Voyages en pays Rabastinois (Extraits) - Travels in Rabastens country

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Voyages

en pays Rabastinois

Vent Terral

Photographies de Thierry Pons



Avant-propos

A

lors que je lui demandais l’autorisation de faire une photographie de­ puis chez elle, en pleine campagne, une mamie un peu surprise, me dit un jour : « Et qu’est-ce que vous voulez photographier d’extraordinaire ici ? — Oh, rien madame! », lui répondis-je. Car la vieille dame avait raison. Il n’y avait là rien d’« extra », mais uniquement des choses ordinaires. Des chemins, des champs et des vignes ordinaires, des briques et des tuiles ordinaires, des moulins et des petites églises ordinaires, des plaines, des coteaux, des lacs et des rivières ordinaires, bref tout ce qu’on trouve ici comme ailleurs, tout ce qu’on voit ou qu’on peut voir tous les jours partout, sans jamais le regarder vraiment ni y prêter une attention extraordinaire. Rabastens n’est qu’un canton entre mille, mais il peut servir d’exemple de la toponymie du Midi de la France », affirmait Ernest Nègre dans son étude sans pareille (1), qui plus est, sur un territoire aussi modeste que celui du Rabastinois. Suffirait-il simplement de le pointer du doigt pour que ce pays devienne un exemple régional ? Peut-être. Alors j’y ai jeté un œil, et même les deux yeux pour essayer de ne rien rater. J’ai pointé mon appareil photo sur le monde qui m’entourait : Rabastens, Couffouleux, de part et d’autre du Tarn, rive droite de l’Agout, de Giroussens aux portes de Salvagnac, de Mézens à Lou­ piac, en passant par Grazac et Roquemaure, mais aussi Mareux, Raust, Vertus ou Condel. J’ai revisité tous ces hameaux aux noms de saints : Saint-Victor, SaintWaast, Saint-Géry, Saint-Caprais, Saint-Martin-d’Amours, ou Sainte-Quitterie ; et tous ces lieux-dits bien d’ici, au parfum si exotique pour les gens de passage, comme Toutoure, Le Piboul, La Bouyayo ; ou aux résonances si évocatrices pour d’autres, comme L’Enfer, Le Paradis, L’Europe ou La Californie. evant moi, les feuilles des vignes des Vignerons de Rabastens chan­geaient de couleur comme des feux tricolores : vertes, jaunes, puis rouges en au­ tomne. Le moulin de La Prune jouait à cache-cache avec le soleil dans le brouillard glacial de l’hiver, tandis que le petit calvaire de La Dressière essuyait des pluies diluviennes venues du Nord, dignes d’un Paris-Roubaix. À La Baillo, d’étranges traces blanches sur une terre cendrée entretenaient le mystère des signes extra-terrestres sans laisser deviner le travail besogneux des soldats du

«

D (1) Toponymie du canton de Rabastens, par Ernest Nègre, 2de éd., Toulouse, Collège d’Occitanie, 1981.

foreword

W

hen I asked her for permission to take photographs from her house in the middle of the countryside, an old lady said to me one day : “And what is so extraordinary that you want to photograph here ?” - “Nothing, ma’am !” said I. Because the old lady was right. There was nothing “extraordinary”, only ordinary things. Ordinary paths, fields and vineyards, ordinary bricks and tiles, ordinary windmills and small churches, ordinary plains, hillsides, lakes and rivers. In short, everything that we find here, there and everywhere ; everything we see and could see any day, anywhere, without really looking at it or paying any particular attention.

Rabastens is no more than a canton among thousands but it can serve as an example of the Toponymy of the South of France”, explained Ernest Nègre in his unparalleled study (1). Unparalleled because it studies a region as modest as that of Rabastens. Is it enough to point a finger at this corner of the countryside for it to become an example of the region ? Maybe. So I went to take a look, even two looks, to try not to miss anything. I aimed my camera at the world that surrounded me: Rabastens and Couffouleux, on either side of the Tarn, the right bank of the Agout, from Giroussens to the gates of Salvagnac, from Mézens to Loupiac via Grazac, Roquemaure and Mareux, Raust, Vertus and Condel. I revisited all the hamlets named after Saints : St-Victor, St-Waast, St-Géry, St-Caprais, St-Martin-d’Amours and Ste-Quitterie - and all those places distinctive of the region and so exotic to passers-by, like Toutoure, Le Piboul and La Bouyayo, and those that evoke other places and images like Enfer (hell), Paradis (heaven), Europe and Californie (California).

B

efore me, the vine leaves of the Vignerons de Rabastens changed colours like traffic lights : green, yellow, then red in autumn. The windmill of La Prune played hide and seek with the sun in the glacial mists of winter while the little calvary of Dressière stood in the diluvian rains bearing down from the north of France. At La Baillo, strange white marks on the ashy ground maintained the mystery of extraterrestrial visits with-

(1) Toponymy of the Rabastens canton - by Ernest Nègre – publi­ shed by Collège d’Occitanie - 2nd edition, Toulouse, 1981.


Saint-Lieux-lès-Lavaur 4 9 avril - 14h39

Donatien Rousseau Septembre 2008.

NOUS IRONS TOUS À RABASTENS

WE ARE ALL GOING TO RABASTENS

Il s’est passé quelque chose entre Rabastens et Thierry Pons. Personne ne me l’a dit. C’est en regardant une à une les photographies de l’ouvrage Voyages en pays rabastinois que cette vérité s’est construite. Qui a séduit l’autre ? Qui a fait de l’œil à l’autre ? Tantôt l’un, tantôt l’autre sûrement. Thierry Pons ne se laisse jamais envahir par l’émotion d’une belle lumière matinale ou d’une scène furtive. Son besoin d’informer, de documenter vient compléter avec raison ce moment privilégié de l’acte photographique classique qui est l’apanage des photographes sérieux : le cadre, la composition, la lumière, l’instant… Grâce à toi Thierry Pons, nous irons tous à Rabastens.

