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Couverts végétaux : et pourquoi ne pas semer avant la récolte ?

Mais alors, pourquoi ne pas semer avant de récolter la céréale en place ? Sans compter que c’est une alternative intéressante pour pallier le pic d’activité et donc le manque de temps en pleine période de bourre. En outre, les graines germent plus vite et ont davantage le temps de bien s’enraciner ain de prendre le relais dès la moisson. Pour être eicace, mieux vaut semer de trois à quatre semaines plus tôt, c’est-à-dire début juin. C’est alors que les conditions climatiques sont les plus favorables à une levée homogène. Une pluie de 10 à 15 mm semble parfaite pour coller les graines au sol et faciliter leur germination. Seul bémol : il faut obligatoirement semer à la volée pour ne pas endommager la récolte. ( En réalité a ugmen-

tée , voir la vidéo explicative d’Agro-Transfert) Mathieu Arnaudeau, chargé de mission agronomie à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, conseille de bien choisir son mélange, ain qu’il soit adapté aux semis estivaux. « Mieux vaut opter pour les espèces à petites graines, qui nécessitent moins d’eau pour germer, comme le trèle d’Alexandrie, le radis fourrager, la moutarde d’Abyssinie… » Autre préconisation du spécialiste : « Semer dans des parcelles exemptes d’adventices, en particulier les vivaces telles que le liseron ou le laiteron, qui pourraient concurrencer la levée du couvert. »

Une implantation à la volée En matière d’implantation, pas question de recourir au matériel de semis traditionnel. « L’opération doit être réalisée à la volée, indique Mathieu Arnaudeau. Pour y parvenir, l’exploitant a plusieurs possibilités : épandre grâce au matériel de fertilisation, utiliser un épandeur à microgranulés de type Delimbe ou bien faire appel à un drone. » Chacune de ces techniques présente ses avantages et ses inconvénients, et le coût d’implantation varie beaucoup de l’une à l’autre. Question raisonnement, le fermier doit voir au-delà de la réponse à une contrainte réglementaire. Il doit garder en tête que le couvert végétal a pour mission d’améliorer la structure du sol ; il peut également intervenir dans le cycle de développement des maladies, en provoquant une césure.

L’épandeur à engrais couvre 24 m La méthode utilisant l’épandeur à engrais permet de couvrir une largeur de 24 m, valeur qui correspond souvent à celle du passage du pulvérisateur. L’objectif est de limiter les dégâts au sein de la culture en place. Il apparaît donc impensable d’utiliser un outil de largeur diférente. Avec cette technique, la diiculté réside dans la capacité à faire voyager les graines sur toute la distance. Celles-ci s’avèrent souvent trop légères et nécessitent d’être enrobées dans une couche d’argile ain de les alourdir. Certains agriculteurs réalisent même leur propre préparation dans une bétonnière : ils y versent leurs semences auxquelles ils ajoutent un peu d’eau, de la bentonite et de la mélasse de canne ain de les agglomérer. à

PHILIPPE CHUPIN

Le temps nécessaire à l’enrobage des semences est un des points faibles du semis à la volée avec un épandeur d’engrais : comptez trois quarts d’heure par hectare.

ANTOINE HUMEAU L’AVIS DE L’AGRICULTEUR Philippe Chupin – Chavagnes-en-Paillers (85) « Pour semer des couverts à l’aide d’un épandeur, j’enrobe mes semences »

Adepte de l’agriculture de conservation des sols, Philippe Chupin sème des couverts à la volée sur 24 m avec un épandeur d’engrais. Une solution qui l’oblige à enrober ses semences. Chez Philippe Chupin, la couverture permanente des sols, c’est un principe. Voilà dix ans que cet agriculteur vendéen, installé à Chavagnes-en-Paillers, est passé au semis direct, puis à l’agriculture de conservation des sols. Pour chaque mise en place de couverts, l’homme teste, prend des photos, observe. Depuis deux ans, il participe à des essais de semis à la volée avant la récolte de céréales. « Habituellement, on sème un jour ou deux après la récolte, mais souvent on est débordés de travail et on est contraints de repousser, raconte-t-il. Le semis de couverts avant moisson permet d’étaler la charge de travail, et aussi d’augmenter les chances de réussite. » Semer dans un blé propre « Je tiens à utiliser du matériel de la ferme pour rester autonome. L’enrobage des graines favorise la germination et, en attendant une humidité sufisante, les protège pour qu’elles germent seulement après la pluie. Moins de risque qu’elles crèvent ! Mais il faut compter trois quarts d’heure pour 1 ha, c’est beaucoup trop de temps ! », précise le producteur. Et d’ajouter : « L’idéal, c’est qu’il pleuve après le semis. Cette année, avec l’eau qu’on a eue, un peu chaque jour, beaucoup d’adventices ont poussé. Je ne pouvais pas les laisser se développer. Il faut donc semer dans un blé propre, sinon c’est inutile. Sans oublier la régularité du semis – pour avoir un couvert dense –, sans quoi le problème de salissement sera multiplié. Et il est impossible de passer un coup de broyeur comme si vous n’aviez pas fait de couvert. »

Antoine Humeau

Grâce à l’enrobage de ses semences, Philippe sème à la volée de façon plus homogène sur toute la largeur de travail de l’épandeur d’engrais.

