Zut ! 16 Strasbourg

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Photo : Alexis Delon / Preview - www.preview-tm.fr

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PROCHAIN NUMÉRO ZUT ! 17

SORTIE PRINTEMPS 2013 ___

Bruno Chibane // Directeur de la rédaction & commercialisation / bchibane@chicmedias.com // 06 08 07 99 45 Emmanuel Abela // Rédacteur en chef / eabela@chicmedias.com // 06 86 17 20 40 Myriam Commot-Delon // Directrice artistique mode / myriamdelon@noos.fr // 06 14 72 00 67 Caroline Lévy // Développement commercial / levy_caroline@hotmail.com // 06 24 70 62 94 Céline Loriotti // Développement commercial / cloriotti@chicmedias.com // 06 64 22 49 57 François-Xavier Cheraitia // Développement commercial / fxcheraitia@chicmedias.com // 06 69 14 46 98 Philippe Schweyer // Développement commercial / ps@mediapop.fr // 06 22 44 68 67 brokism // Studio de création / hello@brokism.com // 06 22 76 68 32


OURS

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION & ET DE LA RÉDACTION Bruno Chibane RÉDACTEUR EN CHEF Emmanuel Abela RÉDACTRICE EN CHEF MODE Myriam Commot-Delon RÉDACTEURS

Emmanuel Abela, Géraldine Bally, Cécile Becker, Agnès Boukri, Charles Combanaire, Myriam Commot-Delon, Sylvia Dubost, Anthony Gaborit, Justine Goepfert, Flora-Lyse Mbella, Céline Mulhaupt, Caroline Lévy, Fouzi Louahem, Régis Meyer, Sébastien Ruffet, Philippe Schweyer, Claire Tourdot ASSISTANT GRAPHISME

Laurence Bentz STYLISTES

Myriam Commot-Delon, Caroline Lévy PHOTOGRAPHES

Eric Antoine, Pascal Bastien, Marion Chérot, Alexis Delon / Preview, Milan Szypura, Tony Trichanh, Christophe Urbain ILLUSTRATEURS

Laurence Bentz, Isaac Bonan, Chloé Fournier, Laetitia Gorsy, Ariane Pinel / Central Vapeur, Terkel Risbjerg STAGIAIRES COMMUNICATION ET DÉVELOPPEMENT

Anthony Gaborit, Justine Goepfert RETOUCHE NUMÉRIQUE

Emmanuel Van Hecke / Preview Camille Vogeleisen / Preview MANNEQUIN

Olga / Studio KLRP MAKE-UP

Jacques Uzzardi COIFFURE

Alexandre Lesmes / Avila

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DIRECTION ARTISTIQUE brokism, Myriam Commot-Delon RESPONSABLE D’ÉDITION Sylvia Dubost

DIFFUSION Zut ! Team + Ultimatum COMMERCIALISATION & DEVELOPPEMENT

François-Xavier Cheraitia, Bruno Chibane, Caroline Lévy, Céline Loriotti, Philippe Schweyer DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL Roland Anstett STUDIO PHOTO / PREVIEW

28, rue du Général de Gaulle 67205 Oberhausbergen - 03 90 20 59 59 www.preview-tm.fr Ce trimestriel est édité par Chic Médias 12, rue des Poules - 67000 Strasbourg S.à.R.L. au capital de 12500 euros Direction : Bruno Chibane - Administration, gestion : Charles Combanaire Impression : Ott imprimeurs Parc d’activités « Les Pins » 67319 Wasselonne Cedex Tirage : 7500 exemplaires Dépôt légal : décembre 2012 SIRET : 50916928000013 ISSN : 1969-0789 Crédits couverture Photographe : Alexis Delon / Preview Mannequin Olga / Studio KLRP www.studioklrp.com Robe noire en sequins de cuir Plein Sud chez l’Altra. Voilette Lady Mistigris. Bague Panthère en or gris, tsavorites et onyx Cartier. Bracelet en or gris et diamants Mont Blanc.


BOOTS CYPRÈS YUCATAN MORO + NATURAL WOOL GENUINE NORWEGIAN STITCHING. VIBRAM MORFLEX SOLE TRADEMARK / MADE IN FRANCE HAND-CRAFTED DESIGNER MEN’S SHOES SINCE 1934

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SOMMAIRE 08 ÉDITORIAL

——— CUMULUS Design Mendel Heit édition CIAV, 2010 Photo Frédéric Goetz ———

10 COURRIER DES LECTEURS

12 12 AU BON PARFUM Les aldéhydes 14 OBJET DESIGN Le vase Douglas de François Azambourg 16 TOUTE PREMIÈRE FOIS 5 bonnes résolutions pour réussir Noël 18 MA CRISE À MOI Ou t'es Off, ou t'es Ropp

91 92 MODE Limelight 104 JEAN-PAUL KNOTT Décryptage d’un style.

20 SELECTIONS ZUT ! Les sélections de la rédaction 26 STRASBOURG VU PAR Alina Bagaric, Christophe Fleurov, Patricia Balland et Cathy Muller-Philippe, Clément Protto et Mathieu Z’graggen, Efkan Cagras, Renaud Schneider et Méryl Przybylski-Diouf, Xavier Hédoire, Sylvie Bocqui, Anne-Sophie Tschiegg, Nikita. 40 REPORTAGE Focus sur la bulle Coop, lieu en friche au cœur du quartier du Port du Rhin.

106 SHOPPING CADEAUX Votre liste au père Noël. 116 TENDANCES SENIOR Zut ! vous présente ses meilleurs vieux. 120 SHOPPING SENIOR 122 COPIÉ-COLLÉ : Jacques Tati 124 URBAN STYLES 126 TENDANCES ZUT !

50 TOMI UNGERER : Grosse actu pour l’illustrateur, avec une expo et deux films. Rencontres.

49 ——— TILT Design Philippe Riehling édition CIAV, 2008 Photo Frédéric Goetz ———

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56 CENTRAL VAPEUR Le collectif soutient les illustrateurs strasbourgeois, au quotidien et à travers un festival.

132 THIBAUT ALLGAYER Un jeune designer strasbourgeois au flair scandinave.

60 ANNE-CAROLINE PANDOLFO ET TERKEL RISBJERG : Rencontre à l’occasion de la sortie de leur roman graphique Mine, une vie de chat.

134 NATHALIE MILLO DIAZ Rencontre avec la créatrice dans son atelier.

62 GISÈLE VIENNE La chorégraphe, metteur en scène et plasticienne construit un univers sidérant. 64 LE VAISSEAU Visite guidée de l’exposition Plantastic ! 66 LA CATHÉDRALE EN 3D Un film raconte la construction de l’édifice. 70 LES ALSACIENS Un livre-objet événement revient sur 80 ans d’histoire. 72 INSTANT FLASH New Burlesque, Lescop, Olivier Assayas,Wax Tailor. 80 CULTURE ZUT ! Les sélections de la rédaction

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——— KILO Design Atelier BL119 édition CIAV, 2011 Photo Frédéric Goetz ———

136 DÉCO Shopping Blanche-Neige 138 PHILIPPE BOHRER Le chef a les crocs. 142 CAROLINE VAN MAENEN Interview de saison avec la patronne du Relais de la poste. 144 TCS Décryptage d’une réussite sportive. 150 LIFESTYLE ZUT ! Les sélections de la rédaction



ÉDITO

—— L E S I N C O R R U P T I B L E S ——

Depuis que Zut ! est devenu le magazine préféré des Strasbourgeoises et des Strasbourgeois, ma vie est devenu un enfer. Désormais, je suis obligé de porter des lunettes noires jour et nuit pour éviter d’être reconnu par des inconnus qui rêvent d’un quart de page de célébrité. Dans la rue, des filles s’agrippent à moi comme des furies. Elles sont prêtes à tout pour se retrouver dans l’objectif de nos photographes. Les hommes politiques me suggèrent avec insistance des publi-reportages à leur gloire, les artistes m’invitent à dîner dans leurs lofts mal chauffés, les attachées de presse m’adressent des dossiers de presse parfumés et les commerçants sont devenus tellement aimables que cela en devient presque gênant. Au restaurant, on m’offre systématiquement l’apéro, le café et du rab de viande. Pourtant, il n’est pas question de me laisser acheter. Ce n’est pas parce qu’un concessionnaire automobile met gentiment à ma disposition une décapotable dernier cri que je vais faire l’éloge de la vitesse. Ce n’est pas non plus parce qu’un patron de boîte de nuit sabre un magnum de champagne en mon honneur et me réserve sa meilleure table que je vais inciter la jeunesse à s’oublier dans l’alcool et la danse au lieu d’étudier l’Histoire pour se préparer à affronter la crise. Pas question de céder aux pressions hédonistes ! Même si ma propre mère me

demandait de publier ses photos de vacances à la Grande Motte ou ses clichés d’araignées tropicales, je refuserais sans aucun état d’âme. Il en va de ma réputation. Mon intégrité légendaire ne doit pas être qu’une légende. La liberté de la presse est un bien précieux qu’il faut préserver coûte que coûte en refusant toute compromission et nous entendons rester indépendants malgré toutes les sollicitations. Ainsi, Bernard Tapie, qui intrigue pour s’incruster dans le capital de Chic Médias, la société désormais éditrice de trois éditions de Zut ! (Strasbourg, Lorraine et Haut-Rhin), peut toujours se brosser. Nous ne sommes pas à vendre ! Et ce n’est pas en m’offrant une paire de jeans, une côtelette grillée ou des vacances aux Seychelles que l’on pourra infléchir d’un millimètre la ligne éditoriale de Zut !. Si notre indépendance n’a pas de prix, nous chérissons plus que tout notre liberté de style et de ton. Bon, si une de nos lectrices m’invite à une super soirée de Nouvel An, je veux bien lui faire un peu de pub… Enfin, juste quelques lignes de promo dans le prochain édito… Et peutêtre éventuellement publier sa photo… Bref, pas de quoi fouetter un chat… Mais à condition que sa fête soit une réussite… Pas question de me laisser corrompre pour un Nouvel An foireux !

Par Philippe Schweyer

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CO U R R I E R D E S LE C T E U R S

LETTRE AU PÈRE NOËL

MAÎTRE CAPELLO,

Pourquoi cette question ? C’est pour un jeu télévisé ? Pour en savoir plus, rendez-vous dans son boudoir rue Sainte-Madeleine. Nous ne sommes pas le bureau des renseignements… ——

Par Philippe Schweyer

Une lectrice en plein stress avant le réveillon, une amatrice de roman-photo et une autre qui collectionne les belles pompes, des lecteurs qui se posent des questions existentielles ou qui ne supportent pas Jerry Lewis… Une fois de plus, nos lecteurs réagissent et se dévoilent ! ——

LETTRE À ZUT !,

Depuis que mon mari a invité toute sa famille pour le réveillon, je ne dors plus. Je ne sais vraiment pas par où commencer entre le rangement, le nettoyage et le plan de table. Surtout, je ne sais pas quoi cuisiner ? Si seulement il y avait des fiches cuisine dans Zut ! Elise, 32 ans.

LETTRE À ÉLISE,

Savoir organiser un réveillon parfaitement harmonieux, c’est un peu comme savoir jouer du piano… ça ne s’improvise pas. Dites-vous bien que vous n’êtes pas Keith Jarrett. Plutôt que de stresser inutilement, vous feriez mieux d’attendre le dernier moment pour tout organiser à la bonne franquette. Et si ça ne plaît pas à votre mari, dites-lui de tout annuler et de faire croire à sa famille que vous avez gagné un voyage à Tahiti. ——

HEY ZUT !,

J’ai une nouvelle décapotable et une nouvelle nana. La bagnole démarre au quart de tour, mais la fille m’en fait bien baver. Qu’est-ce que je dois faire ? Joe, 36 ans.

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NOUS DEUX ZUT !,

J’ai adoré votre article sur l’expo “un amour de roman-photo” que je me suis empressée d’aller voir à la médiathèque Malraux. Pourquoi n’y a-t-il toujours pas de roman-photo dans Zut ! ? Marlène, 70 ans.

NOUS DEUX MARLÈNE, HEY JOE,

Pourquoi t’as de la chance plein les doigts ? En naissant t’as marché dans quoi ? T’as toujours les poches pleines, la voiture de l’année. Dis donc, ma parole, on en oublie que t’es si laid. Moi Joe, tu vois, je n’ai plus rien. Je pensais avoir une fille bien à moi, mais il paraît qu’elle dort maintenant entre tes draps, bravo ! Tu vois, Joe, hier je rêvais d’avoir ta peau, mais je préfère te voir souffrir. Et de cette fille, je t’en fais cadeau. Allez bonne chance, Joe. ——

HIP HIP HIP ZUT !,

Je suis une fidèle lectrice de Zut ! La couverture du dernier numéro était vraiment dingue, complètement révolutionnaire ! Il n’y a que vous pour oser faire des choses pareilles à Strasbourg… Helena, 21 ans.

HIP HIP HIP HELENA,

Avec des courriers comme le vôtre, on se sent un peu plus utile à la société et on a même l’impression fugace que nos vies ont un sens. Mais, avez-vous pensé ne serait-ce qu’un instant à la fille qui a posé pendant des heures pour la couverture et dont on ne voit pas du tout le visage ? On ne fait pas la révolution sans briser quelques rêves… ——

MAÎTRE ZUT !,

Une question métaphysique me taraude au sujet de la personne photographiée en ouverture de la rubrique “Strasbourg vu par…” du dernier numéro de Zut !. À quoi correspond son activité de “maîtresse de boudoir” ? Capello, 69 ans.

Vous n’êtes pas la seule à réclamer un roman-photo… Malheureusement, notre actionnaire principal ne trouve pas ça assez chic pour Zut !. Peut-être que votre courrier le fera changer d’avis ? ——

WAOUH ZUT !,

Je suis une lectrice assidue de Zut ! et une collectionneuse de chaussures. Mon mari me dit que c’est pathologique, mais je m’en fiche. Lui, il collectionne les boîtes de camembert, chacun son truc… Pour Noël il m’a promis de m’offrir la plus belle paire de chaussures que je trouverai dans Zut !. Mona, 50 ans.

WAOUH MONA,

On ne peut que vous féliciter pour votre attachement à Zut !. Si votre goût pour les belles pompes chagrine votre mari, dites-lui qu’avec ses boîtes de camembert il ne risque pas d’aller très loin. ——

ZUT ZUT !,

Quelle déception en découvrant l’horrible Jerry Lewis au-dessus de l’édito du dernier numéro de Zut !. Pour un magazine qui prétend donner des leçons en matière de bon goût et d’art de vivre, quelle faute de style ! Quant à votre éditorialiste, il commence sérieusement à me fatiguer avec son soit-disant humour. Qu’il garde pour lui ses analyses politiques fumeuses ! Roland, 67 ans.

ZUT ROLAND,

Sachez que notre éditorialiste est sur un siège éjectable. La prochaine fois qu’il fait une mauvaise blague ou qu’il nous impose les dents immondes de Jerry Lewis, il saute ! À bon entendeur, salut. ——



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CHRONIQUE

AU BON PARFUM

— Par Sylvia Dubost — Illustration Lætitia Gorsy

L’AURORE

— Une ligne de parfums ne serait pas complète sans lui. Dans les essentiels d’une maison, il faut un oriental, un floral, une eau fraîche, un chypré… et un aldéhydé. L’apparition tardive de cette « espèce » désormais incontournable a marqué une révolution dans la parfumerie moderne, et la légende de sa naissance est aussi belle que les jus qui la peuplent. Les aldéhydes sont des molécules de la famille des composés carbonylés, sur la base de la séquence H-CO-R. Découverts en 1903, ils sont pour l’essentiel des corps de synthèse. En plus de leur propre odeur, différente suivant leur composition et souvent désagréable lorsqu’ils ne sont pas dilués, ils confèrent un fort pouvoir de diffusion aux autres molécules, apportent du volume et du sillage. Très puissants, ils sont difficiles à doser et pendant longtemps, les parfumeurs ne parviennent pas à les intégrer aux compositions de manière satisfaisante. Le mythe raconte que la solution a été trouvée par erreur. En 1921, un laborantin se trompe en réalisant la formule que lui soumet Ernest Beaux, parfumeur. Il a surdosé l’aldéhyde aliphatique à 1%. Du jamais senti. Et Beaux trouve là la réponse à la commande d’une cliente particulièrement exigeante, qui voulait « un parfum de femme à l’odeur de femme », « artificiel comme une robe, c’est-à-dire fabriqué ». « Pas de rose, de muguet, je veux un parfum qui soit composé », ordonne-t-elle, dans lequel on « mettra tout ce qu’il y a de plus beau ». Un brief un brin marketing, pour lequel Beaux, en poète, cherche à retranscrire « une sensation éprouvée sous le soleil de minuit, au-delà du cercle polaire, en savourant la fraîcheur des lacs et des rivières ». Cet aldéhyde lui offre cet effet de lumière, de douceur et de blancheur irisée. Il fait plusieurs essais, et en présente dix à sa cliente. Gabrielle Chanel choisit l’essai n°5.

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Avec cette composition, Beaux avait à la fois dompté une matière impossible, créé le premier parfum légendaire et changé la parfumerie à tout jamais. Toutes les maisons se sont engouffrées dans la brèche ouverte par les possibilités de cette matière, et à la fin des années 70, les plus célèbres avaient toutes leur aldéhydé. Lanvin avec Arpège (André Fraysse, 1927), Guerlain avec Liu (Jacques Guerlain, 1929) puis Chant d’arômes (Jean-Paul Guerlain, 1962), Carven avec Ma Griffe (Jean Carles, 1946), Givenchy avec L’Interdit (Francis Fabron, 1957), Hermès avec Calèche (Guy Robert, 1961), Paco Rabanne avec Calandre (Michael Hy, 1969), Yves Saint Laurent avec Rive gauche (1971), clone parfait du précédent, Van Cleef and Arpels avec First (Jean-Claude Ellena, 1976), Estée Lauder avec White Linen (Sofia Grojsman, 1978)… Ils comptent parmi les plus beaux parfums de la grande diffusion. Suivant l’aldéhyde aliphatique utilisé, ils se font tour à tour acidulé, orangé, métallique, savonneux, sucré, poudreux. Mais tous ont en commun cette magique lumière blanche. Cependant, aucun n’égalera jamais ni la légende, ni la beauté du n°5. Ce parfum, parmi les plus vendus de tous les temps, n’a presque pas changé depuis sa création (c’est suffisamment rare pour être souligné). En eau de toilette ou en parfum (la version eau de parfum est à éviter absolument), il est d’une splendeur intemporelle. Enveloppant, doux, piquant, fruité, il sent le maquillage et la crème, évoque aussi bien fraîcheur de la jeune fille que l’assurance de la bourgeoise. Délicat et sensuel, chaud et froid, c’est bien un parfum artificiel comme une robe sous le soleil de minuit. Un parfum de femme à l’odeur de femme, qui en déploie toutes les facettes. Aussi bien Marylin Monroe que Carole Bouquet qu’Estella Warren. En tout cas certainement pas Brad Pitt…


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CHRONIQUE

OBJET DESIGN

— Par Régis Meyer

CHERCHER L’EMPREINTE

DOUGLAS

Design François Azambourg, éd. CIAV

— Il y a des rencontres qui ne marquent pas immédiatement. Qui demandent un temps d’assimilation ou une pincée de hasard pour refaire surface. Ainsi, en lisant le remarquable mémoire de fin d’étude de Frédéric Alzeari (disponible en libre téléchargement), je me suis remémoré une visite au Centre International d’Art Verrier à Meisenthal en 2008. Le vase Douglas de François Azambourg y était bien en vue. Mais je suis passé à côté. Et c’est normal. Il y a des objets qui ne se laissent pas appréhender facilement ou immédiatement. Le vase Douglas est, pour moi, de ceux-là. Au départ, il y a une région : les Vosges du nord. On y trouve des pins douglas qui, débités en planches, serviront à former une gangue accueillant le verre en fusion. Chaque moule va y laisser son empreinte, à la manière d’un positif/négatif. Servant cinq fois, le moule se consume de l’intérieur, variant ainsi inexorablement les empreintes s’inscrivant sur le verre. Similaires mais jamais identiques, entre procédé artisanal et production en série, les Douglas deviennent des pièces uniques. Au-delà de la forme, l’intention de François Azambourg s’inscrit en effet dans une tradition du fait main vernaculaire. Mais attention, l’utilisation de moyens de production locaux, de matières premières

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régionales et l’invocation de savoir-faire ancestraux sans cesse renouvelés conduisent à un résultat qui n’a rien de folklorique. Brut, à peine dessiné, utile mais sans plus, le vase Douglas trouve sa justification ailleurs. Le modus operandi est aussi important que l’objet. Là où certains designers cherchent à cacher la fabrication, Azambourg l’utilise pour en faire une composante à part entière du vase. Cette manière de faire n’est pas nouvelle, ni dans l’histoire du design ni dans la production d’Azambourg, mais trouve ici une dimension supplémentaire, fragile de fait. Les Douglas transportent avec eux, de façon inaliénable, les stigmates de leur origine : le bois, le feu, le sable et le travail du designer. www.ciav-meisenthal.fr


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CHRONIQUE

TOUTE PREMIÈRE FOIS

— Par Fouzi Louahem — Illustration Ariane Pinel / Central Vapeur

MES 5 BONNES RÉSOLUTIONS

POUR RÉUSSIR NOËL CETTE ANNÉE

(ET ENFONCER CELUI DES AUTRES)

Résolution 1 : démarrer le calendrier de l’avent à la bonne date, pour éviter de manger le dernier chocolat un jour en avance. (Note 1 : acheter un calendrier de secours au cas où) (Note 2 : se renseigner sur les calendriers de Bob l’éponge et de Jean-François Copé) Résolution 2 : trouver un vendeur de sapin qui puisse me fournir une traçabilité exacte de la provenance du résineux. (Note 3 : vérifier si la rumeur de sapin musulman est exacte… et tester le nouveau concept de sapin congelé chez Picard) Résolution 3 : conquérir de nouveaux territoires à décorer conformément aux thèmes chers à la fête de Noël. Rapide récapitulatif des lieux déjà “customisés” : Père Noël accroché au balcon, fausse neige, deux cents mètres de guirlandes lumineuses, cent cinquante boules rouges et bleues à l’effigie de François Hollande (qu’il me reste de la thématique Le changement c’est maintenant) et cent vingt boules rouges et bleues à l’effigie de Nicolas Sarkozy (qu’il me reste de la thématique La France forte). - un sur-porte (fausse porte qu’on pose sur la vraie) en imitation bois sculpté et feuilles de houx. - trois cache-radiateurs imitation cheminée, avec fausse flamme en LED basse consommation (existe en version gothique dans la collection Harry Potter ou en plexiglas dans la collection Philippe Starck).

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- un incroyable chemin de lumières (inspiré de la Grand’Rue) entre l’entrée de l’appartement et les toilettes. Projet en cours : un tuning de la voiture familiale (une C4 Picasso HDI 110 airdream) sur la thématique du traîneau, avec un intérieur pain d’épices et des cornes de rennes en guise de pare-buffle. (Note 4 : contacter l’excellente émission de TF1 spécialisée en tuning Confessions intimes) - remplacer la crèche en stickers de l’année dernière par une crèche interactive sur iPad. - prendre des cours d’improvisation théâtrale pour jouer les Pères Noël crédibles. (Note 5 : se renseigner sur le cours de Francis Huster « de Santa à Oussama, comment jouer avec une barbe ») Résolution 4 : réactualiser mon blog sur le marché de Noël au doux titre de Strasbourg, une ville au rythme de la féerie avec la liste des meilleurs chalets à churros ainsi qu’un article critique intitulé : la gaufre en bâtonnet, révolution ou arnaque.. ? Résolution 5 : être gentil. (Note 6 : vérifier l’article Wikipédia à ce sujet)



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CHRONIQUE

MA CRISE À MOI

— Par Agnès Boukri — Photo Pascal Bastien

OU T’ES OFF OU T’ES ROPP

— Pendant des années, j’ai rempli ma voiture de mille et une merveilles provenant des boutiques d’Offenbourg. J’allais régulièrement dans cette ville, au centre piéton trop mignon, pour renflouer garde-robe et frigidaire. J’ai dépensé des fortunes en chiffons, Butterbretzel et cosmétiques Weleda. Cette cure d’amaigrissement de mon porte-monnaie a duré une bonne dizaine d’année. J’ai longtemps été Off, mais depuis peu, je suis Ropp. Je ne sais pas qui a trouvé les mots pour me détourner de ma ville fétiche (Howard ?), mais je suis, à présent, une inconditionnelle du Village des marques de Roppenheim. Les pièges à éviter pour se rendre à Ropp : ne jamais partir de chez soi sans deux GPS, un rucksack et des provisions en cas de panne ; ne pas prendre la sortie Routzenheim en pensant que, dans ces contrées éloignées, les villages ont des noms voisins ; attention, après la bonne sortie, ne pas aller à Roppenheim – je vous avais prévenu, c’est compliqué – ; ne pas louper le rond-point sinon c’est direction l’aéroport de Baden-Baden et son cortège de camions ; suivre Centre de marques jusqu’au panneau. Et soudainement, Ropp se présentera, sous vos yeux ébahis, au milieu des champs de maïs. Ropp donne envie de se jeter hors de la bagnole et de faire péter la carte bancaire car à Ropp, tout est « chou », comme dirait ma belle-fille. Cette petite ville construite pour ruiner les ménagères est très accueillante, avec ses faux airs mérovingiens. Nous, les nénettes de la famille, on commence notre tour dans les remparts par une dégustation de chocolats Lindt. On remplit des sachets à ras bord de boules de praliné en papillote, puisées dans les bacs multicolores, sauf que les boules disparaissent dans nos gros bidons au fil du shopping. Ça ouvre l’appétit, tous ces magasins !

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C’est très amusant ces sauts de puces d’une enseigne à l’autre, d’autant plus que je ne connais pas de personnel plus charmant. Ici règne un micro climat de sympathie proche du délire. Prenons en exemple, le magasin Petit Bateau. À la caisse, mes Marcel à la main, je demande à la vendeuse s’il est possible d’avoir des cartons pour mon futur déménagement et là, incroyable mais vrai, la responsable du magasin m’en propose une trentaine (et pas du mikess*), puis m’indique le chemin pour les récupérer derrière les remparts. Elle m’attend avec deux piles de cartons soigneusement dépliés et me tend un rouleau de scotch brun. C’est pas beau, ça ? Avec Camille, ma belle-fille, on se regarde en pensant qu’il y a méprise sur nos personnes. C’est vrai que je ressemble de plus en plus à Claudia Schiffer et Camille à Laetitia Casta. Sinon, comment imaginer autant d’attention pour nous ? Même impression chez Fossile où la patience de la ravissante vendeuse n’a d’égale que mon indécision. Est-ce que je m’offre cette breloque hippopotame avec un petit oiseau sur le dos ou plutôt cet homard incrusté de pierres précieuses ou alors j’attends la prochaine arrivée de girafons en inox ? Dur, dur de prendre LA bonne décision ! Je décide d’attendre les girafons et repart sans sentiment de culpabilité ; ça, c’est l’effet vendeuse zen. C’est pourquoi je lance un appel à tous ceux qui n’ont pas encore osé l’aventure de Roppenheim. Vous ne trouverez peut-être pas, dès le premier coup, le manteau de vos rêves mais vous repartirez ressourcé. Ropp c’est TOP ! *Ça c’est pas du mikess est une expression alsacienne qui veut dire que les produits désignés sont de qualité.


