Zut Strasbourg #32

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Culture Tendances Lifestyle City magazine Gratuit

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Strasbourg Hiver 2016 1



Chicmedias aime bien éditer des magazines

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Culture Tendances Lifestyle

12.2016 —— 01.2017

La culture n'a pas de prix

City magazine Gratuit

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Strasbourg Hiver 2016 1

Zut Magazine Strasbourg, Lorraine/Luxembourg Rhin Supérieur Nord et Sud www.zut-magazine.com

Novo Magazine (en co-édition avec médiapop) www.novomag.fr Prochain numéro Novo 43 Février 2017

Prochain numéro Zut Strasbourg 33 Avril 2017

chicmedias 12 rue des Poules 67000 Strasbourg 03 67 08 20 87

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DRIVE DE CARTIER MOUVEMENT MANUFACTURE 1904 MC LA COLLECTION DRIVE DE CARTIER EST UN NOUVEAU MANIFESTE D’ÉLÉGANCE. VÉRITABLE OBJET DE STYLE, CETTE MONTRE À L’ESTHÉTIQUE COUSSIN AUX LIGNES RACÉES EST ANIMÉE PAR LE MOUVEMENT MANUFACTURE MAISON 1904 MC. NÉE EN 1847, LA MAISON CARTIER CRÉE DES MONTRES D’EXCEPTION QUI ALLIENT L’AUDACE DES FORMES ET LE SAVOIR-FAIRE HORLOGER. # D R I V E D E C A R TI E R

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Zut ! team

Contri— buteurs

contact@chicmedias.com ou prenom.nom@chicmedias.com Directeur de la publication & de la rédaction Bruno Chibane Administration et gestion Gwenaëlle Lecointe Rédacteur en chef Emmanuel Abela Directeur artistique Hugues François

Rédacteurs Emmanuel Abela, Nathalie Bach, Cécile Becker, Marie Bohner, Myriam Commot-Delon, Sonia de Araujo, Sylvia Dubost, Jean HansMaennel, Alice Herry, Caroline Lévy, Séverine Manouvrier, Aurélien Montinari, Philippe Schweyer, Romain Sublon, Ramona Schmitt, Claire Tourdot

Commercialisation & développement Bruno Chibane +33 (0)6 08 07 99 45 Caroline Lévy +33 (0)6 24 70 62 94 Céline Loriotti +33 (0)6 64 22 49 57

Stylistes Myriam Commot-Delon Anaïs Inizan Caroline Lévy

Philippe Schweyer +33 (0)6 22 44 68 67 Alexandre Zebdi +33 (0)6 48 14 30 86

Photographes Pascal Bastien Nicolas Comment Alexis Delon / Preview Hugues François Olivier Legras Christophe Urbain Henri Vogt

Design graphique Hugues François Clémence Viardot Directrice artistique mode et tendances Myriam Commot-Delon

Illustrateurs Laurence Bentz Laetitia Gorsy

Responsable d’édition Sylvia Dubost

Retouche numérique Emmanuel Van Hecke / Preview

Secrétaire de rédaction Cécile Becker

Modèle Leslie Dumeix

Coordination générale Léonor Anstett

Coiffure Gregory Alcudia / Avila

Responsable promotion et partenariats Caroline Lévy

Make-up Audrey Beaurain

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Ce magazine trimestriel est édité par chicmedias 12, rue des Poules 67000 Strasbourg 03 67 08 20 87 S.à.R.L. au capital de 37 024 euros Tirage : 9000 exemplaires Dépôt légal : décembre 2016 SIRET : 50916928000013 ISSN : 1969-0789

Impression Ott imprimeurs Parc d’activités « Les Pins » 67319 Wasselonne Cedex Diffusion Novéa 4, rue de Haguenau à Strasbourg Abonnements abonnement@chicmedias.com

Crédits couverture Robe poncho en crêpe frangée et sac en cuir rayé Balenciaga chez Ultima. Escarpins Predator en strass de Swarovski Philipp Plein chez Algorithme La Loggia. Photographe Alexis Delon / Preview Réalisation Myriam Commot-Delon Mannequin Leslie Dumeix Coiffeur Gregory Alcudia / Avila Make-up artist Audrey Beaurain Studio Photo / Preview 28, rue du Général de Gaulle 67205 Oberhausbergen www.preview-tm.fr


TOUJOURS PLUS RAPIDE

SOIS TOI

Cara Delevingne, Actrice et mannequin


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ÉDITORIAL

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TU VIENS DE STRAS, TOI ? #2 : Jacques

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AU BON PARFUM Les parfums cultes : Vol de nuit

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LES DESSOUS DE TABLE Alain Beretz & Dominique Formhals

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STRASBOURG VU PAR Pierre Boileau, Vanessa Rochmann & Charles Sengel, Akif Caliskan, Sarah Abitan, Marie & Frédéric Moulard, Valentina Meier, Salah Benzakour, Thierry Strauss, Marion Puccio

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DOSSIER Les Syriens entreprennent à Strasbourg

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Cul ture 54

EXPO Les 85 ans de Tomi Ungerer

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DOSSIER Le jeu vidéo à Strasbourg

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PORTRAIT Stéphane Litolff

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PANIER CULTURE

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INSTANT FLASH Loïc Prigent Wax Tailor Piers Faccini & Vincent Ségal Frédéric Boyer

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LES SÉLECTIONS DE LA RÉDACTION


L’actrice Lucie Lucas

Strasbourg. Boutique - 48, rue du Vieux Marché aux Poissons - 03 88 35 95 06 - www.mauboussin.fr


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Life style 67

Ten dan ces 91

SÉRIE MODE If I was a folkstar

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WISHLIST DE NOËL

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INTERVIEW Dominique di Matteo, Cartier Strasbourg

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URBAN STYLES La fashion dans les bars

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LES SÉLECTIONS DE LA RÉDACTION

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SPORT Le sport à l’école 1/3

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PORTFOLIO Les créatrices strasbourgeoises

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ZUT À TABLE REPORTAGE Olivier Nasti à la chasse

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ZUT À TABLE LA RECETTE Chez Nous Une gratinée s’il vous plaît !

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ZUT À TABLE PORTRAIT Xavier Jarry à La Fabrique

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ZUT À TABLE LES LIEUX Terroir & Co Oenosphère La Maison des Têtes Le Bistrot Moderne

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DOSSIER 3 bonnes raisons d’aller au Vorarlberg, en Autriche

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BIEN-ÊTRE L’hôtel des Berges

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LES SÉLECTIONS DE LA RÉDACTION

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J’AI TESTÉ POUR VOUS Le personal shopper


Strasbourg Arcades Rue Des Grandes Arcades 10 67000 Strasbourg

Strasbourg RivĂŠtoile Place Dauphine 3 67000 Strasbourg


Z UT Édito

Alors que le patron fêtait ses cinquante ans en grande pompe, les conversations allaient bon train autour du buffet : - Punaise, t’imagines ! Cinquante piges ! - Ouais, ça commence à sentir le roussi. - Tu parles, à son âge il va avoir du mal à rester dans le coup ! - Il va être obligé de nous écouter, s’il ne veut pas être complètement largué… - Lui qui n’en a toujours fait qu’à sa tête, il va nous faire un magazine de mémés s’il ne fait pas un effort pour tenir compte de notre avis. Remarque, Burda c’est pas mal ! Comme pour faire mentir les langues de vipères qui commençaient à se délier après quelques cocktails savamment dosés, le patron s’est dirigé vers le centre de la piste de danse, une clope dans la main gauche, un verre de rouge dans la main droite. Tout en se dandinant nonchalamment sur un remix de Week-end à Rome il repensait avec une pointe de nostalgie à sa jeunesse insouciante. Désormais, il avait une boîte à faire tourner et passait plus de temps à analyser des tableaux Excel

Le club des 50 Par Philippe Schweyer

pour élaborer des stratégies de développement qu’à lâcher prise sur les pistes de danse. Pourtant, dès les premières notes de Fier de ne rien faire, un vieux tube des Olivensteins, qu’il était sans doute un des seuls au monde à connaître par cœur (À sucer des poires belle-hélène / Les mains pleines de confitures / Et les lèvres peintes de haine / Lorgnant là-haut le ciel azur / Où les japs se démènent / À détourner des Boeing / À descendre ceux qui rechignent / Oh mon Dieu qu’ils ont mauvaise mine / Je suis fier de ne rien faire / Fier de ne savoir rien faire…), il s’est mis à pogoter avec la fougue d’un gamin épileptique. Insensibles à cette “danse” anachronique, les jeunes langues de vipère n’en perdaient pas une miette : - T’as vu comme il se donne en spectacle ? - Ouais, même Donald Trump n’oserait pas se prendre pour un punk avec sa bedaine ! - Les mecs de cinquante ans qui s’imaginent qu’ils en ont toujours vingt, je trouve ça limite obscène… - Mon père reste bien sagement à la maison devant sa télé le samedi soir. Il sait que son temps est passé. - Là, t’es un peu dure… - Non j’te jure. T’imagines ton père en train de pogoter ? - Certainement pas, le mien est resté scotché sur Pink Floyd. Le dimanche matin, il écoute religieusement The Dark Side of the Moon à plein volume avachi sur son canapé. - La honte ! J’espère qu’on ne sera pas comme ça à leur âge… - T’inquiète, ça ne risque pas… - Comment peux-tu être aussi sûr de toi ? - Je ne suis sûre de rien, mais bon… Je préfère me faire euthanasier que d’être aussi ridicule à cinquante ans. Tu me vois écouter Pink Floyd les

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yeux fermés, allongée sur mon canapé ? - C’est sûr que c’est hyper flippant de vieillir, si c’est pour frétiller comme un gardon dès qu’on te passe un vieux tube d’Étienne Daho… - On devrait peut-être arrêter de picoler tant qu’il est temps. - À notre âge ? - Il paraît qu’une vie saine ralentit le vieillissement. - Mince, tu parles comme une vieille… - Oh non ! Tu trouves ? - Oui, ça promet…


CrĂŠdit photo : Eric Allard


Z UT Chronique #2

Tu viens de Stras toi ? — Jacques Auberger Par Caroline Lévy Photo Vincent Arbelet

C — C’est mieux que chez Emmaüs ! Tu acceptes tout ? J : Sur le moment oui, pour faire plaisir. Après je m’en sépare si le son n’est pas assez régulier. C — Ton EP Tout est magnifique est éloquent sur ton rapport au beau et au laid… J : Je m’occupe de prendre des choses qu’on a l’habitude de considérer comme moches ou du moins non-musicales et de les mettre en rythme. Au final elles ne sont pas si dégueu ! J’ai un changement de train. Je suis de retour dans dix minutes. C — En préparant l’interview je suis tombée sur une vidéo de ton père Étienne Auberger à ton âge, dans l’émission Apostrophes. Dans l’attitude et les propos on retrouve beaucoup de similitudes… J : Sans doute parce que c’est mon père ! C — Es-tu fils à papa ou fils de dada ? J : Fils à papa de ouf ! Mais à maman aussi. Tu sais, mon succès est le fruit d’un travail qui a commencé avant ma naissance. C — C’est-à-dire ? J : Il ne m’appartient que dans la mesure où les gens autour de moi me l’attribuent. En tant que musicien, je suis le résultat d’un travail d’équipe. Mes parents font clairement partie de cette équipe !

Jacques : Je suis en place ! Nom de scène Jacques Âge 25 ans Métier DJ Genre Techno transversale Parcours strasbourgeois De 0 à 19 ans Fait d’armes Co-fondateur du collectif et label Pain Surprises Signe particulier Crête inversée Instrument de prédilection Tout objet pouvant provoquer du (bon) son Interview Facebook

Caroline : Tu es dans le train. Où vas-tu ? J : Je vais à Saint-Brieuc pour un concert et bouge demain à Genève. C — Qu’as-tu avec toi dans tes valises ? J : Plein de trucs ! Des balles de pingpong, des ciseaux. Un truc pour battre les blancs en neige, des récipients en porcelaine, des petits bouts de tuyaux en plastique, un plateau de serveur, une grille de four… C — C’est toujours la même boîte à outils que tu transportes ? J : Non, car le public me ramène des objets. Vaisselle, outils, j’ai déjà eu un refroidisseur d’ordinateur ! 14

C— Un père musicien, une mère prof de yoga. Ça t’a conditionné à quel point ? J : On est au-delà du conditionnement quand on parle d’hérédité. C — Tu médites en jouant ? J : On peut dire que jouer de la musique improvisée est une forme de méditation, en ce sens où l’inspiration arrive dans le moment présent. C — Un mot sur Strasbourg ? J : Quand on y réfléchit bien, Strasbourg est le centre idéologique du monde ! C — Le jour de l’inauguration du Marché de Noël, je ne te le fais pas dire. J : C’est devenu Hollywood Boulevard. Je dois enchaîner Caroline. Besos C — Reste comme tu es Jacques. J : Merci. Tchuss.



Z UT Chronique #30

Au bon parfum — Les parfums cultes Vol de nuit, Jacques Guerlain, 1933 Par Sylvia Dubost Illustration Lætitia Gorsy

Huit ans après Shalimar, Jacques Guerlain signe un nouveau chefd’œuvre. De tous ceux qui peuplent le catalogue de la maison, c’est sans doute le plus singulier. Un oriental avec l’esprit d’un chypré et la retenue d’une cologne. Le nom évoque évidemment le livre d’Antoine de Saint-Exupéry, dont Jacques Guerlain était l’ami. Ç’aurait pu être celui d’un parfum d’homme, mais Guerlain décide que le goût du risque et de l’aventure, l’audace, le panache et la folie siéent tout aussi bien à une femme. Le galbanum, racine d’une plante herbacée caractéristique des accords chyprés, sonne un départ très vert et aromatique, voire épicé. Apparaissent ensuite le jasmin, profond mais étonnamment mesuré, et la très rare et étonnante jonquille, dont l’odeur mêle

Par Sylvia Dubost Illustration Lætitia Gorsy

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fleurs blanches et biscuit. En fond, la chaleur de la vanille et des notes ambrées, et en filigrane, une note animale discrète, diffuse mais bien réelle. Une extraordinaire évolution, une explosion rêche et piquante qui s’apaise et s’adoucit, comme un voyage ou plutôt la traversée d’une vie. Vol de nuit est un parfum complexe, vibrant et vivant, qui, à chaque bouffée semble différent. À certains, ses notes poudrées et poussiéreuses peuvent apparaître un peu vieillottes. Et ce n’est pas totalement faux. Mais c’est surtout une composition étrange, masculine par sa verdeur et son âpreté, féminine par sa douceur, et étonnamment discrète, quand l’époque privilégie des accords opulents (voir Joy et Shalimar dans les numéros précédents). De toute évidence, la passagère de ce Vol de nuit est résolument à part. Une femme en pantalon, certes, résolue et peut-être un peu frondeuse. Mais pas une de ces garçonnes à la mode des années folles, au cheveu court et au verbe haut. Plutôt une aventurière déterminée, discrète parce que sûre d’elle, qui tient tête aux hommes sans nécessité de briller, et dont l’élégance vient de la présence plutôt que de la parure. Audace, panache et grain de folie, disait-on. Comme elle, ce parfum ne ressemble à aucun autre, ni avant ni après lui.


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Dans chaque numéro de Zut, les personnalités alsaciennes se mettent à table avec Jean HansMaennel.

Les dessous de table Par Jean HansMaennel Photos Nicolas Comment

Alain Beretz & Dominique Formhals Brasserie L’Alsace, à Paris 19.09.2016

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Au 39 des Champs-Elysées, la Maison de l’Alsace à Paris sort de plusieurs années de travaux. Elle rutile, de la tête aux pieds : une belle brasserie au rez-de-chaussée, un rooftop sous verrière exceptionnel et, entre les deux, un centre d’affaires sur plusieurs étages. Elle appartient toujours aux Conseils départementaux du Bas et du Haut-Rhin, mais la gérance vient d’être confiée à un petit groupe de décideurs économiques alsaciens emmenés par Dominique Formhals (DF). C’est avec le nouveau maître des lieux que j’ai rendez-vous aujourd’hui, et un autre Alsacien tout récemment monté à Paris, Alain Beretz (AB). J’ai un peu d’avance, le temps de faire le tour du propriétaire, de croiser Bernard Kuentz, l’incontournable directeur, et quelques élus alsaciens en visite, avant de m’installer au restaurant, le bien nommé L’Alsace. Je savoure le nouveau décor et un verre de blanc, aussi élégant l’un que l’autre. Voilà le photographe, Nicolas Comment. J’aime bien ce qu’il fait Nicolas, ses images, ses textes, sa façon de dire, d’exposer. Il est aussi musicien. Première rencontre, première collaboration. 12h30. Alain Beretz et Dominique Formhals entrent ensemble par la grande porte. Presque bras-dessus, bras-dessous. Tous deux sont nés à Strasbourg dans les années cinquante, à un an d’intervalle. L’universitaire et le saltimbanque, l’homme de savoir et l’homme d’affaires, l’Université de Strasbourg et la société Aquatique Show International. Deux présidents. Deux Alsaciens à Paris, en route pour la suite de leurs aventures. Depuis la rentrée, Alain Beretz a quitté la présidence de l’Université de Strasbourg pour le ministère de l’Éducation Nationale, comme directeur général de la Recherche et de l’Innovation au Secrétariat d’état à l’Enseignement Supérieur et à la Recherche. Un poste stratégique, au plus haut degré de la haute fonction publique. « Ce n’est pas une promotion. C’est un autre métier. Je connais bien les sujets. Mais j’apprends un nouvel écosystème. » Pour combien de temps ? Le calendrier politique le dira. « Je n’ai pas de CDI », plaisante-t-il.

Cheveux noirs, lunettes à écailles, accent ensoleillé, le maître d’hôtel s’approche. Si on veut boire quelque chose ? De l’eau… Le débat s’instaure : plate ou gazeuse ? Vite tranché par DF : « Une grande Carola Verte ! » AB s’étonne : « Gebt’s Carola ? ». Ah yo ! Les deux hommes se connaissent déjà. Alain dit sa fierté d’avoir été lauréat de la Fondation de Dominique. Le patron d’Aquatique Show a créé sa fondation d’entreprise en 2009 pour soutenir et honorer des gens et des projets qui font rayonner l’Alsace ; en 2012, il reprend la chaîne TV régionale Alsace 20 ; en 2016, la Maison de l’Alsace à Paris. Le sens de ses engagements est là : « Je suis viscéralement Alsacien. » Et il raconte son père, enseignant, qui change quatre fois de nationalité, malgré lui, et connaît les vexations des Malgré-nous ; il raconte cette génération d’Alsaciens qui a eu honte, à cause de son accent, à cause de son histoire ; l’interdiction après-guerre de parler l’alsacien à l’école ; et puis 1978 et Roger Siffer qui redonne un peu la fierté de chanter et de parler l’alsacien. De l’Alsace au restaurant L’Alsace et des Alsaciens, il en est question d’entrée et finalement tout au long du repas. Le thème est si cher aux deux hommes. Alain pointe : « Au-delà d’agiter le drapeau, il y a les valeurs issues de l’Alsace. On a été façonnés Alsacos. » Dominique tire : « Si ce n’est pas nous, les Alsaciens, qui nous réhabilitons, personne ne le fera pour nous ! Nous réhabiliter, c’est dire nous on est Alsacien, on est fiers et heureux de l’être. » Le maître d’hôtel s’excuse de nous interrompre pour prendre la commande. « Comme ça, je vous laisse travailler après… On travaille mieux quand on mange bien ! » Petit moment de philosophie tavernière. Le Grand Est ne tarde pas à arriver sur la table. On trouve « triste qu’on nous ait intégré dans une grande région qui n’a pas de sens historique » ; l’agrandissement avec le Bade-Wurtemberg ou le Territoire de Belfort aurait été fondé… Mais on reste optimiste : « Le pays basque n’a jamais été une région administrative, ça ne les empêche pas d’être Basques ! L’Alsace est là, elle ne bouge pas. » À l’inverse, on récuse fermement « le repli sur soi alsacien que l’on voit chez certains », ce n’est pas cette Alsace-là qu’on aime. 19

« Le pays basque n’a jamais été une région administrative, ça ne les empêche pas d’être Basques »


« Si aujourd’hui on est encore bon et peut être meilleur que d’autres, c’est un héritage. » Le serveur sert. Vin blanc d’Alsace. On trinque à la région et à son vin. « Voilà exactement ce qu’il faut boire », décrète DF. Et qu’est-ce que c’est ? Réponse chorale : « C’est un Edel ! » L’Alsace le moins cher, un mélange, délicieux. Comme l’Alsace… Et nous voilà digressant sur cet autre aspect singulier. On parle cépages, mélanges, « complantations » (cépages différents élevés sur un même terroir). Alain annonce la création d’un diplôme sur les vins et terroirs à l’Université de Strasbourg. On échange des adresses de bons vignerons. On admire

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la qualité des Vins d’Alsace, mais on déplore leur manque de communication. On parle du crémant, une vraie réussite. On évoque la « biodynamie », « le respect de la terre, de la plante, des saisons ». On est bien dans les valeurs alsaciennes. Les plats arrivent. Saint-Jacques pour Alain et moi. « Attention, c’est chaud l’assiette ! », prévient le maître d’hôtel. Alain remarque son accent à couper au couteau : « Lui, il est du Haut-Rhin, non ? C’est un Alsacien du Sud ! » Dominique renchérit : « Sud, Sud ! » Et voilà l’escalope viennoise, annonce le maître d’hôtel. Le choix de Dominique. Alain est admiratif : « Ça n’existe pas une petite escalope viennoise, ça doit dépasser de l’assiette ! » Dominique est confiant dans le succès de la nouvelle Maison de l’Alsace : « L’outil est exceptionnel et il y a une vraie volonté de promouvoir l’Alsace chez tous les chefs d’entreprises engagés dans le projet. » Ceux-ci sont d’ailleurs, comme le relève Alain, les mêmes qui soutiennent l’Université de Strasbourg. Dominique veut faire de la Maison de l’Alsace à Paris, la Maison des Alsaciens à Paris, un lieu incontournable. Il rêve que chaque Alsacien se dise : « Quand je suis à Paris, je vais à la Maison de l’Alsace, j’y fixe mes RV, j’y organise mes événements. J’y suis en Alsace. »


Le jarret de porc de Nicolas arrive en dernier. Une splendeur, un Waedele impérial ! Le restaurant s’est bien rempli. De gens, de bruits, de chaleur. Entre deux bouchées, les couverts cliquètent. Nous attaquons un autre grand thème : l’Université. Sur le sujet, Alain Beretz est intarissable. Son enjeu principal ? L’évolution de notre société : « À l’Université, on prépare l’avenir. L’avenir économique, intellectuel, politique. » Cela se traduit en choix politiques. « En France on est plutôt bien loti ; les gouvernements successifs ont valorisé l’Université, même si nos investissements sont parfois loin derrière certains pays d’Europe du Nord, d’Amérique ou d’Asie. On est à la moyenne de l’OCDE. » Et puis – on ne se refait pas – Alain revient à l’Université de Strasbourg. Il explique son caractère exceptionnel – en taille et en résultats (au regard de la ville, voire de la région) – à une volonté politique. Celle de l’empereur Guillaume II qui à partir de 1870 urbanise Strasbourg et construit l’Université comme « une vitrine du génie allemand ». Avec Berlin, Strasbourg était la seule Université impériale d’Allemagne. « Si aujourd’hui on est encore bon et peut être meilleur que d’autres, c’est un héritage. L’Université c’est le temps long. » Alain Beretz évoque avec fierté les 18 prix Nobel décernés à l’Université de Strasbourg, à commencer par ceux qu’il tutoie, les 4 vivants : Jean-Pierre Sauvage, prix Nobel de Chimie 2016, Martin Karplus (Chimie 2013), Jules 21

Hoffmann (Médecine 2011) et Jean-Marie Lehn (Chimie 1987). On évoque la double culture franco-allemande, si ambiguë, tellement alsacienne. Alain nous raconte la symbolique du Palais Universitaire. Sur le fronton de l’édifice, Guillaume II choisit de faire figurer une devise non pas allemande, mais latine : Litteris et Patriae ; dans le même esprit d’apaisement, les deux statues allégoriques ornant la façade d’origine, sont égales en taille : Germania (Allemagne), c’est la Walkyrie, mais elle n’a pas d’arme, elle tient en main l’édit de l’empereur ; et Argentina (Strasbourg) a le même regard droit que Germania, elle a les mains posées sur des piles de livres. Tout cela avait disparu, à partir de 1918. Sous la présidence d’Alain Beretz, l’Université a fait refaire les statues, avec un don de Sanofi, entreprise franco-allemande. « Un geste important pour moi – dont la famille a souffert des Allemands – et l’Université, montrant qu’on est conscient de notre passé et cohérent. On n’excuse rien pour autant. » Dans le Palais U, un monument aux morts salue la mémoire des 120 déportés de l’Université de Strasbourg. Le maitre d’hôtel prend de nos nouvelles, à sa manière : « Ça a été ? Bien conseillés ? » Nous lui demandons de quelle origine il est : Sicilien, par sa mère et son accent ! « J’ai traîné en fac de droit pendant deux ans. Et puis j’ai été aspiré par les spectacles aquatiques, confie Dominique. Au début, c’était


« C’est peutêtre un de mes regrets que de n’avoir été plus loin dans mes études, mais je me dis qu’il est toujours temps de recommencer un jour… » D. Formhals

un job d’été, pour gagner trois francs six sous ; et puis j’en ai très vite fait un métier. » Il crée sa société Aquatique Show International en 1979, avec le succès qu’on sait. « C’est peut-être un de mes regrets que de n’avoir été plus loin dans mes études, mais je me dis qu’il est toujours temps de recommencer un jour… » Desserts ? Café pour moi, dit Dominique. Le maître d’hôtel raille notre sérieux diététique. AB craque : « Il y a quoi dans votre café gourmand ? » Allez, café gourmands pour tous ! Quand je leur demande ce qui les fait vibrer en dehors du travail, ils répondent en chœur que leur plus grande passion, c’est justement « leur boulot ». Ils partagent aussi le plaisir du voyage. Conjugué à celui du retour au bercail, pour Dominique : « J’ai toujours beaucoup voyagé. Je suis toujours content quand je monte dans un avion. Et chaque fois que je rentre, je me dis qu’est-ce qu’on est bien chez nous ! Les gens qui critiquent la France n’ont pas assez voyagé. » Alain regrette de ne plus arriver à lire ; mais lui qui adore le spectacle vivant et les manifestations artistiques va « essayer de profiter du tourbillon culturel parisien ». Les desserts arrivent. On s’extasie devant l’opulence du café gourmand. « C’était bon, vos plats ? » Très bon. Tout a changé ici. Le propriétaire a tout refait. « La base, c’est la bouffe !, décrète Dominique. Dans un resto, quand la cuisine est correcte, c’est toujours 22

complet. » Et nous voilà partis dans un truculent échange sur la restauration strasbourgeoise. Les adresses et les noms d’établissement défilent : « Excellent », « C’est toujours plein », « Ma winstub favorite »... Certaines enseignes en prennent pour leur grade : « Là, c’est pas bon ! », « Ils ont été vendus... », « Ça a bien changé »… Consensus : « Si les pâtisseries et les winstubs alsaciennes deviennent des chaînes, c’est dommage. » On a à faire à des connaisseurs. « J’aime bien bien manger, reconnaît Alain. C’est un moment social, à la différence des Américains qui ouvrent le frigo. En Alsace, on a une culture du manger. La nourriture n’est pas toujours excellente, mais dans une Winstub, tu ne fais pas que manger, il y a autre chose, le Stammtisch… » En Alsace, mais aussi à L’Alsace, ici à Paris. « Ici c’est l’ambassade de l’Alsace à Paris, nous jouissons de l’extraterritorialité ! », conclut Dominique. La preuve : les assiettes sont vides et les cœurs sont pleins.


