zatopekmagazine.com
En pages centrales
le cahier
pratique Volodalen
Zatopek
N°31 - trimestriel - août - septembre - octobre 2014 - France - 5.50 €
Le 1
Rencontre
er
Magazine Running & Santé de votre Région
L’athlète qui ne ressent pas la douleur
Vrai ou faux ?
La course à pied ruine les articulations
Médicaments
Ceux qui dopent sans le dire
Entraînement Musclez vos pieds !
Jeu
Quel corps pour quelle discipline
LA MÉTHODE
BIBENDUM
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RÉCUPÉRATION
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ZATOPEK EST UNE PUBLICATION DES Editions Sport et Santé sprl 177 rue Vanderkindere B-1180 Bruxelles (Belgique) TVA: BE 0882 202 726 Tel: 00 32 (0)2 538 54 58 Fax: 00 32 (0)2 537 13 38 Email: info@zatopekmagazine.com Site web: www.zatopekmagazine.com SERVICE ABONNEMENTS Sur le site www.zatopekmagazine.com ou par téléphone: 00 33 (0)4 32 80 26 83 (France & Suisse) et 00 32 2 538 54 58 (Belgique et autres pays). EDITEUR RESPONSABLE Gilles Goetghebuer 177 rue Vanderkindere B-1180 Bruxelles DIRECTEUR DE PUBLICATION Jean-Paul Bruwier jpb@zatopekmagazine.com CONCEPTION ET GRAPHISME Denis Thiry denis@perfecto.be REDACTEUR EN CHEF DU MAGAZINE Gilles Goetghebuer gilles@zatopekmagazine.com SECRETAIRE DE REDACTION Anna Muratore anna@zatopekmagazine.com ICONOGRAPHIE Olivier Beaufays olivier@zatopekmagazine.com ONT COLLABORE A CE NUMERO: Olivier Beaufays, Aurore Braconnier, Jean-Paul Bruwier, Louise Deldicque, Marc Francaux, Anne-Sophie Girault, Roger Igo, Hilde Meesters, Anna Muratore, Naïm Schneyders, Noël Tamini. CREDITS PHOTOS Iconsport:16; NASA:18, 23; Bernd Leitner:26; Dirima/Fotolia.com:28, 58; Belga Images:30, 66; Istock getty image:35; Noël Tamini: 45, 46; Antaratma Microstock Images:50, 51; Institute of Movement Sciences:51; NikeINC:54; George Herringshaw:59; Marcel Gillieron:62, 63, 64; Dumas/DR:10, 19, 20, 22, 24, 25, 27, 29, 31, 32, 33, 34, 40, 41, 42, 43, 44, 49, 51, 53, 55, 56, 57, 60 REGIE PUBLICITE Toutes éditions, Belgique et Luxembourg: Ghislaine De Drijver et Isabelle Crutzen Podium Media Europe SA Mobile: 0032 473 93 41 28 Tel: 00 352 26 90 86 69 Fax: 352 24611082 info@podium-media.biz Skype: jpodium Pour la France, la Suisse et le Québec: Pascal Leost pub@zatopekmagazine.com 7 lot. Les Cigales Chemin Georges Brassens Tél: 00 33 (0)4 32 80 26 83 COMMISSION PARITAIRE: 1115 U 89417
SOMMAIRE_
EDITORIAL
A
sa naissance, Buster Keaton ne portait pas ce nom. Il s’appelait Joseph Frank Keaton. Le surnom de «Buster» lui serait venu de son habitude d’effectuer des cabrioles spectaculaires. La première fois, il était âgé d’à peine 6 mois et avait tenté de descendre un escalier à quatre pattes. Sa mère l’avait retrouvé au bas des marches. Sonné mais vivant. Avec déjà cet air étonné qui devait faire sa gloire quelques années plus tard. «Sure that was a buster» aurait-elle dit en le prenant dans les bras. «Vraiment, c’était une chute spectaculaire». Buster! Le nom lui est resté. Tout comme l’habitude de prendre de grosses gamelles et de se relever comme si de rien n’était. Ses parents étaient tous les deux saltimbanques et l’avaient intégré dans un numéro qui consistait, pour l’essentiel, à se le lancer d’un bout à l’autre de la scène. Comme ils picolaient beaucoup -surtout le père!