Automne / Hiver 2014
Bordeaux NumĂŠro 3 / Gratuit
Zut ! numéro 4 sortie printemps
Photo : Alexis Delon / Preview / www.preview-tm.fr Haut en soie imprimée fleurs et clés sur pantalon en Prince de Galles à boutons strassés Dolce & Gabbana, veste sans manches en fourrure écologique Prada. Sac unisexe et oversize en cuir bordeaux, fermeture zippée et bandoulière, Numero 10. Bottines Prada.
2015
Adrien Navarro
Bruno Chibane
Développement commercial adriennavarro@outlook.com 06 35 40 95 93
Direction de la rédaction & commercialisation bchibane@chicmedias.com 06 08 07 99 45
Emmanuel Abela Rédacteur en chef eabela@chicmedias.com 06 86 17 20 40
Myriam Commot-Delon Directrice artistique mode et tendances myrdelon@gmail.com 06 14 72 00 67
4 Zut ! Ours
contributeurs zut ! team Directeur de la publication & de la rédaction Bruno Chibane Rédacteur en chef Emmanuel Abela Directeur artistique brokism Directrice artistique mode et tendances Myriam Commot-Delon Responsable d’édition Sylvia Dubost
Rédacteurs Emmanuel Abela, Cécile Becker, Myriam Commot-Delon, Sylvia Dubost, Mélanie Duprat, Chloé Gaborit, Caroline Lévy, Adrien Navarro, Julien Pleis, Charlotte Saric, Philippe Schweyer, Claire Tourdot Design graphique brokism, Zelda Colombo
Crédits couverture Photographe Alexis Delon / Preview Réalisation Myriam Commot-Delon Mannequin Sara / Up Models Coiffeur Alexandre Lesmes Make-up Jacques Uzzardi avec les produits MAC Top et jupe Christian Wijnants. Lunettes Thierry Lasry. Studio photo / Preview 28, rue du Général de Gaulle 67205 Oberhausbergen 03 90 20 59 59 www.preview-tm.fr
Diffusion Zut ! Team
Stylistes Myriam Commot-Delon
Commercialisation & développement Bruno Chibane, Mélanie Duprat, Pierre Murard, Adrien Navarro
Photographes Alexis Delon / Preview, Émilie Dubrul, Cécile Lhermitte-Perrinet, Alexis Noquet, Julie Rey, Charlotte Saric, Christophe Urbain
Ce trimestriel est édité par Chic Médias 12, rue des Poules 67000 Strasbourg
Illustrateurs Laetitia Gorsy, Johanna Tagada Retouche numérique Emmanuel Van Hecke et Camille Vogeleisen / Preview Mannequin Sara / Up Models Aya et Sacha Coiffure Alexandre Lesmes / Avila Make-up Jacques Uzzardi
S.à.R.L. au capital de 25 000 euros Direction : Bruno Chibane Administration, gestion : Charles Combanaire Impression : Ott imprimeurs Parc d’activités « Les Pins » 67319 Wasselonne Cedex Tirage : 7500 exemplaires Dépôt légal : novembre 2014 SIRET : 50916928000021 ISSN : 1969-0789
Chic Médias Atlantique (société en création) zut.bordeaux@gmail.com Pierre Murard 159, rue Antonic 33320 Le Taillan Médoc zut.bordeaux@gmail.com Adrien Navarro 5, rue Delandre 33200 Bordeaux adriennavarro@outlook.com Mélanie Duprat 87, quai des Queyries 33100 Bordeaux melanie@friendly-agence.com
www.zut-magazine.com
La mode est un Je... Bordeaux - Nouvelle boutique - 27 rue des remparts 05 56 43 25 51 Biarritz 5 avenue Edouard VII 05 59 22 57 65 lilith.fr
6 Zut ! Sommaire
71 Lifestyle 72 DESIGN & DÉCO La sélection de la rentrée, pour habiller vos intérieurs.
21
74 DÉCO Claude de Boysson Rencontre avec la décoratrice d’intérieur, pilote de l’Agence Couleur et du magasin Nuovo, qui travaille la couleur tout en nuances mais avec audace.
Culture 8 éditorial
10 courrier des lecteurs
16 au bon parfum Sans filtre
14 Bordeaux vu par Anne-Sophie Annese, Nicolas Planchaud et Thibault Guiraudie, Cyrielle Thomas, Nathalie Dachary, Jo Brouillon.
23 BANDE DESSINÉE BDLAND Bordeaux, ville phare de la BD hexagonale. Rencontre avec François Ayroles & Lucie Durbiano, Guillaume Trouillard & les Éditions de la Cerise, Les Requins Marteaux et Cornélius. 36 CULTURE ZUT ! Les sélections de la rédaction.
41 Tendances 42 MODE Starter À moto ou sur un escalator, la mode démarre au quart de tour. 50 MODE & BIJOUX Corrélations Relations automnales entre peintres flamands, mode, objets et joaillerie. 54 MODE Heschung Success-story de la maison alsacienne, diffusée à Bordeaux, qui conçoit des souliers urbains pointus tout en restant très attachée à son savoir-faire. 60 ORBITE Les détails qui tuent Trois collections A/W 2014-15 qui nous mettent en émoi. 62 FLASH MOOD Up to date Beaucoup d’envies et de collections capsules, trendy et abordables.
Zut numéro 3
64 URBAN STYLES La fashion dans les streets de Bordeaux. 66 TENDANCES ZUT ! Les sélections de la rédaction.
76 DESIGN Dircks Designers, créateurs, ébénistes, les frères Dircks sont à la tête d’une petite entreprise artisanale « qui ne connaît pas la crise ». 78 ARTISANAT Polypode Dans leur atelier de création en plein cœur de Bordeaux. Erwan De Rengervé et Éric Gonzales travaillent la terre, le bois et la céramique. 80 OUTDOOR Julien Rhinn Les jardins et terrasses deviennent enfin de véritables espaces à vivre. 84 RESTOS Zut ! à table Breadstorming, Le Cochon volant, Garopapilles. 86 LIFESTYLE Les sélections de la rédaction.
(RE)DÉCOUVRIR L A BOUTIQUE HES CHUNG APRÉS REMISE EN BEAUTE
N°14 PL ACE DES GRANDS HOMMES — BORDEAUX
8 Zut ! édito
Bordeaux, c’est Bordeaux PAR PHILIPPE SCHWEYER
Extrait de la série Madmen
C’est jour de réunion au siège du groupe de presse le plus chic de l’Hexagone. La direction opérationnelle est rassemblée au grand complet pour analyser les résultats et dégager des perspectives. Alors que la crise de la presse n’en finit pas de faire des ravages, Chic Médias accumule insolemment les bénéfices grâce à des magazines incroyablement glamour dont la qualité ne cesse d’écœurer ses concurrents. Après avoir prié son staff de rester debout afin de ne pas souiller les nouvelles banquettes ultra-design de son bureau, le PDG lance les débats : - Alors, comment se passe notre implantation à Bordeaux ? - Bordeaux, c’est spécial… - Spécial ? - Les Bordelais ne sont pas si faciles à convaincre… - Je croyais que Juppé adorait Zut ! ? - Il nous kiffe grave ! D’ailleurs, depuis qu’il a découvert Zut !, il a changé d’allure et porte un nouveau costume de présidentiable super seyant. Les commerçants et les cultureux aussi adorent Zut !, malheureusement ça ne suffit pas…
- Comment ça ? - On a du mal à leur faire signer des bons de commande… Quand tu veux leur vendre une page de pub, ils ont l’impression que tu vas leur faire boire toute l’eau du bassin d’Arcachon ! - Il faut leur dire qu’on a monté une équipe avec des journalistes et des photographes du cru. - Peut-être que si on était tous Bordelais depuis cinq ou six générations ça irait mieux… - Bordeaux, c’est Bordeaux. Les lecteurs nous apprécient, mais il faut laisser aux annonceurs le temps de s’habituer. - C’est vrai qu’ils sont lents à la détente, mais je sens que ça frémit… - Encore quelques années et Zut ! sera rempli de pages de pubs à Bordeaux comme ailleurs. - Tu crois ? - Bien sûr ! Les Bordelais ont un sacré bon goût. - C’est vrai que les Bordelais raffolent des belles choses. - T’as raison, les Bordelais savent vivre. - C’est sûr que les Bordelais ne mangent pas de la merde ! - Et tout le monde sait que les Bordelais s’y connaissent en pinard.
- En plus, les Bordelais ont la classe. - Sans renier leur histoire, les Bordelais sont tournés vers l’avenir. - Et les Bordelais ne sont pas des brêles au rugby et au foot. - Je trouve même que les Bordelais sont plutôt cool quand ils se laissent approcher… - Moi je connais un Bordelais super sympa qui surfe comme un Dieu ! - Bon, calmez-vous. - Pourquoi ? - Bordeaux, c’est Bordeaux.
B O R D E A U X - G R A N D S H O M M E S - W W W. O P T I K A - B O R D E A U X . F R
10 Zut ! Chronique
Par Philippe Schweyer
Courrier des lecteurs
3
PRISONNIER DE MON LIT Question Anne-Marie, Quoi que vous pensiez, votre mari est tout à fait normal. Une étude récente a d’ailleurs montré que 23% des hommes lisent Zut ! en cachette parce qu’ils ont du mal à dévoiler à leur compagne la part de glamour qui sommeille en eux. Bref, rien de grave !
Été 2014
Bordeaux Numéro 2 / Gratuit
Un lecteur bien dans ses pompes et qui se voit déjà en haut de l’affiche, un autre qui se cache aux toilettes pour dévorer son magazine préféré, une lectrice qui n’hésite pas à sécher les cours et à chiper Zut ! dans un café… Une fois de plus, nos lecteurs réagissent et se dévoilent ! Chaud Zut !, Depuis que j’ai découvert Zut !, je suis tellement bien dans mes nouvelles pompes en croco que je me sens pousser des ailes pour 2017. Comme quoi en mode on n’est jamais fini, regardez-moi ! J’aurais aussi aimé changer de coiffure, mais je crains bien que ça ne soit pas possible… — Alain, 69 ans.
Égalité Zut !, Pourquoi y a-t-il davantage de jolies femmes que de vieux beaux dans Zut ! ? Et surtout, à quand un homme en couverture ? Ce serait un grand pas pour l’égalité entre les hommes et les femmes, vous ne trouvez pas ? — Mélanie, 31 ans. Égalité Mélanie, Votre combat est perdu d’avance. Le directeur marketing et la directrice artistique du magazine sont convaincus qu’une femme en couverture, c’est plus sexy pour les lecteurs et plus rassurant pour les annonceurs. Il faudrait beaucoup de courriers comme le vôtre pour faire bouger les lignes… Merci pour ce moment Zut !, Ce que j’apprécie dans Zut ! c’est qu’il n’y aura pas une ligne sur le bouquin de Valérie. Alors, merci pour ce moment de répit très agréable que je passe en votre compagnie, bien loin de la presse people et des paparazzi. Vous êtes l’honneur de la presse française. François, 60 ans.
Chaud Alain, On dirait que la lecture de Zut ! a changé la vie de pas mal de monde à Bordeaux ces derniers temps… Grâce à des messages chaleureux comme le vôtre, on se sent un peu plus utile.
Merci pour ce moment François, C’est vrai que l’on ne va pas gâcher du papier pour parler d’un livre que son éditeur n’a pas daigné nous envoyer en service de presse, malgré les multiples relances de nos stagiaires et l’insistance du patron qui rêvait de faire une plusvalue en le revendant sur PriceMinister.
Question Zut !, Il y a quelques jours, j’ai surpris mon mari en train de lire Zut ! en cachette aux toilettes. Depuis je me pose des questions sur la solidité de notre couple… Que puisje faire pour lui faire comprendre qu’il n’a pas besoin de se cacher pour lire Zut ! ? — Anne-Marie, 54 ans
Food trucks Zut !, Depuis que j’ai lu votre dossier sur les food trucks dans le dernier Zut !, je me sens prêt à abandonner mon job pourri pour me lancer dans l’aventure ! Merci de m’avoir aidé à donner un nouveau sens à ma vie. — Titi, 46 ans.
