Printemps 2014
culture tendances lifestyle Lorraine NumĂŠro 6 / Gratuit
Musique du monde —
12.04
luz Casal Espace Georges-Sadoul | 20h30
16.05
— Soirée cabaret
CaBareT neW BulesQue Création 2013 en collaboration avec Pierrick Sorin Espace Georges-Sadoul | 20h30
Théatre —
19.04
le signal du promeneur Raoul Collectif Espace Georges-Sadoul | 20h30
24 25.04
— Théatre
voyage en iTalie Michel Didym La Nef | 20h30
Zut ! magazine
prochain numéro sortie juin 2014
Zut ! numéro 7
Bruno Chibane Direction de la rédaction & commercialisation bchibane@chicmedias.com 06 08 07 99 45
Emmanuel Abela Rédacteur en chef eabela@chicmedias.com 06 86 17 20 40
Myriam Commot-Delon
Photo : Alexis Delon / Preview / www.preview-tm.fr
Directrice artistique mode myriamdelon@noos.fr 06 14 72 00 67
été 2014 Caroline Lévy Développement commercial levy_caroline@hotmail.com 06 24 70 62 94
Céline Loriotti Développement commercial cloriotti@chicmedias.com 06 64 22 49 57
Philippe Schweyer Développement commercial ps@mediapop.fr 06 22 44 68 67
4 Zut ! Ours
contributeurs zut! team Directeur de la publication & de la rédaction Bruno Chibane Rédacteur en chef Emmanuel Abela
Rédacteurs Emmanuel Abela, Cécile Becker, Benjamin Bottemer, Myriam Commot-Delon, Sylvia Dubost, Franck Dupont, Anthony Gaborit, Justine Goepfert, Sébastien Grisey, Caroline Lévy, Marion Godmé, Le Gouvernement, Julien Pleis, Philippe Schweyer, Sébastien Ruffet, Adèle Sagan, Valentine Schroeter, Claire Tourdot Design graphique brokism, Adrien Visano
Directrice artistique mode et tendances Myriam Commot-Delon
Stylistes Myriam Commot-Delon, Adèle Sagan
Directeur artistique brokism
Photographes Pascal Bastien, Julian Benini, Christelle Charles, Hugo Chevalier, Alexis Delon / Preview, Sébastien Grisey, Patrick Messina, Arno Paul, Olivier Roller, Tony Trichanh, Christophe Urbain
Responsable d’édition Sylvia Dubost
Illustrateurs Laurence Bentz, Laetitia Gorsy, Nicopirate, Benoît Schupp Retouche numérique Emmanuel Van Hecke et Camille Vogeleisen / Preview Mannequin Christelle Y / Up Models Coiffure Alexandre Lesmes / Avila Make-up Jacques Uzzardi
www.zutmagazine.com
Crédits couverture Photographe Alexis Delon / Preview Réalisation Myriam Commot-Delon Mannequin Christelle Y / Up Models Coiffeur Alexandre Lesmes Make-up Jacques Uzzardi avec les produits MAC Manteau en patchwork de lin et toile imprimée JC de Castelbajac. Photographe Alexis Delon / Preview Réalisation Myriam Commot-Delon Mannequin Christelle Y / Up Models Studio Photo / Preview 28, rue du Général de Gaulle 67205 Oberhausbergen 03 90 20 59 59 www.preview-tm.fr
Diffusion Zut ! Team + LD Diffusion www.distri-imprim.fr Commercialisation & developpement Bruno Chibane, Anthony Gaborit, Caroline Lévy, Céline Loriotti, Philippe Schweyer Développement Allemagne et Suisse Roland Anstett
Ce trimestriel est édité par Chic Médias 12, rue des Poules 67000 Strasbourg S.à.R.L. au capital de 25 000 euros Direction : Bruno Chibane Administration, gestion : Charles Combanaire Impression : Ott imprimeurs Parc d’activités « Les Pins » 67319 Wasselonne Cedex Tirage : 7500 exemplaires Dépôt légal : avril 2014 SIRET : 50916928000013 ISSN : 1969-0789
HAPPINESS H O M M E GUCCI - DIOR - BALENCIAGA - MONCLER - TOM REBL - DUVETICA - EMPORIO ARMANI SERAPHIN - TREND CORNELIANI - BURBERRY - HUGO BOSS - DIRK BIKKEMBERGS - CANADA GOOSE
F E M M E GUCCI - DOLCE GABBANA - BURBERRY - MONCLER - BALENCIAGA - DIRK BIKKEMBERGS EMPORIO ARMANI - DUVETICA - CANADA GOOSE - FAITH CONNEXION - STUART WEITZMAN
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6 Zut ! Sommaire
35 Culture 8 Éditorial
10 Courrier des lecteurs
12 Madeleines Avatar année zéro
14 Melancolirama Rock rédemption
16 Au bon parfum Le vétiver impossible
18 Nancy vu par Stéphane Schmitt, Guillaume Eckly et Mathias Roustang, Isabelle Jung, Nicole Druart, Olivier Keppi,
26 Metz vu par Charlotte Wensierski, Paola Szostka, Gregory Malhomme et Philippe Maas, Florian Schall, Brigitte Boube et Domenico Toscano
Zut numéro 6
36 ARTS Paparazzi Éclairages sur l’exposition de Pompidou-Metz. 42 SCÈNES Didier Manuel L'art-ctiviste fait hurler les corps, les humanités et les sexes. 48 ARTS Tomi Ungerer Parcours d'un brigand de l’illustration. 52 PHOTOGRAPHIE Messina / Labarthe Retour sur 20 ans de portraits du critique de cinéma. 56 THÉÂTRE Ivica Buljan Le metteur en scène croate est l'invité du festival RING.
75 Tendances 88 MODE Manège Série mode femme
109
94 MODE Bérangère Claire Portrait de la créatrice lorraine.
110 SPORT Handball Le Metz Handball nous livre la recette de son succès.
92 CRÉATEUR Pierre Lorin Portrait du créateur lorrin des bagues qui buzzent.
114 ARTISANAT Organ Skateboard Des planches uniques Made in Metz.
94 SHOPPING KIDS Quoi de neuf pour les petits ?
116 CULTURES NUMÉRIQUES L’école 42 La new school de Xavier Niel vue de l’intérieur,par un étudiant messin.
Lifestyle
96 BOUTIQUE Ted Gros plan sur les deux boutiques messines. 98 SHOPPING Nouveau glam
58 INSTANT FLASH Enki Bilal / Erik Truffaz, Au revoir Simone, Woodkid, Jean Teulé
100 BOUTIQUES La rue Taison Balade fashion dans la plus girly des rues.
66 CULTURE ZUT ! Les sélections de la rédaction.
102 FLASH MOOD Up to date Nos envies de saison.
118 LIFESTYLE ZUT ! Les sélections de la rédaction.
printemps 2014
104 TENDANCES ZUT ! Les sélections de la rédaction.
édition Lorraine
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8 Zut ! édito
les paparazzi, le foot et moi PAR PHILIPPE SCHWEYER
Bruno Mouron, Kate Moss lors de la Fashion Week, Paris, 1992
Alors que je traîne au bureau en attendant l’heure du match de foot à la télé, je reçois un appel affolé de Kate : - Phil, where are you ? Je suis perdue à la gare de Metz ! Viens vite me chercher pour m’emmener au vernissage de l’expo Paparazzi au Centre Pompidou-Metz ! - But darling the center is just derrière la gare ! - Come on Phil ! I’m waiting for my man. - Girl, you really got me now ! You got me so I don’t know what I’m doing. Dix minutes plus tard, je retrouve Kate en train de fumer une e-cigarette dans le hall départs. Elle n’a presque pas changé depuis son dernier passage en Lorraine. Cachée derrière ses lunettes noires, elle me dévisage de la tête aux pieds : - Do you really want to go to the vernissage habillé like that ? - Mais oui, why ? - Tu aurais pu faire a little effort… - Why ? How ?
- En mettant un beautiful costume, ou un jean mieux taillé. - Tu sais Kate, je préfère rester simple… - Moi aussi, I am super simple. - Oui, mais pour moi c’est super compliqué d’être super simple comme toi… - Even an Englishman in New York n’oserait pas s’habiller like you for a vernissage. - Sorry Kate… - Stop it ! C’est comme ça que je t’aime ! - Thank you Kate. I love you baby, and if it’s quite all right, I need you, baby, to warm the lonely night. Tandis que l’on s’approche du Centre Pompidou, main dans la main, une nuée de paparazzi se précipite vers nous. Les flashs crépitent et je commence à regretter de ne pas avoir fait un tout petit effort vestimentaire. Il ne manquerait plus que je finisse accroché aux murs d’un musée avec mon look approximatif et mes cheveux mal taillés. Heureusement,
un agent de sécurité me repousse sans ménagement, laissant Kate seule face à la meute. Pendant qu’elle est accueillie comme une reine, je suis prié de quitter les lieux sans faire d’histoires. Je n’ai plus qu’à rentrer chez moi pour regarder le foot à la télé en éclusant quelques canettes de bière. La prochaine fois, promis, je mettrai un beau costume.
10 Zut ! Chronique
Par Philippe Schweyer
Courrier des lecteurs
6
QU’EST-CE QUE C’EST, DÉGUEULASSE ? Pas bête Babette, Notre styliste maison aime bien le jaune, mais c’est votre droit de préférer le rouge. Avec le vinyle de Singe Chromés dans votre cuisine, vous allez pouvoir frimer devant vos invités, même si vous ratez complètement vos œufs en neige. Pas bête Babette !
hiver 2013
culture tendances lifestyle Lorraine Numéro 5 / Gratuit
Un lecteur qui tombe en pamoison devant un clip de Mélina Farine, une lectrice qui ne comprend pas ce qu’est un « projet post-Garbage Collector », une autre qui salive comme une cochonne… Une fois de plus, nos lecteurs réagissent et se dévoilent ! Tuscaloosa Zut !, Je ne sais pas de quoi parle votre chroniqueur Franck Dupont quand il écrit qu’il a réactivé Tuscaloosa, « un projet échangiste post-Garbage Collector » ? Pouvez- vous éclaircir ses propos ? — Aline, 34 ans. Tuscaloosa Aline, Il y a vraiment des courriers auxquels on aimerait ne jamais avoir à répondre. Heureusement que tout le monde ne passe pas son temps à chercher la petite bête, parce qu’on n’en finirait plus. En fait, Franck Dupont a tout simplement réactivé son projet échangiste postGarbage Collector. C’est plutôt une bonne nouvelle, non ? Pas bête Zut !, Pour la fête des mères, je me suis offert le robot sur socle vu page 73 du dernier Zut !, sauf qu’au lieu de le prendre en jaune, je l’ai choisi en rouge. Il est vraiment idéal pour cuisiner en écoutant le 33 tours de Singe Chromés produit par le label Médiapop Records. — Babette, 35 ans.
Ping-Pong Zut !, J’adore la photo de la joueuse de pingpong en page 86 du dernier numéro. Mon fils aimerait lui aussi se lancer dans la photographie sportive, pourriez-vous lui donner quelques conseils ? — Marie, 56 ans. Ping-Pong Marie, Vous n’êtes pas la seule à avoir été favorablement impressionnée par la jolie petite joueuse de ping-pong saisie en pleine action par Pascal Bastien. Même si la photo est un métier super relax, le seul conseil qui vaille pour votre fils tient en trois mots : travail, travail, travail (rien à voir avec le Maréchal Pétain). Dégueulasse Zut !, J’ai acheté Méchant Loup, le parfum conseillé par votre spécialiste maison aux hommes qui se prennent pour Jean-Paul Belmondo époque Godard. Malheureusement, ça n’a rien changé du tout à ma vie qui ressemble davantage à un mauvais Woody Allen qu’à un bon Godard. Pierrot, 27 ans. Dégueulasse Pierrot, Depuis quand est-ce qu’un homme se réclamant de Belmondo période Godard devrait suivre les conseils de Zut !? On se demande vraiment ce que vous avez dans la tête. Le seul parfum qui aille à un homme de votre trempe, c’est votre phénoménale odeur corporelle ! Vous verrez que les femmes vous regarderont d’un autre œil si vous restez naturel. Boop Zut !, Je ne sais pas comment vous faites pour dénicher des photographes si talentueux ! Rien qu’en contemplant la photographie
pâtissière de Sébastien Grisey en page 90 du dernier numéro, je me mets à saliver comme une cochonne ! — Betty, 34 ans. Boop Betty, Il semble que la haute pâtisserie de Franck Fresson soit vraiment à se taper le cul par terre ! Du grand art alors que notre photographe n’a eu qu’à appuyer sur un tout petit bouton pour faire son job… Ce n’est vraiment pas la peine d’en faire toute une histoire. Rose Zut !, J’adore la fille en 4e de couv du dernier Zut !. Je rêve de me promener main dans la main avec une jeune femme qui aurait exactement les mêmes yeux, la même coiffure et surtout la même couleur de cheveux. Dédé, 30 ans. Rose Dédé, Avec votre prénom, sans faire de psychologie de comptoir, on peut dire que vous n’êtes pas près de trouver chaussure à votre pied si vous ne vous contentez pas d’une fille banale comme tout le monde. Les filles qui posent dans les magazines se contrefichent des types comme vous et moi, surtout quand ils s’appellent Dédé… Poisons Zut !, Depuis trois semaines je suis complètement hypnotisé par le clip de Singe Chromés réalisé par Mélina Farine. Il y a un tel mystère gorgé de poésie dans ce petit montage de pépites Super8, que je passe des journées entières à rêvasser en le regardant pendant mes heures de bureau. — Lino, 30 ans. Poisons Lino, On dirait que vous êtes davantage sensible aux images subliminales de Mélina qu’à la musique de Singe Chromés. Pourtant, le morceau Poisons ne devrait pas tarder à devenir un tube interplanétaire, avec ou sans images…
je peux écrire mon histoire
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Itinéraire d’un jeune Afghan, de Kaboul à Mulhouse
Abdulmalik Faizi Frédérique Meichler Bearboz
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12 Zut ! Chronique
Par Franck Dupont Illustration Benoît Schupp
madeleines
7
AVATAR ANNÉE ZÉRO
C’était dans la ville basse. Celle qui nourrit aujourd’hui les enfants des fantômes qui n’effraient plus guère que les voyageurs égarés et errant dans un espace de désolation formidable. Car même les vieux spectres ont fini par se réfugier en haut, plombés dans leur mission d’effroi par tant de luttes électorales. Il y avait ce magasin tenu par une petite dame ; ou plutôt deux à la réflexion, une mère et sa fille. Un magasin doublement bicéphale, de par ses tenancières mais aussi pour ses deux portes : une sorte de couloir où l’on vendait des jouets comme d’autres des délicatesses, la crème de l’avant garde des jouets. « La boutique Jeux Jouets », laconique mais précise, nous cernait. Une vitrine à l’adret et une autre à l’ubac. Qu’on lui fasse front ou qu’on tente de la contourner, elle exhibait, exigüe mais fière, sa double face et ses babioles. Impossible de la manquer lorsque l’on attendait le bus du mercredi. Derrière le verre, que des promesses d’un autre monde qui, bien avant les cinémas de quartier, s’accordait pile poil à nos désirs.
On ne poussait pas si facilement la lourde porte de la boutique. Le corridor regorgeait de preuves tangibles qu’une vie nouvelle était possible dans un ailleurs proche, moderne et plastique mais il fallait être armé pour l’atteindre. De patience pour grappiller des francs nouveaux et réunir le pactole. De courage pour oser demander à l’une des tenancières de décrocher un paquet convoité. Il faut dire qu’en ces tempslà, nous étions gâtés par les maîtres de forge. Chaque année, le Noël de l’usine nous assurait un cadeau identique à celui du voisin de cité et un spectacle collectif. Un circuit 24 sous le plus grand chapiteau du monde. Du moteur et du cirque pour tous, hic et nunc. Mais nous voulions l’Amérique, la vraie, et ses avatars. Nous n’étions pas encore estampillés « flammes de l’espoir » mais toute cette agitation future méritait bien une préparation de l’esprit. Big Jim, c’était son nom, était musclé, rassurant et prêt à défendre la veuve et l’orphelin. Une poupée pour garçons made in USA mais née sous nos yeux incrédules à la boutique. Il n’était pas bien vu par les anciens mais avec lui, c’est sûr, pas une vis, pas un boulon ne seraient démontés des usines. Avatar idéal, il s’accrochait
aux parois de ma chambre. Il y faisait de la varappe comme d’autres vont nager en eaux calmes parce qu’au moins, pendant ces aventures, j’étais quitte d’entendre les angoisses familiales qui nous envoyaient déjà à Dunkerque ou à Fos-sur-mer. Aujourd’hui, le métal a fondu et le gars Jim est toujours là dans un carton de retraite au grenier mais il n’est plus très photogénique. Je cherche en vain une image de ces années et lance des bouteilles à la mer numérique. A. me contacte : « Je vois presque chaque jour la dame qui te l’a vendu et j’ai même une photo d’époque. Tu peux aussi la rencontrer mais si tu l’appelles, dislui bien que tu viens de ma part parce qu’elle n’aime pas qu’on la dérange. » Je prends un café avec H, sémillante octogénaire légitimement fière de ses années de boutique. On parle de jouets, beaucoup, mais d’un lieu, surtout. Où un pauvre petit enfant riche pourtant couvert de cadeaux passait le plus clair de son temps. « Parce qu’on pouvait bien lui décrocher la lune, ce qu’il voulait, c’est qu’on s’occupe de lui. » On savait vivre en bas… Merci à Hélène et Anne
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14 Zut ! Chronique
Par Nicopirate
melancolirama
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ROCK REDEMPTION
REGARDS SUR L’ÉCOLE DE PARIS
AU MUSÉE DE LA COUR D’OR
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Conception : Metz Métropole - Pôle Communication, janvier 2014. Maurice Estève, Pouiraque (détail), 1970, huile sur toile, 100 x 81 cm. © Adagp, Paris 2014.
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16 Zut ! Chronique
Par Sylvia Dubost Illustration Lætitia Gorsy
au bon parfum
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LE VÉTIVER IMPOSSIBLE
Quand on aime, le parfum comme le reste, on veut tout connaître et tout comprendre. On met au point un protocole pour tout sentir et tout décrypter : on procède par maison, par matière, par nez. On analyse et on compare, les constructions, les associations, les histoires, les époques, les signatures. On avance de façon méthodique et l’on ne renonce pas quand une œuvre ou une matière nous résiste. Et l’on découvre qu’on se met à aimer ce que l’on comprend. Pourtant, certains objets de notre attention refusent de se laisser approcher. On a beau reconnaître le travail, admirer la qualité des matières, apprécier l’originalité de la composition, comprendre le projet, on ne parvient pas à les apprécier. Pour comprendre et aimer le vétiver, j’ai pourtant fait ce qu’il fallait. Le vétiver, c’est cette graminée tropicale – dont on distille les racines – à l’odeur verte et piquante, un peu citronnée, que l’on sent très fort dans la parfumerie masculine bon marché. Pour moi, elle y reste définitivement associée. Je n’ai jamais compris qu’on la puisse la classer dans les boisées, une famille que j’affectionne tout particulièrement. Elle n’a rien de la chaleur du bois, et tout
de l’Adidas Power Ball. À la limite, elle me rappelle cette odeur qui imprégnait mes mains lorsque, enfant, j’avais passé la journée à jouer dans la forêt, et dont je cherchais, à grand peine, à me débarrasser. Pour apprendre et, je l’espérais, apprendre à aimer, j’ai pourtant mis du cœur à l’ouvrage. J’ai rassemblé quelques jus qui, pensais-je, pourraient infléchir mon opinion tranchée. Et j’ai bien compris cette image d’über-mâle avec laquelle joue le très vivace et impressionnant Turtle Vetiver de Les Nez (Isabelle Doyen, 2009) ; j’ai apprécié la finesse des matières premières de Le Vétiver de Lubin (2008) et le raffinement de la construction de Sycomore de Chanel (Jacques Polge, Christopher Sheldrake, 2008). J’ai même réussi à porter l’intriguant Sel de Vétiver de The Different Company (Jean-Claude Ellena, 2006). Mais comme tous les autres, je n’ai pas réussi à l’aimer. Même le Vétiver oriental de Lutens (Christopher Sheldrake, 2002), sur lequel je fondais pourtant tous mes espoirs, n’a pas réussi à se faire apprécier. J’imaginais pourtant que le grand Serge, habitué à habiller les matières jusqu’à les rendre presque méconnaissables, aurait masqué ce
piquant qui m’est tellement désagréable lorsqu’il joue les premiers rôles dans une composition (je le préfère nettement en figurant épicé). Je crois les avoir compris, ces jus. Pourtant, je n’ai pas réussi à les aimer. Les préjugés et les souvenirs sont restés plus forts. Et surtout, ils ne provoquent chez moi aucune émotion, ne suscitent aucune image, ne racontent aucune histoire. À la rigueur, ils peuvent me rendre agressive : je ne comprends pas qu’on puisse les aimer. J’aurais aimé aborder le vétiver avec le recul critique de rigueur, celui qui rend capable de juger sans sentiments. Je peux simplement afficher la tempérance (légèrement hypocrite) du spectateur d’un concert de musique contemporaine : « Oui… C’est intéressant… » À moins que ce ne soit la même chose…
18
Nancy vu par Ils vivent, travaillent, créent et sortent à Nancy. Les hommes et les femmes qui font vibrer la ville nous font découvrir leur lieu préféré. Réalisation Adèle Sagan Photos Arno Paul
О
19
Stéphane Schmitt 38 ans
Où ?
