La ville côté femmes

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La ville côté femmes : le corps, révélateur des spatialités ? Projet de recherche-action participatif et critique à Gennevilliers : 2014-2020

Marie-Fleur Albecker, géographe-urbaniste Soraya Baït-Ihaddadene, architecte-urbaniste Elise Bourdon, urbaniste Guillaume Clément, photographe Guillaume Demaline, géographe Emmanuelle Faure, géographe Edna Hernandez-Gonzalez, architecte-urbaniste Myriam Iaz, paysagiste Damien Labruyère, chanteur lyrique, comédien, écriture Léa Laulhère, architecte Nicolas Lebrun, géographe Corinne Luxembourg, géographe Dalila Messaoudi, géographe Juliette Morel, géographe, cartographe François Moullé, géographe Justine Ninnin, géographe, socio-anthropologue Elodie Nowinski, historienne Claire Pasquet, graphiste Compagnie Sans la nommer, théâtre Bernard Reitel, géographe Kamel Zouaoui, conteur


La recherche-action « La ville côté femmes » reçoit le soutien : • de la Ville de Gennevilliers pour toute la période 2014-2020 • des laboratoires Cemotev (Université de Saint-Quentin-en-Yvelines • et Discontinuités (Université d’Artois) pour les déplacements en colloques et séminaires. • de la Maison des Sciences de l’Homme Nord-Paris pour l’organisation d’une journée d’étude en janvier 2016.

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Sommaire Genèse d’un projet Contextualisation scientifique Questions initiales Terrains Objectifs Intentions Premiers résultats et hypothèses Bibliographie Protocoles de recherche Publications Calendrier éléments budgétaires

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Genèse d’un projet

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rente ans après la troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes (Nairobi, 1985), vingt ans après la quatrième (Beijing, 1995), le « gender mainstreaming » devient un axe transversal de la gouvernance locale et nationale en France. Depuis 1991, l’Union européenne préconise de l’intégrer à l’ensemble des champs de politique publique, des processus de prises de décision. En juillet 1997, le Conseil Economique et Social des Nations Unies définit l’intégration du genre « L’intégration des questions de genre consiste à évaluer les implications des femmes et des hommes dans toute action planifiée comprenant la législation, les procédures ou les programmes dans tous les domaines et à tous les niveaux. Cette stratégie permet d’intégrer les préoccupations et les expériences des femmes et des hommes à la conception, à la mise en oeuvre, au contrôle et à l’évaluation des procédures et des programmes dans toutes les sphères politiques, économiques et sociétales pour qu’ils en bénéficient de manière égale et que l’inégalité actuelle ne soit pas perpétuée ». L’Organisation Internationale du Travail spécifie également les éléments suivants : « L’intégration vise donc principalement à obtenir l’égalité des genres. Elle n’exclut pas les activités spécifiques au genre et les actions positives, lorsque les femmes et les hommes se trouvent dans une position particulièrement désavantageuse. Les interventions spécifiques au genre peuvent viser exclusivement les femmes, les hommes ou les deux pour leur permettre de participer aux efforts de développement et d’en bénéficier de manière égale. Ces mesures temporaires sont nécessaires pour lutter contre les conséquences directes et indirectes actuelles de la discrimination.

L’intégration ne saurait signifier l’ajout « d’une composante féminine » ou même «d’une composante concernant l’égalité des genres» dans une activité existante. Elle va au-delà de l’accroissement de la participation des femmes. Elle signifie que l’expérience, la connaissance et les intérêts des femmes et des hommes ont un effet sur le programme de développement. C’est ainsi que le processus d’intégration peut impliquer l’identification des besoins de changement dans ce programme. Il peut nécessiter également des changements dans les objectifs, les stratégies et les actions afin que les femmes et les hommes puissent influencer les processus de développement, y participer et en bénéficier. Le but de l’intégration de l’égalité des genres est donc de transformer des structures sociales et institutionnelles discriminatives en structures égales et justes pour les hommes et les femmes. » En 1999, le « gender mainstreaming » est ainsi défini par le Conseil de l’Europe : « L’approche intégrée de l’égalité entre les femmes et les hommes (ou gender mainstreaming) consiste en la (ré)organisation, l’amélioration, l’évolution et l’évaluation des processus de prise de décision, aux fins d’incorporer la perspective de l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines et à tous les niveaux, par les acteurs généralement impliqués dans la mise en place des politiques. » Cette « approche intégrée de la dimension genre » s’installe peu à peu dans les cahiers des charges de la politique de la ville, avec plus ou moins de succès. Cette apparition dans les domaines des politiques urbaines vient de nombreuses années après les premiers constats, en Europe, des défaillances de la ville de la modernité, androcentrique, conçue, construite, gouvernée par les hommes, où les fonctions de l’habiter sont trop souvent cantonnées au seul logement, réduisant de fait les potentialités de la ville.

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Le projet « La ville côté femmes » naît d’un questionnement sur ce qui fait relation entre les genres, l’espace public ou plutôt l’espace commun (cf. infra), la fabrique de la ville et les enjeux démocratiques étroitement liés à la conviction de la nécessité de l’émergence d’un savoir populaire de la ville co-construit par un partage de savoir (faire, être, d’usages…). Les rapports femmes-hommes étant depuis longtemps asymétriques et hiérarchisés, c’est vers la population considérée comme une minorité que cette recherche s’oriente. Au croisement de ces premières interrogations se trouve la culture disciplinaire géographique qui incite à une réflexion multiscalaire à propos des espaces vécus, matériels ou immatériels, du corps dont la peau est la première limite géographique à des ensembles plus vastes, du sensible comme fonction politique. Gennevilliers présente pour ce questionnement scientifique de nombreux points d’intérêts : des quartiers en fin de renouvellement urbain, un autre amorçant le processus de la seconde période de renouvellement urbain par l’ANRU, un quartier neuf, en construction. Ville de proche banlieue parisienne, elle a connu tous les types d’urbanisme de ces territoires et en connaît tous les enjeux sociaux, sociétaux, paysagers, urbanistiques... Elle supporte aussi l’essentiel des discours et des politiques dévolus aux marges des métropoles, qui à l’image de leurs habitants peuvent être assimilées aux subalternes que décrit Gayatri Chakravorty Spivak (Spivak, 2009). Observer la place des femmes dans l’espace commun gennevillois permet aussi de replacer les questionnements qui lui sont liés à d’autres échelles et à favoriser de ne pas assigner les femmes (ni les études féministes) au seul plan local.

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Genèse d’un projet

Ce qui sous-tend ce travail est la volonté de participer à la prise de conscience de la nécessité de construire de la ville pour et par toutes et tous. Il s’agit bien alors d’une étude par les territoires, par l’appropriation des espaces communs et de la traiter à la lumière des travaux de sciences humaines et sociales sur les genres. Toutefois la seule démarche scientifique universitaire restant insatisfaisante, ce projet est décidé et conçu pour être une recherche-action pluridisciplinaire, la plus ouverte possible.


Contextualisation scientifique Genre/s et espace Le contenu de la notion de genre a considérablement évolué depuis son apparition dans les sciences humaines et sociales, dans les années 1960, englobant les recherches féministes, les travaux sur les femmes, les hommes, l’objet genre, l’introduction de problématiques genrées et le champ des sexualités. Ici, le genre, abordé dans un contexte spatialisé, concerne le rôle des rapports entre les hommes et les femmes dans la construction de l’espace social. Le mot « genre » est utilisé pour insister sur la dimension sociale des rapports femmes/hommes et distinguer celle-ci de la dimension biologique qui est désignée par le mot « sexe ». Le genre peut aussi s’entendre comme un rapport de domination construisant une différenciation hiérarchique entre hommes et femmes (Clerval, Le Renard, 2015). L’une des thématiques les plus fréquentes, faisant cortège au genre dans le traitement médiatique est la sécurisation de l’espace public et la vulnérabilité féminine. Ainsi, la représentation de l’espace public devient celle d’une vulnérabilisation des femmes, comme une évidence, alors que de nombreux travaux ont montré que c’est dans l’espace domestique que les femmes sont le plus exposées aux violences physiques, venant principalement des hommes de leur entourage (Coutras, 1993 ; Lieber, 2008). Malgré tout, cette construction sociale de l’espace public comme dangereux pour «les femmes» est entretenue par un ensemble de comportements participant à signifier leur illégitimité à s’y trouver (contrôle social, patriarcat, harcèlement de rue...). D’autre part les techniques urbanistiques récentes (liées aux mécanismes du capitalisme des villes entrepreneuriales) contribuent à amplifier ce mécanisme d’exclusion des femmes de l’espace public (sécurisation d’espace urbain, cloisonnement résidentiel, déplacement des lieux de commerce en périphérie).

