Renouer les liens entre ville et paysage à Lauzerte - André Viviane - Rapport de PFE

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r e u q i Prat

Grignoter le paysage



Renouer les liens entre ville et paysage

une stratégie de revitalisation pour la commune de Lauzerte

ANDRÉ Viviane - Projet de fin d’études - Février 2018 - ENSAPVS - DE 5 «Territoire» - «Territoires ruraux et périurbains : Laboratoire de l’habitat, les typologies»- Directeur d’étude: SIMON Philippe




Lauzerte versant Est


SOMMAIRE AVANT - PROPOS

9

INTRODUCTION

11

I/ CONTEXTE

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1/ Définitions

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2/ Lauzerte

21

II/ LE PATRIMOINE NATUREL ET CULTUREL DE LAUZERTE

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1/ Lauzerte ville d’art et d’histoire A/ Formation de la ville

33

B/ Morphologies urbaines C/ Typologies architecturales D/ Classifications et labels

33 38 51 65

2/ Lauzerte, au cœur d’un paysage riche, peu exploité

69

3/ Le déclin progressif de la ville

79

III/ LAUZERTE, DIVISÉE EN TROIS POLARITÉS COMPLÉMENTAIRES

81

IV/ PRATIQUER LE PAYSAGE, PLUTÔT QUE DE LE GRIGNOTER

93

1/ Un schéma de cohérence communal visant à renouer les liens entre ville et paysage

97

Fiches actions

104

2/ Création d’un bâtiment agricole

107

A/ La fabrique d’huile de tournesol B/ Les matériaux locaux

107 109

CONCLUSION

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BIBLIOGRAPHIE

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ANNEXES

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Promenade de l’éveillé (anciens remparts nord)


AVANT-PROPOS Dans le cadre de mon stage de Master, j’ai eu l’opportunité de réaliser, au sein du CRH (Centre de Recherche sur l’Habitat)1 une étude sur l’adaptation du logement aux évolutions démographiques. Dans le cadre de mon mémoire, je me suis plus précisément penchée sur les problématiques de l’habitat à l’heure de la vieillesse, ou comment les « anciens » des quartiers HLM s’adaptaient aux rénovations urbaines et au relogement. Ce travail m’a permis de mieux comprendre les relations qu’entretient l’homme avec son habitat et leurs évolutions au fil du temps. Pour mon Projet de Fin d’Études, je souhaitais poursuivre ces réflexions sur l’ «habiter», tout en explorant des territoires rarement questionnés en école d’architecture : les territoires ruraux. Je souhaitais confronter mes acquis en matière d’analyse urbaine et de conception architecturale à de nouvelles problématiques et de nouveaux enjeux, moins métropolitains. J’ai donc choisi d’intégrer le cours de projet ‘’Territoires ruraux et périurbains : Laboratoire de l’habitat, les typologies’’ (DE5). Il nous était proposé de se pencher sur une commune faisant l’objet d’un programme de revitalisation de la part de l’ANAH (Agence Nationale de l’Amélioration de l’Habitat). Parmi les 54 communes du programme, mon intérêt s’est rapidement porté sur la commune de Lauzerte. Cette petite commune du Tarn et Garonne observe un important vieillissement et une paupérisation de sa population. Malgré ses difficultés économiques et sociales, j’ai rapidement perçu un véritable potentiel de développement : son patrimoine naturel.

En effet, cette bastide médiévale domine, du sommet de sa colline, des vallées agricoles, offrant une vue à couper le souffle sur les paysages du Quercy blanc. Travailler sur une commune comme Lauzerte était l’occasion de questionner ma vision du travail de l’architecte, dans des territoires ruraux, face à une population modeste et un patrimoine architectural à préserver. Ces lieux obligent l’architecte à se questionner sur son rôle. Je souhaitais affiner, durant ma dernière année d’étude, ma vision du métier de l’architecte. Ce spécialiste de l’espace doit être en mesure de travailler et d’interroger toutes les échelles, appréhender avec sensibilité les lieux dans lesquels il est invité à intervenir, afin de sensibiliser les habitants, usagers et gestionnaires aux spécificités, forces et faiblesses des lieux qu’ils ont entre les mains. L’architecte doit maîtriser le détail architectural, les problématiques techniques et structurelles du bâtiment, tout en ayant un regard plus large sur le territoire dans lequel il intervient. Il doit être capable d’apposer une signature architecturale sur un bâtiment neuf, aussi bien qu’il saurait s’effacer en incitant au laisser faire et conseillerait des élus dans l’aménagement et la mise en valeur de leurs espaces urbains. Étudier des territoires ruraux est particulièrement enrichissant, en particulier pour un projet de fin d’étude d’architecture. Cela m’a permis d’aborder des structures spatiales et des dynamiques socio-économiques bien différentes de celles auxquelles j’avais été habituée jusqu’à présent. Quel est le rôle de l’architecte dans des lieux préservés, où l’acte architectural spectaculaire et coûteux n’a pas sa place et où l’humilité et la capacité à laisser faire s’imposent ?

1. « Le Centre de Recherche sur l’Habitat (CRH, http://www.crh.archi.fr/) est l’une des sept composantes du Laboratoire Architecture Ville Urbanisme Environnement (LAVUE http://www.lavue.cnrs.fr), comptant parmi les unités mixtes de recherches (UMR n°7218) du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). Installé à l’École nationale supérieure d’architecture Paris-Val de Seine, l’équipe du CRH-LAVUE (…) leurs travaux portent principalement sur la production et la gestion du cadre bâti, la qualification sociale des espaces urbains ainsi que sur les enjeux propres aux espaces publics urbains. » https://www.paris-valdeseine.archi.fr/recherche/laboratoire-crh-lavue.html

9


Entrée des faubourgs, route de Cahors


INTRODUCTION Les petites villes et le milieu rural sont des territoires souvent oubliés par la recherche urbaine.2 Les étudiants en architecture sont plus souvent invités à étudier les dynamiques métropolitaines et leur complexité que les territoires ruraux. L’industrie de l’architecture, celle qui fait parler d’elle, l’architecture spectaculaire, a souvent lieu dans les grandes villes et mégalopoles où la concurrence fait rage. « Les « grands projets » exceptionnels, les nouveaux quartiers des grandes villes les plus riches mobilisent en effet l’attention. (...) cette focalisation laisse penser que le reste du territoire est abandonné à un développement automatique, à peine réglé par une planification encore immature, où l’architecture serait rare, sans réflexion collective et sans attention. C’est peutêtre l’impression que laissent les lotissements résidentiels ou les zones d’activité uniformes.»3 Des territoires moins denses, des communes en difficulté, parfois désertées, vieillissantes, recherchent l’expertise architecturale et urbaine qui leur permettrait de revaloriser leurs espaces urbains et les conditions d’habitat de leur population, de mettre en valeur leurs «richesses insoupçonnées»4. Dans ce cadre, l’ANAH (Agence Nationale pour l’Amélioration de l’Habitat) a mis en place un grand programme de revitalisation de centre-bourgs français. L’agence s’intéresse aux conditions de vie des habitants de ces petites ou moyennes communes. Leurs actions portent, avant tout, sur le parc de logements, dans un patrimoine bâti parfois ancien et très dégradé, mais peuvent également s’étendre jusqu’à l’accès aux commerces et

services, à l’emploi, dans des territoires où le taux de chômage peut être particulièrement élevé. Redynamiser une commune et améliorer les conditions de vie des habitants ne peut passer que par la rénovation des logements dégradés. L’équilibre de cet écosystème complexe ­– entre accès à l’emploi, espaces publics dynamiques et attractifs et qualité des logements – assure de bonnes conditions de vie. Lauzerte est une des communes lauréates de l’appel à candidature de l’ANAH pour ce grand programme de revitalisation. Petite commune de moins de 1500 habitants, cette bastide médiévale a reçu le label « Plus beau village de France, » grâce à son patrimoine architectural remarquable surplombant les paysages du Quercy blanc. Dans une région dont le patrimoine gastronomique est mondialement reconnu, au cœur de paysages agricoles, Lauzerte est traversée par le chemin de Saint-Jacques de Compostelle et voit passer de nombreux visiteurs tout au long de l’année. Nous poserons dans un premier temps le contexte de l’étude: de l’intervention de l’ANAH aux spécificités de la commune de Lauzerte. Dans un deuxième temps, nous nous pencherons sur le patrimoine culturel et naturel de la commune, riche et reconnu, mais en danger de désertion et de destruction. Dans un troisième temps, nous analyserons les dynamiques spatiales de la commune et nous verrons que Lauzerte est divisée en trois polarités distinctes mais complémentaires. Enfin, nous proposerons des solutions afin d’éviter le déclin progressif de la commune, de son patrimoine naturel et architectural, de son économie et des conditions de vie de sa population.

2. DEMAZIERE, 2017 3. OBRAS & COLLECTIF AJAP14, Nouvelles du front, Nouvelles richesse, Manifeste du pavillon de la France pour la biennale de Venise, 2016, http://www.nouvellesrichesses. fr/fr/manifeste/, consulté le 15/01/2018 4.Ibid.

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Vallée de la petite Barguelonne



Place des cornières


I/ CONTEXTE

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Bastide versant Sud-Est


1/ DÉFINITIONS L’Agence Nationale pour l’Amélioration de l’Habitat (ANAH)5 est un établissement public se donnant pour mission d’améliorer le parc de logements privés existant. Elle accompagne et accorde des aides financières pour travaux aux propriétaires privés occupants, aux bailleurs ou aux copropriétés en difficulté. L’agence est également partenaire des Opérations programmées d’amélioration de l’habitat (Opah) de certaines collectivités territoriales.6 L’action de l’ANAH gravite autour de quatre axes principaux : - La lutte contre l’habitat indigne - La lutte contre la précarité - Le traitement des copropriétés en difficulté - L’adaptation du logement aux besoins des personnes âgées ou handicapées.7 En 2014, le gouvernement lance un programme expérimental d’appel à manifestation pour la revitalisation des centre-bourgs français. Ce programme, conduit par les ministères du logement et de l’habitat durable, de l’aménagement du territoire, de la ruralité et des collectivités territoriales et le ministère des outremer, retient 54 communes lauréates. L’objectif est de « conforter un maillage équilibré du territoire, avec la présence de centre-bourgs vivants et animés, pour répondre à la fois aux enjeux d’égalité des territoires et de transition

écologique et énergétique.» 8 L’objectif est de dynamiser l’économie de certains bassins de vie ruraux ou périurbains délaissés et d’améliorer le cadre de vie des populations en se penchant sur la qualité des logements et l’accès aux services de proximité. L’enjeu de ce grand programme est également d’accompagner la transition écologique des territoires et de limiter l’artificialisation des sols liée à l’étalement urbain.9 Mais qu’est-ce qu’un « centre-bourg » en France ? Les communes comportant un «centrebourg» à revitaliser » sont très différentes. L’ANAH différencie deux types de territoires : « Les bourgs des bassins de vie ruraux qui ont un rôle de structuration du territoire et d’organisation de centralités de proximité, mais qui sont en perte de vitalité, et recouvrent des enjeux de requalification de l’habitat notamment; les bourgs dans les troisièmes couronnes périurbaines, qui font face à une arrivée de nouvelles populations, à des demandes fortes en logements et services et à des besoins d’adaptation de l’habitat existant (vieillissement de la population, etc.) »10

5. www.anah.fr 6. “Une opération programmée d’amélioration de l’habitat est une offre de service.[...] C’est une offre partenariale qui propose une ingénierie et des aides financières. Elle porte sur la réhabilitation de quartiers ou centres urbains anciens, de bourgs ruraux dévitalisés, de copropriétés dégradées, d’adaptation de logements pour les personnes âgées ou handicapées. Chaque Opah se matérialise par une convention signée entre l’État, l’Anah et la collectivité contractante. Elle est d’une durée de 3 à 5 ans. Ce contrat expose le diagnostic, les objectifs, le programme local d’actions et précise les engagements de chacun des signataires. En complément de l’Opah classique, il existe une gamme d’Opah thématiques pour des problèmes d’habitat spécifiques : Opah renouvellement urbain (RU) ; Opah revitalisation rurale (RR), Opah copropriétés dégradées.’’ (http://www.anah.fr/decideurs-publics/les-operations-programmees/quest-ce-quune-operation-programmee/ consulté le 24/04/2017) 7. http://www.anah.fr/qui-sommes-nous/ 8. http://www.centres-bourgs.logement.gouv.fr/la-demarche-r8.html 9. Ibid. 10. Ibid.

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Cette différenciation permet de comprendre le rôle et l’environnement de ces centre-bourgs. Malgré tout, de grandes disparités persistent. Dans ces 54 communes, la superficie ou encore le nombre d’habitants sont loin d’être similaires. Aucun portrait type de commune faisant l’objet de l’opération de revitalisation des centre-bourgs par l’ANAH ne semble se détacher clairement. Il est donc difficile aujourd’hui de donner une définition exacte de la notion de « centre-bourg » telle que l’entend l’ANAH. En effet, même une fois mise de côté la commune de Maripasoula, en Guyane, qui semble faire figure d’exception11, les écarts de densité de population ou de superficie entre ces communes sont impressionnants. La commune la moins peuplée est par exemple Vico (Corse) avec ses 897 habitants, tandis que Pont-Saint-Esprit (Languedoc Roussillon) en comptabilise 10 fois plus (10 155 en 2014). De la même façon, la plus petite commune occupe seulement 1,9 km² (Saint-Bonnet-le-château, Rhône-Alpes) tandis que la plus grande s’étend sur 117,8 km² (Castellane, Région PACA), soit 60 fois plus.12 Il en résulte des formes urbaines très différentes et des densités de population très variées. Avec 13,1 habitants par km², la commune de Castellane n’est pas du tout confrontée aux mêmes problématiques que la commune de Guingamp comptant plus de 2053 habitants par

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km².13 Ces centre-bourgs, au tissu historique, sont composés de typologies de bâtis très différents, d’époques et de styles architecturaux variant selon l’histoire de la région dans laquelle ils se situent. Cependant, des problématiques communes semblent ressortir. Ce sont généralement des communes aux centre-bourgs historiques délaissés au profit des périphéries et de l’étalement urbain. Ces centre-bourgs enregistrent des taux record de logements et de commerces vacants. Les typologies de bâtis historiques et les rues étroites sont difficiles et coûteuses à adapter aux besoins et à la réglementation actuels, notamment en matière d’isolation thermique ou d’accès aux PMR14. De nombreux constats identiques reviennent; les logements en centre-bourg sont étroits, mal isolés, délabrés, peu adaptés au vieillissement ou au handicap, peu lumineux et difficilement accessibles. L’étroitesse des ruelles rend la circulation automobile et le stationnement particulièrement problématiques. Ces communes sont pour beaucoup touchées par un vieillissement de leur population. L’absence de services, de commerces et surtout d’emploi dans ces territoires fortement touchés par le chômage fait fuir les jeunes actifs. Sur les 54 communes, 40 enregistrent une baisse notable de leur population entre 2009 et 2014.15 Jusqu’à – 270% pour Saint-Maixent-l’école, en PoitouCharente.16

11. Avec ses 10 984 habitants répartis sur une surface de 18 360 km² enregistrant une densité de population de seulement 0.6 habitants par km² ainsi qu’une augmentation de 770 % de sa population entre 2009 et 2014 (INSEE 2014) 12. Étude personnelle réalisée à partir des données INSEE 2014 13. Ibid. 14. Personnes à Mobilité Réduite 15. Étude personnelle réalisée à partir des données INSEE 2014 16. Ibid.


