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AUTOMNE 2009

CULTURE TENDANCES & DÉTOURS STRASBOURG NUMÉRO 3



ZUT

Photo Eltea / nobodyknows // modèle Vox

À (l’hiver la grippe ! sera fou, fou, fou...)


OURS

Automne 2009

TEAM ZUT !

STRASBOURG CITY MAGAZINE

ZUT !

Myriam Commot-Delon, Sylvia Dubost, Caroline Lévy, Philippe Schweyer, Fabien Texier

CONTRIBUTEURS

AUTOMNE 2009

Rédacteurs 2ni, Agnès Boukri, Magali Fichter, Nicolas Léger,

CULTURE TENDANCES & DÉTOURS STRASBOURG NUMÉRO 3

Photo de couverture Alexis Delon / Preview

Directeur publication et rédaction Bruno Chibane Rédacteur en chef Emmanuel Abela Relecture et correction Leonor Anstett, Sylvia Dubost Directrice artistique mode Myriam Commot-Delon Graphisme Hugues François / brokism Comité de rédaction Charles Combanaire,

Marc Paul, Nicolas Querci, Catherine Schickel, Elysa Vuillez Stylistes K-roll Aka Darling, Myriam Commot-Delon,Caroline Lévy Photographes Alexis Delon / Preview, Caroline Lévy, Alan Smithy, Laetitia Gorsy, Christophe Urbain, W Dima Retouche numérique Emmanuel Van Hecke, Camille Vogeleisen / Preview IllustrateurS Bearboz, Laurence Bentz, Audrey Canalès, Julien Croyal, Letty Make-up Sabine Reinling Coiffure Miss Esther, Sébastien Rick Mannequins Solweig / dma models, Siméon Booker Danièle & Matthieu / dma-models DIFFUSION François Xavier Cheraitia, Ultimatum Stagiaire GRAPHISME Laetitia Gorsy Ce trimestriel est édité par

Chic Médias

10 rue de Barr - 67000 Strasbourg S.à.R.L. au capital de 12500 euros Direction Bruno Chibane Administration, gestion Charles Combanaire Impression : Gyss Imprimeur (certifié Imprim’ vert) 1 rue Ateliers 67210 Obernai Tirage : 8000 exemplaires Dépôt légal : octobre 2009 SIRET 50916928000013 ISSN : 1969-0789

Retrouvez entretiens photos et extensions audio / vidéo sur : flux4.eu, zutmag.com & facebook.com / zut

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THAT NEVER GOES OUT 3TRASBOURG s RUE DE LA -ÏSANGE s TÏL

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THERE IS A LIGHT


8. Edito // 10. Les Alsaciens de l’intérieur : Stéphane Oiry // 11. Je fais ce quI me plaît au pays de la déprime // 12. Mémoires d’un vendeur de pub raté : Miossec // 14. Mes petits Beatles // 16. Planche de BD : Zut Attitude // 18. Une sortie, un nouvel espace, un produit trendy, les sélections de la rédaction // 36. Strasbourg vu par Michel Gomez, Joseph Pasquier, Tartine Reverdy, Marc Clémeur, Charlène Hoffsess, Chantal Tempel, Michèle & Philippe Moubarak, Barbara Roméro, Raymond-Émile Waydelich, Yan Gilg // 49. Culture // 50. Peter Knapp, directeur artistique, photographe et cinéaste // 56. Sarah Leonor, un premier long métrage tourné en Alsace// 60. Eric Watson, le jazz comme expérience collective // 62. Cafés Culture, une expérience de démocratie locale // 64. Olivier Chapelet, directeur des Taps // 66. Instant Flash : Au Revoir Simone, Naïve New Beaters, Y.A.S, Virginie Ledoyen, Marina de Van, Fanny Ardant, R.J Ellory // 72. L’Œil de Zut ! // 77. TENDANCES // 78. Gustavo Lins, un portrait du plus parisien des couturiers brésiliens // 80. Paper-Blog // 82. Convoitise // 84. Versatil // 94. Urban Styles // 96. We Love Cake // 102. BLOG PARTY : Wafa’s Blog & Tinky Minky // 104. L’heure fauve : Le musc // 106. Déco : Catherine Gangloff et Michel Dejean // 112. Coiffirst // 115. Détours // 116. Big Family // 120. INSOM’ NUIT : portrait de Frank Meunier et entretien musical avec Philippe Diebold // 122. Le Buerehiesel // 124. La Vignette, un restaurant chaleureux à la Robertsau // 125. La carotte dans tous ses états // 126. Le Strissel, la plus ancienne winstub // 128. Olivier Meyer, cuisinier à domicile.

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Édito

par Philippe Schweyer // illustration letty

LE COUP DU LAPIN A la radio, le gouvernement répétait à longueur de journée qu’il fallait se laver les mains. Je m’en fichais, puisque tout ce qui comptait c’était de la retrouver à 19 heures tapantes, comme convenu. En voyant que je risquais d’arriver un peu en retard, je me suis mis à courir. Plus je courais et plus je me disais que c’était idiot, puisqu’elle ne serait sans doute pas à l’heure, ELLE. Au pied de la cathédrale le vent soufflait en direction d’un groupe de touristes japonais masqués. J’ai poursuivi mon chemin en frôlant les vitrines des boutiques de luxe pour mieux admirer mon reflet mouvant. Mais, en devinant ma mine déconfite dans une devanture un peu trop réfléchissante, j’ai failli faire demi-tour. Avec une tête pareille, je savais qu’elle allait me trouver en petite forme, fatigué, pâle (tu devrais prendre des vitamines !). C’était vrai que j’étais un peu raplapla et que j’avais mal aux articulations (c’est le changement de saison !). Pour reprendre confiance, j’ai observé les passants : les filles étaient sublimes, mais les mecs n’étaient pas si terribles. Ça m’a remonté le moral et je me suis remis à cavaler entre les grappes de touristes. En arrivant au rendez-vous avec deux minuscules petites minutes de retard, je n’ai pu que constater qu’elle n’était pas là. C’était toujours pareil. Il ne me restait qu’à prendre mon mal en patience. En fait, elle était capable d’être déjà reparti pour me faire payer au prix fort mes deux minutes de retard. Mais, non,

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c’était idiot, elle n’était JAMAIS la première. Il fallait TOUJOURS qu’elle se fasse désirer. Il ne me restait qu’à faire les cent pas sur le trottoir. Au bout d’une grosse demi-heure mon téléphone s’est mis à vibrer tendrement. C’était ELLE. - Qu’est-ce que tu fais ? - Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Je t’attends… - Désolé, je ne peux pas venir. - Ah bon ? - Non, je crois que j’ai la grippe… - Ah… En raccrochant, j’ai tâté mon front brûlant. Pour la première fois depuis le début de l’épidémie, je comprenais que la grippe était lancée à mes trousses, prête à me pourrir l’existence d’une façon ou d’une autre. Je suis rentré dans le premier bar que j’ai trouvé et j’ai filé directement aux toilettes me laver consciencieusement les mains pendant que la serveuse tirait ma bière. Maintenant que j’avais les mains propres et les idées claires, je comprenais que comme le service militaire et les paradis fiscaux, la grippe ne serait bientôt qu’un mauvais souvenir. La vie était belle.


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Chronique // #01 LES ALSACIENS DE L’INTÉRIEUR

Par 2nl // Illustration Stéphane Oiry

Stéphane Oiry est toujours le premier sur le coup quand il s'agit de faire une bonne grosse blague à quelqu'un. Toujours prêt, la blague et le bon mot en bandoulière ! Sacré Stéphane ! Bon, il a des circonstances atténuantes : il est né le premier avril ! Il débarque à Strasbourg en 1988 pour intégrer l'École Nationale Supérieur d'Architecture. Mais à cette période on a plus de chance de le croiser aux fêtes bien arrosées de La Bricole – « Y avait même des traces de pas au plafond ! Tu te rends compte ! Ça pogotait à mort ! » – ou en train de faire un bœuf avec son groupe El Camino, rue de Sarreguemines. « On avait dans la cour de l'immeuble une piscine gonflable remplie de Pastis, c'était cool ! » Et quand on lui demande s'il a un souvenir particulier de cette époque à Strasbourg, il répond du tac au tac « Au RU, place Saint-Étienne, le jeudi soir, il y avait tartes flambées à volonté ! » Serait-il gourmand ? Je pense que oui, car quand on lui parle de choucroute garnie, de mauricettes au pâté de canard, de bière Kronenbourg ou de knacks, il a l'œil qui brille ! En 1992, il plaque tout et part à l'aventure, direction Londres. Il est tour à tour homme de ménage, gogo serveur, pizzaïolo... Après deux années de petits boulots, le voilà de retour dans la capitale alsacienne pour effectuer son Service National comme objecteur de conscience au cinéma l'Odyssée et un peu à La Laiterie. C'est à cette période où il rencontre son complice de toujours, le grand Pat (Trap ou Docteur Borg pour les initiés. Vous savez, c'est le grand frisé qui est toujours au Troc’afé !) Leur collaboration va donner des merveilles comme J'élève mon robot de compagnie ou La Famille Achedeuzot, pour le magazine Science et Vie Découvertes. 1998. Il s'installe définitivement à Paris avec sa fiancée alsacienne. Et là, les choses s'enchaînent. Il dessine des décors sur la série animée La Mouche d'après Lewis Trondheim. Cofonde "l'Atelier du Coin" avec six autres énergumènes. En 2004, il devient rédacteur en chef adjoint du cultissime mensuel Capsule Cosmique. Puis les BD de Stéphane arrivent régulièrement, avec de plus en plus de caractère dans le trait. Pauline (et les loups-garous) avec Apollo chez Futuropolis et le très beau, mais malheureusement un peu ignoré Ronchon et Grognon avec Suzanne Queroy chez Delcourt. En relisant le livre de Nostradamus, page 1367, on peut lire : « Artung bananas, fin 2009 qui vivra oiry » et un peu plus loin « Brazilia ectera et vous allez voir ce que vous allez Oiry ! » En deux mots, je traduit ça par : en 2009 c'est l'année du Brésil et l'année Stéphane Oiry ! La dernière semaine d'octobre sort chez Dargaud, sous la forme du 33T, Nous sommes Motörhead, collectif dirigé par Oiry & Apollo avec du beau monde (Sattouf, Killofer, Bouzard, Menu, Blanquet et la sublimissime Anouk Ricard... et d'autres). Puis le 4 novembre, c'est le retour des Pieds Nickelés, tombé dans le domaine public et rajeuni avec brio par le duo de choc Oiry /Trap. C'est de la bombe ! Le tome 2 est déjà en préparation, ce sera un spécial Pieds Nickelés bio. The Oiryor est prêt pour son année, ça va péter ! http://lavenirradieux.blogspot.com Bibliographie sélective Stéphane Oiry Pauline (et les loups-garous), Appolo et Oiry, Futuropolis, 2008 • J’élève mon robot de compagnie, Trap et Oiry, Sarbacane, 2008 • Ronchon et Grognon, Queroy et Oiry, Shampooing - Delcourt, 2009 • Nous sommes Motörhead, Collectif dirigé par Appolo et Oiry, Dargaud, sortie fin octobre 2009 • Les nouvelles aventures des Pieds Nickelés, T1 : Pas si mal logés !, Trap et Oiry, Delcourt, sortie le 4 novembre 2009

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Chronique // #03 MA CRISE À MOI

Par Agnès Boukri // Peinture Bernard Quesniaux

Je fais ce quI me plaÎt

au pays de la déprime

C’est l’automne, je déprime sec. Tout me saoule. Je rentre d’une promenade dans le vignoble alsacien. Chaque pas en avant était une torture. J’ai pourtant ramassé des noix à même le sol, mangé du raisin à même le cep, cueilli des quetsches à même les branches et malgré cette orgie offerte par Dame Nature, je ne me réjouis de rien. Je ne peux plus me saquer, à commencer par ma coiffure. Après m’être fait violence et avoir confié ma chevelure à un type du genre Paysagiste de visage, mon crâne est revêtu d’un casque. Je ressemble fortement à un Playmobil. Idem pour mes sousvêtements ; j’ai investi dans des culottes Petit Bateau ; j’ai pris la plus grande taille sur les conseils de la vendeuse m’expliquant que ça rétrécirait au lavage. C’est même pas vrai. J’ai tout essayé : lavage à 90°, fer à repasser ultra chaud. Eh bien non, mes culottes pendouillent. Où pourrais-je trouver un peu de réconfort ? Dans ma famille ? Commençons par ma sœur qui, pas plus tard qu’hier soir, a comparé mon ventre à de la pâte à pizza. Pour rire bien sûr ! Howard (mon lover) a renchéri en disant que ça allait bien avec mes “guetti Schonkeu” (en français : mes grosses cuisses). Bref, je suis un monstre.

deux poupées de beauté, ma fille et ma belle-fille. Je les regarde aller et venir dans la maison tel un défilé de mode à Milan, assise à un coin de la table de la cuisine épluchant des pommes de terre. Mon fils, lui, fait fort mais dans un autre registre. Je le soupçonne d’écrire un Que sais-je en cachette : Ma vie de loir sans devoirs avec en sous-titre Il faut me voir pour le croire. Succès mondial assuré ! Ma mère, je ne sais pourquoi, détient la palme de mon état dépressif. Étant fauchée de janvier à décembre, elle achète ses lunettes au Lidl. Des nouilles ok, mais des lunettes ? Même la très bonne private joke du soir qu’Howard me susurre à l’oreille en guise de préliminaires : « Salut Marcel, excuse que j’te dérange » me laisse désormais perplexe. Encore une fois, la dépression automnale l’emporte haut la main. nb : pour des raisons de confidentialité, les prénoms de cet article ont été modifiés.

agnes.boukri@gmail.com

C’est d’autant plus dur à accepter que je vis au quotidien avec

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Chronique // #03 Mémoires d’un vendeur de pub raté

Par Philippe Schweyer // Illustration Audrey Canalès

Quand un vendeur de pub (appointé par Zut !) préfère réécouter ses vieux disques plutôt que de démarcher les boutiques tendance de Strasbourg, il se souvient avec une pointe de nostalgie de ses rencontres avec Christophe Miossec… Boire (1996) Je suis réveillé en pleine nuit par un abruti qui fait hurler son autoradio à plein volume juste sous ma fenêtre. Plutôt que de calmer mes nerfs en sortant mon fusil, je reste allongé en cherchant qui peut bien chanter Je vous téléphone encore, ivre mort au matin / Car aujourd’hui c’est la Saint-Valentin / Et je me remémore notre nuit très bien / Comme un crabe déjà mort / Tu t’ouvrais entre mes mains… Les semaines qui suivent, je n’écoute plus que ce Miossec qui marie littérature et rock pour chroniquer nos grandes beuveries et nos petites lâchetés. Bashung chantait Je fume pour oublier que tu bois. Miossec boit, fume et ne cache pas son admiration pour Raymond Carver. Baiser (1997) Mais si ma bite et mon cœur font grève / Je peux très bien me toucher / Et si ma langue traîne par terre / Je peux très bien l’avaler / Car tu es loin et moi je crève / De ne pouvoir te baiser / Oh mon amour, oh mon amour… Un an après Boire, Miossec récidive avec Baiser. C’est bien lui le plus fort pour chanter l’amour qui tombe en poussière et les petites défaites du quotidien. A prendre (1998) Tu m’as dit que je devrais même ouvrir une bière / Tu me l’avais pas dit depuis si longtemps / Que je ne savais même plus comment il fallait faire / Les bières aujourd’hui s’ouvrent manuellement… Miossec a saisi un truc qui sans lui serait passé inaperçu : désormais les bières s’ouvrent manuellement. Moi qui n’ai jamais réussi à décapsuler une canette avec un briquet, me voilà sauvé ! L’étreinte (2006) Je perds la tête dans mes pensées / J’en oublie même de te toucher / Ne me secoue surtout pas car je suis plein de larmes… J’ai rendez-vous avec Christophe Miossec au bar de l’hôtel Mercure à Strasbourg. On descend quelques bières de Noël en parlant de Bashung pour lequel il a écrit les paroles de Faisons Envie et d’Henri Calet dont il s’est inspiré en pompant ouvertement les derniers mots notés dans son carnet par l’écrivain : « Mourir sans savoir ce qu’est la mort, ni la vie. Il faut se quitter déjà ? Ne me secouez pas, je suis plein de larmes ».

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Finistériens (2009) C’est la fin de l’été et je téléphone à Christophe Miossec à l’heure de la sieste. Nous parlons des papiers poétiques de Jean-Louis Le Touzet sur le Tour de France dans Libé et d’Alain Bashung qui lui manque terriblement (interview sur www.flux4.com). En raccrochant, je pousse la sono : Aujourd’hui je voudrais tant te voir disparaître / Alors que toutes nos plus belles années / Je les ai passées à tes côtés… Pas de doute, Miossec est toujours le plus fort pour jeter du sel sur nos plaies les plus intimes. En concert au Noumatrouff, à Mulhouse, le 19 novembre et à La Laiterie, à Strasbourg, le 21. Dernier album : Finistériens, PIAS www.christophemiossec.com


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Chronique // #03 MON PETIT...

Par Emmanuel Abela // visuel DR

L’événement discographique de la rentrée est la réédition des disques des Beatles dans des versions remastérisées. Impressions et sélection pour un nouvel automne Beatles, près de quarante ans après la séparation du groupe. Mon premier Beatles, je l’ai acheté le lendemain de l’assassinat de John Lennon, le 8 décembre 1980. Le choix s’était porté sur un pressage allemand, Something New, une compilation des meilleurs titres de A Hard Day’s Night et de quelques faces B. Comme beaucoup, j’avais été frappé par la vague d’émotion que la disparition de l’ex-Beatle avait suscité. L’achat de ce disque ce jour-là m’ouvrait une porte vers la pop. Il sera suivi de l’acquisition progressive de tous les disques du catalogue, dont quelques uns commandés pour ma communion solennelle, Beatles for Sale ou Abbey Road. À l’écoute des versions remastérisées, je parcours, non des chansons, ni des disques dans leur extrême cohérence, mais les instants mêmes de leur découverte à 14 ans : ici And I Love her me replonge dans des émois amoureux enfouis, là I Want You (She’s So Heavy) resitue avec force le désir premier, et ainsi de suite… Beaucoup de choses ont été écrites à propos de cette réédition : entre les nostalgiques du pick-up – « moi, je préfère mes vieux 33T ! » –, et les inconditionnels des Beatles, le débat fait rage sur le net. Après, quand la presse anglaise souligne l’extrême chaleur qui se dégage du travail mené par les techniciens sur les masters originaux, on ne peut que confirmer le succès de leur entreprise. Aujourd’hui, les Beatles sonnent comme ils n’ont jamais sonné. Ont-ils souhaité sonner ainsi ? La question mérite d’être posée, et la réponse est sans doute : oui. Mais bien au-delà de cela, l’effet insoupçonné reste cette virginité nouvelle, comme si ces disques étaient écoutés pour la première fois. On a beau les connaître, les découvertes sont multiples : dans le rééquilibrage des pistes qui a été opéré, une simple note suspendue dans Hey Jude donne une intensité nouvelle au morceau, l’intimité nocturne de Blackbird est renforcée par un environnement repensé, sur d’autres titres la basse est mise en avant, un clavier est relevé et la présence de cordes révélée. Les morceaux restent familiers, mais du fait de leur nouvelle présence, la façon de les écouter a considérablement changé. Enfin, c’est l’occasion pour les néophytes, tout comme pour les fans de parcourir les 217 chansons que comprend le catalogue complet, de se les réapproprier et éventuellement de découvrir les perles cachées derrières les nombreux hits. Ci-dessous une sélection tout à fait indicative de quelques morceaux fétiches : And I Love Her – I Feel Fine – Ticket To Ride – Norwegian Wood (This Bird Has Flown) – If I Needed Someone – Day Tripper – Eleanor Rigby – She Said She Said – Tomorrow Never Knows – Paperback Writer – Rain – Strawberry Fields Forever – Within You, Without You – A Day In The Life – I Am The Walrus –

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Hey Bulldog – Dear Prudence – Julia – Helter Skelter – Long Long Long – Revolution 9 – The Inner Light – Accross The Universe – Come Together – I Want You (She’s So Heavy) Tous les disques des Beatles réédités chez EMI ; 2 éditions coffrets sont disponibles : version stéréo (14 CD) et version mono avec packaging original (11 CD). Sélection en rotation sur flux4 : www.flux4.eu


SAISON 09-10

PINOCCHIO Joël Pommerat 15 > 24 septembre 2009 LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ William Shakespeare / Yann-Joël Collin, La Nuit surprise par le Jour 29 septembre > 25 octobre 2009 MACHINE SANS CIBLE Gildas Milin 7 > 18 octobre 2009 THE WOOSTER GROUP : VIEUX CARRÉ Tennessee Williams / Elizabeth LeCompte 6 > 14 novembre 2009 MADAME DE SADE Yukio Mishima / Jacques Vincey 10 > 28 novembre 2009 AU MILIEU DU DÉSORDRE Pierre Meunier 7 > 20 décembre 2009 WOYZECK ON THE HIGHVELD Georg Büchner / William Kentridge, Handspring Puppet Company 8 > 20 décembre 2009 ODE MARITIME Fernando Pessoa / Claude Régy 19 janvier > 4 février 2010 SEXAMOR Pierre Meunier, Nadège Prugnard 2 > 10 février 2010 SOUS L’ŒIL D’ŒDIPE Joël Jouanneau 17 > 28 février 2010 TRILOGIE STRINDBERG Le Théâtre-Laboratoire Sfumato de Sofia : JULIE, JEAN ET KRISTINE Margarita Mladenova 2 > 13 mars 2010 LA DANSE DE MORT Margarita Mladenova 2 > 6 mars 2010 STRINDBERG À DAMAS Georgi Tenev, Ivan Dobchev 9 > 13 mars 2010 PHILOCTÈTE Heiner Müller / Jean Jourdheuil 18 > 31 mars 2010 LA CERISAIE Anton Tchekhov / Julie Brochen 27 avril > 30 mai 2010 FESTIVAL PREMIÈRES – JEUNES METTEURS EN SCÈNE EUROPÉENS 3 > 6 juin 2010

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Chronique // LA ZUT ! ATTITUDE

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Par Bearboz


&

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En 2 temps 3 mouvements Quand une table basse cache son jeu, c’est qu’elle a une bonne carte à nous servir. Je vous décris une scène de pur bonheur automnal : vous êtes confortablement alanguie dans votre sofa design face à un feu de cheminée qui crépite… Et là, une bande d’amis arrive à l’improviste vous sortir de votre torpeur avec une montagne de sushis et de champagne rosé. Paniquée ? Non, car d’un gracieux mouvement de pieds, vous faites apparaître comme par magie 3 autres plateaux de votre table basse et hop ! Un pour les drinks, un autre pour les assiettes, encore un pour la minaudière de Daphné et tout cela sans avoir dérangé la délicate installation que vous veniez de composer. Ajoutez un design aux formes organiques, un axe de rotation pour permettre le mouvement et vous avez la nouvelle table basse de Fred Rieffel pour Roche Bobois qui signe là sa 6e table basse dessinée pour l’éditeur de mobilier... Avec toujours le mouvement comme leitmotiv ! (M.C.D.) Spline / Fred Rieffel pour Roche Bobois Panneaux alvéolaires plaqués chêne, 10 teintes au choix, 124 x 86 cm, hauteur 24 cm Photo : Alexis Delon

Stranger than Paradise Retour aux origines de la version strasbourgeoise de L’Étrange Festival puisque ce sont les décidément fantastiques cinémas Star qui prêtent leurs salles à cette 15e édition. En ouverture et en avant-première, le nouveau Bong Jon-hoo, accompagné d’un focus Corée inédite avec Breathless de Yan Ik-joon et La Servante de Kim Ki-young. Soirée en Asie avec le nouveau Mamoru Oshii, Sky Crawlers, et le rétro-futuriste First Squad avec une bataille de Stalingrad épico-mystique. À noter aussi, une rétro inclassable de cinq films australiens dont deux réalisés par John Hillcoat (qui vient d’adapter Cormac McCarthy avec The Road), écrits et/ou interprétés par Nick Cave : Ghost of the Civil Dead un Surveiller et punir trash vs. Reagan-Thatcher, et The Proposition, western impitoyable. Et aussi, MM. Clouzot, Winshluss, Bruce La Bruce… (F.T.) Du 21 au 25 octobre aux cinémas Star www.madcineclub.com

