21 octobre 2009 - N° 470
Que les gouvernements aient le courage de dire la vérité aux Européens Au lieu d'entretenir l'espoir d'une reprise rapide de la croissance et de l'emploi, les gouvernements feraient mieux de dire aux Européens qu'ils vont être confrontés : • à une perte irréversible d'emplois dans les secteurs qui se contractent après la crise (construction, finance, biens durables…), d'où un chômage durablement très élevé ; • à l'absence d'idées pour créer des emplois nouveaux en quantité suffisante pour compenser les pertes d'emplois ; • à l'inefficacité des politiques de soutien de la croissance par l'exportation, avec la contraction du commerce mondial et, pour la zone euro, le risque d'appréciation de la devise ; • à la disparition du modèle de soutien de l'activité par la hausse de l'endettement ; • au besoin de rééquilibrer les finances publiques par des politiques budgétaires restrictives ; • à l'accélération des délocalisations avec l'écart de croissance et de coûts de production entre les pays émergents et les pays de l'OCDE ; • à la déformation du partage des revenus au détriment des salariés, avec le chômage élevé, les délocalisations…
RECHERCHE ECONOMIQUE Rédacteur :
Patrick ARTUS
La seule solution constructive à cette masse de problèmes n'est pas d'amplifier les politiques contracycliques mais : • d'accepter la perte inévitable de pouvoir d'achat et de capacité de dépense de l'Etat ; • de construire les entreprises et les secteurs qui créeront de nouveaux emplois durables.
Flash Nous ne pensons pas, pour les raisons que nous allons exposer ci-dessous, qu'il puisse y avoir une véritable reprise cyclique en Europe, et nous pensons que la perspective est celle d'une croissance durablement dépréciée (graphiques 1a1b) et d'un chômage durablement élevé (graphiques 2a-2b).
Il n'y aura pas de reprise cyclique forte
Graphique 1a Croissance du PIB (volum e, GA en %)
Graphique 1b Croissance du PIB (volum e, GA en %)
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Zo ne euro Ro yaume-Uni
-4 Sources : Dat astream, prévisions NATIXIS
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Sources : Dat astream, BLS, Eurostat , ONS, Prévisions NATIXIS
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Graphique 2b Taux de chôm age (en %) 22
9
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Sources : Datast ream, prévisions NATIXIS
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Graphique 2a Taux de chôm age (en %)
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France
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6 Sources : Datast ream, BLS, Eurost at, ONS, Prévisions NATIXIS
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Les gouvernements (et les Banques Centrales) des pays européens ne tiennent pas ce discours : ils mènent des politiques contracycliques violentes (graphiques 3a-3b, graphique 4), et passent le message qu'il va y avoir une reprise cyclique normale.
Flash 2009 – 470 - 2
Flash Graphique 3a Déficit public (en % du PIB)
Graphique 3b Déficit public (en % du PIB)
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Ro yaume-Uni
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-4 A llemagne France Espagne Italie
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-10 Sources : Dat astream, prévisions NATIXIS
Sources : Dat astream, prévisions NATIXIS
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Graphique 4 Taux directeurs 6
6
Taux Repo euro Taux de base B o E
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Sources : Dat astream, NATIXIS
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Nous pensons qu'il serait plus raisonnable d'expliquer aux Européens les raisons pour lesquelles il y a une crise structurelle grave : (1) pertes irréversibles d'emplois ; (2) absence d'idées pour créer des emplois nouveaux en nombre suffisant ; (3) absence de reprise des exportations et risque d'appréciation de l'euro ; (4) fin du soutien de l'économie par l'endettement ; (5) nécessité dans le futur de rééquilibrer les dépenses publiques ; (6) accélération des délocalisations vers les émergents ; (7) déformation du partage des revenus au détriment des salariés. L'amplification des politiques contracycliques n'est pas une solution, au contraire
Nous allons détailler ci-dessous ces sept problèmes structurels. Avant cela, mettons en avant le point suivant : l'amplification des politiques contracycliques n'est pas une réponse à la crise en Europe : •
la hausse des déficits publics (graphiques 3a-3b plus haut) et de l'endettement public (graphiques 4a-4b) nécessitera la mise en place de politiques budgétaires restrictives dans le futur (nous allons y revenir), ce qui d'une part ne fait que repousser dans le temps les difficultés, d'autre part peut, dès aujourd'hui, provoquer une remontée des taux d'épargne (graphiques 5a-5b) donc un recul de la demande ;
Flash 2009 – 470 - 3
Flash •
les politiques monétaires très expansionnistes ne font repartir ni le crédit (graphique 6), ni la demande intérieure (graphique 7), puisqu'il y a besoin de désendettement (voir plus bas), et contribuent seulement à l'excès de liquidité mondiale (graphique 8) qui génère des bulles sur les prix des actifs (actions des pays émergents, graphique 9 ; matières premières, graphique 10).