Pour conclure nous retiendrons qu’un centre-bourg, dans le cadre des opérations de revitalisation de l’ANAH, est un centre-ville en déclin, au taux de vacance de logements et de commerces élevé, en raison d’une désertion des habitants vers la périphérie ou vers d’autres communes. C’est un centre-ville dans lequel les logements existants sont inadaptés à la demande et aux besoins actuels. Un travail sur l’offre de logement, de services publics, de commerces, d’emploi ainsi que sur l’espace public est alors nécessaire. Différencions tout de même: - d’un côté les bourgs ruraux, en perte de vitalité, en déclin démographique, dans lesquels une redynamisation économique et une restructuration du territoire est nécessaire, afin de les rendre plus attrayants, (comme Lauzerte) - et de l’autre, les bourgs des couronnes périurbaines, qui font face à l’arrivée de nouvelles populations, malgré leur parc de logements et leur offre de services inadaptés. Toutes ces communes, questionnent la relation de l’homme à la nature. Ces territoires ont le potentiel d’attirer les touristes ou de nouveaux habitants pour leur relation au paysage, à l’agriculture ou à la nature. Tous sont confrontés aux problématiques de l’étalement urbain et de l’aspiration des ménages à la maison individuelle et au jardin privé.

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Eglise Saint-Barthélémy, place des cornères


2/ LAUZERTE Avec ses 1482 habitants17, Lauzerte est la deuxième commune la moins peuplée dans laquelle l’ANAH intervient. Avec une densité de population de 33,3 habitants par km², c’est aussi la quatrième commune la moins dense. Située au nord du Tarn et Garonne, cette ancienne bastide médiévale, étape du chemin de Saint-Jacques de Compostelle entre Cahors et Moissac, surplombe les vallées du Lendou et de la Barguelonne. Entourée de terres agricoles et à l’écart de l’effervescence des grandes villes, Lauzerte, isolée en plein cœur de la nature, attire les touristes l’été.

Située entre Bordeaux, Brive-la-Gaillarde et Toulouse, Lauzerte est à l’écart des grands axes de circulation. L’aéroport le plus proche se trouve à 90 km tandis que la gare TGV la plus proche est celle de Montauban à 37 km. L’arrêt de TER le plus proche est celui de Moissac, à 23 km. Ces gares sont cependant séparées de Lauzerte par un relief important. Les autoroutes principales (A20 et A62) passent par le même axe que les voies ferrées. Pourtant, Lauzerte est stratégiquement située dans une vallée large des Serres18, reliant Valence d’Agen à Cahors, grâce à la départementale D953. Le bourg est donc un point de desserte pour d’autres communes rurales plus enclavées.

Position de Lauzerte Brive la Gaillarde 130 km

Bordeaux 200 km

Agen 54 km

Lauzerte

Lauzerte

Toulouse 90 km

100 KM

Aéroports enregistrant plus de 4 million de voyageurs par an

Occitanie

17. INSEE 2014 18. «Nom masculin. (ancien provençal serra, montagne) Crête d’interfluve étroite et allongée (dans l’Agenais, les Cévennes).» (http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/ serre/72353?q=serre#71542)

21


Position de lauzerte Villes de plus de 30 000 habitants Villes de 15 000 à 30 000 habitants Villes de 5 à 15 000 habitants Villes de moins de 1500 habitants

Vers Brive la Gaillarde

Villes situées à plus de 45 minutes en voiture de Lauzerte Principaux cours d’eau Routes départementales

39 km

Autoroutes

Cahors

GR 65 (Chemin de Saint-Jacques de Compostelle)

Villeneuve sur lot 47 km

Montcuq en Quercy Blanc

56

D9

13 km

Montaigu de Quercy

rs eaux

17 km 13 km

A20

Garonn

e

Lauzerte

53

D9

Agen

Valence d’Agen

54 km

Moissac 23 km

27

A62

20

Montauban

GR65

37 km

e onn Gar

5 KM

22

D8

D9

28 km

Tarn

Vers Toulouse

Caussade 43 km


Réseau ferré Ligne TGV Gare TGV Ligne TER

Vers rdeaux / Paris

Gare TER - arrêts fréquents Gare TER - arrêts occasionnels

Cahors 39 km

Ligne TGV

Penne

Gare TGV

40 km

Ligne TER

Vers Bordeaux / Paris

Gare TER - arrêts fréq

Lauzerte

Gare TER - arrêts occa

53

Agen

D9

54 km

Cahors 39 km

Moissac Penne 23 km 40 km

Valence d’Agen 28 km

MontaubanLauzerte 37 km

53

Agen

D9

54 km

Vers Toulouse

Moissac 23 km

Valence d’Agen 28 km

Montauban 37 km

Vers Toulouse

5 KM

23


Évolu�on de la popula�on de Lauzertecomparée comparée àà celle entreentre 1793 et 2014et 2014 Évolution de la population de Lauzerte celleduduTarn-et-Garonne Tarn-et-Garonne 1793 300000

4000 3500

250000

3000 200000

2500 2000

150000

1500

100000

1000 50000

500 0

0 1750

1800

1850

1900

1950

2000

2050

Tarn et Garonne Lauzerte

Population par tranches d’âge, Lauzerte 2012

Taux de chômage en 2013

20% 18% 16% 14% 12% 10% 8% 6% 4%

0 à 18 ans

19 à 65 ans

65 ans ou plus

2% 0%

Source: INSEE 2012

24

FRANCE

OCCITANIE

îLE DE FRANCE

HAUTS DE FRANCE

TARN ET GARONNE

LAUZERTE


Depuis quelques années, Lauzerte observe une paupérisation et un vieillissement de sa population. Parmi les 54 centre-bourgs faisant l’objet d’une intervention de l’ANAH, Lauzerte est l’une des plus touchées par le vieillissement. Plus d’un tiers de ses habitants est âgé de plus de 60 ans. Les ménages lauzertins sont également pour beaucoup touchés par la solitude et la pauvreté. Deux tiers des ménages sont composés d’une personne seule ou d’un couple sans enfant. Un tiers des ménages vit sous le seuil de pauvreté19 dans une commune où le chômage augmente sans cesse. Les exploitations agricoles ne trouvant pas de successeur périclitent.20 Le grignotage des terres agricoles et les difficultés de succession des exploitations sont des problématiques très importantes dans cette commune rurale où près de 9 % de la population est agriculteur exploitant contre 1,4 % en moyenne en France en 2013. Avec le départ des jeunes actifs, le déséquilibre intergénérationnel ne cesse de s’accentuer.

19. GROUPE DE TRAVAIL DES QUARTIERS ANCIENS, (dirigé par) GUILLAUMIN, Véronique, le projet de revitalisation du centre-bourg de Lauzerte, forum des politiques de l’habitat privé, 2017, p.2 20. Chambre d’agriculture du Tarn et Garonne, Diagnostic territorial agricole et foncier. Communauté de communes pays de Serres en Quercy, octobre 2016.

25


11,4 %

de logements vacants

26


Ce phénomène de désertion et de paupérisation est particulièrement visible dans le centre-bourg où les commerces et logements aux volets fermés donnent à Lauzerte, particulièrement en hiver, le visage d’une ville fantôme. Les commerces de proximité et les services disparaissent peu à peu. En effet, la commune enregistre 11,4% de logements vacants – principalement les grands logements – et 20 % de résidences secondaires, occupées uniquement l’été.21 C’est en effet une commune qui vit au rythme des saisons et des périodes touristiques.

20 %

Résidences secondaires

Parmi les centre-bourgs séléctionnés par l’ANAH, Lauzerte est donc un bourg important dans son bassin de vie rural. Étape du chemin de Saint-Jacques de Compostelle, Lauzerte attire de nombreux touristes chaque année. C’est un bourg référent dans la vallée, rassemblant encore quelques commerces et services, comme le collège du pays de Serres accueillant plus de 250 élèves chaque année. La commune est le chef-lieu de la communauté de communes du Pays de Serre. Le projet de revitalisation de centre-bourg de l’ANAH porte d’ailleurs sur l’ensemble de la communauté de communes. Le centre-bourg de Lauzerte doit ainsi fonctionner en complémentarité avec les centre-bourgs de Montaigu de Quercy et de Bourg de Visa. Mais ce centre bourg historique, au fort potentiel touristique et agricole, périclite et est déserté au profit d’un étalement urbain grignotant les terres agricoles. Le centre historique est en effet composé, nous le verrons, de logements parfois dégradés ou inadaptés aux normes et aux besoins actuels, à l’écart des services et des commerces. 27 21. GROUPE DE TRAVAIL DES QUARTIERS ANCIENS, (dirigé par) GUILLAUMIN, Véronique, op, p.2


Faubourgs de Lauzerte vus depuis le belvédère de la barbacane



Grand Rue


II/ LE PATRIMOINE NATUREL & CULTUREL DE LAUZERTE

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Promenade de l’Éveillé (anciens remparts)


1/ LAUZERTE, VILLE D’ART & D’HISTOIRE A/ Formation de la ville Le village de Lauzerte, perché sur son Pech22, domine les vallées de la Barguelonne et du Lendou. Situé à leur confluence, il offre une vue imprenable et stratégique. La commune, visible à plusieurs dizaines de kilomètres, accueille les voyageurs depuis des centaines d’années. Aucun document historique n’en atteste, mais la position de la ville et la découverte d’un trésor gallo-romain au sommet du Pech, laissent supposer que la colline ait vu s’implanter un camp romain. Située sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, sa position stratégique en a fait un lieu de passage historique. C’est ce qui a permis son développement rapide depuis la formation en 1176 d’un Castelnau.23 Lauzerte est une ville nouvelle de la fin du XIIème siècle, originellement composée de 200 parcelles, le long d’une unique rue commerçante. Elle s’est ensuite développée en bandes successives vers le sud. En effet, d’importants vents et une topographie plus abrupte empêchaient l’extension de la ville au nord. Au XIIIème siècle, la ville fortifiée épouse les formes du plateau et rapidement, les premiers faubourgs

se développent. Lieu de vie de magistrats et riches marchands, la ville est un véritable témoignage de l’architecture gothique et de l’époque renaissance. On y trouvait les draps de lin du Quercy, des épices venues des Indes, du blé ou encore le vin de Cahors. Dans les faubourgs, c’est l’industrie de la tannerie qui prospère et fait la renommée de la ville. Au XIVème siècle, en raison des multiples attaques, les faubourgs, sans arrêt démolis, sont eux aussi protégés par une enceinte, plus modeste. Au milieu du XVIIIème siècle24, les enceintes sont démantelées et les tanneries périclitent. La ville s’étend alors durablement d’un faubourg puis, progressivement, de maisons isolées le long des grands axes. Les premiers lotissements apparaissent au XXème siècle. Avec l’automatisation de l’agriculture, les parcelles agricoles s’agrandissent et descendent dans les plaines. Le versant nord du Pech, trop pentu et exposé aux vents dominants du nord pour l’extension de la ville laisse place à une forêt de plus en plus dense et aujourd’hui protégée.

22. Equivalent occitan des « puys », issu du latin « podium », il signifie « hauteur » et désigne généralement un domaine, village, hameau, situé en hauteur. 23. BANDOCH, Rino, Guide de Lauzerte. Promenade dans l’histoire, les presses de l’imprimerie coopérative, Montauban, 1989 24. SANCHEZ-ALFONSON, Nieves, TATARU, Alina, Lauzerte. Etude patrimoniale architecturale et paysagère, Ecole de Chaillot, mai 2016.

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De la bastide médiévale à la ville éclatée, une croissance en bandes successives

Avant XIIème siècle

34

XIIème siècle

XIIIème siècle

XIVème siècle

XV - XVIIème siècle


XVIIIème siècle

XIXème siècle

XXème siècle

200 M

35


1950-65


100 M

2013


B/ Morphologies urbaines De cette évolution en bandes successives, il résulte, différentes morphologies urbaines : - Le tissu médiéval dense de la bastide est hérité des 200 parcelles à bâtir de 5x10m distribuées aux marchands lors de la fondation du Castelnau, le long d’une rue commerçante, la rue du Milial. La bastide s’est rapidement étendue, épousant les formes du plateau, le long de la Grand rue. Au nord du Pech, le plateau se dilate et laisse s’installer, naturellement, la place des Cornières. Les petites ruelles médiévales ne laissent pas présager l’apparition d’une telle place carrée entourée d’arcades. Elle est le point culminant de la ville. Le tissu médiéval, contraint par la topographie et les anciennes enceintes, est composé de deux rues principales se rejoignant au nord et de ruelles étroites. Les bâtis n’excèdent pas trois niveaux. La circulation automobile se fait à sens unique dans les rues principales laissant une partie de la voie au stationnement. Les ruelles et la place des cornières sont piétonnes. La promenade de l’Éveillé, au nord, permet de contourner la bastide et de stationner de nombreux véhicules. Dans ce tissu médiéval, les commerces et services sont très peu nombreux. Le tissu particulièrement dense offre également très peu d’espaces végétalisés. Au cœur de la bastide, quelques courettes ou jardins en cœur d’îlot offrent un espace extérieur aux habitants, mais ils sont rares. Seules les maisons bourgeoises au sud profitent, au-delà des anciens remparts, de jardins en terrasses descendant vers les faubourgs. La bastide offre donc des espaces publics de qualité

38

mais entretient très peu de relations au paysage. Seules les maisons bourgeoises, au sud, profitent de balcons et de jardins en terrasses ouverts sur le grand paysage. C’est un tissu particulièrement dense et introverti. - Le tissu de faubourg est moins dense que celui de l’ancienne bastide mais davantage contraint par la topographie. Les maisons se sont construites parallèlement à la pente, en bandes. C’est un tissu plus décousu, moins dense, résultant des multiples destructions ayant eu lieu, notamment durant la guerre de cent ans (XIVèmeXVème siècle). Les maisons profitent en revanche d’espaces extérieurs plus généreux, de jardins privés et de potagers en terrasses. La circulation automobile est plus aisée mais reste difficile dans certaines ruelles étroites et pentues. La place du foirail accueille davantage de commerces et de services que n’en comporte la ville haute, mais le stationnement reste difficile. L’espace public est donc plus généreux mais moins structuré. Davantage de logements ont accès à des jardins privés et des potagers. - Les lotissements à Lauzerte se sont construits au XXème siècle au pied de la commune. Ce sont des groupements de maisons individuelles avec jardin privé clôturé, mitoyennes ou isolées. Placés généralement sur une parcelle agricole redécoupée en plusieurs parcelles individuelles et construits par un seul et même promoteur, ces lotissements répondent à une logique de composition urbaine et une esthétique architecturale qui leur est propre. Ils sont déconnectés du tissu urbain historique, au pied


du Pech, afin de profiter des quelques commerces et services, mais n’en proposent aucun. - Les maisons isolées ponctuent le paysage de la commune. Qu’elles soient proches du centre-ville, dans la forêt, ou bien à l’écart, au milieu des exploitations agricoles, au bord de l’eau, ces maisons sont en totale communion avec le paysage. Datant généralement d’avant le XXème siècle, elles font partie de l’histoire de la commune. Les anciens pigeonniers, les grandes fermes ou les maisons bourgeoises font partie du paysage de la commune. Cette nature qui les entoure n’est pourtant pas très accessible: il s’agit généralement de champs de grandes cultures entourés de fossés. - Le centre du quartier d’Auléry est apparu suite à la construction, au XXème siècle, de la départementale 953 qui contourne le Pech de Lauzerte par l’Est. Au croisement de la départementale 953, remontant la vallée de la Barguelonne vers Cahors, de la départementale 54 et du GR 65 (chemin de Saint-Jacques de Compostelle), c’est un lieu de passage stratégique pour le développement des commerces. Des bâtiments-hangars se sont alors posés au milieu de larges parkings. Aucun trottoir ni aucun espace piétonnier ne structure ce tissu urbain très peu dense. La circulation automobile et la logistique règnent au détriment du piéton et des espaces de rencontre. En revanche, Auléry est à la lisière entre ville et agriculture, entre quotidienneté et production agricole. Entouré de terres cultivées, le quartier a un véritable potentiel aujourd’hui inexploité.