- il lui arrivait fréquemment de louper son fils à la réception et Buster atterrissait alors dans les coulisses ou dans l’orchestre. «J’ai été élevé en étant jeté par terre» dira-t-il à la fin de sa vie. Quel âge avait-il? Pour échapper à une loi américaine qui interdisait le travail des enfants, même au théâtre, ses parents trichaient sur son âge réel. A cinq ans, ils prétendaient qu’il en avait sept. Puis comme cela ne suffisait pas face aux agents pointilleux des services d’aide à l’enfance, ils entreprirent de déshumaniser son personnage sur scène. Sur les affiches du spectacle, Buster était surnommé «la chose». On ne le considérait plus comme un petit garçon mais comme une sorte de projectile articulé capable de mimiques amusantes. Lorsqu’on ne le balançait pas à l’autre bout de la pièce, on lui assénait des coups de bâton sur la tête ou on s’en servait comme d’une serpillère. Authentique! Voilà ce qu’était la vie de ce «garçon incassable» pour reprendre le titre de l’ouvrage que lui a récemment consacré Florence Seyvos (Editions de l’Olivier, 2013). Si nous en parlons dans cet éditorial, c’est que Buster Keaton illustre mieux que quiconque la capacité que possèdent certains individus de surmonter les douleurs sans laisser transparaître la moindre souffrance. Et de douleurs, il en sera beaucoup question dans ce numéro: celles que ne ressent pas Kayla Montgomery (lire page 48); celles de l’arthrose qui nous ronge au fil du temps au point de nous contraindre parfois à abandonner la course à pied (lire page 22); celles que l’on éprouve en apprenant la disparition soudaine et prématurée de personnalités exceptionnelles (lire page 62). Le but de cet exercice? Lire les différents articles qui composent ce numéro sans se départir de cette expression de placidité comique qui caractérisait Buster Keaton et face à laquelle rien ne résiste. Pas même la douleur! Gilles Goetghebuer, rédacteur en chef
IMPRESSION Imprimé en Belgique/Printed in Belgium Imprimerie Bietlot rue du Rond-Point 185 B-6060 Gilly Belgique DISTRIBUTION Belgique: Tondeur Diffusion Patrick Malotaux 9 Avenue Van Kalken 1070 Bruxelles Tel: 02 555 02 11 Luxembourg: MPK – Elisabeth Biever 11, rue Ch. Plantin – B.P. 2022 L-1020 Luxembourg Tel: 00 352 499 888 306 France, Suisse et Québec: MLP ZA de Chesnes -55 bd de la Noirée F-38070 Saint Quentin Fallavier Tel: 04 74 82 39 56 Trimestriel Août, septembre, octobre 2014
(en haut à gauche)
04_AJOUTEZ À MON PANIER
30_ TEMOIGNAGES
10_COURRIER DES LECTEURS
35_ JEU
12_BANC D’ESSAI
40_VOYAGE VOYAGE
14_CULTURE CLUB
48_ SANTÉ
Tout ce qu’il faut pour courir à la page La parole est à vous
Nous avons testé la nouvelle caméra Garmin Pour ne pas courir idiot
16_ZOOM
N° ISSN 1783-4104
La reproduction des textes et photos publiés dans ce numéro est interdite
18_DES CHERCHEURS QUI CHERCHENT
LA LOCOMOTIVE (toutes éditions) Est un supplément gratuit au trimestriel Zatopek et ne peut être vendue séparément Rédacteurs Belgique: Olivier Beaufays olivier@zatopekmagazine.com Eric Cornu eric@zatopekmagazine.com Jean-Paul Bruwier jp@zatopekmagazine.com Rédacteurs France et Suisse: Cyrille Gindre cyrille@volodalen.com Sophie Sartet sophie@zatopekmagazine.com
Pierre-Jean Vazel commente une image A la découverte du massage pneumatique
22_DÉBAT D’IDÉES
La course à pied abîme-t-elle les articulations?
Ma vie en arthrose
Dix questions sur la morphologie des athlètes Qu’est-ce qui fait courir les Ethiopiens?
Kayla Montgomery: la jeune fille qui n’avait jamais mal Interview de Fabrice Sarlegna, chercheur
54_ HISTOIRES VRAIES
Ces coureurs dopés sans le vouloir
62_PORTRAIT
Franziska Rochat-Moser, la grande dame du macadam
ATTENTION
Ne ratez pas notre supplément à détacher au centre du magazine.
