Zut ! 15 Strasbourg

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PROCHAIN NUMÉRO ZUT ! 16

SORTIE DÉC. 2012 ___

Photo : Olivier Roller, Fashion Week, Octobre 2012, backstage défilé Stella McCartney www.olivierroller.com

Ou i, e l l e s ( i l s) son t beaucoup à gr im acer d e n e p a s ê t re en core dan s Z U T !. . . Si c’ e s t a u s s i v o t re c a s, voici les per son n es à con tacter p o u r ê t re e n f in p ré s en t dan s le prochain n um éro. ___ Bruno Chibane // Directeur de la Rédaction & Commercialisation / bchibane@chicmedias.com // 06 08 07 99 45 Emmanuel Abela // Rédacteur en chef / eabela@chicmedias.com // 06 86 17 20 40 Myriam Commot-Delon // Directrice artistique mode / myriamdelon@noos.fr // 06 14 72 00 67 Caroline Lévy // Développement commercial / levy_caroline@hotmail.com // 06 24 70 62 94 Céline Loriotti // Développement commercial / cloriotti@chicmedias.com // 06 64 22 49 57 François-Xavier Cheraitia // Développement commercial / fxcheraitia@chicmedias.com // 06 69 14 46 98 Philippe Schweyer // Développement commercial / ps@mediapop.fr // 06 22 44 68 67 brokism // Studio de création / hello@brokism.com // 06 22 76 68 32


PIÈCES UNIQUES · MATIÈRES NOBLES · FINITIONS MAIN Nos articles proviennent d'ateliers travaillant pour la haute couture

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OURS

DIRECTEUR PUBLICATION & REDACTION Bruno Chibane REDACTEUR EN CHEF Emmanuel Abela REDACTRICE EN CHEF MODE Myriam Commot-Delon RÉDACTEURS

Emmanuel Abela, Cécile Becker, Anne-Claire Cieutat, Myriam Commot-Delon, Sylvia Dubost, Cécile Fassel, Caroline Lévy, Fouzi Louahem, Flora-Lyse Mbella, Régis Meyer, Sébastien Ruffet, Vanessa Schmitz-Grucker, Philippe Schweyer, Claire Tourdot RELECTURE ET CORRECTIONS

Sylvia Dubost, Charles Combanaire GRAPHISME

brokism, Laurence Bentz, Jérôme Laufer STYLISTES

Myriam Commot-Delon, Caroline Lévy ASSISTANTES STYLISME

Laurence Bentz, Emmanuelle Chauvet PHOTOGRAPHES

Eric Antoine, Pascal Bastien, brokism, Alexis Delon / Preview, Léone Julitte, Stéphane Louis, Milan Szypura, Christophe Urbain ASSISTANTS PHOTO

Gautier Ramin / Preview, Laurianne Rieffel-Kast / Preview ILLUSTRATEURS

Laurence Bentz, Isaac Bonan, Chloé Fournier, Laetitia Gorsy, Ariane Pinel / Central Vapeur RETOUCHE NUMÉRIQUE

Emmanuel Van Hecke / Preview POST-PROD

Camille Vogeleisen / Preview MANNEQUINS

Gabi / Studio KLRP, Etienne, Jérôme, Théau MAKE-UP

Jacques Uzzardi COIFFURE

Alexandre Lesmes / Avila

ZUT ! 8

DIRECTION ARTISTIQUE brokism, Myriam Commot-Delon RESPONSABLE D’ÉDITION Sylvia Dubost

DIFFUSION Zut ! Team + Ultimatum COMMERCIALISATION & DEVELOPPEMENT

François-Xavier Cheraitia, Bruno Chibane, Caroline Lévy, Céline Loriotti, Philippe Schweyer DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL Roland Anstett STUDIO PHOTO / PREVIEW

28, rue du Général de Gaulle 67205 Oberhausbergen - 03 90 20 59 59 www.preview-tm.fr Ce trimestriel est édité par Chic Médias 12, rue des Poules - 67000 Strasbourg S.à.R.L. au capital de 12500 euros Direction : Bruno Chibane - Administration, gestion : Charles Combanaire Impression : Ott imprimeurs Parc d’activités « Les Pins » 67319 Wasselonne Cedex Tirage : 7500 exemplaires Dépôt légal : octobre 2012 SIRET : 50916928000013 ISSN : 1969-0789 Crédits couverture Photographe : Alexis Delon / Preview Mannequin Gabi / Studio KLRP www.studioklrp.com Top foulard en soie, liens en cuir surpiqués et pantalon en lainage GUSTAVOLINS, le tout chez K. Collections.


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SOMMAIRE

12 ÉDITORIAL 14 COURRIER DES LECTEURS

16

91 92 MODE Agent double

16 TOUTE PREMIÈRE FOIS Les Shirley

104 MODE Thinking Men’s Chairs

18 AU BON PARFUM Le vétiver impossible

112 JOAILLERIE Paenumbra

20 OBJET DESIGN Sonia Verguet

118 COPIÉ-COLLÉ Sade Adu

22 SÉLECTIONS ZUT !

120 ACCESSOIRES Raffinés jusqu’au cou

28 STRASBOURG VU PAR Aline Ricau, Isabelle Barth, Katharina Schlaipfer, Stéphanie Feder, Sueli Gross-Nast, Natacha Brand, Claire Harrison, Mafalda Kong-Dumas, Nadine Dehaye, Marie-Anne Iacono

122 ACCESSOIRES Du cuir, des clous… et c’est tout. 124 URBAN STYLES 128 TENDANCES ZUT ! Les sélections de la rédaction

44

135

URBANISME Gros plan sur quatre projets en cours de réalisation qui vont changer l’image de Strasbourg

136 LABO ZUT ! Géométries variables 138 DESIGN Fred Rieffel 135 DÉCO 140 NEWS DESIGN 144 DESIGN Design & attitudes, avec Pierre Litzler

53 54 ANNETTE MESSAGER Rencontre avec l’artiste pendant l’accrochage de son exposition au MAMCS 60 LES 25 ANS DU CEAAC Regards sur son passé, son présent et son futur 62 LE SON LOINTAIN Incursion dans les ateliers costume de l’Opéra du Rhin 66 ROMAN PHOTO Retour sur un genre culte 68 MARC FELTEN Portrait d’un peintre aux sources multiples

ZUT ! 10

70 MICHEL BEDEZ Rencontre à l’occasion de la sortie de son premier roman

146 DESIGN Le lauréat du concours Commerce Design Strasbourg 148 MÉTIERS D’ART Eric Humbert, joaillier

72 20 ANS CARTE CULTURE Portraits d'utilisateurs

150 MÉTIERS D’ART Les artisans de la fremaa

74 INSTANT FLASH François Cluzet, Electric Guest, Noémie Lvovsky, Jennifer Cardini

156 GASTRONOMIE La famille Haeberlin

82 CULTURE ZUT ! Les sélections de la rédaction

160 GASTRONOMIE Huit nouveaux lieux à découvrir 168 SPORTS La rentrée de la SIG 172 LIFESTYLE ZUT ! Les sélections de la rédaction


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ÉDITO

—— É TAT G R I P PA L ——

Jerry Lewis dans Docteur Jerry et Mister Love

Il y a quelques jours, j’ai décidé de rompre avec mon passé d’amuseur chronique pour devenir, enfin, un éditorialiste digne de votre confiance. Au fond de moi, même si je suis évidemment le seul à le savoir, sommeille depuis longtemps un analyste hors pair rêvant de partager son point de vue sur le monde et sur la mode afin d’alimenter les discussions de nos fidèles lecteurs et d’étourdir nos splendides lectrices. Je me voyais déjà écrire des choses profondes sur la Syrie, les Pussy Riot, les élections américaines, l’Europe, la crise, les riches qui fuient la France, Christine Angot, la morale qui revient à l’école, le redressement productif… Histoire de ne pas rester sur une note trop grave, je vous aurais également fait part de mes impressions après avoir assisté, assis au premier rang, aux présentations des collections des maisons de haute couture. Mon aisance intellectuelle et la pertinence de mes analyses auraient ébloui nos annonceurs les plus exigeants, une telle dextérité pour démêler les causes de la crise qui secoue le monde aussi bien que pour deviner avant les autres la forme des jeans de la prochaine saison, auraient fait de moi un gourou consulté par les plus hauts dirigeants de la région, voire de la planète. Malheureusement, alors que je m’apprêtais à vous dire quoi penser cet automne et surtout quoi porter cet hiver, la grippe m’a frappé de plein fouet sans crier gare. Planqué sous ma couette avec ma terrible fièvre, je transpire comme un bœuf depuis trois jours. De douloureuses courbatures, un mal de tête épouvantable et un rhume carabiné m’ont fait perdre toute lucidité. Une fois encore, je vais me contenter d’aligner quelques vagues traits d’esprit pour tenter de faire bonne figure. Et dire que j’étais sur le point de proposer des solutions inédites pour sauver le monde et répandre la justice sociale dans Strasbourg… Heureusement, je sens déjà un léger mieux. Dans quelques jours je serai à nouveau vaillant et cette fois c’est sûr, vous allez voir ce que vous allez voir ! Par Philippe Schweyer

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COURRIER DES LECTEURS

Un lecteur à la recherche de la tenue adéquate pour frimer cet automne, un admirateur de Marcello Mastroianni qui passe l’été dans sa baignoire, un autre qui nous fait savoir que Charlotte Gainsbourg parle de nous sur Twitter… Une fois de plus, nos lecteurs réagissent et se dévoilent ! HOLA ZUT!,

Depuis que j’ai démarré mon nouveau job, je me sens hyper débordé. Je n’ai même pas encore trouvé le temps de m’acheter une tenue chic pour cet automne. Pourriezvous m’aider à rester dans le vent sans trop dépenser ? Manolo, 45 ans.