- Le quartier linéaire d’Auléry s’est étendu progressivement au XXème siècle, le long des grands axes de circulation, principalement la D54 – le long de la vallée du Lendou – et la D58E reliant Lauzerte à la D953 par le sud. Contrairement aux lotissements, le tissu pavillonnaire se dessine progressivement, au fil des découpages parcellaires. Des parcelles agricoles, le long des grands axes de circulation, sont rendues constructibles et divisées en parcelles individuelles sur lesquelles des particuliers construisent alors des maisons isolées. La densité de ces formes urbaines est encore plus faible que celle des lotissements. Ce tissu urbain n’offre aucun commerce ni service. Monofonctionnel, il dépend des axes de circulation le connectant aux commerces et services. Ce tissu n’a pas d’espace public aménagé puisqu’il se résume en des parcelles privées et un axe routier. Cette forme urbaine, comme le lotissement, répond au désir de plus en plus de ménages, d’accéder à une maison individuelle au cœur d’une nature domestiquée (le jardin) toujours en relation au grand paysage et aux terres agricoles, mais grignote peu à peu le paysage. - Enfin, des hameaux isolés, formés au fil des siècles, ponctuent le paysage de la commune de Lauzerte. Leur tissu urbain souvent dense épouse la topographie et offre quelques espaces publics ainsi que des jardins et potagers individuels.

39


Les morphologies urbaines de Lauzerte Bastide

Batis et relief

Vides

Cadastre

Axes structurants

40

Faubourgs

Lotissements

Maisons isolées


Auléry Quartier linéaire

Auléry Centre

Hameaux

Batis et relief

Vides

Cadastre

Axes structurants

100 M

41


Les morphologies urbaines de Lauzerte Bastide

Espaces publics

Jardins et cours privés

Espaces agricoles

Espaces végétalisés

42

Faubourgs

Lotissements

Maisons isolées


Auléry Quartier linéaire

Auléry Centre

Hameaux

Espaces publics

Espaces publics ar�ficialisés Espaces publics végétalisés

Jardins et cours privés Espaces agricoles Jardins et cours privés Forêts Espaces publics végétalisés Friches Cime�ère

Espaces agricoles

Espaces agricoles Jardins et cours privés Forêts

Espaces végétalisés

Espaces publics végétalisés Friches Cime�ère Espaces agricoles Jardins et cours privés Forêts

100 M

Espaces publics végétalisés Friches Cime�ère

43


d

coin des poupes


Jardins en faubourgs et ville haute

Jardins privés Jardins publics Espaces boisés protégés

a c d b

a

b

Jardin du pélerin

c

45


I

Rue de la garrigue


Stationnement en faubourgs et ville haute

Parking public Stationnement spontanné Parking privé

A

E

G

C

I

B

D

F

A

B

C

D

E

F

G

47


La bastide vue depuis Auléry


Stationnement à Auléry

Parkings commerciaux

b a

c d e

f

a

b

c

d

e

f

49


Maison bourgeoise Maison de bastide avec jardin

Maison sur fortification

Maisons de faubourg

50 M

50


C/ Typologies architecturales Maisons de bastide Maisons sur fortification Maisons de cœur de bourg Maisons bourgeoises

Maisons de faubourg Maisons de faubourg Maisons isolées Autres typologies

Fortifications Fortifications conservées Fortifications disparues

La variété des typologies architecturales présentes dans le centre-bourg de Lauzerte est étroitement liée à l’histoire de la ville et à sa topographie. L’étude précise des typologies de la commune a permis d’identifier trois grandes typologies: 25 - Les maisons de bastide - Les maisons de faubourg - Les maisons isolées - Les pavillons L’étude se concentre sur les maisons de bastide et de faubourg, très spécifiques à la commune, tandis que les pavillons sont des productions classiques que l’on retrouve aujourd’hui partout. Les maisons de bastide se sous-divisent en trois typologies, résultant de la topographie et de l’histoire de la formation de la commune.

25. Etude réalisée en partie à partir des relevés effectués par les étudiants de l’ENSA Toulouse : CHACON, Sukey, ENSA toulouse, Atelier JALAIS Savitri & LOUIT Marielle, Réhabilitation du bâti ancien, Année 2016-2017 DEJU, Razvan, RABOSO, Miguel, ENSA toulouse, Atelier JALAIS Savitri & LOUIT Marielle, Réhabilitation du bâti ancien, Année 2016-2017 MANN Mathilde, MERLE, Lorène, ENSA toulouse, Atelier JALAIS Savitri & LOUIT Marielle, Réhabilitation du bâti ancien, Année 2016-2017 MARTINEZ, Maria, ENSA toulouse, Atelier JALAIS Savitri & LOUIT Marielle, Réhabilitation du bâti ancien, Année 2016-2017 MIGLIORE, Marine, ENSA toulouse, Atelier JALAIS Savitri & LOUIT Marielle, Réhabilitation du bâti ancien, Année 2016-2017 SANCHEZ-ALFONSO, Nieves, TATARU, Alina, Ecole de Chaillot, Lauzerte, Étude patrimoniale et architecturale, paysagère et urbaine, mai 2016 et à partir de MORENO, Nancy, Architecture civile et médiévale à Lauzerte (Tarn et Garonne) aux XIIIème et XIVème siècles, Mémoire de Maîtrise d’Histoire de l’Art et d’Archéologie, sous la direction de Pradalier-Shlumberger, M., Université de Toulouse-Le mirail, septembre 2001

51


2M

52

Plan de Rez de chaussée

Coupe


LES MAISONS DE BASTIDE LES MAISONS DE CŒUR DE BASTIDE

- Les maisons de cœur de bastide sont le témoignage du Castelnau de 200 parcelles à l’origine de Lauzerte. Situées au cœur de la bastide, elles s’élèvent sur deux à trois niveaux, sur des parcelles d’environ 5x10 mètres. Généralement mono-orientées elles se font dos à dos. Le rez-de-chaussée était à l’origine un commerce ou un atelier, aujourd’hui transformé le plus souvent en garage ou en rez-de-chaussée d’habitation. Les pièces de vie et chambres sont généralement en façade, laissant en fond de parcelle les circulations verticales et les pièces humides. La plupart des façades sont en pierre calcaire, extraite des carrières souterraines de la ville. Témoignage de ces carrières, de

nombreuses maisons ont encore accès à des caves voûtées. Quelques façades en pan de bois et brique témoignent du passé médiéval de la ville, mais ayant pour beaucoup brûlé elles font figure d’exception. Les toitures en tuiles, typiques de la région sont terminées par des génoises de 1 à 3 rangs symbolisant la richesse de son occupant. Les fenêtres sont habillées de volets en bois. Sur certaines façades, on remarque que la porte d’entrée est légèrement décalée par rapport à la fenêtre du dessus. En effet, les espaces de circulation (et ainsi l’entrée) sont déportés sur le côté afin d’optimiser les petits espaces.

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Place des cornières

Maisons traversantes

Plan de Rez de chaussée

Plan de Rez de place

5M

54

Coupe

5M

Coupe


LES MAISONS DE CŒUR DE BASTIDE - VARIATIONS

Reconstructions modernes

Cette typologie de maison de cœur de bastide présente plusieurs variations : - Les typologies situées sur la place des cornières sont prolongées d’arcades qui apparaissent dès le Moyen-Âge. On remarque cependant une évolution dans le dessin des arcades et des façades au fil du temps. Les arcades sont en effet en plein-cintre26 au sud-est et en anse de panier27 côté nord-ouest. Au rezde-chaussée, donnant sur la galerie, se trouvent des commerces. Exception de l’îlot Nord-Ouest de la place, où les parcelles sont particulièrement allongées, des courettes ou puits de lumière viennent aérer les parcelles en leur centre.

Plan de Rez de chaussée

5M

Coupe

- Avec le temps, ces petites typologies très contraignantes ont évolué pour s’adapter aux aspirations actuelles. Des terrasses et tropéziennes sont apparues, tandis que certaines parcelles ont fusionné afin d’agrandir les logements ou de les rendre traversants. - Certaines maisons de cœur de bastide ont également été démolies et reconstruites plus récemment, dans des matériaux différents avec une esthétique et une composition de façade un peu différente. On retrouve par exemple quelques maisons en parpaings ou béton, avec volets coulissants.

26. «Arc dont la courbe forme un demi-cercle; sa portée est égale à sa hauteur.» HOPKINS, p.155 27. «Arc composé, dont la courbe centrale a un rayon plus important que les deux autres; son centre est situé au-dessous du niveau des impostes.» HOPKINS, p.154

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5M

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Plan de Rez de rue - Accès rue de la mairie

Coupe


LES MAISONS DE BASTIDE LES MAISONS SUR FORTIFICATIONS

- Les maisons sur fortifications sont situées sur la face Nord-Ouest de la bastide. C’est au XIIIème siècle que les fortifications apparaissent. Les maisons commerçantes de 5x10 m situées sur la façade nord sont alors renforcées afin de faire office de remparts. D’après les sources rassemblées, il semblerait qu’au XIIème siècle, ces maisons étaient mono-orientées vers l’intérieur de la bastide. Elles se protégeaient ainsi des vents dominants provenant du nord. Les pièces de vie et les chambres donnent donc le plus souvent sur le cœur de bastide. Au XVIIIème siècle avec la démolition des remparts, elles s’ouvrent au Nord. De petites fenêtres sont alors percées et un accès depuis la promenade de l’Éveillé est créé. Les maisons sur fortifications sont généralement plus grandes que celles de cœur de bastide ayant rapidement été agrandies. Cette typologie contient par exemple l’ancien château, la mairie et une école. En raison d’un important décalage de hauteur entre la rue de la mairie et la promenade de l’Éveillé, au pied des remparts, cette typologie a deux visages très distincts. En bastide, le long de l’ancienne rue commerçante, elle ressemble aux typologies de cœur de bourg, hautes de 2 à 3

niveaux tout au plus, avec une façade ordonnée et des volets en bois. Le rez-de-chaussée (à l’origine commerce) est aujourd’hui transformé en garage ou rez-de-chaussée d’habitation. Au Nord, sur la promenade de l’Éveillé, ce sont des bâtiments de 4 à 5 étages aux rez-de-chaussée très fermés qui se dressent face à la forêt. On accède depuis la promenade de l’Éveillé à un, voire deux étages de caves voûtées servant aujourd’hui le plus souvent de garage. La massivité des façades Nord de cette typologie témoigne du système défensif de la ville. Elles sont par exemple, sans exception, toutes construites en pierre calcaire massive. Aucune maison en pan de bois, trop fragile, n’entre dans cette typologie. Les toitures sont en tuiles, ornées de la traditionnelle génoise. On observe quelques variations de la typologie; certains bâtiments s’ouvrent, par des cours, sur la promenade de l’Éveillé ou le cœur de bastide. Ces transformations, ultérieures à la démolition des remparts rompent l’alignement des façades et permettent des dilatations et aération de l’espace dans ce tissu médiéval très dense. 57


5M

58

Plan de Rez de rue - Accès Grand Rue

Coupe


LES MAISONS DE BASTIDE LES MAISONS BOURGEOISES

- Les maisons bourgeoises sont situées sur la façade Sud de la bastide, s’ouvrant largement sur le grand paysage et profitant de balcons et jardins en terrasses descendant vers les faubourgs. Elles n’apparaissent qu’au XIIIème siècle avec l’expansion de la ville au sud. Auparavant, cette partie était peu investie en raison des vents dominants nord-sud qui emportaient les odeurs de boucherie de la place des cornières. Avec le changement d’activité et la spécialisation de la commune dans les étoffes, la partie sud de la ville se développe et s’embourgeoise. Au sud, les remparts ont été construits à distance des bâtiments, laissant place à un petit jardin dans l’interstice. Avec la démolition des remparts ce sont d’immenses

jardins en terrasse qui se sont libérés. L’accès se fait toujours par le cœur de bourg mais, cette fois, les pièces de vie et les chambres sont situées au sud, laissant les circulations et les espaces de service au Nord, vers l’intérieur de la bastide. Les façades de pierre calcaire sont plus travaillées et ornementées, parfois associées à la brique ou aux pans de bois. Les maisons à deux niveaux côté bastide prédominent. On retrouve également les toitures en tuile et leurs génoises. Ces maisons bourgeoises résultent généralement de la fusion de plusieurs parcelles et sont particulièrement spacieuses, réinterprétant le motif de la maison à cour et jardin pour certaines, qui profitent côté bastide d’une petite cour par laquelle on accède à la propriété et d’un jardin au Sud ouvrant sur le grand paysage.

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Plan de Rez de rue - accès rue des tanneurs

62

5M

Coupe


LES MAISONS DE FAUBOURG

- Les maisons de faubourg s’étendent sur le versant Sud de la commune, avec des constructions bien plus simples et moins ornementées qu’en bastide. En effet, elles sont bien plus exposées aux destructions. Les maisons les plus anciennes datent uniquement du XVIème et XVIIème siècles. La plupart sont construites en pierre calcaire apparente ou enduite. Comme en ville haute, elles sont recouvertes d’une toiture en tuile ornée de génoises. Ces typologies ont beaucoup évolué au cours du temps avec des percements, des surélévations, etc. Souvent traversantes, ces maisons sont construites dans

la pente, avec un accès principal sur la rue basse, donnant généralement sur un commerce ou un atelier. Un accès secondaire donne sur le logement, depuis la rue haute. Elles sont souvent creusées dans la roche et s’élèvent sur 2 à 3 niveaux, selon la différence de hauteur entre les deux rues. La rue des tanneurs est un très bon exemple de ce système, mais avec une particularité. En fond de parcelle, les tanneurs utilisaient les eaux de ruissellement de la roche pour leur activité. Des réservoirs témoignent encore aujourd’hui du passé industriel de la ville.

63


64 Chemin de Saint-Jacques de Compostelle


D/ Classifications et labels La commune a un patrimoine culturel particulièrement riche. Classée parmi les ‘‘plus beaux villages de France’’, elle est au cœur d’une région particulièrement propice au tourisme culturel. Plusieurs bâtiments de son centre sont protégés au titre des monuments historiques, tandis que le GR 65 qui la traverse est classé au patrimoine mondial de l’humanité, l’UNESCO. Véritable témoignage historique, la bastide est un palimpseste de styles architecturaux médiévaux, baroques ou encore classiques. Contrairement à de nombreuses villes du Tarn et Garonne, où la brique domine, Lauzerte, située Brive au laVers cœur Gaillarde du Quercy blanc est principalement construite en pierre calcaire. Elle est donc une véritable destination pour le tourisme culturel, sa place des Cahors

cornières et l’église Saint Barthélémy sont une étape incontournable et attendue du chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Mais les visiteurs ne sont pas uniquement attirés par le patrimoine architectural et l’histoire de la bastide. La ville s’est développée grâce aux nombreux savoir-faire locaux notamment en matière d’art et d’artisanat. Lauzerte rassemble de nombreux souffleurs de verre, sculpteurs, peintres, céramistes, ferronniers, artisans verriers spécialistes du vitrail et bien d’autres. C’est aussi, nous le verrons, la gastronomie locale et les produits de son agriculture qui font du Tarn et Garonne une destination particulièrement appréciée.