Avec les classes, les ethnies et les groupes d’âges, le genre constitue des catégories sociales fondamentales qui, par leurs interactions produisent les dynamiques socio-territoriales. (Lévy, Lussault, 2003 ; Barthe, Hancock, 2005). Ce n’est donc pas, par le spectaculaire, le grandiose, l’exceptionnel que la ville se fabrique – même s’ils y concourent indéniablement – mais plutôt par le quotidien, « l’infra-ordinaire » (Pérec), le tous-les-jours. Cette trame de la vie humaine est tissée, entremêlée avec la spatialité, avec l’évolution, le vieillissement de la spatialité, son souvenir, son vécu. Elle est hétérogène, transversale. Le travail proposé ici s’appuie sur le « tournant spatial » en sciences humaines et sociales d’une part, dans la société et les politiques publiques d’autre part comme l’émergence de l’espace favorisée par une culture de l’immédiateté. Concrètement, il s’agira de lire le tissu humain/urbain par le concept énoncé par Edward Soja de « thirdspace », de tiers-espace, défini par Bertrand Westpahal comme « un espace d’altérité (thirding-as-othering), de confrontation et de métissage identitaires, espace aussi de couplage du réel et de l’imaginaire, espace surtout de franchissement des logiques binaires du modernisme (de classe, genre, « race ») pour aller vers une multiplicité d’autres espaces créés par la différence, vers une spatialité révisée, qui à partir de cette différence, élabore de nouveaux sites pour la lutte et la construction de communautés de résistance interconnectées. Par cette démarche, elle ouvre dans ces autres espaces réels-et-imaginés, un Troisième espace de possibilités pour une nouvelle politique culturelle de la différence et de l’identité qui se veut à la fois radicalement postmoderne et consciemment spatialisée depuis le départ. »

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Quotidien et espace L’espace est construit de quotidien : pour cela, il est fragmenté, parfois rugueux, parfois lisse, morcelé, diversifié dans son apparence, comme par celles et ceux qui le produisent. Cette tentative de définition s’appuie autant sur ce que Georges Pérec relève ainsi dans Espèces d’espaces, que sur la tradition phénoménologique reprise par Michel de Certeau dans L’invention du quotidien à la suite de ce qu’exprime Maurice Merleau-Ponty lorsqu’il différencie un espace anthropologique d’un espace géométrique : « Il y a espace dès qu’on prend en considération des vecteurs de direction, des quantités de vitesse et la variable de temps. L’espace est un croisement de mobiles […]. L’espace serait au lieu ce que devient le mot quand il est parlé… En somme, l’espace est un lieu pratiqué ». L’espace pratiqué s’incarne dans la marche de ses habitants. Michel de Certeau établit une distinction entre la ville, qu’il considère comme une langue, un champ des possibles, et l’acte de marcher, qui l’actualise et relève « d’énonciations piétonnières ». Cette analogie entre la ville/langue et la marche/parole permet de valoriser les processus d’appropriation de la topographie urbaine par ses acteurs, qui se déploient à partir des relations possibles entre des pôles différenciés. Certeau s’attache à suivre le marcheur dans la ville comme expression des relations entre proche et lointain, un ici et un là, comme source de rhétoriques cheminatoires : « Les cheminements des passants présentent une série de tours et détours assimilables à des « tournures » ou à des « figures de style ». Il y a une rhétorique de la marche ». Tours et détours qui construisent des réseaux d’espaces reliés entre eux par des voies familières de transport et de consommation, parfois à la manière d’un archipel. Ces limites du vécu quotidien sont rarement dépassées pour une incursion en ter-

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Contextualisation scientifique

ritoire inconnu, qu’elles encadrent une rue, un quartier, une ville... parfois elles nécessitent des attitudes corporelles différentes, passant d’un territoire à un autre. Ce sont les gestes, les pratiques, les arts de faire, les topographies individuelles ou collectives et les récits du quotidien qui constituent les traces, les archives urbaines. A la ville visible, ces arts de « faire avec » ajoutent à ce qu’Italo Calvino a appelé les « villes invisibles », cet imaginaire de la ville qui la rend croyable : « Habiter, c’est narrativer. Fomenter ou restaurer cette narrativité, c’est donc aussi une tâche de réhabilitation », écrit-il en 1987. (Lévy Lussault, 2013). La narration est différente selon qui raconte, la ville différente selon qui l’imagine, la marche, l’habite, la pratique et se l’approprie, tout comme elle varie selon le rythme et la vitesse de sa pratique. Le caractère démocratique de la ville se pose alors aussi dans sa capacité de lier les narrateurs ensemble, les rythmes. Travailler ensemble les thématiques des rapports femmeshommes, du quotidien et de la ville implique d’y associer les espaces communs et d’y déceler les discontinuités, les fragmentations.

Espace commun L’espace public peut être défini de manière simple comme l’espace ressortissant strictement à la sphère publique, c’est-à-dire tout espace n’appartenant pas à une « personne morale de droit privé ». L’espace public urbain est alors caractérisé par les rues, trottoirs, places, jardins, parcs, mais aussi délaissés de voirie, terrains vague, parkings, etc. Se pose immédiatement la question des espaces clos, appartenant à la puissance publique (et souvent destinés à l’accueil du public), qui en général sont exclus de la catégorie, souvent rabattue sur les seuls


périmètres extérieurs – ce qui confirme que le modèle mythique de l’agora est à l’œuvre. Ainsi, bien des espaces publics (stricto sensu) ne sont pas en général intégrés dans le concept. A l’inverse, de nombreux espaces qu’on tend spontanément à considérer comme publics, car ils sont censés accueillir de nombreuses personnes et ainsi proposer un cadre aux sociabilités citadines, sont en fait des lieux privés : au premier chef, la plupart des centres commerciaux. Il est alors nécessaire de participer à un dépassement du concept d’espace public pour proposer celui d’espace commun. Un espace commun est un agencement qui permet la coprésence des acteurs sociaux, sortis de leur cadre domestique – pour disjoindre ainsi espace commun et logement. Cet espace commun peut être pensé comme un espace de convergences et d’actes, au sens ou des individus y convergent (le plus souvent intentionnellement, ce qui ne veut pas dire que les finalités qu’ils poursuivent soient claires) et y agissent, et interagissent avec les autres individus, mais aussi avec des objets, des formes spatiales (Lévy, Lussault, 2013). La lecture des interactions de ces différentes thématiques ensemble s’exprime alors à travers quatre grands axes : privé/public, intime/ extime, individuel/social, mixité de genres ; axes envisagés assemblés, couplés ou dans leur singularité.

L’espace urbain La construction de la ville des grands ensembles, à la fin des années 1960, a répondu à plusieurs objectifs, en particulier l’impérieuse nécessité de trouver une solution à la situation de mallogement, tout en maintenant une relation forte entre le lieu de travail et le logement. Or, le travail de cette période reste encore majoritairement masculin, les carrières profession-

nelles féminines étant généralement courtes, souvent arrêtées lors de la première grossesse, ou encore à temps partiel. Ces espaces urbains de « chemins de grue » dessinés et rapidement bâtis par les hommes sont l’espace vécu des femmes pour l’essentiel. Aujourd’hui, dans l’ensemble des villes occidentales, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à vivre dans des villes construites par les hommes, c’est aussi le cas à Gennevilliers où 51,22 % des habitants sont des habitantes. En rassemblant les résultats d’analyse de cartes mentales réalisées par des hommes et des femmes, il apparaît clairement que les femmes sont plus en mesure que les hommes de citer un nombre important de quartiers ou au moins de les évoquer. Pour autant, si cela signifie que les femmes ont une plus grande appropriation de l’espace commun urbain, en se référant au nombre de lieux fréquentés, cela ne se traduit pas par une occupation pérenne des lieux comme peuvent le faire les hommes (bancs, halls d’immeuble…), mais par une circulation où les arrêts sont rares. Enfin, cet habiter féminin est confronté aux déficiences générales de l’habiter de l’ensemble de la population dans nombre de ces quartiers de grands ensembles. C’est-à-dire que la fonction même d’habiter a longtemps été réduite à la seule fonction de loger et que la réflexion sur la fonction de moteur d’urbanité des espaces et lieux publics est venue très tardivement. Il ne s’agit alors pas tant de la seule forme urbaine des grands ensembles que du fond de ce qui construit l’urbanité quotidienne. Or, cette quotidienneté du quartier comme espace vécu est souvent féminine. Les politiques urbaines ne se penchent sur la question féminine qu’au début des années 1980 en faisant des femmes non plus des occupantes silencieuses des quartiers mais des relais de la démarche de Développement Social des Quartiers. Il s’agit, entre

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autre, d’encourager la formation et la professionnalisation. En effet, durant la décennie suivante les femmes accèdent plus nombreuses à l’emploi, bien que cet emploi soit encore souvent à temps partiel et à durée déterminée. Néanmoins, la lutte pour la place des femmes dans l’espace urbain est d’autant plus difficile qu’il s’agit d’une construction sociale du territoire « après coup » et qu’elle ne va pas encore de soi pour l’ensemble de la société, acteurs institutionnels compris, ceci dans un contexte où la conception de l’urbanisme est à repenser au prisme d’un habiter plus diversifié.

Droit à la ville Le droit à la ville, vient logiquement comme un concept sur lequel s’appuyer. Henri Lefèbvre relie le droit à la ville à la transformation subie par les villes dans le contexte de l’accélération du développement du capitalisme urbain et mondialisé. « Le droit à la ville ne se réduit donc pas à un droit d’accès individuel aux ressources incarnées par la ville : c’est un droit à nous changer nous-mêmes en changeant la ville de façon à la rendre plus conforme à notre désir le plus cher. C’est en outre un droit collectif plus qu’individuel puisque, pour changer la ville, il faut nécessairement exercer un pouvoir collectif sur les processus d’urbanisation » (Harvey, 2011). Il ne s’agit pas seulement de permettre d’entrer dans la ville, ou bien seulement d’y résider. Le droit à la ville est le droit d’habiter l’urbain et il repose sur la nécessité de faire de la ville un lieu d’émancipation. Le droit à la ville est le droit au monde, le droit d’y décider collectivement, de faire société. Le droit à la ville est la démocratie à son stade le plus abouti.