HOLA MANOLO,

TENUE CHIC OU TENUE NORMALE ? Par Philippe Schweyer

Votre courrier a si bien convaincu le big boss de Chic médias qu’il a décidé sur le champ de lancer une nouvelle édition de Zut ! dans le Haut-Rhin dès le mois prochain ! On n’arrête pas le progrès… ——

HELLO ZUT!,

Je suis un ami de Charlotte Gainsbourg avec laquelle je communique sur les réseaux sociaux depuis quelques mois. J’ai été très surpris de recevoir un tweet dans lequel elle faisait de la pub pour Zut ! Pete, 33 ans.

HELLO PETE,

Ne soyez pas surpris ! Charlotte Gainsbourg fait de la pub pour Zut ! depuis que son homme a ramené à la maison le numéro

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J’ai suivi le conseil de la page 72 du dernier numéro de Zut !. Plutôt que d’aller me faire rôtir à Rimini comme un con, je me suis acheté un beau chapeau noir et une paire de lunettes puis j’ai passé tout l’été à méditer dans ma baignoire à la manière de Marcello Mastroianni dans 8 ½. C’est dingue ce que ça m’a fait comme bien ces vacances… Jean-Luc, 28 ans.

CIAO JEAN-LUC,

C’est notre directrice artistique qui va être ravie de savoir qu’il y a au moins un lecteur qui suit ses conseils. Avez-vous pensé à changer régulièrement l’eau du bain ? —— Je suis une fidèle lectrice de Zut !, le seul magazine strasbourgeois digne de traîner sur ma table de nuit. Par contre, je dois vous confesser que je n’ai pas digéré votre dossier sur les bouchers et les restos à viande. Il aurait été de bien meilleur goût de nous proposer quelques pages sur la nourriture bio et les restaurants végétariens. Béa, 56 ans.

BIO BÉA,

HEY ZUT!,

HEY CHARLIE,

CIAO ZUT!,

BIO ZUT!,

Savoir faire plusieurs choses à la fois, ce n’est pas votre fort. Le meilleur conseil que l’on puisse vous donner, c’est de commencer par ne plus vous disperser. Choisir une tenue chic pour cet automne n’est vraiment pas la priorité du moment. Mieux vaut vous trouver une tenue “normale” pour affronter confortablement la crise, par exemple une grosse doudoune, qui vous sera plus utile en cas de grève devant le siège de votre employeur cet hiver. —— J’ai découvert l’édition lorraine de Zut ! en faisant du shopping à Metz et Nancy cet été. Je me demande s’il ne serait pas temps de sortir une édition de Zut ! dans le Haut-Rhin. Je connais pas mal de commerçants branchés, de restaurants stylés et de boutiques hyper tendance à Colmar et Mulhouse. Charlie Kane, 36 ans.

——

dans lequel elle pose avec Connan Mockasin. La prochaine fois que vous communiquerez avec elle, n’oubliez pas de l’embrasser affectueusement de notre part. ——

CHER ZUT!,

Une question existentielle me taraude au sujet de la couverture du dernier numéro de Zut !. La top-model photographiée par vos soins tient entre ses doigts et son menton un petit sac rouge sur lequel est dessiné une cigarette surmontée d’un épais nuage de fumée. Cette couverture n’est-elle pas une véritable incitation à consommer de la nicotine ? Rachel, 47 ans

CHÈRE RACHEL,

La photographie en question ne faisait nullement l’apologie du tabagisme. Il s’agissait simplement d’un petit clin d’œil qui ne vous a pas échappé. Pour vous prouver notre bonne foi, sachez qu’il est désormais interdit de fumer dans nos bureaux.

On ne peut que vous féliciter pour votre attachement à Zut !. Si la viande n’est pas votre trip, c’est tout à fait votre droit. Mais, « entre un cordon-bleu à la crème accompagné de spätzle et une salade de pousses de soja bio arrosée d’huile de noix, il n’y a pas photo ! », dixit notre rédac-chef. ——

COOLOS ZUT!,

En furetant dans les rayons de la librairie Quai des Brumes, je suis tombé sur Îles grecques, mon amour, un livre de Philippe Lutz illustré par de magnifiques photographies en noir et blanc de Bernard Plossu. Ce livre est extra. À quand un dossier sur les îles grecques dans Zut ! ? Ulysse, 77 ans.

COOLOS ULYSSE,

Sachez que Philippe Lutz présentera Îles grecques, mon amour dans le cadre du Festival international de géographie de Saint-Dié le 14.10, de Tout Mulhouse lit le 20.10 et du Salon du livre de Colmar les 24 et 25.11. Vous ne croyez pas que ça suffit comme ça ?


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CHRONIQUE

TOUTE PREMIÈRE FOIS

— Par Fouzi Louahem — Illustration Ariane Pinel / Central Vapeur

LES SHIRLEY

— Je suis un piéton. Fondamentalement, j’aime dévaler les escaliers de mon immeuble quatre à quatre pour me retrouver dans le brouhaha de la rue, comme pris dans un flux de trajectoires différentes et variées, dont l’une d’elles allait m’emmener vers un destin bien étrange. Je suis un piéton qui traîne, je ralentis le pas devant le tabac presse, pour détailler les couvertures du magazine Détective : « Elle tue et cuisine ses six enfants avant de les donner à manger à son rottweiler. » Je sens toujours monter alors en moi le même frisson d’horreur, accompagnant la même réflexion : « Le monde est fou », suivi de « Comment peut-on lire ce torchon ? » Je suis un piéton qui ne voit pas le jeune Roumain qui vend des journaux devant la boulangerie depuis maintenant un an. Je suis un piéton qui traîne, mais qui sait aussi accélérer le pas pour ne pas croiser son regard. Le voir serait, d‘une certaine façon, reconnaître sa situation précaire tout en mâchonnant un bout de baguette. Je suis un piéton poli qui salue Shirley, la serveuse du Frankie’s Diner, le vrai faux restaurant américain au coin de Polygone et de Briand. Tous les jours, je salue Shirley mais Shirley n’est jamais la même ; l’uniforme vichy à col blanc et la plaque épinglée sur la poitrine m’informe que je suis bien en présence de Shirley et pourtant elle change de visage quotidiennement. Je suis un piéton qui s’engage le long du cimetière place de l’Étoile, tout en fantasmant à la meilleure façon de séduire Shirley, mais laquelle, celle du lundi ?, celle du mercredi ? du samedi ou du dimanche ? Un vertige me prend : et si je sortais avec toutes les Shirley en même temps. Quelle entreprise monstrueuse, quel plan machiavélique me passe par la tête. Me rendre au Frankie’s Diner tous les jours, sauf le mardi, jeudi, et vendredi, à 15h tapantes, après le coup de feu, m’asseoir au bar, pendant de longues minutes.

