revue H20 - 2006

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Chronique•Chronique•Chronique•Chronique

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Un bouchon en vaut-il un autre ?

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l existe de nos jours une grande variété de bouchons. C’est ce qui a poussé les professionnels du vin à commander une étude comparative à la Cellule Qualité Bouchage de la

Chambre d’Agriculture de la Gironde. La recherche s’est penchée sur « l’alimentarité », c’està-dire l’éventuelle présence de substances dangereuses dans le vin, sur l’aptitude des bouchons à assurer une obturation durable et sur l’impact de leur utilisation sur le profil organoleptique et la typicité des vins. L’étude a comparé l’utilisation, durant un stockage de 2 ans, de bouchons en liège de différents types (liège naturel, colmaté et aggloméré), de bouchons dits techniques (liège aggloméré avec de la poussière de liège

Nous avons réalisé pour vous une sélection

de quelques faits marquants de l’actualité de la recherche et de l’innovation en Aquitaine : nouvelles techniques, découvertes scientifiques, dépôts de brevets…

et des liants synthétiques) et de bouchons purement synthétiques de différentes compositions. Les résultats ont montré qu’aucun des bouchons ne présente de problème de relargage dans les conditions d’utilisation. Plusieurs autres propriétés ont aussi été étudiées : la force nécessaire à l’extraction du bouchon, l’étanchéité, la résistance à la pression dans la bouteille. A chaque dégustation, les caractères « bouchonné », « oxydé » et « réduit » ont aussi été analysés. De manière générale, bien

que certains bouchons aient des résultats moins satisfaisants que d’autres, chacun a des qualités et des défauts qui lui sont propres. Le choix doit donc se faire en fonction des qualités recherchées et de la durée de stockage du vin. L’étude réalisée s’appuie sur les caractéristiques des lots soumis aux effets au temps t. mais ne préjuge pas des caractéristiques des bouchons produits par les différents industriels présents dans cette étude.

http://www.bordeauxprof. com/St/Secure/Technique/ IndexTechniqueCT.html

La haute pression pour l’asepsie de molécules thérapeutiques

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Credit photo : Icmcb

e Centre de Ressources Hautes Pressions, interface de recherche entre l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie et de Physique de Bordeaux et l’Institut de Chimie de la Matière Condensée de Bordeaux (CNRS), a déposé, ces dernières années au travers de collaborations industrielles, trois brevets concernant la décontamination de molécules pharmaceutiques. Le centre s’apprête à en déposer un quatrième qui concerne la préparation de biomatériaux pour les greffes osseuses. Les recherches de ce Centre de Ressources « Hautes Pressions » se sont surtout orientées vers l’aseptisation sous hautes pressions (jusqu’à 4 000 fois la pression atmosphérique) de produits à applications thérapeutiques. Au cours de la fabrication d’un médicament, il faut en effet pouvoir éliminer ou inactiver d’éventuels micro-organismes pathogènes. Ce procédé original possède, du fait de la faible énergie mise en oeuvre lors de la compression, le gros avantage de sauvegarder la quasi totalité de l’activité des molécules thérapeutiques, par rapport aux techniques conventionnelles de décontamination, telles que la température ou l’ionisation. La pression induit en effet des modifications de la matrice biologique des micro-organismes contaminant en évitant toute altération du principe actif. http://www.icmcb-bordeaux.cnrs.fr http://www.enscpb.fr 2006

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u a l i s (Qualité et Sécurité sanitaire des produits végétaux) a été inauguré le 24 juin 2005 sur le domaine

des aliments. Associant recherche, développement et expertise, Qualis a plusieurs missions : optimiser les stratégies utiles aux filières végétales, lever les obstacles techniques liés à la qualité pour les échanges internationaux et contribuer à l'évolution de la réglementation et de la formation sur la qualité sanitaire.

Pour ce faire, plusieurs laboratoires sont hébergés dans le nouveau bâtiment de 1 660 m2 fédérant des équipes multi-disciplinaires (génétique, physiologie, informatique...). Parmi les nouveautés technologiques, on peut noter la création de plateaux techniques de biochimie et de biologie moléculaire très bien équipés. Et surtout

Commander à distance tous nos appareils électroniques Credit photo : Etché

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Chaussures high-tech pour canyoning et spéléologie

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épondant à la demande des adeptes de sport en eaux vives, et en particulier de canyoning et de spéléologie, le bureau d’étude d’Etché sécurité, basé à Mauléon dans les PyrénéesAtlantiques, a mis au point la chaussure MIC CANYON spécialement prévue pour ce type d’activité. Trois exigences principales ont dû être prises en compte dans la conception de ce produit. Tout d’abord il a fallu réaliser une chaussure qui résiste à une utilisation intensive. La coque de la MIC CANYON a été moulée en une seule pièce de caoutchouc, et de crochets plastiques ralentissant ainsi l’usure de la chaussure. De plus, l’adhérence sur une surface accidentée et mouillée doit être maximale étant donnée l’utilisation qui en est faite. La semelle a donc été réalisée entièrement en caoutchouc (modèle déposé « ATS ») qui possède d’excellentes caractéristiques d’adhérence sur tous les types de sol. www.etchesecurite.fr

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a société mérignacaise eDevice vient de mettre au point un nouvel outil sans équivalent sur le marché. Il s’agit d’un serveur vocal téléphonique offrant la possibilité de piloter à distance, via un menu interactif, des équipements électroniques qui étaient jusqu’alors non communicants. Tout appareil est maintenant susceptible d’être connecté au réseau, que ce soit un thermostat d’ambiance, une alarme ou bien même, pourquoi pas, un distributeur automatique. Le serveur vocal interactif embarqué eDevice peut être installé soit sous la forme

celle d’une halle technologique de 560 m2 permettant de tester, à moyenne et à grande échelle, les techniques de lutte contre les insectes et l’altération des denrées stockées (céréales, fruits et légumes secs, aliments pour animaux...) www.bordeaux.inra.fr

d’un module intégré directement à l’électronique soit sous celle d’un boîtier externe adaptable sur un port série. Ce système se branche alors directement à une prise de téléphone standard et répond à tous les appels reçus sur la ligne. Le menu vocal qui accueille le correspondant, lit les messages préalablement stockés dans la mémoire, et guide l’utilisateur qui peut interagir par le biais des touches de son clavier téléphonique après s’être identifié. Il devient alors possible, par exemple, d’activer ou de désactiver un dispositif d’alarme depuis n’importe quel téléphone. Le produit proposé par eDevice est entièrement personnalisable tant au niveau des messages enregistrés que des menus interactifs ou des actions possibles sur l’équipement connecté. www.edevice.com

Credit photo : eDevice

Qualis,nouveau pôle derecherche sur la qualitéet lasécurité des aliments

de la Grande Ferrade à Villenave d’Ornon, en Gironde. Cette structure mixte de l’Institut National de la Recherche Agronomique et de la Direction Générale de l'Alimentation, a été créée pour répondre à la très forte demande des agriculteurs, des industriels et des consommateurs en matière de qualité et de sécurité sanitaire


Un nouveau médicament contre le paludisme

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ropival, ce projet aquitain universitaire de développement pharmaceutique pour la lutte contre les maladies tropicales négligées regroupant des chercheurs et des industriels de la région, a contribué au lancement d’un nouveau médicament anti-paludique qui devrait être mis sur le marché en 2006. Celui-ci tient compte des problèmes de résistance qui rendent les anciens principes actifs et les formulations simples souvent inefficaces. Dans beaucoup de régions d’Afrique, la résistance à la chloroquine atteint en effet 90 %. Les combinaisons rendent le traitement plus efficace, mieux toléré, et diminuent les risques d’échec au traitement. Combiner les deux molécules en un seul comprimé permet en effet de s’assurer que les patients prennent les deux principes actifs à la bonne dose. A la demande de la fondation Drugs for Neglected Diseases Initiative (DNDi), Tropival, dirigé par Pascal Millet,

(Equipe EA3677 « Bases Thérapeutiques des Inflammations et des Infections, Université Bordeaux 2 ) a coordonné les compétences régionales (UFR de Pharmacie de Bordeaux 2 ainsi que les sociétés ELLIPSE Pharmaceuticals, COMIPSO et CREAPHARM) autour de la mise au point d’une co-formulation fixe artésunate – amodiaquine répondant aux attentes de l’OMS. Le nouveau médicament bénéficie d’un protocole d’utilisation simplifié : deux cachets par jour – au lieu de huit – en une seule prise, pendant trois jours uniquement. Des formulations pour enfants et nourrissons sont en cours de développement. Sanofi-Aventis et la fondation DNDi viennent de conclure un accord portant sur les dernières phases de développement de ce médicament. La fondation DNDi ayant refusé de couvrir la co-formulation artésunate-amodiaquine par un brevet, la mise sur le marché de versions génériques sera facilitée. (sources Biotechnica et DNDi) www.u-bordeaux2.fr

Technologie de pointe au coeur des atomes

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late-forme unique en France, AIFIRA (Applications Interdisciplinaires de Faisceaux d’Ions en Région Aquitaine) s’est installée fin 2005 au Centre d’Etudes Nucléaires de Bordeaux-Gradignan. Au service de la recherche fondamentale et appliquée, cette plate-forme est en effet constituée d’un accélérateur de particules délivrant des ions se déplaçant sous vide dans des tubes appelés lignes de faisceaux. Les ions utilisés sont chargés positivement. Ils sont générés à partir d’un plasma (gaz hydrogène ou hélium) excité par un champ électromagnétique et sont ensuite accélérés par un champ électrique. Les faisceaux d’ions peuvent être focalisés jusqu’à des dimensions microscopiques pour faire de l’analyse et de l’imagerie à l’échelle du millième de millimètre. Les interactions des ions avec la matière engendrent dans certains cas des réactions nucléaires, dans d’autres, elles provoquent l’émission d’un rayonnement X caractéristique. Ces deux phénomènes permettent de collecter des données physiques sur le matériau ciblé (vivant ou inerte). Les domaines concernés sont très divers : médecine (traitement de tumeurs), environnement (cartographie d’éléments toxiques dans l’atmosphère), biologie fondamentale, archéologie...

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oncilier la mise en oeuvre d’un festival en pleine nature et le respect de l’environnement, voilà qui semble relever de la gageure. Pas pour les organisateurs de Euskal Herria Zuzenean (EHZ), festival multiculturel attirant 30 000 festivaliers sur trois jours au mois de juin, en Soule au Pays Basque. Six catégories de déchets ont été récupérées (verre, papier, carton, canettes, nourriture, tout-venant) dans de nombreux sacs-poubelle grâce à un code-couleur, en partenariat avec la communauté de communes de Soule-Xiberoa. De plus, tous les véhicules des organisateurs et des bénévoles ont fonctionné avec des biocarburants. Pascal Muzet responsable environnement du festival, a sensibilisé les mille bénévoles du festival sur les enjeux du recyclage. Il a également coordonné une équipe de dix personnes chargées de vérifier et de faire respecter la propreté du site. Une dizaine de toilettes sèches, devant produire du compost à partir des déjections humaines, a été expérimentée, en plus des cinquante à soixante toilettes chimiques. Enfin, en plus des traditionnelles saucisses-frites des produits bio ou issus du commerce équitable ont été proposés dans un bar alternatif Avec au menu, galettes de céréales, quinoa (une plante originaire des Andes dont on récolte les graines) aux légumes, cocktail de fruits frais, bière au chanvre, vin bio et tisanes. Les organisateurs ne s’arrêtent pas en si bon chemin. Pour 2006, ils ont déjà prévu de mettre en place un système d'éclairage solaire. www.festival-ehz.co 2006

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Credit photo : CRA/Burdin/Alain Benoît

EHZ : un festival culturel écolo


Modéliser les populations d’anguilles pour mieux les sauver Credit photo : Cemagref

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sexuel, la préparation du retour vers la zone de reproduction, la mortalité naturelle, ou le déplacement des anguilles, mais aussi les influences anthropiques telles que la pêche ou l’impact des barrages. Au delà des études démographiques, le but à terme est de fournir un instrument d’aide à la décision pour prendre les mesures de gestion qui s’imposent. Le modèle pouvant intégrer de nouveaux paramètres, peut s’appliquer à un grand nombre de situations afin d’agir plus spécifiquement et donc plus efficacement dans la sauvegarde de cette espèce, aujourd’hui en grand danger. http://www.cemagref.fr http://www.diadfish.org

Du virtuel à la réalité : Dassault Aviation et le Falcon 7X

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e Falcon 7X présenté en février, est le dernier né des avions d’affaires de Dassault Aviation. C’est le premier avion à être intégralement conçu et construit grâce à une plate-forme virtuelle. Ce concept de gestion des processus de conception et de fabrication présente de nombreux avantages. Il permet entre autres à des équipes de différents pays de travailler ensemble. De plus, les problèmes intervenant généralement au cours d'un processus industriel classique sont résolus avant le lancement de la production, ce qui contribue à réduire les délais et coûts de fabrication. Le logiciel qui s’applique aussi bien à la conception de petites pièces individuelles qu’à la vision générale de l’avion, permet également d’effectuer des simulations de maintenance et donc de concevoir l’avion de manière à faciliter les interventions futures. Depuis ce jour, les trois premiers avions ont fait leur premier vol et totalisent plus de 100 vols et 300 heures de vol. www.dassault-aviation.fr

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Credit photos : Dassault

es anguilles risquent bien de disparaître des cours d’eau européens d’ici quelques années si des mesures ne sont pas prises rapidement pour les protéger. De nombreux scientifiques tirent la sonnette d’alarme au point que l’Union Européenne envisage d’interdire la pêche durant la première quinzaine de chaque mois ou de déplacer des individus pour repeupler les zones désertées par cette espèce. En effet il semble que le nombre d’anguilles ait été divisé par dix, voire par cent sur certains secteurs de l’aire de répartition, au cours des deux dernières décennies. Afin d’appréhender au mieux les différents facteurs responsables de cette disparition, Patrick Lambert, ingénieur au Cemagref de Bordeaux, a conçu un modèle simulant l’évolution d’une population d’anguilles dans un bassin versant, c’est-à-dire un fleuve et ses affluents. Cet outil est capable d’explorer la dynamique de la population de poissons, en intégrant non seulement les principaux processus biologiques, tels que le vieillissement, le déterminisme

Bloquer le passage de l’inflammation vers le cerveau

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n cas d’infection ou d’inflammation chronique (asthme, arthrite…), les molécules de l’inflammation diffusent dans le corps, jusque dans le cerveau. En conséquence, on se sent fatigué, on perd l’appétit, les cas les plus graves pouvant entraîner une dépression. Robert Dantzer, Directeur de l’équipe de neurobiologie intégrative (CNRS-Inra) de l’Institut des Neurosciences de Bordeaux collabore avec une équipe américaine de l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign pour étudier la communication du système immunitaire vers le cerveau dans des cas d’inflammation. Ces chercheurs se penchent en particulier sur l’obésité qui est associée à une inflammation chronique. Ils ont trouvé que chez des souris génétiquement obèses et prédisposées au diabète de type II, on retrouve aussi les molécules de l’inflammation (cytokines) dans le cerveau, en plus grande quantité que chez les souris non obèses. Il semblerait donc que ce ne soit pas uniquement le regard des autres qui rendent les sujets obèses « mal dans leur peau », mais aussi l’état inflammatoire associé à l’obésité et qui envahit le cerveau par l’intermédiaire de nerfs de la cavité abdominale, explique Robert Dantzer. Dans leur dernière publication, les scientifiques expliquent qu’ils ont testé les conséquences d’un complément nutritionnel très utilisé aux Etats-Unis pour ralentir l’installation du diabète de type II. Les résultats montrent que les souris récupèrent deux fois plus vite de la maladie si elles sont traitées par le sulfate de vanadium. Celui-ci agit en bloquant la propagation nerveuse du message immunitaire vers le cerveau. Ils vont maintenant étudier si les souris obèses sont plus « déprimées » que les souris normales et si le sulfate de vanadium peut bloquer la « dépression » dans ce cas. http://www.inb.u-bordeaux2.fr/


Credit photo : CNP

Une médaille d’argent CNRS pour la recherche nucléaire aquitaine

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Credit photo : Cenbg

ertram Blank, Directeur de recherche au Centre d'études nucléaires Bordeaux Gradignan (CENBG, UMR5797 - Univ. Bordeaux 1 / CNRS-IN2P3) s'est vu remettre, le 10 décembre dernier, la Médaille d'Argent du CNRS au titre de l'année 2004. Celle-ci distingue un chercheur pour l’originalité, la qualité et l’importance de ses travaux. A la tête d'un petit groupe de quatre chercheurs et enseignants chercheurs, Bertram Blank a su s'entourer de collaborateurs au niveau national et international. Leur domaine d’étude tourne autour des propriétés des « noyaux exotiques », ces noyaux atomiques qui n'existent pas sur terre et qui ont un nombre de protons ou de neutrons très différent de celui composant les éléments stables qui nous entourent. Ils peuvent cependant être produits en laboratoire grâce à des réactions nucléaires faisant intervenir des ions lourds de haute énergie. Le but de ces travaux est d'établir les forces nucléaires agissant au coeur de l'atome et de mieux comprendre le mécanisme de production des 260 noyaux stables existant dans la nature. Deux découvertes importantes sont à porter à l'actif de l'équipe : la découverte du noyau Nickel 48 en 2000, suivie de celle de la « radioactivité deux protons ». Dans les deux cas, on est en présence de phénomènes prédits par certains modèles théoriques, mais que les expérimentateurs n'avaient pas réussi à mettre en évidence. En particulier, la « radioactivité deux protons », recherchée depuis 40 ans sans qu’on sache les noyaux à produire pour la mettre en évidence. Les outils même de cette prospection n'étaient pas construits. http://www.cenbg.in2p3.fr/

Les pigments de la Scène du Puits à Lascaux

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e Centre National de la Préhistoire poursuit l’étude de la grotte de Lascaux en Dordogne, en collaboration avec le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (Ministère de la culture). Parmi les peintures de Lascaux et dans l’art pariétal paléolithique en général, la Scène du Puits est un des panneaux majeurs. Elle se compose de différentes

figures toutes exécutées avec un pigment noir : un oiseau, un homme, un bison, un rhinocéros et, sur la paroi opposée, un cheval. S'il existe de très nombreuses interprétations du rôle des différentes figures de cette scène, aucune analyse physico-chimique de la matière picturale des pigments n’avait été proposée jusqu’à ce jour. Des analyses basées sur la microscopie électronique à balayage ont ainsi permis de déterminer que les pigments étaient constitués d’oxyde de manganèse riche en baryum. Le C2RMF précise qu’ils ont été préparés par simple « broyage et addition d’eau, afin d’obtenir une matière suffisamment liquide pour un dépôt au pinceau ou par pulvérisation ». Ces résultats suggèrent ainsi que les différentes figures de la Scène du Puits, à l’exclusion du rhinocéros, ont été réalisées par les hommes préhistoriques avec un seul approvisionnement et une seule préparation des pigments, donc en un temps d'exécution très bref. http://www.c2rmf.fr/pages/page_id18140 _u1l2.htm www.culture.gouv.fr/culture/cnp/fr/

Les ordinateursde l’Université Bordeaux 1 au service de la génétique

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’AFM (Agence Française contre les Myopathies), le CNRS et la société d’informatique IBM se sont associés pour la mise en place de l'un des plus puissants systèmes de recherche scientifique créés en France : le projet Décrypthon. Lancé le 15 mars dernier, ce programme a pour but d’accélérer les recherches vers une meilleure compréhension du vivant, et plus particulièrement des maladies génétiques. Il repose sur une technologie appelée grid computing (« grille de calcul » en français) consistant à mettre en commun les capacités de plusieurs ordinateurs afin de dépasser les limites individuelles de chacun, et de réaliser rapidement

d’importants calculs. Ce réseau combine déjà les ressources des supercalculateurs des universités Bordeaux 1, Lille 1 et Paris 6 et pourra, si nécessaire, recruter des ordinateurs individuels. Le décodage complet du génome humain, terminé en 2004, n’a en effet pas permis d’appréhender la totalité des mécanismes impliqués dans une maladie génétique et la recherche se penche aujourd’hui sur la protéomique, c’est-à-dire l’étude du fonctionnement et du rôle des protéines (chacune issue d’un gène). Les chercheurs vont identifier et répertorier un maximum de mutations (modifications au niveau des gènes) et les mécanismes qui en sont à 2006

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l’origine, mettre au point des outils de prédiction… Ces études nécessitent une énorme puissance de calcul et des bases de données tout aussi considérables. Le programme Décrython, basé sur le partage de compétences et d’informations, constitue donc un formidable outil informatique mis à la disposition des équipes, françaises ou étrangères, désirant travailler au développement de nouvelles thérapies et incarne un nouvel espoir pour les personnes atteintes de maladies génétiques. www.afm-France.org www.decrypthon.fr

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Nouvelles cerises F d’Aquitaine

Credit photo : Inra

erme, foncée, croquante et sucrée… Folfer est une nouvelle variété de cerises créée par l’Inra d e B o r d e a u x . Issue des programmes d’amélioration variétale de l’équipe de Jacques Claverie, de l’Unité de recherches sur les espèces fruitières et la vigne, Folfer présente des caractéristiques très intéressantes pour les producteurs et les consommateurs. Les gros fruits très fermes possèdent en effet de bonnes qualités gustatives et des performances agronomiques de bon niveau. La mise à fruit est rapide avec une production forte et régulière. Folfer arrive à maturité, selon les années, fin mai ou début juin, à une période où peu de variétés

commercialement intéressantes sont produites. Plusieurs programmes d’hybridation et de sélection, représentant 30 années de travail, ont été nécessaires pour aboutir à Folfer et à d’autres variétés nouvelles, capables de venir s’insérer dans la gamme commerciale actuelle. Le radical « fer » du nom de cette cerise est l’identifiant du domaine de la Grande Ferrade du centre Inra de BordeauxAquitaine. Le centre aquitain gère une importante collection de ressources génétiques en cerisiers, des outils précieux pour Jacques Claverie, responsable du programme « cerise » de l’Inra. Folfer a remporté l’Oscar de l’obtention variétale Felscope

2005, remis au Salon international des techniques de la filière fruits et légumes qui a eu lieu à Agen en mars dernier. L’Oscar récompense les variétés les plus innovantes dans le domaine agronomique et dans la réponse à la demande des consommateurs. Folfer fait l’objet d’une demande d’inscription au catalogue officiel des espèces et variétés de plantes cultivées géré par le Comité technique permanent de la sélection (CTPS). La nouvelle variété fait aussi l’objet d’une demande de protection appelée certificat d’obtention végétale (COV). www.bordeaux.inra.fr

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Al’affût des nanoparticules dorées

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uand on pense au maïs, on pense en général à l’agriculture, mais certainement pas à l’industrie. Pourtant, les débouchés industriels du maïs sont nombreux et parfois étonnants : des biocarburants, comme le bioéthanol, des additifs pour améliorer les qualités du papier, des emballages alimentaires ultra-légers, des cosmétiques… Première région européenne de production, avec 380 000 hectares et 3,2 millions de tonnes, l’Aquitaine est particulièrement concernée par ces nouveaux débouchés. Le Conseil Régional, via l’Agence Aquitaine de Développement Industriel (2ADI), a lancé il y a 2 ans une campagne de promotion de ces nouvelles applications,

pour donner une image moderne et technologique au maïs, en valorisant les produits à forte valeur ajoutée et les savoir-faire aquitains. Le but affiché était d’amener les industriels et les investisseurs à s’implanter dans la région. Cette démarche a porté ses fruits, notamment dans le domaine des biocarburants. Le projet d’implantation d’Abengoa, le leader européen du secteur, sur le site de Lacq est en cours de finalisation.Loin de se limiter aux applications existantes, cette campagne insiste en effet sur le potentiel important du maïs en terme de recherche et de développement : production de molécules actives moins onéreuses que celles issues des animaux, de fibres textiles aux propriétés nouvelles ou encore de matériaux de construction plus légers et plus résistants au feu. http://www.2adi.fr

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étecter directement des biomolécules dans des échantillons biologiques est essentiel à la recherche en biologie et au diagnostic médical. Une nouvelle méthode, mise au point au Centre de Physique Moléculaire Optique et Hertzienne (CPMOH, CNRS-Université Bordeaux 1), permet d’observer dans la durée des molécules individuelles dans des cellules vivantes. De manière standard, pour détecter une biomolécule dans un échantillon biologique, on utilise des anticorps (qui s’accrochent spécifiquement aux biomolécules étudiées) préalablement marqués par des molécules fluorescentes. Chaque marqueur détecté indique la présence de la biomolécule recherchée. Ces marqueurs doivent être les plus petits possibles pour ne pas gêner la reconnaissance de l’anticorps et de la biomolécule correspondante et ils doivent pouvoir être imagés le plus longtemps possible. Dans un milieu biologique, la fluorescence d’une molécule individuelle peut être détectée, mais elle n’est cependant pas suffisamment stable dans le temps pour étudier tous les phénomènes ayant lieu dans des cellules vivantes. L’équipe Nanophotonique du CPMOH a donc cherché à développer une méthode de détection optique de particules nonfluorescentes les plus petites possibles, mais tout aussi sensible que la fluorescence. Les chercheurs se sont intéressés aux nanoparticules d’or déjà très utilisées en microscopie électronique sur des échantillons biologiques fixés. En utilisant deux faisceaux de lumière, ils ont pu détecter dans des cellules vivantes des nanoparticules de l’ordre de grandeur des biomolécules étudiées. http://www.cpmoh.u-bordeaux.fr/

Credit photo : CPMOH

Les nouveaux débouchés industriels du maïs


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sabelle Hesling, linguiste de formation, s’est fixé un but, trouver les structures cérébrales de la musique de la langue, la prosodie (intonation, rythme). Grâce à un contrat entre l’INSERM et l’Université Bordeaux 2, elle fait aujourd’hui de la recherche fondamentale au Laboratoire d’imagerie moléculaire et fonctionnelle de Bordeaux 2. Son travail consiste à étudier l’activité des réseaux neuronaux à l’écoute d’un message verbal. En supprimant les fréquences supérieures à 300 Hz d’une parole, l’auditeur ne perçoit plus que la prosodie. Une première étude en IRMF (imagerie fonctionnelle par résonance magnétique) a ainsi montré que des réseaux neuronaux particuliers sont activés lorsqu’on écoute un texte expressif ainsi filtré . Ces études montrent qu’il y a une intégration sensorielle spécifique de la prosodie dans le cerveau, ce qui pourrait notamment amener des changements dans le monde de l’apprentissage des langues. www.imf.u-bordeaux2.fr

Saumons : Migrer ou ne pas migrer, un choix pour le saumon ?

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ourquoi un poisson tel que le saumon atlantique migre-t-il ? C’est une des questions que se pose l'unité « Ecologie comportementale et biologie des populations de poissons » de Saint-Pée-sur Nivelle (INRA - UPPA). Philippe Gaudin nous apprend en effet que les salmonidés ont tous la capacité d’être migrateurs ou sédentaires. La génétique, mais surtout l’environnement, ont une forte influence sur ce comportement. S’ils survivent,

Modéliser le déferlement des vagues

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e déferlement des vagues sur les plages est un phénomène mystérieux et fascinant sur lequel travaille Pierre Lubin au sein du TREFLE, le laboratoire TRansferts Écoulements FLuides Énergétique (CNRS, ENSAM, ENSCPB, Université Bordeaux 1). Bien que largement étudié depuis une vingtaine d'années, le déferlement est un phénomène encore très difficile à appréhender, alors qu’il est à l'origine de courants très intenses, responsables de la majeure partie du transport sédimentaire, impliqué dans la formation des côtes. L’étude des écoulements littoraux présente un intérêt tout particulier pour la région Aquitaine, puisqu’elle se compose d’environ 250 km de côtes sableuses. En effet, l'érosion du littoral correspond à un recul d’un à trois mètres du trait de côte dans cette région. La modélisation numérique du déferlement qu’a réalisée Pierre Lubin, sous la direction du Professeur Jean-Paul Caltagirone et du Docteur Stéphane Abadie, permet de prédire l’impact local de nouvelles structures, comme une digue par exemple, sur la turbulence induite par le déferlement des vagues et donc sur le transport sédimentaire. Ainsi, on peut savoir si la digue va provoquer une érosion ou un dépôt, dans quelle mesure et à quel endroit. Intégrée dans des modèles à plus grande échelle, cette modélisation devrait permettre de déterminer l’impact global des modifications envisagées dans l’environnement côtier. Un travail est notamment en cours sur le transport sédimentaire dans le bassin d’Arcachon. www.trefle.u-bordeaux1.fr

Credit photo : Inra

Visualiser la musique de la langue dans le cerveau

les individus « migrants » ont une vie plus longue, reviennent de l’océan plus gros et ont plus de chance de transmettre leurs gènes. Ceux qui restent sur leur lieu de naissance, ont un taux de mortalité moins élevé mais une vie plus courte. Cependant ils peuvent arriver à maturité rapidement (en 1 ou 2 ans) et participer de manière significative à la reproduction. Les femelles n’ont pas grand chose à gagner à la sédentarité car elles produisent un nombre d’oeufs b e a u c o u p plus faible que les migrantes, mais il existe bien une population de mâles sédentaires et ce comportement pourrait s’étendre à l’avenir, s’il s’avérait avantageux pour les poissons. L'unité de recherche de St-Pée a

détourné une petite partie de l'eau d'un cours d’eau pour alimenter une rivière expérimentale, afin d’étudier de près leur reproduction. Les petits mâles n’ayant pas migré ne mesurent que 10 à 18 cm et n’ont aucune chance de séduire une femelle. Ils peuvent être par contre plusieurs dizaines à profiter des ébats d’une femelle avec un gros mâle migrateur pour fertiliser ses oeufs. Benoît de Gaudemar et Eddy Beall, deux des chercheurs de l’unité, supposent que selon les conditions, ces « tricheurs » pourraient féconder régulièrement 20 à 30 % des oeufs et parfois plus que les 50 % observés dans leur première expérience. Reste à étudier l’influence de l’environnement sur leur succès. http://www.bordeaux.inra.fr/ 2006

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Mesurer et visualiser les températurespour mieux traiter les tumeurs

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permet de visualiser la position des électrodes, mais qui donne peu d’informations sur le déroulement du traitement. Par contre, l’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) permet de mesurer la répartition locale de la température. Les techniques d’IRM pour la thermométrie, mises au point au laboratoire CNRS d’« Imagerie Moléculaire et Fonctionnelle : de la physiologie à la thérapie » à l’Université Bordeaux 2

Credit photo : L3AB

ertaines tumeurs peuvent être détruites par échauffement local grâce à des lasers, des ultra-sons focalisés ou des électrodes radiofréquences. C’est le cas en particulier lorsque la chimiothérapie ou la chirurgie classique ne sont pas indiquées ou peu efficaces, notamment pour certains cancers du foie. Le traitement est habituellement réalisé sous contrôle échographique, technique d’imagerie qui

(directeur Dr Chrit Moonen) permettent d’obtenir une cartographie en temps réel de l’évolution de la température des tissus. Cette technique permet donc de cibler parfaitement le site de traitement et de vérifier que la température est suffisamment élevée au point d’intervention pour détruire les cellules cancéreuses. Après plusieurs études menées au laboratoire pour développer les techniques d’imagerie et les instruments d’hyperthermie (systèmes d’ablation radiofréquences et d’ultrasons focalisés), l’équipe de recherche a entamé une phase d’étude chez l’homme pour

Ala recherche de la matière noire

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e quoi se compose la matière noire, mystérieuse masse dominante des galaxies ? Pas d’hydrogène, répondent Jonathan Braine et Fabrice Herpin, deux chercheurs du Laboratoire d'Astrodynamique,

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d'Astrophysique et d'Aéronomie de Bordeaux, dans la prestigieuse revue Nature. Toute matière dans l’espace émet un signal dans les ondes radio, qui correspond à sa température et à sa masse. L’invisible matière noire est détectée par ses effets gravitationnels, mais pas par son rayonnement et sa c o m p o s i t i o n reste inconnue. L’hydrogène moléculaire (H2), composé de deux atomes identiques n’est pas

le traitement du cancer du foie par radiofréquences en collaboration avec le CHU Pellegrin. Elle devrait débuter cette année une autre étude clinique concernant l’ablation des tumeurs du sein par ultrasons focalisés avec l’institut Bergonié. D’autre part, l’installation en 2006 d’une plate-forme de thérapie identique à celle du laboratoire au sein de l’hôpital Saint-André devrait permettre de traiter de manière totalement non invasive d’autres pathologies, comme par exemple les fibromes utérins. www.imf.u-bordeaux2.fr

détectable directement, contrairement à l’hydrogène atomique (H) dont une grande enveloppe est retrouvée autour des galaxies. L’hydrogène moléculaire pouvait-il être la matière noire ? Les chercheurs bordelais ont ainsi voulu rechercher l’hydrogène moléculaire dans la partie externe (moins brillante et moins connue) d’une galaxie spirale appelée NGC 4414. Pour cela , ils ont recherché et identifié la présence de monoxyde de carbone (CO), molécule détectable et toujours corrélée à la présence d’hydrogène moléculaire en proportion connue. Cependant, malgré la grande quantité d’hydrogène moléculaire détectée, celle-ci est trop faible (d’un facteur 50) pour expliquer la masse de la matière noire. L’hydrogène moléculaire ne peut donc pas correspondre à la matière noire. Cette recherche est innovante non seulement par l’information qu’elle apporte sur la matière noire, mais également parce que c’est la première fois que du gaz moléculaire est détecté en aussi grande quantité, aussi loin du centre d’une galaxie. Ces résultats récents apportent donc des éléments nouveaux pour aider à la compréhension de la création et de la composition des galaxies de l’univers. www.obs.u-bordeaux1.fr


