printemps 2009
ZUT !
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CONTACTS : Bruno Chibane // directeur de la rédaction / commercialisation // bchibane@chicmedias.com // 06 08 07 99 45 Emmanuel Abela // rédacteur en chef // eabela@chicmedias.com // 06 86 17 20 40 Myriam Commot-Delon // directrice artistique mode // myriamdelon@noos.fr // 06 14 72 00 67 Brokism // graphisme // hfrancois@chicmedias.com // 06 22 76 58 32 Caroline Levy // stylisme & commercialisation // levy_caroline@hotmail.com // 06 24 70 62 94 Philippe Schweyer // édito & commercialisation // pschweyer@chicmedias.com // 06 22 44 68 67 * Rejoignez le seul magazine strasbourgeois qui dit Zut à la crise !
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OURS
Défections en plein bouclage // Euh... Fille Je t’appelle quand je peux // // Bruno, je vis un cauchemard, mon ordi ne se rallume plus depuis 1h. je n’ai plus mes données. Je ne sais pas quoi faire... // // 21 ans... Jolie comme un coeur... Impardonnable.... Je me rattraperai... Désolé //
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Sommaire
FAIS CE QUI ME PLAÎT 10.ÉDITO/ JE 16.mon 12.HISTOIRES 13.EN PAPOUASIE 14.Une Madeleine
nommee
LES POÈTES ZUTISTES
Christian
Alain Bashung 18 / 25. Sélection
40.JULIE BROCHEN AU TNS 44. MIRA/COMPAGNIE HIP-HOP
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ORIGINALS
FOLKS 88. une série homme par WADima
CONVOITISE
114.UNE BESTIALE
INSTANT
artistes en visite à Strasbourg 62. EXPO................. 63. SCÈNES............. & SONS..................
66.LE A À ZUT
CODES MAISON
MARTIN MARGIELA ... 70.PAPERBLOG 72. PAPERABSTRACT
104.
CUIR
48.
À STRASBOURG
printanière
par Alexis DeloN 94.SÉRIE DEMOISELLES PAR CHRISTOPHE URBAIN
L’APPARTEMENT DE RÉGIS VOGEL
STYLES L avant
apr s . Petite les suggestions
114. VO PORTRAIT AGENCE
122. Œnosphère
le parcours d’un caviste à part
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46.ARTEFACTS
AU ZÉNITH...............................
SALON / Avila
120. Le monde exquis du pâtissier Jean-Claude Ziegler
124.
ZUT
76. une série
ENVIE
DE
petit
118
France et Grand’Rue vues par Elsa Nagel
126. SÉLECTION
GOURMANDISES
cadeaux de Zut
128.GIFTS
REVIEW
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Édito
C’est le printemps : les jupes raccourcissent, les filles s’allongent, les décolletés fleurissent, les adolescents bourgeonnent… Aujourd’hui c’est le printemps et j’ai rendez-vous chez mon coiffeur pour qu’il me fasse une coupe de saison. Dans son salon, de drôles de questions circulent entre les particules de laque en suspension. À ma gauche une grande blonde peroxydée s’interroge à voix haute tout en s’admirant dans le miroir que lui tend un jeune apprenti : - Doit-on regarder en arrière pour aller de l’avant ? Mon coiffeur opine d’un air entendu. À ma droite, un jeune métrosexuel s’inquiète : - Faut-il que je porte des lunettes noires quand je fais une nuit blanche ? - Bien sûr, c’est plus classe… Mon coiffeur a vraiment réponse à tout. - Dois-je croire tout ce que je vois ?, renchérit dignement la femme d’un dentiste réputé pour ses liaisons, en constatant que sa coloration a viré. - Pas forcément…, lui susurre à l’oreille mon coiffeur tout en fusillant du regard l’apprenti. L’espace de quelques minutes, bercé par le cliquetis des ciseaux, j’oublie le nuage de questions métaphysiques qui flotte au-dessus de moi. Pendant que mon coiffeur taille dans la masse pour me façonner une coupe printanière, je feuillète un magazine culture et tendances à la recherche d’un peu de vie coincée là entre deux pages de pub. Puis, reprenant ma place dans la conversation, je raconte un film dont je me souviens parfaitement, en oubliant que je ne l’ai jamais vu. Mon coiffeur non plus ne l’a pas vu, mais il en a tellement entendu parler qu’il préfère rester sur une bonne impression, me souffle-t-il tout en s’approchant pour me tailler délicatement les pattes. Dehors, alors qu’un léger coup de vent vient caresser ma nuque bien dégagée, je me sens soudain comme neuf. Et si c’était le moment de repartir à zéro ? Philippe Schweyer
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« Comme certains animaux, les femmes pratiquent l’hibernation. (…) Au premier rayon de soleil du mois de mars, comme si elles s’étaient donné le mot ou comme si elles avaient reçu un ordre de mobilisation, elles surgissent par dizaines dans les rues en robe légère et talons hauts. Alors, la vie recommence. » François Truffaut, L’homme qui aimait les femmes
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Chronique // #02 HISTOIRES DE ZUT !
LES POÈTES zutistes Cousin des Jemenfoutistes et des Irsutes, ancêtre des dadaïstes, les zutistes est un groupe littéraire aussi méconnu qu’éphémère (il ne dura qu’un hiver) bien qu’il regroupe d’immenses poètes tels Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, ou Charles Cros. C’est à l’initiative de ce dernier qu’est créé ce cercle, fin 1871, en réaction aux poètes parnassiens et par sympathie avec les idées de la Commune. C’est de ce double schisme, et dans une époque où le dégoût prime sur la révolte, que se développe ce cercle dans un hôtel du boulevard Saint-Michel à Paris. Face aux parnassiens qui prônent la beauté dans l’art, la vertu et refusent l’engagement de l’artiste, les zutistes répondent par « l’album zutique », recueil d’auto parodies et de parodies de poèmes parnassiens, de préférence obscènes, surtout des textes de François Coppée, tête de turc du groupe. Les zutistes sont avant tout libertaires, ont une propension à l’ivrognerie et développent un intérêt pour les psychotropes, notamment le hachisch, comme le constatait Ernest Delahaye, ami de Rimbaud, rendant visite à son ami à l’Hôtel des Étrangers, au milieu d’une assemblée de « gens barbus, généralement, et à longs cheveux pour la plupart ». En résumé, ce sont des jeunes à cheveux longs, plutôt à gauche, qui fument des joints en disant des cochonneries.
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Par Charles Combanaire // Illustration brokism
Chronique // MA CRISE À MOI
Par Agnès Boukri // Dessins Bernard Quesniaux, Les riches heures – 234 mensonges dont 28 en peinture
JE FAIS CE QUi ME PLAÎT...
EN PAPOUASIE Agnès Boukri traverse toutes sortes de crises, mais s’en accommode fort bien. Du coup, elle fait ce qui lui plaît dans Zut !, avec la complicité de l’artiste Bernard Quesniaux. Premier volet de ses aventures : la découverte de la Papouasie et de ses habitants. Pourquoi n’ai-je pas épousé un papou ? Je n’entendrais plus le mot CRISE qui me chauffe les oreilles. Ça veut dire quoi Subprimes ? À vrai dire, je ne veux même pas le savoir. Je préfère m’imaginer vivre à l’ombre d’un papou dans une maison perchée dans les arbres.
« À moi la vie nue au grand air et les massages de pied à la marmelade de banane bio. »
Est-ce que les papous connaissent la crise obligatoire des 3 ans traversée par les couples occidentaux ? Ont-ils une baisse brutale d’ocytocine qui leur fait voir leur partenaire tel qu’il est vraiment ? C’est une vérité relayée par tous les bons magazines féminins. La crise se détecte dans un cerveau fendu en deux (comme on coupe un ananas) et passé au scanner, on repère nettement que les hormones se tirent vite fait au bout de 3 ans – finie la douce euphorie de l’amour aveugle et place à la galère de « t’as pas vu mes chaussettes ? tu pourrais pas te couper les ongles au-dessus de la poubelle ? ne me dis pas que tu as encore perdu les clés de la bagnole ! » C’est pourquoi, j’ai toujours rêvé de vivre avec un étranger qui parlerait une langue incompréhensible pour moi (et vice versa), nous contentant d’un échange muet ponctué d’onomatopées. Quel bonheur de se laisser glisser dans un monde de pures sensations où le doux frôlement de nos orteils sur la terre battue vaudrait tous les textos d’amour. Bon, sexuellement, il faudrait que ça fonctionne quand même… Les papous ont-ils la réputation des Français ? Que vaut un papou’s kiss ? Y a-t-il une étude de faite sur le sujet ? Ma copine Corinne a vu un reportage sur une tribu dans laquelle les hommes enroulaient leur sexe autour d’un bâton pour qu’il ne traîne pas par terre. Ce serait cool que ce soit chez les papous. Ça ferait une petite activité journalière. Fini les disputes autour des slips éparpillés tous azimuts, des verres Ikea qui se brisent quand on les essuie, des assiettes mal rangées dans le lave-vaisselle, des réunions au sommet pour statuer sur le sort d’un yaourt périmé depuis 1 jour. À moi la vie nue au grand air et les massages de pied à la marmelade de banane bio. Pourvu que je sois seule à avoir cette bonne idée de départ en Nouvelle-Guinée parce que, s’il faut se traîner tous les Quéchos de la Crise mondiale, merci bien ! Tous ceux qui m’expliquent, jour après jour, qu’il ne faut rien vendre en ce moment (encore faudrait-il posséder quelque chose), qu’il serait plus prudent de mettre ses RTT sur un compte CET, que les crèmes au chocolat sans marque sont largement aussi bonnes que les Danette et que le site radin.com est super bien fait. Ben voyons… et moi je suis la reine d’Angleterre !
Vivement un peu de Bayono-Awbono dans cette étendue de morosité. Je l’ai déjà dans la peau, mon papou. Il m’initiera à la dégustation de larves grillées et moi à celle de la TFG (Tarte Flambée Gratinée) le samedi soir. Je ne peux tout de même pas tout larguer d’un coup. Tiens, d’ailleurs, mon fils se plaira-t-il dans ma nouvelle vie ? Et si je lui confectionnais un pagne en feuilles de cannabis ? Il pourra me faire des signaux de fumée dans la forêt. Sacré Lucas ! Bon, j’y vais. Je vous laisse les deux pieds dans la crise. Faut que je travaille mon mitataku. Mystère, mystère…
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Chronique // Mémoires d’un vendeur de pub raté (épisode 1)
Par Philippe Schweyer // Illustration Audrey Canalès
Une madeleine nommée Gaby Quand un vendeur de pub (appointé par Zut !) préfère réécouter Bashung plutôt que de démarcher les boutiques tendance de Strasbourg, il se souvient avec une pointe de nostalgie de ses rencontres avec Gaby, Martine, Joséphine et Chloé.
Gaby (1980) J’entends Gaby oh Gaby pour la toute première fois dans le car qui me ramène du collège. Bashung chante en français tout en étant aussi sexy et plein de morgue nonchalante que les chanteurs anglosaxons qui me font d’autant plus d’effet que je ne comprends pas ce qu’ils racontent (plus tard, je découvrirai que leurs textes sont parfois insipides). Le chauffeur a mis la radio à plein volume et je suis si excité par Gaby que j’approche la flamme de mon briquet de la nuque de Thierry F. assis devant moi. Aussitôt ses cheveux s’enflamment (Au feu les pompiers !). Je parviens à étouffer l’incendie en lui tapant sur la tête (plus tard, sa mère sera horrifiée par l’étendue du sinistre). À partir de ce jour-là, je sais que le rock est dangereux et inflammable (plus tard, je découvrirai qu’un Gaby est un mec amoureux d’un autre mec). Martine (1985) Je viens de passer mon permis de conduire. Le samedi soir j’écoute la cassette du Live Tour 85 en fonçant dans la nuit alsacienne au volant de la voiture de ma mère. Le morceau Martine boude avec ses cascades de batterie et le chant torrentiel de Bashung, qui semble savoir très précisément de quoi il retourne, me touche avec la précision d’une nouvelle de Raymond Carver. Sur la même cassette, Hey Joe est encore plus dément que chez Hendrix (je devrais avoir honte, mais je le pense vraiment) et Toujours sur la ligne blanche me laisse K.O., même si je ne suis pas certain de bien comprendre de quelle sorte de ligne blanche parle la chanson… Joséphine (1992) Marcher sur l’eau, éviter les péages, jamais souffrir, juste faire hennir les chevaux du plaisir… C’est l’été et Osez Joséphine passe en boucle à la radio. Je traverse la France d’est en ouest. Dans un pré entre Moulins et Montluçon des chevaux cavalent à perdre haleine. Et que ne durent que les moments doux… Je m’arrête pour boire une bière le long de la Nationale. Une fille descend de son cheval pour me demander une cigarette. Et que ne doux…
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Chloé (2003) La veille, lors de l’apéro offert par Lili pour l’ouverture du festival C’est dans la Vallée, Bashung a gentiment accepté ma demande d’interview. Fébrile, je le retrouve à l’heure du café à l’Auberge du Petit-Haut, sur les hauteurs de Sainte-Marie-aux-Mines. Attablés à l’autre bout de la salle, Rodolphe Burger et ses invités font traîner un copieux repas marcaire. Après une demi-heure de conversation et alors qu’on a tout juste eu le temps d’évoquer ses débuts, Chloé, l’épouse de Bashung, vient le chercher pour la sieste. Avant qu’il ne s’éclipse, je lui montre les paroles d’une chanson que j’ai écrite spécialement pour lui. Il regarde mon bout de papier et me le rend aussitôt sans faire de commentaire. Je ne serai jamais parolier de Bashung. Le soir à la Chapelle, Bashung et Chloé lisent le sublime Cantique des cantiques sur une boucle de Rodolphe. En repartant, j’ai encore dans les bottes des montagnes de questions…
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Chronique // MON PETIT CHRISTIAN
Par Emmanuel Abela // photo collection privé // illustration Blutch
De droite à gauche, Christian Hincker, Pierre Greiner et Emmanuel Abela en 1982
MON PETIT CHRISTIAN... Christian Hincker, alias Blutch, s’est vu remettre le Grand Prix du Jury lors du dernier festival international de la bande dessinée d’Angoulême. Emmanuel Abela se souvient de sa rencontre avec le petit Christian.
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La première image que j’ai de Christian, c’est dans la voiture break de son père. Ce jour-là, comme les autres jours de la quinzaine que j’ai passée chez mon ami Pierre Greiner, à Illkirch, Christian ne disait mot. Il restait prostré au fond de la voiture me regardant comme un animal étrange. À l’ouverture des portes, il se précipita et courut sans se retourner. Quand, trois ans plus tard, la mère de Pierre m’annonça que nous rejoignions, Pierre et moi, un camp dans les Vosges pour trois semaines, avec le voisin - « tu sais bien, le petit Christian Hincker » - je ne pus m’empêcher de ressentir intérieurement une grande gêne à l’idée de me trimballer l’« autiste ». Je gardais le souvenir de son regard terrorisé au fond de la voiture, trois ans auparavant. Fallait-il vraiment qu’on le traîne avec nous ? Et puis, pour les gonzesses, ça n’allait pas être coton ! Le jour de nos retrouvailles, lors d’une première halte pour un déjeuner sur le chemin du camp dans les Vosges, je le surpris à parler, parler beaucoup même. Je le trouvais subitement très amusant, il faut dire qu’il réagissait à tout ce qui l’entourait, créait des situations incroyables et imitait les gens à la perfection. Il m’a fallu moins d’un quart d’heure pour m’attacher à lui. Et puis, le soir, lors de la première veillée, il s’est mis à dessiner. De cet instant, je n’ai que le souvenir d’un silence incrédule et respectueux. Des cracs en dessin, j’en avais connus ; j’avais même tenté de rivaliser parfois, mais là, c’était inutile. Il était surprenant de constater à
quel point cet être maladroit, à la gestuelle désarticulée, mettait tout son corps au service d’un trait sur la feuille de papier, sans se forcer, avec beaucoup de naturel et sans doute un talent inné d’observation. À la fin du séjour, il vint me voir : « Tu sais, je te rejoins dans ton bahut, peut-être serons-nous dans la même classe ? » Dans cette classe de seconde au Collège épiscopal Saint-Etienne, entourés d’une dizaine d’amis très proches, nous avons partagé bien des choses pendant un an. Ses caricatures n’épargnaient personne, ni les enseignants, ni nous-mêmes ; elles circulaient sous les tables, étaient accrochées au mur des salles de classe, puis confisquées. On se les disputait déjà, tout comme on s’échangeait nos BD à la récré, les Blueberry qu’il nous faisait découvrir, la série Comanche, certains Gotlib et les exemplaires de Fluide Glacial. Cette annéelà, un camarade de classe imposa le surnom de Blutch, parce que Christian râlait tout le temps, faisait l’imbécile et geignait lors des marches qui s’organisaient dans les Vosges ou dans les Alpes. Et puis, il ressemblait étrangement au célèbre personnage des Tuniques Bleues. Mais pour moi, impossible de l’appeler ainsi ; je ne sais pourquoi, il est resté Christian. Dernier album Le Petit Christian 2, L’Association
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weet S M.A.C. Amoureuse de petites friandises sucrées, la saison vous appartient. Chez M.A.C., la tentation est partout ! Crème chantilly décadente, couleurs givrées délicieusement décoratives et combinaisons d’amandes caramélisées. Comme si vous saliviez derrière la vitrine d’une pâtisserie parisienne et la dévoriez en rêve ! Amusez-vous avec une nouvelle recette Red Velvet de Shadestick. Le gloss tricolore est comme un mille-feuille de couleurs brillantes superposées, chacune d’elles laisse place à la suivante dans un tourbillon de perles de magnificence ; ajoutez d’autres délices aux ombres à paupière ; un nappage minéral parfait pour votre peau est la dernière couche du gâteau, vous êtes à croquer. (C.L.) Sugarsweet chez M.A.C 7, rue des Orfèvres – 03 88 32 78 79 aux Galeries Lafayette, 34, rue du 22 Novembre 03 88 15 23 00 www.galerieslafayette.com
Hissez les couleurs Un enfant s’exprime avec des couleurs, un artiste aussi ! C’est en partant de ce constat que le service éducatif des musées a conçu Chromamix 2, une exposition ludique et interactive destinée aux enfants et à leurs parents. Ensemble, ils pourront se prêter à toutes sortes d’expérimentations et trouver des réponses à des questions essentielles : D’où viennent les pigments ? Quelle est l’origine des noms des couleurs ? Pourquoi l’artiste emploie-t-il une couleur plutôt qu’une autre ? Une approche à la fois sensible et réfléchie aux couleurs dans l’art, à travers un parcours étonnament scénographié par les Strasbourgeois de V8. (S.D.) Du 9 avril au 15 novembre au musée d’Art moderne et dans tous les musées de Strasbourg – www.musees-strasbourg.org Visuel : Ugo Rondinone, N°114, Fünfzehnteroktoberneunzehnhundertachtundneunzig, 1998 Photo : N.Fussler
Le 17/04 à la librairie Kléber
Conversation Sorman/Bégaudeau
L’omniprésent François Bégaudeau est invité à converser avec son amie Joy Sorman, écrivain et chroniqueuse pour la revue Inculte, Paris Première et Canal+, qui vient de publier Gros Œuvre chez Gallimard, treize histoires qui entrent en résonance avec les récits contenus dans le nouvel ouvrage de Bégaudeau, Vers la douleur (Verticales). 1 rue des Francs Bourgeois - 03 88 15 78 88 - www.librairie-kleber.com
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Co-branding
Jeremy Scott /// Adidas À l’unisson nous crions OUI ! à la collection ObyO d’Adidas avec Jeremy Scott ! Un vent cool et funky souffle sur la marque aux trois bandes, twistées par ce créateur Américain rompu à la Culture pop, l’underground newyorkais, et le mixage entre la rue et le luxe. Un concept détonnant où des pièces piochées dans le vestiaire soir sont réinterprétées en version sportswear. Concrètement cela donne un gilet molletonné façon queue de pie, des sweats zippés réinterprétés en léopard ou à sequins, des sneakers ailés ou à languettes surdimensionnées… Et là, nous nous unissons à nouveau pour crier MERCI JEREMY ! Grâce à toi et Adidas les filles pourront enfin ressembler à des panthères et les garçons porter le frac en toute décontraction. (M.C.D.) www.adidas.com/fr Illustration : Myriam Commot-Delon
Le président vous tape sur les nerfs, votre patron vous casse les pieds, votre conjoint vous prend le chou et le voisin fait du bruit même le dimanche matin… Pour éviter d’entrer en ébullition inutilement, Stéphanie Radenac et Isabelle Teste ont imaginé un bonnet qui devrait vous aider à garder la tête froide en toutes circonstances. Cousu dans un sac en plastique isotherme, ce bonnet salvateur existe en trois tailles et a fait son petit effet lors de la dernière biennale internationale de design de Saint-Etienne. (P.S.)