Food trucks Titi, L’équipe de Zut ! est ravie d’apprendre que vous allez enfin réussir à quitter le job qui vous gâche la vie depuis des années. Fini le stress, le harcèlement et la pression de plus en plus dure à supporter ! Avec votre food truck, vous allez pouvoir réapprendre à travailler dans la joie et la bonne humeur. Mots bleus Zut !, Avec ma copine Aline, on a chipé un exemplaire de Zut ! aux Mots Bleus, notre café préféré pour papoter et bouquiner pendant des heures au lieu d’aller au bahut. C’est vraiment le meilleur magazine pour savoir où trouver des fringues sympas à Bordeaux. — Tina, 17 ans. Mots bleus Tina, Bleuter ça n’est pas bien grave, mais voler Zut ! ce n’est pas très fair-play ! Ce qui est sûr, c’est que c’est presque un miracle d’avoir un magazine d’une aussi grande tenue à Bordeaux. Comme disait le poète Edouard Leclerc : « Nos régions ont du talent ! ». Au lit Zut !, J’ai adoré votre papier sur le label Talitres dans le dernier Zut !. J’ignorais totalement que le groupe Idaho, que j’écoute dans mon lit matin et soir, était signé par un label bordelais. — Ravi, 32 ans. Au lit Ravi, Moi non plus je ne savais pas que le label du groupe Idaho était de Bordeaux. Comme quoi il n’y a pas d’âge pour apprendre. Et comme le dit Etienne Daho : Engourdi par le sommeil et prisonnier de mon lit, j’aimerais que cette nuit dure toute la vie…
ALPHONSE ALPHONSINE
Tinsels American Retro Stepart Edith & moi Gertrude Lee 8 rue du temple Bordeaux - 05 56 06 76 29 alphonse alphonsine
La petite Franรงaise Mademoiselle Antoinette Rockmafia Margidarika Craie
12 Zut ! Chronique
Par Sylvia Dubost Illustration Lætitia Gorsy
au bon parfum
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SANS FILTRE
Elle est bien loin, l’époque où le tabac était synonyme d’élégance… Aujourd’hui, la peau est peut-être devenu le dernier endroit où sentir sa belle odeur. Pas celle des feuilles qui sèchent, qu’à moins d’avoir vécu à la campagne avant-guerre ou voyagé hors des sentiers battus sous les tropiques, personne n’a jamais vraiment senti. Pas non plus celle des cigares, plus lourde, plus patchouli, terreuse et humide. Ni celle d’un fond de cendrier au lendemain d’une nuit d’angoisse. L’odeur d’un tabac finement coupé, qu’on hume le nez dans la blague. Beau dans la vie, il est sublime en parfum. Chaud, légèrement sucré et miellé, voire caramel, il se teinte parfois de bois blond, celui des copeaux d’un crayon à papier, ou se fait épicé et sec, arrosé d’un peu d’alcool brun… Toujours riche, fin et nuancé, le tabac est (en toute subjectivité) l’une des plus belles notes en parfumerie. L’une des plus discrètes aussi. Depuis que la disparition tragique de Gucci pour homme (malheur…), il habite plutôt les parfums rares (on oubliera l’inepte Amen Fleur de Havane chez Mugler…). La note tabac n’est pourtant pas difficile à obtenir : on peut extraire des feuilles une absolue, et reproduire l’odeur
que s’en dégage par la technique du headspace*. Peut-être est-ce son raffinement et les images qu’elle charrie qui la tienne éloignée des flacons. Androgyne et racé, le premier jus construit autour d’elle (à notre connaissance) donne le ton. L’immense Le Tabac blond de Caron (Ernest Daltroff, 1920) s’inspire de ce nouveau produit, introduit par les Américains pendant la Grande Guerre et fumé par les garçonnes qui le préfèrent au tabac brun. Sec, mat, très masculin, il est le parfum d’une déesse en costume pantalon, qui tire sur son fume-cigare après avoir piloté son biplan. Les tabacs récents sont souvent plus ambrés, plus vanillés, mais toujours ambivalents, aussi beaux avec un costume façonné main sur Savile Row que porté par une femme en jean. On les aime blonds et secs, quand leur sillage se fait discret et élégant, et on les préfère réchauffés à même la peau. Le parfum dans ce qu’il a de plus raffiné, de plus troublant et de plus beau. * technique qui permet de reproduire la composition moléculaire d’une odeur. Celle-ci ne contient souvent qu'une partie des molécules de l'élément odorant (fleur, feuille, bois…), c'est pourquoi l'extrait de rose, par exemple, ne sent pas comme la fleur.
De bons tabacs Aqua di Cuba, Santa Maria Novella. Plus cigare que cigarette, très miellé et épicé : un tabac addictif. Feuilles de tabac, Miller Harris (Lyn Harris, 2000). Chic et subtil, avec de belles notes de cuir en fond : un tabac de lord. Back To Black, By Kilian (Calice Asancheyev-Becker, 2009). Sec, ambré mais sans sucre, discret et facetté : un tabac très sombre et très beau. Tobacco vanille, Tom Ford (2007). Riche et matiné de crème anglaise : un tabac résolument gourmand. Volutes, Diptyque (Fabrice Pellegrin, 2012). Chaud, ambré, alcoolisé et vanillé : un tabac offensif.
105 rue Sainte Catherine, 33000 BORDEAUX
14
Bordeaux vu par PAR MÉLANIE DUPRAT & ADRIEN NAVARRO
Ils vivent, travaillent, créent et sortent à Bordeaux. Les hommes et les femmes qui font vibrer la ville nous font découvrir leur lieu préféré.
Photo Julie Rey
О
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Jo Brouillon 40 ans
Artiste peintre
Où ?
Parc Rivière « C’est un lieu proche de mon « appartelier », je m’y rends souvent pour ponctuer ma journée de travail, y trouver l’inspiration ou simplement prendre une bouffée d’air à l’ombre des ruines du vieux château. C’est un parc où règne la convivialité, où les gens de toutes origines se rencontrent. » Mer 29 oct
T-Shirt Step Art, Cardigan Edith et moi chez Alphonse Alphonsine
Actu !
Exposition à la chapelle Saint-Loup de Saint-Loubès jusqu’au 27 novembre. Création et prêts de toiles et d’œuvres uniques pour des courts et longs métrages. Toute l’actu sur Facebook et sur jobrouillon.com.
16
Nicolas Planchaud 26 ans
Ven 17 oct
Thibault Guiraudie
Opticiens
28 ans
Photo Julie Rey
Où ? La base sous-marine « C’est un lieu atypique, témoin d’une époque plus sombre, qui sert désormais d’espace d’exposition. La base n’est cependant pas vouée qu’à la culture : elle accueille quelques soirées mémorables ! »
Actu !
Lancement d’un nouveau site Internet et d’une vidéo de présentation réalisée par un graffeur parisien. Présence des nouvelles venues en boutique, Luno, RES/REI, Piero Massaro (prix du jury du Silmo 2014) et Cazal Legends. www.optika-bordeaux.fr Nicolas : manteau Kenzo, écharpe Achille Pinto et chèche Pierre Louis Marcia Thibault : chemise Kenzo et veste Trend Corneliani Le tout chez Lothaire
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Cyrielle Thomas 28 ans
Mer 1er oct
Community Manager Yelp Bordeaux
Photo Cécile Perrinet-Lhermitte
Où ?
Rue Saint-James « Cette rue est en pleine renaissance et j’adore l’énergie qui s’en dégage. J’y retrouve certains de mes commerces préférés comme le Dock des Epices, la Comète Rose, Books&Coffee mais aussi des petits nouveaux comme le Japan Market et M&O Glacier. J’aime me perdre dans les rues de Bordeaux et faire de nouvelles découvertes. Et cette rue est un vrai coup de cœur. Elle me rappelle que Bordeaux n’est plus la Belle Endormie d’autrefois. »
Actu !
Yelp Winter Festival dès décembre, des bons plans, des bonnes adresses, des découvertes locales en permanence sur www.yelp.fr/bordeaux T-shirt StepArt, perfecto et sac CRAIE chez Alphonse Alphonsine.
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Ven 3 oct
Nathalie Dachary
Co-gérante du restaurant Totto Bistro e Cucina
45 ans
Photo Cécile Perrinet-Lhermitte
Où ? Place du Parlement « À deux pas de la place de la Bourse et de notre belle Garonne, cette place est un lieu incontournable du centre ville historique. Touristes et résidents apprécient de se retrouver en terrasse sur cette place. Le + : le soleil y perce toute la journée ! »
Actu !
Nouvelle carte d’hiver et nouveau site Internet : www.tottocucina.fr Chemisier Idano, manteau Tinsels, sac Rockmafia et collier Margi Darika, le tout chez Alphonse Alphonsine.
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Anne-Sophie Annese 35 ans
graphiste et photographe
Mar 7 oct
Photo Cécile Perrinet-Lhermitte
Où ?
Le jardin des remparts « Méconnu, ce jardin fait désormais partie de ce qui est devenu mon quartier d’adoption [Saint-Michel, ndlr]. J’aime le fait qu’il soit en hauteur, un peu caché... »
Actu !
Publication de Beau M 2015, agenda pratique et gratuit Ouverture d’un espace de co-working avec Cécile Roubio (illustratrice), Marie Dumora (architecte d’intérieur) et Emmanuel Gallina (designer). www.studioboheme.fr www.lebeaum.com Robe Cozete et bandana Huit Août chez Alphonse Alphonsine
Culture Coconing
www.bonjourjohanna.com
par Johanna Tagada
Palm Springs CÉCILE PERRINET LHERMITTE
À partir du 22 janvier 2015 Galerie des Voyageurs du Monde 28 rue Mably à Bordeaux
traqueuse de fantômes De Laure Vasconi Préface de serge KagansKi
su bl
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Du Caire à Rome, d’Hollywood à Babelsberg, de Paramount à Fox, Laure Vasconi a vadrouillé, déambulé, flâné, rêvé, toujours armée de sa prothèse devenue naturelle, l’appareil photo. Dans des studios plus ou moins en activité, en sommeil, voire en déshérence, elle a observé les coulisses des usines à rêves du XXème siècle, capté l’envers, les plis, l’inconscient du cinéma, saisi le hors champ des films…
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mediapop -editions .fr
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BD — LA ND
Le Grand Autre © Ludovic Debeurme / Cornélius, 2007
DOSSIER RÉALISÉ PAR EMMANUEL ABELA ET CÉCILE BECKER
Est-ce la proximité d’Angoulême et de l’école de bande dessinée aux Beaux-Arts qui explique la présence de nombreux auteurs de renom, ainsi que la création d’ateliers depuis plus de 20 ans à Bordeaux ? Les parcours de François Ayroles, rejoint récemment par sa compagne Lucie Durbiano, ainsi que celui de Guillaume Trouillard des Éditions de la Cerise tendraient à le prouver. Signe évident de la vitalité de l’édition dans la ville, celle-ci a su attirer en l’espace de deux ans deux maisons d’éditions historiques de la bande dessinée indépendante, Les Requins Marteaux et Cornélius, nichées dans les recoins de la Fabrique Pola. Zut ! est parti à la rencontre de quelques-unes de ces figures qui font de Bordeaux l’une des villes phares de la BD hexagonale.
24 Zut ! Culture Bande dessinée
Lucie Durbiano et François Ayroles — paire et (im)pure
Au cinéma ou au théâtre, on connaît nombre d’acteurs liés à la ville comme à la scène. Dans le domaine de la BD, à quelques exceptions notoires de couples qui collaborent sur le scénario et le dessin, on fait rarement mention à leur situation. Il pouvait donc sembler étonnant de vouloir échanger avec Lucie Durbiano et François Ayroles, jeune couple dans la vie et auteurs aux univers graphiques bien distincts, et plus étonnant encore de les faire parler l’un de l’autre. Dans la maison où ils nous accueillent, pas si loin du centre de Bordeaux, l’instant d’inhibition est presque palpable, et il nous faut profiter de l’absence momentanée de François parti chercher le café pour engager la conversation avec Lucie. Elle nous confirme ce que nous supposions à la lecture des BD de son compagnon, autrement dit une vraie méthode de travail. Il faut dire qu’il aime la contrainte, même si, de retour avec son café, il insiste sur le fait de ne pas avoir participé à la création de l’OuBaPo [Ouvroir de Bande dessinée Potentielle, ndlr], « contrairement à ce qui est raconté parfois ». Il la pratique depuis ses jeunes années, alors qu’il était encore étudiant aux Beaux-arts d’Angoulême. « Dans mon travail, ça reste présent, même si ça ne monopolise pas tout le champ de mon activité. » Avec sa voix fluette, Lucie précise : « Même dans la vie, il fait tout le temps des jeux de mots. » Dans Une Affaire de caractères, cette contrainte est bien présente. Quand on lui évoque un certain nombre de références empruntées à l’histoire de la bande dessinée, chez Tintin par exemple, avec le personnage de Lampion ou le graffiti « Votre appareil ne nous intéresse pas » écrit par le capitaine Haddock dans Le Trésor de Rackham le Rouge, il réfute l’idée du clin d’œil. « Ces différents éléments nourrissent cette histoire pour laquelle je me suis attaché à la lettre de manière physique. J’en suis arrivé rapidement à cette série de crimes alphabétiques. Certains personnages se sont invités – enfin, je les ai invités de force !
Photo Julie Rey
C’est le cas de Perec, présent dans le récit. J’aime bien utiliser des personnages que j’admire, Buster Keaton par exemple, et en faire autre chose. » À propos de sa manière de tutoyer l’absurde, il préfère parler de « décalage » ou, mieux encore, de « pas de côté » plutôt que d’admettre une éventuelle dimension surréelle qui renvoie trop pour lui au surréalisme. De son propre aveu, il a du mal à s’inscrire dans une époque ou dans un cadre précis. « Je prends les éléments de décor d’une ville qui m’intéresse, mais je les mélange à d’autres pour les faire coller au cadre du récit. » Et de nous situer une rue de Bordeaux dans ses Notes mésopotamiennes, une église ou le plan d’une ville dont il s’inspire pour nous conduire ailleurs. Lucie l’interroge : « Mais à chaque
fois, c’est réel, non ? » Il répond par une pirouette : « Oui, j’ai plutôt tendance à m’inspirer de ce que j’ai sous les yeux. » Nous profitons d’un aller-retour de François parti chercher une BD au salon, pour l’interroger à son tour. Quel regard porte-t-elle sur son travail ? « Je suis assez admirative de sa manière de vivre ses propres histoires… » François de retour, Lucie poursuit : « Souvent, en rigolant, quand je parle de toi, je dis : il est pur ! En fait, tu fais vraiment ce que tu veux faire ! » « J’essaie ! », lui répond-il en cherchant l’esquive. Et que pense-t-il du travail de Lucie ? « Elle est tellement impure ! » Au-delà de la boutade qui provoque l’hilarité générale, il est vrai que Lucie brouille allégrement les pistes dans ses BD. Derrière la candeur des personnages,
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Une affaire de caractères © François Ayroles / Editions Delcourt 2014
26 Bande dessinée BD Land
Lo @ Lucie Durbiano, Gallimard 2010
Bibliographie sélective Lucie Durbiano Lulu Grenadine 2000-2007, Nathan (13 vol.) Le rouge vous va si bien Gallimard, 200 Trésor Gallimard, 2008 Lo Gallimard, 2010
François Ayroles Notes mésopotamiennes L’Association, 2000 Incertain silence L’Association, 2001 Enfer portatif Casterman, 2003 Les Penseurs L’Association, 2006 Le Jeu de dames Casterman, 2007 Travail rapide & soigné L’Association, 2007 Les Amis L’Association, 2009 Une affaire de caractères Delcourt, 2013
la naïveté supposée du récit, se cache une interrogation sur la vie, qui expose les protagonistes comme le lecteur à une certaine violence. Elle acquiesce quand on lui dit qu’elle nous déstabilise par cette façon unique de brouiller les codes narratifs. « Il y a toujours une part de mystère dans la manière de créer une histoire. Je le dis souvent : c’est de l’ordre du jeu. On exprime des envies, et ces envies deviennent de plus en plus fortes. L’histoire marche pour moi quand je me laisse aller et quand j’arrive à vivre ce que je suis en train de raconter. » Dans ces histoires, on ne peut pas se fier à grand monde ; les personnages sont attachants parce que faillibles, mais peuvent à tout moment trahir la confiance placée en eux. « C’est peut-être la quintessence de l’âme humaine… J’aime beaucoup travailler la psychologie des personnages, et m’amuser avec les sentiments qu’ils expriment. » Tout cela crée naturellement des situations hautement comiques, c’est le but affiché par Lucie. « Je joue avec mes personnages comme avec des marionnettes ! En cela, je retrouve les sensations que j’avais quand j’étais moi-même enfant. » Mais de rappeler que la BD c’est du travail. « En ce sens-là, je deviens adulte ! » La rigueur qu’elle affirme alors la rapproche de François, même si tous deux affichent une méthode de travail bien distincte. Ils se reconnaissent dans des références communes, Tintin par exemple. « Ça semble cliché », dit-elle, et pourtant, ça n’est pas le cas. Chez Hergé, l’absurde est largement cultivé ; il se matérialise dans cette scène de Tintin au pays de l’or noir où l’on voit les Dupond et Dupont tourner en rond dans le désert et récupérer leur propre bidon d’essence. « Oui, confirme
François, c’est constamment le cas. Dans Le Trésor de Rackham le Rouge, ils partent tous à l’autre bout de la terre en quête d’un trésor qui se trouve au sous-sol du château de Moulinsart. C’est pareil quand ils partent sur la Lune. » Hergé c’est bien sûr, pour l’un ou pour l’autre, ce lien qui les rattache encore une fois à l’enfance. Les enfants, justement, leur ont-ils transmis cette passion pour la BD ? Il semblerait… Jeanne et Flore, les filles de Lucie, dessinent toutes les deux ; elles ont intégré respectivement l’atelier BD de l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles et la Haute École des Arts du Rhin, anciennement Arts Décoratifs de Strasbourg d’où est issue Lucie. Si la première est portée vers la bande dessinée, la seconde hésite encore. « Elle ne veut pas s’enfermer », précise François. « Elle est très douée », rajoute Lucie. « C’est la plus douée de nous tous ! », dit-elle très admirative. Rendezvous est pris donc, avec ce bel avenir !