Matériaux principaux de l’architecture traditionnelle du Tarn et Garonne Lot

Garonne

Lauzerte

A20

Agen Calcaire blanc (tendre)

Valence d’Agen

Caussade

Calcaire blanc massif (assez dur) Calcaire massif et en lauze (dur)

Moissac

A62

Calcaire en dalle (dur) Montauban

Grès et schiste Pierre

e

onn G ar

5 KM

Tarn

Vers Toulouse

Pierre et brique Brique

Sources: - AGENCE Bertrand Folléa - Claire Gauthier, Tarn et Garonne, Elements pour une politique du paysage, 1999

65


Patrimoine naturel et culturel protégé de la commune de Lauzerte

Espaces boisés classés (PLU) ZNIEFF * Site archéologique Element de patrimoine ou de paysage Protection des sites et monuments naturels classés

Monument historique classé ou inscrit et son perimètre de protection

GR 65, chemin de Saint Jacques de Compostelle, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1998

500M

66

* «Lancé en 1982, l’inventaire des Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) a pour objectif d’identifier et de décrire des secteurs présentant de fortes capacités biologiques et un bon état de conservation.» (https://inpn.mnhn.fr/programme/inventaire-znieff/presentation)


Lauzerte au cœur du Quercy blanc

LOT

LOT ET GARONNE

QUERCY BLANC

Lauzerte

TARN ET GARONNE

10 KM

67


Vallée du Lendou vue depuis le jardin du pélerin


2/ LAUZERTE, AU CŒUR D’UN PAYSAGE RICHE, PEU EXPLOITÉ Au cœur du Quercy blanc, à l’écart des grandes agglomérations, Lauzerte profite d’un paysage particulièrement riche et apprécié. La bastide surplombe des paysages calcaires uniques. Cette terre si particulière a également fait la réputation des produits de son agriculture. Les terres de Lauzerte ont été façonnées par l’agriculture et par des cultures très spécifiques comme la vigne, les vergers, la lavande ou encore les tournesols qui ont progressivement modelés des paysages uniques. Le bourg est au cœur d’une des régions de France concentrant le plus d’AOC et d’IGP (Appellation d’Origine Contrôlée, Indication Géographique Protégée). L’AOC viticole «Chasselas de Moissac» est la plus réputée, mais d’autres AOC viticoles sont présentes sur les terres de la commune comme les «coteaux de Quercy» ou l’AOC «Cahors». La région est aussi reconnue pour l’AOP «Rocamadour» (fromage de brebis) et pour les IGP «Melon du Quercy» et «Safran du Quercy». C’est donc une région appréciée pour sa gastronomie ; la truffe noire du Quercy ou encore le foie gras sont particulièrement recherchés.

Les ressources naturelles de la commune sont particulièrement riches et ont influencé l’architecture régionale. La pierre calcaire, la brique, la terre cuite et le bois ainsi que les étendues agricoles et les forêts denses dessinent des palettes colorées très spécifiques aux paysages Lauzertins.

Une grande partie des espaces naturels de la région sont protégés à différents titres allant du parc régional au Natura 200028 en passant par les ZNIEFF29. L’isolement de Lauzerte par rapport aux grandes agglomérations, semblant à première vue un frein à son développement, est donc aussi un véritable atout, notamment pour l’industrie touristique et agricole. 28. « Le réseau Natura 2000 s’inscrit au cœur de la politique de conservation de la nature de l’Union européenne et est un élément clé de l’objectif visant à enrayer l’érosion de la biodiversité. » https://inpn.mnhn.fr/programme/natura2000/presentation/objectifs 29. « Lancé en 1982, l’inventaire des Zones Naturelles d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) a pour objectif d’identifier et de décrire des secteurs présentant de fortes capacités biologiques et un bon état de conservation » https://inpn.mnhn.fr/programme/inventaire-znieff/presentation

Sources: INAO sur data.gouv.fr

69




Cultures majoritaires du Quercy en 2014 Tournesols Vignes Vergers

Vers Brive la Gaillarde

Mais grain et ensilage

Cahors

rs eaux Garonn

e

LAUZERTE

Agen

Valence d’Agen

Caussade Moissac

Montauban

e

onn Gar

5 KM

72

Source: Géoportail Registre parcellaire graphique 2014

Tarn

Vers Toulouse


AOC1 viticoles du Quercy AOC ‘’Coteaux de Quercy’’ AOC ‘’Cahors’’

Vers Brive la Gaillarde

AOC ‘’Chasselas de Moissac’’

Cahors

rs eaux LAUZERTE

Agen Caussade

Valence d’Agen Moissac

Montauban

5 KM

Vers Toulouse

1. Appellation d’Origine Controlée Sources:

- http://www.inao.gouv.fr/ - https://www.vins-coteaux-quercy.fr/

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IGP1 et AOP2 du Quercy IGP ‘’Melons du Quercy’’ AOP ‘’Rocamadour’’ (Fromage de brebis)

Vers Brive la Gaillarde

IGP ‘’Safran du Quercy’’ Producteurs de ‘’Safran du Quercy’’

Cahors

rs eaux Garonn

e

LAUZERTE

A20

Agen Valence d’Agen A62

Caussade Moissac

Montauban e onn Gar

Tarn

5 KM

74

1. Indication Géographique Protégée 2. Appellation d’Origine Protégée Sources: - http://melon-du-quercy.fr/ - http://www.inao.gouv.fr/ - IGN GEOFLIA « Les safraniers du Quercy 2014, Chambre d’agriculture du Lot 2014

Vers Toulouse


Autres spécialités agricoles du Quercy Zone géologique favorable à la production de la lavande Villes de production et distilleries de lavande Parc régional, espace favorable à la production de la truffe noire du Quercy Producteurs recensés de Truffe noire du Quercy

Marchés du foie gras

Valfourié Vire

Luzech

Limogne Montaigu de Quercy Lalbenque Fontanes

Belzève

Garonn

e

LAUZERTE

A20 Caussade

Valence d’Agen A62

Promilhanes Laramière

Lavaurette Servanac

Moissac Montauban

onn Gar e

Tarn

5 KM

Sources: - Lacaze Raymond. La culture de la lavande dans le Quercy. In: Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, tome 36, fascicule 1, 1965. - http://www.tourisme-lot.com

75


Espaces naturels protégés du Quercy Parc régional ZNIEFF * Natura 2000 **

Vers Brive la Gaillarde

Cahors

Lot

rs eaux Garonn

e

LAUZERTE

Agen Valence d’Agen

Caussade Moissac

Montauban

e

onn Gar

5 KM

76

Sources: Géoportail

Tarn

Vers Toulouse


Relief du Quercy et occupation du sol, l’artificialisation des plaines alluviales Grands espaces forestiers Espaces batis Urbanisation diffuse progressive

Vers Brive la Gaillarde

Principaux cours d’eau Autoroutes

Cahors

Lot

ers eaux Garonn

e

LAUZERTE

Agen Valence d’Agen

Caussade Moissac

Montauban onn Gar e

Tarn

5 KM

Vers Toulouse

Sources: - Géoportail, Corinne Land Cover 2006 - AGENCE Bertrand Folléa - Claire Gauthier, Tarn et Garonne, Elements pour une politique du paysage, 1999

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Le déclin progressif de la ville au profit du quartier d’Auléry et de l’étalement pavillonnaire

100 M

78


3/ LE DÉCLIN PROGRESSIF DE LA VILLE Depuis la fin du XXème siècle, le centre bourg historique, soit la bastide et les faubourgs, sont délaissés et désertés par les habitants et les commerces au profit du quartier pavillonnaire d’Auléry ou des communes alentour mieux desservies et plus proches des pôles d’emploi. Le taux de logements vacants sur l’ensemble de la commune s’élève à 11,4% en 201330, mais le relevé des bâtiments vacants en faubourg et en bastide montre leur concentration dans la ville historique. Les typologies de logements n’offrant pas d’espace extérieur, la difficulté de circulation et de stationnement ainsi que la faible luminosité des ruelles sont quelques explications possibles à la baisse d’attrait du centre-bourg. Le patrimoine historique tombe alors en ruine, trop coûteux à adapter aux besoins et aux aspirations actuels. Les logements rénovés sont malheureusement souvent des résidences secondaires, affichant volets fermés la moitié de l’année. Mais ce sont également les commerces et artisans qui, peu à peu, quittent la ville, qui du même coup, perd progressivement son identité. Cette désertion du patrimoine bâti va de pair avec un grignotage des terres agricoles et du patrimoine naturel. La désertion du centre bourg est donc un véritable danger pour le patrimoine de la commune. Malgré une démographie encore à peu près stable, l’économie de la commune est chancelante.

30. Source INSEE 2013

Comment mettre en valeur le patrimoine naturel et protéger l’agriculture et les paysages de l’étalement pavillonnaire ? Comment assurer l’équilibre économique, social et la qualité des espaces habités à Lauzerte ? Comment inciter les habitants à réinvestir le centre-bourg historique ?

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Champ de tournesols, lotissements d’Auléry et la bastide


III/ LAUZERTE, DIVISÉE EN TROIS POLARITÉS COMPLÉMENTAIRES

81


2

1

3

82

1

Bastide

2

Faubourg

3

Auléry


La désertion progressive de la ville haute et le manque de continuité entre les différents tissus de la ville ont engendré le clivage en trois polarités très distinctes de la ville. La topographie abrupte et le développement en bande créent une véritable rupture entre bastide et faubourgs. Les cheminements tant piétons qu’automobiles relient difficilement les deux polarités. Une rupture dans les usages s’opère également. En effet, la bastide est devenue le lieu du tourisme. Très peu de commerces subsistent, les habitants partent laissant place à des locations de vacances. Les restaurants et cafés de la place des cornières sont pour certains fermés en hiver. La place des Cornières reste animée en été où un marché hebdomadaire et des fêtes sont régulièrement organisées mais le reste de la bastide se vide progressivement. L’ancienne rue commerçante, à l’origine du développement de la ville n’a plus qu’un commerce. La municipalité, tente de faire face à la désertification de la bastide en conservant les services publics importants comme la mairie, la poste, une médiathèque ou encore l’école primaire et les crèches. Les habitants regrettent cependant de devoir monter en bastide, où la circulation et le stationnement sont difficiles. Même la maison de retraite, anciennement située dans l’ancien hospice au sud-ouest de la bastide, a déménagé à la sortie des faubourgs car le bâtiment n’était plus aux normes et trop coûteux à réhabiliter. Les faubourgs sont le lieu de la quotidienneté et des échanges. Malgré quelques bâtiments particulièrement dégradés voire

en ruine et quelques logements vacants, les faubourgs sont encore habités car un certain nombre de commerces de proximité y subsiste. On y trouve une banque, des restaurants, des petits commerces alimentaires, des boulangeries, des médecins et même un salon d’esthétique. Les faubourgs sont donc aujourd’hui encore investis par la population mais le manque de structure de l’espace public, les rues étroites et pentues, la difficulté de stationnement qui envahit la seule place animée des faubourgs et le manque de liaison avec la bastide risquent peu à peu d’engendrer le déclin de cette polarité, synonyme de quotidienneté et de proximité. Enfin, Auléry est un quartier totalement à part qui se développe dans la vallée. Les quelques maisons isolées et lotissements entre Auléry et les faubourgs peinent à créer une continuité , tant physique que visuelle. Une fois à Auléry, difficile de comprendre comment rejoindre la ville haute. Les pèlerins sur le GR 65 sont d’ailleurs soudainement projetés dans le quartier pavillonnaire d’Auléry, sans trottoirs ni espace dédié aux circulations douces. Seuls quelques arbres, le long de la route, portant les lignes rouges et blanches du GR permettent de poursuivre le parcours. Ce quartier, développé à la fin du XXème siècle s’oppose également aux autres polarités par son architecture d’entrepôts et de pavillons isolés et sa structure urbaine très lâche. Les maisons de parpaing, crépies, tentent de s’ancrer dans l’identité régionale grâce à leur toiture en tuile et leurs génoises mais ne font pas illusion. Auléry est le lieu du commerce, de la logistique, de la circulation rapide, un lieu de passage où l’on ne s’arrête pas et un quartier pavillonnaire dans lequel chacun reste chez soi. 83


Services publics à Lauzerte

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Équipements à Lauzerte

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Commerces alimentaires et restauration rapide à Lauzerte

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Commerces et services à Lauzerte (hors alimentation et santé)

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Restauration à Lauzerte

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Hébergements à Lauzerte

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21 Montagudet - 6km

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42 Les bordes - 3km

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25 EMPLACEMENTS

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Santé à Lauzerte

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Bâtiments vacants, très dégradés et garages Bâtiments vacants Garages Batiments très dégradés et ruines

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Lauzerte vue depuis le Chemin de Saint-Jacques de Compostelle


IV/ PRATIQUER LE PAYSAGE PLUTÔT QUE DE LE GRIGNOTER

93


«Nous pensons que tous les territoires, tous les lieux présentent des ressources et des atouts. Des qualités extraordinaires sont latentes, dans tous les sites ordinaires du territoire. Pour peu que l’on y prête attention, qu’on les cultive, qu’on les révèle…» Nouvelles du front, Nouvelles Richesses, 2016 Manifeste du pavillon de la France pour la biennale de Venise

94


LE SCHÉMA DE COHÉRENCE COMMUNAL ET SES FICHES ACTION


Rue de la barbacane


1/ UN SCHÉMA DE COHÉRENCE COMMUNAL VISANT À RENOUER LES LIENS ENTRE VILLE ET PAYSAGE Lauzerte est une bastide médiévale au patrimoine architectural délaissé et au patrimoine naturel progressivement grignoté par l’étalement urbain. Or, le caractère historique de cette bastide surplombant d’incroyables paysages agricoles est l’essence même de l’identité de Lauzerte: ce qui fait de cette commune un évènement sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. L’équilibre économique – et par conséquent la qualité de vie des habitants, l’accès à l’emploi, l’attractivité des logements – dépend principalement de l’attrait touristique de la commune. Elle est le principal pôle touristique de son bassin de vie. La perte de son identité comme bastide médiévale au cœur des luxuriantes terres agricoles du Quercy et de sa gastronomie si réputée, engendrerait le déclin progressif de l’ensemble de l’écosystème «économie-habitat». Les travaux et propositions de L’ANAH sur cette commune se concentrent principalement sur les problématiques liées à l’habitat et aux espaces publics de bastide et de faubourg. Cependant, améliorer les conditions d’habitat, en accompagnant et finançant les propriétaires privés dans la rénovation de leur logement ne suffit pas à assurer durablement de bonnes conditions de vie. Un regard plus global semble nécessaire à Lauzerte. Le quartier d’Auléry, le chemin de Saint-Jacques de Compostelle et les terres agricoles doivent également être pris en compte dans une stratégie globale si l’on souhaite renforcer l’identité de la commune. 31. MAGNAGHI, Alberto, Le projet local, Editions Mardaga, Liège, 2003, d’après http://www.upba.fr/UPBA_fichiers_PDF/Alberto_Magnaghi_Le_projet_local_ Resume.pdf, consulté le 15/01/2018 32. Ibid 33.Ibid. 34. Ibid. 35. Ibid

En d’autres termes, face à «l’uniformisation des modes de vie et [à] l’interdépendance économique généralisée des territoires»31, c’est un projet de «développement local»32 que nous proposons à Lauzerte. Alberto Magnaghi, dans «Le projet local» présente «l’approche territorialiste : pour un développement local auto-soutenable » comme alternative à la «déterritorialisation»33. Il présente l’implication citoyenne comme clef de voûte à cette nouvelle économie à inventer. Permettre aux habitants de maitriser leur territoire et de prendre en main leur espace de vie rendrait possible le remplacement des «contraintes exogènes par des règles d’autogouvernement, concertées et fondées sur l’intérêt commun»34. Ce qu’il appelle la «soutenabilité politique»35. Ce renversement des hiérarchies régissant nos territoires et leur gouvernance – cette gouvernance par le bas – est selon lui «nécessaire à une transformation des styles de vie, de consommation et de production»36 actuels, pouvant assurer la «soutenabilité économique»37. Puiser les ressources d’une économie locale dans le terroir et dans les spécificités régionales permettrait à un territoire comme Lauzerte un développement autonome et durable. L’enjeu est de rester malgré tout ouvert sur l’économie globale. Magnaghi propose une collaboration entre la « multiplicité de styles de développements »38. Le développement à Lauzerte serait donc également fondé sur des «solidarités inter-locales»39, permettant de renforcer l’ensemble du territoire et du bassin de vie dépendant d’elle. 36. Ibid 37. Ibid 38. Ibid 39. Ibid.