Voyage

Voyage

Avec 35 000 visiteurs attendus, le Salon International du Tourisme et des Voyages (SITV) est la première manifestation de ce type dans le Grand Est. Surtout, il continue d’innover et de se développer. Après la création, l’année dernière, d’un espace consacré aux jeunes séniors, cette 25e édition sera marquée par la naissance de Solidarissimo, le premier salon du Tourisme et de l’Economie Solidaire. Organisé en partenariat avec l’ONG Tourisme Sans Frontières, ce salon a pour but de promouvoir de nouvelles formules de tourisme (très en vogue) responsables et solidaires. Pour ceux qui préfèreraient encore les tortues vertes, la plongée et les lémuriens, ils auront la possibilité de découvrir Mayotte, invité d’honneur du SITV. A moins qu’on ne fasse le choix de rester dans les parages grâce à l’espace Alsace, qui nous proposera des idées de week-ends originales pour partir à la découverte de notre région ! (N.Q.) Du 6 au 8 novembre au Parc des Expositions de Colmar Avenue de la Foire aux Vins - 03 90 50 50 50 – www.sitvcolmar.com

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Hors les murs La street culture a envahi tous les supports et connaît son heure de gloire : reconnaissance publique, médiatique, publicitaire, institutionnelle. Toucheà-tout inspiré, designer, graffeur, graphiste, rappeur et producteur, Grems a « dessiné » la nouvelle série de montres Street Club pour Swatch, en bénéficiant d’une liberté artistique totale. Le résultat se porte au poignet et en met plein la vue. (E.A.) Swatch, 12, rue des Hallebardes 03 88 22 22 68

Histoire du noir La jeune artiste autrichienne Nicole Hametner présente à la galerie Stimultania une série de 25 photographies, Aster, pour laquelle elle a reçu le Prix de la Photographie 2009 du Canton de Berne. Aster est une fleur qui symbolise l’amour et la patience, ainsi que la mort et le souvenir dans la poésie expressionniste. Les images présentées, portraits, paysages, natures mortes, reflètent cette dualité et plongent le spectateur dans un abîme de réflexion. Si certaines semblent tirer vers la noirceur, un subtil et fragile équilibre poétique s’instaure néanmoins grâce à quelques ouvertures vers un possible au-delà des choses dont on ne saura rien. (N.Q.) Du 6 novembre au 24 décembre à Stimultania, 33, rue du Kageneck 03 88 23 63 11 – www.stimultania.org

Le sourire de Mona Nos pieds méritent le meilleur… Et ce n’est pas le sourire de Gaëlle qui nous fera changer d’avis ! La boutique nichée au cœur de la Grand’Rue s’est offert un lifting couleur anis et chocolat pour présenter la collection de cet hiver, riche en bottes, sacs et étoles. La rénovation de la rue, bien que perturbant un peu l’accès aux commerces, ne posera aucun problème à la clientèle de Mona, qui repartira d’un pas alerte et sautillant ! (M.C.D) Mona 83 Grand’Rue, Tél. 03 88 23 29 22

En chaînes et en coutures Pour cette rentrée, Victoria Couture joue la couleur. Avec sa nouvelle collection I Love rose, on retrouve une demoiselle Kitty qui s’émancipe et en pleine forme ! Elle se pare de ses plus beaux bijoux pour orner des pièces collectors (1000 exemplaires dans le monde) comme ce T-shirt chic et ultra girly qui fera du bruit… (C.L.) Victoria Couture 6, place du Temple Neuf - 03 88 75 10 88 www.victoriacouture.com

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La chair du papier Alors que Beaubourg lui consacre une rétrospective, le Musée d’art moderne de Strasbourg se penche sur son œuvre imprimée. À le lire comme ça, on pourrait croire à un pis-aller. À la vérité, cette exposition est un parfait complément à la première : eaux-fortes, lithographies et sérigraphies éclairent l’œuvre de celui qu’on considère comme le peintre du noir. Alors qu’il privilégie dans ses toiles une palette réduite aux tonalités de plus en plus sombres, Soulages se laisse aller sur le papier à quelques tentatives chromatiques, travaillant en superpositions et en transparence. Une exposition indispensable qui présente les trois seuls grands bronzes qu’il ait jamais réalisés. (S.D.) Du 31 octobre au 3 janvier au musée d’Art moderne www.musees-strasbourg.org Lithographie XXXVII Lithographie n°37, 1974, 3 planches, 78 x 60 cm - 60 x 51,5 cm Collection particulière. Photo: F. Walch © ADAGP, Paris 2009

Le bout du nez Pour voir un peu plus loin que le bout de son nez, Stéphanie Radenac a conçu un délicieux miroir bleuté ajouré en son centre. (P.S.) www.stephanie-radenac-atelier.fr

100 % p’tit Gaultier ! « L’enfant terrible de la mode » nous livre enfin ses codes vestimentaires décalés en version mini et c’est avec un maximum de plaisir que nos kids vont arborer les imprimés chers au créateur : écossais, panthère, dentelle, le tout sur un florilège de pièces cultes : trench, caban, kilt, costume rayé, perfecto, teddy en satin, marinière… En bref, tous les classiques revisités de Jean-Paul Gaultier pour une collection enfant plutôt tartan que tarte. (M.C.D.) Collection Junior Jean-Paul Gaultier, du 2 au 14 ans, en vente en exclusivité aux Galeries Lafayette www.galerieslafayette.com

Le tournage à Strasbourg de la deuxième saison des Invincibles vient de s’achever. Il faudra toutefois patienter un peu avant de découvrir les nouvelles aventures de nos quatre super anti-héros, puisque la diffusion est prévue sur Arte pour le mois de mars 2010. (N.Q.) www.arte.tv

Tout sur ma mère

Les éditions de la femme à barbe à Strasbourg proposent un « livre relatant des histoires de mères abusives, paranoïaques, névrosées ou bien même trop normales ». Un superbe cadeau avec des histoires dessinées, de la sérigraphie, des jeux et des tests à offrir à sa maman pour passer une fête des mères inoubliable ! (P.S.) 88 pages, 12 € www.editionsdelafemmeabarbe.com

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Colmar 10h - 19h parc des expositions

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Invité d’honneur

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[conception : grafikexpo.fr]

6 -7-8 novembre 2009


Protection rapprochée Une déferlante de tricots stylés, de courtes robes aux épaules dénudées et de vestes aux carrures dessinées nous arrivent d’Espagne pour nous envelopper d’étoffes aux textures riches en contrastes. Les détails créateurs de la collection Sita Murt conjuguent une sophistication moelleuse à une palette raffinée et au twist 80’s qui pimente la ligne va sûrement être accueilli avec un sourire gourmand par les fashionistas à la recherche de belles matières pour se protéger des frimas à venir. (M.C.D.) Espace Sita Murt : une exclusivité à découvrir au 2e étage des Galeries Lafayette www.galerieslafayette.com

•••• In imago veritas A l’heure où le numérique permet de trafiquer les images à l’envi, le CEAAC, par l’intermédiaire de sa nouvelle commissaire d’exposition Bettina Stein, se penche sur la preuve par l’image. Ou comment les artistes se détournent aujourd’hui de la photographie comme outil de représentation du réel, pour réinterroger son processus même, explorant à nouveau certains procédés analogiques. Une exposition lo-fi qui invite quatre artistes (Marieta Chirulescu, Alexander Gutke, Josh Brand et Michael Snow) s’affranchissant de la narration pour se pencher simplement sur « ce qui a été ». (S.D.) La preuve concrète, du 14 novembre au 31 janvier au CEAAC www.ceaac.org

Femme(s) fidèle(s) Pénélope a vu son record battu. Pendant 18 ans, Madame de Sade a attendu que son mari, le « divin marquis », sorte de prison où il a séjourné pour ses vices. En tout cas selon le texte de Mishima, qui aurait pu s’intituler selon lui « Sade vu à travers le regard des femmes ». Elles sont cinq à se retrouver à trois reprises et à plusieurs années d’écart pour parler de lui, l’absent omniprésent, et à travers lui, de l’amour, de la moralité, de l’ordre social, de la liberté, à l’aube de la révolution. Un texte magistral que Jacques Vincey chorégraphie autant qu’il le met en scène. (S.D.) Du 10 au 28 novembre au TNS 03 88 20 88 00 - www.tns.fr Photo : Anne Gayan

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Palme d’or

Un pEtit oiseau dans la tête Non ! il n’y a pas que les ornithologues qui étudient les oiseaux. Ceux de Kristian Vedel appartiennent à la famille BIRD, la plus poétique famille d’olibrius jamais produite par le design scandinave du XXe siècle. Encore fabriqué dans un atelier de tourneurs sur bois au Danemark, le corps de l’oiseau est réversible et permet de le rendre fille ou garçon… La tête, indépendante, s’équilibre pour lui donner l’air curieux, câlin, insolent, triste ou heureux. Des oiseaux de bon augure pour rêver ou sourire… À collectionner ! (M.C.D.) Bird (1959) de Kristian Vedel 3 tailles disponibles chez Aquatinte, 5, quai des Pêcheurs www.aquatinte.fr

En 1959, la presse danoise a publié une photo immortalisant une famille de canards traversant tranquillement une rue de Copenhague grâce à la complicité d’un policier qui arrêta la circulation pour permettre leur passage. Inspiré par le temps suspendu de ce charmant instant, l’architecte Hans Bolling s’est emparé de cette image pour créer la « Duck Family ». La tête des canards tourne sur elle-même et leur permet de prendre plusieurs expressions… Mais ce n’est pas une raison pour prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages. (M.C.D.) Canards en teck, Hans Bolling / Architectmade, deux hauteurs disponibles : 11 et 17 cm. En vente chez Aquatinte, 5, quai des Pêcheurs. www.aquatinte.fr

Baby on board

Chic ethnique Antoine et Lili, la marque parisienne branchée ethnique et bobo emménage mi-octobre à Strasbourg, rue des Juifs. Juste à temps pour découvrir une collection automne-hiver d’inspiration mongole et 100% artisanale. (N.Q.) www.antoineetlili.com

Baby Ka, la grande surface de la puériculture, s’installe à Mundolsheim. Outre les accessoires indispensables et les conseils avisés, on y trouve une piste d’essai pour poussettes longue de 11 mètres et propice à des courses effrénées ! (N.Q.) 6, route de Brumath à Mundolsheim - 03 88 81 87 15

Tourné Monté Encore un grand rendez-vous cinéma et un festival fauché animé par quelques bénévoles. C’est comme toujours le soutien du public qui permet cette fête européenne du super-huit, du franchement amateur genre « Comment ça on peut pas filmer dans des endroits un peu sombres sans éclairage ? Couper ? Couper quoi ? » aux courts métrages pros. (F.T.) Les 23 et 24 octobre au Palais des Fêtes http://festivalsuper8.free.fr

Libi-bière

¡ Que calor ! Numéro un de la cheminée en Suisse (c’est dire si on a affaire à des spécialistes…), Rüegg s’installe Grand’rue à Strasbourg et ouvre les portes de son studio à une autre marque helvète : Attika. Il comble ainsi un manque : un lieu de référence pour la création de cheminée. À la croisée de l’artisanat et du design, d’un savoir-faire ancestral et des nouvelles techniques, le Studio Rüegg propose toute une gamme de poêles à bois et de foyers design et se pose en expert de l’énergie bois. Ça va chauffer ! (S.D.) 19, Grand’Rue - 03 88 32 28 05 - www.studio-ruegg.fr

On sait les effets de la bière sur la libido de chacun, mais la Baise Bock contient ce petit plus d’ingrédient aphrodisiaque qui va égayer davantage nos fins de soirées ou nos après-midi crapuleuses. Imaginée et brassée par la brasserie Storig dans le berceau historique de la cité des brasseurs à Schiltigheim, cette mousse à hot caractère est distribuée aux Douze Apôtres, au Zanzibar, au café-restaurant du Conservatoire et à la Taverne de Maître Kanter. (E.A.)

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Un petit air de Bali Alors qu’on assiste à l’uniformisation des intérieurs occidentaux, existe-t-il encore une voie respectant à la fois tradition et modernité des moyens de production ? La réponse nous est apportée en Alsace, à Haguenau plus précisément, par Simana, une entreprise à taille humaine dont la vocation est de nous faire partager son amour du design et du bois. Principalement réalisé en teck provenant des plantations indonésiennes – sans coupes sauvages ! –, le mobilier fonctionnel et élégant que conçoit Simana nous plonge dans l’art de vivre à la balinaise, tout en s’adaptant parfaitement à nos intérieurs contemporains. Disponibles jusqu’à présent uniquement sur Internet, ces créations sont à découvrir dans un showroom à Haguenau. (C.C.) 14, rue du Neufeld, 67500 Haguenau - 06 03 54 71 45 www.simana.fr

Photo : D.R.

Genèse

TAPAS DEL MONDO

El Barrio, c’est le quartier des tapas, des vins, des couleurs. Tortilla espagnole, salade tomate-mozza, brochette d’agneau, calamar frit, poulet grillé miel-sésame… Ces petites assiettes qui étaient servies traditionnellement en Espagne avec le verre de bière, comme un amuse-bouche, ont envahi les tables européennes et c’est tant mieux ! Chez Achour, profitez de la play-list latino et de l’ambiance taverne espagnole. Une adresse sympa pour un apéro après le boulot ou une petite faim après le ciné ! (C.S.) El Barrio 14, Place du Marché Gayot - 03 88 36 82 90 20 couverts (à l’intérieur) - terrasse chauffée de 12h à 15h et de 18h à 24h

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Luxe, calme et volupté C’est tout sauf un institut ordinaire… Loin des cabines aseptisées, Guylène Pour reçoit ses clientes comme à la maison, dans un magnifique appartement peint de couleurs sombres, où meubles et objets anciens côtoient des piles de livres… L’institut du parc se veut un lieu d’exception pour soins rares : ici, on s’occupe exclusivement du visage, qu’on bichonne avec les produits La Prairie et Sensaï (ex-Kanebo) et qu’on rebooste avec des machines anti-âge dernier cri (photomodulation ou Water-beam). Les parfums Frédéric Malle, distribués ici en exclusivité régionale, achèvent de faire souffler sur cet institut un air de luxe tranquille… (S.D.) 16, avenue de la Paix 03 88 24 03 33

Après avoir fait le point sur 20 ans de création dans Spiegel, le chorégraphe flamand Win Vandkeybus veut faire table rase et revient avec une nouvelle compagnie. Sur la musique originale de Mauro Pawloswki (membre de Deus), les danseurs de Nieuwzwart tentent de se mettre debout, apprennent à vivre ensemble, à s’organiser en société. On retrouve ici les thèmes et gestes chers à Vandekeybus et reconnaissables entre mille, cette énergie vitale et désespérée avec laquelle l’homme se confronte à ses plus terrifiantes pulsions. (S.D.) Nieuwzwart, du 5 au 7 novembre au Maillon à Strasbourg 03 88 27 61 81 – www.le-maillon.com


INSTITUT DU PARC GUYLÈNE POUR «Un accompagnement du temps, un ralentissement de ses effets»

DERNIERES NOUVEAUTES ANTI-AGE LA MICRO-DERMABRASION : par projection régulière sur la peau d’une poudre de noyaux de fruits LA PHOTOMODULATION LED : le premier traitement non thermique de rajeunissement cutané basé sur l’application de lumière / LE TMT SYSTEM : un traitement inédit destiné à combattre le vieillissement cutané, le manque d’élasticité, les méfaits dus à l’exposition solaire... / LE WATER-BEAM : un nouveau traitement indolore, efficace et sans effets secondaires pour retrouver et maintenir une peau jeune et saine.

SENTEURS & SOINS LA PRAIRIE (soins du visage ART OF BEAUTY aux extraits de caviar...) / SENSAÏ Kanebo (nouveau : soins du visage réparateur rides...) / Les éditions de parfums FREDERIC MALLE (MUSC RAVAGEUR...) / ACQUA DI PARMA / les parfums d’intérieur HOTEL COSTES.

16 avenue de la Paix Strasbourg / Tél. 03 88 240 333


Sur le bout de la langue Ringard, l’alsacien ? En voie de disparition ? Tomi Ungerer n’est certes pas le premier à tirer la sonnette d’alarme, mais la voix du plus célèbre des Alsaciens risque bien de faire mouche. Artiste fier de ses racines, il livre un plaidoyer pour la défense du bilinguisme. C’est une vieille rengaine, les jeunes ne parlent plus l’alsacien et celui-ci est amené à connaître le sort de tant d’autres dialectes : une disparition pure et simple. Toujours vaillants, Tomi Ungerer et ses compères appellent à la mobilisation générale contre ce qu’ils considèrent comme une perte d’identité fatale à la région. Alsaciens de tout bord, rendez-vous est pris le 7 novembre à la Librairie Kléber, pour une conférence - débat organisée par Initiative Citoyenne Alsacienne 2010 sur le thème « Bilan et Perspective » avec la participation de Tomi Ungerer, d’Alain Howiller, Pierre Klein, Martin Graff et Roland Anstett. (N.Q.) Le 7 novembre à 9h30 à la Librairie Kléber, 1, rue des Francs-Bourgeois www.libraire-kleber.com

Algorithme-la Loggia se loge ailleurs… Algorithme-la Loggia quitte la rue de l’épine après 7 ans d’occupation. Dès le mois de novembre, on retrouvera désormais la boutique aux marques élégantes pour hommes et femmes 6 rue Gutenberg, un nouvel espace de 170 m2, pour un shopping tout confort ! (C.L.)

En urgence Toujours engagé sur les questions économiques et socio-politiques, le collectif d’artistes du Syndicat potentiel, plutôt habitué à accueillir des artistes plasticiens, s’intéresse à l’architecture d’urgence. Il présente le prototype Room-Room, structure conçue par le collectif d’architectes Encore heureux et ceux de G Studio. Légère, solide, sûre, mobile, isolée thermiquement et économique, Room-Room permet d’abriter temporairement non seulement les victimes des catastrophes naturelles, mais aussi les accidentés de la vie de manière générale. (S.D.) Du 8 au 24 octobre au Syndicat potentiel, rue des Couples http://syndicatpotentiel.free.fr

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Patron, un toast s’il vous plaît ! On vous a trouvé sur le site Etsy des patrons pour confectionner, en feutre, des objets du quotidien. Puis à exposer en installation décalée sur l’enfilade 50’s du salon ou sous le sapin pour le prochain Noël de Lily… Il suffit juste de commencer les travaux d’aiguilles dès ce soir. (M.C.D.) Patrons et explications à recevoir par PDF / $5,99 USD http://www.etsy.com


Chic 80’s La marque classique-chic du créateur belge Olivier Strelli signe son come-back à Strasbourg avec une boutique flambant neuve, entièrement dévolue à la collection femme. Semée de références aux 80’s, celle d’automne-hiver joue à fond la carte de la séduction. (N.Q.) 6, rue du Temple à Strasbourg 03 88 22 37 95

Heureux qui comme…

Le déclic Bédéciné fête ses 25 ans et autant dire que ça ne chôme pas : une centaine d’auteurs présents pour cet événement, des expositions, des ateliers, des dédicaces, des ventes de BD... Le festival s’est trouvé un président d’envergure en la personne du grand auteur italien de bande dessinée Milo Manara, qui viendra accompagné de ses amis Liberatore, Moebius et Giardino. (N.Q.) Les 14 et 15 novembre à l’Espace 110, à Illzach www.espace110.org

…la petite Odyssée, a fait un long voyage à travers les siècles, depuis la Renaissance jusqu’à l’époque contemporaine. Dans un TJP tout neuf et inauguré à cette occasion, Grégoire Callies met un terme à sa trilogie racontant les pérégrinations d’Odyssée et de Bernie, deux adolescents suivant les grandes étapes de notre Histoire, ses utopies, ses révolutions, ses abominations et ses artistes. Du familistère à Woodstock en passant par la Grande Guerre, cette étape apportera quelques réponses qu’ils se posent depuis le Moyen-âge, et apportera tout autant d’interrogations. (N.Q.) Du 10 au 20 octobre au TJP Grande Scène - 03 88 35 70 10 www.theatre-jeune-public.com

Photo : Claude Gassian

Le chaînon manquant

Dada en diable Ils comptent parmi les artistes les plus talentueux qu’on rencontre en France. La virtuosité de Bumcello, le duo décalé que constituent le violoncelliste Vincent Segal et le batteur Cyril Atef, sert l’intelligence d’un propos qui puise sa source aussi bien dans la pop, le dub ou les musiques du monde. Avec un humour débridé et un sens du groove inégalé, Bumcello embarque le public vers des contrées incertaines à la découverte de sensations musicales nouvelles. (E.A.) Le 15 octobre à la Salle des Fêtes de Schiltigheim, dans le cadre des Nuits Européennes Cyril Atef, en concert avec CongopunQ le 15 décembre au Cheval Blanc à Schiltigheim www.ville-schiltigheim.fr www.lesnuits.eu

Alsatic TV fait peau neuve : nouveau nom, Alsace20 (comme le numéro du canal de diffusion), nouveau logo, nouveaux locaux, nouvelle grille. Au programme, plus d’informations, plus de proximité, plus de réactivité et plus d’interaction. Plus qu’une mue, un nouveau média au service de la région. (N.Q.) www.alsace20.tv

Verre primaire Dans le cadre de la biennale internationale du verre, La Chaufferie accueille Bernard Dejonghe. À travers des volumes très simples, triangle, cercle, il fait de la matière un support d’investigation poétique, et livre une œuvre à la frontière de la réflexion scientifique et de l’art. (S.D.) Du 16 octobre au 15 novembre à La Chaufferie www.esad-stg.org


Guitar Hiero La douzième édition du Festival Supersounds poursuit sa mise en valeur des nouveaux talents de la scène musicale, sans distinction de genre, en associant quelques têtes d’affiche reconnues pour leur exigence – Dominique A, en ouverture le 14 octobre – et quasi inconnus. Soucieux d’attirer de nouveaux publics et d’accroître la visibilité de l’événement, Supersounds gagne du terrain en étalant sa programmation sur un mois et en investissant plusieurs lieux à Colmar – avec un passage par Mulhouse et le vignoble alsacien. (N.Q.) Festival Supersounds, du 14 octobre au 21 novembre, à Colmar et Mulhouse - www.hiero.fr

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Placardez-vous !

