Été 2014
Bordeaux Numéro 2 / Gratuit
02.06 — 12.07 INCLUS VENTES EXCEPTIONNELLES* AVANT REMISE EN BEAUTÉ DE LA BOUTIQUE � 14 DE LA PLACE DES GRANDS HOMMES
BORDEAUX T. [33] 05 56 43 66 00
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Zut ! numéro 3 sortie automne
Photo : Alexis Delon / Preview / www.preview-tm.fr Maillot de bain imprimé Diva by Rachel Pappo. Sandales en corde Jimmy Choo. Lunettes bicolores Fendi. Collier Eric Humbert.
2014
Mélanie Duprat
Adrien Navarro
Bruno Chibane
Développement commercial melanie@friendly-agence.com 06 34 62 08 73
Développement commercial adriennavarro@outlook.com 06 35 40 95 93
Direction de la rédaction & commercialisation bchibane@chicmedias.com 06 08 07 99 45
Pierre Murard Développement commercial zut.bordeaux@gmail.com 06 11 69 42 28
Emmanuel Abela Rédacteur en chef eabela@chicmedias.com 06 86 17 20 40
Myriam Commot-Delon Directrice artistique mode et tendances myrdelon@gmail.com 06 14 72 00 67
4 Zut ! Ours
contributeurs zut! team Directeur de la publication & de la rédaction Bruno Chibane Rédacteur en chef Emmanuel Abela Directeur artistique brokism Directrice artistique mode et tendances Myriam Commot-Delon Responsable d’édition Sylvia Dubost
Rédacteurs Emmanuel Abela, Cécile Becker, Myriam Commot-Delon, Sylvia Dubost, Mélanie Duprat, Bérangère Erouart, Caroline Lévy, Pierre Murard, Adrien Navarro, Philippe Schweyer, Claire Tourdot Design graphique brokism Stylistes Myriam Commot-Delon Photographes Alexis Delon / Preview, Émilie Dubrul, Patrick Durand, Olivier Laselle, Cécile Lhermitte-Perrinet, Thomas Pigeon, Julie Rey, Christophe Urbain Illustrateurs Laetitia Gorsy Retouche numérique Emmanuel Van Hecke et Camille Vogeleisen / Preview Mannequin Ayona / Up Models Coiffure Alexandre Lesmes / Avila
Crédits couverture Photographe Alexis Delon / Preview Réalisation Myriam Commot-Delon Mannequin Ayona / Up Models Coiffeur Alexandre Lesmes Make-up Jacques Uzzardi avec les produits MAC Blouson zippé en voile synthétique Brigitte Bardot aux Galeries Lafayette. Soutien-gorge Chantal Thomass. Couronne Rock’n Rose x Claudie Pierlot aux Galeries Lafayette. Bague Lotus en or jaune et tourmaline Eric Humbert. Studio photo / Preview 28, rue du Général de Gaulle 67205 Oberhausbergen 03 90 20 59 59 www.preview-tm.fr
Diffusion Zut ! Team Commercialisation & développement Bruno Chibane, Mélanie Duprat, Céline Loriotti, Pierre Murard, Adrien Navarro
Ce trimestriel est édité par Chic Médias 12, rue des Poules 67000 Strasbourg S.à.R.L. au capital de 25 000 euros Direction : Bruno Chibane Administration, gestion : Charles Combanaire Impression : Ott imprimeurs Parc d’activités « Les Pins » 67319 Wasselonne Cedex Tirage : 7500 exemplaires Dépôt légal : juillet 2014 SIRET : 50916928000021 ISSN : 1969-0789
Chic Médias Atlantique
Make-up Jacques Uzzardi
(société en création) zut.bordeaux@gmail.com Pierre Murard 159, rue Antonic 33320 Le Taillan Médoc zut.bordeaux@gmail.com Adrien Navarro 5, rue Delandre 33200 Bordeaux adriennavarro@outlook.com Mélanie Duprat 87, quai des Queyries 33100 Bordeaux melanie@friendly-agence.com
www.zut-magazine.com
JEAN-PAUL GOUDE POUR AUBERTSTORCH – 44 GL 552 116 329 RCS PARIS.
GALERIES LAFAYETTE BORDEAUX Magasin Principal : 11-19 rue Ste Catherine Magasin Homme : 12 rue Porte Dijeaux Du lundi au samedi de 9h30 à 20h Tél. : 05 56 90 92 71 Plus de mode sur galerieslafayette.com
6 Zut ! Sommaire
25
65
Culture 8 éditorial
10 courrier des lecteurs
12 au bon parfum Retour à Chypre
14 Bordeaux vu par Christophe Foubert, Aurore Combasteix, Emilie Byedov, Clément Kaufmann, Thomas Boudat, Frédérique Rol et Steve Le Bris, Brigitte Hurfin, Catherine Othaburu, Alice Lux
26 DESIGN Constance Rubini Portrait de la nouvelle directrice du musée des Arts décoratifs et gros plan sur le futur du lieu. 30 DESIGN Talitres Le label bordelais s’attache à la folk, à la pop, et à tout ce qui lui plaît. 32 ARTS BDX-LAX Rencontre avec Carine Dall’Agnol, instigatrice de cette exposition à l'Espace Saint-Rémi. 36 CULTURE Les sélections de la rédaction.
Lifestyle
41 Tendances 42 MODE Rose Kennedy Couronnés de fleurs, les beaux jours ont belle allure. 54 FLASH MOOD Up to date Nos envies de saison : des fringues, des accessoires, tout et rien. 56 SHOPPING Panoplie d’urgence Birkenstock et autres indispensables pour la plage. 58 URBAN STYLES La fashion dans les streets de Bordeaux. 60 TENDANCES Les sélections de la rédaction.
Zut numéro 2
66 DÉCO My Kingdom Gros plan sur une sélection bordelaise d 'objets pointus aussi ludiques qu 'esthétiques. 70 DESIGN Darwin Visite d’un lieu singulier où l’on invente de nouvelles manières de travailler et d’habiter le monde. 74 SPORT Surf Portraits de quatre shapeurs-surfeurs bordelais pour quatre visions de la glisse. 80 FOOD La cuisine en balade Focus en images sur trois food trucks qui sillonnent Bordeaux. 84 LIFESTYLE Les sélections de la rédaction.
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8 Zut ! édito
à l’eau avec kate PAR PHILIPPE SCHWEYER
Kate profitant du soleil bordelais dans la piscine de l’hôtel
Alors que je me ressource dans un hôtel de Bordeaux, Kate fait un crochet pour me rejoindre entre une séance de shooting à Miami et sa prochaine virée à Hong Kong. On ne s’est pas parlé depuis que j’ai balancé sur Facebook une photo d’elle en train de roupiller sur mon canapé. À peine arrivée, elle se déshabille comme si elle avait fait ça toute sa vie et plonge toute nue dans la piscine de l’hôtel. Je m’efforce de faire comme si de rien n’était, mais je ne peux m’empêcher d’admirer sa silhouette quasi parfaite. - Phil, viens te baigner au lieu de me mater ! - Je ne peux pas Kate, je n’ai pas mon maillot… - Et alors ? Regarde mes jolis seins ! - J’ai vu, ils sont sublimes… - Alors viens ! - Je ne veux pas que tu voies mon ventre… - Stop it, you are perfect ! (ne sois pas si modeste Phil, tu as un corps magnifique !). I must talk to you… (viens te coller à moi, j’ai à te parler…) Elle insiste tellement que je finis par me déshabiller et me jeter à l’eau complètement nu à mon tour. - Hey, it’s true que tu as pris du ventre ! Ça doit walking très bien ton Zut ! - Ben oui, pas mal…
-
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Je vois bien qu’elle fait sa petite moue boudeuse, mais je ne sais pas trop où elle veut en venir. Tout en crawlant sur le dos, elle tire nerveusement sur sa cigarette électronique. Tu ne trouves pas ça bizarre ? What ? (Quoi ?) Phil, you are crazy ! Un troisième numéro de Zut ! va sortir à Bordeaux et je n’ai toujours pas fait la couv ! You see, Zut ! is not a magazine comme les autres… Don’t tell me fucking french salads ! (ne me raconte pas de salades). I am not born from de last rain ! Do you really think that I’m not assez belle for Zut ! ? Don’t shout Kate ! (ne crie pas, on n’est pas tout seuls dans cet hôtel de luxe qui va coûter un bras à Chic Médias). I’m not the boss (je ne suis qu’un petit employé de rien du tout). Bruno is the big boss and Manu is the very big rédaction chief ! I love you Kate ! (je t’aime mais c’est Bruno et Manu qui décident) Si tu loves me, call your Bruno immediatly ! But Bruno is very busy… (mais Bruno a perdu son téléphone) Shut your mouth ! I came here at Bordeaux specially for you and you are
so nasty ! (Je suis venue dans ce trou perdu exprès pour te remonter le moral et tu me traites comme une moins que rien !) - If you want, I will speak to Alexis. He is a big photographer (je glisserai un mot au photographe qui fait toutes nos photos de couverture). And I will also speak to Myriam, she’s a very good styliste ! (je ferai mon possible, mais c’est Myriam qui décide…) - It’s so cruel ! I want so much to be on the next cover… (je veux être en couv du prochain Zut ! ou je fais un malheur !) - Ok… I will see ce que je peux faire for you, but tell me where are my clothes ! I want to get out and drink a little glass of Médoc because I am assoifed. (Ok, calme tes nerfs et dépêche toi de me dire où tu as planqué mes vêtements ! Je veux sortir de cette piscine !) Une heure plus tard, Kate refuse toujours de me rendre mes vêtements. Même si je commence à avoir la peau toute ramollie, pas question de céder au chantage… Je préfère passer la nuit dans l’eau que de lui promettre la couv du prochain Zut ! Non mais…
B O R D E A U X - G R A N D S H O M M E S - W W W. O P T I K A - B O R D E A U X . F R
10 Zut ! Chronique
Par Philippe Schweyer
courrier des lecteurs
2
PEACE AND VÉLO BORDEAUX ! Vélo Reinette, Bravo pour votre imagination et vos jolis mollets ! Votre invention est tout simplement géniale et pourrait bien bouleverser la lecture de Zut ! (tout en provoquant quelques petits accrochages). Un petit tour de roue pour nos lectrices, un grand tour de roue pour l’humanité !
Une lectrice qui aimerait pouvoir lire son magazine préféré en pédalant, une autre qui n’arrive plus à faire la grasse matinée, un lecteur qui écume les boîtes de nuit à la recherche de jolies filles… Une fois de plus, nos lecteurs réagissent et se dévoilent ! Capilo Zut !, Génial votre dossier sur le skateboard dans le dernier numéro. Je me suis vraiment régalé ! À quand un dossier d’aussi bonne tenue sur les salons de coiffure de Bordeaux ? La coiffure est un art, faudrait pas l’oublier ! — Coco, 36 ans. Capilo Coco, Bien sûr que la coiffure est un art, au même titre que la pédicure, la manucure et la confiture. Il n’y a qu’à observer les cheveux de nos chroniqueuses pour comprendre qu’elles passent pas mal de temps devant leur glace chaque matin, d’où leur arrivée tardive au bureau… [Vive la délation !, ndlr] Vélo Zut !, Votre magazine est tellement classe que je l’emmène partout avec moi. Ce serait vachement sympa de proposer à un designer de concevoir un support à fixer sur le guidon de mon vélo pour me permettre de le lire tout en pédalant le long de la Garonne après le boulot. — Reinette, 28 ans.
Black is beautiful Zut !, J’étais ravi de découvrir la photo d’une ravissante black en couv de votre dernier numéro. Je me demande comment vous faites pour repérer des beautés pareilles ? Moi qui passe tous mes week-ends à écumer les boîtes de nuit et les salles de concerts, j’ai du mal… — Thierry B., toujours 20 ans. Black is beautiful Thierry B., Votre enthousiasme pour notre dernière couv' fait bien plaisir. Pour avoir plus de succès, vous devriez essayer les vernissages. L’entrée est gratuite, les boissons sont gratuites, les petits fours sont gratuits et il y a nettement plus de jolies femmes au mètre carré qu’en boîte de nuit ! Apéro Zut !, Super votre dernier numéro ! J’ai adoré la photo d’Éric Limouzin au marché des Capucins. Au fait, entre son boulot d’architecte, la co-présidence du club de rugby et l’organisation du festival Novart, je me demande comment il trouve encore le temps de prendre l’apéro celui-là ? — Cécile, 46 ans. Apéro Cécile, C’est injuste, mais c’est comme ça… Il y a des gens qui réussissent à vivre mille vies en une seule matinée pendant que vous passez la vôtre à vous goinfrer de chips trop salées et de Coca trop sucré en regardant des reportages truqués anxiogènes sur M6.
Business Zut !, J’ai été choqué par la photo ridicule du groupe Cheveu dans le dernier numéro. Si vous continuez à publier ce genre de photos dans Zut !, vous risquez de foutre en l’air votre business qui m’a pourtant l’air plutôt rentable ces derniers temps… — Man, 48 ans. Business Man, Nous avons bien mesuré le risque. Après quelques heures de débats houleux, nous avons décidé de continuer à proposer des images pouvant heurter la sensibilité de nos annonceurs (un de perdu, dix de retrouvés !). La vie est compliquée Zut !, C’est très courageux de sortir cinq éditions de Zut !. Je me demande comment vous faites sans mécène ni subvention ? Surtout que les commerçants tirent un peu la langue en ce moment si j’en crois ce que j’entends ici ou là… — Noisette, 25 ans. La vie est compliquée Noisette, Il semble effectivement que les collectivités soient à sec et que les commerçants ne roulent pas sur l’or (ils préfèrent rouler en 4x4). Heureusement, ce n’est pas pour l’argent que nous nous donnons tant de mal. Ce qui compte plus que tout pour nous, c’est la satisfaction de nos lecteurs… et la gloire ! Peace Zut !, J’ai adoré la pub pour Optika dans le dernier numéro. Ça m’a rappelé l’époque où je restais au lit toute la journée avec mon compagnon. Maintenant, je n’arrive plus à faire la grasse matinée et je ne vois presque plus, même avec mes vieilles Ray Ban… — Yoko, 81 ans. Peace Yoko, C’est vrai que la pub Optika en question était plutôt sympa… Comme quoi on peut vendre des lunettes sans se prendre au sérieux. Si vous ne voyez plus très bien, il est peut-être temps de changer les verres teintés de vos Ray Ban ?
