Jazz Pulsions Magazine

Page 1

Jazz attitude

DOSSIER >

RAZA HAMMADI

Quel Lac des cygnes

Histoire de jazz

pour la danse jazz ?

JACQUES CHATELET Tendanses

Le jazz ? Quelle histoire !

Numéro 2 / janvier 2008 • Le magazine des danses Jazz • 7 euros Janvier Ja JJan an anv viiieer 2008 vie 2008 00 00 08 8>1


Janvier 2008 > 2


Éditorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 EN BREF compagnies, festivals & spectacles . . . 6 TENDANSES Raza Hammadi : La tradition d’un jazz actuel . . 10 EN BREF conférences & expositions . . . . . . . . 14 COURRIER DES LECTEURS . . . . . . . . . . . . . . 15 EN BREF écoles de danse & stages . . . . . . . . . 16

DOSSIER

17

La question du répertoire QUEL LAC DES CYGNES POUR LA DANSE JAZZ ? de Virginie Garandeau Témoignages : Giani Loringett, Patricia Alzetta Rencontres : CND ; Joey McKneely

POSTER Boom boom de Robert North . . . . . . . . . . . .26 Photo : Nasser Hammadi JAZZ RESO La Confédération nationale de Danse . . . . . . .30 HISTOIRE DE JAZZ Le jazz ? Quelle histoire ! . . . . . . . . . . . . . . . 32 de Éliane Seguin PAROLES DE PASSEUR Vendetta Mathea évoque Walter Nicks . . . . . .36 Donald Mc Kayle et Carmen De Lavallade

A LIRE, VOIR ET ENTENDRE. . . . . . . . . . . . . .38

dans Rainbow’Round My Shoulder, 1962 Photo extraite de l’exposition présentée

WORLD JAZZ Jean Claude Marignale, la Pologne comme mécène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40

en janvier au Centre National de la Danse, sur le New Dance, groupe collectif américain

JAZZ ATTITUDE Jacques Chatelet : Le spectacle en habits de lumière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .44

des années 30.

A FOND LA DANSE L’adolescence, la danse et l’ostéopathie. . . . . .48 de Sophie Rouxel Grignoter n’est pas manger . . . . . . . . . . . . 49 de Céline Richonnet EN COULISSES Le rythme par le corps avec Guy Fernandez . . . 50

Janvier 2008 > 3


Janvier 2008 > 4


Éd itorial

Jazzpulsions,

Une aventure fragile La rédaction de Jazzpulsions

N° 2 - trimestriel janvier/février/mars 2008 Edité par éditions Aroundmidnight La Touche - 35530 Servon-sur-Vilaine www.jazzpulsions.com Directeur de publication Wayne Barbaste - waba@jazzpulsions.com Rédactrice en chef Christine Barbedet - redaction@jazzpulsions.com Suivi photographique Richard Volante Secrétariat info@jazzpulsions.com 02 99 37 78 67 Comité de lecture Caroline Houdaille-Landry, Sylvie Kermarrec, Frédérique Jehannin, Bernard Lélu Régie publicitaire regiepub@jazzpulsions.com - 02 99 37 78 67 Maquette Studio Yves Bigot 35136 Saint-Jacques-de-la-Lande Imprimerie Chat Noir Impressions 35136 Saint-Jacques-de-la-Lande Abonnement annuel 4 numéros, 28 euros Dépôt légal à parution Commission paritaire : en cours ISSN : 1960-1034 Ont collaboré à ce numéro Patricia Alzetta ; Jacques Chatelet ; Guy Fernandez ; Patricia Greenwood Karagozian ; Cathy Grouet ; Alain Gruttadauria ; Raza Hammadi ; Giani Loringett ; Jean-Claude Marignale ; Vendetta Mathea ; Anne-Marie Porras ; Céline Richonnet ; Sophie Rouxel ; Éliane Seguin ; Yvan Strauss du CND ; Bruce Taylor ; Dominique Thomas ; Malo Tocquer ; Patrice Valero ; Virginie Garandeau.

Nous avons relevé nos manches et fait un premier pas pour donner corps au magazine des danses jazz qui est aujourd’hui le vôtre, entre vos mains, avec la parution de ce second numéro. Une aventure fragile et passionnante qui ne pourrait pas exister sans le soutien de tous. Le bouche à oreille est notre force ; continuez à parler de nous autour de vous. Aujourd’hui, nous sentons frémir à travers vos mots d’encouragement et vos messages, la « planète » jazz. Ce magazine ne pourra perdurer qu’avec votre concours, vos abonnements, les informations que vous nous faites parvenir. Oui, la danse jazz vit, s’exprime avec de multiples visages et couleurs qui sont ceux des rencontres et des apprentissages sans frontières. Dans ce numéro, nous avons souhaité aborder la question des filiations, du répertoire, des origines toujours et encore. Pour savoir où va la danse jazz, ne faut-il pas se poser la question de savoir d’où elle vient ? La danse jazz est sans frontière comme nous le montre dans ce numéro les chorégraphes Raza Hammadi et Jean-Claude Marignale. Partage, échange et solidarité restent aujourd’hui notre terreau. Il nous faut continuer à semer ensemble les contrastes, les oppositions, les dissociations, le swing… qui font la dynamique du mouvement jazz. Nous vous adressons à tous nos meilleurs vœux de bonheur et de prospérité, le jazz chevillé au cœur et au corps.

Photo de couverture K’Chash par Richard Volante La rédaction de Jazzpulsions est ouverte à tous. Si vous avez des propositions d’article, n’hésitez pas à nous contacter : 02 99 37 78 67 redaction@jazzpulsions.com La rédaction n’est pas responsable des textes et des photos qui lui sont communiqués. Tous droits de reproduction réservés pour tous les pays.

Janvier 2008 > 5


EN BREF COMPAGNIES & SPECTACLES

Armstrong jazz ballert© DR

▲ Cie Corinne Lanselle > 22 février ; Festival International de Danse Jazz d’Hiver ; L’Espace Rhénan à Kembs (68) Comme au fruit son noyau, jazz contemporain : « Œuvre plurielle où le danseur expérimente une danse libre et décomplexée. Cette pièce conjugue le verbe « danser » au Contemporain et au hip hop passant de l’un à l’autre pour saisir au vol un témoignage social (hommage à Samuel Fosso photographe engagé d’origine camerounaise), une mémoire, un voyage, se plaçant en guetteur obstiné du corps dansant. »

▲ Cie Dans’émoi : nouvelles du sud-est Créé à Paris en 2004 et installée depuis à Cannes, la compagnie Dans’Émoi dirigée par la jeune

©cie Alain Gruttadauria

> 19 janvier, 20 h 00 ; Théâtre de Longjumeau (91) > 4 avril ; Théâtre Galli ; Sanary-surMer (83) Ancestor Calling sur une chorégraphie de Georges Momboye, Lionel Amadote, Géraldine Armstrong ; Basie’s Instinct (2003) sur une chorégraphie de Matt Mattox ; Get Higher (1995) sur une chorégraphie de Wayne Barbaste. Spectacles sur des thèmes musicaux gospel et afro-américain. Fondée en 1988 par Wayne Barbaste et Géraldine Armstrong, disciples de Matt Mattox et d’Alvin Ailey, la compagnie Armstrong Jazz Ballet compagnie s’appelle désormais Black Source Dance Theater. Elle participe au développement de la danse jazz tant en France qu’à l’étranger avec Géraldine Armstrong. La danseuse et chorégraphe a su rester fidèle au style unique d’Alvin Ailey, composé, d’une part, d’une alliance de la danse classique et de la danse traditionnelle

noire, et, d’autre part, d’une compréhension des musiques les plus diverses et de leur rapport avec la spécificité du mouvement.

▲ Cie Alain Gruttadauria Résidence de création à Mondap’Art, lieu d’échanges culturels et de formation professionnelle en danse, situé à Saint-Dionisy (30), 10 km de Nîmes dans le Gard pour la cie Alain Gruttadauria : www.mondap-art.fr

chorégraphe Adeline Raynaud souhaite partager avec le public « les spécificités de la danse jazz, mais en refusant les clivages et en intégrant tous les autres arts que sont le théâtre, l’acrobatie, la poésie et le slam, la musique, les artsplastiques, etc. ». Créations : Dans ces mots de Cocteau (2004) ; Quinze ans d’amour (2005) ; Au hasard… (2006) ; Danse et mots d’auteurs, Port d’attache, Ma vie, c’est moi qui vais la peindre, pièces chorégraphique (2007). dansemoi@caramail.com

> 10 janvier (matinée scolaire et conférence dansée) et 11 janvier ; Théâtre municipal de Thionville ; Les Secrets (2006) et Waiting Land (2007) > 29 mars ; Théâtre municipal de Mont-de-Marsan (33) ; Waiting Land www.compagnie-gruttadauria.com

ragozian avec les professeurs des écoles de danse du département.

Tymoteusz Lekler

▲ Black Source Dance Theater

▲ Cie Facécie : Jeux De Danse > 15 mars ; L’Arc au Creusot (71) ; 03 85 55 13 11 Dans le cadre de la journée consacrée à la découverte de la danse jazz, la cie Facécie dirigée par Patricia Greenwood Karagozian propose un concert-spectacle autour de standards de jazz et des compositions originales de Damine Argentieri. Six tableaux pour quatre danseurs et un quatuor : « Des moments de spontanéité à partir d’instants d’échanges ». En première partie, sera présenté le travail mené par Patricia Greenwood Ka-

Janvier 2008 > 6

▲ Cie Jean-Claude Marignale Après la Pologne, la Cie JeanClaude Marignale sera en spectacle avec la création Before Midnight rebaptisée Divers-Cités Urbaines Around Midnight. > 21 mars ; Maison de la musique et de la danse ; Nanterre (92) www.toutendanse.com ou www.jeanclaudemarignale.com

▲ Cie Choreonyx : Reprises La ChoréOnyx de Bruce Taylor pro-


pose : > 16 février au Conservatoire municipal de Gagny (95) ; Chaplin in the Mouv’ spectacle visuel basé sur Charlot, Charlie Chaplin > 20 février ; Festival International de Danse Jazz d’Hiver ; L’Espace Rhénan à Kembs (68) : reprise de Spook.www.choreonyx.com

▲ Cie Ballet Jazz Art > 29 janvier ; Théâtre Alphonse Daudet ; Coignières (78) ; 01 30 62 36 00 Trois chorégraphies : jazz flamenco ; les sœurs brontë ; boom boom > 9 février ; espace culturel J-J Robert ; Mennecy (91) ; 01 69 90 04 92

▲ Cie Anne-Marie Porras : Ici

▲ Cie Patrice Valero > 28 mars 2008 ; MJC-Théâtre ; Colombes (92) : pour les Non-stop de la Jeune Danse, le chorégraphe a souhaité retravailler sa création 2006, Blue Vanda, un voyage de l’Afrique au Blues ; une pièce pour cinq danseurs.

▲ Cie Patricia Alzetta : Résister ? > 2 février, Centre culturel La Passerelle ; Fleury-Les-Aubrais (45) >29 mars ; MJC-Théâtre ; Colombes (92) La MJC et Théâtre de Colombes est partenaire de la chorégraphe Patricia Alzetta pour sa nouvelle création Résister, sur des musiques de Benjamin Moussay, avec les danseurs Cathy Grouet, Patrice Valero, Julien Mercier et Patricia Alzetta.« La meilleure façon de résister à la tentation, c’est d’y céder », Oscar Wilde. « Résister… Lâcher… Flotter… Je lâ-

che prise pour mieux te saisir. A cet instant précis où j’ouvre un espace de liberté, j’entrevois ce que tu es. La face cachée, l’autre versant apparaît soudain et l’évidence se manifeste. Résister au conditionnement, ne pas se résigner, ne pas nier cette autre partie de nous même qui tend vers la liberté d’Être. Dans un monde aseptisé, réveiller l’ange et avec lui trouver l’issue… »

▲ Cie James Carles > 14 mars ; salle Nougaro ; Toulouse (31) ; création sans titre avec le groupe de jazz Pulcinella. > 15 mars ; Le pas perdu ; Albi (81) ; Le sacre du printemps et le boléro : lecture chorégraphique et spectacle sur le thème « jazz et répertoire de la musique moderne du 20e siecle. » > 24, 25, 26 mars ; MJC Roguet ; Toulouse (31) ; Le sacre du printemps et sans titre dans le cadre du mois de la danse. > 28 mars ; Centre Alban Minville ; Toulouse (31) ; soirée danse musique moderne et jazz (Stravinsky, Ravel, James Brown et Herbie Hancok) : Le sacre du printemps et Le boléro suivi de Its a mans mans

James Carlès

world et good news. À partir du mois de mars et jusqu’en 2009, les soli Opus 05, 07 seront en tournée dans plusieurs pays d’Afrique et au Caraïbes.

DR

ICI est la nouvelle création en cours de la chorégraphe Anne-Marie Porras. C’est un « Hymne à la vie ; une histoire de la rencontre du corps de l’autre, du désir, de la vie ». > du 18 au 29 février ; résidence de création à Ajaccio (Corse) pour ICI et avant- première le 29 février ; Cyranos Palace ; Ajaccio (Corse) > du 8 au 13 mars ; résidence de création ; Théâtre d’Aurillac

(15) ; première le 13 mars > 11 avril ; Théâtre de la Mauvaise Tête ; Marvejols (48), programmation des Scènes Croisées de Lozère : Plaine des Sables

David Herero

EN BREF COMPAGNIES & & SPECTACLES

▲ Cie Ingeborg Liptay : Hivernales d’Avignon > 18 février à 17 heures ; 19 février à 18 heures ; Théâtre des Hivernales à Avignon La Cie Ingeborg Liptay/Ici maintenant présente Les ailes de la gravité, création 2008 et Maysha. Danseuse, chorégraphe mais aussi pédagogue, à 73 ans, Ingeborg Liptay enseigne toujours dans son studio Montpelliérain où des générations d’amateurs et de professionnels ont dansé depuis 1972. Barbara Gaultier et Agnès de Lagausie, deviennent les interprètes de la danse d’Ingeborg Liptay. Elles embrassent et pénètrent cette danse que d’aucuns pensaient nontransmissible. C’est au cours des années soixante, auprès de Karin Waehner, disciple de Mary Wigman, figure majeure de la danse allemande, qu’elle enrichit sa qualité de mouvement et son lien à la terre. > Les ailes de la gravité sur la musique de TOOL, rock USA. La gravité n’est pas reconnue comme force motrice /D’où un monde en stagnation /Il faut retrouver la fluidité/Se mettre dans le champ de la gravité/ Il faut retrouver les rythmes qui ouvrent et libèrent le temps et l’espace/ Ceux qui résonnent dans l’homme. Ingeborg Liptay > Maysha est le titre d’une pièce de Miles Davis tirée de l’album Agharta (1975) « Grâce à mes maîtres, j’ai réalisé l’importance du son comme intermédiaire entre le corps et l’esprit ». http://cie.ingeborgliptay.pro.wanadoo.fr Maysha créé en 2006

Janvier 2008 > 7


DR

EN BREF COMPAGNIES & SPECTACLES

Art Work Ballets

▲ Cie Synopsie, en résidence > Collaboration depuis décembre avec Alexandre de La Caffinière. Cette jeune chorégraphe néo-classique, de retour en France après une carrière internationale de soliste, prépare à Paris sa 2e création. > Résidence de création à la Voilerie Danses à Arzon (56) ; présen-

tations des travaux en cours aux professionnels : 29 et 30 avril Cathy Grouet, chorégraphe de la cie Synopsie, relance une recherche d’écriture chorégraphique, à partir d’élastiques tendus dans l’espace. Coproduction et préachats seront nécessaires à l’aboutissement de ce travail. www.compagnie-synopsie.fr

Yannick Derennes

▲ Cie Vega : de l’aube au crepuscule

Cie Synopsie 1+2+3

Janvier 2008 > 8

Première création de la nouvelle compagnie alsacienne Véga : De l’aube au crépuscule. > 20 février ; Festival International de Danse Jazz d’Hiver ; L’Espace Rhénan à Kembs (68) ; extrait de la nouvelle création > 14 et 15 mars ; Relais Culturel de Thann (67). « Le lien harmonique qui lie l’être humain à la nature, la solidarité qui se révèle à tous les niveaux de la manifestation constituent le mystère de la vie, le Sacré du monde manifesté. » Une recherche chorégraphique sur la thématique du cycle de la vie et de la mort proposée par Cynthia Jouffre, chorégraphe. www.scooldance.com.