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Regarder les Shirley siroter un Dr Pepper sans glaçons – bizarrement toutes les Shirley aiment cette boisson au goût d’amande amère. La séduire, la faire rire et commander un milk-shake chocolat chantilly avec deux pailles. Une à une, les Shirley s’abandonnent, je les épouse sous toutes leurs formes, blondes, brunes, petites, grandes, maigres ou rondes. Sortir avec les Shirley, leur tenir la main, leur mordiller l’oreille, les sentir contre soi, c’est un peu comme de taper le nom GOOGLE dans le moteur de recherche Google ou de croiser son jet d’urine avec celui de quelqu'un d’autre. On se demande toujours si on ne va pas déclencher accidentellement la fin du monde. Cette conjonction de Shirley n’a eu aucune influence sur une quelconque apocalypse, pas d’ouragan portant leur nom, pas de printemps arabe au Frankie’s Diner, pas de scandale financier, rien. Pourtant, j’ai cette intuition que les choses n’arrivent pas par hasard, il y a des coïncidences qui n’en sont pas. Tenez, par exemple : saviez-vous qu’à la caisse 3 du Simply et du Monoprix, les caissières s’appellent toutes deux Carine ? Je suis un piéton, j’aime dévaler l’escalier de mon immeuble et j’ai toujours une seconde d’hésitation avant d’ouvrir la porte d’entrée.



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CHRONIQUE

AU BON PARFUM

— Par Sylvia Dubost — Illustration Lætitia Gorsy

LE VÉTIVER IMPOSSIBLE

— Quand on aime, le parfum comme le reste, on veut tout connaître et tout comprendre. On met au point un protocole pour tout sentir et tout décrypter : on procède par maison, par matière, par nez. On analyse et on compare, les constructions, les associations, les histoires, les époques, les signatures. On avance de façon méthodique et l’on ne renonce pas quand une œuvre ou une matière nous résiste. Et l’on découvre qu’on se met à aimer ce que l’on comprend. Pourtant, certains objets de notre attention refusent de se laisser approcher. On a beau reconnaître le travail, admirer la qualité des matières, apprécier l’originalité de la composition, comprendre le projet, on ne parvient pas à les apprécier. Pour comprendre et aimer le vétiver, j’ai pourtant fait ce qu’il fallait. Le vétiver, c’est cette graminée tropicale – dont on distille les racines – à l’odeur verte et piquante, un peu citronnée, que l’on sent très fort dans la parfumerie masculine bon marché. Pour moi, elle y reste définitivement associée. Je n’ai jamais compris qu’on la puisse la classer dans les boisées, une famille que j’affectionne tout particulièrement. Elle n’a rien de la chaleur du bois, et tout de l’Adidas Power Ball. À la limite, elle me rappelle cette odeur qui imprégnait mes mains lorsque, enfant, j’avais passé la journée à jouer dans la forêt, et dont je cherchais, à grand peine, à me débarrasser. Pour apprendre et, je l’espérais, apprendre à aimer, j’ai pourtant mis du cœur à l’ouvrage. J’ai rassemblé quelques jus qui, pensais-je, pourraient infléchir mon opinion tranchée. Et j’ai bien compris cette image d’über mâle avec laquelle joue le très vivace et impressionnant Turtle Vetiver de Les Nez (Isabelle Doyen, 2009) ; j’ai apprécié la

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finesse des matières premières de Le Vétiver de Lubin (2008) et le raffinement de la construction de Sycomore de Chanel (Jacques Polge, Christopher Sheldrake, 2008). J’ai même réussi à porter l’intriguant Sel de Vétiver de The Different Company (Jean-Claude Ellena, 2006). Mais comme tous les autres, je n’ai pas réussi à l’aimer. Même le Vétiver oriental de Lutens (Christopher Sheldrake, 2002), sur lequel je fondais pourtant tous mes espoirs, n’a pas réussi à se faire apprécier. J’imaginais pourtant que le grand Serge, habitué à habiller les matières jusqu’à les rendre presque méconnaissables, aurait masqué ce piquant qui m’est tellement désagréable lorsqu’il joue les premiers rôles dans une composition (je le préfère nettement en figurant épicé). Je crois les avoir compris, ces jus. Pourtant, je n’ai pas réussi à les aimer. Les préjugés et les souvenirs sont restés plus forts. Et surtout, ils ne provoquent chez moi aucune émotion, ne suscitent aucune image, ne racontent aucune histoire. À la rigueur, ils peuvent me rendre agressive : je ne comprends pas qu’on puisse les aimer. J’aurais aimé aborder le vétiver avec le recul critique de rigueur, celui qui rend capable de juger sans sentiments. Je peux simplement afficher la tempérance (légèrement hypocrite) du spectateur d’un concert de musique contemporaine : « Oui… C’est intéressant… ». À moins que ce ne soit la même chose…



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CHRONIQUE

OBJET DESIGN

— Par Régis Meyer

LE COMPLÉMENT D’OBJET

LA GRANDE FAMILLE Design Sonia Verguet

Elles sont les membres d’une même famille, mais restent toutes différentes : cette série d’assises bricolées avec humour et justesse raconte une histoire commune. — Forcément, il y a un je ne sais quoi qui dérange. Une espèce en voie de mutation. Un sentiment d’inachevé. Un point d’équilibre fragile. Mais aussi un trait qui s’affirme, une tendance devenant plus marquée… Le travail – en l’occurrence des assises – de Sonia Verguet s’inscrit sans fard dans un design radical croisant par hasard la route d’Emmaüs. Découverte dans ces pages (pour les collectionneurs de Zut !, cf n°10), Sonia Verguet creuse ici le sujet du design culinaire, là celui du mobilier, avec une fraîcheur et un à-propos de bon aloi. Son atelier était ouvert, justement pendant les Ateliers Ouverts, et c’est à cette occasion que j’ai pu me rendre compte, de visu, de l’exactitude de ces propositions en termes de design de meuble. Avant d’être un pied de nez (réel et assumé, c’est à voir), La Grande Famille est un travail réalisé conjointement avec des collégiens pour la Kunsthalle de Mulhouse. Un cube de bois, un reste de chaise… et le tour est joué. Ni trop dessinées, ni pas assez : les assises de la série La Grande Famille conjuguent les assemblages à la manière d’un cadavre exquis surréaliste. De bric et de broc, elles ne ressemblent

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à rien de conventionnel, en ce sens qu’elles ne renseignent pas sur un confort éventuel. Au contraire, elles vont même jusqu’à choquer le bourgeois en brouillant les repères. Dois-je m’asseoir sur cette chose ? Comment les coordonner avec mon salon de style ? Du recyclage chez moi ? En regardant bien les membres de La Grande Famille, on se demande où est la prothèse. Est-ce le cube de bois ? Est-ce la partie de la chaise manufacturée de manière industrielle ? L’assemblage est précieux, voire ridicule, mais toujours pensé. Parfois anecdotiques, certaines assises font référence aux productions des frères Campana, de Mondrian et des Eames. Absolument contemporain, le travail de Sonia Verguet questionne notre manière d’appréhender le monde, la consommation de biens, la dépendance aux objets statutaires. Tout comme la lampe Mon beau sapin des 5.5 designers, l’idée précède-t-elle l’objet ou l’objet devient-il un prétexte ?

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Illustration : Anouk Ricard

SÉLECTION ZUT ! MUSIQUE

LALALAAA

ILLUSTRATION

À DADA !

Manger de la purée avec les doigts, c’est très bien ! Danser dans le jardin avec des nains, c’est très bien ! Tartine Reverdy célèbre les moments « bien » et même « très bien » à l’occasion de ses 10 ans de carrière. Son nouvel album conjugue anciens succès colorés et créations toutes fraîches dans une farandole d’animaux, de fleurs et de bonne humeur. (C.T.) Tartine Reverdy, C’est très bien !, Là Haute Production www.tartinereverdy.com

Parce qu’en Alsace, on ne rigole pas avec l’illustration, l’association Central Vapeur réunit le meilleur de la création régionale dans une exposition riche de plus de 100 pièces. Selectif mais pas sectaire, l’événement met à l’honneur les créations contemporaines en illustration, bande dessinée et dessin. Qui sera le prochain Tomi Ungerer ? Réponse à l’hôtel de Ville de Stuttgart. (C.T.) Exposition Cheval Vapeur du 11 octobre au 2 novembre à l’hôtel de ville de Stuttgart www.centralvapeur.org

MEILLEURS ENNEMIS LIVRE

Qui aurait cru qu’un poulpe et une araignée pouvaient devenir amis ? Ces deux personnages vont se confronter à coup de toiles et de jets d’encre, découvrir ensemble leurs différences puis finalement s’apprécier dans un livre sans texte où l’illustration laisse libre cours à l’interprétation de chacun. Une histoire touchante et universelle. (C.T.) Anne-Caroline Pandolfo, Les Artistes, éditions l’Edune Dédicace à la Bouquinette, 28, rue des Juifs Samedi 27 octobre à 15h

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IT BAG

OBJET

Pour les amoureux de spectacle contemporain, c’est l’accessoire obligatoire cette saison : le sac en tissu imprimé LeMaillon, décliné en 4 modèles aux couleurs de la saison 2012-2013. On a déjà le nôtre, évidemment ! Quant au frisbee logoté, on se le garde au chaud pour le printemps. Sac Le-Maillon, 5€ En vente à la billetterie du Maillon en centre-ville - 9, rue Brûlée (cour de l’hôtel de ville) jusqu’au 8 octobre, et à partir du 10 à la billeterie du Maillon-Wacken


DÉCO

DÉCOR HOME De la boutique au particulier, il n’y a qu’un pas. Gilles Rossignol est un oiseau rare de la déco. Il chine, revisite et redonne vie à du mobilier d’époque, en le détournant de son usage originel… Après le concept-store parisien En selle Marcel, dédié au vélo urbain et qui fait son succès, il pose désormais ses valises à Strasbourg. Gilles propose de réagencer les intérieurs en s’inspirant véritablement des habitants et du mobilier déjà existant, qu’il saura compléter et mettre en valeur. Cet agenceur émotionnel n’a pas finit de faire parler de lui…(C.L.) Gilles Rossignol, metteur en espace keops64@gmail.com 06 52 05 83 06

COUPEZ !