27 Les Requins Marteaux — l’anticonformiste
Revue Franky (et Nicole) #1 © Les Requins Marteaux, 2014
Ce n’est pas vraiment une maison d’édition classique, qui supposerait un projet éditorial clair, une charte graphique immuable et un pool d’auteurs. Les Requins Marteaux sont un collectif à géométrie variable, amoureux du mot foutraque, où les projets sont propulsés par l’envie. Jean-Gabriel Farris, sorte d’homme à tout faire du collectif, explique : « Les décisions éditoriales sont prises un peu collégialement, chacun peut amener des projets qui sortent sur des formats éclatés en fonction des besoins de l’auteur. On n’est pas forcément structuré aujourd’hui, mais on est plus carré qu’au début. » L’histoire des Requins a commencé comme elle se poursuit. En 1991, à Albi, Marc Pichelin, Guillaume Guerse et Bernard Khattou, biberonnés aux fanzines, veulent jouer avec une certaine tradition de la bande dessinée, liée à la culture populaire. Un monde mouvant qu’ils ouvrent à toutes les formes possibles : Les Requins Marteaux deviennent un moyen de monter des expositions, de créer des livres, produire des films et pourquoi pas même de proposer un festival de la bande dessinée loin des contraintes commerciales édictées par cette fichue loi du marché ? À contre-courant d’une certaine idée de la société où il faudrait absolument vendre pour plaire et plaire pour vendre, ils posent leurs regards acerbes, nourris à l’humour noir, inspirés par la folie des hommes et, disons-le, de leur stupidité. Ils s’amusent de et avec tout, et surtout de et avec rien. Avec Pierre Druilhe et Moolinex, ils cristallisent cet univers dans la revue Ferraille en détournant les hebdomadaires BD des années 50-60. En kiosque, les lecteurs ne savent que faire de cet objet non identifié, ça ne prend pas. Le marketing ? Pourquoi ?
Winshluss, nouveau directeur des Requins Marteaux / Photo : Julie Rey
Autour de la désillusion Au bout de sept ans d’existence, l’équipe commence à peine à penser ses projets avec plus de professionnalisme : pour pouvoir s’amuser, il faut vendre, un peu, au moins. Non loin de là, Winshluss, Cizo et Frédéric Felder dessinent, traînent ensemble et volent quelques auto-radios (légende véhiculée par Franky Baloney, le double ni maléfique, ni crétin, ni beauf mais tout en même temps de Felder). « On était jeunes, issus de la fin de la vague des années 80 à porter des fringues abominables, raconte Winshluss. On nous présentait des idées économiques merveilleuses qui ne nous parlaient pas. On s’est connu dans cette ambiance de désillusion parfaite avec l’envie de faire des choses sans illusion sur notre talent et surtout pas dans le but de faire de l’argent. Un peu de travail et beaucoup de gueules de bois. » Un état d’esprit proche
des Requins Marteaux, qui leur confie en 2002 les rennes de Ferraille illustré, nouvelle formule de son aïeul. Une sorte de bizutage obligé avant de se lancer à toute blinde dans un livre. « Ferraille illustré a clarifié la ligne éditoriale des Requins : sans idéologie, on critique l’économie toujours en se basant sur la culture populaire mais avec un penchant pour ce qui a trait à l’humain », explique Winshluss. En marge, des auteurs renommés se mettent à taper à leur porte – Yves Got ou Willem par exemple – et participent à la reconnaissance de la maison d’édition. En 2009, Winshluss remporte le prix du meilleur album au festival d’Angoulême pour Pinocchio et finit d’asseoir la réputation des Requins Marteaux. Des punks oui, mais des punks défendant la bande dessinée pour ce qu’elle dit, quitte à galérer. Winshluss, depuis peu directeur
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“ Sans idéologie, on critique l’économie ” WINSHLUSS
de la maison d’édition – successeur de Franky – explique : « Pour moi, il n’y a pas de marché à conquérir. On essaye de jongler avec le fait que ce qu’on fait ne marche pas forcément mais peut toucher les gens que ça intéresse. C’est un mélange de pragmatisme et de chaos assez difficile à gérer. Mais l’idée principale c’est de ne pas donner de trucs réchauffés aux lecteurs. De toute façon, je ne connais pas le concept du “doigt dans le nez”. Galérer c’est un peu normal. Qui ne galère pas ? Surtout dans l’édition. » Les Requins Marteaux continuent d’avancer comme bon leur semble en sortant une douzaine de livres par an, répartis dans leurs nombreuses collections dont BD Cul, Comix ou encore le label jeunesse Articho. En direct de la Fabrique Pola, où ils sont installés depuis deux ans, ils écrivent leur nouvelle histoire avec leurs voisins d’atelier, Cornélius, avec qui ils partagent des auteurs, l’édition du successeur de Ferraille illustré et des opérations commerciales pas très commerciales : SBAM !, l’été dernier, réunissaient pépites ou invendus des deux maisons et de Frémok, et reversait le montant des ventes aux libraires en guise de soutien. En cette fin d’année, les sorties
Pinocchio © Winshluss, Les Requins Marteaux, 2008
s’enchaînent, avec notamment celle de Cruelty to Animals de Vivien Le Jeune Durhin, manuel dérangénial de tortures envers les animaux qui porte un regard cru sur l’esprit cruel des hommes – quitte à faire sortir les pisse-froid de leurs gonds – et d’une monographie du travail de Winshluss : Un monde merveilleux. De la subversion, de l’anti-conformisme, de l’humour noir et surtout de la déconne : voilà un autre monde merveilleux, celui des Requins Marteaux. Les Requins Marteaux Fabrique Pola 2, rue Marc Sangnier à Bègles www.lesrequinsmarteaux.com Revue Ferraille © Les Requins Marteaux, 2000
29 Tout récemment, Les Requins Marteaux ont troqué leur emblématique directeur Franky Baloney (qui va jusqu’à s’afficher en Jésus sur la home du site de la maison d’édition) contre Winshluss. Derrière Franky, double de l’auteur Frédéric Felder, c’est tout l’esprit des Requins qui se déroule : déridé et débridé. Lorsque vous avez rejoint les Requins Marteaux, aviez-vous déjà l’ambition de devenir PDG ? J’ai, en premier lieu, rejoint les Requins en tant qu’auteur. Ma première publication fut dans Ferraille (Formule papier-cul, une des trois meilleures si vous voulez mon avis). Comme j’étais fier ce jour-là ! Nous étions en 1997 et je venais de devenir professionnel de la BD. Mais très vite, j’ai compris qu’être auteur, c’est être du mauvais coté du bâton. J’ai repris mes études, passé brillamment un bac d’économie, puis je me suis fait élire président, à l’aide de quelques promesses bien formulées. Dans ce business, la place d’éditeur est la plus enviable, vous avez le bâton et une carotte dont vous pouvez absolument faire tout ce que vous voulez. Ferraille a tout de même participé sérieusement de la descente aux enfers financiers des Requins Marteaux. En tant que PDG vous avez pu vous en mettre plein les poches ? Ferraille (dernière formule, une des trois meilleures si vous voulez mon avis) a au contraire permis aux Requins Marteaux de sortir la tête du trou. À ce jour, nous en vendons encore (le tirage a donc bien était évalué) ce qui en fait un des magazines kiosque les mieux vendus en France depuis 1982. Je n’ai tiré aucun avantage financier à proprement parler lors de mon mandat. Je défie quiconque d’en retrouver la preuve ! S’enterrer parfois dans des problèmes d’argent, c’est littéralement ça être underground ? Nous comptons plus de 32 ans d’existence, nos soucis de trésorerie ne représentent pas plus de quelques mois de notre histoire dans sa totalité. S’il vous plaît, pouvonsnous parler d’autre chose que d’argent ? Ça me gêne par rapport à vos lecteurs qui, je sais, ne sont pas très fortunés. Mes pensées vont tout d’abord vers eux.
Franky, directeur des Requins Marteaux jusqu'en 2014 / Photo : Christophe Urbain
Être aux Requins Marteaux, c’est être tout le temps en vacances ? Être Français, c’est être tout le temps en vacances. Vous vous êtes présenté aux élections municipales avec le projet « Bordeaux supérieur ». Vous n’avez pas gagné mais Bordeaux est-il débouché ? Loin de là. Ce fut un combat à la loyale et le plus fort, le plus brillant des candidats l’a emporté. Je l’en félicite. Il avait le meilleur programme et une prestance hors du commun. M. Juppé est vraiment quelqu’un de formidable qui doit savoir maintenant que je n’officie plus à la tête des Requins Marteaux et qu’en moi, il y a plus qu’un ancien adversaire. Peut être même un futur collaborateur. À la culture peut-être ?
Aujourd’hui, vous n’êtes plus PDG, et lorsque j’ai posé la question de la légitimité de votre place aux Requins Marteaux, ils m’ont donné pour principale raison que c’était parce que vous les faisiez rire. Aujourd’hui Winshluss est président, est-ce que ça veut dire qu’il est plus rigolo que vous ? Ou plus sérieux ? C’est le plus beau compliment qu’on puisse faire à un chef d’entreprise. Même si ce n’est pas le plus habituel. Concernant Winshluss, les Requins Marteaux ne pouvaient pas rêver meilleur repreneur. Délicieusement drôle, il peut aussi être sévère. Sévère mais juste. Exactement ce dont à besoin l’équipe pour se faire emmener vers de nouveaux sommets.
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Cornélius — l’exigeant
Les petites mains des Requins Marteaux et Cornélius à la Fabrique Pola, à Bordeaux Photo Christophe Urbain
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Aux Éditions Cornélius, les bandes dessinées sont portées par Gilbert le cochon, Raoul semble celui qui prend les décisions quand son père Sagamore Cornélius rectifie le tir. Il y a ensuite Sergio, Victor, Solange, Blaise ou encore Delphine, les chefs de collection qui portent leurs noms. Une dépersonnalisation découlant de la volonté de Cornélius de s’affranchir de la hiérarchie et, surtout, de laisser parler les livres. Derrière ce montage se cache Jean-Louis Gauthey, qui a d’abord officié seul aux manettes de la maison avant de s’adjoindre Bernard Granger. Ils décident seuls ou ensemble de la sortie d’un livre, toujours coopté par une connaissance – seul Joann Sfar et Hugues Micol ont été publiés par voie de manuscrit. L’auteur, toujours un ami, prime, et l’objet livre, sous tous ses aspects, doit servir son travail. Jean-Louis Gauthey s’imagine en metteur en scène de théâtre : il choisit le papier, les couleurs, la mise en page et la couverture pour mieux servir le discours et le dessin. L’exigence sur le fond comme sur la forme fait la différence de Cornélius, dont les couvertures sont reconnaissables entre mille : une typo et des contrastes forts, des fonds ou des bandeaux en aplats de couleur. Après avoir utilisé pour les couvertures la sérigraphie, moins chère, la maison d’édition se tourne vers l’offset tout en cherchant à contourner ses limites pour continuer à proposer une esthétique nette. Depuis, Bernard Granger est parti, Guillaume Traisnel s’occupe désormais de la gestion et de la communication quand Hughes Bernard gère la production des ouvrages. « Jean-Louis est une sorte de guide, il nous montre le chemin, explique Guillaume Traisnel,
Harlem © Robert Crumb / Cornélius, 1999
“ Nous sommes venus à Bordeaux pour le soleil et Alain Juppé ” aujourd’hui chacun est à son poste et les choses sont plus structurées. » Structurées mais toujours aussi tendues. Cornélius a d’ailleurs fait appel au crowdfunding pour financer son déménagement à Bordeaux en mars dernier et pouvoir continuer à enchaîner les sorties. « Nous sommes venus pour le soleil et Alain Juppé, poursuit Guillaume. Plus sérieusement, c’est très dur Paris, si nous étions restés là-bas ça aurait été plus compliqué financièrement. Et puis être ici, c’est se sentir toujours en vacances. » En vacances, mais toujours à l’écoute de leur propre frustration de lecteur, qui pousse encore Cornélius à proposer une autre bande dessinée : les traductions d’ouvrages de Crumb, Daniel Clowes ou Charles Burns côtoient l’audace d’inconnus avec, toujours, ce petit détail esthétique qui fait la différence.