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Ils vivent, travaillent, créent et sortent à Strasbourg. Les hommes et les femmes qui font vibrer la ville nous font découvrir leur lieu préféré et jouent au modèle.

Stras bourg vu par Réalisation et textes Caroline Lévy

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Pierre Boileau Artiste, chorégraphe, performer 54 ans

Mar. 22 | 11

Photo Hugues François

Parapluie fait main Pasotti à tête en laiton plaqué argent en exclusivité pour Revenge Hom, manteau ceinturé à fermeture aimantée Sébastien Blondin, le tout chez Revenge Hom

OÙ ? Terrasse panoramique du Barrage Vauban

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« Je viens chaque jour au petit matin faire mon tai-chi devant ce panorama à 360° : une merveille. Une danse matinale rythmée par l’arrivée des premiers spectateurs à l’Hôtel du Département juste en face ! »

Actu

Atelier intergénérationnel Lab-Baloche, le 11 mars à Pôle Sud. Performance Solo πR autour de Pollock et John Cage, le 20 mars sur la Marktplatz à Bâle. Open Public - Body Installation Perfomance, le 27 mars à Pôle Sud.


Propriétaires de Qu’est-ce qu’on mange? 29 et 27 ans Vanessa : pull et manteau One Step Charles : doudoune et chino G-Star

OÙ ? Parc de l’Orangerie Lun. 07 | 11

« C’est ici que nous nous sommes rencontrés, lorsque nous travaillions tous deux au Buerehiesel, situé dans le parc. Nous venons régulièrement nous y promener avec une pointe de nostalgie ! »

Actu

2e anniversaire du restaurant en février 2017. Mise en place de la carte hivernale sur la thématique brasseriewinstub. Qu’est-ce qu’on mange ? 7, rue des Tonneliers www.questcequonmangestrasbourg.fr

Mise en beauté Candice Mack Photo Pascal Bastien

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Valentina Meier Naturopathe 34 ans

OÙ ? Berges du quai au Sable Mer. 23 | 11

« Dès l’arrivée des beaux jours, cette berge devient un passage obligé. Une balade ressourçante au milieu de bâtiments historiques. J’adore ! »

Actu

Ouverture d’un cabinet de naturopathie. 6-8, rue des Grandes arcades www.valentinameiernaturopathe.fr

Photo Hugues François

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Akif Caliskan Propriétaire de Manolya et Manolya Coffee 30 ans

OÙ ? Pont du Marché Mar. 08 | 11

Actu

Développement des franchises Manolya et Manolya Coffee courant 2017. Lancement des jus 100 % Détox chez Manolya Coffee. Manolya & Manolya Coffee 2, petite rue du Vieux marché aux vins www.manolya.fr

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« Le parvis du MAMCS et ce pont étaient mes spots de prédilection pour jouer au foot avec ma bande de copains quand j’étais ado. Les passants s’arrêtaient même pour assister à notre show de dribble. De très bons souvenirs ! »

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Sarah Abitan Chef pâtissière 36 ans

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« Depuis l’adolescence, je viens ici pour changer d’air et trouver un coin calme et apaisant dans la ville. Plus jeune, munie de mes aquarelles, j’adorais dessiner cet endroit magique. Un vrai paysage de carte postale ! »

Mer. 16 | 11

Ouverture de la pâtisserie Gat’Ô, la première certifiée 100% sans lactose à Strasbourg. Lancement des bûches de Noël sans lactose. Gat’Ô 55, avenue des Vosges 03 90 41 73 78

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Actu

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Actu

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Marie : poncho Ermanno Gallamini et ceinture Revenge Hom Sébastien : caban Ly Adams Le tout chez Revenge Hom

Marie : « C’est un quartier qui nous suit depuis mon arrivée à Strasbourg pour mes études en optique. Il y règne un esprit de village très agréable entre habitants et commerçants, ce n’est sûrement pas un hasard si nous avons choisi d’y installer notre boutique ! »

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Salah Benzakour Entrepreneur et fondateur de TEDxAlsace

OÙ ? Quartier Malraux

« L’évolution de ce quartier est significative et participe de la dynamique numérique instaurée depuis plusieurs années, notamment avec la Médiathèque et le Shadok. Une ville dans la ville qui a réussi à mêler culture, écoles, entreprises et commerces. »

Mer. 23 | 11

38 ans

6e édition du TEDxAlsace sur le thème « Est-ce la limite ? ». Le 21 janvier à la Cité de la Musique et de la Danse. Événement co-organisé avec Philippe Studer. www.tedxalsace.com

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Actu

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Jeu. 29 | 09

Actu

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« Depuis l’enfance, je traverse cette rue que j’ai toujours beaucoup aimée, et où j’habite enfin aujourd’hui ! J’en observe toutes les transformations, preuves d’une belle dynamique. »

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TNS JANVIER - FÉVRIER Les spectacles Dom Juan

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Neige

Molière | Jean-François Sivadier 3 | 14 janv

Orhan Pamuk | Blandine Savetier 1er | 16 fév

Erich von Stroheim

Des roses et du jasmin

Christophe Pellet | Stanislas Nordey 31 janv | 15 fév

Adel Hakim | Spectacle en arabe surtitré 28 fév | 8 mars

L’autre saison - évènements gratuits L’athéisme aujourd’hui Les samedis du TNS Stéphanie Roza Sam 7 janv

Rencontre avec Marie NDiaye Les rendez-vous en partenariat Librairie Kléber Sam 14 janv

La Fonction Ravel Spectacles autrement Claude Duparfait 19 | 21 janv

Rencontre avec Stanislas Nordey

Orhan Pamuk

Qu’est-ce que la pornographie ?

Projection Folies de femmes

Christophe Pellet

Les soirées avec les auteurs Lun 6 fév Les rendez-vous en partenariat Cinéma Star Film de Erich von Stroheim Mar 7 fév

Le chemin de Kars ou la quête d’une troisième voie Les rendez-vous en partenariat Centre Emmanuel Mounier Ven 10 fév

Les rendez-vous en partenariat Librairie Kléber Sam 4 fév

Les samedis du TNS | Florian Vörös Sam 11 fév Les soirées avec les auteurs Lun 13 fév

Comité de lecture, textes choisis Textes de Mohammad Yaghoubi et Thibault Fayner Lectures dirigées par Simon Delétang et Anne Monfort Sam 25 fév

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Vue de loin, la guerre nous apparaît comme un point de bascule radical. Pour ceux qui la vivent elle n’est pas une rupture totale. À côté des bouleversements et des traumatismes, le quotidien et le courage prennent le relais. Ces dernières années, des Syriennes et des Syriens ont quitté un pays aimé pour échapper à la violence. Certains ont choisi l’Alsace pour reconstruire un avenir, personnel et professionnel. Forts de leur expérience, ils arrivent avec le désir d’entreprendre. On fait connaissance ?

Tout reconstruire Par Marie Bohner Photos Pascal Bastien

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Abboud Kabbani & Fateh Didier Chehadeh Créateurs de L'Âme des savons d'Alep

F

ateh Didier Chehadeh est l’un des représentants des grandes familles de savonniers d’Alep. Français et Syrien, il fait des allers-retours depuis longtemps et a développé sa gamme de savons pour l’Europe – la France en particulier. La situation syrienne l’a poussé à s’installer à Strasbourg à temps plein en 2012 avec ses enfants et à y ouvrir début 2014 une boutique qui vaut le détour, L’Âme du savon d’Alep. C’est un endroit à part, niché au cœur d’une cour, dans la très discrète rue de l’Épine. Il a un air de caverne d’Ali Baba : les verreries colorées et scintillantes y côtoient des produits cosmétiques orientaux, le tout bercé par un parfum singulier, celui du savon d’Alep. Avec son associé Abboud Kabbani, Fateh Didier Chehadeh y accueille nouveaux venus et habitués avec le sourire, toujours prêt à la discussion. On est un homme du souk ou on ne l’est pas. Un goût d'éternité Le nom de la boutique trahit la dévotion de Fateh pour un objet de consommation quotidienne dont la recette est quasiment

Abboud Kabbani

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inchangée depuis l’Antiquité. « De la récolte jusqu’aux huiles, de la fabrication au séchage, le savon respire… Chaque année, il perd de son poids. C’est un produit vivant. C’est pour ça qu’il a une âme. » Créé dans les villes d’Orient où l’huile d’olive abonde, le savon d’Alep jalonne la route de la soie. Au cœur des caravansérails, il s’échange et repart vers des destinées lointaines, de l’Asie à l’Europe, emportant avec lui un peu de l’esprit de la ville. Depuis l’Antiquité, après divers essais incluant des graisses animales, la formule du savon d’Alep se fixe : huile d’olive + eau (de l’Euphrate, c’est important) + alcalin (soude chimique ou naturelle, avec les cendres de salicorne du désert syrien). Fateh suppose que l’huile de baies de laurier, qui constitue la différence majeure avec le savon de Marseille, n’arrive que tardivement. Le séchage est unique. « Les savonneries d’Alep étaient [jusqu’à la guerre, ndlr] des caravansérails avec des voûtes pour favoriser les appels d’air. Les savons, décalés, forment des tours à travers lesquelles l’air circule pour les faire mûrir. De la récolte des olives à un savon abouti, il doit se passer quatre saisons. Comme un bébé qui grandit doucement. »


« Abboud avait une grande usine de sacs. Elle a été bombardée, pillée. Il avait 260 employés. Il a tout perdu, comme moi. Alors on est venu ici et on a recommencé. »

Le savon d'Alep, une chronologie IIIe millénaire avant JC Débuts estimés du savon sumérien, pâte molle avec des graisses et des cendres végétales. XIIe siècle avant JC Les Phéniciens utilisent une émulsion savonneuse semi-liquide. Vers l’an 0

Fateh signale que, depuis le début du conflit, la traçabilité des savons dits « d’Alep », donc de la qualité des ingrédients, est de plus en plus difficile. Que faut-il savoir pour distinguer un bon savon d’une contrefaçon ? « Un savon d’Alep qui reste vert, avec des couleurs fortes, a un problème. Le savon doit s’assécher et s’éclaircir avec l’oxydation. » D’Alep à Strasbourg « Le bureau de Fateh se trouve dans un des plus beaux khans de la vieille ville : le khan al-Wazir, le “Caravansérail du Ministre”. Il a été construit à côté du marché central au XVIIe siècle […]. Lorsque l’on passe le portail monumental aux assises blanches et noires, l’impression est celle d’un univers feutré. La pièce où Fateh travaille sent la poussière et le laurier. […] De son fauteuil, il voit ce qui fut la salle de prière commune aux chrétiens et aux musulmans et deux fenêtres entourées de dessins à entrelacs. »* C’est ainsi que l’auteure Françoise Cloarec décrit le lieu de mémoire collective dans lequel Fateh travaillait. À l’époque, la situation devient intenable, petit à petit, puis plus brusquement. Fateh est alors un commerçant, attaché aux traditions. Il n’est ni pour, ni contre. Craignant pour sa sécurité et celle de ses enfants, il quitte la Syrie en 2012. « L’idée c’était de

partir quelques mois jusqu’à ce que ça se calme, puis de revenir pour continuer notre activité. Mais on a compris que ça allait durer. Mes enfants étaient à l’école laïque française à Alep. Leur proviseur là-bas était de Strasbourg, ce qui nous a aidé à les scolariser ici. J’ai eu de la chance. Tous nos stocks en Syrie ont été cambriolés. J’avais beaucoup de savons faits avec de la salicorne, de très beaux produits… On a pu sauver de petits stocks, qu’on a dû racheter à ceux qui nous avaient volé ! Les pilleurs ne savaient pas quoi en faire, ce n’était pas important pour eux. Ça représente une perte de l’ordre de 3 millions d’euros, trois ans de travail, presque 300 tonnes. » L’histoire de Fateh n’a rien d’exceptionnel. Il raconte celle de son associé : « Abboud avait une grande usine de sacs. Elle a été bombardée, pillée. Il avait 260 employés. Il a tout perdu, comme moi. Alors on est venu ici et on a recommencé. » La clientèle française, Fateh la pratique depuis des années. « En 1994-1995, j’ai été le premier à faire un savon d’Alep avec un partenaire de Marseille. À l’époque il y a eu l’histoire de la vache folle, beaucoup de consommateurs se sont mis à la recherche de meilleurs produits. On n’était pas sûr que ça marche : le savon d’Alep a un aspect banal... Mais en France il y a une vraie culture du 45

Trace de l’utilisation probable des cendres de salicorne pour la fabrication de l’émulsion savonneuse. Ier siècle après JC Attestation de l’utilisation du savon en Gaule. VIIIe siècle après JC Les Arabes industrialisent la production du savon, en y introduisant l’huile d’olive à la place des graisses animales, et les cendres de salicorne (à Alep, Antioche, Idlib, Hama, Homs et Naplouse). XVIIIe siècle après JC L’usage du bain se répand en France après des siècles de toilette « à sec », la toilette à l’eau étant considérée comme porteuse de maladies. À lire Françoise Cloarec, L’âme du savon d’Alep, Editions Noir sur Blanc, 2013


Fateh Didier Chehadeh

savon. On a compris qu’il y avait un marché important. On a fait toutes les foires, ça nous a aidé à mieux comprendre les attentes. Et puis l’émission Faut pas rêver à Alep avec un très grand savonnier a fait décoller les ventes. » La clientèle de la boutique strasbourgeoise est au rendez-vous, même si Fateh et son associé ne peuvent pas encore en vivre « normalement ». Ils y mettent donc toute leur énergie. « On fait les foires et le marché de Noël, place Saint-Thomas. Notre savon n’est pas certifié, mais il est plus-que-bio. On avait commencé des démarches avec Ecocert, suspendues pour l’instant, évidemment. » Malgré tout, la production se poursuit en Syrie – la présence de l’eau de l’Euphrate l’y oblige et ses équipes y sont encore, notamment son Maître Savonnier et son frère – mais à un rythme infiniment réduit. L’avenir a l’odeur du savon Fateh a beaucoup voyagé grâce à son savon, il a créé des marques en France, aux Pays-Bas… L’occasion de vivre ici, il l’a eue maintes fois. « En fait je préférais être à Alep. Je suis quelqu’un du souk, je vis dans le souk. J’y ai été élevé, entre industrie et artisanat. Je ne pensais pas qu’un jour je serai obligé d’être ici tout le temps. C’est très bien, je n’ai pas de souci

d’adaptation, mais c’est un système différent. Recommencer sa vie, avec de nouvelles lois, des normes et des papiers… Avant, je respectais déjà les normes de mes clients, hein, mais j’étais de l’autre côté. » Alors il porte son regard du côté de la Cathédrale de Strasbourg qui, point névralgique de la cité, a pour lui comme un air de caravansérail. « La Cathédrale est mon lieu préféré à Strasbourg. Elle me rappelle mon bureau à Alep, avec tout ce monde autour… » Il y puise de l’énergie pour poursuivre son entreprise de reconstruction. Fateh se décrit comme optimiste. Il reprendra, un jour, une vraie production à Alep. Et la transmettra à ses enfants, en lien avec cette responsabilité donnée par les générations avant lui. « Ils sont nés dans cette vie de savon, ils sentent cette odeur depuis toujours. Je ne me fais pas de souci. Ils sont d’accord pour continuer et transmettre ce savoir-faire à leurs enfants, sur 2 ou 3 siècles de plus ! C’est important, pour Alep surtout. Après des milliers d’années, cette ville mérite qu’on continue à fabriquer un bon savon. » L’Âme du savon d’Alep 3, rue de l’Épine 09 84 11 94 43 46


Sandra & Terry Journaliste et réalisateur

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’il y a quelque chose à retenir de la rencontre avec Sandra Alloush Haddad et son mari Tariq « Terry » Haddad, c’est leur sourire : ils cherchent à communiquer la joie comme on entre en résistance. Ils ont fui l’autoritarisme et la censure syrienne et travaillent aujourd’hui comme pigistes à Arte. Sacré changement de perspectives. Pour voir ce qu'ils produisent aujourd’hui, rien de plus facile : en plus de leur participation régulière aux jungle news d’Arte, ils ont créé leur chaîne YouTube : Team Na. « En arabe, na c’est notre. Notre équipe. En langue arabenglish [Rires]. Cette chaîne YouTube était le commencement que nous attendions. » Sandra et Terry travaillaient pour la chaîne d’infos nationale en Syrie, à Damas. Elle était présentatrice et journaliste, lui réalisateur. Sandra se rappelle ses difficultés : « En Syrie, je présentais un show de débat politique. Tous les soirs je disais à Terry : “Ce soir ils vont venir m’arrêter.” Pendant l’émission, le manager criait dans mon oreillette : “Mais qu’est-ce que tu fous ! Tu n’es pas censée dire des choses comme ça !” Cela crée un débat à l’intérieur de soi : vous devez dire la vérité aux gens, mais aussi être en sécurité quand la journée s’achève… Ce genre de vie n’est pas faite pour les journalistes. » Ils se sont exilés pendant plus de deux années difficiles au Liban, puis, grâce au coup de main d’un ami français, ils ont fait une demande d’asile en France en août 2015. La Fédération protestante de France a organisé leur accueil dans une famille à leur arrivée. Terry évoque leur confusion à ce moment-là : « L’ami qui nous avait aidé pour le visa était le seul contact entre nous et la fa-

mille d’accueil. Il nous a dit qu’un homme d’un certain âge, Georges, nous attendrait à la gare de Strasbourg avec un chapeau rouge. [Rires]. C’était tout ce qu’on savait, qu’on allait à présent vivre avec l’homme au chapeau rouge. On n’avait pas de visibilité sur notre avenir au-delà des deux heures suivantes... » Ils ont débarqué à Obermodern, y ont été choyés et mis en contact, un peu par hasard, avec Arte. Ils ont réalisé une série, De Damas à l’Alsace, qui leur a permis de panser leurs blessures à l’âme en se plongeant dans le travail, mais aussi de découvrir le sort des réfugiés à Calais. « Pour être honnête, je ne m’attendais pas du tout à voir un endroit pareil en France », dit Terry. Ils y ont réalisé un documentaire primé à Helsinki, Strangers in Calais. Pour tordre le coup aux idées reçues, sur les réfugiés syriens et les autres. Maintenant qu’ils sont posés à Strasbourg, dont

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les abords de la Cathédrale leur rappellent la vieille ville de Damas, ils sont plus que jamais décidés à se créer un avenir dans le monde des médias européens. « Il y avait un grand contraste entre les gens d’Arte et nous. Maintenant moins, et ça crée quelque chose de nouveau – comme la cuisine fusion. » Et de repartir de plus bel d’un grand éclat de rire.


Lorine & George Ward Vendeurs de pièces automobiles

L

orine est la fille aînée de George. Elle travaillait avec lui à Alep. Elle est aujourd’hui directrice générale de la société dont il est président, Autos-Strass. Ils vendent des pièces automobiles en gros et au détail à Eckbolsheim. Une affaire qu’on est fier de faire en famille, avec un amour du travail bien fait qui ne peut que s’accorder avec un certain esprit rhénan. Pourquoi avez-vous décidé de vous installer ici ?

Depuis 2003, nous passons toutes nos vacances d’été en Alsace. Nous avions regardé sur Internet avant de venir. C’était trop beau ! LW

Que faisiez-vous à Alep ?

Mon père était promoteur immobilier. Il avait aussi un magasin de pièces automobiles. Cela a facilité l’ouverture de notre magasin ici. LW

Depuis quand avez-vous ouvert le magasin ici ?

Nous avons créé notre entreprise en août 2016. Trouver le bon local bien placé nous a pris beaucoup de temps… Il faut bien réfléchir avant de se lancer. Maintenant, c’est parti ! [Rires] LW

C’était compliqué d’ouvrir quelque chose ici ?

Nous avons rencontré des obstacles que nous avons dépassés. Notre avocat, notre comptable, des Français, ont été à nos côtés en permanence. Le régime des impôts ici, par exemple, n’a rien à voir avec la Syrie. Il fallait intégrer les différences de culture. LW

Ça marche très bien après 4 semaines d’ouverture !

C’est sûr ! [Rires] Il faut qu’on embauche parce que notre salarié est déjà sous pression. Ça nous donne de l’espoir et le courage de continuer. LW

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Qui sont vos clients ?

80% sont des professionnels. Pour les particuliers, il nous faut le temps de faire connaissance. LW

Vous travailliez déjà en famille en Syrie. C’était important de continuer ici ?

Travailler en famille cela donne de la volonté, la force d’aller au bout des démarches. C’est le secret de la réussite. LW

J’imagine que pour votre père c’est précieux de vous avoir à ses côtés...

On va lui poser la question… [Rires et traduction]. GW Tant que ma fille n’était pas arrivée, je n’ai pas pu ouvrir de société. LW Le fait que je parle français est une aide pour mes parents. Mon père parle très bien l’anglais mais le français c’est plus difficile. LW


Camille Amirza Gynécologue Comment avez-vous appris le français ? LW Je suis arrivée ici en 2014. J’ai pris des cours pendant un an à l’Université de Strasbourg. Et mon travail ici m’oblige à pratiquer, avec les employés et les clients... Comment est-ce que vous envisagez l’avenir ? LW Nous travaillons pour faire quelque chose de significatif. Pour prouver à tout le monde que les Syriens, même s’ils ne sont pas dans leur pays et que c’est la guerre làbas, peuvent faire de grandes choses.

Autos-Strass 2, rue Émile Mathis 67201 Eckbolsheim www.autosstrass.fr

l était gynécologue en Syrie, il l’est aujourd’hui à Obernai, où il a repris un cabinet. Camille Amirza est venu pour la première fois en France entre 1989 et 1995 pour faire sa spécialisation en gynécologie obstétrique au CHU de Hautepierre à Strasbourg. Il est rentré à Damas avec son diplôme en poche où il a établi son cabinet, avec succès, pendant 18 ans. « Tout allait très bien, ma vie professionnelle était parfaite. Je venais régulièrement à Strasbourg pour me ressourcer dans le service où j’avais été formé. Je n’avais jamais eu l’idée de quitter la Syrie. Quand les événements ont commencé en 2011, on n’y croyait pas trop. Damas était verrouillée par un système sécuritaire, on pourrait dire « protégée ». Mais les manifestations ont commencé. En 2012, il y a eu un attentat-suicide près de mon cabinet, juste en face de l’Hôpital Saint-Louis, un matin vers 7h30. Ça a mis le quartier à terre. Ma salle d’attente a été détruite. On a réparé et repris le travail. Fin 2012, la situation est devenue impossible. On se demandait chaque jour si nos enfants reviendraient de l’école le

« Travailler en famille cela donne de la volonté, la force d’aller au bout des démarches » 49

soir. Alors, comme nous avions la double-nationalité, nous avons décidé de venir à Strasbourg. J’ai envoyé ma famille d’abord. Je suis venu leur rendre visite en décembre 2012 pour Nouvel An. Je souhaitais retourner à Damas mais mes enfants n’ont pas voulu. Je me suis dit que si je trouvais une possibilité de travailler je pourrais rester. » Pas facile cependant d’exercer son métier quand le diplôme syrien n’est pas reconnu par le ministère de la Santé en France. Les contacts que Camille Amirza avait entretenus avec ses collègues strasbourgeois lui ont permis d’obtenir relativement rapidement une autorisation provisoire d’exercer, puis de passer une équivalence de diplôme fin 2013. Le cabinet qu’il a repris à Obernai contenait plus de 30 000 dossiers dans un immeuble défraîchi des années 70. « Je voulais investir dans quelque chose de moderne, pour mes patientes et pour mon avenir. J’ai trouvé cette possibilité. » Les amis et les patientes l’ont bien accueilli. Exercer la médecine ici lui permet, grâce aux examens remboursés et aux capacités techniques, de pratiquer une médecine plus préventive. C’est satisfaisant philosophiquement. « Recommencer tout n’était pas facile. Mes enfants ont encore la tête en Syrie. Ils pensent qu’un jour, ils iront travailler là-bas. Moi, j’ai 51 ans, je viens d’investir : mon avenir est ici. »


Idriss Mohamed Saber Ahmad

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driss Mohamed est un homme qui ne connaît pas de frontières. Il a pas mal bourlingué, quelques temps en Ukraine, 13 ans en Grèce, des allers-retours avec la Syrie. Il s’est débrouillé, a travaillé comme peintre en bâtiment l’été et comme couturier en hiver. Pourquoi est-il venu à Strasbourg ? Il est arrivé en Alsace an août 2011, au moment où la guerre a éclaté en Syrie. « J’étais militaire là-bas depuis 1 an et 4 mois. Il me restait 2 mois à faire. J’ai senti que de grands problèmes s’annonçaient. J’ai tout laissé et je suis parti en Turquie. Là-bas, j’ai passé un mois en prison parce que je suis entré clandestinement. J’ai fait une demande d’asile. J’ai réussi à sortir, je suis parti en Grèce, ensuite en Italie, puis en France. Et je suis arrivé ici. » Être ici, mais avoir de quoi se souvenir de là-bas : il veut, dès que possible, ouvrir un magasin de produits syriens. Il a déjà repéré des sources d’approvisionnements possibles en Allemagne, et fait le pari que les Syriens, les Irakiens et les Français de Strasbourg seront ravis de pouvoir lui acheter ces marchandises au goût de soleil et de réminiscences. Affaire à suivre… 50

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n avait parlé à Saber Ahmad de l’Allemagne ou de l’Angleterre comme des destinations possibles. Il a choisi la France, parce que la langue française l’interpelle depuis qu’il est tout petit, même s’il ne la parle pas. Il a rejoint en novembre 2015 ses frères et sœurs, qui sont arrivés eux à Strasbourg dès le début du conflit en 2011. Saber Ahmad a du chemin à faire : une nouvelle langue à apprendre, une culture à découvrir. Il s’y aventure pas à pas, grâce à l’autorisation de travailler qu’il vient d’obtenir et à la promesse de cours de français dans les prochaines semaines. Ce qu’il souhaite avant tout, c’est pouvoir reprendre son métier. « J’étais couturier en Syrie. J’aimerais l’être ici aussi. Je préfèrerai rester dans mon domaine. » Garder une continuité au milieu d’années faites de ruptures. Un ancrage que la pratique d’un métier peut permettre.