AVANT-PREMIÈRE AU CINÉMA STAR ST-EXUPÉRY, LE MARDI 14 AVRIL À 20H30, DE « COCO AVANT CHANEL » EN PRÉSENCE DE LA RÉALISATRICE DU FILM, ANNE FONTAINE ET D’AUDREY TAUTOU ET MARIE GILLAIN...
Prix de vente frais de port inclus : 35 € Stéphanie Radenac 06 07 89 61 30 www.stephanie-radenac-atelier.fr
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Conte de fée
Quel rapport entre Cendrillon et une célèbre société de design ? Je vous vois venir… Et élaborer toutes sortes d’idées saugrenues… - Un siège en forme de citrouille, un guéridon « prince charmant » ? - Non. - Et une pantoufle de verre ? - Pas loin, mais… non. Allez, je vous donne un indice sur cette société dont le plastique est la matière favorite et la transparence le signe distinctif. Et un autre sur Cendrillon : elle a un talon en forme d’étoile, se décline dans une multitude de couleurs, en opaque, bicolore et en transparent. Vous ne voyez toujours pas ? - Une méduse ! - Mais non ! Une ballerine. Mais en plastique, élaborée avec finesse par Kartell, avec la jeune marque italienne Normaluisa et promue à être portée de la ville à la plage par toutes les cendrillons modernes dès l’arrivée des beaux jours. Depuis 60 ans, Kartell expérimente la technique industrielle d’injection de plastique. Connu notamment pour son fauteuil Louis XV en polycarbonate transparent, dessiné par Philippe Starck… Il lui restait à envisager des fiançailles entre la mode et le design pour démontrer que le plastique n’a pas fini de nous étonner par ses multiples jeux de jambe. (M.C.D.)
Comme Ch’ui Content !
La ballerine Glue Cinderella (98 €) est disponible chez Kartell 8-9, quai Saint-Jean - 03 88 22 47 78 www.kartell.it
Cette expression vous pourrez bientôt la retrouver sur toutes les lèvres ! Stras TV a créé le buzz il y a quelques mois en sortant une parodie du mythique dessin animé Tom Sawyer version alsace. Les trois premiers épisodes cartonnent sur le net, on retrouve Tom et son copain Hucky au Jardin des deux rives et dans d’autres situations cocasses. Les répliques sont fabuleuses, l’accent est bien restitué, on adore… (C.L.) Tom Sawyer en Alsace sur www.strastv.com
La ville danse Rendre compte de toutes les formes et toutes les expérimentations de la danse d’aujourd’hui, c’est la volonté, depuis plus de 20 ans, du festival Nouvelles Strasbourg Danse, piloté par Pôle Sud. La danse qui se mêle aux autres arts, qui invente de nouvelles formes, investit de nouveaux lieux, irrigue pendant 10 jours toute la ville, du Maillon à la médiathèque André Malraux, où David Rolland interpellera les visiteurs, du Palais U à La Salamandre où Thomas Lebrun se transformera au gré de ses chansons préférées. Pour notre part, on ne manquera pas la rencontre entre Mathilde Monnier et La Ribot, la dernière création de Catarina Sagna, et on sera curieux de découvrir l’installation de la jeune vidéaste Annelise Ragno. (S.D.) Du 14 au 20 mai dans toute la ville – 03 88 39 23 40 www.pole-sud.fr
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Andrej Pirrwitz Un lieu abandonné, gris et poussiéreux, un cadrage au cordeau, des lignes qui découpent l’espace, une organisation spatiale parfaitement maîtrisée… Andrej Pirrwitz photographie des espaces monochromes et froids, où rien n’est laissé au hasard, et qu’il vient troubler à chaque fois par la trace colorée d’une présence. Esprits, reminiscences ou présences féériques ? Pirrwitz semble vouloir prouver que quelle que soit l’âpreté et la froideur du monde, un autre réel est toujours possible. À la Galerie Steven Riff, il expose avec Damien Valero. (S.D.)
Vous voulez de la couleur, des fleurs et de la bonne humeur ? J’ai ce qu’il vous faut : Marimekko ! Et pour insuffler du peps, rien ne vaut l’imprimé Unniko, le fameux motif coquelicot rouge de la marque finlandaise. Décliné sur moult supports (avec un coup de cœur pour les tissus Marimekko tendus sur châssis) et à l’honneur ce printemps chez Aquatinte, la galerie d’art scandinave préférée des Strasbourgeois en manque de chaleur nordique, le célèbre motif affiche une bonne humeur et un optimisme qui pourrait nous faire défaut en ces temps de crise… Le retour au jubilatoire passera par lui… Essayez, vous verrez, c’est aussi efficace qu’un bouquet de fleurs. Et rappelez-vous que Jackie Kennedy ne s’y était pas trompée en portant huit robes de Marimekko lors de la campagne présidentielle de 1960 ! (M.C.D.)
« Unikko », Dessin : Maija Isola et Kristina Isola (1964)
Poppy
Du 16 avril au 24 mai à la galerie Riff Art Projects www.galerieriffartprojects.com
Aquatinte 5, quai des Pêcheurs 03 88 25 00 32 - www.aquatinte.fr
www.woolandthegang.com L’invasion du groove allemand Avec le Hi-Fly Orchestra, un groupe de jazz acoustique d’influence latine, l’impact sur le public est immédiat. Sur les rythmes profonds construits à base de contrebasse, piano et congas – avec de vraies réminiscences des classiques du label Blue Note –, une douce folie s’empare du dancefloor. La soirée Jazz et Soulpower from Germany, se poursuivra jusqu’au petit matin (nuit libre !) avec trois DJs de talent, Tobias Kirmayer, manager du label Tramp Rec, No Stress et G:Phil, membres du Groovehuntaz. (I.G.) Le 12 avril à la Salamandre (à partir de 21h) 3, rue Paul Janet – 03 88 25 79 42 www.groovehuntaz.com www.thehiflyorchestra.de 21 zut !
À point ! La crise au pied du mur… Je suis penne de vous annoncer que l’on voit le bout du tunnel : on commençait à l‘aimer ce mot crissant (que l’on préférait jadis associer à adolescence…), La crise par ci et la crise par là… L’agence de communication Aldente dont une de ses spécialités est de humer l’air du temps, ne s’y est pas trompé, en jouant avec le vilain petit mot agaçant devenu trop familier ! La recette : des aphorismes imprimés avec des typos flashy sur des teeshirts et des sacs + un site pour poster sur le wall vos slogans persos, histoire de tourner en dérision une conjoncture morose et d’en rire en jonglant avec les mots… (M.C.D.) Sacs et t-shirts disponibles chez AlgorIthme La Loggia // www.aldentelacrise.com
La ville est une twall Peindre sur le murs, c’est désormais autorisé… en tout cas sur celui du 10 rue Thomann, les premiers samedis du mois. La Twall, pilotée par l’association Démocratie Créative, invite des artistes à investir le rectangle vide et un peu triste de la façade, qui devient alors le théâtre de performances plastiques. Manière de faire descendre l’art dans la rue… Désormais, l’art urbain n’est plus l’apanage des seuls graffeurs. Les prochains à s’y coller seront Alsacherie (exceptionnellement le 2e samedi d’avril, because sommet de l’OTAN) et Dan 23. (S.D.) Prochaines performances les 11 avril et 2 mai – www.latwall.com
C’est désormais un rendez-vous incontournable pour les amateurs de théâtre et, plus largement, pour tous ceux qui se passionnent pour la jeune création. Le festival Premières sillonne les routes de l’Europe pour pister tous ceux qui feront le théâtre de demain et nous les apporte sur un plateau. Spectacles d’école ou premières mises en scène professionnelles démontrent toujours une belle vitalité, une énergie communicative et une étonnante diversité, et nous rassurent sur l’avenir du théâtre en Europe. (S.D.) Du 4 au 7 juin au TNS et au Maillon www.tns.fr / www.le-maillon.com
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Le mélange des saveurs
À l’heure du revival soul, il serait injuste d’occulter le travail d’Alice Russell, dont l’approche renouvelle considérablement le genre. Attachante et spontanée, cette jeune britannique invite toute l’Europe à la danse. Elle se souvient de son passage en concert à Strasbourg. « On nous a emmenés dîner sur un bateau, sur L’Ill. Strasbourg est une très belle ville. Je me souviens de cette Cathédrale, illuminée la nuit... De toute façon, j’adore la France, la gastronomie et ses habitants. Je rêve d’apprendre la langue, il n’est pas trop tard, n’est-ce pas ? » (E.A.) Dernier album : A Pot Of Gold, Differ-Ant
Open Bar Fini Les Artistes, voici venu le temps de L’Entrepôt, feat. Ali Hamanache (ex Passerelle), Gilles Moerkel (Cornichon Masqué et ex Living Room) et Philippe Diebold (DA dans une agence de com’). Le bel espace que proposait le lieu, à la fois tout en longueur (un bar de 16 m !), mais aussi large et aéré, n’avait pas trouvé son esprit, avec une tentative plus ou moins chic dans un chouette quartier à fort caractère : entre Stimultania, la Maison de l’Image, le Troc’afé, Fiesta Makassi, « Fuckin’ Saïgon » et Bastion. Avec le tram qui débarque Faubourg de Saverne, L’Entrepôt se positionne sur un axe prestige. Pour y parvenir, une grande place donnée aux DJ’s, sept mois de travaux sous la houlette de l’architecte Fabrice Perez et un fumoir décoré par René Noël. Spécificité du lieu : ouverture uniquement le vendredi et samedi soir, les veilles de fêtes, le reste de la semaine pour des événements privés. (F.T.) Ouverture prévue mi-avril 27, faubourg de Saverne
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La nouvelle comédie trash américaine avec le festival Disjonctés : projections et conférences explorent ce phénomène au cinéma. Après le succès de Dumb & Dumber (1994), des frères Farrelly, pierre de touche d’une nouvelle comédie loufoque, régressive et vulgaire, Hollywood va se vautrer dans les produits dérivés American Pie & Cie, contaminant l’image de cette nouvelle comédie US que le Star nous propose d’explorer. Car, hors du cercle replet des amateurs, qui n’a été abasourdi de voir chanter les louanges de Owen/Luke Wilson, Will Ferrell, Jack Black… de découvrir en tous ces gens la famille (Tenenbaum ou non) d’un Wes Anderson, de voir des esthètes de la pop se laisser pousser la moustache en l’honneur de Ben Stiller ! Les connaisseurs se jetteront sur ce cycle comme sur un triple-cheese, les autres feraient bien d’y goûter une fois, pour voir, et en VOST. On attaquera par le Stiller réalisateur/acteur de Disjoncté, avec Jim Carrey, on essaiera de comprendre avec 40 ans, toujours puceau pourquoi Judd Appatow est le chouchou du sérieux Télérama. On y ira carrément avec des perles du genre Les Rois du patin de Josh Gordon et Will Speck ou Eh Mec elle est où ma caisse ? de Danny Leiner. On se demandera ce que Supergrave de Greg Mottola a à voir avec Scorsese et enfin, si Bill Murray est vraiment dans la merde avec Osmosis Jones des Farrelly. (F.T.) Au Star et Star Saint-Exupéry, du 8 au 14 avril - www.cinema-star.com photo : Les Rois du patin de Josh Gordon et Will Speck
Un Beckett et un café ! Le concept qui associe librairie et café de quartier est largement développé en Bretagne. Jennifer Le Morvan s’en est inspiré pour ouvrir le bel espace Soif de Lire. Il s’agissait de créer un lieu de vie qui s’inscrive dans une dynamique de quartier. Depuis son ouverture, de nouvelles habitudes s’installent, les clients s’assoient pour prendre un café, un chocolat équitable, des jus de fruit bio ou des pâtisseries, consultent les ouvrages, puis repartent parfois avec un livre choisi sous le bras. Jennifer les accompagne dans leurs choix, leur recommande de beaux ouvrages comme La Tombe du tisserand de Seumas O’Kelly, un coup de cœur chez Attila. « Un petit texte réjouissant, mêlant comique et angoisses existentielles ! », note-t-elle, pour une « lecture vivement recommandée. » (E.A.) Rencontre avec la maison d’édition La Dernière Goutte le 9 avril à 18h30 Soif de lire 11, rue Finkmatt – 03 88 24 28 70 soifdelire@orange.fr
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Couper les cheveux en 140 On connaît son affection pour la création contemporaine. L’artisancoiffeur Yannick Kraemer a été séduit par le projet de publication de Marianne Maric, Melissa Epaminondi et Emilie Voirin, _Hair 140, un livre-objet qui regroupe sous la forme d’une boîte des textes, des interventions graphiques et des photographies sur le thème du cheveu. Les 140 exemplaires de cette première édition pour laquelle il a apporté son soutien, ont été présentés à l’espace parisien L140 (une galerie-vitrine d’une largeur de 140 cm), dans le cadre d’un vernissage de prestige qui mêlait mode, coiffure et performance artistique. (E.A.) www.l140.net www.luiskraemer.com Visuel : Performance de Mélissa Epaminondi, Marianne Maric et Emilie Voirin, pssst, pssst, vente illicite d’un préparfum odeur laque.
Apparitions L’exposition de Pierre Fraenkel dans un ancien lieu de culte est l’occasion pour l’artiste de poursuivre le travail qu’il mène déjà dans la rue où il interpelle régulièrement les passants avec ses « apparitions ». Et si, face aux terribles menaces qui planent sur nous, il ne nous restait plus qu’à prier ? (P.S.) Du 6 au 17 mai à la Chapelle Saint-Quirin, rue de l’Hôpital à Sélestat 03 88 58 85 75 - www.selestat.fr
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EXPLORATION EXTERNE
Ils vivent, travaillent, créent, sortent, aiment à Strasbourg. Les hommes et Les femmes qui font vibrer LA VILLE NOUS FONT DÉCOUVRIR LEUR LIEU PRÉFÉRÉ.
TRASBOURG VU PAR
#02
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CRONENBOURG SKATE PARK
St-Pierre-le-Jeune PASSERELLE DUCROT
PARKING WODLI TERRASSE DU PRINTEMPS
Ancien conservatoire / TNS CAFÉ DE L’OPÉRA
KRUTENAU
PLACE DU MARCHÉ GAYOT
Jardin de Chambre à part
neudorf École N. du Premier Degré
Julie Brochen Alexandre Bureau alias Rob Emeline Dufrennoy Eric Vial et Lionel Augier Élodie Marco, Aurélie Rigaud et Nathalie Urban Éric Genetet Benoît Lichté Marie Labory Michèle Lavallée Yan et Pascale Richter
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JULIE BROCHEN
39 ans, directrice du TNS / Vendredi 20 février
Où ? Ancien conservatoire du TNS « J’ai fait mes premiers pas d’actrice au TNS en 1988 sur le plateau de la salle Koltès, avant les travaux. Quand je suis revenue pour Oncle Vania et pour Hanjo, j’ai eu du mal à retrouver mon sens de l’orientation. Depuis que j’y vis, je découvre des espaces, des zones à déchiffrer, à défricher, des perspectives d’avenir dont l’ancien Conservatoire de musique est le plus beau symbole à mes yeux. ».
Actu ! La Cagnotte de Eugène Labiche, mise en scène Julie Brochen Jusqu’au 13 mai au TNS-Studio Kablé, rue Jacques Kablé à Strasbourg Théâtre National de Strasbourg - 1, avenue de la Marseillaise 03 88 24 88 00 - www.tns.fr (Lire portrait page 40) Veste en cuir Marithé&François Girbaud
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photo Christophe Urbain
ALEXANDRE BUREAU ALIAS ROB
photo Christophe Urbain
29 ans, barman et DJ / Mardi 3 mars
Où ? École Nationale du Premier Degré « Revenir dans ce quartier me rappelle des souvenirs incroyables. J’ai passé tout mon primaire dans cette école qui est aussi un internat ; 20 ans plus tard ça n’a pas trop changé. Inutile de vous préciser que j’y ai fait les 400 coups, voire les 800 ! »
Actu ! Bernie, jeune mâle bulldog anglais, cherche femelle pour reproduction intempestive. Rob, jeune homme dynamique, recherche partenariat avec diverses belles demoiselles pour copulations notoires. Cravate Paul Smith, Baskets Dsquared2 et casque Ruby, le tout Algorithme
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photo Christophe Urbain
Emeline Dufrennoy
27 ans, chargée de projet, Chambre à part / Mardi 24 mars
Où ? Jardin de Chambre à part « C’est un endroit hors du temps, un lieu particulier, chargé d’histoires et de rencontres autour de la photographie. J’aime l’ambiance que dégage la Krutenau, un quartier convivial où se croisent des gens très différents... »
ACTU ! L’Alsace en portrait, portraits d’Alsacien à la médiathèque Ouest Lingolsheim, du 14 avril au 28 mai Exposition Philippe Lutz, Histoires élémentaires, du 17 avril au 10 mai Exposition Aneta Grzeszykowska & Jan Smaga, du 15 mai au 21 juin La Chambre, rue Sainte-Madeleine 03 88 36 65 38 - www.chambreapart.org Trench et parapluie Paul Smith, Bottes de pluie Hunter, le tout Algorithme
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Lionel Augier et Eric Vial
38 ans et 44 ans, animateurs et producteurs / Jeudi 26 mars
Où ? Le cloître de l’église Saint-Pierre-le-Jeune ÉRIC : « Le cloître de Saint-Pierre-le-Jeune est un lieu privilégié à Strasbourg. C’est là que je viens me ressourcer et me recueillir. C’est un site où l’Histoire et l’Art se côtoient. Un lieu secret, calme, empreint de poésie, dernier refuge des chevaliers. Ici, les pierres et les peintures murales parlent, si bien que le visiteur reste bouche bée. Aujourd’hui, j’ai tenu à faire découvrir le lieu à Lionel Augier, mon ami à l’écran comme à la vie. »
Actu ! Animateurs et producteurs artistiques, ils présentent C’est mieux le matin sur France 3 Alsace. Eric : Veste en cuir Redskins, pull Avant Première Lionel : Cardigan Sandro et Veste en toile Cerruti, le tout Galeries Lafayette
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Elodie Marco, Aurélie Rigaud Nathalie Urban 23, 31 et 26 ans Agence A.come Attachées de presse / Vendredi 13 mars
Où ? La Place du Marché Gayot « La PMG parce que dans la vie on aime les bonnes choses. On aime manger, rigoler, siroter et la Place du Marché Gayot réunit ces 3 plaisirs. On adore Le Cornichon Masqué surtout quand le chef fait des entorses à la carte en nous proposant des petits plats de pâtes. On aime retrouver des sourires familiers et boire des coupettes au Gayot. »
Actu ! Festival Musica, salon Biobernai, Festival Nuit Bleue, Enigmatis, Étoiles d’alsace, Parc**** Obernai, 25 ans des Aviateurs... Élodie : Robe baby-doll en voile de coton encre et sac en cuir plissé, Prada chez Ultima prêt-àporter, Aurélie : Trench en gabardine, Herno et sac en cuir patiné et vieilli, Numero 10 chez Ipsae, Nathalie : Robe tunique en jersey, Brunello Cucinelli et sac, Barbara Bui, les deux chez L’Altra
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Eric Genetet
42 ans, journaliste et écrivain / Mardi 24 mars
Où ? LE Café de l’Opéra « Je ne sais pas pourquoi exactement, mais j’aime cet endroit. J’ai vu ce café changer de peau plusieurs fois depuis quinze ans. Je me souviens du canapé en face de la porte d’entrée, je me souviens d’une rencontre, d’un coup de téléphone d’une inconnue, d’une soirée champagne, de dizaines de déjeuners. Le café de l’Opéra existe dans ma vie comme dans mes textes, la réalité se fond dans la fiction, les représentations occupent délicieusement mes heures. »
Actu ! Eric Genetet a publié en 2008 Le Fiancé de la lune aux Editions Héloïse d’Ormesson. Il a travaillé pour Radio France et TéléAlsace. Veste à fines rayures, Correct suit jacket et jean Knight pant Classic, Nippon denim / vintage Repair chez G.Star
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Benoît Lichté
32 ans, journaliste et réalisateur / Vendredi 13 février
Où ? Skate Park, Cronenbourg « J’adore ce lieu parce que j’y ai grandi. Je me souviens, enfant, avoir fait signer une pétition avec mes camarades pour la création d’un skate park ; 20 ans plus tard, le voici ! Pour un amoureux des sports de glisse (plus théoricien que praticien !), je viens ici dès que j’en ai l’occasion, sans skateboard mais avec une caméra ! »
Actu ! C’est mieux le matin sur France 3 Bourgogne Franche-Comté Sortie de son film en DVD Sous l’eau les pieds sur terre courant avril. Nature Bis sur www.france3.fr T-shirt, jean et gilet zipé Marithé&François Girbaud
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Marie Labory
33 ans, journaliste et présentatrice télé / Mercredi 25 mars
Où ? La Passerelle Ducrot « J’ai découvert Strasbourg en septembre quand j’ai commencé à présenter Arte Culture. Aller travailler à pied, en longeant l’Ill, les oiseaux, les arbres et les bateaux qui passaient mollement sous cette passerelle – encore en travaux à l’époque – tout ça m’a semblé profondément accueillant. Et c’est en scrutant la rivière que je guette l’arrivée du printemps aujourd’hui. »
Actu : Marie présente Arte Culture tous les soirs du lundi au vendredi à 19h30 en direct sur Arte. Une spéciale Printemps de Bourges, en direct de Bourges le 24 avril prochain. Et pendant le Festival de Cannes du 13 au 25 mai prochain, en direct tous les soirs à 19h30. Chemise body en popeline de coton et costume 3 pièces, correct lign, G.Star
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photo Christophe Urbain
Michèle Lavallée
58 ans, conservatrice du patrimoine au musée des Beaux-Arts / Vendredi 20 mars
Où ? Dernier étage du Parking Wodli « J’ai découvert ce nouvel espace strasbourgeois un soir où la lune transformait la ville en décor d’opéra, et où, simultanément, l’on aurait pu se croire dans une ville moderne, anonyme, n’importe où… Parce qu’il y est aussi possible d’avoir une vue imprenable sur la gare qui fut ma première porte sur cette ville où je venais vivre à l’âge de 11 ans. Et j’y vis encore, avec toujours l’impression d’y être de manière transitoire. »
Actu ! Commissaire de l’exposition Réalités d’un monde, au Palais Rohan jusqu’au 12 juillet Veste coupe vent Marithé&François Girbaud
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YAN ET PASCALE Richter
41 et 43 ans, frère et sœur, architectes / Samedi 28 mars
Où ? La Terrasse du Printemps « Cette terrasse est un bol d’air. On est en plein centre, mais d’ici la ville paraît plus contrastée, plus désordonnée. »
ACTU ! Livraison en mai d’une maison d’accueil spécialisé pour personnes très handicapées à Lure en Haute-Saône. Sont convaincus du rôle thérapeutique du cadre architectural. Pascale : Chemisier et blaser Ralph Lauren, le tout Côté Chic Yan : Chèche Unity, Algorithme.