La rue Saint-Nicolas
chargé de communication et des relations presse
jeu 13 mars
Blazer et veste imperméable à capuche Sandro au Printemps Nancy.
« Un quartier vivant et naturel à toute heure – il y a toujours quelqu’un qui papote sur le trottoir ! S’y côtoient au même endroit de beaux objets de design, les 1001 saveurs des boutiques orientales avec leurs sympathiques commerçants, une station de gonflage pour un vélo en pleine forme, un tatoueur… L’été, on y va en tongs. »
Actu !
Préparation du lancement de la communication de la prochaine exposition à la Galerie Poirel : QUIZ, l’événement design/art contemporain de cet été et de la rentrée, dont le commissaire est le designer Robert Stadler. Ensemble Poirel 3, rue Victor Poirel à Nancy 03 83 32 91 11 - www.poirel.nancy.fr
20
Guillaume Eckly 34 ans
Mathias Roustang
Architectes
37 ans
Où ?
Tour Joffre « C’est l’hypermoderne nancéien : une école et sa cour posées sur un parking, le gymnase au dessus, un supermarché populaire, une synagogue, une galette de bureaux plus ou moins dans leur jus, une école de danse, deux tours, des jardins suspendus et des passages secrets… Ça foisonne de tout et de tous, c’est la ville, la vraie. »
mer 19 mars
Actu !
Réhabilitation du groupe scolaire Lafontaine au « Haut Dul ». Design de la banque d’accueil et du bar du centre des congrès, livrée dans quelques mois, avec l’artiste Benjamin Dufour. GENS, association libérale d’architecture 20, place de l’Arsenal à Nancy 03 83 32 57 94 - www.gensnouvels.com Mathias : Marinière Burberry Brit au Printemps Nancy Guillaume : T-shirt en coton, veste en daim et foulard imprimé The Kooples au Printemps Nancy.
21
Isabelle Jung 51 ans
jeu 13 mars Propriétaire d’une maison d’hôte concept store
Où ?
Place d’Alliance « La place d’Alliance est l’adresse secrète de la Villa 1901. C’est un endroit charmant sans commerces avec des tilleuls centenaires et des bancs publics. Une petite place des Vosges que j’apprécie particulièrement ! »
Actu !
Le concept-store déco de la villa 1901 (Caravane, Best Before, Seletti, Gervasoni, Céline Wright…) et la mise en place de son tout nouvel e-shop. La Villa 1901 63, avenue du Général Leclerc à Nancy 06 30 03 21 62 www.lavilla1901.fr T-shirt rayé Proenza Schouler et veste Isabel Marant chez Podiums à Nancy.
22
Nicole Druart 60 ans
Propriétaire de boutique
mer 19 mars
Où ?
Place Vaudémont « Amoureuse d’Aix en Provence, cette place m’évoque l’ambiance de la ville : la fontaine, les vieilles pierres et l’esprit 18e. Il y a même des oliviers ! C’est un lieu qui ouvre également vers la Grande Rue, ce qui lui est bénéfique car elle manque parfois de passage. »
Actu !
Ouvert depuis octobre dernier, Le Boudoir des Arts est rempli d’authentiques vintage et de marques luxes, à découvrir sur le facebook de la boutique. Le Boudoir des Arts 30, Grande Rue à Nancy 03 83 45 14 70 Veste de blazer The Kooples Sport au Printemps Nancy.
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Olivier Keppi 34 ans
mer 19 mars
Responsable de boutique
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Allée Jacques Muriet « Étant Nancéien pur souche, cet endroit me rappelle mon enfance. J’y emmène aujourd’hui mes enfants pour jouer et profiter de l’air pur. Cette allée est l’axe central qui passe par le fameux jet d’eau de la pépinière : une sensation d’évasion et d’oxygène m’envahit dès que je la traverse. Le plaisir de la nature dans la ville ! »
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Charlotte Wensierski 26 ans
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mar 11 mars
Où ?
Le Caméo « Il faut chérir nos petits cinémas d’art et essai de ville. Avec les cinémathèques, ils sont souvent parmi les derniers bastions de résistance contre l’uniformisation de la programmation cinématographique. Le Caméo est une institution, où j’ai pu découvrir des films audacieux, atypiques et diffusés dans leur version originale ! »
Actu !
Préparation d’une couverture médiatique du Festival de Cannes en mai. Mise en place de l’association The Bloggers Cinema Club pour organiser des projections-débats, des ciné-concerts, etc. The Bloggers Cinema Club www.thebloggerscinemaclub.com Chemise en coton Jodhpur et blazer Version Originale aux Galeries Lafayette à Metz.
28
Paola Szostka 62 ans
mar 11 mars
Gérante de boutiques
Où ?
Moyen Pont « Quand je passe dans ce lieu, de jour comme de nuit, il y a toujours la même magie. Les belles choses me remplissent de joie… C’est une chance d’avoir plusieurs endroits à Metz qui recèlent une belle architecture et des paysages verdoyants. »
Actu !
Ouverture prochaine d’une 4e boutique : Marina Rinaldi, garde-robe élégante pour femmes rondes (de la taille 44 à 56) au 6, rue Fabert à Metz. Boutiques Belisa 58, rue Stanislas à Nancy 5, rue Dupont des Loges à Metz 03 87 75 27 28 – 03 83 35 08 08 Au Muguet 29, rue Maréchal Foch à Hayange 03 82 84 04 68
Veste et pull Luisa Cerano, jupe Isabel de Pedro, le tout chez Belisa à Metz.
29
Philippe Maas 42 ans
Gérante de boutiques
Gregory Malhomme 41 ans
mar 11 mars Co-fondateur de Wrap&Co
Où ?
Place de la Comédie « L’une des plus belles places de Metz, avec sa vue, son ambiance, son architecture. Petit, Philippe était tout le temps à l’Opéra-Théâtre. Chez Momo, il y a une cave à cigare, une terrasse avec une vue imprenable, les meilleurs mojitos de la ville et une petite restauration à midi super sympa… Et puis Momo, c’est Momo ! »
Actu !
Ouverture du site de commande en ligne Wrap&Co, 14 recettes permanentes de wraps savoureux pour un tour du monde des saveurs. Soupes, salades, desserts et boissons complètent l’offre. Emporté ou livré, midi et soir, tous les jours sauf le lundi. Wrap&Co http://wrapandco.com
Philippe : veste Balenciaga et T-shirt Dior chez Ted à Metz Gregory : veste en cuir Seraphin et chemise Dior chez Ted à Metz.
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Florian Schall 33 ans
Disquaire
ven 7 mars
Où ?
La Chaouée « Chouette café associatif qui organise des concerts bruyants de tous styles. Chacun est libre d’y apporter ses idées de programmation, la bière y est bonne et pas chère, et l’on y croise toute la scène alternative messine. »
Actu !
Contributions régulières à Noisey et The Bloggers Cinema Club. Plein de nouvelles sorties avec Specific Recordings. Des concerts avec Twin Pricks. Des projets à Tokyo très bientôt. La Face cachée 6, rue du Lancieu à Metz 03 87 62 44 78 http://la-face-cachee.com Veste en cuir Dsquared2 chez Angle Droit à Metz et T-shirt l’Orchidoclaste. http://orchidoclaste-records.blogspot.fr
— Sur l’écran radar rock, une onde new-wave en direct de la planète Alsace. — BAYON – Libération
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Brigitte Boube 54 ans
Domenico Toscano 37 ans
Gérants d’un salon de coiffure
lun 24 mars
Où ?
El Cantino « Ce restaurant fait partie des lieux incontournables de Metz. On aime l’ambiance conviviale et chaleureuse, les bons plats et la qualité des produits. Tino et Andi font un tandem de choc ! »
Actu !
L’entrée de Domenico en tant que « formateur key » chez Kevin Murphy, gamme de produits proposée dans le salon. Les Coiffeurs Créateurs 11, rue des Clercs à Metz 03 87 37 13 13 Brigitte : Blazer et top en soie Barbara Bui chez Angle Droit à Metz. Domenico : Veste en cuir et T-shirt Dsquared2 chez Angle Droit à Metz.
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Culture
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36 Zut ! Culture Expo
IMAGES PAS SAGES PAR EMMANUEL ABELA
L’actualité a joué en faveur d’une exposition qui a fait parler d’elle avant même d’être montrée. Certains disent que vous avez fait un « joli coup », mais je suppose que l’intention était ailleurs. Cette exposition est en préparation depuis trois ans, elle devait être présentée dès le mois d’octobre au Centre Pompidou-Metz, mais elle a été décalée pour des questions de planning. En février, l’ouverture a coïncidé avec la publication de la photographie de François Hollande et Julie Gayet. Le propos n’est pas de s’attacher à ce phénomène d’actualité, mais de voir comment les artistes, depuis les années 60 et l’émergence du Pop Art, s’approprient les codes visuels des paparazzi et développent leur pratique en s’appuyant sur ces codes. Pour cela, l’exposition est organisée en trois parties… Oui, un premier temps consacré au métier des paparazzi avec des éléments documentaires – des photographies, des appareils espions et des téléobjectifs, mais aussi des entretiens – qui relatent leur quotidien ; un second temps qui s’intéresse aux stars, une manière de revivre près de cinquante ans de pratiques paparazzi et de resituer la relation qui s’est établie avec les paparazzi. On constate que cette relation n’est pas simplement binaire, qu’il y a des jeux et parfois même de la complicité comme c’est le cas avec Sophia Loren qui, au moment de la nais-
sance de son fils Carlo, demande à un paparazzi de se planquer dans le parc et de prendre des photos qui brisent le scoop. La troisième partie est consacrée à des artistes comme Alison Jackson qui détournent des photographies de paparazzi avec parfois l’intervention de sosies. C’est le cas de cette image de Diana en train de faire un doigt d’honneur. Ce qui est amusant, c’est qu’on a tellement envie d’y croire qu’on tombe dans le piège. C’est ce qui fait l’intérêt de ces images. On est intrigués, on se laisse prendre au jeu quitte à tomber dans le piège nousmêmes. Il faut donc un temps pour les décrypter et nous rendre compte que, pour certaines d’entre elles, elles ne sont pas réelles. C’est pour cela qu’on a placé à côté de Diana et son doigt d’honneur, une autre image où on la voit en train de faire du shopping avec Marilyn dans les rues de Londres. Forcément, on se rend compte du décalage qui se crée et de l’anachronisme de cette rencontre.
37 Les photographies des paparazzi ont beau être dérangeantes, l’exposition que leur consacre le Centre Pompidou-Metz semble essentielle à la compréhension de notre relation à l’image. Camille Lenglois, attachée de conservation, qui a travaillé avec Clément Chéroux sur le montage de l’exposition, nous apporte son éclairage.
38 Expo Paparazzi
Xavier Martin, Jack Nicholson montrant ses fesses, Saint-Tropez, Juillet 1976
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Cela pose naturellement la question de celui qui regarde. Oui, c’est vrai, c’est bien pour cela que les artistes jouent avec cette situation particulière. C’est le cas également de Katrin Günter, une artiste qui réside à Berlin : elle crée de faux magazines dans lesquels elle se met elle-même en scène ; elle obtient ainsi un jeu de miroirs quasi infini avec des images qui jouent avec la curiosité du spectateur. Si l’on s’attache aux images des paparazzi, on constate l’existence d’un véritable corpus, à partir duquel on pourrait établir une typologie. Ces images ont-elles été si aisées à réunir, en sachant qu’elles posent parfois des questions juridiques ? L’exposition s’est construite en consultant des fonds d’archives de presse, notamment grâce à la Bibliothèque Nationale de France. Après, nous sommes allés voir des collections de paparazzi, en France et à l’étranger, mais aussi les collections privées d’amateurs qui font l’acquisition de ces images – il n’y en a pas tant, mais on en a rencontré quelques-uns. En consultant ces fonds, un corpus d’images s’est dégagé qu’on a associé aux œuvres des artistes contemporains. Effectivement, certaines de ces images ont été écartées pour des questions de droit, et d’autres parce qu’elles n’entraient plus dans le cadre de que nous souhaitions formuler, notre propos s’affinant au fur et à mesure de nos recherches.
Olivier Mirguet, Trash #0049, 2009
Sébastien Valiela, Britney Spears décide d'aller faire des courses, 10 octobre 2007
L’exposition a suscité une polémique. Que répondez-vous à ceux qui estiment que ces images n’ont pas leur place dans un musée ? Je leur réponds d’aller voir l’exposition ; ils comprendront alors que le propos n’est pas d’affirmer que les paparazzi sont des artistes, mais plutôt de voir comment les artistes se sont intéressés aux paparazzi. Il n’a jamais été question de prendre parti pour ou contre les paparazzi ; il s’agit simplement d’analyser un phénomène qui interroge le monde du spectacle et notre rapport à la célébrité, ou de poser des questions concernant l’intrusion dans la vie privée, le voyeurisme. Autant de problématiques qui dépassent le simple cadre de la photographie paparazzi.
L’image du paparazzi ne tend-elle pas à révéler ce qui est caché chez ces stars, icônes de notre temps ? Il est effectivement intéressant de revenir à la notion de “star” – cette étoile qui correspond à une mise en lumière. De même, l’étymologie du mot “photographie” nous rappelle qu’elle est l’“écriture de la lumière”. Au contraire, le rôle des paparazzi serait de mettre à jour la part d’ombre de la star. Pascal Roustain et Bruno Mouron estiment qu’ils livrent leur part de vérité sur ces personnalités. Et même s’il semble intéressant d’interroger cette notion de “vérité”, à les écouter, ils révèleraient ce qui est caché – ce qui est peut être refoulé –, mais qui revient nécessairement sur le devant de la scène.
L’exposition interroge également la notion de représentation après plus d’un siècle de remise en question de la figuration. Cette notion de figuration n’a cessé de réapparaître, notamment dans les années 60 et le Pop Art, avec l’utilisation d’images de presse et la mise à profit de la reproductibilité technique, par le procédé de la sérigraphie et d’impressions diverses. Après, si l’on regarde les œuvres produites par des artistes plus contemporains, Cindy Sherman, Sophie Calle, Kathrin Günter ou Malin Arnesson, l’image ne reproduit pas le réel, elle n’est que la trace d’une mise en scène.
Paparazzi, exposition au Centre Pompidou-Metz jusqu’au 9 juin www.centrepompidou-metz.fr
40 Expo Paparazzi
Les vertus de l’image La couverture du magazine Closer a mis un coup de projecteur sur l’exposition Paparazzi au Centre Pompidou-Metz, et il serait amusant de situer dans le traitement qu’en ont fait les médias la petite touche de perversité que les journalistes placent eux-mêmes dans la mise à distance d’images qu’ils jugent « pauvres ». La question qu’ils posaient était : les paparazzi ont-ils droit de cité dans un musée ? Une question qui s’appuie sur un jugement de valeur presque indigne. On ne cherchera ni à accabler, ni naturellement à défendre la pratique des paparazzi en elle-même. L’exposition dépasse largement ce bas niveau de polémique, et peut-être faudra-t-il un peu de recul pour en mesurer les véritables enjeux. Ce qu’elle cherche fondamentalement à interroger, c’est la question même de l’image. Il y a une chose qu’on pourra difficilement reprocher aux paparazzi c’est précisément de tenter de produire des images, même si les conditions et la finalité sont sujet à débat. Ces images présentent la qualité de l’instant – à ce titre, il n’est pas sûr du tout qu’elles soient si pauvres que cela –, mais surtout elles
s’intègrent toutes dans le cadre d’une typologie assez précise, aussi bien d’un point de vue iconographique – la vague question des éléments qui la constituent et du sens qu’on peut leur attribuer – que stylistique. Elles constituent un corpus, et peuvent être classées avec une hiérarchie propre qui s’appuie à la fois sur ce qu’elles révèlent et sur leur impact possible. Et – comble d’ironie ! – elles sont même attribuables, les paparazzi les plus célèbres signant leurs œuvres comme n’importe quel photographe : à ce titre, les spécialistes sauront identifier une image réalisée par Pascal Rostain et Bruno Mouron de celle de Sébastien Valiela ou Daniel Angeli. Ce que cette exposition raconte également c’est bien notre relation au médium. Dans le cas de la photographie paparazzi, c’est bien la demande qui favorise la création d’images : on ne le niera guère, nous sommes tous friands de ces images-là. Et là, l’exposition arrive à nous prendre à notre propre piège : nous sommes tellement dans la demande que nous en arrivons à croire en des images qui ne sont pourtant que détournement pur. Nombres d’artistes se
sont mis en scène, d’autres ont sollicité des sosies pour créer des images à la manière des paparazzi. Et si les paparazzi ne sont pas des artistes, les artistes, eux, se sont beaucoup appuyés, et ce dès les années 60, sur les codes esthétiques de ces images pour aborder, non pas le réel, mais une forme cachée, sous-jacente, située au cœur de notre société du “tout-à-l’image”, serait-on tenté de dire : cette ultime part de sacralité, enfouie ou volontairement refoulée, chez ces icônes de notre temps.
“ Le propos est de voir comment les artistes se sont intéressés aux paparazzi.”
William Klein, Antonia + taxi jaune, photographie de mode pour Vogue, New York, 1962 Alison Jackson, Diana Finger-Up, 2000
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LE sAuT DE L’AnGE HommAGE à DAniEL DArC
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LE sAuT DE L’AnGE HommAGE à DAniEL DArC
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L’ouvrage hommage à Daniel Darc, Le Saut de l’Ange, sous la direction d’Emmanuel Abela et de Bruno Chibane paraîtra le 5 juin, un peu plus d’un an après la disparition du chanteur de Taxi Girl.
SUBLime n°10
Pour recevoir Le saut de l’ange – Hommage à Daniel Darc avant sa sortie en librairie en juin 2014, rendez-vous sur :
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42 Zut ! Culture Scènes
SOUS LE PAVILLON NOIR PAR BENJAMIN BOTTEMER PORTRAITS ARNO PAUL
Comédien, chorégraphe et metteur en scène, fondateur et directeur artistique de la compagnie Materia Prima, du TOTEM à Maxéville et du festival Souterrain, Didier Manuel parcourt depuis la fin des années 80 les interzones de la culture populaire, puisant dans les rites tribaux comme dans le cyberpunk pour faire hurler les corps, les humanités et les sexes au cœur de la jungle urbaine.
