manifestent dans t'État, quelle va être la nature? Ici M. B-,après une étude analytique des notions de fonction et d'organe s'appuyant sur tes théories du professeur Kelsen, se n'est propose de montrer, d'une part, que )a fonction revisioniste pas d'une outre nature que les autres fonctions qui s'exercent dans une force l'État, et, d'autre part, qu'elle attache à ses manifestations de la législation ordinaire. supérieure qui prime les dispositions <*Si t'oa considère la situation des organes étatiques par rapport aux règles qu'ils doivent appliquer, on remarque que tes uni! n'ont d'autre titre l'application de ces règles que celui qu'ils tirent de l'ensemble des normes qui exigent et règlent leur activité. H n'y a en eux aucune qualité propre qui teur permette d'exercer une fonction de l'État et le rôle qu'ils sont appelés à remplir leur est, non pas dicté par une décision de tour volonté, mais imposé par une norme étatique. Leur activité n'est légitime qu'en vertu d'une compétence. En même temps que sont posées tes règles selon lesquelles une foncdu tion sera exercée, l'individu qui aura à la remplir est détermine fait qu'il remplit les conditions exigées par tes règles qui organisent la fonction, il sera investi de cetic.ci. Dans ce cas, le titulaire de la fonction est dans une situation purement objective. au contraire, exercent leur activité en D'autres organes étatiques, leurs vertu d'une puissance qu'ils semblent ne tirer que d'eux-mêmes; décitions sont le reflet d'un droit subjectif inhérent & l'autorité qui ne décide tes prend. Sans doute, dans ce cas, la volonté individuelle à la règle étatique, subordonnée elle demeure pas arbitrairement, dans lesquelles mais, outre la compétence qui fixe tes conditions d'un leur activité sera valable, ces organes jouissent pouvoir propre de l'ordre leur la création confère le droit de étatique, qui participera c'est-&.dirc& l'élaboration du droit. Ce sont ces organes doués d'un en tes opposant a droit subjectif que M. B. appelle organes-pouvoirs, l'autre catégorie d'organes qui, ne possédant aucun droit propre à sont qualiûés organes-compétences. l'exercice de leur fonction, Or, rentre c'est précisément dans la catégorie des organes-pouvoirs que bien de revision. Mais il faut la remarquer que ce t'orgaoe chargé droit subjectif qu'il met en œuvre ne peut pas être considéré comme ni comme la qualification de volontés individuelles indépendantes, ce toute sanction droit l'indiun droit naturel antérieur à juridique en décide ainst. vidu n'en est titulaire que parce que la constitution Que si la constitution confère aux individus le droit de participer à la formation de la volonté étatique, ce droit n'est pas d'une nature spéciale, ditîérent de celui mis en œuvre dans la stricte application d'une disposition législative. C'est un droit identique a tous ceux qui résulen un mot, ce n'est pas un droit tent du système normatif en vigueur; c'est !e droit envisagé sous initial et inconditionné chez l'individu à un organe un droit subjectif à son aspect subjectif, car reconnaître l'exercice de sa fonction revient a reconnaître une certaine eMcacité immédiatement cette a la volonté de l'organe, mais en subordonnant volonté à l'ordre juridique. qui donue à la Ainsi, rejetant le point de vue extra-juridique fonction revisioniste le support d'une volonté autonome extérieure à l'État, M. B. présente le pouvoir de revision comme une applica-
VÏE SCÏENTtFiQUK tion des normes étatiques par on organe dont, au m6me tMre que tous les autres organes étatique:, la décision doit être imputée FÉtat. 