L'hospitalité face à l'urgence: l'exemple des centres d'hébergement d'urgence

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(2019-2020) Ecole Nationale d’Architecture de Lyon

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mém oire

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l’hospitalité face à l’urgence l’exemple des Centres d’hébergement d’urgence


ÉTUD. YAZJI Yara UNIT E0932D - MÉMOIRE 3 - MÉMOIRE INITIATION RECHERCHE

SRC

DE.MEM TUT.SEP

ROLLIN M. GHIRARDI L.

MARCH ARCH

S10 DEM ATEC 19-20 Promo

© ENSAL


Resumé La crise migratoire, l’augmentation de la population sans domicile fixe et sans-papiers ont marquées l’actualité politique et médiatique en France. D’où la question de l’hébergement d’urgence se pose face à une réalité politique et économique qui s’avère inefficace dans le contexte de l’accueil des personnes vulnérables. La croissance de cette population sans-abri, dans des proportions d’accueil qui excède les capacités d’absorption classique, nous laisse poser la question sur la forme, l’urbanisme et l’architecture que va prendre ces augmentations imprévisibles. Dans l’ombre d’une société fermée aux populations démunies, nous questionnons les mesures de l’hospitalité et d’accueil face à l’urgence. Le but de cette étude est d’évaluer l’hospitalité à travers un exemple : les Centres d’Hébergement d’Urgence (CHU). La méthodologie choisie consiste en une analyse des bâtiments du corpus par le prisme de l’architecture et des sciences humaines. Dans un premier temps, nous effectuons une étude de cas des différentes typologies et scénarios architecturaux et urbains des CHU. Ensuite nous remettons en question les dispositifs d’accueil à travers une analyse critique basée sur la technique du cercle de Stevenson dans le but d’analyser l’hospitalité à travers la satisfaction des besoins humains physiques et psychiques. Cette étude vise à souligner les mesures à emprunter et les problématiques particulières qui doivent être considérées dans la démarche de conception architecturale et urbaine d’un milieu hospitalier face à une situation d’urgence. Elle démontre ainsi l’importance de l’humanisation de ces structures d’accueil à travers différents pratiques et usages.

abstract The migratory crisis and the increase in the homeless population have marked the political and media news in France. However, the question of emergency accommodation is faced with a political and an economic reality that is proven to be inefficient in the context of receiving vulnerable people. The growth of this homeless population, in proportions that exceed traditional absorption capacities in the dedicated amenities, leaves us wondering about the form, urban planning and architecture that this unpredictable increase would take. In a society where the poor populations are being left in the shadow, we question and evaluate the concept of hospitality that is being incorporated in the situations facing emergency. The purpose of this study is to assess the concept and the notions of hospitality through an example: Emergency Accommodation Centres (CHU: French abbreviation).The chosen methodology consists of an analysis of the selected buildings through the prism of architecture and human sciences. First, we carry out a case study of all the different architectural and urban design typologies and scenarios of the CHU. Then we question the term of hospitality through a critical analysis based on the Stevenson Circle technique, this helps us analyse hospitality through meeting physical and psychological human needs. This study aims to point out the measures to be taken and the specific problems that must be considered in the architectural and urban design process of a hospital environment facing an emergency. It also demonstrates the importance of humanizing these different building through different practices and uses.


sommaire Résumé.................................................................................................................................................... 1 Avant - propos ......................................................................................................................................... 2

Introduction ............................................................................................................................................ 41

1- Contextualisation et définition ............................................................................................................ 53 1.1-Contexte de crise actuelle ............................................................................................................. 53

4 1.2-La notion d’urgence et ses dimensions ......................................................................................... 6 1.3 Comprendre les dispositifs d’hébergement d’urgence et le choix d’étudier les Centres d’hébergement d’urgence (C.H.U) ...................................................................................................... 75

1.4-La notion d’hospitalité et d’accueil ............................................................................................... 99

10 2. Méthodologie : .................................................................................................................................. 11 10 2.1 Démarche et choix du corpus d’étude ........................................................................................ 11 11 2.2 Protocole ..................................................................................................................................... 12 11 2.3 Présentation des structures étudiés ............................................................................................ 12

13 2.4 Hypothèses .................................................................................................................................. 14

14 3-Historique et politique. ...................................................................................................................... 15 14 3.1 Pionniers de l’architecture d’urgence, au service du social......................................................... 15

19 3.2 Politique actuelle, Une crise de l’hospitalité. .............................................................................. 19

4.- L’hospitalité dans l’exemple des Centres d’hébergement d’Urgence .............................................. 20 21 4.1 Ville hospitalière, Architecture hospitalière ................................................................................ 20 21

4.2- L’hospitalité à travers la satisfaction des besoins : la technique du cercle de Stevenson .......... 21 23

29 4.3 Les Scénarios de l’hospitalité ....................................................................................................... 25 a- Une nouvelle construction démontable et réversible - La Maison de Rodolphe....................... 26 29

41 b- Un quartier d’accueil dans la ville - Promesse de l’Aube - Association Aurore.......................... 30

49 c- Reconversion d’un bâtiment tertiaire -La Bulle – Porte de La Chapelle .................................... 34

59 d- Un camp de nouvelle forme - Ivry-sur-Seine ............................................................................. 39

62 4.4 Réflexion sur les scénarios........................................................................................................... 42

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62 Conclusion ............................................................................................................................................. 44


AVANT-PROPOS Dans l’optique de devenir architecte d’urgence et à prendre part dans des actions humanitaires, j’ai voulu me pencher sur les pratiques actuelles de l’architecture d’urgence dans la ville d’aujourd’hui. Le choix du Centre d’hébergement d’urgence et l’hospitalité comme sujet s’explique en premier lieu par mon intérêt pour la situation complexe et tangible qui gravite autour du sujet d’accueil en France. Traiter un sujet actuel et controversé me parait réellement pertinent dans le cadre d’un mémoire. Je me suis intéressée à la question de l’hébergement des immigrés et les gens en extrême précarité lors de mon travail de bénévolat avec la Croix Rouge Française au sein de l’unité ASR (Accueil et service des Réfugiés) à Lyon. Durant mon travail au sein de l’équipe ASR, J’ai pu comprendre la complexité des démarches administratives liées à l’hébergement des personnes en situation d’extrême urgence. J’ai également remarqué la pénurie des places d’hébergement au sein des structures d’accueil à Lyon et le nombre des personnes habitant la rue ou le camp faute d’insuffisance de place. C’est pour donner suite à cette expérience que j’ai voulu travailler sur la question des Centres d’Hébergement d’urgence, les premiers édifices accueillant un public en situation d’extrême précarité. Ces bâtiments sont dans la majorité des cas, les premiers moyens de mises à l’abri et les premiers édifices fréquentés par une population qui a vécu dans la rue pour une durée non négligeable.

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INTRODUCTION La crise migratoire, l’augmentation de la population sans domicile fixe et sans-papiers ont marqué l’actualité politique et médiatique en France. La question de l’hébergement d’urgence se pose face à une réalité politique et économique qui s’avère inefficace dans le contexte de l’accueil des personnes précarisés. La croissance de cette population sans-abri, dans des proportions d’accueil qui excèdent les capacités d’absorption classique, nous laisse poser la question sur la forme, l’urbanisme et l’architecture que vont prendre ces augmentations imprévisibles. Face à cette situation, la société s’érige en Forteresse et marginalise cette population mal fortunée.

« Le concept d’hospitalité semblait disparaitre dans une société contemporaine acquise à une rationalité avec le droit, placé au-dessus de la charité » Cyrille Hanappe 1

Les sans-abris subissent souvent des discriminations et des préjugés qui limitent leur accès à l’hébergement, à l’emploi, aux soins ou à l’éducation. La France établit à plusieurs reprises des lois qui manifestent des prises en charges de ce public, des fonds pour l’hébergement d’urgence sont débloquée mais sur le terrain, la situation demeure néanmoins inchangée. L’image de la France comme terre d’accueil2 semble se fragiliser peu à peu. Cela nous amène à poser la question suivante : De quelle manière peut- ont faire acte d’hospitalité et d’accueil face à l’urgence ? : l’exemple des CHU (Centres d’Hébergement d’Urgence). Tout au long de ce travail, nous essayerons d’investiguer les mesures d’hospitalité et d’accueil face à l’urgence d’héberger un public oublié. Le but est d’évaluer la capacité des centres d’Hébergement d’urgence à répondre aux besoins d’accueil dans des cadres hospitaliers, dignes, humains et qui ne se limitent pas à la simple réponse de fournir un toit. Pour mieux comprendre les raisons pour lesquelles nous avons choisi de travailler sur les CHU en lien avec la notion d’urgence et d’hospitalité, Il nous a semblé nécessaire, de commencer par une remise en contexte sur les questions suivantes : la situation de crise actuelle, la notion d’urgence, la politique liée à cette question et la notion d’hospitalité. Nous aborderons dans un deuxième temps la méthodologie de travail adoptée dans ce mémoire ainsi que les difficultés rencontrées pour le réaliser. Nous nous sommes également intéressés à l’histoire des solutions avant-gardistes en France en termes d’hébergements d’urgence pour bien comprendre l’influence de

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1 Hanappe Cyrille(dir), Lussault Michel et al, La ville accueillante : Accueillir à Grande-Synthe : questions théoriques et pratiques sur les exilés, Paris, éditions PUCA, 2018, p. 19. 2 Admin F. “La France est le premier pays à avoir constitutionnalisé le droit d’asile“ [Internet]. France terre d’asile. [Consultée le 20 janv. 2019]. Disponible sur: https://www.france-terre-asile.org/accueil/actualites/actualites-choisies/la-france-est-le-premier-pays-a-avoir-constitutionnalise-ledroit-d-asile


certains modèles qui persistent jusqu’à aujourd’hui. Ainsi nous examinerons plus précisément les politiques actuelles autour de l’hébergement d’urgence vu que c’est l’un des sujets les plus influençant sur le développement des dispositifs d’accueil en France. Nous traiterons ensuite la notion d’hospitalité dans l’architecture et l’urbanisme et nous expliquerons la technique du Cercle Stevenson qui nous a aidé à analyser cette notion dans les CHU. En conséquence Nous établirons quatre différents scénarios porteurs de l’hospitalité dans lesquelles nous analyserons les différents bâtiments du corpus à travers leur satisfaction des besoins du public accueilli et leur bien-être. Grâce à cette technique nous ferons ensuite une synthèse des mesures qui nous apparaissent intéressantes afin de fournir un cadre de vie hospitalier, nous soulignerons également les mesures qui selon nous semblent à améliorer. Nous tenons à préciser que nous n’avons pas la prétention de déclarer connaître la solution à la situation actuelle. Nous cherchons simplement à questionner des dispositifs existants, à soulever des idées sur le sujet et mettre en lumières de potentielles propositions pour mieux agir.

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1- Contextualisation et définition 1.1-Contexte de crise actuelle La fondation de l’Abbé Pierre annonce dans leur rapport annuel un chiffre de 4 millions3 de personnes mal logées en France dont 143 000 personnes sans domicile fixe. Les chiffres publiés montrent la dégradation de la situation des personnes démunies d’une année à l’autre. D’après les nations unies 258 millions de migrants dans le monde fuient la guerre ou la pauvreté, soit une augmentation de moitié depuis le début du 20ème siècle4. La crise migratoire est aussi au cœur de l’actualité politique et médiatique en France. Les études sur les flux migratoires montrent que le nombre de nouveaux réfugiés et de demandeurs d’asile en France est en hausse constante et rapide passant de 65000 personnes en 2014 à près de 123000 en 2019 .5 Dans l’ombre d’une société fermée aux plus démunies de la population, les camps et le logement précaire et insalubre se multiplient, écartant les populations pauvres au bord du monde, dans l’attente d’une solution mieux adaptée qui semble ne jamais voir le jour. La question du logement et des mal-logés se pose donc dans un contexte où la réalité économique et politique prime sur l’engagement social et humanitaire. Lors de l’examen des budgets de l’état, le programme 177 concernant « hébergement, parcours vers le logement et insertion des personnes vulnérables » a connu une croissance de 42,9% en cinq ans dépassant le 2 milliard d’euros. Ces augmentations dans le budget ont été essentiellement destinées au financement du parc d’hébergement d’urgence qui a atteint près de 146000 places en 20186. Malgré la hausse des capacités d’hébergement d’urgence, la demande reste soutenue en raison de l’augmentation de la pauvreté, l’exclusion et les flux migratoires. L’état essaye de mettre en place des stratégies pour lutter contre le sans-abrisme et pour mieux maitriser les dispositifs d’hébergement. L’une de ces stratégies est notamment le « plan quinquennal pour le logement d’abord »7 qui a pour objectif de recentrer l’hébergement sur la question d’accueil temporaire d’urgence et de développer la démarche d’accès au logement. Malgré les efforts politiques et étatiques et les augmentations des financements, les enquêtes et les statistiques montrent la saturation permanentes des centres d’hébergement d’urgence et la sous budgétisation des dispositifs. La synchronisation entre les budgets et l’accueil semble difficile à maitriser, ce qui nuit au pilotage des centres et explique la persistance des phénomènes de vulnérabilité et d’encampement dans les rues.

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3 L’état du mal-logement en France 2018 [Internet]. Fondation de l’abbé Pierre. 2000 [consultée le 10 décembre 2019]. Disponible sur : https:// www.fondation-abbe-pierre.fr/documents/pdf/synthese_rapport_2018_les_chiffres_du_mal-logement.pdf 4 Blanchet.C . Dans les pas de Jean Prouvé, au service des migrants et des mal-logés. -Architecture CREE. 2018 ; n° 385, p 10-16. 5 Anne-Aël Durand. Combien y a-t-il d’immigrants et de demandeurs d’asile en France et en Europe [Internet ].20 mars 2019 [Page consultée le 10 octobre 2019]. Disponible sur: https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/03/20/combien-y-a-t-il-d-immigrants-et-de-demandeurs-dasile-en-france-et-en-europe_5438852_4355770.html 6 Hébergement d’urgence : renforcer le pilotage pour mieux maîtriser les financements [Internet]. [Page consultée 24 octobre 2019]. Disponible sur : http://www.senat.fr/rap/r18-614/r18-614_mono.html 7 Ibid.


De nombreux évènements liés à la précarité et l’inhospitalité dans les rues ont marqués l’actualité ces dernières années. L’exemple des campements de migrants au long du boulevard de la villette dans le nord de la capitale est l’un des plus importants évènements. L’évacuation annuelle des migrants de porte de la chapelle illustre et rappelle tout les ans l’urgence de trouver une solution durable pour l’hébergement d’urgence. Malgré la création d’un Centre d’hébergement d’urgence temporaire en 20168, la capacité d’accueil reste insuffisante, 400 places créer pour 2500 migrants évacués en 2016 et des vagues d’encampement qui perdure jusqu’en 2019 comptant 1600 migrant évacués9 .

1.2-La notion d’urgence et ses dimensions Selon Cyrus Mechkat, l’auteur de « l’habitat d’urgence et la reconstruction au développement » la situation d’urgence ne se limite plus aux catastrophes naturelles et climatiques dans une zone géographique précise, l’urgence peut être liée aux différentes crises qui frappent la société créant des effets catastrophiques sur un même territoire ou sur un périmètre étalé géographiquement. La population vivant dans des conditions de privations se trouve en situation d’urgence, privé de conditions minimum d’existence. Il en va ainsi de la fourniture de l’habitat d’urgence. La crise ne peut plus être traitée séparément de la question de l’habitat dans sa globalité au niveau national. L’habitat est le parent pauvre des programmes de développement dans les sociétés. Il est le plus souvent abandonné à l’initiative des plus démunis : les sans-abris ou les occupants illégaux de terrains impropres à l’habitat, vulnérables aux désordres naturels et aux conflits.10 Quand on parle de la notion d’urgence, il est important de mentionner l’affiliation et l’origine du mot ainsi que son historique. En France l’abbé Pierre est considéré comme le père fondateur d’un mouvement politique et sociale autour de la question de l’hébergement d’urgence et des mal-logés. Cela a commencé après la sortie de la guerre, en 1950 la France témoigne d’un manque cruel de logement 11, l’Abbé installe chez lui une famille pour les protéger du froid, plus tard il devient maçon et achète un terrain à Neuilly-Plaisance pour construire une maison pour mettre les personnes vulnérables à l’abri. L’Abbé s’engage de plus en plus dans un programme de construction de cités d’urgence mais cela ne suffit pas car le nombre des sans-abris et des mal-logés ne cesse d’accroitre. Plus tard, le 1er février 1954, suite à une série de drames liées au grands froid, l’Abbé Pierre lance un appel aux dons à la radio de Luxembourg qui a poussé les politiciens à réagir face à ces situations d’urgences. 500 millions de Francs (l’équivalent de 8 millions d’euros) on était collectés et l’assemblée vote enfin un crédit équivalent à 150 millions d’euros destinés à la construction de 12000 logements d’urgence . 12 8 Paris : c’est ici, porte de la Chapelle, que les migrants seront hébergés [Internet]. leparisien.fr. 2016 [Page consultée 06 décembre 2019]. Disponible sur: http://www.leparisien.fr/paris-75/paris-75018/paris-c-est-ici-porte-de-la-chapelle-que-les-migrants-seront-heberges-22-07-2016-5987911. php 9 Paris : 2 campements de migrants évacués porte de la Chapelle [Internet].lepoint.fr. 2019 [cité 03 janv 2019]. Disponible sur:https://www.lepoint.fr/societe/paris-des-campements-de-migrants-evacues-porte-de-la-chapelle-07-11-2019-2345858_23.php 10 Mechkat Cyrus, Hossein Sarem-Kalali.De l’habitat d’urgence et de la reconstruction au développement. [Internet]. Persee. [Consultée le 20.dec 2019]. Disponible sur: https://www.persee.fr/doc/globe_0398-3412_1999_num_139_1_1414 11 Et les autres ? [Internet]. Fondation de l’abbé Pierre [consultée le 10 décembre 2019]. Disponible sur : https://www.fondation-abbe-pierre.fr/ documents/pdf/ela-gv_bd.pdf 12 Ibid., p.4,5.