Unepommade qui remplace lespiqûres

Prod’Innov, un pôle d’anticipation

ne pommade d’un tout nouveau type, développée à Bordeaux pourrait bientôt révolutionner le traitement de la leishmaniose cutanée à travers le monde. La leishmaniose, maladie parasitaire endémique dans 88 pays touche près de 12 millions de personnes, avec 300 000 morts par an. Elle est transmise par piqûre d’insecte et peut prendre différentes formes cliniques. La forme cutanée crée des plaies, qui même une fois traitées résultent en cicatrices importantes. Le traitement actuel, constitué de 6 à 7 piqûres autour des lésions tous les jours pendant un mois, entraîne de par sa toxicité des effets secondaires importants. Le traitement biologique, sous forme de pommade, que développe l’équipe du Professeur Mossalayi à l’Université Bordeaux 2 devrait permettre un bien meilleur confort des patients traités, pour un coût plus bas. C’est l’équipe « EA3677 Bases thérapeutiques des inflammations et infections » dirigée par Djavad Mossalayi, au laboratoire d’immunologie et de parasitologie qui a développé cette pommade qui contient du monoxyde d’azote afin de lutter contre l’agent infectieux. La stabilité du traitement est maintenant étudiée par le laboratoire de Biopharmacie dans les conditions de zones épidémiques. Les premiers tests sur l’homme doivent avoir lieu en juin 2006 en Iran. Si les résultats sont positifs, l’Organisation Mondiale de la Santé utilisera ce nouveau traitement au niveau mondial. www.u-bordeaux2.fr

rod’Innov, produits et procédés innovants pour la nutrition et la santé, est un pôle original par le rapprochement de deux filières fortes en Aquitaine : l’agro-alimentaire et la pharmacie-santé, représentées par l’ARDIA et le GIPSO. Ces deux secteurs réunis représentent en région plus de 600 entreprises, près de 40 000 emplois, 1 500 chercheurs publics, 130 laboratoires universitaires, 4 écoles d’ingénieurs, 10 instituts de recherche. L’Aquitaine possède une expertise industrielle forte sur des technologies de production telles que l’extraction, la bioproduction, la formulation et les technologies de conservation. Prod’Innov accélère le développement des entreprises, en créant un environnement favorable à la mise au point de nouveaux produits et procédés en nutrition, santé, conformément aux normes de qualité et sécurité les plus strictes. Les projets du Pôle, organisés autour du triptyque Industrie, Recherche, Formation, s’inscrivent dans une logique de produits et de marchés, depuis l’aliment, l’aliment-santé ou le complément alimentaire jusqu’aux médicaments et biomédicaments. Dans sa démarche, le Pôle Prod’Innov s’appuie sur la présence de leaders industriels, tels que Sanofi Aventis, Serono, Ceva Santé Animale, … et de start-ups prometteuses, parmi elles MitoProd, Naolys, Inflamed, Ademtech … http://www.2adi.fr

Comprendre les voies d’entrée dans la cellule

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es chercheurs du Laboratoire de physiologie cellulaire de la synapse (CNRS / Université Bordeaux 2), en collaboration avec des équipes de l'université de Yale (Etats-Unis) et du laboratoire du Medical Research Council à Cambridge (Grande-Bretagne), viennent de développer une méthode offrant la possibilité de suivre en temps réel la dynamique du processus d’endocytose. L’endocytose est un mécanisme de transport de grosses molécules vers l'intérieur d’une cellule vivante qui permet à celle-ci de se nourrir, de communiquer avec son environnement, mais aussi,

parfois, de laisser entrer certains virus. Ce mécanisme, qui se déroule plusieurs centaines de fois par minute, met en oeuvre la membrane plasmique, c’est-à-dire la couche qui entoure les cellules et leur sert tout à la fois de barrière, de filtre et d’interface entre les milieux internes et externes. Une petite partie de cette membrane rentre donc à l’intérieur de la cellule pour former une vésicule, d’une taille d’environ 100 nm (100 milliardièmes de mètre), qui contient des éléments du milieu environnant. La technique mise au point et validée par les chercheurs a permis de préciser le fonctionnement d’une forme d’endocytose, dite « clathrinedépendante » (du nom d’une protéine, la clathrine, formant un manteau en ballon de football autour des vésicules) dont la dynamique demeure aujourd’hui encore mal comprise. Pour

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Credit photo : LPCS

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Dans une cellule (à gauche), les vésicules d’endocytose se créent à sa surface. Les travaux récents de l’équipe du CNRS de Bordeaux permettent de visualiser en direct la création des vésicules par fluorescence.

cela, les chercheurs ont conçu une méthode originale basée sur l’utilisation de différentes techniques de fluorescence, permettant ainsi de visualiser, à la fois dans le temps et dans l’espace, plusieurs molécules impliquées. La mise en évidence de propriétés encore inconnues de ces processus constitue une grande avancée vers une meilleure compréhension des mécanismes d’échanges 2006

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entre la cellule et son environnement. De plus les applications potentielles de ce type de méthodes sont multiples pour l’étude des systèmes biologiques. www.cnrs.fr

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Bassin d’Arcachon : nouveaux outils de prédiction

Innovalis Aquitaine : soutenir l’innovation

oumis à l'action des marées, des houles océaniques ou des facteurs météorologiques, le bassin d'Arcachon est un environnement sensible aux phénomènes de transport sédimentaire. Il est essentiel d’avoir des modèles numériques permettant de prévoir l'évolution sédimentaire de ce système, et d’évaluer l'impact des aménagements sur son équilibre naturel. Au Laboratoire TRansferts Écoulements FLuides Énergétique de Bordeaux, Aurélie Le Dissez travaille à l’élaboration d’un tel modèle. Son objectif est de reproduire le plus exactement possible l’hydrodynamique du bassin, développant pour ce faire de nouvelles méthodes numériques de modélisation en particulier des zones intertidales, alternativement couvertes puis découvertes sous l’action de la marée. Le modèle résout des équations prenant en compte différents paramètres physiques et couvre la totalité du bassin. Pour l’instant en période de développement et de validation, le modèle présente déjà une bonne adéquation entre les simulations et les observations sur le terrain et devrait être en mesure de prédire l’évolution naturelle du bassin, à court ou à long terme. Il devrait aussi permettre de prévoir l’impact de nouveaux aménagements dans le bassin ou de suivre numériquement une éventuelle libération de polluants en prévoyant ainsi leur accumulation ou leur évacuation dans l’océan. http://www.trefle.u-bordeaux1.fr

ravailler pour la santé des entreprises aquitaines en leur facilitant l’accès à l’innovation, est l’objectif d’Innovalis Aquitaine depuis le 1 er septembre 2005. Cette nouvelle structure permet de regrouper les six pôles technologiques aquitains, chargés de mettre en relation les laboratoires de recherche et les entreprises, le Réseau de diffusion technologique, l’association Biotechnica, et l’équipe chargée du soutien aux entreprises et laboratoires engagés dans les programmes

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Credit photo : phyValBio

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de recherche et d’innovation européens (BERD). Au total plus d’une vingtaine de personnes travaillent pour Innovalis Aquitaine au centre Condorcet à Pessac et sont chargées de piloter l’ensemble des actions dans une logique de concertation. La structure a pour mission de soutenir les entreprises aquitaines (les PME en particulier) pour l’intégration de savoir-faire et de compétences technologiques nécessaires à l’acquisition de nouveaux marchés. Elle les accompagne dans leurs démarches pour renforcer leur participation aux programmes européens de Recherche & Développement et tente aussi d’inciter le rapprochement entre les grands groupes et les laboratoires aquitains, faisant peut-être ainsi émerger de nouvelles

Recycler les herbes marines du bassin d’Arcachon pour un développement durable

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tiliser les herbes marines qui s’échouent en masse sur les littoraux à des fins industrielles, tel est l’objectif de l’équipe PhyValBio (Phytochimie et Valorisation de la Biomasse. Université Bordeaux 1 / CNRS) depuis quelques années dans le cadre d’un programme européen. Cette technique permettrait d’alléger les charges qui pèsent sur les collectivités locales mais aussi de limiter la pollution liée au stockage de ces déchets. Les plages du bassin d’Arcachon sont particulièrement touchées par ce phénomène. En effet 4 à 5 000 tonnes de zostères, une herbe qui forme de véritables prairies sousmarines, se déposent chaque année sur les 85 km de côtes que compte le bassin. C’est pourquoi les recherches de l’équipe PhyValBio s’intéressent à la valorisation de ces H20

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activités. Innovalis Aquitaine fonctionne avec un budget annuel voisin de 1,8 M€. Elle a été lancée par le Conseil régional, Oséo Anvar Aquitaine (l’agence de l’innovation), et l’ADERA*, en partenariat avec la délégation régionale à la Recherche et à la Technologie, et la direction régionale de l'Industrie, de la Recherche et de l'Environnement. * ADERA : Association pour le Développement de l'Enseignement

et des Recherches auprès des

universités, des centres de recherche et des entreprises d'Aquitaine

http://aquitaine.fr/ yves.barjhoux@innovalisaquitaine.org

dépôts végétaux dans une optique d’utilisation industrielle, tout en préservant l’herbier sous-marin qui constitue un habitat privilégié pour l’écosystème aquatique. Le travail du laboratoire consiste à établir l’inventaire des substances contenues dans les échouages de zostères et à en étudier les propriétés, de manière à identifier les applications potentielles dans les domaines pharmaceutique, cosmétique, voire agronomique. Deux molécules ont pour l’instant été isolées : l’inositol et l’acide rosmarinique qui se retrouvent en quantité élevée dans les débris de zostère, et pour lesquels il existe déjà un marché en tant que compléments alimentaires. D’autres produits naturels également intéressants sont en cours d’étude. http://www.phyvalbio.ubordeaux1.fr/



Grottes

Crédit photos : grottes de Sare

de Sare,

La formation des Pyrénées s’est faite sur près de 500 millions d’années. L’histoire géologique est ponctuée par deux plissements : l’orogenèse hercynienne (-360 à –290 MA) et l’orogenèse pyrénéenne (-53 à –33 MA). Divers dépôts se sont accumulés pendant toute cette période et sont à l’origine de roches que l’on peut observer aujourd’hui.

Entre mémoire et modernité 4 l CLAIRE MORAS

u bout d’une petite route sinueuse, au cœur des vallons verdoyants du Pays Basque à une vingtaine de kilomètres de Saint-Jean-de-Luz, se trouvent « Sarako Lezeak », plus couramment appelées les Grottes de Sare. La visite commence, suivons le guide. Passé l’immense porche, la douceur extérieure fait place à une atmosphère froide et inquiétante. La pénombre s’installe peu à peu, nous pénétrons dans les galeries supérieures de la grotte. Le spectacle est saisissant, presque intimidant. Des formations scintillantes de calcite tapissent les parois, des fossiles d’une grosseur remarquable affleurent sur la roche, des « gours1 » ornent le sol comme de petites alvéoles blanchâtres dont la géométrie parfaite rappelle celles des abeilles. Des battements d’ailes au-dessus de nos têtes nous laissent soudain comprendre que le lieu est habité. Territoire des chauve-souris, il fut aussi autrefois celui des ours, et même de l’homme,

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qui se servit des galeries comme lieu d’étape. Dans un couloir ajouré, des reconstitutions de son occupation mettent en scène les quelques traces et outils retrouvés, nous plongeant alors 20 000 ans en arrière. Mais le plus impressionnant reste un puits de 40 m s’élançant majestueusement au-dessus de nous au détour d’un virage, naturellement creusé par l’eau et le temps dans une forme spiralée. C’est que des millions d’années nous séparent de son histoire. Zone autrefois recouverte par la mer, le calcaire s’est déposé lentement avant d’émerger, grâce à la formation des Pyrénées il y a 45 millions d’années. Des rivières souterraines ont alors érodé progressivement l’intérieur de la roche pour former un réseau de galeries long de 1200 m. Cette architecture fascinante est orchestrée par un son et lumière des plus singuliers. Des lumières s’allument et s’éteignent à notre passage, des commentaires enregistrés ponctuent nos


Situées au coeur du Pays Basque, les grottes de Sare proposent une visite moderne et originale, révélant à la fois leur richesse esthétique et l’histoire du peuple basque. Plongée souterraine et culturelle au cœur d’une cavité majestueuse vieille de quelques millions d’années…

arrêts, le tout automatiquement programmé. « Il y a toujours eu à Sare le souci d’employer des techniques actuelles », explique François Pouyet, directeur du site. « Nous avons utilisé des fibres optiques et des systèmes encore peu courants dans le monde souterrain, qui vont servir de modèle pour d’autres grottes ».

Quand la réalité côtoie l’imaginaire…

La visite n’est pas terminée. Elle se poursuit par l’exploration des galeries inférieures. Nous nous enfonçons à présent sur plusieurs mètres, gagnés par le froid ambiant qui cette fois nous envahit complètement. L’atmosphère devient plus mystérieuse, comme si cette plongée souterraine nous rapprochait progressivement d’un monde caché. Et c’est là toute l’originalité de la visite. Le parcours nous laisse soudain pénétrer dans les antres de la mythologie basque, grâce à un film projeté sur une paroi de la cavité. La grotte devient alors théâtre d’un monde imaginaire. La déesse Mari apparaît, entité mi-femme, mi-animale, suivie des laminaks, êtres surnaturels et inoffensifs des profondeurs. Les croyances populaires basques défilent sous nos yeux et se reflètent sur l’étendue d’eau qui baigne la paroi. Le film s’attache ensuite à éclairer le visiteur sur les origines du peuple basque. Grande question encore en discussion, cette quête des origines fut principalement menée par José Miguel de Barandiaran, prêtre basque espagnol réfugié à

Sare en 1936 pour fuir la guerre en Espagne. Dédiée à cette figure imminente de la culture basque, la visite prend alors une tournure totalement différente. Nous apprenons qu’il existerait un type d’homme ancien dont les traits diffèreraient des autres types européens occidentaux. Issu de « Cro-Magnon », lequel est à l’origine des hommes modernes, le type basque résulterait d’une évolution locale. En ce qui concerne l’euskara, la langue basque traditionnelle, le film nous révèle qu’elle n’aurait pas de lien avec les autres langues indo-européennes. « Mais attention, précise François Pouyet, le film n’apporte pas la réponse à toutes les questions sur les origines, mais seulement un éclairage ». Pour en savoir davantage, un ouvrage2 a été réalisé dans la continuité de ce scénario original sous la plume de Michel Duvert, spécialiste de Barandiaran. « Il s’agissait de rendre accessible la pensée d’un homme, Barandiaran, dont les thèses ne cessent d’être confortées », explique l’auteur. Cette visite en trois parties, nous fait plonger dans un univers riche en découvertes esthétiques et culturelles. « Nous voulions allier les aspects techniques à une dimension plus poétique », explique le directeur. Ce nouveau son et lumière est un axe fort et attractif pour le grand public. Quant à la dimension mythologique et historique, elle permet de faire partager au plus grand nombre le patrimoine de la région. ■

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L’orogenèse pyrénéenne, due à la rotation de la plaque ibérique, a provoqué l’émergence de dépôts calcaires. Ceux-ci renferment de nombreux fossiles, et offrent des formes étonnantes grâce à l’érosion subie depuis des millions d’années.

1 trou d’eau dans une roche, pouvant garder l’eau en période sèche. 2 Des origines du peuple basque, Michel Duvert, édition Elkar


Crédit photos : Bibliothèque municipale de Bordeaux

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e Traité de la perspective regard sur un trésor caché à Bordeaux

4 MATTHIEU TONNEAU

eintre et mathématicien de la Renaissance italienne, Piero della Francesca est l’auteur de fresques et d’œuvres majeures telles que La flagellation. Il utilise la perspective et la géométrie afin d’ordonnancer des compositions naturalistes. En 1453, il réunit toutes ses connaissances sur la perspective en un traité pédagogique dont le manuscrit original est précieusement gardé à Parme, en Italie. On lui connaît cinq copies, toutes conservées en Europe. L’Allemagne, l’Angleterre et le Vatican en possèdent un exemplaire, la France deux (Paris et Bordeaux). Rédigé en latin, le manuscrit confié à la ville de Bordeaux est devenu propriété de l’état à la Révolution. Il avait été confisqué des collections des moines de l’ordre des Carmes déchaussés. Il y a environ 8 ans, des chercheurs italiens ont identifié les annotations qui parsèment l’ouvrage. Elles auraient été rédigées de la main de Piero della Francesca lui-même et non du copiste. La qualité des figures qui illustrent le texte est telle que les spécialistes se demandent aussi si le peintre

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italien n’en est pas l’auteur. Autant de détails qui font augmenter sa valeur, de manière symbolique en tout cas, car ce livre est inaliénable et ne pourra jamais être vendu ni cédé. Comment considère-t-on aujourd’hui ce traité ? Des scientifiques de disciplines différentes nous font part de leur point de vue sur ce manuscrit inestimable.

Allain Glykos

Maître de conférence à l’université Bordeaux 1, Allain Glykos est également rédacteur en chef de la revue “Cahiers art et science” publiés aux éditions Confluences.

« Avant le traité de Piero della Francesca, d’autres livres sur la perspective avaient déjà été écrits, mais comme les manuscrits d’Aristote à une autre époque ils étaient probablement cachés ou oubliés dans le fond des bibliothèques. Piero della Francesca a reformulé de façon très précise les connaissances de l’époque pour expliquer comment dessiner un corps ou un visage de face, en contreplongée… bref, pour rédiger un véritable manuel d’utilisation de la perspective. Il faut savoir


qu’au Moyen-Âge, le mode de représentation en peinture était social et religieux. On se moquait des lois de la géométrie. Sur un tableau, un homme pouvait être aussi grand qu’un château s’il en était le propriétaire. Un autre, qui aurait dû paraître plus grand pouvait être minuscule si son rang social l’exigeait. En outre, la perspective était une métaphore de l’infini*, un domaine réservé au divin. A la Renaissance italienne, l’ouvrage de Piero della Francesca et ses œuvres – ainsi que celle de ses contemporains (Brunelleschi, Alberti, …) – ont été très bien accueillis et ont participé à une redécouverte de la perspective. Au départ, même si les peintres s’en sont emparés, la perspective reste une histoire d’architectes. On a d’ailleurs acquis la certitude que pour peindre La Flagellation, un de ses tableaux emblématiques, Piero della Francesca a d’abord construit une maquette de la scène, pour trouver l’angle permettant d’exploiter au mieux les possibilités de la perspective. » * Le point de fuite correspond à l’intersection à l’infini de deux droites parallèles.

Michel Pétuaud-Létang

Michel Pétuaud-Létang est architecte à Mérignac. On lui doit notamment la cité mondiale du vin ou la technopole Montesquieu. Actuellement, il dirige la restauration du Grand Hôtel qui fait face au Grand Théâtre de Bordeaux.

« Le Traité de la perspective est une œuvre remarquable qui a fait avancer la peinture. Il a permis de passer à autre chose que les tableaux de personnages religieux encadrés d’or et peints de façon frontale, sans décor ni paysage. Grâce au traité de Piero della Francesca, notamment, on a pu mettre l’homme dans une perspective qui tienne compte de son environnement social, géographique. Mais en ce qui concerne l’influence de ce traité dans l’architecture, je serai plus

nuancé. Après tout, les égyptiens, les grecs ou les romains ont su ériger des bâtiments monumentaux, de qualité et d’une grande technicité, sans avoir recours au dessin en perspective. La main de l’homme a toujours su faire le dessin nécessaire à la construction en 3 dimensions. Je considère le traité de la perspective de Piero della Francesca de la même façon que les ordinateurs aujourd’hui : c’est un outil. A l’image de l’engouement qu’a provoqué l’arrivée de l’informatique dans l’architecture, cet ouvrage a certainement joué un rôle chez les architectes à son époque. Mais il faut savoir qu’aujourd’hui, beaucoup de professionnels travaillent encore sans ordinateur : leur talent les amène à voir naturellement en 3 dimensions. Ces outils, la perspective ou l’informatique, permettent de produire des images. Mais en éveillent-ils vraiment de nouvelles en nous ? Au XVe siècle, on a quitté le gothique flamboyant pour une architecture renaissante, décorée certes mais moins technique. L’art de bâtir s’est amélioré, mais je ne suis pas persuadé que la perspective en soit responsable. »

Jean Fresnel

Aujourd’hui à la retraite, Jean Fresnel a longtemps enseigné la perspective à l’université Bordeaux 1 où il est toujours professeur émérite.

« En mathématiques, la notion de perspective est arrivée au XVIIe siècle avec Désargues, mais elle ne s’est finalement imposée qu’au XIXe siècle avec Monge, Chasles ou encore Poncelet. L’avantage du Traité de Piero della 2006

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Il existe cinq copies de cet ouvrage dont une à la Bibliothèque municipale de Bordeaux


Francesca, c’est qu’il a fait école, il a été une référence pour un certain nombre de gens. Parce qu’en peinture, ou dans l’art en général, la perspective est un outil fondamental. Les mathématiciens ne sont sûrement pas restés insensibles au changement de vision qu’elle offrait : deux droites parallèles dans la réalité finissaient par converger sur un tableau. Mais le Traité de la perspective ne signifiait rien pour eux. L’équivalent de trois pages de Piero della Francesca, qui s’adressait à un public de peintres, aurait probablement pu tenir en 3 lignes d’expressions mathématiques. La notion de “perspective” n’est devenue un objet mathématique qu’avec l’invention de la géométrie projective et du plan du même nom dont elle n’est finalement que l’un des nombreux éléments. Au XVe siècle, ce traité a présenté des explications très intuitives sur l’usage de la perspective, il ne s’agissait pas de faire de réelles démonstrations. »

La conservation des vieux livres La copie du Traité de la perspective n’est pas le seul ouvrage de valeur conservé à la bibliothèque municipale de Bordeaux. « Plus de 3 500 manuscrits et 333 incunables* sont sous notre responsabilité, précise Hélène de Bellaigue, conservatrice des fonds patrimoniaux. Comme les banques, nous disposons d’une chambre forte particulièrement sûre pour protéger ces œuvres ». Les précieux livres sont conservés à l’abri de la lumière, dans une atmosphère maintenue entre 16 et 18°C et à 50% d’humidité relative. Les ouvrages en papier s’accommoderaient d’une ambiance plus chaude ou moins humide, mais pas ceux

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rédigés sur parchemin ou vélin. L’obscurité en revanche est une condition indispensable à la conservation de tous les documents. C’est l’instabilité de l’encre qui l’exige : exposée à la lumière, elle aurait tendance à s’effacer avec le temps. Cette sensibilité pose un autre problème : celui de la reproduction des œuvres. Une solution, pour la sauvegarde à long terme de leur contenu, consiste en effet à les numériser pour en réaliser des fac-similé. « Mais la plupart des appareils qui permettent une telle opération utilisent une intensité lumineuse trop élevée pour nos vieux manuscrits : quatre cents fois plus puissante que la lumière du jour, explique Hélène de Bellaigue. Il existe des machines capables de numériser les pages d’un livre sans apport de lumière, mais elles restent très chères ». En attendant que le coût de ces technologies diminue, certains trésors littéraires devront donc attendre l’intervention de riches mécènes. Il y a cinq ans, par exemple, la réalisation d’un fac-similé du manuscrit des Essais de Montaigne a été financé par un bienfaiteur américain, pour plus de 450 000 euros. D’autres ouvrages, déjà reproduits mais dont l’état interdit toute manipulation, devront attendre l’évolution des techniques de restauration. C’est le cas des Ephémérides, l’agenda de Montaigne, grignoté par des rongeurs et dont la bibliothèque de Bordeaux a fait l’acquisition dans les années 50, au cours d’une vente publique newyorkaise. « Il est conservé dans une boîte et chaque fois qu’on l’ouvre, tout le monde suspend sa respiration, raconte Mme de Bellaigue. La restauration d’un livre est considérée comme un échec, nous n’aimons pas vraiment y avoir recours, à la différence de la peinture. Pour un ouvrage aussi abîmé, je reconnais qu’il faudra faire quelque chose un jour mais j’attends encore que les techniques de restauration se perfectionnent conclue-t-elle » ■ * Les premiers livres imprimés qui datent de la deuxième moitié du XVe siècle. Tirés à très peu d’exemplaires, ces livres sont rares et chers.


Crédit photo : Photo GIE Fleurs et plantes du Sud-Ouest

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PHILIPPE-HENRI MARTIN

Des jardins fleuris jusqu l automne, des vari t s originales et r sistantes, des couleurs vives et harmonieuses Nos jardins ne cessent d voluer pour tendre la perfection. La station exp rimentale du ˙ GIE Fleurs et Plantes du Sud-Ouest ¨ a pour mission de r pondre ces besoins. Diff rents essais y sont effectu s pour nous offrir toujours davantage. n découvre le GIEFPSO, situé dans le Lotet-Garonne, près de Villeneuve-sur-Lot, une étendue de serres et jardins à ciel ouvert qui se dessine au bout d’une petite route cahoteuse. Le sud-ouest de la France offre des étés chauds et humides, et certaines plantes ne s’y acclimatent pas. C’est pourquoi cette station expérimentale a été mise en place en 1983 afin d’éliminer de la consommation celles qui feront triste mine dès le mois de juillet. Plantes en pot, 2006

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Crédit photo : Frédéric Desmesure

Pourdesle meilleur plantes


fleurs coupées, arbres et arbustes sont disposés dès l’entrée du centre d’essais, classés sur de grandes allées. Sur la droite, un arc-en-ciel de formes et de couleurs : une multitude de plantes viennent border un chemin de terre. A grosses ou petites fleurs, aux couleurs vives et nuancées, à feuilles pleines ou découpées, à port droit ou retombant, ces plantes ont pourtant toutes un air de famille. Le parfum presque imperceptible qui s’en dégage est plein de finesse. Il emplit l’allée d’une douceur apaisante… familière. Car ces plantes, nous les connaissons bien : il s’agit des verveines. « Elles sont de plus en plus utilisées dans les jardins en association avec d’autres fleurs », explique Jean-Marc Déogratias, le responsable d’expérimentation. « Elles présentent une grande diversité d’aspects avec une durée de floraison importante, ce qui les rend particulièrement intéressantes pour les massifs ». En raison de cette demande grandissante, ce sont donc 110 nouvelles variétés de verveines qui sont l’objet d’études cette année. Encore introuvables sur le marché français, elles proviennent toutes de fournisseurs pour la plupart étrangers, et attendent leur notation pour être commercialisées ou non en France. Testées dans 13 autres stations françaises, toutes coordonnées par une cellule nationale nommée ASTREDHOR*, ces verveines doivent remplir des critères bien précis : s’adapter au climat de la région, posséder une belle tenue, faire preuve d’une longue floraison, résister aux maladies. Il semble, après résultats des tests, que bon nombre d’entre-elles vont fleurir dans nos jardins. « Ce qui ne veut pas forcément dire qu’elles passeront les tests des autres régions avec succès », rajoute Jean-Marc Déogratias, « une variété valable dans le Sud-Ouest peut être mal notée ailleurs. Elles ne seront donc conseillées que dans les zones où elles peuvent s’adapter ». Soit nouvellement crées par des sélectionneurs, soit simplement importées, des variétés originales sont ainsi testées chaque année par la station, en accord avec les demandes des professionnels L’objectif du centre étant de faire connaître de nouvelles plantes à leurs adhérents (pépiniéristes,

En accord avec la nature

Evaluer de nouvelles variétés de plantes, tester des techniques de protection, essayer des modes de culture différents… Tout cela demande un espace et une technologie appropriés. Face à son équipement désormais obsolète, la station

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expérimentale du GIE Fleurs et Plantes du SudOuest prévoit d’investir de nouveaux lieux pour l’Automne 2006. Sur le site de l’INRA à Villenaved’Ornon, cette nouvelle station d’expérimentation devrait constituer un lieu de

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horticulteurs, ou services espaces verts), ce sont des orchidées de Madagascar qui devront faire leurs preuves l’année prochaine ainsi qu’une gamme de plantes résistantes à la sécheresse.

Combattre les ravageurs

Dans une des serres, cachée derrière un amas de plantes vertes ornementales disposées sur de larges tables, une personne ausculte minutieusement un feuillage. Car un des autres objets d’étude de la station expérimentale est de lutter pour la protection des plantes. Nombre de produits chimiques sont élaborés chaque année par les firmes phytopharmaceutiques afin de combattre les maladies, insectes et champignons dont peuvent souffrir les végétaux. La mission du GIEFPSO ? Tester leur efficacité et leur non-toxicité. Actuellement, un des grands fléaux des pépiniéristes est l’otiorrhynque. Ce ravageur est présent dans 59 % des pépinières hors-sol. Plusieurs traitements sont ainsi testés par la station, de même que diverses méthodes de culture pour répondre aux urgences des professionnels. Mais face au retrait progressif des homologations de certains produits chimiques, il faut trouver une alternative. Le centre travaille depuis peu sur la protection naturelle. « La plante possède ellemême les éléments pour se défendre », explique Jean-Marc Déogratias, « elle émet des molécules qui luttent contre les agressions, il suffit donc de la stimuler pour mettre en route son système de défense, une sorte de vaccin pour la plante ». Une des méthodes actuellement testées est l’introduction de champignons antagonistes dans le substrat de culture. Ces champignons empêcheront l’installation d’une autre espèce pathogène et la contamination de la plante. L’INRA travaille déjà sur cette technique mais l’objectif de la station est de la développer pour les plantes ornementales. La protection biologique est de plus en plus étudiée par la station, qui constate sa remarquable efficacité. Une alternative plutôt prometteuse pour la profession. ■ * Association Nationale de Structures d’expérimentation et de Démonstration en Horticuluture

modernité. Ergonomique et écologique, elle va permettre non seulement de collaborer avec les laboratoires de physiologie et pathologie environnants, mais également de diminuer considérablement le coût des expérimentations

grâce à l’utilisation des nouvelles énergies. Ce projet d’envergure, établi sur une politique « zéro déchet », devrait permettre au GIE de rester un pôle de référence pour toute la filière horticole de la région.


Crédit photo : NASA JSC Crédit photo : Mathilde de l’Ecotais

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Originaire des Landes, Alain Ducasse a reçu une pluie d’étoiles pour la qualité de sa cuisine. Aujourd’hui, les équipes d'ADF, son centre de formation, élaborent les bons petits plats qu’embarqueront très bientôt les spationautes en route vers d’autres étoiles, autrement plus lointaines.

table trois étoiles avec vue sur la terre

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omme une poignée d’autres grands chefs français, Alain Ducasse dirige plusieurs restaurants prestigieux aux quatre coins du monde. Mais ses recettes seront goûtées dans l’espace, et jusque sur Mars. Car l’Agence Spatiale Européenne (ESA) et le Centre National d’Etudes Spatiales (CNES) se sont attachés les services d'ADF, sa société de conseil et de formation pour améliorer l’ordinaire des spationautes, et même celui des futurs colons martiens.

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a nourriture a toujours été un point crucial dans les grandes expéditions humaines : Cartier, par exemple, vit mourir du scorbut la moitié de ses hommes lors de la découverte du Canada. Aujourd’hui, on sait que l’alimentation joue un grand rôle à la fois sur la santé et sur le moral des équipages spatiaux. C’est le spationaute français Jean-Loup Chrétien qui, le premier, a fait valoir il y a une dizaine d’années l’intérêt de lancer des recherches pour améliorer les plats, jusque là limités presque uniquement aux produits lyophilisés. JeanPierre Haigneré, lui, insiste sur l’importance des repas « de fête » pris à l’occasion d’une relève de l’équipage dans la station spatiale, d’un anniversaire, d’une sortie extra-véhiculaire ou même de… la Saint-Gagarine ! Et c’est ainsi que les équipes d'ADF ont mis au point quelques recettes adaptées aux contraintes des missions spatiales, parmi lesquelles des cailles au madiran, des carottes des sables au goût d'orange et coriandre ou une caponata de petits légumes. Mais aussi quelques snacks sucrés : gâteau de semoule aux abricots secs, far de l’espace, rice-pudding aux fruits confits ; l’idéal pour une petite pause avec vue sur la planète bleue.