20 En ce qui concerne la force particulière qui s'attache aux déci. de tioas l'organe chargé de la revision, ici encore M. B. rejette les de la doctrine traditionnelle et notamment celle qui explications matérielle des lois constitutionnelles repose sur une distinction et des )ois ordinaires. Scion lui, le principe de la puissance mise en teuvre par l'organe de revision réside dans sa connexion directe avec la règle fondamentale de l'État. L'ordre qui institue une autorité compétente pour édicter une règle, prévoit entre la régie initiale, ou et l'autorité investie d'une certaine fonction, un certain constitution, nombre de règles s'enchatnant tes unes aux autres pour aboutira cette que l'autorité dont il s'agit aura à appliquer. Au contraire, l'autorité investie du pouvoir de revision n'est séparée de la règle générale par aucune règle secondaire. La norme fondamentale suprême institue l'organe législateur suprême. Ainsi, à c6té des règles contenues dans la constitution, au même plan qu'elles, se trouve l'organe qui a qualité et t'autorité pour tes modiCer, de telle sorte que la règle fondamentale sa revision à la même dont la supéprévue pour participent puissance riorité résulte du fait que dans la hiérarchie des normes étatiques, elles sont toutes deux un aspect de l'ordre suprême. Non qu'il faille induire que l'ordre norminatif fondamental ne soit pas unique son unité est, au contraire, réette, et elle apparait dans ce système qui présente à la fois la règle générale sous son aspect statique et sous son aspect dynamique, ce dernier se manifestant dans l'organe chargé de la revision, par la possibilité d'une règle fondamentale nouvelle. L'auteur conclut donc que la force particulière mise en oeuvre par de la revison des lois l'organe constitutionnelles vient de ce que le pouvoir de cet organe ne peut se manifester qu'à l'origine du droit, sans que, entre lui et la norme initiale, il y ait place pour des règles intermédiaires. La revision ne se présente pas, par rapport à la con' stitution, comme une étape dans la création du droit, elle implique a l'intérieur du système des normes étatiques l'instifondamentales, tution de l'organe initial de création du droit. Dès lors, étant donné que tes décisions de l'aptorité qui a compétence pour modifier une règle ont la même force obligatoire que cette qui résulte de la règle qu'elles peuvent remplacer, la puissance de l'organe de revision est, en définitive, la même que cette de la norme fondamentale qu'il peut modifier, c'est-à-dire la puissance étatique suprême. Ayant précisa quctte est, selon lui, la véritable nature du pouvoir de revision, M. B. fait ressortir, à la lumière des différentes constitutions françaises, la concordance entre la conception du pouvoir de revision telle qu'il l'a exposée et t'organisation positive de celui-ci. Il montre comment tes auteurs des constitutions qui se sont succédé ont dû faire leurs depuis ty8<) passer préférences philosophiques stable ils ont après tes nécessités d'une organisation juridique des règles telles que établi, pour l'exercice de la fonction de revision, l'autorité qui en est chargée apparaît comme subordonnée à l'ordre en ne trouver dans l'activité de juridique vigueur. Mais, pouvant de révision ni dans l'origine de sa puissance la justification l'organe de leur théorie d'un pouvoir constituant autonome et inconditionné, ils ont été amenés à voir une manifestation de ces caractères dans la
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du pouvoir de révision et des pouvoirs constitués. En séparation souvent même imparfairéalité, dit M. B., ils n'ont fait qu'établir tement la spéetattté de l'organe de révision, spécialité qui ditpa. rait d'ailleurs dans tes lois constitutionnelles de tSy!. Dès lors, pour conserver ses positions, la dortrine traditionnelle, interprétant la de de à une remise la fonction revision autorité spéciale comme la nécessaire de la nature particulière traduction de la votonté mise en œuvre lors d'une revision, s'efforce de prouver que, même dans le de droit positif français actuel, le droit aux modifications procéder à une constitutionnelles autorité différente de cette comappartient pétente pour la législation ordinaire. Étudiant la procédure actuelle de revision, M. B. réfute cette affirmation qui lui semble injustifiée, car les auteurs de la loi du février t8~S, se libérant du compromis que la tradition leur imposait et répudiant l'idée d'après laquelle le pouvoir de revision serait d'une nature spéciale, l'ont légitimement d'en remettre placé au rang qui lui était dû sans juger nécessaire l'exercice à un organe particulier. Sans se borner à une étude purement descriptive de la procédure de revision actuellement