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En 1987, avec la crise et la montée de chômage, c’est l’exclusion qui met les individus hors circuit social. La précarité touche de plus en plus la population et la perte du toit devient un élément déterminant dans le processus d’exclusion. Les proches de l’Abbé Pierre lui propose de créer la Fondation de l’Abbé Pierre pour le Logement des Défavorisés pour aider les gens à avoir accès au logement mais aussi pour se faire porte-parole des plus vulnérables auprès du gouvernement. Peu de temps après, le Ministre délégué au Logement du gouvernement présente un projet de loi « visant à la mise en œuvre du droit de logement » cette loi s’articule autour de trois principes : développer une offre diversifiée, permettre une insertion durable et créer les conditions d’une mobilisation conjointe de l’Etat. Le gouvernement reconnait finalement qu’il y a urgence avec une estimation de 400 000 sans-abris et 2,5 millions de mal-logés.13 Malgré la succession des lois et des plans en matière de logement et d’urgence pendant les dernières années en vue de rendre effectif le droit au logement, les lois existants (DALO, SRU, ALUR) et que nous allons expliquer plus précisément dans le prochain chapitre sont peu appliquées et inefficaces. La Commission Nationale Consultative Des Droits de l’Homme demande aux pouvoirs publics de se mobiliser pour le droit au logement14 , en mobilisant les moyens politiques, législatives et budgétaires à la hauteur des enjeux d’urgence. 3,8 millions de personnes mal-logées, 12 millions de personnes touchées par la crise du logement.15 Derrière ces chiffres, des femmes, des enfants et des hommes marginalisé, stigmatisés pour qui l’accès au logement est un combat quotidien. Si nous comparons les chiffres et les politiques mentionnés au paravent lors des premières mobilisations de l’abbé Pierre aux données d’aujourd’hui nous constatons que la situation n’a pas évoluée malgré le temps passé. Nous comprenons que la notion d’urgence ne se limite plus aux sans-papiers et aux immigrés mais elle touche aussi une population qui se trouve dans une situation de précarité difficile pour donner suite à une perte d’emplois ou d’une expulsion d’un logement. Ces individus se trouvent exclus du cercle des aides sociaux dans un certain temps et seront éventuellement marginalisés et à l’écart de la société et de la ville.

1.3 Comprendre les dispositifs d’hébergement d’urgence et le choix d’étudier les Centres d’hébergement d’urgence (C.H.U) Face à ces situations de précarité et l’arrivée des migrants fuyants les guerres, la pauvreté et les catastrophes climatiques, le nombre des personnes dépourvus de logement a explosé. Les villes Françaises, les institutions et la population ne sont guère préparées pour répondre à une telle situation. Les solutions permanentes d’hébergement et d’accueil semble donc difficilement prévisibles en ce moment de crise. La demande d’hébergement d’urgence a connu une progression considérable ces dernières années, en raison de deux

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13 Ibid., p.7 14 « Logement : un droit pour tous » | CNCDH [Internet]. [Page consultée 20 décembre 2019]. Disponible sur : https://www.cncdh.fr/fr/actualite/ logement-un-droit-pour-tous 15 Ibid.


principaux facteurs : Entre 2006 et 2016 le nombre des pauvres a augmenté, L’autre raison est la progression du flux migratoire qui a marqué l’Europe et la France ces dernières années, le nombres des demandeurs d’asile atteint 123 625 en 2018 selon les chiffres de l’OFPRA (l’Office Français de protection des réfugiés et apatrides). Les financements dédiés à l’hébergement d’urgence proviennent du budget de l’état cependant la gestion et l’accueil des dispositifs sont dédiés à des tiers, principalement des acteurs privés. L’état délègue à des associations à but non lucratif la responsabilité d’héberger les personnes et les accompagner vers l’intégration et le logement stable. Les nombres de places d’hébergement d’urgence se voit augmenté pour atteindre 146 000 places en 2018 dans le parc d’hébergement public. 16 Il faut mentionner que malgré la vulnérabilité du public « sans-abris », les dispositifs d’hébergement d’urgence sont fondés pour accueillir les différents profils de gens mentionnés au-dessus. L’hébergement des demandeurs d’asile et des réfugiés fait partie d’une prise en charge par des centres spécifiques sous la direction du ministère de l’intérieur. Il est géré par le DNA17 , les hébergements dédiés à cette population d’étranger compte 86 510 en 2018. Vu l’insuffisance des places dans ces dispositifs, le parc général d’hébergement d’urgence accueille 11 400 demandeurs d’asile ce qui représente 8% des place du parc généraliste 18. Quant aux personnes sans papiers en situation irrégulière, leur accueil relève du parc généraliste, leur cas présente 50%19 du public accueilli , l’état vise à créer des structures spécifiques pour l’accueil de ce public. D’après les documents et les chiffres analysés issus des données et des politiques de l’état, il me semble évident que les efforts mis en place par l’état visent à organiser les dispositifs d’hébergement d’urgence selon le public accueilli. De plus les préoccupations des politiques concernent principalement les budgets et les financements, malheureusement la gestion de ces fonds dédiés à l’hébergement d’urgence n’aboutit pas à des résultats visibles sur le terrain en termes de nombre de places d’hébergement. Même si ce public sans-abris regroupe des profils différents, ces personnes partagent la même souffrance et le même besoin fondamental, celui de trouver un toit. La différence dans les profils accueillis nécessite en effet au sein des dispositifs d’accueil, des accompagnements sociaux propres à chaque cas pour l’intégration et l’orientation. Cependant d’après un point de vue personnel, cela ne se réalise pas en groupant les individus dans des institutions séparées portant une signification spécifique qui accentue les problèmes sociaux et financiers du parcours des personnes, en plus les dispositifs sociaux et le personnel spécialisé sont assez intégrés et assez flexible pour répondre aux besoins spécifiques et personnels d’un public diversifié. Isoler les personnes étrangères entre eux met aussi des frontières à l’intégration au sein de la société et fabrique des barrières face à l’apprentissage de la langue française. Cet isolement peut aussi rappeler l’enfermement et fait de l’hébergement d’urgence un lieu inhospitalier. La population sans papiers qui fuit la rue et la marginalisation 16 Ibid. 17 Le Dispositif national d’accueil des demandeurs d’asile 18 Hébergement d’urgence : renforcer le pilotage pour mieux maîtriser les financements [Internet]. [Page consultée 24 octobre 2019]. Disponible sur : http://www.senat.fr/rap/r18-614/r18-614_mono.html 19 Ibid.

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dans la ville par peur de l’expulsion, se voit ici transférer dans des centres qui rappellent ces frontières et ces contraintes. La politique et le budget de l’état finance et met en places des dispositifs aux statuts différents comme cité auparavant. Les centres d’hébergement qui relèvent du parc généraliste comprennent aussi plusieurs dispositifs qui diffère selon le niveau d’intégration et du besoin d’orientation du public. Par exemple, les Centres d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS) et l’Hébergement de Stabilisation et les l’hôtels Ces deux structures proposent des hébergements de transition, permettant la socialisation et l’intégration des personnes à travers des actions collectives. Le public hébergé est ciblé et ne se trouve pas dans une situation d’extrême urgence, les personnes s’acquittent d’une participation financière à leurs frais d’hébergement et d’entretien sur la base d’un barème réglementaire tenant compte de leurs revenus et pourront par la suite accéder à un logement pérenne.

Figure 1:Nombre de places par dispositif - http://www.senat.fr/rap/r18-614/r18-614_mono.html

J’ai cerné mon étude sur les C.H.U car ces structures d’accueils proposent un accueil « Inconditionnel », c’est-à dire sans sélection des publics accueillis ce qui veut dire le public présent peut mélanger les sans-papiers, les SDF de nationalité française, des réfugiés et des demandeurs d’asile. Le séjour dans les CHU peut durer aussi longtemps qu’une solution durable tant qu’une solution pérenne n’est pas proposée comme le prévoit l’article L. 345-2-3 du code de l’action sociale et des familles : « Toute personne accueillie dans une structure d’hébergement d’urgence doit pouvoir y bénéficier d’un accompagnement personnalisé et y demeurer, dès lors qu’elle le souhaite, jusqu’à ce qu’une orientation lui soit proposée. Cette orientation est effectuée vers une structure d’hébergement stable ou de soins, ou vers un logement, adaptés à sa situation. »

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De plus, les C.H.U sont les structures les plus libres sur le plan de conception architecturale : plusieurs types de programme éducatif, médical ou social y sont souvent associés. Ces centres ne sont pas seulement des centres d’hébergement mais aussi des plateformes de sociabilité, d’éducation et d’intégration. Quant au financement des CHU, ils sont organisés sous forme de subvention dans le cadre d’une convention annuelle ou pluriannuelle. Il est encadré par la législation générale relative aux subventions publiques à destination des associations. Nous comptions 52 347 places de CHU en 2018, dont 8 766 places sont dédiées à la stabilisation. La conception des C.H.U est au centre de la pratique architecturale d’aujourd’hui, plusieurs architectes s’associent avec les associations humanitaires pour réaliser des programmes adaptés à l’accueil des personnes démunies. La multiplication des typologies de ces programmes est donc constatée au cours de ces dernières année. Etant Syrienne, la question de crise migratoire et le travail des architectes lié à ce sujet m’interpelle. D’où je questionne les dispositifs d’accueils des réfugiés et des personnes en situation de précarité, la typologie des CHU d’hébergement d’urgence m’intéresse particulièrement car de mon point de vue ces dispositifs me semblent les plus accueillants et les moins hostiles face à l’accueil d’un public vulnérable et démuni. Le bien être des personnes au sein de ces centres d’hébergement me semble très important pour déterminer leur intégration et leur développement au sein de la société et de la ville. D’où j’ai choisi de questionner l’hospitalité de ces centres à travers une étude architecturale mais aussi sociale.

CHRS

CHU

Figure2: Nombre de place d’urgence et de stabilisation, illustrer la différence par type de dispositif - http://www. senat.fr/rap/r18-614/r18-614_mono.html

Figure3 : Evolution des crédits dédiées à l’hébergement d’urgence (en millions d’euros) - http://www.senat.fr/rap/ r18-614/r18-614_mono.html

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1.4-La notion d’hospitalité et d’accueil La crise migratoire, l’arrivée des migrants et la croissance des personnes sans-abri, dans des proportions d’accueil qui excèdent les capacités d’absorption classique, nous laisse poser la question sur la forme, l’urbanisme et l’architecture que va prendre ces arrivées imprévisibles. La première forme d’accueil est certes de fournir un toit, un hébergement dans l’urgence. Mais cela ne doit pas s’arrêter là, car dans la plupart du temps l’hébergement temporaire d’urgence est pérennisé pour des durées non négligeables. Il est donc essentiel pour nous, les architectes, de penser une architecture digne, humaine et qui permet l’adaptation et l’intégration facile des personnes accueillies. Selon Thierry Paquot20: L’architecture participe autant à la qualité de l’accueil qu’au désagrément et au sentiment de ségrégation. Il est donc indispensable de questionner à quelle point l’architecture et l’urbanisme pourront être « hospitalier », terme que nous utiliserons tout au long de ce travail et que nous adoptons comme outil pour analyser l’architecture et le bien être des résidents des CHU. Nous définissons ci-dessous « l’hospitalité » selon des ouvrages littéraires et scientifique. Le mot « hospitalité » tel qu’il est employé aujourd’hui serait apparu pour la première fois dans la langue française en 1206, emprunté au mot latin hospitalitas, lui-même dérivé de hospitalis. Il désigne l’hébergement gratuit et l’attitude charitable qui correspond à l’accueil des indigents, des voyageurs dans les couvant, les hospices et hôpitaux. Au XIVème siècle, il réapparait dans le contexte antique après « hospitalier » pour signifier « droit réciproque de protection et d’abri ». Il est employé parallèlement pur désigner le « fait de recevoir, loger nourrir sans contrepartie » et par extension « bon accueil »21. Selon Anne Gotman, l’hospitalité peut être définie comme ce qui permet à des individus et des familles de lieux différents de se faire société, de se loger et de se rendre des services mutuellement. Cela implique que l’hospitalité comprend des pratiques de sociabilité et des aides qui facilitent l’accès aux ressources. Cependant l’hospitalité peut se limiter à un dispositif, un cadre ou un protocole qui garantit strictement l’arrivée, la rencontre, le séjour et le départ de l’hôte. Cela montre que l’hospitalité est loin d’être absolu et peut se limiter à être une règle qui a toujours l’hostilité comme horizon. Par ailleurs, les deux mots Hospitalité et Hostilité ont la même racine, les deux termes dérivent du mot latin «hos» qui désigne l’étranger. Or l’étranger est potentiellement un adversaire ou un ennemi «hostis» mais l’étranger peut aussi être accueilli d’où le mot « hospos». L’ambivalence entre les deux termes illustrent la situation actuelle en France. Ou les politiques et les dispositifs mise en place pour l’accueil d’urgence sont en constante ambiguïté. Paquot explique dans son essai De l’accueillance que l’hospitalité relève d’une politique étatique et qu’elle est de moins en moins spontanée, gratuite et tolérante. L’hospitalité administrative s’affirme avec des règlements et des discriminations réduisant l’accueil à une forme d’assistance. 22 Quant à Hanappe, il explique dans son ouvrage que la crise politique liée à l’arrivée des migrants n’est d’autres qu’une crise de l’hospitalité23. Il explique que la spatialisation de l’hospitalité ne constitue qu’une des

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20 Paquot T. De l’accueillance [Internet]. La Découverte ; 2000 [consultée le 22 décembre 2019]. Disponible sur : https://www.cairn.info/ethiquearchitecture-urbain--9782707133038-page-68.htm 21 Anne Gotman, Le sens de l’hospitalité : essai sur les fondements sociaux de l’accueil de l’autre. Mai 2001, p13. 22 Paquot T .Op., cit. 23 Hannape C. Op. cit., p.16


volets de politiques qui doivent être beaucoup plus globales et plus précisément décrites pour répondre aux logiques techniques et foncières de l’architecture d’urgence qui est différente de l’architecture classique. Hanappe utilise le terme ‘Accueil’ dans son livre la Ville accueillante, pour éviter l’ambiguïté du mot hospitalité expliqué ci-dessus. Nous constatons que désormais la notion d’hospitalité se dénude de son sens historique spontané, elle est de plus en plus liée aux politiques et à l’administration de l’accueil des étrangers. Dans ce travail nous essayerons de se rapprocher de l’hospitalité dans sa définition historique simplifiée extrait du livre d’Anne Gotman. Nous analyserons le corpus à travers la notion d’hospitalité et nous croisons les résultats obtenus à la fin avec les politiques et les dispositifs mise en place déclarée « hospitalière ». Nous développerons plus en détail les idées et la notion liée à hospitalité à fur et à mesure dans ce travail.

2. Méthodologie : 2.1 Démarche et choix du corpus d’étude Etant donné la différence des politiques liées à l’hébergements d’urgence et la spécifité des mesures de prise en charge et d’orientation des personnes immigrés et sans abris selon les différents pays, cette étude sera effectuée dans le périmètre du territoire français. Les structures des CHU ne sont pas choisies et variées selon leurs situations géographiques dans l’hexagone, elles sont particulièrement sélectionnées selon leurs typologies architecturales intéressantes ou selon certains critères qui permettent d’illustrer des propos liés à l’hospitalité. Il est important de signaler que ce qui a déterminé la sélection finale du corpus d’étude est la disponibilité des documents trouvés. La documentation sur les centres d’Hébergement d’Urgence est assez réduite, l’obtention des documents, dessins et des photos des CHU a donc été difficile vu la réserve des associations et des architectes sur la publication des documents. Dans l’intention de départ, Il était prévu d’observer les centres choisis et de réaliser une série d’entretiens pour humaniser ce travail, se rendre compte de « l’hospitalité » au sein des centres d’Hébergement d’Urgence et avoir un aperçu de l’aboutissement du travail des architectes sur le terrain. Ce travail d’observation était donc dans le but d’apporter un regard critique et une réflexion sur le sujet d’un point de vue différent. Après le refus total des directions des CHU de m’accorder des autorisations pour visiter et observer les différents centres, le travail sur ce sujet me paraissait de plus en plus difficile et limité. Cependant ces contraintes confrontées m’ont permis de remettre en question le dispositif étudie et questionner les raisons pour lesquelles l’accès au CHU était aussi contraint et contrôlé. A la suite de plusieurs demandes et d’appels téléphoniques au CHU de la maison de Rodolphe situé à Lyon, j’ai pu obtenir un rendez-vous pour visiter les lieux et effectuer un entretien avec le directeur de la structure.

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2.2 Protocole Suite aux difficultés citées ci-dessus, nous étions à la recherche d’une méthodologie permettant l’analyse de la notion d’hospitalité au sein des centres étudiées. Donc nous nous sommes basés principalement sur des ressources bibliographiques théoriques et les informations récoltées sur les bâtiments du corpus pour effectuer cette analyse. Après quelques mois de recherche bibliographique permettant de nous éclaircir sur la notion d’hospitalité, la politique et l’historique sur l’hébergement d’urgence. Nous avons choisi quatre bâtiments de CHU qui répondaient à l’hébergement d’urgence de manière différente dans l’intervention architecturale. Nous avons ensuite établi 4 différents scénarios qui permettaient de souligner la particularité de chaque intervention et son potentiel lien avec la notion d’hospitalité. Ces scénarios sont en partie inspiré par les notions de la ville accueillante de Cyrille Hanappe.La réflexion autour de ces quatre thématiques se concentre principalement sur la situation urbaine et la typologie architecturale de chaque bâtiment. Dans un deuxième temps il nous paraissait indispensable de pouvoir vérifier la satisfaction des besoins et le bien-être des personnes au sein des CHU, que nous considérons indispensable pour déterminer l’hospitalité ou l’hostilité d’un lieu. Nous étions donc à la recherche d’une méthode qui nous permettait d’analyser cet aspect pratique et social dans les dispositifs étudiés. Nous nous sommes basés sur la technique du Cercle Stevenson24 qui permettait de remettre en question tous les dispositifs par rapport à leur capacité de satisfaire les besoins physiques et psychiques des individus. La technique nous a permis de comprendre, construire ou de mettre aux clair chaque situation par le billet d’une grille d’analyse adaptée et un scrutateur des besoins. En conséquence nous avons établi une synthèse des mesures qui nous apparaissent intéressantes et les mesures qui nous semblent à améliorer pour garantir un cadre de vie hospitalier. L’utilisation de cette technique nous a aidé également à prendre du recul, à remettre l’humain au centre de la conception architecturale et à remettre en question l’architecture par rapport à sa mission essentielle de satisfaire les besoins des individus.

