Connexion Français 5 - Syllabus - Extrait

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CONNEXION FRANÇAIS 5 – SYLLABUS

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ISBN 978-90-xxx-xxxx-x xx

vanin.be

SYLLABUS



Séquence 3

La vie est trop courbe — « La vie est trop courbe pour se conformer aux règles. »

(Pol Pierart)

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Justifier oralement la présence de caractéristiques baroques dans la production d’un artiste contemporain, sous la forme d’une présentation orale soutenue par un diaporama

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Classique, baroque… autant d’adjectifs qui, loin de ne définir que des courants artistiques vieux de plusieurs siècles et circonscrits à des époques précises, sont couramment utilisés de nos jours. Cette séquence te propose de remonter le temps jusqu’au début du XVIIe siècle et de cheminer sur les sentiers du classique et du baroque qui, parions-le, ne manqueront pas de te ramener à notre époque.

Compétence à développer

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Appliquer

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Justifier une réponse scolaire

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• Analyser les spécificités de la situation de communication • Énoncer les connaissances sur lesquelles fonder la justification • Planifier la justification sous la forme d’un écrit intermédiaire*(schéma, diaporama…) • Rechercher de l’information en vue d’argumenter • Évaluer la qualité d’une justification et l’améliorer

Connaitre Expliciter les facteurs de réussite et/ou d’échec d’une prestation orale argumentée individuelle

Production attendue

Justification de l’appartenance d’un artiste au courant baroque sous la forme d’une présentation orale soutenue par un diaporama

Transférer

Justifier une réponse scolaire

UAA 0 – UAA 4

Ressources communes • Focus sur la littérature et les arts : le courant classique et le courant baroque

Ressources • Paramètres de la situation de communication • Connaissances à inférer des documents • Connaissances à vérifier ou à rechercher • Concepts et savoir-faire disciplinaires • Sélection des connaissances déclaratives et procédurales adéquates à la demande • Structure discursive pour justifier : structure argumentative • Spécificités d’un diaporama • Cohésion textuelle • Ressources linguistiques

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Dans cette séquence, tu pourrais avoir besoin des fiches outils suivantes :

 Convaincre, p. XXX  Prendre la parole en public, p. XXX  Poésie, p. XXX  Situation de communication, p. XXX

Activité 1

Observer un diaporama sur le mouvement classique —

1. Redécouvrir le classicisme

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En 4e année, la séquence « C’est classe » t’a permis de découvrir les caractéristiques d’un courant artistique : le classicisme. Ton professeur va t’en rappeler les grandes lignes en s’appuyant sur un diaporama. Centre ton attention sur le contenu de son exposé, mais également sur les caractéristiques spécifiques à cette manière de communiquer. C’est sous cette forme, en effet, que tu auras à présenter un exposé à la fin de cette séquence. 1. Écoute l’exposé et observe le diaporama.

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a) Les dias sont reproduites ci-dessous.

b) À côté de chacune d’elles, tu disposes d’un espace de notes.

c) Utilise-le, compte tenu du fait que tu devras disposer des connaissances transmises lors de cet exposé.

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2. Relever les caractéristiques formelles d’un diaporama Tu as pris des notes sur les informations fournies par le diaporama. Reste à observer la manière dont il est conçu. 1. Selon toi, quelle est l’utilité de la projection d’un diaporama pour accompagner ce genre d’exposé ? Pour répondre, place-toi dans la perspective de : a) l’orateur ; b) l’auditeur. 2. Sous quelles formes les informations sont-elles présentées sur les dias ? 3. En combien de grandes parties est structuré cet exposé ? Comment sont-elles identifiées ?

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4. Combien de caractéristiques du classicisme sont mentionnées ? Comment sont-elles identifiées ? 5. Pourquoi toutes les informations n’apparaissent-elles pas simultanément sur la dia ?

N

6. L’auteur du diaporama a mis une partie des informations en italiques. Pourquoi ce choix ?

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7. Dans un diaporama, les images peuvent être liées au contenu de différentes façons : elles peuvent représenter, symboliser ou illustrer les réalités évoquées. a) Observe les images des dias n° 3, 6 et 7.

b) Pour chacune d’elles, détermine le lien qu’elle entretient avec l’information.

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8. Toutes les dias ne sont pas illustrées. Selon toi, est-ce judicieux ? Explique.

Utilité et caractéristiques du diaporama

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Activité 2

Découvrir et comprendre les origines du mouvement baroque —

1. Situer historiquement le courant baroque Remontons le temps : au XVIIe siècle, un courant a précédé le classicisme qui, par ailleurs, s’y est opposé et l’a partiellement évincé : le courant baroque.

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1. Observe attentivement les photos de l’église du Gèsu, à Rome (1568-1584). Quelle(s) impression(s) se dégage(nt) de ces photos ?

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Photo : De Stefano_Valeri

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2. Selon toi, quel but poursuivait-on en construisant un tel édifice ?

Photo : tango7174, Wikimedia commons

3. Lis le texte suivant en y surlignant les passages qui permettent d’infirmer ou de confirmer tes réponses.

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Origines du courant baroque 1

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Autre conséquence de cette invention : la Bible connait une diffusion sans précédent. Désormais, tous les chrétiens lettrés ont accès au texte, accès jusqu’alors réservé au clergé. Cette diffusion est d’autant plus importante qu’apparaissent à cette époque des traductions dans les langues vernaculaires1 et non plus seulement en latin ou en grec. Martin Luther, se fondant sur la lecture des textes sacrés, élabore et répand le principe fondateur de la Réforme protestante : s’en tenir uniquement à ce que disent explicitement ces textes. Il refuse donc vigoureusement certains dogmes et pratiques du catholicisme. Ainsi les protestants ne reconnaissent-ils ni l’autorité du pape, ni la hiérarchie de l’Église, ni l’existence des saints. Ainsi encore fustigent-ils la conduite des membres de l’Église qui se sont éloignés des règles évangéliques de pauvreté et de chasteté. Ce refus et ces critiques heurtent le Vatican. Le conflit entre Luther et les autorités catholiques s’envenime et débouche sur un schisme dans l’Église, lequel entraine les guerres de religion qui, dès 1560, mettent l’Europe à feu et à sang.

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Le développement de l’imprimerie (mise au point par Gutenberg en 1450) entraine un bouleversement complet de la société européenne. En facilitant la diffusion des textes et du savoir, cette innovation technique est un facteur déterminant de l’avènement de la Renaissance, cette période d’intense bouillonnement intellectuel nourri par l’étude, l’édition et la traduction de textes de l’Antiquité grecque et romaine.

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En réaction à cette Réforme menaçante pour son existence et son rayonnement, l’Église catholique met en œuvre une opération de reconquête : la Contre-Réforme. Lors du Concile2 de Trente, du nom de la ville italienne où il se tient de 1547 à 1563, elle entreprend de réaffirmer certains dogmes, de consolider la suprématie du pape et les fondements du catholicisme. Elle décide de s’appuyer plus que jamais sur l’art comme instrument de dévotion. Prenant le contrepied de l’austérité affichée par les temples protestants, qui refusent couleurs et statues, elle se lance dans une véritable entreprise de propagande par l’image. Rome commande alors aux architectes, aux peintres, aux sculpteurs italiens des œuvres colossales, foisonnantes, exubérantes, propres à susciter chez les croyants des sensations vertigineuses. Expressivité des personnages, contraste des couleurs, noblesse des matériaux : marbre, argent, dorures… Rien n’est trop « tape-à-l’œil » pour incarner la puissance du culte catholique.

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Et c’est donc sur l’impulsion de la Contre-Réforme que cet art démonstratif, qu’on qualifiera bien plus tard de « baroque3», va essaimer dans toute l’Europe. Il faut dire que, par son gout pour le bizarre, l’illusion, le déséquilibre, l’instabilité, ce courant répond parfaitement à la sensibilité d’une époque en plein basculement, ébranlée dans ses certitudes par les grandes découvertes géographiques et scientifiques (l’héliocentrisme de Copernic4, la découverte de l’Amérique, la connaissance du corps humain…) qui remettent profondément en question la conception médiévale de l’Univers.

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Langues parlées par les peuples

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Assemblée d’évêques catholiques

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L’adjectif « baroque » vient du portugais barroco qui désigne une perle irrégulière. Le terme est utilisé en français depuis le XVIe siècle pour qualifier quelque chose de bizarre ou d’excessif, mais c’est seulement à la fin du XIXe qu’il perdra sa connotation péjorative et sera utilisé pour désigner un courant artistique.