en vigueur, M. B. discute tes problèmes soulève et rûte des Chambres quant à l'ouverture de qu'elle pouvoir la revision, initiative de la revision, rapports entre t'Assemblée nationale et tes Chambres, compétence de t'Assemblée nationale. Sur ce dernier point, l'auteur, adoptant le concept forme) des lois constitureconnait à t'Assemblée un domaine illimité. nationale tionnelles, Ceci posé, il consacre tout un chapitre a démontrer que t'Assemblée conserve cette indépendance même à l'encontre du programme qui lui aurait été fixé par tes résolutions des Chambres. à l'étendue des pouvoirs de t'Assemblée nationale, Relativement M. B. n'accepte aucune des théories qui furent proposées jusqu'ici ayant écarta celle qui prétend que t'Assemblée est liée par tes résolutions des Chambres, il repousse celle par laquelle également M. Duguit a cru prouver l'omnipotence de t'Assemblée, car elle sur des tirés de la nature du arguments spéciale s'appuie pouvoir constituant. Or, pour M. B., cette prétendue nature particulière du n'existe pas sans doute, t'Assemblée nationale pouvoir constituant vis-à-vis de la résolution des Chamest parfaitement indépendante résulte non de la qualité des volontés bres, mais cette indépendance de la place des règles qu'elle pose dans la qu'elle exprime, mais des normes hiérarchie étatiques. En effet, tes pouvoirs de l'Assemblée ne peuvent en aucune façon être limités par tes résolutions des Chambres, parce qu'en prenant les décisions qu'elle joge it propos de prendre t'Assemblée n'applique pas une règle posée par le pouvoir législatif, mais développe celles qui sont contenues dans la constitution. Si, en effet, on analyse la notion de compétence, on voit qu'elle dans d'une se résume l'application règle antérieure or, en ce qui conon ne peut pas juridiquement cerne la fonction constituante, parler de compétence. Sans doute, il y a un domaine qui lui est réservé sur lequel les autres organes ne peuvent pas empiéter et hors duquel elle-même ne peut pas légitimement mais ce domaine c'est s'étendre elle-même qui le délimite selon la représentation quelle se fait de son rote. C'est elle, en quelque sorte, qui se crée une compétence et tes besoins du moment, mais ce n'est suivant tes circonstances
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nullement au Parlement qu'il appartient de lui fixer un programme. Dans la hiérarchie des normes étatiques, il y a une règle initiale dont le contenu est virtuellement inimité et des rëgtes secondaires dont le contenu possible diminue progressivement jusqu'à ne faire d'elles, au degré inférieur de la hiérarchie, tjuc des règles de circonstances conduisant à une exécution matériette et en vertu desquelles aucune autre règle ne sera posée. La possibilité de ce contenu illimité qui caractérise la norme initiale etopeche qu'elle soit posée en application d'une règle dont le contenu est statutairement dès plus restreint la de t'autorité à il de lors, puissance qui appartient développer la norme initiale ne peut pas dépendre de la décision d'une des autorités qui n'ont compétence que pour poser des règles dont le contenu est limité. S'il en était autrement, la hiérarchie des normes étatique!. serait ruinée, car c'est a l'organe qui aurait le pouvoir de fixer le programme de l'autorité créatrice de la norme initiale clu'appartiendrait en réatité de poser des régies d'un contenu possible illimité et dont cet organe serait tui-mSme Je créateur de la norme initiale. constitutionnelle sur la Enfin, après avoir exposé la jurisprudence de l'étendue des pouvoirs de t'Assemblée question nationale, M. B. termine son livre par un rapide aperçu sur le problème de la coutume constitutionnelle envisagée dans ses rapports avec la revision. Tout en reconnaissant à la coutume un pouvoir créateur dans le silence de la constitution, l'auteur soutient que cette création n'est pas constitutionnelle puisqu'il suffira de l'adoption d'une loi, même ordinaire, en sens inverse, pour que le produit de la coutume perde toute portée juridique. LETTRES M. Charles BeucHAT. /~c<M~ A~ II. La /i'M'«< CoM~w~w'. Thèses pour devant la Faculté des Lettres. Paris, <o3o.