▲ Ballets des alpesmaritimes : jazz et classique Ballets des Alpes maritime ; Nice (63) Les Ballets des Alpes-maritimes ont été créés en 2006 sous l’impulsion de Julia Tumoticchi, directrice artistique et Gilbert Viano-Lorenzi, président. Cette compagnie de danse a pour vocation essentielle de permettre aux jeunes danseurs diplômés des Alpes-maritimes d’acquérir une première expérience professionnelle et de bénéficier de conseils dans leur progression artistique. La compagnie accueille deux chorégraphes permanents Julia Turmoticchi en classique et Valérie Giraudeau pour le jazz. C’est sur cette rencontre artistique, entre néo-classique et jazz, « cette dualité », que repose Racines, une histoire d’hommes libres, première création en 2007 des Ballets des Alpes-maritimes : douze tableaux, récit de ces générations d’esclaves qui ont dû mener un combat sans relâche pour retrouver le droit d’être des Homme libres. Pour 2008, la compagnie propose La vie de Rimbaud, à moi l’histoire d’une de mes folies, spectacle de

danse néo-classique, théâtre et musique. www.lesballetsdesalpesmaritimes.com

▲ Cie Wayne Barbaste : reprises et création > 25 janvier dans le Pays de Loiron (53) ; 02 43 02 19 31 ; spectacle Mister Ex, suivi d’une rencontre avec le chorégraphe > 15 mars à Questembert (56) ; centre culturel l’Asphobèle ; 02 97 26 29 80 ; Dans la foule (création) > 28 mars à Lanester (56) ; salle Jean Vilar ; 02 97 76 01 47 Présentation de deux chorégraphies Sens : exercice chorégraphique. S’approprier l’espace dans le rapport à l’autre et la contrainte du volume scénique. No Body’s Games : deux sexes « opposés », unis par des liens fraternels amorcent un dialogue à plusieurs voix. www. ciewaynebarbaste.com

▲ Cie Sylvie Kay Site de la compagnie Sylvie Kay, spécialisée dans un style contemporain des claquettes qui présentait Urban Tap, en 2006 : http://acsk.free.fr


EN BREF FESTIVALS & SPECTACLES DR

> 21 mars ; Chauvigny (86) ; en partenariat avec la compagnie Alice de Lux > 5 avril ; Saintes (17) ; Scène départementale organisée par l’ASSEM 17

▲ Hommage À Chet Becker

Festival Fidjhi

De notre correspondante Dominique Thomas > Festival International de Danse Jazz d’Hiver ; du 20 au 24 février ; Kembs et Ungersheim (68) ; 03 89 44 22 73 ; www.scooldance.com Une plate-forme de rencontres métissées. Temps fort à inscrire dans l’agenda des rencontres de danses jazz, Fidjhi concentre sur cinq jours un bouquet varié de spectacles, de rencontres chorégraphiques et de stages.La 3e édition de ce Festival International de Danse Jazz d’Hiver, le plus ambitieux de l’Est de la France sous ce format, se veut un lieu de sensibilisation à la danse jazz sous toutes ses formes. Il est aussi un moment privilégié de rencontres entre spectateurs, danseurs amateurs ou professionnels, et chorégraphes. Lieu de formation, il intègre un programme de cours et d’ateliers encadrés par des professeurs et des chorégraphes comme James Carles, Wayne Barbaste, Alain Gruttadauria, Bruce Taylor, Corinne Lanselle, Peter Mika, Cynthia Jouffre ou Ray Morvan. A noter que le percussionniste Manuel Wandji accompagnera en musique le stage de James Carlès. Outre trois spectacles donnés par les compagnies Véga, ChoréOnyx et Corinne Lanselle, une soirée de clôture réunit un plateau métissé de performances variées : écoles d’amateurs ou de formations professionnelles, artistes et danseurs venus de toute la France. Rencontres chorégraphiques le 23 février.

▲ 36 heures d’Aurillac (15) Après une première édition couronnée de succès, l’événement coproduit par Vandetta Mathea La Manufacture et le Théâtre d’Aurillac, scène conventionnée est réitéré. Pour l’édition 2008, on attend en particulier la compagnie Vincent Mantsoé et la compagnie Vendetta Mathea & Co qui présentera un extrait de Si j’étais humain, en avant-première. L’an dernier, l’événement avait réuni une quarantaine d’artistes professionnels d’Auvergne pour 36 heures de spectacles, de stages, de conférences, de rencontres dans une dizaine de lieux. www.la-manufacture.com DR

▲ Festival Fidjhi (68)

Les insouciantes- Forum en avant scene

▲ Forum En Avant-Scène à Cesson-Sévigné (35) > du 27 février au 2 mars ; centre culturel ; Cesson-Sévigné (35) Trois axes pour le Forum en Avant Scène organisé par Wayne Barbaste à Cesson-Sévigné : les rencontres, la formation et la culture jazz. Stages pendant 5 jours avec Cathy Grouet, Anne-Marie Sandrini, Frédérique Jéhannin, Nadia Dumont-

Barbaste, James Carlès, Saint-Louis Rhino, Wayne Barbaste ; exposition de Richard Volante : Time Code ; conférence de Virginie Garandeau sur Jack Cole (1911-1974). > 1er mars ; Rencontres chorégraphiques amateurs avec : la Cie Ainsi Danse pour État d’âme, chorégraphie Frédérique Jéhannin ; la Cie Toutoutar pour Seul… ou pas, chorégraphie Aurélie Girbal sur une musique d’Emmanuel Guillard ; la Cie Les Insouciantes pour Instants II chorégraphie Audrey Smaïl. www.association-calabash.org

▲ CESMD PoitouCharentes : See Seeds… CESMD de Poitou-Charentes ; 86000 Poitiers ; 05 49 39 00 38 Le Centre d’Études Supérieures Musique et Danse de Poitou-Charentes, centre de formation au métier de la danse, présente le spectacle See Seeds, ou regarde les graines. Il est composé de quatre petites formes chorégraphiées par Stéfania Pavan, James Carlès, Christophe Nadol et Claire Servant. > 2 février ; Pamproux (79) > 8 février ; Poitiers au CESMD ; présentation d’un extrait dans le cadre du séminaire Fenêtres sur l’analyse fonctionnelle du corps dans le mouvement dansé > 14 mars, Angers (49) ; partenariat avec le Conservatoire d’Angers > 16 mars ; Poitiers (86) ; présentation d’extraits dans le cadre du festival Souffle de l’Équinoxe organisé par le Conservatoire

Conservatoire de Paris ; 75019 Paris ; 01 40 40 46 47 > 31 mars à 19 heures : rencontres transversales jazz et danse avec Broken Wing, hommage à Chet Becker. Riccardo del Fra, directeur du département jazz et musiques improvisées du Conservatoire national supérieur de Paris, qui fut aussi contrebassiste de Chet Becker a souhaité rendre hommage à ce grand jazzman à l’occasion des 20 ans de sa disparition. Avec le département des études chorégraphiques dirigé par Daniel Agesilas et la complicité de la chorégraphe de danse jazz Cathy Bisson, il a décidé d’écrire une pièce de musique et de danse. C’est le 3e projet de ce type proposé par le CNSMDP qui met en scène les élèves.

▲ Ballets Jazz de Montreal Mapa, chorégraphie de Rodigo Pederneiras (Grupo Corpo) suivi de Les Chambres de Jacques, chorégraphie de Aszure Barton. >19 janvier ; Les Atlantes ; Les Sables d’Olonne (85) ; 02 51 96 81 00 > 22 janvier, Olympia ; Arcachon (33)

▲ residence à Albi (81) Muriel Merlin et David Romy ont un parcours de danseuse nourri de danse jazz et contemporaine. C’est à la frontière de ces deux esthétiques qu’elles poursuivent leur travail chorégraphique et proposent un duo, une rencontre, Pré d’Elles : « Un essai sur deux états de corps, solitude et désir d’être deux ». >15 mars ; Le Pas Perdu ; Albi (81) ; 05 63 60 63 13 ; Pré d’Elles sera suivi d’une présentation d’extraits du Boléro, Le sacre du printemps par le Groupe de recherche du Centre James Carles, suivi d’une discussion avec le chorégraphe.

Janvier 2008 > 9


TENDANSES

Raza Hammadi

La tradition d Raza Hammadi se présente comme l’un des chefs de file de la danse jazz, passeur d’une forme artistique

ouverte sur ses racines et sans frontières.

Janvier 2008 > 10

© Nasser Hammadi

d’aujourd’hui nourrie d’une tradition culturelle


TENDANSES

« Avec Matt Mattox, l’originalité du geste » « Matt Mattox fait partie des grandes personnalités de la danse comme Martha Graham, José Limon ou Lester Horton. Il a créé une méthode pour aider à comprendre que le corps est un orchestre ; il faut savoir associer ou dissocier chaque élément pour que celui-ci puisse jouer. Il a proposé des exercices spécifiques à la danse jazz, très logiques, qui travaillent sur la coordination, la dissociation, la rapidité d’exécution… des exercices précis qui partent de toutes les parties articulaires du corps, c’est-à-dire de la tête aux épaules en passant par la cage thoracique, jusqu’au bassin et aux chevilles. Quand on sait orchestrer, on peut alors composer. De cette façon, en regardant quelqu’un danser, disait Martha Graham, on voit tout de suite si c’est juste ou si c’est faux. De plus, avec la présence d’un batteur en cours, il nous a appris à faire des mouvements polyrythmiques. C’est ça la méthode Matt Mattox avec tous les apports de la danse classique et du travail de Jack Cole. C’est un blanc qui a apporté à la danse jazz une forme différente de danser. Il ne nous demandait pas d’être dans une maniérisation mais d’être nous mêmes. Avec Matt Mattox, nous avions l’originalité du geste ».

© Nasser Hammadi

«A

vec mes amis du monde musical et télévisuel nous nous questionnons sur le fait qu’il existe une séparation entre la danse jazz et la musique jazz », commente Raza Hammadi, chorégraphe de danse jazz, installé à Paris, directeur artistique du Ballet Jazz Art depuis 1983. « Il y a deux ans, j’ai travaillé avec l’électrojazzman, Daniel Yvinek, un ballet qui s’appelle double fats. Quand j’ai découvert sa musique, je me suis dit : c’est ça que devrait être la danse jazz, contemporaine dans le sens d’actuel. La musique que compose Daniel Yvinek est la synthèse rythmique et en même temps multiple de tous les courants qui existent dans la danse de jazz et dans la musique. » Avec double fats, chorégraphe et compositeur retraversent ici les compositions du pianiste américain Fats Waller. « Il avait créé un mouvement qui s’appelait le Stride ; une musique au piano très rapide à laquelle on associe le battement des pieds issu des claquettes. » Le chorégraphe envisage aujourd’hui de remonter double fats, cette fois avec le compositeur sur scène, pour un festival dédié à la danse jazz et à la musique jazz qu’il projette d’organiser avec ses amis musiciens, à Saint-Germaindes-Prés, à l’automne 2008. « J’aimerais que les gens de la danse jazz s’intéressent beaucoup plus à la musique dans sa multiplicité. Nous vivons dans un monde de début du siècle, en pleine renaissance musicale. Chez Daniel Yvinek, on retrouve l’ancien jazz qu’il distord pour le remettre d’actualité. » Le musicien concepteur et réalisateur prendra la direction artistique de l’Orchestre National de jazz, à compter de septembre 2008. Il a émis le souhait de solliciter des compositeurs et arrangeurs associés, représentant les différentes facettes du jazz d’aujourd’hui, en établissant des liens entre différentes formes artistiques et musicales. « C’est important pour nous, car ce qui manque à la danse jazz, c’est de pouvoir chercher comme on a permis à la discipline contemporaine de le faire. Penser pour se propulser ». Il fait ainsi amende honorable pour le milieu jazz : « On peut reprocher à la danse jazz son manque de culture sur la danse.

Ci-dessus : Fleurs du Mal de Matt Mattox À droite : Matt Mattox

© Nasser Hammadi

n d’un jazz actuel Et, s’il existe des clans, des incohérences d’appellation, c’est par ignorance de notre culture. La danse jazz n’a pas su se fédérer car les jeunes ont appris à danser en stages avec chefs de file qui ont vécu grâce à ces stages, invités dans les jurys de concours. Ce sont des réseaux commerciaux qui se sont mis en place. » Et d’ajouter : « Aujourd’hui, les chefs de fi le de la danse jazz ont comme moi la cinquantaine, il faut nous lever pour exiger une vraie reconnaissance et des lieux ».

Page de gauche : entre dos aguas de Robert North

UN MOUVEMENT CALLIGRAPHIQUE Depuis vingt-cinq ans, Raza Hammadi milite pour cette reconnaissance artistique de la culture jazz. Un art qu’il exprime au sein de la compagnie Ballet jazz art mais aussi invité pour la réalisation et la reprise auprès d’autres compagnies, celle d’Ismaël Aboudou à la Réunion ou à l’étranger. Citons L’opéra de Budapest, le Ballet de l’opéra de Goteborg, le Ballet national de Tunisie, le Ballet

Janvier 2008 > 11


© Nasser Hammadi

TENDANSES

Janvier 2008 > 12

▼ Chacun son voisin

▼ Robert North

DR

de l’opéra de Naples, la compagnie Carte blanche en Norvège, la compagnie Isadora de Bologne, en Italie, ou encore la compagnie Sphinx à Vienne, en Autriche. « Il s’agit pour moi de créer des mouvements et des expressions dansés, en lien avec le jazz traditionnel qui peut se dire d’aujourd’hui. » Une écriture qui traverse les cultures. Alors qu’il enseignait la danse jazz à Mudra Bruxelles, Maurice Béjart, ce grand chorégraphe qui nous quittait en décembre dernier et à qui Raza Hammadi rend hommage, lui demande un jour pourquoi il ne s’intéresse pas à sa culture. « Et effectivement, tout est lié. Ce n’est pas pour rien que mes frères et moi avons pratiqué la danse de jazz, moins enfermée dans une codifi cation rigide, parce qu’inconsciemment cela se rapproche de notre culture. » Il créait ainsi Murs-Murs de la Méditerranée, en 1998, à la Biennale de la danse de Lyon et remontait récemment Mosaïque avec le ballet de Budapest. « Je dis que si vous voulez qu’on soit dans l’histoire, il faut nous laisser raconter nos histoires. Je vais avoir 50 ans et je ne me sens pas frustré. Nous sommes des miraculés de la situation, c’est vrai, mais il faut qu’on arrête de nous regarder en tant que fils d’immigrés mais qu’on nous regarde en tant qu’artistes. » Depuis quelques mois, le chorégraphe s’essaie au dessin : « Je retrouve ce geste qui nous relie à nos origines, dans l’envolée du mouvement calligraphique avec cette rondeur qu’on retrouve dans notre culture. La chorégraphie c’est le dessin de l’espace ; je suis dans ce

mouvement qui n’est jamais figé avec l’exubérance qui est la nôtre et qu’on retrouve dans la danse de jazz. Je dis toujours que le jazz est un espace d’ouverture pour les cultures qui peuvent s’exprimer avec leur apport. La danse jazz est une porte ouverte à l’étranger. » Fautil encore pour le chorégraphe ne pas oublier les racines de la danse jazz. « Si on veut s’appuyer sur le répertoire, sur l’histoire, il devient urgent de répertorier tous les anciens ballets de jazz. » Et de citer les créations du chorégraphe Matt Mattox, américain arrivé en France, en 1972. « Qu’on aime ou pas, le chorégraphe a réalisé trois ou quatre ballets sublimes sur le plan anthologique qui risquent de disparaître. Le dernier ballet qu’il a monté avec nous ce sont Les fleurs du mal de Baudelaire. Au milieu des années quatrevingt, j’avais créé un festival qui s’appelait Jazz génération. L’idée était de présenter trois générations de chorégraphes. Il y avait Matt Mattox, Robert North et moi-même. » C’est pour Raza Hammadi l’occasion de rendre hommage à ces deux grandes figures de la danse qui ont marqué son parcours. Matt Mattox et Robert North, des pères « Matt Mattox a été, pour moi et mes frères, un patriarche. Quand nous l’avons rencontré, il avait la cinquantaine. » Originaire d’Algérie, né en Tunisie, Raza Hammadi vivait alors avec sa famille à Colombes, en région parisienne, où le danseur américain enseignait. « Il n’y avait pas de tradition de danse


TENDANSES

Ballet Jazz Art

chez nous. Nous faisions du sport et nous aurions pu devenir footballeur comme beaucoup de frères à l’époque. C’est la rencontre avec Matt Mattox, l’homme qui danse, une danse masculine, qui nous a amenés dans la danse, en 1976, à 17 ou 18 ans. » La MJC de Colombes est alors la plaque tournante de la danse jazz avec des danseurs venus de tous les horizons. « Cela nous a permis de découvrir des danses différentes. Nous avons eu un lien fort, affectif et en même temps de travail pendant les cinq ans où nous avons travaillé ensemble. » Pour Raza Hammadi, Matt Mattox a su donner à la danse jazz un fil conducteur, une forme pédagogique. « Il y a aujourd’hui confusion entre approche stylistique et approche méthodique. Nous avons eu cette chance avec Matt Mattox de rencontrer le créateur d’une méthode qui nous a permis de suivre un tracé et de pouvoir évoluer de façon précise et méthodique. Il m’a ouvert la voie de la création du geste en danse jazz. » La chorégraphie c’est avec Robert North que Raza Hammadi la découvrait. « Directeur des ballets Rambert à Manchester, du Gothenburg Ballet en Suède, disciple de Matt Mattox… peu de gens le connaissent sur le plan national, car sorti des sentiers de la danse contemporaine, en France, on connaît peu la danse internationale. Pour la danse noire américaine, il a créé Try again, ballet mythique des ballets d’Harlem, le Harlem Dance Theater. » Raza Hammadi rencontrait Robert North par le biais de stages qu’il or-

▲ Sava Percussion

▲ Ci-dessous et à droite : Raza Hammadi

ganisait aux Arcs, dans les Alpes, au cours des années quatre-vingt. « Avec lui, nous avons découvert les fondamentaux de la chorégraphie qui s’attachent au geste et à cette idée de jazz. Il nous a proposé des chorégraphies et nous avons acheté le ballet mythique de la compagnie qu’on danse depuis vingt ans, entre dos aguas ». C’est avec cette dynamique de transmission et de rencontres que Raza Hammadi s’est associé au chorégraphe Kada Ghodbane de la compagnie Résonance et Sadok Khechana, responsable pédagogique des formations de l’Espace Pléiades Paris et de Vichy et ancien danseur soliste du ballet jazz, pour créer l’Espace Pléiades à Vichy : « Nous souhaitons faire de ce lieu, un lieu spécifique d’enseignement supérieur en jazz, ouvert à tous les chorégraphes de la danse jazz pour proposer aux jeunes générations une vraie culture de la danse jazz. » Et de conclure avec humour : « En France tout est possible et impossible ! » www.balletjazzart.com Christine Barbedet

© Nasser Hammadi

© Nasser Hammadi

Chorégraphies de Robert North : entre dos aguas ; boom boom ; matisse miniatures. Quelques chorégraphies de Raza Hammadi : sava percussions ; les sœurs brontë ; double fats.