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La meilleure manière de rendre hommage à Tomi Ungerer était de demander à des illustrateurs de décliner ses œuvres. Ils ne sont pas moins de 100 à avoir répondu présents dans le cadre d’une exposition foisonnante : Tomi Ungerer Forever.

T

omi encore, Tomi toujours. Plus on avance, plus on mesure l’importance de cette figure décidément singulière. Il suffit de le voir nous dire avec cynisme son émotion, au milieu de la foule amassée à l’Hôtel de la Ville de Strasbourg pour la célébration de son 85 e anniversaire, pour constater à quel point il reste réfractaire à toute forme de consécration. Un paradoxe quand on sait son besoin de reconnaissance ! Un paradoxe qu’il cultive en bon Alsacien, avec cette volonté d’explorer l’ailleurs pour mieux retrouver sa terre natale chérie. On se souvient à ce propos de l’interview qu’il nous avait donnée en

2011 dans le bureau de son éditeur suisse, Diogenes, à Zurich. Il nous avait rappelé que toute sa culture, il se l’était faite lui-même lors de longs périples en auto-stop. Dans son sac, deux choses : un marteau pour extraire des minéraux et un recueil de poésies de Mallarmé. Il nous avait dit son amour de la littérature et des auteurs comme La Rochefoucauld, Chateaubriand, Victor Hugo – « La préface des Misérables, on devrait l’apprendre par cœur dans chaque école ! » –, Céline, Albert Camus ou Alfred Jarry. Ce qui apparaissait ce jour-là, c’était l’homme de mots qui passe d’une langue à l’autre sans distinction, le français, l’allemand, l’anglais, sans oublier au passage l’alsacien, en mêlant les accents à l’envi pour inventer 54

sa propre langue. « Ce que je n’exprime pas en dessin, je l’exprime en phrases et vice-versa. » Et de nous rappeler, pour ceux qui l’auraient oublié, qu’il a « a tout de même la chance d’illustrer [ses] propres histoires ». Et si l’universalité de Tomi se résumait là, dans cette pratique totale à la fois des mots et du trait ? Cela expliquerait sa capacité à s’adresser à tous, quel que soit le pays, quelle que soit la culture, avec la pleine conscience du message, aussi subversif soit-il parfois, à faire passer. Cela explique surtout cette réception unanime par ses pairs, des générations d’illustrateurs qui ont été subjugués à un moment ou à un autre par la dimension rayonnante de ses dessins. Quand on leur


Philippe Dupuy, Ungerer Power/ Drawing Power, 2015 - Photo : MusĂŠes de la Ville de Strasbourg

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Z UT Culture Exposition

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Parmi la foultitude de contributeurs régionaux à l’exposition Tomi Ungerer Forever, on trouve Blutch. Le Strasbourgeois évoque Acirema Reregnu, sa déclinaison d’America. a posé la question d’une contribution à une exposition hommage pour les 85 ans de l’artiste, ils ont accepté spontanément. Ils devaient être 85, ils sont 100 ! La plus jeune, la talentueuse Marion Fayolle, a 28 ans, le plus âgé, R.O. Blechman, en a 86, ce qui permet de situer les écarts entre ces générations. Lesquelles, fédérées autour d’un modèle commun, fusionnent en une seule. Bien sûr, chacun a vécu sa relation intime à l’œuvre de Tomi. Ses contemporains l’ont côtoyé dans les années 50 ou 60, aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis, d’autres l’ont découvert enfants, les derniers, enfin, se sont familiarisés avec un travail devenu une évidence alors qu’eux-mêmes étaient arrivés à une certains maturité. La diversité dans la déférence naît de cette multitude de regards, les uns s’attachant à une publication en particulier qu’ils déclinent à leur manière, d’autres ont voulu insister sur la variété des approches, n’hésitant pas à faire cohabiter les personnages de ses livres pour enfants avec des motifs plus ouvertement adultes, comme c’est le cas pour André Juillard, avec un Fichtre décapant. Comme à chaque fois dans ce type d’exposition, les bonheurs sont inégaux, mais les réussites sont nombreuses : c’est le cas avec le magnifique Ungerer Power / Drawing Power de Philippe Dupuy, calqué sur le principe du Black Power / White Power, qui insiste sur la dualité propre à Tomi Ungerer qu’on retrouve dans son autoportrait en Janus sur les quais de la ville, près de la place de la République. Avec un trait proprement “ungererien” qui ne renie rien de son propre trait, Dupuy sonde l’esprit de l’artiste alsacien dans une posture statique qui renvoie à une mélancolie omniprésente. « Le trait de Tomi Ungerer est puissant et élégant. Il n’est jamais mièvre quand il s’adresse aux enfants. Il sait devenir corrosif quand il montre le ridicule qui nous entoure. Joyeux ou tendre avec la beauté d’un corps étrange, grivois, jamais vulgaire », commente-t-il dans le catalogue de l’exposition. On ne peut pas mieux formuler la richesse d’une œuvre à

laquelle il semble vouer une admiration sans failles. On le sait, les tentatives d’hommage du vivant de l’artiste peuvent conduire à des formes édulcorées, trop respectueuses, mais là on constate une vitalité d’esprit qui va dans le sens de l’œuvre dont on cherche à révéler la variété et le brio. Nulle vanité ni posture, mais un mouvement ascendant commun qui s’inscrit sur la durée. Comme un souffle. On se souvient de Tomi qu’on interrogeait sur ses espoirs. La réponse était alarmiste, mais il nous disait : « L’avenir c’est la transmission. » À découvrir les interventions hommages, il peut avoir le sentiment d’avoir transmis quelque chose de lui : ses désirs, ses impulsions, ses obsessions. Mais, le connaissant, il n’en restera pas là : comme il a été nourri par ses maîtres en leur temps, il va se nourrir de cette suite impressionnantes d’hommages, écrire et alimenter de nouvelles propositions artistiques. Inlassablement, à la lumière de son soleil à lui : sa lampe de bureau qu’il allume et éteint à son gré. Tomi Ungerer Forever → 19.03 Musée Tomi Ungerer Centre International de l’illustration www.musees.strasbourg.eu

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Qu’est-ce qui t’attire chez Tomi Ungerer ? Je situe Tomi à l’égal de Saul Steinberg, Charles Adams ou Roland Topor. Je me place au milieu de ces gens-là, des dessinateurs purs que j’admire et auxquels je me réfère constamment. Qu’appelles-tu des dessinateurs purs ? Le dessin pur est le contraire du dessin de bande dessinée. Lequel est contraint, assujetti à la narration. Perverti, j’ai envie de dire. Si tu observes un auteur de bande dessinée, il travaille à l’horizontale, comme s’il s’adonnait à des lignes d’écriture. Pour moi, le dessin de BD est une forme d’esclavage. Le dessinateur pur, lui, œuvre à la verticale. De fait, il travaille debout avec une approche d’une certaine manière plus sensuelle et plus pleine du dessin. C’est sans doute pour cela que je lorgne vers le dessin pur. C’est une grande source de joie, d’excitation et de stimulation. L’œuvre de Tomi, la découvres-tu gamin ou plutôt dans un deuxième temps ? Comme je suis Alsacien, je la découvre très vite. À Strasbourg, on est très tôt confronté à ses images, que ce soient des affiches de spectacles, des cartes, des œuvres accrochées dans les restaurants. Je me souviens de l’érection de sa statue entre la place Broglie et la place de la République sous la forme d’une fontaine. Sans savoir précisément qui c’était, il apparaissait comme une figure. Mais ses livres jeunesse, je les ai découverts alors que j’étais étudiant aux Arts Déco – enfant, je lisais plutôt de la bande dessinée – et parfois


Z UT

Culture Exposition

Blutch (Christian Hincker, dit), Acimera Reregnu, 2011

même plus tard avec mes enfants. Oui, ce sont mes enfants qui font entrer Ungerer en force à la maison. Dans les années 90, j’ai passé un peu de temps à New York et j’en ai profité pour me procurer ses ouvrages en anglais, comme le Fornicon, avec cet autre versant qui me titille : l’Ungerer adulte. Qu’y vois-tu, chez cet Ungerer adulte ? J’y vois cette ligne souple, presque molle [rires]. Il y a une souplesse chez lui, dans sa manière de jouer avec le pinceau et la plume. C’est vraiment remarquable.

Ton hommage s’appuie sur une publication américaine… Oui, America. J’ai fait une relecture de plusieurs dessins que j’ai montés comme pour une bande dessinée. Pour moi, c’était juste pour le plaisir de recopier. Je ne trouve pas d’autres mots : c’était vraiment le pied ! Recopier, c’est dessiner. Oui, de recopier ainsi, tu le faisais déjà à une époque. Je le fais toujours ! Je suis même en train de réaliser une anthologie de la bande dessinée avec 30 grandes planches, des séquences qui m’ont marqué, signées Hergé, Edgar P. Jacobs, Jean Giraud… Des relectures, si tu veux. J’en ai déjà réalisées une douzaine. Que cherches-tu à faire, à t’inscrire dans le trait des autres ? Je relis peut-être pour essayer de comprendre comment c’est fait et m’en débarrasser après. Tu ne ressens quand même pas le besoin de refaire tes gammes ? Je ressens le besoin de rejouer, comme dans le cas d’un morceau qu’on a aimé. Tu sais, le standard que tu t’appropries. Les jazzmen partent du thème et improvisent. Ce standard, comment le traites-tu ? Il m’arrive d’être très fidèle à la partition, mais il y en a que je trahis, bien sûr. Je m’approprie un vocabulaire pour le tordre, mais à vrai dire je fais cela depuis tout petit : je recopiais Donald et Mickey. Qui sont devenus des personnages à part entière dans tes propres BD… Oui, presque ! J’ai ce sentiment de creuser le même sillon depuis 45 ans [Blutch a 48 ans, ndlr]. Rien de neuf sous le soleil, seule la manière, l’approche, change, ce qu’on appelle vulgairement le style…

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Saison culture e Théâtre - Humour - Musique - Expositions - événements

LA WANTZENAU www.lefildeau.fr

16 17 Disponible en librairie et à la Vitrine Zut

Vendredi 13 janvier à 20h

TOUT SAUF LE COUPLE Spectacle humour - Emma Gattuso et Thibaud Choplin

Samedi 28 janvier à 20h

CONCERT CLASSIQUE Ensemble Volutes sous la direction Bardon

Vendredi 10 février à 20h30 Portrait Entretien Rencontres 350 pages en 3 langues

YVES JAMAIT Chanson française

Vendredi 10 mars à 20h30

GREGORY OTT TRIO

Concert de Jazz - Grégory Ott, Matthieu Zirn et Gautier Laurent

Vendredi 12 mai à 20h30

LA FOLIE DES ANNéES 80 Concert avec Cookie Dingler, Jean-Pierre Mader et William er

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Informations et billetterie en Mairie ou au 03 88 59 24 94


Z UT Culture Dossier Jeux vidéo

G A M E C I T Y Dossier réalisé par Cécile Becker, Marie Bohner et Aurélien Montinari

Impossible de rendre ici justice de manière exhaustive à la formidable émulation entourant le jeu vidéo à Strasbourg. Une dynamique stimulée par la présence de nombreux passionnés, de développeurs, d’universitaires ou de créateurs mais aussi de formations et d’événements. État des lieux.

L

a communauté de gamers, ultra-active, est à l’affût du moindre écrit sur le sujet, et pour cause. Les médias, dans leurs tentatives de dresser le portrait d’une société 7.0 (depuis le 3.0, on a arrêté de compter…), pataugent régulièrement dans une marre de clichés absurdes (Geek ? Nerd ? Ermite ? Inculte ?) et de contre-vérités. Les dernières saillies un brin élitistes autour de l’application Pokemon Go en sont la démonstration. C’est oublier que le jeu, furieusement rétro, archi-tendance, régressif ou avant-gardiste, concerne aujourd’hui tout le monde. On peut racheter des consoles Xbox à des gamers de 65 ans sur Le Bon Coin ou échanger des techniques pour Super Mario Kart avec sa nièce de 7 ans. Alexandre Acker, gérant de Little Tokyo, boutique spécialisée en rétro gaming ouverte depuis 13 ans, est formel : « Il y a deux ans, il y a eu un changement de fond : j’ai vu arriver des gamins de 10 ans, totalement experts, plus collectionneurs que joueurs, alors que les trentenaires sont tout l’inverse. » Signes de cette ruée vers l’ancien : la Mini NES de Nintendo produite pour Noël est déjà en rupture de stock, avant même d’être en vente…

Rétro gaming mais pas que, la dernière édition de Start to Play, festival du jeu vidéo organisé par Ludus Events – pan événementiel de l’école Ludus Académie –, où compétitions, démos et gaming zone ont mobilisé les foules autant que le premier championnat du monde de Super Mario Kart organisé dans le même cadre. À cette occasion, Ludus avait proclamé Strasbourg capitale du gaming ! Une audace qui n’a pour l’instant trouvé grâce qu’aux yeux de l’adjoint au maire Mathieu Cahn, en charge notamment de l’animation et du développement des cultures urbaines, seul élu à prêter à ce milieu l’attention qu’il mérite. Cette année, le Festival européen du film fantastique a lui aussi consacré au jeu vidéo une grosse partie de sa programmation, construite avec cette communauté mue par l’échange et la passion. Le goût du jeu Parler d’une seule communauté est déjà une erreur en soi, celle-ci se divise selon Alexandre Acker en trois catégories : « Il y a les joueurs qui s’éclatent en réseau, les jeunes ultra-passionnés de jeux oldies et les trentenaires qui veulent retrouver leur enfance. » Pourquoi joue-t-on ? Julien D., gamer régulier et curieux de toutes nouvelles formules, 60

joue parce que le jeu est un loisir, mais aussi parce que cela lui permet de passer la soirée avec ses sœurs et son frère, à distance en multijoueurs, sur World of Tanks. Pour Célia D., gameuse du dimanche, il s’agirait plutôt de se retrouver avec elle-même et de s’accorder un moment de contemplation et de repos… Life is strange, avec un univers « à mi-chemin entre Stephen King et Gus Van Sant », lui offre, par épisodes, une alternative onirique à un quotidien fatiguant. Tous, même Louis C., 12 ans et des poussières, se retrouvent autour d’un jeu-phare aujourd’hui : Minecraft. Dans ces drôles de décors carrés et pixellisés, terrain de jeu en mode « sandbox » (très libre), royaume collaboratif de bâtisseurs, adeptes ou non de gameplays intenses, on peut se promener, bâtir des maisons et des villes à sa guise en totale liberté : coder le jeu, créer des jeux dans le jeu. Gamify everything L’apparition des jeux sérieux ajoute une dimension sociale et ancrée dans le réel, avec un besoin d’efficacité professionnelle tout à fait inédite… La gamification est sans doute au cœur de ce qui rassemble toutes ces démarches. La reconnaissance de son efficacité dans les processus d’apprentissage


Gamification ou ludification Technique visant à appliquer les codes du monde du jeu vidéo à des domaines auxquels il n’est pas destiné.

Glossaire

Photo Henri Vogt

Hacker Verbe ou individu. Détourner un objet ou une entité de

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son but premier pour créer quelque chose de nouveau, potentiellement meilleur.

Serious game (définition de Julien Alvarez et Damien Djaouti Serious Gale et Gameplay) : Application informatique dont

l’intention initiale est de combiner avec cohérence, à la fois des aspects sérieux (enseignement, apprentissage…) avec des ressorts ludiques issus du jeu vidéo.


Z UT Culture Dossier Jeux vidéo

semble s’être développée en même temps que les jeux vidéo. Elle donne aujourd’hui l’occasion à plusieurs structures strasbourgeoises, comme Ludus et Almédia, de créer des passerelles entre le monde de la culture geek et celui de domaines professionnels tout à fait variés, de la santé aux collectivités territoriales par exemple. Le jeu vidéo ouvre indubitablement des perspectives d’avenir. La MJM délivre notamment une formation animation 3D qui mêle création et animation 3D des images de synthèses, écriture scénaristique et character design. Manuel Hauss et Laurent Siefer, anciens d’Ubisoft, y sont intervenants et développent en parallèle Cibo, jeu de scoring (dont le but est d’accumuler les points) et première réalisation du studio I am a Dog. La plateforme d’entraide Xeno Gaming destinée à épauler les développeurs de jeux vidéo a été fondée à Strasbourg et ambitionne de passer à l’étape supérieure en représentant et mettant en lien tout l’écosystème allant du scriptage à la commercialisation du jeu, en passant par

le mapping (fabrication du monde virtuel). On y crée aussi des jeux d’artistes (comme UpperCube de Paul Souviron), développé avec l’aide d’Accro – association de professionnels et d’institutionnels dont le but et de favoriser l’écosystème créatif et numérique strasbourgeois – en collaboration avec L’Ososphère et Ludus… Créer, se former, jouer, penser, hacker, construire, se réunir : que ce soit au Meltdown, repaire de gamers, ou au Shadok, qui organise régulièrement des conférences ou ateliers en lien avec le jeu vidéo, tout est possible dans l’Eurométropole. On y a construit des consoles Seb et Alcatel, on y accueillera bientôt un Pixel Museum…

Constructeur compulsif À 17 ans, Lucas Lett (pseudo Achencraft) n’a rien de l’ado flegmatique : il modélise depuis 2015 le centreville de Strasbourg sur Minecraft et y passe tout son temps libre. Rencontre avec un passionné qui pense déjà à son avenir.

Photo Henri Vogt

Pourquoi avoir décidé de modéliser Strasbourg ? Au collège, un architecte est venu nous présenter son métier. Avant la conception, il réalisait 62

tous ses plans sur Minecraft, jeu auquel je jouais déjà. J’ai essayé. Lier deux choses que j’aime m’a paru évident : le jeu vidéo et Strasbourg. L’idée que les joueurs puissent visiter mon « monde » m’a beaucoup plu. Ensuite, j’ai été rejoint par d’autres « architectes ». À quelles difficultés as-tu été confronté ? J’ai voulu commencer par la Cathédrale : on s’est inspiré d’une modélisation faite par un utilisateur Minecraft, Deloras, et nous avons tout refait bloc par bloc. Ça nous a pris deux mois ! J’ai aussi passé deux après-midi

Strasbourg modélisée sur Minecraft par Lucas Lett

dans le tram pour enregistrer les annonces et les intégrer au jeu… On pourra un jour y prendre le tram, mais il faut que j’apprenne Java pour ça. Qu’est-ce que ça t’apporte ? Je suis en Terminale SI, sciences de l’ingénieur, et je me dis que ça peut être intéressant de se faire un réseau pour plus tard. Le fait de travailler en communauté est très important et puis, au final, je m’adresse déjà à des collectivités ! www.achencraft.fr


Photo Pascal Bastien

Pixel Museum

Seriously gaming L’enthousiasme de Jérôme et Véronique Hatton, créateurs de la Ludus Académie, est contagieux. Leur école de jeux vidéo, sérieux ou non, s’adresse à un public large : des étudiants aux artistes, des fans nostalgiques aux chercheurs, de Strasbourg à Bruxelles, peut-être bientôt jusqu’au Canada. Le personnage de jeu vidéo préféré de Jérôme Hatton, c’est le Professeur Layton. Parce qu’il s’identifie à lui, et comme modèle à suivre : « C’est un jeu qui s’approche d’un serious game, un genre de casse-tête. Exactement ce qu’on essaie de faire dans l’école. » Pour Véronique et Jérôme Hatton, le jeu est l’objet de la passion mais aussi la méthode : « La pédagogie a évolué ces 40 dernières années, parallèlement au développement du jeu vidéo. Les enfants ne sont plus seuls à apprendre en jouant. » Cette pensée a poussé le consultant en génie logiciel – passé par Alcatel et les Cuisines Schmidt, entre autres – et l’assistante commerciale et administrative à mettre en cohérence travail et passion du jeu. « Les serious ga-

mes progressaient. Il n’existait pas de formation dédiée. Ils impliquent trois volets : comprendre un sujet complexe, trouver une gamification qui se rapporte à la cible, et un aspect technique pour la réalisation. Le tout en trouvant une sorte de gamification de l’enseignement de l’informatique. » Une façon aussi d’apprendre un métier au cœur des enjeux sociétaux. « L’un de nos premiers jeux sérieux était pour le Commissariat à l’énergie atomique. Il traitait des ressources humaines : embaucher tout en risquant de fermer des centrales, s’interroger sur la reconversion des métiers. Localement, on a fait une maquette de projet avec l’IRCAD pour aider les enfants malades du cancer, reprise par un studio de développement. Un autre beau projet traite de la question du suicide avec le professeur Pierre Vidailhet du CHU de Strasbourg, Mesago. » Faire reconnaître les jeux vidéo : parce qu’ils ouvrent l’imaginaire plutôt que de le brider, parce qu’ils offrent des débouchés professionnels, parce qu’ils aiguisent la curiosité en invitant à découvrir des métiers et des cultures, mais aussi en tant qu’œuvres. « Jouer, c’est apprendre à vivre ensemble. Et, parfois, à perdre. » Humilité et partage, en somme. Ludus Academie 44, avenue de la Forêt Noire ludus-academie.fr 63

Les créateurs de la Ludus Academie, sont aussi des collectionneurs de consoles et de jeux vidéo. Sur plus de 6000 consoles existantes, ils en ont réuni plus de 500, dont des ovnis comme la Pippin de Mac ou celles produites à Strasbourg, par Alcatel ou Seb. Cette collection complétée par plus de 8000 jeux, tous jouables, a suscité l’envie d’ouvrir un endroit dédié. On pourra bien entendu y jouer, mais aussi y tester des inédits développés par de jeunes studios indépendants. Le Pixel Museum a l’ambition de retracer l’histoire des jeux vidéo. Un lieu vivant qui accueillera workshops et coworking, le tout sur 1000 m2, grâce au soutien de la ville de Schiltigheim. Ouverture prévue au tout début de l’année 2017.


Z UT Culture Dossier Jeux vidéo

Ghost in the Screen Discussion sur l’histoire de l’univers vidéoludique avec Estelle Dalleu, chargée d’enseignement en Master Arts de l’écran à l’Université de Strasbourg.

Tron, Matrix, Uncharted, Heavy Rain ou Beyond: Two Souls n’ont rien en commun. Ils sont pourtant la preuve que le cinéma et les jeux vidéos se regardent. Si l’on parle beaucoup des aficionados du retro gaming, d’autres joueurs affectionnent particulièrement le confort et la contemplation qu’offrent ces jeux cinématiques. Les deux derniers cités, édités par Quantic Dream, société fondée par le Mulhousien David Cage, sont un très bon exemple. Cage n’a jamais caché son attachement à la culture cinéma, en faisant notamment interpréter ses personnages par des acteurs dont il assure la direction : Willem Dafoe et Ellen Page dans Beyond: Two Souls. Quels sont les liens entre ces deux objets pop ? Estelle Dalleu répond tout-de-go : « Pour moi, la relation entre le cinéma et le jeu vidéo est un leurre. Le jeu a ramené des technologies vers le cinéma, comme la motion capture, mais le jeu vidéo est fait de singularités. Il est le produit d’un objet particulier qui est l’ordinateur, qui est aussi un environnement particulier, celui

« Ça fait plus de 50 ans que l’ordinateur existe et pourtant, il y a énormément de lacunes sur la connaissance de l’informatique, notamment son langage. » il s’agit avant tout de tester les limites de la machine et de créer avec elle une réelle interaction. Aujourd’hui, le jeu devenu un pan incontournable de nos sociétés, poussant même ces dernières à s’inspirer de son aspect ludique pour l’appliquer à la formation, à l’emploi ou à notre rapport même aux technologies. « La gamification remonte aux années 50-60. À cette époque, on s’est rendu compte qu’on pouvait mettre en algorithmes absolument tout, même les comportements humains. La crise de Cuba a d’ailleurs été en partie résolue en appliquant un système algorithmique. Cette gamification n’a fait que s’accroître jusqu’à aujourd’hui. » Une fusion des activités que l’on retrouve dans les serious games avec lesquels, là encore, il faut rester prudent. Pour Estelle Dalleu, il ne faut jamais oublier la notion d’oubli de soi dans le jeu : « Tant que le serious game est d’utilité publique, ça ne pose pas de problème, mais quand il est instrumentalisé par des entreprises, cela devient problématique. » Le jeu vidéo appréhendé comme un outil renvoie à un double questionnement : qui s’en sert, et comment ? En filigrane se dessine la question de l’éducation : « Ça fait plus de 50 ans que l’ordinateur existe et pourtant, il y a énormément de lacunes sur la connaissance de l’informatique, notamment son langage. » Comprendre pour jouer pleinement… Un enjeu crucial !

