Zut04 lorraine

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automne 2013

culture tendances lifestyle Lorraine NumĂŠro 4 / Gratuit


Vous voulez faire quelque chose pour la planete ? 1- Éteignez votre téléviseur 2- Réservez votre premier week-end d’octobre

Le premier week-end d’octobre (du 3 au 6), à Saint-Dié-des-Vosges se déroule le Festival International de Géographie. Venez vous mêler de l’avenir de la planète et prenez part à ce forum unique au monde. Le FIG est aussi une grande fête, avec son salon de la gastronomie, son salon du livre, ses concerts, animations, cafés-géo... Thème de la 24e édition : La Chine, une puissance mondiale. saint-die.eu / fig.saint-die-des-vosges.fr


prochain numéro

Photo : Alexis Delon / Preview - www.preview-tm.fr

Zut numéro 5

sortie décembre 2013

Bruno Chibane

Emmanuel Abela

Myriam Commot-Delon

Direction de la rédaction & commercialisation bchibane@chicmedias.com 06 08 07 99 45

Rédacteur en chef eabela@chicmedias.com 06 86 17 20 40

Directrice artistique mode myriamdelon@noos.fr 06 14 72 00 67

Caroline Lévy

Céline Loriotti

Philippe Schweyer

Développement commercial levy_caroline@hotmail.com 06 24 70 62 94

Développement commercial cloriotti@chicmedias.com 06 64 22 49 57

Développement commercial ps@mediapop.fr 06 22 44 68 67


4 Zut ! Ours

contributeurs zut! team Directeur de la publication & de la rédaction Bruno Chibane Rédacteur en chef Emmanuel Abela Rédactrice en chef mode Myriam Commot-Delon Direction artistique brokism Responsable d’édition Sylvia Dubost

Rédacteurs Natacha Anderson, Cécile Becker, Benjamin Bottemer, Myriam Commot-Delon, Sylvia Dubost, Franck Dupont, Anthony Gaborit, Justine Goepfert, Virginie Joalland, Caroline Lévy, Julien Pleis, Sébastien Ruffet, Valentine Schroeter, Philippe Schweyer, Claire Tourdot Design graphique brokism Stylistes Myriam Commot-Delon, Caroline Lévy Photographes Pascal Bastien, Julian Benini, Philippe Colignon, Arno Paul, Alexis Delon / Preview, Sebastien Grisey, Florent Seiler, Christophe Urbain Illustratrices Laurence Bentz, Laetitia Gorsy, Nicopirate Stagiaire communication et développement Valentine Schroeter Retouche numérique Emmanuel Van Hecke et Camille Vogeleisen / Preview Mannequin Ksenia / Studio KLRP Coiffure Alexandre Lesmes / Avila Make-up Jacques Uzzardi

www.zutmagazine.com

Crédits couverture Photographe Alexis Delon / Preview Réalisation Myriam Commot-Delon Mannequin Ksenia / Studio KLRP Coiffeur Alexandre Lesmes Make-up artist Jacques Uzzardi Robe en crêpe DSQUARED chez Angle Droit à Metz. Manchette PP FROM LONGWY chez Version 2 à Saint-Dié. Studio Photo / Preview 28, rue du Général de Gaulle 67205 Oberhausbergen 03 90 20 59 59 www.preview-tm.fr

Diffusion Zut ! Team + LD Diffusion www.distri-imprim.fr Commercialisation & developpement Bruno Chibane, Anthony Gaborit, Caroline Lévy, Céline Loriotti, Philippe Schweyer Développement Allemagne et Suisse Roland Anstett

Ce trimestriel est édité par Chic Médias 12, rue des Poules 67000 Strasbourg S.à.R.L. au capital de 25 000 euros Direction : Bruno Chibane Administration, gestion : Charles Combanaire Impression : Ott imprimeurs Parc d’activités « Les Pins » 67319 Wasselonne Cedex Tirage : 8000 exemplaires Dépôt légal : Octobre 2013 SIRET : 50916928000013 ISSN : 1969-0789 Merci à Pierre et Géraud Didier


Le grand Nancy facile

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Outil innovant dédié à la mobilité dans l’agglomération nancéienne, G-Ny combine une application mobile pour smartphone et un site internet pour faciliter les déplacements de tous.


6 Zut ! Sommaire

8 éditorial

10 courrier des lecteurs

12 madeleines Un père de Toscane

14 au bon parfum Retour à Chypre

16 melancolirama Lola Lola

18 nancy vu par Anne-Marie Laumond, Benjamin Poinsignon, Richard Engel, Odile Lassère

24 metz vu par Caroline Scuto et Kevin Emmenecker, Isabelle Fumagalli, Julie Even-Remy, Sophie-Charlotte Bordin

33 Culture 34 OPÉRA Laurent Spielmann Confessions du directeur de l'Opéra national de Lorraine 36 DANSE Josef Nadj Rencontre avec la figure centrale d’Expédition, première biennale de danse en Lorraine. 38 CLIPS Cascadeur & Abstract Sound Project L’imaginaire de la route, avec les musiciens messins. 41 CINÉMA Lumière sur la ville Du Festival du film italien à l'Institut européen de cinéma et d'audiovisuel, en passant par Michel Humbert et Serge Bozon : 12 pages sur le 7e art en Lorraine. 52 LIVRES Feuilles D'automne Le choix de la librairie La cour des grands à Nancy. 54 Les sélections de la rédaction.

édition Lorraine www.zut-magazine.com


7

61

91

Tendances

Lifestyle

62 MODE Les regrets aussi Série mode femme

92 SPORT Sluc Nancy 2013 ou le renouveau de l'équipe de basket nancéienne.

74 MODE Les nouveaux Gatsby Série mode homme

Zut numéro 4

78 KIDS Voisins voisines Lunettes chic et chaussures trendy. 80 ZOOM les doudounes Duvetica Cap sur le grand froid. 82 SHOPPING Flash Mood Tout ce qui nous plaît en ce moment.

98 DESIGN Robert Stadler Une installation permanente à l'Ensemble Poirel. 100 DESIGN IN-EI Issey Miyake Des luminaires poétiques et innovants. 102 Les sélections de la rédaction.

84 URBAN STYLES La fashion dans les streets de Nancy et Metz. 86 Les sélections de la rédaction.

109 Vosgian Legend Zoom sur l'ambitieuse Saint-Dié, ville en pleine mutation culturelle avec l'ouverture prochaine de la Nef, nouvelle fabrique des cultures actuelles. Les gens, les lieux, les bonnes adresses.

automne 2013


8 Zut ! édito

lui et moi PAR PHILIPPE SCHWEYER

Alors que je sirote mon Spritz, confortablement installé sur la terrasse de l’Hôtel du Parc à Saint-Dié, Frédéric Beigbeder s’installe à ma table, vide mon verre d’un trait et me pique une olive. Ce salaud ne manque pas d’air, mais je préfère feindre l’indifférence que de provoquer un duel pathétique. « Alors, tu t’en sors avec ton Zut !? - Oui, les Lorrains se l’arrachent. - Tant mieux… T’as vu mon nouveau Lui ? - J’ai jeté un œil… - Pas mal, hein ? - Ça va, c’est propre… Rien de neuf… - Quoi, ça va ? Quoi c’est propre ? T’as pas vu les photos ? - Oui, y a pas de quoi s’exciter. - N’empêche que je ne vois pas beaucoup de nichons dans ton Zut ! - On n’a pas besoin de ça, nous… - Tu parles, t’es jaloux… T’as vu nos chroniqueurs ? - Toujours les mêmes… - N’empêche que Saint-Germain-des-Prés, c’est plus cool que Saint-Dié ! - Bof… - Tu te fous de ma gueule ou quoi ? - Non, la Lorraine c’est super excitant. - Hum… Ce n’est pas demain la veille qu’on verra les filles de Metz et Nancy à poil dans ton canard. - Il y a plein de volontaires, mais chez Zut ! on a une éthique, une déontologie, des principes…

- Tu parles… Je suis sûr que tu lisais Lui quand t’étais môme. - Lire, c’est un grand mot… - Parce que tu ne crois pas qu’il y a plein de gens qui ne regardent que les photos dans ton Zut ? - C’est possible… - Je te dis qu’on fait le même job ! Sauf que moi je suis à Paris et toi t’es un gros plouc. - T’es vraiment pénible Fred. Laisse-moi tranquille… - C’est toujours ça avec les bouseux… Tout ce que vous voulez, c’est être tranquilles ! - Ce qui est sûr, c’est que j’en ai marre de me faire piquer mon Spritz et mes clopes. Tes interviews dans Lui, elles sont nulles. On apprend rien. C’est que du vent ! Même Filipacchi, t’as pas été capable de lui faire dire des trucs intéressants ! - Bon, si un jour tu veux parler de moi dans Zut !, appelle-moi… - Ok, ciao Fred. - Et merci pour le Spritz… - C’est ça… »



10 Zut ! Chronique

Par Philippe Schweyer

Courrier des lecteurs

4

L’ODEUR DU CLAIR DE LUNE Kékate Zut ! La prochaine fois que Kate Moss passe la nuit en Lorraine, merci de me passer un coup de fil. Je suis complètement accro à cette fille. Chaque fois qu’elle est en couverture d’un magazine, je ne peux m’empêcher de l’acheter ! Ma femme m’a demandé de choisir entre elle et mes piles de magazines. Que dois-je faire ? Faut-il que je déménage ? Stanislas

ÉTÉ 2013

Culture Te n d a n c e s Lifestyle

LORRAINE

NUMÉRO 3

Une lectrice qui découvre l’effet Zut !, une autre qui a du mal à comprendre les délires de nos photographes. Un lecteur qui flashe sur une danseuse du CCN Ballet de Lorraine, un autre qui envisage de se mettre au parfum et un troisième qui tente d’obtenir des infos confidentielles… Une fois de plus, nos lecteurs réagissent et se dévoilent ! Darling Zut ! Depuis que je lis votre merveilleux magazine, ma vie est mille fois plus excitante. Vous avez changé ma vision du monde en me faisant comprendre que l’on pouvait vivre en Lorraine sans renoncer à avoir du style. Surtout, j’ai découvert qu’il y avait plein de gens passionnants autour de moi. Il ne me reste plus qu’à les rencontrer ! Clémentine Darling Clémentine La vie de milliers de lecteurs change chaque jour grâce à nous ! À côté de l’effet Zut !, l’effet Kiss Cool c’est du pipi de moineau. Maintenant que nous avons fait notre part du job, à vous d’aller vers les autres. Vous verrez que les Lorrains sont attachants… pour peu qu’on se donne la peine de les comprendre.

Kékate Stanislas Merci de ne pas encombrer le courrier des lecteurs avec vos problèmes de rangement. Avant de déménager, assurez-vous que vos amis sont prêts à vous aider à transporter tout ce papier. Sinon, gare aux problèmes de dos ! La lune est à vous Zut ! Je suis complètement fasciné par votre chroniqueuse parfum ! Son billet baptisé Jus de lune m’a laissé sur le derrière ! Je me demande vraiment où elle va chercher tout ça. Moi qui ne me parfume jamais, j’ai presque envie de m’asperger d’iris pour voir si ma femme me dit que je sens le clair de lune. En général elle me dit plutôt que je sens la transpiration… Julien La lune est à vous Julien Vous n’êtes pas le seul à vous précipiter sur les chroniques parfumées de Sylvia. Entre l’odeur de la transpiration et l’odeur du clair de lune, avouez qu’il n’y a pas photo… Coco Zut ! Le dernier Zut ! est totally tip-top ! Seul bémol, la photo de CocoRosie est vraiment super bizarre… J’espère que vous l’avez fait exprès et que ce n’est pas une mauvaise blague de votre imprimeur ! Rosie Coco Rosie Merci pour votre courrier. Bien sûr que c’est fait exprès. Chez Zut !, les photographes sont payés pour faire preuve d’imagination. Et rien n’arrête Arno Paul qui n’est pas le dernier pour la déconne artistique.

Help Zut ! Je suis particulièrement accro aux rubriques « Nancy vu par » et « Metz vu par ». C’est vraiment chouette d’avoir fait poser une jolie danseuse du CCN - Ballet de Lorraine. Depuis, je n’arrête pas d’arpenter la rue des Écuries dans l’espoir de la croiser. Pouvez- vous m’aider ? Nico Help Nico Pas question de vous aider. Vous êtes un grand garçon. Si tout le monde était comme vous, plus personne ne voudrait se faire prendre en photo dans Zut ! Il y a au moins trois autres filles sublimes à Nancy, il suffit de savoir regarder !

Ciao Zut ! J’ai adoré le courrier d’Aline dans le dernier numéro de Zut ! Est-ce qu’il y a moyen d’avoir le contact de cette fille qui semble avoir trouvé ma photo géniale ? Bien sûr, je ne lui dirais pas que c’est vous qui me l’avez donné ! Dominique R. Ciao Dominique R. Merci d’avoir pris la peine de nous écrire, mais que vous soyez Dominique A, Dominique de V. ou Dominique nique nique, on ne vous donnera jamais le contact d’Aline. Ce ne serait pas correct…


OCTOBRE > juin lYrIQUe

Ballet

LAKMÉ

VARIATIONS POUR 5 CHORÉGRAPHES

THE INDIAN QUEEN Henry Purcell 19 et 21 janvier 2014

HÄNSEL UND GRETEL Engelbert Humperdinck 7, 9 et 11 février 2014

VANESSA

Samuel Barber 21, 23 et 25 mars 2014

TOUT OFFENBACH… OU PRESQUE 25 et 26 avril 2014

VIVA LA MAMMA Gaetano Donizetti 16, 18 et 20 mai 2014

LA VIDA BREVE Manuel de Falla 13, 15 et 17 juin 2014

BIlletterIe oUverte poUr l’eNSeMBle deS SpeCtaCleS

6 novembre 2013

CASSE-NOISETTE

Piotr Ilitch Tchaïkovski 20, 21, 22, 26 et 31 décembre 2013

GERSHWIN DANCE

28 février, 1er et 2 mars 2014

Sébastien Thiéry 24 et 25 janvier 2014

LE FAISEUR DE THÉÂTRE Thomas Bernhard 21 et 22 février 2014

CHARLY 9

D’après le roman de Jean Teulé 13, 15, 16, 17 et 18 avril 2014

VOYAGE EN ITALIE

SUITES DE CARMEN

D’après Le Journal de Voyage et Les Essais de Montaigne 23 et 24 mai 2014

Georges Bizet 13, 15 et 17 juin 2014

théâtre

COLORATURE,

MRS JENKINS ET SON PIANISTE Stephen Temperley 11 et 12 octobre 2013

CHRISTELLE CHOLLET, LE NOUVEAU SPECTACLE 7 décembre 2013

MEVLIDO APPELLE MEVLIDO

repréSeNtatIoNS SColaIreS

VARIATIONS POUR 5 CHORÉGRAPHES 4, 5 novembre 2013

D’après le roman d’Antoine Volodine Songes de Mevlido 11, 12 et 13 décembre 2013

HÄNSEL ET GRETEL Engelbert Humperdinck 13 et 14 février 2014

saison 2013 / 2014

opéra-théâtre Metz Métropole 4-5 place de la Comédie - 57000 Metz Réservations 00 33 (0)3 87 15 60 60 Administration 00 33 (0)3 87 15 60 51 billetthea@metzmetropole.fr opera.metzmetropole.fr

GRAPHISME + PHOTO// ARNAUD HUSSENOT/ FABIEN DARLEY LICENCE D’ENTREPRENEUR DE SPECTACLES DE 1 RE, 2 E ET 3 E CATÉGORIES : 1-1022169 ; 2-1022170 ; 3-1022171

Léo Delibes 22, 24 et 26 novembre 2013

COMME S’IL EN PLEUVAIT


12 Zut ! Chronique

Par Franck Dupont

madeleines

5

UN PÈRE DE TOSCANE

D’autant que je me souvienne, je n’ai jamais entendu le moindre mot d’italien à Herserange. Voilà. Tout comme d’autres n’ont rien vu à Hiroshima, je n’ai rien entendu à Herserange. C’était la ville de ma grand-mère. Née Tonghini, morte Dupont, elle n’a jamais rien voulu laisser paraître de ses origines. Se contentant de me servir des assiettes de polenta (avec sauce tomate ou lapin rôti selon l’humeur et les portées) un mercredi midi sur deux, en pestant contre la rumeur qui faisait de ses voisins les Infantino des dévoreurs de chat. Pourtant, les signes et les images d’italianité n’ont jamais manqué dans ma vallée. Musique des mots : dès l’appel de rentrée, de la « communale » au secondaire, les voix des maîtres, maîtresses et surgés égrenaient des chapelets de noms glorifiant les suffixes en voyelles…« i, a, o » et quelques « u » aussi, un inventaire à la Prévert qui n’en finissait plus de visiter la botte. Images mentales (et sonores) : devant le bar Le Concorde, les survêtements Kappa paradaient tandis que s’échappaient de

la salle du folklore de bal moite emmené par le chef Umberto Tozzi ou de la disco de Rimini, celle-là même qui finira par contaminer Manchester. Baru dira à la même époque que « les Italiens ne savent plus s’habiller ». Mais la plus italienne des escapades consistait, une fois l’an, à s’entasser avec quelques autres pensionnaires de la cité dans la voiture d’un voisin cinéphile conçue pour mettre le cap sur Villerupt, terre de festival. Ce chauffeur inespéré aimait le cinéma tout autant que la lutte syndicale et n’avait de cesse tout au long du voyage de nous préparer à découvrir les choses derrière les choses et ce morceau d’Italie que j’ai toujours pris pour argent comptant. Tant on parlait fort et follement à Villerupt, de la vie des images et de la vie tout court. Je dois au festival de m’avoir fait découvrir Ferreri (aujourd’hui le plus grand à mes yeux) et bien d’autres mais quand, sur le chemin du retour, notre chauffeur nous demandait notre avis sur le menu du jour ou sur notre degré d’amour du cinéma transalpin, je n’avais qu’une

réponse : tout ceci était bien beau mais ne valait pas le Pinocchio de Comencini. Et Mr M. me pardonnait. Parce qu’il m’avait lui-même mis le pied à l’étrier en m’expliquant qu’il y avait un authentique cinéaste italien derrière cette série dont l’ORTF nous avait littéralement fait cadeau. Et puis parce que pour venir rejoindre l’usine, il avait laissé derrière lui un village de Toscane, patrie de l’écrivain Collodi et terre initiatique de l’enfant Pinocchio. Des lunes, bien après, Nino Manfredi est venu à Villerupt comme Luigi Comencini avant lui. J’aurais aimé le croiser. Lui dire qu’il a été de la plus belle des histoires. Celle d’un père de Toscane qui ne rend jamais les armes quand les fées s’évanouissent dans les airs. Août 2013. Je suis à Collodi village. Avec deux têtes de bois qui n’ont rien de marionnettes. Je savoure la madeleine ultime : un parc Pinocchio suranné mais à échelle humaine. Il y fait chaud. Très chaud. Mais même un vieillard entêté réussirait à s’extirper ici du ventre de la baleine. ×



14 Par Sylvia Dubost Illustration Lætitia Gorsy

au bon parfum

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RETOUR À CHYPRE

La mode est un éternel retour. Sur son blog Grain de musc, Denyse Beaulieu relevait, il y a déjà quelques temps, que le parfum avait renoué avec le chypre. Avec trois beaux lancements ces dernières années, il s’était à nouveau fait une place aussi bien dans la parfumerie mainstream (Bottega Veneta), que dans celle de niche (Azemour de Parfums d’empire) et « l’in between » (Mon parfum chéri d’Annick Goutal par Camille). Non qu’il avait réellement disparu, mais mal aimé et incompris, il a longtemps été étiquetté comme « ringard ». Clairement connotés 50s, les jus chyprés ne sont pas de ceux qu’on porte sans y penser… En 1917, la maison Coty connaît un succès retentissant avec Le Chypre, auquel on attribue souvent la paternité de cet accord de notes qui n’a, depuis, cessé d’être décliné. À la vérité, Le Chypre s’inscrit dans une déjà longue tradition. Les origines sont incertaines, mais il semblerait que, dès le XVIIe siècle, on fabrique sur l’île de Chypre des gants parfumés à la mousse de chêne, note de voûte des accords chyprés, qui lui associent à l’époque musc, civette et ambre. Au milieu du XVIIIe siècle, Roger & Gallet, Lubin et Guerlain préfèrent leur mousse accompagnée de bergamote,

patchouli et labdanum, accord qu’on retrouvera chez Coty et qui fera florès. Aujourd’hui disparu, Le Chypre a eu une engeance nombreuse, et la descendance a parfois perdu toute ressemblance avec son ancêtre. On y classe tout ce qui contient de la mousse de chêne, voire du patchouli, en notes de fond ; dès lors, on a bien du mal à trouver le point commun entre Cristalle (Chanel, 1974) et For her (Narciso Rodriguez, 2004), Mitsouko (Guerlain, 1919) et Miss Dior chérie (Dior, 2005)… Riche et rugueux, un vrai chypre ne lésine pas sur la mousse : il se reconnaît à ce fond amer et humide, à ses notes de sous-bois. Le chypre est un esprit, encore plus qu’un accord. C’est un parfum puissant, habillé et fatal, un parfum de femme de tête, qu’elle ait des allures de garçonne ou un brushing de working girl. Le chypre, c’est la féminité démonstrative, mais au contraire des orientaux, elle n’est ni sensuelle ni chaleureuse. Elle est froide et distante. La femme « chyprée » incarne le luxe et le pouvoir. Elle est toujours « grand soir », même en journée, n’est jamais aimable, même en privé. On la regarde sans lui parler ; elle n’est pas seulement loin, elle est au-dessus. C’est Marlène Dietrich en tailleur pantalon, Alexis

Carrington en épaulettes. Elle se drape dans ces chypres mythiques qui jalonnent l’histoire de la parfumerie : Mitsouko, Femme (Rochas, 1944), Miss Dior (Dior, 1947), Cabochard (Grès, 1959), Aromatics Elixir (Clinique, 1971), Parure (Guerlain, 1975), Diva (Ungaro, 1983), Knowing (Estée Lauder, 1988)… Des jus très amples et habillés, précieux à sentir, difficile à porter. Ils sont comme ces peintures que l’on considère sans mal comme des chefs d’oeuvre sans pour autant avoir envie de l’accrocher dans son salon… Mais il est rassurant que, malgré l’image de la femme qu’il véhicule, pas toujours en accord avec celle qui domine dans la société, le chypre soit certes passé de mode mais n’ait jamais vraiment disparu. En 2006, par exemple, naissaient Soir de lune (Sisley) et Perles (Lalique). Aussi, trois récents lancements ne suffisent peutêtre pas à marquer un retour, mais ils sont en tout cas un beau pied de nez à l’air du temps, qui préfère une femme plus accessible et discrète et se rassure d’odeurs régressives. Ils sont surtout la preuve que l’über-luxe qu’incarne le chypre est le meilleur argument de vente…


saison opéra

2013 2014

Turandot

Giacomo Puccini

Candide

Leonard Bernstein

L’Orfeo

Claudio Monteverdi

Barbe-Bleue

Jacques Offenbach

Siegfried et l’anneau maudit Richard Wagner

La Clémence de Titus

Wolfgang Amadeus Mozart

Il Medico dei pazzi

Giorgio Battistelli

Renseignements 03 83 85 30 60 • www.opeRa-national-loRRaine.fR


16

Par Nicopirate

melancolirama

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L.O.L.A LOLA



18

nancy vu par RÉALISATION CAROLINE LÉVY PHOTOS ARNO PAUL

Artistes, commerçants, artisans, entrepreneurs ou restaurateurs… Ils contribuent à faire dynamiser la ville et la région. Pour Zut !, ces personnalités locales prennent la pose dans leur lieu préféré, qu’il soit insolite ou incontournable. Habillées pour l’occasion, elles jouent le jeu du modèle... Chic in the city !


19

Anne-Marie Laumond 58 ans

mer 28 août

Chef de cuisine

OÙ ? Jardin, Faubourg des Trois Maisons « C’est un ensemble de sept jardins ouvriers rassemblés en un seul espace. Il est évolutif et j’en prends soin depuis 17 ans ! J’ai un œil en permanence sur lui depuis mon atelier, il agit sur moi comme un évacuateur de stress. Plus qu’un moment de détente, ce jardin est devenu une vraie passion qui inspire ma cuisine ! »

ACTU ! Pull Luisa Cerano chez Belisa à Nancy.

Un nouveau menu de cocktails Santé Bonheur et développement des cocktails à thèmes. Une nouvelle carte de saison à découvrir courant octobre. www.annemarielaumond.com


20

jeu 12 sept

Richard Engel 47 ans

Dirigeant de Formes et Couleurs

Chemise et foulard Hartford et gilet sans manches Boss, le tout chez Tolub à Nancy.

OÙ ?

ACTU !

L’Autre Canal

10 e anniversaire de la boutique de Metz. Implantation du nouveau concept de canapé MyWorld par Philippe Starck chez Cassina. Nouvelles éditions en polymère de la chaise Standard de Jean Prouvé – ancien client de la boutique !

« C’est la dernière réalisation architecturale qui m’ait vraiment fait vibrer ! Cette bâtisse contemporaine vient bousculer le patrimoine plus classique auquel nous sommes habitués. Située dans un quartier en devenir, elle entre en cohérence avec la population nancéienne : jeune et dynamique ! »

Formes et Couleurs 4, rue Saint-Nicolas à Nancy 03 83 32 85 57 11, rue du Lancieu à Metz 03 87 37 90 90 www.formesetcouleurs.fr


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Benjamin Poinsignon 25 ans Président de l’Association des commerçants et artisans de la Ville-Vieille

mer 11 sept

Caban en laine Dolce & Gabbana, pantalon en velours Mason’s et écharpe Paul Smith, le tout chez Tolub à Nancy.

OÙ ?

ACTU !

Porte de la Craffe « Cette porte mythique de Nancy ferme la Grande Rue en lui offrant une perspective incroyable. Elle marque aussi le point de départ du quartier de la Ville-Vieille, dont cette porte fait figure d’emblème pour notre association. Un petit village dans la ville dont je suis fan ! »

Nouvelle édition du marché aux puces de la Ville-Vieille, un dimanche sur deux dès le 13 octobre. Rentrée étudiante chez Bed & School. Photocontest sur facebook : les meilleures photos de soirées gagnent un iPad.


22

Odile Lassère 45 ans

Directrice du musée de l’Histoire du fer

mer 11 sept

Pantalon, veste en laine et top à encolure drapée, le tout chez Lilith à Nancy.

OÙ ?

ACTU !

Le jardin des structures « La vie du musée se prolonge dans ce jardin, qui borde le parc de Montaigu et dialogue avec son architecture. On y côtoie 49 marches de l’escalier de la Tour Eiffel et les structures de Jean Prouvé. J’aime le changement des saisons au fil des rendez-vous proposés au public dans cet espace de verdure… »

Exposition Une idée mille machine, de Léonard de Vinci à Jean Errard, jusqu’au 5 janvier 2014. Visites guidées en costume. www.renaissancenancy2013.com


COMMUNIQUÉ

CAMPAGNE DE DÉTECTION & NOUVEAU TRAITEMENT

L’arme révolutionnaire contre la sécheresse oculaire. Plus de 9 millions de Français souffrent de la sécheresse oculaire*. Sensations de brûlures et de démangeaisons, vision brouillée, fatigue des yeux sont les symptômes d’un problème chronique qui se dépiste et se corrige. Aujourd’hui une solution innovante et exclusive a été mise au point avec des résultats très prometteurs.

pour savoir si vous n’êtes pas atteint par la sécheresse oculaire, faites le test simple et rapide sur :

www.testdeloeilsec.com ou prenez rendez-vous à Strasbourg :

03 88 84 71 48

Ce message a pour but de donner des informations sur la sécheresse oculaire. Pour tout renseignement, consultez votre ophtalmologiste. *Sources : www.e-sante.fr

EVC INTERNATIONAL - RCS Saverne TI 750 227 878

Avec un unique traitement, indolore et rapide, cet effet peut disparaitre durablement pour un soulagement sans égal et un confort de vie enfin retrouvé.