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CULTURES
ARTS // SCÈNES //MUSIQUES... 39 zut !
THÉÂTRE
Par Sylvia Dubost // Photo Christophe Urbain
Comédienne et metteur en scène, Julie Brochen est depuis juin 2008 directrice du TNS, et la première femme à diriger le seul théâtre national de province. Une femme opiniâtre et insatiable, ainsi qu’elle se décrit, et qui a toujours voulu diriger les acteurs… Retour sur son parcours aussi fulgurant qu’évident.
Pour faire du théâtre son métier, il faut bien évidemment être passionné. Pour être metteur en scène, il faut aussi savoir entraîner les autres. Et pour diriger une structure en ces temps troublés, il faut sans aucun doute avoir le goût du défi. Et si l’on en croit Julie Brochen, il faut aussi avoir un peu mauvais caractère. « Aujourd’hui, plus encore qu’hier, déclare-telle, pour faire du théâtre, il faut être têtu ! » C’est peut-être en connaissance de cause qu’on lui a confié en 2002 l’Aquarium, théâtre grevé de dettes, qu’elle remettra à flot et mènera pendant presque sept ans. Julie Brochen avoue aimer les défis, les projets impossibles, les textes qui lui résistent et sur lesquels elle peut travailler pendant des années… « On m’avait dit au Conservatoire que je ne pouvais pas chanter : j’ai pris des cours de chant et je fais chanter tous mes acteurs dans toutes mes mises en scène. » Et d’ajouter, « avec des non, on crée des vocations ».
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JULIE BROCHEN EN QUELQUES DATES
« Il faut se mettre la rate au court-bouillon. »
1969 Naissance à Alger, où elle reste 19 jours 1988 Joue dans Le Faiseur de théâtre, sous la direction de Jean-Pierre Vincent 1990 Entre au Conservatoire national supérieur d’Art dramatique de Paris 1992 Crée sa compagnie de théâtre, les Compagnons de jeu, du nom que son grand-père avait donné à la sienne dans son camp de prisonniers en Silésie 1993 Signe sa première mise en scène avec La Cagnotte de Labiche, reprise cette saison au TNS 2002 Nommée à la direction du Théâtre de L’Aquarium 2006 Molière de la meilleure compagnie pour Hanjo, d’après Mishima, présenté au TNS 2008 Nommée à la direction du Théâtre National de Strasbourg
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Spectatrice avant tout C’est ce qu’a dû se dire son père aussi, plutôt rigoureux et sévère, lorsqu’il a appris que sa fille avait séché les cours pendant six années de collège et de lycée pour assister aux répétitions de la Comédie Française où il était alors directeur du personnel. « Mais il y avait prescription… » Mystifiant les pompiers de service en leur laissant croire qu’elle allait lui rendre visite, Julie assistait, tapie dans l’ombre de la salle Richelieu, à la création de spectacles de Klaus Michael Grüber, Claude Régy, Jean-Pierre Vincent, alors administrateur… « J’adorais être dans le noir et laisser advenir les choses. J’avais l’impression d’être dans un endroit public où je découvrais des choses privées, intimes. J’étais paisible, ouverte au monde dans un lieu fermé. » Et le soir, comme elle est bonne élève, son père, qui ne se doute de rien, l’emmène au théâtre, encore. Elle a vu tous les spectacles de Vitez à la Comédie Française, Hamlet à Chaillot, 18 fois la Bérénice de Grüber… « Entre 15 et 20 ans, j’y allais cinq soirs par semaine. » Son premier souvenir est plus ancien : à 12-13 ans, elle assiste dans la cour d’honneur aux Dernières nouvelles de la peste, mis en scène par Jean-Pierre Vincent avec la troupe du TNS dont il est alors le directeur…
Comédienne : un passage obligé Vincent est l’un des fils rouges de son parcours. C’est lui qui la fera monter sur scène pour la première fois, en 1988, dans Le Faiseur de théâtre. Julie a alors décidé d’en faire son métier et prépare les concours d’entrée aux écoles de théâtre tout en suivant un cursus de philo à La Sorbonne. Elle présentera six concours sans en réussir aucun… En bonne têtue, elle retentera sa chance après huit mois de tournée. Le TNS la refusera une deuxième fois, et elle intègrera finalement le Conservatoire à Paris. Là-bas, elle a comme professeurs Stuart Seide, Bernard Dort dont c’est la dernière année d’enseignement (« un cours très libre, très fou ! »), Madeleine Marion, « qui nous avait dit de nous mettre la rate au court-bouillon » et continue de l’accompagner. Julie Brochen apprend à aimer la scène et le métier d’acteur.
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THÉÂTRE Pour elle, quitter la salle, sa place première, a été « un arrachement ». Depuis toujours, le théâtre est chez elle un plaisir autant qu’une nécessité. Pour sa compagnie, elle reprend le nom de celle que son grand-père avait fondée dans un camp de prisonniers en Silésie. Avec ses Compagnons de jeu, elle créera près de vingt spectacles, tout en continuant à jouer dans ceux des autres, dans des rôles secondaires au cinéma (Demonlover d’Assayas, La Fidélité de Zulawski…), et en mettant en scène plusieurs opéras pour lesquels elle collabore notamment avec sa mère, la peintre Anne-Lise Brochen. « Ma compagnie, c’était comme Une chambre à soi de Virginia Woolf : une chambre blanche où je pouvais écrire ce que je voulais, se rappelle-t-elle. J’avais envie qu’elle soit le lieu de nos rêves les plus irréalisables, qu’on ne s’épargne rien. » Elle y fait partager son amour des textes enfouis, dans lesquels elle cherche à débusquer la question du contemporain, et pour les grandes distributions. « J’aime quand il y a sur le plateau des sociétés, des civilisations entières. Quelle que soit la situation économique dans laquelle nous sommes, j’adore que le théâtre soit habité. » La question du budget ne doit jamais déterminer le choix artistique. Le manque de moyens à l’Aquarium ne l’a jamais empêchée de faire « du théâtre dans la liberté ». À l’inverse, pour son début de saison au TNS, avec le budget alloué, elle préfère présenter deux pièces plutôt qu’une : L’Échange de Claudel et Variations / Lagarce. « Je n’avais pas envie de changer de manière de travailler… »
Transmettre une certaine idée du théâtre Faire le théâtre auquel on croit, “envers et contre tous”. Presque un credo, sans doute en partie hérité de ses professeurs, que Julie Brochen souhaite à son tour transmettre aux élèves de l’école du TNS. C’est d’ailleurs ce qui l’a motivée pour sa candidature à Strasbourg, qu’elle a posée, comme toujours, en demandant d’abord l’avis de son amie Denise Gence, qui ne la quitte plus depuis qu’elle l’avait reçue, collégienne, dans sa loge de la Comédie Française… « Le Conservatoire change actuellement sous la direction de Mesguich, constate-t-elle avec une légère pointe de tristesse. J’aimerais que l’école du TNS prenne une revanche sur Paris, et qu’il en sorte des promotions d’élèves qui nous ressemblent ! » Et les élèves strasbourgeois semblent
apprécier son enseignement, non sans relever qu’elle peut parfois être un peu dure… Mauvais caractère, Julie Brochen ? On ira jusqu’à penser qu’elle a voulu jouer de cette image en tenant absolument à poser en perfecto (Strasbourg vu par)… à moins qu’elle n’y ait vu comme un hommage discret et amusé à Jean-Pierre Vincent, qui avait, se souvient-elle, révolutionné l’image de la Comédie Française en arrivant en jean ? Ou alors un tribute aux femmes des années 80, qui, comme elle, peuvent mener de front le projet de réfection du parvis du TNS et les répétitions de La Cagnotte, se partageant entre Strasbourg et Paris où son fils aîné est toujours scolarisé ? Pour être directrice de théâtre, il faut être passionnée, avoir le goût du défi, être une meneuse de bande, avoir un peu mauvais caractère… il faut peut-être aussi avoir un petit côté Working girl.
La Cagnotte de Eugène Labiche, mise en scène Julie Brochen Jusqu'au 13 mai au TNS-Studio Kablé, rue Jacques Kablé à Strasbourg Autour de La Cagnotte Journée d'études sur le théâtre de Labiche, le 8 avril à l'Université de Strasbourg et au TNS. Renseignements : public@tns.fr Prochains spectacles
La Seconde surprise de l’amour de Marivaux, mise en scène Luc Bondy, du 4 au 20 mai Festival Premières, du 4 au 7 juin Platzmangel de Christoph Marthaler, du 10 au 13 juin Théâtre National de Strasbourg 1 avenue de la Marseillaise 03 88 24 88 00 www.tns.fr
LA PLAYLIST DE JULIE BROCHEN Vos auteurs favoris ? Racine, Maurice Blanchot, Henri Michaut, Julien Gracq. Votre livre de chevet ? Être sans destin de Imre Kertesz. Actuellement, je lis Le Souci des plaisirs de Michel Onfray. Vos compositeurs préférés ? Monteverdi, Rachmaninov, Mahler… J’aimerais beaucoup mettre en scène Eugène Onéguine de Tchaïkovski. Et parmi les musiques actuelles ? J’écoute beaucoup de jazz. Et Antony and the Johnsons, Lou Reed… des choses très différentes. Vos réalisateurs et/ou films préférés ? Au cinéma, j’ai deux grandes passions : Tarkovski et Cassavetes. Je me suis beaucoup inspirée de Kurosawa pour Hanjo. J’aime aussi beaucoup le cinéma américain des années 50, et j’adore les westerns ! Et parmi les artistes, à part votre mère (la peintre Anne-Lise Brochen) ? J’adore Rothko, Matisse… Il y a quelques années, au musée d’Art juif à Paris, j’ai découvert Charlotte Salomon et j’ai eu un grand choc devant ses gouaches.
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Ens infinitum À l’école de saint François d’Assise
Du
19
le lundi de 14 h à 18 h et du mardi au samedi de 12 h à 18 h ENTRÉE LIBRE
mars Au
30
avril Bibliothèque nationale et universitaire 6, place de la République à Strasbourg - 03 88 25 28 00 - www.bnu.fr
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DANSE
L’amour en scène Par Charles Combanaire // photo DR
LA CULTURE HIP HOP INVESTIT AUJOURD’HUI LES INSTITUTIONS CULTURELLES. SEBASTIEN VELA LOPEZ, FONDATEUR DE MAGIC ELECTRO, PIONNIERS DU GENRE A STRASBOURG, CREE AUJOURD’HUI LA COMPAGNIE MIRA, APRES 15 ANNEES DE RENCONTRES ET D’EXPERIENCES…
C’est à 14 ans, lorsqu’il arrive à l’Elsau, que Sébastien Vela Lopez s’intéresse à la danse hip hop. « C’était un mouvement simple, accessible, on n’avait pas besoin d’argent, ça nous permettait de canaliser notre énergie. » À 18 ans, fini les errements de l’adolescence. Nous sommes au début des années 90, Sébastien fonde Magic Electro, travaille notamment avec la compagnie ACCRORAP de Kader Attou et croise le chemin d’une certaine Yvonnette Hoareau qui deviendra sa compagne. Elle suit un parcours similaire, croisant les diverses compagnies strasbourgeoises en pleine gestation. Ce sont les débuts d’une aventure jalonnée de créations et de rencontres. Leur évolution suit celle du hip hop durant ces deux dernières décennies, passant des MJC aux salles institutionnelles, de l’underground à Avignon, avec la volonté farouche de sortir ce mouvement du ghetto. « On est toujours investi dans la culture underground, mais on défend également la création, le hip hop doit entrer dans les scènes nationales ». Vingt ans après leurs débuts, le besoin s’est fait sentir de raconter leur histoire, leur construction autour du hip hop, de l’amour, parler de leurs corps qui changent, des blessures. Il se posait alors le problème du collectif. « Je ne pouvais pas imposer un sujet aussi personnel à la compagnie, nous avons donc créé une structure de toute pièce. Se retrouver seuls, sans le soutien d’un groupe, constitue également un nouveau challenge pour nous deux ». C’est dans cet état d’esprit que prend forme Mira (« regarder » en castillan), leur première compagnie et leur premier spectacle éponyme. Sébastien et Yvonnette y dansent à deux bien sûr, mais seuls aussi. « Dans mon solo, j’ai voulu raconter une certaine évolution de cet art. On est parvenu à rendre plus fluide, presque poétique une danse rythmique, brutale et dynamique. Yvonnette, quant à elle, s’exprime sur la frustration de son déracinement, les femmes dans le hip hop, ses grossesses… Elle a dansé jusqu’au huitième mois les deux fois !» Ce spectacle sonne également comme un bilan, mettant au jour les angoisses de ces danseurs trentenaires face aux années qui abîment le corps : « On parle de son usure, des mouvements que l’on ne peut plus faire, de la nécessité de le faire travailler. Je veux conclure le spectacle sur le temps qui passe, sur notre avenir après la danse, sur la reconversion… le recyclage. » Mira, du 6 au 8 avril, à Pôle Sud - 03 88 39 23 40 www.pole-sud.fr
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MĂŠmoires Vives
Comment peut-on s’inscrire dans un processus historique, lorsqu’on est le fruit de l’exclusion de cette histoire ? Comment peut-on s’intÊgrer, faire partie d’une sociÊtÊ qui ne reconnaÎt pas le rôle et la place de ses ancêtres dans son histoire et sa construction ? C’est autant de questions qui agitent les membres de la compagnie MÊmoires Vives. CrÊÊe à l’initiative d’artistes, d’acteurs sociaux et culturels, elle prÊsente des crÊations sur des thÊmatiques en lien avec les mÊmoires des immigrations. C’est par la danse, l’image, la musique et la parole que cette transmission s’effectue, le hip hop sortant de sa caricature pour devenir poÊsie urbaine. Mis en scène et musique par Yan Gilg, À nos morts, leur dernier spectacle, retrace une partie de cette histoire oubliÊe. Il mêle astucieusement rap, slam, thÊâtre et danse. Du chemin des dames au groupe Manouchian en passant par le parcours d’un tirailleur guinÊen, c’est une histoire oubliÊe qui est mise en avant, comme un hommage, une rÊconciliation. www.cie-memoires-vives.org
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C’est au milieu des annÊes 90 qu’une poignÊe de jeunes danseurs de l’Elsau influencÊs par la culture hip hop crÊent Magic Electro autour de deux axes : la crÊation et la transmission des bases de cette danse en direction des jeunes. Ils prennent rapidement conscience du potentiel de ce nouvel art urbain, du vivier de jeunes talents, et montent leurs premiers spectacles. C’est la route vers la professionnalisation. Ils participent à la crÊation Échafaudage lors d’une rÊsidence artistique de la Compagnie ACCRORAP, et fondent Les Sons D’la Rue avec les rappeurs de la Ruffneck Smala. En 2000, les Magic Electro se constituent en association et crÊent leur propre compagnie professionnelle. Les spectacles s’enchaÎnent au rythme d’un par an avec comme directeurs artistiques SÊbastien Vela Lopez, Yvonette Hoareau, Christophe Roser ou Sidali Doulache. C’est Christophe Roser qui a pris la direction artistique et chorÊgraphique de Je de sociÊtÊ, dernière crÊation en deux pièces, Case dÊpart et Confidence, que la compagnie prÊsente depuis septembre 2008 avant d’aboutir à une version dÊfinitive à la rentrÊe 2009. Le 25 septembre, à I’lliade, à Illkirch-Graffenstaden www.magicelectro.fr
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Magic Electro
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MUSIQUE
LES LIEUX EN QUESTION FESTIVAL DES ARTEFACTS
Par Emmanuel Abela // Photo Christophe Urbain // Photo du Zénith Chrystel Lux
Le festival des Artefacts est le seul dont une partie est organisée dans un Zénith. Thierry Danet, directeur de La Laiterie et organisateur de l’événement, nous renseigne sur les difficultés rencontrées, mais surtout sur les solutions apportées pour jouer avec les espaces d’un tel lieu.
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Depuis l’année dernière, le festival des Artefacts se déroule en partie au Zénith de Strasbourg. On suppose une nouvelle organisation… Le passage au Zénith, ça n’était pas simple pour nous. En quatorze éditions, le festival en est à son troisième site. Le premier était choisi : le Parc du Rhin. Pour les deux autres, le Rhénus et le Zénith, nous avons été transférés et nous nous sommes adaptés. En ce qui concerne le Rhénus, nous avons réussi à “tordre” le lieu et l’amener à ce qu’il puisse conserver la dimension festival, en travaillant sur deux scènes, et en permettant une certaine convivialité avec des espaces de déambulation. Le passage au Zénith a ajouté des difficultés, avec une nouvelle logique économique dans un lieu formaté pour un certain type de spectacles, qu’il faut prendre tel qu’il est en sachant qu’il est très difficile à bouger.
Comment contourner cette difficulté ? L’année dernière, nous avons posé une nouvelle formule avec deux changements de lieux – La Laiterie et le Zénith – et une extension dans le temps. De s’inscrire sur
la durée avec huit jours de concerts étalés sur deux semaines, c’est très intéressant. De voir comment ces deux lieux s’articulent l’un par rapport à l’autre, c’était pour nous une nouvelle problématique qui nous a permis de nous interroger sur la manière dont on peut essayer de jouer avec le Zénith pour l’amener à l’esprit du festival. D’année en année, on constate un rapport très particulier entre les spectateurs et l’événement, qui est sans doute nourri par tout ce qui se passe tout au long de l’année à la Laiterie.
On imagine qu’il n’est pas simple de recréer cet esprit au Zénith ? Le Zénith est conçu comme un terminal d’aéroport, avec ses salles d’embarquement. On y entre, on traverse le hall, puis des portes s’ouvrent comme des sas, on s’assoit, on assiste au spectacle, puis on repart. Avec un festival comme les Artefacts, le but est de favoriser des allers-retours entre l’intérieur et l’extérieur. Nous travaillons sur une logique qui consiste à ajouter un espace qui permette de se sortir du rapport direct au concert et de vivre autrement le moment qui est proposé entre l’ouverture et la fermeture des portes. Le concept est en train de se mettre en place. L’idée serait d’installer une logique visuelle à base de conteneurs et d’une série d’animations ou d’interventions qui vont favoriser les flux. Ça résulte de toute une réflexion qu’on mène, notamment à La Laiterie, sur les circulations, sans devenir pour autant directifs.