Photo : Gettyimages
aquitaineenscene.fr
12 Zut ! Chronique
Par Sylvia Dubost Illustration Lætitia Gorsy
au bon parfum
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RETOUR À CHYPRE
La mode est un éternel retour. Sur son blog Grain de musc, Denyse Beaulieu relevait, il y a déjà quelques temps, que le parfum avait renoué avec le chypre. Avec trois beaux lancements ces dernières années, il s’était à nouveau fait une place aussi bien dans la parfumerie mainstream (Bottega Veneta), que dans celle de niche (Azemour de Parfums d’empire) et « l’in between » (Mon parfum chéri d’Annick Goutal par Camille). Non qu’il avait réellement disparu, mais mal aimé et incompris, il a longtemps été étiquetté comme « ringard ». Clairement connotés 50s, les jus chyprés ne sont pas de ceux qu’on porte sans y penser… En 1917, la maison Coty connaît un succès retentissant avec Le Chypre, auquel on attribue souvent la paternité de cet accord de notes qui n’a, depuis, cessé d’être décliné. À la vérité, Le Chypre s’inscrit dans une déjà longue tradition. Les origines sont incertaines, mais il semblerait que, dès le XVIIe siècle, on fabrique sur l’île de Chypre des gants parfumés à la mousse de chêne, note de voûte des accords chyprés, qui lui associent à l’époque musc, civette et ambre. Au milieu du XVIIIe siècle, Roger & Gallet, Lubin et Guerlain préfèrent leur mousse accompagnée de bergamote,
patchouli et labdanum, accord qu’on retrouvera chez Coty et qui fera florès. Aujourd’hui disparu, Le Chypre a eu une engeance nombreuse, et la descendance a parfois perdu toute ressemblance avec son ancêtre. On y classe tout ce qui contient de la mousse de chêne, voire du patchouli, en notes de fond ; dès lors, on a bien du mal à trouver le point commun entre Cristalle (Chanel, 1974) et For her (Narciso Rodriguez, 2004), Mitsouko (Guerlain, 1919) et Miss Dior chérie (Dior, 2005)… Riche et rugueux, un vrai chypre ne lésine pas sur la mousse : il se reconnaît à ce fond amer et humide, à ses notes de sous-bois. Le chypre est un esprit, encore plus qu’un accord. C’est un parfum puissant, habillé et fatal, un parfum de femme de tête, qu’elle ait des allures de garçonne ou un brushing de working girl. Le chypre, c’est la féminité démonstrative, mais au contraire des orientaux, elle n’est ni sensuelle ni chaleureuse. Elle est froide et distante. La femme « chyprée » incarne le luxe et le pouvoir. Elle est toujours « grand soir », même en journée, n’est jamais aimable, même en privé. On la regarde sans lui parler ; elle n’est pas seulement loin, elle est au-dessus. C’est Marlène Dietrich en tailleur pantalon, Alexis
Carrington en épaulettes. Elle se drape dans ces chypres mythiques qui jalonnent l’histoire de la parfumerie : Mitsouko, Femme (Rochas, 1944), Miss Dior (Dior, 1947), Cabochard (Grès, 1959), Aromatics Elixir (Clinique, 1971), Parure (Guerlain, 1975), Diva (Ungaro, 1983), Knowing (Estée Lauder, 1988)… Des jus très amples et habillés, précieux à sentir, difficiles à porter. Ils sont comme ces peintures que l’on considère sans mal comme des chefs d’œuvre sans pour autant avoir envie de les accrocher dans son salon… Mais il est rassurant que, malgré l’image de la femme qu’il véhicule, pas toujours en accord avec celle qui domine dans la société, le chypre soit certes passé de mode mais n’ait jamais vraiment disparu. En 2006, par exemple, naissaient Soir de lune (Sisley) et Perles (Lalique). Aussi, trois lancements ne suffisent peut-être pas à marquer un retour, mais ils sont en tout cas un beau pied de nez à l’air du temps, qui préfère une femme plus accessible et discrète et se rassure d’odeurs régressives. Ils sont surtout la preuve que l’über-luxe qu’incarne le chypre est le meilleur argument de vente…
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Bordeaux vu par PAR MÉLANIE DUPRAT, PIERRE MURARD, ADRIEN NAVARRO
О
Photo Julie Rey
Ils vivent, travaillent, créent et sortent à Bordeaux. Les hommes et les femmes qui font vibrer la ville nous font découvrir leur lieu préféré.
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Christophe Foubert 42 ans
Réalisateur et biographe
Où ?
Le miroir d’eau « C’est pour moi le lieu qui marque le passage d’une ville “ vieille ” à une ville moderne, tournée vers l’avenir. C’est aussi un endroit chargé d’histoire avec le port de la Lune où se reflètent les deux rives ! » Mar 1er Juillet
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Actu !
Création d'Existences, société de production spécialisée dans la réalisation de biographies filmées pour les particuliers.
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Aurore Combasteix 34 ans
Lun 7 avril
Coordinatrice générale du FRAC Aquitaine
Photo Julie Rey
Où ?
La Gare Saint-Jean La gare est un lieu en mouvement où se presse une population hétéroclite, un lieu non dévolu à l’art, et pourtant, le FRAC y expose… Voilà un détournement destiné à rendre la culture accessible à tous. La gare incarne la notion de départ, de renouveau, de rayonnement… À l’image du projet MECA [maison de l’économie créative et de la culture en Aquitaine, ndlr], qui verra le jour courant 2017.
Actu !
Jusqu’au 21 septembre, exposition magmas & plasmas d’Antoine Dorotte au FRAC Aquitaine. Jusqu’au 13 novembre, Le cercle parfait de la lune ne dure qu’une nuit au château Guiraud à Sauterne. Projet Euratlantique. Le FRAC bientôt près de chez vous ! à la bibliothèque Flora Tristan. Hangar G2, quai Armand Lalande www.frac-aquitaine.net Blouson Muuba, robe Mila Brant, le tout chez Alphonse Alphonsine
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Emilie Byedov 34 ans Coordinatrice Marketing Galeries Lafayette Bordeaux
Lun 9 juin
Photo Julie Rey
Où ? Darwin « Ce lieu me rappelle l’ambiance de mes années passées au Canada et plus particulièrement celle du quartier de Distillery District à Toronto. Darwin est un endroit étonnant, en devenir, un espace de liberté dans un ancien cadre militaire, où histoire, architecture et street art cohabitent harmonieusement. Ma sensibilité à l’art urbain me fait apprécier cette gigantesque page blanche laissée à l’imagination esthétique des graffeurs. »
Actu !
6e édition des Vitrines sur l’art jusqu’au 31 juillet : exposition d’artistes dans les vitrines du magasin. 11, rue Sainte-Catherine www.galerieslafayette.com Chemisier Maje, veste Chattawak, le tout aux Galeries Lafayette
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Alice Lux 37 ans
Ven 4 juillet
Directrice de Luxiol Agence en communication d’entreprises
Photo Emilie Dubrul
Où ? La terrasse du Grand Théâtre « J’ai choisi l’Opéra en hommage à ses programmations et pour remercier l'équipe qui m'a initiée au monde de la danse et de la musique classique. À ne pas manquer en ce moment : l’exposition étonnante : Au-delà du miroir, dans le plus pur esprit de Lewis Caroll. »
Actu !
Lancement en septembre avec Marie De Crisey, d’une structure de diffusion sur Internet et en ventes privées, de lots de vaisselle vintage récupérés dans les brocantes : Les dinettes chinées. Débardeur Zoé Karssen, short Surface to air, le tout chez Sun.
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Thomas Boudat 20 ans Jeu 22 mai Champion du monde en cyclisme sur piste
Photo Julie Rey
Où ? Le Vélodrome « J’y ai fait mes débuts. C’est le premier vélodrome que j’ai découvert et j’en connais les moindres parties. Depuis, j’ai couru sur de nombreuses autres pistes dans le monde, mais j’y reste bien évidemment attaché. J’espère qu’il saura être préservé au milieu de l’urbanisation du quartier. »
Actu !
« Chargée ! », Thomas poursuit sa saison cet été en Suisse pour les Championnats d’Europe sur route et au Portugal pour ceux sur piste, avant de prendre un peu de repos et ainsi, être à 200% de ses capacités pour défendre son titre lors de la prochaine saison. Sweet Carven de chez a.Copola
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Clément Kaufmann 34 ans
Mar 1er juillet
Directeur de l’agence Espaces Atypiques
Photo Julie Rey
Où ? Rue du Faubourg des Arts « Une rue que je trouve belle et apaisante, où d’anciens chais ont été réhabilités en ateliers d’artisans d’art, qui y partagent leur savoir-faire avec le grand public. À deux pas de nos bureaux, elle nous ressemble, avec ses lieux d’origine industrielle ou commerciale, transformés par des férus d’architecture, d’art et de design. »
Actu !
Ouverture ce printemps de l’agence Espaces Atypiques à Bordeaux. Agence immobilière spécialisée en immobilier contemporain, loft, atelier, duplex, appartement terrasse, rénovation contemporaine et maison d’architecte. Chemise Melinda Gloss chez a.Copola
21
Brigitte Hurfin 55 ans
Mar 24 juin
Commerciale Grand Sud-Ouest Sin Rejac et TPS Emballages
Photo Cécile Lhermitte-Perrinet
Où ? Place de la Comédie « Cette place magnifique est un point de rendez-vous incontournable tant des Bordelais que des touristes. Dominée par les neuf Muses et trois Déesses du Grand Théâtre, elle est pour moi un lieu évident de passage lors des visites à mes clients, parmi lesquels beaucoup de belles boutiques de ce fameux Triangle d’or. »
Actu !
Depuis 12 ans, conseil et commercialisation de solutions complètes d’emballages personnalisés hauts de gamme : rubans imprimés en relief, sacs papier, etc., qui ne cessent de séduire de nombreuses grandes Maisons en Aquitaine. www.sinrejac.fr www.tpsemballages.fr Veste, robe tulipe et chaussures chez Chacok
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Jeu 19 juin
Catherine Othaburu 54 ans
Directrice de Formasup Campus
Photo Cécile Lhermitte-Perrinet
Où ? Le Chai de Luze « Un cadre magnifique et original. Une rue intérieure qui relie pendant la journée le faubourg des Arts au quai des Chartrons. Notre cadre de travail quotidien ! »
Actu !
Ouverture de la nouvelle école Supmode [parrainée par Chantal Thomass !, ndlr] avec l’atelier mode près des Quinconces. Vice-présidente du club des Entreprises de Bordeaux. Top Erica Cavallini semi-couture et sac Jérôme Dreyfuss, les deux chez Pantélis.
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Steve Le Bris et Frédérique Rol 40 et 37 ans
Ven 20 juin
Architectes DPLG
Photo Émilie Dubrul
Où ? Rue Ramonet, Les Chartrons « À proximité immédiate des quais, entre le centre historique de Bordeaux et le nouveau quartier des bassins à flot, ce pan de ville cosmopolite offre une grande diversité d’espaces, d’ambiances et de rencontres. Les anciennes activités du négoce de vin ont notamment façonné cette portion de ville par la création de nombreux chais. Un vrai terrain de jeux pour les architectes ! »
Actu !
Construction en cours de trois maisons mitoyennes dans le centre-ville de Bordeaux, transformation d’un chai dans le quartier des Chartrons, collectif contemporain de 20 logements (CUB) et installation prochaine de l’agence aux Chartrons. Frédérique : robe Version Originale aux Galeries Lafayette Lunettes Marni chez Optika Steve : polo Jodhpur aux Galeries Lafayette Lunette L.G.R. chez Optika
Culture
Photo : brokism
26 Zut ! Culture Art & Design
DESIGN ET DES CORPS PAR CÉCILE BECKER PORTRAIT CHRISTOPHE URBAIN
Exploratrice du design, Constance Rubini prend la direction du musée des Arts décoratifs de Bordeaux en janvier 2013. Historienne, chercheuse, professeure, commissaire et rédactrice, elle a cherché et cherche encore à apprécier toutes les facettes du design et à le (re)mettre au cœur de l’humain.