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En 1513, Nicolas Copernic propose un nouveau modèle de l’univers, plaçant le soleil au centre de celui-ci, et non plus la terre comme on le pensait jusqu’alors. Cette théorie remet en cause la vision de l’homme, qui n’est plus au centre de la Création comme on l’avait toujours pensé.

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Séquence 3


4. Assure-toi que tu as bien compris ce texte. a) Donne un titre à chacun de ses paragraphes. b) Assure-toi que tu comprends bien ce que recouvrent les expressions ou mots soulignés. Oralement, tu seras capable d’expliquer le sens de celles ou ceux que ton (ta) professeur(e) t’aura attribués et, le cas échéant, de les mettre en relation avec le courant baroque.

Vocabulaire

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Activité 3

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Découvrir les caractéristiques du baroque à travers la peinture, la sculpture, l’architecture et la poésie —

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1. Ébaucher un diaporama sur les caractéristiques du baroque

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Ci-dessous, tu trouveras un texte qui décrit les cinq caractéristiques principales du baroque.

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1. Prends-en connaissance et assure-toi que tu le comprends bien. Consulte ton (ta) professeur(e) au besoin.

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Les caractéristiques du mouvement baroque

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Le baroque touche la totalité des arts de son époque : le théâtre, la musique, la sculpture, la peinture, la littérature et l’architecture. Mais ce courant, étiqueté à postériori, n’est pas une école artistique qui obéirait à des principes concertés. Le baroque est un mouvement protéiforme, aux productions extrêmement diverses, dans lesquelles on peut cependant distinguer quelques grandes tendances, quelques lignes de force. Ce qui caractérise d’abord une œuvre baroque, c’est l’excès, la démesure. Qu’il s’agisse des dimensions monumentales de

l’architecture ou de la charge expressive des tableaux ou des sculptures, tout y est porté à un degré extrême. Les personnages sont animés de sentiments passionnés et l’artiste choisit, pour représenter son 20 sujet, le moment où la situation atteint son paroxysme d’émotion, de violence, de déchainement. Ce parti pris produit un effet spectaculaire, c’est pourquoi on parle de « théâtralité ». 15

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La théâtralité de l’art baroque tient également à l’impression de mouvement qui se dégage des œuvres. Les personnages peints ou sculptés n’ont jamais l’air de

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Autre façon de frapper l’esprit et le regard : la recherche du contraste. Les peintres, par exemple, créent des effets de « clair-obscur », comme l’on nomme la

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Enfin, le choix des thèmes est de nature à impressionner le spectateur. Par le gout du macabre d’abord : la période est trouble, la violence et la mort imprègnent l’air du temps. Scènes de meurtres et décapitations abondent dans la peinture. Les vanités, œuvres picturales rappelant aux humains leur fin inéluctable, sont très en vogue. L’imaginaire baroque se complait également dans le bizarre. Il fait la part belle aux créatures fantastiques, aux animaux inconnus, aux spectres issus des enfers, à la magie. Il aime à estomper la frontière entre le rêve et la réalité. Les peintures en trompe-l’œil, les jeux de miroir et les mises en abyme1 contribuent à ce plaisir de l’illusion.

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Complexe, le baroque l’est aussi par sa propension au foisonnement. Les productions sont surchargées, luxuriantes et leur structure multiplie les ramifications. L’artiste accumule les détails, les personnages, entrelace les motifs, mélange les genres, sans crainte de produire une impression de désordre. Le côté décoratif est très affirmé, avec un luxe de fioritures, de courbes ou d’effets de miroir.

rencontre tranchée entre lumière vive et ombre profonde. Ils captent aussi le regard par l’utilisation de couleurs éclatantes.

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poser, mais plutôt d’être saisis sur le vif, en pleine action, à un point de tension, voire de déséquilibre. Rien n’est stable ni permanent. Fugacité, transformation, métamorphose, travestissement sont au cœur d’une esthétique qui cherche à présenter le réel dans toute sa complexité.

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Une mise en abyme désigne, par exemple, l’enchâssement d’une scène de théâtre dans une pièce de théâtre, d’un tableau dans un tableau.

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2. Imagine que tu aies à créer un diaporama pour soutenir la présentation orale de ces caractéristiques. a) Pour chaque caractéristique, rédige le titre de la dia sous la forme d’une phrase nominale. Inspire-toi éventuellement des dias consacrées au classicisme.

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b) Certaines dias nécessiteront-elles des sous-titres ? Rédige-les, le cas échéant.

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c) Confronte tes réponses à celles de tes condisciples et choisissez ensemble la formulation qui vous semble la plus pertinente pour chaque caractéristique.

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3. Ci-après, tu trouveras une série d’œuvres d’art des XVIe et XVIIe siècles. Observe-les et consulte le e-Document 1 pour en savoir plus sur certaines d’entre elles.

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e-Document 1 Pour en savoir plus sur les œuvres présentées

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4. Ensemble, choisissez pour chaque diapositive rédigée une ou deux œuvres qui l’illustreraient de façon pertinente. a) Notez le titre de(s) l’œuvre(s) dans la case intégrée à la dia.

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b) Oralement, justifiez vos choix.

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De Valdés Leal, J. (1671). In Ictu Oculi. Huile sur toile. 216 x 220 cm. Séville : Hôpital de la Charité.

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Vélasquez, D. (1656). Les Ménines. Huile sur toile. 318 x 276 cm. Madrid : Musée du Prado.

Bibliothèque de l’abbaye d’Admont en Autriche (achevée en 1776). 50

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Photo : Arcomonte26, Wikimedia commons

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Rubens, P.P. (1615). La Chasse à l’hippopotame et au crocodile. Huile sur toile. 248 x 321 cm. Munich : Alte Pinakothek.

Bernini, dit Le Bernin, G.L. (1622-1625). Apollon et Daphné. Marbre. 243 cm. Rome : Galerie Borghèse.

Rubens, P.P. (1616-1617). La Descente de croix. Huile sur toile. 425 x 295 cm. Lille : Palais des Beaux-Arts.

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Le Caravage. (vers 1606). David et Goliath. Huile sur toile. 125 x 1011 cm. Rome : Galerie Borghèse.

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Le Bernin. (1647-1652). Extase de sainte Thérèse. Marbre. 350 cm. Rome : Église. Santa Maria della Vittoria

Rembrant. (1642). La ronde de nuit. Huile sur toile. 363 x 437 cm. Amsterdam : Rijksmuseum.

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Photo : Mistervlad

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Le Caravage. (1598). Judith décapitant Holopherne. Huile sur toile. 145 x 195 cm. Rome : Galerie nationale d’Art ancien.

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RUBENS, P.P. (1617-1618), Tête de Méduse. Huile sur bois et toile. 68 x 119 cm. Vienne : Musée d’Histoire de l’art.

Le Bernin. (1648-1651). Fontaine des Quatre-Fleuves. Rome : Piazza Navona.

5. Consultez le e-Document 2. En fonction des conseils qui y sont donnés, améliorez votre production.

e-Document 2 Pour un diaporama efficace

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2. La poésie baroque Le baroque s’est aussi illustré dans la littérature et notamment en poésie. 1. Prends connaissance du texte ci-dessous en soulignant les figures de style qui y sont mentionnées.

La poésie baroque

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La poésie baroque manifeste, bien entendu, les cinq caractéristiques du courant relevées plus haut. Les poètes recourent à des figures de style qui correspondent parfaitement à l’esthétique baroque. Ainsi, l’expression de l’excès, de la démesure, est rendue par l’hyperbole. Lorsque le peintre accentue les contrastes du clair-obscur, le poète, lui, a recours à l’antithèse ou à l’oxymore. Quant au côté foisonnant des œuvres, il se révèle, dans les poèmes, grâce à la multiplication des métaphores et des jeux sonores comme l’allitération et l’assonance. Enfin, le gout baroque pour les jeux de miroir explique l’utilisation systématique des parallélismes et des anaphores. Il est évident que la seule présence de figures de style ne peut faire d’un texte un texte baroque. Encore faut-il que ces figures contribuent à exprimer une vision du monde.

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2. Consulte la fiche outil Poésie et cherches-y les figures de style affectionnées par les écrivains baroques afin : a) d’en comprendre le fonctionnement ;

b) d’être capable de les identifier dans un texte.