~'<wMo~<wM< – le doctorat soutenues
Edouard Rod est une des victimes étonnantes des caprices de la gloire littéraire. Très connu de son vivant, salué comme un des maitre: du roman et de la critique, il subit aujourd'hui t'indifïérence presque générale. Né à Kyon, près de Genève, il fit ses études à Lausanne, puis à Bonn et à Berlin. Ces changements de milieux l'accoutumèrent au cosmoet ses deux lui politisme. Schopenhauer Wagner, enthousiasmes, têts maitres, it s'en enseignèrent le pessimisme. Disciple passionnede vint à Paris promener son désespoir et sa brumeuse philosophie, selon l'expression de Guy de Maupassant. Rod voulait se vouer à la carrière des Lettres, mais il ne connaissait guère que les classiques français. Il lui fallut donc se mettre à l'école des naturalistes pour son style et sa science. Heureuse perfectionner école, dirigée par et Rod le Zola, Maupassant Huysmans! y gagna goût du mot propre et du détail. Le naturalisme est affaire de tempérament it ne pouvait convenir à un psychologue d'instinct. Des œuvres, comme Palmyrr t. Bibliothèque de la Revue de Littérature pion, éditeur, <0t3o.
comparée,
Honoré
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t~«&)tr<<et la ~MWt <<< f<!MMM«,trahissent t'écotier maladroit. La réaction aUatt venir des cue~ft mêmes du natufatisme. Dana ea du recherche détail matériel, l'école négligeait les valeurs psycholoLes idéalistes se liguèrent à leur tour, au nom de la jeunesse giques. et de la vérité humaine. Rod prit la tête du mouvement avec Vogue et Bourget. L'auteur de la C<'«w mort (t88!) fut salué comme le matlre attendu par toute une élite. Il présentait un intellectuel incapable d'agir par suite de son pessimisme exagéré et de son abus de la ratiocination. Pour un être torturé par te mat de vivre, la mort était le seul refuge possible et logique, mais le héros manquait du courage nécessaire. Ce livre se terminait Voulant par un grand point d'interrogation. résoudre l'énigme, Édouard Rod écrivit le ~w<t~<t! Vie. Cette «'uvre magnifique, à notre avis, ressemble plus à un traité philosophique qu'a un roman. En revanche, que de pages sptcndides, que de pensées profondes sur le monde et sur la vie Tolstoï lui-même en fut enchanté et traduisit le livre en russe. Dans une belle lettre, il félicitait le jeune auteur de son réel talent, mais il déplorait le manque de conclusion il aurait voulu un acte de foi. A cette occasion, il jugeait sévèrement les pessimistes, allant jusque les traiter d'imbéciles. Entre temps, Edouard Rod avait été appelé a l'Université de Genève pour remplacer Marc Monnier. tt s'était accoutumé, dans tes revues et dans tes journaux, à l'étude des littératures comparées. H eut l'occasion de développer ses connaissances pendant ses dix années de pro. fessorat. Des oeuvres comme tes/~M~M <«<'le siècle et tes /<<< Mo~a~j <!)<~w~~ ~f~~M( mirent leur auteur au premier rang des cri. Rod sympathisait avec tes mouvements littétiques cosmopolites. raires et artistiques. En )88S, déjà, il s'était fait remarquer par son ardeur à défendre Wagner: n'avait-il pas essayé de gagner son ami Zola à cet enthousiasme? D'autre part, il était le spécialiste des littératures allemande et italienne, dans les revues de jeunes. Il pouvait entrer sans crainte dans la noble compagnie des écrivains, sincère de Nadar, de Daudet, d'Edmond de Goncourt grâce l'amitié et de Taine. Car il avait eu cette chance, pauvre bohème étranger dans Paris, d'éveiller aussitôt les sympathies des maitres de la littérature. Sa timidité et sa simplicité inspiraient la confiance. Genève était incapable de satisfaire indéSniment les goûts du romancier. Celui-ci voulait se vouer complètement aux études psychoet U quitta sa chère Université et il revint à passionnettes. logiques Paris pour jamais. Désormais, sa vie se confondra avec son œuvre. Des romans comme la Vit ~'f~ <)/«M 7'w<~ et ~'0~~ s'étend sur la Montagne alternent avec des livres de critique sur Dante, Stendhal et Jean-Jacques Rousseau. Édouard Rod fait Lamartine, d'une activité. On le considère alors comme un preuve prodigieuse des plus grands écrivains parisiens et comme l'un des mattres du jour. nalis'ne.En ta littérature française t8oQ, il est chargé de représenter aux États-Unis. Si /)/<fM Tessier n'a pas pu s'imposer comme type, malgré le désir de l'auteur, il n'en représente pas moins un des plus beaux essais d'étude psychologique contemporaine, digne de prendre place à côté des œuvres de Bourget. /?OM~<' M~~ sur la ~M<«gM< contient des pages égales à celles d'Anatole France.