Janvier 2008 > 13


EN BREF CONFÉRENCES & EXPOSITIONS

Cinématheque de la danse

les pratiques corporelles » par Mohamed Ahamada ; « Approcher la ligne de gravité… » par Catherine Friedrich ; etc.

▲ Conférence : Comedie Musicale à Nantes (44)

Addm 53 ; 02 43 59 96 50 ; www. addm53.asso.fr > Théâtre de Laval ; tout public ; entrée libre, 19 heures 23 janvier : « Une histoire du jazz en images, trésors de Jo Milgram » (musique et danse) 25 mars : « Du lindy hop au hip hop » Dans le cadre des Itinéraires Danse en Mayenne, ces parcours de pratique et de culture chorégraphiques sont ouverts à tous les publics. L’ADDM 53 propose des projections exceptionnelles de trésors de la danse en partenariat avec la Cinémathèque de la danse de Paris.

▲ Séminaire : Corps dans le mouvement dansé à Poitiers (86) CESMD de Poitou-Charentes ; 86000 Poitiers ; 05 49 39 00 38 > 8 et 9 février ; Conservatoire de Poitiers Le Centre d’Études Supérieures Musique et Danse de Poitou-Charentes, centre de formation au métier de la danse, propose à l’initiative de l’association « Accord cinétique », en partenariat avec le Conservatoire de Poitiers, le 3e séminaire de rencontres « Fenêtres sur l’Analyse Fonctionnelle du Corps Dans le Mouvement Dansé ». Au programme : des temps de pratiques sous forme d’ateliers et des conférences. Citons « L’enseignement de l’anatomie pour les danseurs » par Soahanta de Oliverira ; « Appréhender son corps pour mieux appréhender le corps de l’autre » par Térésa Salerno ; « Recherche d’enracinement dans

Janvier 2008 > 14

▲ Conferences et démonstrations à Lanester (56) École Agréée de Musique et de Danse ; 02 97 76 03 28 > 9 février à partir de 14 h 30 ; conférence : « Les danses percussives et les claquettes » par Virginie Garandeau avec démonstration dansée de claquettes commentée par Katy Varichon >29 mars à partir de 14 h 30 ; conférence : « La danse jazz aujourd’hui » par Virginie Garandeau avec démonstration dansée de « jazz nouveau concept » par Wayne Barbaste

▲ Conférence : Histoire du Jazz au Creusot (71) > 15 mars à 17 h 30 ; L’Arc au Creusot (71) ; 03 85 55 13 11

▲ Exposition : Dansons le Jazz (1850-1950) www.baudouinjazz.com ; Philippe Baudouin ; 01 42 55 78 88 Exposition itinérante pour les structures. Des premiers pas des minstrel shows aux danses de la swing era, en passant par le cakewalk, le charleston et le lindy hop, les principales facettes de la danse jazz ou populaire sont évoquées dans cette exposition originale et replacées dans leur contexte historique. Philippe Baudoin, pianiste de jazz, chercheur et enseignant, auteur d’ouvrages musicologiques et membre de l’Académie du jazz, et Isabelle Marquis, passionnée de jazz et de claquettes, ont abordé la danse dans le jazz, les musiques et les spectacles populaires de 1850 à 1950, en rassemblant 270 couvertures originales de partitions musicales. Ils nous présentent ici le fruit de leurs recherches sur 32 panneaux. Disponible à la location, cette exposition est présentée par Enzo Productions et Loop Productions, comme la précédente traitée par les auteurs, L’Arbre du jazz, qui traite de l’histoire de cette musique.

▲ Exposition : la Danse est une Arme Centre national de la danse ; Pantin (93) ; 01 41 83 98 98 ; www.cnd.fr > Exposition au CND ; 17 janvier au 8 avril ; Dance is a weapon, NDG 1932-1955 En février 1932, à l’heure de la Grande Dépression américaine, six étudiantes en danse moderne, politiquement engagées, forment le New Dance Group et donnent une représentation lors d’un rassemblement communiste à Manhattan. C’est le début des danses de protestation qui forment un front culturel. Celui-ci atteint son apogée à Broadway, en 1948. Cette exposition se compose de deux parties. La première privilégie une approche historique qui retrace l’évolution du New Dance Group et de la Grande Dépression à la société de consommation, des danses de masse prolétariennes aux spectacles de Broadway. La seconde adopte une approche transversale et traite de thématiques telles les questions d’identité, la mission éducative, les influences esthétiques, les réseaux humains, artistiques et politiques. Un des chapitres présente « Les origines africaines exprimées dans la danse » avec Pearl Primus, Tallye Beatty et Donald McKayle. Cette exposition sera ensuite itinérante pour les structures intéressées.

▲ Colloque : danse et résistance au cnd Photo Donald McKayDonald McKayle © DR, Courtesy New Dance GroupTM Archive, NY, USA, www.ndg.org

▲ Cafés Danse à Laval (53)

Cefedem Bretagne-Pays-de-Loire ; Nantes (44) ; 02 40 89 90 54 ; www.cefedem-ouest.org > 8 février ; à l’auditorium du Conservatoire à Rayonnement Départemental de Lorient (56) : « Un temps fort du XXe siècle : la comédie musicale américaine », par Virginie Garandeau (3 heures)

Dans le cadre d’une journée consacrée à la découverte de la danse jazz, panorama de l’histoire de la danse jazz depuis le début du XXe siècle jusqu’à aujourd’hui par Daniel Housset. Conférence en images.

Centre national de la danse ; Pantin (93) ; 01 41 83 98 98 ; www.cnd.fr >du 17 au 20 janvier : radicalité du corps, postures subversives, injonction idéologiques… Au cours du XXe siècle, la danse s’est souvent exprimée comme une forme de protestation. Comment les chorégraphes ont-ils par leur posture et par leur art, tenté de résister ? Sous la direction de Claire Rousier, sont invités à aborder la question de la chorégraphie engagée des artistes et théoriciens de la danse : Mark Franko, Lynn Garafola, Victoria Geduld, Cécile Proust, François Verret…


DR

COURRIER DES LECTEURS

Dance'nCo de Nantes

Vous recherchez une information ; vous souhaitez diffuser la vôtre, poser une question, partager votre expérience… cette rubrique est la vôtre. Merci de nous faire parvenir vos questions avec votre nom et prénom ainsi que le nom de la ville ou de la région où vous vivez. redaction@jazzpulsions.com

> Danseurs jazz en contemporain A vous tous bonjour J’étais très impatiente de recevoir le 1er numéro. J’ai, tout d’abord, été agréablement surprise par la qualité « technique » du magazine : bonne qualité de papier, belle mise en pages, jolies photos de danseurs en mouvement, que ces derniers soient pro ou amateurs, des rubriques intéressantes (entre autre World jazz), un édito sobre mais porteur d’une certaine force. Je me suis retrouvée dans la plupart des témoignages qui composent le dossier Être jazz en 2007 (mais plus principalement dans les témoignages de Bruce Taylor et de Wayne Barbaste). Je voudrais témoigner d’une expérience que j’ai vécu en tant que formatrice

dans un centre habilité à faire passer le DE uniquement en danse jazz. (Nos stagiaires se forment au DE quelquefois par défaut, en effet la plupart aimeraient danser, mais étant donnée la pauvreté des propositions en compagnie de danse jazz, la formation diplômante reste la seule alternative à une certaine professionnalisation. Cependant depuis quelques années, j’assiste à un phénomène qui d’une certaine manière me réjouit : des danseurs de formation initiale jazz se voit employés dans des compagnies de danse contemporaine ou dans des compagnies de danse hip hop. Pourquoi pas un article sur les ponts existant entre danse jazz, danse contemporaine et danse hip hop ? Christelle Bouyoud (Rhône Alpes)

Merci Christelle pour ces compliments qui nous donnent force pour continuer. Interroger les chorégraphes de danse contemporaine sur les qualités mais aussi les limites qu’ils trouvent chez des danseurs formés en jazz pourraient en effet être une piste intéressante. À suivre… L’équipe de Jazzpulsions

> Actualités de la danse nantaise Bonjour, Compagnie amateur, présente depuis 1992 sur Nantes, Dance’n Co a fondé son identité artistique sur le mélange des genres chorégraphiques et musicaux. S’inspirant essentiellement du modern’jazz, mais puisant également dans le classique, le hip hop, les claquettes et d’autres encore, la compagnie a construit sa propre gestuelle et propose une danse éclectique et vivante. En animant le site www. dnc.44, sur l’actualité de la danse en région nantaise, elle s’inscrit dans le paysage culturel régional, et mène une action d’information sur la danse auprès du grand public mais aussi des professionnels de la danse.

Sa démarche est de rassembler les ressources liées à la danse dans notre région et de les mettre à disposition de tous, juste par amour de la danse. Delphine Jarnoux pour Dance’n Co

www.dnc44.fr La rédaction de Jazzpulsions a bien apprécié l’agenda des spectacles disponible pour le Grand Ouest.

> Sites de lecteurs Association K-danse jazz : notre association possède son site qui informe sur nos activités mais aussi sur ce qui gravite autour de la danse Jazz. http ://kdansejazz. fr. nf Bonjour à tous. Merci, merci et encore merci pour ce magazine sur la danse jazz. Je vous laisse des liens pour visiter mes sites. Je fais de mon côté tout le nécessaire pour continuer la communication sur la danse jazz et pour qu’on médiatise plus cette discipline. www.myspace.com/christinehassid http://christinehassid.blogspot.com

Janvier 2008 > 15


DR

EN BREF ÉCOLES DE DANSE & STAGES

stage d’improvisation de danse jazz

Addim de l’Ain ; 04 74 32 77 20 ; www.addim01 > 22 et 23 mars ; Addim de l’Ain et Dans’ensemble de Lagnieu (01) ; ateliers pratiques d’improvisation en danse jazz privilégiant le travail d’écoute et d’échange avec le musicien ; animés par la danseuse et formatrice Patricia Karagosian, accompagnée par le percussionniste Jean-Luc Pacaud, ils sont ouverts aux professeurs et élèves de danse jazz des écoles du département de l’Ain. « Vivre pleinement le moment présent, l’improvisation a toujours été l’essence même de la musique jazz. Cette osmose entre musique et mouvement et les infinis échanges possibles créent une nouvelle dynamique de cette expression artistique », explique la danseuse et formatrice.

Conseil général de Saône-et-Loire ; 03 85 39 78 64 Stage organisé par le Conseil général de Saône-et-Loire (03 85 39 78 64) en lien avec musique danse bourgogne (03 80 68 50 50), en partenariat avec L’ARC, scène nationale du Creusot. > Du 19 au 24 février avec Patricia Greenwood Karagozian Danseurs professionnels, professeurs de danse et enseignants de l’Éducation nationale sont invités à se confronter au travail de création (coût pédagogique gratuit). A partir d’expériences vécues lors de divers ateliers et avec la matière émergeante de ces rencontres, une composition va se dessiner, se structurer pour démontrer que la danse jazz se prête bien à la création chorégraphique. Présentation du travail à L’Arc : 15 mars, 20 h 30. > 15 mars, 13 h 30 ; Master class avec Patricia Greenwood Karagozian et Daniel Housset.

▲ Atelier : analyse du mouvement au CND Centre national de la danse ; Pantin (93) ; 01 41 83 98 74 ; www.cnd.fr/formation_professionnelle Danse jazz et analyse du mouvement : regards croisés > 16 et 17 février, de 9 h 30 à 16 h 30 Nathalie Schulmann et Raza Hammadi proposeront une lecture à deux voix des spécificités du corps et de la danse jazz. Par un travail d’atelier et d’analyse, ils questionneront les coordinations, les tonicités et les imaginaires mis en jeu dans cette discipline et offriront aux danseurs la possibilité de s’approprier des chemins différents dans la réitération de vocabulaires déjà connus.

Janvier 2008 > 16

▲ Interprétation et création à Angers (49) Addm 49 ; 02 41 81 41 60 ; www. addm49.asso.fr > Ateliers réguliers : 3,10,17,30 et 31 mars ; projet de création : 6,7 et 25 avril ; présentation 27 avril Cet atelier régulier en danse jazz, animé par Wayne Barbaste, à destination des professeurs de danse de toutes disciplines (niveau intermédiaire en jazz), aborde le travail de l’interprétation et de la création

Patricia Karagosian en atelier.

dans la danse jazz (démarches et outils). Il aboutira à la réalisation d’une courte pièce chorégraphique présentée en public.

▲ Itinéraires jazz, pays de Loiron (53) Communauté de communes du Pays de Loiron ; 02 43 02 19 31 ; www.addm53.asso.fr Cette année les Itinéraires danse invitent le chorégraphe Wayne Barbaste en Pays de Loiron. Un partenariat avec la communauté de communes du Pays de Loiron et l’addm 53. > 12 janvier ; salle des fêtes de Loiron ; stage de danse > Du 22 au 26 avril ; école de danse de Port-Brillet ; ateliers de création

▲ Master classes, cefedem de Bordeaux (33) Cefedem de Bordeaux (33) ; 05 56 91 36 84 ; www.cefedemaquitaine.com > À Strasbourg ouvert aux enseignants, étudiants et danseurs : 16 mars ; trois Master- Classes

avec Marilèn Iglésias - Breuker (contemporain), Mark Pace (classique), Pamela Harris (Jazz) ; ateliers de transmission et restitution, démonstration et lecture publique 17 mars ; Master- Classe de Pamela Harris ( jazz) suivie d’une conférence dansée publique par Josiane Rivoire, directrice Danse du CEFEDEM Aquitaine et les étudiantes en formation > 23 mars ; Bibliothèque Municipale de Bordeaux ; Master Classe en danse jazz par Anne Marie Porras, directrice et chorégraphe de la Cie Anne Marie Porras et d’Epsedanse

▲ Concours a Monaco > 3e édition du concours international de modern’jazz organisé par Baletu Arte Jazz ; membres du jury : Sadock Kechana, Géraldine Armstrong, Alain Gruttadauria, Bruno Vandelli ; concours individuel, duo, petit et grand ; ouvert au public ; guida@libello.com ; Baletu Arte Jazz ; 06 81 52 56 37

▲ Rencontres à Lanester (56) École municipale agréée de musique et de danse de Lanester (56) ; 02 97 76 03 28 En 2008, l’espace danse de Lanester et l’école de musique et de danse de Lanester organisent différents temps forts autour de « l’histoire de la danse jazz ». Au programme : Conférences, démonstrations, spectacles et stages pour mettre en lumière les sources africaines, les danses percussives, la danse jazz aujourd’hui.

Richard Volante

▲ Créer en danse jazz au Creusot (71)

DR

▲ Jazz et impro dans l’Ain


DOSSIER

DR

Quel Lac des cygnes pour la danse jazz ? Bien souvent, dès leur apprentissage, les interprètes de danse classique rêvent de danser telle variation de Giselle ou de Don Quichotte, tel extrait d’un ballet de Balanchine ou de Béjart. La danse moderne et contemporaine se préoccupe aussi de cet aspect de la création chorégraphique et constitue un répertoire d’œuvres de référence. En danse jazz, la question

Richard Volante

se pose : existe-il un répertoire ? Ou a contrario pourquoi n’existe-t-il pas ?

Janvier 2008 > 17


DOSSIER

La question du répertoire Avant d’examiner la question du répertoire en danse jazz, rappelons quelques généralités sur cette notion de « répertoire artistique ». Selon la définition du Petit Robert, le répertoire est : « Une liste des pièces, des œuvres, qui forment le fonds d’un théâtre et sont susceptibles d’être reprises. » ; selon le Petit Larousse : « Un ensemble des œuvres qui constituent le fonds d’un théâtre, d’une compagnie de ballet ».

Joséphine Baker dansant le charleston.

Q

DR

ui dit répertoire dit mémoire. Les œuvres conservées constituent un patrimoine, instructif et émouvant, un ensemble qui relie le passé au présent. On remarquera qu’un répertoire est rarement exhaustif et se différencie donc d’un catalogue. Il se constitue selon des critères de choix en général variables : succès public, auteur, sensation de spécificité… Des critères susceptibles de se modifier au fil du temps, parfois des modes et même des budgets… Bref, un répertoire se compose pour une grande part de façon éminemment subjective.