Dead cities L’âge d’or d’une civilisation laisse toujours des traces. Les rêves de fortune aussi, y compris dans le paysage : on appelle cela des villes fantômes. La Namibie en a son lot, elle qui a connu la fièvre du diamant au début du XXe siècle. Les rues et les habitations qui se désagrègent et s’emplissent de sable tentent de se fondre dans le désert. En présentant les photographies d’Olivier Culmann dans le cadre des Journées de l’architecture, Chambre à Part se concentre sur une architecture évolutive, que l’Homme investit aussi rapidement qu’il la désinvestit. (S.D.) Du 9 octobre au 15 novembre à La Chambre - www.chambreapart.org

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Avec son béret et sa petite veste cintrée, Tarik donne le la ! Accompagné de son associée Caroline, ils vous invitent à entrer dans leur Placard, véritable caverne d’Ali baba avec vue sur New York ! Une boutique mixte et multimarques fraîche et stylée qui vient tout juste de fêter ses 1 an. Vous retrouvez les marques Sessùn, American Vintage (homme & femme), les jeans LTB et une sélection shoes dames en direct de Copenhague ! Les hommes ne sont pas en reste puisqu’ils découvriront Campus de Marc O’Polo, Obey et les cuirs Korintage, sans oublier Victoria, le it de la basket ! À découvrir également, les vestes en cuir aux couleurs flashy de la marque propre Le Placard. On est fan. (C.L.) Le Placard 4, ruelle des Pelletiers 03 88 13 40 75


4-5 Place du Temple Neuf - Strasbourg- 03 88 75 12 11


La Coop s’invite à la foire de l’art strasbourgeoise St’Art. Sur son stand, l’on pourra acquérir ce qui en supermarché est accessoire, un sac Coop. Écologie et art obligent, il ne s’agit pas d’un de ces trucs en plastiques qui habillent si élégamment montagnes de détritus et terrains vagues, mais d’un sac en tissu sérigraphié et créé par cinq peintres et sculpteurs alsaciens : Sylvie Lander, Raymond-Emile Waydelich, Christophe Meyer, Daniel Depoutot et Christian Geiger. Comme il se doit, le stand du Coop Art aura sa caisse enregistreuse et délivrera des tickets pour justifier de l’achat de ces sacs signés, encadrés ou sertis dans leur écrin. On pourra aussi acheter sa version light après ses courses dans un des magasins du Groupe Coop Alsace, des hypermarchés Leclerc et des supermarchés Leclerc Express. (R.K.) www.st-art.fr Visuel : Daniel Depoutot

L’espiègle Tartine Reverdy revient pour un tour avec un nouveau concept album à l’alsacienne, Rouge tomate, pour les petits et les grands qui aiment les couleurs, les câlins, les couettes, les bulles, les bonbons, la Suisse (!) et donc, les tomates. L’humour, la légèreté, la fraîcheur qui la caractérisent se retrouvent dans ce nouveau disque et dans le spectacle qui l’accompagne. Créé en septembre dernier à Schiltigheim, le spectacle Rouge tomate fera le tour des scènes de la région avant de sillonner la France, où la Tartine a déjà acquis un vaste public à sa cause. (N.Q.) www.tartinereverdy.com

PARKLIFE 060 FACTORY RECORDS ⁄ SECTION 25 ⁄ THE NAMES ⁄ PSYCHIC TV ⁄ PIERRE MIKAILOFF ANTOINE BERNARDT ⁄ ERIC T LURICK ⁄ PULL ⁄ DU BANDIT AU GIBUS ⁄ SONS DES DISCO MANSON’S CHILD ⁄ SORDIDE SENTIMENTAL ⁄ DJ CHECHE ⁄ CD MANSON’S CHILD

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Tartine Reverdy Rouge tomate

e temps

Coopacabana

PARKLIFE 060 : Le Fanzine Parklife, label colmarien aux goûts ciblés, édite un fanzine qui compile photos, interviews (Pierre Mikailoff, Eric T. Lurick), archives sur des groupes oubliés ou égarés, et renoue ainsi avec la tradition de ce support qui a fait le bonheur des amateurs de musique par le passé, les mythiques New Wave, Noir Marine ou Bela Lugosi’s Dead. Et s’il y en a pour les yeux, il y en a aussi pour les oreilles : un CD de six titres électriques des élégants Manson’s Child, accompagne ce magnifique objet au design classieux. Pour fêter cette nouvelle arrivée, rendez-vous à Colmar le 6 novembre au Poussin Vert (l’entrée est gratuite !). (N.L.) www.myspace.com/parkliferecords

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Bie-zom !

Photo Jean Sébastien Fruhling

Il faut croire qu’en temps de crise, on aime se faire peur. Organisé par les cinémas Star et les Films du Spectre, le deuxième Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg vient de s’achever sur un franc succès public (4200 entrées en cinq jours) et critique (les acteurs présents ont salué la qualité de la programmation). Les diverses manifestations en marge du festival ont également su attirer les foules, à commencer par la Zombie Walk, qui a vu quelques centaines de personnes maquillées en zombie défiler dans les rues du centre. Avec les manifestations quasi-quotidiennes qui animent Strasbourg, il eût été injuste que les zombies n’aient pas la leur. C’est désormais chose faite, et rendez-vous est pris pour l’année prochaine. (N.Q.)

Le Book-eur de styles

Scott Schuman, plus connu sous le nom de The Sartorialist (de l’italien « sartoria », couturier) est devenu en quelques années l’un des personnages les plus influents de la mode (après Anna Wintour bien sûr !). Ce New Yorkais, ancien responsable achat de grand magasin est aujourd’hui chasseur de style, il déniche des anonymes aux quatre coins de la planète qui nourriront son blog. Le principe : une photo en pied, postée en temps réel, d’un quidam super stylé d’une des capitales qu’il arpente. Un vieux milanais dans son costume trois pièces, une jeune parisienne à la jupe flashy et sabots, une londonienne à l’allure punkochic… On les aime tous ! Ces plus beaux clichés sortent de la toile pour un superbe livre à se procurer vite, The Sartorialist book, édition Penguin Books (C.L.) En vente sur www.colette.fr

Vent vert Avec Géranium pour Monsieur, édité par Frédéric Malle, le parfumeur Dominique Ropion bouscule la fougère aromatique, cet accord classique de la parfumerie masculine qui rappelle le savon à barbe. Aux côtés de la note rétro de géranium, il ose la surdose de menthe, matière peu utilisée en parfumerie car difficile à manier. Une fraîcheur intense et inédite qui contraste avec la chaleur d’un fond de santal et de musc… Un parfum résolument d’avantgarde. (S.D.) En vente à l’Institut du Parc-Guylène Pour 16, avenue de la Paix 03 88 24 03 33

On fond pour le design danois et attachant de cette farandole de vases aimantés… Vase Fiducia, design Louise Campbell par Kähler, disponible à la galerie Fou du Roi.

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Trendy diary

Julie Lacour, créatrice mulhousienne de la marque 100 X ni L’oie, révélation du printemps, sera présente au salon Mode et Tissus à Sainte-Marie-Aux-Mines du 22 au 25 octobre. On peut également découvrir ses nouvelles créations grâce aux vidéos mises en ligne sur son site. Sa présence confirme la dynamique de ce salon qui, avec une offre exceptionnelle de tissus haut de gamme et de créations uniques, s’impose comme le premier salon de la création textile dans l’Est de la France. Elle rejoint ainsi d’autres créatrices, parmi lesquelles Daphné Binckli, Helen Bird et Souen, qui dévoileront leurs pièces originales dans le cadre de la quinzaine de défilés organisés au cours de la période. (P.S.) Mode & tissus du 22 au 25 octobre au Val Expo, à Sainte-Marie-aux-Mines 03 89 58 33 10 – www.modetissus.com 100 X ni L’oie : 06 30 80 33 59 / www.100x-ni-loi.com Photo : © Yoann Berdah (www.flickr.com/photos/lobbiaz)

Beau Bio & New Yorkais

100% per uomo

La ligne The Laundress est disponible chez K.collections, cour Waldner Stephan, 5, rue des marchands, à Colmar www.thelaundress.com

Innalfo & Sgariglia 29, rue du Vieux Marché aux vins 1er étage - 03 88 22 34 20

Que font deux ex de chez Chanel et Ralph Lauren, américaines, soucieuses d’environnement et lasses d’abîmer leurs cachemires et autres habits délicats ? De la lessive ! Mais un concept, à base de plantes et non de pétrole, sans graisse animale dans les assouplissants, ni phosphate, ni teinture, chlore et javel, biodégradable à 100% et testé sur les deux co-fondatrices de la marque et non sur les animaux ! Laver son linge sale au lavomatique est désormais le dernier geste écolo de la femme en vogue… Mais rien n’empêche de le faire aussi en famille. Trop chic. (M.C.-D.)

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Lorsque deux créateurs italiens s’associent pour créer une marque exclusivement pour hommes à prix d’usine, on a du mal à le croire ! Et pourtant depuis 2 ans, installée dans un show-room en étage en plein centre de Strasbourg, Innalfo & Sgariglia est le premier du genre en France. Ce concept innovant existe déjà en Suisse depuis 10 ans, utilisant la même maîtrise des coûts de production et de distribution pour des créations hauts de gamme et élégantes à des prix accessibles. Les matières et coupes répondent à la philosophie de la marque : tout à 100% ! Les costumes sont en laine vierge, les chemises en coton et les cravates en soie, le tout avec le savoir-faire italien per favore !


bulthaup

De nouvelles idées pour aménager la cuisine et les espaces de vie. De nouvelles approches pour concevoir des univers personnels. De nouvelles informations sur bulthaup. Voilà ce que vous découvrirez, avec bien d’autres choses encore, en vous rendant chez nous – votre spécialiste de l'architecture pour la cuisine. La Cuisine 6a, quai Kellermann 67000 Strasbourg Tél. 03 88 37 59 72 bulthaup.strasbourg@wanadoo.fr


Livres en tête Pour son vingtième anniversaire, le Salon du livre de Colmar affiche une santé éclatante : la plus grande manifestation de ce type dans le Grand Est réunit quelque 800 partenaires venus de toute la France et de l’étranger pour tenter d’amener le public au livre. L’écrivain Patrick Raynal bénéficie d’une nouvelle carte blanche et en profite pour inviter des auteurs européens et américains. (N.Q.)

Crédit photo : Enrique De La Uz

Les 21 et 22 novembre, au Parc des expositions de Colmar www.salon-du-livre-colmar.com

Neuilly Connection

Grand ouvert 24e édition pour Jazzdor, qui s’affirme aujourd’hui comme un festival incontournable. Sans doute parce qu’il n’en finit pas de défricher, de rester curieux et attentif aux nouvelles tentatives des musiciens, et se fait fort de montrer que le jazz est en perpétuelle évolution. Certes, les amateurs de swing y trouveront leur compte, mais ce n’est pas ce qu’on préfère à Jazzdor, on aime surtout quand le festival sort des sentiers battus et fait vivre la création. On retrouvera bien sûr quelques incontournables, comme Archie Shepp et Bojan Z (dans des styles très différents) ou de grandes figures du jazz, comme David Murray qui joue Nat King Cole en espagnol avec un big band cubain. Quant au reste, tout comme vous, on ira le découvrir ! (S.D) Du 6 au 20 novembre à Strasbourg et Offenburg www.jazzdor.com

Chose curieuse, chaque nouveau roman de Beigbeder nous est présenté comme le meilleur de son auteur. C’est encore le cas cette année avec Un roman français, où l’écrivain-people qui ne vivait que dans le présent nous livre son enfance. L’incorrigible affichera sa mine de chien battu le 22 octobre à la Librairie Kléber, le lendemain de la visite de celui qu’il considère « comme le plus grand écrivain de Neuilly », Jean d’Ormesson, le sympathique académicien qui présente un recueil de chroniques (Saveurs du temps) et un conte pour enfants (L’enfant qui attendait un train). (N.Q.) Les 21 et 22 octobre, à la Librairie Kléber, 1, rue des Francs-Bourgeois www.libraire-kleber.com

Palmarès gourmand

Miroir-Miroir Jadis, avant de vouloir devenir chanteuse, chaque fille se rêvait en princesse : elle fantasmait à l’idée de porter de belles robes, de vivre dans un château, de rencontrer le prince charmant. Mais même si chaque fille fait aujourd’hui une princesse capricieuse, narcissique et têtue, et si la cour est passée de mode, l’image, le symbole de la princesse sont encore très vivaces. La Médiathèque André Malraux propose ainsi une exposition-galerie de Portraits de princesses, avec des illustrations originales de Claire Degans, Charlotte Gastaut, ou encore Dorothée Duntze. À visiter avant d’aller au bal. Jusqu’au au 21 novembre à la Médiathèque Malraux 1, Presqu’île André-Malraux 03 88 35 10 10 – www.mediatheques-cus.fr

Poudre aux yeux Celle-là est plus du genre à rentrer dans la composition du vitriol que dans le poudrier d’un écrivain publicitaire. Dans la foulée de l’exposition Fouls Rain, à La Chaufferie, une monographie consacrée à Paul van der Erden, dessinateur hollandais qui joue sur des registres aussi différents que l’art tribal, la bande dessinée, la création spontanée ou le graffiti au service d’une production artistique corrosive. Poudre aux moineaux/Dust for Sparrows est coédité par les Arts Décoratifs et Buchet Chastel dans la collection Les Cahiers Dessinés avec des textes de Guillaume Dégé et Frédéric Pajak. (F.T.) www.esad-stg.org/chaufferie zut ! 34

L’Alsace, paradis gourmand, mérite son guide des meilleures adresses. Chaque année, Gilles Pudlowski , en véritable amoureux de la région révèle ses coups de cœur, des auberges, restaurants traditionnels, winstubs pittoresques, brasseries, bars à bières, salons de thé et cafés, avec un palmarès détaillé, mais aussi des produits régionaux et artisans de la bouche, pour autant d’éléments indicatifs de nos choix de restauration à venir… (E.A.) Pudlo Alsace 2010, Michel Lafont

Quand Strasbourg accueillait Calvin (1538-1541) Les trois années strasbourgeoises de Calvin sont des années capitales. L’exposition conçue et présentée par la Bibliothèque nationale et universitaire en collaboration avec la Faculté de Théologie se concentre sur cette période décisive pour marquer le 500e anniversaire de la naissance du grand réformateur. (P.S.) Du 22 octobre au 12 décembre à la BNU Tél. 03 88 25 28 00 / www.bnu.fr


IL MANQUAIT À STRASBOURG... Il manquait à Strasbourg un lieu de référence pour la création sur mesure de votre cheminée, classique ou design. Il manquait un espace pour choisir votre prochain poêle à bois ou à pellets, plus beau, plus performant. Il manquait un expert de l'énergie bois, de l'environnement et du chauffage.

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Il manquait Studio Rüegg !


STRASBOURG VU PAR

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Ils vivent, travaillent, créent, sortent, aiment à Strasbourg. Les hommes et Les femmes qui font vibrer LA VILLE NOUS FONT DÉCOUVRIR LEUR LIEU PRÉFÉRÉ. Coordination, stylisme et rédaction : Caroline Lévy Photographes : W Dima et Christophe Urbain

Yan Gilg / Joseph Pasquier / Chantal Tempel / Marc Clémeur / Raymond-Émile Waydelich / Michel Gomez / Tartine Reverdy / Charlène Hoffsess / Barbara Roméro / Michèle & Philippe Moubarak.

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CRONENBOURG FRANCE 3 ALSACE

QUAI DU CHANOINE WINTERER RUE EDOUARD TEUTSCH

GARE

RUE DE L’ÉGLISE QUAI DES PÊCHEURS

MAMCS

PONT DE L’ABREUVOIR PLACE DU CHÂTEAU

KRUTENAU

RUE DE RHINAU

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Yan Gilg

39 ans, artiste d’origine hip-hop, directeur artistique de la Compagnie Mémoires Vives / mardi 22 septembre

Où ? Rue de Rhinau

« Nous sommes devant les locaux des Sons d’la rue. C’est ici que l’aventure artistique et humaine a vraiment démarré : un vrai laboratoire d’expérimentations artistiques et musicales, une pépinière d’artistes, une salle d’accouchement de projets ! C’est également ici qu’est née la Compagnie Mémoires Vives. »

ACTU ! Folies-Colonies, le 15 et 16 décembre à Pôle Sud. Héritages,

le 24 novembre à Pôle Sud et le 29 novembre à l’Espace culturel de Vendenheim. www.sonsdlarue.com Veste en coton et gilet intégré Pepe Jeans, chèche Sandro homme. Le tout aux Galeries Lafayette.

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Joseph Pasquier

photo Christophe Urbain

25 ans, journaliste reporter d’images, créateur de strastv.com / jeudi 24 septembre

Où ? Rue Edouard TeutsCh « C’est un lieu hors du temps où j’ai grandi, l’atelier de peinture de mon père devenu partiellement les locaux de Stras TV ! Un coin de verdure et une intersection stratégique dans le quartier : les gens passent, discutent et viennent nous proposer des sujets ! »

Actu ! En un an, Stras TV est devenu le 3e site le plus consulté en Alsace, avec plus de 530 vidéos et 2 millions de visionnages. Une vidéo d’actualité postée chaque jour sur www.strastv.com Veste en cuir Korinstage, T-shirt Obey, gilet zippé American Vintage. Le tout au Placard.

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photo Christophe Urbain

Chantal Tempel

44 ans, dirigeante de la boutique Swatch / mercredi 23 septembre

Où ? La terrasse du Musée d’Art Moderne « Bien qu’en centre ville, on se trouve ici dans un lieu hors du temps à la vue imprenable… J’aime venir sur la terrasse les jours de beau temps et visiter le musée les jours de pluie ! »

Actu ! Sortie début octobre de la Swatch Chrono Automatique. www.swatch.com Robe façon trench myrtille Burberry. Chez l’Altra / Bijoux et montre Swatch

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photo Christophe Urbain

Marc Clémeur

Directeur de l’Opéra National du Rhin / mardi 22 septembre

Où ? Quai des Pêcheurs « Originaire d’Anvers, je suis habitué à ces fleuves qui viennent se déverser dans la mer. Ici à Strasbourg, j’aime cette ouverture, ces étendues d’eau au milieu de la ville et ce mélange de cultures franco-germaniques qui me rappelle la Belgique. Ces similitudes, je les retrouve aussi dans la double appellation des rues et à la vue de ces églises ! »

Actu ! Louise de Gustave Charpentier à partir du 18 octobre. RameauRichter project, Suite en la de Jean-Philippe Rameau et chorégraphie de Jo Strømgren à partir du 14 novembre. Così fan tutte de Mozart à partir du 11 décembre. www.operanationaldurhin.eu Veste en velours Mugler men et lavallière en soie Carven. Le tout aux Galeries Lafayette.

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photo Christophe Urbain

Raymond-Emile Waydelich Artiste et archéologue du futur / mardi 22 septembre

Où ? Place du Château

« Ville de Strasbourg, ici est conservée pour le futur une partie de notre mémoire. À n’ouvrir que le 23 septembre 3790 après Jésus-Christ : Voici ce qui est écrit sur la plaque de bronze où je me trouve. Un caveau pour le futur, dont je suis l’instigateur, est un inventaire d’objets que les strasbourgeois ont déposé dans 14 fûts en plastique entreposés dans un cellier. Cette place est donc tout un symbole ! »

Actu ! Vente d’œuvres peintes et sculptées sur le stand Coop Art Alsace au profit de deux ESAT et sur le stand L’Art au-delà du regard au profit de l’association Éponyme à St-art du 25 au 30 novembre. Casquette Dsquared2, écharpe et sac Paul Smith. Le tout chez Algorithme.

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Michel Gomez

photo Christophe Urbain

59 ans, architecte et enseignant à l’école d’architecture de Strasbourg / mercredi 23 septembre

Où ? L’auditorium de France 3 Alsace

« J’aime cet endroit d’un point de vue architectural car c’est un édifice paradoxal et atypique. Construit dans les années 50, il est visionnaire de notre époque, sa façade vitrée laisse deviner le mur opaque à l’arrière : une belle métaphore de l’information ! »

Actu ! Réalisation du nouveau concept store G-star, ouverture prévue en novembre. Réalisation d’une villa hollywoodienne dans le Lubéron. Réalisation du futur riad musical de Cookie Dingler et Cathy Bernecker. La rentrée étudiante à l’Ecole Supérieure d’Architecture de Strasbourg. Veste de costume Iannalfo & Sgariglia.

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photo Christophe Urbain

Tartine Reverdy

Auteur, compositeur, interprète / vendredi 11 septembre

Où ? Le Hall de la gare « J’ai toujours aimé les gares, car j’aime y voir les gens ! Depuis que je n’habite plus Strasbourg, la gare est mon point de passage quasi quotidien : je descends chaque jour ma colline à vélo et prend le train de Molsheim direction Strasbourg, un moment tout confort que j’apprécie ! »

Actu ! En tournée avec le spectacle Rouge tomate : le 27 novembre à la MAC de Bischwiller, les 19 et 20 janvier à l’espace Rohan de Saverne et les 5 et 6 février à Rixheim au festival Momix. Sortie du CD Rouge Tomate en novembre et en vente sur www.tartinereverdy.com Manteau en cuir et écharpe en laine multicolore Paul Smith women. Chez Algorithme.

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photo Christophe Urbain

Charlène Hoffsess

21 ans, animatrice TV sur Alsace 20 / jeudi 24 septembre

Où ? Quai du Chanoine Winterer « C’est une promenade que j’emprunte tous les jours à vélo et où j’aime voir défiler les saisons. J’observe surtout le jeu de lumières sur les vitres du Parlement : on a l’impression d’évoluer dans un décor où finalement peu de strasbourgeois passent. »

ACTU ! Depuis sa participation à l’émission Koh Lanta saison 8, Charlène présente La minute du développement durable, du lundi au vendredi sur Alsace 20 à 18h50. www.alsace20.fr Chapeau et pull en cachemire Zadig & Voltaire, boyfriend jean et col en mohair Sandro. Le tout aux Galeries Lafayette.

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Barbara Roméro

31 ans, journaliste aux DNA / vendredi 25 septembre

Où ? PONT DE L’ABREUVOIR « J’aime cette passerelle parce qu’elle lie mes deux quartiers favoris à Strasbourg : celui de la Krutenau, plutôt néobobo et le quartier étudiant autour de la rue des Frères. De taille humaine et purement esthétique, cette passerelle demeure surtout au pied de l’appartement de mes rêves ! »

Actu ! Journaliste de la locale Strasbourg aux Dernières Nouvelles d’Alsace. En charge du dossier sur les Bars à vin dans le hors-série des Saisons d’Alsace spécial Vin d’Alsace, aux éditions de la Nuée Bleue. Veste smoking Sandro et top en coton et nœud en soie Maje. Le tout aux Galeries Lafayette. Boots Biker Free Lance.

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Michèle et Philippe Moubarak Dirigeants des boutiques Ultima et Marithé&François Girbaud / vendredi 25 septembre

Où ? Petite rue de l’église « Cette rue représente beaucoup pour nous ! Nous l’avons investie il y a plus de 20 ans pour ne plus la quitter ! C’est une rue empreinte de notre savoir-faire et qui nous a permis de nous développer…

Actu ! Arrivée de la marque de chaussures Giuseppe Zanotti Design au Printemps 2010, en exclusivité chez Ultima. Philippe : Jean Marithé&François Girbaud, pull et veste en cuir Dolce&Gabbana. Chez Ultima. Michèle : Jean, top et veste en cuir Marithé&François Girbaud.

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ER L L E S ST E B E E É L R T N RE A L E D ée ne ann u e t u o t ble de ispensa nements et d in avec e Le guid itions, d'évé us les publics s e s o d'expo tacles pour t lle dans tout e c 'r e S p s PAS de s carte ou san iathèques d les mé r

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ARTS

l’élégance du regard Par Emmanuel Abela // Photo Alan Smithy

Il aime qu’on dise de lui qu’il est inclassable, mais il est plus que cela. Directeur artistique de Elle dans les années 60, initiateur de Dim Dam DOm à la télévision, tout à tour photographe, peintre et cinéaste, Peter Knapp est une pensée libre doublée d’un œil grand ouvert sur son temps. Rencontre à Saint-Germain-des-PrÉs à l’occasion de la sortie de Vincent van Gogh à Auvers, l’ouvrage qu’il publie avec l’historien Wouter van der Veen.

D’où est venue l’idée de ce livre sur Vincent Van Gogh, avec Wouter van der Veen ? Avec Wouter, nous avions travaillé ensemble sur deux films, Moi, Van Gogh, premier documentaire produit en Imax sur un peintre pour l’écran géant de la Géode et Derniers Jours à Auvers, et comme j’avais moi-même déjà écrit un livre sur Van Gogh, j’avais envie de quelque chose de très précis. Combien de livres ont été écrits sur lui, 3 000 ? Sans doute bien plus ! Il nous fallait amener quelque chose de nouveau. Nous avons souhaité montrer les travaux durant les 70 derniers jours de sa vie, et évoquer celle qui a conduit à la célébrité. Ce n’est pas le peintre, ni son frère Theo, c’est bien la femme de Theo, Johanna Bonger. Elle n’aurait pas préservé l’œuvre de son beau-frère, ni eu l’intelligence d’une construction en terrasses autour de cette œuvre, en ne montrant que vingt tableaux, puis dix de plus, notre connaissance ne serait pas la même. C’est la première fois qu’on en parle.