97


A�rac�vité économique Emploi: tourisme et agriculture

A�rac�vité touris�que

A�rac�vité de l’habitat

Patrimoine architectural et naturel

Patrimoine bâ� préservé

Implica�on citoyenne Iden�té locale renforcée

98


Le manifeste du pavillon de la France pour la biennale de Venise «Nouvelles du front: Nouvelles richesses»40 fait état des inégalités qui se creusent en France aujourd’hui, des territoires qui décrochent. Face à un constat inquiétant, c’est une «approche résolument positive»41 que ces architectes ont choisi de prendre: «Nous ne croyons pas au vertige de la concurrence des territoires, nous croyons au contraire qu’il y a partout d’immenses ressources, des complémentarités, des valeurs latentes à mobiliser, révéler, fertiliser.»42 Ces «nouvelles richesses»43, encore latentes, ces potentiels inexploités, sont «faites de ressources locales, d’échanges reconfigurés, de démocratie citoyenne.»44 Par ressources locales, il faut comprendre ressources matérielles, naturelles, énergétiques mais aussi humaines (savoir-faire et innovation).

territoire et ne pas avoir conscience de ses richesses, du potentiel qu’il recèle. Ainsi un schéma de cohérence, applicable à l’ensemble de la commune, visant à renouer les liens entre ville et paysage à Lauzerte pourrait être mis en place. Cette coopération entre ville et paysage a pour but de revaloriser tant le patrimoine bâti que le patrimoine naturel, aujourd’hui tous deux en danger. Il s’agit donc d’inciter les habitants et les visiteurs à pratiquer le paysage à toutes les échelles plutôt que de le grignoter progressivement. Pour cela, les interventions proposées ont été hiérarchisées en quatre échelles de relation entre ville et paysage.

C’est cette nouvelle dynamique, valorisant les richesses locales, que nous proposons d’insuffler à Lauzerte. Le caractère exceptionnel de Lauzerte tient principalement des relations entre la ville historique – son patrimoine bâti — et les paysages qui l’entourent. Habiter à Lauzerte devrait signifier habiter au cœur des paysages agricoles, à l’écart des grandes agglomérations. Or, les relations entre la ville et les paysages se dilatent progressivement. Les habitants ne semblent plus maitriser leur 40. OBRAS & COLLECTIF AJAP14, http://www.nouvellesrichesses.fr/fr/manifeste/, consulté le 15/01/2018 41. Ibid. 42. Ibid. 43. Ibid. 44. Ibid.

99


2

1 5 4

Pratiquer

Grignoter le paysage


relations ville & paysage

Grand paysage

1 Le Chemin de saint jacques de compostelle Aménager l’approche et la traversée de Lauzerte par le GR65, c’est mettre en scène la commune pour renforcer son identité et son attrait touristique. Tracé du GR 65

Paysage cultivé

2 L’agriculture comme identité locale Protéger les terres agricoles et les paysages de l’étalement urbain préserverait l’identité agricole et paysagère de Lauzerte. Inciter l’implantation d’une agriculture de proximité aux abords du centre-bourg, avec vente ou production directe renforcerait les relations qu’entretiennent les lauzertins avec la nature et le monde agricole. Des jardins partagés pourraient également être implantés aux abords de la ville. Parcelles agricoles concernées par l’incitation à l’agriculture de proximité. (Obligation de transformer et vendre les productions sur place)

Paysage partagé

3 Le piéton à Auléry

Porte d’entrée de la ville, Auléry doit devenir un quartier accueillant constitutif de l’identité Lauzertine. Routes et parkings nécessitant un aménagement de voies dédiées aux circulations douces et un traitement de l’espace public.

4 La voiture en bastide

3

L’organisation du stationnement et des liaisons entre les faubourgs et la bastide sont des prérequis indispensables au réinvestissement des logements et commerces du centre historique. Rues et places concernées par la réorganisation du stationnement. Création de nouvelles ruelles.

Paysage intime

5 Un jardin en bastide? Dédensifier le tissu médiéval, faire entrer la lumière et donner accès à tous les logements à un espace extérieur individuel afin de rendre la bastide plus attractive aux habitants et aux commerces et par conséquent plus accueillante pour les touristes. Ilots de cœur de bastide concernés par les remembrements et l’incitation à l’aménagement d’espaces extérieurs individuels


La relation au grand paysage à Lauzerte s’exprime principalement par l’approche et la traversée du centre-bourg par le GR 65 (Chemin de Saint-Jacques de Compostelle). C’est avant tout cet axe historique qui, depuis plusieurs centaines d’années, relie la ville à son grand territoire. C’est aussi par cet axe que des centaines de pèlerins découvrent la commune. Le sentier de randonnée, en sillonnant les paysages agricoles, doit alors mettre en scène l’approche de la commune. Le parcours emprunté par les pèlerins au travers de Lauzerte doit être accueillant et laisser entrevoir le visage maîtrisé d’une commune forte d’une identité historique et agricole, représentative d’une région au patrimoine remarquable. Le réaménagement de certains tronçons du GR65 et l’attention portée à la mise en scène de l’approche de la ville viseraient donc à renforcer l’identité et le visage accueillant de Lauzerte. La relation de la ville au paysage cultivé est essentielle dans la constitution d’une identité locale forte à Lauzerte ainsi que pour le renforcement de l’économie locale, en grande partie basée sur les richesses du patrimoine naturel. Protéger les terres agricoles de l’étalement pavillonnaire c’est aussi renforcer les liens que, habitants comme visiteurs, entretiennent avec l’agriculture et ses paysages. L’agriculture s’étant automatisée, elle est progressivement descendue dans les plaines et s’est, tant physiquement que symboliquement, éloignée de la population

habitante. Les grandes cultures automatisées, bordées de fossés, sont toujours visibles, mais ne sont plus praticables. Difficile à Lauzerte de passer à travers champs, de rencontrer les producteurs exploitants ni même d’acheter les productions sur place, ou de cultiver ses propres légumes. Seuls quelques habitants chanceux de faubourgs, où des résidences pavillonnaires ont accès à un potager ou verger, dans lequel ils peuvent pratiquer la nature. Au travers d’une révision du PLU – création d’une «Zone Agricole de Proximité» (ZAP) – et de l’aménagement de potagers partagés, nous chercherons à renouer les liens perdus entre la nature cultivée et les habitants de Lauzerte. «Les agriculteurs ne sont plus de lointains producteurs, installés comme dans un autre monde, mais des habitants comme les autres, dont l’activité pourrait – mieux – contribuer à la richesse urbaine.»* La relation au paysage partagé s’exprime dans les espaces publics de la commune. Quelles relations entretient-on dans l’espace public avec le paysage agricole, les grands paysages et les autres usagers ? Comment cohabitent habitants et touristes ? Quelle place est donnée aux véhicules et aux circulations douces ? Y a-t-il des espaces de rencontre, d’échange et de solidarité accessibles à Lauzerte ? Les espaces de circulation laissent-ils la place aux piétons, cyclistes et automobilistes, dans le quartier d’Auléry comme en faubourg et bastide ? Comment le stationnement est-il géré et réparti ? Permet-il un accès aisé à tous les

* OBRAS & COLLECTIF AJAP14, http://www.nouvellesrichesses.fr/fr/manifeste/, consulté le 15/01/2018

102


logements et commerces ? Empiète-t-il sur les espaces publics de rencontre et de sociabilité ? Malgré un réaménagement des espaces publics en bastide, c’est un bilan mitigé qui ressort quant à la qualité des espaces publics et leur partage. En effet, nous l’avons vu, aucun espace dédié aux circulations douces n’existe dans le quartier d’Auléry, étant pourtant la porte d’entrée dans la ville pour les pèlerins. Tandis que le quartier d’Auléry est dominé par l’automobile, celui de la bastide est difficile d’accès pour les véhicules à moteur. Les rues étroites, à sens unique, laissent peu de place au stationnement automobile. L’espace public des faubourgs est, quant à lui, dans un tissu complexe, envahi par le stationnement. Une réflexion sur la place du piéton et des circulations douces à Auléry, sur l’accès aux automobiles en bastide et sur l’organisation du stationnement en faubourg semble donc nécessaire. L’objectif est de rendre l’espace public et le paysage partagé, accessibles à tous. Cette troisième échelle d’intervention introduit déjà la problématique du réinvestissement du centre-bourg en le rendant accessible aux piétons comme aux voitures. La relation entre ville et paysage intime s’exprime au travers des liens que chacun peut nouer avec une nature plus personnelle et privée. Une commune comme Lauzerte, isolée des grandes agglomérations, au cœur de la nature, attire par ses paysages. Habiter à Lauzerte devrait permettre d’entretenir au quotidien des

relations étroites avec la nature. Or, notamment en bastide, rares sont les logements ayant accès à un espace extérieur individuel et encore moins à un espace suffisamment grand pour cultiver, pratiquer la nature. Habiter en bastide à Lauzerte aujourd’hui signifie souvent être au cœur de paysages incroyables sans pouvoir les voir, d’habiter au cœur d’espaces naturels luxuriants sans y avoir accès. Certains logements de centre bourg ont même du mal à laisser entrevoir le ciel. On comprend alors l’attrait pour les pavillons en périphérie, offrant de grands jardins individuels. En plus de la restructuration des stationnements, de la création de jardins partagés dédiés aux habitants de bastide et de faubourgs, un remembrement de certains îlots de bastide est nécessaire. Ces remembrements auront pour but de faire entrer plus généreusement la lumière dans les logements et surtout de donner à tous la possibilité de créer un espace extérieur individuel (balcon, tropézienne, terrasse, courette...). Notre étude des typologies de bastide et de faubourg permettra de proposer de possibles transformations permettant la création d’espaces extérieurs pour tous, ainsi que de grandes orientations pour un remembrement d’îlots respectueux de la structure urbaine historique. Ces quatre échelles de relation entre ville et paysage et leurs problématiques seront abordées et des solutions seront proposées dans des «fiches actions» à destination des élus locaux.

103


FICHES ACTION AVANT-PROPOS Ces fiches actions à destination des élus locaux sont une première forme de projet. Face aux problématiques de la commune de Lauzerte, un premier travail à grande échelle, rassemblant l’ensemble des problématiques sous une stratégie d’intervention globale semblait nécessaire. Ces fiches actions, répondant aux problématiques de l’habitat et du stationnement en centre-bourg, de l’approche et de la traversée de la ville par le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, des problématiques d’étalement urbain et de l’espace public à Auléry, sont une façon de faire de l’architecture, d’apporter aux élus locaux le regard de l’architecte en tant que spécialiste de l’espace, tout en incitant au laisser faire. L’architecte apporte ainsi son expertise et ses conseils aux élus locaux sans pour autant dessiner et construire. Ce livret, accompagné du schéma de cohérence, serait ainsi un document produit par l’architecte et transmis aux élus locaux afin de les guider dans la gestion et la revitalisation de leur commune.

104


FICHES ACTION


Première apparition de Lauzerte depuis le chemin de Saint-Jacques de Compostelle


1

LE GRAND PAYSAGE

LE CHEMIN DE SAINT-JACQUES DE COMPOSTELLE

3


1 GR sur les crètes, en plein forêt

2

Traversée des terres agricoles

3 Arrivée à Auléry

4

5

Auléry

Aucun espace piéton dédié

8 7 9 10

6 5

4

3 2

9

Place des cornières

Tracé du GR65 Tronçons du GR 65 sur route départementale

6 Retour sur un chemin

7 Remparts nords

8 Entrée dans la bastide

1

10 Belvédère


Constat Le chemin de Saint-Jacques de Compostelle est un véritable atout pour Lauzerte. En période estivale, des milliers de pèlerins découvrent la commune. Depuis les crêtes arborées, 1 le Gr65 descend progressivement dans la vallée du Lendou 2 pour ensuite remonter vers la bastide. Du sommet de son Pech, elle apparaît et disparaît au fil de son approche mettant en scène sa découverte. Cependant, ce jeu subtil de caché-montré entre la bastide et le visiteur la découvrant pour la première fois est rapidement interrompu par le quartier pavillonnaire et commercial d’Auléry. En effet, le pèlerin, après avoir traversé les champs agricoles et les premières maisons isolées, plonge soudainement sur la Départementale 54 bordée de pavillons 3 . À cet instant, impossible d’apercevoir la bastide; le pèlerin est alors désorienté. Seuls certains panneaux publicitaires le guident vers le rondpoint d’Auléry, ses hangars commerciaux et ses immenses parkings. Quelques trottoirs apparaissent , mais difficile pour les piétons et les cyclistes de se faire une place. Au rond-point d’Auléry, la bastide se montre à nouveau, permettant au pèlerin de retrouver son chemin. 4 Après quelques centaines de metres sur la D2, sans trottoir, 5 le Gr65 quitte de nouveau la route pour se plonger dans la forêt dense du versant nord du pech. 6 La bastide réapparait alors à la sortie de la forêt, dressant d’imposants remparts 7 que le pélerin longe progressivement pour pouvoir ensuite pénétrer dans la ville par la porte de l’Éveillé. 8 Le visiteur est alors naturellement attiré vers la place des Cornières: objectif de l’ascension. 9 En quittant la place des cornières, le pèlerin poursuit sa déambulation dans les ruelles de la bastide et, par la rue de la barbacane, découvre alors un belvédère qui, par opposition au tissu médiéval introverti de la commune, s’ouvre sur les vallées de la Barguelonne, du Lendou et donne à voir, pour la première fois, les faubourgs de Lauzerte. 10 Le parcours que propose le Gr65 est donc très riche et permet de mettre en valeur les atouts de Lauzerte bien que la traversée d’Auléry reste problématique. Objectifs - Revaloriser la traversée d’Auléry par le Gr65 et en faire un atout au même titre que les autres séquences du chemin de Saint-Jacques de Compostelle. - Donner une cohérence et une identité à l’ensemble du tronçon du GR65 traversant la commune. Actions proposées - Inviter un Land-artiste à proposer un balisage du Gr65 qui mette en scène et rythme l’approche de la commune. - Réaménager les tronçons du GR passant directement sur une route départementale. (création d’espaces dédiés aux circulations douces) 5



