14è année - n° 340
20 janvier 2021
www.ledireetlecrire.com
Les récits de vie : Numéro coordonné par Corinne Le Bars
une démarche utile et exigeante du travail social ?
« Les écrits professionnels prennent différentes formes au cœur des pratiques sociales. Toutefois, le travailleur social est régulièrement amené à faire le récit de vie ou l’histoire de vie de la personne, et doit pour cela respecter l’accord de l’usager, la nécessité de la discrétion et l’exigence de la délicatesse. L’analyse de ces récits témoigne d’effets positifs mais aussi de contraintes, qui soumettent parfois le professionnel à des injonctions paradoxales. Ainsi, comment peut-on raconter la vie d’une personne, son ressenti, son vécu, avec ses mots, en tenant compte de sa culture, de son milieu, de son âge et de ses problèmes sociaux, professionnels, médicaux, mais également des objectifs de l’administration ? » La suite de la présentation, le sommaire et pour commander
Et aussi, ce livre de Corinne Chaput-Le Bars
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Le dire et l’écrire
Des revues
Conditions biographiques et expériences du Sujet ACTUELS, le Hors-Série n° 10 - novembre 2020 de la revue "Le Sujet dans la cité" (coordination Martine Janner Raimondi) [extrait de la présentation] Réfléchir aux conditions biographiques en lien avec les expériences du sujet, comme nous y invite ce numro, fait suite au Colloque international "La recherche biographie en situations et en dialogues. Enjeux et perspectives", qui s'est tenu les 16, 17 et 18 octobre 2019 à la Maison des Sciences de l'homme Paris Nord. ... L'ensemble de ces articles offre au lecteur matières à réfléchir aux enjeux épistémologiques, scientifiquezs et humains qu'il y aurait à entendre les récits de vie des personnes concernant leurs conditions biographiques et leurs expériences. Comme le montrent ces articles, les récits nécessitent des dispositifs d'enquête adaptés, dont les entretiens biographiques constituent une puèce maîtresse. Ils engagent également une posture éthique de la part du chercheur, faite d'humilité mais également d'attention forte et d'intérêt pour les autres. Chacun des récits racontés dans ce numéro, tel des morceaux choisis d'humanité, est amené à nourrir notre pensée. Bonne lecture !
Des livres
Un garçon comme vous et moi Ivan Jablonka De livre en livre, Ivan Jablonka ouvre des voies nouvelles. Avec une audace et une créativité peu communes, il invente ses sujets et ses formes. Après Laëtitia, après En campingcar, il explore sa « garçonnité » dans les années 1970-1980, s’interrogeant sur le « nousgarçons » et les frontières incertaines entre masculin et féminin. De sa famille au service militaire en passant par l’école, il raconte sa formation au fil d’une enquête souvent poignante, parfois drôle – toujours passionnante – où beaucoup pourront se reconnaître. Car cette « autobiographie de genre » dévoile une intimité à la fois individuelle, sociale et politique : l’histoire d’une génération. Avec une honnêteté troublante, Ivan Jablonka analyse le « malaise dans le masculin » qui fut le sien, restituant le vif et l’éclat de l’enfance dans ses enthousiasmes, ses émois et ses peines.
Article de DIACRITIK
Jean-Pierre Bacri - 1951-2021 Un entretien dans TELERAMA - 2004 10 répliques
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Le dire et l’écrire
Des livres
La putain du califat Sara Daniel et Benoît Kanabus
… Marie nous a confié son
histoire : elle a exigé que tout soit raconté, que rien ne soit omis. Son récit bouleversant est celui d’une chrétienne capturée par les djihadistes, qui veut vivre, qui se bat, qui refuse de se laisser briser par la bestialité des hommes. Et celui de la victime, souillée, torturée, violentée, qui découvre finalement comment on est accueilli par les siens quand on revient de l’enfer. Ce livre montre les exactions commises au nom de la charia. Il oblige à voir comment les fondamentalistes, qui n’ont d’yeux que pour les vierges du Paradis, transforment les femmes en putains
La maison de Bretagne Marie Sizun Décidée à vendre la maison du Finistère, où depuis l’enfance, elle passait ses vacances en famille, parce que restée seule, elle n’en a plus l’usage, et surtout parce que les souvenirs qu’elle garde de ce temps sont loin d’être heureux, Claire prend un congé d’une semaine de son bureau parisien pour régler l’affaire. Elle se rend sur place en voiture un dimanche d’octobre. Arrivée chez elle, une bien mauvaise surprise l’attend. Son projet va en être bouleversé. Cela pourrait être le début d’un roman policier. Il n’en est rien ou presque. L’enquête à laquelle la narratrice se voit soumise n’est que prétexte à une remontée des souvenirs attachés à cette maison autrement dramatique pour elle. Et si, à près de cinquante ans, elle faisait enfin le point sur elle-même et les siens ? ...