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Vous auriez pu vous contenter des films ? Je suis un peu déchiré entre l’information événementielle et l’information permanente. J’ai toujours envie des deux choses, du film et du livre. Le tournage, tu le vis avec un groupe, c’est sympa à faire, alors que quand tu écris ou photographies tu te retrouves seul – c’est “chiant” ! Mais ce qui est à l’écran, tu ne peux pas le récupérer. Par contre, tout que tu écris, dessines ou photographies, c’est imprimé, c’est dans un livre, tu trouves un titre, il y a l’épaisseur, un nombre de pages, tu places des marque-pages, tu retrouves une façon sûre. J’aime produire pour l’information événementielle, mais ce qui me semble sérieux c’est ce que je fais pour l’information permanente. J’adore l’imprimé, j’aime toucher l’objet, le papier. J’aime quand c’est bien fait. Tu te situes plus près de ton sujet qu’en triturant tes boutons et ton écran. Tu le vis mieux !


« Personnellement j’ai aRRÊTÉ DE TRAVAILLER POUR les magazines quand le rédacteur en chef n’était plus celui qui avait envie de lire son journal en premier. » Il y a des partis pris graphiques très marqués dans le livre… Et pourtant, je suis contre le livre visuel. Le truc que tu achètes avant de prendre l’avion et que tu as le temps de feuilleter durant ton trajet me fait chier. Pour moi, il faut qu’il y ait de la lecture, même pour un livre d’images. Je crois qu’il y a beaucoup plus de gens intelligents qui fonctionnent plus par la lecture et le savoir que de gens visuels. La lecture devient un pont et une aide à la vision. J’avais dit dès le début que je souhaitais avoir un commentaire par tableau, en plus du texte général. Je voulais absolument que les gens puissent rentrer dedans, qu’ils apprennent qu’il a plu ce jour-là ou au contraire qu’il faisait beau, que Van Gogh avait des soucis, qu’il n’avait pas l’argent ou qu’il attendait une lettre de sa mère… Je crois que tout ça compte dans le tableau. C’est reçu par celui qui le regarde et si ça n’est pas reçu, la lecture va apporter une aide.

En feuilletant le livre, notre regard sur les tableaux de Vincent évolue… Une chose m’a frappé quand j’ai tourné le film pour France 5 [Derniers Jours à Auvers, ndlr]. À Orsay, je voulais tourner une séquence sur les gens qui regardent. Je me suis aperçu que la majorité des visiteurs, surtout étrangers, était là en train de photographier tous les tableaux. Les voir ne suffisait pas. Beaucoup ont écouté ce qu’on leur expliquait dans les casques, mais ils avaient surtout envie de revoir les tableaux pour mieux les vivre, même si les photos qu’ils prenaient avec leur téléphone étaient naturellement tristes. Ce qui est incroyable, c’est que tu ne peux plus empêcher les gens de photographier dans les musées.

On a le sentiment que vous avez cherché à révéler la modernité de Vincent par le travail sur la disposition des textes.

le boulot. La grande majorité des lecteurs ne voit pas ce travail de mise en page. Cette manière de décaler les paragraphes que j’ai adoptée pour le livre, je l’emprunte à la philosophie du Bauhaus. Je cherche à rendre cette mise en page entièrement fonctionnelle. En fait, j’essaie de rendre l’écriture aussi visuelle que le visuel lui-même. Je crois que peu de gens sont en capacité de juger une typographie, mais moi je suis très attentif dans mes choix de typographie à la lisibilité. Je soigne l’interligne, je veille à ce que le nombre de signes par ligne ne dépasse pas les 70 signes. Aujourd’hui, ce ne sont que des nombres, mais au départ il y a la volonté de donner à recevoir l’information aussi bien visuelle qu’écrite. L’Histoire, qu’on le veuille ou non, est avec nous. Le comportement des gens change. À un moment donné, les magazines, les quotidiens manifestaient une certaine exigence pour leurs lecteurs, et en même temps, ils avaient plus de lecteurs qu’aujourd’hui. Personnellement, j’ai abandonné les magazines quand le rédacteur en chef n’était plus celui qui avait envie de lire son journal en premier. Quand les mecs ont cherché à vendre plus de magazines, ils ont perdu leurs “couilles” ! À partir de là, ça ne m’intéressait plus. J’aime mieux faire un journal pour un archéologue qui va tirer 10 000 exemplaires plutôt que pour un “connard” qui veut tirer 400 000 exemplaires, mais qui se fout de savoir ce qu’il va mettre dedans ! Dès que tu cherches à vendre sans te préoccuper du contenu, tu cherches à faire en sorte que ton directeur artistique soit de connivence avec toi. Moi, je ne veux pas aller dans ce sens là. Contrairement à eux, je n’exprime aucun mépris pour le public et je crois que je suis aujourd’hui encore en mesure de faire un journal populaire bien mieux que ceux qui croient savoir le faire… Quand je vois le journal Elle qui ne s’intéresse qu’à la mode et aux people, avec une page de texte unique, en face de la publicité, je n’y crois pas du tout ! Et puis, quand je faisais le journal, à l’époque, on vendait un million d’exemplaires, aujourd’hui ils n’en sont plus qu’à 300 000 !

J’ai toujours cru que le travail graphique ne devait se voir que quand l’information ou le visuel était faible, sinon il ne faut pas qu’on voit

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À l’ère du tout numérique, vous continuez à travailler de manière très artisanale, avec des découpages, des collages et de l’aquarelle. Ça peut paraître prétentieux, mais je suis sûr que du point de vue de la création, je reste plus rapide que bien d’autres, parce que je construis ma page à la dimension. J’ai toute la place, et surtout j’ai un concept.

Du coup, vous dessinez, vous griffonnez. Vous êtes dans une démarche plastique, tactile… Oui, et je reste près du concept. Quand l’idée est là, on la dessine. Quand on la dessine, on la cadre, on la met à la dimension.

Aujourd’hui, quel regard portez-vous sur ce qui est produit par ailleurs ? Quand les ordinateurs sont arrivés, on a vécu un vrai désastre. On mettait des calques les uns par dessus les autres, on mélangeait les couleurs, les caractères. C’était tellement déprimant qu’à l’École Estienne [à Paris, ndlr], il n’y avait plus de professeur de typographie. Aujourd’hui, sur les Macintosh, je découvre des jeunes qui font aussi bien qu’au plomb. Bien que tout ait changé, on a retrouvé cet esprit de la typographie. À Arthenon [l’agence en charge de la réalisation graphique de l’ouvrage sur Van Gogh, ndlr], à Strasbourg, un jeune typographe Loïc Sander a le virus. Sur Mac, il en “chie” autant qu’Adrian Frutiger [L’inventeur de la typographie utilisée dans Zut !, ndlr] qui découpait ses lettres en 1973 sur des feuilles de papier d’un mètre de haut.

Le principe de la commande est une tradition dans l’Histoire de l’art. D’évoluer dans un cadre, ça semble vous exciter… Dans le fond, je suis artiste, mais je souffre souvent. Tu sais, au cours de la dernière année, j’ai eu quatre expositions personnelles : je suis devenu, emballeur, déballeur, livreur, transporteur, voyageur et touriste. Je n’ai quasiment rien fait de nouveau, si ce n’est une ou deux petites choses qui m’ont satisfait. Or, j’ai reçu un coup de téléphone d’un PDG de Londres et qui me dit : « Ecoutez, j’ai vu votre exposition à Hyères [à la Tour des Templiers, ndlr], et j’ai découvert que vous faisiez des choses totalement décomposéesrecomposées. Moi, je suis Pringle Of Scotland, je fais des pull-overs traditionnels depuis 150 ans. Est-ce que vous voulez bien faire un truc pour moi ? » J’étais absolument ravi ! Il m’a sorti du trou. Je devais regarder des pulls et trouver une idée. Il m’a laissé une liberté totale, et du coup j’ai fait 10 images sur commande que je serai capable d’exposer dans une galerie. Avoir un sujet, une date, un format, je trouve ça excitant ! La commande, ça te sort du doute. Oui, ça te sort de l’angoisse… Je raconte souvent à mes élèves l’anecdote concernant Jean-Luc Godard et Le Mépris. À la fin, le producteur Jean-Luc Ponti lui dit : « Jean-Luc, ton film est très bien, mais tu ne t’imagines tout de même que je te paie Brigitte Bardot, sans que tu montres son cul dans ton film ! » Godard rappelle Bardot et lui dit : « Il faut que tu reviennes ! Je dois filmer ton cul dans toutes les couleurs ! » Cette scène ouvre le film, elle est celle qu’on retient. Il faut être suffisamment libre pour introduire des choses positives, même si la contrainte est imposée. Vincent van Gogh à Auvers, de Peter Knapp et Wouter van der Veen, Éditions du Chêne Planches et recommandations manuscrites de Peter Knapp publiées avec l’aimable autorisation de Peter Knapp et de l’agence Arthénon (un grand merci à Fanny Walz)

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Peter Knapp a accepté de revenir sur quelques œuvres marquantes de sa longue carrière. Elles nous renseignent sur la méthode singulière de ce “ faiseur d’images” qui aime créer des environnements autour des sujets qu’il traite.

« Hélène Lazareff m’a contacté pour le journal Elle parce qu’elle savait ce que c’était qu’un directeur artistique. Elle a passé la guerre à New York, et travaillé avec Alexey Brodovitch au magazine Harper’s Bazaar, quelqu’un d’exigeant sur la forme de la typo, le titre, l’image et le contenu. Quand je l’ai rencontrée, elle m’a demandé : quel est le directeur artistique que vous connaissez ? J’ai répondu : Brodovitch, Harper’s Bazaar. Et là, elle me répond qu’elle y a travaillé pendant deux ans. J’ai compris d’où venaient ses exigences. J’ai également compris que nous pourrions aller dans le même sens. »

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« Personnellement, j’ai toujours envie de mettre la femme et la mode, en situation, en mouvement, dehors, en rapport à l’environnement. La réalité fait mieux accepter un vêtement que d’isoler celui-ci en tant qu’information. Mais très souvent, il pleut ou il fait froid et le studio vous est imposé comme lieu. Je ne suis pas Irving Penn, ni Oliviero Toscani, à qui un fond uni suffit, ainsi que le sujet. Moi, j’ai besoin d’une mise en scène. Je peins, je mets une vitre, je colle des choses dessus, ça fait partie de la construction de l’image. Quand on me demande ce que je suis, je réponds : je suis un faiseur d’images. J’essaie d’être créatif à l’intérieur même du sujet, que ce soit à mon initiative ou que ça réponde à une commande. Là, c’est une trouvaille. Elle voulait parler des tissus d’Yves Saint Laurent, mais il n’avait pas encore les tissus pour sa nouvelle collection, il n’avait que les dessins. Je lui ai dit : ça n’est pas grave, je fais des photos des dessins et je les projette sur une fille nue. »

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« Toutes les deux contiennent une information : à gauche, un jeune coiffeur, Jean-Marc Maniatis est venu avec une perruque qu’il a vernie. L’intérêt que j’y ai vu, c’est de pouvoir photographier le modèle sous la douche, habillé d’une robe du soir, sans que la coupe ne bouge. À droite, on découvre le premier soutien-gorge souple fabriqué en mailles. Dans une image, le regard l’emporte sur l’information. Pour mettre le sujet en valeur, j’ai donc caché la tête ! »

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CINÉMA

L’Alsace en cavale Par Fabien Texier // Photos 1 et 2 Shellac // Photos 3, 4, 5 et 6 Thomas Bartel / Hatari

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Sarah Leonor est revenue en Alsace pour tourner une partie de son nouveau film Au voleur. La lente cavale des ses héros ses déroule des environs de Rhinau à Strasbourg. La réalisatrice nous parle des lieux qu’elle a choisis. Au voleur Les solitudes d’Isabelle (Florence Loiret-Caille), prof d’allemand, et Bruno (Guillaume Depardieu), voleur sérieux, se rencontrent. Alors que leur relation commence à prendre forme, la police débusque Bruno et les voilà contraints à la cavale, au fil de l’eau et dans la forêt… Avec un réalisme, qui dans les larcins méthodiques de Bruno, évoque Le Pickpocket de Bresson, et des scènes d’action très efficaces sans moyens disproportionnés, une relation amoureuse subtile sans bavardages, un grand sens du cadre et de la photo, Au voleur de Sarah Leonor, un film d’auteur qui flirte avec le genre, révèle malgré quelques longueurs beaucoup de qualités qui manquent souvent aux productions nationales.

De l’Alsace Déjà présente dans son moyen métrage le Lac et la Rivière, la région d’origine de la réalisatrice s’invite à nouveau dans un de ses films. Une Alsace singulière avec la région du Ried, près de Rhinau, mais loin des clichés ou du dépliant touristiques. Grands absents du film, les Alsaciens (quelle que soit la réalité que ce terme recouvre), nos héros étant surtout préoccupés d’eux-mêmes.

L’arbre et la Forêt (Daubensand) « Tout tient dans un mouchoir de poche, mais nous avons eu beaucoup de mal à retrouver l’arbre où se tient Isabelle que j’avais repéré en canoë sur la rivière. Ça a été la croix et la bannière pour y arriver par la terre. Mais je tenais à celui-ci : noueux, puissant, possible à escalader : il évoque l’enfance, la liberté, la souveraineté pour Isabelle, et ce indépendamment de Bruno. Ce qu’il y a de particulier ici, c’est que c’est une forêt primaire, inondable, la végétation y est très dense, il y a des lianes : c’est un peu la jungle, elle est à l’état sauvage comparée à d’autres forêts plus policées. Pour les personnages, c’est à la fois une cachette et un retour à la nature, comme une remontée dans le temps… »

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CINÉMA

La rivière et la forêt « J’ai été fascinée par sa transparence, elle a un côté paradisiaque, irréel. Il y a plusieurs cours d’eau différents en réalité, mais j’aimais l’idée que le spectateur puisse imaginer que ce cours d’eau aille jusqu’à la ville et ramène la barque de Bruno à la forêt. Il y a comme un effet de bout du monde avec son silence. Lors de l’écriture du scénario, j’avais été frappé durant une balade dans le Ried par l’image d’une barque à fond plat, silencieuse, une image très alsacienne. Ça a fait basculer le film dans la cavale lente. C’est aussi une image du Styx, de la peinture romantique allemande… Il y avait aussi ce plan sur le feuillage vu depuis la barque auquel je tenais beaucoup sur la musique de Woody Guthrie… »

Le pavillon et la forêt « Je cherchais une ferme piscicole pour que Bruno et Isabelle puissent prendre facilement le poisson à mains nues après l’échec dans la rivière. Mais je ne trouvais rien, alors j’ai pris ce pavillon que Gabriel Goubet, qui a fait les premiers repérages, avait proposé. J’y ai ajouté le poisson séché : une touche norvégienne un peu farfelue ! C’est là que nous avons rencontré une garde des Eaux et Forêts et un chasseur qui connaissaient cette forêt, arbre par arbre. »

Le blockhaus et la forêt Je l’ai inventé en me disant qu’il en existait forcément un sur le Rhin. On aurait pu le construire mais ça aurait augmenté les coûts de production. On ne trouvait rien de convenable, mais le chasseur m’en a montré cinq sur place en un quart d’heure. Je ne voulais pas de cabane pour servir de refuge aux personnages mais un abri aux murs extrêmement épais. C’est aussi un vestige de la guerre comme si on remontait le temps.

Le feu de la Saint-Jean (Kogenheim) « Le plateau, c’est un bout de terrain à côté du stade de foot, le chapiteau a été réalisé par la décoratrice sur le modèle de ceux qu’on trouve dans le coin. C’est un moment collectif où l’on se laisse prendre à la contemplation du feu. Une sorte d’abstraction lyrique à la fin du film, d’ailleurs la bande son n’est pas très réaliste quand on sait la musique qui y passe habituellement. Pour les figurants de la fête, je voulais des gens du coin, mais j’avais peur qu’ils ne soient pas assez nombreux, j’ai donc demandé à des amis de Strasbourg de venir. Finalement, nous étions trop nombreux ! J’avais un peu peur de leur venue, mais je n’ai pas pu les voir, j’étais très fatiguée, Guillaume était très difficile : j’ai appris qu’il ne fallait pas faire ce genre de scène en fin de film, c’est trop éprouvant ! »

La gravière (RHinau) « Je la connaissais déjà et j’avais envie de la retrouver, elle a une patine très particulière. C’est un endroit typique du paysage alsacien et avec ces machines, un signe du retour à la civilisation. Ça fait partie des choses très bizarres que l’on peut voir en Alsace comme les séchoirs à tabac. Je ne les ai pas utilisés, mais ce genre de grange dans la plaine, cela renvoie à la campagne américaine, les grands espaces, la liberté… »

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Strasbourg vue de la rivière (la Montagne Verte et les Halles) « Nous avions l’embarras du choix pour tourner. Cet aspect de la ville avec ses faubourgs industriels est vraiment fascinant. On entend le bruit de l’autoroute : on retrouve la voie rapide du début hors champ, l’environnement devient agressif. On a vraiment l’impression de rentrer dans une grosse ville. La fin du film arrive au pied des Halles, j’avais seulement besoin d’un bout de quai et d’un escalier. Nous avions tourné des semaines dans la nature, le soleil frappait, il y avait plein de gens qui nous regardaient, c’était assez étrange après toute cette tranquillité. » Au voleur, de Sarah Leonor, avec Florence Loiret-Caille et Guillaume Depardieu. http://shellac-altern.org - Actuellement au cinéma Star

Le chant intérieur

Pour la bande très originale d’Au voleur, Sarah Leonor a sollicité un conseiller musical, Frank Beauvais, lui-même cinéaste très attentif à la présence de la musique dans ses réalisations. Le travail avec Frank Beauvais a commencé très tôt. Comme il est pléthorique, j’ai eu un grand nombre de propositions. À la base, il y avait un morceau de Woody Guthrie, Grassy Grass Grass (Grow Grow Grow), une comptine qui comprenait tout, et notamment le retour à l’enfance… Très vite, j’ai écarté la piste de la musique folk contemporaine que je trouvais trop ronde. Je me suis rapidement rendue compte qu’elle ne correspondait pas aux ambiances de la première partie du film. Ça “refusait”, j’avais besoin d’âpreté. À partir de là, avec Franck, nous avons tiré un fil, nous avancions par séquence et par personnage, la musique de Manu, celles de Bruno et d’Isabelle. Dans la première version du montage, Franck découvre la silhouette de Guillaume à l’écran, il est reparti aussitôt chercher des éléments rock pour la scène du bar, par exemple. Par ailleurs, le folk que j’avais rejeté pour la première partie du film s’imposait comme une évidence dans la seconde partie, celle du Ried. C’était la musique du couple, le chant intérieur des personnages. Le pari, c’était de marquer ce basculement entre une musique très contemporaine et la musique primitive. En remontant ainsi le temps, on parcourt le trajet intérieur des personnages. Propos recueillis par Emmanuel Abela Morceaux choisis : • Woody Guthrie, Grassy Grass Grass (Grow Grow Grow) • The Ukulele Orchestra Of Great Britain, No Peace for the Wicked • Colette Magny, Didn’t My Lord Deliver Daniel • The Cramps, Lonesome Town • Aria n°20 de la Passion selon Saint-Matthieu de Jean-Sébastien Bach interprété par Olivier Bombarda • Balkan Beat Box, Digital Monkey • Adel Shams el-Din, Chapelet de Perles • Pygmées Baka, Hut Song


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Musique

Par Emmanuel Abela // Photo Christophe Urbain

Le pianiste jazz virtuose Eric Watson ne favorise pas les rencontres musicales ponctuelles. Il aime installer la relation aux autres musiciens sur la durée pour des résultats fusionnels. Échange à l’occasion d’un duo avec le saxophoniste ténor Christof Lauer à Pôle Sud.

Selon son propre aveu, Eric Watson s’est installé à Paris en 1978 à la suite d’« un caprice de jeunesse. » Mais s’il y réside depuis lors, c’est pour d’autres raisons : « Je n’avais pas envie de subir le sort des musiciens de jazz à New York : je ne voulais pas jouer là où les gens dînaient, ni dîner là où les gens jouaient. J’ai décidé de rester parce que j’ai très vite été attiré par la qualité de vie à la française, appréciable, louable », nous dit-il dans un français qui en dit long sur son attachement à notre pays. « J’étais également impressionné par l’investissement européen dans la culture, les lieux de diffusion de la musique, les clubs, les festivals, les radios… » Il s’amuse du fait qu’aux Etats-Unis on le prenne pour un Français – « Ils me félicitent pour la qualité de ma prononciation ! » –, mais refuse de passer pour l’homme de l’entre-deux, sous prétexte qu’il se partage entre composition et improvisation, entre la musique classique qui l’a nourri et le jazz. « Ma musique ressemble plus à une bouteille de vin bien vinifiée, un vin fidèle à la terre dont il est issu. Au fil des années, j’aime considérer l’idée que j’ai développé une approche organique qui se nourrit de la constellation des monomanies qui m’ont touché : Glenn Gould, Pierre Boulez, Cecil Taylor, John Coltrane, Jimi Hendrix. C’est l’intensité de ces “individus” qui m’a conforté dans l’élaboration d’un langage musical personnel, y compris avec une certaine intransigeance. » Il se dit impressionné par les groupes soudés, comme le quartet de John Coltrane ou le quintet

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de Miles Davis, et a favorisé des « collaborations de longue durée avec Ed Thigpen ou Steve Lacy, ou encore avec John Lindberg, le bassiste d’Anthony Braxton… » Ce pianiste émérite affectionne les formations réduites, duo, trio ou quartet, « sinon c’est la foule ! Ce qui me passionne le plus dans le jazz ce ne sont pas les notes, c’est la relation entre les musiciens ! L’art d’être ensemble, en parfaite complicité. » C’est également pour lui, une forme de partage qui permet la réactivité et l’écoute de l’autre. « Oui, une forme de générosité », confirme-t-il. Parmi les musiciens avec lesquels il a établi une relation durable, on trouve le saxophoniste ténor Christof Lauer, l’une des grandes figures du free-jazz allemand, avec lequel il a beaucoup joué depuis les années 80 et enregistré l’envoûtant Road Movies sous la forme d’un quartet en 2004. « Oui, notre relation s’est décantée dans le temps, avant qu’on ne lui découvre une nature fusionnelle. Pour nourrir cette fusion, il faut forcément s’aventurer sur d’autres terrains, d’où cette approche intimiste du duo. J’ai écrit ce répertoire pour créer une intimité qui nous rapproche de celle de la musique de chambre. » Le 16 octobre, à Pôle Sud 1, rue de Bourgogne / 03 88 39 23 40 www.pole-sud.fr


SCHILTIGHEIM CULTURE 2009/2010

67DCC:O"KDJH

Octobre / novembre

à 20h30 à la Salle des Fêtes Chanson française le 23 octobre /

JULIETTE

Jazz, avec Jazzdor le 11 novembre

DAVE DOUGLAS QUINTET Jazz, clôture de Jazzdor le 20 novembre

DAVID MURRAY OCTET

à 20h30 au Cheval Blanc

TRIO TROIS DAVID LINX & DIEDERIK WISSELS Chanson française le 6 novembre / BABX Jazz le 20 octobre /

Jazz le 27 octobre /

Théâtre le 10 novembre

RÉSISTER C’EST EXISTER

François Bourcier

Chanson française le 13 novembre

EDDY (LA) GOOYATSH

Théâtre le 17 novembre

FURIE

Jérôme Rouger, Cie La Martingale RÉSERVATIONS ET ABONNEMENTS

WWW.VILLE-SCHILTIGHEIM.FR - 03 88 83 84 85 - FNAC


CULTURE

Café CULTURE

UNE EXPERIENCE DE DEMOCRATIE LOCALE Par Magali Fichter / Illustrations Laurence Bentz

Depuis avril, et jusqu’en novembre, les Cafés Culture fleurissent un peu partout en ville. L’idée de ces moments de débats libres et informels a été lancée dans le cadre des Assises de la Culture, initiées par la ville de Strasbourg. Lumière sur la question, avec les explications de Marc Dondey, en charge du projet. « Nous avons voulu imaginer Strasbourg dans quelques années, imaginer sa vie culturelle et artistique, raconte Marc Dondey. Nous aurions pu réunir douze experts, sur douze questions, et appliquer un programme ; mais nous avons pensé que de meilleures idées pouvaient naître si on essayait de réunir des gens de différents horizons, qu’on y gagnerait en imagination, en sensibilité. C’est comme ça que sont nées les Assises de la Culture, « Parlons culture à Strasbourg ». Nous avons d’abord créé les Ateliers [quatre groupes de travail thématiques ouverts à tous, ndlr], mais le cadre étant encore trop étroit, trop rigide ; nous avons alors pensé aux Cafés Culture. »

N'IMPORTE QUI, N'IMPORTE OÙ... Le principe des Cafés Culture est simple : n'importe qui, n'importe où, sur n'importe quoi. Ou presque : un lieu, une idée, un thème qui suscite la réflexion, des intervenants pour pouvoir initier un débat, suffisent à proposer un café culture. À la différence des Ateliers, ce n'est pas la Ville qui organise les séminaires ou qui propose les thèmes. L'initiative est laissée à qui veut mettre une rencontre sur pied. Le but, c'est que les gens discutent, échangent des points de vue, « se posent des questions nouvelles et en parlent de manière différente », nous explique Marc Dondey. Une application du terme, très en vogue, de « démocratie locale ». Des associations, des restaurants, des écoles, et même des particuliers ont déjà tenté le coup, et la pluralité des organisateurs permet une grande variété des thèmes. Il y en a pour tous les âges et pour tous les goûts. Le Conseil des Jeunes de la ville a invité les 11-15 ans à un débat au cinéma UGC Ciné-Cité. Le café culture du Zénith de Strasbourg, “À la rencontre des métiers du spectacle”, qui proposait de découvrir les coulisses de l'immense salle de concert et qui s'est déroulé fin septembre, requérait une inscription près d'un mois à l'avance... Dans un autre registre, la ferme bio Aux Sept Grains accueillait, à Seebach, la compagnie Poussière de Rose pour une rencontre intitulée “Pour une danse de l'authenticité et de la profondeur”... Parmi les thèmes abordés, on a, pêle-mêle, la musique expérimentale, la gastronomie, les langues régionales, le quartier, le design, l'agriculture ou encore la poésie. Avec, selon l'endroit, le sujet et l'organisateur, des ambiances différentes, allant des conversations animées autour d'un repas à la bonne franquette à la conférence plus classique, avec tribune, public et tour de parole.

