LA VALLEE DU MAELBEEK QUARTIER BELLIARD - LOI - LUXEMBOURG Analyses et Evolutions
Ce livre est une compilation des différents travaux d’analyses thématiques réalisées en groupes par les étudiants de Bachelier et Master au premier quadrimestre 2017, dans le cadre du cours d’option d’Histoire de l’Architecture enseigné par Marianne PUTTEMANS.
Réalisés par les étudiants des Faculté d’Architecture LACAMBRE HORTA Faculté de Philosophie et sc. sociales - Bachelier Université Libre de Bruxelles
SOMMAIRE
AUTEURS GIulia Lazzara OuissaadenMouhcine Hugo Calmejane Bourdiau Olivier Eyup Guzle DonnerValentin Guillaume Burger Zuzana Púcha Leny Blondel Valentin Breul Ouissaaden MouhcineSoumaya El Oudghiri Danaé Scolas Naimbu .k. Stéphanie Marie Moronczyk Roxane Chahidi Henri Perouze Giulia Lazzara Mélissa Neves Colak Erdem Camille Paty Manuel Lequarré Van Dyck Thibault Eloudghiri Soumaya Neals Niat Salwat Idi Anela Udovcic Rebouh Lamia Thomas Noceto Khattab najoua Bardijn Hélène Best Gwendoline Sofia Cherif-Messaoudi Teodora Tiron Zerouali Sabeha Eloïse Perrillon Lawinski Leolo
Kevin Dabeedin Lina Bentaleb Zainab Faidani Yasmin Allaouzi Boulanger Marie-Anaïs Sarah Vanesse Elvire Borie de Varine Bohan Lény Blondel Dora Pescheux Delphine Lorang Putot Mathilde junger Perrine Lefèvre Marine Gérard Caroline Huberty Manon Meunier Aharag Amal Carla Giovanetti Victoire Herchy Loïc Buyck Lannoote Antoine Jeanjean Claire Verbauwhede Tristan Alba Corioni
AUTEURS PREMIERE PARTIE 1- L’ évolution du quartier Léopold à Bruxelles 2- La société Solvay 3- La place de L’Université libre de Bruxelles dans le parc Léopold et le museum d’histoire naturelle 4- La brasserie Léopold 5- La disparition de quelques hôtels particuliers 6- Le pensionnat de Berlaymont 7- Le couvent Van Maerlant 8- La construction des immeubles de bureaux rue de la Loi et rue Belliard
SECONDE PARTIE 1- L’ autoroute urbaine dans le quartier européen 2- Les tunnels et la connexion à l’autoroute E40 3- Le rhabillage des façades de certains immeubles dans les années 90 et 2000
TROISIEME PARTIE 1- L’idée du projet de l’Union européenne 2- La polémique de l’emplacement du siège européen 3- Le bâtiment du Berlaymont 4- La transformation des rue Froissat et Godecharle - Bruxelles Requiem 5- La clinique du parc Léopold 6- Le parc Léopold : privatisation - contreprojet - Muséé de l’Histoire de l’Europe 7- Le résidence Palace
BIBLIOGRAPHIE
PREMIERE PARTIE 1- L’ évolution du quartier Léopold à Bruxelles 2- La société Solvay 3- La place de L’Université libre de Bruxelles dans le parc Léopold et le museum d’histoire naturelle 4- La brasserie Léopold 5- La disparition de quelques hôtels particuliers 6- Le pensionnat de Berlaymont 7- Le couvent Van Maerlant 8- La construction des immeubles de bureaux rue de la Loi et rue Belliard
2-LA SOCIETE SOLVAY
Portrait Ernest Solvay 1838 – 1922 source wikipedia
ERNEST SOLVAY LE PREDECECEUR : À la tête de la famille Solvay, un grand industriel autodidacte : Ernest Solvay, né à Rebecq-Rognon dans le Brabant en Avril 1838. Il est le fils d’un marchand de sel très à cheval sur l’éducation et l’instruction de ses enfants. Passionné très tôt par la physique, la chimie et l’histoire naturelle, Ernest est pourtant entravé dans sa quête de connaissance lorsqu’une grave maladie l’empêche d’entrer à l’université. À 21 ans l’un de ses oncles lui propose de travailler dans sa compagnie de gaz en tant qu’employé de laboratoire capable de traiter les eaux ammoniacales. Au cours d’une expérience, il fait la découverte stupéfiante d’un procédé révolutionnaire de fabrication du carbonate de sodium. Par l’exploitation de son procédé dans toute l’Europe et aux Etats-Unis, la société Solvay acquiert rapidement une renommée internationale. C’est tout un empire industriel et commercial qui émerge. Solvay était également un philanthrope qui se préoccupait du sort de ses travailleurs. il tente de mettre en place des réformes, qu’il appelle « Plan Social », dont le but est de donner une plus grande égalité sociale. Convaincu du bien-fondé de ses idées, il continu son combat pour le bien des travailleurs au Sénat puis en tnt que ministre. Il est considéré, à ce titre, comme un précurseur de la législation sociale. Pourvu d’un esprit très indépendant, Ernest Solvay n’est pas a proprement dit un physicien et ne veux pas être réduit à suivre les méthodes classiques. Cette particularité le rend unique et lui permet d’arriver à des conceptions encore inconnues à la science de son temps et dont la valeur n’a pas pu être reconnue que bien plus tard. En esquissant le portrait de cet homme d’avant-garde, plusieurs facettes de sa personnalité nous sont révélées. D’abord l’inventeur, c’est principalement à ce titre qu’il est reconnu mondialement, puis l’industriel clairvoyant l’homme qui établi les contrôles à tous les échelons et qui n’est pas indifferent au sort de son prochain, et enfin le penseur qui est probablement le principal personnage en lui, qui rêve d’une explication de l’univers dès sa jeune enfance. Il est possible que ses projets de reforme économique, ses théories sur la production, ne soulèvent plus aujourd’hui l’intérêt de jadis. cependant sa pensé a atteint une profondeur qui lui a permis de toucher les grandes énigmes de notre temps.
LES INSTITUTIONS SOLVAY: Ernest Solvay, que la maladie avait empêché d’accéder aux études universitaires, met sa fortune à la disposition de l’université de Bruxelles (ULB) en 1894. Il devient alors le mécène de la recherche scientifique . Il fait ériger, avec le soutien de différentes personnalités de l’époque, scientifiques et banquiers, une cité scientifique destinées à abriter ces différents instituts, les bâtiments, construits par des architectes de renom, sont disséminés dans le Parc Léopold: • • •
L’Institut de Physiologie L’Institut de sociologie L’Ecole de commerce Solvay Institut de physiologie 1893/1894
Ce projet est concrétisé en collaboration avec l’ami et le médecin de la famille Solvay le docteur Paul Heger. Réalisé par l’architecte Jean-Jules Van Ysendyck, ce château moderne dédié à la science est conçu de telle sorte à donner à la science une image positive. À l’intérieur, dans un souci d’hygiène, le fer émaillé règne en maître, tandis que de larges fenêtres laissent entrer la lumière. Les étudiants y apprenaient la physique médicale et la chimie physiologique. Le bâtiment abrite depuis 1930 le lycée Emile Jacqmain. L’Ecole de commerce 1902. Conçue à la même époque que la bibliothèque Solvay par les mêmes architectes et à l’initiative du même industriel, l’école de commerce tranche architecturalement par rapport à cette dernière par la sobriété de son style. En façade, deux bas-reliefs symbolisant le négoce et le voyage rappellent la vocation première du bâtiment. Il est occupé depuis 1955 par le Lycée Emile Jacqmain. Institut de sociologie (Bibliothèque Solvay) 1901: La bibliothèque fut inaugurée en 1902 lors de l’installation de l’Institut de Sociologie de l’ULB. Très bel exemple d’architecture éclectique due au talent des architectes bruxellois Constant Bosmans et Henri Van de Velde. Entre 1967 et 1981, elle hébergea les Editions de l’Université, puis fut laissée à l’abandon. Classée en 1988 puis restaurée avec beaucoup de soin, elle est aujourd’hui gérée par la Société de Développement Régional de Bruxelles et sert d’écrin à l’organisation de réceptions, de conférences, d’activités culturelles...
LE QUARTIER LEOPOLD ET LES INSTITUTIONS SOLVAY: Au départ, le quartier Léopold est destiné à accueillir les classes sociales aisées, l’objectif est de doter le nouveau quartier d’un grand nombre de monuments : place, églises, palais de l’industrie.... Après être resté longtemps stationnaire, le quartier a prit quelques accroissements vers 1847, avec l’élévation de la station du chemin de fer du Luxembourg (qui fut un puissant stimulant pour le quartier), le jardin zoologique et l’atelier du peintre Wiertz. Quelques-unes des habitations du quartier sont d’une élégance peu commune, (l’hôtel bâti au coin de la rue des arts pour M. Meeus-Brion qui n’existe plus aujourd’hui).
Illustration de la Cité scientifique du Parc Léopold au XX ème siècle, De gauche à droite l’institut de physiologie, l’école de commerce et l’institut de sociologie. Source : https://www.solvay.be/fr/solvay-in/history/index.html
L’édification en plein cœur de la cité scientifique du parc Léopold des instituts de physiologie, de sociologie ainsi que l’école de commerce, témoigne de l’ambition démesurée d’Ernest Solvay et de l’accomplissement de celle-ci, en prônant à travers ces projets une science qui se veut de plus en plus moderne. La cohésion étroite recherchée par Solvay pour les deux instituts édifiés au parc Léopold s’éclaire par leur voisinage « parce que la physiologie est la première des sciences sociales, parce que les lois de la société doivent répondre aux besoins de la réaction vivante que la physiologie nous révèle... ». Solvay ,L’homme la découverte l’entreprise industrielle, page 143 C’est dans ces instituts que se tiendront tous les 3 ans les fameux « Conseils Solvay » : pendant une semaine, un Conseil d’une vingtaine de spécialistes discute un problème d’actualité soigneusement préparé par d’éminents rapporteurs. La première édition de 1911 réunira 11 prix Nobel parmi lesquels figurent notamment Marie Curie et Albert Einstein. « Le parc Léopold....... lieu de contemplation par les promeneurs, il est aussi un foyer d’activités intellectuelles vivaces du fait de la présence de la bibliothèque Solvay, restaurée en 1994, de l’institut royale des sciences naturelles ou du lycee Émile Jacqmain » source: Le comité économique et social dans le quartier Léopold et le quartier européen, page 34.
Rue Belliard 137-137A, ancien Institut de Sociologie (Bibliothèque Solvay) (Collection Dexia Banque – ARB-RBC). Sources : www.irismonument.be
4-La brasserie Léopold La brasserie Saint-Hubert, ancêtre de la brasserie Léopold se trouvait à l’origine à front d’un des étangs d’Ixelles (maintenant disparu), à l’emplacement actuel du Victory House, entre les rues des Cygnes et Malibran. Elle appartenait à la famille Rijckaert aux XVIIe et XVIIIe siècles et passa en 1781 entre les mains de Jean-Baptiste Van Amelrijck, agent municipal à Ixelles sous la révolution. Ce dernier n’eut aucun fils et transmis la brasserie à sa fille et son gendre, Guillaume Keymolen. A leur tour, ils transmirent l’entreprise à leur fille et leur gendre, Joseph Damiens. Elle restera dans la famille Damiens jusqu’à la première Guerre Mondiale. En 1860, suite à l’assèchement du grand étang d’Ixelles et à l’accroissement des activités de la brasserie, celle-ci est contrainte de déménager et va alors s’implanter rue Vautier, en face de la gare du Luxembourg. A coté se trouvait le parc Léopold alors complètement négligé. Ce nouvel emplacement s’est avéré très avantageux : l’air y est pur, à quelques minutes de la Grand Place et en lien direct avec la gare du Luxembourg qui permettait de desservir tout le pays. En 1880, Joseph Damiens décide de renommer la brasserie « brasserie Léopold » en l’honneur du premier roi des belges. Joseph Damiens décède en 1884 et c’est alors son fils de 17 ans, Georges qui va reprendre la gestion. Malgré son jeune âge, c’est sous sa direction que la brasserie Léopold va connaître une croissance sans précédent. En raison de l’évolution des goûts en matière de bière, la brasserie doit faire place à de nouvelles installations pour le brassage des bières à basse fermentation. En avril 1888, la première livraison de bière «Bock» quitte la brasserie. Une liaison ferroviaire reliait directement la brasserie à la gare du Luxembourg. La demande croissante pour les nouvelles bières nécessite la construction de nouveaux bâtiments. On construit une nouvelle salle de brassage qui jusqu’en 1930 produira près de 176 000 hl. Georges Damiens a deux fils, Edmond et Pierre avec lesquels il gère l’entreprise. En 1913, l’entreprise familiale est convertie en une société à responsabilité limitée. La brasserie connaît des moments difficiles lors de la première Guerre Mondiale où elle voit sa production diminuer de moitié. En effet, les allemands perquisitionnent le cuivre et les autres métaux ainsi que les chevaux destinés au transport. Il faut attendre 1920 pour retrouver une production comparable à celle de 1913. A partir de là, la brasserie va progressivement étendre ses installations en direction de la rue Wiertz et du parc Léopold jusqu’en 1945.
Déjà à partir des années 20, la brasserie Léopold ambitionne de racheter les petites brasseries qui ne disposent pas de ressources suffisantes pour passer à la production de bière à basse fermentation. Mais il faudra attendre les années 50 pour qu’elle atteigne son apogée en rachetant la brasserie « Lootvoet » à Overisje ainsi que la brasserie « De Lac » à Bruges. La brasserie Léopold sera même présente à l’expo 58 où elle dispose d’un café « la Nouvelle Brasserie de la Couronne » dans le village « Belgique 1900 ». L’entreprise va continuer d’évoluer de manière favorable jusqu’en 1975, en parvenant à augmenter chaque année son chiffre d’affaire. Cependant, avec le début de la crise économique ainsi qu’une concurrence de plus en plus féroce, la brasserie commence à éprouver des difficultés. En effet, la bière Léopold en tonneaux connaît toujours un certain succès mais la vente en bouteille régresse fortement : le groupe Artois interdit à la brasserie Léopold de vendre ses bouteilles de bière dans les supermarchés. De plus, certains contrats signés à l’étranger arrivent à leurs termes et ne sont pas reconduits. L’ensemble de ces difficultés qui mettent en péril la brasserie pousse l’entreprise à faire appel au grand groupe Heineken qui la revend au groupe Artois en 1976. À sa fermeture en 1981, la brasserie est la dernière encore opérationnelle sur le territoire de Bruxelles et compte encore 150 employés. En 1986, la brasserie Léopold et une série de maisons environnantes sont rachetées par des promoteurs immobiliers en vue d’être rasées pour la future construction du parlement européen.
Brasserie Léopold, 1931.
Brasserie Léopold et gare du Luxembourg, 1970.
Brasserie Léopold avant 1914, rue Wiertz. Façade arrière, 1987.
Vue brasserie Léopold, 1987 _ 1 office des propriétaires, 2 gare luxembourg, 3 rue wiertz, 4 ch. De Wavre, 5 rue Vautier, 6 brasserie Leopold.