Il peut alors paraître paradoxal que la « jeune danse française », née dans les années 1980, se soit rapidement préoccupée de la conservation et de transmission de pièces pourtant récentes. La mort précoce de Dominique Bagouet et la mission que s’assignent depuis lors les Carnets Bagouet y furent certes pour une bonne part ; mais au-delà de circonstances particulières, la question de la mémoire et des reprises, œuvrant à la constitution d’un répertoire, même s’il n’a pas trente ans d’âge, a sa place dans la danse d’aujourd’hui. Autre exemple parmi d’autres, Angelin Preljocaj optant pour la notation systématique de ses pièces en écriture Benesh. En outre, la danse est un art d’une fragilité bien supérieure à la plupart des autres, du fait de sa nature. La peinture, l’architecture, n’ont pas besoin de la présence de leurs créateurs pour perdurer. La danse, elle, comme tous les arts du spectacle vivant, n’existe que dans son exécution même, c’est-à-dire grâce à des interprètes incarnant l’œuvre au présent, au-delà même des auteurs. Enfin, force est de constater que bien plus que le théâtre ou la musique, dont bien sûr toutes les productions ne nous sont pas parvenues mais qui bénéficient d’un usage généreux de l’écriture, la danse s’est essentiellement transmise de corps à corps, de chorégraphe à interprète, de génération à génération. Même si certaines œuvres ou des extraits d’œuvres ont été fi xés sur le papier, grâce à des traités, à l’écriture Feuillet ou aux notes et dessins de Petipa, les œuvres chorégraphiques se sont transmises le plus souvent verbalement, de génération en génération d’artistes, presque littéralement au corps à corps. Un accident de transmission, dû au hasard, au destin d’un individu ou aux aléas de l’Histoire, et l’œuvre est perdue. Extrême fragilité, donc, des répertoires chorégraphiques, malgré les recours fréquents aujourd’hui aux systèmes de notation (Benesh, Conté, Laban) du mouvement ou à la vidéo. Émerveillement que ces répertoires existent, depuis la Renaissance jusqu’à nos jours.

Création collective Qui dit répertoire fait référence à « un ensemble d’œuvres », mais qu’est-ce qu’une œuvre, dans nos cultures occidentales, et plus précisément une œuvre chorégraphique ? Il s’agit d’une création narrative ou non narrative, conçue par un(e) chorégraphe, signée par l’auteur de la chorégraphie, même si lui

Janvier 2008 > 18


DOSSIER

excentriques et si possibles comiques. Certes, lorsque les artistes blancs s’approprient certaines formes du jazz, les claquettes essentiellement, ils en évacuent la dimension exotique, mais la danse jazz se doit de n’être que légèreté et divertissement… Oui à l’énergie jubilatoire du jazz, mais ignorance de son humanité profonde : oui à la ceinture de bananes de Joséphine Baker et aux pieds étourdissants de Fred Astaire, mais surtout ni souffrance ni lyrisme aux accords poignant d’un blues ! Dans ces conditions, il ne peut être question d’un répertoire de danse jazz. Aux Etats-Unis comme en Europe, ce que l’on pourrait qualifier de spectacle de danse jazz serait une revue noire du type de celles qui triomphent au Cotton club, où se succèdent d’éblouissants numéros, qui parfois font faire appel à l’improvisation, exprimant le climat de l’instant. Décidément rien à voir avec les soirées de ballets ou

sont associés compositeur, scénographe, etc. On parle ainsi d’un ballet de Béjart ou d’une création de Cunningham. La création est individualisée. Or le jazz, fort longtemps, fut une création populaire et collective. La danse jazz de la « première époque », durant approximativement le premier tiers du XXe siècle, ne peut revendiquer d’oeuvres signées, transmissibles dans une forme fi xe. La création se renouvelle constamment dans des pas, des formes de danse, mais elle est essentiellement anonyme et appartient à la collectivité, non à un auteur. Au mieux lui a-t-on reconnu, non sans mal et plus tard que la musique jazz, de participer à une culture appartenant aux arts traditionnels et populaires où la fonction sociale et anthropologique de l’expression précède l’idéal esthétique. Lesquels arts ne sont pas considérés sur le même plan que les arts libéraux ou « nobles », issus, il est vrai, des ambitions aristocratiques.

C’est par exemple le cas du charleston ou des claquettes. A ceci près que dans le même temps où ces danses continuaient d’être pratiquées et développées, au sein du brassage populaire, elles sont aussi devenues des danses scéniques, ingrédients chorégraphiques de spectacles, et à ce titre stylisées, cadrées de manière à être reproduites à l’identique au fil des représentations. Et là, on constate qu’à la différence des autres techniques et styles de danse destinés à la scène (classique, moderne, danse libre…), la danse jazz n’est pas évaluée selon les critères de l’esthétique et de la fonction de l’art issus de la culture européenne. Leur mise en forme ne saurait dépasser le stade du numéro, d’une prestation associée à la rigueur à un ou plusieurs exécutants remarquables. Aucun rapport avec la forme ou le contenu d’un ballet ou d’un récital de danse, ni avec le statut d’auteur/créateur. Pourquoi pas, après tout, si c’est pour respecter la spécificité de la danse jazz, comme on le fait pour la danse classique ou moderne ? Hélas, ce constat tourne au détriment de la danse jazz qui se voit pénalisée par des clichés attachés aux Africains-Américains et à leur culture, première source de la danse jazz. Les préjugés raciaux participent aux jugements de valeur qui en infléchissent la perception. Ainsi les Noirs ont-ils « la danse dans le sang » et ne sont appréciés qu’à conditions d’user et d’abuser de mouvements insolites,

© Richard Volante

Des clichés

K’Chash

les récitals de danse moderne. Il n’y a pas de ballet ou de récital de jazz. Il n’y a donc pas de répertoire d’œuvres jazz. Tout au plus Bill Bojangles Robinson, grand claquettiste noir, se voit demander de reprendre son célèbre numéro de l’escalier. Quant à la comédie musicale américaine du XXe siècle, si l’on admet qu’elle emploie un vocabulaire de danse jazz, (ce qui demanderait à être profondément nuancé… dans un article consacré tout entier à cette épineuse question), il est significatif d’observer qu’en cas de reprise, ou d’adaptation cinématographique, la plupart du temps les chorégraphies sont confiées à un autre chorégraphe, même si celui de la production originale est encore vivant. Il ne viendrait à l’idée de personne de changer les dialogues, les chansons et la musique, mais pour la danse, aucun problème. Constat

Janvier 2008 > 19


Alexandre Wulz

à méditer, et qui vient de toute manière plomber un peu plus la question du répertoire. A ce sujet, il faut souligner les exceptions que constituent la reprise de West Side Story dans la chorégraphie originale de Jerome Robbins ou l’hommage rendu à Bob Fosse à travers l’évocation de son répertoire dans la revue Fosse, Broadway 2002.

Mutations A partir des années 1940 aux Etats-Unis, la danse utilisée dans les comédies musicales est appelée « danse théâtrale ». Elle est progressivement façonnée par des chorégraphes majoritairement blancs, issus de la danse moderne et surtout classique. L’utilisation de l’espace, la fonction de la danse et son vocabulaire en sont profondément modifiés, au détriment des claquettes et des influences africaines-américaines, danses vernaculaires ou improvisation… De même la musique de comédie musicale, imprégnée de jazz, en a perdu bien des caractéristiques. Le terme de danse jazz peut donc être remis en question. Même un chorégraphe aussi proche du jazz que Jack Cole récusait l’expression, trop limitée selon lui. Gardons pourtant le terme pour plus de clarté. Et voyons comment les chorégraphes eux-mêmes, la plupart du temps, ne se préoccupent guère de la notion de répertoire. Jack Cole fut unanimement célébré par ses contemporains, non seulement pour ses chorégraphies de comédie musicale, mais aussi pour les numéros qu’il a conçus et dansés pendant presque quarante ans dans les clubs de jazz. Reconnu dans l’histoire de la danse jazz comme le créateur du Broadaway style, dont la formalisation dans les années 1950 a donné le modern jazz, il ne reste rien de son travail, en dehors de quelques films musicaux dont beaucoup sont introuvables. Si les lois du marché de la comédie musicale, nous l’avons vu, ne se préoccupaient pas de pérenniser la chorégraphie originale d’une production, on aurait pu imaginer que Jack Cole qui était un perfectionniste, faisant travailler d’arrachepied ses danseurs, souhaitant les voir traduire son style chorégraphique dans les moindres détails, eût à cœur

Janvier 2008 > 20

West Side Story

de transmettre ses numéros « personnels » comme autant de variations dignes d’être travaillées par eux et par les générations futures ! Il n’en fut rien. Autant que l’ego de certains artistes, une trop grande modestie peut donc être à l’origine de la perte définitive de ce qui eût constitué un répertoire unique en son genre. A moins que, pleinement jazz, la préservation d’une œuvre personnelle soit tout à fait secondaire, au profit du legs stylistique global, laissé à la libre disposition du monde du spectacle ? A la même époque, à partir de la fin des années 40, à la suite de Katherine Dunham, des chorégraphes Africains-Américains vont parvenir à s’imposer sur la scène « de concert ». On appelle ainsi aux EtatsUnis le travail de compagnies de danse tournée vers la création chorégraphique, par opposition à l’univers plus commercial du divertissement, à ceci près que les Américains n’y induisent aucun jugement de valeur. Leur rapport à la danse jazz reste ainsi complexe à analyser : aucun ne se qualifie de chorégraphe jazz, et aucun ne peut être réduit à ce seul qualificatif. Ils se rattachent bien plus clairement soit au courant de la danse ethnique, soit à celui de la danse moderne. Leur force est de parvenir à fusionner les techniques et les styles, y compris le jazz, de mêler leur double ou triple cultures pour en tirer un langage personnel au service d’aspirations propres, nées d’une histoire particulière : être citoyen américain descendant d’esclave ne peut être anodin, a fortiori pour un artiste. Talley Beatty, Donald McKayle ou Alvin Ailey en sont de magnifiques exemples. Au passage, on remarquera qu’il faut se garder d’un axiome simpliste comme « un chorégraphe noir américain est donc un chorégraphe jazz »… Si l’on étudie leur répertoire respectif, plus ou moins bien préservé, là aussi, on peut en conclure que certains ballets appartiennent au courant jazz, à cause de leur inspiration thématique, de leurs partitions, du vocabulaire employé, du rapport à la musique, de leur aspect visuel… Pour autant, leur conservation ou leur transmission se fera non pas en tant que « ballet jazz », mais en tant qu’œuvre d’un créateur méritant qu’on en garde mémoire. La notion de danse jazz, il ne faut pas se leurrer, peut et doit parfois être remise en cause, en raison de ses


DOSSIER

différentes phases et de son évolution protéiforme constante, ce qui rend donc fluctuante la notion de répertoire de ballets jazz. Si l’on aime les définitions nettes et bien arrêtées, voilà qui est très contrariant ! Mais si l’on aime le jazz, il faut accepter ses mutations fréquentes, reflets de la vie organique qui l’anime. La difficulté est de ne pas transformer ce constat en alibi d’un vaste fourre-tout. On soulignera aussi qu’en particulier en France et en français, le seul mot « jazz », mis à toutes les sauces, ne peut rendre compte de multiples courants et qu’il faudrait user d’un vocabulaire beaucoup plus diversifié. Signalons un point sans doute secondaire dans cette réflexion générale, mais qui a son importance puisqu’elle concerne l’Alvin Ailey Dance Theater, considérée comme l’une des compagnies dépositaires de bon nombre de ballets jazz : sa directrice actuelle, Judith Jamison, comme son chorégraphe-fondateur, se sont donné pour mission de préserver des œuvres de chorégraphes très divers, blancs et noirs, jazz, modernes, ethniques, afin d’en entretenir la mémoire. Leur mission de constitution et de préservation d’un patrimoine est avérée. En revanche, Alvin Ailey n’a pas voulu que ses propres ballets soient transmis à d’autres compagnies que la sienne, même à une autre compagnie majoritairement noire, comme il en existe plusieurs aux Etats-Unis. Contradiction d’un homme pourtant favorable à l’intégration, prônant la tolérance et le respect universel… En dehors du fait qu’au fil des générations, être Afro-Américain est une expérience à l’acuité variable, qu’arrivera-t-il si la compagnie Alvin Ailey disparaît ? En France, la rareté des pièces de danse jazz est telle qu’il pourrait paraître prématuré de se poser la question de la conservation quand la création a déjà tant de peine à exister ! Cependant, cette difficulté ne doit pas fragiliser encore un peu plus le répertoire existant. Les chorégraphes tentent de pérenniser certaines de leurs créations grâce à la vidéo, ou via l’écriture du mouvement. Gageons que l’avenir leur saura gré d’avoir laissé leurs traces dans le « sable du temps », expression tirée de I want to be a dancing man, chanson chorégraphiée par Bob Fosse… Virginie Garandeau

Virginie Garandeau est professeur d’histoire de la danse et chercheuse indépendante. Elle est titulaire du Diplôme d’État de professeur de danse jazz et contemporaine, auxquels on ajoutera une longue pratique de la danse classique et de la Belle danse (danse baroque).

West side Story ? toujours d’actualitÉ Rencontré le lendemain de la première de West Side Story au théâtre du Châtelet, à Paris, en novembre, le chorégraphe américain Joey Mc Knelly, très affable, explique comment cette pièce majeure du répertoire du théâtre musical américain reste vivante.

«L

a chorégraphie et la mise en scène de West Side Story est préservée et contrôlée par la fondation Jerome Robbins grâce à deux documents : la captation vidéo d’une précédente reconstitution, effectuée à Broadway en 1981, et un « manuel de chorégraphie », c’est-à-dire un descriptif détaillé de la chorégraphie et de la mise en scène. Mais surtout j’ai dansé l’œuvre, avec Robbins lui-même… Le passage d’un artiste à l’autre est le meilleur moyen de transmettre la chorégraphie, à partir du moment où Robbins puis la Fondation m’ont accordé leur confiance. » Pour Joey McKnelly, rien n’est plus délicat et cependant si essentiel que de transmettre le style d’une œuvre, ce qu’aucun descriptif ou aucune notation ne peut transcrire. Cette entreprise pourrait être frustrante pour un artiste lui-même chorégraphe et metteur en scène. Pour Joey McNeely, au contraire : « Ce travail m’iinspire, il influencera le mien, non pas pour reproduire le style de Robbins, mais pour créer des personnages, des émotions, raconter une histoire… Cette expérience est un défi, elle m’incite à ne pas céder à la facilité, car Robbins est un si grand artiste qu’il faut aborder son travail avec une grande exigence. » Il explique ce qui peut cependant être repensé de façon personnelle : « Lorsque la fondation Robbins accorde l’autorisation de monter la production originale, elle cède une sorte de « package » qui doit être présenté dans son intégrité, à savoir la musique, le livret, les chansons, le script [de la mise en scène] et la chorégraphie. Pour le reste, on peut modifier le traitement visuel :

décors, lumières, costumes. Je pense que nous vivons à une autre époque, la technologie est si différente [qu’en 1957]… À partir du moment où on reste fidèle au « package », on peut donc imaginer d’autres décors, d’autres costumes, ce sera toujours West Side Story. D’autre part je sais qu’il y a eu d’autres productions sans la chorégraphie originale, et pourquoi pas, cela peut fonctionner. Mais pour moi, West Side Story c’est la chorégraphie de Robbins. Quant à l’histoire, elle reste toujours d’actualité. Regardez le monde : les gens luttent les uns contre les autres pour un bout de territoire, pour des raisons religieuses, économiques ; le racisme est toujours là… Il y a eu la Bosnie, maintenant l’Irak ; depuis cinquante ans les problèmes des quartiers défavorisés perdurent… Et il y a toujours des gens qui vivent un amour ou une relation affectée par ces conflits. C’est la beauté de West Side Story : cette histoire est intemporelle. C’est notre nature humaine. Et je pense que la raison principale pour laquelle j’ai voulu retirer [à l’aspect Joey Mc Kneely visuel de cette production] les cinquante dernières années et donner à l’œuvre un visage différent, c’est pour qu’on ressente l’histoire de la même façon, avec la même force qu’à la création. » Pour Joey McKneely, l’intérêt de remonter la version scénique originale de West Side Story est d’abord d’éduquer le public. « Beaucoup d’éléments originaux ne sont pas dans le film. Le prologue est très différent, de même que la chanson sur le sergent Krupke, ou la scène d’America, où à l’origine il n’y a que les filles… Les gens se rendent compte que le film n’est pas le spectacle d’origine. Et surtout ils sentent quelle force se dégage de la version première, celle de la scène ! » BB Productions

Alexandre Wulz

Joey McKneely

Propos recueillis et traduits par Virginie Garandeau

Janvier 2008 > 21


DOSSIER

Page de droite : Donald McKayle et Carmen De Lavallade dans Rainbow ‘ Round My Shoulder

CND ; 1, rue Victor-Hugo ; 93507 Pantin CEDEX ; www.cnd.fr Christine Barbedet

Janvier 2008 > 22

NY USA TM A G D D

M K

D

Recherche, patrimoine et transmission sont les trois piliers du département du développement de la culture chorégraphique, au sein du Centre national de la danse, à Pantin. Quelle y est la place du jazz ? Au sein du Centre national de la Danse dirigé depuis peu par Monique Barbaroux épaulée par Jean-Marc Granet-Bouffarti, le département du développement de la culture chorégraphique est piloté par Claire Rousier. « Mes missions s’articulent autour de la recherche, du patrimoine et de la transmission. » Pour le patrimoine l’aspect documentaire mais aussi chorégraphique est pris en compte. « Le patrimoine documentaire est l’ensemble des sources produites par l’activité chorégraphique autour d’un artiste, d’une structure etc. tel que nous

N

Développer la culture chorégraphique

Le jazz abordé transversalement L’esthétique jazz est abordée transversalement, ce qui donne aux détracteurs le sentiment que cette discipline est oubliée. Ce pourquoi Claire Rousier s’érige en faux : « Nous sommes à l’écoute des professionnels pour réaliser des outils de qualité qui répondent à leurs préoccupations. La seconde publication réalisée dans la Collection des cahiers pédagogiques est dédiée à la danse jazz [rubrique Lire, voir et entendre]. » Par ailleurs, la responsable souligne la richesse et la diversité des sources en danse jazz, consultables à la médiathèque. « La terminologie jazz est pour moi très ouverte et croise bien d’autres formes. Pour le thème « Dance et Résistance », nous avons présenté six solos de Daniel Nagrin. C’est un artiste qui a travaillé à Broadway et si je retiens les critères du milieu, on peut considérer que cet artiste est très proche du jazz ». Enfin, à partir de novembre 2008, un projet important sera consacré à la danse noire. Le jazz y trouvera sa place. « Nous avons choisi de mettre en avant une question débattue aux Etats-Unis et en Afrique, à savoir qu’y-a-t-il de commun et de différent dans ces danses noires dont on sait qu’elles sont multiples et liées aux différentes diasporas ? » Dans ce cadre, trois compagnies de jazz ont été sollicitées pour remonter des œuvres du répertoire afro-américain. Citons James Carles, Rick Odums et Géraldine Armstrong. Rendez-vous en avril 2009…

© DR C

Centre national de la danse

arrivons à le collecter. Pour le patrimoine chorégraphique, il s’agit de réactiver différents répertoires selon différentes modalités. » Citons les programmes thématiques avec la reconstruction de pièces, les expositions, les publications, les conférences dansées, les projections de film. « Le discours produit conduit alors la programmation, sans exclusion de formes ». Des passerelles sont possibles avec la maison des compagnies de spectacle qui développe sa propre ligne de suivi des artistes dans leur création. L’ensemble des dispositifs mis en œuvre par le département répond à la mission de transmission de celui-ci. Les expositions par exemple permettent de scénariser les connaissances pour les transmettre à un large public à partir de travaux menés par des chercheurs. « C’est le cas par exemple de l’exposition présentée en janvier autour du New dance groupe, collectif d’artistes des années 30. Une occasion de donner aussi à voir du répertoire. Nous avons ainsi sollicité Géraldine Armstrong pour qu’elle reconstruise une pièce de Donald McKay, Afro-Américain, membre du New dance group. »

M K

Donald McKayDonald McKayle © DR, Courtesy New Dance GroupTM Archive, NY, USA, www.ndg.org

Donald Mc Kayle, membre du New Dance Group.