 Fiche outil, Poésie, Figures de style, p. xxx

s

3. Lis les trois poèmes suivants en t’attachant à bien les comprendre.

on

a) Théophile de Viau (1621)

Un Corbeau devant moi croasse1, Une ombre offusque2 mes regards, Deux belettes et deux renards Traversent l’endroit où je passe : 5 15 Les pieds faillent3 à mon cheval, Mon laquais4 tombe du haut mal5, J’entends craqueter6 le tonnerre, Un esprit se présente à moi, J’ois7 Charon8 qui m’appelle à soi, 10 Je vois le centre de la terre9. 20

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Ce ruisseau remonte en sa source, Un bœuf gravit sur un clocher, Le sang coule de ce rocher, Un aspic10 s’accouple d’une ourse, Sur le haut d’une vieille tour Un serpent déchire un vautour, Le feu brûle dedans la glace, Le Soleil est devenu noir, Je vois la Lune qui va choir11, Cet arbre est sorti de sa place. de

Viau Th. (1621). Sans titre. Œuvres poétiques.

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Cri du corbeau

6 Faire un bruit de craquement

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« Offusquer » signifie ici : éblouir, troubler la vue en l’obscurcissant.

7 « J’ois » provient du verbe « ouïr » qui signifie « entendre ».

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« Faillent » provient du verbe « faillir » qui signifie dans ce sens « manquer ». Les pieds du cheval viennent à lui manquer : il tombe, ne tient plus debout.

8 Fils des Ténèbres et de la Nuit, Charon est le batelier des Enfers. En effet, dans la mythologie grecque, les Enfers sont séparés du Royaume des Vivants par des fleuves qu’il faut traverser en barque.

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Un valet

9 « Le centre de la terre » désigne les Enfers.

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Le « haut mal » est le nom qu’on donnait à l’époque à l’épilepsie, maladie nerveuse entrainant perte de connaissance et convulsions. « Tomber du haut mal », c’est donc mourir d’épilepsie.

10 Un serpent (variété de vipère)

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Séquence 3

11 Tomber


b) Jean Baptiste Chassignet 1

Mortel, pense quel est1 dessous la couverture

D’un charnier mortuaire un corps mangé de vers,

Décharné, dénervé, où les os découverts,

Dépulpés, dénoués, délaissent leur jointure :

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Ici l’une des mains tombe de pourriture,

Les yeux d’autre côté détournés à l’envers.

Se distillent en glaire, et les muscles divers

Servent aux vers goulus d’ordinaire pâture :

Le ventre déchiré cornant de puanteur

Infecte l’air voisin de mauvaise senteur,

Et le nez mi-rongé difforme le visage ;

Puis connaissant l’état de ta fragilité,

Fonde en Dieu seulement, estimant vanité

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Tout ce qui ne te rend plus savant et plus sage

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Chassignet J.-B. (1574). Mépris de la vie et consolation contre la mort. Sonnet 5. 1 Imagine comment est 2 Puant

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c) Pierre De Marbeuf, 1596-1645

Et la mer est amère, et l’amour est amer,

L’on s’abîme en l’amour aussi bien qu’en la mer,

Car la mer et l’amour ne sont point sans orage.

on

Et la mer et l’amour ont l’amer pour partage,

Celui qui craint les eaux qu’il demeure au rivage,

Celui qui craint les maux qu’on souffre pour aimer,

Qu’il ne se laisse pas à l’amour enflammer,

Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.

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La mère de l’amour eut la mer pour berceau1,

Le feu sort de l’amour, sa mère sort de l’eau,

Mais l’eau contre ce feu ne peut fournir des armes.

Si l’eau pouvait éteindre un brasier amoureux,

Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,

Que j’eusse éteint son feu de la mer de mes larmes. De Marbeuf P. (1628). Sans titre. Recueil des vers. 1

Allusion à Aphrodite / Vénus, déesse de l’amour, née de l’écume de la mer.

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4. Pour chacune des caractéristiques baroques suivantes, indique : a) lequel de ces poèmes te semble l’illustrer le plus manifestement ; b) sur quels vers tu fondes ta réponse.

• Le foisonnement

• L’instabilité

• La complexité

• Le gout du macabre

• L’excès

• Le gout du bizarre

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c) Justifie oralement.

5. Souligne, dans chacun des textes, des figures de styles typiques de la poésie baroque et nomme-les.

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6. Quels effets ces figures sont-elles susceptibles de produire sur le lecteur ?

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7. Choisis une des œuvres présentées dans l’activité 3 (peinture, sculpture, architecture ou poésie) et complète le schéma argumentatif ci-dessous pour justifier son appartenance au mouvement baroque.

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est une œuvre baroque

8. Présente ta justification oralement à la classe.

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Séquence 3

 Fiche outil, Convaincre, p. xxx


Activité 4

Comparer des œuvres baroques et classiques —

1. Comparer des représentations picturales d’épisodes bibliques

on

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a) Le sacrifice d’Isaac

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Observe les deux couples de toiles ci-dessous. Chaque paire met en scène le même épisode biblique : les sujets sont identiques (les artistes puisent leur inspiration dans le même réservoir), mais leur traitement bien différent. Les deux premières toiles représentent le sacrifice d’Isaac. Les secondes, le jugement e-Document 3 de Salomon. Consulte le e-Document 3 pour Pour en savoir plus en savoir plus sur ces récits. sur deux épisodes bibliques

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b) Le jugement de Salomon

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1. Sur la base des caractéristiques observées précédemment, quel tableau de chaque paire te semble baroque et lequel te semble classique ? 2. Échange tes réponses avec tes condisciples.

2. Exprimer la comparaison classique / baroque Voici une liste de mots. Lis-les et assure-toi de bien les comprendre. – bariolé – biscornu – choquant – concis – convenable – dépouillé – dynamique – émotionnel – excessif – exubérant – fantaisiste – hétérogène – homogène – intellectuel – invraisemblable – irrégulier – mesuré – modéré – orné – prévisible – prolixe – raisonné – rectiligne – régulier – sobre – statique – surprenant – symétrique – vraisemblable

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asymétrique

Classique

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Classique

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Baroque

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Baroque

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1. Recopie ces adjectifs dans le tableau suivant selon qu’ils conviennent mieux pour évoquer le classique ou le baroque. Place en vis-à-vis sur chaque ligne les termes qui s’opposent deux à deux.

2. Parmi ces paires d’adjectifs antithétiques : a) choisis-en trois qui conviennent pour qualifier les représentations du Sacrifice d’Isaac ou du Jugement de Salomon.

b) Justifie oralement ta réponse.

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Séquence 3


3. Nuancer l’opposition baroque / classique Les notions de baroque et classique ne sont pas si exclusives qu’il pourrait y paraitre. 1. Prends connaissance du texte suivant. Assure-toi que tu le comprends bien.

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Dans la première moitié du XIXe, on retrouve entre les néo-classiques (DavidIngres) et les romantiques (GéricaultDelacroix) une opposition fort voisine de l’opposition Classique-Baroque. Les 35 romantiques peuvent être perçus comme des néo-baroques s’opposant aux néoclassiques. La peinture romantique est comme une chambre d’écho des audaces du style baroque, tant en ce qui concerne 40 le sujet qu’en ce qui concerne la forme. Ses toiles passionnées contrastent avec celles des peintres néo-classiques, plus froides, où la rigueur de la ligne – du dessin – prime sur l’éclat de la couleur. 30

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Cette domination d’une tendance sur l’autre, on la retrouvera aux siècles suivants 25 et l’on peut dire qu’elle ira s’accentuant au point de donner naissance, au XXe siècle, à des œuvres contemporaines les unes des autres où se manifeste, d’une part, la raison seule, de l’autre, la seule émotion.

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L’équilibre entre émotion et raison est une caractéristique de l’art de la Renaissance. Le couple BaroqueClassique du XVIIe siècle détruit-il cet équilibre ? Y a-t-il lieu de penser que l’art baroque est tout émotion et l’art classique tout raison ? Faut-il croire que la volonté du roi de France de susciter des œuvres distinctes de celles qu’avait suscitées le pape – des œuvres illustrant un génie typiquement français – a donné naissance à un style intellectualisant où le sentiment n’a plus aucune place ? Faut-il croire, corollairement, que le style baroque né à Rome ne sollicite que l’affectivité ? Non. Baroques ou classiques, les créations du XVIIe siècle manifestent la dominance de l’émotion sur la raison ou l’inverse, mais non l’exclusion de l’une au profit de l’autre.

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1

David, J.-L. (1785). Le Serment des Horaces. Huile sur toile. 330 x 425 cm. Paris : Musée du Louvre.

Delacroix, E. (1827). La Mort de Sardanapale. Huile sur toile. 392 x 496 cm. Paris : Musée du Louvre.

