Connexion Français 4 - Livre Cahier - séquence 3

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CONNEXION FRANÇAIS 4 – LIVRE-CAHIER A

4

ISBN 978-90-306-9313-0 590988

vanin.be

LIVRE-CAHIER A A



Séquence 3

Nom de Zeus !

Mettre un récit mythique en voix Dès l’aube de l’humanité, les hommes se sont transmis des récits par la parole. Ces récits primitifs, essentiels à la communauté dont ils émanaient, ce sont les mythes. Aujourd’hui, ils nous parlent encore et nous procurent bien du plaisir. À toi de le partager…

Compétence à développer

Production attendue

S’inscrire dans une œuvre culturelle (source littéraire) en la transposant

Mise en voix d’un récit

Appliquer • Lire et manifester sa compréhension, son interprétation du texte source • Évaluer la production finale et la démarche de création

Ressources communes • Connaissance littéraire - Le mythe • Connaissance sur la langue - Réflexion sur la langue : orthographe et étymologie

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Transférer

Ressources

Transposer (de façon sérieuse) une œuvre littéraire complète en en modifiant le langage (de l’écrit à l’oral)

• Questionnement sur ce qu’on ressent, observe, interprète • Œuvre littéraire - Récit de fiction : action, personnage(s), cadre spatiotemporel, caractéristiques du genre de récit, portée symbolique, idéologique… • Transposition - Choix interprétatifs de l’œuvre source - Facteurs de cohérence avec l’œuvre source - Caractéristiques du langage de transposition (la voix)

UAA 5

Connaitre Expliciter la démarche et les choix adoptés dans la production


Séquence 3

Activité 1    Tu découvres les caractéristiques du mythe 1 Tu mènes une recherche pour élucider des expressions Certaines expressions utilisées couramment ont une origine très ancienne. 1. Choisis une expression parmi celles qui te sont proposées. Un talon d’Achille – Le fil d’Ariane – Un cheval de Troie – Être riche comme Crésus – Une épée de Damoclès – Une force herculéenne – Être médusé – Tomber dans les bras de Morphée – Regagner ses pénates – Une odyssée – Toucher le pactole – Le chant des sirènes – Un travail de titan 2. Mène une brève recherche en vue de :

a) trouver l’origine de cette expression ;

b) fournir sa signification.

3. Communique ce que tu as découvert à la classe en une ou deux minutes maximum. Tu peux disposer d’un aide-mémoire.

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4. Ces expressions sont toutes d’origine mythologique.

Séquence 3

a) Que faut-il entendre par là ? b) Confronte ta réponse à celles de tes condisciples afin de parvenir à un accord. c) Conservez votre réponse. M

Fiche outil Prendre la parole en public, p. 62

2 Tu manifestes ta compréhension globale d’un mythe Prends connaissance du mythe reproduit dans tes documents en t’interrogeant sur le cadre spatiotemporel des évènements. M

Document 1, pp. 92-93

1. Dans quel cadre spatiotemporel se déroulent les évènements racontés ? Justifie. 2. Liste les personnages dont il est question.

3. Regroupe-les et justifie tes regroupements. 4. Ce récit est-il fictionnel ou factuel ? 5. Confronte tes réponses à celles de tes condisciples.

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6. Voici une série d’items décrivant le genre du mythe.

Séquence 3

a) Prends connaissance des six premiers en t’assurant que tu les comprends bien. b) S’appliquent-ils au récit que tu viens de lire (oui, non ou tu ne peux pas répondre) ? En cas de oui, donne un exemple emprunté à « Prométhée, l’ami des hommes ». Items

O / N / ?

Preuves

1. Les mythes fournissent une explication à des phénomènes inexplicables (comme la création) pour les peuples primitifs.

2. Les mythes décrivent les relations entre les dieux et les hommes et les comportements de ceux-ci face à ceux-là.

3. Les mythes indiquent aux hommes qu’on ne peut pas transgresser certaines lois divines sous peine de sanctions.

4. Les mythes décrivent et expliquent la condition humaine.

5. Les mythes mettent en avant des traits de la psychologie humaine.

6. Les mythes traitent de questions philosophiques comme la liberté, la justice, la connaissance, la mort… 7. Un mythe relate une histoire sacrée qui a été ou qui est l’objet d’une croyance religieuse.

8. Le mythe est un genre universel : on en trouve dans toutes les cultures.

9. Un même mythe peut exister dans des cultures différentes.

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Séquence 3

3 Tu procèdes à une lecture plus fine 1. Cite les traits de caractère de… a) Prométhée : b) Zeus : c) Tu seras capable de justifier tes réponses oralement. 2. Ce mythe en évoque un autre : celui de l’âge d’or (lignes 1-2). De quoi s’agit-il ? 3. Selon toi, Pandore est-elle un bienfait ou un malheur ? Explique. 4. Ce mythe dit explicitement que la boite de Pandore contenait tous les malheurs possibles. Elle contenait aussi l’espoir. a) Selon toi, le fait d’espérer est-il un bien ? Un mal ? b) Illustre ta réponse. 5. Selon toi, peut-on affirmer que ce mythe est misogyne ? Réponds : a) en précisant le sens de cet adjectif ; b) en fondant ta réponse sur le texte.

Waterhouse, J. W. (1896). Pandore.

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Séquence 3

Activité 2    Tu compares des mythes 1 Tu manifestes ta compréhension globale en résumant Répartissez-vous en groupes et prenez en charge un des récits reproduits dans les documents en vous attachant à sa compréhension globale. M

Document 2, A et B, pp. 95-98

1. Résumez-le brièvement en vue de le présenter à la classe. 2. Confirmez que le récit que vous venez de lire est un mythe en vous fondant sur l’activité précédente.

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Séquence 3

2 Tu compares des mythes 1. Utilisez le tableau ci-dessous pour comparer le récit dont vous avez été chargés à « Prométhée, l’ami des hommes ».

Objets

Prométhée

Bases

Genèse

Popol Vuh

de comparaison

Origine géographique du mythe

Thème général

Image de l’homme

Image de la femme

Image de(s) dieu(x)

Questions philosophiques et morales

Réalités expliquées par le mythe

2. Communiquez les résultats de votre travail.

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3. Complétez le tableau sur la base des exposés de vos condisciples.

Séquence 3

4. On a souvent accusé les mythes de misogynie. a) Cette accusation est-elle confortée par les mythes que tu as lus ? Explique. b) Si oui, comment expliques-tu cette misogynie ? Émets une hypothèse. c) Confronte tes réponses à celles de tes condisciples. d) Si nécessaire, sollicitez l’arbitrage de votre professeur. 5. Selon toi, les mythes disent-ils encore quelque chose du monde dans lequel nous vivons ? Illustre ta réponse et partage-la avec tes condisciples. 6. Retourne à l’activité 2 et complète les lignes du tableau laissées en suspens. C

M

Entrainements Caractériser un personnage, p. 98 Caractériser un personnage (documents), p. 102 Comparer, p. 108 Comparer (documents), p. 112

Fiches outils Caractériser un personnage, p. 16 Comparer, p. 24

Tu augmentes ton capital lexical 1. Quelle acception le mot « mythe » a-t-il dans les énoncés ci-dessous ? Apparie les uns aux autres. 1. Après la première guerre mondiale, qui a fait des millions de morts, des intellectuels ont dénoncé le mythe du progrès qui, selon eux, avait conduit l’humanité à pareille catastrophe.

2. Le mythe d’Adam et Ève illustre le besoin qu’ont les humains de décider du bien et du mal et de dominer la création.

• 3. Napoléon Bonaparte est le principal édificateur de sa légende. Dès la première campagne d’Italie en 1797, il met en place une propagande en sa faveur. Il ne cesse de mettre en valeur ses propres actions : « Bonaparte vole comme l’éclair et frappe comme la foudre. Il est partout et il voit tout, il est l’envoyé de la grande nation. » Le mythe napoléonien était né ! 4. Son oncle à héritage qu’il invoque sans arrêt pour nous emprunter de l’argent ? C’est un mythe, ni plus ni moins !

5. Après la Coupe du monde de 2018, Eden Hazard est devenu un mythe pour nombre d’amateurs de football.

A. Récit relatant des faits imaginaires, transmis par la tradition et mettant en scène des êtres symbolisant des forces physiques, des généralités d’ordre philosophique ou social.

