Nicolaï
Greschny
Fresques aux Icônes
des
Vent Terral
Dans son atelier, Ă La MauriniĂŠ.
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Portrait La plus lointaine image : émergeant d’une houp pelande arrimée à de hautes épaules, deux jambes nues insensibles aux morsures glacées de la bise. Une silhouette qui se presse. C’est le temps où les loups se vivent de vent et comme eux ce Russe par hasard débarqué à Albi sans sou vaillant, Dieu sait seul par quels chemins embrouillés par la guerre. Dans un français que la confusion des genres et des modes pare d’espièglerie, aux tables compatissantes qui le reçoivent, rien dans les mains, rien dans les poches, il répète qu’il prépare les voies vers une chapelle dédiée à saint Nicolaï, vers une demeure familiale. Ce Jean-Baptiste plus que par la faim est dévoré de projets et de rêves. L’image la plus proche : une chapelle, une maison, une famille exactement partagée en femme (qui, aubaine quand on est soi-même peintre d’icônes, travaille l’émail), un fils (nommé évidemment Michaël), une fille, Annouchka, pour faire signe à sa lointaine patrie, et à faire mesure comble, chargé des
réflexions les plus nécessaires, un âne, Socrate ou Pompidou, ainsi nommé par seule pieuse révérence pour des sagesses reconnues. Nicolaï Greschny – ce qui n’arrive à personne – est entré de plain-pied dans son songe programmé et dans sa légende. Par les détours des chemins de traverse et d’errance. Quelles routes silencieuses sinuant dans l’effervescence désordonnée des collines habillées de chaume pelé et léger, de châtaigneraies trop lourdes, n’a-t-il point parcourues pas à pas ? À une époque où les écologistes d’aujourd’hui jouaient encore au cerceau ou à la poupée –, à flanc perdu de colline, en frange d’un moutonnement de feuillage que le vent ébouriffe et fait inlassablement bruire, en face du Tarn qui, en attendant les molles et mornes marnes de la plaine, avec une patience géologique, y usant sa peau de reptile aux mille éclats remuants, scie, rabote, lime, schistes et grès pour épouser un lit moins incommode. Il a 9
repéré une ferme écroulée, dévorée de ronces, soulevée et minée par les racines de sureaux, de buis, d’églantiers dont il prétend, pierre à pierre assemblée, tirer séjour pour lui et sa famille, saint Nicolaï protecteur, Dieu lui aussi s’il y consent, et un musée pour redonner vie à toutes les épaves récupérées lors de ses incertaines pérégrinations. La Maurinié est un accomplissement ; c’est un foisonnement de constructions : maison ouverte dans l’air limpide, chapelle haussée dans la gloire du Pantocrator *, crypte frontalière des Ombres. Chacun des niveaux assure sa liaison directe avec la terre, parce que l’homme est à la fois nuit et ciel, lumière et sol. Nicolaï ne doit rien à la mode qu’il précède de fort loin. De huit ou dix siècles. Témoin abandonné sur les rives de l’histoire, il n’a pas déserté sa patrie naturelle, « le Moyen Âge énorme et délicat », selon la formule irremplaçable de Verlaine. Il en a les manières directes, la foi qui bouscule les montagnes, toute une prévenance aussi aux gens, aux bêtes, aux choses, qui est celle du Poverello d’Assise, le saint par excellence du Moyen Âge. Cet homme marche tout seul et à rebroussetemps. Il n’est que de faire quelques pas avec lui autour de La Maurinié pour entendre un contemporain des durées les plus reculées, pour se sentir cerné de toutes les époques. Il va lisant les paysages, à livre ouvert, chacun dans sa langue 10
originale. Interprète-t-il trop audacieusement entre les lignes ? Le sûr, c’est que ses hypothèses affolent l’imagination, jettent la perturbation dans les cases bien rangées de l’intelligence. Ce prophète, dont l’œil est traversé d’innocentes et si improuvées visions, dédaigne les garde-fous, puise à des savoirs perdus et instinctifs, compose au fil de ses propos un Tarn insolite. Il inquiète. Il ne désire rien tant finalement. La vie n’est pas faite pour être assise. Il aime désarçonner les esprits immobiles, chevauchant leurs chevaux de bois. Cavales insaisissables, se laissant mal apprivoiser, les idées sont faites pour l’air libre et mieux qu’aux carrefours encombrés de la modernité, on a chance de les rencontrer dans les clairières retirées et abandonnées de l’histoire et par la même occasion d’y croiser Nicolaï Greschny. Je le soupçonne d’avoir acheté la bâtisse proche de sa demeure pour juste trois murs, plus précisément pour leurs joints de mortier dont la plus grande minceur – qui peut aller jusqu’à l’absence – témoigne en faveur de la supériorité du maçon du Moyen Âge sur celui de la Renaissance, de ce dernier sur le contemporain des ouvriers de Versailles, et persuade ainsi qu’aller audevant de l’extrême habileté, c’est parfois remonter le temps. Si à la perfection divine doit correspondre l’image la plus parfaite, celle-ci une fois trouvée, qu’est-il besoin d’inventer ce qui est donné depuis quinze