CINÉMA

Frustrant d'écrire une brève sur le deuxième numéro de Cut tant il y aurait de bonnes choses à dire. Soyons brefs, soyons cash, soyons cut : c'est beau. Des raisons d'aller acheter cette revue concoctée par « des saltimbanques du cinéma » dans « toutes les bonnes librairies » ou sur le site de r-Diffusion ? Un entretien de Jean-Claude Brisseau évoquant Hitchcock, sa filmographie et la plastique du sexe, un portait posthume de River Phoenix, une analyse de l'alcool dans le cinéma, une enquête passionnante sur les préliminaires d'un film au cinéma ou une chronique de Jackie Berroyer. Il y a beaucoup – 132 pages pour être précis – de choses réfléchies et légères aussi, et sans pubs s'il vous plaît. Voilà, vous y allez maintenant ? (C.B.) Cut, la revue, 13€ cutlarevue.fr www.r-diffusion.org

LIVRE

JE SERAI P R É S IDENT Pas de textes, beaucoup d’imagination. Quand je serai grand…, le dernier-né des éditions Callicéphale, lancées par Jean-Luc Burger de La Bouquinette, évoque les rêves d’enfants. Et si quand je serai grand j’étais chauffeur de bus ? Oui mais, juste à côté du chauffeur de bus, il y a une violoniste. Et peut-être que violoniste, c’est bien aussi ? Du choix, des belles illustrations, et peut-être pour les enfants, de quoi s’imaginer plus grand. Moi, quand je serai grande, je serai journaliste. (C.B.) András (b) Baranyai, Quand je serai grand..., éditions Callicéphale www.callicephale.fr

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SÉLECTION ZUT ! LIZZY GOING

BLOG

Et si vous succombiez à l’univers inspiré et inspirant des drôles de dames de Lizzy Casa Lou ? Martine et Emilie, deux jolies énergumènes en stilettos issues toutes deux du monde de la lingerie, nous emmènent dans un voyage poétique sur leur blog. Au travers de rencontres mode, coups de cœur artistiques et autres fashion fixettes, elles arpentent les rues strasbourgeoises et traversent les frontières du style en nous abreuvant de nouvelles tendances. On craque pour les billets doux de ces chics filles ! (C.L.) http://lizzycasalou.com

GOOD TRIP

PHOTO

Encore fraîche et un brin insouciante, avec plus de 12 000 fans sur sa page Facebook, Eva Penner n’a presque plus rien d’une apprentie photographe… À 17 ans, elle livre une première expo déroutante et onirique. Summer sadness/Roadtrip est ponctuée de moments de vie inspirés, avec des proches qu’elle met en scène avec brio. Pour ce baptême de l’art, elle investit les murs du salon de coiffure Avila. Cette fille-là, on l’aime déjà. (C.L) Eva Penner, jusqu’à mi-novembre chez Avila – 69, rue des Grandes arcades Ouvertures exceptionnelles les dimanches 14 et 21 octobre de 11h à 19h http://thesummerskins.blogspot.fr

NOUVEAU LIEU

Illustration : Laurence Bentz

VINYLES & CO

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AU FÉMININ

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Illustration : Laurence Bentz

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On sort tous nos téléphones pour tweeter nos meilleurs vœux de bonheur au collectif Digitives, qui fête ses deux ans en cette belle fin d'année, en même temps que la création de son blog et de sa première année d'activité en tant qu'agence. Consultation grandissante et toujours plus de contrats (dont le blog d'un projet hôtelier à Madagascar et la communication d'Imvest Conseil), la troisième année de nos Digitives chéries s'annonce florissante. Allo ui cer Zut ! : HBD ! (C.B.) www.digitives.com - blog.digitives.com

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Anita Leduc est brodeuse pour des ateliers de haute-couture et aime se présenter comme chahuteuse de perles… D’une dextérité affolante, elle adore expérimenter les matériaux et s’amuser à faire de la broderie un bonheur à chaque fois renouvelé. Cette exposition à la galerie Le Passage sera l’occasion de découvrir une sélection de ses bijoux hors normes. Comme ce collier qui mixe pierres vertes et cotte de maille en inox doré, un matériau détourné de sa destination originelle : les gants de bouchers ! Un univers tout en finesse qui accompagnera ceux de Marie-Pierre Rinck, céramiste et aquarelliste, et Isa Wenger, verrière et peintre. (M.C.D) Anita Leduc, du 8 novembre au 1er décembre au Passage - 120, Grand’Rue www.lepassage120.com


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STÉPHANIE FEDER

29 ans, maîtresse de Boudoir / jeudi 30 août

OÙ ? IMPASSE DES PÉNITENTS

ACTU ! Nouvelle marque de lingerie Twin-set. Nouvelles créations de bijoux par Lady Mistigris. Participation au Cabaret bizarre en partenariat avec Luna Moka, le 19 octobre à l’espace Colod’Art, 28 rue du Maréchal Lefèbvre à Strasbourg. Lady Mistigris - 13, rue Sainte-Madeleine 03 88 38 28 50 / boutique.miaouw@hotmail.fr Jupe crayon en cuir Christian Dior chez Ultima prêt-à-porter. Soutien-gorge Made by Niki, serre-taille TO.m.To et déshabillé Les jupons de Tess, le tout chez Lady Mistigris

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Photo Christophe Urbain

« Dans cette petite cour isolée attenante à la rue Sainte-Madeleine, j’ai fait mes premiers pas en tant que cliente avant d’y installer mon boudoir ! J’aime l’ambiance de cette rue en perpétuel mouvement et son esprit village en pleine cité. C’est aussi dans cette rue que j’ai croisé mon amoureux… tout un symbole ! »


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MAFALDA KONG-DUMAS

34 ans, secrétaire générale de Musica / lundi 24 septembre

OÙ ? LE PALAIS UNIVERSITAIRE

« C’est un lieu que l’on a l’habitude de transformer et de déformer durant le festival Musica depuis plus de 20 ans ! Il demeure le symbole de l’ancrage universitaire dans la vie culturelle de la cité. Il contribue au dialogue entre le patrimoine architectural de Strasbourg et la création. »

ACTU ! La 30e édition du festival Musica à peine terminée, les spectacles partent en tournée : Limbus Limbo et le concert rock La Face cachée de la Lune dans plusieurs villes de France, Le Baron Münchhausen, opéra comique de Wolfgang Mitterer, le 20 octobre au Kampnagel de Hambourg www.festivalmusica.org Top et veste superposée bi-matières soie et peau Liu Jo chez Vicino

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Photo Christophe Urbain


MARIE-ANNE IACONO

Photo Eric Antoine

46 ans, chargée de programmes pour Arte / vendredi 28 septembre

OÙ ? RUE DE LA COOPÉRATIVE

« J’ai voulu rendre hommage à la Coop qui constitue un bout du patrimoine culturel cher à tous les alsaciens. Une sorte d’acte militant pour la défense du lieu, de l’enseigne et des gens qui y ont travaillé. C’est un quartier culturel en devenir, j’espère que les pouvoirs publics feront tout pour le valoriser… »

ACTU ! 15e anniversaire du magazine TRACKS. À l’occasion des 50 ans du traité de l’Elysée, l’année 2013 sera marquée par des manifestations, concerts, programmes culturels, expos pour célébrer l’amitié franco-allemande. Marie-Anne anime un workshop co-organisé par le Goethe Institut en Tanzanie, du 29 octobre au 2 novembre. www.arte.tv - http://liveweb.arte.tv Veste en laine jacquard et jupe Carven chez Albe