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AJOUTEZ_À MON PANIER CHAQUE SAISON VOIT FLEURIR SON LOT DE NOUVEAUTÉS, VÊTEMENTS, CHAUSSURES ET AUTRES GADGETS POUR RENDRE LA COURSE À PIED PLUS MODERNE. TOUJOURS PLUS MODERNE. Rubrique réalisée par Olivier Beaufays
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MIZUNO TRAIL Pour les pieds qui ne sont jamais à plat
OVERSTIM.S Une remise à niveau Le magnésium est impliqué dans plus de 250 réactions métaboliques. Or les carences sont répandues dans la population et seraient souvent à l’origine de grosses fatigues. Overstim.s propose Hydrixir, une préparation qui vise le rétablissement d’un taux optimal de magnésium, mais aussi de calcium, de vitamine C et de zinc.
Tous ceux qui font de la course en montagne connaissent la difficulté qui consiste à courir sur des terrains qui ne sont jamais plats. C’est évidemment le cas en montée, en descente. Mais aussi lors des traversées où la faible déclivité latérale des sentiers finit par user des organismes déjà mis à rude épreuve. Mizuno est parti de ce constat pour revoir les différents modèles de sa gamme trail et proposer une semelle dotée de la technologie «Mid foot X Groove» qui permet davantage de flexibilité au niveau du mediopied. Quant aux crampons en «X», ils permettent une adhérence multidirectionnelle. A la montée, à la descente et à flanc de coteau!
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oit le pourcentage de Français qui courent régulièrement. Les hommes (22%) restent un peu plus nombreux que les femmes (16%).
Mais ce sont surtout les 14-25 ans qui sont les plus actifs (41%) parmi les sondés. Logique! La pratique de ce sport leur est souvent imposée aux cours d’éducation physique! Notez encore que, dans cette vaste population de coureurs, seulement 16% participent à des épreuves organisées.
www.mizuno.eu de 120 à 135 e
LE SPORT, C’EST CONTAGIEUX
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ne expérience très étrange a été menée à l’Ecole de médecine de l’Université de Sydney. On a mis des sujets devant la télé et, pendant 20 minutes, ils devaient suivre deux types de programmes. La première fois, il s’agissait d’admirer des paysages. La seconde fois, il fallait suivre les pérégrinations d’un joggeur. L’expérience a montré qu’en passant d’un programme à l’autre, les sujets subissaient une élévation de leur fréquence cardiaque, du rythme respiratoire et de la transpiration, bref des réponses physiologiques qui sont aussi celles de l’effort. En plus modéré, bien sûr. Mais cela suffit pour expliquer la boulimie télévisuelle de tous ces fans de sport par procuration. En fait, ils s’entraînent!
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AJOUTEZ_À MON PANIER 5 pages
COURRIER_DES LECTEURS RÉAGISSEZ SUR WWW.ZATOPEKMAGAZINE.COM OU ENVOYEZ VOTRE COURRIER Pour la France et la Suisse: Pascal Léost - Chemin Georges Brassens - 7, lotissement les Cigales - 84210 Pernes Les Fontaines Pour la Belgique: 177 rue Vanderkindere - 1180 Bruxelles
Une prière pour Owens Drôle d’endroit pour une rencontre Lors d’un trekking en Himalaya, Frédéric Farinetti s’est arrêté dans un refuge à mille milles de toute terre habitée comme on le dit dans Le Petit Prince. Et devinez ce qu’il a découvert sur la table du réfectoire?
Le mystère des calories perdues Je m’adresse à vous car je considère ce magazine comme exceptionnel, vous traitez l’actualité de la course à pied avec sérieux, mais sans vous prendre au sérieux. J’ai 70 ans et 35 années de course à pied derrière moi. A un niveau très modeste, je m’empresse de le préciser. Là, je constate que mon organisme ne supporte plus bien les contraintes de la course et je me suis résolu à passer à la marche. Une chose m’intrigue cependant. Sur Internet, j’ai lu qu’à vitesse égale, la marche nordique permettait de consommer 30 à 50% de calories en plus par rapport à la marche classique. Je conçois volontiers que l’usage des bras puisse légèrement élever la dépense. Mais je pensais que cette contribution du haut du corps allégeait le travail des membres inférieurs et donc que ce qui était perdu d’un côté était gagné de l’autre. Ai-je tort?