24

metz vu par RÉALISATION CAROLINE LÉVY PHOTOS SÉBASTIEN GRISEY

OÙ ? Le Plan d’eau « À quelques pas de chez nous, cet espace verdoyant est le témoin de nombreux moments passés en famille… Avec une vue imprenable sur la Cathédrale et les sites aux portes du centreville, il permet de se ressourcer en s’imaginant en pleine campagne ! »

ACTU !

Reprise de la boutique Angle Droit depuis le mois de juillet. Arrivée des marques Alexander Wang chez la Femme et Zanotti chez l’Homme. Angle Droit – 82-84 en Fournirue à Metz – 03 87 76 07 62 store.angle-droit.com

Caroline : pull en laine, jean et perfecto Barbara Bui, le tout chez Angle Droit. Coiffure : Julio du salon Le Cosi. Kevin : veste et pull Givenchy et jean Martin Margiela, le tout chez Angle Droit.


25

Caroline Scuto 26 ans

Kevin Emmenecker 35 ans

PropriĂŠtaires boutique Angle Droit

jeu 12 sept


26

Sophie-Charlotte Bordin 25 ans

jeu 29 août

Architecte d’intérieur

Perfecto Leon & Harper et robe Maison Scotch, le tout au Vestiaire à Metz.

OÙ ?

ACTU !

Place de Chambre

Diplômée d’un Master en Architecture d’intérieur. Aménagement d’un ancien presbytère transformé en gîtes à Basse-Rentgen. Relooking du restaurant À côté d’Eric Maire à Metz / arch.in@netcourrier.com

« Cette place historique aux pieds de la Cathédrale est située en plein cœur de la cité. J’aime son foisonnement permanent, sa mixité et son ambiance de jour comme de nuit. C’est également dans un restaurant de la place que j’ai réalisé mon premier gros projet ouvert au public, elle a donc une dimension symbolique ! »


" La mode se démode, le style jamais... " Coco Chanel

Hype Means F***ing Nothing †

facebook.com/metz.vestiaire

Concept Store / 5-7 rue de Ladoucette / 57000 Metz


28

Isabelle Fumagalli 47 ans

Dénicheuse de talents

jeu 12 sept

Robe Louche aux Âmes Galantes à Metz.

OÙ ?

ACTU !

Appartement-Galerie Vadim Korniloff « J’aime l’atmosphère particulière qui se dégage d’un lieu... Ici, au-delà de la peinture de Vadim qui me touche profondément, il s’agit surtout d’une rencontre artistique. On s’y sent comme dans un boudoir, totalement isolé de l’extérieur. Un univers rassurant et hors du temps. » www.vadim-korniloff.com

Nouvelles collections de créateurs en bijoux, textile et accessoires. Collaboration avec des artistes de la région, en exposition dans la boutique. Les Âmes Galantes 26, rue Taison à Metz 03 87 74 55 22


29

Julie Even-Remy 36 ans

Libraire

mer 21 août

Robe Lisa Pearl et collier Virginie Mai, le tout aux Âmes Galantes à Metz.

OÙ ?

ACTU !

Maison d’hôte Les mille jeanne « Ce cocon aux abords de la ville a vu le jour il y a quatre ans, initié par Pierrette Mathieu, elle-même à l’origine de la librairie Le Préau. Je retrouve ici ce que nous avons en commun : l’amour des livres, la créativité et l’envie de donner une âme aux lieux… »

Rentrée littéraire à la librairie La Cour des Grands et mise à l’honneur des éditions de l’Olivier, du 5 au 19 octobre. Le Préau participe au Salon du Livre jeunesse, du 18 au 20 octobre, espace Europa-Courcelles à Montigny-les-Metz. Le Préau 11-13, rue Taison à Metz 03 87 75 07 16 - lepreau.over-blog.fr/ La Cour des Grands 9, rue Taison à Metz - 03 87 65 05 21 lacourdesgrands.over-blog.fr


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la culture n’a pas de prix

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Les Trinitaires

octobre

jeu. 3 ≈ 20:00

ven. 11 ≈ 20:00

jeu. 17 ≈ 20:00

sam. 19 ≈ 21 :00

RELEASE PARTY

WE ARE A YOUNG TEAM 2

SOIRÉE PUISSANCE

AS MALICK & BLUE TRIBE

DYLAN CARLSON EARTH ‘BEAT AND HIGH’ PROG. VIDÉO

ven. 4 ≈ 18:30

Prog. Musiques Volantes, en partenariat avec Seconda Voce.

65DAYSOFSTATIC JEAN JEAN / ANATHÈME SLEEPMAKESWAVES

IVAN SMAGGHE LAURENT PASTOR CLUB BIZARRE

Partenariat Young Team.

Partenariat Voulez-vous Danser.

jeu. 17 ≈ 20:00

à partir du 24

SOIRÉE JAZZ

Exposition

THE AGONIST / THREAT SIGNAL ARSIS / DAWN HEIST Coprod. Damage Done Prod.

mar. 8 ≈ 20:00

mar. 15 ≈ 20h00 RICHARD FRANCIS SOLO SEC_ - OLIVIER DI PLACIDO DUO THE NOISER - KKNULL DUO

BLACK PUS / KKRANE

Partenariat avec Fragment.

Prog. Musiques Volantes.

mer. 16 ≈ 20:00

mer. 9 ≈ 20:00

RELEASE PARTY

SAULE Coprod. Notice France.

jeu. 10 ≈ 20:00

TWO STEPS FORWARD AS THEY BURN ALL THE SHELTERS

ven. 18

DANS LE CADRE DU COLLOQUE INTERNATIONAL ‘L’INDIVIDU SONORE’»

GALA SCHNITZ GEBURTSTAG + APÉRO VIDÉO

Partenariat École Supérieure d’Art de Lorraine.

Partenariat CRR Gabriel Pierné.

DRIVING DEAD GIRL THE MASONICS / LES WAD-BILLYS

Partenariat association Eastcore.

Partenariat Schnitz Prod. / Seconda Voce.

THE WEDDING PRESENT JOUE HIT PARADE TUSCALOOSA Prog. : Musiques Volantes.

ET EN NOVEMBRE : FESTIVAL MUSIQUES VOLANTES / OZMA 4TET FINALE RÉGIONALE BUZZBOOSTER / HEYMOONSHAKER / ABSOLUTELY FREE / KAKKMADDAFAKKA / PORTLAND / RIKÉ / ...

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Cult ure


34 Zut ! Culture Scène

PAR EMMANUEL ABELA PHOTO ARNO PAUL


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DE FIL EN AIGUILLE

L’opéra, il est tombé dedans tout petit, mais n’y a goûté que plus tard. À la tête d’abord de l’Opéra du Rhin, puis de celui de Lorraine, Laurent Spielmann transmet sa vision de la musique, ouverte et démultipliée.

L’instant premier est souvent déterminant, et même s’il déconseille La Flûte enchantée aux enfants – « Ils s’y ennuient beaucoup ! » –, Laurent Spielmann se souvient de l’opéra qu’il a vu dès l’âge de 5 ou 6 ans. « J’ai fait le poulailler avec ma sœur – c’était donc très haut, j’étais loin –, et au moment d’entrer, j’ai vu des dames qui me semblaient vraiment âgées ; elles étaient habillées en noir, elles me parlaient en alsacien. Je leur ai dit que je ne parlais pas alsacien. Elles m’ont dit : “Mais cet opéra est en allemand !” Ce à quoi j’ai répondu que je venais pour la musique. » Il y a de l’aplomb dans cette manière de répondre, laquelle a dû déconcerter ces dames, mais il y a surtout une forme de conviction dont le gamin en grandissant n’a surtout pas cherché à se départir. Conforté par un environnement très favorable, il écoute très tôt beaucoup de musique classique. « À Strasbourg, la venue des grands musiciens, Isaac Stern, Yehudi Menuhin, Sviatosla Richter, m’a permis de découvrir les concertos. » Depuis sa première expérience de La Flûte, l’opéra n’est de loin pas une évidence, la voix chantée ne lui plaît pas ; il délaisse l’opéra, mais y reviendra. Au départ, Laurent Spielmann se destine à une carrière de musicien. Pianiste, étudiant en musicologie, il donne des concerts mais se rend bien vite compte qu’il est entouré de meilleurs musiciens que lui. Il passe de l’autre côté et organise des concerts pour ses amis, puis pour le Centre culturel de Strasbourg, notamment dans le cadre des journées consacrées à de grands compositeurs contemporains, Iannis Xenakis, Karlheinz Stockhausen ou Pierre Henry. Au moment où le Ministère de la Culture décide la création d’un Festival de Musique Contemporaine à Strasbourg, Musica, il assiste Laurent Bayle dans son organisa-

tion, puis lui succède en 1986. On découvre dès lors sa volonté de faire cohabiter des formes très différentes, la musique contemporaine, le jazz ou les musiques dites de traverse, le théâtre chanté et déjà l’opéra. Sous sa houlette, le festival se développe et s’installe durablement dans le paysage culturel de l’Est de la France, avec des liens qui se tissent très tôt avec l’Allemagne et la Suisse. Le hasard fait assez bien les choses, et le voilà sollicité par la maire de Strasbourg nouvellement élue, Catherine Trautmann, pour réactiver l’Opéra du Rhin, une “belle au bois” s’endormant progressivement. Le pari est risqué – le voilà à nouveau confronté à l’opéra –, mais le succès est au rendez-vous. « Nous avons augmenté le nombre de productions », se souvient-il. Il œuvre dans le sens d’une ouverture aux jeunes générations, fait vivre les répertoires et ramène le public à la “maison”. Une recette qui fait que l’Opéra du Rhin devient opéra national ; une recette qui lui permet de rééditer l’exploit avec l’Opéra de Lorraine, dont il prend la direction en 2001, et qui devient à son tour opéra national en 2006. S’il se défend d’avoir été missionné pour faire de ces maisons des opéras nationaux – « Ma mission, c’est de diriger un opéra, et cela du mieux possible ! » –, le résultat est là : aujourd’hui, à Nancy, les 66 musiciens et les 30 artistes de chœur révèlent l’esprit de partage et de transmission de la belle équipe en place et de son directeur général dans le cadre d’un beau projet artistique. En témoigne la saison 2013-2014, qui fait le grand écart temporel entre L’Orfeo de Monteverdi et la création d’Il Medico dei Pazzi de Giorgio Battistelli. De 1607 à 2014, quatre siècles nous contempleraient. Ces deux œuvres racontent-elles quelque chose de l’histoire de l’opéra ? « Monteverdi oui, on en est sûr. Pour Battistelli pas encore, nous dit-il un

brin taquin. L’Orfeo est considéré comme le premier opéra – même si ça n’est pas forcément le premier – ; enfin, on arrivait à mettre en musique une histoire racontée. Il y a des paroles et de la musique, et tout s’est inscrit ainsi, créant un nouveau genre qu’on a appelé opéra. Battistelli c’est autre chose ; c’est un grand compositeur dont on parle beaucoup. Là, il fait une création pour nous, et en 2015, il crée un opéra à la Scala. Il est considéré comme celui qui a repris le flambeau de Luciano Berio. De l’Italie de l’époque de Monteverdi à celle d’aujourd’hui, la musique continue à nous interpeller. » Qu’on ne voie cependant pas dans la programmation de cette année, un « reader’s digest » de l’opéra, même si les instants jalons posés pourraient constituer un concentré historique. « Ça n’est pas une décision programmatique. On picore, et surtout on aborde des formes différentes. C’est le cas avec l’hommage à Wagner [Siegfried et l’anneau maudit en mars, ndlr], on s’approche du théâtre musical qui est une forme d’aujourd’hui. » Les clins d’œil sont multiples, la programmation du Barbe Bleue d’Offenbach renvoie au Barbe Bleue de Bartók dans un registre comique qui renvoie à Battistelli, et ainsi de suite. Nous pourrions multiplier les exemples à l’infini, mais ce qui importe pour Laurent Spielmann, ce sont « les fils qui se nouent entre les propositions que nous formulons et ce fil général qui crée une identité ». Opéra national de Lorraine 1, rue Sainte-Catherine à Nancy 03 83 85 33 20 www.opera-national-lorraine.fr


36 Zut ! Culture Danse

APPRIVOISER LE GESTE PAR CLAIRE TOURDOT

Exp.Edition 01, première édition de la Biennale de danse en Lorraine, n’annonce que du beau monde ! Trisha Brown présente ses Early Works au Centre Pompidou-Metz, le flamenco d’Israel Galvan électrise le Carreau de Forbach tandis qu’Emmanuel Gat revisite l’art de la transposition pour l’Opéra national nancéien. Fil rouge de la manifestation, le travail audacieux et polymorphe de Josef Nadj investit pas moins de six structures lorraines. Rencontre.

Peut-on dire que vous êtes un grand touche-à-tout ? La totalité de l’art est une problématique complexe que je poursuis depuis trente ans maintenant. En ce qui me concerne, c’est plus que normal, c’est même naturel que dans certaines créations je fasse se croiser des questionnements esthétiques et les recherches que je fais directement sur le plateau. Selon l’instant, je mets l’accent sur l’expression que je trouve la plus adéquate, la plus forte, pour exprimer le thème de la pièce. Votre formation vous a amené à étudier l’histoire de l’art, le dessin, puis la danse et l’expression corporelle. Pourquoi avoir fait le choix de vous consacrer en priorité à la danse ? À l’université de Budapest, j’ai commencé à pratiquer l’expression corporelle et le théâtre physique par curiosité. J’ai découvert que je pouvais m’exprimer très facilement avec mon corps et j’ai été ébloui par le côté magique du spectacle vivant, le côté éphémère de l’événement en soi. J’ai aussi découvert que la scène peut intégrer toutes les expressions artistiques : c’est une sorte de chaudron exceptionnel dans lequel tout se mélange.

Josef Nadj


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Josef Nadj

Exp.Edition 01

Dans Les Corbeaux en 2008, vous alliez musique, danse et peinture : c’est une création à la frontière de plusieurs disciplines. Comment s’est construit ce travail ? L’idée première des Corbeaux était que la force de l’image soit mise en premier plan. Le but recherché était de faire apparaître plusieurs tableaux en même temps : des tableaux aussi bien picturaux que musicaux et chorégraphiques. Cette recherche a été enrichissante bien que particulière, puisque le déroulement de l’action n’est pas toujours le même entre ce qui se passe à l’atelier et sur le plateau. Les différentes dimensions de la danse et du jeu sur scène influencent le dessin et donnent naissance à un moment qu’on peut qualifier d’unique. Le résultat de tout cela est assez étonnant pour le spectateur. Parallèlement à ce spectacle, vous avez produit une série de dessins, qui sera exposée à Bar-le-Duc. Quelle a été votre recherche initiale, le spectacle ou les dessins ? Ah ça, c’est une autre histoire ! Le dessin c’est le contre-point du plateau, le résultat du temps passé à l’atelier ou dans ma chambre d’hôtel... Je peux y gérer mon temps différemment, je peux revenir sur le dessin, le modifier, étaler ma réflexion dans le temps alors que sur scène on est dans l’instantané. Le temps du spectacle est différent, on ne peut pas l’étirer et il y a là un travail de compression qui apporte un autre résultat. Le dessin et la performance sont deux approches complètement opposées traitant d’une même thématique : c’est cet écart de processus qui m’intéresse.

Vos dessins sont étonnants : on n’y voit jamais de véritables corbeaux mais leur présence est pourtant bien palpable. Comment avez-vous procédé pour capturer le vol de ces oiseaux ? En fait, j’ai essayé de me mettre véritablement dans la peau du corbeau. Ces dessins au fusain et cette performance sont le résultat d’une expérience que j’ai faite un jour en pleine nature. J’ai pu observer l’atterrissage des corbeaux et les voir s’approcher doucement du sol. J’ai par la suite essayé de me souvenir de cette expérience visuelle, de ce moment précis, pour le traduire à travers le dessin et la danse. L’étude du mouvement et du rythme a été au centre de ce travail préliminaire. D’une façon générale, je suis entouré d’énormément de sources possibles : j’en trouve beaucoup dans la nature, dans le comportement des animaux mais aussi dans les différents caractères de l’homme. Ma danse est à la croisée de beaucoup de choses ! En plus du dessin et de la danse, vous êtes aussi photographe. Comment vivez-vous cette pratique ? J’ai commencé par photographier les paysages de mon pays natal en Yougoslavie, puis je me suis intéressé à l’urbain en me centrant sur le micro-détail des villes. J’ai pris beaucoup de photos de murs, un motif très important pour moi. En ce moment, je travaille beaucoup avec le photogramme : c’est un procédé spécifique où il faut jouer avec la lumière et des brèves expositions de quelques secondes. C’est un travail sur la condensation du geste, le micro-rythme... il y a là quelque chose de musical.

Avec une vingtaine de structures organisées en réseau (dont le CCAM à Vandœuvre-lès-Nancy, Le Carreau-Scène Nationale à Forbach, L’Arsenal à Metz, l’Opéra national de Lorraine à Nancy, etc.), une cinquantaine de rendez- vous, 35 compagnies invitées, 11 créations impliquant des compagnies régionales, des conférences, des expositions, des master class et des ateliers, la toute nouvelle Biennale de danse contemporaine en Lorraine, Exp.Edition 01, offre une visibilité nouvelle à une discipline malheureusement sousreprésentée tant en terme de diffusion de spectacles que de manifestations. Le challenge est de taille : asseoir une présence et favoriser l’émulation.

Exp.Edition 01 Biennale de Danse en Lorraine, du 1er octobre au 29 novembre dans toute la région Parcours Josef Nadj, avec spectacles et expositions www.biennale-danse-lorraine.fr


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PAR BENJAMIN BOTTEMER

Zut ! Culture Clips

CROSS ROAD

La route, synonyme de liberté mais aussi d’errance, de vitesse et de technologie, est également un contexte propice à la contemplation ; un univers souvent investi par le cinéma comme par la musique. Dans leurs derniers clips, les Messins Cascadeur et Abstract Sound Project ont choisi chacun à leur manière d’explorer l’imaginaire de l’asphalte.

Cascadeur, screenshot de Ghost Surfer, André Chocron

Cascadeur – Ghost Surfer Cascadeur n’a jamais caché son goût pour l’onirisme et les symboles. Entraînés le long d’une bande de bitume par sa douce voix et l’entêtant refrain de Ghost Surfer, nous croisons de mystérieux personnages, l’œil attiré par des lueurs qui, comme la lumière des phares, constituent autant de symboles. « Cascadeur est une entité qui me permet de voyager : sur la route en tournée mais également sous la forme d’un cheminement personnel, déclare-t-il. Dans cet esprit, l’idée de la vue subjective me plaisait. Je croise des personnages qui représentent tout ce que je n’ai pas pu connaître dans ma vie faute de pouvoir m’arrêter. Comme mon masque, le clip me permet d’exprimer plus facilement certaines idées. »


39 Fortement influencé par le cinéma, Cascadeur évoque les cheminements métaphysiques et symboliques induits par la représentation de la route dans le Septième art : le petit Danny de Shining qui, sur son tricycle dans les couloirs de l’hôtel Overlook, « semble être poursuivi, vouloir échapper à quelque chose », la vie de Charles Foster Kane dans le classique d’Orson Welles Citizen Kane, la sensation d’immensité que provoque la musique d’Ennio Morricone... « Mes textes sont souvent comme des courts-métrages, des tableaux », formule Cascadeur. Sur ce morceau très pop, le musicien et chanteur exprime un désir de liberté « en jouant avec la vitesse, avec le temps et l’espace, sur une route personnelle éclairée par les phares du véhicule imaginaire que je me suis construit ». Si la route était également présente dans son précédent clip, Walker, Cascadeur surfe aujourd’hui plus qu’il n’erre. Sa récente notoriété ne l’empêche pas de souhaiter « explorer des chemins qui ne sont pas balisés ». Derrière le masque, il se livre à un jeu d’acteur, choisissant de montrer de nombreux visages, d’explorer sa sensibilité musicale en changeant d’apparence. « C’est aussi pour moi une forme de liberté. Il y a à la fin du clip cette sensation d’élévation, de tremplin. Savoir comment sauter et comment atterrir, c’est la problématique du cascadeur comme du musicien. »

trie proche de celle du film Le Mans avec Steve McQueen. « Le clip est davantage centré sur la préparation des voitures, sur le travail des mécanos que sur la course elle-même, décrivent-ils. On peut comparer cela à notre musique : le morceau tel que le perçoit le public n’est que la partie immergée de l’iceberg, quelques minutes où l’on concentre le meilleur de nousmêmes. Et avec cette notion d’un homme qui pilote une machine, le parallèle avec la musique électronique est encore renforcé ! » Dans leur second clip, en cours de montage, la figure de l’automobile sera toujours présente, en filigrane du rêve d’un petit garçon qui s’imagine quelques années plus tard, aux côtés d’un frère qui n’est pas encore né. « On va créer un véritable contexte avec le deuxième clip, des connexions avec le premier, en jouant sur le lien fraternel plutôt que sur l’opposition comme dans Evolution », nous explique Yann. C’est le morceau éponyme 2022, une longue balade cosmique, qui sera utilisé comme illustration au patient cheminement d’ASP : une mécanique bien huilée qui taille une route pavée de sonorités entre classicisme techno et radiations électro millimétrées. Evolution, réalisé par Stéphane Benini Musique : ASP

Itinéraires bis Kraftwerk, Autobahn (1974) Vingt-deux minutes de klaxons et de synthétiseurs pour un morceau légendaire de la musique électronique et d’un genre à part entière : la motorik, terme inspiré de la sensation de répétitivité de la conduite sur autoroute. David Lynch, Lost Highway (1997) Le film noir erratique et cauchemardesque de David Lynch s’ouvre et s’achève sur la même scène : une fuite en avant motorisée où la caméra avale frénétiquement l’asphalte, au son de I’m Deranged de David Bowie. Kavinsky, Protovision (2012) Avec ce clip, l’interprète du célèbre thème de Drive nargue la maréchaussée au volant d’une Ferrari Testarossa, rendant hommage aux polars musclés des années 80.

Ghost surfer, réalisé par André Chocron Musique : Cascadeur / Universal music

ASP – Evolution Moins fulgurants que leur homologue (et ami) casqué, les deux frères d’Abstract Sound Project ont patiemment taillé, dix années durant, une musique électronique nourrie à l’énergie rock, efficace tout en restant soigneusement éloignée des standards actuels en matière de production. La patine, l’élégance, la puissance, des notions qu’ils illustrent dans le clip Evolution, issu de leur premier album 2022. Ils y explorent la thématique de la dualité à travers l’affrontement de deux pilotes de course. « On trouve qu’il y a quelque chose de noble dans cet univers, et dans ce côté duel qui tient du western spaghetti », avance Cédric. Succession de plans sur de belles mécaniques issues d’un passé glorieux, le tournage d’Evolution s’est déroulé sur le circuit de Dijon-Prenois au sein de l’écurie Martini ; un contexte qui a inspiré au réalisateur Stéphane Benini l’usage d’une colorimé-

ASP, screenshot d’Evolution


André S. Labarthe

Deux nouveaux titres disponibles

André S. Labarthe

André S. Labarthe

Madagascar

recueil de dessins

Belle à faire peur (accords perdus 4)

Photo : Patrick Messina

« On l'aura compris : le lapsus est au cœur de ces recueils dont l'agencement doit tout au hasard. Le lapsus et son cortège de vérités noires jetées sur le papier comme on se jette par la fenêtre au terme d'une vie encombrée de méprises ou d'approximations également inexcusables, de faux souvenirs, de contrevérités, de déchets divers, de tout ce que je reproche aux écrivains que j'admire de traquer avec soin puis d'éliminer. Oui, c'est cela : je souhaite qu'on circule parmi ces notes comme dans un inconscient. »

Autres livres d'André S. Labarthe parus chez LimeLight Éditions, disponibles au siège de l’association :

Le Traité du verre, en effet (Accords Perdus 3), 2011, 15 € Happy end (Accords Perdus 2), 2008, 15 € Bataille, Sollers, Artaud, 2002, 20 € Bataille à Perte de Vue (Le Carnet), 1997, 14 € À Corps Perdu, Évidemment, 1997, 15 € Tempo, 1993, 10 €

Chic Médias - LimeLight Éditions

Chic Médias - LimeLight Éditions

82 pages - 24 €

72 pages - 19 €

LimeLight Éditions 11, rue du Milieu - 67202 Wolfisheim / bruno@limelight-editions.fr


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LES LUMIÈRES DE LA VILLE Réalisé par Benjamin Bottemer, Virginie Joalland, Julien Pleis, Philippe Schweyer et Cécile Becker

Dossier Cinéma /

Nancy Villerupt Luxembourg Metz

À l’heure où la Région souhaite réunir tous les professionnels de l’Image en Lorraine et faire rayonner leurs talents en créant le Pôle Image, focus sur les acteurs de ce milieu, déjà très actifs. Au-delà des cinémas Caméo, dont la réputation est plus qu’assise, les festivals du coin continuent d’affirmer leur singularité : quand le festival du film italien de Villerupt rend hommage à la vague d’immigration italienne, le Festival International du Film de Nancy fait rêver les spectateurs sous les étoiles. Diffusion, certes, mais aussi formation avec l’Institut européen de cinéma et d’audiovisuel à Nancy, d’où le décorateur et cinéaste Mathieu Buffler est issu. Du beau monde, des beaux films et une belle Cinémathèque installée de l’autre côté de la frontière luxembourgeoise. Zut ! explore un vaste territoire de cinéma, nourri aux claps et à l’image.


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Dossier Cinéma / Les lumières de la ville

Cet homme a probablement contribué à une grande partie de votre éducation cinématographique des trente dernières années. Directeur et programmateur des cinémas Caméo à Metz et à Nancy, Michel Humbert, cinéphile discret, est également président du Syndicat des Cinémas d’Art, de Répertoire et d’Essai.

PROFESSION :

MONTREUR DE FILM PAR BENJAMIN BOTTEMER PHOTO JULIAN BENINI


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“ J’estime qu’une ville sans cinéma est infirme.”