2

LE PAYSAGE CULTIVÉ

L’AGRICULTURE COMME IDENTITÉ LOCALE

7


LA VILLE AGRICOLE 3 polarités urbanisées 1 pole économique Agriculture de proximité Espaces boisés classés

PLU actuel Zone urbaine (U) Zone urbaine économique (Ue) Zone à urbaniser (AU) Espace boisé classé Zone naturelle (N) Zone agricole protégée (A)

PLU révisé Zone Agricole de proximité (AP)

GR65

Zone à urbaniser supprimées (AU)

8

100m

500m


Constat

L’agriculture a progressivement façonné les paysages de Lauzerte. Vivre à Lauzerte, c’est vivre au coeur de la nature et des productions agricoles. C’est d’ailleurs en partie l’isolement de la ville, ses paysages et les produits de son agriculture qui attirent les visiteurs du monde entier et assurent sa stabilité économique. Cependant, depuis le milieu du XXème siècle, l’étalement urbain grignote les terres agricoles qui, quant à elles, ont radicalement changé de visage. L’automatisation de l’agriculture a dilaté les relations entre l’homme et la terre cultivée. Ainsi aujourd’hui, à Lauzerte, difficile de rencontrer les producteurs ou d’acheter les produits sur place. Certains producteurs ouvrent leur exploitation au public mais à l’écart du centre -bourg. Ainsi les excursionnistes 1, et même les habitants préfèrent faire leurs achats dans les grandes surfaces d’Auléry, faciles d’accès, au pied de la ville, le long de la Départementale D953. L’économie agricole et les productions locales qui font la réputation de la région sont donc aujourd’hui menacées par différents phénomènes comme l’étalement urbain ou le développement de zones commerciales faisant concurrence aux circuits courts menant à une dilatation des relations entre la ville et les terres cultivées. Objectifs - Renouer les liens entre habitants lauzertins et paysage cultivé. - Protéger les terres agricoles de l’étalement urbain. - Renforcer l’économie agricole locale: - Valoriser les circuits courts. - Rendre visible et mettre en valeur le travail des producteurs locaux. - Renforcer l’économie touristique locale: - Faire de Lauzerte une ville agricole donnant à voir et à gouter les produits de son agriculture. - Soigner les entrées de ville. - Faire d’Auléry un pôle agricole qui n’entre pas en concurrence avec les commerces de centre-bourg et de faubourgs. Nous l’avons vu, les faubourgs accueillent plus facilement les services tandis que la bastide est plus orientée vers la restauration, l’art et l’artisanat. Actions proposées - Révision du PLU: Transformation des Zones À Urbaniser (AU) en Zones Agricoles de Proximité (AP) dans lesquelles les agriculteurs devront transformer et vendre tout ou partie de leurs productions sur place. Cette nouvelle zone AP bordera les espaces urbanisés de Lauzerte créant un cocon, assurant les relations entre ville et paysage cultivé et protégeant les espaces agricoles de l’étalement urbain. - Incitation à l’implantation de bâtiments à vocation agricole dans le quartier d’Auléry. - Aménagement de jardins et potager partagés à destination des habitants de bastide et des faubourgs.

1. Touristes ne restant qu’une journée sur place. C’est le cas de la plupart des pélerins du chemin de Saint-Jacques de Compostelle.

9



3

LE PAYSAGE PARTAGÉ

LE PIÉTON À AULÉRY

11


D2 D95

3

5m

12

25m

Piste cyclable

GR65, aménagement d’un espace piéton dédié


Constat Le quartier d’Auléry ne semble pas, aujourd’hui, appartenir à la commune de Lauzerte. Cette entité indépendante, apparue au milieu du XXème siècle est cependant aujourd’hui l’entrée de la ville. Ses commerces et services font concurrence à ceux du centre-bourg, tandis que son quartier pavillonnaire attire les habitants au détriment des typologies de centre-bourg. Auléry dénote avec l’image et l’identité que la commune cherche à mettre en avant. Le quartier est une véritable rupture dans le parcours du GR. C’est malheureusement par ce quartier sans identité locale propre et sans espace dédié aux circulations douces que les pèlerins et visiteurs venant du nord, découvrent la ville. Le tissu urbain d’Auléry est très peu dense et décousu. Il n’offre aucun espace public, aucun espace de rencontre à proprement parler. Les seuls espaces pouvant s’en approcher sont les routes et les parkings privés des commerces. Le quartier attire donc toutes les fonctions commerciales mais ne propose pas d’espace urbain ni même de lieu de rencontre de même qualité qu’en centre-bourg.

Objectifs - Rendre le quartier d’Auléry plus accueillant et sûr pour tous les usagers. - Donner à l’ensemble de Lauzerte (bastide, faubourgs et Auléry) une identité cohérente. - Faire de la proximité entre ville et paysages agricoles à Auléry un véritable atout, différenciant cette polarité des autres (Faubourg et Bastide). La complémentarité des trois polarités de Lauzerte permettra la survie et l’équilibre de chacune.

Actions proposées - Aménagement d’une piste cyclable et d’une voie piétonne en parallèle de la D2. - Organiser une fois par semaine, le dimanche, lorsque les commerces sont fermés, un marché de productions de la ZAP1 sur la D2 en la rendant piétonne. L’accès à la ville haute serait toujours possible depuis l’entrée Sud de la ville. Rendre momentanément piétonne cette route commerciale permettrait de faire progressivement évoluer l’image que les habitants en ont et de modifier les usages des parkings commerciaux. Selon les producteurs présents, des petits restaurants éphémères de spécialités locales ou des ateliers pédagogiques de transformation des produits pourraient s’y installer.

1. Voir la révision du PLU p. 8-9

13



4

LE PAYSAGE PARTAGÉ

LA VOITURE EN BASTIDE

15


Etat existant Venelles piétonnes transversales

Espace public accessible

Voie carrossable à sens unique Voie carrossable à double sens large Voie carrossable à double sens Une bastide introvertie, close par des bandes baties infranchissables

Voie carrossable étroite, piste,... Chemins piétons

Des traversées ponctuelles

Des parkings difficiles d’accès

Zones de sta�onnement existantes Zones de sta�onnement existantes à supprimer Zones de sta�onnement à aménager Venelles piétonnes de déserte à aménager

1

2

2

5

1

4

7

6 3 3

10 M

16


Constat La désertion du centre-bourg de Lauzerte – et plus spécifiquement de sa bastide – s’explique notamment par son manque d’accessibilité pour les voitures comme pour les piétons. En effet, la ville s’est constituée en bandes parallèles successives, imperméables, rendant difficile les cheminements entre le faubourg et la bastide. À ces frontières bâties s’ajoutent un dénivelé important et une structure urbaine complexe en faubourg. Les liaisons entre la bastide et les faubourgs sont donc peu nombreuses et difficilement lisibles. Les espaces de stationnement semblent être en nombre suffisant, mais mal répartis. En effet, le stationnement linéaire en bastide est saturé, rendant la circulation des piétons comme des voitures difficile dans des rues à sens unique déjà étroites. Il existe pourtant des espaces de stationnement, à proximité comme par exemple sur la promenade de l’Éveillé, au nord de la bastide. 1 Il manque cependant des liaisons entre la bastide et cette promenade périphérique des remparts. Les habitants comme les visiteurs préfèrent donc se garer au plus près et éviter les détours. Les parkings présents en faubourg pourraient également desservir les logements et commerces de bastide mais ils sont difficiles d’accès depuis le sommet de Lauzerte (dénivelé important, manque de lisibilité et de perméabilité du tissu urbain). 2 & 3 En faubourg, le stationnement se concentre principalement sur la place du foirail, place commerçante et dynamique. 4 L’espace potentiel de rencontre et de convivialité est alors saturé. Pourtant, quelques mètres plus loin, la place du marché, route de Moissac, peut accueillir de nombreuses voitures. 2 Objectifs - Libérer du stationnement les places et rues dynamiques, appréciées des habitants comme des touristes. - Conserver le caractère introverti de la bastide et sa morphologie historique. - Créer de nouvelles traversées afin de rendre la bastide plus accessible et de créer de nouvelles liaisons avec des espaces de stationnements. Actions proposées - Interdire le stationnement dans les rues et sur les places fréquentées, comme la place du foirail, permettrait de libérer des espaces de rencontre de qualité. 4 - Élargissement et aménagement de l’espace de stationnement sur la promenade de l’Éveillé. 1 - Réaménagement du stationnement sur la place du marché (route de Moissac), en entrée de faubourg, à l’emplacement de l’ancienne station de bus et le long du chemin Route Neuve. 2 & 3 - Percement d’une nouvelle ruelle permettant de relier la bastide aux faubourgs et à la promenade de l’Éveillé. 5 - Aménagement d’un accès reliant le nouveau parking chemin route neuve 6 au belvédère de la barbacane. 7 17



5

LE PAYSAGE INTIME

UN JARDIN EN BASTIDE?

19


Logements vacants et jardins en faubourg et bastide de Lauzerte Cours et jardins privés Jardins publics Bâ�ment vacant Forêts protégées

1 2

11,4 %

de logements vacants

Espaces végétalisés

Espaces agricoles Jardins et cours privés Forêts Espaces publics végétalisés Friches Cime�ère

Bastide

20

Faubourg

Auléry Quartier linéaire

Hameaux


Constat L’abandon progressif des logements de centre-bourg peut s’expliquer par le coût de rénovation des typologies anciennes, par leur difficulté d’accès en voiture et les problématiques de stationnement en bastide ainsi que par le manque de luminosité et l’absence d’espace extérieur individuel de ces typologies. En effet, en bastide, seules les maisons bourgeoises profitent de larges jardins en terrasses. 1 Les maisons sur fortifications et les maisons de coeur de bastide profitent parfois d’une petite cour intérieure mais cela reste exceptionnel. Souvent, l’étroitesse des logements et la densité du tissu médiéval ne permettent pas aux habitants d’accéder à un petit jardin. Quelques habitants profitent de balcons ou de tropéziennes plus récentes mais ces logements restent encore rares. Difficile pour un acheteur, parfois, d’imaginer et de financer d’importants travaux, quand la construction d’un pavillon, en ville basse, offre souvent pour moins cher, de bien meilleures prestations. Les coeurs d’îlot, appartenant à des propriétés privées souvent vacantes ne sont pas mis en valeur et souvent en friche. C’est par exemple le cas du coin des poupes. 2 Objectifs - Informer les propriétaires et les potentiels acheteurs des aides financières et des possibilités de transformation des logements de centre-bourg. - Rendre les logements de bastide plus attractifs: - Offrir à tous les logements de bastide un accès à un espace extérieur individuel. - Dédensifier et aérer les ilots en bastide: faire entrer la lumière. - Conserver le caractère introverti de la bastide et les caractéristiques de son tissu médiéval historique. Actions proposées - Accompagnement et aide au financement des propriétaires privés dans les travaux d’amélioration de leur logement (ANAH) - Mise en place d’une politique d’information des potentiels propriétaires sur les avantages et aides financières accessibles pour l’achat et la rénovation d’un logement existant. (prêts à taux zéro, aide aux travaux d’isolation thermique, etc.) - Création de «fiches conseils» adaptées à chaque typologie de bâti à destination des propriétaires privés pour la rénovation de leur logement (Isolation thermique, création d’un espace extérieur, accessibilité aux PMR, etc.) 1 . - Remembrements d’îlots par la commune. Démolition de certains bâtiments vacants ou insalubres permettant d’aérer le tissu médiéval, tout en prenant soin de ne pas défigurer la structure urbaine de la bastide et des faubourgs. 2 - Création de jardins partagés en coeur d’îlot ou en périphérie de la bastide, dans la zone ZAP 3. 1. Voir les exemples de transformation des maisons de coeur de bastide p. 23 2. Voir l’exemple de remembrement d’ilôt p. 23 3. Voir la révision du PLU p.8-9

21


Exemple d’un remembrement d’îlot en bastide: le coin des poupes

Des bâtiments vacants dégradés

Démolir pour faire entrer la lumière et rénover

Créer un îlot avec jardin lumineux

Offrir un espace extérieur à tous les logements

Un jardin commun en coeur d’îlot

2

5

1

4

22


Donner accès à un espace extérieur aux typologies de coeur de bastide 1

3

Tropézienne

2

Balcon ou terrasse

Structure autonome en coeur d’îlot

Altane

Inspirée de la tradition vénitienne

4

Terrasse sur toiture

Deux maisons de hauteurs différentes

5

Grande loggia

Union de deux maisons mitoyennes

6

Petite loggia

Dernier niveau en pan de bois

23



LE PROJET ARCHITECTURAL


Site du projet architectural


2/ CRÉATION D’UN BÂTIMENT AGRICOLE A/ La fabrique d’huile de tournesol, exemple des relations possibles entre habitat, tourisme et paysages Ce projet architectural s’intégrera dans le schéma de cohérence. Il sera un exemple de réalisation possible dans le cadre de l’attention portée au paysage cultivé. Il illustre la notion de « zone agricole de proximité ». Le projet architectural est constitué d’une fabrique artisanale d’huile de tournesol (voir programme détaillé en annexe) et de principes pour la réhabilitation d’un groupement de bâtis, d’un aménagement paysager, du réaménagement d’un tronçon du GR65 et de l’aménagement d’un espace dédié aux circulations douces à Auléry. Situé le long du GR65, à mi-chemin entre Auléry et la bastide, le projet aura également pour objectif d’accompagner la transition entre les différentes polarités de Lauzerte. Tout en jouant de leur complémentarité, l’enjeu est d’atténuer les ruptures entre ces trois centres et de donner à Lauzerte une cohésion d’ensemble. Par sa composition architecturale, le bâtiment s’intégrera entre les différentes séquences paysagères: des plaines agricoles à la bastide en passant par le quartier agricole d’Auléry et la forêt dense du versant nord du Pech. La fabrique artisanale d’huile de tournesol biologique a pour objectif de donner à voir les transformations possibles du tournesol. Du champ à l’assiette, la fabrique aura un rôle pédagogique, laissant voir le processus de transformation des graines et les multiples usages possibles du produit. 45. D’après MAROT, Sébastien, p.70

Pour ne donner qu’un exemple, lors du pressage des graines, on obtient une pâte résiduelle appelée tourteau. Cette pâte est particulièrement appréciée pour l’alimentation du bétail et notamment pour le gavage des oies et des canards, nécessaire à l’obtention du foie gras très réputé dans la région. Les paysages lauzertins étant marqués par les étendues à perte de vue de champs de tournesols, notamment en pleine saison touristique, cette fabrique permettra de renforcer l’identité paysagère et d’en faire un véritable atout économique. Donner à voir le processus, sensibiliser les habitants et les visiteurs aux richesses des terres agricoles et à leur potentiel, vise également à protéger les terres de l’étalement urbain. Le bâtiment devra également proposer un système constructif respectueux de l’écosystème qui l’entoure. Les matériaux utilisés et leur transformation feront écho à notre volonté de sensibilisation aux richesses de la nature Lauzertine. Il devra s’insérer dans le paysage de façon respectueuse et valorisante, afin d’amorcer, pour reprendre la métaphore de Michel Corajoud, une « conversation » avec le site: «on n’y entre qu’à condition d’écouter ce qui s’est dit, et l’on n’y prend la parole que pour la rendre». 45