Bernard Maupas Notre réponse:
Pas du tout. Si la marche nordique coûte effectivement plus cher que la marche classique, en termes de calories, c’est parce qu’en général, on se déplace plus vite. Avec des bâtons, les bons marcheurs peuvent ainsi tenir des moyennes de l’ordre de 6 et même 7 kilomètres/heure. La différence vient de là. Sinon les deux types de marche ne recèlent aucune différence au plan énergétique. Même chose en trail. A vitesse égale, les compétiteurs qui choisissent d’utiliser des bâtons n’allègent pas leur dépense énergétique, ils la répartissent seulement sur une masse musculaire plus importante. C’est tout!
Robin Candau, Professeur en sciences du sport à l’université de Montpellier
On s’est trompé de guerre Dans votre précédente parution (très intéressante au demeurant), vous mélangez les deux guerres mondiales du XXe siècle en citant à la page 15, le Trail de l’Ultra D-Day parmi les épreuves qui commémorent le centième anniversaire de la guerre 14-18. Or le D Day («Jour J» en français) désigne évidemment celui du débarquement des troupes alliées en Normandie qui marque le début de la débâcle allemande en Europe et sa capitulation un an plus tard. En 1945! Françoise
Une question me tourmente depuis longtemps déjà concernant Jesse Owens dont je suis un admirateur aveugle. Ce sprinteur américain fut le premier de l’histoire à remporter quatre médailles d’or aux Jeux de Berlin en 1936: 100, 200 et 4 x 100 mètres, plus le saut en longueur. Mon interrogation porte sur un épisode de sa vie survenu un an plus tôt lors d’une compétition importante baptisée «Big Ten» qui devait l’opposer aux meilleurs athlètes de sa génération dans le stade d’Ann Harbor dans le Michigan. Quelques jours avant la course, Jesse Owens avait chuté gravement dans un escalier alors qu’il faisait semblant de lutter avec son frère pour amuser la famille. Il s’était fait très mal au dos. Avant la course, il ne pouvait presque pas bouger. Il est d’abord resté une demi-heure dans un bain très chaud. Puis ses coéquipiers durent l’aider à s’habiller et à rejoindre la piste. Au coup de pistolet, cela ne l’a pas empêché de courir comme un lièvre. En moins d’une heure, il avait égalé le record du monde du 100 yards (9,4 secondes) et battu ceux du saut en longueur (8,13 mètres), du 220 yards et du 200 mètres haies. Comment a-til pu réaliser tous ces exploits avec un dos en capilotade?
Louis Tancré
Notre réponse: Jesse Owens découvrait la compétition de très haut niveau en cette occasion. A 21 ans, il n’était encore que sophomore (deuxième année universitaire). L’excitation du moment a peut-être suffi à lui faire oublier sa douleur. A moins, bien sûr, qu’il n’ait eu recours aux puissants analgésiques de l’époque, des mélanges à base d’opium ou plus vraisemblablement de cocaïne. Ce qui, soit dit en passant, l’aurait rendu positif aux actuels tests antidopage. Mais comme ils n’ont été instaurés que 31 ans plus tard, personne ne peut lui en faire le reproche.
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CULTURE_CLUB
CINEMA
CINEMA
Rubrique réalisée par Anne-Sophie Girault
Sarah préfère la course De Chloé Robichaud
C
e petit film québecquois raconte le dilemme de la jeune Sarah (Sophie Desmarais) déchirée entre l’amour que lui voue Antoine (Jean-Sébastien Courchesne) et sa propre passion pour la course à pied. Pas de suspense donc, puisque la réponse est contenue dans le titre. Autre bémol: les scènes de course à pied ne sont absolument pas crédibles. Toutes ces filles courent comme des actrices de cinéma. Pour le reste, c’est une réussite. Le film pose même une question intéressante. En effet, Sarah n’a pas véritablement d’ambitions sportives. Elle cherche simplement à exercer le mieux possible une chose pour laquelle elle est manifestement douée. Enfin, d’après le scénario du film... Cette quête irrationnelle l’isole de la société adulte. D’où cette question existentielle et facilement transposable dans d’autres vies… Doit-elle laisser la raison prendre le pas sur sa passion?
