Connexion pour le qualifiant 5 - Séquence 3

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SÉQUENCE 3

Si on rappait…

COMPOSER UN TEXTE DE RAP À PARTIR DE RAPS EXISTANTS

Le rap est, depuis quelques années déjà, un style musical très en vogue. Il est aujourd’hui largement reconnu, malgré son origine « antisystème ». Au sein de cette production variée, le style d’écriture de plusieurs artistes du monde du rap émerge et se distingue : certains textes acquièrent même un statut de « classiques ». Travailler sur ces textes, étudier les moyens mis en œuvre et leurs effets, c’est ce que nous t’invitons à faire dans cette séquence. Puis, à ton tour, par un jeu de couper-coller, tu produiras toi aussi ton rap personnel.

S’inscrire dans une œuvre culturelle source en la recomposant

Œuvre culturelle source : texte littéraire (texte poétique/chanson : rap)

PRODUCTION

ATTENDUE

compréhension de l’œuvre culturelle source (genre, langage, contexte de diffusion…)

UAA 5 – S’INSCRIRE DANS UNE ŒUVRE CULTURELLE

• Planifier l’intervention dans l’œuvre culturelle source

• Évaluer la production finale

Intervention personnelle par recomposition : fragmenter des œuvres pour en créer une autre par déplacements ou suppressions

Stratégies transversales

• Zoom sur les processus et stratégies de lecture/ écoute

• Zoom sur les opérations d’écriture

• Zoom sur les opérations de parole

• Pour manifester sa compréhension de l’œuvre culturelle source et prendre en compte ses caractéristiques

– Cf. Zoom sur les processus et stratégies de lecture/écoute

– Œuvre littéraire : texte poétique/ chanson

• vers/strophe/refrain/couplet, rimes

Connaitre

Après la tâche, expliciter la démarche et les choix adoptés dans la production

• figures

• écart par rapport aux normes

• typographie et mise en page

• voix

• musique

• caractéristiques du genre de texte poétique

• portée (symbolique, idéologique…)

– Contexte historique de production, de diffusion et de réception de l’œuvre source

– Références culturelles (intertexte)

• Pour planifier l’intervention et intervenir dans l’œuvre source par recomposition

– Possibilités de fragmentation de l’œuvre source

– Facteurs de cohérence interne à l’œuvre

ACTIVITÉ LIMINAIRE

1. Comment définirais-tu le rap ? Pour répondre, envisage ce qui le distingue des autres styles de musique.

2. Selon toi, l’écriture d’un rap est-elle à la portée de tout le monde ? Explique ta réponse.

3. Selon toi, le rap a-t-il des points communs avec la poésie ? Explique.

4. Partagez vos réponses.

5. Prends connaissance de la courte histoire du rap, présentée ci-dessous.

DOCUMENT 1 —

Le rap est un mouvement culturel et musical qui tire ses origines du hip-hop. Il est apparu au début des années 1970 dans le Bronx, un ghetto de New York. À l’époque, ce quartier ressemble à une zone de guerre, peuplée de dealers et de prostituées, et secouée par la violence. Rapidement, les groupes de rappeurs se multiplient et la concurrence fait rage. Mais les mots ont remplacé les balles. Les micros se sont substitués aux armes, ce qui explique l’usage d’un langage cru, virulent et agressif.

À partir des années 1980, le rap s’exporte, devenant l’un des premiers courants artistiques avec des représentants sur chaque continent.

Les artistes rap, majoritairement masculins, sont généralement issus des banlieues. Ils soulignent les injustices de la société, mais font aussi part de leur malêtre dans l’environnement oppressant et brutal qui est le leur.

Aujourd’hui, le rap a diversifié son style et, à côté du rap revendicatif (on parle aussi de « rap conscient »), on trouve du rap davantage grand public, voire commercial, qui peut même être écouté par les enfants !

© Van in

a) Explique pourquoi les textes de rap étaient/sont souvent violents.

b) Et toi, apprécies-tu ce genre musical ?

6. Tu le sais, au cours de français, on porte une grande attention à la situation de communication.

a) Regarde la vidéo suivante, qui présente un extrait d’une interview de Kery James.

b) Dans cette vidéo, il est question de censure et d’autocensure.

‒ Explicite ces deux termes.

‒ Pourquoi Kery James se censure-t-il ?

‒ Selon toi, a-t-il raison d’agir de la sorte ?

Interview de Kery James (de 3’30’’ à 5’00’’)

c) Explicite les paramètres de la situation de communication scolaire.

d) Quelle(s) conséquence(s) cette situation de communication a-t-elle sur le choix des textes proposés dans le cadre scolaire ?

COMPARER UN RAP ET UN POÈME

1. Tu compares un poème et un rap du point de vue de la manière (de la forme)

Voici deux textes : lis-les et écoute-les en vue de les comparer.

DOCUMENT 2

PROMESSES

Promets-moi, regarde-moi, dis-le-moi dans les yeux

Conserve mes secrets, je tairai tes défauts

Pour toujours, il n’y aura que nous deux

On disait que c’était vrai, on savait que c’était faux

On s’était promis l’impossible, je l’admets

Je connais le prénom de nos enfants qui ne naîtront jamais

Et si la vie est belle, alors l’amour c’est dur

Et notre amour n’était pas qu’un amour d’été

On s’était partagé nos pensées vagabondes

Dans notre belle idylle avant que vienne l’averse

On s’était promis qu’on ferait le tour du monde

Maintenant on va le faire chacun dans le sens inverse

On a jeté nos promesses à la mer, elle le voyait, elle qui était si sage

Que tout serait effacé

L’amour est aussi éphémère qu’un cœur dessiné sur la plage

Et puis la vague est passée

On aura deux enfants, une villa sur la mer

Pour toujours, tout le temps, les promesses, les promesses, les promesses

On aura deux enfants, une villa sur la mer

Pour toujours, tout le temps, les promesses, les promesses, les promesses

Les promesses, les promesses, les promesses

Les promesses

Est-ce que t’y repenses aussi, aux premiers rendez-vous ?