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En reliant à la fois la nécessité démocratique portée dans l’espace, la lecture intersectionnelle des rapports sociaux, la recherche « la ville côté femmes » se veut être une rechercheaction intégrale dans laquelle l’entrée par le genre est une entrée majeure mais non exclusive. Ce travail, contextualisé dans l’espace et le temps, est transversal, et s’inspire de travaux postmodernes portant sur les processus d’émancipation comme « processus conduisant, pour un individu ou un groupe, à s’extraire des rapports de domination afin d’être en capacité de co-construire les espaces du quotidien, dans toutes leurs dimensions ». (Buhler, Darly et Milian, 2015)


Questions initiales

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es villes modernes sont en apparence des lieux de liberté, de mixité, offrant à chacun la possibilité d’accéder à un ensemble de services, échappant aux contraintes de la distance et favorisant ainsi l’interaction sociale La politique de la ville, dès ses premières réflexions dans les années 1970, porte des projets de vie meilleure, d’égalité, d’émancipation pour l’ensemble de la population. Pourtant l’étude des villes, de leurs évolutions, de leurs projets politiques montre que, tout en étant créatrices de pratiques nouvelles et porteuses d’innovation, elles restent le reflet des normes sociales dominantes et des dynamiques sociales, économiques, urbanistiques, paysagères standardisées et souvent excluantes. Ainsi, elles sont des lieux de contraction des distances-temps, d’accélération, d’amplification des fragmentations sociales et spatiales. Ces évolutions des usages de la ville, leur rythme divergent sensiblement selon que l’on est une femme ou un homme. En effet, les femmes constituent 80 % des travailleurs pauvres, 70 % des usagers des transports en commun, 90 % des personnes qui subissent des violences sexuelles dans l’espace public, 85 % des chefs de famille monoparentale… Les femmes restent les membres des ménages qui assument le plus d’obligations domestiques et sont en cela conditionnées dans leurs déplacements (Denèfle, 2008). Le sentiment d’insécurité, agit différemment selon qu’il fasse jour ou nuit et ferme à la présence féminine un certain nombre d’espaces publics. Sentiment qui révèle tout à fait les rapports de genre comme rapports de domination où il est communément admis qu’une femme puisse être une proie et que le caractère intrinsèque de l’homme serait d’être prédateur.

à ces premiers constats s’ajoutent ce que le contrôle social impose aux corps. Le corps féminin est observé, contrôlé. On sait les traditions de domination patriarcale de nos sociétés, tout comme l’on sait qu’elles sont vécues quel que soit le milieu social et véhiculées aussi bien par les hommes que par les femmes (pour des raisons différentes). Si l’on s’accorde sur le fait qu’il n’y a de territoires que ceux construits, produits par les sociétés, leurs fragmentations, cela sous-tend la réciprocité entre les constructions spatiales et les constructions sociales (dont les constructions identitaires). Ainsi, au même titre que les différenciations sociales, la distinction genrée engendre, elle aussi, une production de l’espace et réciproquement. Sans doute, la construction architecturale et urbanistique, ayant été principalement masculine, jusqu’à aujourd’hui, a-t-elle longtemps empêché de considérer la ville comme produit d’une conception hétéronormative du territoire urbain, répartissant les espaces selon les rôles sociaux attribués aux femmes et aux hommes ; tout comme elle a évité une lecture intersectionnelle de la ville. De même, l’évolution de l’urbanisme des villes postindustrielles n’a pas remis en question ni l’androcentrisme, ni les indices de la domination de classes (sinon les a renforcés). Aborder la ville côté femmes implique d’interroger nombre de comportements, de qualifications, de rapports sociaux de genre impensés si longtemps parce qu’ils reposent, pour l’essentiel, sur des présupposés de détermination naturaliste. Il s’agit alors d’envisager « l’espace vécu » féminin par différents biais imaginés a priori, comme hypothèses.

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Occupation, appropriation de Non-lieux féminins / l’espace public, déplacements no-woman’s land Lieux du regard de l’autre, du paraître, de la conformation aux codes attendus, les espaces publics sont aussi le lieu de l’émancipation lorsqu’ils sont appropriés également par les femmes et les hommes. Pouvons-nous avancer une corrélation entre la quantité de déplacements, d’utilisation des transports en commun et l’émancipation ?

Privé / public, intime / extime, individuel / social L’intérieur du logement est souvent considéré comme l’espace géré par la femme, à l’inverse l’espace public plutôt masculin. Aussi, lorsque l’espace public est ouvert à la présence féminine, la femme s’y implique-t-elle plus intensément ? Cette implication ne concerne-t-elle qu’un ensemble de lieux dont l’attribution serait classiquement féminine (école, crèche, parcs, abords de jeux pour enfants…) ? D’autre part, quelles représentations porte l’injonction à sortir du domicile ?

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Guy Di Méo parle de « murs invisibles » pour désigner les barrières spatiales que s’imposent les femmes pour ne pas pénétrer sur une portion du territoire urbain, vécue comme lieu d’insécurité. En résulteraient des territoires abandonnés par les femmes, des no-woman’s land. La standardisation serait-elle la possibilité de construction d’un « urbain mixte » ? Cette standardisation de l’urbanisme n’est-elle pas, elle-même, androcentrique ?

Sensualité Le corps comme objet géographique est la première limite, celle de soi. Le corps est aussi indissociable d’une approche érotique. Cette érotisation, grandissante, est dans le même temps condamnée sur des fondements moralisants. Il est donc question de l’image de la femme et de l’homme dans l’espace public, du regard de l’une et de l’autre dans le cadre du contrôle social. Réponse ou amplification de l’érotisation, il affirme le corps, le cache, l’enveloppe, le montre. Le vêtement est forcément en rapport avec le lieu, la coprésence, la mixité. Il est un outil du contrôle social ou sa réponse, outil de pouvoir aussi.


Force, vulnérabilité

Conflits

La vocation de la femme dans son accomplissement et son épanouissement (in)discutables serait celle de sa vocation à être mère. Mère protectrice, garante de la morale des enfants, de leur éducation, c’est dans cette position que « naturellement » la femme obtiendrait un pouvoir décisionnel. L’école serait alors le lieu privilégié des rencontres féminines. Qu’en est-il de la place de la femme qui n’est pas mère ou dont les enfants ont quitté le domicile parental ? En même temps que, mère, la femme est protectrice et pourvoit aux nécessités domestiques, elle serait protégée par l’homme (père, mari, frère, fils, etc…). Vulnérable, fragile, la femme serait-elle potentiellement une victime à défendre, en insécurité, dans l’espace public, notamment la nuit. La violence faite aux femmes ne devient que récemment une question politique sortant de l’intime.

L’espace public urbain semble fragmenté durablement selon ces pratiques genrées. Est-il pour autant lieu de conflit ? Si oui est-il apparent ou larvé ? Sinon est-il la résultante d’une forme de rapport socio-spatial de domination/soumission ?

Temporalités La vie de la femme serait plus que celle de l’homme conditionnée par des temporalités ; temporalités biologiques, liées à la possibilité de procréation, mais aussi temporalités quotidiennes liées au travail, horaires où il est « possible » et « acceptable » d’être dehors lorsque l’on est une femme. Tout se passe comme si les espaces diurnes et nocturnes n’étaient pas les mêmes selon que l’on est homme ou femme.

Ambiances Sans que l’espace urbain soit forcément lieu de conflit, de rencontres désagréables ou d’insécurité, il est parfois ressenti comme peu accueillant et violent. Cela tient au paysage, aux recoins que l’on contrôle mal, aux odeurs, aux sons, aux résonances. Ici les paysages sensibles sont tout autant importants pour penser l’urbanisme que les seules questions fonctionnelles. Toutes ces thématiques sont interrogées, transversalement, dans l’ensemble du projet sur différents points d’accroche tels que la formation, les jardins partagés, les cafés…

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Terrains

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eprésentatif de nombreuses villes de proche banlieue, de territoires urbains en pleine reconversion, le terrain gennevillois est une commune moyenne (42 000 habitants), situé au Nord des Hauts-deSeine, en situation de métropolisation. Le territoire communal (1 200 ha) regroupe la population sur un tiers de son territoire. Les deux autres tiers comprennent, à part égale l’espace du port autonome de Paris et des activités industrielles et tertiaires. Le profil économique de la commune est celui d’un territoire conservant encore une part importante de salariés travaillant dans l’industrie et d’activités de production, évoluant vers une diversification économique, notamment tertiaire. Cette compartimentation du territoire communale en trois tiers reflète l’urbanisme moderniste de l’après-seconde guerre mondiale, séparant autant que possible les fonctions urbaines : habiter, travailler, récréer, circuler, L’ensemble de la commune de Gennevilliers constitue le terrain de recherches transversales et plus finement, trois quartiers sont plus particulièrement étudiés, les Grésillons, les Agnettes et l’écoquartier. Le premier, à la fin d’un processus de renouvellement urbain ANRU, est un quartier d’habitat diversifié. Le deuxième est représentatif d’un urbanisme des grands ensembles des années 1960-1970, engagé dans une réflexion urbanistique importante depuis plusieurs années et vient d’être classé parmi les nouveaux quartiers «politique de la ville ANRU II». Il est exclusivement constitué de logements sociaux, et abrite une population plus vulnérable (familles monoparentales, jeunes célibataires, personnes âgées seules, population à revenus modestes). Le dernier quartier est en fin de construction et permettra d’interroger le fonctionnement de la reproduction contemporaine de la ville. Géographiquement ce dernier quartier fait la liaison entre les deux précédents.

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Répartition de la population sur le territoire gennevillois. Source INSEE 2013.

Proportion de la population féminine par quartier IRIS. Source INSEE 2013.

Les Agnettes

Les Grésillons

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Objectifs

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a ville côté femmes est une recherche-action de 6 années, commencée au dernier trimestre 2013. Cette durée doit permettre un regard évolutif sur la population d’une ville moyenne, comme Gennevilliers. Les objectifs de ce programme de recherche-action sont multiples.