Depuis qu’il est entré dans le monde du théâtre au début des années 90, Didier Manuel creuse des sillons sous la surface du corps humain et, par là même, de la société tout entière. Brut, urbain, “élémental”, rock, punk, électronique, mutant, extrême : des termes plutôt justes pour tenter de définir son travail, qu’il aborde cependant au-delà de simples considérations esthétiques. À l’image d’une cité d’un roman de William Gibson, il perçoit l’humanité comme un vaste brassage de formes et d’identités en lutte, où les enveloppes sont des armes pour se libérer des conventions morales et sociales, un carrefour de mutations comme autant d’expériences, toujours au cœur d’un chaos contemporain symbolisé par la ville et ses bas-fonds. Matières premières La culture de Didier Manuel se forge au contact des sous-sols enfumés du jazz, du métro et des catacombes parisiennes des graffeurs, sur l’asphalte de la danse hip-hop et par les multiples « souscultures » que constituent la scène rock et fetish, les jeux de rôles, la science-fiction, les comics... « J’ai mis longtemps à revendiquer cette culture-là dans le milieu
du théâtre, où l’on parle plus facilement de Peter Brook ou de Tadeusz Kantor, confesse-t-il. Bien que cela m’inspire également, je n’ai pas voulu me formater. Avec le recul, je n’ai rien trouvé d’aussi fort pour parler du monde tel qu’il est. » C’est avant tout dans l’imaginaire de son enfance que ce franco-américain, débarqué à Nancy en 1974, puisera son énergie. Ses premiers chocs culturels sont dessinés sur papier ; il se les imprimera à même la peau : la trinité Cobra-Albator-Goldorak... des références assez peu citées dans le milieu du spectacle vivant. « Albator fut le premier dessin animé avec un romantisme noir, gothique. J’ai été touché par l’histoire de ce mec dans l’espace qui veut sauver une humanité qui comprend que dalle, par sa solitude aussi, peut-être du fait de la séparation de mes parents, du départ de mon père pour la guerre du Viêt Nam. Concernant Cobra, à l’instar des X-men ou de Catwoman, c’est là que j’ai vu pour la première fois de ma vie ces nanas incroyables dans des combinaisons en latex ! » Cette sensualisation du corps par la matière, propre à la scène fetish, on la retrouve régulièrement dans les créations qu’il met en scène avec la compagnie
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44 Scènes Didier Manuel DANS LA PEAU
Ils habitent Didier Manuel — Hakim Bey L’auteur de TAZ : Zone Autonome Temporaire, évoquant notamment les États pirates, a logiquement inspiré Didier Manuel pour la création du TOTEM, ainsi que la démarche Do It Yourself qui a immédiatement marqué le travail de Materia Prima. — Comics Didier Manuel est plutôt Wolverine ou Rorschach que Superman ou Captain America. « C’est pas évident de monter un dossier de subvention et de débarquer à la DRAC en essayant d’expliquer que la bande-dessinée, c’est aussi le crypto-fascisme dénoncé dans Watchmen d’Alan Moore, et pas juste Walt Disney ! » — Gaston Bachelard Pour le philosophe français, les inspirations poétiques sont liés aux quatre éléments : eau, terre, air, feu. Une métapoétique alchimiste qui a présidé à la naissance de Materia Prima. — Stelarc Le performer australien l’affirme : « Body is obsolete. » « La robotique au Japon, les théories post-humanistes de Ray Kurzweil, ça me parle, ça participe au réenchantement du monde. Et puis, je peux passer pour un farfelu, mais un jour, on n’aura pas d’autre choix que de passer par là... on ira jusqu’à terraformer des planètes pour pouvoir y vivre. » — Mircea Eliade Mythes, rêves, visions, sacré, extase, rites... autant de notions abordées dans les travaux de l’historien exprimées lors des saillies païennes de Materia Prima.
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Materia Prima, fondée en 1992, dont le nom tiré de l’alchimie pourrait être traduit par la notion de chaos créateur. Plutôt que d’être au chaud sur les planches, la bande de Didier Manuel crée dans les squats et dans les bois. « À 20 ans, on était motivés par des choses très brutes, un sentiment d’urgence, l’envie de trouver une alternative, de se marrer aussi, pour retrouver une dimension cathartique, un archaïsme théâtral. » De matières froides émerge une esthétique rugueuse, sombre, mais vivante. La lutte intense qui y est menée amène les comédiens (et les spectateurs) à s’interroger sur les limites du corps, sur les rapports charnels, avec un réel fétichisme artistique qui trouve sa source dans ce théâtre pauvre par lequel ils se sont initiés. « On y trouve un état de grâce, une force poétique froide. On a un rapport à ces jeux de rôles qui suscitent le désir : on se fait peur, on scénarise, on retarde le plaisir pour créer un dialogue, une histoire... de même, nous entretenons une forme de sexualité avec la ville, qui est un terrain d’aventures : on s’y confronte ensemble et même si on s’éclate la tronche dans le froid, c’est que de l’amour. » Pénombre éclatante De la même façon que l’élève Manuel était un cancre qui se débrouillait avec la culture qu’il avait, et qu’il est depuis son adolescence un geek qui s’intéresse à tout, passant lors de ses études supérieures du cinéma à la philosophie, il affirme ne pas chercher à être à la marge, ou d’avantgarde, mais s’y retrouver « de facto, par nécessité, par les choses que l’on apporte, et qui sont ensuite récupérées. » « Après, je trouve ça super d’un côté, car notre rôle est aussi de démocratiser les tendances par des propositions singulières, pour faire accepter les gens tels qu’ils sont. » Car l’acceptation, voire la valorisation des différences et des singularités (notamment physiques et sexuelles) est pour Didier Manuel une autre valeur essentielle à défendre, une façon de percevoir la tolérance au sens le plus large. « En tant que minorité visible, je pourrais faire des trucs ethno-centrés, sur l’immigration par exemple, et j’aurais plein de subventions. Mais je m’en fous... Pourtant, j’aurais des trucs à raconter : à Boston, ma famille a eu deux fois la croix du Klan peinte sur sa porte... »
“ On continuera à croire en nos imaginaires, car c’est à travers eux que l’on façonne le monde.”
Le côté sulfureux des événements créés ou organisés par Didier Manuel et sa clique tient en quelques images qui peuvent venir habiter le spectateur non averti : du sexe et de la violence dans un univers sombre et désespéré. Démontage point par point par le maître d’œuvre : « Les suspensions de Lukas Zpira par exemple, ce n’est pas plus violent qu’un mec qui joue un match contre les All Blacks ; c’est le moyen de se sentir vivant dans un monde qui cherche à te coller le cul derrière un bureau. Concernant le côté sombre, moi je ne vois la lumière que par les contrastes, mais on n’est pas des désespérés, il ne faut pas voir que le côté torturé. Pour ce qui est de la nudité, bah oui, on se fout à poil, mais il n’y a plus aucun facteur d’érotisme une fois que tu as tout montré... Pour moi, on se dévoile bien plus sur scène lorsque l’on montre ses sentiments. » Sous le Labyrinthe Pour se trouver un abri dans la jungle urbaine, Materia Prima va, en 1999, louer le site des anciennes brasseries de Maxéville, puis y squatter quelque temps avant de recevoir le soutien de la municipalité en 2005. Le TOTEM (Territoire Organisé Temporairement en Espace Merveilleux) est un lieu ouvert, qui n’a jamais été voué à être un espace de création et de diffusion réservé à Materia Prima, accueillant régulièrement des compagnies en résidence, des associations et des étudiants organisant concerts ou tournages. Ce laboratoire de création, dans la tradition des friches industrielles réinvesties dont il reste peu d’exemples aujourd’hui, est un endroit
incroyable de 6000 m² (sans compter les sous-sols) qui se divise entre espaces de création et de diffusion (le Pavillon Noir et le Cabaret Rouge), résidences, bureaux, se déployant presque totalement lors du festival Souterrain. « Dès le début, lorsque l’on a commencé avec le Cabaret rouge, on est passé pour tout et n’importe quoi auprès de la population : des sado-masos, des satanistes... quand je vois qu’aujourd’hui on crie au génie quand Preljocaj ou Castellucci utilisent le bondage ! Y’en a même dans les pubs. » Le festival Souterrain (sous-titré « corps/ limites ») fut le porte-étendard du vaste melting-pot culturel alternatif digéré par Didier Manuel et les membres de Materia Prima : en sept éditions sur quatorze années, Souterrain c’était plusieurs semaines d’expositions, de performances, de concerts, de projections avec le Hybrid Film Fest, de soirées où musiques et créatures étranges se croisaient en un carnaval réjouissant (The Amazing Cabaret Rouge ou la soirée Beat Paradox). Au fil des années un noyau de fidèles formé autour du TOTEM était rejoint par un public toujours plus large, conquis par les propositions d’un événement qui n’avait pas d’équivalent dans l’Est de la France. Après avoir abordé des thèmes tels que la figure du monstre (sujet de thèse de Didier Manuel lors de ses études de philosophie), les robots et cyborgs, le corps du super-héros, la dernière et ultime édition du festival Souterrain sur le thème « Love » s’est tenue en 2013. Malgré une fréquentation en hausse, la venue de figures nationales et internatio-
46 Scènes Didier Manuel
“Je ne vois la lumière que par les contrastes.”
nales des arts plastiques et du spectacle vivant et la mise en avant d’artistes locaux, les difficultés pratiques et financières ont fini par entamer l’enthousiasme et la détermination de Didier Manuel et des bénévoles. « On se disait qu’au bout d’un moment, quelqu’un se rendrait compte de tout le travail abattu, de l’audience internationale de Materia Prima et du festival, de notre capacité à faire beaucoup avec peu de moyens. Malgré tout cela, nous n’avons jamais eu le soutien espéré des institutions : on aurait pu faire un énorme événement international avec le tiers du budget d’un événement tel que Passages. Parfois, cela me frustre. » Le changement de contexte depuis le début des années 2000 a également motivé Didier Manuel à réfléchir à de nouvelles formes d’expression, en intégrant le fait que le festival Souterrain avait déjà largement exploré de nombreuses thématiques qui lui
étaient chères. « Je ne voulais pas qu’on se répète. Beaucoup de choses ont été intégrées. Le tatouage par exemple, ça n’a plus rien à voir avec l’époque où je me suis fait tatouer pour la première fois, en 1987. Aujourd’hui, les gens digèrent trop vite : ils ont la forme mais pas le fonds. » Nouvelles issues Malgré ses contacts et le succès à l’international, Didier Manuel continuera à travailler en Lorraine, en cherchant toujours « à voir plus loin. Peut-être parce que je suis grand », rigole ce gaillard qui culmine à un bon mètre 95, et qui, plus jeune, refusait de jouer au basket par esprit de contradiction. « Avec le TOTEM, dès que l’on faisait quelque chose d’un peu populaire, les institutions cherchaient à nous instrumentaliser. Alors moi, juste derrière, je faisais un truc super extrême. Aujourd’hui, même avec l’âge, avec le
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corps qui s’use, on ne va pas s’arrêter pour autant : on réfléchit à de nouvelles directions, sûrement des choses plus intimes. » De plus, il affirme « aimer l’aventure, mais si on me donne un beau théâtre avec de beaux bâtiments, je saurais faire aussi. » Au moment où Materia Prima fête ses 20 ans d’existence, ce beau théâtre, on le lui prête : PIGS, premier volet d’une trilogie rock’n’roll et première pièce de théâtre portée à la scène par Didier Manuel (voir par ailleurs), a été réalisée en co-production avec le Centre Culturel André Malraux à Vandœuvre-les-Nancy et le Théâtre de la Manufacture, Centre Dramatique National à Nancy, où a eu lieu la résidence. « On pourrait se dire : ça y est, Didier s’est calmé, il fait du théâtre traditionnel, avec tous ses codes, etc. On verra que ce n’est pas complètement le cas, même si avec mon expérience, il s’agit forcément d’un objet plus calibré que quand j’avais 25 ans. » Capitaine du TOTEM, qui entre dans sa phase 3.0 en réalisant quelques aménagements, voguant vers de nouveaux horizons avec Materia Prima, Didier Manuel alias Otomo ou ODM, également DJ et éditeur avec les Éditions de la Maison Close (qui publient la revue littéraire et artistique Singe) est toujours à la proue. Au creux de sa main se dessine le tatouage récalcitrant d’une boussole sans points cardinaux, vue dans un célèbre film hollywoodien. « J’aime la figure du pirate. Même si j’ai les boules contre les institutions qui veulent nous mettre dans des cases, contre les illuminés et les frustrés qui veulent détruire tout ce que nous avons construit, j’ai toujours un profond attachement aux gens, au public. On continuera à croire en nos imaginaires, car c’est à travers eux que l’on façonne le monde. » Le TOTEM Rue des Brasseries à Maxéville www.totem-totem.com
Rock’n’roll theory La compagnie Materia Prima passe le cap de la vingtaine sous le signe du rock’n’roll, avec la création d’une trilogie entamée avec PIGS qui se poursuivra avec Shoes et Tabula Rasa 6.6. Élément fondamental de leur identité, l’esprit rock s’y déclinera bien au-delà de l’aspect musical : il s’agit pour Didier Manuel de l’aborder « au sens large, en tant qu’attitude, confrontation tragique au monde et énergie gardienne d’une certaine poésie du vivant. Il s’agit avant tout de ne pas perdre de vue l’urgence de la création face au formatage, émancipée des bons sentiments qui corrompent l’art d’aujourd’hui. » PIGS (pour Perverted Infant Gathering Society) nous plonge en plein désenchantement, à la fin des années 60 marquées par le meurtre de Sharon Tate, de plusieurs de ses amis et du couple La Bianca par la Famille de Charles Manson. La pièce met en scène trois jeunes filles impliquées dans les meurtres, enfermées et cherchant à reconstituer ce qui a enclenché cette descente aux enfers, débutée au cœur des idéaux du Summer of Love : sexe, drogues et rock’n’roll, finalement pervertis. « Dans le spectacle, la monstruosité se met en place, sans que l’on perde de vue que ces trois nanas qui se racontent, issues de la middle-class américaine, d’écoles catholiques, sont aussi rigolotes, pimpantes... » À la fois théâtre de la cruauté, évitant toute complaisance avec le spectateur, théâtre documentaire, avec musique et vidéo-clips thématiques, PIGS est aussi un théâtre de la monstruosité, question récurrente dans le travail de Didier Manuel. « C’est trop facile d’apposer le stigmate du monstre à travers le gourou Charles Manson et de se dédouaner. Il faut se poser la
question : d’où vient le diable ? Sans jugement, je ramène tout cela à une humanité qui, au même moment, envoie des gars se faire éclater au Viêt Nam. » Angoisse, folie, drogues, corps lacérés et démonscochons invisibles, fin de la culture hippie avant l’arrivée du punk, PIGS enferme ses protagonistes et le spectateur dans un cube sans issue : la scène, et l’esprit des jeunes bacchantes de la Famille, condamnées à revivre leur tragédie. Shoes, autour de la légendaire Dr. Martens, chaussure de la working class et de la révolte, et Tabula Rasa 6.6, poème dadaïste et cybernétique qui nous immerge dans l’espace urbain, viendront compléter la « rock’n’roll theory » de Materia Prima et de Didier Manuel : « Le rock, c’est un peu mon miroir de probité, explique le metteur en scène. Je me plonge dedans pour essayer de garder sincérité et énergie. »
L’actualité de Didier Manuel et du TOTEM Avril 2014 Résidence de création au Parapluie à Aurillac pour le spectacle Tabula Rasa 6.6 Août 2014 Création de Tabula Rasa 6.6 au festival International du Théâtre de Rue d'Aurillac 13 septembre Beat Paradox (festival Electro) au TOTEM 20 septembre Gala de catch au TOTEM 27 septembre The Amazing Cabaret Rouge au TOTEM
48 Zut ! Culture Arts
LE MARTELET & LA POÉSIE
PAR EMMANUEL ABELA PORTRAIT OLIVIER ROLLER
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À Metz, le festival Littérature et Journalisme s’attache à une figure essentielle : Tomi Ungerer. L’occasion d’explorer la vie et l’œuvre de cet auteur, illustrateur et affichiste alsacien, avec un coup de projecteur sur les ouvrages pour enfants et sa vision de l’Europe. Retour sur le parcours d’une figure d’exception. Sans titre, dessin publié dans America, 1974
Parmi les nombreuses images qu’on retient de Tomi Ungerer, il y a celle qu’il nous a livrée lui-même il y a de cela quelques années, alors que nous l’interviewions dans le bureau de son éditeur, Diogenes, à Zurich. Il évoquait spontanément la collection de livres qu’il avait réunie – aujourd’hui en partie cédée au musée qui porte son nom à Strasbourg. Il nous relatait alors le fait d’avoir laissé libre court à toutes ses curiosités, parmi lesquelles la minéralogie. « Quand je faisais de l’auto-stop, je mettais un marteau dans le rucksack et je revenais avec un sac plus lourd à l’arrivée. » Sous le sceau de la confidence, il nous avouait qu’il transportait toujours avec lui les poèmes de Mallarmé. C’est assez amusant, mais cette image du rucksack qui se remplissait de pierres, avec dans l’une des poches un recueil de l’auteur d’Un Coup de dés jamais n’abolira le hasard, revient aujourd’hui de manière persistante, comme si elle résumait à elle seule le parcours d’un homme d’exception, Don Quichotte des temps modernes, pourfendeur d’injustices, dont les chimères semblent malheureusement bien réelles : le développement de la pensée unique et des formes multiples de conditionnement. Avec pour seules armes le martelet et la poésie, il n’a cessé depuis
d’affronter un monde de déraison dont il a exploré les tréfonds, enfant, au cours de la Seconde Guerre mondiale : le traumatisme vient chez lui autant de l’Occupation que du retour des Français à la Libération, parmi lesquels d’anciens fonctionnaires de Vichy particulièrement zélés et à l’esprit bassement revanchard. Selon ses propres mots, à leur contact méprisant, il perd les dernières traces de son « innocence » et voit naître esprit frondeur et arrogance, avant de tourner ostensiblement le dos à la France. Tomi naît à peine en tant qu’artiste qu’il est déjà en partance. Tout en manifestant sa tendresse pour l’homme, il ne cesse dès lors de chercher à éprouver les consciences. C’est le cas à New York où il pose ses valises dès 1956 ; il y vit ses premiers instants de gloire avec
la publication de ses premiers livres pour enfants, ses premières affiches chocs et dessins satiriques, jusqu’à heurter la bien-pensance et y être censuré. Durant ses années new-yorkaises, il développe cette approche documentaire, à vocation presque journalistique, qui le conduit à croquer le quotidien avec un sens inné de l’observation et du détournement. Au cœur de l’âge d’or des années 60, il y décrit les désastres de la société de consommation dans des dessins qui en disent plus long que certains articles ; des dessins qui le situent à l’égal de son modèle Saul Steinberg ou de stars telles que Robert Crumb. C’est pourtant au moment de se recentrer sur des créations plus proches de la nature qu’il révèle un autre aspect de son génie. La période canadienne qui débute
50 Arts Tomi Ungerer
Voyageur et son bagage, carnet d’esquisses, 1971-1975
Sans titre, 2005
en 1971 révèle la thématique qui l’obsède sans doute depuis ses jeunes années au cœur de la guerre : la mort environnante. Avec des recueils de dessins tels que Slow Agony, il recentre le propos sur ses angoisses propres ; loin de tout cynisme, il dépeint avec une sécheresse surprenante une forme de désespoir. La caricature cède le pas à une forme de naturalisme froid et distant, qui signifie clairement la grande bascule vers le temps de la Crise des années 70, la perte de conscience du progrès et la fin des illusions des années 50 ou 60, un peu comme si Tomi se connectait inconsciemment à la détresse de l’humanité toute entière. Aujourd’hui, on le sait, Tomi Ungerer est l’un des seuls artistes à pouvoir aisément adopter le trait de l’une ou l’autre période marquante de sa carrière : on peut le voir dessiner à la manière du Tomi des années 50 quand il s’agit de produire une nouvelle histoire pour enfants ; il peut retrouver l’acidité de son propos graphique quand il s’adonne à la satire ou s’amuser au détour d’une composition érotique, dont la charge étonnamment subversive peut encore choquer en ces temps de veule
pornographie. Partagé entre l’Irlande, son Alsace natale ou Zurich, il exprime avec la même vigueur ses inquiétudes quant à notre avenir commun, notamment dans ses collages de grand format. À la manière d’un John Heartfield qui avait développé le photomontage dans les années 20 afin d’alerter les masses contre la montée du national-socialisme en Allemagne, il réalise des images qui nous bousculent dans nos ultimes certitudes. En s’appuyant sur des photographies de toutes époques, celles de la Guerre du Vietnam par exemple, il dit la permanence du mal, mais le fait avec bienveillance et lucidité. En cela, il reste un artiste d’aujourd’hui qui décrypte les éléments annonciateurs des chaos à venir ; il le fait comme toujours, cheminant avec dans son rucksack mental un petit marteau et un recueil de poésie.
Plein Écran sur Tomi Ungerer, exposition et projections du 11 avril au 19 mai au Musée de la Cour d’Or, en partenariat avec le Musée Tomi Ungerer de Strasbourg Toujours disponible, Tomi Ungerer, Impressions, Regards, Fragments, Zut ! Hors-série n°1 www.zut-magazine.com
STRASBOURG NUMÉRO 9
52 Zut ! Culture Photo
À lire - Patrick Messina et André S. Labarthe, Wayfaring, GwinZegal - André S. Labarthe / Patrick Messina, 20 ans de photographies, LimeLight éditions / GwinZegal. À paraître à l'automne 2014 - André S. Labarthe, Belle à faire peur (Accords perdus 4), LimeLight éditions - André S. Labarthe, Madagascar, recueil de dessins, LimeLight éditions
HORS CHAMP
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PAR EMMANUEL ABELA PHOTOS PATRICK MESSINA
Comme l’exprime très bien le titre de l’exposition au CCAM à Vandœuvre, Œil pour Œil, ce sont bien les deux regards qui se croisent : celui du photographe Patrick Messina (Les Inrockuptibles, Libération, Télérama) et du célèbre critique de cinéma et documentariste André S. Labarthe, pendant 20 années de portraits que le premier réalise du second.
