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SPÉCIAL TENDANCES 2020

Design

Michael Anastassiades, as du luminaire Jean-Marie Massaud dans son studio Carola Bestetti, la créativité en héritage chez Living Divani

Lifestyle

Julie Cockburn, la brodeuse d’images Sept intérieurs déco, de CopenhagueX à Milan via Paris

Trips

Delhi : labyrinthe de sensations Chicago : West Loop district Bruxelles : les adresses arty du duo de la design fair Collectible Worldwide : nos meilleurs spots d’hôtels et de restaurants

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Young-Ah Kim

Depuis 2005, Thomas s’est spécialisé dans l’opéra et le théâtre. Parallèlement, il édite pour BeauxArts Magazine des hors-séries sur les grandes expositions d’art contemporain ou réalise des interviews de célébrités pour Elle. Ne tenant pas en place, il ponctue le tout de reportages pour Air France Magazine, The Good Life ou IDEAT. Justement, c’est à Delhi qu’il s’est rendu ce mois-ci pour nous et la ville colossale ne l’a pas laissé de marbre (p. 188).

Young-Ah est une photographe coréenne qui a vu son premier sujet publié dans IDEAT en 2011. Toujours de l’aventure aujourd’hui, elle collabore aussi avec les magazines The Good Life, L’Optimum, L’Express et Grazia, à qui elle prête son œil et son art, cette façon unique et subtile d’aborder les choses et les gens en révélant le meilleur d’eux. Dans ce numéro, elle s’est perdue dans la mégapole de Delhi pour laisser vagabonder son regard et se faire happer par les couleurs et les sourires (p. 188).

© YOUNG-AH KIM

Thomas Jean

Serge Gleizes

Sa passion pour les objets beaux et bien conçus l’a amenée à prêcher la bonne parole du design dans M, le magazine du Monde, IDEAT et Grazia. Elle y décrypte les codes de la création contemporaine, enquête sur les modes de fabrication du design et déchiffre la façon dont celui-ci est désormais au cœur de tout processus d’innovation. Pour nous, elle a tiré le fil des tendances (p. 106), déniché les plus jolies boutiques parisiennes (p. 50) et analysé les savoir-faire des plus belles maisons (p. 122).

Journaliste et auteur, Serge collabore depuis plus de vingt ans avec la presse déco et s’intéresse autant aux maisons d’autrefois qu’à celles d’aujourd’hui. Il a aussi réalisé de nombreux ouvrages publiés aux éditions du Chêne ou du Palais. Pour ce numéro très déco, il nous enjoint de repeindre nos murs (p. 108), reste sous le charme de l’inspiration orientale de Pierre Frey (p. 116) ou nous décrit l’arrivée en gondole de Peter Marino chez Rubelli (p. 118)…

© XAVIER BEJOT

Marie Godfrain

Anne-France Berthelon

Amateur de savoir-faire et d’innovation, ce journaliste et linguiste de formation se passionne pour l’artisanat et le design. Observateur de l’évolution du cadre de vie, il a fait de la cuisine et de la salle de bains deux de ses spécialités, en collaborant notamment avec le VIA ou le salon Maison & Objet. Dans ce numéro, il craque pour la tendance des papiers peints panoramiques (p. 104) et nous dévoile les dessous du studio parisien de Jean-Marie Massaud, plus que jamais dans son époque (p. 86).

Globe-trotteuse écumant les design weeks et décodant les tendances marketing et lifestyle pour la presse et les bureaux de style, Anne-France Berthelon se passionne pour le design en tant qu’écosystème global et excelle dans le récit de la genèse d’un produit ou le décryptage de nouveaux usages. Elle reste attentive aussi à toutes les formes et « curations » récentes en la matière. C’est ainsi qu’elle est tombée sous le charme, à Bruxelles, des fondatrices de la foire de design Collectible (p. 36 et 226).

© GERMANALAVAGNA

Olivier Waché

Ian Phillips

Stephan Julliard

Britannique de naissance, étudiant à Cambridge, Ian Phillips entreprend sa carrière de journaliste en 1992. Vivant à Paris depuis plus de vingt ans, il s’est spécialisé en architecture intérieure et écrit pour des magazines de décoration à l’international. Il a également signé quatre livres chez Taschen. Ce mois-ci, il nous fait découvrir un magnifique appartement parisien revu par le studio d’architectes qui monte, Le Berre Vevaud. Il nous dévoile quelques ressorts de leur pratique et de leur expérience (p. 172).

Originaire du Puy-en-Velay (43), Stephan Julliard arpente le globe, muni de son appareil photo, pour Vogue Russia, Vogue China, Belle (Australie) et The Sunday Times. Cette fois, son reportage à travers un vaste appartement du VIIIe arrondissement, à Paris, magnifie le travail de réaménagement et de décoration de l’agence Le Berre Vevaud. Ses clichés saisissent la subtile confrontation des œuvres d’art et de design associées à dessein dans cet intérieur (p. 172).

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ID-ÉDITO

LA BONNE MUSIQUE… « La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil. » Friedrich Nietzsche

Avez-vous remarqué que la musique nous accompagne toute notre vie ? Du début à la fin… Un monde sans musique est un monde sans vie, sans âme, une vie qui ne vaut pas d’être vécue. C’est quelque chose d’impalpable, mais il y a comme une petite voix qui nous guide tout le temps ; on a tous une petite musique dans la tête qui nous tient debout dans les moments difficiles, en nous donnant du courage, qui nous rend mélancolique quand on est amoureux ou combatif quand on doit faire face aux obstacles. Et puis, c’est commode, les paroles – quand elles sont bien écrites – nous permettent de nous projeter aisément… « Je t’aime… moi non plus » ☺. Vous êtes-vous déjà demandé comment et dans quelles conditions un artiste pouvait avoir ce moment de grâce qui « fixe » sa chanson, son morceau, dans l’imaginaire de tous, pour l’éternité ? Quel est ce miracle qui s’accomplit pour qu’une chanson ou une interprétation puisse nous faire pleurer de plaisir ou de tristesse ? Je suis tombé par hasard, pendant les vacances de Noël, sur la rediffusion d’une interview de l’écrivain Christian Bobin, par Augustin Trapenard, sur France Inter (podcast https://www.franceinter.fr/emissions/boomerang/boomerang-26-decembre-2019). La façon dont le poète y décrivait la dernière interprétation des Variations Goldberg, de Bach, par Glenn Gould (1932-1982) était absolument MAGNIFIQUE et ÉMOUVANTE : « Devant cette musique, devant la montagne de cette musique, je suis tétanisé. (…) Il y a eu deux interprétations majeures de Glenn Gould des Variations Goldberg. Celle-ci est la plus tardive, elle s’est jouée (en 1981, NDLR) un an avant sa mort. Il a accentué la lenteur de son jeu et cette lenteur, ce quasi-silence, me renvoie au devoir commun que nous avons d’être des anges. Nous devrions travailler à être des anges, c’est ce que j’entends dans cette douceur presque insupportable ! [C’est le bruit de la pluie naissante sur les feuilles…] Et cette finesse du jeu, cette démence très calme de Jean-Sébastien Bach, nous ramène ceux qui ont disparu, ceux qu’on a aimés qui ne sont plus. Elle nous ramène notre propre cœur qu’on avait oublié. Elle nous ramène absolument tout ce qui est essentiel et elle le fait sans nous donner de leçon, sans nous juger, sans nous forcer à quoi que ce soit. C’est un paradis, cette musique. Et vous savez à quoi on reconnaît le paradis ? C’est qu’il n’oublie pas l’enfer ! » Alors, écoutez de la musique en 2020 et laissez-vous séduire ! Entrez dans les morceaux qui vous rappellent quelque chose ou qui vous projettent vers demain. Fermez les yeux, dansez, sautez, pleurez, riez, jouez ! Quand la musique est bonne… que ce soit Bach, Véronique Sanson, Oscar Peterson, Angèle, Michel Berger, Foreigner, Dire Straits, Miles Davis, Michel Petrucciani, Juliette Armanet, Michel Legrand, Stacey Kent, Madeleine Peyroux, Ennio Morricone, Keren Ann, Francis Lai, Francis Cabrel, Benjamin Biolay, Zaz, Fleetwood Mac, Ibrahim Maalouf ou Souchon et Voulzy… Elle nous fait vibrer et c’est cette vibration qui fait notre humanité ☺☺. Lors de sa dernière tournée, Mika a joué sur un piano dessiné par Studio Job et notamment par son fondateur, l’artiste et designer belge Job Smeets. Un piano extraordinaire, poétique, décalé, comme tout ce que fait Studio Job. Et de ce piano rose, paré de spots de loges de salle de spectacle, sortait un cœur gonflable rouge qui en dit long sur le courant qui peut passer entre un artiste et son public sur scène. Vous voyez qu’il y a un lien entre le design et la musique ! Entre la créativité et l’amour, entre l’originalité et les vibrations de nos corps ! Le design est dans tout, même dans nos cœurs ! Je vous souhaite une belle et heureuse année 2020. Pour ma part, je suis content d’en finir avec 2019. Merci de nous suivre fidèlement et n’oubliez pas que, quand la musique est bonne, tout vous est permis, tout, absolument tout… Quel programme ! Un abbraccio grande,

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Laurent Blanc Éditeur & fondateur d’IDEAT laurentblanc@ideat.fr et sur Instagram @laurent.thegoodlife


@PAULOMARIOTTIART

ID-PAULO’S TOUCH

Lors de sa dernière tournée en Europe*, le musicien Mika fait surgir de son piano, à la fin du concert, un énorme ballon gonflable en forme de cœur. Une déclaration d’amour à son public, ainsi qu’un hymne à la musique en tant que vecteur privilégié des émotions, un langage qui fait palpiter les cordes du cœur. * Le « Revelation Tour » de Mika a démarré en France le 15 novembre 2019, à Pau, et s’achèvera le 14 février 2020, à Strasbourg, avant une tournée internationale.

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12-14, rue Jules-César, 75012 Paris. Tél. : +33 1 44 75 79 40. Fax : +33 1 44 75 79 49. www.ideat.fr

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ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO Rédacteurs : Béatrice Andrieux, Anne-France Berthelon, Blandine Dauvilaire, Mille Collin Flaherty, Serge Gleizes, Marie Godfrain, Thomas Jean, Anna Maisonneuve, Rei Moon / Moon Ray Studio, Maïa Morgensztern, Marzia Nicolini, Nathalie Nort, Ian Phillips, Maryse Quinton, Olivier Reneau, Sabrina Silamo, Francesca Sironi, Kurt G. Stapelfeldt, Isabelle Valembras, Olivier Waché. Photographes : Gianni Basso / Vega MG, Serena Eller / Vega MG, Laura Fantacuzzi, Maxime Galati-Fourcade, Stephan Julliard, Young-Ah Kim, Rei Moon / Moon Ray Studio, Mike Rivera, Monica Spezia / Living Inside, Line Thit Klein. Illustrateurs : Annabel Briens, Le Duo, Paolo Mariotti. Photogravure : Alloscan, groupe Amalthéa. Impression : Roularta Printing (Belgique).

SERVICES ADMINISTRATIFS ET FINANCIERS Directeur administratif et financier : Céline Rhodes. Tél. : +33 1 84 17 30 23. Responsable comptable : Tuan-Minh Bui. Tél. : +33 1 86 95 00 24. tbui@ideat.fr Contrôleuse de gestion : Sophie Berlette. Tél. : +33 1 86 95 00 26. sberlette@ideat.fr Comptable : Nasser Boukernafa. Tél. : +33 1 44 75 74 32. nboukernafa@ideat.fr

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Ph. Giovanni Gastel

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Ce magazine contient sur sa diffusion kiosque FM : 1 offre d’abonnement à IDEAT jetée dans le magazine ; sur sa diffusion abonnés France métropolitaine : un chéquier Select-Presse. © ADAGP, pour les œuvres de ses membres, Paris 2019. Provenance du papier : Allemagne et Finlande. 0 % de fibres recyclées. Ptot : 0,00304 kg/t



SOMMAIRE SUR NOTRE COUVERTURE À Paris, le duo d’architectes d’intérieur formé par Thomas Vevaud et Raphaël Le Berre a totalement repensé un appartement haussmannien dans un style raffiné mais non ostentatoire qui laisse toute sa place à la poésie (p. 172).

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© STEPHAN JULLIARD

© STEVENS FRÉMONT

142 - Février 2020

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IDEAT EVENT Vive le design espagnol !

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NEWS DESIGN > Fabbian, la ligne claire du luminaire > La foire Collectible à Bruxelles : déjà indispensable > La poésie blanche de Nendo au Bon Marché > Éric Schmitt : l’esprit de famille > Desalto en grandes formes > La beauté du son

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NEWS GALERIES > Voyage intérieur sous LSd > Manifesta : à Lyon, l’art au service de l’entreprise

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NEWS SHOPS PARIS Trois adresses pour goûter aux petits plaisirs utiles

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NEWS SHOPS RÉGION > L’Appartement lyonnais de Ligne Roset > Boom Boom, magnétiseur de merveilles, à Bordeaux

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NEWS STORE Veja by Ciguë

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NEWS ART Des femmes, des voyages et des fleurs en trois expos

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NEWS PHOTO Claudia Andujar, tristes tropiques à la Fondation Cartier

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NEWS TABLES PARIS Trois bonnes maisons au goût du jour

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NEWS HÔTEL PARIS Balkans imaginaires au Ballu

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NEWS HÔTEL RÉGION Le Coucou : un oiseau rare à Méribel

© DR

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© FREDERIC LUCANO

CONTEMPORARY NEWS

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NEWS TABLES RÉGION Trois cheffes sur les pistes

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NEWS BOOKS Tous à la page !

CONTEMPORARY DESIGN 74

ENTRETIEN Michael Anastassiades, un talent phosphorescent

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PORTRAIT Carola Bestetti, héritière de l’élégance Living Divani

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ZOOM Hélène Veilleux, responsable matières & couleurs chez Citroën

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BRAND Pop Corn, l’éclat du grain

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WORKSHOP STUDIO L’agence de Jean-Marie Massaud : passé, présent, futur

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DOSSIER TENDANCES

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LIFESTYLE & STYLE Julie Cockburn, artiste le doigt sur la couture

104 MOODBOARD > Point de vue panoramique > Sur le fil > Couleurs d’intérieurs 110 SHOPPING Accrochez-vous (à nos patères) ! / Bouilloires au design chaud bouillant / Servis sur un plateau 116 NEWS PAPIER PEINT > Pierre Frey de retour d’Orient > Peter Marino pour Rubelli : l’hommage à Venise > Dedar lance le premier papier peint vivant

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© JULIE COCKBURN / COURTESY OF FLOWERS GALLERY LONDON AND NEW YORK

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© GIANNI BASSO/ VEGA MG POUR IDEAT

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© FLOS

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LIGHT FOR LIFE

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© REI MOON / LIVING INSIDE

110

122 NEWS TAPIS > Les heureuses géométries d’André Arbus à la Manufacture Cogolin > Tapis rouge pour Besana > Quand Faye Toogood griffonne des tapis 128 HOME 1 À Milan, écrin poudré

154 HOME 4 À Palerme, sur un air de pop sicilienne 162 HOME 5 À Londres, chlorophylle et acrylique 172 HOME 6 À Paris, luxe de détails 180 HOME 7 À Rome, palimpsestes latins

CONTEMPORARY TRIPS 188 URBAN SPIRIT Delhi, une géante enivrante 206 HYPE AREA West Loop, l’éden de Chicago 213 SPOTS Nos adresses capitales 221 MAIS ABONNEZ-VOUS À IDEAT ! 226 VILLAGE PEOPLE Le Bruxelles de Clélie Debehault et Liv Vaisberg, fondatrices de la foire de design Collectible

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188 206

© MIKE RIVERA POUR IDEAT

146 HOME 3 À Frederiksberg (Copenhague), héritage scandinave

© YOUNG-AH KIM POUR IDEAT

138 HOME 2 À Londres, shabby chic alla milanese


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U R ID T. F R

SOMMAIRE

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WEB 1

NENDO LAVE PLUS BLANC (1) Depuis la fin du XIXe, janvier est traditionnellement « le mois du blanc » dans les grands magasins parisiens. Chaque année, Le Bon Marché en profite pour dévoiler une installation artistique créée spécialement pour ses espaces. En 2020, l’enseigne a décidé de faire appel au studio japonais Nendo (lire p. 38), dont la poésie s’exprime avec la même aisance à petite ou grande échelle. Sur Ideat.fr, retrouvez l’interview de sa tête pensante, Oki Sato, et les premières images d’une œuvre spectaculaire. © NENDO TOOGOOD TO BE TRUE (2) La revoilà ! Après avoir accouché de son premier enfant, Faye Toogood s’est accordé deux ans de pause créative. Et quand elle a repris pinceaux et crayons, elle s’est lancée dans une phase de recherche pour renouveler son vocabulaire de formes et de couleurs. Ces « gribouillages » (« doodles » en anglais) ont donné naissance à six tapis pour l’éditeur CC-tapis (lire p. 126). Ideat.fr était présent lors de leur baptême au siège milanais et a pu interviewer la designer britannique. © OMAR SARTOR

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MAISON & OBJET, LE RETOUR (3) C’est le premier rendez-vous de l’année pour les design addicts : le salon Maison & Objet (jusqu’au 21 janvier) dévoile les premières nouveautés, les premières tendances… Pour cette édition hivernale, l’organisation a décidé de mettre en valeur le génie de la lampe, Michael Anastassiades (en photo, lampe Copycat, pour Flos), et de jeunes créateurs français dans le cadre de ses « Rising Talents ». Ideat.fr dresse le portrait de ces six designers prometteurs et sera sur place pour partager avec vous toutes ses découvertes. © GERMANO BORRELLI TENDANCES SCANDINAVES (4) Début février, la Stockholm Design Week donne le la des nouvelles tendances du style scandinave. Cette année, Ideat.fr vous fera vivre en direct un événement qui s’empare de toute la ville. © PASCALE BEROUJON

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ID-ICEX & IDEAT

IDEAT et l’ICEX Ambassadeurs du design espagnol

Chez Monsieur l’Ambassadeur à Paris, l’excellence espagnole du design a donné rendez-vous à des architectes et designers français… Photos Stevens Frémont

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2 Page de gauche À gauche, fauteuil Dina, de Jaime Hayón (BD Barcelona) ; à droite, fauteuil Nuez, de Patricia Urquiola (Andreu World) ; portemanteau Fork, de Studio Lagranja (Mobles 114). Derrière le fauteuil Nuez (mais peu visible) : fauteuil Torres Clavé 1934, de Josep Torres Clavé (Mobles 114). 1/ Dans la salle à manger de l’hôtel Berthier de Wagram (résidence de l’ambassadeur d’Espagne en France), la scénographie imaginée pour cette exposition recrée trois espaces de vie : une chambre, un salon-salle à manger, un espace outdoor. 2/ Dans le grand salon, le canapé Dado, d’Alfredo Haberli (Andreu World), voisine avec des coussins en velours vert de Camila Lanzas pour Abbatte, devant des poufs Cyl, de Josep Lluscà (Forma 5), et le vase REmix Project (Vol. 3), de la collection « Piscis », de Jorge Penadés (BD Barcelona). Sur l’étagère modulable Dry, d’Ondarreta, des vases Happy Susto et Showtime de Jaime Hayón (BD Barcelona). 3/ Laurent Blanc, fondateur et éditeur d’IDEAT et M. Fernando Carderera Soler, ambassadeur d’Espagne en France. 4/ Tatiana Martinez, directrice de l’OT d’Espagne, et son mari. 5/ Chaise longue et ottoman de la collection « Hug » (Jover+Valls) et un lampadaire d’extérieur Amphora d’Alex Fernandez et Gonzalo Milà (Bover). 6/ Les invités et les représentants des marques exposées, devant la mise en scène du salon-salle à manger.

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ID-ICEX & IDEAT

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e 3 décembre dernier, l’ambassade d’Espagne à Paris est également devenue celle du design hispanique ! Car c’est dans la demeure de Son Excellence, Monsieur l’Ambassadeur Fernando Carderera Soler, qu’ont pris place mobilier, revête-

ments, luminaires et accessoires décoratifs de seize marques ibériques, au cours d’une manifestation éphémère baptisée « Escenas de interiores » (« Scènes d’intérieur »). Un savoureux mélange entre des pièces emblématiques et les tableaux, sculptures et tapis d’époque qui décorent les prestigieux salons de l’ambassade d’Espagne. Organisée par IDEAT avec l’Institut espagnol du commerce extérieur (ICEX), la journée a permis de mettre en avant le savoir-faire et la créativité de ces marques sélectionnées pour leur excellence. De nombreux architectes, designers et distributeurs ont pu rencontrer leurs représentants et découvrir l’exposition mise en scène par la styliste Virginie LucyDuboscq. Pour l’occasion, trois immenses « boîtes » avaient été conçues, représentant tantôt une chambre, tantôt un salon, tantôt un patio-jardin d’hiver. Chacune, animée par des acteurs présentant des saynètes, mixait des pièces de diverses marques : un canapé Next Stop, de Luca Nichetto, pour Sancal, des coussins et des plaids Ábbatte, des tapis Naturtex, des luminaires LEDS C4, une table Essens, du Britannique Jonathan Prestwich, pour Inclass, sur fond de papiers peints du label Coordonné… En déambulant dans les salons chargés d’histoire, les invités pouvaient aussi découvrir d’autres mises en scène : en ton sur ton avec un portemanteau Mobles 114, un fauteuil Dino, de Jaime Hayón, pour BD Barcelona, en toute intimité avec les meubles en cuir de Jover+Valls éclairés par les lampes outdoor Amphora, d’Alex Fernández Camps et Gonzalo Milà, pour Bover… Ailleurs, un immense canapé Andreu World était accompagné de la bibliothèque Dry, d’Ondaretta, là, le lampadaire Nightbloom, de Marcel Wanders, pour

Lladró, des assises signées Expormim, Mobliberica ou Forma 5, à admirer et pourquoi pas, à essayer… Une façon inédite de vivre la créativité espagnole contemporaine.

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Chaises de différentes couleurs Bika de Ramos & Bassols (Forma 5). Table Essens, de Jonathan Prestwich (Inclass), objets Totem en bois de Martin Azúa (Mobles 114). Suspension Candle de Benedito Design (Leds C4). La banquette Next Stop, de Luca Nichetto (Sancal), présente une figurine The Guest, de Ricardo Cavolo, et une bougie Purple Spire 1001 Nights (le tout Lladró). Devant le papier peint Modular Ultramarine de Coordonné, la table basse Kiri de Mario Ruiz (Expormim). Dessus, sculpture en porcelaine Macaw Bird de Joan Coderch (Lladró). Au sol, lampes de table Ilargi de Leds C4.


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2 1/ Mise en scène d’assises (de gauche à droite) : chaise Salt (Mobliberica), fauteuil bleu ciel à pieds blancs Bow, de Studio Yonoh (Forma 5), fauteuil bleu marine Tonella, de NOTE (Sancal), chaise orange Taia de Simon Pengelly (Inclass). 2/ Dans la chambre, module acoustique Beetle, de MUT Design (Sancal) ; sur le lit, plaids et coussins Abbatte, chaise Gracia et étagères Tria de JM Massana et JM Tremoleda (Mobles 114). Table Croix, de Mobliberica, et table basse Frames de Jaime Hayón (Expormim). 3/ et 5/ Tous les invités ont pu échanger avec les différents éditeurs présents lors de cette journée professionnelle. Architectes d’intérieur, designers, distributeurs ont ainsi pu toucher du doigt ce qui fait la richesse et l’orginalité du mobilier espagnol contemporain. 4/ Jean-Christophe Camuset, rédacteur en chef d’Ideat.fr et Vanessa Chenaie, rédactrice en chef d’IDEAT. 6/ Sur la table Pion, de Ionna Vautrin (Sancal), chaise et tabouret de la collection « Don », de Nadia Arratibel (Ondarreta), et lampes de table rechargeables Tanit de Gonzalo Mila (Bover).

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Contemporary news parce qu’être curieux, c’est bien !


Guggenheim (Bilbao)

Centre Pompidou

Tate Modern

MAC

(Londres)

(Niterรณi / Rio de Janeiro)

(Paris)

(Imabari)

TIMA

Palazzo Grassi (Venise)

New Museum

Elbphilharmonie

Guggenheim

(New York)

(Hambourg)

(New York)


ID-NEWS EXPOS

« La simplicité est la sophistication suprême. » Léonard de Vinci (1452-1519). Peintre, inventeur, mathématicien et écrivain florentin.

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© STUDIO ROCCI SRL

Fabbian, la ligne claire du luminaire Chez cet éditeur italien de luminaires fondé en 1961, les lampes bien évidemment éclairent, mais sont aussi de véritables objets de design. Les praticiens sollicités sont internationaux, parfois italiens, et pas seulement des stars. C’est le cas de Marco Spatti et Marco Pietro Ricci, concepteurs d’Ari F55, un lustre anticonventionnel mais pas anticommercial pour autant. Celui-ci se compose de deux à seize tubes en aluminium anodisé pourvoyeurs de lumière à leur extrémité. Ces tubes existent en différentes longueurs et se parent de blanc, de noir ou de bronze. On les place donc librement, tels des bâtons plantés dans le plafond et reliés à un support central, suspendu lui aussi. Marco Spatti et Marco Pietro Ricci ont donné au lustre Ari F55 des proportions discrètes mais qui influencent la perception de l’espace autour. Son dessin graphique ne se dissout pas dans le vert profond d’un mur, mais s’affirme, au contraire, en s’affranchissant des codes. Ari F55 s’adapte à son environnement, à vos besoins et à vos goûts. N’écoutez personne, il faut essayer et voir. G.-C.A.


ID-NEWS DESIGN FOIRE

Collectible : déjà indispensable Par Anne-France Berthelon

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Exclusivement tournée vers le design de collection du XXIe siècle, Collectible a su, en trois éditions, devenir l’un des rendez-vous les plus frais de ce marché. Et la foire contribue à placer Bruxelles sur le parcours des amateurs de design internationaux. Courez-y en mars !

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n faisant le pari de ne pas inclure de vintage dans sa sélection, Collectible s’est imposée comme une plateforme de choix pour la création émergente : osé commercialement, mais solidaire générationnellement ! Derrière le succès de cette manifestation,

il y a une approche ciselée par la curiosité du monde et l’expertise pointue des deux cofondatrices, Clélie Debehault et Liv Vaisberg (lire aussi p. 226). Mais également une volonté de proposer quelque chose de différent, et la conviction que cela ne pouvait exister nulle part ailleurs qu’à Bruxelles, réputée pour sa communauté de collectionneurs éclairés. Autre indice d’exigence qui ne trompe pas, un comité constitué de spécialistes arbitre la sélection des participants. Pour l’édition 2020, celui-ci réunissait par exemple Annalisa Rosso, Olivier Gabet, Alexis Georgacopoulos, Brent Dzekciorius et Dieter Van Velten. Du 5 au 8 mars, les cinq étages de l’Espace Vanderborght s’apprêtent donc à accueillir plus de 100 exposants interna-

© COURTESY OF FAINA DESIGN

tionaux, dont une majorité de galeries fidèles telles que Maniera, valerie_traan, Everyday Gallery, Todd Merrill, Functional Art Gallery, CAMP Design Gallery ou Zaventem Ateliers. La

2/ Of Movement and Material, 2019, de Philipp Weber. © DARIO J. LAGANA /

Galerie KRL et Side Gallery feront, elles, partie des nouveaux venus. La section « Bespoke »

COURTESY OF PHILIPP WEBER

présentera des créations récentes de designers et de studios (DIM atelier, BRUT-Collective…)

3/ Ward-Blend, design Ward Wijnant. © RONALD SMITHS /

produites dans le cadre de commandes – une façon de souligner qu’il faut sans doute cesser d’opposer de manière stérile l’art et le commerce. Sous le commissariat de Brent Dzekciorius, le secteur « Curated » rassemblera des designers non représentés par des galeries, mais passionnés par l’expérimentation radicale (Albane Salmon, de l’Atelier Sauvage, Studio Cober, Supertoys Supertoys). Enfin, en confiant l’aménagement de l’entrée et du restaurant aux Londoniens de Dellostudio et à la Berlinoise Yasmin Bawa, Collectible proposera aux visiteurs un voyage multisensoriel par le biais d’expériences gustatives, visuelles et auditives.

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1/ Vases de la collection « Kumanec », design Victoria Yakusha (Faina Design).

COURTESY OF WARD WIJNANT

Collectible. Espace Vanderborght, rue de l’Écuyer 50 Schildknaapstraat, Bruxelles, du 5 au 8 mars. Collectible.design


Ph. by Jeremias Morandell Art by Motel 409 Set design by Studio MILO

Plasterworks crĂŠĂŠ par David/Nicolas Maison Objet 2020 Hall 6, Stand L16 - M15

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ID-NEWS DESIGN EXPO

Poésie blanche Par Marie Godfrain

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À l’occasion du mois du blanc, Le Bon Marché commande une installation monumentale à un artiste. Cette année, c’est le studio de design Nendo qui investit le grand magasin parisien avec des « fleurs de pluie »…

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es dragons d’Ai Weiwei, les toiles arachnéennes de Chiharu Shiota, l’escalier noué de Leandro Erlich, la Valkyrie tout en rondeurs de Joana Vasconcelos… Voilà cinq ans que

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Le Bon Marché invite des artistes à imaginer des œuvres in situ, avec le blanc pour seule

contrainte. Cette proposition faite à Nendo sonna comme une évidence tant cette teinte est devenue la signature du studio de design japonais. De ses stylos à ses installations monumentales au Salon de Milan, Oki Sato, fondateur de Nendo, s’appuie sur le blanc pour révéler l’humour, la dissymétrie et les jeux de construction de ses pièces. Une manière de calmer le regard pour attirer l’attention sur les détails. Au Bon Marché, il va jouer avec la perception et nos émotions en imaginant un dialogue entre l’eau et les fleurs. « Pour moi, les gouttes d’eau évoquent la tristesse, les larmes, un sentiment négatif, tandis que les fleurs représentent la joie, la vie, le printemps. Mon installation sera une sorte de teaser annonçant la belle saison, d’ailleurs au mois de janvier, les jours commencent à rallonger, le ciel devient plus lumineux… » Oki Sato a imaginé quatre installations : dans les vitrines, peintes en noir, une suite de sculptures blanches symbolise le cycle de la vie, d’une bouteille à un bouquet de fleurs ; dans l’atrium, 120 boules blanches, suspendues au plafond et activées par des moteurs, opéreront un mouvement continu de haut en bas, passant de la forme de gouttes d’eau à celle de fleurs. « Elles oscillent entre tristesse et joie. C’est le message que je veux faire passer, car je souhaitais montrer que les deux se nourrissent et sont les deux faces d’une même pièce », explique le designer. Au deuxième

étage, Oki Sato nous propose de nous déchausser et de nous déplacer en tenant un parapluie ouvert qui projette au sol des images mouvantes grâce à un système d’écrans. Enfin, au rez-dechaussée, Rain Bottle désigne une installation de vingt bouteilles d’eau représentant chacune une nuance du mot « pluie » en japonais (déjà montrée à Maison & Objet il y a quatre ans). Avec Nendo, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme…

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1/ Avec « Ame Nochi Hana », Oki Sato (Nendo) fait s’épanouir des « fleurs de pluie » au Bon Marché. © KENTO MORI 2/ Au deuxième étage du grand magasin, le designer reprend une installation développée au musée d’art Suntory, à Tokyo. © SHUNTARO/ NENDO 3/ Maquette du projet installé dans l’atrium. © NENDO

« Ame Nochi Hana ». Au Bon Marché, 24, rue de Sèvres, 75007 Paris, jusqu’au 16 février. Retrouvez notre interview d’Oki Sato sur Ideat.fr


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ID-NEWS DESIGN EXPO

L’esprit de famille Par Marie Godfrain

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À l’écart des modes, Éric Schmitt imagine un design essentiel, organique, plébiscité par des clients français et américains. Il a convoqué toute sa famille dans une exposition chorale à l’IBU Gallery.

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ignes fluides et formes organiques… Éric Schmitt imagine à l’écart des modes un design intemporel, sensible et girond. Des meubles et objets qu’il dessine entre son studio parisien et son atelier de la forêt de Fontainebleau et qui connaissent

un grand succès aux États-Unis, où le designer est distribué par le galeriste new-yorkais Ralph Pucci et par la Carpenters Workshop Gallery. Ce que l’on sait moins, c’est qu’Éric Schmitt est au cœur d’une dynastie de créateurs. Son beau-père était le sculpteur Sandu Babeanu (1928-1980), ami de Dalí et de Man Ray, et ses deux enfants se sont spécialisés respectivement dans la joaillerie et dans la photographie. L’IBU Gallery, au Palais-Royal, a invité les trois générations, à partir du 13 décembre, à confronter leurs œuvres. Éric Schmitt a travaillé avec des céramistes d’Ultramort, en Catalogne, et présente une série de vases cubistes colorés, inspirés de cruches traditionnelles. Un univers très différent de celui de Sandu Babeanu, qui fut l’un des premiers à réaliser du mobilier sculptural en fer forgé et soudé dans l’esprit de Diego Giacometti. La galerie expose, entre autres, deux soleils décoratifs en bronze du sculpteur, datant de 1970. Un travail qui inspire aujourd’hui sa petite-fille, Jane, qui a créé des bijoux à partir de chutes de sculptures de son grand-père. De cette association naissent des boucles d’oreilles aux formes aléatoires, qui semblent encore en fusion. Quant à Hugo, le benjamin, il accroche ses photos urbaines, où il est question de caméras de surveillance, d’architecture, d’absurdité du quotidien, bien dans leur époque avec leur esthétique saturée et grinçante. De cette variété, on pourrait craindre une exposition fourre-tout. Au contraire, c’est un ensemble cohérent qui nous est donné à voir, porté par une certaine évidence dans le choix des couleurs franches et des formes organiques.

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1/¿En février, l’IBU Gallery réunit les créations de trois générations d’artistes d’une même famille, réalisant une sorte de mise en abyme : au premier plan, les céramiques du designer Éric Schmitt ; à gauche, les sculptures de son beaupère, Sandu Babeanu ; au mur, les photos de son fils, Hugo Schmitt. Un dialogue sans heurt, mais où chacun affirme sa personnalité. 2/¿La console Arçon (2014), d’Éric Schmitt, semble servir de «¿support terrestre¿» aux photos de son fils Hugo, qui trouvent leur place dans l’espace. ©¿CRISTEL JEANNE

« Family Affair ». À l’IBU Gallery, 166, galerie de Valois, jardins du Palais-Royal, 75001 Paris, jusqu’au 1er¿février. Tél. : 01 42 60 06 41. Ibugallery.fr


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ID-NEWS DESIGN

Desalto en grandes formes Par Olivier Waché

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Depuis trente ans, l’éditeur italien cultive l’art de l’équilibre entre technologie et fonctionnalité. Sa nouvelle collection le confirme.

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epuis son origine, l’entreprise italienne Desalto, créée en 1990 par les quatre frères Orsenigo (héritiers d’une société de métallurgie), explore matériaux, formes et vision du mobilier à travers les recherches de nombreux designers. « Polyphonie harmo-

nique », le thème de sa dernière collection, dévoilée lors du Salon du meuble de Milan 2019, écrit un nouvel épisode de son histoire, lequel a été coordonné par Gordon Guillaumier, directeur artistique de la marque depuis un an et demi. Les différents éléments, d’allure sculpturale et architecturale, ont été conçus pour l’aménagement des particuliers comme des entreprises. À l’exemple de « Void », signé Guglielmo Poletti. S’appuyant sur le savoir-faire maison – le travail du métal –, le designer a imaginé une collection de tables, de bancs et de consoles en tôle d’acier incurvée. Le matériau lui permet d’exploiter des formes sobres et minimalistes, et une grande légèreté visuelle. Même matériau, autre approche : la gamme « Strong » s’intéresse, pour sa part, au tube d’acier, utilisé comme un alphabet poétique. Eugeni Quitllet le décline en table à manger, chaise, petite table et tabouret, pour l’intérieur comme pour l’exté-

1/ La collection « Strong » matérialise le trait continu d’Eugeni Quitllet. Dans cette gamme, le tabouret haut avec repose-pieds a gagné l’Archiproducts Design Awards 2019 (catégorie Mobilier). 2/ Le fauteuil Aria, d’Atelier oï, évoque une chaise longue aérienne. Sa maille élastique résistante enveloppe une structure métallique en tube d’acier comme une chaussette. Le confort est au rendez-vous même sans rembourrage…

rieur : « On peut recourir à l’art pour matérialiser de nouvelles idées, en prenant le chemin le plus court pour trouver une solution à travers une forme continue… Rien de plus, rien de moins », révèle le designer. Parallèlement, Desalto a confié à Atelier oï la création d’Aria. Pour ce premier fauteuil réalisé pour la marque, le collectif a pensé une assise en tissu tricoté d’une seule pièce, qui vient se tendre sur une structure tubulaire. Quant à Nendo, qui avait déjà commis « Softer Than Steel », il revisite la bibliothèque en proposant, cette année, « Step ». Cette gamme se détourne de son allure classique en jouant avec ses étagères. Comme coupées en deux en leur milieu, ces « demi-étagères » sont volontairement décalées verticalement. Enfin, les buffets Kazimir, de Gordon Guillaumier, aux formes minimalistes recouvertes de résine, de marbre et de métal, rendent hommage au plasticien Kazimir Malevitch…

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ID-NEWS DESIGN

La beauté du son Des enceintes ultra-lookées qui revendiquent une qualité de son exceptionnelle, c’est possible ! Voici trois nouveautés aussi techniques à l’intérieur que belles à l’extérieur. Par Caroline Blanc

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L’arty

L’intemporelle

L’aventurière

En collaboration avec la chaîne de grands magasins Selfridges, l’artiste Daniel Arsham a conçu une installation éphémère au sein du Corner Shop de la célèbre enseigne londonienne. Cette expérience inédite, nommée « The House of Daniel Arsham », met en scène une série de pièces iconiques revisitées par le New-Yorkais et vendues en éditions limitées. À cette occasion, le très en vogue créateur multifacette s’est associé à l’expert du son haut de gamme Bang & Olufsen pour réinterpréter le design de l’emblématique enceinte Beoplay 9. Celle-ci prend ainsi l’apparence d’une lune bleue, très poétique, largement inspirée des peintures à l’huile de l’artiste et de son attirance pour l’espace et l’univers de la science-fiction. Véritable œuvre d’art sur pied, cette enceinte au look résolument futuriste est tellement fascinante qu’on oublierait presque sa fonction : émettre du son.