B. Évocation légendaire relatant des faits ou mentionnant des personnages historiquement réels mais transformés par la légende.

C. Représentation traditionnelle, idéalisée (et parfois fausse) d’un fait, d’une idée, d’un homme à laquelle des groupes conforment leur manière de penser et/ou leur comportement.

D. Personne célèbre, talentueuse ou héroïque qui a atteint un certain succès, une certaine notoriété dans un domaine, un milieu.

E. Chose dont on entend parler, mais qu’on ne voit jamais.

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Séquence 3

2. Le français a formé beaucoup de mots, et en particulier des mots savants, en faisant des emprunts ̰ au grec ancien. C’est le cas du mot « mythe », μυθος (muthos) en grec. Comme tu le vois, Le « u » du mot grec (appelé upsilon) est devenu « y » en français et le « θ » (appelé thêta) est devenu « th ». Voici quelques mots grecs avec leur traduction. a) Prends-en connaissance. b) Trouve des mots français formés à l’aide de ces mots grecs. c) Enrichis ta liste avec les réponses de tes condisciples. Mots grecs

Transcription

Traduction

Mots français

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Sens premier : histoire inventée Sens second : rumeur, mensonge

̰ μυθος

muthos

ὀρθός

orthos

correct

ἄνθρωπος

anthrôpos

être humain

ηθικός

êthikos

moral

πάθος

pathos

souffrance, passion

γυνή

gunê

femme

γυμνός

gumnos

nu

κύκλος

kuklos

cercle, rond

λόγος

logos

discours sur, étude de, science de

σύν

sun

avec

̰ μισος

misos

mépris, haine


Séquence 3

Activité 3    Tu définis les contraintes d’une bonne lecture à voix haute 1 Tu définis la situation de communication de la lecture à voix haute 1. Lis l’encadré ci-dessous. Explique et / ou illustre les termes soulignés. Des spécialistes de l’oral affirment que le lecteur est un médiateur . Pour que ce médiateur joue parfaitement son rôle, sa lecture doit être intelligible et vocalement expressive. Ces deux exigences ne pourront être rencontrées que si la lecture à voix haute se fonde sur une lecture préalable intelligente. 2. Certains facteurs risquent de faire échouer la communication. a) Lesquels ? b) Illustre ta réponse. c) Confronte-la à celles de tes condisciples. 3. Comment comptes-tu t’y prendre pour lire un récit à voix haute ?

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Séquence 3

2 Tu évalues une lecture à voix haute Relis l’extrait ci-dessous. 1. Annote-le conformément à ce qui a été précisé ci-dessus.

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Mais voici que Pandore frappe à sa porte… Ébloui, Épiméthée l’accueille dans sa maison. Le lendemain, il l’épouse et commencent alors les malheurs des hommes. Depuis la colère de Zeus, les hommes ne disposent plus du blé comme avant, sans efforts et en permanence. Le labeur fait désormais partie de leur vie. Ils doivent sans cesse se restreindre et se montrer économes. Or cette Pandore, comme toutes celles de son espèce, a précisément comme caractéristique d’être toujours insatisfaite. Elle exige d’être rassasiée ! Non seulement elles avalent et épuisent toutes les réserves, mais c’est la raison principale pour laquelle une femme cherche à séduire un homme. Elle joue au célibataire le grand air de la séduction, parce qu’en réalité, elle lorgne vers la réserve de blé. Et chaque homme, émerveillé par tant de beauté, se laisse piéger.

Farinati, P. (16e siècle). Pandore offre la jarre à Épiméthée.

Le dilemme est désormais le suivant : si un homme se marie, sa vie sera à peu près sûrement un enfer. Mais s’il ne le fait pas, à qui, au moment de mourir, reviendront les biens qu’il a pu accumuler ? Ils seront dispersés et tomberont dans les mains d’héritiers pour lesquels il n’a pas d’affection. S’il se marie, c’est une catastrophe ; s’il ne se marie pas, c’est une autre catastrophe ! Piquemal, M. (2012). Récits fabuleux de la mythologie. Paris : Albin Michel. Vernant, J.-P. (1999). L’univers, les dieux, les hommes. Récits grecs des origines. Paris : Le Seuil.

2. Écoute la lecture de ce mythe. a) Répond-elle à toutes les exigences définies à la question 3 de la page précédente ? b) Qu’a fait ou qu’aurait dû faire le lecteur pour la rendre intelligible et vocalement expressive ? 3. Partagez vos remarques et vos réflexions.

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M

Fiche outil Prendre la parole en public, p. 62

C

Entrainement Prendre la parole en public, p. 128 Prendre la parole en public (documents), p. 132


Séquence 3

Activité 4    Tu t’entraines à la lecture à voix haute 1 Tu rends ta lecture intelligible Prends connaissance du texte reproduit ci-dessous en t’assurant que tu le comprends bien. Tu seras amené à en donner une lecture à voix haute. 1. Consulte la fiche outil Prendre la parole en public, section C. M

Fiche outil Prendre la parole en public, p. 62

2. Indique les pauses que tu marquerais si tu avais à lire ce texte à voix haute.

Les maçons [Un jour, / un voyageur traversa un lotissement où de nombreuses maisons étaient en construction. // C’était l’après-midi. // Il faisait une chaleur accablante. // Et le voyageur crut bon de dire un petit mot à chacun.//] Bonjour, / [glissa-t-il au premier], / que faites-vous donc là ? // Moi ? // [répondit l’homme d’un ton rogue]. // Vous ne voyez pas que j’entasse des briques ? // Par une chaleur pareille, / ce n’est vraiment pas humain … // Je fais un boulot de galérien…// [Et, / à chacun des_hommes qu’il croisa, / le voyageur posa la même question.//] Moi, /[ répondit un second avec flegme, ] / je suis maçon. // Je fais un métier dur et pénible, / mais on gagne sa vie comme on peut.// Moi, / [répondit un troisième avec un sourire], / je suis en train de construire ma maison. // Je vais enfin avoir quelque chose qui sera à moi. // Moi, / [répondit le dernier, / qui semblait comme illuminé de l’intérieur,/ ]je construis la maison de la femme que j’aime. // J’y mets tout mon cœur. // Ce sera la plus belle maison du lotissement ! // [Le voyageur passa son chemin, / mais plusieurs_heures plus tard, / il avait encore en tête le sourire radieux de l’homme amoureux.//] Piquemal, M. (2009). Les philo-fables pour vivre ensemble. Paris : Albin Michel Jeunesse.

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Séquence 3

2 Tu rends ta lecture recevable en évitant les pataquès 1. Lis l’anecdote suivante. Un plaisant était à côté de deux dames. Tout à coup, il trouva sous sa main un éventail. – Madame, dit-il à la première, cet éventail est-il à vous ? – Il n’est point-z-à-moi, monsieur. – Est-il à vous, madame ? dit-il en le présentant à l’autre. – Il n’est pas-t-à moi, monsieur. – Puisqu’il n’est point-z-à vous et qu’il n’est pas-t-à vous, ma foi, je ne sais pas-t-à qu’est-ce ! L’aventure fit du bruit, et donna naissance à ce mot populaire, encore en usage aujourd’hui. 2. Sur la base de ta lecture, définis le mot « pataquès1». 3. Les liaisons sont un phénomène de phonétique syntaxique. Elles sont plus fréquentes dans la lecture et dans le parler de ton soutenu que dans le parler de la conversation courante. Aujourd’hui, on les pratique moins qu’autrefois. Prends connaissance des règles de liaison reproduites dans tes documents. M

Document 3, pp. 99-100

4. Nomme les trois sortes de liaisons. 5. Auxquelles dois-tu être prioritairement attentif(ve) ? Explique. 6. Lis à voix haute les énoncés ci-dessous en évitant de commettre un pataquès. a) Pauline a dépensé 100 euros pour se rhabiller. b) Ma grand-mère a eu 4 enfants. c) En 2020, le célèbre footballeur Pelé fêtera ses 80 ans. d) J’ai compté 20 oiseaux sur le fil électrique. 7. Ton professeur va lire plusieurs phrases à voix haute. Repères-y d’éventuels pataquès. 8. Indique les liaisons obligatoires dans le texte Les maçons et confronte ta réponse à celles de tes condisciples. 9. Si tu envisages d’en faire d’autres, sois capable de les justifier.