Il y a également ces deux instants de programmation du festival, le premier à La Laiterie, le second au Zénith… Quelle relation établir entre les deux ? On ne souhaite pas que l’intention de programmation se retrouve dans le moment qui est vécu. Quand on programme des artistes au Zénith, il faut qu’on prenne en compte la dimension du lieu. On ne peut pas se retrouver avec 500 personnes devant la scène et là, c’est assez génial, on constate aux Artefacts que, quel que soit le type d’affiche, les spectateurs du festival sont là tôt – c’était le cas avec Daniel Darc l’an passé, qui a joué en début d’après-midi devant 3000 personnes –, on peut donc jouer sur les horaires, avec des changements de plateau qui s’articulent, et en fixant des instants de rendez-vous. Et en même temps nous avons souhaité organiser à la Laiterie des soirées qui constituent des objets complets – avec quatre artistes par soirée, programmés selon des couleurs précises, des lisibilités de programmation et des cohérences –, mais qui renvoient à ce qui peut se passer lors des soirées au Zénith. Au final, le but est naturellement de proposer un objet festival complet. Du 14 au 18 avril, à La Laiterie et du 24 au 26 avril au Zénith de Strasbourg Europe 03 88 237 237 - www.festival-artefact.org
Bilan du Zénith Europe Strasbourg Avec ses 10 000 places, le Zénith de Strasbourg Europe complète parfaitement la proposition des salles du Grand Est. La salle enregistre pour sa première année d’exploitation une entrée positive, avec 390 000 spectateurs et un nombre multiplié par plus de deux par rapport au Rhénus. Avec une programmation variée sur près de 90 dates, des services proposés (produits de restauration, communication de la programmation, points de vente, etc…) impose ce bel outil comme un élément incontournable du paysage culturel strasbourgeois.
Création d’après la mise en scène de 1994
du 24 mars au 13 mai 2009
Mb!Dbhopuuf de Eugène Labiche et Alfred Delacour
La sélection Zut ! à la Laiterie :
Stuck in the Sound le 14 avril, Housse de Racket le 14 The Mighty Underdogs le 15, Herman Düne le 16, Charlie Winston le 16, Erik Truffaz ft. Murcof et Talvin Singh le 18, Belleruche le 18
au Zénith Europe :
Thomas Fersen le 24 avril, Amadou et Mariam le 24 Patrice le 26, Keziah Jones le 2, The Ting Tings le 26, Miss Kittin and The Hacker le 26, Caravan Palace le 26
Mise en scène
Julie Brochen
alsace
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MUSIQUE
La transfiguration selon Bob Par Emmanuel Abela // Illustration Audrey Canalès
Après la publication magistrale des Bootlegs Series #8, Bob Dylan vient défendre sur la scène du Zénith son nouvel album Together Through Life. L’occasion de revenir sur une carrière au cours de laquelle le plus célèbre des songwriters américains n’a cessé de brouiller les pistes.
On a beau lire les ouvrages qui lui sont consacrés, les biographies d’Anthony Scaduto et de François Bon ou l’essai de Greil Marcus Bob Dylan, À la croisée des chemins, on a beau voir et revoir les chefs-d’œuvre de D.A Pennebaker ou de Martin Scorcese, les sublimes Don’t Look Back (1967) et No Direction Home (2005), mais l’énigme Bob Dylan demeure. À la question posée par Jean-Pierre Léaud dans Masculin Féminin, « Mais qui êtes-vous Mister Bob Dylan ? », la réponse n’est pas aisée à apporter, tant le personnage n’a cessé de se dérober. Chantre de la contre-culture aux États-Unis, poète folk engagé, porte-parole d’une génération, tous les clichés sont possibles. Bob Dylan, lui, n’en a cure, il n’autorise personne à prétendre savoir ce qu’il est, ni ce qu’il n’est pas. À qui l’interrogeait sur la prononciation de son pseudonyme - « Comme dans Dylan Thomas ? » - le jeune Robert Allen Zimmerman répondait tout de go : « Non, comme dans Bob Dylan ! » Il aurait répondu « zut !» que l’effet aurait été le même. De toute façon, Bob Dylan n’est jamais là où l’on attend : il électrifie sa guitare quand on le suppose folk, vire pop au moment où la pop, elle, devient psychédélique. Il est country quand personne n’y songe. On l’attend à Woodstock près de chez lui, mais on le retrouve à Wight l’année suivante. Il plonge dans le mysticisme quand le punk foudroie toute velléité religieuse et, au moment où plus personne ne s’intéresse à ses disques, il sort des albums de nulle part. Depuis, la publication de ses Chroniques nous a un peu renseignés sur ses quêtes véritables. Il relate en 1987 un instant de doute profond pendant l’enregistrement de l’album Mercy ; en conflit avec ses musiciens et le producteur, il sort du studio, remonte la rue et perçoit le son d’un petit orchestre de jazz dans un café minuscule. Il entre et découvre un chanteur, Billy Eckstine, qui le réconcilie avec la pratique du chant : « Il ne forçait pas sa voix, il n’en avait pas besoin ; il était détendu, il émanait de lui une puissance naturelle. Brusquement, sans aucune sorte d’avertissement, ce type-là a ouvert une fenêtre au fond de mon âme », relate-t-il avec humilité dans l’ouvrage. Ouvrir une fenêtre de l’âme des gens, Bob Dylan s’y évertue, de manière parfois maladroite - on sait sa manière de déformer ses propres classiques -, mais ça correspond à l’une des finalités insoupçonnées de son Never Ending Tour, lequel passe une nouvelle fois par Strasbourg. Alors, laissons le grand Bob Dylan, dans toute sa complexité, avec la somme de ses ambiguïtés et sa part d’énigme venir à nous et tenter de nous toucher une fois encore.
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Dernier album
Together Through Life, Columbia En concert le 21 avril au Zénith Strasbourg Europe 1, allée du Zénith - 03 88 10 50 50 www.zenith-strasbourg.fr
instinctcreatif.com - Christophe Nutoni
3 rue du Dôme - 67000 Strasbourg - 03 88 22 04 57
flux4, la radio de la création européenne flux4, c’est plus qu’un site Internet, c’est une radio, avec une programmation en continu 24h sur 24, des émissions, des podcasts audio et vidéo, la playlist du moment, des mixes, des interviews, des reportages, des portfolios, des chroniques BD, CD, DVD, cinéma, multimédia et tendances. flux4, c’est l’actualité de Strasbourg vers l’Europe et de l’Europe vers Strasbourg. zut ! 50
(SBOE±SVF 4USBTCPVSH UnM
www.flux4.eu
INSTANT Ils viennent se produire sur une scène à Strasbourg, assurent des instants de promotion ou viennent apporter leur soutien à une soirée caritative. Artistes pop, acteurs, journalistes ou chroniqueurs, ils posent et s’exposent. L’équipe de Zut ! en profite pour les rencontrer. photos Christophe Urbain
Of Montreal Groupe pop américain Le 1er février 2009 à La Laiterie
Des histoires plein la tête, des rêves en direct, Of Montreal sort un album fait de contes fantasmagoriques. Déjà petit, le chanteur Kevin Barnes (à droite sur la photo) enregistrait des chansons en faisant semblant d’être Prince. Aujourd’hui, c’est au Ziggy Stardust de David Bowie qu’on le compare. À la différence, le Georgie Fruit de Kevin n’est pas un personnage, « c’est juste moi. J’ai réalisé qu’il y avait des éléments de ma personnalité qui avaient besoin d’une voix ». Le dernier album de Of Montreal, Skeletal Lamping, s’est construit autour de cette voix. Des chansons en forme de contes pour des fantasmes sexuels un peu noirs, Beware our Nubile Miscreants, interprétés sur fond de saynètes théâtrales où apparaissent des lions imaginaires et des hommes-cochons pervers. Les six musiciens originaires de Athens (Géorgie) présentent un disque dans la lignée de Hissing Fauna, Are You the Destroyer ?, moins sombre parce que moins marqué par la dépression et les peines de cœur de leur chanteur, mais tout aussi empreint de surréalisme, où glam rock et paillettes font briller les fantômes qui hantent leurs pensées. Propos recueillis par Justine Gourichon
Dernier album Skeletal Lamping, Polyvinyl Records, 2008
Votre costume préféré quand vous étiez petit et aujourd’hui ? Une combinaison qui ressemble à celle de Batman ; j’aimais vraiment ça petit, et encore aujourd’hui. Un styliste ? Celle qui fabrique mes costumes, Rebecca Turbow. Des vêtements futuristes comme on aurait pu les imaginer dans les années 60. Quel thème pour une soirée maquillage entre amis ? Se maquiller comme une équipe de football américain et porter des casques. Cow-boy ou antéchrist ? C’est la même chose, non ? Si vous étiez un personnage de BD ? Snoopy. Il a l’air très mystérieux, mais il a l’air d’avoir bon cœur. Prochain fantasme de mise en scène ? J’aimerais sauter dans une piscine de Jell-o.
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Jean-Marc Barr
Joseph d’Anvers
le 7 janvier 2009 à l’UGC Ciné-Cité
le 19 janvier 2009 à La Laiterie
Acteur et réalisateur
Auteur-compositeur-interprète
Le malentendu persiste concernant Jean-Marc Barr. Sa venue pour le film Parc d’Arnaud de Pallières est l’occasion de rompre avec certaines idées reçues.
Petite veste en cuir qui annonce la couleur. Sur scène, Joseph d’Anvers sera rocker, en tout cas songwriter, à la française.
L’image du héros du Grand Bleu et de l’acteur de Lars Von trier, c’est compatible ?
C’est incontestable, 2009 sera rock’n’roll. Il y a trois ans, Joseph d’Anvers signait un album qualifié de folk, « sur le fil du rasoir », Les Choses en face. Cette année sera faite, elle, de (Les) Jours sauvages et d’une scène électrifiée. Quand il fait appel au producteur Mario Caldato, star américaine de la production (Beck, Beastie Boys), le chanteur sait exactement ce qu’il fait. Le but : continuer à écrire en français des textes qu’il caractérise d’introspectifs, tout en étant accompagné par ce qui se fait de mieux en termes de musique rock. Joseph d’Anvers ne quitte pas le domaine de l’intime pour autant. Si la mélodie nous distrait des paroles dans un premier temps et nous fait « bouger la tête de haut en bas », comme le souhaitait le chanteur, c’est pour mieux y revenir. « Pour moi, le rock, c’est avant tout ce que tu racontes. De Joy Division à Nirvana en passant par Noir Désir, ce sont les propos qui me touchent à la base ». Cet album, réalisé pendant un mois au Brésil avec des musiciens qui ne parlaient pas un mot de français, Joseph d’Anvers l’a voulu spontané, loin d’une théorie de la musique à la française et proche d’un groove à la brésilienne. Le songwriter à la française passe par le rock pour revenir aux mots et c’est peu dire, puisque prochainement vous pourrez le lire. Affaire à suivre aux éditions La Tengo.
À l’aéroport de Cincinnati quelqu’un m’a reconnu et m’a demandé : « Mais qu’est-ce que tu as fait depuis Le Grand Bleu ? », alors que ce qui m’intéresse c’est plutôt Godard, les cinéastes russes… Ce qui compte, c’est cette jeune femme qui est venue me voir pour me dire que mon film Too Much Flesh avait changé sa vie. L’important, c’est un film qui te traite comme un humain, provoque un questionnement : ma valeur est plus spirituelle que commerciale.
Pour certains acteurs, choisir un costume, c’est commencer à entrer dans un personnage. Est-ce votre cas ?
Dans ce job, il faut servir le metteur en scène et pour moi la meilleure manière de le faire est d’être transparent. Quel que soit le costume, cela ne change rien à cela : avec son faux nez dans The Hours, Nicole Kidman reste elle-même, il ne la rend pas transparente.
Et vos costumes à vous, ceux de tous les jours ? Je suis très Californien, je vais toujours vers le confort, ce qui me donne le plus de liberté. En Californie, en été je porte des shorts, toujours des choses confortables…
Dernier film
Parc d’Arnaud de Pallières
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Propos recueillis par Fabien Texier
Propos recueillis par Justine Gaurichon
Dernier album
Les Jours sauvages, Atmosphériques
JOHN&JEHN Duo post-punk français Le 18 février à La Laiterie
Ils se sont rencontrés en France, mais se sont révélés là-bas, à Londres, une ville dans laquelle ils habitent et se produisent depuis près de trois ans. De retour chez nous, ils apparaissent comme le couple musical du moment. Quand on l’interroge sur Jacques Brel, John est surpris dans un premier temps, puis très touché. La question ne présente rien d’innocent, c’est John lui-même qui insère La Fanette dans les sélections musicales qu’il soumet à l’internaute sur son blog. « Pour Jehn et pour moi, Brel est un grand… C’est paradoxal, une coïncidence un peu bizarre et Jacques Brel a été notre guide pour plein de choses : la scène, l’importance du texte et l’implication dans la musique. La manière dont il a suivi son rêve est très liée à ce qu’on essaye de faire dans notre propre vie, donc ça va plus loin que la musique par rapport à Jacques Brel. On a une sorte d’intimité avec ce bonhomme, c’est d’ailleurs quelqu’un qui fait passer l’intime dans ses chansons et qui avait une puissance scénique hors norme. Donc, c’est un modèle. » On pourrait être surpris d’un hommage aussi appuyé de la part d’un duo dont les compositions lorgnent plutôt du côté du post-punk, celui de The Fall – « Mark E. Smith, un de mes maîtres » – ou de Joy Division, mais rien de très étonnant
quand on sait leur affection pour des gens aussi différents que Tim Hardin ou Syd Barrett, pour une approche pop qui ne dit pas son nom. Les Anglais ne s’y trompent guère et leur reconnaissent un talent spontané. « En Angleterre, tout le monde connaît Mark E. Smith, Marc Bolan et bien d’autres. La meilleure critique qu’on ait eue disait que les Anglais reconnaissaient toute leur discographie dans un seul et même groupe en parlant de nous. Venant de la part d’Anglais, ça fait du bien ! » Depuis quelques mois, le succès les guette chez nous également ; il se dit même que leur ami tatoueur, Aurélien Valable, qui a réalisé la pochette, pourrait se voir commander les premiers tatouages à l’effigie de John & Jehn. Un signe ? « Tu rigoles, mais c’est déjà arrivé ! Quelqu’un s’est fait tatouer la pochette ! » Propos recueillis par Emmanuel Abela et Joanne Maul
Dernier album John & Jehn, Faculty M
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BERTRAND BELIN
BArBARA CARLOTTI
Le 7 février au Cheval Blanc à Schiltigheim
Le 7 février au Cheval Blanc à Schiltigheim
Auteur-compositeur-interprète
AUTEUR, COMPOSITRICE ET INTERPRÈTE
Figure singulière du paysage musical français, Bertrand Belin s’immisce dans l’intervalle des mots et nous livre sa perception très personnelle du monde.
DANS LE MARASME DE LA CHANSON D’EXPRESSION FRANçAISE ACTUELLE, BARBARA CARLOTTI SE DISTINGUE AVEC UNE SINCÉRITÉ PRESQUE SALUTAIRE.
Les chansons de Bertrand Belin se méritent ; on s’attache à une mélodie, un bel arrangement et puis finalement au texte. Les mots obscurs dans un premier temps, font sens rapidement, même si leur interprétation reste aléatoire ; ils donnent à la chanson une dimension physique, étonnamment charnelle dans un cadre folk qui s’émancipe de ses filiations anglo-saxonnes. Les véritables influences restent peu évidentes à identifier, Boris Vian peut-être, Serge Gainsbourg de manière éloignée, Dominique A ou Pierre Bondu plus proches de nous, tout cela à la fois et bien d’autres ou pas du tout. Cet artiste qu’on découvre en première partie de son amie Barbara Carlotti ne se dévoile guère – ça ne veut pas dire qu’il manifeste de la distance –, il soigne sa singularité tout simplement, avec une grande classe rock et une capacité de séduction comme on en rencontre peu. La sècheresse dans le ton, ce cynisme qui ne veut pas dire son nom, le distinguent et le rendent spontanément très attachant.
Même si sa culture musicale s’appuie sur de solides références pop, que ce soient les Zombies ou les Pretty Things, Barbara Carlotti s’affirme «chanteuse d’aujourd’hui». « Oui, j’ai le sentiment que ce que j’écris, je n’aurais pas pu l’écrire à une autre époque. » Cette jeune artiste corse est devenue, en deux albums, l’une des tenantes de cette pop française qui se débarrasse totalement de ses complexes vis-à-vis des artistes anglo-saxons, à l’image de Bertrand Burgalat ou Fugu. « Cette pop existe, même si j’ai le sentiment que ça n’est pas une préoccupation constante », nuance-t-elle avec modestie. Pour ceux qui l’apprécient sur disque, la fraîcheur qu’elle exprime sur scène présente un enthousiasme qui l’affranchit des questions de style. Les tableaux s’enchaînent, avec une mise en scène et des chorégraphies pleines d’entrain, pour un bonheur partagé en public. Entre gravité et insouciance, l’affirmation d’un idéal. « Mon idéal pop, je le vis en chansons, confirme-telle. Chanter, c’est une longue quête de liberté. »
Propos recueillis par Emmanuel Abela
Propos recueillis par Emmanuel Abela
Dernier album
Dernier album
La Perdue, Sterne / Sony BMG
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L’Idéal, 4AD
Ariel Wizman Chroniqueur télé, DJ, musicien et acteur Le 10 mars au Palais des Congrès
Avec un sens inné du contre-pied, Ariel Wizman mêle punk attitude et extrême rigueur du propos. Rencontre à l’occasion de sa présence à une soirée caritative, lors de la dernière fête de Pourim. On ne le soupçonne guère, mais Ariel Wizman a un passé alsacien. Quand sa famille a quitté le Maroc en 1962, elle s’est installée à Wittelsheim, dans le Haut-Rhin. « J’ai le souvenir d’un enfant qui venait des plages et d’une société pleine de joie et de soleil et qui arrivait dans un endroit très froid, très villageois, où les gens parlaient alsacien ou le français avec un accent allemand. C’était un certain traumatisme, mais c’était intéressant. Je pense que ça fait partie des contrastes qui font qu’on est armé pour la vie ! » Il a été de toutes les aventures, celle d’Actuel, de Radio Nova, on le découvre également en photo, très jeune, dans les archives des ouvrages consacrés aux jeunes gens modernes du début des années 80. Que reste-t-il de ses premières amours punk ? « Il en reste une attitude décomplexée, le sentiment qu’on peut tout se permettre et une certaine inconséquence qui convient assez bien à ce que je fais, et à mon époque. » À la télévision, à L’Édition Spéciale sur Canal+, chacune de ses interventions semble à la limite de l’irrévérence, et pourtant le personnage dégage une extrême courtoisie, une écoute comme on en rencontre peu. « Oui, je mêle une dose de je-m’en-foutisme à une certaine rigueur, ce qui me permet d’explorer des choses nouvelles, sans exprimer de complexes. » Très loin de l’idée généralement admise d’une forme de dandysme le concernant, il nous affirme ne pas soigner son image. Même si on n’est pas forcé de le croire complètement, il nous expose sa vision très personnelle de la relation qu’on peut entretenir au vêtement : « J’ai eu à un moment de ma vie cette passion-là, pas forcément glorieuse ni très intéressante, d’aimer être regardé, mais j’ai cherché à en faire quelque chose d’autre. C’était le moyen pour moi de fréquenter des milieux auxquels je ne pensais pas avoir accès et de me donner de l’assurance. Chaque matin, en mettant nos vêtements, on peut inventer quelqu’un d’autre et ça aussi c’est l’enseignement du punk. Le vêtement donne l’occasion de se trahir et de changer complètement ce qu’on est. C’est une forme de prière, on fabrique quelque chose. » Propos recueillis par Emmanuel Abela
L’Édition Spéciale, tous les jours ouvrés sur Canal+ à 12h20
Dernier single
Grand Popo Football Club, Les Filles EP, Pschent
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La part d intimit Par Emmanuel Abela // Photo Eric Antoine
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La formation strasbourgeoise Original Folks s’est constituée autour d’une poignée de chansons de Jacques Speyser. Entre folk intimiste et pop ’60s enjouée, le premier album du groupe, Common Use, est impressionnant de justesse. Un classique du genre. Ça fait près de quinze ans que nous recevons avec bonheur de ses nouvelles discographiques sous le nom de Stephen’s Library, Grand Hôtel ou au sein de formations telles que les Mollies, mais Jacques Speyser a tout de même pris l’habitude de se dérober un peu, ne livrant qu’avec parcimonie les esquisses que son immense talent l’amenait à finaliser de temps en temps. Le garçon est discret, il est sans doute très exigeant. L’aventure Original Folks débute ainsi, autour d’une poignée de compositions qui se voulaient récréatives, loin de toute finalité d’enregistrement, des chansons écrites à la maison et livrées dans des versions brutes sur le site du label strasbourgeois Herzfeld. « Je m’amusais chez moi, tout seul, sur du matériel informatique, mais comme j’ai senti de l’intérêt pour ces chansons, je me suis dit qu’il était possible de créer une formation pour leur donner de l’ampleur. » Les musiciens sont réunis – Franck Marxer à la guitare, Pierre Walter alias Spide à la guitare et au chant, Michael Labbé à la basse, Paul-Henri Rogier aux claviers, et Roméo Poirier à la batterie –, les concerts s’enchaînent, dont certains très marquants comme cette première partie de Go-Kart Mozart, le projet de Lawrence Hayward, ex-Felt, à Paris en 2007, mais l’enregistrement se fait attendre. « Une longue maturation qui nous a permis de le peaufiner », nous explique Jacques. Orchestrés avec minutie, les titres prennent une dimension mélodique et rythmique nouvelle. Il en résulte une poignée de folk-songs dont la mélancolie communicative est compensée par des envolées pop, à la manière des plus belles compositions des Beach Boys ou de Midlake. Quand on l’interroge sur ses sources d’inspiration, Jacques n’hésite pas à rappeler la relation qu’il entretient avec les chansons des autres – « L’impulsion me vient de ce que me disent les disques que j’écoute ; ce sont eux qui me poussent » –, un peu comme il aimerait qu’on établisse nous-mêmes une relation intime avec ses propres chansons. Nul doute qu’on s’attache durablement à ces formidables instants de vie musicaux, brefs et forcément familiers, comme seuls les grands artistes savent en faire émerger de temps en temps.