Donald McKayDonald McKayle © DR, Courtesy New Dance GroupTM Archive, NY, USA, www.ndg.org

Janvier 2008 > 23


DOSSIER

Patricia Alzetta témoigne

Et demain, quel répertoire ?

Didier Gaillard

Chaque compagnie française possède néanmoins un répertoire propre qu’elle se réjouirait de présenter au public… Les chorégraphes dont je fais partie, déposent leurs créations à la SACD, Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques, mais le plus difficile est ensuite d’intégrer les réseaux de programmateurs que la danse jazz laisse indifférents, quant elle ne suscite pas leurs sarcasmes. En charge du cycle spécialisé en danse jazz au CNR de Paris, je travaille actuellement sur un projet visant à faire intervenir plusieurs chorégraphes. Malgré une situation qui génère un sentiment de frustration, la danse jazz, d’un caractère bien trempé, continue de cultiver l’optimisme ! Danseuse et chorégraphe de formation pluridisciplinaire, il m’est arrivé de composer avec beaucoup de plaisir sur de courtes séquences de comédies musicales. Toutefois, j’ai surtout aimé créer, en 2002, sur la célèbre musique de Tchaïkovski une adaptation intimiste de Casse-Noisette avec les élèves musiciens du CNR de Cergy-Pontoise dirigés par Andrée-Claude Brayer, chef d’orchestre et directrice du conservatoire. Je revisiterais encore volontiers d’autres oeuvres du répertoire classique déjà repris par des chorégraphes contemporains comme Mat Eks ou Pina Bausch, soit en conservant la musique d’origine, soit sur une composition originale d’un musicien jazz. Qui sait, si un jour les moyens m’en seront donnés…

Janvier 2008 > 24

Didier Gaillard

U

n répertoire de la danse jazz suppose évidemment une recherche documentaire quasi exclusive dans le patrimoine d’OutreAtlantique. En France, où les plus grands maîtres américains ont formé tant de disciples depuis plus de trente ans, force est de constater que le désintérêt des institutions pour ce genre chorégraphique, et de fait son manque de visibilité, n’ont certes pas favorisé la reconnaissance d’un répertoire chorégraphique jazz national.

Patricia Alzetta dans Résister

Gestuelle, mémoires sensorielle et collective La formation pluridisciplinaire de Patricia Alzetta (danse classique, moderne, jazz, contemporaine, chant et théâtre) lui permet de répondre aux exigences les plus diverses. En 1979, à 19 ans, elle est danseuse et comédienne dans l’Antichambre, opéra moderne de Janos Komives. A 20 ans elle intègre la troupe du Paradis Latin, puis le chorégraphe contemporain Gigi Caciuleanu l’engage pour les Mamelles de Tirésias. Elle danse et chorégraphie en parallèle pour la Cie Les Ballets Jazz Alzetta, fondée en 1978 par son père, Serge Alzetta.

Patricia Alzetta

Elle poursuit ses recherches sur une gestuelle empreinte de la mémoire sensorielle de chaque individu confrontée à la mémoire collective. Son regard se pose en priorité sur la personnalité d’un interprète : « La technique d’improvisation et le travail d’atelier encouragent la disponibilité de l’être et le révèlent dans tous ses états. Cela ne dispense pas d’un travail sur la technique pure mais la virtuosité n’est appréciée que si elle fait partie d’un tout et se fond dans un corps musical. Je m’interroge davantage sur l’interprétation que plusieurs danseurs donnent à un même mouvement ». Elle intervient comme pédagogue en enseignement supérieur de la danse jazz. Le Ministère de la Culture lui confie la chorégraphie de la variation fille 2007 pour l’Examen d’Aptitude Technique du Diplôme d’Etat.

Quelques créations de Patricia Alzetta Le Cantique des Cantiques (1996) du metteur en scène François Bourcier ; La Cigale et la Joly (1998), parodie des Boys Band pour le spectacle de la comédienne humoriste Sylvie Joly ; Casse-Noisette (2002) ; Valse Hésitation (2 003) au Festival Les Pas de Troyes ; Chang Xia (l’été prolongé) (2005) ; Aimantes (2006). Résister (2007)


Photos: Richard Volante/Rennes et Beate Steil/Duesseldorf

Vivez votre style! Vivez vos couleurs! contact@onetwo.fr, www.onetwo.fr

Janvier 2008 > 25


Janvier 2008 > 26 boom boom © Nasser Hammadi - Répertoire du Ballet Jazz Art ; chorégraphie de Robert North ; pièce pour dix danseurs sur des musiques de John Lee Hooker, Little Walter, B.B. King et Sonny Boy Williams


Janvier 2008 > 27


Janvier 2008 > 28


Christophe Dornie

DOSSIER

Gianin Loringett témoigne

Peu de transmission mais des sources d’inspiration

Kongas créé en 1980 : le rythme du corps, de la forêt et de la terre (gumboots). Ballet sur des percussions, dans une stylistique africaine.

prenons une pièce de Matt Mattox, Cats at bay. Il est important de transmettre une telle identité chorégraphique pour amener une vraie culture au public et donner un sens profond à la danse. Aujourd’hui, le cabaret, le music-hall ou la revue, éditent nombre de DVD de spectacles et les imitations pullulent. Pour autant, quel bonheur pour les professeurs et élèves d’interpréter ces séquences exceptionnelles. Enfin, pour la comédie musicale ou le spectacle musical, le choix est vaste si on tient compte de la richesse des productions hollywoodiennes avec des chorégraphes tels Michael Kidd, Bob Fosse, Jérôme Robbins, Fred Astair… tout comme les nombreuses productions récentes européennes. Quant à la production cinématographique, la matière ne manque pas. Quelle école de danse n’a pas fait danser Big spender ou des extraits de West side story, Grease, Chicago ? Il n’y a peut être pas un répertoire « institutionnalisé » mais, en revanche, les archives et les documents audiovisuels passionnants sont des sources d’inspiration. Elles stimulent, font rêver et donnent envie de continuer à pratiquer et faire évoluer cette danse merveilleuse qu’est la danse jazz.

U

Quelques œuvres de Gianin Loringett Kongas (1980) ; Game (1981) ; The Joker (1982), musiques : George Gershwin ; Quintet (1981) ; Rolando (1981), musiques : Astor Piazzola ; Chicago (1983), textes : Humphrey Bogart et standards de jazz : Duke Ellington, Count Basie… ; La leçon du maître (1988), musique : Tangerine ; Dream : 1er Prix Danse Festival de la Jeunesse, Nice ; Echoes (1992), musique : Philipp GLASS), 1er Prix de chorégraphie et d’interprétation du Concours International de chorégraphie, Torino (Italie) ; Fréon bleu (1998) ; Tandava (2000) ; Le Kongas rythme se voyait, la danse se fit entendre (2001) ; Projet Oméga (2 003), musiques : Juno Reactor) ; Soft and hardware (2005) : univers musical de David Byrne ; Sensu (2007) : Japon et symbolique de l’éventail. www.offjazz.com Jean-Marc Arienti

n ballet est considéré comme « répertoire » s’il constitue une œuvre originale spécifique à une identité chorégraphique, représentant la signature et le style du créateur ; une œuvre qui peut être transmise à d’autres compagnies. Pour le répertoire de création jazz, il est rare qu’une pièce le soit. Les raisons sont diverses. Peu de compagnies sont subventionnées ou sponsorisées, ce qui pose une question politico-culturelle : comment la danse jazz est-elle comprise par les institutions ? On lui reproche le côté « commercial », « facile », « festif » et on « encourage à aller plus loin » vers « la recherche », « la création » ou « un concept plus élaboré », « une écriture plus recherchée »… et l’esprit jazz dans tout ça ? Enfin, les productions sont bridées par des copyrights incontournables. Par ailleurs, la danse jazz est vaste dans sa stylistique et sa représentation, il convient d’en différencier les secteurs. Citons : les pièces chorégraphiques des compagnies de danse programmées en théâtre ; la comédie musicale ou le spectacle musical ; le cabaret, le music-hall ou la revue ; les films musicaux ou les scènes de danse cinématographiques. Pour les compagnies de danse programmées en théâtre, il y a Alvin Ailey, Talley Beatty avec leurs célèbres ballets Revelation, Cry et Stack-up, Road of Phoebe snow. Au regard du nombre de compagnies existantes, le répertoire partagé reste bien mince. Au sein de la Off Jazz Dance Company, nous re-

Janvier 2008 > 29


JAZZ RESO Confédération Nationale de danse

Relais et lieu d’échange La Confédération Nationale de Danse était créée à Paris, en 1990, à l’initiative de passionnés de danse. Ils souhaitaient, dans l’orientation de la décentralisation, implanter dans leur région une organisation professionnelle, établir une représentation au Ministère de la Culture et travailler sur les grands courants chorégraphiques, mais aussi sur les situations administratives et juridiques.

L

23 fédérations régionales associées La CND, forte de plusieurs milliers d’adhérents, se devait aussi de créer des correspondants dans les pays où la danse jouit d’un fort développement. Des échanges motivants et enrichissants ont amené le conseil d’administration à négocier avec des interlocuteurs des grandes écoles de danse ou des associations dont la renommée pour leurs compétences n’est plus à prouver. Au niveau européen, la CND est associée à l’Espagne et à la Finlande. Les objectifs de la confédération sont de promouvoir, soutenir, développer l’enseignement, la création, la diffusion et la pratique amateur sous toutes ses formes, en collaboration avec les 23 fédérations régionales associées, qui concourent au même but : celui de valoriser l’art chorégraphique, de prendre en considération le métier de professeur de danse, de protéger et de défendre des danseurs amateurs et professionnels. La CND est aussi un relais privilégié CND sud reportage

a Confédération Nationale de Danse est soucieuse de rassembler des professionnels regroupés au sein de structures de type privé, associatif, club et municipal, dont l’objet est la défense de la profession. C’est une association loi 1901 constituée de fédérations régionales et de

encourage à poursuivre cette mission enrichissante, en matière culturelle et artistique. C’est le bénévolat et notre amour de la danse, qui sont les règles de base pour notre engagement dans la grande famille de la CND. C’est au sein de cette jeune organisation dynamique, directement en contact avec les Pouvoirs Publics, notamment la DMDTS (Direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles) dont nous sommes partenaires agréés, que notre force d’avenir est représentée par l’efficacité, la cohésion et le rassemblement de toutes les bonnes volontés.

partenaires européens, qui forment le conseil d’administration. Celui-ci rassemble deux fois par an les présidents des régions afin de fixer les objectifs de l’année. La CND animée par des professionnels œuvre pour la diffusion de l’art chorégraphique. L’épanouissement de nos jeunes pratiquants, toujours plus nombreux, nous

Janvier 2008 > 30

pour la transmission des informations entre les institutions et les fédérations ; la mise en valeur des initiatives et réalisations des fédérations régionales afin de permettre leur développement et leur épanouissement ; des stages, la préparation à l’EAT, le Concours des Jeunes Compagnies. Les adhérents à la CND peuvent bénéficier d’un abattement des droits SACEM par l’intermédiaire de la fédération régionale sous condition qu’elle soit titulaire de l’agrément d’éducation populaire. Lieux d’échanges, de rencontres et de convivialité, les concours de la CND permettent aux professeurs et aux élèves d’exprimer toutes les formes de danse. L’engouement et la participation aux concours de sélection régionale ne cessent de progresser au fil du temps. Les premiers prix peuvent participer au Grand Concours National, qui se déroule pendant le weekend de l’Ascension, chaque année dans une région différente. Ce dernier est une merveilleuse vitrine de la pratique amateur où l’on peut voir progresser la qualité de l’enseignement de la danse en France. C’est également un extraordinaire temps fort de rencontre et de partage pour les professeurs qui observent, se renseignent et comparent les différentes méthodes de travail. Yvon Strauss, président national de la CND Président national : Yvon Strauss Vice-présidentes nationales : Anne-Marie Porras, Josyane Bardot Commission des concours : Marie-Hélène Levan Secrétaire nationale : Maithé Vestri Trésorière nationale : Françoise Ronchi Conseillers techniques et chargés de communication : Cyril Levan, Lydiane Gavand CND ; Hôtel de Ville ; 13510 Eguilles ; 04 42 92 55 07 ou 06 09 97 14 45 www.infodanse.com


w w w . j a z z p u l s i o n s . c o m

Abonnez-vous !

Avec le soutien de la Fédération française de danse et la Confédération nationale de danse

Recevez chez vous tous les trimestres l’actualité des danses jazz. La danse jazz est une pratique qui concerne près de 70 % des 12-25 ans qui ont choisi la danse pour activité en France. Convaincu de la nécessité vitale d’enraciner la danse jazz dans le terreau de la connaissance pour lui donner un avenir lisible et transmissible, Jazzpulsions est un magazine trimestriel qui n’a pas vocation commerciale. Jazzpulsions est un outil commun d’échanges pour que les danses jazz reconquièrent un espace partagé, rassemblé et solidaire dans le respect de la différence.

Jazz attitude

Jazzpulsions souhaite œuvrer à une meilleure reconnaissance et un développement plus juste de la danse jazz dans le paysage chorégraphique français.

DOSSIER >

RAZA HAMMADI

Quel Lac des cygnes

Histoire de jazz

pour la danse jazz ?

JACQUES CHATELET Tendanses

Le jazz ? Quelle histoire !

Jazzpulsions a la volonté de faire circuler la libre parole des artistes, des chercheurs… qui ne demandent qu’à partager leur passion de la danse jazz et leur richesse humaine.

Numéro 2 / janvier 2008 • Le magazine des danses Jazz • 7 euros

ABONNEMENT : 28 € 1 AN / 4 NUMÉROS

Parution : octobre/ janvier/ avril/ juillet Format : largeur 23 cm maxi. et hauteur 31 cm maxi. Diffusion : par abonnement Prix : 7 euros

Bulletin d’abonnement à renvoyer à JazzPulsions : La Touche - 35530 SERVON-SUR-VILAINE PARTICULIER

STRUCTURE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Prénom :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Tél. :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal : . . . . . . . . . . Tél. : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse mail : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse mail : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Site web : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Age : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Personne à contacter : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ecole de danse fréquentée :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . .

Règlement de 28 € par chèque à l’ordre des Editions AroundMidnight Pour les abonnements de groupe, merci de contacter Jazzpulsions (02 99 37 78 67)

Janvier 2008 > 31


Le jazz

i o t s i h e l l e u Q Janvier 2008 > 32


zz ?

! e r i o

HISTOIRE DE JAZZ En 1619, dans un port de Virginie, un bateau hollandais débarque une vingtaine de Noirs venus d’Afrique. A la fin des années cinquante, les chorégraphes et danseurs noirs américains exportent le modern jazz dans le monde entier. Trois siècles de longue maturation.