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ALINE RICAU

50 ans, directrice des Galeries Lafayette Strasbourg / vendredi 31 août

OÙ ? RIVE DU FOSSÉ DES FAUX REMPARTS

« J’aime la perspective de cette rive. Les ponts, les bâtiments majestueux aux abords, et enfin l’eau qui relie plusieurs quartiers de la ville… J’ai la chance de profiter du spectacle chaque jour en accompagnant mes enfants au lycée ! »

ACTU ! Nouvel espace luxe accessoires et maroquinerie avec certaines marques exclusives au rez-de-chaussée : Gucci, Prada, Bottega Veneta, Givenchy, Céline, Yves Saint Laurent, Chloé, etc. Mi-novembre, ouverture d’un tout nouvel espace beauté sur 550 m2 : lancement du concept de miroir virtuel permettant d’adapter le maquillage optimal à partir d’une photo scannée et inauguration du spa de la marque Clarins www.galerieslafayette.com Trench Burberry, chemise Club Monaco et pantalon Michael Kors, le tout aux Galeries Lafayette Mise en beauté Chanel / Galeries Lafayette

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Photo Christophe Urbain


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ISABELLE BARTH

52 ans, chercheur et directrice générale de l’Ecole de management Strasbourg / mercredi 12 septembre

OÙ ? TERRASSE DE L’ISIS

« L’Institut de Science et d’Ingénierie supramoléculaires accueille en son sein la Fondation Université de Strasbourg, dont l’action est louable. Elle permet de développer la plateforme entre l’entreprise et l’université que nous défendons aussi à l’EM. Ce bâtiment est atypique et pourtant très actuel. Il demeure au cœur du paysage universitaire – dont l’architecture est plutôt hétéroclite – et offre une vue imprenable sur la ville. Une perspective méconnue du public ! »

ACTU ! L’Ecole de Management de Strasbourg est la seule en France à bénéficier de la catégorie « Grandes écoles » en étant universitaire. Lancement d‘une master class : le management vu par un philosophe. L’EM Strasbourg et le réseau Alsace Tech créent un parcours « manageringénieur » depuis la rentrée. www.em-strasbourg.eu Trench bi-matière en cuir et daim Barbara Bui chez L’Altra

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Photo Christophe Urbain



KATHARINA SCHLAIPFER

38 ans, directrice générale du Hilton Strasbourg / mardi 21 août

OÙ ? PARLEMENT EUROPÉEN

« Je suis arrivée récemment à Strasbourg, mais le Parlement européen fait écho à mon parcours professionnel, qui m’a mené en Italie, Allemagne et Belgique. Je suis sensible à l’image internationale qu’il projette et à la question européenne dans sa globalité. Ce symbole d’ouverture doit rester à Strasbourg ! »

ACTU ! Rénovation du restaurant Carvi et du H ! Bar & Lounge, avec une touche alsacienne chère aux clients locaux et touristes, malgré la dimension internationale du groupe Hilton. Afterworks au H ! Bar & Lounge avec DJ sets, tous les jeudis à partir de 18h. Reprise des brunchs au restaurant Carvi, tous les dimanches à partir de 12h30 strasbourg.info@hilton.com Veste ceinturée Christian Dior et pantalon Yves Saint Laurent chez Ultima prêt-à-porter

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Photo Léone Julitte


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NATACHA BRAND

31 ans, propriétaire de la boutique Alice Lange-Le Boudoir / mercredi 29 août

OÙ ? STADE DE LA MEINAU

« Le RCS est véritablement mon club de cœur depuis plus de 20 ans. En tant que supportrice inconditionnelle, j’y ai vécu des émotions fortes au fil des saisons. Entre mon mari et aujourd’hui mon fils qui le pratiquent, le foot est une passion qui a contaminé toute ma famille ! »

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Photo Christophe Urbain


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SUELI GROSS-NAST

29 ans, couteau suisse de La Laiterie / jeudi 6 septembre

OÙ ? 1ER ÉTAGE DE LA BOUTIQUE CULTURE

« Depuis l’enfance je suis fascinée par les contes et légendes de Strasbourg. Ce bâtiment situé 10, place de la Cathédrale regorge d’histoire, comme une inscription dans la pierre de l’identité strasbourgeoise. Mon père avait d’ailleurs écrit sa thèse sur la Cathédrale, j’en ai certainement reçu l’héritage ! Il y a quelques années, lors de mon expérience à la Boutique Culture, j’ai véritablement succombé en découvrant cette œuvre totalement méconnue… »

ACTU ! Ma playlist de la saison à découvrir à La Laiterie. Au Club : Wave Machines (17 oct.), The Hundred in The Hands (19 oct.), Liars (25 oct.), The Bewitched Hands (26 oct.), Soap & Skin (21 nov.), Dark Dark Dark (4 déc.) Dans la grande salle : Animal Collective (3 nov.), The Jon Spencer Blues Explosion (5 déc.) Et l’Ososphère et le festival des Artefacts ! www.laiterie.artefact.org Robe évasée et manches en maille Sonia by Sonia Rykiel aux Galeries Lafayette

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Photo Alexis Delon


CLAIRE HARRISON

Photo Eric Antoine

27 ans, blogueuse TheTrendygirl.com / lundi 24 septembre

OÙ ? LA BROCANTE CHEZ FRED

« J’aime l’idée que chaque objet soit chargé d’histoire et qu’on puisse se le réapproprier à notre tour. Cette caverne d’Ali Baba regorge de trésors, on peut y rester des heures pour y trouver la perle rare ! C’est un tout nouveau lieu qui gagne vraiment à être connu… »

ACTU ! Le webzine The Trendy Girl existe depuis quatre ans, comme portail d’informations autour de la mode, de la déco, du design et des geekeries en tout genre. Enseigne l’initiation aux métiers du web et la veille des tendances à l’ISEG. www.thetrendygirl.net Robe Twin-Set chez Vicino

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NADINE DEHAYE

54 ans, animatrice radio / vendredi 21 septembre

OÙ ? L’OBSERVATOIRE ASTRONOMIQUE

« J’aime le côté “Tintin” de ce lieu, avec sa lunette astronomique que je peux admirer depuis chez moi. Juste à proximité du jardin botanique, à l’ombre de ses saules pleureurs, j’y retrouve mon âme d’enfant à guetter grenouilles, écureuils et canards avec ma fille ! »

ACTU ! Nouvelle émission matinale Système D, tous les matins à 7h50 sur France Bleu Alsace. nadine.dehaye@radiofrance.com Jean, gilet avec lien en cuir et foulard, le tout chez Ipsae

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Photo Eric Antoine


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LE PRINTEMPS

LES DOCKS ÉCO QUARTIER DANUBE PROJET WACKEN-EUROPE CONGREXPO

Tous les jours, la ville évolue sans qu’on en ait forcément conscience. Les projets urbains qui agissent sur notre quotidien ne sont pas forcément toujours visibles. Mais aujourd’hui, c’est l’image de la ville que l’on transforme, en plus de son usage. D’ici 2020, Strasbourg ne sera plus la même. Des quartiers entiers seront construits/transformés et la nouvelle ville s’étendra jusqu’à Kehl pour s’ouvrir enfin sur le Rhin. Malgré la crise, certains chantiers ont démarré, et même au centre-ville, on construit. Gros plan sur quatre projets, parmi d’autres, qui vont transformer Strasbourg.

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— Les Docks

PULSAR URBAIN

La presqu’île Malraux est au centre de toutes les attentions. La question de la réhabilitation et de l’occupation de cet espace ouvert sur le Rhin devient un formidable prétexte à l’innovation. Anne-Sophie Kehr et Georges Heintz, architectes du projet Les Docks, nous livrent leur vision de cet espace urbain.

———— PROPOS RECUEILLIS PAR VANESSA SCHMITZ-GRUCKER VISUEL HEINTZ-KEHR ET ASSOCIÉS ————

Quelle était l’intention initiale de ce projet ? Georges Heintz : On a d’abord pensé un quartier, ce qui veut dire qu’on ne l’a pas pensé formellement mais fonctionnellement. Ce qui fait un quartier, c’est avant tout ce qui s’y passe. C’était ça, la vraie question : « Comment fait-on un quartier ? » Il fallait que ce soit un nouveau pulsar, un morceau de ville à la croisée nord-sud et est-ouest. Il y a l’axe qui relie à l’Allemagne, mais aussi le tramway qui relie le nord au sud de la ville, le campus universitaire, et la zone de chalandise. On est sur un lieu avec des flux très importants. L’écueil à éviter était donc l’entité commerciale. On sait que ces lieux se transforment rapidement en zone morte. L’insularité, elle, n’était pas un obstacle à l’intégration. Au contraire, on avait même proposé de travailler dessus et de restituer l’île en reconstituant un bras.