Dans le premier volume d’À Corps perdu, évidemment, la série de notes et aphorismes qu’il publie depuis quelques années chez Limelight Éditions, André S. Labarthe lançait une injonction : « Apprenons à filmer les corps. » Il rajoutait : « L’âme suivra. » Le photographe Patrick Messina ne filme pas les corps, tout au plus cherche-t-il à les inscrire sur la pellicule, mais le léger mouvement qu’il opère avec son appareil – à ses débuts, c’était sa marque de fabrique, autant que ses paysages –, a tendance à créer un flou environnant ses portraits ; non pas un halo, mais quelque chose de mouvant, qui révèle un autre aspect de la personne ainsi photographiée. De là à dire qu’il s’intéresse à l’âme de son modèle, ça sera sans doute hâtif. Quoi qu’il en soit, dès leur rencontre, les deux hommes s’entendent parfaitement. Le cinéaste perçoit-il dans les mises à nu qu’opère de lui le photographe une quête singulière ? Il y a de très fortes chances. D’instinct, il situe une démarche qui vise à dépasser la question de la figure, et par là même du portrait, pour atteindre cet ailleurs que certains réalisateurs – on ne peut s’empêcher de penser par exemple à John Cassavetes qu’André avait filmé pour un volet de la série Cinéastes de notre temps en 1965 – cherchent à atteindre avec leurs caméras. À la manière de certains plans de Michelangelo Antonioni, qui laissait tourner la caméra après le clap de fin, l’image pourtant fixe de Patrick Messina sublime la fragilité du
mouvement même furtif. De plus, elle révèle le questionnement intérieur et quelque chose de l’ordre de la faille. Cette manière de faire qui tient autant du cinéma que du dessin – avec la spontanéité qu’on rencontre dans certains croquis des grands portraitistes du XVIIIe ou du XIXe – ne pouvait que séduire André S. Labarthe, lui qui cherche sans cesse à interroger ce qui sort du cadre. L’exposition au CCAM ne rend pas simplement compte de la relation de complicité qui lie les deux hommes. Avec des séries d’images réalisées sur plus de 20 ans, elle évoque un cheminement commun : l’un va vers l’autre, et l’un et l’autre se rejoignent à l’image, dans et hors champs – y compris quand l’image implique d’autres personnalités, comme c’est le cas avec Philippe Sollers, Janine Bazin, Bernadette Lafont, Seymour Cassel, Mathieu Amalric, etc. L’Histoire de l’art, et bien sûr celle de la photographie, nous racontent souvent la relation qui lie l’artiste à son modèle, sauf que dans le cas de Patrick Messina et d’André S. Labarthe on ne sait plus qui, de l’artiste ou de son modèle, regarde l’autre. C’est sans doute en cela que ce travail est unique. Œil pour Œil, Labarthe / Messina, 20 ans de photo : 1993-2013 jusqu’au 26 avril à la Galerie Robert Doisneau du CCAM, Scène Nationale de Vandœuvre-Lès-Nancy www.centremalraux.com
54 Photo Messina / Labarthe
Avec Philippe Sollers « Un écrivain, à mon avis, doit être partout chez lui ». Philippe Sollers dans Bataille, Sollers, Artaud, Une trilogie d’André S. Labarthe, Filigranes Éditions / Jempresse New York, pendant le tournage de Sollers, l’isolé absolu (1998), le film qu’André S. Labarthe réalise autour de l’œuvre de l’écrivain.
55 Avec René Monory « Images : qu’en faire ? Je ne peux les accepter que criblées de mots. Sans eux, je ne les perçois même pas. » ASL, Belle à faire peur, mars 1997
« Il suffit que l’œil du photographe redescende sur la terre ferme et vienne se cogner à la fourmilière humaine pour qu’une très ancienne rumeur nous revienne, par bouffées, et nous bouleverse. » ASL, à propos de Patrick Messina
Avec Janine Bazin
Avec Seymour Cassel Seymour Cassel est l’acteur fétiche de John Cassavetes. On le retrouve notamment dans Shadows, dans Faces (dans le rôle de Chet, le jeune amant qui sauve in extremis Lynn Carlin du suicide), et dans Love Streams, où il incarne Jack Lawson, la figure du père.
Ils ont initié tous deux la série télévisée Cinéastes de notre temps, rebaptisée en 1989 Cinéma, de notre temps. Cette sublime collection de documentaires confronte deux cinéastes, celui auquel est consacré l’épisode et celui qui le réalise. Ainsi, Jean Vigo par Jacques Rozier (1964), Carl Th. Dreyer par Eric Rohmer (1965), Pier Paolo Pasolini par Jean-André Fieschi (1966), Jean Renoir par Jacques Rivette (1967), Le Dinosaure et le bébé (1967, un dialogue en huit parties entre Fritz Lang et Jean-Luc Godard réalisé par André S. Labarthe), John Cassavetes par Hubert Knapp et ASL (1969)… et ainsi de suite jusqu’au Système Moullet, également réalisé par ASL (2009). En tout, pas moins de 92 épisodes en 50 ans.
56 Zut ! Culture Scènes
SCÈNES DE COMBATS PAR BENJAMIN BOTTEMER
Le festival RING accueille à Nancy les premières nationales du Garage et de Ligne jaune, du metteur en scène croate Ivica Buljan. Un théâtre brut, où les êtres se télescopent au sein de territoires d’expérimentation – la Croatie, l’Europe –, objets de toutes les désillusions et arènes d’une violence stérile.
Le Garage, photo : Mara Bratoš
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Né en 1965 dans la Yougoslavie de Tito, Ivica Buljan y étudie les sciences politiques et la littérature, devient journaliste, puis part travailler en France en 1993, au Théâtre de Bretagne, en pleine guerre de Bosnie-Herzégovine. À son retour dans un pays meurtri, dont l’éclatement marquera définitivement son œuvre, il prend la direction du prestigieux Théâtre National de Split. Au début des années 2000, il fonde le Festival international de théâtre de Zagreb tout en créant sa propre compagnie, Novo kazaliste, ainsi que le Mini Teater à Ljubljana, en Slovénie, ouvert aux expérimentations et largement tourné vers la jeunesse. « Ma carrière navigue entre deux mondes : à Split, j’ai essayé d’intégrer la vision du théâtre alternatif dont je suis issu à une grande institution, raconte Ivica Buljan. Ça a fait bouger les choses, découvrir des compagnies avec des propos politiques, engagés. Plaire au public n’est pas tout, il faut parfois le provoquer. » Le public qui franchira les limites du RING nancéien aura un aperçu très clair du discours d’Ivica Buljan, sous forme d’un coup de poing derrière le crâne, dès son entrée dans Le Garage. Dans cette pièce adaptée du roman-choc de Zdenko Mesarić, le jeune Binat est ballotté entre l’amour d’une mère malade et la cruauté d’un père qui le jette dans l’arène du Garage, club de combats clandestins où la brutalité et la musique hip-hop de Fil Tilen (voir encadré) secouent les chairs des acteurs et la conscience du public. Muscles saillants, mouvement perpétuel des corps et des mots acérés, meurtriers, goût de sciure, de sang et de béton, musique assourdissante : c’est toute la Croatie post-communiste, post-conflit, livrée au capitalisme sauvage, qui s’y empoigne, dans un cadre brut marqué par l’esthétique de Grotowski et du théâtre pauvre, avec les corps comme décor mouvant. « Aux États-Unis, on m’a dit qu’il s’agissait d’un spectacle très tendre car on y est toujours du côté des faibles, remarque Ivica Buljan. Le travail théâtral y est très physique, ce qui suscite la fascination du public, mais nous sommes avant tout dans l’expression d’une humanité. »
À la suite du Garage, c’est une seconde expérience qui attend le public avec Ligne jaune, qui se joue entre les frontières géographiques, morales, culturelles, à la rencontre d’un marin méditerranéen repêché par l’agence de défense Frontex, et en Allemagne, où Paul, dans un acte insensé, kidnappe une célébrité bovine pour la transporter hors d’Europe. Il y est question de la Croatie, de la jeunesse, du futur, des multiples lignes jaunes qui nous entravent. « C’est très intéressant de présenter ces deux pièces, qui parlent de la beauté perdue de la jeunesse, dans le cadre de RING, explique Ivica Buljan. Ligne jaune se situe dans la continuité du Garage, en une vision apocalyptique qui ne laisse pas beaucoup de place à l’espérance, seulement à de faux espoirs. » Avec le Théâtre de la jeunesse de Zagreb, espace de toutes les expérimentations né sous l’ère socialiste, Ivica Buljan met en scène les désillusions, les transitions, les ruptures qui se jouent dans les espaces morcelés, blessés, d’une Europe sans promesses, d’une Croatie épuisée. Un théâtre proche de la dramaturgie de Koltès, auteur de référence pour le metteur en scène croate, et du théâtre revendicatif de Brecht. « Comment vivre en cette époque de troubles politiques, économiques, érotiques, sociaux ? Cette question concerne la Croatie, dernier arrivant dans l’Union européenne, tout comme l’Allemagne, prospère et au centre de l’Europe. Ce sont deux corps marchant ensemble sans enthousiasme, avançant vers un futur instable... et les corps de Ligne jaune et du Garage sont les symboles de cette volonté un peu folle et de cette fatigue mêlées. » Le Garage et Ligne jaune, les 8 et 12 avril au Théâtre de la Manufacture à Nancy Spectacles en croate surtitré en français www.nancyringtheatre.fr
Punchlines « La musique est le message », paraphrase Ivica Buljan pour qualifier les vibrations sonores transmises par chaque comédien de Ligne jaune et par le rappeur croate Fil Tilen dans Le Garage. Mêler théâtre et hip-hop était au centre de l’un des premiers projets du metteur en scène, lorsqu’il dirigeait le Théâtre National à Split. « Depuis, je veille sur la scène hip-hop. Penser musique et théâtre différemment, de l’opéra au rock, cela permet d’introduire des artistes extérieurs au théâtre, hybrides. » Avec son flow mitraillette et son esthétique urbaine et désespérée, Fil Tilen, figure de proue du hiphop croate alternatif, était l’artiste idéal pour assurer la bande-son du Garage, évoluant sur la scène du théâtre comme il le fait dans ses concerts. « Fil Tilen a une histoire personnelle très proche du personnage de Binat, raconte Ivica Buljan. Il a dû se battre pour sortir d’un environnement très dur, a mené sa carrière seul, et n’a jamais oublié son milieu. »
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59 Zut ! Culture Instant Flash
Dans la brume électrique
Enki Bilal / Erik Truffaz PAR BENJAMIN BOTTEMER PHOTOS JULIAN BENINI
Erik Truffaz est un peu au jazz ce qu’Enki Bilal est à la bande dessinée : une exception en termes de ventes, une rareté dans sa capacité à rallier le grand public autour d’un univers dense, un talent pour instaurer des ambiances uniques. L’Ambient jazz aux facettes multiples du premier et les dessins post-apocalyptiques du second sont en scène dans Being Human Being, projet de « concerts illustrés » aux côtés du musicien électronique Murcof et du percussionniste Dominique Mahut. Si Truffaz donne d’emblée son accord pour l’interview, rien n’était moins sûr pour Enki Bilal, qui se prête au jeu selon l’envie du moment. C’est le paisible trompettiste qui nous informe, sur le chemin des loges, de la présence du dessinateur et réalisateur, alors que l’on y croyait plus... à tel point qu’on l’a quasiment planté devant la machine à café. Une belle complicité transparaît d’emblée entre les deux artistes, adeptes des collaborations, toujours enclins à décliner leurs pratiques. « Je pense que j’ai raison de souvent accepter cette interaction avec mon univers, explique Enki Bilal. À condition qu’il y ait une démarche, une cohérence. Avec Erik, on s’est très vite compris, en quelques mots. » Le fil conducteur de Being Human Being : un scénario qui oscille entre la sérénité de la matrice originelle, le chaos déclenché par l’homme et le retour à la nature, des thématiques chères à l’auteur. « J’ai utilisé des dessins et des peintures de périodes
différentes, tout en veillant à conserver une certaine cohérence », précise l’auteur. Plutôt littéraire, Erik Truffaz avoue sa méconnaissance de la bande dessinée, tout en étant plus sensible au monde de la peinture, vers lequel l’auteur de la Trilogie Nikopol s’est volontiers tourné ces dernières années. « Chez Enki, chaque partie d’un dessin peut être un tableau, il y a à la fois un monde incroyable et une réelle matière en termes d’esthétique, de couleurs. Enki est un peintre dans la lignée de De Staël, avec un minimalisme à la Mark Rothko que l’on retrouve dans les détails de ses travaux. » Aux côtés de musiciens chevronnés, Enki Bilal inaugure avec ce projet une rencontre inédite avec la scène. « C’est une expérience assez impressionnante, on se sent intégré dans la machinerie du spectacle, dans cette musique très forte. Ça me sort de mon atelier, de mes plateaux de tournage. » Sur trois immenses écrans, il manipule ses visuels en live par quelques effets, dévoilant le grain du papier jusqu’à l’ensemble de l’image, s’initiant à l’improvisation aux côtés de Mahut et de Truffaz, sur la composition électronique de Murcof. « L’improvisation est une science de la mélodie et du contre-point, l’apprentissage d’un langage à travers la spontanéité, décrit Erik Truffaz. Il faut être habile, sinon on parle pour ne rien dire. » Juste avant la séance photo prévue dans la salle du Gouverneur, c’est cette fois-ci Erik
Truffaz qui disparaît pour aller rejoindre les musiciens. L’occasion d’aller admirer les percussions de Dominique Mahut, un Murcof plongé dans son laptop, et Erik Truffaz au centre qui lance quelques notes comme des éclairs dans la brume électrique... tandis qu’Enki Bilal déambule entre les travées comme un chef d’orchestre éprouvant l’acoustique de la salle. Conquis par ce projet initialement éphémère, il me confie, au moment où la musique de Murcof prend son envol : « J’adore ce moment, quand la tension monte. » Propos recueillis le 8 février à l’Arsenal de Metz
60 Zut ! Culture Instant Flash
Gracieuses
Au revoir Simone PAR CAROLINE LÉVY PHOTO SÉBASTIEN GRISEY
New-Yorkaises jusqu’aux bouts des ongles, les trois glorieuses du groupe Au revoir Simone, rencontrées quatre ans plus tôt à Strasbourg, renouent avec Zut !. Entre deux bols de salade, elles observent avec nostalgie la photo prise à l’époque. Annie s’émerveille : « Oh regarde, on arrive à voir mon ventre. J’étais enceinte à l’époque ! » Les petites protégées de David Lynch [elles ont joué à son mariage, ndlr] ont, depuis, trouvé leur pygmalion frenchy en la personne d’Etienne Daho, qui les a invitées sur son dernier album, Les chansons de l’innocence retrouvée, et a remixé un de leur titre. Erika raconte : « La première fois qu’il est venu à l’un de nos concerts, nous ne le connaissions pas vraiment. Et notre promoteur était si excité à l’idée qu’il vienne nous voir en coulisses que l’on a vite compris à qui l’on avait à faire ! On est surtout admirative de sa carrière. Quel exemple ! » Elles ont aussi rejoint Girl Crisis, une chorale informelle regroupant ponctuellement des musiciennes newyorkaises [notamment Caroline Polachek de Chairlift, ndlr] pour
des reprises a cappella parfaitement maitrisées et filmées en Super 8. Un projet sincère et sans prétention, à l’image de ces filles à qui l’on n’est pas près de dire au revoir ! Car une petite décennie après sa création, le trio gracile confirme avec son 5e album, Move in Spectrums, sa présence dans la cour des grandes. La signature clavier-voix du groupe n’a rien perdu de sa candeur originelle, et des coulisses à la scène, ces filles très chics envoûtent toujours avec la même intensité. Propos recueillis le 13 février aux Trinitaires.
T
e t ê
Festivités danse
Direction Petter Jacobsson
NANCY-THEATRE
du 14 > 29 mai 2014 9, 10, 11 AVR / Manufacture
LE JEU DE L’OIE
9>18 avril 2014 Rencontres Internationales Nouvelles Générations 4e édition
L’Amicale de Production
1ère FRANÇAISE 9 AVR / Manufacture
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LE GARAGE
15 AVR / Manufacture
Zdenko Mesaric / Ivica Buljan (Croatie)
FAUST A FAIM IMMANGEABLE MARGUERITE
ête
9, 10 AVR / Manufacture
LA RENCONTRE
à -T
Projet-co Théâtre SciencesPo
10 AVR / Ludres, Espace Chaudeau
Au CCN-Ballet de Lorraine, à l’Opéra national de Lorraine et à la Pépinière
16 AVR / Manufacture
ME, MYSELF AND US
FILS DE PERSONNE
Cirque apatride (Belgique / Québec)
Francesca Garolla / Christine Kœtzel
1 FRANÇAISE 12 AVR / Manufacture ère
16 AVR / Manufacture
EMILIA
LIGNE JAUNE
Claudio Tolcachir (Argentine)
Juli Zeh, Charlotte Roos / Ivica Buljan (Croatie)
16, 17, 18 AVR / Maxéville
BUCHETTINO
11 AVR / Manufacture
BORDERLINE
Societas Raffaello Sanzio (Italie) / à partir de 8 ans
Sébastien Ramirez / Danse
16, 18 AVR / Manufacture
11, 12 AVR / Cour Manufacture
REPITE CONMIGO
FORECASTING
11, 12 AVR / Laxou
FORECASTING / ANTIFREEZE SOLUTION / ADDICTIVE TV / JUKE TEXT / LA RENCONTRE / BATTLE RING DE DJ
Danse verticale (Espagne)
17 AVR / Soirée à L’autre Canal
Tê à-
L’AURORE
David Gallaire / à partir de 8 ans
1ère FRANÇAISE 11, 12 AVR / Conservatoire
18 AVR / Manufacture PEARL, inspirée de la vie de Janis Joplin
BE LEGEND !
Daniele Villa / Teatro Sotterraneo (Italie)
Fabrice Melquiot / Paul Desveaux / Vincent Artaud
12 AVR / Manufacture
18 AVR / Médiathèque nancy
GISZELLE
JECROISENUNSEULDIEU
Eszter Salamon, Xavier Le Roy
Stefano Massini / Michel Didym
12, 13 AVR / Lycée Henri Poincaré
18 AVR / Manufacture
EXAMEN / Création Michel Didym
L’ÂGE DES POISSONS Charlotte Lagrange
12, 13 AVR / Maxéville
9 > 18 AVR / Manufacture
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AGAMEMNON
VOST / projections 5e rencontres vidéos des Écoles d’Art du Grand Est
François Rodinson
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14 AVR / CCaM Vandœuvre-lès-nancy
LES JEUNES
AFTER’ING
David Lescot
Fil Tilen (rap croate), M.L.F, Battle RING de DJ étudiants, Paralel.lel, le Juke Box d’Hélène et Ivan, DJ Unzip, Garçons d’étage, DJ Shweps, KDJ, On vous passera des disques
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1ère FRANÇAISE 14 AVR / Manufacture
LES AUTEURS
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Renseignements / Billetterie : 03 83 85 69 08
Alejandro Leiva Wenger / Frida Röhl (Suède)
e-lorr ine.eu a
Conception graphique populardesign.fr
b w.