À

ceux qui lui demandent comment est né son goût du cinéma, Michel Humbert répond habituellement qu’il en avait marre du cinéma du curé et qu’il voulait admirer les décolletés de Sophia Loren ou de Gina Lollobrigida. En fait, il n’a pas d’explication particulière à donner, à part peut-être le goût de « faire le mur et entrer en douce dans les salles ». Un comble pour celui qui se bat depuis de nombreuses années pour la survie des cinémas d’art et essai, notamment en Lorraine avec ses trois Caméo répartis entre Metz et Nancy et le cinéma Palace à Metz, à la programmation plus généraliste. Entré dans le milieu du cinéma par la petite porte des ciné-clubs, Michel Humbert a fréquenté le Caméo Commanderie à Nancy lorsque celui-ci ne comptait qu’une seule salle de 450 places. Il en reprend la direction en 1980, rénove l’endroit, ouvre une seconde salle. À force de bagarre face aux UGC et autres Kinépolis pour se voir attribuer davantage d’espace, il « récupère les poubelles qu’étaient les cinémas SaintSébastien à Nancy et Ariel à Metz, où la situation était difficile. La ville a été bouclée pendant trente ans par la mairie, la vie nocturne était inexistante, et en 1997 Gaumont a voulu tout fermer. Mais j’estime qu’une ville sans cinéma est infirme. » Lorsque l’on consulte les chiffres du SCARE (Syndicat des Cinémas d’Art, de Répertoire et d’Essai) présidé par Michel Humbert, on constate que le Nord-Est compte 63 salles labellisées, contre 242 en Aquitaine par exemple. Président, que se passe-t-il ? « Nous ne sommes pas indigents, explique Michel Humbert, mais certaines régions ont pléthore de petites salles, avec autour d’elles des tribus, une tradition qui a disparu en Lorraine. Elles ont de plus une certaine facilité à obtenir la classification Art et Essai : à leur niveau, 10% de films ainsi répertoriés à l’affiche peuvent suffire. » Au fait, un film art et essai, c’est quoi ? Les critères énoncés par le CNC sont assez vagues, notamment : « Il s’agit d’une œuvre possédant d’incontestables qualités mais n’ayant pas

obtenu l’audience qu’elle mérite. » « C’est évidemment très subjectif, admet Michel Humbert, également membre du Collège de Recommandation Art et Essai. Un film où il y a des bouffées de cinéma et des trucs mal fichus à côté, on le prend pour lui donner de la visibilité. Même si esthétisme et originalité ne sont pas gages de qualité. » Connu dans la presse pour ses sorties contre les multiplexes, on l’imagine puriste et nostalgique, mais il est convaincu que des innovations comme le numérique ou la 3D dans les mains de techniciens et de réalisateurs talentueux peuvent être de vrais progrès. Quant au profil de la salle de cinéma de demain, il prédit une polarisation : « On aura d’un côté des salles un peu élitistes soutenues par les pouvoirs publics, de l’autre des multiplexes très diversifiés qui accueilleront, pourquoi pas, des animations de cirque et du patin à glace ! La programmation ne suffit plus à attirer le public, surtout jeune, vers le centreville et les cinémas d’art et essai. L’aspect pratique l’emporte, et les spectateurs ne prennent plus de risques dans le choix des films. Il y a tout un travail de réappropriation du public à réaliser. » S’il va passer la main d’ici la fin de l’année à sa collaboratrice Aline Rolland, soucieux de préserver la ligne qu’il a initiée, Michel Humbert ne quittera pas tout à fait le navire et donnera « un coup de main pour la programmation et pour les rencontres avec les réalisateurs ». Lorsque l’on évoque sa contribution à la promotion du cinéma d’art et essai en Lorraine à cet ancien enseignant de Jarny qui insiste sur l’importance du partage et des « passeurs » de cinéma, lui-même se décrit comme « un vulgaire montreur de films, qui n’a pas trop mauvais goût ». www.cine-cameo.com

La playlist de Michel Humbert — Premier émoi La Tunique d’Henry Koster (1953), avec Richard Burton et Victor Mature. — Superbe ! Holy motors de Leos Carax (2012) avec Denis Lavant, Kylie Minogue, Eva Mendes. — A l’ancienne Skyfall de Sam Mendes (2012) avec Daniel Craig, Javier Bardem, Judi Dench. « Skyfall méritait le classement art et essai. C’est un film d’une intelligence remarquable. C’est de loin le meilleur de la série. » — Historique Michael Kohlhaas d’Arnaud des Pallières (2013) avec Mads Mikkelsen et Bruno Ganz. « Un film intéressant mais qui nécessite un certain nombre de connaissances historiques et qui n’est déjà pas évident dans sa forme. Un film doit avant tout être ludique, même s’il peut être cérébral. » — Voyou Polisse de Maïwenn (2011) avec Karin Viard, Joeystarr, Nicolas Duvauchelle… « C’est un film voyou. Au cinéma il doit y avoir un échange, or Polisse balance tout dans la gueule du spectateur. Il fonctionne uniquement sur une hystérie permanente, en un croisement de télé-réalité et de clip. » — Magique Hugo Cabret de Martin Scorsese (2011) avec Ben Kingsley, Sacha Baron Cohen. « Un bijou avec une vraie réflexion sur le cinéma, vendu comme un film pour enfants. En cela, il est d’une intelligence diabolique. La 3D y est utilisée pour que le cinéma soit magique, comme à ses origines. » Panthéon Pas très fort au jeu du film fétiche, Michel Humbert préfère le name-dropping : sont cités Renoir, Mankiewicz, Mizoguchi, Sternberg, Hitchcock pour l’ensemble de leur œuvre.


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Dossier Cinéma / Les lumières de la ville

FAÇON PUZZLE PAR BENJAMIN BOTTEMER PORTRAIT ARNO PAUL

La salle du Caméo Saint-Sébastien à Nancy est pleine comme un œuf pour l’avant-première de Tip Top, le dernier film de Serge Bozon. On repère quelques fuyards au cours de la projection, puis c’est une bonne moitié de la salle qui quitte les lieux avant le début des échanges avec le réalisateur… Retour sur un film qui heurte les consciences.

T

ip Top est à l’image de la parole du réalisateur : éclaté, accidenté, déroutant, torrent continu, drôle et un peu fou d’anecdotes et de théories. Pour définir l’idée directrice de son film, Serge Bozon formule une question : « Quelles sont les choses heureuses qui donnent envie de tout casser ? Comme dans le pogo d’un concert de rock, comme dans les films de Laurel et Hardy, le côté destructeur de mon film est positif, heureux. Isabelle Huppert et Sandrine Kiberlain sont violentes – l’une tape, l’autre mate –, mais elles se battent parce qu’elles aiment. » Enchaînement arachnéen de scènes qui vous charme puis vous secoue comme un prunier, alternant poétique de l’absurde et perversité en une galerie de portraits fragmentés, Tip Top est anticonformiste ; il pousse les gaz à fond jusqu’à la rupture. Est-il provocateur ? « Cette violence-là n’est pas intentionnelle. Ce serait un peu mondain de vouloir faire un bras d’honneur au cinéma français », réagit Serge Bozon, également réalisateur de Mods et La France. S’il relie la comédie et le polar, les deux genres à succès du cinéma hexagonal, Tip Top fait rentrer au marteau dans l’esprit du spectateur des éléments de la chronique

sociale – avec en filigrane « l’obsession algérienne » incarnée par le fantôme omniprésent de l’indic’ algérien supervisé par François Damiens –, du cartoon, du théâtre et de la danse, de la comédie romantique ou de mœurs... « Dans le côté grotesque, vulgaire et un peu aberrant, il y a même quelque chose du cinéma bis dans Tip Top, ajoute Serge Bozon. Il a un rapport aux genres, à la plus belle période du cinéma qui est celle des années 30, où les genres ne sont pas encore codifiés et où tout se mélange. Il y avait une énergie, quelque chose de jazzy dans ces films. » Tip Top la joue plutôt free-jazz, sachez-le.

Tip Top, de Serge Bozon avec Sandrine Kiberlain, Isabelle Huppert, François Damiens


45 Niché au bout de la longue suite d’écoles et d’universités, à deux pas du théâtre de la Manufacture, l’institut européen de cinéma et d’audiovisuel (IECA) de Nancy veut, sous l’impulsion de Vincent Lowy, son nouveau directeur, sortir de son cocon.

CINÉMA PARADISO PAR CÉCILE BECKER PHOTOS SÉBASTIEN GRISEY

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ernier jour d’été à Nancy. En face de l’IECA, l’équipe du festival international du film Nancy-Lorraine (Aye Aye pour les anciens) prépare l’après-midi sur les canapés installés en plein air. De l’autre côté, à l’intérieur de l’institut, l’on trouve un peu d’air frais en attendant le nouveau directeur, Vincent Lowy, élu en juin dernier pour un mandat de cinq ans. Certains étudiants se croisent pour soutenir leur mémoire, la rentrée se fait lentement sentir mais les salles de cours sont vides. Une machine à café, une large terrasse à l’arrière, l’institut qui a « 20 ans et toutes ses dents, se veut accueillant et chaleureux », comme le décrit Vincent Lowy. Mais qui est-il ? Ancien Lyonnais, il a lui-même fait ses classes ici avant d’enseigner à Colmar et Strasbourg et de retrouver un poste de professeur d’études cinématographiques à l’IECA. Cet historien qui travaille notamment sur la question de la représentation du passé dans le cinéma a justement fait sa thèse avec Roger Viry-Babel, le fondateur de l’institut. Pour cet humaniste qui se définissait lui-même comme saltimbanque, Vincent Lowy garde une amitié profonde, il précise même : « Je situe mon enseignement dans son prolongement. » Ce qui n’est pas forcément synonyme de tradition. À l’IECA, pas de nostalgie des bobines. On travaille avec des outils modernes : clé USB, bancs de montage dernière génération, même si une petite vidéothèque fournie en VHS se cache non loin du local technique. Une odeur de renouveau circule résolument dans cette école entraînée par l’établissement du pôle image à Épinal : « Cet institut

a toujours été très local. Je pense que c’est un problème, et la mission que je m’assigne, c’est de l’ouvrir. » Cette ambition est nourrie par une volonté de partenariat entre deux universités : Taipei et Cincinnati, ville américaine justement jumelée avec Nancy. « Un de nos étudiants, choisi selon des critères d’excellence, partira chaque année à Taïwan pour suivre une formation audiovisuelle. Nous accueillerons de notre côté, un de leurs étudiants. Nous sommes en train d’établir le même genre de relation avec Cincinnati qui sont déjà très heureux de ce projet. Et puisque


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Dossier Cinéma / Les lumières de la ville

La playlist de Vincent Lowy Enseignant-chercheur, directeur de l’IECA mais avant tout cinéphile, Vincent Lowy dispose d’une bibliothèque débordant d’ouvrages traitant du cinéma dans son bureau « flambant neuf ». À nos questions, il répond d’abord difficilement avant d’aller chercher quelques réponses en piochant du regard sur les étagères de livres... — Votre film favori ? Le prochain ! — Votre genre favori ? Le film historique. — Votre réalisateur favori ? Plutôt une réalisatrice. Avoir plus de réalisatrices que de réalisateurs, ce serait parfait. — Votre acteur/actrice fétiche ? Louise Brooks. — Quel film vous a fait devenir cinéphile ? Le Roi et l’Oiseau de Jacques Prévert et Paul Grimault.

Cincinnati est jumelée à Taipei, j’aimerais, au terme de mon mandat, avoir mis en place une triangulation entre ces écoles, que les étudiants montent des projets ensemble, travaillent ensemble, fassent des enfants ensemble », continue Vincent Lowy, malicieux. Ambition affichée : que cet institut de formation et de recherche devienne une école de cinéma connue et reconnue s’inspirant de l’international plutôt que de « l’organisation trop pyramidale et la pesanteur du cinéma français ». Pas question pour autant d’oublier les partenariats fructueux avec les Beaux-Arts de Nancy et le festival international du film qui profite justement de la salle de projection dans l’amphithéâtre de l’école. Pour l’heure, focus sur la rentrée. 170 étudiants séparés entre licences et masters investiront les 6000 m² de l’école sous l’œil avisé de leur parrain Arnaud des Pallières.

Encore une année « à montrer des films aux étudiants, les faire réfléchir », s’enthousiasme Vincent Lowy, avant de poursuivre : « À leurs âges, on commence à voir tout un tas de films, c’est une période dont on se souvient toujours. Alors enseigner ça, faire partie de ça, c’est assez grandiose. » Institut européen de cinéma et d’audiovisuel 10, rue du Maréchal Ney à Nancy 03 54 50 47 79 ieca.univ-nancy2.fr Venue du réalisateur Arnaud des Pallières, parrain de la promotion 2013-2014, le 7 octobre à l’IECA Projections des films des étudiants à 18h

— Une scène marquante ? Dans La Soif du Mal d’Orson Welles, quand Orson Welles va voir sa vieille copine, jouée par Marlene Dietrich. Dans cette scène, elle lui dit : « You’re a mess, honey ! », c’est une très belle réplique. Orson Welles a d’ailleurs dit une phrase qu’il faudrait inscrire au fronton de cet institut : « Pour faire du cinéma, oubliez tout ce que vous avez appris à l’école. » — Un documentaire préféré ? Le Chagrin et la Pitié de Marcel Ophüls.


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DÉCORA(C) TEUR TEXTE VIRGINIE JOALLAND PHOTO ARNO PAUL

Qu’ils soient metteurs en scène, directeurs de musée, étudiants en cinéma, ceux qui font appel à lui bénéficient de son implication sans demi-mesure. On l’appelle décorateur dans le milieu du cinéma et de la télévision, et scénographe quand il travaille pour un musée. À 37 ans, Mathieu Buffler multiplie les projets et les collaborations.

L

e parcours de ce dynamique trentenaire débute au Mans. Pourtant originaire de Lorraine, c’est dans l’Ouest qu’il plonge dans le grand bain des arts au début des années 90. Recalé au bac en 1993, celui qui ne se cache pas de n’être alors qu’un « jeune branleur » réussit avec brio le concours d’entrée à l’École Supérieure des Beaux Arts du Mans. Cinq ans plus tard, diplômé et de retour à Nancy, le besoin de réapprendre à écrire et de coucher ses idées sur papier le pousse à rejoindre l’IECA (Institut européen de cinéma et d’audiovisuel de Nancy). À l’époque, c’est la réalisation qui attire le jeune homme, mais le climat n’y est pas favorable. Après quelques mois de chômage, avec deux diplômes mais sans le sou, Mathieu Buffler a l’occasion de réaliser un stage d’accessoiriste à l’Opéra de Nancy. Autonome, efficace et passionné, il ne tarde pas à être embauché. Durant quatre ans, il s’épanouit dans la profession et dans la création de décors pour l’Opéra. « C’était génial comme période. Je devais suivre des gens encore plus cinglés que moi et les satisfaire. Je n’avais pas de limites. Je donnais tout pour le show, c’était ça mon objectif. Il fallait être capable d’accepter toutes les demandes ou de refaire un travail. J’avais l’esprit pour ça. »

En quelques années, il fait son petit bonhomme de chemin. Après l’Opéra, qu’il quitte en 2008, c’est principalement en qualité de chef décorateur pour le petit et grand écran qu’il travaille désormais. Homme d’action Diversifier ses activités, ça l’amuse. Actuellement scénographe pour le musée Pierre Noël de Saint-Dié-des-Vosges (lire aussi en fin de magazine), loin des plateaux de tournages, Mathieu Buffler n’en est pas moins passionné. Pour lui, la scénographie est une autre manière d’aborder le décor. « C’est embarquer le spectateur dans un cheminement intellectuel dans lequel il doit prendre du plaisir, tout en étant pédagogue et pertinent. Le métier oblige à redistribuer les cartes à chaque projet, c’est vivifiant. » En parallèle, celui qui ne se cache pas d’aimer l’action n’a jamais cessé d’entretenir sa passion pour la réalisation. D’ailleurs pour lui, être décorateur ou metteur en

scène, « c’est comme réaliser un film ». À son actif, plusieurs courts métrages et faux documentaires dont un qu’il prévoit d’achever cette année, après dix années de travail. « Je suis très perfectionniste, ça prend du temps ! ». De son parcours, alternant petits et gros projets, pour lui ou pour les autres, ce qu’il retient et qui fait sa plus grande fierté reste d’avoir pu aider des anciens étudiants de l’IECA à réaliser certains de leurs projets en offrant ses compétences de décorateur. « J’y ai mis la même passion et le même professionnalisme que sur un projet rémunéré. Nous nous voyons encore et ils sont vraiment doués, que ce soit le collectif Holden (anciennement Fact Creation) ou l’association Red Screen Films. » Lui qui aurait pu devenir enseignant mais ne se trouvait pas assez expérimenté a trouvé ici moyen plus efficace pour aider la nouvelle génération.


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Dossier Cinéma / Les lumières de la ville

Le 7 septembre s’est achevé le 19e Festival International du Film de Nancy-Lorraine. Pas loin de 150 films ont été proposés, à travers une programmation déployée sur plusieurs axes : courts métrages, jeune public, sélection Zizz (films décalés ou expérimentaux)…

LEVER LA TÊTE PAR JULIEN PLEIS

L

événement s’est à nouveau déroulé dans la cour du Théâtre de la Manufacture, haut lieu de la culture de la capitale Meurthoise. Comme chaque année, le public a pu, sous un ciel encore clément, renouer avec une sélection de films atypiques et l’authenticité du cinéma en plein air. À peine entré dans l’immense patio, une atmosphère sereine et conviviale s’installe. Du Conservatoire National mitoyen filtrent quelques accords de musique qui achèvent de poser l’ambiance. Un salon convivial, composé de vieux fauteuils et de palettes, est installé à l’ombre de la vertigineuse cheminée en brique qui domine la place. Cet espace de rencontre permet d’échanger avec les invités, de musarder au soleil en sirotant un coca, ou d’attendre confortablement que la nuit tombe, avant de prendre place devant l’écran géant déroulé pour l’occasion. Une fois le crépuscule passé, les projections peuvent commencer et la magie opère. Cette année notamment, les spectateurs ont pu (re)voir le culte Bal Des Vampires de Roman Polanski, pastiche drolatique des films d’épouvante de la Hammer. Hormis le plein air, si on prend la peine de pousser les portes des bâtiments voisins comme l’IECA ou le CIL, on peut profiter de séances « classiques » en salle. Classique c’est vite dit, car les œuvres proposées ont un cachet qui dénote souvent avec le paysage cinématographique habituel. Le F.I.F. présente notamment, une sélection de courts métrages en compétition. Les films choisis proviennent de toute l’Europe et offrent aux spectateurs un panel varié de genres et d’émotions. L’absurde se mêle au tragique et le docu conceptuel côtoie l’ovni animé, comme Quand quelqu’un s’arrête, une fable bizarroïde de 6 minutes réalisée par Jenni Rahkonen. Petit plus, lors de ces projections, de

nombreux réalisateurs sont présents, permettant ainsi le dialogue avec le spectateur curieux. Au-delà du divertissement convivial que représente un tel événement, Le F.I.F. par son choix éditorial, fait montre d’une éthique en faveur de la qualité. Il s’inscrit dans une logique de diversité culturelle, s’impliquant en tant que « facteur d’échange et de compréhension mutuelle ». Devenu un carrefour des cinématographies, Il permet depuis 19 ans de mettre en évidence la découverte d'un « Ailleurs – Autrement ».

Palmarès 2013

Festival International du Film de Nancy-Lorraine, du 29 août au 7 septembre ayeayefilmfestival.com

Prix spécial du jury : Les Lézards de Vincent Mariette (France / Fiction / 14’)

Compétition Film court Mention Jury Lycéen : Une Histoire pour les Modlin de Sergio Oksman (Espagne / Documentaire / 26’) Prix Jury Lycéen : La Nuit de l’ours de Sam & Fred Guillaume (Suisse / Animation / 22’) Mention spéciale Jury Professionnel : Dimanche 3 de Kuhn Jochen (Allemagne / Animation / 14’)

Grand Prix 2013 : Bienvenue... et sincères condoléances de Leon Prodovsky (Israël / Fiction / 26 min) Compétition Documentaire Univers Privé de Treštíková Helena (République Tchèque / 85’)


Le grand luxe Créée en 1975, la Cinémathèque du Luxembourg s'inspire dès ses débuts de sa sœur parisienne sous l'impulsion de Fred Junck. Dans cette salle du centre ville qui transpire la tradition cinéphilique depuis les années 20, la programmation se veut représenter tous les cinémas : films classiques comme films grand public (l'un n'empêche pas l'autre). Claude Bertemes, son actuel directeur, explique : « Nous voulons préserver l'histoire du cinéma, autant d'un point de vue matériel, en conservant des copies 16 et 35 mm, que d'un point de vue mental. » De nombreux cycles et rétrospectives, parfois en lien avec l'actualité, viennent satisfaire un noyau dur de cinéphiles qui peuvent également s'éduquer aux techniques et à l'histoire du cinéma en lien avec l'université populaire. Belle salle de cinéma d'art et d'essai, la Cinémathèque rayonne dans tout le Grand Est et fait beaucoup d'envieux par son dynamisme et ses choix artistiques. Isabelle Huppert y avait même passé le plus clair de son temps libre alors qu'elle tournait Tip Top de Serge Bozon

au Luxembourg. Une fierté parmi d'autres : « J'aime savoir que la nouvelle génération de réalisateurs luxembourgeois ont fréquenté la cinémathèque et ont nourri leur envie de cinémas à travers nous », explique Claude Bertemes. D'octobre à décembre, des temps forts notamment autour du cinéma des années 80, des films d'Europe de l'Est, d'une rétrospective autour de Bernardo Bertolucci et d'un cycle analytique autour du réalisme et du surréalisme. Pas de quoi s'ennuyer. (C.B.) Cinémathèque du Luxembourg 17, place du Théâtre www.vdl.lu

MELI-MELO II (LE RETOUR) DANSE ET HUMOUR

JEUDI 17 OCTOBRE 2013 . 20:30 ATTENTION : COMÉDIE DÉJANTÉE ! IRRÉVÉRENCIEUX ET DÉSOPILANTS, CES DANSEURS VIRTUOSES VONT FAIRE VOYAGER ET SURTOUT VALSER LES TUTUS !

RÉSERVATIONS : ENSEMBLE POIREL 03 83 32 31 25 . www.poirel.nancy.fr et points de vente habituels : magasins Fnac www.fnac.com . Nancy Tourisme et Hall du Livre www.digitick.com www.ticketnet.fr

organisation Ville de Nancy lic. I 10.22157 & III 10.22159 . diffusion Gruber Ballet Opéra . production Compagnie Chicos Mambo D.Betty’s Productions, Théâtre du collège de la Salle / Avignon OFF 2006 . photos : Hector Moreno Fred Ruiz . conception : element-s


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Dossier Cinéma / Les lumières de la ville

Né en 1976 dans la modeste MJC de Villerupt, le Festival du film italien revient du 25 octobre au 11 novembre pour sa 36e édition !

CINECITTÀ Le Guépard de Luchino Visconti

PAR JULIEN PLEIS

Cet événement qui, au départ, n’était pas voué à perdurer, met en exergue le lien fort qui unit le canton avec la communauté italienne, issue des vagues d’immigrations des années 30 puis 50 à 70. L’expérience, heureuse victime d’un succès inattendu, s’est renouvelée au fil des ans, forte d’une réussite grandissante. Après une édition 2012 placée sous le thème du voyage, les organisateurs sous la houlette d’Oreste Sacchelli, ont choisi comme thème 2013 les Pouilles, région active au sein du paysage cinématographique transalpin, car elle soutient des films régionaux tournés localement, mais également des coproductions européennes, et même des projets made in Bollywood ! Cette année, ce seront donc plus de 60 films qui seront

proposés au public, dont une cinquantaine de productions contemporaines et pour la plupart inédites. Une rétrospective de l’année 1963 fera partie des réjouissances, en partenariat avec les Cahiers du Cinéma. Des classiques de cette riche année seront rediffusés, dont : Le Guépard de Visconti et 8 ½ de Fellini. A noter que cette édition signe la 9e collaboration avec Baru, l’enfant du pays devenu auteur de BD qui, depuis une décennie, exécute avec talent les illustrations et affiches du festival. (J.P.) Festival du film italien de Villerupt, du 25 octobre au 11 novembre à Villerupt www.festival-villerupt.com


Huit et demi 8 ½ est précisément le huitième film de Fellini, auquel s’ajoute celui commencé avec Lattuada au début de sa carrière et jamais terminé. Il sort en 1963 et c’est sans doute la première fois qu’un film explique aussi peu l’histoire qui le travaille. La logique du film (l’histoire d’un homme, de son imagination et des femmes qui en font intimement partie…) reste le secret de Fellini, lui même confronté à l’angoisse de la page blanche, et la plupart des questions posées demeurent dans l’attente d’une réponse inlassablement différée. Audelà du personnage de Guido, cinéaste dépressif en cure dans une station thermale, incapable de faire un film et véritable alter ego de Fellini interprété magistralement par Mastroianni, 8 ½ est un hymne à l’éternel féminin qui passe en revue tous les états de la beauté : beauté fragile et anxieuse d’Anouk Aimée, miraculeuse et mythique de Claudia Cardinale, tellurique et torve de la Saraghina… Une ribambelle de personnages gravite autour de Guido : des actrices qui tentent d’obtenir plus d’informations sur leur prochain rôle, l’auteur du

scénario de son prochain film et toute l’équipe technique, sa femme et sa maîtresse… Autant de personnages désormais indissociables de la fabuleuse musique composée par Nino Rota pour ce chef-d’œuvre à redécouvrir sur grand écran. (P.S.) 8 ½ de Federico Fellini sera projeté dans le cadre du Festival du film italien de Villerupt et de la rétrospective consacrée à l'année 1963

SOPHONISBE nest-theatre.fr (0)3 82 82 14 92

+33

Centre Dramatique National de Thionville Lorraine direction Jean Boillot Le Nord ESt Théâtre, CDN de Thionville-Lorraine, est subventionné par le Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Lorraine, la Ville de Thionville et la Région Lorraine.

16 › 17 octobre

Théâtre de Thionville › Thionville texte Corneille mise en scène

Brigitte Jaques-Wajeman création 2013 CYCLE DES HEROÏNES


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PAR BENJAMIN BOTTEMER

Zut ! Culture Livres

FEUILLES D’AUTOMNE

Champignons, de Régis Marcon Éditions de La Martinière

Autopsie, de Bruno Mouron et Pascal Rostain

Une sélection de la rentrée littéraire, avec Julie Even, libraire à la Cour des grands à Metz.

Esprit d’hiver, de Laura Kasischke Éditions Christian Bourgois

Éditions de La Martinière

À mi-chemin entre le livre de cuisine et l’ouvrage photographique, Champignons nous offre tout le savoir-faire dont le chef trois étoiles Régis Marcon fait preuve autour de son aliment fétiche. Nous partons à la découverte du champignon avant d’apprendre à le dompter, pour ensuite admirer le résultat au fil de 100 recettes détaillées accompagnées de superbes photographies. Une bible pour les initiés comme pour les profanes, un enchantement pour les yeux et une tentation pour le palais.