Dernier album : Common Use, Herzfeld www.myspace.com/originalfolks / www.hrzfld.com Tournée : 10 avril à 17h30 à la Fnac Mulhouse 11 avril à 15h à la Fnac Nancy 17 avril à 17h à la Fnac Strasbourg 21 avril à 20h à la Flèche d’Or à Paris, dans le cadre de la soirée Magic! 22 avril à 20h30 au Truskel à Paris 24 avril à 17h à la Fnac Belfort
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ARTS
L’œil de zut ! ...
par Sylvia Dubost
"Une sélection dans l'actualité des arts plastiques à Strasbourg, en quatre images"
Silences Un propos de Marin Karmitz Dieter Appelt, Georg Baselitz, Christian Boltanski, Alberto Giacometti, Robert Gober, Tadeusz Kantor, Chris Marker, Mario Merz, Annette Messager, Bruce Nauman et quelques autres encore… presque un who’s who de l’art des années 50 à nos jours, réuni ici par Marin Karmitz autour d’un point commun : l’introduction de la parole et de l’écrit dans l’espace a priori silencieux du tableau. Trois ans que le musée d’Art moderne avait lancé au producteur et réalisateur cette invitation à imaginer une exposition. Entre temps, il est devenu délégué général du Conseil de la création artistique lancé par Nicolas Sarkozy. Un poste plus que controversé qui risque fort de parasiter le propos de Silences… Timing is everything ! Du 18 avril au 23 août au musée d’Art moderne www.musees-strasbourg.org Visuel : Annette Messager, Ciineeemaa, 2001 - Photo: Marc Domage, © ADAGP, Paris 2009
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FABIEN VERSCHAERE EEat me Les gens n’ont vraiment plus de respect… Regardez Fabien Verschaere : sa galerie lui paye un coûteux service en verre, réalisé par les maîtres verriers de Meisenthal, et lui, il cochonne tout dès le premier soir, en mangeant son poulet avec les doigts et des cornes sur la tête. Le service, la vidéo de cette performance et une série de dessins composent le projet Eat Me, né de la rencontre a priori improbable entre l’univers punk et barbare de Fabien Verschaere et la tradition verrière des Vosges, entre la fragilité de la matière et une œuvre qui refuse toutes les règles. On y retrouve les figures fétiches de Verschaere, démons grimaçants et squelettes sardoniques questionnant avec malice nos peurs et nos limites. Aux Strasbourgeois la vidéo, les dessins et quelques multiples, aux Parisiens le beau service préalablement nettoyé et exposé à La Force de l’art 02 (du 24 avril au 1er juin au Grand Palais à Paris). On tentera de se consoler de cette perte avec le beau catalogue qui rassemble tout Eat Me… Du 17 avril au 7 mai, 12, rue du Faubourg de Pierre Co-réalisation Accélérateur de particules - CIAV www.accelerateurdeparticules.net - www.ciav-meisenthal.fr
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ARTS
Aneta Grzeszykowska & Jan Smaga Plan
L’espace privé devient public. Une évolution profonde et maintes fois analysée de notre société que reprend dans son travail photographique ce duo de jeunes artistes polonais. Restituant un espace en trois dimensions selon son plan réel, il donne à voir, dans une démarche voyeuriste, l’intimité de ses habitants. Leurs repas, leurs lectures, tous les recoins de l’appartement sont visibles ; le spectateur, lui, flottant au dessus de ceux qu’il observe, échappe au rapport frontal avec l’objet de sa curiosité. Il demeure invisible, coupable mais tout puissant. Du 15 mai au 21 juin à La Chambre, rue Sainte-Madeleine, en co-réalisation avec Apollonia 03 88 36 65 38 - www.chambreapart.org
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Maison de maître Klee + Kandinsky, Dessau, 1925, Walter Gropius architecte - photo H. Engels©
Les 90 ans du Bauhaus
Il ne subsiste plus aujourd’hui que 27 bâtiments conçus par les maîtres et élèves de l’Institut du Bauhaus, entre 1919 et 1933. 90 ans après la publication du manifeste par Walter Gropius, affirmant que la finalité de toute création plastique doit être la construction, et la création de l’école à Weimar, le photographe Hans Engels s’est donné pour mission de répertorier les bâtiments subsistants dans leur état actuel. Il a pisté ceux conçus par Gropius, Marcel Breuer et Mies Van der Rohe en Allemagne, à Prague, à Vienne, Barcelone ou Budapest, découvrant aux côtés des édifices bien connus d’autres dont on ignorait l’existence. On peut les voir sur les murs du CAUE ou pour de vrai, du 12 au 13 juin, au cours d’une petite escapade à Weimar et Dessau. Exposition jusqu’au 7 mai au CAUE du Bas-Rhin, 5, rue Hannong – 03 88 15 09 30 Inscription au voyage avant le 14 avril
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expos
Raymond Depardon
ATELIERS OUVERTS
Le zéro et l’infini
L’histoire est connue désormais : à 16 ans, Raymond Depardon quitte la ferme du Garet pour devenir photographe. Il voyage à travers le monde, photographie et filme des univers différents, ceux de nomades de la corne de l’Afrique ou de présidents en campagne, mais est toujours resté profondément attaché aux paysans et à leurs terres. Il leur a consacré trois films, Profils paysans (I et II) et La Vie moderne, sorti il y a quelques mois. L’exposition La terre des paysans rassemble cinquante années d’images et d’une approche sensible. (S.D.)
Rencontrer les artistes sur leur lieu de travail pour mieux comprendre leur démarche et dédramatiser l’art contemporain, c’est l’idée des Ateliers ouverts, qui attendent cette année encore 25.000 visiteurs dans 150 ateliers à travers toute la region. 300 artistes seront à pied d’œuvre pour les accueillir et les éclairer, et un petit livre rose sera à nouveau édité cette année pour leur permettre de se repérer. Si l’on débute, un “repaire d’artistes” où ces derniers se regroupent semble un choix pertinent. À Strasbourg, il en existe de fameux : le bastion 14, La Malterie, La Semencerie ou l’atelier Mes Anges… On recommande! (S.D.)
Ens Infinitum, une exposition exigeante sur les écrits franciscains qui promet de belles découvertes aux plus curieux. Essentiellement constituée de documents écrits, incunables, manuscrits, éditions rares, voire rarissimes, lettres, documents de travail et affiches, l’exposition au titre ésotérique s’adresse à un public sinon proche de la recherche du moins avide de savoir. Quelques tableaux dont certains sortent pour la toute première fois de leur collection particulière, des calices et un ingénieux reliquaire caché (fabriqué pendant la révolution à l’usage des prêtres réfractaires) en constituent les pièces les plus spectaculaires avec un diaporama qui montre notamment l’ancien et imposant couvent des Franciscains qui se situait sur la place Kléber. Document le plus accessible, une lettre en français de Léon Tolstoï à Paul Sabatier pasteur et spécialiste des Franciscains, où l’auteur de Guerre et Paix s’inquiète, dans la foulée de la guerre Russo-Japonaise de l’ascension des puissances Orientales. On conseillera vivement aux amateurs d’histoire, de philosophie ou de théologie de contacter la BNU pour assister à une visite guidée, où l’exposition permet de s’initier controverses capitales auxquels ont pris part les figures franciscaines majeures. (F.T.)
Jusqu’au 23 mai à la Fnac Strasbourg www.fnac.fr
Visuel : Paul Argaud, ferme de Laval, Freycenet Saint Jeures, Haute Loire © Raymond Depardon-Magnum Photos
Les 16, 17 23 et 24 mai à Strasbourg et dans toute l’Alsace - www.ateliersouverts.net
Enquête de frissons En même temps que le roman policier, se sont développées les techniques des enquêteurs dont les progrès devaient mener à la fondation d’une véritable police scientifique. Histoire d’oublier un peu les séries à filtre et montage musical sur fond de meurtres sadiques qui font la fortune du petit écran, retour aux fondamentaux. Cette exposition compare les énigmes résolues par les Sherlock Holmes, Rouletabille et autres Miss Marple, à des pièces authentiques (documents, objets, images) ayant participé à l’élucidation des affaires Landru, Bonnot, Mata-Hari ou manipulées par Vidocq et ses successeurs. À suivre pendant l’exposition, une série de conférences où l’on verra même un vrai légiste accompagné de membres de la police et de la gendarmerie. (F.T.) Du 07 avril au 30 mai à la Médiathèque Malraux Presqu’île Malraux - 03 88 45 10 10 - www.mediatheques-cus.fr
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À la BNU, jusqu’au 30 avril - 03 88 25 28 00 www.bnu.fr
Visuel : La Montée à l’Alverne, Maurice Denis, 1915, coll. particulière
scènes & sons
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STRASBOURG STORE, 114 GRAND’RUE, T 03 88 23 51 66 zut ! 64by nitiba sarl operated
TENDANCES
MODE // DÉCO // BEAUTÉ //ACCESSOIRES... 65 zut !
MODE
Martin Margiela… Par Myriam Commot-Delon // Photos Alexis Delon / Preview
Mais qui est ce couturier atypique qui nous taille des vestes renversantes sans jamais retourner la sienne (ni se retourner lui-même) ? Notre mission pour ce printemps : 1 page et 3 photos pour définir Martin Margiela. Un A à ZUT s’impose ! A (Affranchi) : Dès la création de sa maison en 1988, il s’offre un luxe sans prix : sa liberté artistique, qui fait de cette maison de couture un laboratoire de mode atypique. B (Blanc) : Effet Tipp-Ex avec une peinture blanche unifiant les boutiques, tous les objets, les blouses du personnel. C (Coupe) : Parce que fendre une manche, enlever une jambe à un pantalon, découper des chaussettes de l’armée pour construire un pull, déchirer en lambeaux une robe en mousseline, fendre les chaussures, n’enlève rien à la coupe structurelle du vêtement de base mais casse les codes établis en les recomposant. D (Déconstruction) : L’exercice préféré où la pratique du palimpseste est un jeu de destructions-reconstructions successives du vêtement. E (Expérimentations) : Cette saison, par exemple, c’est construire une robe religieusement en assemblant à des chaînes en acier des peignes en écaille vintage, élaborer un boléro avec des masques en latex ou créer une « fourrure » sur une veste en cuir avec des attaches d’étiquettes en plastiques. F (fabrication artisanale) : Créée en 1997, la ligne 0 est une intellectualisation de la haute couture qui produit des pièces de luxe dans des matériaux de récupération. G (gaultier) : Martin Margiela fut son assistant pendant 3 ans à ses débuts. H (Hermès) : 6 ans de collaboration et d’épure confirmant un art magistral de la coupe. I (Incognito) : Jamais photographié, ni interviewé, sans devanture pour ses boutiques, sans nom sur ses étiquettes… J (Japon) : Singularité de la chaussure japonaise tabi séparant le gros orteil des autres doigts de pieds et déclinée depuis les débuts en escarpins, bottes, etc. K (Kaléidoscope) : Parce qu’un vêtement, un accessoire, offre d’infinies combinaisons. L (Lignes) : Indexées par des numéros (1 pour la femme, 4 pour une « garde-robe » féminine, 10 & 14 pour l’homme, MM6 pour une version femme plus sportswear, 11 les accessoires, 22 les chaussures, etc.) Et Replica, la ligne qui prend comme modèle une pièce vintage refaite au plus près de l’original. M (Minimalisme) : Une mode ascétique flirtant avec le monde artistique. N (Nom) : S’effaçant au service de son équipe et d’une maison de couture, il est soutenu financièrement par le groupe Diesel depuis 2002, mais sans perdre son identité.
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O (Ombre et Lumière) : Les défilés happenings dans le métro, des trains, des terrains vagues… P (Proportions) : Des carrures ultra-étriquées aux épaules surdimensionnées. Q (Quatre fils extérieurs) : Que l’on peut couper pour enlever l’étiquette et laisser la part belle au vêtement. R (Recycler) : Cela fait toujours partie des exigences du début : utiliser des matériaux de récupération sans valeur initiale. S (Stockman) : En 1997, il adapte un mannequin de tailleur Stockman en veste et nous bluffe avec son art du détournement. T (Tailoring) : Un travail de la coupe indiscutable (cf. le costume gris p.68). U (Univers) : Fantasmagorique et fantomatique. V (Valeurs) : Déclinaison chaque année du Aids t-shirt créé en 1993-94 et versement d’un pourcentage des ventes à l’association Aides France. W (Work in progress) : La mode est un terrain de jeu, où le fini est indéfini (les coutures apparentes, les coupes à cru…). X (Xxxl) : L’oversize travaillé jusqu’à ses limites. Y (Yeux) : Expérimentation du « juste pour voir » et du « trompe l’œil ». Z (Zorro) : Le mythe du couturier masqué, des modèles aux yeux ou visages cachés…
Une carte blanche a été offerte à la Maison Martin Margiela par la Cité de l’architecture & du patrimoine de Paris et le magazine Elle déco. La suite redécorée est l’ancien appartement de Jacques Carlu, architecte du Palais de Chaillot dans les années 30 : ils ont simulé l'après d'une fête et arrêté le temps à ce moment-là... La visite de la suite est visible jusqu’à la fin du mois d’octobre 2009. www.maisonmartinmargiela.com www.citechaillot.fr
Maison Martin Margiela disponible chez : K.collections - Cour Waldner Stephan - 5 rue des Marchands 68000 Colmar - 03 89 23 07 06
Veste emmanchures chauve-souris, sur une robe T-shirt oversize en coton, escarpins, Maison Martin Margiela chez K.collections
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Costume gris en fil Ă fil, escarpins Ă talons compensĂŠs, Maison Martin Margiela chez K.collections
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Modèle : Elena Saskina / Angels Models Mise en beauté : Sabine Reinling Coiffure : Olivier H / Customkératine Post-prod : Camille Vogeleisen / Preview
Veste à col amovible, fentes poches, sur un top sans manches à encolure froncée, et un slim en coton stretch, escarpins, Maison Martin Margiela chez K.collections
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Chronique // PAPER BLOG
Par Myriam Commot-Delon // Photo Alexis Delon / Preview
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SUR LE FIL
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1 / ABC3D de Marion Bataille chez Albin Michel, Librairie Quai des Brumes,120, Grand’Rue, Strasbourg. 2 / Bottines en cuir grillagé. Yves Saint Laurent, www.ysl.com. 3 / Wire Chair. Charles et Ray Eames. www.vitra.com. 4 / Casque audio. Bose, 30, Grand’Rue, Strasbourg, www.bosefrance.fr. 5 / Lamp06 par Nathalie Dewez pour Ligne Roset, 8, quai Kellermann, Strasbourg, www.ligneroset.fr 6 +13 +14 / Conserve d’élastiques colorés, boîte en métal et épingle à nourrice géante en acier laqué, Mémé en Autriche, 10, rue Sainte Madeleine, www.memeenautriche.com
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7 / Carafe Ivre. tsé-tsé à la galerie Fou du Roi, 4, rue du Faisan, Strasbourg, www.fouduroi.org 8 / Mobilier. Pablo Reinoso, www.pabloreinoso.com 9 / luminaires en dentelle, Kicki Moller, www.kickimoller.com 10 / Pochette CD alvéole imprimée de Studio Lo, www.studiolodesign.fr à la galerie Fou du Roi. 12 / Janfamily, Plans For Other Days chez Booth-Clibborn Editions, www.janfamily.com 15 / Cubes imbriqués, œuvre de François Morellet 16 / Prenninger Kuche, 2002, Fritz Panzer, www. galeriekrobath.at 17 / Sculptures en grillage. Benedetta Mori Ubaldini, www.benedetta.info 18 / Bureau : Table à tapisser, www.leroymerlin.fr
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PASSAGE EN REVUE
Réfrigérant cocktail vitaminé des catalogues et campagnes publicitaires du Printemps-Été 2009
Par Myriam Commot-Delon // Photo Catherine Remmy / Preview // Post-prod Camille Vogeleisen / Preview Pringle of Scotland, Petit Bateau, Sandro, Boss, Missoni, Dolce & Gabbana
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Margiela, Paul Smith, Pierre Paulin / Ligne Roset, Piazza Sempione, Comptoir des Cotonniers, Séssun, Bally, Boss, Prada, Max Mara
G.Star Raw, Marithé & François Girbaud, Gunex, Aquascutum, Dsquared2, Yohji Yamamoto, Lonchamps, The Kooples
www.girbaud.com
Strasbourg • 22 rue de la Mésange • tél : 03 88 23 08 08
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ACCESSOIRES
Par Myriam Commot-Delon // Photo Catherine Remmy / Preview // Post-prod Camille Vogeleisen / Preview
Une bestiale envie de cuir, de peau et de naturel…
1 - Sandales à talon compensé en bois, Chloé chez Ultima // 2 - Spartiates en daim beige, No Name chez Mona // 3 - Sandales en cuir surpiqué, Quelques shoes de plus chez Mona // 4 - Escarpins à plateau en cuir bicolore, Prada chez Ultima // 5 - Bottines, Ash chez Ultima bis // 6 - Tongs, Diesel chez Ultima bis
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RALPH LAUREN • CALVIN KLEIN • MULBERRY
29 rue du Dôme à Strasbourg 03 88 32 01 52
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Photos Alexis Delon / Preview Réalisation Myriam Commot-Delon Modèle Elena Saskina / Angels Coiffure Olivier H / Customkératine Make-up Sabine Reinling Boutiques L’Altra, K.collections, Ultima, Ipsae
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Djellaba // Robe chemise, col officier en soie noire. Maison Martin Margiela chez K.collections
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Pictural // Manteau d’été en soie à double boutonnage et martingale. Missoni chez L’Altra
Solaire // Robe en lin Ă col bĂŠnitier. Piazza Sempione chez K.collections
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Pétillant // Bikini à boutons brandebourg, Eres chez L’Altra
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Nude // Gilet en coton et soie, poches doublĂŠes en toile parachute argent. Roberto Collina chez Ipsae
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Baby doll // Courte veste ĂŠcossaise sur un short en denim brut, Dior. Ceinture et sac en cuir vernis vert gazon, Prada. Sandales Ă plateau en cuir vernis beige, YSL. Le tout chez Ultima
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Cocktail // Robe à double col volanté, dos bénitier, Dior. Sandales à plateau en cuir vernis surpiqué, Miu-Miu. Le tout chez Ultima
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Seventies // Robe kimono en crĂŞpe de chine imprimĂŠ cravate, Miu-Miu chez Ultima
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Sable // Trench en lin ceinturé sur un pantacourt évasé, Piazza Sempione chez K.collections
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zut ! 86 Menthe // Maillot de bain drapÊ, Eres chez L’Altra
Série photo réalisée chez Grumbach immobilier 1, quai Sturm 67000 Strasbourg – 03 88 39 52 10 www.grumbach-immobilier.com
87 zut ! Rosée // Robe bustier plissé soleil, A.F. Vandervorst chez K.collections
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Dimitri : Costume rayé, veste 3 boutons, Dsquared2, chemise à pois, poignets mousquetaires contrastés, P’S Paul Smith, foulard en soie Les Ateliers Ruby, le tout chez Algorithme
L’écart & la
Photos W* Dima Réalisation Myriam Commot-Delon Assistant photo David Frering Modèles Dimitri, Martin Coiffure Xavier / Avila Make-up Sabine Reinling Boutiques Algorithme, Galeries Lafayette Homme
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Dimitri : Costume et chemise noire à col blanc en popeline, Montana, aux Galeries Lafayette Homme
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Dimitri & Martin : Costume gris, doublure imprimée, Christian Lacroix, deux chemises superposées en popeline de coton glacé, Alain Gossuin, le tout chez Algorithme
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Martin : Veste à écusson et cravate en soie brochée, Dormeuil, jean brut, Sandro Homme, chemise Galeries Lafayette, le tout aux Galeries Lafayette Homme
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Martin : Costume rayé, veste 3 boutons, Dsquared2, chemise à pois, poignets mousquetaires contrastés, P’S Paul Smith, foulard en soie, Les Ateliers Ruby, le tout chez Algorithme
DEMOISELLES Photos Christophe Urbain // Réalisation Myriam Commot-Delon
Robe blanche boutonnée, Christian Dior chez Ultima. Coiffure Alexandre Lesmes / Avila Maquillage Amine Zgarou / Avila
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Manteau et robe en tweed chiné, L’Il Pour L’Autre chez L’Altra. Coiffure et maquillage Miss Esther / Avila
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MODE
Photos WBDima // Propos recueillis par Caroline Lévy
Esther 22 ans, étudiante
Lilia 23 ans, étudiante
STYLE ? Je suis plutôt sophistiquée, j’aime la mode et tout ce qui va avec, c’est pour ça que j’ai choisi de l’étudier ! Me définir niveau style ? Je dirais plutôt une romantique chic… Aujourd’hui j’ai presque un total look Sandro : veste smoking, robe et foulard. Mon sac est un Chloé et mes boots The Kooples.