Elle vient seulement de prendre conscience de la proximité des plages. Un an et demi après son arrivée à la tête du musée des Arts décoratifs de Bordeaux, une fois passé le tourbillon de l’acclimatation et l’effervescence extrême des premières expositions, Constance Rubini prend le temps d’apprécier sa nouvelle ville : « J’ai beaucoup de plaisir à habiter Bordeaux, tout est à proximité, j’adore rentrer chez moi en vélo par les quais le soir. La vie est douce, s’enthousiasme t-elle. Quand on arrive de Paris, on est émerveillé par l’amabilité des gens et par le rapport à la vie qu’ils entretiennent : un rapport beaucoup moins gaspillé qu’à Paris ». À Paris, d’où elle vient, tout va très vite. Là-bas, elle est chargée des programmes culturels au musée des Arts décoratifs et voit s’enchaîner les opportunités à un rythme effréné. Elle souhaite propulser sa carrière à un autre niveau en candidatant pour le poste de directrice à Bordeaux : « J’ai mené plein de choses de front, dans différents lieux. Je me suis dit que ce serait génial de me retrouver dans un endroit et de porter un projet. J’ai voulu me concentrer sur un lieu, y mettre toute mon énergie et y développer ma vision du design. » Une vision jalonnée par un intérêt profond : échanger, discuter, débattre et questionner. Un langage résolument tourné vers l’humain qu’elle développe tout au long de ces expériences circulaires menées en marge de son poste à Paris. Professeure dans de grandes écoles de design, auteure
de nombreuses publications dont une thèse La diffusion du mobilier contemporain de 1930 à 1980, rédactrice en chef de la revue de design Azimuts durant cinq ans, elle-même rédactrice, commissaire de la biennale de Saint-Étienne ou à la Villa Noailles... Constance Rubini est infatigable mais surtout passionnée : « Je suis assez curieuse, dit elle. Ça peut paraître un défaut de faire autant de choses car cela peut être difficile de rester concentrée tout en étant à plein d’endroits en même temps. Mais j’ai la conviction que c’est en abordant les choses par différents angles qu’on les comprend le mieux. » Au fil des années, elle finit par se forger une connaissance de spécialiste et, du même coup, une réputation dans le domaine du design contemporain. Il s’en est fallu de peu : « J’hésitais beaucoup entre continuer à me spécialiser dans le dessin ancien à Venise au XVIe siècle ou alors à m’intéresser au design contemporain qui manquait, à l’époque, cruellement de documentation, raconte-t-elle. Soit j’allais au bout de ma pensée en m’installant à Venise, soit je me tournais vers le monde qui m’entourait. J’ai choisi le monde via le design contemporain, parce qu’il est le témoin des changements de la société. » Elle entre alors au Louvre en tant que stagiaire, presque au forceps, pour travailler sur une exposition du Titien – « J’adorais, il fallait que j’y sois. Il faut être là où l’on veut aller ! » – et traverse plus tard le jardin pour entrer au musée des Arts décoratifs où
27
28 Art & Design Constance Rubini
elle vit sa première émotion design face à un canapé Jean Nouvel et un luminaire Martine Bedin. Seize ans plus tard, elle met à profit son parcours fait d’objets d’hier et d'aujourd’hui au musée des Arts décoratifs de Bordeaux. Entre ancien et contemporain Au cœur de cet ancien hôtel particulier imaginé par l’architecte bordelais Etienne Lamotte converti en musée, se croisent des collections entre les XVIIe et XIXe siècles. Constance Rubini se voit ouvrir les portes de ce lieu très familial par des « gens très chouettes. » Et de continuer : « Les deux précédentes directrices Jacqueline du Pasquier et Bernadette de Boysson ont réussi à instaurer cette atmosphère très agréable. Au-delà du métier qu’on aime : les Arts décoratifs et le design, je crois que lorsqu’on s’intéresse à ces domaines là de la création, on attache beaucoup d’importance aux relations humaines. C’est très lié. » Avant de confier le commissariat de l’exposition De l’intime à Caroline Fillon, responsable du service des publics du musée, elle organise l’une de ses premières expositions : Sortis des réserves où elle invite toute l’équipe à fouiller pour créer des couples entre un objet contemporain et un objet ancien, et, par là même, à mêler ces deux univers qui lui sont chers. Un défi dans une ville très attachée aux traditions. Elle explique : « Il faut donner sa place à tout le monde, essayer de faire comprendre que les choses se nourrissent les unes et les autres. L’association des amis du musée a pu être étonnée de voir arriver un directeur spécialisé dans le contemporain, mais j’ai un passé qui manifeste mon intérêt pour l’histoire. Il est hors de question de déménager les salles XVIIIe, tout doit rester. Il faut à la fois s’occuper de la restauration, continuer à nourrir ces publics et parallèlement développer un intérêt pour le contemporain dans l’idée de croiser ces publics. » Si Constance Rubini souhaite
Salon vert du musée des Arts décoratifs © Mairie de Bordeaux Photo : Lysiane Gauthier
placer quelques objets contemporains dans les collections, petit à petit et intelligemment en jouant sur les contrastes, elle réfléchit également à créer un espace dédié au design contemporain dans le bâtiment à l’arrière du musée. Ce n’est d’ailleurs pas innocent, et cela vous aura peut-être échappé : doucement le « musée des Arts décoratifs » se voit suivre par l’expression « et du design ». Chaque chose en son temps. Ayant conscience de l’attachement des Bordelais à l’art de vivre, elle a fait entrer de nombreux objets de la marque Alessi, grand spécialiste de la table, dans la collection du musée, a exposé une collection particulière de verres anciens dès son arrivée et travaille en complicité avec de nombreux acteurs locaux, notamment la boutique d’arts de la table : Les Intendances. Il s’agit d’amener la culture du design en douceur, en facilitant sa compréhension par le public. Car le design ne se fait pas sans l’homme. Comme une nouvelle étape vers cette ambition, le musée des Arts décoratifs de Bordeaux prépare sa prochaine exposition, la première rétrospective consacrée au designer, théoricien du design et architecte Andrea Branzi, lui-même très attaché aux liens entre l’environnement, l’humain et le design. « Pour moi, c’est un père du design. À
travers son travail, il nous permet de comprendre ce qu’il s’est passé durant les XXe et XXIe siècle. Il pose une base historique de l’évolution du design. » Une présentation qui se fera hors-les-murs à l’espace Saint-Rémi et au centre d’architecture Arc en Rêve, en même temps qu’une exposition dans les murs de Martine Bedin, grande designer française ayant participé au groupe Memphis, comme Branzi, qui a favorisé l’entrée des couleurs et le mélange des styles dans le design. Un programme ahurissant par sa densité à retrouver à la rentrée, confirmé par Constance Rubini : « Ah oui, là, on a un gros programme, on bosse ! » Musée des Arts décoratifs et du design, 39, rue Bouffard à Bordeaux. 05 56 10 14 00 www.bordeaux.fr
29 La playlist design de Constance Rubini Le plus bel objet de design jamais vu ? La bibliothèque Piccolo Albero d’Andrea Branzi [présentée dans le cadre de l’exposition, ndlr]. C’est aussi l’un de mes premiers chocs de design, d’où l’importance de cette exposition pour moi.
Etagère Pierced Bookcase d’Andrea Branzi, 2006 © Design Gallery Milano Photo : Ilvio Gallo
L’objet de design que vous possédez, dont vous êtes la plus fière ? La bibliothèque « L et T » de François Bauchet. La période design la plus intéressante selon vous ? Les années 80 qui sont des années charnières et qui ont permis de passer d’une vision du design forme/fonction à la liberté des formes qu’on connaît aujourd’hui. Une boutique à Bordeaux ? La boutique RKR, rue Notre Dame. Une galerie à Bordeaux ? La galerie Tourny, cour de Verdun, vraiment géniale, une belle référence. Elle est tenue par Nathalie San Agustin qui a une vraie culture design. J’aime aussi la galerie Arrêt sur l’image de Nathalie Lamire Fabre, il y a beaucoup de photographies, mais un grand intérêt pour le design. Un objet à inventer ? De but en blanc, c’est difficile... Alors, si ! Un objet qui permettrait de boire du bon vin rouge dans l’espace. Si l’espace n’est plus un lieu qui appartient aux politiques et que le tourisme s’y développe, alors comment fait-on pour y boire du bon vin ? C’est une idée que je pique à un jeune designer, Octave de Gaulle, qui travaille sur ce projet. J’aimerais que ce projet aboutisse et qu’on puisse le montrer au musée des Arts décoratifs et du design à Bordeaux.
Anti-design ? Ne vous laissez pas impressionner par ce titre construit comme une esbroufe, non Andrea Branzi n’est pas littéralement anti-design. Son geste, très humain, s’attache à s’éloigner des principes modernistes alors tournés vers le fonctionnalisme et l’industrialisation pour favoriser la créativité, mais surtout les émotions. Pour faire simple, Andrea Branzi a contribué aux formes multiples que revêt le design contemporain : une forme plus ouverte à l’esthétique, tendant vers l’art. Et puisque l’art élève l’homme, le design en est tout aussi bien capable. L’exposition organisée par le musée des Arts décoratifs s’attache donc à développer ce discours alors avant-gardiste à travers la présentation de nombreuses œuvres à l’espace Saint-Rémi et de son projet d’urbanisme No-Stop City développé à la fin des années 60
monté à Arc en Rêve. À SaintRémi, la longue carrière d’Andrea Branzi sera déroulée en sept axes chronologiques : l’expressivité des objets, l’objet comme décoration et non plus comme venant servir des besoins primaires, la place de la nature, l’objet comme vecteur d’histoires, la céramique, les fleurs et enfin, la monumentalité. Une exposition, première rétrospective consacrée à ce grand homme, comme un souffle d’air frais. Andrea Branzi, Please to Meet You, 50 ans de création exposition du 10 octobre 2014 au 25 janvier 2015 à l’espace Saint-Rémi, 4, rue Jouannet et à Arc en rêve, centre d’architecture, 7, rue Ferrère, à Bordeaux.
30 Zut ! Culture Musiques
LOST IN MUSIC PAR CÉCILE BECKER PHOTO CHRISTOPHE URBAIN
Talitres est un label bordelais s’engouffrant dans les tréfonds des musiques pop et folk pour en dénicher des trésors. Au milieu d’un charmant petit bataclan, entre 80 références, cartons de disques, classeurs et magazines, Sean Bouchard s’attache à sortir, avant tout, ce qui lui plaît.
D’où vous est venue l’idée de monter ce label ? J’ai un parcours assez atypique dans l’industrie musicale, je ne viens pas du tout de ce milieu puisque j’ai une formation d’ingénieur agronome. Après avoir travaillé au Viêt Nam, où je m’occupais de production de framboises dans un petit village perdu dans les montages, je suis revenu m’installer à Bordeaux avec mon épouse. J’ai fait un détour par la production de fraises entre le Périgord et le Maroc et puis, du jour au lendemain, j’ai tout laissé tomber, sans trop savoir ce que j’allais faire. Je me suis dit : pourquoi ne pas essayer de défendre des groupes que j’écoutais alors ? Notamment des groupes anglo-saxons comme Idaho ou Swell avec qui j’ai eu la chance de travailler par la suite. Et puis, de fil en aiguille, je me suis mis à chercher des groupes sur Internet, via un site qui s’appelait mp3.
com, qui n’existe plus maintenant et où j’ai découvert Elk City que j’ai signé. J’ai eu de supers retours : une pleine page dans Libé, Lenoir a défendu le projet sur Inter... Treize ans après, le label est toujours là. Quand avez-vous senti que votre label décollait ? En 2008. 2005 a été une année riche en matière de collaboration : j’ai signé Wedding Present, The Organ, Piano Magic, Idaho... La même année mon distributeur a déposé son bilan, j’ai perdu beaucoup, j’ai
mis deux ans à redresser la barre jusqu’à la signature d’Emily Jane White pour laquelle j’ai eu un vrai succès critique et commercial. C’est là que le catalogue s’est installé avec Ewert and the Two Dragons, Motorama et Micah P. Hinson, j’ai été plus sûr de moi même si j’ai toujours l’impression de jouer ma chemise à chaque signature et à chaque sortie.
31 Au sein du back-catalogue de Talitres, un choix de quatre disques à intervalles (presque) réguliers.
“ La passion que j’ai, c’est pour mes groupes. ” Étant donné que votre site de prédilection a disparu, comment faites-vous aujourd’hui pour découvrir de nouveaux groupes ? Pour Ewert and the Two Dragons, j’ai été invité au festival Lost in Music en Finlande, consacré à la scène balte et scandinave, c’est là que je les ai découverts. Euxmêmes m’ont invité à Talinn, où j’ai découvert Motorama. Frànçois & the Atlas Mountains m’ont mené jusqu’à Rachael Dadd que je sors cet automne. C’est une histoire de réseau et de connexions. Qu’est-ce qui fait que vous produisez un disque ? Je ne pourrais pas sortir un album que je n’aime pas. C’est très compliqué et à la fois simple. Compliqué parce que je suis tout seul et parce que je ne tiens pas à écouter d’autres avis que le mien : le label repose sur mes oreilles. C’est subjectif. Là, je collabore avec le groupe fétiche du label, les Londoniens de Flotation Toy Warning. Ils ont sorti un album en 2004, Bluffer’s Guide To The Flight Deck, le seul. C’est un album culte pour moi, je l’écouterai toujours avec autant de plaisir et de passion. Ça fait dix ans, et cela fait depuis 2007 qu’on doit sortir leur second... Ils m’ont envoyé leurs démos, géniales ! Mais ils sont si perfectionnistes qu’ils travaillent encore dessus et c’est lourd. Même si j’aime cette lenteur, tout ça fait leur charme. Il faut être capable de patienter lorsqu’on aime vraiment un groupe. J’écoute peu d’autres groupes aussi passionnément que les miens. À part Bill Callahan. Lui, je rêverais de l’avoir ! La passion que j’ai, c’est pour mes groupes. Talitres 12, place de la Victoire talitres.com
— Flotation Toy Warning, Bluffer’s Guide to the Flight Deck (2004) Cette formation londonienne avait marqué les esprits avec un premier et unique album à ce jour, qui faisait la jonction entre les belles aspirations art pop de formations early 80’s comme Josef K et les expérimentations orchestrales de groupes psychédéliques. On attend la suite avec impatience ! — Idaho, The Forbidden EP – Alas (2008) On était ravi de voir débarquer Jeff Martin chez Talitres avec un propos demeuré intact. Ce disque qui faisait suite à The Lone Gunman montrait que le Californien gardait le cap d’une belle intimité, avec ce qu’il fallait de rugosité. Cinq après sa sortie, ce bel album mérite qu’on s’y attache à nouveau. — Rozi Plain, Joined Sometimes Unjoined (2012) Qu’on se le dise : les disques sont comme des cadeaux qui tombent du ciel, et celui-là peut-être encore un peu plus que les autres. Cette jeune britannique a travaillé sur les ferries qui sillonnent les côtes de l’Avon et nous a livré sa petite merveille pop miniature. Un joli secret qu’il est bon de faire circuler. — Will Stratton, Gray Lodge Wisdom (2014) La pop acoustique de ce Californien, qui habite désormais à Brooklyn, lorgne du côté des arrangements des modèles contemporains tels Morton Feldman. Cet amoureux de musique minimale signe ce disque entre pop et avant-garde qui le situe à l’égal de son ami Sufjan Stevens, dans la longue lignée des grands songwriters comme Nick Drake.