Beyond: Two Souls

Uncharted IV

des hackers. » Il s’agirait donc de prendre en compte la genèse même de cette forme d’art. « On s’accorde à dire que Space War est le premier jeu programmé sur ordinateur. Il a été mis au point par les hackers du MIT aux États-Unis [en 1962, ndlr], et toute l’histoire du jeu vidéo tire sa spécificité de cette naissance. » Au commencement du jeu, donc,

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10h — 19h

1 Place De Lattre de Tassigny

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Salle de la Bourse Strasbourg

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Samedi 28 & Dimanche 29 Janvier 2017

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Tomi Ungerer Forever + de 85 artistes pour ses 85 ans

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Joost Swarte, Sans titre, 2016. Collection de l’artiste © Joost Swarte. Photo : M. Bertola. Graphisme : R. Aginako

Design de la Bourse


Z UT Culture Portrait

ÉCOUTER LES TRUBLIONS Il aime les beaux textes, les belles personnes et les artistes engagés, qu’il place au centre de son action pour la cité. Rencontre à cœur ouvert avec Stéphane Litolff, directeur de l’Espace Culturel de Vendenheim.

Par Nathalie Bach Photos Pascal Bastien

T

« J’ai toujours beaucoup écrit, j’ai fait de la peinture aussi et puis je me suis dit que le talent était en face. » En face, ce sont dans un premier temps les centres sociaux, les associations et enfin la direction de l’Espace Culturel de Vendenheim où Stéphane Litolff côtoie ce qu’il préfère : les artistes et le public. Il décide, avec et à travers eux, d’essayer de changer la donne d’une certaine idée de l’image culturelle. Lorsqu’il arrive en 2003 dans ce qu’on pouvait qualifier de « ville-dortoir », le maire de l’époque a la velléité d’imaginer une manière de faire se rencontrer les Fédinois autrement que le temps d’un divertissement. Un souhait dont le Strasbourgeois prend acte. Pourtant, il n’est pas si facile de briser la glace de

certains a priori. « Moi, j’étais perçu comme le mec de la ville, une espèce d’intellectuel qui arrivait avec son bac+10. Je ne sais pas pourquoi, quelle drôle d’idée ! J’ai juste mon bac et mon premier métier c’est poissonnier ! » Une réaction de défense qui ne cessera pourtant pas d’interroger Stéphane Litolff, notamment sur l’axe de programmation à venir et la façon d’accueillir des spectateurs encore timorés. « J’ai compris que le seul moyen de fédérer les gens d’ici, c’était de les convaincre d’avoir de l’ambition pour eux-mêmes. De les sortir, au propre comme au figuré, d’un complexe tenace. » L’aventure peut commencer. Les échanges et les rendez-vous se multiplient, la création du festival Les Ephémères y ajoute une dimension nouvelle. Représentations chez l’habitant et dans tous les endroits imaginables de Vendenheim, après-spectacles autour du modeste 66

mais néanmoins fameux bar in situ… la petite et fine équipe du Centre culturel n’en finit pas d’exacerber ce vivre-ensemble si cher au capitaine de l’endroit. Il ose plus. On se souvient avec chaleur de la venue de Jean-Louis Trintignant ou encore de Dominique Blanc dans La Douleur de Marguerite Duras. Il ose encore plus. Avec les acteurs de la région, il rêve d’un objet théâtral pas comme les autres qui métaphoriserait les questions de la liberté d’expression, de la pérennité de l’art, en particulier du spectacle vivant. Thierry Simon lui écrit alors une épatante Contre-Visite voyageant dans et hors les murs. L’auditoire est conquis. « Bien sûr, il faut répondre à des appels d’offre, créer quelquefois dans des systèmes contraints, mais c’est la preuve qu’on peut essayer d’envisager les choses autrement. »


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« J’ai compris que le seul moyen de fédérer les gens d’ici, c’était de les convaincre d’avoir de l’ambition pour euxmêmes. »

Z UT Culture Portrait

Maram al-Masri, la grande poétesse syrienne réfugiée en France, est devenue son artiste associée pour cette saison. Un choix politique et idéologique que Stéphane Litolff, sans en faire un étendard, associe à une ligne de conduite générale. Il reconnaît au passage son entente avec le maire actuel même s’ils ne partagent pas forcément les mêmes valeurs. « Cela n’a pas empêché de faire lire des poèmes en arabe, ici, et aussi en appartement. Il n’y a pas de lieux plus adéquats que d’autres. À ce sujet, il y a simplement la question de la mémoire et de l’immigration. Je n’aime pas le mot tolérance, ni diversité mais celui d’inégalité, oui. Quant au reste, la droite, la gauche, ce monde me semble terminé. L’histoire a montré que l’absence de clivages est l’apanage de l’intelligence des hommes. Moi, ce qui m’intéresse avant tout, ce sont les belles personnes, les beaux textes. Où est le problème ? » Sans faire d’amalgames, on se souvient aussi des agoras offertes à l’Espace Culturel de Vendenheim après l’attentat à Charlie Hebdo, de lectures menées jusqu’à Strasbourg comme autant de rappels à l’indignation, et de prises de positions sur les réseaux sociaux « Oui, je sais, je suis

le Monsieur des commémorations, des Nuit Debout et des sans-abri. On peut s’en moquer mais oui, j’appuie ce lieu commun qui est de ne pas accepter l’injustice. L’humain est chassé de partout, et aujourd’hui la question des collectes est fondamentale. En même temps, on n’a jamais vu autant de petites choses se faire. Je suis de plus en plus pour des comportements alternatifs. Nuit Debout a été réprimé. En 30 ans de vie politique, rien n’a été proposé et en deux jours ce mouvement a été tué. On admet que les gens se réunissent, mais à la maison. Ce n’est pas grave : si on ferme la porte, on rentre par la fenêtre. L’essentiel est d’aller dans la rue, de ne pas attendre d’avoir faim. Et surtout d’écouter les trublions. » La liberté d’expression aurait-elle un peu plus de peine aujourd’hui ? « En France, même si elle existe vraiment, il y a un problème avec la pensée qui n’est pas forcément prise en compte si tu n’es pas dans un circuit libéral, bancaire et là, je suis un peu pessimiste. Je suis frappé par exemple d’entendre qu’en France il n’y a plus de grands intellectuels. Mais c’est faux ! Edgar Morin, par exemple, pourquoi n’a-t-il pas la place qu’il mérite, à l’instar d’un Camus ou d’un Sartre ? Je ne comprends pas. En ce qui me concerne, être ou non un intellectuel ne m’intéresse d’ailleurs pas plus que ça. Pour moi, il y a les bourgeois et les pas bourgeois et un bourgeois, c’est quelqu’un qui ne croit plus à la capacité de l’homme à s’améliorer. Le reste, je m’en fous. » Les choses dont il ne se fout pas, ce sont les saltimbanques et le bonheur d’en voir certains pris sous son aile se déployer, 68

comme la Compagnie Mira par exemple. Ce dont il ne se fout pas, en dehors de sa passion du théâtre, c’est d’être à l’affût du beau et de l’émotion, toutes disciplines confondues. Ce dont il ne se fout pas, c’est de son équipe et de ses bénévoles. Ce dont il ne se fout pas, c’est de continuer l’aventure avec un public désormais fidèle et allié. Et ce dont il ne se fout pas du tout, c’est de continuer d’aimer les femmes. « Parce que ce sont elles qui font changer les choses. Les hommes m’emmerdent de plus en plus. » Plus tard, il se verrait tenir une fermeauberge, avec des chambres d’hôtes et des week-ends culturels. « Mais ce serait toujours profondément politique, hein ? Et si ça pète, je serai dans la rue ! En tous cas, je voudrai continuer à faire le travail que je fais et essayer d’humaniser les choses. Je me sens assez libre finalement. L’idée du bouffon du roi me plaît. En y réfléchissant, dans les années qui viennent la seule chose qui me ferait vraiment plaisir, c’est de vivre dans un climat serein. Oui, c’est ça, un climat serein. » Espace culturel de Vendenheim 14, rue Jean Holweg vendenheim.fr


ailleurs

Expositions à voir jusqu’au 19.02.17

Terre aimée de Laurent Brunet —

egoTriP ColleCTif de Sylvain Freyburger et Christophe Schmitt —

la lisTe de david Cascaro Photographies de Anne Immelé —

aux fronTières De l’oubli de Baptiste Cogitore —

Tisseuses De fraTerniTé de Frédérique Meichler et darek Szuster —

aujourD’hui, C’esT Toujours mainTenanT ? de Pascal Bastien —

méDiTaTions wesTernosoPhiques de Marc Rosmini —

1, 2, 3… isTanbul ! de Bekir Aysan —

before insTagram de Philip Anstett Préface de daniel Carrot —

je Peux éCrire mon hisToire de Abdulmalik Faizi et Frédérique Meichler dessins de Bearboz —

EYE CATCH Design graphique

SUPER IMAGE www.mediapop-editions.fr

1964 de Kai Pohl —

Sublime

Du ParaDis de Philippe Lutz —

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Art contemporain

Retours de résidences

INTER NATIONAL Mer — Dim : 14h > 18h 7 rue de l’Abreuvoir — Strasbourg www.ceaac.org


Z UT Culture Made in Strasbourg

PANIER 5 CULTURE

Dans la hotte de Zut ? Trois brigands en chemin pour sauver Tiffany, trois compères, Brassens, Brel et Ferré, des ailes brisées (et chatoyantes), des tchik-tchik boom-boom et du miam-miam. Le jeu des Trois Brigands

Gourmandises de Fêtes

L’école des loisirs

Thierry Mulhaupt Éditions du Belvédère

À ceux qui vivraient dans une grotte (ou loin des mondanités) : Tomi Ungerer fête cette année ses 85 ans. Un hommage tout à fait ludique lui est rendu par son éditeur français sous la forme d’un jeu, issu des fameux Trois Brigands du dessinateur alsacien. Le but ? Construire la ville des trois brigands (sous la forme d’un puzzle) – et pour ce faire se battre et voler le plus d’argent possible (paaas bieennn…). Pas de panique, nos voleurs au grand cœur devront aussi sauver Tiffany. De quoi ravir le petit Kévin à Noël, mais aussi grands dadets et amoureux de l’univers “Ungerish”. (C.B.) www.ecoledesloisirs.fr

Burning Bright Hugues Dufourt Les Percussions de Strasbourg À peine sorti, le premier disque du label maison Les Percussions de Strasbourg, Burning Bright (composition de Hugues Dufourt), jouit déjà du Diapason d’or décerné par la revue spécialisée. On y entend l’œuvre magistrale du compositeur, découpée en 12 titres évoquant l’infini (et bien au-delà). Plus attaché aux subtilités qu’à la démonstration de force, il a poussé l’ensemble à s’attacher à la matière musicale. Pas de démonstrations de force sur ce disque, donc – Les Percussions de Strasbourg en sont tout à fait capables –, de la mesure, de l’humilité, du crescendo malin, des sons inattendus qui s’étirent.

Croquer dans un éclair Thierry Mulhaupt est une expérience capable de changer une vie à tout jamais. Alors imaginez pouvoir appliquer les recettes du célèbre pâtissier pour réaliser une farandole d’entremets, de bredele et de gourmandises de Noël… Un mot : classe ! Galette des rois, tarte Blanche-Neige à la clémentine, cake poire et chocolat à la vanille, truffe, guimauve ou financier composent l’extrait de cet élixir à vous faire saliver. Le + ? Secrets et astuces (incontournables en pâtisserie) sont ajoutés sous la forme de QR codes à scanner pour accéder à des vidéos explicatives. (C.B.) www.mulhaupt.fr

Prisonnier des glaces Simon Roussin Éditions 2024 Oui, c’est vrai, dans tous nos paniers culture, on trouve forcément les éditions 2024 : leurs livres sont si malins et bien fichus qu’on ne peut résister. Le dernier né de la bande des Ailes brisées signé Simon Roussin ? Prisonnier des glaces, brillant récit d’aventure – comme les premiers – raconté sous la forme d’une lettre de Ferdinand Pépin, adressée à son « vieux » copain. Son grand amour, Helen, lui demande de partir à la recherche de Charles Robinson, perdu dans le grand blanc. Une quête qui lui demandera plus que du courage… Imprimé

(C.B.)

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en trois tons direct et en grand format, l’ouvrage ne trahit rien de la fulgurance picturale de Roussin. (C.B.)

Trois hommes sur la photo Brel, Ferré, Brassens Universal (Coffret 4CD + 1DVD) Aussi étonnant que cela puisse paraître, la rencontre de ces trois géants de la chanson française a été organisée à l’initiative d’un jeune journaliste de Rock&Folk, FrançoisRené Cristiani, en 1969. Au grand dam de Ferré, ils ne s’étaient quasiment jamais croisés. De les suivre en son – la rencontre a été enregistrée pour la radio – et en images grâce au documentaire très touchant de la Strasbourgeoise Sandrine Dumarais sur la base des photos réalisées par Jean-Pierre Lenoir et des témoignages de Juliette Gréco, Jacques Higelin ou Gérard Jouannest, on mesure l’importance de l’événement. Alors qu’on les aurait jugés très différents, ils se rejoignent tous trois dans un esprit libertaire qui révèle leur part de fragilité à chacun. (E.A.)


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Photo Hugues François


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OISEAU RARE

LOIC PRIGENT Par Caroline Lévy | Photo Henri Vogt

C’est avec un flegme déconcertant que le chroniqueur et documentariste de mode Loïc Prigent nous accueille dans les locaux d’Arte, où il est le joyeux visiteur pour la journée. En 2005 avec Signé Chanel, son premier documentaire diffusé sur la chaîne franco-allemande, il pose sa marque de fabrique : un regard distancé sur la mode et ses acteurs, un ton piquant mais toujours bienveillant qui imposeront ce « Médiapart de la mode », comme le nomme Karl Lagerfeld, comme le journaliste le plus influent du milieu. Acerbe, sardonique mais pas méchant. Son détachement fait sa singularité, et tout le monde semble l’accepter. Il parvient alors à infiltrer les plus grandes maisons de couture pour des films qui demandent une totale immersion : « Hier, j’étais à un dîner de mode et j’étais vraiment le plus plouc de la salle ! À partir du moment où tu le sais et que tu t’en fiches relativement, ça permet peut-être de mieux se faufiler. Du coup, j’ai l’impression de garder une forme d’amusement et d’intérêt », rigole Loïc Prigent avant de renchérir : « J’ai une théorie. Je suis le stagiaire un peu demeuré mais assez sympa ! » Cette confiance ne s’étiole pas, et ce malgré le succès de son compte Twitter, ouvert en 2013 et où il consigne des phrases glanées

là où la mode jacasse. Plus de 215 000 abonnés suivent quotidiennement ces fulgurances anonymes et sorties de leur contexte, compilées désormais dans un recueil (J’adore la mode mais c’est tout ce que je déteste, éd. Grasset). Des « pépiements » – tweets en français – qui amusent autant qu’ils consternent ! « À la base, c’était vraiment pour mes potes, on était six à s’alpaguer. C’était assez potache. Quand j’ai commencé à le faire pendant les défilés, j’ai vite pigé que c’était regardé par les gens du milieu et que le côté hors-contexte, abstrait, leur donnait presque une valeur de proverbe », confie-t-il. Il les donne à lire à sa Majesté Catherine Deneuve dans des pastilles décalées de deux minutes diffusées sur Arte lors de la semaine de la mode parisienne. Mais comment tisser du lien avec ceux qu’il risque de tourner en dérision plus tard ? Où se situe la limite pour ne pas heurter les acteurs du sérail ? Pour Loïc Prigent, ça ne fait pas débat : « Quand je suis en immersion dans une maison, rien ne sort. C’est au moment des défilés que je note et partage. Y’a une sorte de pacte non verbalisé avec les maisons. Je ne veux pas que ça pollue mon travail. » Après plusieurs décennies à la toiser et la décrypter, l’auteur-réalisateur n’a pas encore fait le tour de cette « comé72

die complètement dingue et effrénée » qu’est la mode. Et il n’en changerait pour rien au monde : « Je me suis essayé à la politique sur Canal+. Je me suis retrouvé à l’université d’été du Parti Socialiste. À mon retour, après une crise d’urticaire fulgurante, j’ai fini par donner ma démission. C’était osé au bout de la deuxième émission de la saison ! » La télé lui fait les yeux doux : France 2, Canal+ et bien sûr Arte ont accueilli ce fils de paysan breton cultivant l’arty show comme personne. Dur labeur dans ces deux mondes finalement pas si opposés : « On se lève le matin pour quelque chose d’immuable et parce que la saison l’impose. En mode, il y a un énorme travail en amont, comme en agriculture, et finalement la cueillette serait le défilé. Ces communautés sont dépendantes de la valeur marchande de ce qu’elles produisent. Dans ma famille, on ne faisait pas des artichauts pour la beauté du geste non plus ! », philosophe Prigent. Parce que la mode, ça se cultive évidemment. Propos recueillis le 25 novembre chez Arte, à l’occasion de la rencontre à la Librairie Kléber. À lire : J’adore la mode mais c’est tout ce que je déteste, Grasset


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EASY RIDER

WAX TAILOR Par Alice Harry | Photo Pascal Bastien

Wax Tailor connaît bien Strasbourg ! « J’y ai fait une de mes premières dates en 2005, je me rappelle très bien. J’aime jouer à La Laiterie. Ce soir, c’est le baptême du feu ! », s’amuse-t-il. D’où le choix de la capitale alsacienne – on suppose un brin de superstition – pour la première date d’une tournée au cours de laquelle il défend By Any Beats Necessary. Un cinquième album composé dans un contexte difficile : le drame de Charlie Hebdo. Son « envie d’une échappatoire, d’un ailleurs » l’a conduit tout naturellement vers la musique. Les sonorités rétros de son album, sorties d’un road-trip empruntant la Route 66, plongent nos oreilles dans une Amérique onirique et fantasmée. Son album est

un délicieux patchwork qui mélange les genres et projette l’écoute OutreAtlantique, bien loin d’une autoroute monotone. Wax Tailor compose au milieu des champs de coton, des saloons et s’accorde même un tête à tête avec l’Oncle Sam. Son voyage aux Etats-Unis, imaginé depuis son studio à Vernon et inspiré par sa dernière tournée, s’accompagne de nombreux auto-stoppeurs de prestige : Ghostface Killah, Tricky ou encore Lee Fields rejoignent la longue liste de featurings passés, dont la regrettée Sharon Jones. « Je n’ai jamais eu autant d’invités sur un album, c’était une évidence de faire appel à leur talent. » Cet artisan du son, fan de hip-hop s’inspire depuis toujours des 74

traditions de la black music américaine, d’où des compositions aux accents blues voire plus rock. « J’aime sentir les atmosphères et les évocations, j’écoute plus que je ne compose. Je cherche à créer de l’espace dans le son. » By Any Beats Necessary n’est pas qu’une virée musicale aux airs de Far West. C’est un album qui fait de la soul son épine dorsale. Ce driver aguerri conduit en bonne compagnie et prouve, par la qualité de ses arrangements, qu’il compte parmi les plus grands. À quand le prochain trip ? Propos recueillis le 3 novembre à La Laiterie


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DUETTISTES EN ÉQUILIBRE

PIERS FACCINI & VINCENT SEGAL Par Emmanuel Abela | Photo Olivier Legras

Le violoncelle peut paraître chose étrange dans le domaine de la pop, mais avec Vincent Segal cet instrument trouve toute sa place. Au détour de la conversation, il invoque ce violoncelliste qui avait joué avec Laurie Anderson. On se surprend à lui en donner le nom. « Oui, c’est bien cela, Arthur Russell ! Avec le violoncelle, il anticipait la techno ! » Il est amusant de le voir mentionner la dimension rythmique d’un instrument qu’il utilise de bien des manières dans le contexte du duo qu’il forme avec le guitariste folk Piers Faccini : à l’orientale, jazz, country-folk ou carrément baroque. Ils inventent tous deux un format chanson nouveau

qui emprunte autant à Marlene Dietrich – dont l’évocation sur scène est assez drôle –, Alain Peters, ce poète et musicien de La Réunion, « un grand de la chanson française ! » dont ils reprennent le Mangé pou le cœur, ou Townes van Zandt. Ce qui les lie tous deux depuis leur rencontre à la fin des années 80, c’est justement de pouvoir s’attacher à des formes très éclatées qu’ils empruntent aussi bien aux registres du jazz, des musiques du monde que de la new wave. « L’émerveillement que je ressens au contact de Vincent reste entier », nous confie Piers de manière touchante. Il faut dire que son comparse est un passeur hors pair. Les yeux rivés sur les vidéos 76

qu’il trouve sur YouTube, nulle musique ne semble échapper à sa connaissance. En 3 minutes, on se pose la question de savoir qui a produit Skylarking du groupe XTC, puis qui a arrangé les cordes de Nick Drake sur l’album Five Leaves Left – Robert Kirby en l’occurrence. Avec eux deux, la musique est ainsi : hors temps, hors espace, infinie, d’autant plus qu’elle se vit en acoustique intégrale, non sonorisée, pour une émotion encore plus forte. Propos recueillis le 19 novembre au Cheval Blanc à Schiltigheim


Chorégraphie Uwe Scholz Musique Hector Berlioz Direction musicale Myron Romanul Ballet de l’OnR Orchestre philharmonique de Strasbourg

Strasbourg Opéra 11 > 15 janv Colmar Théâtre 21 > 22 janv Mulhouse La Filature 28 > 31 janv

Le Rouge et le Noir

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de l'opéra national du rhin

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À STRASBOURG

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APÔTRE DES MOTS

FRÉDÉRIC BOYER Par Emmanuel Abela | Photo Pascal Bastien

Avec Frédéric Boyer, les choses vont trop vite. Nous n’avons même pas le temps de nous remettre du roman qu’il a publié chez P.O.L., le troublant Yeux Noirs, que déjà il enchaîne avec une Bible illustrée par Serge Bloch chez Bayard, le fameux éditeur chez qui il avait dirigé une nouvelle traduction de la Bible, justement, avec Olivier Cadiot, Emmanuel Carrère, Jean Echenoz ou Florence Delay, entre autres écrivains de renom. Effectivement, il est prolifique l’ami Frédéric Boyer, en tant qu’auteur, mais aussi en tant que traducteur. Il ne se passe quasiment pas un jour sans qu’on ne découvre l’une de ses traductions d’un texte essentiel : ce fut le cas par le passé avec les Sonnets de Shakespeare ou les fameuses Confessions de Saint-Au-

gustin, rebaptisés Les Aveux. Avant de le rencontrer, on se pose la question d’une telle capacité à manier la langue – ou plus précisément les langues –, et de chercher ainsi à poser sur le papier des versions qui tranchent avec celles qu’on a pu lire par ailleurs. Certains lui reprochent certaines libertés, nous pas. Et même si pour ses Sonnets, il prend le parti de s’abstraire des règles typographiques, à la lecture c’est bien Shakespeare qu’on entend respirer. « Je suis ravi que vous me disiez cela : j’essaie contrairement à ce qu’on dit de respecter le texte au maximum. » Et de nous expliquer qu’on traduit toujours avec sa langue, c’est-à-dire celle d’aujourd’hui. Avec cet effet de révéler la modernité initiale du texte. Lui qui se dit dans un rapport 78

chamanique au livre, explore la traduction comme une forme. D’autres formes sont possibles, celle du récit bien sûr, comme c’est le cas avec Yeux Noirs, dans lequel il relate la récurrence d’un souvenir érotique d’enfance et, au-delà de cela, la relation au corps et à la sexualité. Quand on lui signale qu’à maintes occasions, il se retrouve, lui, dans une position de passivité, il s’en amuse et admet volontiers le malaise que cela peut provoquer chez le lecteur. « Le malaise fait partie de la littérature. » Tout comme la sensualité et la grâce, serait-on tenté de rajouter. Propos recueillis le 23 novembre à la Librairie Kléber


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SÉLECTIONS

culture

Traduction scénique THÉÂTRE Providence 15.03.17 --> 25.03.17 Théâtre National de Strasbourg www.tns.fr

En 2016, le Théâtre National de Strasbourg a accueilli La Mouette, la pièce d’Anton Tchekhov donnant lieu à une traduction signée par Olivier Cadiot. Cette saison, le TNS accueillera la version théâtrale du roman Providence… écrit par Cadiot. Mais dans ce cas, c’est à Ludovic Lagarde et à Laurent Poitrenaux qu’incombe le travail de « traduction ». Rompus

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à la langue de l’auteur, le metteur en scène et le comédien transposent scéniquement et fusionnent les quatre récits de vies composant ce roman en perpétuel mouvement. Convoquant un riche dispositif sonore, Providence promet de balancer entre minimalisme et foisonnement, raffinement et prosaïsme. Comme la langue de Cadiot… (C.C.)


Psychotop Dans la chouette liste d’événements du Graff’, un apéro parfait pour les névrosés que nous sommes : un psychologue et une psychanalyste répondent à toutes les questions posées de manière anonyme par le public. Top. (C.B.) EVENT Apéripsy #5 12.12.16 Graffalgar www.graffalgar-hotel-strasbourg.fr

Hop pop hop !

Johnny Hallyday, Dani et Thierry Le Luron

COMME UN BOOMERANG RENCONTRE Dani En février Librairie Kléber www.librairie-kleber.com

Des booms, des bangs, un cœur blessé, « l’amour comme un boomerang » revient naturellement à Dani pour son livre La nuit ne dure pas, où la mannequin, chanteuse, meneuse de revue, actrice… et éternelle amoureuse, raconte ses multiples vies passées, ses blessures et combats. En parallèle de cette autobiographie illustrée sortie chez Flammarion, Étienne Daho s’est fait le chef d’orchestre d’un récit best-of également titré La nuit ne dure pas (mots issus de la chanson Rouge Rose écrite par Daniel Darc). Une double-sortie pour célébrer la femme irrésistible à la voix biberonnée à l’excès, mais aussi ces multiples talents qui l’ont entourée, de Gainsbourg à Daho en passant par Truffaut. (C.B.)