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WHO WATCH SUPERMANNAL A ? FAIS PAS LA GUERRE, TRICOTE ! Un bonnet en une heure top chrono ? Un snood en 3h30 ? Des mitaines en 2h30 ? Facile ! Et un vrai jeu d’enfant avec les kits de laine à tricoter Peace & Wool, des tutos qui vont vous mettre dans le wool en deux temps trois mouvements. On fond pour le joli sac en coton sérigraphié qui abrite les aiguilles en bambou, de la laine 100 % naturelle, une étiquette (à coudre quand c’est fini) et le Graal… la fiche explicative, avec le B.A.B.A du tricot, simple, claire et pleine d’humour ! À en devenir accro illico et vouloir en faire son cadeau de Noël star ! Bref, des love kits pour recommencer à bien vivre, à bien consommer et qui donnent du sens à ce monde jetable. Enfin la revanche du point maousse. (M.C.D)

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Kits Peace & Wool, à partir de 24 € http://peaceandwool.com

Les menneles, ou mannalas dans le Haut-Rhin, envahissent les étalages de nos marchés de Noël… malheureusement de manière éphémère. Imaginons un instant qu’ils s’articulent et nous accompagnent tout au long de l’année ! C’est l’idée de David Bonfils, artiste graffeur colmarien, qui en a fait depuis un peu plus de 10 ans le héros du livre Supermannala raconte l’Alsace aux petits et aux grands. Le 6 décembre, le Supermannala deviendra une figurine articulée de 9 cm de haut, disponible en version peinte ou blanche – à customiser selon ses envies-. Que vous soyez chauvin de la culture régionale, admirateur de l’esprit de Saint Nicolas ou collectionneur, Supermannala veillera sur vous. (A.G.) Supermannala, série limitée de 300 exemplaires, Way of Spray (WS) - 20 € www.supermannala.com


DESIGN

AU S E RV IC E

Fondée à la fin du XIXe siècle au nord d’Helsinki, la maison d’art de la table Iittala est le portedrapeau du design nordique. À Strasbourg, c’est La Maison Scandinave qui présente en exclusivité les objets cultes de la marque finlandaise. Difficile de ne pas fondre pour le vase Savoy d’Alvar Aalto, la cocotte en fonte et bois de Sarpaneva, les oiseaux de Toikka ou les créations contemporaines de Konstantin Grcic ou d’Alfredo Häberli. Harri Koskinen, qui en est le nouveau directeur artistique, signe cette saison la délicate collection Sarjaton, avec la collaboration de cinq autres designers venus du monde du graphisme, du design et de la création numérique. Digne héritière de la fameuse ligne Teema d’Aino Aalto, Sarjaton (qu’on pourrait traduire par « dépareillé ») est un service informel et fonctionnel dont les articles se mélangent et s’entremêlent de façon spontanée. Au delà d’une histoire de rencontre pleine de style et de connivence, ce service est déjà un classique, à composer et compléter au fil des ans. (M.C.D.) Service de table Sarjaton, Iittala, à La Maison Scandinave - 5, quai des Pêcheurs 06 08 86 76 30

CD

UNE PETITE FIÈVRE ? 1984, Influenza, Deaf Rock Records Sortie officielle le 13 février soundcloud.com/1984band www.deafrockrecords.com

Cet hiver, on veut bien avoir la fièvre, mais sans la grippe. Comment faire ? Se procurer Influenza, le deuxième album de 1984 sur le label Deaf Rock Records. Entre pop mélancolique et garage rock, ce nouvel opus, très travaillé, a été produit par leurs amis des Blood Red Shoes avec qui ils partagent régulièrement la scène. Influenza, c’est Two Door Cinema Club qui aurait troqué son chanteur pour Julian Casablancas et saupoudré sa production de quelques pépites de facture plus folk. En attendant la sortie de l’album, allez faire un tour du côté de Soundcloud, où traînent quelques extraits et un joli trailer. Qu’est-ce qu’on dit ? (C.B.)

TISSUS

PRADA & PASTA C’est tout naturellement que le musée de l'impression sur étoffes nous invite à la table de Miuccia Prada, la créatrice de la maison. Deux expositions raffinées sont programmées : l'une autour de la marque à travers une rétrospective visuelle des collections antérieures et vidéos de différents défilés. L'autre en forme de festin d'étoffes : torchons, linge de table ou de maison, tissus pour l'ameublement ou habillement présentant les richesses gastronomiques du 18e siècle à nos jours. La grande bouffe, oui d'accord, mais élégante alors. (C.B.) À la table de Prada et Un festin d'étoffes, expositions jusqu'au 18 août 2013 au Musée de l'impression sur étoffes 14, rue Jean-Jacques Henner à Mulhouse www.musee-impression.com

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SELECTION ZUT ! HARLEM GLOBETROT TERS

NOËL

WINTER IS COMIN’ Strasbourg, capitale de Noël, c’est les effluves de vin chaud et de pains d’épices, c’est sûr, mais aussi tout un programme d’animations. Cette année, la Géorgie a été désigné pays hôte, et toute une partie du programme lui est dédiée : festival du film géorgien au cinéma Odyssée, exposition sur le pays au plateau d’accueil du centre administratif, concerts de musique traditionnelle, ateliers ou théâtre pour enfants à la médiathèque Malraux ou même au village des enfants place Saint-Thomas… jusqu’au village géorgien composé de 16 chalets, cœur de l'événement, place Gutenberg. Ne manquez pas le temps fort avec la représentation de Beka Gochiashvili & orchestra, jeune prodige du jazz géorgien, le 21 décembre à la Cité de la musique et de la danse. (A.G.)

Noël en Gospel, le 12 décembre au Zénith de Strasbourg www.sungospelsingers.com

Strasbourg capitale de Noël, jusqu’au 31 décembre www.strasbourg.eu

COQUETTE COQUE

Noël est le temps du gospel. Et comment mieux célébrer l’évènement qu’avec le célèbre Harlem Gospel Choir, sans doute la meilleure formation de gospel au monde, qui s’est notamment produite pour le Président Obama et dont le fondateur, Allen Bailey, a collaboré avec l’illustrissime Quincy Jones ? Leur premier concert dans l’est de la France sera l’occasion d’une opération humanitaire au profit de l’association Sun Gospel Singers. De quoi associer bonne action et plaisir musical. (J.G.)

BOOK

Que celui qui n’a jamais succombé à la folie macarons me jette sa ganache sur le champ ! Si le phénomène pâtissier a déjà son jour de fête – le 20 mars –, il a désormais sa petite bible ! Pour parfaire sa technique et multiplier les idées gourmandes délirantes, Crazy macarons livre 40 idées recettes originales concoctées par la blogueuse culinaire Sandra Pascual. La Strasbourgeoise troque sa toque virtuelle et revisite la douceur ronde devenue polymorphe : en cœur, version pomme d’amour ou éclair… Cette cuisine addict nous fait saliver sans même culpabiliser. Miam. (C.L) Sandra Pascual, Crazy macarons, Hachette cuisine www.cuisine-addict.com

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Octo (Secto)

Arts de la table Luminaires Tissus Papiers peints Petits mobiliers Textiles Objets décoratifs Idées cadéaux!

Kaasa (Iittala)

Ping & Pang (Birds by Toikka, Iittala)

5 quai des Pêcheurs, 67000 Strasbourg · Tél. 06 08 86 67 30 · info@lamaisonscandinave.fr www.lamaisonscandinave.fr · Horaires d’ouverture: mardi – samedi 10h – 18h30


SELECTION ZUT !

CONCEPT

SKIN PARTY Des soirées où l’on profite à la fois du flacon et de l’ivresse dans un beauty spot choisi pour l’occasion ? C’est le concept innovant et girly de Fanny et Guillaume, de jeunes Mulhousiens qui transforment nos débuts de soirée en un moment de bien-être et de réconfort. On parle crème, hydratation, make-up et on teste à foison tout en sirotant un thé et autres joyeusetés culinaires. Les créateurs de l’Apéro Beauté sillonnent la France depuis six mois avec un concept qui compte de plus en plus d’adeptes, comme le prouve leur dernier rendez-vous dans l’espace beauté du Printemps Strasbourg. Pour avoir la chance d’être une beautystar, il faut préalablement s’inscrire à l’événement car les places sont limitées… Pas de soap opéra, nous on crie Amour, Gloire et Beauté ! (C.L.) Prochain Apéro Beauté le vendredi 7 décembre de 19h à 22h chez Viva la vie – 2, rue Sédillot www.aperosbeaute.com www.facebook.com/aperobeaute

EXPO

GRAINE S DE TAL E NTS Les ateliers d’artistes de La Semencerie

WEB

Visuel : Claire Koç

GOÛTER D’ANNIV Soufflons la première bougie du webzine Goûts d’Alsace, orchestré avec brio par notre plume gastronomique FloraLyse Mbella. En une année d’existence, cette interface culinaire a fait du chemin et met à disposition tout un tas d’astuces, de recettes gourmandes et de news croustillantes, en valorisant les produits locaux. Et pour tout vous révéler de l’actu gastronomique en Alsace, une newsletter hebdomadaire a vu le jour à la rentrée. Notre eat-girl y partage encore plus de bons plans et de conseils, sur les produits de saison ou les accords de vin, pour un repas sans fausse note ! Coup de cœur pour les bretzels virtuels qu’elle décerne aux restaurants qu’elle teste aux quatre coins de la région ! Le bon goût a tissé sa toile et on lui souhaite une longue vie… (C.L.) www.goutsdalsace.fr

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ouvrent à nouveau leurs portes au public en décembre pour deux événements de saison. L’exposition Immaculée Conception rassemble des œuvres de plus de 25 plasticiens, artistes sonores et vidéastes, tandis que Déclic déclic est un marché temporaire dédié aux créateurs. Bijoux, objets, œuvres d’art et d’autres curiosités nées de l’imagination sans limite des artistes et artisans invités de l’exposition, résidents du lieu mais pas seulement. Pendant qu’on y baguenaude pour faire des cadeaux de Noël arty, on ne manquera le concert du Kollectif Otto Von Rhinau, une expérience à part entière. Immaculée Conception, les 7, 8, 9, 14, 15 et 16 décembre à La Semencerie 42, rue de Ban de la roche www.lasemencerie.org


Mobilier et objets design, bijoux de createurs, expositions

9 rue des veaux 67000 Strasbourg ————————————— pelemail@noos.fr http://facebook.com/pages/pêlemêle Du mardi au samedi de 10h30 à 12h30 et de 14h à 19h sauf mercredi matin

Calligaris, agenceur d’espaces de vie dans le pur esprit du design italien


ILS VIVENT, TRAVAILLENT, CRÉENT ET SORTENT DANS STRASBOURG LES HOMMES ET LES FEMMES QUI FONT VIBRER LEUR VILLE NOUS FONT DÉCOUVRIR LEUR LIEU PRÉFÉRÉ.

STRASBOURG VU PAR ... ANNE-SOPHIE TSCHIEGG

46 ans, artiste-peintre / lundi 26 novembre

OÙ ? CHEMINÉE DES BAINS MUNICIPAUX

« Elle a été ma première vue de Strasbourg ! J’habitais en face, sous les toits et elle barrait la fenêtre plein ciel. J’étais ivre de liberté. C’était l’heure de tous les possibles érigés et le monde m’attendait ! Cette cheminée, c’était enfin Strasbourg. C’était Manchester et l’Italie de Giorgio de Chirico… »

ACTU ! Exposition au Musée historique, Chapelle des Annonciades à Haguenau, jusqu’au 20 janvier 2013. www.ville-haguenau.fr Veste et pantalon à empiècements cuir et chemisier Claudie Pierlot, le tout aux Galeries Lafayette.

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Photo Christophe Urbain

Coordination, stylisme et rédaction : Caroline Lévy Photos : Éric Antoine et Christophe Urbain


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EFKAN CAGRAS

26 ans, coiffeur-créateur / mercredi 28 novembre

OÙ ? ÉCOLE SAINT-THOMAS

« Tout jeune, c’est le premier quartier à Strasbourg que j’ai fréquenté en arrivant. L’école primaire où j’ai fait mes classes, la Grand’rue où j’ai habité et les ponts à proximité ravivent mes souvenirs d’enfance. J’y suis attaché. »

ACTU ! Nouveau concept de salon de coiffure et de bien-être en appartement. Techniques de coupes à la française et spécialiste des couleurs tie & die. Utilisation de la série Nature de la gamme L’Oréal Professionnel, en vente au salon. Appart 321 - 1, place de l’Homme de fer au 2e étage – 03 88 24 23 31 www.appart321.com Caban à col amovible et chemise Superdry.

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Photo Christophe Urbain


SYLVIE BOCQUI

Photo Christophe Urbain

50 ans, écrivain / mardi 27 novembre

OÙ ? LA FERME DE BUSSIÈRE

« Elle est la porte d’entrée de la forêt dans laquelle je cours. Je redessine inlassablement ses chemins en les foulant, j’en ai des kilomètres sous la semelle ! Mes enfants y ont entendu leurs premiers concerts d’oiseaux. Ce lieu pourrait être ma résidence d’écriture, une planque avec vue ! »

ACTU ! Sortie du roman Une saison, éd. Arléa, à paraître le 3 janvier 2013. Lectures aux librairies Kléber (le 11 janvier) et Quai des brumes (le 4 avril), d’autres à venir. Vient de boucler le 1er Marathon de Strasbourg en souriant ! Pull en cachemire, veste en laine et pantalon Pablo, le tout au Printemps.

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RENAUD SCHNEIDER ET MÉRYL PRZYBYLSKI-DIOUF

40 et 25 ans, chef et responsable de salle du restaurant Pierre Bois & Feu / vendredi 30 novembre

OÙ ? BASTION 14

« À l’image du restaurant, on est sensible à la réhabilitation de lieux détournés de leur usage initial. Autrefois bâtiment militaire, le Bastion 14 regroupe aujourd’hui des ateliers d’artistes que l’on défend avec conviction. »

ACTU ! Depuis la rentrée, nouvelle décoration par le collectif strasbourgeois Butane. Carte de desserts en collaboration avec Christophe Felder. Nouveautés : viande de Salers (Cantal) proposée désormais toute l’année et salade de légumes bios accompagnée de saumon fumé maison. Pierre Bois & Feu - 6, rue du Bain aux roses – 03 88 36 25 59 www.restaurant-pierre-bois-et-feu.fr Renaud : manteau à fermeture asymétrique Vivienne Westwood et foulard en laine et soie Traits, le tout chez Revenge Hom. Méryl : manteau, jupe, pull en maille et top à col claudine Comptoir des Cotonniers aux Galeries Lafayette.

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Photo Christophe Urbain


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Photo Eric Antoine

XAVIER HÉDOIRE

44 ans, tailleur et créateur de vêtements sur-mesure pour homme / vendredi 23 novembre

OÙ ? L’ESCALIER DU PONT WINSTON CHURCHILL

« Ni monument antique, ni folie du 18e siècle, ni même ruine… Cet élément d’architecture est le seul vestige de l’ancien ouvrage d’art qui reliait l’Esplanade au Neudorf : le pont Churchill. Témoin incongru de temps pas si ancien, son hélicoïde ne mène plus nulle part, sinon vers le ciel… »

ACTU ! Bientôt le 2e anniversaire de cette boutique à large choix de tissus pour des créations sur-mesure. Cet hiver, sélection de tissus d’exception : cachemire, laine, flanelle et tweed. Pour Noël, idées cadeaux originales : nœuds papillon de fête, écharpes bi-matière ou tricotées main en laine mérinos. Boutique Xavier Hédoire – 30, rue du Vieil Hôpital – 03 90 20 39 04 www.xavierhedoire.com Veste col châle à chevrons, pantalon et gilet à carreaux, chemise vichy à col et poignets blancs, nœud papillon et pochette coordonnée, le tout Xavier Hédoire.

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CHRISTOPHE FLEUROV

Photo Eric Antoine

49 ans, galeriste et marchand d’art / vendredi 23 novembre

OÙ ? LE POINT DE CONVERGENCE, PLACE D’AUSTERLITZ

« Cette œuvre tout juste inaugurée dont je suis l’initiateur est fortement symbolique pour notre ville. Les 39 dates qui y figurent sont extraites de l’Histoire de Strasbourg. La collaboration franco-allemande de deux artistes me semblait indispensable pour la réalisation de cette sculpture, qui fait le lien entre une zone de passage et l’élément le plus remarquable : la Cathédrale. »

ACTU ! Inauguration du Point de convergence de Raymond-Emile Waydelich et Egbert Broerken le 27 octobre 2012. Lancement d’un nouveau site Internet fin décembre 2012. Ouverture de la galerie Christophe Fleurov fin janvier 2013 au 8, place de l’Université. Chemise et manteau ceinturé à empiècements cuir Bill Tornade et pull Club Monaco, le tout au Galeries Lafayette.

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ALINA BAGARIC

31 ans, responsable de la boutique Frey Wille / jeudi 22 novembre

OÙ ? RUE DES ORFÈVRES

« Cette rue est la toute première que j’ai empruntée en arrivant à Strasbourg pour mes études en Histoire de l’art. Le hasard a voulu que je travaille à proximité quelques années plus tard. Étant d’origine russe, je célèbre Noël en janvier, et l’ambiance de cette rue me permet d’avoir un avant-goût féérique de la fête ! Et puis il s’agit de la première adresse de Frey Wille à Strasbourg… »

ACTU ! Nouvelle collection Spirit of Africa. Hommage à Klimt avec la nouvelle ligne Nixe Aqua. Bientôt une collection consacrée à Egon Schiele. Frey Wille - 1, place du Temple neuf - 03 88 32 13 85 www.frey-wille.com Manteau à col fourrure Burberry chez L’Altra et foulard en soie Frey Wille.

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Photo Eric Antoine


- Illustration : Amandine Piu

Capitale de Noël

Pays hôte : la Géorgie Du 24 novembre au 31 décembre 2012 www.strasbourg.eu


PATRICIA BALLAND ET CATHY MULLER-PHILIPPE

40 et 35 ans, directrice et propriétaire de la boutique Montblanc / mercredi 21 novembre

OÙ ? PARC DE LA RÉPUBLIQUE

« Il s’agit d’un lieu incontournable pour toute l’équipe de la boutique ! Il est situé au cœur d’une architecture à laquelle nous sommes toutes les deux sensibles. Les ginkgo biloba centenaires nous subjuguent à chaque fois…»

ACTU ! Depuis novembre, premier site marchand d’une boutique franchisée, sous agrément de la marque. Ligne Pétale de rose de la collection joaillerie Grace Kelly. Montre Open date Nicolas Rieussec et pièces d’exception en éditions limitées en exclusivité France à Strasbourg. www.montblanc-boutique-strasbourg.com Patricia : manteau ceinturé Miu Miu chez Ultima prêt-à-porter. Montre et collier 4810 Montblanc. Cathy : manteau à sangles dorés Dolce & Gabbana chez Ultima prêt-à-porter.

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Photo Eric Antoine


NIKITA

Photo Christophe Urbain

44 ans, artiste-peintre / mercredi 28 novembre

OÙ ? LE PALAIS ROHAN

« Cette bâtisse constitue les fondations de Strasbourg et regroupe en son sein les valeurs artistiques de la ville. Il s’agit d’un lieu de ressource et d’inspiration pour mon travail, qui plus est à proximité de l’eau, symbole de liberté absolu.»

ACTU ! Exposition permanente dans les boutiques de design italien Calligaris à Strasbourg et Lampertheim. Rencontre avec l’artiste tous les vendredis et samedis à la boutique de Strasbourg au 3, place Saint-Pierre-le-Jeune. Exposition à la fondation Centre culturel Franco-allemand, en mars 2013. Exposition à Art Expo à Toronto en avril 2013 et à Red Dot Art Fair à Miami en décembre 2013. http://artistenikita.com Perfecto bi-matière Barbara Bui chez L’Altra.

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CLÉMENT PROTTO ET MATHIEU Z’GRAGGEN

29 ans, fondateurs de Scène de bain / mercredi 21 novembre

OÙ ? RUE DE L’ARC EN CIEL

« C’est incontestablement notre QG à tous les deux ! Un lieu de vie et de passage où les styles variés et les noctambules se croisent. Pour nous, c’est la valeur sûre pour passer une bonne soirée, notre rendez-vous automne-hiver ! »

ACTU ! Concerts privés en acoustique dans les salles de bain devant quelques privilégiés. Saison 3 avec de nouvelles vidéos : Julia Stone, Pony Pony Run Run, T (label Herzfeld) et Ewert and the Two Dragons. Deux nouvelles sessions dans le cadre du festival GéNéRiQ avec Reptile Youth et Pinkunoizu en décembre 2012. Nouvelle collaboration avec le label d’Amsterdam Excelsior. www.scenedebain.com Clément : veste en toile, cardigan en laine et t-shirt G-Star. Mathieu : pull à capuche et blouson en cuir G-Star.

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Photo Eric Antoine


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—— Dossier coordonné par Cécile Becker Photos Christophe Urbain ——

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ENTRE 1871 ET 1918, IL Y EUT UN PROJET URBAIN DE GRANDE AMPLEUR  : LA NEUSTADT. UN SIÈCLE PLUS TARD, STRASBOURG SE LANCE DANS UN NOUVEAU CHANTIER D’URBANISATION, SUR PRÈS DE 250 HECTARES DE FRICHES PORTUAIRES. FOCUS SUR UNE ZONE DE SEPT HECTARES RICHE EN HISTOIRES, AU CŒUR DU QUARTIER DU PORT DU RHIN : LA BULLE COOP, BIENTÔT HABITÉE PAR LE FESTIVAL DE L’OSOSPHÈRE.

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“ Nous trouvons de tout dans notre mémoire. Elle est une espèce de pharmacie, de laboratoire de chimie [...] ” Marcel Proust ——

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“ Est miroir, tout ce qui est digne de contemplation. ” Vincent de Beauvais ——

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L e s a n c i e n s l o c a u x d e l a Co o p a u Po r t d u Rh i n attirent toutes les convoitises. MalgrĂŠ les envies et projets qui se multiplient, son avenir r e s t e Ă t r a c e r.

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— Un e bulle d 'u t o p i e

Photo Eric Antoine

Il y a d’abord le pont d’Anvers, puis le quartier du port du Rhin, zone d’habitation pour certains, de transition pour d’autres. On n’y porte pas réellement attention, pourtant cette zone « fantôme » est active et porte depuis quelques années le futur de Strasbourg. Cet espace urbain isolé ne demande qu’à intégrer la ville, et ce sera bientôt chose faite. En mars 2010, la CUS et le Port autonome de Strasbourg, en partenariat avec la ville de Kehl, confient la réalisation d’un schéma directeur du quartier aux architectes Reichen & Robert, associés au paysagiste Alfred Peter. Objectif : respecter l’équilibre économique portuaire et penser une logique de développement urbain vers l’est en tirant parti des contraintes du site. Dans ce quartier complexe et hétérogène, chaque zone forme une bulle et a son identité propre, déterminée par sa géographie, de son histoire et de son patrimoine. Premier outil de ce développement : la ligne D du tramway, étendue jusqu’à Kehl en 2014, qui doit relier entre elles toutes ces bulles. Depuis le début des réflexions, la bulle Coop attire tous les regards. L’enseigne transfère ses services à Reichstett et les bâtiments magistraux se vident peu à peu, laissant libre cours aux idées, projets et utopies. Gérard Altorffer, architecte et urbaniste à la retraite, réfléchit à titre personnel depuis une quinzaine d’années au devenir de cette zone. Pour lui, l’intérêt pour la Coop est justifié : « Il y a déjà ce nom, la Coop. Il porte les traces du passé et est affectionné par les Alsaciens. Architecturalement, le site est riche, il y a des bâtiments qui datent du XXe siècle, de l’époque allemande, des bâtiments des années 30, des années 60 comme ce chai d’embouteillage où va s’installer le festival de l’Ososphère. » Ce festival symbolise l’intérêt que le public porte à la Coop. Du 7 au 16 décembre, des artistes viendront échanger avec ce lieu atypique en y proposant expositions, performances et concerts. Pour Thierry Danet, directeur de l’Ososphère, le festival suit la trajectoire de la ville : « Habiter Seegmuller l’an passé préfigurait l’ouverture de la ville vers son port. Cette année, la ville va à la rencontre du Rhin, et nous participons à son récit en installant l’Ososphère à la Coop. » Une nouvelle page se tourne ainsi pour le lieu, en concertation avec les équipes de la Coop, depuis le mois de mars. Georges Haffner,

responsable de la vie de la Coopérative, explique : « Ce festival qui arrive, c’est quelque chose de particulier, en interne comme en externe. Nous avons un peu hésité, mais c’est un projet commun, et ce patrimoine immobilier, nous avons envie de le faire découvrir. » Une petite centaine d’employés Hypercoop restent encore in situ, principalement dans les services administratifs mais aussi dans un atelier de sérigraphie et une petite entité de boulangerie. Il ne faut pas non plus oublier les artistes que la Coop héberge depuis plus d’une dizaine d’années. « Les locaux désaffectés, s’ils ne sont pas utilisés, se dégradent, explique Georges Haffner. Et comme ces artistes ont besoin d’espace, c’était un beau moyen de conserver les lieux. » La suite ? « Les employés resteront encore un petit peu, répond-il. Avec tous les changements en cours, c’est difficile de déterminer ce temps avec précision. » Négociation, vente, choix d’un projet : le chemin est long vers l’avenir mais les idées nombreuses. Lorsque Catherine Trautmann, présidente du Port autonome, rêve d’une maison de l’emploi franco-allemand, Philippe Bies, député de la deuxième circonscription du Bas-Rhin, évoque la cohabitation d’entreprises et d’activités culturelles plus qu’un îlot voué à l’habitation. Une vision que réfute Gérard Altorffer. Selon lui, il faut « réunir en un même lieu le travail et l’habitat ». Il poursuit : « L’affectation des sols à une fonction unique ne marche plus, toutes les villes y réfléchissent. Petit à petit, on abandonne les sacro-saints principes de la Charte d’Athènes [de Le Corbusier, ndlr], et c’est tant mieux. » C’est ainsi qu’il a réfléchi à un projet concret se basant sur le terreau artistique déjà installé, qu’il considère « idéal pour installer des réflexions urbanistiques ». Chez lui, logements, entreprises et culture se mêleraient dans « spectacle urbain différent que celui qu’offre l’Orangerie, mais qui a tout autant de valeur ». Une valeur qui reste à définir, et un futur qui reste en suspens. Plus d’informations sur le projet du Port du Rhin : www.strasbourg.eu www.reichen-robert.fr Ososphère à la Coop, du 7 au 16 décembre www.ososphere.org

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— Dan s la v o lière

— Animaux et inventaires —

Photo Éric Antoine

Il y a plus d’une dizaine d’années, Christophe Meyer, artiste graveur, s’installe dans un atelier hébergé par la Coop, là où « traversent les courants d’air et la lumière ». Un lieu chargé et propice à sa créativité. Bienvenue à l’Atelier volant qu’il partage avec son frère, le sculpteur Eric Meyer, et un corbeau.