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Souveryns, P. (2003). Regards sur le XVIIe siècle, Liège : CIFEN, ULG.

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Baroque et classique sont des termes d’usage assez courant qui servent à qualifier l’apparence, le comportement, les gouts d’une personne. En employant ces motslà, nous ne songeons généralement pas au sens technique qu’ils ont dans le domaine 70 de l’art, nous signifions que la personne fait – de notre point de vue, étant donné notre propre tempérament – la part (plus) belle à la raison ou à l’émotion. Ce qu’il importe de comprendre, s’agissant de 75 la création artistique, c’est que raison et émotion peuvent faire bon ménage, former un couple orageux, se dominer alternativement, divorcer, se réconcilier et que l’histoire de leur relation est une 80 histoire passionnante. 65

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Au XXe siècle l’opposition se radicalise parfois. Un exemple remarquable est l’art abstrait avec des personnalités comme Kandinsky et Mondrian. On parle même de l’abstrait « chaud » et de l’abstrait « froid ». […] L’art abstrait est une projection la plus fidèle possible de la réalité intérieure de l’artiste, il n’est donc pas étonnant qu’il exhibe et exacerbe les inclinations créatrices de tempéraments opposés, l’intellect dominant celui-ci ou l’affectif celui-là […]. À l’image de l’homme, l’art a deux composantes fondamentales : la raison et l’émotion. Disons-le autrement : l’homme crée à son image et, dès lors qu’il n’est plus contraint de respecter des canons du beau, il ne peut faire autrement que manifester l’équilibre ou le déséquilibre en lui de la raison et de l’émotion, de l’ordre et du désordre, de la rigueur et de la fantaisie.

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Mondrian, P. (1921). Composition en rouge, jaune, bleu et noir. Huile sur toile. 59,5 x 59,5 cm. La Haye : Kunstmuseum.

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Séquence 3

Kandinsky, W. (1913). Composition VII. Huile sur toile. 200 x 300 cm. Moscou : Gallerie Tretyakov.


2. Propose, pour ce texte, un titre qui en annonce explicitement le propos. 3. Observe les deux œuvres du XXe qui illustrent l’article que tu viens de lire. a) Laquelle de ces œuvres qualifierais-tu de baroque et laquelle de classique ? b) Justifie ta réponse en formulant une comparaison basée sur quelques adjectifs antithétiques de l’activité 3. 4. Quant à toi, te sens-tu davantage de tempérament baroque ou classique ?

Mondrian, Kandinsky... et toi

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Séquence 3

61


Tâche finale

Réaliser et présenter un diaporama —

Comme tu l’as découvert, le baroque s’exprime encore de nos jours. Les œuvres des artistes contemporains expriment tantôt des tendances plus baroques, tantôt plus classiques. 1. Ci-dessous une liste d’artistes du XXe siècle à nos jours. Prends-en connaissance.

e-Document 2

N

3. Réalisez un diaporama conforme aux conseils de l’e-document 2. Il comprendra entre 8 et 10 dias pour 3 à 5 minutes d’exposé oral.

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2. En binôme, choisissez un(e) artiste dont vous aurez à mettre en évidence le tempérament baroque.

Frank Gehry, Antoni Gaudí, Zaha Hadid, Daniel Libeskind

Photographie :

Jean-Paul Goude, Pierre et Gilles, David Lachapelle, Romina Ressia

Arts plastiques :

Jeff Koons, Niki de Saint Phalle, Jan Fabre, Gérard Garouste, Takashi Murakami, Yayoi Kusama, Miguel Chevalier

Stylisme :

John Galliano, Jean-Paul Gautier, Asya Kozina

Bande dessinée :

Philippe Druillet, Olivier Ledroit, Mœbius, Nicolas De Crécy

Design :

Oriel Harwood, Marcel Wanders, Patricia Urquiola, Ron Arad

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Architecture :

Gerhy F. Hôtel de Marques de Riscal. Elciego. Espagne

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Séquence 3 Photo : Alberto Loyo / Shutterstock.com


Séquence 4

« Autant de têtes, autant d’avis »1 — Résumer l’avis d’autrui

Proverbe souvent attribué à Jean de La Fontaine, qui l’aurait lui-même traduit de Cicéron.

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1

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Lorsque l’on résume un texte, la première exigence est d’être fidèle à la source. Cette exigence est encore plus cruciale quand il s’agit de l’opinion d’autrui. En effet, dans ce cas de figure, il est plus que jamais nécessaire de faire preuve d’une honnêteté intellectuelle sans faille…

Production attendue

Résumer un texte argumentatif

Résumé de texte argumentatif

Appliquer

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Compétence à développer

Ed Connaitre Justifier la sélection des informations

Ressources communes

Dans une situation de communication précise, résumer un texte argumentatif dans une longueur imposée pour informer autrui

iti

• Analyser la spécificité de la situation de communication du texte source et du texte à produire • Lire et manifester sa compréhension du texte source • Sélectionner les informations de premier plan dans un texte source • Planifier un résumé sous la forme d’un écrit intermédiaire • Évaluer et améliorer la qualité d’un résumé

Transférer

• Opérations d’écriture • Langue • Littérature et art • Normes de l’écrit • Réflexion sur la langue

UAA 2 Ressources • • • • • • • •

Paramètres de la situation de communication Mode de lecture (intégrale) Caractéristiques du genre Structure discursive dominante (argumentative) Cohésion textuelle Progression et hiérarchisation des informations Procédure de sélection Ressources linguistiques pour importer le discours d’autrui en l’empruntant (citation) ou en la reformulant (discours direct, résumé, paraphrase) • Gestion de la contrainte de longueur (procédés de concision)

63


Dans cette séquence, tu pourrais avoir besoin des fiches outils suivantes :

 Convaincre, p. xx  Informer, p. xx  Relations sémantiques, p. xx Ainsi que de l’entrainement suivant :

 Résumer, p. xx

Activité 1

Comparer un texte argumenté et son schéma —

Lis le texte ci-dessous en vue d’en déterminer le thème et la thèse qui y est défendue.

IN

Document 1 —

comme celles-ci : Les salariés de l’usine XXX ont occupé leur lieu de travail ce matin ou Les travailleurs du secteur automobile ont déposé un préavis de grève. Est-ce à dire que ces actions sont menées uniquement par des 30 hommes ? Non, bien sûr ! Pourtant c’est bien ce que laisse entendre la langue, telle qu’elle fonctionne aujourd’hui. Elle évacue les femmes et, très souvent, elle fait comme si elles n’existaient pas. 25

« Une pièce à soi et de l’argent. » Telles sont, selon l’écrivaine anglaise Virginia Woolf (1882-1941), les deux conditions majeures à l’indépendance des femmes. Certes, ce sont bien des conditions nécessaires, mais elles ne sont pas suffisantes. Disposer d’une langue également respectueuse des deux sexes est – et peut-être de loin – l’urgence absolue. Il est grand temps de parler et d’écrire un autre français !

Commençons par le lexique. Quel est le métier de la femme qui a réalisé ceci ?

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5

Octobre 2017 : L’affaire Weinstein éclate et met en lumière un malaise profond de nos sociétés. Mais elle permet, en même temps, une libération sans précédent de la parole des femmes. Sur toute la planète, les révélations sur le harcèlement sexuel dans le monde politique, à l’université, dans les milieux artistiques et celui des affaires… se succèdent.

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Autre temps, autre langue2

15

Le français est sexiste !

20

Le français d’aujourd’hui est, en effet, d’un mépris patent pour la gent féminine et il n’est pas outrancier de le qualifier de sexiste. La presse abonde d’exemples… La preuve, si vous ouvrez un journal, vous pouvez très souvent y lire des phrases

Ce texte est très largement inspiré de Viennot, É. (2017). Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin. Donnemarie-Dontilly : Éditions iXe.

2

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Séquence 4

Gentileschi, A. (1610). Judith décapitant Holopherne. Huile sur toile. 158,8 x 125,5 cm. Naples : Museo Capodimonte.


Et de celle qui a écrit cela ? Les mots pour désigner ces femmes sont identiques à ceux que l’on utiliserait pour des hommes : peintre, philosophe ou essayiste. En revanche, on fait très bien la différence, linguistiquement parlant, 40 entre un maitre d’école et une maitresse d’école, entre un ouvrier et une ouvrière, entre un cuisinier et une cuisinière. S’il est question de chef étoilé, ce n’est déjà plus pareil. À l’université, on parle d’un maitre 45 de conférences, qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme… Le français a bel et bien exclu les femmes des professions les plus prestigieuses.