Pour célébrer ses 10 ans, La Boite Concept, spécialiste des systèmes sonores « tout-en-un », s’est nourrie de son savoir-faire familial pour créer LX Platine, une enceinte acoustique sans-fil associée à une platine vinyle intégrée. Imaginée par Timothée Cagniard, dirigeant de La Boite Concept, et Clément Hellégouarch, musicien et designer passionné, cette enceinte en noyer massif s’apparente à une pièce de mobilier intemporelle conçue pour durer. Les amateurs trouveront dans cet objet hybride un formidable outil capable de sublimer le son des appareils audio analogiques (platines vinyles par exemple) comme celui des dispositifs numériques (téléviseurs, tablettes et Smartphones). Munie de cinq haut-parleurs et d’un système antivibrations, LX Platine délivre un son pur et enveloppant. Cette enceinte est équipée d’une étagère pour permettre aux nostalgiques de ranger et d’exposer leur collection de galettes noires.

Marshall, l’enseigne britannique emblématique des années 60, élargit sa gamme avec Tufton, une nouvelle enceinte portable grand format, qui donne l’illusion d’être en concert n’importe où. Pleine de caractère, au design rétro et à l’allure nomade, elle incarne le parfait compagnon de route. Son anse en cuir, largement inspirée des sangles de guitares, facilite son transport (elle pèse 5 kg) d’une pièce à l’autre et même à l’extérieur. Tufton dispose d’une très grande autonomie pouvant aller jusqu’à plus de vingt heures et est équipée de la technologie Bluetooth 5.0, qui permet de diffuser de la musique sans fil à moins de neuf mètres. Robuste et résistante à l’eau, Tufton se révèle la plus aventurière des enceintes Marshall. Elle s’adapte parfaitement à tous les environnements et délivre un son puissant et rock.

— Bang-olufsen.com

— Laboiteconcept.com

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Voyage intérieur sous LSd Par Marie Godfrain

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Après son concept-store pour enfants, Laurence Simoncini poursuit une aventure très personnelle avec la décoration dans un vaste appartement du Marais où elle a installé son agence et expose ses trouvailles.

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orsque l’on pousse la porte de cet hôtel particulier de la rue Aubriot (IVe), dans le Marais, et que l’on traverse la cour pavée, on redoute un lieu snob réservé aux initiés… La sensation est pourtant exactement inverse dès l’entrée dans la Galerie LSd, imaginée

par Laurence Simoncini. L’accueil chaleureux fait écho à l’ambiance qui règne : murs bleu calme, coussins au crochet… « Je voulais installer l’esprit d’un appartement cocon et redonner du sens à l’acte d’achat à travers des pièces uniques, des petites séries, du fait main », raconte la cofondatrice, en 2004, du concept-store pour enfants Serendipity, qui s’est ensuite reconvertie dans l’aménagement d’appartements. Pour sa galerie, c’est avec le studio Ciguë qu’elle a collaboré. Les architectes montreuillois ont libéré l’espace et mis à jour quelques pépites comme un poteau en pierre du XVIIe siècle sur lequel la décoratrice est venue poser un bénitier. C’est cela l’esprit LSd : un regard très ouvert sur la création. À l’image des gé ba, des compositions de tissus usés et collés, utilisées autrefois en Chine, des trouvailles que Laurence détourne en tableaux dans un esprit wabi-sabi (tendance nippone qui prône la beauté de l’imperfection). Bouchons en cristal transformés en porte-couteaux ou assiettes en acier martelé à tout petit

1/ Laurence Simoncini surprend avec sa nouvelle aventure. 2/ Appartement ? Galerie ? Studio ? Les habitudes sont chamboulées. 3/ Le chandelier Buitenhuis, de Dirk Vander Kooij, un anneau planétaire en matériaux synthétiques recyclés – boîtiers de CD, fenêtres de toit… Un vrai point d’orgue lysergique ! © FREDERIC LUCANO

Galerie LSd. 5, rue Aubriot, 75004 Paris. Tél. : 01 42 72 06 53. Laurencesimoncini.fr

prix voisinent savamment avec une chaise longue de Marc Newson et une commode ouverte en forme de pyramide signée Frama. La découverte la plus spectaculaire ? Le lustre stellaire de Dirk Vander Kooij. Prix, époques et styles divers font ainsi bon ménage dans cet espace chaleureux à l’esthétique marquée par le sol en bois brûlé. Une hétérogénéité fidèle aux projets de l’architecte d’intérieur, qui ne se cantonne pas aux appartements XXL ou aux maisons de vacances sur l’île de Ré ou à Avoriaz… « Les contraintes ne me font pas peur, au contraire, elles font tout le sel de mon métier. J’aime par exemple beaucoup aménager des espaces restreints, des studios... », explique, depuis son petit bureau en mezzanine avec vue imprenable sur sa galerie, celle qui espère convertir ici une nouvelle clientèle aux plaisirs du LSd…

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ID-NEWS GALERIE

Manifesta : l’art au service de l’entreprise Par Blandine Dauvilaire

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À Lyon, Céline Melon Sibille a transformé un ancien atelier de soyeux de 210 m2 en lieu événementiel, que les entreprises peuvent privatiser tout en se familiarisant en douceur avec l’art contemporain.

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«

anifesta est le fruit de mon expérience de communicante, précise d’emblée Céline Melon Sibille, associée pour l’occasion à la collectionneuse Marie Ruby. Pendant plus de douze ans, j’ai mis en relation des galeries d’art avec

un réseau de collectionneurs et d’entreprises, lors d’événements éphémères. Avec Manifesta, j’ai voulu aller plus loin. Tous les deux mois, des galeries françaises ou étrangères investissent notre lieu pour entrer en contact avec un nouveau public. Les entreprises de passage en profitent pour s’approprier les codes de l’art contemporain, dans un espace adapté à leurs besoins. » Réhabilité avec beaucoup d’audace par l’architecte d’intérieur Claude Cartier, fi-

gure incontournable de la décoration à Lyon, cet écrin atypique se révèle ultra-chaleureux. Élément phare du lieu, l’escalier magistral en bois est sublimé par les murs repeints en bleu Klein et une moquette Pinton. Au rez-de-chaussée, la salle de réception s’organise autour d’une table spectaculaire conçue par la décoratrice lyonnaise à partir des plaques en céramique de l’architecte et designer Cristina Celestino et de pieds créés sur mesure par un métallier. À l’étage, les salles de réunion affirment un parti pris géométrique. Boiseries au plafond habillées de noir et blanc, tables en mélamine quadrillée signées Dante-Goods And Bads et céramiques graphiques d’Atelier Polyhedre dialoguent avec les œuvres d’art pointues qui peuplent les murs. « Tous les événements accueillis chez Manifesta s’accompagnent d’une mise en bouche artistique, reprend Céline Melon Sibille. Les pièces exposées sont décryptées de façon conviviale, pour désacraliser le rapport à l’art contemporain. Tenter de comprendre une œuvre de cette façon-là change vraiment la relation avec l’autre. »

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1/ Céline Melon Sibille, la cofondatrice de Manifesta. 2/ et 3/ Dans un décor signé Claude Cartier, où le bleu Klein est à l’honneur, les œuvres (ici, photographies d’Elger Esser) se déploient avec une grande élégance. Une salle d’exposition, un petit salon ou des pièces de travail peuvent être investies par les entreprises désireuses d’y organiser leurs événements. L’escalier en bois, pièce maîtresse du lieu, est ici dominé par des suspensions Noctambule, de Konstantin Grcic (Flos). © GUILLAUME GRASSET

Manifesta. 6, rue Pizay, 69001 Lyon. Tél. : 07 72 15 42 21. Manifesta-lyon.fr Visites sur rendez-vous.


J’aimais me cacher pour surprendre ma sœur, quand pensive elle traversait le salon en effleurant les rideaux Ornella.

m a d u ra . f r


ID-NEWS SHOPS

Petits plaisirs utiles Objets du quotidien, vous avez bien une âme ! La preuve par trois (adresses) qui mettent du sens et de la délicatesse dans leurs propositions, en jouant la carte des mélanges heureux.

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© CHRISTOPHE CAUDROY

© STANISLAS LIBAN

© VIRGINIE DUBOIS

Par Marie Godfrain

Au cœur de la déco

Au pays du cool

Dans la tanière du tigre

Des prix raisonnables, une offre en perpétuelle évolution et une implantation dans un spot commerçant… Linda et Jean-Baptiste ont vu juste en ouvrant, il y a trois ans, leur Cœur Grenadine, dans le discret quartier Michel-Bizot (XIIe). Ce jeune couple s’est attaché à dénicher des objets fabriqués en France et a lancé sa propre marque, La Manufacture de Bel-Air, qui propose bougies parfumées et affiches inspirées des environs. La sélection est judicieuse et attire des ados à la recherche d’un mug arc-en-ciel ou de trousses Wouf, des trentenaires qui prisent les broches brodées Macon & Lesquoy ou des amateurs, plus âgés, des verres La Rochère. Lampes en cannage, tapis de yoga, vaisselle en acier émaillé Falcon ou nécessaire à sneakers Andrée Jardin, c’est un concentré très actuel qui se nourrit de petits plaisirs utiles à s’offrir ou à offrir.

Plus lumineuse, plus légère… la boutique The Cool Republic, à Pigalle, délaisse son esthétique indus’ habituelle et s’habille de murs blancs et de mobilier tout en finesse (les étagères String) pour présenter ses coups de cœur. Relais de l’enseigne de déco et de design en ligne, cet espace est l’occasion de (re)découvrir une proposition pile dans l’air du temps : petits luminaires, bouquets de fleurs séchées, mugs en céramique, gourdes, quelques beaux livres... Une mine d’idées astucieuses et pétillantes comme ce presse-orange en forme de cactus. Dans ce quartier vibrant de Paris, non loin de la Nouvelle-Athènes, voire des Abbesses, The Cool Republic promet aussi de renouveler constamment son offre. Un point de départ idéal avant de descendre la rue des Martyrs, truffée d’enseignes indépendantes…

Chef de file de la papeterie contemporaine, avec ses cahiers aux couvertures graphiques et colorées, Papier Tigre vient de réaménager sa boutique du Marais. Pour cela, l’enseigne a fait appel à Cent15 Architecture, jeune agence qui séduit (et a signé, entre autres, le nouveau resto israélien Shabour – un carton), qui a imaginé un lieu clean, ouvert sur l’extérieur, modulaire, habité de meubles sur roulettes en Inox et verre strié. Une ambiance à l’esprit garage, qui attire le regard jusqu’au fond de la boutique où un rideau en lanières de PVC souple et transparent laisse entrapercevoir la partie imprimerie où sont fabriqués les carnets. Un travail subtil, tout en légèreté, qui vient habilement porter les créations graphiques de Papier Tigre et leurs trouvailles…

— Cœur Grenadine. 76, avenue du Général-Michel-Bizot, 75012 Paris. Boutiquecoeurgrenadine.com

— The Cool Republic. 72, rue des Martyrs, 75009 Paris. Thecoolrepublic.com

— Papier Tigre. 5, rue des Filles-du-Calvaire, 75003 Paris. Papiertigre.fr



ID-NEWS SHOP RÉGION

En aparté Par Blandine Dauvilaire

À Lyon, dans l’ancien quartier des antiquaires, Ligne Roset vient d’ouvrir un espace très inspirant, organisé comme un appartement, pour séduire une nouvelle clientèle, toujours plus exigeante. Un concept expérimental qui devrait s’exporter à l’étranger prochainement.

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nédit, intimiste et très chaleureux, le nouveau showroom de 120 m2 de Ligne Roset est une invitation à s’approprier les lieux en s’asseyant dans l’un des salons, pour feuilleter un ouvrage, ou à déambuler de la salle à manger à la chambre, pour nourrir son regard

de couleurs et de beauté. « Nous montrons un autre visage de la marque dans un espace haut de gamme, contemporain mais pas ostentatoire », résume Antoine Roset, directeur marketing du groupe. La mise en scène des six pièces de L’Appartement a été confiée à l’architecte d’intérieur et scénographe Marie Christine Dorner – qui a déjà signé plusieurs pièces de mobilier pour l’enseigne et dont on retrouve ici quelques commodes et chevets. En privilégiant l’élégance des détails et la vibration des harmonies, elle a donné une âme à ce lieu. Les teintes chaudes posées en camaïeu et les papiers peints extraits du catalogue de Mériguet-Carrère apportent du caractère aux murs. « J’ai travaillé avec une sélection restreinte de meubles des collections Ligne Roset, présentés dans des finitions luxueuses, puis j’ai ajouté des objets et du mobilier vintage pour une touche plus personnelle », explique la designer. Les lumières caressantes mettent en valeur des fauteuils et un bureau signés Pierre Paulin, une table de Mauro Lipparini, des chaises et des fauteuils des frères Bouroullec, des

Dans les différentes « pièces » de L’Appartement scénographié par Marie Christine Dorner, pour Ligne Roset, où l’on est invité à se sentir comme chez soi, on reconnaît plusieurs meubles de designers : le canapé Confluences, de Philippe Nigro, le bout de canapé IPN, en marbre de Carrare, de François Bauchet, le lit Ruché, d’Inga Sempé, le fauteuil Riga, d’Éric Jourdan, la petite table d’appoint Astair, en marbre noir Marquina, de Pierre Charpin…

canapés de Philippe Nigro, une table de Pierre Charpin et le lit Ruché d’Inga Sempé. Et, pour donner davantage de vie à cet écrin, la galerie photo lyonnaise Le Réverbère a eu carte blanche pour ponctuer chaque espace d’œuvres fortes. L’ensemble est une démonstration conviviale du savoir-faire maison qui se transmet depuis cinq générations.

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L’Appartement by Ligne Roset. 41, rue AugusteComte, 69002 Lyon. Ligne-roset.com



ID-NEWS SHOP RÉGION

Boom Boom, magnétiseur de merveilles Par Anna Maisonneuve

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Quatre ans après le lancement de son e-shop, l’enseigne éthique offre, à Bordeaux, une vitrine physique à sa pétillante sélection de créations déco artisanales et indépendantes.

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l’entrée, un canapé d’inspiration Memphis précède un cube en miroirs qui fait office de table d’appoint dans un esprit ingénieux, frais et réjouissant, surmonté d’un zeste d’audace visuelle. Ce cocktail plein de punch donne le ton et escorte

nombre d’objets qui colonisent étagères et présentoirs de la boutique Boom Boom. Tout juste installée en plein cœur de la ville, l’adresse affiche une taille modeste (35 m2) inversement proportionnelle au nombre de créateurs représentés : 75 ! Parmi eux, citons Cold Picnic et ses tapis cocasses, Respiro Studio et ses audacieux sacs en résine, Sophie Alda et ses envoûtantes céramiques en bleu Klein, Après Ski et ses boucles d’oreilles vintage en matériaux recyclés, ou la marque Bornn et sa vaisselle mouchetée en métal émaillé. Aux manettes de ce magnétiseur de merveilles se trouvent Carine Giraud et Lucie Heinrich. La première (spécialisée en photographie et nouveaux médias à l’université Paris VIII puis diplômée des beaux-arts d’Angoulême) a fait ses premiers pas dans l’artisanat avec sa propre ligne de bijoux pop et acidulés. « Il y a quatre ans, se souvient-elle, j’ai arrêté de créer pour moi. J’avais envie de distribuer des créateurs indépendants, qui n’avaient pas ou trop peu de visibilité. » L’intéressée lance alors Boom Boom, un site de vente en ligne. Fin 2018, Lucie Heinrich, rencontrée dix ans plus tôt, la rejoint. « À l’époque, se rappelle cette dernière, j’étais directrice d’une agence de communication à Paris. À mes débuts, je défendais de jeunes talents, qui sont devenus confirmés avec le temps. Je souhaitais revenir à mes premières amours. » Mues par la convergence de leurs désirs et le caractère complémentaire de leurs compétences respectives, Carine et Lucie ouvrent ce cocon voulu pluridisciplinaire, intergénérationnel, inclusif, participatif et bienveillant où s’honore un savoir-faire (fait main ou issu de petites manufactures) qui œuvre esthétiquement hors des sentiers battus sans faire l’impasse sur l’éthique avec des éditions limitées pensées hors du règne de la « binarité » des genres.

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1/ Les céramiques des Danois de Studio Arhoj sont à découvrir chez Boom Boom parmi 74 autres créateurs. 2/ Répartie en six catégories (décoration, mode, bien-être et cosmétique, épicerie, univers enfant, livre et papeterie), la sélection fait la part belle à des marques confidentielles françaises ou internationales, dont certaines trouvent ici leur premier, voire leur unique point de vente hexagonal. Des événements liés aux échanges, au troc et au do it yourself sont aussi au programme.

Boom Boom. 23, rue du Mirail, 33000 Bordeaux. Tél. : 05 56 72 99 61. Maisonboomboom.com


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ID-NEWS STORE

Veja by Ciguë Par Maryse Quinton

Pour sa première boutique, située dans le Marais, la marque de baskets « écoresponsable » Veja a fait appel à Ciguë, collectif d’architectes réputé pour sa capacité à dessiner mais aussi à fabriquer des lieux sur mesure.

D

epuis 2005, Veja s’est fait connaître en produisant des baskets « écologiques » issues d’un commerce responsable. Respect des conditions de travail de ceux qui les confectionnent, absence de procédés polluants dans la fabrication, pas de publici-

té : la marque avant-gardiste n’a pas attendu l’urgence climatique ni la mode du green pour adopter une attitude éthique. Après le showroom à usage professionnel de la griffe, rue de Turenne (IIIe arrondissement), Ciguë vient de réaliser la première boutique Veja. Le collectif d’architectes n’a pas été choisi au hasard. Il s’est forgé une solide réputation en travaillant avec des signatures pointues comme Aesop ou Isabel Marant, mais aussi parce qu’il a la particularité de posséder son propre atelier de menuiserie à Montreuil (93). Ciguë des-

Murs mis à nu, mobilier en bois – une constante chez ce studio de design et d’architecture qui possède son propre atelier de menuiserie –, valorisation du geste artisanal… la patte Ciguë est bien présente dans la nouvelle boutique Veja. © VEJA

sine, conçoit et fabrique : « Nous accueillons chaque projet comme une chance de poser de nouvelles questions, de mettre en place un dialogue, d’adapter nos processus et d’expérimenter. Cette démarche en constante évolution nous permet d’aboutir à des propositions sensées et sur mesure. » La rencontre entre Veja et Ciguë était donc prometteuse. Au 15, de la rue de Poitou (IIIe), dans le Marais, l’espace de 80 m2 occupe une avantageuse situation d’angle. Le premier acte a consisté à déconstruire les lieux pour révéler l’existant. Les murs ont retrouvé leur intégrité brute, le sol en bois debout de l’ancienne boutique japonaise Pas de Calais a été conservé. Seul le strict nécessaire a été ajouté pour que le design ne prenne jamais le pas sur les baskets. Dans cette coque minimaliste, tout le mobilier est sur mesure : un banc, des tabourets, un podium central en béton cellulaire ainsi que des étagères. Ces dernières associent à une structure en acier des plaques en plâtre et en papier compressé sans oublier un éclairage délicat et invisible. Autant d’éléments façonnant « une toile de fond neutre, mais qui raconte une histoire », résume Hugo Haas de Ciguë.

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Veja. 15, rue de Poitou, 75003 Paris. Tél. : 01 42 50 09 22.


Cider Edition Mobilier pour les espaces et usages de demain

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ID-NEWS ART

Des femmes, des voyages et des fleurs Trois expositions, trois voyages à travers le végétal, le lumineux et le liquide dans toute la France. Par Sabrina Silamo

Éclosion de fleurs à Bordeaux

Avis de grand frais à Caen

Voyage initiatique à Toulouse

Qui dit Narcisse pense davantage au héros mythologique qu’à la fleur aux pétales blancs ou jaunes. Cependant, du Caravage à Pierre et Gilles, nombreux sont les artistes qui l’utilisent comme une délicate messagère afin d’évoquer des problématiques écologiques et sociopolitiques. Passant outre l’attrait purement décoratif, ils multiplient les points de vue de « l’intime au cosmos […], entre le masculin et le féminin, la pensée et la matière, la raison et les sens », souligne le catalogue. En témoigne une centaine d’œuvres (peintures, dessins, photos, vidéos ou installations) qui étoffent un parcours organisé en douze étapes, dans lequel se distinguent les fleurs monumentales et carnivores d’Alain Séchas, érotiques de Robert Mapplethorpe, immergées d’Hicham Berrada, polémiques de Suzanne Husky ou narratives d’Yto Barrada…

« C’est du Finnmark et de la Norvège du Nord dont je rêve. La lumière me met en extase. Elle se présente par couches et donne une impression d’espaces différents qui sont en même temps très, très près et très, très loin. » Quand Anna-Eva Bergman (1909-1987) fait cette déclaration, il y a déjà plus de quinze ans que cette figure incontournable de l’abstraction – épouse de Hans Hartung – est revenue de son dernier périple au cap Nord. Elle se souvient des fjords, des glaciers, des horizons et surtout de la lumière qu’elle tente de capter à travers de grandes séries où se mêlent la peinture et les feuilles de métal. Simplification des formes, gamme colorée restreinte… son vocabulaire plastique est le reflet de ses réflexions sur l’art et la philosophie. Conçue comme un récit de voyage, cette exposition présente 80 œuvres sur toile, sur bois ou sur papier, réunies pour la première fois.

C’est aux Abattoirs de la Ville rose que Laure Prouvost (née en 1978) installe son pavillon, qui, l’été et l’automne derniers, représenta la France à la 58e Biennale d’art de Venise. Intitulé Deep See Blue Surrounding You / Vois ce bleu profond te fondre, ce road trip surréaliste, tourné de la banlieue parisienne à la cité des Doges, permet à l’artiste de rencontrer des prêtres, des instituteurs ou des rappeurs qui tous s’expriment selon des talents distincts : danse, musique, magie… Son ambition ? Aborder les questions de différences de générations et d’identités et les faire disparaître dans un univers liquide, « le ventre d’un animal tentaculaire inconnu, pour trouver qui nous sommes », un monde postmoderne dans lequel « hommes, femmes, jeunes, vieux, d’origine française ou étrangère » communiqueraient sans se juger. Une installation immersive enrichie des objets vestiges du film.

N° 54-1978 TROIS SOLEILS III (DÉTAIL) D’ANNA-EVA BERGMAN.

DEEP SEE BLUE SURROUNDING YOU / VOIS CE BLEU PROFOND

COURONNE D’OXALIS, SÉRIE « IRIS TINGITANA », 2007, D’YTO BARRADA. © JEAN-CHRISTOPHE GARCIA

— « Narcisse ou la floraison des mondes ». Au FRAC Nouvelle-Aquitaine MÉCA, à Bordeaux (33), jusqu’au 21 mars. Fracnouvelleaquitaine-meca.fr

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— « Passages. Anna-Eva Bergman ». Au musée des Beaux-Arts, à Caen (14), jusqu’au 1er mars. Mba.caen.fr

TE FONDRE, 2019, DE LAURE PROUVOST. © GIACOMO COSUA

— « Laure Prouvost ». Aux Abattoirs, à Toulouse (31), du 24 janvier au 7 juin. Lesabattoirs.org


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13 AIX-EN-PROVENCE AU FIL DES MATIÈRES - 13 MARSEILLE SÉRIÈS DÉCORATION - 16 L’ISLE D’EPAGNAC NUANCES UNIKALO - 22 MINIHY-TREGUIER AR DÉCO - 30 NIMES THEROND DÉCORATION 31 TOULOUSE FLANELLE DÉCORATION - 35 FOUGÈRES PINTO ET FILS - 35 RENNES / MONTGERMONT VBA DÉCORATION - 35 SAINT-MALO FOUGERAY - 36 CHATEAUROUX BARRAUD - 37 CHAMBRAY-LÈS-TOURS DÉCOR 37 38 ECHIROLLES CAP COLOR - 42 SAINT-ETIENNE SIGNE INTÉRIEUR - 42 SAINT-GENEST-LERPT EPARVIER - 42 SAVIGNEUX CAPAROL CENTER SAGRA - 45 ORLÉANS CPPO BCL DÉCOR - 51 REIMS HALL DU PAPIER PEINT 53 CRAON STÉPHANE COTTEVERTE - 53 LAVAL COLORISME - 53 LAVAL/CHANGÉ INFINI LEGNO - 54 NANCY NICOLE LHOTTE - 57 FAMECK P.P.M - 57 SARREBOURG MILDÉCOR - 59 LA MADELEINE ORMERAY 60 BEAUVAIS VA DÉCORATION - 62 ARRAS DELCROIX DÉCORATION - 62 SAINT-OMER LIONET DÉCOR - 64 BIARRITZ ITOIZ DÉCOR - 65 TARBES PÉLEGRY PEINTURES - 67 SELESTAT PROJART - 69 LYON SOLMUR CITY 69 LYON/CALUIRE ATELIER BITSCH - 69 VILLEURBANNE SOLMUR DISTRIBUTION - 73 CHAMBÉRY-VOGLANS COULEURS DE REV - 74 ANNEMASSE L’ATELIER DES PEINTRES - 75 PARIS AU FIL DES COULEURS 75 PARIS BHV MARAIS - 75 PARIS INFINI LEGNO PARIS - 75 PARIS RECA DÉCORATION - 75 PARIS VANDENBROUCKE - 76 BIHOREL LES ROUEN SOLMUR - 83 FRÉJUS LES DÉCORATEURS DU SUD - 85 LA CHÂTAIGNERAIE LOGIDÉCOR 85 LE POIRÉ-SUR-VIE DÉCOR PEINT - 92 ANTONY MARIETTE DFD - 92 NEUILLY-SUR-SEINE LA MAISON BINEAU - 94 MAISONS ALFORT INFINI LEGNO MAISONS ALFORT - 98 MONACO FASHION FOR FLOORS


ID-NEWS PHOTO

Claudia Andujar, tristes tropiques Par Béatrice Andrieux

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La rétrospective de l’immense photographe Claudia Andujar consacre une œuvre vouée à la défense des Yanomami, un peuple amérindien. Trois cents clichés ainsi que des dessins reflètent l’activisme de la Brésilienne d’origine suisse en faveur de la sauvegarde des traditions de la tribu indigène de l’Amazonie.

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arce qu’elle s’est toujours sentie responsable de n’avoir pu sauver ses proches du génocide contre les juifs, Claudia Andujar a trouvé la force de mener un autre combat qui donna un sens à sa vie : celui de la protection des Yanomami. Née en Suisse en 1931 et

installée au Brésil depuis 1955, elle rencontre la tribu pour un reportage en 1971. Le monde des Yanomami la fascine. Elle entame alors un travail photographique grâce à une bourse du Guggenheim. La fin des années 70 marque un tournant pour l’artiste avec la construction de la route transamazonienne par le gouvernement brésilien. La destruction des communautés indigènes et la propagation d’épidémies l’alertent. Face à ce génocide programmé, Claudia

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Andujar s’engage dans la lutte pour la défense des droits des Yanomami et la préservation de leur forêt en créant la Comissão Pro Yanomami (CCPY). Pendant quinze ans, elle va batailler pour délimiter leur territoire. Dans l’une de ses séries les plus célèbres, « Marcados », elle réutilise des images prises lors d’une campagne de vaccination : les Yanomami y portent un numéro autour du cou pour établir des fiches médicales. Une identification qui la relie à nouveau à sa propre histoire. Même si, en 1992, le gouvernement brésilien a reconnu légalement le territoire des Yanomami, celui-ci est par la suite menacé par des chercheurs

1/ Susi Korihana Thëri au bain (1972-1974), de Claudia Andujar. 2/ Claudia Andujar avec The Guardian, Londres (1989), de Robert Davis. © OXFAM

d’or et par la déforestation. La rétrospective proposée par la Fondation Cartier raconte cet attachement indéfectible à une tribu liée à la terre et au sens de la vie. Thyago Nogueira, qui a conçu l’exposition pour l’Institut Moreira Salles de São Paulo, révèle ici des images inédites. Le poignant manifeste audiovisuel, Genocide of the Yanomami: Death of Brazil (1989-2018), réalisé à partir d’archives photographiques portées par des chants yanomami envoûtants, signe le triste déclin d’une culture amérindienne brisée par les intérêts du monde occidental.

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« Claudia Andujar, la lutte yanomami ». À la Fondation Cartier pour l’art contemporain, à Paris (XIVe), du 30 janvier au 10 mai. Fondation.cartier.com


Green Une collection de couleurs authentiques du National Trust comprenant les teintes originales des maisons de Winston Churchill, Georges Bernard Shaw et Beatrix Potter. Disponible Maintenant.

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ID-NEWS TABLES PARIS

Au goût du jour La chance sourit aux audacieux et l’endurance permet de tenir la distance. Élevées sous les étoiles, deux cheffes ont repris leur liberté pour ouvrir leur restaurant tandis qu’une institution parisienne continue d’écrire son histoire.

En tête de la course

Bonnes sources

Retour en grâce

— Pouliche. 11, rue d’Enghien, 75010 Paris. Tél. : 01 45 89 07 56. Poulicheparis.com Menus déjeuner 28 €, dîner 55 €.

— Origines. 6, rue de Ponthieu, 75008 Paris. Tél. : 09 86 41 63 04. Origines-restaurant.com Menus déjeuner 44 €, dégustation 85 €.

— Drouant. 16-18, place Gaillon, 75002 Paris. Tél. : 01 42 65 15 16. Drouant.com Menus déjeuner 46 €, dîner 59 €.

Arrivée bride abattue dans ce quartier d’anciennes écuries déjà bien monté en tables trépidantes, Pouliche a bravé les obstacles inhérents à toute ouverture. À l’avant-poste, un bar où cocktails et rhums premium s’imposent en dadas maison. Question décor, l’Atelier UOA a revampé ce paddock : parquet rebooté, pierres, poutres et briques à cru, velours bleu nuit et arches terracotta. À l’instar d’Amandine Chaignot, cheffe spontanée, naturelle, capée en palaces entre Paris et Londres, une cuisine joyeuse chevauche la saison, se harnache au local bien sourcé, parie sur une mise en selle partageuse (comprenez les entrées), un tiercé de plats volubiles et des desserts généreux –¿à noter, le diabolique biscuit noisette-huile d’olive de Margaux Baju, cheffe pâtissière à suivre. Le mercredi, c’est veggie, et le dimanche, «¿plat des familles¿». Galop d’essai réussi pour une adresse pur-sang.

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© MATTHIEU SALVAING

© BENEDETTA CHIALA

© PIERRE LUCET PENATO

Par Nathalie Nort

Se nourrir du passé pour conjuguer le présent, Julien Boscus sait faire. Lui qui cultive ses origines aveyronnaises (à Conques, dans le restaurant familial) et un parcours crescendo auprès d’étoilés (Meneau, Anton, Garrigues, Alléno période Meurice, Gagnaire à Séoul) sait soigner l’origine des produits qu’il travaille. « Sans producteurs et éleveurs épris de qualité véritable, pas de cuisine sincère et juste. Tout est question de bon sens et de respect », affirme ce chef passionné qui privilégie autant ses clients que ses fournisseurs. Sa carte, nullement figée dans les conventions, en témoigne, comme le talent des jeunes sommelière et pâtissière de sa brigade, Olivia Thalgott et Laura Vervoort. Pour ce premier lieu, l’architecte Caroline Tissier (L’Ours de Jacky Ribault, à Vincennes, c’est elle) a joué une partition chaleureuse –¿baies vitrées, tables en noyer, bleu nuit et luminaires cuivre.

Quelques mois après l’acmé littéraire du Goncourt, retour sur l’institution qui accueille l’académie, relookée à la faveur d’un changement de propriétaire : avec ce restaurant historique, les Gardinier étoffent, après Le Taillevent, à Paris, et Les Crayères, à Reims, leur prestigieux portfolio. « Aux cartes blanches, je préfère le dialogue avec l’histoire du lieu », confie l’architecte d’intérieur Fabrizio Casiraghi. De fait, pas question de trahir l’architectonique années¿30 de Jacques-Émile Ruhlmann, dont le fameux escalier trône en majesté. Les boiseries chères à Cocteau et les célèbres salons de l’étage –¿le Renaudot notamment¿– s’animent des fresques de Roberto Ruspoli. Cent ans après que Proust a été ici distingué, le Milanais a réinventé ce décor dans le ton d’alors mais sans pastiche. Un peu comme la cuisine, qui a retrouvé son pli bourgeois impeccable sous l’impulsion du chef Émile Cotte.


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L’univers des Balkans Par Nathalie Nort

Un nouvel établissement dans la Nouvelle Athènes ? Tout en cochant les cases de l’hôtellerie trendy, Le Ballu prend pour inspiration un pays imaginaire. Mais passer la frontière ne nécessite aucun passeport. Entrez !

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ans un quartier qui connut son lot d’artistes et de salons littéraires, la discrète rue Ballu (IXe) occupe encore une place à part, presque en apesanteur de la vie parisienne. Alexandre Dumas fils, Émile Zola et Alfred Jarry y vécurent en leur temps. Tous

contèrent l’époque et leurs contemporains à l’aune d’une bulle bourgeoise et effervescente, en marge des boulevards. Aujourd’hui, Julia et Thomas Vidalenc, familiers de projets hôteliers prestigieux (l’Hôtel de Sers notamment), entament un nouveau chapitre professionnel en ouvrant le 4-étoiles de leurs rêves. La maîtresse de maison accomplie et l’architecte passionné de BD choisissent pour inspiration de convoquer la Syldavie et la Bordurie, ces pays imaginaires peuplés d’apparatchiks et de monarques d’opérette, tels que rencontrés dans Le Sceptre d’Ottokar ou L’Affaire Tournesol. Derrière l’insolite façade néoflamande de 1891, que n’aurait pas reniée Hergé, et sans toutefois souscrire à la narration trop folklorique d’un club tintinophile, le clin d’œil porte ici sur cette esthétique des Balkans, période Guerre froide, tout en jouant la carte de l’éclectisme et de la couleur. Tapisserie « relais de chasse », plafonnier-planétarium moderniste et rééditions d’assises signées Niko Kralj, Józef Chierowski ou Roman Modzelewski – designers d’un XXe siècle slave, redécouverts bien au-delà de leurs origines slovène et polonaise –, l’agencement du restaurant et du bar, installés dès l’entrée, s’inspire d’une ligne claire bardée de bois, comme des traits dans des cases. Au détour des étages, les 37 clés donnent accès à un nuancier profond (lie-de-vin, jaune canari, émeraude, bleu de Prusse), tandis que les bains cèdent à la tendance terrazzo. Deux appartements, six suites junior et cinq

Une palette de couleurs intenses, profondes, un mobilier qui privilégie le confort au glamour, soutenu par des lignes sobres à tendance slave du XXe¿siècle, on est dans un hôtel particulier du IXe¿arrondissement, tenu par un couple fan de bande dessinée. Restaurant, piscine, terrasses donnant sur les toits de Paris… l’occasion d’expérimenter un certain art de vivre intérieur. ©¿CLAIRE ISRAEL

terrasses promènent leur regard vers le zinc et l’ardoise des toits. En bas, le couloir de nage et le sauna se privatisent. Les riverains n’ont eu aucun mal à investir la cour-jardin de cet hôtel particulier autrefois occupé par la Sacem et le Studio des Variétés, respectivement société d’auteurs-compositeurs et studio d’enregistrement. Le fantôme de la Castafiore en moins.

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Le Ballu. 30, rue Ballu, 75009 Paris. Tél. : 01 86 54 21 21. Leballu-paris.com



ID-NEWS HÔTEL RÉGION

Oiseau rare Par Nathalie Nort

À Méribel, Charlotte Perriand lança le design alpin et vernaculaire dès les années 30. Aujourd’hui, c’est à un autre architecte d’intérieur incontournable, Pierre Yovanovitch, que les Maisons Pariente ont confié le soin d’y créer leur chouette chalet skis aux pieds, Le Coucou.

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vec la famille Pariente, à l’origine de ce projet fou, l’envie s’est vite portée sur une atmosphère “happy”. Ainsi, des couleurs, certes rabattues, qui s’invitent partout, jusqu’aux espaces appelant au partage et à la convivialité, tout offre ici

un remède à la morosité. C’est amical, intemporel et décontracté », prévient Pierre Yovanovitch au sortir du chantier de dix-huit mois. Car sous l’aile de cet oiseau typique auquel le 5-étoiles emprunte nom et logo, l’architecte d’intérieur a eu carte blanche pour réécrire une montagne luxueusement décalée. Mission pour laquelle cet autodidacte issu de la mode, skieur et chineur chevronné, passionné d’arts décoratifs comme de paysage, semblait tout désigné. Fidèle à un style qui slalome entre sobriété et audace, ce Coucou force le respect dans sa volonté de multiplier les détails sur mesure. Patères tête de chouette, luminaires glaçon, tablette pattes d’oiseau, chaise hibou, appliques en céramique rétro, pas moins de 230 typologies d’objets ont été dessinées pour l’hôtel, complétées de mobilier connu (fauteuil Bear, chaise Mad…), de pièces vintage, voire issues de la collection personnelle de Patrick Pariente. Les accrochages, confiés à Amélie du Chalard (Amélie Maison d’art), ont la même pertinence. Pour terrain de jeu, 55 chambres (dont 39 suites et deux chalets indépendants, mais intimement connectés) s’ajoutent aux deux restaurants, au Kid’s Club, au Teen’s Lab, à la Ski Room, au spa Tata Harper prolongé d’une piscine intérieure et extérieure. Dès le lobby, la volumineuse coupole peinte par Matthieu Cossé donne la mesure de ce chalet de dix étages, qui

© JEROME GALLAND

épouse harmonieusement la pente du quartier chic du Belvédère, au sommet de la station.