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Ni défaut ni faute de goût L’objectif de départ étant de faire de la bonne cuisine, la contrainte est double : culinaire et technique. Tout est affaire de compromis. La couleur des aliments, leur texture, la taille des morceaux de viande, l’aspect des plats et bien sûr le goût sont étudiés. Il est impératif d’éliminer tout risque de miettes ou de résidus liquides qui pourraient flotter dans l’habitacle de la station. Et la norme, en matière spatiale, est stricte : zéro bactérie. Le pari est tenu. A tel point qu’il est envisagé de servir ces préparations spatiales aux grands malades isolés en chambre stérile. Dans leur cuisine-laboratoire de Bidarray, au

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Crédit photo : Mathilde de l’Ecotais

Des recherches pointues pour substituer les plats embarqués aux produits lyophilisés

coeur du pays basque, les hommes de Ducasse produisent ordinairement foie gras, rillettes et boudin noir, destinés à des gastronomes bien terriens. Mais il se trouve que la conception très high-tech de ce petit sanctuaire de la grande cuisine répond aussi aux exigences de la confection de plats « spatiaux ». Les cuisiniers ne font pas leur marché tout à fait comme tout le monde : ils achètent les meilleurs produits frais, et les examinent patiemment avec le souci d’une traçabilité parfaite. La préparation des plats se fait dans des conditions d’hygiène maximale. Les postes de travail et les ustensiles de cuisine sont désinfectés plusieurs fois par jour, les portions pesées au gramme près. Les plats sont ensuite conditionnés dans des contenants, stérilisés et étiquetés afin de respecter les normes de conservation des aliments, de sécurité et de stockage. De plus, ils sont faciles à réchauffer et les spationautes s’en servent d’assiette, comme le font les coureurs au large lors des transats. Pour autant, ADF, l'ESA et le CNES souhaitent collaborer à l'amélioration du packaging pour parvenir à un conditionnement au design plus attrayant.


Crédit photo : Mathilde de l’Ecotais

Nourritures terrestres et potager martien Aujourd’hui, les créations d’Alain Ducasse sont conçues pour être dégustées lors des « grandes occasions » marquant un séjour dans l’espace. Mais elles ont vocation à devenir l’ordinaire des repas en apesanteur. En attendant, les plats sont testés sur terre dans le cadre du programme Bedrest. Dans cette simulation terrestre de la micro-gravité, des hommes et des femmes qui restent allongés plusieurs semaines, le corps incliné à six degrés, la tête vers le bas, subissent des tests physiques et psychologiques. Du coup, ils en profitent pour goûter, puis noter, les plats qui embarqueront dans les capsules. Ces sujets

testent également, depuis leurs lits, d’autres recettes élaborées par les équipes d'ADF : les recettes de plats qui seront un jour cuisinés sur Mars à partir de plantes cultivées sur la planète rouge. Car les scientifiques de l’Esa, dans le cadre du programme de support de vie biorégénératif baptisé Melissa, ont déjà sélectionné les plantes qui pourraient être

Les recettes proposées par l’équipe ADF allient l’art et la science, ici des gnocchi à la spiruline dignes d’un trois étoiles.

cultivées sur Mars, d’ici vingt à trente ans. Le but est de ne devoir embarquer que les vivres nécessaires à un voyage de cinq cents jours aller-retour. Pendant les cinq cents autres jours prévus pour une mission sur Mars, les membres de l’expédition devront produire et recycler, sous serre, eau, oxygène et aliments. Tout le problème est de concevoir le potager martien : le nombre optimum de plantes semble être de huit, plus une algue très énergétique, la spiruline. Dans cette hypothèse, la surface à cultiver est estimée de quarante à quatrevingt mètres carrés par personne, sur la base de six personnes, dans un climat artificiel « moyen ». Là encore, l’art et la science de l’équipe d’Alain Ducasse sont précieux pour imaginer des plats à la fois savoureux et performants au plan nutritionnel. Il faut aussi prévoir avec précision les méthodes de préparation et de cuisson, les assaisonnements et les instruments à utiliser. Les dix-huit fichesrecettes martiennes proposées par ADF comportent du pain à la tomate verte, des gnocchi à la spiruline, du riz au lait de soja, un millefeuille de tomates et pommes de… Terre. ■

Les spationautes ont des besoins alimentaires qui dépendent bien sûr de leur taille, de leur âge et de leur sexe, mais surtout de leurs activités physiques durant leur séjour dans l’espace.

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Crédit photos : © La Poste

L’Imprimerie des timbres-poste et des valeurs fiduciaires (ITVF) est à la pointe de la technologie, elle est la seule au monde à posséder une machine de gravure numérique. Près de 60 nouveaux timbres sont créés chaque année.

Unique en France, cette imprimerie hors norme installée à Boulazac, près de Périgueux, produit chaque année plus de deux milliards de timbres. Une fierté partagée par les 600 employés.

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L ’imprimerie

des timbres-poste, la tradition au service de la technologie

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l’arrivée, mieux vaut être attendu et montrer patte blanche. La sécurité est ici une donnée omniprésente avec laquelle on ne plaisante pas. Il faut dire qu’en dehors des timbres, valeur monnayable, l’imprimerie réalise aussi un certain nombre de documents sensibles tels que les vignettes, les passeports, ou les timbres fiscaux. Les mesures sont donc drastiques afin de prévenir tout vol. Dans cette vaste usine disposant d’un parc de machines et d’équipements à la pointe de la technologie, c’est pourtant une technique artistique séculaire qui offre les meilleures garanties. « La taille douce est une tradition d’impression extrêmement ancienne basée sur le travail d’un artiste graveur », explique Christian Raballand, technicien. Avec une grande finesse, et armés de loupes grossissant huit fois, les virtuoses du burin sont chargés de reproduire le dessin retenu pour le timbre sur une plaque en acier. Chaque détail est

gravé dans le métal. C’est ce qui fait d’une part sa valeur esthétique, mais c’est aussi ce qui le rend impossible à reproduire. Car au moment de l’impression, les nuances de l’encre seront fonction du relief exact de la gravure. Du noir profond au gris le plus clair, l’intensité des détails dépend de la profondeur des entailles.

Finesse du détail et des couleurs La taille douce est aussi utilisée pour la Marianne, le timbre le plus courant, ainsi que pour sept à huit autres supports dentelés réalisés tous les ans. Mais l’imprimerie des timbres-poste et des valeurs fiduciaires (ITVF) produit au total entre 50 et 60 nouveaux timbres chaque année, appelés aussi beaux timbres pour les distinguer de l’usage courant. Ils regroupent deux catégories, les 2006

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timbres-poste philatéliques qui ont pour objet la collection et les beaux timbres qui sont davantage destinés à l’affranchissement ». Ils peuvent être aussi plus originaux, réalisés parfois par des artistes célèbres comme Plantu ou Sempé récemment. « C’est le service conception, basé à Fontenay-aux-Roses, qui décide de ces émissions », détaille Christian Raballand. « Il est chargé d’effectuer une sélection parmi les 1 200 demandes formulées chaque année, et bien que tout le monde en rêve, il y a peu d’élus ». Le choix final fait l’objet d’un arrêté ministériel. Débute alors un travail de plusieurs mois, consacré à la création, puis aux ajustements de l’imprimerie pour sa réalisation à grande échelle. A l’ITVF, une grande attention est portée au rendu des couleurs. Cette étape délicate nécessite pour chaque timbre une recherche particulière. En effet, les techniques d’impression modernes, telles que l’offset et l’héliogravure sont basées sur la superposition des teintes. Le dessin est successivement imprimé dans chacune des quatre couleurs primaires (jaune, rouge, bleu, noir), d’une intensité variable selon les détails et selon le rendu désiré. Et leur mélange, comme quatre calques colorés soudain rassemblés, donnera la version finale, avec une palette de tons infinie. Ce procédé est aujourd’hui entièrement assisté par ordinateur.

Unique : son timbre personnalisé Les quantités sont très variables, mais certains de ces timbres de collection peuvent atteindre

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un tirage de 15 millions d’exemplaires. Ils ont parfois des découpes originales, rondes, ovales ou en coeur. « En 2004 c’est un timbre en forme de drapeau qui a été émis pour les Jeux olympiques d’Athènes », se souvient le technicien. Afin de relancer la pratique épistolaire férocement concurrencée par le portable, les mails et les SMS, La Poste a aussi lancé les timbres à message : « Meilleurs voeux », « C’est un garçon », « C’est une fille », « Merci », etc. A Boulazac un service propose même de les personnaliser en accolant au vrai timbre une vignette avec par exemple un visage ou le logo d’une entreprise.

En papier gommé ou sur support adhésif, les timbres sont depuis longtemps un secteur de forte innovation. L’ITVF dispose ainsi d’une machine destinée à la gravure numérique qu’elle est la seule au monde à posséder et qu’elle achève petit à petit de mettre au point. Pourtant, malgré ce perfectionnement continu, malgré la maîtrise d’une chaîne graphique extrêmement précise, et l’intervention finale de vérificatrices chargées de contrôler une à une chaque planche de vignettes avant sa sortie, ce sont les malfaçons qui restent les plus prisées des philatélistes. Elles font, disent les collectionneurs, la rareté inimitable du timbre. ■


okoa assoit S son authenticité

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h30, le soleil n’est pas levé, mais la journée commence pour l’usine d’Hendaye. Dans le grand hangar d’entrée, où se croisent livreurs et salariés, monte le rythme enjoué d’une chanson basque, diffusée par haut-parleur. A quelques centaines de mètres à peine de la frontière espagnole, Sokoa se revendique trilingue avec beaucoup de fierté. Sur toutes les portes et sur tous les murs, les indications sont traduites en français, en basque et en espagnol. On s’apostrophe aussi dans les trois langues, et par leurs vêtements ou leurs accessoires, les salariés n’hésitent pas à manifester ouvertement l’amour de leur « pays ». Mais ne vous fiez pas aux apparences, ici on produit pour le monde entier. 30 % du chiffre d’affaire est réalisé à l’export, et la chaise de bureau conçue au pied des montagnes se vend aujourd’hui dans 45 pays, sur les cinq continents. Qui aurait pu

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croire il y a 34 ans que de l'Inde au Nigeria, du Chili à la Chine, et de la Russie aux Etats-Unis on s’assiérait Sokoa… A l’époque les co-fondateurs ont pour simple ambition de contribuer au développement économique et à la création d’emplois dans leur région. Ils sont trois, avec un projet industriel assez large. Une opportunité les oriente rapidement vers le siège de bureau, un créneau que l’entreprise ne quittera plus. Pourtant à ses débuts, l’enseigne se contente d’une activité d’assemblage très simple. Elle achète les éléments semi-finis (assises, manchettes, 2006

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Crédit photos : Frédéric Desmesure

Né du projet un peu fou de trois philanthropes amoureux du Pays Basque, l’entreprise Sokoa est devenue en trente ans le leader français du siège de bureau. Enrichie d’un service de conception et de design intégré, elle ne cesse d’innover tout en cultivant sa différence et son humanisme.


amont. La dernière consiste à ne pas garnir les dossiers des fauteuils, pour remplacer le tissu et la mousse traditionnels par une résille en polyester. Pour Juan Ignacio Lejarza, le siège doit aussi avoir « un aspect de finesse, un peu comme s’il était en lévitation ». Et dans une moindre mesure, ces données devront aussi être adaptées en fonction de la destination finale du produit. On note que les Américains ont par exemple des goûts beaucoup plus classiques que les Européens, avec une prédilection pour le marron, le vert foncé ou le bleu. Leurs sièges sont aussi plus larges, avec des pièces renforcées, pour s’adapter à une morphologie différente. A l’inverse, les chaises destinées aux asiatiques sont, elles, plus petites, avec des pieds plus courts de deux centimètres. Dans cette région du monde ce sont les couleurs claires qui ont la côte. Les sièges revêtent donc des armatures aux teintes douces, blanches ou grises. dossiers, etc.) et les monte pour revendre la chaise réalisée. En 1982 est créé l’atelier tapisserie qui emploie quatre personnes. En 1985 arrive le premier designer intégré, et en 1988, c’est la création de la nouvelle usine. Elle a depuis connu cinq extensions.

Des sièges clairs pour l’Asie, plus larges pour les Américains Avec 25 000 m2 de locaux, 245 salariés, et 520 000 sièges produits l’an dernier, Sokoa est passé de modeste importateur régional au rang de leader français dans son secteur. L’entreprise lance en moyenne deux nouvelles gammes de sièges par an, soit environ une vingtaine de produits. « Nous sommes des généralistes du siège de bureau, explique Pierre Odriozola, le directeur commercial, nous essayons de couvrir toute la demande d’une entreprise. C’est-à-dire, le siège de direction, le siège de secrétariat, celui pour les visiteurs, pour les techniciens ou les ateliers, pour l’accueil et pour les lieux collectifs ». Toutes ces chaises sont conçues en interne par le designer Juan Ignacio Lejarza, et toute l’équipe du service technique. Le premier travail se fait à main levée sur papier, puis la maquette est transférée sur ordinateur. Grâce aux techniques de CAO, on expérimente les essais d’assemblage virtuel. « Notre recherche concerne un mobilier à la fois esthétique et très technique, commente Pierre Odriozola. Le confort de l’opérateur au travail est primordial, et le siège doit suivre ses mouvements quelle que soit la position. Mais nous sommes dans un métier qui est aussi très influencé par la mode ». Les tendances sont donc décryptées très en

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Innovations en matière de développement durable Une fois le prototype établi, les moules des différents composants (base, roulettes, manchettes, etc.) sont envoyés aux multiples fournisseurs chargés de les réaliser. Dans un immense hangar de stockage, ces colis arrivés des quatre coins du monde s’empilent sur d’interminables rangées d’étagères. Les tapissiers prennent en charge les pièces destinées à être garnies de tissu. Ils ont à leur disposition un nuancier de 120 coloris, et une vaste gamme de matières, allant du cuir à la laine ou à l’acrylique. Les options s’appellent traitement anti-tache, anti-feu ou anti-statique. Le tissu est alors collé sur la garniture en mousse. En vertu du protocole de Kyoto, Sokoa s'est adapté aux nouvelles normes industrielles en adoptant une nouvelle colle thermofusible. Sans aucun solvant, elle s’inscrit dans une démarche de développement durable. Le site de production est aussi classé ICPE (Installation classée pour la protection de l’environnement), ce qui induit des dispositions en matière de tri sélectif, d’utilisation de matériaux recyclés ou recyclables. Malgré ses succès commerciaux et un catalogue de plus de 300 produits, Sokoa continue aujourd’hui à promouvoir ses valeurs d’origine. « Nous sommes 650 actionnaires, dont 233 salariés-actionnaires, qui pour la très grande majorité se reconnaissent dans ce capitalisme « populaire » et indépendant qui n’est la propriété ni de quelques familles, ni d’institutions financières ou d’un groupe particulier », affirme Gilles Chaudière, responsable social et communication. ■


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estin de dĂŠchets

CrĂŠdit photo : Europlasma

4 l Reportage photographique

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Crédit photos : Frédéric Desmesure Groupement d’architectes : B. Schweitzer – J. de Giacento

Que deviennent les 270 000 tonnes de déchets produits chaque année par la Communauté Urbaine de Bordeaux ? Récit d’une vie de détritus, au destin parfois atypique… Au Centre de Tri Astria, situé sur la commune de Bègles en bordure de la Garonne, 45 personnes trient manuellement les déchets provenant des poubelles et bornes sélectives de la CUB. Un tri automatique permet ensuite d’optimiser le travail humain : séparateur électromagnétique de ferrailles, extracteur d’aluminium, tri optique, séparateur pondéral d’emballages… une technologie des plus modernes au niveau français. 30 000 tonnes de produits recyclables sont ainsi regroupées et conditionnées chaque année, pour finalement être expédiées vers des usines de retraitement qui leur offriront une deuxième vie.

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Crédit photos : Frédéric Desmesure Groupement d’architectes : B. Schweitzer – J. de Giacento

Pour les déchets non recyclables de la CUB et des autres collectivités du département, Astria s’est doté depuis 1998 d’un centre d’incinération de déchets ménagers et industriels. Trois fours gigantesques, contrôlés depuis la salle des commandes, permettent de brûler 11 tonnes de déchets par heure. Le résidu solide de l’incinération appelé « mâchefer » est ensuite réutilisé pour la construction des routes. Au total, ce sont 273 000 tonnes de déchets brûlés chaque année. L’énergie thermique dégagée par leur combustion est ensuite transformée en électricité. 80 % de l’énergie produite sont reversés sur le réseau permettant d’alimenter les besoins de 70 000 habitants, le reste étant utilisé pour le propre fonctionnement du centre.

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Crédit photos : Frédéric Desmesure Groupement d’architectes : B. Schweitzer – J. de Giacento

Les fumées de l’incinération subissent une série de traitements : elles passent d’abord dans un électrofiltre afin d’éliminer les cendres (piégées par des charges électriques), puis subissent un double lavage permettant d’extraire les métaux lourds et de réduire le dioxyde de soufre. Après leur passage dans un nouvel électrofiltre, elles terminent leur parcours dans un réacteur catalytique au sein duquel sont détruits les dioxines et furannes, ainsi que les oxydes d’azote. Enfin, elles sont rejetées par les cheminées, dans le respect des normes européennes en vigueur. Les cendres et résidus toxiques issus de la filtration sont stockés dans des décharges sécurisées, à Bellegarde (450 km à l’Est de Bordeaux), et Villeparisis (au Nord de Paris).

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Crédit photos : Frédéric Desmesure

Du haut de ce belvédère, atteignant 18 m d’altitude, ce sont 30 hectares de collines qui s’étendent devant les yeux du visiteur… ou plutôt, 30 hectares de déchets ensevelis puisqu’il s’agit de l’ancienne décharge de la CUB. Située à Pessac, sur le site du Bourgailh, ces déchets ménagers y sont aujourd’hui valorisés grâce à la récupération du méthane qui s’en dégage. 400 m3 de biogaz par heure (soit 400 litres d’essence) qui sont soit transformés en électricité, soit acheminés vers une chaudière spécifique. Celle-ci permet de chauffer une serre tropicale de 1 300 m2 renfermant plus de 4 500 espèces différentes. Des ordures au service de la nature, une fin de vie exemplaire pour les déchets. 2006

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Crédit photos : Europlasma

Au centre d’incinération de Cenon, ce sont 120 000 tonnes de déchets brûlés chaque année. Quelle différence avec Astria ? Une unité de vitrification, conçue par la société Europlasma, qui permet de valoriser les cendres toxiques extraites de l’incinération. 2 500 tonnes sont ainsi traitées chaque année, pour 10 000 tonnes de cendres extraites sur Cenon et Astria réunis.

Cette unité de vitrification utilise une technologie unique en Europe : la torche à plasma. Initialement dédiée à tester la résistance des matériaux des missiles dans leur entrée dans l’atmosphère, la torche à plasma permet de faire entrer en fusion les résidus, qui sont ensuite transformés en verre (proche du basalte). Ce matériau résiduel non dangereux constitue une véritable matière première pour le bâtiment et la voirie.

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Dans le fief des arithméticiens 4 l MARIANNE PEYRI

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Crédit photos : Frédéric Desmesure

L’arrivée, dans les années 60, d’une poignée de théoriciens des nombres a réveillé l’enseignement et la recherche mathématiques à Bordeaux. Retour sur l’épopée d’une discipline qui, dans le monde scientifique, compte plus que jamais.

ouvenez-vous de la Faculté de sciences du cours Pasteur à Bordeaux, au début des années 60. A cette époque, on compte à peine sur les doigts de la main les enseignants de mathématique. La recherche, centralisée à Paris, est quasiment inexistante et les thèses de 3ème cycle font figure d’exception. Dans cet univers somnolent, le milieu des années 60 marque un tournant. L’augmentation du nombre d’étudiants conjuguée à la réorganisation du système universitaire au niveau national va tout bousculer. Alors qu’un nouveau bâtiment abritant la faculté de math voit le jour en 1965 sur l’actuel campus de l'université Bordeaux 1 à Talence, cours de la Libération, un homme se démène depuis Paris. “Charles Pisot, un ancien professeur et chercheur de mathématiques de Bordeaux, a eu 2006

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Bordeaux. Un noyau dur de théoriciens des nombres se constitue avec l’arrivée de Yvette Amice, Jean Fresnel, Michel Mendès France, François Dress, Jacques Martinet…

La recherche prend son envol

La recherche était axée sur les mathématiques pures et la théorie des nombres, elle s’est élargie ensuite aux maths appliquées, à l’analyse, l’informatique…

une idée lumineuse. Chargé de l’organisation des universités auprès du ministère, il a souhaité créer à Bordeaux un centre de recherche éminent capable de concurrencer Paris. Son projet était d’axer la recherche sur une discipline au passé glorieux en France, la théorie des nombres ”, témoigne François Dress, professeur et chercheur en mathématiques, vice-président de Bordeaux 1 de 1980 à 1989. Ainsi, entre 1966 et 1969, plusieurs des élèves de Pisot sont recrutés à

S’ensuivent des années pleines d’entrain mais aussi parfois mouvementées alors que la réorganisation administrative bat son plein. Le "groupe Pisot ” et ses idées novatrices, n’est pas toujours bien accepté des autres professeurs. “ Monocolore, ce groupe a pourtant permis de créer une impulsion en termes de masse critique et de réactivité ”, affirme François Dress. Pour preuves, la multiplication des soutenances de thèses ou l’ouverture, rue Lamartine, du CAFIP, un centre académique de la formation à l’informatique pédagogique destiné aux professeurs de collèges, qui deviendra en 1985, le bâtiment consacré à la formation au CAPES et à l’Agrégation. Mais surtout durant ces années 70, la recherche prend soudain son envol. Jacques Martinet et Jean Fresnel créent un premier laboratoire “ le 229 ”, dont les travaux sont reconnus par le CNRS en 1975. “ Au début, la recherche était concentrée sur les maths pures ou fondamentales et la théorie des nombres. Mais très vite, les disciplines de recherche se sont élargies aux maths appliquées, à l’analyse, à la géométrie, à l’informatique et de nouveaux laboratoires de recherche ont vu le jour ” explique Jean Fresnel, ancien professeur et chercheur en mathématique, arrivé à Bordeaux dès 1966. “ Une des richesses et rareté de l’époque et qui reste actuelle, a été une volonté forte de toujours recruter les professeurs dans toute la France. C’est ce qui a permis de s’ouvrir à de nouveaux thèmes de recherche ” renchérit Jacques Martinet, cet enseignantchercheur, intégré à la même époque. Un

Théorie des nombres et cryptographie

La théorie des nombres aborde et utilise de nombreuses parties des mathématiques dont l’analyse, les probabilités, la statistique, la théorie des graphes, la théorie des ensembles, l'algèbre... L’un des principaux sujets de recherche porte

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sur les nombres premiers. Les théoriciens des nombres de Bordeaux sont particulièrement reconnus pour la mise au point d’un algorithme révolutionnaire pour tester si un nombre est un nombre premier. Cette découverte a été

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essentielle dans le domaine de la cryptographie. Cette technique, qui sert à coder et sécuriser des données, utilisée à l’origine dans les domaines de la diplomatie et du militaire, s’est ouverte dans les années

70 aux systèmes informatiques et des échanges par réseaux tels que ceux des cartes à puce bancaires, télévisions à péage, cartes téléphoniques, téléphones mobiles, paiements sécurisés ou votes par Internet….


nouveau champ d’investigation apparaît. “ Dans les années 70-80, on s’est justement rendu compte que la théorie des nombres et notamment les nombres premiers pouvaient jouer un rôle important dans la cryptographie ”, indique François Dress. L’un des chercheurs bordelais, Henri Cohen publiera ainsi quelques années plus tard, en 1993, un livre qui devint la bible de la théorie des nombres applicables à la cryptographie et reste encore aujourd’hui un best-seller.

Les maths appliquées montent en puissance

Nouvelle étape dans les années 80. “ Des partenariats se développent à tel point qu’aujourd’hui, le laboratoire de mathématiques appliquées est l’un de ceux qui a le plus de contact avec le monde de l’entreprise, en cryptographie, en modélisation… ” raconte Erez Boas, actuel directeur de l’UFR Math et Informatique de Bordeaux 1. Le dynamisme se poursuit dans les années 90 avec des moments forts. Un contrat de plan Etat–Région renforce le pôle recherche. Désormais, tous les labos sont rassemblés au sein de l’Institut de mathématique 1. Un réseau informatique avec une gestion centrale est installé. Enfin, dans le domaine de la théorie des nombres, les chercheurs continuent à tenir le haut du pavé. L'équipe d'Algorithmique Arithmétique de l'A2X met au point le logiciel PARI, qui permet des calculs très rapides et d’une grande précision, utilisé depuis par l'ensemble de la communauté internationale des arithméticiens. La Revue internationale du plus haut niveau pour la Théorie des nombres réalisée à Bordeaux, elle, rassemble les écrits des plus éminents chercheurs dans cette spécialité. A l’aube du XXIe siècle, la réputation de l’UFR math et informatique de Bordeaux 1,

Aujourd’hui

Les mathématiques et l’informatique à Bordeaux 1

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Les enseignants et les chercheurs permanents travaillent sur des problématiques d’actualité au sein de 4 grands laboratoires bordelais en partenariat avec les organismes de recherche CNRS, INRIA, CEA ainsi qu’avec de nombreuses entreprises.

1500 25

enseignantschercheurs

étudiants à partir de Bac+3 docteurs formés

considérée comme la seconde après Paris pour la concentration et la qualité de ses théoriciens des nombres, n’a pas faibli, continuant d’attirer les étudiants de toute la France et plus récemment du monde, grâce à un programme de master préparé en partenariat avec les universités de Leiden, Padoue et Paris-Sud et labellisé Mundus par la Commission Européenne ■

1

Théorie des nombres et algorithmique arithmétique (A2X, CNRS UMR 5465), mathématiques Appliquées de Bordeaux (MAB, CNRS UMR 5466), laboratoire Bordelais d’Analyse et Géométrie (LaBAG, CNRS 5467)

chaque année au sein de l’Ecole doctorale Mathématique et Informatique de Bordeaux 1, une des premières créée en France.

60 étudiants environ,

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chaque année, reçus aux CAPES et agrégation.

380 étudiants, chaque année, ayant suivi une formation d’ingénieur, trouvent un emploi comme cadre ou chef de projet. M E M O I R E 41


Lancement de l’escorteur d’escadre « Jauréguiberry », le 5 novembre 1956

Mise en perspective historique du « voyage en industrie » :

RETOUR VERS LE FUTUR ? La reconnaissance du « pôle de compétitivité » que forment les activités des deux régions Aquitaine et Midi-Pyrénées dans le domaine des industries aéronautiques et spatiales, a placé sous les feux de l’actualité la zone de développement économique qui s’étend du piémont des Pyrénées à la vallée de la Garonne.

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4 l ROBERT PIERRON Plan des formes d’un navire des années 1880

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e nouveau regard unificateur porté sur Bordeaux et sur Toulouse ne tranche pas seulement avec le discours ordinaire, mettant en exergue la rivalité et les difficultés historiques de la coopération entre les deux métropoles : il invite aussi à comprendre l’évolution économique des deux villes et des deux régions d’une façon qui dépasse les idées reçues et les fausses représentations. Depuis deux décennies environ, Toulouse a


Le cuirassé « Vérité » se rendant à quai peu après son lancement, le 28 mars 1907

Ce qui est moins connu, en revanche, c’est l’histoire économique et plus particulièrement celle de Bordeaux, seul grand pôle de production industriel du sud-ouest de la France au milieu du XIXe siècle. La croissance spectaculaire de Toulouse à partir de la seconde guerre mondiale, notamment grâce à d’importants mouvements de délocalisation, vient dissimuler dans les représentations spontanées des identités économiques des villes, une tradition industrielle de Bordeaux, incontestable pourtant dans une perspective de « temps long ». Pour résumer et en dépit de l’existence antérieure d’une industrie toulousaine –marquée par exemple, entre les deux guerres, par une puissante industrie chimique et d’autres activités, parmi lesquelles l’aéronautique–, la situation du pôle toulousain est celle d’un ensemble au développement plus récent, tandis que le pôle bordelais aurait connu une tradition plus ancienne et aussi plus marquée par des processus de conversion. Une donnée suffit à caractériser cette situation : l’emploi industriel que représentaient la construction navale et d’autres industries métallurgiques et mécaniques –comme la fabrication de matériel de chemin de fer– à la veille du conflit de 1914 était très proche, en valeur absolue, de l’ensemble actuel que constituent les industries aéronautiques et spatiales, d’une part, et d’autre part, des activités diverses du champ de la métallurgie, comme celle dont relèvent les établissements localisés voici trente ans à Blanquefort. Mais on pourrait aussi remonter très loin dans

Crédit photo : Col. part

Vue du pavillon central de l’Exposition maritime de 1907

le temps, y compris au plan régional, en montrant comment les systèmes préindustriels liés aux activités maritimes, de Bordeaux mais aussi de Bayonne, ont dès le début du XVIIe siècle, eu des effets sur le Périgord, la Gascogne, l’Albret et le Pays Basque. En ce qui concerne l’agglomération bordelaise elle-même, loin de n’y pratiquer qu’une activité « de négoce », force est de constater que l’économie portuaire y a donné naissance à une activité militaro-industrielle continue, s’inscrivant aujourd’hui dans ce qui constitue une composante du « pôle de compétitivité » récemment défini.

Crédit photo : Col. part

bénéficié de l’essor d’une image de capitale de l’aéronautique dont le nom se confond avec le succès des produits les plus réussis de cette activité. Bordeaux n’est pas en reste et l’Aquitaine non plus, puisque les industries de l’aéronautique et du spatial y représentent aussi un élément majeur et très fortement moteur de l’ensemble du développement.

La tradition des constructions navales militaires de Bordeaux

Le cuirassé “Vergniaud” après son lancement le 12 avril 1910

Non sans un brin de provocation aux yeux de qui passe aujourd’hui quai des Chartrons, on peut aimer rappeler que c’est Colbert qui est à l’origine de la fortune moderne de Bordeaux. On le sait en ce qui concerne l’essor des trafics maritimes dans ce qu’ils avaient de plus brillants (les relations avec l’Europe du Nord et le monde entier, jusqu’à l’Océan Indien, l’Amérique latine et le Pacifique), comme dans ce qui en constitue une part bien plus sombre et tragique (la traite atlantique et la déportation des esclaves africains). Mais si le rôle de Colbert dans la première politique industrielle de l’Etat français en faveur des 2006

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manufactures est bien connu, on a moins à l’esprit le fait que la construction d’une puissance marine, tout à la fois de guerre et de commerce, ne fut pas sans effet sur le sud-ouest. C’est ainsi que Jehan Dupérier –dont le nom a été donné au lycée professionnel de Saint-Médarden-Jalles– fut chargé en 1664 de fonder la poudrerie dans laquelle il est possible de voir le point de départ du complexe militaro-industriel bordelais, promis trois siècles plus tard à un destin de « sanctuaire » de la force de dissuasion, puis d’environnement technologique propre à accueillir le Mégajoule. Le maillon le plus important de cette longue chaîne historique est à rechercher dans la période qui va du règne de Napoléon III à la IVe République, le dernier grand navire de guerre construit à Bordeaux ayant été l’escorteur d’escadre “ Jauréguiberry ”, lancé en 1955 et immortalisé par le film Le Crabe-Tambour. Dans un superbe cédérom, véritablement encyclopédique par la qualité de l’iconographie qu’il réunit, Hervé Guichoux a rassemblé une documentation considérable sur ce qui a fait de Bordeaux le plus grand « arsenal privé » de l’histoire moderne de la construction navale militaire en France. Surgissent ainsi les images de géants de fer aux formes évocatrices de l’époque de Jules Verne, jusques et y compris des monitors cuirassés semblables à ceux de Nord contre Sud, sortis des chantiers Armand à Sainte-Croix, là même où se trouvent aujourd’hui le Théâtre du Port de la lune et le Conservatoire national de région, pour renforcer la flotte des Confédérés.