De toutes nos forces De Nils Tavernier
L
à encore, le pitch tient en une ligne. Julien (Fabien Héraud) est un adolescent handicapé qui persuade son père (Jacques Gamblin) de faire avec lui l’Ironman de Nice. La maman (Alexandra Lamy) se réjouit de voir qu’enfin, ils partagent un projet commun. Mais où cela mènera-t-il? Cette fiction s’inspire de l’histoire véridique de l’Américain Dick Hoyt et de son fils Rick qui comptent à leur actif des participations à 229 triathlons (dont 6 Ironman) et 66 marathons. Mais le sujet est traité assez différemment. En effet, les films et les reportages sur la famille Hoyt mettent presque systématiquement l’accent sur le défi athlétique de tels exploits. Il faut dire que Dick Hoyt est aujourd’hui âgé de 74 ans et son fils Rick, 52. Ils viennent d’ailleurs de déclarer que le marathon de Boston 2014 était leur dernier. Par comparaison, le film de Tavernier aborde les choses de façon beaucoup plus intimiste et montre comment une relation peut naître à partir d’une idée. Parfois même d’une idée loufoque! C’est superbement joué. On arrive difficilement au bout sans verser de larme. Plus d’une d’ailleurs pour ce qui me concerne!
I
INTERNET
nternet ne cesse de se réinventer. Après la folie des blogs, bienvenue sur Tumblr. Il s’agit d’une plate forme d’échange où l’on poste des messages concis un peu comme sur Twitter mais avec moins de contraintes et moins de censure. Un système efficace de référencement permet aussi de retrouver très vite les personnes (190 millions dans le monde) qui partagent les mêmes passions que vous. La course à pied par exemple. Nous avons ainsi repéré «manvmiles» qui donne régulièrement d’excellentes astuces et conseils pour préparer ses compétitions. «Runaddicts» et «run-to-survive» jouent davantage la carte de la motivation en proposant des photos et des textes relativement courts qui donnent à chaque fois envie de chausser les pompes. Avec «diary of a runner», vous suivrez les pérégrinations d’un coureur sur route, tandis que les adeptes de la piste se donneront plus facilement rendez-vous sur «alwaystrackandfield» qui propose de magnifiques photos au stade. Tous ces microblogs sont en anglais. Depuis février 2011, il existe aussi une interface en français avec notamment «vieduncoureur» qui propose des Gifs animés associés à des phrases-cultes pour un résultat totalement hilarant!
L’HISTOIRE VÉRIDIQUE DE DICK ET RICK HOYT (CI-DESSOUS)
A INSPIRÉ LES PERSONNAGES, JULIEN ET PAUL AMBLARD (CI-DESSUS)
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CULTURE_CLUB 2 pages
DES CHERCHEURS_QUI CHERCHENT
RÉCUPÉRATION,
LA MÉTHODE
BIBENDUM LE DERNIER APPAREIL À LA MODE EN TECHNOLOGIE DE L’ENTRAÎNEMENT S’APPELLE LE «SPACE LEGS». LE PRINCIPE? ON S’ENFOURNE LES JAMBES DANS DES MANCHONS GONFLABLES QUI ASSURENT UNE SORTE DE MASSAGE PNEUMATIQUE DONT ON RESSORT, PARAÎT-IL, AVEC DES MUSCLES TOUT NEUFS!
P
endant des années, on a commis l’erreur de se focaliser sur le contenu des entraînements, sans se soucier beaucoup de récupération. Or l’un ne va pas sans l’autre! Un entraînement ne s’avère efficace que s’il est suivi d’une bonne phase de récupération. Et vice-versa. Bref, l’effort compte autant que le réconfort et cela justifie les recherches menées actuellement pour favoriser la phase de restauration des forces. Au fil du temps, de nombreuses techniques ont été adoptées. Le massage, bien sûr. Des générations de champions n’imaginaient pas pouvoir s’en passer et, aujourd’hui encore, on fait la file
devant les tables aux arrivées des grandes épreuves populaires. Cette pratique reste à la première place des méthodes de références. Mais d’autres préceptes font aussi des émules. On dit par exemple qu’il ne
Des muscles sous pression
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DES CHERCHEURS_QUI CHERCHENT 4 pages
DÉBAT_D’IDÉES
La COURSE À PIED génère-t-elle de l’ARTHR C’EST L’UNE DES QUESTIONS LES PLUS COMPLIQUÉES QU’ON PUISSE SE POSER EN MÉDECINE SPORTIVE. ELLE OPPOSE CEUX MAJORITAIRES QUI SONT PERSUADÉS DU RÔLE JOUÉ PAR CE SPORT DANS LA SURVENUE D’ARTHROSE À UNE MINORITÉ QUI CROIT PLUTÔT EN SON INNOCUITÉ. CERTAINS PRÉTENDENT MÊME QUE LA COURSE EXERCERAIT UN EFFET PROTECTEUR SUR LE CARTILAGE. QUI A TORT? QUI A RAISON? EXPOSONS LES ARGUMENTS DES UNS ET DES AUTRES SOUS FORME D’UN DÉBAT IMAGINAIRE ENTRE DEUX EXPERTS AUX AVIS DIAMÉTRALEMENT OPPOSÉS.