Fragments de mémoire d’un enfant ordinaire 1935-1947 Rémy Landy … Le récit commence en Corrèze, région d'abord épargnée par la guerre, puis sévèrement touchée par une répression allemande et pétainiste qui cherche à broyer la Résistance. Il s'achève en Allemagne, au lendemain de la guerre, dans la zone d'occupation française (Baden-Baden, Constance). Des anecdotes inédites parsèment ce récit. Ici, la vie familiale permet de toucher du doigt l'atmosphère de cette époque troublée. Et c'est le paradoxe d'une vie somme toute presque heureuse d'un enfant ordinaire au milieu de circonstances qui ne l'étaient pas.
Une sélection de livres témoignages contre l’inceste
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Le dire et l’écrire
Des livres
Stade national 1973 Le Chili les yeux bandés Jorge Montealegre
Par instants, la vie n’est pas sûre Robert Bober … À la façon d’un puzzle jamais fini, Robert Bober revisite sa propre existence, les lieux, les histoires, les images et les textes qui l’ont marqué. Il nous fait partager ses admirations et ses indignations parfois. Le livre épouse les caprices de la mémoire familiale et historique, s’égare, s’interroge et fait des découvertes bouleversantes. C’est un jeu sur le souvenir, qui interprète et raconte les silences, les oublis, qui raccorde des histoires entre elles et avec la vie, s’interroge sur la langue, l’écriture, le yiddish bien sûr, l’art et les mots. Robert Bober, en adressant cette lettresouvenir en hommage à son ami disparu, fait aussi le récit éclaté, émouvant, de son existence
Cheville ouvrière Antoine Tricot … Ouvriers, cheminots à la retraite, jeunes au chômage, étudiants, fonctionnaires, allocataires du RSA, éducateurs de rue, ados, jeunes footballeuses, vieux mécanicien, employés des bailleurs sociaux, jeune cadre du FN local, médecin, député-maire… Autant de personnages pour un itinéraire jalonné de récits recueillis, montés comme des pièces radiophoniques, et mis en regard avec des archives et des articles des quotidiens locaux. Au cours de cette enquête mêlant journalisme, sociologie et histoire, une image se tisse, celle d’un territoire avec ses tensions raconté par ses habitants. La fierté ouvrière qui s’effrite à mesure que le chômage monte – mais qui reste chevillée au corps –, les paradoxes de la politique de la ville, la toute-puissance des bailleurs HLM, les traumatismes du trafic de drogue, la progression de l’extrême droite sur les friches du communisme, le découragement et la fatalité. Mais aussi les réussites et l’entraide, la valeur du travail des éducateurs, les engagements associatifs et politiques, la transmission, la richesse des identités diverses et la foi dans l’avenir. Un récit écrit à la première personne, avec subjectivité et tonicité. ...
À la suite du coup d'État militaire de 1973 au Chili, Jorge Montealegre est emprisonné comme tant d'autres au Stade national de Santiago, puis au camp de concentration de Chacabuco, dans le désert d'Atacama. Il a 19 ans. C'est en prison qu'il découvre sa vocation littéraire. Il ne cessera plus d'écrire. Exilé, il publie son témoignage de détenu au camp de Chacabuco en 1974. Il rentre au Chili définitivement en 1979. ...