32 Zut ! Culture Arts
L.A. WOMAN PAR BÉRANGÈRE ÉROUART PHOTOS PATRICK DURAND
2014, année du 50e anniversaire du jumelage Bordeaux-Los Angeles. Carine Dall’Agnol, instigatrice de BDX-LAX, puise dans son expérience de la cité des Anges pour nourrir ce projet d’expositions et esquisse de possibles passerelles entre ces deux villes au bord de l’océan.
Étrange, le destin de cette ancienne église médiévale. Désaffectée sous la Révolution, puis tour à tour convertie en magasin à fourrage, entrepôt des douanes, écurie, garage, et réserve lapidaire du Musée d’Aquitaine, avant de se réincarner, il y a 15 ans, en lieu culturel atypique, baptisé Espace Saint-Rémi. 1000m 2 de béton ciré où, sous les voûtes en ogive de pierre blonde, sont présentées les œuvres furieusement contemporaines des neuf urban artists (six Bordelais, trois Californiens) dans le cadre de BDX-LAX Faraway So Close. Étrange aussi, ce trajet existentiel qui propulse une enfant de Dax, ne rêvant que de peinture, vers un brillant parcours de communicante (prépa HEC, INSEEC,
carrière à Paris, puis 8 ans à Bordeaux chez DDH, acteur phare de la com’ locale), avant que la grâce d’un séjour californien ne la renvoie à ses appétits artistiques. Cette brune longiligne rattrapée par sa passion, c’est Carine Dall’Agnol. Allure et timbre de voix rock, regard franc, l’œil qui s’allume dès qu’on évoque l’art urbain, l’art tout court. Une admiration fiévreuse pour ceux qu’elle défend, mais une discrétion certaine, presque effarouchée, dès qu’on aborde les rivages de son « cas personnel » : « Vous croyez que ça peut être intéressant ? »
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“ Notre démarche ne s’inscrit dans aucune mouvance précise, elle reflète une dynamique générationnelle ” Les 50 ans de jumelage entre Bordeaux et Los Angeles donnent lieu cette année à une série d’expositions qui mettent en avant la scène artistique californienne. Pourtant, la création de BDX-LAX Faraway So Close remonte à 2011, et c’est la troisième exposition que vous organisez sous cette bannière... Ce troisième événement coïncide avec le contexte particulier du jumelage, et tant mieux ! Mais le succès de la seconde édition, en août 2013, dans la galerie de Shepard Fairey, Obey Giant à Los Angeles, nous avait de toute façon encouragé à poursuivre l’aventure. D’où est partie cette aventure ? D’un séjour à Los Angeles, suite à une opportunité professionnelle de mon mari, entre 2007 et 2009. Là-bas, j’ai travaillé deux ans comme « assistant curator » à la Cerasoli Contemporary Art Gallery, dédiée aux artistes émergents de l’urban culture tels que Shepard Fairey, Kill Pixie, ou l’australien Anthony Lister... Sur ma lancée, de retour à Bordeaux, j’ai monté Flash Association, qui soutient la création contemporaine émergente et facilite les collaborations artistiques entre les villes de Bordeaux et Los Angeles. J'ai créé en parallèle le Bureau de C. pour poursuivre mes activités dans les relations publiques et l’événementiel. Je mène en quelque sorte deux vies de front...
Votre projet BDX-LAX, né en 2011, a d’emblée été parrainé par une figure emblématique de la scène street art internationale... Oui, le designer et peintre Dave Kinsey, rencontré à Los Angeles. C’est lui qui a fondé avec l’artiste Shepard Fairey la BLK/ MKT Gallery, incontournable sur la scène artistique contemporaine iconoclaste. Dave met sa notoriété et son énergie au service d’artistes moins connus, et j’aime son engagement politique et associatif. Depuis le premier événement BDX-LAX à Bordeaux en juin 2012, son regard nous est précieux, sans parler de la légitimité que son parrainage apporte au projet. Parlez-nous de cette 3e édition. Pour cette 3e édition, on a voulu aller audelà d’une simple exposition, en amenant du fond avec un cycle de conférences, des happenings le mardi avec le collectif Disparate qui présente sa fanzinothèque, des ateliers hebdomadaires pour enfants animés par les artistes (sérigraphie, création de Fanzine, fresques collectives...) dont Duch et Marianne Salort de l’atelier Kobalt. L’idée est que BDX-LAX Faraway So Close devienne une « signature » qui s’élargisse à d’autres expositions, pas nécessairement en rapport avec Los Angeles, même si l’année prochaine, deux projets simultanés sont prévus à Bordeaux et L.A. Il se peut que l’on expose du lowbrow art, croisement entre art et culture pop, que j’aime beaucoup.
34 Zut ! Culture Arts
Pourquoi le choix de ce nom Faraway So Close ? Parce que les artistes que l’on montre sont singuliers, mais ne se cantonnent pas à un seul courant ou à un type de support unique. Leurs créations se situent au carrefour d’influences communes (graffiti, street art, comics underground, courants hip-hop, punk rock...) : les frontières entre toutes ces disciplines sont de plus en plus poreuses, comme le sont les frontières géographiques. Notre démarche ne s’inscrit dans aucune mouvance précise, elle reflète une dynamique générationnelle, en résonance avec le monde d’aujourd’hui, un monde interactif, en fusion. Je m’intéresse par exemple à la culture numérique, et notamment à des artistes qui à Los Angeles mixent le numérique et le mural, comme c’est le cas pour Mario Wagner qui propose une expérience digitale artistique. Vous qui jetez des passerelles entre Bordeaux et Los Angeles, quels points de convergence trouvez-vous entre ces deux villes ? Des traits communs : la façade océanique, le surf, le skate, et une certaine culture underground née de cet univers de la glisse, où se croisent le street art, le graff... La scène bordelaise puise évidemment beaucoup dans la culture américaine, comme ces décors urbains empruntés aux comics des années 80 que l’on retrouve chez l’illustrateur bordelais Freak City. C’est une scène active, et de qualité ! Elle crée des pochettes d’albums, des fanzines, du mural, mais il lui manque justement des projets comme celui-ci pour la rendre visible. Aux États-Unis, cette culture urbaine est soutenue par le public qui la fait vivre en achetant des œuvres et par les sponsors, faute de subventions publiques. Or, au-delà des 250 visiteurs par jour qu’attire aujourd’hui notre exposition, l’attente du public français est palpable. Des lieux alternatifs voient le jour, comme la galerie L’Envers, dans le quartier Saint-Michel. Et les institutionnels se montrent doucement réceptifs...
“ Des traits communs : la façade océanique, le surf, le skate, et une certaine culture underground ” Los Angeles vous a permis d’opérer un virage singulier dans votre carrière... le fameux mythe du rêve américain ? Il y a de ça ! À Los Angeles, je suis partie de zéro. Malgré mon intérêt pour l’art, je n’avais fait aucun cursus en ce sens. J’ai potassé l’histoire de l’art américain pour habiter mon rôle de « curator ». Avec tous ses défauts, l’Amérique reste ce territoire où l’on n’est pas prisonniers de modèles sociaux. Être « multitâche », sortir de son créneau n’a rien de suspect, bien au contraire. Je me souviens de cette question posée à l’un de mes entretiens professionnels : « What’s your dream ? » En somme « vers quoi aimerais-tu tendre ? » et non « à quoi peux-tu prétendre ? »... Difficile à imaginer en France. Pourtant, ici aussi, les jeunes générations jonglent avec des compétences et des projets variés : j’espère que notre manie du cloisonnement va peu à peu éclater.
Mais en revenant à Bordeaux après ce séjour californien, vous êtes finalement repartie de zéro ? C’est donc faisable en France aussi ? Oui, mais la différence, c’est le regard qu’on porte sur vous. Et dans un contexte moins encourageant, il faut s’accrocher chaque jour pour garder énergie et foi dans ses projets, si « singuliers » soient-ils. De quelle vie d’adulte rêviez-vous, étant enfant ? Je me voyais peintre, je peignais avec frénésie. J’aime beaucoup la période dada, la photographie du début du siècle dernier, la figuration libre, l’art brut... Et puis j’ai pris une autre voie. Alors disons qu’aujourd’hui je renoue un peu avec « ce vers quoi je tends » ! BDX-LAX Faraway So Close, jusqu'au 13 juillet à l'espace Saint-Rémi. www.bdx-lax.fr 50 ans Bordeaux-Los Angeles, jusqu’au 10 novembre dans différents lieux de la ville.
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LE sAuT DE L’AnGE HommAGE à DAniEL DArC
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LE sAuT DE L’AnGE HommAGE à DAniEL DArC
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L’ouvrage hommage à Daniel Darc, Le Saut de l’Ange, sous la direction d’Emmanuel Abela et de Bruno Chibane paraîtra le 1er juillet, un peu plus d’un an après la disparition du chanteur de Taxi Girl.
SUBLime n°10
Pour recevoir Le saut de l’ange – Hommage à Daniel Darc avant sa sortie en librairie en juillet 2014, rendez-vous sur :
www.mediapop-editions.fr
36 SÉLECTIONS culture
EXPO
Lèchevitrine culturel
Les Galeries Lafayette Bordeaux, temple de la mode et de la tentation invitent la création dans une dizaine de vitrines. Pour la 6e édition de Vitrines sur l’Art, pas besoin de franchir le seuil du grand magasin pour se cultiver ! Jusqu’à fin juillet, le CAPC, le FRAC Aquitaine et l’Institut culturel Bernard Magrez investissent les lieux pour alpaguer le passant initié ou attiser simplement la curiosité du badaud néophyte. Au programme, le collectif d’artistes chicanos actif des années 70-80 Asco, surprend avec No Movies, performances provocantes sous la forme de photographies. Le sculpteur Sébastien Vanier est aussi l’invité du FRAC Aquitaine avec des installations à partir de matériaux industriels détournés. Enfin, les dernières
acquisitions de l’Institut culturel Bernard Magrez promettent d’illuminer les rues, avec les œuvres régressives aux lumières des néons de l’immense Claude Lévêque. Archi beau, arty chic ! (C.L.) Vitrines sur l’Art, jusqu’au 30 juillet aux Galeries Lafayette 11, rue Sainte-Catherine 05 56 90 92 71 www.galerieslafayette.com Visuel : No Movies du collectif Asco
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EXPO
DANSE
Rêves chicanos
Le grand débordement C’est le chorégraphe dont tout le monde parle. Danseur et auteur singulier, Olivier Dubois est en tournée avec Tragédie, qui créa l’événement au festival d’Avignon en 2012. Une pièce emblématique de sa recherche d’une danse archaïque et politique. Son corps, tout en rondeurs et en endurance, fait de lui un interprète puis un auteur (qualificatif qu’il préfère à celui de chorégraphe) à part.Sa danse est sauvage et puissante, lancinante jusqu’à l’explosion, tout en piétinement, en énergie, en révolte. Une danse généreuse, une danse de « l’être là ». Avec Tragédie, il clôt la trilogie qui doit « faire voir l’acte révolutionnaire », débutée avec Révolution (2009) et Rouge (2011). Le corps y est le vecteur d’un acte politique. 18 individus, nus tels qu’en eux-mêmes, déploient une saisissante mécanique à base de répétition, de martèlement, d’endurance et d’épuisement, où des êtres obstinés prennent possession du plateau. Un choc, qui place Olivier Dubois comme l’un des chorégraphes les plus passionnants du moment. (S.D.) Tragédie, le 21 novembre au Carré les Colonnes www.lecarre-lescolonnes.fr Photo : Christophe Raynaud de Lage
EXPO
Los Angeles s/ Garonne Cinquante ans que Bordeaux entretient d’étroits liens avec la ville de Los Angeles. À cette occasion, le CAPC propose une déambulation éclairée parmi les nombreux courants artistiques qui balaient la Cité des Anges. Aaron Curry : Il a fallu toute la nef du CAPC pour présenter les 80 réalisations souvent monumentales de cet artiste emblématique puisant son inspiration dans le Pop Art et le modernisme. Bad Brain – première rétrospective de ses œuvres réalisées entre 2003 et 2014 (sculptures, peintures, collages) – est une vertigineuse immersion un le monde résolument tridimensionnel. On plonge ! ASCO : L’exposition documentaire No movies ouvre une fenêtre sur ce collectif composé d’une douzaine d’artistes chicanos originaires de l’Est de Los Angeles. Des années 70 à 80, il fait de la performance un moyen de revendication face à un contexte économique et social déclinant. (P.M.) Bad Brain, jusqu’au 16 septembre Asco, jusqu’au 5 octobre Au CAPC - Musée d’art contemporain de Bordeaux www.capc-bordeaux.fr Visuel : Aaron Curry, Haunt (Thief), 2006
À la fin des années 60, las d’être considérés comme des citoyens de seconde classe, les Chicanos – ces Mexicains d’origine nés sur le sol américain – descendent dans les rues et manifestent pour leurs droits. Le Chicano Civil Rights Movement est né, et avec lui tout un élan artistique s’écoulant jusqu’aux années 80. À l’occasion des manifestations commérant le 50e anniversaire du jumelage de Bordeaux avec Los Angeles, le Musée d’Aquitaine présente les œuvres de la collection Cheech Marin, acteur et scénariste installé à L.A. mais aussi grand collectionneur d’art « chicanos ». La touchante exposition Chicano Dream présente quelques-uns des artistes majeurs de cet art pictural en réaction au mouvement social. Des œuvres parfois naïves, parfois violentes, parfois hyperréalistes, mais toujours poignantes. (P.M.) Chicano Dream, jusqu'au 26 octobre au Musée d’Aquitaine www.musee-aquitaine-bordeaux.fr Visuel : John Valadez, Pool Party, 1987 (coll. Cheech Marin)
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FESTIVAL
OPÉRA
Chantiers routiers
Carpe diem
De part et d’autre de l’estuaire, Les Chantiers Théâtre de Blaye et de l’Estuaire parcourent les routes des arts scéniques et imaginent des aires de spectacles où voisinent créations nationales et régionales. Pour sa 25e édition, le festival poursuit son exploration des disciplines avec une programmation étoffée mêlant théâtre, danse, cirque et lectures, et pousse les festivités estivales jusqu’au mois de novembre. Qu’ils soient reconnus ou en passe de l’être, les artistes présents s’emparent des hauts lieux girondins à l’image de la citadelle de Blaye ou du Fort Médoc. On retient tout particulièrement la mise en scène de La Leçon d’Eugène Ionesco par Christian Schiaretti, annoncé comme un temps fort de l’événement. À chacun de faire son plein de culture ! (P.M.) Les Chantiers 2014, Théâtre de Blaye et de l’Estuaire, du 20 juillet au 31 août et du 21 au 25 novembre au festival des Chantiers www.chantiersdeblaye-estuaire.com Visuel : La Leçon par Christian Schiaretti / © Michel Cavalca
EXPO
Trompe l’œil À la suite de l’exposition Alice au pays de l’Opéra organisée l’an passé, le GrandThéâtre reste fidèle à Lewis Carroll et nous invite à ne pas nous fier aux apparences avec son événement Au-delà du miroir. Giulio Achilli – conseiller technique et de productions à l’Opéra National de Bordeaux – conçoit pour l’occasion un parcours menant à la découverte de la face cachée de la création artistique. Techniques de l’illusion, perspectives de décor, travail de miroir dévoilent leurs secrets de fabrication et la manière dont les jeux de lumière modifient la perception du lieu, sculptent espaces et volumes, créent la magie du spectacle, fût-ce au moyen de trompes l’œil. Face à la scène, le spectateur a une perception bien différente de l’espace que l’artiste. Telle Alice, il suffit de traverser le miroir pour découvrir le monde chatoyant de la magie ! (P.M.) Au-delà du miroir, jusqu'au 31 août au Grand-Théâtre www.opera-bordeaux.com
Œuvre universelle, La Bohème est la poignante histoire d’un amour flamboyant entre Mimi et Rodolfo tout autant que l’évocation de la vie d’artiste en quête de gloire et d’une existence meilleure. Laurent Laffargue apporte sa touche personnelle au chef d’œuvre de Puccini par une mise en scène sixties audacieuse : le rythme résolument actuel dévoile toute l’intemporalité d’un opéra véritable ode à la jeunesse et à la passion. Le secret de ce succès ? L’intense poésie qui s’emparent des amants aux instants les plus tragiques de leur histoire, donnant naissance à des scènes inoubliables. Les Bordelais ne seront pas les seuls à profiter de ce formidable spectacle puisque l’Opéra national de Bordeaux s’associe à plusieurs cinémas pour diffuser la représentation d’ouverture sur grand écran dans toute la France. La saison 2014-2015 s’annonce riche en émotions ! (P.M.) La Bohème, opéra de Giacomo Puccini mis en scène par Laurent Laffargue du 26 septembre au 7 octobre à l’Opéra national www.opera-bordeaux.com Photo : Guillaume Bonnaud
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URBANISME CINÉMA
Toiles et étoiles Cette année encore et pour sa 22e édition, le festival Cinésites célèbre patrimoines cinématographique et architectural en les mariant sous la voûte étoilée. Parcs, châteaux, églises, places, usines désaffectées, amphithéâtres romains,… autant de lieux iconoclastes – but so charming ! – prêts à vous accueillir afin de (re)voir gratuitement une sélection de films éclectiques. Des derniers succès (Intouchables, Ernest et Célestine, Camille redouble) aux éternelles pépites du grand écran (Chantons sous la pluie, Les Vacances de Monsieur Hulot, Metropolis), petits et grands auront l’occasion de se faire une toile. À la tombée de la nuit, derrière vous, résonne le cliquetis rassurant du projecteur (la Madeleine du 7e Art !). La magie des lieux s’empare de vous, le temps suspend sa course, les doigts s’enlacent et les lèvres s’embrassent. C’est l’effet Drive in comme l’on dit aux States ! « T’as de beaux yeux tu sais… » (P.M.)