En ce doux matin de novembre, la brume descend sur le site de la Coop. Se dressent devant nous des squelettes en bois, ornés de feuilles ; les artistes doivent être là. Oui voilà, l’Atelier volant se situe au premier étage du bâtiment biseauté. Lorsque Christophe Meyer nous ouvre la lourde porte blindée, un corbeau posé sur son épaule s’envole. « Bonjour. » L’oiseau le suivra partout, volant autour de lui, se posant sur lui, piaillant dès que l’artiste sort de son champ de vision. Surréaliste. Derrière, un vaste espace empli de feuilles de toutes sortes, des tables un peu partout, une presse pour réaliser ses gravures, de larges fenêtres. Le cadre parfait. Avant, Christophe Meyer était installé à la Krutenau, entouré de bruits d’imprimeries, de trafic, de tapages, et de mesquineries. Ici, au calme, il a dû apprendre à apprivoiser le lieu : « Avant, ils fabriquaient les pâtes ici, un ouvrier est mort ébouillanté, ça a dû laisser une âme au lieu, une trace, comme ces étagères qui ont été construites par les ouvriers. C’est une zone réputée pour être maudite. » Il y a encore quelques années, les employés de la Coop

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faisaient partie intégrante du paysage : « Un des gars de la cave à vins venait même répéter ici avec son groupe une fois par semaine. Ils aimaient bien cet endroit. Et puis, un jour, ils ont disparu. » Christophe Meyer vient ici tous les jours, il aime l’impact immédiat de la lumière : « Ça a changé ma façon de travailler. Ce n’est pas pour rien qu’on lui a donné le nom d’atelier volant : la lumière, les verrières, les oiseaux, plus loin, les pigeons, les cygnes. Sans parler du corbeau qui est arrivé plus tard. Il y a ici une énergie phénoménale. » Un peu plus loin de la ville, mais proche des « gens normaux qui savent travailler », il considère ce bâtiment comme une base importante de son travail. « Je crois au pouvoir performatif des images. J’aimerais faire revenir la magie dans un monde en ruines. » Et la métaphore fonctionne, la magie est bel et bien présente dans ce bâtiment laissé en friche et habité par toutes sortes d’histoires, réelles ou fictives, dans les gravures, dans les sculptures et dans les dessins. www.christophemeyer.net

Les tigres sortent de la jungle, sous la main de Christophe Meyer, pour venir s’installer à L’Illiade. L’artiste y présente de grandes peintures ainsi que ses gravures animales et quelques albums de son Inventaire : « Je ne le finirai jamais, c’est une entreprise métaphysique. Mais c’est un travail sur l’actualité, j’interprète visuellement ce que je vois. » Questionnements sur le monde qui nous entoure, matériaux variés, aberrations chromatiques, Christophe Meyer est un artiste cherchant le choc dans des images qui restent toutefois limpides. Rare : il présente lors de cette exposition un dessin de huit mètres de large déroulé sur une palette. Un parcours sauvage. Côté cours, exposition de Christophe Meyer jusqu’au 16 décembre à L’Illiade 11, allée François Mitterrand à Illkirch-Graffenstaden www.illiade.com


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ARTS VISUELS

LE RENOUVEAU ——— Par Cécile Becker Portraits Pascal Bastien ———

Il est installé sur un fauteuil, tenant fermement sa canne ornée d’un klaxon de vélo. Serein et souriant, il se prête au jeu de la promotion, non loin de Stephan Schesch, réalisateur du film d’animation Jean de la Lune, adapté de son livre pour enfants. Parfois, il se fatigue un peu, mais reprend de plus belle. L’activité le porte. À la fin de l’entretien, il s’exclamera, hilare : « Ah oui, dernière actu, j’ai une nouvelle dent. Alors, c’est bien fait de nos jours, elle est de la même couleur que les autres, mais ça, ça veut dire que je ne peux plus me brosser les dents, sinon les autres seront plus blanches que celle-là. » Toujours aussi malicieux. Le 31 octobre 2011, nous le rencontrions pour une longue entrevue publiée dans le hors-série que Zut ! lui avait consacré, le documentaire Tomi Ungerer, l’esprit frappeur ne portait pas encore son nom français ; Brad Bernstein, le réalisateur et son équipe s’attelaient aux derniers détails. On sentait déjà l’excitation monter, quelque chose allait se passer, quelque chose de grand. Le documentaire court désormais les festivals de cinéma, les bonnes critiques affluent, tandis que Jean de la Lune revient sur terre et sur grand écran, que l’illustrateur-agitateur repart à la conquête des États-Unis, prépare la sortie d’un nouveau livre sur l’Irlande, continue ses collages et objets... Infatigable. Qu’est-ce que vous retenez de cette année qui vient de s’écouler ? Certainement le miracle américain qui m'a aspiré, d'un coup. Le succès est au rendezvous, je suis un enfant gâté. Au fond, peut-être qu'il y a un avantage à disparaître pendant 45 ans et à être banni du pays ? Leur pardonner ? Il n’y a pas de problème. Ce qu’il faut pardonner, ce sont les

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circonstances. C’est une chance de ne pas avoir de rancune et de se débarrasser de la haine. La haine est une tyrannie horrible. Les gens qui haïssent souffrent plus que ceux qui sont haïs. On connaît votre perfectionnisme, et on sait aussi que vous êtes assez proche des deux réalisateurs, Brad Bernstein et Stephan Schesch. Êtes-vous content des films ? C’est une torture de me replonger dans mes anciens livres : si je le pouvais, je les changerais. Or pour Jean de la Lune, j’y ai été obligé. Mais je suis très content, parce qu’on a beaucoup travaillé sur l’histoire. Je les ai laissé faire, tous les deux, ce sont avant tout leurs films. Brad Bernstein nous a soumis son documentaire, à ma femme et moi, on n’a eu aucun reproche à lui faire. Le seul problème, mais ça c’est mon problème, que j’ai aussi lors d’une exposition, c’est qu’il n’y a jamais tout. J’ai fini par me faire à l’idée qu’on ne peut pas tout présenter avec une vie pareille [rires]. Dans Jean de la Lune, la voix du personnage principal est assez rauque, et l’on vous entend vous aussi raconter des éléments de l’histoire... Là où on a vraiment bien travaillé, c’est sur l’apprentissage de Jean de la Lune, lorsqu’il arrive sur Terre. C’est évident qu’il ne parle pas la langue et qu’il faut qu’il l’apprenne. C’est très bien pour les enfants qui débarquent dans un pays étranger, pour les émigrés ou pour les enfants qui n’ont pas les moyens de s’exprimer. Il y a un discours parallèle sur la différence. Je suis ravi des voix, d’ailleurs, j’adore faire la narration, lire mes histoires en anglais, en allemand,

en français. Jouer sur ma voix [il prend une voix grave et rit]. Là, comme ça. C’est fatigant, mais c’est un exercice qui me passionne. Avec toute cette actualité, vos 80 ans l’année dernière, deux films cette année, le nouveau livre : vous ne vous arrêtez jamais... C’est pire que jamais. En ce moment, ça s’est déchaîné avec mes nouveaux objets, mes éditions de grands collages, ces livres, ces films... Je n’ai pas été en aussi bonne santé depuis des années. Parfois, je n’ai pas d’énergie, mais il y a des journées où je travaille huit heures d’affilée. Avez-vous encore de nouvelles idées ? Je continuerai toujours à travailler. En chemin, il y a mes short stories, mais il ne faut pas que je perde la tête, je suis toujours dispersé entre une chose et une autre. De temps en temps je me “coagule” sur une chose, et puis hop ! Exactement comme dans le documentaire où l’on vous voit passer d’une chose à l’autre, être de mauvais poil puis un peu triste parfois... Tout ça, c’est grâce à Brad. Il a su me mettre à l’aise, et nous avons passé deux ans ensemble, de manière sporadique, mais partout : à New York, à Strasbourg, Zürich, en Irlande… Ça aide. Mais c’est vrai, j’ai un tempérament de cochon [rires]. Maître des Brumes, nouveau livre de Tomi Ungerer, L’école des Loisirs, à paraître en février


NOUS L’AVIONS RENCONTRÉ À ZURICH EN OCTOBRE 2011. UN AN PLUS TARD, NOUS REVOIL À FACE À TOMI UNGERER À L’OCCASION DE L A SORTIE DE DEUX FILMS, D’UNE NOUVELLE EXPOSITION DÉDIÉE AU JEU DANS SON ŒUVRE ET AVANT L A PARUTION D’UN NOUVEAU LIVRE. L’ARTISTE MAINTIENT TOUJOURS UN RY THME EFFRÉNÉ, ET NE DEVRAIT PAS S’ARRÊTER DE SITÔT.

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ARTS VISUELS

— Petite leçon d’histoire

——— Par Cécile Becker Photo Sam Norval ———

80 ans d’une vie bien remplie pour 98 minutes de film. Brad Bernstein réalise Tomi Ungerer, l’esprit frappeur, un documentaire d’une justesse frappante à l’image travaillée. On y voit l’illustrateur au naturel, relater un parcours chaotique ponctué de fulgurances. Un film qui traverse les âges.

Les documentaires butent souvent sur le même écueil. Quand les témoignages y ont une place centrale, la qualité des images passe au second plan. La force de Tomi Ungerer, l’esprit frappeur, c’est que chaque image pourrait être une photographie et que les informations sont d’une précision rare. « Il faut de l’audace pour sortir un film comme ça, avec juste ma gueule. Mais Brad l’a fait avec tact », souligne Tomi Ungerer lors de l’avant-première au Star Saint-Exupéry à Strasbourg. Pour illustrer le propos, ses dessins sont parfois mis en animation et ajoutent une dynamique singulière. Tout autant qu’un voyage dans l’histoire, et dans celle du dessinateur, c’est un émerveillement visuel que proposent Brad Bernstein et son monteur, Rick Cikowski. Comme tout Américain, ils découvrent Tomi Ungerer à travers les rééditions de Phaidon – après 40 ans d’absence dans les librairies –, et en découvrant le parcours de l’artiste dans les pages du New York Times, ils se demandent pourquoi il a été oublié aux États-Unis malgré une place prépondérante dans le milieu de l’illustration. L’idée de faire un film naît du projet fou de réintroduire l’œuvre du dessinateur aux États-Unis et de traiter son

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œuvre pléthorique. « Un jour, nous avons reçu ce superbe courrier de Tomi, avec un dessin et cette note : ”Appelez-moi n’importe quand, mais vite”. » Les voilà sur la route de West Cork en Irlande pour débuter le tournage. Rick Cikowski se souvient : « Les premières images que Brad m’a montrées sont celles de la première interview, avant qu’elle ne débute. Tomi refuse de répondre aux questions. J’ai été fasciné. Là, on s’est dit que le documentaire allait durer six heures... » Cette scène est représentative de son sujet : « Par moment, il perd contact avec la réalité, mais son expérience de la vie et son intelligence lui permettent de comprendre les raisons de sa folie et son génie », explique Brad Bernstein. Le film met en lumière le lien très fort entre l’histoire personnelle de Tomi Ungerer et son œuvre. L’artiste prend parfois ses fantasmes pour argent comptant. Lors de l’avant-première, Tomi se rappelle ainsi ses livres bannis des États-Unis et affabule : « Lors de la chasse aux sorcières, j’ai été kidnappé. » Derrière lui, sa fille Aria lève les yeux au ciel, le public s’en amuse. Tomi Ungerer écrit sa propre légende et ce film en est le témoin le plus probant. En passeur, Maurice Sendak [auteur et illustrateur pour enfant, célèbre

pour son Max et les maximonstres publié en 1963, ndlr] apparaît dans le film, quelques mois avant sa mort. Il clame l’influence de Tomi Ungerer sur son travail et rappelle la bienveillance qu’il manifeste à la fois pour l’homme et son travail. À l’hommage qui lui est exprimé, l’intéressé répond : « L’amitié est tellement plus facile quand on se respecte et qu’on s’admire… Les éloges qu’il m’a formulées avant de mourir, c’est incroyable ! C’est le triomphe de l’amitié. J’ai toujours rendu hommage à Maurice Sendak, je lui ai dédié La Grosse Bête de Monsieur Racine... Lorsqu’il est décédé, c’était affreux pour moi. » Nul doute que là où il est, il se montre fier de son ami, en pleine reconquête des Etats-Unis, un pays qu’ils ont abreuvé de livres tous deux, main dans la main, il y a de cela 50 ans. Tomi Ungerer, l’esprit frappeur de Brad Bernstein et Rick Cikowski, sortie officielle le 19 décembre 2012 Lire aussi le hors-série de ZUT ! consacré à Tomi Ungerer, actuellement en librairie


— Et Tomi conquit l a Lune

Quelle est votre relation au livre Jean de la Lune ? Pourquoi avez-vous choisi cette histoire ? C’est simple, c’était mon livre d’enfant préféré. Quand j’étais moi-même enfant, cet ouvrage était comme un journal très important. Au début des années 70, des fusées étaient fréquemment lancées sur la Lune : c'était un livre de référence pour construire une fusée, aller sur la Lune, connaître la vie extra-terrestre et redécouvrir la vie sur terre. Ce n’est pas seulement une histoire, mais aussi un visuel fort qui m’a beaucoup impressionné. Tout comme pour Les Trois Brigands (1961), j’ai un peu oublié Jean de la Lune (1966) en grandissant mais je l’ai redécouvert avec mes enfants… Est-ce aisé de travailler avec Tomi sur l’adaptation d’un de ses livres ? Il s’agit de construire une relation de confiance avec lui, mais ce n’est pas difficile, bien au contraire ! Comme pour Les Trois Brigands, il nous a rapidement posé la question : « Comment allons-nous faire un si grand film d’un si petit livre ? » Nous avons organisé plusieurs réunions pour creuser l’œuvre, y déceler toutes les subtilités et les

——— Propos recueillis par Justine Goepfert ———

Entre souvenirs d’enfance et choix professionnels, Stephan Schesch revient sur le processus de création de son dernier né, le long-métrage d’animation Jean de la Lune. Apres avoir produit Les Trois Brigands en 2007, le réalisateur allemand s’attaque une nouvelle fois à l’univers de Tomi Ungerer.

détails, et en augmenter le volume. Mais au final, la tendance s’est vite inversée : nous avons dû sélectionner les morceaux à garder, tant il y avait de choses à dire. Tomi Ungerer dit que les enfants ont besoin d’avoir peur pour pouvoir surmonter leurs angoisses. Quel est l’élément de peur dans Jean de la Lune ? Le côté noir du film, c’est le Président et le système totalitaire qu’il installe. Il a conquis la Terre entière, il est entouré d’une foule de VIPs qui font peur. Même s’il n’y a pas de scène de violence, tout est dit quand les barreaux tombent sur Jean de la Lune : on comprend très bien que le Président est le méchant. Pourtant, il est beau, éloquent et bien habillé, il ne ressemble pas aux méchants habituels et il est difficile de distinguer, au premier coup d’œil, le bien du mal. Je suis de l’avis de Tomi Ungerer sur les enfants, ils n’ont pas besoin de film pour enfants, mais de bons films. Ce long métrage leur plaît autant qu’il plaît aux parents ou aux grands-parents : il réunit les trois générations dans une même salle grâce à des problématiques universelles.

Quel est le souvenir qui rend cette réalisation si spéciale à vos yeux ? C’est très difficile à dire. Après avoir réalisé le story-board, avec voix et montages, nous avons projeté un animatic [un support-test visuel généralement utilisé pour trouver des financements, ndlr] de 90 mn dans une salle de cinéma devant un grand public. C’est une étape de création habituelle, mais nous avions tellement poussé cette étape que le résultat était vraiment réaliste et la réaction des spectateurs a été sans appel : « Mais, il est prêt ce film ! » Ce n’était que le début de la vraie production, mais ce fut un coup de cœur immédiat. Propos recueillis le 16 novembre 2012 à l’occasion de l’avant-première de Jean de la Lune au cinéma Star Saint-Exupéry Jean de la Lune de Tomi Ungerer et Stephan Schesch, sortie officielle le 19 décembre 2012

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ARTS VISUELS

——— Par Cécile Becker ———

— Du jeu naît le d essin Au musée Tomi Ungerer, Tomi s’amuse avec 120 pièces rarement montrées. À partir de sa collection de jouets bricolés, l’exposition temporaire est consacrée à l’imagerie qu’il collectionne depuis les années 60. Et crée des ponts entre ses inspirations, son œuvre et le rôle central du jeu.

Teddy-Bär acquis par Tomi Ungerer dans les années 1980, Canada Collection Musée Tomi Ungerer Centre international de l’Illustration, Strasbourg Photo : Musées de la Ville de Strasbourg / Mathieu Bertola

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Rendez-vous au premier étage pour la visite de l'espace temporaire du musée. Surprise : Tomi Ungerer est là, assis sur une chaise, il discute. Mon regard est attiré par une peluche sous cloche. Elle ressemble à Otto : un peu abîmée, différente. En se rapprochant, on voit le livre de Tomi Ungerer posé au pied de l'ours. Remarquant mon mouvement, Tomi Ungerer réagit : « Ce Teddy Bär, je l'ai trouvé dans une brocante au Canada, je l'ai acheté parce qu'il avait un regard étrange, une attitude qui m'a interpellé. Il m'a inspiré pour mon livre. » Cette relation de « coup de cœur, coup de foudre » avec les jouets, l'illustrateur, ici collectionneur, l'entretient toujours. « Mon rêve, ajoute Tomi Ungerer. Ce serait d’ouvrir un musée où les enfants puissent fabriquer leurs propres jouets. Ce serait fantastique ! » Exactement comme il s’est amusé à modifier quelques jouets ici présentés. Comme un clin d’œil, en plein milieu du premier étage, une table illustrée où les enfants peuvent colorier ou jouer avec des copies conformes de jeux imaginés par ses soins, pour Marianne Debaene, coordinatrice du service éducatif des musées, « il était important qu’on ne se sente pas frustré de ne pas jouer alors que l’on visite une exposition consacrée au jeu ». Sur les 6500 pièces que le musée a à sa disposition, comment choisir ? Thérèse Willer, conservatrice du musée, explique : « Cette fois, Tomi Ungerer n’a pas choisi. Nous avons eu cette lourde tâche avec Martine Debaene. Cette exposition, nous la voulions très ludique. » En partenariat avec la Haute École des Arts du Rhin, le musée présente également une application iPad mettant en rapport L’ABC de Babar (1939), l’un des premiers livres lus par Tomi Ungerer, et deux

abécédaires imaginés par lui-même. Autre parcours : celui de Central Vapeur, collectif d’illustrateurs, dont certains proposent des réinterprétations de dessins de Tomi Ungerer. Il est question dans cette exposition d’allers retours entre l’œuvre de l’illustrateur, celles de confrères et ses collections de jouets et d’images qui poussent encore un peu plus loin la compréhension de son univers. L’une des scènes de son livre pour enfants Jean de la Lune est reconstituée avec des jouets de sa collection. Dans les imageries présentées, qu’il a récupérées en courant brocantes et bouquinistes, les thèmes abordés rappellent ceux traités par le dessinateur ; tout y est : le diable, l’aventure, le jeu sur papier, le hasard, la société. Une des pièces maîtresses rassemble tous ces éléments : une série rare de dessins réalisée pour la compagnie d’assurances Scor, où l’on retrouve des motifs de dominos, de dés et de puzzles. Le jeu est partout, sur le papier, dans l’imaginaire, au creux des mains. Le jeu est aussi dans le jeu. Une exposition fraîche et heureuse. Tomi s’amuse, exposition de jeux et jouets de la collection Tomi Ungerer, jusqu’au 31 mars au musée Tomi Ungerer, centre international de l’illustration à Strasbourg www.musees.strasbourg.eu


STRASBOURG NUMÉRO 9


I L L U S T R AT I O N

À TOUTE VA P E U R ! ——— Par Géraldine Bally ———

DES ILLUSTRATIONS, DE L A BANDE DESSINÉE, DES SÉRIGRAPHIES ET DU DESSIN : L A RICHE PROGRAMMATION DU FESTIVAL CENTRAL VAPEUR REFLÈTE L A BOUILLONNANTE ACTIVITÉ DE L’ASSOCIATION ÉPONYME QUI LE PORTE. DEPUIS DEUX ANS, ELLE REND AUX ILLUSTRATEURS STRASBOURGEOIS L A PL ACE QU’ILS MÉRITENT : CELLE D’ARTISTES CONTEMPORAINS. ZUT ! 56


—— Laurent Moreau / Les Rhubarbus

« Le festival, c’est avant tout montrer une diversité de la création. » Voilà comment débute notre rencontre avec Fabien Texier, directeur artistique du collectif Central Vapeur. Née en octobre 2010, l’association regroupe avant tout de jeunes illustrateurs prêts à faire le grand saut dans l’univers exaltant – et effrayant – de l’édition, mais aussi divers collectifs de la région, de Suisse, d'Allemagne et même d'Espagne, des auteurs indépendants et toutes sortes d’acteurs culturels de Strasbourg et au-delà. « Je me rendais bien compte de l’importance des créations illustrées dans la région », explique Fabien Texier, dont l’une des préoccupations principales est de permettre au grand public de les identifier et de les apprécier à leur juste valeur. C’est avec un sourire en coin qu’il cite quelques grands noms de l’illustration, comme Patrice Killoffer, connu pour ses dessins de presse pour Libération et Le Monde, qui fait partie des fondateurs du collectif. Avec un budget estimé entre 15 000 et 17 000 €, la manifestation Central Vapeur2 reflète de manière événementielle l’effervescence créative que l’association s’attache à défendre au quotidien. « Nous avons un contenu artistique très intéressant, explique fièrement Fabien. Pourtant, nous n’avons pas de tête d’affiche comme au festival d’Angoulême par exemple... mais ce n’était pas notre volonté. » C’est à travers un parcours expérimental dans toute la ville que les initiés assidus, novices intéressés et badauds curieux pourront partir à la découverte d’affiches sérigraphiées, d’impressions en format géant, de peintures, de dessins hyperréalistes… « L’exposition Cheval Vapeur à la Haute École des Arts du Rhin met en avant 70 auteurs et une centaine de pièces. Nous avions l’idée d’une exposition panorama sans pour autant être exhaustive. » Comme le souligne Fabien Texier, « il y a toujours un danger de cloisonnement, mais si l’on cherche à tout montrer, plus rien ne sera identifiable ! » Central Vapeur2 se veut une « manifestation européenne », qui crée des liens entre les pratiques de l’illustration et joue sur les confrontations d’univers. Au Hall des chars, Nicolas Mahler, auteur autrichien de bande dessinée minimaliste en noir et blanc, rencontre ainsi Etienne Chaize, pur illustrateur strasbourgeois de dessins hyperréalistes un peu fous. Des artistes aux antipodes, dont le rappro-

—— Icinori

chement accentue la singularité. « Le but était de mettre en place une correspondance entre les influences géographiques afin d’en opposer les styles, explique Fabien Texier. Ils se sont retrouvés sur l’ironie de leurs dessins et sur la liberté d’organiser leurs images, leurs récits. » Chez Central Vapeur2, les mondes se croisent aussi ailleurs. Qui a dit que le festival concernait uniquement l’illustration ? « On a misé sur la diversité, car très souvent, les artistes illustrateurs travaillent aussi d’autres techniques et sont passionnés par des arts qui fusionnent plus souvent qu’on ne le pense. On a parfois tendance à vouloir séparer les choses et je pense que Central Vapeur est l’un des rares lieux où l’ont peut faire la synthèse de tout ça. » On aura donc l’occasion de se faire une toile au Star avec les deux films d’animation The Plague Dogs et Batchelor, d’aller sentir vibrer le Hall des Chars au son de nos amis Dj’s et vidéastes de Panimix, ou encore d’apprendre quelques techniques de gravure et de sérigraphie durant les ateliers animés par différents collectifs. Il y en aura pour tout le monde, et cela tombe bien pour Fabien Texier, qui affirme « ne pas avoir de public exclusif. On s’intéresse aux démarches

fortes et originales, j’espère que tous les publics pourront s’y retrouver. » Tout simplement. Ces publics ne manquent pas, dans l’une des villes qui surfe depuis toujours sur la vague de l’illustration. Strasbourg est une terre d’exception qui a vu grandir de grands artistes : Gustave Doré, Hansi, Albrecht Dürer, Henri Zislin, Tomi Ungerer… Vous avez dit Tomi Ungerer ? Central Vapeur en a fait son invité privilégié à l’occasion de sa nouvelle exposition dans les murs de son musée. « On a la chance de pouvoir collaborer avec un illustrateur de classe internationale, ultra populaire dans la région, le préféré des Alsaciens, ajoute avec enthousiasme Fabien. Nous en sommes très fiers. Il est d’ailleurs aujourd’hui une source d’inspiration pour beaucoup d’illustrateurs. » Central Vapeur2, du 7 au 16 décembre à Strasbourg Station centrale au Hall des Chars, parcours à travers la ville en 10 stations (Cinéma Star, Troc’afé, Quai des Brumes, Palais du Rhin, Haute École des Arts du Rhin, TJP Grande Scène, Université de Strasbourg…) http://centralvapeur.org

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I L L U S T R AT I O N

—— Vincent Mathy / Les Cahiers de l'Articho

— Vu d e l ’int éri eur

—— Séverin Millet

—— Violaine Leroy / Les Rhubarbus

Central Vapeur 2, ce sont des centaines d’œuvres et des dizaines d’artistes. Parmi eux, Eugène Riousse, Chamo de l’association Articho et Violaine Leroy nous racontent leurs motivations et leurs parcours. ——— Par Géraldine Bally ———

Indépendants, en duo ou dans un collectif, maîtres dans l’art de la sérigraphie, de la BD ou du dessin pour enfant, Strasbourgeois ou Parisiens, nos trois acolytes se connaissent et vivent de la même passion, mais sont loin d’avoir la même histoire. Tous trois participent au festival, nous annoncent-ils avec excitation. « Je vais porter plusieurs casquettes durant le festival, raconte d’abord Eugène Riousse, étudiant en dernière année à la Haute École des Arts du Rhin. Je tiens un stand avec la revue Vignette, j’anime un atelier gravure et je suis en même temps impliquée dans l’association Central Vapeur. » Son truc, c’est l’édition, le travail d’auteur et les dessins de presse, de temps à autre. Il y a deux ans, ils étaient plusieurs étudiants de la HEAR à vouloir lancer une revue d’illustration. C’est désormais chose faite. Pendant le festival, ce sont une douzaine d’affiches qui seront présentées en sérigraphie et grand format. Le samedi 8 décembre, ce sera cours de gravure au Hall des chars. À un jour près, Eugène Riousse aurait côtoyé l’Articho, collectif venu tout droit de la capitale pour un atelier de fresque à colorier et un stand tenu par Chamo : « Nous venons pour rencontrer les auteurs et les différents collectifs présents,

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raconte-t-il. C’est une super occasion pour discuter avec du monde et présenter notre revue thématique Les Cahiers de l’Articho. » L’Articho en est déjà au quatrième numéro de ce semestriel qui explore le dessin sous tous les angles à travers une thématique à chaque fois différente. Là encore, pas de public précis, les sujets sont parcourus de manière transversale, mêlant illustrations jeunesse et art « trash » pour adultes. « Nous sommes un peu comme Central Vapeur : on organise des expos, des fêtes, on a même déjà publié un livre pour enfant, raconte Chamo. Même si on travaille tous de manière différente, avec les autres collectifs ou illustrateurs, nos visions de l’illustration ont beaucoup de similitudes. On a peut-être un pied dans le dessin jeunesse, mais nous sommes tout de même très proches. » Pourtant, à entendre Violaine Leroy du collectif Les Rhubarbus, les gens de L’Articho ne sont pas les seuls à voir la vie en rose, comme les enfants : « Nous allons exposer des affiches sérigraphiées qui proviennent d’un projet artistique sous forme de jeu, explique-t-elle. Il s’agit de représenter des pays imaginaires en se basant sur des scénarii, imaginaires eux aussi. »

Faisant partie du noyau dur de Central Vapeur, Violaine Leroy se réjouit de la possibilité qui lui est offerte de faire des rencontres et de mettre en avant son collectif et les auteurs qui en font partie. « Nous y avons déjà participé l’an passé, et j’ai bien senti qu’il y avait une attente de la part du public, qui semblait réellement ravi de venir découvrir ce monde. ». Eugène Riousse est du même avis : « Grâce au maillage qui sera mis en place dans la ville, les gens seront inévitablement confrontés à l’un ou l’autre des événements. Ce n’est pas parce que c’est pointu que c’est obtus ! » Pour Chamo, c’est sa première participation au festival et il y croit « à fond ! » : « C’est absolument nécessaire pour une ville comme Strasbourg d’organiser une telle manifestation. Il y règne une vraie effervescence, ça grouille de créativité, ce serait dommage de ne pas le mettre en valeur ! »


— La vi e de s héros Plébiscité pour son album Jeanine, Matthias Picard, issu des Arts Décoratifs de Strasbourg, affectionne les héros discrets et attachants (comme lui). Il sera l’invité de Central Vapeur 2 le 8 décembre prochain. ——— Par Benjamin Bottemer ———

Pour ses premières publications, au sein du collectif Troglodyte, Matthias Picard collabore à dix numéros du fanzine Écarquillettes et au très beau webzine Numo, qui optimise la bande dessinée pour le web de manière créative, revisitant remarquablement une culture populaire boostée aux dingueries désopilantes. Mais son vrai coup d’éclat, il le réalise dans les pages de la revue Lapin, éditée par l’Association. Matthias y présente Jeanine, récit de sa rencontre avec sa voisine de palier strasbourgeoise, une prostituée qui lui conte l’histoire de sa vie. Une naissance en Algérie, des relations difficiles avec les hommes, et un désir de reconnaissance associé à une imagination qui semble débordante. « Ce n’est pas l’envie de traiter du thème de la prostitution mais la rencontre avec Jeanine qui a tout déclenché, explique Matthias. J’ai aimé insister sur la part de romance dans son récit, l’idée étant de montrer comment un personnage raconte sa vie. » Un album paraît en

avril 2011 et remporte un véritable succès. Si Matthias avait sous la main une histoire forte et un vrai personnage, c’est son talent et son parti-pris de la sobriété et de la distance qui font que la vie et la personnalité de Jeanine rayonne véritablement au fil des pages. Dans son dernier album, il décline une autre figure. Le scaphandrier y Jim Curious évolue, en 3D s’il vous plaît, dans d’étranges abîmes aquatiques. « En dehors de Jeanine, mes travaux tiennent davantage de la fiction pure. Je crois que le lien, c’est la figure du héros. Je creuse la question de savoir comment est-ce que l’on s’attache à un personnage incroyable. »

À lire : Jeanine et Jim Curious éditions 2024 Rencontre avec Matthias Picard le 8 décembre à 15h à la Librairie Quai des brumes, dans le cadre Central Vapeur 2 www.matthiaspicard.com

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ARTS

FÉLIN POUR L’ A U T R E ——— Propos recueillis par Claire Tourdot ———

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LE JOUR OÙ GRAND LÉON SE RÉVEILLE À CÔTÉ D’UNE JOLIE JEUNE FILLE, IL CROIT DEVENIR FOU. OÙ EST PASSÉE L A PETITE CHAT TE NOIRE QU’IL A RECUEILLIE ET QUI LUI TIENT COMPAGNIE ? AVEC MINE, UNE VIE DE CHAT, ANNE-CAROLINE PANDOLFO ET TERKEL RISBJERG IMAGINENT UN CONTE POUR ADULTES, L’HISTOIRE D’UN AMOUR FOU ENTRE UN GARCON UN PEU NAÏF ET UNE FEMME/CHAT. POÉTIQUE, ÉTONNANT, MAIS SURTOUT TOUCHANT.