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Régulièrement, ici ou là, on croise le duo Peter Kernel, ensemble ou séparément, pour des concerts à la lisière de la pop, du rock grinçant et de la performance. Le revoilà à Strasbourg, invité par Panimix. (C.B.) CONCERT Peter Kernel 10.12.16 Troc’afé | Strasbourg www.facebook.com/ panimix

Toujours chic 4 auteurs, 4 manières d’envisager la sensualité et/ou la pornographie réunies dans la collections desseins de chimedias éditions (éditeur de Zut !) et pour une lecturesignature-concert – Nicolas Comment accompagné de sa muse Milo – 10 jours avant Noël ! (C.B.) EVENT Anne-Sophie Tschiegg, Jérôme Mallien, Hélène Schwaller, Nicolas Comment 15.12.16 Librairie Kléber www.librairie-kleber.com


FUISMOI, JE TE SUIS OPÉRA La Petite Renarde rusée 11.12.16 -> 23.12.16 Opéra national du Rhin www.operanationaldurhin.eu

On sait la tentation du compositeur tchèque Leoš Janáček de maintenir un lien fort à la culture populaire, que ce soit dans la tonalité musicale mais aussi dans des thèmes qu’il lui emprunte avec un ancrage et une résonance. La légende rapporte qu’en 1921 sa femme de ménage l’alerte sur un feuilleton publié dans le journal autour de récits animaliers. Son goût pour la fable l’amène à solliciter l’un de ses amis poètes pour adapter ces courts récits en livret d’opéra. L’incrédulité de son ami ne le détourne pas d’un projet qu’ils mènent

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tous deux à bien en très peu de temps, avec un grand succès à la clé. L’occasion est belle de dépeindre les traits humains derrière les animaux et de tendre à une morale intemporelle. Le propos pourrait s’adresser aux enfants, mais pas seulement. La mise en scène de Robert Carsen fait que le conte touche les plus grands, lesquels se montrent sensibles à une féerie qui révèle de beaux sentiments. (E.A.)



DE VISU Depuis quelques temps, l’agence Horstaxe partage les locaux du CEAAC, rue de l’Abreuvoir. L’occasion pour les deux structures d’échanger sur des stratégies mises en œuvre par les graphistes et les artistes pour « capter l’attention ». Rien de tel, à ce propos, qu’une exposition d’affiches de l’agence dans le lieu même du CEAAC. L’idée a fait son chemin, si bien que cette exposition-vente généralement prévue sur deux week-ends au cours de la période de Noël s’étend sur 3 mois dans le cadre de Regionale 17. Super Image #2, un hommage à l’affiche dans ce qu’elle présente d’éternel, avec la contribution de l’Atelier Tout Va Bien, d’Helmo et de Superscript2. (E.A.)

AUTOUR DU CORPS

EXPO Horstaxe, Super Image #2 -> 19.02.17 CEAAC www.horstaxe.fr www.ceaac.org

DANSE Umwelt 17.01.17 -> 19.01.17 Maillon www.maillon.eu

Visuel Superscript

Singspiele 19 + 20.01.17 Pole-Sud www.pole-sud.fr

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Reçue de façon houleuse par la critique en 2004, Umwelt n’a rien perdu de sa force et de sa lucidité pour décrire l’altération de notre planète par les agissements de l’Homme. C’est avec cette pièce phare que la chorégraphe Maguy Marin marque son retour sur une terre formatrice, au Centre de Développement Dramatique de Pole-Sud. Pour mieux apprécier son univers, une œuvre bien plus récente – Singspiele (2014) – est mise en regard. Si Singspiele s’attarde sur la rencontre avec autrui, Umwelt (« environnement ») interroge, par la multiplication des danseurs, la dégénérescence d’une humanité inconsciente de son impact sur ce qui l’entoure. Deux facettes fondatrices du travail de Maguy Martin, à découvrir lors d’une même semaine. (C.T.)


Photo Hervé Deroo

JEXTRAORDINAIRE

Nicolas Sarkozy voulait nettoyer les cités au Karcher, Aube dorée (nous assumons le parallèle) veut nettoyer les rues grecques de tous les migrants. Or ce sont les immigrés qui, justement, nettoient les rues… Qui sont-ils, ces invisibles que nous croisons souvent sans regarder ? Cinq femmes, architectes, universitaires, chanteuses lyriques venues en Grèce, racontent leur parcours. Aujourd’hui, elles sont femmes de ménage, en proie au

THÉÂTRE Clean City 14 + 15.12.16 Le Maillon | Strasbourg www.maillon.eu

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racisme quotidien et ordinaire. Encore une fois, Anestis Azas et Prodromos Tsinikoris donnent à cette réalité souvent abstraite une dimension charnelle, invitant ces femmes à se raconter sans misérabilisme, avec justesse et beaucoup d’humour. Un spectacle qui nous donne le sentiment de comprendre, et l’énergie d’agir. (S.D.)


PAR PETITES TOUCHES

Skander Zouaoui, On n'ira pas sur la lune

Triphasée FESTIVAL Regionale 17 24.11.16 -> 08.01.17 www.regionale.org

Depuis plus de 15 ans, Regionale est LE rendezvous de l’art contemporain rhénan. Réunissant 200 artistes, cet événement propose une collaboration entre les pôles artistiques de l’Allemagne, la Suisse et la France qui présenteront la scène contemporaine locale. On ne visite pas moins de 19 lieux sur toute la région trinationale. Un tourbus est même mis à votre disposition ! (A.M.)

DIVIN ! Depuis près de 30 ans, The Divine Comedy distille des bijoux de pop orchestrale. Le nouvel album Foreverland, sorti début septembre, s’est fait longtemps attendre, et réunit à nouveau des perles solaires et raffinées. Un opus à l’image du dandy Neil Hannon, qu’on revoit toujours sur scène avec plaisir. (R.S.) CONCERT The Divine Comedy 28.01.17 Laiterie www.artefact.org

Est-ce parce qu’il a évolué dans un environnement familial très ouvert, avec des parents portés sur la soul et le rhythm’n’blues sans renier les classiques de la pop, les Beatles ou Jimi Hendrix, et un oncle fan de BB King, que le Strasbourgeois Gregory Ott a accédé à des formes musicales très diverses ? Il y a des chances. Depuis dix ans, avec la belle complicité qui lie le pianiste à Frank Bedez à la basse et Mathieu Zirn à la batterie, l’alchimie semble complète. Elle permet au trio d’explorer toute la palette du jazz, y compris dans ses formes les plus actuelles. Avec, en filigrane, cette tentation constante de l’épure dans le cheminement mélodique, comme si l’effacement renforçait le motif initial. Une démarche colorée, presque picturale. Très sensible dans l’approche, parfois même envoûtante. (E.A.) CONCERT Gregory Ott 10.03.17 Le Fil d’eau | La Wantzenau la-wantzenau.fr

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Une folk star en mode survie. Une hotte rose et or, et rouge, et noire. Une panthère dans la ville. Des barmen bien troussés. Des choses à shopper. Les tendances façon Zut 91


IF I WAS A FOLK STAR. Photographe Alexis Delon / Preview

Réalisation Myriam Commot-Delon

Mannequin Leslie Dumeix www.lesliedumeix.com

Coiffeur Gregory Alcudia / Avila www.avila-coiffure.com

Maquilleuse Audrey B. www.audreybmaquillage.com Post-prod Emmanuel Van Hecke www.preview-tm.fr

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Robe longue en tulle macramÊ Red Valentino et bottines Sergio Rossi chez Ultima. Bague Casoar, or blanc et jaune 18 carats, rubellite et brillants Éric Humbert.

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Veste en lainage brodé Dries Van Noten chez Algorithme La Loggia. Body à manches longues en dentelle et haut blousant Christies chez Alice Lange - Le Boudoir. Sautoir en perles des mers du sud de couleurs naturelles et bracelet jonc Trait d’union en or blanc Éric Humbert.

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Blouse et jupe courte en vinyle Isabel Marant chez Ultima. Superposition de deux bagues Trinity en or blanc et diamants et or jaune et diamants, créoles Le Clou, portées en duo sur le même lobe, le tout Cartier.

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Robe nuisette courte en soie rouge et dentelle de Calais Marjolaine chez Alice Lange - Le Boudoir. Dessous, T-shirt en coton imprimé étoile Saint Laurent Paris chez Ultima. Bracelet et boucles d’oreilles Le Clou en or et diamants Cartier.

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Robe nuisette mi-longue, en soie bleu canard et dentelle de Calais Marjolaine chez Alice Lange - Le Boudoir. Bracelet et boucles d’oreilles Le Clou en or et diamants Cartier.

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Robe longue en tulle macramÊ Red Valentino chez Ultima. Bague Casoar, or blanc et jaune 18 carats, rubellite et brillants Éric Humbert.

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Robe poncho en crêpe frangée et sac en cuir rayé Balenciaga chez Ultima. Escarpins Predator en strass de Swarovski Philipp Plein chez Algorithme La Loggia.

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Veste, pantalon et écharpe en fourrure écologique et sangles en coton Dries Van Noten chez Algorithme La Loggia. Étoile lumineuse à LED en fil de fer soudé Zoé Rumeau chez www.smallable.com

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Pull à col bateau en maille métallisée ajourée Isabel Benenato chez Algorithme La Loggia et sur l’e-shop www.algorithmelaloggia.com. Bracelets jonc à charms en argent et verre de Murano facetté Pandora. Bottes en veau velours Prada chez Ultima.

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ZU T Tendances Wishlist

Et si on voyait la vie en rose, avec des cadeaux 100% amour ? Par Myriam Commot-Delon

À LED et sans fil, une petite lampe affûtée pour éclairer tout en douceur un banquet 2.0. Luminaire rechargeable Transloetje Fatboy chez Quartz Design www.quartz-design.fr

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Jonc en or 18 carats Collection Lunaria Marco Bicego au Printemps

Diffuseur d’huiles essentielles Ekobo chez Nature & Découvertes au CC Place des Halles

Lapin Pan Pan en céramique, design B. Kuehne-Thompson, Ligne Roset chez Ligne Roset x Elastabil x Cinna

Lettre lumineuse Hema au CC Rivétoile

Terrarium Greenhouse Design House Stockholm chez Galerie Fou du Roi

Théière en céramique Art-Déco Dammann Frères

Babies Elsa Fiona en strass irisé Galeries Lafayette

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Mini-sac cœur en cuir (existe en 3 couleurs) Saint Laurent Paris chez Ultima


ZU T Tendances Wishlist

Bague Kiff & Kiss, en argent et or jaune 18 carats, Mauboussin

Le Beau Parfum Maison Francis Kurkdjian à La Belle Parfumerie du Printemps

Vase Shiva BD Barcelona chez Quartz Design

Guirlande étoiles Numero 74 chez Le Petit Souk

Livre de coloriage Carnet de mode parisienne Éditions de La Martinière à la Librairie de l’île au CC Rivétoile

Assiette Jellies Family design Patricia Urquiola pour Kartell

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Enceinte sans fil Gold Pantom Devialet chez Le Salon Acoustique

Coussin, design Alexander Girard, Vitra chez Galerie Fou du Roi


DIOR PRADA SAINT LAURENT PARIS VALENTINO GIVENCHY CÉLINE BALENCIAGA FENDI DOLCE GABBANA ISABEL MARANT IRO DSQUARED2 MONCLER BELSTAFF RED VALENTINO SERGIO ROSSI GIANVITO ROSSI GIUSEPPE ZANOTTI JIMMY CHOO STUART WEITZMAN TOD’S HOGAN CHURCH’S ROBERT CLERGERIE ASH STRATEGIA UGG

SACS PRADA VALENTINO GIVENCHY FENDI SAINT LAURENT PARIS CÉLINE BALENCIAGA DOLCE GABBANA ZANELLATO

Ultima 3, 4 et 8 petite rue de l’Église 67000 Strasbourg 03 88 21 91 66 Ultima bis 34, rue Thomann 67000 Strasbourg 03 90 22 19 23 www.ultima-mode.com


ZU T Tendances Wishlist

Escarpins or Mango au CC Rivétoile et CC Place des Halles

Coussin Knot Design House Stockholm chez Galerie Fou du Roi

Sac rigide Zara au CC Place des Halles et au CC Rivétoile

Meuble Componibili, design Anna Castelli Ferrieri, Kartell chez Quartz Design

Collier Arctic Shlomit Ofir chez Céleste

Combishort Newlook Girls (du 7 au 12 ans) au CC Place des Halles

Carnet de notes Hema au CC Rivétoile

Casque audio Taylor Rosegold Frends au Printemps

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ZU T Tendances Wishlist

Et si on upgradait la hotte 2016 avec un dress code chicissime ?

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Néo-chandeliers en fonte et ciment, pour insuffler un look mi-industriel, mi-historique, à la tablée de Noël. Bougeoirs Weight Here Menu à la Galerie Fou du Roi


Platine vinyle LS en bois multiplis et cuir naturel basque, collab La Boite Concept x Elipson, Le Salon Acoustique

Lampe Ricchi Poveri Toto, design Pierre Gonalons, Ingo Maurer chez Quartz Design

Body Topshop aux Galeries Lafayette

Livre WA, L’Essence du design japonais Éditions Phaidon à la Librairie de la Presqu’île au CC Rivétoile

Carnet AJ Brainstorm Design Letters à La Boutique Noire du Printemps

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Trottinette Micro à la Boutique Noire du Printemps

Bague articulée en or blanc et diamants Glam’Azone Messika aux Galeries Lafayette

Trancheuse électrique New Red Line 250 Berkel aux Galeries Lafayette


ZU T Tendances Wishlist

Gamelle pour chien Alessi chez Quartz design

Lampe à LED personnalisable LightBox chez Le Petit Souk

Montre homme Jardin du Palais Royal, en acier, cuir et cadran ivoire, Mauboussin

Sous les étoiles, boîte d’assortiment de 40 macarons Pierre Hermé x Nicolas Buffe aux Galeries Lafayette

Monographie Louise Bourgeois, Géométries intimes Éditions Hazan à la Librairie Broglie

Lampe Mano, design Pietro Chiesa (1932), Fontana Arte chez Quartz Design

Console XBox One S2 To Gear Of War 4, série limitée, chez Micromania au CC Place des Halles

Livre d’activités éditions Minus à la Galerie Theim au CC Roppenheim The Style Outlets

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Figurine Dark Vador, Star Wars Disney Store aux Galeries Lafayette

Coussin Bestiaire Julia Tisserant (créatrice alsacienne) sur l’e-shop www.juliatisserant.com

Bague Le Cube diamant Dinh Van aux Galeries Lafayette et à la boutique Dinh Van

Bougie Épices et délices, édition Noël 2016, Diptyque au Printemps et aux Galeries Lafayette

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Blouson rouge matelassé Puffy Bershka au CC Rivétoile


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ZU T Tendances Joaillerie

Une panthère en ville Par Marie Bohner Photos Alexis Delon / Preview

Comment le monde du luxe a-t-il évolué depuis 1996 ? Nous avions un peu plus de monde à l’époque. Je ne dévoile rien en disant qu’avec les crises économiques, l’écart s’est creusé. Les clients sont moins nombreux mais ils achètent des choses plus chères. Mais nous avons toujours des gens qui économisent pour pouvoir venir chez nous un jour. Ce rêve-là perdure, et avec lui la magie. Comment avez-vous fêté l’anniversaire de la boutique ? Nous vivons une époque où il faut savoir être discret. C’est un plaisir personnel, qu’on a pu partager avec les clients qui se souviennent des débuts. Ne pas en rajouter est une forme d’élégance. Quelle différence entre la boutique Cartier de Strasbourg et les autres ? Il y a plus de 300 boutiques dans le monde, toutes uniques. La Maison mère nous donne le tempo, nous sommes la main qui serre celle du client. Nous essayons de le faire bien, en équipe, depuis 20 ans. Ici ce que nous avons su créer, c’est une proximité. C’est ce que j’appelle « l’éducation au produit ». Ce n’est pas parce qu’un objet vaut cher qu’on peut en faire n’importe quoi. On ne prend pas une Formule 1 pour faire un Paris-Dakar.

« L’affectif absolu » et « la part d’histoire » contenus dans chaque objet Cartier ont fait de Dominique Di Matteo d’abord un client, puis le fondateur et directeur de la boutique strasbourgeoise, qui fête ses 20 ans. Et œuvre pour une certaine vision de l’éternité… Conversation avec un « ambassadeur » de la Maison, qui souligne, entre indépendance et humilité, qu’il parle en son nom propre.

Les objets de luxe sont souvent présentés, chez Cartier comme ailleurs, comme des objets intemporels, indissociables de ceux qui les portent. Comme dans L’Odyssée de Cartier où l’aviateur porte une montre bracelet dans un avion ouvert à tous les vents ! Il faut remettre les choses dans leur contexte. Quand on voit Santos Dumont se déplacer dans le ciel avec son avion, La Demoiselle, il porte cette montre Santos – qui fait partie du patrimoine de la Maison Cartier. À l’époque Santos Dumont cherchait à pallier la difficulté de regarder sa montre gousset dans sa poche tout en pilotant son avion… Il a demandé à Louis Cartier de lui concevoir une montre adaptée. Nous sommes dans un cadre d’aventure, mais il s’agit avant tout d’ergonomie.

La panthère vient d’une femme, semble-t-il. [Rires] Louis Cartier avait une muse qui s’appelait Jeanne Toussaint. Cette femme l’a accompagné pendant la majeure partie de sa carrière. La Panthère était son surnom. Sûrement lié à son caractère…

Quelle est la place du parfum chez Cartier ? L’origine du parfum remonte aux années 80, quand Cartier a démocratisé la marque avec les fameux Must de Cartier : maroquinerie, parfums, lunettes, accessoires… Sous l’impulsion d’Alain-Dominique Perrin, le PDG de l’époque. Il était présent à l’inauguration de notre boutique en 1996, avec Estelle Hallyday, marraine de la boutique et l’une des égéries de la Maison Cartier.

Cartier s’appuie aussi sur l’ouverture au monde : l’Inde, la Chine… La Maison Cartier n’a jamais eu peur des voyages, même à l’époque où ils duraient des mois. Cartier a été en Inde, travailler avec des Maharadjas. Il faisait des bijoux pour eux et des parures en diamant pour les éléphants ! À l’époque les gens n’avaient pas peur de montrer leurs richesses.

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La Maison Cartier présente Jeanne Toussaint comme une femme libre et indépendante. C’est une vision de la femme qu’on ne retrouve pas souvent dans le monde du luxe… Au début du siècle dernier, il y avait des femmes très dynamiques avec des caractères bien trempés. Jeanne Toussaint, ou Coco Chanel par exemple. Les histoires des femmes de cette époque sont peut-être encore méconnues, mais font partie du patrimoine français.


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La Fondation Cartier à Paris joue un rôle à part en terme d’ouverture. Comme l’exposition Beauté Congo l’année dernière, qui est à la pointe d’une certaine vision des choses. Cartier n’a attendu personne pour être dans cette démarche de soutien à l’art. Français, mais aussi africain, chinois, japonais… J’imagine que si on veut avoir des idées, si on veut voir l’avenir, il faut voyager. C’est ce qui a assis Cartier comme la marque numéro un du monde en joaillerie. On va bien au-delà des clichés de l’orientalisme ou de l’exotisme… On ne fera jamais quelque chose parce que c’est dans l’air du temps. On s’inscrit dans l’histoire. La première montre créée par Cartier c’est la Tank, en 1914. Je la porte au poignet. Le bijou Trinity, cette fameuse bague à trois anneaux, je l’ai au doigt. Amour, Amitié, Fidélité : c’est une

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bague dessinée par Cocteau pour son ami Jean Marais. Cartier l’a fabriquée pour eux. Le bracelet Love, qui remonte aux années 70, les « menottes de l’amour » : deux demi-bracelets qu’on visse ensemble au poignet de la personne qui le reçoit. Ce sont des produits tellement mythiques qu’on n’imagine même pas qu’ils disparaissent un jour de la collection. En 1997, c’est-à-dire un an après l’ouverture de la boutique strasbourgeoise, on fêtait les 150 ans de la maison Cartier. Gageons que cette osmose avec Strasbourg va se poursuivre, dans cette belle rue de la Mésange où nous sommes bien accompagnés... Cartier 12, rue de la Mésange www.cartier.fr


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La mode servie sur un plateau, avec des tenanciers de bars et restos qui prennent la pose. Voici notre sélection de serveurs, aussi stylés devant que derrière le comptoir. Service !

ZU T Tendances Street

Urban Styles Réalisation Caroline Lévy Photos Christophe Urbain

Clara 24 ans serveuse au Café Bâle Avec son look rockab’, Clara en jette. Bandana de circonstance et teddy choppé chez Frock’n’Roll, cassé avec un col claudine faussement sage. La pin-up sait faire le show ! Ton morceau chic pour l’Happy Hour ? We go together, sur la BO de Grease !

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Félix 23 ans serveur chez Mémé dans les orties Superposition à foison pour le bartender, qui affiche une dégaine pour le moins décalée et colorée. Piercings, casquette relevée et un sweet sweat pour un street boy qui voit la vie en rose bonbon ! Ton morceau chic pour l’Happy Hour ? $uicideboy$ de FTP

Romain 31 ans propriétaire du Wawa Bar Mélange de fripes en tout genre pour ce néo-dandy tiré à quatre épingles. Veston Emmaüs, montre à gousset, cravate en laine chinée chez Kilo Shop. L’attitude est parfaitement maîtrisée, du complet à l’accessoire ! Un morceau chic pour l’Happy Hour ? Tarzan Boy de Baltimora

Catherine 28 ans serveuse au Diable Bleu La charmante serveuse est à l’aise dans ses baskets, avec une paire de Huarache turquoise joliment assortie à sa robe &Other stories. On aime les précieux tattoos sur sa gracieuse allure. Bravo. Ton morceau chic pour l’Happy Hour ? Happy Hour des Svinkels 121


SÉLECTIONS

Tendances

NEW

ABRACADABRA Les tout petits ont enfin leur boutique IKKS Junior au centre Rivétoile ! Les collections acidulées de la jolie marque, qui habille toute la famille, sont ici dédiées à l’enfant de 0 à 16 ans. L’occasion de faire aussi un tour dans le nouveau repaire mode de la marque danoise ONLY. Hourrah ! (C.L.) � IKKS Junior & ONLY à Rivétoile 17, route du Rhin www.rivetoile.com

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BIJOUX

Photo Henri Vogt

Bindispensable

NEW

Gless is more ! � Studio privé Julie Gless

13, rue Sainte-Madeleine www.julieglessmaquilleuse.com

Début septembre, Julie Gless (qui apporte sa touche make-up aux séries mode de Zut) a ouvert son studio privé, exclusivement réservé aux femmes. À la fois coiffeuse, maquilleuse et conseillère en image, elle propose une prise en charge globale pour satisfaire vos envies de métamorphoses (forfait transfo). Pour joindre l’utile à l’agréable : rangez vos truelles et rameutez vos copines lors d’un atelier à thème ! (S.M.)

OUTLET

Visuel collection Basler

BONNE FÉE Le centre de marques de Roppenheim, devenu en plusieurs saisons un acteur incontournable du shopping en Alsace, vient d’accueillir la marque de souliers pour hommes Finsbury et Basler, griffe allemande aux lignes impeccables dont les collections traversent le temps sans passer de mode. Pour la fin d’année, le centre sort le grand jeu et se dote d’une patinoire couverte pour les plus téméraires et organise une chasse aux trésors grandeur nature pour aider la fée Stella à retrouver le costume du Père Noël disséminé un peu partout. (C.L.)

� Roppenheim The Style Outlets

www.roppenheim.thestyleoutlets 123

Chez Pêle Mêle, la créatrice Emma Cargill dévoile son univers lumineux avec ses bagues délicates et minimalistes Bindi. En laiton plaqué or, leur ligne raffinée sublime l’éclat des pierres semi-précieuses (grenat, spinelle noire, labradorite ou rubis zoisite). Leur finesse et leur tout petit prix nous autorisent à les cumuler à un seul et même doigt, pour briller de mille feux en toute discrétion ! (S.M.) � Pêle Mêle

9, rue des Veaux www.pelemele.eu


Illustration Laurence Bentz

Photo Henri Vogt

BIJOUX

Pomponnez vos oreilles ! Cette boutique nichée au cœur du Carré d’Or regorge de bijoux anciens, chinés par Julie Schon-Grandin. Dans son corner à boucles d’oreilles, baptisé Pomponne, les modèles Roz’en couleurs sont de petits trésors de poésie, en plumes, origami ou tissu cravate. Du clip vintage Dior ou Chanel, aux inspirations Art Déco de la brésilienne Aramez, en passant par les créations personnelles de Julie réalisées en métaux précieux autour de la perle, la boucle n’est pas près de se boucler. (S.M.) � Antiquités Julie Schon-Grandin 9, rue du Chaudron www.schon-grandin.com

APPLI

HOTTE STUFF !

Pour se faciliter la vie en période de fêtes, l’application Fivory est votre meilleure alliée pour shopper malin et connecté ! Voici notre sélection à offrir ou pour se faire plaisir. Petit Bateau On craque pour la collection capsule d’Inès de la Fressange. Des basics essentiels revisités par l’icône du chic parisien, pour petits et grands. -> 40, rue du Vieux Marché aux Poissons Curieux? Du street, du chic pour monsieur et désormais pour madame, mais surtout des accessoires et objets pour la maison à (s’)offrir. Coup de cœur pour Q de bouteille, une marque de verres de table réalisés à partir bouteilles de vin collectées. Dément ! -> 6a, quai Kellermann 124

Printemps Incontournable, la « Boutique noire » du grand magasin est le repaire des acheteurs en mal d’idées. Des objets insolites, branchés et à tous les prix : le paradis du chineur de Noël ! -> 1, rue de la Haute-Montée Yves Rocher La beauté accessible ! On se concocte son vanity avec tout le nécessaire make-up pour illuminer les fêtes, sans oublier les soins aux actifs végétaux pour affronter l’hiver et se faire du bien. (C.L.) -> 5€ offerts au premier paiement avec le code ZUTNOEL www.fivory.com


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Tout l’équipe de Dammann Frères Strasbourg vous souhaite de Joyeuses Fêtes.