Le Coucou. 464, route du Belvédère, 73550 Méribel Les Allues. Tél. : 04 57 58 37 37. Lecoucoumeribel.com

Une hauteur de vue qui s’apprécie aussi bien en terrasse, au bar lounge ou au restaurant de viandes d’exception – le Beefbar, concept international de Riccardo Giraudi, pour son unique adresse montagnarde –, tout en réenchantant les codes des sports d’hiver avec bonheur.

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Pour vivre les sports d’hiver en mode tribu, Le Coucou permet à cinq chambres et suites communicantes (sur un total de 55 clés) de connecter jusqu’à 17 personnes. Mais aussi de privatiser deux chalets indépendants (de quatre chambres chacun).



ID-NEWS TABLES RÉGION

Girl power en cuisine Elles tracent leur voie dans un monde communément masculin, donnent du bonheur aux gens autour d’une table, décrochent souvent la lune et, en retour, quelques étoiles. Cet hiver, trois cheffes brillent sur les pentes des Alpes et trustent le top du classement hôtelier.

© NICOLAS BUISSON

© AUBERGE DE FLORA

Par Nathalie Nort

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Étoile de Provence

Ode à la Jòia

Auberge haut perchée

« Le succès d’une cuisine tient à sa dimension humaine », se réjouit Fanny Rey. La cheffe, étoilée chez elle à Saint-Rémy-deProvence (13), prend ses quartiers d’hiver à La Sivolière, emmenant en haut des cimes neuf personnes de sa brigade – dont Jonathan Wahid, son chef pâtissier de mari. Un esprit de famille entretenu avec brio par la maîtresse de maison 5 étoiles, Florence Carcassonne, en marge des tropismes de Courchevel. Outre un menu « 1850 », cuisine versée dans une écologie gourmande, l’ex-finaliste de Top Chef propose aussi une « Expérience » pour 12 couverts. Un menu en sept ou dix séquences où le sage terroir alpin se décoiffe au mistral des Alpilles. Dans ses bagages, huile des Baux, foin de Crau, aiguilles de pin ou bois d’olivier apportent leur note provençale à chaque dressage. Et une même orfèvrerie culinaire ensoleille les desserts.

En 2019, Hélène Darroze plaçait la barre haut : à peine son Jòia du Sentier mis sur orbite, elle tournait Top Chef, rouvrait Marsan (son « gastro » parisien), rénovait le Connaught (sa table londonienne 2 étoiles), tout en étant mère. Un don d’ubiquité que la collection hôtelière Les Airelles met à l’épreuve en lançant une nouvelle demeure, Mademoiselle, à Val-d’Isère. Là, ce Jòia bis décroche la timbale par le biais « d’une rencontre coup de cœur avec Séverine Pétilaire-Bellet (DG des Airelles, NDLR), une envie de partage et de générosité », prévient l’ambassadrice de l’authenticité basco-landaise, qui s’acclimate aux alpages. Une comfort food d’après-ski – terrines, cocottes, short ribs de bœuf Angus ou poulet brioché de foie gras –, qui se termine en ode à la joie, un buffet de 18 desserts avec mille-crêpes, pavlova et savarin en haut du podium.

Depuis dix ans, en avril, on est à peu près certain de trouver Flora Mikula au Challenge des chefs étoilés, une manifestation de ski (!) qui réunit Édouard Loubet, Christophe Aribert, Jean Sulpice, Emmanuel Renaut… L’an dernier, à Megève, la skieuse en herbe imaginait déjà, avec les équipes du groupe Millésime, comment donner corps à un futur nid alpin où sa cuisine tiendrait une place centrale et fédératrice. Depuis, l’hôtel a opéré sa mue et inaugure trois lieux : en haut, le bar panoramique, ses cocktails et ses tapas ; en bas, La Chocolaterie, avec canapé, cheminée, chocolat chaud et gâteau de Savoie ; puis, après-ski à l’anglaise avec scones et pie salée ; enfin, à l’auberge de Flora, version montagne, on partage un énorme soufflé, un pot-au-feu et le végétal n’y est pas une punition. C’est chaleureux, hyper-gourmand et accessible.

— La Sivolière. Rue des Chenus, 73120 Courchevel. Tél. : 04 79 08 08 33. Hotel-la-sivoliere.com Menus 190 € ou 250 €.

— Jòia pour Mademoiselle. Rue des Téléphériques, 73150 Val-d’Isère. Tél. : 04 79 22 22 22. Airelles.com À la carte, environ 75 €.

— Grand Hôtel Soleil d’Or. 255, rue CharlesFeige, 74120 Megève. Tél. : 04 50 34 31 06. Lesoleildor-megeve Menu dîner 49 €.


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ID-NEWS BOOKS

Par Marie Godfrain

Une brève histoire du design

Un héros trop discret

Couleurs majeures

Le Design, des années pop à nos jours, d’Anne Bony, Larousse, 240 p., 30 €.

Pierre Legrain, de Laurence Salmon, Norma Éditions, 336 p., 85 €.

Couleurs Sarah, de Sarah Poniatowski-Lavoine et Emmanuelle Javelle, Chêne, 256 p., 29,90 €.

Discipline en perpétuelle mutation depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le design investit sans cesse de nouveaux champs d’application. L’historienne Anne Bony rend compte de cette révolution des formes, des usages et des matériaux dans un ouvrage imaginé comme une suite de biographies, de 1945 à nos jours. D’Eero Aarnio à Sori Yanagi, chaque portrait est l’occasion de contextualiser une œuvre par un texte bien senti et des illustrations de projets phares mettant en valeur la démarche du créateur.

À la croisée des styles et des disciplines, Pierre Legrain (1889-1929) est resté injustement méconnu jusqu’à ce que la journaliste Laurence Salmon se penche sur l’histoire de cet acteur de la modernité des années 20, décédé trop tôt à l’âge de 40 ans. Son ouvrage est l’occasion de découvrir l’incroyable piano en verre de ce génial touche-à-tout ou son canapé podium asymétrique… Avec ce designer et relieur, un mélange de rigueur et d’exubérance prend le pouvoir des intérieurs des collectionneurs de l’époque.

Pour évoquer son travail d’architecte d’intérieur, Sarah Lavoine parle de « posologie chromatique ». Une ordonnance qu’elle délivre dans cet ouvrage « à l’usage des coloristes débutants ». Du blanc craie au bleu nuit, elle nous invite à plonger dans les couleurs de notre époque, raconte ce que chacune lui évoque puis parsème son récit de conseils pratiques pour les marier entre elles, illustrés de photos d’inspirations révélant tout ce qu’une teinte peut contribuer à apporter à une atmosphère.

Design de consommation

Élégance italienne

À l’origine…

Ted Eron Designed That, de Joseph B. Eron et Elizabeth Eron Roth, Glitterati Lond, 256 p., 42 €.

Achille Salvagni, collectif, Rizzoli, 272 p., 65 €.

Things That Go Together, de Michael Anastassiades, Apartamento, 132 p., 55 €.

Ted d Eron Eron e g e T at Designed That

Joseph Eron s h B. Er on z be r n Roth and E Elizabeth Eron

Il fut l’un des héros de l’ère des Mad Men, ces publicitaires qui accompagnèrent la société de consommation naissante et définirent l’esthétique des années 50 et 60. Largement oublié depuis, Ted Eron est enfin réhabilité dans cet ouvrage qui recense les logos et packagings qu’il dessina, comme ceux de la colle Elmer’s, sans compter les bonbons Reese’s au beurre de cacahuète… La chronique d’une vie, portée par une maquette aux accents vintage et aux illustrations inspirantes...

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Un sens unique de l’harmonie nourri par un goût pour les teintes sourdes… Achille Salvagni enchante ses clients avec des projets d’une grande élégance, mêlant pièces du XVIIe siècle, art contemporain, savoir-faire et design actuel. Avec lui, pas de clash, tout n’est que discussion raffinée entre styles et époques, qu’il décline aussi bien dans son appartement romain que dans des intérieurs, à Londres ou Palm Beach. Cet ouvrage invite à découvrir un créateur méconnu du public français à travers les projets les plus significatifs de son style.

Assemblages de galets, paysages composés d’objets glanés dans la nature… Plus que n’importe quel designer, Michael Anastassiades observe son environnement, naturel ou urbain, pour imaginer des formes uniques… Cette monographie, éditée pour la rétrospective que lui a consacré le NiMac de Nicosie, sa ville natale, est l’occasion de revenir sur la richesse de l’univers de ce Chypriote basé à Londres et de découvrir des installations qui mettent en avant son travail sur la lumière et ses jeux d’équilibre (lire p. 74).



Contemporary design parce que quand c’est beau, c’est mieux !


Shell

Capo

Barcelona

(Hans Wegner / Carl Hansen & Son)

(Doshi & Levien / Cappellini)

(Ludwig Mies van der Rohe / Knoll)

Masters

Vegetal

Swan

(Philippe Starck / Eugeni Quitllet / Kartell)

(Erwan et Ronan Bouroullec / Vitra)

(Arne Jacobsen / Fritz Hansen)

Acapulco

Up 5 & 6, La Mamma

RAR

(BOQA)

(Gaetano Pesce / B&B Italia)

(Charles et Ray Eames / Vitra)


ID-ENTRETIEN

« Si ce que fait un designer ne dit rien aux gens, c’est qu’il ne s’agit pas d’un bon produit. » Michael Anastassiades, designer

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À 53 ans, le Chypriote Michael Anastassiades s’est défait de son image flatteuse, mais un peu réductrice, de magicien du luminaire. S’il l’est toujours pour son propre label, comme pour l’éditeur italien Flos (pour qui il a signé ce cercle lumineux de la collection « Arrangements »), de nouvelles collaborations révèlent l’étendue de ses capacités, du mobilier au sac à main en passant par la Hi-Fi. © FLOS


ID-ENTRETIEN

Designer de l’année du salon Maison & Objet 2020, le Chypriote Michael Anastassiades a fondé son studio à Londres en 1994. Il s’est fait connaître avec des luminaires ultra-graphiques pour son propre label ou pour l’italien Flos. Mais il s’est imposé bien au-delà, avec par exemple une table pour Cassina, le système Hi-Fi Beosound Edge de Bang & Olufsen ou un sac à main pour Valextra. Un expert en tout ! Propos recueillis par Guy-Claude Agboton

Votre travail doit-il être explicité ? Je ne crois pas qu’il faille nécessairement l’expliquer. Le plus important, c’est de laisser le produit parler de lui-même. Si ce que fait un designer ne dit rien aux gens, c’est qu’il ne s’agit pas d’un bon produit.

Le design industriel doit-il être soumis à la critique comme l’est le monde de l’art ? Je crois à la critique. Elle est très importante pour resituer un objet dans son contexte historique. C’est même capital, parce que sévit dans le design une certaine tendance à appréhender les objets de façon superficielle. Souvent, l’originalité est relative. De plus, les critiques, les journalistes, voire le public, ne font parfois que célébrer le produit, hors de toute référence. Les critiques doivent remettre tout cela en perspective.

Qu’avez-vous ressenti à l’idée d’être le Designer de l’année de Maison & Objet 2020 ? J’ai pris cela comme un honneur tout en étant assez surpris. C’est toujours agréable d’entendre que des gens vont vous célébrer. Maison & Objet est une manifestation qui m’est familière, je m’y suis très souvent rendu. Une telle nouvelle vous donne illico le sourire.

Qu’allez-vous montrer au salon Maison & Objet ? « Mobile Chandeliers », une collection de lampes que je réalise depuis une dizaine d’années, mais présentée comme une expérience, pas comme un produit commercial. Cette installation, hors de tout contexte décoratif, comprend treize de ces chandeliers mobiles, suspendus dans une relative pénombre. Chacun, équipé d’un petit moteur, tourne lentement sur lui-même…

Avant le design, vous avez étudié le génie civil. Pour quelle raison ? Depuis l’enfance, au contraire de mes parents, je voulais faire quelque chose de créatif. Eux pensaient que pour avoir un travail sérieux, il fallait étudier quelque chose de concret. Le métier d’ingénieur civil leur a semblé un bon compromis. J’ai suivi ce cursus jusqu’au diplôme, avec l’idée de me réorienter après, ce que j’ai fait quand j’ai découvert le Royal College of Art (RCA), à Londres : mes études d’ingénieur finies, je me suis dirigé vers le design.

Étiez-vous un enfant curieux des objets en particulier ? Oui, je m’y suis toujours intéressé, mais en premier lieu à ce qu’offrait la nature. Je possède aujourd’hui une très importante collection de pierres, qui remonte à cette époque et que je continue d’enrichir. Une véritable obsession.

Le mot « design » a-t-il tôt signifié quelque chose pour vous ? Voulant devenir artiste avant tout, je n’avais

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1/ L’équilibre poétique de la lampe Copycat (Flos) est loin de faire pâle figure au côté de la Bertoia Chair (Knoll). © BEPPE BRANCATO 2/ Pour l’installation qu’il présente à Maison & Objet 2020 en tant que Designer de l’année, Michael Anastassiades a choisi ses « Mobile Chandeliers », ici le no 13.

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pas vraiment de discipline précise en tête pour réaliser ce désir. Plus tard, en découvrant le design lors de mes études à Londres, j’ai pris conscience de ma passion pour les objets. Me diriger vers cette discipline s’est imposé comme une évidence.

Quelle était l’atmosphère du Royal College of Art : académique ou effervescente ? Je ne portais aucun jugement de la sorte. Je voulais simplement évoluer dans un environnement créatif. C’était ma première occasion d’y parvenir. De plus, les liens entre les disciplines encourageaient à intégrer différents départements en même temps. La possibilité de faire ces essais était ce qu’il y avait de plus excitant pour moi.

Une fois votre studio fondé, vous destiniez-vous uniquement aux luminaires ? Je venais de terminer mes études depuis un an quand j’ai créé mon studio. Je pensais alors que deux années d’apprentissage du design au niveau d’un Master n’étaient pas suffisantes pour définir ce que je comptais concevoir et dire dans cette discipline. Installé en indépendant, j’ai d’abord examiné quel était mon idéal en la matière. Je voulais faire de mon studio une plateforme de recherche. J’expérimentais beaucoup. Les pièces produites à cette époque ont d’ailleurs été exposées dans plusieurs musées


3/ L’étagère en marbre T-Square (Coedition, 2014), en équilibre parfait, simplement tenue par son ruban de laiton. © NICOLAS MILLET 4/ En 2019, le fauteuil N.200, chez Gebrüder Thonet Vienna, a remporté, à peine sorti, un Archiproducts Design Award.

dans le monde. Elles étaient très différentes de celles d’aujourd’hui. J’essayais de résoudre des problèmes plutôt que de réaliser des produits destinés à être commercialisés. Plus tard, pour être totalement libre, j’ai créé ma propre marque de lampes.

Le passage du luminaire au mobilier, était-ce votre choix ou le résultat de commandes ? Mon travail expérimental après le diplôme portait déjà beaucoup sur le mobilier et les objets. Certains programmes avaient aussi à voir avec l’électronique. Mon projet de fin d’études, au RCA, était une sorte de mug permettant à des personnes partageant le même toit de se laisser des messages. J’ai continué de développer des propositions interrogeant le rôle de l’électronique dans notre vie. J’ai également créé des lampes et du mobilier pour mon usage personnel. Je devais meubler ma maison mais n’en avais pas forcément les moyens. De plus, même parmi les choses que j’aimais, il n’y avait pas toujours ce qui correspondait à mes besoins. Je trouvais donc mieux de les concevoir ou de les produire moi-même. C’est comme cela que j’ai commencé à faire du mobilier.

Vraiment ? Oui, réaliser mes meubles revenait à poursuivre l’expérimentation. C’était il y a longtemps… Ce n’est que depuis ces cinq dernières années que j’ai l’occasion de créer du

Cassina, Dansk Møbelkunst, Bang & Olufsen… vos projets sont très variés, bien que vous n’insistiez pas sur ce sujet !

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mobilier pour des éditeurs. Le premier a été Herman Miller. Je collabore désormais avec Cassina, Gebrüder Thonet Vienna ou B&B Italia. Ces projets diffèrent de ceux que je réalisais au milieu des années 90. Il est aussi arrivé qu’une personne travaillant pour un label repère l’un de mes objets et le produise.

L’étagère T-Square, en marbre et laiton, éditée par la marque française Coedition, date justement du début de cette dernière période… Oui, c’était au tout début. Je concevais des luminaires pour Flos et réalisais beaucoup de lampes sur mesure quand Samuel Coriat (fondateur d’Artelano, puis cofondateur de Coedition avec son fils et Paul Silvera, NDLR) est venu me dire qu’il aimait ce que je créais et m’a demandé de dessiner quelque chose pour lui. J’ai pensé que c’était une très belle invitation et l’occasion de faire autre chose que du luminaire.

Votre carrière a-t-elle connu un tournant majeur, un décollage ?

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Je n’ai ressenti aucun grand décollage. Les choses se sont développées progressivement et très graduellement. Réaliser quelque chose de substantiel prend du temps. Dans le design, j’ai toujours eu l’impression de suivre un parcours lent, qu’il s’agisse de mon inspiration ou de la façon dont je voulais que les choses adviennent.

C’est vrai. J’ai eu ces dernières années la chance incroyable d’éprouver mes compétences en matière de design avec des projets très différents. De Bang & Olufsen à Valextra, pour qui j’ai dessiné un sac à main, en passant par la ville de Londres avec la conception d’une fontaine à eau potable… J’ai ainsi pu ne plus être uniquement un designer de luminaires et montrer que ma philosophie n’est pas circonscrite à un seul domaine. D’un objet à l’autre, c’est en un sens la vie elle-même qu’on appréhende.

Quel lien opère entre l’impact médiatique d’un produit et ses résultats commerciaux ? Les deux choses sont totalement indépendantes. L’impact médiatique ne reflète pas nécessairement le succès commercial. Parfois oui, d’autres non.

Créer des luminaires pour soi en même temps que pour d’autres, qu’est-ce que cela manifeste ? Que je dessine pour moi ou pour Flos, c’est à chaque fois une aubaine. Je ne sépare pas les deux. C’était très différent au début de mon label parce que personne ne voulait travailler avec un designer qui n’était pas célèbre. Une fois ma propre marque créée, diverses occasions m’ont été offertes. Flos a été le premier éditeur à s’intéresser à ce que je faisais. Collaborer avec eux me donnait encore plus de liberté… et à un niveau inédit ! Avec Flos, j’ai pu produire les choses en quantités plus importantes et avec des investissements conséquents. L’intérêt majeur de travailler avec de grandes sociétés, c’est, ne l’oublions pas, d’avoir accès à leur savoir-faire technique. Autre avantage non négligeable, ce type de collaboration m’a toujours permis d’apprendre quelque chose.

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1/ Atypique, la lampe de table IC Lights (Flos, 2014), ici en laiton et verre soufflé, est très vite devenue une icône. © GIUSEPPE BRANCATO 2/ Les lampes « Arrangements » (Flos, 2018) expriment parfaitement le souhait du designer de voir les usagers s’emparer de ses produits pour réaliser leurs propres compositions. © SANTI CALECA 3/ Premier meuble de Michael Anastassiades, le tabouret haut Spot (Herman Miller, 2016), en chêne ou noyer. © BEN ANDERS 4/ Nature, mature, Michael Anastassiades ne jure que par ce qui dure. Cet homme posé a enseigné le yoga plusieurs années. © EIRINI VOURLOUMIS 5/ Autre possibilité de composition graphique en toute liberté pour l’usager avec les String Lights (Flos, 2013). © GIUSEPPE BRANCATO 6/ Exposés à l’atelier Jespers, à Bruxelles, une maison moderniste de 1928, les « Mobile Chandeliers », graphiques comme des notes de musique.

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Pensez-vous préalablement à la destination d’un produit quand vous le concevez ?

Votre formation d’ingénieur civil vous a-t-elle aidé pour réaliser le Beosound Edge de Bang & Olufsen ?

Quand vous lancez un produit, il doit avoir sa propre vie. Vous ne pouvez plus en contrôler grand-chose. Tout se passe alors du côté de la façon dont les gens vont se l’approprier. Et il est important de savoir ce qu’il advient de lui après sa sortie. Selon moi, c’est même un moment clef. Ce que je peux conditionner, c’est simplement que l’objet puisse avoir sa propre vie. Je conçois donc des choses qui peuvent prendre place dans de nombreux endroits différents. Je veux que ces créations soient intemporelles et qu’elles affirment une identité, pas qu’elles soient reliées à la fugacité d’un moment.

Oui. Pourtant, après avoir fini ces études, j’ai constamment eu le sentiment de les fuir. En même temps, l’approche pragmatique qu’elles m’ont apportée, je l’ai toujours conservée. Je suis comme ça, je pense comme ça. L’ingénieur civil est quelque part en moi. (Rires.)

Une fois fini, le projet échappe donc à son concepteur ? Prenez, par exemple, la lampe String Light, que j’ai réalisée pour Flos. À travers elle, je fournis aux gens un projet qu’ils peuvent arranger à leur manière. C’est comme si je leur donnais un papier et un crayon pour dessiner. J’ai même conçu un livre illustrant les idées que les utilisateurs avaient sur la façon de tirer parti de ces éléments. Plus tard, via Instagram et les réseaux sociaux, j’ai reçu des messages de personnes qui aimaient ce produit et me montraient ce qu’ils en avaient fait. Souvent, ce n’était pas ce que je voulais voir… mais je réalisais que je n’avais aucun contrôle là-dessus. Nous devons accepter cette spontanéité de la part du public.

Les enjeux liés au développement durable permettent-ils encore de travailler comme auparavant ? Je crée de la même façon pour la bonne et simple raison que je souhaite faire des objets qui durent – et qui n’ont donc pas besoin d’être recyclés. J’utilise de vrais matériaux, bois ou métal, qui sont déterminants pour le développement durable. La philosophie de ma propre marque reposait déjà sur ces principes.

Y a-t-il un type de projets que vous souhaiteriez aborder ? Les projets sont toujours des surprises intéressantes. La plupart du temps, je n’attends pas du brief qu’il m’indique précisément le résultat final. Il y a un an, Valextra m’a proposé de concevoir un sac à main. Ce n’est pas le genre d’accessoires auxquels je pensais m’attaquer un jour. J’ai donc accepté ce défi. Je ne fais cependant pas partie de ces designers qui veulent dessiner de tout. Mais je me sens toujours très chanceux quand quelqu’un vient me demander quelque chose. C’est excitant d’avancer en terrain inconnu… Et puis être libre au sein de sa propre marque, c’est le rêve. Je prends donc de façon très positive tout ce qui se présente.

Votre sac à main pour Valextra semble intemporel, comme si vous étiez fidèle à vous-même sans courir après la nouveauté… Ma philosophie du design n’est jamais de choquer. Je préfère établir une certaine familiarité avec les choses que je conçois. Un

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7/ Clou technologique de la Paris Design Week 2018, l’enceinte Beosound Edge, réalisée pour Bang & Olufsen. On la roule le long du mur, le son monte. © BANG & OLUFSEN 8/ En 2019, pour Valextra, maroquinier culte milanais, Michael Anastassiades a dessiné Flute, un sac sans fioritures comme un classique.

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objet familier, c’est comme un très bon début de conversation. Le défi, c’est d’introduire ensuite un élément qui alimente cette conversation. Il est beaucoup plus facile de choquer. Mais le choc amorti, l’excitation disparaît… En fait, je préfère tout simplement ce qui dure.

Que devrait-on désormais modifier dans le domaine du design ? Produire sans arrêt des nouveautés nourrit un certain consumérisme qui n’incite pas à la réflexion. Les gens ne prennent même pas le temps de réfléchir avant d’agir. Nous avons besoin de passer par cette étape de questionnement avant de nous lancer dans la production.

Vous avez produit en édition limitée, cela vous intéresse-t-il encore ? Aujourd’hui, je m’engage moins dans ce mode de production, même s’il se révèle plus adapté pour l’expérimentation. Et bien que le public de ce type de design demeure restreint, créer avec un niveau de liberté différent, pas nécessairement commercial, peut être fécond. Je crois pourtant davantage à la production industrielle, qui induit des quantités plus importantes destinées à un plus grand nombre de personnes.

Êtes-vous optimiste ? Oui, je suis optimiste. Sinon je ne serais pas en train de faire ce que je fais. J’essaie de communiquer quelque chose. Si je ne pensais pas qu’il y a de l’espoir, je m’abstiendrais.

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© MACKENZIE WALKER

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1/ Carola Bestetti, la fille des fondateurs de Living Divani, Luigi et Renata Bestetti, a repris les rênes de l’entreprise familiale en 2004 et s’attache à perpétuer la tradition de luxe minimaliste chère à la marque. 2/ Cosy et fonctionnel, le sofa Extrasoft, signé Piero Lissoni pour l’éditeur italien, est composé de plusieurs modules, disponibles en tissu ou en cuir.

Living Divani cultive l’élégance Fondé en 1969 par Renata et Luigi Bestetti, l’élégant label italien se tient toujours à l’abri du design de trop. Avec Piero Lissoni à la direction artistique depuis trente ans, l’éditeur est devenu la voix du minimalisme expressif interprété par des designers respectueux de son ADN. Ce que nous explique Carola Bestetti, la fille des fondateurs, en charge du marketing et du développement des produits. Propos recueillis par Guy-Claude Agboton

Living Divani est une société familiale. Hasard ou résistance ? Le fait d’être une entreprise familiale n’est pas un détail. Mais la médaille a son revers. D’un côté, nous avons l’avantage de gérer nousmêmes ce que nos parents nous ont transmis. Mais de l’autre, c’est parfois plus difficile d’avoir à créer et à diriger en même temps. En tous cas, dans l’organigramme de Living

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Divani, vous ne verrez que des postes et des gens choisis par nous, pour que nous conduisions chaque étape du développement de nos gammes. Dans notre marché de niche, nous restons libres de discuter entre nous, sans la pression du résultat à court terme.

Qu’est-ce qui a le plus changé depuis votre arrivée en 2004 ? Au début, j’ai étudié de près la production, le marketing et les finances. Et étant chargée, justement, du développement des produits, j’ai misé sur Internet et les réseaux sociaux. Ce n’était pas si difficile, c’était encore tout récent. Pour mes parents, toujours actifs dans la société, appréhender tout cela était un défi, mais ils m’ont fait confiance. J’ai également initié de nouvelles collaborations avec des designers.

Et des collaborations qui durent… Un hasard ou un choix ? C’est voulu. J’ai toujours cherché des regards

neufs pour penser et monter des projets différents. Quand, par exemple, j’ai rencontré Junya Ishigami, je suis tombée amoureuse de ce qu’il avait présenté à la Triennale de Milan. J’ai ensuite accompagné son travail pour que sa créativité respecte la philosophie développée par Living Divani.

Que vous apporte le duo Junpei & Iori Tamaki ? Junpei est japonais, Iori est taïwanaise, leurs différentes approches nous enrichissent de perceptions et de sensibilités diverses.

Quel impact a eu pour vous la globalisation du marché ? Quand nous imaginons un produit, ce n’est pas pour telle ou telle cible, c’est pour une diffusion mondiale. Il doit donc être à facettes multiples. Qu’ils viennent de Chine, du Brésil ou d’Europe, nos clients forment un même groupe.


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3/ Une structure simple, des étagères sobres en bois et un parfait équilibre visuel caractérisent la bibliothèque Sailor, dessinée par David Lopez Quincoces. 4/ Tables d’appoint avec plateaux en marbre ou en bois laqué noir, collection « Pebble », de Lanzavecchia + Wai.

et le minimalisme Quel est l’aspect le plus délicat de votre rôle ? Le choix des produits à développer. Je ne me fie pas qu’à mon goût personnel ; j’en discute avec Piero Lissoni, notre directeur artistique. Tout se fait avec lui. Nous échangeons également avec mes parents et le département commercial. Le plus beau projet, c’est celui qui est fonctionnel et qui se vend. Les gens doivent comprendre nos choix. Je suis toujours à la fois anxieuse et excitée d’entendre les premières réactions de nos équipes, puis celles du marché. Le défi, pour moi, est de ce côté-là.

Comment travaillez-vous avec Piero Lissoni, D.A. de Living Divani ? Piero a commencé à travailler avec mes parents il y a trente ans. S’il n’était pas encore l’homme que vous connaissez aujourd’hui, il a refaçonné la société qui lui a aussi donné la possibilité de réaliser beaucoup de choses. Depuis, il s’est fait un nom que tous réclament.

Nous avons eu beaucoup de chance de le rencontrer tôt ! (Rires.) D’aucuns trouvent que ses créations se ressemblent, mais vous ne pouvez pas planter un pommier et récolter des poires ! (Rires.) Ce serait comme de demander à Picasso de faire un Tintoret. Piero nous connaît bien et notre ADN ne se dilue pas dans son aura.

Préférez-vous décliner des gammes existantes ou multiplier les nouveautés ? Cela dépend. Il existe tellement de produits qu’il vaut mieux développer certaines de nos collections. Si j’aime proposer des articles inédits, il sera bientôt plus compliqué de présenter sans cesse de nouveaux designers. Question de cohérence, parce que le marché ne peut pas non plus absorber autant de produits.

La presse veut toujours des nouveautés. Vous y pensez ? Oui, mais à force d’être régulièrement sollicités,

les consommateurs sont blasés. Pourquoi remplacer une référence qui n’a qu’un an ? Notre sofa Extrasoft de 2008 par exemple marche toujours, et une fois qu’il est « revampé » avec un tissu différent, les gens le croient nouveau. Un Salon de Milan tous les deux ans, ce serait bien !

Quel est le plus grand marché de Living Divani pour l’export ? L’Europe avec l’Allemagne, la France et la Belgique. L’Asie, avec la Chine, est le marché émergent le plus important. Nous nous développons également en Amérique du Nord.

L’élégance silencieuse de Living Divani, la revendiquez-vous ? Nous la revendiquons. Le calme et le silence, les choses élégantes participent de ce qui dure. Et cela convient à toutes sortes d’environnements, pour tout le monde, partout. Si vous croyez en ce que vous faites, les pieds sur terre, vous n’avez pas besoin d’en rajouter.

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1 1/ Hélène Veilleux, responsable couleurs et matières chez Citroën. © AUTOMOBILES CITROËN / JÉRÔME LEJEUNE 2/ et 4/ L’Ami One Concept est une citadine sans permis, très compacte,

De matières & de couleurs Designer de formation (école Duperré et Beaux-Arts), Hélène Veilleux a démarré sa carrière chez Habitat, au studio de design, avant d’intégrer le Groupe PSA, il y a vingt ans. En novembre 2014, Jean-Pierre Ploué, le directeur des styles du groupe, l’a nommée responsable des couleurs et matières chez Citroën. Un métier dont elle nous explique les contours. Propos recueillis par Olivier Reneau

Comment arrive-t-on dans ce métier ? Durant mes études, j’ai assisté à une présentation d’un designer couleurs et matières chez Renault, qui m’a marquée. Quelques années plus tard, je suis tombée sur une annonce proposant un poste similaire chez Citroën. Très vite, le travail m’a plu car les pistes de recherche sont vastes.

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C’est un métier peu connu… En design automobile, il y a trois grandes entités : le style extérieur, le style intérieur et le style couleurs et matières. On travaille tous de concert, mais notre entité se situe vraiment à la charnière des trois car nous intervenons sur l’intégralité du véhicule : des teintes des caisses au choix des moquettes, des finitions chromées aux revêtements des assises… ainsi que sur d’autres finitions : le grain d’une planche de bord, la perforation d’un cuir… Et, bien sûr, notre mission nous conduit à travailler avec les ingénieurs, les artisans selliers et les peintres intervenant dans la fabrication.

Comment s’organise votre studio au sein du style Citroën ? Nous sommes installés au centre technique PSA de Vélizy (Yvelines) dans un grand espace vitré exposé au nord pour bénéficier d’une lumière neutre. Nous disposons

de beaucoup de rangements pour stocker les échantillons de matières. Cette matériauthèque comprend toutes sortes de teintes, de couleurs de décor, de textiles, de cuirs ainsi qu’une collection d’ouvrages, y compris des magazines, et d’objets inspirants qui vont répondre à nos matières.

Y a-t-il un profil type de designer couleurs et matières ? La plupart de mes collègues sont issus d’une formation au textile. Mais il y a aussi des designers spécialisés dans la forme ainsi que des graphistes. Le studio se nourrit de toutes ces complémentarités. De la même manière, plusieurs nationalités (japonaise, colombienne, belge…) s’y rencontrent et assurent une belle diversité d’approches culturelles.

Comment les problématiques couleurs et matières composent-


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100 % électrique. © NICOLAS BLUCHE / ASTUCE PRODUCTIONS (PHOTO 2) 3/ Le 19_19 Concept : conduite autonome et confort exemplaire. Un « salon roulant » ? © AUTOMOBILES CITROËN

elles avec l’héritage de la marque ? Citroën est une marque qui cultive sa singularité. Son ADN est très axé sur le design produit, avec des silhouettes qui ont souvent été en rupture avec l’air du temps. Notre mission consiste à traduire cette audace dans le style couleurs et matières. Être là où l’on ne nous attend pas forcément.

Êtes-vous attentive aux tendances en matière d’ameublement ? On doit en permanence être en veille. Nous allons à Milan lors du Salon du meuble et nous visitons régulièrement des expositions pour ensuite échanger dessus. Aussi étrange que cela puisse paraître, notre créativité ne se nourrit pas de l’univers automobile. Elle puise son inspiration dans l’art, l’architecture, l’habillement… Car à l’instar de la mode, on n’exprime pas la même chose avec une veste anthracite qu’avec une veste à carreaux.

Les matériaux employés ne sont-ils pas néanmoins très différents de ceux destinés à l’espace domestique ? Toutes les matières que l’on retrouve dans un véhicule sont soumises à des tests de résistance drastiques, avec des contraintes devant répondre à des normes de sécurité élevées. Il faut aussi savoir qu’un véhicule doit rester neuf durant trois ans. Mais cela ne nous empêche pas de travailler avec des fournisseurs qui interviennent aussi dans la production de matériel électroménager et d’objets domestiques.

Couleurs, matières… qu’en est-il de la lumière ? Il y a une volonté chez nous de conserver une certaine luminosité dans nos habitacles. Nous maintenons par exemple l’emploi d’une couleur claire pour les montants de toit et les

pavillons tandis que la plupart des constructeurs ont opté pour des teintes foncées. En outre, nous assurons tout un travail de mise en lumière grâce à des « guides » fonctionnels, non décoratifs, qui mettent en valeur et surlignent une pièce pour un usage précis.

Les projets de voitures autonomes se développant, peut-on imaginer que l’habitacle va de plus en plus se rapprocher de l’intérieur d’un habitat ? Le projet du concept-car 19_19 illustre assez bien cette tendance. On a la sensation de retrouver un grand sofa à l’arrière et une méridienne pour le passager, qui viennent casser les codes habituels de l’automobile. Un concept-car permet justement d’expérimenter certaines hypothèses. Bien sûr, la mise en œuvre en série nécessite de nombreuses validations, y compris économiques.

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Pop Corn, l’éclat du grain Rencontre avec Pascal Pellen, cofondateur de Pop Corn, une société passée du négoce de design aux chantiers d’architecture intérieure. Il revient sur l’évolution de cette entreprise polymorphe. Propos recueillis par Olivier Waché

Comment l’aventure Pop Corn a-t-elle commencé ? Nous avons créé Pop Corn avec Florent Porte en 2006 pour constituer un catalogue exclusif de talents originaux dont nous voulions faciliter la diffusion sur le marché français. Mobiliers, luminaires et objets de curiosité... Après quelques mois, nous rassemblions déjà une cinquantaine de labels, parmi lesquels Droog, le légendaire collectif de Dutch Design. Nous sommes reconnaissants au salon Maison & Objet d’avoir offert dès nos débuts la vitrine professionnelle dont nous avions besoin pour nous faire connaître. Le succès fut immédiat.

Votre offre produits a-t-elle évolué ? En complément des labels que nous représentions, nous avons rapidement lancé sous notre marque propre une petite collection d’objets d’usage : c’est de là que viennent nos contenants en marbre, nos abat-jours en tressage de bambou, nos ampoules à

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filament, nos douilles en laiton massif et, bien sûr, la célèbre Lampe Bocal.

Pourquoi ne pas avoir ouvert une boutique ? C’est une question qu’on nous pose souvent. L’idée est en effet venue assez vite de présenter nos collections à l’année, dans le contexte d’un lieu à notre image, ouvert au public. Mais plutôt qu’une boutique, nous avons choisi pour cela la discrétion confortable d’un showroom de 450 m2, accessible à tous sur rendez-vous. Également un e-shop (Designdecollection.fr) qui donne un accès privilégié à nos principaux labels (DTile, Dirk Vander Kooij, Meier) et présente une sélection de pièces rares, introuvables ailleurs.