Les promesses d’aujourd’hui effacent celles de la veille

La terrasse était pleine mais on voyait que nous

Tu m’as dit j’prends un café, j’en bois jamais, j’ai dit pareil

On n’a même pas fini les films qu’on a commencés

De nos deux cœurs de pierre naissaient des étincelles

Rien n’avait de sens quand nos confiances étaient fiancées

L’amour transforme l’inutile en essentiel

Dans tes yeux, j’étais moi, mon parfum sur tes cils

Tu changeais mon matelas en grande plage du Brésil

Ange tombé du ciel faisait taire mes démons

J’te disais tellement je t’aime, c’était presque ton prénom

Tout ça, c’est terminé, pas facile de m’faire à l’idée

Que ça fait une éternité qu’on s’est promis l’éternité

Quand les promesses sont des mensonges, tout se désenchante

L’amour de jeunesse, c’est croire qu’on va vieillir ensemble

On aura deux enfants, une villa sur la mer

Pour toujours, tout le temps, les promesses, les promesses, les promesses

On aura deux enfants, une villa sur la mer

Pour toujours, tout le temps, les promesses, les promesses, les promesses

Les promesses, les promesses, les promesses

Les promesses

BiGflo & oli. (2018). Promesses [chanson] Dans La vie de rêve. Polydor.

NOUS DORMIRONS ENSEMBLE

Que ce soit dimanche ou lundi

Soir ou matin minuit midi

Dans l’enfer ou le paradis

Les amours aux amours ressemblent

C’était hier que je t’ai dit

Nous dormirons ensemble

C’était hier et c’est demain

Je n’ai plus que toi de chemin

J’ai mis mon cœur entre tes mains

Avec le tien comme il va l’amble

Tout ce qu’il a de temps humain

Nous dormirons ensemble

Mon amour ce qui fut sera

Le ciel est sur nous comme un drap

J’ai refermé sur toi mes bras

Et tant je t’aime que j’en tremble

Aussi longtemps que tu voudras

Nous dormirons ensemble.

araGon, l. (1963). Nous dormirons ensemble. Dans Le Fou d’Elsa. Gallimard.

de « Nous dormirons ensemble »

1. Consulte la fiche outil « Poésie », section 2.

Fiche outil « Poésie », 2 (Des principes d’organisation particuliers), p. 279

2. Assure-toi que tu la comprends bien.

3. Sur cette base, détermine les points communs les plus évidents entre le texte de Bigflo & Oli et celui d’Aragon.

4. Partage ta réponse avec la classe.

Lecture

TU IDENTIFIES ET ANALYSES DES FIGURES DE STYLE

Le propre des écrivain(e)s, particulièrement des poétesses et des poètes, mais aussi de certain(e)s artistes rap, c’est de s’exprimer de manière très personnelle, très originale et différente de celle de tout un chacun. Pour y parvenir, ils (elles) recourent notamment à des figures de style. Les figures de style, ce sont les « effets spéciaux » de la langue : elles permettent d’ajouter une dimension supplémentaire au propos ou d’insister sur un aspect particulier. Les textes que tu viens de découvrir n’échappent pas à cette règle.

1. Tu analyses des comparaisons et des métaphores

1. Consulte la fiche outil « Poésie », section 3, et assure-toi que tu la comprends bien.

Fiche outil « Poésie », 3.A (La comparaison), p. 283 Fiche outil « Poésie », 3.B (La métaphore), p. 284

2. Dans la première colonne du tableau ci-après, tu peux lire des énoncés banals, comme on peut en entendre tous les jours. Tu auras à retrouver, dans le rap de Bigflo & Oli, la formulation poétique de chacun de ces énoncés.

a) Observe l’exemple tiré du texte d’Aragon, noté dans la deuxième ligne du tableau.

b) Aide-toi de cet exemple pour remplir ce tableau.

Produit

é noncéS BanalS / de la lanGue courante é noncéS iSSuS du raP ou du PoÈme c omParé c omParant o util de comParaiSon P oint commun n om de la fiGure e ffet

Insistance sur la protection/douceur

Comparaison

Couverture / au-dessus

Comme

a. Le ciel est au-dessus de nous. Le ciel est sur nous comme un drap (Aragon) Ciel

b. L’amour ne dure pas longtemps. c. On était deux personnes insensibles. d. Notre rencontre nous a rendus passionnés.

Drap

é noncéS BanalS / de la lanGue courante é noncéS iSSuS du raP ou du PoÈme c omParé c omParant o util de comParaiSon P oint commun n om de la fiGure e ffet Produit

e. Quand tu étais allongée près de moi, j’avais l’impression d’être au paradis. f. Tu m’as protégé.

g. Tu étais celle qui était capable de me faire oublier mes travers, mes mauvais penchants.

2. Tu repères les jeux sur les sonorités

MISE

AU POINT

Jeux sur les sonorités

Par le choix des mots utilisés, les poètes et/ou les rappeurs créent des jeux sur les sonorités : la répétition de certains sons accentue le rythme, renforce le flow (le débit) et, parfois, « imite » la réalité évoquée par les mots.

(Bigflo & Oli) => répétition des sons [anss]

Exemple : « Rien n’avait de sens quand nos confiances étaient fiancées. »

1. Ci-dessous, tu trouveras un extrait de « Gosse beau », de Kacem Wapalek.

Lis-le en l’écoutant. Des fragments ont été soulignés dans des couleurs différentes (rouge et bleu) : souligne, à ton tour et dans la couleur qui convient, les fragments correspondants qui participent aux mêmes jeux sur les sonorités. Un exemple de fragments associés t’est donné en noir.

DOCUMENT 4

Clip officiel de « Gosse beau » (de 1’33’’ à 2’11’’)

Ça joue les gosses-beaux

Les boss... bof...

J’suis pas c’type austère

Un peu star

Au style imposteur

En costard

Et face de faux sur poster

Y a déjà trop d’Fantomas

Plein d’fautes au mic

Appelle-moi Ghostbuster

Mets du Wapalek à fond :

Et tu verras les gosses-beaux s’taire

Est-ce que l’avenir te fera rire ?

Quand il aura fait fuir hier

À la vitesse d’une Ferrari

L’enfer arrive

Et j’ai vu faire erreur

Bien des frères avides

Ici t’es comme dans un désert aride

Dur d’y passer des heures à rire

On a dû grandir

Entre chourave et rêves

Et dans tout c’charivari

C’est rare quand j’arrive à rire

Rigole ! Tu peux finir entre alcool et Red Bull

À l’arrêt d’bus

Un taré d’plus

Tu t’arrêtes plus

L’ivresse t’aguiche en un regard et t’plume

2. Retrouve dans l’extrait suivant d’autres jeux sur les sons. Utilise un code couleur pour les différencier.

DOCUMENT 5 — Clip officiel de « Gosse beau » (de 2’39’’ à 3’10’’)

À l’horizon

Le regard aiguisé parmi les ombres

C’est pour la famille

Les amis

Les meufs et les mecs

Flow phénoménal

Wapalek

Fais-nous moins mal

Me disent les autres MC’s

En six ans

Disons qu’j’aiguisais

Mes phases en les faisant fuser

Et qu’à présent

En traversant l’averse et l’adversité

Ces vers se firent sévères

Et si virulents

Savourez-les

Si vous les recevez

Mon art paraît sans vie

Car ceux qui paressent en vivent

Et j’ai préparé ces vers

Pour leurs gencives

Ça les gens savent

On passe à l’offensive

L’album arrive

Bref, on verra si les gens suivent

WaPalek, k. (2015). Gosse beau [chanson]. Dans Je vous salis ma rue. (Extrait.).
WaPalek, k. (2015). Gosse beau [chanson]. Dans Je vous salis ma rue. (Extrait.)