Célébrités parmi les paparazzi, Mouron et Rostain ont fait du contenu des poubelles de stars (de Nicholson à Madonna en passant par Jeff Koons ou Louise Bourgeois) un objet d’étude sociologique et de véritables œuvres d’art exposées dans les galeries. Avec une espièglerie journalistique, leur travail est devenu une véritable réflexion sur les modes de consommation. Les deux photographes au cœur bien accroché poursuivent aujourd’hui leur travail en s’attaquant aux détritus d’anonymes fortunés ou déshérités, au Qatar, en Chine, ou encore à Tahiti. Disponible à partir du 10 octobre

L’art du design, sous la direction de Dominique Forest Éditions Citadelles & Mazenod

Assaillie dès le réveil par un sentiment d’angoisse inexplicable, Holly se retrouve seule, en cette veillée de Noël, avec sa fille Tatiana, qui, habituellement si affectueuse, adopte un comportement de plus en plus étrange. « Laura Kasischke nous prouve une fois encore son immense talent tout au long de ce huisclos de Noël. Une mère et sa fille, des souvenirs, et toujours cet inconscient qui nous joue des tours. Un roman qui vous hante, qui vous obsède et vous éblouit. »

Les prestigieuses éditions Citadelles & Mazenod livrent ici un ouvrage définitif sur l’âge d’or du design, son champ chronologique s’étendant de l’après-guerre à nos jours. De l’électroménager de Dieter Rams pour Braun jusqu’au design sophistiqué et démocratisé d’Apple, en passant par le mobilier de Charles et Ray Eames pour Herman Miller aux États-Unis, L’art du design se fonde sur une étude des grands pays industrialisés. Les analyses de spécialistes comme l’écrivain Penny Sparke ou Jeremy Aynsley, professeur au Royal College of Art, sont agrémentées de plus de 600 illustrations. Disponible à partir du 16 octobre

La Cour des grands - 9, rue Taison à Metz - 03 87 65 05 21 Du 5 au 19 octobre, focus sur les éditions de l’Olivier, avec la venue de Florence Seyvos, Olivier Cohen, Véronique Ovaldé et du Messin Thierry Hesse


J. COLE 21-11-2013

03.10. 04.10. 05.10. 13.10. 14.10. 15.10. 16.10. 17.10. 18.10. 20.10. 21.10. 22.10. 24.10. 25.10. 25.10. 26.10. 27.10. 02.11. 03.11. 06.11. 07.11. 08.11. 09.11. 10.11. 11.11. 13.11.

STROMAE 20-12-2013

15.11. NOISIA & FOREIGN BEGGARS MAJOR LAZER 15.11. PRESENT I AM LEGION NICK CAVE & THE BAD NO CEREMONY FREE ENTRY SEEDS 16.11. ROCK TOOLS SHOWCASE BOB DYLAN AND HIS BAND NIGHT FREE ENTRY NAUGHTY BOY Nouvel album En concert20.11. vanessaparadis.fr 21.11. OZARK HENRY J. COLE 22.+23.11. VOLBEAT SOLD OUT SONIC VISIONS: HURTS, PIERS FACCINI FREE ENTRY SIGUR ROS, LESLIE CLIO, FRIGHTENED RABBIT… PASCAL PINON FREE ENTRY 26.11. AIRBOURNE ANE BRUN SONGS TOUR 2013 28.11. SILLY THE BOSSHOSS 30.11. IMAGINE DRAGONS BRUNO MARS SOLD OUT 01.12. OLAFUR ARNALDS MAC MILLER 06.12. CHAKUZA CHARLES BRADLEY 07.12. BEN L’ONCLE SOUL EDITORS 10.12. KATIE MELUA IN EXTREMO 12.12. “KUNSTRAUB TOUR” VANESSA PARADIS 13.12. PASSENGER DUB INCORPORATION 15.12. GESAFFELSTEIN DJ SET BIFFY CLYRO 20.12. STAHLZEIT STROMAE 22.12. SEASICK STEVE INTERNATIONAL RECORD FAIR AGNES OBEL 14.01. BABYSHAMBLES TEXAS 24.01. ONE NIGHT OF QUEEN THE NATIONAL 25.01. SAULE -M30.01. PROTEST THE HERO BETTENS 04.02. (FORMERLY K’S CHOICE) BULLET FOR MY VALENTINE 08.02. MICHAEL NYMAN BAND ONEREPUBLIC 13.02. SAXON CASCADEUR 21.02. PIXIES SUAREZ GAETAN ROUSSEL Photo : Jean-Baptiste Mondino | Conception graphique et illustration : M/M (Paris) | Licence 2-1035935/Licence 3-1039130

01.10.

VANESSA PARADIS 12-12-2013

www.rockhal.lu Rockhal, Esch/Alzette (LUX) // infos & tickets: (+352) 24 555 1 Rockhal recommends to use public transport: www.cfl.lu 90 min from Nancy // 45 min from Metz 60 min from Saarbrucken // 120 min from Brussels

L’OGBL, le Centre culturel Kulturfabrik, le Théâtre Municipal & la Ville d’Esch présentent

SIGUR ROS GIRLS IN HAWAII

LESLIE CLIO

MUTINY ON THE BOUNTY DEAR READER SYNTHESIS

FYFE

HURTS

OK KID

PORN QUEEN

ALVIN AND LYLE

FRIGHTENED RABBIT

LONDON GRAMMAR OWLLE

ANTIMATTER PEOPLE

COLT SILVERS

AUFGANG

NATAS LOVES YOU

BENJAMIN CLEMENTINE

AND MANY MORE

DRENGE

L’homme qui vaLait 35 miLLiards

Un spectacle du COLLECTif MEnsUEL (B) D’après le roman de niCOLas anCiOn

aU ThéâTrE MUniCipaL D’EsCh 09/10/11 OCTOBrE 2013 à 20h Tarifs : 15/12/8 € réservation conseillée +352 54 03 87 ou +352 54 09 16 ou reservation@theatre.villeesch.lu

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www.kulturfabrik.lu | www.ogbl.lu | www.esch.lu

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54 SÉLECTIONS culture

CINÉMA

Noir is beautiful

Quoi qu’on en dise, le noir rayonne. Film noir, roman noir, série noire, musique noire, le noir fixe l’instant, titille délicieusement les sens et donne l’impulsion et le tempo. Depuis 6 ans, des concerts jazz, projections et ciné-concerts célèbrent ses vertus dans le cadre du festival Touch of Noir au centre culturel régional Opderschmelz, dans la ville de Dudelange, à la frontière entre la Lorraine et le Luxembourg. Cette année, deux classiques sont à l’honneur, le chef d’œuvre muet de Carl Dreyer, La Passion Jeanne d’Arc, à redécouvrir en ciné-concert avec la musique minimaliste de Franz Hausemer, et Down by Law de Jim Jarmush sorti des Trésors de la Cinémathèque. À revoir aujourd’hui ce petit bijou de noirceur, on mesure son importance parmi la production des années 80. Alors que la production cinématographique mondiale plonge dans le post-modernisme, le jeune cinéaste new-yorkais revisite l’univers des films noirs américains avec une touche

Nouvelle Vague. Tom Waits et John Lurie campent à merveille leurs personnages de petits losers, un DJ et un proxénète piégés, puis incarcérés. Dans une série de scènes cultes, souvent hilarantes, Roberto Benigni vient les sortir de ce mauvais pas avec sa candeur naturelle. Les paysages et la bande-son provoquent une belle émotion dans ce drôle de road-movie, paradoxalement statique et contemplatif, qui n’a rien à envier aux meilleurs films de Wim Wenders. (E.A.) Touch of Noir, du 14 octobre au 25 octobre au centre régional culturel Opderschmelz, à Dudelange (Luxembourg) Down by Law le 21 et La Passion Jeanne d’Arc le 23 www.opderschmelz.lu Visuel : Down by Law de Jim Jarmush


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THÉÂTRE

Et merdre !

DANSE

Musique du corps Alors qu’il se destinait au métier de chef d’orchestre, Emanuel Gat découvre l’univers de la danse à l’âge de 23 ans. Depuis, le chorégraphe israélien ne cesse d’enchanter les scènes européennes avec son univers particulier. Il n’en a pas moins oublié la musique, devenue un élément complémentaire et essentiel de sa danse comme dans les tout récents Transposition #1 et Transposition #2. S’inspirant des codes de la composition musicale, il répond avec ce dyptique à la commande du Ballet de Lorraine. Emanuel Gat y imagine un « tête à tête » avec soi-même, véritable réflexion sur la nature humaine. À l’origine de cette création, le terme de « transposition », consistant à modifier la tonalité d’un morceau sans changer la perception des mélodies par l’auditeur. Une pratique qui en dit long sur la subtilité des pas du chorégraphe. (C.T.) Transposition #1 & Transposition #2, du 7 au 10 novembre au Ballet de Lorraine à Nancy www.ballet-de-lorraine.eu Photo : Arno Paul

Image de la tyrannie poussée jusqu’à l’extrême bêtise, Ubu Roi reste incontestablement l’incarnation du théâtre de l’absurde dans ce qu’il a de plus révélateur. Declan Donnellan met en scène le chef d’œuvre d’Alfred Jarry dans une version aussi effrayante qu’hilarante, avec la complicité de la compagnie Cheek by Jowl. Évoluant dans un intérieur bourgeois, le couple Ubu s’adonne à une sauvagerie débridée à la poursuite du pouvoir. Entre ces quatre murs, les objets du quotidien – un abat-jour, un moulin à poivre… – se font armes de guerre, capables de réduire en cendre celui qui osera s’opposer à leur quête insensée. Sur le ton du comique grinçant, le dramaturge londonien dissèque le problème d’une société « civilisée », dangereux carcan dans lequel chacun s’est déjà retrouvé coincé... au risque de sombrer dans la folie. (C.T.) Ubu Roi, du 8 au 12 octobre à La Manufacture à Nancy www.theatre-manufacture.fr

ÉVÉNEMENT

Avoir conscience L’heure a sonné de sortir nos masques de Guy Fawkes ! Après Paris, Liège, Montpellier, Turin, le Collectif Mensuel investit la Kulturfabrik de Esch-surAlzette avec L’Homme qui, un projet culturel itinérant à dimension européenne. Développant une multitude de pistes de réflexion sur la reconversion industrielle, l’événement tire la sonnette d’alarme face aux désastreuses conséquences du « tout à l’économie » : comment sortir du système capitaliste ? De quelle manière relativiser les valeurs sociales ? Autant de questions auxquelles l’Art peut tenter de répondre ! Autour de la pièce inspirée du roman de Nicolas Ancion L’Homme qui valait 35 milliards sont organisés des expositions, projections, conférences, concerts… Des rendez-vous citoyens mais avant tout culturels, ouvrant doucement la porte d’une pratique artistique capable de signifier notre société. (C.T.) L’Homme qui, du 4 octobre au 1er décembre au centre culturel Kulturfabrik à Esch-sur-Alzette (Luxembourg) www.kulturfabrik.lu


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THÉÂTRE

Mémoire d’une Castafiore Breaking news : on a retrouvé la Castafiore d’Hergé ! Dans Colorature, Mrs Jenkins et son pianiste, Stephen Temperley nous conte l’histoire vraie de cette riche héritière des années 30 devenue soprano malgré son timbre de voix terriblement faux. La parole est laissée à son fidèle pianiste Cosme Mac Moon – interprété par Grégori Baquet – qui sous la forme de flash-backs, retrace son étonnante collaboration avec la cantatrice. Agnès Bove incarne avec tendresse cette femme prête à tout pour réaliser ses rêves, allant jusqu’à louer grâce à sa fortune le Carnegie Hall pour un récital mythique en 1944. Immense succès à Broadway depuis 2005, la pièce musicale est aujourd’hui adaptée en français par Stéphane Laporte. Un délicieux moment d’intimité entre une femme, un homme et un piano. (C.T.) Colorature, Mrs Jenkins et son pianiste, le 11 et 12 octobre à l’Opéra-Théâtre de Metz www.opera.metzmetropole.fr

MARIONNETTES

THÉÂTRE

Impossible quête Tourmenté par son désir d’atteindre l’œuvre ultime, un vieil écrivain vit reclus dans sa maison bourgeoise tentant d’écrire sans résultat satisfaisant. Seul son petit fils Théo incarne un rayon de soleil, un moment simple et tendre, entre deux visites du médecin. Jean Boillot, directeur du Nest de Thionville, s’empare de la parole poétique de Robert Pinget en adaptant sur les planches son Théo ou le temps neuf, publié en 1991 aux éditions de Minuit. La voix unique du comédien Philippe Lardaud donne vie à cet échange intergénérationnel où la passion de la littérature prend des allures existentialistes. L’innocence de l’enfant pourra-t-elle guérir les profondes angoisses du vieillard ? (C.T.) Théo ou le temps neuf, les 4 et 5 décembre au Théâtre du Saulcy Espace Bernard-Marie Koltès à Metz www.univ-lorraine.fr

Du papier à la chair On peut distinguer deux vies à Camille Claudel. La première est baignée d’amour et de succès : Camille est une sculptrice accomplie, vivant une relation passionnelle avec Rodin. La deuxième est beaucoup plus sombre : parce que jugée déviante par ses proches, elle est internée de force dans une « maison de fou » jusqu’à sa mort. Camille Trouvé rend hommage à cette vie déchirée dans une création intimiste et musicale. Comme un écho à la pratique de la sculptrice, l’art de la marionnette permet d’atteindre le monde du toucher, du palpable : on entre dans l’atelier de l’artiste par la porte de derrière, à la découverte d’un monde fait de papier froissé. Sur scène se succèdent au son du violoncelle les critiques d’art, membres de la famille, colporteurs de rumeurs… chacun apportant un nouvel éclairage sur cette histoire d’oubli. (C.T.) Les Mains de Camille ou le temps de l’oubli, du 27 au 29 novembre au Carreau de Forbach www.carreau-forbach.com Photo : Vincent Muteau


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EXPO

Allumez le feu !

À la fin du XIXe siècle, le maître verrier Emile Gallé vient installer ses industries à Meisenthal, conférant au village le statut de « berceau du verre art nouveau ». Trois expositions rendent aujourd’hui hommage à cette activité verrière typiquement lorraine et soutenue depuis 1992 par le CIAV – Centre International d’Art Verrier. Avec Le Feu sacré, les 1000m2 des galeries Poirel soulignent la diversité de la création contemporaine unissant tradition et innovation, tandis que le musée de l’École de Nancy met en regard dans Feux Croisés les chefs-d’œuvre des verreries du siècle passé et le travail de créateurs contemporains. Le musée des Beaux-Arts recrée, quant à lui, la magie de l’Avent le temps de l’exposition Mille Feux et l’installation dans son péristyle d’une sélection de boules de Noël. (C.T.)

Expositions Le Feu sacré aux galeries Poirel, Mille Feux au musée des Beaux-Arts de Nancy et Feux Croisés au musée de l’École de Nancy jusqu’au 19 janvier 2014 www.poirel.nancy.fr www.mban.nancy.fr www.ecole-de-nancy.com Visuel : Lanterne, Design atelier BL 119, 2010, production CIAV, édition CIAV & Bernard Chauveau éditeur


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FESTIVAL

All about the Alzette

FESTIVAL

(Dé)raisonnable 18 ans, l'âge de raison ? La 18 édition de Musiques volantes prouve une certaine maturité, mais toujours cette envie de faire la fête de manière démesurée, au rythme de concerts exceptionnels. À Nancy, Metz, Paris, Poitiers et ailleurs encore, une programmation pointue et délirante oscillant entre électronique, rock et folk. Dans les starting-blocks le 6 novembre aux Trinitaires, on retrouve l'homme cassé du label maison Ici D'Ailleurs, Matt Elliott, ainsi Bajram Bili et son électronique planante et Orval Carlos Sibelius, nouvel espoir nous invitant à un voyage pop halluciné. Outre une soirée du label Kompakt – meilleur label de minimale – à ne pas rater, la folie de Camilla Sparksss entourée de Discodeine et Factory Floor à Metz, on profitera de la minimale douce et mélancolique de Kelpe et de la 8 bits pop dévergondée de Bot'ox à l'Autre Canal à Nancy. De quoi découvrir de nouvelles sensations musicales qui ne laissent absolument pas de marbre. Musiques volantes, comment le dire plus simplement : on vous aime ! (C.B.) e

Musiques volantes, du 6 au 16 novembre partout à Nancy www.musiques-volantes.org Visuel : Orval Carlos Sibelius

Girls in Hawaii de retour avec un troisième album, c’est l’une des grosses excitations de la rentrée. Après une longue absence due à la disparition de leur batteur, frère du chanteur, les Belges reviennent et entament une nouvelle tournée qui les fera s’arrêter le temps d’une très belle soirée au Sonic Visions. Erigé par la Rockhal, ce festival mêle le meilleur de la scène internationale (Sigur Rós, Girls in Hawaii, Hurts…) à la crème des groupes émergents (London Grammar, Owlle, Colt Silvers…) et à un programme de conférences professionnelles autour des musiques actuelles. « It’s all about the Artist », tel est le slogan de ces temps d’échange qui tourneront autour de la promotion digitale, du droit d’auteur ou encore du team building. La scène luxembourgeoise ne sera pas en reste puisque sur scène, le « petit pays » sera représenté par des groupes comme Aufgang, Mutiny on the Bounty ou encore Natas Loves You. On dit oui ! (A.G) Festival Sonic Visions, les 22 et 23 novembre à la Rockhal à Esch-sur-Alzette www.sonicvisions.lu Visuel : Sigur Rós

EXPOSITION

Des corps et de la science Aujourd’hui, la question se pose : comment sensibiliser le public aux travaux de recherche scientifique ? Le MuseumAquarium de Nancy semble avoir trouvé une belle réponse : grâce à de nombreuses animations pour petits et grands (projections de films, pièces de théâtre, rencontre de chercheurs...), science et art se mêlent joyeusement dans un cadre ludique et chaleureux. Le musée accueille notamment l'exposition Corps en images, consacrée aux corps, humains et animaux. Plus qu'un simple rassemblement d'objets scientifiques, il s'agit d'une rétrospective artistique sur la représentation anatomique. Les écorchés d'antan se confrontent aux écrans tactiles d'aujourd'hui, créant un contraste saisissant. (V.S.) Dé(corps)tiquez la science, exposition du 9 au 13 octobre au Muséum-Aquarium de Nancy www.museumaquariumdenancy.eu


FESTIVAL

Louisiane & Texas Pas de crise de la quarantaine pour le festival Nancy Jazz Pulsations ! Entamant fièrement une nouvelle saison d’exploration musicale, le NJP opère un fringuant retour aux sources et met le cap sur la Nouvelle-Orléans. Les soirées du festival s’annoncent chaudes et vibrantes ! Berceau du jazz, la ville de Louisiane rappelle à tous les premières amours de l’événement nancéien. Afin de rendre hommage à son esprit et ses traditions, le festival organise une grande parade le samedi 12 octobre. La procession musicale, emmenée par The Golden Comanche Tribe, défilera et animera les rues de la ville. Évidemment, les habituels rendez-vous acquis au jazz viendront compléter cette édition anniversaire : les Ciné-Jazz, les expositions photographiques et les Apéros Jazz dans les bars, etc. Evènement dans l’événement, pour les 40 ans de NJP, aura lieu un concert marquant le retour sur scène du groupe Texas pour sa première date de tournée française. (J.P.) Festival Nancy Jazz Pulsations, du 9 au 19 octobre www.nancyjazzpulsations.com Visuel : Jessie Evans - Photo : Marianne Maric


des lunettes magnifiques pour tous les gatsby : Tag Heuer – Cartier Giorgio Armani Façonnable Tom Ford Paul Smith JF Rey – Persol Ray-Ban…

NANCY - 44 rue Saint-Jean - www.maurice-freres.com


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tendan ces


les regrets aussi Photographe Alexis Delon / Preview RĂŠalisation Myriam Commot-Delon

Coiffeur Alexandre Lesmes / Avila / www.avilacoiffure.fr Make-up artist Jacques Uzzardi / www.jacquesuzzardi.com Maquillage M.A.C Cosmetics / Galeries Lafayette / www.maccosmetics.fr Mannequin Ksenia / Studio KLRP Assistante Valentine Schroeter Post-prod Camille Vogeleisen / Preview


Triangle et culotte haute en dentelle LISE CHARMEL, gilet en laine OSCALITO, le tout chez Laurence Lingerie à Saint-Dié-des-Vosges. Manchette PP FROM LONGWY chez Version 2. Tapis en lin Le Baiser (1956), 170 x 240 cm, Pierre Didier by Secrets of Linen. Édition originale et série limitée. www.pierredidier.com


Gilet en laine jacquard et lurex LEON & HARPER, sarouel en coton chiné MAISON SCOTCH et bottines ASH chez Le Vestiaire à Metz. Ceinture HARTFORD et manchette en laiton plaqué or rose PP FROM LONGWY chez Version 2 à Saint-Dié-des-Vosges.


Veste en fausse fourrure MARC CAIN et jogging en cuir chez Belisa à Metz. Manchette PP FROM LONGWY chez Version 2. Bottines ASH chez Le Vestiaire à Metz.



Manteau HARTFORD chez Version 2 à Saint-Dié-des-Vosges.



Manteau, robe et ceinture HARTFORD chez Version 2. Bottines ASH chez Le Vestiaire à Metz. Tapis en lin Femme au patio (1951), 200 x 250 cm, Pierre Didier by Secrets of Linen. Édition originale et série limitée. www.pierredidier.com


Robe en crêpe et escarpins DSQUARED chez Angle Droit à Metz. Manchette PP FROM LONGWY chez Version 2.



Gilet LEON & HARPER et sarouel MAISON SCOTCH chez Le Vestiaire à Metz. Manchette PP FROM LONGWY chez Version 2. Au second plan, œuvre de Pierre Didier, Les Galets cosmiques, 1956, huile sur toile, 115 x 248 cm.



74 Zut ! Tendances § Shopping

Biggerthan-life PAR MYRIAM COMMOT-DELON

The Great Gatsby : impossible cet automne d’échapper au héros fitzgéraldien ! Rentrée stylée oblige, concentronsnous sur les détails et les accessoires qui signent ce dress code très mâle et très glam. Alors, quel Jay Gatsby serez-vous cette saison ? Old style ou rock’n’roll ?

Oui, Gatsby le Magnifique est bien né en 1925 sous la plume de Francis Scott Fitzgerald. Oui, son allure était d’une folle élégance. Oui, c’était l’époque d’un American Dream très WASP, d’un New York très snob et décadent, embrasé de jazz, où le champagne coulait à flot, où les fêtes étaient démesurées et les voitures rutilantes. Alors, après le Gatsby de Baz Luhrmann et un été très « années folles », il était logique que cet automne il soit de nouveau de toutes les fêtes ! Pour continuer à swinguer au rythme de la BO du film, anachronique et buzzy (Jay-Z, Beyoncé, Florence and The Machine, The XX, Lana Del Rey…) il va vous falloir arborer une garde-robe hyper codée. Reste à savoir quel Gatsby vous avez préféré… Alan Ladd, Robert Redford ou Leonardo Di Caprio ? En voici deux nouveaux types, bien sous tous rapports… Et si vous ne trouvez pas le vôtre, à vous d’en inventer d’autres, les nouveaux Gatsby sont très versatiles !


75 LE GATSBY RÉTRO Vous rêvez d’accrocher dans votre penderie un costume Brooks Brothers ? Old school, un brin nostalgique mais surtout pas passéiste, vous allez adorer cette sélection empreinte de références et d’histoire…

Photo Opticiens Maurice Frères / Magazine Lunettes Attitudes AH 2013-14

Lunettes de vue en acétate façon écaille TOM FORD chez Maurice Frères à Nancy, 293 €

Porte documents GUCCI chez Ted à Metz, 1690 €

Lunettes de vue Clubmaster RAY BAN chez Maurice Frères à Nancy, 152 €

Bretelles, ALBERT THURSTON, en vente chez http://revenge-hom.com

Manteau en drap de laine et cachemire DSQUARED2 chez Angle Droit à Metz, 1399 €

Derby lacé en cuir glacé et patiné GUCCI chez Ted à Metz, 490 €

Gilet oversized IRO chez Le Vestiaire à Metz, 280 €


76 § Tendances Bigger Than Life

LE GATSBY ROCKEUR Et pourquoi pas un cuir puisque c’est le nouveau smoking ? Glam’Rock et même un chouia bling, vous osez assortir votre jean à votre bolide cramoisi et vous ne crachez pas sur un détail légèrement subversif ou décalé.

Blouson en cuir coupe ajustée BRIEFING aux Galeries Lafayette de Metz, 329,99 €

Photo Opticiens Maurice Frères / Magazine Lunettes Attitudes AH 2013-14

Pantalon en velours DSQUARED2 chez Angle Droit à Metz, 330 €

Derby en cuir Arena BALENCIAGA chez Ted à Metz, 425 €

Lunettes Santos-Dumont CARTIER chez Maurice Frères à Nancy, 800 €

Mi-bas de cardinal et d’évêque GAMMARELLI www.meschaussettesrouges.com

Lunettes en acier anodisé OKO by OKO chez Maurice Frères à Nancy, 293 €

Sneakers DIOR chez Ted à Metz, 550 €


SIMPLEMENT LIBRE

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78 Zut ! Tendances § Kids

voisins voisines PAR MYRIAM COMMOT-DELON

Just Kids 40-42, passage des Dominicains à Nancy 03 83 27 06 79

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Delphine Vaucard est la maman de Gabriel, 8 ans, et de Victoire, 4 ans, mais aussi tête chercheuse de lunettes pour enfants avec sa boutique Just Kids (et Optique Ganeval pour les adultes), le premier QG optique consacré aux moins de 16 ans. « Une paire de lunettes, avant d’être un produit enfant, doit être un produit technique. Un enfant voit le monde du dessus de ses yeux, la monture doit donc être haute en partie supérieure et non pas rectangulaire. Côté look, ma sélection va dans ce sens : stylée et confortable comme ces trois labels français.»

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Very French Gansters

Lafont pour les enfants

Finger in the Nose + Vuarnet

Créée par deux jeunes mum, ce nouveau label rock va combler les parents et leurs kids branchés : trois paires déclinées en solaire et en vue, dans plusieurs coloris et baptisés de petits noms très fun : Very PanPan, Very Boss, Very Bombe !

Leurs lunettes, spécialement conçues pour la morphologie des petits, existent depuis 25 ans. Du très sérieux mais aussi du très fun : couleurs et motifs exclusifs sont dans la lignée de leurs gammes adultes. Un design très étudié et un ADN créateur qui n’a pas pris une ride !

Quand une marque de lunettes iconiques comme Vuarnet s’associe à une griffe affûtée comme Finger in The Nose, le résultat est canon. Cateye et Surfer, leur très chic progéniture, se décline en deux tailles adaptées aux visages des enfants.


79 JUST KIDS est un nouvel opticien rien que pour nos petits binoclards. Niché juste en face de COUSINS COUSINES, le mini vestiaire et chausseur le plus trendy de Nancy, il suffit désormais d’un saut de puce pour chausser illico lunettes et petits petons ! Complices, les deux maitresses des lieux nous confient leurs labels préférés. Fastoche.

Cousins Cousines 42, passage des Dominicains à Nancy 03 83 17 21 45

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Julie Ellès, la maman de Victor, 4 ans, est aux manettes depuis deux ans de Cousins Cousines, the place to be pour chausser les bambins branchés et l’endroit incontournable pour sauter à pieds joints dans les must-have d’une garde-robe cool et ludique. « Le plus important reste un chaussant parfait. Après c’est un équilibre à trouver entre confort, qualité et style : il faut que les enfants puissent courir et sauter sans entrave ! Ensuite, j’essaie de me démarquer en proposant des marques pointues, peu connues pour certaines du grand public. »

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Finger in the Nose

Pom d’Api

Dr. Martens

Une rock’n’roll attitude assumée par cette marque française née au début des années 2000 : le premier jean slim, c’était eux et on leur décerne un 20/20 pour leurs doudounes confortables et lookées, d’une résistance à toute épreuve.