Dans votre parcours, DTile a marqué un tournant décisif. DTile a été la première solution d’architecture intérieure à rejoindre notre catalogue (DTile est un système innovant de carrelages courbes comprenant des coins, cornières, montures et des modules tels que cube, étagère, pot, rail, accroche-torchon, etc., NDLR). Peter Van der Jagt et Erik Jan Kwakkel, ses concepteurs, nous ont choisis comme partenaire commercial dès la création de leur atelier en 2009. Cela a été le point de départ de notre transition vers la conception

1/ De gauche à droite, Florent Porte, Stephan Bidoux et Pascal Pellen, le trio gagnant d’Intérieurs de Collection, trois professionnels issus du Dutch Design. 2/ Les carrelages courbes DTile, œuvre architecturale en kit de Arnout Visser, Peter Van der Jagt et Erik Jan Kwakkel, permettent des aménagements aussi fonctionnels que spectaculaires.


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et la mise en œuvre de projets, en interne ou en collaboration avec d’illustres confrères.

Avez-vous des exemples ? Les exemples sont nombreux ! En 2011, Philippe Starck adoptait DTile pour les sanitaires du restaurant Ma Cocotte, aux puces de Saint-Ouen. En 2014, le Palais de Tokyo faisait de même pour son restaurant Le Tokyo Eat. Plus récemment, en 2019, le duo Jouin Manku exportait DTile à Macau, pour les besoins d’Alain Ducasse.

Depuis quand Pop Corn fait-elle de l’architecture intérieure un métier à part entière ? En 2012, avec Stephan Bidoux, qui nous rejoignait à ce moment-là, nous avons créé notre propre studio (Interieursdecollection.fr) et nous sommes attelés à nos premiers chantiers résidentiels, essentiellement autour de Paris, car c’est là que nos équipes de construction sont basées. Si nous avons débuté par de petites surfaces – moins de 50 m2 –, nous nous concentrons désormais sur des projets de 80 à 200 m2 dont la marque de fabrique est l’optimisation des volumes et des circulations et le raffinement des moindres détails (réseaux cachés, portes invisibles, éclairages délicats, artisanat d’art, finitions impeccables). Nous offrons des prestations d’agencement

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et de décoration complètes, incluant nos marques partenaires (Dedar, Dornbracht, Flaminia, Flos, Gaggenau, Modelec, Modular, Sammode, La Seigneurie, Varela, Vola…), la fabrication de pièces sur mesure et, bien évidemment, tous les produits de notre catalogue exclusif.

Vous avancez sans bruit, est-ce un choix ? Nous avons une approche pragmatique de nos différents métiers et plutôt que de crier nos ambitions haut et fort dans tous les sens, nous préférons nous mettre à l’épreuve des faits et œuvrer dans la durée. L’important, c’est d’être légitime, de savoir faire, avant de faire savoir.

Où en êtes-vous aujourd’hui ? Notre activité se répartit ainsi : deux tiers du chiffre d’affaires proviennent du négoce de design et un tiers, de nos chantiers d’architecture intérieure. À terme, nous prévoyons d’inverser ce ratio.

Quels vœux formulez-vous pour l’avenir ? Renforcer encore notre légitimité, sans compromission, à l’égard des clients qui nous choisissent et des designers, artistes et artisans que nous soutenons. Aller parfois là où l’on ne nous attend pas, mais uniquement si nous y sommes utiles à quelque chose. Ne jamais faire pour faire. Viser l’essentiel, rester ludiques et voyager léger.

3/ La spécificité d’Intérieurs de collection ? Des finitions toujours impeccables et des contenus poétiques qui traduisent la personnalité de leurs auteurs, comme dans cette villa avec jardin, aménagée près du parc des Buttes-Chaumont dans le XIXe arrondissement de Paris. Les Moutons de Hanns-Peter Krafft (Meier) sont disponible sur l’e-shop de Pop Corn (Designdecollection.fr). 4/ Au-dessus de la table Melting Pot en matière plastique recyclée de l’artiste néerlandais Dirk Vander Kooij domine le lustre 85Lamps de Rody Graumans (Droog). Dans l’angle au sol, sculpture lumineuse Satellite de Dirk Vander Kooij. Chaise blanche de Richard Hutten et banc noir d’Ineke Hans (Designdecollection.fr). © INTÉRIEURS DE COLLECTION

Pop Corn. Tél : 09 62 16 96 06. Contact@pop-corn.fr Pop-corn.fr

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Un studio qui interroge l’avenir On ne présente plus le designer français Jean-Marie Massaud ! Même installé dans le sud de la France depuis plusieurs années avec sa famille, il a conservé à Paris son studio, où se concentrent son activité et son équipe. Centre névralgique, ce lieu vit au rythme de la pensée et des aspirations de son créateur. Visite. Par Olivier Waché / Photos Gianni Basso / Vega MG pour IDEAT

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ien à l’abri des regards, au fond d’une cour du XXe arrondissement parisien, le studio de Jean-Marie Massaud se laisse toutefois deviner des curieux. Il leur suffit de lever les yeux. Comme un substitut à la traditionnelle plaque professionnelle annonçant

le nom et le métier du résident, un nuage de verdure orne le porche. Suspendu dans les airs, il est l’une des trois Green Colony que compte le lieu, une sculpture végétale imaginée par le designer, que l’on découvrit dans son exposition monographique à la galerie VIA, en 2007. Un objet flottant dans le ciel, à la fois onirique et émotionnel, naturel et sensoriel. Tout un symbole, en somme, de l’esprit Massaud… et une immanquable attraction pour les enfants du quartier, qui ne se lassent pas de l’admirer chaque matin sur le chemin de l’école !

Page de gauche Jean-Marie Massaud, toujours en blanc, pose parmi quelques-unes de ses créations : deux pots XXL Missed Tree (Serralunga), le fauteuil Ghosthome, la table et le fauteuil Holy Day (Viccarbe). 1/ La terrasse du studio est un véritable lieu de vie et de travail abrité sous sa structure métallique Eiffel. 2/ Jean-Marie Massaud partage son temps entre le sud de la France, où il habite depuis 2010, et son studio parisien.

Bulle de créativité C’est en 2000 que Jean-Marie Massaud élit domicile dans ce lieu, l’année même où il fonde, avec l’architecte Daniel Pouzet, son studio de design et d’architecture. « Nous cherchions un endroit sympathique et lumineux, assez spacieux pour accueillir une petite équipe, se souvient le designer. Nous avons trouvé cet espace agréable et décontracté, suffisamment éloigné du brouhaha et de l’énergie parisienne, qui peuvent parfois porter sur les nerfs… » Une fois le porche franchi apparaît la cour, recouverte d’une terrasse en bois. Celle-ci accompagne le bâtiment en meulière et en brique, qui a hébergé en son temps une miroiterie. Abritée sous une verrière et sa structure métallique Eiffel, qui en autorisent l’usage plusieurs mois dans l’année, la terrasse opère un lien entre les divers espaces. Lieu de vie mais aussi de travail, c’est là que s’installent régulièrement Jean-Marie Massaud et son équipe pour un briefing à l’air libre, une discussion sur les projets en cours, ou pour tout bonnement profiter du temps qui passe. Le visiteur attentif y reconnaîtra quelques pièces maison, comme les chaises Seashell pour Dedon, les chauffeuses Ghosthome (dont le prototype fut financé par

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le VIA dans les années 90) ou les impressionnants pots surdimensionnés Missed Tree pour Serralunga. L’agence compte une dizaine de collaborateurs, en majorité diplômés, à l’instar de Jean-Marie Massaud, de l’ENSCI-Les Ateliers, mais disposant aussi d’une autre spécialisation : le graphisme, les transports, le numérique… « L’équipe est stable en effectif et dans la durée, indique Fred Frety, chargé du développement des projets et du management du studio, présent ici depuis quinze ans. Son échelle est satisfaisante par rapport au travail, à la proximité et aux échanges, qui sont des points importants pour Jean-Marie. Cela prend du temps de constituer un groupe, d’avoir une compréhension et un vocabulaire communs. »

Dans l’antre du designer Au total, les locaux offrent une surface de 350 m2 qui, outre la terrasse, se répartissent, en

1/ Maquette du Life Reef, un projet non réalisé. Pensé en 2003 pour la ville de Guadalajara, au Mexique, il revisitait les espaces de vie en juxtaposant des « territoires personnels » à la verticale avec le souhait de fusionner nature et culture. 2/ Lorsqu’il est à Paris, Jean-Marie Massaud aime s’installer dans ce bureau. C’est aussi un espace de réunion, décoré de photographies et d’illustrations variées qui stimulent l’imaginaire du créateur. 3/ Au travail, sur la terrasse.

rez-de-chaussée, entre un open space équipé de divers postes de travail pour les collaborateurs et, sur le même plateau, d’un espace de réunion. En mezzanine, une zone est aménagée pour les travaux préparatoires de couture, sur textile ou sur cuir. Le sous-sol accueille, lui, établi et gros outillage, pour réaliser maquettes et prototypes. Au fond de la cour se présente un autre espace, indépendant du reste : c’est « l’antre de Jean-Marie », comme se plaisent à le qualifier ses collaborateurs. Lui qui vit aujourd’hui dans le sud de la France apprécie ce lieu lorsqu’il est à Paris pour pouvoir se retirer et imaginer ses projets, sous la protection bienveillante d’un pêle-mêle d’images iconiques ou inspirantes : un portrait de Dalí jouxte celui de Steve McQueen, des photos de mobilier, de sculptures ou d’architectures révèlent un goût certain pour les formes organiques… Entourant la table de travail et de réunion, maquettes et modèles réalisés depuis les débuts s’offrent au regard des visiteurs et des clients, à la manière d’un petit musée personnel en constante évolution. Y cohabitent des répliques miniatures de mobilier, les bougies Overscale Flames pour B&B Italia, les flacons de parfum

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Dans l’open space, l’équipe s’affaire autour des divers projets en cours pour les clients historiques : Axor, Poltrona Frau, MDF Italia… Suspendue dans les airs, une sculpture végétale Green Colony. Le travail n’exclut pas la détente, comme en témoigne ce baby-foot Bonzini.

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Nemo pour Cacharel, de la robinetterie pour Axor, et des arts de la table, dont la ligne de couverts et de vaisselle pour La Première et la Business Class d’Air France. « Ce projet de plus de trois ans a été incroyable et colossal, confie Fred Frety. Air France lance une étude comme celle-ci tous les trente ans, ce sont des enjeux énormes. Pour parvenir à imaginer et à réaliser les quelque 80 pièces qui composent le service, il nous a fallu intégrer de multiples paramètres, tenir compte de l’avis des nombreux départements impliqués dans le choix final. » Dans le bureau, des maquettes évoquent à la fois le passé et l’avenir du studio Massaud, à l’exemple de celle du concept Life Reef. Ce projet d’immeuble d’habitation, toutefois non réalisé, a été imaginé pour Guadalajara, au Mexique, là même où Jean-Marie Massaud a construit, avec Daniel Pouzet, le stade Volcano, inauguré en juillet 2011. Deux évocations

1/ et 3/ Les matières et les procédés sont au cœur des recherches, comme le montrent la matériauthèque et des réalisations telles que le service Silver Time (Christofle), des maquettes diverses d’assises ou des créations artistiques personnelles. 2/ Parmi les nombreux objets récompensés, le Massaud Lounge (Coalesse), dont une maquette est ici suspendue, a reçu en 2015 un Red Dot Award – Product Design.

d’une architecture aujourd’hui mise de côté. « C’était un travail passionnant, mais excessivement chronophage pour Jean-Marie, explique Fred Frety. Cette activité nécessite un volume d’équipe conséquent et demande de multiplier les concours pour en décrocher un. Il nous a semblé préférable de nous concentrer sur le design et les nouveaux enjeux, d’être plus exigeants et sélectifs sur les projets traités, qui sont nombreux. D’ailleurs, depuis plusieurs années, le studio refuse les nouvelles sollicitations afin d’être généreux et de mieux satisfaire nos partenaires actuels. » La réplique miniature du Manned Cloud, l’hôtel volant développé avec l’Office national d’études et de recherches aérospatiales (Onera), est pour sa part une allégorie de l’avenir du studio. Ce « projet LAB », tout comme le concept-car Me.We pour Toyota (lire interview ci-contre), est un axe de développement important pour Jean-Marie Massaud. Il lui permet de faire travailler son imagination, de dépasser le simple cadre de l’objet pour se pencher sur les enjeux de demain. Sans jouer les prophètes, entre Paris et sa maison provençale, le designer s’offre aujourd’hui ce luxe du temps de la réflexion. Une sorte de recul nécessaire pour penser l’avenir… et pour vivre, tout simplement.

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Jean-Marie Massaud Le designer revient sur l’évolution de son travail et sur les nouveaux enjeux auxquels il se confronte désormais. Propos recueillis par Olivier Waché

une intelligence qui m’intéresse, avec les entreprises de Sophia Antipolis, ou la Sustainable Design School, à Cagnes-sur-Mer.

Envisagez-vous de renoncer à la conception de produits ?

© GIANNI BASSO / VEGA MG POUR IDEAT

Non, mais pour apporter une réponse pertinente, le design produit seul ne suffit pas. Ce qui m’importe, c’est d’accompagner les marques plus loin, de les épauler dans leur stratégie, de réfléchir à leur développement. Avec MDF Italia, par exemple, la question est celle d’une restructuration de l’offre, car son identité est très identifiée contract alors que les produits sont très grand public. Chez Poltrona Frau, qui cultive une forme d’intemporalité, j’apporte une vision haut de gamme, avec un point de vue culturel.

On sent beaucoup de bienveillance dans l’équipe qui vous entoure… Oui, il y a quelque chose de l’ordre d’une petite famille. Nous nous connaissons bien. Avec certains de mes collaborateurs, nous travaillons ensemble depuis plus d’une dizaine d’années. Le studio est comme un espace de coworking convivial, où chacun participe à divers projets de l’agence, mais peut aussi développer ses activités. Certains d’ailleurs n’habitent plus Paris, ce qui est aussi mon cas.

Vous travaillez avec des designers aux profils variés. Est-ce par choix ? Beaucoup, comme moi, viennent de l’ENSCI-Les Ateliers, mais ont également suivi un autre cursus. C’est très enrichissant, cela apporte de la variété et de l’émulation dans nos projets. De l’ensemble de mon travail, on retient souvent le mobilier. Ce qui est normal, puisque c’est la partie la plus visible. Mais le studio agit dans d’autres domaines aux enjeux bien différents. Avoir à mes côtés des designers aux univers variés et aux compétences spécifiques, comme l’automobile, le numérique, m’est précieux pour travailler sur ces sujets.

Quels sont ces domaines que vous évoquez ? Ce sont ceux que j’ai abordés avec les « projets LAB », comme l’hôtel volant Manned

Cloud ou le concept-car Me.We pour Toyota. Je remets l’accent aujourd’hui sur ces domaines, car j’ai envie d’explorer les questions de mobilité, de nouveaux services, de voies alternatives, mais aussi de la musique, du nautisme… Je veux pouvoir me donner le temps d’étudier ces sujets, sans que cela se fasse au détriment du reste.

Comment conciliez-vous ces nouvelles voies et vos engagements auprès des marques ? En refusant depuis plusieurs années les nouvelles collaborations dans le mobilier. Cela me permet de pérenniser les relations établies avec nos partenaires historiques et de ne pas nous éparpiller. Cela apporte une sécurité et autorise en fin de compte cette mutation progressive.

Vous installer dans le sud de la France a fait partie de ce changement ? En effet. Je passais mon temps à voyager, à aller d’un pays à l’autre. J’ai eu envie d’autre chose, d’un autre rythme. Mes enfants grandissaient, je voulais être plus disponible pour mon entourage. En 2010, j’ai donc décidé de m’installer dans le Sud, pas seulement pour travailler, mais pour apprendre à vivre ! Habiter là-bas me permet aussi de prendre le temps de recherche non rémunéré qui m’est nécessaire. Et il existe dans la région

Pourriez-vous endosser un rôle de directeur artistique ? C’est une chose que j’ai toujours refusée. Je préfère me placer à un niveau plus stratégique et plus global, qui correspond davantage à un rôle de directeur de la création.

Quel terme résume votre travail ? Holistique. Ce qui m’importe, c’est d’élargir les usages autour d’un produit. C’est d’imaginer tous les scénarios de vie et d’y répondre, donc d’apporter une expérience positive qui réduise le stress quotidien. Au-delà du simple concept-car, Me.We en était un exemple : il s’agissait d’offrir des services, d’imaginer un véhicule capable de s’adapter aux besoins très différents de l’utilisateur entre la semaine et le week-end. C’était une vision alternative de ce qu’est un objet de transport. En 2013, le projet n’a pas vu le jour, mais il s’invite encore régulièrement dans le débat.

Que recherchez-vous finalement ? À être dans la légèreté et la compétence. Pour cela, il faut parvenir à une autonomie de pensée, s’entourer de gens qui réfléchissent, avoir la faculté d’être visionnaire… J’aimerais parvenir à créer une intelligence collective, à prendre de la hauteur sur ce qui se passe dans le monde, sur nos modes de consommation, à réfléchir plus en amont pour finalement apporter une forme de synthèse des enjeux. En un sens, à aller vers le mieux et le moins.

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Où trouver les produits Élitis : France 01 Thoiry Atelier Pia 04 50 20 88 10 06 Cagnes-sur-Mer Exigence couleurs 09 82 25 80 36 06 Le Cannet Colors 09 83 81 19 81 06 Nice Cosi 09 54 70 79 80 13 Aix Le Tholonet Questions d’Intérieur 04 42 64 45 68 17 Périgny Intemporel 05 46 34 12 95 19 Brive-la-Gaillarde Les M design 05 55 87 53 25 20 Bastia Hall décor 04 95 30 87 27 21 Dijon Patrice Langhi 03 80 38 02 05 22 Lamballe Vues d’intérieur 02 96 50 85 21 29 Brest Lindivat décor 02 98 44 14 67 31 Toulouse Flanelle décoration 05 61 21 32 20 31 Toulouse Terra rosa 05 62 26 47 94 32 Auch Andiamo Home 05 62 05 65 03 33 Bordeaux So Styles 05 56 51 01 65 34 Montpellier Vues d’intérieurs 04 67 60 76 34 35 Rennes / Montgermont VBA décoration 02 99 23 17 41 35 Saint-Malo Intra domus 02 99 81 69 94 38 Echirolles Cap color 04 38 70 07 00 38 Grenoble CAPP espace revêtements 04 38 02 15 47 42 Saint-Étienne Signe intérieur 04 77 34 32 00 45 Orléans CPPO BCL Décor 02 38 62 01 48 47 Agen / Boé Villa d’ouest 05 53 66 86 76 51 Reims DP Concept 03 26 09 20 84 53 Laval Colorisme 02 43 69 43 28 54 Nancy Nicole Lhotte 03 83 36 48 40 59 Bailleul Deco papier peint 03 28 43 93 44 59 Cambrai Acte II 03 27 78 50 89 59 Dunkerque Ton sur ton 03 28 59 24 99 59 Valenciennes Déco carré rouge 03 27 29 48 33 59 Villeneuve d’Ascq Remy Motte Décorateur Antiquaire 03 20 89 88 91 60 Beauvais Va Decoration 05 61 09 83 03 62 Le Touquet Honnay décoration 03 21 05 80 35 62 Saint-Omer Lionet 03 21 39 31 31 62 Noeux-Les-Mines Delcroix Décoration 03 21 26 38 38 62 Arras Delcroix Décoration 03 21 59 68 47 63 Riom JLM déco 04 73 38 08 95 64 Biarritz Alta quota 05 59 22 57 35 65 Tarbes Pelegry décoration 05 62 93 12 28 67 Sélestat Ateliers Marc K 03 88 92 13 38 67 Strasbourg Art de vivre déco 03 88 16 20 04 68 Eguisheim Kuster et fils 03 89 41 18 24 69 Lyon / Caluire Jean-Michel Bitsch 04 78 23 22 38 73 Aix-les-Bains PPP Monod 04 79 61 51 20 74 Annecy Organdi 04 50 51 28 40 74 Annecy / Veyrier du lac Côté lac 04 50 60 28 28 74 Annemasse L’Atelier des peintres 04 50 37 50 80 74 Magland Les Montagnardes 04 50 91 26 31 75 Paris 15 Bleu Tortue 09 53 31 65 49 75 Paris 15 Infini Legno 01 45 32 18 48 75 Paris 17 Reca décoration 01 43 18 20 20 76 Mont-Saint-Aignan Gazebo 02 31 03 84 84 77 Fontainebleau La maison Bellifontaine 01 60 70 08 59 78 Voisins-le-Bretonneux Marquise et bergère 01 30 43 22 56 83 Saint-Tropez Maîtresse de maison 04 94 54 86 55 91 Savigny-sur-Orge JM Allemand 01 69 05 29 65 92 Antony DFD Peintures Mariette 01 69 31 79 19 92 Issy-les-Moulineaux Colors & walls 01 46 48 79 59 92 Sceaux Artigala 09 53 14 92 58 94 La Varenne Saint Hilaire Imagine 01 48 83 45 93 94 Maisons Alfort Infini Legno 01 43 76 24 31 Suisse 1009 Pully Janam +41 21 791 46 46 1131 Tolochenaz Reichenbach +41 21 804 50 00 1204 Genève Duos sur canapé +41 22 311 22 41 1207 Genève Espace Concept +41 22 700 14 40 1211 Genève Lachenal +41 22 918 08 88 1227 Carouge Caragnano et Cie +41 22 784 16 77 1227 Carouge Ploum +41 22 342 02 40 1951 Sion Fontannaz W et Ph décoration +41 27 323 25 55 8810 Horgen Tapetenraum +41 44 725 39 39 8953 Dietikon Wirz Tapeten +41 44 405 44 22 Belgique 1160 Bruxelles Déco Ligot +32 2 672 14 36 1180 Bruxelles L’Appart - Intérior Design +32 2 201 10 07 1380 Lasne Rouge de chine +32 2 653 80 48 1410 Waterloo Compagnie des cotonnades +32 2 353 18 59 1410 Waterloo Isabel Gilles Créations d’Intérieurs +32 2 353 13 16 2000 Antwerpen Emente - Taymans +32 3 233 18 91 2970 Schilde De Waal Schilde +32 3 385 01 17 4000 Liège Le jardin de Nanie +32 4 232 14 41 4317 Faimes / Waremme Fabien Lucas +32 479 511 294 4557 Tinlot Rulot home decoration +32 8 551 17 62 4800 Verviers Fayen +32 8 733 03 45 5100 Namur / Jambes Maison Antoine +32 8 130 30 03 6280 Gerpinnes Tellier Moncousin +32 7 121 75 67 7500 Tournai Rive Gauche +32 6 922 07 47 7971 Thumaide Altruy décoration +32 6 977 08 78 8000 Brugge Sijs +32 50 31 95 60 8630 Veurne Cornille decoratie +32 5 831 12 95 9300 Aalst Brussels Huis +32 5 321 51 44 9620 Zottegem Vandekerckhove-de Smaele Interieur +32 9 360 34 79 Grand Duché du Luxembourg 1930 Luxembourg Lucien Schweitzer +352 2361621 4141 Esch-sur-Alzette Reckinger Peinture & Décors +352 5478811


PA P I E R P E I N T F L O W E R P O W E R - T I S S U S R E N D E Z - V O U S & D O L C E L I N O

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DOSSIER TENDANCES 2020 24 PAGES

La maison d’édition de papier peint néerlandaise NLXL, pionnière de l’impression numérique, illustre à coups de motifs de cannages la tendance néorétro. À l’origine de la collection « Cane Webbing », ni DimoreStudio ni Gebrüder Thonet Vienna, mais un couple néerlandais, Roderick et Claire Vos, qui a conservé de son séjour en Indonésie un savoir-faire décrassé de toute nostalgie exotico-coloniale. Six modèles déclinés en cinq coloris : du vintage pour des intérieurs très 2020.


© JULIE COCKBURN / COURTESY OF FLOWERS GALLERY LONDON AND NEW YORK

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The Crush, 2015, de Julie Cockburn.

Toiles à broder Quand le portrait vintage se pare de broderie, c’est tout un esprit et toute une époque qui refont surface. Un univers où affleure un passé fantaisiste et réinventé, où les souvenirs lointains s’habillent des couleurs d’hier et d’aujourd’hui. Par Caroline Blanc

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1/ Suspension Madama en métal et tissu, design Cristina Celestino, à partir de 354 €. Mogg chez ATù. 2/ Boucles d’oreille en or 24 carats, 144 €. Katerina Makriyianni chez Farfetch.com 3/ Canotier en paille avec pompons, 218 €. Ruslan Baginskiy. 4/ Bougie parfumée Bacio Otto en cire végétale, 168 €. Fornasetti chez Matchesfashion.com 5/ Fauteuil Alessandra en acier et hêtre naturel, design Javier Mariscal, à partir de 4 452 €. Moroso chez My Design. 6/ Blouse en crêpe de Chine, 950 €. Miu Miu. 7/ Jupe en crêpe d’acétate et viscose à bords festonnés, 295 €. REDValentino chez Matchesfashion.com 8/ Escarpins Manifika / Vel en cuir velours et perles de verre, 160 €. Cosmoparis.

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© JULIE COCKBURN / COURTESY OF FLOWERS GALLERY LONDON AND NEW YORK

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The Chocolatier, 2015, de Julie Cockburn.

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1/ Trench-coat en velours à carreaux surcyclé, 1 260 €. M Missoni. 2/ Collier choker 30 Montaigne en métal doré avec perles en résine blanche, 590 €. Dior. 3/ Eau de toilette « Acqua Allegoria » Bergamote Calabria, 125 ml, 103 €. Guerlain. 4/ Trousse Dynamo en lin, 55 €. Iosis chez Yves Delorme. 5/ Bottines Tabi en cuir, 720 €. Maison Margiela chez Matchesfashion.com 6/ Valise cabine Riviera Centenary 20 en cuir, métal et bois, 1 518 €. Globe-trotter chez Matchesfashion.com 7/ Lampe de table Dipping Light en verre et laiton, 258 €. Marset chez Voltex.

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© JULIE COCKBURN / COURTESY OF THE PHOTOGRAPHERS’ GALLERY LONDON

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Telly Addicts, 2016, de Julie Cockburn.

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1/ Barrette ornée de perles, de laiton et de cristaux, 260 €. Erdem chez Matchesfashion.com 2/ Sac Antonia en perles, 435 €. Shrimps chez Matchesfashion.com 3/ Barrette en velours ornée de perles et de cristaux, 225 €. Erdem chez Matchesfashion.com 4/ Eau de parfum Oud Essentiel, 125 ml, 155 €. Guerlain. Eau de parfum « Acqua Allegoria » Coconut Fizz, 125 ml, 103 €. Guerlain. 5/ Chemise en organza, 890 €. Miu Miu. 6/ Buffet Ritratti en bois stratifié phénolique, design Marzia & Leo Dainelli. Mogg chez ATù. 7/ Mules Lotte en satin, 452 €. Wandler chez Matchesfashion.com 8/ Pouf Pill L en velours avec franges, 298 €. Houtique chez Frenchrosa.com 9/ Coussin Woody en tissu, 123 €. Élitis.

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Le doigt sur la couture Exposée lors de la dernière édition de Paris Photo par la Flowers Gallery, l’artiste britannique Julie Cockburn occupe une place singulière sur la scène contemporaine. Ses œuvres offrent en effet un mix entre photo vintage et broderie, un songe éveillé où se mêlent histoires et fantaisie. Par Lucía Pasalodos

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a première monographie de Julie Cockburn, Stickybeak (« fouineur » en anglais familier), rassemble une sélection de ses rêveries bariolées. Le titre de cet album photo est en effet très révélateur. De nature curieuse depuis son plus jeune âge

et imprégnée par un passé familial scandé par des affaires d’espionnage (elle compte parmi ses aïeux un officier du MI5), la créatrice livre ici à notre propre curiosité ses plus belles trouvailles, glanées sur les marchés aux puces ou sur Internet. Autant de vieilles photos et de cartes postales – portraits, souvenirs de vacances à la plage, paysages oniriques… – ravivées grâce à la délicate intervention d’une artiste qui dévoile en filigrane un goût pour la candeur. Julie Cockburn s’approprie ces images en les transformant. Soit elle brode dessus des formes géométriques, soit elle les découpe et pratique des collages. Sortis de l’ombre où ils étaient restés figés depuis parfois longtemps (1940-50), ces visages évanouis se voient offrir une seconde vie. Julie Cockburn les sublime par un travail artisanal précis et une imagination foisonnante. Ses interventions colorées, totalement abstraites, jouent du contraste avec les tons neutres des tirages originaux et les pauses surannées des sujets. Ainsi, l’artiste démiurge leur écrit une nouvelle histoire, réinventant les désirs (les démons ?) de ces personnages oubliés. Comme si elle démêlait les fils du passé et les capturait à jamais dans sa toile.

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Jack-a-Dandy, de Julie Cockburn.

Stickybeak. De Julie Cockburn, éd. Chose Commune, 88 p., 40 €.


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Spectacle en grand format Plus impressionnant qu’un papier peint traditionnel par ses dimensions et le décor qu’il présente, le panoramique voit les choses en version XXL. Par Olivier Waché

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es vieilles recettes ont parfois du bon. À l’exemple, dans la décoration intérieure, du papier peint, ressorti du placard après des années de disgrâce. Non content d’avoir signé son retour à grand renfort de motifs revisités et de coloris rafraîchis,

voici qu’aujourd’hui il mise sur le format et la personnalisation. Et avec le panoramique, il voit même les choses en large ! Exhumé d’un lointain passé, ce revêtement mural nous revient plus contemporain que jamais. Inventé au tournant du XIXe siècle, le panoramique transforme alors les intérieurs. Ces impressionnants décors déclinés en multiples lés de papier, imprimés à la planche, ornent les cloisons des demeures bourgeoises. Ils composent des paysages exotiques venus d’Inde ou des îles du Pacifique… Il n’est pas rare de trouver également des scènes pastorales, mythologiques ou militaires, des lieux réels fidèlement retranscrits ou totalement imaginaires. Vers la fin du XXe siècle, ce format XXL adoptera la photo, mais cet effort de modernité ne l’empêchera pas de tomber en désuétude. Depuis quelques années, le développement des outils numériques a libéré la créativité et relancé le papier peint. Et, par ricochet, le panoramique, qu’il devient possible de concevoir sans limites. Avec ces technologies, le décor adapte ses dimensions et peut même, dans sa version sur mesure, être modifié à volonté sans perdre son âme. Un atout qui séduit et se combine à l’imagination des designers, des architectes d’intérieur et des créateurs. Le marché se développe, porté par des marques de référence comme Élitis, Nobilis, Casamance, Isidore Leroy, Osborne & Little… De nouveaux éditeurs, souvent audacieux, apparaissent, à l’exemple de Bien Fait, Le Presse Papier, Mues Design… Même les panneaux illustrés traditionnels de maisons comme Zuber ou Pierre Frey renouvellent le désir, comme leurs glorieux ancêtres. Rien d’étonnant finalement, puisque l’enjeu reste le même : faire rêver en offrant une fenêtre ouverte et permanente sur l’imaginaire.

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Dans la collection « Expedition », ce motif Silk Road Garden se déploie sur 480 x 300 cm en quatre lés, avec ou sans tigre du Bengale (Arte International).


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2 1/ Le papier peint Milly la Forêt Herbier, collection « Chapitre 2 - Jean Cocteau », reprend les décors végétaux des murs de la chapelle Saint-Blaise-des-Simples, peints par Cocteau. Lé de 100 cm de large en rouleau de 10 m (Lelièvre). © MORGANE LE GALL 2/ Papier peint panoramique La Passion de Diego, collection « Natural Mood ». Décor de (l x h) 300 x 300 cm (Élitis). © YVES DURONSOY 3/ Papier peint Jardin d’Eden, d’après un cantique en image d’Épinal du XIXe siècle. Trois lés de 100 cm de large sur 316 cm de haut (Maison Images d’Épinal chez Etoffe.com). 4/ Modèle Luna, de Jenne Pineau, peint et signé à la main. Décor de (l x h max.) 457 x 280 cm en cinq lés (Bien Fait). © CÉCILE FIGUETTE 5/ Reproduction du tableau Réception d’une délégation vénitienne à Damas (1511) (musée du Louvre), ici associée à la frise La Yourte du nomade acajou. Décor de (l x h) 236 x 137 cm (Pierre Frey). 6/ Le modèle Pashu, collection « Ceylan », à motifs floraux et d’animaux, se décline en bleu ou blanc. Décor de (l x h) 204 x 300 cm en trois lés (Casamance). © PATRICK LÉVÊQUE 7/ Le motif Underwater, collection « Volume 5 », se décline en trois versions (ici en bleu). Décor de (l x h max.) 540 x 330 cm en douze lés (Les Dominotiers par Au Fil des Couleurs). 8/ Le motif Ito, collection « Grand Angle », invite à une visite sous-marine. Décor de (l x h) 280 x 330 cm (Nobilis) en quatre lés.

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Sur le fil Étudiants en troisième année à Camondo, école spécialisée dans l’enseignement de l’architecture intérieure et du design, ils sont une dizaine à avoir été invités, il y a deux ans, à découvrir l’univers de la tapisserie, dont Aubusson est la capitale française. L’objectif ? Faire germer dans leur esprit l’idée d’intégrer ce genre de créations tissées, à accrocher au mur, lorsqu’ils aménageront des intérieurs. Par Marie Godfrain

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es décorateurs sont de plus en plus nombreux à mettre en scène nos tapisseries dans des intérieurs contemporains », raconte Amélie-Margot Chevalier, dont la galerie qui porte son nom collabore avec des créateurs d’aujourd’hui,

tels qu’Aurélie Mathigot. Parmi ces designers friands de s’emparer d’un savoir-faire traditionnellement réservé aux artistes, on peut citer Pierre Marie et sa tapisserie Rasel Hanout, réalisée à la manufacture Robert Four, à Aubusson (23). « Les métiers de l’artisanat ont souffert du minimalisme des années 80 et 90. Aujourd’hui, je dirige ma curiosité vers le travail des artisans et m’emploie à intégrer dans ma pratique les contraintes inhérentes à leurs techniques », dit-il. La matérialité et la chaleur du tissage plaisent et s’inscrivent parfaitement dans le brouillage de la frontière entre arts plastiques et arts décoratifs. Hella Jongerius a ainsi obtenu la confiance de Lafayette Anticipations : elle fut, l’été dernier, la première designer à investir les espaces de cette fondation – qui fédère des actions de soutien à la création contemporaine à travers des résidences et des expositions – avec d’immenses tapisseries en 2D et 3D, qu’elle réalise également pour la Galerie Kreo depuis quelques années. À la Fondation Louis Vuitton, c’est une tapisserie réalisée au Japon par Charlotte Perriand qui trône en majesté au milieu de l’exposition qui lui est consacrée. Narratif, ce travail est aussi défendu en ce moment au Signe, le Centre national du graphisme, à Chaumont (52), qui propose une exposition consacrée au design et au textile à travers l’œuvre de Wendy Andreu, la créatrice ayant réalisé pour l’occasion une série de visages tissés. Mais, malgré la porosité des univers, les designers ne perdent pas de vue leur vocation première. Ainsi, il y a quatre ans, Isabelle Daëron a imaginé Topique-lumière, une tapisserie représentant un paysage et équipée d’un éclairage… fonctionnant à l’énergie solaire : poétique et utile à la fois. La Cité internationale de la tapisserie d’Aubusson ne s’y est pas trompée et commande, depuis une dizaine d’années, des « œuvres » aussi bien à des artistes qu’à des designers… Elle s’est associée à la galerie Ymer & Malta qui, en collaboration avec des lissiers d’Aubusson, a réalisé avec Benjamin Graindorge, Ferréol Babin et quelques autres, une série de tapisseries qui seront dévoilées au cours de cette année. Sans doute l’un des projets les plus excitants de l’année 2020 !

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1/ Pierre Marie a collaboré avec la manufacture Robert Four d’Aubusson pour réaliser sa tapisserie Ras-el Hanout. © TADZIO 2/ Aurélie Mathigot, artiste passionnée de fil, a imaginé plusieurs créations pour la Galerie Chevalier, parmi lesquelles cette œuvre onirique. 3/ La Galerie Chevalier expose aussi des tapisseries de Mathieu Matégot, un travail peu connu du designer phare des années 50. 4/ et 5/ L’artiste Erin M. Riley utilise la tapisserie pour aborder des problématiques comme la contraception. 6/ Alexandra Kehayoglou compose des paysages imaginaires ultra-réalistes en tapisserie, comme ici pour un défilé de Dries Van Noten à Berlin, en 2015. © BERNHARD ROHNKE 7/ L’exposition Charlotte Perriand, à la Fondation Louis Vuitton (jusqu’au 24 février), est l’occasion de découvrir cette immense tapisserie murale réalisée au Japon par la designer lors de son séjour dans l’archipel au début des années 40.