Evidemment que la course
OUI à pied génère de l’arthrose!
La démonstration est facile à faire. Il suffit de voir la cohorte d’anciens coureurs aux articulations toutes râpées. Ils sont beaucoup plus nombreux à souffrir d’arthrose que dans la population générale (1). Ce débat risque de tourner court.
Cartilage sain
L’arthrose est répandue au sein d’une population de coureurs à pied, c’est exact! Mais lorsqu’on mène l’enquête, on s’aperçoit qu’avant de courir, ceux-ci ont souvent pratiqué d’autres sports: judo, foot, basket, rugby, etc. Or ces disciplines soumettent les articulations portantes à de rudes traumatismes. Sans oublier le tennis et le ski. Une simple entorse suffit parfois pour enclencher la réaction dite «chondrolytique» de destruction du cartilage. Au départ, la lésion est riquiqui. Mais si l’on n’y prend pas garde, elle peut s’étendre de façon centrifuge et, quelques années plus tard, englober toute la zone portante. Ce processus malheureusement banal
NON
Cartilage malade
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DÉBAT_D’IDÉES 8 pages
TÉMOIGNAGES_
Premier motif de consultation dans les pays occidentaux, l’arthrose touche environ 17% de la population. Les coureurs sont loin d’être épargnés. Qu’en disent-ils? Dossier réalisé par Olivier Beaufays
La vie en arthr PLEIN LES PIEDS P AULA, 40 ANS recordwoman du marathon (2h15’25’’) «Jamais je n’aurais cru que le marathon de Berlin en 2011 serait mon dernier. J’ai couru pendant des années avec une fracture de fatigue à la voûte plantaire qui ne s’est jamais complètement résorbée. Quand on a enfin découvert l’origine des douleurs, mon pied était déformé par l’arthrose. Après une première intervention en août 2012 en Californie, j’ai mis plus d’un an à marcher sans douleur. Courir derrière mes enfants était impossible. Alors faire un jogging! Dans ces moments-là, on ne pense plus à la compétition. Juste à vivre une existence normale. Pourtant, je refuse de prononcer le mot ‘retraite’. Trois opérations plus tard, la douleur me laisse plus ou moins tranquille. Je ne vous cache pas que j’aimerais terminer ma carrière par une dernière participation au marathon de Londres, là où j’ai battu le record du monde. Même à 40 ans, je pense pouvoir descendre sous les deux heures trente. Du moins, si je retrouve ma qualité de pied, ce qui est loin d’être le cas. Mais j’ai peur. Car si je force, cela risque de devenir plus douloureux encore qu’en 2012. J’ai eu une belle carrière et je veux pouvoir continuer à marcher encore normalement dans vingt ans.»