Lieux communs Créée en 2004, Agora – biennale d’architecture, d’urbanisme et de design souligne les profonds bouleversements que connaît la métropole bordelaise depuis 1995 tout en tournant résolument son propos vers le futur. L’espace public et ses multiples dimensions sont cette année au cœur de l’événement en invitant architectes et urbanistes à penser un meilleur vivre ensemble. Mais si nombre de municipalités s’attachent à imaginer des espaces urbains sympathiques et verts, où l’humain reprend sa place au détriment de la machine, le risque n’est-il pas de voir se développer partout les mêmes types d’aménagements propres, lisses, aseptisés, en définitive sans caractère ? Réponses au Hangar 14 et un peu partout dans la ville… (P.M.) Agora 2014, du 11 au 14 septembre au Hangar 14 et dans tout Bordeaux www.bordeaux2030.fr/bordeaux-agora Photo : Olivier Grossetête
FESTIVAL
C’est relâche ! Entre friches industrielles et sites historiques, le festival de musiques indépendantes internationales RELACHE #5 investit les lieux les plus insolites de Bordeaux et de la CUB. Une diversité des lieux qui n’a d’égale que celle d’une programmation pour le moins colorée et audacieuse : funk, soul, rock, électro, reggae... Au total, plus de 30 occasions gratuites de prendre du bon son plein la tête et de faire bouger son corps, sur les accords d’une cinquantaine de formations : Nikki Hill, Jessie Evans, The Buttshaker, Train’Stone, Symbil, Vanupie, The Rezident Sound, The Drones, Square Dom Bedos,… Au-delà des concerts, RELACHE est le rendez-vous familial par excellence, proposant des activités autour de la danse (Dancing in the Street, Funky Kids, siestes Soul), et du sport (Boxe and Funk). Allez, c’est l’été, on se détend et on se relâche ! (P.M.)
Cinésites, jusqu’au 27 septembre et environs www.cinesites.fr
RELACHE # 5, du 7 juillet au 6 septembre à Bordeaux et environs www.allezlesfilles.net
Visuel : Les Vacances de Monsieur Hulot de Jacques Tati
Visuel : Jessie Evans par Marianne Maric
De la futilité et autres nuits rapportées 2001-2005 Entretiens Michel Collet
je peux écrire mon histoire Itinéraire d’un jeune Afghan, de Kaboul à Mulhouse
Abdulmalik Faizi Frédérique Meichler Bearboz
Matthieu Messagier
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le saut de l’ange Hommage à daniel darc
~ SUBlime n°10
des livres sublimes à lire ailleurs mediapop-editions.fr & r-diffusion.org
Tendances
Photo : brokism
Photographe Alexis Delon / Preview Réalisation Myriam Commot-Delon
Rose Kennedy — Mannequin Ayona / Up Models Coiffeur Alexandre Lesmes / Avila www.avilacoiffure.fr Make-up artist Jacques Uzzardi www.jacquesuzzardi.com Maquillage réalisé avec les produits M.A.C Cosmetics aux Galeries Lafayette www.maccosmetics.fr Post-prod Emmanuel Van Hecke et Camille Vogeleisen / Preview www.preview-tm.fr Assistante mode Lysiane / Chic Médias Assistante photo Claire / Preview Merci à Lili
Perfecto en cuir imprimĂŠ Acne. Maillot de bain Maryan Mehhlhorn. Couronne Rock'n Rose x Claudie Pierlot, sandales compensĂŠes multi-brides Maje aux Galeries Lafayette.
Robe en dentelle et sous-robe en jersey amovible Liu Jo. Couronne Rock’n Rose x Claudie Pierlot aux Galeries Lafayette. Sandales en corde Jimmy Choo. Lunettes Saint Laurent Paris.
Robe en dentelle brodée Brigitte Bardot et sandales en corde Jimmy Choo aux Galeries Lafayette. Couronne Rock’n Rose x Claudie Pierlot aux Galeries Lafayette. Collier Pyramide (porté en bracelet) et bague Lotus en or jaune et tourmaline Eric Humbert. Sac vintage, collection personnelle.
Maillot de bain Maryan Mehhlhorn. Couronne Rock’n Rose x Claudie Pierlot et sandales compensÊes multi-brides Maje aux Galeries Lafayette.
Ensemble de lingerie Chantal Thomass. Couronne Rock’n Rose x Claudie Pierlot aux Galeries Lafayette. Collier Pyramide et bague Lotus en or jaune et tourmaline Eric Humbert.
Veste Carven et chemisier en voile de coton et manches jabot Acne. Short en jacquard lurex Maje aux Galeries Lafayette. Escarpins imprimĂŠs Giuseppe Zanotti.
54 Zut ! Tendances § Flash Mood
Up to date PAR MYRIAM COMMOT-DELON
Beaucoup d’envies, en vrac et dans tous les sens. Plongeon
La Coolab de l’été
Cela fait plus de 5 ans que nos étés sont sauvés par les maillots Albertine. Ce label qui n’a pas peur de l’eau et du succès a été crée par Anémone et Caroline Anthon, deux sœurs originaires de Biarritz.
Un vert d’eau SVP ! Mais pour se protéger du soleil, et de préférence laqué sur bois. Les lunettes Waiting for The Sun x Bye Bye Bandit, une collab comme on les aime : fraiche et solaire.
Où ? Albertine en vente chez Sun, 5, rue Fénelon - 05 56 90 03 49 www.albertine-swim.com
Où ? Chez Bye Bye Bandit 26, rue de la Devise 05 56 52 16 08. www.byebyebandit.fr
Vital Glitter Depuis 2012, il n’est (malheureusement) plus nécessaire d’aller aux Baléares pour y shopper sa paire de Minorquines (ou Avarcas). Le + ? Une semelle en pneu et un modèle unique qui chausse toute la famille. Mention TB (très brillante) aux modèles glitter et à leur prix friendly. Aux Galeries Lafayette 11, rue Sainte-Catherine - 05 56 90 92 71
Avec leur lanière en cuir amovible, les paréos Son Noguera de la créatrice Fiona Windisch font une garde-robe d’été à eux seuls. Le + ? Les sacs et chapeaux de paille de la marque, aux motifs traditionnels. Où ? En vente dans le salon de théconcept store de Marion Soulié. Made with Love, 69, quai de la Pêcherie à Capbreton - 05 47 80 96 46. www.madewithlove-cupcakes.fr www.sonnoguera.com
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Flower Power Céline Zilly et son label fleuri Lady Brindille insuffle à la création florale un vrai vent de hype. Des news ? Elle fait désormais partie de l’équipe artistique du studio Ruban Collectif. Une bien jolie association. La preuve ? Ce shooting kids vu dans Milk Magazine. Le + ? Ses couronnes de fleurs à tomber. www.rubancollectif.fr Lady Brindille Pépinière Sainte-Croix 11, rue du Port 06 76 25 98 95 www.ladybrindille.fr Photo : An Lalemant
56 Zut ! Tendances § Shopping
Panoplie d’urgence PAR MYRIAM COMMOT-DELON
Cet été, les antiBirkenstock vont faire la grimace, le modèle Arizona est de tous les pieds dans le vent. D’où l’importance d’arborer sur ses orteils un joli vernis girly et de glisser ses affaires de plage dans un sac funky et eighties !
Drap de plage Greg en éponge, Carré Blanc aux Galeries Lafayette. 11, rue Sainte-Catherine 05 56 90 92 71
Sandales Arizona, 85 €, Birkenstock www.nos-sandales.com
Shampoing Surf, Bumble and Bumble, en vente chez Headict, 33, place Gambetta 05 57 83 76 07
Sac « Pliage » Madballs, motif inspiré par les balles en caoutchouc qui faisaient fureur dans les années 80, Jeremy Scott x Longchamp, édition limitée été 2014, en vente aux Galeries Lafayette. Short Isharon en jean imprimé, Ba&sh – www.ba-sh.com
T-shirt Theron à flocage en simili cuir sur fond velours. Pré-collection 2014-15, Sandro aux Galeries Lafayette. Maillot deux pièce Biarritz, Albertine www.albertine-swim.com ou chez Sun, 5, rue Fenelon – 05 56 90 03 49
Bracelets Takayama, Aurélie Bidermann www.aureliebidermann.com chez Jane de Boy - 1, cour du Chapeau Rouge 05 56 52 83 96 - www.janedeboy.com
Vernis Dior, réf. Tra-La-La, nouveauté été 2014 www.dior.com
Un seul produit pour maquiller les lèvres et les pommettes : Baby Doll Kiss & Blush, Yves Saint Laurent, www.ysl-parfums.fr
Pantelis BORDEAUX
Jerome Dreyfuss, Vanrycke, Masscob…
18, rue du Temple 33000 BORDEAUX – 05 56 44 59 88
58 Zut ! Tendances § Street
Urban Styles PAR ADRIEN NAVARRO PHOTOS THOMAS PIGEON
Bria 18 ans Vendeur Marque préférée J’aime Dr Martens pour les pompes puis Eleven Paris pour les sapes, d’ailleurs je bosse là-bas depuis peu ! Boutique préférée Eleven Paris, forcément ! Fashion faux pas Style américain, gros baggy, gros T-shirt. C’était cool, mais je ne l’assumerais plus !
Mathias et Juliette 24 et 26 ans Graphistes
Marque préférée Nike. Simple et efficace ! En plus, ils font les maillots de foot de la Coupe du Monde ! Bar préféré Le Chabro à côté de la place du Palais. La déco est cool et les assiettes de saucisson pas chères. Et quand il y a du saucisson, nous on est là ! Fashion faux pas Une boucle d’oreille avec une plume bleue... C’était un truc de meuf, ça pendait !
Carlotta et Elodie 26 et 25 ans Garde d’enfants / Vendeuse chez Bocage Marque préférée The Kooples, c’est sans conteste un style rock, presque grunge qui passe partout. Bar préféré L’apolo, pour l’apéro, pour le billard, pour les concerts, pour le quartier. Fashion faux pas Short leggings ! Sans commentaires…
Maïtena 23 ans Étudiante en marketing Marque préférée Dries Van Noten, j’adore ce créateur, ses superpositions et ses mélanges de couleurs, j’ai même vu son défilé à Paris ! C’est ce que je porte aujourd’hui ! Magasin préféré Axsum, rue de Grassi, ce magasin a un côté futuriste et décalé, l’ambiance est vraiment super. Les vendeuses ont du goût et n’hésitent pas à mélanger les styles pour créer un look unique ! Fashion faux pas Avant j’étais emo, c’était le carnaval tous les jours... Mais ça, c’était avant !