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Couleurs d’intérieur Si l’on ne croit qu’à l’intemporalité des unis, poser une simple touche de couleur sur ses murs est signe de décoration réussie. C’est ce que confirment les dernières nouveautés en matière de peinture d’intérieur. Lavables, inodores, résistantes à l’humidité, faciles à poser et séchant rapidement, toutes sont surtout concoctées à base d’eau. L’écologie en premier lieu… Par Serge Gleizes

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n vit une époque complexe où tout cohabite, explique Catherine Filoche, styliste-conseil et experte couleur chez Dulux Valentine. S’il est vrai que la couleur appliquée sur un pan de mur est idéale, aujourd’hui, pour déli-

miter les zones de vie dans une maison, la grande tendance est de peindre également le plafond dans le prolongement du mur. » Chez Dulux Valentine, la nuance de l’année se nomme Douceur de l’aube, une tonalité inspirée des « tons apaisants d’un ciel matinal » qui se décline en quatre palettes : « Bien-être », « Jeu », « Sens » et « Créativité ». Une manière de corroborer le résultat d’une étude d’OpinionWay, entreprise française de sondages politiques et d’études marketing, selon lequel on rechercherait avant tout la sérénité au moment de peindre son intérieur. Si le pastel atteste d’une tendance générale, les couleurs fortes semblent être de plus en plus prisées dans la cuisine, la salle de bains et les chambres d’enfant. C’est dans cet esprit que s’inscrivent les trois tonalités phares – Blanc de roi, Curry et Abysses – de Mériguet-Carrère, fabricant qui a collaboré cette année avec Ligne Roset sur le projet L’Appartement, à Lyon. « On croit souvent que peindre les murs d’une couleur foncée rapetisse ou assombrit une pièce, confie à son tour Philippe Courtois, directeur de la marque. C’est faux. De plus, le blanc trop blanc, aujourd’hui, est passé de mode, de même que les finitions ultrabrillantes. » Ce que confirme Ressource, avec sa gamme de blancs cassés virant au gris, au bleu, au vert, au rose et au beige de Not Totally White. Parmi les nouveautés, notons, chez Seigneurie, les couleurs mates ou satinées Élyopur. Chez Tollens, Classic Blue (apparaissant dans les deux collections « Pantone » et « Flamant ») est la couleur 2020, mais également Brocéliande, déclinaison de verts inspirée par la nature et née du partenariat avec le bureau de tendances londonien Colour Hive. Clin d’œil à la nature également chez Farrow & Ball, avec « Colour by Nature », une palette de 16 tonalités créée avec le musée d’Histoire naturelle de Londres, « afin que chacun trouve ses propres couleurs en se promenant dans la nature », explique Charlotte Cosby, directrice de création de la marque. De son côté, Guittet privilégie la matité avec les nouveautés Astério, Dulimat, Europan et « Évocations », dont la palette de 112 tons rend hommage à l’architecture à la française. Tout comme Little Greene, avec ses trois nouveautés dans la gamme « Intelligent Paints » : une peinture pour plancher, une peinture satinée et un apprêt. Des solutions idéales pour les chambres d’enfant et même pour repeindre les berceaux !

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1/ Collection « Colour by Nature », 16 couleurs déclinées sur le thème de la nature, réalisée avec le musée d’Histoire naturelle de Londres (Farrow & Ball). © JAMES MERRELL 2/ Collection « Flowers », d’India Mahdavi, 56 tonalités inspirées par les couleurs des fleurs et les souvenirs d’enfance de la créatrice (Mériguet-Carrère). © DIDIER DELMAS 3/ Finition soie Gold Manosque, formule écologique résistante à l’abrasion, gamme « Phylopur » (Seigneurie). 4/ Gamme « Etruscan Red », de Patrick Baty, dans la collection « Les Couleurs historiques » (Ressource). © FRENCHIE CRISTOGATIN 5/ Gamme « Palette jeu », dans la collection « Douceur de l’aube » (Dulux Valentine). 6/ Collection « Equation », pour le restaurant Superbaba, à Londres, réalisé par le Studio Roslyn (Tollens). © LAUREN D. ZBARSKY 7/ Couleurs Hellebore et Hollyhock, de la gamme écologique et lavable « Intelligent Paints » (Little Greene). © LITTLE GREENE 2019

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Accrochez-vous ! Elles optimisent l’espace, elles habillent les murs avec humour, les patères ont de quoi rendre jaloux le traditionnel porte-manteau. Par Caroline Blanc

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1/ Modèle Ok, collection « Hand Job », en résine laquée, 160 €. Thelermont Hupton sur Madeindesign.com 2/ Patères Boob Hook en acier et aluminium, 35 € l’unité. Thing Industries. 3/ Modèles Jellies Family en PMMA teinté dans la masse, design Patricia Urquiola, 35 € l’unité. Kartell. 4/ Patère Oiseau en céramique dorée, 48 €. Thomas Poganitsch sur Thecoolrepublic.com 5/ Support The Dots en laiton massif, design Lars Tornoe, 18,50 €. Muuto. 6/ Modèle Ovali en verre, 33 €. AYTM. 7/ Accroche Concha en aluminium doré, plusieurs tailles, à partir de 40 €. AYTM sur Thecoolrepublic.com 8/ Patère Bubble en verre soufflé à la bouche et en acier, design Vaulot & Dyèvre, 2 tailles, 55 € et 75 €. Petite Friture.

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Design your tea Rondes ou graphiques, contemporaines ou un brin rétro, les bouilloires ont quitté leurs placards pour devenir des objet de déco, tellement jolis qu’on en ferait bien toute une cérémonie. Par Caroline Blanc

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1/ Bouilloire en acier, 4 l, 99 €. Hay sur Smallable.com 2/ Bouilloire électrique Oisillon en acier et polyamide, design Michael Graves (1985), 1,5 l, 120 €. Alessi sur Madeindesign.com 3/ Bouilloire électrique en acier chromé, 1,25 l, 99 €. KitchenAid. 4/ Bouilloire en acier émaillé, 2,1 l, 85 €. Le Creuset. 5/ Bouilloire Yakan en cuivre étamé, dans la tradition des dinandiers, 2,3 l, 460 €. Dammann Frères. 6/ Bouilloire électrique Années 50 vert d’eau, 1,7 l, 179 €. Smeg chez Darty.

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Le feu essentiel Améliorer par le design ce que nous offre le feu, c’est offrir plus de performance tout en simplifiant l’utilisation. C’est innover jusqu’à trouver l’harmonie avec l’environnement. Le Stûv 22, un chauffage au bois performant, une pièce essentielle qui prendra naturellement sa place dans votre architecture.

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Trays* de caractère Ronds, rectangulaires ou carrés, graphiques et esthétiques, les plateaux embellissent notre quotidien et deviennent de véritables accessoires de décoration. Par Caroline Blanc

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1/ Plateau Sapho, collection « Les Précieuses », en stratifié, 120 €. Ibride sur Madeindesign.com 2/ Plateau Aurea en porcelaine, 175 €. Richard Ginori 1735 sur Artemest.com 3/ Plateau Roses en mélamine, design Maurizio Cattelan et Pierpaolo Ferrari, 24 €. Seletti x Toiletpaper sur Madeindesign.com 4/ Plateau Accordeofish en fer, 47 €. Gangzaï sur Fleux.com 5/ Plateau Baby’s Breath en bois contreplaqué, design Alexander Girard, collection « Classic Trays » (1952-1974), 59 €. Vitra. 6/ Plateau Serratura en métal, 390 €. Fornasetti sur Farfetch.com

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Pierre Frey, retour d’Orient Par Serge Gleizes

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L’éditeur de tissus d’ameublement renoue avec les fastes de l’Asie à travers deux nouvelles collections dévoilées dans une scénographie flamboyante et éphémère, qui souligne combien cet orientalisme détourné est empreint d’une poésie intemporelle.

L

’Orient évoque le mystère, le rêve, la magie et l’exubérance. Mais une exubérance joyeuse, élégante, maîtrisée. D’où cette abondance de motifs et de couleurs généreuses, arabesques et fleurs tissées ou imprimées, toujours sur de très belles matières – cache-

mires, satins, soies, ikats, lampas, brocarts et velours – dans des tonalités de pierres précieuses. « Il y a probablement déjà eu chez nous des collections qui ont fait référence à l’Orient, mais c’est la première fois que nous en consacrons deux grandes à cette thématique, confirme Patrick Frey, petit-fils du fondateur et actuel président. J’ai toujours été fasciné par les civilisations perses. Avec Lorraine, mon épouse, nous projetons depuis longtemps de faire un voyage en Iran ou en Ouzbékistan. Cette collection est un avant-goût de ce prochain périple. » Vingttrois tissus, dix-huit papiers peints et une quinzaine de tapis composent ces deux lignes ; des matières brillantes ou mates, des effets de paille, de porcelaine, de broderies et d’enduits. L’inspiration ? Comme tout ce qui est conçu rue des Petits-Champs (Ier), elle a été puisée dans les

livres, les archives et dans trois documents venant du musée du Louvre, à Paris, du musée du Louvre-Lens et du palais de Topkapi, à Istanbul. Le premier est une toile du XVIe siècle, La Réception des ambassadeurs vénitiens à Damas, œuvre anonyme qui fit partie des collections de Louis XIV, et que Pierre Frey a retranscrite en un panoramique. Le deuxième, un motif de céramique ancienne, a servi de base pour un papier peint. Quant au troisième, il s’agit d’une

Les collections 2020 de papiers peints « Trésors d’Orient » et de tissus « Rêveries orientales » de Pierre Frey sont une véritable ode à l’exotisme. Dans sa scénographie, Anne Pericchi-Draeger les a mélangées avec des œuvres d’art contemporain, des pièces d’arts de la table, dont un service réalisé par Pierre Frey, Le Jardin du palais, et des faïenceries de Gien. 1/ et 2/ Modèles Bursa et Ispahan, collection « Trésors d’Orient ».

turquerie du XVIe siècle déclinée sur un tissu. « Il n’est pas question de copier, mais de rester fidèle à ce que nous défendons, une création à la française, reprend Patrick Frey. Nous avons toujours imaginé nos gammes à partir d’ingrédients mélangés, réinterprétés, détournés, tout en veillant à garder l’esprit d’origine. » Des modèles inspirés pour des intérieurs colorés.

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Pierre Frey. 27, rue du Mail, 75002 Paris. Tél. : 01 44 77 35 22.



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Marino pour Rubelli : un hommage à Venise Par Serge Gleizes

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La starchitecte américaine Peter Marino, familière des enseignes de luxe (LVMH, Chanel, hôtel Cheval Blanc, à Paris), signe, pour l’éditeur de tissus d’ameublement Rubelli, « Venetian Heritage », une nouvelle collection en soie, sur laquelle semblent se refléter les eaux de la Sérénissime.

C

’est une soie éclatante, tissée dans des motifs de vague et dont les reliefs rappellent le clapotis de la pluie sur l’eau. La dernière collection « Peter Marino for Venetian Heritage » est un vibrant hommage à Venise, ville chère au cœur de l’architecte,

qui nourrit une passion particulière pour la peinture de Giovanni Battista Tiepolo, dont il a retranscrit les lumières et les couleurs blanc, bleu glacier et saumon. Tiepolo est d’ailleurs l’un des trois jacquards déclinés avec Lucente, qui évoque une mer calme, et Marino, une mer agitée. Peter Marino est un habitué de l’enseigne vénitienne, qui avait notamment édité pour lui le damas Marino dans les années 80. Et, à l’époque, Rubelli n’en était pas à sa première collaboration avec un architecte : dans les années 30 (l’entreprise était alors présidée par le grand-père de l’actuel directeur), Gio Ponti avait dessiné pour la maison des tissus, qui figurent toujours au catalogue. « Ce genre d’association fait partie de notre histoire, confirme Nicolo Favaretto. Peter Marino possède une réelle expertise dans le domaine du luxe. C’est quelqu’un d’unique, de reconnu et d’admiré dans le monde entier. Il nous a encore une fois surpris par l’originalité, la force et la poésie de son interprétation. Ses idées sont toujours très lumineuses. » Quatre rendez-vous ont suffi pour concevoir la collection. Et la fabrication n’a rencontré aucune difficulté, tant la manufacture au savoir-faire ancestral est habituée aux challenges et aux tissages souvent complexes. Une partie des bénéfices engendrés par les ventes seront reversés à Venetian Heritage, une association qui lutte pour la sauvegarde des œuvres d’art de la cité lacustre, que l’architecte soutient depuis plus de vingt ans et dont il assure la présidence.

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1/ Habitué des collaborations avec les grandes marques de luxe, Peter Marino a déjà imaginé des modèles pour Rubelli dans les années 80. © LUC CASTEL / COURTESY OF PETER MARINO ARCHITECT

2/ La collection « Peter Marino for Venetian Heritage » est inspirée par Venise, qui occupe une place toute particulière dans le cœur de l’architecte américain. © CARLO BATTISTON

Rubelli. 11, rue de l’Abbaye, 75006 Paris. Tél. : 01 56 81 20 20. Rubelli.com


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Dedar lance le premier papier peint vivant

© GERMANA LAVAGNA POUR IDEAT

Par Maïa Morgensztern

Entre traditions ancestrales et technologie de pointe, la maison italienne bouscule les codes de l’industrie textile et livre une collection contemporaine et raffinée.

L

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travail est de répondre aux problèmes fonctionnels posés par les architectes d’intérieur, explique Raffaele, l’innovation en tant que telle ne nous intéresse pas. Nous partons toujours d’une idée “impossible”, comme capturer une émotion ou donner du mouvement à un graphisme sta-

a nouvelle collection Dedar, baptisée « Tableaux

tique, et nous œuvrons ensuite avec les meilleurs artisans

vivants », dévoile une technique inédite capable

et techniciens pour la réaliser. Nos plus belles créations

d’imprimer du papier peint en relief. Inspiré par

viennent de là. » D’autres tissus de la marque ont désor-

les céramiques en biscuit de la manufacture de Sèvres et

mais leur proposition murale en relief : Rosetta évoque

les bas-reliefs de la Renaissance, le procédé insuffle une

un alphabet secret, entre calligraphie et idéogrammes du

étrange étincelle de vie au motif. Le bestiaire du modèle

temps jadis. Pour À contre-jour, le papier peint s’éloigne

Wild Party grouille ainsi dans une végétation touffue,

de l’effet photographique de son pendant en satin pour

comme échappé d’un collage de Matisse. « On imagine

rappeler les délicates moulures en gesso (un enduit à

une fête folle de grenouilles, de lézards et de libellules

base de plâtre) des palais du XVIIIe siècle. Du côté des

dansant dans le salon dès que les invités ont le dos tour-

textiles classiques, la nouvelle collection présente No Ex-

né », s’amuse Raffaele Fabrizio, héritier et directeur de

cuses, le premier tissu en feutre de laine de 2,90 mètres

la marque avec sa sœur Caterina. Un monde féerique qui

de large – la norme étant de 1,40 mètre. « Nos clients

n’est pas sans rappeler le dessin animé Le Roi et l’Oiseau,

nous réclamaient sans cesse des étoffes plus larges, qui

de Paul Grimault, où la bergère s’extirpe de son tableau

nécessiteraient moins de travail à poser. La taille des

champêtre, la nuit venue, pour rejoindre le ramoneur

métiers à tisser étant limitée, c’était un vrai casse-tête

perché sur les toits de la ville dans la peinture adjacente.

à réaliser, mais après un an de recherche, nous l’avons

Entre prouesse et poésie, Dedar mêle souvent artisanat et

fait. Maintenant, plus d’excuses pour ne pas l’utiliser ! »

nouvelles technologies pour casser les codes. « Si notre

plaisante Raffaele. Il suffisait de demander.

En prenant les rênes de la maison italienne Dedar, créée en 1976 par leurs parents, Nicolas et Elda Fabrizio, Caterina et Raffaele (ci-dessus) ont perpétué la passion familiale pour les tissages virtuoses et les couleurs et motifs originaux, à l’image du modèle À contre-jour, disponible en papier peint ou dans un précieux twill de soie et de coton qui rappelle les négatifs observés à contre-jour (page de droite).



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Les heureuses géométries d’André Arbus Par Marie Godfrain

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La Manufacture Cogolin réédite des tapis de l’architecte, décorateur et sculpteur français mort en 1969. Cinq modèles qui s’inscrivent dans l’air du temps avec leurs motifs géométriques et leurs teintes profondes.

C

’est en se plongeant dans le passé de la Manufacture Cogolin que Sarah Henry, sa directrice, réalise qu’André Arbus en était un habitué dans les années 30 à 50 et qu’il faisait exécuter au fabricant de tapis varois certaines de ses créations pour

des clients fortunés. Décision est prise de contacter l’institution qui gère l’héritage du décorateur pour imaginer des rééditions. Tristan Salmon-Legagneur, conseiller artistique de la Fondation André Arbus, l’emmène alors au musée des Arts décoratifs où sont conservées les archives du créateur. Ensemble, ils étudient plus d’une centaine de dessins avant d’en sélectionner cinq. « Nous avons choisi trois entrelacs géométriques à l’allure très contemporaine – c’étaient pourtant des classiques d’Arbus qu’il utilisait aussi en ébénisterie – et deux plus surprenants, décorés de cordes et de roses des vents – qui correspondent à son goût et son travail pour les paquebots. Cette première collection va probablement bientôt s’enrichir », révèle Sarah Henry. Après les motifs, c’est le choix des couleurs qui a mobilisé les équipes de la Manufacture Cogolin : « Nous nous sommes inspirés de la palette d’Arbus, tout en adoptant des teintes pertinentes pour notre époque et les avons appliquées à ces modèles », détaille sa directrice. Une opération rendue possible par le choix de la technique du point noué, autrefois exécutée en France, désormais « délocalisée » au Népal. Car ce qui fait la réussite de ces rééditions, c’est surtout leur texture, un travail de teinture artisanale qui permet à la couleur des tapis de vibrer et met en valeur les motifs. Un retour aux sources, puisque André Arbus, décrit à l’époque comme le « chef de file de la préservation

© FRANCIS AMIAND

de la tradition et de la qualité française », notamment héritées des styles Louis XVI et Di-

Showroom Cogolin. 30, rue des Saints-Pères, 75007 Paris. Tél. : 01 40 49 04 30. Manufacturecogolin.com

rectoire, est surtout connu pour s’être inspiré des techniques traditionnelles de fabrication associées à des pièces de mobilier plus modernes et moins ornementées. Un travail de synthèse que l’on retrouve dans cette collection de tapis furieusement intemporelle.

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Trois des rééditions par la manufacture varoise des tapis en laine dessinés par le décorateur André Arbus (1903-1969). 1/ Nossi-bé – Almandin. 2/ Planier – Pinède. 3/ Provence Crête de Coq.


02 05 Avril Grand Palais 2020 www.artparis.com Un regard sur la scène française : histoires communes et peu communes

Étoiles du Sud :

une exploration de la péninsule ibérique

Art moderne + Contemporain 193 Gallery (Paris) | 31 Project (Paris) | 313 Art Project (Paris/Séoul) | Galerie 8+4 – Paris (Paris) | A. Galerie (Paris) | A&R Fleury (Paris) | A2Z Art Gallery (Paris/Hong Kong) | AD Galerie (Montpellier) | Aedaen Gallery

(Strasbourg) | Galería Albarrán Bourdais (Madrid) | Alzueta Gallery (Barcelone) | Galerie Andres Thalmann (Zurich) | Galerie Ariane C-Y (Paris) | Artco Gallery (Aachen/Le Cap) | Artkelch (Fribourg-en-Brisgau) | Art Sablon (Bruxelles) | Galerie Arts d’Australie –

Stéphane Jacob (Paris) | Art to Be Gallery (Lille) | La Patinoire Royale – Galerie Valérie Bach (Bruxelles) | Galerie Cédric Bacqueville (Lille) | Galerie Ange Basso (Paris) | Galerie Belem/Albert Benamou, Barbara Lagié, Véronique Maxé (Paris) | Galerie Renate Bender (Munich) | Galerie Berès (Paris) | Galerie Claude Bernard (Paris) | Galerie Thomas Bernard – Cortex Athletico (Paris) | Galerie Bert (Paris) | Galerie Bessières (Chatou) | Galerie Binome (Paris) | Bogéna Galerie (Saint-Paul-de-Vence) | Brisa Galeria (Lisbonne) | Ségolène Brossette Galerie (Paris) | Pierre-Yves Caër Gallery (Paris) | Galerie Capazza (Nançay) | Galerie Chauvy (Paris) | Galerie

Chevalier (Paris) | Christopher Cutts Gallery (Toronto) | Creative Growth (Oakland) | David Pluskwa Art Contemporain (Marseille) |

Galerie Michel Descours (Lyon/Paris) | Dilecta (Paris) | Galería Marc Domènech (Barcelone) | Galerie Dominique Fiat (Paris) | Double V Gallery (Marseille) | Galerie Dutko (Paris) | Galerie Jacques Elbaz (Paris) | Galerie Eric Mouchet (Paris) | Espace Meyer Zafra (Paris) |

Galerie ETC (Paris) | Galerie Valérie Eymeric (Lyon) | Lukas Feichtner Galerie (Vienne) | Flatland (Amsterdam) | Galeria Foco

(Lisbonne) | Francesca Antonini Arte Contemporanea (Rome) | Freijo Gallery (Madrid) | Galerie Pascal Gabert (Paris) | Galerie Claire Gastaud (Clermont-Ferrand/Paris) | Galerie Louis Gendre (Paris/Chamalières) | Gimpel & Müller (Paris) | Galerie Michel Giraud (Paris/ Luxembourg) | Gowen Contemporary (Genève) | Galerie Philippe Gravier (Paris/Saint-Cyr-en-Arthies) | H Gallery (Paris) | H.A.N.

Gallery (Séoul) | Galerie Ernst Hilger (Vienne) | Galerie Eva Hober (Paris) | Huberty & Breyne Gallery (Bruxelles/Paris) | Galerie Hurtebize (Cannes) | Galerie Jeanne Bucher Jaeger (Paris) | Galerie Koralewski (Paris) | Espace L (Genève) | Galerie La Forest Divonne

(Paris/Bruxelles) | Galerie Lahumière (Paris) | Galerie La Ligne (Zurich) | Lancz Gallery (Bruxelles) | Alexis Lartigue Fine Art (Paris) |

Anna Laudel (Istanbul/Düsseldorf) | Galerie Jean-Marc Lelouch (Paris) | Galerie Françoise Livinec (Paris/Huelgoat) | Galerie Loft (Paris) | Victor Lope Arte Contemporáneo (Barcelone) | Galerie Daniel Maghen (Paris) | Kálmán Makláry Fine Arts (Budapest) |

Galerie Mark Hachem (Paris) | Galleria Anna Marra (Rome) | Maurice Verbaet Gallery (Knokke Le Zoute/Berchem) | Galerie Minsky

(Paris) | Galerie Modulab (Hagondange/Metz) | Galerie Frédéric Moisan (Paris) | Mo J Gallery (Séoul/Busan) | Galerie Lélia Mordoch (Paris/Miami) | Galeria MPA (Madrid) | Galerie Najuma Fabrice Miliani (Marseille) | Galerie Nec Nilsson et Chiglien (Paris) | Niki Cryan

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(Paris/Abidjan) | J.-P. Ritsch-Fisch Galerie (Strasbourg) | Galeria São Mamede (Lisbonne) | Galerie Sator (Paris) | Galerie Brigitte Schenk (Cologne) | School Gallery/Olivier Castaing (Paris) | Septieme Gallery (Paris) | Gallery Simon (Séoul) | SIRIN Copenhagen Gallery (Frederiksberg) | Galerie Slotine (Paris) | Galerie Véronique Smagghe (Paris) | Caroline Smulders & Galerie Karsten Greve

(Paris) | Michel Soskine Inc. (Madrid/New York) | Gallery SoSo (Heyri) | SPARC* Spazio Arte Contemporanea (Venise) | Structura Gallery (Sofia) | Galerie Taménaga (Paris/Tokyo/Osaka) | Templon (Paris/Bruxelles) | Luca Tommasi Arte Contemporanea (Milan) | Galerie Traits Noirs (Paris) | Galerie Patrice Trigano (Paris) | Galerie Univer/Colette Colla (Paris) | Un-Spaced (Paris) | Galerie Vallois

(Paris) | Galerie Vazieux (Paris) | Viltin Gallery (Budapest) | Galerie Wagner (Le Touquet-Paris-Plage/Paris) | Galerie Olivier Waltman (Paris/Miami) | Galerie Esther Woerdehoff (Paris) | Wunderkammern (Rome/Milan) | Galerie XII (Paris/Los Angeles/Shanghai) |

Galerie Younique (Lima/Paris) | Galerie Géraldine Zberro (Paris) | Galerie Zink Waldkirchen (Waldkirchen).

Liste des galeries au 3/01/2020

Galerie Polaris (Paris) | Galerie Provost–Hacker (Lille) | Galerie Rabouan Moussion (Paris) | Raibaudi Wang Gallery (Paris) | Rebecca


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Tapis rouge pour Besana Par Serge Gleizes

Le leader italien du marché de la moquette a lancé sa première collection de tapis tuftés main, «¿The Haute Couture¿». Une gamme forte et originale dessinée par Laura Pozzi.

P

our les six tapis de la collection « Haute Couture », de Besana Carpet Lab, en laine et viscose, Laura Pozzi s’est inspirée de l’art et de la nature, et tout particulièrement de l’abstraction et des émotions liées au voyage. Mais elle leur a surtout insufflé un esprit

haute couture en travaillant les motifs et les couleurs, parvenant à faire de chaque pièce un objet qui semble unique. Ainsi, si High Curves et Mrs Robinson affichent des dessins et des couleurs fondues, inspirées des seventies, Biloba tend davantage vers le figuratif, avec un dessin symbolisant la feuille de ginkgo biloba. Entre Ryu, qui évoque la technique de teinture traditionnelle Bingata, typique de l’île d’Okinawa, et Kyu, d’esprit plus japonisant, un même souffle asiatique plane. The Museum joue la rupture avec des chocs graphiques et des asymétries. Styliste et directrice de création, spécialisée dans la communication visuelle, Laura Pozzi vit entre Milan et Trévise. Elle dessine depuis 1998 aussi bien des tapis que des tissus ou des papiers peints pour de grandes marques italiennes. Le dialogue avec Besana, dont elle a été la directrice artistique en 2019, s’est donc instauré simplement – même si cette société, créée par Roberto Besana en 1987, en Lombardie, est plutôt connue pour ses créations de tapis et moquettes industrielles, réservées aux aménagements privés et publics, hôtels, restaurants, salles de congrès… et affichait en 2018 un chiffre d’affaires de 4,6 millions d’euros ! Depuis quelque temps, elle a mis l’accent sur des collections de tapis contemporains, élaborés de manière artisanale, avec des gammes renouvelées chaque saison. Si la production est largement installée en Italie, la société fabrique également ses moquettes standard dans diverses unités européennes. Ici, ni boutique ni enseigne en nom propre, mais un grand réseau de distribution dans le monde, si bien que la maison affiche

©¿ALESSANDRO DI BON

un beau succès à l’international, réalisant 30 % de son chiffre à l’étranger, principalement

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en Angleterre, en Espagne, en Allemagne et en France.

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Le modèle High Curves, en laine et viscose, a été conçu par Laura Pozzi, à qui Besana Carpet Lab a confié sa première collection de tapis réalisés à la main. Un ensemble de créations qui fait honneur au travail artisanal et à son charme unique.


Pierre-Auguste Renoir : Le Lavandou (détail), 1894, huile sur toile, collection privée ; Claude Monet : Femme à l’ombrelle tournée vers la droite (détail), 1886, huile sur toile, 131 x 88 cm, Musée d’Orsay, Paris ; Antibes (détail), 1888, huile sur toile, 65,5 x 92,4 cm, Samuel Courtauld Trust, The Courtauld Gallery, London. Pour tous les visuels précédents : © Bridgeman Images. L’exposition immersive consacrée à Yves Klein a été rendue possible grâce à l’aimable autorisation des Archives Yves Klein et à leur précieux concours.

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Quand Faye Toogood griffonne des tapis Par Jean-Christophe Camuset

Doodling. Ce mot anglais évoque l’habitude de gribouiller sur une feuille durant une conversation téléphonique ou une réunion. Une forme de dessin automatique à l’esthétique singulière, qui inspire de plus en plus de créateurs. Faye Toogood l’a utilisé de façon littérale dans sa dernière collection pour l’éditeur franco-milanais CC-tapis.

A

rtiste, créatrice de mode, designer… Faye Toogood cultive un caractère insaisissable. Particulièrement ces deux dernières années où, après avoir donné naissance à son premier enfant, elle a décidé de lever le pied et de réduire ses activi-

tés professionnelles. Durant cette période de réflexion, elle a cherché à mettre au point un nouveau vocabulaire créatif. Avant de se lancer dans un projet concret, elle a préféré prendre le temps de se pencher sur les formes et les couleurs dont elle voulait nourrir la suite de sa production. À force d’expérimenter dans son atelier, elle a donné naissance à de petits tableaux-maquettes sur lesquels elle a assemblé différents matériaux autour de dessins naïfs. C’est alors que Fabrizio Cantoni et Nelcya Chamszadeh, les deux fondateurs de CC-tapis, l’ont sollicitée pour mettre au point une nouvelle collection, décidant de lui rendre visite dans son studio londonien. Découvrant ces petits tableaux candides, ces toiles peintes et cousues, ils lui ont demandé si elle accepterait de les retranscrire sur des tapis. Mais attention ! pas une reproduction à l’identique ! « Nous tenions avant tout à capturer la matérialité et la richesse de chacune de ces œuvres, leur expression à travers l’usage de couleurs nuancées », disent-ils. Faye Toogood a alors créé six dessins en 2D destinés à être transformés en autant de tapis. Un long travail d’adaptation a été nécessaire pour reproduire toute la subtilité des compositions ori-

Les tapis-tableaux « Doodles », de la Britannique Faye Toogood, tels que présentés au showroom de la marque CC-tapis, à Milan, ici accompagnés entre autres des fauteuils Roly Poly (Driade) de la designer. Six modèles au langage abstrait qui se jouent des frontières entre art et design. © OMAR SARTOR

ginales. Chaque pièce comporte donc six profondeurs différentes et 70 teintes ont été spécialement développées. Pour Faye Toogood, cette collection marque un retour à la créativité originelle de l’enfance, celle qui ne s’embarrasse ni de codes ni de références. Un but qu’elle dit désormais vouloir poursuivre dans ses prochains travaux.

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Retrouvez Faye Toogood en interview vidéo au siège de CC-tapis sur Ideat.fr


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© LIVING INSIDE

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À Milan

Écrin poudré Dans l’appartement lumineux d’un immeuble bourgeois, un couple originaire de Naples fait se rencontrer différentes époques. Y cohabitent notamment du mobilier napolitain du XIXe siècle, à valeur sentimentale et familiale, et des pièces originales des années 70. Par Marzia Nicolini / Photos Laura Fantacuzzi et Maxime Galati-Fourcade

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Page de gauche La montée d’escalier de la copropriété bourgeoise du XIXe siècle a conservé des éléments décoratifs et artistiques remarquables, en témoigne cette fresque d’époque. Ci-contre Benedetta De Mennato et son mari dans la salle à manger. Tavolante Aged Oak (« table en chêne vieilli ») de Marco Gaudenzi (Tonelli Design). Sièges Executive (dits « Conférence ») en velours, conçus par Eero Saarinen (Knoll).



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ert sauge et bleu poudré. L’équilibre de ces couleurs, qui évoquent celles des dragées, dans l’appartement de Benedetta De Mennato et Luca Nardi, crée instantanément une atmosphère intime et fraîche. Cette styliste talentueuse, spé-

cialisée dans les produits et les accessoires en cuir, collabore avec la marque Miu Miu, tandis que son conjoint travaille, lui, dans le financement du secteur maritime. Tous deux sont nés à Naples : c’est là qu’ils se sont rencontrés et qu’ils se sont mariés. Mais après plusieurs années à jouer au chat et à la souris dans une relation à distance et à arpenter les plus grandes capitales européennes, le couple a finalement décidé de s’installer dans un appartement lumineux du quartier de Porta Romana, à deux pas du centre-ville de Milan. « Quand nous l’avons vu pour la première fois, il était un petit peu à l’abandon et plus vraiment au goût du jour. Mais nous avons tout de suite perçu sa bonne énergie. C’est donc là que nous avons voulu établir notre vie ensemble. » Benedetta et Luca ont été conquis par l’abondante lumière naturelle ainsi que par les balcons donnant sur un espace verdoyant et calme : « Dans une ville aussi animée que Milan, c’est vraiment un luxe. » Heureusement, ils n’ont pas eu à reprendre la structure : « Nous avons simplement tout repeint, afin de retrouver l’atmosphère chaleureuse et l’harmonie qui devaient y régner initialement. » Plutôt que de bouleverser la disposition, les jeunes mariés ont eu la bonne idée d’en tirer parti en créant différents espaces fonctionnels et à leur goût. Des « pièces dans les pièces », qui, dans cet appartement typiquement bourgeois de 160 m2 sous 4 mètres de hauteur sous plafond, ont facilement réussi à s’imposer.

Page de gauche Dans la pièce à vivre, côté salle à manger, sur la table roulante rétro Rivoli (Hanjel – Vincent Cadeaux), se trouve un ensemble de verres en cristal français de Montbronn. Sur le mur couleur sauge : feuilles de métal Lene Bjerre. 1/ Dans l’entrée, miroir avec cadre en laiton des années 70. Console St Honoré en bois noir et laiton (Hanjel – Vincent Cadeaux). 2/ Dans la pièce à vivre, côté salon, fauteuil en rotin des années 60. Sur la table basse Papaver Somniferum, de Victoria Episcopo voisinent deux grenades. Petite table basse en verre et laiton italienne des années 70, avec, posés dessus, des carreaux Fornasetti. Lampadaire Reggiani des années 70 en laiton. Sur la bibliothèque en laiton attribuée au designer italien Romeo Rega, têtes sculptées en céramique sicilienne de Caltagirone (Catane).

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Dans la grande pièce à vivre, les murs sont recouverts d’une nuance sauge, à la fois claire et délicate. Sur la Tavolante Aged Oak (table en chêne vieilli) de Marco Gaudenzi (Tonelli Design), vase Monofiori Balloton (Venini). Sièges Executive (dits « Conférence ») en velours, conçus par Eero Saarinen (Knoll). Applique murale IC Lights Ceiling / Wall 1 de Michael Anastassiades (Flos). Feuilles de métal Lene Bjerre. Canapé Softly Box de Studio Sigla et Bruno Rainaldi (Mussi). À gauche et à droite, table roulante et guéridon Rivoli (Hanjel – Vincent Cadeaux).



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1/ Miroir fish-eye convexe trouvé sur un site en ligne anglais. 2/ Miroir, table de jeu pliante et dessin de la Madone à l’Enfant, des pièces qui viennent de l’époque des Bourbons de Naples, aux XVIIIe et XIXe siècles. 3/ L’entrée de la maison baigne dans une couleur noisette très équilibrée. Au mur, plats Fornasetti. Élégante table basse Boulle du XVIIe siècle avec incrustations réalisées à la main. 4/ Dans la cuisine, une nappe vénitienne brodée à la main du début du XXe siècle. Vaisselle et couverts en étain et en acier Richard Ginori. Verres de la Cristallerie de Montbronn. Ci-contre L’entrée de l’immeuble annonce parfaitement le caractère cossu du bâtiment.


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Le choix du mobilier puise dans l’héritage des deux propriétaires. « Aux meubles datant du XIXe siècle issus de nos maisons familiales respectives, nous avons essayé d’associer une sélection personnalisée de designers et d’artistes contemporains, comme la table basse signée Victoria Episcopo – un objet mi-artistique, mi-fonctionnel qui apporte beaucoup de poésie –, ou le diptyque abstrait du peintre Bruno Bani. Nous avons aussi ajouté ici et là quelques pièces vintage italiennes, principalement des années 60 et 70. » Le sol est recouvert d’un élégant parquet couleur miel, la décoration fait la part belle au laiton (effectivement typique du design italien des seventies) quand certaines autres lampes viennent de Murano. Quant aux nuances, un choix précis guide le visiteur à travers les différents espaces et crée autant d’atmosphères personnalisées et de petits univers qui cohabitent paisiblement. « Pour l’entrée, le couloir et la cuisine, nous avons opté pour une teinte noisette, à la fois neutre et chaleureuse. Pour l’espace de vie, c’est un vert sauge, notre couleur préférée. Nous voulions dessiner un décor très harmonieux, tout en renforçant l’atmosphère lumineuse. Enfin, nous avons peint les murs des deux chambres et des salles de bains en bleu poudré qui, bien que très clair, les rend plus intimes. » Inutile de demander aux propriétaires ce qu’ils préfèrent dans leur appartement. « Chaque pièce nous procure des émotions différentes en fonction du moment de la journée et aussi de notre humeur », confie Benedetta. Et il faut l’avouer, c’est très beau !

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La chambre principale bénéficie elle aussi de beaucoup de lumière naturelle. Lampes de chevet en laiton et verre de Murano. Lit en velours Bolzan. Peinture originale du XVIIIe siècle à thème religieux, de l’école napolitaine : Sant’Anna e San Gioacchino.



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À Londres

Shabby chic alla milanese Entre Camden Town et Regent’s Park, au cœur du quartier huppé de Primrose Hill, Milly O’Sullivan se sent comme dans un village. En faisant rénover sa maison victorienne par le duo féminin du Studio MILO, elle est parvenue à marier l’élégance britannique au chic milanais. Par Francesca Sironi / Photos Monica Spezia

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Page de gauche Vue partielle des entrées en terrasse du quartier de Primrose Hill, avec l’accès surélevé au rez-de-chaussée typique du style victorien. Ci-contre Milly O’Sullivan, la propriétaire, pose sur un canapé Goddard (Pinch Design). Au sol, tapis Traces de Savonnerie Full, collection « Traces de mémoire » de CC-tapis.