UN JOUR, MA PROTHÈSE VIENDRA M ARIE-ANNE, 51 ANS «A 51 ans, l’arthrose s’est installée un peu partout dans mon corps, même dans les articulations hautes à priori peu sollicitées par la course à pied. Est-ce un effet du sport? Sincèrement, je ne crois pas. Je pencherais plutôt pour un facteur héréditaire. J’ai commencé à courir vers l’âge de trente ans. Dix ans plus tard, je ressentais déjà les premiers symptômes. Actuellement, j’en suis au stade 4 pour les articulations fémoro-patellaires des genoux. Les pieds aussi sont atteints. Au fil des années, j’ai fait de gros progrès en connaissances médicales puisque je sais désormais que je souffre d’exostoses (bosses osseuses situées au bord interne du pied) et synostoses (fusion plus ou moins complète de deux os). J’ai trouvé la parade en courant beaucoup sur tapis. Je poursuis également un traitement à base l’harpagophytum, une plante de la même famille que le sésame réputée pour ses vertus antiinflammatoires et ses qualités conservatrices du cartilage. Une fois par
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TÉMOIGNAGES_ 5 pages
la
loco
motive
par
cahier technique
Les footballeurs se sont longtemps inspirés des coureurs à pied pour composer leurs séances d'entraînement physique. Mais peut-on réellement comparer le football et la course à pied ? L'idée semble saugrenue ; et pourtant… A l'occasion de la coupe du monde au Brésil et de la sortie du livre de Michel Dufour "Football : l'énigme athlétique", on apporte quelques comparaisons physiologiques capables d'éclairer cette "folie". Et puisqu'on n'est pas à une folie près, le laboratoire Volodalen mène l'étude permettant de savoir si l'électrostimulation permet d'améliorer les performances du traileur en quelques secondes. Vous allez voir, les conclusions sont surprenantes. Il ne s'agit pourtant pas de croire qu'on peut performer en course à pied sans course à pied. D'ailleurs sentir le vent d'été dans nos cheveux déliés, le pied léger sur la terre, c'est grisant non ? Plus encore quand retentit dans la télé, les sifflets endiablés des supporters brésiliens surchauffés :) Cyrille Gindre - Volodalen
Sommaire 1 ÉDITO 2 ACTUALITÉS SCIENCES 10 DOSSIER
Le footballeur est un coureur
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18 SANTÉ VOUS BIEN
E n 2 temps 3 mouvements Les pieds D EUX IMAGES COMMENTÉES Foot et Foot encore JCPMF : Quelque chose de plus à la vie
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L E LABORATOIRE VOLODALEN Étude Compex®
Zatopek n° 31 I août / septembre / octobre 2014
Écrivez-nous ! contact@zatopekmagazine.com
LA LOCOMOTIVE 24 pages
TESTEZ_VOS_CONNAISSANCES
JEU DE PISTE P
our réaliser ce petit test de connaissances, nous nous sommes basés sur les résultats d’une étude parue récemment sur les différences de gabarit en fonction des épreuves d’athlétisme: 100, 200, 400, 800, 1500, 3000, 10.000 mètres et marathon. Tout le monde sait bien qu’un sprinteur n’est pas bâti comme un coureur de fond. Mais les auteurs de cette recherche ont voulu en savoir plus. Pour cela, ils relevèrent d’abord les noms des cent meilleurs performers mondiaux dans toutes les disciplines de l’athlétisme entre 1996 et 2011. Pour chacun d’eux, ils notèrent la taille et le poids. Ensuite, ils calculèrent leur indice de masse corporelle (IMC). Ce travail de bénédictin fut récompensé par des don-
nées extrêmement précises sur la relation entre distances et morphologie. Elles vous sont présentées dans ces pages sous la forme d’un petit jeu. Dans un premier temps, il faut répondre aux dix questions qui suivent en laissant parler son intuition. Ensuite, on découvrira les bonnes réponses agrémentées des explications d’Adrien Sedeaud, chercheur pour l’Institut de Recherche biomédicale et d’Epidémiologie du Sport (IRMES) qui a mené l’enquête.
Référence «BMI, a Performance Parameter for Speed Improvement» par Sedeaud, Marc, Marck, Dor, Schipman et coll. (2014) PLoS ONE 9(2): e90183. 31_ZATOPEK 35
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TESTEZ_VOS_CONNAISSANCES 5 pages
VOYAGE_VOYAGE
Qu’est-ce qui fait
COURIR les ETHIOPIENS ? LORSQU’ON CONSULTE LES CLASSEMENTS DES PLUS GRANDES COURSES DU MONDE, ON CONSTATE AUX PREMIÈRES PLACES UNE PROFUSION D’ATHLÈTES KÉNYANS ET ÉTHIOPIENS. TOUS PROVIENNENT D’AFRIQUE DE L’EST. MAIS UN DÉTAIL DISTINGUE LES UNS DES AUTRES. ON SAIT TOUT SUR LES KÉNYANS. PRATIQUEMENT RIEN SUR LES ETHIOPIENS.
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VOYAGE_VOYAGE 8 pages
DOSSIER_SANTÉ LE SPORT AMÉRICAIN N’EST PAS AVARE D’HISTOIRES EXTRAORDINAIRES. CELLE DE KAYLA MONTGOMERY LES SURCLASSE TOUTES!
