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PAYER UN SERVICE « EFFICACITÉ GARANTIE » OU INVESTIR ?

La technologie en matière de pulvérisation a tellement évolué que la plupart des applicateurs ne maîtrisent pas les capacités de leur monture. Former des spécialistes semble indispensable pour réellement les exploiter et ainsi faire chuter la quantité de produits phytosanitaires. Voire pour permettre aux industriels de continuer à homologuer leurs matières actives. Aussi sophistiqués que soient les équipements, la technologie seule ne sauvera pas la pulvérisation. Le triptyque matériel/produit/applicateur devient la clé ouvrant les portes du destin des intervenants...

Par SÉBASTIEN DUQUEF sduquef@terre-net-media.fr

Ces dernières années, les bureaux d’études des constructeurs de pulvérisateurs ont planché sur la montée en puissance de leurs machines en matière de précision et d’efficacité. Le développement des nouvelles technologies y a contribué également, avec l’arrivée des caméras, des capteurs et des terminaux. La numérisation et l’essor de l’intelligence artificielle ont rendu les équipements capables de distinguer, par exemple, les adventices sur sol nu, voire de faire la différence entre une mauvaise herbe et la plante cultivée pour traiter seulement là où c’est nécessaire. Horsch, Amazone, Kuhn, Exel Industries… toutes les marques proposent actuellement un système de pulvérisation ultralocalisé, avec pour principal argument la réduction des IFT. En effet, dans le cadre du plan Écophyto II+, les agriculteurs devront diminuer de moitié leur consommation de produits phytosanitaires d’ici 2025. Demain, en quelque sorte… L’essor technologique qu’a récemment connu le matériel semble constituer une réponse aux contraintes. Cependant, ces équipements high-tech ont un coût non négligeable que la plupart des exploitations ne peuvent plus absorber. La capacité d’investissement s’avère donc limitée ; sans compter que la question de la pertinence d’investir se pose.

En outre, selon François-Xavier Janin, responsable marketing automoteurs, nouvelles technologies et innovation chez France Pulvé, « à lui seul, le plus sophistiqué des matériels ne peut suffire ! » Celui-ci risque de se révéler si complexe à utiliser que le niveau actuel de compétence des agriculteurs pourrait être un frein à l’exploitation de l’ensemble de ses capacités. « Il faut former les opérateurs, et nous nous y attachons », précise-t-il. Pour acquérir l’expertise suffisante, les opérateurs doivent être spécialisés, et cela prend du temps. Ce dont la profession ne bénéficie pas vraiment.

%Le plan Écophyto II+ prévoit de diminuer la quantité de produits phytosanitaires utilisée en France de 50 % à l’horizon 2025. Pour y parvenir, des mutations profondes des systèmes de production et des filières, soutenues par des déterminants politiques de moyen et long terme, par une politique de formation ambitieuse et par les avancées de la science et de la technique sont nécessaires. Les certificats d’économie de produits phytopharmaceutiques (CEPP) ont pour objectif la réduction du recours aux matières actives en imposant aux vendeurs des produits de promouvoir auprès des agriculteurs la mise en place d’actions standardisées reconnues économes.

Matériel/produit/opérateur : le triptyque fondamental

Le dernier-né de la gamme d’automoteurs Berthoud a été dévoilé au Sima en 2022. Ce modèle haut de gamme bénéficie de technologies capables de faire chuter les IFT grâce à l’ultra-localisation.

Afin de bien comprendre l’enjeu, considérer le triptyque matériel/produit/opérateur demeure essentiel. « C’est le tiercé gagnant, sans quoi nous ne relèverons sans doute pas le défi », indique François-Xavier Janin. Pour se montrer efficaces, les moyens de protection chimiques doivent gagner en efficacité. Et pour y parvenir, l’application du produit doit faire preuve d’une grande précision. Le matériel actuel étant bardé de capteurs et autres technologies, il n’est donc pas le frein. Les pulvérisateurs peuvent cibler les zones où la bouillie est nécessaire et celles où elle est inutile. De quoi faire chuter les doses utilisées, et ceci jusqu’à atteindre le seuil critique en dessous duquel le produit n’aura plus d’efficacité. Certes, l’investissement est important, mais il se révèle indispensable si l’agriculture souhaite relever les défis auxquels elle se retrouve confrontée. Les contraintes liées au Green Deal, au plan Écophyto, etc. ne manquent pas. Plus récemment, certaines solutions ont bénéficié de subventions dans le cadre, notamment, du plan de relance. « Mais acheter de la technologie pour de la technologie ne suffit pas… Les agriculteurs doivent entre autres tenir compte du retour sur investissement », précise le responsable France Pulvé, avant d’ajouter : « Même si cela peut sembler aberrant, il ne faut pas se concentrer seulement sur le prix d’achat. Évidemment, c’est souvent le frein au moment de signer le bon de commande. Cependant, le fermier doit aussi – et surtout – prendre en compte le délai de retour

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