3. Tu identifies les thèmes (la matière) traités par les artistes rap

1. Relève, dans la liste ci-dessous :

a) cinq titres qui font référence à des thèmes sociétaux, c’est-à-dire qui se rapportent à des sujets de société ;

b) cinq titres qui font référence à des thèmes personnels, c’est-à-dire qui touchent l’artiste même, son histoire intime…

2. Nomme le thème qui, selon toi, est traité dans chacun des titres que tu as sélectionnés.

3. Discutez ensemble de vos sélections.

A. « Billets verts » (Maes)

B. « Caroline » (MC Solaar)

C. « Casanova » (Soolking, Gazo)

D. « Deux frères » (PNL)

E. « Dis-moi que tu m’aimes  »(Ninho)

F. « Trop beau » (Lomepal)

G. « Galatée » (Nekfeu)

H. « La rue » (No Limit, Gazo, Damso)

I. « La rue en direct » (Sinik & Medine & Alfonzo)

J. « La voix du peuple » (Rost&Cappadonna)

K. « Laboratoire » (Werenoi)

L. « Le cuir usé d’une valise » (La Rumeur)

M. « Le futur que nous réserve-t-il ? » (Assassin)

N. « Le Monde de demain » (Supreme NTM)

O. « Les rêves partent en fumée » (ATK)

P. « Les yeux dans la banlieue » (Kool Shen&Arkana, Keny)

Q. « Macabre » (Dosseh, Josman)

R. « Mama lova » (Oxmo Puccino)

S. « Mémoires d’immigrés » (Bakar)

T. « Mes yeux d’enfant » (Chiens de paille)

U. « Puisqu’il faut vivre » (Soprano)

V. « Quand j’étais petit » (Assassin)

W. « Rentrez chez vous » (Bigflo & Oli)

X. « Tombé pour elle » (Booba)

Y. « Toujours ton enfant » (Rohff)

Z. « Vieux avant l’âge » (Flynt&Mokless&Koma)

thÈmeS Sociétaux
thÈmeS PerSonnelS

4. Tu identifies un champs notionnel

1. Lis la mise au point ci-dessous et assure-toi que tu la comprends bien.

MISE

AU POINT

Un champ notionnel est l’ensemble des mots relatifs à une même notion. Ainsi « tableau », « cour de récré », « enseigner », « élève », « prof », « leçon », « condisciple », « examen », « scolaire », « craie », etc. font partie du champ notionnel de l’école.

2. Relis le premier couplet de « Promesses », de Bigflo & Oli (page 59).

a) Surligne les mots appartenant au champ notionnel des vacances.

b) Selon toi, pourquoi les auteurs ont-ils utilisé ce champ notionnel dans leur texte ?

ANALYSER UN RAP

1. Tu regardes un clip et tu lis le texte d’un rap

Ci-dessous, tu trouveras une œuvre de Gaël Faye : « Respire ».

1. Regardes-en le clip.

2. Lis-en le texte en vue de l’analyser.

DOCUMENT 6

RESPIRE

Respire

Respire

Respire

Espère

Et si tout empire (espère) 1

Encore l’insomnie, sonnerie du matin

Le corps engourdi, toujours endormi, miroir, salle de bain

Triste face à face, angoisse du réveil

Reflet dans la glace, les années qui passent ternissent le soleil (Ok)

Aux flashs d’infos, les crises, le chômage, la fonte des glaces, les particules fines

Courir après l’heure, les rames bondées, les bastons d’regards, la vie c’est l’usine, hamster dans sa roue

Petit chef, grand bourreau

Faire la queue partout, font la gueule partout, la vie c’est robot

T’as le souffle court (respire)

Quand rien n’est facile (respire)

Même si tu te perds (respire)

Et si tout empire (espère)

T’as le souffle court (respire)

Quand rien n’est facile (respire)

Même si tu te perds (respire)

Encore fatigué, la cloche du midi

Le corps assommé, toujours épuisé, les masques sont mis

Triste face à face, poursuite du bonheur

Reflet dans la glace, les années qui passent flétrissent les fleurs (Ok)

Les écrans, le bruit, l’argent, les crédits, les phrases assassines, les cons, les cancers

Le temps qui s’écoule, le vide qui se fait, le silence épais, la vie c’est la guerre

Tourner dans l’tambour

Amour placebo

Faire semblant pour tout, c’est violent partout, la vie c’est Rambo

T’as le souffle court (respire)

Quand rien n’est facile (respire)

Même si tu te perds (respire)

Et si tout empire (espère)

T’as le souffle court (respire)

Quand rien n’est facile (respire)

Même si tu te perds (respire)

Et si tout empire (espère)

Les yeux ouverts, ne trouve pas l’sommeil, dans le lit tourne tout l’temps

Les phares des voitures balayent le plafond de leurs ombres dansantes

La nuit étouffe, la chaleur est lourde, l’orage est en suspens

Où sont les rêves, où sont nos rêves d’enfants

S’échapper, déserter les rangs

S’évader des tapis roulants

Chercher le silence et l’errance

Raccrocher, trouver sa cadence

Se foutre des codes, des routines étroites

Quitter son rôle, les cases et les boîtes

Ne pas craquer, claquer, cramer

Desserre ton col pour respirer

T’as le souffle court (respire)

Quand rien n’est facile (respire)

Même si tu te perds (respire)

Et si tout empire (espère)

T’as le souffle court (respire)

Quand rien n’est facile (respire)

Même si tu te perds (respire)

Et si tout empire (espère)

Respire

Respire

Respire

Espère

T’as le souffle court (respire)

Quand rien n’est facile (respire)

Même si tu te perds (respire)

Et si tout empire

faye, G. (2020). Respire [chanson]. Dans Lundi méchant. Excuse My French.

2. Tu décris la manière dont ce texte se présente

Comment se présente ce texte ? Détaille ta réponse. Au besoin, consulte la fiche outil « Poésie ».

3. Tu détermines le thème du texte

1. Le thème du texte de Gaël Faye est la vie moderne. Quel en est le propos ?

Effectue ce parcours, soit pour répondre à la question ci-dessus, soit pour valider ta réponse.