Evaluer

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Il s’agit d’évaluer l’impact des dispositifs déjà mis en œuvre. La municipalité de Gennevilliers est attentive depuis longtemps aux droits des femmes, facilitant l’installation d’associations militantes pour le droit des femmes. Ces dernières années ont vu des actions concrètes : manifestations de condamnation des violences faites aux femmes après l’assassinat de deux habitantes par leur conjoint, campagne d’affichage contre les violences faites aux femmes, exposition de photographies de Gennevilloises par le photographe Sylla Grinberg, marches exploratoires d’études (diurnes et nocturnes) et d’analyse de quelques espaces publics par la sociologue Dominique Poggi et une dizaine de femmes, participation au financement et à la construction de l’école Femmes sans Frontières, création d’une mission spécifique aux droits des femmes, semaine annuelle de débats, manifestations et expositions autour de la journée internationale des femmes. Partant de cet arrière-plan sensibilisé, le programme de recherche compte évaluer l’impact des différents dispositifs, associatifs, municipaux, départementaux… en développant une réflexion genrée sur l’observation des usages de l’espace public et en particulier sur la place occupée par les femmes dans cet espace public. Le travail s’appuie bien entendu sur des travaux déjà réalisés ou en cours, notamment ceux engagés par Guy Di Méo ou Yves Raibaud à Bordeaux, par Elise Vinet à Lyon. Ici, l’approche genrée veut approcher aussi bien les femmes que les hommes, dans l’évaluation comme dans la participation.


Participer

Produire

Une approche particulière de ce projet est de situer le chercheur consciemment dans un positionnement subjectif, voire participatif. La mixité de l’équipe de recherche, recherchée, doit permettre d’être à la fois un atout pour aborder les femmes et ressentir l’espace public de leur point de vue, en convoquant une forme de connivence de ressenti, tout comme les hommes, mais aussi de formuler une critique vigilante et constante sur les résultats du programme de recherche.

Cette expérience de six années doit permettre de rendre pérenne un questionnement permanent sur la ville, sur ses espaces, ses rythmes, ses usages. Elle doit aussi laisser la trace d’un apprentissage commun et réciproque enrichissant. Tout au long de ces six années, des rencontres auront eu lieu, informelles, officielles, colloques chercheur.e.s-habitant.e.s, expositions de photographies, de représentations, de lectures… Elles auront donné lieu à des publications, à des affichages, à un/des livres.

Faire participer De même que le/la chercheur.e est un.e habitant.e à part entière, ce projet pose comme préalable que l’habitant.e est un chercheur.e à part entière et ceci sous quelque forme que ce soit (marche exploratoire, cartographie participative, écritures…). Ce projet doit bénéficier des diversités de connaissances, de réflexions qu’une ville peut offrir. Le mélange des démarches classiques de recherches avec d’autres, pour certaines plus ludiques, a pour but de simplifier l’accès à la prise de parole et l’engagement dans ce programme selon les rythmes possibles et choisis. Le travail repose autant sur la représentation que chacun.e se fait du territoire que sur la façon de s’y déplacer, de se l’approprier. Partant de l’hypothèse que le corps est le premier vecteur de son positionnement dans l’espace, la représentation de sa spatialisation peut aussi être vectrice d’utilisation plus large de l’espace public.

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photo : ©Guillaume Clément

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Intentions La ville de tous côtés Ce programme, La ville côté femmes, n’a pas pour objectif de prôner un développement urbain gynécentré comme une réponse à l’urbanisme androcentré fruit d’un rapport de domination masculine ancien, mais bien de contribuer à semer les éléments d’un débat pour une conception d’une ville pour tou.te.s. La particularité de ce projet de recherche est multiple. D’un point de vue de l’observation scientifique, il s’intéresse aux spatialités féminines des usages des espaces publics et/ ou communs avec l’ambition d’identifier des limites aux déplacements, de participer à les faire tomber. Cependant, le genre n’explique pas tout, cette entrée sera croisée avec d’autres caractéristiques (histoire, classes sociales, générations, racisation…) afin d’analyser le plus finement possible les espaces vécus. D’un point de vue de la pratique : ce projet se veut être un programme de recherche-action dont l’approche n’est pas classiquement celle de chercheurs en sciences humaines et sociales, elle est complétée par l’intervention d’artistes qui déploieront leurs techniques d’écritures propres afin de cerner au plus proche ce qui constitue les usages genrés des espaces urbains.

La Coopérative urbaine d’invention : des fablabs ouverts sur la ville Il s’agit d’échanger les moyens de compréhension de la ville, à partir des connaissances de chacun.e et finalement les différents modes de l’habiter. La Coopérative Urbaine d’Invention rassemble celles et ceux qui voudront bien participer, quelle que soit la durée de cette participation. Dans cette coopérative, seront collectivement travaillées et affinées les problématiques de recherche. Le carnet de terrain y sera tenu, inscrivant ainsi la recherche en train de se faire et la réflexivité critique nécessaire. Ateliers ouverts ou fablab (dans une version sciences humaines et sociales), il s’agit bien de fabriquer ensemble la recherche sur les espaces urbains. Un certain nombre de protocoles récurrents sont mis en place tout au long de la durée du programme de recherches (cartes mentales, photographie, récits…) et mis à disposition comme autant d’outils d’appropriation, de compréhension de l’espace vécu et de construction citoyenne. Le carnet de terrain est tenu, numériquement, sur un blog, sur un carnet de recherches et sur une page de réseau social. Il est tenu physiquement dans la ville par voie d’affichage et de lecture publique dans l’espace urbain. La coopérative participera aussi à la construction de matériaux : photos/ vidéos/sons de parcours quotidiens (envoyées par sms ou mail), cartes mentales, chronogrammes, récits de vie, indicateurs de mesure sur le temps du projet. La coopérative prendra aussi part à l’ensemble des ateliers d’écritures (atelier d’écriture, conte, etc…)

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Les écritures d’une recherche en résidence Le programme de recherches suppose que les membres de l’équipe passent du temps sur le territoire gennevillois afin de se l’approprier et d’y construire les outils de recherche adéquats. Il s’appuie sur différentes écritures de la recherche urbaine faisant place égale au travail artistique et scientifique, afin de permettre la plus grande ouverture et la meilleure perception possible de l’espace urbain. En ce sens, cette recherche est alimentée par la résidence d’artistes (photographe, ateliers d’écriture, conteur, compagnie de théâtre, musique, chorégraphe....), de chercheur.e.s en sciences humaines et sociales. Chacune de ces résidences est indépendante et complémentaire. La thématique est commune à l’ensemble des membres de l’équipe, il s’agit bien d’envisager la place des femmes dans l’espace public gennevillois. Chacun des ateliers se nourrira du travail des autres et pourra le questionner, chacune de ses résidences apportera son écriture, sa spécificité à l’ensemble du programme de recherches. La différence de ces regards, de formations diverses doit obliger à sortir des cadres généralement admis en recherche urbaine. L’ensemble des productions fera ensuite l’objet d’une présentation publique écrite (par le biais des outils mis en place, blogs, réseaux sociaux) et/ou par voie d’affichage, de représentation, d’exposition…

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Intentions

Atelier d’écriture

Faire écrire et écrire avec/pour les habitant.e.s autour de la thématique. Lire, jouer. Les textes pourront aussi faire partie de l’ouvrage de fin programme.

Photographie

Une série de reportages dans l’espace public sera réalisée au cours du projet. Au fur et à mesure les participantes réaliseront elles-mêmes les photos qui serviront d’illustrations à l’étude urbaine. Les photos seront exposées dans Gennevilliers et sur les différents outils numériques mis en place. Elles seront aussi publiées dans un ouvrage revisitant ces six années de collaboration.

Ambiances sensibles et sonores

Vivre ensemble en ville signifie aussi de partager des ambiances de vie, qui font qu’il est agréable ou non d’y vivre. Le recueil d’impressions de la part de musicien.ne.s/chanteurs. ses, la possibilité de construction d’une écriture spécifique liée à ce que l’architecture, l’urbanisme rend possible pourrait ouvrir aussi d’autres perspectives.

études urbaines

Les outils de la résidence en études urbaines seront pratiqués habituellement en pratique de terrain : entretiens individuels ou en groupe, production d’images (photos, cartes, croquis…), production de textes. Cette résidence constitue le centre du questionnement, mais ses outils ne prévalent pas sur ceux des autres résidences.


Des extensions possibles Dans la perspective de faire participer le plus d’habitantes et d’habitants, le programme prévoit d’augmenter la Coopérative urbaine d’invention par des partenariats.

Un laboratoire de recherche populaire

La présence de l’Université populaire des Hauts-de-Seine (UP 92) sur le territoire gennevillois permet depuis dix ans la transmission de savoirs, de productions scientifiques aux habitants. Le partenariat avec l’UP92 peut rendre accessible à toutes et tous les processus de recherches scientifiques en sciences humaines et sociales. L’objectif est bien de rendre les citoyennes et les citoyens acteurs de la recherche urbaine, de les faire participer au questionnement critique.

Des œuvres indépendantes

Le choix d’un programme de recherche où chercheurs en sciences humaines et sociales et artistes se côtoient dans les mêmes thématiques a pour objectif de déboucher sur des œuvres indépendantes : pièce de théâtre, films,... La possibilité de travailler avec les institutions (le conservatoire, le Tamanoir...) et les artistes favorisera aussi la diffusion du projet et de ses questionnements.

Mutualisation

La problématique centrale de «La ville côté femmes» est partagée par nombre d’acteurs locaux. Les actions pourront être mutualisées lorsque la possibilité se fera sentir.