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ans le quartier de Primerose Hill, niché entre la colline, le canal et la station de métro, les rues étroites sont bordées de demeures victoriennes aux façades en stuc blanchi à la chaux et en briques apparentes, avec leur escalier menant à la porte d’entrée et

leurs grandes fenêtres décorées. La maison de Milly O’Sullivan, qui se compose de quatre étages et d’un sous-sol donnant sur le jardin à l’arrière, en possède tous les atouts : un parquet qui grince, un vieil escalier et des cheminées disséminées dans les différentes pièces. « Sans oublier l’irrésistible véranda, à mi-chemin entre une serre et un jardin d’hiver, ajoute la propriétaire. C’est une vraie maison familiale, avec de nombreux espaces communs mais aussi intimes. Un lieu qui a une histoire. » En parcourant le dossier de vente, elle a appris que le célèbre romancier anglais H. G. Wells, auteur de La Machine à explorer le temps, y avait vécu. Elle a alors rassemblé des documents et des dessins pour mieux comprendre le passé de la demeure et fait encadrer ces archives, qu’elle espère pouvoir accrocher bientôt. L’habitation a été entièrement rénovée. Rien de radical, bien sûr ; à l’extérieur, tout a été conservé à l’identique, y compris la mosaïque géométrique noir et blanc qui recouvre les marches, perpétuant la tradition des escaliers du quartier. En revanche, l’intérieur réserve bien des surprises. « Je partageais déjà cette maison avec d’autres étudiants lorsque j’étais au London College of Fashion », explique la maîtresse des lieux, aujourd’hui directrice commerciale pour des marques de mode internationales. Née en Australie, elle a vécu dans le Hampshire, avant de s’installer à Londres. « Quand je l’ai achetée, j’ai décidé de privilégier la clarté et de repenser l’aménagement. Je voulais y apporter ma touche personnelle. » Ses idées se sont concrétisées grâce au Studio MILO, basé à Milan et à Londres. « Nous nous sommes tout de suite très bien entendues, racontent Federica Gosio (architecte d’intérieur) et Arianna Crosetta

Page de gauche Sous les hauts plafonds en stuc du lumineux salon, un canapé Goddard (Pinch Design) prend place à droite de la cheminée. La table basse est signée du Studio MILO. Tapis CC-tapis. Lustre en laiton satiné Leaf 7208 dessiné par Matteo Zorzenoni (MM Lampadari). 1/ Dans la cuisine est accrochée une œuvre de Jean-François Rauzier. Chaises Beetle de GamFratesi (Gubi). Suspension en laiton conçue par Louis Weisdorf (Gubi). Carrelage en céramique effet parquet Mutina. 2/ Le salon accueille un fauteuil Lady en velours de Marco Zanuso (Cassina).

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1/ Vue sur le jardin à l’arrière de la maison, où la véranda est adossée à la façade en brique typique. 2/ Un miroir Cora noir et or (Made.com) est accroché dans le hall d’entrée. 3/ Des fleurs coupées apportent une note végétale dans la cuisine. 4/ Des fauteuils Charlottenborg, en rotin Manau, dessinés par Arne Jacobsen (Sika Design), ont pris place dans la véranda. Devant la fenêtre, une lampe Atollo en

laiton doré de Vico Magistretti (Oluce). Ci-contre Dans la cuisine, installée en contre-bas, le mobilier a été conçu par les architectes de Studio MILO et fabriqué sur mesure par un artisan local. Au milieu de la pièce trône la table Clay, du designer Marc Krusin (Desalto). Chaises Beetle, design GamFratesi (Gubi). Suspensions Multi-Lite en cuivre de Louis Weisdorf (Gubi). Carrelage en céramique Mutina.


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(architecte). Elle nous a presque donné carte blanche, nous faisant confiance pour l’intégralité de la décoration, du projet jusqu’à la mise en œuvre. En un peu plus d’un an, nous avons réussi à donner à sa maison cette touche de glamour britannique, à la fois chaleureuse et accueillante, qui caractérise Milly O’Sullivan. On y retrouve aussi sa passion pour l’art, son attrait pour l’ancien et le moderne et, surtout, son impressionnante collection de tissus. »

Retrouver l’éclat de l’architecture victorienne À l’exception de quelques ouvertures qui ont rendu l’ensemble plus spacieux, aucun changement n’a été apporté à la disposition initiale des pièces : au rez-de-chaussée, le double espace de vie donne sur la véranda ; au sous-sol, la cuisine jouxte le coin détente et le jardin ; et les chambres et leur salle de bains se trouvent aux étages supérieurs. « Les portes, linteaux et parquets d’origine ont été conservés. La résine noire, qui les recouvre aujourd’hui, les met en valeur et leur confère davantage de caractère. » Cette solution astucieuse a permis d’éviter le remplacement de ces éléments en très mauvais état. Et les cheminées d’époque fonctionnent à nouveau. « Au lieu d’opter pour un papier peint traditionnel sur les murs, nous avons créé des formes géométriques sur le sol de l’étroit hall d’entrée, avec des marbres polychromes », poursuivent Federica et Arianna. Le mobilier, quant à lui, constitue un ensemble éclectique couvrant différentes périodes du design. Ainsi, quelques meubles de famille anciens et des objets dénichés sur des marchés d’antiquaires côtoient des classiques signés Vico Magistretti, Gerrit Rietveld ou Louis Weisdorf, mais aussi des pièces sur mesure conçues par Studio MILO, comme la table basse du salon et les têtes de lit. Des cartes géographiques viennent compléter la décoration. Chez Milly O’Sullivan, il y a de la place pour tout un monde.

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1/ Dans la salle de bains de la chambre principale donnant sur le jardin, à l’arrière de la maison, les lambris muraux sont recouverts de marbre Lithos Design. 2/ Dans la chambre, la tête de lit sur mesure a été créée par Studio MILO. Draps en lin et couvertures en laine Society Limonta. Sur la table de nuit, lampe Pipistrello de Gae Aulenti (Martinelli Luce). Suspension Dots de Matteo Zorzenoni (MM Lampadari).


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À Frederiksberg (Copenhague)

Héritage scandinave Dans une villa centenaire de 200 m2, située à la périphérie de la capitale danoise, Pernille Teisbæk et son mari, Philip Lotko, ont trouvé un espace où respirer. En restaurant une maison de 1870, ils ont réalisé un rêve : construire un cocon chaleureux et familial. Par Mille Collin Flaherty / Photos Line Thit Klein

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Page de gauche La façade des meubles de cuisine peinte en gris a été conçue par l’entreprise de design et de menuiserie Brunse & Brønnum. Console Herringbone Tile (Warm Nordic). Bougeoir vintage dégoté chez Fil de Fer et vase Gomitolo en céramique (MissoniHome chez Lot#29). Ci-contre Le salon, qui donne sur la cuisine et la salle

à manger, affiche un style classique et cosy… Classic Sofa signé Oliver Gustav. Grand luminaire Street Lamp et vaisselle en verre colorée de l’artiste danois FOS. Table basse Dusty Deco. Chaise Cocoon du duo danois Kevin Hviid et Martin Kechayas (ATBO). Table d’appoint en résine St. Barts, design Andrianna Shamaris.



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’est grâce à la machine à coudre héritée de sa grand-mère que sont nées la passion et la fascination de Pernille Teisbæk pour la mode. Elle lui a permis de concevoir et de réaliser ses premières créations. Et si, de son propre aveu, cela

ne s’est pas toujours révélé une réussite et que la machine a fini par être remisée, son goût pour le style, les vêtements et les accessoires a persisté. Aujourd’hui, la styliste cumule plus de quinze ans d’expérience et de collaborations avec, notamment, le magazine Vogue (US), le site Net-A-Porter et les marques H&M ou The Row. Son blog Lookdepernille, créé en 2012, est rapidement devenu, à l’époque, une occupation à plein temps, mais en février 2016, elle a décidé de le fermer pour devenir directrice de la mode du magazine The You Way. Parallèlement, elle dirige, avec sa partenaire Hannah Løffler, l’agence Social Zoo, où elle s’occupe de marketing d’influence et de stratégie médias sur les réseaux sociaux. « Mon job est extrêmement polyvalent. Je travaille à la fois en amont, en aval et sur les productions photo ; j’aime ce flux constant d’idées et toutes les étapes de développement d’un projet », explique-t-elle. Avec plus de « 700 k » de followers (700 000 abonnés) sur Instagram, son solide portfolio et son statut de conseillère pour les marques et leur stratégie de communication lui donnent ce je-ne-sais-quoi qui font d’elle une icône à suivre. Cette intense activité explique que Pernille soit si contente de rentrer régulièrement dans son cocon familial, y retrouver son fils et son mari. D’autant plus que, lors de leur mariage, ils s’étaient promis d’être présents l’un pour l’autre, face à un monde plein de bruit et de sollicitations. Depuis qu’elle est devenue maman, une autre chose importante a changé : elle ressent le besoin d’exprimer son engagement, ce qu’elle fait notamment

Page de gauche Autour de la grande table Waste in Scrapwood conçue par Piet Hein Eek, qui ancre la cuisine et la salle à manger, plusieurs chaises Series 7 d’Arne Jacobsen (Fritz Hansen), tapissées de cuir. Lustre Cloud 19 signé Apparatus. Sur le mur de la cheminée, un tableau de l’artiste suédoise Malin Gabriella rompt le « silence » de la palette de couleurs neutres de la maison. Canapé Classic Sofa d’Oliver Gustav. La lampe vintage en forme de palmier provient du magasin Fil de Fer Copenhagen et la grande affiche encadrée, au fond, de Beau Marché. 1/ Sur une précieuse console en verre et laiton, une collection de flacons et objets dorés. Au-dessus, une estampe de l’artiste danoise Cathrine Raben Davidsen voisine avec deux œuvres de sa compatriote Helle Mardahl. Tapis Dusty Deco. 2/ Une table de l’artiste FOS sert de support à une lampe-œuf de Helle Mardahl. Chauffeuse PK22 (1956) de Poul Kjærholm (Fritz Hansen).

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lors du Sommet annuel de la mode à Copenhague, en prônant le développement durable de cet univers textile. « J’espère que nos fortes convictions se manifesteront à travers un modèle de consommation plus sain et plus responsable. Il faudra encore de nombreuses années avant que les plus petites marques danoises soient en mesure de suivre l’exemple des grandes en matière de production durable. D’ici là, en tant que consommateurs, nous pouvons apporter notre contribution en réfléchissant à long terme et en arrêtant de suivre aveuglément les tendances quand il s’agit d’acheter de nouveaux vêtements », préciset-elle. Cette prise de conscience s’applique aussi à la décoration de sa villa, qu’elle habite avec sa famille depuis un peu plus d’un an. « Mon amour pour les marques scandinaves s’étend à la déco. J’ai un faible pour les chaises, que je collectionne depuis vingt ans, signées Poul Kjærholm, Arne Jacobsen, Oliver Gustav, Hans J. Wegner, Poul Henningsen, Philip Arctander, mais aussi Pierre Jeanneret… Je ne pourrai jamais m’en séparer, car chacune représente un moment de ma vie. Je donne d’ailleurs la priorité à mon intérieur, plutôt qu’à ma garde-robe, et mets volontiers de l’argent de côté pour m’offrir des pièces que je garderai toujours. C’est le même style minimaliste et classique, associant les matériaux, qui guide ma façon de m’habiller et de meubler mon intérieur. » Sa fascination pour le design danois lui vient de sa famille. La grand-mère qui lui légua sa machine à coudre vivait dans une bâtisse dessinée par Arne Jacobsen. « Je suis littéralement amoureuse de cette maison simple et pure. Je rêve de vivre dans une architecture comme celle-ci, malheureusement il n’en n’existe pas à Frederiksberg », rit-elle. Elle décrit son sens esthétique comme une qualité innée qu’elle cultive sans effort : « Tout le monde n’a pas forcément d’intérêt pour ce genre de détails… »

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1/ La chambre principale, qui donne sur le palier en haut de l’escalier, abrite placards et tiroirs, fabriqués sur mesure par CPH, en guise de dressing. Le miroir a été déniché chez Fil de Fer et le tapis est signé Kirsten Fribert. 2/ Coiffeuse vintage provenant de chez Fil de Fer. Chaise Drop d’Arne Jacobsen (Fritz Hansen). Page de droite Derrière la maison, cachée par un grand mur, une terrasse créée par les propriétaires. fonctionne comme une extension de la cuisine et est décorée d’une longue table de chez Klüver Dehli et de chaises Tolix vintage. Grande chaise en rotin dégotée chez Boho Habits. Chariot de service Sika Design. Pichet utilisé comme vase de Cristaseya, de chez Wood Wood.




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En matière de rénovation, Pernille et son mari sont partis de zéro. Si la maison date de 1870, elle n’avait pas le charme des villas historiques, car les précédents propriétaires l’avaient modernisée, rendant méconnaissable sa structure originelle. « Nous avons posé de nouveaux planchers, abattu et remonté des murs, conçu une cuisine contemporaine, deux nouvelles salles de bains et une cheminée intégrée. Nous avons fait fabriquer des armoires sur mesure et une terrasse derrière la maison », décrit Pernille.

Palette naturelle « Mon mari vient de m’offrir une magnifique peinture de l’artiste suédoise Malin Gabriella, connue pour son univers coloré. Contrastant avec ma palette monochrome, celle-ci s’intègre idéalement », explique la jeune femme. Inspirée par ses nombreux voyages et par des magazines de luxe, la styliste avoue que le plus important à ses yeux, concernant son intérieur, c’est que l’atmosphère y soit chaleureuse et personnelle : « Si une maison doit permettre à chaque habitant de percevoir l’histoire qui l’a traversée, elle ne doit surtout pas rester figée, ressembler à une aile de musée oubliée. » Cela n’empêche pas de choisir des solutions plus belles que pratiques, comme des robinets en laiton ou un plateau de table de cuisine en marbre. Pour preuve, l’immense salle de bains du premier étage, où se réunit toute la famille, le soir, lorsque le petit Billy Bjørn prend son bain. De cette expérience, Pernille tire un bilan positif : même si ce fut un projet qui a monopolisé toute son énergie alors même qu’elle venait d’accoucher, si c’était à refaire, elle le referait : « Mon foyer est tout pour moi. Nous voyageons tant que nous avons besoin d’un endroit où nous retrouver, où nous sentir vraiment “à la maison”. »

Page de gauche La collection de chaussures de la propriétaire a trouvé sa place dans des rangements fabriqués sur mesure. 1/ La salle de bains du rez-dechaussée se pare de carreaux roses Aquadomo. Lampes Ikea et miroirs Københavns Møbelsnedkeri. 2/ Au premier étage, dans la chambre principale entièrement décorée dans un camaïeu de gris règne le calme. Le plafonnier Benitier, de la collection « Silk Lamp » (Gong), déniché chez Rue Verte (à Copenhague), diffuse une lumière douce, ajoute à la sérénité de l’atmosphère et contraste avec les lampes industrielles Jieldé. Linge de lit Aiayu et couvre-lit Oliver Gustav Studio.

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À Palerme

Sur un air de pop sicilienne Il trouve son inspiration dans la vie de tous les jours et la capitale de l’île italienne lui offre un canevas de situations à l’infini. Andrea Buglisi révèle dans sa peinture une vision poétique et vitaminée du quotidien, un peu à la façon d’un artiste pop. Chez lui, l’éclectisme des œuvres et leur voisinage avec moult objets de récupération provoquent des collages surréalistes. Par Kurt G. Stapelfeldt / Photos Serena Eller / Vega MG / Stylisme Germana Di Paola

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Page de gauche Andrea Buglisi et sa compagne, Sara Rizzo, dans l’atelier de celui-ci. Exposée en arrière-plan, High Half Beauty, huile sur toile (2018) qu’il a réalisée. Au mur, autres œuvres de l’artiste. En haut à gauche, luminaire Bug de l’artiste italien Domenico Pellegrino. Ci-contre Fides, une murale créée en 2018 dans le quartier Ballaro, à Palerme, pendant l’exposition «¿Cartoline da Ballarò¿», organisée entre autres par Andrea Buglisi et Igor Scalisi Palminteri, autre artiste palermitain.



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ituée dans le centre historique, la maison d’Andrea est le reflet vivant du quotidien de ce Palermitain, autant comme artiste que comme résident. Chaque mur y est recouvert d’anciennes enseignes de magasin restaurées et d’autres objets ache-

tés dans des brocantes, ainsi que des propres œuvres d’Andrea ou de celles de ses amis. Ces artefacts témoignent d’un attachement profond à sa ville. Et l’écrin qui les abrite – son organisation, ses partis pris de circulation – est entièrement pensé pour renforcer ce sentiment. « Je voulais une maison ouverte plutôt que séparée traditionnellement en pièces. Depuis la cuisine, vous pouvez voir l’endroit où je peins et, de là, découvrir le reste de l’espace », explique Andrea à propos de ce plan aussi libre que possible sur lequel Sara Rizzo, sa partenaire, et lui ont travaillé pendant des mois. L’appartement de 170 m2 se trouve dans un immeuble assez anonyme datant des années 60. Son aspect actuel n’a absolument rien à voir avec ce qu’il était au départ : « Les logements de ce bâtiment comportaient des chambres, des cloisons et des couloirs, alors que je rêvais d’un espace dégagé et fluide. Dans l’appartement que j’occupais précédemment, mon petit studio de travail se trouvait à une extrémité, éloigné de ma vie quotidienne. Cette séparation, cette barrière, je n’en voulais plus dans cette nouvelle vie. » De grandes fenêtres, de longues perspectives, beaucoup de lumière et, surtout, un même sol en résine cimentée unifient désormais l’ensemble. « J’ai décidé de tout faire moi-même, d’abord pour des questions de coûts, mais aussi parce que j’ai le goût des travaux pratiques. Ça m’a valu quelques erreurs, surtout au début, mais une fois lancé, je suis allé

Page de gauche Dans l’entrée, mobilier des années¿60 personnalisé par Andrea Buglisi. Au mur, sa série de dessins «¿Big Fish¿» (2010). Bibliothèque modulaire Cloud de Ronan et Erwan Bouroullec (Cappellini). Ci-dessus Depuis le salon, vue sur la salle à manger et sur l’atelier, au fond. C’était un souhait fort d’Andrea Buglisi de décloisonner autant que possible son appartement. Au premier plan, canapé Tufty-Time de Patricia Urquiola (B&B Italia). Enseigne Tabacchi des années¿80. À droite, pouf peint à la main par Andrea Buglisi. Suspensions Uto de Lagranja Design (Foscarini).

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Cuisine en îlot GD Arredamenti. Sur le mur du fond, Celerino, une peinture à l’huile d’Andrea Buglisi (2018). En haut à droite, au-dessus des étagères, Karl Manson, de Francesco Tagliavia (2006).


Dans l’entrée, la bibliothèque Cloud, des frères Bouroullec (Cappellini), vue depuis le salon. Au mur, bicyclette 70’s Bianchi. Lampe orange 60’s Nesso de Giancarlo Mattioli (Artemide). Au sol, à droite, lampe Monkey de Marcantonio Raimondi Malerba (Seletti).



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assez vite, dit-il. La rupture recherchée a donné de bons résultats. Du coup, j’ai enchaîné en changeant les planchers, puis la décoration intérieure. Là, ç’a été génial. » Dans son activité artistique aussi, Andrea révèle son éclectisme. S’il se consacre en priorité à la peinture, il ne se limite pas à une seule forme d’expression. Installations, sculpture, fresques murales et arts de la rue enrichissent sa palette.

Des pièces qui parlent Son inspiration vient de partout et parfois des endroits les plus inattendus. « Toutes ces pièces que vous voyez autour de moi, les choses trouvées ou rapportées des marchés et des puces, toutes nourrissent mon travail. Il peut s’agir de jouets ou d’objets de décoration, voire de mobilier vintage. Leur finalité est bel et bien pratique : je peux les poser et les laisser me parler. Je peux aussi les démonter ou les recomposer et cela peut annoncer le début d’une peinture, d’un dessin ou même d’une fresque murale. Chaque pièce est ici dans un but précis et cela fait de toute la maison un espace interactif », explique Andrea. Alors qu’une grande partie de celles qu’il produit ont vocation à être mises en vente, certaines sont « recyclées » dans sa communauté d’amis ou de créateurs proches par le biais d’échanges. De cette façon, Andrea Buglisi s’est constitué une collection, réalisée notamment par de nombreux artistes qu’il respecte. Pièces de design vintage, œuvres de pop art, de street-art… mais aussi jouets et enseignes peuplent cette habitation qui, à l’image de la ville elle-même, respire la culture et la créativité.

Page de gauche Sur le mur du salon, huile sur toile Due Modi d’Andrea Buglisi. Sur l’enfilade, sculptures du même et de Sara Rizzo, sa compagne. Lampe des années 60 personnalisée par l’artiste. Ci-dessus Dans la chambre, transat Stasera Mi Butto peinte par Sergio Cascavilla. Au mur, lithographie d’Andrea Buglisi. Suspension Uto de Lagranja Design (Foscarini). Sur le meuble bas jaune IKEA PS 2012, téléviseur 70’s SpectraDimension 5 (Nordmende). Sur le mur, armoire à chaussures IKEA Trones. Lit rond suspendu Fluttua de Daniele Lago (Lago). Au mur, lettrage issu d’une enseigne lumineuse vintage.

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À Londres

« Nature » est le mot le plus adapté pour décrire cette maison, où la végétation est tellement présente qu’il est difficile de distinguer l’intérieur de l’extérieur. Le mode de vie, la décoration… Ici, tout est luxuriant et frais comme un jardin. Dans le cocon de l’artiste Liza Giles, la nature et l’art ne font qu’un. Texte et photos Rei Moon (Moon Ray Studio)

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Chlorophylle et acrylique


Page de gauche Dans la salle à manger, Liza Giles, la maîtresse des lieux, a placé autour d’une table Tulip, d’Eero Saarinen (Knoll), plusieurs chaises DSR de Ray et Charles Eames (Vitra). Deux fauteuils Bertoia Diamond, de Harry Bertoia, en métal chromé noir (1952, Knoll) encadrent la fenêtre. Suspensions Collect (Ferm Living). Tapis délavés Golran. Ci-contre Dans la chambre principale, l’ambiance cosy

est rendue grâce à l’association d’une méridienne vintage Paradiset (1958), de Kerstin Horlin Holmquist, d’un lustre à pampilles vintage, dégoté chez Maison Artefact, d’une table basse Tulip, d’Eero Saarinen (Knoll), d’une chaise Bertoia, de Harry Bertoia (1952, Knoll), et d’un fauteuil en lin et cuir, les deux chinés au Sunbury & Sandown Antiques Market. Tapis à effet délavé acheté sur le site de vente en ligne Etsy…



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ans le sud de Londres, au cœur d’une végétation magnifique, se tient fièrement une

maison victorienne dont l’entrée, suivie d’un couloir aussi spacieux qu’une piste d’atterrissage, offre trois mètres de hauteur sous plafond. Le chemin balisé par les nom-

breuses plantes qui ponctuent ce passage mène à un jardin dissimulé à l’arrière. Dans cette majestueuse demeure, les végétaux apportent une réelle harmonie aux espaces. C’est ici que vivent Liza Giles, son mari et leurs deux enfants, entre simplicité scandinave et objets vintage. Lorsque le couple a découvert cette bâtisse, c’était un espace vierge, à l’abandon depuis des années. Matthew, le mari de Liza, est architecte. Il l’a donc repensée en y apportant sa propre interprétation d’une structure moderne, tout en conservant sa majesté d’antan. Les faux plafonds et les portes ont été supprimés pour relier les différentes pièces et créer de plus grands volumes. Le plafond et la cheminée d’origine, qui avaient été endommagés par un incendie, ont été restaurés. Le parquet, trop ancien, a quant à lui été remplacé par du carrelage vintage. Matt a ainsi réinventé le squelette de l’habitation, avant de laisser le soin à Liza de l’étoffer. Elle a choisi d’associer harmonieusement le vert et le bleu, à travers le mobilier et les tissus. Les solutions modernes et contemporaines du maître des lieux, alliées à la touche industrielle apportée par Liza, ont donné naissance à un style personnel et entièrement nouveau. Chaque pièce a sa thématique et reflète une inspiration unique, ce qui s’explique probablement par les goûts très différents du couple. Et c’est aussi ce qui confère à ce lieu son incroyable énergie.

Page de gauche Au premier étage, sur le mur du couloir en face de la salle de bains voisinent les dessins de Matthew Giles et les peintures de Liza Giles. Chaise et table basse fifties, chinées au Sunbury & Sandown Antiques Market. Tapis berbère rapporté de Marrakech. Ci-dessus La table basse Tulip, d’Eero Saarinen (Knoll), prend place au centre du salon, sur des tapis acquis sur le site Etsy. Liza Giles a installé le canapé Elan, de Jasper Morrison (Cappellini), en face de la cheminée avec, en bout de canapé, la version d’appoint de la table Tulip. Miroir acheté à Londres, chez Maison Artefact. Sofa trois places Scoop (Designers Guild) et fauteuil Bertoia Diamond, de Harry Bertoia (Knoll). Lampadaire trois bras de Serge Mouille. Le lustre a été chiné sur l’Alfies Antique Market.

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Page de gauche 1/ Liza, inspirée par ses voyages, a décoré la cuisine de ses propres œuvres et d’une collection d’ustensiles vintage, dégotés au Sunbury & Sandown Antiques Market et disposés sur des étagères en acier. 2/ Dans ce volume blanc et vert, quelques formes noires : deux fauteuils Bertoia Diamond, de Harry Bertoia (Knoll), un lampadaire de Serge Mouille et trois suspensions Collect (Ferm Living). 3/ À la maison, dans son atelier éclairé par la lumière du jour, Liza se concentre désormais sur son travail artistique. 4/ Dans

le couloir du rez-de-chaussée, végétaux, meubles vintage et œuvres d’art (la peinture encadrée en blanc est une œuvre de Ray Marsh) voisinent en toute harmonie. Console en acier corten fabriquée sur mesure. Moulures du plafond Miles and Wilde. Carrelage Bert & May. Ci-contre Liza contemple le jardin. Parmi ses séries de peintures préférées, « Coral & Black », dont elle a extrait Composition V, pour l’exposer sur le mur du salon. Les peintures encadrées en blanc sont signées Ray Marsh. Tapis Golran. Suspension Collect (Ferm Living).


Ci-contre La chambre d’amis est située au deuxième étage. Chaise Bertoia, de Harry Bertoia (Knoll), dégotée sur le Sunbury & Sandown Antiques Market. Suspension de Tom Dixon. Tapis rapporté de Marrakech. Linge de lit en lin Biella et coussins Designers Guild. Long coussin fabriqué à partir de vieux sacs de grain ukrainiens. Miroir acheté chez Maison Artefact. Œuvre picturale

de Liza Giles. Page de droite Le jaune de la salle de bains s’inspire de la couleur de la fleur de l’Alchemilla mollis. Paroi en verre TD Glass. Lavabo et bac de douche CP Hart. Robinets en laiton Vola. Suspensions vintage du Sunbury & Sandown Antiques Market. Parquet Türgon. Tapis kilim du Maroc. Serviette vintage en lin ukrainien. Vases en laiton Graham & Green. Rideau Designers Guild.



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Lorsque l’on voit la maison, il n’est guère surprenant d’apprendre que Liza Giles s’épanouit dans son métier de styliste. Après des études d’art à Liverpool, elle a obtenu son premier emploi chez Sir Terence Conran, à Londres. En redécorant des restaurants, elle s’est prise de passion pour les couleurs et les tissus. Elle a ensuite travaillé pour l’incontournable éditeur de papier peint et de tissu Designers Guild, ce qui lui a permis de collaborer avec Tricia Guild sur plusieurs projets. Après dix-huit ans dans l’entreprise, la jeune femme s’est sentie prête à écrire un nouveau chapitre de sa vie en réalisant son plus grand rêve : devenir artiste. Cette demeure victorienne lui a donc permis, telle une toile, de s’exprimer. D’ailleurs, toutes les couleurs ont été choisies par ses soins. Ce qu’elle préfère ? Sa série de tableaux « Coral & Black », exposée dans le salon. Pour justifier sa réponse, Liza Giles extrait d’un livre qui traite du peintre Franz Kline une citation de Louis Armstrong, à qui l’on demandait la signification de sa musique : « “Si tu ne la comprends pas, je ne pourrai jamais te l’expliquer.” Voilà ce que j’ai envie de répondre lorsque l’on me pose des questions sur le sens de mon travail. L’interprétation de l’art abstrait est propre à chacun. Ces œuvres n’ont pas besoin d’explication. » Certaines associations de formes et de couleurs, créées par Liza Giles, font écho à la nature, tandis que d’autres, constituées de collages,évoquent des souvenirs plus intimes. Elle dit s’inspirer de Pablo Picasso, de David Bowie ou de la styliste de mode et chineuse compulsive Linda Rodin, mais son travail exprime avant tout un vrai sens du graphisme et distille une énergie positive.

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Pour la chambre principale, la maîtresse des lieux a privilégié une palette de couleurs naturelles et organiques. 1/ Peinture de Liza Giles. Coussin cousu à partir de sacs de grain ukrainiens. Jeté de lit Designer Guild. 2/ Une œuvre de l’Anglais Victor Pasmore joue les têtes de lit. Tapis berbère de Marrakech. Lampadaire Tab F à LED de Barber & Osgerby (Flos).


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À Paris

Luxe de détails Qui dit décoration dit souvent restauration et parfois même restructuration. Le duo d’architectes d’intérieur de l’agence Le Berre Vevaud a dû repenser un appartement haussmannien du VIIIe arrondissement. En phase avec leur époque, les deux hommes ont proposé à leurs clients, à travers de très beaux matériaux, un art de vivre au confort luxueux, mais sans lourdeur ni ostentation. Texte et stylisme Ian Phillips / Photos Stephan Julliard

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Page de gauche et ci-contre Le travail de Thomas Vevaud (à gauche) et Raphaël Le Berre allie rigueur architecturale et fantaisie. En témoigne la salle à manger habillée de papier peint panoramique DayDream (Besson). Au-dessus de la table sur mesure, avec plateau en verre et structure en noyer américain, une suspension Satélise, en rotin avec cable textile, d’Élise Fouin (Forestier). Au premier plan, siège 109 Chair, signé Finn Juhl. La banquette sur mesure « suspendue », tapissée de velours de coton Nakhon (Jim Thompson), fait face à trois chaises CH33P de Hans J. Wegner (Carl Hansen & Søn).



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L

orsque Thomas Vevaud et Raphaël Le Berre ont été mandatés pour décorer cet appartement du VIIIe arrondissement de Paris, leurs clients – un couple de Genevois parents de trois enfants – leur ont donné des consignes très précises. Car ils attendent

que « tous leurs logements possèdent certaines qualités, explique Thomas Vevaud. Ils sont très sensibles au bruit et il a donc fallu travailler l’acoustique de l’intégralité de l’espace, comme un écrin dans une panic room. » Et ce alors qu’il n’est pas spécialement exposé

aux nuisances sonores… L’immeuble a beau être implanté à une adresse prestigieuse, l’appartement de 220 m2, situé au fond d’une cour et donnant, à l’arrière, sur un jardin spacieux et arboré, était en très mauvais état. « Se sont présentées des problématiques structurelles très importantes, racontent les architectes d’intérieur, telles qu’une différence de niveau de quinze centimètres d’un bout à l’autre de certaines pièces, ce qui est énorme ! » Les travaux de mise à niveau et d’isolation ont duré dix-huit mois, pendant lesquels l’habitation a été complètement repensée. Le couloir côté jardin a été supprimé, le salon, redimensionné afin de lui donner une forme carrée, et la cuisine, déplacée du fond de l’appartement où les codes haussmanniens l’avaient bannie… Le propriétaire précédent avait de surcroît fait installer dans l’ancien salon et la suite parentale des boiseries provenant d’un château. Si, dans le salon, les architectes ont gardé l’imposante cheminée, leur approche globale a été contemporaine. « On ne tenait pas forcément à être dans la rupture, mais l’espace transpirait le classicisme par ses volumes et le rythme de ses fenêtres », confie Thomas Vevaud. C’est sur les bancs de l’école Camondo que le duo s’est rencontré, en 1996. Une fois leur diplôme en poche, les deux jeunes gens ont vu leurs chemins diverger. Quelques années plus tard, ils se sont recroisés dans le quartier du faubourg Saint-Antoine, à Paris, où Raphaël Le

Page de gauche L’applique The Monkey Lamp, de Marcantonio Raimondi Malerba (Seletti), apporte une touche humoristique à la salle à manger. Vendue en résine laquée blanche, elle a été repeinte pour se fondre plus harmonieusement avec le décor. Datant des années 40, les céramiques posées sur la table, signées Alexandre Kostanda, ont été réalisées dans le village d’Accolay, dans l’Yonne. Ci-dessus Le salon est habité par un immense canapé en cuir vintage DS 600 d’Ueli Berger, Eleonore Peduzzi-Riva, Heinz Ulrich et Klaus Vogt (de Sede, à la Galerie Glustin). Miroir Rondo de Franck Evennou (galerie Avant-Scène). Fauteuils Œuf des années 50, signés Jean Royère (Galerie Jacques Lacoste). Ensemble de trois tables basses en laiton gravé d’Emmanuel Jonckers (Galerie Yves Gastou). Le seul élément restant de l’ancien décor, la cheminée en pierre, accueille une paire de céramiques d’Amir Smolnik (Chahan Gallery) et deux bougeoirs Chardon, imaginés par Hubert Le Gall (galerie Avant-Scène).

Berre était en poste dans un cabinet spécialisé dans la conception de restaurants et Thomas

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Ci-contre et page de droite Dans la cuisine, qui s’ouvre sur le salon grâce à des portes coulissantes, un lustre datant des années 50 dialogue avec le tableau Green Ratio, de Tom Henderson (Galerie Dutko), et avec une paire de tabourets en noyer BassamFellows (galerie Triode). Sur la table en granit noir du Zimbabwe est posé un service de table Maison Sarah Lavoine.




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Vevaud travaillait pour l’architecte d’intérieur François Champsaur. L’agence Le Berre Vevaud

1/ La salle de bains, avec ses

a vu le jour en 2008. « On est différents, mais très complémentaires », affirme Thomas Vevaud.

formes délicatement arrondies et son marbre Volakas, est dotée d’une baignoire AntonioLupi, d’une robinetterie Vola et d’un miroir en acier ayant bénéficié d’une finition canon de fusil, fabriqué par Pouenat. Le tabouret Barth fait partie de la collection de Raphaël Thomas Éditions – l’entité éditrice de design de Le Berre Vevaud –, tandis que la petite sculpture carrée en bronze dans l’angle, de Bruno Romeda, et le banc en bronze et cuir, de Philippe Anthonioz, proviennent de la Galerie Dutko. 2/ L’ambiance douce de la chambre invite au repos. Applique Drop de Patrick Naggar (Veronese). Liseuse Meljac. Linge de lit C&C Milano. Composition florale de l’Atelier MarieMarianne. Page de gauche Dans la chambre des enfants, l’effet tie and dye des portes de placards répond à la gradation des couleurs du tapis Ran Chrysanthème, créé par Han Feng (Tai Ping). La suspension Vertigo, de Constance Guisset (Petite Friture), veille sur deux chaises Windsor et des lits superposés fabriqués sur mesure en chêne brossé.

« Au début, il manquait à Thomas ce petit supplément d’âme que je pouvais apporter, renchérit Raphaël Le Berre. De mon côté, je n’avais pas sa rigueur. Aujourd’hui, on ne fait plus qu’un. »

Artistes et artisans associés Leur travail est remarquable de précision, suivant des lignes architecturales maîtrisées. Ils sont friands de symétrie, adorent les ambiances « laiteuses » pour les chambres et ont une philosophie du luxe qui prône justesse et discrétion. « On n’est pas dans une démarche démonstrative, déclare Raphaël Le Berre. Tout est travaillé comme en lévitation, avec des joints creux et des plinthes en retrait. » Thomas Vevaud ajoute : « On peut déceler l’ADN et le fil conducteur de tous nos projets, comme par exemple raconter des choses différentes dans chaque pièce. » Cet appartement ne fait pas exception. Les murs de l’entrée ont été décorés avec un patchwork de formes anguleuses et de finitions subtilement texturées, développées par l’artiste Pierre Bonnefille. Dans la salle de bains, c’est la courbe qui a été retenue, tandis que la chambre des enfants s’est révélée un terrain idéal pour laisser libre cours à plus de fantaisie : les portes des placards arborent un effet tie and dye, tandis que les lits superposés évoquent l’univers rêvé de la cabane. La pièce la plus saisissante est sans conteste la salle à manger, dont le papier peint panoramique, sur le thème du retour d’Égypte, est un prolongement du jardin, que l’on distingue à travers les fenêtres. Une autre constante transparaît de toutes leurs réalisations : leurs collaborations avec des artisans, telles Pouenat pour le métal, SIGébène pour l’agencement, Rocacher pour le parquet et GMT pour la maçonnerie fine…. « C’est la seule façon de rendre ce type de projet possible, assure Thomas Vevaud. On se repose sur les compétences de ces entreprises, qui sont uniques. Avec elles, le champ des possibles est vraiment sans limite. »

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À Rome

Palimpsestes latins Pour chaque projet, Martino Fraschetti et Vincenzo Tattolo (Studio Strato) écrivent un nouveau scénario, à partir duquel ils créent un décor inédit, fruit de l’histoire du propriétaire et du lieu. Retour sur l’un de leurs récents projets domestiques, qui fait la part belle à la couleur et aux souvenirs de voyage. Par Isabelle Valembras / Photos Serena Eller


Page de gauche L’escalier tout en bois recyclé, réalisé selon le dessin de Studio Strato, semble en lévitation. Ci-Contre Jeux de matériaux et de couleurs entretiennent le style cabinet de curiosités de la chambre.