Parmi les cinq énoncés suivants, choisis celui (ceux) qui te parai(ssen)t le mieux exprimer le propos du texte de Gaël Faye :

Il faut parfois faire une pause et prendre du recul sur les difficultés du quotidien.

Il ne faut plus porter de masques : ils nous empêchent de respirer.

Métro, boulot, dodo : c’est une routine confortable.

Notre mode de vie moderne, avec sa routine quotidienne, nous use et nous casse.

Sur cette planète, les êtres humains ne sont que des robots.

2. Selon toi, qui est le « tu » de la chanson ?

3. Surligne les mots qui entrent dans le champ notionnel de la fatigue, du sommeil dans les couplets.

a) Les mots surlignés sont-ils positifs/négatifs ? Illustre ta réponse.

b) Dans chaque couplet, ces mots sont en lien avec un moment de la journée.

‒ Lequel ?

‒ Que peut-on en conclure ?

4. Relève le mot (répété plusieurs fois) qui résume le message positif transmis par ce rap.

5. Partage tes réponses avec tes condisciples.

4. Tu analyses le travail stylistique de Gaël Faye

1. À la fin du premier et du deuxième couplet, Gaël Faye écrit à quatre reprises « la vie c’est… » :

… la vie c’est l’usine

… la vie c’est robot

… la vie c’est la guerre … la vie c’est Rambo

a) Pourquoi peut-on considérer que c’est particulièrement bien écrit ?

b) Quel sens donnes-tu à ces métaphores ?

c) Laquelle des quatre te parle le plus ou te parait la plus frappante ?

2. Repère trois autres métaphores dans l’ensemble du texte.

a) Entoure-les dans le texte.

b) Comment les comprends-tu ?

c) Discute de tes réponses avec tes condisciples.

3. Retrouve un exemple de jeu sur les sonorités.

4. Retrouve une accumulation dans chaque couplet.

Couplet 1 :

Couplet 2 :

Couplet 3 :

5. Quel est l’effet produit par ces accumulations ? Choisis la (les) proposition(s) qui convien(nen)t.

Elles mettent en évidence la spontanéité de la vie.

Elles mettent en évidence le côté routinier du quotidien.

Elles provoquent un effet d’étouffement, de paralysie.

Elles donnent un sentiment de liberté, de désinvolture.

Elles mettent en évidence le bienêtre du personnage.

6. Partage tes réponses avec la classe.

SE PRÉPARER À L’ÉCRITURE

Tu fabriques des figures de style par recomposition

Recomposer, c’est utiliser des fragments d’une (ou plusieurs) œuvre(s) pour en créer une autre. Dans les exercices qui suivent (et dans la tâche finale), c’est ce qu’on t’invite à faire : tu vas découper des portions de textes pour produire une œuvre personnelle.

1. Crée trois comparaisons originales.

a) Choisis trois comparants parmi ceux proposés dans la première colonne du tableau ci-après.

b) Complète la deuxième colonne en sélectionnant un fragment issu de l’un des raps lus précédemment (ou un titre issu de la liste de l’exercice 3 de l’activité 2, cf. p. 67).

c) Indique, dans la troisième colonne, le nom de l’artiste à qui tu as emprunté ce fragment de texte.

d) Dans la quatrième colonne, explicite l’effet produit par la comparaison que tu as créée.

e) Aide-toi de l’exemple fourni.

L’amour, c’est comme… la vitesse d’une Ferrari Kacem Wapalek

L’amour, c’est comme…

La violence, c’est comme…

La comparaison insiste sur la sensation produite : vertige, frissons, plaisir…

La vie, c’est comme…

Le travail/ L’école, c’est comme…

Grandir, c’est comme…

Le racisme, c’est comme…

2. Parmi les comparaisons créées ci-dessus, choisis-en deux et transforme-les en métaphores.

3. Partage tes réponses avec la classe.

4. Tu pourras utiliser une des figures de style dans le rap que tu vas recomposer pour la tâche finale.

ÊTRE AU CLAIR AVEC LE TEXTE À PRODUIRE : LA RECOMPOSITION

Tu évalues la proposition de recomposition d’un élève

Tu as certainement déjà eu l’occasion de t’exercer à la recomposition1. Cette fois, ta mission, en tâche finale, sera de composer un rap original à partir d’une anthologie de raps.

1. Pour composer ta création personnelle à partir des textes qui te sont proposés dans l’anthologie (pp. 81 à 84)…

a) tu utiliseras au moins trois textes sources différents (que tu mentionneras en marge de ta recomposition, comme dans l’exemple ci-après) ;

b) ta recomposition, rimée (autant que possible), comptera au moins dix vers ;

c) tu reprendras plus de deux vers consécutifs de tes sources sans y apporter de modifications, comme des figures de style (tes apports personnels et modifications devront être indiqués dans une autre couleur) ;

d) tu créeras et combineras au moins trois figures de style différentes (comparaison, jeu sur les sons, métaphore ou accumulation), que tu identifieras (en les soulignant dans ton texte et en les nommant dans la marge) ;

e) tu trouveras un titre à ton texte pour mettre en évidence le thème que tu as choisi de traiter ;

f) tu veilleras à l’intelligibilité et à la recevabilité de ton texte (qu’il s’agisse de la recevabilité linguistique ou de la recevabilité institutionnelle).

2. Voici un exemple de production, composée à partir des raps vus précédemment et annotée par son créateur, Tomas, ainsi que le texte dans lequel il explicite sa procédure. Prends-en connaissance.

1. Dans Connexion pour le qualifiant 3, séquence 4 « Dans le doute, il ne faut pas mettre le doigt », il s’agissait de recomposer des perverbes. Dans Connexion pour le qualifiant 4, séquence 5 « Le poids des mots, le choc des photos », il fallait composer un photomontage à partir de deux photos.

