13è année - n° 325
01 novembre 2020
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Retour à la case confinement
« Ouvrir toutes les librairies,
comme toutes les bibliothèques, c’est faire le choix de la culture »
Riad Sattouf
Monsieur le Président de la République, A l’heure où les salles de spectacle, les musées, les centres d’art et les cinémas sont malheureusement contraints de nouveau à la fermeture, l’ouverture des librairies maintiendrait un accès à la lecture et à la culture dans des conditions sanitaires sécurisées. En mars dernier, l’absence de masques, de gel, de protocole sanitaire face à ce virus ne permettait pas d’accueillir le public en librairie en toute sécurité. Depuis, les libraires se sont équipés et les gestes barrières sont parfaitement respectés dans leurs magasins. La librairie est un lieu sûr. Le retour en nombre des lecteurs en librairie, jeunes ou adultes, à l’issue du premier confinement, a illustré cette soif de lecture, porteuse de mille imaginaires, et cette volonté de défendre nos lieux de vie, de débats d’idées et de culture au cœur des villes. Sachons l’entendre. A la veille du quarantième anniversaire de la loi sur le prix unique du livre [le 10 août 1981], rappelez avec nous, Monsieur le Président, que le livre n’est pas un produit
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Le dire et l’écrire
Pendant le confinement, fermeture des librairies
Suite de la lettre
comme un autre : c’est un bien qui doit être défendu par la nation, en toutes circonstances et en tous lieux. Aujourd’hui, internet devient le principal réseau de vente de livres. Que toutes les librairies soient contraintes de fermer est totalement incompréhensible. Comme vous le savez, les librairies jouent un rôle que nul autre ne peut tenir dans l’animation de notre tissu social et de notre vie locale, pour la transmission de la culture et du savoir et le soutien à la création littéraire. Elles sont en outre un des plus efficaces remparts contre l’ignorance et l’intolérance.
Un premier succès partiel Face à la colère des libraires et des lecteurs, le gouvernement a été contraint, le 30 octobre, d’interdire la vente des livres dans les grandes surfaces. Elles profitaient du droit à l’ouverture pour un produit particulier (l’informatique pour la FNAC par exemple), pour maintenir ouvert leur rayon livres.
Nous tous, libraires, éditeurs, écrivains, lecteurs sommes prêts à assumer nos responsabilités culturelles et sanitaires. Ouvrir toutes les librairies, comme toutes les bibliothèques, c’est faire le choix de la culture. C’est un choix citoyen. Monsieur le Président de la République, nous vous demandons, aujourd’hui, de laisser toutes les librairies ouvrir leurs portes, et de bien vouloir recevoir les représentants des signataires de cette lettre ouverte qui vous la remettront, masqués et en respectant les gestes barrières, dès que vous les y inviterez. Les premiers signataires au 30 octobre
Signer la pétition ICI
Lettre d’Ariane Ascaride au Président de la République en date du 30 octobre 2020 (France Inter)
Amazon n’est pas une fatalité. voici quelques pistes pour continuer à nourrir votre esprit. Un article de TELERAMA.fr
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Le dire et l’écrire
Des livres
Journal d’un rescapé du Bataclan Être historien et victime d’attentat Christophe Naudin « Ce vendredi 13 novembre 2015, je suis avec deux amis à un concert de rock, au Bataclan. Nous sommes là pour boire des bières, écouter de la bonne musique. La vie, quoi. À environ 21 h 40, c’est par un bruit de pétards que l’Histoire me percute. Le temps, en me retournant, de voir un terroriste, son regard haineux, et les flammes sortir du canon de sa kalash, tout s’accélère, je suis projeté en avant dans la fosse. Pendant plusieurs minutes sous le feu, je perds de vue mes amis et parviens à me réfugier dans un “cagibi” à droite de la scène. Nous n’en sortons que deux heures plus tard, libérés par le Raid. Les jours suivants, je suis pris dans un tourbillon. Je dois gérer le deuil de mon ami Vincent et mon retour au travail. L’esprit bombardé de questionnements et de sollicitations, je décide d’écrire un journal pour coucher mes réactions à chaud, me vider, me reconstruire. Le texte est tel quel, brut, sans relecture et réécriture, avec la violence et l’absence de recul critique que cela peut entraîner. Avant d’être victime d’attentat, je suis enseignant et historien, j’ai travaillé sur l’Islam médiéval et sur les usages politiques de l’histoire. Avec les attentats, la violence du réel a frappé ma conscience du réel. Cinq ans après les attentats, deux ans après la fin de ce journal, il était temps de faire le bilan. »
Une note de lecture d’En Attendant Nadeau
Saturne Sarah Chiche Automne 1977 : Harry, trentequatre ans, meurt dans des circonstances tragiques, laissant derrière lui sa fille de quinze mois. Avril 2019 : celle -ci rencontre une femme qui a connu Harry enfant, pendant la guerre d’Algérie. Se déploie alors le roman de ce père amoureux des étoiles, issu d’une grande lignée de médecins. Exilés d’Algérie au moment de l’indépendance, ils rebâtissent un empire médical en France. Mais les prémices du désastre se nichent au coeur même de la gloire. Harry croise la route d’une femme à la beauté incendiaire. Leur passion fera voler en éclats les reliques d’un royaume où l’argent coule à flots. À l’autre bout de cette légende noire, la personne qui a écrit ce livre raconte avec férocité et drôlerie une enfance hantée par le deuil, et dévoile comment, à l’image de son père, elle faillit être engloutie à son tour. Roman du crépuscule d’un monde, de l’épreuve de nos deuils et d’une maladie qui fut une damnation avant d’être une chance, Saturne est aussi une grande histoire d’amour : celle d’une enfant qui aurait dû mourir, mais qui est devenue écrivain parce que, une nuit, elle en avait fait la promesse au fantôme de son père.
Une note de lecture d’En Attendant Nadeau
Une vidéo de présentation
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Le dire et l’écrire
Notes de lecture
Quatre notes de lecture récentes de
Pierre Ahnne ►La Ville aux acacias Mihail Sebastian, traduit du roumain par Florica Courriol (Mercure de France) Lire sa note de lecture ICI
►La Mon père, ma mère, mes tremblements de terre Julien Dufresne-Lamy (Belfond) Lire sa note de lecture ICI
►Porc braisé An Yu, traduit de l’anglais par Carine Chichereau (Delcourt) Lire sa note de lecture ICI
►Le Petit Polémiste Ilan Duran Cohen (Actes Sud) Lire sa note de lecture ICI
Dans la violence actuelle ►« Journal d’un rescapé du Bataclan », Christophe Naudin « Ce sont trois morts, trois nouveaux morts qui traversent notre journée — « trois personnes tuées à la basilique de Nice ». Mais nous n’avons pas le temps de penser à eux, l’actualité les engloutit, les discours nous submergent. Par une coïncidence étrange et douloureuse, le journal que publie Christophe Naudin, rescapé du Bataclan, révèle cette double violence du terrorisme : elle frappe, puis se répercute, se propage dans les discours qui la racontent. ... » Lire la suite de la note de lecture ICI
Sons, vidéos L’auteur du livre Georges Waysand a participé à l’émission « Esprit de justice » de France Culture (28/10/2020) Ecouter l’mission La fiche du livre