107


Façades en pierre calcaire, Grand Rue


B/ Les matériaux locaux Cette fabrique d’huile de tournesol, au cœur de la zone d’agriculture de proximité, vise à valoriser les circuits courts. L’objectif de cette intervention architecturale est de donner à voir les ressources locales et d’inciter les habitants comme les visiteurs à valoriser les produits locaux. Dans l’optique du respect de son environnement, de l’écosystème qui l’entoure et des paysages lauzertins, le bâtiment sera principalement construit avec des matériaux locaux. En effet, cette démarche permet de présenter aux visiteurs des modes constructifs inspirés du terroir, de leur montrer une autre façon de faire et de les inciter à porter un regard neuf sur le patrimoine naturel qui les entoure. Ce bâtiment agricole est, plus qu’un lieu de production, un lieu de communication et de sensibilisation aux richesses du patrimoine naturel local. Le site choisi pour le projet profite d’une vue imprenable sur les vallées de la Barguelonne et du Lendou. La fabrique d’huile de tournesol s’implantera sur le versant Nord-Est du Pech entre le quartier d’Auléry et la bastide. Le bâtiment agricole aura donc un rôle de transition paysagère entre les plaines agricoles et la ville médiévale. Afin de laisser libre la vue sur les paysages agricoles, l’huilerie s’enterrera dans la pente, ne laissant apparaitre, depuis l’amont, qu’une simple toiture végétalisée. Inspirée des terrasses agricoles, l’huilerie ne laissera apparaitre depuis l’aval qu’une ligne dans le paysage, soulignant la bastide. S’implantant dans la pente, le projet nécéssitera un terrassement. De ce terrassement seront extraits de la terre et des mœllons de

pierre calcaire qui serviront de matériaux de construction. Ainsi, les déplacements de matière sont limités et les ressources disponibles à même le site sont valorisées. Nous construisons avec le site. La pierre extraite servira à construire les murs de soutènement nécessaires pour enterrer le bâtiment. Face aux spéctaculaires paysages qui l’entourent, ces épaisses parois permettront de créer un univers introverti, enfoncé dans le sol. La terre extraite servira principalement de cloisons intérieures et d’enduit extérieur. La paille, nous le verrons, est un matériau de construction particulièrement intéressant dans des régions agricoles. Elle servira d’élément de structure principal. Les éléments de charpente, de plancher, ainsi que les finitions intérieures seront réalisées en bois. Le Tarn et Garonne a les ressources et les entreprises nécessaires pour envisager de se fournir localement en bois de construction. Construire avec des matériaux locaux, voir même extraits du sol, c’est aussi assurer une esthétique cohérente avec le site. Les teintes des enduits, de la pierre et des essences de bois seront en complète harmonie avec le paysage. De la pierre calcaire si spécifique au Quercy blanc, en passant par la paille, la terre crue ou encore par l’utilisation du bois, cette fabrique artisanale et biologique d’huile de tournesol limitera son empreinte écologique et les émissions de CO2 de l’ensemble de son cycle de vie46.

46. «L’Analyse de Cycle de Vie (ACV) est une méthode d’évaluation environnementale qui permet de quantifier les impacts d’un produit (qu’il s’agisse d’un bien, d’un service voire d’un procédé) sur l’ensemble de son cycle de vie, depuis l’extraction des matières premières qui le composent jusqu’à son élimination en fin de vie, en passant par les phases de distribution et d’utilisation.» http://www.batiment-cnidep.eu/analyse-du-cycle-de-vie-et-comparaison-avec-un-b%C3%A2timent-standard, consulté le 13/01/2018

109


Depuis l’amont, laisser libre aux regards la vue sur les paysages



Depuis l’aval, souligner la bastide, ne laisser apparaitre qu’une ligne dans le paysage

112


113


calcaire autorisées au 01/01/2014

Les ressources en pierre calcaire du Lot Carrières d’extrac�on de pierre calcaire autorisées au 01/01/2014 Limites du Quercy blanc

LOT Calamane

Montcabrier

Villesèque

LOT ET GARONNE

M

LAUZERTE

LOT ET GARONNE

TARN ET GARONNE

L 10 KM

Mise en œuvre des murs de soutènement en mœllons de pierre 1

Pierre de fondation

2

Boutisse d’ancrage

3

Pierre de couronnement

3 7

1

Roche

2 3

Semelle Mur de soutenement

4

Mœllons de pierre

5

Pierre de couronnement

4

Lit de pose

5

Cailloutis

6

Roche

6

Remblais

7

Terre végétale

7

Terre

8

Aire de fondation

8

Terre végétale

9

Drain

5

2

4

6

5

6 7 4 3

1 8

Mur de soutènement en pierre sèche

114

8

(béton armé)

9

2 1

Mur de soutènement en béton armé et pierre (en cas de charges horizontales trop importantes)

TAR


LA PIERRE CALCAIRE DU QUERCY La pierre calcaire du Quercy est une spécificité de l’architecture locale. La bastide de Lauzerte s’est construite avec les pierres extraites directement du sous-sol de la ville. Les sous-sols de la bastide sont composés de caves voûtées sur un à deux niveaux. L’utilisation de la pierre calcaire s’impose alors comme idéale pour la construction d’un bâtiment neuf, bien qu’elle puisse être assez coûteuse. 47 Comparée à d’autres produits de construction, comme l’acier ou le béton, la pierre de taille naturelle bénéficie d’un bilan environnemental bien plus avantageux.48 Les principales problématiques environnementales liées à l’utilisation de la pierre naturelle en construction sont l’épuisement des ressources et le grignotage des paysages et des écosystèmes engendrés par l’exploitation des carrières. Il est également difficile de réutiliser des éléments en pierre massive d’un bâtiment que l’on démoli. Cependant, ces observations sont principalement valables pour la pierre de taille. À l’inverse, les mœllons de pierre, de tailles variables, peuvent être extraits à même le site, lors d’un terrassement, dans certaines régions, comme à Lauzerte. Ils peuvent également provenir du recyclage de bâtiments en pierre et sont bien moins couteux en carrière que la pierre de taille. Les ressources locales Pour ce projet, nous utiliserons au maximum les pierres issues du terrassement. Mais, sans étude précise des sous-sols, nous ne sommes pas en mesure de connaitre la proportion de pierre et de terre qui seront extraites. Afin de compléter les éventuels manques, nous pourrons faire appel aux carrières locales. Depuis plusieurs années les carrières d’extraction de pierre de taille à destination de la construction sont interdites dans le Tarn et Garonne afin de protéger les paysages. Seules quelques petites carrières persistent pour le travail des artisans tailleurs de pierre. À Laspegrières, l’extraction se fait deux fois par an. La quantité extraite, de l’ordre de 40 m3 /an, est ensuite taillée en atelier pour réalisation d’encadrements de fenêtres et de portes, cheminées, escaliers. À Ariguès l’extraction est de l’ordre de 50 m3 /an. La pierre extraite est ensuite travaillée en atelier pour la réalisation de cheminées, dallages ou restauration de bâtiments. 49 En revanche, à quelques kilomètres de là, dans le Lot, de nombreuses carrières extraient des quantités suffisantes à la construction. La pierre calcaire extraite est similaire à celle utilisée à Lauzerte. D’après l’enquête du Ministère chargé de l’Environnement réalisée en 2012 auprès des exploitants de carrières du Lot, les réserves des exploitations autorisées de pierre calcaire s’élevaient à 45 millions de tonnes.50 La mise en œuvre Pour ce projet nous préférerons l’utilisation de mœllons de pierre afin de réaliser des soubassements et des murs de soutènement. La technique préférée serait le mur de pierre sèche afin de limiter l’utilisation de ciment, de béton ou de féraillage. Cependant, en cas de charges horizontales trop importantes, les murs de soutènement pourront parfois être renforcés à l’aide de béton armé. 47. Voir carte des zones géologiques du Tarn et Garonne en Annexe. 48. David Dessandier, Shahinaz Sayagh, Philippe Bromlet, Lise Leroux. La pierre de construction, matériau du développement durable. Geosciences, 2009, 8-15 pp. 49. Schéma départemental des carrières de TARN-et-GARONNE, http://www.occitanie.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Schema-des-carrieres-82_cle097d23-1.pdf, consulté le 13/01/2018 50. Schéma départemental des carrières du Lot, http://www.occitanie.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/SDC46_vfinale_cle0812cb.pdf, consulté le 13/01/2018

115


Mise en œuvre de la terre crue LE PISÉ

LE TORCHIS

1

Soubassement

1

Lisse basse

2

Couches de terre, sable et argile tassées les unes après les autres

2

Montant vertical

3

Coffrage

3

Poutre / lisse haute

4

Lattis

5

Torchis

5

Enduit

3

3

2 2

6 5

1

1

LA BAUGE

L’ADOBE (BRIQUE COMPRÉSSÉE)

1

Soubassement

Pressage manuel (moule en bois)

2

Coffrage

3

Mottes de terre et paille compressées puis lissées

3

Presse mécanique

2

1

116

4


LA TERRE CRUE La construction en terre crue est une technique ancestrale. Les briques de terre crue, la bauge, le pisé ou encore le torchis sont des méthodes utilisées dans la construction depuis des centaines d’années. Elles reviennent au goût du jour pour faire face aux problématiques environnementales. En effet, construire en terre c’est utiliser ce que l’on a sous les pieds et limiter les déplacements de matière. L’utilisation de la terre crue plutôt que de la terre cuite permet aussi de limiter la consommation d’énergie due aux transformations de la matière. La terre crue est particulièrement adaptée à la réalisation de parois intérieures car elle permet de réguler le niveau d’hygrométrie des pièces. Elle participe également à l’inertie du bâtiment. En utilisation extérieure elle doit en revanche être protégée de l’humidité. Elle est donc souvent recouverte d’un enduit et doit être posée sur un soubassement d’au moins 30 cm afin de la protéger des remontées d’eau par capillarité et des éclaboussures. La terre peut également servir à la constitution d’enduits.51 À Lauzerte, notre bâtiment agricole s’installant dans la pente nécessitera un terrassement. Réutiliser directement la terre extraite à cette occasion, c’est donner d’autant plus de sens à ce type d’implantation. La mise en œuvre Il existe plusieurs techniques de construction en terre crue 52: - Le pisé est un mélange de terre, de sable ou de gravier et d’argile crue malaxés puis compactés dans un coffrage. - Le torchis est un mélange de terre argileuse fine et de paille. Il est utilisé comme remplissage sur une structure de pans de bois puis recouvert de chaux. - La bauge est une technique dans laquelle on façonne des boules de terre argileuse que l’on empile à la main. Cette méthode n’est plus beaucoup utilisée. - Enfin, l’adobe est une brique en terre crue moulée à la main dans un moule en bois ou comprimée à l’aide de pilons. Elle doit ensuite sécher à l’air libre avant d’être assemblée pour former un mur. On peut y ajouter des fibres végétales comme la paille pour stabiliser les briques. C’est cette technique que nous privilégierons afin de ne pas utiliser d’autres matériaux, comme dans le cas du torchis, nécessitant une structure en bois, ou comme le pisé qui necessite l’ajout de sable et de graviers. Ce type de mise œuvre, très peu couteuse en matière première, nécessite cependant beaucoup de temps et de main-d’œuvre. La construction de la fabrique d’huile de tournesol pourrait alors être l’occasion de proposer un chantier participatif, permettant aux habitants d’en apprendre davantage sur les techniques de construction utilisant les ressources locales. Ces chantiers peuvent aussi avoir un attrait touristique. De plus en plus de particuliers, désireux d’en savoir davantage sur les modes de construction écologiques, sont demandeurs de ce type de stage. 51. http://www.ecoconso.be/fr/La-construction-en-terre-crue, consulté le 13/01/2018 52. http://passerelles.bnf.fr/reperes/terre_crue_01.php, consulté le 13/01/2018

117


Au pied de Lauzerte, un important stock potentiel de paille

1 à 5€ LA BOTTE

Dimensions

Variables selon les botteleuses utilisées L: 50 à 120 cm h: 30 à 120 cm e: 40 à 80 cm

Résistance thermique R > 7m2.K/W

Densité entre 80 et 120kg/m3 Cultures de blé en 2016 Cultures d’orge en 2016 200 M

Source: Géoportail, d’après les zones de cultures déclarées par les exploitants en 2016, Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation

118


LA PAILLE La paille est un matériau de construction utilisé depuis des centaines d’années en association avec d’autres matériaux ou comme isolant. Elle est connue pour ses très bonnes performances d’isolation thermique. C’est une ressource qui valorise les circuits courts: 90% des approvisionnements viennent de moins de 50 km du site de construction53. Transformer les bottes de paille en matériau de construction permet aux agriculteurs de valoriser un stock de matière souvent inutilisé. En France, 10% de la paille de blé produite annuellement suffirait pour isoler tous les nouveaux logements construits chaque année54. La paille profite d’un excellent bilan environnemental. Issue de la production céréalière, aucune énergie grise55 supplémentaire n’est nécessaire à son utilisation dans le bâtiment. C’est également un matériau très sain: les émissions de Composés Organiques Volatils et aldéhydes connus sont tellement faibles qu’elles ne sont pas détectables par les appareils de mesure. En revanche, comme de nombreux isolants, la paille nécessite une bonne protection au feu. Elle se consume très lentement en raison de la densité des bottes de paille comprimées pour la construction, mais reste un matériau inflammable. Tout comme la terre elle nécessite un soubassement d’un minimum de 30 cm pour la protéger des remontées d’eau par capillarité et des éclaboussures. Une finition la protégeant du feu et de l’humidité est donc nécessaire. Les enduits les plus utilisés sont des enduits à base de terre et de chaux. Les ressources locales La paille est la tige d’une céréale sans épi ni grain. En France, on utilise principalement la paille de blé mais il existe d’autres types de paille adaptés à la construction (triticale, orge, riz, seigle, etc.). À Lauzerte et dans la vallée de la Barguelonne ce ne sont pas les exploitations de céréales qui manquent. La mise en œuvre Il existe plusieurs utilisations et techniques de mise en œuvre de la paille, nous retiendrons les quatre plus courantes de nos jours56: - Le remplissage est la technique la plus utilisée en France. Elle emploie la paille comme matériau de remplissage d’une ossature bois. - La préfabrication de mur bois/paille est une technique issue de la technique de remplissage. Les parois sont préfabriquées en atelier. La paille est ainsi protégée des intempéries dès son arrivée sur le chantier. - L’isolation thermique en paille est assez courante. Les bottes de paille sont alors collées à même le mur ou insérées dans une ossature bois secondaire. Elle peut également servir d’isolant de toiture. - La paille structurelle est une technique héritée du Nebraska (États-Unis) où elle est utilisée depuis 1886, avec l’apparition des botteleuses agricoles. Dans ce système, il n’y a pas d’ossature bois. Les murs sont donc plus épais. Les bottes de paille sont compressées entre deux lisses de bois permettant de répartir uniformément les charges horizontales sur toute la largeur des bottes de paille. Nous préférerons dans notre projet cette technique afin de limiter l’utilisation du bois qui est un matériau de construction, certes renouvelable, mais au bilan environnemental moins avantageux que la paille. 53. RÉSEAU FRANÇAIS DE LA CONSTRUCTION PAILLE 54. Ibid. 55. Énergie grise : c’est la quantité d’énergie nécessaire à la production et à la fabrication d’un matériau. 56. RÉSEAU FRANÇAIS DE LA CONSTRUCTION PAILLE

119


Remplissage

5 1

3 2

120

1

Ossature bois

2

Botte de paille

3

Panneau de contreventement

4

Pare-pluie

5

Parement extérieur (enduit ou bardage)

4


Paille structurelle

5 4

9 8

7

6

3

2 1

Les systèmes structurels en paille porteuse ne nécessitent une ossature en bois qu’en cas de percements. L’ossature permet alors uniquement de stabiliser le précadre de menuiserie. Les bottes de paille sont empilées entre deux lisses en bois et compréssées à l’aide de sangles. Le parement extérieur le plus couramment utilisé est l’enduit de terre et de chaux. Mais on peut également recouvrir la paille d’un bardage bois. L’essentiel est de la protéger de l’humidité et du feu.