Un ovni dans le domaine de la chaussure enfant ! Depuis 1973, ils détiennent la première place : leur gamme étendue, ultra tendance et d’une qualité irréprochable permet de chausser nos chérubins divinement comme l’adolescent exigeant chaussant du 40 !

Leur présence dans nos vestiaires est cyclique depuis les sixties et nos juniors adorent eux aussi ces bottines cultes chaussées par The Clash ou The Cure. D’une solidité à toute épreuve, en cuir noir ou pink vernis, elles sont pile poil dans la tendance grunge de cet hiver.


80 Zut ! Tendances § Zoom

Phénix Hivernal

Un poids lourd ultra light dans notre dressing. La doudoune, objet de tous les désirs, est devenue incontournable, tout comme Ted, le hot spot lorrain où trouver la petite dernière des griffes ouatées qui nous fait trembler d’envie avec ses nouveaux codes décalés et japonisants : Duvetica.

PAR MYRIAM COMMOT-DELON

Collection Duvetica HOMME Chez Ted 20, rue Serpenoise - Metz 03 87 75 27 32 Collection Duvetica FEMME chez Ted Luxury Shop 6, rue de Lancieu - Metz 03 87 66 65 26

Son passeport ? Duvetica prend son envol à Venise en 2004.

Plume ou duvet ? Du duvet d’oie, moins bouffant et moins calorifuge.

Son showroom ? Bluffant. L’archi star japonais Tadao Ando signe à Milan leur QG en béton.

Les tissus ? Choisis pour leurs propriétés résistantes et respirantes.

Le logo ? Un choix no logo pour se différencier des autres labels luxe.

Success-story ? Déjà hyper adulées aux Japon, en Allemagne en Suisse et en Autriche.

Signes distinctifs ? Des coupes slim-fit, high-tech et colorées (plus de quatre-vingts teintes).

La clef ? Un pool créatif interne italien et des consultants externes japonais.

Les matériaux ? De la plume d’oie grise de Sarlat, du nylon français ultra-brillant et du nylon japonais ultra-léger.

La collection 2013-14 ? Un campement de luxe shooté au Palazzo Donà-Giovanelli.

Le style ? Grunge comme il se doit cette saison. Les doudounes, cet hiver, se porteront avec des chemises à carreaux nouées à la taille, des shorts frangés, des collants résilles filés et une paire de Sorel. Une nouvelle attitude à suivre qui va pirater les sorties de lycée, décaler les costumes d’homme d’affaire et dynamiser les looks preppy d’un mood arc-en-ciel.


ARCHITECTURE

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82 Zut ! Tendances § Flash Mood

UP to date PAR MYRIAM COMMOT-DELON

Des envies, en vrac, des fringues, des shoes, du design, tout et rien.

It-skate Ceux de la blogueuse Jayne Min pour M’oda Operandi, avec les imprimés de Peter Pilotto, qui nous offre cet automne un des cools sweats de la collection London Mania du Printemps. www.stopitrightnow.com www.modaoperandi.com

Connecté Une matière qui devient l’ADN d’une collection d’accessoires technologiques ? Ora Ïto signe avec Kvadrat une ligne avec un supplément d’âme. www.ora-ito.com

Tartan cheap

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Céline se tient à carreau cette saison. Elle bloque sur l’imprimé écossais de Tati et, côté manucure, nous laisse entrevoir un retour de la griffe écarlate. À méditer. www.celine.com

3 coollab shoes

Un t-shirt blanc Un Maison Labiche, brodé « Slash », Zut ! ou ce qui vous chante. www.maisonlabiche.com

Laurence Doligé pour Minelli (1), Laurence Dacade pour Zadig & Voltaire (2) et le modèle Verbier d’Heschung lifté au camo par Yuketen (3). www.minelli.fr www.zadig-et-voltaire.com www.heschung.com 2

Le garçon qui buzz On peut avoir moins de 25 ans, une dégaine de graphiste à skate et bloquer sur les chaussures des filles. Eugène Riconneaus le fait très bien depuis ses 12 ans, et ses stilettos sont aussi sexy que ses souliers de skateboard. www.eugenericonneaus.com

1

Trash can Qui aurait pensé, l’an passé, que la poubelle papier du concept store parisien Merci s’imprimerait aussi bien sur la poubelle Vipp ? www.merci-merci.com www.vipp.com



84 Zut ! Tendances § Street

Julien 20 ans, étudiant et vendeur Si Brooklyn parle français, le Mosellan sait aussi parler le langage du style ! Un big up à Julien, qui adopte une dégaine étudiée jusqu’au bout des sneakers pour arpenter le pavé messin. So sweat ! Le titre qui définit ton style ? Niggas in Paris de Kanye West.

Ton fashion faux-pas J’ai osé l’assemblage chemise rose et pantalon blanc pour mes virées nocturnes de l’époque. Je crois que je n’avais pas encore pigé tous les codes !

Urban Styles TEXTES & PHOTO CAROLINE LÉVY

La Lorraine, terre de style ? Assurément. Ils sont nancéiens ou messins et résolument dans l’air du temps. ZUT ! a croisé ces jeunes lookés qui prennent la pose sans rechigner… Attention : Flash Mode.

Julia 21 ans, étudiante en école de commerce Immortalisée au pied de la Cathédrale, la tornade du look se la joue glitter style avec un perfecto lamé qui relève à merveille sa silhouette immaculée. Clin d’œil à sa monture effet miroir, qui lui dira à coup sûr qui est la plus belle !

(Metz)

Le titre qui définit ton style ? Work de Iggy Azalea. Ton fashion fauxpas ? Porter le bonnet été comme hiver ! J’ai aussi eu des baskets Air max ambiance « racaille de Shanghai », mais ce n’est plus une faute de goût puisque c’est redevenu tendance !


85 Florian 29 ans, coiffeur & directeur artistique Graphiquement au top, notre hair-dresser nancéien sait parfaire sa silhouette avec un couvre-chef qui ne gâche rien à sa coupe. Denim de choix, derbies perforées et accessoires vintage, Florian a la classe, même à l’approche de l’automne. Well done.

Le titre qui définit ton style ? La Nuit américaine de Lescop. Ton fashion faux-pas ? Avoir adopté la nuque longue d’inspiration allemande pendant trop longtemps ! Je crois que c’est le fait d’être beaucoup allé en soirée qui a dû avoir une mauvaise influence…

Amin 22 ans, musicien Puisque le ridicool ne tue pas, Amin affiche fièrement le burger superstar avec son sweat à (em)porter et c’est bien vu. Nous on prendrait bien une grande frite sur place quand même !

Le titre qui définit ton style ? Time to pretend de MGMT Ton fashion faux-pas ? Le mauvais goût est devenu un véritable mode de vie ! Se ridiculiser ne me dérange pas, je dirais presque que j’aime ça ! wearecapture. bandcamp.com

(Nancy)


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SÉLECTIONS tendances

MODE

Marc Who ?

Marc Cain est une marque familiale fondée en 1973 et réputée pour ses matières sophistiquées et son prêt à porter féminin haut de gamme. Le plus ? Un tombé et des coupes irréprochables pour un vestiaire entièrement lavable à la machine. Le Buzz de cet été ? On a pu apercevoir la jolie Mischa Barton au défilé Marc Cain de la dernière fashion week berlinoise. Où en Lorraine ? Chez Belisa. Mais attention ! L’autre grande nouvelle de la rentrée est Versace. De quoi provoquer un télescopage hyper chic. Des problèmes de choix sont à prévoir. (M.C.D) Belisa

5, rue Dupont des Loges à Metz 03 87 75 27 28 58, rue Stanislas à Nancy 03 83 35 08 08 Au Muguet by Belisa 29, rue du Maréchal Foch à Hayange 03 82 84 04 68


Chaussures et vêtements pour enfants

SHOPPING

Or série En plein relifting de sa façade, le grand magasin prend de la hauteur et se pare d’une nouvelle marque de joaillerie, distribuée en exclusivité. Didier Guérin, qui vient récemment de rejoindre le groupe Galeries Lafayette, s’installe cet automne dans son tout nouvel espace dédié aux bijoux précieux. Un écrin de 40 m2, une nouvelle collection dont l’élégance et le raffinement sont les maîtres-mots, nous ferons définitivement succomber aux pierres délicates et ornements d’orfèvre du créateur. Brillant. (C.L.) Galeries Lafayette 4, rue Winston Churchill à Metz – 03 87 38 60 60 www.galerieslafayette.com

SHOES

Talent aiguisé Maud Évrard possède le plus joli petit salon de souliers de Lorraine. Les shoes addicts auront la tête qui tourne et l’œil qui frise : Michel Vivien, Pierre Hardy, Michel Perry, Chloé, Givenchy… La sélection est tellement pointue qu’on envisagerait presque de prendre rendez-vous, avant, avec un banquier compréhensif pour parer aux dépenses intempestives qu’appelle ce boudoir sophistiqué. (M.C.D) Talons Aiguilles 3, rue Gambetta à Nancy - 08 99 10 14 08

42, passage des Dominicains 54000 Nancy 03 83 17 21 45 cousinscousines.nancy@gmail.com facebook.com/cousins.cousines.3 Lundi de 14h00 à 19h00 du mardi au samedi 10h00 à 12h00 / 14h00 à 19h00


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BIJOUX

Jolie PP Je connais déjà la question qui vous brûle les lèvres : les bijoux PP From Longwy ont-ils un rapport avec les Longoviciens ? Et bien oui ! Le créateur est originaire de Lorraine, et JacqueLine, sa manchette élégantissime, finement perforée, est livrée avec un dé, une canette de fil et une aiguille dans une pochette de cuir. Imaginez-vous cet hiver au coin du feu à broder et rebroder à l’infini le précieux métal plaqué or jaune ou rose, du motif de votre choix… Que vous pourrez réinventer la saison d’après. (M.C.D) En vente chez Version2 50, rue Thiers à Saint-Dié - 03 29 56 15 26 - www.ppfromlongwy.com

MODE

Belle amazone Cet automne, la boutique les Âmes Galantes réinvente les codes de la féminité grâce à l’arrivée dans ses rayons de la marque parisienne Phalaenopsis. Aussi élégante qu’espiègle, la femme y est déclinée sous toutes ses facettes à travers une collection aux contrastes étudiés. Dans une ambiance boudoir bohème, on retrouve une mode qui nous ressemble, révélatrice de personnalités. (C.T.) Les Âmes Galantes 26, rue Taison à Metz – 03 87 74 55 22 www.phalaenopsisparis.fr

BIJOUX

Dame de fer Sofie, créatrice inspirée de la marque Fifi la Ferraille, a récemment fait escale à Metz le temps d’une vente éphémère de ses sculptures ! En posant sa boite à outils, elle donne vie à ses créatures oniriques et métalliques dans la boutique Opaline qui distribue déjà ses collections. Cette chineuse invétérée ferre ses pièces aux puces, amasse, démonte, assemble pour faire de ces objets d’arts des créations délirantes à porter sans complexe. On a trouvé notre mécanique du cœur ! (C.L.) Fifi la Ferraille, chez Opaline 57, place Saint-Louis à Metz – 03 87 74 83 36 - www.opaline-metz.com


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MARCCAIN

MODE

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GIOVANNI

Depuis la rentrée, Le Vestiaire voit double. La femme et les sneakers sont toujours au rez-de-chaussée et l’homme street au sous-sol. Mais pour un look plus racé, il grimpera désormais à l’étage. Iro est le nouveau label masculin à retenir avec sa patte sexy, rock et branchée. (M.C.D) Le Vestiaire - 5, rue de Ladoucette à Metz - 03 87 37 04 82 www.levestiaire-online.com/fr

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Loft & Denim Le nouvelle adresse du store Freeman T Porter nous transporte en une foulée à NYC : 230 m2 d’esprit industriel avec un beau parquet, du béton, des cabines XXL et un corner détente nickel. Vous allez adorer et pour vous allécher, voici un extrait de leur collection automne-hiver 13… Alors, qu’attendez-vous ? (M.C.D) Freeman T Porter - 19, rue des Clercs à Metz - 03 87 75 34 30

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Life style


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PAR SEBASTIEN RUFFET PHOTOS PASCAL BASTIEN

Zut ! Lifestyle × Sport

Les Cougars en bleu de chauffe Le SLUC Nancy ne veut pas revivre une deuxième saison déprimante d’affilée. Après dix ans à côtoyer les sommets, le sauvetage in extremis à la dernière journée est présenté comme un accident de parcours. Nouveau coach, nouvelle équipe, nouvel élan, tout est fait pour que 2013-2014 marque le début d’un nouveau cycle. « Moi, ce qui m’a frappé, c’est que cette salle était toujours remplie, même lors d’une saison difficile. » Fraîchement débarqué en Lorraine en provenance de Limoges, le pivot Jean-Michel Mipoka ne cache pas son admiration pour les fans du SLUC, et pour l’ambiance que dégage cette salle de Gentilly – bien que Beaublanc, à Limoges, reste un cas à part. Pour contenter ces supporters, les faire rugir à nouveau et les rendre fiers de leur club, le nouveau staff, l’entraîneur Alain Weisz et son adjoint Miguel Calero, a décidé de composer une équipe de « durs au mal », pour reprendre l’expression du joueur. « Le message qu’on veut envoyer au public, c’est qu’on va se battre, appuie Alain Weisz. Falker, Piétrus, ce sont des joueurs implacables qui vont donner le sens à l’équipe. Cet aspect de combattant a toujours été présent dans mon esprit. Il y a des joueurs que je n’ai pas pris parce que je ne les sentais pas prêts à relever le défi. » Le président – pour combien de temps encore ? – Christian Fra affirme que « ce groupe [lui] va bien. Il est dans le bon état d’esprit. C’est un recrutement bien fait, une équipe complète et qui plaît déjà aux supporters ». Viser le carré de tête La première mission semble donc remplie. Pour la deuxième, qui consiste à ramener le SLUC sur les hauteurs du classement, beaucoup d’éléments sont à prendre en compte, comme souvent dans le basket, avec les grandes variations d’effectifs partout en France. Mais les choses avancent

bien du côté de la salle Jean-Weille. Alain Weisz se félicite d’une « préparation impeccable, en termes d’investissement et de respect du programme. Je sens que les joueurs ont envie de construire une équipe. On a eu jusqu’à trois entraînements par jours, avec footing dès 7h du matin, et pas un seul n’a rechigné, pas un seul jusqu’ici n’a montré de signes d’individualisme, même chez les joueurs venus se relancer. Cela fait qu’on est en avance sur le travail tactique, puisque tout le monde joue la carte collective. » Jean-Michel Mipoka, grand bonhomme à l’air guilleret, évoque une « équipe rugueuse, capable d’assumer physiquement, mais aussi avec du talent ». Et il s’y connaît Jean-Mimi, formé à la prestigieuse école choletaise, avec les Nando De Colo, Charles Kahudi et autres Rodrigue Beaubois. Mais alors, jusqu’où peut aller cette équipe de Nancy ? Avec des Paul Harris (« il va en surprendre pas mal », selon Mipoka) –, Randal Falker (« un des meilleurs défenseurs d’Europe », selon Calero), Florent Piétrus (besoin de le présenter ?) ou encore Austin Nichols (MVP 2008) et Jean-Michel Mipoka (ex-Cholet, Roanne, Limoges), le club peut voyager, et pour notre nouvel ami, J2M, la question ne se pose pas : « On est à Nancy. On n’a pas besoin de parler d’ambitions. Il va falloir être forts, avoir de gros résultats, c’est tout. » Miguel Calero a déjà pu noter que « sur les un contre un, c’est du lourd, ils le tiennent très bien ». Notification aux attaques de ProA, vous-avez-un-nouveaumessage. Le président Christian Fra veut

déjà « retrouver les play-offs. C’est un minimum. Ensuite, une place dans le Top4, ça m’irait bien ». Finir dans les six premiers de ProA assurerait déjà de retrouver une coupe d’Europe la saison prochaine. Une habitude et un parfum qui vont cruellement manquer cette saison. Tourner la page Si un nouveau cycle débute, c’est aussi parce que l’ex-entraîneur Jean-Luc Monschau a décidé au printemps dernier de prendre du recul, après neuf ans de réussite (deux titres en 2008 et 2011, trois finales, et une victoire à la semaine des As en 2005). « Il va pouvoir profiter de ses petits-enfants, glisse Christian Fra, qui aurait voulu partir en même temps. J’assure la transition, la succession n’était pas prête. J’aimerais passer la main le plus rapidement possible, maintenant que la saison est sur les rails. Personne, en tout cas, ne pourra effacer ce qu’on a fait avec Jean-Luc. » Pour faire oublier, en quelque sorte, ce binôme légendaire à Nancy, le nouveau staff va vite devoir engranger des résultats. Alain Weisz, qui voue une amitié et un respect sans faille à Monschau, l’affirme : « Pour moi, ce n’est pas une situation facile de remplacer Monschau à Nancy ! Il avait une relation très forte avec son président. Il y a une forme de pression que je ne nie pas. » De l’ambition, de la pression… Pas de doute, on est bien dans un grand club.


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94 × Sport Sluc Nancy

“ Je n’ai aucun regret, j’avance. ”

Paul Harris Jr. La surprise du chef ? Dans la longue tradition des joueurs US qui tentent leur chance en Europe – et en France – parce qu’ils ne l’avaient pas en NBA, voici Paul Harris Jr. L’ailier faisait partie des jeunes les plus prometteurs de sa génération. A 27 ans, il débarque en ProA, après une pige aux Philippines… Un homme attachant, travailleur, et porteur de valeurs. Quelques lignes de statistiques sur des sites Internet très pointus, une poignée de vidéos où il est surtout question de dunks… difficile de se faire une idée de Paul Harris Jr le joueur de basket. Alors nous avons voulu savoir qui était l’homme. « Un père avant tout. » La réponse fuse, sans l’ombre d’une hésitation. L’empreinte des pieds de son enfant, né en 2008, a même été tatouée sur son biceps droit. « La famille vient avant tout le reste, je

pourrais arrêter le basket demain pour elle. » Quand on l’observe un peu sur le parquet, lors des différents exercices proposés par le coach Alain Weisz, le premier mot qui vient à l’esprit en voyant Harris, c’est « puissance ». Incontestablement, l’ailier dégage une aura indicible. Et si l’on en croit le biceps gauche cette fois, Paul Jr respecte tout le monde, mais surtout, ne craint personne (« Respect All / Fear None »). Le boulot abattu à l’entraînement l’aide à se sentir au mieux, de quoi lui donner une confiance maximale : « On fait un travail formidable ici ! J’ai repris depuis trois semaines, et je suis déjà en grande forme ! Je suis moi-même un gros bosseur, et je vois que mes coéquipiers le sont aussi, c’est parfait. » Et quand Randal Falker – l’un des meilleurs défenseurs d’Europe – lui fait à manger à la maison, il y a de quoi se sentir en famille.


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Le pronostic du patron

Pas fan de Michael Jordan Dans l’encadrement du SLUC, on nous fait aussi remarquer que Paul Harris est très assidu aux séances de sauna et de massage. Souvent présent une demie heure avant le début de l’entraînement, Harris sait semble-t-il ce qu’il veut pour aborder cette nouvelle vie au top de sa condition. « On me donne une opportunité formidable, acquiesce le joueur. Et puis, aux Etats-Unis, plusieurs joueurs m’ont dit le plus grand bien d’Alain Weisz, que c’était un très grand coach. » L’ex-groupie de Shaquille O’Neal et Penny Hardaway – « Pas spécialement fan de Jordan, même si c’est le plus grand » – regarde son passé de grand espoir avec détachement. Paul croit au destin, et le sien, c’était de grandir plus tard. « Je ne savais pas vraiment ce que je voulais. Je n’ai pas travaillé assez dur, parce que je

ne me rendais pas compte à quel point je pouvais être bon. Je n’ai aucun regret, j’avance. » En 2005 et 2006, Paul Harris faisait partie du Top5 universitaire (Zone Est) élaboré par le magazine USA Today. Une référence. Scoreur, rebondeur, showman, Paul Harris affole les compteurs, mais ne parvient pas à séduire les grosses écuries de NBA. Même un passage remarqué au prestigieux Nike Hoop Summit (6 pts, 7 rbds, 6 pd, 3 blk en 24 min), où il côtoiera Kevin Durant (excusez du peu !) ne lui permettra pas d’évoluer dans le grand monde. C’est en revanche ce jourlà de 2006 que Paul devient un prospect pour les écuries du monde entier, puisque ce match de gala est une sélection des meilleurs espoirs américains face aux meilleurs « étrangers ».

C’est toujours le petit jeu de la rentrée. Qui sera LE favori de la saison 2013-2014 ? Alain Weisz a accepté de se mouiller un peu, en misant sur les deux finalistes de l’an passé, Strasbourg et Nanterre, le champion de France. « Même si la réussite d’une saison dépend de nombreux facteurs, sur le papier, je dirais que Strasbourg sera très fort. La SIG m’a même l’air surdimensionnée pour la ProA. Ils ont recruté Diot, Leloup, ils ont gardé une ossature forte qui les a emmenés en finale l’an passé… Clairement, ils vont faire figure d’épouvantail. Nanterre, de son côté, a mérité son titre l’an passé, et j’ai le sentiment qu’ils peuvent confirmer leur belle saison. »


96 × Sport Sluc Nancy

Weisz-Calero, les duettistes

Ne cherchez pas les regrets, on vous l’a dit, Harris n’en a pas. « La NBA n’est pas un but ultime pour moi. Il faut rester humble. Là, je suis à Nancy, je vais découvrir un autre basket, et je vais tout faire pour être meilleur à chaque match, c’est tout. » Son arrivée au SLUC tient d’ailleurs du concours de circonstance : le père de Kenny Grant, autre joueur de Nancy, est son agent ! Alain Weisz, qui n’en avait jamais entendu parler, va finalement l’intégrer à l’équipe. Le coach lorrain est vite convaincu « du potentiel défensif du joueur. Il nous prendra des rebonds toute la saison. Offensivement, c’est encore irrégulier ». Le showman qui sommeille en lui Assis en tribune, on jette alors un regard autour de nous, sur cette salle de Gentilly, qui peut se transformer en chaudron. Même en amical, même en stage à Vittel, Paul Harris sent qu’il se passe quelque chose avec les supporters du SLUC. « Tu sais, quand j’étais à Syracuse, on jouait parfois devant 35.000 personnes, mais ce n’est pas cela qui fait que ce sont de bons supporters. De ce que j’ai vu ici, il y aura moins de monde, c’est sûr, mais les fans sont formidables… Ils sont venus nous voir en amical, ils parlent avec nous, nous encouragent. Un bon fan, tu le reconnais. Et là, je les reconnais. »

À voir Paul Harris, posé, courtois, souriant, parler de sa voix douce, on a envie qu’il lâche les chevaux, qu’il nous raconte cet auto-alley oop qu’on peut voir sur Youtube. Et le voilà enfin qui éclate de rire. « C’était pour mon dernier match avec Syracuse, c’était un peu la fête. Je l’avais tenté à l’entraînement, et mes coéquipiers étaient scotchés. Ils m’ont dit ‘vas-y, fais-le en match !’ L’occasion s’est présentée, et on en a beaucoup parlé ! » A priori, lancer la balle en l’air pour réaliser un dunk ne constitue pas une faute, s’il n’y a pas de reprise d’appui… « En tout cas, l’arbitre n’a pas sifflé ! » Un coup de sifflet, celui d’Alain Weisz qui débute sa séance, met un terme à l’entretien. Dernière question à la volée : où est passé le style cheveux longs ? Nouveau rire : « C’est fini ça. Je me refais une image. Plus propre. »

Quand Alain Weisz a su qu’il prendrait le SLUC en main, la nomination de Miguel Calero au poste d’adjoint s’imposait comme une évidence. « Il était à l’ASVEL, mais heureusement il a pu se libérer de sa dernière année de contrat, raconte le coach. Je sortais d’une saison difficile à Antibes, où j’étais seul, et j’avais clairement un manque humainement et professionnellement. Je ne me serais pas engagé dans un club sans Miguel. » Les deux hommes se connaissent depuis 1994, à Montpellier, à l’époque où Calero était un tout jeune entraîneur, fasciné par les méthodes d’Alain Weisz. Au total, entre les filles d’Aix-en-Provence et la sélection sénégalaise, les deux hommes vont passer huit ans ensemble. Les tâches se répartissent naturellement. Calero : « On discute énormément sur le jeu, les adversaires. Je m’occupe un peu plus du travail défensif, du travail individuel, et Alain est plus sur le jeu offensif. » « Ce que j’aime avec lui, c’est son enthousiasme, poursuit Alain Weisz. Il est aussi plus jeune, il peut plus montrer les intentions aux joueurs. Ce que j’apprécie également, c’est qu’il n’hésite pas à me dire quand il n’est pas d’accord. Car c’est dans la contradiction qu’on avance. » Et pour contredire Alain Weisz, il faut un soupçon de compétences… Assurément, le staff du SLUC ne risque pas d’être le maillon faible de cette nouvelle saison.


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98 Zut ! Lifestyle × design

PAR BENJAMIN BOTTEMER

Tranches de Poirel En réponse à une commande publique initiée par la Ville de Nancy dans le cadre de Renaissance Nancy 2013, le designer Robert Stadler a décortiqué l’Ensemble Poirel pour en retirer la substantifique moelle. L’œuvre Traits d’union reflète la nouvelle orientation du l’institution, alliant design et art contemporain.


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A

u sein d’un quartier en pleine mutation, faisant face à la gare dans le prolongement de la rue Morey, se découpe la façade de l’Ensemble Poirel. Le visiteur peut y recueillir une première vision du travail effectué par le designer Robert Stadler pour Traits d’union : cinq disques en aluminium, imprimés de cercles concentriques reprenant les couleurs du bâtiment, offrant à la nuit tombée, par leur mise en lumière, une autre perception de l’œuvre. Au pied de l’édifice, plusieurs structures mobilières s’inspirent, dans leur forme, des moulures de la façade, et sont réalisées dans le même matériau, la pierre à chaux. Signe du rapprochement opéré entre art et design, elles sont conçues comme des assises, invitant le visiteur au contact. « Je voulais réorienter le regard vers quelque chose qui était devenu presque invisible, explique Robert Stadler. Le passant comme le visiteur d’un tel lieu ne voit que son image ; en extrayant des parties de l’ADN de l’Ensemble Poirel, je souhaitais y apporter un éclairage. » La découverte se prolonge à l’intérieur des galeries, où les sculptures revêtent un grain plus fin, semblable à celui des dalles. Traits d’union s’apparente à une réalisation d’art contemporain mais s’inspire de concepts familiers pour Robert Stadler : « Par rapport à mon travail de designer, le concept reste le même : utiliser quelque chose d’ancien pour proposer quelque chose de nouveau. » www.renaissancenancy2013.com www.poirel.nancy.fr

Robert Stadler Né à Vienne en 1966. Il étudie à l’IED à Milan et à l’ENCSI à Paris. Il fonde le groupe Radi Designers en 1992, qui restera actif jusqu’en 2008. On retrouve ses créations au sein de plusieurs collections publiques et privées telles que la Fondation Cartier pour l’Art contemporain, le Fonds national d’art contemporain, le MAK-Museum for Applied Arts/Contemporary Art à Vienne, les Arts décoratifs à Paris. Il compte parmi ses clients l’Académie des César, Dior, la Maison Thierry Costes, Nissan, Orange, Ricard, les éditions Take 5 et Thonet. www.robertstadler.net


100 Zut ! Lifestyle × design

PAR MYRIAM COMMOT-DELON

Plié / allumé En japonais, IN-EI signifie « ombre, obscurité, nuance ». IN-EI ISSEY MIYAKE est le nom d’une collection poétique, dessinée par Issey Miyake et éditée par Artemide, qui cisèle la lumière dans un tout nouveau matériau inédit.