Pendant de nombreuses années, vous avez travaillé ensemble dans l’animation. Comment est né Mine ? Terkel Risbjerg : On a beaucoup collaboré, et depuis très longtemps, on avait envie de travailler juste tous les deux. On voulait contrôler plus de choses et avoir un projet dans lequel on pouvait réellement croire. Anne-Caroline Pandolfo : Dans ce milieu, ce sont des équipes de 100 personnes avec une hiérarchie bien précise. Toutes les décisions se prennent à plusieurs et les négociations sont constantes. Après 10 ans passés là dedans, on était un peu fatigués... Les dessins de Mine sont très dynamiques, il est facile d’imaginer certaines scènes adaptées à l’écran. Pourquoi avoir fait le choix de la bande dessinée ? A.-C.P. : La forme du roman graphique permet de raconter beaucoup plus de choses, difficiles à aborder avec l’animation. Au départ, nous avions imaginé un tome sur chaque personnage. T.R. : Bien sûr, il y a beaucoup plus à raconter sur ces personnages mais il faut aussi garder une part de mystère... Comment avez-vous travaillé ? A.-C.P. : J’ai écrit le scénario, mais on travaille toujours en binôme, en faisant des allers retours entre écriture et illustration. Comme j’ai étudié en fac de lettres puis aux Arts Déco, j’oscille entre le texte et l’image.

Vous pensez déjà à travailler ensemble sur un prochain projet ? A.-C.P. : Oui, on travaille actuellement sur un autre roman graphique pour octobre 2013 : l’adaptation de L’Astragale d’Albertine Sarrazin, une œuvre culte des années 60. Cette fois-ci, il n’y a pas du tout de fantastique : c’est l’histoire d’une fille qui s’échappe de prison et découvre l’amour en pleine cavale. Ce sera, pour le coup, une histoire plus terre à terre que celle de Mine, fortement marquée par l’univers du conte. A.-C.P. : Je suis très touchée par les contes comme ceux d’Anderson, en particulier La Petite Sirène pour le côté absolu du personnage et sa quête d’amour plus fort que tout... J’aime les histoires réalistes dans lesquelles entre une part de fantastique. C’est sans doute un sentiment assez enfantin, mais c’est comme si tout pouvait devenir possible. Dans Mine, en rencontrant l’amour, chacun des personnages se découvre lui-même pour ensuite devenir autre chose. Je voulais raconter ce dépassement de soi. Le conte et le cheminement intérieur vont de pair, ils permettent de dire des choses profondes de manière poétique, légère et touchante. J’ai beaucoup travaillé là-dessus, notamment sur l’aspect émouvant et tendre des personnages. Le roman graphique est du coup un bon média car ce n’est pas très courant de faire référence au conte dans les écrits pour adulte. Après, j’ai l’impression que dans la bande-dessinée, on aime plus les cauchemars que les rêves. Avec Mine, on est peut-être un peu en décalage.

T.R. : Dans le roman graphique, il y a un penchant qui tend souvent vers le reportage de guerre, le documentaire alors que dans Mine il y a une sensibilité particulière. Par ailleurs, l’influence japonaise est perceptible dans l’écriture d’Anne-Caroline. A.-C.P. : Oui c’est vrai, j’ai beaucoup été influencée par Chronique de l’oiseau à ressort d’Haruki Murakami. Dans la culture japonaise, on a cette intrusion du surnaturel dans la réalité. Et puis ce qui inspire beaucoup le dessin de Terkel, c’est la peinture chinoise de Qi Baishi. T.R. : Je ne sais pas si c’est une inspiration flagrante mais c’est certain. Je n’utilise pas toujours l’encre comme lui mais je recherche les matières, je change de papier. Je ne me lasse pas non plus des gravures des pré-impressionnistes comme Daubigny, Manet, Corot ou Rousseau et des films d’Orson Welles, Fritz Lang et Carl Th. Dreyer. C’est peut-être une influence qui se perçoit plus directement. Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg, Mine, une vie de chat, éditions Sarbacane

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SCÈNES

ARCHAOS

“ Probablement que je cherche la fonction cathartique de l’expérience théâtrale… ”

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En haut : Kindertotenlieder, 2007 – Photo : Mathilde Darel / En bas : This is how you will disappear, 2010 / Photo : Seldon Hunt.

——— Propos recueillis par Sylvia Dubost ———


C’EST DES JEUNES ARTISTES LES PLUS PASSIONNANTES DU MOMENT. MET TEUR EN SCÈNE, CHORÉGRAPHE ET PL ASTICIENNE, GISÈLE VIENNE CONSTRUIT UN UNIVERS SINGULIER ET D’UNE GRANDE PUISSANCE PL ASTIQUE, QUI FOUILLE NOS ANGOISSES ET NOS FANTASMES. SA VENUE À STRASBOURG AVEC TROIS SPECTACLES OFFRE UNE OCCASION UNIQUE DE DÉCOUVRIR UN MONDE SIDÉRANT. La question de la beauté est un aspect essentiel de votre travail. Comment l’abordez-vous ? Elle est abordée dans toutes ses contradictions. Dans This is how you will disappear, il est question des deux directions les plus fondamentales : la beauté de l’ordre et celle du désordre. Il y a d’abord le désir de perfection, puis une esthétique extrêmement romantique, très XIXe et qu’on retrouve aujourd’hui dans la culture liée au rock, où le chanteur semble avoir une aura et se détruit. Je les amène dans des endroits extrêmes pour découvrir ce qu’il y a de fascinant dans ces deux types. Cela dépasse les enjeux esthétiques : nous sommes tiraillés entre le désir de perfection et de chaos, entre beauté apollonienne et dionysiaque. Cette tension intérieure est un moteur essentiel. Au questionnement répond aussi la forme, dans laquelle vous semblez aussi en quête de beauté… On met littéralement en scène ces questionnements esthétiques, notre fascination, notre répulsion. Mais les pièces y échappent : on propose de vraies expériences physiques au spectateur. L’expérience physique peut modifier la pensée. Les spectacles sont accessibles à des spectateurs de cultures très différentes. Ce sont des pièces complètes, où il y a travail très fort sur champ visuel, sonore, littéraire, qui tentent de suivre la veine du fantasme wagnérien du XIXe. On invite le spectateur à s’impliquer avec son histoire, avec ses fantasmes. Vos spectacles prennent parfois des formes très différentes… Je recherche l’objet qui pourrait correspondre le mieux. Les questionnements théoriques rencontrent des désirs, de collaboration, d’univers, et je commence à articuler tout ça. Entre Jerk et This is how you will…, on peut penser que les formes sont contraires. Jerk est sobre d’un point de vue visuel. La parole est présente mais rien n’est montré, tout est suggéré à travers quelques pauvres marionnettes qui vont traduire cette expérience sur scène. This is how you will disappear est un délire épique dans une forêt, très imposant, très spectaculaire, avec des personnages muets, où tout ce qui est

refoulé est exprimé sur scène de manière onirique. Dans le fond, diverses choses lient les deux spectacles, notamment rapport à la parole. Kindertotenlieder est un pont entre la culture romantique du XIXe et la culture rock du XXIe. On essaye de mettre en œuvre ce lien entre le jeune Werther et Kurt Cobain. On est dans un romantisme extrêmement séduisant, avec des pulsions de morts dynamiques. Il y a une stimulation dans l’expérience du côté sombre. Cela touche tout le monde, on aborde là des questions essentielles. Ce que je fais est un langage particulier mais pas du tout inaccessible. Quelle est pour vous la fonction d’une scène de théâtre ? J’ai l’impression que ce qu’on fait s’inscrit de plus en plus dans le rôle du théâtre dans ses formes les plus archaïques. La tragédie grecque est un catalogue de mises en scène de tous les interdits, tous nos désirs et inquiétudes, déployés de manière extrême. On me demande parfois : « Pourquoi ces sujets aussi fous ? » C’est important qu’il y ait des endroits dans notre société où on puisse s’y confronter. Probablement que je cherche cette fonction cathartique de l’expérience théâtrale. Le rôle des fantasmes et des fantômes qui nous hantent est le sujet central du théâtre et de mon travail en particulier. Je cherche à préserver la zone de liberté incroyable qu’est le champ de l’art, où les spectateurs peuvent dialoguer avec ce qui nous est le plus intime. Quel rapport entretenez-vous au cinéma ? On me pose souvent la question, et je viens justement d’écrire un texte dans un livre sur les rapports entre danse et cinéma. Il y en a plusieurs. D’abord quelque chose de plastique, d’esthétique. Il y a un jeu, très réaliste, un rythme, qui donnent cette impression. Mais aussi quelque chose de plus étrange : on a conscience de la réalité et, en même temps, on est face à une image qui serait presque un écran. On me parle souvent de Lynch, mais les spectateurs trouvent mille références. Il y a aussi le travail rythmique et très chorégraphique. On pourrait appeler ça des effets spéciaux, des mouvements retouchés. C’est quasiment du MTV, avec des perturbations rythmiques

inspirées des effets spéciaux que permet la caméra. On reconstruit cette sensation de reverse, de saccadé, qui perturbe notre perception. Cela vient de ma formation de marionnettiste, de gestes stylisés. Justement, comment en êtes-vous venus à travailler la marionnette ? Cela vient de mon rapport d’artiste plasticienne à la scène. J’admire Robert Wilson, Jan Fabre, Romeo Castellucci, qui sont des plasticiens metteurs en scène. Et cette dimension est inhérente à la marionnette. Ce que je ne cherchais pas et que j’ai trouvé très heureusement, c’est ce rapport beaucoup plus archaïque au théâtre. On est là dans un objet qui est vraiment l’un des premiers outils du théâtre. Je suis allée à Séville pour la semaine sainte, et on sort encore les sculptures de Marie et de Jésus pour les balader à travers la ville. On est vraiment là aux origines du spectacle de marionnette. D’ailleurs le nom vient de là, c’est une petite sculpture de Marie. Ce qui me touche aussi, c’est que c’est un art passablement déconsidéré. Il y a là quelque chose de déchu. Il a servi à représenter les dieux, mais c’est en même temps un objet pauvre, vulgaire, né à la fois dans les églises et les marchés. Ce n’est pas très intéressant de s’intéresser à un seul champ culturel, c’est l’articulation qui permet de comprendre les humains. ——— Gisèle Vienne à Strasbourg Jerk, du 23 au 25 janvier à Pôle Sud www.pole-sud.fr Lecture de Dennis Cooper et musique live de Peter Rehberg d’après les textes et la musique d’I Apologize de Gisèle Vienne, le 24 janvier à l’auditorium du MAMCS www.musees.strasbourg.eu This is how you will disappear, les 30 et 31 janvier au Maillon www.maillon.eu Kindertotenlieder, les 8 et 9 mars au TJP, Grande Scène www.tjp-strasbourg.com www.g-v.fr ——— 63 ZUT !


JEUNE PUBLIC

DANS L A FORÊT L O I N TA I N E ——— Par Cécile Becker

Photos Marion Chérot ———

UNE PROMENADE VÉGÉTALE PÉDAGOGIQUE ET INTERACTIVE DESTINÉE AUX ENFANTS, OÙ MÊME LES PARENTS S’AMUSENT ? BIENVENUE DANS LE MONDE PL ANTASTIC AU VAISSEAU, VU PAR ULYSSE, 2 ANS, ET LOUIS, 5 ANS. AVEC EUX, PARTONS DÉCOUVRIR RACINES, FLEURS, INSECTES ET QUELQUES SURPRISES. Un doux samedi d’automne, nous voici en petit groupe – trois adultes, deux enfants – prêts à découvrir le monde végétal à la loupe, un peu comme si nous étions les personnages privilégiés du film Microcosmos. Passées les portes du Vaisseau, une vitrine laisse entrevoir l’espace temporaire où trône fièrement l’exposition Plantastic ! Une sorte de grotte s’élève devant nous. « C’est pas mal ici ! », s’exclame Louis, 5 ans et demi. Ulysse, 2 ans et demi, court devant. S’il est légèrement en deçà de l’âge conseillé par l’équipe du Vaisseau, les 6 mois qui l’en séparent ne l’empêcheront pas de se montrer curieux et de profiter pleinement, avec l’aide de sa maman, de cette expérience scientifique. Les trente éléments interactifs qui invitent l’enfant à agir sur l’activité présentée sont accompagnés d’explications, comme des règles du jeu, que les parents peuvent lire pour aller plus loin

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dans la découverte : du monde souterrain aux racines, puis à la fleur en passant par la photosynthèse, la pollinisation, les odeurs et le toucher. La scénographie est frappante : des ponts de feuilles, de gros pots de fleurs renversés laissant apparaître des écrans interactifs… La grotte aperçue à l’entrée reproduit un espace souterrain, où l’on découvre le terrier d’une famille de lapins. « Oh, lapin, pourquoi ? », demande Ulysse. « Les lapins sauvages creusent sous la terre pour faire leur terrier », lui répond-on. « Terrier », répète-t-il en tentant d’actionner le bouton mettant en lumière la famille de lapins sous la terre. Un peu plus loin, Louis a déjà commencé à compléter un puzzle géant : des branches d’arbre avec les fleurs et feuilles qui lui correspondent. Ulysse le rejoint. Aidés par leurs mamans pour le choix des pièces, ils reconstituent l’arbre à deux. En un clin d’œil, on passe du jeu à l’apprentissage. Même principe pour le mur aimanté où Louis assemble racines, feuilles et fleurs : « Je vais faire toutes les fleurs ! Ça, ça va avec ça, et ça avec ça, regarde ! Et ça, tu crois que ça va bien ensemble ? » Au fur et à mesure, il réalise que chaque espèce de plante a sa forme spécifique et sa manière de s’adapter à son environnement. Ulysse se passionne quant à lui pour un tourniquet de tournesols : il est fasciné. Nous actionnons le tourniquet pour lui montrer que les tournesols suivent toujours le soleil. Il sourit, avant de passer à une autre activité. Avec ce principe de muséographie, où chaque activité s’attache à expliquer un pan spécifique de notre environnement, peu importe l’ordre dans lequel l’enfant s’y consacre. Au fond de la pièce, Louis accorde une attention particulière à une vidéo de l’explosion des

graines d’un cornichon sauteur. Il peut revenir en arrière, mettre en pause, ralentir l’image pour mieux comprendre : « Mais comment ça pousse au fait ? » La réponse à cette question légitime se trouve sur la table, où une machine restitue le processus de photosynthèse. Ulysse y grimpe, fixe la lumière verte, bouche bée, alors que sa maman lui explique : « Tu vois, il faut de l’eau et de la lumière pour qu’une plante pousse. » Il y a autour de nous des fleurs dont la pollinisation dépend du vent, et des fleurs nourrissant les abeilles qui portent le pollen un peu plus loin. Ulysse s’amuse de cette machine qui entraîne une grosse abeille au cœur d’une fleur. Après avoir couru dans tous les sens, les enfants commencent à fatiguer : « Allez, on va ailleurs », demande Louis. Ça

vous a plu ? « Ouais, ça m’a plu » répond-il. Ulysse, lui, en veut encore. Quand il s’agit d’apprendre en jouant, ou de jouer en apprenant, difficile de s’en aller... Plantastic !, exposition jusqu’au 1er septembre 2013 au Vaisseau 03 88 44 44 00 www.levaisseau.com

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CINÉMA

L’I N T I M I T É D’UN PROJET ——— Propos recueillis par Emmanuel Abela ———

Jean Hültz et Ulrich d’Ensingen / Photo Seppia

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Photo Seppia

LA CATHÉDRALE DE STRASBOURG MÉRITAIT SON FILM. C’EST DÉSORMAIS CHOSE FAITE AVEC LE DÉFI DES BÂTISSEURS, UN DOCU-FICTION QUI REND HOMMAGE AUX MAÎTRES D’ŒUVRE SUCCESSIFS. LE RÉALISATEUR MARC JAMPOLSKY RÉVÈLE EN 3D LA MAGNIFICENCE ARCHITECTURALE D’UN ÉDIFICE QU’ON PARCOURT EN TOUTE INTIMITÉ. AU MOMENT DE LA DIFFUSION DU FILM SUR ARTE, IL REVIENT SUR LES INSTANTS MARQUANTS DU TOURNAGE.

Avant de réaliser ce film, quelle relation entreteniez-vous à la Cathédrale ? Je ne la connaissais pas bien, jusqu’au moment où Cédric Bonin [le producteur du film chez Seppia, ndlr] m’a demandé si ça m’intéressait de travailler sur la Cathédrale. Je m’y suis rendu… J’avoue que la première impression était très forte. Plein de choses ont découlé de ce premier regard – celui de la découverte du monument par bon nombre de touristes –, et notamment la question qu’on se pose spontanément : comment a-t-on pu concevoir cela ? Par ailleurs, je constatais qu’elle n’avait jamais été racontée sous la forme d’un docu-fiction. On suppose un travail de recherche documentaire considérable… Le monument est impressionnant en soi, il en va de même pour la somme des écrits, qui constitue un univers entier à explorer.

Vous racontez le parcours des différents maîtres d’œuvre, parmi lesquels Erwin de Steinbach, Maître Gerlach, Ulrich d’Ensingen ou Jean Hültz. Pour raconter la Cathédrale, nous nous sommes appuyés sur ces personnages ; on découvre les différentes facettes de leur métier, mais aussi les petits et les grands mystères qui ont entouré leur travail. Ce qui me semblait intéressant en tant que réalisateur, c’était de constater qu’on ne sait pas tout – des mystères subsistent –, nous avons donc mené l’enquête, ce qui laissait une part de fiction possible. Nous nous sommes accordés la possibilité d’imaginer des choses, de raconter les histoires des personnes, leur attribuer des obsessions et situer des enjeux pour chacun. Ces maîtres d’œuvre sont animés par quelque chose de fort mais aussi par des ambitions ; on les sait contraints par la politique, la finance, les guerres. Tous ces éléments qui composent le commun de ces créateurs, je les ai répartis sur les différents personnages qu’on évoquait : Erwin de Steinbach se montre obsédé par

le temps – une Cathédrale n’est pas l’œuvre d’une vie, mais de plusieurs générations –, Maître Gerlach est confronté à des problèmes politiques, mais aussi à la maladie, la Peste noire qui se répand dans toute l’Europe, Klaus de Lohre se retrouve au cœur des intrigues entre la ville et l’institution ecclésiale, Ulrich d’Ensingen et Jean Hültz cherchent à faire ce qu’il y a de plus haut et de plus beau. Tous ces personnages racontent quelque chose de la Cathédrale, mais le personnage principal reste la Cathédrale elle-même, qu’on voit grandir sous nos yeux. Oui, c’est vrai, elle devient un personnage à part entière, un personnage marqué, au cœur d’une série de conflits, avec une forme et un décor façonnés aussi bien par les architectes que par les contraintes de l’Histoire. Elle incarne l’art du bassin rhénan, et au-delà de cela, toute une épopée architecturale. Du coup, on a envie de la décrypter, de la lire et de signifier les étapes de sa construction, y compris en insistant

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——— Le Défi des Bâtisseurs, la Cathédrale de Strasbourg, docu-fiction en 3D-Relief de Marc Jampolsky, co-production Arte et Seppia, 2012, 88 mn, en DVD chez Arte Éditions Diffusion sur Arte le 15 décembre à 20h45 dans le cadre d’une soirée 3D Webdocumentaire, blog et médiathèque sur arte.tv/cathédrale www.seppia.eu www.arte.tv/fr ———

Erwin de Steinbach et les tailleurs de pierre / Photo Seppia

sur les changements de programme. Par ailleurs, ce qui m’a intéressé c’est la somme des archives dont on dispose, les projets dessinés conservés à l’Œuvre NotreDame qui constituent l’un des plus beaux ensembles au monde : on s’attache là à des documents qui ont été conçus et réalisés par les maîtres d’œuvre eux-mêmes. Ces projections de façade sont très parlantes, elles sont très émouvantes aussi. On y voit un travail qui se fait sous nos yeux. Et je ne parle pas des chroniques ni des nombreuses lettres… Il y a cette émotion, mais il y a également celle que vous révélez à partir du bâtiment lui-même : au moment de la découverte de la Rosace par exemple, votre regard éveille le nôtre. Nous avions le privilège de parcourir la Cathédrale à des endroits qui ne sont pas accessibles au public. Ces points de vue particuliers, renforcés par la 3D, favorisent une émotion qui se construit sur une vision en relief des éléments architecturaux. Après, la difficulté était technique… Vous avez connu quelques frayeurs : un ballon dirigeable qui ne s’élève pas par exemple… C’est sûr, ça n’était pas la partie la plus plaisante du tournage. Nous avons finalement réussi à le faire voler à l’intérieur ; pour l’extérieur, nous avons pu récupérer quelques plans, mais ce ballon s’est comporté de façon un peu sauvage [rires].

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Il n’a pas voulu faire tout ce qu’on voulait, mais c’est aussi lié à la présence du vent, avec des courants très irréguliers… Avec cette présence du vent autour de la Cathédrale, vous avez pu constater que tout n’était pas que légende. Oh ça, nous avons pu le constater effectivement [rires]. Heureusement, rien n’a été cassé. Par ailleurs, la 3D avec deux caméras nécessite des réglages très longs, des ajustements permanents dès qu’on change d’angle et la synchronisation des moteurs des objectifs, etc. En plus, c’est lourd. Du coup, nous sommes passés par les coursives et nous avons monté les pièces détachées du matériel au treuil en investissant les oculi de la tour qu’utilisaient eux-mêmes les tailleurs de pierre à l’époque, puis nous remontions le tout une fois arrivés en haut. Justement, vous en avez profité pour rendre visite aux tailleurs de pierre d’aujourd’hui dans les ateliers de l’Œuvre. Oui, ils se sont sentis reconnus dans leur pratique qu’ils nous expliquent en détail : on découvre qu’ils utilisent les mêmes outils, et ne cherchent pas à reproduire la pièce d’ornement qu’il faut remplacer, mais à la créer de la même manière qu’à l’époque en interprétant le modèle proposé. Dans ce passage-là, grâce à la 3D, on sent bien la matière : on voit même les petits grains de sable qui résultent de la taille. Tout comme pour les tailleurs de pierre,

il m’a semblé important d’avoir le point de vue des architectes d’aujourd’hui. Ils nous expliquent comment, à l’époque, on partait du plan pour produire du relief. C’était d’ailleurs pour moi l’un des mystères de la construction : comment, avec les moyens de l’époque, on arrivait à faire comprendre la forme qu’on voulait donner à une pierre, comment la visualiser dans l’espace pour qu’elle rentre à un endroit précis, une rambarde ou un meneau par exemple ? On constate que toute l’information était contenue sur la feuille de papier ; c’est le cas par exemple avec les trois temps de l’élévation présentés simultanément dans la même image qu’on ne peut visualiser aujourd’hui que grâce à la réalisation d’images de synthèses en volume. Avez-vous trouvé les réponses aux questions que vous vous posiez au départ ? Dans l’aventure de ce type de documentaires, j’ai pris l’habitude de me sentir perdu à un moment, mais au bout de quelques mois, les questions du départ ont fini par trouver des réponses. Là, j’aimerais que les gens qui connaissent bien la Cathédrale trouvent eux aussi des réponses à leurs questions. Ça serait là une forme de reconnaissance pour le travail que nous avons nous-mêmes entrepris.


Conception graphique : Chic medias / Photo : Christophe Urbain

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ALSATIQUE

REDDE M’R ENDLICH DEVUN* ——— Par Charles Combanaire ———

* Parlons-en, enfin !

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LES ALSACIENS, LIVRE-OBJET ÉVÉNEMENT PARU FIN OCTOBRE AUX ÉDITIONS LES ARÈNES, REVIENT SUR 80 ANS DE L’HISTOIRE TOURMENTÉE DU “ PAYS D’ENTRE DEUX ”.

C’est sur une photo de famille que s’ouvre l’ouvrage. Devant leur auberge posent quatre générations, qui en 80 ans ont changé cinq fois de nationalité. Française en 1870, avant d’être annexée après la guerre contre l’Allemagne unifiée naissante. Redevenue française au lendemain de la Première Guerre mondiale, elle est de nouveau annexée par les nazis avant d’être libérée en 1945 et de retourner dans le giron hexagonal. Comme tous les ouvrages de la collection L’Histoire entre vos mains, qui préfère une approche documentaire aux longs discours, lettres, affiches, tracts ou photographies sont reproduits à l’identique, insérés entre les pages ou glissés dans des enveloppes de papier cristal. On retrouve, à côté des « têtes de boches » d’Hansi, une affiche nazie vantant les camps d’été des jeunesses hitlériennes, ou encore, une lettre d’un des cent milles Malgré-Nous, incorporé de force par les Allemands et fait prisonnier des Soviétiques. Mais au-delà des drames restent la population et la vie quotidienne d’une Alsace dont la vocation n’est pas d’être le théâtre de tous les conflits, mais de vivre, au rythme des vendanges, de Noël ou du théâtre alsacien. On retrouve à cette fin des fac-similés de menu ou un album de photo retraçant les vendanges de 1929, images furtives des temps heureux. Ces innombrables documents sont complétés par l’excellent texte de Claude Muller, professeur à l’université de Strasbourg et directeur

de l’Institut d’histoire d’Alsace qui, dans de petits encadrés, nous rappelle le contexte, les faits et l’origine des documents présentés. Au fil des sources, se dessine l’histoire complexe d’une région, sans raccourcis ni simplifications abusives. L’ouvrage dresse un panorama thématique de ce “pays d’entre deux” durant les heures parmi les plus sombres de 1870 à 1950. Du Reichland à l’annexion nazie en passant par l’entre-deux-guerres, il se conclut par le procès de Bordeaux jugeant la responsabilité des Alsaciens présents à Oradour, comme pour ne rien oublier, laisser les tabous de côté… pour que nous en parlions enfin.