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MEMOIRE

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Sur les principaux sites de Sainte-Croix, de Lormont, de Bacalan et de La Bastide naissent ainsi des navires, certes conçus par les amiraux et les ingénieurs généraux de l’armement, mais réalisés par des ouvriers, techniciens et ingénieurs qui, par leurs savoir-faire qualifient alors Bordeaux comme un pôle industriel de premier plan, ce qui entraînera même quelques commandes étrangères. De l’ordre de 230 navires de guerre français ont ainsi été construits à Bordeaux entre 1850 et 1955. Parmi eux, certains sont célèbres et réputés pour la qualité de leur réalisation, quelles qu’aient pu être, par ailleurs, les particularités de ce que souhaitait la Marine : - croiseur cuirassé “ Kléber ”, lancé en 1902 et remarquable par l’influence technique exercée sur sa construction par les idées de l’ingénieur Emile Bertin ; - cuirassé “ Vérité ”, lancé en 1907, alors que se déroulait sur les Quinconces, dans de grands pavillons édifiés pour la circonstance, une Exposition maritime internationale, ayant pour commissaire Emile Bertin en personne et destinée

Le transport d’aviation « Commandant Teste » en construction, 2 décembre 1928

à confronter la technologie française avec les grands constructeurs de l’époque, en particulier britanniques ; - cuirassé “ Languedoc ”, lancé en 1915, mais jamais achevé en raison du choix budgétaire opéré en faveur de la guerre sur terre, en dépit de l’innovation considérable de la tourelle quadruple, reprise plus tard sur les Dunkerque et les Richelieu ; - porte-hydravions “ Commandant Teste ”, lancé en 1929 et parfaitement réussi malgré le concept très spécial dont il procédait ; - croiseur “ Gloire ”, construit en 1933-1935, représentant les qualités de la flotte de 1939.


Des activités industrielles à forte motricité sur le long terme

Epoque de rivalité entre les impérialismes, le temps de l’apogée de la construction navale bordelaise correspond à une période de compétition et d’innovation technologique qui affecte tous les éléments de ces monstres que sont les capital ships modernes selon la terminologie anglosaxonne. La puissance de l’appareil propulsif (donc la vitesse), l’efficacité de la protection (donc le blindage) et le calibre des canons (donc la portée) sont les trois paramètres qui conditionnent l’évolution des grands navires de guerre du début du XXe siècle qui comme les sous-marins nucléaires ou les aéronefs et les vaisseaux spatiaux d’aujourd’hui, concentrent toutes les innovations de l’époque. Bien sûr, certaines pièces ne sont pas fabriquées à Bordeaux –comme l’artillerie ou les hélices– mais, pour l’essentiel, la construction d’un cuirassé

Le croiseur « Gloire » entrant dans le bassin des Chantiers de la Gironde.

d’avant 1914 mobilise une grande variété des métiers de la métallurgie, de la mécanique et même de l’électrotechnique de l’époque. Cette construction implique donc une réunion de moyens matériels et humains, ainsi que d’une organisation alors à la pointe de l’innovation, le tout contribuant très largement au développement d’une conscience industrielle dont témoigne l’importance de la foule qui vient assister aux lancements. De très nombreux métiers, du bureau d’études aux qualifications ouvrières forment une main d’oeuvre porteuse des valeurs du travail industriel, mais aussi poudrière sociale modérément appréciée

par le Bordeaux des lambris et des salons, de la place de la Bourse ou d’ailleurs… Sur le haut de la hiérarchie de ces métiers, se trouvent les traceurs, capables de voir dans l’espace et de dessiner les éléments du navire, que réaliseront d’autres ouvriers, comme les formeurs de tôles et les charpentiers fer. C’est parmi eux –et d’autres catégories qualifiées– que se recruteront les transfuges et les formateurs de ce qui deviendra le coeur des métiers de l’aéronautique lorsqu’elle prendra son essor, après avoir longtemps cohabité avec la construction navale, comme c’était le cas avant la guerre, chez Dyle et Bacalan, près des bassins à flot. Reste aussi, aujourd’hui, l’occupation partielle du site des chantiers de La Bastide par une entreprise de grands voiliers de rêve, qui se sert de certaines infrastructures encore utilisables, comme les marbres permettant de construire des structures sur de vastes surfaces parfaitement horizontales. Les derniers témoins d’une épopée qui prendra fin dans les années 1968-1980 s’éteindront les uns après les autres. Comme l’ont montré les travaux de Jean Dumas –qui a étudié l’ensemble de l’évolution industrielle bordelaise sur plus d’un siècle– les activités s’engendrent ainsi les unes les autres par arborescence, séparation ou hybridation des produits et des savoirs. Le regard sur le « temps long », ainsi, est aussi mémoire d’avenir, parce qu’il rappelle la permanence des mouvements de grande ampleur qui font la richesse d’une ville et d’une région. Il n’y a là nulle expression nostalgique, mais le constat d’un mouvement historique, symbolisé par le clin d’oeil de la machine à mâter qui se situait voici un siècle là où se trouve aujourd’hui Cap Sciences. On peut certes, dans la brume ou le soleil de la Garonne, imaginer les silhouettes des grands navires de guerre du passé. On peut aussi, de façon plus pragmatique, développer les capacités des jeunes qui, demain, en Aquitaine et en MidiPyrénées, dans les activités d’un « pôle de compétitivité » reconnu au niveau international comme voulaient l’être les industries de 1907, construiront les avions et les fusées du futur. Chaque année, de Jehan Dupérier et des dizaines d’autres établissements de formation industrielle des deux régions de Bordeaux et de Toulouse, ce sont plus de 700 jeunes, sans compter les ingénieurs et cadres, qui vont venir remplacer et étendre les capacités des entreprises de toute taille sur lesquelles repose le succès de cette grande aventure ! ■ Nous tenons à remercier Monsieur Guichoux pour le prêt de ses illustrations.

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Des systèmes embarqués plein le ciel

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orsqu’on leur demande de parler de systèmes embarqués, les spécialistes sont embarrassés. « Il est difficile de définir ce que l’on entend par là. Ce terme nous vient de l’anglais « embedded system » que l’on peut traduire de différentes façons selon le point de vue que l’on adopte. Dans le domaine du ferroviaire ou de l’automobile, on peut parler de systèmes enfouis tant ils agissent à l’insu du conducteur. L’exemple le plus commun est celui de l’ABS qui assiste le freinage sans que le conducteur n’en prenne réellement conscience. Quand on parle d’aéronefs, on fait davantage référence au sens étymologique du terme, pour désigner les systèmes complexes que l’on va embarquer à bord d’un appareil », explique Pierre Bayle, expert technique chez Thales Sytèmes Aéroportés dont l’établissement aquitain est situé à Pessac. « Entre la structure et le moteur d’un avion, il y a beaucoup de choses. Des systèmes de navigation aux radars météorologiques en passant par le conditionnement d’air, bref, une multitude de systèmes embarqués », ajoute Jean-René Jecko, directeur de la stratégie industrielle chez Thales Avionics au Haillan. Mais pour lui, « on trouve maintenant des systèmes embarqués dans pratiquement tout ce qui est mobile. » Du ferroviaire à l’automobile jusqu’à nos téléphones portables ou nos assistants numériques personnels. La société bordelaise Kirrio conçoit depuis quelques années déjà des accessoires GPS pour PDA et terminaux mobiles. Intégrée au groupe Michelin en juillet 2005, elle a ainsi travaillé à l’élaboration du premier PND (système de navigation portable) mis sur le marché par ViaMichelin en novembre dernier. Il permet de guider son utilisateur tout au long de son trajet, en France ou en Europe, tout en lui fournissant diverses informations utiles (signalement d’accidents de la route, position de stations service ou de lieux culturels, avertissement de limitation de vitesse, etc.). L’électronique et l’informatique au cœur des systèmes

Crédit photo : Thalès

Le « hud » est une visualisation à tête haute qui permet au pilote de contrôler les informations à hauteur de ses yeux.

Que ce soit pour le contrôle, la surveillance ou la communication, les systèmes embarqués sont de plus en plus nombreux aussi bien au coeur d’appareils de haute technologie que d’équipements de tous les jours. Impliquées avec la région Midi-Pyrénées dans le pôle « Aéronautique, Espace et Systèmes embarqués », l’Aquitaine réfléchit aux systèmes embarqués de demain, notamment dans le domaine de l’aviation.

Mais, quelque soit la finalité des systèmes embarqués, ils ont tous en commun de remplir des fonctions complexes qui demandent à des degrés divers, les interventions de l’électronique et de l’informatique. Ainsi, Pascal Fouillat du Laboratoire d’étude et d’intégration des composants 2006

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et systèmes électroniques de Bordeaux (IXL) travaille à la réalisation de puces capables de résister à des environnements hostiles. Au coeur de ses études, des lasers qui lui permettent de simuler les effets des radiations très énergétiques subies par les circuits électroniques des systèmes embarqués à bord d’engins spatiaux. Le Laboratoire bordelais de recherche en informatique (LaBri), en tant qu’unité de recherche de l’Inria Futurs (Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique), participe quant à lui à la conception de logiciels pour systèmes embarqués. « Notre défi est aujourd’hui de concevoir des logiciels qui tourneront sur des équipements standards pour réaliser les fonctions voulues », explique Claude Puech, directeur de l’Inria Futurs. Pour lui, les recherches sur les systèmes embarqués de demain doivent s’orienter dans deux directions. En premier lieu, les informaticiens devront travailler à la conception de logiciels plus proches du matériel. « L’homme et la machine ne parlent pas le même langage et nous devons trouver le meilleur compromis entre lisibilité du programme par l’utilisateur humain et accessibilité des informations pour le circuit intégré au système. » Second point à étudier pour les informaticiens : la certification par des organismes de contrôle indépendants pour garantir le fonctionnement sans risque de leurs logiciels.

sans avoir à quitter la piste des yeux. Dernière innovation à l’étude en la matière, les viseurs de casques. Il s’agit là d’intégrer les écrans dans les visières des casques des pilotes de chasse notamment, les mouvements de tête rendant plus difficile l’affichage des informations. L’unité Thales Systèmes Aéroportés conçoit et réalise quant à elle des radars de détection ou de surveillance. Depuis son poste, le pilote, par l’intermédiaire d’une commande manuelle, sélectionne une zone de surveillance en trois dimensions. Sur un écran, des symboles lui permettent d’identifier position, vitesse et direction de déplacement des cibles. De quoi mettre en oeuvre toute une série de systèmes embarqués destinés à des missions de surveillance aérienne, de police du ciel, de cartographie du sol, de navigation, etc. Une activité d’autant plus importante qu’aujourd’hui, l’électronique des systèmes embarqués de nombreux avions à travers le monde est obsolète.

« Il faudra traquer les bugs et être capable d’assurer la bonne marche des programmes. » C'est particulièrement le cas pour les systèmes étudiés en Aquitaine et qui sont pour la plupart embarqués à bord d’aéronefs. Les ingénieurs de Thales Avionics s’intéressent ainsi aux interfaces homme-système installées dans les appareils d’Airbus et de Dassault. En d’autres termes, à tous les systèmes embarqués qui permettent au pilote d’un avion de savoir ce qui s’y passe (carburant, plan de vol, etc.). Pour lui présenter les informations dont il a besoin, il faut mettre au point des systèmes de visualisation efficaces. Les plus simples d’entre eux sont bien sûr les écrans installés dans le cockpit. Aujourd’hui, on voit de plus en plus apparaître ce que l’on appelle des viseurs tête-haute. Ces écrans semi-réfléchissants placés à hauteur des yeux permettent au pilote de contrôler les informations les plus importantes

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Des systèmes pour mieux voler

Enfin, dans le cadre du pôle de compétitivité « Aéronautique, Espace et Systèmes embarqués », deux grands projets proposés par les entreprises de la région Aquitaine concernent les évolutions de systèmes embarqués. Le premier est baptisé ITECHS pour Intégration des Technologies Emergeantes de Communication HommeSystème. Mené entre autres par l’unité Thales du Haillan, il a pour objectif d’améliorer et d’optimiser l’interface entre le pilote et son avion. Un projet qui revêt une importance toute particulière au vu


Crédit photo : Thalès

Un drone, de l’anglais signifiant bourdon, est un aéronef inhabité piloté à distance.

de l’augmentation planifiée du trafic aérien dans les années à venir. « Il est essentiel de parfaire la sécurité et la sûreté de nos appareils. Sans cela, des spécialistes ont calculé que nous risquons de connaître, d’ici une quinzaine d’années, une catastrophe aérienne par semaine », souligne Jean-René Jecko. L’unité Thales de Pessac participe avec diverses entreprises de la région au second projet. Dénommé SOUL pour System Oriented UAV (Unhabited Airborne Vehicule) Laboratory, il ambitionne de concevoir un laboratoire de mise au point de systèmes de surveillance à base de drones. « Lorsque nos clients nous exposent leurs besoins en matière de surveillance aérienne (dégazage en mer, prévention des feux de forêts, recherche de naufragés, etc.), les solutions que nous leur proposons peuvent, pour une meilleure efficacité, être basées sur des systèmes de drones. SOUL sera pour nous et pour eux un lieu d’expérimentation des systèmes sélectionnés », explique Pierre Bayle. Ce laboratoire reproduit la station de pilotage des drones et permet de simuler leur comportement en mission et ainsi de mettre au point le système le mieux adapté aux besoins du client.

Les drones, systèmes embarqués du futur Pour Pierre Bayle, « c’est le système embarqué le plus évolué que nous connaissons et l’un des grands marchés futurs de l’aéronautique. C’est une sorte de puzzle (Mecanno) que nous assemblons pour qu’il remplisse au mieux une mission très précise. La partie aérienne est constituée d’une plateforme assurant le vol sur laquelle sont assemblés les capteurs spécialisés les mieux adaptés à la mission envisagée. Le tout est commandé par une station au sol. » Un drone est donc en soi un système embarqué qui emporte à son bord une multitude de sous-systèmes embarqués. En la matière, les ingénieurs 2006

de Thales Airborne Systems travaillent suivant trois axes principaux. Le premier concerne le facteur humain. Si un drone est par définition un appareil inhabité, il n’en reste pas moins commandé par un homme qui se trouve parfois à plusieurs centaines de kilomètres. Deuxième question étudiée, celle de la communication entre la plate-forme aérienne et la station de commandement ou entre les différentes plate formes aériennes dans le cas de flottilles de drones. Et, dernier aspect du programme développé à Pessac, celui de la maîtrise des coûts, notamment de possession de tels engins.

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Crédit photo Frédéric Desmesure

Docteur en anthropologie, directrice de recherche au CNRS (UMR 6578 à Marseille),

Annie Hubert

dirige également le groupe “sciences humaines pour la cancérologie” à l’Institut Bergonié de Bordeaux. Elle nous a reçu dans sa maison du Lot.

Annie Hubert, une femme passionnée 50 RENCONTRES

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L’anthropologie du banal

Annie Hubert le dit elle-même : sa maison posée loin des fureurs urbaines est un peu comme une “Tour de Montaigne”, un endroit qui sied aux réflexions, maintenant posées, embrassant une vie entière consacrée à l’accumulation de connaissances. Nous sommes là sur le Causse lotois, à un cri de Saint-Cirq Lapopie et du souvenir d’Henri Martin et André Breton. Nous sommes là où le vent d’Autan de la mi-octobre fait cavaler les nuages à vive allure dans l’horizon, comme s’il voulait labourer le plateau de son orgueil. La route fut longue avant qu’elle vienne s’ancrer ici, dans cette “zone de coeur”. Oxford, la France, pour les études, l’Uruguay et l’Argentine de son enfance, le Laos, l’Indonésie, la Chine, l’Afrique du Nord qui furent quelques-uns de ses “terrains” favoris, son parcours géographique est une vaste déambulation tranquille, une vie consacrée à la recherche des petits riens qui font l’essentiel. « Mariée très jeune, je suis partie au Timor en Indonésie, avec mon mari, et je suis devenue, comme c’était la règle à la fin des années cinquante, son “assistante de terrain”. » L’époque semble archaïque, matinée de sexisme bon teint. Aux côtés de son premier mari, Annie Hubert se voit confier l’observation de la vie quotidienne de peuples avec lesquels ils vivent et non les vastes sujets nobles, qui font la renommée des anthropologues. « Mais lorsqu’il a entrepris d’écrire sa thèse, il s’est rendu compte qu’il avait besoin d’une base, et la base c’est moi qui l’avait collectée. » La prise de conscience est brutale : « S’il pouvait faire ce travail, pourquoi pas moi ? » Début de l’aventure.

Biomédical et nutrition

« Ce qui m’intéressait, c’étaient les choses ordinaires, l’anthropologie du banal et du quotidien, l’alimentation par exemple » précise-t-elle. Ce que ses confrères appelaient avec, peut-être, une pointe de dédain, “l’ethnocuisine”, travail obscur. Puis une nouvelle rencontre modifie le jeu, à la fin des années soixante-dix. « J’ai rencontré Guy de Thé, médecin, virologue, qui travaillait alors sur les cancers associés à des virus. Un de ses objets d’études, le cancer du rhinopharynx, est associé à un virus, Epstein Barr, présent sur toute la planète, mais ne se développe quasi uniquement qu’en Chine du sud, chez les Eskimos et en Afrique du sud alors qu’il est

quasi inconnu ailleurs. De grands épidémiologistes anglais avaient commencé de montrer qu’il existait un lien entre le cancer et le mode de vie, l’alimentation, le tabac… Guy de Thé leur a emboîté le pas et nous avons travaillé ensemble pendant dix ans sur ce sujet. » L’aventure scientifique et intellectuelle, - l’interdisciplinarité n’existe pas encore- portera ses fruits, un faisceau de facteurs sociaux venant un peu éclaircir le mystère. « C’est à partir de ce moment-là que j’ai incliné vers le biomédical et la nutrition ». Mais c’est aussi à partir de cette rencontre que l’anthropologie gagne quelques lettres de noblesse auprès de disciplines à l’ego prononcé. « Nous avons eu les pires difficultés à faire financer ces recherches, mais dès que nous avons obtenu les premiers résultats, je suis entrée au CNRS » sourit-elle. Cette mutualité des connaissances est-elle aujourd’hui entrée dans les moeurs ? Annie Hubert n’en est pas complètement convaincue. « Quelques fenêtres s’ouvrent, mais dans l’ensemble, l'interdisciplinarité est encore largement plus affirmée sur le papier que dans la pratique".

“Patrimoine mondial intangible”

En terminant avec ses pérégrinations géographiques, Annie Hubert rencontre enfin le sudouest de la France, et ses agriculteurs. « Ils étaient très intéressés par mes travaux, peut-être plus d’ailleurs que les anthropologues, se posaient énormément de questions quant à savoir ce qu’est un consommateur par exemple. J’ai beaucoup aimé réfléchir avec eux, aussi parce que j’aime bien toutes ces choses concrètes et j’ai découvert un monde passionnant, qu’on ignore le plus souvent, même en vivant à la campagne. » Aujourd’hui, entre sa “Tour” du Causse, Bordeaux, où elle travaille avec l’Institut Bergonié sur les rapports entre soignés et soignants, Marseille et l’unité d’anthropologie, le laboratoire auquel elle est rattachée, elle a entrepris sa grande synthèse. Pas des mémoires, non, plutôt, comme elle le dit, “presser le citron”, réunir toutes ces informations glanées au cours des ans, délivrées de ci, de là, dans des articles, des livres… « J’arrive à un moment de l’existence où je ressens le besoin de transmettre, puisque c’est la destinée de tout être humain. » Transmettre ce qu’elle a appris sur ce patrimoine mondial intangible, non écrit, ce “socle de connaissances sans matière”. Bref, donner un peu de corps à la part invisible des hommes et de l’humanité. ■ 2006

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Crédit photo : Renaud Befeytte photo Crédit

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orsque L ingéniosité

et science moderne s’allient

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Renaud Beffeyte

Rencontrer revient à effectuer un voyage un peu décousu entre l’Histoire et la modernité, à s’immiscer dans les rouages incroyables du développement des civilisations, de leurs errements, aussi. Le parcours de l’homme est à la hauteur de la prodigalité désordonnée de son discours. Si sa famille est originaire des environs de La Réole en Gironde, c’est en Amérique du Sud qu’il étudie et devient vétérinaire, exerce un peu puis rentre en France, se voit rattraper par la conscription à cause d’un banal accident de voiture. Incorporé à Nancy, puis à Bourges, à l’école supérieure d’application du matériel, il croise la route des compagnons du Tour de France. Cette rencontre sera déterminante, une de celles qui provoquent les changements les plus radicaux dans une vie. Il suit alors l’appel et entame son propre Tour, pour devenir charpentier. Le Mont Saint-Michel, posé incongru dans sa baie comme toujours, est son premier chantier, de quoi marquer plus encore un destin qui le conduira dans la région tourangelle sur nombre de monuments classés au patrimoine français.

Il a redonné vie

Crédit photo : Renaud Befeytte

aux machines de guerre du Moyen-âge, à force de patience et d’ingéniosité. En construisant un pont entre les savoirs d’aujourd’hui et ceux, oubliés, des temps de la Guerre de Cent ans.

Énigmes en série

De compagnon, il devient ensuite chef de sa propre entreprise, et s’établit en région parisienne, puis liquide tout pour venir s’installer en Lot-etGaronne, et vivre, sans s’y attendre quelques années de galères lorsqu’il se remet à son compte. « Il y avait déjà des charpentiers dans le secteur, ils ne m’avaient pas attendu pour travailler. » En 1984 pourtant, c’est la seconde rencontre majeure de son parcours professionnel, là encore, un espace nouveau s’ouvre qui ne se fermera plus : celui des machines de guerre et de génie civil du Moyen-Âge. Il raconte : « J’ai été amené à travailler pour le propriétaire du château de Castelnaud en Dordogne, où j’ai restauré la toiture. C’est lui qui m’a demandé si je voulais essayer de construire un trébuchet, chose que personne n’était parvenu à faire depuis des siècles. » L’affaire sera ardue, complexe, prenant la forme d’une succession d’énigmes à résoudre qui vont le contraindre à s’affranchir des procédés modernes, à se libérer de l’emprise de la technique contemporaine pour aller piocher dans les savoirs ancestraux de ces constructeurs de machines infernales aux propriétés destructrices impressionnantes qui pulvérisent des murailles.

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Le jeu de piste est long, Renaud Beffeyte décortique le monde du compagnonnage, les codes secrets, les usages… Pour parvenir à construire cet engin, il part à la recherche de documents dans les archives, collectionne les factures liées à l’histoire du premier trébuchet datant du XIVe siècle, du côté de Saint-Sardos et de la Réole, alors que la Guerre de cent ans prenait là tout son essor… « J’avais tout un tas de documents, j’ai procédé à des recoupements, et j’ai construit une maquette au dixième qui refusait de fonctionner. » La quête prend alors au fil des mois les atours de celle de la pierre philosophale. C’est un manuscrit du XIIe siècle, opportunément republié en 1986, qui lui apportera les clés du succès. Dans cet ouvrage, Villard de Honnecourt, ingénieur, architecte, touche à tout génial, comme en livrèrent le Moyen-Age et la Renaissance, donne les clés mnémotechniques utilisées alors pour se souvenir des équations les plus complexes. Mais le livre comporte également le plan d’un trébuchet au sol… Le chaînon manquant en somme qui lui permet dès l’année suivante, en 1987, de livrer le premier trébuchet pouvant fonctionner. Une première depuis des siècles ! Le premier boulet de 56 kg valse à plus de 160 mètres, puis les autres à plus de 200 mètres.

Martini en Suisse, au château de Gilles de Rai à Tiffauges en Vendée, département avec lequel il est aujourd’hui en contrat. Pour construire ces machines, Renaud Beffeyte court la campagne, a développé quelques stratégies pour trouver les fûts dont il a besoin. « Le bois roi, c’est naturellement le chêne, mais j’utilise d’autres essences, parce que chacune a des propriétés particulières, des propriétés physiques et mécaniques qui lui sont propres. Je vais prendre

Crédit photo : Frédéric Desmesure

Chaînon manquant

un grand chêne sur une colline plein nord, dans un terrain difficile parce que cet arbre est forcément très fort et sera quasi imputrescible. Le buis est un bois important parce qu’il est quasi inusable aux chocs, le cormier quasi inusable dans le sens des fibres… Pour construire le mécanisme d’un moulin à vent, il faut sept à huit essences différentes » précise-t-il. S’il connaît les bois comme les connaît un charpentier, il s’en remet pourtant souvent aux intuitions précises de ses amis forestiers, les seuls à savoir dénicher les fûts les plus prometteurs…

De l’importance des bois

Crédit photo : Renaud Befeytte

Génie civil

Trébuchets, mais aussi couillards, arbalètes, bricoles, mangonneaux, beffrois, béliers, et jusqu’aux premiers canons, les machines se sont succédées, installées au château de Castelnaud, à Calmont d’Olt dans la vallée du Lot, Provins, Minerve, Carcassonne, Nancy,

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Toujours par monts et par vaux, Renaud Beffeyte est un concentré de savoirs accumulés un peu au hasard des pérégrinations, de recherches constamment sous-tendues par la passion de l’histoire, et peut-être aussi, par fidélité à sa propre histoire familiale. C’est en effet de la propriété de famille aux Esseintes en Gironde, que sont issus les bois du premier trébuchet construit il y a sept siècles de cela. Ses compétences acquises sur le tas le font courir dans presque tous les sens de la géométrie euclidienne, de la Syrie au cinéma en passant par l’Écosse, la Vendée, il tente de transmettre à son tour les clés des ingénieurs du MoyenAge. Et, le sort des engins à vocation militaire réglé, c’est maintenant vers les machines du génie civil qu’il veut se tourner, mais l’intérêt semble moindre dans le public. La fascination pour les engins meurtriers semble toujours plus forte… Trait immuable de la nature humaine ? ■


Crédit photo Frédéric Desmesure

L’homme des

origines de l’art.

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C’est l’un

des préhistoriens au monde qui connaît le mieux la grotte de Lascaux et l’art rupestre. Mais surtout ne le lui dites pas ! Sa modestie légendaire en souffrirait.

Norbert Aujoulat,

Docteur en préhistoire et géologie du Quaternaire dirige depuis 1980, le département d’art pariétal au Centre national de la préhistoire.

Sa passion, il la doit à son amour du pays. Ce Périgord noir adossé au socle cristallin du Massif central. Il a parcouru dès son enfance cette basse vallée de la Vézère où raisonnent les noms de sites aussi prestigieux que Tayac, Le Moustier ou La Micoque. « C’est le dimanche que nous visitions en famille les grottes et les musées » se souvient-t- il. « Et dès que j’ai pu partir seul à vélo, je suis retourné contempler en solitaire les falaises de la Dordogne. Au hasard de mes promenades, j’explorais timidement ces cavités comme autant de portes ouvertes vers mes rêves d’enfant ». Sa destination favorite : la falaise de Guilhem. « Ce site privilégié de la vallée, je l’ai parcouru dans tous les sens. J’ai donc voulu approfondir mon rêve - si j’ose dire - en m’initiant à la spéléologie (rire) ». Mais le challenge sportif a vite trouvé ses limites aux yeux du préhistorien en herbe. « Je me suis tout naturellement tourné vers l’archéologie pour retrouver l’empreinte de l’homme. L’essence même de 2006

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ROMAN


Crédit photo : Centre national de la préhistoire

Dernière grande découverte faite en 2000 et sur laquelle travaille Norbert Aujoulat , la grotte de Cussac en Dordogne

ma quête de vie ». Après une licence, une maîtrise puis un DEA de géologie, le jeune étudiant trouve rapidement un job à sa mesure : il est chargé d’inventorier les grottes ornées d’Aquitaine pour le compte des bâtiments de France. « Le rêve continuait » dit-il. Finalement il va diriger, dès 1980, le nouveau département d’art pariétal créé au sein du Centre National de la Préhistoire. Cet organisme dépendant du Ministère de la Culture et de la communication a donné naissance, à Périgueux, au premier Centre mondial de Documentation et de Recherche sur l’art pariétal paléolithique. Et Lascaux entre dans sa vie. Ou plus justement, Jacques Marsal, l’un des coinventeurs de la grotte qui l’emmène visiter le chef-d’œuvre. Coup de foudre. « J’ai immédiatement fait une demande d’autorisation de recherche. Mais je ne savais pas que ça allait durer plus de dix ans ! ». C’est en effet entre 1985 et 2000 que Norbert Aujoulat recueillera l’ensemble des données nécessaires à la soutenance de sa

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thèse. Pour des questions de sécurité, il ne pouvait pas passer plus d’une heure par semaine sous terre à étudier les taureaux, félins et autres bestiaires. « Le travail achevé, je m’attardais quelques instants au pied des Grands Taureaux de la Rotonde ou sur les marches qui précèdent l’accès à l’Abside » précise-t-il. Et l’homme de science redevient enfant. « C’est pendant ces brefs instants que le contact avec ce monde si particulier était le plus émouvant. Minutes magiques où l’imaginaire venait à ma rencontre, imperceptible d’abord, pour ensuite me submerger, au point que certains jours, il me fallait écourter cette contemplation tant je redoutais l’émotion suscitée par ces témoignages». La grotte avait littéralement envoûté le préhistorien dans un tourbillon d’images plus signifiantes les unes que les autres. « Lascaux tire sa puissance suggestive de la présence permanente de l’image. Quelle que soit votre position dans la grotte, il y a toujours un animal qui vous regarde ou vous interroge ». Il faut avouer que l’endroit est unique. C’est dans cette grotte tout particulièrement que l'on peut déchiffrer les phrases du grand livre des mythologies premières, qui nous racontent la création de la vie et au-delà, la genèse du monde. Campus Universitaire de Bordeaux 1, Octobre 2004. Deux étudiants s’avancent vers leur professeur à la fin du cours. « Nous souhaitons faire une thèse sur l’Art pariétal, mais on voudrait que ce soit vous qui nous dirigiez ». « Ce sera sur la grotte de Cussac » répond Norbert Aujoulat qui rêve déjà à un nouvel amour. « C’est la dernière grande découverte d’Art pariétal en France. On y trouve les plus grandes gravures de bisons, de mammouths et de chevaux. On y a même découvert des squelettes humains. C’est la première fois qu’on retrouve des vestiges contemporains aux gravures. » Et c’est autour des ces restes humains disparus, là où les plus anciennes créations de l’art défient les siècles que le préhistorien construira son avenir et celui de ses étudiants. « Je suis en train de constituer une équipe pluridisciplinaire pour travailler sur ce site, je ne sais pas combien d’années durera l’étude… » Combien d’années ? Qu’importe ! Ce qui anime l’homme, c’est d’arriver à temps au rendez-vous des chefs-d’œuvre perdus. ■


Crédit photo Frédéric Desmesure

Traquer le mercure au cœur de l’Amazonie

4 l LAURE ESPIEU

Crédit photo : Frédéric Desmesure

Spécialiste d’écotoxicologie,

Régine Maury-Brachet

participe depuis 1997 à des missions sur les fleuves de Guyane pour analyser l’impact de la pollution au mercure liée au trafic d’or. Le taux de mercure augmente très rapidement le long des chaînes alimentaires des organismes vivant dans les rivières guyanaises.

Depuis les années 80, les clandestins venus du Brésil traversent, toujours plus nombreux, la frontière guyanaise, pour venir extraire l’or contenu dans le sol ou les sédiments des rivières. « Ils sont prêts à tuer pour un gramme de métal » constate la chercheuse, qui lors de son u n i q u e e x p é d i t i o n d a n s u n c a m p d’orpailleurs a dû se faire accompagner de gendarmes armés. Mais outre cette violence, les chercheurs d’or constituent aussi une vraie 2006

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menace pour l’environnement. Ils utilisent, pour séparer l’or des sédiments, de grandes quantités de mercure - 1,3 kg de mercure utilisé pour extraire 1 kg d’or - véritable poison s’attaquant au système nerveux humain, et responsable de troubles multiples et irréversibles. « Le mercure a la propriété de s’amalgamer avec l’or », explique la spécialiste. « Les orpailleurs en imbibent donc une moquette spéciale disposée sur plan incliné sur laquelle circulent l’eau et les sédiments. Les particules d’or, plus lourdes, s’y déposent, et il suffit de chauffer le mélange pour faire s’évaporer le mercure et ne conserver que le métal précieux ». Oui mais voilà, lessivé par les pluies, le mercure contamine ensuite les cours d’eau guyanais. Par des processus complexes, ce taux de mercure augmente alors de façon spectaculaire le long des chaînes alimentaires constituées par les organismes qui vivent dans la rivière. On le retrouve alors chez l’homme dans des proportions très supérieures aux normes en vigueur.

dans sa deuxième phase. Le LEESA est chargé de récupérer des échantillons de poissons dans des zones inaccessibles où les chercheurs se rendent en pirogue, au prix de plusieurs jours de navigation. Ces données viennent compléter celles collectées dans les zones habitées de Guyane. Elles serviront en particulier à établir une carte SIG (Système d’Information Géographique), véritable outil de santé publique pour les administrations qui pourront ainsi adresser certaines consignes ou recommandations, concernant notamment la consommation du poisson. « Dans les zones habitées, nous avons distribué dans les écoles des kits de prélèvement fabriqués dans notre laboratoire », explique Régine MauryBrachet responsable du pôle analytique du laboratoire. « Nous avons demandé aux écoliers de nous aider en prélevant les poissons et en pratiquant une dissection. Il s’agissait de l’Aymara, un poisson très réputé là-bas, qui peut peser jusqu’à 40 kg. Grâce à une notice explicative et un matériel approprié, les habitants mobilisés devaient prélever un morceau du muscle dorsal, et le glisser dans une fiole de formol dilué. Puis nous récupérons les échantillons pour les analyser ici à Arcachon ».