© Cornélius, 2014
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Cornélius en quelques dates-clé 1991 : Les Éditions Cornélius sont créées par Jean-Louis Gauthey qui assure le fonctionnement de la petite maison avec des sérigraphies, dont Les Hommes de JC Menu (collection Foultitude). 1992 : Sortie du premier livre, Harlem de Robert Crumb, recueil de reportages dessinés pour le magazine Help en 1965. Un désastre. Les documents sont inexploitables et la restauration un vrai casse-tête. La sérigraphie ne fonctionne pas pour ce projet, le livre est retiré de la vente. Il faudra sept ans à Cornélius pour mettre la main sur les originaux et ressortir le livre. 1993 : Jean-Louis Gauthey, grand fan de Blutch, Willem et Dupuy & Berberian, rêve de les éditer. Par miracle, les auteurs s’installent à Pigalle où les éditions Cornélius ont élu domicile. Alphabet Capone de Willem sort, suivi d’Approximate Continuum Comics de Lewis Trondheim et de Le Nain Jaune de David B. Les collections Mune Comix, Raoul et Delphine sont lancées. 1995 : Après être passé à deux doigts de nombreuses faillites, Cornélius sort Lettre américaine de Blutch, premier livre en offset. La couverture reste sérigraphiée. 1997 : Casterman renonce à publier Péplum de Blutch, une aubaine pour Cornélius.
© Cornélius, 1999
1998 : Arrêt de la sérigraphie. 1999 : Daniel Clowes arrive dans la famille avec Comme un gant de velours pris dans la fonte. 2000 : Nouvelle période difficile, Cornélius passe à deux doigts du rachat mais l’équipe se professionnalise. 2005 : Départ de Bernard Granger, autre tête pensante de Cornélius. Publication d’auteurs découverts au Japon. © Cornélius, 2014
2007 : Exposition Cornélius – une certaine façon de faire des livres, à la galerie de l’Ecole supérieure des Arts de Lorient. 2010 : Sorties de Toxic de Charles Burns et de Welcome to the Death Club de Winshluss. 2014 : Installation à Bordeaux.
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Que la bête fleurisse © Donatien Mary / Cornélius, 2014
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Les Éditions de la Cerise — le prix de la liberté
Contrairement à d’autres maisons d’édition dans le domaine de la BD, les Éditions de la Cerise n’émanent pas d’une « intention collective ». Leur fondateur Guillaume Trouillard parle d’une « démarche solitaire ». Même s’il affirme la volonté de « publier les autres », il invoque aussi « la nécessité de se prendre en main, vite, tout de suite », autrement dit dès la sortie de l’École des Beaux-arts d’Angoulême. Quand il crée la structure dès 2003, il n’a pas forcément de modèle en tête parmi les éditeurs existants. « Mes modèles, je les trouvais plutôt chez les labels indépendants. Certains d’entre eux affichaient ce désir d’autonomie. » Selon lui, « le paysage éditorial semblait moins complet il y a onze ans qu’aujourd’hui. D’où un sentiment de manque ». C’était le cas notamment pour ceux qui exploraient d’autres formats dans le domaine de l’illustration, avec des approches plus picturales. « Il n’y avait de support pour ce type de créations et nous ne nous reconnaissions pas forcément dans la tradition des fanzines plus portés vers des approches autobiographiques en noir & blanc. » Derrière lui, on trouve des auteurs, dont certains se sont rencontrés à Angoulême, fédérés autour d’envies communes avec une cohérence assez frappante d’emblée, en opposition sans doute avec les références dominantes issues de l’univers de la pop ou du jeu vidéo. « Nous, on pratiquait le fusain et on lisait Beckett… Nous cherchions à explorer des univers de prime abord assez éloignés de la bande dessinée, même si c’était ce à quoi on se destinait tous dès le plus jeune âge. Notre crainte était de faire rentrer notre approche graphique dans un cadre trop serré, d’où cette volonté d’émancipation par rapport à la ligne éditoriale dominante. » Comme c’est souvent le cas, l’aventure débute avec une revue, Clafoutis. « Même si je n’avais pas de pré-disposition pour l’édition, d’un point de vue logistique je l’ai développée seul. Nous avions déjà essuyé quelques échecs quant à notre capacité à échafauder des projets. » Quoi qu’il en soit et malgré des débuts
Guillaume Trouillard, fondateur des Éditions de la Cerise Photo : Julie Rey
difficiles, cette revue dont il a publié cinq numéros en dix ans renoue avec la grande tradition de certaines revues littéraires : libre, insolente de qualité et volontairement orientée vers l’absurde, elle regroupe les signatures d’auteurs de tous horizons et de tous les pays qui ont pour attitude commune de bousculer les codes graphiques et narratifs admis à la lisière de la bande dessinée, tout en explorant des territoires nouveaux. Aujourd’hui, à part la distribution, tout est fait en interne pour les Éditions de la Cerise, ce qui permet malgré la conjoncture défavorable de « moins s’exposer aux vents contraires ». En bon gestionnaire, Guillaume nous explique qu’il est nécessaire d’être aujourd’hui « économe en ressources et en frais fixes », même si les choses ont évolué avec la présence de deux salariés
pour l’épauler, lui qui continue de développer sa société en bénévole. À côté de la revue, les Éditions publient des albums, et notamment les siens. Et là, bien sûr, on ne peut que s’interroger quand on feuillette Welcome, chef d’œuvre de radicalité sous forme d’inventaire d’images à destination de l’enfant qui vient de naître, sa fille en l’occurrence : que fait-il au juste avec cet ouvrage, tente-t-il d’épouser la somme des connaissances à l’image des herbiers du XIXe, prévient-il l’enfant des dangers qui le guettent ? « Ça n’est pas vraiment un livre qui a été pensé pour les enfants. » Certaines images nous l’avaient bien fait comprendre. « Il est effectivement lié à la naissance de ma fille et à l’imminence de ma propre paternité. J’y exprime l’envie de me déculpabiliser de cet acte-là par un état des lieux du monde dans lequel je la
35 “ La volonté est de publier des œuvres qui n'auraient pas leur place ailleurs” largue. Par ailleurs, ça a fait écho à des tas des choses qui sommeillaient en moi, cette fascination pour la collection ou pour la série. Quand on fait de la bande dessinée, on exprime ce côté obsessionnel, répétitif. De plus, l’inventaire présente des vertus graphiques qui m’ont toujours attiré. » La raison d’être des Éditions se situe peut-être là, avec la volonté de maintenir ce niveau de liberté ! « Oui, forcément, je ne fais pas les cartons et la comptabilité par plaisir. Ce projet ne doit pas s’éloigner de sa volonté initiale : publier des œuvres difficiles qui n’auraient pas leur place ailleurs. L’unique raison d’être de la maison d’édition est la suivante : un auteur se paie un espace de liberté et étend cet espace à d’autres. »
Welcome © Guillaume Trouillard Les éditions de la Cerise, 2013
Les Éditions de la Cerise 54, rue de la Rousselle 05 56 44 11 01 www.editionsdelacerise.com À lire Guillaume Trouillard, Welcome, Les Éditions de la Cerise, 2013 Clafoutis numéro 5, Les Éditions de la Cerise, 2013
Clafoutis © Les éditions de la Cerise, 2013
36 SÉLECTIONS culture
EXPO
En selle !
Dans le cadre du 50e anniversaire du jumelage Bordeaux-Los Angeles, la capitale girondine met le cap sur l’Ouest américain. L’exposition Road Trip plonge le visiteur dans un parcours photographique du XIXe au XXIe siècle, grâce à une sélection proposée par le département photographique du LACMA (Los Angeles County Museum of Art). Le visiteur se promène ainsi au cœur du mythe, avec les paysages poussiéreux de Edward Weston ou la longue chevauchée de Edward Sheriff Curtis… Il assiste à la fin de ce Far West mythique avec des artistes comme John Divola ou Dennis Hopper. Cette balade américaine est également pour le visiteur curieux l’occasion de découvrir une histoire de la photographie, et de comprendre son évolution thématique et chronologique, de paysages et scènes symboliques à de simples objets et des scènes beaucoup plus urbaines… Go West ! (C.G)
Road trip, jusqu’au 10 novembre au Musée des Beaux-Arts de Bordeaux www.musba-bordeaux.fr Visuel : Dennis Hopper, Double standard, 1961 Collection LACMA © Dennis Hopper, Courtesy The Hopper Art Trust
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MUSIQUES
Le territoire intérieur Il fait figure parfois d’âme damnée de la chanson française. Peut-être est-ce tout simplement parce qu’il a refusé très tôt la loi du système au moment où le succès lui semblait promis – souvenonsnous du chef d’œuvre Bruxelles. Dans les années 70, Dick Annegarn avait même décidé de tout arrêter. Puis, finalement, il est revenu et poursuit depuis, en toute discrétion, l’une des carrières les plus cohérentes qui soient. Avec cet amour de la langue française, un comble pour lui le Néerlandais ; avec de l’aplomb, mais aussi un vrai sens de l’autodérision ; avec une grande humilité, et surtout loin, très loin, des affres du show-business. Qu’il le veuille ou non – lui-même le nierait ! –, il s’est imposé comme l’un des chefs de file d’une certaine chanson, ouverte avec lucidité toutefois sur la beauté du monde : parmi ses héritiers, on pourrait citer son ami Matthieu Boggaerts, avec qui il lui est arrivé de partager la scène, mais aussi certains francs-tireurs comme Katerine, quand il la joue intime, et même Bertrand Belin. On le sait, depuis quelques années, notre ami s’est pris d’affection pour un guitariste qu’il situe bien au-dessus des autres, Freddy Koella, l’Alsacien, ancien side-man de Bob Dylan. À ses côtés, il s’est mis en quête d’une forme d’épure, celle d’un folk-blues continental qui s’inspire de ses modèles américains, Woody Guthrie parmi d’autres, pour explorer l’immensité du territoire intérieur. (E.A.) Dick Annegarn, le 21 novembre au Rocher de Palmer à Cenon www.lerocherdepalmer.fr
THÉÂTRE
The Village POP
De la terre au ciel Est-ce parce qu’il est peintre que François Morry donne cette tonalité impressionniste à tout ce qu’il fait au sein de Frànçois & The Atlas Mountain ? Il y a des chances, mais ça serait résumer de manière presque simpliste la complexité d’un groupe qui a su séduire les Anglais au point que c’est le sémillant label Domino Records (Franz Ferdinand, Arctic Monkeys, Anna Calvi, Robert Wyatt, etc.) qui se charge de publier désormais ses albums. Non, la consécration vient d’ailleurs : elle vient sans doute de cette manière de concilier pop, électronique et avant-garde, en toute humilité. Chez lui, Dominique A croise le jazz de Pharoah Sanders, avec une musique qui contient sa part de magie. De Bordeaux, où il est revenu vivre après un détour par Bristol et Glasgow, François libère cette lumière qu’on trouve dans les musiques ethniques, comme s’il cherchait à reconnecter la terre au ciel. (E.A.) Frànçois & The Atlas Mountain, le 27 novembre en concert au Rock School Barbey www.rockschool-barbey.com Photo : Pascal Bastien
On l’a découvert en 1999, lors du festival de l’Union des Théâtres de l’Europe à Strasbourg, avec un Baal de Brecht troublant et poétique. Il n’avait alors que 25 ans. Deux ans plus tard, le metteur en scène hongrois Árpád Schilling était invité au Festival d’Avignon avec son adaptation d’Orange mécanique et poursuit l’écriture d’une œuvre scénique engagée et dérangeante. En 2008, lui qui a grandi en Hongrie avec la fin du communisme décide, après avoir triomphé sur les scènes européennes et obtenu de nombreux prix, de s’implanter une communauté rurale de Transylvanie. Histoire de mettre son engagement à l’épreuve de la réalité. Avec sa compagnie, le Théâtre Krétakör, il questionne, avec les spectateurs intégrés à ses spectacles, la Hongrie de Victor Orbán, où le citoyen doit choisir, entre sécurité et liberté (au grand désespoir de Benjamin Franklin). Loser (The Party) se déroule ainsi dans une petite ville, une sorte d’ « anti-Europe », où l’art et les idées critiques se voient muselées, où règne démagogie, discrimination, délation et corruption. Un spectacle nécessaire, proposé dans le cadre de Novart. (S.D.) Loser (The Party), les 28 et 29 novembre au Théâtre National de Bordeaux Aquitaine www.tnba.org - www.novartbordeaux.com Photo : Máté Toth-Ridovics
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THÉÂTRE
Middle class Échapper à la grisaille du quotidien. À l’épouse cantonnée aux fourneaux et à la figure paternelle dont la carrière s’arrête au stade technico-commercial. Manuel Carsen rêve une vie flamboyante de chanteur à succès. Mais les disques s’entassent sur les étagères et la morosité le rattrape… Dans son roman Le Moral des ménages, Eric Reinhardt donnait vie à un anti-héros méprisant et méprisable, dont le verbe acide suscitait de véritables moments de jouissance littéraire. Pour sa première mise en scène, Stéphanie Cléau a ingénieusement fait appel au dessinateur Blutch pour donner au psychisme du zicos raté une correspondance physique par le biais de projections de croquis en noir et blanc. Sur scène, Mathieu Amalric campe un Manuel Carsen sombre et cruel, hanté par des figures féminines incarnées dans leur totalité par la comédienne Anne-Laure Tondu. Tour à tour amante, mère et fille, la femme permet l’émergence d’une réflexion sur la filiation parent-enfant, l’héritage familial et la perception de l’autre. (C.T.) Le Moral des ménages, du 28 au 30 novembre au Carré les colonnes www.lecarre-lescolonnes.fr Photo : Marc Domage
EXPO
Magie ordinaire Pour sa nouvelle exposition, la boutique DODA (pour De l’Ordre et de l’Absurde), occasionnellement galerie d’art, a choisi d’accrocher sur ses murs déjà bien chargés des projets qui font du détournement leur spécialité. Les œuvres originales – photographies, dessins et même street art – ont pour point commun de mettre en scène la réalité, d’introduire de la magie dans l’ordinaire de la vie. Parmi la dizaine d’artistes réunis à cette occasion, on retrouve ZEVS (prononcez Zeus), street artiste déjà bien connu, mais également des artistes montants, comme Loli Maeght qui offre aux visiteurs une série de portraits de femmes magiques et poétiques. Le visiteur doit ainsi accepter de se retrouver d’abord dans l’hésitation pour finalement se montrer amusé, voire surpris ou carrément impressionné… (C.G) Détournements et fausses scènes de vie, jusqu'au 30 janvier 2015 chez DODA 72, rue Judaïque www.doda-bordeaux.com Photo : Julien Dumas
“ If music and wine be the food of love that’s because when they don’t succeed, they console.”*
*“La musique et le vin composent la nourriture de l’amour, s’ils faillissent alors ils consolent.”