Claude Muller et Christophe Weber, Les Alsaciens, Les Arènes

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Ils viennent se produire sur une scène, assurent des instants de promotion. Artistes pop, acteurs ou réalisateurs, ils posent et s’exposent. L’équipe de Zut ! en profite pour les rencontrer.

Par Emmanuel Abela // Photo Pascal Bastien

CABARET NEW BURLESQUE CHAT TES SUR UN TOIT

Schiltigheim est devenu le temps de deux soirées « Shiny Heim », non pas tant à cause à l’illumination récente de la ville, mais bien parce que les filles du cabaret New Burlesque ne savaient pas prononcer autrement le nom de la ville qui les accueillait. Les minettes en jouaient, insistant avec ironie sur la proximité du marché de Noël – et ses « fantastiques Christmas cookies » –, une manière aussi pour Kitten on the Key, en show-woman d’exception, de faire monter la température d’un cran dans une salle comble, prête à tous les excès. « Hello “Shiny Heim”, the more you “applaudir”, the more les filles make ouh la la la ! » La langue semble étrange, elle contient cependant sa part d’efficacité. Et ça dure toute la soirée, avec une intervention entre chaque numéro, des classiques dont certains entrevus dans Tournée, le long métrage que Mathieu Amalric a consacré aux filles, des effeuillages bien sûr et quelques chansons – un magnifique Moonage Daydream de David Bowie interprété guitare-voix. Le public frémit au passage de chacune des miss, dont l’une ou l’autre s’aventure entre les tables situées devant la scène. Un spectateur risque même l’arrêt cardiaque quand il est conduit sur un fauteuil par Catherine D’Lish, absolument irrésistible de sensualité : il ne sait plus quoi faire et préfère s’abandonner quand elle lui place sur la tête un soustingue à faire pâlir Rocco Siffredi. L’ambiance est décalée, mais reste absolument bon enfant, y compris après le show, quand les filles vendent les produits dérivés, photos et autres accessoires – tout ce qu’il faut pour jouer les effeuilleuses at home ! L’excitation est palpable, l’ami Roky

Roulette, le mâle très mâle du groupe, se déchaîne auprès de la gent féminine, éructe, lâche quelques rôts retentissants et claque les fesses au passage de spectatrices en mal de sensations. L’ensemble se regroupe sur la scène pour une petite série d’interviews et poursuit son petit show devant la caméra de notre ami Sébastien Ruffet, présent pour Canal Schilick. C’est à notre tour ! Malgré les recommandations de leur directrice artistique, Kitty Hartl, les réparties fusent comme autant d’éclats de rire. Mais qu’on ne se trompe pas, derrière l’hilarité générale, le discours est maîtrisé, en toute décontraction bien sûr et avec beaucoup de français dans le texte. Au-delà du succès du film Tournée de Mathieu Amalric, comment expliquez-vous la belle relation que vous entretenez au public français ? Kitten on the Key : Parce que nous sommes de vraies femmes, de réelles personnes ! Dirty Martini : Et parce que la joie de vivre crée une réelle connexion entre les performeurs et les spectateurs. K.o.t.K : Oui, cette joie est communicative !

Le New Burlesque peut-il constituer une réponse aux besoins du moment ? Kitten de Ville : Oui, une réponse aux besoins collectifs aussi bien aux Etats-Unis qu’en France ! [rires] Nous sommes le pont qui permet de passer des uns aux autres. D.M. : Vous exposez les besoins, et nous, nous apportons les solutions [rires]. Il me semble important de créer du lien en ces temps incertains. Dans le New Burlesque, nous abordons, y compris avec les hommes, les questions de l’hyper-féminité et du glamour. Julie Atlas Muz : Vous savez, ce que les médias véhiculent autour de la notion de perfection ne présente rien de sexy. Nous essayons de rester vraies, d’apporter du fun et de nous montrer vraiment sexy. Nous sommes féministes et humanistes, mais aussi “fun-istes”. Nous sommes fun-émistes ! [rires] K.o.t.K : Le fun, oui ça c’est contagieux. When you’re smiling [elle entame la chanson de Louis Amstrong, ndlr], the whole world smiles with you… Propos recueillis le 30 novembre à la Salle des Fêtes de Schiltigheim

Le New Burlesque n’est pas une mode, mais une attitude et au-delà de cela un phénomène culturel… D.M. : Oui, je confirme ! [rires] K.o.t.K : C’est définitivement lié à la culture populaire, ça concerne aussi bien la mode que la musique. Aujourd’hui, tout le monde veut devenir une Burlesquo ! 73 ZUT !


Par Emmanuel Abela et Céline Loriotti // Photo Tony Trichanh

LESCOP ARCHANGE POP

De prime abord, le garçon semble réservé. Évoluant dans l’espace comme un étrange animal aux aguets, Lescop se montre attentif à tout ce qui l’environne. Qu’on n’y voie nulle distance cependant, il se livre volontiers sur la réception quasi unanime de son premier album. « J’exagère volontairement, mais si on ne se dit pas qu’on va faire l’unanimité, ça ne sert à rien de publier un disque. J’ai toujours eu la volonté de créer quelque chose qui se partage. » D’où une approche esthétique qui tend à l’essentiel. Avec Johnny Hostile, la moitié du duo John & Jehn, ou le guitariste Gaël Etienne qui l’accompagne sur scène, il a exploré les conditions d’un enregistrement dans un studio de 10 m2 où nulle triche n’était possible. Il en résulte une poignée de chansons incisives qui surprennent cependant par leur extrême chaleur. On fouille, on évacue les références trop évidentes, puis on l’interroge sur ces références dans le domaine de la chanson française : « J’aime Jacques Brel, Edith Piaf aussi, Gainsbourg forcément – ça ne sert à rien de faire de la musique sans aimer Gainsbourg – et Yves Simon, pour son écriture. » On se dit qu’on tient là un joli background et que l’allusion à Yves Simon nous éclaire. De manière générale, il affirme une affection pour des héros qui tentent le dépassement de soi, Bruce

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Lee par exemple. « Il avait le feu sacré ! Il cherchait sans cesse à se perfectionner même quand il était au top. » Il nous rappelle qu’il a luimême dû travailler pour financer son album, homme de ménage sur les plateaux de téléfilm – « Plus c’était dégueulasse, plus c’est Mathieu qui y allait ! » –, assistant en régie ou assistant déco. « Ce qui importe, c’est de rester sincère. Il faut aimer ce qu’on fait, et essayer d’aimer ce qu’on est. » Il rajoute avec un brin de gravité : « Quoi que tu vives, c’est ton chemin de croix. Dans la Bible, on te dit : “Large et spacieux est le chemin qui mène à la perdition, étroite est la voie qui mène à la vie”. » À plusieurs reprises, on le surprend même à évoquer la notion de “transcendance”. Quand on lui pose la question de la foi, il sourit : « Je crois à la vie éternelle ! » Propos recueillis le 30 novembre à La Laiterie Lescop, Mercury


A MON AGE JE ME CACHE ENCORE POUR FUMER

Vendredi 8 mars 2012 à 20h30

A l’occasion de la journée internationale de la femme

Vendenheim > Espace Culturel 14 rue Jean Holweg Informations et Réservations 03 88 59 45 50

SAISON 2012 À MEISENTHAL : EXPOSITIONS DÉMONSTRATION—VENTE 10 NOVEMBRE—29 DÉCEMBRE SAUF 24 & 25—14H À18H POINTS DE VENTE EN ALSACE STRASBOURG : PETITE FRANCE COLMAR—SELESTAT—OTTMARSHEIM AUTRES POINTS DE VENTE & EXPOS CIAV-MEISENTHAL.COM—03 87 96 87 16

Rock ou baroque ? www.szenik.eu LE MEILLEUR DES SCÈNES DU RHIN SUPÉRIEUR DAS BESTE DER BÜHNEN AM OBERRHEIN


Par Céline Mulhaupt // Illustration Terkel Risbjerg

OLIVIER ASSAYAS ÊTRE-LUMIÈRE

L’instant d’échange avec Olivier Assayas est prévu au Chut, le bel hôtel niché au cœur des ruelles sombres de la Petite France ; cette soirée d’automne est froide, mais à l’intérieur, l’atmosphère est cosy et chaleureuse, propice à entamer l’entretien sur une note lumineuse. De lumière, il en est question dans le dernier long métrage du réalisateur, Après Mai, portrait quasi autobiographique de lycéens au début des années 70 ; le film est traversé de part en part par une belle clarté estivale. « Mon chef opérateur sait que j’ai une grande attirance pour la lumière de l’impressionnisme. Dans mes premiers films, il y avait une part de romantisme sombre mais plus ça va, plus j’ai envie de lumière. » Il nous l’avoue, cette envie lui est venue de manière inattendue, au fil de l’écriture : « Quand on écrit un film, il y a toujours une sorte de rime inconsciente qui se fait. Je ne me suis pas non plus rendu compte à quel point le feu était présent dans le film. Évidemment, c’est en lien avec la façon dont la jeunesse se consume. » La jeunesse justement… Le jeune acteur Clément Métayer, qui tient le rôle principal et assure sa première tournée de promotion, tire sur sa cigarette électronique, l’air assuré et avec un brin de nonchalance. Et

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quand on s’adresse à lui, Olivier Assayas le couve d’un regard tendre, presque paternel, comme si à travers Clément, il revivait une partie de sa jeunesse et revoyait l’ado des seventies qu’il a été lui-même, attiré « par l’underground des années 70 et par des musiques marginales » loin de la musique générationnelle de cette époque. Les chansons de Syd Barrett, Nick Drake ou Kevin Ayers « ont naturellement trouvé leur place ; je les ai replacées exactement dans le contexte de leur découverte ». Le mélomane qu’il est nous confie qu’il attendait depuis L’Eau froide (1994) de pouvoir placer ses musiques de cœur. « C’était assez miraculeux. Tout à coup, il y a un truc qui marchait, qui était évident, comme une première fois. » Propos recueillis le 15 octobre à l’hôtel Chut, à l’occasion de l’avant-première du film au Star Saint-Exupéry Après mai, actuellement en salle


vernissag

Auteurs (de H en B et de G à D) : Léonore Confino par J. Prete Laure Giappiconi par C. Nieszawer Alice Zeniter par C. Mercier Solenn Denis par M.-E. Ho-Van-Ba Martin Bellemare par F.-W. Rhèaume Photo Raoul Gilibert, graphisme Polo

e jeudi 13

déc à 18h

ACTUELLES XV

L’écriture de théâtre d’aujourd’hui SOIRÉES LECTURES PRÉSENTÉES PAR BLANCHE GIRAUD-BEAUREGARDT ET XAVIER BOULANGER ARTISTES ASSOCIÉS À LA SAISON TAPS 12-13 Mar. 12 mars Mer. 13 mars Jeu. 14 mars Ven. 15 mars

Transit(s) de Léonore Confino Le projet Beat de Laure Giappiconi La liberté de Martin Bellemare Spécimens humains avec monstres d’Alice Zeniter Sam. 16 mars SStockholm de Solenn Denis

TAPS GARE LAITERIE DU MAR. 12 AU SAM. 16 MARS À 20H30 03 88 34 10 36 www.taps.strasbourg.eu


Par Emmanuel Abela // Illustration Chloé Fournier

WAX TAILOR CINEMATIC ORCHESTRE-MAN

Wax Tailor fait partie de ces artistes qui savent formuler à la perfection ce qui fait l’essence même de leur création. Il sait également quand c’est le bon moment de finaliser des projets même plus anciens, comme c’est le cas avec Dusty Rainbow From The Dark. « Ça doit bien faire quinze ans que j’ai ce projet en tête ; je m’y étais déjà attaqué à l’époque de l’album Hope & Sorrow, mais j’ai senti que je n‘étais pas prêt. » Et pourtant, la dimension cinématique d’une musique en mouvement, avec moult effets sonores, est présente depuis toujours dans son travail. Il a sans doute fallu plus de temps, les choses se sont réenclenchées récemment, cette fois-ci comme une évidence. « Tout était là, de même pour le thème général qui s’attache au pouvoir d’évocation de la musique comme moteur à l’imaginaire au quotidien. » Fort de cette idée-là, il prend le parti de composer les musiques tout d’abord, renouant avec la pratique originelle du sample. Avec les ébauches sous le bras, il construit le récit à New York, avec la contribution de l’artiste Sarah Genn. Il en résulte un album-concept comme on en connaît peu ; on a beau chercher, mais rien d’équivalent dans la mesure où le narrateur – le légendaire Don Mc Corkindale – assure à distance la cohérence du tout et soigne les transitions. Lui, il

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nous invoque bien volontiers La Ballade de Melody Nelson comme l’un des modèles possibles, à cette nuance près que le narrateur n’est autre que Serge Gainsbourg lui-même. « Oui, c’est encore autre chose, mais même si je n’ai pas la prétention de me mettre au niveau de Gainsbourg, je trouve qu’il y a en commun le fait que les paroles ne sont pas absolument essentielles ; l’histoire n’est possible que grâce à la présence de la musique. C’est simple, dans les deux cas, on plonge ou pas ! » Il est évident que ce type d’enregistrement l’amène à se poser la question de la B.O. Des tentatives ont été expérimentées dans ce sens, mais rien qui ne s’inscrive sur la durée du film. Là, les fantasmes existent – on n’en saura pas beaucoup plus –, sauf que l’idée d’un duo privilégié à la manière d’un Tim Burton / Danny Elfman le séduit véritablement. Affaire à suivre, donc… Propos recueillis le 16 novembre à La Laiterie Wax Tailor, Dusty Rainbow From The Dark, Believe



Œuvre de Flurina Badel

CULTURE ZUT !

ARTS

AVANTGARDISME

PHOTO

L E G ENDA R ME EN H E LVÉ T I E C’est l’histoire d’un flic qui devient photographe. Dans les années 50, Arnold Odermatt entre, un peu par hasard, dans la police cantonale suisse. Passionné depuis toujours par la photographie, il emporte partout avec lui son Rolleiflex et en profite pour immortaliser ses journées de travail, dans l’indifférence générale de son entourage. La couleur pour les collègues, le noir et blanc pour les accidents de voiture. En découle une série de photographies pleines d’humour, à michemin entre nostalgie et tragédie routière. On remercie son fils d’avoir redécouvert ces trésors des décennies plus tard : la « légende Odermatt » est née et enfin saluée. (C.T.) Arnold Odermatt, du 14 décembre au 3 mars à la Chambre à Strasbourg www.la-chambre.org THÉÂTRE

Rendez-vous artistique de fin d’année aux frontières de la Suisse, de l’Allemagne et de la France, la Régionale 13 prend ses quartiers strasbourgeois à l’Aubette 1928. Initiée par l’association Accélérateurs de Particules, l’exposition Jeunes Premiers rassemble les œuvres de jeunes artistes nés entre 1975 et 1987, installé dans la Regio, et ayant en commun avec ce lieu historique conçu par Theo van Doesburg de revisiter le concept de synthèse des arts. La visite se poursuit à l’Artothèque de Neudorf qui présente pour l’occasion une exposition au féminin de créations sur papier. (C.T.) Jeunes Premiers, du 30 novembre au 31 décembre à l’Aubette 1928 à Strasbourg et à l’Artothèque de Neudorf www.regionale.org

POÉSIE ET CINÉMA Au point de départ de la nouvelle création de la compagnie Somebody, l’expérience du spectateur au cinéma. Mais pas n’importe lequel ! Celui des années 50, quand les Américains John Ford et Nicholas Ray jouaient les amoureux passionnés ou les bad guys ténébreux. Autour de cette base poétique, le corps de Marjorie Burger-Chassigner se mêle aux mots de Galaad Le Goaster et au son créé par Jonathan Merlin pour une conversation à trois qui se souvient tout en élargissant le sens. Par la forme de la composition instantanée, le sens chorégraphique et musical est mouvant, réactualisé soir après soir. (C.T.) L’Autre Hémisphère, les 29 et 30 janvier au TAPS Scala à Strasbourg www.taps.strasbourg.eu

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RUNART R R R R R R !

ILLUS

Des animaux sur le zinc ? On aura tout vu ! L’illustratrice Delphine Harrer, ancienne élève des Arts Décoratifs de Strasbourg, amène toute sa ménagerie au Troc’afé pour une exposition d’illustration rugissante et haute en couleur. (C.T.) Bestiaire, exposition de Delphine Harrer, jusqu'au 31 décembre au Troc’afé à Strasbourg www.behance.net/delphinehharrer

ARTS

Depuis la rentrée, le quartier gare est doté d’un nouveau lieu culturel, la galerie Art’Course. L’association du Corbeau a posé ses valises et sa passion pour l’art dans cet espace de 110m2. Elle y invite des artistes confirmés mais propose aussi deux fois par an à de jeunes artistes d’y montrer leur travail dans des conditions professionnelles. Du 12 au 29 décembre, c’est le Colmarien Pierre Muckensturm qui y expose ses Indicibles espaces. (A.G.) Indicibles espaces de Pierre Muckensturm, du 12 au 29 décembre à la galerie Art’Course 49a, rue de la Course à Strasbourg 09 52 31 02 24

JEUNE ET FIÈRE Photo Pieter Hugo

PHOTO

Après La Haye et Lausanne, le travail du photographe sud-africain Pieter Hugo débarque à Strasbourg ! Sans détour, il immortalise les minorités d’un continent en devenir, entre respect des traditions et désir de modernité. Dompteurs de hyènes et de babouins, chercheurs de miel affublés de parures végétales, collecteurs de cuivre dans le plus grand dépotoir de l’Occident… À la manière d’un ethnologue, il part à leur rencontre et les capture en évitant tout cliché. C’est une Afrique fière qui se dessine au fil de séries au format XXL. (C.T.) This must be the place, du 14 décembre au 17 mars à Stimultania à Strasbourg www.stimultania.org

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THÉÂTRE

MIROIR MIROIR F E M M E S, F E M M E S, F E M M E S THÉÂTRE

Il est possible que vous ayez entendu parler de Rayhana, actrice et dramaturge algérienne, agressée à Paris alors qu’elle se rendait à la Maison des Métallos pour y interpréter Myriam, personnage de sa pièce À mon âge, je me cache encore pour fumer. Ses agresseurs l’ont aspergée d’essence avant de lui jeter une cigarette au visage, heureusement sans l’enflammer… Probablement à cause de ses positions féministes. Sa pièce nous fait pénétrer dans un hammam algérien, où neuf femmes s’expriment librement. Un huis clos interdit aux hommes, parfois dur, parfois cru, entre drame et comédie, où les actrices évoquent les craintes, fantasmes mais aussi les bonheurs des femmes (algériennes). Une déclaration d’amour et de liberté. (C.B.) À mon âge, je me cache encore pour fumer, le 8 mars à l’espace culturel de Vendenheim - 03 88 59 45 50 www.vendenheim.fr

Dans son texte Whistling Psyche, l’auteur Sebastian Barry imagine la rencontre entre Florence Nightingale et James Miranda Barry. Deux femmes médecins au 19e siècle, deux pionnières que l’histoire a oubliées. En mettant en scène cette fiction largement documentée, Julie Brochen s’attaque ici à des identités troubles – James Miranda Barry fut coincée toute sa vie dans la peau d’homme qu’elle avait dû revêtir pour étudier – qui se répondent et se s’affrontent malgré leurs points communs. (S.D.) Whistling Psyche, du 10 janvier au 2 février au TNS à Strasbourg www.tns.fr

EXPO Visuel Nathyi

UN QUOTIDIEN Q U I G R AT T E L’atelier Sarah Lang a imaginé le continuum, comme un espace d’exposition qui se construit avec les artistes. La prochaine à l’investir est Nathyi avec Ô [grafik] bazar !. En observant le quotidien, ses lieux communs et ses personnages, la graphiste-illustratrice crée boîtes habillées de gravures, collages, carnets, gravures, bijoux et objets en cartes à gratter. Un monde étrange et de belles idées cadeaux ! (C.B.) Ô [grafik] bazar !, objets et gravures de Nathyi jusqu’au 21 décembre au Continuum atelier Sarah Lang www.continuum-sxb.com nathyi.natui.free.fr

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Image d’Épinal figurant Florence Nightingale

Photo Bastien Capela

CULTURE ZUT !


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A LT E R E G O

ARTS

« Je suis séparé », disait Antonin Artaud, éternel torturé dans l’âme et le corps. Vincent Romagny interroge la dualité de l’être humain dans un cycle d’expositions tripartite. Point de départ du questionnement, la notion romantique du Döppelganger, « sosie » en allemand, qui renvoie au double tout en laissant planer le doute : s’il est identique, en est-il pour autant distinct ? Avec pour armature secrète le roman de Pasolini Pétrole, cette première partie est placée sous le signe de la séparation. Corin Sworn, David Lamelas, Karl Homqvist et Claire Fontaine, entre autres, explorent ces vastes sujets que sont la division et l’écart. (C.T.) Les séparés, du 10 novembre au 6 janvier au CEAAC à Strasbourg www.ceaac.org ARTS

ÉVEIL VÉGÉTAL

CHASSER LA NUIT

Photo : Alain Kaiser

Claire Fontaine et Karl Holmqvist, Untitled (The Weeping Wall inside us all) - Photo : Klaus Stoeber

CULTURE ZUT !

OPÉRA

L’événement est de taille : une nouvelle Flûte enchantée à Strasbourg. Et qui mieux que Mariame Clément pouvait tenter de nous offrir un regard neuf, son regard, sur l’opéra le plus joué au monde. Sans chercher à faire table rase de ce que l’on sait sur l’œuvre, la metteur en scène, qui en est déjà à sa cinquième production à l’Opéra national du Rhin, se pose la question : « Comment se servir de ce qui a été fait tout en sachant qu’on s’en sert justement ? ». Il en résulte une Flûte hors temps, qui s’appuie sur des références visuelles inédites, La Jetée de Chris Marker par exemple, et un propos d’une grande actualité avec toujours Mozart pour guide. (E.A.) La Flûte enchantée, les 7, 9, 11, 18, 20, 23 décembre à l’Opéra de Strasbourg www.operanationaldurhin.eu

Depuis plus de 20 ans, Anne-Sophie Tschiegg réalise l’identité visuelle des saisons théâtrales, quinzaines culturelles et festival de l’Humour des Notes du Relais culturel d’Haguenau. Aplats de couleurs pastelles, abstraction végétale et rêverie bucolique, son œuvre dévoile un lyrisme doux et poétique qui passe autant par le nu que les dessins de paysages. Échange de bons procédés, son travail est mis à l’honneur par la ville à la Chapelle des Annonciades après un détour au musée des Beaux-Arts de Mulhouse ce printemps. (C.T.) Anne-Sophie Tschiegg, du 1er décembre au 20 janvier à la Chapelle des Annonciades à Haguenau www.relais-culturel-haguenau.com

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La Boîte à Bougies 4 rue du Sanglier - 67000 Strasbourg

www.laboiteabougies.fr

FISH PÉDICURE & FISH MANUCURE 3 rue des Bouchers / 67000 Strasbourg / 03 88 36 21 16 www.fish-experience.com

ant amus e n s ’c h t S p a s s a ience L a s ce n s c h a ft m W is s

Le Vaisseau 1 bis rue Philippe Dollinger 67100 Strasbourg 03 88 44 65 65

www.levaisseau.com

EXPOSITION DU 25-09-2012 AU 01-09-2013


(Super)Hamlet de la compagnie La Cordonnerie

CULTURE ZUT !

FESTIVAL

BREAK THE RULES ! Préparez-vous à voir les scènes alsaciennes d’un autre œil ! Depuis 2008, les Scènes du NordAlsace se plient en quatre pour nous faire découvrir des spectacles hybrides, insolites et culotés. De la danse au théâtre, du cirque à la magie, chaque création est marquée par une modernité et une créativité débridée : certains revisitent Claude Nougaro, d’autres imaginent Hamlet en super-héros ou encore questionnent l’Imprévu. L’occasion de porter un regard nouveau sur l’écriture scénique contemporaine à travers une programmation itinérante. (C.T.) Festival Décalages, du 15 au 26 janvier à Wissembourg, Bischwiller, Saverne, Haguenau, Niederbronn-les-Bains, Soultz-Sous-Forêts, Reichshoffen www.scenes-du-nord.fr

DANSE

FAUSSE NOTE Avec cette création qui clôt sa résidence à Strasbourg, l’Italienne Caterina Sagna s’attaque à la vision de l’autre, de l’étranger, déformée par nos peurs et nos appréhensions face à l’inconnu. Bal en Chine est une fausse piste sur laquelle chacun a un jour marché : le chinois est l’ « envahisseur », il est tout le monde et personne. En collaboration avec le dramaturge Roberto Fratini Serafide, elle entame un travail de destruction des identités entre danse et théâtre. Corps et mots expriment par un humour décalé et aride les tensions, malaises et déséquilibres d’une société à repenser. (C.T.) Bal en Chine, du 15 au 17 janvier à 20h30 au Pôle Sud de Strasbourg www.pole-sud.fr

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ARTS

VIN DIEUX !

L’église et le vin font depuis longtemps bon ménage, et la peintre Horéa ne craint pas non plus le rapprochement. Son projet Les cathédrales et l’ivresse est le fruit de ses rêves, de ses errances et de sa réflexion sur vingt cathédrales, vingt rosaces et le vin. Ses peintures sont à retrouver dans vingt enseignes prestigieuses de Strasbourg : Ultima, Kenzo, Eric Humbert, le Café de l’opéra… En parallèle, et dans le cadre d’une grande réflexion sur l’héritage de nos vies, Horéa immortalise votre cave à vin. La bonne bouteille du mariage de vos parents ou de la naissance du petit dernier, à garder pour toujours en souvenir sous forme d’un tableau. De la même manière que les cathédrales traversent les générations, les bouteilles jalonnent nos vies, et la plus importante sera rendue immortelle pour vos petits enfants. Il se peut même qu’Horéa peigne avec ! (A.G.) Les cathédrales et l’ivresse, jusqu’au 31 décembre dans les boutiques de Strasbourg Espace Atelier Horéa 22, rue de Molsheim www.horea.net



la culture n’a pas de prix www.novomag.fr


médiapopéditions about rock, sex and cities far out ! de buffalo bill à automo bill songs to learn and sing small eternitY la faute aux dinosaures funkY boY

Un livre témoignage du photographe Bernard Plossu sur les années hippies… Libération

Un très beau livre mélancolique… Les Inrockuptibles

La Courneuve, Mémoires vives a une dimension d’hommage mais aussi de combat… Mediapart

la courneuve, mémoires vives raqa îles grecques, mon amour

David Le Breton signe la préface truffée de références au western d’un ouvrage présentant des photographies de son ami Bernard Plossu, qui fixa, entre 1966 et 1985, les signes de l’ancien « Far West », recyclés par la société de consommation américaine. L’Alsace

2 collections

médiapopéditions www.mediapop.fr + r-diffusion.org

livres


JOHN GALLIANO PRIMA DONNA WACOAL ERES IMPLICITE RACHEL PAPPO SIMONE PÉRÈLE PAIN DE SUCRE CHANTAL THOMASS LISE CHARMEL OSCALITO LA PERLA FERAUD ANTIGEL … CH R I STI E S

L I N G E R I E • M A I L LOTS D E B AI N L I N G E R I E D E N U I T • P R OT H È S E S M AM M AI R E S

4, r ue de l'O ut r e - S t r a s b ou rg - 0 3 8 8 2 2 6 9 8 3


——— CU M U LU S Design Mendel Heit édition CIAV, 2010 Photo Frédéric Goetz ———


L I MEL Photographe Alexis Delon / Preview

RĂŠalisation Myriam Commot-Delon

Coiffeur Alexandre Lesmes / Avila / www.facebook.com/avilafactory

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Make-up artist Jacques Uzzardi / www.jacquesuzzardi.com

Mannequin Olga / Studio KLRP


L IG H T

Post-prod Camille Vogeleisen et Emmanuel Van Hecke / Preview

Assistante stylisme Justine Goepfert

Robe en mousseline de soie sur une robe en jersey ÉLÉONORE DE MUSSET chez l’Altra. Salomé en daim et paillettes MIU MIU chez Ultima. Serre-tête en plumes de cygne LADY MISTIGRIS. Boucles d’oreilles et pendentif Panthère en or gris 18 carats, diamants, émeraudes et onyx et bague en or gris, tsavorites et onyx CARTIER.