STYLE ? Mon style s’inspire beaucoup des 80’s ! Je suis plutôt street
SORTIES ? Pour un apéro ou pour boire un verre en soirée je vais
plutôt à L’Épicerie, au Café des Anges ou aux Aviateurs. Sinon j’aime manger au Petit Tonnelier. MUSIQUE ? 7 baboker de Yaël Naïm (se dit chéva baboker en hé-
breu !) FAUTE DE GOÛT ? Un legging blanc épais immonde… Bah oui,
H&M aussi peut se tromper !
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et je n’aime pas trop faire « madame » ! Aujourd’hui, je porte une veste en jean Levi’s, une jupe et un sac American Apparel. Mon t-shirt et mes baskets viennent d’H&M. SORTIES ? En soirée, je vais au Living room ou au Rafiot. Pour un
café en journée, le Snack Mich’, mythique ! Et pour l’apéro, direction les quais, chez Vino Strada. MUSIQUE ? Night drive d’Anoraak. Un son bien kitch, assorti à mon look 80’s ! FAUTE DE GOÛT ? Un t-shirt que j’adorais avec une inscription tel-
lement nulle…
MARTIAL 21 ans, étudiant et DJ
STYLE ? Pour m’habiller je m’inspire pas mal du hip hop tout en essayant de garder un côté smart, avec une veste de costume par exemple ! Généralement je prends toujours une taille au-dessus, parce que j’aime être vraiment à l’aise. Je porte une veste H&M, un hoodie C&A, un jean Jules et des baskets Adidas.
Etienne 32 ans, kiné Audrey 24 ans, aide-soignante
STYLE ? (E) Je porte un pantalon M&F Girbaud des années 80 emprunté à mon père ainsi qu’une Flight jacket d’origine ! La lavalière est une Lanvin chinée. (A) Pour ne pas déroger à nos habitudes, mon chemisier et mon jean sont des fripes. Pour le reste, ma veste est une Zara, mes bottes sont des M&F Girbaud et ma ceinture une Bensimon.
SORTIES ? Je vais très souvent au Zanzibar
pour sa diversité de musiques alternatives. Pour les concerts, La Laiterie et le Molodoï sont mes lieux de prédilection. J’aime aussi la Plazoleta pour l’apéro. MUSIQUE ? Repentance Ep de Marko Fürs-
tenberg, une musique fusion un peu comme mon style ! FAUTE DE GOÛT ? Abuser des chaussettes
blanches. Je le fais toujours et j’assume !
SORTIES ? (E&A) On aime passer des soi-
rées au Molodoï. Pour boire un verre, on alterne entre le Trolleybus et Jeannette et les Cycleux. Sinon, pour manger un bout, la Pescara et sa pizza Carpaccio aux copeaux de parmesan, une tuerie ! MUSIQUE ? (E) Sexy Sadie des Beatles
(mais a longtemps hésité avec Poker Face de Lady Gaga !) (A) Chercher le garçon de Taxi Girl.
Pierre 39 ans, mélomaniaque
STYLE ? Je suis assez vintage dans le style (surtout fin 60’s, début 70’s). Je marche vraiment au feeling en mode, je suis un instinctif. Le look de rêve pour moi serait le costume 3 pièces à la British ! Aujourd’hui, mon polo est une fripe, je porte un jean Ecko et des baskets Hardkn. SORTIES ? Je n’ai pas de spots particuliers,
en fait je vais là où je me sens bien ! Il y a Zorba le grec pour bien manger, sinon je suis souvent dans le coin de la Krutenau (que j’appelle Krut’lyn Boogie !) et je vais au Chat perché, Diable bleu ou Marché bar. MUSIQUE ? The better Half de Funk inc. FAUTE DE GOÛT ? C’était il y a 25 ans, y’a
prescription, non ?
FAUTE DE GOÛT ? (E) Un merveilleux im-
per long et une coupe de cheveux façon catogan qui allait avec ! (A) Le total look hippie avec une tenue rose en tie and dye, une agression !
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Chronique // Au bon parfum
Par Sylvia Dubost // Photo Christophe Urbain
VERTIGE OLFACTIF
Les lois du marketing sont implacables. Il y a quelques mois, j’ai déterré au fond du rayon Lancôme d’un grand magasin quelques flacons de Climat. Ce parfum sorti en 1967, altier et d’une verdeur comme on n’en fait plus, avait pourtant disparu avant de réintégrer en 2005 la collection exclusive. À voir leur allure, ces flacons étaient bien plus vieux, poussiéreux et un peu gras, mais visiblement intacts. L’un d’entre eux a fait le bonheur d’une perfumista strasbourgeoise, alertée par mes soins, les autres ont finalement été retirés et remplacés par trois rangées de la nouvelle formule de Magie noire, qui a bien failli m’arracher des larmes de dépit. Le cas Climat (et Magie noire) est exemplaire. Un peu passés de mode, ces jus pourtant merveilleux finissent soit reformulés à en être méconnaissables pour coller au goût du jour, soit en points de vente sélectionnés et donc inaccessibles au grand public, soit finissent tout court et sont retirés de la vente. Climat était sans doute trop « vert » pour l’époque, et le parfum vert est un grand oublié… Pas le « vert » qui sent bon la feuille, l’herbe légère et humide, non le vrai vert, celui auquel le galbanum (ou férule gommeuse) donne ce départ un peu strident, très daté 70’s, et une évolution un peu âcre et amère. Alors où sont désormais les vrais verts ? J’ai tenté de les pister, dans l’une des parfumeries d’une grande chaîne. Certes, on peut toujours compter sur les incontournables n°19 (1971) et Cristalle (1974) chez Chanel, si l’on pense à regarder en bas du rayon. Estée Lauder aussi en avait créé deux, il me semble, les très « working girls » Alliage (1972) et Beautiful (1985). Renseignements pris ils existent toujours, mais apparemment pas ici… J’ai en revanche retrouvé avec beaucoup d’émotion quelques flacons du beau, boisé, presque masculin et oublié Fidji (Laroche, 1966). Et essuyé quelques sueurs froides en cherchant des yeux le vert des verts, certes reformulé mais toujours le plus vert, le parfum de Colette, l’indispensable et mythique Vent vert (Balmain, 1945).
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Il avait été déplacé de la lettre B à la toute fin de rayonnage, en compagnie d’Ivoire (Balmain aussi, 1979), un autre beau vert, propre et racé. Étrange. J’y ai vu un signe : qu’y a-t-il après la fin de l’étagère ? J’aurais bien pris un flacon de chaque pour les sauver de l’oubli. Et puis je me suis souvenue qu’il me restait un peu de n°19 au fond d’un tiroir. Même moi je l’avais oublié. Je ne le porte jamais. À dire vrai, le vert ne me va pas du tout…
A sentir aussi : Quelques beaux parfums verts, moins typés Yerba Maté, Lorenzo Villoresi, un vert limpide et fusant Anaïs anaïs, Cacharel, une discrète note verte mêlée aux fleurs blanches Bluebell, Penhaligon’s, un soliflore jacinthe piquant Eau de lierre et L’Ombre dans l’eau, Diptyque, jardins très impressionnistes Eau de campagne, Sisley, l’odeur presque naturaliste de la feuille de tomates Série 1 – Leaves, Comme des garçons (Calamus, Lily, Mint, Tea et Shiso)
STRASBOURG • 13, rue de la Mésange - 03 88 32 87 95 • 25, rue des Serruriers - 03 88 23 04 91 • C. C. Place des Halles - 03 88 22 50 18
100 Grand'rue - 03 88 32 32 66 • 40, rue du Jeu des Enfants - 03 88 22 79 79 • SCHILTIGHEIM • 140, route de Bischwiller - 03 88 33 44 55 www.yannick-kraemer.com
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BEAUTÉ
Hair cult Par Caroline Lévy // Photos Christophe Urbain
C’est un concept à part en France dont Strasbourg a la primeur : Avila, la seule plateforme de services pour coiffeurs indépendants , a invest un appartement du centre ville il y a bientôt 5 ans. On y coiffe, maquille, mixe, expose et milite pour le développement durable. Un salon hors du temps résolument dans l’air du temps. Rencontre.
Alexandre Lesmes est le coiffeur-fondateur du concept Avila. Cet amoureux d’esthétisme d’origine colombienne transmet sa passion et la générosité qu’il a en lui dans son salon. Lorsqu’on arrive au pied de l’immeuble on comprend vite : une plaque indique qu’il faut se rendre au segundo piso ; le ton est donné ! En montant, on commence presque à réviser ses vieux restes d’espagnol au cas où… « por favor, es possible de couper los cheveux con el hombre ?» L’espace est beau et réfléchi. Rien n’est laissé au hasard. Dans l’entrée, on est immédiatement déconcerté par une fresque spectaculaire graphée sur le mur, qu’il change régulièrement au gré de ses coups de cœur artistiques. Les gens vont et viennent ; chacun a le droit à une bise, à un café et à la petite attention personnalisée qui va bien. L’atmosphère est particulièrement détendue, la musique qui passe y est pour beaucoup. On est fan des coups de fil qu’il ponctue de ses « ¿Olá qué tal ? », « à toute» et autres « tschüß ». On n’a pas quitté la rue des Grandes Arcades et pourtant on a l’impression de voyager ! Cet esprit cosmopolite, Alex se l’est forgé à travers ses formations à Paris, Londres, Madrid et bien sûr Strasbourg. Ses inspirations. Strasbourg, il y est attaché et c’est parce qu’il croit en la richesse de cette ville qu’il a décidé en 2004 d’ouvrir les portes d’un salon de coiffure d’un tout nouveau genre, laissant la place à la création indépendante. « Toutes les forces vives s’en vont dans les capitales, on assiste à une vraie fuite des cerveaux artistiques et créatifs. On dit toujours qu’il ne se passe pas grand-chose à Strasbourg : pour cela qu’il faut y rester ! », se plaint-il. Et pourtant, la coiffure, ce n’était pas un rêve d’enfant, même s’il se souvient avoir adoré observer les dames que coiffait sa mère, celle qui a joué un rôle décisif dans sa non-vocation (Avila étant son nom de jeune fille) ! Le concept même d’Avila est clair et équitable : permettre à des coiffeurs indépendants de profiter d’un lieu optimisé en développant leur propre clientèle, tout en facilitant leur relation. L’équipe se compose de 8 coiffeurs-coloristes (dont 2 permanents et 2 parisiens) et une personne dédiée au relooking. Chacun a son fauteuil, son créneau, sa clientèle et son style. Tous portent en eux leur histoire, leur identité et leur technique ; et c’est en cela qu’Avila marque sa différence (voir carte blanche aux coiffeurs p.?). Cette différence palpable dès qu’on franchit le seuil du salon l’est aussi par son engagement éthique : certains des produits utilisés sont bio et 100% naturels, le futur mobilier sera issu du commerce équitable et les produits en vente sont respectueux de l’environnement. Plus qu’un salon de coiffure, Avila est un espace de vie et d’envie où il fait bon respirer…
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STRUCTURé
L avant made in Avila Pour vous illustrer Avila, nous avons laissé carte blanche à Alex, Esther et Xavier 3 coiffeurs, 3 styles et 3 avant-après ! Démo
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Structuré (page de gauche) // Coiffure Xavier Thammavongsa // Make-up Amine Zgarou // Catherine porte une robe Sonia Rykiel, Galeries Lafayette Vaporeux // Coiffure et make-up Miss Esther // Cléo porte un top Polo Jeans, Galeries Lafayette
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BEAUTÉ
« Pour qu’il se passe des choses à Strasbourg, il faut y rester ! »
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Avila 69 rue des Grandes Arcades Strasbourg - 03 88 23 05 43 www.myspace.com/avilacoiffure Urbain // Coiffure Alexandre Lesmes // Didier porte un t-shirt et une veste Sixpack, Rezoh
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DÉCO
PLAYTIME
Pour inaugurer notre tour de piste d’intérieurs Strasbourgeois, lever de rideau sur un appartement convivial et informel : celui de Régis Vogel, designer, de sa femme Elisabeth, professeur d’arts appliqués, de Clémentine… Et du bébé à venir. Reportage et texte Myriam Commot-Delon // Photos Alexis Delon / Preview
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Leur Home Sweet Home, niché en haut d’un bel immeuble d’après guerre non loin de la cathédrale, est un appartement lumineux où le bois blond et la couleur craie dominent. Fluide, le volume a été entièrement remodelé par Régis Vogel, allégé, lui offrant des portes coulissantes et des ouvertures vitrées qui apportent un souffle contemporain et s’équilibrent harmonieusement avec les éléments architecturaux d’époque.Les clés de la réussite ? 100 % design, c’est la recette gagnante de cet appartement où les ingrédients de base sont des pièces emblématiques des années 50 accompagnés de créations de jeunes designers et saupoudré d’un peu de vintage.
Spatial
Une large méridienne en feutre de laine de Paola Lenti (1) côtoie une Lounge chair vintage des Eames (2) : l’amoncellement de cous-
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sins et de stickers feuillus (Robert le Héros) s’échappant sur le mur, crée un contraste très gai avec la tonalité masculine des assises. La table basse (dessinée par Régis Vogel) est le meuble préféré de Clémentine qui s’y installe très souvent pour dessiner.
COLLAGES
Accrochée au mur, une attelle en contreplaqué de bouleau des Eames (3) conçue pour les soldats blessés pendant la Seconde Guerre mondiale forme un jeu de palier avec une composition graphique construite autour d’une collection de chaises miniatures (Vitra) et d’une guirlande de cocons lumineux (Céline Wright) Siège éléphant (Eames/Vitra). Meubles puzzle suspendus (4) en bouleau et tôle laqué (Fou du Roi), ponctués par les délicats plâtres anatomiques d’Elisabeth.
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« ...UNE VERSION CONTEMPORAINE DU FAUTEUIL CLUB ANGLAIS.» CHARLES EAMES
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Puzzle
Dans la chambre de Clémentine, jeu de boîtes détournées en dressing à chaussures (5) et porte-manteaux en tôle laquée Farfale (Fou du Roi).
Décalages
La cuisine (6) prend des airs new-yorkais avec un mur de briques qui offre sa palette orangée à un meuble bibliothèque (Eames/ Vitra) détourné en buffet de cuisine. Le plafond s’amuse d’un astre lumineux pour éclairer le guéridon Prouvé entouré de chaises tulipe à galettes orange (Knoll), et de tabourets à trois pieds empilables (Alvar Alto). Le plan de travail en Corian est chapeauté d’un linéaire de placards à portes coulissantes en verre sablé dessiné par le propriétaire des lieux. Réfrigérateur américain (Smeg).
Farceurs
(7) L’humour est au rendez-vous avec la Lampe Éthilique (tsé-tsé) qui éclaire le placard à verres. (8) Et le toast festif avec lequel les invités sont annoncés grâce au son cristallin de la sonnette (Droog design).
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Chlorophylle
Le lien avec l’extérieur est donné avec une mise en scène très végétale sur le mur du couloir (9) : une forêt de petits cadres en pin cheminent vers un aplat de peinture mate vert prairie où se côtoient un mètre de menuisiers, un vide-poches épuré (Damien Lacourt), une chaise minimaliste en bois blond (Jasper Morison) et un paillasson vert gazon (éno)
Les créations Fou du Roi sont disponibles à la galerie de mobilier design de Régis Vogel & Édith Wildy, ainsi que leur bureau d’architecture intérieure.
Fou du Roi 4, rue du Faisan 67000 Strasbourg 03 88 24 09 09
www.fouduroi.org l www.enostudio.net l www.tse-tse.com l www.droog.com l www.vitra.com
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Clin d’œil
Nirvana C’est l’association de bienfaiteurs la plus fusionnelle du printemps : Kiehl’s rejoint Shu Uemura rue des orfèvres dans une seule et même boutique ! Et c’est chez nous que débute ce mariage pilote orchestré par L’Oréal. L’arrivée de Kiehl’s dans la capitale alsacienne mérite une ovation. Miracle ! Les produits pharmaceutiques cultes des new-yorkaises s’offrent enfin à nous ! Nous allons vite devenir addict de la légendaire huile Original Musk Oil qui a fait les beaux jours de la beat-generation (Un philtre d’amour élaboré dans les années 20 par un prince russe, ami des Kiehl’s et redécouvert par hasard dans les caves de la pharmacie de la 3e avenue en 1958), adopter le Liquid Body Cleanser Aloe Vera, produit 100% biodégradable (dont les bénéfices iront à la fondation d’Angelina Jolie et Brad Pitt pour soutenir financièrement des projets écologiques et sociaux), et découvrir les nombreux autres It-Kiehl’s !
Shu Uemura, marque Zen et high-tech, jouissant déjà de nombreux adeptes à Strasbourg et réputée pour son art du démaquillage (Son best-seller est la mythique Cleansing Oil qui à le pouvoir de purifier la peau et l’âme !) est une référence en maquillage professionnel. Ici aussi nous évoluons dans un univers lié à la pharmacopée, asiatique cette fois grâce à Monsieur Shu Uemura qui fût un personnage haut en couleurs ! Dès les années 60, il s’imposa comme le make-up artist des plus grandes stars américaines, puis l’un des premiers à lancer le concept des collections saisonnières dans l’univers de la beauté. Les références vont d’un immense choix de teintes d’ombres à paupières à de spectaculaires faux cils. L’éclat de mille fards sur une peau nickel… Par deux orfèvres en la matière. (M.C.D.) Kiehl’s & Shu Uemura -19, rue des Orfèvres www.kiehls.fr // www.shuuemura.com
Côté chic, le retour au vrai… Pour les amoureuses de matières et de pièces intemporelles, Côté Chic est la nouvelle boutique à découvrir de toute urgence. Dans cet espace exclusivement dédié à la femme, on retrouve trois marques phares, Calvin Klein, Ralph Lauren et sa ligne Blue Label et en exclusivité à Strasbourg, Mulberry, pour ses célébrissimes sacs british, à l’élégance et aux lignes incomparables. Polos, blasers, pulls flashy à grosses mailles, la modeuse en quête de valeurs sûres ne saura plus où donner de la tête. C’est chic et on aime. (C.L.) Côté Chic 29, rue du Dôme à Strasbourg - 03 88 32 01 52
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Quel est le lien entre Tartine Reverdy, notre enchanteuse alsacienne, et le couturier Yohji Yamamoto ? Les lunettes Anne et Valentin ! Séduisante, la griffe de lunettes toulousaines, loin des standards formatés, est, dans l’univers de l’optique, un créateur singulier qui élabore des modèles ludiques et colorés. Fantaisie et qualité à l’unisson, le studio de création s’offre les meilleurs techniciens : les montures en acétate de cellulose sont conçues avec brio dans le Jura et les modèles en métal ciselé avec finesse dans la région de Fukui au Japon ! Une originalité qui n’a pas échappé à l’œil aiguisé des opticiens de + Belle la vue. (M.C.D.) + Belle la vue 12, rue du Faubourg de Saverne - 03 88 32 38 28 57, rue du Fossé des Tanneurs - 03 88 32 52 51 10, rue Sainte-Madeleine - 03 88 24 51 14
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photo Alexandre Gautier
L’épure rock
G-Star sous«Control»
Libr’hair
C’est une histoire d’ange qui se tranforme en élixir : celle d’un ange déchu, symbole éminemment Rock & Roll, cher à Zadig & Voltaire. La Pureté marque, comme un premier opus, la naissance de cet ange. Le parfum est son patchou’lait nourricier, l’énergie qui lui insuffle ses premiers battements d’ailes ! L’immaculée pureté s’illustre par son flacon et son jus, composé dans le même esprit : Patchouli, musc et accords lactés. Enivrant. (C.L.)