L

e besoin de main d’œuvre dans les plantations d’Amérique provoque un recours massif à l’esclavage. Au début du XVIIIe siècle, il est devenu une institution que rien ne peut ébranler. Dans les plantations du Sud, les esclaves, issus de peuples différents, sont confrontés à l’isolement, l’éclatement des tribus, la diversité des dialectes, l’apprentissage d’une nouvelle langue, l’interdiction d’apprendre à lire et à écrire. C’est l’inaccessibilité des autres modes d’expression qui facilite le transvasement d’univers culturels dans les seules musiques et danses. Diverses traditions africaines vont se mêler avant de subir l’influence de la culture des colons. Le besoin de distraction incite également les propriétaires à encourager les dons musicaux de leurs esclaves. Ils deviennent rapidement les musiciens de toutes les classes de la société et c’est par leur intermédiaire que la population des esclaves entrera en contact avec les musiques et danses occidentales. Nombre d’insurrections jalonnent leur vie difficile. Celle de 1739 sera suivie de lois très dures. Elles interdisent aux Noirs de se rassembler et de jouer du tambour. Surveillés, privés de leur instrument de musique favori, les esclaves vont trouver d’autres façons de frapper les rythmes. Le corps devient un instrument de percussion et le travail de pieds, prépondérant. Leurs Cakewalk - lithographie de Stobridge & co

danses seront désormais sonores. Si certaines d’entre elles sont d’inspiration résolument africaine, telles les danses animalières (turkey trot ou trot de la dinde, camel walk ou marche du chameau, snake hips ou hanches de serpent…), d’autres, comme les quadrilles ou la gigue, sont empruntées à la culture blanche et aménagées à l’aune de leur sensibilité. Ce « braconnage » permet aux Noirs de constituer une culture originale dans un fort sentiment d’appartenance communautaire, renforcé par le mépris systématique de la culture dominante. Dans les plantations, musique et danse s’organisent en stratégie de résistance et les esclaves usent d’astuce, de diversion, d’improvisation pour exprimer leurs aspirations secrètes sans éveiller la méfiance des Blancs. Le cakewalk par exemple, est une danse satirique qui se moque ouvertement de la façon de danser des maîtres. Les manifestations culturelles des esclaves auront également tendance à se construire sur une rivalité entretenue par les acteurs. Les joutes musicales et dansées, prolongement symbolique des rivalités entre les équipes de travail, deviennent autant de façons de prendre de l’ascendant à l’intérieur de la communauté en affrontant les meilleurs. Des joutes présentes tout au long de l’histoire de la danse noire, des trottoirs de Harlem au Savoy ballroom, jusqu’aux « battles » du hip hop. Des spectacles en blanc et noir Au XIXe siècle, apparaissent les minstrel shows. Ces spectacles ambigus sont le produit d’une symbiose culturelle sans précédent. Ils marquent le début d’une récupération par les Blancs, des danses et des musiques noires à des fins d’exploitation économique. Première forme de théâtre musical populaire américain, les Minstrel Shows sont interprétés par des artistes blancs, exclusivement masculins. Le visage noirci au bouchon calciné, affublés de perruque de laine, ils prétendent exécuter de la musique et de la danse noire « authentique ». Ils n’en gardent souvent qu’une base rythmique plus ou moins fidèle, transformant mé-

Janvier 2008 > 33


HISTOIRE DE JAZZ lodies et danses en leur donnant une connotation volontairement comique et méprisante. Ces spectacles, une succession de numéros de chants, danses, plaisanteries, prétendent raconter la vie des Noirs dans les plantations. Vecteurs de racisme, ils apparaissent au moment où les Etats-Unis sont ébranlés par la montée du mouvement abolitionniste qui conduira à la Guerre de Sécession (1861-1965) et à la fin de l’esclavage. Ils véhiculent tous les clichés sur les Noirs : voleurs, baratineurs, insouciants et rigolards. Ils permettent aux Blancs de justifier la situation servile, puis celle de minorité civique dans laquelle on maintiendra l’homme de couleur. Après la Guerre de Sécession, les Noirs sont libres. Ils proposent à leur tour des spectacles entièrement interprétés par des artistes de couleur. Mais, les caricatures sont si fermement ancrées dans l’imaginaire de Blancs, qu’ils sont obligés de les endosser et de faire rire à leur dépens pour éviter la haine ra-

Colored Minstrels, calendrier

ciste et le lynchage. Une telle autodérision ne pourra que renforcer la difficulté qu’éprouve l’Amérique blanche à prendre le Noir et ses expressions artistiques au sérieux. Il ne pourra désormais monter sur scène que dans les seuls rôles tolérables et tolérés par le public blanc : celui du comique ou de celui qui divertit « l’entertainer ». Toute notion artistique leur étant refusée, les danses de la Minstrelsy passent par d’autres qualités : le comique et la performance athlétique. Le répertoire varié mêle danses afro-américaines

Janvier 2008 > 34

Chattananooga Choo Choo, The Nicolas Brothers

issues du brassage des plantations et des danses européennes (gigues, clog, juba, essence of Virginia, buck and wing, première technique de claquettes) et danses de pionniers. Vers la fin des années 1880, le cakewalk, théâtralisé sur la scène des minstrels shows et des vaudevilles, devient la coqueluche de la société blanche, préfigurant ainsi le succès des danses du ragtime et du jazz dans les premières décennies du XXe siècle. Les minstrels shows illustrent les multiples échanges, les emprunts réciproques entre Blancs et Noirs. Ils vont faire naître une tradition d’artistes acteurs/chanteurs/danseurs. Dans cette génération d’artistes, le jazz trouve les moyens de son émergence. Il le fait progressivement au début du XXe siècle, dans le contexte d’une société américaine qui érige le modèle européen comme l’unique dépositaire des normes admises. Toute forme d’expression ne cadrant pas avec les repères du modèle occidental est rejeté hors du domaine valorisé de la culture nationale. Ce sera longtemps le cas du jazz considéré par l’Amérique comme le fait exclusif de l’homme noir. De l’age du jazz Aux annees swing Utilisé pour la première fois en 1917, le mot jazz qualifie des musiques syncopées, puis des danses de société is-

sues de la culture noire américaine : charleston, black bottom, lindy hop. Il faut attendre les années trente, celles des grands orchestres swing, pour que le vocable se transforme en terme générique sous lequel est englobé l’ensemble des productions musicales et dansées se rattachant à la tradition et à l’esthétique africaine américaine : danses de société, danses scéniques du théâtre musical et danses cinématographiques inspirées de ces mêmes danses, claquettes. Basculée dès son apparition dans le champ du divertissement, l’exploitation économique du jazz brouille le contexte de référence. Expression identitaire de l’homme noir, le premier disque de son histoire est gravé par une formation de musiciens blancs. Ses danses poursuiuivent leur métissage souvent par Blancs interposés sur les scènes d’un Broadway qui « invivisibilise » les créateurs urs noirs. Le premier fi film lm sonore, parlant et chantant, Le chanteur de jazz zz (1927), met en vedette un n comédien blanc maquillé en « nègre », dans la plus pure tradition des Minstrels shows. Enfin le danseur de claquettes le plus célèbre des années 1930 est un Blanc, Fred Astaire. Dans


HISTOIRE DE JAZZ

De gauche à droite : Plantation Dance, Anonyme ; Tim poor Alley, The Nicolas Brothers ; Rara Tonga, Katherine Dunham

un Hollywood qui se méfie des talents de couleur, Bill Robinson ou plus tard les Nicholas Brothers sont réduits à jouer les utilités. Si l’Amérique blanche tolère le jazz, c’est qu’il traduit le climat dominant de liberté et d’expressivité de l’époque. Le goût de la danse jazz et des claquettes est lancé par des spectacles tels Shuffle Along (1921), Runnin’wild (1923), du charleston, Dinah (1924), du black bottom, avant de s’étendre au monde entier. C’est la grande époque de la Renaissance de Harlem, des revues noires avec en France, La revue nègre (1925), des dancings renommés tel le Savoy ballroom et des cabarets célèbres dont le fameux Cotton Club qui rivalise avec les spectacles de Broadway. L’apparition des grands orchestres jazz, puis dans les années 1930 du style swing et de son rythme syncopé et contagieux, aideront les américains à franchir en dansant la difficile période de la Dépression. L’émergence du modern jazz Les années 1940 représentent un moment de rupture esthétique important dans l’évolution de la danse jazz. A Broadway, la danse noire et les cla-

quettes disparaissent progressivement. L’arrivée de grands chorégraphes classiques entraîne un changement de fonction de la danse dans le champ de la comédie musicale. Elle s’intègre à l’action et se voit investie d’une fonction narrative et expressive. Diverses influences chorégraphiques, classique, moderne, jazz, danses ethniques, vont être brassées pour donner naissance à une forme nouvelle, hybride, multiculturelle, parfaitement adaptée au théâtre musical et au divertissement. Elle sera appelée « Ballet jazz de Broadway » ou « free style » et enfin « Modern jazz », au début des années 1960. Jack Cole, Jerome Robbins et Katherine Dunham popularisent cette nouvelle forme, chacun créant un style individuel basé sur sa formation particulière. Jack Cole, le créateur du style, est formé au Denishawn. Il mélange moderne, classique et danses ethniques indiennes ou latino-américaines aux rythmes swinguant du jazz, influençant toute une génération de chorégraphes dont Matt Mattox, Carol Haney, Bob Fosse. Robbins apporte l’héritage de la danse classique qu’il mélange aux danses sociales et au jazz. West Side Story (1957) cimente un style de danse jazz théâtrale, précise et d’une haute technicité. Quant à Katherine Dunham, elle souhaite sortir la danse noire de ses clichés et en faire « un art plus digne ». Le désir de retrouver des racines, de redonner fierté au peuple noir dans son héritage se mêle chez elle au besoin de

participer de plain-pied à la modernité de la danse américaine. Son obstination et son engagement politique introduiront le Noir en tant qu’artiste à part entière dans le paysage chorégraphique américain. Elle propose une base technique et esthétique sur laquelle plusieurs générations d’artistes se construiront. Elle combine classique, moderne à des éléments afrocaraïbes : l’opposition contrôlée de certaines parties du corps, isolations, dissociations, polyrythmie. Dans son sillage, de jeunes chorégraphes noirs, Talley Beatty, Alvin Ailey trouvent leur voie pendant la période de lutte politique pour les droits civiques. Ils s’inspirent des techniques de la danse moderne, classique et d’éléments issus de la culture noire, danse jazz, danse de société, en s’appuyant sur des musiques qui valorisent leur culture. Le jazz s’y taille une place de choix. Leurs œuvres seront classées par une critique perplexe dans la catégorie floue de « black dance », puis de « modern jazz » avant d’être lentement intégrées au courant légitime de la danse moderne américaine. Fortement influencé par les danses classiques, modernes et ethniques, le modern jazz s’affirme comme une technique à part entière durant les années 1960, pour se répandre et se développer dans le monde entier. Éliane Seguin, historienne de la danse, auteur d’Histoire de la danse jazz (éd. Chiron, 2005)

Janvier 2008 > 35


Patrick Andriot

HISTOIRE DE JAZZ PAROLES DE PASSEUR

Janvier 2008 > 36


HISTOIRE DE JAZZ PAROLES DE PASSEUR

Vendetta Mathea évoque Walter Nicks

E

n 1992, Vendetta Mathea créait un lieu pour la danse dans une ancienne fabrique de parapluies. Devenu La Manufacture, le Centre de la Danse, du Mouvement et de l’Image forme de jeunes talents, en danse-études et aux métiers de la danse. Il accueille la compagnie professionnelle de la chorégraphe et trois compagnies d’école. Celle-ci évoque sa rencontre avec Walter Nicks.

Walter disait que son respect pour la danse et les danseurs était immense, des gens qui n’arrêtent pas de se sacrifier et gagnent très peu en retour. Je crois qu’il évoquait son expérience personnelle, ayant tout fait sans l’aide de quiconque. Il a financé lui-même une compagnie de six danseurs pendant dix ans. Il n’a pas arrêté de travailler : stages, conférences… quand la compagnie ne répétait pas, pour donner aux danseurs la chance de vivre de la danse.

J’ai rencontré Walter Nicks, en 1972. J’avais 19 ans et j’auditionnais pour le cours de jazz du Connecticut College American Dance Festival. Il était petit, mignon et un peu rond. On avait envie de l’embrasser comme un nounours. Curieusement, il paraissait à la fois chaleureux, distant et très professionnel. Je ne connaissais pas encore son parcours dans la danse et toutes ses expériences. J’ignorais qu’il avait 30 ans de métier. Il disait : « Oh Vendetta, tu sais, je ne suis pas si vieux, je n’ai que 15 ou 20 ans de plus que toi ! » Après l’audition, ma première tournée avec la Walter Nicks Dance Company a débuté, organisée par la Fédération Française de Danse. Nous avons passé six semaines en Europe puis en Martinique et en Guyane. Nous avons travaillé ensemble jusqu’en 1981. J’étais étonnée de voir combien il était connu à travers le monde. Il parlait anglais, français, portugais, espagnol, allemand et suédois. Il a beaucoup travaillé avec Katherine Dunham. De 1945 à 1950, il a été le professeur principal de son école, à New York. Au début des années 50, il a formé sa première compagnie. Walter a ensuite travaillé au Brésil pendant quatre ans, puis à Cuba pendant deux ans et au Mexique, une année, et bien sûr partout aux Etats-Unis. Il faisait des apparitions fréquentes à la télévision et des tournées avec sa compagnie. Il y régnait une bonne ambiance avec beaucoup d’amour entre les danseurs.

Des inlfuences traditionnelles, jazz et classique La richesse de Walter est d’avoir invité nombre de personnalités différentes de la danse jazz et moderne à travailler avec les danseurs de sa compagnie. Le travail de Walter était un magnifique mélange de danses traditionnelles brésilienne, cubaine, africaine et de techniques jazz et classique… C’est ce mélange qui caractérise aujourd’hui ma danse, colorée par de multiples influences, glanées à travers le monde. D’autres danseurs installés ou ayant vécu en Europe tels Ralph Feriton, Bruce Taylor, Alvin Mac Duffie, Derek Williams, Jack Walsh, Deirdre Lovell… ont pu diffuser, imprimer l’esprit de Walter et influencer une pléiade de professeurs en Allemagne, en Suisse, en Espagne et en France, telles Anne-Marie Porras ou Anna Sanchez. Je le savais malade et je n’ai pas eu la chance de le voir avant qu’il ne décède. J’ai pensé à lui très fort et je souhaiterais exprimer ici ce que je n’ai pas eu la chance de lui dire : « Je t’aime et merci beaucoup pour ces années riches et précieuses que nous avons partagées dans la danse ». Walter Nicks était un grand danseur, un grand chorégraphe, un grand professeur. Né le 26 juillet 1925, il est décédé le 3 avril 2007. Vendetta Mathea

Janvier 2008 > 37


À LIRE, VOIR ET ENTENDRE Cécile Louvel

Laban pour analyser le mouvement jazz La Danse Jazz et ses fondamentaux : comment définir qualitativement les spécificités de « l’énergie » jazz ? ; collection Univers de la danse ; éd. L’Harmattan ; septembre 2007. Cécile Louvel est formée aux techniques de danse classique, jazz et contemporaine. Danseuse et chorégraphe, elle enseigne depuis plus de trente ans à des publics très divers. Ce livre est le fruit des recherches qu’elle a menées dans le cadre d’un DEA soutenu à Paris VIII, département Danse, sous la direction d’Hubert Godard. C’est un concours de circonstances qui la menait à effectuer ce travail. Cherif Chikh, alors directeur du centre de formation L’Espace Pléiades, lui proposait dans un premier temps d’encadrer des ateliers en jazz pour développer l’écriture chorégraphique des élèves et dans un deuxième temps, d’écrire un ouvrage sur les fondamentaux. « Ce que je ne voulais pas c’était accumuler des recettes mais comprendre ce qui faisait la spécificité du jazz au cœur même du mouvement et de sa qualité, et ce qu’il y avait derrière ces mots souvent utilisés « énergie » et « dynamique ». Il me semblait nécessaire de comprendre comment un même geste sur le plan de la forme, pouvait se reconnaître comme jazz ou pas ». La première partie de l’ouvrage est un rappel historique de « l’esprit jazz », nourri par le travail d’Eliane Seguin, historienne de la danse jazz. La seconde aborde l’analyse de la matière jazz. « Je me suis basée sur le travail de Rudolf Laban, théoricien qui est allé le plus loin dans l’analyse intrinsèque du mouvement. Au début du XXe siècle, celui-ci développe la notion d’effort, en ce sens que tout mouvement « se tricote » en résistant ou non dans ses relations au temps, au poids, à l’espace et au flux. » Un choix d’outils analytiques qui pourrait étonner ceux qui connaissent le peu d’intérêt pour le jazz de Laban, ce qui, pour l’auteur, ne remet pas en cause la rigueur de son analyse du mouvement quel qu’il soit. « Je me suis aussi intéressée au travail d’un musicien jazz, André Hodeir, autour de la question du swing et du hot. » Le terreau de l’auteur est aussi la rencontre avec cinq danseurs et pédagogues formateurs qui ont engagé une recherche personnelle : Linda Betty, Nicole Guit-

Janvier 2008 > 38


À LIRE, VOIR ET ENTENDRE ton, Raza Hammadi, Daniel Housset et Sadok Khechana. « À partir des ressentis pour leur pratique jazz, j’ai tiré les fils du vocabulaire au symbolique, puis aux qualités de mouvement. L’un des objectifs était de donner des armes verbales et analytiques aux gens du jazz pour qu’ils défendent leur propre travail. » L’auteur pense ainsi que son ouvrage peut ouvrir le débat : « Devant la quasi absence de texte il est un point de départ possible. »

danse que ce soit l’espace, la relation à la musique et la pratique d’atelier. Quant au chapitre Ressources, de La danse au cinéma au Glossaire sans oublier l’aspect Bibliographie, il permet à chacun, une plongée au cœur de cette culture sous des aspects parfois méconnus des pratiquants eux-mêmes.