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Mise en beauté par Jacques Uzzardi avec les produits M.A.C Fond de teint Mineralize SPF 15 Foundation, NC 20. Eyeliner Fluidline, collection Holiday, coloris Little Black Bow. Rouge à lèvres, coloris Kooky.

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Robe noire en sequins de cuir PLEIN SUD chez l’Altra. Voilette LADY MISTIGRIS. Bague Panthère en or gris, tsavorites et onyx CARTIER.


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Robe noire en sequins de cuir PLEIN SUD chez l’Altra. Bas jarretière SILVIA GRANDI chez Alice Lange Le Boudoir. Voilette et mitaines en latex LADY MISTIGRIS. Boucles d’oreilles et collier Panthère en or gris 18 carats, diamants, émeraudes et onyx CARTIER. Bracelet en or gris et diamants MONTBLANC.

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Mise en beauté par Jacques Uzzardi avec les produits M.A.C Fond de teint Mineralize SPF 15 Foundation, NC 20. Fard à paupières Glamour Daze Extra Dimension, coloris Stolen Moment. Rouge à lèvres collection Glamour Daze, coloris Innocence.

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Robe ÉLÉONORE DE MUSSET chez l’Altra. Boucles d’oreilles et pendentif en or gris et diamants, collection 4810, MONTBLANC.


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Robe à col orné de pierreries, pantalon et babies, le tout PRADA chez Ultima. Boucles d’oreilles en or blanc et diamants CARTIER. Bracelet en or gris et diamants MONTBLANC.


Veste en fourrure à manches trois-quarts et découpes laser KARL LAGERFELD chez K.Collections. Soutien-gorge CHRISTIES chez Alice Lange Le Boudoir. Pochette SAINT LAURENT PARIS chez Ultima. Boucles d’oreilles motif tête de panthère et pendentif Panthère en or gris 18 carats, diamants, émeraudes et onyx CARTIER.

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À gauche : Soutien-gorge corbeille avec strass de Swarovski et culotte haute LISE CHARMEL, bas jarretière SILVIA GRANDI, le tout chez Alice Lange Le Boudoir. Escarpins JIMMY CHOO chez Ultima. Boucles d’oreilles et bague CARTIER. Bracelet et pendentif en or gris et diamants, collection Ladies’Fine Mont Blanc 4810, MONTBLANC. Robe fourreau en dentelle A.F VANDERVORST chez K.Collections. Soutien-gorge CHRISTIES chez Alice Lange Le Boudoir. Voilette et mitaines en latex LADY MISTIGRIS. Boucles d’oreilles, CARTIER.

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CRÉATEUR

BLOC KNOTT

APRÈS GAULTIER, LE JEAN-PAUL 1ER DES COUTURIERS SERA LE CRÉATEUR BELGE JEAN-PAUL KNOTT. UNE ÉLÉGANCE HORS-MODE ET UN NOM À ACCROCHER D'URGENCE DANS VOTRE VESTIAIRE. ——— Par Myriam Commot-Delon ———

Les créateurs belges ont toujours été le dada de Karine Goldschmidt, moelle épinière et propriétaire de la boutique colmarienne K.Collections. Après Martin Margiela et A.F Vandervorst, c'est cette saison au tour de JeanPaul Knott de rejoindre l’écurie de cette défricheuse instinctive de lignes pointues et de griffes anormales… Mais de quels troubles souffre exactement Jean-Paul Knott pour lui avoir tapé dans l'œil ? — D’une névrose : né en Belgique en 1966, Jean-Paul Knott a grandi à New York et y fait ses études avant de s’installer à nouveau à Bruxelles en 1999. — D’une obsession pour la ligne. Onze années passées chez Yves Saint Laurent aux côtés de Loulou de la Falaise n’ont certainement rien arrangé. — D'une affection particulière pour la Chambre syndicale de la Haute Couture dont il fut membre invité en 2008 et pour laquelle il défila aussi en 2010 lors du calendrier officiel de la Haute Couture.

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— D’une prédisposition au partage : avec Greg Van Rijck, en charge de ses collections homme depuis 2011, il a ouvert en 2006 la Block Knott Gallery à Bruxelles, une galerie dédiée à l’art contemporain — D’une épidémie graphique : dans ses collections printemps-été 2013, il a fait intervenir deux artistes. Une intervention scotchante de Pascal Durand a ponctué un vestiaire noir et blanc d’un rigoureux travail sur les lignes et de divines éclaboussures de peinture de Jacques Weemaels. — D’une dissymétrie – sans espoir de guérison –, typique de l’école belge. — D’une tendance pathologique à ne pas suivre les tendances et à préférer soigner son intemporalité : la même pièce évoluera suivant les années. Son travail ne s’inscrit pas dans une logique de maison qui capitalise tout sur ses défilés. Les présentations des collections se font en show-room ou différemment du schéma classique, avec l’art contemporain toujours en ligne de mire.

— D’un penchant pour la direction artistique. Il y a travaillé pour Krizia, Féraud et, de 2007 à 2009, pour Cerruti, où il a contribué à la révision des proportions tout en perpétuant la tradition et la recherche sur le tissage de la maison, indissociables d’une notion de confort. Une étape dans son travail, où la recherche sur le corps est au centre. — D’une addiction pour les collabs : des costumes pour le Béjart Ballet, une collection pour Beautiful People, la ligne guest-star de la marque Dim qui offre une carte blanche à un créateur (Isabel Marant, Paul & Joe…), la déco immaculée d’une chambre pour l’hôtel bruxellois Royal Windsor et même une collection pour les 3 Suisses en 2009… — D’une manie, dans son processus de création, à vouloir atteindre une élégance minimaliste. Une idée fixe, atemporelle, qui n’est pas pour nous déplaire et qui risque de vous séduire. Jean-Paul Knott chez K. Collections Cour Waldner Stefan 5, rue des Marchands à Colmar 03 89 23 07 06


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CADEAUX

THE

WISHLIST THE KID ———

RIO ——— SANG BLEU ———

————— Poupée fait main en tissu JESS BROWN et guirlande en papier MI-AVRIL chez Marcel et Finette, 130 € et 24 € —————

L'ÉTRANGE NOËL ———

LA BÛCHE ———

CETTE HIVER COULE DANS NOS VEINES DU SANG BLEU, LES YEUX DES ENFANTS BRILLENT DE MILLE FEUX, LES COULEURS S’ENFLAMMENT, MONSIEUR JACK HANTE LE SAPIN ET LA BÛCHE EST AU MARRON. LA LISTE AU PÈRE NOËL VA DÉCHIRER !

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————— Mobile nuage avec gouttes en tissu BUTTERFLYING chez Marcel et Finette, 28 € —————

THE KID ———

————— Mug Moomin family par Arabia for IITTALA à La Maison Scandinave, 17,50 € —————

Des cadeaux interdits aux moins de… ————— Applique « arbre » en bois de chêne fumé FERM LIVING à La Maison Scandinave, 65 € —————

————— Lampe Akari 1AT design ISAMU NOGUSHI à la Galerie Fou du Roi, 138 € —————

————— Moomin et la Comète, livre écrit et dessiné en 1953 par Tove Jansson, éditeur LE LEZARD NOIR, en vente à La Maison Scandinave, 23 € ————— ————— Panier pour jouets en fil d’acier laqué FERM LIVING à la Galerie Fou du Roi, 57 € —————

————— Trophée tête de renne, en crochet à rayures multicolores ANNE CLAIRE PETIT chez Marcel et Finette, 79 € —————

————— Coffret de Lego, La Villa Savoye par Le Corbusier LEGO ARCHITECTURE à la Galerie Fou du Roi, 70 € —————

————— Sweat en coton imprimé moustache, EMILE ET IDA chez Marcel et Finette, 45 € —————

————— Tricycle rétro RADIO FLYER chez Marcel et Finette, 135 € —————

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CADEAUX

SANG BLEU ———

Est-il vraiment nécessaire d’appartenir à une famille royale pour recevoir ces cadeaux ? ————— Ballerines, pré-collection 2013 MAISON MARTIN MARGIELA chez K.Collections —————

————— Lampe Doll par Ionna Vautrin chez FOSCARINI, disponible chez Pyramide —————

————— Minaudière en soie et serpent BOTTEGA VENETA aux Galeries Lafayette —————

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————— Gants en cuir turquoise doublé de soie et gants en laine mérinos de Nouvelle-Zélande, les deux chez GLOVE ME, 54 € et 108 € —————


————— Bougie bouledogue, collection SAM Suffit BOUGIE LA FRANÇAISE chez La Boite à Bougie, 22,80 € —————

————— Vase BO CONCEPT, 69 € —————

————— Chaise L’eau, empilable à coque en techno-polymère CALLIGARIS, 154 € —————

————— Lunettes solaires REIZ chez Opticiens Maurice Frères, 266 € —————

————— Bague Nudo POMELLATO aux Galeries Lafayette —————

————— Blender avec deux verres BODUM aux Galeries Lafayette, 130 € —————


CADEAUX

Quand tu souris, je m'envole au paradis, je vais à Rio… de Janeiro…

RIO ——— ————— Perroquet Oiseau Chanteur, dessiné en 1950 par Kay Bojesen, ROSENDAHL à La Maison Scandinave, 73 € —————

————— Vernis Fuchsia intemporel YVES SAINT LAURENT au Printemps, 21,20 € —————

————— Bracelet Diva en or et émail, collection Kilimanjaro FREY WILLE, à partir de 760 € —————

————— Trousse Preen avec des produits pour le corps et les mains, homme et femme, tous types de peaux, AÉSOP à la Galerie Fou du Roi, 70 € —————

————— Bracelet en cuir tressé et petite tête argent TATEOSSIAN chez Revenge Hom, 230 € —————

ZUT ! 110


————— Pendentif Chat ERIC HUMBERT —————

————— Tapis en fibres naturelles, design Hussein Chalayan pour RUCKSTUHL chez decoburo ————— ————— Extincteur New York FIRE DESIGN chez 33 and CO, 122 € ————— ————— Tire-bouchon Parrot ALESSI aux Galeries Lafayette, 48 € —————

————— Bottes Jeana Anicalf Sapin Stones en cuir de veau pleine fleur, semelle en gomme profilée, HESCHUNG, 695 € —————

————— Chaise Ottawa, modèle en tissu Felt gris clair et pieds laqués vert, design Karim Rashid pour BO CONCEPT, 420 € ————— ————— Radio Ipal TIVOLI AUDIO chez Pyramide, 229 € —————

111 ZUT !


CADEAUX

L'ÉTRANGE NOËL ———

Dark et épouvantable ? Non, juste une fin d’année ultra-chic.

————— Sac « boite » en pliage de cuir ISAAC REINA chez K.Collections —————

————— Derby en cuir Shell Cordovan, semelle Goodyear CARMINA chez Revenge Hom —————

————— Station météo ba900 OREGON chez Opticiens Maurice Frères, 155 € —————

————— Coffret, étui en cuir et lunettes LINDA FARROW THE ROW by Ashley and Mary-Kate Olsen chez Opticiens Maurice Frères, 255 € —————

ZUT ! 112


————— Stylo plume John Lennon Special Edition MONT BLANC, 695 € —————

————— Cocotte en fonte et anse en bois IITTALA à La Maison Scandinave, 217 € —————

————— Casque audio sans fil, extension de Smartphone, Bluetooth PARROT ZIK BY STARCK chez Pyramide, 349 € ————— ————— Bague collection Vanité ERIC HUMBERT —————

————— Enceinte PARROT SOLO chez Pyramide, 800 € —————


CADEAUX

Tenez-vous à carreau, le naturel revient au galop !

LA BÛCHE ———

————— Porte-monnaie et pochette, les deux BURBERRY chez L'ALtra, 215 € et 295 € —————

————— Lunettes couleur miel LINDA FARROW Luxe chez Opticiens Maurice Frères, 333 € ————— ————— Bougie parfumée McKinley, collection Mountains, BAOBAB, à La Boite à bougie —————

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————— Vase Bulb en verre soufflé et taillé, design David Dubois CIAV Meisenthal édité chez Bernard Chauveau et disponible chez Alba la boutique, 1800 € —————

————— Plateau en bois de chêne reprenant la forme du vase Savoy d’Alvar Aalto, IITTALA à la Maison Scandinave, 70 € —————

ZUT ! 114

————— Lampe Moire, à poser, à accrocher ou à suspendre, design Marc Sarrazin, édité par PETITE FRITURE à la Galerie Fou du Roi, 345 € —————

————— Étagère Split (vendu par lot de 3 modules), design PETER MARIGOLD chez Flat Concept Store, 200 € —————


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MODE

—— Par Caroline Lévy ——

Photo : Julian Benini, lookbook AH 2012 de la Basketterie

Alors que le jeunisme semble définitivement passé de mode, on assiste à une mutation transgénérationnelle. Aux aînés désormais de nous guider à travers les tendances à suivre. Les seniors deviennent des égéries et occupent le haut des podiums. Une véritable cure de jouvence pour la planète fashion. Décrypt-âge. ZUT ! 116


__ Couverture de Dazed & Confused, novembre 2012

__ Couverture de The Gentlewoman, automne-hiver 2012

__ Campagne Lanvin 2012-2013

— Coup de vieux — sur la mode On le savait : la mode descend dans la rue, qui elle-même inspire la mode. Le paradoxe de la poule et de l’œuf à la sauce fashion. Nos villes deviennent alors des lieux de casting sauvage, qui inspirent les créateurs. Les sites consacrés au street style pullulent sur la toile ; on ne compte plus les Garance Doré, les Scott Schuman (The Sartorialist) ou encore les Yvan Rodic (Face Hunter) qui capturent des instants de mode initiés par le quidam aux quatre coins de la planète. Dans cette mouvance, la dernière campagne Lanvin a décidé de bousculer les codes de la publicité du luxe en invitant des anonymes à prendre la pose dans des décors improbables. Parmi eux, une silhouette impériale à l’élégance presque indécente : celle d’une ex-danseuse de 82 ans, Jacqueline Tajah Murdock, pieds nus dans sa tenue à basques vert sapin. Une ambiance rétro étudiée et un modèle résolument dans l’air du temps, qui ne semble pas l’accabler. On y est. Faire du neuf avec du vieux, faire du senior l’ultime crédo hype : un phénomène émergent qui n’est pas près de prendre une ride !

— Belles du senior — Aujourd’hui, c’est la déferlante et la côte des grannies augmente sur le marché des tendances ! Elles se retrouvent égéries de marques, cover girls de magazines pointus et signent parfois des collaborations improbables, comme Iris Apfel, New-Yorkaise nonagénaire à la dégaine inimitable, pour une ligne de make-up M.A.C en 2011. On la retrouve cette saison en couverture du dernier Dazed & Confused dans une tenue si avant-gardiste qu’on en oublie les quelques rides qui perlent sur son visage. C’est également le cas de l’héroïne de la série policière Arabesque, Angela Lansbury, qui, à 87 ans, prend la pose devant l’objectif du génial Terry Richardson pour The Gentlewoman, nous faisant plonger dans un revival presque réconfortant. À ce petit jeu de l’âge, c’est l’impétueux et sexy Iggy Pop qui a successivement prêté son visage aux Galeries Lafayette et à la griffe Eleven Paris. La mode est une religion et depuis peu, ses icônes portent en elles le poids de l’histoire : des êtres sacrés sur qui le temps n’aurait plus d’emprise. Depuis la disparition cet été, à 81 ans, d’Anna Piaggi, figure excentrique de la mode et rédactrice du Vogue Italie, c’est toute la planète fashion qui pleure son idole, une mère du style qui a propulsé la tendance vintage au sommet !

— Les ainés — au sommet Si la retraite se dit « jubilation » en espagnol, ce n’est peut-être pas un hasard ! Nos aînés ont du talent et aiment le revendiquer. La conjoncture anxiogène et la sinistrose actuelles ne font parfois appel qu‘à notre matière crise, et pour sortir de ce marasme déprimant, la mode croit désormais aux notions de longévité et d’éternité, en misant sur des pions plus expérimentés. Les campagnes Sandro et Dolce & Gabbana cultivent ainsi les valeurs de la transmission, en mettant en scène les membres d’une même famille sur plusieurs générations – gage d’héritage du style. Elles s’appuient là sur une réalité démographique puisque, selon l’Insee, un quart des Français avait déjà plus de 60 ans en 2010. L’ONU prédit d’ailleurs que ce club concernera plus de 15% de la population mondiale d’ici 2025. Déclin de la jouvence, sénescence imminente, mais pouvoir d’achat accru. Les matures ont plus de moyens que leurs cadets et on se sait !

117 ZUT !


__ Photo Ari Seth Cohen, extraite du livre Advanced Style

__ Photo Ari Seth Cohen, extraite du livre Advanced Style

__ Anna Piaggi

— Des ridées — débridées Les ainés sont devenus des modèles à suivre. Jusqu’ici délaissés, l’intérêt qu’on leur porte dépasse aujourd’hui le simple domaine de la mode. Inspirants et inspirés, ils sont aussi bien muses qu’artistes, et parfois très créatifs. La jeune (mais vieille) DJette britannique Mamy Rock, alias Ruth Flowers, rencontre par exemple un succès inattendu dans tous les clubs de la planète. Le photographe Sacha Goldberger met en scène avec humour sa Mamika (sa grandmère) dans des clichés décalés pour un ouvrage éponyme, dont la deuxième version est déjà en route. La chaine Arte a également senti cette nouvelle vague en diffusant cet été La minute vieille, un programme court où des seniors déjantées racontent des histoires rigolotes. Mais c’est sans aucun doute le site de street style Advanced Style, créé par le photographe Ari Seth Cohen, qui offre la plus belle et la plus touchante vitrine de personnes âgées. Depuis 2008, dans les rues de New York, il capture ces créatures sublimes au style dément et totalement assumé. Un livre a depuis été édité. Le vieux, peut-être la meilleure façon de lutter contre le fast fashion et l’éphémère. Enfin.

ZUT ! 118

__ Photo Scott Schuman, extraite du blog The Sartorialist


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SHOPPING Par Myriam Commot-Delon ———

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L'assise de ce fauteuil est tricotée par les « mamies boomers », des mamies frondeuses et tricoteuses auxquelles est reversé un revenu. Fauteuil Granny Armchair, WADEBE www.wadebe.com / www.meyer-sansboeuf.com

Des chaussons ? Oui, et même des charentaises… mais en cuir flashy !

Quoi de mieux pour regarder Breaking Bad qu'un plaid confortable comme un matelas de billets ?

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Plaid en pure laine norvégienne, ROROS à La Maison Scandinave.

Le sac à dos fait son come-back. C’est le nouvel accessoire trendy du senior hipster. Sac à dos en cuir Yucatan, HESCHUNG. www.heschung.com

Encore un tapis persan dans le salon ? Non ! Dépassé. Mettez vous à la page avec ce modèle en patchwork, décoloré et surteint. Tapis, LIMITED EDITION, disponible dans plusieurs couleurs chez decoburo à Zellenberg.

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ZUT ! 120


Le temps passera moins vite avec cette horloge en feutre tout doux.

« Old school » ne voulant pas dire vieillot. Enfourcher ce beau biclou va réveiller le Jacques Anquetil qui sommeille en vous !

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Comment être aussi suave que Ryan Gosling dans Drive passé 70 ans ? Avec ces cars shoes moelleuses et adhérentes. Mocassins en cuir velours, doublé mouton lainé, HESCHUNG. www.heschung.com

Passé un certain âge, pour doper une allure, rien ne vaut une paire de lunettes excentriques. Lunettes en acétate multicolore Annalynne, THIERRY LASRY chez Opticiens Maurice Frères. www.maurice-freres.com

Quand un spécialiste du « papy-boom » écrit un essai sur le sujet, on en fait son livre de chevet.

Une tablette tactile ? Oui, mais seulement avec une housse en croco vitaminé. On a un certain standing... Ou pas.

Serge Guérin, La Nouvelle société des seniors, Michalon, à la LIBRAIRIE QUAI DES BRUMES. www.quaidesbrumes.com

Housse-pupitre en cuir façon crocodile, GIORGIO FEDON chez Revenge Hom. iPad en vente chez BEmac.

121 ZUT !


C O P I É- C O L L É Par Myriam Commot-Delon ——— Illustration Isaac Bonan

M ONS IE UR HU LOT Du Tartan, Tati et un Tube.

Casque de vélo homologué avec housse amovible, modèle Cambridge (plusieurs modèles disponibles) YAKKAY chez Revenge Hom ______

Imperméable réversible en laine Shetland Tartan et toile enduite marine VIVIENNE WESTWOOD chez Revenge Hom ______

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ZUT ! 122

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U R B A N

S T Y L E S

Rencontre avec quelques happy few au vernissage de l’événement artistique de l’année, St-art. L’art ne se contemple plus uniquement dans les stands, mais se capture aussi dans les allées ! Place aux styles assumés et décomplexés de nos ainés, les jeunes lookés n’ont qu’à bien se tenir… —— Par Caroline Lévy ——

M O J G A N, 58 A N S

P H I L H E L M , 70 A N S

Choix audacieux pour la sémillante restauratrice, qui mixe avec dextérité sarouel, courte veste à imprimé graphique et boots en cuir. Le tout fonctionne à merveille ! Une dégaine à tomber qui fera pâlir les plus jeunes…

Energumène septuagénaire, l’artiste peintre nous emballe avec son complet rouge vermillon fait sur-mesure chez un tailleur en Asie. En mode, l’audace n’a décidemment pas d’âge !

ZUT ! 124


C AT H E R I N E , 5 9 A N S Une silhouette masculin-féminin tout en élégance : Catherine maîtrise les superpositions et les camaïeux de jaune. Mention spéciale pour sa paire de shoes à glands, so preppy !

J A C K Y, 62 A N S

NICOLE, 86 ANS

Avec son look Color Block, Jacky illumine notre hiver avec des couleurs survitaminées. Il ose la chemise en denim associée à une cravate plus classique… Coup de cœur pour la monture bicolore qui lui va à ravir.

Bravo à notre doyenne du style, qui assortit sa tenue jusqu’à son lipstick et fait twister le rouge et noir tout en finesse. On lui offre volontiers le granny award de la soirée !

125 ZUT !


SHOPPING LIST OUTLET

MODE

NEW LOOK

Après quelque temps sous les feux de l’actualité et l’arrivée d’un nouveau directeur artistique, le talentueux Raf Simons, la Maison Dior signe une collaboration pour le moins évidente avec le grand magasin Printemps. Mastodontes parisiens de l’élégance et du bon goût, tous deux revendiquent leur statut de prescripteurs de mode au rayonnement international. Vitrines féériques et créations exclusives, cette association rythme l’ensemble des magasins Printemps en déclinant le thème « Inspirations parisiennes » dans toute la France. À Strasbourg, durant sa dernière phase de métamorphose et avant sa renaissance en avril 2013, le temporaire « mini » grand magasin vibre pour Noël et accueille sa désormais célèbre Boutique Noire, avec une sélection de cadeaux originaux à chaque étage. Après l’hiver, le Printemps. On a hâte ! (C.L.) Printemps Strasbourg 1-5, rue de la Haute-Montée 03 69 71 40 75 www.printemps.com

COOLER COULEURS

ACCESSOIRES

Prix de l’audace des Odyssées de la création en 2008, Nicole Uhl a bien mérité cette récompense ! Sa boutique d’accessoires et de maroquinerie Glove Me, nichée passage de la Mésange, a de quoi surprendre. On y trouve sacs, pashminas et gants en peau made in Italie déclinés en de nombreuses teintes vives et colorées. Atypiques, les produits de Nicole cherchent à dépoussiérer l’image classique et conventionnelle des maroquineries traditionnelles. Une démarche originale, pour une idée cadeau pas banale. (J.G.) Glove Me - 26, passage de la Mésange

ZUT ! 126

Le centre de marques à prix doux s’apprête à vivre son premier Noël au cœur de son village reconstitué. Pour fêter l’événement, il sort le grand jeu et implante au cœur des allées un marché de Noël, dont une partie des recettes sera reversée à l’association ARAME – Association Régionale d’Action Médicale. Au programme des festivités : vin chaud, spécialités alsaciennes et artisanat local avant la tournée shopping ! Le centre se dote de nouvelles boutiques qui viennent compléter une offre déjà large. On compte désormais l’enseigne italienne Benetton, ainsi que la griffe branchée Karl Marc John pour parfaire sa silhouette à petits prix. La marque incontournable de cosmétiques The Body Shop ouvrira également ses portes début janvier. Enfin, coup de projecteur sur la marque de bijoux poétique et fantaisiste Les Néréides dans son tout nouvel écrin. On y découvre des accessoires adorables aux précieux ornements inspirés par les voyages et des collections vintage raffinées. À offrir ou pour se faire plaisir sans se ruiner. Nous, on succombe. (C.L.) Ouvertures exceptionnelles les dimanches 9 et 16 décembre Navettes Strasbourg-RoppenheimStrasbourg, les samedis et dimanches du 8 au 16 décembre Roppenheim The Style Outlets – roppenheim.thestyleoutlets.fr

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TENDANCE ZUT ! MODE

FA FA FA FA FAS H I ON !

