Guide "Sciences en balade" de Floirac

Page 1

La tête du verso est alignée sur ce bord

La tête du verso est alignée sur ce bord

● Une paire de jumelles Une loupe De bonnes chaussures en cas de pluie

n commençant par la rude montée du « chemin de Tirecul », c’est l’un des derniers restes du Floirac rural du XIXe siècle que l’on découvre. Les Bordelais venaient alors se promener dans cette campagne proche et jouir de la vue imprenable. C’est ce calme qui décida les scientifiques de l’époque à installer ici l’observatoire qui attend le marcheur en haut du sentier ombragé. On peut apercevoir ses coupoles d’époque et ses radiotélescopes modernes. Installé sur un domaine de douze hectares ravagé par le phylloxera, il demeure une oasis de calme et de verdure malgré l’industrialisation de Floirac au XXe siècle. En contemplant ensuite le gigantesque amphithéâtre de l’ancienne carrière des Ciments français, creusée au cœur de la colline, détournant le cours d’un ruisseau désormais enterré, on mesure les effets de cette révolution sur ce qui n’était qu’un village. Il suffit de grimper à nouveau par le chemin des Plateaux et l’on a un point de vue qui embrasse la palus qui vit fleurir vignes et fruitiers, accueillit une industrie lourde avant de devenir une Zac (Zone d'aménagement concerté) couronnant le rôle d’hébergement de la commune.

matériel teChnique Comment aCCéder au parCours ●

Distance : 3 km Durée du parcours : 2 h

Infos pratiques ys Sou

plan d'aCCès au parCours la i de qua

Le grand radiotéléscope de l'observatoire sortie 23

D 10

ive

lieu he Ric

s ier Th ue en av

av. Pasteur

rue de nt po rre Pie

ite dro

❽ retour à Côté sCienCes ❼ gare de la souys, piste CyClable ❺ parC du Castel ❹ église saint-VinCent ❸ obserVatoire ❷ Chemin de tireCul

sortie 24

D 936

Côté sciences 13 avenue Pierre-Curie Floirac

itaine

mairie de Floirac ■

Le chemin de Tirecul

❻ Chemin des plateaux

er ad roc

❶ Côté sCienCes

> Voir plan détaillé du parCours au dos

u nt d’Aq vers po

Bordeaux rive gauche

A l’époque, il existait trois chemins semblables à la Burthe, tous effacés depuis, et un autre qui est devenu l’avenue François-Mitterrand. Tirecul est le dernier des chemins qui gravissaient le coteau.

E

Depuis l’avenue Pasteur, le chemin de Tirecul grimpe vers le coteau. S’il est court, il est aussi l’un des plus raides de la rive droite, vrai défi aux vététistes. Ça tire dans les mollets et pas seulement, d’où le changement de son nom de côte du Piquet pour chemin de Tirecul au XIXe siècle !

❷ le Chemin de tireCul

Georges Rayet qui fonde l’établissement afin de réaliser des études de météorologie, d’astronomie et de magnétisme terrestre. Astronome reconnu, il laisse son nom à une étoile mais surtout, participe depuis ici à un projet international de cartographie du ciel appelé Carte du ciel. Même si, en 1965 encore, l’astronome Guy Soulié y découvre un astéroïde, baptisé Floirac, la pollution des lumières urbaines fait abandonner l’observation visuelle en 1980. Depuis les années 1970, les activités sont orientées vers la technique des ondes radioélectriques et des thématiques nouvelles en astrophysique et en aéronomie (étude de l’atmosphère), particulièrement pour la mesure de l’ozone. L’observatoire accueille une soixantaine de chercheurs, dont une équipe impliquée dans des missions d’exploration de Mars et de Titan. Certains s’intéressent à l’origine de la vie sur Terre et à sa distribution dans l’Univers. L’observatoire organise des journées portes ouvertes, des visites guidées qui font découvrir la collection d’instruments des XIXe et XXe siècles ainsi que les instruments actuels.