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TROP ÉLITISTES ? Les Cafés Culture sont donc sensés permettre à chacun de s'exprimer, de discuter, afin d'instaurer un vrai débat démocratique dans la ville. Encore faut-il que les gens fassent le déplacement. Et si l'enthousiasme est grand lorsqu'il s'agit de découvrir les métiers du Zénith, beaucoup de thèmes peuvent sembler obscurs aux non initiés. Qui, à part des professionnels du sujet, va venir un jeudi soir au musée d'Art moderne débattre des “lieux d'art comme phénomène public” ? Marc Dondey apporte un élément de réponse : « Les thèmes abordés peuvent être très pointus, ou bien beaucoup plus ouverts, et selon le cas, ils toucheront plus ou moins de monde. Il y a eu, par exemple, “le vin : facteur d'identité culturelle ?”, à la cave des Hospices Civils de Strasbourg. Le public était très varié. Un thème comme les “lieux d'art comme phénomène public” attire surtout les gens du métier, des conservateurs de musées, des artistes. Mais l'important, c'est que même lorsque les gens sont tous du même milieu, et tous spécialistes, ils ne se connaissent pas forcément ou n'ont pas l'occasion de discuter ensemble ; le café culture leur donne l'occasion d'échanger des points de vue et de faire éclore de nouvelles idées. » Les Cafés Culture, c'est peut-être ça : une programmation hétéroclite, du “jardin botanique, pourquoi faire ?” à “l'architecture du Port du Rhin”, des lieux aussi différents que le MAMCS et le centre socio-culturel du Neuhof, des spécialistes et des curieux. Et une vraie utilité de cette concertation citoyenne : en novembre, la ville de Strasbourg présentera une synthèse des débats dans les cafés et les ateliers, qui servira de base à l'élaboration du projet culturel présenté au conseil municipal. Une possible définition d'une démocratisation de la culture ; peut-être encore trop confidentielle, mais l'idée est belle et le projet audacieux.


PROGRAMME (SÉLECTION) “L'archéologie à la découverte de nos origines ?” Jeudi 15 octobre de 17h30 à 19h au Musée archéologique Organisation : Myriam Gloppe "L’art et la vie – l’art dans la ville ?" vendredi 23 octobre. Organisation : François Nowakowski, Corps étranger - collectif d'artistes "L’entrée au musée, un enjeu éducatif et social…" Mercredi 28 octobre de 18h à 20h au Ceméa, 22 rue de la Broque Organisation : Olivier Przybylski-Richard, CEMEA "Art & Citoyenneté: de la poétique à la politique, du je au nous" Vendredi 6 novembre de 19h à 21h à l’auditorium de l’École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg Organisation : Hilal Mira, Humanité sans frontière

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RUBRIQUES

Par Catherine Schickel // Illustrations Laetitia Gorsy & Julien Croyal

Le directeur des TAPS, Olivier Chapelet, se fait une nouvelle fois metteur en scène et monte, cet automne, Il y a des anges qui dansent sur le lac. Une troisième et dernière pièce sur le thème du deuil. Le temps de la réconciliation… Et de une, et de deux, et de trois ! Avec sa dernière création, Olivier Chapelet achève cette année un cycle de trois pièces autour de la question du deuil. 2005, Les Troyennes de Sénèque. 2007, Autour de ma pierre, il ne fera pas nuit de Fabrice Melquiot. Aujourd’hui, Il y a des anges qui dansent sur le lac, de Paul Emond. Une suite que commente le metteur en scène : « Les Troyennes, c’est le deuil de ces femmes qui ont tout perdu, un drame antique, tragique. Dans la pièce de Melquiot, les personnages restaient englués dans leur douleur. J’ai voulu créer une dernière pièce plus positive, ouverte, qui nous réconcilie avec la vie. » Comme trois étapes essentielles dans le long cheminement qui suit la perte de l’être aimé. La colère, la douleur, le temps de la prise de conscience et de l’ouverture aux autres. Pour ce faire, Olivier Chapelet a cherché en vain dans le répertoire une pièce qui correspondait à ses attentes. Fervent défenseur des écritures contemporaines, Olivier n’hésite pas à « passer commande ». À Paul Emond, un écrivain de Bruxelles. Un auteur qu’il connaît bien pour avoir déjà adapté une de ses œuvres, Inaccessibles amours et l’avoir rencontré à plusieurs reprises. « Commander un texte à un auteur, c’est une aventure risquée. C’est un peu comme partir en cordée, il faut avoir confiance. » Tout commence en 2008. Olivier parle à Paul de son projet de création pour son groupe d’acteurs. « J’avais envie de faire du théâtre en partant de zéro. Se dire qu’à un moment, il n’y a rien : pas de texte, pas de répliques, de décors, de lumières ; et que deux ans plus tard, il y a un spectacle. » Paul Emond vient rencontrer les acteurs : Francis Freyburger, Aude Koegler, Elsa Poulie, Frédéric Solunto, Yann Siptrott, Patrice Verdeil. Chaque comédien prend la parole, évoque les émotions qui ont jalonné sa vie, dit ce que le deuil représente pour lui. De ce magma, et suivant le fil rouge d’Olivier – le deuil libérateur – Paul Emond écrit un texte intitulé Il y a des anges qui dansent sur le lac. Le paysage est brossé : une maison sur le lac, ambiance brumeuse et plancher qui craque. Une lointaine histoire de noyé. Un vieux misanthrope qui y habite depuis toujours. C’est la figure centrale du père. Après quinze ans d’absence, sa fille revient dans la maison de son enfance. C’est le moment où les histoires de famille se dénouent. Les rancœurs, les échecs, vont prendre un nouveau sens. Les cinq personnages réussissent à aller au-delà de leurs vieilles jalousies. Ces rencontres salvatrices, il en existe dans toutes les familles. Celle qui nous est dépeinte ici n’est pas plus malheureuse qu’une autre. Chacun compose avec ce qu’il a. Pour Olivier Chapelet : « Le deuil, ce n’est pas seulement la mort. Cela peut aussi être une prise de conscience.

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Faire le deuil de soi-même. Se dire qu’on a aussi été celui-là, faire preuve d’empathie envers les autres, arrêter de se plaindre et d’invectiver le passé. » Ces anges qui dansent sur le lac ne sont pas, comme on pourrait le croire, les fantômes du passé, mais plutôt, « les anges de nos vies, nos potentielles belles rencontres. Des figures joyeuses et libératrices ». La brume du matin s’est bel et bien dissipée…


« J’AVAIS ENVIE DE FAIRE DU THÉÂTRE EN PARTANT DE ZÉRO. COMMANDER UN TEXTE À UN AUTEUR CONTEMPORAIN. ET DEUX ANS PLUS TARD, ABOUTIR À UN SPECTACLE. »

photo Raoul Gilibert

Olivier Chapelet en quelques dates 1990-2002 : Acteur professionnel, pour le théâtre ou la télévision 1996 : Arrive à Strasbourg 1997 : Création de sa compagnie OC&CO 1999 : Solness le constructeur d’Henrik Ibsen 2001 : Inaccessibles amours de Paul Emond 2005 : Les Troyennes de Sénèque 2007 : Autour de ma pierre, il ne fera pas nuit de Fabrice Melquiot Depuis 2005 : dirige les TAPS Il y a des anges qui dansent sur le lac Du 17 au 22 novembre au TAPS Scala - 03 88 34 10 36 Le 13 novembre au Théâtre de Haguenau 03 88 73 30 54 - www.relais-culturel-haguenau.com

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FLASH

Au Revoir Simone On est sous le charme d’Au Revoir Simone depuis les débuts. On a pu assister ainsi à l’évolution artistique du trio féminin de Brooklyn, qui l’a conduit de la pop minimale à quelque chose de plus franchement new wave. Mais inutile d’évoquer les années 80 à la ravissante Annie Hart, « Nous utilisons des synthés, voilà la seule chose qui nous rapproche de tous ces groupes. On nous attribue sans doute certaines de ces influences parce que nous développons une sensibilité mélancolique voisine. » Mais la source est à chercher ailleurs, et pourquoi pas du côté du duo Air. « Oui, nous sommes de grandes fans. » La rencontre a eu lieu. « Nicolas [Godin] et JeanBenoît [Dunckel] nous ont appris tant de choses, ils expriment une telle générosité. Nous sommes fascinées par ce qu’ils apportent sur scène à leur public. » Une influence française, pour un trio qui

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Par Emmanuel Abela // Photo Christophe Urbain

rencontre un succès grandissant en France. « Vraiment ? Je découvre ça ! », s’étonne-t-elle avec une pointe de fierté. Assurément, le public en France est séduit, l’accueil à Ososphère témoigne de la relation intime qui s’installe. « Si c’est le cas, c’est important pour nous. La France a toujours accordé une importance particulière aux artistes féminines qu’elle situe à l’égal des hommes. Si vous portez une robe ici, vous ne serez pas déconsidérées pour autant. Nous serions ravies d’être acceptées, comme faisant partie de l’histoire artistique de ce pays. » Propos recueillis le 25 septembre, quartier Laiterie, dans le cadre des Nuits de l’Ososphère Album : Still Night, Still Light, Moshi Moshi


Naïve New Beaters

Y.A.S.

C’est toujours un plaisir de croiser les Naïve New Beaters. On sait forcément que l’instant sera décapant : David Boring, Eurobélix et Martin Luther BB King ont le don d’amuser la galerie, comme c’est le cas à Ososphère.radio. À la question « comment occupez-vous vos journées dans le bus en tournée ? », ils répondent qu’ils jouent aux Incollables, les fameuses questions de révision à destination des gamins. « Ah bon ?, s’aventure Fred Cisnal, l’animateur. Et que tirez-vous de cette expérience d’une année de tournée ? » « Ben forcément, répond David ‘pas si’ Boring, on en sait beaucoup plus sur les rois de France ! » Le ton de la dérision est donné, mais qu’on ne s’y trompe pas, l’affaire reste sérieuse. « Oui, confirme Eurobélix, pour nous il n’y a pas d’incompatibilité entre la ‘déconne’ et la production de notre musique. » Effectivement, leurs compositions, bien qu’elles soient construites sur les apports les plus invraisemblables – hip hop, électro, hard, funk – révèlent une fusion des genres qui nécessite une vraie culture musicale. On sent le trio gourmand, et quand je leur propose de me transformer en bon génie-journaliste capable d’exaucer un vœu, Eurobélix me réclame une parfaite maîtrise du piano, « mais alors, très vite ! » Les deux autres sont repartis pour raconter des bêtises. « Une pluie de médiators ! » pour le guitariste. « Le bonheur pour moi et toute ma famille », nous répond David pince-sans-rire, en écho au tube du groupe Live Good. Et rapidement, d’évoquer la belle collection de socquettes de Martin Luther BB King, avant de décréter que le vrai plan des NNB pour l’avenir, c’est tout de même « de devenir plus connus que les Rolling Stones. » Avec le charisme incroyable de ces trois-là, gageons qu’ils n’y parviennent un jour !

La vie de l’intervieweur est parfois semée d’embûches : il a suffi d’un transat récalcitrant pour se ridiculiser définitivement devant Yasmine Hamdan, la chanteuse de Y.A.S. Et pourtant, c’était pas faute qu’elle nous conseille. « Regardez, mon transat est déplié, faites comme moi ! » Les “hin hin hin !” étouffés de quatre gars de l’équipe technique du festival rajoutaient au désespoir personnel de l’instant. Un petit coup de main de leur part, un petit coup de blush pour Yasmine, et l’affaire rentrait dans l’ordre. Mais trêve de plaisanterie, le projet de Y.A.S. – le duo que constitue Yasmine avec Mirwais, l’ex-Taxi Girl, producteur en son temps de Madonna – c’est du sérieux ; il s’inscrit dans une logique politique très forte. « Lancer un projet électro-pop en arabe, c’est naturellement le défi qui nous a excités tous les deux, à partir d’une langue extrêmement codifiée. Nous avons souhaité décontextualiser l’arabe, avec une double envie : d’une part, que ça fonctionne bien avec la musique, et d’autre part que le monde arabe s’approprie les chansons », nous explique avec une once de sévérité cette très belle jeune femme, incroyablement glamour et généreuse. « J’écoute énormément de musique arabe, et j’essaie de trouver le dialecte qui va me permettre de faire passer le sens de mon propos qui s’inspire de la situation de ces pays, avec des connotations politique, sociale et sexuelle. » Pour quelle réception par les pays arabophones ? « Dans les pays du Golfe, c’était compliqué, ils m’ont censurée. Le problème c’est que je me sens très libre, et des fois ça ne passe pas ! Après, il y a eu un énorme buzz au Liban et dans certains pays du Moyen-Orient. Ce disque a été fait pour que le monde arabe puisse sourire, se sentir familier, dans la mesure où il s’inspire de la culture populaire – la pop kitsch égyptienne des années 80, par exemple – à un moment où l’on cultivait à la fois l’humour et le sens de la transgression. »

Par Emmanuel Abela // Photo Christophe Urbain

Propos recueillis le 26 septembre, quartier Laiterie, dans le cadre des Nuits de l’Ososphère Album : Wallace, Cinq7

Par Emmanuel Abela // Photo Christophe Urbain

Propos recueillis le 26 septembre, quartier Laiterie, dans le cadre des Nuits de l’Ososphère Album : Arabology, Universal

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Marina de Van

Virginie Ledoyen

Membre jury du Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg, on l’aura vue dans Sitcom, elle a co-scénarisé Sous le sable et Huit Femmes d’un François Ozon dont elle ne souhaite pas vraiment parler. Du passé ! Actrice ou co-scénariste, elle est en service commandé, met ses compétences techniques au service des autres, voilà tout. La comédienne attend des propositions, la scénariste ne l’est plus que pour elle-même, quant à la réalisatrice, ses projets devront être financés. Après Dans ma peau, son premier long métrage où l’héroïne qu’elle avait choisie d’incarner s’auto-mutilait, on lui a essentiellement proposé des rôles de freaks, « faire la folle de service ou la sanguinaire ça ne m’intéressait pas ». En dépit du succès critique, il lui faut cinq ans pour réussir à financer son film suivant, Ne te retourne pas, un thriller psychologique et fantastique avec Monica Belluci et Sophie Marceau. « Je ne m’inscris dans aucune tradition fantastique, ni aucune tradition cinématographique d’ailleurs : je ne suis pas une cinéphile », nous assure l’ancienne élève de la FEMIS. « Le quotidien m’ennuie au cinéma, j’aime y voir ce que je ne vois pas ailleurs : mon sentiment préféré, c’est la peur. » Durant ses études, elle confie donc n’avoir vu que « des gros trucs américains » pour se détendre. « La psychologie est ma base d’écriture mais sans l’image, les effets spéciaux ou le travail sur les corps ça m’aurait emmerdé. » Voilà Marina de Van : très cérébrale et très instinctive, d’une grande simplicité et bourré de paradoxes, intranquille en tous cas…

« Oui je fais l’Armée du crime : Guédiguian, Abkarian Ledoyen… » Le confrère à qui j’annonce ça, commence à rire et minaude : « Non, dé-so-lée, Virginie n’a pas pu venir, elle est légèrement souffrante… » C’est vrai que mille fois annoncée à Strasbourg, Ledoyen a mille fois annulé. Ça ne rate pas ! Même demandé bien à l’avance et pour deux médias, le rendez-vous avec l’équipe du film se réduit de plus en plus : ça se réduit à dix minutes avec le réalisateur et les deux acteurs à la fois : grosse production et Ledoyen obligent ! Ça va être court… J’assiste à la rencontre avec le public à la Fnac. Beaucoup de monde, quelques hommes fiévreux. Ledoyen arrive avec les deux autres, souriante mais l’air un peu figée : quelque chose de ces acteurs américains en public, cachés dans leurs personnages de célébrités. Le côté « cool » en moins… La peur ? Assis dans les premiers rangs, je me prends une quantité inusitée de flash dans la gueule. Des photographes amateurs qui se déchaînent, la pauvre Virginie en ligne de mire. Que raconte-t-elle ? Sa foi dans ce film, la beauté morale de ses personnages, de l’amour qu’elle incarne avec Abkarian, l’hymne à la vie qu’est ce film, « formidable » dit-elle. Interview : Abkarian mange, mais a très envie de parler, Guédiguian tirant sur son cigare ne demande que ça. Avec Ledoyen, le malaise grandit. Une question sur son intégration dans la troupe du film tombe à côté, elle fait des efforts pour répondre, mais ne comprend visiblement pas ce que je lui demande : « Je n’ai pas eu à m’intégrer… » Et merde ! Je me concentre sur Guédiguian…

Propos recueillis à l’occasion du Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg du 15 au 20 septembre aux cinémas Star www.spectrefilm.com

Propos recueillis à la Fnac et au Star Saint-Exupéry à Strasbourg le 9 septembre à l’occasion de l’avant-première de L’Armée du crime

Par Fabien Texier // Photo Christophe Urbain

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Par Fabien Texier // Photo Christophe Urbain


Fanny Ardant

Par Elysa Vuillez // Photo Christophe Urbain

Fut-ce ma timidité ou mon pauvre mètre soixante, lorsque Fanny Ardant s’est levée pour me saluer, je crus que les perspectives du salon de l’hôtel de l’Europe où elle attendait déjà, me jouaient des tours. Je dus lever la tête pour la voir et ne vis plus qu’elle. Et je constatai que oui elle est très belle, oui elle a des yeux noirs de braise, oui elle a une voix grave chaude et caressante… Et ce défaut de perspective, je l’ai encore ressenti lorsque nous étions assises tout près, dans les grands fauteuils où elle a croisé ses jambes qui n’en finissent plus, gainées de bas résilles, dans des chaussures ouvertes à talons très hauts, laissant voir son vernis rouge. C’est la seule couleur que la dame en noir portait, une petite croix se balançant dans son décolleté profond. Fanny Ardant nous a parlé de Cendres et Sang, film abouti et admirablement interprété dans lequel Ronit Elkabetz tient le rôle clef. Elles se ressemblent ; femmes fatales à

l’envergure des grandes tragédiennes. Fanny Ardant est fascinante car elle cherche le mot juste, celui qui exprimera l’émotion intacte. Elle se livre à de pures envolées poétiques et comme son film, elle a un côté théâtral qui lui va bien, si naturel chez elle. Sans doute pour donner le change à sa timidité. Car elle a cette fragilité, la qualité de se remettre en question, avouant qu’elle s’est sentie vulnérable en tant que réalisatrice. « Quand on est comédien, tout le monde est aux petits soins pour vous mais une réalisatrice doit être forte, porter l’équipe à bout de bras et ne pas être dans le doute. » Une expérience, cela dit, qu’elle est prête à reconduire. Propos recueillis au Star Saint-Exupéry à Strasbourg le 26 août à l’occasion de l’avant-première de Cendres et Sang

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R.J ELLORY

Par Nicolas Léger // Photo Christophe Urbain

Il a fait du rock, de la prison, a connu les orphelinats d’Albion. Mais avant tout, R.J Ellory est un auteur de polars au succès international. Cet homme a décidemment tout pour plaire et intriguer. Nous l’avons rencontré lors de sa venue pour son nouveau roman mêlant mafia, politique et Nouvelle Orléans, Vendetta. Alors, Ellory héritier d’Ellroy ? L’homme nous attend, serein, la pinte de bière déjà bien entamée. L’allure so british de cet explorateur des vices et tourments humains, à la vie houleuse surprend. D’ailleurs, on n’a jamais vu un Anglais si fasciné par l’Amérique, ses mythes, ses icônes… Tous ses romans en sont pétris et lorsqu’on l’interroge sur cette lubie, Ellory sourit : « On parle que de ce que l’on connaît ou nous intéresse…Mais je ne doute pas que les gangsters marseillais soient tout aussi fascinants

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pour un écrivain ! » L’écriture, sa raison d’être comme il aime à le dire dans un français distingué, occupe désormais tout son temps, avec la musique. Rien d’incompatible, bien au contraire : « Truman Capote a dit un jour que le mot importe peu, c’est le rythme qui compte, le nombre de syllabes, la sonorité... » L’écrivain de polar, poète des temps modernes ? « Oui, pourquoi pas. Même si ça peut paraître prétentieux... On pourrait presque me prendre pour un auteur français quand je dis ça ! » So british, définitivement. Propos recueillis à la librairie Quai des brumes le 25 septembre. Livre : Vendetta, éditions Sonatine.