DÉCRYPTAGE NUMÉROLOGIQUE Issey Miyake ? Ce couturier est un chercheur. Ses deux best seller sont Pleats Please, une étoffe plissée magique qui a fêté ses 20 ans l’an passé et A-POC (acronyme de « a piece of cloth »), autre concept vestimentaire à base de grands rouleaux de tissus stretch à découper à vif pour créer une garde-robe sans coutures. Le reality lab ? Le studio de création d’Issey Miyake, un groupe de huit personnes, animés par la même approche novatrice en matière de design et de matériaux, entièrement tournés vers les besoins de l’homme. Son actualité ? Le Reality Lab s’est penché sur un nouveau processus, utilisant un programme mathématique, mis au point à partir des principes de géométrie tridimensionnelle du mathématicien Jun Mitani, pour créer un nouveau tissu.

132 5. issey miyake ? C’est le petit nom intrigant (voir encadré) de cette méthode extrêmement ingénieuse qui ouvre un champ inédit aux recherches en technologies textiles, d’abord appliquée à la création de vêtements puis aux luminaires.

DU PROJET

Le concept ? Une pièce de tissu unique, livrée et pliée à plat, à redéployer pour la matérialiser en suspensions, lampes de table ou de sol.

2. indique le pliage initial en 2D

La matière première ? Les leds et une fibre régénérée à partir de bouteilles de PET qui présente une capacité de diffusion unique de la lumière et produite via de nouveaux processus permettant une réduction de 40 % de la consommation d’énergie et d’émission de CO2. Pour qui ? Pour les matheux fans de design, les éco-responsables, les voyageurs esthètes, les techno addicts et les contemplatifs.

132 5. ISSEY MIYAKE 1. chaque produit se compose d’une pièce unique de tissu 3. évoque la 3D de son déploiement dans l’espace 5. précédé d’un espace vide, se réfère à la métamorphose de ces formes destinées à se transformer en vêtements ou en objets. Ce chiffre représente à la fois l’imagination et l’avenir de l’homme devenu responsable face à l’environnement. Artemide et In-ei Issey Miyake sont distribués en exclusivité chez Formes et Couleurs 4, rue Saint-Nicolas à Nancy 03 83 32 85 57 9-11, rue du Lancieu à Metz 03 87 37 90 90 www.formesetcouleurs.fr


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102 SÉLECTIONS lifestyle

DÉCO

In & Out

Quatre générations se sont succédées dans l’espace de la famille Brajou aujourd’hui orchestré par Michael, digne héritier amoureux du meuble. Un siècle à décorer, optimiser les volumes, habiller les intérieurs et les extérieurs, avec une seule ligne de conduite : mixer lignes classiques et contemporaines en un même lieu. On y trouve Stressless pour le confort ou Capo d’Opera et Kristalia pour le savoir-faire italien et les lignes épurées. Le design à la française n’est pas en reste avec la griffe Ligne Roset, dont on fête le 40e anniversaire de Togo (visuel), siège culte des seventies signé Michel Ducaroy. Une silhouette plissée et moelleuse qui a su traverser le temps sans prendre une ride… (C.L.)

Espaces Brajou Rond-point La Sapinière à Laxou 03 83 96 21 21 www.espacebrajou.fr


AUTO

Label sport Plus fitté et plus agile, le dernier-né de la gamme Range Rover promet une petite révolution. Plus légère – près de 420 kilos en moins ! –, sa nouvelle silhouette facilite son usage, notamment dans les phases de freinage. Une cure d’amaigrissement qui ne pèse pas sur les aptitudes tout terrain du véhicule et qui le rend au contraire bien plus dynamique. Avec son design ultra contemporain et sa tenue de route inédite, la Range Rover Sport adopte une ligne de conduite irréprochable, à découvrir dans la toute nouvelle concession de la marque à Metz. (C.L.) Land Rover Metz 15, rue des Alliés à Metz – 03 87 32 17 60 - www.landrover.com

LECLOS JEANNON

UNE MAISON GOURMANDE 5 chambres d’hôtes 1 restaurant ouvert du mardi au samedi midi jeudi, vendredi et samedi soir

Salons de réception HÔTEL

L’élégant Jeannon Le Clos Jeannon, c’est la rencontre d’une bâtisse du XVII e au cachet fou et du design contemporain. Un lieu bordé de verdure, à deux pas de Nancy, où le partage est le maîtremot. Cinq chambres d’hôtes et 30 couverts vous y attendent, ainsi qu’un espace indépendant dédié aux séminaires ou fêtes de famille. Fans de déco ou amoureux de la nature, voici un endroit rêvé pour se ressourcer. (V.S.) Le Clos Jeannon 2, rue Saint Fiacre à Villers Les Nanc - 03 83 40 30 30 - http://leclosjeannon.eu

2, rue Saint-Fiacre 54600 Villers-les-Nancy Tél. / Fax : 03 83 40 30 30 jeannon@le-clos.eu


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COIFFURE

Photo : By Fred Photography

Entre ses mains Y a-t-il expérience plus intime que de se faire couper les cheveux ? Formé à L.A. et Paris, Julio Napoli est le « it coiffeur » qui fait courir les Lorrains. Niché dans un quartier résidentiel de Metz, cet as des ciseaux est aussi un coiffeur studio, vif et flexible, ayant une obsession capillaire : rendre les femmes irrésistibles. Entouré de ses collaboratrices Caroline et Natacha, son délicieux salon-appartement fait partie de ces adresses qui se murmurent comme un sésame… Magique. (M.C.D) Appartement coiffeur, Le COSI by Julio Napoli 14, rue de Pont-à-Mousson à Metz - 03 87 17 20 54 - www.salonlecosi.com

RESTO

Mum, Miam ! MILK ? C’est Mum in her little kitchen et c’est la nouvelle adresse friendly et gourmande près du Marché couvert, à milker à tous vos amis : www.facebook.com/milknancy La Mum ? Marie Armelle MOTRITCH La déco ? Du rétro, du seventies, du Formica et de l’Arcopal, un vrai bain d’enfance ! Dans l’assiette ? Crumbles, clafoutis salés, trifles aux framboises, fondant aux Oréo… Un bon plan ? V Comme Vintage, leur dealer déco www.vcommevintage.com Milk, 1 bis rue des 4 Églises à Nancy 03 83 20 26 98

ARCHI

Ça plane pour moi ! Depuis leur lancement en 2010, la team MySpacePlanner n’a pas chômé. Gilles Clauss et son équipe d'architectes d’intérieur repensent les lieux en y insufflant leur touche personnelle, du choix des matériaux jusqu’à la décoration, soignée et avant-gardiste. On compte parmi leurs clients nancéiens le bar 5’, la brasserie Charles Trois et le club mythique de la place Stan, Les Caves du Roy, dont la métamorphose est en train de s’opérer. Cette rentrée verra leur installation au cœur de la ville, avec un atelier aux lignes design et épurées. Archi bien. (C.L.) MySpacePlanner 73, rue Isabey à Nancy – 06 42 96 66 35 - www.myspaceplanner.fr


APPLI

King in the North Ô joie pour les nouveaux Nancéiens, visiteurs et éternels déboussolés qui ne savent jamais atteindre les quatre coins de la ville : le Grand Nancy vient de lancer un site et une application pour Androïd et iPhone pour y faciliter la mobilité. En entrant un point de départ et d’arrivée, l’appli propose différentes possibilités en tenant compte du trafic : vélo, train, bus, auto partage, co-voiturage… Il ne sera plus jamais compliqué de se rendre au TGP de Frouard, à Jarville ou même au KFC. (A.G) www.g-ny.org Application disponible pour iPhone et Android

HÔTEL

La superbe « Chacun pense suivant la nature du siège sur lequel il est assis. » Cette citation d’Alain pourrait résumer l’exposition État de Siège. 40 sièges d’exception, de style ou contemporain et 13 manufactures et artisans lorrains y sont mis en scène avec esprit par la décoratrice messine Tine Krumhorn. Un patrimoine à la réputation internationale et un savoirfaire ancestral à découvrir de toute urgence, pour appréhender le cheminement de la pensée et celui, plus technique, de la réalisation de ces belles assises. (M.C.D) État de Siège, jusqu’au 18 novembre au Musée de la Cour d’Or de Metz -2, rue du Haut Poirier - 03 87 20 13 20 www.musée.metzmetropole.fr


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RESTO

Bon & b(i)o NEW

Concept store D-I-Y Le nom ? Gentiment foldingue… Bulluberlue ! Le pool ? La gérante, Véronique Nicol, et son mari se sont entourés d’Annabelle, couturière et costumière au Ballet de Lorraine, et de Marianne, qui officie à la vente et aux ateliers. Le concept ? L’Art de vivre autour de la couture, un lieu convivial installé dans un atelier XXL de 850 m2. On y trouve ? Mille trouvailles, des tissus, de la laine, des jouets en bois… Quels ateliers ? On peut y bricoler dès 4 ans, travailler sur des machines spécifiques ou adaptées aux kids, suivre des cours pour adultes ou ados. Le programme complet est à télécharger sur leur site. Et dans l’assiette ? Du goûter au déjeuner, tout est locavore et bio. La bonne idée déco ? Des poupées géantes de tissu conçues par Annabelle, des armoires vintage détournées peintes dans des couleurs chics pour présenter les articles de mercerie et une flopée de lampions pour animer l’espace : enchanteur ! (M.C.D) Bulluberlue, 36, avenue de la Libération à Villers-Les-Nancy - 03 72 14 42 63 www.bulluberlue.fr

Manger bien, c’est manger varié et équilibré, et ça, Jean-Louis, Farid et leur chef cuisinier l’ont bien compris! L’Os et l’Arête, restaurant inventif et concerné, propose donc une cuisine de qualité, simple mais raffinée et inspirée du monde entier, conçue à base de produits locaux et de saison et bonne pour la santé. Moins de graisse, de sel et de sucre et des vins sans phosphate : ce serait en crime d’y résister ! (J.G.) L’Os et l’Arête 10, rue de la Visitation à Nancy - 03 83 32 15 89 - www.losetlarete.fr

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Saint-Dié

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Vosgian Legend photo Christophe Urbain

Dossier coordonné par Sylvia Dubost et Anthony Gaborit

× Non contente d’être la marraine de l’Amérique*, Saint-Dié-des-Vosges revendique aujourd’hui une image de ville moderne. Depuis une dizaine d’années, sous l’impulsion du maire Christian Pierret, cette commune tranquille opère sa mue avec une offre culturelle, exigeante et éclectique et un patrimoine moderne rare, et vise désormais la place de « Pôle du Sud Lorraine ». « Et nous laisserons sur place tous les autres », pronostique Pierret. Lieux et artistes, acteurs culturels ou économiques, boutiques et bonnes adresses : à l’occasion de l’inauguration de La NEF, nouvelle fabrique des cultures actuelles le 13 octobre, l’équipe de Zut ! dessine, en 30 pages, le portrait subjectif d’une ville qui l’a séduite. Tous dans les Vosges !

* En 1507, le Gymnase Vosgien, un groupe d’érudits basé à Saint-Dié, reçoit le navigateur Amerigo Vespucci pour retranscrire son récit et cartographier le continent, qu’elle indique alors sur la nouvelle mappemonde avec le nom « America ».


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La fabrique Par Sylvia Dubost Visuels Cabinet DWPA


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Une ancienne usine textile devient Fabrique des cultures actuelles. Le 13 octobre sera inaugurée La NEF, le projet architectural-phare de la ville. Plus qu’un nouvel équipement culturel dédié au spectacle vivant : un vrai projet de vi(ll)e.

La

Le chantier a démarré en mai 2012, et il marque un tournant pour la ville de SaintDié. Cette cathédrale de béton en plein quartier de Kellermann, cœur de l’activité des anciennes usines Lehmann, doit devenir un lieu culturel exemplaire. À l’abandon depuis les années 80, elle est le signe du passé révolu de ce coin des Vosges, à l’industrie textile jadis florissante. Les bâtiments qui l’accompagnaient ont été détruits. Elle, déjà surnommé la Nef du temps de son activité, a été préservée, en prévision d’un projet pas encore forcément défini. Construite en 1927, elle ressemble comme une sœur à la célèbre halle Freyssinet de Paris, elle aussi traversée par une immense verrière. Un espace « assez exceptionnel, par la finesse du travail du béton armé », nous expliquait, aux débuts du chantier, l’architecte Pierre Albrech, chargé, avec le cabinet DWPA, d’imaginer sa reconversion. Un programme ambitieux, qu’il n’hésite pas à comparer à ceux du Lieu Unique à Nantes, de la Condition publique à Roubaix ou du 104 à Paris… La NEF s’écrit désormais en majuscules, et compte 1600 m2 sur deux niveaux, répartis en trois espaces principaux : une école de musique, un plateau de travail pour compagnies de danse et de théâtre en résidence, et deux studios de répétition et d’enregistrement pour la musique. Une Fabrique des cultures actuelles, pour professionnels et amateurs dans le domaine du spectacle vivant, voulue par le maire Christian Pierret, qui porte ce projet depuis plus de dix ans. Aujourd’hui, SaintDié ne doit plus seulement accueillir des spectacles dans son théâtre (l’espace Georges Sadoul) mais devenir en amont un lieu de création, où les artistes se croisent et croisent les Déodatiens, habitant la ville pour un temps plus ou moins long. C’est ici que s’installe maintenant le CEMOD (Conservatoire - école de musique Olivier Douchain), jusqu’alors à l’étroit dans ses locaux désuets. Ses 350 élèves et professeurs y croiseront les artistes internationaux en résidence et les musiciens en répétitions, pourront utiliser le plateau lorsqu’il est libre, pour des auditions ou des présentations publiques. La NEF doit être un outil partagé où les équipements sont mutualisés : une démarche à la fois pragmatique et favorisant la création, l’émulation, en incitant à l’échange. Un outil qu’on espère aussi partagé par les habitants, qui doivent pou- voir y circuler et se l’approprier.


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La NEF

La NEF en travaux. Photo DR

Le nouveau lieu L’enveloppe de béton, si caractéristique, a été conservée, pour préserver l’histoire et la mémoire du lieu (et de la ville). Les DWPA l’ont habillée d’une résille métallique verte et perforée, « évocation des cartes de machines à tisser ou de partitions de piano mécaniques ». De l’intérieur, elle joue le rôle de pare-soleil tout en pixellisant le paysage, clin d’œil aux cultures numériques d’un lieu dédié aux nouvelles formes de création. Le premier étage est saupoudré de kiosques en bois, presque des cabanes, qui abritent les salles de l’école de musique. Leurs différents volumes sont adaptés aux cours collectifs ou individuels, les formes étudiées pour la pratique des différents instruments. Sur un tiers de la surface environ, l’immense dalle a été découpée pour que le plateau de répétition du rezde-chaussée puisse s’élever sur une double hauteur, et profiter lui aussi de l’éclairage zénithal de la verrière. Le plateau de 13 x 11 m peut néanmoins être mis au noir si le travail des artistes résidents le nécessite, et accueillir jusqu’à 120 personnes s’il doit être présenté au public. Depuis la mezzanine ainsi créée au 1er étage, on peut, comme dans un théâtre élisabéthain, observer son avancée en contrebas. Un nouveau quartier Au delà de la réhabilitation (réussie) d’une friche industrielle en équipement culturel, La NEF est un projet de ville. Il s’agit de ne surtout pas couper l’espace de création du reste du quartier, mais de l’intégrer à son environnement, à la jonction entre le

quartier Kellermann et la ville basse. La passerelle qui transforme le premier étage en rez-de-chaussée doit, au-delà de l’aspect technique, en faire un lieu ouvert à tous et, idéalement, à toute heure. « Toute la circulation à l’intérieur du bâtiment a été pensée à l’échelle de la ville, explique Pierre Albrech. On peut le traverser sans l’occuper : on entre par le haut, on sort par le bas. C’est un lieu public. » Presque une nouvelle rue, où l’on peut même, avec l’accord des artistes, aller voir ce qui se passe sur le plateau. Les espaces extérieurs font partie intégrante du projet : 12000 m2 avec aire de jeux, pergola, jardin zen, gradin végétal pour théâtre de verdure (voir plan page suivante)… La NEF est ainsi un « équipement structurant » pour la ville, comme le rappelle Géraud Didier, directeur de la culture de la Ville de Saint-Dié et futur directeur du lieu. « Un de ces projets qui transforment la ville, analyse Pierre Albrech, y préfigure de nouveaux fonctionnements, projets sociaux, projets urbains, projets culturels, projets architecturaux. » Et l’architecte de conclure : « L’énergie d’une incessante « construction », stratification, juxtaposition, l’énergie de la mixité et de l’ordre non totalement établi. L’énergie d’une ville fabrique. »

sCENe +

La NEF 64, rue des 4 Frères Mougeotte à Saint-Dié-des-Vosges

Voir aussi les portraits pages suivantes

Le conservatoire-école de musique Olivier Douchain, l’espace Georges Sadoul, théâtre fraîchement rénové l’an passé, et La NEF se regrouperont, à partir de janvier 2014, sous une gouvernance unique : sCENe+. Dès octobre, les spectacles créés à La NEF pourront, si nécessaire, être montrés à l’espace Georges Sadoul, qui dispose d’une plus grande jauge et propose par ailleurs une programmation propre. Objectifs de cette nouvelle organisation, placée sous la direction de Géraud Didier, également directeur de la culture de la ville : un fonctionnement plus souple et qui favorise la complémentarité ; une programmation exigeante mais éclectique qui doit attirer tous les publics de la ville et des environs ; une structure plus solide qui permet d’envisager le conventionnement dont augmenter les subventions. Que du +. (S.D.)


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École de musique : désormais installée à l’intérieur de La NEF, ses anciens locaux seront transformés en école d’art et sa façade réhabilitée pour entrer en cohérence avec le reste du projet.

Logements : un nouvel édifice plus bas sera construit pour remplacer le précédent. Démarrage des travaux en janvier 2014.

Halle Kellermann : ses piliers repeints en vert créeront un lien visuel avec La NEF. Ainsi intégrée à l’ensemble, elle accueillera une extérieure, mais couverte. Centre social : dès 2014, la façade sera rénovée et son entrée déplacée, pour ouvrir sur la NEF et s’insérer dans le site.

LA

Plan Céline Valance

NEF

Coin zen : une pergola en bois accueille un ensemble de bancs abrités et invite les habitants à investir les lieux.

Jardin public : le projet comporte 15 000 m2 de parc urbain ouvert avec différentes fonctions.

Théâtre de verdure : le gradin végétal permet d’assister à des spectacles en plein air ou des projections sur le bâtiment. Derrière, La NEF devient écran ou décor.

Photo Danny Willems

Au delà de la rue Léon Grandjean

Le meilleur est toujours certain Pour que son inauguration soit digne de la saison qu’elle a concoctée, La NEF s’offre la star Wim Vandekeybus. Le chorégraphe belge revisite What the Body does not remember (photo), sa pièce culte qui en 1987 avait secoué le monde de la danse contemporaine. Avec neuf nouveaux danseurs qui dialoguent avec la musique de Thierry De Mey et Peter Vermeersch, il propose une relecture de cette œuvre brutale et sensuelle. Avant ou après, le public pourra déguster Je crois que vous m’avez mal compris de Rodrigo Garcia, mis en scène de Christophe Greilsammer, qui poursuit son travail autour de l’œuvre de cet auteur argentin décapant (que les Déodatiens ont déjà découvert l’an passé avec Goya). Voilà qui amorce les lignes artistiques et esthétiques qui traverseront désormais SaintDié, où La NEF accueillera en résidence cette saison les Italiens de la Societas Raffaello Sanzio pour la création de la version française de Madrigale appena narrabile, autour des madrigaux de Monteverdi, et le metteur en scène flamand David Strosberg avec Schitz de Hanokh Levin : des langages contemporains et sans compromis. (S.D.) Je crois que vous m’avez mal compris, les 11 et 12 octobre à 20h30, le 13 à 16h et 20h30 à La NEF What the body does not remember, le 13 à 17h30 à l’espace Georges Sadoul Madrigale appena narrabile, les 6 et 7 novembre à La NEF Schitz, les 10 et 11 janvier à La NEF > www.saint-die.eu


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La révolution culturelle Portraits croisés des trois « têtes » de sCENe+ qui, ensemble, entendent donner un nouvel élan au spectacle vivant à Saint-Dié. Par Claire Tourdot Photo Alexis Delon / Preview

— Géraud Didier Directeur de l’action culturelle à la Ville de Saint-Dié et de La NEF La création de La NEF sonne aussi le retour aux sources pour Géraud Didier ! L’enfant du pays, après un détour par plusieurs structures voisines, endosse aujourd’hui le rôle de directeur de l’établissement. Philosophe de formation, Géraud Didier (fils du peintre Pierre Didier, voir pages suivantes) tombe dans le chaudron de la culture en accédant au poste de directeur artistique du Théâtre National de Strasbourg. Suivent ensuite la charge de secrétaire général et directeur artistique du Maillon à Strasbourg, puis celle de directeur général délégué de l’Auditorium et de l’Opéra de Dijon. La mission d’une décennie sur le territoire alsacien est une plus-value de taille. Fort de ses rencontres avec bon nombre d’acteurs culturels européens, Géraud

Didier entreprend de faire croître ce réseau de coopérations artistiques à Saint-Dié. « Construire quelque chose dans l’endroit d’où l’on vient, particulièrement un projet culturel d’une si grande envergure, est très rare. Ça a été une réelle motivation. » De la programmation de la saison à l’aménagement architectural, Géraud Didier pilote depuis 2011 l’intégralité du projet de La NEF avec ferveur et conviction. « Pouvoir proposer au public de Saint-Dié et de sa région un face à face avec la création contemporaine, est un avantage et un privilège. »


115 — Véronique Vallée Directrice du Conservatoire-École de Musique Olivier Douchain (CEMOD) Violoniste, aussi douce, blonde et secrète que l’autre Véronique est brune, vive et extravertie, la jeune femme est ravie de voir l’école de musique s’installer à La NEF. « Bien sûr, nous occupons actuellement une belle maison de maître, mais l’acoustique laisse à désirer. » La NEF est équipée de studios de musiques actuelles et d’une scène de création, et Véronique aime l’idée que ses élèves – 330 l’an dernier – pourront s’approcher des artistes et contribuer à leurs créations. Elle a toujours eu envie d’explorer diverses disciplines artistiques, comme elle le faisait enfant lorsqu’elle pratiquait danse et chant en plus de son instrument. Elle a eu champ libre dès son arrivée à la direction de l’Ecole de Musique mener son projet pédagogique. Elle et son équipe de professeurs ont ainsi mêlé théâtre, impro, poésie à la musique contemporaine comme au jazz. L’an dernier, ils ont monté une comédie musicale avec des vidéos de l’École de dessin. Cet été, les élèves ont pu participer à un stage de deejaying avec T Killa et à la création de Je crois que vous m’avez mal compris, le spectacle de la compagnie l’Astrolabe sur le texte de Rodrigo Garcia qui se jouera à l’inauguration de La NEF. Désormais, « de la musique baroque au jazz en passant par celle assistée par ordinateur, il n’y aura plus de frontières », se réjouitelle. Le rêve est en marche… (N.A.)

Photos Florent Seiler

— Véronique Marcillat Directrice de l’Espace Georges Sadoul Sur le bord de la Meurthe, l’Espace Sadoul arbore désormais un rouge vif contrasté de blanc crème, comme une ultime touche de sa récente transformation. La maîtresse des lieux, Véronique Marcillat, nous les fait visiter avec fierté. Leurs histoires sont intimement liées. D’abord agent touristique, Véronique se reconvertit dans le management culturel par amour de l’art et arrive à l’Espace Sadoul où elle passe en peu de temps de stagiaire à directrice. Elle se retrouve aujourd’hui à la tête d’un équipement moderne, fraîchement restauré : dix mois de travaux d’un coût de 1,9 millions d’euros et voilà une belle salle de 470 places assises, 780 debout avec parterre rétractable, des loges d’artistes déplacées à l’étage pour bénéficier de la lumière du jour et un foyer où elle les bichonne avec des petits plats de traiteur. Le tout accessible aux Personnes à Mobilité Réduite. L’ambition de Véronique ? « Conserver à l’espace un aspect humain, dans lequel le spectateur puisse se sentir proche de l’artiste et l’artiste protégé, une atmosphère théâtrale (le rouge) ». Ainsi, enchantée de son séjour, Jane Birkin s’est désignée marraine du lieu et Jacques Higelin en revendique le titre de parrain ! Portée par tous ces succès, Véronique Marcillat vise à présent le Label Lorraine en Scène. (N.A.)


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Rencontre avec Éléonore Buffler, la nouvelle conservatrice du Musée Pierre Noël, qui pour son premier défi, entend dépoussiérer les collections.