Mais ce qu’il fallait avant tout, c’était parler fonctionnalité et qualité spatiale. Il y avait vraiment matière à vivre. Nous voulions créer un espace républicain partagé, une île de mixité. Au départ, il y avait cinq lots dont les docks et le bassin. On voulait faire un quartier, pas un objet, faire juste un bâtiment ne nous intéressait pas. On a donc travaillé sur un tripode tout en traitant le bassin comme une place urbaine qui soit centrale et qui relie les espaces. Quel est le geste architectural qui a impulsé le programme ? Anne-Sophie Kehr : C’était un concours investisseur et exploitant. Mais ça ne concernait pas que Les Docks. En face, un projet vertical, un signal urbain devait prendre place au bout du môle. Le projet que nous avions proposé dans la continuité du bassin pour

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DOSSIER URBANISME

redonner un fond à la perspective dynamisait le site autour d’un nouveau noyau d’activité. Lequel devait vivre de jour comme de nuit. Visuellement, l’idée était de jouer avec une sorte de cadavre exquis, entre patrimoine industriel et programme moderne, sans tomber dans le régionalisme. Le môle n’est pas classé monument historique, on ne nous a pas imposé de le garder mais nous l’avons voulu. On a rasé le toit, qui n’avait pas de signature historique, et on a profité de ce programme pour réaliser un porte-à-faux et y créer une terrasse ombragée. Ce porte-à-faux, c’est un signe visuel fort… A-S.K : On a eu le grand prix régional des pyramides d’argent pour cette innovation. Structurellement, il y a des contraintes de sécurité draconiennes, liées à la mixité du programme. C’est un programme mixte non seulement parce qu’on fait du moderne sur de l’ancien, on met du métal sur du béton, mais aussi parce que les exploitations sont variées et multifonctionnelles. Ce porte-à-faux, c’est comme un lingot qui vient se poser. On est presque dans le domaine de l’infrastructure. Ce n’est pas vraiment un pont, mais structurellement, ce sont deux immenses poutres contreventées sur toute la longueur. C’était assez évident de partir sur du métal pour alléger les contraintes sur l’existant et pour ne pas faire de répétitions. C’est aussi une histoire de glissement pour affirmer cette relation presque schizophrène entre l’ancien et le moderne. C’était un défi mais on ne déborde que de 14 mètres, ce n’est pas impossible, ce sont des choses qui se font. La partie moderne effleure le bâti existant, on ne sait plus ce qui est de l’ordre de l’Histoire et ce qui ne l’est pas… Il y a un double langage, entre instabilité et fixité… Le programme s’y prêtait bien, c’était aussi une question de visibilité. Nous n’avons que des logements dans la partie neuve, ce n’est que du privatif. L’existant, c’est la partie tertiaire et commerciale. Quelles sont les fonctions fortes de ce lieu ? C’est vraiment un programme mixte pour lequel on a envisagé des espaces de programmations culturelles, des kiosques à musique, des théâtres en plus des enseignes commerciales, d’hôtellerie, de restauration et de loisirs. Une vraie ruche ! ————————

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— Le Printemps

EMBALLÉ C ' E S T PLIÉ ! ———— PAR CAROLINE LÉVY VISUELS CHRISTIAN BIECHER ARCHITECTES ————

Le Printemps a entamé sa mue depuis quelques mois et est en passe de faire vivre au centre-ville l’une des métamorphoses urbaines les plus marquantes de la décennie. À la tête de cette tornade architecturale, Christian Biecher, un bâtisseur du beau qui rayonne à travers le monde. À Strasbourg, il réinvente le grand magasin. Destination mars 2013.


Christian Biecher est un créateur polymorphe se considérant surtout architecte et urbaniste, malgré des collaborations qui l’ont propulsé au rang de designer renommé. Son architecture est à son image, charismatique et élégante. On compte parmi ses réalisations la récente réhabilitation de l’ancienne Bourse de Budapest ou encore le siège social du créateur Issey Miyake à Tokyo. Il affectionne l’éclectisme et passe d’un projet à l’autre avec dextérité et humanisme. Il a notamment réalisé plusieurs immeubles à Hong Kong et les grands magasins Harvey Nichols de Dublin, Jakarta ou Bristol. On lui doit aussi les boutiques parisiennes Pierre Hermé et Fauchon, et plus récemment des équipements publics et logements sociaux. Pourtant, c’est le hasard qui ramènera sur ses terres, ce natif de Sélestat qui a grandi à Strasbourg. Maurizio Borletti, actuel président du Printemps, est venu toquer à la porte de l’architecte, avec qui il avait déjà collaboré des années plus tôt pour l’orfèvre Christofle. L’ambition du projet emballe Biecher, l’idée de travailler enfin dans son Alsace natale aussi. C’est lui qui repensera la façade du Printemps, dont le projet, qui inclut une nouvelle surface commerciale de 7500 m2, est porté par sa directrice Laurence Peiffer. Ce Bonheur des dames* d’un nouveau genre fera entrer l’audace européenne au cœur de Strasbourg. Paysage de cité Au delà de la façade du bâtiment, Christian Biecher a tenu à intégrer dans sa construction les espaces intérieurs du grand magasin, comme l’implantation des escalators. Pour autant, sa vision de l’architecture reste indissociable du milieu urbain où elle se trouve : « La ville est faite d’espaces publics et d’événements urbains, comme des points d’acuponcture. L’ancien immeuble était en total décalage avec le glamour de l’enseigne. Il a fallu trouver un traitement unitaire qui entre en résonance avec les commerces environnants, les transports et ces deux objets forts de la place de l’Homme de fer. » Lorsqu’il évoque ces objets, l’architecte fait référence à l’anneau central de la place et à la tour Valentin-Sorg, qui s’élève sur 48 mètres depuis les années 50 : « Je n’aime pas cet anneau imposant qui a véritablement tué cette place, et pourtant il est devenu un point de repère évident pour les Strasbourgeois. Il a fallu faire avec ! » * Au Bonheur des Dames d’Émile Zola (1883), roman sur l’univers des grands magasins.

L’habit brut Cette créature-ovni qui s’érigera bientôt est le résultat d’un « sac de nœuds techniques » ironise l’architecte. Pourtant, quand on l’interroge sur les contraintes de l’opération en cours, l’humilité prend le dessus. « Lorsqu’on innove, cela entraîne toujours des complications qui sont d’autant plus importantes que l’intervention est inédite. Elles ont été à hauteur de nos ambitions ! » Cette enveloppe structurale se compose de nervures, qui constituent l’ossature technique de la façade, avec la maille plissée comme leitmotiv graphique : « Il fallait que ce soit comme un habit. Je ne voulais pas tricoter une façade classique. L’idée de la maille plissée est venue très vite, avec sa forme rythmique qui me fait penser aux colombages alsaciens ». Les oriels ou bow-windows viennent compléter majestueusement l’édifice avec son avancée en encorbellement. Une sorte de balcon propulsé dans le vide qui laisse pénétrer la lumière de l’intérieur. Cette transparence recherchée donne vie à un panorama urbain presque cinématographique.

“ Il a fallu trouver une unité avec les commerces environnants, les transports et les éléments forts de la place de l'Homme de fer ”

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DOSSIER URBANISME

L’obsession du pli Lorsque l’on s’intéresse de près à ses inspirations, celle du pli est évidente, comme territoire infini de mouvements rythmiques. L’architecture qui plie, déplie et enveloppe, a été théorisée par Gilles Deleuze, dont l’œuvre nourrit Christian Biecher depuis toujours : « À 20 ans, on lit des textes fondateurs sur le monde, et l’image en mouvement de Deleuze m’accompagne partout. Quand les philosophes s’attaquent à l’esthétique, ce sont des sujets infinis ! » Le vêtement est d’ailleurs la première métaphore spatiale. Dans sa forme baroque, il entoure le corps de plis autonomes et multipliables. Tout comme cet édifice enveloppé d’une peau en aluminium martelé et d’une couleur inédite, un doré froid : « Cette couleur est l’expression de la lumière de l’Alsace, celle dont on se souvient. Elle diffère selon les endroits et devient matérielle par la poussière… Elle me fait également penser aux robes du Peau d’âne de Jacques Demy », confie l’architecte. Rendez-vous pour l’éclosion de ce théâtre contemporain et urbain dont l’origami fantasmé prendra sa forme définitive en mars 2013. La magie opère déjà. ————————

www.printemps.com www.biecher.com ————————

BIEN DANS SA VILLE

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Après l’adhésion de la façade du Printemps et parce qu’un projet n’arrive jamais seul, la Ville de Strasbourg a confié à Christian Biecher la conception d’immeubles et de logements dans l’écoquartier Danube, conçu par les architectes Devillers et Richter. « Le quartier le plus intéressant et foisonnant », clame t-il. Il dessine également un programme mixte sur la maille Athéna d’Hautepierre : un projet d’aménagement prévu pour 2015 regroupant des logements sociaux, des restaurants, une crèche parentale et un gymnase.