Entrée principale, 1987
Salle de brassage, 1957 (mettre en annexe)
La brasserie Léopold à l’Expo 58.(mettre en annexe aussi je pense)
ORTHOPHOTOPLANS : 1930-35 / 2015
1944 / 2015 :
1953 / 2015 :
1971 / 2015 :
1996 / 2015 :
5-LA DISPPARITION DE QUELQUES HOTELS PARTICULIERS A l’Indépendance, la ville de Bruxelles se révèle trop petite et inconfortable pour accueillir les fonctions du nouvel Etat, les résidences des diplomates, les hommes d’affaires, les grands bourgeois et les hauts fonctionnaires. Ces nantis devaient donc trouver le lieu le plus adapté à leur nouvelle installation. La demande d’un nouveau quartier possède donc, dès l’origine, une dimension commerciale. Le centre-ville est bruyant, surpeuplé, vétuste et populaire. Quant à la rive gauche de la Senne, elle est peu accueillante. Les remparts n’y sont pas nivelés, les usines et ateliers sont proches des zones d’habitations, l’air y est réputé malsain et la rivière menace de débordements. Alors que l’est de la ville, proche des lieux de décisions et de pouvoir (parlement, ministères, palais royal) et apportant quiétude (parc Léopold) semble tout à fait convenir à un grand projet d’embellissement de la ville. De plus, les remparts y ont déjà été démantelés, ce qui n’est pas encore le cas partout, et ce lieu est le prolongement logique du quartier aristocratique du XVIIIe siècle. On prévoit d’ailleurs d’y construire : un palais de justice, un palais royal, un hippodrome, un cirque, un marché, une caserne… Mais seuls l’église, le concert noble et un zoo (éphémère) y virent le jour. C’est ainsi qu’en avril 1847, un rapport sur la situation financière de la ville décompte, dans ce quartier le plus riche et le plus en vogue de Bruxelles, 115 hôtels particuliers, dont 42 avec porte cochère.
Maisons bourgeoises et hôtels particuliers :
Rue Charles Quint 11, maison modeste conçue vers 1892 (photo 2007).
Avenue Michel-Ange Avenue de la Brabançonne 7, maison bourgeoise 29, hôtel particulier conçu en conçue en 1897 par l’ar- 1899 par l’architecte Édouard chitecte Arthur VERHELLE. ELLe. © V. Brunetta & M. Eberlin,
La plupart des hôtels particuliers se distinguent par la présence d’écuries ou de remises. Toutefois, les dépendances en fond de parcelle accessibles via un passage cocher intégré à l’hôtel. Les hôtels sont en effet plus fréquemment situés sur une parcelle traversant l’îlot jusqu’à une rue secondaire, à front de laquelle est bâtie la dépendance. Ce sont principalement les rues des Éburons et Boduognat qui jouent ce rôle de coulisse, pour le square Marie- Louise et l’avenue Palmerston. (Voir plan ci-dessous)
Square Marie Louise 66, plan de la parcelle s’étendant jusqu’à la rue Boduognat, où est bâtie l’écurie dépendant de l’habitation, toutes deux conçues en 1893
Les hôtels particuliers s’implantent également aux angles des artères ; ils sont alors suivis d’une cour puis de dépendances le long de la rue latérale. Un bel exemple, démoli, est le n° 9 du square Ambiorix, conçu par l’architecte Henri VAN MASSENHOVE pour la veuve d’un général, à l’angle de la rue de Pavie. Au fil du temps, les écuries des rues secondaires ont été converties en garage, puis transformées en logement ou remplacées par des immeubles à appartements. Il est d’ailleurs intéressant de noter que les hôtels de maître conçus dans les premières années du XX siècle sont pourvus d’une « remise pour automobile», intégrée le plus souvent au rez-de-chaussée de l’habitation. C’est notamment le cas d’une demeure Beaux-Arts de 1912 au boulevard Charlemagne.
Square Ambiorix 9 et rue de Pavie 1, hôtel particulier aujourd’hui démoli, conçu en 1901 par l’architecte Henri VAN MASSENHOVE pour la veuve du Général Sterckx. Album de la Maison Moderne, série III, [1908], pl. XI.
Ilot résidentiel cerné par les rues Belliard, de l’Industrie, Montoyer et de la Science.
L’ilot est bâti selon un idéal de mixité sociale, comme démonstration de la coexistance possible de l’hotel de maitre avec la maison plus modeste. Cet idéal de mixité sociale est un facteur d’unification ; il unit grande et petite bourgeoisie. On remarque ici une succession de maisons de maitres et d’hôtels particuliers. Chacun de ces hôtels se caractérise par une porte cochère donnant accès à un hall carrossable ? Sur soubassement de pierre, les baies du RDC sont séparées par des trumeaux à bossages. L’étage noble quant à lui est orné d’un balcon à balustres de pierre qui englobe les 3 fenêtres centrales. Celles ci, tout comme celles du deuxième étage, sont rehaussées d’un chambranle à crossettes. A gauche comme à droite, s’élèvent des habitations d’apparence plus modeste. Leur largeur mitoyenne peu importante (6 mètres) et le traitement architectural moins riche de leur façade tendent à le prouver. En effet ces 4 constructions sont discrètement garnies d’un enduit blanc sur toute leur hauteur. Le rezde-chaussée subit la même loi et ne présente donc pas de soubassement de pierre ou de briques enduites faisant saillie. Enfin, à chacun des coins que forme la rue Belliard avec la rue de l’Industrie et la rue de la Science, une maison de maitre achève la rangée d’édifice décrits ci dessus. Ces édifices se caractérisent par les mêmes signes extérieurs que les hôtels centraux : soubassement de pierre et rez-de-chaussée richement travaillés, étage orné d’un balcon, fenêtres encadrées de chambranles dont le profil ressort du plan de la façade, bandeau séparant systématiquement chacun des étages.
La construction d’une prolifération d’annexes en fond de cour et de gigantesques immeubles à appartements à chaque coin de l’ilot, a démantelé la rigueur cadastrale de 1840, mais certains bâtiments originaux ont subsisté malgré tout. Rue Belliard, les deux hôtels sont toujours présents, bien que l’hôtel à gauche a été surélevé de deux étages, on devine qu’à l’origine ils étaient semblables.
Demeures et ateliers d’architectes et d’artistes. L’une des richesses du quartier réside dans la présence de nombreuses habitations personnelles d’architectes, qui rivalisent d’originalité. Si plusieurs d’entre eux osent le style Art nouveau (voir infra), d’autres optent pour un éclectisme aux accents classiques, tel Jean-Joseph CALUWAERS, empreint de Renaissance flamande ou teinté de néogothique, comme Arthur VERHELLE et Antoine AULBUR.
6- PENSIONNAT DE BERLAYMONT INTRODUCTION Le Couvent et le pensionnat de Berlaymont sont fondés en 1625. Ils sont dirigés par les soeurs, les « dames du Berlaymont », guidées par l’évêché de Malines, qu’elles considéraient comme leur maître supérieur. De manière générale, les soeurs contactaient l’évêché de Malines -comme en témoignent de nombreuses lettres- afin de demander des autorisations ou des requêtes pour l’organisation de la vie du couvent ou encore celle du pensionnat. En effet les deux étaient intimement liés et fonctionnaient en parallèle, dans un même cadre, et dirigés par de mêmes supérieurs. Ainsi, il est possible de consulter les échanges de contacts entre les Dames du Berlaymont et l’évêché de Malines aux archives de la ville. Ceci nous a permis de trouver des lettres informatives sur des événements présents à l’internat, notamment sur des réformes dans les programmes ou dans les effectifs, des informations sur les visites possibles ou sur le nombre d’étudiantes. Durant le 19ème et le 20ème siècle, le pensionnat de Berlaymont était une communauté qui accueillait des jeunes demoiselles issues de la bourgeoisie. On leur enseignait une éducation ainsi que des enseignements de base tels que la religion, la lecture, l’écriture, l’arithmétique, ou les ouvrages des mains. L’ambition de cette institution était d’apprendre à ces jeunes filles tout ce dont elles pourraient avoir besoin plus tard, afin de devenir des servantes, des filles de boutiques ou des costumières chez des particuliers. Ainsi, au fils des années, l’internat du Berlaymont a fait sa réputation, et s’est inscrit à Bruxelles comme un lieu d’enseignement respectable, avec des retours très positifs de la part des employeurs. En 1827, cinquante jeunes filles profitaient de l’éducation soignée du Berlaymont, mais certaines années ont été encore plus fréquentées, allant jusqu’à une centaine de pensionnaires. Parallèlement à l’internat, une deuxième école accueillait gratuitement des jeunes filles qui étaient issues d’un milieu pauvre pour des classes journalières. Ainsi, les deux enseignements étaient fournis comme tout autre établissement d’instruction publique à Bruxelles, soumis à la surveillance des autorités civiles.
DEROULEMENT HISTORIQUE Le pensionnat de Berlaymont doit sa création à Marguerite de Lalaing et à son époux, le compte Florent de Berlaymont qui se disait « navré et toute marrye de voir l’éducation des jeunes damoyselles en sy fascheux estat ». C’est grâce à sa rencontre avec Madame de Duras, et avec l’appui et la faveur de l’Archiduchesse Isabelle, Infante d’Espagne, que le projet pourra se réaliser en 1625. Son but est de créer une école ouverte aux jeunes filles pour en faire « de vraies chrétiennes ». Les temps deviennent de plus en plus difficiles pour les ordres religieux contemplatifs sous les gouvernements autrichiens et français : lors de la Révolution Française, le cloître est saisi, vendu et détruit. Les Dames de Berlaymont sont contraintes à l’exil en 1794. Ainsi, les religieuses et l’écoles déménagent et s’installent près de la Montagne de la Cour. Un peu plus tard, le couvent et son pensionnat sont de nouveaux menacés de fermeture. Les dernières soeurs quittent le monastère le 31 mai 1798. Quelques mois plus tard, la propriété est mise en vente. A chaque menace d’expulsion, les religieuses même dispersées, restent soudées. Leur première préoccupation est de rouvrir le pensionnat. L’internat survit grâce à quelques élèves à la maison de la Folie, rue aux Laines, puis dans l’ancien hôtel du prince de Gavre, rue des Trois-Têtes. En 1802, les religieuses vont les rejoindre dans la maison voisine. Puis en 1808, elles s’installent dans le quartier des Minimes entre les rues de l’Etoile, du Manège et de l’Arbre Bénit. Leur voisin, Le prince de Mérode, leur cède une partie de son vaste jardin pour faciliter la construction du nouveau pensionnat.
1/ Le pensionnat de Berlaymont côté jardin en 1901, issu de kingdom, http://www.kingdom.report/, consulté le 5 janvier 2018.
Dans une lettre du 19 octobre 1836 adressée à Madame la Srévôte, la soeur supérieurede Berlaymont fait une requête demandant à ce que les mères des pensionnaires puissent entrer dans les jardins et dans les classes de l’internat afin de ne pas rompre le contact familial de façon stricte. La demande concerne également l’autorisation à changer la récitation de l’office en celle du «Bolaire» lorsque leurs venues sont programmées. Des séances musicales et littéraires étaient également organisées au pensionnat, environ cinq fois par an, où les élèves jouaient de petites pièces. Lors de ces événements importants, la confrérie des Rois était évidemment conviée aux représentations, ainsi que les mères, les soeurs et les amies des jeunes étudiantes. Des sorties «scolaires» avaient également régulièrement lieu, comme par exemple en août 1830 où les enfants du pensionnat ont rendu visite à l’archevêché de Malines. Lors de cette balade, un groupe de Jécistes et de Croisées ont assisté à un congrès eucharistique dans la ville de Malines afin de renforcer l’action catholique du pensionnat. Ces sorties étaient bienvenues et considérées avec enthousiasme par les pensionnaires qui n’avaient pas souvent l’occasion de quitter le site, rue de la Loi. A partir de 1855, le couvent de Berlaymont a un nouveau projet : celui d’une maison de campagne. L’idée est de louer ou d’acheter une maison avec jardin à proximité de Bruxelles Ville, afin de servir de promenade aux pensionnaires et religieuses infirmes.C’est un lieu dédié à la santé afin de faire jouir l’air de la campagne. En réponse à la proposition des Dames de Berlaymont, Mme le Grévote dit “ A votre place, je ne m’établirais pas [...], mais sur les hauteurs entre Schaerbeek et Evere, au centre du quartier Léopold et Woluwe Saint- Lambert, un hectare de terre, je l’entourerais de murs et j’y bâtirais une maison simple et adaptée à l’usage que vous voulez en faire.” (Dossier Berlaymont, Archives Diocésaines, Malines.) Un règlement, consultable aux archives diocésaines à Malines, a été édifié pour cette dépendance.
2/ Vue partielle de la façade arrière du pensionnat, issu de http://www.berlaymont.be/, consulté le 5 janvier 2018.
Entre autre, nous pouvons y voir que les religieuses et pensionnaires doivent s’y conduire en voiture fermée et que ces dernières ne peuvent s’y rendre seulement qu’avec l’accompagnement d’une personne de confiance. Les élèves suivront autant que possible le règlement de la maison de Bruxelles et ne peuvent ni sortir de l’enclos, ni faire de visites. Cette maison de campagne deviendra en 1864, leur maison mère. Un problème majeur au niveau du fonctionnement a marqué l’internat dans les années 1930. En effet, d’après une lettre de soeur Louise Bosquet, Supérieure de la communauté de Berlaymont, datant de 1926, le manque de religieuses formées à l’éducation des jeunes filles est problématique. Dans ce courrier, elle indique au Roi que seulement 14 religieuses gèrent toutes les pensionnaires et l’école des pauvres, entraînant une difficulté pour elles à tout superviser. De plus, leur manque de formation dans le domaine de l’éducation est un désavantage remarquable face à la professionnalisation des jeunes filles. Ainsi, cette lettre de plainte cite l’arrêté Royal du 12 juin 1800, spécifiant qu’elles peuvent être jusqu’à 24 religieuses pour la bonne éducation des jeunes filles, dont 4 étant novices. De cette manière, la soeur demande au Roi d’accepter plus de religieuses pour parfaire à l’éducation des jeunes filles, ainsi qu’aider celles déjà présentes, qui sont souvent très âgées (4 d’entre elles ont plus de 60 ans). En plein dans la Seconde Guerre mondiale, en 1941, l’internat compte 45 pensionnaires, une diminution due à la difficulté de ravitaillement.
3/ Élèves du Berlaymont jouant au tennis en pension? issu de http://www.berlaymont.be/, consulté le 5 janvier 2018.
Dès 1957, il y a une volonté de la part des supérieures de la communauté Berlaymont de faire un enseignement également pour un public de jeunes garçons ; chose malheureusement impossible sur le même site à cette époque. Une demande de création de section moyenne familiale est également soumise la même année, qui sera, elle, acceptée. Celle-ci consiste à élargir l’éventail de l’enseignement secondaire, qui était jusquelà réduit aux humanités Gréco-latines et au cycle inférieur des moines. Hors, par cette requête, le but est de répondre aux besoins des adolescents, insuffisamment douées ou trop faible de santé, d’acquérir une culture générale, moyennant un programme allégé par rapport à l’enseignement pratiqué jusque-là, cherchant à favoriser les études techniques plutôt que les études fortes. Cette demande a été manifestée par les parents, et suivie par la communauté de Berlaymont qui perdait chaque année beaucoup d’étudiantes à cause de la difficulté de l’enseignement, notamment dans les mathématiques. En effet, certaines étudiantes de 6ème primaire ne pouvaient pas rester au Berlaymont malgré leur souhait car leur niveau était estimé comme trop faible sans l’approbation d’une 6ème moyenne familiale. A la fin des années 50, la présence de cette vaste parcelle attire les promoteurs immobiliers privés. Le 8 décembre 1958, le gouvernement belge fait une offre de 2,38 millions d’euros avec en plus un échange de propriétés contre un terrain de 26 hectares dans le domaine d’Argenteuil à Waterloo. L’ensemble du complexe monastère et scolaire déménage, laissant l’Etat Belge acquéreur de la propriété, rue de la Loi, pour y construire le centre administratif de l’union européenne.
4/ Une salle de classe vers 1905, issu de http://www.berlaymont.be/, consulté le 5 janvier 2018.
Cette décision a été prise principalement par un besoin spirituel et financier. En effet,l’entretien du Bâtiment rue de la loi coûte trop cher, et ne permet donc pas de rajeunir certaines installations scolaires. Les architectes en charge du dossier sont le groupe Structures à Bruxelles. Dans l’enseignement à Argenteuil sont regroupés un jardin d’enfant, des classes primaires et secondaires et une école de ménage. Dans les années 70, l’enseignement a été modernisé. En effet, la mixité a été introduite aussi bien au niveau du centre scolaire que de l’internat. La direction a été cédée à une ASBL constituée de représentants de l’Archevêché, de religieuses, de professeurs, de parents, d’amis et d’anciennes élèves, et de membres de la direction. Aujourd’hui, le Centre scolaire accueille près de 500 élèves du primaire et 1000 élèves du secondaire, tandis que l’internat ne compte en moyenne que 75 internes.