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Mais Édouard Rod triomphe de ses amis par sa compréhension des idées cosmopolites. Il va d'instinct aux grands génies orangers: il tes comprend, les explique et tes fait aimer. Il a salué tes ventes bien aussi que tes idéalistes italiens. Il a vanté les Allemands Sudermenn et Hauptmann dans lememe temps où il contribuait au triomphe de Tolstoï et d'Ibsen. Il a été vraiment une &me universelle, citoyen du monde. Son salon fut le plus cosmopolite et le plus hospitalier de vers de Paris, tooo. On y venait partout, sûr d'y trouver un accueil et un milieu hautement intellectuel. sympathique Pourquoi cette éclipse actuelle d'Edouard Rod? L'écrivain est mort à un mauvais moment, à l'époque des inondations de )()to. La guerre est venue,ensuite,détruire les idées de tolérance et de compréhension. On a rejeté ic relativisme du critique et on lui en a voulu de ses hésitations et de son refus de prendre un parti net. Rappelons-nous l'affaire Dreyfus Rod a 1 Puis,Édouard trop négligé son style. Maigre de brillantes exceptions, sa fan gué terne ne saurait rivaliser avec celle d'Anatole France ou celle de Barres. Pourtant, ce bel écrivain mérite mieux que fl'oubti. M. Doumic salue en lui le plus noble ami de sa vie et un pur intellectuel, et M. Bourget reste à jamais fidèle à sa mémoire. Rod a fourni une courte mais laborieuse carrière. JI restera comme un des plus profonds et des plus sympathiques penseurs du dix-neuvième siècle. Son oeuvre méritait une longue étude. à ce livre principal sur C'est, en quelque sorte, un corollaire Edouard Rod que nous offre la ~?c</«f contemporaine. Fondée par Adrien Remacle et Rod, en 1885, la Revue contemporaine compta parmi ses collaborateurs tes plus brillants écrivains français et étransans négliger tes choses de gers. Elle s'intéressa au cosmopolitisme, France. A ce point de vue, elle représente un des mouvements tes de la fin du dix-neuvième siècle la /?~w. H plus caractéristiques vain serait d'écrire l'histoire des luttes du naturalisme et du symbolisme en ne tenant pas compte de ce facteur. La ~M'M<*«W~M~OMOX', en outre, a donné des lettres inédites de Lamennais à Sainte-Beuve et d'autres de Goncourt. Elle a ouvert ses pages à de jeunes écrivains que M. Beuchat se ptait à signaler. Qui connait Émite Maurice Rollinat, Gabriel Sarrasin, Hennequin, Charles Morice ou Alfred Ernst Ils sont mo.rts jeunes ou, du moins, ils ont renoncé bien vite à la gloire des lettres. Leur pensée n'en a une foule d'idées à des pas moins vivifié ta littérature, en fournissant auteurs célèbres. Songeons à la critique originale d'Émile Hennequin 1 De tels hommes sont morts trop vite et la justice leur devait un salut. Ils font songer des semeurs insouciants qui sont partis au milieu de t'été, laissant à d'autres la gloire des moissons. A évoquer leur souvenir, un écrivain ne peut que s'honorer. « Les livres de M. Bouchât, a dit un critique connu, représentent une énorme documentation. Us donnent, pour la première fois, une ,étude méthodique et en quelque sorte officielle sur l'époque encore si mal connue du naturalisme et du symbolisme, aux environs des années t8tto-)!!oo.