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Infos 03 83 37 42 42 nancyringtheatre.fr theatre-manufacture.fr
15 AVR / Villers-lès-nancy
WURRE WURRE
10, rue Baron Louis, BP 63349, 54014 Nancy Cedex
La Sécurité sociale des étudiants
62 Zut ! Culture Instant Flash
Multicasquettes
Woodkid PAR LE GOUVERNEMENT PHOTO HUGO CHEVALIER
« Yoann, trente minutes avant le show. » New York dans la tête, casquette des Nets de Brooklyn sur le sofa. Dans l’intimité de sa loge, le personnage se fait discret. Choisit de se dévoiler à travers son œuvre. En peintre énigmatique, distille remarques et compliments par petites touches. Laptop ouvert, travaille encore la DA de son prochain clip à quelques minutes de monter sur scène. « Dix minutes ! » Ajuste son teddy. « Nike Destroyer. Une pièce unique conçue avec la marque. Les clés tatouées sur mes avant-bras sont brodées dans le dos en noir sur noir. » Pièce unique, pièce maîtresse. Jusqu’au-boutiste. Les musiciens du brass band qui l’accompagnent s’occupent à jouer les trublions : « Eh, tu peux me prendre en photo devant le poster de New York ? Ah non putain, attends, je vais chercher mon trombone, on va la faire là-dessus ! » Quelques instants plus tard, Woodkid cisèle les états d’âme de son âge d’or dans la pierre glacée. Au fil d’un spectacle époustouflant et maîtrisé, croise soude, marbre et cellulose dans une épique alchimie. Déchire sa pop baroque du
souffle d’une voix chaude et fragile. En orfèvre, Yoann Lemoine polit sa cathédrale visuelle et sonore avec la patience d’un tailleur de pierre et la précision d’un maître verrier. Le bagage qu’il roule, de salle en salle comme un Sisyphe, s’est alourdi d’une Victoire de la musique. Une année de tournée s’achève. The Golden Age is over. Propos recueillis le 19 février au Galaxie d’Amnéville
La Grande Guerre
© Joost van der Broek
24.04 — 19:30 25.04 — 20:00 Cie Hotel Modern (Rotterdam) & Arthur Sauer
vidéo, théâtre d’objets, musique renseignements et réservations : +33 (0)3 87 84 64 34 billetterie@carreau-forbach.com www.carreau-forbach.com
« Projet cofinancé par le Fonds européen de développement régional dans le cadre du programme INTERREG IVA Grande Région » „Gefördert durch den Europäischen Fonds für regionale Entwicklung im Rahmen des Programms INTERREG IVA Großregion“
Numéros de licences – Entrepreneur de spectacle catégorie I – 1071880 – catégorie II – 1071881 – catégorie III – 1071882 – n° siret – 40791040500015 – code APE – 9002 Z | Graphisme : Bureau Stabil
THÉÂTRE
CHARLY 9 D’APRÈS LE ROMAN DE JEAN TEULÉ ÉDITIONS JULLIARD
Nouvelle production de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National
DIMANCHE 13 AVRIL – 15H (AVANT-PREMIÈRE) MARDI 15 AVRIL – 20H MERCREDI 16 AVRIL – 20H * JEUDI 17 AVRIL – 20H VENDREDI 18 AVRIL 2014 – 20H À PARTIR DE
14 =C SOIRÉE DÉCOUVERTE * POUR LES MOINS DE 26 ANS : DE 3 =C À 6 =C OPÉRA-THÉÂTRE METZ MÉTROPOLE 4-5 place de la Comédie - 57000 Metz Réservations 00 33 (0)3 87 15 60 60 Administration 00 33 (0)3 87 15 60 51 billetthea@metzmetropole.fr opera.metzmetropole.fr
=
GRAPHISME + PHOTO// FABIEN DARLEY/ ARNAUD HUSSENOT LICENCE D'ENTREPRENEUR DE SPECTACLES DE 1RE, 2E ET 3E CATÉGORIES : 1-1022169 ; 2-1022170 ; 3-1022171
CRÉATION
64 Zut ! Culture Instant Flash
Monstrueusement sympa
Jean Teulé PAR BENJAMIN BOTTEMER PHOTO CHRYSTELLE CHARLES
L’écrivain à succès était à l’Opéra-Théâtre de Metz pour la présentation de l’adaptation de l’un de ses derniers romans : Charly 9, où le jeune roi Charles IX plonge dans la folie après avoir autorisé le massacre de la Saint-Barthélémy. À la fois dramatique et grotesque, cet ouvrage à l’humour et aux dialogues ignoblement cartoonesques se caractérise, comme tous les écrits de Jean Teulé, par une narration très visuelle. D’où de nombreuses adaptations au cinéma et en bande dessinée : pas moins de vingt-sept pour Le Magasin des suicides. Charly 9 est également devenu récemment un excellent album de BD sous le trait de Richard Guérineau. Concernant le processus d’adaptation, Jean Teulé est formel : « Je respecte trop la liberté pour venir me mêler de l’œuvre d’un autre. Du coup, tout le monde me trouve très sympa. » Ce matin-là, il semble presque découvrir en même temps que nous le travail effectué par le metteur en scène et directeur de l’Opéra-Théâtre Paul-Émile Fourny. Il s’étonne, pose des questions. Grand type (vraiment sympa) au rire sonore, Jean Teulé, passé par la bande dessinée et la télé (notamment dans Nulle part ailleurs sur Canal +), est arrivé à l’écriture un
peu par hasard, poussé par une éditrice. Je, François Villon, Le Montespan, Mangez-le si vous voulez ou dernièrement Fleur de tonnerre, il puise dans l’Histoire la folie, l’absurdité, admettant qu’« il ne [lui] reste ensuite plus grand chose à inventer ». « Il y a des épisodes historiques incroyables, de véritables pépites que j’adore faire découvrir. Après sept procès en diffamation et deux en injures publiques, tous perdus, j’ai décidé d’emmerder les morts. » Il n’empêche, tous ses cinglés, au mieux originaux, souvent mortifères, Teulé les aime : « Quel pauvre petit bonhomme ce Charles IX ! C’est le seul tyran à s’être rendu malade de ses massacres, à en mourir. » Sympa jusqu’au bout, Jean Teulé offre en une phrase la synthèse parfaite à son endroit : « Je suis le fils naturel d’Alain Decaux et du Professeur Choron. » Propos recueillis le 28 février à l’Opéra-théâtre de Metz Dernier ouvrage : Charly 9, éditions Julliard Mis en scène par Paul-Émile Fourny, du 13 au 18 avril à l’Opéra-Théâtre de Metz
FAUVE 05-04-2014
31.03. 01.04. 02.04. 05.04. 07.04. 09.04. 13.04. 17.04. 24.04.
LES ENFANTS D’ATRÉE
TRILOGIE ANTIQUE : AGAMEMNON - ÉLECTRE - ORESTE
nest-theatre.fr (0)3 82 82 14 92
+33
CDN de Thionville Lorraine direction Jean Boillot est subventionné par le Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Lorraine, la Ville de Thionville et la Région Lorraine
27.04. 28.04. 30.04. 03.05.
04.05.
CHET FAKER 07-05-2014
METRONOMY DEEP PURPLE HEYMOONSHAKER FREE ENTRY FAUVE
06.05. 07.05. 10.05. 16.05. 17.05. 18.05.
YES HISS GOLDEN MESSENGER (FREE ENTRY) 24.05. THE SISTERS OF MERCY 25.05. DUM DUM GIRLS 27.05. THE ELWINS (FREE ENTRY) 30.05. GIRLS IN HAWAII 05.06. AWOLNATION 07.06. YOUSSOUPHA 11.-15.06. CIRQUE DU SOLEIL QUIDAM 20.06. JOE SATRIANI 23.06. MEGADETH 24.06. SOUNDGARDEN 26.06. ZZ TOP 01.07. IRON MAIDEN 02.07. ROB ZOMBIE 14.07. TOM JONES 12.09. UNHEILIG 03.10. AZEALIA BANKS 12.10. MARIANNE FAITHFULL 17.10. ETIENNE DAHO 20.05. 22.05.
CASPER SOHN (@EXIT07) BIRTH OF JOY FREE ENTRY JOHN MAYALL MIGHTY OAKS FREE ENTRY KLANGKARUSSELL BRNS TINARIWEN 24 HEURES ELECTRONIQUES (FREE ENTRY) BÜLENT CEYLAN “HAARDROCK”
05.05.
AWOLNATION 05-06-2014
GRAMATIK DÉTROIT CHET FAKER SEAN PAUL NINE INCH NAILS THE SUBS ROBERT FRANCIS AND THE NIGHT TIDE
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18.10. 07.11.
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ÉLECTRE : 14 › 17 mai LES ENFANTS D’ATRÉE : 17 mai › Théâtre en Bois, Thionville mise en scène Cyril Cotinaut texte Eschyle, Sophocle, Euripide
Rockhal, Esch/Alzette (LUX) // infos & tickets: (+352) 24 555 1 Rockhal recommends to use public transport: www.cfl.lu 90 min from Nancy // 45 min from Metz 60 min from Saarbrucken // 120 min from Brussels
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66 SÉLECTIONS culture
MUSIQUES
Histoire de décibels
Groupe de rock indépendant de la scène chicagoane, Disappears sort du lot. Lorsque l’on a accueilli Steve Shelley (batteur de Sonic Youth) en ses rangs, on ne passe pas inaperçu. Depuis sa dernière galette, le groupe a enregistré un nouveau disque dans une pièce bétonnée, avec pour seule ouverture une fenêtre à 10 mètres de haut. Résultat, une musique plus sombre encore avec cette naturelle tendance à la répétition qui fait la renommée du groupe et prend toute sa dimension sur scène. De passage en Europe, le groupe fera une halte au Carré Rotondes à Luxembourg. Il y partagera l’affiche avec Nisennenmondai, exception qui confirme la règle : jamais un groupe n’a joué deux fois dans le club du petit pays. Et si quelques années plus tard le club du petit pays les programme à nouveau, ce n’est vraiment pas pour rien… (A.G.)
Disappears + Nisennenmondai, le 29 mai au Carré Rotondes à Luxembourg http://rotondes.lu Visuel : Disappears
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ARTS
ARTS
La Folie des grandeurs Empruntant à Baudelaire le titre Phares – poème dans lequel l’auteur des Fleurs du Mal déclamait son admiration pour les peintres des siècles passés –, le Centre Pompidou-Metz met à l’honneur 18 créations emblématiques de l’art moderne et contemporain lors d’une longue exposition de deux ans. L’occasion de découvrir des œuvres toutes plus grandioses les une que les autres… au sens propre du terme. Cantonnées jusque là aux réserves du Centre Pompidou en raison de leur format particulièrement imposant, ces créations sortent de l’ombre pour déployer toute leur opulence au sein de la Grande Nef. Parmi ces trésors cachés, les décors du ballet Mercure peints par Picasso en 1924, les reliefs de Robert Delaunay pour l’Exposition internationale de 1937, les 12 mètres de haut d’une toile de Claude Viallat croisent les travaux de Simon Hantaï, Fernand Léger, Pierre Soulages ou Jean Degottex. Des patronymes à la hauteur de l’événement. (C.T.) Phares, jusqu’en 2016 au Centre Pompidou-Metz www.centrepompidou-metz.fr Crédit : Dan Flavin, untitled (to Donna) 5a, 1971
Œuvre en mouvement Avec sa « série des Tulipes », Carole Benzaken étonne le monde de l’art contemporain dans les années 90 et devient la coqueluche de la scène artistique française. L’artiste s’empare d’images issues du réel et imagine dans ses créations multiformes un monde parallèle fait de contrastes entre statique et mouvant, couleur et obscurité. Un séjour de 7 ans à Los Angeles l’initiera par la suite aux techniques de la vidéo, au travail sur verre et au jeu avec la lumière. Avec l’exposition Les migrations de Carole Benzaken, le musée des Beaux-arts de Nancy rassemble une soixantaine d’œuvres de la peintre, organisées autour de cinq thématiques clés : le journal, la chose en suspens, le mouvement, les vanités et pour finir cette lumière si singulière. Un joli tour d’horizon d’un travail en devenir. (C.T.) Les migrations de Carole Benzaken, du 18 avril au 23 juin au musée des Beaux-arts de Nancy www.mban.nancy.fr Crédit : Carole Benzaken, Demeter, 1994. Courtesy Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles © ADAGP
MARIONNETTES
Deus ex machina La 5e biennale internationale de la marionnette et du théâtre d'objets Geo Condé propose, du 17 au 26 avril, une trentaine de spectacles de compagnies venues de toute la France mais aussi de Belgique, des Pays-Bas, d'Italie ou encore du Québec. De nombreuses adaptations du théâtre classique, dûment revues et corrigées, sont au programme : Sophocle par la compagnie Ulrike Quade, Roméo & Juliette par les impertinents de Scopitone et cie ou encore le théâtre d'objets « trash » d'Elvis Alatac, qui va pourrir le royaume du Danemark. Sans oublier les aventures policières so british des personnages de Green Ginger dans Le Drame des autres, le Mister Punch totalement amoral du collectif Projet D'où la réflexion sur la féminité de DoltoDalidaDuras. À travers le loufoque, le drame, le tragi-comique, le festival Geo Condé présente les dignes héritiers d'un art centenaire et toujours vivant, aux formes multiples et modernes. Festival Geo Condé, du 17 au 26 avril au Théâtre Gérard Philipe de Frouard et dans tout le bassin de Pompey www.tgpfrouard.fr
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DANSE
Corps unique
MUSIQUES
L.A & Girl Power ! Los Angeles est une terre propice aux groupes géniaux, on le savait déjà. Si d’un point de vue des girls band locaux, les quatre nanas de Warpaint viennent de sortir un cool album en ce début d’année, c’est bien les Dum Dum Girls qui reviennent fort. Puisant dans la coldwave et le post punk, la bande à Dee Dee Penny balance une musique froide et puissante très influencée 60’s, sans pour autant être dénuée de mélodie. Leur dernier album Too True est le résultat d’un savant mélange de dureté rock, d’efficacité pop, et de pas mal de reverb. Et petite parenthèse pour souligner le travail main dans la main que la Rockhal fait avec le Carré Rotondes : elle y produit la venue de Sohn, next big thing du new R’n’B post-dubstep. Et pour ça, on lève tous nos pouces vers le haut ! (A.G.) Sohn, le 9 avril au Carré Rotondes à Luxembourg Dum Dum Girls, le 25 mai à la Rockhal à Esch-sur-Alzette http://rockhal.lu Visuel : Dum Dum Girls
Dans les pas des danseurs contemporains qui l’accompagnent, Mathilde Monnier perçoit un sens de la communauté et de l’héritage partagé. Directrice depuis peu du Centre national de la danse de Pantin, la chorégraphe imagine avec le Ballet de Lorraine un hommage aux danseurs et à leurs personnalités démultipliées dans Objets re-trouvés. L’individualité des interprètes s’y confronte au large répertoire qu’ils incarnent révélant une danse singulière qui puise sa source dans une mémoire collective. Le corps de ballet en tant qu’entité est quant à lui célébré dans Rose. Mathilde Monnier y fragmente le corps humain en 19 morceaux, 19 partitions chorégraphiques, de façon à personnifier cet être vivant nécessaire à tout ballet. Deux créations pour un double hommage aux métiers de la danse, présentées conjointement à Nancy. (C.T.) Objets re-trouvés suivi de Rose, le 22 mai à l’Opéra national de Lorraine à Nancy Rose, les 23 et 24 mai à l’Opéra National de Lorraine à Nancy www.ballet-de-lorraine.eu
LIEU
Roulement de tambour « Ouverture ». Voilà le mot d’ordre de ces deux nouveaux lieux culturels réunis sous l’ingénue dénomination de La Souris Verte. Dédiés aux musiques actuelles, les bâtiments fraîchement sortis de terre à Épinal et Thaon les Vosges s’apprêtent à accueillir dès le 18 d’avril musiciens professionnels et amateurs, promouvant les sonorités locales tout autant que celles venues d’ailleurs. Une large place est laissée à la création et à l’accompagnement artistique : le site de Thaon les Vosges est uniquement dédié à la répétition tandis que celui d’Épinal – bâti sur l’ancien Cinéma Palace – permet aux artistes de concrétiser leurs projets sur scène. Une façon de dynamiser les interactions au cœur du territoire vosgien entre artistes et public autour de résidences, concerts, scènes ouvertes, ateliers et soirées thématiques. (C.T.) La Souris Verte à Épinal, ouverture le 18 avril avec le concert de CharlElie Couture www.lasourisverte-epinal.fr
THÉÂTRE
Do it yourself Quel est ce sentiment qui peut pousser un individu jusqu’au point de rupture avec son environnement ? Prenant appui sur d’authentiques destinées marginales, les cinq joyeux lurons du Raoul Collectif épinglent avec légèreté les dérives et dysfonctionnements de notre monde qui ne tourne pas toujours rond. De la mise en scène à l’écriture en passant par la scénographie et la diffusion, leur première création Le Signal du promeneur est un spectacle « fait maison » qui redonne au théâtre sa fonction première : interroger le pourquoi de toute société et de ses acteurs. Parenthèses musicales et saynètes décousues se succèdent dans un tourbillon d’absurdités qui n’épargne personne sur son passage. À mi-chemin entre les Monty Python et le conte philosophique voltairien, cette création made in Belgique fait du rire le meilleur des remèdes face à l’oppression sociale. (C.T.) Le Signal du promeneur, le 19 avril à l’Espace Georges-Sadoul à Saint-Dié-des-Vosges www.saint-die.eu
70
MUSIQUES
Primitif Chain & The Gang + Sean Nicholas Savage, le 23 mai aux Trinitaires à Metz www.lestrinitaires.com Visuel : Chain & The Gang © Christophe Urbain
Ian Svenonius serait-il le dernier des rockeurs ? C'est en tout cas ce qu'il affirme : « Il y a aujourd'hui, soi-disant, beaucoup de primitivisme dans le garage. C'est un paradigme : tous les groupes américains qui s'exportent le prônent. Mais personne, vraiment personne, n'est aussi primitif que Chain & The Gang. Notre mode de production musicale est instantané. Chaque chanson est vaguement un souvenir d'un rêve de la semaine passée, on pratique l'écriture automatique, comme les surréalistes, en se différenciant d'eux par notre formalisme. Nous sommes
amoureux de la forme pop : des choses concises, directes. » Après Nation of Ulysses et The Make-Up, le chevelu énervé monte Chain & The Gang et continue de prêcher la bonne parole rock. Aux côtés de la sublime Katie Alice Greer, il jappe, se lamente, crie et s'engouffre vers les recoins lumineux d'un garage à tendance éroticopsyché. Rock'n'roll. C'est le moins que l'on puisse dire : une attitude désinvolte, un look très soigné, un regard fougueux, un garage faussement énervé frisant la pop criante. Superbe. (C.B.)
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FESTIVAL
Simply the Best
Quoi de mieux qu’une fable ancestrale pour rapprocher les nations ? S’appuyant sur la fameuse histoire du Chat Botté, la compagnie TGNM imagine pour le Carreau de Forbach un spectacle de marionnettes bilingue où langues allemande et française se croisent de façon simultanée pour le plus grand plaisir des jeunes spectateurs transfrontaliers. Mais n’imaginez pas voir arriver sur scène un félin folklorique : Les Chats Chaussés s’inscrivent dans notre société ultra-moderne et prennent très à cœur leur rôle de coach en célébrité instantanée. Prêtant patte forte à deux jeunes gens, ils découvriront que le bonheur n’est peut-être pas synonyme de gloire. Un moment enchanteur au propos universel qu’on partage sans modération en famille. (C.T.)
Théâtre, danse, cirque, musiques actuelles… le festival Perspectives se déploie pour la 36e fois entre Sarrebruck, Forbach et jusqu’à Metz, pour accueillir le meilleur de la création contemporaine. On retiendra particulièrement cette année Front, le spectacle sur la Grande guerre du Belge Luk Perceval ; Qualitätskontrolle des Suisses de Rimini Protokoll, qui font monter « de vrais gens » sur le plateau pour éclairer un phénomène de société ; Tragédie, pièce magistrale et tellurique du chorégraphe Olivier Dubois, où des individus se dressent et tentent de faire société ; Sans objet, où le circassien Aurélien Bory confronte l’homme à la machine, et le beau Rayahzone, où les frères Ali & Hèdi Thabet évoquent leur parcours et le rapport à leur corps, sublimé et/ou meurtri. Parmi les découvertes, on mentionnera Le Signal du promeneur de Raoul collectif (lire page précédente) et Telemachos – Should I stay or should I go de Prodromos Tsinikoris : un spectacle touchant, malin et drôle, où des immigrés grecs installés en Allemagne évoquent leur parcours et le rapport qu’ils entretiennent à l’ici et au là-bas. Moralité : on réserve ses week-ends et on s’installe dans la Grande région pour ne rien manquer de cette édition. (S.D.)