Dossier de presse Entretien avec l’auteur Une tribune de l’auteur
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Le dire et l’écrire
Sons, vidéos
Muriel Scibilia, professeur de Lettres, auteure de l’ouvrage «Sortir de l’ombre : les frères et sœurs d’enfant gravement malades», a participé à l’émission « Priorité Santé » le 13 janvier 2021 Pour écouter
Pour écouter et voir les différentes rencontres de Chaminadour Réécouter les rencontres depuis
2014 Revoir les rencontres depuis 2016
Une collection de vidéos réalisées par l’IMEC (Institut Mémoires de l’édition contemporaine) Pour visualiser les vidéos
A l'occasion de la parution de son dernier roman "La vengeance m’appartient" aux éditions Gallimard, Marie Ndiaye a accordé un entretien à France Culture, le 13/01/2021. Pour écouter Et aussi un article sur FranceInfo : Culture
Articles Un article publié le 13 janvier 2021 sur le site L'OR DES LIVRES à propos du livre "Un père étranger" de Eduardo Berti
Intervention de Vincent de Gaulejac lors du colloque « Dire «Je» dans un monde qui met hors-jeu : la construction du sujet dans un contexte hostile » (Haïti, avril 2019)
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Le dire et l’écrire
George Orwell 25 juin 1903 - 21 janvier 1950 Publié à Londres en juin 1949, son dernier livre 1984 est tombé dans le domaine public, le 1er janvier 2021 De son vivant comme après sa mort, George Orwell a été souvent incompris, défiguré, annexé : longtemps voué aux gémonies par les écrivains et journalistes du monde soviétique minimisé par ceux de l’Ouest : dans Le Monde du 3 décembre 1949, Robert Escarpit qualifie 1984
« d’amusante mais facile caricature du régime soviétique » et sa mort est annoncée le 24 janvier 1950 par un article du Monde de … 78 mots aujourd’hui c’est la droite et l’extrême droite françaises qui annexent l’auteur comme le signale aussi un article de Libération du 31 juillet 2016 : « L’annexion la plus ridicule est la plus récente. Journaliste souverainiste au Figaro et à Europe 1, Natacha Polony crée un Comité Orwell pour dénoncer la pensée européiste et sociale-libérale qui étoufferait, selon elle, le débat public, tel un Big Brother contemporain. Pauvre Orwell ! Récupéré par le Figaro, lui qui est resté sur la gauche du Labour Party jusqu’à la fin de sa vie, Orwell pris en otage par les souverainistes, lui qui était internationaliste autant que patriote, Orwell enrôlé par les anti-Européens, lui qui était favorable aux Etats-Unis d’Europe, à condition qu’ils fussent socialistes. Comme dans 1984 où les mots sont inversés - « le ministère de la Guerre » s’appelle « ministère de la Paix » -, le Comité Orwell est en fait un comité anti-Orwell. »
En 2018, 1984 est publié dans une nouvelle traduction. Cette traduction a été autant félicitée que rejetée.
Big Brother retraduit (et trahi ?) en 2018 Une nouvelle traduction de «1984» suscite la polémique. Et pose la question de la «modernisation» d’un roman devenu monument aux yeux de nombreux lecteurs.
La retraduction de « 1984 » est une idée fabuleuse La nouvelle version francophone du chef-d'œuvre d'Orwell par Josée Kamoun est sortie jeudi 28 mai en édition de poche. Cela rend-il le travail d'Amélie Audiberti caduc [la traduction de 1950] ?
Peu lus et pourtant essentiels, ses « Essais Articles Lettres » (4 volumes et 2475 pages aux éditions IVREA)
1984, une pensée qui ne passe pas Il était temps de retraduire 1984. Si la traduction de Josée Kamoun donne enfin au livre une allure de roman, elle ne rend toujours pas compte entièrement de sa puissance de pensée. Elle l’obscurcit même parfois.
Malheureux comme Orwell en France Traduire de mal en pis … Comme si on pouvait correctement traduire un roman sans avoir rien compris de la pensée de l’auteur ? Ou, pire, si on l’a comprise, en la travestissant au point de la détruire ?
Notre dossier George Orwell