Christine Barbedet

Aborder, approfondir, développer, enrichir… ces verbes simples indiquent claire-ment les étapes à franchir pour un apprentissage réussi. Repères d’une formation, ils constituent le fil rouge de cet ouvrage s’adaptant aussi bien à la progression des acquisitions corporelles, que musicales ou spatiales qu’à la connaissance même de la culture jazz. Déclinée pour chaque thème en Objectif Chemins pédagogiques – Compétences, la progression proposée est celle des cursus des études chorégraphi-ques des conservatoires classés par l’État : le cycle 1 correspondant à la tranche d’âge 8 à 12ans, cycle 2 à la tranche d’âge 12 à 15ans et le cycle 3 à la tranche d’âge 16 ans et plus. Cette proposition se doit d’être adaptée par chaque professeur en fonction du public et du niveau des élèves qu’il est amené à rencontrer, (le cycle 1 constituant toujours le socle des connaissances nécessaires à la pratique du jazz même si l’on débute à 16 ans).

Enseigner la danse jazzt Odile Cougoule avec Daniel Housset et Patricia Karagozian Collection Cahiers de la pédagogie ; éd. Centre national de la danse Conçu non comme un manuel de pédagogie mais comme un outil pratique au ser-vice des professeurs de danse jazz, cet ouvrage aborde les aspects essentiels de cette danse relevés lors de réunions des professionnels (professeurs et artistes créa-teurs) et repris plus précisément par le comité de pilotage et l’équipe de rédaction. Par son contenu très concret, Il souhaite apporter des pistes de travail aux ensei-gnants et les aider à réfléchir à la pédagogie. Il balise le chemin de l’apprentissage, donne des informations et parcourt les grands thèmes qui fondent la danse jazz. St Structuré en trois gr grands chapitres, il of offre les éléments néce cessaires à la compréhe hension de cet art et ab aborde avec simplicité le les problématiques in inhérentes à sa pra-tiqu Le jazz, une hisque. to toire de rencontres et d’ d’échanges par Éliane Se Seguin reprend les date et les événements tes m marquants l’évolution de cette danse. Objectif et com-pétences tifs te techniques, aborde les ba bases techniques, le vo vocabulaire-jazz et les co compo-santes de la

Outre son aspect purement pédagogique, l’ouvrage Enseigner la danse jazz, tente d’esquisser les fondements esthétiques d’une danse jazz qui se définirait à la fois par son feeling mais aussi par un vocabulaire propre, un corps dynamique découpé (notamment avec le principe d’isolation), une technique qui puise dans le classique, le contemporain et les claquettes, et dont le mouvement allie intensité, énergie et virtuosité.

Time Out de Dave Brubeck Quartet CDCBS 62068 Malgré sa relative ancienneté, cet album reste original. C’est un disque enregistré durant l’été 1959 et commercialisé en 1962. Sa composition, en avance sur son époque n’a pas pris une ride. Dave Brubeck a été l’un des premiers à utiliser les mesures asymétriques. Take five, 5/4 ou 3/4+2/4, a eu un succès immédiat malgré les critiques négatives de certains de ses confrères. Cet album fait partie des classiques. Seul regret que n’y figure pas Unsquare Dance, 7/4 ou 4/4 +3/4, autre originalité. Certains morceaux ont été repris par d’autres musiciens jusqu’à en faire oublier l’authentique compositeur ; l’un des plus notoires en France, Claude Nougaro. Les jeunes générations ne connaissent peu ou pas les morceaux de cet album. Demander à des élèves danseurs de faire collectivement l’analyse d’un titre est un exercice intéressant pour ensuite leur proposer de rechercher une variation en totale osmose avec la rythmique, dans le respect des phrases musicales. Guy Fernandez

Odile Cougoule

Janvier 2008 > 39


Janvier 2008 > 40

Marcin Witkowski Marci Witkowski


WORLD JAZZ

Jean-Claude Marignale

La Pologne comme mécène Modern jazz, afro ka jazz, jazz rock, hip hop, salsa jazz… depuis cinq ans, le chorégraphe et danseur Jean-Claude Marignale, installé à Paris, transmet sa passion chevillée au corps, en Pologne.

H

mais, chaque année depuis cinq ans, le danseur professeur chorégraphe rejoint cette ville du sud de la Pologne ; en avril, pour Le Dance Festival Kielce et en octobre, pour l’International Dance jazz workshops où il retrouve des enseignants venus de toute l’Europe. De plus, chaque année dans

Tymoteusz Lekle

ors Hexagone, les années 30 et les nuits parisiennes charment toujours les imaginaires. En mai 2007, pour détendre les neurones des congressistes, les organisateurs du 7 th International Colorectal Symposium de Lodz, en Pologne, demandaient au danseur et chorégraphe Jean-Claude Marignale de créer un ballet sur ces deux thèmes. Douze danseurs de sa compagnie présentaient ainsi ce que le chorégraphe nomme un divertissement de « danse-théâtre », devant 1500 personnes, au théâtre de la ville. « Around Midnight est un spectacle assez jazzy avec d’autres emprunts stylistiques car dans la compagnie il y a aussi des danseurs hip hop et contemporains. » Une chorégraphie sur des pièces musicales de Miles Davis, Herbie Hancock et du jazzman Marc Moulin, avec en fond les images filmées sur Paris, la noctambule. « Ce groupe de médecins m’avaient commandé, il y a deux ans, une première chorégraphie libre. Un projet qui leur avait vraiment plu. » Depuis, ils font œuvre de mécénat auprès de l’artiste. Ils prennent par exemple en charge, depuis la Pologne, la réalisation des outils de communication de la compagnie parisienne gérée par l’association Tout En Danse. Par ailleurs, suite à la représentation, d’autres portes se sont ouvertes. « Un grand professeur israélien a vu et apprécié ma création et m’a mis en relation avec l’opéra de Tel Aviv qui s’est montré très intéressé ».

Marcin Witkowski Marci Witkowski

Around Midnight

2002, UN STAGE À KIELCE Comme les fils qui se croisent, les rencontres se tissent. Le point de départ est un stage d’été de modern jazz, en 2002, au studio Harmonic de Paris où enseigne le chorégraphe. « J’ai rencontré Elzbieta Szlufik-Pantak, responsable du Kielecki Teatr Ta ca, théâtre de la ville de Kielce, qui dirige une compagnie de danseurs professionnels, la Kielce Dance Theater. » Intéressée par les propositions pédagogiques de Jean-Claude Marignale, elle l’invite à animer un premier stage de quatre jours à Kielce. Désor-

Jean-Claude Marignale

celle qui se présente comme la « capitale de la danse jazz », un chorégraphe étranger est invité en résidence. « Avec la compagnie Jean-Claude Marignale, nous sommes en pourparler pour une création jazz, en 2009. » Ainsi, le chorégraphe de « modern jazz underground », Thierry Verger, créait Prophétie, en 2005. « D’autres écoles polonaises m’ont ensuite invité. J’ai enseigné à Varsovie, à l’école de danse pluridisciplinaire la plus en vogue du pays, dirigée par Augustin Egurolla. » Tous les cours sont dispensés en anglais. Seule exception à Poznan, pour le Summer Danse

Janvier 2008 > 41


Tymoteusz Lekle

WORLD JAZZ

session, qui se déroule en août pendant le festival de danse. « J’interviens comme les soixante pédagogues européens, pendant dix jours, accompagné d’un traducteur. Avec plus de 1 500 stagiaires, c’est un stage unique en Europe ! »

Janvier 2008 > 42

Tymoteusz Lekle

Around Midnight présenté à Lodz, en Pologne, en 2007.

Tymoteusz Lekle

Jean-Claude Marignale affiche sans complexe sa polyvalence en modern jazz, hip hop, jazz rock, salsa et afro ka jazz avec percussionnistes, une technique qu’il crée et développe avec son ami danseur professeur et chorégraphe, Frédy. « J’ai par exemple proposé à Kielce, une découverte de l’afro ka jazz, fusion jazz et gwo ka, expression issue des danses des esclaves noirs des Antilles ». Mettant à profit ces liens avec le réseau polonais, le chorégraphe n’hésite pas à emmener dans ses bagages le Collectif Jeu de jambes, devenu coup de cœur du 7e festival de danse de Kielce. Ce collectif de huit danseurs et un DJ, auquel il appartient est animé par Alex Benth. Ces pionniers du jazz-rock pratiquent cette danse, née dans la rue au cours des années quatre-vingt, héritière du jazz acrobatique des années 20, avec la même dextérité du jeu de jambes et le même rapport fusionnel à la musique. « Pour moi, le jazz est une danse évolutive. Dans mes

chorégraphies, je fusionne tous mes acquis comme nombre de créateurs. Dans cette fusion, il y a les mêmes repères, dans le sol. Les déséquilibres, les lignes, les accélérations sont ensuite différentes d’une danse à l’autre. » Fusion des styles en création pour le chorégraphe ne signifie pas pour autant confusion des genres dans l’enseignement qu’il propose. « Lors de mes stages pluridisciplinaires, je demande toujours à enseigner le jazz afin d’appliquer ses fondamentaux et aussi de transmettre les bases qui peuvent servir à d’autres techniques et cours. Il est important pour moi que les stagiaires connaissent les bases et les racines, comme par exemple en Pologne, où cette discipline est plus ou moins récente dans la pratique majoritaire des jeunes. Dans leur formation initiale, ils sont plus tournés vers les danses sportives et la danse classique. » Cette reconnaissance à l’international est une force pour le chorégraphe : « C’est un coup de fouet qui me donne encore plus de pêche pour créer et montrer les idées que je défends ». Christine Barbedet


WORLD JAZZ

Un parcours atypique Guadeloupéen, Jean-Claude Marignale quitte les Antilles pour la région parisienne afin de poursuivre ses études et d’assouvir sa passion pour le football, envisageant une carrière professionnelle. Il rencontre la danse, le dimanche au Bataclan, « lieu mythique et temple de la danse pour toute une génération des années quatre-vingt, pour des joutes infernales ». Il décide d’explorer cette voie et se forme à Paris et à New York s’ouvrant aux techniques classique, jazz, modern jazz, afro jazz, latin jazz, salsa, hip hop, break dance, street dance, jazz rock… qui feront désormais partie de son « vocabulaire » chorégraphique.

Around Midnight

Quelques créations

Tymoteusz Lekle

Jean-Claude Marignale a plus d’une quinzaine de pièces chorégraphiques à son actif depuis la naissance de son association Tout en danse, en 1995. Citons : Hands (2007) ; The tramps (2005) ; Dancing game aux portes du désert (2005) ; Identité (2002) ; Turbulences (2001) ; Métamorphoses (2000) ; Reflet (2004) ; Cyber-Dream (1997) ; Tranches de vie (1996) ; Mémoires (1995). Jean - Claude Marignale est aussi chorégraphe de la Revue Musicale du Casino Barrière de Deauville (14) et d’Enghien-les-Bains (95), de la Cie Sals’n’jazz. Il est danseur co-chorégraphe du Collectif Jeu de Jambes ; professeur de jazz et de jazz rock à Paris, au Studio Harmonic. _____________

Tymoteusz Lekle

Around Midnight

Compagnie Jean-Claude Marignale ; Association Tout En Danse www.toutendanse.com ou www.jeanclaudemarignale.com contact@toutendanse.com Dance Festival Kielce et International Dance jazz workshops de Kielce www.ktt.pl/eng/contact.htm

Janvier 2008 > 43


Jacques Chatelet

Le spectacle Depuis près d’une trentaine d’années, Jacques Chatelet conjugue les couleurs de la lumière avec les créations des metteurs en scène de théâtre ou d’opéras et des chorégraphes. Il accompagne ainsi Anne-Marie Porras,

DR

amesprduction

en danse jazz contemporaine.

Janvier 2008 > 44


JAZZ ATTITUDE

en habit de lumières

Euro 2000 en Belgique

du vent, en 1995. « Comme pour cette création, on se dit parfois qu’un travail est complètement abouti alors que pour d’autres, on se dit qu’on aurait pu aller plus loin ou différemment ». Jacques Chatelet évoque volontiers sa complicité avec la chorégraphe de Montpellier : « Nous avons commencé ensemble, il y a dix bonnes années. J’ai toujours aimé travailler avec elle. Elle a des idées simples dans le bon sens du terme, avec l’émotion simple et la compréhension simple. Mettre mon travail à son service a été d’une grande facilité. » Une simplicité qu’il affirme aussi avec le temps dans son approche de la lumière. « Proposer une réalisation simple, compréhensible tout de suite et aboutie, c’est ce qu’il y a de plus dur. Au début, on en met partout et avec les années, on en retire parce ce que cela ne veut rien dire. Avec AnneMarie, je travaille dans cet esprit. » Un travail d’expression en commun, « très lié car j’interviens avec elle dès

le début ; ce qui n’est pas le cas dans des formes artistiques comme l’opéra ». Avec un livret de base et des décors imposés, la relecture par la lumière y est plus limitée. « Je connais la poésie d’Anne-Marie et je sais comment je vais travailler avec elle. Je ressens la sensibilité qu’elle veut exprimer, à travers les mouvements qu’elle déclenche. Je vois par exemple tout de suite une émotion d’amour avec des images qui ne sont pas fl agrantes, comme un combat qui exprime cet état. » C’est cette finesse de travail qu’il dit reconnaître chez une femme, à 300 %. « Je travaille dans la danse avec une assistante, Sylvie Debarre. Depuis des années, elle tourne les spectacles d’AnneMarie quand j’ai fini les créations. Elle sait peaufiner un détail que j’ai mis en place, dans une subtilité qui je pense appartient à la féminité ». Avec Anne-Marie Porras, il dit ne pas se tromper sur le sens de lecture. « La diffi culté avec une nouvelle colla-

DR

Compagnonnage Avec Anne-Marie Porras Anne-Marie Porras est une figure de la « danse jazz contemporaine ». « Elle est atypique dans le paysage chorégraphique français ». Il a signé la mise en lumière de la totalité de ses spectacles. Un coup de cœur : Fils

DR

«A

vant d’être créateur lumière, j’ai d’abord été ingénieur du son. C’est un métier jeune dans le spectacle, arrivé en France à la fin des années 70 », constate Jacques Chatelet, à l’affiche parmi les dix grands noms de la création lumière. « En France, la danse contemporaine a contribué à lancer ceux qui ont travaillé la lumière comme créateurs. J’ai fait partie de cette première vague, avec l’aide à la création qu’on a bien connue et des chorégraphes comme Dominique Bagouet. Nous avons été propulsés dans des lieux où nous avons pu montrer notre travail et nous faire reconnaître. » Si aujourd’hui des écoles comme celles du TNS de Strasbourg, d’Avignon, de Bagnolet… forment de jeunes talents, la génération de Jacques Chatelet en autodidacte a installé le métier. « Avant de rejoindre le décorateur à titre égal de reconnaissance, nous étions considérés comme l’électro du coin. A la différence du son qui est resté technique, la lumière est passée dans l’artistique, en liaison directe avec les metteurs en scène, chorégraphes, décorateurs ». Alors artiste Jacques Chatelet ? « Je pense qu’on ne choisit pas d’être un artiste, ce sont les autres qui nous révèlent en tant que tel. C’est une première lignée de chorégraphes comme Dominique Bagouet, Catherine Diverres puis une seconde, comme Angelin Prejlocaj et récemment Blanca Li qui m’ont donné cette reconnaissance ; sans oublier Anne-Marie Porras. »

Janvier 2008 > 45


Femmes derrière le soleil de Anne-Marie Porras

boration est de savoir à quel niveau se situe la sensibilité de la personne. » Saisir le sens de l’émotion Le créateur lumière doit saisir rapidement l’émotion à travers un mouvement, un texte peu expressif. « De par leur histoire, certains créateurs ont en horreur une couleur, même si dans le contexte celle-ci est intéressante. » Il évoque son expérience avec une soliste d’opéra, en Italie, qui refusait le violet. « Même pas un fil dans son costume. Ce n’était pas simple. Dans les émotions, les lavandes existent avec des transitions de lumière dans la journée qui font qu’elles deviennent primaires dans la composition ». Sans évoquer

Un parcours tout en lumière Jacques Chatelet a été directeur technique pour différentes compagnies de danse, pour le théâtre et l’opéra. Pour la danse, il a collaboré avec Dominique Bagouet, Françoise Adret, Angelin Preljocaj, Catherine Diverres, Jacques Dombrowski, Blanca Li, Régis Obadia, Anne-Marie Porras et Eric Margouet. Il a travaillé sur la mise en lumière de Aida, Carmina Burana, Madama Butterfly, Die Zauberflöte, Parade, Le Spectre de la Rose, Il Barbiere di Siviglia, L’Italiana in Algeri, Don Quichotte, La Vie Parisienne, Madame l’Archiduc, Don

Janvier 2008 > 46

DR

Jérôme Dallaporta

JAZZ ATTITUDE

Euro 2000 en Belgique

les superstitions du théâtre où le vert a mauvaise presse, la couleur est histoire de perception rétinienne. « Nous sommes dotés d’un prisme oculaire qui analyse les spectres de couleur et les fréquences pour nous permettre de découvrir un ambre, un bleu, etc. Mais les niveaux de prisme diffèrent d’une personne à l’autre. » Certains ne perçoivent pas les liaisons entre les couleurs. « Là où commence le bleu pour aller vers le vert, c’est l’émeraude. Pour les uns, c’est bleu et pour les autres, vert. Le dilemme est le même pour les ambres profonds et les rouges. Dans les nuances, il n’y a parfois que moi à les voir. Je dois alors accentuer l’effet avec une moindre subtilité pour

répondre à la commande ». Avec le temps, le créateur lumière a affirmé un style. Pour l’anecdote, les chorégraphes de danse contemporaine le surnomment « l’homme bleu ». « Une couleur que j’utilise énormément, dans toute sa gamme. D’une extrême richesse, elle permet de passer du jour à la nuit, avec émotion. C’est le romantisme des clairs de lune. Ce n’est pas une couleur rejetée comme le rouge considéré comme agressif. Le bleu est universel ! » Le créateur travaille aujourd’hui volontiers dans la couleur qu’il aime afficher dans les comédies musicales. Citons Chantons sous la pluie ou Certains l’aiment chauds… « Broadway, j’adore… l’aspect

Giovanni, Carmen, La Petite Renarde Rusée, Mireille, Le Nozze di Figaro, Rigoletto, Roméo et Juliette ou encore Norma. Il a réalisé les lumières de comédies musicales telles La Cage aux Folles, Hello Dolly, Chantons sous la Pluie (Molière 2001 du meilleur spectacle musical) et les créations françaises de Titanic et Sugar. Sa collaboration est également requise pour des manifestations évènementielles : l’Euro 2000 en Belgique et en 2002, la Biennale des Antiquaires au Carrousel du Louvre.