Qui a dit qu’altruisme, rock et denim étaient incompatibles ? Lors de la présentation de sa collection printemps été 2009, la griffe de jeans néerlandaise G-Star Raw à conclut un partenariat avec la Campagne du Millénaire. Des Nations Unies pour sensibiliser à la pauvreté dans le monde et s’est offert un coup de patte arty-rock avec la collaboration du photographe réalisateur Anton Corbijn et des acteurs de son film Control (un biopic en noir & blanc sur Ian Curtis le chanteur du groupe Joy Division). Un détour par son site s’impose pour découvrir la campagne et les vidéos de Corbijn et son engagement philanthropique. (M.C.D.)
Marre de lire Voici et Gala en attendant votre tour chez le coiffeur ! Allez plutôt voir du côté de chez Libr’hair, nouveau concept de salon qui mêle littérature et coiffure. Dénicher un roman, une BD, un magazine pointu sur des étagères bien remplies. Commencer sa lecture tout en se faisant coiffer. Finir son livre chez soi en contrepartie d’un livre déposé et le ramener la prochaine fois, voici la nouvelle idée d’Hervé. Se cultiver tout en se faisant bichonner ! D’ailleurs, il souhaite même que son lieu devienne une véritable plateforme littéraire avec, pourquoi pas, des dédicaces d’auteurs, des rencontres et pleins d’autres nouveautés… (S.B.)
TOME I La Pureté Parfum en vente chez Zadig & Voltaire 13, rue de la Mésange – 03 88 32 63 52 www.zadig-et-voltaire.com
G-Star Raw - 114, Grand’Rue 03 88 23 51 66 - www.g-star.com www.endpoverty2015.org
Salon de coiffure LIBR’HAIR 6, rue des Dentelles à Strasourg 03 88 16 25 92
Galeries Lafayette, le magasin 5 étoiles AAAAA Qui n’a jamais rêvé de se promener dans les allées d’un grand magasin les mains libres ? Désormais, c’est possible aux Galeries Lafayette, grâce à son nouveau service de conciergerie : le Welcome Desk. Sur le même principe qu’un grand hôtel, une équipe d’hôtesses propose à l’entrée, consigne, vestiaire et réservation de taxi. Ce service de luxe est gratuit ; il s’adresse avant tout à la clientèle strasbourgeoise, mais aussi aux touristes : le Welcome Desk est en mesure d’orienter dans la ville, d’informer sur l’actualité culturelle et de recommander des activités et restaurants avec lesquels un partenariat a été mis en place (une petite attention leur est réservée sur présentation d’une carte privilège). Pour les modeuses les plus indécises, profitez également des conseils d’une experte en mode et beauté. Un personal shopper est à votre disposition pour un shopping personnalisé et propose des formules de relooking adaptées à chaque profil. Plus luxe et plus chic : vous aurez encore plus envie d’aller aux galeries ! (C.L.) Welcome desk et Personal Shopper, Galeries Lafayette 34, rue du 22 Novembre 03 88 16 57 12- www.galerieslafayette.com
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photo Alexandre Gautier
MODULAIRE
Silver Spirit
Allegro
Présentée à Milan en 2008 la bulthaup b2 est la cuisine de campagne : pas celle qui va avec le coin du feu et les vertes prairies, non, celle mobile et adaptable à tous les espaces qui se fait l’alliée des nomades, célibataires et autres familles recomposées. Avec sa base de matériaux inox, chêne, noyer et grès gris, elle se concentre sur le nécessaire et remise les tiroirs à la cuisine de grand-mère. En un point de travail et deux armoires où l’on embrasse du regard vaisselle, ustensiles et aliments dans l’une et tous les appareils dans l’autre, la b2 a tout dit, mais elle peut aussi évoluer avec de nouveaux modules. À découvrir fin mai chez Bulthaup. (F.T.)
Avant d’atterrir rue Saint Honoré, Yazid Faradji alias Yaz, a fait des détours depuis son Algérie natale. C’est à Bali où il fait reproduire un bijou perdu par un artisan local qu’il découvre sa vocation. Avec ses ateliers balinais qui accueillent des artisans pour qui le bijou possède une force spirituelle, il allie une fabrication fait main à un design moderne, lance une ligne petite maroquinerie et délocalise le luxe dans des boutiques comme Algorithme La Loggia à Strasbourg. (F.T.)
Plus qu’une boutique, Lign’ est un salon de chaussures (comme on pourrait parler d’un salon de musique) avec son ambiance cosy et son mobilier XVIIIème. Son maestro Patrick Ferhati, y propose une gamme composée par de hautes marques, souvent italiennes (Nouchka et Padovan) mais joue aussi sa propre partition avec une ligne de chaussures interprétée par de petits artisans créateurs cisalpins. (F.T.)
3, rue de l’Épine - 03 88 23 61 61 http://algorithmelaloggia.monsite.wanadoo.fr www.yaz.fr
6a, quai Kellermann - 03 88 37 59 72 www.bulthaup.com
Beauté à l’anglaise Je vais vous passer un savon si vous n’êtes pas encore devenus Lush’addict depuis l’ouverture de l’enseigne de cosmétiques anglais dans notre capitale alsacienne ! Des savonnettes aux noms d’oiseaux me direz-vous, c’est la porte ouverte vers une pente glissante… Entre le pavé exfoliant nommé « sm », le shampoing « retour dans le droit chemin », le talc « À poil mais en paillettes » et des centaines de références aux noms et formes délirants, vous ne saurez plus où donner de la tête dans cette épicerie de beauté qui n’utilise que des ingrédients naturels, non testés sur les animaux et réduit les emballages en vous coupant au poids une bonne tranche de pain moussant ! Des soins du corps qui ressembleraient à des cupcakes… Les gourmands vont perdre la tête chez Lush ! (M.C.D.) 8, rue des Hallebardes - 03 88 16 58 33 www.lush.fr
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14, rue du Dôme - 03 88 75 78 96
Humide Gardenia C’est sans aucun doute la nouveauté la plus enthousiasmante de cet été 2009. Après le ratage des Orientalistes, Isabelle Doyen, le nez de Goutal, renoue avec l’esprit de la maison : un fleuri impressionniste, magnifiquement travaillé et tout en légèreté. Un matin après l’orage est un parterre de gardénia encore mouillé par la pluie, où les feuilles et les tiges se réveillent en même temps que les fleurs. Doucement, très doucement, l’air se réchauffe, la rosée laisse place à la douce chaleur du soir, où l’on sent, de loin, l’odeur suave des fleurs blanches. Si Monet avait peint des gardénias plutôt que des nymphéas, l’Orangerie sentirait Un matin d’orage. (S.D.) Disponible chez Annick Goutal, 12, rue des Hallebardes - 03 88 22 54 67 www.annickgoutal.com
LIGN’ CHAUSSEUR HOMME & FEMME L’IMAGINATION À VOS PIEDS...
14 RUE DU DÔME / STRASBOURG 03 88 75 78 96
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DÉTOURS
GASTRONOMIE // LIEUX // SORTIES // com’...
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COMMUNICATION
AMICALEMENT pa rF ab ien x Te ier // p ho tos Al ex is De lon /P re vie w
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Voituriez & Obringer dit V.O, est une petite agence de pub avec de grands comptes. Après avoir évoqué les trajectoires parallèles du duo de direction avec Benjamin et Stéphane, nous découvrirons l’esprit de leur PME et leur appliquerons notre règle de 3.
Dans une grande pièce lumineuse, le studio, 5 têtes autour des 3040 ans : Thomas Lafont, graphiste, Régine Vincenti, D.A., Adrien Moerlen, le chanteur du groupe strasbourgeois Crocodiles, l’air un peu déplacé en D.A. derrière son Mac. Benjamin Voituriez, l’un des deux patrons, affairé au téléphone, ne m’évoque pas, en revanche, l’un des olibrius jouant habituellement avec Adrien, dont il est pourtant sur scène le guitariste. C’est l’autre boss, Stéphane Obringer, qui me mène dans la petite salle de réunion où nous attend la version noire de la table Ikea qui trône dans ma cuisine. Le temps d’évoquer l’industrie zutienne et voilà Benjamin Voituriez qui nous rejoint. Tous deux prennent place pour l’interview, derrière eux un tirage XXL d’une photo d’Éric Antoine pour les Crocodiles. En 2000, « le jour de la fête du travail », se souviennent-ils, ils créaient V.O, après avoir quitté un des poids lourds de l’époque, Euro-RSCG.
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Fils de pub / Shoegazer Vers 14-15 ans, Benjamin Voituriez qui se lançait dans la noisypop indie et dessinait en amateur, n’aurait guère pu imaginer cela. Après le bac, interdit de Beaux-Arts, il atterrit dans un IUT de commerce ; « c’était pas mon truc » dit-il. Finalement c’est à Sup’ de Création à Roubaix qu’il découvre le boulot de DA. Pour Stéphane Obringer, en revanche, c’est beaucoup plus clair. « Génération Mitterrand », « demain j’enlève le bas » (Avenir), les campagnes Kookaï, l’abattage d’un Séguéla, le mirage des 80’s, le fascinent. Quand il sera grand, il sera concepteur-rédacteur. Mais par où passer ? Un BTS de communication lui donne en 1992 l’occasion d’un stage avec Éric Sembach, un de ces magiciens qu’il admire. Après une première mise en pratique au SIRPA (la langue de la Grande Muette), de 1994 à 2000 il travaille chez Euro-RSCG
et collabore à d’importantes campagnes. « Là où je me suis le plus éclaté, c’était pour la campagne présidentielle au CongoBrazzaville ; nous avions été sur place pour prendre le pouls de la population. Le président avait validé notre travail mais, un mois avant les élections, la guerre civile a éclaté. » (Le conflit de 1997 : Pascal Lissouba renversé par Sassou Nguesso, ndlr). De 1994 à 1998, Benjamin Voituriez est basé à La Réunion où il travaille pour un groupe américain pour lequel il réalise des films publicitaires, du packaging destiné aux pays de la région (Comores, Afrique du Sud…). Il rencontre alors Jean Murat, « le D.A. qui m’a appris à bosser », et ramené à Strasbourg pour travailler chez Adidas. Il entre ensuite à Euro-RSCG.Pour lui, l’agence est surtout le lieu de sa rencontre avec Stéphane Obringer. Celui-ci est plus disert : « Il y avait un véritable esprit d’équipe, on continue à voir les gens de l’époque qui sont de notre génération. Il y a eu des campagnes télévisées pour le tourisme (CRT) en Alsace, le contact avec des pros parisiens, un expert comme Jérôme Doncieux. » Revers de la médaille, le contact avec ces pontes de la com’ est distant et une « bulle » entoure les salariés qui sont rarement au contact des clients. Chez V.O, ils laisseront les D.A. gérer leur dossier, quitte à les soutenir parfois « en fantôme ».
« le président avait validé notre travail mais, un mois avant les élections, la guerre civile a éclaté. »
La règle de 3 Films
• There Will Be Blood de Paul Thomas Anderson • La Vie aquatique de Wes Anderson • Zoolander (et oui !) de Ben Stiller
Albums :
• Q : Are We Not Men ? A : We Are Devo ! de Devo • The Bizarre Ride de The Pharcyde • Dear Science de TV on the Radio
La petite entreprise Au tournant de la trentaine, tous deux décident de tenter l’aventure par eux-mêmes. Pas sous la forme d’un tandem de freelances, mais d’une SARL, V.O : un « team créatif » avec un D.A. et, originalité dans une petite agence, un concepteur-rédacteur. Stéphane Obringer ne craint pas le pléonasme pour définir leur spécificité : « une offre de création créative ». Partis sans leur portefeuille de clients, ils ont dès le début « la chance » de travailler pour Électricité de Strasbourg, un budget important qui leur permet de « tourner », un client bientôt suivi par l’INET (Institut National des Études Territoriales) et Kronenbourg. Trois comptes « historiques » qui leur sont restés fidèles jusqu’ici. Historiques mais pas envahissants, V.O refusant de se mettre à la merci de seulement un ou deux budgets.
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COMMUNICATION « On refuse certains appels d’offre qui nous demanderaient d’être huit ou neuf, ce qui signifierait embaucher juste pour ce genre de demande, risquer de négliger des clients plus petits. Nous préférons grandir à notre rythme, ce qui nous permet d’assurer la pérennité des emplois et de rester indépendants », assure le duo. En précisant immédiatement que cela ne les empêche pas de travailler pour le Crédit Mutuel, Nexity ou De Dietrich – « ce que nos clients recherchent, c’est une idée, une exigence » – avec un chiffre d’affaires d’environ 600 000 euros en 2008. Il y a aussi ce qui échappe à leur domaine de compétence comme le Web, qu’ils ne souhaitent pas intégrer, mais permet de susciter des collaborations avec des agences spécialisées comme Advisa ou Tetaklic. On ne reconnaît guère de « patte » V.O. À rebours d’une agence façon Poste 4, leurs campagnes ne sont porteuses que de l’identité de leurs clients (une quarantaine). « Eux sont plus des graphistes, nous sommes des publicitaires », revendiquent-ils. Dans leur optique, il s’agit de créer des « territoires » propres aux clients, chacun porteurs d’une histoire, d’une culture, voire d’une charte graphique chez les « gros comptes ». « On touche beaucoup de publics différents ; ce qui définit notre esprit, plutôt qu’un style, c’est la fraîcheur et l’exigence dans nos créas. »
QUELQUES CAMPAGNES :
ÉS (ÉLECTRICITÉ DE STRASBOURG) C’est une campagne presse type, ici en direction des jeunes. Nous reprenons le motif obligatoire de leur charte : l’accent vert. L’image de l’ÉS est très pro, rigoureuse, nous passons sur un territoire plus jeune avec un visuel un peu décalé qui évoque l’idée de rénovation ou de création. Le slogan est une déclinaison de la campagne « L’accent sur… ». Le tout réalisé en 48h ! On a l’impression que, depuis 2000, tout le monde travaille de plus en plus dans l’urgence, les délais raccourcissent.
Burstner Le n°1 du camping car en France, un cœur de cible dans les 50-60 ans et de plus en plus de jeunes. Leur com’ était réalisée par leur agence allemande, très basique, peu adaptée à la culture française. Il fallait simplifier leur message avec une accroche courte, un positionnement haut de gamme, un code couleur, le design mis en avant et aussi un jeu sur les thématiques sport et performances.
ETS (Entretiens Territoriaux de Strasbourg) Un congrès sur la fonction publique territoriale organisé par l’INET. Il fallait jouer sur l’idée d’interaction entre les collectivités et proposer visuellement un truc plus marrant, plus graphique que ce dont ils avaient l’habitude. Le motif a été décliné de A à Z dans le congrès : magazine, kakemonos, serviettes de table, jusqu’au sol. À cette occasion, on en a profité pour refaire leur logo, puisqu’ils n’avaient quasiment aucun matériel. On avait fait bouger les choses depuis 2005, mais là, en 2007, c’était une vraie rupture.
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V.O 1, rue Schimper - 67000 Strasbourg - 03 88 61 82 40 www.agencevo.com
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HISTOIRE
PROCHAIN ARRET, LANGSTROSS GRAND RUE Par Ilona Garnier // photos DR
À partir des témoignages des plus anciens qui habitent le quartier, la Petite France et la Grand’Rue revivent les grandes heures du passé. Grâce à la plume d’Elsa Nagel, on découvre l’histoire d’une époque, au cœur de la ville, racontée par ceux qui y vivent.
La Grand’Rue bombardée le 11 août 1944.
La Grand’Rue au début du XXe siècle
(Collection archives municipales de Strasbourg)
lorsque circulaient les hippomobiles et que l’on tirait des chars à bras. (Collection archives municipales de Strasbourg)
Elsa Nagel est diplômée de Lettres Modernes. En passionnée de cinéma, elle a publié sa thèse sur Orson Welles et s’adonne depuis quelques années à l’écriture de biographies familiales. En 2007, année du centenaire de l’école Saint-Thomas, que fréquente sa fille, elle a l’idée de commencer un livre sur ce bâtiment historique où l’on frappait la monnaie royale. Après avoir interrogé les grandsparents des écoliers qui la renseignent non seulement sur l’école mais aussi sur le quartier, elle décide de rédiger un livre, dans lequel elle mêle documents historiques et témoignages, et d’élargir son projet à la Petite France et à la Grand’Rue. Son objectif est simple :
approcher l’Histoire au plus près dans un livre accessible à tous, tout en rendant leur jeunesse aux citadins. Le pari est tenu avec brio ; l’auteur a su faire preuve d’humanité et du ton juste pour restituer la vie de ce qui fut le poumon économique de la ville et d’un axe commerçant majeur.
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Sur le pont tournant du Faisan. (Collection D. Bittinger)
La boulangerie Bapst dans les années 30. Eugène Bapst et son épouse avec un apprenti et un ouvrier, ainsi que le chien Baddie, fidèle compagnon de René Bapst. Aux fenêtres, le fondateur de la boulangerie, et sa femme. (Collection A. Bapst) « Nous avons été la troisième génération de boulangers. En effet, le père de mon époux [René Bapst, ndlr], Eugène, était également boulanger et il alimentait son four avec du bois livré en charrette tirée par des chevaux. » Alice Bapst
Trois questions à Elsa Nagel Quel message voudriez-vous profondément faire passer à travers ce livre ? Je voudrais vraiment que la jeune génération lise ce livre, qu’elle voit désormais ce quartier sous un autre jour.
Elsa Nagel, Petite France et Grand’Rue. Mémoires d’un quartier de Strasbourg
Vous êtes amatrice de livres et de films. Quels sont ceux que vous préférez ? Le plus beau livre pour moi est définitivement Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulghakov. Au cinéma, je ne me lasse pas de Certains l’aiment chaud de Billy Wilder.
Éditions Alan Sutton. Le 16 mai, rendez vous à la librairie Kléber à 11 h, pour une promenade guidée, puis retour à la librairie pour une séance de dédicaces
Quel rêve professionnel vous reste-t-il à réaliser ? L’écriture d’un roman, d’une belle histoire, une histoire qui puisse toucher tout le monde.
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GOURMANDISES
Le monde exquis
de Jean-Claude Ziegler Par Leila Martin // Photos Alexandre gautier
Tout le monde ne connaît pas Jean-Claude Ziegler. Discret, bosseur, rigoureux, ce gars-là fait pourtant partie de la crème des artisans du sucré ! Cerise sur le gâteau, il semble ne rien en savoir ou du moins préfère-t-il se concentrer sur ce qui lui importe le plus : le plaisir de ses clients…
Voilà un pâtissier qui se moque bien d’être “tendance”, de faire mieux que les autres ou de défrayer la chronique. « De toute façon, mieux vaut ne pas trop en faire ou trop en dire, sinon on vous attend au tournant », s’explique-t-il avec le pragmatisme qui le caractérise. Jean-Claude Ziegler ne cherche pas à faire des étincelles, c’est le moins qu’on puisse dire. Son credo : l’excellence dans la régularité. Et la régularité, rien n’est plus difficile ni exigeant. Alors, il ne promet rien, il s’applique, c’est tout. Vrai bourreau de travail, “piquousé” à l’huile de coude – son épouse Christelle s’étonne encore des quantités phénoménales de boulot qu’il est capable d’abattre –, le pâtissier mène sa quête insatiable de perfection, dans le secret de son laboratoire. Et sans doute estce en « pâtissant » ainsi, avec une application extrême, tatillonne
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presque, que Jean-Claude est devenu ce pâtissier émérite, passé maître dans l’art d’émerveiller les papilles. Quand il égraine son parcours, l’infatigable quadragénaire vante une fois encore les vertus du labeur et tait celles du talent : son entrée à 14 ans chez Richon, un des meilleurs pâtissiers de Colmar, pour un apprentissage de 3 ans, l’envie d’en savoir et d’en faire toujours plus. Puis quelques années dans une petite boulangerie-pâtisserie à Ingersheim où il se voit confier au bout de 6 mois à peine la gestion totale de la pâtisserie pour deux magasins – il n’a même pas 18 ans ! Enfin à Strasbourg, deux expériences en tant que chef pâtissier. Une ascension progressive, maîtrisée, qui finit par le mener sur la grande avenue de la Forêt-Noire à Strasbourg. C’est là, en 1996, qu’il ouvre sa boutique et se met enfin à jouer ses propres partitions, des classiques bien sûr pour les amateurs de millefeuilles, religieuses et autres desserts intemporels, mais aussi et surtout des créations originales et subtiles où il exprime toute son inventivité. Car Jean-Claude Ziegler a beau être modeste, Il n’est pas seulement un technicien hors pair qui maîtrise à la perfection tous les fondamentaux de sa discipline. Il est aussi et, c’est là qu’il se distingue, un créatif insatiable, à la recherche éternelle du beau et du bon. Il n’a d’ailleurs pas attendu que l’art de jongler avec les saveurs et les textures devienne un phénomène de mode pour oser des associations inédites ! Il y a quelques années, avant même la transe médiatique autour de Pierre Hermé et de ses fabuleux macarons, le pâtissier se lançait déjà dans des compositions pour le moins aventureuses : macaron chocolat et ganache épicée au poivron rouge, macaron tomate-basilic ou encore aux arômes de vin chaud. Aujourd’hui, il marie harmonieusement la noisette, la truffe blanche et les sels noirs de Hawaï, la fraise et la tomate sur une crème à l’huile d’olive ou encore la framboise et l’Ylang Ylang
dans une mousse citron posée sur une génoise coco et thé vert Matcha. Mais d’où lui vient donc le talent rare d’imaginer de telles harmonies gustatives ? « Mon approche est indéniablement le fruit de mon expérience chez Antoine Westermann où j’ai passé les cinq plus belles années de ma vie, dévoile-t-il (modestement encore, expliquant au passage qu’il a atterri là complètement par hasard). J’ai découvert au Buerehiesel un univers captivant, le raffinement, les produits de qualité et surtout l’art de marier les saveurs. Une gymnastique d’esprit que j’ai fini à la longue par maîtriser et par adopter. » Jean-Claude fait en effet parler son intuition à la manière d’un cuisinier qui s’inspire des étals du marché, des saisons et de ses expériences gustatives pour enrichir sa palette aromatique. Et voilà sans doute pourquoi la pâtisserie de celui qui se décrit volontiers comme « un marchand de bonheur » touche au sublime. Un soupçon de fantaisie culinaire mêlé à une bonne dose de rigueur pâtissière, du bon, du très bon Ziegler !