48, rue du Fossé des Tanneurs - Quartier Petite France - Strasbourg 09.50.50.18.64 - Suivez-nous sur facebook et instagram : dammann.strasbourg


Des marmots qui sportent. Des créatrices qui créent. Un chasseur sachant chasser. De nouveaux lieux où grusiner. Une recette fastoche et des vins festifs. Une Autriche qui nous excite. Un spa qui nous tend les bras. Bref, du nouveau. Le lifestyle façon Zut 127


Z UT Lifestyle Sport

1, 2, 3... PARTEZ !

Tout au long d’une série en trois épisodes, avec cliffhanger et tout le tintouin qui va bien, nous allons nous (re)plonger dans le sport à l’école. L’épisode 1 est dédié à l’école primaire, où il sera question de roulades, d’apnée, de choix d’équipes, de crosse, de règles, de leurs variantes, de Ben Arfa et même de canonball. Par Romain Sublon Photos Pascal Bastien

A

vec les éléments de langage que cela suppose, le sport à l’école est officiellement défini ainsi par le ministère de l’Éducation nationale : « L’éducation physique et sportive développe l’accès à un riche champ de pratiques, à forte implication culturelle et sociale, importantes dans le développement de la vie personnelle et collective de l’individu. Tout au long de la scolarité, [elle] a pour finalité de former un citoyen lucide, autonome, physiquement et socialement éduqué, dans le souci du vivre-ensemble. Elle amène les enfants et les adolescents à rechercher le bien-être et à se soucier de leur santé. Elle assure l’inclusion, dans la classe, des élèves à besoins éducatifs particuliers ou en situation de handicap. [Elle] initie au plaisir de la pratique sportive, […] répond aux enjeux de formation du socle commun en permettant à tous les élèves, filles et garçons ensemble et à égalité, a fortiori les plus éloignés de la pratique physique et sportive, de construire cinq compétences travaillées en continuité durant les différents cycles : développer sa motricité et apprendre à s’exprimer en utilisant son

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Le sport à l’école — 01

corps / s’approprier […] des méthodes et des outils / partager des règles, assumer des rôles et des responsabilités / apprendre à entretenir sa santé par une activité physique régulière / S’approprier une culture physique sportive et artistique. » Ce qui est intéressant, dans un premier élan, c’est de constater qu’il y a une forte attente autour des bienfaits supposés du sport à l’école. Il est aussi très vite étonnant de noter l’absence de mots a priori clés pour qui a foulé les parquets des salles de sport à l’école : jeu, désinhibition, exutoire… Il n’est pas ici question de pointer du doigt la règle (dictée d’en haut – le ministère –) pour dresser l’éloge de l’esprit (mise en pratique d’en bas – les instits –), mais simplement de rendre hommage à ceux qui font que sur le terrain, le réel, ce réel, soit possible.

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Direction le terrain. La discrétion propre à l’époque nous contraint à changer le nom des élèves ; il apparaît alors naturel de les renommer avec des avatars de Pokémon. Car oui, aujourd’hui une cour d’école c’est x élèves et autant de pokémons. Très vite, lors de l’une des premières séances auxquelles on assiste, un élève tente sa chance : « T’as des cartes Pokémon toi ? » / « Non, mais j’ai des images Panini de Jean-Pierre Papin. » Ne pas faire son vieux con. Le cours démarre, c’est une séance mixte avec deux classes d’une école de centreville (mixte parce qu’elle mêle une CM2 et une classe dite ULIS (Unité localisée pour l’inclusion scolaire) et plus précisément TFC (Troubles de Fonctions Cognitives ou mentales) donc une classe avec un effectif


Z UT Lifestyle Sport

réduit d’élèves touchés par des formes différentes d’handicaps. « COUP D’BOULE INTERSIDERAAAAAAAAL !!! » Et Bam, Dracaufeu (c’est donc le nom de substitution d’un élève, faudra s’y faire) n’avait pas menti. En plein dans le foie. Voilà qui nous met de plain-pied dans cette séance de gymnastique. Lâcher la pression Les ateliers sont en place, chaque élève chausse ses chaussons de circonstance même quand ceux-ci sont trop petits parce que papa/maman n’a pas toujours le temps de veiller à cela et qu’il faut se le dire une bonne fois pour toutes, les patins c’est moche et souvent trop petits. Séance d’échauffement : les instits donnent de leur personne, les élèves répètent les mouvements mais on sent que l’adrénaline monte, il va falloir lâcher les fauves ; courses, culbute, poirier, traversée de poutre, cheval d’arçon, toute la panoplie du parfait petit gymnaste y passe, avec des fortunes diverses. « Je comprends pas, je suis tombée de la poutre alors que je fais de la gym en club ! » lâche, dégoutée, Salamèche, élève de CM2. « Je suis le plus fort », dit sans hésiter Bulbizarre, au physique pourtant trompeur. « T’es le plus fort en gym ? » / « Nan, dans tous les sports. » Dans un coin, on en voit un pour qui le sport ne semble pas être la priorité : « C’est nul. Je comprends pas pourquoi on perd notre temps à faire du sport. » / « Tu ferais quoi à la place ? » / « De la console. » Ne pas faire son vieux con. Ce qui transpire de cette séance, c’est l’incroyable énergie déployée par les élèves comme par les enseignants. Le dialogue est généreux, constant, parfois brouillé et soumis à d’autres règles qu’entre les murs de la salle de classe. Marie-Claude Harrer, instit’ de la classe ULIS : « Les séances de sport sont des moments où les comportements transgressifs peuvent être exacerbés. Je l’explique par la taille du lieu, moins contenant, l’acoustique mais aussi par l’engagement physique. Mais c’est aussi le lieu où on peut être amené à rigoler le plus, notamment lorsque je pratique avec eux. Par contre, à part au niveau moteur, ce lieu ne m’apprend pas plus sur le comportement de mes élèves. C’est peut-être parce que

« Je ne connaissais pas le hockey mais j’aime bien. J’ai demandé à mes parents d’en voir en vrai et on a été à la patinoire. C’était bien mais le foot c’est quand même mieux. » je n’en ai que 12 et que je passe du temps à les observer en classe et dans la cour. Ils agissent en général de la même façon en classe mais dans de plus petites proportions : difficultés à arrêter une activité qu’ils aiment, agressivité, enthousiasme, problèmes d’attention… Il y a une exception tout de même : j’ai un élève inhibé en classe mais très à l’aise au niveau corporel et qui se «révèle» en sport. » Ces mêmes élèves, lors d’une séance de piscine, étonnent par leur volonté à dépasser leurs peurs (l’eau, un élément monstrueux à cet âge) ou à repousser leurs limites (l’eau, cette deuxième maison). Entendu lors d’un autre cours de piscine avec des CE1 cette fois-ci, de la bouche de Goupix : « Moi je peux tenir hyper longtemps sous l’eau sans respirer. Mais hyper longtemps, vraiment ! » La piscine est un fantastique catalyseur dans ce que le sport convoque du rapport au corps. Mais de cela nous reparlerons dans le chapitre 2, celui des merveilleuses années collège. Un peu de discipline Autre école, à la périphérie strasbourgeoise mais encore dans Strasbourg. Cette fois-ci, une séance de hockey sur parquet. Après tout pourquoi pas. La salle est telle que l’on a pu la rêver/cauchemarder ; un goût de métal, et la résonance des grands soirs. Mais c’est aussi là que tout est possible. Tous les élèves se tiennent à carreau pendant les différents exercices d’entraînement, car tous n’attendent fébrilement qu’un moment : le match de fin de séance. Ce jourlà, comme d’autres jours aussi, Saquedeneu 130

n’a pas su se contenir, il rejoint le banc à la 22e minute et manquera le match. La dure loi du haut niveau. Dès son speech d’ouverture de séance, Maître Le Pez’ insiste d’ailleurs sur la nécessité impérieuse d’être discipliné : « Vous le savez tous, la crosse peut être dangereuse pour les autres donc si j’en vois un ou une la lever au-dessus du niveau de l’épaule, c’est sur le banc et sans avertissement. » Chaque exercice est introduit puis débriefé, les élèves participent à la mise en place des différents ateliers avec une précision étonnante, les cônes sont rigoureusement alignés et chacun connaît son poste. Entre deux coups de crosse, on interpelle Chenipan : « Je ne connaissais pas le hockey mais j’aime bien. J’ai demandé à mes parents d’en voir en vrai et on a été à la patinoire. C’était bien mais le foot c’est quand même mieux. » Ouais faut pas déconner non plus. Et puis, quand vint le match, il y a le passage obligé et tant redouté de la constitution des équipes ; Ramoloss le sait, il ne sera pas le premier choix, il espère simplement passer avant Fantominus, ce qui serait déjà une victoire. Le coup d’envoi est sifflé sur les deux terrains, les deux matches peuvent commencer : « J’ai marqué un but, j’ai tiré hyper fort et de loin hein ! », Mélofée ne cache pas sa joie, il s’offre même un Dab pour marquer le coup. En fin de séance, Maître Le Pez’ prend le temps d’un débrief, l’occasion d’un dialogue étonnant où les élèves peuvent remettre en cause certains choix (taille du terrain, durée du match de fin, taille de la crosse) et l’instit’ d’en tenir


« T’as des cartes Pokémon, toi ? » « Non, mais j’ai des images Panini de Jean-Pierre Papin. »


Z UT Lifestyle Sport

compte (ou pas), reconnaître son erreur sur la superficie de jeu et promettre d’y réfléchir pour la prochaine fois. Classe. « Mon idée est de leur faire découvrir d’autres sports comme j’essaie dans la mesure du possible de faire découvrir des auteurs, des livres, des films qu’ils n’ont pas, a priori, l’habitude de lire, voir, etc. Dans mes classes, ils pratiquent majoritairement le fooooot, disons même exclusivement. Donc dans mon programme sur les deux ans, souvent, je reprends le cycle d’une année sur l’autre ; Kin-ball, mon favori et il le devient rapidement auprès des élèves, Tchouk-ball, volley-ball, hockey, depuis cette année. Le choix des sports inconnus est un des points spécifiques de ma pratique ; je veux que tout le monde parte sur un pied d’égalité, ce qui permet que le côté «je-joue-perso» soit directement pénalisé. » À l'heure de la récré Dernier cas d’école, la cour de récré. Autre terrain favorable à la pratique du sport. Et il y a, pas si loin de l’île strasbourgeoise, un territoire à part, qui n’aurait rien à envier à la Gaule d’Astérix. Ça se passe à l’école des Romains et c’est un rituel chaque matin que Pikachu fait. À 10h20, le terrain de foot est investi par une dizaine de joueurs, la moitié

revêt une belle chasuble jaune (le sport est une affaire de matos) l’autre s’appellera « sans maillot » (le sport est affaire de bon sens). Mais que se passe t-il ? Un tournoi de canon-ball, pardon de foot pardi ! Car oui, Maître Corvi et Maître Spitz organisent un tournoi toute l’année. Plusieurs équipes (mixtes de sexe et de niveau) sont constituées et toutes vont s’affronter dans un championnat plus haletant qu’une Domino’s Ligue 2. À chaque jour suffit son match : deux mi-temps, des remplaçants, des buts, des célébrations (la palme à Rondoudou pour son buste droit à la Cantona, pas de dab cette fois-ci), des rires et peu de larmes. Mais aussi des tacles sur gravier, des jean’s troués et des punchlines : « Hé Boustiflor, même Racaillou est meilleur que toi ! » ou, interviewé sur le banc des remplaçants, Soporifik qui se lâche : « Ouais là j’suis remplaçant mais c’est injuste, j’suis fort hein, comme Ben Arfa au PSG ! » Il y a aussi un classement du meilleur buteur, qui attise les convoitises. De là à espérer un transfert dans une autre école ? Surtout pas ! Le tournoi de foot de récré, c’est ici et nulle part ailleurs. Les gamins se rencontrent, s’affrontent, rigolent et la récré passe crème. « Il y a quelques années, la récré 132

pouvait parfois dégénérer, avec ce tournoi on a créé un rendez-vous régulier, que l’on organise nous-mêmes et qui se passe hyper bien. On espère même un jour en arriver à ce qu’ils s’auto-arbitrent ! » Car là, c’est Maîtres Spitz et Corvi qui s’y collent, et parfois entre deux lampées de café, ils oublient un pied haut ou une main baladeuse. À mort l’arbitre ! Les cours de sport sont pour beaucoup un phare dans la nuit, le moment attendu dans une semaine où il n’est pas toujours simple de tenir en place derrière son pupitre. Ils sont surtout, en école élémentaire, une main tendue vers l’adolescence qui pointe le bout de son nez ; connaître son corps, appréhender les règles pour mieux les contourner, et surtout dialoguer. Avec l’Autre et en vrai, ce qui en 2016 peut parfois relever du sacerdoce. À suivre dans le prochain Zut !, l’épisode 2 du sport à l’école : les années collège.


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HAUT LA MAIN Z UT Lifestyle Créateurs

Par Myriam Commot Delon Photos Alexis Delon / Preview

Notre irrésistible envie pour clore en beauté l’année 2016 ? Mettre en lumière huit créatrices aux doigts de fée et aux univers inspirants. Pratiquer, encore et encore, faire, refaire, défaire... Le fruit de leur travail, du fait main aux antipodes de la standardisation, est à inscrire tout en haut de votre wishlist de Noël. Zut leur a demandé de prendre la pose et les a laissées libres de nous présenter l’une de leurs créations.

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Annie Sibert

Depuis son diplôme de la HEAR en 2009, Annie s’est formée au travail de la forge et à celui de tourneur. Observatrice et perspicace, elle aime tester les limites d’une technique, jouer avec la dualité des objets et des métaux, tout en créant une expérience inédite entre le bijou et son porteur. Sa création Un collier de la série Je te tiens, en fonte à la cire perdue, argent et or massif. → Où ? − La Vitrine Zut, du 9 au 23 déc. de 14h à 19h − Boutique éphémère OZ les métiers d’art, à la Résidence Charles de Foucauld, du 9 au 18 déc. de 10h à 19h - www.fremaa.com − Le Générateur, boutique de créateurs Art et Artisanat − La Semencerie, Ventes de Noël des créateurs, du 9 au 11 déc. et du 16 au 18 déc. - www.lasemencerie.org − www.anniesibert.com Blazer Igor en laine mélangée et t-shirt en lin Isabel Marant Étoile chez Marbre. Pendentif et bague en argent et vermeil Annie Sibert.

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Barbara Leboeuf

La notion de dualité est au centre du travail de Barbara. Cette artiste plasticienne n’a de cesse d’éprouver les limites, l’instabilité et les résistances de la céramique. Son corps fin et nerveux, provoque et apprivoise sans relâche l’argile d’où émergent des installations ou une vaisselle blanche à l’extrême finesse. Sa création Un plateau en porcelaine avec une tête de mouton (dim : 50x35x6 cm), porcelaine cuite à 1260°C, mono-cuisson. → Où ? − La Vitrine Zut, du 9 au 23 déc. de 14h à 19h − Eclectic, l’Atelier boutique de Noël à L’Atelier 152 www.lacabanedejeanne.fr − La boutique éphémère Noël et Compagnie − Mais aussi à Strasbourg sur RDV à son atelier, à la Librairie du MAMCS, chez Avila Coiffeurs indépendants et chez 197.Design à Brumath. www.barbara-studio.fr Pantalon en toile de coton beige et chemisier à col mao en voile coton Dries Van Noten chez Algorithme La Loggia E-shop : www.algorithmelaloggia.com

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Yun-Jung Song Yun-Jung, artiste d’origine sud-coréenne, crée des sculptures en céramique qui suscitent l’émerveillement et questionnent l’être dans son rapport à l’animal, au vide, à l’absence et aux croyances. Un univers onirique peuplé de Petits esprits et de Petits totems. Sa création Une sculpture de petit format en grès émaillé de la série Petit gardien. → Où ? − La Vitrine Zut, du 9 au 23 déc. de 14h à 19h − Boutique éphémère OZ les métiers d’art, à la Résidence Charles de Foucauld, du 9 au 18 déc. de 10h à 19h - www.fremaa.com − Noël Bonheur à l’Hôtel du Bouclier d’Or, du 11 au 23 déc. www.gnooss.com www.yunjungsong.com Chemisier en voile imprimé Samsøe Samsøe chez Curieux? www.curieux-store.com

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Camille Goutard Après des études en design de mode, Camille a créé il y a deux ans sa marque de bijoux : Black Hole. Ses microarchitectures joaillières, inspirées par la science et la nature, affichent un effet hautement graphique. Un regard couture qu’on retrouve aussi dans ses lookbooks joliment mis en scène. Sa création Un collier en argent massif de la collection Eden. → Où ? − La Vitrine Zut, du 9 au 23 déc. de 14h à 19h − Dans sa boutique atelier Black Hole, du mardi au samedi de 14h à 19h − www.blackholebrand.com Pull en mohair et ceinture pochette en cuir Céline chez Ultima www.ultima-mode.com - Bague et collier en argent Black Hole.

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Muriel Grimont Avec ses illustrations de pin-up, de vanités et de tatoués, la broderie sort du cadre. De Strasbourg, où elle vit et travaille, à Brighton, où elle puise énergie et inspiration, elle produit des pièces uniques ou de petites séries comme ces kits à broder, parfaits pour une digital detox ! Son client le plus hype ? Le chanteur Nick Cave qui possède plusieurs de ses coussins brodés. Sa création Un tambour brodé d’une Betty Page lunaire. → Où ? − La Vitrine Zut, du 9 au 23 déc. de 14h à 19h − Dans sa boutique Etsy : www.etsy.com/fr/ people/VintageMadbyM − Le Générateur, boutique de créateurs Art et Artisanat Top en crêpe Alberto Biani (bracelets personnels) chez Marbre, 14, quai des Bateliers.

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Virginie Gallezot

Adhérente de la FREMAA et des Ateliers d’Art de France, Virginie crée depuis 5 ans des pièces utilitaires en porcelaine aux dessins délicats. Elle propose aussi toute l’année, dans son atelier niché dans une jolie cour intérieure de la Krutenau, des stages et des cours de céramique, et vient d’intégrer la sélection pointue du tout nouveau concept store Empreintes à Paris. Sa création Un gobelet en porcelaine orné d’un décor de paon réalisé aux crayons oxydes. → Où ? − La Vitrine Zut, du 9 au 23 déc. de 14h à 19h − Boutique éphémère OZ les métiers d’art, à la Résidence Charles de Foucauld, du 9 au 18 déc. de 10h à 19h www.fremaa.com - www.virginiegallezot.com Robe en lainage à col clouté à cravate en soie écru amovible (non portée) Red Valentino chez Ultima - www.ultima-mode.com

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Laurence Labbé Less is more… D’un premier métier, l’architecture, à celui de céramiste, une seule et même quête : gommer tout détail superflu et créer des pièces usuelles à l’équilibre parfait. Simplicité, authenticité. La ligne est claire et sa production slow living, pile dans l’air du temps. Sa création La tasse n°4, un modèle à anse, en grès rouge et émail anthracite. → Où ? − La Vitrine Zut, du 9 au 23 déc. de 14h à 19h Reprise de la production en janvier 2017, après une pause pour congé maternité. N’hésitez pas à la contacter pour connaître les pièces disponibles en décembre. www.laurencelabbe.com Chemise en coton à plastron Céline chez Ultima www.ultima-mode.com

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Catherine Remmy Dans la famille de Catherine, on est potier de père en… fille… depuis 1594 ! Après des études de photographie, elle se consacre désormais au travail de la céramique et construit avec précision et un savoir-faire ancestral, des pièces d’usage aux lignes simples et contemporaines. Sa création Une lampe Prisme aux lignes géométriques, dont la gravure intérieure se révèle lorsqu’on l’allume. → Où ? − La Vitrine Zut, du 9 au 23 déc. de 14h à 19h − Ventes de Noël des Créateurs à la Semencerie, du 9 au 11 déc. et du 16 au 18 déc. www.lasemencerie.org − Et sur RDV à son atelier - 06 42 65 01 03 catherine.remmy@gmail.com Perfecto en cuir Samsøe Samsøe chez Curieux? www.curieux-store.com

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ZUT À TABLE Reportage

L

e soleil n’a pas encore pointé le bout de son nez lorsque l’on retrouve Olivier Nasti dans son hôtel-spa restaurant Le Chambard à Kaysersberg. À défaut d’être réveillés, nous sommes ponctuels. Lui nous accueille un café à la main. Déjà en tenue de chasse. Contrairement à nous, le chef ne semble pas souffrir de ce lever matinal. « Je me réveille généralement à cette heure-là. En ce moment, je suis presque tous les matins en forêt. Vous allez voir, je vous emmène dans un endroit magnifique. En plus, c’est la saison du brame du cerf. » Attentionné, il a prévu vestes camouflage et chaussures de randonnées pour les novices que nous sommes. Dans son sac à dos, des pommes (qui s’avèreront salutaires lors de l’ascension de la montagne) et une longue vue pour observer le gibier. Sur l’épaule, sa carabine, son trépied et ses jumelles. Direction les hauteurs d’Orbey, à la découverte d’un joli coin de nature. C’est là, au milieu des pins, des chênes et des bouleaux, que le chef se ressource. « On a un métier difficile, un rythme soutenu. Je viens ici puiser toute l’énergie nécessaire pour ma journée. On a besoin d’une échappatoire. Un moment rien qu’à soi, égoïste », confie-t-il. Après avoir sillonné le monde pour pêcher le saumon, le chef deux étoiles s’adonne depuis quatre ans à la chasse. Une nouvelle passion : « J’ai toujours beaucoup travaillé le gibier dans mon restaurant, le 64°. C’est une tradition alsacienne. C’est une viande délicate que j’affectionne particulièrement. Je

Les matins, Olivier Nasti troque la toque et la veste de cuistot pour un pantalon et une veste camouflage. Le chef deux étoiles du très chic hôtel restaurant Le Chambard à Kaysersberg est un féru de chasse, un amoureux du gibier. Nous l’avons suivi, entre montagne et fourneaux.

Coup de feu Par Sonia de Araujo Photos Alexis Delon / Preview

m’approvisionnais auprès des chasseurs de la région, je me suis ouvert à eux. J’ai eu envie de connaître leur histoire, celle de la bête, savoir où ils l’avaient prélevée, s’il s’agissait d’un mâle ou d’une femelle. » Puis cet amoureux de la nature, toujours en forêt pour ramasser des champignons, cueillir framboises et mûres, s’est pris au jeu, porté par son respect pour l’animal. Il est allé chasser lui-même la bête qu’il propose ensuite à ses clients. Pas question de « prélever » n’importe quel chevreuil, cerf ou chamois. Olivier Nasti a appris à détecter le sexe de l’animal, son âge également. « La chasse en Alsace est très réglementée. Le chamois doit avoir plus de six ans, par exemple. On est là pour participer au renouvellement des cheptels. Un bon chasseur ne prélève pas inutilement. Il attend le bon moment, le bon endroit, la bonne saison », insiste le chef. Jusqu’à l’assiette Notre ascension débute au pied du Lac Noir, alors que le soleil se lève. Dans le plus grand silence pour ne pas effrayer les bêtes. Le chasseur évolue avec agilité, franchit un tronc d’arbre, se fraye un chemin entre les broussailles. Puis ralentit le pas, à l’affût. Il sort les jumelles pour observer le flanc de la montagne, attentif au moindre mou144

vement. Olivier Nasti pratique la chasse à l’approche. « Il faut faire preuve de patience et d’obstination », chuchote-t-il. Au sol, le chef reconnaît une trace de cerf dans la boue, puis une autre plus petite de chamois. La montée se poursuit après avoir traversé un éboulis, la pluie commence à tomber. « Lorsqu’il neige, c’est splendide. J’adore faire ce même parcours en raquettes. » Olivier Nasti trace sa route. Il repère en contrebas une femelle avec ses trois petits. Puis un chamois mâle blessé, à qui il manque une patte. Il essaie de s’en approcher mais la bête méfiante finit par filer. Sans doute la faute au photographe et à la journaliste moins aguerris qui le suivent à la trace… Peu importe, le chef retournera en montagne pour pister ce chamois blessé. « Je fais preuve de beaucoup de ténacité quand je veux quelque chose. Je peux revenir plusieurs jours d’affilée pour finir par connaître son parcours. » Sur le chemin du retour, le chef nous confie l’un de ses projets : « J’aimerais faire construire ici un chalet de montagne. Créer des chambres d’hôtes de grand standing. On y servirait du gibier bien sûr. » De retour au Chambard, le chef passe derrière les fourneaux, enfile son col bleu blanc rouge. À la carte de son restaurant gastronomique,


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Le gibier tout un art

ZUT À TABLE Reportage

le Belfortain d’origine propose jusqu’à dix variétés de gibier, à plumes ou non. « C’est une viande maigre, au potentiel incroyable. » Le chef rend hommage à l’animal en le sublimant dans ses assiettes. « J’affectionne tout particulièrement le gibier d’été. Il va se nourrir au printemps d’herbes tendres, appétissantes. Prélevé en montagne, il n’a pas vu les champs de pesticides. Sa chair est fine, subtilement parfumée. Beaucoup de gens pensent encore à tort que le gibier est fort en goût, car autrefois, on le laissait rassir, faisander. » Le Meilleur ouvrier de France ne prélève pas uniquement les pièces nobles. « Je travaille l’ensemble de l’animal, tout en délicatesse et en légèreté. Le cuisseau du chevreuil se déguste en carpaccio avec une mayonnaise à l’oxalys. Je réalise une tourte aux truffes noires et foie gras avec l’épaule du chevreuil, une recette inspirée de la finale du concours de Meilleur ouvrier de France. Le collier est conservé pour concocter un civet l’hiver. Le filet est cuit à la vapeur à 56° pour ne brusquer les chairs, ne pas l’agresser. Je l’accompagne d’une purée de baerewaecka de Christine Ferber, clin d’œil à l’Alsace, de champignons qu’on est allé cueillir, d’épinards et d’une sauce légère », détaille le chef. Au 64° Le Restaurant, le chevreuil de nos montagnes servi en trois plats, tantôt surprend, tantôt réconforte. La variété des saveurs dévoilées nous raconte une belle histoire.