Ton amour est mon toit

recomPoSition

SourceS fiGureS imPoSéeS

1) J’aiguisais ces vers sévères pour notre belle idylle Wapalek/ Bigflo & Oli Jeux sur les sons

2) Notre amour n’est pas qu’un amour d’été

3) Aujourd’hui c’est facile de m’faire à l’idée que c’est    pour l’éternité

Bigflo & Oli

Bigflo & Oli Jeux sur les sons

4) Le temps qui s’écoule comme un rêve est épais et même si tu te perds Faye/ Wapalek Comparaison

5) Pour toujours, il n’y aura que nous, tous les jours, Bigflo & Oli Jeu sur les sons

6) Tout le temps, il n’y aura que nous deux, pour toujours Bigflo & Oli

7) On s’est promis que du monde on ferait le tour

8) Regarde, rigole, regarde-moi, respire

Bigflo & Oli

Bigflo & Oli/ Wapalek/ Faye Jeu sur les sons Accumulation

9) Le corps engourdi, toujours endormi, t’as le souffle court et si tout empire, Faye Jeu sur les sons

10) Quand il aura fait fuir hier, est-ce que l’avenir te fera rire Wapalek  Jeu sur les sons

11) Ou quand on jettera nos promesses dans un désert aride, Bigflo & Oli/ Wapalek Métaphore

12) Dans tes yeux, si la vie est belle, ton amour est    mon toit

Bigflo & Oli

13) J’te dis tellement je t’aime, les yeux ouverts dans le lit Bigflo & Oli/ Faye

14) Rigole, mon ange tombé du ciel Wapalek/ Bigflo & Oli Métaphore

15) Regarde-moi, la vie c’est l’amour

Bigflo & Oli Métaphore

J’ai commencé par choisir un thème : j’avais envie de parler d’amour. Je suis parti du vers de Bigflo & Oli qui évoque un amour d’été. Ensuite, j’ai relu les textes qui étaient à ma disposition : j’y ai souligné des passages qui me plaisaient et qui s’intégraient dans la thématique que j’avais choisie et/ou dont la sonorité me plaisait. J’ai aussi sélectionné quelques passages en me disant que je pourrais les utiliser dans une métaphore ou une comparaison.

J’ai fait un premier essai en essayant de recomposer mon texte : il fallait que les phrases s’enchainent. J’ai vérifié si j’avais bien utilisé les trois sources qu’on me proposait. J’ai produit une comparaison et une métaphore. J’ai accentué les jeux sur les sons et été rechercher d’autres verbes à l’impératif dans les autres textes pour parvenir à créer une accumulation.

J’ai relu mon texte et j’ai constaté qu’il ne rimait pas toujours. J’ai fait le maximum pour que ça soit le cas. J’ai parfois coupé un vers et inversé les portions de phrases pour y parvenir.

J’ai fini par mettre en évidence, en orangé, mes ajouts personnels ou les modifications que j’ai dû apporter aux textes (changement de temps d’un verbe, changement de genre ou de nombre pour un déterminant, etc.) pour les distinguer des passages des textes repris pour ma recomposition.

3. Selon toi, la recomposition de Tomas respecte-t-elle les consignes ? Prouve-le en te fondant sur la grille d’évaluation ci-dessous.

critÈreS

Le texte présente un titre qui donne une indication sur le thème.

Trois textes différents ont été utilisés pour recomposer ce rap.

Le texte comporte au moins dix vers (lignes).

Le rap produit par recomposition est une œuvre personnelle.

Le texte présente des rimes.

Le texte propose au moins trois figures de style originales/ personnelles.

Les annotations du texte (sources/figures de style) prouvent le respect des consignes.

oui ± non

Le texte produit est recevable dans le contexte scolaire.

Le rap produit par recomposition est intelligible.

4. La procédure de Tomas semble avoir été efficace (pour lui).

a) Justifie, en surlignant dans son texte, les étapes de la réalisation pour mettre en évidence le respect des critères.

b) Envisages-tu d’utiliser une procédure semblable ou vois-tu une autre façon de faire ?

5. Discutes-en avec tes condisciples.

TU ENRICHIS TON LEXIQUE

Au cours de cette séquence, tu as rencontré des mots que tu ne connaissais pas.

1. Choisis-en trois.

2. Identifie la classe grammaticale à laquelle chacun appartient.

3. Si c’est possible, trouve un synonyme et un antonyme.

4. Reporte ces mots dans le lexique qui se trouve à la page 351.

TU AMÉLIORES TON ORTHOGRAPHE

Voici un texte de Lino intitulé « Fautes de français ».

1. Opère les choix adéquats.

2. Tu seras capable de les justifier oralement.

3. Surligne cinq (groupes de) mots qui te semblent difficiles à orthographier et essaie de retenir la façon dont ils sont écrits.

4. Demande à ton (ta) voisin(e) de te dicter les (groupes de) mots que tu as surlignés puis fais de même pour lui (elle).

J’roule sur la marge, j’vis entre parenthèses

L’(encre/ancre) coule sur la page, j’repars en 162

Je marche, j’suis seul dans la foule, j’ai mon héritage sur l’épiderme

De ma tour de dix étages j’écrivais ces vies ternes

Avancer sans la virgule avec nos accents aigus

(Ou/Où) la Mondéo circule, ma (voix/voit/voie) sent l’vécu

L’écran allume les passions, sous tension

Comment tu (veus/veux/veut) qu’on s’ (comprennent/comprend/comprenne) quand (c’est/s’est) TF1 qui fait les présentations ?

Le point d’interrogation, est-ce qu’on peut blâmer la misère ?

Partout la crise (a/à) besoin de bouc émissaire

Un retour à Babel, le temps passe trop vite, j’écris

Conflit de civilisations, (a/à) qui profite le crime ?

La raison manque à l’appel, on (s’est/sait/sais) même plus qui a (tors/tord/ tort)

La religion (fais/fée/fait) diversion pendant qu’on chute à la pelle

J’saute le pas, les drames faudra devancer

Éteindre le feu avant qu’ça crame et corriger les fautes de français

lino (2015). Fautes de français [chanson]. Dans Requiem. Suther Kane Films. (Extrait.)

Améliore ton orthographe sur Udiddit, avec des exercices de langue supplémentaires.

TÂCHE FINALE

1. Sur une feuille séparée, crée, par recomposition, un texte de rap en utilisant l’anthologie qui t’est fournie ci-après.

2. Reporte-toi aux consignes explicitées à l’activité 5 (p. 76).

3. Utilise la grille de l’activité 5 (p. 78) pour faire ton autoévaluation avant de rendre ton travail à ton (ta) professeur(e).