« Un créatif insatiable, à la recherche du beau et du bon.»
jean-Claude Ziegler 23, avenue de la Forêt-Noire 03 88 61 45 95
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GOURMANDISES
oenosphere un monde à parT un mondevinicole vinicole à part
Par Leila Martin // Photos Alexandre Gautier
Par Leila Martin // Photos : Alexandre Gautier
Benoît Hecker s’est ménagé une bulle à part, une sphère œnologique bien à lui, loin des standards de la consommation et du commerce vinicole. À côté d’une petite sélection de vins prestigieux et grands crus, ce sont DES vins méconnus, cépages originaux et cuvées insolites qui tiennent ici le haut du pavé. Rencontre avec un caviste résolument pas comme LES autres !
Benoît Hecker n’a pas 30 ans et déjà un univers et des idées bien campées. Son petit magasin lui ressemble, pas franchement design, pas du tout tape-à-l’œil. Notre jeune caviste, c’est sûr, ne donne pas plus dans le conformisme qu’il ne mise sur les apparences. Tout pareil pour ses bouteilles dont les contenus l’interpellent bien audelà des étiquettes : « On peut avoir de grands plaisirs avec des
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petits vins mais aussi de grandes déceptions avec de grands vins », estime-t-il. Aussi, pas question pour lui de se limiter aux Bordeaux, Bourgogne et autres classiques ! Benoît Hecker veut proposer tous les styles de vins, pour chaque moment de dégustation et à des prix accessibles. En défricheur éclairé, il n’hésite pas à sortir des sentiers battus et à explorer le monde de la vigne dans ses moindres recoins. Il lit la presse, court les salons, rencontre les vignerons et essaie de déguster un maximum. C’est ainsi qu’il dégote de véritables perles, des vins d’exception, méconnus mais avant tout précieux, qui ne demandent qu’à être dépolis, c’est-à-dire goûtés et compris. Parmi eux, quelques crus improbables même, que le caviste réunit dans sa corbeille à OVNI. Comprenez Objets Vinicoles Non Identifiés ! Benoît Hecker serait-il un peu allumé ? Enfiévré dans sa quête jubilatoire d’élixirs rares très certainement, décalé probablement, alternatif en tout cas. Il ne faut donc pas forcément s’attendre à retrouver ses repères chez Œnosphère ou à y être caressé dans le sens du poil. Benoît Hecker aime justement emmener ses clients en terre inconnue, partager avec eux le fruit de ses dernières trouvailles et les initier à des plaisirs inédits. En ce moment, ses coups de cœur vont surtout du côté des vins bio et naturels, dont il apprécie la forte personnalité et la grande typicité. Des vins pas forcément faciles à appréhender, qui bousculent les papilles avant de les enchanter, mais qui finissent immanquablement par vous enivrer ! De bonheur bien sûr, la modération étant de mise…
Un parcours atypique
Sorti en 2000 d’un BTS Hôtellerie, Benoît
Hecker est employé en 2001 dans un petit hôtel de charme en Angleterre tenu par Mrs Smith, une dame passionnée de vins qui lui transmet le virus et le charge très vite de la cave. De retour en France, il occupe un poste de sommelier au Rayol Canadel en 2002 puis entreprend une licence de commerce spécialité vitivinicole en 2003 à l’Université du Vin de Suze la Drôme. Une année remplie de visites chez les plus grands comme les plus petits viticulteurs. En 2004, il entre en stage chez un négociant de Châteauneuf-du-Pape, Ogier, où là aussi visites de cave et dégustations se succèdent. En 2005, il se voit proposer la gestion de la Cave Géraldine à Carry le Rouet. Son employeur Renaud Rosari, qui fait également du conseil en viticulture et œnologie, l’emmène sur les domaines et lui offre l’opportunité de se familiariser avec toutes les étapes du travail de la vigne et de la vinification. De retour à Strasbourg, il se lance dans l’aventure Œnosphère en 2007. Une boutique et des vins d’exception, mais aussi des événements œnologiques et gastronomiques, des dégustations thématiques et des cours d’œnologie. 3, quai Finkwiller, 67000 Strasbourg 03 88 36 10 87 www.oenosphere.com
Ses coups de cœur du moment La boutonnière : Vin de table produit dans le Forez, issu de Gamay et de cépages hybrides. Travaillé avec très peu d’intervention en vinification, un vin aux notes fumées, cerise, légèrement terreux, avec une bouche ronde, souple et gouleyante. Un vin franc et digeste à marier avec une gastronomie simple, volaille rôtie, viandes blanches, rognons..…
Jurassique :
Saumur du Domaine du Pas Saint Martin, issu de Chenin Blanc, travaillé en fût non neuf. Un vin qui possède une belle robe dorée, au nez avenant, aux arômes de pomme au four, de pêche au sirop, une note légèrement toastée. La bouche est ronde, enveloppante, sur un équilibre de fraîcheur, avec une très bonne longueur. À marier avec des coquilles Saint-Jacques, de la lotte, voire une volaille à la crème.
Champagne le Nombre d’or :
2002 Maison Aubry, issu des 7 cépages champenois (Arbanne, Fromenteau, Petit Meslier, Enfumé, Pinot noir, Pinot Meunier, Chardonnay). Un champagne complexe, vineux, aux notes de fruits secs, amande, abricot, finement brioché, assez ample en bouche avec une bulle délicate. Un champagne de repas, sur des ris de veau à la crème par exemple.
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ARTISANS
> MA PETITE ENTREPRISE William H / l’hyper pointu Par Caroline Levy // photo Christophe Urbain Il répare, fabrique et façonne pour que nos pieds soient bien chaussés. William H est un artisan au caractère bien trempé. Rencontre avec un maître-chausseur, comme on N’en rencontre plus à Strasbourg. On est près de la place Broglie et on pousse la porte du cordonnier le plus connu du centre ville. En entrant, une clochette signale notre présence, une voix forte venant d’en bas nous ordonne « Bougez pas, ch’ui à vous dans une minute ! », on obéit sagement en regardant l’exposition des chaussures du label qui porte son nom ! Ses premiers pas, William H les a fait enfant auprès d’un maître bottier pour l’Opéra de Paris dans le quartier de la République, réputé pour le cuir et la fourrure. Mais ce n’est qu’en 1979 qu’il décide de quitter la capitale pour l’Alsace, en amenant avec lui son savoir-faire et son accent « parigot » pour monter son affaire. Depuis, il a implanté une dizaine de magasins dans la région, spécialisés dans la réparation. Et pourtant, c’est la fabrication qui le passionne, celle qui constitue le cœur du métier de cordonnier. Ce qu’il aime dans la création, c’est « faire plaisir aux gens tout en se faisant plaisir ». Les modèles sont faits sur-mesure, le cuir est impeccable, la ligne est belle pour un prix mini. Pour une paire de chaussures, il faut compter environ 150 euros, de quoi faire grincer des dents les distributeurs ! Ce prix ultra compétitif, William H arrive à le proposer grâce à une gestion du travail et des stocks irréprochables. Un produit chic, sur-mesure et accessible : ça y est, on a enfin trouvé chaussure à nos pieds. William H 9, rue de l’Église – 03 88 75 16 01 17, rue du Fossé des Tanneurs – 03 88 32 14 68
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Europe Loisir / À y perdre la boule
Par Charles Combanaire // photo Christophe Urbain
route du Polygone se trouve UNE boutique d’un autre temps où les boules ont remplacé les arcs. Sacrifiée sur l’autel des promoteurs immobiliers, elle y vit ses dernières heures et livre ses dernières histoires.
Cette archerie cache bien son jeu. Quelques arcs posés sur une étagère pourraient nous induire en erreur, mais ce sont les boules de pétanque (il y en a plus de 500 références) qui occupent à 80 % l’activité de Daniel Gauthier. L’homme est affable et en connaît un rayon sur le sujet : les différents poids, les matériaux, les dimensions. Ses clients viennent de Belfort, Metz et Karlsruhe chez ce spécialiste dont la boutique aura connu tous les changements de l’axe neudorfois principal. Mais l’atelier vit ici ses dernières heures : l’agence immobilière propriétaire des lieux demande à notre artisan de partir afin de démolir cette maison centenaire. Qui nous racontera l’histoire du cordonnier rencontré trente ans auparavant lors de son installation ? Le vieil homme allait partir en retraite, il avait commencé avant guerre. Il n’y avait à l’époque que quelques maisons en lisière du Neudorf, un champ descendait jusqu’au canal. On y voyait des vaches, et, sur les berges, une guinguette. Je sors, me dirige vers Rivétoile en sifflotant le petit jardin de Dutronc… « De grâce, de grâce, monsieur le Promoteur, De grâce, de grâce, Préservez cette grâce… » Europe Loisir 15, route du Polygone - 03 88 34 14 67
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GOURMANDISES ZUT !
photo Alexandre Gautier
Bouillon de culture Au tournant des XIXe et XXe siècles, les jeunes artistes se voyaient invités à la Kunschthafe, la marmite aux arts, une table tenue par le producteur de foie gras Auguste Michel d’où devait naître, entre autres, le musée Alsacien. Voilà la formule ressuscitée par Arnaud Weber de la galerie Espace Insight à travers une association présidée par Robert Walter, directeur du centre culturel franco-allemand de Karlsruhe. Renseignements auprès d’Arnaud Weber. (F.T.) 10, rue Thomann arnaudweber@kunschthafe.org
Une terrasse de chevaliers
Opening night… & day
Nous sommes quelques-uns à avoir établi notre QG aux Trois Chevaliers. Le cadre d’inspiration baroque avec ses murs à nu, l’accueil très cordial, la garantie d’un excellent repas à des prix raisonnables sont autant d’arguments qui font qu’on s’y rend régulièrement, quitte à y jouer les prosélytes avec les collègues de travail, les amis et la famille. Il ne manquait qu’une terrasse pour les beaux jours. Ce manque est comblé avec l’inauguration d’un espace de restauration aménagé d’une quinzaine de places pour une vue très appréciable sur les quais, la Place du Corbeau et le Musée Historique. (E.A.)
Autrefois dénommé bar de l’Impro, le Café du théâtre a pris le nom que tout le monde lui donnait déjà, et en profite pour faire peau neuve. On assiste à une véritable renaissance du lieu, avec une décoration repensée, la découverte de la carte d’été et une nouvelle équipe qui propose une restauration tous les jours à midi et en soirée (sauf le dimanche), avec une fermeture fixée à 23h en dehors de l’été. La formule Avant-Scène à 8€50 les soirs de représentation permet de le rapprocher de son public, celui du TNS. (F.T.) 1, avenue de la Marseillaise - 03 88 24 88 61
Les Trois Chevaliers 3, quai des Bateliers – 03 88 36 15 18
Conseil gourmand Parrainé par l’Auberge de l’Ill et la Maison Trimbach Antoine Mantzer propose des services gourmands sur mesure dans toutes les régions de terroir avec Les Secrets d‘Épicure. Du petit guide dressé à votre attention au séjour organisé, de l’escapade d’un jour à l’« Odyssée épicurienne », pour jeune couple d’étudiants ou les entreprises, Les Secrets d’Épicure déniche et organise, parcours gastronomiques et œnologiques, lieux de séjours, piqueniques prévus spécialement pour chacun, accessible à partir de simples formulaires en ligne. (F.T.) www.secrets-epicure.com 03 88 45 10 10
Saveurs sans frontières Les Saveurs de Mme Hoa évolue avec l’arrivée d’un nouvel associé Achour Al Machouri qui vient de quitter le bar de l’Impro. Le restaurant s’appelle désormais El Barrio et fait voisiner le Vietnam avec l’Italie, l’Espagne… et affiche une politique de petits prix. (F.T.) 14, place du Marché Gayot - 03 88 36 82 90
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19 rue Austerlitz 67000 STRASBOURG 03 88 36 92 60 malt.houblon@wanadoo.fr
s s r r i i s s i i o l o l o l o l F F BRASSERIE
STRASBOURG
GI FT reviews Livres, BD, CD, DVD, les suggestions cadeaux de la rédaction
António Lobo Antunes Né en 1942 à Lisbonne, António Lobo Antunes est une figure majeure de la littérature portugaise. Dans le quatrième tome de ses Chroniques, le romancier se remémore inlassablement et non sans une certaine nostalgie, son enfance dans le Portugal de Salazar. Il évoque aussi avec finesse les femmes aimées, la vieillesse ou les amis disparus (dont son éditeur français Christian Bourgois). Tout en nous entrainant dans ses songeries à partir de “petits riens”, Lobo Antunes raconte également ses débuts dans l’écriture et les années qu’il passa comme médecin militaire en Angola pendant la guerre coloniale entre 1971 et 1973. Une expérience douloureuse qui lui inspira trois grands romans Mémoire d’éléphant, Le Cul de Judas et Connaissance de l’Enfer. (P.S.) Livre de Chroniques IV, Christian Bourgois
Be Happy
Arielle Dombasle
Il est assez amusant de constater qu’à sa sortie Be Happy de Mike Leigh a pu être perçu comme un pur moment de bonheur, censé nous offrir des portes de sortie en pleine crise. Si on y regarde de plus près, Sally Hawkins / Poppy a beau tenter de prendre les choses du bon côté, elle est seule et en proie à la violence du quotidien – un enfant battu, un moniteur d’auto-école raciste, virulent et exclusif –, elle se démène comme elle peut dans un monde qui lui échappe parfois. Bien sûr, son enthousiasme est communicatif, et même si elle se heurte à l’incompréhension des gens, il se dégage d’elle quelque chose d’irradiant qui rend optimistes, malgré nous. En cela, la réalisation ciselée de Mike Leigh accentue les écarts entre tragédie possible, joie et émotion contenue, dans une démarche qui l’inscrit dans la plus pure tradition réaliste. (E.A.)
Elle a le don d’agacer tout le monde, et a décidé d’en faire son fond de commerce. La rencontre d’Arielle Dombasle avec Katerine et Gonzales pouvait éventuellement conduire au pire, et pourtant l’écriture surréelle et fantaisiste de l’un, la production électro-disco de l’autre, conduisent l’insaisissable Arielle très loin. Glamour sans nul doute, irrésistiblement sexy, surtout notamment quand elle libère sa part d’animalité et pratique l’amour À la Néanderthal. Drôle très souvent, poétique toujours, ce disque est une grande réussite qui, au-delà de la mauvaise blague de l’instant, pourrait inscrire quelques chansons au patrimoine des plus belles compositions en langue française. (E.A.)
De Mike Leigh – MK2
Glamour à mort, Columbia
La Rue des autres Les Québécois de la Pastèque publient la première bande dessinée de l’illustratrice strasbourgeoise Violaine Leroy. Avec son trait fin et ses histoires ancrées dans le quotidien, on imagine aisément ce qui a pu séduire l’éditeur de Michel Rabagliati (la série des Paul) dans ce livre. Dans ce récit en bichromie bleue, Sacha, jeune libraire, découvre l’histoire des gens de son quartier à travers les discours fantaisistes d’un clochard. Rien de révolutionnaire ou de capital ici mais une simplicité qui pourrait répondre, dans une certaine mesure, au moralisme du Boboland de Dupuy et Berberian. (F.T.) De Violaine Leroy, La Pastèque
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SORTIE NATIONALE LE 8 AVRIL 2009
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Entre les murs
Ma vie mal dessinée
Dimitri Bogrov
Le film a fait débat, il a suggéré une vision ultime de ce qu’est l’école aujourd’hui, ce à quoi il n’aspirait pas. Du coup, des parents et des enseignants ne se sont pas reconnus dans les schémas exposés autour du cas de François, jeune professeur de français dans un collège parisien. Les questions ont porté sur la méthode, sur la relation qu’il entretenait à ses élèves, des questions annexes qui n’avaient pas lieu d’être posées, à un moment où il est surtout question de cinéma, à partir d’un dispositif – plusieurs caméras, des instants d’improvisation – qui conduit à faire œuvre. Les instants montrés sont vrais jusque dans les moindres détails, les situations, les doutes, les conflits sont restitués avec une précision presque déconcertante et la maîtrise – l’incroyable jeu des acteurs, François Bégaudeau et les collégiens – fait que ce film apprécié et récompensé à Cannes, puis décrié, sera largement réévalué. À un moment où le cinéma français sombre dans le postmodernisme outrancier, Entre les Murs s’impose comme une entreprise salutaire. (E.A.)
Après Notes pour une histoire de guerre, l’érudit rock Gipi relate sa jeunesse sans retenue, d’un trait libre, rapide et vacillant. Dans Ma Vie mal dessinée, il révèle une sincérité vive et l’éclosion d’une sensibilité à fleur de peau. Les mots s’agglutinent en pagaille autour de cases sans limites comme si les peurs, les souffrances, les maladies, les inhibitions et les conneries de l’adolescence trouvaient là un exécutoire devenu vital. Ponctués par le songe coloré de pirates imaginaires, les souvenirs noirs et blancs de l’auteur nous ramènent à l’admiration complexe (et réciproque) qu’il portait à Alberto, garçon pauvre et plus fortiche que lui. La subtile restitution de ces moments de pudeur empêche toute tentative de prendre le titre de ce livre au premier degré. (O.B.)
Opéra de Kiev, septembre1911. Dans une Russie qui n’est pas loin de sombrer dans le chaos, le jeune Dimitri Bogrov abat froidement Piotr Stolypine, le Premier ministre du tsar Nicolas II. Quelles peuvent être les obscures motivations qui ont poussé le jeune homme ? Quelle folie l’a conduit à commettre cet acte funeste et se condamner ainsi à une mort certaine ? Autant d’interrogations sur lesquelles sa petite-nièce Marion Festraëts jette un nouvel éclairage avec ce remarquable one-shot où l’histoire de la Russie se mêle brillamment aux destinées de sa propre famille. L’auteur nous plonge de manière émouvante dans l’histoire d’une passion amoureuse, celle de son aïeul pour la flamboyante Loubia, qui fume la pipe comme un vieux cosaque, lape son thé comme une chatte, aime Rachmaninov et se passionne pour les ouvrages politiques ! Loubia la bolchevik qui va hanter les nuits et les jours de Dimitri et sceller son terrible destin. (Kim)
De Laurent Cantet, Haut et Court / France 2
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De Gipi, Futuropolis
De Marion Festraëts et Benjamin Bachelier, Collection Bayou, Gallimard
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Région a l e d ison n à Strasbourg a M a l À Wacke du 1 place
CONFÉRENCES / ATELIERS
Jeunes générations : le choc des cultures ? CONFÉRENCES / DÉBATS • Tribus juvéniles et cyberculture postmoderne par Michel Maffesoli Professeur à la Sorbonne • Pratiques des jeunes et institutions, vers un choc des cultures ? par Sylvie Octobre Ministère de la Culture et de la Communication
ATELIERS • Garantir l’accès à la culture • Passer d’une pratique amateur à une pratique professionnelle • Comment déconstuire les clichés et préjugés ? • De l’importance du « social networking » : parrainage, réseaux, internet… et après ?
PARCOURS ARTISTIQUES • Parcours d’art numérique proposé par La Laiterie / Artefact et Ososphère (les Nuits Électroniques) • Exposition des toiles et sculptures de PISCO, artiste graffeur • Croquis/reportage de la journée par un dessinateur
CONCERTS • Roméo & Sarah (folk intimiste) • Chapel Hill (folk rock) • Plus Guest (rock) • Art District (hip-hop/jazz)
Un événement du
Retrouvez le programme complet et la présentation des artistes sur www.myspace.com/placeauxjeunes2009
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