2.3 Présentation des structures étudiés 1- La Maison de Rodolphe La première structure étudiée est la plus importante dans ce travail. Le centre est situé à Lyon 8ème, il a été inauguré le 11 février 2011. Le CHU est financé par la fondation Christophe et Rodolphe Mérieux. Allain Mérieux collabore avec le Foyer de Notre Dame des Sans-abri et l’agence d’architecture Patriarche pour faire naitre son initiative. L’idée de base de Mérieux est de concevoir une structure flexible et reproductible pour aider les sans abri et les jeunes accompagnés de chiens. Le bâtiment est construit sur un terrain cédé par la communauté urbaine de Lyon au Foyer de Notre Dame des Sans Abris pour un durée de 55 ans. Le centre

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24 Mikael Bardonnet ,Michel Lefebvre, Pierre Mongin, Les Organisations Bienteraitantes, ADICE, 2016


construit en six mois comprend essentiellement trois bâtiments (deux pavillons destinés à l’hébergement et un bâtiment bas comportant les fonctions communes il a été modifié récemment pour ajouter un quatrième bâtiment d’accueil de jour et d’hébergement. Il accueille aujourd’hui un public diversifié, des hommes seuls avec chien en situation d’urgence, des familles en situation d’urgence et des familles en situation d’insertion. 2-Promesse de l’Aube Ce Centre se situe dans le Bois de Boulogne, face au immeubles cossus du XVIème arrondissement de Paris. Il est Financé par la préfecture de la région IDF, la mairie de Paris et la Caisse des Dépôt, un permis d’une durée d’implantation de cinq ans a été délivré pour la construction de cette structure. La maitrise d’ouvrage et la gestion de la Promesse d’Aube est assuré par l’association Aurore et la mission de maitrise d’œuvre a été confié à l’agences Moonarchitectures et AIR architectures. Le Centre a été inauguré en avril 2017 après un chantier qui a duré six mois. 200 places d’hébergement sont créées pour les familles et les personnes isolées (femmes et hommes adultes) Le projet fond dans le paysage du Bois de Boulogne, il est composé d’unités préfabriqués en bois qui forment huit plots d’hébergement et un plot d’accueil. 3-Porte de la Chapelle Ce centre appelé la Bulle est l’une des premières solutions mises en place dans la capitale pour faire face à l’urgence de loger la population d’immigré et sans-papiers. Il se situe dans le 18ème, sur un ancien site de la SNCF à Porte de la Chapelle voué à devenir un campus universitaire. Le Centre a ouvert ses portes le 1er novembre 2016 avec la détention d’un permis de construire précaire puisque c’est un projet temporaire qui restera pendant 18 mois seulement sur le terrain. Le centre sert à la mise à l’abri rapide, il accueille principalement les migrants primo arrivants et sans abris. Son organisation comporte un pôle d’accueil en forme d’une structure gonflable conçu par Hans-Walter Müller, des containers forment le pôle santé et la partie hébergement s’installe dans une ancienne halle ferroviaire offrant 400 places organisées en dortoirs. Le public accueilli est seulement des hommes notamment vu le public majoritaire masculin qui occupait l’encampement à Porte de la Chapelle. 4-Ivry-sur-Seine Ce CHU se trouve à Paris XVIIIème, il est situé sur le site de l’ancienne usine des eaux de Paris, au-dessous des anciens bassins de filtration. Il est financé par l’état et la ville de Paris, la maitrise d’ouvrage confiée à Emmaüs Solidarité et conçue par Valentine Guichardaz-Versini. Le centre a ouvert ses portes en 2017 après un chantier qui a duré quatre mois et demi. Il a une capacité d’accueillir 400 personnes dont des familles et des personnes isolées. Les 201 modules du centre fabriqués en bois sont rassemblés en une série de barrettes destinées au logement, des yourtes s’ajoutent à cette organisation abritant des espaces collectifs. En 2021 les modules seront démontés pour laisser la place au chantier du projet Réinventer la Seine.

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2.4 hypothèses Les hypothèses du mémoire sont explicitées ci-après. Elles pourront être confirmées ou remises en cause à la fin de la cinquième partie. De potentiels réflexions et réponses peuvent être exposé à l’issu de l’étude de cas de la Maison de Rodolphe -L’implantation urbaine des CHU joue un rôle important dans la conception et le développement d’un milieu hospitalier. -L’architecture temporaire pourrait être hospitalière et répondre à la question d’urgence d’habiter de manière efficace adapté. -La satisfaction des besoins fondamentales physiologique de l’individus au sein des CHU est une forme d’hospitalité. -La conception des CHU destiné pour un séjour temporaire d’urgence diffère de la conception d’un bâtiment d’habitation pour un séjour pérenne.

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3-Historique et politique. 3.1 Pionniers de l’architecture d’urgence, au service du social. Depuis des milliers d’années déjà, le monde que nous habitons vit au rythme des guerres et de la pauvreté. Au cœur des conflits dévastateurs qui frappent les quatre coins du globe, les personnes sont forcées à fuir leur pays ou leur domicile pour échapper à la misère et à la mort. Ce phénomène existe depuis des années en Europe, au cours du dernier siècle certains pays européens sont même devenus des terres d’accueil pour de nombreuses vagues d’immigration. L’immigration n’est pas la seule problématique qui prend de l’ampleur à l’échelle planétaire, la croissance de la précarité liée aux crises économiques et sociales fait partie des problèmes majeurs auxquelles nous sommes confrontés au quotidien. Face à ces problèmes, plusieurs solutions se mettent en place : des modèles architecturaux avant-gardistes ou même du vernaculaire. Ces propositions sont parmi les premières tentatives traitant les sujets d’urgence et d’accueil de personnes. A- Un édifice : La cité de refuge – Le Corbusier 1929 En 1933, en pleine crise économique et sociale, la Cité de Refuge s’est implantée dans le 13e arrondissement de Paris. Le projet est une commande de Albin et Blanche Peyron, commandeurs territoriaux de l’Armée de Salut qui sont à l’origine d’un projet social destiné à l’accueil des personnes en détresse, sans adresse et sans travail. Le projet a pour but d’offrir à ces personnes vulnérables un hébergement temporaire qui leur permet de retrouver leur dignité et de reprendre leur place dans la société.25 Le projet de La Cité Refuge est conçu par Le Corbusier et Pierre Jeanneret, qui appartiennent au mouvement moderne. Les deux architectes considèrent ce projet comme une opportunité pour mener une réflexion sur la dimension sociale de l’architecture et l’urbanisme. Ils emploient des principes scientifiques et la technologie pour améliorer la qualité du bâtiment et le confort des résidents. Ce projet est l’un des premiers projets qui illustre le concept de cité-jardin ou d’unité d’habitation incluant des espaces d’habitation, de travail de loisir et d’éducation. Appelé « l’usine du bien », cette cité réunit l’hébergement des personnes et d’autres fonctions donnant aux résidants les moyens de se reconstruire : (Dortoirs, chambres pour mères célibataires, espaces de préparation et distribution des repas, ateliers de travail, lieux de formation et de culte, clubs pour hommes et pour femmes, une crèche, bureaux pour le personnel, sanitaires. Les services sont multiples : dispensaire, vestiaire du pauvre, soupe populaire) Les architectes veulent surtout démontrer le rôle de la production industrielle et la technologie dans leurs 25 La Cité de refuge de l’Armée du salut : une histoire mouvementée [Internet].Ada 13.[cité 13 nov 2019]. Disponible sur: http://ada13.com/wordpress/2016/07/05/la-cite-de-refuge-de-larmee-du-salut-une-histoire-mouvementee/

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réalisations. Plusieurs systèmes modernes de l’époque sont intégrés dans la cité refuge comme le chauffage, le système d’évacuation des extractions de cuisine et des matériaux modernes. La disposition spatiale du bâtiment consiste en deux ailes, une pour les hommes et l’autre pour les femmes, séparées au centre par les circulations verticales. Le bâtiment de 11 niveaux, est en ciment armé, avec des planchers et poteaux en béton. La principale innovation est le mur de verre de 1 000 m² hermétique, placé au sud devant les dortoirs de cinq étages. Il doit laisser pénétrer au maximum la lumière naturelle et réduire les déperditions de chaleur des ouvertures. Un dégradé des vitrages est utilisé sur la façade permettant la lecture des différentes fonctions des lieux. Le mur rideau s’est révélé impraticable : la climatisation installée n’a pas fonctionné comme prévu, l’air circulait mal et devenait étouffant en été. En 1935, Le Corbusier a été contraint de renoncer au concept de mur hermétique et de percer des ouvertures coulissantes pour permettre l’aération du bâtiment. 26

Figure 4 : Cité de refuge, Paris 1932-33 Plan d’un étage (à gauche une crèche, à droite, dortoit des hommes https://zhouhang0924.files.wordpress. com/2015/03/la-cite-de-refuge-a-paris-09.jpg

Figure 5 : photo de la cité de Refuge, 1932-33 https://www.3fetvous.fr/citerefuge-nos-residents-sont-fiers-presenter-leur-lieu-vie

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26 Ibid.

Figure 6 : photo de la cité de Refuge rénovée, 2016 https:// www.lemoniteur.fr/article/paris-xiiie-la-cite-de-refuge-renoveerouvre-a-ses-residents.1043444


B- Un bidonville, du vernaculaire : Le Hameau des familles Noisy le Grand Abbé Pierre – Emmaüs 19541966 L’exemple exposé dans cette partie relève plutôt d’un modèle de bidon ville, un dispositif moins architecturé. Cependant, l’ensemble mis en place par l’Abbé Pierre s’aligne dans la même logique répondant à une situation d’urgence. De plus la forme vernaculaire des igloos reste intéressante et me permettra de souligner l’influence de ce modèle et le comparer avec des propositions plus contemporaines mises en place dans le C.H.U d’Ivry sur seine. Le bidonville de Noisy est né suite à l’appel du 1er février 1954 au micro de Radio Luxembourg, contre la misère qui sévissait en France. L’Abbé Pierre achète un terrain de 2 hectares à Noisy-le-Grand, à l’emplacement d’une propriété bourgeoise pour mettre en place une solution face à une situation d’urgence. Le bidonville accueillait depuis le mois de juin 1954 près de 252 familles. Il était composé de 300 « igloos », construits en fibrociment et d’une superficie de 70 m². Ces baraquements n’étaient ni équipés en eau, ni en électricité et les conditions de vie y étaient très rudimentaires. « Ce hameau de détresse est à l’honneur de ceux qui, par leur travail et par leurs dons, ont permis de l’établir et à la honte d’une société incapable de loger dignement ses travailleurs ». L’Abbé Pierre. Près de 1 370 personnes ont été hébergées dans ces logements de fortune, l’état de ces igloos s’est dégrade à vue d’œil. Les igloos ont été démolis en 1966, après que le camp a été déclaré insalubre. Un projet de centre de promotion sociale, cité transit de 78 logements a été adopté après la démolition. La construction ne commencera qu’en 1970. Sur les 300 igloos de Noisy-le-Grand qui symbolisaient l’hébergement d’urgence de 1954 à 1966, on en a conservé un jusqu’à 2017, au Plessis-Trévise. Totalement insalubre, il a été démoli, puis reconstruit pour perpétuer la mémoire de l’Abbé Pierre.

Figure 7 : Croquuis Personnel

Figure 8 : Photos du bidonville à Noisy le Grand https://www.atd-quartmonde. fr/notre-histoire/

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C- De l’architecture modulaire avant-gardistes : Les réalisations de Jean Prouvé de 1944 à 1969 Originaire de Nancy, Jean Prouvé (1901-1984) a fait des études de ferronnerie d’art. Ni architecte. Ni ingénieur, il défend, dans un pays en pleine reconstruction, une architecture au service d’un besoin social. Prouvé est profondément engagé, ancien résistant, il est maire de Nancy à la Libération et c’est d’abord en tant qu’officier d’État qu’il gère l’urgence de ses administrés, sinistrés lorrains et francs-comtois sans abri. Prouvé conçoit plusieurs projets qui attribuent à la réflexion sur le sujet d’hébergement d’urgence et l’accueil digne. Temporaires, démontables, déplaçables, ses propositions se multiplient mais ne trouvent pas un grand succès à l’époque. Dans un entretien avec le journaliste Frédéric Pottecher, daté des années 1950, il expose ainsi sa vision : « Il y a des milliers et des milliers de sans logis et des milliers de maisons grandes et petites à construire. On va donner un nouveau visage au pays. Moi, je suis prêt à fabriquer des maisons en grande série comme Citroën l’a fait en 1919 pour les automobiles... le temps de la brouette est passé ; il faut faire de la construction industrielle par élément, comme Citroën, Renault, Simca et autres... Le fer, l’acier... C’est mon truc ! Avec le fer, on construit vite et solide. La vraie préfabrication s’accomplira avec le fer que nous avons en Lorraine. »27 La Maison des Sinistrés ou « Maison 6x6 » - 1944 La maison a été conçue par Prouvé, en 1944. A cette époque, le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme fait appel à Jean Prouvé pour réaliser des baraques pouvant servir d’abri temporaire aux sinistrés des régions de Lorraine et de Franche-Comté dépourvus. En perfectionnant le système à portique axial déjà breveté, il traite l’urgence avec une solution rapide, économique et adaptable. Ce sont 450 baraques de 36 à 54 m² qui sont finalement livrées. La maison est entièrement démontable, transportable en caisses et montable en une journée par 3 hommes. Il s’agit d’un habitat d’urgence préfabriqué, cloisonnée en trois pièces, composé de tôle d’aluminium pliée et de bois. La structure repose seulement sur deux compas métalliques. L’acier utilisé est très contingenté, il est donc réservé à l’ossature en tôle pliée, dans laquelle viennent s’insérer de simples panneaux standardisés en bois, la couverture est faite de carton bituminé.28

Figure 9 : Coquis de la maison des sinistrés par Jean Prouvé http://www. sothebys.com/fr/auctions/ecatalogue/lot.113.html/2018/design-pf1804

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Figure 10 : Photo de la maison des sinistrés https://www.flickr. com/photos/dalbera/7914117220

27 Dans les pas de Jean Prouvé, au service des migrants et des mal-logés, 2018, no 385. Paris. 2015- (2492-2137) pp 10-16 28 MAISON DÉMONTABLE 6X6, 1944 [Internet]. Galerie Patrick Seguin. [Cité 13 nov. 2019]. Disponible sur: https://www.patrickseguin.com/fr/designers/jean-prouve-architecte/inventaire-maison-jean-prouve/maison-demontable-6x6-1944/


La Maison des jours meilleurs -1956 C’est dans un contexte où l’Europe fait face à une crise migratoire majeure, où la notion d’habitat d’urgence relève d’une grande actualité. En 1956, après le refus des pouvoirs publics de financer la construction de logements d’urgence, l’Abbé Pierre, fondateur emblématique d’Emmaüs, commande à Jean Prouvé la maison des Jours Meilleurs. La maison est considérée comme révolutionnaire à son époque, elle devait abriter les sans-abri, victimes de la crise du logement. Le prototype de la maison a été présenté sur le quai Alexandre-III, à Paris, pendant le Salon des arts ménagers, financé grâce à une marque de lessive. Le prototype de Prouvé force l’admiration de Le Corbusier : « Jean Prouvé a élevé sur le quai Alexandre la plus belle maison que je connaisse : le plus parfait moyen d’habitation. La plus étincelante chose construite. Et tout cela est vrai, bâti, réalisée, conclusion d’une vie de recherches. Et cela l’Abbé Pierre qui la lui a commandée ! » La Maison des jours meilleurs, qui porte en elle toute son ambition sociale, est constituée d’un soubassement en béton formant une cuvette où vient se poser un ilot central préfabriqué en acier, abritant dos à dos la cuisine et les pièces d’eau. Supportant une poutre en tôle pliée, le bloc central forme l’ossature porteuse. Prouvé y ajoute même une salle de bain sans fenêtre au cœur de l’habitation. Mais cette configuration inédite n’a pas été couronnés de succès29. La proposition de Prouvé a été considérée comme un échec à l’époque et la maison des jours meilleurs reste au stade de prototype. Malgré l’intérêt des travaux de Prouvé, et seulement quelques commandes étatiques, les maisons modulables qu’il conçoit durant sa carrière ne seront jamais produites en série. Pionnier dans le domaine de la construction préfabriquée, le - ferronnier de Nancy se trouve confronté à des obstacles aussi bien politiques que techniques dans une France qui préfère développer sa filière béton que métallique. Cela donne naissance aux grands ensembles urbains plus tard. Soixante-deux ans après, les maisons proposées par Prouvé sont appréciées et considérées comme avant-gardiste de leur époque. La question du mal-logement reste un sujet crucial, et les initiatives militantes sont toujours en pointe, que ce soit face à la crise des migrants, ou au logement des plus démunis.

Figure 11 : photo de la maison des jours meilleurs https://www.lemoniteur.fr/article/la-maison-des-jours-meilleurs-de-jean-prouve-recoit-sesvisiteurs.1341309

Figure 12 : plan de la maison des jours meilleurs https://www. pinterest.fr/pin/400961173052321124/?lp=true

29 Dans les pas de Jean Prouvé, au service des migrants et des mal-logés, 2018, no 385 . Paris . 2015- (2492-2137) pp 10-16

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Nous constatons que ces exemples avant-gardistes utilisent dans la plupart des cas des technique constructives démontables et préfabriqués cependant très soignés avec les détails et les matériaux. Malgré les petites surfaces, Jean Prouvé, intègre dans la maison des jours meilleurs, un aménagement permettant toutes les pratiques de la vie quotidienne. (Cuisine, bloc sanitaire). Ils pensent la fonctionnalité, l’esthétique et le confort à la fois. Cependant nous constatons que ces modèles sont souvent pensés comme des objets ou des boites qui peuvent s’installer sur n’importe quel terrain, elles ne sont pas associées à contexte et une réflexion urbaine.

3.2 Politique actuelle, Une crise de l’hospitalité. En Décembre 2006, l’association des enfants de Don Quichotte installe un village de 200 tentes sur les berges du canal Saint-Martin, à Paris, frêles abris en toile rouge destinés à rassembler dans un élan solidaire les sans domicile fixe de la capitale. Ces campements parisiens, nés de l’initiative des frères Legrand, occupent la scène médiatique et dénoncent la précarité grandissante des SDF, principale cause de leur fragilité psychique et physiologique. 30 Suite aux prises de position de ces militants, dès la première semaine de janvier 2007, le gouvernement annonce un projet de loi sur le droit au logement opposable DALO; ce sera le premier volet d’un nouveau plan d’action renforcé en direction des personnes sans abri adopté le 5 mars 2007. « DALO : Le droit à un logement décent et indépendant, visant à la mise en œuvre du droit au logement, est garanti par l’Etat à toute personne qui, résidant sur le territoire français de façon régulière et dans des conditions de permanence définies par décret en Conseil d’Etat, n’est pas en mesure d’y accéder par ses propres moyens ou de s’y maintenir. Pour faire valoir son droit, le demandeur doit être dans l’une des situations suivantes : sans aucun logement, menacé d’expulsion sans possibilité de relogement, hébergé dans une structure d’hébergement ou logé temporairement, logé dans des locaux impropres à l’habitation, insalubres ou dangereux, logé dans un local manifestement suroccupé ou non-décent, à condition d’avoir à charge au moins un enfant mineur ou une personne handicapée ou d’être handicapé lui-même, de demandeur de logement locatif social depuis un délai anormalement long. »31 En Effet, un certain nombre de dysfonctionnement des CHU sont révélés : un accueil précaire et trop court, une absence de moyens, un déficit de travail social, enfin, une incapacité du système à empêcher le nombre de décès répétitifs des personnes en situation de précarité extrême sur la voie publique tous les ans. Dénoncées, ces causes sont à l’époque le triste reflet des conditions de vie des centres d’hébergement où promiscuité, dangerosité, violence et manque d’hygiène sont le lot quotidien de ceux qui y échouent.