5N TH£ºTRE DANS LA VILLE ,ES 4APS 3TRASBOURG SAISON

PARKLIFE 060 FACTORY RECORDS ⁄ SECTION 25 ⁄ THE NAMES ⁄ PSYCHIC TV ⁄ PIERRE MIKAILOFF ANTOINE BERNARDT ⁄ ERIC T LURICK ⁄ PULL ⁄ DU BANDIT AU GIBUS ⁄ SONS DES DISCO MANSON’S CHILD ⁄ SORDIDE SENTIMENTAL ⁄ DJ CHECHE ⁄ CD MANSON’S CHILD

RELEASE PARTY Manson’s child nouveau ep & fanzine Parklife 060

Crédit photo BenoitLinder / MakingProd

6 NOVEMBRE - POUSSIN VERT - COLMAR 7 NOVEMBRE - VERTIGO - NANCY

La Communauté urbaine de Strasbourg soutient l’audiovisuel et le cinéma

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LES INVINCIBLES Saison

Série réalisée par Alexandre Castagnetti et Pierric Gantelmi d’Ille, produite par Makingprod Tournage à Strasbourg été et automne 2009 Diffusion des deux saisons sur Arte en mars 2010 www.strasbourg-film.com

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!BONNEMENTS INFORMATION ET RÏSERVATIONS TÏL


ARTS

par Sylvia Dubost

"Une sélection dans l'actualité des arts plastiques à Strasbourg, en quatre images"

Isabelle Hayeur Maisons modèles Boring… Boring… Boring… L’instinct grégaire a uniformisé le paysage, par le truchement de l’habitat pavillonnaire. Les maisons se suivent, se succèdent et se ressemblent. Le journaliste anglais Alain de Botton avait montré dans sa mini-série documentaire The Perfect Home à quel point notre rêve de maison idéale était formaté par l’architecture du passé et combien il est difficile de projeter sa vie dans un espace construit qui ne ressemblerait à rien de connu. À un intérieur qui prend en compte les évolutions de la vie moderne, on préfère celui de nos grands-parents, bien plus rassurant.

Little boxes on the hillside, Little boxes made of tickytacky, Little boxes on the hillside, Little boxes all the same, comme le serine le générique de Weeds. La série Maisons modèles de Isabelle Hayeur stigmatise à son tour la verrue pavillonnaire, nous montre à quoi ressemble un monde sans architecte, et pose la question : que dit l’habitat de notre civilisation ?

Du 15 octobre au 13 novembre au Maillon Exposition organisée avec Chambre à part, dans le cadre des Journées de l’architecture - www.le-maillon.com

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Pierre Filliquet E Autopsies Pendant plus d’un an, Pierre Filliquet a fréquenté avec assiduité les salles d’autopsie de la faculté de médecine de Strasbourg, tout juste abandonnées et bientôt détruites. Il a tiré un livre, Autopsies, qui se construit comme une visite chronologique de ses lieux habituellement loin des regards, passant de plans larges à des cadrages plus serrés sur ces espaces où se lisent encore la présence de la mort et les traces de l’activité qui tentait de la comprendre, pour finir par la documentation de leur destruction et de leur réhabilitation. En héritier de la photographie objective allemande, avec une maîtrise absolue du cadrage, Pierre Filliquet construit des images très graphiques où l’apparente froideur de la forme contraste avec la violence qui transpire de ces lieux. Des cheveux, une paire de lunettes, les données froides et précises du dernier

corps autopsié mettent à jour nos fantasmes et nos peurs liés à la mort. La destruction des lieux et leur transformation en salles de cours reflète l’évolution des pratiques et donc de l’enseignement de la médecine, où l’on appréhende désormais le corps non plus en le touchant, mais en le soumettant aux nouvelles techniques d’imagerie médicale. Les textes de l’épistémologue Christian Bonah qui accompagnent les photographies sont à cet égard passionnants, et éclairent sur les multiples lectures possibles de ces photographies. Quelques tirages actuellement exposés au Centre de documentation sur le national-socialisme de Cologne rappellent que ces salles ont eu, à une certaine époque de l’histoire, un usage encore plus terrifiant… et ouvrent à de nouvelles interprétations des images.

Autopsies, éditions Monographik - Exposition jusqu’au 1er novembre au Centre de documentation sur le national-socialisme de Cologne

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ARTS

Yves Chaudouët Mer d’huile Dès son plus jeune âge, Yves Chaudouët est fasciné par la mer, et depuis le début, son travail plastique s’est attaché à faire remonter à la surface le monde des abysses. Ses peintures, photographies, monotypes, performances… sont un passage vers les profondeurs, l’une des extrêmes de la sphère du vivant, où les êtres ont développé d’étonnantes stratégies de survie. Depuis 2001, il rend cette réalité presque palpable en reconstituant, au cours d’une résidence avec les maîtres verriers du

CIAV de Meisenthal, plusieurs familles de créatures en verre. Ses tripodes, étoiles de mer, anguilles miroirs, méduses et affreux sont souvent exposés dans le noir, suspendus ou posés, certains munis de leds et phosphorant dans l’obscurité dans laquelle se déplace le spectateur. Après la Halle verrière de Meisenthal et le Crac Alsace d’Altkirch, c’est au Musée zoologique qu’ils se font les compagnons d’une balade en eaux profondes, où l’on peut toucher du doigt l’inatteignable.

Du 16 octobre au 3 janvier au Musée zoologique Conférence concertante d’Yves Chaudouët le 12 novembre à 20h à l’auditorium du musée d’Art moderne - www.musees-strasbourg.org

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Servet Koçygit, Motherland, 2007

Rencontrer l’Europe - Istanbul La 11e Biennale d’art contemporain d’Istanbul, qui s’achèvera le 8 novembre, l’a à nouveau prouvé : la scène turque est désormais incontournable dans le domaine de l’art contemporain. L’association Apollonia, opérateur d’échanges artistiques vers l’Est, l’a bien compris et saisit au bond l’occasion de la saison turque en France (jusqu’en mars 2010) pour investir St-art avec une programmation 100% turque. Elle a aussi compris que notre regard sur tout ce qu’on connaît mal est parasité par des clichés exotiques qui nous rassurent. Les artistes choisis par Apollonia portent certes un regard

sur leur ville et leur pays, avec beaucoup de recul et d’humour comme Servet Kocyigit (voir photo), nous montrant une Turquie qui nous ressemble plus qu’on ne veut l’admettre. D’autres développent des préoccupations avant tout poétiques et esthétiques, comme le photographe Nazif Topçuoglu, dont l’art de la mise en scène évoque aussi bien Jeff Wall ou Anthony Crewdson que certains photographes de mode. Au final, on retrouve dans cette sélection l’inévitable équilibre entre enracinement dans un espace culturel et globalisation. Ces Turcs nous ressemblent décidément beaucoup…

Du 26 au 30 novembre au Parc des expositions du Wacken, dans le cadre de St-art, foire européenne d’art contemporain

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MODE

RENVERSAN GUSTAVO LINS Par Myriam Commot-Delon // Photos Alexis Delon / Preview

De A à K… Un portrait du plus parisien des couturiers brésiliens. Atelier Gustavo Lins Un prêt-à-porter haut de gamme est abordé au sein de l’atelier parisien. Entouré d’une équipe cosmopolite, Gustavo Lins réalise un vestiaire épuré et magistralement élaboré lui permettant de défiler depuis deux ans comme membre invité de la Chambre Syndicale de la Haute couture.

Gamme De couleurs : le noir, indiscutablement graphique, ponctué par les couleurs vives de la ligne de maille et la base de gris qui est la fusion de toutes les autres. De matières : choisies parmi les plus nobles, le cachemire fait écho au jaspé de laine, le crêpe de soie au cuir, l’étamine au velours…

Brésil / France Le designer est né à Belo Horizonte en 1961 : après des études d’architecture au Brésil et en Espagne, il s’installe à Paris au début des années 90 et collabore avec Agnès b, Jean-Paul Gaultier, John Galliano, Kenzo et Louis Vuitton avant de créer son propre label.

Homme Un lien intime rapproche le vestiaire masculin à la collection féminine. Un tailoring plus contemporain est abordé, les vestes sont travaillées avec la souplesse et la finesse d’une chemise. Il se concentre sur le travail des épaules, structure indispensable à l’architecture d’une veste.

Cuir Il est utilisé pour souligner, ganser. Un renfort qui structure les entrées de poches, le bas des pantalons, les cols ou le boutonnage des vêtements. Fondre les matériaux est une constante, il abuse de surpiqûres pour fondre des pièces de cuir ou éviter l’épaisseur d’un ourlet, comme un dessin d’architecture crayonné, la couture devient une trame et la matière animal se mute en végétal. Déconstruction Un travail de reconstruction utilise patronages et chutes de toiles pour aboutir à des panneaux, bustes et mannequins marouflés. Dans son processus créatif, dessins et écriture sont à la genèse de sa démarche artistique ; s’ensuit l’élaboration des habits sur des mannequins, en trois dimensions, pour aboutir à mettre en évidence la structure des habits. Expérimentation Sa collaboration depuis 2007 avec la manufacture de Nymphenburg à Munich l’a amené à créer des accessoires singuliers, des « objets » corporels entre vêtements et sculpture. C’est le corps qui guide la forme statuaire et garde le textile en mémoire. Même figé dans la porcelaine. Femme Il emprunte au vestiaire masculin les pièces de base de sa ligne féminine (veste, blouson, caban et pantalon) et les associe à un travail de souplesse et de fluidité. Le mouvement est inscrit dans les plis et le drapé de ses vêtements, offrant à l’allure générale des silhouettes une juste cohabitation de légèreté et de rigueur.

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Influences Spirales, asymétries, courbes, entourent le corps… Un triangle de cuir recouvre l’étiquette intérieure de ses vêtements, sa signature T inversé… Tous ces codes renvoient au vocabulaire de l’architecture et de la sculpture. Jeux Un ping-pong d’oppositions signe le travail très réfléchi de Gustavo Lins : jour / soir, envers / endroit, devant /derrière, souplesse / structure se renvoient la balle et signent un extrême raffinement ; le caché est aussi travaillé que le visible, souvent réversible. Kimonos Élément fétiche de Gustavo Lins qui symbolise un « espace érotique ». Pas de boutons, ni de fermetures, mais un vêtement librement détachable, s’enroulant et se déroulant pour laisser le corps libre à l’abandon et à la volupté. www.gustavolins.com www.nymphenburg.com La collection 012, automne-hiver 2009-2010 de Gustavo Lins est en vente à la boutique K.collections cour Waldner Stephan – 5, rue des Marchands, à Colmar. Panneau en coton et papier marouflé et robe drapée en lainage, poches gansées de cuir. Collection 012, Gustavo Lins.


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Va jouer dans ta chambre ! - Taie d’oreiller réversible, housse de couette coordonnée, coussin Central Park Lime et petit coussin rectangulaire en cotonnade fleurie. Bougie Darly, carnet, le tout chez Designers Guild by L’Art de vivre www.designersguild.com - Livre Le paradis d’Oneuli aux éditions Chan-oK http://chan-ok.com/ - Livre Du vent dans mes mollets aux éditions Intervista www.editionsintervista.com - Panneau décoratif Kanteleen kutsu, 90x 95 cm, porte-monnaie en tissu, petit plateau à pois en mélamine, Marimekko et mug imprimé Moomin, Arabia Finland www.arabia.fi - Suspension ovale en polypropylène, Normann Copenhagen chez Aquatinte. www.aquatinte.fr - Lampe baladeuse, Lampe May Day de Konstantin Grcic / Flos www.flos.net - Sac en vinyle noir, Hello Kitty by Victoria Couture www.victoriacouture.com - Guirlande en papier népalais, Muskhane www.homology.com Ci-contre : - Chaise Side Chair, Harry Bertoia pour Knoll / www.knoll.com - Plaid en crochet et gamme de peinture émulsion mate disponible dans un nuancier de 98 couleurs, (contenances 2,5l et 5l) le tout chez Designers Guild by L’art de vivre / www.designersguild.com - Pull en cachemire et Moon boots en vinyl laqué gansé de lapin, Hello Kitty by Victoria Couture www.victoriacouture.com

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ACCESSOIRES

Par Myriam Commot-Delon // Photo Alexis Delon / Preview // Post-prod Camille Vogeleisen / Preview

Les bottes tiennent le haut du pavé Faites pour marcher à grandes enjambées, fouler le bitume en claquant les talons et traverser la ville au pas militaire, voici l’accessoire le plus hautement recommandé pour affronter le froid et accessoiriser le vestiaire masculin féminin de cet hiver. Déclinaisons et revue de détails :

1

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6

1 - Motardes, poulain imprimé camouflage, Free Lance / 2 - Fauves, zips chevilles, talons hauts, Free Lance / 3 - Zippées avec deux boucles, cuir gras et grainé, Mona / 4 - Cowboy, daim et doubles boucles enroulées, FRU-IT chez Mona / 5 - Cuissardes modulables, daim souple, Free Lance / 6 - Militaires, sangles perforée, boucles métal, Free Lance

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algorihme la loggia homme

PRÊT À PORTER / ACCESSOIRES PARFUMS / CHAUSSURES / ROBES DE SOIRÉE DSQUARED2 t PAUL SMITH j CHRISTIAN LACROIX r BIKKEMBERGS Y

GOSSUIN a RICHMOND , PATRIZIA PEPE o U-NI-TY f

I'M ISOLA MARRAS 6

PARAJUMPERS h

J BRAND ...

3 rue de l’Épine / 67000 Strasbourg 03 88 23 61 61 www.algorithmelaloggia.com

35 quai des Bateliers STRASBOURG - 03 88 52 13 55

femme


Photos Alexis Delon / Preview Réalisation Myriam Commot-Delon Modèle Solweig / dma-models Post-prod Emmanuel Van Hecke / Preview Coiffure Sébastien Rick Make-up Sabine Reinling Assistante mode Louise Jacob Merci à Camille, Mathilde, Pong et Sacha Boutiques l’Altra, Ipsae, K.collections, Ultima

Cape en fourrure Maison Martin Margiela chez K.collections

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Manteau en drap de laine, veste zippée à col cheminée en lycra, Yohji Yamamoto, rangers en toile et cuir, Coming Soon, les deux chez K.collections

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Manteau sans manches, ĂŠcharpe plastron en fourrure et drap de laine, jupe Ă pli creux en lainage, Miu Miu, chaussures et sac en cuir bicolore cloutĂŠ, Prada, le tout chez Ultima

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Robe-tube en laine ajourée, Plein Sud, perfecto en cuir d’agneau rouge et escarpins guêtres, Barbara Bui, le tout chez L’Altra

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Manteau en lainage jacquard, robe-pull en tricot rayÊ, les deux AF Vandervorst, chez K.collections, cuissardes en cuir stretch, Plein Sud, chez L’Altra

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Manteau réversible en lin et lainage, pull, pantalon baggy en drap de laine et chèche à carreaux, le tout Y’S, rangers en toile et cuir, Coming Soon, le tout chez K.collections

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Haut sans manches, jupe crayon en drap de laine, les deux Dice Kayek chez Ipsae

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Veste ceinturée, dos évasé, pantalon à pinces en lainage gris, Hood chez Ipsae, bottines, Prada chez Ultima

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Veste réversible en fourrure tricotée, Rizal, pantalon sarouel en jersey de laine, ceinture attenante cloutée, Plein Sud, escarpins guêtres, Barbara Bui, le tout chez L’Altra

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Robe trench en satin rouge, Burberry, ceinture, Plein Sud, bottines, Barbara Bui, le tout chez L’Altra

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MODE

Textes et photos Caroline Lévy

Thibault 23 ans, étudiant / Julien 25 ans, étudiant / Julien 25 ans, bookeur de tournées style ? Nous faisons tous les trois partie du groupe PlusGuest, une

Le titre qui définit VOTRE style T. Bang bang cherry de Hook &

musique plutôt rock néo-garage, donc notre style vestimentaire est forcément lié à ce que l’on fait sur scène ! On aime l’esprit des Mods dans les années 60 et de Bob Dylan dans sa période 65, 66 très précisément ! Julien: Ma veste blaser vient de The Kooples ainsi que mes boots. Julien et Thibault : Nous avons le même blouson Harrington, le sac et le polo sont des Fred Perry.

the twin J. Some dresses de Dananananaykroyd J. Disorder de Joy Division

sorties ? Nos lieux de prédilection sont toujours un peu les mêmes.

On aime Jeannette et les Cycleux et le Trolleybus pour prendre un verre. Sinon, on a découvert le sandwich avec sa tranche de jambon à l’os de chez Kirn, on est fan !

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fashion faux pas Sans ressortir les vieux dossiers, on a osé

plus jeunes : la raie au milieu façon catogan, le crâne rasé queue de cheval et le bouc… Mais le pire est d’avoir un jour associé le jogging à pressions avec des Dr. Martens! [Thibault en a la larme à l’œil, ndlr]. www.myspace.com/plusguestmusic


Morgane 26 ans, tatoueuse

Thibault 19 ans, étudiant

Mahalia 17 ans, lycéenne

TON STYLE ? Totalement Pin Up & Down !

TON STYLE ? J’aime beaucoup l’esprit vintage

TON STYLE ? Mon style est éclectique. Je

J’aime l’extrême doré mais sans jamais être bling bling, attention ! Ma jupe vient d’H&M et mon top d’Oysho, mon gilet et mes escarpins (qui me font mal !) de chez Bershka. Ma broche est une création de Karotte & Chris Bonobo.

que je puise dans les vieux clips des Rita Mitsouko ! Pour être franc, ce que je porte aujourd’hui c’est vraiment ce qui restait dans mon armoire, ça me rappelle mes années lycée [Ouh ça remonte à loin !, ndlr] : une chemise et un pull H&M, un jean Cheap Monday et des baskets Victoria.

suis plus inspirée par des icônes comme Mademoiselle Agnès, Björk ou ma grandmère : elle se faisait faire des robes façon Chanel chez sa couturière à Madagascar ! Aujourd’hui, je porte une petite veste fripe sur une jupe Maje [qu’elle prononce Mayé, pour plus d’exotisme sûrement !, ndlr], un sac Marc Jacobs et les zizis de Repetto.

TES SORTIES ? Le Nelson et le Trolleybus sont

des endroits où j’aime aller pour l’apéro. En soirée, je vais souvent au Molodoï. Et pour manger je reste dans mon quartier, au Coin des pucelles, au Cruchon ou à la Pizzeria des théâtres.

TES SORTIES ? La zone industrielle au bord

du Rhin quand il fait encore chaud ! Sinon, j’aime l’atmosphère de la péniche Bikers 67, peu connue mais qui vaut le détour. Pour prendre un verre, je vais au K3 et au Bleu de la nuit pour leur clientèle cosmopolite.

TES SORTIES ? J’aime le Gayot et l’Atelier de

grand-père pour boire un verre, sinon pour bruncher dans un cadre agréable et atypique, je vais au Fond du jardin. Le titre qui définit ton style Rainbow

Le titre qui définit ton style J’suis conne

d’Emma Daumas (elle a un nouveau tattoo « Trop bonne, trop conne » sur l’avantbras !)

Le titre qui définit ton style Alexan-

warrior de CocoRosie

drie Alexandra de Claude François, pour sa couleur pétulante et son énergie acide.

Ton fashion faux pas J’ai tenté un jour le

Ton fashion faux pas J’assume avoir

Ton fashion faux pas J’ai eu le look

porté les Buffalo et le collier de chien à paillettes roses !

skateur pendant fort longtemps, tout est dit !

baggy, j’aurais jamais dû !

www.myspace.com/morgane1983

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Blouson motard matelassé Dirk Bikkembergs, jean Rich & Skinny, boots fourrées lapin John Richmond, le tout chez Algorithme // Lunettes modèle Yukel Moscot chez + Belle la vue // Plat, Villeroy & Boch aux Galeries Lafayette

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KE

Photos, réalisation Collectif En Cachette Modèle Siméon Coiffure, make-up Miss Esther Boutiques Algorithme, Galeries Lafayette, Le Placard, Ultima, M+F Girbaud, Free Lance, + Belle la vue Lieu Jardin de M. & Mme Wernert

Betty Page’s Cake Une recette est censée être en constante évolution, bien évidemment, mais celle-ci, franchement, je ne vois pas comment l’améliorer !

Betty Page’s Cake Une recette est sensée être en constante évolution, bien évidemment, mais celle-ci, franchement, je ne vois pas comment l’améliorer !

97 zut !


Fondant au chocolat de Tata Nath à la poudre de matcha Rempli d’ingrédients inavouables, incroyablement riche et mauvais pour les artères, ce gâteau a tout pour plaire.

Costume pure laine, chemise et cravate coton, El Ganso, le tout au Placard // Chaussures, Jean-Baptiste Rautureau chez Free Lance // Lunettes modèle Chinois noir, Traction chez + Belle la vue

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Gâteau sans aucune tenue Il a vraiment un petit côté chariot à dessert des restos d’hôtel des années 80, vous ne trouvez pas ? En tout cas, son look déglingué dès qu’il se coupe me plaît énormément.

Pantalon en velours côtelé et gilet en cachemire Sandro, T-shirt Armor Lux, le tout aux Galeries Lafayette Homme // Bottes D&G chez Ultima

99 zut !


Barbie’s Birthday Cake Une merveille, un gâteau moelleux et parfumé. Pour la déco, des lys peuvent faire leur effet, mais ne les mangez pas !

Manteau, chemise, jean et chaussures, M+F Girbaud chez M+F Girbaud // Lunettes, Wayfarer de Ray-Ban chez + Belle la vue // Plat, Villeroy & Boch aux Galeries Lafayette

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Pink and green Cake Une recette qui nous arrive de Nouvelle Zélande et qui porte assez sur le beurre. En fait, il y a du beurre à chaque étage.

Veste en velours ras, pull en cachemire et pantalon D&G, le tout chez Ultima // Boots, Jean-Baptiste Rautureau chez Free Lance // Lunettes, Paul Frank chez + Belle la vue

101 zut !


SUR LA TOILE

party

Par Caroline Lévy

On ne compte plus l’apparition de nouvelles blogueuses urbaines. Ces pages perso aux pseudos chics sont devenues au fil des années des mini-leaders d’opinion qui en un post peuvent influencer. Zut ! a déniché deux blogueuses strasbourgeoises : Wafa’s blog et Tinky Minky, jeunes, fraîches et mordantes, postent des billets qui nous font fondre. Rencontre.

Wafa’s blog Tribune libre d’une fille

Tinky Minky Rien que la mode…

Qui ?

Qui ?

Blogging style

Blogging style

Wafa, 35 ans, assistante commerciale pour un quotidien régional (ah oui lequel ?). Future maman et grande amoureuse des tendances : mode, beauté, couple, société, maternité sont autant de sujets qu’elle explore au fil de ses billets.

Wafa’s Blog a ouvert en mars 2007. Il compte en moyenne 1000 visiteurs par jour et une vingtaine de commentaires par post. Elle l’alimente une à deux fois par semaine selon ses inspirations et son temps. Le profil de ses lectrices varie en fonction des thèmes abordés, notamment quand elle parle bébé comme dans son billet sur le mythe de la Wonder maman ! « Ce qui m’inspire pour écrire, c’est ma vie en général ! Tous les sujets qui me touchent peuvent faire l’objet d’un post : une discussion entre copines, un débat de société, une actu, un voyage, mes coups de cœur fringues », affirme Wafa. « J’écris aussi beaucoup en réaction à ce que j’ai pu lire sur d’autres blogs », car la blogueuse passe son temps à lire la prose de ses consœurs, ainsi va l’univers impitoyable de la blogosphère !

Must-have de la saison

« La cuissarde, le hit le plus emblématique et le plus osé du moment, mais de là à franchir le pas, rien n’est moins sûre ! »

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Les marques qui investissent le mur de Wafa pour des promos 100% bons plans à Strasbourg : New Look et Gap le font régulièrement. Pour cela, il suffit d’imprimer l’offre pour avoir des réductions en magasin. On y court. www.wafasblog.com

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Charlotte, alias Tinky Minky 22 ans, vendeuse chez The Kooples. Moins attirée par l’écriture que par les photos et armée de son numérique, elle se prend sous toutes les coutures pour nous faire découvrir ses nouvelles trouvailles de fashionista.