Tricksters – Les Chats chaussés, du 16 au 20 juin au Carreau à Forbach www.carreau-forbach.com
Festival Perspectives, du 22 au 31 mai à Sarrebruck et en Moselle www.festival-perspectives.de
JEUNE PUBLIC
Théâtre sans frontière
Visuel : Rayahzone de Ali & Hèdi Thabet © Dan Aucante
THÉÂTRE
Angoisses métaphysiques Entre espoirs et désillusions, mysticisme et réalité, la plume d’Eugene O’Neill s’empare des aspects les plus sombres de la condition humaine et nous laisse perplexe. La pièce Désir sous les ormes relate un monde paysan mystique où d’étranges fermiers font pousser le blé sur les pierres et dialoguent avec Dieu. Guy-Pierre Couleau, directeur de la Comédie de l’Est, met en scène cette œuvre peu connue du public de ce côté-ci de l’Atlantique en le plongeant au cœur d’un microcosme familial : dominés et voulant pourtant dominer, les personnages frissonnent de frayeurs métaphysiques, écho aux tourmentes de l’être humain. Une fresque qui puise ses racines dans les tragédies grecques mais nous interroge encore aujourd’hui sur le sens de notre existence… En nous faisant redécouvrir cette œuvre tragique d’Eugene O’Neill, Guy-Pierre Couleau nous tend un miroir vivant sur notre temps. (M.G.) Désir sous les ormes, les 15 et 16 avril au NEST à Thionville www.nest-theatre.fr Photo : André Müller
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EXPO
Graou ! Le Musée de l'image regorge de trésors pas toujours affichés sur les murs de ses grandes expositions. Histoire de découvrir des figures cachées de l'image populaire, l'équipe fouille sa collection pour dénicher quelques surprises. De ce safari d'idées, on a cette fois retenu le lion. Prédateur fascinant, il a fait l’objet de nombreuses représentations pour des images guerrières, humoristiques ou simplement pédagogiques. Élu roi des animaux, il personnifie le courage et devient l’animal phare de l’héraldique médiévale. Au temps des colonies, où l’on découvre une faune et une flore exotiques, il terrorise les explorateurs et subjugue les hommes de pouvoir par sa force et sa prestance. Face à ce corpus d'images, le musée prévient : « Vous verrez que l'image d'un lion n'est, en réalité, pas un lion. » La symbolique prend le pas sur la réalité. Encore une fois : la vérité est ailleurs... (C.B.) Curiosités : portraits d'un lion, jusqu'au 6 juin au Musée de l'image à Epinal www.museedelimage.fr Lion, lionne, lionceau - Image dessinée par Gabriel Gostiaux et éditée entre 1894 et 1907 par Pellerin & Cie, Épinal - Coll. Musée de l’image, dépôt MDAAC
MUSIQUES
Stay on the scene ! À Dudelange, le jazz on connaît ! Depuis près de 25 ans, on ne compte plus les concerts qui ont définitivement placé la ville sur la carte du jazz international. Il ne restait plus qu’à fédérer toutes ces belles énergies dans le cadre d’un festival en capacité de rivaliser avec les grands rendez-vous européens historiques. Depuis 2012, l’instant est identifié : Like a jazz machine ! Il consiste en une série d’événements de grande ampleur qui accorde toute leur importance à des légendes telles Joachim Kühn ou Daniel Humair, mais aussi aux étoiles montantes. Parmi celles-ci, le pianiste Michel Reis, le trompettiste new-yorkais d’origine nigérienne Ambrose Akinmusire, l’extraordinaire trompettiste Arve Henriksen ou le saxophoniste Marius Neset. Ces derniers, fleurons de la nouvelle scène jazz nordique résument à eux seuls l’esprit du festival : ancré dans son histoire, mais en quête de modernité constante ! (E.A.)
MUSIQUES
Rétro(per) spective Le festival Musique Action fête ses 30 ans : 30 ans de découvertes musicales, 30 ans de performances live dans des formats hybrides à mi-chemin entre jazz, pop et avant-garde, 30 ans d’expériences inédites, dont certaines uniques ! La fête durera au moins le temps d’une édition avec la présence d’artistes-amis du festival, parmi lesquels Frédéric Le Junter bien sûr, avec ses drôles de machines qui tiennent autant de Tinguely que des expériences dada, Phil Minton, dont la voix constitue un matériau infini, Michel Chion et Lionel Marchetti dans un registre plus contemporain, Kim Gordon, l’ex-chanteuse et guitariste de Sonic Youth et enfin l’inénarrable Albert Marcœur, laborantin du mot, qui a conduit la chanson dans ses derniers retranchements. On le constate, toutes les formes de la contemporanéité sont représentées dans le cadre d’une édition qui ne fait pas le choix de la rétrospective, mais bien de la perspective. (E.A.)
Like a jazz machine, du 8 au 11 mai au centre culturel Opderschmelz à Dudelange (Luxembourg) www.jazzmachine.lu
Musique Action, du 19 mai au 1er juin au CCAM de Vandœuvre-lès-Nancy www.musiqueaction.com
Légende : Marius Neset par Lisbeth Holten
Photo : Albert Marcœur par Vincent Arbelet
; du mardi au samedi de 10h à 12h et de 14h à 19h
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TENDANCES
Tendances
Mannequin Christelle Y / Up Models Coiffeur Alexandre Lesmes / Avila www.avilacoiffure.fr Make-up artist Jacques Uzzardi www.jacquesuzzardi.com Maquillage réalisé avec les produits M.A.C Cosmetics Galeries Lafayette / www.maccosmetics.fr
Post-prod Emmanuel Van Hecke et Camille Vogeleisen / Preview Assistants mode Laurine Biessy et Jolan Thouvenot Assistants photo Laurianne et Floriane / Preview
Lieu : Zut ! remercie L’IRCAD et le site Les Haras, rénové par l’atelier d’architecture Denu et Paradon. www.les-haras.fr
Robe en cuir safran Dsquared2. Sautoir et bracelet collection Diamants Légers et bague La Pétillante collection Paris Nouvelle Vague, or rose, diamants et saphirs roses Cartier. Escarpins Sergio Rossi.
Réalisation Myriam Commot-Delon
M AN È G E
Photographe Alexis Delon / Preview
Manteau zippé Herno. Sandales en cuir verni fluo Jimmy Choo. Bagues et bracelet Safari collection Spirit of Africa Frey Wille chez Valer. Lunettes solaires Chanel chez Opticiens Maurice Frères à Nancy.
Robe en soie imprimĂŠe et drapĂŠe Tsumori Chisato. Bague Givre en or et topaze Eric Humbert.
Veste en cuir et manches en coton jacquard Bazar Deluxe. Maillot de bain Eres.
Maillot de bain Eres. Deux colliers en rĂŠsine multicolore Angela Caputi. Bracelet en or et diamants Cartier. Sandales en cuir verni fluo Jimmy Choo.
Robe en lin imprimé et escarpins Dolce & Gabbana chez Ted à Metz. Bracelet en résine noire Angela Caputi. Lunettes solaires Thierry Lasry.
Robe longue en tissu lamé Paul Smith. Boucle d’oreille Givre, à fermeture clip et portée sur le cartilage, Eric Humbert.
Manteau en patchwork de lin et toile imprimĂŠe JC de Castelbajac.
Top jaune Stella McCartney, pantalon et sac Céline, foulard en soie Pierre-Louis Mascia. Escarpins croco or Isabel Marant chez Podiums. Boucles d’oreilles Givre Éric Humbert.
88 Zut ! Tendances § Mode
Un grand A pour B.C. PAR CLAIRE TOURDOT PORTRAIT OLIVIER ROLLER
C’est dans un café de la rue Caulaincourt à Paris que je retrouve de bon matin Bérangère Claire. Depuis plusieurs années, la créatrice a élu domicile dans ce quartier contrasté du 18e arrondissement, entre Montmartre et Barbès. La jeune femme a vu le jour en Lorraine et se souvient avoir passé des heures à jouer à la poupée dans la boutique de vêtements Popeline tenue par sa mère à Sarreguemines. Nul ne doute que cette précoce immersion dans l’univers de la mode est pour quelque chose dans l’orientation de la belle. En 2007, Bérangère Claire fondait sa marque de façon quelque peu insouciante au retour d’un long séjour à New York, avec la volonté de créer des vêtements faciles à porter pour homme comme pour femme, des « basiques » présentant un réel travail sur les matières et les coupes. Une sorte de garde-robe parfaite, modulable selon les styles et surtout accessible. La chemise Oxford devient sa pièce maîtresse, qu’elle décline selon les saisons et orne d’un logo accrocheur : une croix de Lorraine associée à une tête de cerf et une branche de laurier. Un blason de famille à ancrage régional qu’elle met au service d’une conquête internationale. Sur 37 points de vente, 22 sont situés à l’étranger, principalement aux États-Unis et en Asie. Car Bérangère Claire se définit avant tout par
la rencontre de deux styles particuliers – le casual new-yorkais et le chic parisien – et c’est ce métissage allié au gage de qualité de la production française (70% de ses créations sont fabriquées en France) qui est à l’origine de son succès. Après plusieurs collections estivales très trendy inspirées de ses voyage entre Miami et le Maghreb, Bérangère Claire se recentre aujourd’hui sur ce qui est à l’origine de sa griffe : de l’inconditionnel, de l’intemporel, du minimal étudié. Dans une tonalité bleue quasi monochrome, la collection printemps-été 2014 décline des chinos, shorts, chemises et tee-shirts qu’on échangerait bien avec sa moitié pour un look matchy-matchy. L’imprimé hawaïen tout droit sorti de Las Vegas Parano et les sweat-shirts sérigraphiés sont les seules excentricités d’une ligne qui habille en toute décontraction. Pièce phare de la penderie féminine, la salopette en jean, qu’on pensait reléguée au vestiaire des années 90 pour toujours, fait son grand retour cette saison. Un style élémentaire et authentique.
89
À la croisée de la Lorraine, de Paris et de New York, la créatrice Bérangère Claire imagine des pièces classiques et simples, des essentiels pour un dressing idéal. Rencontre avec une self-made girl amoureuse de chemises bien coupées.
90 § Mode Bérangère Claire
Comment définir le style Bérangère Claire ? Dès le début, j’avais une idée assez nette du style Bérangère Claire. En 2007, au moment de la création de la marque, j’avais 27 ans et j’ai senti que je n’allais moi-même plus trop changer de style, que mes goûts étaient assez sûrs. Même si les inspirations évoluent forcément chaque saison, l’esprit de la marque reste le même : je crée des basiques, des classiques avec une grosse influence américaine mais twistés de façon parisienne. C’est un mélange entre New York – parce que j’ai toujours aimé les États-Unis, j’ai habité quelques mois à New York et je fais partie d’une génération élevée aux séries US donc forcément ça m’influence – et Paris car je suis une Parisienne depuis de très nombreuses années maintenant. La ligne masculine a-t-elle toujours été une évidence ? Dès le début de l’aventure, j’ai voulu faire une collection homme et une collection femme ce qui est à la fois un point fort et un point faible. Ça permet de communiquer, de se faire connaître et d’habiller tout le monde simultanément mais ça induit aussi une double dose de travail ! J’utilise les mêmes inspirations pour les deux lignes. À l’origine, j’aime particulièrement les vêtements d’hommes et dans les boutiques, j’ai tendance à aller vers ce rayon : j’aime le côté assez simple de la garde-robe masculine. Du coup, la collection femme Bérangère Claire est directement liée à la collection homme car j’utilise les mêmes types de coupes, les mêmes matières, les mêmes modèles mais adaptés au corps féminin.
Comment se déroule la fabrication des vêtements ? Jusqu’à l’an passé, tout était fabriqué en France mais pour la saison 2014 une partie des vêtements est fabriquée au Portugal. J’en suis vraiment ravie car j’avais depuis longtemps envie de développer d’autres produits qui sont assez compliqués à fabriquer en France comme les bobs, les casquettes ou le jean. Pour cet été, j’ai pu créer des salopettes et des chemises en jean, lavées et teintes de façon particulière par une usine portugaise. Ça m’a réellement permis de faire ce dont j’avais envie et de développer la collection dans une direction qui me plaît. Avant ça, le choix s’était porté sur la France pour un côté pratique. L’atelier avec lequel je travaille se trouve à Pantin, c’est tout à côté de mon atelier et il est donc très facile d’aller y faire un saut pour vérifier la fabrication. Pour ce qui est des broderies, j’avais fait appel à un atelier situé à Sarreguemines en Lorraine, je voulais vraiment travailler avec eux. De quelle manière se décline la collection printemps/été 2014 ? L’idée était de reprendre chaque pièce à part et de reconstruire les bases d’une garde-robe. J’ai voulu me concentrer sur les essentiels et ne pas créer de modèles trop mode. Dans ce sens, on va retrouver dans la collection homme un tee-shirt blanc tout simple avec une poche plaquée
mais dans une jolie matière et dans une coupe que j’ai vraiment cherché à perfectionner. Pour les chemises c’est pareil : on retrouve la chemise Oxford déclinée en blanc et bleu, la chemise hawaïenne… J’ai aussi souhaité intégrer une inspiration vintage 60’s/70’s en créant des pièces qu’on a toujours eu envie d’acheter en friperie mais qu’on ne trouvait pas forcement en bon état et de les remettre au goût du jour. Par exemple, la chemise hawaïenne qui était totalement démodée il y a quelques années est aujourd’hui considérée comme un basique ! Vous vous êtes aussi rapprochée du sportswear, avec un petit côté unisexe... Oui j’ai collaboré avec le graphiste-dessinateur Thomas Le Dluz pour une série de sweatshirts sérigraphiés. Ces animaux dessinés sont un clin d’œil aux mascottes vintage des équipes de base-ball. En dessous, on peut retrouver les inscriptions « Paris », « Montmartre », « France » dans un esprit à mi-chemin entre influences américaines et chic à la française. Mais tout ça sans se prendre au sérieux bien sûr ! On est là dans le registre de la blague, je ne souhaite pas m’ancrer dans un style trop parisien. D’ailleurs, ces sweat-shirts ont plus de succès à l’étranger qu’en France. J’aurai aussi pu inscrire « Lorraine » mais ça parle à beaucoup moins de monde, c’est peut-être un peu trop niche…
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“ Je crée des basiques, des classiques avec une grosse influence américaine mais twistés de façon parisienne ”
Tu réunis toute une communauté à travers les réseaux sociaux : Bérangère Claire serait-elle une femme 2.0 ? J’anime un journal en ligne [www. berangereclairejournal.com, ndlr] sur lequel j’essaie de poster régulièrement les dernières nouveautés à propos de la marque. Ça me permet de créer un vrai lien avec les clients et de recueillir directement leurs commentaires. Je n’ai pas de boutique dédiée à Bérangère Claire alors c’est vrai que le blog, Instagram et Facebook me permettent de rester en contact avec les acheteurs. Étrangement, je suis aussi devenue assez proche du milieu de la nuit parisienne mais sans pour autant sortir beaucoup ! Parmi d’autres, Teki Latex est un ami alors du coup je lui fais des chemises, lui en contrepartie va communiquer dessus, etc. C’est une sorte de soutien commun entre créateurs et artistes. Bérangère Claire chez Popeline 12, rue Nationale Sarreguemines 03 87 95 06 98 Liste de tous les points de vente et shop online sur berangereclaire.com
92 Zut ! Tendances § Créateur
Diamant Lorin Zut ! passe au crible Pierre Lorin : un jeune bijoutier Messin de 23 ans, ultraconnecté et avec du talent à revendre !
Où acheter ses créations ? Sur le web (www.chicplace.fr) et son site Internet ; à Metz chez Continuum (9, en Fournirue) et Uptown (8, rue Taison).
Son parcours ? Son bac en poche, Pierre part rejoindre sa sœur en Belgique, à Liège, sans idée précise sur la suite de ses études. Il tombe par hasard sur l’école d’armurerie et de bijouterie de Pierre Mignon, où il passera 3 ans. Après son diplôme, Pierre revient en Moselle pour se lancer à son compte. Il installe son atelier près de Metz il y a un peu plus d’un an et crée sa propre griffe. Pourquoi les bijoux ? « Une envie de créer et d’étonner », nous dit-il. Ses bagues sont « une extension de la personnalité qui traduisent des émotions ». Pierre est perfectionniste, amoureux du travail manuel et fasciné par les mains. Il porte actuellement neuf bagues, qui ont toute une symbolique différente selon l’endroit où il les place. Son processus de création ? Il imagine, crée un modèle et le poste sur les réseaux sociaux… Le bijou plaît ? Il le décline. Ainsi naissent ses collections : un mix entre des inspirations personnelles et l’enthousiasme extérieur.
Et dans 10 ans ? Il se voit dans une capitale à faire des collaborations avec différents artistes. Il aura réalisé une bague pour Scarlett Johansson… Sans ça : « Je considère que j’aurais raté ma vie ! » (Scarlett, si tu nous lis…!) Son mot de la fin ? Suivez-moi ! Instagram : pierrelorinbijoutier Twitter : pierrelorinbij Facebook : pierre lorin bijoutier www.pierrelorin.net Ses collections ? Elles foisonnent, selon ses envies. Il en a actuellement sept (pour femme et pour homme), et propose également des créations sur mesure. Une nouvelle collection pour le printemps autour des animaux, une autre en hommage à la Lorraine. Son produit phare ? La collection « Princesse », inspirée des couronnes d’autrefois : « Catherine de Médicis », « Marie Antoinette » mais aussi « Marguerite de France ». Un univers poétique pour des diadèmes au bout des doigts !
Son buzz ? Un passage sur Canal+ avec sa bague Stormtrooper. Pierre Lorin n’hésite pas à aborder des célébrités, ce qui lui a valu de créer pour IAM, Stromae ou encore Disiz.
Sa communication ? Le bouche-à-oreille, les réseaux sociaux, les collaborations, les blogueuses et… lui ! En portant ses créations, il est aussi sa propre vitrine.
Son style ? Des modèles en or, argent ou platine, fins et raffinés pour pouvoir les assembler, personnalisables, faciles à porter tous les jours et accessibles à tous et toutes.
Et le prêt-à-porter dans tout ça ? Il s’en sert comme une publicité ambulante, un moyen de transporter son image en floquant ou brodant son logo sur des sweat-shirts ou des bonnets.
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MARC CAIN
RC 598 502 169
GIOVANNI *** ***
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Cavalli Class / Leslie Monte Carlo*** / Apriori / NYDJ Elisa Cavaletti*** / Love Moschino Accessoires... uniquement ** Boutique de Metz *** Boutique de Hayange
ATELIER DE FABRICATION POUR VOS CRÉATIONS SUR MESURE
5, rue Dupont des Loges / 57000 METZ 58, rue Stanislas / 54000 NANCY
Au Muguet By Bélisa
29 rue du Maréchal Foch / 57700 HAYANGE
94 Zut ! Tendances § News Kids
Trop pas ! PAR MYRIAM COMMOT-DELON
Ce printemps, les nuages sont bleus, les pois sont jaunes et noirs, Bonton se marie avec A.P.C, la chaise s'illustre, le papier peint sert de mood-board, les robes ont la banane, les chats déchirent et les lunettes sont rock.
Ouh la menteuse euh, elle est amoureuse euh ! Collection capsule A.P.C. x Bonton, disponible sur l’e-shop Bonton. www.bonton.fr.
95 Même pas en rêve !
T’es pas cap !
Chat déchire !
Lunettes solaires en acétate Very French Gangsters chez Just Kids, opticien rien que pour les enfants. 40-42, passage des Dominicains à Nancy. 03 83 27 06 79
Robe en coton Talc chez Cousins Cousines. 42, passage des Dominicains à Nancy. 03 83 17 21 45
Tee-shirt imprimé en coton Finger in the Nose chez Cousins Cousines à Nancy.
Na na na na nère ! Paniers La Cerise sur le Gâteau. shop.lacerisesurlegateau.fr
J’te cause pu ! T’es pu ma copine ! Pins et collier collier en laiton doré à l’or fin et émail, collection Titlee by Lucille Michieli. www.titlee.bigcartel.com
Qu’est-ce t’as, tu veux ma photo ? Papier peint magnétique, modèle ours, Groovy Magnets. www.groovymagnets.com
Prem’s ! Deuz ! Troiz ! Chaise Moomins x Alvar Aalto pour Artek, sur l'e-shop de La Maison Scandinave. www.lamaisonscandinave.fr
96 Zut ! Tendances § Mode
Walking Ted
L’allure Ted ? Naturelle, élégante et auréolée de références. Mais aussi un dressing mixte incontournable, soigneusement orchestrée par Mr et Mme Lambrey, un couple à la crédibilité fashion indéniable. Pour le mettre en scène, deux lieux : Ted Luxury Shop et Ted, le vaisseau-mère, lumineux, entièrement dédié à la mode et fraichement relifté cet hiver. Quelques précisions vestimentaires et de saison s’imposaient !
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Lèche vitrine
Première classe
S’il ne fallait choisir qu’une collection, ce serait l’ultra-féminin de Dolce & Gabbana (5), avec ses imprimés de ruines romaines et siciliennes mixées à des bouquets floraux ultra printaniers.
Deux étages entiers sont dédiés à l’homme : on y trouve Seraphin et ses cuirs sophistiqués, Dior (4) et son tailoring fitté, Hugo Boss (2), les collections estivales de Moncler, Emporio Armani et son vestiaire chic et sans fauxpas (disponible aussi chez la femme).
Le must have La doudoune d’été, une petite nouvelle pleine de légèreté, mieux qu’une petite laine, plus cocooning qu’une veste. Chez Moncler (7), difficile de résister au tie and dye champêtre. Chez Duvetica, on replie d’un geste les coupe-vent malins à emporter partout.