siècles ? Ce qui fait Byzance – ou surnaturel et invente ses moyens : ce qu’on appelle Byzance –, et le refus du pathétique, l’absence qui commence avec la mosaïque de profondeur, l’immobilité des de Ravenne, englobant tant de lignes, les couleurs à signification manières diverses, c’est, tandis symbolique, selon un code strict. qu’Alaric, la tête prise dans un Rien d’autre n’est offert à casque aux cornes menaçantes de l’artiste que d’être humble offi taureau, excite ses barbares à jeter ciant d’un culte d’autant mieux bas Rome (la nullité religieuse de réussi que rien n’en dérange l’or l’Occident, selon Renan) et à la donnance mil lénaire. Plus que fois la jeune Église chrétienne, la les flamboyances gothiques et les volonté d’être sourd aux fracas que joliesses renaissantes, les halè fait Rome en tombant, de profiter te ments de l’art moderne, ses une bonne fois de l’occasion enquêtes dans les fouillis im pé pour mettre Dieu définitivement nétrables de l’inconscient, ses à l’abri des secousses de l’histoire, quêtes vagabondes et perdues y de prendre ses distances avec Nicolaï à l’ouvrage en 1956 à Châtel-Guyon. seraient de l’ordre de l’inconve elle. « Rome, reconnaissant l’ordre de l’apparence nant. L’icône capte le seul absolu. Elle creuse comme ordre du monde, l’apparence était devenue l’enclos protégé du repos, de la sérénité, de la per le réel ». Byzance peint la « suggestion d’un monde manence de Dieu. Comme dans la longue théorie où les évènements sacrés ont eu lieu, non dans du chœur de la cathédrale d’Albi, les soixante-etl’apparence, mais dans la Vérité ». L’icône ignore onze anges musiciens sont uniformément voués la biographie du Christ et la Vierge y est la Mère au chant collectif, né à l’orgue céleste sous les de Dieu *. « Représenter une scène sacrée dans doigts de Cécile et apparemment indifférenciés, se le monde de l’apparence, c’est la représenter séparent toutefois les uns des autres par quelque sans la foi, comme elle apparut aux Gentils 1 ». frémissement personnel que dévoile un pli à peine L’icône peint un lieu séparé de la terre, un espace dérangé de l’aube ou dans la douceur du visage un accent imperceptiblement modulé. De même 1. André Malraux, La Métamorphose des dieux, Le surnaturel, Paris, Gallimard, 1977. le peintre d’icônes a d’abord à prendre suite 11
dans un cortège – Nicolaï derrière ses ancêtres depuis le quinzième siècle –, à s’y fondre, quitte, à travers les canons imposés, à signer sa présence d’une réflexion Signature de Nicolaï Greschny, Bassens près Chambéry (Savoie). dans la ligne ou la couleur. En face de cette manière, nous éloignant de la familiarité qui, dans l’art chrétien occidental, humanise Jésus et Marie, nous sommes malhabiles, tout en en sentant la nécessité quand font défaut les appuis. Quel guide plus autorisé que Greschny pour accéder à un monde qui rompt avec la terre, qui est investi par le surnaturel ? Faut-il encore posséder une adresse à faire parler, tout un savoir-interviewer qui, multipliant les détours, les allers-retours, les contours, conquiert les points de vue d’où s’unifient à l’œil les paysages. Gilbert Assémat fut bien conscient du caractère ardu de l’entreprise, qui, armé d’un magnétophone, s’apprêtait à de longues approches, à de difficiles sièges. L’imprévu heureux qui, de la bande enregistrée se mit à dérouler un livre tout fait dont il restait à numéroter les pages. Y apparaissaient une vie comme un roman d’aventures, une intelligence rebondissant de question en question jusqu’au nœud du problème le moins contournable. Tout était en place : l’interview fournissait le style, 12
garantissant une liberté vivante, offrant au lecteur un chemin tout tracé vers les réponses. Un tel livre est la réussite de qui a mené l’enquête. De Nicolaï Greschny on apprendra ce qu’on ne sait pas : au-delà du pittoresque et de l’anecdote… tout. Jean Roques
Autoportrait de Nicolaï Greschny, chapelle de La Maurinié, 1957, Marsal (Tarn).