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F

ondé à Rome en 2007, Studio Strato appartient à la jeune génération d’architectes d’intérieur italiens en osmose avec l’air du temps de leur ville. Quel Romain n’a pas dîné, écouté de la musique ou dansé dans un lieu imaginé par les

jeunes quadragénaires Martino Fraschetti et Vincenzo Tattolo ? Le rooftop du Méridien, les restaurants Fornace Stella, Plancha, Amodei, Platz, Bulzoni ou 23 Cavallini et les clubs Klang et Ted X-Room sont des adresses où les riverains se retrouvent, mais aussi où les touristes captent une certaine idée de la dolce vita contemporaine. Tous les deux diplômés de la prestigieuse université d’architecture romaine de La Sapienza, ils cultivent un goût immodéré pour les voyages et se nourrissent de leur passion commune pour la culture visuelle actuelle. En témoignent leurs réalisations, restaurants ou appartements situés jusqu’aujourd’hui à Rome et dans le sud de l’Italie. Martino se concentre sur les matériaux et la couleur ; Vincenzo, quant à lui, visualise davantage l’architecture et gère la relation avec la clientèle. Leur manière de travailler inclut des collaborations avec des artisans de tous corps de métier, qui enrichissent les sites de détails graphiques et de savoir-faire spécifiques, participant ainsi à la personnalisation des lieux. Plus qu’un style, leur signature révèle une attention particulière portée à l’histoire des espaces qu’ils prennent en main, à la fluidité des circulations. Terre à Tuile House (c’est son nom !) est un appartement du quartier cosmopolite de l’Esquilin. Dans cette partie très animée de la ville, la leçon architecturale piémontaise, bourgeoise et fonctionnelle, rencontre la leçon romaine, marquée par un néoclassicisme aristocratique et monumental. Il s’agit d’un projet fortement lié à son contexte,

Page de gauche Le couloir déroule une jungle tropicale commandée à l’artiste romaine Costanza Alvarez de Castro et réalisée in situ. 1/ La couleur bleue (Ressource) délimite l’espace de la cuisine et en valorise les lignes essentielles. 2/ Les surfaces, les matériaux et le décor racontent la stratification de ce petit espace.

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un espace s’inscrivant dans l’un des bâtiments historiques de la fin du XIXe siècle, caractéristique des constructions « humbertiennes » de la place Vittorio Emanuele II. Son plan original a été conservé : de grandes pièces se succèdent dans un mouvement continu et harmonieux, telle une séquence cinématographique où les dilatations et les fermetures des espaces ménagent des ambiances toujours nouvelles et inattendues.

Hommes de l’art et du monde Les surfaces, les matériaux et le mobilier racontent une stratification de techniques locales de décoration, telle la peinture à la chaux, qui dialoguent avec des solutions « exotiques », comme l’intégration de zelliges marocains. Une atmosphère qui rappelle l’imaginaire mésoaméricain de l’artiste Frida Kahlo… Les couleurs de la palette de la maison de peinture Ressource alternent dans un jeu de correspondances et de contrastes vibrants. Et magnifient une collection d’objets provenant du monde entier, installée dans un cabinet de curiosités. Un couloir, décoré d’une jungle luxuriante par l’artiste romaine Costanza Alvarez de Castro, mène à la chambre fuchsia et au grand salon, dont le plafond en lambris s’ouvre sur la salle à manger et la cuisine. Chaque chambre offre différents points de vue sur l’intérieur de la maison, mais aussi sur la ville, à travers de grandes fenêtres. L’harmonie de l’ensemble de la décoration apparaît comme le résultat de la parfaite adéquation entre les goûts des clients et l’action des architectes. Car le studio Strato met un point d’honneur à concevoir, « pour des gens qui vont les vivre », des projets sur mesure.

Page de gauche L’appartement a gardé son plan original, c’est-à-dire de grands volumes desservis par un escalier sculptural, réalisé selon le dessin de Studio Strato. 1/ Dans cette chambre, la peinture fuchsia (Ressource) valorise la collection d’objets et de textiles rapportés de voyage. 2/ Pour la salle de bains, Strato a dessiné un mobilier qui dialogue avec les murs en microciment rosé et le sol en zelliges marocains.

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Contemporary trips parce que les voyages forment la jeunesse !


Shanghai

Miami

New York City

Londres

Sydney

Moscou

Paris

Rio de Janeiro

Venise


ID-URBAN SPIRIT

« Je retourne à Delhi comme je retourne à ma maîtresse Bhagmati quand j’ai mon compte de débauche à l’étranger. Delhi et Bhagmati ont beaucoup en commun. Longtemps abusées par des brutes, elles ont appris à dissimuler leur pouvoir de séduction sous un masque de laideur répugnante. Ce n’est qu’à leurs amants, au nombre desquels je me compte, qu’elles révèlent leur véritable nature. » Krishna Baldev Vaid, dans Rue des relents (1962).

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Delhi,

une géante enivrante Hyper-peuplée, démesurée et chaotique, la métropole indienne qui abrite la capitale n’est pas de tout repos pour le voyageur. De prime abord, elle intimide, voire effraie. Mais une fois qu’on l’apprivoise, mosaïque stimulante d’enclaves bourgeoises, de vieux villages multiculturels et de nouveaux quartiers, elle nous promet son lot de sensations fortes. Par Thomas Jean / Photos Young-Ah Kim pour IDEAT

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3

’Inde a une odeur, dit-on, et Pasolini en a même fait

d’anciennes maisons de maître ou petits palais ouvragés

un roman, L’Odeur de l’Inde, récit lyrique de ses pé-

qui constellent le quartier, s’effritent, si les moult jardins

régrinations à travers le sous-continent. Delhi, sa mé-

d’Éden de l’époque ont été ensevelis et si d’insensés bou-

tropole de 20 millions d’habitants qui accueille la capitale,

quets de fils électriques fleurissent à tous les coins de rue,

New Delhi, en son sein, met elle aussi votre odorat à forte

il reste à cette cité une aura de mystère qui envoûte, qui

contribution. C’est particulièrement en son cœur historique,

laisse coi. En témoignent les splendeurs d’architecture qui

Old Delhi, qu’elle exhale ses plus puissants parfums : encens,

surnagent, ainsi des coupoles de la mosquée Jama Masjid

cosmétiques au patchouli, currys divers et variés, viandes

ou des raffinements de grès rouge de la forteresse de Lal

qui grillent, fleurs de jasmin tressées en colliers religieux, et

Qila. À côté de cette « Vieille Delhi » exubérante, New

comptez encore, un poil plus éprouvantes, sur les effluves

Delhi, conçue par les colons anglais à partir de 1910, joue

d’abats d’ovins ou de fruits gâtés. Un maelström olfactif,

– et à dessein ! – l’antithèse. Elle verdoie de toutes parts,

voilà ce qui assaille extraordinairement vos narines. Quid

certes, au point qu’on croise des singes qui batifolent

de vos yeux ? De vos oreilles ? Old Delhi leur promet à eux

entre les ministères, des mangoustes et des écureuils dans

aussi de très vifs stimuli. Dans cette ville dans la ville, lacis

le moindre jardin et des éperviers qui survolent le tout,

de venelles inextricable, aussi peuplée que Paris, on joue

mais de ses larges avenues rectilignes, taillées pour les pa-

des coudes avec les cyclopousses qui nous engueulent en

rades militaires, c’est une stricte solennité qui se dégage,

retour, on évite de justesse les mobylettes qui pétaradent et

et plus encore si le brouillard hivernal en « fantomatise »

klaxonnent, on fraie avec les ânes qui braient, tirant des car-

les contours. Rien de très engageant, d’ailleurs, dans cette

rioles de victuailles, et les vaches qui meuglent, le tout rythmé

purée de pois. C’est un cocktail saisonnier de gaz d’échap-

cinq fois par jour par les appels des muezzins, cette portion

pement, de vapeurs industrielles, de fumées résultant des

pauvre de la mégalopole étant à majorité musulmane.

cultures sur brûlis des campagnes alentour et des braseros

C’est que l’Islam indien a connu ses plus riches heures ici

domestiques qui, parfois, vous irrite les yeux et les voies

même. Quand l’empereur moghol Shâh Jahân (« roi du

respiratoires. L’odeur de Delhi, c’est aussi celle-là. Celle

monde » en perse, tout simplement), héritier d’une dy-

de cet épais smog, contraction de smoke (fumée) et de fog

nastie surpuissante d’Asie centrale, fonde au XVIIe siècle

(brouillard), par l’entremise duquel la capitale indienne ex-

Shahjahanabad, l’ancien nom d’Old Delhi qu’on utilise

plose haut la main tous les records mondiaux de pollution.

encore, c’est pour en faire une capitale que le monde entier,

On l’aura compris, New Delhi n’est pas un rêve de pro-

justement, lui envierait. Et même si, aujourd’hui, les haveli,

meneur. Lequel d’ailleurs, si l’idée saugrenue de battre

Page précédente Le Yama Rantra est l’un des treize instruments astronomiques de l’observatoire Jantar Mantar. 1/ Sur Janpath Lane, grosse avenue de New Delhi, le Jawahar Vyapar Bhavan dresse fièrement ses tours de grès beige et rouge. Construit dans les années 80 par l’architecte Raj Rewal, l’immeuble abrite une branche de la State Bank of India. 2/ Une jeune fille élégante, Pooja, en promenade dominicale parmi des ruines d’architectures islamiques de Hauz Khas, le « village » le plus prisé du sud de Delhi. 3/ Sol en damier, boiseries, luminaires ouvragés… L’hôtel Art déco The Imperial, de 1931, abrite la plus charmante des terrasses couvertes pour prendre son petit déjeuner. Page de droite Entre imprimés exubérants et assises modernistes, entre vieilles gravures et bougainvillées jaunes, le magasin Serendipity, ouvert par la femme d’affaires Kuldeep Kaur dans un coin presque rural du sud de Delhi, est un concentré de bon goût.



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3

le pavé lui venait à l’esprit, serait bien vite coupé dans

le citadin occidental. Les grands sièges sociaux indiens

son élan par quelque route à huit voies infranchissable.

s’installent en masse à Gurugram (anciennement Gur-

Alors, quel sentiment rassérénant s’empare de lui lorsqu’il

gaon), ville-satellite sise dans l’État voisin de l’Haryana,

découvre, à l’ombre des banians et des ficus, les trottoirs

à 20 km de New Delhi. Alors les cadres suivent, s’évitant

de Lodhi Colony ! À l’origine, il y avait là un lotissement

ainsi des heures de bouchons, et avec eux l’offre lifestyle :

érigé par le pouvoir britannique dans les années 40 pour

il est ainsi de bon ton d’aller bruncher au Trident, néopa-

loger au calme son Administration. Mais, depuis 2010,

lace orientalisant aux riants plans d’eau, qui s’est niché

les ex-résidences de petits fonctionnaires, tout en arches

entre les échangeurs et les tours de bureaux. Même in-

et colimaçons charmants, vivent leur movida : sur les murs

congruité à Aerocity, nouveau quartier collé à l’aéroport

– notamment ceux des blocks 13, 16 et 17 –, le gratin des

international Indira-Gandhi, que plébiscitent les classes

street-artistes s’en est donné à cœur joie, déposant là des

argentées : The Walk, promenade plantée et piétonne,

merveilles géométrico-mythologiques. Il n’en fallait pas

fait la joie des flâneurs avec ses terrasses de café et ses

plus aux griffes de luxe locales, Raw Mango entre autres,

buissons desquels jaillissent des mélopées, AnnaMaya, la

pour réinvestir, juste à côté, les ex-bungalows des hauts

table chic de l’hôtel Andaz, fait salle comble et le Roseate

gradés anglais, tandis qu’aux abords de Main Market,

House, sorte d’hôtel-club privé, héberge autant les ma-

l’ancien bazar voisin, la jeunesse brahmane (la caste la

riages fastueux de la diaspora indo-californienne, prête

plus haute) dîne à la nippone chez Guppy ou à la médi-

à sauter dans un avion pour San Francisco une fois la

terranéenne chez Tres. « À une époque, la mentalité, dans

sauterie terminée, que les soirées gays les plus courues.

les classes privilégiées de Delhi, était de gagner beaucoup

Drôlement modernes, ces nouvelles New Delhi !

d’argent afin d’assurer ses vieux jours. Aujourd’hui, les

192

nouvelles générations veulent une vie toujours plus riche,

Les lois du genre

mais pas seulement financièrement : ils sortent, dînent,

Toutefois, si l’Inde a dépénalisé l’homosexualité en 2018,

festoient davantage et refaçonnent ainsi la ville », analyse

elle n’est pas la moins homophobe des nations. Ni la

la femme d’affaires Kuldeep Kaur, qui a fait fortune dans

plus tolérante, globalement, à l’endroit des minorités.

le textile avant d’ouvrir, dans les marges sud de la cité,

Il vaut mieux, par exemple, pratiquer l’hindouisme,

Serendipity, un magasin de déco merveilleux.

la religion du Premier ministre nationaliste, Narendra

Le nouvel hédonisme des CSP++ (et + encore) recarto-

Modi, plutôt que l’Islam, en témoigne cette nouvelle loi

graphie donc Delhi et d’une manière qui pourra dérouter

inique qui n’accorde la nationalité indienne aux réfugiés

1/ La boutique Vayu, au rez-de-chaussée d’une ancienne demeure de maharadjah, n’admet en son sein que le fin du fin de l’artisanat. 2/ Old Delhi regorge de bazars multiples et thématiques, ainsi de celui-ci, trusté par les bijoutiers, qui s’étend autour de Dariba Kalan Road. 3/ L’extraordinaire mausolée d’Humayun, érigé au XVIe siècle, est une nécropole abritant les tombes de plusieurs familles impériales mogholes. Tout autour, un jardin d’inspiration perse où l’on oublierait presque le tumulte de la métropole. Page de droite Saurabh Sharan, l’un des chefs de Guppy, accommode les saveurs nippones au palais indien – friand d’épices et souvent végétarien – dans un décor hyper-pop à base de sculptures à l’esprit manga et de teintes pétaradantes. L’une des tables les plus à la mode de Lodhi Colony.



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3

qu’à la condition qu’ils ne soient pas musulmans et qui

marchands des quatre saisons, cette khirkee (« fenêtre »

déclenche ainsi des manifestations massives dans tout le

en hindi) nous raconte une Delhi d’ouverture qui n’est

pays – où vivent plus de 172 millions d’entre eux. Mieux

pas à un antagonisme près.

vaut naître homme que femme, aussi, comme en attestent

194

pléthore de discriminations sexistes. Delhi, néanmoins,

Ogresse aux mille visages

affiche un visage parfois plus reluisant. « Je suis toujours

Khirkee, c’est un ancien village, comme tant d’autres, que

surprise, lorsque je voyage dans les pays scandinaves ré-

la ville-monstre a englouti sans trop altérer pour autant

putés si progressistes, de constater à quel point le monde

sa physionomie foutraque et sa convivialité. C’est aussi le

de l’art y est tenu par des hommes », tacle Bhavna Kakar,

cas de Hauz Khas, bourg médiéval au sud de la ville, qui

fondatrice de la galerie Latitude 28 et de Take on Art,

s’organise autour d’un lac artificiel du XIVe siècle et de

une belle revue créative. « Ici, dans les musées, fonda-

splendides ruines islamiques où, depuis quelques années, la

tions et grandes galeries, ce sont les femmes qui sont aux

frange branchée de la jeunesse passe ses week-ends. Alors,

commandes », argue-t-elle. Ainsi de la richissime collec-

dans les embrasures des vieux monuments, les couples

tionneuse Kiran Nadar, dont le nouveau grand musée

s’embrassent à l’abri des carcans. Alors, dans les ruelles, si

personnel, dessiné par David Adjaye, devrait sortir de

étroites qu’elles en sont presque piétonnes, des tatoueurs

terre dans quelques années, et dont la fondation œuvre

et des boutiques indépendantes ont germé. Alors, sous la

à l’éducation des filles musulmanes de basse extraction.

canopée de Deer Park, la miniforêt attenante peuplée de

Loin des milliardaires, le quartier de Khirkee, lui, affiche

daims, on tourne des clips de hip-hop arty. Alors enfin, le

un certain sens du vivre-ensemble. « C’est un faubourg

soir, sur le toit-terrasse de Mia Bella ou dans les travées du

très multiculturel, décrit Radha Mahendru, jeune cura-

bar Social, noyés de beats tonitruants, des filles à mèches

trice du centre d’art Khoj, où vivent des communautés

turquoise et des garçons piercés trinquent joyeusement.

afghane, népalaise, somalienne, camerounaise ainsi

« L’usage veut, en Inde, qu’on vive sous le même toit que

qu’une importante population trans (les hijra, comme on

nos parents, mais, à Delhi, de plus en plus de jeunes gens

les appelle ici, NDLR). Alors il y a des tensions, bien sûr,

s’émancipent de la famille, constate Sugandh Kumar,

mais une grande tolérance aussi, pour une raison toute

designer trentenaire. Cela nous permet de développer et

simple : un commerçant raciste ou transphobe fermerait

d’affirmer nos propres esthétiques » et cela vaut pour le

vite boutique ! » Entre une mosquée altière du XIIIe siècle

design, la musique et les looks. L’odeur de Delhi que l’on

et un mall rutilant, entre hijra surmaquillées et sévères

respire ici, c’est un certain parfum de liberté.

1/ Autour de Connaught Place, le centre névralgique de New Delhi, une série d’échoppes logées dans des édifices commerciaux d’architecture coloniale. 2/ Le restaurant Plum, décoré de la plus too much des façons, mêle canapés chesterfield couleur dragée, murs fuchsia, tapis psychédéliques et tableaux néo-Renaissance pour la plus grande joie de la jeunesse argentée d’Aerocity, l’un des spots noctambules les plus courus de la ville. 3/ Un ensemble d’œuvres de street-art en trompe l’œil à Lodhi Colony, près de Meharchand Market. Page de droite Les murs de Lodhi Colony (ici sur Jor Bagh Road) se couvrent depuis les années 2010 du meilleur street-art, un mouvement qui s’est amplifié avec l’appui, notamment, de la Fondation St+Art India. Ici, une œuvre psychédélique de la grapheuse polonaise NeSpoon.



ID-URBAN SPIRIT

Le Ssky Bar & Lounge offre un large horizon visuel… et gustatif.

mais son aire urbaine

de Qûtb Minâr, organisé

déborde sur les États

autour d’un épatant

voisins de l’Haryana

minaret du XIIe siècle

(avec les cités-satellites

de 72 mètres de haut,

Gurugram ou Sonepat)

est toujours bondé

et de l’Uttar Pradesh

de touristes mais vaut

(avec les cités de Noida

largement la visite.

ou Ghaziabad).

> Pensé par le

Les premiers habitants

maharadjah-astronome

de Delhi, environ

Jai Singh, Jantar Mantar

2 500 ans av. J.-C.,

est un observatoire

appartenaient à la riche

astronomique réunissant

civilisation de la vallée

un incroyable ensemble

de l’Indus, dont l’écriture

d’instruments

demeure indéchiffrée.

monumentaux du

La région de Delhi

XVIIIe siècle qui pourrait

sera dirigée par des

ressembler, si l’on

souverains musulmans

n’en connaissait pas

pendant sept siècles : les

la fonction, à un jardin

sultans de Delhi règnent

de sculptures

de 1210 à 1526, suivis par

contemporaines.

les empereurs moghols

> Étrangeté XXL en forme

e

DELHI PRATIQUE

du XVI au XVIII siècle.

de lotus, la Bahá’i House

La ville, de ce fait, recèle

of Worship est un temple

des myriades de

syncrétique où l’on

splendides monuments

vénère tous les prophètes

islamiques.

des grandes religions.

Delhi sera occupée par

> L’édifice religieux hindou

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d’étapes et de budget.

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Akshardham. Il abrite

dérisoires).

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des milliers de

Imperial de Delhi, incluant

SE DÉPLACER

Embouteillages monstres

> Old Delhi, tout en

personnages sculptés,

un vol direct Paris-Delhi

Delhi est quadrillée

à prévoir – environ

ruelles, est le quartier

d’extraordinaires

aller-retour, une voiture

par un vaste réseau

10 millions de véhicules

le plus propice à la

colonnes ciselées,

à disposition, les transferts

de 9 lignes de métro

circulent ici !

promenade pédestre

des bassins, des dômes

entre centre-ville et

de 343 km (en

(prudence à la nuit

et des flèches à n’en

aéroport, sans oublier

comparaison, le réseau

SE RENSEIGNER

tombée cependant)

plus finir, le tout dans

l’ensemble des services

parisien s’étend sur

Office du tourisme de

avec sa mosquée Jama,

un style un peu kitsch

du voyagiste :

220 km de long), neuf,

Delhi : Delhitourism.com

son Fort rouge ou Lal

des années 2000.

conciergerie francophone,

ponctuel et très peu

assistance 24 h/24,

onéreux (entre 10 et

PROFIL EXPRESS

de Gurudwara Sis Ganj

À LIRE

minirouteur Wi-Fi

63 centimes d’euros le

La population de la ville

Sahib et ses multiples

> Le Ministère du bonheur

international remis avant

trajet). Mais la ville étant

de Delhi est estimée

bazars.

suprême, d’Arundhati Roy.

le départ et l’appli

plus de dix fois plus

à 20 millions d’habitants

> Le mausolée de

> Un héritage exorbitant,

Carnet de Voyage

étendue que Paris,

environ, tandis que

Humayun, merveille

d’Anita Desai.

chargée des bonnes

l’usage de la voiture

son aire urbaine atteint

d’architecture moghole

> L’Éléphant et la Maruti,

adresses. Comme tous

reste souvent

les 30 millions, ce qui

du XVIe siècle, s’enserre

de Radhika Jha.

les voyages du tour-

indispensable. Il faudra

en fait l’agglomération

dans un immense jardin

> Les Enfants de minuit,

opérateur, celui-ci est

alors engager un chauffeur

la plus peuplée du monde

ponctué de petits

de Salman Rushdie.

déclinable à l’envi,

privé ou utiliser un VTC

derrière Tokyo.

édifices religieux.

> L’Odeur de l’Inde,

en termes de durée,

(les applications Ola et

Delhi est une ville-État,

> Le complexe musulman

de Pier Paolo Pasolini.

Qila, son temple sikh


© ANNABEL BRIENS


ID-URBAN SPIRIT

NOS HÔTELS PRÉFÉRÉS À DELHI

Qu’on descende dans un palace culte ou un resort dernier cri, la scène hôtelière de la capitale indienne se distingue par un service aux petits soins et nous dépayse en beauté.

1

2

3

4

5

6

Perfection

restaurant Omya,

comble, fait exception.

Tél. : +91 11 2326 1000.

de jolis balcons, desquels

The Oberoi New Delhi (1)

l’Anglo-Cantonais Andrew

Passé sa porte sculptée

Havelidharampura.com

on observe la vie du

Cette immense barre

Wong chez Baoshuan –,

de bas-reliefs, on

d’immeubles sixties,

chacun fait briller son

découvre, ébahi, une cour

Intime

une enclave résidentielle,

noyée entre les greens

étoile au quotidien.

intérieure tout en murs

Scarlette (3)

s’écouler paisiblement.

et les bosquets du Delhi

Dr. Zakir Hussain Marg.

saumonés et boiseries

C’est sur une vaste

B2/139, Safdarjung

Golf Club, affiche un

Tél. : +91 11 2436 3030.

lustrées autour de

demeure des années 60,

Enclave.

impeccable sens du détail.

Oberoihotels.com

laquelle s’enroulent

ancienne propriété

Tél. : +91 11 4102 3764.

13 chambres savamment

d’une famille de la caste

Scarlettenewdelhi.com

Il y a dans les chambres

198

quartier de Safdarjung,

des notes moutarde,

Historique

décorées à l’indo-

guerrière des Kshatriya,

safran et canard qui vont

Haveli Dharampura (2)

musulmane : chichas

que la Française Pauline

Oasis

comme un gant aux verts

Dans le Vieux Delhi,

antiques, mosaïques

Bijvoet, créatrice de linge

The Roseate (4)

de l’horizon. Il y a des

si grouillant et si

florales, têtes de lit

de maison, a jeté son

Qui aurait parié que les

mélopées apaisantes

splendidement délabré,

arquées… Le toit-terrasse

dévolu. On découvre au fil

abords de l’aéroport

diffusées au fond de

rares sont les haveli

permet d’admirer la

des étages une poignée

deviendraient en quelques

la piscine et une machine

– petits palais du nord

mosquée Jama Masjid,

de chambres mêlant avec

années l’un des coins

à essorer les maillots !

de l’Inde – accessibles

époustouflante.

panache modernisme

les plus courus de la ville ?

Quant aux chefs – l’Indien

aux touristes. Celui-ci,

2293, Gali Guliyan,

et artisanat indiens.

Preuve est donnée avec

Alfred Prasad au

rénové de fond en

Dharampura, Delhi-6.

Certaines sont parées

cette épatante bâtisse


7

tout en courbures, pensée

Pépite moderniste

Dommage que la déco, un

par The Imperial, fière

Palace contemporain

par l’architecte thaïlandais

The Manor (5)

tantinet basique, n’épouse

bâtisse Art déco de 1931,

Trident Gurgaon (7)

Mathar Bunnag, qu’enrobe

À sa construction,

pas assez le charme

remplie de rêves et de

Derrière des portes

un paysage de plans

dans les années 50,

moderniste de la bâtisse !

fantômes coloniaux : une

sculpturales, un immense

d’eau et d’arbres touffus.

ce néomanoir aux lignes

77, Mathura Road,

vieille photo de dresseurs

plan d’eau vous accueille.

On y vient pour son

anguleuses et aux larges

Friends Colony West.

d’éléphants qu’on croise

Un lobby XL et une

ambiance de club privé

toits-terrasses était

Tél. : +91 11 4687 7777.

au détour d’un couloir,

palmeraie plus tard, vous

des temps modernes,

encerclé de jungles.

Themanordelhi.com

une lithographie d’un

découvrez une piscine

pour son bar à la déco

Aujourd’hui, la ville

paysage himalayen

majestueuse, entourée

mi-rétro, mi-SF et pour

a englouti le quartier

Grande dame

accrochée au-dessus du

de suites. En plein

ses suites en rez-de-jardin,

(Friends Colony) qui

The Imperial (6)

lit, une piscine à damier

Gurugram (ex-Gurgaon),

dont la quiétude n’est

n’en demeure pas moins,

Fêtes de mariage

enfin, au bord de laquelle

poumon économico-

même pas troublée

avec ses opulents jardins,

somptuaires, afternoon

le vacarme urbain tout

résidentiel au sud-ouest

par les rotations

préservé de l’agitation.

teas dans les règles,

proche vous semble

de Delhi, voilà un resort

des avions tout proches.

Ici, on entend du Debussy

dîners placés

une lointaine rumeur…

urbain fascinant.

National Highway 8,

dans les couloirs, on

pantagruéliques… Quand

Janpath Lane,

443, Udyog Vihar,

D Block, Samalka.

petit-déjeune à l’ombre

la haute société de Delhi

Connaught Place.

Sector 33, Gurugram.

Tél. : +91 11 3355 2211.

des frangipaniers et on

a quelque chose à

Tél. : +91 11 2334 1234.

Tél. : +91 124 245 0505.

Roseatehotels.com

fait risette aux écureuils.

célébrer, elle ne jure que

Theimperialindia.com

Tridenthotels.com

199


ID-URBAN SPIRIT

NOS MEILLEURES TABLES À DELHI Les restaurateurs de Delhi savent s’amuser : ils hybrident les mille cuisines de l’Inde, font des clins d’œil à l’Occident ou au reste de l’Asie et ne s’interdisent aucune fantaisie décorative.

1

2

3

4

5

6

Bistrot moléculaire

International Airport,

leurs millions de followers.

légumineuses germées,

ont muté en destination

Farzi Café (1)

South West Delhi.

The Walk, Worldmark 2,

des boulettes aux raisins

lifestyle haut de gamme.

On pourrait se croire dans

Tél. : +91 96 6725 0222.

Aerocity.

et aux noix de cajou, qu’on

En témoigne cette bonne

une brasserie de la vieille

Farzicafe.com

Tél. : +91 73031 56444.

savoure à l’étage d’un petit

table proche-orientale

Plumbybentchair.com

immeuble plein d’imprimés

où l’on déjeune, à l’ombre

champêtres et de

d’un banian centenaire,

Europe, avec ses chaises

200

de cuir, ses verrières

Show off

et son staff encravaté.

Plum (2)

Top cheffe

mosaïques à l’andalouse.

d’une salade de panais

Sauf qu’on est à Aerocity,

Fauteuils zébrés, murs

Lavaash by Saby (3)

H5/1, Ambawatta 1,

aux figues et d’un labneh

quartier très neuf et

framboise, tables rococo,

Pas encore trentenaire,

Kalkadass Marg, Mehrauli.

chou-fleur et grenade.

très prisé, en lisière

fausses peintures

Megha Kohli, l’une

Tél. : +91 88262 97108.

One Style Mile, 6-8

de l’aéroport. Sauf qu’on

Renaissance, singes

des rares cheffes

Lavaashbysaby.com

Kalkadass Marg, Mehrauli.

y déguste une cuisine

sculptés… Inondé de

puissantes du pays, tient

étonnante où les

dance music tonitruante,

une table délicieusement

Exclusif

émulsions de chutneys,

ce resto-bar panasiatique

attachante où elle met

Olive (4)

airs d’agrumes et autres

hyper en vogue nous

en lumière les influences

À l’origine, il y avait là

Sophistiqué

poussières d’épices

amuse, nous éberlue,

arméniennes qui irriguent

un ensemble d’auberges

Indian Accent (5)

jouent les starlettes.

voire nous fascine tant il

la cuisine du Bengale !

de campagne. Aujourd’hui,

Logé dans l’aile droite

GF01 & FF01 Worldmark 3,

est too much – et aimante

Ça donne de divins

les étables et corps

du Lodhi (l’ancien Aman),

Aerocity. Indira Gandhi

les influenceurs locaux et

« taboulés » à base de

de ferme de Mehrauli

palace contemporain à

Tél. : +91 11 2957 4444. Olivebarandkitchen.com


7

l’architecture forte, l’antre

Haute cuisine

Kumar Singh, un chef

jeunesse branchée et

de manga, des poissons

de Shantanu (photo) et

Varq (6)

aussi brillant que

argentée baguenaude. Le

volants et des figurines

Manish Mehrotra, le chef

Il plane sur l’hyper-rétro

sympathique.

lieu, d’ailleurs, ne manque

kawaï. Chez Guppy, table

star qui fait rayonner la

et hyper-scintillant hôtel

The Taj Mahal, 1, Man

pas de panache, avec ses

d’inspiration nippone

nouvelle cuisine indienne

Taj Mahal un charme

Singh Road, India Gate.

lampes arabisantes et ses

du quartier en vogue

jusqu’à Londres et New

à part. S’y rendre de

Tél.: +91 11 6651 3151.

tons citron et bleu Klein.

de Lodhi Colony, vos yeux

York, en impose : baies

préférence le samedi soir,

Tajhotels.com

Et quelle vue ! Il faut

s’amusent, mais vos

vitrées sur plan d’eau,

quand l’excellente table

arriver au soleil couchant,

papilles ne sont pas en

volumes fastes et, au

Varq bruisse de dîneurs

Bar avec vue

quand le mausolée de

reste : en cuisine (ouverte),

menu, des préciosités

tirés à quatre épingles,

Mia Bella (7)

Firoz Shah et le petit lac

Vikram Khatri et son

végétariennes (taco au

qui plébiscitent autant

Plus que pour la carte

voisin rosissent joliment.

équipe (mixte !) glacent

fruit du jaquier, galettes

le décor d’inspiration

mondialisée (tapas,

50E, Hauz Khas Fort

l’artichaut à la sauce soja

à la châtaigne d’eau…)

néomoghole et le service

antipasti, nachos, Thai

Road, 2nd Floor,

et au tofu, accommodent

pour lesquels le Tout-Delhi

révérencieux que la

finger food, tout y passe !),

Hauz Khas Village.

le California maki au riz

bourgeois se pâme.

cuisine spectaculaire

on vient là pour voir et

Tél. : +91 84482 01901.

noir, entre autres fantaisies.

The Lodhi, Lodhi Road,

(merle de mer rôti

être vu, et pour cause,

Pragati Vihar.

aux pickles de curcuma,

Mia Bella est le bar

Japonisant

Main Market.

Tél. : +91 98711 17968.

soufflé de poulet au

emblématique de Hauz

Guppy

Tél.: +91 11 2469 0005.

Indianaccent.com

fenugrec…) de Rajesh

Khas, le « village » où la

On y croise des héroïnes

Guppybyai.com

28, Lodhi Colony,

201


ID-URBAN SPIRIT

NOTRE SÉLECTION DE BOUTIQUES À DELHI Entre artisanats ancestraux et hypermodernité, les designers, stylistes et D.A. de la ville n’ont aucune envie de trancher. Voici huit boutiques qui ont une haute idée de la beauté.

1

2

3

4

5

6

Concept-store secret

poster de botaniste…

du Gujarat qui respirent

in les uns que les autres.

Pièces uniques

Serendipity (1)

Et des bougainvillées

la nonchalante élégance,

Les filles stylées s’arrêtent

Vayu (4)

Jaunapur, lointaine

colorent tous les

le confort, et qui, cousus

chez Napa Dori (photo)

Au rez-de-chaussée

localité rurale rattrapée

escaliers et coursives.

main dans un atelier

pour « shopper » de la

d’une ex-demeure de

par la ville, vaut le détour.

238/4, Mandi Road,

de Delhi, font l’éloge

haute maroquinerie, les

maharadjah, ce magasin

Au bout d’une rue sans

Jaunapur.

de la mode durable.

esprits rêveurs musardent

d’antiquités et de textiles

goudron, derrière une

Tél. : +91 98107 45141.

A18, Hauz Khas Village.

chez Claymen, où le

n’admet que le nec plus

lourde porte cochère,

Serendipitydelhi.com

Tél. : +91 97118 63974. 11-11.in

céramiste Aman Khanna

ultra de l’artisanat et

expose ses beaux vases

des arts premiers. On

le magasin de la femme

202

d’affaires Kuldeep Kaur

Durable

Élite

anthropomorphes,

s’émerveillera devant

révèle, merveilleusement

11.11 (2)

The Dhan Mill (3)

tandis que la jeunesse

une lampe tamoule en

scénographiés, des trésors

Dans leur triplex

Dans le coin populaire de

créative tient salon

laiton, une couronne de

décoratifs. Ici, des fers

foutraque, planqué au

Chhatarpur, The Dhan Mill

à l’OddBird Theatre,

cérémonie tibétaine ou

à repasser d’antan

fond d’une ruelle de Hauz

fait figure d’incongruité :

la meilleure scène pour

un châle en pashmina du

à l’ombre d’un bouquet

Khas Village, les jeunes

coincé entre deux artères

la danse contemporaine.

Ladakh, tous savamment

de chrysanthèmes ;

gens de 11.11 exposent

congestionnées, il s’agit

287-288, 100 Feet Road,

sélectionnés par Jimmy

là, un fauteuil à motifs

des chemises à col Mao,

d’un riant conglomérat

Chhatarpur.

Golmei, D.A. de la maison.

de perroquets et d’ananas

des denims larges et

de cafés, boutiques, lieux

Tél. : +91 98686 14500.

Bikaner House, Pandara

dialogue avec un vieux

autres basiques en coton

d’art et coiffeurs, tous plus

Thedhanmill.com

Road, India Gate.


7

Tél. : +91 11 2307 2821.

Tél. : +91 98993 69219.

des zébrures de marbre

moment. Rien de

années 40, tout en arches.

Vayuonline.com

Objectry.com

au sol, des boiseries

m’as-tu-vu, pourtant, dans

Un cheval de bronze

signées Objectry et de

leur ADN stylistique :

et des statues antiques

Pointu

Grandes occasions

fabuleuses arches de

coupes nettes, vaguement

dans des courettes…

Objectry (5)

Carma (6)

cuivre un peu eighties, qui

oversize, teintes prune,

Pour sa nouvelle

À Ghitorni, le quartier des

Si d’aventure on vous

rythment la déambulation.

pêche et vert bouteille,

boutique, le styliste

« méga-magasins » de

invitait à un mariage

H5/11, Mehrauli Road,

et une échoppe où tout

Sanjay Garg s’est choisi

meubles, ce petit studio-

indien, un passage par la

Qutub Minar.

est artistiquement

un délicieux écrin,

showroom détonne. Loin

case Carma s’imposerait :

Tél. : +91 98100 34411.

suspendu… Ne dénoterait

à l’intérieur duquel

de la déco bling chère aux

aucune parure ou soierie

Carmaonlineshop.com

guère à Stockholm.

on découvre, enfermés

nouveaux riches, Aanchal

n’est plus précieuse

135, Meharchand

derrière des parois de

Goel et Sugandh Kumar,

que celles dont regorge

Hyper-in

Market, Lodhi Road

verre ou dans de lourdes

d’Objectry, ont une

ce multimarque féminin.

Bhaane (7)

Quarters, Lodhi Colony.

armoires, des vêtements

idée acérée du design,

Pas de mariage en vue ?

Derrière la griffe Bhaane,

Tél. : +91 88009 40700.

mi-tradi, mi-modernes,

comme autant d’odes

Passez tout de même

il y a Sonam Kapoor, star

Bhaane.com

dont les femmes

contemporaines au fait

une tête : logé dans

bollywoodienne, et Anand

main et aux savoir-faire.

un ex-garage à calèche

Ahuja, designer. Ils forment

Élégant

31, Lodhi Colony Market.

MG Road, Pillar n° 114,

en brique, ce magasin à

l’un des couples les plus

Raw Mango

Tél. : +91 11 4117 0578.

2nd Floor, Ghitorni.

forte personnalité arbore

« papier glacé » du

Un bungalow en U des

Rawmango.in

puissantes raffolent.