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— L’écoquartier Danube

LABO S Y M B O LIQUE

———— PAR CLAIRE TOURDOT VISUELS AGENCE DEVILLERS ————

Durables, solidaires et responsables, les écoquartiers sont l’emblème d’une nouvelle politique verte. Le futur quartier Danube, conçu par les agences Devillers et Richter entre le Neudorf et l’Esplanade, promet une petite révolution en matière de mobilité et de diversité. Une cité idéale prévue pour 2015.

Aux commencements était la « ceinture verte ». Entourant la ville dès 1885, cette zone de friches portuaires constituait un front défensif face à l’Ennemi, j’ai nommé l’Allemagne. Les années et tensions s’estompant, les fortifications sont peu à peu abandonnées ou reconverties en dépôts d’ordures et terrains militaires, créant un véritable no man’s land. Relier Strasbourg au Rhin en insufflant à cet espace éteint un dynamisme nouveau ? C’est l’objectif d’une métropole transfrontalière qui s’étendra de Kehl à Strasbourg et où, progressivement, les bulles urbaines se rattacheront les unes aux autres. Premier pas vers ce projet à long terme, l’écoquartier Danube se situe dans une enclave entre le Neudorf, l’Esplanade et la presqu’île Malraux. Ne vous fiez pas à sa petite taille (5 hectares), le quartier promet un bouleversement en matière d’urbanisme en se recentrant sur le point de vue de l’habitant. Pour déterminer ses besoins majeurs, un débat a été ouvert entre les élus de la Ville de Strasbourg, les promoteurs mais aussi... l’habitant lui-même ! Des ateliers de travail urbain ont été lancés au sujet de la biodiversité, des logements, équipements ou encore des espaces publics. Une manière de s’approprier les lieux avant d’y poser ses cartons. Le vaste projet porte une valeur exemplaire pour les constructions futures. « Nous avons imaginé un vrai morceau de ville durable qui intègre des problématiques sociales, éco-

nomiques et environnementales », précise Magali Volkwein, urbaniste pour l’agence Devillers. L’écoquartier Danube se positionne comme une sorte de laboratoire où seront testées les dernières tendances en matière de qualité de vie et d’harmonie en communauté. Oubliées les austères barres d’immeuble construites à la hâte du temps de l’aprèsguerre, on prône ici la diversité des types d’habitat, de façon à convenir au plus grand nombre. La transition se fait progressivement entre les maisons familiales du Neudorf et les grandes infrastructures de l’Esplanade, contribuant à lutter contre la ségrégation sociale. La diversité se développe aussi au niveau des services proposés : une maison de retraite a déjà ouvert ses portes ; suivront une école maternelle, un centre culturel, des logements étudiants, bureaux et commerces. Une réelle vie de quartier s’intègre à long terme dans le paysage urbain strasbourgeois, prolongeant le dynamisme intense du centre historique. Clin d’œil à la morphologie naturelle du terrain, l’eau est mise à l’honneur à travers une structure centrale végétale et hydraulique placée au centre du quartier. Le jardin aquatique, accompagné d’une double rangée d’arbres tiges, collecte dans des fossés adaptés les eaux pluviales et de ruissellement qui lui assurent une autonomie totale. Par un effet de cascade, les eaux se déversent peu à peu dans le bassin Desuzeau adjacent, réinventant par là même l’écosystème du Ried


alsacien. Dans une optique de partage, un projet de jardin intergénérationnel a déjà été avancé afin de permettre la rencontre entre les jeunes de l’école maternelle et les résidents de la maison de retraite. La nature s’installe aussi sur les toitures des immeubles avec en vedette un emblème des anciennes friches portuaires, la mauvaise (mais non pas moins belle) herbe. Dans les espaces publiques, chacun pourra se réunir pour une partie de pétanque ou un barbecue dès les premières soirées de printemps. Il fera bon vivre à l’écoquartier Danube.

Mais le plus gros enjeu du lieu est certainement celui de la mobilité. Une zone de rencontre (comme on en trouve déjà à la Krutenau et Grand’Rue) est créée au cœur de l’espace public : les voitures seront relayées au second plan avec une limitation de vitesse à 20km/h tandis que les piétons et les vélos pourront circuler librement. Un bon point contre les nuisances sonores, l’encombrement des chaussées ou la dangerosité. Nicolas pourra jouer tranquillement au ballon sans inquiéter ses parents. Derrière ce remaniement se cache une nouvelle hiérarchisation

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DOSSIER URBANISME

“ Nous avons imaginé un vrai morceau de ville durable qui intègre des problématiques sociales, économiques et environnementales ”

des moyens de locomotion dans une visée toujours plus écologique et économique. « Les personnes adeptes des modes de déplacement alternatifs (vélos, tram, bus,...) seront favorisées par rapport aux automobilistes. Des bouquets de services seront à disposition des habitants comme une station Vélhop ou un réparateur de vélos. Sur un même trajet, il sera possible d’aller acheter sa baguette et de passer à la conciergerie chercher un colis avant de déposer son enfant à l’école... quelque chose d’impossible en voiture », explique l’urbaniste. De façon à limiter l’utilisation de la voiture, les places de stationnement sont réduites à 0,5 par ménages et regroupées dans des parkings mutualistes en sous-sol. De quoi décourager les plus coriaces ! Anticipation des besoins, respect de l’environnement, diversité des habitats et mobilité, l’écoquartier Danube arbore, avant même sa sortie de terre, une image de cité modèle. Un exemple sur lequel pourront s’appuyer les prochaines grandes constructions prévues tout au long de la route du Rhin, laissant place à une véritable « écocité ». ————————

www.agencedevillers.com www.richterarchitectes.com ————————

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— Le projet Wacken Europe / Le Congrexpo

ILÔT FUTURISTE ———— PAR VANESSA SCHMITZ-GRUCKER VISUEL CABINET REY-LUCQUET ————

En seulement deux siècles, le Wacken (de l’alsacien “wackele”, petit caillou), îlot de 58 hectares coincé entre l’Ill et l’Aar, est passé du statut d’île marécageuse, vestige du Rhin, à celui de quartier moderne tourné vers les secteurs industriels et tertiaires mais surtout vers l’Europe.

Les métamorphoses de ce quartier reflètent les évolutions fulgurantes de notre société et de son économie. Inscrits dans la première révolution industrielle, les projets urbanistiques du Wacken accompagnent le développement des activités financières et politiques, de l’habitation et des loisirs. Ils attestent de la nécessité du développement urbain hors de l’enceinte primitive. Les ambitions européennes du quartier sont scellées dès 1933 lorsque la Foire devient la Foire européenne de Strasbourg. Symbole d’une


modernité nouvelle, le siège de France 3 Alsace, le Palais de la Musique et des Congrès et les hôtels Hilton et Holiday Inn s’implantent en face de l’Ile Jars. Ils seront suivis par les institutions européennes. Le projet Wacken-Europe s’inscrit dans cette longue histoire de transformations urbanistiques. Sous ce terme, on distingue deux grands projets : le Congrexpo et le QAE, le Quartier d’Affaires Européen, remporté en 2011 par le groupe Bouygues sur un projet mené par les architectes-urbanistes Christian de Portzamparc et Jean Mérat, avant d’être abandonné à l’été 2012 pour faire l’objet d'un nouveau marché et d’un nouveau concours. Une grande rénovation, prévue pour 2020, conjugue quartier d’affaire et pôle européen. Au cœur de ce pôle, le Congrexpo associe un PMC rénové et étendu à la Foire Européenne, déplacée pour l’occasion sur l’aile Schweitzer et physiquement reliée au PMC par un hall-passerelle surplombant l’avenue Herrenschmidt. Le cabinet d'architecture strasbourgeois Rey-Lucquet et associés est en charge du projet avec le cabinet autrichien Dietrich Untertrifaller. Trois modules architecturaux, articulés autour d’un

bâtiment central, sont dédiés au PMC qui fonctionne en synergie avec le PEX. L’accent est mis sur le développement de l’activité musicale (au 9000m2 rénovés s’ajoutent 8000m2 de construction) et sur les activités mixtes des manifestations économiques modernes. Le site se veut résolument futuriste dans ses lignes. Une façade métallique, rythmée de fausses colonnades, aux verticales fortes et aux arêtes vives, s’ouvre sur un large parvis d’où rayonnent des allées arborées. La construction joue des transparences : de larges baies vitrées opèrent une continuité entre le site intérieur et le site extérieur. À la verticalité extérieure s’oppose une douce horizontalité de l’espace intérieur : ajourements circulaires, rectangulaires, courbes. La modernisation des bâtiments datant des années 1970 fait la part belle à l’innovation bioclimatique. La végétalisation de l’espace est un point clef de ce futur pôle économique. Un tapis végétal recouvre les toits-terrasses du futur PEX pour optimiser sa protection thermique. Lumière naturelle, gestion de l’eau, de la ventilation, orientation adaptée des bâtiments permettent de maximiser les performances énergétiques. Une toute nouvelle grammaire architecturale, inscrite dans une écriture futuriste, qui concourt à l’harmonisation et la cohérence visuelle du quartier.