Les points forts de la balade

L'itinéraire de la balade

Sciences en balade

La boucle du coteau Floirac

ressenti dans la région date de 1759 et avait fait relativement peu de dégâts. Ces bouleversements ont rendu accessibles à l’homme les calcaires pour des pierres de taille utilisées notamment à Bordeaux puis du calcaire et des marnes à l’origine de l’installation de grandes cimenteries. Floirac la Jacotte

La présence d’une faille le long de laquelle s’écoule aujourd’hui la Garonne explique ce décalage. Ce mouvement tectonique a dû s’effectuer au cours du quaternaire, il y a environ un million d’années. Mais cette faille ne présente plus vraiment de danger. Le dernier séisme local

D’où vient ce décalage ?

❸ l’obserVatoire

Contact pour les visites : 05 57 77 61 00 email : visites@obs.u-bordeaux1.fr site Web : www.obs.u-bordeaux1.fr/site/ visites.html Mérignac

A l’origine, ces terrains se sont déposés à plat et à une altitude similaire. Or, on note aujourd’hui une différence importante entre leur position rive droite et rive gauche.

Une coupe géologique réalisée entre Floirac et Mérignac permet de visualiser l’âge des terrains et leur géométrie (voir ci-dessous). Les falaises de Floirac sont constituées de marnes (sortes d’argiles calcaires) à la base, surmontées par une épaisse formation marine appelée « calcaire à astéries », en raison des multiples osselets d’étoiles de mer que l’on y retrouve. Ces terrains sont d’âge oligocène (environ – 40 à – 30 millions d’années). Ils sont surmontés par quelques lambeaux de sables calcaires marins du miocène (environ – 20 millions d’années) eux-mêmes recouverts par des alluvions anciennes de la Garonne (argiles, sables et graviers) du quaternaire basal (environ – 2 à – 1,5 millions d’années). Rive gauche, les même roches se retrouvent, mais visibles seulement en forage ou à l’occasion de travaux.

Quels sont les phénomènes qui ont ainsi modelé le relief de notre région ?

Départ : Côté sciences, 13 avenue Pierre-Curie, Floirac Voitures : parking au départ Bus : lignes 6 ou 8, arrêt Rousseau Tramway : ligne A puis bus, lignes 6 ou 8, arrêt Rousseau Vélo : accès au point de départ par la piste cyclable des quais

logique. C’est dans la nature même des terrains qui constituent le sous-sol de notre région, ainsi que dans son histoire et ses bouleversements, que se trouve la solution de l’énigme.

❹ l’église saint-VinCent

Un simple regard depuis les hauteurs de la rive droite permet de constater la différence d’altitude entre les deux rives du fleuve aux environs de Bordeaux. Ce même constat peut d’ailleurs se faire en amont de Bordeaux, jusque vers Langon, ou en aval jusqu’à Blaye voire Royan. Depuis le point de vue du Haut Floirac, on constate que jusqu’à l’horizon, la rive gauche de la Garonne est très plate, alors qu’en revanche l’Entre-deux-Mers (rive droite) est très joliment vallonné. L’explication de cette différence est géo-

L’aspect néo-gothique de l’église, dont les bases remontent au XIIe siècle, lui a été donné au XIXe par l’architecte bordelais Gustave Alaux, très actif alors sur les monuments religieux du Sud-Ouest. Elle Qu’est ce qui distingue la rive droite de la rive gauche de la Garonne ?

Arrivé au bout du chemin de Tirecul, on aperçoit l’observatoire sur la droite (propriété privée). Il abrite sept instruments d’observation du ciel : quatre lunettes astronomiques sous ses coupoles, un télescope optique et deux radiotélescopes que l’on voit depuis les grilles. La lunette méridienne, merveille technologique lors de la création de l’observatoire en 1878, est toujours utilisée grâce à des améliorations constantes. C’est le Bordelais

Trois questions à Laurent Londeix, maître de conférences à l’université Bordeaux 1 où il enseigne la géologie. Spécialisé en paléontologie, ses travaux de recherche au sein du laboratoire EPOC portent sur les reconstitutions des environnements marins et l’évolution paléoclimatique du Quaternaire.