Graphique 4a Dette publique (en % du PIB)
Graphique 4b Dette publique (en % du PIB)
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A llemagne France
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Ro yaume-Uni
Sources : Datast ream, Prévisions NATIXIS
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Sources : Datast ream, Prévisions NATIXIS
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Graphique 5a Taux d'épargne brut des m énages 16
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Zo ne euro
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Ro yaume-Uni
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Sources : Dat astream, NATIXIS
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Espagne Italie (net)
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A llemagne France
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Graphique 5b Taux d'épargne brut des m énages
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8 Sources : Dat astream, NATIXIS
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Graphique 6 Crédit au secteur privé* (GA en %)
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Graphique 7 Dem ande intérieure (volum e, GA en %)
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Zo ne euro
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2 (*) ménages + ent reprises
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0 Sources : Dat astream, FoF, BCE, BOE, NATIXIS
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Flash 2009 – 470 - 4
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-6 Sources : Dat astream, NATIXIS
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Flash Graphique 8 Base m onétaire (en m onnaie nationale, GA en %)
Graphique 9 Indice boursier des ém ergents Ensemble des émergent s y compris Russie et OPEP
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40 Zo ne euro
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-10 Sources : Datast ream, NATIXIS
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Ensemble des émergent s y compris Russie et OPEP (hors Chine)
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Sources : Datast ream, NATIXIS
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Graphique 10 Prix spot des m atières prem ières en dollars (100 en 2002 : 1)
700
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P étro le brut (brent)
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M étaux précieux M étaux no n précieux
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200 Sources : Datast ream, NATIXIS
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Au lieu d'entretenir l'espoir que ces politiques contracycliques seront efficaces, il vaudrait mieux analyser froidement les causes des difficultés de l'Europe. Les sept causes des difficultés structurelles des économies européennes
La cause essentielle de la crise est la mise en place d'une dynamique de désendettement des agents économiques privés (graphique 6 plus haut), soit de manière équivalente de remontée de leur épargne (graphiques 5a-5b plus haut en ce qui concerne les ménages), ce qui provoque une chute irréversible de la demande intérieure (graphique 7 plus haut, graphique 11), la partie de la demande qui était auparavant financée par la hausse de l'endettement disparaissant.