Nef, Saint-BenoĂŽt-de-Carmaux (Tarn).
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Icône de l’Emmanuel * avec riza * , peinte à Vienne en 1936, l’un des rares objets ramenés par Nicolaï, fait partie de l’iconostase * de la chapelle de La Maurinié, format 18 x 15,5 cm, La Maurinié, Marsal (Tarn).
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L’icône, visage et connaissance de Dieu L’Emmanuel * « Je peins le Christ sous les traits d’un jeune homme dans les lieux fréquentés par des jeunes, qui ont besoin de se le représenter ainsi. Dieu est l’inaccessible, mais il a créé par son fils, le Logos, le Christ avant son incarnation, la deuxième personne de la Trinité. Il n’existe pas de meilleur moyen pour exprimer l’éternelle jeunesse de Dieu. Oui , c’est l’Emmanuel, le « Dieu avec nous », le « Dieu enfant avec nous ». Il est à la fois le fils de Dieu et le serviteur qui se donne au Père comme aux hommes. Je le prends comme sujet d’icône. Dans les églises c’est le Pantocra tor *, le Christ barbu qui s’impose. Quand les circonstances le permettent, je tiens à figurer l’Emmanuel. » Nicolaï Greschny (conversation avec G. Assémat)
La vénération des icônes, avec la représentation du Seigneur JésusChrist, de la Très Sainte Mère de Dieu *, des anges et des saints, occupe une place importante dans la piété orthodoxe (rapportons-y aussi la Croix et l’Évangile). L’intérieur des églises est abondamment couvert de fresques et d’icônes, tant les murs que l’iconostase *, les images sont généralement portées par des planches ou des surfaces plates. Du point de vue canonique, la vénération des icônes est fondée sur les dispositions du VIIe Concile œcuménique, auquel l’Église reconnaît une valeur indéniable. Elle est aussi justifiée par la psychologie religieuse, et si profondément, que l’icône représente un besoin essentiel pour les orthodoxes. La vénération des icônes, en particulier en Occident, est une chose naturelle. Mais il faut savoir que contre l’iconoclasme, dernière hérésie qui ravagea l’Église d’Orient, le deuxième Concile œcuménique de Nicée, en 787, proclama la légitimité du culte des saintes icônes, en ce sens que la vénération dont elles sont l’objet s’adresse à Dieu ou aux saints qu’elles représentent. La querelle des images avait mis l’Empire à feu et à sang pendant plus d’un siècle et avait occasionné deux schismes avec l’Église romaine d’une durée totale de soixante-dix ans. Un concile, réuni 19
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Thèmes Évangéliques
Ci-contre : chapelle Notre-Dame de Treize Pierres, Villefranche-de-Rouergue (Aveyron).
Le dernier repas, Judas part avec la bourse, église de Lagarde (Aveyron).
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Jésus et Joseph, chapelle de Pratlong, Vabre (Tarn).
Ci-contre : Nativité, Villefranche-de-Rouergue (Aveyron).
Vierge à l’enfant, chapelle de Pratlong, Vabre (Tarn).
Vierge à l’enfant, chapelle du centre Baldy, Agde (Hérault).