« Un bon chasseur ne prélève pas inutilement. Il attend le bon moment, le bon endroit, la bonne saison. »

En revenant de ses montagnes, le chef Olivier Nasti a fait escale dans une boucherie chic aménagée sur une ancienne friche industrielle : l’Art Boucherie à Fréland. Là, Christophe Frey, lui-même chasseur, propose à la vente du gibier. Uniquement. Chevreuil, cerf, biche, faon, sanglier ; tirés dans un rayon de 35 km, sur le territoire de Fréland et alentour. Il le propose au détail et le transforme, réalisant saucisses, tourtes, terrines, jambons fumés, brochettes et merguez l’été. Pour ce boucher atypique, respectueux de l’animal, le gibier est une viande à part entière, aussi noble qu’une belle pièce de bœuf ou de veau. Il travaille avec des particuliers et de grands chefs de la région, à l’instar d’Olivier Nasti. Art Boucherie 63 Grand’Rue, Fréland www.art-boucherie.com

Le Chambard Relais & Châteaux 9-13 rue du Général de Gaulle Kaysersberg www.lechambard.fr 64° Le restaurant — 4 plats + desserts | 121 € — 6 plats + desserts | 178 € 146


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Une gratinée s’il vous plaît ! Réalisation Anaïs Inizan Photos Henri Vogt

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Morgane Fritsch et Fabrice Richard revisitent la tarte flambée, symbole de la gastronomie alsacienne qu’ils se sont « éclatés » à décliner en entrée. Du pur Made in Chez Nous. L'intitulé ne trompe pas : Une gratinée s'il vous plaît ! Chez Nous 359, route de la Wantzenau 09 83 22 44 34 cheznousstrasbourg.com

Poudre de lard (préparation la veille si possible)

Pour la garniture

• 4 ou 5 belles tranches de lard fermier

• 1 oignon rouge • 1 oignon blanc • 1 oignon jaune • vinaigre de vin rouge • Melfor • 100 g de fromage blanc • 100 g de crème fraîche épaisse • lard fermier • sel, poivre

Mettez vos bandes de lard au four à 100°C sur une plaque recouverte de papier sulfurisé jusqu’à ce qu’elles sèchent. Le temps de cuisson dépend du four et de l’épaisseur de vos tranches. Si vous avez la possibilité : laissez-les toute la nuit au four. Une fois vos bandes bien sèches, mixezles jusqu’à obtention d’une poudre fine. Si vous n’avez pas de mixeur, vous pourrez utiliser une bande entière directement posée au centre de votre tarte. Pour la pâte sablée • 250 g de farine • 125 g de beurre • 125 g de gruyère râpé (mettre une petite partie de côté pour gratiner la pâte) • 1 œuf • sel, poivre Préchauffez votre four à 180°C. Préparer la pâte sablée. Facile ! Mélanger tout simplement la farine, le gruyère et le beurre en morceaux. Poivrer et sabler la pâte avec les doigts de manière à obtenir une poudre. Ajouter l’œuf et malaxer jusqu’à obtenir une pâte lisse. Mettre 1 heure au frais. Fariner la pâte et l’étaler sur 3 ou 4 mm. Détailler des parts individuelles carrées ou rondes…

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Pelez les oignons, les couper en quartiers. Détachez les couches et les placer dans un récipient. Arrosez les oignons blancs de vinaigre de vin rouge et les autres de Melfor, laissez mariner une vingtaine de minutes. Déposez les carrés (ou ronds) de pâte sur la plaque du four recouverte de papier sulfurisé. Parsemez de gruyère râpé puis y déposer les pétales d’oignons « de manière sauvage et harmonieuse ». Salez et poivrez. Ajoutez une pointe d’huile d’olive. Faire cuire 10-15 minutes dans un four à 180°C. Les oignons doivent être légèrement brûlés à la pointe. Dressage Un fois la tarte cuite, préparez votre mélange fromage blanc et crème fraîche. Salez, poivrez. À l’aide d’une poche à douilles, mettez une belle noix de préparation au centre de votre tarte. Saupoudrez de poudre de lard et dégustez.


Dressage : les astuces de Morgane Fritsch — Pas de poche à douilles ? Utilisez un sac congélation dont vous aurez coupé la pointe — Pour réaliser le même dressage que Morgane, ajoutez des petits monticules du mélange crème fraîche/fromage blanc directement sur l’assiette, autour de la tarte. — Si vous avez trop d’oignons, vous pouvez les cuire individuellement puis les rajouter dans l’assiette en « débordant » de la tarte.

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ZUT À TABLE Le portrait

La Fabrique du bonheur Par Sonia de Araujo Photos Henri vogt

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epuis quelques jours, Xavier Jarry a du mal à trouver le sommeil. Lorsqu’on retrouve le beau brun aux yeux verts à Schiltigheim, son restaurant La Fabrique n’a pas encore ouvert. Le va-et-vient des livreurs et des ouvriers est incessant. Il lui reste encore à réceptionner le mobilier, finir la déco, tester et peaufiner les recettes. « J’ai peur de ne pas être à la hauteur. Le jour de l’ouverture, je risque de pleurer de rage ou de bonheur », prévient-il. Pourtant, à 31 ans, le chef a déjà un CV à en faire pâlir d’envie plus d’un.
Xavier Jarry a grandi à Strasbourg, mais c’est en Dordogne, dans le potager de sa grand-mère, qu’il a découvert les « produits de la terre ». L’Alsacien a su très tôt qu’il souhaitait devenir cuistot. Lorsqu’il l’a annoncé à ses parents, ça a été « la fin du monde ». Sa mère expert-comptable et son père dans l’éducation nationale le voyaient devenir médecin ou avocat. Mais les bancs de l’école, rester assis derrière un bureau, ce n’était pas son truc. « J’étais un cancre », avance-t-il. Il a redoublé sa quatrième puis séché les cours de l’école hôtelière d’Illkirch-Graffenstaden ; il préférait partir en virée. « Je sortais tous les soirs. J’ai profité de la vie, j’ai bien rigolé mais professionnellement je n’ai pas avancé du tout. »

C’est derrière les fourneaux du Buerehiesel, restaurant

Après avoir travaillé pendant sept ans entre Valence et Paris, auprès d’Anne-Sophie Pic, chef triplement étoilé, Xavier Jarry fait son come-back en Alsace, sa terre natale. Le trentenaire a ouvert La Fabrique à Schiltigheim, où il cultive la simplicité et le goût des bons produits.

étoilé strasbourgeois, que l’Alsacien a le déclic, qu’il s’épanouit. Il a alors 22 ans. Il découvre l’adrénaline pendant le service, le rythme effréné de la brigade, la rigueur. Une véritable came pour cet hyperactif. Les débuts sont difficiles. Il persévère par fierté tout d’abord et pour son entourage. « Je pleurais tous les soirs. J’ai eu la chance d’être bien entouré. Fabrice Thouret, second de cuisine d’Eric Westermann, m’a beaucoup soutenu, il m’a fait confiance et donné des responsabilités. J’ai découvert que j’aimais ça », dit-il. Le fêtard réduit les sorties, s’investit totalement. En trois ans, il passe par tous les postes, apprend les fondamentaux de la cuisine française. Encore aujourd’hui, le Buerehiesel reste pour lui « la meilleure école ».
À 25 ans, Xavier Jarry veut aller encore plus loin, voir du pays, se frotter à la très haute gastronomie : les trois étoiles Michelin. Il est embauché à Valence dans le restaurant d’Anne-Sophie Pic. Il touche là du doigt la perfection. « J’ai mis plus d’un an à saisir sa cuisine », raconte-t-il. Il rencontre une chef à l’imagination bluffante, des associations de saveurs détonantes. Il découvre aussi une femme déterminée, « une main de fer dans un gant de velours ». Son côté maternel le rassure. Le petit jeune se donne à fond, prend des initiatives et se fait remarquer. Il gravit peu à peu les échelons jusqu’à devenir sous-chef du restaurant trois étoiles. En 2012, Anne-Sophie Pic 150

lui propose de prendre la tête des cuisines de son nouveau resto à Paris, La Dame de Pic. Une offre qui ne se refuse pas. Au bout de six mois, son travail est récompensé d’une étoile au guide Michelin. Une belle consécration.
Après presque sept années à travailler au côté d’une des chefs les plus cotés de France, Xavier Jarry veut voler de ses propres ailes. Il hésite un temps à ouvrir l’établissement d’Anne-Sophie Pic à Manhattan. Mais le projet traîne en longueur. Il décide alors de quitter le groupe et d’ouvrir sa propre affaire. Non sans un pincement au cœur… Le brillant chef ne rêvait pas de palace, avait fait le tour de Paris. « J’avais de l’argent de côté et encore assez d’énergie pour me lancer dans un tel projet. » Avec sa compagne Anouk Bonnet, 25 ans, rencontrée à La Dame de Pic – elle était alors maître d’hôtel –, il a sauté le pas. Direction l’Alsace. « Paris est très chère, et il y a beaucoup de concurrence. J’envisage d’avoir une famille, des enfants. Revenir à Strasbourg tombait sous le sens. J’y ai ma famille, beaucoup d’amis d’enfance. »
Le couple a cherché un temps un local au centre-ville de Strasbourg. Sans rien trouver. C’est à Schiltigheim qu’ils se sont finalement installés. Ils ont retapé la winstub vieillissante Le Grenadier en un restaurant sobre, épuré. Parquet au sol, tables en bois brut, des caissettes de vin en guise d’étagères, des bouquins de cuisine en déco. S’ils peuvent accueillir dans leur


établissement jusqu’à 45 couverts, Xavier Jarry et Anouk Bonnet préfèrent débuter « petit ». Une vingtaine de couverts pas plus. Le temps de prendre leur marque, de se rôder.

La cuisine de Xavier Jarry ? C’est Anouk Bonnet qui parle le mieux de ce mix de ses expériences passées. Gourmande et franche. Reposant sur les grands principes de la cuisine française, elle mêle « le travail du produit brut et les associations de saveurs atypiques avec toujours une pointe d’acidité, un peps ». Un juste équilibre entre la bistronomie et la gastronomie. Xavier Jarry « fait partie de ces cuisiniers dans leur bulle, vivant dans un monde à part, décrit sa compagne. Il peut discuter avec nous et l’on sait qu’il n’est pas totalement là. Il réfléchit à sa cuisine. C’est un passionné des bons produits. Un perfectionniste. » Cet amoureux de la nature – lorsqu’il n’est pas en cuisine, il se balade en forêt avec son chien – privilégie les circuits courts, travaille avec la maraîchère Marthe Kehren, le fromager Tourette, une chèvrerie à Lapoutroie, la coopérative Hopla. Sur

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la table, pas de belles nappes blanches, ni de fleurs. Mais des verres et un couteau. Rien d’autre. Une présentation sobre pour mettre en valeur l’assiette. « Nous souhaitons mettre en scène le service, terminer le dressage des plats et pourquoi pas leur cuisson sur la table », souligne le couple. Le duo cultive la simplicité. À l’image de cette boule de pain au centre de la table, à partager entre tous les convives. Pour Xavier Jarry, les cuisiniers sont des artisans. « On travaille avec nos mains des produits bruts que l’on transforme. C’est pourquoi j’ai choisi ce nom pour le restaurant. On va essayer d’en faire une fabrique à bonheur », sourit-il. Si le chef ne court pas après l’étoile Michelin, on lui parie un bel avenir.

« On travaille avec nos mains des produits bruts que l’on transforme.


Par Sonia de Araujo

Terroir & Co Terroir & Co Le Sofitel Strasbourg Grande Île 4, place Saint-Pierre-Le-Jeune www.terroir-and-co.fr

ZUT À TABLE

Les lieux

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E

xit le Goh ! Avec sa nouvelle table Terroir & Co, le Sofitel Strasbourg Grande Île joue la carte de la bistronomie. Banquettes en velours et fauteuils cosy, parquet foncé, larges baies vitrées, luminaires tendances, clichés noir et blanc signés Frantisek Zvardon au mur… En trois mois, le restaurant gastronomique du Sofitel s’est transformé en un bistrot chic. Une mue radicale. Moins guindé, plus lumineux et urbain, la transformation a été opérée par Julie Fuillet, designer de la nouvelle salle des brunchs et de la terrasse d’hiver de l’hôtel. L’établissement d’une capacité de 70 couverts, ouvert le 24 octobre dernier, s’adresse non seulement à la clientèle de l’hôtel cinq étoiles mais aussi aux Strasbourgeois. Comme son nom le présage, Terroir & Co fait la part belle aux produits du terroir. Le chef Vincent Rimmely a arpenté la région, du nord au sud, d’est en ouest, pour aller à la rencontre des producteurs, sélectionner leurs plus belles créations. Recruté il y a un an pour opérer ce virage à 180°, le cuistot de 39 ans qui a grandi en Alsace Bossue ne s’est pas fait prier. « Connaître la provenance des produits, savoir comment ils sont cultivés, élevés, est pour moi primordial. Nous avons une responsabilité en tant que chef vis-à-vis de nos clients. Valoriser les circuits courts, éviter les intermédiaires, c’est aussi une question d’éthique », souligne-t-il. Le parcours de Vincent Rimmely est atypique. Après un bac S, il a étudié une année de fac en musicologie, une autre en histoire. Pour finalement ranger son saxophone et préférer aiguiser les couteaux. Ce fils d’instit’ et de documentaliste est entré au CEFPPA à Illkirch-Graffenstaden, où il a suivi un apprentissage à L’Estaminet Schloegel à Strasbourg au côté de Gérard Despret. C’est là qu’il s’est frotté aux plus beaux produits d’Alsace. Fort de cette expérience, le chef a ensuite roulé sa bosse, d’établissement en établissement. Il a filé à Londres, est revenu

« Nous avons une responsabilité en tant que chef visà-vis de nos clients. Valoriser les circuits courts, c’est aussi une question d’éthique » en France à Saint-Rémy-de-Provence au restaurant Marc de Passorio, un étoilé Michelin à l’Hostellerie du Vallon de Valrugues. Avant de voguer vers de nouveaux horizons, direction La Nouvelle-Zélande. Devenu papa, Vincent Rimmely éprouve le besoin de revenir dans sa région natale. Il prend les manettes des cuisines de l’hôtel du Parc de Sainte-Hippolyte dans le HautRhin avant de poser ses valises à Strasbourg. Séduit par la démarche locavore du Sofitel, le chef a carte blanche pour choisir les maraîchers, les éleveurs avec qui il souhaite travailler. Une aubaine. Le produit avant tout Il fait la rencontre de Patrick Messer de la coopérative alsacienne Hop’la et immédiatement « accroche à son discours ». Il visite à deux reprises les serres de Nicole Muller dans le Kochersberg. La maraîchère, d’abord timide, finit par lui sortir le grand jeu. Elle déterre ses légumes, en vantant les mérites de son agriculture raisonnée. Le courant passe. Vincent Rimmely a également découvert la ferme de Régis Ruch, éleveur d’agneau, « un grand monsieur avec grandes paluches. » Là aussi, le chef est charmé par le personnage, par son approche humaine de l’élevage, et décide d’intégrer le produit à sa carte d’hiver. Le coup de foudre a aussi été immédiat avec les plantes aromatiques et médicinales de la ferme du Kalblin, tenue par « le farfelu » Serge Wurtz. « C’était magnifique. Il faisait sécher des bleuets d’un bleu éclatant, de la camomille, de la monarde rouge vif. J’y ai découvert la bruyère. Je ne savais pas qu’on pouvait la consommer, raconte le chef. De retour en cuisine, j’ai décidé de tester cette plante. J’ai réalisé une émulsion à la bruyère pour accom153

pagner mon pâté en croute. » À chaque rencontre, Vincent Rimmely revient comblé, le cabas chargé de nouvelles victuailles, la tête blindée de nouvelles idées, de nouvelles envies. « Quand on connaît l’histoire des produits, on a plus encore de cœur à l’ouvrage pour les sublimer », souligne le chef. Aujourd’hui, il collabore avec une trentaine de producteurs et continue à frapper aux portes des artisans. Dans les assiettes de Terroir & Co, pas de choucroute ou de waedele confit ; le terroir est travaillé tout en finesse et en légèreté. Il s’ancre dans la modernité, se rehausse de pointes d’acidité. Le dressage est contemporain, coloré. À la carte, resserrée (5 entrées, 5 plats, 5 desserts), on peut ainsi déguster une truite saumonée des sources du Heimbach à Wingen – Alsace oblige, vous ne trouverez que des poissons d’eau douce – cuisinée en sashimi légèrement fumé, fromage frais au raifort d’Alsace. Le chef s’amuse à revisiter le fameux Maggi alsacien, celui des placards de nos grands-mères. En plat, un agneau de la ferme de Régis Ruch en deux cuissons : l’épaule confite en basse température avec une chapelure de pain d’épices, son filet poêlé à l’églantine. En dessert, la poire conférence pochée aux vendanges tardives de Jean-Thierry Velten à Schnersheim. À chaque fois, le nom des producteurs est précisé. Pour mettre en valeur les plats du chef, l’équipe du Sofitel a fait appel au talent de la jeune céramiste lorraine Mélina Céramique. Pour chaque recette, elle a imaginé un contenant, un bol, une assiette, un plat. Un ensemble élégant d’un blanc immaculé à l’imperfection artisanale. Côté breuvage, le terroir n’est pas oublié. La carte des vins élaborée par Véronique Meyer, la responsable de salle – elle aussi a toqué aux portes des vignerons pour connaître leur parcours, leur façon de travailler –, met en avant les sept cépages alsaciens et les 51 grands crus de la région. Une rareté à Strasbourg. Et pour ceux qui, non contents d’avoir eu leur dose de terroir, souhaitent prolonger l’expérience chez eux, certains produits utilisés en cuisine et d’autres sélectionnés avec soin par le chef, sont proposés à la vente. Un espace épicerie fine a été aménagée près de la grande table en bois, esprit stammtisch. On y shoppe aussi de bonnes idées cadeaux.


ZUT À TABLE Les lieux

Par Sonia de Araujo Photo Henri vogt

Oenosphere

L’Œnosphère fête ses 10 ans Dégustations les 11 & 18 mars 33, rue de Zurich www.oenosphere.com

En mars prochain, L’Œnosphère fête ses dix ans. Dix années que Benoît Hecker, caviste alternatif et maître des lieux, a consacré à ce qui l’anime le plus : le partage, la convivialité et la transmission.

N

e lui demandez pas quelles sont ses préférences. Benoît Hecker, en grand passionné d’œnologie, aime le vin, tous les vins. Un petit faible peut-être pour les rouges de Bourgogne et du Nord du Rhône, mais « il y a aussi de grands blancs. On peut avoir des émotions sur des vins très différents. Ce qui est important, c’est que le vin raconte une histoire, qu’il réveille quelque chose », dit-il. C’est dans la diversité qu’il puise son plaisir : « En Alsace, il y a des vignerons qui sortent des sentiers battus, qui font des assemblages et des élevages différents en explorant d’autres voies. Il y a des choses très intéressantes du côté des vins italiens et espagnols, aussi. » On l’aura compris, la démarche de Benoît Hecker se situe plus dans « la défense des vins d’artisans que des vins standardisés », une position clairement affirmée en tant que caviste alternatif. Il « privilégie les cépages méconnus, des appellations moins représentées, le vin naturel et biodynamique », comme celui de Stefano Bellotti du Piémont italien ou la cuvée atypique du domaine de la Maison Blanche à Bordeaux. Cette ouverture d’esprit et sa curiosité, il les transmet dans son bar à vins situé à la Krutenau : « Nous étions installés depuis 2007 quai Finkwiller, et notre déménagement rue de Zurich en 2012 nous a permis de développer notre gamme et le bar à vins, en plus des cours d’œnologie du mercredi soir. » Des séances autour d’une thématique précise, au cours desquelles des 154

amateurs « qui n’ont pas forcément de bases ou de connaissances » dégustent six vins à l’aveugle, partagent leurs commentaires, apprennent à faire confiance à leurs goûts. « Il y a des particularités régionales qu’on essaye de simplifier afin de décomplexer les gens qui montrent une envie de comprendre le vin et de le déguster », explique-t-il. En soirée, une tablée de vingt personnes trône au centre de L’Œnosphère, avec un assortiment de fromages, charcuteries et tapenades : un groupe d’amis, un couple, une mère et sa fille, un père et son fils et l’alchimie se crée car « le vin est un lubrifiant social ! », comme le dit Benoît. En 2017, L’Œnosphère fêtera ses dix ans, une occasion d’organiser des journées dégustation ouvertes à tous, un moment de rencontre avec dix vignerons issus de différentes régions. Benoît Hecker s’en réjouit : « C’est tout ce que j’aime dans le vin : partager un bon moment. Le meilleur vin est celui qu’on partage avec un ami ! » Sa large gamme permet de « se faire plaisir avec des vins accessibles, tout en ayant la possibilité de goûter des choses exceptionnelles » : un choix allant de 4 à 400 € la bouteille, avec une belle offre à moins de 10 €, de quoi éveiller sa curiosité sans modération.


L'équipe d'Oenosphère

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ZUT À TABLE

Par Sonia de Araujo

19, rue des Têtes | Colmar www.la-maison-des-tetes.com

Lun + mar | soir Ven -> dim | midi & soir

La Maison des têtes

Menus -> 90 € À la carte -> 34 €

Les lieux

A

près avoir marqué l’histoire étoilée de La Casserole à Strasbourg, Marilyn et Éric Girardin sont désormais maîtres de maison et revendiquent une volonté de « faire vivre la Maison des Têtes (MT) en l’inscrivant dans son époque ». MT, les initiales de l’esprit qu’ils s’évertuent à insuffler : modernité et tradition. Datant de 1609, elle a été transformée en « maison authentiquement moderne », avec notamment la création d’un restaurant gastronomique, ouvert le 5 août. Un écrin de pureté, un cocon délicat. « Tout est blanc, le point de couleur se trouve dans l’assiette », explique Éric, qui vient de 156

composer sa nouvelle carte. Sa proposition est affirmée et assumée, en témoigne le menu voyage en monde végétal, une alternative subtile aux sempiternelles rondes des saveurs. « La vérité est dans le produit qui est sublimé en cuisine », précise Marilyn, au goût avéré. Chaque détail a été pensé, de la reliure en cuir de l’opulente carte des vins au plafond voûté pour parfaire l’acoustique, afin d’offrir une parenthèse de légèreté, fraîcheur et équilibre. Une bulle d’harmonie.


Caviste Bar à Vin Cours d’Œnologie

33, rue de Zurich 67000 Strasbourg 03 88 36 10 87 www.oenosphere.com BanquetDesSophistes-EncartZUT-CMJN.pdf

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23/09/2016

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www.le-banquet.com

Rhétorique raffinée

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CMJ

de plats bistronomiques à Strasbourg

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Le Banquet des Sophistes 5, rue d'austerlitz, 67000 Strasbourg Réalisation graphique

Agence Adeliom

03 88 68 59 67


ZUT À TABLE

Le Bistrot moderne 3, rue du Marais vert www.bistrotmoderne.com

Par Séverine Manouvrier Photos Henri Vogt

Le Bistrot moderne

Plat du jour -> 9,99 € Grillades au charbon de bois -> 22 € Buffet d’entrée -> 1 € de plus Brunch à volonté -> 29 € Dimanches de l’avent | 11h à 14h30

Mar -> sam | midi et soir

Les lieux

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hristian Hansmaennel, en digne héritier de ses aïeux bouchers, se qualifie – à juste titre – de « barbaquologue ». Chaque semaine, il travaille sa carte des viandes comme on compose une carte des vins, en veillant à choisir ses pièces selon leur provenance et leur qualité. On déguste une poire de Hershire ou un contre-filet Simmenthal, cuits au charbon de bois, en version Rossini pour les plus gourmands. Sa cuisine est à l’image de sa bonhomie : généreuse et authentique. En « créateur de traditions », depuis sa cuisine ouverte sur la salle (car il n’a « rien à cacher »), il remet au goût du jour les plats d’antan : cassolette de rognons de veau, choucroute garnie ou joues de bœuf braisées aux oignons et lar158

dons, « en montgolfière », un feuilletage qui n’est pas sans rappeler la soupe VGE d’un certain Paul Bocuse. Faire l’impasse sur le dessert après le plat copieusement servi relèverait de la négligence pour vos papilles (le gratin de poires et croustillant praliné est simplement divin). On salive à l’évocation du brunch des dimanches de l’avent : un buffet gargantuesque, intégralement fait maison, où terrines et grillades viennent taquiner les traditionnels œufs, salades et viennoiseries. Cerise au kirsch sur le kougelhof : un salon privatisable vous attend à l’étage pour apprécier en famille ou entre amis la cuisine savoureuse de ce chef dont le secret réside, au-delà de son talent, dans son goût immodéré pour la transmission.


zas P i zo f f e e & Ct h A r t wi

New-York style Italian Delicatessen www.square-deli.com

where

12 rue du vieux marché aux grains strasbourg 03 88 32 11 05

Pizzas à la part & Café au piston le tout, sur place ou à emporter petits–déjeuners sucrés ou salés formules au déjeuner / antipasti apéritifs, bières & vins fins italiens

open

tous les jours 9:00 à 00:30 cuisine ouverte de 11:30 à 23:30


ZU T

Lifestyle Tourisme

NOUS IRONS AU BOIS

Photo Adolf Bereuter

Par Sylvia Dubost

Région la plus occidentale d’Autriche, et donc la plus proche de nous, le Vorarlberg aligne les atouts. Plaisirs de la montagne + scène architecturale exemplaire + culture artisanale unique avec, au cœur de toutes les activités, les préoccupations environnementales : trois bonnes raisons d’y faire plus qu’un tour.

