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Face à la baisse de production, Tereos va fermer une sucrerie et une distillerie
from Terre-net Le Magazine n°103
by NGPA
Actant « une baisse des volumes de betteraves », s’expliquant majoritairement par des difficultés agronomiques sans solution alternative depuis l’interdiction de l’usage des néonicotinoïdes, le groupe Tereos a annoncé le 8 mars la fermeture d’une partie de la sucrerie d’Escaudœuvres, dans le Nord, et de la distillerie de Morains, dans la Marne, menaçant 149 emplois.
Le 8 février, les betteraviers défilaient avec 500 tracteurs à Paris afin de protester contre l’interdiction totale des néonicotinoïdes, insecticides nocifs pour les abeilles utilisés par dérogation en France pour protéger les semences de betteraves contre le virus de la jaunisse. Un mois plus tard, et malgré la forte hausse du prix du sucre, de l’alcool et de l’éthanol qui a fait bondir ses ventes au dernier trimestre 2022 (+ 34 %), Tereos, deuxième producteur mondial de sucre à base de betterave (Béghin Say), justifie sa décision de fermer deux sites par la réduction durable de la production des racines en 2023-2024. Face aux difficultés et aux enjeux de décarbonation et de modernisation des infrastructures, le groupe a décidé de stopper l’activité sucrière du site d’Escaudœuvres, dans le Nord (123 postes), et de sa distillerie de Morains, dans la Marne (26 postes). Tereos, qui a traversé ces dernières années une grave crise de gouvernance, avait prévenu fin février qu’il s’attendait à une augmentation de sa dette nette du fait de la hausse du prix des matières premières et de l’énergie.
La direction de Tereos France affirme vouloir privilégier un reclassement des salariés via la mobilité interne, en proposant différents emplois au sein des autres sites du groupe dans la région. Les annonces pourraient conduire à la suppression de 149 postes ainsi qu’à la vente d’une amidonnerie.
Un « cataclysme pour nos territoires »
Le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand (LR), et des élus locaux ont immédiatement réclamé l’organisation d’une réunion sous l’autorité du préfet pour évoquer les vraies motivations de la fermeture du site. Pour les élus locaux et les salariés, la décision de Tereos est un choc. Nicolas Siegler, président de la Communauté d’agglomération de Cambrai, est très remonté contre le groupe sucrier. Chez nos confrères de L’Observateur, il estime que l’annonce de Tereos est un « cataclysme pour nos territoires ».
Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a également réagi après son entretien avec Gérard Clay : « Tereos doit assumer ses choix économiques en transparence, et les expliquer, alors que des engagements ont été pris en 2020 et 2021 sur la pérennité des outils industriels. Ces décisions ne devront laisser aucun agriculteur et aucun salarié sans solution. Des garanties ont été données pour les planteurs. S’agissant d’une zone de production de betteraves moins touchée que beaucoup d’autres par la jaunisse en 2020, cette décision de restructuration industrielle à Escaudœuvres apparaît d’autant plus étonnante. »
Une filière en danger des planteurs jusqu’aux sucreries « Il se produit exactement ce que l’on craignait : les surfaces [de culture de la betterave] ont diminué d’environ 7 % en France et c’est maintenant toute la filière qui est en danger, des producteurs jusqu’aux sucreries », a indiqué à l’AFP Franck Sander, le président de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB). Après la mobilisation des betteraviers dans la rue et pour les inciter à planter, le gouvernement leur avait promis une indemnisation totale de leurs pertes en cas d’épisode de jaunisse en 2023. « Le prix de la betterave n’a jamais été aussi élevé, c’était l’année ou jamais pour planter, a martelé M. Sander. Le principal facteur expliquant la baisse des surfaces est l’interdiction des néonicotinoïdes, parce qu’on n’a toujours pas de solution alternative pour protéger nos cultures. » ■