Informations : 05 56 58 02 37 www.chasse-spleen.com
Photo : J.M. Palisse
Philip Kerr pour Chasse-Spleen
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Tendances Coconing
www.bonjourjohanna.com
par Johanna Tagada
Manteau Christian Wijnants. Top, caleรงon et bottines MM6 by Maison Martin Margiela. Pochette Isaac Reina. Bague Pandora.
Photographe Alexis Delon / Preview Réalisation Myriam Commot-Delon
ST ART ER. Mannequin Sara / Up Models Coiffeur Alexandre Lesmes / Avila www.avilacoiffure.fr Make-up artist Jacques Uzzardi www.jacquesuzzardi.com Maquillage réalisé avec les produits M.A.C Cosmetics www.maccosmetics.fr Post-prod Emmanuel Van Hecke et Camille Vogeleisen / Preview Assistante photo Claire / Preview
Top, jupe et veste Christian Wijnants. Bottines Free Lance. Porte-bouteille de vin en liège et cuir Biwine.
Top et jupe Christian Wijnants. Lunettes Thierry Lasry.
Pull en mohair et soie Fendi, jupe en crĂŞpe Balenciaga. Bague Pandora. Bottines Heschung.
Pull et pantalon Acne Studios. Bombardier Isabel Marant Étoile. Santiags Giuseppe Zanotti. Bracelet et bagues collection Love Cartier.
CORRÉLATIONS Photographe Alexis Delon / Preview Réalisation Myriam Commot-Delon Mannequins Aya & Sacha Coiffeur Florian Motsch / Avila Maquillage Audrey Beaurain Post-prod Camille Vogeleisen / Preview Assistante photo Claire / Preview
Robe Fendi et boucles d’oreille Mise en Dior Dior.
“ Ma bouche est une petite cicatrice rose qui a besoin d’air. ” Marlène Dumas
De haut en bas et de gauche à droite : Collier ras-de-cou et jonc en or rose, spinelles et diamants, collection Cardinale, Garaude Paris. Bague, chaine et pendentif en or rose et or noir facetté, Dayline. Bracelet à larges maillons en or rose mat, collection Love Chain par Roberto Coin. Bague en résine brillante, citrine et or jaune, création André Benitah. Plats miniatures en cuivre Mauviel. Peinture : Michaël Borremans, Red Hand, Green Hand, 2011.
“ I really like how people contain their time, in their faces. ” Elisabeth Peyton
De haut en bas et de gauche à droite : Bague Le Clou, bracelet Love, montre Tank Louis Cartier en or jaune et bracelet cuir, le tout Cartier. Lunettes Götti. Peinture : Michaël Borremans, Hornet, 2008.
Veste Ă revers en pointe, chemise et chapeau Paul Smith Main Line.
54 Zut ! Tendances § Mode
Des pieds, des mains PAR CÉCILE BECKER PHOTOS CHRISTOPHE URBAIN
55 Établie en Alsace et diffusée, entre autres, à Bordeaux (comme Zut !), Heschung est bien plus qu’une marque. Elle conçoit des souliers urbains de haute tenue tout en restant très attachée à l’humain, au savoir-faire et à la nature. Une philosophie, une famille, une success-story. La nouvelle est tombée il y a quelques semaines et a secoué le cœur des filles de la maison : Matthew McConaughey, flic fascinant de la dernière série à succès True Detective et oscarisé pour son rôle dans Dallas Buyers Club, sera chaussé par Heschung pour la promotion du film Interstellar. La manifestation d’une confiance – et d’une certaine classe – qui serait presque balayée d’un haussement d’épaules par l’équipe, car Heschung préfère se positionner loin des paillettes et de l’éphémère de la mode. Sophie Dubreuil, responsable marketing, explique : « Nous sommes attachés au fait que monsieur et madame Tout-le-monde portent nos chaussures. Nous préfèrerons toujours valoriser cette clientèle-là. De manière générale, nous sommes plus adeptes de la discrétion que de l’ostentation. » Une discrétion qui se retrouve dans l’effacement du patron. Pierre Heschung se dérobe aux yeux des médias mais sa présence, elle, se ressent partout où passe la marque : « Pierre est à l’origine de toutes les collections et en suit tout le processus, complète Sophie Dubreuil. Il implique beaucoup l’équipe qui teste les prototypes et donne son ressenti, mais chacune des décisions porte sa trace. » Sa trace, ses inspirations, son impulsion : un fonctionnement à l’ancienne, très familial, qu’il a probablement hérité de son père, Robert, et de son grand-père, Eugène, qui ont marqué l’histoire d’Heschung en faisant de la fabrique familiale un allié incontournable des grands skieurs français. Dès ses débuts, la marque se construit en complicité avec la nature. Montagne, bois, forêt, neige : un univers omniprésent encore aujourd’hui dans l’esthétique des catalogues autant que dans l’inspiration des modèles. Des lignes épurées, un porté sobre, le cousu norvégien ou Goodyear hérité du savoir-faire traditionnel de la maison, utilisé pour l’imperméabilité des chaussures de ski, un résultat forcément
de qualité et durable, qui implique des gestes précis et une certaine idée de la transmission. Que ce soit en Alsace, au travers de la collection Ateliers Heschung (où tout est fait main, produit en séries limitées, avec le cuir provenant de tanneries locales), en Hongrie ou en Toscane pour certaines subtilités de modèles femme, Heschung cultive ses différences : le goût du détail et du travail bien fait. De l’artisanat pur perpétué par des employés qui, pour certains, sont là depuis 40 ans et répètent inlassablement, consciencieusement, les mêmes jeux de main.
56 § Mode Heschung
“ Nous préférons ne pas faire plutôt que de mal faire”
Savoir-faire et faire savoir Un travail traditionnel, oui, mais avec une touche ultra-contemporaine apportée par Pierre Heschung qui, dès son arrivée, redynamise la marque en affirmant un positionnement luxe. Il lance par ailleurs des modèles femme et ouvre une boutique parisienne rue du Vieux Colombier. Devenue flagship store – comprendre : vaisseau amiral –, elle s’étend aujourd’hui sur 250 m2 avec un showroom ouvert sur l’espace de vente où les clients peuvent passer des commandes spéciales, donc personnaliser les modèles phares. En portant Heschung sur des rails plus créatifs, Pierre Heschung exprime ses propres obsessions : des inspirations plutôt scandinaves et minimalistes, autant dans le design que dans l’architecture, qui viennent nourrir les modèles et même la décoration de ses boutiques. On retrouvera forcément du Arne Jacobsen (le canapé Mayor) ou les chaises de Hans Wegner quelque part dans les aménagements. Mue par la chose créative, mais toujours par la même exigence, Heschung multiplie les collaborations depuis 2008 en créant des collections capsule qui continuent de porter l’aura de la marque. Conséquence : 13,2 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2013 et multiplication des boutiques, la plupart ouvertes en propre pour une meilleure maîtrise de son image voulue authentique. « Nous sommes à la fois impatients de nous développer mais
nous restons mesurés, explique Sophie Dubreuil, car il y a beaucoup d’investissements et de réflexion. Nous préférons ne pas faire plutôt que de mal faire. Chaque ouverture est mûrement réfléchie : nous attendons l’emplacement idéal, la bonne boutique. » La stratégie de communication se veut, elle, moins discrète qu’auparavant en affirmant un positionnement désormais intégré par tous : l’outdoor chic. Des modèles plus urbains et, pour la femme, plus fins, notamment dans la collection printemps-été 2015. Un luxe discret qui continue de séduire les aficionados de la marque et en draine toujours de nouveaux. Heschung prévoit de doubler le nombre de ses boutiques dans l’Hexagone dans les cinq années à venir et, avec 25% de ses ventes à l’export, se rêve à Berlin, Munich, Londres, Chicago, Boston et New York, où elle revend déjà chez Barney’s. La classe, à la française. www.heschung.com
57 Heschung la timeline 1934 — Eugène Heschung créé la fabrique Heschung, près de la maison familiale en Alsace du Nord. 1949 — Création des premières chaussures de ski en cuir. 1952 — Robert Heschung succède à son père. 1955 - 1960 — La marque s’industrialise. Création des premières chaussures de ski de compétition. Heschung devient fournisseur officiel de l’équipe de France de ski, qui remporte médaille sur médaille aux Jeux olympiques de 1968 et 1972. Le petit Pierre Heschung est très marqué par les allées et venues de Jean-Claude Killy dans l’atelier de Steinbourg. 1972 — La marque Heschung reçoit l’Oscar de l’exportation. 1986 — Pierre Heschung rejoint son père au sein de la société et en prend la direction en 1992. 1995 — Lancement de la ligne femme. 1999 — Ouverture de la première boutique parisienne au 20, rue du Vieux Colombier et de la boutique du 7, rue Gasparin à Lyon. 2001 — Première boutique Rive Droite à Paris au 8, rue du Marché Saint-Honoré. 2003 — Corner dans le grand magasin Isetan au Japon. 2008 — Ouverture de la boutique à Bordeaux. 2011 — Lancement de la collection Ateliers Heschung dont les modèles sont fabriqués à 100% dans les ateliers alsaciens. 2013 — Ouverture du flagship du 18, rue du Vieux Colombier à Paris, et lancement du service de Commandes Spéciales. Ouverture à Rouen. 2014 — Ouvertures à Cannes, Lille et Hambourg
Eugène et Madeleine Heschung en 1934
58 § Mode Heschung
CO-BRANDING
Inventory PAR MYRIAM COMMOT-DELON
A
Reflet d’une époque, Ateliers, la ligne premium de Heschung, est aussi un lab créatif à la démarche contemporaine, collaborant chaque saison avec des labels pointus. Une symbiose trendy, jalonnée de must-have intemporels. Revue de détails.
C
D
A — Ateliers Heschung x JVB Jens Vom Brauck, designer allemand de la marque JvB Moto, est un atelier de customisation à l’esthétique agressive et dépouillée. Résultat de cette collab pétaradante ? Des bottes de moto en cuir Suportlo + une Triumph Scrambler/ Atelier Heschung + un film aux réminiscences sixties.
E — Ateliers Heschung x OAMC La marque OAMC (Over All Mastercloth), développée par Carhartt WIP, dessine une mode masculine pragmatique et affutée, férue de tissus issus des nouvelles technologies, comme le Kevlar. Une collab 2.0 inspirée par les archives Heschung.
Bottes de moto Scrambler, Ateliers Heschung x JVB www.jvb-moto.com
B
B — Ateliers Heschung x Bleu de Chauffe Heschung ne pouvait qu’être séduit par l’esprit workwear et la fabrication artisanale de Bleu de Chauffe, une marque française de maroquinerie privilégiant le tannage végétal et inspirées par les vieux sacs de métiers. Sac Coursier en cuir Yucatan recouvert de paraffine www.bleu-de-chauffe.com
E
Chaussure Composite Black, modèle en vente à Bordeaux chez Graduate Store www.oamc.com — Bonne Gueule x Ateliers Heschung. La prochaine collection capsule à découvrir en décembre prochain ? 150 exemplaires du modèle Cobra (réalisé en exclusivité pour Bonne Gueule), un blog de conseils en mode masculine qui collabore chaque saison avec des marques emblématiques aux compétences précises. www.bonnegueule.fr
C — Ateliers Heschung x De Bonne Facture Déborah Neuberg, la créatrice de la marque de vêtements De Bonne Facture travaille uniquement avec des ateliers français au savoir-faire expérimenté. Sa proposition textile pour Heschung ? Deux chemises en coton japonais et deux pulls marins. Quatre pièces universelles.
D — Ateliers Heschung x Yuketen La marque japonaise Yuketen est spécialisée dans l’outdoor traditionnel américain. Les modèles créés par Yuki Matsuda et Pierre Heschung font désormais partie des collab hype et internationales les plus recherchées par les férus de chaussures authentiques.
Pull en lainage et feutre Arpin www.debonnefacture.fr
Modèle femme Verbier www.yuketen.com
Boutique Heschung Bordeaux Place des Grands Hommes www.heschung.com
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60 Zut ! Tendances § Orbite
Les détails qui tuent PAR MYRIAM COMMOT-DELON
Trois collections A/W 2014-15 qui nous mettent en émoi. Clémence Poésy x Pablo (la seconde ligne de Gérard Darel) est la collection capsule la plus ravissante de la saison.
Les codes / 10 pièces bohème-chic inspirées par le nord de l’Angleterre. Les détails / Le col et les poignets blancs d’une petite robe noire, semblable à celle portée en 1961 par Niki de Saint Phalle* lors de sa performance Tirs + un manteau d’enfant surdimensionné + un T-shirt rock dont les recettes seront reversées à l’association Women World Web, plateforme de crowdfunding qui milite pour les droits des femmes et dont Clémence Poésy est une des ambassadrices. www.w4.org *Exposition Niki de Saint Phalle, jusqu’au 2 février 2015 aux Galeries nationales du Grand Palais à Paris. www.grandpalais.fr.
Collection Pablo, aux Galeries Lafayette, 11-19, rue Sainte-Catherine
© Niki de Saint Phalle / Niki Charitable Art Foundation, 2014
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Le lookbook de la collection AW 2014-15 d’Isabel Marant est si décontracté, si casual, si minimaliste qu’il en est diablement moderniste.
Les codes / Pièces épurées et classiques travaillées oversize, dégaine boyish. Un exercice maitrisé à 100% par la styliste française la plus cool du monde. Les détails / Les nouvelles baskets signées Isabel Marant, aux faux airs de Stan Smith + une œuvre du peintre abstrait Serge Poliakoff imprimée sur des jeans. Isabel Marant Étoile et Première Ligne chez Ma Première Boutique 11, rue Maucoudinat - www.isabelmarant.com
Le très pop, très espiègle, très jeune et très lancé Simon Porte Jacquemus a signé une collab avec La Redoute.