1

Soubassement

2

Lisse basse

3

Botte de paille

4

Lisse haute

5

Poutre

6

Sangle de compression

7

Parement extérieur

8

Précadre de menuiserie

9

Support du précadre de menuiserie

121


122


LE BOIS Les produits issus de la filière bois en construction sont connus pour leur bilan environnemental avantageux. Le bois est une matière première d’origine végétale, issue de ressources renouvelables. L’utilisation du bois comme matériaux ou comme énergie permet d’économiser des ressources fossiles. Le développement de la filière bois en France a nécessité une gestion durable des forêts et permet de les entretenir. Elles sont en effet essentielles au maintien de la biodiversité et à la régulation de l’effet de serre de notre planète. Les produits bois en fin de vie sont valorisables soit comme matière première secondaire soit comme énergie. Les ressources locales La filière bois est bien développée dans le Tarn et Garonne. Elle permettra de faire appel, pour la construction de la fabrique d’huile de tournesol, à des ressources locales. «Les côteaux et le bassin de la Garonne»57 est une région dans laquelle on retrouve de nombreuses essences pouvant servir de bois d’œuvre58: (Voir carte en annexe) Essences pouvant servir d’élément structurel: - Chêne pédonculé - Chêne rouvre - Chêne rouge d’Amérique - Châtaignier - Peupliers de culture - Pin noir de Corse, de Calabre - Pin maritime - Cèdre de l’Atlas - Aulne glutineux - Robinier Autres essences pouvant être utilisées dans la construction: - Frêne commun - Hêtre - Noyer commun - Noyer noir d’Amérique - Noyer hybride - Merisier - Erable plane En 1999, 249 880m3 de bois d’œuvre ont été extraits des forêts du Tarn et Garonne (dont 203 199m3 de conifères). 59 57. Grande région du Schéma Régional de Gestion Sylvicole d’occitanie, parmis 6 autres, dans laquelle Lauzerte se situe. 58. sources croisées: - CENTRE RÉGIONAL DE LA PROPRIÉTÉ FORESTIÈRE DE MIDI-PYRÉNÉES - MIDI-PYRÉNÉES BOIS 59. Ibid.

123


Faubourg de Lauzerte


CONCLUSION Lauzerte est un centre-bourg retenu par l’ANAH pour faire l’objet d’un programme de revitalisation car l’étalement urbain et la désertion du centre historique mettent en danger le potentiel de développement touristique et agricole de la commune et de l’ensemble de son bassin de vie. Différents travaux et propositions ayant déjà été faits par quelques étudiants en architecture de l’ENSA de Toulouse et une expertise ayant été réalisée par une agence d’urbanisme sur le centre historique, nous souhaitions, dans notre étude, apporter un regard neuf. Le quartier d’Auléry et la relation de la ville au paysage, notamment agricole, ont peu été abordés par les équipes, proposant plutôt des réhabilitations de logements ou de commerces vacants, ou des réaménagements de l’espace public de bastide et faubourg. Un regard plus global nous semblait nécessaire sur cette commune. Nous faisons, le pari que la revitalisation de la commune de Lauzerte, sa redynamisation économique et le réinvestissement de son patrimoine bâti peuvent être assurés par l’attention portée au paysage et aux relations qu’habitants et visiteurs entretiennent avec lui. Nous proposons d’insuffler à Lauzerte une dynamique de développement local, fondée sur les richesses du terroir. Renforcer à échelle plus large l’identité de Lauzerte, comme une commune agricole, forte de son patrimoine architectural et naturel, autant que de ses savoir-faire (gastronomie, artisanat,

transformation des produits de l’agriculture locale, etc.), assurerait l’équilibre économique et social de la commune. Avec de meilleurs revenus et une économie plus attractive, les habitants pourraient rénover leur logement et faire alors appel à l’ANAH pour les aider au financement de leurs travaux. Plus que de donner aux habitant les moyens financiers d’améliorer leurs conditions de vie, nous proposons d’impliquer les habitants dans la transformation et la gestion de leur territoire, leur permettre de prendre en main leur espace de vie, car l’architecte, le paysagiste ou l’urbaniste, ne devraient pas être seuls écrivains des espaces habités. «L’architecture participe à l’écriture de récits qui la dépassent, que construisent des dizaines d’autres personnes – élus, citoyens, ouvriers, ingénieurs –.» 60 Face aux problématiques d’une commune comme Lauzerte, l’architecte a pour principal rôle de donner aux acteurs locaux les outils pour révéler les richesses inexploitées de leur territoire. L’architecte doit développer des compétences multiples: Techniques, sociales, économiques, esthétiques, ... Il doit comprendre un ensemble de phénomènes complexes agissant à des échelles multiples et mettre en oeuvre un système global répondant aux divers enjeux d’un territoire. Son intervention n’est donc pas toujours explicite, ni construite, mais peut insuffler une évolution progressive des pratiques quotidiennes et redonner aux habitants la maîtrise de leur espace de vie.

60. OBRAS & COLLECTIF AJAP14, http://www.nouvellesrichesses.fr/fr/manifeste/, consulté le 15/01/2018

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Place des Cornères


BIBLIOGRAPHIE

127


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128


MAROT, Sébastien, L’alternative du paysage, in Le visiteur n°1, 1995, http://www.marcellinbarthassat.ch/files/l_alternative_du_ paysage_s._marot.pdf, consulté le 8.01.2018 MARTINEZ, Maria, ENSA toulouse, Atelier JALAIS Savitri & LOUIT Marielle, Réhabilitation du bati ancien, Année 2016-2017 MORENO, Nancy, Architecture civile et médievale à Lauzerte (Tarn et Garonne) aux XIIIème et XIV ème siècles, Mémoire de Maitrise d’Histoire de l’Art et d’Archéologie, sous la direction de Pradalier-Shlumberger, M., Université de Toulouse-Le mirail, septembre 2001 PRÉFECTURE DU LOT, Schéma départemental des carrières du Lot, 9 juillet 2014, http://www.occitanie.developpement-durable. gouv.fr/IMG/pdf/SDC46_vfinale_cle0812cb.pdf, consulté le 13/01/2018 PRÉFECTURE DU TARN ET GARONNE, Schéma départemental des carrières du Tarn-et-Garonne, 2004, http://www.occitanie. developpement-durable.gouv.fr, consulté le 13/01/2018 RÉSEAU FRANÇAIS DE LA CONSTRUCTION PAILLE, La construction en paille. Construire en paille construire l’avenir, 2015 SANCHEZ-ALFONSO, Nieves, TATARU, Alina, Ecole de Chaillot, Lauzerte, Etude patrimoniale et architecturale, paysagère et urbaine, mai 2016

Webographie www.anah.fr www.batiment-cnidep.eu www.centres-bourgs.logement.gouv.fr www.ecoconso.be www.géoportail.fr www.inpn.mnhn.fr www.insee.fr www.inao.gouv.fr www.larousse.fr www.melon-du-quercy.fr www.mpbois.net www.nouvellesrichesses.fr www.paris-valdeseine.archi.fr www.passerelles.bnf.fr www.tourisme-lot.com www.upba.fr www.vins-coteaux-quercy.fr

Iconographie

p.36/37 www.géoportail.fr

p.116 MIDI-PYRÉNÉES BOIS, Nos bois de midi-pyrénées. Quelle essence pour quelle utilisation?, date inconnnue, www.mpbois.net

129


Pavillon au sud ouest de la bastide


ANNEXES

131


Population de Lauzerte

Évolu�on de la popula�on de Lauzerte comparéeà àcelle celledu du Tarn-et-Garonne Tarn-et-Garonne entre 1793 et 2014 Évolution de la population de Lauzerte comparée entre 1793 et 2014 300000

4000 3500

250000

3000 200000

2500 2000

150000

1500

100000

1000 50000

500 0

0 1750

1800

Tarn et Garonne Lauzerte

132

1850

1900

1950

2000

2050


Structure familliale des ménages français en 2013

1 personne seule couple sans enfant Couple avec enfant(s) Famille monoparentale Ménages dits «complexes» Source: INSEE 2012

Source: INSEE 2012

1 personne seule

couple sans enfant

autre

Source: INSEE 2012

Population française par tranches d’âge, 2017

0 à 19 ans

Structure des ménages de Lauzerte en 2012

20 à 64 ans

65 à 74 ans

75 ans ou plus

Population par tranches d’âge, Lauzerte 2012

0 à 18 ans

19 à 65 ans

65 ans ou plus

Source: INSEE 2012

133


Emploi à lauzerte Taux de chômage en 2013

Catégories socio-professionnelles à Lauzerte, 2013

20% 18% 16% 14% 12% 10% 8% 6%

Agriculteurs exploitants

4%

Artisans, commerçants, chefs d’entreprise Cadres et professions intelecctuelles supérieures

2%

Professions intermédiaires

0% FRANCE

OCCITANIE

îLE DE FRANCE

HAUTS DE FRANCE

TARN ET GARONNE

LAUZERTE

Employés Ouvriers Source: Insee 2013

Catégories socio-professionnelles en France, 2013

Agriculteurs exploitants 1,4% Artisans, commerçants, chefs d’entreprise 5,9% Cadres et professions intelecctuelles supérieures Professions intermédiaires Employés Ouvriers Autres 1,3% Source: Insee 2013

134


Conditions de logement à Lauzerte Résidences principales à Lauzerte selon l’année d’achèvement de construction

Avant 1919 1919 - 1945 1946 - 1970 1971 - 1990 1991 - 2005 2006 - 2010

Source: Insee 2012

Évolution du nombre de logements et de leur fréquence d’occupation à Lauzerte entre 1968 et 2013

Résidences principales

Nombre de logements

Résidences secondaires (dont logements occasionnels)

Logements vacants

135


Zones géologiques connues du département du Tarn et Garonne Calcaire de l’agenais Molasse argileuse

Vers Brive la Gaillarde

Molasse silicieuse Molasse de l’armagnac Molasses marnogréseuses agenais

Alluvions anciennes ( niveau supérieur ) Alluvions anciennes ( haut et moyen niveau de Gasogne )

Cahors

Alluvions anciennes ( niveau moyen ) Alluvions anciennes ( niveau bas)

Lot

rs eaux Garonn

e

Lauzerte

A20

Agen Valence d’Agen A62

Caussade Moissac

Montauban e onn Gar

5 KM

136

Tarn

Vers Toulouse

Sources: - AGENCE Bertrand Folléa - Claire Gauthier, Tarn et Garonne, Elements pour une politique du paysage, 1999


Feuille1

FABRIQUE D'HUILE DE TOURNESOL Pavillon de production

Surface totale

1463,24 m²

676,92 m² unités

Espace de production Conditionnement tourteaux Ateliers Bureaux Vestiaires Stockage bouteilles Stockage tourteau Stockage bureaux Local technique WC bureaux WC production Circulations pavillon de production Pavillon vitrine

267 m² 20 m² 44,8 m² 20 m² 20 m² 23 m² 23 m² 23 m² 17 m² 17,16 m² 17,16 m²

total 1 2 2 4 2 1 1 2 2 1 1

267 m² 40 m² 89,6 m² 80 m² 40 m² 23 m² 23 m² 46 m² 34 m² 17,16 m² 17,16 m²

190 m² 236,32 m² unités

Boutique Espace d'exposition Salle de dégustation Stockage boutique WC stockage dégustation

Pavillon administratif

58 m² 63 m² 58 m² 23 m² 17,16 m² 17,16 m²

total 1 1 1 1 1 1

58 m² 63 m² 58 m² 23 m² 17,16 m² 17,16 m²

224 m² unités

Bureaux Stockage bureaux Salle de repos salle réunion

20 m² 23 m² 20 m² 58 m²

Circulations pavillons vitrine et administration

136 m²

total 4 2 2 1

80 m² 46 m² 40 m² 58 m²

137


Région «Coteaux et bassin de la Garonne» telle que définie par le Schéma Régional de Gestion Sylvicole d’Occitanie (SRGS) Région «Coteaux et bassin de la Garonne» Garonne

Figeac Cahors

Villefranche de Rouerge

Rodez

Lauzerte

Millau

Montauban Castelsarrasin

Albi

Condom Auch

Toulouse Cahors Muret Cahors

Figeac Figeac Castres Villefranche Villefranche de Rouerge de Rouerge

Rodez Rodez

Tarbes Bagnères de Bigorre Condom Condom

Lauzerte Saint-Gaudens Pamiers Lauzerte Montauban MontaubanFoix Castelsarrasin Saint-Girons Castelsarrasin

Auch Auch

Toulouse Toulouse Muret Muret

Albi Albi

Castres Castres 5 KM

Tarbes

138

Millau Millau

Source: CENTRE RÉGIONAL DE LA PROPRIÉTÉ FORESTIÈRE DE MIDI-PYRÉNÉES, Schéma Régional de Gestion Sylvicole pour les forêts privées de la Région Midi-Pyrénées, Tarbes 2005, http://draaf.occitanie.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/SRGS_light_cle019941.pdf

Bagnères Bagnères de Bigorre de Bigorre

Saint-Gaudens Saint-Gaudens

Saint-Girons Saint-Girons

Pamiers Pamiers Foix Foix



Au coeur du Quercy blanc, Lauzerte est une petite commune de moins de 1500 habitants faisant l’objet d’un programme de revitalisation par l’ANAH. Au cœur de paysages agricoles remarquables, cette bastide médiévale est traversée par le chemin de Saint-Jacques de Compostelle et voit passer de nombreux visiteurs tout au long de l’année. Cependant l’étalement urbain et la désertion du centre historique mettent en danger le potentiel de développement touristique et agricole de la commune et de l’ensemble de son bassin de vie. Quels sont les outils et le rôle de l’architecte face aux territoires ruraux français en déclin? Quelle est sa place dans ces espaces où l’acte architectural spectaculaire et coûteux ne semble pas faire sens et où l’humilité et la capacité à laisser faire s’imposent ?

« (...) à force de célébrer les « star-architectes » et les projets dispendieux, on oublie que l’architecture apporte des réponses simples, adaptées, partagées et efficaces dans la plupart des situations, plus ordinaires et plus modestes, l’essentiel des lieux où nous habitons, où nous travaillons.» Nouvelles du front, Nouvelles Richesses, 2016 Manifeste du pavillon de la France pour la biennale de Venise


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Route de Moissa

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Lauzerte vue du ciel

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