« Pataquès » peut, par extension, signifier aussi : « discours confus, inintelligible » ; « situation embrouillée, confuse ».

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Séquence 3

3 Tu prépares ta lecture expressive 1. Observe les interventions de chaque maçon. a) Disposes-tu d’indications explicites sur l’intonation à adopter pour la lecture à voix haute ?

– Si oui, surligne-les.

– Si non, infère-les.

b) Y a-t-il des signes de ponctuation qu’il convient d’interpréter ?

– Lesquels ?

– Comment les interprètes-tu ?

c) Note dans la deuxième colonne du tableau suivant le sentiment à exprimer, à faire passer lors de la lecture à voix haute. 2. Délimite par des crochets le discours du narrateur. a) Selon toi, de quelle manière doit-il être lu ?

– L’intonation doit-elle être constante ?

– Si oui, énonce ce qui te fait dire cela.

– Si non, localise les endroits où tu varierais l’intonation dans ta lecture et justifie cette option.

b) Sur la base de tes réponses, complète la deuxième colonne du tableau.

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Séquence 3

Personnages Voyageur

Premier maçon

Deuxième maçon

Troisième maçon

Dernier maçon

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Sentiment(s) à exprimer

Moyens pour les exprimer


Séquence 3

3. Prends connaissance de l’encadré ci-dessous. Pour lire de manière expressive, on dispose de plusieurs moyens qui tiennent essentiellement : 1) à la longueur des pauses ; 2) à l’accent expressif ou d’insistance : utilisé soit pour moduler la parole en fonction d’un sentiment, soit pour faire ressortir un élément de l’énoncé ; 3) aux variations de volume : de la voix basse, du murmure au cri ; 4) aux variations de débit : d’une lenteur volontaire à une rapidité relative ; 5) aux changements du timbre de la voix : du grave à l’aigu ; 6) aux changements de voix : de la voix d’un enfant à celle d’un vieillard… 4. Illustre ce que tu viens de lire… a) en choisissant un énoncé parmi ceux proposés ci-dessous. – Tout condamné à mort aura la tête tranchée. – Les devoirs doivent être remis le treize novembre. – Le soleil brille dans un ciel bleu azur. – Les impôts ne cessent d’augmenter. – Blanche-Neige est une garce. – Le marteau est l’osselet le plus externe de l’oreille moyenne. b) en choisissant un sentiment, une émotion, un état d’esprit. Attention, ce n’est pas le contenu de l’énoncé qui doit guider ton choix. c) en disant cet énoncé de telle manière que tes condisciples devinent le sentiment que tu as choisi. 5. Complète la dernière colonne du tableau. 6. Exerce-toi et propose ta lecture à la classe qui : a) t’évaluera avec bienveillance ; b) te suggèrera l’une ou l’autre modification à apporter pour améliorer ta lecture.

Tâche finale Dans tes documents, tu trouveras quatre mythes. Lis la partie de récit que t’attribuera ton professeur. M

Documents 4, A-D, pp. 101-107

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Séquence 3 Documents

Nom de Zeus ! Mettre un récit mythique en voix

Séquence 3

Document 1 Présentation de l’œuvre Dans la Grèce antique, la religion, à l’inverse des religions monothéistes (judaïsme, christianisme et islam), ne se fondait pas sur des textes sacrés. Les mythes y sont des œuvres littéraires proposant une vision de la création du monde et des généalogies divines. Ils n’ont pas pour mission de nourrir une vie spirituelle même s’ils peuvent être déclamés lors de cérémonies religieuses.

Prométhée, l’ami des hommes 1

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Au tout début des temps, les hommes vécurent dans un véritable âge d’or. Leur jeunesse était éternelle. Ils se nourrissaient sans avoir besoin de travailler et possédaient le feu pour cuire leurs aliments. Tout aurait pu en rester là. Mais Prométhée, l’ami des hommes, alla trop loin. Un jour que Zeus avait ordonné que les humains lui fassent un sacrifice, Prométhée lui tendit un piège grossier. Il apporta un bœuf, le tua et le découpa pour en faire deux parts. Dans l’une, il mit toutes les chairs recouvertes d’une peau malodorante et, dans l’autre, les os et la carcasse cachés sous une mince couche de graisse blanche. − Grand Zeus, lui dit-il, choisis quelle doit être la part des dieux lors des sacrifices ! Zeus tomba dans le piège et désigna la part qui semblait la plus appétissante et qui n’était pourtant qu’un tas d’os. Mais Zeus n’appréciait guère de s’être fait berner et il ne laissa pas impuni cet acte effronté. Il fit souffler tous les vents de la Terre et éteignit le feu des hommes. Puis, dans une terrible malédiction, il les condamna à gagner désormais leur pain à la sueur de leur front. L’âge d’or était fini ! Prométhée eut encore pitié des hommes, qu’il voyait grelotter en mangeant de la viande crue. Dès que la colère de Zeus

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fut un peu calmée, il se rendit discrètement dans l’atelier d’Héphaïstos, le dieu forgeron, et déroba une étincelle du feu sacré qu’il cacha dans le creux d’un roseau. Puis il alla l’offrir aux hommes, qui purent à nouveau se chauffer et cuire leur pitance. Mais du haut de l’Olympe, Zeus gardait un œil sur sa création. Lorsqu’il vit fumer sur la Terre les cheminées des maisons, il comprit que Prométhée avait enfreint la règle que lui, le roi des dieux, venait d’imposer. Il entra dans une colère prodigieuse, une colère comme seuls les dieux peuvent en concevoir. Et il se vengea. D’abord sur Prométhée, car cela ne pouvait être que lui le responsable. Il fit saisir et enchaîner le rebelle au sommet du mont Caucase pour un châtiment qui ne devait pas avoir de fin. Tous les matins, un aigle venait lui dévorer le foie. Et, chaque nuit, ce foie renaissait rendant sa torture éternelle. Pourtant, malgré sa souffrance, jamais Prométhée n’implora grâce. Mais c’est loin d’être tout… Zeus se vengea aussi sur les hommes, et d’une façon bien plus subtile. Il fit venir Héphaïstos : − Héphaïstos, toi qui es le plus habile d’entre nous, façonne-moi une créature à l’image des hommes. Mais je veux qu’elle


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Documents

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émerveillé par tant de beauté, se laisse piéger. Le dilemme est désormais le suivant : si un homme se marie, sa vie sera à peu près sûrement un enfer. Mais s’il ne le fait pas, à qui, au moment de mourir, reviendront les biens qu’il a pu accumuler ? Ils seront dispersés et tomberont dans les mains d’héritiers pour lesquels il n’a pas d’affection. S’il se marie, c’est une catastrophe ; s’il ne se marie pas, c’est une autre catastrophe ! Avant de l’envoyer sur terre, Zeus avait confié à Pandore une boîte dont elle ignorait le contenu. Ce coffret l’intriguait particulièrement et Épiméthée jugea qu’on ne risquait rien à jeter juste un œil. Alors Pandore souleva légèrement le couvercle de la boîte et la vengeance de Zeus fut satisfaite. Car, du couvercle entrouvert, s’échappèrent tous les malheurs qui peuplent encore le monde. La Maladie, la Souffrance, la Misère, la Vieillesse, le Mensonge, la Détresse et la Cupidité déployèrent leurs ailes et se mirent à tournoyer au-dessus des hommes. La Pauvreté et la Tristesse envahirent les maisons, et la Mort fit sa première apparition. La première femme, toute de grâce et de beauté, venait sans le savoir d’amener le malheur aux hommes. Effrayée par l’horreur de cette cavalcade infernale, Pandore rabattit le couvercle juste au moment où l’Espérance s’échappait. Seul un peu d’espoir put rejoindre le cœur des hommes condamnés désormais à bien des souffrances.