4. Si tu le souhaites, enregistre ton texte sur l’instrumental qui t’est proposé ici.

DOCUMENT 7

TEXTE 1

RENTREZ CHEZ VOUS

Ça y est, ils ont fait sauter la tour Eiffel

Ça y est, ils ont fait sauter la tour Eiffel

On pensait pas qu’ils oseraient mais le mal est fait

Comment on a pu en arriver là ? Difficile à croire

La nuit a été calme, ils ont bombardé que trois fois

Je suis monté à Paris retrouver ma copine

La guerre nous a pris par le col, nous a sortis de la routine

Remplacé les fleurs par les pleurs, les murmures par les cris

Son immeuble a été touché, j’l’ai pas trouvée sous les débris

Je vais rentrer bredouille, rejoindre ma famille dans le premier train

Le départ est prévu pour demain matin

Les hommes sont capables de merveilles et des pires folies

Ça fait quatre jours que j’ai pas d’nouvelles d’Oli…

[…]

Bien sûr les bruits des wagons bondés me rendent insomniaque

Certains ont mis toute leur maison au fond d’un petit sac

Le train s’arrête et redémarre, me donne des haut-le-cœur

On a fait en deux jours ce qu’on faisait en six heures

J’dois rejoindre la famille au port de Marseille

Mais j’ai pris du retard, j’crois bien qu’ils vont partir sans moi

Quel cauchemar

Pas grave, j’les rejoindrai en barque

Pas de réseau, impossible de choper une barre

J’vois une enfant au sol, lui demande si elle est seule

Elle dit qu’elle a vu ses parents couchés sous des linceuls

Les hommes sont capables de merveilles et des pires folies

Ça fait bientôt six jours que j’ai pas d’nouvelles d’Oli

BiGflo & oli (2018). Rentrez chez vous [chanson]. Dans La vie de rêve. Polydor. (Extrait.)

LE PARADIS SE TROUVE DANS LE 93 (LPSTD93)

Ici y a pas d’paradis

J’suis dans l’93 j’suis ravie

Mais j’ai le visage qui s’abîme

Quand la discu elle dérive pour enfin parler d’estime de soi

P’tet parce que je m’estime moins sans toi

Moyenne classe y vit

C’est pas trop la classe diront-ils

Quand je me sens seule j’discute avec les rats d’la ville

Ça casse ma déprime

Tickets resto en guise de prime

Ici les salaires valent pas une mine

Les gens ont les poumons qui s’abîment

10 balles le paquet c’est trop cher R.D.V. marché Saint-Denis

Ça sent trop l’vécu

Mais ici y a pas d’paradis

J’suis dans l’93 j’suis ravie

Non loin de ceux qui virent chaque année argent dans paradis fiscaux

10 balles le paquet c’est trop cher R.D.V marché Saint-Denis

Ça sent trop l’vécu

Mais ici y a pas d’paradis

J’suis dans l’93 j’suis ravie

Non loin de ceux qui virent chaque année argent dans paradis fiscaux

J’ai fait que retourner cette page

Que retourner cette page mon babe

Remonter l’engrenage

Te laisser prendre de l’âge

Tout ça pour qu’un jour ça marche mon babe

10 balles le paquet c’est trop cher R.D.V. marché Saint-Denis

Ça sent trop l’vécu

Mais ici y a pas d’paradis

J’suis dans l’93 j’suis ravie

Non loin de ceux qui virent chaque année argent dans paradis fiscaux

À cause de toi je crie

Ohla hola-la hola hola hola-la

Theodora. (2023). Le Paradis se trouve dans le 93 (LPSTD93) [chanson].
Dans Lili Aux Paradis Artificiels. Maison Neptune X NBFD.

LE DROIT DE CHANTER

À ce père qui rêvait de fils diplômé

Auquel on a si peu pardonné

Toute une enfance à marmonner

Ceux qui s’tirent dessus sont-ils paumés ?

Artiste à mon insu et l’mépris

Rapper à n’importe quel prix

Puis t’apprends comme tomber de balançoire

L’argent n’est pas une fin en soi

D’une descendance pauvre, c’qu’on cherche

C’est la fierté des nôtres

Ma rime, une femme jugée à sa jupe

Le succès ne nous a pas assagis

Le droit de chanter

Les cas sociaux sont nés des silences coloniaux

Polyglotte, multiples origines

Quêtes identitaires, lyrics corrosifs

Ne pourra pas visiter

Qui n’a pas invité

On parle pas bien français

Et les stades remplis qu’on fait

Nos fans seuls complices

Aussi loin qu’on puisse

Certains accueils me pincent les lèvres

Rapper, c’est être tristement célèbre

Le droit de chanter

Moqué car j’évite les gros mots

Ça nique des mères mais craint le mot « homo »

J’attends pas que l’mal puisse me secourir

Je chante l’amour, oui, j’ai vu des gens mourir

Sans permission, guérir les âmes, c’est mon ambition

Le cœur pour armoirie, c’n’est pas une plaidoirie, check ça

Le droit de chanter

oxmo Puccino. (2019). Le droit de chanter [chanson]. Dans La nuit du réveil. AllPoints.

4

L’ODEUR DE L’ESSENCE

(Regarde)

La nostalgie leur faire miroiter la grandeur d’une France passée qu’ils ont fantasmée

(Regarde)

L’incompréhension saisir ceux qui voient leur foi dénigrée sans qu’ils aient rien demandé

(Regarde)

La peur les persuader qu’des étrangers vont v’nir dans leurs salons pour les remplacer

(Regarde)

Le désespoir leur faire prendre des risques pour survivre là où on les a tous entassés

(Écoute)

La paranoïa leur faire croire qu’on peut plus sortir dans la rue sans être en danger (Écoute)

La panique les pousser à crier qu’la Terre meurt et personne en a rien à branler

(Écoute)

La méfiance les exciter, dire qu’on peut plus rien manger qu’on n’a même plus l’droit d’penser

(Écoute)

La haine les faire basculer dans les extrêmes allumer l’incendie, tout enflammer

L’odeur de l’essence

Les jeux sont faits, tous nos leaders ont échoué

Ils s’ront détruits par la bête qu’ils ont créée

La confiance est morte en même temps qu’le respect

Qu’est-c’qui nous gouverne ? La peur et l’anxiété

On s’auto-détruit, on cherche un ennemi

Certains disent « c’est foutu », d’autres sont dans l’déni

Les milliardaires lèguent à leurs enfants débiles

L’histoire appartient à ceux qui l’ont écrite

Plus personne écoute, tout l’monde s’exprime

Personne change d’avis, que des débats stériles

Tout l’monde s’excite parce que tout l’monde s’excite

Que des opinions tranchées, rien n’est jamais précis

Plus l’temps d’réfléchir, tyrannie des chiffres

Gamins d’douze ans dont les médias citent les tweets

L’intelligence fait moins vendre que la polémique orelSan. (2021). L’odeur de l’essence [chanson]. Dans Civilisation. 7th Magnitude/3e Bureau (Wagram Music). (Extrait.)

POÉSIE

1. DÉFINIR LA POÉSIE

1) Contrairement à ce que l’on croit souvent, la poésie ne se définit pas par des thèmes qui lui seraient propres, comme l’amour, les saisons, les paysages…

2) Ce qui la définit, c’est une manière particulière de s’exprimer, une manière qui diffère de l’expression usuelle.