La côte de Monrepos abritait au XIX siècle un « établissement de loisirs » qui proposait aux promeneurs les eaux de sa source ferrugineuse. La Gravette, qui coulait à cet endroit, est cachée sous la pénétrante est, alors que la Jacotte, qui marque le sud de Floirac, est sous la rocade. Elle demeure visible à certains endroits, particulièrement là où elle se jette dans la Garonne. Oublié pendant longtemps aussi, le Rédebech, masqué sous l’avenue François-Mitterrand, détourné par les carrières, connaîtra une nouvelle vie dans sa partie basse puisqu’il est intégré dans l’aménagement paysager de la ZAC des quais. Il alimente toujours un petit étang dans sa partie haute. Ces trois esteys ont créé trois vallées qui offrent à Floirac l’un des coteaux les plus fracturés de la rive droite. Plus classiquement, quelques sources affleurent en bas du coteau dont l’une, derrière le castel, alimente en partie son bassin. Tout ce réseau traverse la Souys, ancien bras mort de la Garonne jusqu’au Moyen Âge, où une grande partie du bas-Floirac est bâtie, parfois jusqu’à trois mètres sous le niveau des hautes eaux. Mais la dernière grande inondation remonte à 1937, suite à quoi les digues furent rehaussées. e

po St- nt Jea n

Une hydrologie riche

t-C uri e

Le castel et son parc

renferme deux belles sculptures d’albâtre, importées d’Angleterre au XVe siècle. Surtout, le maître-autel est dû à Bernard Jabouin, marbrier-sculpteur installé à Mériadeck, qui exportait jusqu’au Chili. Il était reconnu pour la qualité de ses productions. Proche de « l’esprit Viollet-leDuc », il s’attachait à ce que son mobilier s’harmonise avec le style du bâtiment.

C’est un cadre idéal de promenade avec son étang, ses compositions florales et son château. Lieu d’accueil de manifestations culturelles, il est construit au XIXe siècle par M. Blondel de Joigny, alors maire de Floirac, puis devient propriété municipale en 1959. Remanié architecturalement à plusieurs reprises, il est occupé par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Il en reste la passerelle, reliant le premier étage à la colline située derrière. D’ailleurs, pour profiter de l’environnement paisible de la forêt un dédale de sentiers gravit le coteau et offre un agréable panorama.

❺ le parC du Castel L'église Saint-Vincent

Une gargouille du château

Le pied du verso est aligné sur ce bord

Garonne : deux rives distinctes, deux géologies différentes

bd Jol io

Même si pour Jean Laporte-Cru, de la Société linnéenne de Bordeaux, on a sur ces coteaux et sur le plateau « un mélange très équilibré », la particularité essentielle de la flore est d’être calcicole et thermophile. Poussant sur terrain calcaire, elle est économe en eau et aime

av .p r

Le parc du castel

la chaleur de la réfraction du soleil sur la pierre et de l’orientation du coteau au sud, à l’abri des vents froids. Ce qui permet à toute une variété de plantes méditerranéennes d’y prospérer, fait rare dans la région : corroyère, cyprès d’Italie, alaterne ou encore genêt d’Espagne. Ce particularisme s’étend tout au long des coteaux jusqu’à Langon mais la proximité de Bordeaux et la fragilité provoquée par l’urbanisation rendent les lieux encore plus précieux. En herborisant à son temps perdu sur les 12 ha du parc de l’observatoire entre 2000 et 2003, Michel David, chargé à l’époque de l’entretien du lieu, a dénombré plus de 500 variétés de plantes différentes, arbres inclus. Pour lui, « c’est un écosystème normal » mais « intéressant car il est protégé. Le parc reçoit peu de visites publiques et il ne reste plus beaucoup d’endroits protégés dans le coin. » La version numérisée de son herbier a été remise à l’observatoire où il est consultable sur demande. Le contraste est grand entre cette végétation et celle qui pousse dans les vallons, frais et humides, où l’on retrouve une végétation plus océanique. La vallée de la Jacotte était particulièrement intéressante avant qu’elle ne soit traversée par la rocade. Laterrade aurait moins aimé.