Séquence 3

soit plus belle, plus douce, plus gracieuse, à l’image de ta sœur Aphrodite1. Quand Héphaïstos l’eut réalisée, 65 chaque dieu la dota d’une qualité, et cet être merveilleux fut baptisé Pandore, ce qui signifie « ornée de tous les dons ». Ainsi naquit la première femme. Elle était splendide à voir, une merveille qui laissait 70 ceux qui la regardaient complètement énamourés ! Mais Hermès2 plaça aussi dans sa bouche des mots menteurs, la dota d’un esprit de chienne et d’un tempérament de voleur. 75 La parole fut donnée à cette femme, non pour dire le vrai et exprimer ses sentiments, mais pour dire le faux et camoufler ses émotions. Bref, ce mannequin, qui était aussi la première femme, se présentait avec un 80 extérieur trompeur. Prométhée, celui qui prévoit, qui comprend d’avance, réalisa ce qui pendait au nez du pauvre genre humain. Il prévint son frère Épiméthée (celui qui comprend 85 toujours après, trop tard) : − Écoute-moi, Épiméthée, si jamais les dieux t’envoient un cadeau, ne l’accepte pas et renvoie-le immédiatement à ses expéditeurs ! − Compris ! Je te jure, mon frère, qu’on 90 ne m’y prendra pas ! Mais voici que Pandore frappa à sa porte… Ébloui, Épiméthée l’accueillit dans sa maison. Le lendemain, il l’épousa 95 et commencèrent alors les malheurs des hommes. Depuis la colère de Zeus, les hommes ne disposaient plus du blé comme avant, sans efforts et en permanence. Le labeur 100 faisait désormais partie de leur vie. Ils devaient sans cesse se restreindre et se montrer économes. Or cette Pandore, comme toutes celles de son espèce, avait précisément comme caractéristique d’être 105 toujours insatisfaite. Elle exigeait d’être rassasiée ! Non seulement les femmes avalent et épuisent toutes les réserves, mais c’est la raison principale pour laquelle une femme cherche à séduire un homme. 110 Elle joue au célibataire le grand air de la séduction, parce qu’en réalité, elle lorgne vers la réserve de blé. Et chaque homme,

Piquemal, M. (2012). Récits fabuleux de la mythologie. Paris : Albin Michel. Vernant, J.-P. (1999). L’univers, les dieux, les hommes. Récits grecs des origines. Paris : Le Seuil.

1 Aphrodite (Vénus à Rome) est la déesse de la beauté. 2 Hermès (Mercure à Rome) est le dieu des commerçants et… des voleurs !

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Documents Séquence 3

Moreau, G. (1868). Prométhée.

Rackham, A. (1910). Pandore.

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A

Documents

Document 2

Séquence 3

Présentation de l’œuvre La Bible (ou Ancien Testament) est un livre sacré pour les juifs et les chrétiens. Elle commence par un récit des origines : la Genèse. Il est à noter que l’Ancien Testament revêt une importance particulière pour l’islam qui le considère comme un des textes saints que Dieu a révélés aux hommes avant le Coran.

Un extrait de la Genèse 1

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L’Éternel Dieu forma l’homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l’homme devint un être vivant. Puis il planta un jardin en Éden, du côté de l’Orient, et il y mit l’homme qu’il avait formé. Il fit pousser du sol des arbres de toute espèce, agréables à voir et bons à manger, et l’arbre de la vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Un fleuve sortait d’Éden pour arroser le jardin […] L’Éternel Dieu prit l’homme, et le plaça dans le jardin d’Éden pour qu’il le cultive et le garde. Il dit à l’homme : « Tu pourras manger de tous les arbres du jardin ; mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras. » Il se dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; je lui ferai une aide semblable à lui. » Et il forma de la terre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel. Il les fit venir vers l’homme afin qu’il les nomme. Ensuite l’Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l’homme, qui s’endormit ; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place. Il forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’homme, et il l’amena vers l’homme. Et l’homme dit : « Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair ! On l’appellera femme, parce qu’elle a été prise de l’homme. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair. » L’homme et sa femme étaient tous deux nus, et ils n’en avaient point honte. Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs, que l’Éternel Dieu avait faits. Il demanda à la femme si Dieu avait réellement dit : « Vous ne mangerez

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pas de tous les arbres du jardin. » La femme répondit au serpent : « Nous mangeons du fruit des arbres du jardin. Mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu, Dieu nous l’a interdit sous peine de mort. » Alors le serpent dit à la femme : « Vous ne mourrez point ; mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. » La femme vit que l’arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence. Elle prit de son fruit, et en mangea. Elle en donna aussi à son mari, qui était auprès d’elle, et il en mangea. Les yeux de l’un et de l’autre s’ouvrirent, ils prirent conscience de leur nudité et ayant cousu des feuilles de figuier, ils s’en firent des ceintures. Alors ils entendirent la voix de l’Éternel Dieu, qui parcourait le jardin vers le soir, et l’homme et sa femme se cachèrent. Mais l’Éternel Dieu appela l’homme, et lui dit : « Où es-tu ? » Il répondit : « J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché. » Et l’Éternel Dieu dit : « Qui t’a appris que tu es nu ? Estce que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ? » L’homme répondit : « La femme que tu as mise auprès de moi m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé. » Et l’Éternel Dieu dit à la femme : « Pourquoi as-tu fait cela ? » La femme répondit : « Le serpent m’a séduite, et j’en ai mangé. » L’Éternel Dieu dit au serpent : « Puisque tu as fait cela, tu seras maudit entre tout le bétail et entre tous les animaux des champs, tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie. » […] Il dit à la femme : « J’augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras

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avec douleur, et tes désirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi. » Il dit à l’homme : « Puisque tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé de l’arbre défendu, le sol sera maudit à cause 95 de toi. C’est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie, il te produira des épines et des ronces, et tu mangeras de l’herbe des champs. C’est à la sueur de ton front que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes dans la terre, d’où tu as été pris ; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière. »

Adam donna à sa femme le nom d’Ève, car elle a été la mère de tous les vivants. L’Éternel Dieu fit à Adam et à sa femme des habits de peau, et il les en revêtit. L’Éternel Dieu dit : « Voici, l’homme est devenu comme l’un de nous, pour la connaissance du bien et du mal. Empêchons-le maintenant d’avancer sa main, de prendre de l’arbre de vie, d’en manger, et de vivre éternellement. » Et l’Éternel Dieu le chassa du jardin d’Éden… Livre de la Genèse, chap. 2-3.

Michel-Ange. (1509). Chute et expulsion d’Adam et Ève. Voute de la chapelle Sixtine.

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B  Présentation de l’œuvre Le Popol Vuh est une sorte de « Bible » maya dont le contenu, remontant à la période précolombienne, relate l’origine du monde et plus particulièrement celle du peuple quiché, l’une des nombreuses ethnies mayas.

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Les dieux voulurent créer de nouveaux êtres susceptibles de parler et de récolter ce que la terre pouvait leur offrir. Mais ces nouvelles créatures devraient être capables de rendre hommage à leurs créateurs. C’est ainsi qu’ils formèrent le corps du premier homme avec de la boue. Ils le modelèrent avec minutie, n’oubliant aucun détail. Malheureusement, le résultat fut déplorable : édentées, les yeux vides, sans aucune grâce, ces poupées ne pouvaient se maintenir debout et se désagrégeaient sous l’eau. Cependant, le nouvel être avait le don de la parole, une voix harmonieuse, jamais entendue dans ce monde. Mais il n’avait pas conscience de ce qu’il disait. Malgré tout, les dieux décidèrent que ces êtres fragiles vivraient. Ils devraient lutter pour survivre, se multiplier et améliorer leur espèce, en attendant que des êtres supérieurs ne les remplacent. Les nouvelles créatures furent fabriquées en bois pour qu’elles puissent marcher bien droit sur la terre. Elles s’unirent entre elles et eurent des enfants. Mais ces êtres n’avaient pas de sentiments. Ils ne pouvaient pas comprendre qu’ils devaient leur présence sur terre à la seule volonté des dieux. Ils déambulaient sans savoir où ils allaient, tels des morts-vivants. Quand ils parlaient il n’y avait aucune émotion dans leur voix. Ils vécurent plusieurs années jusqu’à ce que les dieux décident de les condamner à mort : une pluie de cendres s’abattit sur ces êtres imparfaits. Puis l’eau coula tellement qu’elle atteignit les sommets des montagnes les plus élevées. Tout fut détruit.