Cirque (nouvelle mise en scène de JeanLouis Grinda). Nice : Norma et Sans Famille (création mondiale) à l’Opéra ; Musée. Opéra Royal de Wallonie et Opéra-Théâtre d’Avignon : Orphée aux Enfers. Nantes : Carmina Burana (chorégraphie de Dombrowski). Hong-Kong et Montpellier : Roméo et Juliette (mise en scène Paul-Emile Fourny). Grenade : Poeta en Nueva York (chorégraphie de Blanca Li). Staatsoper de Vienne : Casse-Noisette (chorégraphie Harangozo) Paris et Scala de Milan : Le Parc (chorégraphie Preljocaj). Opéra de Metz : Le Caïd (mise en scène Adriano Sinivia). Avignon : L’Auberge du Cheval Blanc.

Quelques créations lumière récentes Montpellier : Plaine des sables (chorégraphie Anne-Marie Porras) Paris : Corazon Loco (chorégraphe Blanca Li) au Palais de Chaillot ; Sarah Bernhardt (mise en scène Alain Marcel) ; Sol en


Chantons sous la pluie

show business. C’est de cette façon que je rencontre le plus la danse jazz, dans les comédies musicales signées par des chorégraphes comme Barry Collins. »

Christine Barbedet

Sarah

Anne-Marie Porras raconte « Je travaille avec Jacques Chatelet depuis 1994. Toutes mes pièces sont éclairées par lui. Jacques sait que je ne sais pas m’exprimer avec des mots techniques, aussi pour lui l’essentiel est « la température et l’heure de la journée » : chaud, froid, matinal, nuit, tendre, violent. Nous nous exprimons toujours ainsi. Il reste toujours discret et me propose simplement son univers. Car il s’agit bien de cela, pour lui, pas besoin de décors, sa lumière est le tout. On ne voit jamais les effets s’imposer, ils sont là alors que l’on ne les a jamais vus arriver pour sublimer la chorégraphie. Sa lumière caresse les corps et danse sur eux, c’est une pure merveille. De plus, il ne s’installe jamais dans sa création car il lui arrive quelques temps après, alors que la pièce a déjà été jouée, de rajouter une autre touche. Sa lumière vit toujours ».

DR

Un rayon de soleil et une tasse, en inspiration Les couleurs font vibrer son regard de créateur : « Je regarde tout et partout : la peinture, le cinéma, la nature… Parfois, je me demande pourquoi j’ai oublié tel effet dans une création, simplement parce que je vois une tasse de thé dans un rayon de soleil. En fait, je ne suis pas quelqu’un de l’abstrait. Même si je laisse place à l’évasion, des reflets d’eau resteront des reflets d’eau ». Soucieux de la précision, Jacques Chatelet a l’avant-garde technologique fiévreuse. « Après près de trente ans de carrière, dès qu’un nouveau produit sort sur le marché, je veux l’essayer. Je suis un fana et on le sait, même si je suis capable d’éclairer une pièce avec dix-huit bougies. » Il s’intéresse ainsi aux LEDs, diodes électroluminescentes. « On peut tra-

vailler en trichromie avec cette source de lumière et composer toutes les gammes du spectre. » Avec plusieurs milliers de spectacle à son actif, en tant que directeur technique et aujourd’hui, créateur lumière, Jacques Chatelet travaille sur une douzaine de spectacles par an : « J’ai l’impression de ne jamais avoir terminé ce que je viens à peine de démarrer. Débuter un nouveau spectacle me permet d’encore mieux m’exprimer. En pleine création, je suis déjà mentalement en plein travail sur la suivante. Je ne cherche jamais sur le tas. Je vais juste corriger avec le metteur en scène ou le chorégraphe. La première règle c’est d’être au service d’un spectacle ; de faire équipe avec les décors, les costumes. » En amont, il peut parfois refuser ses services : « Bêtement, je l’explique en disant qu’éclairer un mec sur un escabeau, en pardessus, entrain de lire un texte d’Artaud, ce n’est pas la peine de m’appeler. Ce n’est pas que je n’aime pas Artaud, au contraire, mais je sais que ce travail ne va pas m’intéresser. Avec un décor de ce type, on ne fera pas Bercy, mais une douche avec un truc grave… minimaliste… » Il ajoute : « Je suis quelqu’un de spectacle et il faut que ça bouge ». Sur la brèche du 1er janvier au 31 décembre, Jacques Chatelet s’offre parfois le luxe d’une pause dans les Pyrénées : « J’ai une maison là-bas et quand j’y suis, je ne veux pas qu’on me dérange. Il y là une ampoule qui pend et qui éclaire normalement… ».

Hélène Dagues

DR

JAZZ ATTITUDE

Janvier 2008 > 47


A FOND LA DANSE

L’adolescence, la danse et l’ostéopathie pratique régulière de la danse peuvent aider l’adolescent à s’installer plus confortablement dans son nouveau corps.

L

a racine étymologique du terme adolescent vient de adolescere qui signifie grandir et alere, se nourrir. L’adolescent se nourrit d’expériences pour grandir. Il cherche son identité et sa place dans le monde qui l’entoure. Il est tiraillé entre une condition d’enfant et une entrée dans le monde adulte. Ces contradictions et ces ambivalences peuvent créer des contraintes d’ordre relationnel, psychologique et physique. Le rôle de l’adulte est alors discret, mais indispensable. Son regard est primordial pour « voir » et « prévenir » les mauvaises attitudes et les déformations qui deviendront les points d’arthrose de ses lendemains d’adulte. A cet âge, l’adulte peut observer : les courbures accentuées de la colonne vertébrale avec hyperlordose, cyphose, scoliose ; les épaules en avant et un repli sur soi ; les jambes et les pieds déformés… L’ostéopathe pourra diagnostiquer : un bassin rigide ou déséquilibré ; une jambe apparemment plus longue très souvent liée au déséquilibre du bassin ; une mauvaise répartition du poids du corps sur les appuis podaux ; des traumatismes musculo-squelettiques ; une asymétrie de la posture globale de face, de dos, de profil ; une raideur au niveau de la région cervicale ; un schéma corporel découpé où le lien est rompu

Janvier 2008 > 48

entre le tronc et les bras ou le bassin et les jambes. Le traitement ostéopathique par des manipulations douces (entre autres sur le sacrum) apporte une meilleure mobilité du bassin ; un relâchement des structures musculo-squelettiques ; une souplesse des cervicales ; un lien conscient entre la ceinture pelvienne avec le bassin, et la ceinture scapulaire avec les épaules, l’équilibre postural. Le bassin, une base essentielle Il est constitué de deux os iliaques, du sacrum, et contient les organes uro-génitaux et la partie terminale du colon. Le sacrum est le siège du centre de gravité transverse, la clé de voûte du bassin et la fondation de la colonne vertébrale. En ce sens, le rôle du bassin est capital dans la posture et le placement du corps. A cet âge transitoire où le bassin ter-

mine sa croissance, l’adolescent peut commencer à intégrer une liberté de mouvement et donc un meilleur placement pour la danse. Celui-ci chez le danseur est une notion difficile à ressentir et à intégrer, mais elle est pourtant indispensable pour accomplir toutes sortes de mouvements dans l’espace sans risque de se faire mal. Un traitement efficace apporte un équilibre myofascial fonctionnel, de meilleures habitudes posturales. L’adolescent qui pratique régulièrement la danse et qui se sent à l’aise dans ses tissus, aura un développement structurel plus harmonieux. L’acquisition de la stabilité consciente du bassin, de son placement pendant l’adolescence sont des atouts importants pour celui ou celle qui s’oriente vers une vie dans le monde de la danse. Sophie Rouxel, ostéopathe D. O

Malo Tocquer / www.ici-la.com

L’ostéopathie et la


A FOND LA DANSE

Grignoter n’est pas manger ! Pour maîtriser les grignotages, il faut apprendre à écouter sa faim mais aussi identifier la cause et y réfléchir, et

lier, produit laitier, fruit et boisson ne doit pas être remplacé par du grignotage dans la matinée. En lieu et place de l’aliment céréalier, le pain est bien adapté au petit déjeuner car il n’apporte pas de sucre et peu de graisses si vous le tartinez légèrement de beurre.

Malo Tocquer / www.ici-la.com

«C

onsommation automatique d’aliments, presque inconsciente, par petites quantités (…) en dehors des repas* », telle est la définition du grignotage donnée par la communauté scientifique. Ce comportement souvent lié à l’ennui, le stress ou le besoin de compensation augmente les calories ingérées qui deviennent supérieures aux dépenses de l’organisme, à l’origine de prises de poids. Par ailleurs, grignoter est néfaste pour les dents qui subissent des attaques acides à chaque prise alimentaire. Le grignotage porte le plus souvent sur des aliments qui ne nécessitent pas de préparation : chocolat, confiseries, biscuits, chips, etc. Très caloriques, ils présentent peu de densité nutritionnelle : fibres, vitamines, etc. A l’inverse, mieux vaut manger suffisamment aux repas pour éviter la faim : autour du plat principal mettez au menu une entrée de crudité, du pain ou un féculent, un laitage ou du fromage, un fruit de saison en dessert. Le repas doit durer au minimum 20 minutes, temps nécessaire au cerveau pour recevoir le message de satiété. Evitez de manger dans le stress ou l’esprit occupé par la télévision, l’ordinateur ou la lecture, sinon votre cerveau en oublierait presque que vous avez mangé ! Profitez-en plutôt pour faire une pause ou passer un moment convivial, par exemple entre amis à la cantine. De même, un petit déjeuner quotidien et complet avec aliment céréa-

Pour les danseurs : un gouter Comme vous pratiquez la danse, un goûter quotidien est recommandé sur le même modèle que le petit déjeuner. Evitez alors les boissons sucrées qui apportent des calories liquides peu rassasiantes. Choisissez plutôt des jus de fruits et compotes « sans sucres ajoutés » et des sodas en version « light ». Mangés en fin de repas, les produits sucrés ont moins d’impact sur la glycémie, alors mieux vaut se faire plaisir avec un bon dessert qu’un produit sucré pris isolément. Enfin, pour éviter les grignotages, privilégiez à chaque repas deux sources de protéines : un produit laitier et au choix, une viande, un poisson, du jambon ou des œufs. Il vous faut aussi une source de glucides complexes : du pain ou des féculents comme des pâtes, du riz, des pommes de terre, de la semoule, des lentilles, des haricots blancs, etc. Il faut enfin au moins une source de fibres : des fruits et légumes à chaque repas sous forme de crudités, de légumes cuits ou de potage ; du pain aux céréales, au son, de seigle ou complet ; des pâtes et riz complets accompagnés de légumes ou encore des légumes secs comme les lentilles, haricots secs, pois chiche, etc. Céline RICHONNET Diététicienne diplômée en DU sport, psychologie et alimentation, Université

Malo Tocquer / www.ici-la.com

adopter quelques principes.

*Source : Apports Nutritionnels Conseillés pour la population française, AFSSA, CNERNA, CNRS, 2001.

En cas de fringale… > Un grand verre d’eau ; thé ou tisane sans sucre > Un chewing-gum sans sucres > Un petit fruit ou des légumes à croquer > Un laitage maigre (yaourt, fromage banc)

Paris 13 ; troubles du comportement alimentaire, Université Paris

Janvier 2008 > 49


EN COULISSES

Guy Fernandez

«M

on grand-père est venu d’Espagne pour travailler dans les mines de Clermont-Ferrand, mon père avait trois ans », livre en clin d’œil Guy Fernandez lorsqu’il se présente. Batteur et percussionniste, il fait partie de ceux qui accompagnent en coulisses la danse jazz, répétiteur dans les écoles de danse. Après avoir fait ses premières gammes au conservatoire de La Rochelle, puis dans différents orchestres à Niort, Poitiers, Rochefort… il suit des cours avec Agostini à Paris où il s’installe. « J’ai ensuite accompagné des bals… une bonne école… mais aussi la chanteuse Dalida. Par hasard, en 1979, j’ai lu une petite annonce. Une école de danse à Noisy-Le-Sec cherchait un pianiste, je me suis présenté comme batteur-percussionniste ; ils m’ont pris. Le professeur prenait des cours avec Matt Mattox, encore à Colombes à cette époque, ce dernier m’a proposé de l’accompagner en stages ». Il rencontre ensuite Jacques Alberca, en 1987, travaille avec Bruce Taylor, Rick Odums… Aujourd’hui, il est répétiteur et enseigne le rythme corporel à l’Institut de formation professionnelle Rick Odums et au Conservatoire du 17e arrondissement de Paris. « Dans le cadre du cursus des élèves de Diplôme d’État, l’histoire de la musique est enseignée.

Janvier 2008 > 50

DR

DR

DR

Le rythme par le corps

pulsions, leur proposant à chaque numéro une partition rythmique à travailler.

J’ai pris conscience des carences des élèves en matière rythmique. J’ai aussi rencontré des enseignants arythmiques dans leur approche de la danse, à contretemps avec une terminologie galvaudée ». Il décide alors de leur faire explorer l’univers rythmique du jazz par le corps, le battement des pieds, des mains et la marche, de façon à ce qu’ils puissent l’inclure en dansant. Musique classique, ragtime, blues et gospel, une fusion qui a permis au jazz primitif de naître et que traverse Guy Fernandez avec ses élèves. Une pédagogie du rythme qu’il souhaite aujourd’hui partager avec les lecteurs de Jazz-

Christine Barbedet

Temps binaires et temps ternaires Lorsque les temps d’une mesure sont divisibles par deux, ce sont des temps binaires et ils constituent une mesure simple. Lorsque les temps d’une mesure sont divisibles par trois ce sont des temps ternaires et ils constituent une mesure composée. Extraits de Eléments de théorie ; Publications H. Cube.

TRAVAIL RYTHMIQUE POUR LE DANSEUR Difficulté

Coordination binaire é

Frappe des mains

1

é 2

é 3

é

1

4

2 é

3 é

4 é

é é

1

é 2

é 3

é 4

Frappe des pieds etc… Veiller à une bonne régularité du débit des sons en énonçant les comptes (ex. 1 et 2 et 3 et 4 et… etc), d’abord sur place puis en déplacement. Travailler avec régularité. Difficulté

Coordination ternaire é è

Mains 1

Pieds Même travail

é è 2

é è 3

é è 4

1

2 é è

3 é è

4 é è

é è é è1

etc… 2

3

4


Janvier 2008 > 51


Institut de formation professionnelle Rick Odums DU 25 AU 29 FEVRIER 2008 : JAZZ ET CONTEMPORAIN « UN PETIT PARFUM D’AMÉRIQUE » > Milton MEYERS : Professeur chez Alvin Ailey Directeur du département de danse contemporaine du Jacob’s Pillow

> Chet WALKER : Chorégraphe international Directeur du département de danse jazz au Jacob’s Pillow

> Bruce Taylor : danseur et chorégraphe international

> Rick Odums : danseur et chorégraphe international Auditions pour les bourses du Jacob’s Pillow

Stages d’apprentissage des nouvelles variations EAT jazz et classique ainsi que des anciennes. Stage apprentissage de la nouvelle variation EAT Jazz avec le chorégraphe de la variation :

> Hubert Petit Phar. Stage d’apprentissage de la variation classique :

> Béatrice Marois. Du 21 au 25 AVRIL 2008 > Geraldine ARMSTRONG > Rick ODUMS > Patrice VALERO

> RENSEIGNEMENTS INSTITUT DE FORMATION PROFESSIONNELLE RICK ODUMS 54A, rue de Clichy 75009 Paris Tél. 01 53 32 75 00 - Fax 01 53 32 77 01 contact@centre-rick-odums.com

www.centre-rick-odums.com


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.