3) La poésie s’écarte de la prose (du langage ordinaire) par la disposition du texte sur l’espace de la page, l’utilisation de rimes, le découpage du texte, l’utilisation d’une langue imagée, l’attention accordée aux sons…

2. DES PRINCIPES D’ORGANISATION PARTICULIERS

A. LES VERS

Le poète qui écrit en vers n’attend pas la fin d’une ligne pour passer à la suivante. Un vers, c’est une ligne d’un poème.

Il existe deux grandes catégories de vers.

1) Les vers réguliers

Les vers réguliers comptent le même nombre de syllabes. Ils riment et commencent par une majuscule.

Pour mesurer un vers, on compte le nombre de syllabes qu’il contient. Mais ne comptent pas :

– la dernière syllabe du vers si elle se termine par un « e » muet ;

– la dernière syllabe d’un mot si elle se termine par un « e » muet et si le mot qui suit commence par une voyelle.

Quand on lit de la poésie, on prononce les « e » muets suivis d’une consonne.

exemPle

À Célimène

[…]

Je / ne / vous / ai /me / pas, / c’est / dit,/ je/ vous / dé / test(e), 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

Je / vous / crains / comm(e) / on / craint / l’en / fer,/ de / peur / du / feu ; 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

Comm(e) / on / craint / le / ty / phus, / le / cho / lé / ra, / la / pest(e),

Je / vous / hais / à / la / mort, /ma / da /me ; / mais /, mon / Dieu !

Ex / pli / quez-/ moi / pour / quoi / je / pleu / re,/ quand / je / rest(e)

Deux / jours / sans / vous / par / ler / et / sans / vous / voir / un / peu.

daudet, a . (1858). Les Amoureuses

analySe

• Les vers de ce poème comptent 12 syllabes. On les appelle : des alexandrins.

• Dans le premier vers, « aime » compte deux syllabes. On prononce le « e » muet, car il est suivi d’une consonne : « pas ».

• Ce premier vers se termine par un « e » muet qu’on ne prononce donc pas. Dès lors, « déteste » compte deux syllabes.

• Dans le deuxième vers, « comme » compte une syllabe. On ne prononce pas le « e » muet final, car il est suivi d’une voyelle « on ».

Poursuis le comptage des syllabes.

2) Les vers libres

À côté des vers réguliers, il existe des vers libres. Ces vers peuvent être de longueurs variées et présenter ou non des rimes (cf. infra).

B. LES STROPHES ET LE REFRAIN

• Une strophe, c’est un groupe de vers.

• Certains poèmes en comportent une seule.

• D’autres en comptent plusieurs, regroupant ou non le même nombre de vers.

Remarque

Dans une chanson, on ne parle pas de strophe, mais de couplet.

1)

Et s’il revenait un jour…

Et s’il revenait un jour

Que faut-il lui dire ?

— Dites-lui qu’on l’attendit

Jusqu’à s’en mourir…

Et s’il m’interroge encore

Sans me reconnaître ?

— Parlez-lui comme une sœur, Il souffre peut-être…

Et s’il demande où vous êtes

Que faut-il répondre ?

— Donnez-lui mon anneau d’or

Sans rien lui répondre…

Et s’il veut savoir pourquoi

La salle est déserte ?

— Montrez-lui la lampe éteinte

Et la porte ouverte…

Et s’il m’interroge alors

Sur la dernière heure ?

— Dites-lui que j’ai souri

De peur qu’il ne pleure…

maeterlinck. (1896).

2)

Tout croupit quand s’éteint le rythme

lochac, e. (1936). Monostiches

• Ce poème comporte 5 strophes.

• Chaque strophe compte 4 vers. Ce sont des quatrains

Les vers sont de longueur inégale. On constate une alternance de vers de 7 syllabes (le premier et le troisième de chaque strophe) et de vers de 5 syllabes (le deuxième et le quatrième).

Ce poème ne compte qu’un seul vers.

• Le refrain, c’est le retour d’un même vers ou d’un même groupe de vers dans le cours d’une poésie, d’une chanson.

exemPle

Le Pont Mirabeau

Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Et nos amours

Faut-il qu’il m’en souvienne

La joie venait toujours après la peine

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face

Tandis que sous

Le pont de nos bras passe

Des éternels regards l’onde si lasse

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure

[…]

aPollinaire, G. (1913). Alcools.

analySe

Deux vers identiques succèdent à chaque strophe du poème : c’est le refrain.

C. LES RIMES

Une rime, c’est la répétition d’un son à la fin de deux ou plusieurs vers.

1) Rimes féminines et rimes masculines

• Les rimes féminines sont caractérisées par la présence d’un « e » muet dans la dernière syllabe.

• Les rimes masculines n’ont pas de « e » muet dans la dernière syllabe.

2) Richesse des rimes

La richesse des rimes est liée au nombre de sons communs.

• La rime est pauvre lorsqu’elle ne porte que sur un seul son.

Exemple : « pas » et « bas »

• Elle est suffisante lorsqu’elle porte sur deux sons.

Exemple : « port » et « mort »

• Elle est riche lorsqu’elle porte sur plus de deux sons.

Exemple : « jardinage » et « patinage »

Il ne faut pas confondre le nombre de lettres et le nombre de sons.

Exemples : Le mot « sol » contient trois sons, tandis que les mots « son » ou « sont » n’en contiennent que deux.

Les mots « faite » et « fête » contiennent quatre sons.

3) Disposition des rimes

Les rimes peuvent être disposées de plusieurs manières. On distingue :

• les rimes plates qui correspondent au schéma AABB ;

• les rimes croisées qui correspondent au schéma ABAB ;

• les rimes embrassées qui correspondent au schéma ABBA.

leS rimeS

exemPleS diSPoSition richeSSe Genre

Je lui disais : « Tu m’aimeras

Aussi longtemps que tu pourras ! »

Je ne dormais bien qu’en ses bras

croS, c. (1873). Le Coffret de santal.

Je respire où tu palpites,

Tu sais ; à quoi bon, hélas !

Rester là si tu me quit tes, Et vivre si tu t’en vas ?

huGo, V. (1856). Les Contemplations.

Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur

D’aller là-bas vivre ensemble !

Aimer à loisir, Aimer et mourir

Au pays qui te ressemble !

Baudelaire, c. (1857). Les Fleurs du mal.