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Premiers résultats et hypothèses 110 cartes mentales analysées Entre le 12 juin 2014 et le 7 mars 2015, les habitantes et les habitants ont réalisé 110 cartes mentales. 6 ont été dessinées à l’École Femmes sans Frontière, 3 à domicile et ont été envoyées par mail, 66 ont été réalisées au Forum des associations de septembre 2014, et 35 lors du Festival en route pour l’égalité le 7 mars 2015. Elles ont été créées par 77 femmes et 33 hommes. Cet échantillon, déséquilibré est temporaire. Il est demandé de représenter, sur une feuille blanche, en rouge les lieux mal aimés, en vert, les lieux bien appréciés, en noir les lieux qui ne suscitent ni l’un, ni l’autre sentiment (protocole de travail page 58). Pour la majorité des 131 repères spatiaux représentés au moins une fois, l’avis est plutôt positif. Les habitantes et les habitants qui se sont prêtés à l’exercice viennent pour les femmes d’abord du Village, puis de Chandon-Brenu-Sévines (CBS), pour les hommes de CBS puis à égalité des Agnettes et des Chevrins. Quartier habité

Femmes

Hommes

Agnettes

9,09 %

15,15 %

CBS

16,88 %

21,21 %

Chevrins

9,09 %

15,15 %

Ecoquartier

0

0

Fossé de l’Aumône

12,98 %

3,03 %

Grésillons

9,09 %

12,12 %

Luth

9,09 %

3,03 %

Village

25,97 %

0

Mais les quartiers représentés sur les cartes mentales ne traduisent pas cette répartition de l’échantillon. Les femmes représentent plus souvent les Agnettes, les hommes plus souvent le Village dont aucun n’est résident.

Quartier représenté

Femmes

Hommes

Agnettes

64,38 %

71,42 %

CBS

54,79 %

50 %

Chevrins

30,13 %

25 %

Ecoquartier

5,47 %

0

Fossé de l’Aumône

26,02 %

17,85 %

Grésillons

36,98 %

46,42 %

Luth

21,91 %

28,57 %

Village

50,68 %

75 %

Est compté comme représenté un quartier soit mentionné par son nom, soit mentionné par une voie ou un lieu spécifique, par exemple le Cinéma Jean Vigo pour les Chevrins, la rue de la Libération pour les Agnettes et ainsi de suite. La grande représentation des Agnettes est liée à la concentration en un même lieu du Centre administratif, de la Poste principale, du centre commercial Carrefour. Le Village est, lui, beaucoup plus nommé par son nom ou évoqué par le marché. Nombre de quartiers représentés

Femmes

Hommes

0

8,70 %

3,23 %

1

10,14 %

9,63 %

2

11,94 %

25,81 %

3

27,54 %

38,71 %

4

21,74 %

9,68 %

5

8,70 %

6,45 %

6

4,35 %

6,45 %

7

1,45 %

0

8

1,45 %

0

23


La différence de répartition de l’échantillon entre les quartiers habités et les quartiers représentés donne une première indication sur la mobilité des habitantes et des habitants de la ville. Beaucoup s’approprient plus que leur seul quartier de résidence. Lorsque l’on compte pour chacune des cartes, le nombre de quartiers représentés, on observe trois éléments. Le premier montre que plus de femmes que d’hommes ne représentent aucun quartier, ou bien leur seul quartier de résidence. Elles sont aussi bien moins nombreuses que les hommes à dessiner deux quartiers. Ce qui tendrait à penser que pour un tiers d’entre elles, elles ne s’approprient pas vraiment la ville et dépassent rarement le périmètre du quartier de résidence. La deuxième observation permet de dire que dessiner trois quartiers concerne la majorité des hommes et des femmes, c’est la part la plus importante de l’échantillon. Il semblerait donc que ce soit le périmètre le plus fréquemment parcouru où que l’on habite dans la ville. Le dernier élément permet de voir que pour 4, 5, 7 et 8 quartiers représentés, ce sont les femmes qui les dessinent plus que les hommes. Ce qui tendrait à indiquer que pour un tiers des femmes rencontrées, elles s’approprieraient plus de quartiers que les hommes, effectuant beaucoup plus de trajets. Alors que deux tiers Type de lieu représenté

des hommes ne s’approprient que deux ou trois quartiers. La répartition des lieux fréquentés donnent sur ce point des indications intéressantes : les femmes en nomment beaucoup plus. La précision des lieux cités est plus grande sur les cartes dessinées par les femmes que par les hommes. Elle correspond aussi à des pratiques de la ville qui sont plus liées à des tâches domestiques et familiales que les hommes. Ainsi même s’il est indubitable que des hommes fréquentent les commerces, notamment les centres commerciaux, ils ne les citent quasiment jamais. Les usages des espaces végétalisés (allées Ben Barka, Manouchian, parcs des Sévines et des Chanteraines) sont fréquemment liés à l’accompagnement des enfants pour les femmes tout comme le sont les usages des équipements sportifs (hormis le Centre nautique qui semble être plutôt lié à un usage individuel). On retrouve une fréquentation des transports publics plus importante par les femmes que par les hommes, observation notée dans d’autres travaux scientifiques et à propos d’autres villes. Enfin, la synthèse cartographiée des données spatialisées recueillies sur les cartes mentales donne des éléments sur les pratiques et sur les représentations. Ainsi le quartier du Luth, est à la fois bien et mal apprécié des hommes et

Avis positif des femmes

Avis négatif des femmes

Avis positif des hommes

Avis négatif des hommes

Commerces

29,87 %

14,28 %

0

3,03 %

Espaces végétalisés

70,13 %

2,59 %

66,66 %

0

Équipements sportifs

18,18 %

2,59 %

15,15 %

0

Équipements culturels

41,55 %

0

9,09 %

0

Centres culturels et sociaux

19,48 %

0

3,03 %

6,06 %

Équipements jeunesse

1,29 %

0

6,06 %

0

Centre administratif

20,77 %

6,49 %

24,24 %

15,2 %

Transports publics

24

32,46 %

Premiers résultats et hypothèses

18,18 %

3,03 %

9,09 %


Lieux représentés

Avis positif des femmes

Avis négatif des femmes

Avis positif des hommes

Avis négatif des hommes

Métro Courtilles

11,68 %

3,89 %

3,03 %

0

Métro Gabriel Péri

6,49 %

10,39 %

0

9,09 %

RER

1,29 %

1,29 %

0

0

Tramway

6,49 %

1,29 %

0

0

Marché du village

10,39 %

0

0

3,03 %

Leclerc

2,59 %

0

0

0

Carrefour

10,39 %

12,88 %

0

0

CC. Chanteraines

3,89 %

1,29 %

0

0

Mairie

20,77 %

6,49 %

24,24 %

15,2 %

Espace Mandela

0

0

6,06 %

0

Espace des Grésillons

10,39 %

0

0

3,03 %

Aimé Césaire

9,09 %

0

3,03 %

3,03 %

François Rabelais

10,39 %

0

0

0

MDC

5,19 %

0

3,03 %

0

Cinéma Jean Vigo

18,18 %

0

6,06 %

0

Théâtre de Gennevilliers

5,19 %

0

0

0

Centre nautique

15,58 %

1,29 %

6,06 %

0

Parc des sports

0

1,29 %

3,03 %

0

Gymnase Caillebotte

1,29 %

0

6,06 %

0

CMS Village

3,89 %

0

3,03 %

0

Parc des Sévines

22.07 %

0

18,18 %

0

Allées Manouchian

5,89 %

1,29 %

3,03 %

0

Coulées vertes

22,07 %

1,29 %

30,3 %

0

Chanteraines

15,58 %

0

15,15 %

0

Camille Ronce

5,19 %

0

0

0

Métro Agnettes

6,49 %

des femmes ; certaines ne le mentionnant que pour dire qu’elles n’y vont pas, ce qui n’arrivent pas sur les cartes des hommes. Quant à la rue Georges Thoretton, aucune femme ayant dessiné une carte mentale ne l’apprécie, quand elle est jugée par des femmes, c’est uniquement

1,29 %

0

0

négativement. Il se passe exactement la même chose pour la rue Jean Jaurès, ainsi que pour l’avenue Pierre Timbaud. à l’inverse, c’est le boulevard intercommunal en direction du port qui n’est mentionné et jugé négativement que par les hommes.

25


Femmes

Pour l’ensemble de ces résultats, il est nécessaire de ne pas associer de façon systématique le fait de ne pas aimer un lieu et le fait de s’y sentir en sécurité. Ainsi sur les cartes dessinées par les femmes comme par les hommes, des commentaires donnent plus d’indications sur des aspects esthétiques par exemple (l’aménagement de Carrefour, l’avenue de la Libération, la rue Jean Jaurès, le métro Gabriel Péri,...), des aspects climatiques (le métro des Courtilles est froid, celui des Agnettes en courant d’air), des aspects de praticités (trottoirs trop petits, trop pentus, l’accès possible aux vélos), des comportements d’habitantes ou d’habitants (voitures garées sur le parcours du tramway, garées sur le trottoir empêchant le passage de poussettes ou de fauteuils roulants, propreté des trottoirs). Arrivent enfin les questions de sécurité routière

26

Hommes

(avenue Gabriel Péri, vers le pont de Clichy ou le pont de Saint-Ouen) et de sécurité liée à un faible éclairage de nuit et une faible présence humaine (les Barbanniers). La relation du corps de la femme, de l’homme à l’environnement est aussi explicitement mentionnée, en rapport aux voitures par exemple, aux cheminements sur les trottoirs, la longueur de certains bâtiments trop uniformes... Après la récolte de mars 2015, l’équilibre femmes/ hommes n’est pas atteint, ce qui rend cet échantillon temporaire. Il est néanmoins intéressant de voir qu’à part l’École Femmes Sans Frontière qui est non mixte, les deux autres événements utilisés pour solliciter les habitantes et habitants (Forum des associations et Festival en route pour l’égalité) sont mixtes mais n’ont pas permis d’atteindre cet équilibre.