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Un extrait du Popol Vuh Les dieux créèrent alors deux nouveaux êtres. Mais ils ne correspondaient pas non plus à leurs espérances. L’oiseau Xecot Covah leur creva les yeux, tandis que le félin Cotzbalam les étripa. Les survivants affrontèrent les accusations de tous les êtres et objets que l’on croyait sans âme; les pierres à moudre, les marmites, les cruches, les chiens, tous se plaignaient des mauvais traitements qu’ils avaient reçus et menaçaient maintenant les hommes. Ceux-ci prirent peur, s’enfuirent, montèrent sur les toits qui s’écroulaient. Alors ils se réfugièrent dans les arbres. Mais les branches se cassèrent. Ils tentèrent de trouver refuge dans les grottes; mais les parois s’effondrèrent. Les quelques survivants se transformèrent en singes. C’est pour cela que les singes sont les seuls animaux qui évoquent la forme des premiers êtres humains de la terre Quiché. Alors les dieux se réunirent encore une fois afin de créer un nouvel être fait de chair et d’os, et doué d’intelligence. Cette fois ils se servirent de maïs; ils modelèrent leur corps avec cette pâte jaune et blanche et y introduisirent des bouts de bois pour qu’ils soient plus rigides. Rapidement, les nouveaux êtres humains firent preuve d’intelligence : ils comprirent le monde qui les entourait. Ces êtres s’appelaient Balam Quitzé, Balam Acab, Ma Hucutah et Iqui Balam. Alors les dieux interrogèrent le premier d’entre eux : − Parle en ton nom et celui des autres, et dis-nous quels sont tes sentiments. Es-tu conscient de tes pouvoirs ?

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Balam Quitzé leur répondit : plus doués que les autres. Pour cette raison − Vous nous avez donné la vie et grâce les dieux les choisirent pour qu’ils deviennent à cela nous savons ce que nous savons, nous Adorateurs et Sacrificateurs, des prêtres aux sommes ce que nous sommes ; nous parlons, 110 fonctions très élevées. nous marchons et comprenons ce qui nous Les premiers êtres engendrés étaient aussi 80 entoure. Nous savons déjà où reposent les beaux que leur mère, aussi puissants que leur quatre coins du monde, lesquels marquent les père et surent deviner le mystère de leurs limites de tout ce qui nous entoure. origines. C’est ainsi que Balam Quitzé et les Mais les dieux n’appréciaient pas le fait que 115 autres anciens furent les géniteurs des êtres les nouveaux êtres sachent autant de choses. humains qui vécurent, se développèrent et 85 Il fallait qu’ils ne connaissent que la partie du formèrent les tribus du Quiché. Ces premiers monde qui les entourait. Seule une partie hommes se propagèrent sur la terre, dans la de ce qui existait leur serait révélée et ils ne région de l’Orient. devraient pas tout comprendre. Il fallait limiter D’après le champ de leurs connaissances afin de réduire http://www.americas-fr.com/civilisations/legendes/ 90 leur orgueil. Sinon leurs enfants percevraient mayas2.html encore mieux les réalités du monde jusqu’à en savoir autant que les dieux, et se croire dieux eux-mêmes. Il fallait remédier à ce danger qui serait fatal pour l’ordre fécond de la création. 95 Alors les dieux limitèrent le champ de leurs connaissances. Afin que ces êtres ne soient pas seuls, les dieux créèrent les femmes. Ils endormirent les hommes et placèrent auprès d’eux les 100 femmes, nues et paisibles. Quand ils se réveillèrent, ils les virent avec joie tant elles étaient belles. Pour les distinguer, ils leurs donnèrent des noms qui évoquaient la pluie selon les saisons. Les couples se formèrent 105 et ils eurent des enfants qui commençaient à peupler la terre. Certains d’entre eux étaient

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Liaison en français [ modifier / modifier le code ]  Vous lisez un « bon article ».  Pour les articles homonymes, voir Liaison. Liaison obligatoire [ modifier | modifier le code ] On sentira comme une erreur de prononciation (et non comme une liberté prise par rapport à la norme) l’omission d’une telle liaison, quel que soit le registre de langue (de la langue soutenue à la langue vulgaire). La liaison est obligatoire : • entre le déterminant et son nom, le nom et l’adjectif qui le précède : un enfant, les enfants, petits enfants, grand arbre, tout homme, deux ours, vingt euros ; • entre le pronom personnel (ainsi que on, en et y) et son verbe, ainsi que l’inverse : nous avons, elles aiment, on ouvre, ont-ils, prends-en, allons-y ; • dans certains mots composés et locutions figées plus ou moins lexicalisées : c’est-à-dire, de temps en temps, États-Unis, Nations unies, non-agression, petit à petit, peut-être, pied-à-terre, premier avril. Liaison facultative [ modifier | modifier le code ] S’il existe des liaisons réellement obligatoires, d’autres ne sont « obligatoires » que dans la langue soutenue, et donc surtout lors de la diction en public de discours écrits, ou au moins influencés par l’expression écrite. De façon générale, le nombre de liaisons tend à augmenter au fur et à mesure que le style oral devient plus recherché. Voici quelques-unes de ces liaisons facultatives parmi les plus employées, mais souvent omises dans la langue familière : • entre les formes du verbe être et l’attribut du sujet : ils sont incroyables, c’est impossible, vous êtes idiots ; • entre les formes des auxiliaires avoir ou être et le participe passé : ils ont aimé, elle est allée, nous sommes arrivés ; • entre une préposition (surtout monosyllabique) et son régime : sous un abri, sans un sou, dans un salon ; elle est plus rare après les polysyllabes : après une heure, pendant un siècle ; • après un adverbe modifiant le mot qui le suit : assez intéressant, mais aussi, pas encore, plus ici, très aimable, trop heureux ; • entre un nom au pluriel et l’adjectif qualificatif qui le suit : des enfants agréables, des bois immenses, des habits élégants ; • entre un verbe et ses compléments : elle prend un billet, ils vont à Paris, nous voyageons ensemble, je crois en Dieu, il faut passer à table. Selon leur fréquence, elles sont plus ou moins pédantes : ils ont ͜ attendu avec liaison entre ont et attendu semble bien moins pédant que tu as ͜ attendu (rappelons que les formes courantes orales seraient plutôt [izɔã tɑ̃dy] et [taatɑ̃dy] voire [taːtɑ̃dy]). Quand le mot finit par un r suivi d’une consonne muette pouvant faire liaison, la liaison n’est faite que dans un langage très apprêté ; d’ordinaire, c’est le r en question qui fonctionne comme consonne d’enchaînement : pars avec lui [paʁ avɛk lɥi] plutôt que [paʁz ͜ avɛk lɥi], les vers et la prose [le vɛʁ e la pʁoz] plutôt que [le vεʁz ͜ e la pʁoz].

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Liaison interdite [ modifier | modifier le code ] Note : dans la suite on a noté par X l’interdiction de liaison. Enfin, il est réputé incorrect de pratiquer une liaison : • après et devant un mot débutant par un h « aspiré » (les X haricots, ils X halètent), où l’hiatus ainsi que l’absence d’élision et d’enchaînement sont ici obligatoires dans la langue normée ; dans les registres courant à familier, ce phénomène, appelé disjonction, est souvent omis, soit par ignorance de l’usage, soit par plaisanterie (la fin des « zaricots »). Dans les cas suivants (cette énumération n’est pas exhaustive), la liaison potentielle serait choquante en prose, on peut donc la considérer comme interdite par l’usage courant. • Après un nom au singulier se terminant par une consonne muette : galop X effréné, sujet X intéressant, débat X acharné, président X américain, parlement X européen. • Après certains mots qui se terminent par deux consonnes dont une seule est sonore, tels que tard, tort, part, remords, toujours, nord X est, nord X ouest, il perd X un ami, je prends part X à votre deuil, à tort X et à travers ; • Dans certaines expressions figées ou mots composés : nez X à nez, un bon X à rien, corps X à corps ; • Devant certains mots commençant par les approximantes [j] et [w] : les X yaourts, un X oui mais les ͜ yeux, les ͜ ouïes (les mots excluant la liaison empêchent également l’élision, mais l’usage hésite pour certains mots comme ouate) ; • Devant quelques mots à initiale vocalique comme onze, un (en tant que numéral et non qu’article) et huit (qui a pourtant un h muet), dans certains cas : les X onze enfants, les numéros X un (pour « les numéros un », mais les ͜ uns X et les ͜ autres), les X huit enfants (mais liaison dans dix-huit, mot composé). • Devant une abréviation commençant par une consonne telle que [N] ou [S], comme dans : « un X SDF ». D’après Wikipédia. Liaison en français. En ligne https://fr.wikipedia.org/wiki/Liaison_en_français.