Les fantaisistes Du masculin arty avec Dirk Bikkembergs, estival en diable avec son explosion d’orangés et de jaunes électriques, et Balenciaga (3), au graphisme nerveux façon Hans Hartung.
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La prescription Zut !
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Les collections Gucci (1 et 8), majeures et très désirables, surtout les pièces en coton noir à la typographie or ou le pyjama de jour revisité street girly. Chez l’homme, la virilité juvénile d’une veste de costume codée Harvard et brodé d’un G surdimensionné sur la poitrine.
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L’annexe Direction Ted Luxury Shop, ouvert en 2008. Ce cocon dédié aux souliers et à la maroquinerie féminine (Gucci, Stuart Weitzman (6), Balenciaga…) est désormais complété d’une garde-robe rock (avec Faith Connexion et Duvetica). Côté déco, une ligne claire et du marbre de Carrare, juste perturbé par l’impact coloré d’une lumière néon, insolente et électrique. Comme pour rappeler que la mode et le luxe c’est aussi ça : un savoirfaire et une vision, un parfum d’audace et d’avant-garde, des traditions et des impulsions. 8
Ted 20, rue Serpenoise à Metz 03 87 75 27 32 Ted Luxury Shop 6, rue de Lancieu à Metz 03 87 66 65 26 www.ted-metz.com www.tedluxury-metz.com
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Exit le bun, vive le « one shoulder » ! Cette saison, pour dévoiler sa nuque, on ondule et on bascule le blond doré de sa chevelure. Un néo-glamour futé pour pin-up trendy, à décaler obligatoirement d’une dégaine juvénile.
Zut ! Tendances § Shopping
Nouveau glam PAR MYRIAM COMMOT-DELON
Sandales Artist en cuir et liège Claudie Pierlot au Printemps Nancy.
Chemisier en voile de coton The Kooples au Printemps Nancy.
Parfum Réplica « Lazy Sunday Morning », Maison Martin Margiela au Printemps.
Mini-short en coton à revers Lafayette Collection aux Galeries Lafayette Metz.
Chemise en crêpe de Chine imprimée serpent Sandro au Printemps Nancy.
Sandales en daim clouté Gucci chez Ted Luxury.
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Ce printemps, on change de coupe et surtout de couleur, et on confie sa chevelure à Anne Schmitt, la nouvelle botte secrète de Jacques Thill. Une coloriste qui rend sexy et allume les visages. Après son apprentissage au salon, elle s’était envolée auprès de grands coloristes parisiens ; la revoici à Metz avec son tie & dye subtil, ses patines délicates et ses effets mats ou brillants. Un coup de pinceau qui vaut le détour. Son colorama 2014 ? Blond cendré froid, cuivré marron, blond doré caramel. Une palette de velours pour des cheveux à la sexytude assumée.
Jacques Thill place Saint-Martin à Metz 03 87 36 45 13 www.jacquesthill.com Visuel : Jacques Thill Collection Printemps-Été 2014
100 Zut ! Tendances § Boutiques
Girl Power
Envie d’un shoot girly et rétro ? Direction Metz, rue Taison, là où se nichent les quatre boutiques trendy de cinq filles dans le vent. Un vrai coup de frais, stylé, déco et hyper printanier. PAR MYRIAM COMMOT-DELON
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AU N°14
AU N°22
Sally & Jane
Shoeroom
C’est qui ? Mimi Lee Spann et Morgane Mercier, amies, associées, issues du sérail de la joaillerie et têtes chercheuses de bijoux trendy.
C’est qui ? Samira Allaoui, installée depuis novembre dernier, est l’anti fashion faux-pas de ce printemps : preppy et abordable. Avec une vraie envie de sélectionner des petites marques françaises ou européennes : une démarche à suivre de très près…
Le lieu ? Un QG bien rempli avec un mood hippie chic mâtiné d’un twist années folles. Zut ! craque pour : Les boucles d’oreilles Voyageur nocturne de Pagan Poetry (1), les bijoux en argent et turquoise d’Harpo, les joncs délicats d’Anka-ïn, les bracelets en cuir brodé d’argent d’Hanna Willmark, la bague Buffle en plaqué or de Caroline Najman (2) ou le cou de maître de MarieLaure Chamorel, qui nous terrasse avec ses divins colliers plastrons (3).
Le lieu ? Un charmant boudoir antistress décoré de papier peint baroque, de boiseries chaulées, d’un lustre en cristal et de fauteuils en velours velvet.
Leur super pouvoir ? Nous faire collectionner les paper toys Made in US de Crankbunny (4), comme ces deux paper girls, very Sally & Jane !
Son super pouvoir ? Un accueil si cosy qu’on se déchausse illico, comme à la maison.
Zut ! craque pour : L’androgynie pepsy d’une paire de derbys anisés (1), les chelsea boots bi-matière et frenchy de Maurice Manufacture (2), des ballerines zèbre ou camouflage (3), des slippers en cuir craquelé argent (4).
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AU N°26
AU N°28
Les Âmes Galantes
Le vélo Rose
C’est qui ? Isabelle Fumagalli, la pionnière. Elle a ouvert sa boutique multi créateurs il y a déjà 13 ans, au cœur du village Taison.
C’est qui ? Pauline Mellinger, la petite nouvelle. Ex-étudiante en art, elle a ouvert son concept store craquant début février. Le lieu ? Un abri friendly pour boire un café et grignoter un gâteau, jouer à un jeu d’arcade, dénicher des objets d’inspiration scandinave ou de la vaisselle et des meubles chinés + des expos photos et des soirées concerts qui jalonneront le calendrier régulièrement.
Le lieu ? Un mix entre Londres, les sixties, le rétro, le Made in France, une sélection d’accessoires uniques, de la maroquinerie et une foultitude de petits objets décalés et mignons comme les figurines Gee Sonny Angels (1). Zut ! craque pour : Mélyne Roi et la maroquinerie patchwork réalisée dans des peausseries luxe (2), la griffe branchée Parisian Runaway (3), les bijoux graphiques de Schlomit Ofir (4) ou ceux de Virginie Mahé (5) pour dynamiter une tenue un peu trop straight. Son super pouvoir ? Parvenir à nous faire oublier notre inséparable jean grâce à une armée de petites robes ultraféminines au print printanier.
Zut ! craque pour : Les chaises Wood & Love (1), du néo-formica customisé par Julie (sœur de la it-blogueuse Punky b), le béton coloré des pots et des tables d’appoint Serax (2) ou un téléphone rétro (3). Son super pouvoir ? Nous faire porter un tee-shirt « Femme de Voyou » de Florette Paquerette (4) puis nous téléguider les yeux fermés vers les coussins robots et le très chic miroir étagère Ferm Living (5).
102 Zut ! Tendances § Flash Mood
Up to date
PAR MYRIAM COMMOT-DELON
Beaucoup d’envies, en vrac et dans tous les sens.
Modulables Hellopillow est une marque française d’objets textiles. Bonus ? Des coussins malins, qui en plus d’être hyper graphiques se plient et se déplient à l’envie. Fun, non ? Où ? Au 109 à Nancy 109b, rue Saint Dizier 09 80 55 97 57
Unique Vive le make-up naturel et sans paraben de Une Beauty. La marque lance une collab avec des itblogueuses qui nous livrent leurs produits préférés. Avec ? Non pas une mais deux lorraines rock et peps : Punky b et Coline, au sourire XXL.
Tradi
Où ? Chez Bergam à Nancy 5, rue d’Amerval 03 83 36 59 97
Où ? Au Printemps Nancy www.printemps.com www.punky-b.com www.etpourquoipascoline.fr
Come home ! Vingt septembre, le blog délicat et home made de Sarah Dinckel. Bonus ? Ses cartes postales à épingler sur un mur couleur blush, parce qu’un aplat rose est la fixette déco du printemps. Où ? Ici pour les cartes : http://happyhome.bigcartel.com et là pour le blog : http://vingtseptembre.blogspot.com
Papillon Oncle Pape est le label d’Hugues et Alexandre, deux jeunes hommes dont les créations unisexes ne vous laisseront pas de bois. Bonus ? Du 100 % Made in France, réalisé par un ébéniste périgourdin, donc en petites séries et en éditions limitées. Où ? En exclu au 109 à Nancy 109b, rue Saint Dizier 09 80 55 97 57
Grrr Que celui ou celle qui n’a pas encore son carnet Papier Tigre se cache ! Bonus ? La nouvelle collection 2014 et ce nouveau motif black & white ponctué d’un filet de bleu azur. Où ? Au 109 à Nancy 109b, rue Saint Dizier 09 80 55 97 57
Photo Sarah Dinckel
Le Baigneur est une gamme de soins française pour les hommes : 3 savons (tonifiant, relaxant ou exfoliant) + un savon à barbe. Pour qui ? Un graphiste suisse ou un bio man sensible aux beaux packagings.
Le printemps
arrive!
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Le Boudoir des Arts
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104 SÉLECTIONS tendances
MODE
Idées fraîches
Vent de fraîcheur cette saison sur les Galeries Lafayette, avec l’arrivée de la griffe danoise ICHI. Robes vaporeuses, imprimés ethniques et mailles aux couleurs acidulées, la marque à prix doux joue des motifs et des transparences en offrant une collection actuelle sans chichi. On opte volontiers pour ce dressing scandinave, plus abordable que son design, pour une silhouette néo-viking qui passe à l’heure d’été ! (C.L.)
ICHI aux Galeries Lafayette Metz 4, rue Winston Churchill 03 87 38 60 60 www.galerieslafayette.com
Collection AW Marc Cain 2013-2014
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MODE
Rockie ou Rocco ? MODE
Bon Print Impressions de printemps dans les boutiques Belisa ! La griffe allemande Marc Cain va vous entrainer dans un tourbillon d’imprimés léopard, rayures et tweed, atouts indéniables pour séduire une femme active en manque de fantaisie. Belisa est un multi-marques comme on les aime, avec une sélection forte et affirmée. Un vestiaire facile à porter où l’on privilégie les matières, où le confort des coupes et des tissus est plus que parfait. Des points où Marc Cain excelle : un essayage suffira à vous convaincre. (A.S.) Belisa 5, rue Dupont des Loges à Metz – 03 87 75 27 28 58, rue Stanislas à Nancy – 03 83 35 08 08
MODE
BFF Pour fêter la première décennie du vestiaire idéal des deux amies d’enfance Barbara et Sharon, les créatrices de la marque ba&sh ont décidé de rendre hommage au lien amical et indéfectible des meilleures copines. Pour l’occasion, elles rééditent leurs dix robes best-sellers, illustrées par des portraits de leurs amies dans la vie. On craque pour ces jolis modèles aussi folk que rock, bohème ou rétro pour arpenter le pavé nancéien sans se crêper le chignon ! (C.L.) Ba&sh au Printemps Nancy 2, avenue Foch 03 83 32 96 10 www.printemps.com
Oui, ce sont bien les prénoms des it-bags bowling d’Alexander Wang. Deux tailles + un agneau bullé topissime + les fameux clous qui recouvrent la base = un sac adulé par les it-girls, actrices et socialites du monde entier. Rock, phare donc essentiel et présenté en guest star chez Angle Droit depuis l’hiver dernier, sa crédibilité fashion mérite un 20/20. Il continue sans surprise son ascension en revenant avec de nouvelles couleurs : un beige de très bon ton et un bleu aqua délicieux. Rockie ou Rocco, petit ou grand, nous t’aimons d’amour ! (A.S.) Angle Droit 82, en Fournirue à Metz – 03 87 76 07 62
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BEAUTÉ
Rehab capillaire Les Coiffeurs Créateurs ? Un salon élégant et pointu tenu par deux passionnés du cheveu, Brigitte et Dominique. Côtés soins, on fonce les yeux fermés vers les produits Kevin Murphy dont ils sont les distributeurs exclusifs en Lorraine. Cette ligne créée par un coiffeur studio concentre de bons ingrédients pour faire tenir les coiffures plus longtemps. Les plus branchés vont adorer Color Bug, coloration éphémère ou le Kit de surfeuse. Du fun, une gamme aux couleurs bonbons et un accueil parfait, what else ? (A.S.) Les Coiffeurs Créateurs 11, rue des Clercs à Metz – 03 87 37 13 13
ACCESSOIRES
Light My Fire Qui a dit que soleil et vinyle étaient ennemis ? Inspirée du style et de l’univers musical des années 60 et 70, la collection de lunettes solaires et de vue de Vinyl Factory surfe sur la vague rétro avec humour et efficacité. Une gamme de prix raisonnable et deux atouts majeurs : des verres polarisés anti-reflets et de nombreuses personnalités du showbizz pour les porter (la bande de Canal+, Cyril Hanouna…). Les Opticiens Maurice Frères, ravis de cet élan rock, dansent déjà au son de Joe Strummer ou de Jim Morisson (les montures ont toutes un nom de baptême célèbre). Un positionnement cohérent au côté des incontournables Ray Ban qu’on retrouve chaque saison sans se lasser. Le vintage, dans l’optique, n’aura jamais été autant d’actualité. (M.C.D) Vinyl Factory, chez Opticiens Maurice Frères 44, rue Saint Jean à Nancy 03 83 32 13 13
BEAUTÉ
Jap Hair La dernière trouvaille Made in Japan du salon Le Cosi ? Tokio Inkarami, un soin réparateur et régénérant qui va updater votre chevelure. Numéro 1 au Japon, ses principes actifs n’ont pas besoin de fer à lisser, comme le lissage brésilien à la kératine. Un process en 5 étapes et une pose d’une trentaine de minutes pour des effets qui durent plus de 5 semaines. Soin salon à partir de 45 euros, sur rendez-vous. (A.S.) Le Cosi 14, rue de Pont à Mousson à Metz – 03 87 17 20 54
MODE
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Griserie Vous cherchez un sac de luxe vintage à prix raisonnable ? Le Boudoir des Arts, dépôtvente de luxe à la devanture d’un beau gris old school, est le petit nid de Nicole. Tête chercheuse au goût exquis, elle flaire les pièces d’exception et les remet en forme : valises Vuitton, sacs Dior, Chanel et pléthore d’accessoires à prix doux côtoient des pépites vestimentaires à affoler les modeuses affutées ! La location d’accessoires, un des atouts de la maison, fait de cette nouvelle adresse le lieu pour booster son vestiaire. (M.C.D) Le Boudoir des Arts 30, Grande Rue à Nancy - 03 83 45 14 70
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NEWS
Arrivées hype à Nancy ! MODE
QG Vintage Non, nous ne sommes pas à Londres mais bien à Metz ! Baia Ali et Emilie Scheffer tiennent Camdem Shop depuis plusieurs mois. Entre friperie, galerie et salon de tattoo, on trouve dans ce concept store aménagé dans une ancienne salle de sport, vêtements et accessoires vintage, pièces insolites et créateurs de la région. Des soirées mêlant expositions, flash tattoo et DJ-sets y sont régulièrement organisées. (A.S.) Camden Shop 17, rue des Clercs à Metz
1 — Pascale Monvoisin chez Mood. Cette saison, la dent de requin est, chez notre créatrice de bijoux bohème rock préférée, le hot bijou de l’été. 30, rue Pont Mouja 03 83 45 34 30 2 — Peter Pilotto (2) et Proenza Schouler chez Podiums. Les deux duo masculins les plus cool et les plus hype de la terre ont pris ici leurs quartiers d’été. 9, rue Saint Dizier 03 83 35 54 36
3 — Helmut Lang chez Soon. La griffe du créateur allemand, dessinée par le duo Colovos (qui viennent de quitter la marque après 8 années à la D.A.) nous ravit toujours autant avec sa rigueur élégante. 25, rue Pont Mouja 03 83 45 19 01
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Lifestyle
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Ekatarina Andryushina
Zut ! Lifestyle × Sport
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Nouveau modèle PAR SÉBASTIEN RUFFET PHOTOS PASCAL BASTIEN
Depuis son premier titre de champion de France en 1989, sous la houlette d’un certain Olivier Krumbholz, le Metz Handball a moissonné 18 titres de champion, 6 coupes de France et 7 coupes de la Ligue. Plus fort encore, le modèle économique sur lequel le club s’est reconstruit depuis 2005 : il n’a jamais basculé en société, et mise sur l’événementiel pour faire rentrer l’argent. La recette du succès ?
ASPTT Metz (à sa création en 1967), Handball Metz Metropole (2002), Handball Metz Moselle Lorraine (2005), et enfin Metz Handball (2009). Le nom change sans doute plus souvent que n’importe où ailleurs, mais le club est toujours là, avec une constance effarante au plus haut niveau. Pour garder une continuité, quoi de mieux que de miser sur les gens du cru ? Comme les Messins de cœur Isabelle Wendling, l’entraîneur des gardiennes, ou Jean Pietrala, ancien joueur international de l’ASPTT chez les garçons… Arrivé il y a 9 ans au club, ce pétillant adjoint de Sandor Rac incarne le tournant décisif de 2005. Alors champion de France en titre, le Handball Metz Metropole (de l’époque) connaît des difficultés financières sans précédent et lance un appel (désespéré) aux bonnes volontés. Des dizaines, des centaines de milliers d’euros vont affluer de tous horizons, de particuliers, d’entreprises, de partout en France... La capitaine Nina Kanto se souvient : « Malgré les problèmes, presque toute l’équipe est restée... Avec un salaire très diminué ! On a réussi à garder le titre... Comme je dis aujourd’hui, on avait la tête froide et le cœur chaud. »
Professionnalisation galopante Mis sur de nouveaux rails, le (désormais) Handball Metz Moselle Lorraine prend vite conscience du besoin de se professionnaliser. Jean Pietrala raconte : « Avant, on faisait de la vidéo comme ça. Aujourd’hui, on a un responsable vidéo, qui fait des montages par séquence ou par joueuse. On a aussi un préparateur physique, et quand je suis arrivé, c’était la première fois qu’un club prenait un entraîneur spécialement pour les gardiennes ! » Isabelle Wendling, LA figure emblématique du club, avec ses 338 sélections et ses 15 titres de championne de France, confirme la montée en puissance de Metz, qui a su se doter « d’un staff élargi. Mais la grosse différence, c’est aussi que la totalité de l’effectif est pro, donc les joueuses n’ont qu’à penser handball, et rien d’autre. » Plutôt que de dilapider bêtement son petit pécule, Metz va au contraire faire fructifier cette solidarité. Contrairement à une majorité de clubs professionnels, Metz Handball n’est jamais passé en société. Pas de mécène. Pas de chèque qui sort du chapeau. Un nouveau modèle économique à inventer. « Pour moi, on est d’abord une entreprise de spectacle avant
d’être un club de sport », affirme sans lever un sourcil le président Thierry Weizman. « Avec notre service marketing, nous tâchons de faire un maximum le buzz... Je suis plutôt content de moi avec l’histoire de la jupette. » Flash-back : Thierry Weizman est un président qui ne comprend pas le manque d’intérêt des médias pour le handball féminin. Et quand il regarde les sports féminins qui intéressent les médias, tennis et golf, il constate que les joueuses sont en jupette. Dans son esprit, ça fait tilt. « On essaye de trouver des choses pour faire parler de nous, explique-t-il. À l’époque du débat sur le mariage pour tous par exemple, on a décidé, pour les photos de présentation, de faire poser les joueuses en robe de mariée... On a aussi redécoré la rue de Trêve à Metz aux couleurs du club, sur 77 mètres de long... » Peut-on réellement marier valeurs humaines et buzz perpétuel ? Nina Kanto tranche : « Les valeurs, c’est dans l’éducation. » Quand on lui demande qui pourrait reprendre le flambeau après elle, sa réponse ne manque pas de surprendre : « Franchement, je me le demande. Les étrangères sont parfois plus professionnelles. Celle qui correspond le mieux aux valeurs
112 × Sport Handball Metz
“ Nous sommes une entreprise de spectacle et pas un club de sport ”
de Metz, c’est Katia [alias Ekaterina Andryushina ndlr], mais elle approche aussi la trentaine [29 ans cette année, ndlr]. » Loin de jeter la pierre aux plus jeunes, Nina constate qu’avec la montée en gamme du club, les plus jeunes n’ont peut-être plus l’impression de devoir se battre pour accéder au plus haut niveau. Et pourtant, la formation marche plutôt bien du côté de Metz, qui n’a de toute façon pas les moyens de s’aligner sur les plus grands d’Europe. Pour Jean Pietrala, « il y a une belle génération qui arrive. Avec les filles en N1, Yacine (Messaoudi) fait un boulot formidable. » Cette jeunesse qu’on annonce flamboyante saura-t-elle être fidèle aux préceptes de Nina Kanto, hérités d’Isabelle Wendling ? « Humilité, travail, proximité. Dans l’équipe, c’est l’humain qui doit dominer, poursuit la volubile capitaine. On peut avoir des états d’âme quand on perd, mais le club doit passer au-dessus. C’est ça qui va faire qu’on aura du public et des sponsors. » Des oreilles vont sûrement siffler. Sans viser les handballeuses messines d’ailleurs. Combien de temps encore parmi les meilleurs ? Quand vous assistez à un match de Metz, il y a des surprises (voir par ailleurs), mais aussi des petits rituels d’identification : l’hymne (toujours) et la danse de la victoire (le plus souvent possible). Avec un public nombreux, qui ferait des jaloux chez les hommes, les filles de Metz partent chaque année avec l’ambition de tout gagner. Ça ne marche pas à tous les coups, mais l’intention est là. Thierry Weizman est confiant quant aux chances de son club de rester
Nina Kanto
Thierry Weizman
au plus haut de l’affiche encore quelques années : « Le plus impressionnant, c’est de durer. Aujourd’hui, on a acquis une notoriété et une stabilité financière sans précédent au club. Vu la marge de progression, je suis confiant. » Imité sur de nombreux points par les autres clubs français, Metz Handball garde une longueur d’avance dans bien des domaines. « On reste l’équipe à battre », souffle Jean Piétrala, qui compile depuis plusieurs années des fiches sur toutes les joueuses du championnat. « On ressemble un peu à l’Olympique Lyonnais d’il y a quelques années, avec la même ambition, et ce côté formation. » Juste avant de se faire flasher par notre photographe, Nina Kanto s’amuse de son grand âge (31 ans en juin) : « Je pense
que je peux encore donner deux, trois ans. D’ici là, j’aimerais trouver celle qui prendra ma place dans le groupe. » Peutêtre Amandine Leynaud, la phénoménale gardienne qui a passé 8 ans à Metz, et qui est pressentie pour un retour sur ses terres. « Pour l’instant, ce que j’aime, ce qui me porte, c’est de jouer avec mon petit garçon (Noa, trois ans) dans les tribunes. Il est vraiment à fond ! Il ne loupe pas un match. Et comme Federer avec ses filles, j’aimerais qu’il ait le souvenir de m’avoir vu sur un terrain, pour qu’il mesure l’importance que le handball avait dans ma vie. »
113 ISABELLE WENDLING
Régionale de l’étape Isabelle Wendling a été, et reste aujourd’hui, la figure légendaire du club. Sa carrière professionnelle n’a connu qu’un seul club, Metz, avec qui elle a gagné la bagatelle de 15 titres de championne de France. Grâce à sa formidable longévité, elle détient par ailleurs le record de sélection, avec 338 capes.