Premières conversations

Quelques lignes directrices

Le croisement avec les premiers entretiens « roulotte » pointe globalement une satisfaction des usages des espaces communs mais traduit une meilleure appréciation (notamment féminine) si le capital symbolique est plus élevé (café « branchés », jardins, aménagement de sièges publics permettant la rencontre,...). Mais si ce souhait est exprimé, il est accompagné d’une réticence d’un mécanisme de gentrification qui pourrait en découler, fréquemment observés dans d’autres villes. Dans cette part de relèvement du capital symbolique, revient la thématique du brassage des populations comme un avantage, plutôt qu’un entre-soi. Les évolutions de peuplement des quartiers sont souvent saluées pour cela.

Ces premiers résultats gennevillois sont corroborés par d’autres travaux scientifiques en d’autres villes du monde (travaux de Melisa R. Gilbert à Worcester (Massachusetts ; de Monique Bertrand au Mali et au Ghana). Tout d’abord les déplacements quotidiens au fur et à mesure de l’appropriation tendent à se restreindre dans un périmètre et dépassent rarement les limites de cette aire vécue. Les femmes parcourent l’espace plus que les hommes mais la plupart sous conditions d’activités liées à leurs fonctions professionnelles ou familiales. Les hommes s’arrêtent plus facilement dans l’espace, les points qui leur sont familiers (notamment des cafés...) ne font tacitement pas partie des espaces communs pratiqués par les femmes. A l’inverse les rares points d’arrêt féminins (aires de jeux pour enfant), s’ils sont peu fréquentés par les hommes, ne sont que rarement cités comme des lieux à contourner. Enfin, des lieux échappent aux usages genrées : les espaces végétalisés, et très particulièrement les jardins habitants (partagés notamment). La thématique de l’agriculture urbaine ouvrirait à la fois à la mixité de genre et l’élévation du capital symbolique de la ville nécessaire à une amélioration du bien être en ville. Les travaux à venir s’orientent vers la poursuite de l’étude de la quotidienneté à l’échelle locale par plusieurs angles : le sport, la santé, l’agriculture urbaine, les rapports intergénérationnels, la mono-parentalité, les lieux économiques (port autonome, Prisma, pôle d’entreprise des Grésillons). D’autres ouvertures comme le cantonnement des migrants à des foyers exclusivement masculins peuvent être intégrés au questionnement global. Enfin, l’ambition de ce travail est aussi de dépasser l’échelle strictement locale dans le contexte de la métropolisation parisienne dont les décisions ont des incidences sur le quotidien et ne peuvent échapper à la transversalité d’une lecture genrée.

Les explications de lieux mal-aimés sont majoritairement de deux ordres : le premier que l’on pourrait qualifier d’esthétique. La standardisation du paysage rendu très minéral en fait partie. Le second aurait à voir avec le sentiment d’insécurité, d’endroits craints par la présence d’autres habitants ou d’aspects urbains rendant le cheminement de nuit plus difficile à anticiper. Ce dernier aspect, particulièrement vrai lorsqu’il s’agit du quartier du Luth émane pour le moment de personnes n’habitant pas (ou plus) au Luth et s’y rendant rarement ; à la différence de la rue Jean Jaurès ou de la rue Georges Thoretton dont les pratiques sont vécues et explicites : changements d’attitude (accélération, utilisation du téléphone...), contournement par d’autres rues, utilisation du bus même pour une courte distance.

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photo : ©Guillaume Clément

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Protocoles de recherche Durant les six années du programme de recherche-action, des protocoles simples sont mis en œuvre pour construire les contours de la connaissance des pratiques des espaces communs par les femmes et les hommes. Ils prendront la forme de cartes mentales d’itinéraire, d’entretiens en groupe, en plein air, en réunion d’appartement, de marches exploratoires diurnes et nocturnes, d’observations... Regroupés, ces éléments ont pour vocation de dresser des cartes sensibles à partir d’une grille répartie sur l’ensemble du territoire étudié. Ces cartes sensibles établies à partir des données qualitatives recueillies auprès d’habitantes et d’habitants pourront être confrontées à des cartes déjà existantes, notamment pour les ambiances ressenties…

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Cartes mentales Objectif :

Comprendre les représentations et les usages de l’espace public gennevil¬lois par les hommes et les femmes.

Matériel :

Feuille blanche, crayons ou feutres vert, noir, rouge.

Public concerné :

tout public gennevillois. Le travail est individuel.

Contextualisation :

Homme/Femme, âge, date d’arrivée à Gennevilliers, quartier de résidence ou de travail (indiquer s’il s’agit de la résidence ou du travail), contexte de connaissance du protocole (association, internet, ami.e,…).

Consigne :

Indiquer sur chaque dessin les éléments de contextualisation. Tracer les déplacements dans Gennevilliers en différenciant les parcours appréciés en vert, les parcours sans intérêt (ni aimé ni rejeté) en noir, les parcours que l’on préferera éviter, ou sur lesquels on n’appréciera pas s’attarder pour des raisons d’esthétique, de malaise, d’appréhension, de coprésence non souhaitée ou toute autre explication en rouge. En trait plein on dessinera les trajets de jour, en pointillés les trajets nuit, en variant les couleurs selon le ressenti. Sur la même feuille on représentera les trajets quotidiens ou quasi quotidiens (travail, école, commerces,…) et les trajets plus espacés dans le temps (parcs, équipements sportifs, équipements culturels, locaux associatifs, administration,….). Le ou les dessins peuvent être accompagnés d’un commentaire.

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Protocoles de recherche

Exemples indicatifs :


Cartographie participative Matériel :

ordinateur. http://urbaines.hypotheses.org/213

Public concerné :

tout public gennevillois. Le travail est individuel. Dessinez sur cette carte vos pratiques quotidiennes de Gennevilliers. Vous pouvez y indiquer les trajets que vous effectuez, les lieux que vous fréquentez. Vous pouvez associer à ces lieux et parcours des commentaires et préciser s’ils vous sont agréables ou non.

Mode d’emploi :

La carte fonctionne avec différents calques (groupes d’objets géographiques), listés quand vous cliquer sur l’icône icone_calques : Il y en a trois : les lieux centraux, qui correspondent aux lieux importants de votre quotidien / les parcours négatifs, qui correspondent aux trajets auxquels vous associez un sentiment négatif, qui ne vous plaisent pas / les parcours positifs, auxquels vous associez un sentiment positif, qui vous plaisent.

à chaque fois que vous créez un objet géographique (lieu ou parcours), une fenêtre apparaît à droite où vous pouvez lui donner un nom et y associer un commentaire. Pour chaque objet créé, merci d’indiquer au moins votre nom ou un pseudonyme et votre sexe (femme / homme) dans le commentaire, afin que nous puissions identifier les différentes pratiques spatiales d’une même personne. Vous pouvez également préciser le moment de la journée auquel vous effectuez ce trajet (jour / nuit) et ajouter toutes les informations que vous souhaitez pour décrire et/ou expliquer le sentiment associé à l’espace, lieu ou parcours indiqué. Cette carte participative a été mise ne place grâce à l’application U-Map d’OpenStreet Map. En participant à cette carte, vous acceptez que les informations que vous indiquez sur la carte soit extraites, traitées, utilisées, etc., par le groupe de recherche-action Les Urbain.e.s.

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Roulotte du labo ambulant Matériel :

roulotte-banc en palettes, tabourets, table, plateau-carte de quartier (Grésillons, Agnettes, Ecoquartier).

Questionnaire-guide de conversation :

La roulotte doit permettre autant une conversation individuelle que des conversation plus nombreuses. L’objectif de la roulotte est toujours de connaître les usages et pratiques des espaces publics/ communs, mais aussi d’utiliser les travaux de terrain de doctorat centrés sur genre et santé à Gennevilliers.

1. Infos « profil de l’enquêté » :

Genre / âge / Profession -CSP / Pratique principale de Gennevilliers (résidence, travail, …) / Durée de pratique / Lieu de résidence / Durée de résidence dans le quartier

2. Q uelle utilisation de l’espace public genne-

villois (E. P.) ? Pour le travail/les loisirs/ les achats/… ?

3. D éfinissez

avec vos propres mots ce qu’est, pour vous, l’espace public (E. P.). / Donner des exemples de lieux (et types de lieux) gennevillois qui font partis, pour vous, de l’E. P. / A l’inverse, donner des exemples de lieux qui ne font pas partis de l’E. P. / Pour vous, l’E. P. est-il intérieur et extérieur, ou seulement extérieur ?

4. D éfinissez

vos comportements, vos différentes pratiques d’être et de faire dans l’E. P. Manière de se déplacer, d’utiliser les lieux de cet espace, manière de se montrer (vêtements, …), de regarder les autres, de s’orienter (par habitude on suit un même chemin, par envie on change d’itinéraire, …), manière de s’arrêter (être curieux et aller visiter des bouts de l’E. P. inconnus, à l’inverse ne pas s’arrêter sur l’inconnu).

5. E xpliquer pourquoi vous jugez positivement tel ou tel lieu ?

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Protocoles de recherche

6. E xpliquer pourquoi

tel ou tel lieu est malaimé de vous ? Mauvaise expérience dans ce lieu/Mauvaise image du lieu/aspect visuel (sale, pas accueillant)/aspect auditif (lieu bruyant car forte circulation automobile)/ aspect olfactif/ambiance déplaisante (sentiment d’insécurité)/… • Ce lieu mal-aimé : Est toujours fréquenté/ n’est plus fréquenté/n’a jamais été fréquenté • Quelles stratégies d’évitement pour ne pas passer par ce lieu ? Le contourner/ fréquenter un lieu ayant la même fonction mais plus apprécié.