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Présentation de l’œuvre Persée est un héros qui, comme beaucoup dans la mythologie grecque, a un statut particulier. Né de l’union entre un dieu et une humaine, il est à moitié divin. C’est par ses combats qu’il va gagner la part de divinité qui lui manque. Cette quête initiatique symbolise sans doute la nécessité qui est la nôtre tout au long de notre vie : prendre notre envol et faire seuls nos choix de vie pour devenir pleinement hommes ou femmes.

Persée, le fils d’une pluie d’or 1

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Acrisios, le roi d’Argos, avait une fille du nom de Danaé. Comme il se désolait de n’avoir pas de fils, il alla trouver l’oracle de Delphes. Hélas, la prêtresse lui révéla un destin qui le remplit de terreur : – Tu n’auras pas de fils, Acrisios. Et sache aussi qu’un jour, ta fille mettra au monde un enfant qui te tuera. Il faut que tu la mettes à mort sans tarder. Acrisios ne put se résoudre à exécuter un tel projet. Cependant, afin d’éviter que la funeste prédiction se réalise, il fit enfermer Danaé dans une tour. Seule une servante avait le droit de lui porter sa nourriture. Mais Zeus eut pitié de cette belle jeune fille. Il se changea en une pluie d’or qui pénétra au travers des murailles. Et de son union avec Danaé naquit un garçon qu’elle appela Persée. Durant quelques mois, la chose demeura secrète, mais la jeune femme ne put dissimuler plus longtemps les pleurs de son bébé. Acrisios rentra dans une rage folle : de qui donc pouvait être cet enfant ? Danaé lui raconta Zeus métamorphosé en pluie d’or. Acrisios n’y crut pas. La seule pensée qui l’obsédait, c’était qu’un jour, celui qui venait de naître le tuerait. La prudence lui conseillait de le mettre à mort. Mais, à nouveau, il ne put s’y résoudre. Il connaissait trop bien le châtiment que les dieux réservaient à ceux qui portent la main sur leur descendance. Il fit donc fabriquer un grand coffre dans lequel on enferma Danaé et son fils. Puis un bateau alla le jeter en pleine mer. L’océan allait ainsi se charger d’accomplir ce que lui-même ne pouvait exécuter.

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Zeus donna un coup de pouce au destin. Le coffre aurait dû sombrer mais il surnagea et fut rejeté sur la plage d’une île où un pêcheur le découvrit. Dictys était un brave homme et, comme sa femme n’avait pas d’enfant, il adopta Danaé et Persée. Et les années passèrent… Persée devint un beau jeune homme et Danaé, une femme rayonnante. Le roi de l’île, Polydecte, en tomba amoureux. Il conçut alors le projet de se débarrasser de ce fils trop encombrant à ses yeux. Il imagina donc un stratagème. Il fit savoir qu’il rêvait de posséder la tête de Méduse, une monstrueuse créature qui vivait sur une île inconnue. Au cours d’un festin, il annonça son mariage et invita chacun des convives à révéler le cadeau qu’il lui ferait pour ses noces. Lorsqu’arriva le tour de Persée, Polydecte ironisa : – Et toi, qui ne possèdes rien, que comptes-tu m’offrir ? Blessé dans son orgueil, Persée tomba dans le piège : – Je t’offrirai ce que tu désires depuis toujours : la tête de Méduse ! Tous les invités se moquèrent du jeune homme. Quel fou orgueilleux ! Comment pouvait-il se croire capable d’un tel exploit ? Ignorait-il que Méduse était une des trois Gorgones ? Ignorait-il que ces créatures diaboliques au corps recouvert d’écailles de serpent avaient le pouvoir de changer en pierre quiconque s’avise de les regarder ? Pauvre Persée ! Sa mort était certaine. Ces railleries ne découragèrent pas le fils de Danaé. Il se mit à la recherche de ces Gorgones. Mais où les trouver ? Personne ne connaissait leur repaire…

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C’est alors que Zeus lui vint en aide. Il lui dépêcha Hermès. – Prends mes sandales ailées et rendstoi chez les Grées. Elles seules connaissent le chemin qui conduisent aux Gorgones. Seulement, méfie-toi ! Les Grées sont des sorcières. Elles n’ont qu’une dent qu’elles se prêtent à tour de rôle mais avec elle, elles peuvent dévorer n’importe quel individu. Elles n’ont aussi qu’un seul œil qu’elles se passent à tour de rôle. Et c’est là ta chance ! Si tu parviens à t’en emparer, tu les tiendras à ta merci. Lorsque Persée arriva dans la grotte où vivaient les Grées, il se cacha. Profitant du moment où l’une d’elles passait son œil à une autre, il le lui arracha des mains et proposa un marché. – Si vous voulez récupérer votre œil, indiquez-moi le chemin secret qui mène aux Gorgones ! Désormais, Persée connaissait le repaire de Méduse. Mais il ne pouvait envisager de l’affronter à mains nues. Une fois de plus, il reçut l’aide des dieux : Athéna lui prêta son bouclier d’argent en lui disant : –  Durant ton combat, ne regarde jamais ces horribles sorcières en face. Tu comprends, JAMAIS ! Sinon, leur regard te transformerait en pierre. Sers-toi de mon bouclier comme d’un miroir pour n’observer que leur reflet. Quant à Hermès, il lui laissa ses sandales ailées et lui offrit deux autres talismans divins : un casque qui rendait invisible celui qui le portait et un grand sac capable de prendre aussitôt la taille de ce qu’on y enfermait. Ainsi équipé, Persée s’envola jusqu’à l’île des Gorgones. Il les trouva endormies et en profita pour les observer dans le reflet de son bouclier. Ces immondes créatures

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au corps entièrement recouvert d’écailles de serpent avaient, au bout des doigts, des ongles longs comme des serres de rapace. Mais le plus horrible était leur chevelure de serpents. C’étaient de grosses pelotes de reptiles vivants qui happaient l’air, les crocs prêts à mordre. Athéna lui indiqua laquelle des trois était Méduse. Alors, d’un grand coup d’épée, Persée lui trancha la tête et, se servant toujours de son bouclier, il mit la tête dans son sac qui se referma aussitôt. Alertées par le bruit, les deux autres Gorgones se réveillèrent et se mirent à hurler. Trop tard ! Persée avait revêtu son casque d’invisibilité. Persée avait triomphé ! Il possédait une arme exceptionnelle ! Et il allait en avoir besoin. À son retour sur l’île, il apprit que sa mère avait refusé d’épouser Polydecte et qu’elle avait pris la fuite avec Dictys. Notre héros se rendit au palais où il trouva le roi entouré de ses courtisans. Il lui offrit son mortel cadeau : il sortit la tête de Méduse de son sac et tous les convives furent changés en pierres. L’île était délivrée de son tyran ! Mais Persée ne s’arrêta pas là. Il désirait plus que tout rentrer chez son grandpère et faire mentir la vieille prophétie. Apprenant son arrivée, le vieil Acrisios partit se cacher et Persée dut renoncer. Quelques années plus tard, alors qu’il lançait le disque dans une arène, un vent violent détourna le projectile vers la foule et tua un spectateur. C’était Acrisios. Une fois encore, l’oracle d’Apollon se réalisait ! Quant à la tête de Méduse, elle revint de droit à Athéna qui la fixa sur son bouclier où elle trône à jamais. Piquemal, M. (2006). Récits fabuleux de la mythologie. Paris : Albin Michel.