Flash 2009 – 470 - 5
Flash Graphique 11 Dem ande intérieure (volum e, 100 en 2002:1) 120
Graphique 12 Em plois dans la construction, services financiers et m anufacturiers (100 en 2002:1)
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Zo ne euro
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Sources : Datast ream, NATIXIS
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96 Sources : Dat astream, NATIXIS
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Parallèlement, il y a donc pertes irréversibles d'emplois dans les secteurs touchés par cette perte de demande, qui sont normalement les secteurs où la demande est liée au crédit : construction, services financiers, biens durables industriels de tous types, biens intermédiaires pour la construction… (graphique 12). Il en résulte donc, en l'absence de toute mesure structurelle correctrice, une montée du chômage et du chômage structurel (graphique 13). Graphique 13 Taux de chôm age (en %) 12
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Zo ne euro
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Ro yaume-Uni
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9
9
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7
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5 4
5 Sources : Datast ream , BLS , Eurost at , ONS , Prévision
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Cause # 2 : absence d'idées pour créer des emplois nouveaux en nombre suffisant
Flash 2009 – 470 - 6
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Face à cette situation de destructions irréversibles d'emplois, il faudrait être capable de créer des emplois nouveaux en nombre suffisant. On peut estimer la taille de la perte irréversible d'emplois, compte tenu de l'ajustement restant aujourd'hui à faire et qu'on peut mesurer au déficit de productivité, graphiques 14a-14b) à 6% de l'emploi d'avant crise dans la zone euro, 6,5% de l'emploi d'avant crise au Royaume-Uni.
Flash Graphique 14a Em ploi total (100 en 2002:1)
Graphique 14b Productivité par tête (100 en 2002 : 1)
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Zo ne euro
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Ro yaume-Uni
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103
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101 Sources : Dat astream, NATIXIS
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Zo ne euro Ro yaume-Uni
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Sources : Dat astream, NATIXIS
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On voit la difficulté : ces pertes d'emplois sont très importantes par rapport au potentiel estimé de créations d'emplois (2% d'emplois additionnels) dans les industries et les services "verts", grandes même par rapport aux créations d'emplois dans l'industrie des nouvelles technologies dans les années 1990 (tableau 1).
Etats-Unis France Royaume-Uni Allemagne Italie Espagne
Tableau 1 Part de l'IT Part de l'emploi dans les services IT en % du total emploi 3,7 3,1 3,1 3,0 2,8 2,7
Source : OCDE
Cause # 3 : contraction du commerce mondial et risque d'appréciation de l'euro
On pourrait penser que si la demande intérieure des pays européens est durablement affaiblie, ces pays pourraient avoir leurs économies tirées par les exportations. Mais on observe une contraction du commerce mondial (graphique 15) qui résulte d'une part de la faiblesse des demandes intérieures dans les pays de l'OCDE, d'autre part de l'absence de reprise des importations dans les pays émergents même lorsque (Asie) leur demande intérieure a redémarré (graphiques 16a-16b). Cette absence de reprise des importations semble durable, puisqu'elle est due à la nature des biens vendus sur les marchés intérieurs des pays émergents : leur niveau plus bas en gamme que celui des biens vendus à l'exportation implique que leur contenu en importations est faible. Ceci implique que les pays européens, si cette situation effectivement se prolonge, ne sont pas tirés par les pays émergents (graphique 16c). S'ajoute à cette contraction du commerce mondial pour la zone euro, le risque d'appréciation de l'euro (graphique 17) avec les sorties de capitaux depuis les Etats-Unis.
Flash 2009 – 470 - 7
Flash Graphique 15 Monde : exportations en valeur (en m onnaie locale) 240
100 en 2002:1(G)
220
GA en % (D)
Graphique 16a Im portations en valeur (m onnaie locale, GA en %) 30 20
200 10
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Sources : Dat astream, NATIXIS
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Chine Inde A utres émergents d'A sie
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-40 Sources : Dat astream, NATIXIS
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Graphique 16b Im portations en valeur (m onnaie locale, GA en %)
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Graphique 16c Exportations vers l'ensem ble des ém ergents yc OPEP et Russie (en valeur, en $, GA en %)
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Zo ne euro Ro yaume-Uni
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20
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0
0
0 P ECO
-20
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A mérique latine y c M exique Russie + OP EP
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100
-40 Sources : Dat astream, NATIXIS
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-20 Sources : Dat astream, NATIXIS
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10
Graphique 17 Taux de change du dollar contre l'euro 1,6
1,6
1,4
1,4
1,2
1,2
1,0
1,0
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Sources : Datast ream, NATIXIS
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Cause # 4 : plus de soutien de la demande par l'endettement
Flash 2009 – 470 - 8
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On l'a déjà vu plus haut, le désendettement est la cause essentielle du recul de l'activité. Il est lié au besoin de rendre les taux d'endettement compatibles avec la richesse (immobilière et financière) qui a fortement reculé pendant la crise (graphiques 18a-18b). Il vient aussi de la réalisation de la fragilité financière (visible aujourd'hui au niveau des défauts, graphiques 19a-19b) qu'avait provoquée avant la crise la hausse rapide des taux d'endettement (graphique 20).