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30 Leloup Michèle, Weber Julie, L’hébergement d’urgence en France-L ’architecture des invisibles. -Archistorm. 2011. n°46, p. 66-81. 31 LOI SUR LE DROIT AU LOGEMENT OPPOSABLE (DALO) [Internet].Ministère de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales.[cité 15 nov 2019]. Disponible sur: https://www.cohesion-territoires.gouv.fr/loi-sur-le-droit-au-logement-opposable-dalo#scroll-nav__6


Depuis 2007, un arsenal législatif a été mis en place, notamment la loi MOLE (mobilisation pour le logement et de lutte contre les exclusions), un chantier national prioritaire porté par l’État ayant pour objectif la refonte complète des centres d’hébergement d’urgence, tant sur le fond que sur la forme. Cette initiative a entraîné la multiplication de projets de constructions neuves, de restructurations, de réhabilitation ou de requalification des principales structures existantes.32 « Loi MOLE : La loi crée l’obligation pour chaque organisme HLM de conclure d’ici à 2010 une convention avec l’État (convention d’utilité sociale) fixant des objectifs concernant le nombre de logements à construire, le nombre de logements à mettre en vente, les loyers ou la qualité des services aux locataires. Le refus de signer une convention ou le non-respect des engagements doit entraîner des pénalités financières. Un “programme national de requalification des quartiers anciens dégradés” doit être mis en place pour permettre la réhabilitation des immeubles insalubres. Pour améliorer les capacités en hébergement d’urgence, l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU)33 pourra financer des opérations portant sur des structures d’hébergement ou des logements de transit. » 34 Suite à ces lois mises en place par l’état et la mobilisation des maitres d’ouvrages autour des projets d’hébergement d’urgence, les architectes sont à leur tour appelés au chevet de ces programmes sensibles. Ils ont pour tâche d’imaginer et de concevoir des lieux d’hébergement et d’insertion plus dignes, ou l’architecture, le bien-être et l’hospitalité vont de pair.

32 Leloup Michèle, Weber Julie, L’hébergement d’urgence en France-L ’architecture des invisibles. -Archistorm. 2011. n°46, p. 66-81. 33 ANRU : Agence National de la rénovation urbaine 34 Loi du 25 mars 2009 de mobilisation pour le logement et la lutte contre l’exclusion [Internet]. Vie publique. [cité 15 nov 2019]. Disponible sur: https://www.vie-publique.fr/loi/20532-logement-social-exclusion-sociale-construction-de-logements

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4.- L’hospitalité dans l’exemple des Centres d’hébergement d’Urgence 4.1 Ville hospitalière, Architecture hospitalière La vie en société exige des normes et des règlements qui sont acceptés par les individus ou non. La socialité est l’expression de cette vie en société qui se constitue autant d’actes relationnels que d’attitude asociale. La plupart des sociétés souffre de problématiques tels que l’isolement, la marginalisation et l’exclusion des individus. Les programmes étatiques et les actions d’associations essayent souvent de mettre fin à ces problématiques35 . Les résultats sont souvent modestes et incomparables aux budgets attribués. Les « sans » (papiers, travail, domicile fixe), les réfugiés, les demandeurs d’asile sont souvent considérés comme le public fragilisant la société. Ils sont paradoxalement considérés comme un danger et des potentiels fouteurs de troubles aux yeux des autres, ils sont tenus responsables pour le climat d’insécurité générale. Alors que ce sont eux qui ont peur des violences des personnes malintentionnées ainsi que la maltraitance de certaines institutions. Paquot confirme que L’exclusion de ce public démuni dépasse la notion du social et aborde une question existentielle. L’architecture et l’urbanisme participent à cette question existentielle par leur contribution à la création d’un espace hospitalier de bien être ou bien d’un milieu hostile et d’exclusion. 36 Même si les ouvrages d’architecture et d’urbanisme sont fait pour un maitre d’ouvrage précis, ils concernent tout individu. Toutes les sociétés relèvent un peu d’elles, par leurs constructions, leurs plans d’aménagement des villes et leurs parcs et jardins37. L’éthique avoue l’ambition d’un projet et permet le déclenchement d’un certain ressenti de bien-être ou son contraire chez les usagers. L’urbanité est la traduction de la relation entre les usagers et l’espace public. L’analyse de l’espace public peut donc servir de baromètre pour mesurer les inégalités sociales et la place faite aux minorités. De fait ce baromètre permet de comprendre ainsi, les relations entre spatialité et politique38. « La politique prend naissance dans l’espace qui existe entre les hommes » 39Hannah Arendt. Les politiques publiques de l’hospitalité et les architectures qui vont avec semblent toujours se définir au croisé de l’urgence et du temporaire. Ces deux manières de penser à ces deux champs différents de la pratique de l’architecture, peuvent apporter de nouvelles manières non conventionnelles de faire la ville ; à base d’idées et de concept plus humains et flexibles. La ville Accueillante d’Hanappe se base sur l’idée de finir avec le mythe de l’existence d’une crise temporaire de l’urgence, avec la fabrication de solutions extrêmement techniques, bureaucratiques décontextualisées et sans réflexion sur le bien-être des individus et leurs besoins de s’accomplir. Selon Hanappe l’architecture d’accueil demande une grande rapidité dans sa production mais elle ne devrait pas faire une économie de la réflexion sur le temps long et son inscription dans la ville, vu qu’elle est souvent pérenniser. Les logements d’urgence présentent la particularité d’avoir à anticiper leurs transformations ul-

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35 36 37 38 39

Paquot T .Op., cit. p.68. Ibid., p.70. Paquot T .Op., cit., p.74. Hannape C. Op. cit., p.16 Hannah ARENDT, Fragment 1, Qu’est-ce que la politique ? Paris, Seuil, « L’Ordre philosophique », 1995, p33.


térieures de fait de leur objet et de leurs dépassements des logiques foncières classiques. Penser l’accueil, c’est penser la ville de demain, la mobilité, la dignité, le respect des hommes, mais également la rapidité d’installation et de transformation de l’acte constructif.40 La ville peut être un refuge pour ses habitants ainsi que pour les primo-arrivants. C’est un milieu où nos droits sont égaux. Anne Gotman qualifie la ville hospitalière à travers la capacité imminente de l’espace à produire de l’hospitalité.41 Il me semble essentiel de lier les idées mentionnées ci-dessus avec un extrait d’Henri Lefebvre dans lequel il fait appel à de nouveaux fondements pour la fabrication de la ville : « Le citoyen et le citadin ont été dissociés. Être citoyen, cela voulait dire séjourner longuement sur un territoire. Or dans la ville moderne, le citadin est en mouvement perpétuel ; il y circule; s’il se fixe, bientôt il se déprend du lieu ou cherche à s’en dépendre. De plus, dans la grande ville moderne, les rapports sociaux tendent à devenir internationaux. Non seulement en raison des phénomènes migratoires mais aussi, et surtout, en raison de la multiplicité des moyens techniques de communications, sans parler de la mondialisation du savoir. A partir de telles données, n’est-il pas nécessaire de reformuler les cadres de la citoyenneté. Le droit à la ville n’implique rien de moins qu’une conception révolutionnaire de la citoyenneté » Nous ferons plus tard dans la partie 4 une étude de cas des quatre différents bâtiments du corpus qui nous permettent d’illustrer et de comprendre la dimension urbaine et architecturale de la notion d’hospitalité. Cela nous aidera à démontrer les mesures satisfaisantes et les lacunes de réflexion des architectes sur l’hospitalité dans le domaine de l’hébergement d’urgence.

40 Hanappe C. Op. cit., p.359. 41 Anne Gotman, « la question de l’hospitalité aujourd’hui », l’hospitalité, Communication, n65,1997, p.50

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4.2- L’hospitalité à travers la satisfaction des besoins : la technique du cercle de Stevenson Avant d’aborder l’étude de cas, nous exposerons dans cette partie une technique qui nous permet d’analyser les bâtiments du corpus. Etant donné que l’objet de cette analyse critique est de travailler sur le lien entre l’architecture des CHU, leur emplacement et le bien être des personnes accueillis. En effet, comme nous l’avons abordé dans la dernière partie, La ville et son architecture est qualifiée par les personnes qui l’habitent et qui y vivent. La technique du Cercle Stevenson Nous sommes à la recherche d’une méthode d’analyse qui permet de construire la situation de chaque bâtiment en utilisant les informations disponibles. Pour ensuite analyser la notion d’hospitalité à travers la capacité de l’architecture à satisfaire les besoins fondamentaux d’une personne sans-abris. Le modèle le plus populaire qui permettait l’analyse des besoins était la pyramide de Maslow cependant cette technique date des années 1940. Son modèle repose sur la hiérarchisation des besoins humains. Cette pyramide est organisée par niveaux : le niveau de base correspond au premier besoin de tout ce qui est physiologique (faim, soif, survis, sexualité, repos, habitat), le 2èmecorrespond au besoin de sécurité et de confiance, le 3ème besoin est celui de l’appartenance, on passe ensuite au besoin d’estime et finalement au sommet de la pyramide le besoin de s’accomplir. Ce modèle suggère que seul un pourcentage réduit de la population pourrait accéder au pique de la pyramide pour s’accomplir, cette hiérarchisation n’a aucun sens aujourd’hui car nous pouvons considérer que la satisfaction des besoins fondamentaux saurait suffire la population vulnérable. Elle pourrait évoquer aussi que l’hospitalité se limite à la subvention des besoins fondamentaux du 1er grade de la pyramide et qu’accomplir les besoins des autres niveaux ne serait envisagés que dans un deuxième temps. La méthode du Cercle Stevenson a été mise au point en 2016 par les trois auteurs de l’ouvrage « Les organisations bientraitantes »42. Ce qui la rend unique c’est qu’ici tous les cinq besoins de la pyramide de Maslow sont situés dans un cercle soulignant l’importance égale de tous les besoins. Ces derniers sont décomposés en cinq besoins physiques (Mobilité, Adaptation, Nutrition, Hygiène, Sécurité) et cinq besoins psychiques (Affection, Echange, Réflexion, Reconnaissance, Cohérence)43 . De plus cette technique offre une grille d’analyse qui permet son adaptation selon le cas étudié. Vu la difficulté rencontrée dans ce travail pour accéder au CHU, le Cercle de Stevenson nous permet de construire une situation et d’analyser les faits de chaque projet au prisme de chacun des besoins et d’en faire une potentielle évaluation. Nous utiliserons donc le Cercle de Stevenson et la grille d’analyse pour construire une vision globale de chaque projet avec les informations disponibles. Nous ferons ensuite une synthèse de la réponse architecturale, des aménagements et des services à ces besoins et nous l’intégrerons à l’analyse architecturale. Cela nous permettra à la fin d’évaluer et d’apporter un regard critique à chacun des projets. Nous considérons notamment que la satisfaction des besoins est une forme de bien-être donc une forme d’hospitalité.

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42 Mikael Bardonnet ,Michel Lefebvre, Pierre Mongin, Op. cit. 43 Ibid., p.23


« - Je suis urbaniste, architecte. J’ai comme mission première d’aménager les espaces, de construire les bureaux et les habitations qui permettent la satisfaction des besoins fondamentaux des usagers. Le Modèle de Stevenson me permet de scruter ces besoins afin de prévoir les aménagements bien adaptés et permettant le développement des services attendus par les usagers »44 -les Organisations Bientraitantes Besoin Psychique

Besoin physique

Acte reçu Acte émis

Figure 13 : Le Cercle de Stevenson - Les Organisation Bientraintantes, p.39.

Focus sur les 10 besoins et explication du fonctionnement à travers les scrutateurs de besoins pour comprendre et agir. le scrutateur est un outil qui permet de mieux comprendre chaque besoin et de répertorier les possibilités d’action afin d’agir. Il nous a semblé nécessaire d’expliquer chaque besoin pour pouvoir comprendre la manière dont nous l’avons analysé et interprété au cœur des études de cas. Chaque besoin fondamental fait l’objet de deux cartes : la carte ‘’Comprendre’’ et la carte ‘’Agir’’.45 La carte Comprendre comporte deux branches, La branche de droite comporte plusieurs thèmes qui permettent la compréhension des nécessités vitales. La branche de gauche comprend des thématiques liées à la compréhension de la nécessité sociale.

44 Ibid., p.19 45 Ibid., p.68

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La carte Agir comporte également deux branches, dans la branche de droite nous retrouvons les thématiques pour satisfaire le besoin au niveau des aménagement et dans la branche de gauche nous retrouvons les thématiques pour satisfaire au niveau des services.

Comprendre que le besoin de Mobilité est une nécessité sociale

est une nécessité vitale

agir pour satisfaire le besoin de Mobilité au niveau des services

au niveau des aménagements

Figure 14 : Les cartes du Scrutateur de besoins - Les Organisation Bientraintantes, p.69.

Les besoins physiques : 1-Mobilité : « la mobilité est définie comme la capacité de se déplacer d’un lieu à un autre » Antidote La mobilité est considérée comme la première condition de l’autonomie, elle nous permet de gérer notre quotidien et accéder aux services et aux informations nécessaires. Pour qu’un CHU puisse satisfaire le besoin de mobilité, il faut considérer l’emplacement au sein de la ville, la proximité et la disponibilité du transport public et faciliter l’accès aux espaces et aux services au sein du bâtiment. Nous pouvons compter la signalisation, l’éclairage, et la disponibilité des escaliers au normes et des espaces PMR parmi les aménagements essentiels dans un CHU. Quant aux services, nous comptons la consigne de bagages, l’espace d’attente, les chaises roulantes et l’accès aux horaires de transports parmi les services les plus importants.

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2-Adaptation : « Ajustement d’une espèce aux conditions du milieu » Larousse L’adaptation comprend des repères qui nous permettent de nous situer dans un environnement dans lequel nous vivons. Sachant que nous sommes capables de nous adapter à des milieux extrêmement différents parfois ingrats ! Nous pouvons évaluer un milieu en fonction de l’effort que nous devons fournir pour s’adapter. Pour pouvoir diagnostiquer l’adaptation d’une personne à un milieu il est nécessaire de décomposer l’entité étudiée en plusieurs lieux abritant chacun un ensemble homogène d’usages et analyser chaque type de lieu séparément. Les différentes typologies de lieux sont analysées selon les critères d’aménagement et de services. Au niveau des aménagements : la disponibilité d’un espace suffisant, les ambiances, le mobilier adapté. En ce qui concerne les critères des services, ils se rapprochent des thématiques de l’aménagement : comme la typologie de l’hébergement fourni, la qualité de l’accueil et la facilité de l’accès à l’endroit. La satisfaction de ce besoin rentre beaucoup en lien avec l’architecture d’un lieu. 3-Nutrition : « Substance que les êtres vivants assimilent pour se maintenir en vie » Antidote. La nutrition est une préoccupation quotidienne pour toutes les personnes d’où son importance majeure parmi les besoins. La satisfaction de ce besoin diffère d’une personne à une autre, elle est dans la plupart de temps attachée aux conditions liées à la culture d’origine ou à un rythme de vie particulier. Dans un lieu où les gens partagent des espaces collectifs, la nutrition peut impacter directement les besoins psychiques tels que les échanges et la reconnaissance. Pour satisfaire le besoin de nutrition il est indispensable de prévoir des aménagements adéquats pour préparer sa propre nourriture et un espace pour pouvoir la stocker, il est aussi préférable de prévoir des espaces pour partager la nourriture avec les autres. Il faut aussi proposer des services qui facilitent l’accès à la nourriture comme les cantines et les colis alimentaires. Dans le cas d’une mal nutrition chez un individu il faut l’informer et l’accompagner pour qu’il puisse adopter un régime alimentaire sain. 4-Hygiène : « Ensemble des principes, des pratiques individuelles ou collectives visant à la conservation de la santé, au fonctionnement normal de l’organisme » Larousse. L’hygiène nous préserve de l’agression microbienne et assure un certain niveau de bien-être dans notre quotidien. Les exigences en matière d’hygiène sont de plus en plus croissantes dans la société. Le manque d’hygiène est considéré comme un handicap majeur dans la vie sociale46, c’est l’une des raisons pour laquelle les sans-abris sont souvent évités dans la rue. Les gens considèrent qu’une personne vivant dans la rue n’a pas accès aux équipements sanitaires pour s’entretenir. Pour satisfaire le besoin d’hygiène au sein des CHU, il est essentiel d’avoir accès à l’eau, aux équipements sanitaires et de pouvoir faire la lessive. De divers services sont aussi à proposer comme la désinfection, l’entretien et le nettoyage fréquent des espaces.

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Ibid., p.82

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5-Sécurité : « Situation de quelqu’un qui se sent à l’abri du danger, qui est rassuré. » Larousse. Devant un sentiment d’insécurité croissant, la sécurité fait l’objet de dispositifs et de protocoles d’organisation sophistiquée. Pour une même situation certaines personnes se sentent en état de sécurité alors que d’autres n’aurons aucune appréhension. La grande diversité est liée à l’histoire personnelle de chacun, aux expériences vécues et aux dangers encourus et évités 47. Pour satisfaire les besoins de sécurité d’une personne habitant dans un CHU, certaines mesures sont souvent prises en compte comme sécuriser, clôturer et surveiller les différents espaces par des clefs, des grilles ou bien des caméras de surveillances. Des services sont aussi mis en place pour assurer la sécurité des personnes comme la présence permanentes des surveillants, des médecins ou des bénévoles secouristes. Les besoins psychiques : 1-Affection : « Sentiment d’amitié, de tendresse d’attachement pour quelqu’un. » Larousse L’affection nous permet de percevoir notre environnement,48 de l’apprécier et de réagir. Ce besoin est au cœur de notre vie sociale et se manifeste par la nécessité de s’identifier en tant qu’individu, d’échanger avec un groupe de personnes et de tisser des liens qui s’inscrivent dans la durée. Nous pouvons satisfaire ce besoin d’affection en offrant des aménagements adaptés qui permettent l’échange entre les personnes comme les espaces collectifs mais aussi des aménagements qui assurent la discrétion et l’intimité. 2-Echange : « Action, fait d’échanger quelque chose. Communication réciproque de renseignements, de documents, etc. » Larousse L’échange permet d’évaluer notre environnement et constitue les manifestations concrètes de la vie sociale49. Les personnes échangent avec leur entourage des objets, des informations et des idées pour s’informer, se présenter, proposer et se défendre. Accroitre les échanges entre les personnes améliorent souvent la qualité des relations et de la vie en société. Pour satisfaire ce besoin en termes d’aménagement, il est essentiel de penser les possibles usages d’un lieu et de créer des ambiances paisibles. Au niveau social, il faut assurer l’intégration des individus au sein d’un groupe, communiquer dans une langue comprise, expliquer clairement les règlements d’un lieu et fournir des moyens pour accéder librement à l’information. 3-Réflexion : Retour de la pensée sur elle-même en vue d’examiner plus à fond une idée, une situation. Le Robert. La réflexion peut être comprise comme une activité de notre pensée qui nous permet de prendre du recul

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47 Ibid., p.88 48 Ibid., p.91 49 Ibid., p.94


pour examiner notre état physique et psychique, voir s’il est adapté à l’environnement actuel et déterminer les adaptations ou les changements nécessaires. La démarche pour satisfaire ce besoin n’est pas spontanée, elle exige la compréhension des interrogations, les doutes et les cheminements intellectuels des individus. Elle marque un haut niveau dans la qualité des relations sociales. La disponibilité d’un aménagement confortable et d’une ambiance propice qui permet de penser ou de se réunir au calme est indispensable. L’accès continue à l’information et à la culture est nécessaire pour permettre la réflexion. 4- Reconnaissance : « Action de reconnaitre quelqu’un ou quelque chose. » Larousse La reconnaissance est nécessaire pour s’identifier et flatteuse pour notre ego. Elle se manifeste à travers un entourage prêt à nous apporter de l’aide. Elle est ainsi un moyen pour montrer que notre position sociale est en harmonie avec notre environnement. Il est difficile d’assurer la satisfaction des besoins de reconnaissance. Cependant nous estimons que la personnalisation des services et des usages proposés est une forme de reconnaissance. Tout acte qui démontre une confiance et une valorisation de la personne peut aussi satisfaire ce besoin.