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Pour comprendre cet état de fait, un peu d’histoire s’impose. De tout temps, la langue française a été régie par les hommes : des hommes qui entendaient conserver leur mainmise sur la société. Ce sont les doctes – des hommes – du 17e siècle qui se sont attachés à neutraliser les sonorités qui marquent les noms féminins et ce, malgré la logique de la langue qui ne marque pas le féminin, mais bien la différence des sexes. C’est ainsi que Jean-Louis Guez de Balzac (1597-1654), l’un des grands puristes de l’époque écrit : « Je dirai plutôt que Mademoiselle de Gournay est poète que poétesse, et philosophe que philosophesse. Mais je ne dirai pas sitôt qu’elle est rhétoricien que rhétoricienne, ni le traducteur que la traductrice de Virgile. » La logique du grammairien est simple : les noms féminins doivent se terminer par un -e. Si le mot masculin se termine par un -e, il convient aux deux sexes et le mot spécifiquement féminin doit disparaitre. Dans le cas inverse, on conserve la forme féminine.

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Un peu d’histoire...

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est médecin, est auteur, est peintre ; et non poétesse, philosophesse, médecine, autrice, peintresse, etc. » Ce qui est manifeste dans cette recommandation, c’est que les occupations et les métiers visés sont ceux qui importent à l’élite intellectuelle, élite constituée d’une très large majorité d’hommes. Et leur combat ne fait que commencer. Lisez plutôt ces lignes que l’on doit à un militant politique et poète et qui datent de 1801 : « Pas plus que la langue française, la raison ne veut qu’une femme soit auteur. Ce titre, sous toutes ses acceptions, est le propre de l’homme seul. » La victoire des hommes est totale : les femmes sont inaptes aux travaux de l’esprit et la langue est là pour le confirmer !

L’Académie française, cette institution fondée en 1634 pour être la gardienne du 100 bon usage, du français correct, a attendu février 2019 pour se prononcer en faveur 75 De plus, en 1689, d’autres formes d’une ouverture à la féminisation des féminines – et pas des moindres – passent noms de métiers, de fonctions, de titres à la trappe, comme en témoignent ces et de grades. Mais ce progrès est pour lignes d’un autre docte : « Il faut dire 105 le moins ambigu et reste entaché d’un cette femme est poète, est philosophe, machisme incontestable. Il reste en effet

Séquence 4

65


125

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Le « masculin l’emporte sur le féminin »...

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145

Poursuivons avec la grammaire : le constat est tout aussi affligeant. Rappelezvous la règle d’accord de l’adjectif se rapportant à un nom féminin et à un nom masculin que l’on vous a fait étudier dès l’école primaire : « Le masculin l’emporte sur le féminin. » Cette règle, imposée au 17e siècle, un grammairien du siècle suivant la justifie en ces termes : « Parce que le genre masculin est le plus noble, il prévaut seul contre deux ou plusieurs féminins, quoiqu’ils soient plus proches de leur adjectif. » Cette règle, qu’on vous a assénée, vous avez dû l’apprendre par cœur, la réciter et l’appliquer sans broncher. Bref, vous avez dû l’intégrer sans avoir le droit de l’interroger et de remettre en question le machisme qui la sous-tendait. La grammaire donc, elle aussi, écrase et évacue les femmes et recommande des énoncés comme celui-ci, que nous écrivons sans sourciller : « Les caissières et le gérant de l’hypermarché ont été attaqués ».

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attester que l’abstraction demeure la chasse gardée du masculin…

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deux mots – ceux qui les concernent de plus près – écrivain et auteur, sur lesquels les académiciens achoppent. Pour le premier, l’affaire est si sensible que le rapport expédie en deux lignes la forme écrivaine – laquelle se contente pourtant d’ajouter un -e à un mot se terminant par une consonne, selon la règle qu’elle préconise pour d’autres professions. « Cette forme, peut-on lire, se répand dans l’usage sans pour autant s’imposer. » En réalité, beaucoup d’académiciens estiment ce terme « laid » ou « dissonant ». Ils entendent « vaine », là où ils ne remarquent pas du tout « vain » quand le mot est au masculin. En ce qui concerne auteur, faut-il simplement ajouter un -e ou préférer autrice, un peu plus élitiste ? Interrogé à ce sujet en 2017, Alain Finkielkraut jugeait le mot « horrible ! » Autre solution : considérer, comme le suggère le rapport, que « la notion, qui enveloppe une grande part d’abstraction, peut justifier le maintien de la forme masculine, comme c’est le cas pour poète, voire pour médecin ». Le débat reste ouvert – et enrobé d’une certaine ambigüité, puisqu’il semble

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Un français égalitaire est possible Les femmes ont le droit à l’égalité et la langue doit impérativement le leur reconnaitre. D’aucuns prétendront que 165 la langue a une histoire, des usages et qu’il est bien difficile voire impossible de la changer. Qu’ils se détrompent : parler et écrire dans un français respectueux de l’égalité des sexes n’est ni compliqué, ni 170 couteux, puisque notre langue, depuis fort longtemps, a tout l’équipement requis. Le lexique du français possède les ressources nécessaires pour exprimer

66

Séquence 4


l’égalité. On a recours soit à des mots font profession d’être chrétiennes » (et épicènes (enfant, ministre, mécène) soit non chrétiens). Cet accord « à l’oreille » à des termes distincts pour les hommes 200 permet d’ailleurs de choisir, et cette et pour les femmes, ces termes ayant souplesse est à souligner : « ces hommes généralement un radical commun. et ces femmes sont belles » ou « ces Ainsi disait-on autrefois inventeur et femmes et ces hommes sont beaux ». 180 inventrice ; prophète et prophétesse ; Une autre possibilité pourrait être juge et jugesse ; empereur et emperières ; 205 l’accord de majorité bien plus logique jongleur et jongleresse, bourreau et et bien plus démocratique. Reprenons bourrelle… Et Marguerite d’Autriche l’exemple cité plus haut : « Les caissières (1480-1530) se plait à rappeler à son et le gérant de l’hypermarché ont été 185 neveu, l’empereur Charles Quint, qu’on attaquées. » lui écrit en tant qu’« autrice de paix ». Jusqu’en 1630, jamais une femme n’est 210 Qu’attendons-nous pour rendre désignée avec un titre masculin. à notre langue sa noblesse et sa grandeur ? Qu’attendons-nous pour Sur le plan grammatical, même parler un français juste, respectueux, 190 constat ! Lorsqu’il faut accorder un démocratique ? adjectif avec plusieurs mots de genres © Van In différents, on applique l’accord de D’après la conférence donnée proximité. Hérité du latin, il consiste à par Éliane Viennot à l’université de Namur pratiquer l’accord avec le dernier terme en octobre 2019. 195 prononcé ou écrit. Pierre Nicole, dans son traité De l’éducation d’un prince (1670) parle de « ces pères et ces mères qui

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1. Comprendre le texte

1. Assure-toi que tu comprends bien le texte. a) Quel en est le thème ?

iti

b) Entoure les mots (ou les informations) que tu ne comprends pas ou ceux pour lesquels tu voudrais une explication ou un supplément d’information.

Ed

c) Comment pourrais-tu en éclairer le sens ?

2. Quelle est l’opinion défendue dans ce texte ?

3. Quels sont les arguments principaux ?

Séquence 4

67


4. Ce texte, comme tous ceux rencontrés dans cette séquence, poursuit l’intention de convaincre. En réalité, il s’agit de son intention dominante. À cette intention (dominante) correspond une structure (argumentative) dominante, elle aussi. Considère la partie intitulée « Un peu d’histoire ». Elle diffère du reste du texte par son intention et sa structure. a) Consulte les fiches outils qui te semblent adéquates. b) Identifie cette intention. c) Prouve ta réponse. d) Quelle structure a été mobilisée ? explicative

descriptive

argumentative

N

e) Prouve ta réponse.

dialoguée

IN

narrative

VA

f) Si tu ne disposais que d’un mot pour expliquer pourquoi le français est devenu sexiste, lequel emploierais-tu ?

s

g) Dans quels domaines de la langue peut-on observer ce sexisme ? Illustre ta réponse.

on

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h) Selon toi, pourquoi l’auteure a-t-elle jugé bon d’insérer cette partie ?

Ed

i) Compte tenu de l’intention de l’auteure, cette partie te semble-t-elle essentielle ? Explique.