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60 SÉLECTIONS
Extrait de la vidéo Boots Scramblers by Ateliers Heschung
tendances
COLLAB'
This boots are made for… Bottes Scrambler, édition limitée En vente en exclusivité sur le site Heschung et à la boutique du 18, rue du Vieux Colombier à Paris www.jvb-moto.com Boutique à Bordeaux 14, place des Grands Hommes 05 56 43 66 00 www.heschung.com
Les motards qui désespéraient de chausser des bottes de belle facture pour enfourcher leur engin ne remercieront jamais assez Pierre Heschung. Il s’est adjoint cette saison Jens Vom Brauck, designer allemand de la marque JvB Moto, atelier de customisation à l’esthétique agressive et dépouillée. Ensemble, ils ont créé une Triumph Scrambler/Atelier Heschung et une paire de bottes de moto éponyme. Mais quelle est donc la raison de cette collab aux réminiscences sixties ? Un retour à l’ADN de la manufacture alsacienne, qui produisait déjà en 1934 des chaussures de travail à montage en cousu norvégien. Les + ? La robustesse du fameux cuir Suportlo (emblématique d’Heschung), une semelle en gomme et un renfort (graphique) au niveau du sélecteur. Le bonus ? Sur le site Heschung, la vidéo de cette collaboration explosive. (M.C.D)
Photo : Alexis Delon / Preview - www.preview-tm.fr
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MODE
La fille wild et toquée de détails folk seventies sait qu’un accessoire à franges est incontournable dans une garderobe estivale. Alors pour gambader hippie chic, on enfile sans se poser de questions ces boots couleur chamois à talons compensés de la marque Ash, un label francoitalien adulé par les fashionistas qui raffolent de leurs produits originaux et dans « l’air du temps ». (M.C.D) Chaussures Ash, corner aux Galeries Lafayette 11, rue Sainte Catherine 05 56 90 92 71
Visuel : Chantal Thomass
Pocahontas urbaine
CAMPUS
Luxe, compétences & volupté Chantal Thomass, son carré noir légendaire et son esprit boudoir chic vont apporter leur dose de glamour et de notoriété à Supmode. Nominée marraine de la promotion 2014- 2015, la créatrice de lingerie est un atout de plus pour cette nouvelle école installée en plein cœur de Bordeaux et formant en trois ans deux promotions d’une quinzaine d’étudiants. Un cursus Haute-couture, ouvert à l’international et offrant une double compétence (technique et marketing) ainsi qu’une vision globale des différents métiers du monde de la mode. (M.C.D) www.formasup.com
MODE
Little Black Dress DODA 72, rue Judaïque www.doda-bordeaux.com
La collection Volver, présentée par l’espace DODA, est dessinée et montée à la main par Lise Grelier, Marie Masson et Alice Lespiau, trois stylistes en haute couture et bijoux. Chacune de leur création est unique et revisite la fameuse petite robe noire, enrichie de parures originales. Ces robes-bijoux, disponibles du 36 au 46, en stocks forcément limités, sont donc à découvrir rapidement ! À noter qu’en septembre, cet espace-galerie présentera les œuvres de photographes et peintres autour de la thématique de « La fausse scène de vie ». De l’Ordre et de l’Absurde, on vous dit… (P.M.)
Lifestyle
Photo : brokism
64 Zut ! Lifestyle × Reportage
Le Futur PAR CÉCILE BECKER PHOTOS CHRISTOPHE URBAIN
Biotope vert, créatif et urbain, le projet Darwin sort de l’imaginaire du groupe Evolution représenté par Philippe Barre en 2005. L’idée ? Faire de cette ville dans la ville un exemple de transition écologique tout en instaurant un climat convivial. Entrer à Darwin, c’est entrevoir le futur à l’échelle hyper-locale. Un futur qui inspire déjà de nombreuses délégations nationales et internationales venant y chercher conseils et idées. Il se murmure que l’on demanderait même à Philippe Barre, personnalité émergée de l’iceberg Evolution à l’initiative du projet, de reproduire le concept ailleurs. Hors de question pour le président-fondateur de s’engager pour une autre ville que la sienne qu’il connaît comme sa poche. Il s’agit justement de construire la ville de demain avec ceux qui l’éprouvent au quotidien pour éviter des lieux lisses et déshumanisés. Pour autant, il souhaite faire de Darwin une sorte de « logiciel libre », un objet d’inspiration pour qui souhaiterait reproduire l’idée de faire cohabiter entreprises créatives, vertes et atmosphère conviviale en toute entraide. Le leitmotiv de Darwin tient en une phrase énoncée par le naturaliste anglais : « Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements ». Concrètement, il s’agit de travailler ensemble pour construire un monde basé sur la solidarité avec les moyens dont on dispose, sans épuiser l’environnement. Le groupe Evolution n'est pas propriétaire de tout le site. Outre l'idée,
il détient, quatre bâtiments dont deux actuellement bouillonnants entre bureaux, restaurants, expositions ; les deux autres hébergeront bientôt un hôtel/chambre d’hôtes et un espace dédié au bien-être. Autour, les hangars abritent entre autres le skatepark, l’espace BMX, la recyclerie et la ferme urbaine. Quant aux bâtiments jumeaux, pas encore rénovés, ils font actuellement l’objet d’un appel d’offres qui voit s’affronter en phase finale le promoteur Vinci et Evolution qui souhaiterait y installer une fabrique artistique et culturelle, une cuisine collaborative, une auberge de jeunesse et des logements destinés à la colocation, le tout placé sous le nom Magasins généreux. Tout un programme, complet et logique, soutenu par Alain Juppé, le maire de la Ville, qui porterait l’espace Darwin de 15 000m² aujourd’hui à 25 000m² demain. Mais pour le moment il s’agit de faire vivre les espaces déjà ouverts occupés par un cluster éco-créatif, un espace de co-working, la pépinière d’entreprises Le Campement et, tout récemment, le bistrot-réfectoire et l’épicerie Magasin Général. Une atmosphère créative et conviviale qui attire autant les entreprises que les branchés de la ville.
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66 Lifestyle × Darwin
Philippe Barre Président-fondateur du groupe Evolution à l’initiative de Darwin Il n’a pas d’adresse mail mais reste très connecté, surtout aux bonnes idées. Pour le contacter, il faut user des nouvelles technologies de communication, en l’occurrence Facebook, ou disposer de son numéro de téléphone auquel il répond volontiers, particulièrement pour expliquer son projet. Philippe Barre, 42 ans, est entrepreneur depuis plus de 20 ans, autodidacte, « créatif d’instinct » et de ses propres mots « bon à rien mais touche-àtout. » « Au sortir des études que je n’ai pas réussi à faire, j’ai monté mon agence de marketing créatif Inoxia », raconte-t-il. Y succède le groupe Evolution – sorte de maison-mère pour projets créatifs, dont Darwin – créé avec deux de ses associés et amis Jean-Benoît Perello et Laurent Colmagro. De cette histoire de « loyauté » naît l’envie de « créer un lieu de croisement, de partage, avec des bureaux partagés où l’on puisse travailler et se détendre. » Il se met à la recherche d’un lieu en 2005 et passe devant la caserne Niel désaffectée : c’est le coup de cœur. Le lieu a été racheté par la communauté urbaine de Bordeaux et s’apprête à être rasé, une catastrophe pour ce passionné de problématiques de développement durable qui croit dur comme en fer en la rénovation. « Je ne voulais pas construire. Je suis convaincu que l’enjeu de nos villes est dans la rénovation plutôt que dans l’extension. Globalement, on a tendance à construire et à spéculer sur ces constructions, mais en terme de développement urbain, ce n’est pas qualitatif. C’est vrai qu’en France, on a peu d’expériences en terme de rénovation écologique, mais je peux en témoigner : ça coûte moins cher et c’est beaucoup moins polluant. » Après de nombreux allers-
“ L’enjeu de nos villes est dans la rénovation ” retours, il obtient avec son équipe l’autorisation de rachat du terrain. Son rêve de plateforme éco-créative passe de 1 500 à 20 000m², une aubaine. Mais avant de créer ce lieu de vie, il lui semble essentiel d’y amener la vie : il demande la location du hangar métallique qui devait être détruit et y installe un skatepark « de manière illégale mais sans se cacher ». C’est ce qu’il appelle « la transgression positive », un équilibre fragile qui doit se baser selon lui sur « l’économie de bien commun » et non sur des intérêts personnels. Résultat : la municipalité qui comptait investir 6 millions d’euros dans un nouveau skatepark
est séduite : elle investit 150 000€ dans la mise aux normes du bâtiment et réalise là une économie considérable. Cet acte presque révolutionnaire et pas tout à fait anodin – Philippe Barre est lui-même skateur (« J’ai d’ailleurs un peu skaté ce matin », nous dit-il) – fonde les principes de Darwin. Des principes, un lieu, des idées toujours à travailler. Et pour travailler, il travaille : tout en restant très connecté à son agence, il avoue être « tous les jours, week-ends et soirs, à 300 % ». Son bureau ? « Sur la terrasse du restaurant », à Darwin, où on le retrouve quasiment à tous les coups à discuter, échanger, imaginer aussi, le monde de demain.
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Miniville
Écolo Mix À Darwin, l’on cherche à instaurer une démarche globale de transition écologique : par le tri, le recyclage, mais aussi en recelant de nombreuses entreprises inventant le monde de demain, que l’on espère plus vert qu’aujourd’hui, à venir s’installer dans les bureaux. La stratégie zéro déchet voulue dès la genèse du projet est « réussie » selon Frédéric Petit, président d’Elise Atlantique entreprise spécialisée dans le recyclage qui anime in-situ La Recyclerie, espace alternatif de 2 500 m². Un espace imaginé « comme un laboratoire expérimental qui vient sensibiliser les travailleurs installés à Darwin sur le tri ». Les déchets provenant du restaurant et de l’épicerie sont envoyés au compostage, lorsque les autres, issus du travail créatif des Darwiniens sont trans-
formés en combustibles qui alimentent les chaufferies de la Ville. Aujourd’hui, 40 % des déchets Darwin alimentent les filières de valorisation, le défi étant d’aboutir à 90 % d’ici deux ans. Au-delà du tri, pierre angulaire de l’écologie quotidienne, Darwin a été construit grâce aux « restes » de la Caserne Niel : les tables et tabourets du restaurant proviennent du bois issu du toit de la Halle, tout comme les aménagements des bureaux. Les travaux de la cuve de rétention des eaux pluviales viennent de s’achever, l’eau potable sera alors moins gâchée. Par ailleurs, Darwin est pionnier en matière d’auto-consommation puisque le projet solaire photovoltaïque permettra, dès l’automne, de produire 83 000 kWh annuels avec 480m² de panneaux.
68 × Lifestyle Darwin
Working Together Avec 5 700m² de bureaux et 1 700m² de locaux commerciaux, qui plus est, aménagés avec goût, Darwin attire de plus en plus de travailleurs et d’entreprises. Divisés en un cluster, un espace de co-working pour les travailleurs indépendants et un autre espace : la Pépinère Le Campement gérée par la Ville, les bureaux partent comme des petits pains. Mélanie Duprat, consultante pour l’agence de communication globale Friendly (et collaboratrice de Zut !) témoigne : « Quand je suis arrivée début mai, l’espace de co-working était ouvert depuis deux ans et il ne restait qu’une allée de bureaux, maintenant, il y en a moins... » Côté ambiance, elle continue : « C’est le seul endroit où on voit les gens aller de bureau en bureau en skate, c’est cool. Et puis, petit à petit, tu échanges avec tes voisins et des synergies se créent. On se file des coups de main. » Tous les métiers se croisent à Darwin avec toujours, l’obligation d’être innovant, donc créatif ou de tourner son activité vers l’environnement ou le social. Côté prix, un bureau se loue 290€ HT par mois, hors taxes avec Evolution. En passant par la Pépinière, les prétendants doivent déposer un dossier et, s’il se voit accepté, ils bénéficient d’un loyer de 23 mois à 76€ HT la première année et d’un accompagnement professionnel. Cultures urbaines Si Evolution a été opérateur dans l’émergence du Hangar Darwin, sa gouvernance, voulue participative, implique désormais le collectif La Brigade. Ça ne vous aura pas échappé dans le dernier numéro de Zut !, Darwin est désormais un haut lieu pour les skaters, mais aussi pour les pratiquants de roller, BMX, pignon fixe et roller derby grâce à l’implantation d’un skatepark indoor avec une mini rampe, un DIY Park, la skate house conçue par Gil Le Bon Delapointe, des modules street récupérés dans la ville et un superbe bowl en béton fait des excédents du chantier Darwin. On salue ici l’implication de Sébastien Daurel (« Ça taffe non stop de 9h à 23h », nous disait-il récemment), skateur multi-casquettes qui fabrique, initie, et réfléchit les sports de glisse à Darwin. En dehors de
la pratique pure et dure, on trouve également des ateliers créatifs et de fabrication dédiés à la photographie, à la sérigraphie et même une presse skate. Comprendre : vous pouvez, à Darwin, vous faire fabriquer votre propre planche. Un endroit dédié à toute la culture de la ride et encore assez libre (pourvu que ça dure) : aventurez-vous à Darwin un samedi et vous pourrez, si vous êtes sympas, partager une saucisse cuite sur un barbecue de fortune, avec un rider. Lifestyle Hors de question de dire que Darwin n’attire que les bobos. Faux. Le bien manger et l’art de vivre dépassent largement la « branchitude » aujourd’hui, ici il s’agit simplement d’une ambiance décontractée où l’on partage « la ration du jour » du bistrot ou les produits 100 % bio de l’épicerie Magasin Général tout en s’amusant des enfants s’essayant au ping-pong. Au choix au réfectoire, par exemple : salade de lentilles, pousses d’épinards, pesto chèvre ou croustillant de pieds de cochon, épinards et noisette ou la formule. Tout le monde peut y trouver son bonheur et
au vu des commentaires sur la page du lieu, on s’y délecte. Frédéric Baillon, lui, le gérant du restaurant revenu à Bordeaux après 15 ans à Paris, s’étonne de déjà y servir plus de 160 brunchs le dimanche. Il a sélectionné avec Philippe Barre le mobilier du restaurant : « Tout est récupéré ou chiné pour créer une atmosphère atypique et cosy. » Pari réussi avec ces tables de banquet, ces chaises d’écolier, ces canapés vintage et ces meubles patinés. On se croirait à New York, et peut-être même à Berlin. Le petit plus : la bière Darwin, blonde et locale servie au restaurant, que l’on peut également acheter à l’épicerie dans un pack spécial apéro. Top ! Darwin 87, quai de Queyries 05 56 77 52 06 www.darwin-ecosysteme.fr
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Fabricant français de rubans personnalisés www.sinrejac.com Contact : bordeaux@sinrejac.fr
Darwin en dates — 2005 L’idée de Darwin germe, Philippe Barre et ses associés écrivent le projet. — 2006-2007 L’équipe se constitue autour du projet. — 2008 Darwin est retenu par les institutions pour intégrer le programme présenté pour Bordeaux, capitale européenne de la culture 2013. Mais la ville ne sera pas choisie. — 2009 Le festival national Imaginez Maintenant dédié à la jeune création élit domicile à Darwin et signe le début d’une longue série d’événements organisés in-situ.