Flash Graphique 18a Prix de l'im m obilier (100 en 2002:1)
Graphique 18b Indices boursiers (100 en 2002:1)
220 200
Zo ne euro
220
160
200
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160 Euro sto xx
Ro yaume-Uni
140
FTSE
180
180
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120
160
160
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60
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Sources : Datast ream, NATIXIS
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Sources : Dat astream, NATIXIS
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Ro yaume-Uni : défaut des ménages (en milliers, G)
0,5
Zo ne euro * : taux défaut de ménages (D)
20000
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Graphique 19b Europe : taux de défaut
Graphique 19a Taux de défaut des m énages 22500
05
0,4
(*) Allemagne + France + Espagne
17500 15000
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0,2
10000 0,1
7500
18
18
16
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Co rpo rate high yield
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To tal co rpo rate
12
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8 6
6 Sources : Datast ream, NATIXIS
4
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2 Sources : Datast ream, NATIXIS
5000 02
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0 02
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Graphique 20 Dette du secteur privé* (en % du PIB) 240
240 220
220
Zo ne euro Ro yaume-Uni
200
200 180
180 160
160
(*) ménages + ent reprises
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120 Sources : Datast ream, BCE, BOE, NATIXIS
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Cause # 5 : besoin de rééquilibrer les finances publiques
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Les déficits publics très importants mis en œuvre pendant la crise (graphiques 3a3b plus haut) entraînent une hausse forte des taux d'endettement publics (graphiques 21a-21b) qui devra un jour être arrêtée ; ce qui imposera des politiques budgétaires restrictives dans le futur, comme on l'a vu par exemple en Suède ou en Finlande après la crise du début des années 1990 (graphique 22).
Flash 2009 – 470 - 9
Flash Graphique 21a Dette publique (en % du PIB)
Graphique 21b Dette publique (en % du PIB) 90
90 80
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Zo ne euro Ro yaume-Uni
70
70
60
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120
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100
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50
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60
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40
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40
30
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Sources : Dat astream, Prévisions NATIXIS
30
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Sources : Datast ream, Prévisions NATIXIS
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06
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10
11
Graphique 22 Déficit public (en % du PIB) 10
10 Finlande
5 0
0
-5
-5
-10
-10 Sources : Dat astream, NATIXIS
-15
90 91
Cause # 6 : accélération des délocalisations
5
Suède
92 93 94 95
-15 96 97 98 99
00 01 02
Les délocalisations de l'Europe vers les pays émergents étaient déjà causées par l'écart de coût de production en faveur des pays émergents (graphique 23). La crise ajoute une seconde cause des délocalisations : la perspective d'un écart de croissance très important en faveur des émergents (graphique 24).