5/ Salle d’étude du Berlaymont, issu de http://www.berlaymont.be/, consulté le 5 janvier 2018.
7- Le couvent Van Maerlant iNTRODUCTION Aujourd’hui, le couvent des Dames de l’adoration perpétuelle se situe rue Van Maerlant dans le quartier Léopold, toutefois cela n’a pas toujours été le cas. Elle est passée d’une simple chapelle aux instances de la communauté européenne.
ORIGINE En 1455, une chapelle est bâtie rue des sols près du Mont des arts (quartier Terarken). Elle est construite par Gilles Van den Berghe avec les autorisations du Pape Eugène IV. Plus tard, le bâtisseur construit un hôtel de maître accolé à la chapelle. Celui-ci est vendu par les descendants du constructeur au prince Henin-Liétard dont la petite fille épouse le comte Salazar, ce qui donnera le surnom de « Saint-Lazaire » à la chapelle. En 1735, la chapelle est rénovée en style néo-classique. La baronne d’Hoogvorst rachète la chapelle Saint-Lazaire et l’hôtel particulier en 1847. Elle y place l’ordre des Dames de l’Adoration Perpétuelle fondé par Anna de Meeûs. Et c’est en 1858 que la baronne y rajoute une église en briques rouges de style « néo-ogival » . A Bruxelles, en 1908, les grands travaux pour construire la jonction nord-midi commencent, ce qui a comme conséquence la destruction de l’ilot entre la rue des sols et la rue Ravenstein où se trouvent l’église, l’hôtel des maîtres et la chapelle des Dames de l’Adoration perpétuelle. L’expropriation de l’ordre les amène à créer une réplique de l’église en briques rouges et de la chapelle Saint-Lazaire, à côté d’un nouveau couvent dans la vallée du Maelbeek.
Photos issues du site internet : http://bruxellesanecdotique.skynetblogs.be/ archive/2011/03/25/chapelle-salazar.html
A Bruxelles, en 1908, les grands travaux pour construire la jonction nord-midi commencent, ce qui a comme conséquence la destruction de l’ilot entre la rue des sols et la rue Ravenstein où se trouvent l’église, l’hôtel des maîtres et la chapelle des Dames de l’Adoration perpétuelle. L’expropriation de l’ordre les amène à créer une réplique de l’église en briques rouges et de la chapelle Saint-Lazaire, à côté d’un nouveau couvent dans la vallée du Maelbeek. Suite aux deux grandes guerres, les travaux de la jonction nord-midi sont temporairement arrêtés. L’ancien bâtiment des sœurs devient alors un auditoire pour l’université libre de Bruxelles en 1923. La finalisation du chantier reprend après la deuxième guerre mondiale. La chapelle et l’hôtel de maître ne sont totalement détruits qu’en 1955. Il existe donc deux chapelles identiques à Bruxelles pendant près de 50 ans.
Plan et photo du site : http://www. reflexcity.net/bruxelles/communes/villede-bruxelles/quartiers/quartier-royal/ rue-des-sols/chapelle-saint-lazare
Les sœurs, de moins en moins nombreuses, ne sont plus capables de s’occuper du couvent et déménagent en 1974 dans un lieu plus adapté. Les bâtiments vivent à partir de cette date une sombre période durant laquelle ils sont abandonnés, des messes noires y sont célébrées et l’intérieur subit de nombreuses dégradations. Jusqu’en 1989 où le CFE rachète le complexe dans l’intention de simplement garder la chapelle et de détruire le reste pour y créer des bureaux. Cependant l’administration bruxelloise les oblige à garder la totalité des façades et le volume du couvent existant. En 1993, ils font appel au groupe d’architecte AA pour réaliser la reconversion du couvent. La reconversion/restauration débute en 1994 et s’étend jusqu’en 1999. C’est en 2000 que les bureaux sont occupés par la commission européenne, qui y installe une bibliothèque deux ans plus tard.
Photo aérienne 2015 ET 1996 avant et après rénovation du couvent issue du site Bruciel
RECONVERSION DU COUVENT
LES DAMES DE L ADORATION PERPETUELLE Anna-Marie-Pauline de Meeûs (1823-1904) fonde le petit institut (qui deviendra de droit pontifical en 1872) des Dames de l’Adoration perpétuelle du Très Saint-Sacrement avec son amie Léopoldine de Robiano. Tout commence en 1843, lorsque Anna de Meeûs, alors âgée de vingt ans, visite la sacristie de l’église d’Ohain, elle est frappée par son état déplorable et trouve sa vocation. Elle imagine une association qui maintienne la foi par l’adoration. L’association s’installe à Bruxelles mais aussi à Gand, Anvers, Bruges, Namur, Tournai et Mons (et même en dehors de la Belgique, en Europe, en Asie, en Australie ou encore aux Etats-Unis où elle porte le nom de Tabernacle Society). En 1857, elle s’installe rue des sols, dans l’ancien hôtel Salazar (seules quelques religieuses et novices) mais sera transférée rue Van Maerlant à cause des travaux de la jonction nord-midi.
Depuis 1989, un projet de reconversion est pensé pour le couvent abandonné mais ce n’est qu’en 1994 que les travaux de reconversion débutent avec le groupe d’architectes AA.
Image issue du site : https://www.demeeus.org
Une des premières transformations est le rajout d’un volume dans la cour intérieure qui permet de la transformer en un atrium protégé d’une couverture de verre et d’acier. Un autre grand changement est la division en plusieurs étages de l’ancienne église du couvent. En effet, la bibliothèque se trouve au quatrième niveau qui se situe à quelques mètres du plafond de l’ancienne partie sacrée (le cœur). La charpente du toit de l’église est remplacée par un système de poutres et de tirants en acier. Ils permettent une extension de la bibliothèque sous les combles. Les ouvertures en arc brisé sont épousées par un châssis noir qui reprend la forme exacte de l’arc. Le seul élément qui est restauré dans l’état d’origine est la petite chapelle St-Lazaire, appelée aujourd’hui chapelle pour l’Europe ou chapelle de la résurrection, qui est accolée à l’ancien volume de l’église. Elle est officiellement consacrée le 25 septembre 2001 par l’archevêque de Malines-Bruxelles, le cardinal Godfried Danneels.
Cette congrégation est particulière de par la très forte présence aristocratique, en effet la famille de Meeûs fait partie de la noblesse belge. Anna est la fille de Ferdinand de Meeûs, homme d’affaire et politique (premier gouverneur belge de la société générale), anobli en 1836 par le roi. Il est notamment à l’origine du quartier Léopold. Anna de Meeûs est également supérieure générale, « aux humeurs capricieuses qui se comportent parfois en véritable despote ». L’appellation Dames au lieu de sœurs est une prétention, cela démontre l’appartenance à « l’aristocratie conventuelle ». A partir de 1969, elles prennent le nom de Religieuses de l’Eucharistie. Les images suivantes sont tirées du site du bureau d’architecture AA (http://www.architectesassoc.be)
Les images suivantes sont tirÊes du site du bureau d’architecture AA (http://www.architectesassoc.be)
Prises de vues personnelles
Gravures obtenues à la bibliothèque centrale de La Communauté européenne
8- LA CONSTRUCTION DES IMMEUBLES DE BUREAUX rue de la loi et rue belliard UN QUARTIER HISTORIQUE ET RESIDENTIEL Le quartier nommé aujourd’hui le quartier européen ou le quartier Nord-Est était à ces débuts un quartier essentiellement résidentiel comptant des maisons bourgeoises, des hôtels particuliers, des demeures, des ate- liers d’architectes et d’artistes, des maisons ouvrières, des immeubles de rapport, des petites entreprises et des édifices publics et communautaires. En 1958 la commission européenne s’installe rue Belliard au numéro 51 et 53. Aujourd’hui la commission occupe à Bruxelles plus de 3 500 m2 de bureau. De grand enjeux se jouent et la commission implique d’ac- cueillir d’autres organismes ayant des intérêts financiers et aspirant à avoir des relations avec la commission comme des syndicats, des sociétés, des bureaux d’avocats,... Ce quartier a été ces 50 dernières années en per- pétuelle mutation mais pas toujours avec cohérence. Nous allons essayer de dégager les phénomènes urbanis- tique caractéristiques de la rue de la Loi et de la rue Belliard à l’aide d’exemples illustrés. Avant le projet d’extension Nord-Est le quartier était essentiellement habité par une population modeste, vivant dans de petites maisons ouvrières le plus souvent composées d’un seul étage. Une nouvelle orientation va être donnée au quartier par l’architecte Gédéon Bordiau qui dessinera un quartier destiné à la construction d’habitations unifamiliales. Son projet sera approuvé dés 18751 mais il faudra attendre les années 1900 pour que soit entièrement édifié le quartier à l’extrême Est. Il définit des artères larges et des parcelles relativement longues et étroites. Le quartier résidentiel et aéré va attirer différents profils; la bourgeoisie s’installe aux abords des square, la classe moyenne s’installe en périphérie du quartier, et on observe un phénomène par- ticulier; un certain nombre de propriétaires destinent leurs constructions à la location. Ces habitations sont similaires à l’intérieur, elles se démarquent cependant par leurs façades différentes. Fin du XIXe début XXe certains architectes marqueront le quartier par le grand nombre de constructions qu’ils laisseront, notam- ment Bogaers qui construit des maisons identiques dans un style néoclassique ou encore Henri Van Massen- hove qui laisse une soixantaine de constructions éclectiques et Edouard Elle qui, lui, laisse une cinquantaine d’édifications dans le quartier.
Les maisons bourgeoises présentent des plans-types, composés de trois pièces en enfilade et disposant de combles pour les domestiques. Les façades, comme dit précédemment, sont différentes mais sont habituel- lement ordonnées de deux ou trois travées, agrémentées d’un balcon ou d’une logette. Ce plan-type est plus marqué encore pour les hôtels particuliers qui sont cependant construits sur des parcelles plus grandes. De nombreux architectes élisent domicile dans le quartier, ce qui va amener une certaine émulation menant parfois jusqu’au style art nouveau et une cohabitation de différents styles. Parallèlement à ces deux phénomènes (maison bourgeoise et atelier d’architecte), le quartier va également attirer les investisseurs. Les immeubles de rapport sont construits sur des parcelles de tailles comparables aux maisons bourgeoise. Ces immeubles sont composés de quatre étages et d’un rez-de-chaussée commercial. Destinés à la location et au commerce, ils sont généralement situés sur des parcelles d’angle leur permettant de jouir d’une plus grande visibilité. L’exemple du numéro 72 rue Belliard illustre parfaitement ces phénomènes. En 1863 l’immeuble est construit sur une parcelle vide, par un architecte du quartier, M. GOVAERT, demeurant au 66 rue de la Loi, qui édifie un immeuble pour le compte de madame la vicomtesse De Beughem1. Le bâtiment présente une architecture néoclassique (annexe.1.) moins caractéristique du quartier Nord-Est mais tout de même fort représenté rue de la Loi et rue Belliard. Plan : immeuble construit en 1863 par l’architecte GOVAERT au 72 rue de la Loi. Immeuble présentant une façade de style néoclassique, avec un sous-bassement au rez-de-chaussée et deux travées marquant chacun des deux étages.
Le quartier comptait de nombreux débits de boissons destinés aux riverains et aux promeneurs. La prome- nade étant une activité sociale importante au XIXeme siècle et le quartier, doté de nombreux parcs et squares, était propice à ce type d’activité1. Le quartier étant principalement résidentielle et apprécié pour ses promenades, il y avait le long des rues de la Loi et Belliard, de nombreux débit de boisson et commerce. Encore au début du XXeme siècle des permis sont introduits pour ouvrir encore plus de commerce et de débits de boissons. Un exemple peut être cité au numéro 22 de la rue de la Loi, où est faite une demande en 1912 pour transfor- mer une écurie en magasin avec vitrine. Aujourd’hui ces rez-de-chaussée commerciaux n’existent plus.
Reproduction extraite de : AVB/TP 14162 (1912)
Quelques entreprise, ateliers et quelques rare bureaux s’implantent dans le quartier, contrairement à au- jourd’hui leur superficie étaient limitées et s’incéraient discrètement dans le tissu urbain de l’époque. Les ateliers et entrepôts étaient majoritairement liées à la construction (puisque le quartier était principalement résidentiel avec des bourgeois et des architectes liés à la construction). La discrétion de l’implantation de ces activités dans le tissu urbain s’explique par le fait qu’elles étaient le plus souvent implantés en intérieur d’îlot.
Reproduction extraite de : AVB/TP 7490 (1863)
MUTATIONS ARCHITECTURALES ET DEVELOPPEMENTS URBANISTIQUES Le quartier est complètement édifié fin des années 1910 et peu de transformations auront lieu jusque dans les années 1950. Les raisons en sont que les artères ont été définies en 1875, l’édification des immeubles a été entreprise juste après, il restera très peu de parcelles libres. L’analyse des permis d’urbanisme permet de constater qu’entre 1910 et 1920 certaines habitations font l’objet de rhabillage de façade et ce principalementen style Beaux-Arts. I l est aussi intéressant de remarquer qu’au début du XXe siècle l’avènement de l’automo- bile à un impact important sur l’urbanisme ; un grand nombre de permis sont introduits pour la construction d’annexes, pour la transformation d’écuries en garages ou encore pour la conversion de réz-de chaussées en garages. A cette même période, les nouvelles constructions sont directement dotées de remises à automobile. Par exemple nous pouvons citer les numéro 10 2 et 723 de la rue Belliard qui font une demande respective- ment en 1912 et 1928. Les demandes son dénommé comme suit « Transformer l’écurie en garage pour auto- mobile ».
construction d’un garage pour automobile au 10, rue Belliard en 1912 Reproduction extraite de : AVB/TP 73667
Durant l’entre-deux-guerres la bourgeoisie se déplace dans la nouvelle périphérie ce qui aura pour consé- quence la division des immeubles unifamiliaux en appartements. Sur les rares parcelles encore libres sont plus généralement construits des garages, des écuries et des dépôts mais plus rarement des maisons. Dans les années 50 le quartier connait une première vague de démolition pour construire des immeubles de 4 à 6 étages. La seconde vague de démolition commence au début des années 60 au moment où les institutions européennes élisent domicile autour du rond-point Schuman. Les immeubles de bureaux sont construits en masse, ils s’implantent principalement au Sud du quartier donc principalement sur la rue Belliard et la rue de la Loi. C’est le cas d’un immeuble construit à l’angle de la rue Belliard et de la rue du Commerce impliquant la destruction de 3 immeubles. la demande de permis a été introduite par une société immobilière privée qui re- vendra le projet avant qu’il ne soit terminé, ce qui laisse à penser que des sociétés «lobbyistes»tentent de tirer profit du visage futur du quartier»
Prise de vue actuelle depuis rue du commerce
L’évolution de l’immeuble situé au 66 rue de la Loi est intéressant car il regroupe plusieurs phénomènes carac- téristiques de l’évolutions des deux rues. En 1896 sur une parcelle libre est construit un immeuble de style Beaux-Arts.
L’analyse des permis d’urbanisme nous ont permis de constater que l’usage des immeubles avant la destruction était principalement de l’habitation aux étages et du commerce au réez de chaussé . Avant les années 50, cette configuration d’immeuble à destination mixte est la plus fréquente dans le quartier mais ce n’est pas systéma- tique car en 1955 il existait encore des maison unis-familiale.1 Le projet de complexe immobilier allait dans un sens très différents, puisqu’il s’agissait de construire un immeuble à destination exclusive de bureaux.