NOÊL

TOUT CE QUI BRILLE Postés au cœur de la place Kléber, les badauds s’émerveillent du mythique sapin, passé littéralement dans le patrimoine de notre chère capitale de Noël. Mais au petit jeu des conifères, à quelques pas de là, son petit frère des Galeries Lafayette lui fait de l’ombre malgré ses lumières ! Cette année, le grand magasin illumine la place avec son sapin de huit mètres de haut intégralement paré de cristaux Swarovski. Après New York, Shanghai ou encore Sydney, c’est Strasbourg qui a été choisie pour exposer cette création scintillante qui vient habiller avec chic la marquise. Le spectacle se poursuit aussi à l’intérieur du magasin, dans le tout nouvel espace beauté de 550 m2 fraîchement relifté, qui accueille nouveaux concepts en cosmétiques et autres exclusivités, comme la collection privée de parfums Dior ou encore le Spa Clarins qui ouvrira ses portes début janvier. La gamme de jus d’exception se densifie aussi en accueillant désormais l’Artisan Parfumeur et Penhaligon’s. Noël sera beau ! (C.L.) Galeries Lafayette Strasbourg - 34, rue du 22 novembre – 03 88 15 23 00 www.galerieslafayette.com SHOP

Elle est passée par Cacharel, a habillé Lady Gaga sur certains concerts… La créatrice Marie-José Moisson a tiré de ses expériences passées un goût prononcé pour les paradoxes : ses collections, à la fois élégantes et fantaisistes, s’appuient sur de réelles recherches stylistiques. Passionnée de mode et d’art, Marie-José s’est installée il y a un an au 41, quai des Bateliers et y a implanté sa boutique : des créateurs et artistes de tous horizons, ainsi que de nombreuses pièces faites maison y sont exposés. Avec une première bougie sur son gâteau, l’enseigne entame sereinement la nouvelle année et n’a pas fini de nous étonner… (J.G.) Marjy & co. 41, quai des bateliers www.marjy.fr

ANIMAL INSTINCT

Photo : Preview

Gardée par une armée de mannequins à tête d’animaux faites de chutes de jeans et de dorures, la boutique Freeman T.Porter donne directement le ton : cet hiver encore, la silhouette Freeman est casual et streetwear, mais pas banale. On y retrouve les pièces phare de la marque, avec un petit plus hivernal : les matières nobles sont de mise pour nous accompagner dans notre lutte contre le froid. Velours, cuir, laine d’agneau et cachemire sont incorporés aux pantalons, vestes et pull-overs, dans des teintes chaudes et actuelles. Une collection chic et pratique, comme on adore ! (J.G.) Boutique Freeman T.Porter 17, rue de la Haute Montée www.freemantporter.com

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DESIGN

EN M O U VE M E N T ——— Par Cécile Becker

Portrait Portrait Brandl ———

Si Thibaut Allgayer pouvait changer quelque chose à son parcours parsemé de voyages et de rencontres, il n’en ferait rien. Workaholic, il a été assistant de Fred Rieffel, a travaillé avec le studio de design Kibisi et avec Aurélien Barbry, dont les clients vont de Normann Copenhagen à Hay en passant par Cor. Aujourd’hui, Thibaut Allgayer a monté son propre studio tout en étant directeur créatif au studio David Thulstrup. What else ? Son verre designé pour la cristallerie de SaintLouis a été récompensé par un Wallpaper Design Award… Une année bien remplie qui vient concrétiser un travail acharné. Tout faire, partout, multiplier les expériences : un parcours symptomatique d’une jeune génération capable d’assumer plusieurs projets. Mais pour Thibaut Allgayer, il s’agit surtout de passion. « J’aime travailler à différentes échelles : seul ou en collaboration avec d’autres designers, des artisans, des entreprises. Être au contact est bénéfique à mon apprentissage. Mais je ne pense pas en faire trop, je suis juste exigeant avec moi-même. » Une exigence et une curiosité développée dès l’enfance, notamment à travers Comment c’est fait ?, livre édité chez Larousse. « On y voit tous types d’objets illustrés expliquant leurs fonctionnements, ça m’a fasciné ! Je le consulte encore aujourd’hui. » Il dessine, construit, jusqu’à intégrer les Arts Décoratifs où il se donne les moyens d’une ambition déclarée. Diplôme en poche, il s’envole pour Copenhague : « Il est plus facile de trouver des clients en Scandinavie car cette région fourmille de marques d’accessoires et de mobilier plus ouvertes aux jeunes designers

ZUT ! 132

AUTEUR DE VROUM, L A DERNIÈRE BOULE DE NOËL DU CIAV, LE JEUNE DESIGNER THIBAUT ALLGAYER EST ISSU DES ARTS DÉCORATIFS DE STRASBOURG MAIS VIT AUJOURD’HUI À COPENHAGUE. UTILISATION DE MATÉRIAUX NATURELS, CONSCIENCE ÉCOLOGIQUE ET SENS RAFFINÉ DE L’ESTHÉTIQUE : SA PHILOSOPHIE DE DESIGN A UN AIR SCANDINAVE.

qu’en France. Mais je suis fier de mes racines, je reviens régulièrement pour des projets et collaborations comme avec le CIAV. J’ai juste besoin de gagner de l’expérience. » Ces déplacements réguliers influencent Thibaut Allgayer, dont le travail s’inscrit dans un monde en mouvement constant provoquant des contraintes auxquelles il tente de répondre à travers chacun de ses objets. « J’observe notre quotidien pour y extraire des problématiques, et la mobilité me semble être dans l’ère du temps ! » S’il revendique une démarche plutôt analytique, ses productions ne manquent pas de décalages. Couverture de survie comme abat-jour, tréteaux en forme de bâtons de glace ou bureau à roulettes… Thibaut Allgayer expérimente, se cherche, raconte son univers

à travers ses objets et développe un langage qui lui est propre. Il n’est alors pas étonnant de l’entendre citer Konstantin Grcic en influence majeure : « Ce designer est incroyable, il réinvente de nouvelles typologies d’objets. Son langage formel est surprenant, parfois même inconfortable, mais avec le temps, il a fini par s’imposer. Je trouve ça extrêmement fort. » Réinventer, surprendre : des mots-clés autant applicables au travail de Thibaut Allgayer dont la trajectoire fulgurante est à suivre de très près. ——— www.thibautallgayer.com www.davidthulstrup.com ———


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Thibaut Allgayer VU PAR

Thibaut Allgayer ———

V RO U M « Je suis parti de l’iconographie hivernale. Rapprocher le pneu neige et une boule de Noël m’a rapidement semblé faire sens, autant pour leur allusion respective à l’hiver que pour leur référence au souffle – celui du verrier ou de la station de gonflage. Ce sont deux objets que l’on stocke soit au garage, soit au grenier et que l’on ressort à la saison froide. J’ai emprunté le motif caractéristique du pneu pour l’appliquer à la boule.Un transfert d’un profil fonctionnel en élément décoratif. »

B A S IC I NSTI NCT « Ce projet est avant tout une réflexion sur nos comportements d’assise. Ces chaises contraignent son utilisateur à s’asseoir dans certaines positions. »

APOLLO WO R K IN TR A N S L ATIO N « Je voyageais constamment sans jamais pouvoir m’installer et donc me concentrer. Ce bureau est muni d’une valise de travail contenant une lampe, un tiroir et une multiprise pour recréer un espace propice aux travailleurs en mouvement. »

GO UR MET « Il s’agissait de travailler avec une forme de verre existante produit par la cristallerie Saint-Louis. J’ai fait le choix d’utiliser le cristal taillé comme élément de décor fonctionnel pour faciliter l’appréhension de ce verre assez volumineux et au poids important. »

« J’utilise la couverture de survie comme abat-jour : un matériau léger et abordable qui réfléchit bien la lumière. J’ai ajouté un trépied à cette lampe qui fait référence à la mission Apollo. »

133 ZUT !


DÉCO

——— Par Cécile Becker Photos Christophe Urbain ———

ZUT ! 134

PRENDRE LE TEMPS


CONJUGUER OBJETS D’HIER ET IDÉES D’AUJOURD’HUI, C’EST LA SPÉCIALITÉ DE LA CRÉATRICE NATHALIE MILLO-DIAZ. ELLE COURT LES BROCANTES, CHINE ET RETAPE AVANT D’ASSEMBLER SES PIÈCES AMASSÉES PAR CENTAINES DANS SA CAVE, VÉRITABLE CAVERNE D’ALI BABA. ELLES ATTENDENT SAGEMENT QUE LA CRÉATRICE TROUVE SON INSPIRATION, ET ELLE PREND SON TEMPS. LE TEMPS DES BELLES CHOSES.

Nathalie Millo-Diaz l’avoue sans complexes : son don n’est pas inné mais s’est développé au fil des années. Lorsqu’elle passe la trentaine, une licence de langues étrangères appliquées en poche et quatre enfants dont elle s’occupe à plein temps, elle se remet en question. « J’avais un besoin exacerbé de me situer dans l’histoire, raconte-t-elle. Je chinais beaucoup, j’accumulais déjà des objets. Et puis, un jour, j’ai eu comme une révélation, la création est devenu une évidence, mon second souffle. » Autodidacte, elle apprend en lisant, en essayant, en jetant, en recommençant. Sa première pièce est juste derrière nous : un buffet Henri II récupéré dans une bâtisse familial, elle l’aère, le patine, ce qui deviendra une de ses spécialités. Aujourd’hui, certains clients font appel à ses services pour restaurer un meuble qu’elle patine et repeint si nécessaire, avec des couleurs qu’elle crée en mélangeant des pigments. Il s’agit principalement d’une recherche autour de l’objet mais aussi de quête de soi-même. Ses objets récupérés et accumulés commencent à se révéler, Nathalie Millo-Diaz trouve alors sa voie : faire du neuf avec du vieux. Rien n’est fait au hasard, tout est issu d’un cheminement, elle analyse, cherche à connaître l’objet, le dessine puis le met en forme. « J’entretiens une relation particulière à l’objet. Ils deviennent presque des compagnons. J’essaye de comprendre leur histoire, de m’imprégner d’eux. L’objet amène la création, même si parfois, il ne se laisse pas facilement dompter. Je les

choisis au coup de cœur, en brocante, mais parfois ils peuvent dormir quelques mois dans ma cave avant que j’aie le déclic. » Dans les créations de Nathalie Millo-Diaz, il est véritablement question de temps. De fait, elle nomme sa marque Le temps des belles choses. « Il était temps pour moi de vivre des belles choses. J’ai apprivoisé ce temps là, même si je suis très impatiente. Je prends le temps de comprendre chaque objet avant de l’associer à un autre. » L’activité la plus chronophage de ce processus, étrangement, reste le nettoyage des objets qu’elle récupère souvent dans un sale état. Son travail est par ailleurs très lié aux saisons. Cet hiver, elle travaille beaucoup le tissu, coussins, linge de table, et répond à beaucoup de commandes d’abat-jours. En été, elle se lance sur de gros chantiers de patines et travaille ses luminaires. « C’est drôle, s’amuse t-elle. J’ai toujours eu la phobie de l’électricité, mais j’ai appris toute seule à faire venir la lumière. Au fur et à mesure du temps bien sûr, mes techniques se sont développées. » Au-dessus de nos têtes, dans le salon qu’elle aménage parfois en showroom, des modèles récents : une lampe construite à l’aide d’un moule à gâteau ancien servant d’abat-jour, d’un ancien réflecteur et de la réédition d’un fil ancien torsadé ; une autre attachée à un accordéon en bois d’où pend un abatjour réalisé avec un ancien sac à courriers La Poste. Tout peut devenir matière à création, y compris un saule tortueux de son jardin.

Si la créatrice travaille chez elle, c’est pour une question de confort. Elle continue de goûter avec ses enfants et de profiter d’un environnement qu’elle connaît bien. Dans sa cave, son atelier, « son antre », où elle coud jusqu’à des heures indues, entrepose son luminaire emballé dans du cellophane, comme dans un cocon, et conserve ses objets bien triés dans des boîtes. Il y aurait là de quoi créer pendant des mois, mais Nathalie Millo-Diaz ne se prive jamais d’une énième brocante. Au total, elle a réalisé 300 pièces qu’elle envoie en France, en Espagne et même aux États-Unis, grâce à une communauté de créatrices mais surtout à Facebook où elle propose ses créations avant de sortir une toute nouvelle version de son site. « Il y a autre chose qui me semble important, précise t-elle. Les belles choses doivent rester accessibles et ne sont pas réservées à l’élite. Ainsi, je n’inclue pas le temps que je peux passer à modifier un objet. Parce que je souhaite que tout le monde puisse les acheter. » Des créations qui se partagent, qui se racontent et se bricolent. Un univers personnel et délicat lié aux histoires, et Nathalie Millo-Diaz en a encore à raconter... ——— letempsdesbelleschoses.fr www.facebook.com/millodiazcreations ———

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DÉCO Par Myriam Commot-Delon ———

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BLANCHE NEIGE

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Sept envies immaculées pour blanchir son intérieur cet hiver.

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1) Bougie &K AMSTERDAM au Printemps, 10,95 € 2) Vase KINTO chez Flat Concept Store, 9 € le petit et 24 € le grand 3) Tables Saarinen (1956), design Eero Saarinen par KNOLL International chez Pyramide 4) Miroir Halo ENO STUDIO chez Flat Concept Store, 55€ 5) Mug KINTO chez Flat Concept Store, 20 € 6) Faon &K AMSTERDAM au Printemps, 37,95 € 7) Suspension Scheisse, designer Hans Bleken Rud, NORTHERN LIGHTING à la Galerie Fou du Roi, 1225 €

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Cuisine raffinée sPéCialiste du bœuf salers au fer à rePasser Produits du marChé, frais et de saison.

O u v e rt tO u s l e s j O u rs s a u f l e d i m a n c h e fermé les lundis et mercredis midi

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R ÉA LIS ATION BU TA N E COLLECTIF

restaurant Pierre bois et feu


GASTRONOMIE

C R O C O D I L E D A N D Y ——— Par Flora-Lyse Mbella Photos Roméo Balancourt ———

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À L’ORIGINE, C’EST UN CHEF. ET CELA SE SENT DANS SA FAÇON DE GÉRER SES ENTREPRISES, NOTAMMENT SES DEUX VAISSEAUX AMIRAUX, LES RESTAURANTS ÉTOILÉS PHILIPPE BOHRER À ROUFFACH ET LE CROCODILE À STRASBOURG. MAIS, IL LE RECONNAÎT ENFIN, C’EST SURTOUT UN ENTREPRENEUR. ET IL A (TOUJOURS) FAIM.

Le Crocodile

Quand il a débarqué à Strasbourg grâce au spectaculaire rachat du Crocodile à Monique et Emile Jung il y a trois ans, il a mis le feu au petit monde de la restauration strasbourgeoise. Rumeurs en tous sens, controverses, jalousies, Philippe Bohrer a fait une chose qu’il a appris à adorer avec le temps : il a mis un magistral coup de pied dans la fourmilière. Pensez donc. Il a enlevé sans aucune autre forme de procès l’un des symboles de la capitale, n’épargnant pas les anciens propriétaires et plaçant à la tête de la cuisine un chef exécutif formé dans la maison mais âgé à l’époque de seulement 22 ans. De plus, scandale suprême en cette année 2008-2009 où la crise financière bat son plein et où la plupart des investissements sont suspendus, Philippe Bohrer, associé à Damien Delalleau, ancien bras droit de Guy-Pierre Baumann, rachète sans compter les enseignes à Strasbourg, et partout dans la région. Les rumeurs les plus folles circulent, les autres propriétaires d’enseignes multiples à Strasbourg

ne lui serrent même pas la main : « J’ai été présenté comme un cannibale, nous racontait-il à l’époque. Heureusement, tout ça m’a juste touché, pas ébranlé. » — Histoires de divorces En quelques années, la donne a changé. Des désaccords se sont fait jour entre Damien Delalleau et Philippe Bohrer. Une bonne leçon pour ce dernier, qui croit dans les gens mais qui se méfie désormais : « Dans ma prochaine association, si ça arrive un jour, je serai majoritaire et plus à 50-50. C’était une première. J’ai beaucoup appris, j’en sors plus fort. » Sur le plan personnel, la séparation d’avec Marie-Laure, à qui on doit notamment la décoration actuelle du Crocodile, est également intervenue. Cela fait deux divorces en un an, personnel et professionnel, ce qui ferait beaucoup pour le commun des mortels. Pas pour Philippe Bohrer, qui se dit « plus conquérant que jamais. Ma devise est la suivante en ce moment : ensemble,

on va plus loin. Tout seul, on va plus vite ». Peut-être est-ce ce surnom de petit Ducasse donné par Gilles Pudlowski, avec qui il vient de sortir un livre sur Le Crocodile (lire page suivante). Peut-être est-ce la réussite outreAtlantique de son camarade d’apprentissage Jean-George Von Gerichten, devenu un magnat de la gastronomie admiré par les Américains ? Peut-être est-ce un esprit de revanche... Il faut dire que rien n’aiguillonne davantage l’envie de Philippe Bohrer que l’adversité et le rejet de sa personne a priori. Sa stratégie étant posée, il se lance. Et cela commence par la communication, domaine qu’il avait largement délaissé jusqu’à présent. Désormais, il faut qu’on le voie. Tout d’abord, il publie ce livre avec Gilles Pudlowski et Maurice Rougemont, véritable ode à ce lieu mythique qu’est Le Crocodile, qui n’oublie pas de rendre enfin hommage au couple Jung et le réconcilie avec eux. Il a aussi fait tourner un petit film documentaire sur le restaurant avec un ami producteur parisien.

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GASTRONOMIE

“ La peur, l’adrénaline sont mes moteurs. L’adversité est mon carburant. La routine me tue. ” Ensuite, il crée ce concours national du meilleur livre culinaire, baptisé en toute humilité prix Philippe-Bohrer du livre de cuisine pour récompenser, notamment, ceux qui font preuve d’originalité et d’accessibilité pour la ménagère. Fin novembre, il a été décerné à Eric Briffard, meilleur ouvrier de France et chef du 5, le restaurant du palace le George V à Paris, une table pourvue de deux étoiles Michelin. « Je suis venu à Strasbourg pour soutenir ce prix, même si j’ignorais que je serais récompensé, précise le lauréat. Je trouve Philippe Bohrer particulièrement culotté d’avoir créé ce prix de la littérature culinaire, surtout ici, en région. Paris cadenasse tout et renferme bien trop de choses ! Je suis un paysan bourguignon et je suis fier des régions et des terroirs français. Philippe Bohrer les met en avant, c’est une bonne chose. » Cependant si cette année, la remise a eu lieu au Crocodile, son intrépide patron l’a promis : l’année prochaine, ce sera à Paris. — La conquête de la France Car s’il refuse de dire combien d’entreprises il compte (le nombre a diminué avec la séparation d’avec Damien Delalleau), Philippe Bohrer a décidé d’élargir ses horizons. Il clame qu’il y a dix ans, il n’avait rien (il a tout de même hérité de vignes, exploitées en partenariat avec Wolfberger). Désormais à la tête de sa holding, il se permet d’afficher haut et clair ses ambitions. « D’ici six mois, je devrais être implanté à Paris, peut-être à Lyon. » Des « émissaires » venus de la capitale seraient venus tenter de dissuader ce provincial qui veut jouer dans la cour des grands. Ce qui a eu pour effet de décupler sa volonté. À Strasbourg, il a conservé le Crocodile, la Table de Louise, le Dôme et les Armes de Strasbourg. Des affaires à l’identité bien affirmée, aux concepts bien fouillés et qu’il va continuer à améliorer : des travaux sont

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prévus aux Armes, une intense campagne sur les réseaux sociaux vante le Dôme nouvelle formule, des soirées « prestige » sont organisées au Crocodile... Ailleurs en France, il veut développer des brasseries haut de gamme. « Il y a Paris et Lyon, évidemment, mais rien ne m’empêche d’aller voir à Lille ou à Marseille ce qui se passe. Je peux me permettre d’être opportuniste. » Il faut préciser que quand les affaires roulent, quand tout va bien, tout est apaisé, Philippe Bohrer ne se sent pas bien : « La peur, l’adrénaline sont mes moteurs. L’adversité est mon carburant. La routine me tue. » Mais dans ses 400 chambres à travers l’Alsace, dans ses restaurants qu’on ne dénombre plus, il tient cependant à une chose : que ses clients y soient bien et y mangent bien. C’est dans cette optique qu’il est maître-restaurateur (au moins 80 % de ce qui est servi est transformé sur place, c’est-à-dire fait maison). Et qu’importe l’âge du capitaine en place ou ses diplômes : la motivation et la loyauté doivent primer. L’exemple du Crocodile est criant en ce sens : le chef a 24 ans, le directeur du restaurant culmine à 25. Philippe Bohrer les soutient pleinement, il construit les équipes autour de ceux auxquels il croit, il les défend même. Mais gare à eux si leur loyauté faiblit. ——— Le Crocodile 10, rue de l'Outre à Strasbourg www.au-crocodile.com Restaurant Philippe Bohrer 1, rue Poincaré à Rouffach http://philippe-bohrer.fr ———

— Oui, chef ! Pour ceux qui ont encore un doute, Philippe Bohrer est un vrai chef qui a travaillé dans les plus grandes maisons françaises. Formé au lycée hôtelier de Guebwiller, il en sort avec les meilleures notes de sa promotion. Il va ensuite peaufiner l’enseignement reçu chez Paul Bocuse à Collonges, autrement dit dans la maison la plus prestigieuse de France, pourvue de 3 étoiles au Guide Michelin depuis la nuit des temps (1965). Un prestige auquel il reste attaché quand il remplit ses obligations militaires, puisqu’il est intégré aux cuisines du palais de l’Elysée où il régale Valéry Giscard d’Estaing puis François Mitterrand. Il passe aussi dans la cuisine de Jacques Lameloise à Chagny puis fait une rencontre décisive, personnelle et professionnelle, celle de Bernard Loiseau à Saulieu. « C’est vraiment mon mentor », se souvient-il. En 1984, il revient en Alsace, rachète la maison familiale, la transforme et ouvre À la Ville de Lyon, puis Philippe Bohrer, qui récolte une étoile Michelin en 1992, conservée jusqu’ici. Grâce au rachat du Crocodile en 2009, Philippe Bohrer peut s’enorgueillir d’être le seul chef de la région à être étoilé dans chaque département. Aucun plat de ces deux établissements n’est mis à la carte sans qu’il l’ait goûté et donné son aval. Au Crocodile par Philippe Bohrer, préface Gilles Pudlowski, photos Maurice Rougemont, éditions du Chêne


IL Y A PEU DE DIFFéRENCE ENTRE UN HOMME ET UN AUTRE, MAIS C’EST CETTE DIFFéRENCE QUI EST TOUT.

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GASTRONOMIE

E N V I E S D ' H I V E R DEPUIS 2008, CAROLINE VAN

MAENEN DIRIGE LE RELAIS DE LA POSTE AVEC FORCE ET DOUCEUR. MÊME SI UNE

——— Propos recueillis par Flora-Lyse Mbella ———

ÉTOILE MICHELIN EST VENUE RÉCOMPENSER L’ÉQUIPE, RIEN N’EST JAMAIS ACQUIS POUR CETTE TRAVAILLEUSE ACHARNÉE QUI SE REMET EN QUESTION À CHAQUE SERVICE. EN CETTE FIN D’ANNÉE, ELLE CONTINUE À CREUSER LE SILLON À SA FAÇON. ENTRETIEN DE SAISON. Or noir dans l'assiette « Le délice de saison, c'est la truffe noire. Et ce n’est que le début ! Chaque année, nous proposons un menu dont chaque plat comporte des truffes, de l’amuse-bouche au dessert. Nous conservons les classiques mais le menu évolue chaque année. Certains clients ne viennent qu’une fois par an s’asseoir à notre table, et c’est pour le déguster. Il sera disponible jusqu’à la fin de la saison, au moins jusqu’à la fin du mois de février. Notre fournisseur est une femme qui se trouve à Forcalquier, dans les Alpes de Haute Provence : les champignons y sont très parfumés. Et quel régal dans la salle, cet arôme de truffe si caractéristique qui embaume toute l’atmosphère. Nous en avons fait un vrai spectacle avec notamment un foie gras cuit en croûte de sel avec des truffes que nous ouvrons dans la salle et qui répand ce parfum partout. C’est un grand moment. Evidemment, la truffe est aussi présente dans nos suggestions de saison. À titre personnel, c’est un mets que j’apprécie beaucoup. » Décor Home « C’est bientôt Noël, c’est le moment de décorer. J’aime beaucoup ce moment un peu magique. Cette année, nous avons choisi, avec notre décorateur et ami Marco Heimlich, de tout faire en blanc et cristal. Sur les murs, sur les tables également avec ces

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petites figurines d’animaux polaires et ces petits diamants autour d’elles. Le sapin dans le hall d’entrée est tout blanc avec des petites boules de coton toutes douces. Chaque année, nous varions la décoration de Noël, à l’intérieur comme à l’extérieur. J’ai mis les photos de mes décorations sur facebook l’année dernière, cette année j’ai recommencé et tout le monde m’a copiée en postant les siennes ! Il y en a partout, mais ce n’est pas grave. Je devrais m’en réjouir : être copiée, c’est bon signe. Fort heureusement, les décorations sont différentes. On s’ennuierait si tout se ressemblait…» Le lundi, c'est permis « La nouveauté du moment, c’est l’ouverture du restaurant le lundi. Nous avons décidé d’ouvrir midi et soir pour plusieurs raisons.

La première, c’est la demande des clients de l’hôtel, qui veulent pouvoir descendre, se restaurer et remonter tranquillement dans leur chambre. Il est vrai qu’à la Wantzenau, il n’y a pas grand chose d’ouvert le lundi, ça m’ennuyait de les faire aller ailleurs. Ce sera un défi dans la rotation des équipes mais nous allons y arriver. Décembre est le moment propice pour lancer cela. En cette période, il y aura du travail de toute façon. Et puis, pour l’année prochaine, je me garde dans un coin de la tête l’idée d’une stub du Relais : c’est aussi une demande de nos clients. Beaucoup d’établissements étoilés le font. Nous avons une salle qui, bien décorée, peut donner une vraie petite winstub, avec une cuisine alsacienne au diapason. De plus, la situation de cette salle permet tout à fait d’envisager une telle opération. »


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Quand le caractère rejoint l’insolite Maison de caractère, restaurée, décorée avec style, précision, dans les règles de l’art, l’Hôtel de Myon est une somptueuse demeure de 800 m2, où se marient classique et contemporain. Imprégnée de goût et de sérénité, la maison offre aux adeptes du beau simple, du calme en ville comme du confortable informel… des espaces aux multiples facettes pour des temps de pause privilégiés.

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Relifting en cours « Les travaux viennent tout juste de se terminer. Nous avons refait deux chambres, il faut terminer la décoration mais les travaux sont achevés. Nous allons refaire progressivement les 19 chambres que compte l’hôtel, il était temps ! Nous attaquons la suite après les fêtes. Les travaux occasionnent beaucoup de poussière et de désagrément pour nos clients et pour l’équipe donc autant laisser les choses reposer pendant cette période de Noël et ensuite, nous remettrons le couvert. Ce ne sont pas de simples ravalements : nous cassons tout et nous les réaménageons à notre idée. Cela prend un peu de temps, cela coûte plus cher mais au moins, nous avons vraiment ce que nous voulons. Du charme, de la sobriété, de l’intemporel, avec des finitions soignées et bien sûr, un vrai confort. »

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L'IN-

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CROY ABLE TALENT —— Illustration Laurence Bentz ——

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—— Photos Milan Szypura ——


LE TENNIS CLUB STRASBOURG A ÉCHOUÉ DE TRÈS PEU DANS SA QUÊTE D’UNE PLACE EN PHASE FINALE DES INTERCLUBS DE D1. POUR SA PREMIÈRE ANNÉE À CE NIVEAU, LE CLUB A TOUTEFOIS RÉUSSI UN INCROYABLE PARI : MONTER UNE ÉQUIPE MAJORITAIREMENT ALSACIENNE AVEC UNE TÊTE D’AFFICHE, PAUL-HENRI MATHIEU, ET DEUX GRANDS ESPOIRS, PIERRE-HUGUES HERBERT ET ALBANO OLIVETTI, ET JOUER DEVANT UN PUBLIC NOMBREUX, CHOSE INÉDITE DANS LE TENNIS HEXAGONAL.

Strasbourg en D1 ? La question concernerait davantage le basket ou le hockey actuels, voire la nostalgie footballistique régionale. Le Tennis Club de Strasbourg évolue pourtant bien en D1, après une progression assez étonnante de quatre divisions en… trois ans ! Chaque montée successive a été boostée par une refonte des divisions, ce qui fait du parcours strasbourgeois une exception, dans tous les sens du terme. « Nous nous sommes appuyés au départ sur des garçons solides, à l’esprit club, comme Cyril Martin ou Ivan Vukovic », raconte Jean-Roch Herbert, père de Pierre-Hugues et directeur sportif du TCS. Deux historiques qui ont accompagné la progression du jeune P2H, véritable pivot de ce projet sportif. Marc Hoffmann, le viceprésident du club, affirme vouloir « faire la promotion de [ses] joueurs. On a grandi avec eux. Ce n’est pas une équipe de mercenaires, et sans eux, on n’aurait pas pu le faire ».