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L’iconops * : une technique lumineuse Les personnages qui entourent le Christ apparaissent, dans la palet te de Nicolaï, corps et vêtements striés de traits blancs, apportant clarté et luminosité à ces person nages hiératiques. Il s’agit là d’une pratique picturale et théologique : ceux qui ont vu le Christ ou ont vécu selon ses principes, sont traversés par cette lumière. A l’inverse, ceux qui ont vécu loin du Christ ou qui l’ont trahi – Judas- ou torturé lors de la Passion - soldats romains – ne sont pas transfigurés par cette lumière. On retrouve cette façon de faire notamment dans les pein tures de la voûte de la cathédrale d’Albi : les personnages de l’Ancien Testament sont représentés en gri saille, alors que ceux du Nouveau sont représentés en couleur. Le dernier repas, Corneilhan (Hérault).
Ci-contre : Lavement des pieds, église de Rosières (Tarn).
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Ci-contre : Vue générale, chapelle Notre-Dame de Treize Pierres, Villefranche-de-Rouergue (Aveyron).
Multiplication des pains, portrait des paroissiens, agriculteurs et mineurs. Cherchez l’artiste. Rosières (Tarn).
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Vierge à l’enfant, icône (avec incrustation de pierres fines et pierres d’ornementation), coll. part.
Dormition ou Assomption ? La différence est d’abord séman tique . Le terme passif d’Assomp tion traduit l’idée que la Vierge Marie ne s’élève pas d’elle-même au ciel mais qu’elle y est élevée. La tradition orthodoxe, elle, in siste sur la douceur de la mort de Marie, tel un endormissement. D’où ce terme de Dormition. Les orthodoxes ne font pas de la Dormition un dogme, mais personne ne la remet en cause. La différence entre Dormition et 88
Assomption est aussi théologi que : «Chez les catholiques, Ma rie est immaculée par sa concep tion et sa naissance ; chez les orthodoxes, elle l’est parce que sa vie a correspondu à sa vocation.» À noter que l’âme de Marie dans les mains du Christ est représen tée comme un enfant emmaillo té. On y verra de ce fait un paral lèle avec un retour à la pureté de la naissance. Ci-contre : La Dormition, église Saint-Victor-et-Melvieu (Aveyron).
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Orfèvrerie et dorure Croix de procession (recto-verso), email champlevé sur cuivre doré, exécutée pour l’église Saint-Joseph, format 70 x 50 cm, Limoges (Haute-Vienne).
Passionné par toutes les formes d’art sacré, Nicolaï Greschny s’intéressa aussi à l’art du métal, il fit des dessins de calices, exécuta quelques objets en métal repoussé, mais c’est à partir du milieu des années soixante qu’il entreprit un travail de collaboration avec son épouse Marie-Thérèse. Cette dernière pratiquait l’émail et aussi le métal repoussé. Cette coopération donna naissance à toute une série de réalisations de grande qualité : rizas 1, évangéliaires, reliquaires, etc. 1. La riza * ou oklad désigne la protection métallique destinée
à couvrir ou protéger les icônes.
Ci-contre : Reliquaire et coupe, bois doré, format 29 x 10 cm et diamètre 12,5 cm, coll. part., La Maurinié, Marsal (Tarn). 112
Dans son ouvrage Les Femmes d’artistes, Alphon se Daudet écrivait : « à cet être nerveux, exigeant, impres sionnable, à cet homme-enfant qu’on appelle un artiste, il faut un type de femme spéciale, presque introuvable ». Que pense Marie-Thérèse Greschny d’une telle affirmation ? Gageons qu’elle pourrait lui convenir ! Elle fut vingt-huit ans aux côtés de Nicolaï, ce genre de femme « rare », mais surtout une épouse et une mère attentive et prévenante, une intendante efficace et avisée. Elle fut aussi une artiste dont on ne parle pas suffisamment. Sa collaboration avec Nicolaï, puis son parcours personnel, donnèrent
naissance à de fort belles créations : icônes, rizas *, reliquaires, évangéliaires, calices, croix, portes de tabernacles, pendentifs, etc. Marie-Thérèse a dit « oui » à Nicolaï en 1957, un an après qu’il ait achevé, lors d’un hiver mémorable, la fresque de l’église Sainte-Anne, à Châtel-Guyon. « C’est sans doute la fresque la plus personnelle et la plus aboutie de l’œuvre de Nicolaï », signale-telle, toujours admirative, soixante ans plus tard. Ceux qui connaissent bien son parcours, savent que Marie-Thérèse avait depuis longtemps des prédispositions pour les activités artistiques. En effet, après avoir suivi l’enseignement d’une école
Croix reliquaire pour une relique de la Sainte Croix, argent repoussé et émail cloisonné, format 34 x 20 cm, coll. part., La Maurinié, Marsal (Tarn).