En 1951 l’immeuble subit des transformations de façade arrière et des transformations intérieures. Ces dernières dans le but de créer plus de logement afin d’obtenir un meilleur revenu locatif. Le propriétaire ajoute des lucarnes dans les combles pour pouvoir louer les chambres, il détruit la véranda pour en faire une pièce habitable et construction d’une annexe au deuxième entresol1. Quatre ans plus tard l’immeuble va faire partie d’un projet d’envergure comprenant les numéros ; 58 à 72 rue de la Loi, 2 à 6 rue de Spa, 67 à 41 rue Joseph II et les numéro 11 à 1 rue des deux églises, soit la moitié d’un bloc.
Liste de l’usage des immeubles avant la destruction était principalement de l’habitation aux étages et du com- merce au réz de chaussées
Reproduction extraite de : AVB/TP 14182 (1896
Cet énorme projet a été introduit par la compagnie d’assurance Les Pays-Bas en 1955, celui-ci n’a finalement pas été mené à terme mais certains immeubles ont tout de même été détruits. Finalement le projet de la com- pagnie d’assurances Les Pays-Bas fut de moins grande ampleur comprenant finalement les numéro 64 à 68 rue de la Loi et le numéro 47 de la rue Joseph II.
Reproduction extraite de : AVB/TP 62596 (1955)
Reproduction extraite de : AVB/TP 62596 (1955)
Reproduction extraite de : AVB/TP 62596 (1955)
Les permis d’urbanisme nous indiquent également que le ministère des travaux public ne s’opposait jamais aux projets s’ils étaient en accord avec l’art. 18 de l’arrêté royal du 2.12.1946 relatif à l’urbanisme;c’est à dire que les seuls éléments qui peuvent mettre en échec un permis de bâtir sont en rapport avec l’alignement des bâtiments. Il y a de nombreux autres exemples de démolitions comme l’immeuble situé au numéro 64 de la rue de la Loi démolit en 1947 pour construire un immeuble de 7 étages ou encore les immeubles au 39 à 41 de la rue de la Loi qui ont été démolit en 1961 pour laisser place à nouveau à un immeuble de 7 étages. le numéro 64 de la rue de la Loi démolit en 1947 Reproduction : AVB/ C-8138
Photo de la situation actuelle; vue sur les anciens bâtiments 39 à 41 de la rue de lalpi, l’on constate l’engorgement qui s’est mis en place dans ce quartier.
les immeubles 39 à 41 de la rue de la Loi avant leur démolition qui eut lieu en 1961. Reproduction extraite de : AVB/TP 72365 (1961)
Pour illustrer la seconde vague de démolition nous allons prendre plusieurs exemples Tout d’abord le Centre d’étude de l’énergie nucléaire, C.E.N. qui avait pour volonté de s’im- planter à côté de la commission européenne, Rue Belliard au numéro 23 à 33. La C.E.N. introduit en 1959 un permis d’urbanisme pour démolir cinq immeubles et reconstruire un complexe de 7 étages. Le 14 août 1959 le ministère des travaux publics autorise la démolition des cinq immeubles et mentionne qu’ils sont suscep- tibles d’agréer l’immeuble de sept étages. En 1960 s’entame un long processus de pour parler concernant les normes d’incendie et de sécurité mais le permis est délivré. En 1964 une nouvelle demande est introduite pour surélever l’immeuble de 2 étages supplémentaires, en recules et ajouter des places de parking pour 73 voiture en sous-sol. On comprend dès lors qu’un parking de 73 voiture ne suffira pas pour l’usage d’un im- meuble de bureau de 9 étages s’étalent sur la moitié d’un pâté de maison
Projet datant de 1959 pour démolir cinq immeubles situés du numéros 23 à 33 rue Belliard, afin de construire un complexe de 7 étages pour la C.E.N. Reproduction extraite de : AVB/TP 6984 (1959)
projet 1963, de surélévation de l’immeuble par deux étages en reculs. Reproduction extraite de : AVB/TP 75282 (1963)
projet du complexe de 7 étages pour les bureaux de la C.E.N à la place des cinq immeubles à démolir. Reproduction extraite de : AVB/ TP 6984 (1959)
Ensuite en 1955, rue de la Loi les numéros 141 et 143 ont été démolis pour à nouveau construire des im- meubles de bureaux. Les numéros 147 est annexé pour agrandir les bureaux en 19682 et construit beaucoup plus haut.
projet 1963, construction d’un parking souterrain de 73 places. Reproduction extraite de : AVB/TP 75282 (1963)
Aujourd’hui le dernier dossier concernant cet immeuble est dénommé AVB/TP92588 et n’est plus accessibles aux archives de la ville de Bruxelles en cause il est repassé au service urbanisme parce qu’il fait à nouveau l’objet d’une demande de permis.
Plan du projet comprenant les numéros 141 et 143 rue de la Loi en 1955 n’incluant pas encore le numéro 147. Reproduction extraite de : AVB/TP 64497 (1955)
Lors de la première vague de démolition de 1950 à 1960 on peut constater que certains immeubles sont démolis pour reconstruire des immeubles de 7 étages destiné à l’usage de bureaux. Mais lors de l’analyse approfondie des archives ont remarque qu’au fil de l’évolution les projets sont de plus en plus démesuré ; les demande de permis de démolition cible systématiquement des ensembles d’immeubles de sorte à les rempla- cer par des complexes de bureaux avec de grand parking. Il est également à noter que dans les autorisations du ministère des travaux publique il n’y a jamais aucun re- fus ni de débat concernant la démolition des immeubles ancien, les questions se portent sur certains éléments urbanistiques comme par exemple, la profondeur de l’immeuble, le recul de celui-ci etc.
DEVELOPPEMENT DES COMMUNAUTES EUROPEENES Nous avons pu voir que les grands changements urbanistiques apparaissent à partir des années 50, ces raisons ne sont évidemment pas étrangères à l’installation des institutions européenne à Bruxelles. Les institutions euro- péennes sont descendantes de la CECA, communauté du charbon et de l’acier, qui a été créée en 1951 par le traité de Paris, ses bureaux sont installés à Bruxelles, à Strasbourg et à Turin.
Photographie prise au moment de la démolition du numéro 147 de la rue de la Loi, en 1968. Reproduction : AVB/TP 82618 (1968)
Photographie du numéro 147 rue de la Loi qui permet de constater que l’immeuble est construit plus haut que le numéro 141 et 143 construit 13 ans plus tôt. Reproduction : AVB/TP 82618 (1968)
En 1957 est créée la CEE, communauté européenne de l’Energie atomique par le traité de Rome, son siège est d’abord situé au château de Val Duchesse à Auderghem, puis un an après déménage au centre de Bruxelles au 51-53 rue Belliard mais le nombre de fonctionnaires augmente vite et les différents services se voient dans l’obligation de se disperser dans différents immeubles. Pendant plus de trois ans il y aura des divergences entre les nations pour la localisation du siège des institutions, celles-ci amenant un grand nombre d’avantages financiers pour le pays qui les accueille. Les institutions sont situées dans quatre villes différentes à Francfort, Strasbourg, Luxembourg et Bruxelles. A Bruxelles en 1961, le secrétariat de la CECA fusionne avec celui de la CEE et l’Euratom et s’installe dans le Charlemagne, 170 rue de la Loi. Puis en 1971 les bureaux sont installé dans le Berlaymont à la jonction de la rue de la loi et du boulevard Charlemagne.
photographie du rond-point Schuman avant l’installation des institutions européenne en 1971. Reproduction : AVB/W-05739
Un accord définitif sur la localisation des institutions à Bruxelles est pris lors du conseil d’Edimbourg les 11 et 12 décembre 1992. A ce moment-là de nombreux organisme autres aux intitution s’installe au centre de Bruxelles comme les ONG, les lobbystes, les corps consultatifs et les groupes de presse. Aujourd’hui les fonctionnaires sont répartis au sein de différents bâtiments distribué de part et d’autre de la rue de la Loi, de la rue Belliard et d’autres rue allant jusqu’au Mont des Arts. Rue Belliard : N° 99-101 : Bâtiment Jacques Delors: bureau du comité économique et sociale européen et bureau du comité des régions N° 7, 28 et 100 : services administratifs de la commission N° 25-33 : siège de la loterie nationale de Belgique N° 41-43 : représentation permanente de la Lituanie auprès de l’Union Européenne N° 65 : bureau de la croix Rouge auprès de l’Union européenne N° 135 : le bâtiment Eastman accueillant des services administratifs du parlement européen te la Maison de l’Histoire européenne N° 137 bibliothèque Solvay N° 143 maison éclectique construite en 1907 par Paul PICQUET N° 159 : style BeauxArts N°161 : style éclectique d’inspiration renaissance flamande N° 199 : siège de Greenpeace European Unit
Rue de la Loi : N° 200 : Le Berlaymont: commission européenne N° 170 : Le Charlemagne: commission européenne N°175 : Le Juste Lips (justus lupus): conseil de l’Union européenne N°155 : résidence Palace: conseil européen et conseil de l’Union européenne N°145 : Le Lex Building: conseil de l’Union européenne
QUEL AVENIR POUR LE QUARTIER EUROPEEN ?
Depuis l’annonce d’un projet de quartier européen, les démolitions de petites constructions propres au quartier historique Léopold au profit de constructions d’immeubles de bureaux ont rythmé le paysage urbain avec pour conséquence une tendance vers une monofonctionnalité du quartier. En effet, le pourcentage de surface de bureaux a explosé en quelques décénnies au détriment du logement. Depuis 2001, la nécéssité de réintro- duire du logement fait partie des préoccupations majeures pour l’avenir du quartier. Cette idée énoncée dans le plan directeur de la Ministre Isabelle Durant sera poursuivie le 21 février 2003 par le Parlement régional bruxellois qui adopte une résolution concernant l’implantation des institutions européennes à Bruxelles visant la promotion de la réintroduction du logement dans ce quartier jugé monofonctionnel. Le plan médiateur de juillet 2005 reprendra les mêmes principes de mixité. En 2006, un accord tripartite sera conclu entre l’État fédéral, la Région et la Ville de Bruxelles, reconnaissant « qu’il convient de consolider la fonction résidentielle dans le quartier » avect pour objectifs la création de nouveaux espaces de logement par le biais de nouvelles constructions ou de travaux de rénovation afin de favoriser la mixité du quartier et l’établisse- ment progressif de la mixité de fonctions. L’idée étant que la diversité d’activités doive être stimulée afin que l’intégration du quartier européen dans la ville de Bruxelles et les communes voisines puisse être renforcée. C’est également l’avis d’une étude de 2007de Space Syntax sur la morphologie du quartier européen en région Bruxelloise qui juge le tissu spatial structurant du quartier comme lieu privilégié d’implantation de la mixité. Avec le shémas directeur de 2008 ayant pour priorité la réintroduction du logement et la diversité fonction- nelle, plus de 165.000 m² de nouveaux logements ont vu le jour dans le Quartier européen depuis 2008. Dans ce contexte, un projet du prommoteur Atenor voit le jour en 2011, surfant sur la volonté de construire du logement. situé à l’angle de la rue Belliard et de la rue de Trèves il porte le nom de «Trebel» et tend plutot à renforcer le caractère monofonctionnel du quartier par la part énorme de bureaux qu’il propose. Ce projet pose également question du fait qu’il implique la destruction d’un immeuble remarquable du postmodernisme construit seulement dans les années 80 et abritant le siège de la banque Bacob.
En effet, la demande de permis introduite par Atenor le 17 octobre 2011 a pour objet la démolition d’un immeuble de bureaux de 18.258 m² et la construction d’un nouvel immeublede 32.325 m² ainsi que l’aug- mentation du nombre d’emplacements de parking de 136 à 162. En revanche, le projet « Trebel » ne respecte pas les objectifs de création de logements du Schéma directeur, il renforce même plutot le caractère monofonctionnel par la mise à dispositon de tous ces bureaux. Il appa- raît donc curieux que ce type de projet ait été retenu et il serait légitime de se poser des questions concernent d’éventuels intérets privés dans le secteur public... Ce n’est d’ailleurs pas le seul projet controversé du prommoteur Atenor dans le quartier; En effet, actuelle- ment en construction, le projet THE ONE, Brussels Europa surfant sur l’idée de concentrer, sur un même périmètre, une mixité de fonctions porteuses de dynamisme et de convivialité. Le projet propose un ensemble mixte de bureaux, logements et commerces. Cependant, en ce penchant sur le projet, on constate que cette prétendue mixité n’est qu’une sorte d’alibi pour faire passer la construction d’une tour de s’élevant à plus de 110 mètres de haut, dans un quartier qui ne ce prête pas à ce type d’architecture. Concrètement, les fonctions se répartissent de la manière suivante: 93,8 % de bureaux, 3,7 % de logements, 2,5 % de commerces.
Situation ancienne, siège de la banque Bacob (© EUROPEAN UNION 2011 PE - EP)
Ce n’est d’ailleurs pas le seul projet controversé du prommoteur Atenor dans le quartier; En effet, actuelle- ment en construction, le projet THE ONE, Brussels Europa surfant sur l’idée de concentrer, sur un même périmètre, une mixité de fonctions porteuses de dynamisme et de convivialité. Le projet propose un ensemble mixte de bureaux, logements et commerces. Cependant, en ce penchant sur le projet, on constate que cette prétendue mixité n’est qu’une sorte d’alibi pour faire passer la construction d’une tour de s’élevant à plus de 110 mètres de haut, dans un quartier qui ne ce prête pas à ce type d’architecture. Concrètement, les fonctions se répartissent de la manière suivante: 93,8 % de bureaux, 3,7 % de logements, 2,5 % de commerces.
projet THE ONE, Brussels Europa, photo en construction
C’est dans ce contecxte controversé que des groupes comme ARAU font entendre leurs voix en s’opposant à de tels projets et en tentant d’influer sur les décisions des pouvoirs publics. L’Atelier de Recherche et d’Action urbaines, est une association créée en 1969 par différentes personnalités comme l’architecte et urbaniste Maurice Culot, le théologien et curé des Marolles, Jacques Van der Biest, le sociologue René Schoonbrodt et le juriste Philippe de Keyser. Son but est de faire en sorte que les enjeux urbains bruxellois soient traités par les pouvoirs publics de manière transparente et globale. Il s’est fortement opposé aux projets du prommoteur Atenor, fournissant des études assez précises pour appuyer son avis défavorable mais il apparait que les efforts aient été vains...
© Jaspers-Eyers & Partner pour ATENOR
CONCLUSION On a pu constater que si le tracé des rues n’a pas changé en 150 ans, le quartier lui a bien changé tant par son environnement visuel que par sa destination. Un des phénomènes directement observables est la lisibilité de l’espace urbain, sur la photo datant d’avant les grandes transformations, montrant la vue vers Schuman on arrive à voir l’arc de triomphe du cinquantenaire contrairement à actuellement (fig.7). Les raisons en sont qu’à l’époque l’architecture jouait un rôle fondamental à cette lisibilité par son homogénéité ; les immeubles ne dépassaient pas 3 étages, la présence des travées permettait de donner des lignes de fuites vers le lointain qui plaçait au centre de la vue l’arc de triomphe (fig.8). Aujourd’hui, la voirie a été surélevé et il n’y a plus de lisibilité architecturale et ce dû au fait qu’il n’y a plus de cohérence architecturale, certains immeubles sont en saillies par rapport à d’autre, ils ont différentes hauteurs et sont de différents styles.