Something happened between Rabastens and Thierry Pons. No one told me. Looking at the photographs in his book Voyages en pays rabastinois one by one, the truth was brought home to me. Who seduced the other ? Who made eyes at the other ? Sometimes one, sometimes the other, surely. Thierry Pons never lets himself be swept away by emotion on seeing beautiful morning light or a furtive scene. His need to inform and document brings reason to these moments. It complements the act of photography that is the quintessence of a serious photographer : the frame, the composition, the light, the moment.... Thanks to you, Thierry Pons, we are all going to Rabastens.



Le Jardin Saint-GĂŠry - 30 avril - 12h16


L’Oustal Rabastens - 23 juillet - 8h47


Tour de l’Hôtel de Rolland Rabastens, Le Bourg - 15 Septembre - 15h23


Le Bourg < Lo Borc (oc.) « lieu forfifié, château fort » : désignait la partie du vieux Rabastens en dehors du Castel. On distinguait lo borc sobira « le bourg supérieur », la partie la plus élevée, et lo borc mejan, « le bourg moyen », entre lo borc sobiran et lo Castel.

Pigeonnier des Écoles Rabastens, Le Bourg - 5 mars - 16h10





3 Chateau La Case Saint-Salvy de Belmontet 25 juillet - 17h24

Place de la Mairie Giroussens - 21 ao没t - 10h14

Promenade du Pr茅-Vert Rabastens - 29 janvier - 14h01

Salle du Conseil municipal Couffouleux - 22 mai - 10h15

Place Auger Gaillard Rabastens - 29 janvier - 14h38


Rabastens depuis la Tuilerie - 29 janvier < Rabastens (oc.) : nom wisigoth, au Vème siècle les Wisigoths ont créé un royaume dont la capitale était Toulouse. Les noms d’origine wisigo­ thique, très nombreux dans les riches vallées du Tarn et de l’Agout, témoignent de leur forte implanta­ tion dans l’Albigeois.



Rabastens depuis Puycheval 26 juillet - 17h44 < Puychival < puèg (oc.) « hauteur » + gibal (oc.) « bossu » = « puy bossu ». Chapelle de secours qui a été une église paroissiale sur un demi mamelon coupé à la verticale par une falaise abrupte qui domine le Tarn.


Rabastens depuis Bel-Air 15 mai - 5h55


Les Costes - Mézens - 27 février - 16h44

Puycheval - Rabastens - 14 février - 17h12

Impasse de la Mairie - Rabastens - 9 septembre - 11h34


Rabastens depuis la Tuilerie - 14 décembre - 18h11

Chapelle St-Médard à Saint-Géry - Rabastens - 14 avril - 16h48

Notre-Dame du Bourg - Rabastens - 21 novembre - 17h07


Saint-Pierre-des-Blancs Rabastens - 26 février - 15h54

Notre-Dame du Bourg4 26 janvier - 15h16 Église Notre-Dame du Bourg, inscrite au patrimoine mon­ dial de l’UNESCO, halte sur les chemins de pèlerinage de SaintJacques de Compostelle. Haut lieu du patrimoine jacquaire, l’église renferme des fresques qui illustrent différents épisodes de la vie, réelle ou légendaire, de Jacques le Majeur.



R

abastens, entre Atlantique et Méditerranée, au cœur de l’isthme qui relie le Massif central aux Pyrénées. Entre Toulouse et Albi, un des joyaux du pays de la brique, patrie du poète occitan Auger Gaillard et perle du vignoble gaillacois. Au confluent du Tarn et de l’Agout, de chapelle en pigeonnier, de forêts en coteaux, de vignobles en prairies, les chemins du Pays Rabastinois permettent de découvrir les paysages variés d’un terroir où la vigne, cultivée depuis des siècles, s’est épanouie à l’époque des troubadours, lorsque les consuls de Rabastens, Lisle et Gaillac établirent les premières chartes de production et où, grâce aux gabarres qui naviguaient sur le Tarn, ses vins conquirent la France et les pays voisins.

Thierry Pons, issu d’une famille rabastinoise, vit à Rabastens. Après une formation en photographie à l’Université Paul Valéry de Montpellier et un premier reportage en Amérique du Sud, débute comme photographe de presse dans le Tarn. Reporter photographe à Toulouse pour un grand groupe de presse régional, ses reportages sont régulièrement repris par la presse nationale.

Travels in Rabastens country

R

abastens, between the Atlantic and the Mediterranean, is at the heart of the isthmus that connects the Massif Central to the Pyrenees. Situated between Toulouse and Albi, this jewel of the brick country is home to the Occitan poet Auger Gaillard, and is the pearl of the Gaillac wine country. At the confluence of the Tarn and the Agout, from chapel to pigeon house, from forest to hillside, from vineyard to prairie, the paths of Rabastens country let you discover the ever-changing scenery of a land where the vines, cultivated here since centuries, flourished in the days of the troubadours when the Consuls of Rabastens, Lisle and Gaillac established the first charters of wine production. Since then, thanks to the barges that navigate the Tarn, Gaillac wine has conquered France and its neighbouring countries.

Thierry Pons is a native of Rabastens and resides there today. After training as a photographer at the Paul Valéry University in Montpellier, and having done his first photo-journalistic assignment in South America, he started his career as a press photographer in the Tarn region. He works as a photo-journalist for a major regional press group in Toulouse, and his reportages are often republished in the national press.

www.ventterral.com

9 782859 270940

ISBN 2-85927-094-9  /  29 €


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