Le conseil / On complète cette mini garde-robe à prix doux avec les pièces plus couture de sa collection La Femme Enfant. Les détails / Les socquettes (3 modèles en vente sur l’e-shop – 30 € la paire) + les Adidas Superstar – immaculées – la signature Jaquemusante pour booster cet hiver un manteau au volume XXL. www.jacquemus.com - www.laredoute.fr - www.adidas.fr Jacquemus, chez Monsieur Madame Boutique 26, rue Condillac – www.monsieurmadameboutique.fr
62 Zut ! Tendances § Flash Mood
Up to date PAR MYRIAM COMMOT-DELON
Beaucoup d’envies et de collections capsules, trendy et abordables.
Eugène Riconneaus x Minelli Eugène Riconneaus ? Un gosse baigné de culture underground, de skate, de Larry Clark et Harmony Korine. Nourri de ces codes rassasiants, il livre la quintessence de son travail chez Minelli, à prix d’ami. Merci. www.minelli.fr
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Alexander Wang x H&M
Quand le nouveau D.A au visage d’ange de Balenciaga dit : « sport ! », on sort illico nos stilettos. Son mood ? Un streetswear 2050 à la sauce NYC. Moderne et sexy. www2.hm.com
Rodolphe Ménudier x Éram Combler les femmes qui veulent séduire : une gageure ? Boucle-la, Chaîne on you, Hard Runneuse ou Power Rangers, voici les petits noms de quelques-uns des 20 pièces qui vont nous faire danser tout l’hiver. www.eram.fr
Lykke Li x & Other Stories 3e album pour la chanteuse suédoise qui s’est essayée à un job de styliste pour la marque pointue du géant H&M. Résultat ? Une collection glam & rock, très noire, très or et très désirable. www.stories.com
Heimstone x Monoprix La griffe française pointue s’inspire de New York, où vit sa créatrice Alix Petit, pour cette collection femme et kids. De quoi combler la modeuse en manque et ravir la jeune maman bohème. www.monoprix.fr
64 Zut ! Tendances § Street
Urban Styles
RÉALISATION ADRIEN NAVARRO PHOTOS ALEXIS NOQUET
Béatrice étudiante Ta marque préférée ? Je dirais Bash. Un style à la pointe de la mode qui me correspond totalement. Ton bar préféré ? Je sors souvent dans des bars comme la Vie Moderne ou le Café Brun. Pour les nuits les plus folles mon choix se porte sur l’Iboat ! Un fashion faux pas? L’ultime, c’était des UGGs fourrées… Aïe !
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Matthieu vendeur Ta marque préférée ? Levi’s ! Deux ans que je bosse chez eux, c’est devenu ma tenue de travail. Je suis payé pour porter des vêtements que j’achèterais ! Ta boutique préférée ? En bon propagandiste : Levi’s ! Mais j’aime aussi beaucoup Duke Vintage, une friperie super cool située rue du Loup ! Un fashion faux pas ? Je suis un inconditionnel du skinny, des boots etc., donc pas vraiment de fashion faux pas, quelques fautes de goût ici et là, mais rien de bien méchant !
66 SÉLECTIONS tendances
MODE
Vent d’ouest Notre émoi vestimentaire et le geste bohème de la saison ? Jeter sur ses épaules un poncho et sur son sofa une couverture en laine La Méricaine. Sa créatrice, Valérie Hernandez, pilote depuis Hossegor cette première collection mixte inspirée des tribus amérindiennes qui s’enveloppaient de manteaux similaires de la naissance au mariage… et à la mort. Un argument imparable pour céder aux sirènes de son e-shop trendy et respirer les bonnes vibes de son lookbook mis en scène par le photographe Benjamin Jeanjean. (M.C.D) La Méricaine, en vente à Bordeaux chez Bye Bye Bandit 26, rue de la Devise www.byebyebandit.fr www.lamericaineandco.com Photo : Benjamin Jeanjean www.benjaminjj.com
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MODE
Message In a… Cette saison, on affiche ses principes en lettres de feu. Chez StepArt, label concept sis à Hossegor, qui ouvre ses shirts à des graphistes et artistes, comme Alexis Jamet pour ce modèle Ivresse, comme chez Someoneshoes, marque bordelaise aux semelles de vent, qui imprime sur ses belles baskets en cuir des coordonnées géographiques ou de fébriles maximes, comme « Fuck The Industry, Enjoy the handmade ». Passez le message ! (C.S.) Someoneshoes, disponible chez Darwin 87, quai de Queyries www.someoneshoes.com StepArt disponible chez Alphonse Alphonsine 8, rue du Temple www.stepart.fr
MODE
Bashotage La marque des deux meilleures copines Barbara et Sharon joue désormais dans la cour des grandes ! ba&sh devient l’indispensable de la femme active, lookée sans se la jouer… Les petites robes frôlent la perfection, les coupes ravissantes boostent la silhouette ! La marque – qui vient de célébrer ses 10 ans – s’invite désormais aux Galeries Lafayette, l’occasion de succomber à l’inspiration bohèmechic si chère à ses créatrices. (C.L.) Ba&sh aux Galeries Lafayette Bordeaux 11-19, rue Sainte Catherine - www.galerieslafayette.com Photos : Quentin De Briey
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MODE
Boutique poétique Après avoir fait découvrir au printemps dernier sa collection été dans une boutique éphémère, rue Condillac, la marque prêtà-porter haut de gamme Lilith s’établit pour de bon à Bordeaux ! La nouvelle boutique a ouvert ses portes en octobre, et nous invite à découvrir, fidèle à l’ADN d’une marque qui mêle art et mode, sa collection hiver, inspirée de l’univers romanesque des Hauts de Hurlevents d’Emily Brontë… (C.G.) Lilith 27, rue des Remparts www.lilith.fr
ACCESSOIRES
Visa pour le style
Si pour voyager loin il faut ménager sa monture, il suffit parfois du bon accessoire pour traverser des frontières. Inspirée par ses voyages, Delphine Lopez offre à travers ses sacs aux couleurs de soleil ou ses pochettes aux imprimés graphiques une certaine vision de la mode borderless et cosmopolite. Une inspiration couplée à un bel héritage (ses grands-parents avaient un atelier de confection à Bordeaux) qui ont donné naissance il y a à peine un an à cette belle marque. (C.S.) Maradji, disponible chez Bye Bye Bandit 26, rue de la Devise et chez Addict, 43, rue des Trois Conils www.maradji.com
BIJOUX
Girl Band Récemment ouverte, la boutique Ateliers des Dames offre une seconde vitrine bordelaise à la marque de bijoux d’Hossegor, née en 2008. Caroline et Quitterie sillonnent le monde à la recherche de matières nobles, de pierres semi-précieuses et de techniques originales. La collection automne-hiver 2014-2015 regorge d’articles composés de fleurs fabriquées à partir d’écailles de poisson traitées et colorées, savoir-faire glané au Brésil. C’est fin, c’est charmant, et tous les bijoux sont made in France. (C.S.) L’Atelier des Dames 73, rue des Remparts www.latelierdesdames.fr
Le city guide
bordelais
TROI S I ÈM E ÉDI TI ON | 2 015 sortie decembre 2014
www.lebeaum.com BIRTHDAY
À fond Alphonsine ! C’est son premier anniversaire et pour l’occasion, Alphonse Alphonsine, la boutique indispensable des modeuses, met les bouchées doubles ! Delphine convie créateurs, coiffeurs et stylistes pour des ateliers make up, coiffure ou conseil en image dans une ambiance chaleureuse et détendue. On en profite pour découvrir les nouveautés : les fameuses pochettes bordelaises Charlie & co et la collection pour les 125 ans de Lee, avec ses nombreuses collab’ ! Sans oublier, toujours, Step Art ou Pavé on the ground pour les hommes. Retrouvez toutes les infos sur sa page facebook ! (A.N.) Alphonse Alphonsine 8, rue du Temple - 05 56 06 76 29
R ESTEz IN fOR MÉS DE N OTR E ac T ual ITÉ Su R N OTR E SITE ET Su R N OTR E pagE fac Eb OOk www.facEbOOk.cOM/lEbEauM
100% produits frais Sandwichs et salades réalisés sous vos yeux, pâtisseries maison.
27 rue Notre-Dame 33000 Bordeaux 05 33 05 57 06 Du lundi au vendredi De 11h30 à 15h
Lifestyle Coconing
www.bonjourjohanna.com
par Johanna Tagada
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Mention. Très bien
Zut ! Lifestyle × Déco
Une fin d’année design qui mérite un 20/20.
PAR MYRIAM COMMOT-DELON
Andrea Branzi, Vase YG 1203, 2004 Collection Blister Ed. Design Gallery Milano Collection particulière © Design Gallery Milano / Photo Ricardo Bianchi
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+ Maestro Andrea Branzi !
— Anti-banal On applaudit Sebastian Wrong, le directeur artistique de la marque Hay, et sa collection Wrong for Hay pour avoir collaboré avec l’artiste Nathalie du Pasquier – ex-membre du mouvement Memphis comme Andrea Branzi – et avoir édité cette série de coussins aux imprimés ultra-eighties provenant des archives personnelles de la plasticienne. www.wrongforhay.com
Trees by Andrea Branzi / Carpenters Workshop Gallery, Paris, France
Andrea Branzi est l’un des principaux représentants de l’architecture radicale italienne et une star internationale du design. L’exposition monographique que lui consacre le musée des Arts Décoratifs de Bordeaux – hors-les-murs à l’espace Saint-Rémi – met en lumière 150 de ses créations, dans une scénographie qu’il a lui-même signée. Une exposition passionnante qui fascinera les férus de design et leur fera découvrir les multiples facettes de celui qui a fondé la Domus Academy, travaillé avec de grandes marques comme Vuitton, Piaggio, Pirelli, Alessi ou Fiorucci, qui fut aussi membre fondateur du groupe Archizoom et associé au studio de design industriel et expérimental Alchimia et au groupe Memphis. Et pour parfaire vos connaissances sur ce créateur iconoclaste, un ouvrage de référence dans lequel il signe un texte inédit est édité pour l’occasion, rassemblant 50 années de création. Pleased to meet you, 50 ans de création, jusqu’au 25 janvier 2015 à l’espace Saint-Rémi. www.branzibordeaux.fr Andrea Branzi, designer, architecte, théoricien. 50 ans de création, collectif bilingue, Alternatives, 272 p., 35€
Nathalie du Pasquier a aussi signé cette saison une collection de vêtements pour la marque American Apparel. Le motif de cette collab ? Des motifs ! Géométriques, réjouissants, anti-crise pour une allure très… décorative ! www.store.americanapparel.net www.nathaliedupasquier.com Photo : Emanuele Zamponi
74 Zut ! Lifestyle × Déco
Le beau, le brut et la couleur PAR CHARLOTTE SARIC PORTRAIT JULIE REY
Un canapé couleur lune, un guéridon couleur soleil ou un mur couleur temps : Claude de Boysson, décoratrice d’intérieur à la tête de l’Agence Couleur et du magasin Nuovo, travaille la couleur tout en nuances mais avec audace. C’est même elle qui l’a amené à ce métier. Rencontre avec ce pilier de la déco intemporelle à Bordeaux.
75 Le mélange, la dissonance qui s’accorde bien : en mode comme en décoration, on appelle ça le mix and match. On pourrait dire qu’à sa manière sophistiquée, Claude de Boysson est un parangon de cet état d’esprit. Elle aime associer les matières, brutes et sophistiquées, les nuances de couleurs, sobres souvent et vives parfois… et est toujours orthodontiste à mi-temps et intrinsèquement artiste peintre. Mais alors, comment a-t-elle troqué la blouse contre le nuancier ? C’est une question d’entourage, celui qui vous élève – au propre comme au figuré –, et de rencontres. Claude de Boysson grandit dans une famille d’artistes, d’acteurs, avec le beau en héritage. Quand en 2002, un ami lui propose de s’associer dans une boutique de déco, elle en profite pour poser la fraise pour la première fois. Depuis, elle a ouvert trois boutiques puis son showroom, en 2010, cours de l’Intendance. Ces lieux lui ont permis de commencer son activité de conseillère en décoration : un client lui achète un meuble, l’invite chez lui pour avoir un avis sur site ou lui formule son impuissance face à la décoration de son intérieur, et voilà une seconde vocation est née ! Et c’est une vraie révélation, car « vendre des meubles sans le tout, sans la couleur ça ne [l’]intéressait pas ». Car la « colorisation » est bel et bien l’acmé de son travail de décoratrice. Elle précise néanmoins que bien qu’elle « travaille beaucoup la couleur sur [s]es chantiers, il s’agit de non-couleurs ». C’est-à-dire des couleurs sourdes : des gris, des beiges, des taupes, des bleus, des caramels. Qu’elle twiste par petites touches, comme avec ce fauteuil orange. C’est ce même principe qui régit ses choix de mobiliers : pour qu’un intérieur soit à l’abri des effets de mode qui passent, elle privilégie des éléments importants et intemporels comme un canapé, une table et y associe une petite pièce qui détonne, dénote, comme un guéridon ou un fauteuil. Mais on revient toujours à la couleur qui est son credo, son motto. Alors qu’elle ne revend que des meubles de belle facture, elle reconnaît au mainstream Ikea un excellent merchandising, parce que justement ses mises en scène sont travaillées autour de la couleur. Et n’avez-vous jamais remarqué que si la poêlée de coquillages du Petit Commerce est si bonne, c’est peut-être aussi parce que les murs qui vous entourent ont été peints dans un nuancier qui n’est « pas trop chic, branché mais pas bobo, en s’adaptant au mobilier existant » ?
