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Décryptage : transmission, comment rendre sa ferme plus attractive ?
from Terre-net Le Magazine n°93
by NGPA
REPÈRES Décr yptage
Plus ils visitent de fermes, plus les porteurs de projet se rendent compte de la divergence entre leurs objectifs et ceux des cédants.
Par Par NOM CÉLINE CLÉMENT mail ceclement@cipmedias.com
PIXABAY
TRANSMISSION Comment rendre sa ferme plus attractive ?
Avant d’envisager la cession, autant se poser les bonnes questions pour rendre sa ferme attractive. L’accessibilité du foncier, l’état des bâtiments et des équipements, le montant de la cession ou encore l’évolution en bio sont des paramètres sur lesquels il est possible de réfléchir ou d’agir.
1Connaître les porteurs de projet Selon le répertoire départ installation (RDI), 77 % des porteurs de projet veulent s’installer en individuel ; 52 % en bio ; 35 % en productions animales (dont 20 % en lait) et un tiers en cultures (dont maraîchage et arboriculture) ; 89 % sur une surface inférieure à 75 ha. Parcelles groupées, taille cohérente avec le projet, montant de reprise maîtrisé, proximité d’un centre urbain… autant d’éléments transposables où que l’on soit en France. Le porteur doit s’adresser au « point accueil installation » (PAI) de son département, porte d’entrée du parcours d’installation en agriculture. La structure départementale, pilotée le plus souvent par les chambres d’agriculture, a une vision précise du proil des porteurs de projets et de leurs objectifs.
Plus d’infos en réalité augmentée 2 Anticiper Avant de céder sa structure, mieux vaut informer la chambre d’agriculture. Plus on démarre tôt, plus on peut mûrir son projet. Les réunions « transmission » permettent de mieux saisir le cheminement et la préparation nécessaires. Des formations encadrées par des experts sont également proposées. Elles ofrent davantage de visibilité sur les démarches et les diverses stratégies possibles.
3Regrouper son parcellaire Avoir le foncier d’un seul tenant, c’est le rêve de tout exploitant agricole. En tout cas, c’est un critère de choix préférentiel pour les repreneurs puisqu’il ofre de meilleures conditions de travail ainsi qu’un environnement préservé, diminue les coûts de production, facilite le choix du système de production et confère donc, pour toutes ces raisons, plus de valeur à la ferme. Pour y parvenir, il est possible d’échanger (à l’amiable) des parcelles entre propriétaires ou locataires de cultures. Enin, mieux vaut anticiper la recherche d’un repreneur, car l’opération prend du temps, et se faire accompagner par un organisme agricole compétent, comme la chambre d’agriculture.
4Évoluer vers l’agriculture bio ? Se lancer dans l’agriculture biologique peut peser lourd sur une trésorerie. Pour un jeune qui s’installe, cela représente deux années difficiles à absorber. Il faut acheter tous les intrants en bio, alors que les produits sont vendus en conventionnel. En revanche, une conversion entamée par le cédant peut avoir un impact significatif sur la décision du repreneur.
5Mettre en valeur les potentialités de la structure L’agriculteur cédant ne transmet pas seulement une ferme, il accueille un nouveau projet. Par exemple, des bâtiments ou des équipements maintenus en état et évolutifs (dimensions, usages) peuvent avoir une nouvelle carrière dans une autre production. Le montant de la reprise correspond alors aux potentialités de la ferme. La disponibilité ou non de la maison d’habitation est elle aussi un critère à prendre en compte.
6Adopter une posture d’accueil Transmettre son exploitation est aussi une histoire de rencontre avec le ou les repreneurs. L’humain est donc primordial pour que les choses se passent bien. Le futur retraité doit, entre autres, adopter une posture d’accueil et être clair sur ce qu’il veut comme transmission.
T. PAYEN CE QU’ILS EN PENSENT homas Payen, en projet d’installation en Ille-et-Vilaine « Faire converger les besoins divergents des cédants et des repreneurs »
« Avec ma conjointe, nous cherchons à reprendre une ferme hors cadre. Il s’agit d’une reconversion professionnelle. Je suis ingénieur dans l’énergie et j’ai travaillé dix ans dans différents secteurs de la transition écologique. » Thomas Payen espère trouver entre 20 et 40 ha pour produire des céréales bios et les transformer en farine et en pain. « Nous sommes ouverts à diverses possibilités à 40 km autour de Rennes, ville où travaille ma compagne. » Le couple a déjà réalisé six ou sept visites, améliorant à chaque fois son expérience et sa stratégie en matière de recherche. « La divergence entre les objectifs des porteurs de projet et les structures à transmettre est importante ! Faire converger les deux est une tâche délicate qui prend du temps. »
C. HERBERT Cyrille Herbert, installé depuis six ans « Les cédants doivent se préparer au changement de production et à l’accueil de plusieurs projets »
Cyrille Herbert est éleveur laitier à Maen-Roch (Ille-et-Vilaine) depuis six ans. Après son BTS en machinisme agricole, où il a découvert l’élevage durant ses stages et a même été agent de remplacement pendant 18 mois, il s’est inscrit au « répertoire départ installation » (RDI) qui dispose de nombreuses offres. Finalement, en visitant une exploitation, « ça a tout de suite matché avec les cédants ». L’éleveur indique aussi que les cédants « qui ont passé leur carrière à faire du lait et à investir dans cet outil » doivent prendre conscience que beaucoup de repreneurs cessent la production après quelques années. Mais comment avoir confiance dans les projets atypiques ? « C’est un projet de vie, donc on s’y engage pleinement ! On met en œuvre tous les moyens nécessaires pour le construire et le réussir », rétorque Cyrille Herbert.
Le cédant est acteur de la transmissibilité de son exploitation.
Au préalable, il importe donc qu’il réléchisse aux potentialités de sa structure, ain de mettre en valeur ses atouts. Enin, mieux vaut être ouvert aux évolutions, en tenant compte des attentes et des envies des successeurs.
7Bien rédiger l’offre de reprise L’objectif est d’attirer l’attention des porteurs de projet que le cédant aura ciblés. Pour cela, il est conseillé d’écrire un texte ni trop court, ni trop long, sans fautes d’orthographe, de ne donner que des informations sûres, de préciser la localisation du bien, en donnant des renseignements sur son environnement, et d’indiquer les conditions de reprise – y compris les biens que le porteur n’est pas obligé de reprendre –, ainsi que la date de disponibilité de la ferme. Idéalement, celle-ci doit intervenir dans les deux ans, faute de quoi le candidat aura du mal à se projeter. Les atouts de la ferme seront mis en avant, de même que les avantages de sa reprise, mais sans trop en faire, car cela peut laisser supposer qu’il y a autant d’inconvénients. Enin, l’annonce doit inclure un numéro de téléphone, avec des plages horaires de disponibilité pour être facilement joignable. Dernier conseil : ne surtout pas mettre de prix. ■
Source : webinaire organisé par la chambre d’agriculture de Bretagne dans le cadre de la semaine régionale de l’installation et de la transmission, et de la quinzaine de la transmission/ reprise d’exploitations agricoles 2020 déployée à l’échelle nationale dans tout le réseau.