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Céramiques et travail de la cire Dans les années qui suivirent la dernière guerre, Nicolaï Greschny se lia d’amitié avec plusieurs personnes de la poterie Défos à Albi aujourd’hui disparue. Il eut ainsi la possibilité de réaliser une quantité assez importante de céramiques de toute beauté : des poteries à usage quotidien, de grands plats décoratifs à thèmes profanes ou religieux mais aussi des objets à usage liturgique.
Travail de la cire Quelques cierges pascals ont été demandés à Nicolaï Greschny. Il s’agissait de pièces somp tueuses et pleines de charme qui ont hélas disparu en raison de la fragilité du matériau qu’est la cire. Il reste aujourd’hui quelques rares cierges qui nous montrent combien cet artiste était animé par l’envie de rendre beau l’objet le plus ordinaire.
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Ci-contre, de gauche à droite : coupe à boire, pot à couvercle pour de l’encens, et support à burettes aux anses en forme d’anges, La Maurinié, Marsal (Tarn).
Ci-contre : cierges pascals, La Maurinié, Marsal (Tarn).
Multiplication des pains, texte en slavon, langue liturgique, diamètre 37 cm, La Maurinié, Marsal (Tarn).
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La chapelle de La Maurinié à Marsal, construite par Nicolaï, est aussi sa dernière demeure.
La chapelle de La Maurinié Quand Nicolaï Greschny me demanda, en 1949, de bien vouloir être son porte-parole pour l’achat de « son domaine de La Maurinié », je fus bien amusé par cette fantaisie d’artiste. À la réflexion, je crus comprendre que cet apatride sortant des vicissitudes de la guerre aspirait à une sécurité, même inconfortable, que seule l’acquisition d’un coin de terre lui paraissait pouvoir garantir. Il cherchait donc un coin discret, sans valeur marchande, où il pourrait se retrancher des misères de ce monde et donner forme poétique à la sienne. Par sa structure géographique, la commune de Marsal répondait parfaitement à ses aspirations. Située dans une large boucle du Tarn entre deux tunnels, alors impraticables, il n’y a pas de commune plus fermée, plus silencieuse, plus démunie ; une véritable île verte, une sorte de terre avant l’homme et qui remplit Greschny d’admiration biblique. C’est là que vivra sa postérité nombreuse dans la contemplation de la nature, la méditation sur la coexistence pacifique des hommes et la louange de Dieu. Le domaine de La Maurinié ? Quelques ares de ronciers d’où émergent les ruines assez importantes d’une ancienne ferme. La pierre, certes, est de bonne qualité, un schiste dur, d’un bleu presque Adam et Ève, sculpture de Virazels (d’après modèle en terre p. 120).
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À 5 ans, « Micha » imite son père, Mirefleurs, env. 1964, (Puy-de-Dôme).
La richesse de l’héritage Iconographe, fresquiste, bijoutier, orfèvre, pein tre et dessinateur, Michaël Greschny est un artiste complet. On ne peut évoquer son talent et son inclinaison pour la création artistique sans utiliser des mots tels que prédisposition mais aussi transmission et héritage. Cependant, c’est dans le mûrissement, la liberté et l’affirmation de son identité qu’il s’est fait un prénom, aujourd’hui connu et reconnu. Michaël Greschny a longtemps été sollicité pour parler de son père Nicolaï et de ses œuvres. Il est resté pendant longtemps une ombre discrète sur la palette des Greschny, collaborant à la mise en lumière de l’œuvre de Nicolaï dont l’obsession était que la tradition familiale ne se perde pas. Mais Michaël ne voulait pas d’une voie toute tracée. Prendre place dans une lignée, se sentir lié, l’idée même lui pesait. Pourtant tout semblait l’y pré disposer. Il peint ses premières icônes à quatre ans, s’initie tout jeune à la préparation des couleurs, imite son père en train de peindre et sait pertinemment que dans la famille Greschny « prendre un pinceau et peindre, fait partie de la normalité ». « Faire autre chose c’est perdre son temps ». Christ Pantocrator *, Panneau de bois, hauteur 4,5 m, église de Laurens (Hérault).