Tinky Minky, pseudo tout droit sorti du livre Gossip girl (c’est le nom du chat de Blair !), s’est ajouté à la blogosphère mode en septembre 2007. Elu blog du mois par le magazine Cosmopolitan en juin dernier, Tinky Minky attire chaque jour près de 4 000 visiteurs et comptabilise une quarantaine de commentaires à chaque nouveau billet posté, environ tous les deux jours. « J’aime faire partager ce que je trouve. Je peux passer des heures à chercher dans les boutiques pour enfin dénicher Le modèle qu’il me faut ! J’en profite alors pour donner mes bons plans et récolter les avis des lectrices », confie Charlotte. « Les styles que je propose sont simples et casual, j’y ajoute une petite touche plus rock et totalement perso. »

Must-have de la saison

« La mini en cuir et la chemise de bûcheron resteront des classiques pour encore un bout de temps ! »

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Les créations que Charlotte imagine avec sa mère, couturière modéliste, sous l’appellation Nacha. Cette collaboration mère-fille donne des pièces tendances et stylisées vendues en ligne à prix tout doux ! www.tinkyminky.com www.nacha-creation.com


by L’Art de vivre votre décorateur

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Chronique // #03 Au BON PARFUM

Par Sylvia Dubost // Visuel Lætitia Gorsy

L’HEURE FAUVE

HOMMAGE au MUSC Le musc est l’une des matières les plus fascinantes de la parfumerie, chargée de fantasmes, d’histoire et d’interdits. Complexe, ambiguë, sale et innocente, animale à faire rougir les plus prudes et bondir les hygiénistes, elle m’a toujours évoqué la figure de l’odalisque, cette esclave vierge des harems ottomans qui a tant inspiré l’occident pictural du XIXe siècle. Un corps blanc et rond alangui sur une fourrure sombre. L’odeur d’un chaton ou d’un fauve, d’une peau chaude légèrement imprégnée de sueur. D’un bouc mal lavé, diront ceux qui ne peuvent s’y accommoder… Le musc est sexuel, excrémentiel, suave, lumineux, voire légèrement fleuri. Si l’aspect animal m’a toujours, et de loin, plus intéressé que le côté propret, force est de constater qu’entre parfums dit « musqués », c’est parfois le grand écart… Mais alors, qu’est-ce que le musc ? Même s’il en existe différentes espèces aux qualités variables, une rose reste une rose. Or, il existe aujourd’hui des muscs, fruits de l’évolution parallèle de l’histoire de la parfumerie et de notre civilisation, qui après moult va-et-vient, on fini par créer le « musc propre ». Une aberration… Il n’en existait à l’origine qu’un seul, produit en période de rut par le chevrotin mâle des montagnes d’Asie. L’Occident en a longtemps raffolé, comme d’ailleurs d’autres odeurs d’origine animale, et les exhortations de Saint Jérôme à la fin du 4e siècle n’y ont rien changé. Vers le milieu du XVIIIe, assimilées à des substances putrides, les matières animales font l’objet d’un anathème médical. Par ailleurs entaché d’immoralité, on lui préfère alors les senteurs végétales et délicates des eaux de Cologne. Le XIXe, plus libertin que ne le laissent imaginer ses dehors corsetés, le dissimule au fond des parfums, qu’il réchauffe tout en en accentuant leur ténacité et leur sillage. Ainsi caché, il devient un élément indispensable de la parfumerie moderne, survivant à l’obsession de propreté d’un XXe siècle qui nie l’animalité du corps et développe ce qu’on appelle les muscs blancs, dont il charge les lessives mais qui au contact du corps exhalent cependant une sensualité certaine et clandestine. Interdit notamment par souci de protéger le bouc porte-musc, le musc animal est synthétisé depuis la fin du XIXe siècle. Depuis une

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vingtaine d’années, certaines marques de niche lui font à nouveau jouer le premier rôle dans des créations à ne pas mettre en toutes les narines… Éclairante histoire en tout cas que celle de cette matière symbolisant le combat entre pulsion et raison, fantasmes et codes sociaux. Dès lors, porter du musc ne peut plus être un acte anodin.

LES PLUS BEAUX MUSCS

(liste non exhaustive et parfaitement subjective)

Muscs Koublaï Khan, Serge Lutens (1998) : le plus animal et violent, qui finit, au fil d’une évolution magistrale, par ronronner comme un chat. www.sergelutens.com Musc ravageur, Maurice Roucel aux éd. Frédéric Malle (2000) : à la fois bestial et gourmand, un musc beignet-cannelle bien beurré. À l’institut du Parc. Original Musk, Kiehl’s (1963): plus fleuri que le Lutens, une animalité rare dans la parfumerie américaine. À la boutique Kiehl’s. Bois et Musc, Serge Lutens (2005) : déclinaison de Féminité du bois, le musc enroule le cèdre de douceur et de suavité. www.sergelutens.com Fleur poudrée de musc, Les Néréides : un petit côté rétro pour un musc des plus puissants. www.olivolga.com Clair de musc, Serge Lutens (2003) : très beau musc blanc, propre et fleuri mais à l’évolution charnelle. White Musk, The Body Shop (1981) : une construction très similaire au précédent pour un prix bien plus modique. Préférer la version huile de parfum, sublime. Muschio oro, Santa Maria Novella : un musc blanc lumineux, doux, propre, un peu gourmand… un bonheur. Chez Amin Kader à Paris.


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Déco

Par Myriam Commot-Delon // Photos Alexis Delon / Preview

« Les matériaux de l’urbanisme sont le soleil, les arbres, le ciel, l’acier, le ciment, dans cet ordre hiérarchique et indissolublement. » Le Corbusier

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C’est une maison en béton à la toiture plate, blottie contre ses sœurs : une drôle de famille architecturale aux silhouettes clonées et anachroniques dans un paysage traditionnel alsacien aux toits pentus. Une ambiance très « faux jumeaux » règne ici. Ajoutez à cela un nom très au-delà (de tout) : une « Intrama » et vous avez un OVNI architectural au sein d’une nuée de colombes (-ages). Mais un retour en arrière s’impose : en 1967, un vent d’avantgarde a soufflé sur la colline d’Oberhausbergen pour atterrir sur le Kochersberg. Max Mayerl, un promoteur autrichien installé en Alsace et propriétaire d’une usine de plaques de béton à la Meinau convainc des financiers de l’aider à construire un lotissement « à l’image de ceux qu’il avait vus en Arizona… » Mais à 10 kilomètres à l’ouest de Strasbourg, à Dingsheim, dans ce qui étaient à l’époque… des champs à perte de vue.

Son architecte, M. Présenté, ancien collaborateur de Le Corbusier, guidé par la démarche visionnaire du maître, a déjà réalisé quelques maisons de ce type à la Grande-Motte. Ensemble, Ils vont donner naissance à une cité radieuse au cœur de la campagne alsacienne. Chaque pavillon est axé autour d’un bloc technique pré-assemblé, regroupant toilettes et salle de bain (déjà carrelée et équipée), prêt à être relié aux canalisations. Des cloisons en béton sont installées en périphérie, ni charpente, ni fondations, des jardins sans clôtures, une cuve de fioul commune… Cette rapidité de mise en œuvre, ce souffle communautaire et cet esprit pavillonnaire à l’américaine ne pouvaient que séduire de jeunes cadres avec enfants à la recherche d’une nouvelle façon d’habiter.

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Page de gauche

Atelier de Catherine Gangloff Vue de l’atelier, compositions en cours Page de droite

Atelier de Michel Dejean Bureau vintage, CM 141 de Pierre Paulin (1954) Fauteuil 675 de Robin Day (1955) Meuble bicolore, 1950 Réedition du bureau disponible chez www.ligneroset.fr


Déco

« L’architecte a été plasticien ; il a discipliné les revendications utilitaires en vertu d’un but plastique qu’il poursuivait ; il a composé. » Le Corbusier Retour en 2009, les rues se nomment toujours rue du Modulor, Firminy… Des architectes, plasticiens ou amoureux de l’architecture du fada y sont installés et perpétuent l’âme pionnière du « lotissement », parasitée par certains pavillons qui ont subit moult modifications malheureuses. Mais face à celui de Catherine Gangloff et Michel Dejean, le sourire revient avec la certitude qu’habiter une « Intrama », quatre décennies plus tard, est une entreprise passionnante. La façade ornée de pâtes de verre bicolores est semblable à l’origine, la lourde porte en béton sur son axe décentré restée à l’identique. Un bassin en béton s’inscrit discrètement sur sa droite et le regard s’amuse de la concordance des tons de la fresque avec les carpes et les poissons rouges qui y glissent silencieusement. Passé le seuil, on découvre l’intimité du patio ouvert sur le salon et la cuisine. Le mobilier oscille entre pièces contemporaines et vintage des années 50 et 60. Plasticiens tous les deux, ils ont construit en contrebas de la maison, deux ateliers communicants et bénéficient chacun de larges baies vitrées donnant sur le jardin. Mais si construire une extension pour accueillir leur travail était incontournable, le faire au détriment d’une partie de la maison était impensable ! Le toit plat fait donc office de terrasse aux pièces arrière qui regroupent chambres et bureau et la vue restée fidèle à celle d’origine. Arbres et sculptures rythment le jardin avec au fond une cabane transformée en chambre d’été et, plus imposant, mais discrètement enfoui dans la végétation, un autre atelier construit pour leur permettre de stocker matériaux et grands formats. Puis le regard s‘évade de part et d’autre, on note les clôtures quasi absentes des jardins voisins… Et finalement on se dit que l’esprit communautaire du début n’était finalement pas si utopique que cela.

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À voir : Deux sculptures parmi les trente de la Route de l’art contemporain en Alsace www.ceaac.org - Catherine Gangloff, À fleur d’eau, 2004, sculptures en aluminium thermolaqué Plan d’eau du Pôle européen de l’Entreprise à Schiltigheim - Michel Dejean, La caravane passe, 1995, Bronze entre Stutzheim et Offenheim Deux monographies sont éditées par Lire Objet Michel Dejean, Propositions et Catherine Gangloff, Dé(s)équilibres Contact : dejean@estvideo.fr

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BEAUTÉ

Coiffirst Coiffeurs de la vie moderne Par Nicolas Léger // Photos DR

un nouveau salon coiffirst a ouvert ses portes à strasbourg, à l’entrée d’un parking… et l’effet de surprise ne s’arrête pas là : les lustres, le gris strié de noir, des bouleaux et la douce lueur des lumières plongent le visiteur dans une atmosphère de conte de fée. c’est dans ce cadre que nous avons rencontré eric pfalzgraf, créateur de la marque…

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UNE AFFAIRE DE FAMILLE

DE L’ÉLÉGANCE DU DÉTAIL

Le regard clair d’Eric Pfalzgraf, à la fois serein et pétillant, laisse entrevoir un homme accompli et en perpétuelle recherche de nouveauté. Créateur de dizaines de salons à travers le monde, il n’en perd pas pour autant le sens des réalités. Coiffirst créée il y a 20 ans est l’objet de sa passion : « C’est une marque, un esprit débute t-il, mais c’est avant tout une grande famille. » Son rêve n’a pas été de voir son nom sur les frontons de salons à travers le monde comme nombre de ses prédécesseurs ou amis coiffeurs : « l’intérêt est que chacun se fasse un prénom au sein de la famille. » Le souci de toujours singulariser, nuancer, individualiser, est constitutif de cette grande maison de coiffure. Coiffirst propose, en effet, des prestations et des cadres divers : de la coupe en salon à la prise en charge en cabine privée. On comprend très vite au cours de l’entretien que cette réussite repose sur une éthique solide. L’écoute de l’autre est au cœur d’une philosophie qui permet de construire une aventure à plusieurs et d’aller au devant de femmes toujours plus exigeantes et inventives. Et puis, il y a cet amour de la beauté et de la féminité, guide permanent d’Eric Pfalzgraf dans ses choix. Ainsi, le cinéma et ses icônes passionnent cet esthète, qui est lui-même coproducteur de films. Le film de ses rêves ? « Un film sur le ”défi du miroir” auquel est confrontée la femme moderne. J’ai coiffé toutes les femmes : des mannequins, des aveugles qui me faisaient le sketch de la coloration trop foncée, des femmes fortes, de jeunes femmes anorexiques de la maison de Solène… » L’admiration de cet homme pour la force de la femme moderne est à la hauteur de l’attention qu’il leur porte.

Le miroir, la beauté, les femmes, la modernité : autant de thématiques baudelairiennes qui émaillent le propos d’Eric et nous ont invité à l’interroger sur son rapport à Paris, ville du glamour par excellence… Car c’est bien pour coiffer les Parisiennes et se frotter aux coiffeurs de renom qu’il a quitté Strasbourg : « la femme de Saint-Germain a toujours été mon égérie : elle est libre, indépendante, avec toujours une longueur d’avance. » On imagine alors sa fierté lors de la récente ouverture d’un salon dans les anciens Bains Douches de Saint-Germain sur une surface de plus de 1000 m² ! Surtout lorsque l’on songe que les étés de sa jeunesse, il s’occupait de la chevelure des femmes de St Tropez, pieds nus, dans une petite paillotte dont le luxe premier était de n’y avoir jamais à passer le balai... Eric se plait aujourd’hui à souligner que « les femmes ne veulent plus à proprement parler de coupe. Elles désirent avant tout qu’on les embellisse. » Cette beauté se mérite, elle résulte d’une écoute de soi : « Aux plaisirs immédiats que sont l’alcool, le tabac, je préfère ceux qu’on associe à un corps sain, au résultat d’une volonté… » Quoiqu’il en soit, la beauté émane toujours de la discrétion, du détail… La similarité avec les grands palaces, dont le créateur a su aussi tirer de solides enseignements, est évidente. Cette sobriété, cette élégance émanent dans chacun des salons Coiffirst, se voulant à chaque fois des lieux singuliers. Aujourd’hui, la maison peut revendiquer six salons à Paris et sept adresses à l’international, au Japon, ou encore à New York ! Eric n’en a pas pour autant oublié Strasbourg, ville de ses débuts, où l’on peut compter pas moins de quatre salons : « C’est en se déracinant que l’on retrouve l’amour de ses racines », nous ditil avec le sourire. Ces collaborateurs et amis strasbourgeois, les plus anciens, sont encore à ses côtés pour sa plus grande joie. C’est d’ailleurs un strasbourgeois, Laurent, qui est à l’origine de l’ouverture de Coiffirst à l’international : « Laurent m’a proposé d’ouvrir un salon Coiffirst à Kourou en Guyane. Je l’ai suivi sans hésiter ! » La fidélité et la confiance ont été payantes puisqu’Eric peut souligner malicieusement : « Maintenant en Guyane, il y a Ariane et nous ! » Clarisse, une Strasbourgeoise là aussi, a été quant à elle, à l’initiative du développement du service de coiffure à domicile. Des prénoms, donc, qui sont les acteurs dynamiques d’une aventure qui semble sans limite. Désormais, Coiffirst compte plus de 400 employés et le monde en est le terrain de jeu…

Les salons Coiffirst à Strasbourg :

FIRST TIMES…

3, rue du Vieux Marché aux Poissons - 03 88 32 04 88 F1RST Floor VIP – 03 88 32 85 38 24-26, rue du Fossé des Tanneurs – 03 88 76 03 61 15, rue d’Austerlitz – 03 88 37 10 27 6, rue Frédéric Piton – 03 88 22 42 22 Coiffure à domicile – 03 88 37 12 12

1989: création de la marque Coiffirst 1999: ouverture du premier salon à l’étranger à Kourou en Guyane 2000: Coiffirst compte plus de 200 collaborateurs 2005: inauguration du salon de St Germain-des-Près 2006: Coiffirst a son salon sur les Champs Elysées 2007: ouverture d’un salon à New York www.coiffirst.com

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Fermé samedi midi, dimanche et jours fériés 29, rue Mélanie - 67000 Strasbourg-Robertsau Tél. 03 88 31 38 10 - Fax 03 88 45 48 66 Salon séparé jusqu’à 35 personnes

̏ Bistrot de l’année ! ̋ Pudlo Alsace 2010

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COMMUNICATION

Par Fabien Texier // Photos Alexis Delon / Preview

The Big Family non loin de l’Istituto Italiano DI CULTURA. Des locaux encombrés de jouets, une petite famille qui se fait plaisir. Portrait et règle de 3 d’une agence de com’, fondée par Damien Ligier et Laurent Colin, qui REcherche l’esprit d’Apple plutôt que celui d’Havas.

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3 playlists :

Photo : Troyt Coburn / David LaChapelle / Spencer Tunick Artistes: Niki de Saint Phalle / Damien Hirst / Takashi Murakami Bande dessinée : Lucille, Ludovic Debeurme, Futuropolis / Jimmy Corrigan, Chris Ware, Delcourt / Chepukha Vol.5, fanzine russe, sélction BD alternative 2009 du FIBD d’Angoulême

C’est au rez-de-chaussée, un appart’ derrière le Palais U ; entre L’Istituto Italiano di Cultura et les confrères de V.O. Dans une petite cuisine deux pièces, des plus ou moins trentenaires, taquinent le clavier sur les plateaux de verre de leurs bureaux. Pas mal de bouquins de graphisme, des lettres géantes d’enseignes « A-R-T », beaucoup de tableaux, on reconnaît notamment ceux, à la Combas, de Damien Ligier. Ce dernier s’est octroyé une pièce à lui tout seul, mais peuplée de plusieurs centaines de robots de toutes tailles. Derrière, une petite salle de réunion, et une porte donnant sur la cour herbue où vont paître les fumeurs. Lui donne-t-on du « gérant » ou du « directeur » et Damien Ligier se réfugie derrière un sourire navré qui évoque Alan Rickman, succulent méchant de Piège de cristal, Robin des Bois version Costner ou, plus kitsch, Harry Potter. « Ce serait vraiment triste, je suis surtout directeur artistique. » Les tâches de gestion, oui, il y en a, mais elles sont partagées, et The Big Family ne se voit pas comme une entreprise classique. Cela tient peut-être à son histoire qui commence en 1995 par celle de deux indépendants ; Damien, graphiste/DA issu des Arts Décos en tandem avec Laurent Colin, concepteur-rédacteur formé à la publicité/marketing. Des motivations anciennes et similaires : faire de l’image pour l’un, vivre de l’écriture pour l’autre ; « Pour cela, il n’y a pas tant de possibilités : le journalisme ou la pub » note Laurent. Même si Damien espère le voir un jour publier quelque chose de plus personnel ! Tous deux ont travaillé pour les grosses agences de l’époque et en ont tiré des conclusions semblables : reprendre le pouvoir sur les commerciaux pour favoriser un lien direct entre les clients et les créatifs. Deux autres graphistes indépendants les rejoignent et, petit à petit, la création d’une société devient inévitable pour simplifier la rétribution de chacun. Elle verra le jour en 2003. Aujourd’hui, ils sont neuf, très prochainement dix, outre les fondateurs susmentionnés : Nathalie Ortschied (administration), Julien Bourguignon (graphisme), Melinda Julienne (graphisme/ illustration), Amélie Flaire (suivi commercial), Coralie Cottereau (graphisme) et Ludovic Fleury (web). Ici pas d’exé, tous les graphistes sont également DA et après les propositions initiales qui concernent chacun, on gère son client de A à Z avec l’aide d’Amélie : « Je sers plutôt de catalyseur, afin de préciser les besoins sans fermer les portes. » Leur manière de fonctionner surprend d’ailleurs parfois les nouveaux clients : « Mais vous êtes des hippies ! » ont-ils ainsi pu s’entendre dire. C’est vrai que la Famille a parfois d’étranges mœurs :

le travail pour un nouveau client potentiel doit être approuvé par toute l’équipe. « Avec cette agence, le but était de se faire plaisir, de refuser ce qu’on ne voulait pas, comme les catalogues de la grande distribution. » Pour autant, aucun domaine, aucun type de client particulier n’est recherché. Dans le passé plus concentré sur les institutionnels, le portefeuille s’équilibre aujourd’hui à 5050 avec les industriels… Alors que l’équipe ne devrait plus grossir davantage, Damien nous assure qu’il n’y a pas là de limitation quant à l’acceptation de contrats avec de très gros clients. « Avec Puma, nous avons récupéré le budget d’une très grosse agence, beaucoup d’image, des catalogues à réaliser en très peu de mois, mais on y est arrivé en impliquant tout le monde dessus. » Côté événementiel, ce sont surtout des concepts qui sont mis en place pour les clients. On aura bientôt une petite idée de leur savoir-faire en la matière puisque après un Déjeuner sur l’herbe mêlant art et gastronomie, The Big Family envisage une autre com’party où l’on retrouverait les photos urbaines de Mabouty d’ici la fin de l’année. « Nous n’avons pas de supports de prédilection, Internet, papier, signalétique, street marketing… Ce qui nous intéresse, c’est plutôt de trouver une solution unique et propre à chaque client, qui ne conviendrait pas, par exemple, à son plus proche concurrent. » Y compris des objets dérivés, réalisés par des artistes à l’époque de La Tribu, une prometteuse déclinaison de The Big Family qui a dû cesser son activité faute de temps à y consacrer. Un petit regret, mais toujours du neuf en perspective pour cette agence qui se réjouit de la diversité, puisqu’elle installe une structure légère à Lyon où elle a déjà quelques clients. Quant à Laurent Colin, il a d’ores et déjà envahi le Sud puisqu’il a installé à Montpellier un micro bureau de l’agence. « En fait, déjà à Strasbourg, il a fini par retourner travailler chez lui pour pouvoir se concentrer, il ne supportait plus le bruit que nous faisions ! » www.bigfamily.fr

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ÉLECTRICITÉ

GAZ

TÉLÉVISION

INTERNET

TÉLÉPHONE L’A S S O C I AT I O N

D E S

A M I S

D E

L’ E N G E E S

L’ECOLE NATIONALE DU GÉNIE DE L’EAU ET DE L’ENVIRONNEMENT DE STRASBOURG

Une hot line à Colmar et pas à l’autre bout du monde

L’or bleu,

Découvrez les Étoiles d’Alsace qui regroupent les plus grandes tables de la région, des winstubs figurant parmi les meilleures et des maîtres artisans dont certains sont distingués du titre de Meilleur Ouvrier de France.

sang de la Terre

C’est bien, parce qu’on est

Blue gold, blood of the earth

voisins ...

03 89 24 60 40

www.calixo.net

3

3 prestations :

Vialis

Étoiles d’Alsace

ÉNGEES École Nationale du Génie de l’Eau

C’est une société de Colmar qui propose câble, internet, électricité, gaz, éclairage, signalisation… Les clients potentiels doivent percevoir les "plus" liés à la proximité d’un opérateur comme Vialis. Il est plus facile de parler à quelqu’un à côté de chez vous qu’à une plate-forme téléphonique installée sur un autre continent !

Il s’agit de créer l’image de trente restaurants et artisans (Le Buerehiesel, le Cerf, le Crocodile, Pâtisserie Kubler, etc.) en Alsace qui se sont fédérés. C’est très agréable de travailler sur des projets différents les uns des autres avec un contact très sympathique. Nous travaillons notamment sur un guide qui s’intéresse aussi aux alentours touristiques des établissements, à un site et sur les formules de découverte proposées aux juniors et aux seniors. Nous avons choisi de faire appel à Nis & For, deux photographes qui bousculent la photo culinaire : ils poussent les portes des cuisines, intègrent la vie dans leurs mises en scène.

C’est un livre anniversaire où le client aurait pu envisager une présentation de l’ÉNGEES avec des cascades, des petits poissons et des trucs-vus-du-ciel mais ils voulaient un ton. Nous avons eu une grande liberté et nous avons creusé le thème de l’eau en général avec un photographe avec qui nous travaillons parfois et dont j’apprécie les travaux personnels : Dorian Rollin. Anne Herriot a signé des textes autour de grandes thématiques, éclairés par des témoignages d’anciens élèves de l’ÉNGEES qui font part de leur expérience personnelle dans ces domaines.