En partant de l’analyse des permis de bâtir de manière chronologique, l’on a pu constater une évolution au niveau de la tendance constructive influencée par la création d’un quartier européen au sein du quartier Léo- pold. l’émergeance de bâtiments de plus en plus hauts va de pair avec l’installation d’entreprises qu’on pourrait qualifier de «lobbyistes» tirant profit de la future installation d’un quartier européen. D’ailleurs, on a pu voir dans quelques demandes de permis, des entreprises qui revendaient leur bien alors que le permis était en cours... En un temps record, le visage du quartier a complètement changé et ce dernier s’est «monofonction- nalisé» autour de l’activité «bureaux» et , bien que le poucentage de bureaux non occupés dans le quartier ne cesse d’augmenter suite à l’attrait pour le télétravail, les projets d’immeubles de bureaux ne cessent de voir le jour, prenant de plus en plus de hauteur et écrasant ce qui reste du quartier. De plus, on se rend compte que les acteurs principaux de ces transformations ne se sentent pas forcément concernés par le sort du quartier; les intérets financiers des promoteurs rencontrent les décisions des pou- voirs publics et l’on peut se demander si il y a connivence.... Pour terminer, la mise en place d’un quartier européen au sein du quartier Léopold a induit une certaine perte des repères historiques par la construction d’une architecture démonstratique, puisqu’elle se veut insti- tutionnelle...
Photographie montrant l’homogénéité architecturale qui permet de voir jusqu’à l’arc du cinquantenaire. Reproduction : AVB/C-27542
Photo de la vue actuelle à la même hauteur
Photo illustrant le contraste entre le quartier historique et ses transformations
SECONDE PARTIE 1- L’ autoroute urbaine dans le quartier européen 2- Les tunnels et la connexion à l’autoroute E40 3- Le rhabillage des façades de certains immeubles dans les années 90 et 2000
TROISIEME PARTIE 1- L’idée du projet de l’Union européenne 2- La polémique de l’emplacement du siège européen 3- Le bâtiment du Berlaymont 4- La transformation des rue Froissat et Godecharle - Bruxelles Requiem 5- La clinique du parc Léopold 6- Le parc Léopold : privatisation - contreprojet Muséé de l’Histoire de l’Europe 7- Le résidence Palace
1-L’EUROPE : DE LA CECA A L’EUROPE DES 28 PUIS DES 27 Dès le XVIIIe siècle, l’idée d’une Europe politique unie1 est amenée par le philosophe des Lumière allemand Emmanuel Kant. Au siècle suivant, le concept progresse et Victor Hugo propose la création des « Etats-Unis d’Europe.2 » Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, l’idée est reprise par Winston Churchill dans un discours prononcé le 19 septembre 1946. Ruinée par la guerre, l’Europe doit se reconstruire économiquement et politiquement, et le contexte est favorable à la création d’un projet Européen commun. La Belgique, de nombreuses fois pays tampon entre les deux nations historiquement rivales, la France et l’Allemagne mais aussi point de rencontre entre les grands axes de communication européens, tente d’assoir sa volonté de transformer sa capitale Bruxelles en métropole européenne.
1.La naissance du projet européen et des Communautés européennes (1948-1957) La création de la CECA (1951) Si différentes alliances comme l’Union de l’Europe Occidentale et l’OECE (Organisation Européenne de Coopération) furent portées en 1948, il faudra attendre 1950 pour voir fleurir une réelle coopération européenne. Robert Schuman propose le 9 mai 1950 la mise en commun des productions françaises et allemandes de charbon et d’acier : « L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera dans des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait. Le rassemblement des nations européennes exige que l’opposition séculaire de la France et de l’Allemagne soit éliminée. (…) La mise en commun des productions de charbon et d’acier assurera immédiatement l’établissement de bases communes de développement économique, première étape de la Fédération européenne, et changera le destin de ces régions longtemps vouées à la fabrication des armes de guerre dont elles ont été les constantes victimes. (…) Ainsi sera réalisée simplement et rapidement la fusion d’intérêts indispensable à l’établissement d’une communauté économique qui introduit le ferment d’une communauté plus large et plus profonde entre des pays longtemps opposés par des divisions sanglantes. »3
En 1951, six pays dont la Belgique signent le Traité de Paris instituant la création de la Communauté Economique du Charbon et de l’Acier. Toutefois, l’implantation du siège institutionnel de la CECA soulève de vifs débats quant à l’intérêt national qu’il représente pour les Etats-membres. Cinq villes sont alors proposées : La Haye, Luxembourg, Sarrebruck, Strasbourg et Liège. Le choix de Liège est alors préféré à Bruxelles par la Belgique de par sa position stratégique dans le bassin sidérurgique et charbonnier de l’Europe du Nord.4 N’arrivant pas à un accord entre les différents Etats, le siège de la CECA est divisé à titre provisoire en 1952 en deux communautés : l’une à Strasbourg, comprenant l’Assemblée parlementaire, l’autre à Luxembourg, comprenant la Haute autorité, la Cour de justice et la Cour des comptes.
La création de la CEE et de l’Euratom (1957) En 1957, les Six signent le Traité de Rome instituant la Communauté Economique Européenne, la CEE, et la Communauté européenne de l’énergie atomique, l’Euratom. Les débats sur l’implantation des sièges de ces deux nouvelles Communautés sont alors relancés en 1958, en vain. Ceux-ci sont alors provisoirement implantés à Bruxelles, qui met gracieusement à disposition des deux Commissions et Conseils des ministres 200 bureaux situés rue Belliard.5 Les sièges de la CECA, la CEE et l’Euratom sont alors divisés en trois communautés distinctes à Strasbourg, Luxembourg et Bruxelles, dont l’éloignement respectif dû aux intérêts nationaux de chacun mine progressivement l’intérêt des Communautés.
2.Bruxelles au coeur de l’Europe : avancées et limites du projet européen (1957-1992) La fusion des trois Communautés (1965) Dès 1962, le gouvernement belge renforce sa volonté de promouvoir Bruxelles comme capitale européenne en achetant le Monastère de filles de Berlaymont ainsi qu’une dizaine de maisons aux soeurs afin d’y regrouper l’ensemble des services administratifs des institutions européennes jusque là dispersés dans la ville.6 Le nouveau bâtiment permettra alors d’accueillir quelques 2700 fonctionnaires. En 1963, l’idée fédératrice d’un siège centralisé refait surface avec la nécessité de fusionner les institutions issues des trois Traités : la CECA, la CEE et l’Euratom. Afin d’appuyer la candidature de Bruxelles au sein de cet énième débat, la Belgique, consciente que le seul bâtiment du Berlaymont ne suffirait pas à accueillir l’ensemble des organes institutionnels, va débuter la construction du Charlemagne sur un site de 12 000 m2 situé rue de Charlemagne. Il faudra toutefois attendre 1965 pour que la fusion des trois Communautés soit effective et, malgré les réticences de la France et du Luxembourg, Bruxelles demeure la ville privilégiée pour la centralisation de ces nouvelles institutions européennes. Ainsi, la Commission, le Conseil des ministres ainsi que d’autres organes consultatifs sont implantés, toujours à titre provisoire, dès 1967 dans la capitale belge. A titre symbolique, Luxembourg conserve les réunions du Conseil trois mois par an et Strasbourg le siège du Parlement dont les services sont partagés entre les trois villes.
Le regroupement des institutions européennes autour du rond-point Schuman L’implantation côte à côte des bâtiments du Berlaymont et du Charlemagne et, plus tard, du Juste Lipse situé en face a induit un plan d’ensemble regroupant les institutions européennes de part et d’autres de la rue de la Loi, autour du rond-point Schuman (anciennement rond-point de la rue de la Loi). En 1966, Bruxelles est définie comme étant l’implantation officielle de la Commission et du Conseil des ministres pendant 9 mois de l’année, lui conférant ainsi une place prépondérante dans les activités de la Communauté. Afin de poursuivre sa politique volontariste, la Belgique met deux ans plus tard, en 1969, gracieusement à disposition du Conseil un terrain situé rue Stévin et y propose même d’y construire l’immeuble à ses frais.7 Dès la fin de l’année 1969, l’ensemble des services des Commissions se rassemblent donc autour du rond-point Schuman.
Le renforcement de Bruxelles face aux autres sièges
Des institutions européennes fragilisées par des élargissements successifs et la montée de l’euroscepticisme
En 1974, le Conseil des ministres accepte d’implanter un nouveau bâtiment au sud de la rue de la Loi. Dès 1981, le Parlement adopte la résolution Zagari qui définit l’abandon de Luxembourg comme siège provisoire au profit de la capitale belge, renforçant ainsi le cadre présent à Bruxelles et Strasbourg. En 1985, afin d’accueillir des groupes politiques plus important, le Parlement débute la construction d’un hémicycle à Bruxelles. Celui-ci visant à accueillir 600 députés est situé à proximité des bureaux se trouvant rue Beliard. En 1986, Bruxelles concentre 76% des services de la Commission, 88% des effectifs du Conseil et 11% du cadre du Parlement.8
Dès 1995, l’Europe ouvre ses portes à de nouveaux Etats-membres comme l’Autriche, la Finlande et la Suède. La même année, un nouveau bâtiment situé en face du Berlaymont, le Juste Lipse, est mis à disposition afin d’abriter les réunions du Conseil des ministres. En 2004 et 2007, les élargissements massifs donnent lieu à une réflexion urgente de la part de Bruxelles afin d’accueillir des institutions toujours plus importantes. Ainsi, en 2008, l’Atelier Christian de Portzamparc remporte un concours pour la définition d’une « skyline » propre à la rue de la Loi. Ce projet, plus connu sous le nom de Projet Urbain Loi (PUL) est le fruit d’une étroite collaboration entre la Ville de Bruxelles, la Région de Bruxelles-Capitale et la Commission Européenne. Toutefois, la crise de la fin de l’année 2008, la crise des migrants ou encore les attentats terroristes révèlent les faiblesses structurelles des institutions européennes à résoudre les problèmes. Celles-ci ouvrent alors la voie à la montée des nationalismes et populismes anti-européens. En 2017, le Royaume-Uni entame une procédure de retrait de l’Union Européenne et de l’Euratom, appelée Brexit, suite au référendum du 23 juin 2016 remporté à 51,89% en faveur des euros-sceptiques. Une telle procédure pose alors la question de la pérennité d’une économie européenne et d’un projet européen11, et par extension des différentes institutions européennes majeures implantées dans la capitale belge qui s’est démenée depuis les années 1950 à devenir la capitale de l’Europe
3.L’approfondissement des institutions européennes à Bruxelles depuis 1992 Le Traité de Maastricht et le Traité d’Edimbourg (1992) En 1992, le Traité de Maastricht propose la création de l’Union Européenne entre douze pays : l’Allemagne, la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg, les PaysBas, le Danemark, l’Irlande, le Royaume-Uni, la Grèce, l’Espagne et le Portugal. Celui-ci est composé de trois piliers : le premier repose sur une politique économique commune (amorcée dès 1965 par la fusion de la CECA, la CEE et l’Euratom) avec la création d’une monnaie commune, l’Euro. Le deuxième repose sur une politique étrangère commune (Politique Etrangère de Sécurité Commune ou PESC). Enfin, le troisième repose sur la coopération en terme de justice (Justices et Affaires Intérieures ou JAI). La fusion de ces trois piliers donne naissance à l’Union Européenne. Le Traité d’Edimbourg signé la même année institue officiellement Bruxelles comme siège des principales institutions de l’Union Européenne.9 Ce n’est qu’à partir de là que les institutions européennes sont dotées de la capacité à acquérir des biens immobiliers. 10
2-La polémique de l’emplacement du siège europeen Bataille de pouvoir. Les villes de Strasbourg et Bruxelles se disputent le parlement européen. Le siège du parlement européen se situe en France, à Strasbourg. Ce statut est scellé depuis 1992 par le compromis d’Edimbourg. Avant cette date, les institutions européennes étaient toutes installées provisoirement à Bruxelles autant qu’au Luxembourg et à Strasbourg. Cette dissémination remonte au traité de Paris instituant la communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) en 1951. Au terme de négociations, les alliés de la Belgique suggérèrent Bruxelles comme capitale européenne, néanmoins cette proposition fut refusée par le parlement national Belge, qui préférait la ville de Liège. Luxembourg fut désigné provisoirement, mais ne disposant pas d’infrastructures suffisantes, Strasbourg mit alors à disposition les locaux nécessaires. « Dans la confusion, je me souviens que Van Zeeland eut ce mot qui en dit long: “Il est tard, nous sommes tous fatigués, je vais donc vous parler franchement ...”. On avait suggéré Bruxelles, il s’y opposa : pour des raisons électorales, son mandat se limitait à Liège ... Paris ou ses environs, qui tentait certains, fut écarté par Schuman: Pfimlin, maire de Strasbourg, eût fait un malheur. Alors, on entendit la voix de Bech qui semblait jusque là somnoler “Je propose que le travail commence aussitôt à Luxembourg, cela nous donnera le temps de réfléchir à la suite.” Tout le monde fut soulagé, et c’est ainsi que la CECA eut son siège ‘précaire’ dans une petite ville qui est devenue un carrefour de l’Europe. La conférence se sépara après avoir décidé de quatre langues officielles. » (JeanMonnet, Mémoires. Paris: Fayard, 1976, p.433.)
En 1957, La communauté économique européenne fut créée, et à son tour le Luxembourg refusa de centraliser les activités du parlement. C’est donc à partir de 1958 que les deux commissions et conseils des ministres s’installèrent dans la capitale Belge. A la suite de cette décision Bruxelles alloua 200 bureaux, rue Belliard, aux activités des institutions européennes.
Aujourd’hui un compromis divise les activités dans les trois villes. Bruxelles accueille la commission européenne, le conseil des ministres et certains organes consultatifs, Luxembourg accueille la cour de justice et Strasbourg les séances plénières. Bruxelles tient donc une place prépondérante dans ce triple siège. Les discussions concernant le siège de l’union européenne sont encore aujourd’hui très vives. Strasbourg comme Bruxelles défendent leurs positions souhaitant chacun obtenir la direction. La bataille aux sessions plénières est donc engagée. Si Bruxelles mène aujourd’hui ce combat, le nombre de sessions tenues dans la capitale belge a drastiquement diminué ces deux dernières années souligne l’Echo. Les réserves foncières importantes de Strasbourg, et les travaux à venir des bâtiments du parlement bruxellois font pencher la balance encore un peu plus vers la ville française. Certains fonctionnaires du parlement voient plutôt une baisse généralisée de l’activité européenne, qui affecterait les deux parlements. Les arguments en faveur de Strasbourg soulignent le poids historique de la ville au sein de l’Europe, les coûts économiques et écologiques réduits d’une concentration des activités, ainsi que des promesses d’avenir concernant les infrastructures. Bruxelles avance quant à elle l’argument d’une plus grande connectivité, et souligne le coût important d’un éventuel déménagement des activités à Strasbourg.
3-LE BATIMENT DU BERLAYMONT CONTEXTE HISTORIQUE ET POLITIQUE
LE SITE
Après la seconde Guerre Mondiale, Bruxelles est passée du rang de capitale nationale à celui de centre politique et économique international, faisant passer à la fin du XXe siècle la surface totale de bureaux à une superficie de 6.275.000 m2, soit un quart du bâti total. La majeure partie de cette surface est réalisée dans le quartier Léopold. Suite à une croissance particulièrement rapide des administrations européennes, le gouvernement belge conclut à long terme des contrats de locations avec les promoteurs immobiliers pour relouer ensuite les immeubles aux institutions européennes à prix avantageux. Cette situation présentait des désavantages spatiaux et financiers, et le gouvernement proposa de construire un centre administratif prestigieux capable de réunir toutes les institutions européennes. Cette décision trahit le souci de consolider les chances pour Bruxelles de perdurer comme siège unique. En 1958, face aux réserves du président de la commission Européenne quant à la construction d’un nouveau centre administratif à Bruxelles, le gouvernement belge souhaite accélérer la procédure et décide, de sa propre initiative et à ses frais, de construire un « centre administratif Europe ». (1)
Bien que les autorités belges aient impliqué des représentants des institutions européennes dans les étapes préliminaires du processus de conception, elles choisissent de manière unilatérale le quartier Léopold comme site de construction, en ignorant les recommandations de la Ville de Bruxelles en faveur du plateau du Heysel. Ce choix part du principe que les instances européennes se rallieraient plus facilement à une stratégie de regroupement qu’à une relocalisation complète.