Graphique 23 Coûts salarial unitaire* (zone euro = 100)
Graphique 24 Croissance du PIB en volum e (GA en %)
110
110
100
100 (*) Calculé par PIB$/PIB$PPA
90 80
90 80
Zo ne euro Ro yaume-Uni
70
70
Ensemble des émergents y co mpris Russie + OP EP
60
60
50
50 Sources : Dat astream, NATIXIS
40 02
03
Flash 2009 – 470 - 10
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Zo ne euro Ro yaume-Uni Ensemble des Emergents y co mpris Russie et OP EP
8
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6
6
4
4
2
2
0
0
-2
-2 -4
-4 -6
Sources : Datast ream, Prévisions NATIXIS
02
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09
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11
Flash Ceci devrait entraîner une accélération des déplacements de capital (graphique 25a) et des pertes d'emplois manufacturiers en Europe (graphique 25b). Graphique 25a Investissem ents directs sorties (en % PIB) 10
Graphique 25b Em ploi m anufacturier (100 en 2002:1) 10
Zo ne euro
5 0
0
-5
-5
-10
-10
-15 -20 Sources : Datast ream, FM I, NATIXIS
-25
02
03
04
05
06
Cause # 7 : déformation du partage des revenus au détriment des salariés
07
08
09
100
100
5
Ro yaume-Uni
95
95 Zo ne euro
90 85
85
-15
80
80
-20
75
75
-25
70
Sources : Dat astream, NATIXIS
02
10
2
1
1
0
0
-1
-1
P ro ductivité par tête
-2 -3
-3 Sources : Dat astream, NATIXIS
03
04
05
-4 06
05
70 06
07
08
09
10
3
3
2
2
1
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0
0
-1
Salaire réel par tête (prix du P IB )
02
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Graphique 26b Royaum e-Uni : productivité et salaire (GA en %)
2
-4
03
Avec les pertes irréversibles d'emplois vues plus haut, les délocalisations, on s'attend à un taux de chômage restant très élevé (graphique 13 plus haut), donc à un recul durable du pouvoir de négociation des salariés. Comme, de plus, les entreprises restent soumises à des contraintes de rentabilité très élevée, on sait qu'il y aura tendance à la déformation du partage des revenus au détriment des salariés, ce qu'on ne voit pas encore puisque, à court terme, il y a recul de la productivité avec la lenteur de l'ajustement de l'emploi (graphiques 26a26b).
Graphique 26a Zone euro : productivité et salaire (GA en %)
-2
90
Ro yaume-Uni
07
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10
-1
P ro ductivité par tête Salaire réel par tête (prix du P IB )
-2
-2 -3
-3 -4
Sources : Dat astream, NATIXIS
02
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04
05
-4 06
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Mais le freinage des salaires (graphique 27) annonce cette déformation future du partage des revenus.
Flash 2009 – 470 - 11
Flash Graphique 27 Salaire nom inal par tête (GA en %) 5
5
4
4
3
3
2
2 Zo ne euro
1
1
Ro yaume-Uni
0
0 Sources : Datast ream, NATIXIS
-1
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Synthèse : quelle politique publique face à cette situation ?
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-1 06
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Les gouvernements, au lieu d'annoncer une reprise cyclique normale, feraient mieux d'expliquer les difficultés : • • • • • •
pertes irréversibles d'emplois sans, pour l'instant, la capacité à créer de nouveaux emplois en nombre suffisant ; contraction du commerce mondial et, pour la zone euro, risque d'appréciation de l'euro ; impossibilité de redémarrer le modèle de croissance soutenue par l'endettement ; nécessité, dans le futur, de passer à des politiques budgétaires restrictives ; accélération des délocalisations ; déformation du partage des revenus au détriment des salariés.
La réponse efficace à long terme consiste à créer des emplois nouveaux dans les secteurs pour lesquels les pays ont un avantage comparatif, mais il s'agit de politiques de long terme (innovation, développement des PME, réindustrialisation) dont l'efficacité est de plus incertaine. A court-moyen terme, il faut malheureusement prendre acte de ce que le niveau de production et de revenu des pays européens va être durablement réduit (graphique 28). Graphique 28 Croissance du PIB (volum e, GA en %) 118
118
116
116 Zo ne euro
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114
Ro yaume-Uni
112
112
110
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108
106
106
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102 Sources : Datast ream , prévisions NATI
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Ceci implique de recalibrer les économies en fonction de ce nouveau niveau d'activité, d'où, inévitablement, réduction en conséquence des salaires, des dépenses publiques. Flash 2009 – 470 - 12