Chronique
de PUniversité
AndréLe Breton L'Université de Paris a profondément ressenti la disparition du professeur André Le Breton, dont la perte causera d'unanimes regrets. La Société des Amis de f&M<t)f~ </< Paris, tes F~M~M des lettres de Bordeaux et de Paris, la Ff~M t'/f/c~< qui n'ont pu que très imparfaitement témoig'ter leur reconnaissance à t'éminent professeur, ainsi que tes professeurs, la direction et les milliers d'éteves des Cc/~ï </< C/w7<M/MM de la .S<~<ww, auxquels il con/~<f~< sacra presque entièrement les douze dernières années de sa vie, expriment leur respectueuse sympathie a Mme André Le Breton et a ses enfants. Les ~w/a/t'~ de /'6'w:w/ remercient M. le professeur Ascoli d'avoir bien voulu leur donner l'autorisation de reproduire le bel article qu'on lira ci.dessous, /iM<J Le /CM, professeur, critique et romancier, auquel elles s'associent de tout co!'ur. « Avec André Le Breton qui vientde s'éteindre, aprêsune douloureuse maladie, disparaît une des dernières grandes figures de l'Uni. versité d'autrefois. A une époque où le souci croissant de t'érudition a rendu l'enseignement de la littérature plus austère et moins accessible au grand public, Le Breton resta l'un de ces maitres qui savaient attirer et retenir dans les amphithéâtres universitaires la foule des gens du monde. On garde encore le souvenir, à Bordeaux, de ces cours publics où, durant de longues années, la société de la plus lettrée des villes de France se pressait dans des salles toujours trop étroites pour entendre, admirer, applaudir l'orateur prestigieux qui, par son goût élégant et sûr, par sa voix chaude et ardente, par un incomparable talent de lecteur, ranimait le souci des choses de l'esprit chez tous ceux qui pénétraient avec lui au coeur des grandes œuvres et dans l'intimité des grands auteurs. Quand, au lendemain de la guerre, Le Breton vint professer en Sorbonne, t'amphithéâtre
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DE L'UN!VER!;n'Ë
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Richelieu suffit à peine à contenir une foule recueillie et enthousiaste qui trouvait aimable et attachant tout ce à quoi cet enchanteur entreprenait de t'intéresser, le jour où la Fondation Victor-Hugo décida de créer à la Faculté des Lettres un cours consacré au plus complet de nos écrivains, son choix se porta aussitôt sur ce maître largement autour de lui capable, selon son vœu, de répandre l'amour du poète-roi. « André Le Breton était avant tout un professeur, et il exerçait sur bien des hommes d'aujour. ses auditeurs une action toute-puissante d'hui qui furent de ses élèves quand il était jeune professeur de cornlycée, ont gardé le souvenir ineffaçable de son enthousiasme municatif et ont été conquis par lui à la beauté littéraire. Avec les années il n'avait rien perdu de cette ardeur intérieure qui le portait à passionnément goûter les œuvres de sentiment. Ceux de ses cours qu'il a recueillis et qui, dépouillés du charme puissant de sa parole vivante, constituent, cependant, ta plus agréable etla plus profitable. des lectures, portent sur le roman français, et il a écrit sur Batza'l'un des livres les plus complets et les plus compréhensifs que nous possédions. D'autres écrivains de passion lui ont fourni la matière d'études vibrantes de sympathie la Comédie AwMW de ~o<6'<wcM, le yM< f<~<W~W, la Jeunesse de Mc~ /~< « Fortement attaché à tout ce qu'il aimait, il était peut-être exclusif dans ses goûts et pardonnait difficilement à ceux qui, dans l'étude littéraire, faisaient plus de place aux curiosités intellectuelles et n'accordaient pas tout, comme lui, à la délectation sentimentatf et à l'amour de la beauté. H a vraiment souffert de voir que l'histoire littéraire se détournait des habitudes et des méthodes auxquelles il demeurait fidèle. « La vive sensibilité de Le Breton trouvait à se satisfaire ailleurs; il a écrit quelques romans qui ont ravi les délicats, notamment le C~M des aM~M et ce yo«~«M/ ~« passé, paru en 1923 dans tes Cahiers verts, et qui est une analyse de sentiment des plus remar. quables: si sincère et si exacte, que, dans sa récente et curieus'' Caractère, René Le Senne en a fait justethèse sur le /)/<'MMM~ ment état comme de l'un des documents les plus révélateurs sur certains aspects de la psychologie et de la sensibilité humaines. « Georges Ascou, « Professeur à la Sorbonae. (Extrait des Nouvelles littéraires
du 3t octobre )93t.)