Lucien de Vestel est désigné pour concevoir ce Nouveau Centre administratif emblématique, assisté par Jean Gilson du groupe Alpha et les frères Polak, qui réaliseront entre autres le World Trade Center au quartier Nord et exécuteront la construction de l’Atomium à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1958. Lucien de Vestel, en bons termes avec le maitre de l’ouvrage (le ministère des travaux publics), est également familier du quartier Léopold et de ce type de mission après avoir achevé l’extension du Musée d’Histoire naturelle dans le parc Léopold, ainsi qu’un projet urbanistique dans les alentours de la gare du Luxembourg.
À la fin des années 1950, il n’y avait toutefois plus de place pour un programme d’une telle ampleur dans une zone aussi densément construite que le quartier Léopold. Le grand jardin de l’Institut des Dames de Berlaymont, dans la rue de la Loi, était le seul espace libre offrant une superficie adéquate, et occupé jusqu’alors par l’un des plus anciens et des plus prestigieux pensionnats de Bruxelles, fondé en 1625. L’ilôt complet, bien que compris entre la rue de la Loi, la rue Archimède, le boulevard Charlemagne et la rue Stevin, est relativement exigu pour accueillir 5000 fonctionnaires. La hauteur du bâtiment ne pouvant pas excéder les 50m de hauteur, rend la parcelle encore moins adaptée à un programme si colossal. (2)
CARACTERISTIQUES ARCHITECTURALES Le plan Le plan en étoile à quatre ailes inégales autour d’un noyau de circulation central rappelle l’immeuble de l’UNESCO, dont la construction venait de s’achever à Paris, et qui avait lui aussi été frappé par des restrictions de hauteur. D’importantes parties du programme du Berlaymont furent en conséquence installées en sous-sol : un parking d’une capacité de 1632 voiture, deux restaurants pouvant servir 2400 repas par jour et deux énormes volumes pouvant être compartimentés à l’aide de cloisons motorisées en plusieurs salles. La structure L’aspect le plus innovant du bâtiment Berlaymont est, sans conteste, son aspect structurel. Les douze plateaux sont en effet suspendus à des poutres Préflex en porte-à-faux, qui reposent à leur tour sur un noyau en béton en forme de croix, avec des bras asymétriques de 9 m de largeur et de longueur variable. Les espaces de bureaux sont situés entre ce noyau et les murs-rideaux ; le noyau central abrite les archives, les salles de réunion, les sanitaires et les cages d’ascenseur. (3)
Photo de la construction issue de https://theodoredalrymple.files.wordpress.com/2015/07/ screen-shot-2015-07-10-at-19-47-03.png
La poutre Préflex avait été imaginée par l’ingénieur belgo-polonais Abraham Lipski en 1950. Cette poutre consistait en un profilé d’acier précintré à haute limite d’élasitcité, dont la semelle tirée est bloquée par un béton de haute qualité. Grâce à sa résistance et à sa rigidité exploitant de manière optimale les propriétés de l’acier et du béton, elle permettait de grandes portées avec des hauteurs de construction minimales. La poutre Préflex fut appliquée dans toute une série de bâtiments remarquables de la Région bruxelloise, dont la tour du Midi. (4) Une précaution particulière fut apportée en matière de résistance au feu. En raison du système structurel de plateaux suspendus, tous les câbles et éléments de plancher en acier furent emballés dans l’amiante, comme il était d’usage à l’époque. Alors que cette attention sécuritaire fut saluée positivement par la presse spécialisée à l’époque, c’est précisément cet aspect qui allait conduire vingt ans plus tard à l’évacuation et au démantèlement du complexe. La proximité immédiate d’un grand nombre d’axes ferroviaires et routiers, des lignes de métro, constituent autant de sources de vibration et de bruit. Les salles de réunion souterraines furent donc conçues selon le principe du « box in box », visant à rendre l’espace intérieur structurellement indépendant de l’enveloppe extérieure. (5) Photo du bâtiment issue de https://www.pinterest.com/pin/434315957794997445/
POLEMIQUE Bien que le concept structurel autorisait une durée de construction théorique de 24 mois du fait que toutes les composantes de construction aux étages pouvaient être pré-fabriquées pendant la pose des fondations, la réalisation du complexe s’étala sur huit années (1962-1970). Toutefois l’épisode le plus sujet à polémique fut l’opération de désamiantage du bâtiment. En 1991, le bâtiment est évacué par les fonctionnaires européens pour permettre son désamiantage, et par la même occasion, organiser sa rénovation. La fin des travaux, prévue pour 1995, n’aura lieu qu’en 2004, entrainant des coûts faramineux assumés dans leur totalité par l’état belge. Pendant que le contribuable belge payait l’ardoise colossale du gouffre de ces travaux interminables, (parfois estimés à 45 milliards d’euros) les promoteurs louaient à prix d’or d’autres bureaux à la commission européenne. L’opacité du mauvais déroulement des travaux, sujets à de nombreux sabotages, et la confusion d’intérêts entre le privé et le public au sein même de la SA Berlaymont 2000 ont fait couler beaucoup d’encre dans la presse belge. (6)
Photo de la vue actuelle issue de https:// fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%A2timent_Berlaymont
4-LA TRANSFORMATION DES RUES FROISSART ET GODECHARLE - Bruxelles Requiem Transformations de la rue Froissart La rue Froissart est une rue rectiligne de la commune d’Etterbeek reliant la place Jourdan au rond-point Schuman en passant par les rues Belliard, Juste Lipse, et de la Tourelle. Elle hérite son nom d’un des plus grands chroniqueurs du Hainaut de l’époque médiéval, Jean Froissart. Le tracé de la rue est pris en compte dans le plan général d’alignement de 1867, elle est ouverte vers 1870 et dès 1882 fait partie du projet de «la grande voirie». Les premiers projets pour le réaménagement de la rue Froissart s’inscrivent dans une tendance de renouvellement urbanistique moderniste, inspirée par les projets à grande échelle. On voit alors apparaître un plan d’aménagement basé sur la stricte division des fonctions, avec la présence d’ilots d’habitations et d’espaces verts. La rue est alors bordée de manière homogène par des immeubles de 2 à 3 niveaux et au style néo-classique, mais aussi par des îlots d’habitations. À partir des années 50, on assiste à une forte transformation de la commune d’Etterbeek portée par l’implantation des institutions européennes et des services administratifs nationaux ce qui aura une influence importante sur la rue et la zone. Au début des années 70, la rue connaît de nombreuses transformations, cette homogénéité est interrompue par la construction du centre Borschette et de la clinique Parc Léopold en 1974. Le début des années 90 est marqué par la construction du bâtiment Justus Lipsus (1989-1995) à l’initiative du gouvernement belge, qui deviendra par la suite le siège du conseil européen. Ce complexe composé de plusieurs bâtiments va être à l’origine de la démolition de plusieurs îlots d’habitations. Aujourd’hui on remarque que la proximité des institutions européennes continue néanmoins de menacer aujourd’hui les zones d’habitations, ce qui emmènent les autorités communales ainsi que les nombreux comités locaux à collaborer de manière étroite afin de défendre et de préserver au maximum le caractère homogène et historique de la rue.
1953
1971
1996
Rue Froissart
2004
2012
2015
Documents dessinés personnellement en prenant pour source Bruciel
Espaces verts
Rue Froissart après son élargissement issue de https://urbanisme.irisnet.be/ pdf/morphogenese.pdf
Ilôt compris entre les rues Comines et la rue Froissart issue de https://urbanisme.irisnet.be/ pdf/morphogenese.pdf
1980-1988 :Travaux publics sur les rues Froissart, Belliard et la chaussée d’Etterbeek issue de http://www.quartier-europeen.eu/Des-interviews-des-habitants-du
Transformations de la rue Godecharle A la fin des années 1950, Bruxelles a été désignée comme étant le siège des Communautés européennes. Le changement de statut de Bruxelles en métropole européenne, a entraîné de nombreuses transformations urbaines notamment dans les communes d’Etterbeek et d’Ixelles où sera établi le Quartier européen. Ce travail tentera de comprendre les transformations de la rue Godecharle, située dans le quartier Léopold. Ce quartier fut la première extension de Bruxelles en dehors de ces murs, réalisée entre 1840 et 1870. Durant cette période, la ligne de chemin de fer reliant Bruxelles au Luxembourg a été mise en place. Ces travaux seront accompagnés de la construction de la gare du quartier Léopold (aujourd’hui connue sous le nom de la gare Bruxelles-Luxembourg) réalisé par l’architecte Gustave Saintenoy en 1854.
1971
2012
1996
2015
Les mutations du quartier Léopold seront de plus en plus intenses à partir des années 1970 avec l’apparition de nouvelles infrastructures aussi bien routières que de métro. Les transformations urbaines de la rue Godecharle seront à l’image de l’évolution de la construction du quartier européen au sein du quartier Léopold. En 1989, par décision de la Région de Bruxelles-Capitale, la gare Bruxelles-Luxembourg subira des travaux de désaffectation et autorisera également la construction d’une dalle visant à couvrir les voies de chemin de fer. Cette dalle sera également un socle qui accueillera la construction d’édifices attribués aux nouvelles institutions européennes. Cette décision sera le début d’une transformation radicale de la rue Godecharle (située à proximité des voies ferrées), et de l’îlot bordé par les rues d’Idalie, du Trône et de la chaussée de Wavre. Ces travaux vont transformer la morphologie de l’îlot avec la destruction de petites maisons bruxelloises dans les années 1990, situées rues du Trône et d’Idalie, afin de construire un ensemble de bâtiments assez importants par leurs dimensions, destinés à l’administration. Afin de mener à bien la construction de la dalle de la place de la Gare, l’ensemble du bâti situé entre la rue Godecharle et les voies ferrées ont dû être démolis. En 2002, un permis sera délivré pour la réalisation d’un hôtel et de nouveaux logements à la place de ceux démolis à l’angle des rues Godecharle et d’Idalie, à côté de l’entrée de la nouvelle gare de Bruxelles- Luxembourg.
Espaces verts
Dalle de la place de la gare Rue Godecharle Chemin de fer
2004 Documents dessinés personnellement en prenant pour source Bruciel
Bruxelles Requiem En 1993, André Dartevelle réalisera un documentaire intitulé Bruxelles Requiem, qui relate l’impact des constructions de nouvelles institutions européennes sur la vie du quartier Léopold. A travers celui-ci, on découvre le vécu de ces transformations par les derniers habitants des rues Godecharle, Wiertz et Trier. Les personnes interviewées sont le sculpteur Francis Tondeur, les chorégraphes Michèle Noiret et Bud Blumenthal et un garagiste de la 2 CV. Ces artistes et artisans qui vivaient dans ces rues, participaient à l’identité du quartier Léopold, une identité perdue avec les décombres de leurs ateliers détruits au profit de bureaux administratifs destinés à une nouvelle communauté de travailleurs venus de toute l’Europe. Dartevelle a su saisir l’impuissance de ces habitants face à la création de ces institutions européennes qui ont engendré la destruction de leurs lieux de vie, de travail et des moments vécus dans ce quartier. Ce documentaire, via ces témoignages, a été l’occasion de relancer un débat sur le coût de ces transformations, sacrifiant le droit à la ville et à la culture.
Nous avons tenté, en vain, de contacter des intervenants de Bruxelles Requiem afin de leur poser les questions suivantes : ● Comment avez-vous vécu cette transformation, cette mort du quartier ? ● Quels liens aviez-vous avec le quartier et les maisons détruites ? ● Etant un quartier d’artistes et d’artisans, comment se déroulait la vie de quartier avant la transformation? ● Quel a été votre ressenti à l’annonce de la transformation du quartier ? Comment avez vous vécu la période de travaux ? ● Comment était la vie de quartier après la transformation ? ● Avez vous gardé un lien ou un contact avec vos voisins ? ● Revenez-vous dans le quartier Léopold ? Si oui, quels sont vos ressentis ? Nous nous sommes rendus au garage situé rue sans soucis, où travaillait le garagiste présent dans le documentaire. Son petit-fils nous a appris son décès et celui-ci n’ayant pas connu le quartier Léopold en travaux, ainsi que son père, ils n’étaient pas en mesure de répondre à nos questions. Nous avons également tenté de contacter les chorégraphes Michèle Noiret et Bud Blumenthal, ainsi que le dessinateur Frank Pé, auteur de La Nuit du Chat, dont le contexte s’inspire du quartier Léopold et de la rue Godecharle. Il existe cependant, une série d’interviews des habitants du quartier européen dont quelques uns ont connu les transformations du quartier et d’autres ayant un vécu plus récent dans le quartier. Ces témoignages réalisés dans le cadre du projet «L’Europe à Bruxelles : passé divisé, avenir partagé ?» sont consultables en ligne à cette adresse : http://www.europeinbrussels.be/FR/
5-LA CLINIQUE DU PARC LEOPOLD
C’est en 1914 que l’Institut Médico-Chirurgical du n° 60 -62 de la rue FROISSARD est fondé à la place d’une maison de maître style beaux-arts. Le projet est porté par le chirurgien Léopold Meyer, celui-ci était le seul chirurgien de cet institut mais également le président de l’union des artistes. C’est pour cette raison qu’à l’époque, l’institut soignait principalement les artistes belges. En 1923, l’architecte Vandenbroucke élargit le bâtiment. Dans l’entre-deux-guerres, l’Institut était composé de cinquante lits mais aussi d’une école d’infirmière. C’est à cette époque que des accords sont mis en place avec la société des tramways bruxellois et avec la Société nationale des chemins de fer belges. Le personnel de ces sociétés était pris en charge dans cet institut d’où son surnom de « clinique du tram ».
Durant la période d’après-guerre, l’Institut est racheté par le groupe Titeca1. En 1964, l’hôpital s’agrandit avec l’arrivée de nouvelles spécialités dont deux confrères neurochirurgiens de renommé, Ectors et Aschlog, ainsi que d’autres médecins spécialisés en orthopédie, médecine interne et en chirurgie. Quelques années plus tard, en 1967, l’établissement est racheté par les Assurances fédérales. Le but de ces assurances est d’offrir un service pour les victimes d’accidents professionnels. Peu de temps après, le bâtiment abritant l’hôpital n’étant plus aux normes d’un point de vue hospitalier et sécuritaire, ils construisent un nouveau bâtiment sur un terrain voisin appartenant déjà aux Assurances fédérales.
Large porte cochère donnant un accès à une cour intérieure datant de 1923.
Dr. Aschlog
Clinique Leopold
Le 1er mai 1979, l’inauguration du bâtiment A actuel a lieu. Les travaux ont commencé le 15 janvier 1973 et ont pris fin en 1979 avec l’architecte Marcel Lambrichs, Casimir Grochowski, et Daniel De Laveleye. L’hôpital compte alors 208 lits. À la fin des années nonante (1997), des mesures ministérielles ont imposé aux hôpitaux qui comptaient moins de 250 lits de former un partenariat avec d’autres institutions. C’est la clinique Cavell qui rachète à l’époque la clinique Parc Léopold ainsi que la clinique Lambermont. Ensemble, ils formeront le début du futur groupe CHIREC. A cette époque, beaucoup de médecins fuient la fusion de la fondation Lambert avec le groupe IRIS (groupe hospitalier privé équivalent aux grands centres universitaires).
En 2010, les salles de réveils et d’opérations sont remplacées par de nouvelles salles. L’année suivante, un centre d’ophtalmologie ainsi qu’une clinique de la douleur sont créés. A la même période, l’ensemble des installations est rénové dont les unités de soins et la sécurité dans un souci du développement croissant de leurs activités. Il s’agit de mettre aux normes les structures vieillissantes et de s’élargir aux nouvelles technologies.
Plan Clinique Leopold
Avec le manque d’espaces croissants, il est devenu nécessaire au Chirec de trouver de nouveaux espaces. Dès 2006, le projet Delta se met en place, avec un budget de 314 millions d’euros pour la construction (et 80 millions pour les équipements) 100.000m² sur 8 niveaux avec 545 lits. À ce jour, le nombre total de lits du groupe CHIREC s’élève à 1145.