5-Cohérence : « Harmonie, logique, rapport étroit entre les éléments d’un ensemble d’idées ou de faits. » Antidote. Les personnes ont besoin de vivre en harmonie avec les valeurs auxquelles ils adhèrent. Ces valeurs peuvent être d’origine culturelle ou issu d’un parcours personnel. Elles constituent un ensemble de références permettant de porter des jugements, de soutenir des projets et d’orienter nos actions.50 La satisfaction de ce besoin se manifeste dans les moyens promis respectés dans l’aménagement et les services. Comme la disponibilité permanente d’un espace dédié à la sociabilité ou l’efficacité d’un contrat d’orientation et d’insertion selon le profil de la personne.

50 Ibid., p.106

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4.3 Les Scénarios de l’hospitalité

Nous organisons cette analyse par le classement des CHU selon différents scénarios et typologies urbaines et architecturales. Les scénarios identifiés sont inspirés des notions de la ville accueillante dans l’ouvrage de Cyrille Hannappes.51 nous analyserons l’insertion urbaine de ces centres dans la ville, leur impact et leur relation à l’environnement proche et au voisinage. Nous décrirons également les différentes typologies architecturales de ces bâtiments à travers les plans, les photos et les informations disponibles récoltés. Nous utiliserons également la technique du Cercle Stevenson comme outil pour analyser le bien-être et la satisfaction des besoins au sein des CHU et apporter un regard critique à l’architecture.

A-Une nouvelle construction démontable et réversible - La Maison de Rodolphe Le Scénario C’est un scénario important sur le niveau de la conception architecturale, investir dans la construction des bâtiments neufs mais aussi polyvalents et flexibles servant aujourd’hui pour l’hébergement d’urgence mais qui peuvent abriter d’autres fonctions et usages à la fin de leur durée de vie comme CHU. Ils sont souvent conçus avec des matériaux légers et qui peuvent être préfabriqués, montés et démontés facilement. Ce scénario s’inscrit dans la lignée de l’architecture avant-gardiste de Prouvé, elle est basée sur une logique d’unité et de l’industrialisation de l’architecture. Pour illustrer ce scénario, nous avons allons analyser La Maison Rodolphe à Lyon. Il est important de noter que ce scénario peut s’appliquer sur d’autres bâtiments dans cette analyse, cependant nous choisissons d’analyser La Maison de Rodolphe car nous avons les documents disponibles pour illustrer notre propos. Contexte et situation urbaine L’environnement et l’insertion dans la ville sont des points cruciaux dans l’étude des CHU car ils jouent un rôle dans la représentation que s’en font les personnes hébergées ainsi que les habitants du quartier et les passants. Ces critères jouent aussi sur l’inclusion ou l’exclusion des résidents dans la vie de la cité en tant qu’habitants. « C’est à partir du regard de l’Autre sur moi, que j’existe quelque peu. Le regard échangé est l’attente d’une présence, le premier pas en direction de, la main presque tendue vers » Thierry Paquot 52 La structure est implantée à Villon dans le 8ème arrondissement de Lyon. Le quartier est plutôt résidentiel et bien desservi par le transport public, il se situe à proximité de l’arrêt Villon du T2 et l’arrêt Lycée Lumière du T4. A l’échelle du quartier, au cœur de la ville, la Maison de Rodolphe donne accès à plusieurs équipements et

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51 Hanappe C, Op. cit., p360-362 52 Paquot T, Op. cit., p.69


services à proximité notamment le Lycée Lumière, la CAF. Les résidents du centre peuvent donc bénéficier de cette proximité pour construire leur parcours du quotidien et profiter des services du quartier et de la ville. La typologie des bâtiments environnante est diversifiée. Comprenant : Une halle industrielle de dépôt de transport en face du centre côté ouest, un équipement public (Lycée Lumière) au nord-est, des barres de logement (HLM) de la cité Audibert un peu plus bas sur la rue Villon et finalement du pavillonnaire côté sud. Quant aux espaces publics, nous retrouvons plusieurs placettes et espaces verts aménagés au croisement de la rue Villon avec la Rue du Professeur Kleinclausz, ces espaces sont situés entre les bâtiments de la cité et dans ses extrémités. Le quartier est également à proximité du cimetière de la Guillotière et du quartier Tony Garnier. Quant à l’insertion du CHU au sein du quartier, nous estimons que son échelle de R+2 s’inscrit bien dans le tissu urbain de proximité. Son esthétique et sa typologie se distingue dans le quartier par la toiture en double pente, la charpente apparente et la matérialité en bois. La typologie proche de l’esthétique d’un Chalet renvoie de l’extérieur une image de confort et d’accueil. Selon le directeur de la structure, l’esthétique de la maison de Rodolphe est l’un des aspects positifs du bâtiment, il a expliqué que la plupart des résidents ont eu un sentiment positif de confort et de « chez-soi » lors de leurs premières visites au centre. Malgré cette image de sérénité qui s’installe aujourd’hui, Monsieur Nahounou nous a expliqué qu’il y a eu plusieurs conflits et rejets liés à l’implantation d’un centre d’hébergement d’urgence dans le quartier. Les riverains ont refusé l’introduction d’une structure hébergeant des étrangers. Une part de ces conflits ont été résolus après la collaboration entre le CHU et le lycée lumière pour la mise en place d’activités éducatives et ludiques entre les étudiants et les résidents de la Maison de Rodolphe. Certaines problématiques demeurent avec le voisinage à cause de leurs refus total du public accueilli au sein du centre, principalement les hommes accompagnés de chien. Les habitants craignent les chiens et estiment qu’ils sont la cause de la dégradation de l’espace public dans le quartier. L’emplacement urbain de la Maison de Rodolphe semble satisfaire le besoin de mobilité essentiel pour écarter le sentiment d’exclusion chez les sans-abris. Cependant cette image est en partie fragilisée par les lourdes clôtures entourant le centre. Il est effectivement très difficile d’y accéder si on n’est pas invité ou attendu.

Figure 15 : Vue depuis la rue Villon https://www.rue89lyon. fr/2014/03/31/maison-rodolphe-bout-dhumanite-sattache-less-

Figure 16 : Vue aerienne . Google maps

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Typologie Architecturale Quand la maison de Rodolphe a été inauguré elle se composait de trois bâtiments, deux barres de logement R+2 parallèles à la Rue de Villon, un bâtiment au rez-de-chaussée au centre comportant les espaces collectifs et un chenil. En 2017, un bâtiment d’hébergement a été rajouté aux deux existants sur la rue Villon et une cantine a été créer à côte du bâtiment bas au centre. Construction Le centre est pensé comme une étagère en bois avec une toiture débordante. La technique constructive adoptée est simple, la structure se constitue d’une dalle en béton et d’un système poteaux poutres en bois qui délimite des caissons tridimensionnels d’une surface de 15m2 (12m2 utiles). Les vides créés par la structure sont comblés avec les modules en bois insérer comme des tiroirs et desservi par des escaliers et des coursives extérieures. Le projet apparait simple mais sa complexité demeure dans l’effort, l’anticipation et la rigueur de la conception pour assurer un montage rapide et un chantier efficace. Dans un chantier classique les corps d’état interviennent au fur et à mesure pour affiner les choix et régler les détails. Cependant dans le cas de la maison de Rodolphe, la majorité des éléments sont préfabriqués en atelier, il est donc difficile d’effectuer des modifications après la commande, sur le chantier la structure et les boites préfabriquées doivent se monter et s’assembler en parallèle sur place. Le chantier de la Maison de Rodolphe a duré six mois pendant lesquelles les éléments préfabriqués ont été livrés dans des camions sans convoi exceptionnel.

Figure 17 : Façade vue de la cour centrale https://www.patriarche.fr/projets/maison-de-rodolphe/

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Figure 18 : Chantier - système d’étagèrehttps:// www.patriarche.fr/projets/maison-de-rodolphe/

Figure 18 : Détail- système constructif https:// www.patriarche.fr/projets/maison-de-rodolphe/


4

1 1a

1- Salle à manger des familles 2- Foyer +Espace de jeux pour les enfants 1a- Salle à manger des hommes 2b- Foyer des hommes 3-Accueil centre d’hébergement 4- Chenil 5-Laverie 6-Chambres PMR 7- Chambres d’enfant peut etre liée avec chambre PMR 8-Bagagerie 9-Cour centrale 10-Vétérinaire et salle d’attente

2b

8 3

2

6 9

10

5

7

Figure 19 : Schémasde l’ancien Plan de la maison de Rodolphe avec Chenil

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1 1 1- Nouvelle cantine du centre d’accueil du jour + douches + sanitaire 2- Foyer du centre d’accueil du jour 3- Bureaux de la direction 4- Bureaux des assitants sociaux 5-Accueil du centre d’accueil du jour 6- Salle informatique 7- bibliothèque et salle d’attente 8- Cuisine et salle à manger pour les hommes 9- Salle de jeux d’enfants 10- Cuisine et salle à manger pour les enfants Barrière à l’intérieur du centre

4

8

9

5 7

6 2

3

Figure 19 : Schémas du nouveau plan de la maison de Rodolphe avec le nouveau batiment d’hébergement et la cantine

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Espaces d’Hébergement Le CHU accueille les hommes isolés avec chien et les familles avec jeunes enfants, ces deux publics sont répartis séparément dans les deux bâtiments d’hébergement. Le bâtiment dédié aux hommes avec chien comporte des chambres individuelles. Celui dédiées aux familles est aussi composées de chambres individuelles mais qui peuvent communiquer entres eux pour créer de plus grands espaces, la séparation entre les deux chambres se fait grâce à une cloison mobile entre deux unités. Ces espaces privés sont petits et restreints surtout pour les résidents vivants en familles. Il est difficile de s’approprier les cellules car la plupart des chambres sont prééquipés avec des meubles intégrés (lit, placard plan de travail, coin lavabo). De ce fait, Les personnes ne peuvent pas personnaliser leur espace de vie selon leurs goûts. Il est d’ailleurs interdit d’apporter des meubles de l’extérieur au centre par peur de propagation des punaises. Certaines chambres seulement ont du mobilier détaché (cellules visités) que les résidents peuvent bouger pour personnaliser l’aménagement. Le système des chambres séparés des sanitaires et l’accès par des coursives extérieurs complique l’accès des résidents à l’hygiène. Cela complique le quotidien d’un usager dans le passage régulier entre l’intérieur et l’extérieur. Selon Georges, l’un des responsables des lieux, l’accès aux blocs sanitaires et aux douches est une véritable galère pendant les saisons froides, les familles accompagnés d’enfants en bas-âge, doivent sortir de leurs chambres chauffées, passer par la coursive exposée aux intempéries pour accéder aux douches. Cette organisation est l’un des aspects qui déshumanise l’espace et manifeste une inhospitalité au sein de La Maison de Rodolphe. Il faut noter que les Chambres PMR sont les seules chambres possédant un bloc sanitaire à l’intérieur, elle sont située au RDC, cela justifie l’absence des ascenseurs et des montes charges dans le centre. Les espaces d’habitation privé ne possèdent pas de cuisines, cependant la plupart des habitants essayent de transformer l’espace du lavabo en un espace pour cuisiner. À travers cette personnalisation de l’espace nous constatons l’importance du besoin de l’existence d’un espace qui satisfait le besoin de nutrition dans un espace de vie. Les murs de ces espaces privées sont entièrement revêtus en bois comme dans un chalet, cette matérialité permet habituellement un certain sentiment de confort et d’apaisement. Dans le cas de la maison de Rodolphe cette matérialité assombri l’espace privée vu le manque de lumière naturelle dans la chambre et le périmètre très restreint. La seule source de lumière est celle qui vient de la porte fenêtre situé sur la coursive (espace de circulation public) donc le résident ne peut pas bénéficier d’une intimité et de la lumière du jour en même temps. Cette problématique a été revu dans le nouveau bâtiment d’hébergement créé en 2017, ou les ouvertures sont plus généreuses et le système de circulation est différent. Ces problématiques identifiées réduisent la possibilité de l’adaptation des résidents à leur lieu de vie.

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Figure 20: Photo d’une chambre individuel d’une mère avec son enfant dans le batiment des familles.

Figure 21: Photo de l’appropriation du coin lavabo dans une chambre d’une famille.

Figure 22: Photo des chambres avec les meubles intégrés. https://www.patriarche.fr/projets/maison-de-rodolphe/

Figure 23: Photo de la cloison entre deux chambres. https://www.patriarche.fr/projets/maison-de-rodolphe/

Figure 23: Photo de la salle de bain partagée

Figure 23: trappe de ventilation et appropriation

Figure 24: La porte fenetre, la seule source de lumière dans une chambre

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Espaces Collectifs Quant aux espaces collectifs situés dans le bâtiment bas, nous comptions deux foyers, deux salles à manger séparés, et une salle de jeux pour enfants. Les deux publics ne sont pas mélangés dans les espaces collectifs. Les espaces situés à gauche du plan sont ceux réservés aux hommes avec chien et les espaces situées à droite du plan sont dédiés aux familles. Cette configuration a été modifié après l’ajout de la nouvelle extension du CHU mais aussi après l’identification de plusieurs problématiques. Aujourd’hui une cantine a été rajoutée à l’extrémité gauche du bâtiment collectif, cet espace est réservé aux publics externes fréquentant l’accueil du jour de la maison de Rodolphe. L’espace de foyer dans les deux parties du bâtiment disparait pour donner place à deux cuisines et permettre aux gens de préparer leur propre nourriture. Ce nouvel aménagement est dû au constat que le repas fourni n’était pas consommé vu les différentes habitudes alimentaires des résidents. Cette réflexion améliore les conditions en lien avec le besoin de nutrition, cependant elle pose d’autres problématiques. L’installation des cuisines dans le foyer transforme cet espace polyvalent de sociabilité en un espace fonctionnel principalement fréquenté pour la préparation des repas. George nous confirme que Les résidents passent de moins en moins de temps dans cet espace, les pratiques se limitent à la préparation des repas et la consommation se fait souvent dans leurs chambres. Nous remarquons que le foyer ne permet plus les pratiques de sociabilité souhaitées au départ, il perd son sens d’un espace collectif d’échange et de partage. Les espaces collectifs sont conçus avec une structure en bois apparente et des couleurs de murs et de mobiliers gaies, Ils sont très ouverts et lumineux grâce aux grandes ouvertures des baies et aux portes vitrés. Cependant leur surface est assez restreinte par rapport au nombre du public accueilli au centre. Quant aux espaces extérieurs partagées, La placette destinée aux sociabilités entre le diffèrent public accueilli est condamné par une barrière au milieu séparant les deux bâtiments d’hébergement. Cette mesure est justifiée par la direction comme une mesure de sécurité pour éviter les accidents entre les chiens et les enfants. Cependant la séparation entre les deux public limite d’autant plus les échanges au sein de la Maison de Rodolphe. Le centre d’accueil du jour comprend des espaces collectifs qui n’existent plus au centre d’hébergement comme le foyer et la bibliothèque. Ces espaces ne sont pas accessibles pour les résidents du CHU à cause d’une autre clôture qui empêche la porosité des flux entre les deux espaces.