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Séquence 4


2. Observer et compléter le schéma du texte Pour rédiger un texte argumenté, tu planifies ton travail grâce au schéma d’argumentation. Cet outil est également très utile pour résumer ce même type de texte. Observe le schéma lacunaire du texte « Autre temps, autre langue » à la page XX, puis réponds aux questions ci-dessous. 1. Considère l’introduction du texte. a) Délimite-la. b) Souligne le passage dans lequel la thèse est exprimée.

d) Quelle est la fonction du passage qui la précède ?

N

IN

c) Reformule la thèse en commençant par « il faut... » et note-la dans la case adéquate (dans le schéma de la page XX).

VA

e) Quelle place les informations qu’il contient auront-elles dans le schéma d’argumentation ? Explique.

2. Observe le paragraphe qui suit l’introduction, aux lignes XX à XX.

s

a) Quelle relation sémantique indique le connecteur « en effet » ?

on

iti

b) Relève dans ce paragraphe le fragment qui, selon toi, exprime le premier argument de la façon la plus brève et efficace.

Ed

c) Identifie le premier développement de cet argument dans la suite du paragraphe. Tu pourras trouver ce développement en te posant la question : « Pourquoi peut-on soutenir que le français est sexiste ? » d) Cet argument est illustré par des exemples : repère-les. Séquence 4

69


e) Les exemples sont annoncés par une preuve apportée au développement, qu’il faudra reporter dans le schéma. Recopie cette preuve. f) Complète le schéma en utilisant des mots-clés et/ou des symboles. En voici quelques-uns. Tu es libre d’en utiliser d’autres qui te conviennent mieux.

+

addition

±

environ (plus ou moins)

soustraction

femme (féminin)

X

multiplication

homme (masculin)

÷

division

point de vue

>

plus grand que / d’où

rien, vide

plus petit que / vient de

§

paragraphe

=

égal (veut dire)

appartient à (fait partie de)

> <

amour, aimer

↗︎

augmentation (augmente, croît, monte, progresse positivement)

cause (vient de, a pour origine, est issu de) conséquence (aboutit à, entraine, provoque, devient) opposition existe

↘︎

∞ ∄

diminution (diminue, décroit, descend, progresse négativement) mort, mourir

infini n’existe pas

3. Considère le paragraphe suivant, aux lignes XX à XX.

iti

mariage, union

VA

n’appartient pas à (ne fait pas partie de)

parallèle à (ressemble à)

s

différent (contraire)

on

//

N

<

IN

a) Utilise un (ou deux) mot(s)-clé(s) pour reformuler le développement énoncé dans cette partie et recopie-le(s) à l’endroit opportun dans le schéma.

Ed

b) Qu’est-ce qui permet à la conférencière d’affirmer cela ? – Reformule en veillant à la concision, en utilisant des mots-clés et des symboles. – Reporte ta réponse dans le schéma.

c) Observe la typographie. – Qu’indique l’italique ? – Sélectionne trois exemples que tu estimes significatifs et recopie-les dans le schéma (tu peux les rassembler dans une seule case).

70

Séquence 4


4. « Commençons par le lexique » (ligne XX) est une expression qui introduit un développement pour l’argument. a) Recherche son pendant dans la suite du texte et surligne-le. b) Complète le schéma. c) Quelle(s) relation(s) sémantique(s) uni(ssen)t les éléments d’une même ligne du schéma ? d) Choisis, dans la liste ci-dessous, les connecteurs qui pourraient relier ces éléments. parce que

– par conséquent – en effet – c’est pourquoi – par exemple – pourtant – afin de – la preuve – au cas où – exemple – de sorte que

e) Recopie-les dans le schéma aux endroits opportuns.

IN

5. Envisage la partie suivante : « Un français égalitaire est possible » (lignes XX à XX). a) Considère le paragraphe (lignes XX à XX) recopié ci-dessous.

VA

N

Les femmes ont le droit à l’égalité et la langue doit impérativement le leur reconnaitre. D’aucuns prétendront que la langue a une histoire, des usages et qu’il est bien difficile voire impossible de la changer. Qu’ils se détrompent : parler et écrire dans un français respectueux de l’égalité des sexes n’est ni compliqué, ni couteux, puisque notre langue, depuis fort longtemps, a tout l’équipement requis.

b) Trois phrases composent ce paragraphe. Quelle est la fonction de la première phrase ?

s

on

c) Quelle est la fonction de la deuxième phrase ? Pour t’aider, consulte la fiche outil Convaincre, en particulier la section D.3 (page XX).

iti

d) Qu’indique l’utilisation du verbe « prétendre » ?

Ed

Séquence 4

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e) Quelle est la fonction de la troisième phrase ? f) Quelle phrase de ce paragraphe sera prise en compte dans le schéma ? Surligne-la et explique ton choix. g) Complète le schéma en utilisant trois mots maximum. 6. Lis les deux paragraphes suivants (lignes XX à XX). a) Quelle relation sémantique entretiennent-ils avec le paragraphe précédent ?

b) Choisis un connecteur pertinent à cette relation. De plus

Mais

Effectivement

Par conséquent

d) Remplis-les. 7. Considère le dernier paragraphe. a) Quelle est sa fonction ?

VA

c) Ajoute les cases nécessaires dans le schéma.

N

En effet

IN

Reformuler la thèse

s

Avancer un nouvel argument

Fournir des informations supplémentaires

on

Renforcer la thèse

b) Les questions qui le constituent sont appelées « questions oratoires ». Selon toi, de quoi s’agit-il ?

Ed

iti

c) Complète le schéma si nécessaire.

8. Vérifie ton schéma à l’aide des connecteurs utilisés à la question 5 (page XX).

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Séquence 4


Séquence 4

73

s VA

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on

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Ed

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Activité 2

Comparer le schéma du texte source au résumé —

Prends connaissance du résumé du texte « Autre temps, autre langue ». La consigne imposait de rédiger un résumé de maximum 150 mots pour un destinataire n’ayant pas eu accès au texte source.

VA

N

IN

Éliane Viennot, dans sa conférence « Autre temps, autre langue », à l’université de Namur, a défendu l’idée qu’il faut parler un autre français. Elle développe deux arguments. D’abord, elle avance que le français est sexiste. La langue courante fait souvent l’impasse sur les femmes (comme si seuls des hommes étaient présents), tel qu’on le voit souvent dans la presse. Ensuite, dans notre lexique, il n’existe pas de mots féminins pour désigner les métiers prestigieux exercés par les femmes. De plus, la règle d’accord au masculin en toutes circonstances est une injustice. Par ailleurs, elle soutient que ce français injuste n’est pas une fatalité : le français recèle des ressources nécessaires pour être égalitaire. D’une part, le lexique dispose de mots épicènes et de noms de métiers féminins autrefois utilisés. D’autre part, en grammaire, É. Viennot rappelle l’existence des accords de proximité et de majorité. (145 mots) 1. Précise la situation de communication dans laquelle se trouve l’auteur du résumé.

on

s

2. Quelle(s) différence(s) majeure(s) notes-tu entre l’intention du texte source et celle de son résumé ?

iti

Ed

3. L’auteur du résumé est-il d’accord avec l’opinion défendue dans le texte source ? Justifie ta réponse en te fondant sur l’intention de son auteur. 4. Compare le schéma du texte source au résumé. a) Quelles sont les informations du schéma qui (ne) se retrouvent (pas) dans le résumé ?

74

Séquence 4


b) Comment l’auteur du résumé s’y est-il pris pour passer de son schéma à son résumé ? c) L’auteur a fondé la textualisation de son résumé sur le schéma et non sur le texte source. Prouve-le.

5. Justifie la segmentation du résumé.

N

IN

VA

6. Si la consigne avait été de résumer le texte en 50 mots maximum : a) quels rangs du schéma auraient été pris en compte ?

s

iti

on

b) Rédige ce résumé.

Ed

7. Récapitulons. a) Quelles sont les informations suffisantes et nécessaires quand on résume l’avis d’autrui ?

Séquence 4

75


b) Quelles conditions déterminent l’utilisation des autres rangs du schéma dans le résumé ? c) Pour l’auteur d’un résumé, quels sont les avantages de passer préalablement par la schématisation du texte source ? Détaille ta réponse.

IN

Activité 3

N

Rédiger la procédure à mettre en œuvre

VA

En te fondant sur ce que tu as observé :

1. rédige la procédure à mettre en œuvre pour écrire le résumé d’un texte argumenté ;

s

2.​ confronte ta procédure à celle des autres élèves de la classe afin de conserver la plus appropriée.

on

Ed

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Séquence 4


Activité 4

Sélectionner des informations et les textualiser —

IN

Photo : Marie-Stéphane Barthout, Wikimedia commons

Raphaël Enthoven, professeur de philosophie, a publié ses Morales provisoires en 2018. Dans des textes courts, l’essayiste prend parti sur les sujets que l’actualité lui présente. Lis le texte ci-dessous.