Les cliniques Edith Cavell et Parc Léopold ont transféré leurs activités vers le nouveau site de l’hôpital Delta en décembre 2017. Néanmoins, elles conserveront, dans la clinique du Parc Léopold, une polyclinique avec des activités de médecine du jour avec différents services tel que les laboratoires, la radiologie, les consultations, … Elles garderont un accès unique rue Froissart pour des questions de sécurité.
Au début des années 2000 (2003), de nombreux médecins agrandissent l’équipe de la clinique Léopold avec comme objectif de développer un centre d’excellence. Des travaux d’extension sont entrepris en deux phases avec le bureau AUA (Architectes urbanistes associés). En 2006, la première phase de construction du bâtiment C a commencé. Il accueille les urgences, l’UCI, un plateau technique, une clinique de jour médicale, le service de stérilisation ainsi qu’une zone réservée aux clients VIP. La deuxième phase commence en 2008, c’est le bâtiment B qui est créé, Chaussée d’Etterbeek. On y retrouve les consultations ainsi que la première partie des blocs opératoires Bâtiment B Clinique Parc Léopold Bâtiment C et A Clinique Parc Léopold
Nouvel hôpital Chirec situé au Delta
Le bureau Jasper-Eyers est le gagnant du concours organisé par le promoteur Dominique Jane de Novo Belgium Holding en 2016. Il existait un accord préalable entre le CHIREC et Dominique Jane qui avait été signé en 2014. Par cet accord il s’engage à aménager une zone de 1.500m² pour une nouvelle polyclinique. De plus la commune d’Etterbeek souhaiterait créer davantage de nouveaux logements sur le site. Le projet gagnant est constitué de commerces, logements, hôtel, appart-hôtel surplombés d’un skyview. La tour serait la plus grande de Belgique avec ces cent-soixante mètres de haut. L’intention initiale du promoteur, Novo Holding n’est pas de créer un objet surdimensionné mais de redynamiser le quartier, de le faire fonctionner et de verduriser cet objet (selon Dominique Jane). Le début des travaux est prévu pour 2019 avec une durée minimum de 2 ans et un budget de cent-cinquante à deux-cents millions d’euros. Néanmoins, aucun permis d’urbanisme n’a été déposé à la commune malgré l’engagement signé en 2014 et un acompte versé à la société Novo Holding d’un peu moins de 4 millions d’euros. Selon l’article de la Libre du 8 décembre 20171, les choses devraient être décidées avant la fin de cette année 2017 ou début de l’année prochaine.
Document projet issue du bureau Jasper-Eyers
La clinique du Parc Léopold se situe sur un lieu stratégique à Etterbeek. Le manque d’hôpitaux dans un quartier très animé souligne l’importance de la clinique à cet endroit. Quel est l’avenir de ce bâtiment après le déménagement ? La polyclinique prévue dans le nouveau projet verra-t-elle le jour ? Ou bien ne sera-t-elle finalement pas dans le programme ? Sera-t-elle remplacée par une autre fonction ? A ce jour, Novo Holding refuse de nous donner plus d’informations après les avoir contactés plusieurs fois. Mais ce que l’on sait, c’est qu’une polyclinique temporaire du Chirec sera présente jusqu’au début du chantier.
6-LE PARC LEOPOLD : PRIVATISATION - CONTREPROJET LE MUSEE DE L HISTOIRE DE L EUROPE En 1851, période où Bruxelles se peuple et s’industrialise, les bourgeois sont à la recherche de lieux de loisirs et d’un poumon vert au milieu de cette ville. Les jardins zoologiques auront à cette époque un grand succès et fleuriront à Bruxelles, Anvers, Gand et Liège. En effet, ces parcs sont un signe de prestige et permettront aux scientifiques d’étudier les animaux. Le jardin zoologique à Bruxelles était un parc luxuriant, il y avait des kiosques, enclos, chameaux et éléphants pour promener les enfants. Pendant un temps, il fut considéré comme plus beau jardin mais rapidement le parc va se dégrader. En effet, le jardin connait des problèmes de gestion qui entrainent ainsi des difficultés financières. Ainsi, les animaux meurent, les scientifiques ne tiennent pas leurs promesses et la bourgeoisie se lasse. La ville décide de fermer le jardin zoologique vingt-sept ans après son ouverture. Il deviendra plus tard le parc Léopold et le musée des sciences naturelles. Situé non-loin du Parlement européen, le parc Léopold subit aujourd’hui de fortes spéculations immobilières suite à l’installation de la maison de l’Histoire européenne dans l’ancien institut Eastman. Ce projet vient chahuter l’harmonie et l’intemporalité paysagère du parc. Il vient retirer la tranquillité d’un site classé qui permettait encore à la ville traditionnelle et diversifiée de pallier contre le marché immobilier toujours plus influent.
Photographie vue du bâtiment dans le parc
Le musée de l’Histoire de l’Europe La Maison de l’histoire européenne se trouve dans le bâtiment Eastman dans le Parc Léopold. Ce dernier, se localise au coeur du quartier européen de Bruxelles. Ce parc de10 hectares a ouvert en 1880, sur l’ancien jardin zoologique. Le bâtiment était destiné à abriter une clinique dentaire pour des enfants. Il fut financé par George Eastman. La construction eu lieu en 1934-1935 par l’architecte Michel Polak. C’est en 2008, qu’il fut acquis par le Parlement européen pour un bail de très longue durée de 99 ans. Un concours national eu lieu pour la rénovation du bâtiment. C’est le groupe d’architectes composé de l’Atelier d’architecture Chaix & Morel & associés (France), JSWD Architekten (Allemagne) et TPF (Belgique) qui s’en chargera. Ces derniers ont conçu une extension contemporaine. Ils ont également rénové le bâtiment tout en conservant une valeur historique et esthétique. Lors des travaux, on voit apparaitre la construction d’une extension dans la cour et la surélévation du bâtiment sur trois niveaux. Le bâtiment fut ouvert le 6 mai 2017 et la Maison de l’histoire européenne dispose aujourd’hui d’espaces d’expositions permanentes, d’expositions temporaires ainsi que d’une salle pour l’occasion d’événements spécifiques.
Localisation du bâtiment issue de googlemap
Privatisation du parc Léopold par les européens La privatisation du parc Léopold consiste au rasement du patrimoine bruxellois situé sur le site. Tout le terrain a été racheté par le parlement européen afin d’y construire des bureaux et redorer l’image de Bruxelles. Cette manière d’agir reste cependant fort contestée par la population vivant aux alentours du parc. En effet, la privatisation totale du parc Léopold aurait des répercussions néfastes sur le patrimoine Bruxellois. On peut déjà en constater son effet avec la maison de l’Histoire européenne dans l’ancien bâtiment de l’institut Eastman. On conserve seulement ses façades pour y ajouter 3 étages supplémentaires. Ainsi, le souhait des contestataires, à savoir les bruxellois vivants aux alentours du parc, est de conserver le parc comme un espace public et des musées ouverts à tous. Plusieurs avis de divers acteurs sont à prendre en considération. Que ce soit les visiteurs qui ne passent que le temps d’une journée, les habitants qui y passent quotidiennement ou encore les institutions européennes qui essayent de se l’approprier. Pour ce qui est des riverains, “euro-sceptiques”, ils sont nombreux à contester ce nouveau projet de réhabilitation du quartier. Dernièrement, suite à la privatisation de la piscine et du théâtre classés du Résidence palace dans le parc Léopold, nous avons constaté avec affolement que nous faisons face à un façadisme à Bruxelles. Nous pouvons en faire le constat avec le musée de l’Histoire européenne dans l’ancien Institut Eastman et cela surun site classé. Le bâtiment ne conserve dès lors que sa façade, on vient lui greffer grossièrement une volumétrie contemporaine ne respectant pas la Charte d’Athènes. On vient donc détruire le patrimoine bruxellois au profit de la nouvelle image de l’Europe. “La coordination associative du parc Léopold a été informée que le Service Public Fédéral Intérieur belge s’apprête à céder au Parlement européen la maison de l’artiste et le jardin pour l’Euro symbolique. Elle a également appris qu’une des options étudiées envisage côté cour, de vider le bâtiment pour reconstruire tous les étages et, côté jardin, d’ajouter une vaste salle de réception ‘provisoire’. A quel bidouillage devons-nous encore nous attendre ?” Pourtant, le parlement européen a choisi de dédier son année 2018 au patrimoine culturelde l’union en tant que valeur d’une citoyenneté européenne à promouvoir. Il est donc opportun de se demander s’il est logique de poursuivre dans une attitude invasive de destruction patrimoniale.
Ainsi, une pétition a été mise en ligne ( avec plus de 4.000 signatures ) visant à alerter la non-prise en compte de l’avis des citoyens-habitants-électeurs. Ces derniers se sentent exclus d’un décision qui devrait leur revenir, ou du moins les considérer, eux et leur patrimoine. L’association du quartier Léopold souligne d’ailleurs que : «Même si le bâtiment de l’institut Eastman n’a pas été classé dans la foulée, c’est une oeuvre architecturale remarquable de l’entre-deux-guerres. Le Parlement européen n’en a pas tenu compte en imposant un programme impossible à intégrer dans le volume existant du bâtiment et qui dénature en envahissant le site classé du parc» De plus, ils émettent de la retenue par rapport à la philosophie même du projet. Ils se questionnent quant à la difficulté de pouvoir justifier un projet qui vise à promouvoir une Europe dépassant tout nationalisme alors qu’il s’appuie sur une démarche scientifique qui a permis au XIXe siècle de consolider le modèle de l’État Nation. Cet argument permet de remettre en question l’origine même de ce projet. Enfin, pour compléter, les riverains du parc Léopold dénoncent également dans un communiqué le projet même de la Maison de l’Histoire européenne. Ils dénoncent unprojet qui vise à installer un musée d’histoire européenne dans l’institut Eastman, unbâtiment Art Deco situé dans ce parc adjacent au «Caprice des Dieux». Il a déjà été critiqué, au sein même du Parlement, pour son coût et pour son ambition. Pour contrer cet effet, plusieurs actions sont menées pour re-dynamiser ce quartier, avec des moyens plus humains. L’ «European Canteen», une expérimentation urbaine, à l’image des contrats de quartiers lancés ces dernières années, incite les citoyens (inconnus comme amis) à partager le temps d’un repas, d’un échange, une table. L’objectif premier de cette expérimentation est simple. Elle vise à rendre plus accueillant et convivial le quartier européen souvent décrié pour son côté formel. Le projet se passe le temps d’un été, 70 tables publiques sont installées à diverses endroits du quartier européen, du parc Léopold. Enfin, pour conclure, La privatisation du parc Léopold vise à redorer l’image de l’Europe et d’y installer le musée de l’histoire européenne au sein de l’Institut Eastman en cadenassant l’image désordonnée de Bruxelles.
Contreprojet, l’avis de Lucien Kroll Cette image désordonnée, désorganisée énoncée et vécue par les institutions européennes, selon Lucien Kroll reflète pleinement l’image de Bruxelles. Il explique qu’il s’agit “d’une désorganisation instinctive contre les systèmes. C’est ce « désordre » qui assure au paysage belge une mixité rare et le rend hautement habitable : cela ne se fabrique pas.” D’ailleurs, une Master class regroupant seize architectes et urbanistes au coeur de la scène architecturale du moment a été créée et vise à élaborer un projet concret visant à faire de Bruxelles une capitale européenne digne de ce nom. Ils sont sous la direction de l’architecte italien Pier Vittorio Aureli et de l’architecte grecque Elia Zenghelis qui, avec Rem Koolhaas, a fondé l’Office for Metropolitan Architecture (OMA). Ce projet essayed’établir des relations entre les institutions européennes, la ville et ses habitants. Ils proposent un ensemble de bâtiments publics symboliques de fonctions urbaines et de nouveaux quartiers d’habitation, en neuf endroits stratégiques du tissu urbain. L’objectif premier de cette Master class est d’arriver à intégrer pleinement la présence européenne à Bruxelles en créant de nouveaux sites publics qui permettront de tisser des liens entre les institutions européennes et les bruxellois. Ce projet se veut à l’image de l’Europe; une mixité ethnique, sociale, le tout en tirant parti des bons côtés de tous. Ainsi, ce projet permet de questionner, par un débat public, les institutions européennes et le statut de Bruxelles comme Capitale européenne. Belle vitrine en vue donc pour Maison de l’histoire européenne dont l’ouverture a eu lieu le 6 mai dernier. Financé par l’Europe, le musée retraçant les temps forts de son existence voit le jour dans l’Institut Dentaire Eastman, signé par l’architecte Michel Polak. Le permis a été délivré par la Région bruxelloise en juin 2013. Non sans grincements de dents, d’aucuns, comme l’Arau, estimant que la création d’une annexe, rapidement rebaptisée « cloche à fromage », sur le sommet du bâtiment était mégalo et susceptible de dénaturer le bâti originel. Malgré la mutation du quartier européen dû au développement des institutions européennes, le Parc Léopold garde sa première fonction de jardin public, arboré harmonieusement.
Cette mutation a également induit la construction de l’hémicycle du Parlement européen lancée en 1988, à l’arrière de la maison de Jean Linden, sur un terrain entre la rue Vautier et la rue Wiertz (occupé depuis le XIXe siècle par la Brasserie Léopold, fermée en 1981 et démolie en 1987). Autour de l’hémicycle, plusieurs autres bâtiments européens sont nés depuis ces années. Cela continue encore puisqu’actuellement des transformations ont été opérées dans l’institut Eastman pour la création de la Maison de l’histoire européenne.
7- Le reSIDENCE PALACE Le Résidence Palace est un ancien immeuble d’appartements de luxe style Art-Déco. Il a été rêvé par le promoteur Lucien Kaisin et dessiné par l’architecte Michel Polak dans les années 20. Son bâtiment principal abrite aujourd’hui un centre de presse international tandis que l’autre aile, située sur la rue de la Loi, fait partie de Europa, le nouveau siège du Conseil Eu-ropéen conçu par le bureau belge Samyn.
L’avant-projet Tout commence en 1920, lorsque Lucien Kaisin, homme d’affaire spécialisé dans la promo-tion immobilière fait l’acquisition d’une série de biens implantés rue de la Loi. La parcelle de 1,5 hectare qui est en bordure de chemin de fer ne lui coute pas grand-chose à l’époque. La guerre qui venait de se terminer avait mené à une pénurie de logements et les habitudes des riches bruxellois commençaient à changer : ils quittaient leurs maisons unifamiliales pour s’installer dans des appartements. L’idée du promoteur fut alors de « remédier à la crise du logement consécutive à la guerre, particulièrement pour l’aristocratie et la haute bourgeoisie ». L’homme d’affaire entreprend dès lors un voyage pour dénicher l’architecte qui réalisera ses idées. En Suisse, à Montreux, il découvre « Riant-Château » et c’est l’architecte de ce bâtiment, Michel Polak, qu’il choisira pour dessiner son projet : « construire le plus prestigieux complexe d’appartements de luxe en plein cœur de Bruxelles ». Michel Polak est directement intéressé. En 1921, c’est la crise en Suisse. L’architecte ne reçoit que peu de commandes. Le projet de Lucien Kaisin est pour lui une chance de relancer sa carrière d’autant plus qu’il a de l’expérience dans ce genre de projet colossaux et luxueux. En Suisse, il a déjà dessiné des hôtels de luxe, des hôpitaux, des bâtiments pour la poste, des villas,…
Le Résidence Palace : sa réalisation, son architecture et son programme Les premiers plans du Résidence Palace sont dessinés à Montreux dès 1921. De son côté, l’ingénieur Alexandre Sarrasin prépare les plans techniques du bâtiment. Un lourd travail de fondation a également dû être réalisé en raison de la mauvaise qualité du sol bruxellois : les ingénieurs ont eu recours à 2458 pieux Franki.