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Figure 25: Photo de la cuisine et la salle à manger collectif des familles

Figure 26: Photo de la salle de jeu pour enfants

Figure 27: vue de l’espace de jeu sur la cuisine et la salle à manger hors les horaires de repas

Figure 28: Photo de la terrasse en face du centre d’accueil du jour montrant ainsi les barrières de séparation

Figure 29: Photo du jardin à l’arrière des batiments d’hébergement

Figure 30: séparation entre les batiments d’hébergment et vue sur la pote d’accueil

Figure 31: La bibliothèque et la salle d’attente dans le centre d’aacueil du jour

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Services Attachés Plusieurs services et espaces sont attachés à cette structure d’accueil pour faciliter le quotidien des résidents : un chenil, une infirmerie, un espace de consultation vétérinaire, un accueil et des bureaux pour les assistants sociaux. L’une des principales demandes du cahier des charges de la maison de Rodolphe était de prendre en compte l’espace dédié aux chiens accompagnant les hommes isolés. Cette dimension avait pour but de ne pas séparer l’homme de son meilleur compagnon. Cependant le chenil se voit disparaitre avec la création de la nouvelle extension (cantine). Monsieur Nahounou nous confie que l’espace du chenil n’a jamais fonctionné car les hommes sont souvent inséparables de leurs chien et la décision prise par les architectes pour créer un espace éloignant le chien de son maitre n’était pas une réponse adaptée aux usagers. Aujourd’hui les hommes vivent effectivement avec leur chien dans le même espace. Cependant les 12m2 de la chambre d’habitation s’avère étroite et inadapté à l’accueil des résidents et leurs amis. L’accueil du CHU est situé loin de l’entrée des bâtiments. Ce qui complique la tâche de surveillance et de contrôle pour la direction. Monsieur Nahounou estime que l’emplacement des bureaux d’accueil et de direction sont des mesures à revoir dans l’organisation spatiale de la Maison de Rodolphe. L’accueil est équipé d’un espace d’attente, un foyer, un stand d’information, d’un poste d’ordinateur en libre-service et une bibliothèque. Ces dispositifs aident les sans-abris qui fréquentent le centre d’accueil de jour à avoir accès à l’information et à une connexion internet gratuite pour développer des projets personnels et effectuer des démarches administratives. La réceptionniste et les agents d’accueil donnent des renseignements concernant les services au sein du CHU ou à l’extérieur. Cela aide les résidents et les visiteurs du centre à se repérer. La mobilité des personnes est motivée par cette forme d’assistance. De différentes activités sont organisées au sein du centre avec les éducateurs, les animateurs, les étudiants du lycée lumière et même les habitants du quartier. Ces échanges sensibilisent et informent les gens à la cause du sans-abrisme et l’hébergement d’urgence permettant ainsi aux résidents de la maison de Rodolphe de créer un cercle de connaissance. Malgré la simplicité des services et des activités proposées, elles peuvent participer à la construction des pensées intellectuelles chez les personnes et notamment satisfaire le besoin de réflexion au sein du CHU. Règlements

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Les résidents du centre signent tous un contrat d’hébergement qui est souvent prolongé. Ils sont ainsi accompagnés d’un assistant social qui les connait personnellement et les aide à établir un plan d’insertion et d’orientation pour trouver un travail et un logement pérenne. Ces contrats varient selon la situation administrative, médicale et psychique des individus. Monsieur Nahounou nous explique que les personnes de nationalités étrangères sont souvent dans l’attente d’un papier administratif qui leur donne le droit de résider sur le sol français pour pouvoir entamer des études ou travailler tandis que les citoyens Français hébergés dans le cen-


tre sont souvent suivis pour des traitements médicaux ou psychologiques. Monsieur Nahounou nous confirme que dans les deux cas les délais de traitement et de soins sont longs, la raison principale pour laquelle les résidents habitent le centre pendant des années. De ce fait, l’hébergement d’urgence se transforme en hébergement pérenne. Il est important de mentionner que tous les enfants au centre sont scolarisés dans des établissements du quartier, ils sont accompagnés et suivi de près par un éducateur. Les résidants ont le droit à un badge d’entrée et une clé de leur chambre. Les horaires d’entrées et de sorties ne sont pas régulés comme dans d’autres structures d’accueil. Cette liberté est indispensable pour satisfaire le besoin de mobilité chez tous les individus. Cependant, il existe un règlement concernant les visites : l’hébergement d’un visiteur est interdit et toute visite doit se terminer à 21h.

Figure 32: Photo du foyer situé dans le centre d’accueil du jour

Figure 33: Photo de la salle d’informatique et des éducateurs situer vers le centre d’accueil du jour

Figure 34: l’espace de soins dans le centre d’hébergement

Figure 35: Buanderie située au RDC dans le batiment des familles

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Figure 36: L’application de la grille d’analyse du Cercle Stevenson: l’impact de la situation d’une personne sans-abris, dans la Rue, sur les besoins psychique et puis les mesures prises à La Maison de Rodolphe pour satisfaire les differents besoins.

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Figure 37: L’application de la grille d’analyse du Cercle Stevenson: l’impact de la situation d’une personne sans-abris, dans la Rue, sur les besoins physique et puis les mesures prises à La Maison de Rodolphe pour satisfaire les differents besoins.

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B- Un quartier d’accueil dans la ville - Promesse de l’Aube - Association Aurore Le Scénario Le scénario est né d’une réalité : l’indisponibilité des emprises urbaines suffisamment spacieuses pour accueillir les centaines de personnes dans la rue. Le foncier destiné à l’hébergement d’urgence est souvent proposé gratuitement pour des courtes durées. Avec cette logique qui s’est installée, nous pouvons imaginer que certains projets seront seulement construits pour héberger l’urgence et n’auront pas une réflexion sur l’urbanisme et l’insertion dans la ville. L’idée fondatrice de ce scénario est de construire des quartiers d’accueil qui dépassent le modèle du camp et de l’implantation sans réflexion sur l’urbanisme. Cette démarche vise à inscrire les nouveaux projets dans le tissu urbain de la ville. Elle s’engage également sur une longue durée pour assurer l’échange et le développement des nouveaux projets dans leurs entourages. Malgré la simplicité des techniques constructives et le recours à la préfabrication ou à l’utilisation des modules (containers). Nous constatons que l’architecture de ces projets n’est pas moins pensée avec autant ou même plus d’attention qu’on porte à l’architecture du logement classique. Nous étudierons ce scénario à travers le projet Promesse de l’Aube, conçu par AIR et Moon Architectures et géré par l’association Aurore.   Contexte et situation urbaine Le centre se situe dans le 16ème arrondissement, en lisière du bois de Boulogne, aux abords d’un quartier chic de la capitale. Ce secteur de la ville est connu pour son déficit en termes de logement sociaux. Le projet n’est pas implanté sur une parcelle classique mais sur une allée étroite et peu utilisée qui sert principalement au stationnement gratuit. L’idée du projet part du constat qu’il existe de nombreux terrains vacants dans la capitale (destinés à devenir des ZAC ou des zones de friches). Aurore imagine la possibilité de créer des structures temporaires d’hébergement sans avoir à supporter le coût du foncier. Les deux agences d’architecture qui ont travaillé sur le projet ont voulu soigner la continuité urbaine avec le paysage et le quartier. De multiples percées visuelles vers le bois rythme le bâtiment 53 mesurant 196 de long. De plus les hauteurs sont légèrement variées pour répéter et imiter l’allure naturel des arbres. Le CHU Promesse de l’Aube est complètement entouré par la végétation du bois de Boulogne. Il bénéficie d’un emplacement stratégique, boisé et calme au cœur du quartier. Il répond subtilement au rythme de l’avenue Maunoury54 pour conserver les liens visuels avec les immeubles des ambassades longeant cette rue située à l’est. Nous retrouvons à proximité : le boulevard périphérique à l’ouest, la piscine d’Auteuil et plusieurs immeubles de logement au sud. Le centre est principalement desservi par des bus (lignes 70, 32) et la station Ranelagh du métro se situe à 700m.

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53 CHU La Promesse de l’Aube | moonarchitectures [Internet]. [Consultée le 02 janv. 2020]. Disponible sur : http://www.moonarchitectures.fr/ centre-dhebergement-provisoire-de-200-places/ 54 Dans le XVIe à Paris, le projet Aurore menacé d’obscurantisme [Internet]. Chroniques d‘architecture. 2016 [Consultée le 03 janv 2020]. Disponible sur : https://chroniques-architecture.com/dans-le-xvie-a-paris-le-projet-aurore-menace-dobscurantisme/


L’ouverture du centre a rencontré un accueil terrible de la part des habitants du quartier qui n’ont pas hésité à adresser des plaintes à la mairie de Paris pour empêcher la réalisation du projet. Les problématiques liées à la construction de ce centre d’hébergement d’urgence ont été largement repris par les médias. Les recours déposés par les riverains du quartier n’ont pas été reçus favorablement, les juges ont décidé qu’il y avait aucun caractère urgent à suspendre le chantier.55 Plus tard, le centre a tout de même subi deux tentatives anonymes d’incendie. Il est important de noter qu’une réunion publique a eu lieu dans l’amphithéâtre de l’université Paris Dauphine avant la construction du centre pour consulter les riverains sur leur avis. Cependant cette réunion a été annulée à cause des insultes et des incivilités de la part du public au cours de la session. Nous imaginons que cette réunion aurait pu apporter des améliorations au projet en incluant les réflexions et les avis des riverains. Elle aurait pu être l’opportunité d’échanger et d’informer sur les initiatives d’accueil de personnes sans abris dans les quartiers de la ville et sur le fait que les dispositifs d’urgence ne sont pas seulement une mesure logistique mais aussi humaines. Selon le rapport annuel de l’association Aurore, le climat tendu à viré au beau dès l’ouverture du centre. De nombreux riverains ont proposées d’aider le public accueilli bénévolement en créant des ateliers, en proposant des services ou même en faisant des dons. Malgré la collaboration des architectes avec l’association pour créer un projet inscrit dans son contexte. On a reproché à l’association aurore son intransigeance concernant certaines mesures qui ont fragilisé les intentions paysagères et urbaines du projet après son ouverture. Notamment, la fermeture des lieux par des barrières, le contrôle des allers et venues et l’absence de concertation avec les usagers dans la construction.

Figure 38: Insertion du projet dans le paysage 55 Ibid.

Figure 39: Vue aerienne . Google maps.

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Typologie Architecturale Le projet se constitue de cinq bâtiments divisés en huit plots alignés. Deux bâtiments sont dédiés à l’hébergement des personnes isolés, deux bâtiments pour l’hébergement des familles avec enfants ou des couples et un bâtiment commun abritant les services de gestion. Chaque bâtiment est divisé en deux par une cage d’escalier ouverte. Ces ouvertures créent des séquences entre le bâtiment, laissant la possibilité aux résidents de percevoir et contempler le paysage du bois de Boulogne. Construction Ce projet se base également sur un principe de modules en bois (7 et 8m x 3,30)56 préfabriqués en atelier transportable par camions et répondant aux normes thermiques actuelles. Nous constatons que cette logique du préfabriqué est souvent la réponse la plus adaptée aux contraintes financières, de la rapidité et de la temporalité des projets. L’efficacité de cette technique n’est pas redoutable, cependant les solutions proposées n’apportent pas souvent des réponses aux questions sociales et environnementales. Dans le cas de Promesse de l’Aube, les architectes ont opté pour une construction bois répondant au besoin de construire vite, léger et avec des matériaux biosourcés. Les façades du centre ont été traitées pour se fondre dans la nature environnante. Malgré les économies réduites dédiées à cette construction, les architectes ont réussi à créer un calepinage en bardage bois dialoguant avec la végétation et l’esthétique des immeubles du quartier. Le démontage et la fin de vie du bâtiment sur son site a été pensé en amont, il est simplement fixé au sol par des plots et sans fondations profondes pour faciliter le démontage du projet à la fin de sa durée d’activité.

Figure 40 : Axo de l’organisation spatiale de la Promesse de l’Aube . http://www.cyberarchi.com/article/hebergement-durgence-au-dela-de-la-defiance-25-01-2017-16132/image-other-16132-08

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56 Leclerc O, CHU Paris XVIe. L’intelligence collective au service d’une ville plus accueillante [Internet]. Forum bois . [cité 15 dec 2019]. Disponible sur: http://www.forum-boisconstruction.com/conferences/66_Leclercq_FBC2017.pdf


Figure 41: Calpinage de la façade et ouverture au parc avant l’installation des barrières https://www.archdaily.com/912467/promise-at-dawn-center-of-emergency-accommodation-air-plus-moon-ar-

Figure 42: Espace de circulation entre deux batiments créant des ouvertures vers le parc. http://www.moonarchitectures.fr/centre-dhebergement-provisoire-de-200-places/

Espaces d’Hébergement Les modules dans le bâtiment des personnes isolées sont positionnés côte à côte et traversés par un couloir tout au long de l’étage. La moitié d’un module correspond à une chambre individuelle d’une surface de 9m2. Les blocs sanitaires sont partagés et situés sur chaque étage. Toutes les chambres possèdent une fenêtre simple avec un triple vitrage et volet extérieur. Nous constatons que l’accès à l’hygiène est plus adapté dans cette structure vu que les blocs sanitaires sont situés sur un couloir fermé à l’intérieur des bâtiments. Les fenêtres sont situées à chaque angle d’un module pour qu’elles forment, côte à côte, une fenêtre plus grande et plus adapté à l’échelle d’un bâtiment de logement classique. Ici nous constatons que l’intimité des personnes est plus respectée vu la typologie de la circulation et de l’accès aux chambres. Les modules des chambres dans les bâtiments des familles sont positionnés en deux lignes séparées par un espace de circulation, chaque famille dispose d’un module entier contenant un bloc sanitaire. La disposition des fenêtres est identique au bâtiment des personnes isolées. Une fenêtre est située à chaque extrémité du module donnant chacune sur une pièce de vie différente. Espaces Collectifs Le centre comprend de divers espaces collectifs définis dans le cadre de la Maison du Migrant : espaces partagés, salle à manger (Tisanerie), réfectoires, salle de consultation, espace d’échange avec la ville, bureaux. Les espaces sont conçus suite à un échange avec les personnes précarisées, plusieurs éléments clés ont été retenus par les architectes comme le besoin de se resocialiser et de se reconnecter avec la société. La diversité et la générosité des espaces collectifs dans le centre est dans le but de maximiser les échanges entre le

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public accueilli, les employés et les bénévoles. Des modules libres sont laissés dans chaque immeuble, ils sont définis comme des salons communs mais dont l’usage peut varier et s’adapter selon les différents besoins des habitants. Ces espaces de sociabilité sont lumineux grâce aux grandes ouvertures sur les deux ou les quatre côtés des modules, ils permettent aux habitants une appropriation des lieux en dehors de leur périmètre de l’espace privé. Nous n’avons pas pu avoir des informations sur le fonctionnement des réfectoires, mais nous estimons que la réflexion sur ces espaces a été considérée avec autant d’attention comme pour les autres espaces de sociabilité intérieures. Les espaces entre les bâtiments sont aussi conçus comme des espaces collectifs en plein air entre la ville et le bois de Boulogne. Les murs pignons de ces espaces sont revêtus avec un bardage en tôle ondulé de couleur vive afin d’aider les habitants à se repérer. Comme le centre s’inscrit dans une démarche d’insertion et d’engagement dans la ville, nous aurions imaginé des espaces collectifs qui puisse être un lieu d’échange avec les habitants du quartier. Par exemple, un espace public ouvert sur la ville et le bois, tout dans la continuité de l’architecture du centre.

Figure 43: Plan montrant le système d’organisation des modules dans le batiment des familles http://www.forum-boisconstruction.com/conferences/66_Leclercq_FBC2017.pdf

Figure 44: Plan montrant le système d’organisation des modules dans le batiment des personnes isolées https://www.archdaily.com/912467/promise-at-dawn-center-of-emergency-accommodation-air-plus-moon-architecture

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Figure 45: photo d’une chambre privée montrant l’ouverture. http://www.moonarchitectures.fr/centre-dhebergement-provisoire-de-200-places/

Figure 46: Espace de circulation à l’intérieur d’un batiment http://www.moonarchitectures.fr/centre-dhebergement-provisoire-de-200-places/

Figure 47: Photo d’une salle à manger (Tisanerie) http://www. moonarchitectures.fr/centre-dhebergement-provisoire-de-200-places/

Figure 48: Photo d’un petit salon ouvert des quatres côtés http://www.moonarchitectures.fr/centre-dhebergement-provisoire-de-200-places/

Figure 49: photo d’un autre salon ouvert des quatre côtés http://www.moonarchitectures.fr/centre-dhebergement-provisoire-de-200-places/

Figure 50: Espace de jeu pour les enfants http://www.moonarchitectures.fr/centre-dhebergement-provisoire-de-200-places/

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Services Attachés Plusieurs services sont proposés par la structure, une grande partie d’entre elles sont assurés par des bénévoles. Nous comptons parmi ces services : un accompagnement vers le logement pérenne, un accompagnement vers l’insertion dans la vie professionnelle, un renforcement du lien social et familial. Et une insertion des résidents dans le quartier surtout pour les enfants. De multiples services médicaux sont assurés par le centre. Une dermatologue et une pédiatre bénévoles effectuent des permanences à mi-temps pendant la semaine57. La vaccination et le suivi médical des enfants est la priorité de ces médecins. Les enfants sont scolarisés dans l’école du quartier, selon l’association Aurore, ils ont été formidablement accueillis par les équipes pédagogiques et les enfants. Ils sont accompagnés par les éducateurs et les bénévoles pour un soutien scolaire après les horaires des cours. Plusieurs activités sont proposées par le centre avec l’aide d’autres associations, des musées ou même des clubs locaux. Des sorties culturelles (bibliothèques, concerts, visites de musées), et des activités sportives (salle de sport, hockey. ) 58 rythment le planning des résidents. Ces activités permettent aux personnes de retrouver une vie sociale active au sein de la société et effacent en partie le traumatisme d’exclusion chez certains. Au bout de la première année de son fonctionnement, le centre a manifesté une cohérence entre la volonté des architectes et les résultats obtenus au niveau de la réinsertion, sociale et urbaine. D’après les données de l’association aurore, nous comptons 12 sorties positives vers le logement pérenne 27 résidents employés dans le quartier et ses environs. Ces nombres sont considérés comme un grand succès de l’établissement surtout dans un contexte ou l’hébergement d’urgence a souvent tendance à être pérennisé.

Figure 51: coupe transversale du centre. https://www.archdaily.com/912467/promise-at-dawn-center-of-emergency-accommodtion-air-plus-moonarchitecture

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57 Premier anniversaire de la Promesse de l’aube dans le 16ème [Internet]. Aurore. [Consultée le 10 janv. 2020]. Disponible sur: http://www. aurore.asso.fr/pole-urgence-sociale-et-hebergement/premier-anniversaire-de-la-promesse-de-laube 58 Ibid.