Mieux qu’en Challenger Le TCS aligne trois Alsaciens dans son équipe. Pierre-Hugues Herbert donc, mais aussi Albano Olivetti et Paul-Henri Mathieu. L’ancien n°12 mondial a accepté de relever le challenge avec le club de sa ville natale. « Le projet, ça vient de chez moi, raconte PHM. J’espérais vraiment pouvoir rejouer ici un jour, après la Coupe Davis de 2005. Mes parents et mon frère vivent toujours dans le coin, et je pense que c’est important de redonner aux gens ce qu’ils nous ont donné quand on était jeune. » Avec l’accord de la « star » alsacienne, le TCS sait qu’il va pouvoir bâtir du solide. Et aussi un peu de provisoire avec deux tribunes pour une capacité de 1000 places dans les courts couverts. « On voulait allier l’aspect sportif à l’aspect événementiel, note Thierry Bechmann, le président. Jamais aucun club n’avait mis en place de billetterie pour les interclubs. Nous avons investi 80 000 €

dans l’événement pour un budget total de 200 000 €. La billetterie ne couvre même pas toute la dépense. » Le reste est financé par les collectivités, sans que cela soit un pur scandale, comme à Lille par exemple : « Ici, la ville de Strasbourg met de l’argent, mais pour deux matchs qui vont se jouer devant 1000 personnes. Les élus étaient d’ailleurs enthousiasmés. À Lille ou Bondy, ils ont des subventions, et les clubs mettent trois bancs et deux chaises… » Face au TC Paris de Gilles Simon, le TCS l’avait emporté 4-2, avec deux victoires acquises dans le tie-break décisif en double. « Avec le public tu les gagnes, sans eux tu les perds », affirme Bechmann. Pour arriver à créer un événement sans précédent dans le tennis français – « même en challenger, il n’y a pas cet accueil, ni autant de public », souligne Marc Hoffmann – il a fallu une bonne dose d’inconscience. Administrativement, le TCS a mis le doigt dans un

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tonneau des Danaïdes. « Déjà pour la D1, il y a un cahier des charges important. Mais pour organiser ce qu’on voulait, c’était l’enfer, se rappelle Thierry Bechmann. On a eu la visite de la préfecture, de commissions de sécurité… C’est normal, mais c’est du boulot. » L’idée d’une équipe d’Alsaciens, et donc de Français, fait qu’à l’extérieur, le TCS rencontre un élan de sympathie. « À Lille, nous avons affronté l’équipe de Coupe Davis de Belgique, avec Goffin, Rochus, Mertens, note Hoffmann. À un moment, Rochus s’est énervé parce que les supporters strasbourgeois faisaient plus de bruit. Il se demandait s’il jouait à domicile. » Difficile pourtant d’en vouloir à un supporter lillois d’avoir du respect et de l’empathie pour un PHM ou un P2H, plus proche de lui qu’un mercenaire qu’il ne croise jamais dans « son » club. Finalement, ce nouveau modèle sportif et économique dessiné par le TCS attire la curiosité. Des autres clubs d’abord, qui aimeraient bien susciter un peu plus d’engouement lors de ces matchs de fin d’année. Des partenaires ensuite. Thierry Bechmann l’annonce : « Nous avons déjà des contacts pour l’année prochaine. En plus, cette fois, nous aurons trois matchs à domicile au lieu de deux. » Pour couronner le tout, la « dream team » alsacienne devrait être reconduite. Paul-Henri Mathieu le disait : « Je serai là l’an prochain. On n’est pas au foot, il n’y a pas de mercato. » Mais comme au foot, il y a ceux qui jouent pour eux, et ceux qui jouent ensemble. Et dans cette mini coupe Davis que sont les interclubs, jamais le mot « équipe » n’aura autant pris de sens qu’à Strasbourg.

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— Les interclubs en D1 — Deux poules de six clubs s’affrontent. La poule A était, elle, composée de Metz, Sarcelles, le Lagardère Paris Racing, Grenoble, Villa Primrose (Bordeaux) et Colomiers. Le TC Strasbourg était dans la poule B en compagnie du TC Paris, Boulogne, Quimperlé, Lille et Bondy. Les deux premiers de chaque poule accèdent à la phase finale. Avec une seule défaite en cinq rencontres, le TCS reste cependant à quai, à la 3e place de sa poule, éliminé au « goal-average » par Quimperlé et le TC Paris.

— Les catégories de tournois – Grand Chelem – Masters 1000 – ATP500 – ATP250 – Challengers – Futures

— Le TC Strasbourg, héritier d’une longue lignée — Le Tennis Club de Strasbourg a vu le jour en 2001, né de la fusion entre le Lawn Tennis Club et l’ASS Tennis. Le Lawn TC a d’abord été le premier grand club strasbourgeois, avec une présence en D1 en 1972-1973, sous la houlette de Jean-Paul Loth. L’ASS, plus ancien club omnisport de France derrière le Havre Athletic Club, était lui le club des notables, sur un mode amateur. Les deux entités, en bout de course, ont finalement fusionné sur les terrains de l’ASS, quand ceux du Lawn TC étaient réquisitionnés pour bâtir la Maison de la Région. Le nouveau TCS en a alors profité pour s’agrandir en ajoutant 10 courts et de nouveaux vestiaires. Il se compose désormais de 20 courts extérieurs et 8 intérieurs (4 en moquette, 4 en terre battue), auxquels il convient d’ajouter 4 courts de squash. Il compte par ailleurs 1200 membres dont 500 enfants à l’école de tennis, et 16 équipes de compétition. En termes d’infrastructures et grâce à sa situation géographique, le TCS est considéré comme l’un des plus beaux clubs de France.


Paul-Henri Mathieu UNE HISTOIRE DE RETOURS

C’est l’un des plus beaux come-backs de l’année tennistique 2012. Et pour couronner une saison inespérée après une longue blessure, Paul-Henri Mathieu a choisi de revenir en Alsace pour disputer les inter-clubs. Dix-huit mois. Une éternité pour un sportif de haut niveau. Dans la petite enfance, c’est l’âge où l’on marche, où l’on acquiert son autonomie, où – sans doute – on affine sa perception du monde. À 30 ans, Paul-Henri Mathieu a, lui, redécouvert son sport après un arrêt forcé. Une opération spectaculaire du genou qui consistait, en gros, à tout casser pour tout remettre en place. Un risque à prendre. Pendant cette longue période de convalescence, PHM aura l’occasion de faire le tri autour de lui. « C’est une expérience de la vie, raconte le joueur sur ce ton monocorde qui le caractérise. On apprend des gens qui sont sortis ou entrés dans sa vie. C’est là que l’on voit les personnes importantes. » Parmi elles, sa femme, son fils Gabriel, né au moment où “Paulo” reprenait la compétition, début 2012. Une force nouvelle anime alors celui qui a fait ses classes au TC Lingolsheim. Une place dans l’Histoire du jeu Parti des tréfonds du classement ATP, PHM termine 59e joueur mondial après une saison parfois renversante, comme lors de ce RolandGarros d’exception. Pour son retour sur l’ocre de la Porte d’Auteuil, il renverse l’Allemand Bjorn Phau au premier tour, en 5 sets. Le public est debout pour saluer les efforts et la ténacité de Paul-Henri Mathieu. Au deuxième tour, il entre dans l’Histoire du jeu, en éliminant le géant John Isner (10e ATP), une nouvelle fois en 5 sets, en 5h40, (62-7, 6-4, 6-4, 3-6, 18-16). C’est le match « parisien » qui a connu le plus grand nombre de jeux depuis l’instauration du tie-break en 1973. PHM a d’ailleurs toute sa place dans la légende de Roland-Garros, tournoi qu’il a gagné dans la

catégorie juniors. Seuls sept joueurs ont réussi à prendre un set à Rafael Nadal dans ce tournoi. Il en fait partie. C’est aussi lui qui mettra un terme à la carrière du triple vainqueur de RG, Gustavo Kuerten, battu devant un public partagé. De l’autre côté de l’Atlantique, il est aussi le dernier joueur à avoir battu Pete Sampras, à Long Island, avant que « Pistol Pete » ne prenne sa retraite sur sa 14e victoire en Grand Chelem, à l’US Open. Trois fois dix ans À 10 ans, Paulo était « rêveur ». « Je voulais devenir professionnel. J’étais déterminé sans me rendre compte des sacrifices que ça demandait. » À 20 ans, « il y avait l’insouciance des débuts sur le circuit ». Aujourd’hui, à 30 ans, « on se dit que le temps est passé vite. Je n’ai pas vu ces dix ans passer. Il y a eu des émotions incroyables. Des bonnes et des mauvaises ». Dernier trophée qu’il aurait pu conquérir cette saison, le « come-back de l’année », décerné par l’ATP. Mais face à lui, l’autre revenant, Tommy Haas, ancien n°2 mondial, obligé, après une blessure, de rejouer les qualif’ des Grand Chelem et vainqueur du tournoi de Halle avec une victoire sur Roger Federer en finale… S’il avoue « parler d’autre chose que de blessures » avec Haas, il affirme son

« respect face à son retour, à 34 ans ». Sa réussite aussi mérite le respect. « Je le sens depuis que je revenu sur le circuit. Beaucoup de gens m’en parlent, me félicitent, ça fait vraiment plaisir. » Entre deux rencontres avec le TCS, Paulo retourne chez lui, à Genève, profiter de son gamin en toute tranquillité. Aujourd’hui apaisé, le natif de Strasbourg sait qu’il ne sera jamais n°1 mondial. Mais comme Federer, il aimerait que son fils se souvienne l’avoir vu jouer. « Sinon, il y aura des DVD. En tout cas, il saura tout ce que j’ai fait. » Il reverra alors ce revers à deux mains métronomique et cette frappe de coup droit légèrement de face, proscrite dans les écoles de tennis, mais tellement caractéristique. Il verra aussi le public hurler des « Allez Paulo ! » à déchirer les murs. Ça aussi, c’est à son palmarès.

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Pierre-Hugues Herbert CELUI QUI DEVAIT RESTER LUI-MÊME

La relève du tennis alsacien semble assurée. Entre Albano Olivetti et Pierre-Hugues Herbert, la région détient deux espoirs solides. “ P2H ” suit en tout cas une trajectoire programmée pour l’emmener le plus haut possible.

Depuis toujours, la silhouette de PierreHugues Herbert, 20 ans, est précédée ou suivie, de près ou de loin, par celle de JeanRoch, son coach de père. La structure familiale poursuit son bonhomme de chemin. 498e fin 2010, 361e fin 2011, « P2H » pointera cette année aux alentours de la 250e place mondiale. Une progression linéaire, mais qui « ne va pas assez vite », de l’aveu même du joueur. « Ce qui me manque le plus, c’est le mental, c’est de me dire que je peux battre des mecs bien mieux classés. Me dire que si je les bats, ça n’a rien d’extraordinaire. » Il y a quelques semaines, sur un Challenger, en Italie, PierreHugues a pu se jauger face à Andreas Seppi, 23e joueur mondial. À l’arrivée, une défaite, mais un premier set accroché perdu au tiebreak uniquement. « Finalement, il n’y a quasiment pas de différence, mais elle est énorme, image Herbert. On arrive à un niveau où les écarts sont infimes, où tous les matchs vont se jouer à peu de chose. Et c’est là qu’il faut être capable de faire basculer ces quelques points du bon côté. » Simple et funky Jovial, blagueur et adepte du tennis-ballon, Pierre-Hugues Herbert a pu constater, au contact de Paul-Henri Mathieu (59e ATP) et Guillermo Garcia-Lopez (77e), ses deux compères du TC Strasbourg pour les interclubs de D1, que la simplicité était un atout. « On en tire forcément quelque chose d’être au quotidien avec eux. On se fait tout un monde, mais ils font des choses simples. Paul-Henri, par exemple, il a un détachement incroyable par rapport à tout ça. La leçon, c’est ça : il suffit de rester Pierre-Hugues et de faire du

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Pierre-Hugues. » Autrement dit ? S’appuyer sur un service de plus en plus efficace et sans doute l’une des plus belles « mains » des espoirs français, façonnée par une longue pratique du double. Une spécialité dont il a déjà fréquenté le Top100… S’il est un joueur agréable à voir évoluer, Herbert se qualifierait pourtant presque de besogneux. « Je ne suis pas un sur-talentueux à la Richard Gasquet. Ma progression, c’est beaucoup de travail. » Sans doute, mais pas seulement. Dans l’encadrement du TCS, certains le voient intégrer le Top100 rapidement. Un objectif clairement à sa portée, mais qui demandera des efforts supplémentaires. Pour cela, il faudra passer outre « les gros ras-le-bol de fin de saison. Je commence à être fatigué. La saison est longue et il faut être capable de s’en sortir mentalement, arriver à se gérer. Il faut de la maturité. » Maturité mentale, maturité physique, deux composantes indispensables et qui font que la moyenne d’âge du Top100 est aujourd’hui de 27 ans. À l’image du Tour de France, ce sont rarement les premiers virages qui posent problème lors des grandes ascensions.

— Et bientôt… les IS ! Le TCS héberge depuis deux ans les Internationaux de tennis de Strasbourg, un tournoi féminin qui précède Roland-Garros et qui aura lieu du 18 au 25 mai prochains. Si la première année a été « difficile », selon Thierry Bechmann, les relations avec l’organisateur s’améliorent doucement. Le directeur du tournoi Denis Naegelen est d’ailleurs venu voir les dirigeants du TCS autour des interclubs. « Nous sommes très heureux de les accueillir, poursuit Bechmann, mais nous souhaitons que ce soit davantage dans la collaboration. Il faut bien comprendre que les IS occasionnent beaucoup de travail pour faire cohabiter l’événement et la vie du club pendant trois semaines. Nous fournissons les bénévoles, nous aidons à l’installation, et il faut une compréhension réciproque. Nos membres payent une cotisation, et on ne peut pas les mettre de côté au moment où il commence à faire beau… » Il y a deux ans, les IS étaient organisés « au Wacken ». Depuis l’an dernier, ils sont « au TCS », preuve que la communication fait son chemin. « On n’insiste pas spécialement là-dessus, mais c’est bien que le travail fait par le club soit reconnu. »


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LIFESTYLE ZUT !

BIEN-ÊTRE

DOS-DOS DÉCO

JOYAUX NOËL Le Carré d’or est un quartier privilégié qui regroupe quatre des plus belles rues de la ville et deux places au pied de la Cathédrale… On y trouve des commerçants indépendants qui savent ériger l’excellence gustative en art de vivre ou des boutiques chaleureuses comme l'Altra, avec son vestiaire sophistiqué et sa façade splendidement décorée. Le quartier est désormais doté d’un charmant petit marché de Noël, traditionnel et authentique où l’on court faire le plein de truffes, de marrons glacés ou de décorations. Un charme inégalable, à l’image de ce nouveau chalet proposant des boules bijoux décorées à la main, à la manière des œufs de Fabergé. Des pièces exceptionnelles pour parer votre sapin de mille feux, à nouer sur un branchage ou à accumuler généreusement en s’inspirant de cette coupe suspendue en fil de fer, mettant en scène avec faste et éclat toute la magie de Noël. (M.C.D.) Marché de Noël du Carré d’Or, place du Temple Neuf jusqu’au 31 décembre www.lecarredor-strasbourg.fr

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À en croire plusieurs études, on passerait plus de 30% de notre vie dans les bras de Morphée ! Dormir est l’activité intense que l’on pratique sans relâche et quotidiennement, alors autant optimiser ce moment… La marque Tempur, avec sa technologie de pointe certifiée et utilisée par la NASA, demeure aujourd’hui la crème de la crème en matière de literie et vient de s’installer en exclusivité à Strasbourg. Ce Sleep Center Dos & Confort propose une panoplie de produits pour le sommeil : matelas, oreillers, sommiers, mais aussi fauteuils de relaxation, le tout avec l’expertise Tempur. Parce que passer une bonne nuit n’a pas de prix et pour être sûr de faire le bon choix, la boutique met à disposition une cabine (d’essayage) du sommeil pour découvrir l’ADN de l’enseigne à travers différents produits garantissant un total confort. De quoi faire de beaux rêves. (C.L.) Sleep center Dos & Cofort / Tempur 6, rue de la Nuée bleue 03 88 38 69 63 www.strasbourg.dosetconfort.com


DÉCO

TOUT FEU TOUT FLAMME

GARDE (ROBE) FORESTIÈRE

Indétrônable depuis 1827, La Boîte à bougie est une entreprise familiale faisant partie de notre patrimoine. De la fabrication de cierges à celle de bougies parfumées, en passant par la création récente de son e-shop (insufflé par l’actuel P.D.G, Jean-Louis Metz), La Boîte à bougie a toujours su évoluer et se renouveler sans jamais perdre sa flamme. Les références de la boutique de la rue du Sanglier (ouverte en 1865 !) sont nombreuses et les conseils toujours avisés, forts d’un savoir-faire inégalé. Ce sera toujours un voyage olfactif et visuel jouissif que de s’y rendre pour y choisir de nouvelles senteurs enivrantes ou y glaner ses cadeaux de fin d’année. Difficile de vous citer toutes leurs références, une visite de leur nouveau site s’impose ! Et pour respirer comme à la cour de France, jetez votre dévolu sur les sublimes bougies de la chicissime manufacture Trudon… Royal ! (M.C.D.) La Boîte à bougie 4, rue du Sanglier 03 88 32 05 62 www.laboiteabougies.fr

ÉCOLE

« Dans la forêt, je te retrouve à l‘heure opportune, un rendez-vous improvisé sous la lune… ». Les paroles en ritournelle de Lescop, la révélation de la rentrée dans son dernier opus La Forêt, laisse présager un regain d’intérêt autour de ce thème visiblement évocateur. C’est notamment l’idée artistique de l’exposition actuelle du Musée Würth avec L’appel de la forêt, jusqu’au 19 mai prochain. Il devient aussi un terrain d’expression sans limite pour les étudiants en Design de Mode de l’école ORT, qui présenteront au printemps prochain une collection dédiée à ce thème, lors d’un défilé au sein du musée. En attendant, on ne rate pas l’exposition initiée par l’équipe enseignante de l’école autour de La Faille, champ sémantique ou lexical qui a également inspiré la classe préparatoire en Arts Appliqués, auteur d’œuvres surprenantes. Un parcours éducatif sans faille qui conclut à merveille ce premier trimestre créatif ! (C.L.) Vernissage de l’exposition La Faille, dimanche 9 décembre à 18h30 à l’école ORT - 14, rue Séllenick - 03 88 76 74 64 www.strasbourg.ort.asso.fr

LE SOLEIL VIENT DU NORD

DESIGN

La galerie Pêle Mêle n’est plus à présenter à Strasbourg. Un espace entre lieu d’expo et boutique, où l'on flâne au milieu de bijoux, objets déco ou mobilier comme on n’en voit que trop rarement. Que ce soit pour se faire plaisir ou pour offrir, on trouve ici ce qu'il faut et pour tout type de budget. Les pays nordiques affirment leur supériorité en terme de design mais pour autant, notre pays n'est pas en reste : les superbes luminaires Cocodesign, fabriqués entièrement en France, en région lyonnaise, sont disponibles et prêt à éclairer votre élégance. Un rayon de soleil en hiver. (A.G.) Pêle Mêle 9, rue des Veaux - 03 88 32 54 59 www.pelemele.eu

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LIFESTYLE ZUT ! CHEVEUX

C A S T’ PR O D UC T BEAUTÉ

ET GLOU, ET GLOU ! On en a beaucoup entendu parler, on les a vu se développer en France, et on a tous eu envie d’en savoir plus ! Venu d’Asie, le phénomène Fish Spa éveille les curiosités, y compris au sein de la Zut ! team. Chez Fish Expérience, la souriante Carmen Salinas m’a permis de tester pour vous la fish pédicure. Confortablement installée, les pieds calés au-dessus d’un bassin en plexi transparent, je regarde la multitude de petits poissons qui s’activent. Intriguée, je plonge un orteil, et hop, le pied tout entier. La surprise est immédiate, la sensation étrange ! En réalité, c’est un peu comme plonger les pieds dans de l’eau pétillante, ça chatouille délicieusement et surtout, ça relaxe. Carmen rit, explique et met à l’aise. Au final, je sors reposée et assez fière d’avoir franchi le pas. Une expérience à vivre, pourquoi pas à l’occasion des fêtes de fin d’année. (J.G.) Fish Experience – Fish’Spa 3, rue des Bouchers www.fish-experience.com

SPA

Atmostore fait partie des salons de coiffure portés vers l’innovation et l’efficacité (et la perfide Albion). Elle accueille désormais en exclusivité la toute nouvelle gamme British Hair. Une ligne qui va à l’essentiel et se refuse à encombrer votre salle de bain. En seulement dix produits, elle permet de traiter toutes les envies et tous les types de cheveux. Reconstruire, hydrater, protéger la couleur, donner du volume ou de la brillance, améliorer la finition du cheveu… Un packaging chic et un résultat optimal : en matière capillaire aussi, jouez-la à l’anglaise. (A.G.) Gamme British Hair, en vente chez Atmostore 4, quai des Bateliers 03 88 25 15 38

HISTOIRE D’O

Cette année, pas question d’hiberner ! L’heure est au cocooning et à la relaxation ; se faire du bien devient une priorité pour affronter avec tonus la saison. L’Espace aquatique à Obernai nous invite dans son espace de bien-être, un spa sophistiqué aux activités de détente à la carte. Saunas, hammams, bassin zen et tépidarium, où allongé sur la céramique chaude on se laisse imprégner par des senteurs venues d’ailleurs pour un apaisement total. Les soins et modelages se font dans une ambiance feutrée, à proximité d’une tisanerie où l’on se désaltère pendant ces moments hors du temps. Les plus sportifs ne sont pas en reste et pourront profiter de la salle de fitness équipée d’appareils dernier cri, de séances d’aquagym ou d’energy bike, pour des instants plus toniques ! À tester d’urgence. (C.L.) L’O Espace aquatique - 6, rue du Maréchal de Lattre de Tassigny à Obernai www.lo-obernai.fr

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Les Métiers de l’Art 

M.A.N.A.A. : Mise A Niveau Arts Appliqués Assure une initiation à la culture et aux pratiques des différents domaines des arts appliqués en une année après le BAC et permet d’ intégrer un BTS spécialisé dans l’un des domaines du design.

BTS Design de Mode, Textile et Environnement Option Mode Forme des professionnels de la création dans le monde de la mode, du textile et de l’environnement. L'option Mode forme des stylistes qui travailleront dans le prêt-à-porter, la haute couture ou le stylisme industriel.

Nos partenaires 

Lectra, ORT Moscou, Max-Eyth-Schule (Stuttgart), l'Université de Xiaozhuang (Nanjing), Fashion.net, Insa...

Nos nouvelles options au lycée 

Seconde : Création et Activités Artistiques

Première : Cinéma/Audiovisuel Ateliers Artistiques en préparant un Baccalauréat S.T.M.G. : Sciences & Technologies du Management & de la Gestion S.T.I.2.D. : Sciences & Technologies de l’Industrie & du Développement Durable

14, rue Sellénick 67083 Strasbourg Cedex Tél. : 03 88 76 74 76 Fax : 03 88 76 74 74 strasbourg@ort.asso.fr

Établissement sous contrat d’association avec l’État


LIFESTYLE ZUT !

DESIGN

DOLCE H A B I TAT Marque leader du design à l’italienne depuis 1923, Calligaris a fait, en 2012, une arrivée remarquée sur le marché français. Elle est en effet devenue partenaire exclusif du Palais de Tokyo et a ouvert un flagship parisien et plusieurs showrooms au cœur des plus grandes villes françaises. Strasbourg ne pouvait qu’accueillir les bras ouverts ce spécialiste de la chaise et son large éventail de mobilier contemporain. Difficile de résister à ce style italien inimitable, qui excelle dans l’art de marier des matériaux innovants (le polycarbonate est son matériau de prédilection) et du bois noble et chaleureux (le pivert est l’icône de la marque). Comme cette chaise pleine de peps et d’élégance, incarnant parfaitement les valeurs incontournables de cette griffe pleine de modernité, que vous pourrez découvrir dans ses deux nouvelles adresses strasbourgeoises. (M.C.D.) Chaise Basil, à partir de 149 € chez Calligaris Concept store 4, rue du Chemin de fer à Lampertheim 3, place Saint-Pierre-le-Jeune à Strasbourg www.calligaris-strasbourg.fr

HIGH TECH

MANGEZ DES POMMES ! Chez BEmac, on a la possibilité de se laisser aller à tous ses rêves en forme en pomme et de croquer pour les produits apple. On y retrouve toute la gamme de produits de la marque, même l’iPhone 5 qui n’était pas disponible jusqu’alors, ainsi qu’une large sélection d’articles compatibles Apple. Au rayon des nouveautés majeures, le nouvel iMac 21’ est arrivé. Il est beau, grand, fort, rapide, toujours plus fin et n’attend plus que vous pour le parcourir et le pianoter délicatement. À noter que début janvier, la boutique située rue de la Mésange ferme, mais vous trouverez tout ce qu’il vous faut dans celle du quai Saint-Nicolas. (A.G.) iMac21', chez BEmac, quai Saint-Nicolas www.bemac.fr

ÉCOLE

SINGULIÈRE

Cette rentrée universitaire marque un nouveau départ pour l’EM Strasbourg, qui déploie une toute nouvelle identité visuelle, percutante et ambitieuse. La Business School, qui a changé de be distinctive nom depuis 2007 – anciennement IECS –, affirme sa singularité à la fois par son logo graphique et coloré et son slogan « be distinctive », résolument évocateur. Pour marquer sa différence en matière de formation, l’EM Strasbourg a lancé les Master Class en Management, animées par un professeur agrégé en philosophie sur un cycle de douze conférences gratuites et diffusées en direct sur Internet. Une approche nouvelle du commerce qui fait réfléchir. (C.L.)

EM STRASBOURG

BUSINESS SCHOOL www.em-strasbourg.eu UNIVERSITY OF Master STRASBOURG Vidéo de la première Class : www.youtube.com/user/emstrasbourg ZUT ! 154


2 Architectes d’intérieur 1 Décoratrice d’intérieur 1 Designer

DINING . LIVING . WORKING . SLEEPING BoConcept Strasbourg · Z.C Lampertheim-Vendenheim zut-decembre-2012.pdf 1 26/11/12 11:29 · 4 rue du Chemin de Fer · 67450 Lampertheim · Tel. 03 88 81 66 53 · www.boconcept.fr

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LIFESTYLE ZUT !

RESTO

PIERRE, BOEUF, CISEAUX

RESTO

Le bœuf est l’animal noble et sa cuisine est un art. Et ici, le bœuf salers est la spécialité. À mille lieux des grills industriels, Pierre Bois & Feu propose une cuisine raffinée et digne. La finesse préside et la fraicheur le mot d'ordre. Produits incontestablement frais tout droit venus du marché et viandes haut de gamme issues de fermes régionales, le tout dans un cadre naturel composé essentiellement de bois : le bon goût, la richesse des saveurs et un savoir faire unique au cœur de la poétique rue du Bain aux roses. On aime et on se ressert. (A.G.)

WI L D WI L D WE S T !

Comment effectuer un retour à l’enfance, si ce n’est d’associer les cowboys – et accessoirement les indiens – pour les garçons et la dînette pour les filles ! Au restaurant La Diligence de Lingolsheim, on met justement les enfants à l’honneur, dans une ambiance western : pour tout repas adulte acheté, un menu enfant offert ! En cette fin d’année, petits et grands pourront donc effectuer un vrai voyage gustatif et temporel. Alors vite, tous en carriole ! (J.G.) Restaurant La Diligence 7, rue du Maréchal Foch à Lingolsheim - 03 88 78 32 24 www.ladiligence.net

Pierre Bois & Feu 6, rue du Bain aux roses 03 88 36 25 59 www.restaurant-pierre-bois-et-feu.fr

GOURMANDISE

CHO-COL AT

En ces périodes de fêtes, on a bien envie de revenir à l’un des petits plaisirs sacrés de l’hiver : le chocolat. À Strasbourg, un expert en la matière offre ses services et sa magie. Jacques Bockel mélange les saveurs et multiplie les croisements entre la douceur du fruit et la fougue de l’épice pour arriver à des résultats surprenants. Aussi, on retrouve 85 tablettes dont 25 sont à base de cacaos originaires de pays aussi exotiques que le Pérou, l’Ouganda, le Sao Tomé ou le Vanuatu. Vous ne saurez vous refuser au petit dernier de cette maison riche de nombreux trophées dans la profession : le praliné intense fait à partir de 70% de fruit. N’hésitez plus, l'hiver sera cho-colat. (A.G.) Chocolaterie Jacques Bockel 10, rue du Vieux Marché aux Poissons - 03 88 91 29 49

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Plus qu’un lieu, une légende… w w w. p r i x b o h re r. f r Ouvert du mardi au samedi de 11 h 45 à 13 h 30 et de 19 h 00 à 21 h 30 — Fermeture hebdomadaire : dimanche et lundi

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