3. LES FIGURES DE STYLE

1 rime plate (AA)

1 rime suffisante

1 rime masculine

2 rimes croisées (ABAB)

1 rime plate (AA) et 2 rimes embrassées (BCCB)

1 rime suffisante et 1 rime pauvre 1 rime féminine et 1 rime masculine

2 rimes riches et 1 rime suffisante 2 rimes masculines et 1 rime féminine

Le poète n’est pas le seul écrivain à utiliser des figures de style, loin de là ! Cependant, la poésie est un terrain où, plus qu’ailleurs, on cultive les figures.

A. LA COMPARAISON

1) Définition

La comparaison consiste à rapprocher deux objets au moyen d’un terme de comparaison (comme, ainsi, ressembler à, à la manière de, pareil à…).

2) Composantes

Une comparaison se compose d’un :

• comparé ;

• comparant ;

• terme de comparaison.

3) Effets

• La comparaison incite le lecteur à voir les choses autrement : elle stimule son imagination.

• Elle transforme et/ou enrichit la réalité en nous la faisant voir et/ou ressentir autrement. exemPle

J’ai peur d’un baiser

Comme d’une abeille.

Je souffre et je veille

Sans me reposer.

J’ai peur d’un baiser !

Verlaine, P. (1866). Poèmes saturniens.

• Comparé : un baiser

• Comparant : une abeille

• Terme comparatif : comme

Cette comparaison associe l’amour à une inquiétude, une panique, une souffrance qui ne laissent aucun répit et dont il faut se protéger. Elle invite le lecteur à voir dans l’amour un danger bien plus qu’un bonheur.

B. LA MÉTAPHORE

Définition et effets

• La métaphore, comme la comparaison, rapproche un comparé et un comparant.

• Cependant, ce rapprochement se fait sans l’aide d’un terme comparatif.

Le lien qui unit comparant et comparé est donc implicite, ce qui rend le rapprochement plus ou moins facile à saisir.

• Ses effets sont les mêmes que ceux produits par la comparaison.

1)

Elle était ma dame, elle était ma came

Elle était ma vitamine

Elle était ma drogue, ma dope, ma coke, mon crack

Mon amphétamine, Caroline

mc Solaar (1991). Caroline [chanson]. Dans Qui sème le vent récolte le tempo. Polydor.

2)

Ah ! ne montez pas à mon bord.

Je suis un navire en détresse

Sous l’offense du mauvais sort.

Ma cargaison n’est que tristesse,

Ah ! ne montez pas à mon bord.

Vilmorin de, L. (1954). L’Alphabet des aveux.

• Comparé : « elle » (Caroline)

• Comparants : came, vitamine, drogue, dope, coke, crack, amphétamine

• Cette métaphore (doublée d’une accumulation) exprime avec force l’ambigüité de la passion amoureuse : son effet stimulant (vitamine) d’une part et d’autre part sa dangerosité.

• Comparé : la poétesse (« je »)

• Comparant : un navire en détresse

• Cette métaphore exprime à quel point elle est perdue. Au bord du naufrage, elle ne peut accueillir (aimer, être aimée de ?) personne.

• Cette métaphore est prolongée par « ma cargaison n’est que tristesse ». On appelle cela une métaphore filée

C. LA PERSONNIFICATION

Très proche de la métaphore, la personnification consiste à attribuer à un objet ou une idée des caractéristiques humaines.

exemPle

La maison crie et chancelle.

huGo, V. (1829). Les Orientales.

analySe

• La maison est personnifiée : ‒ les verbes « crier » et « chanceler » ont généralement pour sujet des êtres vivants (humains ou animaux), ‒ en faisant de « la maison » le sujet de ces verbes, le poète lui donne le statut d’un être humain ; • Cette personnification exprime la violence de l’attaque qu’elle subit.

D. L’ACCUMULATION

L’accumulation est une figure de style qui consiste à aligner, dans une phrase, plusieurs mots de même fonction et appartenant à la même classe grammaticale. En général, l’accumulation crée un effet d’insistance.

exemPle

Le poète s’en va dans les champs ; il admire. Il adore ; il écoute en lui-même une lyre ; Et, le voyant venir, les fleurs, toutes les fleurs,

Celles qui des rubis font pâlir les couleurs, Celles qui des paons même éclipseraient les queues, Les petites fleurs d’or, les petites fleurs bleues, Prennent, pour l’accueillir agitant leurs bouquets, De petits airs penchés ou de grands airs coquets, Et, familièrement, car cela sied aux belles : « Tiens ! c’est notre amoureux qui passe ! » disent-elles. […]

huGo, V. (1856). Les Contemplations.

analySe

• Ce poème présente une longue accumulation qui a pour effet de créer un tableau extrêmement coloré (effet visuel).

• En outre, cette accumulation renforce une idée assez originale, puisqu’elle n’exprime pas l’amour du poète pour la nature, mais l’inverse : l’amour de la nature pour le poète.

E. L’ANAPHORE

Une anaphore est une figure qui consiste à répéter un mot ou un groupe de mots au début ou à la fin de vers ou de phrases.

exemPle

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre

Que serais-je sans toi qu’un cœur au bois dormant

Que cette heure arrêtée au cadran de la montre

Que serais-je sans toi que ce balbutiement.

araGon, l. (1956). Le Roman inachevé.

analySe

• Dans ce début de poème, trois vers sur quatre commencent par le même groupe de mots :

« Que serais-je sans toi. »

• La réponse à cette question est « rien », ou si peu de chose :

- un cœur au bois dormant, et donc sans amour ;

- une heure arrêtée au cadran de la montre qui devient inutile ;

- un balbutiement, et donc une parole hésitante, inaudible.

• L’anaphore insiste sur ce rien que serait le poète sans la femme qu’il aime, sur la conviction profonde qu’il a de tout lui devoir.

• En outre, l’anaphore donne au poème rythme et musicalité.

F. LE PARALLÉLISME (OU LA SYMÉTRIE)

Le parallélisme est la reprise d’un segment de phrase construit de la même manière et de longueur similaire.

exemPleS analySe

Tu dis que tu aimes les fleurs et tu leur coupes la queue

Tu dis que tu aimes les chiens et tu leur mets une laisse

Tu dis que tu aimes les oiseaux et tu les mets en cage

Alors quand tu dis que tu m’aimes, moi j’ai un peu peur

Attribué à cocteau, J.

• Les trois premiers vers de ce poème présentent une construction identique : « Tu dis » + proposition complétive + « et » + proposition coordonnée

• Cette symétrie insiste sur les contradictions constantes du « tu » : aimer quelque chose ne l’empêche pas de faire du tort à ce qu’il aime.

• Cette symétrie rend le poème mélodique et harmonieux.

• En outre, elle met en évidence la chute du texte et contribue à son effet humoristique.

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