Isabelle Wendling, c’est un peu la génération Costauds chez les filles. Elle fait partie de la première « promo » de filles titrées à l’international. Médaillée d’argent aux Mondiaux norvégiens en 1999, elle prendra l’or avec ses copines en 2003 en Croatie. C’est ce groupe qui va lancer le handball féminin sur les bons rails. « Nous, on a connu toutes les galères », raconte celle qui est aujourd’hui chargée d’études au service des sports du conseil régional. « Avant nous, on ne voyait pas trop le handball féminin. Aujourd’hui, il y a une fierté d’avoir été au début des belles performances de l’équipe de France. » Bleu et jaune, deux couleurs qui suivront la native de Boulay-Moselle toute sa carrière. Le bleu pour la sélection, bien sûr, et le jaune du Metz-Handball. « Je n’avais aucune raison de partir. Le meilleur club de France, à côté de chez moi... Il est vrai aussi qu’avant 2003, les joueuses françaises, à l’étranger, ça n’intéressait personne ! Après, j’avais la trentaine, et plus trop l’envie de bouger... » La mentalité – et c’est valable dans le monde professionnel dans sa globalité – n’était pas non plus la même. Aujourd’hui, la course au contrat, l’ambition, ont mis
à mal tout un tas de valeurs que peuvent véhiculer certains clubs. Comme Metz. Mais on se bat. « On essaye de fédérer les jeunes le plus tôt possible, avec un pôle handball dans un lycée de Metz. Il vaut toujours mieux former des joueuses que d’en prendre ailleurs... L’amour du maillot a encore un sens. » Conseillère du club, Isabelle Wendling passe ses pauses de midi au siège du club, dans la minuscule rue des Mirabelles où les places pour se garer sont si chères. Un peu plus en retrait désormais, elle perçoit le club autrement. « On a peut-être pu ressentir une forme de jalousie chez les autres il y a quelques temps, mais aujourd’hui, on a plutôt l’impression que tout le monde en France tire dans le même sens pour faire évoluer la discipline. » La médiatisation du handball féminin étant tout à fait honnête, on n’est pas loin de penser que c’est une ligne de plus au palmarès d’Isabelle Wendling.
LES ARÈNES
Nouvelle place forte du handball français 4303 places. C’est le nombre officiel de supporters qu’on peut entasser dans les Arènes de Metz depuis leur inauguration en septembre 2001. Incontestablement, cet outil magnifique a permis au Metz Handball de trouver de nouveaux moyens d’attirer public et sponsors. Et si les guichets sont pris d’assaut à chaque rencontre, ce n’est pas uniquement pour voir des filles en jupette. « Les gens payent de 8 à 160 euros, et nous, on veut qu’ils en aient pour leur argent, raconte le président Thierry Weizman. Quand il y a un match, il faut que ce soit plus que ça, il faut que ce soit une sortie, un spectacle, comme en NBA ! » Dans le hall d’accueil, une Formule 1 a déjà scotché les aficionados. Chant, trampoline, tout est fait pour que la soirée soit complète, et ce n’est pas terminé. Weizman : « On travaille à une amélioration de la salle. Très prochainement, nous aurons une vraie boutique, et pas juste deux planches en bois sur des tréteaux. Une chose qui me tient également à cœur, ce serait de pouvoir aménager un espace restaurant derrière les buts. Les gens viendraient dîner avec une vue imprenable sur le match. » De quoi attirer de nouvelles personnes, de nouveaux revenus et de nouveaux partenaires. Il y a encore un peu de place dans cette salle où des filles attirent plus de monde que la grande majorité des clubs de D1 masculine.
114 Zut ! Lifestyle × Artisanat
Du pain sur la planche PAR SÉBASTIEN GRISEY
Maxime Cœur, 23 ans, originaire de Metz, pratique le skate depuis l’âge de 12 ans. Il est le fondateur de Organ Skateboards, une marque de fabrication française et artisanale de planches de skateboard, dont on entend beaucoup parler depuis quelques mois. Rencontre avec ce jeune entrepreneur passionné dans son local messin. Que trouve-t-on chez Organ Skateboards ? On trouve plusieurs modèles de planches, cruiser [petite planche assez souple pour pouvoir rouler sur tout type de surface, ndlr] ou street, et sur demande des longboards. Chaque pièce est unique ! Cela signifie que chaque planche passe entre mes mains à l’atelier. Je recycle aussi des planches cassées que je transforme en objets comme des montures de lunettes, des porte-clés, des bijoux. D’où est venue l’impulsion ? Au départ, j’ai fait de la charpente. Ensuite, j’ai passé un CAP en ébénisterie, mais je ne voulais pas rester en ébénisterie traditionnelle ; j’avais envie de créer. Pendant deux ans, j’ai voyagé, principalement en Europe. J’avais toujours un petit carnet sur moi, je faisais des croquis pendant ma tournée des skateparks et notais mes
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Culture skate idées. Comme je suis passionné de street art, avec le skate et ma formation d’ébéniste, je me suis rendu compte qu’il y avait moyen de combiner les trois. Au départ, je m’étais découpé un cruiser dans une vieille planche de street. Le résultat s’est avéré vraiment réussi, ça été l’étincelle ! Je me suis dit qu’il y avait là un concept à développer. L’idée du recyclage des veilles planches est née comme ça. Je m’étais installé dans un petit garage qu’un retraité me prêtait, mes amis me donnaient des planches usagées. Je récupérais aussi des planches cassées et j’ai cherché à les exploiter aussi, d’où l’idée des petits objets. Le premier était un porte-clé. Le nom de la marque ? Il est arrivé un peu plus tard. Mon nom de famille c’est Cœur, un organe. Je travaille le bois, matière organique. La planche, pour un skateur, c’est un peu comme l’un de ses organes, quelque chose de vital. Bref, j’ai trouvé que ça collait vraiment au projet. Le logo a été dessiné par un de mes amis Cédric Busquant [illustrateur, infographiste, tatoueur, ndlr], dont j’adore le boulot. Il a travaillé sur la base d’un croquis que j’avais fait, un trèfle constitué de quatre cœurs. J’espère qu’il deviendra le graphiste officiel de la marque. Comment vous êtes-vous fait connaître ? Lowic Villa [DJ et skateboarder, ndlr] m’a proposé de montrer mon travail lors de la grande expo sur le skate, Wheelcome on board, qu’il a organisée avec Samuël Levy [artiste plasticien luxembourgeois, ndlr] au Carré Rotondes à Luxembourg en juin 2013. Il avait entendu parler de mes bricolages et du fait que je voulais créer une marque. Grâce à mes potes graphistes et imprimeurs, on a pu faire un stand très pro et l’écho a été très bon.
Avez-vous été soutenu pour votre projet ? Quand j’ai senti que le projet tenait la route, je me suis tourné vers la mairie de Metz. Ils ont un concours qui s’appelle Envie d’agir. J’ai présenté le projet et ai été lauréat, parmi une vingtaine de candidats. J’ai gagné 2000 €, ce qui m’a permis d’acheter deux-trois machines. Ensuite, j’ai fait un autre concours, Défilor, organisé par la Région Lorraine. J’ai débarqué avec toutes mes planches et mes petits objets que j’ai dû présenter devant un jury de professionnels : j’étais le plus jeune candidat, très intimidé. J’ai aussi gagné, cette fois 9000 €, qui m’ont permis de prendre le local que j’ai actuellement. Je suis donc passé de 8m2 à 130m2 et j’ai aussi pu investir dans d’autres machines qui me manquaient pour pouvoir commencer à produire sérieusement. Suite à ce concours, il y a eu un article dans le Républicain Lorrain et, à partir de là, un engouement incroyable. L’AFP a fait un sujet sur moi et l’article est paru dans plus de 110 journaux à travers le monde. Depuis, j’ai sans arrêt des appels, des commandes, j’ai eu des appels de skateshop en Californie, en Australie… Comment voyez-vous évoluer la marque ? Je bosse avec des artistes du monde du street art international qui me font des planches uniques destinées à être exposées. Je souhaite aussi que ce local soit à la fois mon atelier et un lieu de vie. Je veux créer des ateliers gratuits pour les enfants, pour les initier au recyclage par le travail du bois, et faire des expos dans la partie où il y a la mini-rampe et le salon. J’aimerais aussi trouver des partenaires autres que des banques, issus du monde du skate, pour accélérer le développement de la marque.
Entre les petites planches aux formes 70’s inspirées d’un cercueil ou d’une bombe, les planches neuves standards pressées et sérigraphiées à la main et les planches longues de différentes shapes prévues pour la balade, le skater n’a que l’embarras du choix. Il peut prolonger son plaisir avec des lunettes, dont chaque paire est unique – seule la forme du verre de type Ray-Ban est standard –, avec des bijoux, principalement des chevalières pour homme et des bagues en mélange boismétal pour les femmes, ou encore avec des sculptures en série limitée, donc collector, réalisées en collaboration avec Maxime Day. Enfin, le fétichiste ultime de la planche peut faire son choix parmi les planches customisées par des artistes dans un esprit street-art : aujourd’hui, Art on board compte une vingtaine de modèles, mais d’autres suivront. https://www.facebook.com/ organskateboards
116 Zut ! Culture × Cultures numériques
New School PAR BENJAMIN BOTTEMER PORTRAIT TONY TRICHANH
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L’école 42, fondée par Xavier Niel, le fondateur de Free, ambitionne de redistribuer les cartes de l’enseignement du numérique avec une pédagogie et un fonctionnement à contre-courant des standards français. Le Messin Hugo Massing, sélectionné pour intégrer la première promotion, nous livre son expérience.
« On peut se parler demain, mercredi », propose Hugo. Seul problème : nous sommes jeudi. On ne peut pas vraiment en vouloir au jeune étudiant de 22 ans : dans un lieu où week-end et vacances scolaires sont une notion réservée au monde extérieur, on perd forcément un peu la notion du temps. À la dernière rentrée, un millier de jeunes ont intégré 42, une école d’informatique d’un genre nouveau, dans le 17e arrondissement de Paris : pas de cours magistraux, pas d’horaires (42 est ouverte 24h/24, 7 jours sur 7), pas de vacances ou de semaines blanches, pas de frais d’inscription et aucun diplôme requis. De même, pas d’enseignants : on parle ici de « staff » qui met les étudiants sur la voie des projets à réaliser tout au long de l’année, n’intervenant qu’en cas de nécessité absolue. Un système de « peer-to-peer » appliqué à l’enseignement remplace la transmission verticale du savoir : un forum interne favorise les échanges entre étudiants, qui d’ailleurs se notent entre eux. « On est livrés à nous-mêmes, tout le fonctionnement de l’école nous pousse à l’échange, explique Hugo. On fonctionne en groupes, soudés, on avance en parallèle sur plusieurs projets… tout cela s’applique parfaitement à l’informatique. » Après un DUT Informatique au lycée Louis Vincent à Metz, Hugo, élève moyen, se pique de curiosité pour 42, attiré par la réputation de Xavier Niel, la gratuité, le principe de s’essayer à la pratique plutôt que d’ingurgiter de la théorie. « Être dans la réalisation, c’est clairement plus motivant que de passer des heures à réviser », lâche Hugo. Il a intégré la première promotion après un concours d’entrée déjà atypique : en ligne, celui-ci comprend des tests de personnalité, des jeux de mémoire, puis de programmation informatique… certains étant impossibles à réaliser, destinés à évaluer la persévérance et le raisonnement du postulant. Pour les heureux élus,
direction Paris et « la piscine », quatre semaines intenses de pré-sélection. « On travaillait dix heures par jour minimum, avec des projets à rendre pour le lendemain, plus d’autres le week-end », raconte Hugo. Arrivé à 42 au milieu des travaux, il découvre un microcosme créé par et pour les geeks : pas de salles de cours mais d’immenses espaces de travail équipés d’ordinateurs, des salles de repos avec matelas géants et consoles de jeux vidéo, visio-conférences et projections de films. Le nom de l’école lui-même renvoie au culte Guide du voyageur galactique de Douglas Adams. Dans son groupe composé d’un développeur web, d’une étudiante en Beaux-arts, d’une Britannique diplômée d’Histoire, entre autres, Hugo découvre une nouvelle façon d’apprendre et d’enseigner. L’effet 42 agit. Il est désormais plutôt critique au sujet du système universitaire classique : « En DUT, les mathématiques étaient essentielles, or je pense que c’est très utile si on veut faire décoller des fusées, pas pour créer un site web. Il
y a des failles dans le système qui laissent passer certains étudiants, pas forcément les plus prometteurs… De plus, on ne nous apprenait pas à nous débrouiller par nousmêmes. » Hugo est « confiant » quant à ses chances de réussite (même si 42 ne délivre aucun diplôme) et espère qu’après trois ans l’école lui permettra de profiter des débouchés offerts par sa réputation et des liens qu’elle tisse avec les entreprises. « Quoi qu’il arrive, j’aurais beaucoup appris, notamment en terme d’autonomie. Ça me sera utile sur le marché du travail. » www.42.fr
118 SÉLECTIONS lifestyle
DÉCO
Dehors !
Désormais, on cultive son jardin comme on bichonne sa maison. Celui-ci devient une pièce à part entière grâce à un mobilier technique adapté, qui ne fait plus l’impasse sur le design. Espaces Brajou proposent le must de l’outdoor avec une gamme de produits modulables pour équiper tous les espaces. On pense aux collaborations du groupe espagnol Kettal avec les designers Patricia Urquiola et l’Anglais Jasper Morrison qui ont marqué le renouveau de cette tendance. Le petit frenchy Triconfort se défend aussi avec des lignes plus classiques pour le jardin, que l’on peut pimenter avec Fatboy, plus ludique. Respirez, vous êtes chez vous ! (C.L.)
Espaces Brajou La Sapinière à Laxou 03 83 96 21 21 www.espacesbrajou.fr Visuel : chaises de jardin Jasper Morrison
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DESIGN
Origami Les lampes en papiers du studio néerlandais Snowpuppe font un carton. Normal, elle sculptent divinement la lumière, sont écolo, design et toutes mignonnes. Du papier cartonné hyper résistant travaillé en origami, des fils électriques gainés de tissu de couleurs différentes selon les modèles, une palette pastel et une version applique dotée d’une structure en bois clair. Une des trouvailles du Vélo Rose, nouveau concept store déco ultra rétro et charmant. (M.C.D) Le Vélo Rose 28, rue Taison à Metz 03 55 80 75 82
RESTO
Trop bon, trop beau
Maison Baci 23, place Saint-Louis à Metz 03 87 16 45 83
Photos : Pascal Amoyel
La dernière table où réserver ? À Metz. On file place Saint-Louis et on s’engouffre chez Maison Baci. Pourquoi ? Parce que son propriétaire, Jean-Pierre Panza qui possède le Café Rubis juste à côté, est une personnalité messine haute en couleur. Mais encore ? Parce que sa carte nous botte sacrément avec ses variations transalpines élégantes et ses assiettes joliment architecturées. Et ? Pour la décoration délicieuse d’Irène Irène qui n’en finit plus de faire parler d’elle, de Paris à Metz où elle vient de réaliser ce premier chantier global très prometteur. Trois ambiances distinctes, un comptoir en marbre à se damner flanqué d’une Stammtisch, une longue table où refaire le monde et à l’étage deux espaces distincts : rouge et graphique pour l’un et tropical vintage pour l’autre. Dépaysant. (M.C.D)
Illustration Laurence Bentz
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TERRASSE
Ice crime Avec un espace vert de 22 hectares en plein cœur de Nancy – que beaucoup de villes lui envient – le Parc de la Pépinière est le passage obligé des habitants et des touristes en goguette ! Pour s’extirper du gazon et des espaces jeux pour un bain de soleil en terrasse ou une simple halte désaltérante, on court à l’incontournable Brasserie de la Pépinière, qui entame une nouvelle saison. 700 places en extérieur pour accueillir le maximum de monde avec une variété de salades rafraîchissantes et des plats chauds en self-service ou servis à table. On fond littéralement pour ses glaces artisanales aux 60 parfums… Un nouveau goût à tester chaque jour pour passer un printemps délicieux au vert ! (C.L.)
EVENT
D’antan Avant de souffler sa 10 e bougie l’année prochaine, l’événement incontournable pour les amateurs de brocante s’installe une nouvelle fois au cœur de Strasbourg, dès le 26 avril. L’objet ancien déchaine les passions et la folie vintage s’empare de toutes les générations. Le Marché européen de la Brocante et de la Collection du Broglie joue désormais dans la cour des grands en devenant la plus grande manifestation dans l’espace public d’Alsace-Lorraine. Avec plus de 70 exposants venus en majorité du Grand-Est, le rétro retrouve ses lettres de noblesse notamment grâce aux antiquaires de plus en plus nombreux à y participer. Objets insolites, mobilier d’époque, vaisselle désuète devenu hype, le badaud amateur ou averti trouvera à coup sûr son bonheur dans les méandres de l’ancien ! Cerise sur le gâteau, ce marché vient d’être labellisé par le syndicat national SNCAO-GA (Commerce, Antiquité, Occasion et Galeries d’Art). Une raison de plus de se la jouer vieux beau ! (C.L.) Marché européen de la Brocante et de la Collection du Broglie, les 26 avril, 17 mai, 7 juin, 6 septembre et 4 octobre Place Broglie à Strasbourg
Brasserie de le Pépinière Parc de la Pépinière 03 83 35 35 30 www.brasserie-pepiniere-nancy.fr
CLUB
Vive le Roy ! Nouvelle identité, nouveaux propriétaires et nouvelle image… Pour sa métamorphose, le club mythique de la place Stanislas Les Caves du Roy a subi un lifting complet qui vient casser les codes de la discothèque. Résolument sobre et élégant, cet établissement de la nuit se veut désormais plus raffiné. Pari gagné ! Avec ses jeux de lumières, son choix de textures et son colorama chic sans être ostentatoire, l’agence MySpacePlanner a repensé l’endroit pour faire de chaque visite une expérience unique. Ce haut lieu de la nuit nancéienne a encore de beaux devant lui. (C.L.) Les Caves 9, place Stanislas à Nancy 07 89 59 74 76 www.facebook.com/lescavesnancy
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