Idéalement, le semis doit être réalisé au plus tard entre 24 et 48 h après le passage de la moissonneuse-batteuse.

Ainsi lestées, les graines gagnent en portée et proitent de l’hygrométrie résiduelle ainsi que de l’ombrage du blé. Une fois la céréale récoltée, le sol s’assèche, ce qui rend la germination des couverts potentiellement plus diicile, surtout si les terres de la ferme sont séchantes. La réussite est donc liée aux conditions météo. Idéalement, une pluie juste après le semis favorise la levée et maintient l’hygrométrie du sol. Il faut néanmoins veiller au niveau de salissement de la parcelle, car il est impossible de les gérer ensuite sans dégrader le couvert. Seul bémol, la méthode est un peu gourmande en eau puisque la bille d’argile en a besoin pour se désagréger, ce qui augmente l’humidité nécessaire. Dès lors, d’autres tests ont été menés visant à coller les graines, en agglomérant par exemple les plus petites semences autour d’un petit pois. Quoi qu’il en soit, la position de l’outil doit être la plus relevée possible ain de limiter le fouettement des épis. Quant aux espèces, des essais avec un mélange de sorgho, moha et phacélie, à 12,5 kg/ha, soit environ 300 graines au mètre carré, ont montré que la qualité de l’enrobage inlue directement sur la régularité du semis. Le réussir est donc primordial pour garder la densité de végétation nécessaire et limiter la croissance des adventices.

Semis à l’épandeur Delimbe : le plus simple Le recours à un épandeur de type Delimbe est sans doute la solution technique la plus simple si l’on considère qu’il suit d’atteler l’appareil à l’avant du tracteur. « Le souci, c’est la largeur d’épandage, prévient Mathieu Arnaudeau. Il n’est pas possible de gérer plus de 12 à 18 m, selon le modèle. » Des essais ont donc été menés en installant deux appareils de marque Delimbe sur la rampe du pulvérisateur, cette coniguration permettant de gérer une largeur supérieure, de 24 à 36 m. Le gain de temps est au rendez-vous,

ANTOINE HUMEAU L’AVIS DE L’AGRICULTEUR Xavier Martin – Pouillé (85) « Avec deux épandeurs fixés sur mon pulvé, je sème 40 ha de couverts en deux heures »

Xavier Martin a testé le semis de couverts à la volée à l’aide d’épandeurs de granulés Delimbe fixés sur son pulvérisateur. Une solution qui se révèle aussi économique qu’efficace. Xavier Martin a pratiqué le semis avant récolte pour la première fois il y a trois ans avec sa coopérative, la Cavac. Objectif : faire rentrer ses couverts dans les surfaces d’intérêt écologique (SIE). Pour ses 243 ha, il lui fallait couvrir une quarantaine d’hectares avant la mi-août : une opération dificile au cours des années sèches, d’où la nécessité de travailler avant la récolte des céréales. « Outre le gain de temps, j’économise un passage de déchaumeur. J’ai bricolé un système sur la rampe de mon pulvérisateur à moitié dépliée, en ixant deux distributeurs de marque Delimbe à 18 m l’un de l’autre, pour semer sur 36 m en un passage. J’avais vu sur Internet qu’une Cuma bretonne avait fabriqué un dispositif comme ça, alors je m’en suis inspiré. » Chaque épandeur contient 40 kg de graines (moutarde d’Abyssinie, trèle et phacélie) qu’il projette à 18 m environ, soit un périmètre total de 36 m. L’investissement est modeste : 1 500 € pour les deux épandeurs et quelques câbles électriques pour les relier à la cabine du tracteur. « À 10 km/h, il me faut moins de deux heures pour semer les 40 ha », termine-t-il. Antoine Humeau

PHILIPPE CHUPIN

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Le drone permet de semer à la volée sur environ 4 à 5 ha à l’heure.

L’épandeur de type Delimbe, ixé sur le pulvérisateur, est un système peu coûteux – 1 500 € d’investissement – nécessitant de l’ingéniosité et un peu de bricolage.

D. MAZOUÉ, CHAMBRE D’AGRICULTURE DES PAYS DE LA LOIRE CHAMBRE D’AGRICULTURE DE VENDÉE

puisqu’il est inutile de passer le déchaumeur avant de semer. L’inves tis sement, évalué à 1 000 € par équipement, s’avère, pour sa part, faible. Et à la vitesse où l’agriculteur peut travailler, autant dire que la solution se montre très eicace.