Le bâtiment sera finalement construit de 1922 à 1927. Il est composé de 5 blocs : les blocs A, B et C abritent les appartements familiaux, le bloc D correspond aux garages tandis que le bloc E héberge les vieux célibataires. S’articulant autour de patios intérieurs et d’une cour au centre du complexe, l’agencement des bâtiments fait penser à un morceau de ville autonome. Ces blocs sont ensuite divisés en 10 quartiers et 180 appartements qui vont de 3 à 20 pièces. Cet imposant ensemble s’élève jusqu’à 10 niveaux au-dessus du sol. Il s’inspire fortement des gigantesques palaces new-yorkais où on retrouve déjà beaucoup d’éléments décoratifs Art-Déco. Ce premier ensemble d’immeubles d’appartements de luxe de Bruxelles se veut à la pointe du confort moderne : distribution d’eau chaude et froide, électricité, chauffage central, monte-plats, gaine à ordures,… C’est également une véritable ville dans la ville : en plus des loge-ments, le Résidence Palace offre une multitude de services pour que les résidents disposent de tout à proximité. On pouvait donc y voir : deux restaurants, une salle de théâtre, une salle de projection, salles de réunions, piscine, salle de gymnastique, une banque et des coffres, un bureau de poste, un coiffeur, des garages, court de tennis et jardins à la française en toiture, en plus de nombreux commerces divers. Au niveau spatial, la disposition des appartements reprend les principes de base de la maison individuelle : séparation des fonctions vie privée, réception et service. L’architecte a égale-ment préféré que les séjours donnent sur la rue intérieure du complexe plutôt qu’ils bénéfi-cient d’une orientation en fonction du soleil. Cette orientation sur la rue recrée permet d’offrir des perspectives ménagées par les soins de l’architecte plutôt que d’avoir des vues sur l’intérieur des ilots.
PUB d’époque : Palace Hotel Bruxelles issue de http://sofei-vandenaemet.skynetblogs.be/archive/2007/08/10/ hotel-residence-palace.html
Photo de la piscine du Residence Palace issue de http:// journals.openedition.org/lha/426
De l’ouverture du Résidence Palace jusqu’à la guerre
De l’ouverture du Résidence Palace jusqu’à la guerre
Le 6 avril 1926, le public et la presse sont invités à venir découvrir le Résidence Palace. Les visiteurs sont agréablement surpris. Le complexe connait un énorme succès : au début, ils avaient plus de demandes que d’appartements disponibles. Toutes les grandes familles de Belgique s’y déplacent. On voit également une élite cosmopolite s’y développer. Il s’y croisait des nobles, des diplomates étrangers, des banquiers, des écrivains, des officiers,… Mais le succès ne durera pas longtemps. On remarque un déclin à partir de 19331934. Certains diront que c’est la crise économique, d’autres pensent que le projet était surdimensionné pour une ville comme Bruxelles ou encore que cette « utopie aristocratique » était trop ambitieuse. Ça n’empêchera pas Michel Polak lui-même d’y habiter quelques années jusqu’en 1941 où l’armée allemande débarque et donne huit jours aux résidents pour quitter les lieux. Les allemands y installeront leurs bureaux pendant la guerre. En 1944, ce sont les troupes anglaises qui y établiront leur camp de base.
En aout 2004, le secrétariat général du Conseil européen, assisté par l’UIA (Union Internatio-nale des Architectes), lance le concours pour le nouveau siège du conseil européen et du con-seil de l’union européenne. Plusieurs implantations ont été envisagées, notamment le site du plateau du Heysel et l’îlot Comines-Froissart. C’est finalement au sein du Bloc A du Rési-dence Palace que sera édifié le battement pour le sommet, le site ayant comme avantage la « proximité immédiate du siège d’autres institutions européennes, en l’occurrence le siège de la commission (Berlaymont) et celui du Conseil des Ministres (Juste Lipse). L’objet du concours porte alors sur la « restructuration, l’extension, la rénovation du Bloc A du Résidence Palace » et est remporté par l’association Samyn&Partner (BE), Studio Valle Progettazioni (IT) et Buro Happold (UK). Le groupe Van Acker&Partner obtient la seconde place et Groep Planning la troisième.
Après la guerre et l’arrivée des institutions européennes à Bruxelles et aujourd’hui… Le complexe ne retrouvera jamais son affectation d’origine. En 1947, la S.A. Résidence Pa-lace cèdera l’ensemble des immeubles à l’Etat belge qui y installent différents ministères. Les changements majeurs se font avec l’arrivée des institutions européennes à Bruxelles dans les années 60. On construit le tunnel du cinquantenaire, le Berlaymont et on détruit également une série de maisons situées rue Juste Lipse et rue de la Loi ce qui dévoile les façades arrières du Résidence qui étaient peu travaillées car cachées. Ce sont les fils de Michel Polak, André et Jean, qui se chargent donc de créer des nouvelles façades. Ces dernières, en plus d’améliorer l’image du Résidence, doubleront sa capacité en ajoutant à peu près 400 bureaux. En 1988, les blocs B et D sont démolis pour laisser place au futur siège du Conseil Européen, le Juste Lipse. En 2001, le bloc E sera vendu à la société LEX2000 qui en fera du logement. C’est aussi cette année que l’on aménagera un centre de presse international dans le bloc C. Etant donné la position stratégique du Résidence Palace, le conseil des ministres décide d’installer dans le bâtiment C des infrastructures pour journalistes afin qu’ils soient installés à proximité des institutions belges et internationales. En 2004, l’entrée et le couloir du bloc A et les façades du complexe sont classés. C’est également à ce bloc A que l’architecte Samyn viendra adosser son projet Europa, terminé en 2016 et qui accueille aujourd’hui le nouveau siège du Conseil Européen.
Photo du bâtiment du projet Samyns issue de Wikipedia
La proposition de Phillipe Samyn et ses associés est d’abord une rénovation respectueuse du bâtiment en partie classé. À cela, le groupe rajoute une salle de pas perdus qui manque bâti-ment historique. Cette nouvelle extension vient refermer le Bloc A en forme de L par un carré en verre. Les façades, réalisées à partir de châssis recyclés en chaîne, de simple vitrage et provenant des vingt-sept pays de l’union européennes, forment un patchwork. Il est symbole d’unité, de diversité culturelle, mais aussi d’un souci pour le futur et des questions de déve-loppement durable. À travers l’enveloppe on entre-voit le coeur du battement, une « lanterne » qui se dévoile pleinement la nuit. Ce volume en forme elliptique à l’aspect sablé comporte les nouvelles fonctions liées au conseil européen. Enfin, l’artiste Georges Meurant intervient à l’intérieur du bâtiment par l’ajout de carrés de couleurs qui viennent animer les spatialités, en contraste avec la volumétrie du bâtiment.
Photo de la construction du bâtiment issue de Lalibre.be
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Sitographie -DE BEULE, M. Bureaux et planification à Bruxelles, 50 ans d’occasions manquées, Brussels Studies. http://journals.openedition.org/brussels/751 (consulté le 20.11.2017) 2.3 Sitographie -http://www.berlaymont2000.com/fr/Home_Equipements_Facades.htm -https://www.coltinfo.be/berlaymont-bruxelles.html -http://www.lalibre.be/actu/belgique/le-berlaymont-inaugure-apres-13-ans-de-travaux-51 b88677e4b0de6db9ab0a94 https://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%A2timent_Berlaymont -https://architizer.com/projects/charlemagne-building-for-the-european-commission-architectural-concept-by-helmut-jahn-chicago/ -http://www.lesoir.be/archive/recup/%25252Fa-deux-pas-du-berlaymont-paralyse-la-metamorphose-du-ch_t-19960208-Z0AN9E.html -https://en.wikipedia.org/wiki/Charlemagne_building -https://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%A2timent_Charlemagne - Archives de Bruxelles : http://bruxelles2003.skynetblogs.be/archive/2009/07/10/patrickblanc-au-14-rue-belliard.html http://www.murvegetalpatrickblanc.com/ -https://www.cofinimmo.com/media/2618/160526_arts-46_uk.pdf
3.1
3.3
Ouvrages -HOFFMAN, Ghislaine, THIRY, Jean Pierre, L’Europe à Bruxelles : étude des aspects économiques, sociaux, culturels et urbanistiques de la présence des institutions des Communautés européennes à Bruxelles, ERU, 1982 -DELORS, Jacques, Bruxelles en Europe, l’Europe à Bruxelles (50 ans de convergences), Le Castor Astral, 2007, 261 pages -DEMEY, Thierry, Bruxelles : chronique d’une capitale en chantier, Tome 2 - De l’Expo 58 au siège de la CEE, Paul Legrain, 1992, 382 pages -SCHIRMAN, Sylvain, Quelles architectures pour quelle Europe ? Des projets d’une Europe unie à l’Union européenne (1945-1992), Publication de la Maison de Robert Schuman, Bruxelles, 2011, 342pages
Périodique
Articles VANDERMOTTEN, Christian, Exposé et présentation sur l’impact des institutions européennes sur Bruxelles, De Croo, 2009 Mémoire -CLAEYS, Sarah, L’implantation des institutions européennes à Bruxelles, Université Libre de Bruxelles, 1997 -LAFOREST, Cécile, Bruxelles face à son destin européen. Les autorités communales de Bruxelles et l’installation des institutions européennes 1957-1992, Université Libre de Bruxelles, 2006 3.2 Ouvrages -G. HOFFMANN, A. LONHIENNE, D. MYLONAKIS, J-P THIRY, P. THOMAS, L’Europe à Bruxelles : etude des aspects économiques, sociaux, culturels et urbanistiques de la présence des institutions des Communautés européennes à Bruxelles, Centre d’Etudes et de Recherches urbaines (ERU), Quartier des Arts, 1982, pp. 14-15. Sitographie https://www.lecho.be/economie-politique/europe-general/Strasbourg-marque-un-pointdans-la-bataille-du-siege-du-Parlement-europeen/9835431?ckc=1&ts=1508949590 - Parlement européen. (2017, novembre 30). Wikipédia, l’encyclopédie libre. Page consultée le 20:17, novembre 30, 2017 à partir de http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Parlement_europ%C3%A9en&oldid=143084165.
-(1)Bruxelles Patrimoines n°015-016 - Numéro Spécial - Sept 2015 - Le Berlaymont et la transformation du quartier Léopold, Sven Sterken, p 105 -(2)Bruxelles Patrimoines n°015-016 - Numéro Spécial - Sept 2015 - Le Berlaymont et la transformation du quartier Léopold, Sven Sterken, p 107 -(3)Bruxelles Patrimoines n°015-016 - Numéro Spécial - Sept 2015 - Le Berlaymont et la transformation du quartier Léopold, Sven Sterken, p108 -(4) Modernisme et art déco, Maurice Culot et Anne marie, Pirlot, Sybille Valcke, Benoit Moritz, p132 -(5)Bruxelles Patrimoines n°015-016 - Numéro Spécial - Sept 2015 - Le Berlaymont et la transformation du quartier Léopold, Sven Sterken, p 109 Sitographie -(6)http://www.dhnet.be/actu/faits/le-gouffre-du-berlaymont-51b7d92fe4b0de6db9919277 3.4 Ouvrages -DEMEY, T.. Bruxelles : Chronique d’une capitale en chantier, tome 2 - de l’expo 58 au siège de la CEE, Edition Paul Legrain,1992. Sitographie -SPACE SYNTAX, La morphologie spatiale des quartiers européens, 2007 https://urbanisme. irisnet.be/pdf/morphogenese.pdf [consulté en ligne le 04 janvier 2018] -Le blog des habitants du quartier européen : http://www.quartier-europeen.eu/Des-interviews-des-habitants-du [consulté en ligne le 04 janvier 2018] -Bruciel : http://bruciel.brussels/ Brugis : http://www.mybrugis.irisnet.be/MyBruGIS/brugis/ 3.5 Sitographie - http://www.lalibre.be/economie/immo/la-plus-haute-tour-du-pays-a-la-place-de-la-clinique-parc-leopold-5a298775cd7095d1cd4ce298 - http://www.irismonument.be/fr.Etterbeek.Chaussee_d_Etterbeek.html - https://www.lecho.be/entreprises/immobilier/bagarre-a-couteaux-tires-autour-des-anciens-murs-du-chirec/9961855.html Visite - Entretiens avec le Docteur Libert, directeur du Parc Léopold
3.6 Sitographie - http://www.beliris.be/files/files/Projets/Eastman-parc-leopold/depliant-eastmanweb.pdf, consulté le 2/01/18, Réaménagement du parc Léopold-Zone Nord, Ville de Bruxelles, Aout 2015 - http://www.parc-leopold.be/projets-inaccomplis/, consulté le 03/01/18 - http://www.lesoir.be/archive/recup/762723/article/actualite/regions/bruxelles/ 2015-01-20/tres- europeen-parc-leopold, article Le Soir mis en ligne le 20/01/15, Patrice Leprince, consulté le 03/01/18 - http://www.irismonument.be/fr.Bruxelles_Extension_Est.Parc_Leopold.html, consulté le 05/01/18, Région de Bruxelles-Capitale, Inventaire du Patrimoine architectural - http://bral.brussels/fr/artikel/le-mus-e-wiertz-comme-l-europe-nous-regarde-nousaussi, consulté le 30/12/17, citizens, ction, Brussels - https://www.change.org/p/musée-wiertz-parc-léopold-stop-aux-bureaux-et-à-laprivatisation- de-l-espace-public, pétition : Musée Wiertz, Parc Léopold : STOP aux bureaux et à la privatisation de l’espace public ! - https://historia-europa.ep.eu/fr/node/162, consulté le 6/12/17, consulté le 30/12/18, Anne HUSTACHE, Le parc Léopold Architecture et Nature, Solibel édition 3.7 Ouvrages - Michel Polak, De l’art nouveau à l’art déco, Bruxelles, La Commission de L’Environnement de Bruxelles-Ouest (CEBO), 2003, p. 103. - Françoise Aubry, France Borel, Christine De Naeyer, Françoise Deville, Éric Hennaut, Anne Lambrichs, Caroline Mierop, Bruxelles Art déco 1920-1930, Norma, 1996, p. 240. - Thierry Demey, Bruxelles : chronique d’une capitale en chantier, tome 2 - De l’Expo ‘58 au siège de la C.E.E., Paul Legrain, 1992, p. 328. - P. Puttemans, « Antologie », dans Philippe Samyn, Construction, Bruxelles, Fonds Merca-tor, 2008, p 394-401. Periodique - A+, n°197, décembre 2006-janvier 2006, pp.30-32, Laurence Creyf, « Sommet européen, Europese Top », Belgique Sitographie - Bruxelles à la carte – Extension Est, site PDF gratuit offert la par la Ville de Bruxelles, <https://www.bruxelles.be/sites/default/files/bxl/Archives/BXL_Extension_Est_FR_150511_ web.pdf>, date de création indéfinie, [document consulté le 29/12/2017] - ARCHI URBAIN (01/21), MICHEL POLAK / Résidence Palace. [Ajouté le 17/02/2007] extrait d’une émission consacrée à l’architecte Michel Polak. Enregistrement vidéo in : Archi Urbain. Disponible sur : <http://www.archiurbain.be/?p=221> (Consulté le 30/12/2017)
- Résidence Palace, site d’information pour tout type de public, <http://residencepalace. be/fr>, date de création indéfinie, [document consulté le 30/12/2017] - « Régie des bâtiments », Le Gestionnaire Immobilier De l’Etat Fédéral, site institutionnel d’information, <http://www.regiedesbatiments.be/fr/projects/residence-palace>, date de création indéfinie, [document consulté le 30/12/2017] - « Bâtiment Europa », Wikipedia. The free encyclopedia (encyclopédie libre et partagée en ligne) , <https://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%A2timent_Europa>, consulte le 30/12/2017 - Phillips Samyn & Patners, 494 – EUROPA – New headquarters of the Council of the EU, <https://samynandpartners.com/portfolio/europa-new-headquarters-of-the-council-of-theeuropean-union/#>, (consulté le 30/12/2017