Crédit photo : Frédéric Desmesure

Pêcher en pirogue et dormir dans un hamac.

Cartographier les contamination.

zones

de

Lors d’une première étude commandée en 1994 par le Ministère de la santé, le niveau de contamination détecté dans une mèche de cheveux pouvait atteindre des valeurs bien supérieures chez un amérindien, contre une moyenne de 1 ppm en Europe. « Ces taux s’expliquent aussi par des sols naturellement très riches en mercure », signale Régine Maury-Brachet, « ils sont liés à l’absence de période de glaciation dans cette zone où les dépôts de mercure via les retombées atmosphériques se sont accumulés durant des millions d’années ». Depuis 1997, le laboratoire d’écotoxicologie et d’écophysiologie des systèmes aquatiques (LEESA), implanté à Arcachon et rattaché à l’Université Bordeaux 1, participe au « Programme mercure » mené en Guyane. Le programme entre aujourd’hui

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En lien avec les amérindiens, l’équipe mène aussi une étude autour de deux tribus, les Wayana et les Wayanpi, installés dans l’extrême sud de la Guyane, afin de déterminer les niveaux de contamination de leur alimentation : poissons, gibier, végétaux… évaluer les risques de contamination et donner des outils de compréhension aux gestionnaires de la santé. Régine Maury-Brachet et l'équipe de biologistes passent alors 10 jours en compagnie des tribus, à pêcher avec eux pour prélever une partie du poisson consommé. « Plus de 500 espèces existent uniquement dans cette toute petite partie de l’Amérique latine », s’enthousiasme la chercheuse. « Quand on pense que dans toute l’Europe nous en avons 120… c’est le paradis du biologiste ! ». Après dix voyages en Guyane, elle s’est habituée aux conditions de confort spartiate, à dormir dans un hamac sous un « carbet », un simple toit maintenu par quatre piquets. Seule concession, les biologistes apportent leur nourriture avec eux. « Le poisson dès le matin, pour nous ce n’est pas évident », plaisante-t-elle. Au fil du temps, les membres de l’équipe arcachonnaise ont noué avec les tribus un lien particulier. « On les retrouve toujours avec plaisir, confie la responsable avec tendresse, ce sont des gens très calmes et extrêmement gentils. Ils nous remettent les pendules à l’heure ». ■


Voyage au bout de la Terre.

4 l PHILIPPE-HENRI MARTIN

Echanges d’idées sur les affres de la planète.

Bernard Clin,

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Crédit photo Frédéric Desmesure

directeur de l’ENSCPB et Bernard Favre, membre de la direction de Cap Sciences.


Crédit photo : Frédéric Desmesure

Cap Sciences : Bernard Clin, vous avez récemment publié des articles dans lesquels vous comparez l’état actuel de la démographie humaine à celui des états de la matière. En quoi l’enjeu démographique est il crucial pour l’avenir ?

ENSCPB : Ecole Nationale Supérieure de Chimie et de Physique de Bordeaux

Bernard Clin : La courbe de l’évolution démographique à travers les âges, de presque horizontale, est brutalement devenue verticale. Nous atteignons une situation de saturation. Dans un gaz, les molécules circulent librement ; dans un liquide, les contraintes sont beaucoup plus dures, les interactions plus difficiles, car un liquide est incompressible. C’est en cela que j’avance l’idée que l’humanité passe à « l’état liquide ». Il nous faut donc réfléchir à de nouvelles lois de fonctionnement des populations humaines. On prévoit une population de 12 milliards d’hommes à brève échéance, or la Terre nous offre à peu près 12 milliards d’hectares pour vivre. Un hectare par être humain, pour son habitat, sa nourriture et la production de son énergie, est-ce trop ? La grande découverte de ce siècle est la finitude de la Terre et de ses ressources. C'est ce qui motive ma réflexion et mon travail sur le développement durable. Bernard Favre : Il peut y avoir une autre approche inspirée de l’éthologie : si l’on augmente la concentration de rats, par exemple, dans un espace clos, on constate que la fonction d’adaptation va très loin avant le point de rupture. Les sciences sociales en général montrent que la phase d’adaptation peut se prolonger très longtemps. Bernard Clin : Oui, mais aujourd’hui l’évolution est brutale et il nous faut savoir si des lois de fonctionnement existent, et les proposer, pour ce nouveau système contraint, sans quoi on risque son explosion, la régulation ne pouvant se faire que par les pandémies ou les guerres, qui sont inacceptables.

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Bernard Favre : Mais c’est une loi naturelle, non ?

Bernard Clin : Pas tant que ça, on doit pouvoir trouver des solutions pour faire cohabiter et nourrir 12 milliards d’hommes.

Bernard Favre : Certains commencent à penser que l’explosion démographique pourra exercer une pression très forte pour aller sur d’autres territoires que la planète Terre.

Bernard Clin : Alors ça, ça me fait exploser de rire ! D’abord, nous n’avons pas la moindre piste pour dire qu’il peut exister des endroits accueillants et les temps d’accès sont infiniment trop grands. Je ne peux pas penser à cette hypothèse. Bernard Favre : Historiquement, cela a existé, la conquête de l’Ouest américain par exemple. Même ici en Aquitaine, lorsqu’on ne pouvait nourrir tout le monde, on envoyait des populations vers l’Amérique, l’Asie ou l’Afrique.

Bernard Clin : On était encore dans un système « gazeux » sur Terre : ce ne serait plus possible aujourd’hui. Les données ont changé, le système est saturé. De plus, autrefois, le respect de la vie était une valeur fondatrice et partagée par tous. Cela tenait à l’impératif de survie de l’espèce. Aujourd’hui, cette contrainte a sauté et l’on se trouve en face de gens, dont les terroristes, qui ne partagent plus cette valeur. Il faut donc réfléchir à de nouvelles valeurs communes. A ce sujet, une idée d’Albert Jacquart m’intéresse : il dit qu’il y a une évolution naturelle vers le plus complexe, le plus complexe étant l’homme, n’ayant au dessus que l’ensemble des hommes. Bernard Favre : Il peut y avoir une approche religieuse de ces questions ou une approche de


moins en moins de recherche sans commerce, et c’est une remise en cause de la recherche pratiquée depuis le XVIIIe siècle.

Crédit photo : Frédéric Desmesure

Bernard Favre : En fait, depuis la révolution industrielle, la recherche n’est plus le seul apanage des militaires. Elle sert aussi la conquête de marchés.

compréhension des systèmes. Le but de bien-être et de confort des populations, qui a été déterminant, peut être vu aujourd’hui comme une utopie. Bernard Clin : Il faut se fixer de nouveaux objectifs. Quelle société voulons-nous ? La place du travail, par exemple, doit être pensée. On ne sait pas où se situe l’optimum. La seule référence que nous ayons des sociétés pré-marchandes est celle des hommes préhistoriques qui chassaient deux heures par jour pour se nourrir et se vêtir. Faut-il en déduire que nous pourrions travailler 14 heures par semaine ? C'est peut être un objectif de société.

Bernard Favre : Il ne faut pas confondre les objectifs d’une société et son mode de fonctionnement. En science, on peut comprendre le mode de fonctionnement de la matière, mais pas ses objectifs, s’il y en a.

Bernard Clin : L’homme est capable d’avoir des objectifs propres, c’est ce qui le différencie de l’animal. Bernard Favre : Oui, et les sciences sociales, et même Darwin nous apprennent que l’évolution se fait en « fondu enchaîné ».

Bernard Clin : Sur les OGM, ce n’est plus le cas. L’agriculture a modifié des végétaux, mais au rythme des saisons. Avec les OGM, nous sommes devant une capacité de rupture brutale, sans parler des problèmes économiques induits. Bernard Favre : La maîtrise de la graine, avec celle de l’eau et du feu, est cruciale depuis toujours.

Bernard Clin : C’est vrai, et elle a fondé les échanges économiques sur lesquels a débouché le système qui reposait entièrement sur les cultivateurs et les pasteurs. Aujourd’hui, il y a de

Bernard Clin : Mais la motivation militaire est restée majeure par rapport à l’industrie. L’aviation, le téléphone portable, l’internet, le nucléaire, tout cela a une origine militaire. Mais, soyons positif. En Aquitaine, le Conseil régional s’est toujours investi dans la recherche, et la région est attractive pour les chercheurs. La région a été et reste leader sur la chimie, grâce à Lacq mais surtout grâce à l’aéronautique qui a eu besoin de nouveaux matériaux. Depuis quelques années, les maths sont arrivées en force dans la région. Et aujourd’hui la physique avec le laser méga-joule, dont on attend de grandes retombées technologiques. Depuis longtemps déjà, les chercheurs aquitains ont appris à travailler avec les entreprises. J’ajoute que l’échelon régional me semble le mieux adapté pour évaluer la recherche finalisée ou partagée. C’est celui où l’on connaît directement les partenaires et leurs activités, ce qui est impossible au niveau national, européen ou mondial. ■

Bernard Clin

Ses premières années de recherche furent consacrées aux aspects théoriques de la RMN (Résonance Magnétique Nucléaire…plus connue sous son développement « Imagerie Médicale ») : théorie quantique, logiciels d’analyse, physique des « effets de solvants »…

Condorcet, Centre de Ressources, incubateur et pépinière d’entreprises, en 1991, précurseurs du mouvement observé depuis lors.

Ses responsabilités de sous-directeur d’un grand laboratoire du CNRS, l’associent naturellement à la réflexion qui devait conduire aux concepts d’ouverture de la Recherche vers le monde socio-économique. Cette ouverture s’est très vite traduite à Bordeaux par la création de BordeauxUnitec et du centre

En décembre 1998, il devient Directeur de l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie et de Physique de Bordeaux, poste qu’il a occupé jusqu’en janvier 2006… avec une passion toujours renouvelée ! …

Nommé en 1990 Délégué Régional à la Recherche et à la Technologie (DRRT) pour l’Aquitaine par Hubert Curien, alors Ministre de la Recherche et de la Technologie, il consacra 9 années à cette tache de création des liens entre l’industrie et le monde universitaire et de développement de la culture scientifique (en particulier la création de Cap Sciences en 1995 ).

Par la suite, il orienta plus spécialement ses activités de recherche vers la thermodynamique des micro-émulsions (système dispersés eau-huiledétergent utilisables pour vider les puits de pétrole … ou transporter les médicaments dans l’organisme…)

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Aujourd’hui, il reste « conseiller du Directeur » jusqu’à son départ à la retraite fin 2006. H20

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UESTION D’ NVIRONNEMENT

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Le Climat en Aquitaine Crédit photo : IRD

“ Demain, il fera chaud ” 2006

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Crédit photo : IRD

VERS

UN RÉCHAUFFEMENT INEXORABLE ?

Terres asséchées, inondations spectaculaires, tempêtes répétées, que se passe-t-il sur notre planète ?

différents modèles varient selon la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère et donc du rythme de développement de nos sociétés. L’ampleur du réchauffement climatique dépend ainsi d’une croissance industrielle et démographique plus ou moins contrôlée.

e réchauffement de la planète n’est plus sujet à controverse aujourd’hui. L’élévation de la température moyenne sur terre serait évaluée entre + 1,5 et + 6 °C d’ici la fin du XXIe siècle. Plus d’une dizaine de modèles climatiques ont été envisagés par les climatologues du GIEC (Groupe inter-gouvernemental d’experts sur l’évolution du climat), qui se réunissent depuis 1988 sous l’égide de l’Organisation mondiale de la météorologie et de l’ONU. Ces

Une alternance de glaciations et de réchauffements

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Longtemps, les hommes n’ont pas voulu admettre que leurs activités pouvaient agir sur le climat. Bon nombre de scientifiques, voire de météorologues, ont contesté la théorie du chimiste suédois Svante Arrhenius qui s’est interrogé dès la

fin du XIXe siècle sur le lien entre l’effet de serre et l’augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère. Il est vrai que les forces en présence ne plaident pas pour cette hypothèse : la machine climatique terrestre connaît depuis ses origines de très fortes variations. Le trajet annuel de la Terre autour du soleil peut être plus ou moins allongé. Il est établi que, tous les 100 000 ans, elle s’éloigne de lui, ce qui provoque des glaciations. D’autre part la Terre tourne avec une certaine inclinaison : celle-ci conditionne la quantité de chaleur reçue et va déterminer, à intervalles réguliers, les périodes interglaciaires. Le soleil de son côté, a également des effets au quotidien. Les taches solaires, zones d’intenses réactions thermonucléaires contribuent à la production


Crédit photos : IRD Crédit photo : IRD

Crédit photo : IRD

d’énergie de cette étoile. Or l’activité de ces taches solaires connaît un cycle de onze ans qui agirait sur la machine climatique. Autre phénomène naturel : les éruptions volcaniques. Elles projettent des quantités massives de particules dans la haute atmosphère, appelées aérosols. Les rayons solaires sont alors réfléchis, ce qui modifie l’énergie reçue et finalement diminue la température. Le réchauffement d’origine humaine peut être ainsi contrecarré ou renforcé par un phénomène naturel bien plus puissant.

La mémoire du climat dans les calottes glaciaires

Toutes ces variations naturelles de la température ont été démontrées de manière éclatante grâce à des carottes glaciaires réalisées en Antarctique à Vostock, sur une épaisseur de 3 139 m, de 1995 à

2002. Cette banque de données singulière a permis de reconstituer — à partir de bulles d’air emprisonnées dans la glace — la température atmosphérique moyenne sur 740 000 années. On a ainsi pu prouver l’existence des huit dernières périodes glaciaires-interglaciaires. Ces archives « glaciaires » témoignent aussi du lien étroit entre la température moyenne relevée et les concentrations de gaz à effet de serre piégé dans ces bulles d’air fossiles. On constate qu’au siècle dernier le réchauffement global de l’atmosphère terrestre — un réchauffement qui est chiffré à 0,6°C pour l’ensemble de la planète mais établi à 1°C pour la France — s’est réalisé à une vitesse sans équivalent dans l’histoire de notre climat. Cette augmentation est indéniablement en liaison avec le niveau encore jamais atteint des taux de gaz à effet de serre. Ainsi, la teneur en CO2 de l'atmosphère est aujourd’hui de 360 ppm (partie par million), elle était de 280 ppm il

L’effet de serre est un phénomène naturel indispensable pour la vie sur terre. Sans cette enveloppe de gaz qui emmagasine la chaleur, la température avoisinerait –18 °C. Mais avec l’industrialisation, la pollution, les émissions de gaz tels que le CO2 ont augmenté de 35 % ce qui a entraîné une augmentation de la température.

y a vingt millions d’années !

Des modifications climatiques différentes selon les régions

Le réchauffement du siècle dernier laisse déjà son empreinte et le niveau des océans est monté de trois millimètres par an au cours des dernières années. Cette élévation, mesurée par le satellite TopexPoseidon, connaît un rythme quinze fois plus soutenu depuis dix ans que pendant les trois millénaires précédents. D’ici 2100, le niveau de la mer augmentera de 10 à 90 cm selon les zones. Des élévations sont ainsi envisagées dans l’océan Austral et l’ouest de l’océan Pacifique, alors qu’une baisse est prévue au centre de l’océan Indien. L’explication de ce phénomène vient essentiellement de la dilatation 2006

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Crédit photo : P. René

Crédit photo : L. Gaurier

Franck Jubelin

moraines Petit Age Glaciaire (1560-1830)

Depuis 1911, le front du glacier d’Ossoue a reculé de 420 m. En 90 ans, sa superficie est passée d’environ 90 à 58 ha, soit une perte de surface de 35 %.

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Crédit photo : Conseil régional d’Aquitaine/Tim McKenna/Deepix

thermique due au réchauffement de l’océan. La fonte des glaciers de montagne et des calottes polaires (Groënland et Antarctique) ne concourt qu’au tiers de cette hausse. Les climatologues restent toutefois fort circonspects sur les tendances du climat, même à moyenne échéance. La montée inéluctable de la température, avec des périodes caniculaires en zones tempérées, semble le seul fait acquis. Elle entraînera une diminution du nombre de jours de gel et des précipitations neigeuses en moyenne montagne et en plaine. Le régime des précipitations risque également de changer mais de manière variée selon les régions. Une exacerbation des phénomènes extrêmes est aussi annoncée car cette chaleur mobilise davantage d'énergie . En 2005, la saison particulièrement longue et intense des cyclones n’est toutefois pas significative : seule une série d’a n n é e s à cyclones violents pourrait confirmer cette tendance.

Réchauffement climatique : le Sud-Ouest directement concerné En un siècle, le thermomètre a déjà grimpé de plus d’un degré (1,3°C pour les moyennes en fin de nuit et 0,9°C en milieu de journée), ce qui place l’Aquitaine dans le peloton de tête des régions les plus touchées par ce réchauffement. Les experts invitent cependant à la plus grande prudence : « un climat se détermine à l’échelle de la planète » insiste Serge Planton, responsable du groupe de recherches climatiques à Météo France. « Les incertitudes sont donc très grandes pour faire des projections à une échelle aussi petite que le Sud-Ouest ». Pourtant, quelles que soient les précautions oratoires, cette tendance devrait se poursuivre et même s’accentuer tout au long du siècle. « On estime que dans le meilleur des cas, le réchauffement serait de un à deux degrés d’ici 2100, mais qu’il pourrait même atteindre six degrés selon les projections les plus pessimistes », note Pascale Braconnot, qui dirige le pôle de modélisation du climat à l’institut Pierre-Simon Laplace, fédération de laboratoires parisiens. « Dans ces conditions, personne ne sera épargné, et le Sud-Ouest s’assèchera sans doute beaucoup », ajoute-t-elle.

Dans un premier temps, l’Aquitaine pourrait bien prendre le chemin des régions arides méditerranéennes avec une influence d’autant plus marquée qu’elle avait été jusqu’à présent épargnée. La façade océanique devrait cependant réguler le climat dans les zones côtières, et ralentir le processus, puisque les océans se réchauffent moins vite que les continents. Paradoxalement, les contrastes saisonniers devraient aussi s’accentuer. Ainsi, succèderont à ces étés chauds et très secs, des hivers doux et plutôt humides. Déjà, les précipitations durant la période hivernale auraient augmenté de 10 %. « Dans toute l’Europe de l’Ouest, la pluviométrie est directement influencée par le rail des dépressions dans l’Atlantique Nord, favorisant la douceur et les précipitations », explique Serge Planton. Les dépressions se forment entre l’anti-cyclone des Açores et la dépression d’Islande, deux grands systèmes dont les forces font osciller la trajectoire des perturbations. Mais à l’image de tous les phénomènes à grande échelle, les fluctuations peuvent être importantes. Et comme le fait remarquer Pascale Braconnot « Une différence de 50 ou 100 km sur la trajectoire d’une dépression peut faire une grosse différence pour les zones concernées ». Particulièrement à l’échelle d’une région. Laure Espieu


Crédit photo : Agence Adour Garonne Crédit photo : BRGM Crédit photo : Agence Adour Garonne

Un littoral de plus en plus vulnérable

Avancée de l’océan sur le littoral, inondations aux abords de la Garonne, perturbations des ressources en eau... tels pourraient être les effets du réchauffement climatique en Aquitaine. Des scientifiques de la région nous livrent leurs premières pistes de recherche et leurs scénarii sur les risques encourus.

L’eau dans tous ses états ! L’Océan Atlantique ne cesse de gagner du terrain sur le littoral. En 10 000 ans, en Aquitaine, il a colonisé 120 km à 150 km. Chaque année il progresse de 1 à 4 mètres environ suivant des zones plus ou moins plates, sableuses ou rocheuses. “ Cependant on prévoit que cette érosion va désormais s’accélérer ” affirme Cyril Mallet, ingénieur au Bureau de Recherches Géologiques et Minières de Pessac*. En partant de l’hypothèse d’une avancée minimum d’1 mètre par an, ce serait en effet une bande d’environ 50 m tout au long du littoral qui disparaîtrait sous les flots d’ici 2050. “ On voit déjà des stations balnéaires qui, sur la carte, forment une avancée dans l’océan par rapport à l’ensemble du trait de côte. Il est certain que les épis et les enrochements ne pourront pas tenir indéfiniment et que des s t a t i o n s comme Lacanau, Soulac, l’Amélie seront très

atteintes ”, constate Denis Michel, enseignant-chercheur du Département de Géologie et Océanographie de l’Université Bordeaux 1 (UMR 5805 EPOC).

Pourquoi un tel recul ?

“ Les fleuves amènent de moins en moins de sédiments sur les plages, qui sont donc moins protégées. Cela est dû à la construction de barrages et à l’extraction de matériaux dans les fleuves mais aussi, depuis qu’on est dans une période de réchauffement climatique, à l’augmentation du niveau de la mer qui ennoie les estuaires. L'érosion continentale des sols et du lit du fleuve, source de sédiments en période froide, est réduite en période de réchauffement. Les fleuves actuels n'exportent plus que des sédiments fins ”, explique Cyril Mallet. De même les tempêtes, le vent,

une croissance de la hauteur de la houle en Aquitaine contribueront à fragiliser le littoral. Mais pour l’instant, ce phénomène est difficile à mesurer. Selon Météo France, la fréquence des tempêtes n'a pas augmenté en France au cours des cinquante dernières années. Pour Denis Michel, “ des études en Mer du Nord et aux Pays-Bas ont prouvé une augmentation de la hauteur de la houle et de la fréquence des tempêtes. Mais aujourd’hui, en Aquitaine, on ne dispose pas de mesures suffisantes pour se prononcer. On sait juste que dans le Golfe de Gascogne, la circulation atmosphérique est soumise à une oscillation appelée Nord Atlantique, qui s’exprime par un rapport de force entre l’anticyclone des Açores et la dépression d’Islande. Entre 1980 et 2000, on n’a pas noté de grand changement ”.

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Crédit photo : BRGM

On prévoit une élévation moyenne de 44 cm du niveau de la mer d’ici 2100.

Le niveau de la mer toujours en hausse Enfin, conséquence directe de la hausse des températures, le niveau de la mer ne va pas cesser d’augmenter. “ Globalement, il s'élève depuis 10 000 ans, date de la dernière période glaciaire. Il y a 2000 ans, le niveau actuel marin a été atteint, mais en revanche, aujourd’hui il remonte chaque année de 1 à 2 millimètres sur l’ensemble de la planète. C’est, en effet, le chiffre qu’on enregistre sur la côte Aquitaine ”, constate Denis Michel. Selon le GIEC, Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat, il est prévu en 2100 que le niveau de la mer se situerait entre 15 et 80 cm au-dessus du niveau actuel, la valeur la plus envisageable étant de 44 cm, soit un triplement de sa vitesse d’élévation par rapport à celle observée au XXe siècle. Pour Bruno Malaizé, paléoclimatologue à l’Université Bordeaux 1, UMR EPOC, “ 60 % de l’augmentation

du niveau de la mer sont dus au fait que l’Océan se dilate lorsque la température augmente. Les 40 % restants s’expliquent par la fonte des glaciers continentaux. Une partie substantielle des glaces accumulées sur le Groënland pourrait fondre sur les deux à trois siècles prochains. Cependant, précise-t-il, il ne s’agit pas de la fonte des banquises. Celle-ci ne provoque par d'élévation du niveau de l’eau. Réensablement, construction de perrés et d'épis, fixations des dunes par la végétation sont autant de solutions, mais qui peuvent s'avérer très coûteuses et rapidement vaines... Selon les scientifiques, il faudra bien se résoudre à reculer. “ Le seul atout de l’Aquitaine, c’est qu’on a une côte peu urbanisée ”, conclut Cyril Mallet. * le BRGM participe, depuis 2003, au programme de recherche européenne “ RESPONSE ” chargé de l’évaluation des aléas et risques sur les côtes littorales. L’Aquitaine fait partie des deux sites-ateliers de ce programme avec le LanguedocRoussillon.

Bordeaux sera-t-elle inondée ?

La tempête de 1999 et ses inondations le long de l’estuaire de la Gironde donnent un avant-goût de scénarii qui pourraient être de plus en plus fréquents. L’augmentation du nombre et de la force des tempêtes, de la pluviométrie au printemps et à l’automne conjuguée à la croissance du niveau de la mer favoriseront ces phénomènes de crue. “ Les

Le Gulf Stream s’arrêtera-t-il ?

L’évolution de ce courant marin chaud qui vient du Mexique et rejoint l’Atlantique Nord en passant notamment par le Golfe de Gascogne suscite maintes interrogations. Une perturbation, voire un arrêt de ce courant sont possibles. “ En effet, explique Bruno Malaizé, la fonte des glaciers continentaux au Groënland va

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accroître la quantité d’eau douce dans la mer. Or, ce qui crée le mouvement de circulation du Gulf Stream, c’est justement la salinité de l’eau ”. Explication : “ lorsque les eaux du Gulf Stream atteignent le Groënland, elles se refroidissent. Des banquises se forment avec l’eau douce et provoquent une sursalure

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terres situées à 50 cm au-dessus de la mer, notamment le long de la Garonne, dont Bordeaux, seront facilement inondables ”, indique Bruno Malaizé, paléoclimatologue à l’Université Bordeaux 1, UMR EPOC. Ce risque est d’autant plus important que la Garonne forme un système d’entonnoir entre le Verdon et Bordeaux et qu’en cas de crue des débordements sont à prévoir au niveau de Bordeaux. Lors de la tempête de 1999, on enregistrait des surcôtes de 1,50 m au Verdon, de 2 m à Pauillac et de 2,35 m à Bordeaux. Avec, à la clé, des dégâts réels : inondation des quais rive gauche à Bordeaux ou plus grave, rupture des digues protégeant la centrale nucléaire du Blayais et provoquant l’arrêt de deux réacteurs. Face à cette menace, la prise de conscience est progressive. “ On a mis en place un système d’alerte pour l’amont comme pour l’aval de Bordeaux ”, indique Paul Mery, chargé de mission au secrétariat général de l’action régionale de la Préfecture de la Gironde. “ Construire des digues le long de la Gironde n’est pas une solution et renforcerait le phénomène d’entonnoir. En revanche, préserver des zones d’expansion de crue s’avérerait essentiel. Il y en a dans le Médoc et le Blayais, mais l’important serait d’en prévoir aussi dans la Communauté Urbaine de Bordeaux et là, convaincre les élus est actuellement très compliqué ”.

des eaux situées sous la banquise, soit des eaux très denses et lourdes qui plongent et créent ainsi un mouvement de circulation. Sans ce plongeon, la circulation du Gulf Stream est interrompue ”. Conséquence pour l’Aquitaine ? L’arrêt du Gulf Stream, ce courant qui génère un climat

tempéré, pourrait modifier le climat. Selon Bruno Malaizé, “ on peut se retrouver alors avec un climat comparable à celui de New York, soit des températures plus extrêmes, avec des étés plus secs, des pluies plus violentes et des hivers plus froids et malgré tout plus humides ”.


Crédit photo : Conseil régional d’Aquitaine/Philippe Caumes

Pour préserver l’eau du bassin aquitain, des réductions de prélèvements de près de 10 % sont prévues en nappe éocène.

L’eau potable au compte-goutte L’eau qui coule de nos robinets provient en partie d’un système aquifère, situé entre 100 à 500 mètres de profondeur sous tout le bassin aquitain, appelé l’éocène. Depuis la fin du XIXe siècle, on y puise allègrement de l’eau d ’ e x c e l l e n t e qualité. Dès les années 50, des universitaires tirèrent la sonnette d’alarme pour dénoncer les prélèvements excessifs. Avec environ 60 millions de m3 pompés chaque année, le niveau de la nappe aurait baissé de 30 à 40 mètres. A cette problématique, s’y ajoute une seconde, liée au réchauffement climatique. Même si l’eau de pluie met des centaines d’années pour cheminer jusqu’à la nappe, c’est bien elle qui la réalimente, notamment grâce aux pluies d’hiver. Selon Philippe Malaurent, chercheur au Centre de développement des géosciences appliquées à l'Université Bordeaux 1 , “ entre 1920 et 2005, on a constaté que le niveau de pluviométrie hivernale est resté constant dans la région, avec une baisse enregistrée

depuis 1960. En revanche, on a observé une forte augmentation de l’évapotranspiration due à l’augmentation de la température. Donc, au final, les nappes d’eau souterraines sont de moins en moins alimentées ”. Entre surexploitation et augmentation de l’évapotranspiration, les ressources s’épuisent. De plus, avec la baisse du niveau des nappes, la menace pèse de l’intrusion d’eau salée dans l’estuaire, qui dénaturerait la qualité de l’eau potable ainsi que celle des nappes plus superficielles. “ Enfin, si le niveau de la nappe baisse, on risque d’assister à des tassements de terrain, et notamment à la destruction ou à la déformation des tuyaux d’assainissement ” indique Joëlle Riss, directrice du Centre de développement des géosciences appliquées à l'Université Bordeaux 1 . Pour épargner cet aquifère, un Schéma Directeur d’Aménagement de Gestion de la ressource en Eau, a été initié en 1995. En cours de révision, ce Sdage prévoit de réduire chaque année, de 10 % les prélèvements dans l’Eocène, soit 15 millions de m3. Une dizaine d’entreprises situées au Bec d’Ambes, ont cessé depuis peu de

puiser dans cette nappe, pour s’alimenter désormais avec les eaux retraitées de la Garonne. Près d’un million de m3 ont été économisés cette année. Une réflexion commune a été lancée par le Conseil Régional d'Aquitaine à l’automne dernier. D’ores et déjà, quelques pistes émergent. Côté recherche, des universitaires de l'Université Bordeaux 3-EGID vont plancher sur la possibilité de stocker de l’eau dans des carrières souterraines de l’Entre-deuxMers. Une autre solution envisagée est de réserver les richesses de l’Eocène à la seule consommation humaine et de se tourner vers l’eau des nappes superficielles pour des usages annexes tels qu’arrosage, lessive... Ce qui impliquerait une double alimentation des foyers, soit un coût important et un risque en termes de santé publique. “ Ce sera un problème d’équilibre à trouver. Il ne faut pas tirer trop d’eau des couches superficielles pour ne pas favoriser les entrées d’eaux marines et la drainance verticale ”, conclut Joëlle Riss. Marianne Peyri

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Crédit photo : © François Lieutier/Inra

Des étés plus chauds et plus secs modifieront les sols aquitains.

Le climat aquitain change et, ce n’est pas sans conséquences sur la végétation régionale. Avec des dates de débourrement de plus en plus précoces, des récoltes plus tardives, l’Aquitaine doit rapidement s’adapter aux modifications de son environnement.

Une végétation en mutation Depuis quelques années, les températures ne cessent de s’élever et le déséquilibre entre les précipitations estivales et hivernales s’accroît sensiblement. Les chercheurs aquitains ont commencé à observer les effets de ces changements climatiques sur la végétation. Et le plus indiscutable d’entre eux est sans doute une modification des rythmes de vie des plantes. Les arbres fleurissent et donnent leurs fruits de plus en plus tôt. A l’Université Bordeaux 1, l’équipe d’Ecologie des communautés

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de Richard Michalet s’est penchée sur le cas du chêne sessile dans les Pyrénées, une espèce qui présente d’étonnantes facultés d’adaptation. Les arbres qui poussent en basse altitude débourrent beaucoup plus tôt que ceux qui poussent plus haut. Une plasticité qui pourrait bien, dans un futur relativement proche, rendre le chêne plus compétitif que le hêtre qui domine pour l’heure la haute montagne. Du côté des arbres fruitiers, les chercheurs de l’INRA ont observé

une précocité de trois semaines sur les dates de floraison, de débourrement et de mise à fruit due à l’accroissement des températures. Un constat sans grande gravité, sauf en cas de gel printanier qui serait fatal aux récoltes. Pour parer cette éventualité, l’unité de recherches sur les espèces fruitières et la vigne de Frédéric Laigret travaille sur les variétés à floraison tardive et à mise à fruit rapide. « L’objectif était de proposer des variétés qui permettraient d’élargir la période de production. Il se


Illustrations cartes Vincent Badeau Inra – UMR Ecologie et Ecophysiologie forestières.

Impact de l’évolution du climat sur la végétation 2000 – 2100

Crédit photo : © Christophe Rose/Inra

Les grandes régions biogéographqiues françaises. La zone rouge correspond au climat méditerranéen qui s’étendra sur tout le sud de la France et atteindra une bonne partie de l’Aquitaine d’ici 2100. Les oliviers, les arbres de Judée, les cyprès feront ainsi partie du paysage de demain.