Figure 52: activités au sein du centre - Jardinières https://www.facebook.com/AssociationAurore/photos/ pcb.2400589560003160/2400588210003295/?type=3&theater

Figure 53: acrivités au sein du centre - fête foraine https://www.facebook.com/AssociationAurore/photos/ pcb.2400589560003160/2400588210003295/?type=3&theater

Figure 54: premier anniversaire de l’ouverture de la Promesse de l’Aube https://www.aurore.asso.fr/pole-urgence-sociale-et-hebergement/premier-anniversaire-de-la-promesse-de-laube

Figure 55: premier anniversaire de l’ouverture de la Promesse de l’Aube https://www.aurore.asso.fr/pole-urgence-sociale-et-hebergement/premier-anniversaire-de-la-promesse-de-laube

Figure 56: photo du centre au sein du bois de Boulogne http://www.moonarchitectures.fr/centre-dhebergement-provisoire-de-200-places/

Figure 57: Photo du centre après l’installation des barrières http://www.moonarchitectures.fr/centre-dhebergement-provisoire-de-200-places/

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c- Reconversion d’un bâtiment tertiaire -La Bulle – Porte de La Chapelle Ce centre appelé la Bulle est l’un des premières solutions mises en place dans la capitale pour faire face à l’urgence de loger la population d’immigrés et sans-papiers. Il se situe dans le 18ème, dans un ancien site de la SNCF à Porte de la Chapelle voué à devenir un campus universitaire. Le centre a ouvert ses portes le 1er novembre 2016 avec la détention d’un permis de construire précaire puisque c’est un projet temporaire qui restera pendant 18 mois seulement sur le terrain. Le centre sert à la mise à l’abri rapide, il accueille principalement les migrants primo arrivants et sans abris. Son organisation comporte un pôle d’accueil en forme d’une structure gonflable conçu par Hans-Walter Müller, le pôle santé est constitués de containers et la partie hébergement s’installe dans une ancienne halle ferroviaire offrant 400 places organisées en dortoirs. Le public accueilli est seulement des hommes notamment vu le public majoritaire masculin qui occupait le campement à Porte de la Chapelle. Le Scénario Dans ce scénario nous étudierons une autre possibilité de l’accueil qui est celle d’investir dans les bâtiments tertiaires abandonnés comme des bureaux dans la ville ou des entrepôts dans la périphérie .59 L’intervention dans ce cas s’agit d’une transformation mineure des bâtiments tertiaires et d’un aménagement conséquent pour transformer les lieux en espace de vies dignes et confortables. Comme dans les autres scénarios la mise en place de cette solution doit être exécutée rapidement, à moindre coût et de pouvoir être flexible et démontable. Nous illustrons ce scénario à travers l’étude de La Bulle, un centre d’hébergement humanitaire à Porte de la Chapelle construit en 2016 dans un ancien bâtiment de la SNCF. Il est important de noter que ce bâtiment n’est pas clairement décrit comme CHU dans les documents étudiés et analysés. Il est appelé Centre Humanitaire d’Urgence. Nous avons voulu toutefois étudier cette structure car c’est l’une des premières interventions architecturales engagées répondant à la question d’urgence d’héberger les vagues d’immigrés arrivant à la capitale. De plus cette initiative a été un déclencheur de réflexion sur le sujet. Largement reprise par les médias, Elle a influencé d’autres interventions solidaires par la suite. De plus nous pensons que la démarche d’investir dans le bâtiment abandonné pourrait être une solution adaptée au CHU. Tout en apportant des dimensions d’hospitalité. Contexte et situation urbaine C’est suite à une conférence de presse en mai 2016 60que la maire de Paris affirme sa volonté pour trouver une solution face aux campements informels à Paris. Suite à son discours, l’architecte Julien Beller est missionné avec l’association Emmaüs solidarité imaginer un centre humanitaire d’urgence sur l’ancien site de la SNCF disponible pour seulement 18 mois. L’idée du projet est d’absorber le flux de migrants et les accueillir au sein du centre au lieu qu’ils s’installent dans le camp. Julien Beller compare ce projet à un travail sur la ville. Cette comparaison vient du fait que l’architecte travaillait depuis longtemps avec son équipe sur l’idée d’occuper les interstices de la ville avec des gestes architecturaux innovants, flexibles et répondant à l’urgence. Ici, nous retrouvons le même défi qui consiste à occuper le vaste terrain avec des gestes simples tout en répondant aux besoins et au délais imposés.

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59 Hanappe C, Op. cit., p.360 60


« On gère une ville qui s’est fabriquée au fil de ses habitants. C’est assez proche de ce qui va se passer ici. » Julien Beller 61 Contrairement au projet précèdent, les riverains sont plutôt satisfaits de voir naître le Centre Humanitaire d’Urgence dans leur quartier. Pour eux, cela signifiait que le problème des campements informels des migrants a été complétement pris en charge par l’état. A la Chapelle, des visites du nouveau centre ont été proposées aux riverains même avant son ouverture au public. Cette démarche est dans la logique de faire découvrir aux habitants le mode de fonctionnement de la structure et de les intégrer dans le projet. Cette technique a effectivement réussi à faire tomber les barrières entre la réalité du projet et l’image que les habitants pourront en faire depuis l’extérieur. Malgré cela, certains riverains s’opposaient à l’implantation de la Bulle dans le quartier car ils estimaient qu’il était de base assez défavorisé et que son existence fait amplifier la violence et les problématiques. Avec l’ouverture du centre, les personnes faisaient la queue pendant des jours sur l’espace public pour avoir une place. De fait la présence des forces de l’ordre s’est imposée pour contrôler la situation, ce qui a inquiété d’autant plus les riverains. Julien Beller explique qu’il a souhaité créer un espace tampon au sein du terrain pour que les gens puissent attendre dans de meilleures conditions. L’association Emmaüs Solidaire a rejeté la proposition en expliquant que les personnes attendant à l’intérieur du centre seront sous leur responsabilité alors que s’ils sont sur l’espace public ils relèveront de la responsabilité du gouvernement .62 Bien que cette intervention soit de grande taille, le centre n’a pas pu absorber tous les migrants. Sa capacité d’accueil se limite à seulement 400 personnes.

Centre de mise à l’abri pôle santé pôle accueil

Figure 58: Axonométrie de la structure gonflable. https://www.makery.info/2016/09/27/avec-julien-beller-architectede-lurgence-pour-les-migrants-a-paris/

Figure 59: Axonométrie du centre humanitaire de Porte de la Chapelle https://www.makery.info/2016/09/27/avec-julien-beller-architecte-delurgence-pour-les-migrants-a-paris/

61 Ma soirée parisienne avec un people [Internet]. Street Press. [Consultée le 20 dec. 2019]. Disponible sur : https://www.streetpress.com/ sujet/1466004439-ma-soiree-parisienne-avec-un-people 62 Eggermont V. L’architecte et l’hébergement temporaire d’urgence. Paris : École nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville ; 2018

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Typologie Architecturale « Trois sources d’inspiration nous ont guidés : le chantier, qui se monte et se démonte ; le village informel, pour que les personnes disposent d’espaces communs ; les campings, avec leurs grandes et petites allées, qui mènent vers l’intimité » 63 Le centre gravite autour de trois pôles, Le premier est une structure gonflable de forme d’une bulle installé à l’entrée du camp abritant le pôle d’accueil. Le second espace est le pôle santé situé à l’extrémité est du terrain et le troisième pôle est celui de l’hébergement situé à l’intérieur de la halle. Les trois pôles sont construits dans le même esprit du modulaire et de la temporalité cependant nous retrouvons quelques différences dû aux différentes structures abritant les modules préfabriqués du programme. Il est important de noter que la structure accueillait 50 à 70 personnes par jour, elles les hébergeaient pendant 5 à 10 jours avant de leur trouver une structure d’accueil plus adaptée comme les CHU. Ce centre a vu passer 20 000 personnes en transit Construction Avant le début de l’aménagement des trois nouveaux pôles, de multiples travaux ont été effectués pour rendre le site et la halle de la SNCF habitable et accessible. Il a fallu sécuriser la halle et enlever ce qui restait à l’intérieur, creuser des fenêtres, installer des conduits de ventilation, mettre des garde-corps et construire des escaliers. Plusieurs contraintes ont été imposées aux architectes, notamment la nature temporaire de l’opération et la courte durée du chantier. Ces aspects qui s’appliquent souvent à l’architecture d’hébergement d’urgence, ont aussi été pris en compte. Le projet se base sur l’utilisation des éléments modulables et préfabriqués en bois, des dispositifs réutilisables faciles à transporter comme les échafaudages. A la fin du chantier 6000m2 habitables ont été mis en place. L’originalité du projet réside dans son extrême modularité mais aussi dans les mesures prises pour sécuriser le site et les aspects artistiques employés pour rendre les lieux plus agréables. Nous estimons également que malgré la durée courte de la conception et du chantier, les détails architecturaux et l’organisation spatiale sont soignés.

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Figure 60: Montage de la structure gonflable sur le site de la SNCF; https:// www.pavillon-arsenal.com/fr/arsenal-tv/documentaires/paris-solidaire/10520-centre-humanitaire-daccueil-pour-migrants.html 63

Margaux Darrieus, Op. cit., p.50

Figure 61: Chantier d’aménagement à l’intérieure de la halla de la SNCF. https://www.flickr.com/photos/clementguillaume/30950659281


Espaces d’Hébergement L’organisation du pôle d’hébergement au sein de l’ancienne halle SNCF est l’opération qui nous intéresse le plus dans cette étude de cas. Le travail le plus laborieux dans cette opération était la remise aux normes du hangar, les fenêtres de l’ancien hangar ont été tous élargis et remplacées pour apporter plus de lumière et assurer un rôle de désfumage naturel. La mobilité des personnes entre le pôle d’hébergement et les deux autres pôles a également été pensée. Quatre escaliers et un monte-charge ont été ajoutés pour faciliter l’accès et assurer les sorties de secours. Les 400 lits sont organisés en huit quartiers caractérisés par une couleur et disposés autour d’une rue. Chaque quartier consiste en une douzaine de petites maisons en bois accueillant 4 personnes. Nous retrouvons un bloc sanitaire, un réfectoire, une cuisine et un Comptoir d’accueil de l’association Emmaüs dans chaque quartier. Cette disposition permet à l’association de créer des équipes de proximité en charge de chaque quartier pour s’occuper des nouveaux arrivants, fournir les soins et l ‘accompagnement psychologique. La configuration spatiale inspirée du village, permet aux personnes habitant la même rue de refaire communauté entre eux et de passer du temps ensemble profitant de l’ensemble des espaces collectifs de chaque allée. Ces primo-arrivant dans la capitale française, trouvent ici un point de repos après un parcours souvent compliqué. La prise en charge par l’association et la présence des équipes bénévole24h/24 pourrait satisfaire les besoins d’affection et de reconnaissance, absentes pour la plupart des personnes dans la rue. Les modules de chambres sont d’une surface de 16m2, abritant chacun quatre lits ou cinq, selon la présence d’un lit superposé ou pas. Ici aussi les normes de confort ont été prises en compte. Les sols sont en ossature bois posée sur des plots sur laquelle se place une isolation en laine de verre et un panneau OSB. Les murs sont aussi en ossature bois. Ainsi les chambres sont ventilées et équipées d’un chauffage électrique, de prises électriques et d’armoires sous clés. Une structure métallique avec une toile tendue est installée devant chaque maison formant une sorte de porche d’entrée avec trois marches, créant un seuil d’entrée et permet tant de fermer ou d’ouvrir pour avoir de l’intimité. La matérialité du bois et l’organisation spatiale en forme de village donne une autre sensation à l’ancienne halle abandonnée. L’espace séquencé et l’attention aux détails créent un cadre de vie hospitalier permettant des pratiques simples de la vie quotidienne. Par exemple monter les trois marches et franchir le seuil d’entrée pour rentrer dans le dortoir, crée un sentiment d’un « chez soi ». Cet espace reste pour autant à partage avec d’autres personnes, le sentiment d’un « chez soi » peut varier selon leur capacité à s’entendre. Espaces Collectifs L’aspect de sociabilité est renforcé dans ce projet, des espaces collectifs et des aménagements publics sont installés dans chaque quartier. Nous comptons le réfectoire, la cuisine, et les sanitaires parmi les espaces collectifs. Concernant les aménagements nous comptons : les perrons devant la maison, des bancs aux coins de rue, des terrasses pour s’asseoir et du wifi dans tout le bâtiment.

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« Les éléments du projet sont donnés aux usagers pour qu’ils les utilisent, les transforment afin d’y vivre au mieux. L’attention au public hébergé à travers des détails constructifs ou des éléments de confort permet le respect et l’appropriation par les usagers »64 Julien Beller (adaptation) Le réfectoire est pensé comme un lieu de vie et de rencontre dans lequel deux repas sont servis par jour. L’espace peut accueillir 50 personnes et il est ouvert 24h sur 24 pour permettre aux personnes accueillis d’y avoir accès et de préparer leur nourriture . Le réfectoire est composé d’une charpente métallique tendu autour d’échafaudages et d’un sol en OSB posé sur une structure métallique. La même structure est employée pour les points d’accueil de l’association. Quant aux blocs sanitaires, ils sont comme dans les précédents bâtiments analysés, séparés du périmètre privé du résident. Ils sont situés au fond de chaque quartier, composés de huit douches et huit sanitaires repartis entre deux containers. Au rez-de-chaussée du centre nous retrouvons également une laverie et un magasin distribuant des vêtements, des kits hygiènes et des colis alimentaires au résidents.

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Figure 62: pôle administrative au sain de la structure gonflable. https://ideat.thegoodhub.com/2016/12/06/a-paris-julien-beller-renddignite-a-lhabitat-durgence/

Figure 63: les modules d’habitation. https://www.asso-iceb.org/ iceb-cafe-actualites/iceb-cafe-lundi-29-mai-2017-habitat-et-hebergement-durgence/

Figure 64: les aménagements intérieurs . https://www.flickr.com/ photos/clementguillaume/31066723915

Figure 65: Vue des rues d’habitation au sein de la halle SNCF. https://www.amc-archi.com/photos/centre-humanitaire-paris-nord-par-julien-beller,6801/centre-humanitaire-paris-nord.1

64 Quand l’urgence impose l’éphémère, entretien avec Julien Beller | L’Architecture d’Aujourd’hui [Internet]. [Consultée le 05 janv. 2020]. Disponible sur : http://www.larchitecturedaujourdhui.fr/quand-lurgence-impose-lephemere-entretien-avec-julien-beller/


Figure 66: Plans et coupes des modules d’habitation. Par Julien Beller

Figure 67: Plans des blocs sanitatires partagés . Par Julien Beller

Figure 68: Plans du réfectoire . Par Julien Beller

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Services Attachés Le pôle d’accueil est l’un des espaces phares de ce projet, notamment à cause de la structure gonflable conçu par Hans-Walter Muller. La bulle peut être transportable et montable très facilement dans une journée. L’architecte s’est inspiré de la connotation historique architecturale d’une coupole d’accueil pour fabriquer le symbole du projet. Cette structure est aussi importante grâce à la polyvalence du services proposés. Dans cet espace ne sont pas seulement accueillis les hommes hébergés dans le pôle d’hébergement mais tout le public sans abris à la recherche d’un toit et d’un accompagnement social. Le pôle redirige le public vers des structures d’hébergements adaptés à leur situation sociale et administrative. Comme par exemple les femmes avec enfants et les couples sont redirigés vers le centre d’hébergement d’urgence d’Ivry-sur-Seine (nous étudierons cette structure dans la prochaine partie). Ce pôle est composé de 14 containers maritimes et assure des soins physiques et psychologiques aux résidents du centre. Il est géré par Médecin du Monde et le SAMU social. Ce pôle est une entité conséquente et une priorité dans le projet. Vu la situation administrative irrégulière de la plupart des résidents, l’accès aux soins est souvent payant et inaccessible. De plus la plupart des personnes ont besoin de soins vu la difficulté et la dangerosité de leur parcours avant d’arriver au centre. 200 salariées et 50 bénévoles se mobilisent pour assurer le fonctionnement de la structure. Les salariés sont recrutés par l’association EMMAUS Solidarité en partenariat avec pôle-emploi et une agence d’insertion. Tous les salariés ont été formés par EMMAUS, l’Agence Régionale de la Santé ou encore l’OFPRA. Former les employés qui sont des agents de l’hospitalité humaine est un aspect très important pour assurer un accueil adapté à la situation de chaque personne. Souvent ces employés reconnaissent la difficulté des parcours des personnes et essaient de les accompagner pour aller de l’avant. Cependant vu la participation des instituts de l’état dans ces formations nous nous demandons fortement sur les instructions données concernant les postures d’accueil. Quant aux bénévoles, leur rôle principal est d’accompagner les salariés dans les différentes tâches ou même de combler les lacunes dans certains domaines qui ne relèvent pas de leurs compétences. Les bénévoles sont choisis par l’association selon leurs différents profils, certains sont même des riverains engagés dans le projet. Parmi ces bénévoles nous comptons des animateurs sportifs, des traducteurs, des magasiniers ou même des accompagnateurs. L’engagement de différentes personnes au sein du centre montre une volonté de certains citoyens pour accueillir les immigrés, cela peut potentiellement conduire à différentes rencontres entre les bénévoles et le public accueilli dans le centre. L’ensemble des 250 personnes disponibles à l’écoute des 400 personnes accueillis nous donne un indice sur une meilleure qualité de l’écoute, l’accompagnement et l’échange.

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La disponibilité des informations sur l’organisation générale permet une visibilité de l’initiative et nous permet de constater certaines différences avec les autres structures étudiées.


d- Un camp de nouvelle forme - Ivry-sur-Seine Le Scénario Ce scénario se base sur l’idée de créer un centre d’hébergement d’urgence concentré dans une disposition de village. Nous estimons que l’aspect intéressant réside dans la possibilité de créer des espaces tampons, des espaces collectifs et des places en plein air entre les dispositifs architecturaux. Cependant nous questionnons l’implantation urbaine de cette typologie de « Centre Village » dans la ville et son interaction avec l’entourage. Dans le cas du CHU que nous allons étudier, le centre est isolé, à l’écart de la ville, comme dans le cas d’un camp. D’où nous adoptons l’appellation du scénario « un camp de nouvelle forme ». Contexte et situation urbaine Le projet se situe le long de l’avenue Jean Jaurès au croisement de la rue de la baignade, à Ivry-sur-Seine au sud de la ville de Paris. Il prend place au sein de l’ancienne usine des Eaux de Paris sur un terrain de 90.000m2, il est construit sur une plateforme installée au-dessus des bassins de filtration d’eau. Il est important de noter que la ville d’Ivry-sur-Seine compte 1000 places d’hébergement d’urgence malgré l’existence de plusieurs bidonvilles, la question d’accueil d’urgence nous semble donc cruciale. Ce projet est dans la prolongation de l’initiative à la Chapelle. Les familles, les femmes isolées et les couple sont réorientées par le pôle d’accueil de la Bulle vers le CHU d’Ivry-sur-Seine. Ici ils pourront y rester entre trois et six mois. L’architecte avait la volonté de concentrer le projet sur une partie du site pour créer un sentiment d’intimité et de proximité sur le terrain vaste mais aussi pour ne pas s’étaler sur un terrain voué à un aménagement ultérieur. Cette volonté était aussi dans le but de construire un centre modulaire et flexible empruntant la typologie d’un village avec plusieurs volumes s’organisant autour des rues et d’espaces extérieurs. « Le fait de ne pas construire en dur permet d’inventer une ville éphémère et résiliente, de travailler sur l’économie circulaire et la ville hospitalière » 65Valentine Guichardaz Malgré les fortes volontés de l’architecte engagé, le centre est enclavé dans le site, il est entouré de murets et de végétation qui empêchent sa visibilité depuis les rues à proximité. De plus l’accès au centre a été soumis à un contrôle strict, plusieurs barrières et portails ont été installés. De fait, il y a peu d’intersections avec la ville et ses habitants à l’extérieur de ces barrières. Nous pouvons ainsi estimer que la mobilité des personnes est nettement réduite vu leur écart de la ville et le contrôle d’accès. Comme le confiait une serveuse d’un café dans le quartier aux journalistes de 20min « Les résidents du site ivryen, on ne les voit pas beaucoup »66

65 Fernandez A. Accueil des réfugiés, réinventer l’hébergement d’urgence- Traits urbains. 2005 ; n°97, p. 51-56. 66 Hassan, résident du centre d’hébergement d’urgence d’Ivry, veut «terminer ses jours dans un pays en paix» [Internet]. [cité 18 dec 2019]. Disponible sur: https://www.20minutes.fr/paris/2107935-20170728-hassan-resident-centre-hebergement-urgence-ivry-veut-terminer-jours-pays-paix

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Dans ce projet nous constatons L’indispensable adhésion des habitants dans le processus de conception et de prise de décision. Avant la concrétisation du projet, les riverains ont été convoqués pour une présentation générale et un échange sur la création du centre. L’acceptation du projet n’a pas été imminente, les riverains ont reproché à la mairie de vouloir faire un « petit calais »67 à Ivry. Cependant les échanges avec la mairie et les riverains ont abouti à des accords qui font profiter tout le monde. Le Centre a fait profiter le secteur avec la création d’emplois pour lvryens. De plus 50 places d’hébergement ont été réservées à des ivryens roms habitant des bidonvilles et des SDF de la ville recensés en maraude. Pendant les échanges, les riverains ont également appris sur le parcours et la situation des personnes qui allaient habiter le centre.