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et de l’Environnement Strasbourg


(SBOE±SVF 4USBTCPVSH UnM


SORTIES

Insom Par Emmanuel Abela & Caroline Lévy // photos Laetitia Gorsy

Le début des feuilles mortes est souvent synonyme de dernières terrasses, du dernier brin de soleil avant de s’enfermer…Oui, mais quand les lieux valent le détour, nous sommes prêts à affronter l’hiver sans sourciller ! Rencontre avec les maîtres de la nuit, qui font le plaisir des noctambules strasbourgeois. Ouvert depuis avril, L’Entrepôt se positionne comme l’un des hauts lieux de la nuit strasbourgeoise. Rencontre avec Philippe Diebold, DJ et programmateur musical. Pour le croiser depuis quelques années, on sait l’affection qu’exprime Philippe Diebold pour les musiques électroniques. Ce n’est pas un hasard si on le retrouve associé à Ali Hamanache (ex-Passerelle) et Gilles Moerkel (Cornichon Masqué, et ex-Living Room) dans l’aventure nocturne de L’Entrepôt. La programmation joue la carte de l’ouverture d’esprit. « Nous accueillons aussi bien des DJs qui se produisent dans les plus grandes boîtes européennes comme Nikky Belucci – la DJette star hongroise, ndlr – que des DJs tek house ou house minimale, comme Metric, un DJ originaire de Dallas. » Le public peut-il être déconcerté par cette diversité ? « À L’Entrepôt, l’envie de découverte est là ! Un lieu comme le nôtre suggère une forme de curiosité pour des sons nouveaux. On propose au public de danser différemment de la veille. » En tant que DJ – « Depuis pas mal d’années ! », s’empresse-t-il de rajouter –, quand Philippe prend lui-même les platines, que mixe-t-il ? « Je dois avouer que tout ce qui est cold-wave, l’indus et l’electronic body music de l’époque continue de m’inspirer beaucoup dans les remix que je choisis, et en même temps, je me suis ouvert à la house music,

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celle qui vient des Etats-Unis, de Chicago : une house black, gospel, d’inspiration disco. » Après, est-ce si aisé de mener de front une activité professionnelle de DA dans une agence de com et de programmateur musical à L’Entrepôt ? « C’est intense, et en même temps c’est de la direction artistique des deux côtés, que ça soit en “créa” programmation musicale ou en gestion d’un lieu. Mais il n’y a pas de secret : il faut se reposer beaucoup le samedi dans l’aprèsmidi, le dimanche toute la journée, et tenir la semaine… » (E.A.) L’Entrepôt 27, faubourg de Saverne - 03 88 10 91 82 Les vendredi et samedi, 18h00-04h00 > Le 31 octobre, DJ-set de Nikky Belucci


« Quand je serai grand, j’aurai une discothèque ! » clamait Franck Meunier enfant. Il ne s’était pas trompé, car il est aujourd’hui à la tête de cinq lieux à Strasbourg. Découverte d’un personnage phare qui illumine la nuit… S’il n’est pas tombé dedans quand il était tout petit, Franck Meunier, en avait pourtant rêvé. Aujourd’hui surnommé à juste titre « l’homme de la nuit », il est l’heureux propriétaire de cinq établissements qui rythment nos nuits strasbourgeoises : la Java, les Aviateurs, le Rafiot, l’Atlantico et l’ancien Hippocampe, bientôt rebaptisé. Le secret de réussite de ces lieux pour noctambules avertis ? Ne pas dénaturer les établissements d’origine, conserver leur identité tout en les faisant évoluer. C’est ainsi que depuis 2002, Franck a investi dans des endroits mythiques, comme la Java et les Aviateurs, véritables institutions depuis plus de vingt ans. « À l’époque, il n’y avait que ces deux bars pour faire la fête à Strasbourg, aujourd’hui, on essaie de conserver cette ambiance qu’on ne retrouve pas forcément ailleurs. Ils ont une clientèle différente mais un état d’esprit similaire, on ne vient pas pour être vu ! » Son but, développer des établissements qui ne se fassent pas concurrence pour toucher tous les publics. En rachetant successivement le Rafiot et l’Atlantico en 2006, le quai des Pêcheurs a retrouvé de sa superbe et a redonné une toute nouvelle

impulsion à ses péniches de légende. Le premier, avec son concept « Strasbourg-Plage sans la plage » fait transats combles dès l’arrivée des beaux jours, pour laisser place à une programmation musicale électro pointue dans son club en soirée. Le second, bar de jour qui se veut plus populaire, attire une clientèle bobo dans un cadre convivial et accueillera début 2010 comme nouveau voisin, la nouvelle version de l’Hippocampe ! Si Franck Meunier transforme chacun de ses lieux en incontournables de la nuit, c’est sans compter le soutien de la Municipalité « Il faut savoir que Strasbourg est une des seules villes à avoir l’autorisation de fermeture à 4h du matin. Il y a une vraie volonté chez nos élus de faire bouger les choses, car on ne peut pas prétendre à être une ville européenne sans avoir de vie nocturne. » (C.L.) Les Aviateurs 12, rue des Sœurs - 03 88 36 52 69 La Java 6, rue du Faisan - 03 88 36 34 88 Le Rafiot Quai des Pêcheurs - 03 88 36 36 16 L’Atlantico Quai des Pêcheurs - 03 88 35 77 81

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GASTRONOMIE

Par Catherine Schickel // Photo Christophe Urbain

LE Buerehiesel, DE PÈRE EN FILS En 2007, Eric Westermann, fils d’Antoine, reprend le Buerehiesel. Il rend alors au Michelin les trois étoiles de la plus prestigieuse des tables strasbourgeoises. Un an plus tard, le jeune chef récupère déjà un macaron. Sur la table, l’argenterie a disparu, mais dans l’assiette, c’est encore et toujours un travail d’orfèvre !

« Croyez-moi ou non, le soir où j’appris que j’avais une étoile Michelin, j’ai broyé du noir ! » À 34 ans, Eric Westermann est le nouveau chef d’une véritable institution de la gastronomie, le Buerehiesel. Mais il n’est pas le genre d’homme à se laisser impressionner par le prestige. Il croise les grands de ce monde… « Oui et alors », nous rétorque-t-il avec simplicité, « ce sont des clients comme les autres, ils viennent pour bien manger ». Ce qui prévaut pour Eric, c’est que « la table soit un moment de plaisir ». Ce qu’il s’emploie à faire depuis son arrivée. Une table moins chère, plus décontractée, qu’à l’époque du trois étoiles de papa mais avec la même exigence de qualité en cuisine. Le nez en cuisine dès son plus jeune âge… La gastronomie, Éric est tombé dedans étant petit. Jusqu’à ses douze ans, il habite au-dessus du restaurant familial, ayant pour jardin le parc de l’Orangerie. Une ferme du XVIIe siècle, remontée pièce par pièce dans le parc en 1895 pour l’Exposition Universelle que ses

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parents rachetèrent en 1970. Au fil des ans, Antoine et Viviane Westermann firent de cette vieille ferme un des restaurants les plus étoilés de la région. Sans pour autant manger du foie gras tous les jours, Éric avoue qu’il n’a pas connu l’existence du surgelé lorsqu’il était enfant : « Étudiant, j’ai découvert les crêpes farcies surgelées, en mangeant chez des copines. Je ne savais pas que ça existait ! » Un grand-père boulanger, un papa chef étoilé. Dans la famille Westermann, bien manger c’est essentiel. Un apprentissage aux quatre coins de la France Ses parents ne le forcent pas à s’orienter vers les métiers de la restauration. Éric fait un bac général, « je n’étais pas encore fixé », précise-t-il. Il se décide ensuite pour un BTS au lycée hôtelier d’Illkirch. Suivent plusieurs stages et formations qui lui apprennent « la pratique et la recherche constante de la qualité du produit ».


À l’Hôtel du Palais à Biarritz, au Crillon à Paris auprès de Christian Constant. « J’ai eu la chance d’avoir des expériences dans des établissements très différents. » En Bretagne, à la Roche-Bernard, auprès de Christian Thorel, « en toute petite équipe » ou « dans une grosse maison comme chez Jacques Lameloise en Bourgogne, trois étoiles ». Il fera aussi des stages dans la boucherie Richert de Lembach ou chez le boulanger Dorffer de Bischwiller. C’est auprès de tous ses maîtres, qu’il se forme à toutes les tâches de la cuisine « J’ai appris à dépecer un animal qui arrive en peau, à reconnaître un poisson fraîchement pêché, à faire du bon pain… » Le retour au bercail En 2001, retour dans les fourneaux de Papa. Pendant plusieurs mois, il exécute différentes tâches : « le responsable des entrées s’est cassé le genou en faisant du ski, je l’ai remplacé. Il y a eu à cette période des concours de circonstances qui ont fait que j’ai pu me faire la main à tous les postes de cuisine. » Six ans durant, le père et le fils travaillent en binôme. Jusqu’à ce qu’Antoine décide de passer la main en 2006, rendant ainsi toutes ses étoiles, ses toques et autres distinctions. En 2008, le Guide rouge si réputé honore déjà le jeune Éric d’un macaron. « Croyez-moi ou non, le soir où j’appris que j’avais une étoile Michelin, j’ai broyé du noir ! » En réalité, il s’inquiète de la réaction des fidèles : « Mes clients ne viendront peut-être plus à cause de cette notoriété, ils vont croire que les prix vont monter en flèche ».

Mobilier contemporain en teck

Le style d’Éric Au final, qu’est-ce qui a changé au Buerehiesel ? « Il n’y a plus d’argenterie sur la table, plus de dorures sur la porcelaine, moins d’amuse-bouches. » Par contre dans l’assiette, Éric perpétue l’esprit Westermann : « Aller à l’essentiel, créer des expériences gustatives uniques où le produit reste roi ». L’excellence des matières premières, l’hommage aux produits du terroir, c’est la cuisine des Westermann, de père en fils. « J’ai voulu enlever les chichis pour redonner une juste valeur à ce qui est dans l’assiette. » La marque d’un homme pragmatique…

LE MENU AFFAIRES À 31 € Servi en semaine, le midi, le menu affaires est un exemple parlant de la baisse des prix au Buerehiesel. Il est composé de trois plats qui changent chaque jour, suivant les arrivages de saison. À ce prix-là, évidemment il ne faut pas s’attendre à avoir le homard de Bretagne en entrée. Éric Westermann choisit les produits pour leur fraîcheur, par exemple des maquereaux grillés à la plancha, tartine de rillette et jeunes poireaux en vinaigrette. Suivi ce jour-là par un quasi de veau Rhône-alpin rôti aux noisettes, légumes confits dans leur jus, lard paysan grillé. En dessert, moelleux au chocolat abinao, glace à la vanille Bourbon. À ce prix et dans ce cadre idéal, on aurait tort de bouder son plaisir ! Restaurant Buerehiesel du mardi au samedi, midi et soir Parc de l’Orangerie à Strasbourg 03 88 45 56 65 - www.buerehiesel.fr

06 03 54 71 45


GASTRONOMIE

Par Magali Fichter // Photo DR

LA VIGNETTE, EN TOUTE SIMPLICITE Plantée au beau milieu de la Robertsau, survivant aux modifications du quartier depuis un siècle et demi, La Vignette, ancienne épicerie-brasserie-menuiserie, est aujourd’hui un restaurant chaleureux, en dehors des modes, une « guinguette hors du temps », comme aime le dire la patronne, Danie Douadic.

C’est une petite maison de contes de fées, recouverte d’un lierre encore étonnamment vert pour ce début d’automne. « C’est bon signe, prédit Danie, cela signifie que nous allons avoir encore quelques belles soirées où les clients pourront profiter d’un repas en terrasse. » Après avoir notamment dirigé la brasserie Chez Yvonne, cette enfant du quartier a repris La Vignette en 2003. Elle n’en a pas fait un endroit « branché », comme elle le fait remarquer avec une certaine fierté. Ici, rien n’est compliqué. Le chef, Nicolas Remack, ancien de l’Auberge de l’Ill, propose une cuisine traditionnelle, bourgeoise, mâtinée de notes méridionales en été ; et en hiver, une carte réconfortante, avec de vrais plats de bistrot : tête de veau, civet de biche... Les plats stars ? Les rillettes de sardine à la

La Vignette Fermeture samedi midi / dimanche et jours fériés 78, route des Romains - 67200 Strasbourg / Wantzenau 03 88 28 99 52 - www.restaurantlavignette.fr

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moutarde et au romarin, ou la noix d’entrecôte en croûte de pain. Ajoutez à cela une très bonne cave de vins de pays et une atmosphère décontractée : « J’aime pouvoir accueillir à la fois l’ouvrier dans son bleu de travail qui commande une andouillette, le banquier en repas d’affaires et la bande de copines venue boire un verre en terrasse. » Les clients se connaissent presque tous et la proximité des institutions européennes donnent à l’établissement, certains soirs, des allures d’auberge espagnole. À l’intérieur, la décoration est rustique, authentique, et l’été, en plus de la terrasse, on peut profiter du petit patio, et manger sous la treille décorée de lampions multicolores. Un endroit pour les épicuriens, qui aiment la bonne table, sans chichis ni fioritures : la vraie élégance n’est pas ostentatoire.


Chronique // #02 L’APPÉTIT VIENT EN REGARDANT

Par Marc Paul // Illustration Laurence Bentz

Une chronique culinaire de Marc Paul, un peu d’histoire, des anecdotes, des conseils cuisine et des bons plans restaurants. Cette deuxième chronique est dédiée à la carotte. Tendre et savoureuse, la carotte est l’un des légumes les plus consommés en France. Mais, ce légume-racine, aux valeurs nutritionnelles reconnues, a mis du temps à conquérir les grandes tables. Histoire : La carotte est à la fois le nom de la plante potagère et celui de la racine que l’on consomme crue ou cuite. Elle serait originaire d’Asie Mineure, où elle poussait déjà à l’état sauvage il y a plus de 2 000 ans. Choisissez les carottes fraîches : d’une couleur intense, avec des feuilles vigoureuses et vertes quand elles sont vendues en botte avec leurs fanes. Conservez les carottes primeurs (plus fragiles) deux jours maximum dans le bac à légumes du réfrigérateur. Les autres peuvent se garder facilement une semaine au même endroit. Les carottes, légèrement grattées et blanchies trois minutes dans l’eau bouillante, supportent très bien la congélation. « On leur fend le cœur » Les grosses carottes entières ne cuisent pas facilement à cœur. Faute d’être un lapin, l’astuce consiste à inciser la carotte d’un coup de couteau transversal sur les 2/3 de sa longueur pour qu’elle demeure entière tout en étant uniformément cuite. Mais il est dommage de ne pas conserver un peu de tige aux carottes nouvelles. Alors, comment les faire cuire pour qu’elles ne se flétrissent pas ? Le truc consiste à les envelopper en botte dans du papier film, puis à les faire cuire à la verticale, pointe en bas, de manière à ce que les tiges ne soient pas immergées. L’astuce : n’épluchez pas vos carottes, mais grattez-les, elles vont garder toutes les vitamines. L’Adresse où l’on peut manger des carottes confites à l’huile d’olives et au romarin. À l’assiette du Vin, chez Philippe Roth, Fred en cuisine vous fera découvrir toutes les facéties d’une carotte confite cuisson sans eau, juste dans un bain d’huile d’olives avec sa réduction au romarin, un plat dantesque. L‘assiette du vin 5, rue de la Chaîne 03 88 32 00 92 – www.assietteduvin.fr

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GASTRONOMIE

Par Catherine Schickel // Photo Christophe Urbain

LE STRISSEL, HISTOIRE GOURMANDE On y mange, on y boit, depuis 1361. En reprenant Le Strissel, Jean-Louis de Valmigère hérite de la plus ancienne winstub de Strasbourg, un lieu chargé d’histoire, de saveurs et d’odeurs.

À l’angle de la place de la Grande Boucherie et de la rue du Vieil Hôpital, il est un endroit qui a traversé les âges : le Strissel. C’est le plus ancien restaurant de Strasbourg, mentionné dans les archives de la ville en 1361. Peut-être depuis cette année-là, peutêtre même avant, on ”ripaille” en ces murs. C’est tout de même impressionnant de penser à tous ces verres qui trinquent, à tous ces plats sortis des cuisines, à tous ces mots échangés. « Ah, toutes ces odeurs… et pas forcément, fameuses », rajoute Jean-Louis de Valmigère, propriétaire du restaurant depuis trois ans et passionné par l’histoire de cette demeure. Entre la Cathédrale et l’Ancienne Douane… « Imaginez-vous l’endroit au Moyen-Age. Nous sommes juste à côté des abattoirs et de ses eaux sales, de la douane, où toutes les marchandises qui arrivaient en ville étaient déchargées. Ça ne devait pas sentir bon ! » Les noms des rues alentour en témoignent encore : rue Dévidoir, rue des Cordiers, place de la Grande Boucherie. Nous sommes là véritablement au centre-ville : « Juste à côté, il y a la Cathédrale, encore en train de se construire, avec ses ouvriers qui descendent les rues. Sur la place d’à côté, le marché. Ici, ça grouillait de monde », dit-il en observant la rue depuis le restaurant.

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Le rendez-vous des corporations À cette époque, le restaurant s’appelle Zum dem Witterer (au Bélier). D’où la présence d’une tête de bélier sur la colonne à l’entrée. Il servait de lieu de réunion pour les corporations de commerçants. Dans la salle du premier étage, on peut encore admirer un coffrefort en métal du XVe siècle qui conservait les actes de ces rendezvous où les affaires se mêlaient au plaisir de la table. Que de noms d’oiseaux… Au XVIIe siècle, le lieu devient une brasserie, dont la bière est brassée sur place. Il prend le nom de « Zum Vogel » puis « À l’Autruche », sa version française, lorsqu’en 1681 Strasbourg est rattachée à la France de Louis XIV. En 1870, nouveau changement de nationalité : « À l’Autruche » est traduit par « Zuem Strissel ». Des multiples changements de nom qui symbolise bien l’histoire de l’Alsace. Un restaurant familial Au XVIIIe et XIXe siècle, ce sont quatre générations d’une même famille de brasseurs qui se succèdent, puis en 1920, les Shrodi en font une winstub. Jusqu’en 2006, date à laquelle la famille de Valmigère reprend la maison. Avec son fils Amaury, Jean-


Une bonne adresse pour la tarte flambée À la carte traditionnelle de la winstub (choucroute, wädele, tarte à l’oignon…) « tout fait-maison » tient à préciser son propriétaire, s’ajoute l’incontournable tarte flambée. Cuite sur une plaque de pierre, élaborée avec de la farine bio, elle met d’accord toute la tablée. Une originalité, la flammekueche à la truffe, au goût subtilement poivré. Jean-Louis de Valmigère, également propriétaire de la winstub Chez Yvonne et instigateur de Food Culture, entend bien faire du Strissel un lieu d’échange et de culture, « dans l’esprit des stammtisch. Chez Yvonne, j’organise souvent des rendez-vous littéraires en partenariat avec la Librairie Kléber, au Strissel, nous inaugurons une série d’expositions avec des artistes appréciés des Alsaciens : Spindler, Untereiner et Kuven », conclut-il. On y boira, on y mangera, on y discutera, comme depuis 1631, parce qu’il y a des choses qui ne changent pas… Surtout au Strissel. Restaurant Le Strissel Ouvert tous les jours 5, Place de la Grande Boucherie 03 88 32 14 73 www.strissel.fr

EXPOSITION DES MARQUETERIES SPINDLER

Visuel Jean-Louis de Valmigère

Louis de Valmigère veut perpétuer la tradition et faire revivre le Strissel pour qu’il devienne à nouveau le rendez-vous populaire des Strasbourgeois : « Beaucoup reviennent en me disant qu’ils venaient manger ici avec leurs parents. »

Jusqu’au 26 octobre, Jean-Charles Spindler expose au Strissel. Troisième génération d’une famille illustre dans la marqueterie d’art, il poursuit la tradition centenaire de l’entreprise. Il réalise avec des bois précieux des scènes pittoresques de la campagne alsacienne, mais développe aussi ses propres recherches : des triptyques au décor abstrait.

L’appellation Alsace Grand Cru couronne les joyaux du terroir d’Alsace ! Les 51 lieux-dits de l’appellation Alsace Grand Cru produisent des vins d’exception à partir des cépages Riesling, Pinot gris, Gewurztraminer… L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, CONSOMMEZ AVEC MODÉRATION


GASTRONOMIE

Par Magali Fichter // Photos Christophe Urbain

OLIVIER MEYER LE CHEF AMBULANT Après avoir expérimenté à peu près toutes les facettes de la profession, Olivier Meyer s’est aujourd’hui évadé des restaurants : c’est maintenant un chef en liberté, qui partage son temps entre cours de cuisine et haute gastronomie à domicile.

Le voyageur

Le cuisinier

« J’ai voulu taper large. » Cette petite phrase d’Olivier Meyer résume modestement un long et sinueux parcours jalonné de voyages à travers le monde, d’expériences diverses, de rencontres fécondes : Strasbourg, puis l’Angleterre, un « voyage initiatique » en Asie du Sud-Est, une brasserie bavaroise, à Munich, où il fait le service en salle pour « passer un peu de l’autre côté », une saison chez un apiculteur, puis Strasbourg à nouveau. Départ pour l’Irlande, retour, break d’un an – « J’en avais ras-le-bol de la cuisine... » – pour devenir fournisseur de fruits et légumes et, là encore, expérimenter l’envers du décor... Après une expérience dans l’enseignement qui lui fait découvrir le bonheur de montrer, de former, de faire découvrir, l’idée de « chef à domicile » lui vient enfin, comme une somme de toutes ces expériences. « J’avais envie d’indépendance, d’être libre, mobile, de ne pas toujours faire la même chose, d’avoir le temps. »

Le quotidien d’Olivier est varié. « Je peux faire des repas pour huit comme pour deux cent personnes, cela peut être de grands dîners dans des ambassades, des déjeuners d’affaires, des buffets, des cocktails, des repas de fête ou entre amis. Je propose un menu, en fonction de la saison, du prix, je m’adapte au goût du client, je cuisine dans mon laboratoire et je fais les finitions et le service chez lui.» Parallèlement, il décide de retrouver cet amour de la formation pure, artisanale, à la cuisine, et propose des cours à domicile, en s’adaptant à la demande. « Je viens chez les gens, je leur montre, ils cuisinent et on déguste ça ensemble. Il faut savoir jongler, s’adapter, être très créatif. J’essaye de leur prouver que bien manger ne signifie pas forcément une assiette triste. » À le voir tournicoter autour des fourneaux dans l’espace du magasin Bulthaup, travailler presque avec tendresse le poisson ou les légumes, goûter les petits rataillons restés sur le plan de travail, on cerne le personnage : Olivier Meyer cuisine et choisit avec patience, amour et perfectionnisme. « Mon but, ce n’est pas de faire des choses extrêmement compliquées. Je préfère avoir trois, quatre produits dans l’assiette, mis en valeur

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le mieux possible. » Il va souvent cueillir ses propres ingrédients, travaille parfois des mois à l’avance avec son maraîcher pour planter des semences de légumes rares, et privilégie le naturel et les petits producteurs.

L’esthète Il aime faire découvrir des choses nouvelles, étranges, méconnues, qu’il associe dans l’assiette à des éléments rassurants. « J’aime que ce soit festif, joyeux, coloré, j’accorde beaucoup d’importance au beau, autant qu’au bon. Dans ma façon d’accorder les couleurs, de dresser une assiette, je suis influencé par l’art contemporain, le design minimaliste. » Peintre à ses heures perdues, amoureux de l’art, il multiplie les collaborations et les rencontres : « J’ai travaillé, par exemple, sur des performances avec des designers. On peut rapprocher la cuisine du côté spectaculaire que peuvent avoir des installations artistiques. » Pourtant, quand on lui demande s’il se considère, lui, comme un artiste, il sourit, gêné : « Ca me fait plaisir quand on me le dit, mais il ne faut pas oublier que ça reste de la nourriture... C’est très français, ça, d’en faire toute une montagne. Moi, je récolte des produits, et je les mets en valeur, voilà... C’est de l’artisanat. » Contact : 06 23 57 81 12 www.cookwitholivier.com

Lieu de prises de vues : Bulthaup - La Cuisine 6a, quai Kellermann 67000 Strasbourg Tél. 03 88 37 59 72

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Ouvert tous les jours de 20h à 4h du matin www.les-aviateurs.com 12, rue des Sœurs - 67000 Strasbourg - Tél./Fax : 03 88 36 52 69

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