Effets de l’ozone sur des plants de tabac

trouve qu’elles nous aident aujourd’hui à mieux faire face aux changements climatiques. Nous sommes notamment parvenus à sélectionner une variété de cerises qui donne ses fruits fin juin. » La sécheresse est quant à elle plus difficilement gérable. Du fait du manque d’eau, les arbres perdent leurs feuilles. S’il pleut à l’automne ils peuvent fleurir et

l’été suivant, il n’y aura pas de récolte. La viticulture locale semble pour l’heure plutôt bien s’acclimater à ce nouvel environnement. Pour preuve, ces dernières années, les grands millésimes se suivent à un rythme plus soutenu qu’au début du XXe siècle. Mais, pour Denis Loustau, de l’unité Ecologie Fonctionnelle et Physique de

l'Environnement, « les principales modifications que nous observons actuellement sur la végétation et la production forestière, sont le fait de l’action directe de l’homme, au moins autant que de l’évolution progressive du climat. » Ainsi, l’avancée des dates de vendanges n’est pas seulement due à une maturation accélérée du raisin mais aussi à une évolution des techniques d’exploitation et de gestion des vignes. Et Bernard Delorme, responsable aquitain de l’Office National Interprofessionnel des Céréales, de renchérir : « Le manque d’eau pourrait être fatal à la culture du maïs en Aquitaine. Mais l’impact des politiques agricoles aura aussi son importance. Le maïs rapportait gros. Aujourd’hui, il devient une culture comme les autres. Il faudra sans doute procéder à des analyses de rentabilité pour chaque exploitation et agir en conséquence. » Les chercheurs n’en poursuivent pas moins leurs travaux afin de proposer des solutions pour faire face aux changements climatiques actuels. Recherches génétiques, redistribution géographique des productions, nouvelles méthodes de gestion, mise en place de 2006

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Crédit photo : Crédit Meteo France

Crédit photo : © Gérard Paillard/Inra

Dégâts et dévastation de la forêt landaise après la tempête de 1999.

Tempête sur l’Europe

nouveaux systèmes de drainage, toutes les directions sont explorées. L’équipe de Frédéric Laigret suggère de produire des porte-greffes particulièrement tolérants à la sécheresse. « Mais il faut préserver une certaine biodiversité. Elle reste notre meilleure alliée. » C’est également l’avis d’Antoine Kremer de l’équipe de recherches génétiques Biogéco de l’INRA. « La capacité d’adaptation d’une espèce est directement liée à la variabilité génétique de la population. Plus on a de gènes différents, plus on a de chance de trouver ceux

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qui permettent une meilleure résistance à la sécheresse. » Car les arbres qui peuplent nos forêts ont déjà survécu à des changements climatiques naturels, semblables à ceux que nous vivons aujourd’hui si ce n’est qu’ils étaient dix à cent fois plus lents. « Il y a trois à quatre millions d’années, la nature a elle-même sélectionné des arbres capables de s’adapter à des périodes de glaciation ou de réchauffement. Nous pouvons donc supposer qu’ils s’en sortiront cette fois encore. » D’autant que certains ont la capacité de coloniser très rapidement de nouveaux espaces. Les chênes par exemple peuvent migrer de 400 à 500 mètres par an. Et l’homme de son côté peut intervenir pour accélérer ce processus en plantant des pins maritimes originaires d’Andalousie dans les Landes par exemple. « Mais il faut raisonner de manière plus globale car de tels arbres sont plus sensibles aux gelées et pourraient souffrir des périodes

froides qu’ils connaîtraient en Aquitaine. En 1985, après les grands froids que la région a connu, 50 000 hectares de pins originaires du Portugal sont morts. » Autre option : la recherche génétique. En identifiant les gènes qui confèrent une meilleure résistance à la sécheresse et ceux qui influent sur les rythmes de vie des arbres, les chercheurs espèrent donner un coup de pouce à la nature. A l’INRA Aquitaine, le centre de ressource génétique français pour les prunus concentre ainsi des informations sur 600 variétés de cerises. Une étude systématique de ces données est en cours. « C’est un travail de longue haleine », précise Frédéric Laigret. Et pendant ce temps, les changements climatiques sont en marche. « On se pose beaucoup de questions sur le massif landais par exemple. Poursuivre la culture du pin maritime ou opter pour des espèces plus


résistantes à la sécheresse ? Il faudra sans doute répondre au cas par cas », estime Denis Loustau qui espère surtout établir le dialogue avec les acteurs et décideurs régionaux. Sur la base des informations fournies et des résultats établis par les chercheurs, il sera alors possible de revoir l’aménagement du territoire aquitain. « Car le Pin maritime est résistant à une sécheresse isolée mais, on ne sait pas comment il peut réagir à plusieurs années consécutives de sécheresse aggravée. Le mieux serait de se décider enfin à traiter le problème

Crédit photo : Agence Adour Garonne

Le manque d’eau pourrait être fatal à la culture du maïs en Aquitaine

sur le fond et pas seulement en situation de crise. » Car, pour l’heure, lorsqu’il s’agit de se projeter dans l’avenir, les chercheurs aquitains hésitent. Pour Denis Loustau, « il est très difficile de prévoir quelle sera la végétation de la région dans un siècle. Des incertitudes importantes demeurent au niveau de la climatologie et tellement de paramètres sont à prendre en compte : les évènements climatiques ponctuels, les politiques d’environnement… ». Se fondant sur les prédictions les plus récentes (et les plus optimistes) des météorologistes, les chercheurs se risquent toutefois à quelques spéculations. La première d’entre elles concerne la productivité du massif forestier aquitain qu’ils s’attendent à voir évoluer fortement à partir de 2050 avec des variations géographiques importantes : une amélioration due à l’augmentation du CO2 atmosphérique, dans la partie Ouest et au contraire une diminution, due à l’aggravation des sécheresses, dans la partie Est des Landes de Gascogne. D’autant que les arbres, affaiblis par des sécheresses répétées, seront plus sensibles aux maladies et aux ravageurs, ce qui n’est pas pris en compte dans ces prédictions. Des maladies jusqu’alors anodines pourraient se révéler redoutables et de nouvelles pourraient apparaître. Mais le danger sera surtout grand s’il se développe des zones où cohabitent plusieurs pathogènes. Le traitement des cultures sera alors bien plus compliqué. Et si les invasions se font plus rapidement que prévu, les outils pour les combattre pourraient ne pas être prêts. Heureusement, certains pathogènes devraient eux aussi pâtir de ce nouveau climat.

« Mais, rappelle Denis Loustau, tout n’est que potentialité. In fine, c’est l’homme qui décidera. » La situation semble cependant moins préoccupante en Aquitaine que dans d’autres régions françaises. Un cadeau de l’océan. Les chercheurs s’attendent donc surtout à voir se propager des espèces végétales méditerranéennes. Le Chêne vert par exemple, commence à envahir nos dunes et a tendance à supplanter le Pin maritime dans les forêts de protection. Une conséquence de l’évolution climatique mais qui n’a rien de gênant. Dans un siècle, nous pourrions aussi récolter beaucoup plus d’amandes et de pêches et Frédéric Laigret se laisse même aller à imaginer « des agrumes made in Aquitaine ». Philippe Pieri de l’équipe oenologie ampélologie s’attend de son côté à observer un glissement des cépages vers le Nord. « Si l’avancement de la phénologie se poursuit, on risque d’arriver à des dates pour lesquelles les différences de température entre jour et nuit ne seront plus assez marquées ce qui nuira à la qualité des vins. Peut-être aurons nous, à la fin de ce siècle, des cépages espagnols à Bordeaux ! » Des bouleversements qui ne se feront pas du jour au lendemain. Nathalie Mayer

Quand les chênes s’adaptent à leur environnement

Après la révolution française, des chênes ont été importés d’Amérique du Nord et plantés notamment en Aquitaine. Ce transfert des Appalaches vers le Sud Ouest de la France

est un peu comparable à ce que les arbres vivent aujourd’hui dans le cadre du réchauffement climatique. Il y a une vingtaine d’années, les descendants européens et américains

ont été comparés et les résultats ont montré que 200 ans ont été suffisants aux premiers pour s’adapter aux conditions climatiques locales en modifiant notamment 2006

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leur phénologie. « Cela semble confirmer les capacités d’adaptation naturelles des végétaux », souligne Antoine Kremer.

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Crédit photo : © Didier Marie/Inra

La nature réagit !

La faune aquatique subira aussi des décalages de croissance

La faune, sous l’effet du réchauffement climatique, risque de modifier ses comportements. En Aquitaine, des premiers indices se manifestent : présence de poissons subtropicaux, migrations modifiées d’échassiers, cycles de reproduction plus intensifs de certains insectes…

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Les animaux, sont très sensibles aux variations de températures. Leur naissance, leur croissance et leur mortalité en dépendent. Une modification de l’écosystème n’est jamais sans conséquences. Ainsi l’augmentation de la température de la mer, estimée à 1,5°C en 30 ans dans le Golfe de Gascogne, a d’ores et déjà eu d e s répercussions. Selon Benjamin Planque, chercheur en écologie halieutique à l’Ifremer Nantes, “ depuis 1986, on observe une présence plus importante de poissons subtropicaux qui fréquentaient auparavant les côtes africaines et rarement le Golfe de Gascogne ”. De même, des poissons “ régionaux ” tels que l’anchois, migrent désormais plus fréquemment vers la Mer du Nord. Outre ces déplacements géographiques, des décalages de croissance dans le temps sont à prévoir. “ Le zooplancton se développant plus vite avec la hausse des températures,

les pontes seraient plus précoces. Tout l’écosystème risque d’être décalé de 15 jours à un mois. Ainsi, par exemple, les huîtres du bassin d’Arcachon naîtront et grandiront plus tôt ”, indique Jean-François Samain, coordinateur du programme “ Mortalité estivale de l’huître ” à l’Ifremer Brest.

Des oiseaux atypiques dans le ciel aquitain Des bouleversements sont aussi visibles dans le ciel aquitain. Certains oiseaux migrateurs reviennent en effet de plus en plus tôt et repartent plus tard. Des espèces comme les cigognes blanches et les grues cendrées, qui hivernaient en Afrique du Nord, choisissent désormais de


Crédit photo : © Grégory Gomez

Prémisses d’un climat méditerranéen

Le rapace Elanion, une espèce rare jusqu’à présent, a été repéré dans le Sud-ouest

rester dans le Sud de la France. L’Aquitaine est également fréquentée, depuis peu, par des espèces “ atypiques ”. Selon la Ligue de Protection des Oiseaux d’Aquitaine, la tourterelle turque, originaire d’Asie méridionale, rare il y a 40 ans, est devenue un oiseau commun dans la région. Le Guêpier

Crédit photo : © Grégory Gomez

grise et le lézard ocellé qui a trouvé en Gironde un lieu de villégiature favorable à son expansion.

d’Europe, qu’on ne trouvait qu’aux abords de la Méditerranée, a fait son apparition dans les années 80 dans nos contrées. A la même époque, est apparu le Héron garde-Boeuf, originaire d’Afrique. Sur le sol, des espèces jusqu’alors rares, ont été repérées : le rapace Elanion blanc, la cigale

Vers une prolifération de chenilles ? L’évolution des insectes, sources de ravages dans les vignes, fait aussi l’objet de toutes les attentions en Aquitaine. Denis Thiéry, chercheur à l’UMR de santé végétale de l’Inra Bordeaux, estime qu’avec l’augmentation de la température, des chenilles notamment l’Eudemis, peuvent raccourcir la durée de leur cycle de développement et se reproduire plus souvent durant l’année. “ On peut ainsi s’attendre à ce qu’elles passent de 3 cycles reproducteurs dans l’année à 4. De même, des hivers doux et secs se traduiront par une mortalité plus faible des 2006

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Crédit photo : © Grégory Gomez

Certains oiseaux migrateurs reviennent plus tôt et repartent plus tard

cocons et favoriseront la prolifération de ces insectes au printemps ”. Résultat ? Les vignobles, comme le Sauternais, où chaque grappe est précieuse, sont donc sur le qui-vive. En revanche, des étés chauds et secs peuvent nuire à l’éclosion des oeufs et la naissance des chenilles. Tout va donc dépendre des c a r a c t é r i s t i q u e s du climat à venir. “ De même, si le métabolisme des plantes se modifie, cela risque aussi de changer le comportement des insectes qui se nourissent de plantes. Mais on ignore toutefois si un rechauffement serait positif ou négatif. Enfin, on peut imaginer qu’une possible prolifération d’autres insectes comme les drosophiles ou les guêpes pourrait devenir très nocive pour nos vignobles ”, précise Denis Thiéry. Déjà, de façon certaine, l’apparition dans la région d’une nouvelle espèce de papillons, attaquant les grappes à l’automne en Espagne et en Italie, a été observée.

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L’homme fragilisé L’homme ne sortira pas indemne du réchauffement climatique. Premier effet évident : l’augmentation du nombre de décès, notamment des personnes âgées, durant les canicules*. Mais ce phénomène devrait être contrebalancé par une plus faible mortalité liée au grand froid. Deuxième incidence : la pollution. “ La quantité d’ozone dans l’atmosphère va augmenter et fabriquer des dérivés oxydants (azote, souffre…). Cela risque de se traduire par une prévalence de bronchites, asthmes, infections pulmonaires, irritations de la cornée… Des manifestations déjà observées dans des villes polluées comme Paris ou Lyon ”, commente Hervé Guénard, professeur en physiologie à l'Université Bordeaux 2. “ Quant aux effets de la concentration de gaz carbonique dans l’atmosphère, il est impossible de les apprécier car les expériences de confinement sont trop courtes. Mais il est probable qu’il y aura des effets tels que la

modification des tissus, du travail du rein… ”. L’augmentation des cancers cutanés, liée aux trous dans la couche d’ozone et à un rayonnement ultraviolet plus fort, serait également probable. Enfin, la hausse des températures sera propice à la prolifération des moustiques ou acariens, insectes bien connus pour transmettre à l’homme virus ou bactéries. Ceux porteurs du virus West Nile semblent déjà atteindre le littoral méditerranéen. D’autres maladies infectieuses à vecteurs, comme les leishmanioses, limitées au pourtour méditerranéen pourraient s’étendre vers le nord. La propagation de la dengue et à un degré moindre du paludisme est à craindre. Marianne Peyri *La canicule en 2003 a provoqué 20 000 décès en surnombre par rapport à la moyenne en Europe de l’Ouest et du sud


Entretien avec Michel Combarnous, professeur émérite à l’Université Bordeaux 1

Crédit photo : © Louis Vidal/Inra

« Depuis le choc pétrolier de 1973, la consommation individuelle mondiale d’énergie est constante. Mais, comme nous sommes chaque jour environ 200 000 habitants de plus sur Terre, il va falloir trouver des solutions pour pallier les limites des combustibles fossiles. Des limites quantitatives car les stocks ne sont pas renouvelables à moyen terme. Brûler des combustibles fossiles, c’est injecter dans l’atmosphère du gaz carbonique qui était piégé dans le sous-sol et participer à

l’augmentation de l’effet de serre. Il me semble que la meilleure chose à faire est d’économiser l’énergie. Pourtant, cela ne suffira pas. Il faut trouver de nouvelles sources. En Aquitaine, une bonne alternative est celle qu’offre le bois. En plus de constituer de potentielles sources d’énergie renouvelables, les forêts fixent et stockent une partie du dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique. C’est tout bénéfice pour le problème qui nous concerne aujourd’hui. Les pouvoirs publics et l’ADEME l’on bien compris et travaillent activement au développement du bois-énergie, en Dordogne notamment. Mais le bois des forêts aquitaines est aussi utilisé dans d’autres domaines et la concurrence est rude. Il faut donc aussi essayer d’exploiter d’autres richesses naturelles de notre région. Le soleil par exemple, bien que le stockage de l’énergie solaire soit difficile. L’Aquitaine est également une région naturelle de géothermie. On peut pomper de l’eau chaude souterraine et l’utiliser pour le chauffage urbain. Cela dit, il n’est peut-être pas judicieux d’utiliser de l’eau pour l’énergie à des endroits où elle sert à autre chose. Il ne faut pas résoudre un

Les pouvoirs publics incitent à utiliser le bois comme énergie

problème en en créant un autre. Ensuite, il y a l’hydroélectricité qui est très peu exploitée en Aquitaine. Tout comme l’éolien d’ailleurs. Notre région est l’une des seules en France à ne pas profiter du vent. Cela peut paraître surprenant. Mais, « le paravent forestier » rend difficile l’installation d’éoliennes. Et, en dresser au large serait également périlleux tant la côte Aquitaine est inhospitalière. Reste la question à la mode des biocarburants. Elle est en fait plus compliquée qu’il n’y paraît. Si j’avais devant moi un champ à exploiter afin de produire de l’énergie, il n’est pas évident que mon choix se porterait sur le maïs plutôt que sur le bois. Une parcelle de forêt a la capacité de stocker du carbone pendant 50 ans et de produire plus d’énergie que le maïs. D’autre part, dans notre région, le maïs ne pousse pas sans irrigation. Et nous savons tous que les réserves en eau ne sont pas inépuisables. Seulement, les arbres poussent beaucoup moins vite que le maïs… » Nathalie Mayer

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Crédit photo : Ademe

« Il faut faire des économies »


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Crédit photo : CRA/Patrick Somelet/Tim Mc Kenna/Deepix

la santé des Aquitains


Crédit photos : CRA/J.P. Bost

Crédit photos : CRA/Burdin/Michel Geney

L’Aquitaine, terre de cocagne pour la santé

Les Aquitains, comparés à la moyenne nationale, se porteraient plutôt bien. Ils bénéficient de même d’un certain “ confort ” en matière d’offre de soins. Mais derrière ces tendances générales se cachent de grandes disparités géographiques et socio-économiques.

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Sommes-nous en bonne santé ? L’espérance de vie à la naissance est un indicateur précieux. Et justement l’Aquitaine occupe une place plus qu’honorable ! Concernant les hommes, elle s’aligne sur la moyenne nationale, soit 75,5 ans. En revanche,

l’espérance de vie à la naissance des femmes atteint 83,2 ans, soit trois mois de plus que la moyenne française. Selon Richard Lamouroux, directeur adjoint au pôle santé de la DRASS (Direction Régionale des Affaires sanitaires et Sociales d’Aquitaine), plusieurs explications se mêlent : “ Les régions du sud de la France ont généralement une espérance de vie supérieure, grâce à une meilleure qualité de vie, aux comportements des habitants et à des critères socio-économiques et environnementaux. On est convaincu aussi que les habitudes alimentaires jouent un rôle de plus en plus important sur la santé ”. Mais cette donnée plutôt réjouissante est à nuancer. Chez les hommes, c’est en Dordogne que l’espérance de vie est la plus élevée (76 ans) alors que pour les femmes, c’est en Gironde et dans le Lot-etGaronne (83,4 ans). En outre, l’Aquitaine enregistre des résultats moins bons par rapport à la région Midi-Pyrénées. Enfin, depuis une dizaine d’années, le gain en espérance de vie a été plus important en France qu’en Aquitaine. Pour Christian Egea, chef du service Etude à la Drass, “ l’écart avec le reste de la France ne cesse de diminuer. Cela reflète un phénomène de migration et de brassage des populations qui fait qu’aujourd’hui les différences régionales ont de moins en moins de sens ”.

Qu’en est-il de la mortalité ?

Autre indice : la mortalité qui reflète l'importance des pathologies présentes dans la population aquitaine. L’Aquitaine enregistre,


Crédit photo : © Inserm

depuis 2000, environ 30 000 morts par an, 2003 faisant figure d’exception avec 31 000 morts dus aux conséquences de la canicule. Un chiffre supérieur à la moyenne nationale. Pour André Ochoa, de l’ORSA, Observatoire Régional de la Santé en Aquitaine, ce phénomène s’explique par la présence importante de personnes âgées. Les personnes de 65 ans ou plus représentent 19,3 % de la population en Aquitaine contre 16,3 % dans l’ensemble du pays. A l’inverse, le pourcentage de jeunes de moins de 20 ans est plus faible en Aquitaine (22,8 %) qu’en France (25,1 %). “ Toutefois si on élimine l’effet âge, l’indice comparatif de mortalité indique que l’on meurt moins en Aquitaine que dans d’autres régions, notamment celles du nord de la France ”. Mais là encore, cette sous-mortalité est cependant moins prononcée que les régions limitrophes comme en Midi-Pyrénées ou en PoitouCharentes. Quelles sont donc les causes principales de mortalité ? En raison du nombre important de personnes âgées sur le sol aquitain, les maladies cardiovasculaires avec plus de 10 000 décès par an dans la région occupent la première place, suivies par les tumeurs et les cancers (8 000 morts environ). Viennent ensuite en 3 e position les traumatismes et empoisonnements (accidents domestiques, suicides, chutes, accidents de la circulation...), soit environ 2 300 morts. Globalement pour l’ensemble de

Un suivi médical nuancé suivant la catégorie socioprofessionnelle

ces pathologies, l’Aquitaine est en situation de sous-mortalité par rapport à la moyenne française. Mais quelques points noirs émergent. En effet, les décès par maladies cardio-vasculaires cérébrales sont supérieurs à la moyenne nationale et totalisent 2 500 décès par an. “ Ces maladies sont dues à la tension artérielle et à la consommation d’aliments,

Espérance de vie à la naissance en Aquitaine

1960-1961 1990 2002

Femmes

68 ans

74,8 ans

45,9 ans

49,5 ans

(67 ans en France) (72,9 ans en France)

(73,6 ans en France) (81,2 ans en France)

(72,9 ans en France)

(81,2 ans en France)

(75,8 ans en France)

(82,9 ans en France)

73,5 ans 76 ans

Crédit photo : © Inserm

1899-1901

Hommes

81 ans

83,2 ans

Source : Insee-France métropolitaine 2006

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Jeunesse : ivresses et déboires régionales

SIDA : 5e rang national

L’Aquitaine se place au 5e rang des régions les plus touchées par l’épidémie. Une cinquantaine de personnes décèdent du Sida chaque année dans la région. Près de 55 % des contaminés résident en Gironde et 22 % en Pyrénées-Atlantiques. Neuf malades sur dix sont des hommes. Particularité en Aquitaine : 31 % ont été contaminés par usage de drogue intraveineuse, soit un chiffre supérieur à la moyenne nationale qui est de 21, 5 %.

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Les plus de 65 ans représentent 19,3 % de la population Aquitaine

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La consommation d’alcool bat des records chez les jeunes Aquitains. Une étude réalisée par l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies, (enquête Escapade 2002/2003) est assez alarmante. L’Aquitaine occupe la 2e place des régions françaises, après la Bretagne, pour les ivresses régulières et la 6e pour l’usage régulier d’alcool chez les jeunes. On y note que depuis 2000, la consommation régulière d’alcool chez les jeunes filles a doublé. L’expérimentation et l’usage

Crédit photo : CRA/Patrick Somelet/Deepix

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de tabac, de problèmes de cholestérol… Soit on y porte moins d'attention dans la région, soit la prévention et la prise en charge sont moins bonnes ”, s’interroge André Ochoa. Autre constat négatif selon Martine ValadiéJeannel, médecin, inspecteur de la santé publique à la DRASS : “ Le nombre de cancers croît plus vite dans cette région que dans le reste de la France. Ce phénomène est dû sans doute à une plus grande consommation d’alcool et de tabac. Cela est particulièrement inquiétant chez les femmes dont le nombre de décès par cancer du poumon ne cesse d’augmenter en Aquitaine ”. Près de 2 000 Aquitains meurent en effet chaque année d’une pathologie directement liée à l’alcool. On compte 4 719 décès en Aquitaine liés à la consommation de tabac (2003). Les hommes sont davantage victimes mais depuis les années 70, les décès par cancers du poumon dans la population féminine ont été multipliés par trois.

du cannabis y apparaissent également plus importants que dans le reste de la France. Parmi les adolescents de 17 ans interrogés en Aquitaine, 6 garçons et 5 filles sur 10 déclarent avoir déjà consommé du cannabis au cours de leur vie. Alors que 52,9 % des jeunes de 17 ans dans toute la France déclarent avoir expérimenté le cannabis, ce taux s’élève à 56 % en Aquitaine.


L’Aquitaine n’a pas à se plaindre. Son nombre de médecins par habitant est au-dessus de la moyenne nationale. On compte 128 généralistes et 101 spécialistes pour 100 000 habitants contre 114 et 88 pour la France métropolitaine. Ces taux propulsent ainsi la région aux 5e et 6e rang des régions françaises. La raison en est simple : les médecins, en effet, s’installent davantage dans les régions du sud, dont l’Aquitaine, qui sont plus attractives. Sur le plan de l’hospitalisation complète, la région est également favorisée. Elle offre 8,1 lits pour 1000 habitants contre 7,8 pour la France métropolitaine. Le taux d’équipements sanitaires est proche

Moins de suicides en Aquitaine Recourir au suicide est un acte moins courant en Aquitaine que dans le reste de la France. Cette sous-mortalité s’observe notamment en Gironde et dans les PyrénéesAtlantiques. De plus, depuis le milieu des

Des disparités départementales

ces zones et des problèmes de recrutement se posent. La situation est similaire dans des établissements dits “ secondaires ”. Résultat : on assiste à une concentration de soins dans les grands centres villes au détriment des habitants des zones rurales. Dans les années à venir, cette tendance risque de s’accentuer. Avec l’augmentation de la population et son vieillissement, la demande de soins pourrait augmenter de 15 % d’ici 15 ans. Or, actuellement en Aquitaine un médecin sur 4 a plus de 55 ans et les départs à la retraite ne seront pas forcément remplacés. “ Dans dix ans, cela va devenir un casse-tête, notamment en ce qui concerne le nombre de généralistes dans les campagnes ”, indique Christian Egea de la DRASS.

Cependant même si la densité médicale est supérieure à la moyenne nationale, de fortes disparités géographiques se manifestent. Les zones rurales, les départements de la Dordogne et de Lot-et-Garonne sont moins bien dotés. Les médecins spécialistes, qui sont plus nombreux que les généralistes, sont surtout présents en Gironde et dans les Pyrénées-Atlantiques. Les endroits les plus affectés par le manque de présence médicale sont situés dans les lieux isolés où médecins et infirmiers sont surchargés de travail. Certains, préférant privilégier une qualité de vie et d’exercice, quittent

années 90, ce type de mortalité tend à baisser dans la région. Mais, ce sont tout de même, environ 500 personnes, par an, qui décident de mettre fin à leurs jours. Et, trois fois sur quatre, des hommes.

illustration : Source DRASS Aquitaine

Crédit photo : CRA/Burdin/Alain Benoît

Une offre de soins inégale pour une population vieillissante

du taux national pour les courts et moyens séjours. Au total, sur tout le territoire aquitain, on ne trouve pas moins de 192 hôpitaux publics ou privés. Situation moins favorable : l’Aquitaine est moins bien placée pour les soins de longue durée aux personnes âgées. On déplore également un manque de structures spécialisées pour la prise en charge des problèmes d’addiction. De plus, le nombre de places en hospitalisation complète diminue depuis plusieurs années sur un rythme d’environ 1,5 % par an. Mais cette tendance dénote une volonté de développer l’hospitalisation partielle, ambulatoire ou à domicile, qui a progressé de 5 à 6 % par an.

Les ravages des accidents de la circulation En Aquitaine, entre 1993 et 2003, le nombre d’accidents de la circulation a chuté de 40 % et celui des tués de 44 %. Il n’en demeure pas moins que le taux d'accidents meurtriers sur nos routes aquitaines est supérieur

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à la moyenne nationale. En 2003, 341 personnes en sont mortes, en majorité des hommes et des jeunes. On observe cette surmortalité notamment dans le Lot-et-Garonne et les Landes.

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Crédit photo : © Inserm

d’une offre de soins importante, consultent davantage que les ruraux ” analyse Marie-José Carlach, en charge du PRAPS, le Programme Régional d’Accès à la Prévention et aux soins pour l’Aquitaine*. “ Enfin, il est prouvé que plus on a un niveau social élevé, plus on prend soin de sa santé : on s’alimente mieux, on fait du sport…. Pour la population précaire, la santé n’est pas la priorité. Lorsque ces personnes consultent, c’est toujours dans l’urgence. De même, celles qui tombent dans la précarité perdent très rapidement les réflexes de se soigner. L’environnement social est donc très important ”.

En moyenne, les Aquitains se rendent 8 fois par an chez un médecin, spécialistes compris. Selon les chiffres 2003 de l’Urcam (Union régionale des Caisses d’Assurance Maladie), la consultation chez un médecin généraliste est, elle, d’environ 5,8 fois par an et par personne. Au total, on évalue entre 800 000 à 1 000 000 par mois le nombre de consultations de médecins généralistes dans toute l’Aquitaine. Un chiffre conséquent mais qui recèle des disparités suivant les âges, le lieu d’habitation ou le niveau socio-économique. “ Les jeunes de moins de 12 ans et les personnes âgées sont les plus grands consommateurs de soins. On voit aussi que les urbains, profitant

La CMU pour 6% des Aquitains

En Aquitaine, un peu plus de 12 % des habitants sont bénéficiaires des 5 minina sociaux existants et sont considérés comme vivant dans des

Marianne Peyri *Depuis 1998, la loi d’orientation de lutte contre les exclusions a conduit à la mise en place de programmes régionaux favorisant l’accès aux soins aux plus démunis.

Les inégalités devant la maladie

Plus de 45 000 professionnels

On comptait en 2004, 45 600 professionnels de santé en Aquitaine, exerçant à titre libéral ou comme salarié. La moitié occupent des emplois d’infirmiers et un peu moins d’un quart sont des médecins généralistes. Parmi les médecins, 2/3 sont des libéraux, soit un taux supérieur à la moyenne nationale.

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Crédit photo : © Inserm

Un comportement consommateur

conditions précaires. En outre, l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale constate une hausse de la pauvreté depuis 2002. L’instauration de la CMU, couverture maladie universelle, en 2000, permet de réduire les inégalités. Dans la région, 6 à 7 % de l’ensemble de la population bénéficie de la CMU de base. Le Lot-et-Garonne présente le pourcentage de bénéficiaires le plus élevé de la région (7,6 %) suivi de la Gironde (6,5 %). Selon Christian Egea de la DRASS “ environ 10 % de la population aquitaine n’aurait pas contracté d'assurance complémentaire santé, soit 300 000 personnes ”. Les soins dentaires seraient les premiers sacrifiés par la population dite “ précaire ”. D’après Richard Lamouroux, “ les obstacles économiques existent, mais c’est également une question de mentalité et de comportements au quotidien. D’où le rôle essentiel de l’information et de la prévention. Or, pour l’instant, 98 % des f i n a n c e m e n t s de l’assurance maladie partent vers le système de soins (hôpitaux, médecins…) : elle dépense environ 1 500 euros par aquitain et par an. Le budget de la prévention, lui, s'élève seulement à environ 1 euro par habitant et par an. Il semble désormais plus important d’investir dans ce dernier volet que de créer des hôpitaux ”.

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Les statistiques de l’Inserm sur les causes de décès prématurés, chez des hommes de 25-54 ans révèlent que les ouvriers-employés meurent davantage que les cadres supérieurs et professions libérales, d’alcoolisme (10 fois plus), de tumeurs (3,4 fois plus), de maladies cardio-vasculaires (2,8 fois plus), de morts violentes (2,8 fois plus) ou de maladies respiratoires (4,5 fois plus).

Sources - “ Le dossier Insee Aquitaine ”, N°54, édition 2005. - “ Atlas sanitaire et social (2003) ”, ORSA, DRASS, URCAM. - Diagnostic 2004 édité dans le cadre du Plan régional de Santé publique (PRSP). - “ Info Stat : les professions de santé en Aquitaine ”, n°84, juillet 2005, Drass Aquitaine - “ Info stat : Aquitaine santé et social ”, n° 72, octobre 2001, DRASS Aquitaine.


Crédit photos : Conseil régional d’Aquitaine/CRA

Une recherche qui répond aux attentes de la société Crédit photo : Conseil régional d’Aquitaine/CRA

L’Aquitaine peut légitimement mettre en avant son dynamisme en matière de recherche sur la santé. En marge de la recherche fondamentale – à laquelle elle participe activement – cette région se distingue par un engagement très important dans le domaine de la santé publique. Une spécialité au plus proche des préoccupations de la population, qui fait le lien entre santé et collectivité.

La santé publique est un très vaste champ d’étude qui concerne une multitude d’acteurs (médecins, pharmaciens, cliniciens, biologistes, éducateurs de santé, gestionnaires, politiciens, …). En Aquitaine, elle a même donné lieu à la création d’une structure originale : l’Institut de Santé Publique, d’Epidémiologie et de Développement (l’ISPED). Unique en France et reconnu au plan international, cet institut fait appel, pour constituer ses équipes, à des chercheurs d’horizons très différents : INSERM, CNRS, CHU, Universités. « De telles collaborations existent dans d’autres

régions, mais ici à Bordeaux, et plus généralement en Aquitaine, elles prennent une envergure peu fréquente, précise le Pr. Roger Salamon, directeur de recherche à l’INSERM et directeur adjoint de l’ISPED.