Nouvelle ère Par Natacha Anderson Photo Alexis Delon / Preview

Éléonore Buffler, directrice du pôle scientifique du musée, nous attend au milieu du grand hall. Jeune femme brune et élancée aux traits slaves, souriante et pressée, elle nous entraîne dans la visite des collections hétéroclites qui font la spécificité du lieu, de la vaisselle royale d’Emile Gallé au salon des collectionneurs Yvan et Claire Goll. « Lorsque j’ai été engagée en 2011, c’est précisément pour donner une cohérence à la présentation des collections et les remettre en valeur. » La jeune Lorraine vient alors de réussir le concours d’attachéconservateur. Pendant les années qui ont précédé, c’est en Afghanistan qu’elle a élaboré et peaufiné son doctorat d’archéologie : d’abord à Bamiyan, où elle participe à la

mission archéologique qui met au jour le 3e bouddha qui reposait sous terre aux côtés des deux détruits par les Taliban, puis sur le site bouddhique de Mes Aynak au Sud de Kaboul. Elle passe ensuite un an à Beijing, en Chine, en tant que post-doctorante. Eléonore est encore toute imprégnée, voire nostalgique, des mystères de ces contrées lointaines. C’est alors avec bonheur qu’elle a mis en place l’exposition temporaire La Route de la Soie, objet de sa thèse, avec un focus sur l’art bouddhique, à l’occasion du prochain Festival de Géographie qui met l’accent sur la Chine. « Il y a une offre culturelle sur le territoire avec laquelle il ne faut surtout pas entrer en concurrence, mais il faut proposer aux visiteurs un lieu où ils se


117 Vosgian Legend Musée Pierre Noël

Nouvelle aile

Photo Philippe Colignon

Par Sylvia Dubost

questionnent eux-mêmes. Les expositions temporaires permettent cela. » Mais ce qui l’occupe à présent, ce sont les travaux de restructuration en cours. « Nous sommes en plein phasage des étages. Au sous-sol, près de l’auditorium, il y aura une salle conviviale, modulable, dans laquelle les visiteurs pourront se restaurer, se détendre, assister à des conférences. » Le scénographe a imaginé de gros cubes qui peuvent se transformer en bibliothèque, hommage aux meubles modernistes qu’on retrouve plus haut. Les collections militaires, ornithologiques et les arts déco montent à l’étage, où se déploie une thématique chronologique, des pièces celtes du Camp de Bure au Saint-Dié industriel. En haut prend place un espace fonctionnel et transformable « dédié à la destruction de la ville en 1944 et à toutes les problématiques en découlant en matière d’architecture et de design. » Objectif : faire du musée un lieu attrayant, en accord avec la nouvelle dynamique de la ville. De l’Afghanistan à la Chine. Un siècle de recherches archéologiques le long de la Route de la Soie, du 3 octobre au 8 décembre au Musée Pierre Noël www.saint-die.eu

La ville y renoue les liens avec son passé en consacrant une aile finement restaurée du musée au mobilier Le Corbusier et Prouvé. Justice est enfin faite. Si cet édifice, posé depuis les années 70 à côté de la cathédrale et en surplomb de la rue, est plutôt une réussite architecturale, son habillage intérieur aberrant et une muséographie désuète lui conféraient jusque là une aura quelque peu poussiéreuse. Les rénovations en cours (lire aussi ci-contre) doivent rendre à Saint-Dié un musée digne de ce nom. Avec, en point d’orgue, un grand espace consacré au mobilier moderniste, qui rappelle que la ville et sa région ont constitué un pôle important du mouvement. Déshabillée de ses cimaises qui lui découpaient l’espace, l’aile restaurée retrouve le volume et la lumière voulus par l’architecte. Au premier étage, l’impressionnante collection de peintures de Claire et Yvan Goll, auteurs et éditeurs proches des surréalistes, est enfin mise en valeur. Mais c’est au rez-de-chaussée que le changement est le plus frappant. La scénographie y dessine désormais une vraie dramaturgie. À l’entrée est ainsi reconstitué à l’échelle 1 l’abri conçu

après 1944 pour les sinistrés de la ville : une petite pièce campagnarde meublée de bois sombres et habillée de rideaux datant, déjà, à l’époque, d’un autre temps. En contraste avec cet intérieur étriqué, la grande et lumineuse salle d’exposition qui s’ouvre juste derrière accueille des agencements de meubles Le Corbusier, Jean Prouvé et Charlotte Perriand, et invite à mesurer le décalage qui existait alors entre différentes conceptions de l’habitat. Pièce star de la nouvelle aile : la maquette du projet de reconstruction de Saint-Dié, conçue en 1945 par Le Corbusier et prêtée par le MoMA de New York. Une manière de rappeler, avec une légère ironie, qu’en le refusant, Saint-Dié avait peut-être raté son rendez-vous avec la modernité. Avec cette nouvelle aile et tous ses autres projets, la ville actuelle est bien décidée à reprendre date. Inauguration de la nouvelle aile du musée Pierre Noël, le 19 octobre www.saint-die.eu


118 Vosgian Legend Le Corbusier et Saint-Dié

La bataille des Vosges Par Sylvia Dubost

La ville de Saint-Dié a failli être la première ville conçue par Le Corbusier. Une ville moderne, dont le plan est encore étudié dans les écoles d’architecture. Retour sur un rendez-vous manqué.


119 “ Par l’urbanisme, établir ces liaisons indispensables (homme et cosmos) avec le secours des techniques modernes. Telle est l’exacte occupation d’une société équilibrée.” Le Corbusier, Des canons, des munitions ? Merci ! Des logis… svp., 1938

Novembre 44. Sous la poussée américaine, les Allemands décident d’abandonner Saint-Dié. Et en partant, incendient les 2/3 de la ville, qui compte maintenant 10 585 sinistrés soit 4224 familles. 1935. Jean-Jacques Duval, industriel à Saint-Dié, rencontre Le Corbusier alors qu’il suivait des études à l’école Polytechnique de Zürich et se lie avec lui d’amitié. En 1941, il avait déjà été chargé par le centre des jeunes patrons de consulter l’architecte et urbaniste pour le développement futur de la ville. Trois ans plus tard, c’est toute la cité qu’il faut reconstruire, et Le Corbusier, alors âgé de 58 ans, accepte à nouveau le projet. Un groupe de notables de la ville et une des deux associations de sinistrés se montrent favorables. Le ministère de la reconstruction a déjà choisi un autre urbaniste ; la Ville de Saint-Dié nomme Le Corbusier urbaniste conseil. 1945. Le Corbusier prévoit de loger 4000 habitants en maisons individuelles, et 6000 en six unités d’habitation, qui comprennent logements, service médicaux, espaces de culture physique. Le plan global s’ordonne autour d’un centre civique, réservé aux piétons, où sont regroupés les bâtiments publics : centre administratif, cafés, magasins, maison commune. Signe fort : le musée, conçu à l’image d’une coquille de mollusque en spirale, doit pouvoir se développer en permanence… De l’autre côté de la Meurthe, reliées par un pont, sont regroupées les manufactures : Le Corbusier réintroduit ainsi le travail dans la cité. Il veille en permanence à préserver le panorama que la destruction avait ouvert et qu’il ne faudrait pas enfouir, « par une urbanisation paresseuse et inattentive ». Les unités d’habitation sont ainsi placées en quinconce pour qu’aucune ne fasse de l’ombre à la suivante.

« Le plan directeur se doit d’apporter un allègement à la peine des travailleurs et tout particulièrement à celle des femmes, des maîtresses de maison (…) », expliquet-il à propos de son projet. 26 juillet 1945. Le Corbusier est reçu par le ministre de la reconstruction, Raoul Dautry, qui approuve son plan pour la ville « puisque les circonstances sont réunies pour faire une expérience de la plus haute importance, il n’y a pas à hésiter », lui déclare-t-il. En ville, l’accueil est mitigé. Il suscite l’hostilité des architectes locaux et de l’équipe de Jacques André, de la majorité de la population et, entre autres, de la CGT, qui soutient pourtant le projet de la Cité radieuse à Marseille. La municipalité, qui avait portant nommé Le Corbusier architecte conseil, joint sa voix au chœur des hostiles, préférant le projet de l’urbaniste en titre : pour un plan conservateur qui reprend l’ancien.

Octobre 45. Le Walker Art Center de Minneapolis place au cœur de l’exposition L’œuvre de Le Corbusier et ses conceptions une photographie géante du plan de Saint-Dié. Cette exposition tournera ensuite dans toute l’Amérique. 31 janvier 1946. Alors que les architectes américains se passionnent pour Saint-Dié, le conseil municipal rejette définitivement le plan. 1947 : Le Corbusier démarre le chantier de l’usine Claude & Duval à Saint-Dié. 14 octobre 1952. La cité radieuse de Marseille est inaugurée. À lire : Jean-Jacques Duval, Le Corbusier, l’écorce et la fleur, éditions du Linteau



121 Vosgian Legend Usine Claude et Duval

Corbusine Achevée en 1951, l’usine Claude et Duval à Saint-Dié est doublement singulière dans l’œuvre de Le Corbusier : c’est le seul bâtiment industriel qu’il ait jamais construit, et le seul édifice encore totalement dans son jus… Par Sylvia Dubost Photos Olivier Martin-Gambier

En novembre 1944, lorsque les Allemands incendient Saint-Dié, la bonneterie Claude et Duval est détruite au deux tiers. Malgré l’échec de son projet d’urbanisme pour la ville (voir page précédente), Le Corbusier accepte la demande de son ami Jean-Claude Duval de reconstruire l’usine. Son père, alors directeur de l’usine, grand lecteur dont la bibliothèque avait initié son fils aux textes de l’architecte suisse, accepte cette idée. La manufacture fait l’objet de plus de 500 plans, où tout est dessiné dans les moindres détails, et le chantier démarre en 1948, parallèlement à celui la Cité radieuse de Marseille, achevé plus tard… On retrouve ici toute la grammaire Le Corbusier : le toit-terrasse, les pilotis, le plan libre… Comme dans les unités d’habitation, le rythme des ouvertures est réglé sur les espaces intérieurs, eux-mêmes déterminés par le travail qui s’y déroule. Toutes les dimensions de la façade sont réglées sur le Modulor et les couleurs caractéristiques de Le Corbusier sont reportées sur les plafonds de l’atelier et au-dessus des pilotis du rez-de-chaussée. À l’intérieur, c’est la circulation du tissu qui dicte la disposition des espaces. Il arrive par un monte-charge au 3 e étage où il est découpé, puis descend au 2e où il est travaillé.

Cet atelier accueillant le plus grand nombre d’ouvrières, il bénéficie d’une hauteur de plafond double, pour plus d’espace et d’éclairage. Les pièces et/ou tissus sont ensuite stockés et emballés au 1er étage avant d’être redescendus et expédiés depuis le rez-dechaussée. Le 4e accueille les bureaux et le rez-de-chaussée les vestiaires (entre autres). Ces fonctions nécessitant moins d’espace, les volumes intérieurs sont rétrécis et laissent place à un toit-terrasse et à 200 emplacements pour vélos. Le bâtiment révèle le sens du détail cher à Le Corbusier, que laissaient présager les 500 plans. Les brise-soleils des façades ont ainsi fait l’objet de plusieurs croquis, et l’ensemble des lames verticales et horizontales est orienté en fonction des différentes trajectoires du soleil suivant les saisons. Toute la « tuyauterie » et ses systèmes d’accroche ont été dessinés, de même que les fixations des fenêtres… Voilà qui rend plus simple mais aussi plus exigeante la préservation du bâtiment. Pour Rémi Duval, PDG de l’entreprise, il s’agit d’articuler le maintien de son activité et le respect du travail de l’architecte. C’est parfois plus compliqué de changer une machine – on a déjà dû démonter un morceau de façade à rénover pour faire


122 Vosgian Legend Usine Claude et Duval

entrer un nouveau modèle – ou de réparer le système de chauffage. Un peu plus cher aussi, mais l’image de l’usine en vaut le coût. La manufacture Claude & Duval est aujourd’hui unique car, contrairement à d’autres bâtiments de Le Corbusier, elle ressemble encore à ce qu’elle était à l’époque de sa construction. « Le bâtiment est dans son jus car il n’a pas changé de main, explique Rémi Duval. Il est toujours en activité et dans la même famille. » Le propriétaire n’a pas non plus cédé à la pression de faire des travaux, car selon lui, « il doit vieillir d’une certaine manière ». Et de préciser : « comme le mobilier Prouvé, c’est un objet industriel. Il faut trouver un juste milieu. » Ce qui rend ce bâtiment unique est peut-être aussi ce qui l’a sous-

trait longtemps à la notoriété. L’usine Claude & Duval ne fait certainement pas partie des bâtiments les plus célèbres de Le Corbusier, sans doute parce que du fait de son activité, elle ne peut pas se visiter, et parce que les différents propriétaires étaient plus occupés à leur tâche qu’à sa promotion. L’inscription de la ville de Saint-Dié dans un parcours européen des cités Le Corbusier devrait lui donner la visibilité qu’elle mérite. Usine Claude et Duval 1, avenue de Robache


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“ Dans votre bonneterie, votre père faisait des chaussettes pour la campagne et des sous-vêtements pour sexagénaires. En 1961, vous êtes l’élégance même de la bonneterie pour zazous ! Vous faites des chaussettes qui sont des poèmes (…) ” Lettre de Le Corbusier à Jean-Jacques Duval, 1961


124 Vosgian Legend Rémi Duval

Un homme et sa maison Par Sylvia Dubost

On savait l’homme quelque peu regimbeur. PDG de la société Claude et Duval depuis 1981 – où il succède à son père JeanJacques et à son grand-père Paul – administrateur de la Fondation Le Corbusier, il nous avait clairement signifié lors d’une précédente rencontre qu’il tenait à préserver farouchement l’image du lieu. Aussi, lorsqu’il nous reçoit ce jour-là dans la salle de réunion du 4e étage, séparée du bureau de direction par cette fameuse paroi pivotante – que Le Corbusier avait ajoutée après que Paul Duval s’était emporté en voyant les plans, déclarant qu’il n’avait pas besoin d’une salle de danse : « Ces architectes, tous les mêmes, ils ne se soucient jamais des dépenses ! » –, on n’a pas osé lui demander si elle pivotait toujours sans racler le lino. Comme tout le reste ou presque, celui-ci est d’origine. Le mobilier Prouvé est d’époque, les cloisons sont en bois, la sculpture Le Corbusier – son parrain – côtoie une pile de revues et deux croquis signés Claude et Duval : deux modèles Chanel, pour la collection Printemps 2014. Le long du mur, un portant ploie sous les prototypes créés pour les couturiers avec lesquels la maison travaille avec régularité depuis que Rémi Duval en a repris les rênes : Yves Saint Laurent, Balenciaga, Chanel, Chloé… Rémi Duval tire sur sa cigarette et opère des basculements acrobatiques sur sa chaise Standard. Il scrute ses interlocuteurs et son œil frise, d’abord sceptique, puis amusé. On le devine, à tout le moins

Olivier Martin-Gambier

Depuis qu’il a repris les rênes de la bonneterie Claude et Duval, elle est devenue une entreprise textile pointue, qui collabore avec les plus grands créateurs. Rémi Duval y veille avec exigence à l’adéquation entre le contenu et le contenant. Portrait.

au début, pas réellement fan de l’exercice. Pas réellement fan non plus du milieu dans lequel il évolue. L’industrie textile ne l’a jamais attirée. « Mon père me tendait une carotte : si tu ne travailles pas, tu ne reprendras pas l’usine. Cela ne me faisait ni chaud ni froid. » Après HEC Lausanne, il commence par s’occuper de la gestion d’une société sur les Champs-Élysées, puis devient, sans vraiment comprendre pourquoi, directeur chez Dorothée Bis. Cette marque de maille pointue crée alors des pièces « proches des produits qu’on peut faire ici aujourd’hui », mais loin de ce qu’on y fabriquait à l’époque. On l’imagine séduit par ce qu’il y découvre, puisqu’il a orienté l’entreprise familiale vers des pièces beaucoup plus complexes. Mais Rémi Duval a l’enthousiasme modéré. « Ce qui me séduit ? Pas grand chose… » Pas le monde de la mode en tout cas. « C’est un milieu particulier, la tension y est très prenante, on vous presse le citron. » Et

puis, c’est un « monde petit, avec un turnover important, où l’on retrouve toujours les mêmes ». Gêné aux entournures, il n’en dira pas beaucoup plus sur la question. De toutes les façons, sans doute à cause de son père ingénieur et de son parrain architecte, c’est avant tout la recherche qui l’intéresse. La maison Claude & Duval, spécialisée dans la maille, fabrique parfois ses propres tissus mais ne fait jamais de façonnage et ne travaille qu’avec les studios des couturiers. « Les couturiers font des croquis – je ne dirais pas irréalisables –, et il faut trouver des solutions techniques (voir encadré), que les autres ne trouvent pas. » Son métier, Rémi Duval le conçoit comme un « partenariat avec les couturiers », où chaque projet est un nouveau défi. Malgré la pression, la satisfaction « c’est quand Karl dit que c’est bien et que le tissu qu’on lui propose déclenche chez lui l’envie de créer une robe ».


125 “ Il faut prendre des crayons de couleur plus nets, plus fermes, plus marqués. Et il faut dessiner avec plus de force. Tu gratouilles un peu trop. Vas-y comme tu vois toi-même et ne t’occupe pas de ce que pensent les autres (moi y compris). ”

Alors, se serait-il vu faire autre chose ? Oui, sans doute architecte (tiens donc…), ou créateur « d’ameublement ». « Les produits de grande consommation n’ont pas beaucoup d’attrait pour moi. De par mon héritage familial et architectural, je suis plus attiré par quelque chose qui tourne autour d’une sensibilité artistique. Avec beaucoup de guillemets. » Rémi Duval est un esthète, citant l’exemple d'un Italien à la housse d’iPad parfaitement assortie à son pull violet. « Tout le monde n’a pas cette sensibilité », remarque-t-il, basculant à nouveau sur sa chaise Standard dont le mouvement avait révélé, quelques instants plus tôt, la doublure en soie imprimée de sa veste à carreaux. « Les bourgeois de Saint-Dié ont des maisons de merde avec des tableaux de merde. Qu’est-ce qui en restera ? Je suis choqué par la manière dont les bourgeois dépensent leur argent. » Plus jeune, à la maison, il entendait parler de son parrain tous les jours, et écoutait « d’une oreille distraite » son père raconter que Le Corbusier dessinait tout. Cette recherche de la précision, il la vit désormais au quotidien, dans son travail comme dans son environnement. L’enveloppe de l’usine « a certainement participé à ce que tout se tienne : l’architecture est en adéquation avec notre orientation ». On rejoint là, pour lui, la collaboration avec les couturiers. « L’intérieur a de l’importance. Un jour, lorsqu’on a présenté une veste au studio, ils avaient dû défaire la doublure pour X raison et nous ont reproché le montage intérieur. Ils avaient raison ! » Et de conclure : « Tous les jours, en travaillant dans ce lieux, je m’aperçois à quel point les détails sont importants. » Regimbeur certainement, exigeant avant tout.

Portrait Philippe Colignon

Lettre de Le Corbusier à Rémi Duval, 1958

Claude et Duval pour Hermès « Martin Margiela, alors créateur pour Hermès, avait demandé des produits en maille roulottée, pour être en synergie avec les foulards dont les bords sont roulottés à la main. C’était un coup de poker, car on n’avait pas le personnel pour ce travail [Claude & Duval compte 72 employés, NDLR]. On a mis une petite annonce dans une feuille de chou gratuite et on a été submergés de réponses. Le problème avec le roulotté main, c’est que la maille se déforme.

Il faut lui donner une régularité, y compris entre les différentes personnes qui y travaillent, mais que ça ne paraisse pas trop mécanique car cela doit rester un travail manuel. On a ainsi constitué une équipe, qui nous a permis ensuite de développer sur des tas d’autres sujets dans le domaine manuel. Les griffes de créateurs par exemple, souvent posées à la main. »


126 Vosgian Legend La maison Prouvé

La maison de métal Par Sylvia Dubost Photo Philippe Colignon

Sur les coteaux de Saint-Dié s’agrippe l’une des maisons conçues par Jean Prouvé, ingénieur et constructeur lorrain, maître du métal. À voir de l’extérieur uniquement, mais à voir impérativement.

Ce n’est pas donné à tout le monde : Saint-Dié peut se targuer d’abriter deux édifices construits par deux des plus grands architectes/constructeurs du XXe siècle. Le Corbusier et Jean Prouvé se retrouvent sur bien des principes dont celui, essentiel à leur œuvre, que progrès sociaux et techniques sont liés : l’architecture et la construction doivent rendre possible les premiers et manifester les deuxièmes. C’est pourquoi Prouvé veut rendre ses constructions accessibles à tous. Sa préoccupation : l’économie d’espace, de matériaux, de travail. Cela le conduit à inventer de nouveaux modes de construction et, par là même, de nouvelles formes. « Construire une maison moderne avec des moyens modernes suppose tout d’abord qu’on dépouille l’habitation des formes extérieures qu’elle a prises au cours des siècles pour ramener le problème à des données essentielles », écrit-il. Il s’appuie sur les éléments qu’il fabrique pour l’industrie. En résultent des maisons d’un genre nouveau, aux volumes et aux matériaux simples où prédomine le métal, au coût réduit puisque les modules de

base sont fabriqués en série. Appliquant ses principes, Jean Prouvé a voulu lui aussi participer à la reconstruction de Saint-Dié après la Seconde Guerre mondiale. Son prototype d’abri pour réfugiés restera à l’état de projet… Il ne construira dans la ville qu’en 1962 : une maison pour sa fille Françoise, son mari radiologue et leurs quatre enfants. Du pur Prouvé ! Le soubassement en béton où s’installe un sous-sol se prolonge au rez-de-chaussée par un « noyau central » abritant les sanitaires et la cuisine. Le toit est en panneaux « Rousseau » – constitués de lamelles de bois massif et recouverts d’aluminium, que Prouvé avait conçu pour des parois de silos agricoles. De vastes pans vitrés ouvrent sur le paysage dans la partie jour (salon, salle à manger) et des panneaux à double face en aluminium protègent la partie nuit (chambres). L’aménagement intérieur confine à l’ascétisme. Pour cela, il faudra nous croire sur parole : la Maison du docteur Gauthier ne se visite pas, elle est toujours habitée par la famille Prouvé… La maison du docteur Gauthier à Saint-Dié


— Spectacle musical —

VIKTOR LAZLO Billie Holliday Vendredi 24 janvier 2014 | 20h30 — Théâtre et musique —

C LES FRUITS DU HASARD IE

Rewind Vendredi 14 février 2014 | 20h30 — Revue hip-hop —

C C’MOUVOIR & DES QUILIBRES IE

RODRIGO GARCIA Je crois que vous m’avez mal compris / Cie l’Astrolabe Ven. 11 + Sam. 12 | 20h30 + Dim. 13 octobre 2013 | 16h et 20h30 — Danse —

WIM VANDEKEYBUS

Vous désirez ? Vendredi 21 février 2014 | 20h30 — Théâtre —

BABILONIA TEATRI The End Vendredi 28 février 2014 | 20h30

What the Body Does Not Remember Dimanche 13 octobre 2013 | 17h30

— Musique du monde —

— Humour —

Samedi 12 avril 2014 | 20h30

ARY ABITTAN Samedi 19 octobre 2013 | 20h30 — Spectacle / concert —

SOCIETAS RAFFAELLO SANZIO Madrigale appena narrabile Mercredi 6 + Jeudi 7 novembre 2013 | 20h30 — Humour —

GUY BEDOS Rideau ! Vendredi 15 novembre 2013 | 20h30 — Théâtre —

C DARE D’ART

Design graphique . Antoine Caquard

— Théâtre et musique —

LUZ CAZAL — Théâtre —

RAOUL COLLECTIF Le signal du promeneur Samedi 19 avril 2014 | 20h30 — Théâtre —

MICHEL DIDYM Voyage en Italie Jeudi 24 + Vendredi 25 avril 2014 | 20h30 — Soirée cabaret —

CABARET NEW BURLESQUE Vendredi 16 mai 2014 | 20h30

IE

— Théâtre et musique —

Albertine Sarazin, de l’autre côté du chronomètre Vendredi 29 novembre 2013 | 20h30

SHARIF ANDOURA

— Soul music —

Al Atlal (Les Ruines) Vendredi 30 mai 2014 | 20h30

Les soul men Samedi 21 décembre 2013 | 20h30 — Théâtre —

HANOCH LEVIN Schitz / KVS Bruxelles Vendredi 10 + Samedi 11 janvier 2014 | 20h30 — Théâtre —

ST PHANIE BATAILLE Peggy Guggenheim, femme face à son miroir Mardi 14 janvier 2014 | 20h30

Espace Georges-Sadoul 26-28, quai Carnot 88100 Saint-Dié-des-Vosges Tél . 03 29 56 14 09 billetterie@ville-saintdie.fr www.ticketnet.fr / www.saint-die.eu

CONTACT

VIGON BAMY JAY


128 Vosgian Legend Pierre Didier

Acolyte de Bernard Buffet, disciple de Fernand Léger et de Paul Colin, Pierre Didier a construit son langage personnel entre technique des anciens maîtres, abstraction et hyper-réalisme. Un paradoxe qu’il cultive aujourd’hui encore dans son atelier perché sur les hauteurs de Saint-Dié.

Au-delà du réel Par Benjamin Bottemer Portrait Alexis Delon


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Pierre Didier, Blanche au citron et cylindre

La demeure de Pierre Didier, dessinée par son fils Nicolas et sa belle-fille Emmanuelle, est une maison ouverte : ses espaces invitent à la discussion comme à la contemplation de ses œuvres, accrochées « à la japonaise », selon les envies. On admire le cheminement d’une vie consacrée à la recherche du réel, inlassablement disséqué. Les figures abstraites côtoient les représentations hyper-réalistes qui impressionnent aussi bien par la maîtrise de leur créateur que par leur puissance évocatrice. Deux écoles a priori antinomiques que Pierre Didier a cherché à posséder, à faire cohabiter dès le début de sa carrière. « Lorsque j’ai intégré une galerie pour la première fois, se souvient Pierre Didier, je faisais de l’abstrait, et on m’a demandé d’abandonner mes recherches en matière d’hyperréalisme, de choisir mon camp. Mais je voulais trouver ma propre forme d’expression. » La maison familiale détruite par les Allemands au sortir de la guerre, il quitte

Saint-Dié en 1944 pour rejoindre un Paris libéré où tout s’accélère. Dans la ville en ébullition, il se nourrit de rencontres intellectuelles et artistiques : le « choc » du Louvre, les Beaux-arts à 15 ans, puis très vite les ateliers de Paul Colin, où débute sa quête de la technique des maîtres anciens, et de Fernand Léger, dont les paroles et la vision cubiste constitueront le carburant originel de l’œuvre de Pierre Didier, qui rimera désormais avec hybridation. « Ma démarche a toujours été instinctive, une poétique plastique irraisonnée qui se construit au fil de l’aventure du tableau », explique l’artiste. Quelques années plus tard, il croisera Picasso, mais préférera suivre un hippocampe trouvé sur le port de Martigues qui lui inspirera sa première toile récompensée : le Grand Prix d’Arts Plastiques de la Ville de Nancy lui permet d’acheter son premier atelier. L’animal devenu objet y trônera, comme dans son actuel atelier, rejoint en 1997 au sommet de sa nouvelle maison déodatienne.

« C’est de l’objet que les choses arrivent. Il faut le posséder dans sa totalité. » Au fil des tableaux se bousculent cubisme, surréalisme, hyper-réalisme incarné dans ces entités troublantes, fruits, voiles, dés ou clous de charpentier, qui semblent s’y incruster, animées par l’intense réalité qu’elles dégagent. Exercice vertigineux que de tenter de « posséder dans leur totalité » ces objets que sont les toiles de Pierre Didier. Mais exercice vital pour l’esprit du visiteur comme pour celui du généreux artiste, car « l’œuvre ne se constitue réellement qu’à travers le regard de l’autre ».