Ivre de design et de peinture Que la couleur soit cruciale dans son travail est probablement lié à son expérience d’artiste peintre. D’ailleurs, la présence d’une œuvre est une autre règle de Boysson, parce que « l’âme est donnée par les tableaux ». Elle découvre des artistes au gré de ses pérégrinations, que ce soit Augusti Puig, élève d’Antoni Tapiès, ou de jeunes peintres rencontrés à Saint-Michel, à qui elle passe commande et donne de la visibilité dans son showroom. Il s’agit d’avoir non seulement l’œil du peintre mais aussi le flair du tendanceur. Ainsi, elle « piste, regarde et retient », tient de petits cahiers d’inspirations et collecte idées, artistes et designers. Elle a le sens de l’innovation (elle fut la première à importer la marque B&B Italia), sait faire le juste choix des marques (principalement italiennes, Floss, Bocci, Tacchini en autres). Son rôle d’« acheteuse » est régi par plusieurs impératifs, qualité, diversité et originalité. Grâce à cette Sainte Trinité, même s’il y a un style de Boysson qu’elle définit comme « intemporel, chaleureux et contemporain », il n’y a pas de redite dans ces chantiers, chaque pièce est unique. Et surtout avec le supplément d’âme qu’elle a su leur donner, ses installations ne ressemblent en rien à un showroom. Agence Couleur Décoration et magasin Nuovo 62, cours de l’Intendance 05 56 81 70 82 www.agencecouleur-nuovo.com
Les incontournables de Claude de Boysson — Une couleur Une déclinaison autour d’une couleur, c’est la fondation de la décoration. C’est d’ailleurs en associant différents tons et différentes matières de la même couleur qu’elle démarre tous ses chantiers. — Du bois Porte de placard ou plafond, la présence du bois réchauffe instantanément une pièce. — Un tapis Parce qu’il « donne beaucoup d’allure à une pièce ». — Une œuvre C’est le point d’orgue d’une décoration, l’âme d’une maison, la différence entre son salon et celui du voisin. — Un objet chiné Un élément insolite pour casser le côté parfois trop lisse du mobilier contemporain.
76 Zut ! Lifestyle × Design
Le bois en héritage TEXTE ET PHOTOS ÉMILIE DUBRUL
Designers, créateurs, ébénistes, les frères Dircks sont à la tête d’une petite entreprise de design et de mobilier artisanal « qui ne connaît pas la crise ». Rencontre avec les deux trentenaires dans l’atelier au fond du jardin familial. « Une fois étuvé, le noyer va être blanc. Avec le temps, un noyer qui sèche sera plus sombre, presque noir. Ce bloc que nous avons récupéré a été coupé par notre arrière-arrière-grand père. Ça doit lui faire dans les 300 ans aujourd’hui ! » Thomas échange un sourire complice avec Martin et repose la lourde pièce de bois sur l’établi de l’atelier. Chez les Dircks, le travail du bois fait partie de l’histoire familiale. Une passion et un savoir-faire que l’on se transmet depuis maintenant huit générations. Après un début de carrière en solo, les deux frères se retrouvent en 2013 pour lancer la marque qui porte leur nom. « Utiliser notre nom de famille était une évidence. Il nous inscrit dans la tradition des fabricants de mobiliers. Ce nom est un comme un gage de pérennité, une signature ! » Thomas, 31 ans, a fait ses armes dans l’univers du dessin animé et du jeu vidéo. Formé à l’école Émile Cohl à Lyon, ce touche-à-tout de l’image s’est rapidement diversifié en travaillant comme illustrateur pour la presse magazine, graphiste vidéo ou encore réalisateur 3D. Pendant ce temps, Martin, son cadet de 3 ans, CAP et BAC pro en ébénisterie d’art en poche, se lance dans une formation de design d’objets à l’école LIMA à Bordeaux. Passé maître dans l’art de l’assemblage, selon les teintes et les propriétés du bois, Martin parle du noyer ou du chêne comme un orfèvre parlerait de pierres précieuses. Il aime rappeler que le bois est avant tout une essence, pas simplement une couleur, et qu’il présente de nombreuses contraintes
techniques : « Des connaissances que certains designers n’ont pas toujours et qui peuvent changer l’esthétique d’un meuble du tout au tout. » Une problématique que Thomas a également rencontrée dans son métier de dessinateur. « Pour nous, l’inspiration naît de la contrainte. » Entre deux explications, Martin reprend son ouvrage sur une future tablette de lit. Travail des mains, acuité du regard, fascinant mouvement du geste, contrôlé et minutieux. Le matériau brut qui disparaît, ciselé peu à peu vers la forme imaginée. L’odeur du bois omniprésente. Sciure, éclats et copeaux se mélangent pour faire naître cette fragrance unique des ateliers d’ébénisterie. Et c’est avec les outils et parfois les conseils avisés de leur grand père ébéniste que leurs premières idées prennent vie.
Dépoussiérer le métier ! En unissant leurs compétences techniques et artistiques, les deux frères maitrisent aujourd’hui tout le processus de création, du dessin d’origine à la réalisation finale. Ce qui leur permet aussi bien de restaurer des meubles anciens que de s’amuser à en créer de nouveaux pour des particuliers ou des entreprises. Leur indépendance est « parfois stressante » mais elle leur permet surtout d’être libre de créer à leur rythme, sans contraintes de temps ni de quantité. Une liberté que l’on retrouve dans leur mobilier désormais estampillé. « Ce qu’on aime aussi dans l’ébénisterie, c’est l’idée que nos meubles puissent se transmettre de génération en génération, un peu comme la vieille commode de mamie mais avec un design intemporel et moderne. Cela ne
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“ Pour nous, l’inspiration naît de la contrainte.”
nous intéresse pas de faire de la technique pour de la technique. Si pour l’esthétique d’un meuble, il faut un morceau de bois brut, non raboté et non verni, on le fera. Laisser de l’aubier sur un morceau de bois, ce serait inconcevable pour un artisan alors que pour nous, c’est un atout et si c’est du noyer de 300 ans, très contrasté, c’est encore plus esthétique. » Cette passion du bois se retrouve au cœur du beau projet éco-responsable qu’ils portent en partenariat avec des scieries situées dans les Pyrénées. « Ils ont une qualité de bois exceptionnelle là-bas. Ils connaissent les origines de leurs grumes car ils vont couper les arbres eux-mêmes. Au-delà du fait de se fournir exclusivement chez eux, l’idée serait de créer un site Internet avec un système de traçabilité intégré du produit jusqu’à l’arbre, histoire pour le client de voir la scierie, la parcelle de forêt, et même l’arbre d’origine. » S’ils puisent leurs sources dans le panthéon du design scandinave ou allemand, Hans Wegner, Finn Juhl ou Wilhelm Renz, leurs meubles aux formes lisses et épurées revendiquent tout de même une certaine french touch dans un style plus fantasque. Aujourd’hui Thomas et Martin veulent donc continuer sur ce bel élan. Ils viennent d’ailleurs de recevoir le Label de l’Observeur du design 2015 pour leur tabouret Capsule. Une belle reconnaissance pour ce duo talentueux… À suivre donc de très près ! www.mdircks.fr
78 Zut ! Lifestyle × Artisanat
Éloge de la matière TEXTE ET PHOTOS ÉMILIE DUBRUL
La diversité les distingue : en artisans complémentaires, Erwan De Rengervé et Éric Gonzales travaillent indifféremment la terre, le bois et la céramique. Le binôme nous ouvre les portes de Polypode, son atelier de création en plein cœur de Bordeaux. Ce matin, une jarre en chêne tournée à la main, venue de Bourgogne, arrive à l’atelier. « Un artiste de l’entreprise Colin », relève Éric Gonzales en connaisseur. Alors qu’il entame le délicat travail de son adaptation en terre cuite, Erwan termine quant à lui une pièce unique en bois brut, commande pour une grande enseigne parisienne qui sera également déclinée en céramique. Le binôme de créateurs passe d’une matière à l’autre avec un plaisir évident. Un métissage devenu leur signature. « Nous aimons tous les matériaux : la terre, le bois, la céramique. Nos formations respectives et notre complémentarité nous permettent de répondre à des demandes plutôt éclectiques. Et si on y peut mettre notre grain de folie, c’est encore mieux ! » Erwan, qui a « touché de la pierre » pendant 10 ans sur des chantiers de rénovation de monuments historiques, aime particulièrement la céramique. « Quand la porte du four s’ouvre… on ne sait jamais ce qu’on va trouver à l’intérieur. Il peut y avoir d’intéressants accidents de cuisson et ça crée à chaque fois une excitation très forte. » C’est en posant ses outils
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quelque temps chez Astier de Villate, une PME de designers parisiens en vogue, qu’il rencontre Éric, son futur alter ego, alors responsable de l’atelier bois et patines. Éric, formé à l’ébénisterie, apprécie l’alliage du bois et du métal. « J’ai grandi à la campagne, au milieu des bois. Enfant, je fabriquais des guitares de 10 cm, des animaux, souvent pour en faire des cadeaux. Le travail de l’acier vient de mes années passées dans un bureau d’étude mécanique. J’y ai appris à maîtriser cette matière, au premier abord dure et froide. » De Paris à Bordeaux « Nous avons quitté Astier pour un atelier à Montreuil, dans une pépinière d’entreprises à loyer modéré, ce qui nous a permis d’acheter notre premier four. » En 2006, lors d’un salon des Métiers d’Arts, le duo est repéré par un prestigieux magasin new-yorkais, situé sur la chic 5e Avenue. « Le directeur du rayon Arts de la table nous a commandé une collection de vaisselle en faïence reprenant les motifs Arts Déco de la façade. C’était une belle première commande ! » Des raisons familiales les poussent à quitter Paris pour Bordeaux. « Pour être franc, confie Erwan, nous avions une image assez négative de cette ville, très sale, très noire. Mais avec les châteaux à proximité, on s’est dit que ce serait l’occasion de se lancer dans des chantiers de déco dans leur globalité, en proposant les matériaux qu’on aime travailler : bois, céramique, béton. » Le mélange, toujours. Lorsqu’on les interroge sur leurs influences, la réponse fuse comme une évidence : « Le parc Güell de Gaudi à Barcelone. C’est l’aboutissement de ce qu’on peut faire en mélangeant mes matériaux. C’est juste dingue et terriblement talentueux. On pourrait aussi citer les façades parisiennes et les bouches de métro de Guimard, réalisées entièrement en céramique. » La création sans limite Dès l’entrée de l’atelier, on est frappé par la fantaisie et l’éclectisme des deux créateurs. Leur univers très inventif propose aussi bien des pièces fonctionnelles que des objets décoratifs. Un univers où la vaisselle d’un blanc immaculé côtoie des meubles aux lignes très contemporaines. Où des animaux familiers aux formes baroques semblent menacés par des squelettes sortant tout droit du Mésozoïque. Dans la boutique qui jouxte l’atelier, une
impressionnante créature hybride nous accueille. « Nous nous sommes lâchés », précise Erwan amusé, car ce T.Rex en acier et faïence a nécessité deux mois de travail. « Il faut d’abord fabriquer le modèle en acier puis modeler la terre sur l’acier en tenant compte des rétractions, pour ne pas que la terre éclate. » Une prouesse technique qui révèle un vrai savoir faire. Un peu plus loin, une belle bibliothèque en bois naturel côtoie une console en faïence émaillée et un meuble plutôt intrigant. « C’est un meuble à dégustation. On a vraiment envie de développer les objets dédiés à l’univers du vin. On est à Bordeaux, quand même. » D’ailleurs, ils aiment se balader en famille au parc de Majolan où les grottes reconstruites à la chaux ou les nombreux ponts de style gothique sont autant de sources d’inspiration. Tout comme le Grand Bar Castan, un bar mythique sur les quais, « où le classicisme du XVIII e flirte avec l’Art nouveau ». « Une belle réalisation,
selon Erwan. On entre dans une sorte de grotte où s’épanouit un immense palmier. Les murs sont chargés de fresques, de mosaïques, de frises de coquillages : une profusion qui fait tourner la tête. » Malgré un carnet de commandes bien rempli, nos deux passionnés ne se reposent pas sur leurs lauriers. Ils continuent de se développer, en proposant notamment des aménagements intérieurs complets. Erwan a même un rêve fou : réaliser un mur entièrement recouvert de céramique, dans l’esprit des façades parisiennes Art nouveau. « Il ne manque plus qu’un client assez fou pour le mener à bien », conclut-il en riant. Avis aux amateurs ! Polypode 26, rue Notre-Dame 05 56 02 30 59 www.polypode.com
80 Zut ! Lifestyle × Outdoor
Garden State PAR JULIEN PLEIS
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Photo Alexis Delon / Preview
Ni paysagiste, ni architecte, mais un peu des deux. Ambassadeur de l’« outdoor living », Julien Rhinn, 31 ans, s’évertue depuis une décennie à parfaire les jardins et terrasses trop peu exploités pour en faire de véritable espaces à vivre. Tour d’horizon. L’homme a le regard vif, le discours assuré et l’emploi du temps bien chargé. Pour lui, tout projet commence avec des clients qui ont acheté un bien immobilier, mais qui n’ont pas eu le sur-mesure qu’ils auraient souhaité. Terrain peu attrayant, arbres trop nombreux, cabane au fond du jardin trop petite, bref, il y a un truc qui cloche. En adepte convaincu du relifting complet, Julien Rhinn repense et recrée l’ensemble des éléments extérieurs, des façades au gazon. Et pour lifter, il lifte ! Si tout est faisable, tout n’est pas pour autant à faire. C’est pourquoi, lors des premiers contacts avec un futur client, il l’emmène sur ses chantiers pour être sûr qu’il comprenne bien son univers. Pour Julien Rhinn, il est très important que le client soit en accord avec ses conceptions esthétiques et son identité visuelle, afin qu’il puisse ensuite travailler librement, sans entraves. Une fois l’osmose créée, la phase de personnalisation peut commencer, et le travail proprement dit. Ses maîtres-mots sont sobriété, harmonie et exigence. On oublie tout de suite les frous-frous, le tape-à-l’œil et le clinquant, pour privilégier l’épure absolue : tons cassés, matières brutes et lignes tendues. Les formes et les couleurs sont étudiées pour former un équilibre qui fera du jardin un écrin sophistiqué, dont la scénographie entre en accord avec le salon d’extérieur. Enfin, l’exigence est simple : tout est haut de gamme. Du bois qui compose la terrasse au métal brossé des toitures en passant par le béton brut des allées, chaque matériau, chaque module est choisi avec soin dans une recherche de qualité et de noblesse.