— 2010 Après deux ans d’âpres négociations pour le rachat du terrain, le projet est validé par les institutions. — 2011 Début du chantier. — 2012 Le premier bâtiment est livré. Les premiers occupants investissent les bureaux, le cluster Darwin est officiellement inauguré. — 2013 Le deuxième bâtiment ouvre ses portes, tout comme la plateforme de co-working. — 2014 Le corps de bâtiment est terminé. Mais « rien n’est jamais définitif », précise Philippe Barre, qui espère toujours faire évoluer le lieu.
70 Zut ! Lifestyle × Rencontre
Happy royau(ho)me PAR MYRIAM COMMOT-DELON PORTRAIT JULIE REY
Cet hiver, à Bordeaux, Cécile et Abigail ont donné naissance à My Kingdom, une home-line toute fraiche. Leur mission ? Combler les jeunes tribus contemporaines avec une sélection d’objets pointus aussi ludiques qu’esthétiques. Et livrables chez soi, d’un clic !
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Veilleuses origami en vinyl et LED Goodnight Light. Coussin Citrus Triangle par Camilla Westergaard, Butterscotch & Beesting.
On déménage ! Pour Cécile c’était il y a trois ans, Abigail, l’an passé… Elles ont quitté Paris pour Bordeaux, où elles se sont installées en famille. Pour une vie plus zen et pour y créer plus facilement leur entreprise. Une belle aventure, menée à quatre mains par deux amies persuadées que le design est aussi un jeu d’enfant. Et avant ? Cécile travaillait dans le milieu de la communication à Paris. Après un passage dans un bureau de presse bordelais, elle s’est attelée à la création de My Kingdom avec Abigail, encore responsable de production des vitrines des Galeries Lafayette à Paris. Leur mood ? Traquer sur les blogs ou Pinterest des produits contemporains, pratiques et emprunts de poésie, avec une réelle envie de promouvoir des marques émergentes, scandinaves ou françaises. Bloomingville et Ferm Living, leurs deux labels les plus connus, ouvrent donc le bal à un vivier de jeunes créateurs produisant de petites séries.
Edredon Liberty Pepper bleu, 65 cm x 95 cm, Lab.
Set vaisselle bébé en mélamine (existe en vert, bleu ou rose) Thomas Paul.
Matelas à langer en coton à pois abricot Nobodinoz.
Leurs coups de cœur ? Les jouets en bois en général, ceux de la marque japonaise Kiko+ ou les animaux à pousser en bois naturel de Veronica, créatrice du studio design londonien Sarah & Bendrix, en particulier. Leurs trouvailles ? Les villes aimantées Machi, les doudous Noodoll, les couvertures bébé en coton bio de la marque hollandaise Meyco, les patères cubes peintes à la main avec des peintures écologiques Cédébé, les super objets déco en bois April Eleven de Charline, jeune créatrice installée à Cap Breton…
Lampe Dowood en métal laqué et placage de sycomore, 20 cm x 30 cm, Mon Colonel.
Et demain ? Le projet d’un concept store My Kingdom… À Bordeaux. www.mykingdom.fr
Miroir Super H en chêne naturel April Eleven. Photo Claire Saucaz
72 Zut ! Lifestyle × Rencontre
“ Il doit y avoir une cohésion claire et délibérée entre les facteurs pratiques et esthétiques.” Verner Panton
Couverture origami transformable en tapis ou en oiseau déco Play Fold Bird, Fabelab chez www.mykingdom.fr
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Les bonnes adresses kids de Cécile & Abigail
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Un QG culture
Pour un goûter récréatif
Pour une fugue à la Moonrise Kingdom
Ne pas oublier de dîner sur l’herbe
« Cap Sciences pour des sorties scientifiques, culturelles et ludiques. En ce moment, on peut y découvrir la très impressionnante expo T.Rex, avec les modèles animés du Muséum d’Histoire Naturelle de Londres ! » Le + Zut ! Cet été, on inscrit nos futurs petits Einstein à des stages Fun Sciences où l’on ne remue pas que ses méninges ! Tennis, VTT, anglais et bien d’autres activités s’articulent autour d’un thème : police scientifique, décollage immédiat, les forces de la nature, Docteur Maboul… Exposition T.Rex, secrets de famille d’un dinosaure, jusqu’au 4 janvier 2015 À partir de 5 ans Cap Sciences Hangar 20, quai de Bacalan 05 56 01 07 07 www.cap-sciences.net
« Les Potins de Coline, au cœur des Chartrons, pour une pause gourmande avec les enfants. Délicieux gâteaux faits maison, ambiance salon de thé pour les mamans et salle de jeux pour les enfants. » Le + Zut ! Sylvie Brissot propose aussi chaque midi au moins un plat végétarien, des ateliers créatifs et culinaires pendant les vacances et toute l’année organise des goûters d’anniversaire. Les Potins de Coline Mikado Mikafé 93, rue Notre-Dame 05 57 87 55 82 www.lespotinsdecoline. blogspot.fr
« À 50 km de Bordeaux, la Réserve ornithologique du Teich, sur les rives du Bassin d’Arcachon, est un spot de rêve pour une longue balade dans un espace naturel préservé accueillant plus de 300 espèces d’oiseaux sauvages… » Le + Zut ! Avec les enfants de plus de 10 ans et sachant nager, on prévoit une balade en kayak de mer pour découvrir et observer le Bassin d’Arcachon. Rendezvous et départ à la Maison de la Nature à l’entrée de la Réserve. N’oubliez pas de prévoir rechanges et chaussures étanches ! Réserve ornithologique du Teich Rue du Port, 33470 Le Teich www.reserve-ornithologiquedu-teich.com
« Le Jardin botanique est un petit coin de nature, idéal pour un pique-nique sur la grande pelouse pour y découvrir toutes sortes de plantes ! » Le + Zut ! Tous les ans, après quelques mois de visites au Jardin botanique, de recherches, d’ateliers, d’expériences, les enfants de 10 écoles du quartier Bastide présentent le résultat de leurs travaux. Exposition des écoles, jusqu’au 24 septembre. Jardin Botanique de Bordeaux Esplanade Linné 05 56 52 18 77
74 Zut ! Lifestyle × Sport
Surf’s Up PAR MÉLANIE DUPRAT & ADRIEN NAVARRO
Dans la relation shapeursurfeur, le feeling est essentiel : celui qui façonne la planche, la met au service d’un art. Portraits de quatre shapeurs locaux qui partagent une passion commune du shape ou de la glisse, sans pour autant partager la même vision.
« Cet homme ressentait un plaisir d’une intensité sans pareil alors qu’il était porté si vite et si harmonieusement par la mer » rapportait Thomas Cook dans son carnet de voyage, empli d’admiration devant ce jeune Hawaïen. Ce fut la première description, au XVIIIe siècle, de ce sport ancestral et ô combien prisé de nos jours : le surf. La France dut patienter jusqu’aux années 50 pour voir débarquer le surf sur ses rivages grâce au Californien Peter Viertel. De passage à Biarritz pour le tournage du film Le soleil se lève aussi dont il a écrit le scénario et surfeur averti, il s’adonna à sa passion et fut rapidement convaincu par la houle locale. Ce fut le début de la démocratisation du surf en France, bien aidée par la suite grâce aux Tontons surfeurs. Indissociables, les surfeurs et les shapeurs, entendez les façonneurs, prolifèrent dans nos contrées. Les années 60 marquèrent l’arrivée du polystyrène et de la fibre de verre, matériaux résistants et légers composent cette nouvelle génération de planches. Plus facile à travailler que le bois, ces alliages furent rapidement adoptés par la communauté et sont encore utilisés aujourd’hui. Les shapeurs français purent donc laisser libre court à leur imagination, en allant souvent chercher l’inspiration sur d’autres continents à l’image de Gerard Depeyris qui fit ses premières armes entre l’Île Maurice et l’Île de la réunion. Au cours des années 80,
la France devint un vrai pays de surf et les grandes marques vinrent s’y installer, menaçant les artisans shapeurs locaux. Que l’on ne s’y méprenne pas, elles permirent une expansion fulgurante du surf en France et même en Europe. Issus de ce qui constituait au début une petite communauté marginale, les surfeurs et shapeurs devinrent des personnalités locales, connues et reconnues. Ils participent désormais pleinement à l’économie de certaines stations balnéaires. Aujourd’hui shapeurs et multinationales cohabitent et se complètent. Les artisans prennent le temps de produire des planches uniques, ajustées à votre gabarit, à votre type de ride et aux vagues du coin, laissant libre cours à leur créativité comme les planches de chez SWOP Surfboards. Les multinationales, elles, proposent des surfs polyvalents étudiés pour satisfaire le plus grand nombre sur un large panel de vagues.
Photo : CĂŠcile Lhermitte-Perrinet
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Photo Olivier Laselle
Zut ! Lifestyle × Sport
The Sailor Surfboards 99, Het Club du Huga à Lacanau-Océan 06 65 73 55 92 thesailorsurfboards.com
Clément Pâris est l’un des plus jeunes shapers de la région. À 30 ans, il a dix années de surf à son actif et pas moins de sept ans de shape. L’idée de fabriquer sa planche lui est venue assez naturellement : « Je voulais absolument un twin. Il n’y en avait pas beaucoup à l’époque et ce genre de board coûtait très cher. Ma toute première planche shapée fut alors un twin ! », nous raconte-t-il. Ensuite, s’en est suivie une multitude d’essais en tout genre, avec des boards de récup’ ou bien les planches de son père. Clément se définit comme un shaper autodidacte. Ses références : Axel Lorentz, Alexandre de Barrel Surfboards, Gilou d’Omkara Surfboards ou encore Renaud de UWL Surfboards à La Rochelle. C’est également en se renseignant sur Internet qu’il a pu donner naissance à ses premières boards. Pour lui, le shape est un métier artisanal, authentique. Il fabrique à la commande. Les planches sont faites sur-mesure. Les matériaux utilisés par Clément sont les matériaux dits classiques : pain de mousse en polyuréthane et résine polyester.
The Sailor Surfboards, sa société créée il y a 3 ans, a son atelier à Lacanau. Il collabore avec Lacanau Surf Design pour le glaçage. Cela lui permet d’être plus réactif et de toujours conserver une qualité optimale. En moyenne, la fabrication complète prend environ 30 jours. Graphiste de formation, il se plaît à décorer lui-même ses boards. Son modèle préféré ? Le Hold Fast : un single en sept pieds polyvalent permettant de surfer tout type de vagues !
Photo Olivier Laselle
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Gérard Depeyris 24, rue Côte d’argent Lacanau-Océan 06 81 34 45 48
Au pied des dunes de la plage sud à Lacanau se trouve la maison-atelier de Gérard Depeyris. 44 ans de surf, 36 de shape – dont 30 à Lacanau –, il a shapé des planches pour des grands noms du surf et met aujourd’hui son savoir faire à la disposition de tous. Après avoir surfé les vagues les plus connues du monde, pourquoi avoir choisi de vous installer à Lacanau ? Je suis Bordelais. Petit, je venais passer mes vacances ici. J’ai toujours adoré l’eau, puis j’ai découvert le surf... J’ai vécu à proximité de l’Océan Indien pendant quelques années, notamment à Saint-Leu dont la gauche [station balnéaire prisée pour ses vagues, ndlr] était exceptionnelle ! Puis, je suis revenu à Lacanau... Aujourd’hui, je peux travailler et vivre de ma passion : je n’ai qu’à traverser la dune pour surfer ! Parlez-nous de vos techniques de shape… Je suis autodidacte. À l’époque il n’y avait que très peu de shapers et j’ai appris grâce aux échanges d’expériences entre
surfeurs. Le surf était peu répandu – je me souviens, en 1981 nous n’étions que deux moniteurs de surf ! –, nous étions des marginaux mais nous formions une vraie communauté, unie et soudée. Depuis quelques années maintenant je recours à l’informatique pour pré-shaper mes planches à la fraiseuse. La précision est fabuleuse : symétrie, courbure, c’est au millimètre près ! Ce qui est magique, c’est aussi de pouvoir mémoriser les différents shapes pour pouvoir les reproduire à l’identique ou les améliorer. Evidemment, je fais les finitions à la main, je reste artisan avant tout ! On fête les dix ans de Surf Experience, pouvez-nous en dire plus ? C’est l’association de deux shapers, Jérôme Barbe, fondateur de la marque Eclipse qui s’occupe principalement de la partie glaçage des planches, et moi-même en charge de la partie shape. On a plusieurs salles de shape et on sous-traite également. C’est vraiment une belle expérience !