La JEUNE FILLE qui n’avait JAMAIS MAL J
usqu’il y a peu, la ville de Winston-Salem était surtout connue aux Etats-Unis pour être le bastion de l’industrie du tabac. Mais voici qu’une jeune fille de 18 ans est en train de lui valoir une tout autre réputation. Elle s’appelle Kayla Montgomery (1,55 mètre pour 42 kilos) et on ne sait pas trop si le récit de sa vie doit être présenté comme un drame ou comme un conte de fées. Restons-en aux faits. Kayla Montgomery est en dernière année de high school à Winston-Salem précisément dans l’état de Caroline du Nord. Pieuse, bonne élève et sportive. Ses parents ont toutes les raisons d’être fiers d’elle et rien ne la prédestinait à faire un jour irruption dans les pages des magazines. Sa vie bascule pourtant, il y a quatre ans, alors qu’elle dispute un match de foot avec des copines. Soudain, elle sent ses jambes se dérober sous elle et elle s’écroule sur le sol, victime d’un premier accès de paralysie. Elle passe des tests médicaux. Le verdict tombe comme un couperet: sclérose en plaques! On lui explique alors que la maladie résulte d’une attaque du système immunitaire contre ses propres cellules nerveuses et que l’évolution se fera vraisemblablement par
crises successives qui creuseront à chaque fois un peu plus profondément le sillon de la paralysie. «Puis-je continuer le sport?» demande-t-elle. Auparavant, on lui aurait répondu par la négative. Longtemps, les médecins soupçonnaient le sport d’aggraver l’affection et prônaient l’abstinence. C’est moins le cas aujourd’hui. Kayla reçoit donc l’autorisation de s’inscrire dans l’équipe d’athlétisme de son lycée où l’on pense qu’elle va vite se décourager. De fait, ses débuts ne sont pas fameux. Elle arrive dernière de son premier 5000 mètres bouclé en 24 minutes et 29 secondes. Elle persévère cependant et s’aperçoit, au gré des séances d’entraînement, qu’elle est sujette à un phénomène très étrange qui la différencie des autres athlètes. Elle ne ressent pas la douleur! D’ordinaire, en effet, les muscles font de plus en plus mal à mesure qu’on intensifie son effort. A la fin d’un 400 ou d’un 800 mètres, les coureurs disent souvent qu’ils ont l’impression que «leurs jambes les brûlent!» Rien de semblable pour Kayla. Au contraire! Les sensations s’estompent à mesure qu’elle progresse dans l’effort. Elles finissent même par disparaître complètement. «Au départ de la course, je sens parfaitement mes
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Surprise, je ON HÉSITE GÉNÉRALEMENT À ABORDER LE SUJET. MAIS POUR LES BESOINS DE CE DOSSIER, QUATRE COUREURS ONT ACCEPTÉ DE FAIRE LA LUMIÈRE SUR L’EXPÉRIENCE CURIEUSE QU’ILS ONT VÉCUE. TOUT COMMENCE AVEC UN TRAITEMENT PRESCRIT PAR LEUR MÉDECIN POUR PRENDRE EN CHARGE UN PROBLÈME DE SANTÉ. AUSSITÔT APRÈS, CES COUREURS SE SONT SENTI POUSSER DES AILES DANS LE DOS! 54 ZATOPEK_31
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IL Y A QUINZE ANS, LA SUISSESSE FRANZISKA ROCHAT-MOSER ÉTABLISSAIT À BOSTON UN NOUVEAU RECORD NATIONAL SUR MARATHON. CELUI-CI TIENT TOUJOURS. TOUT COMME LE SOUVENIR DE CETTE ATHLÈTE DISPARUE DANS DES CIRCONSTANCES TRAGIQUES. CELLE QUE L’ON PRÉSENTAIT COMME UNE «SUPERWOMAN» AVAIT À PEINE 35 ANS.
«
L
e champion est isolé comme un lépreux, muet comme une carmélite, comme un reclus dans le désert.» Voilà ce qu’écrit Paul Morand dans sa préface du livre Noblesse du Sport. Tout le monde imagine que l’athlète champion vit un rêve. En réalité, il fait face chaque jour à des conditions pénibles et se trouve littéralement prisonnier des contraintes: le calendrier des compétitions, les exigences de sa discipline, les attentes du public. Que c’est lourd à porter! Certains tentent d’échapper à cette vie carcérale et renoncent à faire du sport l’alpha et l’oméga de leur existence. La marathonienne Franziska Rochat-Moser faisait partie de cette engeance. Chaque semaine, elle s’entraînait
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