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Présentation de l’œuvre Pygmalion, comme tous les vrais artistes, est en quête d’absolu. Mais il ne peut combler son désir de perfection. Le voilà donc condamné à l’amertume, à la misogynie et à la misanthropie. Il en sera puni. Son amour sincère et son désespoir vont le sauver…

Pygmalion et le chef-d’œuvre vivant 1

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Pygmalion était un sculpteur au talent exceptionnel qui vivait sur l’île de Chypre. Misogyne comme ce n’est pas permis, il méprisait les femmes pour les innombrables défauts comme la jalousie, la cruauté et la vanité qui dégradent leur cœur. Il refusait obstinément de se marier, préférant s’enfermer dans son atelier. Un jour, il se mit en tête de modeler la plus belle statue jamais réalisée à ce jour. Il voulait créer la femme parfaite et donner à son œuvre la splendeur qui faisait cruellement défaut aux femmes qu’il côtoyait. Après des mois d’un travail acharné où il avait peaufiné sa sculpture avec une exigence sans pareille, il contempla sa statue. Jamais il n’avait vu une telle merveille ! On aurait dit un être vivant tout en grâce et en finesse. Et c’est là que commença le malheur de Pygmalion. Le jeune homme, en effet, tomba éperdument amoureux de cette femme irréelle. Il la couvrait de fleurs, de bijoux et de baisers, lui parlait des heures entières, la caressait avec une douceur extrême mais, hélas, la statue, couchée à ses côtés, restait froide et insensible à ses épanchements. Il dut s’en faire une raison : il avait créé un chef-d’œuvre, mais ce n’était qu’un objet immobile et dépourvu de sentiments ! Arrivèrent les fêtes d’Aphrodite ! C’était à Chypre l’occasion de grandes festivités, car c’est sur cette île qu’était née la déesse de l’amour. Pendant ces jours de fête, tous les amoureux envahissaient les temples, faisaient mille et mille sacrifices et priaient pour que la déesse favorisent leurs passions. Pygmalion, désespéré, s’y rendit. Il déposa son offrande sur l’autel, et debout, d’une voix timide, il implora :

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– Grands dieux, si tout vous est possible, donnez-moi une épouse qui ressemble à ma sculpture ! Émue par ses prières et conquise par son talent, Aphrodite fit plus et mieux que ce que Pygmalion lui demandait… Le jeune homme rentra chez lui. Il contempla une dernière fois sa statue. Il déposa un ultime baiser sur ses lèvres glacées et la serra dans ses bras. Soudain, il sentit des veines palpiter et ce n’était plus une peau froide qu’il caressait. Il tenait une jeune fille de chair, une jeune fille qui commençait à s’animer et qui répondait à son étreinte… Il la regarda, elle rougit légèrement et ses yeux se mirent à briller. Il prit son visage entre ses doigts et il la nomma Galatée. On raconte qu’Aphrodite assista en personne à leur mariage. © Van In

Gérôme, J.-L. (1890). Pygmalion et Galatée.

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Présentation de l’œuvre Sous sa drôlerie (ce dont la mythologie grecque ne fait pas souvent preuve), l’histoire de Midas est riche d’enseignement. Sa soif de richesse l’empêche de réfléchir, de savoir ce qui est vraiment utile à la vie et le menace de mort. L’expérience de sa bêtise ne lui apprend rien, pas même qu’il n’est de vérité que l’on puisse dissimuler définitivement.

Le roi Midas 1

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Midas était roi de Phrygie. Il était roi, certes, mais il avait le cerveau un peu épais. Il passait son temps à festoyer. Un jour, Dionysos, le dieu du vin et de l’ivresse, traversa la région. Il était suivi de toute une joyeuse troupe. Tous riaient, chantaient et le dieu faisait pousser la vigne sous ses pas. Puis, le cortège s’éloigna. Or, il advint que l’on trouva un vieillard ivre, couché au pied d’un arbre. C’était Silène1, le compagnon éternel de Dionysos. Midas le recueillit, le soigna et donna en son honneur dix jours de réjouissances. Lorsque Dionysos récupéra son vieux compagnon, il fut si heureux de voir combien Midas avait pris soin de lui qu’il décida de le récompenser. – Demande-moi ce que tu veux, Midas, et je t’exaucerai. – Ô dieu, fais que tout ce que j’aurai touché se convertisse en or. – Considère que c’est chose faite, cher Midas, répondit Dionysos. Croyant à peine à son pouvoir, il voulut en faire l’essai. Une branche de chêne pendait verdoyante au-dessus de sa tête : il l’arracha, et elle devint un rameau d’or. Il ramassa un caillou qui jaunit dans ses mains ; il coupa des épis, et il tint une moisson d’or ; il appliqua ses doigts aux portes de son palais, et l’or rayonna sur les portes ; il plongea ses mains dans l’eau, et ce fut une véritable pluie d’or. Il contint sa joie avec peine : il ne voyait plus que de l’or, de l’or partout ! Mais voilà que ses serviteurs dressèrent devant lui des tables chargées de mets et de fruits. Midas voulut se restaurer. Cependant, dès qu’il se saisit d’un aliment, celui-ci se durcit sous sa main si bien qu’il ne parvint

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pas à le mâcher. Et, lorsqu’il voulut boire, ce ne fut plus de l’eau, mais de l’or fondu qui coula dans sa bouche. Effrayé de ce malheur étrange, riche et pauvre tout à la fois, il voulait se soustraire à ces funestes richesses, et ce don qu’il avait désiré, il se mit à le détester. Rien ne pouvait apaiser sa faim ! Une soif ardente desséchait son gosier… Alors, levant au ciel ses mains et ses bras tout brillants de l’or qu’ils ont touché, il implora : – Pardonne, s’écria-t-il, ô Dionysos, j’avoue ma faute… Pardonne, et écarte de moi ces fatales richesses ! Les dieux étant indulgents, Dionysos pardonna à Midas et le délivra du présent qu’il lui fit. – Va, lui dit-il, si tu veux te dépouiller de cet or dont ton souhait imbécile t’a revêtu, va vers le fleuve qui arrose la ville puissante de Sardes, et remonte ses eaux sur la montagne, jusqu’à ce que tu en aies trouvé la source. Là, à l’endroit où l’eau sort avec abondance, tu présenteras ta tête à l’onde écumante, et tu laveras tout ensemble et ton corps et ta bêtise. Midas exécuta ces ordres sans tarder. Le pouvoir qu’il possédait passa de son corps dans les eaux et teignit le fleuve. C’est pourquoi depuis ce jour, le fleuve Pactole charrie des pépites d’or. Cette aventure rendit Midas allergique aux richesses, mais elle ne le rendit pas plus malin. Alors qu’il habitait avec le dieu Pan, célèbre pour ses chants et son habileté à la flûte, il assista à un concours musical qui opposa le satyre Gorgias au dieu Apollon. Tous les invités au banquet, émus par les sons divins qu’Apollon donna à entendre,


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chose en lui qui voulait le dire. Il n’allait pas pouvoir se taire indéfiniment. Alors, se retirant à l’écart, il creusa la terre, et, à voix basse, y déposa le secret de son maître. Ensuite, il recouvrit le trou et s’éloigna en 105 silence. Mais voilà que, comme par miracle, des roseaux poussèrent à cet endroit, et l’automne qui les mûrit vint trahir celui qui les avait semés. Les tiges balancées par le zéphyr laissèrent échapper les paroles 110 confiées à la terre : – Le roi Midas a des oreilles d’âne ! Le roi Midas a des oreilles d’âne ! On raconte que Midas ne put supporter cette honte et qu’il partit cacher sa disgrâce 115 au fond des forêts. 100

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offrirent leur suffrage au dieu musicien. Tous sauf un : Midas affirma qu’il avait préféré la musique du satyre. Apollon fut si furieux que dans la nuit il affubla Midas d’une paire d’oreilles d’âne. Ce grossier personnage ne méritait pas autre chose ! – Ah, Midas, puisque tu préfères le braiment des ânes à la musique céleste, voici des oreilles qui te siéront beaucoup mieux, lui murmura-t-il. À son réveil, Midas contempla le désastre. Impossible de dévoiler cet outrage ! Il dissimula donc ses nouvelles oreilles sous un bandeau de pourpre. Mais un de ses serviteurs découvrit la transformation du roi, celui dont la main taille avec le fer les cheveux de son maître. – Un mot de toi, le menaça Midas, et je te fais trancher la tête ! Le barbier redoutait de révéler ce qu’il avait vu ; et cependant il y avait quelque

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© Van In 1

Silène est un satyre (une divinité à corps d’homme, à cornes et à pieds de bouc). Il est le père adoptif et le précepteur du dieu Dionysos.