és . F ra nç oi

« La côte située entre Cenon et Floirac et les palus qui la bordent réunissent dans un petit espace presque toutes les richesses botaniques de l’Entre-deuxMers. » Le botaniste bordelais Jean François Laterrade, qui herborisait dans les environs avec le marquis de Rabar au premier tiers du XIXe siècle, retrouverait sans doute une partie de la diversité floristique qu’il avait énumérée dans son livre Flore bordelaise et de la Gironde. Et qui a justifié en 1987 le classement en ZNIEFF des coteaux de Floirac (Zone naturelle d’intérêt écologique faunistique et floristique).

s-M i tte rra nd

Flore : la Riviera girondine

Bordeaux la Garonne

< Ouest

Est >

● Quaternaire récent (alluvions) ● Quaternaire ancien (alluvions) ● Miocène (sables calcaires) 1 km

● Oligocène moyen (“calcaire à astéries”) ● Oligocène inférieur (marnes)

Coupe géologique mérignaC / FloiraC

Le pied du verso est aligné sur ce bord


L’observatoire

N

Le premier observatoire était situé aux allées de Tourny, mais au XIXe siècle, les exigences de précision obligent à chercher un site rural. Ce sera le domaine viticole de Montfraguey, 12 ha de vigne en friche, car il est « éloigné des fumées de cheminées et du roulement des voitures qui causent des trépidations ». Le site est idéal : à 73 m de hauteur, il culmine au-delà des brouillards de la Garonne qui l’atteignent rarement, à l’extrémité d’un plateau créé par la vallée de Monrepos et celle du Rédébech.

Le point de vue du chemin des plateaux

Le chemin des Plateaux s’élève en lacets vers les hauteurs de Floirac, un peu comme une route de montagne. En étant prudent, on y a une vue sur la partie de Floirac qui borde la Garonne. L’ancienne carrière des Ciments français s’y déployait et, sur ces 40 ha achetés par la municipalité en 1998, s’étend désormais la Zac des Quais. Cette palus porte une triste histoire : c’est ici que se déclara, en 1869, le premier cas de phylloxera qui devait ravager le vignoble bordelais.

La carrière

La première carrière exploitée dès 1901 par les Ciments français est un immense amphithéâtre face au rond-point qui dessert le chemin des Plateaux. Ce gigantisme inquiéta la commune, soucieuse de voir la structure du coteau ébranlée. L’entreprise ouvrit donc avant la guerre un autre site, 200 mètres plus loin, rasant deux châteaux au passage, avant de l’abandonner au milieu des années 1950. La cimenterie puis l’ensachage perdurèrent jusqu’à la fermeture en 1979. La friabilité du calcaire local le rend moins apte à la taille mais idéal pour le ciment, d’autant que l’argile nécessaire à la composition du produit est abondante.

❺ ❸ ❷ ❼

Le fragon

On la prend pour du houx, elle n’est pas rare sur les coteaux calcaires de la rive droite, mais le fragon est une drôle de plante. Ce qui ressemble à des feuilles piquantes sont des branches modifiées, appelées « cladodes ». Elles qui portent les minuscules fleurs vertes et mauves qui deviennent ensuite des baies rouges, de l’automne au printemps. Ses feuilles sont réduites à la taille d’écailles microscopiques. Les jeunes pousses sont comestibles car le fragon est cousin de l’asperge mais les baies sont toxiques.

❶ ❽

Sciences en balade

La boucle du coteau Réalisation Cap sciences. Directeur de publication : Bernard Alaux. Responsable éditorial : Alexandre Marsat. Coordinatrice du projet : Alexia Sonnois. Rédaction : Jean-Luc Eluard. Photographies : Pierre Baudier. Graphisme : José Rodrigues. Impression : Imprimerie Pujol, Le Bouscat

❶ Côté sciences ❷ chemin de TirecuL ❸ Observatoire ❹ église SAINT-VINCENT ❺ parc du castel ❻ chemin des plateaux ❼ Gare de la Souys, piste cyclable ❽ Retour à Côté sciences

13, avenue Pierre-Curie – 33270 Floirac Tél. et fax : 05 56 86 18 82 cotesciences@cap-sciences.net www.cap-sciences.net

mai 2008 • Image fond : IGN

L'itinéraire de la balade

Patrice Brossard

Floirac


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.