7. Q uand utilisez-vous l’E. P. ? Tous les jours/Que la semaine et pas le week end/Pas certains jours/En journée et la nuit/Pas la nuit/…

8. F réquentez-vous

toujours les mêmes lieux de l’E. P., ou cela vous arrive-t-il d’aller ailleurs dans l’E. P., par exemple le week end, la nuit ? Oui, je reste dans les mêmes lieux/ Oui la semaine, non la nuit (je sors me divertir ailleurs)/Oui la nuit (je ne vais que dans les quelques lieux que je connais), non en journée (je suis rassuré pour aller n’importe où)/…

9. M otivation

des déplacements dans l’E.P. : Pour atteindre un lieu (qui fasse ou non partie de l’E. P. : lieu de travail, gymnase, …)/Pour faire ce trajet (se promener, faire du sport) a) Vous sentez-vous bien dans l’EP de votre ville ? Où en particulier ? Pourquoi (avec qui ? quand ?)? b) Parmi vos déplacements à travers la ville, quelle place occupent ceux concernant votre santé ? (si pas de réponse très développée, relancer avec quelques propositions : déplacements pour « faire du sport », déplacements pour se rendre dans un cabinet médical,…) c) Où se situe le cabinet de votre médecin généraliste ? Pourquoi avoir choisi ce médecin (si médecin au CMS : instruire le choix de cette structure ; si médecin dans une autre ville demander pourquoi consulter dans une autre commune) ? d) Comment vous rendez-vous chez votre médecin (à pieds, en bus,…) ? Y aller vous seule ou accompagnée ? Pourquoi ?


15. Estimez-vous,

qu’à Gennevilliers, il y a un grand E. P., ou bien des espaces publics, pour chaque quartier ? Fréquentez-vous uniquement la partie de l’E. P. présente dans votre quartier, ou bien avez-vous l’habitude d’aller dans d’autres parties de l’E. P. gennevillois ? (si oui, combien et pourquoi) • Pensez-vous que l’E. P. est un ciment qui donne à Gennevilliers son unité de ville ?

16. Y a-t-il, à Gennevilliers, des lieux de l’E. P. qui,

pour vous, n’accueillent que (ou sont susceptibles de n’accueillir) que des hommes ou que des femmes, ou en tout cas l’un ou l’autre des sexes se concentre ? • Comment expliquez-vous cela ? Par les aménagements publics, … ?

17. R emarquez-vous des différences dans l’uti10. A quels moment(s) habituel(s) du jour (ou de la nuit) êtes-vous dans l’E. P.? Le matin plutôt (pour accompagner les enfants à l’école, …)/Le soir après le travail/…

11. Vos modes de déplacement dans l’E. P. genne-

villois Toujours le même (à pied, …)/mixte (pied – bus, …)/dépend du trajet à effectuer (détailler)/…

12. P our chaque moment passé dans l’E. P., com-

ment estimez-vous la durée passée dans cet espace ? Ex : un jeune qui va dehors pour jouer avec ses copains, c’est pour une longue durée. Quelqu’un qui ne fait que passer pour se rendre au travail : petite durée.

13. Votre utilisation corporelle de l’E. P. : Unique-

ment en mouvement : l’espace est simplement traversé/En mouvement et statique : l’espace sert aussi à d’autres actions que celle de simplement le traverser (occupation temporaire d’un morceau de l’E. P.).

lisation par les hommes et par les femmes de l’E. P. ? Non, même utilisation/N’utilisent pas les mêmes lieux/Des lieux où il y a plus d’hommes que de femmes / plus de femmes que d’hommes/ Ne sont pas là aux mêmes heures (les femmes aux heures de l’école, les hommes le soir après le travail, …)

18. E stimez-vous

que des personnes/groupes de personnes/structures/associations incitent à fréquenter et utiliser l’E. P. ? (ex. initiatives culturelles, militantes communautaires, voisinage…)

19. De manière générale, pour vous, l’E. P. ouvert est-il une bonne chose ? Pourquoi ?

20. P ensez-vous que vous utilisez bien l’E. P. ?

Oui/Je pourrais l’utiliser plus : y rester et non simplement m’en servir pour le traverser/Non je ne l’utilise pas, car ne répond pas à mes attentes/besoins/envies.

21. A vez-vous

des remarques particulières à faire pour améliorer l’E. P. de Gennevilliers ?

14. Pensez-vous

que vos pratiques, vos manières de vous comporter dans l’E. P. ont pu évoluer, changer, depuis le temps que vous fréquentez l’E. P. gennevillois, aussi bien suivant les grandes périodes de la vie (enfance, adolescence, … jusqu’à la vieillesse et les difficultés de mobilité), qu’à la suite d’un évènement ponctuel marquant (ex : agression à caractère sexuel qui fait changer la manière de s’habiller, …) ?

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Réunion d’appartement et jeu de représentation spatiale Objectif :

échanger autour des pratiques de l’espace public par les femmes à Gennevilliers, en prenant notamment en compte une entrée temporelle de la ville (jour-soirée-nuit). Utiliser la trame questionnaire-guide de la roulotte à améliorer avec un questionnaire semi-directif permettant un aller-retour entre la perception de l’espace, le regard sur le corps, la réalité de l’espace vécu, le désir ou le non-désir d’habiter l’espace public, le temps/rythme de la journée. Une séance par semaine, pour avancer la cartographie sensible. Utiliser des photos pour des réactions, mise en place du Jeu de Représentation Spatiale.

Participants :

limités à 4 plus 2 membres de l’équipe. Penser à des séances non mixtes femmes, non mixtes hommes et mixtes femmes-hommes.

Déroulement de la séance :

Présentation du projet doit être brève (durée maxi 5minutes), simple et aussi neutre que possible, afin de ne pas influencer les échanges entre les participants qui y participent. Lors de la présentation, donner la durée de la réunion (entre 1h30 et 2h). Annoncer que un membre de l’association jouera le rôle de « modérateur » afin d’assurer une prise de parole égale à tous les participants.

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Protocoles de recherche

Expliquer, l’exercice que nous devons réaliser avec eux : Construire une représentation (avec le plateau) des espaces qu’on pratique ou pas. Ne pas induire de questions sur la sécurité ou la crainte. Présentation rapide des participants (âge, statut marital, nombre d’enfants, occupation, origine – c’est-à-dire d’où l’on vient, de Gennevilliers, de la région d’ailleurs, depuis quand habite-t-on à Gennevilliers…)

Aspects à surveiller :

Temps de parole et prise de parole de tous(es) les participants (es) Essayer d’intervenir le moins possible et veiller à donner des informations « neutres». Le lieu reste dans un appartement, afin de conserver ce lieu privé (non public, ni commun, ni lieu associatif) et intime.


Photo-cartographie Objectif :

Rendre visible les pratiques genrées de l’espace urbain. Pour analyser la présence des femmes et des hommes dans l’espace, nous formons une sorte de cartographie/photographie inspirée l’oeuvre de Gérard Fromanger : Hommage à François Topino-Lebrun. Cette série en hommage au peintre révolutionnaire guillotiné en 1801 reprend l’oeuvre qui le fit remarquer, La mort de Caïus Gracchus et la décline en 5 variations : La mort de Caïus Gracchus (1975- 1977), La vie et la mort du peuple (1975-1977), La mort de Pierre Overney (1975), Le siège de Lacédémone par Pyrrhus repoussé par les habitants eux-mêmes de tout sexe et de tout âge (1989), La vie des idées (1975-1977). Les deux premiers tableaux constituent un diptyque sur lequel nous nous appuyons. Il donne une légende de cartographie commune à la lecture de deux images et de deux événements. Le premier évoque l’assassinat du tribun de la plèbe Caïus Gracchus en 121 av. J.C. après avoir voulu attribuer la citoyenneté aux Latins et Italiens de la Colonie de Carthage et tenté une réforme agraire permettant aux plus pauvres d’améliorer leur condition sociale. Le second fait référence au meurtre du militant de la Gauche Prolétarienne Pierre Overney en février 1972 après avoir incité les ouvriers de l’usine de Renault Billancourt à commémorer le massacre de Charonne de février 1962.

La vie et la mort du peuple

L’intérêt ici est multiple. Il s’agit de représenter le peuple de tout sexe et de tout âge dans l’espace urbain, de viser la mixité comme moyen de plus grande citoyenneté et d’émancipation. La méthodologie consiste à cartographier sur la photographie les hommes et les femmes ; carte, puisqu’il s’agit de représenter des données localisées sur le globe. Le transfert méthodologique permet de coloriser les personnes photographiées sur des sites sélectionnés.

La mort de Caïus Gracchus

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Publications

Le programme de recherche-action publie ses résultats à la fois dans le cadre universitaire et auprès des habitant.e.s. Deux rendez-vous annuels de compte-rendu d’avancées sont organisés à Gennevilliers en plus de participations à des colloques nationaux et internationaux.

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1er et 2 juillet 2014

Journées scientifiques régionales sur le genre. Reims. De la maison à la commune : l’appropriation de l’espace public par la formation. <

2-4 octobre 2014

Festival International de Géographie. Saint-Dié-des- Vosges. Habiter la Terre. Femmes : de l’intime à la commune.

13-14 novembre 2014

Colloque international Genre, politique et représentation au niveau local. Bordeaux. Femme et politiques publiques : l’exemple de la commune de Gennevilliers. (Publication en cours) <

<

8 décembre 2014

Journée d’étude francophone sur les cartes mentales. Clermont-Ferrand. La carte mentale : révélatrice de spatialités sexuées ?