Figure 69: Photo aerienne du projet montrant sa disposition au sein du site. https://94.citoyens.com/2017/le-centre-dhebergement-durgence-pour-migrants-divry-sur-seine-pret-a-accueillir-ses-premiers-residents,16-01-2017.html

Figure 70: Vue aerienne . Google maps.

Typologie Architecturale Le projet est conçu en bois et monté sur pilotis au-dessus des bassins de retentions. Il s’organise en 6 petits quartiers animés ouvrant des perspectives sur l’énorme terrain. Les espaces extérieurs sont hiérarchisées du plus public au plus intime au niveau des logements. Les rues entre les quartiers de logement se connectent à une allée centrale traversant tout le projet, ponctuée par six yourtes. Un pôle santé et un magasin se situe à l’entrée de l’allée centrale. Le pôle administratif et une école s’ajoute au sud du site. Le centre aménagé en village a la capacité d’accueillir 400 personnes. Construction Le projet est monté sur pilotis sur lesquelles repose une plateforme en structure bois couverte de caillebotis métalliques. Les six bâtiments d’habitations se constituent de 210 modules préfabriqués en bois (2,5 à3m x 6m), montés sur des piles en béton. Les modules sont entièrement démontables et réutilisables ailleurs comme dans la plupart des projet étudiés. Nous comptons 24 modules sanitaires, 18 modules pour le pôle administratif, 7 pour le pôle santé, 8 pour le magasin.

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67 Fernandez A. Accueil des réfugiés, réinventer l’hébergement d’urgence- Traits urbains. 2005 ; n°97, p. 51-56.


Figure 70: Construction de la plateforme sur l’ancie bassin de filtration https://94.citoyens.com/2017/le-centre-dhebergement-durgencepour-migrants-divry-sur-seine-pret-a-accueillir-ses-premiers-residents,16-01-2017.html

Figure 71: Construction des quartiers d’hébergement au dessus de la plateforme. https://94.citoyens.com/2017/le-centre-dhebergementdurgence-pour-migrants-divry-sur-seine-pret-a-accueillir-ses-premiersresidents,16-01-2017.html

Pôle santé Magasin Ecole Pôle administratif

Figure 73: Plan du CHU d’Ivry-sur-Seine. Documant transmis par l’architecte Valentina Guichardaz .

Figure 72: Axonométrie de la structure. Documant transmis par l’architecte Valentina Guichardaz .

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Espaces d’Hébergement Ici aussi les différents publics accueillis sont séparés dans les deux ailes du projet. L’aile gauche est dédiée aux familles et l’aile droite aux couples et aux isolés. Chaque bâtiment d’habitation peut accueillir 67 personnes. Les habitations au rdc sont desservies par des cours, et ceux de l’étage par des coursives et des terrasses. Nous constatons que l’accès par l’extérieur constitue un espace généreux à part entière, facilement appropriables. La surface des espaces privés peut varier de 12 à 40 m2, le périmètre privé est considérablement plus spacieux par rapport aux autres cas étudiés, cependant il ne contient pas ni sanitaires ni cuisines à l’intérieur et demeure très loin d’un logement classique. « On a volontairement élargi les coursives entre les logements pour qu’elles puissent devenir des lieux de vie, décrit Valentine Guichardaz-Versini. Chaque appartement est modulable en fonction de la famille qui l’occupe. »68 le parisien   Espaces Collectifs Les espaces collectifs comprennent principalement six yourtes et des espaces extérieurs entre les interstices du projet. Les yourtes sont conçues comme des espaces polyvalents, ils contiennent un coin cuisine et des aménagements d’un réfectoire mais ils sont aussi les principaux espaces de rencontre et d’activités hors les horaires de repas. Dans ce cas aussi nous estimons que l’espace de sociabilité ne fonctionne pas comme prévu à cause de la superposition des pratiques. Cela pourrait conduire à une inhospitalité au sein de ces lieux, comme nous l’avons observé dans Maison de Rodolphe. Cependant L’architecte ne nie pas que la recherche de dignité et d’hospitalité puisse investir le champ du symbolique comme avec ces yourtes colorées et soignées, les détails en bois et la lumière zénithale. Elle rajoute « N’est-il plus possible de créer de la beauté pour tous ? »69. « C’est une structure inspirée de l’habitat mongol, fournie par Yourte & Co où les migrants pourront se restaurer et participer aux activités collectives - ateliers sur la parentalité, formation au droit des étrangers » Stéphanie Leboyer, directrice de territoire d’Emmaüs Solidaire Quand nous avons pris contact avec l’architecte, elle nous a envoyé les dessins de son projet accompagnés de photos du centre habité par les résidents et non pas des photos lisses d’une architecture dénudée de ses usagers. Effectivement, D’après un article apparu dans Cité de l’Architecture, Valentine Guichardin témoigne de la manière dont les gens prennent possession des lieux alors que rares sont les architectes qui désirent montrer leurs projets habités.

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68 Ivry-sur-Seine : un an après, la réussite tranquille du centre d’accueil pour migrants [Internet]. leparisien.fr. 2018 [cité 21 janv 2020]. Disponible sur: http://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/ivry-sur-seine-un-an-apres-la-reussite-tranquille-du-centre-d-accueil-pour-migrants-18-01-2018-7508577.php 69 Atelier Rita [Internet]. Cité de l’Architecture [cité 21 dec 2019]. Disponible sur: https://www.citedelarchitecture.fr/fr/article/atelier-rita


Figure 74: Photo d’une chambre dans un hébergement de famille. Documant transmis par l’architecte Valentina Guichardaz .

Figure 75: Photo dans une yourtes lors d’une activité . https://www. amc-archi.com/photos/une-cite-lacustre-pour-migrants-a-ivry-surseine,6786/centre-d-hebergement-d-urgence.1

Figure 76: photo des coursives au R+1.Documant transmis par l’architecte Valentina Guichardaz .

Figure 77: photo dans un quartier au RDC entre deux batiments . https://www.amc-archi.com/photos/une-cite-lacustre-pour-migrantsa-ivry-sur-seine,6786/centre-d-hebergement-d-urgence.1

Figure 78: Vue génerale du projet depuis l’allée centrale. Documant transmis par l’architecte Valentina Guichardaz .

Figure 79: Façade, ambiances et seuils des logmenents. Documant transmis par l’architecte Valentina Guichardaz .

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Services Attachés

Le centre dispose également d’un centre de santé géré par Médecins du monde, le centre fonctionne grâce au médecins bénévoles : des pédopsychiatres, des gynécologues et des généralistes assurent les permanences. Le pôle administratif est dédié à l’accompagnement dans les démarches administratives pour les demandeurs d’asile Une école de quatre classes a aussi été créée pour scolariser les enfants allophones. Selon les informations trouvées, les enfants ont soif de connaissance. Ils apprennent très rapidement les bases du français mais ils les oublient très rapidement car dans le centre ils sont toujours entre eux et ils perdent le contact avec la langue. Cela nous montre une fois de plus la nécessité d’intégrer les CHU dans la ville, de créer des continuités urbaines avec le quartier de proximité. Permettant aux habitants d’échanger et de s’intégrer dans la société. Comme à Porte la Chapelle, l’accompagnement et l’investissement des riverains aux côté de l’association font acte d’hospitalité. 80 salariés et 200 bénévoles veillent sur le fonctionnement du centre et l’accompagnement des individus. 280 personnes travaillent pour assurer un accueil de 400 immigrés et sans abris, Ils donnent des cours de français sous les yourtes, proposent des activités et des formations musicales (l’association Esperanz’Arts par exemple) et même des séances de jardinage.

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4.4 Réflexion sur les scénarios Après avoir analysé et exposé les divers aspects architecturaux et urbains des CHU et leurs manières de répondre aux besoins des individus. Nous remarquons plusieurs mesures que nous considérons important à prendre en considération pour créer un cadre de vie hospitalier. De même nous avons soulevé plusieurs problèmes qui pourront être pris en compte par les architectes et les maitres d’ouvrage pour améliorer les cadres de vie des personnes démunies au sein d’un centre d’accueil. Les constats cités ci-dessous répondent en partie à nos hypothèses de départ. Les projets sont souvent pensés avec des solutions techniques et constructives très abouties, qui ne laissent pas la place à l’appropriation ni à l’évolution des modes de vie. La complexité des systèmes modulaires employés pourrait créer des problèmes que seuls les concepteurs peuvent résoudre avec un niveau de technicité souvent inverse aux besoins réels des personnes. Nous estimons que la technique restreint la réflexion sur la spatialité et l’appropriation dans les CHU. Nous comprenons l’impossibilité de créer des espaces d’habitations conformes aux normes et aux surfaces d’un logement classique au sein des CHU, évidement à cause des budgets limités et l’indisponibilité du foncier pour répondre aux besoins spatiaux de l’accueil. Cependant, il est essentiel de réfléchir à la possibilité d’intégrer des espaces de vie répondant aux besoins fondamentaux des individus, tout simplement par l’intégration d’un coin cuisine et d’un bloc sanitaire au sein des habitations. Pour illustrer cette réflexion, nous prenons l’exemple de l’extension de la Maison de Rodolphe, ou les architectes ont gardé la même logique technique et esthétique du bâtiment mais ils ont reconsidéré une organisation plus hospitalière. Dans le nouveau bâtiment d’hébergement de diverses mesures ont été revues. Le système de circulation (les coursives) a été abandonné, ils ont créé des sas d’entrée distribuant plusieurs logements d’une ou de plusieurs chambres. Des sanitaires et des douches ont également été intégrés à toutes les habitations. De plus toutes les pièces bénéficient de plusieurs ouvertures et les meubles ne sont pas fixés à la structure permettant l’appropriation de l’espace. De nouvelles pratiques d’habiter l’espace ont également été proposées aux résidents, plusieurs personnes habitent en collocation, ils bénéficient chacun d’une chambre et partagent les espaces communs (salon, cuisine et les sanitaires). Nous pensons qu’incorporer les riverains, les employés des centres et les résidents peuvent attribuer à améliorer la réflexion sur ce sujet. Nous questionnons également l’intégration urbaine des CHU dans le tissu urbain, si ces centres se construisent rapidement, cela ne veut pas dire qu’ils ne restent pas là pour longtemps. La plupart des durées de vies des bâtiments que nous avons étudiées ont été prolongées pour plusieurs années. Cela nous indique que la conception de ces centres devrait intégrer une logique urbaine d’implantation dès la naissance de l’idée du projet. Dans le cas de la ¨Promesse de l’Aube, le projet s’intègre visuellement et esthétiquement dans son entourage. Nous avons ainsi constaté que malgré les difficultés rencontrées lors de son installation, il a apporté une réflexion sur la mixité sociale au sein d’un quartier peu poreux. Il nous montre que la réflexion sur l’urbanisme peut être simple mais elle stimule une mutation dans une logique qui interagit, qui écoute et qui fait avec l’existant.

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Nous avons également constaté que les Centres d’hébergement d’urgence gérés par les grandes associations caritatives sont la plupart du temps guidé par la philosophie de la charité chrétienne ou patriarcale « Les démunies » doivent être pris en charge, soignés, hébergés, nourris et accompagnés. Ces associations répondent à tous les besoins physiques d’un individu habitant le CHU dans une logique de « ALL INCLUSIVE », il ne s’agit pas ici de remettre en question la forme d’accueil et les services fournis . Cependant nous pensons que la gestion de l’urgence dans ces cas ne prend pas en compte une vision urbaine viable et la mobilité des personnes dans la ville. Cela est bien visible dans les rejets de l’association Emmaüs Solidaire dans la création d’une zone tampon entre le centre et l’espace public. Mais aussi dans l’implantation du centre d’Ivry-surSeine à l’écart de la ville et le contrôle d’accès limitant l’émancipation des personnes sur place. Les durées de séjour dans les CHU semblent varier selon les structures, dans certains les séjours sont pérennisés et dans d’autres les durées de résidence sont plus cours que prévu. Dans le cas d’Ivry-sur-Seine, les durées de résidence sont moins courtes que prévus. Nous nous demandons si cela est dû à la qualité de l’accompagnement et à l’insertion dans du logement pérenne ou bien si c’est dû au déplacement des individus dans d’autres typologie de centre d’accueil. Nous aurons voulu trouver une réponse claire mais malgré tous les règlements concernant le passage d’un centre d’hébergement à un autre. Les réponses restent mitigées et c’est souvent au cas par cas. Effectivement durant mon travail avec la croix rouge et l’association terre d’ancrage, nous avons constaté que même les personnes qui sont pris en charge à un certain moment peuvent se retrouver dans la rue le lendemain à cause de la défiance de certaines structures. Cela nous pousse à penser aux destins des personnes qui peuvent se retrouver de nouveau dans la rue. Nous nous demandons donc si nous pouvons considérer la fin de ces séjours de durée réglementée comme la fin d’une situation d’urgence et une finalité de l’acte de l’hospitalité.

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Conclusion Cette étude nous a permis de questionner notre rôle d’architecte face aux situations d’urgence mais aussi face à l’urbanisme en mutation. En s’appuyant sur le travail de la ville accueillante, nous avons compris qu’agir face à l’urgence d’héberger consiste en un enjeu à double tranchant : Inclure un public exclu dans la société mais aussi accompagner une réflexion d’acception avec des projets améliorant la vie en commun pour tous. De fait, nous pensons que nous ne pouvons pas répondre à l’hospitalité seulement par des aménagements urbains, architecturales ou des techniques constructives ; ces mesures sont des simples outils qui accompagnent la réflexion sur la société, ses enjeux et la mutation de nos modes de vie. « L’ambition est ici plus large : l’accueil des nouveaux arrivants dans la ville est l’opportunité de repenser tous ses modes de fabrication pour aller dans le sens du développement durable, dans une approche holistique »70 Cyrille Hanappe Nous avons réalisé les limites de la méthodologie utilisée, l’analyse à travers les ressources bibliographiques et la technique du cercle Stevenson nous a permis de construire une situation et la critiquer. Cependant, nous n’avons pas pu vérifier la véracité de nos constats et nos hypothèses sur le terrain. La notion d’hospitalité est une question de don et contre-don. Ce qui représente le résident mais aussi toutes les équipes travaillant dans une structure. L’impossibilité de réaliser les observations et l’indisponibilité de certaines informations nous a empêché d’investiguer sur la notion directe du « don » chez les personnes accueillant le public sans-abris. Nous avons constaté cette mesure lors de la visite de la maison de Rodolphe, aucune source bibliographique mentionne l’existence de la nouvelle extension et les améliorations apportées. Si nous avions à donner une suite à ce travail, nous serions plus à l’écoute des parcours de personnes ayant vécues dans des établissements d’accueil, nous serons également investigués sur les différentes initiatives participatives ou l’architecte n’est pas restreint à suivre des règlements administratifs et des commandes étatiques où la politique se mêle ! 70 Hanappe C, Op. cit., p.518.

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Résumé La crise migratoire, l’augmentation de la population sans domicile fixe et sans-papiers ont marquées l’actualité politique et médiatique en France. D’où la question de l’hébergement d’urgence se pose face à une réalité politique et économique qui s’avère inefficace dans le contexte de l’accueil des personnes vulnérables. La croissance de cette population sansabri, dans des proportions d’accueil qui excède les capacités d’absorption classique, nous laisse poser la question sur la forme, l’urbanisme et l’architecture que va prendre ces augmentations imprévisibles. Dans l’ombre d’une société fermée aux populations démunies, nous questionnons les mesures de l’hospitalité et d’accueil face à l’urgence. Le but de cette étude est d’évaluer l’hospitalité à travers un exemple : les Centres d’Hébergement d’Urgence (CHU). La méthodologie choisie consiste en une analyse des bâtiments du corpus par le prisme de l’architecture et des sciences humaines. Dans un premier temps, nous effectuons une étude de cas des différentes typologies et scénarios architecturaux et urbains des CHU. Ensuite nous remettons en question les dispositifs d’accueil à travers une analyse critique basée sur la technique du cercle de Stevenson dans le but d’analyser l’hospitalité à travers la satisfaction des besoins humains physiques et psychiques. Cette étude vise à souligner les mesures à emprunter et les problématiques particulières qui doivent être considérées dans la démarche de conception architecturale et urbaine d’un milieu hospitalier face à une situation d’urgence. Elle démontre ainsi l’importance de l’humanisation de ces structures d’accueil à travers différents pratiques et usages.

abstract The migratory crisis and the increase in the homeless population have marked the political and media news in France. However, the question of emergency accommodation is faced with a political and an economic reality that is proven to be inefficient in the context of receiving vulnerable people. The growth of this homeless population, in proportions that exceed traditional absorption capacities in the dedicated amenities, leaves us wondering about the form, urban planning and architecture that this unpredictable increase would take. In a society where the poor populations are being left in the shadow, we question and evaluate the concept of hospitality that is being incorporated in the situations facing emergency. The purpose of this study is to assess the concept and the notions of hospitality through an example: Emergency Accommodation Centres (CHU: French abbreviation).The chosen methodology consists of an analysis of the selected buildings through the prism of architecture and human sciences. First, we carry out a case study of all the different architectural and urban design typologies and scenarios of the CHU. Then we question the term of hospitality through a critical analysis based on the Stevenson Circle technique, this helps us analyse hospitality through meeting physical and psychological human needs. This study aims to point out the measures to be taken and the specific problems that must be considered in the architectural and urban design process of a hospital environment facing an emergency. It also demonstrates the importance of humanizing these different building through different practices and uses.

ÉTUD. YAZJI Yara UNIT E0932D - MÉMOIRE 3 - MÉMOIRE INITIATION RECHERCHE

SRC

DE.MEM TUT.SEP

ROLLIN M. GHIRARDI L.

MARCH ARCH

S10 DEM ATEC 19-20 Promo

© ENSAL


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