Observer pour comprendre et prévenir

Les recherches menées en santé publique s’intéressent particulièrement

aux problèmes qui perturbent sévèrement la vie de la société : cancer, vieillissement, obésité… Les épidémiologistes étudient les différents facteurs interagissant dans l’apparition de ces maladies ainsi que les caractéristiques de leur manifestation : fréquence, répartition, mode de transmission … « Souvent, les gens considèrent qu’il est absolument nécessaire d'avoir les yeux rivés sur un microscope ou de travailler sur des souris pour être un chercheur, explique le Pr. Salamon. Nous, nous observons des groupes d’individus, nous les 2006

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Crédit photo : © Inserm

Chercheurs et épidémiologistes travaillent en binôme pour interpréter leurs études

interrogeons pour décortiquer leurs habitudes et leurs caractéristiques. Nous n’en sommes pas moins des chercheurs ». Pour interpréter leurs observations et en tirer quelques conclusions, les épidémiologistes aquitains reçoivent l’aide des biostatisticiens de l’équipe INSERM E 338, dirigée par Daniel Commenges. « C’est même ce qui nous permet d’être crédible, ajoute le Pr. Salamon. Les modèles statistiques que nous élaborons sont très complexes car nous étudions de grands échantillons de population ». Grâce à cet “outil mathématique”, les chercheurs parviennent à déterminer l’importance relative des différents paramètres intervenant dans les phénomènes ou les pathologies qu’ils étudient. Une démarche indispensable pour proposer ensuite des mesures de prévention ou préconiser des prises en charges thérapeutiques adaptées. En Aquitaine, les chercheurs, dans le domaine de la santé publique, sont déjà engagés sur des voies de recherches récemment définies

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comme des axes majeurs par le gouvernement. Ainsi, dans le contexte politique actuel de déremboursement d’une partie des médicaments, une unité INSERM de l’Université Victor Segalen Bordeaux 2 mène depuis ces deux dernières années la plus grande étude française de pharmacoépidémiologie. Cette étude appelée CADEUS concerne l'évaluation de l’efficacité des anti-inflammatoires les plus répandus. Car si de grandes études sont menées, sur des populations ciblées et contrôlées par les laboratoires pharmaceutiques pour le lancement des médicaments, leur véritable bénéfice n’est jamais réévalué après leur mise sur le marché. Un peu comme si les équipements de sécurité d’une nouvelle voiture étaient testés sur un circuit, dans des conditions artificielles, mais pas sur la route, dans la réalité des dangers de la circulation. Grâce aux données de la CNAM (Caisse Nationale d'Assurance Maladie), qui enregistre toutes les prescriptions des médecins à leurs patients, les c h e r c h e u r s de l'Université

Bordeaux 2 ont déjà interrogé près de 47 000 personnes sur la façon dont elles consomment les médicaments concernés par l’étude. Ces données sont croisées avec les antécédents médicaux de chaque individu, obtenus auprès de leur médecin traitant. Le bon usage des médicaments est considéré comme un véritable problème de santé publique et d’autres études similaires devraient voir le jour pour permettre aux autorités sanitaires de se faire une idée précise de l’impact des traitements médicaux.

Vieillir, mais rester en bonne santé

Le vieillissement et l’alimentation, deux sujets d’études sur lesquels l’Aquitaine s’est montré précurseur, sont portés depuis peu au rang de priorité nationale (avec notamment la création du plan national nutrition santé, PNNS) Quoi de plus normal pour une


appel). De son côté, le versant “nutrition” de PAQUID a mis en évidence le rôle protecteur de la consommation régulière de poisson et de la consommation modérée de vin. Une hypothèse actuellement retenue par les chercheurs attribuerait cette propriété du vin au fort pouvoir anti-oxydant des polyphénols qu’il contient (les flavonoïdes). En parallèle à cet aspect “nutrition et vieillissement”, les chercheurs de l’ISPED apportent également leurs

Crédit photo : CRA/Burdin/Michel Geney

région reconnue pour sa gastronomie et dont la qualité de vie n’est plus à démontrer ! L’équipe "Epidémiologie et neuropsychologie du vieillissement" de l’unité INSERM 593 et de l’ISPED, dirigée par le Pr. Jean-François Dartigues suit, depuis 1988, plus de 4 100 personnes âgées de Gironde et de Dordogne. L’objectif de ce suivi baptisé PAQUID (Personnes Âgées QUID) est d’étudier le vieillissement cérébral et fonctionnel après 65 ans afin d’en distinguer les manifestations normales et pathologiques. Les chercheurs tentent d’identifier le profil des individus à haut risque de détérioration physique ou intellectuelle pour lesquels une action préventive serait possible. Ils essaient par exemple de mettre en évidence des relations entre le développement d’une démence sénile ou d’une maladie d’Alzheimer et le niveau d’activité sociale, la consommation de tabac ou de vin, l’indice de masse corporelle (corpulence), le taux de cholestérol dans le sang… L’analyse du suivi a déjà révélé que certaines activités sociales ou de loisirs telles que le jardinage, le bricolage et le voyage sont associées à un risque moindre de développer une démence, grâce à la démarche de planification qu’elles impliquent (à l’inverse de la lecture et des jeux de société qui n’y font pas

« C’est vrai que les chercheurs aquitains travaillent sur des problématiques assez opportunistes, reconnaît le Pr. Salamon. Ce n’est pas péjoratif de le dire et je pense même qu’on doit le revendiquer. En matière de santé publique notre démarche est justifiée : les thèmes de recherches sur lesquels nous travaillons répondent à une demande sociale, conclut-il, rien n’est plus important ! » Matthieu Tonneau.

compétences à l’institut de recherche en nutrition humaine en Aquitaine (l’IRNHA).

Aquitaine, terre de neurosciences

L’Institut des Neurosciences de Bordeaux (INB) place l’Aquitaine en 3ème position nationale dans cette discipline. C’est une région incontournable pour la recherche fondamentale. « Les mécanismes fondamentaux que nous étudions permettent de définir des stratégies thérapeutiques, précise le Pr. Bernard Bioulac, directeur de l’INB et directeur scientifique adjoint du Cnrs ». Pour répondre à des questions très précises, concernant notamment la motricité

ou les fonctions cognitives (les processus psychiques qui participent à la réalisation d’une action à partir de son intention) les chercheurs de l’INB ont la chance de pouvoir mener une partie de leurs recherches sur des primates. « On limite au maximum le recours à ces animaux, mais certains phénomènes restent impossibles à modéliser par informatique, confesse Bernard Bioulac ». En 1993, ce type d’expérimentation a permis aux chercheurs bordelais de proposer une

solution dans la maladie de Parkinson : la stimulation cérébrale profonde. Quand les traitements médicamenteux ne sont pas efficaces, c’est aujourd’hui encore la meilleure réponse à la dégénérescence des neurones dopaminergiques. Un chirurgien place des électrodes dans le cerveau du patient pour aller stimuler la zone où se trouvent ces neurones. « On commence même à transposer cette technique dans le traitement 2006

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d’autres maladies, explique le Pr. Bioulac. Deux patients aquitains souffrant de troubles obsessionnels compulsifs (TOC) en ont déjà profité avec succès ». Evidemment, selon les maladies à traiter, les structures cérébrales à stimuler ne sont jamais les mêmes. Les chercheurs de l’INB continuent donc d’approfondir leurs connaissances du fonctionnement des neurones et du cerveau, afin de mettre en place des stratégies thérapeutiques adaptées aux pathologies qui les concernent.

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Crédit photo : Matthieu Tonneau

La santé mentale des Aquitains La France présente un taux de psychiatres le plus élevé au monde (après la Suisse et les USA), avec 23 pour 100 000 habitants en 2 000. C’est toutefois à Paris qu’ils sont le plus présents avec 80 psychiatres pour 100 000 habitants. Ce chiffre est pourtant loin d’être satisfaisant, les spécialistes sont en sous-nombre et les listes d’attente pour un rendezvous sont très longues. En outre la démographie médicale laisse prévoir une diminution de 13 254 à 7 856 du nombre de psychiatres en France d’ici 2020. Qu’en est-il de l’Aquitaine ?

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C’est le drame survenu fin 2004 à l’hôpital psychiatrique de Pau, où deux soignantes ont été assassinées par un malade, qui a déclenché la mise en place du plan national de santé mentale au début de l’année 2005. Ce plan, déjà en préparation depuis quelques années, qui court sur la période 2005-2008, est fondé sur une approche globale de la santé mentale positive, qui recouvre l’épanouissement personnel, à la détresse psychologique réactionnelle, correspondant aux circonstances difficiles de la vie, aux troubles psychiatriques, classifiés au plan médical. En Aquitaine, l’Agence Régionale d’Hospitalisation, chargée de la déclinaison du plan national, a préconisé le retour à une vocation régionale de trois établissements spécialisés qui avaient jusqu’alors une vocation nationale*. Dans le but d’étendre les capacités de soins capables de prendre en charge les patients aquitains,

l’ARH a identifié 400 lits qui pourraient être libérés par des patients dont l’état de santé est stable, et qui sont maintenus à l’hôpital pour des raisons non médicales (difficultés sociales, manque de places en structures ambulatoires par exemple). C'est en Gironde et en Lot-etGaronne que sont nées les premières associations d’aide aux malades et aux familles, véritables interfaces avec le milieu médical, pouvant aller jusqu’à l’accueil de patients dans des familles. Ce modèle de structures est appelé à se développer dans toute la France d’ici 2008. Enfin, si l’Aquitaine est confrontée comme les autres régions françaises à un problème de recrutement, tant de médecins que d'infirmiers, la recherche y est très active, notamment en addictologie et en pharmacovigilance, grâce à la collaboration du CHU de Bordeaux, du CNRS et de l’INSERM. Philippe-Henri Martin * John Bost à La Force (24), le MontVert à Jurançon (64), Jean Sarreuil à Aire-sur-l’Adour (40)


Santé et environnement en Aquitaine

Crédit photo :CRA/Patrick Somelet/Deepix

La connaissance et la prise de conscience des impacts de l’environnement sur la santé se sont considérablement accrus ces dernières années. En Aquitaine, comme au plan national ou à l’échelon départemental, des médecins, des ingénieurs et des pharmaciens, mais aussi des scientifiques, et des sociologues, étudient et tentent de prévenir tous les dangers environnementaux pouvant toucher la population. Le champ d’action est vaste : qualité de l’air et de l’eau, habitat, environnement professionnel, gestion des déchets, bruit, alimentation… Ce sont les

services de la DRASS qui sont chargés d’animer la mise en œuvre en Aquitaine du Plan Régional Santé Environnement (PRSE), déclinaison locale du Plan national (PNSE). Ce programme courant sur la période 2004-2008 a été déclenché par des signaux inquiétants : le développement rapide des maladies allergiques, l'estimation à 30 000 du nombre de décès anticipés du fait de la pollution urbaine en France, les carences des périmètres de protection autour des ressources en eau potable, la croissance des problèmes de procréation rencontrés par les

couples qui pourraient être liés à l’exposition à des substances toxiques, le développement de cancers imputables à des facteurs environnementaux, et enfin la connaissance insuffisante de certains risques, notamment au plan local, due au manque de recherches et d’études. L’Aquitaine peut se targuer d’offrir un cadre de vie favorable, comme en atteste l'espérance de vie constatée. Les spécialistes soulignent aussi la qualité des ressources souterraines en eau potable dans la région. Pour autant, certaines données sont à surveiller. Les chiffres montrent par exemple que les décès accidentels par monoxyde de carbone, dus à des systèmes de chauffage défectueux, sont aussi nombreux qu’ailleurs en France, alors que la région est tempérée. Sur la communauté urbaine de Bordeaux, on détecte un excès d’asthme, sans que l’on sache encore l’expliquer. On observe également, malgré une assez bonne qualité de l'air, une progression du niveau d'ozone. La filière bois, importante en Aquitaine, est sous surveillance depuis que l’on connaît les effets cancérigènes de l a p o u s s i è r e de bois. D’une manière générale, tous les milieux professionnels sont étudiés : il n’existe pas de matières inertes notamment dans le bâtiment et l’ameublement et les sources de toxicité sont donc presque infinies. Sur le terrain des déchets hospitaliers, si la situation des établissements de soins est satisfaisante, un effort reste à faire sur les « déchets diffus », ceux qui sont générés par les soins à domicile. Signalons enfin que la DRASS évalue et valide les études d’impact sanitaire des grands travaux, comme la future ligne de TGV vers le sud, ou d'implantations industrielles et agricoles. Même les responsables des espaces verts urbains ont besoin de recommandations, pour éviter les essences allergènes, par exemple. En matière de santé liée à l'environnement, tout est question de risque, de sa mesure et de son acceptabilité. Philippe-Henri Martin

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Recherche

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CrĂŠdit photos : LCTS

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Crédit photo : CRPP

Le vaste monde des nanomatériaux

Bobine de fil de nanotubes produite au CRPP. Ce fil est plus tenace que le fil d’araignée. Il contient à l’échelle microscopique les minuscules particules produites par Arkéma.

Crédit photo : LCOO

Ils sont de très petites dimensions (1 millionième de mm) et peuvent s’intégrer presque partout et être très actifs

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nfiniment plus fins que des cheveux, légers et bon marché, les nanomatériaux sont indubitablement des matériaux d’avenir. Une grande partie est produite par la nature (os, argile, graminées, toile d’araignée…) et leurs propriétés souvent exceptionnelles inspirent bon nombre de chercheurs. Certaines caractéristiques ont été améliorées en raffinant leur structure en volume ou en surface, en incorporant des objets de taille nanométrique, les nano-objets d’à peine quelques centaines ou milliers d’atomes. Ces nano-objets permettent grâce à leur taille d’augmenter les surfaces d’échanges et la réactivité, ce qui offre des avantages en terme d’efficacité et de renfort. Les applications de ces nanomatériaux dans la vie quotidienne sont déjà

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Film mince de nanoparticules pour cellules photovoltaïques

nanophysique, nano-bio, nanotechnologie) animé par Jean Etourneau, regroupe de nombreux laboratoires spécialisés dans la conception, la synthèse et l’étude de nanomatériaux. Près de 200 chercheurs, ingénieurs et techniciens sont impliqués dans ce domaine dans la région. Chimistes, physiciens et biologistes travaillent depuis des décennies en symbiose dans cet univers, en partenariat avec une quarantaine de sociétés industrielles.

multiples (vitrocéramique, crèmes solaires…), ce qui représente pour de multiples secteurs économiques un potentiel important de développement. Ainsi de la santé à l’environnement, de la chimie à la cosmétique en passant par les technologies de la communication, ils envahissent notre monde. Dans le domaine de la santé par exemple, les recherches concernent la conception de biomatériaux pour la réalisation de prothèses parfaitement tolérées ainsi que le développement de matériaux susceptibles de traiter efficacement des maladies graves. Dans le domaine de l’énergie, ces nano-objets ont un intérêt majeur dans la réduction de l’émission de polluants.

L’équipe de Thierry Toupance s’applique à améliorer les propriétés des cellules solaires grâce à un film de nanoparticules. Celles-ci, de par leur taille, permettent de fixer une grande quantité du colorant essentiel à l'absorption du rayonnement solaire.

En Aquitaine, le pôle 4N (nanochimie,

L’équipe d'Etienne Duguet étudie

Des cellules solaires plus performantes

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Laboratoire de chimie organique et organométallique (LCOO).

Améliorer la circulation des oxydes de fer dans le corps humain

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des nanoparticules qui pourraient améliorer la circulation des oxydes de fer dans le corps humain.

pour la fabrication de vêtements de protection. Ils peuvent se déformer sous stimulation électrique et pourraient servir de muscles artificiels. Le groupe Arkema, installé sur le bassin de Lacq, produit chaque jour quelques kilogrammes de poudre de nanotubes. Mais, pour exploiter au maximum leurs propriétés, les nanotubes doivent être proprement orientés. Ces chercheurs proposent donc de les disperser dans de l’eau avant d’injecter le mélange dans une solution contenant une colle. Celle-ci provoque l’accumulation des nanotubes sous forme de fibres au coeur desquelles ils présentent une orientation préférentielle.

Institut de chimie de la matière condensée de Bordeaux (ICMCB).

›› Miniaturiser

les composants électroniques

L’équipe de Mario Maglione et Catherine Elissalde s’intéresse à un type particulier de nanomatériaux, les matériaux coeur-écorce. En entourant des coeurs ferroélectriques d’écorces de silice ou d’alumine, de dimensions respectives variables, ils espèrent pouvoir moduler à souhait les propriétés de ces nouveaux matériaux. De quoi miniaturiser encore les composants électroniques.

Centre de recherche Paul Pascal de Bordeaux (CRPP)

Produire en grande quantité des nanoparticules

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Synthétiser et mettre en forme de telles particules n’est pas tâche aisée et les chercheurs aquitains doivent déployer des trésors d'ingéniosité. L’équipe d’Etienne Duguet, en collaboration avec celle de Serge Ravaine au CRPP, a mis au point une solution originale de production en grande quantité de nanoparticules baptisées Janus. Elles portent deux fonctions chimiques opposées. Une originalité prometteuse dans des domaines aussi différents que l’affichage électronique ou la santé. La méthode du latex protecteur consiste à cacher une partie de la nanoparticule, le temps de greffer la propriété chimique voulue sur l’autre face. Une fois le latex retiré, une seconde propriété chimique peut être greffée à l’endroit laissé libre. Centre de recherche Paul Pascal de Bordeaux (CRPP)

Clichés de microscopie électronique à balayage re-colorisé d’une particule de morphologie de type hexopode, octopode, marguerite.

Crédit photo : S.Ravaine CRPP/ E.Duguet/ICMCB

Institut de chimie de la matière condensée de Bordeaux (ICMCB).

Les nanotubes de carbone, des matériaux très résistants qui pourraient servir de muscles artificiels

››

›› Deux nouvelles

voies de préparation des nanoparticules

Depuis peu, l’équipe de Monique Simonoff s’intéresse à deux nouvelles techniques de préparation des nanoparticules. La première, sur laquelle travaille Claire Sergeant, repose sur la biotransformation. Lorsque certaines bactéries sont mises en présence d’éléments radioactifs, elles ont le double avantage de décontaminer le milieu et de déclencher la précipitation de nanoparticules. La seconde, mise en oeuvre par Sergueï Nikitenko, s’appuie sur le déclenchement de réactions chimiques sous l’action d’ultrasons. Le CNAB est ainsi le premier laboratoire français à exploiter cette technique. Laboratoire de Chimie Nucléaire Analytique et Bioenvironnementale de Bordeaux.

Dans un autre domaine, Philippe Poulin et ses collègues du CRPP étudient les nanotubes de carbone. Ce sont les matériaux les plus tenaces que l’on puisse trouver sur Terre. Ils pourraient être utilisés 2006

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Crédit photo : pôle 4 N

Crédit photo : LCOO

Crédit photo : Cenbg

Des nanotubes de carbone, des nanoparticules photographiés en microscopie électronique.

›› Des instruments

Crédit photos : pôle 4 N

de pointe pour pouvoir un jour copier le vivant

Pour faire la lumière sur les propriétés des nanoparticules produites par différentes méthodes, les chercheurs aquitains disposent d’instruments de pointe. Au CPMOH, l’équipe de Fabrice Vallée utilise des lasers femtosecondes. Grâce aux impulsions extrêmement courtes délivrées par ces derniers, ils parviennent à préciser les propriétés d’ensembles de nanoparticules et même depuis peu de nanoparticules isolées. Une autre équipe cherche à mettre au point des capteurs nanométriques. « Palper un objet apporte des informations auxquelles on n’a pas

Nanotechnologie

Ensemble des techniques visant à fabriquer, assembler des matériaux ou des objets à l’échelle du nanomètre (entre 1 nanomètre, soit un milliardième de mètre, et 100 nanomètres). Il s’agit donc de manipuler directement des molécules et des atomes qui évoluent à cette nanoéchelle dans le royaume de la physique quantique. Les attractions entre les atomes sont supérieures à la gravité et de nouvelles propriétés biologiques, chimiques et physiques apparaissent.

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Nanomatériau

C’est un matériau dont la taille est de l’ordre du nanomètre, soit un milliardième de mètre. Cette taille lui confère des propriétés particulières, une force extraordinaire, une tolérance à une très forte température, une réactivité chimique et une conductivité électrique…

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accès lorsqu’on le regarde. Pour bien sentir ses caractéristiques, il faut le toucher avec quelque chose du même ordre de grandeur, explique Jean-Pierre Aimé. Toute la difficulté pour nous est de contrôler très précisément l’usinage des pointes de nos nanocapteurs ». Que ce soit en gravant ou en étirant des pointes déjà très fines, ou en y greffant des nanotubes de carbone, les chercheurs espèrent trouver le moyen de « réaliser des instruments capables de comprendre notamment le fonctionnement intime de la formidable machine qu’est le vivant dans l’espoir un jour de pouvoir la copier. » Centre de physique moléculaire optique et hertzienne (CPMOH)

Nathalie Mayer

Nanotube de carbone

Il offre une structure cristalline particulière, de forme tubulaire creuse, composée d’atomes disposés régulièrement en pentagones, hexagones… Il a une taille de l’ordre du nanomètre et a été observé pour la première fois en 1991 par Sumio Iijima, un chercheur japonais. Il appartient à la famille des nanoparticules, comme les objets de taille comparable de structure sphérique.

Laser femtoseconde

Inventé au début des années 80 et commercialisé dès 1990, il se caractérise par des impulsions extrêmement brèves, de l’ordre de la femtoseconde, soit 10-15 seconde. Cette courte durée d’impulsion permet d’éviter les effets thermiques. Le rayon laser très bref, ne fait pas bouger les atomes mais arrache les électrons des atomes (ionisation), formant ainsi des ions qui vont créer un plasma froid.


Crédit photos : studio Pons/ Safran/LCTS

Observation en microscopie électronique à balayage

Caractérisation thermique de fibres de carbone à haute température

Test mécanique à 2200 °C sur composite thermostructural

Des matériaux composites d’avenir «

Un composite, c’est l’association au sein d’un même matériau de deux constituants de base. Une armature de nature fibreuse et autour, une matrice qui assure la cohésion du matériau. Les qualités de chaque élément se retrouvent alors dans le composite », explique Gérard Vignoles qui étudie des matériaux dits carbonecarbone au Laboratoire des Composites ThermoStructuraux (LCTS) à Pessac. A la fois légers et résistants à haute température, ils sont principalement utilisés pour des applications aéronautiques et militaires. Contrairement aux matériaux traditionnels, les composites sont spécialement conçus pour satisfaire à une fonction précise. Il y a quelques

Des matériaux composites, les hommes en utilisent depuis la nuit des temps. Qu’ils soient naturels comme le bois, ou artificiels comme le béton armé, ils ont la particularité d’être plus performants que les différents matériaux qui les constituent. Au cours du dernier quart du XXe siècle, ils ont fait l’objet de toutes les attentions. En Aquitaine, la recherche se concentre sur les procédés de fabrication et la réduction des coûts.

années, lorsque Thomson (Thalès) frappe à la porte de l’ICMCB (Institut de chimie de la matière condensée de Bordeaux), les supports de circuits imprimés ne sont plus assez performants pour les applications de l’électronique de puissance. Pour éviter la détérioration des puces, il faut trouver un matériau présentant de meilleures propriétés thermiques. La solution viendra des matériaux composites cuivre-carbone développés par Jean-François Silvain. Et, cerise sur le gâteau, ces supports sont usinables avec des outils traditionnels. Un avantage de taille face à la concurrence pour la SAS Thermidrain créée en février 2005 dans le but de les fabriquer et de les commercialiser.

Mais, tout n’est pas rose dans le monde des composites. Dans Le pot de terre et le pot de fer, Jean de la Fontaine mettait en garde. « Ne nous associons qu'avec nos égaux ou bien il nous faudra craindre le destin d'un de ces pots. » A l’Université Bordeaux 1, Yann Le Petitcorps cherche à déjouer ce destin car « associer des matériaux aussi différents que le sont les métaux et les céramiques est certes complexe mais aussi très enrichissant ». Une solution est d’inclure une interface pour assurer la compatibilité fibrematrice. D’autres solutions contribuent à mettre au point de nouveaux procédés de mise en oeuvre. C’est le cas de Jean-Michel 2006

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Crédit photo : Thermidrain

Crédit photos : LCTS

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Quenisset et de ses collègues chercheurs de l’ICMCB et du LGM2B (Laboratoire de génie mécanique et matériaux de Bordeaux) concernant une nouvelle méthode développée par la SNECMA. Elle consiste à faire passer un fil de carbure de silicium dans une goutte de titane fondu en lévitation. Le fil de céramique est ainsi recouvert de métal par un procédé peu coûteux et peut être envisagé comme renfort de pièces de moteurs d’avions. Les matériaux composites hautes performances ont un coût parfois élevé lié à la conception et aux techniques de production. Alors que le titane coûte environ 60 € le kilo, ces composites valent entre 150 et 10 000 € au kilo. « Pour l’heure, nos matériaux servent surtout à des applications de pointe. Le défi des années à venir est de maîtriser la science des composites et les procédés de fabrication, explique Gérard Vignoles. Cela nous permettra de diminuer les prix et ouvrira alors de nouveaux marchés dans des domaines de la vie courante ».

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Crédit photo : studio Pons/Safran/LCTS

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Surface de fractures de matériaux composites Les drains thermiques sont des matériaux composites aux propriétés thermiques performantes Test de tenue à la corrosion sous haute pression

Nathalie Mayer

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Crédit photos : Inserm U 577

Les biomatériaux bien implantés en Aquitaine Cellules ostéoprogénitrices humaines cultivées 72 heures sur un biomatériau (titane – hydroxyopatite)

Ils remplacent ou réparent nos os, nos vaisseaux, nos cristallins... Ce sont les biomatériaux, ces matériaux implantés dans le corps humain qui ont révolutionné la prise en charge des patients.

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epuis la seconde moitié du XXe siècle, les biomatériaux ont conquis peu à peu leurs lettres de noblesse. Quoique l’intrusion dans le corps de matériaux tels qu’alliages métalliques, polymères, corail ou titane puisse sembler étrange, preuve est faite qu’ils nous améliorent la vie. Par exemple, chaque année en France, près 100 000 personnes bénéficient d'une implantation de prothèse de hanche composée d’alliages métalliques. Les opérations de la cataracte consistant à remplacer le cristallin de l’oeil par un polymère se multiplient ainsi que celles utilisant d'autres polymères pour le remplacement de vaisseaux. “ Les biomatériaux sont une avancée significative. Ils permettent notamment de pallier les limites de la greffe d’organes humains, domaine dans lequel la demande est supérieure à l’offre ” constate

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Laurence Bordenave, à la tête de l’Unité de Recherche mixte Inserm U577 / Université Victor Segalen Bordeaux 2. Ce laboratoire spécialisé dans les biomatériaux appliqués à la reconstruction osseuse et des vaisseaux reflète le dynamisme de la recherche aquitaine dans ce domaine. Lors de sa création en 1981, il a fait figure de pionnier dans l’utilisation d’outils et de modèles pour évaluer la biocompatibilité entre matériaux et tissus biologiques. “ Depuis, l'évolution des recherches permet de parler non seulement de biomatériaux mais aussi d’ingénierie tissulaire. Cela consiste à créer des biomatériaux hybrides associés à des matrices et à des cellules autologues, provenant du receveur lui-même. La surface des biomatériaux peut être modifiée à l'échelle nanométrique afin de les

rendre plus compatibles avec les tissus biologiques. Quant aux cellules autologues, on les amplifie in vitro et on les associe au biomatériau ”, explique Laurence Bordenave. Par exemple, il est actuellement possible d'implanter des tubes en téflon pour remplacer de petites artères, tubes dont la face interne a été colonisée in vitro par ces cellules. Ceci évite la coagulation du sang au contact du corps étranger représenté par les prothèses. Ces matériaux, pleins de promesses pour améliorer notre santé, créent une véritable émulation chez les chercheurs. Au CIT, Centre d’Innovations Technologiques Biomatériaux du Centre Hospitalier Universitaire de Bordeaux, des programmes associant médecins, chercheurs et industriels, travaillent sur des applications dans des domaines aussi variés que


Les billes de corail sont visualisées par un point. Elles sont réparties dans le col du fémur fracturé.

Crédit photos : ICMCB

Les billes de corail ne sont plus visibles et ont permis la reconstruction des parois et de l’intérieur du fémur fracturé (après 5 années).

l'orthopédie, l'urologie, l'odontologie… Le Laboratoire d’Evaluation des Matériels implantables de Martillac (LEMI) est l’un des grands laboratoires français de test sur cultures cellulaires. Il a récemment contribué au développement d’un implant dentaire en polymère. Les partenariats foisonnent entre les universités Bordeaux 1 et Victor Segalen Bordeaux 2, l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale), le CNRS, le CHU, l'Ecole Nationale Supérieure de Chimie Physique de Bordeaux,

l’Etablissement Français du Sang... “ Ce qui est exceptionnel, c’est l'existence d'un réseau pluridisciplinaire disposant de nombreuses compétences régionales ”, analyse Laurence Bordenave. “ On trouve en Aquitaine toutes les étapes allant de la conception des biomatériaux à leur modification par différents traitements de surface jusqu'à l’évaluation de leurs performances par des travaux cliniques effectués au sein du CIC, Centre d’Investigation Clinique, en passant par la validation du

concept ”. Enfin, le dispositif va être complété par l'ouverture prochaine de la plate-forme Xavier-Arnozan. Ce pôle de valorisation de la recherche, financé dans le cadre du contrat de plan Etat/Région, sera dédié à l'innovation biomédicale et au transfert technologique dans différents domaines dont celui des biomatériaux. Marianne Peyri

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Caractérisation thermique de fibres de carbone à haute température

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Crédit photo : studio Pons/safran/LCTS

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Test de friction sur tribomètre Installation centralisée de boucle de refroidissement de fours de laboratoire Essai d’indentation sur matériau composite de friction


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Fibres de carbone à haute température

es matériaux composites gagnent sans cesse en performance. Désormais, l’utilisation du bore permet une autoréparation instantanée des fissures.

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Les arrière-corps de moteurs d’avions, les tuyères de fusées, les disques de frein dans l’aéronautique sont soumis à de telles températures et contraintes que les matériaux qui les constituent doivent être extrêmement résistants. Depuis 1988, le LCTS, Laboratoire des Composites Thermostructuraux de Pessac, axe ses recherches sur des matériaux composites, essentiellement constitués de matrices ou fibres de carbone et de carbure de silicium, qui résistent à des températures allant jusqu’à 2 500°C. Les premiers travaux concernaient les structures thermiques pour la navette spatiale européenne Hermès et l’objectif majeur était déjà de contrer la fissuration. “ La première astuce a été de mettre des interfaces autour de la fibre. La fissure rencontre cette interface et change de direction, évitant ainsi de casser la fibre ”, explique Gil Hostein, administrateur du LCTS et également salarié de SPS, Snecma Propulsion

Crédit photos : studio Pons/Safran/LCTS

Un matériau qui s’auto-cicatrise

Solide, entreprise basée au Haillan, spécialisée dans la motorisation des missiles stratégiques et des boosters d’Ariane 5. Une autre découverte a ensuite fait date au LCTS : “ Dans un environnement très chaud et à l’air libre, lorsqu’une fissure se produit, le carbone peut s’oxyder et les fibres risquent de se rompre. Notre idée a été de mettre en place des interfaces constituées d’un composant chimique boré du type des fondants utilisés dans l’industrie du verre. Sous l’effet de l’oxydation, le bore devient une sorte de verre visqueux qui remplit et obture la fissure. Le matériau la « cicatrise ». Depuis cette découverte, la recherche ne cesse de s’affiner et les premières applications de ces matériaux composites ont été concrétisées, il y a déjà quatre ans, sur le Rafale et des moteurs d’avions américains avec comme résultat des structures plus solides, des avions aux moteurs plus performants, moins polluants et moins bruyants. Selon Gil Hostein, “cette technique, déjà intégrée sur le site du Haillan, devrait sans nul doute être appliquée aux avions civils d’ici 10 ans ”. Marianne Peyri

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Crédit photo : ICMCB

Quand le corail renforce nos os…

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ans la catégorie biomatériau, on trouve le Corail. La société Biocoral, pionnière en matière de recherche et de commercialisation du corail naturel en tant que substitut osseux provenant du lagon de Nouvelle Calédonie en collaboration avec des chercheurs Aquitains a développé un procédé pour le purifier afin de mieux l’intégrer au corps humain. Pour pallier les déficiences osseuses, des scientifiques eurent l’idée de réparer nos os en y implantant du corail. Oui, il s’agissait bien d’utiliser l'exosquelette élaboré par cet animal microscopique des mers chaudes. Cet exosquelette calcaire, cumulé avec celui de ses congénères, forme un récif corallien. A l’oeil nu, on peut voir que le corail a une texture poreuse qui ressemble à celle de l’os. Sa composition de plus de 98% de carbonate de calcium convenait également puisque le corps a besoin de calcium. Mais outre ces qualités, le corail possède une particularité étonnante. Il est résorbé par certaines cellules osseuses : les ostéoclastes et remplacé par de l’os nouveau élaboré par d’autres cellules osseuses ; les ostéoblastes, autrement dit, le corail s’auto-dissout et par un procédé chimique des

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cellules osseuses, celles-ci favorisent la régénération de l’os. En quelque sorte, une fois implanté dans l’os, sous forme de granules ou de petites billes, le corail disparaît et l’os, néo-formé, prend sa place. « Les premières implantations de corail ont eu lieu dans les années 70 avec succès mais il a été souhaité d’éliminer la très faible quantité de la matrice protéique sous forme d’acides aminés (inférieure au 0,026 % pour l’espèce du corail Porites et 0,016 % pour l’espèce du corail Acropora) afin de le rendre totalement minéral » explique Yann Le Petitcorps, Professeur à l’Université Bordeaux 1. Ce dernier, fut ainsi sollicité en 2000 par un orthopédiste du CHU de Bordeaux, Vincent Souillac, désireux de mener une thèse sur l’utilisation du corail comme substitut osseux, une étude à la frontière entre la chimie minérale et le biomédical. A cette recherche furent associés le Dr Fricain, chercheur à l’Inserm, la société Biocoral, et le Laboratoire Départemental d’Analyses et de Recherches de la Dordogne pour l’analyse chimique minérale et organique du corail. Après plusieurs essais, un procédé efficace fut trouvé : « Pour purifier le corail, on a utilisé de l’alcool dans des conditions supercritiques c’est-à-dire

en le faisant chauffer à haute température et sous très haute pression (de l’ordre de 4 000 bars soit environ 4 000 fois la pression atmosphérique). Ainsi, l’éthanol tout en gardant son pouvoir solvant, a été maintenu dans un état physique qui lui permettait de pénétrer au coeur de la matière du corail, à une échelle nanométrique et d’extraire les acides aminés ». Purifié à 100% grâce à ce nouveau procédé, le corail est devenu ainsi le seul substitut osseux entièrement minéral confirmant ainsi sa compatibilité avec l’organisme humain. Marianne Peyri

Texture du corail. La matrice protéique se trouve localisée aux joints de grains d’aragonite (Micrographies ICMCB).