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Index
Lieux peints par Nicolaï Greschny ALPES-MARITIMES CANNES Centre scolaire Stanislas (Chapelle)
ARIÈGE
LAGARDE, près La Selve Église Saint-Martial LAGUIOLE Église (panneaux peints) MILLAU Couvent des Clarisses
ASTON Église Saint-Pierre et Saint-Paul (chœur et fond de l’église)
ROQUEFORT-SURSOULZON Hall de la Mairie *
LES ISSARDS Église
SAINT-JULIEN DE RODELLE Église Saint-Julien (chœur) Salle paroissiale
SAINTE-CROIX-VOLVESTRE Église de la Sainte-Face (panneau arrière)
AUDE LIMOUX Notre-Dame de l’Assomption
SAINT-ROME DE CERNON Église Sainte-Foi et SaintRomain SAINT-VICTOR-ETMELVIEU Église de Saint-Victor
CANNAC Église Saint-Pierre-aux-Liens
SALLES-LA-SOURCE Chapelle du Couvent (vestiges de fresques sauvées après démolition) Église (vestiges de fresques)
COUPIAC Notre-Dame du Saint-Voile (chapelle)
VILLEFRANCHE-DEROUERGUE Chapelle de Treize-Pierres
AVEYRON
ESPLAS (Rébourguil) Notre-Dame de la Lauzière GABRIAC Église LA FOUILLADE Clercs de Saint-Viateur (chapelle)
BOUCHES-DU-RHÔNE MARSEILLE Ancienne École de la Tour Sainte (très mauvais état) Abbaye Saint-Victor, panneau saint Antoine de Padoue
CANTAL YTRAC Église Saint-Julien
CHARENTE-MARITIME SAINT-GEORGES-DEDIDONNE près Royan Centre de Vacances Les Buissonnets (chapelle) SAINT-PIERRE D’OLERON Église Saint-Pierre
CREUSE AUZANCES Église Saint-Jacques et SainteAnne
(HAUTE)-GARONNE ENCAUSSE-LES-THERMES Église (baptistère) Thermes * (extérieur et intérieur) GOUAUX DE LARBOUST Chapelle Notre-Dame d’Escalère LE CUING Église Saint-Pierre
MIRAMONT-DECOMMINGES Église (baptistère) Chapelle Notre-Dame des sept douleurs PONLAT-TAILLEBOURG Chapelle Saint-Jean (chœur) SAINT-PLANCARD École de garçons (entrée) Église (baptistère)
GERS EAUZE Église Saint-Luperc (panneaux aluminium peints)
HÉRAULT AGDE Baldy (chapelle du centre d’accueil) BEZIERS (Sauvian) Notre-Dame de Consolation CAZEDARNES Église Saint-Amand (église fermée pour sécurité) CORNEILHAN Église Saint-Léonce
LES GRANGES D’ASTAU Chapelle Saint-Aventin
MONTPELLIER Église du Saint-Esprit (triptyque peint)
LOUDET Maison particulière * (entrée)
PAILHÈS Église Saint-Étienne
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PUIMISSON Église Saint-Martin SAINT-DRÉZÉRY Église Saint-Didier SAINT-JEAN DE MINERVOIS Église Saint-Jean
ISÈRE Crolles près Grenoble Église Saint-Pierre et Saint-Paul
LANDES DAX Couvent des Lazaristes (tribune)
LOIRE SAINT-GENEST LERPT Notre-Dame de la Pitié
LOZÈRE CHIRAC Chapelle du Sacré-Cœur (ancien collège)
PUY-DE-DÔME CHATEL-GUYON Église Sainte-Anne MIREFLEURS Maison particulière * RIOM Église Notre-Dame du Marthuret
(HAUTES)-PYRÉNÉES FERRÈRE Église Saint-Michel (chœur) MAULÉON-BAROUSSE Église Saint-Philippe (baptistère)
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SARTHE LE MANS Église Saint-Lazare
SAVOIE BASSENS près Chambéry Église Sainte-Thérèse
HAUTE-SAVOIE CRANVES-SALES Église Saint-Jean-Baptiste