ANNALES UE ~UNtVERStTÊ
PAR
CONFERENCES DES PROFESSEURS FACULTÉ
DES
DE PAMS
FAÎTES ÉTRANGERS SCIENCES
INSTITUTHEKRt-PoiNCARÉ M. VoM MISÈS, professeur :'t l'Université de Berlin, a donné, en novembre t~J), trois conférences sur fe sujet suivant: C<t/«~ des probabilités, /<<m~~
et applications.
M. S. GouosMtT, professeur à l'Université de Michigan, fera six conférences, en novembre et décembre tp~t, sur le sujet sutvant La y~<W mO~M< des ~<M <!<<XM/~W~. M. R. MILLIKAN,prix Nobel, professeur gique de Californie, a fait, le 20 novembre sur le sujet suivant Les Radiations fMM~/W.
FACULTÉ
à l'Institut technoloig3t, une conférence
DES LETTRES
M. N. ÏORCA,président du Consei) des ministres de Roumanie, recteur de l'Université de Bucarest, professeur agréé n l'Université de Paris, a fait, en novembre t~-h, trois conférences sur le sujet suivant V<MMd'empire. – V~WM croisade. – !M ftPW/M~.
FONDATION POUR LE PROCHES DES SCIENCES HtSTOMQUES Le 3o novembre dernier, a eu lieu à la Sorbonne, sous la présidence de M. le Président de la République, la séance d'inaugura' tion de la Fondation pour le progrès des ~<*w~~ ~c~MM. M. PAUL VALÉRY, de t'Acadétnie française, a fait une causerie sur le sujet suivant: Usage de /M<<w<.
CHROKtQUËDB L'UNtVERSÏTf:
5~
GÉNÉRALE DES ÉTUDIANTS STATÏ8TMUE DE L'UNIVERSÏTÉ DE PARIS AU 3i JUILLET 1931 ET TABLEAUX DE COMPARAISON AVEC L'ANNÉE SCOLAIRE M30 Nombre total des étudiants ayant fait acte de scolarité: 31886 ?:?.
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MM.
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Droit. ~7 'o'/S 997' 8S6 Médecine. 6~8 60~ M )3o 44Ï5 Sciences. 4~ Lettres S~' 7~9 77~ M Pharmacie. )S!3 <~o Éco!c de Médecine et de 2'8 Reims. Phaïmaciede <44 H :o3} 3t!& Totaux. !9S$f Cours de Civilisation française de la Sorbonne (extension univer. 8)5 étusitairc), organisés par la Société des Amis de l'Université diants étrangers, dont zoo hommes et 6t5 femmes. entre Français et étrangers des étudiants .».»__ .t.» Répartition t)t(Kren':< FfMtidt – – htnmtfeft tOSC. _tMt. en en en en .».rr-PMHH~. Fna~h. t:tr!'nf(<'rt.Fran~it. Etr.'))tf<*r<.p;,);. moins. plus. tnote'. M H–?8) )63~ So53 Droit". 8:43 490 t~S H ~3 6o3 !Mo Médecine 4698 409! '077 a tj5 ') S 33:8 33:3 Sciences. 007 98: M SM6 263~ t46 Lettres.. !93 :489 5:43 s » 3o Pharmacie. )~3 70 17 !:93 47 Eco)edeM<!d etdePharm. n 58 t6o ~9. de Reims.. '47_97 Totaux. t3+S7o ~3 7454 34)4! 774<+)76t 22397' +.758 +~7 +2o35
des étudiants par sexes
Répartttion
F.tCM))''<. Droit Médecine Sciences. Lettres.. Pharmacie EcotedeMM etdePharm (tcReims. Totaux.