D  Présentation de l’œuvre Pour connaitre l’amour véritable, il faut avoir confiance en lui. Pour avoir le droit de le voir, il faut parfois accomplir bien des épreuves…

Éros et Psyché 1

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Psyché était la fille d’un roi. Comme 15 ses deux sœurs, elle était d’une beauté extrême. Cependant, si ses sœurs ne mirent pas longtemps avant de trouver un époux, elle, aucun homme, parmi tous ceux qui l’admiraient et l’adulaient, ne la 20 demanda en mariage… Un jour, Aphrodite, la déesse de l’amour et de la beauté, se rendit compte qu’elle n’était plus la référence en la matière et que sa popularité était en baisse. Désormais, on 25 ne disait plus « belle comme Aphrodite, mais « belle comme Psyché ». Folle de rage, la déesse décida alors de se débarrasser

de sa rivale. Sans retard, elle convoqua Éros, son fils, et lui ordonna de rendre Psyché amoureuse du mortel le plus laid et repoussant qui soit. Mais au moment précis où le dieu bandait son arc pour atteindre la belle, il se blessa avec une de ses flèches et… se retrouva instantanément amoureux d’elle. Pendant ce temps, au palais, Psyché se lamentait d’être toujours vierge. Inquiet, son père partit pour consulter les oracles. On lui conseilla d’emmener la jeune fille au sommet d’une colline où son futur époux, un monstrueux serpent géant, viendrait la

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chercher. Désespéré, le roi fit ce qu’on lui demandait et abandonna sa fille… Psyché était terrorisée : le jour de ses noces serait aussi celui de sa mort ! Mais alors que le serpent s’approchait d’elle pour la dévorer, le doux Zéphyr l’emporta dans un magnifique palais où des servantes prirent soin d’elle. Le soir venu, on la conduisit dans une suite splendide. Pendant la nuit, alors que Psyché dormait, un être se faufila entre les draps. La jeune fille tenta de s’échapper mais elle entendit la voix d’un homme lui murmurer : – Ne crains rien, Psyché. Je suis ton mari et je prendrai soin de toi éternellement. Mais ne cherche jamais à voir mon visage… La jeune mariée prit plaisir à cet amour masqué sans se douter à aucun moment que son époux n’était autre qu’Éros. Les deux amants vécurent des nuits heureuses, peut-être d’autant plus heureuses qu’elles étaient secrètes… Un jour, Psyché demanda à voir ses sœurs. Éros hésita à accéder à cette demande, car il savait que les sœurs de Psyché étaient des femmes malveillantes et jalouses. Cependant, il accepta et le vent Zéphyr les amena au palais. Psyché leur fit l’honneur de sa maison, leur montrant ses richesses et les merveilleux jardins qui l’entouraient. Mais ce qui intéressait les sœurs, c’était d’en savoir davantage sur l’identité de leur beau-frère. Psyché dut bien avouer qu’elle ne l’avait jamais vu et qu’il lui avait interdit de voir son visage. Alors, les deux sœurs se déchaînèrent… – Pauvre chérie ! Tu es bien naïve ! S’il t’ordonne de ne pas le regarder, c’est que c’est un monstre. Ce qu’il veut, c’est que tu lui donnes un enfant, après quoi il te dévorera… Prends cette lampe et ce couteau et tâche de saisir ses traits cette nuit ! Paniquée, la pauvre Psyché décida d’en avoir le cœur net. Lorsque son mari fut endormi, elle alluma la lampe. Et là, elle découvrit un être splendide, muni d’ailes éclatantes, au visage fin et délicat, à la peau douce et veloutée. Elle ne pouvait détacher les yeux de cet homme et, toute à son émerveillement, elle ne remarqua pas qu’une goutte d’huile s’était échappée de la lampe et venait de tomber sur l’épaule

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d’Éros. Réveillé en sursaut, Éros comprit tout et, déçu par cette trahison, il la quitta sur-le-champ. Psyché était désespérée. Elle comprit qu’elle venait de perdre son amour et la mort était la seule solution à son désespoir. Alors qu’elle se trouvait près d’un fleuve, elle entendit les eaux : – Ne baisse pas les bras, belle Psyché ! Pars, sans tarder, à la recherche de ton époux. Pendant ce temps, Aphrodite s’était aperçue de la trahison de son fils. Elle avait vu son épaule brûlée par l’huile de la lampe. Elle lui en voulait, mais elle en voulait encore plus à Psyché. Elle lança alors un défi à tous les hommes mortels : elle embrasserait de sept baisers de miel celui qui lui ramènerait la jeune femme. Ce qui ne tarda pas… Lorsqu’elle se trouva en face de Psyché, Aphrodite lui infligea une lourde peine : – Tu as une nuit, pas une de plus, pour trier cette montagne de graines ! La tâche était impossible : il aurait fallu des années et des années pour en venir à bout. Psyché était en proie au découragement quand une fourmi qui passait par là la prit en pitié. Elle ameuta ses compagnes et, ensemble, elles réussirent à exécuter l’ordre d’Aphrodite. Le lendemain, la déesse fut stupéfaite, mais elle ne renonça pas à son désir de vengeance pour autant. Elle exigea que Psyché aille chercher la laine d’or sur le dos des brebis qui se trouvaient dans le champ d’à côté. Or ces brebis avaient la particularité de ne jamais se laisser approcher et leur morsure était mortelle. Désespérée, Psyché allait se jeter dans un torrent lorsqu’un roseau lui indiqua la marche à suivre pour s’acquitter de sa mission. Ainsi fit Psyché et Aphrodite, au sommet de sa fureur, l’envoya dans le royaume des morts afin qu’elle en rapporte un pot de crème de beauté. Psyché ne voyait vraiment pas comment faire, car elle savait que tous ceux qui essayaient de pénétrer dans les Enfers n’en revenaient jamais. Alors, elle décida de grimper au sommet d’une tour et de se jeter dans le vide. Mais la tour s’anima et l’encouragea à essayer de remplir cette dangereuse mission :


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Éros qui était parti à sa recherche découvrit sa femme inanimée. Rempli de chagrin, il la prit dans ses bras et l’emporta devant Zeus, le roi des dieux. – Vénérable Zeus, je t’en supplie, donne à Psyché que j’aime plus que tout au monde, le don de l’immortalité ! Je t’ai toujours servi et je le ferai encore. Je t’en prie, Ô Zeus, accède à mon désir… Après quelques hésitations, Zeus accepta. Il appréciait Éros et il savait qu’il aurait encore besoin de lui pour séduire l’une ou l’autre mortelle. Peu de temps après, les dieux organisèrent un immense banquet sur l’Olympe pour célébrer les noces d’Éros et de Psyché. Aphrodite était présente : sa belle-fille était une déesse désormais et elle ne lui ferait plus d’ombre. Un enfant naquit de cette union : on l’appela Volupté.

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– Munis-toi de deux pièces d’or que tu donneras à Charon et de deux galettes qui te serviront à amadouer Cerbère. Et surtout, si un mort ou un noyé t’appelle, ne te retourne pas. Tu as compris, Psyché : tu ne te retournes pas et tu traces ta route. Enfin, ne t’avise pas d’ouvrir le pot que Perséphone te remettra. Psyché reprit courage et se mit en route. Grâce aux pièces d’or et aux galettes, elle parvint à pénétrer dans le royaume des morts. Elle demanda le pot de crème et Perséphone le lui remit sans un mot. Elle fut bientôt hors des Enfers. Mais elle était intriguée par ce pot de crème. Peut-être contenait-il un onguent magique ? Peut-être l’aiderait-il à plaire de nouveau à son mari ? Oubliant les conseils de la tour, elle ouvrit le récipient et aussitôt d’épaisses volutes noirs sortirent du pot et la plongèrent dans un sommeil profond. Aphrodite avait parié sur la curiosité de Psyché et elle ne s’était pas trompée…

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© Van In

Canova, A. (1787-1793). Psyché ranimée par le baiser de l’Amour.

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