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Photo Cécile Lhermitte-Perrinet
Zut ! Lifestyle × Sport
Jérémy Ferrara Ferrara Surfboards 3, chemin de Laulan Jau Dignac et Loirac 06 83 26 53 94
Le clapotis des vagues, le pétillement de l’écume et le fracas des tubes forment la mélodie de son existence. Passionné, il consacre sa vie à « créer des instruments expérimentaux, résonnant harmonieusement avec leur musicien, avec le rythme de la vague ». Comme un luthier fabrique une guitare, Jérémy Ferrara, Bordelais de 33 ans, conçoit des planches uniques qui rythment les sessions de surfeurs en quête de perfection, de distinction tout au moins. Son parcours est évocateur : à 17 ans, il participe à ses premiers championnats du monde longboard, rapidement repéré par le champion Brésilien Cisco Araña ; il décide de le suivre dans son pays. C’est l’occasion pour lui de faire ses premières armes dans le monde du shape. De retour en France, Jérémy investit le vieux chai au fond du jardin familiale pour lancer sa marque de cires de surf colorées. Concept novateur à l’époque, il se fit court-circuiter par l’un des grands noms du secteur à qui il faisait de l’ombre. Cet évènement fut déterminant, il se consacrera aux planches, et non plus à la wax [cire, ndlr]. Un rapide crochet au
Cap Breton, le temps de shaper quelques planches et former Axou qui l’aide sur les réparations et en apprend patiemment les subtilités, « avant de devenir la mère de notre petite Elaïa ! ». C’est donc en famille que les prototypes les plus fous sortent des ateliers Ferrara. La planche 2 en 1 longboard et shortboart intégré, la Mireille – « le nom de ma mère », préciset-il en souriant – au double rail en nose ou encore les planches sans dérives. Jeremy sort des sentiers battus, à l’image de Velzy et Jacob dans les années 70, shapers novateurs reconnus. L’avenir ? « Travailler le peuplier pour proposer aux surfeurs des planches légères et performantes tout en étant éco-responsables, c’est aberrant d’importer de la mousse des États-Unis par container entier ! » s’exclame-t-il. Jérémy donne également des cours de shape. L’occasion pour lui de transmettre sa passion et de susciter des vocations, qui sait ?
Photo Emilie Dubrul
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SWOP Surfboards 06 75 25 68 96 www.swopsurfboard.com
David Charbonnel, 42 ans, féru de sports de glisse depuis l’âge de 10 ans a créé SWOP Surfboards en 1992, juste après des études scientifiques à Bordeaux. Entre vivre de son métier ou vivre de sa passion, David a très vite fait son choix. 22 ans après, il ne le regrette pas et son métier, c’est de shaper. Tu travailles seul dans ton atelier ? Pendant des années, j’ai travaillé avec des magasins et j’étais submergé par les commandes. La seule solution était d’embaucher pour pouvoir suivre la cadence. En général, qui dit grossir sa structure, dit généralement baisser en qualité. Je suis un passionné et je n’avais pas du tout envie de sous-traiter non plus. J’ai donc arrêté cela et me suis concentré sur la fabrication de planches sur-mesure pour les particuliers ou les compétiteurs. En parlant de compétition, sponsorises-tu des surfeurs ? Je sponsorise des surfeurs de la région et d’ailleurs. Je leur confectionne des planches adaptées. Lorsque les surfeurs
sont recrutés par des grandes marques, se pose alors la question de continuer à leur faire leurs boards… C’est là que ça devient délicat. Les surfeurs, habitués à surfer mes planches, ne veulent pas changer de shaper. Les marques me proposent alors le deal suivant : je façonne les planches et ils apposent leur logo, mais comme je ne suis pas en accord avec ce genre de procédé, je refuse systématiquement. Quel regard portes-tu sur l’évolution du métier de shaper depuis ces dernières années ? Dans les années 90, les gens voulaient les mêmes planches que les professionnels, à qui ils s’identifiaient. Ces planches sont très techniques et pas du tout adaptées à du surf de tous les jours. C’est pour cela que le niveau est assez faible aujourd’hui. Même si le surf s’est démocratisé, les surfeurs ne surfent pas des planches en adéquation avec leur niveau. Grâce au travail des médias, les gens commencent à rider des boards plus épaisses, donc plus faciles. On a évolué vers un surf où l’on recherche d’abord à se faire plaisir.
80 Zut ! Lifestyle × Food
La cuisine en balade PAR MÉLANIE DUPRAT PHOTOS CÉCILE LHERMITTE -PERRINET
La mobilité est l’une des préoccupations de notre temps. La restauration s’adapte : avec une vraie vocation gastronomique, les food trucks debarquent dans la ville. Focus en images sur trois d’entre eux à Bordeaux. Nouveau phénomène de société, largement inspiré de la Street Food américaine, les food trucks ont débarqué en France il y a 3 ans. Ce concept de plus en plus prisé nous vient des États-Unis, of course ! Petit retour en arrière : en 1866, juste près la Guerre de Sécession (1861-1865), Charles Goodnight, éleveur de bétail, a pris conscience d'à quel point il était difficile de préparer des repas pour les travailleurs lors des rassemblements du bétail. Pour cela, il a pris un ancien wagon de l’armée américaine, l’a aménagé d’étagères et de tiroirs, a amené un baril d’eau et a construit une élingue pour allumer un feu et cuire les aliments. Ainsi, le tout premier food truck est né. Largement démocratisé depuis, on ne dénombre pas moins de 200 camionnettes – également appelées en français selon les usages, camions cantines ou camions gourmands – ne serait-ce qu’à Los Angeles, la capitale du food truck. En France, le premier food truck, Le Camion qui fume, a vu le jour à Paris en 2011, à l’initiative de la chef américaine Kristin Frederick. Aujourd’hui, une centaine de camions-cantines sont recensés et on en compte déjà une petite dizaine sur Bordeaux.
Le concept de restaurant mobile gourmet offre de nombreux avantages aux consommateurs. Les plats sont préparés « maison » dans la camionnette ambulante avec des produits frais et de qualité. La gastronomie descend dans la rue et permet aux endroits les plus reculés d’être ravitaillés ! À noter également que les food trucks sont soumis aux mêmes règles d’hygiène que les restaurants traditionnels. À Bordeaux, ville gastronomique par excellence, les food trucks s’installent un peu partout, souvent en marge du centre ville. Ils proposent tous des repas de qualité aux saveurs multiples. Trois sites pour retrouver le food truck près de chez soi : www.easyfoodtruck.com pouet-pouet.com www.yelp.fr
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El Taco del Diablo À bord de son combi vintage réaménagé en food truck, le couple pétillant de Virginie et Philippe, originaire du sud-ouest mais un temps Californien d’adoption, crée depuis déjà un an les meilleurs tacos de Bordeaux. 06 07 15 04 08 eltacodeldiablo.com
82 Zut ! Lifestyle × Food
Les Midinettes Après le service aux Bassins à Flot, allons à la rencontre de Charline et Sophie alias les Midinettes. Comment est né le concept des Midinettes ? Nos enfants vont à la même école, nous avons fait connaissance à la sortie de l’école. Nous nous sommes d’abord investies ensemble dans un projet de café associatif à Bacalan. Puis, prenant conscience des coûts élevés que cela engendre, nous avons décidé de monter un food truck, à notre image. C’était financièrement beaucoup plus abordable ! Avez-vous suivi une formation particulière ? Tout à fait, Sophie est passée par l’atelier de cuisine nomade du chef étoilé Thierry Marx, à Blanquefort. Le cursus comprend une aide à la formation d’entreprise. Sans formation, nous n’aurions pas pu le faire. Il est nécessaire de bien comprendre les normes d’hygiène alimentaire. Notre
camionnette ambulante fait des repas sur place ou à emporter et nous ne proposons que des produits frais. Il est nécessaire de bien connaître les bases du métier ! À propos des produits justement, quel est votre plat phare ? Sans hésitation notre double croquemonsieur à la presse. Il y a l’authentique jambon-fromage et le végétarien. Tous les jours aux Bassins à Flot, à Bacalan 07 81 02 49 39
Greengourmet Installé depuis le mois d’octobre 2013, Greengourmet est un concept de restauration rapide qui propose une gamme de produits frais, en majorité bio, à emporter ou à déguster sur place en toute convivialité. Burgers, sandwichs, salades, tartes, soupes, boissons, desserts... Benoit Gevaert, créateur de Greengourmet propose une véritable alternative aux aficionados de fast-foods ou boulangeries, adaptée à tous les budgets. Le must eat : Le Burger de viande de race Bazadaise décliné en plusieurs recettes, et accompagné de ses frites maison. Une qualité de viande locale provenant directement de l’élevage familial bio situé à Bazas composé d’un troupeau d’une soixantaine de têtes.
Le bonus : Le camion gourmand s’engage pleinement sur le terrain écologique en utilisant en majeure partie des emballages éco-responsables, compostables et recyclables. En confectionnant ses recettes à partir de produits proposés par les artisans locaux, Greengourmet favorise par cet effet les circuits courts de ses approvisionnements. Une démarche écologique très appréciable ! Greengourmet 06 78 53 19 72 (commande avant midi)
84 SÉLECTIONS lifestyle
MOBILITÉ
Pédale souple
À l’image de l’alevin qui ondoie habilement dans la Garonne, le Pibal évoluera prochainement avec élégance dans les rues bordelaises. Le vélo-patinette dessiné par Philippe Starck et fabriqué par Peugeot fait sa première apparition à l’arrivée des beaux jours. Et tout comme la Pibale, cet engin hybride bien équipé (vitesses automatiques, grand porte-bagages, plateforme, pneus et garde-boue réfléchissants) est pour le moment une spécialité bordelaise. Et que ça roule ! (P.M.)
Vélos Pibal, disponibles gratuitement à partir du 7 juillet à La Maison du vélo 69, cours Pasteur www.bordeaux.fr Photo : Thomas Sanson / Mairie de Bordeaux
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GASTRONOMIE
En haut de l’affiche ! VINS
Plaisir des sens Jusqu’au 30 septembre, Château Chasse-Spleen vous accueille tous les jours sans rendez-vous pour une balade champêtre dans ses jardins enivrants et son chai original, décoré par l’artiste franco-suisse Félice Varini. Après le plaisir des yeux, ce sera celui des papilles : différentes dégustations sont possibles et vous permettront d’apprécier les divins nectars médocains. Par ailleurs, la formule « classique » vous permettra de déduire le prix d’entrée de vos achats. On en profite ! (P.M.) Château Chasse-Spleen 32, chemin de la Razé à Moulis-en-Médoc 05 56 58 02 37- www.chasse-spleen.com
Depuis 12 ans, ce ne sont pas moins de 400 artistes qui ont fréquenté la brasserie du Casino Théâtre de Bordeaux, avant ou après leur prestation scénique. C’est en hommage à ce passage marquant – matérialisé par la mise en scène d’un magnifique Wall of Fame de photos et de dédicaces – que le nouveau restaurant a été baptisé Les Artistes. À l’image du Casino, une brasserie résolument contemporaine redessinée par l’architectedécorateur Didier Rey (Design Studio), avec une capacité de 170 places assises, pour des ambiances variées autour d’une cuisine généreuse et un large choix de vins. (E.A.) Les Artistes, Brasserie & Cave Rue Cardinal Richaud - 05 56 69 49 00
SPORT
Move it HÔTEL
Une bretzel et au lit De passage à Strasbourg, l'autre ville du vin ? Deux incontournables : attraper un numéro de Zut ! Strasbourg, puisque c'est tout là-haut que le magazine a été créé et en profiter pour aller dormir à l'hôtel Graffalgar, l'hôtel in, street et audacieux. Son concept ? Simple, beau, efficace : chaque chambre a été décorée par un artiste. A chaque étage son ambiance, à chaque dormeur sa préférence. À vous de choisir entre photographies, graffitis ou illustrations. Le design des chambres lui est über fonctionnel et sans fioritures. Amour. (C.B.) Graffalgar, 17 rue Déserte à Strasbourg – 03 88 24 98 40 www.graffalgar-hotel-strasbourg.com
De mi-juillet à mi-août, vous n’aurez aucune excuse pour muscler vos fessiers, développer vos pectoraux, gagner de la souplesse et travailler votre grâce. Deux événements gratuits, ludiques et variés se mettent en quatre pour vous initier (ou vous améliorer), quelle que soit votre année de naissance, à la pratique sportive (surf, foot, beach wrestling, fitness…) et à la danse (country, rock/swing, danses de salon, salsa...) (P.M.) Quai des sports, du 18 juillet au 17 août et Dansons sur les quais, du 17 juillet au 18 août quaidessports.blog.bordeaux.fr www.dansonssurlesquais.fr
Chic Médias & Médiapop Éditeurs de magazines
Été 2014
culture tendances lifestyle
Sommer 2014
Été 2014
kultur trends lifestyle
culture tendances lifestyle
in Straßburg
Strasbourg Numéro 22 / Gratuit
Strasbourg N° 22
Lorraine
Deutschland
Numéro 7 / Gratuit
Nummer 2 / Kostenlos
Allemagne N° 2
Lorraine N° 7
printemps / été 2014
Été 2014
La culture n'a pas de prix
culture tendances lifestyle
Haut-Rhin N° 3
Haut-Rhin
Bordeaux
Numéro 3 / Gratuit
Numéro 2 / Gratuit
Bordeaux N° 2
Novo N° 30
www.zut-magazine.com www.novomag.fr
Chic Médias / 12 rue des Poules - 67000 Strasbourg médiapop / 12 quai d'Isly - 68100 Mulhouse
07 —> 09.2014
30
PLUS DE
50
SPECTACLES
NOUVELLE
SAISON
ARTISTIQUE
2014/2015
VARIÉTÉS THÉÂTRE HUMOUR SPECTACLE MUSICAL DÎNER SPECTACLE DANSE MAGIE JAZZ
À DÉCOUVRIR SUR WWW.CASINO-BORDEAUX.COM ET À L’ACCUEIL DU CASINO THÉÂTRE
RÉSERVATION SUR WWW.CASINO-BORDEAUX.COM Fnac 0 892 68 36 22 (0,34€/min) www.fnac.com
www.francebillet.com Ticketnet, Carrefour, Géant, Magasins U www.ticketnet.net
N° licence spectacle : 101 2704 – 101 2705 – 101 2706.