TARN ALBAN Notre-Dame de l’Assomption ALBI Archevêché (chapelle) Hôpital (chapelle) BLAYE LES MINES Église Saint-Louis BRIATEXTE Église de Notre-Dame de l’Assomption CADALEN Église Notre-Dame de l’Assomption CAGNAC-LES-MINES Église Sainte-Barbe CAHUZAC-SUR-VÈRE Église Saint-Thomas de Cantorbery CAMALIÈRES près Monestiés Église Saint-Jacques CASTANET Église Saint-André CASTRES Église Saint-Jacques (baptistère) FONLABOUR près Albi Église Notre-Dame FRÉJEVILLE Église Saint-Hilaire
JONQUIÈRES Église Saint-Jean-Baptiste LACABARÈDE Église de Notre-Dame de la Nativité LACAUNE Église Notre-Dame de l’Assomption (panneaux peints)
SAINT-BENOIT DE CARMAUX Église Saint-Benoit SAINT-HIPPOLYTE près Monestiés Église castrale (sacristie) SAINT-SULPICE Collège Saint-Jean (chapelle)
LACROUZETTE Notre-Dame de l’Assomption
SAINT-URCISSE Église Saint-Urcisse
LAGARDIOLE Église Saint-Martin
SALVAGNAC Notre-Dame de l’Assomption
LAPARROUQUIAL Salle paroissiale *
VABRE (Lacaze) Église Saint-Jean de Camalières Centre Jeunesse et Lumière de Pratlong Chapelle Saint-Louis Chapelle Sainte-Thérèse
LE SÉGUR Église Saint-Pierre-Aux-liens LE VERDIER Église Saint-Pierre et Saint-Paul LESCURE-D’ALBIGEOIS Église Saint-Pierre LINTIN près Cahuzac-sur-Vère Église de Notre-Dame LISLE-SUR-TARN Saint-Gérard d’Admissards MARSAL Église Saint-Pierre (chœur) Demeure du peintre (chapelle, chœur) Restaurant « À la bonne auberge » (entrée) MARSSAC-SUR-TARN Église Saint-Orens MOULIN-MAGE Église Nativité de Notre-Dame (panneaux peints) ROSIERES Église Saint-Eugène ROUSSAYROLLES Église Notre-Dame
VAOUR Notre-Dame de l’Assomption VILLENEUVE-SUR-VÈRE Notre-Dame de La Gardelle
TARN-ET-GARONNE ARDUS Église CASTELSARRASIN Église de Saint-Sauveur (tapisseries d’après des cartons de Nicolaï) MIRAMONT DE QUERCY Saint-Pierre de Najac MONTAUBAN Institution Saint-Théodard (chapelle)
HAUTE-VIENNE LIMOGES Église Sainte-Jeanne d’Arc ROCHECHOUART Église Saint-Julien de Brioude * Bâtiment non religieux
Nicolaï
Greschny
Fresques aux Icônes
des
Des fresques aux icônes, l’icône n’étant qu’une fresque portative, on ne pouvait que faire le chemin avec Nicolaï Greschny. Né à Tallinn en Estonie et descendant d’une lignée de peintres d’icônes, qui, après un parcours mouvementé dans l’Europe à feu et à sang de la Seconde Guerre mondiale, s’installe dans un hameau en ruines des bords du Tarn.
L’icône nous apporte tout ce qui nous manque aujourd’hui : la stabilité au lieu du mouvement, le sens de l’éternité par rapport à l’éphémère, le rappel de l’essentiel face à l’accidentel, la présence du sacré quand tout devient profane.
978-2-85927-125-1
Les icônes, fresques et objets divers présentés dans ce livre sont la marque d’une profondeur artistique et humaine, magnifiés par une connaissance des techniques des peintres anciens et une profondeur théologique qui font aujourd’hui de Nicolaï Greschny un artiste aux dimensions universelles.
9 782859 271251
Ici pas de carrière artistique développée sous les projecteurs. Au contraire, une vie frugale de bâtisseur, presque monacale, une écologie avant la lettre. Et une œuvre dispersée sur une grande partie du territoire national.
24 € ISBN