Le choix du végétal est primordial : il doit être adapté au climat, à l’espace disponible et aux envies du propriétaire. D’où un impératif clair : les plantes doivent avoir un impact esthétique instantané et durable (hiver comme été), ainsi qu’un entretien assez aisé. Julien Rhinn utilise ainsi fréquemment le bambou et le pin qui se prêtent bien à ces contraintes. Il lui arrive aussi régulièrement de faire venir d’Allemagne des arbres âgés de 35 ans, qui font déjà 17 mètres de haut et seront replantés à l’aide d’une grue. Effet garanti ! L’odyssée de l’espace Julien Rhinn n’a pas fait d’école de design, pas de fac d’architecture. Il commence modestement il y a 12 ans, par une entreprise d’entretien des espaces verts, puis il passe à l’installation de piscines et enfin à celle de terrasses en bois, à une époque où les clients se montrent encore très frileux devant – croient-ils – cette nouvelle fantaisie. C’est à cette période qu’il a le déclic : il lui semble nécessaire d’alerter ses clients sur les espaces de vie qui peuvent naître d’une allée, d’un jardin ou d’une terrasse. Ce sera son nouveau cheval de bataille. Mais changer les codes et les habitudes n’est pas forcement évident, notamment en Alsace où la culture du vivre dehors n’est pas encore ancrée. Petit à petit, il fait son nid, développe sereinement son activité et gagne en polyvalence dans la maîtrise des différents corps de métiers qui gravitent autour de chacun de ses projets.
82 × Outdoor Julien Rhinn
Son parcours d’autodidacte lui confère sans doute une rage de vaincre. En véritable combattant, aucune difficulté n’est insurmontable et aucun refus définitif. « Il y a toujours une solution !, martèle-t-il. Quand je prends un chantier, je ne me satisfais pas d’un plan vite fait en suivant l’avancement des travaux à distance, non. Je mets mes tripes dedans ! Chacun de mes chantiers, je le suis comme si c’était ma propre maison. » Il lui arrive de faire refaire à ses entrepreneurs un élément qui n’aurait pas été exécuté selon sa vision, pour un écart de quelques centimètres par rapport au plan de départ. Heureusement, il s’est constitué au fil des années une équipe resserrée, avec des artisans en qui il peut avoir confiance. Charpentier, métallier ou paysagiste, « ce sont des gens qui comprennent mes directives et qui maîtrisent leur sujet ». Maîtrise oblige, Julien se limite à 6 à 8 chantiers par an, pour garder cette qualité de conception et d’exécution. Signe de la réussite de son entreprise, celle-ci a été sélectionnée cette année pour le salon parisien Jardins, Jardin aux Tuilerie, grand rendez-vous estival des artisans, architectes et créateurs d’espaces verts. Julien y a rencontré un beau succès, lui ouvrant la voie à de nouveaux marchés : les rooftops [entendez les “toits”]. Il s’est récemment lancé dans un nouveau challenge : la création de toitures-terrasses adaptées au marché parisien, où le moindre mètre carré aménageable vaut de l’or. Destiné à ceux qui ont l’envie (et les moyens) de parfaire leur cadre de vie et de profiter du panorama à l’heure de l’apéro, le projet vise à transformer des combles poussiéreux en espaces fonctionnels et luxueux. Un de ses projets en cours est actuellement un toit qui deviendra demain un magnifique attique de 30 m2 avec vue sur la Tour Eiffel.
Si Julien est le virtuose du gros œuvre, il a tout de même un binôme : Christelle Minci, sa compagne, qui se charge de l’intérieur des demeures. Mobilier, décoration, peinture… toujours dans le même esprit de dépouillement, de luxe et de simplicité, elle recrée des ambiances empruntes de classicisme, sans pour autant tomber dans l’austérité. Le noir et le blanc dominent, agrémentés d’accessoires discrets et de luminaires élégants. Le duo aimerait investir le marché de l’hôtellerie et espère créer la charte esthétique d’établissements audacieux, revoir les aménagements et l’accessoirisation des chambres, l’ergonomie des bars et des
piscines des hôtels. Également sur la liste, un projet incroyable : Julien est en train de mettre au point une maison sur roues, qui questionnerait la notion de domicile fixe. Décidément, il ne manque pas d’idées, y compris les plus improbables. Julien Rhinn, architecte et paysagiste www.julien-rhinn.fr
COMMERCE DE DÉTAIL THÉMATIQUE
DE LA MODE DE L’ART DES OBJETS
bulthaup b1 la bonne architecture surgit de la modestie Le système de cuisine b1 est jeune par son allure, par ses atouts et par son approche budgétaire. Concentrée sur l’essentiel, parfaitement pensée, elle possède des belles formes hors du temps, des matériaux de qualité supérieure et des finitions irréprochables. Parlez-en avec votre spécialiste de la nouvelle architecture.
Sarl Vincent Grelier 34 pl des Martyrs de la Résistance 33000 Bordeaux Tél. : 05 56 51 08 66 futur-interieur@orange.fr
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84 Zut ! Lifestyle × Restos
Garopapilles 62, rue Abbé de l’épée 09 72 45 55 36 https://garopapilles.com C’est une délectation extrême que de s’abandonner au choix qu’on fait pour vous. Ici, le concept est simple : un menu unique toujours extraordinairement subtil et frais, original et fin. Impossible de vous faire rêver avec mes amandes gratinées à l’émulsion de lard, car il se peut qu’elles n’aient été servies que ce jour-là. Mais nul doute qu’ici, quel que soit le jour, une merveille composera votre assiette. Cette petite salle de bois clair et son charmant patio sont le lieu de retrouvailles des épicuriens, amateurs de bons produits et de vins fins. De la même façon qu’ils se font guider pour la nourriture, ils se laissent faire pour le vin, et surprendre agréablement par ce qu’on leur propose. Le restaurant fait d’ailleurs cave à vins – et vend même en ligne – entre ses services. (C.S.) — Déjeuners du mardi au vendredi et dîners les jeudis et vendredis soirs
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Zut à table ! Bread Storming 27, rue Notre-Dame 05 33 05 57 06
Photo : Charlotte Saric
Le Cochon Volant 22, place des Capucins 05 57 59 10 00 Jadis, c’était le repère interlope des noctambules. Le lieu de convergence des maraichers, des punks et des noceurs affamés. Puis ça a fermé et les fêtards ont dû jeûner. Aujourd’hui rouvert, le restaurant reste une institution bordelaise avec une cuisine copieuse et « masculine » (la part belle est faite aux viandes et aux abats – bien aillés – plus qu’aux poissons et aux salades), du bon pain – de Laurent Lachenal – et du bon vin servi au verre dans des doses plus que généreuses. Les produits proviennent des commerçants alentour. Si l’assiette est traditionnelle, le décor est lui quasi immuable : carrelage blanc et rouge de boucher, banquette en cuir ou velours, nappes à carreaux. Brèves de comptoir, vie de quartier : la clientèle demeure un kaléidoscope humain, et c’est cette ambiance bien particulière qui fait de ce restaurant, à l’héritage de rade, un spot non seulement incontournable mais surtout historique. (C.S.) — Ouvert du mardi au samedi de 12h à 14h30 et de 19h à 01h, en continu les samedis et dimanches
Avec des noms de sandwichs qui semblent sortis des Exercices de style de Raymond Queneau (le Thonique, l’Happy Culteur et le Speck’taculaire…), on réalise que le nom de l’enseigne n’a pas été créé ex nihilo. Il y a bien eu “brainstorming”, et celui-ci semble se prolonger au quotidien pour déterminer les recettes originales des sandwichs. Une émulation intellectuello-gastronomique participative : chaque mois, les patrons ajoutent à l’ardoise un sandwich prénommé d’après le client qui a partagé sa recette. Avec une certaine mondialisation, on a découvert les sandwichs préparés devant le client avec choix du pain. Il n’y a pourtant rien de sexy à observer ces « demi-molles » baguettes à l’origan, ces lamelles parallélépipédiques de fromage fluo ou ces tranches de jambon reconstitué. Chez Breadstorming, c’est fait sous nos yeux, certes, mais le process n’additionne que d’excellents produits (fruits et légumes du quartier, viandes et fromages AOC) et participe à la salivation qui précède toute excellente dégustation. Bien que le pain provienne du meilleur boulanger bordelais, Laurent Lachenal, chaque recette se décline en salade, pour éviter l’apport calorique aux féculentophobes. À l’inverse, les caloriphiles se délecteront des excellents desserts maison (fondant au chocolat, banoffee, etc.). Avec une petite salle d’une vingtaine de couverts, bien agencée, aux couleurs de bois clairs, le lieu est idéal pour un déjeuner rapide. Et si la salle est complète, la sandwicherie jouit d’une belle localisation : rien ne vous empêche d’emporter votre commande et de la déguster sur les marches de l’église ou un banc de la place du Marché. (C.S.) — Ouvert du lundi au vendredi de 11h à 15h30
86 SÉLECTIONS lifestyle
DESIGN
Scène nordique Vous aimez le design scandinave et sa philosophie de vie prônant un style simple et intemporel, accessible à tous et représenté par de grands designers ? Erick Keisler, le propriétaire de la boutique de décoration Ô Design aussi. Un exemple ? La suspension Acorn, en forme de gland de chêne, pour éclairer tout en douceur vos futures soirées hivernales. (M.C.D) Suspension Acorn, Northern Lighting, disponible en blanc et anthracite chez Ö Design 91, rue Notre-Dame odesign-bordeaux.com
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BARISTA
Les filtrés Black List Café 27, place Pey Berland facebook.com/blacklistcafe Photos : laposegourmande.blogspot.fr
Chez Black List, boire un café prend une autre dimension. Ouvert en mars dernier par Laurent-Pierre Bordenet, ce coffee shop est une invitation découvrir le corps de l’authentique café filtre, qui est bien la meilleure manière d’extraire des grains les plus subtiles saveurs (d’autant que ceux-ci proviennent de la célèbre brûlerie parisienne Belleville). On accompagnera sa dégustation de jus de fruits bio frais, de carrot cake et de muffins, et on repartira avec une cafetière Chemex pour prolonger le plaisir chez soi. (A.N)
OBJET
It Bouteille Dépassé le it bag, so yesterday ! Aujourd’hui on joint le joli à l’utile. Porte-bouteille isotherme en liège et cuir, le Biwine, créé par deux Bordelais, est l’accessoire indispensable pour les épicuriens modeux, qui sont légion dans notre région vinicole. Pratique et esthétique, le Biwine permet de transporter des bouteilles de type bordelaise ou bourguignonne, en préservant leur température et en les protégeant des chocs. Comme un sac à main, le Biwine peut se porter main, à l’épaule ou en bandoulière. De plus, un Biwine spécialement conçu pour les vélos est actuellement à l’étude. (C.S.)
Biwine, disponible chez Darwin, 87, quai de Queyries et sur www.biwine.co
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COLLAB
Pas si malle Que les créatrices de Rockmafia (deux Hossegoriennes !) rencontrent Serge Bensimon et qu’il en résulte une coolab, c’était une évidence ! Grâce au premier importateur des sacs US en France et aux jeunes femmes, spécialisées dans la réinterprétation de la culte besace, « renait » la housecase. Elle se rhabille pour l’occasion de cuir vintage et d’une doublure en chambray, sans rien perdre de son ADN originel. (C.S.) www.rockmafia-lestore.fr
LOISIR
À vos briques ! Ingénieurs, architectes, pilotes ou Jedi, LEGO suscite des vocations depuis plus de 60 ans. En attendant le LEGO Store, les amateurs bordelais se précipiteront sur Fans de briques LEGO, qui essaime dans toute la ville et regroupe convention, expositions, ateliers et festival du film Lego. On attend particulièrement les photos de Samsofy, qui met en scène les figurines en renvoyant à des œuvres célèbres, la fresque géante de Lenz et les ateliers stop motion menés par des étudiants en école des métiers de l’Art et du Design. (A.N.) Fans de Briques Lego, les 29 et 30 novembre prochain Quartier général au Hangar 14 Photo : Samsofy
MIAM
FROMAGER
Intarissable gourmandise
Say cheese !
Interprétation moderne de l’antédiluvien Puits d’amour, les Ilo de Guilhem de Bethmann sont des douceurs régressives et subtiles. Cette petite mignardise d’environ trois centimètres de diamètre recèle des trésors de textures : la légèreté du feuilletage, le croquant du praliné, l’onctuosité de la crème à la meringue italienne et le craquant du caramel. On la trouve dans des parfums classiques (vanille, pistache, chocolat, citron), mais la bonne idée, c’est l’ilo de la semaine, qui s’adapte à la saison : fruits rouges en été, marrons en hiver. (C.S.) ilo Pâtisserie 6, rue Georges Bonnac www.ilo-patisserie.com
Lorsqu’on parle fromage, on pense plus souvent à la façon dont on va pouvoir le déguster qu’à l’endroit d’où il provient. Et pourtant, il peut s’agir d’un lieu d’exception… La maison Jean d’Alos cultive cette curiosité particulière en faisant visiter ses caves d’affinage dans le Couvent des Récollets, une bâtisse du XVe siècle. De la simple découverte à la visite accompagnée d’un repas, vous situerez désormais la provenance et le parcours du fromage que vous servez à vos invités… (C.G.) Jean d’Alos 4, rue Montesquieu www.jeandalos.net
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BOUTIQUES HESCHUNG 14, PLACE DES GRANDS HOMMES 33000 BORDEAUX [33] 05 56 43 66 00 8, RUE DU MARCHÉ SAINT HONORÉ 75001 PARIS [33] 01 40 20 48 18 18, RUE DU VIEUX COLOMBIER 75006 PARIS [33] 01 44 39 17 30 11, RUE DE SÉVIGNÉ 75004 PARIS [33] 01 42 71 33 68 7, RUE GASPARIN 69002 LYON [33] 04 78 38 15 95 7 BIS, RUE DE LA GLACIÈRE 13100 AIX EN PROVENCE [33] 04 42 27 18 24 30, RUE DE L’HÔPITAL 76000 ROUEN [33] 02 35 98 14 11 4, RUE CHABAUD 06400 CANNES [33] 04 93 39 46 09 6, RUE DE LA GRANDE CHAUSSEE 59000 LILLE [33] 03 28 07 35 95 BOUTIQUE EN LIGNE
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