203


ID-URBAN SPIRIT

LES LIEUX CULTURELS QUI COMPTENT À DELHI Entre collectionneurs milliardaires et jeunes collectifs sans moyens, entre plasticiens « bankable » et trublions qui se lancent, entre marchands d’art installés et commissaires défricheurs, revue de détail d’une scène foisonnante.

1

2

3

4

5

6

Stars de l’art

du sous-continent indien

adresse dans la capitale.

aujourd’hui par sa fille

autres chouchous des

Nature morte (1)

dans le monde entier.

Celle-ci occupe un

Roshini, cette institution

collectionneurs.

Dans la quiétude de Neeti

A1 Block A, Neeti Bagh.

ravissant cottage de la

du quartier chic-issime

D40-D53, Defence Colony.

Bagh, l’une des enclaves

Tél. : +91 11 4068 7117.

bien nommée Green

de Defence Colony

Tél. : +91 11 24622545

les plus cossues de New

Naturemorte.com

Avenue ainsi qu’un vaste

défend les figures de l’art

et +91 11 4610 3550.

hangar attenant qu’elle

moderne indien, à l’image

Vadehraart.com

Delhi, le New-Yorkais

204

Peter Nagy, amoureux

Havre d’art

partage, en alternance,

de Leela Mukherjee,

de la ville depuis des

GallerySKE (2)

avec PhotoInk (Photoink.

la doyenne des sculptrices

Musée privé

décennies, a déniché trois

La marchande d’art

net), la meilleure galerie

(103 ans !) ou de Ram

Kiran Nadar Museum

étages lumineux sur jardin,

Sunitha Kumar Emmart

photo du pays.

Kumar, peintre et écrivain

of Art (4)

où exposent tous les

(SKE, c’est elle) tient

A4, Green Avenue

aux influences cubistes. À

Épaulée par une équipe

poids lourds du pays :

depuis 2003, à Bangalore,

Street, Vasant Kunj.

l’étage, plus contemporain,

curatoriale 100 %

Mithu Sen, Bharti Kher,

la galerie phare de l’Inde

Tél. : +91 11 4300 8403.

on tombera, selon les

féminine, la richissime

Subodh Gupta et Jitish

méridionale. Pour donner

Galleryske.com

accrochages, sur Nalini

philanthrope Kiran Nadar

Kallat font partie de son

de l’élan aux plasticiens

Malani et sa peinture

organise sur deux sites

écurie. Le stand de la

du Sud qu’elle représente

Pionniers

turbulente, sur Ranbir

– l’un à Saket, quartier

galerie, à la foire d’Abu

(dont Navin Thomas et

Vadehra Art Gallery (3)

Kaleka et ses

populaire, l’autre à Noida,

Dhabi ou à Frieze New

Krishnaraj Chonat), elle a

Fondée par Arun Vadehra

photomontages

où siège HCL

York, fait rayonner l’art

ouvert, en 2013, une

en 1987 et dirigée

joyeusement kitsch, entre

Technologies, la


7

multinationale familiale –

Maison-musée

jusqu’au rooftop, on a

laissera happer par

Labo créatif

des expositions bien

Talwar Gallery (5)

navigué dans les mondes

les envolées new age

Khoj (7)

ficelées autour de sa

À Union Square, à New

abstraits et sensuels

de Prathap Modi,

Cet espace biscornu

collection, dans laquelle

York, la galerie de Deepak

de la peintre Anjum Singh.

un trentenaire sur lequel

abrite salles d’expo et

figurent toutes les

Talwar est depuis 2001 la

C84 Block C, Neeti Bagh.

les galeries européennes

résidences d’artistes,

grandes plasticiennes

chambre d’écho de l’art

Tél. : +91 11 4605 0307.

commencent à miser,

organise sur son toit-

indiennes (Mithu Sen,

indien sur le sol américain.

Talwargallery.com

ou par les étrangetés

terrasse des projections

Rina Banerjee, Bharti

Inauguré à Delhi

multimédias du jeune

vidéo et tisse depuis

Kher…). Dans quelques

en 2007, son deuxième

Jeune garde

Diptej Vernekar, 20 ans,

des années des liens

années, les deux lieux

espace occupe une villa

Latitude 28 (6)

originaire de Goa. Après

socio-artistiques avec les

fusionneront en un vaste

aux dimensions muséales

À travers la galerie

la visite, passer une tête,

communautés afghanes,

musée signé David Adjaye.

où, pourtant, les œuvres

Latitude 28 qu’elle dirige,

sur le trottoir d’en face,

népalaises, ivoiriennes

KNMA Saket , 145,

s’offrent à nous en toute

et le magazine Take on Art

chez Exhibit320

et somaliennes, qui vivent

DLF South Court Mall.

intimité. On y a vu,

qu’elle édite, la

(Exhibit320.com), l’autre

autour, dans le quartier

Tél. : +91 11 4916 0000.

paressant dans le jardin,

commissaire Bhavna

jeune galerie qui compte.

délabré de Khirkee. C’est

KNMA Noida :

une sculpture aux allures

Kakar porte un regard

F208, Lado Sarai,

militant et jamais hors-sol.

Plot n° 3A, Sector 126.

de météorite signée Alwar

avisé sur la jeune création

1st Floor.

S17, Khirkee Extension.

Tél. : +91 120 4683289.

Balasubramaniam. Puis,

indienne. Au gré des

Tél. : +91 11 2462 1013.

Tél. : +91 11 29545274.

Knma.in

du rez-de-chaussée

accrochages, on se

Latitude28.com

Khojworkshop.org

205


ID-HYPE AREA

C’est à Chicago que la mythique Route 66 démarre pour guider le voyageur sur un chemin plein de promesses jusqu’à la côte Ouest. Pas étonnant qu’elle croise le quartier de West Loop, nouvel eldorado de la ville.

West Loop, l’éden de Chicago Loin de la saturation touristique de New York, la ville du lac Michigan séduit de plus en plus de visiteurs, attirés par son architecture élancée et sa vie culturelle trépidante. Si le centre se réinvente, il faut désormais aller plus à l’ouest, dans West Loop, pour découvrir comment l’ancien quartier des abattoirs, qui a autrefois fait la richesse et la fierté de la cité, est devenu en quelques années le nouveau spot à investir.

Y ALLER

HÔTELS

Avec United Airlines

Ace Hotel (1)

La compagnie United

L’un des derniers venus

Airlines propose des vols

du quartier, l’Ace Hotel,

quotidiens à partir

s’est installé face

de 413 € l’A-R entre

aux nouveaux locaux

Par Marie Godfrain / Photos Mike Rivera pour IDEAT

Paris–CDG et Chicago

de Google dans

O’Hare. Pour rejoindre

une ancienne fabrique

la ville depuis l’aéroport,

de fromage transformée

’usine de transformation de saucisses Bridgford nourrit la ville depuis soixante-

le plus simple et le plus

en immeuble de verre

sept ans… Son bâtiment, emblématique du meatpacking district (« quartier des

économique est de

et d’acier inondé

abattoirs »), implanté à l’angle de Lake Street et de North Peoria, était autrefois

L

206

prendre la Blue Line

de lumière naturelle.

noyé dans une forêt d’usines agroalimentaires… Aujourd’hui, il demeure le dernier

du métro de Chicago qui

Un esprit industriel

vestige de ce passé industriel mythique, quand Chicago était la capitale mondiale de la

fonctionne 24h/24h.

contrebalancé par une

viande et que ses abattoirs fournissaient le pays tout entier en steaks hachés, wieners

L’office de tourisme

belle variété de plantes

(« saucisses fumées ») et pork chops (« côtes de porc »). Dans quelques mois pourtant,

de Chicago est pourvu

de l’Illinois, pour

il rejoindra le cimetière des manufactures de fabrication de viande auprès d’Amity

d’un site qui fourmille

un projet réalisé par

Packing, de Quality Food Products, de Nealey Foods, d’Isaacson & Stein Fish et de Jon

de bonnes idées.

Commune Design, des

R. Morreale Meat… Comme celles de tous ces acteurs centraux de la vie chicagoane du

Choosechicago.com

architectes d’intérieur


1

2 3 ultra-talentueux,

hôtels et en clubs privés.

RESTAURANTS

Beatrix (5)

Graziano (6)

originaires de Californie,

À Chicago, elle s’est

Au Cheval

Panneaux en bois au mur,

Alors que le quartier

qui se sont à la fois

installée au cœur du

De la cuisson du steak

plantes suspendues,

n’était habité que

inspirés du Bauhaus,

meatpacking district

jusqu’à l’épaisseur

poteaux en béton brut,

d’ouvriers de la viande

très présent à Chicago,

dans une ex-usine

du bacon en passant

multitude de suspensions…

et de l’industrie,

et du Craft américain.

de ceintures, qu’elle

par la pointe d’ail dans

Beatrix est l’adresse

J.P. Graziano installait en

Un agréable lieu de vie

a « pimpée » avec

la mayonnaise,

idéale pour le brunch. Une

1937 son stand à sandwichs

truffé de restaurants,

d’immenses lustres

tout est parfait chez

carte healthy bien que

pour apaiser la faim des

d’un café, d’un rooftop

en cristal et décorée

Au Cheval ! Le meilleur

le lieu soit aussi réputé

travailleurs. Aujourd’hui,

et d’un lobby où

d’œuvres d’art

burger de Chicago

pour ses pâtisseries.

ce sont les start-uppers

viennent travailler

contemporain, parmi

se déguste dans une

La carte propose tous

et autres employés

les gens du quartier.

lesquelles l’une, signée

atmosphère chaleureuse

les classiques du petit

des sièges du quartier

311 North Morgan Street.

Damien Hirst, forme

de pub anglais :

déjeuner à l’américaine

qui viennent se régaler

Acehotel.com/chicago

les lettres de Chicago

banquettes en cuir

twistés : œuf Bénédicte

des hot soppressata,

avec des papillons. Lieu

et bar en zinc inclus !

à l’avocat, cake salé

des sandwichs à base

Soho House (2 et 3)

de vie – on vient y boire

Mais, attention !

au quinoa ou mimosa

de prosciutto de Parme,

Shoreditch à Londres,

un thé, faire du sport ou

privilégiez les heures

(le cocktail) bleu… Le spot

de salami de Gênes

Beyoglu à Istanbul…

profiter du rooftop, qui

creuses sous peine

de Fulton Market est

et de mortadelle,

La chaîne hôtelière Soho

jouit de l’une des plus

de devoir prendre

l’une des quatre adresses

à emporter. L’attente

investit des bâtisses

belles vues sur la skyline.

votre mal en patience…

de cette mini-chaîne

en vaut la chandelle !

typiques d’anciens

113-125 North

800 West

made in Chicago.

901 West

quartiers industriels

Green Street.

Randolph Street.

834 West Fulton Market.

Randolph Street.

qu’elle transforme en

Sohohousechicago.com

Auchevaldiner.com

Beatrixrestaurants.com

Jpgraziano.com

207


ID-HYPE AREA

4

5

6

XXe siècle, l’usine appartiendra au passé et ses locaux seront reconvertis en appartements

BARS

Rider for Life est un

et boutiques quand ils ne seront pas détruits pour laisser place à de nouvelles construc-

Moneygun (4)

concept-store comme

tions. Le quartier de West Loop, où était basée cette industrie, est en effet rentré dans

Dans ce speakeasy,

il en fleurit dans les

une phase de gentrification accélérée. Situé à l’ouest du centre-ville, ce secteur s’inscrit

le barman mixe plus

grandes villes du monde.

dans un rectangle de 4 km2 qui longe la rivière Chicago. Il est bordé par Grand Avenue

de 40 cocktails, des

Cosmétiques, magazines

au nord, Ashland Avenue à l’ouest, l’Eisenhower Expressway au sud, et la rivière à l’est.

classiques pimm’s

et livres (Gestalten),

Depuis le milieu des années 2000, de nombreux immeubles ont été reconvertis en lofts,

jusqu’aux painkiller…

salon de tatouage

boîtes de nuit et galeries d’art. Même le restaurant Proxi, une institution gastronomique

À déguster avec une

et œuvres d’art

locale, qui affiche complet des mois à l’avance, s’est installé dans les anciens bureaux

sélection de snacks

(des pièces de Butch

d’un imprimeur du meatpacking district.

inspirée du Sud. On

Anthony) se partagent

savoure aussi l’ambiance

les étagères… Mais

Mutation expresse

tamisée typique des bars

l’ambiance, exubérante

Les multinationales, elles aussi, se sont enamourées de West Loop. Parmi les exemples

américains où l’on prend

et arty, du lieu laisse

les plus frappants et les plus récents, Google – qui a ouvert des bureaux dans une an-

ses boissons au comptoir

entrevoir les talents

cienne chambre froide –, McDonald’s – qui a installé son siège social mondial dans les

ou sur l’une des

de décoratrice de

ex-studios de l’inoxydable star cathodique Oprah Winfrey –, WeWork – qui a achevé

banquettes en cuir.

Lauren McGrady,

l’été dernier la construction d’un immeuble proposant des espaces de coworking…

Incontournable !

la fondatrice de Rider

Toutes les activités, quelle que soit leur échelle, sont concernées par ce bouleversement.

660 West Lake Street.

for Life (photo).

Ce qui frappe d’abord le visiteur qui arrive à West Loop, c’est la frénésie des mar-

Moneygunchicago.com

En effet, ce magasin

teaux-piqueurs, des grues, des camions à bitume et autres engins de construction qui se

208

est aussi un studio

pressent dans toutes les artères. Car la mutation est loin d’être achevée. Si les activités

SHOPPING

d’aménagement

culturelles et commerciales ont déjà largement investi le quartier, de nombreux projets

Rider for Life (7)

intérieur et de

de résidences sont en cours de réalisation pour amener plus d’habitants dans cette zone

À première vue,

consultation d’art


7

9

8 contemporain…

made in Chicago).

encablures du meilleur

désindustrialisée,

chicagoane.

Un hub créatif ouvert

Mais au-delà de la

burger de la ville, Au

Heritage Bicyles peut

172 North

il y a cinq ans et qui

collection, c’est le lieu

Cheval (lire p. 207). En

s’enorgueillir d’être

Racine Avenue.

est devenu l’un

qui vaut le détour :

hiver, on se fournit en

la dernière fabrique

Heritagebicycles.com

des piliers du quartier.

derrière une façade

huile « heavy face », le

de vélos à Chicago

1115 West Lake Street.

en brique, la boutique,

best-seller indispensable

depuis que le légendaire

ART

Shoprider.us

ultra-cosy, aménagée

qui protège du froid. On

Schwinn a fermé

Monique Meloche

comme un intérieur,

peut même s’inscrire à

ses portes dans les

Le quartier mitoyen

Billy Reid (8)

habillée de parquet

l’atelier du bar à masques

années 70. Parmi

de West Town accueille

Il est l’un des tenants

ancien et de

sous la houlette d’un

les huit adresses de

un grand nombre

du chic décontracté

canapés profonds,

professionnel. Dans une

la ville, celle de Racine

de galeries d’art

américain... Le créateur

est une invitation

salle à l’écart, l’équipe de

Avenue associe une

contemporain, comme

Billy Reid a investi

au slow shopping.

Scratch Goods propose

boutique-atelier

Mariane Ibrahim, Kavi

le quartier de West Loop

845 West

également des cours de

de vélos et un café,

Gupta ou Monique

avec ses collections

Randolph Street.

yoga ou des séances de

où les chaises Prouvé

Meloche… Cette

homme et femme :

Billyreid.com

bains de son… Idéal pour

voisinent avec des

dernière y a récemment

se remettre du jetlag.

chambres à air et autres

déménagé son espace,

chemises blanches, chinos et vestes en cuir

Scratch Goods (9)

847 West

accessoires. On y

spécialisé dans les

souple… Une mode

La jeune marque de

Randolph Street.

déguste cafés,

artistes en devenir,

élégante et casual,

produits de beauté

Scratchgoods.com

sandwichs, wraps et

notamment afro-

fabriquée aux États-Unis

naturels, fabriqués à

burritos faits maison

américains. C’est ainsi

(les clutches et autres

Chicago, a ouvert une

Heritage Bicycles (10)

dans une ambiance

qu’elle a exposé Amy

porte-monnaie sont

boutique à quelques

Dans une cité

industrielle typiquement

Sherald bien avant que la

209


ID-HYPE AREA

12 10

11 fort de ce bouleversement, l’hôtel Nobu ouvrira ses portes au printemps dans un bâtiment

plasticienne n’exécute le

formé par Claire Warner

tout de verre et d’acier, dont les travaux ont démarré il y a déjà quelques années. Dans

portrait officiel de

et Sam Vinz collabore

ses 115 chambres aux immenses baies vitrées donnant sur les gratte-ciel tout proches, on

Michelle Obama en 2018.

avec des gens qui

retrouvera un mix d’influences traditionnelles japonaises et de design ultra-contemporain,

Parmi sa sélection,

étudient les processus

mais également un bar à sushis, un restaurant « Nobu signature »… « En 2015, c’était

beaucoup d’installations

de fabrication, comme

un quartier très brut, une zone endormie où tout restait à inventer », se remémore Lauren

et d’art figuratif aux

Jonathan Muecke,

McGrady, la fondatrice de la boutique de déco Rider for Life. « Il y a encore quatre ans,

couleurs vives, qui

et qui proposent des

West Loop n’avait rien d’une destination shopping, on n’y trouvait que des restaurants de

emportent l’adhésion

pièces dont l’usage

viandes. Billy Reid a vraiment eu le nez creux, renchérit l’un des vendeurs de cette marque

des collectionneurs

reste ouvert. Daybed

de vêtements normcore homonyme. Il était passionné de gastronomie et connaissait le

comme des béotiens.

réinventé, lampe qui

quartier à travers sa nouvelle scène. Il en a senti le potentiel. » Car à West Loop, tout

451 North Paulina

absorbe la lumière,

a démarré avec les restaurants, apparus dans le sillage des abattoirs. Même quand ces

Street.

tapisseries

derniers ont commencé à fermer les uns après les autres, c’est encore ici que l’on trouvait

Moniquemeloche.com

contemporaines…

la meilleure viande. C’est pourquoi les premiers à franchir la rivière Chicago furent les

210

Des œuvres rarement

amateurs de bonne chère en quête d’authenticité. Dans leur sillage, des restaurants toujours

Volume (11 et 12)

purement utilitaires,

plus branchés ont investi d’immenses espaces aux loyers défiant toute concurrence. Cepen-

Dans un pays peu réputé

qui posent plus

dant, comme dans tous les quartiers industriels devenus trendy, on observe ce phénomène

pour ses galeries

de questions qu’elles

récurrent : la multiplication des adresses in fait grimper les prix et pousse les créatifs à

de design, Volume a su

n’apportent de réponses,

déménager vers des zones plus accessibles. « Nous sommes restés cinq ans au cœur de

développer une

oscillant entre art, design

West Loop, mais nous avons dû partir un peu plus au nord. Les galeries d’art – même la

sélection exigeante,

et architecture.

plus célèbre d’entre elles, Rhona Hoffman – migrent peu à peu vers West Town, le quartier

spécialisée dans

1709 West Chicago

mitoyen », explique Sam Vinz de la galerie de design Volume, aujourd’hui installée dans

les designers américains

Avenue, 2nd Floor.

ce prochain eldorado, à inclure dans la visite de West Loop.

contemporains. Le duo

Wvvolumes.com


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Nos adresses capitales Focus sur de nouvelles adresses qui revisitent les années 50, réhabilitent des bâtiments historiques et s’offrent de belles rénovations… ou comment les studios de design et agences d’architecture intérieure (re)donnent vie au patrimoine en l’inscrivant subtilement dans notre époque. Par Bérénice Debras, Serge Gleizes et Anne-France Berthelon

La rénovation du Raffles a préservé tout le caractère emblématique du palace inauguré à Singapour en 1887 (p. 216). © RALF TOOTEN

213


ID-SPOTS

NEW YORK NOVOTEL NEW YORK TIMES SQUARE

© THOMAS HART SHELBY

Difficile de trouver plus central que cet hôtel à New York et ce malgré une concurrence féroce ! Ce Novotel (Accor), rénové il y a quelques années, offre une vue époustouflante sur Times Square, au cœur de Manhattan. Proposant près de 480 chambres confortables et insonorisées, ce 4-étoiles tutoie les nuages avec élégance, du haut de ses 33 étages. Le restaurant, bar et lounge SuperNova, à la déco Retour vers le futur, décline une carte généreuse en cocktails, vins et whiskys. B.D. 226 W 52nd Street. Tél. : +1 212 315 0100. Novotelnewyork.com

214


LONDRES IMPERIAL TREASURE L’une des dernières aventures du studio Liaigre, spécialisé en architecture intérieure et design ? Le premier restaurant européen du groupe chinois étoilé Imperial Treasure, dans un bâtiment victorien. Le génie de Frauke Meyer, directrice du studio français, en a fait le nouveau rendez-vous gastronomique chinois de la capitale anglaise. « Nicher une vision et un art de vivre contemporain dans un écrin historique a représenté un défi créatif très stimulant », confie-t-elle. La rénovation de ce bâtiment classé, une ancienne banque du quartier de Waterloo, a été guidée par la forte empreinte architecturale de l’édifice (des murs en marbre orange), mais aussi par le travail du photographe Marc Riboud, auteur de nombreuses images sur les villes chinoises des années 60 et 70. Avec ses six mètres de hauteur sous plafond, le lieu magistral mais chaleureux offre, au rez-de-chaussée, une salle à manger de 109 couverts, un espace de dégustation œnologique et un bar en onyx diffusant une lumière tamisée. La mezzanine accueille trois salles de trente couverts. Toute l’excellence de Liaigre se retrouve également dans le design, les matières et les finitions : panneaux en chêne, cloisons en bois et en onyx, sol en marbre vert-de-gris, banquettes en cuir, mobilier et luminaires dessinés sur mesure… le top du raffinement pour savourer le plus délicieux canard laqué de Londres. S. G. 9 Waterloo Place. Tél. : + 44 20 3011 1328. Imperialtreasure.com

LONDRES

© CHILD STUDIO

HUMBLE PIZZA Entrer dans cette pizzeria végane, c’est faire un bond dans le temps, à une époque où le Formica était roi. La toute jeune agence Child Studio (Chieh Huang et Alexey Kostikov) a imaginé un cadre néorétro dans un style 50’s, qui met sacrément de bonne humeur. Twisté et revisité, le matériau s’offre une nouvelle jeunesse dans une nuance poudrée, qui donne à voir la vie en rose. Les designers se sont inspirés de l’ambiance des cafés italiens des années 50 du quartier londonien des théâtres et des music-halls. Comme, par exemple, l’indémodable Bar Italia, à Soho, une institution qui a ouvert ses portes en 1946. B.D. 342 King’s Road. Tél. : +44 20 7351 5505. Humblepizza.co.uk

215


© RALF TOOTEN

SINGAPOUR RAFFLES SINGAPORE Dans la cité-État ultramoderne, le Raffles fait figure de vieux sage. Depuis 1887, cet hôtel de luxe a vu passer les plus grands, des écrivains aux stars de cinéma : Rudyard Kipling, Ernest Hemingway, Elizabeth Taylor ou encore Ava Gardner. Le cocktail Singapore Sling, du Long Bar, est connu dans le monde entier. En août dernier, le 5-étoiles est sorti d’une longue rénovation sous la houlette d’Alexandra Champalimaud, appuyée par le cabinet d’architecture et d’aménagement intérieur Aedas. Le résultat est bluffant. Bien ancré dans le XXIe siècle, il a toutefois su garder toute son âme et offre une délicieuse échappée dans le temps. B.D. 1 Beach Road. Tél. : +65 6337 1886. Raffles.fr

PRAGUE MAXIMILIAN HOTEL Ovni design pour l’époque, le Maximilian fut, en 1995, le tout premier boutique-hôtel dans la nouvelle République tchèque. Sa rénovation, signée Conran and Partners, s’inspire du mouvement moderniste local ainsi que des œuvres de Karel Teige (1900-1951), critique et artiste tchèque d’avant-garde, proche des surréalistes français et connu pour ses travaux sur l’architecture, la typographie et les collages. Des couleurs pastel marquent les différents espaces, reflétant ainsi les tonalités de la ville. Auxquelles s’ajoutent des luminaires créés sur mesure par Conran and Partners et produits par l’entreprise locale Sans Souci. La maison Lavmi a aussi participé au projet en apportant de petites touches déco. B.D. Haštalská 14. Tél. : +420 225 303 111. Maximilianhotel.com

216

© MATTHIAS ASCHAUER


BARCELONE

© RAFAEL VARGAS

© AMIT GERON

ID-SPOTS

SIR VICTOR À Barcelone, le dernier-né de la collection de boutique-hôtels Sir Hotels emprunte son nom à l’écrivaine Víctor Català (la George Sand catalane, NDLR), pour mieux dépoussiérer les règles de l’hôtellerie de luxe. L’établissement de 91 chambres s’est installé dans les murs du cultissime ancien hôtel Omn, au croisement de l’Eixample et de Gràcia. À l’intérieur, le studio de design et d’architecture Baranowitz + Kronenberg a brouillé les codes masculins/féminins avec subtilité et joué sur les perceptions inédites des matériaux. Notamment dans le lobby (prolongé par l’excellent restaurant d’inspiration fusion méditerranéenne Mr Porter) avec d’étonnantes parois en métal drapé. L’ambiance y est celle d’un espace de cotravail, et l’on s’y sent instantanément à la fois hôte et chez soi – assurément LE nouveau luxe. Une approche renforcée par l’offre touristique expérientielle Sir Explore, confiée à des locaux passionnés : des tours citadins centrés sur l’architecture moderniste, la cuisine catalane ou la quête de vinyles rares. Last but not least : le rooftop, qui accueille une piscine et un bar à jus et à cocktails, dévoile une vue panoramique sur ces deux chefs-d’œuvre de Gaudí que sont la Casa Milà et la Sagrada Família. A.-F. B. Carrer del Rosselló, 265. Tél. : +34 932 71 12 44. Sirhotels.com

217


ID-ACTUS CO

PEDRALI DURABLE Le bois, matière première naturelle par excellence, a inspiré Héra, un fauteuil conçu par Patrick Jouin pour Pedrali. Par respect pour ce matériau, le designer a choisi une forme fluide, épurée et raffinée. Ce siège, qui allie travail du bois et savoir-faire industriel, est le fruit d’années d’échanges, de recherches et d’une étroite collaboration entre le Français et l’éditeur italien. Les éléments en bois sont certifiés Forest Stewardship Council (FSC) et enduits d’un vernis bio à base d’eau. La garantie d’une matière première provenant de forêts certifiées et l’utilisation de peintures à l’eau, composées principalement de résines d’origine végétale, expriment le souci environnemental et l’engagement de l’entreprise en faveur de la durabilité. Pedrali.it

MADURA GRAPHIC POWER Cette saison, avec « Vintage Graphic », Madura s’inspire des seventies. Une collection aux motifs géométriques XXL déclinés sur des étoffes texturées, aux teintes à la fois douces et intenses. Différentes techniques – les fils méchés, les broderies en coton et les jacquards chenilles aux effets patinés – produisent des reliefs irréguliers sur l’ensemble, apportant ainsi aux intérieurs authenticité et élégance. La gamme de couleurs pastel, allant des neutres naturels aux subtils céladon et rose poudré, s’intensifie avec le noir et le jaune moutarde pour diffuser un nouvel éclat. Cette collection au graphisme fort et au caractère affirmé met en valeur les jolis tissages et ajoute une touche irrésistiblement rétro à la décoration. Madura.fr © FRANCIS AMIAND

BRETZ RETOUR VERS LE FUTUR La marque allemande fête ses 125 ans. Une telle longévité est extrêmement rare dans le secteur de l’ameublement. Pour l’occasion, elle édite un nouveau fauteuil, Johann 125, du nom du fondateur de l’entreprise, Johann Bretz, et qui rappelle un modèle de 1957. Si son design représente le trait d’union entre le passé et le présent, sa finition révèle ce qui a toujours caractérisé l’entreprise située à Gensingen, en Rhénanie-Palatinat : le savoir-faire artisanal. Dirigée par la même famille depuis sa création, Bretz a traversé les années en connaissant des transformations radicales : du fabricant de meubles en séries à la petite manufacture raffinée made in Germany, dirigée aujourd’hui par la cinquième génération. Bretz.com © ROBERTINO NIKOLIC

218


Adoucir la lumière 1927 : Jean Perzel crée un entrelacs de verre pour adoucir la lumière. Ainsi débute la légende… 3, rue de la Cité Universitaire, 75014 Paris, tél. 01 45 88 77 24 www.perzel.fr


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G Gangzaï Gangzai-design.com GD Arredamenti Gdarredamenti.fr Globe-trotter Globe-trotter.com Golran Golran.com Graham & Green Grahamandgreen.co.uk Gubi Gubi.com Guerlain Guerlain.com Guittet Guittet.fr H Hanjel Athezza-hanjel.com Hay Hay.dk Houtique Houtique.es I Ibride Ibride-design.com Ikea Ikea.com Isidore Leroy Isidoreleroy.com J Jieldé Jielde.com Jim Thompson Jimthompsonfabrics.com K Kartell Kartell.com Katerina Makriyianni Katerinamakriyianni.com KitchenAid Kitchenaid.fr Knoll Knoll.com Københavns Møbelsnedkeri Kbhshop.dk L Lago Lago.it La Boite Concept Laboiteconcept.com La Manufacture Cogolin Manufacturecogolin.com Le Creuset Lecreuset.fr Le Presse Papier Le-presse-papier.fr Lelièvre Lelievreparis.com Lene Bjerre Discover.lenebjerre.com Les Dominotiers par Au Fil des Couleurs Aufildescouleurs.com Ligne Roset Ligne-roset.com Lithos Design Lithosdesign.com Little Greene Littlegreene.fr Living Divani Livingdivani.it M Made.com Made.com Maison Images d’Épinal Imagesdepinal.com Maison Margiela Maisonmargiela.com Maison Sarah Lavoine Maisonsarahlavoine.com Marset Marset.com Marshall Marshallheadphones.com Martinelli Luce Martinelliluce.it Meljac Meljac.com MM Lampadari Mmlampadari.com Mériguet-Carrère Meriguet-carrere.fr Missoni Missoni.com Missoni Home Missonihome.com

Miu Miu Miumiu.com Moda International 01 44 75 42 80 Mogg Mogg.it Moroso Moroso.it Mues Design Mues-design.com Mutina Mutina.it Muuto Muuto.com N NLXL Nlxl.com Nobilis Nobilis.fr Nordmende Nordmende-ce.de O Olivier Gustav Studio Shop.olivergustav.com Oluce Oluce.com Osborne & Little Osborneandlittle.com P Petite Friture Petitefriture.com Pinch Design Pinchdesign.com Pierre Frey Pierrefrey.com Pop Corn Designdecollection.fr Interieursdecollection.fr Pouenat Pouenat.fr R RBC Avignon 04 90 82 52 56 RBC Gallargues-le-Montueux 04 66 73 30 00 RBC Lyon 04 72 04 25 25 RBC Montpellier 04 67 02 40 24 RBC Nîmes 04 66 67 62 22 RBC Paris 01 45 75 10 00 REDValentino Redvalentino.com Ressource Ressource-peintures.com Richard Ginori Richardginori1735.com Rubelli Rubelli.com Ruslan Baginskiy Ruslanbaginskiy.com S Seigneurie Seigneuriegauthier.com Seletti Seletti.it Serge Mouille Serge-mouille.com Shrimps Shrimps.com Sika Design Sika-design.fr Siltec : 01 42 66 09 13 Silvera Bac 01 53 63 25 10 Silvera Bastille 01 43 43 06 75 Silvera Beaugrenelle 01 40 59 42 80 Silvera eshop 01 46 22 27 22 Silvera Faubourg-Saint-Honoré 01 56 68 76 00 Silvera Kléber 01 53 65 78 78

Silvera Poliform 01 55 35 82 33 Silvera Printemps 01 45 26 29 85 Silvera Saint-Germain 01 53 63 25 10 Silvera Université 01 45 48 21 06 Silvera Lyon 04 81 88 80 00 Silvera Marseille 04 91 33 19 10 Smeg Smeg.fr Society Limonta Societylimonta.com Studio MILO Studio-milo.com T Tai Ping Taipingtent.com Thelermont Hupton Thelermonthupton.com Thing Industries Thingindustries.com Thomas Poganitsch Thomaspoganitsch.at Toiletpaper Shoptoiletpaper.com Tollens Tollens.com Tom Dixon Tomdixon.net Tonelli Design Tonellidesign.com V Veja Veja-store.com Venini Venini.com Veronese Verone.se Vitra Vitra.com Vola Fr.vola.com Voltex Bordeaux 05 56 30 15 30 Voltex Marseille 04 91 53 52 52 Voltex Paris 01 45 48 29 62 Voltex Toulouse 05 61 25 64 37 W Wandler Wandler.com Warm Nordic Warmnordic.com Y Yves Delorme France.yvesdelorme.com Z Zuber Zuber.fr

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Le Bruxelles de Clélie Debehault et Liv Vaisberg © MILES FISCHER

En cofondant la foire Collectible (lire p. 36), les deux femmes ont, en moins de trois ans, fait de Bruxelles une étape incontournable en matière de design de collection du XXIe siècle. Les deux jeunes consultantes en art, au dynamisme communicatif, portent un regard ouvert, frais et exigeant sur la ville qui a rendu cette belle aventure possible. Propos recueillis par Anne-France Berthelon

Qu’existe-t-il à Bruxelles que vous ne trouvez pas ailleurs ? Clélie Debehault : Une certaine ouverture d’esprit et un côté décalé. Liv Vaisberg : La mixité : beaucoup d’Anversois veulent venir habiter ici, au milieu de ce melting-pot de langues et de cultures. C’est aussi une ville encore relativement abordable pour les jeunes artistes et designers. En 2015, le New York Times avait titré « Bruxelles est le nouveau Berlin », ce à quoi le directeur du Wiels-Centre d’art contemporain avait fort justement répondu : « Non, Bruxelles est le nouveau Bruxelles ! »

Un hôtel ? L’Hôtel des Galeries, en plein centre-ville, est un spot parfait pour découvrir Bruxelles. Certaines chambres ont vue sur les galeries.

Le Wiels, un centre d’art contemporain installé dans une ancienne brasserie, à Forest.

Un café pour travailler ?

Qu’est-ce qui vous touche ?

Le Victor Bozar Café est notre QG. Il est idéalement situé, près de la gare Bruxelles-Central, et s’habille de rideaux de Valérie Mannaerts, une designer que la galerie Maniera a exposée.

C.D. : Un petit côté désorganisé qui accentue l’humanité de cette ville.

Un restaurant ?

C.D. : Le Sablon, un quartier assez représentatif de l’histoire de la ville. L.V. : J’ai vécu deux ans à Bruxelles et je me retrouvais toujours du côté de la rue Antoine-Dansaert, le quartier flamand. J’en ai déduit que la Flandre me correspondait davantage. Cela fait quatorze ans que j’habite à Anvers et m’apprête à déménager à Rotterdam. Clélie est plus francophone dans ses choix. Je découvre des lieux grâce à elle.

C.D. : En amoureux comme entre amis, Les Brigittines. Et Tontons, un restaurant très convivial à Uccle, où l’on mange des pâtes « bolo à la belge » et des coquillettes jambon-comté gratinées. On y va assez régulièrement avec Marie Pok (la directrice du Centre d’innovation et de design au Grand-Hornu, NDLR). L’adresse est fréquentée par des acteurs du monde de l’art, qui s’y rendent en mode détente.

La plus belle vue ? C.D. : Celles marquées par l’Art nouveau, comme la maison Saint-Cyr, de Gustave Strauven. Je passe toujours avec émotion par les Galeries royales Saint-Hubert pour arriver en face de l’Espace Vanderborght (immeuble des années 30 qui accueillera Collectible pour la troisième fois, du 5 au 8 mars, NDLR). L.V. : Bozar (l’ex-palais des Beaux-Arts, NDLR), un bâtiment de Victor Horta, qui est aujourd’hui un centre culturel multidisciplinaire.

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Un lieu industriel dont la reconversion est une réussite ?

Le Wiels : plus centre d’art que musée.

Un musée ?

Quel est votre quartier préféré ?

Une architecture remarquable ?

– il pleut souvent ! – ou de la gaufre que l’on vend ici… mais qui vient de Liège.

L.V. : Au cinquième étage du Vanderborght. C.D. : Celle que l’on a depuis Creatis (incubateur réservé aux industries culturelles et créatives) sur le Mont des arts.

Où trouver des perles rares ? Dans les rues Haute et Blaes pour le vintage. Et un peu en dehors de Bruxelles, à Zaventem, pour les talents émergents.

Un designer symbolique ? Xavier Lust. Ses bancs sont partout en ville et il va inaugurer, pour la prochaine édition de Collectible, une structure monumentale sur la Grand-Place. Et Lionel Jadot, une personnalité généreuse, qui a une approche de l’hybridité très belge. Outre les Zaventem Ateliers, qu’il a fondés, on le retrouve derrière de nombreux restaurants, hôtels, et un marché couvert.

Une galerie toujours surprenante ? Maniera. Ils font un superbe travail au quotidien.

Loin d’ici, que vous manque-t-il ? La couleur de Bruxelles ? L.V. : Orange ! C.D. : Jaune ! Certes le ciel y est souvent gris, mais Bruxelles, ville cosmopolite, est bigarrée.

L’odeur de la ville ? Aucune, sauf peut-être celle de l’herbe mouillée

C.D. : Le côté posé, résidentiel et familial de Bruxelles, que je retrouve moins à Paris. L.V. : L’énergie, les rencontres. C’est une ville où les choses se font avec une relative facilité et un enthousiasme certain. C.D. : Collectible a été possible parce que c’était à Bruxelles.


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