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9:. La Littérature française contem. peratoe (P~jt't, ~Mex, M~<t), par Axcae BtH.Y. ï. 96. La Vie de la oellule vteetate La Mattëre vivante, par K. CoMBxs. expérimentale, par 97. Ptychotogte H. PtftMO. 98. La Civilisation a<Ma!<oat, par P. CLOCS)!. 99. Appareils et Méthodes de Mesures mécaniques, par le L'-Cotoaet J. RAIMOC. !oo. L'Ecota romantique tfancatM (~~ <~<'<y~M &t AotXMM),par jMtf Gt)t*co. lor. Éléments de Thermodynamique, par CK. F*BM. !o~. Introduction la Psychologie cotteeHve, par te D'CH*)tUMBLOt<Mt.. t«3. Nomographie, par M. FtttcMT et M. Roon-M. te<t. L'Aneten régime et la Révolution rtHMt, par Bbttts Not.ett. <eS. La Monarchie d'ancien régime en FMnce (~e AMM IV Z<'<«t par G. P*o)t<. tc6. Le TheAtre français contemporain, par MoMOttc SÉe. toy. Hygiène de t'EaMpeea aux Colon!ta, par le D' CuAtt-zs Joveex. to8. Grammaire descriptive de t'Anglais parlé, par Jostiftt Dat.cow. tog. La Vie de la Cellule végétale II. LM BactaveedetaMattere vivante, par R. COMBES. tto. La Formatloa de l'Stat français et l'unité française, des origines au mUteu du XVI' siècle, par G. DOFOMT.F)!Ktt)<)t. m. NMoranda problèmes coloniaux. par CKONCESHAMY. na. Le Calcul vectohet, par R*ouf. Bt!c*<o. t<3. Ondes et Eloctrons, par P!)!)tRC BtttCOUT. relié Chaque volume io-)6 (nX'7). <MvotuntM parut–Demander
BS~ACMB_
en Rumte, par 114. La Utteratare JUf.MLMttAt. t<6. La Formation de t'UnM Italienne, par G. BooMttf. t<7. La lustlce pénale d'aujourd'hui par H. DOHMMM c)t V*BM<. t'8. Les Grands courants de la Fenaee antique, par A. RtVACp. tt9. Les SyettmM philosophiques, par A. CattstOM. tM. Les Rayons X, par J. THtMCf. m. Les Quanta, par G. Mj*MtH. t~. Les Anciennes ctvtttaaMoM de l'Inde, par G. CocM'tH.tM. tt3. CouteuM et Pigments des Etfet vivants, par le U'J. VMM. M<t. Pétroles naturel et afttCcfete, par J.-J. CHAttTROO. H!. La Téléphonie, par R. DMrïos. tt6. tt'Mam. par H. M*<s<. t< Principes de Psychologie apph' quée, par le D' H. \V*n.O)t. t!8. La Belgique contemporaine (i7MiMO), par F. VANK*mM. t~. Soles artMeteUM et Mat~M plastiques, pat R. GABILLON. t3o. La Thérapeutique moderne, par le U'C. Ft.OM)!M. t!t. La TraMtenmaMen de l'Ëoercte électrique. II. Commutatrlces et Redresseurs de Courants, par H. Gmoz. t3i et r33. La Musique contemporaine en France, < vol., par R. DuMtisxtL. t34. Le Sommett, par le D' LHMMtmt. t! Constitution et Gouvernement de la France, par L. TttoTABAS. t3&. Les Problèmes de la Vie mystique, par R. BASTIDE. r38. Tbéorle mathématique des AMU* rances, par H. Cjn.B)tun. t4t. La Crise Britannique au XX*siècle, par A. SMG~Bten. 10 fr. 60 i2 fr.; broché
le Prospectus donnant le titre dM volumes parus
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L'maVERSn~
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n«<n~rM
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ET ADMINISTRATION
~M~
i
BofMBdes R<oMt:am!eatt Scientifiquesde i'UatvesM de Patb A LA SORBONNE,PARIS (V*)
DANS
CHAQUE
NUMÉRO
I. Actes de l'Université de Paris. Rapports des Doyens. monies universitaires, comptes rendus et discours. II. Articles publiés par des professeurs III. Vie scientifique. Publications. des thèses de doctorat. Chroniques versité.
de l'Université
de l'Université
Bibliographies.
Céré-
de Paris.
Comptes rendus
et de la Société des Amis de l'Uni*
ABONNEMENTS FRANCE Paris Départementa et Colontea ÉTRANGER
UN AN 2S tr. (Tarif réduit à iS (r. pour les Préfet. seure de toute< catégories de t'Univeraite de Paris et pour les membres de la SceKM des Amis de l'Uni. versité de Paris.) UN AN 30 fr. pour les pays ayant <tdhere aux eonvea. tiona du C&ngr&tde Stockholm; 35 tr. pour tous les autres pays.
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