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RAISON 1

L’architecture bois

Q

uand on pense à l’Autriche et à ses montagnes, on pense immanquablement à l’habitat en bois. Moins à l’architecture contemporaine… Pourtant, depuis les années 60, et surtout à partir des années 80, le Vorarlberg est un véritable terrain d’expérimentations, d’innovations et aujourd’hui d’inspiration en matière d’architecture bois. Les architectes se sont appuyés sur un matériau local et renouvelable, utilisé par les constructeurs depuis des siècles. D’une nécessité, ils ont fait une source de créativité, en cherchant à construire pour un budget raisonnable et de manière éco-responsable, d’abord des maisons individuelles, puis du logement collectif et des équipements publics, lorsque les élus ont mesuré l’écho de ces réalisations à l’étranger. L’architecture du Vorarlberg répond de manière pionnière à des préoccupations contemporaines : lignes simples, volumes ouverts, plans fonctionnels, matériaux sains. Ce renouveau de la construction bois s’accompagne aussi d’une réhabilitation de l’habitat traditionnel et d’une sensibilisation large de la population et des élus à la qualité architecturale. En 2009, on dénombrait ainsi dans le Vorarlberg quatre fois plus d’archi qu’en France. Cette manière de construire non spectaculaire, mise en œuvre désormais pour tout type de bâtiments, a également contribué à Musée Angelika Kaufmann à Schwarzenberg Architectes : Dietrich | Untertrifaller

un renouveau des savoir faire locaux, à un développement économique du territoire, et à forger une nouvelle identité du Vorarlberg. Lieu de villégiature depuis longtemps pour ses pentes enneigées et les rives du Lac de Constance, de tourisme culturel avec son festival d’opéra (les Bregenzer Festspiele) et les expositions du Kunsthaus, le Land est aussi une destination privilégiée pour les amateurs et les étudiants en architecture. Et les méthodes de la Vorarlberger Bauschule (l’école de construction du Vorarlberg) ont valeur d’exemple pour une architecture simple et raisonnée, qui veille aux usages sans faire d’impasse sur la forme.

À consulter Dominique GauzinMüller, L’Architecture écologique du Vorarlberg, éditions Le Moniteur (disponible à la Médiathèque André Malraux) www.holzbaukunst.at www.v-a-i.at

École maternelle Rheindorf à Lustenau Architectes : Philipp Berktold Prix de l’architecture bois / Holzbaupreis 2015

Maison individuelle à Feldkirch Architecte : Helena Weber Prix de l’architecture bois / Holzbaupreis 2015

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Menuiserie Mohr à Andelsbuch Architecte : Andreas Mohr Studio Prix de l’architecture bois / Holzbaupreis 2015


ZU T

Lifestyle Tourisme

RAISON 2

L’artisanat

L

e bois et ses dérivés sont décidément des moteurs de l’innovation dans le petit Land du Vorarlberg. Il faut dire que l’âme du Vorarlberg réside sans aucun doute dans le Bregenzerwald, région boisée entre Alpes et lac de Constance. Ici, se cultivent depuis des siècles savoir-faire et amour du détail. Un Genius loci qui a favorisé l’essor d’un artisanat contemporain (qui accompagne celui de l’architecture), marqué par la rencontre entre techniques ancestrales et design. Accompagnant celui de l’architecture, il s’inscrit dans une démarche holistique et dans la continuité de mouvement comme Arts & Crafts en Angleterre ou le Bauhaus en Allemagne qui prônaient renouveau des traditions et la recherche du beau dans les objets de tous les jours.

Exposition au Werkraumhaus - Photo : Peter Loewy

→ À FAIRE Umgang Bregenzerwald

→ À VOIR Werkraumhaus à Andelsbuch

12 circuits dans les villages de la région, à faire de manière autonome avec les dépliants disponibles dans les offices de tourisme. On y découvre les particularités artisanales, culturelles, environnementales et culinaires.

Entreprises et artisans sensibilisent le public à leurs pratiques et leur démarche, à travers ateliers et rencontres, mais aussi en exposant objets usuels et meubles. Ici, l’innovation est vue comme une alternative à la banalité de la production industrielle, à travers des réalisations simples voire dépouillées, et des matériaux bruts : bois massif, tissus en fibres naturelles, terre. On y croise menuisiers, charpentiers, serruriers, constructeurs de poêles à bois, tapissiers, créateurs de vêtements et de bijoux.

www.bregenzerwald.at

www.werkraum.at Werkraumhaus Photo : Peter Loewy

Peter Zumthor Le bâtiment du Werkraum Bregenzerwald est l’œuvre du grand architecte suisse Peter Zumthor, l’une des très rares stars internationales à avoir construit dans une région qui privilégie ses architectes locaux (Jean Nouvel est l’auteur 162

de l’immeuble de la compagnie d’assurances Interunfall à Bregenz). Un édifice dépouillé et raffiné largement ouvert, où intérieur et extérieur se confondent. Zumthor est également l’auteur du célèbre Kunsthaus Bregenz (1997), monolithe de béton brut installé au bord du lac de Constance, et l’un de ses modules conçus pour le pavillon

suisse de l’exposition universelle de Hanovre est installé au centre de la boutique Wohlgenannt à Dornbirn.


Crédit photo : Grégory Massat

AUTHENTIQUEMENT CONTEMPORAINE MARILYN & ÉRIC GIRARDIN Hôtel***** / Brasserie historique / Restaurant Girardin 19 rue des Têtes / 68100 Colmar 03 89 24 43 43 maisondestetes.com


Le Vorarlberg

Entre Allemagne, Suisse et Lichtenstein, Lac de Constance et massif alpin · 370 000 habitants · Ville principale : Bregenz, 25 000 habitants Comment s’y rendre ? · 250 km de Strasbourg · 3h40 environ 2 itinéraires possibles · Par l’Allemagne, le long du lac de Constance · Par la Suisse, via Bâle et Zürich Où skier ? · Lech-Zürs / Sankt Anton (notre sélection) : 4h30 · Silvretta Montafon : 4h10 Où loger ?

RAISON #3

· Le Berghof à Lech → 164 € par personne www.derberghof.at

Le ski

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n vient en Autriche pour l’accueil et l’art de vivre, c’est certain. Ici, les paysages ont été préservés, justement parce qu’on a privilégié l’architecture bois. Point de barres 60’s en béton – au dessin plus ou moins heureux mais toujours massif – des chalets et des bâtiments de faible hauteur sont disséminés dans le paysage. Chaleureuse et conviviale : dans une station de ski autrichienne, il y aura toujours une saucisse et une bière en bout de piste, et c’est pour ça qu’on l’aime aussi. Ici, les fanas de glisse sont à la fête : le domaine du Arlberg, autour de Lech-Zürs, vient d’inaugurer de nouveaux téléphériques, et un forfait commun avec les remontées mécaniques de Sankt Anton et Sankt Christoph, dans le voisin Land du Tyrol, en fait le plus vaste domaine skiable d’un seul tenant en Autriche, avec 305 kilomètres de pistes.

· Hotel Auriga à Lech → 190 € par personne www.hotel-auriga.com www.austria.info

Station de Lech Zürs

→ À NOTER

→ BONUS

Lech est une station pionnière qui, dès les années 90, a pris des mesures pour éviter la surexploitation du domaine skiable. Avec un nombre maximum de visiteurs à la journée, les résidents (permanents ou temporaires) sont prioritaires, ainsi que ceux qui se déplacent en transports en commun. L’entreprise qui gère les remontées mécaniques a également établi une charte environnementale, la première au monde dans ce secteur.

Le Centre de congrès et de wellness des architectes Dietrich | Untertrifaller à Sankt Anton, à quelques kilomètres de Lech, occupe une ancienne friche ferroviaire. En grande partie enfouie, la partie émergée est discrète : 5 bâtiments en bande habillés de sols minéraux sombres et de bois clair abritent piscines, sauna, bains turcs et restaurant.

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Since 1929

« Nous faisons des cuisines et rien d’autre, mais nous le faisons particulièrement bien »

Colmar Cuisine Création 160 a, rue du Ladhof - Le Carré - Colmar - 03 89 24 95 37 - colmar.cuisine.creation@wanadoo.fr www.colmar-cuisine-creation.com


Z UT Lifestyle Bien-être

ESS— ENTIEL Par Séverine Manouvrier

À Illhaeusern, l’Hôtel des Berges s’est agrandi : avec 18 chambres, une caravane Airstream et un spa conçu par les architectes Patrick Jouin et Sanjit Manku, il dépasse les frontières de l’hospitalité en offrant l’occasion de se ressourcer dans un lieu incomparable.

l y a plus de 150 ans, la famille Haeberlin créait à Illhaeusern l’Auberge de l’Ill, triplement étoilée depuis 1967, fleuron de la gastronomie alsacienne. Son histoire avec le cabinet d’architectes Jouin Manku commence en 2007, lorsque Marc Haeberlin et sa sœur Danielle Baumann le sollicitent pour repenser l’architecture intérieure de leur restaurant. S’ensuit une collaboration pour un autre projet d’envergure : la brasserie Les Haras à Strasbourg, auréolée du Prix du meilleur design de restaurant au monde par The Restaurant & Bar Design Awards, en 2014. Fin 2011, l’époux de Danielle, Marco Baumann, directeur de l’Hôtel des Berges qui jouxte le restaurant depuis 1992, et leur fils Édouard, en charge de la communication et du marketing, font appel à Patrick Jouin et Sanjit Sanku pour réaliser leur projet d’agrandissement de cet hôtel cinq étoiles. « La quasi-totalité de nos clients viennent pour manger au restaurant gastronomique et font un séjour de courte durée. L’idée était de pouvoir leur proposer un prolongement de l’expérience vécue à l’hôtel et de leur permettre de se poser le lendemain, profiter d’un massage, d’un moment de détente », explique Édouard Baumann. Après quatre ans de gestation, « d’échanges, d’esquisses, de croquis », et deux ans de travaux, une nouvelle annexe a ouvert ses portes : le Spa des Saules, un lieu dépouillé, mélange de pierre, de béton, de chêne… « Patrick et 166

Sanjit sont partis sur l’idée d’une ferme alsacienne, une grange réinterprétée avec des matériaux bruts. Dans un spa, on est en maillot ou en peignoir, on ne triche pas. C’est pareil pour le bâtiment qui n’a pas été habillé : c’est un endroit épuré dans lequel on se sent bien parce qu’il n’est pas trop chargé », précise Édouard. Une matière mise à nu qui invite à se centrer sur l’essentiel : 800 m2 dédiés à la relaxation, la détoxication, voire la méditation. De l’extérieur, une imposante charpente de bois et son toit de tuiles anthracites enveloppent un volume de béton brut. Au rezde-chaussée, se trouvent en enfilade quatre cabines de soin, un sauna, un hammam, un bassin à 13°C, un bain chaud se prolongeant en extérieur par un jacuzzi, de vastes espaces de repos aménagés avec notamment un canapé en pierre chauffée, semblable à un galet poli à chaleur irradiante, une pièce unique coulée sur place par le sculpteur David Deshommes. L’endroit tout entier est composé de détails de l’ordre du prototype, de l’inédit, qui le rendent singulier, à mille lieues de l’univers aseptisé d’un spa classique. À l’entrée, dans la partie vestiaire, aucune fixation n’est visible ; les portes en verre fumé dissimulent leurs gonds, les coiffeuses sont suspendues. Seul détail mis en lumière, comme un fil conducteur déjà présent dans l’assiette de Marc Haeberlin : la feuille de saule que l’on retrouve çà et là, dans une représentation minimaliste et graphique, tantôt en bois, tantôt sculptée dans le béton. On la retrouve jusque dans les soins réalisés avec les produits biologiques


Nature Effiscience Made in Alsace ; une huile de saule blanc a été exclusivement développée pour le Spa des Saules. Ses vertus soulagent les douleurs articulaires et musculaires. À l’extérieur, un couloir de nage en inox (chauffé) longe le bâtiment sur 20 mètres. Au fond du parc, réalisé en collaboration avec l’architecte Silvio Rauseo, trône une caravane Airstream en aluminium datant de 1972, transformée en chambre de luxe de 18 m2 après avoir été entièrement désossée, poncée, isolée, capitonnée de cuir. Un logement insolite qui s’intègre harmonieusement au décor. À l’étage, les cinq juniors suites offrent une surface de 40 m2 et une hauteur sous charpente apparente s’élevant à 7 mètres : du mobilier sur-mesure dessiné par Jouin Manku, un écran élégamment camouflé, des points de lumière judicieusement pensés, des panneaux coulissants, une vue sur la nature environ167

nante, une terrasse privative pour mieux la contempler. Puis il y a « un endroit hors du temps, avec une ambiance qui emmène l’esprit ailleurs » : une chapelle œcuménique dont la voûte s’habille d’un mapping, la transformant en voie lactée, en ciel nuageux ou en plafond végétal, sur fond de musique apaisante. On y lit, y médite, y fait sa petite prière pour que cette parenthèse pacifique se prolonge, se répande, s’éternise. « En bas, on prend soin de son corps, à l’étage, on s’élève, on prend soin de son esprit », raconte Édouard Baumann. S’élever, se ressourcer, se recentrer dans un havre où rien n’est superflu même si tout a été pensé dans les moindres détails… Hôtel des Berges-Spa des Saules 4, rue de Collonges au Mont d’Or Illhaeusern www.hoteldesberges.com


SÉLECTIONS

Lifestyle

DESIGN

Chefd’œuvre Et si vous offriez un classique Thonet à Noël ? Tout en haut de la liste : la chaise N° 209, un pur bijou de minimalisme organique. Le Corbusier, qui l’a utilisée dans plusieurs de ses constructions, disait de cette chaise qu’elle avait un caractère noble. Il aurait adoré cette version de la gamme Pure Materials en bois naturel et cannage blond. (M.C.D.)

� Collection Thonet

en vente chez decoburo 4, Le Schlossberg | Zellenberg www.decoburo-store.com

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CLUB

Time after time

Visuel BoConcept

DÉCO

BO & CALLI

� Printemps

1, rue de la Haute Montée Strasbourg www.printemps.com

� BoConcept

4, rue du Chemin de Fer Lampertheim www.boconcept.com

Pascal Cheekhooree, franchisé BoConcept du magasin de Vendenheim, vient d’ouvrir un deuxième point de vente au 5e étage du Printemps Strasbourg. Un bel espace vitré plongeant sur la ville, déployant les différentes gammes de mobilier et d’objets déco de l’enseigne danoise ainsi que celles de l’éditeur italien Calligaris. Le service en + ? La présence d’une architecte et d’une décoratrice pour vous aider gratuitement dans vos projets d’aménagement. (M.C.D.)

Deux endroits, deux ambiances au Bar-Club l’Intemporel ! À l’étage, dans un esprit lounge, cosy et chic, on se délecte de finger food, de cocktails originaux créés par Florian Lepage et du brunch dominical. Au sous-sol, un nouveau club au décor industriel va (très) prochainement ouvrir ses portes aux DJs et amateurs de deep house, pour prolonger l’apéro et perdre toute notion du temps jusqu’à 4 heures. (S.M.) � Bar-Club l’Intemporel

7, rue Hannong www.intemporel-barclub.fr

Photo Henri Vogt

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DÉCO

HEART OF GLASS

� Forgiarini

4, rue Transversale C ZAC Vendenheim www.forgiarini.net

Le fabricant toscan ArteLinea, connu pour ses recherches sur les matériaux avant-gardistes, signe cette saison Dama, une boîte en verre Dualite® à l’élégante versatilité. Ses atouts ? La couleur personnalisable du verre intérieur et extérieur, la rationalité des lignes de la structure monobloc, la modularité interne des éléments et le libre positionnement de tiroirs, caissons et étagères. (M.C.D.)

NOËL

Zip ! Shebam ! Pow ! Blop ! Fizz ! À chaque Noël sa boule soufflée selon les méthodes ancestrales des boules de Goetzenbruck made by CIAV. Après l’ampoule Tilt de Philippe Riehling, le cumulus de Mendel Heit, le Silex de Studio Monsieur, la designer Rafaële David a sorti le pressecitron en verre de sa routine en créant la boule de Noël Fizz, déclinée en six coloris acidulés… De quoi donner à son sapin une allure décalée ! (S.M.) � Marché de Noël

place Benjamin Zix jusqu’au 29 décembre

� CIAV à Meisenthal

www.site-verrier-meisenthal.fr

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DÉCO

ZÉRO DÉCHETS

Être attentif à ce qu’on mange, zapper les sulfites, acheter bio, locavore… Si on allait encore plus loin et qu’on se mettait aux fourneaux dans une des cuisines recyclables et écologiques de la marque italienne Valcucine ? La plus arty ? Le système modulable Meccanica qui affiche une structure industrielle en métal au design dépouillé

et un plan de travail en RE-Y-STONE, un mix de papier recyclé et résine naturelle. Le top pour une popotte bio-logique ! (M.C.D.) � Cuisines Valcucine,

en exclusivité chez 197.Design 197, avenue de Strasbourg Brumath www.197design.com

7 rue Hannong 67000 Strasbourg 09 67 76 92 39 intemporel-barclub.fr


DÉCO

Good truck Sur les marchés, Stéphanie Sengel diffuse son univers ludique et poétique à bord de son Tub Citroën transformé en Déco Truck. Dans cet ancien camion de boucher restauré, on trouve vases et photophores de la marque Räder, stickers Poetic Wall, filets de coton Filt, objets de papeterie Lamali (faits main au Népal dans une démarche équitable) et autres jeux Marc Vidal. Des petits prix pour craquer en toute sérénité et des idées par milliers ! (S.M.)

� Sur les marchés

Mittelhausbergen -> vendredi Neudorf -> samedi Facebook : DecoTruck

Photo Henri Vogt

EVENT

PAST AND FURIOUS

Notre bon coin ? La 11e édition du Salon Européen de l’Antiquité, de la Brocante et du Design de la Bourse. On y rejoint 24 exposants professionnels spécialistes en antiquités classiques de haut niveau, en design du XXe siècle, et experts du patrimoine régional – comme la faïence de Sarreguemines. Car le phénomène vintage est bien actuel ! (C.L.) � Salon Européen de l’Antiquité, de la Brocante et du Design de la Bourse, les 28 et 29 janvier Salle de la Bourse www.brocantes-strasbourg.fr

Illustration Laurence Bentz

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TEA TIME

Coquette Dans le tout nouveau pop-up store d’Elisabeth Biscarrat – lauréate de Masterchef 2011 –, on retrouve un mariage détonant entre un thé d’exception et la douceur du macaron : Miss Dammann, une gourmandise en édition limitée inspirée du thé éponyme Dammann Frères. Dans le palais, une explosion de saveurs : une note de

gingembre aux parfums fruités, du citron et du fruit de la passion associé à une ganache au chocolat blanc. Aussi explosif qu’exclusif ! (C.L.) � Macaron

Miss Dammann Macarons & Inspirations 1, rue de la Vignette 17, rue des Hallebardes www.dammann.fr

Photo Henri Vogt

Photo Henri Vogt

NEW

TOUT TOUT TOUT…

� Le Générateur

et son Écrin 8, rue Sainte-Madeleine www.facebook.com/ boutiquecreateurs67

Photo Henri Vogt

Pour Noël, Le Générateur pousse les murs et invite 20 créateurs supplémentaires à présenter une sélection d’objets pointus. Le Générateur + sa boutique éphémère L’Écrin du Générateur = 40 créateurs = 40 fois plus de chance de remplir sa hotte. Bretelles, céramiques, linge de maison, bijoux… un vaste choix et une certitude : vous repartirez séduits ! (C.B.)

DÉCO

D’ICI D’AILLEURS

� Aimée K

28, rue des Tonneliers 03 90 41 09 65

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Dans son échoppe pleine à craquer d’objets glanés au gré de ses voyages, Aimée nous emmène vers le Moyen-Orient avec des boîtes, plats et cadres en corne, nacre, os ou laque. En amatrice de bijoux et de textiles, elle propose une belle collection de nappes et de coussins brodés made in France, de colliers et bracelets des créatrices Aniki et Anne Maï. Entre les pièces uniques des céramistes locaux Loys Ruhlmann (de Betschdorf), Pascale Klugertz et Iza Emberger, notre cœur balance… (S.M.)


Le plus grand choix de disques vinyles nouveautés et rééditions du grand est Des milliers de vinyles de collection dans notre immense sous-sol

q

pour noël, offrez des bons d’achat

Le disquaire ultra-design de Strasbourg 49 Grand’rue | STRASBOURG Tél. 03 88 22 44 48 | www.33andco.com 33AndCo

À emporter pour bruncher, déjeuner, goûter ou dîner ! Cuisine d’amour et de passion, inspirée du marché et du voyage. 8 rue des soeurs - 67000 strasbourg - 03 88 68 60 04 nouslesfrangines@gmail.com lesfrangines

Envie d’idées cadeaux & de décorations pour Noël ! Aimée.K Gallery, une sélection unique d’accessoires contemporains et intemporels... Que ce soit un coussin, un vase, un bibelot déco, des photophores... Notre sélection Noël répondra à vos envies de magnifier votre cadre de vie, vos fêtes de Noël et vos proches !

28 rue des Tonneliers 67000 Strasbourg 03 90 41 09 65

Aimée.k Gallery


J’ai testé pour vous — Le personal shopper Par Emmanuel Abela Illustration Laurence Bentz

Contrairement aux idées reçues, il n’y a pas que les filles qui aiment se faire choyer. On a beau se montrer réfractaire à l’idée d’essayer des vêtements en magasin, et même inculte dans le domaine – je ne parle pas de moi, bien sûr ! –, l’idée d’être totalement pris en charge, accompagné à l’abri des regards au Printemps, présente quelque chose de bien séduisant. Presque d’excitant. Il a suffi d’un échange téléphonique préalable – que de fous rires à cette première occasion ! – pour se sentir mis à l’aise, dans un confort d’écoute préalable. L’idée : s’habiller pour une soirée chic entre amis dans un restaurant gastronomique. Les pistes sont multiples et je suis bien curieux de savoir ce que ma conseillère me réserve pour ce

shopping personnalisé. Bien sûr, il faut bien que je fasse mon timide de base – il paraît que ça a son charme, mais chez moi c’est bien involontaire ! –, et me voilà tout démuni au moment d’un premier conseil parfum. Les tests donnent une indication : de toute évidence, je suis plutôt Dior Homme Sport. Ce boisé frais, ce sillage énergique et décontracté, c’est tout moi ! Je confirme que j’échappe à tous les clichés de la masculinité, que c’est même un crédo. Bien joué, mademoiselle ! Me voilà fraîchement pomponné pour la suite des opérations : un accueil en cabine privative, un coup d’œil rapide au portant, et un petit brief expert, enjoué et convaincant. Je jubile intérieurement. Ma conseillère mode et beauté est là pour moi, rien que pour moi, elle ne s’intéresse qu’à moi et à mes envies ! Andy, si c’est ça mon quart d’heure de gloire, je prends ! Et elle fait mouche : le costume St Hilaire gris avec bottines et une déclinaison de cravates bleues ou bordeaux, assorties à des étoles de même couleur… Mon Dieu, je me sens revivre. Mieux que cela : je me sens beau ! Le débat reste ouvert, et même si je n’accède pas à toutes les tentatives – mmh, je ne veux pas faire le difficile, mais non, pas le polo ! –, la démonstration est concluante : en un court échange, elle a su cerner ce qui allait me ravir. Je suis prêt à recommencer, et même plus que cela, à m’abandonner à son regard. C’est d’autant plus aisé que les formules sont adaptées : trois versions, 45 mn, 1h30 ou 2h30, qui vont des incontournables au vestiaire tendance. Ça marche même pour les femmes. Oui, je sais ça marche d’abord pour les femmes, mais aussi pour les hommes, la preuve ! Et comme le service est offert par le Printemps, sans obligation d’achat, je ne vois pas pourquoi je chercherai à m’en priver davantage. Service Shopping Personnalisé Printemps 1-5 rue de la Haute Montée printemps.com

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Le Groupe Eventail est le nouveau partenaire de tous vos événements à Strasbourg, dans le Grand Est et ailleurs… Une envie gourmande ? Un mariage ? Un congrès à organiser ? Tous les prétextes sont bons pour émoustiller vos papilles ! Classique ou insolite, grandiose ou intimiste, Effervescence vous accompagne pour créer l’événement qui vous ressemble ! #MiamMiam www.effervescence.fr 03 88 83 82 82

À 10 minutes de Strasbourg, l’Espace Le Kaleido est un lieu design à privatiser pour tous vos événements. Mariage, séminaire, événement d’entreprise ou soirée de gala, quelles que soient vos envies, cet espace saura répondre à vos attentes. Les 4 espaces modulaires, le parking privatif, la terrasse avec piscine, et son parc à l’orée de la forêt raviront tous vos invités. www.lekaleido.com 03 88 68 12 01

Kieffer Traiteur allie son expérience aux produits d’excellence pour vous créer une réception sur mesure. Un mariage féerique, une soirée de gala, un cocktail unique, pour tous vos événements, Kieffer saura rendre vos manifestations exclusives. Grâce au savoir faire de ses brigades, Kieffer Traiteur conjugue avec délicatesse l’être et le paraitre culinaire pour vous offrir un délicieux moment d’exception. www.kieffer-traiteur.com 03 88 83 45 45

Zone d’activité du Sury – 1 allée du Château de Sury – 67550 VENDENHEIM


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(1) Code découverte « ZUTNOEL» valable uniquement pour votre premier paiement supérieur ou égal à 5€ avec l’application Fivory. Ce code est à usage unique, valable jusqu’au 31/01/2017 et non cumulable avec d’autres bons d’achats. La liste des points de ventes où le bon n’est pas utilisable et les conditions d’utilisation sont disponibles sur www.fivory.com/fr. Fivory : SA au capital de 15 200 000 €. 34 rue du Wacken 67000 Strasbourg. RCS STRASBOURG 330 623 414

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