27 mars 2015

Journée d’étude Comité National Français de Géographie. Gennevilliers. Femmes et politiques urbaines.

7 avril 2015

Journée d’étude Ville Habitat Habiter. Arras. Penser la ville par le genre : autour de la recherche-action « La ville côté femmes » à Gennevilliers. (Publication en cours)

20-21 avril 2015

Séminaire international fabriquer et habiter les villes à l’ère de la mondialisation : les dynamiques paradoxales de l’urbanisation contemporaine. Annaba (Algérie). Habiter la ville côté femmes : un « droit à la ville » amputé ? (Publication en cours)

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Publications


26 mai 2015

Séminaire genre et urbanisme. Lyon. Présentation d’une recherche-action à Gennevilliers. La ville côté femmes.

28 mai 2015

Table ronde : Marseille. Penser la rénovation urbaine des quartiers populaires par le genre.

16 et 17 septembre 2015

Colloque international Banlieue / periferie. Gênes (Italie) La banlieue côté femmes : des expériences de recherches-action à Gennevilliers (banlieue parisienne) et à Rezé (banlieue nantaise).

19 septembre 2015

Journée du patrimoine. Habiter la Mouchonnière. Seclin. Présentation d’une recherche-action en banlieue.

22 janvier 2016

Journée d’étude en partenariat avec la MSH-Nord-Paris. Genres dans la ville.

28-30 janvier 2016

« Agriculture urbaine comme levier d’émancipation et de mixité : exemple gennevillois », Colloque international Penser l’émancipation, Université de Bruxelles. Proposition de publication. Revue recherches féministes. La ville côté femmes : le corps, révélateur des spatialités ? Présentation d’un projet de recherche-action participatif et critique à Gennevilliers. Québec. Publication 2017. Coordination d’un numéro de la revue Géocarrefour Genre et politiques urbaines. Publication en 2018.

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journée de quartier La Mouchonnière à Seclin (59). 19 septembre 2015, Université de Picardie Jules Verne Table ronde. Maison de l’Architecture. Marseille, 28 mai 2015. Habiter la ville côté femmes. Une expérience gennevilloise.

Journée d’étude francophone sur les cartes mentales, Clermont-Ferrand, 8 décembre 2014. La carte mentale : révélatrice de spatialités sexuées ? Colloque international Genre, politique et représentation au niveau local, Bordeaux Centre Emile Durkheim, 13 et 14 novembre 2014. Femme et politiques publiques : exemple de la commune de Gennevilliers.

2013 De juillet à novembre : écriture du projet et des axes principaux de recherches.

La ville côté femmes Un projet de recherche-action participatif et critique à Gennevilliers (2014-2020) porté par l’association loi 1901 Les Urbain.e.s

Une particularité du projet est de faire participer l’ensemble des habitantes et des habitants à l’expérience de recherche. Il est qualifié d’abord de recherche-action, c’està-dire qu’il inclut les chercheuses et des chercheursr.e.s dans l’objet de l’étude, mais qu’il est aussi conforté dans son objectif participatif et critique. Il s’agit d’échanger sur la ville, à partir des connaissances de chacun.e et tout particulièrement des différents modes de l’habiter.

Qui sommes-nous ?

La Coopérative Urbaine d’Invention rassemble celles et ceux qui voudront bien participer, quelle que soit la durée de cette participation. Dans cette coopérative, seront collectivement travaillées et affinées les problématiques de recherche. Un carnet de terrain y sera tenu, inscrivant ainsi la recherche en train de se faire. Ateliers ouverts ou fablab (dans une version sciences humaines et sociales), il s’agit bien de fabriquer ensemble la recherche sur les espaces urbains.

Des chercheuses et des chercheurs en sciences humaines et sociales : anthropologie, architecture, cartographie, géographie, histoire, paysagisme, philosophie, sociologie, urbanisme…, des photographes, une graphiste, des comédiennes, des comédiens, un conteur et des habitantes, des habitants.

Le sujet de recherche ?

Un certain nombre de protocoles récurrents sont mis en place tout au long de la durée du programme de recherches (cartes mentales, photographie, récits, jeux de représentation spatiale…) et mis à disposition comme autant d’outils d’appropriation, de compréhension de l’espace vécu et de construction citoyenne.

Les femmes constituent 80 % des travailleurs pauvres, 70 % des usagers des transports en commun, 90 % des personnes qui subissent des violences sexuelles dans l’espace public, 85 % des chefs de famille monoparentale… Dans les ménages, la femme reste le membre qui effectue le plus de travail domestique, ce qui la contraint dans ses déplacements bien plus qu’un homme. Les femmes sont minoritaires dans l’espace public urbain la nuit ou dans celui du petit matin. Certains espaces considérés comme essentiellement masculins lui deviennent difficile d’accès (certains cafés par exemple…).

Participer au projet ? Faire partie de la Coopérative ?

Par mail : lesurbaines92@gmail.com Par téléphone : 06 72 44 67 93 Rejoindre la page Facebook : https://www.facebook.com/lavillecotefemmes Se tenir au courant : http://urbaines.hypotheses.org/ ou http://blogs.mediapart.fr/blog/les-urbaines

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La coopérative participera aussi à la construction de matériaux : photos/vidéos/sons de parcours quotidiens (envoyées par sms ou mail), cartes mentales, chronogrammes, récits de vie, indicateurs de mesure sur le temps du projet. La coopérative prendra aussi part à l’ensemble des ateliers d’écritures (atelier d’écriture, conte, etc…)

Festival International de Géographie, Saint-Dié-des-Vosges, 6-9 octobre 2014. Femmes : de l’intime à la commune.

2014

2015

De février à juin : rencontre école Femmes sans Frontières (Agnettes). décision de travailler surtout sur trois quartiers (Agnettes, Grésillons, Ecoquartier)

De novembre à février : constitution d’une base bibliographique. Une Coopérative Urbaine d’Invention : des fablabs ouverts sur la ville.

Journées scientifiques régionales sur le genre, Reims, 1er et 2 juillet 2014. De la maison à la commune : l’appropriation de l’espace public par la formation.

à ces premiers constats s’ajoute ce que la société impose aux corps à travers le contrôle social. Le corps féminin est non seulement observé, il est apprécié, jugé, évalué et contrôlé. On connaît les traditions de domination masculine de nos sociétés, comme l’on sait qu’elles sont véhiculées aussi bien par les hommes que par les femmes (pour des raisons différentes) et qu’elles sont vécues quel que soit le milieu social. Aborder la ville côté femmes implique d’interroger nos comportements, les rapports sociaux entre les sexes qui paraissent « naturels ». Il s’agira alors de comprendre comment « l’espace est vécu » par les femmes.

06/02/2015 11:30

De juin à septembre : récolte de cartes mentales. De septembre à décembre : communications scientifiques

De janvier à mars : mise en place de la Coopérative Urbaine d’Invention. Début des réunions d’appartement. Concours photo du 1er février au 8 mars.

Journée d’étude Genre et urbanisme. Université Lyon 2 et Ville de Lyon, 26 mai 2015. Genre et urbanisme. Présentation de la recherche gennevilloise.

Colloque international Fabriquer et habiter les villes à l’ère de la mondialisation : les dynamiques paradoxales de l’urbanisation contemporaine, Annaba, 20 et 21 avril 2015. Habiter la ville côté femmes : un « droit à la ville » amputé ? Journée d’étude Habiter la ville, GIS Habitat Solidaire et Durable / Pas-de-Calais Habitat, Arras, 7 avril 2015. Un habiter la ville féminin ? Journée d’étude CNFG / Gennevilliers, 27 mars 2015. Femmes et politiques urbaines.

Journée d’étude Genres dans la ville 22 janvier 2016 Maison des Sciences de l’Homme Nord-Paris

2016 D’avril à juin, puis d’août à octobre : poursuite de la mise en place de la CUI. Rendez-vous hebdomataires du labo ambulant.

De mai à décembre : communications scientifiques Mars : rencontre Début de récolte des services de la d’archives municipales Ville. depuis 1950

D’octobre à février : poursuite de la mise en place de la CUI, des réunions d’appartement. Observations de terrain nocturnes. Reportages photos de Guillaume Clément, atelier d’écriture avec Damien Labruyere. De mai à décembre : communications scientifiques D’octobre à février : travail intergénérationnel par la Compagnie Sans la nommer (Clubs Ados et Agir)

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Journée de restitution / Gennevilliers. mars ou avril. Résultat travail de la Compagnie sans la nommer

De mars à octobre : poursuite de la mise en place de la CUI. Rendez-vous du labo-ambulant (transports en communs)


Calendrier

Expo photo, édition d’ouvrages paroles d’habitant.e.s, de rapports scientifiques...

2017

2018

2019

2020

à produire : transects urbains (analyse de paysage vécu) cartographie sensible (jour et nuit) sons de la ville (en travaillant avec les musicien.ne.s) travail sur le corps (comédien.ne.s, danseurs et/ou danseuses) travail de la céramiste Muriel Baïevitch-Coutens

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éléments budgetaires • Part employeur chercheur.e.s (laboratoires de recherches) annuelle : 70 000 € • Financement déplacement colloque (laboratoires de recherches Discontinuités et Cemotev et participation personnelle pour 2013-2015) : 1 500 € • Dons à l’association Les Urbain.e.s : 700 € • Financement annuel Ville de Gennevilliers dans le cadre de la convention : 14 000 € • Maison des Sciences de l’Homme Nord-Paris pour l’organisation d’un colloque pour l’année 2015-2016

1 500 €

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La ville côté femmes. Un projet de recherche-action participatif à Gennevilliers http://urbaines.hypotheses.org/ https://www.facebook.com/lavillecotefemmes


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