Crédit photos : SNPE

Crash test

Blocs de propergol pour générateur de gaz

Du gaz de fusée dans les airbags Lorsque l’airbag d’une voiture se gonfle le temps d’un clignement d’oeil, on le doit à un matériau nouvelle génération : le propergol.

1990. SME, spécialiste des matériaux énergétiques s’est associée avec le Groupe Autoliv, leader mondial en sécurité automobile.

Depuis dix ans, l’établissement de St-Médard-en-Jalles de SNPE Matériaux Energétiques (SME), abrite une activité insolite. Près de 80 personnes s’activent dans une usine ultra-moderne pour produire des millions de blocs de propergol.

Les équipes de SME se sont donc mis à l’ouvrage pour utiliser le formidable potentiel de ces matériaux, tout en relevant le défi essentiel de maîtriser les gaz de combustion du propergol pour s’adapter aux exigences de la sécurité automobile et ainsi gonfler les coussins de sécurité (domaine d’emploi, caractéristiques des gaz émis). Pour répondre à ce cahier des charges, un procédé de production en continu a vu le jour et a été implanté par SME à St Médard en Jalles. Ainsi, les matières premières

Depuis la fin des années 60, les propergols sont utilisés pour la propulsion des missiles et des lanceurs spatiaux dont la fusée Ariane. C’est dire ! Mais la possibilité de nouveaux développements dans le civil ne s’est présentée qu’en

Airbag

Le capteur de choc envoie un signal électrique à un initiateur qui allume le bloc de propergol. En se consumant, celui-ci peut

générer entre 60 et 120 litres de gaz qui permet de gonfler l’airbag en quelque dixième de seconde.

sont introduites, mélangées, transformées dans une machine, une « extrudeuse bi-vis », prenant la consistance d’une pâte solide, qui sera extrudée au travers d’une filière à la géométrie recherchée, puis découpée en blocs. Un procédé continu, compétitif et sécuritaire qui permet à SME de fabriquer chaque année 35 millions de ces blocs. Aujourd’hui, la production de propergol bat son plein : St-Médard équipe jusqu’à 50 % du marché européen et 20 % du marché mondial. Marianne Peyri

Blocs de propergol Le propergol, le matériau énergétique permettant la génération contrôlée de gaz, est mis en forme pour constituer un bloc généralement 2006

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cylindrique, comportant des perforations. Lors de la combustion, le bloc libère les gaz qui vont assurer le gonflement de l’airbag.

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Crédit photo : HOO

HOO, pour un traitement écologique des déchets

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Pour l'heure, nous faisons encore figure de novice sur le marché du traitement des déchets dangereux. Il est bien difficile de se faire une place dans ce monde là », raconte Manuel Bottreau, ingénieur procédés et gérant de la société HOO depuis juin 2001. Pourtant, le procédé développé au sein de l' ICMCB par l'équipe de François Cansell a de quoi séduire. Au coeur d'un réacteur, le déchet contenant de l'eau est soumis à une pression de 250 bars et porté à une température de plus de 374°C. A partir de cette température, l’eau passe à l'état supercritique dans lequel gaz et liquide sont indiscernables. Ce milieu possédant des propriétés remarquables de réactivité, les déchets organiques qui y sont introduits, sont détruits à plus de 99 % par oxydation sans formation de produits toxiques.

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Après sept années d'études au sein de l'ICMCB et la réalisation d'un prototype de laboratoire d'une capacité de traitement d'un kilo par heure, la société HOO voit le jour en mai 2000. Si les brevets sur le coeur du réacteur restent la propriété du CNRS, HOO possède toutefois un contrat de licence exclusive qui lui assure le monopole de l'exploitation du procédé. En septembre 2002, elle devient ainsi la première société française à vendre une unité de traitement d'effluents par oxydation hydrothermale. Installée initialement sur le site de CITBA (partenaire fabricant de la machine) à Arthezde-Béarn (64), cette unité industrielle permet de réaliser des essais de faisabilité en fonctionnement continu. Elle traite 100 litres de déchets organiques par heure. Aujourd'hui, cette unité installée sur le site de

100 litres de déchets organiques sont traités par heure

CELANESE basé à Pardies (64) est exploitée par l’APESA* pour procéder à des essais sur des déchets réels. «Nous assistons le pilotage des essais mais nous recherchons surtout des clients. C'est d'autant plus difficile que le coût de ces unités peut atteindre plusieurs millions d'euros et que notre société n'a pas encore acquis une crédibilité satisfaisante auprès des industriels », conclut Manuel Bottreau. Nathalie Mayer (*)

Centre Technologique en Environnement et Maîtrise des Risques, L'APESA est une association "loi 1901" créée en 1995. Sa dénomination complète est Association Pour l'Environnement et la Sécurité en Aquitaine.


Le Théâtre de la Science Un colloque Des conférences Un cycle cinéma-débats ouverts à tous Chaque année un nouveau thème

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05 2004 / 20

Chaque année vous pouvez échanger, discuter avec nos invités Boris Cyrulnik • Philippe Brenot • Dominique Dallay • Anne-Laure Sutter • Marcel Rufo • Michel Suffran • Philippe Greig • Claire Meljac • Pascal Acot • Hervé Le treut • Bernard Conte • Pierre-Henri Gouyon • Simon Charbonneau • JeanFrançois Narbonne • André Cicollela • Rodolphe Bocquet • Roger Cans • JeanMarie Pelt • Michel Lamy • Christophe André • Patrick Baudry • Gérard Mermet • Claude Lacour • Michel Minard • Patrick Rodel • Patrick Chastenet • Alain Brun • Jean Tignol • Paul Coudray • Joël Zaffran • Pier-Vincenzo Piazza

06 2005 / 20 Tout le programme sur le site de Cap Sciences pour vous abonner ou pour vous informer


REFERENCES

Au cours de l’année, nous avons été sensibles à quelques publications, soit pour la transmission d’une recherche réalisée en Aquitaine, soit pour le regard scientifique porté sur l’Aquitaine ou tout simplement pour leurs auteurs aquitains.

A CONSULTER

LIVRES

LIVRES

A CONSULTER

REFERENCES AQUITAINES Auteurs, sujets, éditeurs, des publications choisies

landais, de l’Etche basque, de la maison soultine, de la maison béarnaise et bigourdane et des villas du bord de mer.

A bas le savoir ! Didier Nordon, Atalante, 2005 L’auteur étudie les revers que l’explosion du savoir nous inflige. L’homme prête à tort au savoir des vertus libératrices et refuse de voir ses aspects aliénants : problèmes éthiques, course au savoir, spécialistes obsédés par la compétition qui ne s’interroge pas sur le sens ou le rôle social de leur domaine. Didier Nordon enseigne les mathématiques à l’université Bordeaux 1.

L’âme des maisons du SudOuest Marie Le Gouaziou, Isabelle Trotta, Ouest-France, 2005 Les Landes, le Béarn, le Bigorre et le Pays basque, quatre régions où les hommes ont construit des maisons étonnantes particulièrement adaptées aux conditions de vie et au travail quotidien. Un ouvrage qui décrit avec précision l’architecture de l’airial

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L’homme allongé : hôpital=silence Claude Llabres, Aubéron, 2005 Claude Llabres témoigne de son expérience de l’hôpital , du système de soin français et de ses relations avec le personnel de santé. Hospitalisé à plusieurs reprises pour des problèmes cardiaques et un cancer, il raconte ses souffrances physiques et morales et bâtit un plaidoyer pour une médecine qui soignerait les êtres humains avant les maladies. L’université des professeurs : l’immobilisme en mouvement Michel Lamy , Punctum, 2005 Dans cette autobiographie, l’auteur, biologiste, professeur d’écologie humaine à l’Université Bordeaux 1, présente les coulisses de l’université française qu’il a cotoyée pendant 40 ans . Complexité administrative, réformes lentes ou inappliquées, enjeux de carrière ou politiques, c’est le récit décapant d’un demisiècle de vaines tentatives, de droite comme de gauche, pour redonner à l’Université un nouvel élan et un vrai prestige.

Les plus beaux oiseaux de France Claude Feigné, Sud-Ouest Editions, 2005 La France est l’unique pays d’Europe à profiter de l’influence de 4 régions bioclimatiques et son territoire se situe au carrefour de couloirs de migration parmi les plus importants de la planète. 510 espèces d’oiseaux sauvages y ont été identifiées depuis le XIXe siècle. Une trentaine d’espèces sont évoquées en images et en récits dans cet ouvrage accessible aux plus jeunes.

Qui sont vraiment nos lointains ancêtres ? Bruno Maureille, Pascal Murail, Editions Le Pommier, 2005 De quels indices la paléoanthropologie et la génétique des populations disposent-elles pour répondre à cette question ? Qu’est-ce qui distinguait les premiers hommes modernes, les homo sapiens, des autres hommes préhistoriques ? Et quelles relations entretenaient-ils avec ces derniers ? Paléoanthropologues, Bruno Maureille et Pascal Murail sont chercheurs à l’Université Bordeaux1. Ouvrage accessible aux plus jeunes.


La photosynthèse du chat ou l’Ecologie expliquée à ma fille Michel Lamy, Le Pommier, 2004 Le trou dans la couche d’ozone et le réchauffement du climat sont-ils réels ? Voit-on de plus en plus d’espèces disparaître ? Que font les gouvernants de la planète ? Et moi que dois-je faire ? C’est à ces questions posées par sa fille que le biologiste a décidé de répondre en termes simples. Ouvrage accessible aux plus jeunes. Le professeur Bouc Théories d’un irascible Jean-Luc Coudray, éditions l’Arbre Vengeur, 2005 Au travers d’un personnage « Le professeur Bouc », universitaire dissident et de mauvaise humeur, ce livre propose des théories humoristiques mais parfaitement logiques sur des thèmes scientifiques comme l’astronomie ou l’évolution de la vie qui remettent en cause le savoir établi.

Océans, vagues, spots Antony « Yep » Colas, Atlantica, 2005 L’océanographie est une vaste science et vous trouverez dans cet ouvrage ses grandes lignes concernant les vents, les perturbations, les vagues, les côtes, les marées… Dans le genre FAQ (Foire Aux Questions) des sites web, les informations sont présentées sous forme de questionsréponses, toujours illustrées par des schémas et des photos.

Bordeaux, la conquête de la modernité : architecture et urbanisme à Bordeaux et dans l’agglomération de 1920 à 2005 Robert Coustet, Marc Saboya, Mollat, 2005 Robert Coustet, spécialiste de l’art bordelais des XIXe et XXe siècles et Marc Saboya, historien de l’art, poursuivent dans cet ouvrage leurs investigations architecturales. Ce livre fait en effet suite à « Bordeaux, le temps de l’histoire » et à « Bordeaux à l’âge classique ». Il donne une vue d’ensemble de l’architecture bordelaise de 1920 à nos jours et s’organise en 3 parties : l’entre-deux-guerres entre nostalgie et modernité, les Trente Glorieuses déployant la ville vers la périphérie et le dernier quart du siècle avec le retour à l’urbain.

de France unique où vins et truffes se conjuguent parfaitement. A chaque étape, l’auteur rencontre des restaurateurs, des producteurs de vins et de truffes, des hommes et des femmes qui ont pour point commun l’amour du diamant noir et du vin. Des recettes concoctées par des chefs ou des trufficoteurs terminent chaque étape. Titulaire d’une maîtrise d’histoire, Denis Hervier se passionne depuis toujours pour la gastronomie et le vin.

Eloge de la maturité : la belle saison de la vie des femmes Annie Hubert, Aubanel, 2005 S’appuyant sur les enseignements tirés de sa propre vie et de sa connaissance de pratiques culturelles différentes, Annie Hubert explore avec finesse les questionnements multiples que pose l’entrée dans l’âge mûr. Un récit serein et généreux dans lequel chaque femme trouvera ses propres clés. Annie Hubert est anthropologue, directrice de recherche au CNRS et directrice adjoint du laboratoire « Société, santé et développement » à l’Université Bordeaux 2.

Le livre du cèpe Patrick Rödel, Confluences, 2005 Après un éloge de la cueillette et une promenade scientifique dans la grande famille des bolets, découverte de Boletus edulis et de ses cousins. Puis délectation avec un chapitre sur la cuisine et une anthologie littéraire. Patrick Rödel est philosophe à l’Université Bordeaux 2 Violences invisibles : corps, monde urbain, singularité Patrick Baudry, Editions du Passant, 2004 Si l’on réduit la violence à des faits, on peut se contenter de décrire des actes, on ne retient alors que ses manifestations spectaculaires et désignées comme telles. Mais si l’on critique la construction de la violence comme « problème », l’évidence selon laquelle il faudrait « lutter » contre elle, ou plus encore l’idée qu’elle devrait être « éradiquée », c’est la globalité d’une société qu’il s’agit d’analyser. Ce livre met en débat les ambiguïtés de la société dans laquelle nous vivons. Patrick Baudry est Professeur de sociologie à l’Université Michel de Montaigne Bordeaux 3.

Le vin et la truffe. Itinéraires d’un trufficoteur impénitent Denis Hervier, Editions Féret, 2005 Cet ouvrage est un tour 2006

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REFERENCES 107


PUBLICATIONS SCIENTIFIQUES

PUBLICATIONS SCIENTIFIQUES

Karstologia Mémoires n°14 Jean-Noël Salomon, Marian Pulina Les karsts des régions climatiques extrêmes , PUB, 2005 Par les karsts des « Pays extrêmes », on entend là ceux qui ont des caractéristiques climatiques particulières, froid intense, pluviosité abondante ou au contraire sècheresse drastique. Les travaux sur ce sujet sont rares, pourtant dans ces « Pays extrêmes », les karsts sont aussi présents .

Karstologia Mémoires n°13 Frédéric Hoffmann Les tufs et travertins en Périgord-Quercy, PUB, 2005 Cet ouvrage aborde l’étude des travertins, dépôts carbonatés d’origine karstique en PérigordQuercy et qui se sont révélés être de remarquables enregistreurs environnementaux.

L’environnement de la terre primitive (2ème édition) Didier Despois, Muriel Gargaud, Jean-Paul Parisot, PUB, 2005 Ce livre original et unique en son genre est le premier d’une série consacrée à l’origine de la vie sur Terre et dans l’univers. Il

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met pour la première fois à la disposition des scientifiques et d’un public cultivé une reconstitution des conditions d’apparition de la vie sur Terre il y a plus de 3,5 milliards d’années.

Territoires musicaux en régions. L’émergence des musiques amplifiées en Aquitaine Yves Raibaud, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, 2005 Les musiques amplifiées sont-elles liées à la jeunesse ? Participentelles à l’irruption des musiques du monde? Pour répondre, l’ouvrage décrit l’émergence des musiques amplifiées en Aquitaine dans un paysage déjà fortement investi par d’autres pratiques musicales.

Gouverner la ville : les voies urbaines de la démocratie moderne Thierry Oblet, PUF, 2005 Ce livre se fonde sur une analyse historique, du XIXe siècle à nos jours, des pratiques adoptées pour « gouverner la ville ». L’auteur, sociologue à l’Université Bordeaux 3, souligne les limites de nos conceptions républicaines du lien social et l’urgence d’inventer à l’heure de la mondialisation des procédures politiques à la hauteur de la démocratisation des moeurs.

La peinture dans le texte XVIIIe-XXe siècles Bernard Vouilloux, CNRS EDITIONS, 2005 Comment celui qui regarde un tableau en parle-t-il ? Que peut-il communiquer de ce tableau ? Ces questions en appellent tant aux sciences du langage (linguistique, sémiotique, rhétorique, stylistique, etc…) qu’à l’esthétique ou à l’histoire de l’art. Bernard Vouilloux est professeur des Universités à Bordeaux.

Design et conception en Aquitaine 10 succès, 4 Design Institut de Conception et de Design Bordeaux-Aquitaine, 2005 10 cas de création de produits 10 succès en Aquitaine Les 10 cas publiés dans cet ouvrage illustrent la capacité des PMI d’Aquitaine à innover et à développer des produits propres incorporant la valeur ajoutée du design. La démarche design permet d’expérimenter un type de fonctionnement plus coopératif entre les différentes fonctions de l’entreprise et d’ouvrir celle-ci à des partenariats et des collaborations externes. Publication disponible auprès de 4 Design, 05 56 84 54 44 et en ligne www.4desgin-france.com

Des atomes aux planètes habitables Philippe Claeys, Muriel Gargaud, Hervé Martin, PUB, 2005 Troisième volume d’une série réalisée dans le cadre des écoles thématiques d’exobiologie du CNRS, ce livre s’intéresse aux divers environnements susceptibles d’être ou avoir été favorables à l’apparition de la vie. La présence d’eau liquide apparaît dans l’état actuel des connaissances, indissociable de la vie. Mars où l’eau liquide a existé au début de l’histoire de la planète et Titan constituent des cibles potentielles pour la recherche des traces d’activités biologiques. Alimentation théorique, collection Biosciences et techniques CRDP Aquitaine, Doin éditeurs, 2005 Cet ouvrage de la série Science des aliments est une base de données très complète sur l’alimentation


Psychologie du vieillissement et vie quotidienne Jean Bouisson, Solal, 2005 L’essentiel des recherches actuelles sur le vieillissement concerne le déclin des fonctions physiques et cognitives et peu de travaux s’intéressent aux conséquences de ces changements sur la vie quotidienne des personnes âgées. L’objectif de cet ouvrage est de souligner la nécessité de mieux prendre en compte ces stratégies quotidiennes d’ajustement au vieillissement. Jean Buisson est maître de conférence au département de psychologie de l’Université Bordeaux 2.

CEDEROMS DVD

Repères pour le patrimoine en Aquitaine, Cédérom, CRDP, 2005 1 000 documents évoquant les différents aspects du patrimoine régional, 70 thèmes de l’antiquité à nos jours. Des propositions d’activités ancrées dans les programmes d’histoire-géographie, du primaire au lycée. Une navigation simple et intuitive.

Ligne de sciences, une première nationale ! Martine Vimare, responsable du rayon sciences de la Librairie Mollat évoque le nouveau projet Lignes de sciences. « Le Rectorat de l’Académie de Bordeaux en collaboration avec la Librairie Mollat lance un grand projet, le prix de lecture scientifique « Lignes de Sciences ». A l’instar du Goncourt des lycéens, il s’agit de faire décerner un prix par des lycéens de seconde à l’auteur d’un ouvrage de vulgarisation scientifique.

Le lancement de « Lignes de sciences » a eu lieu à Cap Sciences le 14 octobre 2005 dans le cadre de « Lire en Fête », de la Fête de la Science et de l’Année mondiale de la physique. Pour cette année 15 lycées d’Aquitaine lisent 10 ouvrages sélectionnés autour du thème de la physique. Ce premier prix est décerné en mai 2006 à la Librairie Mollat. » La Librairie Mollat et Cap Sciences sont partenaires depuis octobre 2003 et collaborent lors des expositions présentées au Hangar 20 à Bordeaux .

DVD

CEDEROMS

organisée en 4 grandes parties : Alimentation, Aliments, Sécurité alimentaire et Information du consommateur, Alimentation des différentes catégories de consommateurs et restauration collective. Ouvrage destiné plus particulièrement aux professeurs et étudiants.

Collection DVD Galerie Industrie & Recherche BordeauxAquitaine, CAP SCIENCES Chaque année, une nouvelle production thématique. Après le secteur de l’alimentaire et le panorama du numérique, découvrez dans le numéro trois de la série, des petites histoires de matériaux. Dans ce DVD, 5 films autour des nanotubes de carbone, des biomatériaux, du pin des Landes, des polymères et des matériaux de l’extrême et un dossier thématique présentant les innovations, les chiffres-clés, les industries et les laboratoires du secteur. Disponible à Cap Sciences, 05 57 85 51 35 .

Exposition virtuelle Après « Aquitaine sortie des eaux », première exposition virtuelle sur l’histoire géologique de l’Aquitaine depuis 300 millions d’années, CAP SCIENCES publie au premier trimestre 2006, un site Internet et un cédérom sur le thème de la présence de l’homme en Aquitaine aux temps du Paléolithique. Réalisée avec le soutien du Service départemental d’archéologie de Dordogne, une équipe de chercheurs de l’Université Bordeaux 1, du CNRS et du Musée National de la Préhistoire des Eyzies, cette production multimédia et interactive présente la vie au temps de la préhistoire : chasse, habitat, alimentation, art, sépultures… avec cartes, reconstitution de gestes, portraits d’archéologues, carnets de bord, jeux… . En ligne sur www.cap-sciences.net

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H20

REFERENCES 109


A CONTACTER 18 / 20 ■ Grottes de Sare T : 05 59 54 21 88 I : www.grottesdesare.com

■ LPO T : 05 56 91 33 81 I : www.lpo.fr

20 / 22 ■ Bibliothèque municipale de Bordeaux T : 05 56 10 30 00 I : www.bordeaux.fr

78 / 89 ■ Inserm T : 05 57 57 36 00 I : www.inserm.fr ■ Drass T : 05 57 01 95 00 I : www.aquitaine.sante.gouv.fr

23 / 24 ■ GIEFPSO T : 05 53 36 20 90

■ Orsa T : 05 56 56 99 60 I : www.ors-aquitaine.org

25 / 27 ■ CNES I : www.cnes.fr 28 / 30 ■ ITVF T : 05 53 03 19 82 I : www.www.itvf.net

■ INB T : 05 57 57 15 49 I : www.inb.u-bordeaux2.fr

31 / 32 ■ Sokoa T : 05 59 48 24 82 I : www.sokoa.com

■ Isped T : 05 57 57 13 93 I : www.isped.u-bordeaux2.fr

33 / 38 ■ Astria T : 05 57 35 16 80 I : www.novergie.fr

90 / 100 Les matériaux de demain ■ LCOO T : 05 40 00 62 82 I : www.u-bordeaux1.fr/lcoo

■ Europlasma T : 05 56 49 70 00 I : www.europlasma.com

■ ICMCB T : 05 40 00 63 23

39 / 41 ■ UFR mathématiques T : 05 40 00 66 41 I : www.math.u-bordeaux1.fr

■ CRPP T : 05 40 00 56 56 I : www.crpp.u-bordeaux.fr

47 / 49 ■ Thalès T : 05 57 26 30 00 I : www.thalesgroup.com

■ LCNAB T : 05 57 12 09 91

52 / 54 ■ Armédiéval I : www.armedieval.fr

■ LEMI T : 05 56 64 82 59

55 / 56 ■ Centre national de la préhistoire T : 05 53 06 69 69 I : www.centre.national.de.prehistoire@culture.fr

■ LCTS T : 05 40 00 47 00 I : www.lcts.u-bordeaux1.fr

59 / 61 ■ ENSCPB T : 05 40 00 61 91

■ Snecma T : 05 56 34 27 64 I : www.snecma.com

62 / 77 ■ Inra T : 05 57 12 23 00

■ LGM2B T : 05 56 84 58 45 I : www.lgm2b.iut.u-bordeaux1.fr

■ Ademe T : 05 56 33 80 00

■ HOO T : 05 56 15 24 05 I : www.hoo-ingenierie.fr

■ Ifremer I : www.ifremer.fr

POUR CONTACTER LES UNIVERSITÉS Univerité Bordeaux 1 Anne Lassègues, T : 05 40 00 24 21, E : a.lassegues@presidence.u-bordeaux1.fr Université Victor-Segalen Bordeaux 2 Thérèse Durousseau, T : 05 57 57 13 69, E : communication@u-bordeaux2.fr Université Michel-de-Montaigne Bordeaux 3 Isabelle Froustey, T : 05 57 12 46 73, E : isabelle.froustey@u-bordeaux3.fr Université Montesquieu Bordeaux IV Régine Briant, T : 05 56 84 25 59, E : briant@u-bordeaux4.fr Pôle universitaire de Bordeaux Norbert Loustaunau, T : 05 56 33 80 84, E : communication@poleuniv.u-bordeaux.fr Université de Pau et des Pays de l’Adour Véronique Duchange, T : 05 59 40 70 30, E : veronique.duchange@univ-pau.fr

POUR CONTACTER LES CENTRES DE RECHERCHE CEA Cedric Garnier, T : 05 57 04 42 12, E : cedric.garnier@cea.fr Cemagref Chantal Gardes, T : 05 57 89 08 18, E : chantal.gardes@cemagref.fr CNRS Marie-Noëlle Gouineau, T : 05 57 35 58 56, E : gouineau@dr15.cnrs.fr Inra Jean-Claude Meymerit, T : 05 57 12 26 52, E : meymerit@bordeaux.inra.fr Inserm Didier Dubrana, T : 05 57 57 36 54, E : evelyne.cremer@bordeaux.inserm.fr

■ ■ ■

SIGLES UTILISÉS DANS H20 CNRS : Centre national de la recherche scientifique Ifremer : Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer Inra : Institut national de la recherche agronomique Inserm : Institut national de la santé et de la recherche médicale

■ Office nationale interprofessionnel des céréales T : 05 56 52 65 57

Le portail du s@voir

internet. Cap Sciences est

et

annuaire de sites web traitant

régional d’Aquitaine de

d’effectuer une recherche

de l’Aquitaine est un de tous les domaines de la connaissance, du patrimoine

aquitain aux sciences

humaines, des langues au vivant, consultable sur

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H20

2006

chargé par le Conseil recenser et présenter les sites

scientifiques et techniques. Ce portail du s@voir est

accessible sur internet à

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depuis

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Info Sciences Aquitaine, CAP SCIENCES, Hangar 20, Quai de Bacalan, 333000 Bordeaux

Connaissez-vous Info Sciences Aquitaine ? Info Sciences Aquitaine est le pôle d’information et de publication de CAP SCIENCES. Ce service est chargé de collecter l’actualité des milieux de la recherche et de l’industrie d’Aquitaine pour la diffuser auprès du public par le site Internet de CAP SCIENCES, sa Galerie Industrie & Recherche et les publications H20 que sont la revue annuelle et le journal de l’expo.

Qu’en pensez-vous ? Où vous êtes-vous procuré la revue 2005 ? ❑ En kiosque ❑ Par correspondance ❑ A Cap Sciences ❑ Autre ……………………… En kiosque, avez-vous facilement identifié la revue dans les rayonnages ? ❑ Oui ❑ Non Aimez-vous le contenu de cette revue ? ❑ beaucoup ❑ pas vraiment ❑ un peu ❑ pas du tout Pourquoi ? …………………………………………………… Quelles sont vos trois rubriques ou articles préférés ? 1 ……………………………………………………………… 2 ……………………………………………………………… 3 ……………………………………………………………… Aimez-vous la présentation de la revue (couverture, mise en page, illustrations) ?

❑ beaucoup ❑ un peu

❑ pas vraiment ❑ pas du tout

Pourquoi ? …………………………………………………… Avez-vous des suggestions/commentaires concernant la revue ?

Avez-vous lu le numéro précédent de la revue ?

Chronique l’actualité des sciences et de l’industrie en Aquitaine Visites construire le plus grand laser du monde • L’harmonie retrouvée du parc bordelais • Port Médoc, une ouverture sur l’Atlantique • Un centre où le fruit est roi • La chirurgie en apesanteur • Les étangs à monstres de Jean Rostand Portfolio l’aéroport de Bordeaux Mémoire la maison des sciences de l’homme d’Aquitaine • Bassin de Lacq, la ruée vers le gaz Focus Un monde de polymères Rencontres Lascaux de l’ombre à la lumière • Contre toutes les maladies, même l’injustice • Le musée de la mer à Biarritz, une affaire de passion • Ces sangsues qui soignent • Une planète faite de vagues Questions d’environnement Le bois de la forêt Questions de Société Les Aquitains au travail Questions de recherche La pratique du design

Avez-vous ouvert le Journal de l’Expo ?

Le Journal de l’Expo est destiné à approfondir les thèmes des grandes expositions présentées au Hangar 20 (« Bruit et Musique », « Le sommeil, un art de vivre », « Des gènes et des hommes » et « De la matière à l’objet »). On y retrouve des articles-reportages, des interviews, des zooms… Il permet en particulier de découvrir les travaux réalisés en Aquitaine sur le thème présenté.

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Pour tout renseignement sur la revue H 20, écrivez à : infosciences.aquitaine@cap-sciences.net

Que pensez-vous du rapport qualité/prix de la revue ? ❑ La revue est trop chère ❑ Le prix est correct ❑ La revue n’est pas chère Où avez-vous entendu parler de la revue H20 ? ❑ TV / Radio (précisez) …………………………………… ❑ Presse (précisez) ………………………………………… ❑ Affiches ❑ Prospectus ❑ Autre ………………… Avez-vous lu le précédant numéro ?

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Quelle est/a été votre profession ?………………………… ❑ Salarié ❑ En recherche d’emploi ❑ Retraité ❑ Au foyer ❑ Etudiant (précisez)………………………………………… Connaissez-vous d’autres lectures appartenant à la même catégorie que la revue H20 ? ❑ Oui ❑ Non Si oui, lesquels ? ……………………………………………… MERCI BEAUCOUP


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CAP SCIENCES offre un lieu pour explorer les sciences et l’industrie : expositions, animations, manifestations. Toute l’année, une programmation variée, pour une visite en famille ou en groupe, des ateliers éducatifs pour les établissements scolaires.

Un équipement culturel Au cœur du réseau aquitain, en partenariat avec des collectivités, des institutions, des entreprises et des laboratoires de recherche,

CAP SCIENCES coordonne les grandes opérations de culture scientifique, technique et industrielle

Participation aux frais de port 1 € l’unité

et va à la rencontre des publics.

Editions précédentes : 5 €

CAP SCIENCES propose

2006 Quantité…………x 8 € =…………… €

En Aquitaine et au-delà,

2005 Quantité…………x 6 € =…………… €

un catalogue d’expositions itinérantes,

2003 Quantité…………x 6 € =…………… €

pédagogiques et d’animations ludiques.

2004 Quantité…………x 6 € =…………… €

LE JOURNAL DE L’EXPO 2005 : Participation aux frais de port 0,50 € l’unité

“ De la matière à l’objet ”

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d’ateliers découverte, de malettes

Un pôle de compétences Concevoir et réaliser des produits culturels, accompagner des projets éducatifs,

Editions des années précédentes :

organiser des événements.

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éditer et diffuser, autant de savoir-faire

“ A table ! L’alimentation en questions ” Quantité …………………………

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Accueillir et animer, gérer et distribuer, que CAP SCIENCES met au service de ses partenaires. C D E

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mél : contact@cap-sciences.net

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