Aucune perte de récolte avec le drone Si l’on raisonne en termes de dégâts dans la culture, le drone est le mieux placé pour éviter ces derniers. En efet, l’engin survole le champ et ne provoque aucune perte de récolte. Il pèse 25 kg, transporte 10 kg de semences (selon le modèle) et survole la parcelle à environ 3 m de hauteur. Grâce à une multitude de capteurs, l’engin reste toujours à distance constante du sol, quel que soit le relief de celui-ci. Son utilisation se révèle donc particulièrement intéressante pour les terrains en pente ou diiciles d’accès. La plupart des modèles actuels travaillent sur 6 m de large (un diamètre quatre fois inférieur à celui d’un épandeur) et ne bénéicient que d’une dizaine de kilos de réserve. Leur débit de chantier est donc faible face aux autres méthodes. Mathieu Arnaudeau est à la recherche d’une machine ofrant plus de capacités et d’autonomie, le facteur limitant restant le coût ! En efet, le tarif par hectare grimpe aussitôt et peut s’avérer dissuasif : de 30 à 50 €/ha, hors semences, si le chantier est réalisé par un prestataire. À

FABRICE GUILLET : CHAMBRE L’AVIS DE L’AGRICULTEUR Fabrice Guillet, Le Poiré-sur-Vie (85) « Avec le drone, nous ne pouvons pas semer n’importe quelle graine »

Associé du Gaec Monchemin (Vendée), D’AGRICULTURE DE VENDÉE Fabrice Guillet a expérimenté le drone pour semer ses couverts avant récolte. Une technique à la fois pratique et précise, mais coûteuse. Voilà vingt ans que les six actifs du Gaec Monchemin pratiquent l’agriculture de conser vation sur leurs 330 ha de parcelles : semis direct pour les blés, strip-till pour le maïs. Fabrice Guillet utilise un semoir Kuhn SD 3000 ainsi qu’un compil Duro. « Depuis deux ans, je teste le semis de couverts avant récolte pour qu'il bénéicie de l’humidité du sol et soit prêt à se développer dès les battages terminés. L’an dernier, j’ai expérimenté une nouvelle technique de semis à la volée faisant appel à un drone. » La chambre d’agriculture des Pays de la Loire a géré la prestation, réalisée par la société aquitaine Relet du Monde.

Pour les terrains difficiles d’accès « Le débit de chantier est d’environ 4 à 5 ha/h, soit 30 à 40 ha en une journée, estime Lilian Marolleau, cogérant de Relet du Monde. Par contre, impossible de semer n’importe quelle graine, cela fonctionne pour les plus petites – jusqu’aux riz et tournesol –, mais pas pour le pois. » En semant des espèces différentes, l’agriculteur « voit ce qui marche », multipliant ainsi ses chances de réussite. « Le pois et le colza ont bien levé, note Fabrice Guillet. On a eu de la phacélie et de la moutarde, mais les graines de tournesol en surface ont été mangées. Le couvert manque de densité (seulement 20 % des graines ont levé) et de légumineuses. C’est autant d’azote que l’on n’irait pas chercher dans un sac ! », conclut le paysan. Antoine Humeau

l’achat, l’appareil coûte entre 30 000 et 50 000 €. Sans compter qu’il n’est pas possible de gérer toutes les graines, à l’image des gros calibres de type pois. Autre critère à prendre en compte sur le chantier de récolte : la circulation des engins. Les déplacements se doivent d’être réléchis, car chaque passage détruira inévitablement des plantules. Même si la culture a tendance à compenser, mieux vaut donc limiter ceux des tracteurs-bennes dans la parcelle.

À l’étude : la mise en terre des graines avant récolte En Bretagne, la chambre d’agriculture s’est intéressée à d’autres méthodes permettant la mise en terre des graines au moment de la moisson. Les techniciens de la ferme expérimentale de Kerguéhennec , dans le Morbihan, ont installé une barre de semis à dents directement sur la machine. En conditions sèches, les résultats sont bons, mais techniquement l’installation trouve vite ses limites en ratissant les andains de paille. Autre méthode : des éléments de semoir à disques issus d’un Xeos Pro de Sulky ont été installés directement sous le convoyeur. Des tuyaux pneumatiques acheminent les graines, distribuées électriquement selon un débit proportionnel à l’avancement de la batteuse. Le dispositif met in aux problèmes liés aux andains de paille et facilite le transport. Reste cependant à valider son poids supplémentaire, lequel ne doit pas faire pencher la machine au-dessus de son PTAC. ■

PHILIPPE CHUPIN

L’enrobage des graines, qui protège ces dernières avant leur germination, réclame de l’humidité pour se désagréger.

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