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Le Ciel, cĂŠramique et acier doux, hauteur 6m Espace Saint-Louis, Bar-le-Duc juillet 2013 Photo Christophe Beurrier


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Jusqu'au ciel

Vosgian Legend Thiébaut Chagué

De Bruxelles à la Corée du Sud en passant par Chicago, le céramiste Thiébaut Chagué mène son petit bonhomme de chemin et construit une œuvre intrigante aux accents maternant. Par Natacha Anderson Portrait Philippe Colignon

Thiébaut Chagué n’a jamais eu besoin d’un job nourricier pour pratiquer son art : « J’ai eu des amis qui ont pris des postes d’enseignants, très vite ils n’ont plus eu le temps de travailler ». Lui a besoin de son temps. La maison familiale, une ancienne ferme vosgienne autour de laquelle il a fabriqué son atelier et ses fours, a sans doute aidé. Mais cette détermination, l’homme aux yeux clairs, au visage et à la voix d’une grande douceur, l’a toujours eue. Inspiré par un grand-père sculpteur et peintre à ses heures mais pas affectueux pour un sou, il sait dès l’âge de 11 ans qu’il maniera la glaise. Totalement réfractaire au système scolaire, il décide que c’est en se mettant au service des artistes qu’il admire qu’il apprendra le métier. Et part pour Londres où il assistera pendant six ans les céramistes Michael Cardew, Owen Watson et Richard Batterham. En 1982, il est Lauréat de la Fondation de France. Son diplôme à lui. Il n’a pas choisi la discipline la plus glorieuse ni la matière la plus facile. « Une grande pièce, même bien avancée, peut s’écrouler. » Et de pester à propos de celles cassées dernièrement lors de transports pourtant spécialisés ! Il choisit ensuite le Nigéria pour participer au projet collectif Poterie Nègre et passera chaque hiver de 1992 à 1999 à animer des ateliers qui mêlent les artistes aux enfants, desquels naîtront Le Sanctuaire Ephémère, une œuvre vibrante

et colorée exposée au Musée d’Art Ancien et Contemporain d’Epinal en 1997 puis à Sèvres pour une rétrospective en 2011. Depuis il reçoit chez lui des sculpteurs africains, tels son ami Kenny Adewuyi ou met à disposition ses fours pour les jeunes artistes. C’est sa façon de transmettre le flambeau. Il aime également l’idée de créer des pièces sur site, comme la dernière en date, Le Ciel, montée sur structure métallique dans la chapelle Saint Louis à Bar-leDuc. « C’est une façon de croiser mon histoire et celle du lieu. » Ou encore celle de s’associer à un thème, comme il l’a fait pour le Festival Renaissance Meuse 2013 en honorant le sculpteur lorrain Ligier Richier, un artiste de l’époque. Deux de ses œuvres appartiennent désormais, l’une au Musée de Leipzig, l’autre au Victoria & Albert’s Museum of London, qui abrite la

plus grande collection de céramiques au monde. Des collectionneurs s’attachent à son parcours et continuent d’investir en lui – « Ce sont eux qui nous font vivre, pas les galeries ». Sûrement parce que ses œuvres ne sont pas dans l’effet de mode mais donnent envie d’y revenir et de les regarder longtemps. Thiébaut Chagué 144, Chemin de la Croisette à Taintrux 03 29 50 00 18


132 Vosgian Legend Klinger Favre

L’orfèvre du son Par Benjamin Bottemer Photo Philippe Colignon

Avec Klinger Favre, Jean-Jacques Bacquet est devenu une référence mondiale en matière de sonorisation. Ce maître ès artisanat sonore a équipé des institutions telles que la Cité Chaillot, la FEMIS, la Cité de la Musique… et La NEF à Saint-Dié, ville où il s’est installé en 1975. Échanger avec Jean-Jacques Bacquet à propos de musique et de son ne tient pas de la conversation technique : ce dont nous parlons avant tout, c’est d’art. « Nous fabriquons des appareils, mais quand nous le faisons, nous pensons à l’humain », explique-t-il. Cet autodidacte, unique artisan du succès et de la qualité de Klinger Favre, présente un cursus universitaire inédit : une année de pharmacie, une année de médecine et une année de musicologie. Pour celui qui, à 5 ans, démonte le poste à galène que son père lui avait offert, sa pratique est tout simplement « une seconde langue maternelle ». On demande à voir, ou plutôt à entendre. Dans une petite pièce trônent des couples discrets, les plus petits modèles d’enceintes du concepteur, qui fabrique égale-

ment des convertisseurs et des amplis. Résonnent alors Melody Gardot, Mahler, Bach… mes pauvres oreilles rabougries habituées au mp3 et aux enceintes Hitachi prennent une dose revigorante de cristal sonore. « Notre objectif est d’être au plus près du concert, c’est un travail d’imitation : l’important, c’est que les artistes soient dans la pièce avec nous ! » On ressent l’enthousiasme de l’amoureux de musique tandis que les morceaux se succèdent. Au sein de son élégant auditorium, on tâte un peu des Studio 30, taillées pour la scène. Jean-Jacques Bacquet déambule en jouant de la clarinette pour nous faire éprouver la qualité acoustique de la pièce, créée avec sa fille MarieAnne qui s’est spécialisée dans le domaine. Après avoir investi le Théâtre des Champs

Élysées, la Comédie Française ou encore le cinéma du journal Le Monde de son équipement haut de gamme, Klinger Favre a conçu les studios d’Arte à Strasbourg ainsi que la salle d’écoute et d’enregistrement One Soul-Klavierhaus à New York. Le développement futur de la marque familiale passe par l’international, ainsi que par « le refus de l’obsolescence programmée et le souci d’une fabrication respectueuse de l’environnement ». La NEF a eu la chance de compter parmi ses voisins déodatiens une pointure du son haut de gamme : la Fabrique des cultures actuelles se verra équipée des mêmes enceintes que celles de la Cité de la Musique à Paris, « remises à jour avec les nouvelles avancées technologiques ». Excusez du peu ! Depuis leur atelier du quartier de la gare, Jean-Jacques et Marie-Anne Bacquet voient aujourd’hui leurs clients venir du monde entier pour quérir leur expertise, et quelques-unes de ces petites boîtes à vibrations magiques. 8, rue Richardville à Saint-Dié 03 29 56 35 70 www.klinger-favre.com


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lu 14.10.2013 // JAZZ

Erika Stucky - Black Widow ma 15.10.2013 // soul / funk

Martha High & Speedometer je 17.10.2013 // Singer-songwriter

Rome

sa 19.10.2013 // JAZZ

Benjamin Koppel Scott Colley - Brian Blade lu 21.10.2013 // Trésors de la cinémathèque

Down By Law (Jim Jarmusch / 1986) Extérieur, Nuit (Jacques Bral / 1980) me 23.10.2013 // ciné - concert

La Passion de Jeanne d’Arc

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(Carl Dreyer / 1928) Création musicale : Fränz Hausemer

ve 25.10.2013 // LIVE PERFORMance du 26.10. au 03.11.2013 // Exhibition

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134 Vosgian Legend Le FIG

Géomania Par Emmanuel Abela Illustration Laurence Bentz

À Saint-Dié-des-Vosges, le Festival International de la Géographie s’est imposé comme un espace de rencontre des géographes et du public. À un an de son 25e anniversaire et dans la perspective de l’ouverture de l’École Internationale de Géographie, le FIG s’attache à un pays continent : la Chine. Un malentendu existerait-il dans notre relation affective à la géographie ? Plus que pour toute autre discipline, serait-elle considérée comme un passage scolaire obligé, avec ses petits plaisirs mais aussi ses profondes contrariétés ? Freddy Clairembault, le directeur du Festival International de Géographie, n’est pas loin de le confirmer – « Le public aime l’histoire, mais pas la géographie. Pour lui, elle se résume à des cartes postales de paysage » –, insistant ainsi indirectement sur l’opposition entre les deux matières qu’on s’obstine à associer en France. Rien n’est sûr pourtant, même si un vrai travail de sensibilisation semble, selon lui, « nécessaire ». Lequel passe immanquablement par les enseignants – on s’empresserait de rajouter par de vrais enseignants de géographie, et non des historiens qui trainent la patte, comme c’est parfois le cas ! La géographie est pratique : elle alimente bien des documents cartographiés, y compris dans leur version dynamique, comme le GPS et autres supports numériques utiles. Depuis que la tendance s’est installée et qu’on est passé de la géographie physique – pour résumer la partie qui étudie les phénomènes naturels – à la géographie humaine ou à la géographie culturelle, elle trouve de multiples applications au quotidien. En ce sens, « la géographie irrigue toutes les sciences humaines », nous rappelle Freddy Clairembault. « Certains universitaires étaient un peu coupés de la réalité », il était donc bon de les remettre au cœur de la réflexion, ce qui n’est pas le moindre des objectifs du FIG, « catalyseur, espace de rencontre entre les différentes disciplines de la géographie ». Qu’on ne se méprenne pas cependant, « les intervenants

sont formés à l’esprit de Saint-Dié ». Il n’est pas question d’étaler son érudition, mais de rester accessible à tous en abordant de vraies questions d’actualité ou de la vie quotidienne. Comme chaque année, le FIG aborde tous les aspects de la géographie à travers une thématique générale et un pays invité. Pour sa 24e édition, le choix s’est porté sur La Chine, une puissance mondiale. Il y sera question de délocalisation, du “made in China”, de tourisme et naturellement du positionnement des Français et des Européens dans leur rapport à ce pays continent qui regroupe près de 20% de la population de la planète. « La Chine intrigue, elle fascine et interroge ». Assurément, ce choix nous inscrit dans notre temps. En rapport avec les récentes découvertes archéologiques qui situent un niveau de relation entre occident et extrême-orient beaucoup plus ancien qu’on ne le supposait – exit Marco Polo ! –, le fait de s’intéresser précisément à la Chine, raconte quelque chose du monde tout entier et de son évolution d’un point de vue économique et géopolitique. Le sujet est porteur, et avec une programmation qui mêle exigence scientifique et dimension festive – avec le salon du livre et le salon de la gastronomie –, nul doute que le public se montrera très friand. Festival International de Géographie, du 3 au 6 octobre à Saint-Dié www.fig.saint-die-des-vosges.fr


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Le kit du (parfait) géographe Vous avez peur de jouer les néophytes ? Nulle crainte, voilà les trois mots clés de secours à placer de manière désinvolte au détour d’une conversation pendant le FIG. Carte Depuis Dora l’Exploratrice, les parents le savent : « C’est la carte ! » qui renseigne. On en connaît de toutes sortes, mais elles se regroupent en trois gros ensembles, les cartes topographiques – le relief, avec des courbes de niveaux et des couleurs, tout ça ! –, les cartes thématiques – toutes les autres cartes à l’exception des cartes topographiques, vous suivez ? –, avec une légende, une échelle et un titre – ça, vous vous en souvenez ! –, et les cartes mentales qui figurent notre propre manière de situer notre espace.

Espace Le mot « espace » est le mot « vital » de la géographie : d’après l’étymologie, il contient l’idée du « pas » que fait l’homme, et par extension de la place où se situe l’action humaine. À employer cependant de manière mesurée ou circonstanciée. Par contre, si quelqu’un venait vous apostropher avec un « espèces d’espace » qui vous semblerait désobligeant, surtout ne pas mal le prendre – c’est une blague entre géographes – ni répondre « espèce d’espace toi-même ! », ça serait un signe manifeste d’inculture !

Géographie(s) À une époque où l’on aime décliner le pluriel des mots – les Internets, par exemple –, la géographie, “science de la Terre”, n’échappe pas à la tendance générale. Dans toute la variété de ses champs d’exploration, la géographie s’enrichit au point que certains aiment l’évoquer sous sa forme plurielle justement. Les “géographies” plus fortes que la “géographie” ? Il n’y a qu’un pas que certains aiment franchir. L’émancipation est de rigueur dans une discipline qui vit sa pleine maturité, le temps est désormais à la reconnaissance.


136 Vosgian Legend Sélection

Bénédicte Petit, boutique Fauve et Bien sûr / Photo : Florent Seiler

Fauve & Bien Sûr  Fauve, la petite boutique de la rue Thiers, est blanche et étroite. Sa propriétaire, Bénédicte Petit, le corps mince et la coupe courte, s’y active entre la préparation de la grande braderie, la cave et le jardin, les obligations familiales et l’interview. Chausseuse et acheteuse de chaussures depuis 25 ans, Bénédicte aime aussi la maroquinerie et l’accessoire. Les marques qu’elle affectionne sont à son image : élégantes, sobres et fiables, avec la touche de style qui rendra l’objet unique et désirable. On pense à la collection de Catherine Parra, qui crée des chaussures et des sacs assortis aux images victoriennes, à la Japonaise Chie Mihara, à l’inspiration rétro et aux talons ultra-confortables, ou aux sacs en cuir Gab’s, teintés par pigments et aux coloris uniques, lavables en machine. On trouve aussi AIR-STEP, Liebeskind, Arche, Matin d’Eté ou les ballerines Bloch. Un large choix de styles pour tous les âges. Mais voilà que notre hôtesse repart déjà. Peut être vers son autre boutique, à deux pas de là. Pour Bien Sûr, Bénédicte a voulu garder l’espace ample et le carrelage noir et blanc du lieu qui abritait autrefois un fleuriste. Elle l’a meublé de bois et parfumé des senteurs Georges Vannerie, pour qu’il soit en harmonie avec le style vintage des vêtements et de la déco. Des matières au toucher soyeux de la marque Nice Things, qui fonctionne par thèmes – fleurs, toile de Jouy, autruche, jeux de cartes… – à

Chie Mihara chez Fauve

Sarah Didierdefresse, boutique Geniève Lethu / Photo : Florent Seiler

Harris Wilson, Scotch & Soda et Liu-Jo, des chaussures Requin et Mellow Yellow aux bijoux poétiques de Lorie Egg (Kim et Lilas), créatrice locale : on peut sortir de Bien Sûr complètement relookée, emportant avec soi le parfum de Valérie la vendeuse, Reminiscence, flottant comme l’âme du fleuriste d’antan. (N.A.)

et les ustensiles de cuisine, c’est avec une connaissance technique approfondie que Sarah nous aiguille : « Le but n’est pas de surcharger sa cuisine, mais d’avoir juste ce qu’il faut pour bien cuisiner ! » Originales et de grande qualité, les collections Geneviève Lethu comblent les attentes et besoins du tout à chacun. Mais ce qui surclasse la boutique de la rue Mengin, ce sont assurément les bonnes astuces de Sarah ! (J.G.)

Fauve, 45, rue Thiers 03 29 55 38 75 Bien Sûr, 16, rue Dauphine 03 29 55 23 02

Geneviève Lethu  Il y a la vaisselle dont on s’est lassé, celle héritée d’une grand-mère regrettée ou encore celle qu’on ne peut se résoudre à changer… Derrière chaque service, chaque casserole, chaque assiette, il y a plus qu’un usage : il y a un souvenir, une ambiance à partager. C’est en tout cas avec cette philosophie que Sarah Didierdefresse vit, depuis sept ans, l’aventure Geneviève Lethu. Tendrement surnommée « Mamie Truc » par ses amis, Sarah revendique l’aspect sentimental de ses produits et prend son rôle de conseillère très au sérieux : « Il s’agit de rendre l’utilisation du produit agréable, et de diriger les client(e) s vers un achat utile qui s’installe dans la durée. » Alors, des services à thème aux petits accessoires ludiques qui facilitent la vie, en passant par les livres de recettes

10, rue Joseph Mengin 03 29 55 07 00 www.genevievelethu.com

La Pitchouli Derrière ce qui ressemble de prime abord à un bar classique se cache en fait un vrai repère pour tout amateur de vin, rhum, cognac et même de cocktails. Changement de propriétaire cet été, mais toujours cette ambiance chaleureuse et familiale qui fit la renommée du lieu. Alliant passion du sport et dominante de bois pour la convivialité, le bar est promis à de belles heures de franches camaraderie. (A.G.) 3, rue d’Alsace 03 29 56 67 07


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Römertopf et Cocotte le Creuset, boutique Geniève Lethu

Espace Figaro by Smedley

Chaises chez Objet du Hasard

Le grand Café

Flore et Nature

Espace Figaro

Quand on parle de gastronomie à SaintDié, on ne peut taire le nom du Grand Café ! Véritable brasserie à la française, ce restaurant est connu pour sa carte de vins et ses plats à la présentation raffinée et aux saveurs inédites. Pascal Renard, chef cuisinier depuis vingt ans, et Raymond Dauphin, cogérant de l’établissement, ont fait de ce lieu une valeur sûre pour les fins gourmets de la région, grâce à une carte originale qui change au gré des saisons et de vrais desserts faits maison. Nous, on fond! (J.G.)

Tandis que l’automne nous enveloppe doucement de ses bras gris, le printemps semble avoir déjà posé ses valises rue Thiers. Chez Martine Alexandre, couleurs et senteurs sont toujours au rendez-vous. Sur les murs clairs de sa boutique se détache une multitude de fleurs fraîches et de compositions créées avec soin par cette experte passionnée. Pas de doute, Flore & Nature est un jardin d’Eden. (J.G.)

Pluie et vent minent votre moral et votre chevelure ? La rue Dauphine abrite un véritable temple du bien-être et de la beauté : l’Espace Figaro, dirigé par Serge Janin ! Ce salon chic propose un espace coiffure de grande qualité, un coin spa et esthétique ainsi qu’un espace coloration, bulle vitrée nichée au cœur d’un jardin privatisé ! Une belle façon d’instaurer l’exception pour tous, dans les rues de Saint-Dié ! Fermé du 3 au 20 novembre pour rénovation totale. (J.G.)

61, rue Thiers 03 29 56 15 66

Escapades Qui dit rentrée, dit boots, et ça nous RA-VIT ! Tous les modèles tendance de la saison sont réunis dans la boutique western-chic de Virginie Rateau, de la botte féminine aux bottines rock. On y retrouve notamment les Italiennes de Méliné et NeroGiardini, ainsi que les Françaises Espace et Regard. Du cuir, du croco, des paillettes et des clous, qui réveillent la modeuse qui est en nous ! (J.G.) Escapade 7, rue d’Alsace - 03 55 23 33 34

36, rue Thiers - 03 29 51 93 78 www.fleuriste-stemarguerite.fr

Le Choucas Chef cuisinier depuis plus de 40 ans, Philippe Durand a ouvert ici son premier restaurant il y a une dizaine d’années. Aidé de sa femme, de sa fille et de son compagnon, l’entreprise est vite devenue une affaire de famille ! Cuisine maison savoureuse et franche, aux accents ibériques, faite de produits locaux et de saison… le Choucas respire la sincérité et la tradition. Un restaurant qui traversera les générations et ravira nos bidons ! (J.G.) 30, rue Joseph Mengin 03 29 53 56 63 www.restaurant-le-choucas.fr

21-23, rue Dauphine 03 29 55 32 79

Objets du Hasard A Raon l’Étape, si il y en a bien une qu’il ne faut absolument pas manquer, c’est celle de la chine ! Depuis 2002, Mélanie et Yannis Vernet proposent dans leur entrepôt une sélection d’objets déco et d’ameublement rétro des années 50 à 70, qu’ils aiment à qualifier de « déco de charme ou de campagne poétique ». Ici, tous les objets ont été finement sélectionnés avant d’être reliftés pour, peut être, finir dans votre salon. (A.G.) 6, rue d’Alsace, Centre d’activité Amos à Raon l’Étape - 03 29 41 55 96 www.duhasard.com


138 Vosgian Legend Sélection

Laurence Lingerie / Photo : Florent Seiler

Laurence Lingerie Laurence travaillait à la Française des Jeux avec son père, courtier mandataire, lorsqu’elle fit un rêve. Elle se vit comme chez elle dans la plus ancienne boutique de lingerie de la famille. Ça tombait bien, elle n’avait pas très envie de reprendre l’affaire de papa. Ni une ni deux, alors même que le fonds de commerce n’était pas en vente, elle réussit à convaincre Mme Colin-Fattet de le lui céder ; cette dernière avait sans doute compris qu’elle perpétuerait la tradition. Laurence est à elle seule un poème dédié à la lingerie. Sensuelle et gourmande, elle veut en préserver le mystère et respecter le matériel. Ainsi, elle déteste le facing. Hors de question de déballer ses pièces, qu’elle veut d’exception, sur des portants. Elle préfère les sortir une à une, comme « des petites friandises ». Lorsqu’elle a enfin personnalisé la boutique à son goût, à la demande de ses clientes, il y a 8 ans, elle a installé tout un panel de tiroirs silencieux et de comptoirs assortis. « C’est très technique. Il faut connaître les effets de la matière et de la forme sur la poitrine. Je ne travaille qu’avec des moyen-hauts de gamme, comme Lou, Lejaby, Perelle ou Lise Charmel, qui utilise des dentelles de Calais. Des maisons qui essaient d’avoir un contact avec la France comme des cabinets de styliste ou des savoir-faire tels la soie lyonnaise. » Elle veut qu’on entre chez elle comme dans un salon privé,

Visuel : Lou chez Laurence Lingerie

façon haute couture. « C’est un accompagnement. Il s’agit de prendre soin des femmes qui se déshabillent et se livrent. Les femmes ne s’y trompent pas, elles partent souvent avec les plus jolies pièces, parfois même sans avoir imaginé qu’elles seraient pour elles... » Et c’est tout ce qui lui importe. Laurence Lingerie propose également du linge de nuit, de grosses robes de chambre en laine des Pyrénées, des petits hauts maillés (bientôt collection Inès de la Fressange, tops Lisanza). (N.A.) 59, rue Thiers 03 29 55 42 45 Ravel Lingerie, 14, rue Paul Doumer à Épinal 03 29 64 04 00

Rive Droite Rive Droite, c’est en quelque sorte l’éternel résistant aux multiples franchises de magasins qui se développent dans nos centres-villes. Depuis 40 ans déjà, JeanNicolas Bertrand gère de main de maître la boutique, où il présente ce qu’il préfère en terme de marques haut de gamme pour homme : Hugo Boss, Lagerfeld, La Martina, Eden Park, Gaastra… Du sport wear chic aux costumes en passant par la petite maroquinerie : il y a de quoi se vêtir de pied en cap, dans une ambiance décontractée. (A.G) 47, rue Thiers - 03 29 56 14 20

La Ferme de Marion

La Ferme de Marion Il n’est pas toujours nécessaire de s’éloigner pour s’évader… Rendez-vous à La Ferme de Marion, charmante maison d’hôte à 10 km de Saint-Dié ! En pleine forêt vosgienne, cette ferme de 1841, entièrement rénovée, séduit par son cadre, ses activités et sa cuisine locale, bio et de qualité ! Tenu par Yalon et Marie, un lieu atypique qui allie entre tradition et modernité et vous fait redécouvrir les joies d’un bon feu de cheminée… (J.G.) Au Ban-de-Sapt 03 29 58 95 34 www.lafermedemarion.com


Sophie-Charlotte BORDIN

Pâtisserie Laurent

57000 Metz

Chocolaterie et salon de thé

06 50 85 08 66

Architecte d’intérieur (Master) 03 87 54 11 65 archi.in@netcourrier.com

52, rue Thiers 88100 SAINT-DIÉ-DES-VOSGES

Facebook: ARCHI’IN

IN

03 29 56 74 83 http://patisserielaurent.fr

RCHI’

Pierre Rabolini

MAISON D’ARCHITECTURE D’INTÉRIEUR

LA FABRIQUE DES DÉLICES 12 bis, rue de l’Atrie 54000 NANCY Téléphone - Fax : 03 83 37 21 21 • Portable : 06 11 68 10 84 • contact@annemarielaumond.com

www.annemarielaumond.com


140 Vosgian Legend Version2

À Voir Par Myriam Commot-Delon Photo Alexis Delon / Preview

La première chose qu’on remarque chez elle, c’est son regard pétillant et enveloppant. Aux manettes de la boutique Version2, le QG des Déodatiennes easy-chic, Jocelyne Pariset à l’œil et une sélection affutée. Votre première boutique, vous l’avez ouverte quand ? En mars 1977 ! Elle s’appelait la Fouillerie… On cherchait un nom avec une amie et comme on aimait les boutiques multimarques où fouiller et dénicher des perles et coups de cœur… Comment avez-vous débuté ? À l’époque, j’étais secrétaire comptable, absolument pas du sérail de la mode, et c’est Roger Colin, qui travaillait dans le textile chez Boussac, qui m’a entrainé à Paris. Le Sentier regorgeait alors de petites marques sympas et de bonne qualité. Un peu plus tard, j’ai enchaîné avec les salons où j’ai découvert des marques et suis montée en gamme. Ernest Le Gamin ou Abaya, par exemple, j’ai été une des premières à les travailler ! On a ensuite ouvert Version2 en 1989.

Et aujourd’hui ? Il y a deux ans, on a décidé de fusionner les deux boutiques et de fermer La Fouillerie. Je fonctionne désormais par univers de marque, mais rien n’empêche les mariages mixtes ! Un corner Les Aventure des Toiles côtoie les cuirs « seconde peau » de Ventcouvert et les doudounes Duvetica, mais il y a toujours Gérard Darel, Diega, La Fée Maraboutée, I'm Isola Marras – la seconde ligne d’Antonio Marras – et Marithé et François Girbaud, que je suis depuis longtemps… Votre dernière trouvaille ? Manila Grace, une institution à Bologne, avec des vêtements simples, féminins et modernes, fabriqués à 95 % en Italie ! 50, rue Thiers 03 29 56 15 26

Notre it-list - Hartford ! On a juste envie de tout adopter dans cette collection preppy cool (et française !) à la délicieuse touche vintage. - Les paniers bohème chic d’ALT 81, créées par Valeria Camardo, artiste italienne dont le cœur balance entre l’Est de la France et son pays natal. Ils sont tous uniques et parfaits pour y ranger sa collection d’écharpes Inouï. - Côté bijoux, il y a les bijoux girly et fantasques des Nereïdes. Et scoop, il se trouve que c’est Julie Pariset, la fille des propriétaires des lieux, qui à l’origine de la conception de leur seconde ligne N2. Un 2 porte-bonheur, non ?


Hôtel DE LA

25, place de Chambre 57000 METZ Tél. : 03 87 75 00 02 Fax : 03 87 75 40 75

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Repoussant les limites en matière d’agilité et de performances, le nouveau Range Rover Sport vous offre des sensations toujours plus exaltantes. Peu importe le terrain, il amène la conduite à un nouveau sommet d’excellence. ABOVE AND BEYOND : Franchir de nouveaux horizons. Consommations mixtes norme CE 1999/94 (l/100 km) : de 7,3 à 12,8 - CO2 (g/km) : de 194 à 298.


142 Vosgian Legend

Pâtisserie Laurent

Papa tissier Par Justine Goepfert Photo Alexis Delon / Preview

La pâtisserie Laurent, tenue par Laurent et Émilie Franchois, est le lieu de toutes les tentations…

C’est bien connu : passer devant la vitrine d’un pâtissier, c’est prendre le risque de se laisser tenter. Surtout quand la pâtisserie en question propose toute l’année des sorbets, gâteaux, pralinés, desserts et entremets glacés ! Dans leur salon de thé, Laurent et Émilie Franchois confectionnent non seulement les incontournables sucrés et salés, mais également des recettes maison élaborées avec des produits locaux et des fruits de saison, qui ont déjà séduit les gourmands de la région ! Lancés dans ce tout premier projet commun il y a un peu plus d’un an, le jeune duo a peu à peu réussi à gagner la confiance des clients qui, bien avant que Laurent et Émilie ne s’y installent, étaient déjà des habitués

du 52, rue Thiers : depuis les années 80, ce lieu a toujours abrité des salons de thé ! Aujourd’hui entièrement redoré et imprégné d’une ambiance chaleureuse, cosy et épurée, il est à l’image du jeune couple qui, en globe-trotters invétérés ayant notamment séjournés en Suisse et en Polynésie, se réjouit déjà à l’arrivée du Festival International de Géographie – du 3 au 6 octobre. Avec la Chine comme invitée, le chef pâtissier a des idées plein la tête et pense déjà au gâteau original qu’il va proposer. Et nous, on rêve déjà d’y goûter…

Pâtisserie Laurent 52, rue Thiers 03 29 56 74 83 www.patisserielaurent.fr


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16, rue Dauphine 88100 Saint-Dié-des-Vosges

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Maison fondée en 1912

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Parure : Lise Charmel

ISOLA MARRAS HARTFORD DIEGA MANILA GRACE VENT COUVERT LA FÉE MARABOUTÉE MAJESTIC GÉRARD DAREL M&F GIRBAUD AVENTURES DES TOILES MARIE SIXTINE LES NÉRÉIDES PP FROM LONGWY Écharpes INOUÏ Paniers ALT 81 Bijoux

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Laurence Lingerie - 59, rue Thiers - 88100 Saint-Dié-des-Vosges Ravel Boutique -14 rue Paul Doumer - 88 000 Epinal


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1

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Nº26

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