Document 2

près, de la somme qu’il a dérobée ? Tue-ton plusieurs fois un assassin récidiviste ? Et, surtout (comme en témoigne le calvaire de Kelly Gissendaner, dont l’exécution a été plusieurs fois suspendue), l’exécution capitale ajoute à la mort la préméditation de la mort et l’attente du condamné : pour que la loi du talion s’applique vraiment, il faudrait que le criminel ait lui-même averti sa victime de l’époque où il lui donnerait la mort et l’ait ensuite séquestrée pendant des années dans un couloir sans lumière. Or peu de meurtriers, contrairement à certaines démocraties, sont capables d’une telle perversion3.

VA

« Depuis quand la vie d’un assassin vaut-elle plus que celle de sa victime ? »

N

Ed

iti

on

s

Kelly Gissendaner, convaincue d’avoir organisé avec son amant l’assassinat de son mari, en 1997, a reçu une injection létale dans la nuit du 29 au 30 septembre 2015. Malgré les recours de ses avocats et l’appel à la clémence du pape François, la Thérèse Raquin1 américaine a été la première femme exécutée depuis 1945 en Géorgie. « Depuis quand, demandent les partisans de la peine de mort, la vie d’un assassin vaut-elle plus que celle de sa victime ? » En posant une telle question, ils présument que la justice obéit à la loi du talion : « Qui m’a fait mal doit avoir mal ; qui m’a crevé un œil doit devenir borgne ; qui a tué, enfin, doit mourir2. » Or ça ne tient pas. Pour deux raisons. La première est arithmétique : une telle équivalence est inapplicable. Punit-on l’incendiaire (sinon dans les pays où les familles des terroristes sont expropriées) en mettant le feu à sa maison ? Est-ce qu’on se contente de châtier un voleur en prélevant sur son compte l’équivalent, au centime

Le second argument en la défaveur de la loi du talion est que le talion relève de la nature et de l’instinct. Pas de la loi. Or la loi n’est pas là pour imiter la nature, au contraire. En donnant force de loi à un mouvement de la nature, le talion nous renvoie à l’époque où il n’y avait pas de lois ! […] Dans un État de droit, la justice ne doit pas être une affaire de vengeance. Enthoven, R. (2018). Morales provisoires. Paris : Éditions de l’Observatoire/Humensis. Pp. 382-383.

1 Personnage de Zola qui, avec son amant, a tué son mari. 2 Albert Camus, Réflexions sur la guillotine (1957). [Note de l’auteur] 3 « Beaucoup de législations considèrent comme plus grave le crime prémédité que le crime de pure violence. Mais qu’est-ce donc l’exécution capitale, sinon le plus prémédité des meurtres, auquel aucun forfait de criminel, si calculé soit-il, ne peut être comparé ? » Albert Camus, Réflexions sur la Guillotine (1959), Folio, « Folioplus philosophie », 2008, p. 30. [Note de l’auteur]

Séquence 4

77


1. Réaliser le schéma du texte 1. Assure-toi que tu comprends bien le texte, notamment les notions ou les références suivantes : « loi du talion » et « injection létale ». 2. Applique les étapes de la procédure (cf. l’activité 4, page XX) pour réaliser le schéma du texte. 3. La thèse est formulée deux fois dans ce texte : surligne-les. 4. Les arguments sont annoncés par des organisateurs textuels : entoure-les. 5. Réalise le schéma de l’argumentation de Raphaël Enthoven dans le cadre ci-dessous.

Ed

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IN

6. Confronte ton schéma à celui des autres élèves de la classe.

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Séquence 4


2. Rédiger le résumé du texte Ton résumé comportera maximum 110 mots et sera destiné à un élève de ton âge (n’ayant pas eu accès au texte source). 1. Pour rédiger l’introduction de ton résumé, quelles informations devras-tu obligatoirement prendre en considération ? L’identité de l’auteur La thèse de l’auteur Les références du texte (titre et contexte d’édition) Les arguments principaux L’annonce du nombre d’arguments

IN

2. Rédige ton introduction dans l’espace notes ci-dessous en 40 mots maximum et confronte-la à celles de tes condisciples.

N

3. Quel(s) rang(s) du schéma vas-tu abandonner pour rédiger ton résumé ? Tu seras capable de justifier ta réponse oralement.

VA

4. Combien de paragraphes vas-tu consacrer au corps de ton résumé ?

s

on

5. Rédige ton résumé en étant attentif(ve) à la neutralité de ton texte.

iti

6. Confronte ton résumé à celui de ton (ta) voisin(e). Amende-le en fonction de ses commentaires.

Ed

Résumé de l’opinion de Raphaël Enthoven

Séquence 4

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Activité 5

Évaluer et améliorer des résumés de textes argumentés —

IN

Photo : Catherine Hélie/© Gallimard

Chimamanda Ngozi Adichie est une auteure nigériane, connue notamment pour son roman Americanah (dans lequel elle raconte, sous le couvert de l’autofiction, son arrivée en Amérique et son apprentissage du regard de la société sur les Noirs). Lis l’extrait de son essai Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe. Elle y adresse quinze suggestions à l’une de ses amies (Ijeawele) qui lui avait demandé comment donner une éducation féministe à sa fille, Chizalum. Le passage ci-dessous est extrait de la « Septième suggestion » : « Ne présente jamais le mariage comme un accomplissement. »

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Document 3 1

Je n’aime pas beaucoup le titre de « Mme » parce que la société nigériane lui accorde trop de valeur. J’ai trop souvent vu des hommes et des femmes évoquer avec fierté ce titre de Mme, comme si celles qui n’étaient pas des Mmes avaient d’une certaine façon échoué quelque part. On peut choisir d’être Mme, mais charger ce titre d’une telle importance, comme le fait notre culture, me semble problématique. La valeur que nous accordons au titre de Mme implique que le mariage change le statut social de la femme, mais pas celui de l’homme. (Peut-être est-ce pour cette raison que tant de femmes se plaignent que les hommes mariés continuent à « se comporter » comme s’ils étaient célibataires ? Si notre société exigeait des hommes mariés qu’ils changent de nom et prennent un nouveau titre, différent de M., leur comportement changerait peut-être également ? Tiens donc !) Mais plus sérieusement, quand toi, à vingt-huit ans et un master en poche, tu passes en une nuit d’Ijeawele Eze à Mme Ijeawele Udegbunam, cela exige sûrement de ta part non seulement une certaine énergie mentale pour

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renouveler passeport et permis, mais aussi un changement d’ordre psychique, une sorte de nouvelle naissance. Cette « nouvelle naissance » n’aurait pas tant d’importance si les hommes aussi devaient en passer par là. Je préférerais qu’on se mette à utiliser Mme de la même façon que M. Un homme est M., qu’il soit marié ou non, une femme sera Mme, qu’elle soit mariée ou non. Apprends donc à Chizalum que dans une société véritablement juste, on ne devrait pas attendre des femmes qui se marient des changements qu’on n’attend pas des hommes. Voici une solution maligne : tout couple qui se marie devrait prendre un nom entièrement nouveau, choisi comme ils le souhaitent tant que les deux sont d’accord, de sorte qu’au lendemain du mariage, le mari et la femme puissent se rendre gaiement main dans la main auprès des services municipaux afin de changer leurs passeports, permis de conduire, signatures, initiales, comptes bancaires, etc. Adichie, Ch. N. (2017). Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe. Paris : Gallimard.


Ci-après, tu trouveras quatre résumés d’élèves. La consigne qu’ils avaient reçue était de résumer le texte de Chimamanda Ngozi Adichie en 130 mots maximum, pour des lecteurs n’ayant pas eu accès au texte source. 1. Évalue ces résumés. 2. Pour t’aider dans cette tâche, complète d’abord le schéma du texte de Chimamanda Ngozi Adichie.

C’est injuste

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Il ne faut pas obliger les filles qui se marient à

C’est possible

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3. Lis le résumé produit par Solène.

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Dans mon essai « Chère Ijawaele, ou un manifeste pour une éducation féministe » (2017), j’adresse 15 suggestions à mon amie pour qu’elle puisse éduquer sa fille de manière féministe. Dans ma septième suggestion, j’aborde le mariage. Pour moi, il ne faut pas obliger les filles qui se marient à faire des choses qu’on n’attend pas des hommes. En effet, c’est injuste , car c’est uniquement la femme qui change de statut, pas le mari. En plus, je pense que c’est possible : il serait bien plus égalitaire que les deux époux changent de nom. (92 mots) a) Quel est le défaut majeur du résumé de Solène ? Justifie en te référant à la situation de communication du résumé. Séquence 4

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4. Lis le résumé ci-dessous, rédigé par François.

« Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe » (2017) est un essai de Chimamanda Ngozie Adichie. L’auteure, en quinze suggestions, se propose d’aider son amie Ijeawele à éduquer sa fille de manière féministe. « Ne présente jamais le mariage comme un accomplissement » est la septième suggestion. Adichie défend la thèse suivante : il ne faut pas obliger les filles qui se marient à faire des choses qu’on n’attend pas des hommes. En effet, c’est injuste d’imposer ces changements à un sexe et pas à l’autre, car, traditionnellement, la femme est la seule qui change de statut : pour devenir « Mmes », elles ont des démarches administratives à accomplir. En même temps que ce changement administratif (quand elles changent de nom), un changement d’ordre psychologique s’opère inévitablement. Le mari, lui, est et reste « Monsieur » et son comportement ne change pas plus que son statut administratif.

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(144 mots)

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a) C’est dans le critère de pertinence que François a perdu des points. Quel(s) problème(s) sa copie présente-t-elle ?

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b) Énonce, oralement, les améliorations qu’il faudrait apporter pour que le résumé de François puisse être jugé pertinent.

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5. Lis le résumé produit par Farid.

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Dans son essai « Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe » (2017), Chimamanda Ngozi Adichie s’adresse à son amie Ijeawele. Elle lui explique en quinze suggestions comment éduquer sa fille de manière féministe. Sa septième suggestion est très intéressante : « Ne présente jamais le mariage comme un accomplissement. » Selon l’auteure, il ne faut pas obliger les filles qui se marient à faire des choses qu’on n’attend pas des hommes. Cela pose d’abord un sacré problème d’injustice : le titre de « Madame » implique un changement de statut pour elle, mais pas pour Môssieur... Ensuite, une société plus juste est possible. En effet, les époux devraient au moins changer de noms tous les deux !!! (112 mots) a) Quel est le défaut majeur du résumé de Farid ? – Surligne les passages problématiques. – Justifie en te référant à la situation de communication du résumé. b) Énonce oralement les modifications qui te paraissent indispensables.

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6. Lis le résumé produit par Anila. Son professeur a jugé (à raison) qu’en termes de contenu, son résumé était pertinent. Par contre, l’élève est en échec pour les critères d’intelligibilité et de recevabilité. a) Relève les erreurs d’Anila et propose des améliorations.

Le livre d’Adichie « Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une

éducation féministe » (2017), dans lequel il dit à son amie comment

élevé sa fille de manière féministe. Dans cette extrait, il dit qu’il

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ne faut pas obliger les filles qui se marient à faire des choses qu’on

attend pas des homme.

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change avec le marriage.

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Premièrement, elle dit que c’est injuste, car seul le statut de la femme

Deuxièment, Chimamanda dit qu’une sociétée plus juste est

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possible. Elle cite : « tout couple qui se marie devrait prendre un nom

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entièrement nouveau ».

b) Anila a utilisé quatre fois le verbe « dire ». Le professeur a commenté ainsi sa copie : « Ce verbe est trop passepartout ! » Propose des verbes pour remplacer toutes les occurrences de « dire ». c) Anila a introduit une citation dans son résumé. – Souligne-la. – Estimes-tu que ce procédé est opportun dans un résumé ? Pourquoi ? À quelle(s) condition(s) ?

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Pour bien rédiger un résumé

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Tâche finale

Photo : Rama, Wikimedia commons

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Lis le texte Les œuvres d’art ne sont pas contagieuses et résume l’argumentaire de Laurent Sagalovitsch, un chroniqueur connu pour son humour.

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1. Ton résumé sera destiné à un lecteur de ton âge n’ayant pas eu accès au texte source.

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2. Tu disposes de 140 mots (indique le nombre de mots au bas de ta copie).

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3. Tu rendras ton schéma préalable à ton (ta) professeur(e).

Document 4 —

Les œuvres d’art ne sont pas contagieuses D’après Laurent Sagalovitsch – 20 novembre 2019 à 16 h 02 – mis à jour le 27 novembre 2019 à 17 h 10

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Les interdire au nom de la morale me semble être non seulement une pratique des plus dangereuses, mais un contresens absolu. Lundi, une journaliste du New York Times se demandait si, au regard de ce que fut la vie de Gauguin, notamment son goût pour des jeunes filles mineures souvent représentées dans ses peintures, l’heure n’était pas venue de ranger au placard ses tableaux. Drôle

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d’époque où l’on s’érige tantôt en censeur, tantôt en gardien de la moralité, convaincu qu’il appartient à quelques-uns de décider au nom du genre humain tout entier de ce que la décence autoriserait à contempler.

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Gauguin, P. (1896). Trois femmes tahitiennes. Huile sur bois. 24,4 x 43,2 cm. New York : Metropolitan Museum of Art.

Ne serait-ce pas plutôt une affaire strictement personnelle où il appartient à chacun de se positionner en conscience face à des œuvres qui interrogent le cœur inquiet des hommes sans avoir besoin d’une autorité tutélaire qui viendrait exercer sa censure à chaque fois qu’elle le jugerait nécessaire comme une sorte de grand frère, mi-procureur, mi-père la morale, chargé de veiller sur notre éducation ? Serions-nous donc par essence des êtres amoraux qu’il faudrait par la force de la loi et de l’interdit éduquer à tout prix afin de nous 15 éviter de reproduire les comportements, les agissements ou les pensées décrites dans une œuvre d’art venue des limbes du passé ? Il est bien évident que ce n’est pas parce que j’aurais vu un tableau de Gauguin où ce dernier représenterait ses conquêtes adolescentes que ma seule obsession serait de parcourir les allées du musée afin de repérer, parmi un groupe de collégiennes venues là 20 en visite scolaire, celle qu’il me tardera de séduire et d’entreprendre. D’ailleurs, quand il m’arrive de relire un roman de Gide (ce qui, fort heureusement, ne se produit jamais !), je ne me retrouve pas non plus à hanter la sortie des lycées, en quête d’un jeune homme à même de satisfaire mes appétits pédophiles. Et même si je passais trop de temps à fourrager dans les romans de William Faulkner, je ne me mettrais pas à traiter de n... (paf ! sans crier 25 gare) la première personne de couleur que je rencontrerais […].

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Interdire une œuvre d’art quelle qu’elle fût au nom de la morale me semble être non seulement une pratique des plus dangereuses, mais un contresens absolu. Juger de la respectabilité d’une œuvre d’art sans la replacer dans son contexte culturel et historique revient à s’affranchir du principe même de la vie, des caprices du temps, des coutumes 30 de l’époque, de tout ce qui a accompagné l’artiste dans son processus créatif et donné naissance à son œuvre. Et si ces pratiques-là peuvent heurter l’essence même de notre sensibilité, c’est tant mieux. Nous mesurons alors combien la civilisation a pu progresser, comment elle est parvenue à s’extraire de ces marécages où elle barbotait, la façon dont collectivement la société a fini 35 par se défaire de ces comportements outranciers – prostitution, pédophilie, racisme – qui salissaient la condition humaine.

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À juste titre, nous nous indignons et, dans cette indignation, il y a comme un soulagement d’avoir renoncé à de telles pratiques. Si voir un tableau de Gauguin où il s’affiche avec des jeunes filles adolescentes peut nous heurter, nous réalisons aussi le chemin parcouru 40 depuis ; nous nous félicitons des progrès accomplis et jurons de ne jamais commettre pareilles offenses.

Gauguin, P. (1899). Deux femmes tahitiennes. Huile sur toile. 94 x 72,4 cm. New York : Metropolitan Museum of Art.

Nous sommes tous prisonniers du temps où nous évoluons, et ce qui aujourd’hui nous apparaît comme la norme, demain, après-demain, sera vilipendé par nos cadets qui à leur tour, tôt ou tard, dans les siècles futurs, ne seront pas épargnés par leurs descendants. 45 Ainsi va le monde. Et la valse inarrêtable du temps. Sagalovitsch, L. (2019). Les œuvres d’art ne sont pas contagieuses. En ligne http://www.slate.fr/story/184371/ censure-gauguin-new-york-times-oeuvres-pas-contagieuses? (consulté le 23 février 2020).

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Résumé de l’opinion de Laurent Sagalovitch

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Michel-Ange. David. Sculpture.

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