LE WACKEN EN 10 PROJETS D’ARCHITECTURE

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1930 Parc des Expositions, place Adrien Zeller / avenue Schutzenberger 1961 Maison de la Radio, siège de France 3 Alsace, place de Bordeaux 1970 Hôtel Holiday-Inn, avenue Herrenschmidt 1973 Palais de la Musique et des Congrès, avenue Schutzenberger 1975 Siège social du Crédit Mutuel, place Adrien Zeller 1981 Hôtel Hilton, avenue Herrenschmidt 1981 Piscine ouverte du Wacken 1998 Parlement Européen, allée du Printemps 2005 Maison de la Région, place Adrien Zeller 2008 L’Agora, Bâtiment général du Conseil de l’Europe, quai Jacoutot

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ACROSS T H E BORDER

Propos recueillis par Cécile Fassel

« Architectures sans frontières » est le thème de la 12e édition des Journées de l’Architecture. L’architecte tessinois Aurelio Galfetti a inauguré la manifestation avec une conférence sur le sujet. L’occasion de l’interroger sur le rapport du grand public avec l’architecture et l’urbanisme. Vous écrivez qu’« une architecture peut générer des limites mais jamais de frontières entre les espaces »… Oui, c’est un thème difficile... Je n’y avais même jamais songé en ces termes, mais cela m’a donné l’occasion d’y réfléchir et d’apprendre. L’architecture est un ensemble d’une énorme complexité. Par conséquent, les frontières qui existent sont nombreuses et particulièrement différenciées. Pour mon approche du thème de cette année, j’ai choisi de me concentrer sur les frontières culturelles. Les gens ont-ils un a priori par rapport à l’architecture ou l’urbanisme ? Il serait important d’expliquer au grand public que l’architecture ne se résume pas à la maison à habiter. Je ne fais aucune distinction entre les espaces architecturaux, qu’ils soient urbains ou paysagers. Pour moi, il s’agit toujours d’espace à construire. Le domaine de l’architecture est immense. Il faut en parler, à l’école par exemple, où tout comme le jardinage ou la peinture, il faudrait sensibiliser à l’architecture. Mais une sensibilisation aboutie nécessite de s’intéresser à l’espace public. Il est essentiel que le public réalise que l’espace urbain se dessine. Toute ville qui nous touche et nous séduit comporte des rues et des espaces publics de qualité. Il est impossible de faire une belle architecture sans un bel espace public et réciproquement. C’est un espace de qualité, dessiné, à respecter. La substance de base travaillée reste l’espace, quelle qu’en soit l’échelle. L’architecte bâtit toujours pour, il ne peut pas bâtir contre. Il est en fait un interprète qui traduit les besoins du public et des différents acteurs, les désirs en espaces. Son travail est d’interpréter ces désirs en espace. Les Journées de l’architecture, jusqu’au 26 octobre www.ja-at.eu

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Photo : Michel Gibert. Remerciements : Pierre Stéphane Dumas – www.bubbletree.fr, www.moaroom.com pour Boskke Sky Planter, www.gerflor.com. By : par.

Faire de la créativité un art de vivre.

Imaginer. Créer. Lier audace, élégance et créativité. Inventer un art de vivre dans l’air du temps.

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l’art de vivre by


L A U R E N C E

B E N T Z

C U L T U R E


ARTS

S É R I E

N O I R E ——— Par Emmanuel Abela & Vanessa Schmitz-Grucker Photos Éric Antoine ———

Annette Messager, Désir, 2009. Fil de fer et filets noirs, 165 x 207 cm. Courtesy de l’artiste et Marian Goodman Gallery, Paris-New York. Photo : Marc Domage © ADAGP Paris 2012

À QUELQUES JOURS DE L’INAUGURATION DE SA DERNIERE EXPOSITION, CONTINENTS NOIRS, ANNETTE MESSAGER NOUS CONVIE À PARCOURIR LES ŒUVRES EN COURS D’INSTALLATION AU MAMCS. AU-DELÀ DES PROBLÉMATIQUES TECHNIQUES, ON DECOUVRE UN UNIVERS QUI INTERROGE, AVEC GRAVITE PARFOIS, MAIS AUSSI AVEC HUMOUR, NOS PROPRES PEURS : PEUR DE MOURIR, PEUR D’EXISTER ET PEUR DE DIRE.

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———— “ Comme dans beaucoup de mes travaux, on peut lui attribuer un double sens : il semble à la fois joyeux et effrayant. ” ———— Une œuvre connaît ses instants de vie : elle est conçue par l’artiste, réalisée en atelier, puis exposée. À chaque étape, des problématiques nouvelles naissent, et avec elles des lectures possibles de l’œuvre. Quand on l’interrogeait récemment sur l’appréhension que pouvait exprimer l’artiste à l’idée de montrer ses pièces, Annette Messager nous répondait qu’il s’agissait-là d’un « moment excitant », qu’il « fallait résoudre des problèmes par rapport à des pièces qu’[elle] n’avait jamais montrées et trouver des solutions matérielles », avant de conclure : « c’est drôle, mais c’est assez reposant ». D’où l’idée de la suivre en plein accrochage. La première remarque qu’on peut se faire, c’est que contrairement à ce qu’elle nous affirmait alors c’est que c’est loin d’être tout repos : les opérations démarrent tôt le matin, les différentes équipes travaillent partout en même temps, les problèmes à régler sont nombreux, y compris pour des questions de sécurité. Des solutions doivent être trouvées dès la première salle pour l’œuvre qui donne son titre à l’ensemble de l’exposition, Continents Noirs : « Des lampes basculent dans un sens puis dans l’autre ; elles projettent des ombres qui font que les murs semblent bouger autour de nous. Mais ces lampes, on ne sait pas comment les fixer du tout parce qu’il n’y a pas de plafond. » Scotchés au sol et parfois sur les murs, on distingue des croquis préparatoires : « Oui, tout cela est scénographié », nous confirmet-elle avec l’aplomb et l’agacement de celui qui est prêt à tout avouer une fois confronté à des pièces à conviction. En parcourant les salles, l’artiste nous révèle cependant la part d’incertitude qui réside dans certaines pièces : l’emplacement des éléments peut être modifié pour favoriser d’autres circulations. Là, une chaussure de femme écrase

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celle d’un homme ; ici, des citations plastiques de Giacometti font leur apparition. Ces éléments mêlés à des cônes – « beaucoup de cônes, je ne sais pas pourquoi, je ne veux pas savoir pourquoi ! » – créent des îlots et acquièrent une part de vie incertaine dans cet espace énigmatique. « J’aimerais que les gens puissent passer autour, mais ça n’est pas évident. » Chacun de ces éléments rejoint un ensemble aux possibilités visuelles infinies dont la cohérence se dessine sous nos yeux, mais rien ne semble définitif. Se pose alors la question de l’instant final, du lâcher prise et d’un éventuel achèvement. « Pour les pièces accrochées au mur, c’est simple, elles sont faites, mais pour les autres la limite est souvent fixée par le détail technique : on sait ce qu’on peut faire, on sait également ce qu’on ne peut pas faire. » La limite est donc posée par la technique. « Oui, c’est elle qui vous dit : stop ! » Il est étonnant de constater combien Annette Messager se laisse elle-même surprendre par les effets de ses propres œuvres. « Là, nous dit-elle en désignant des ventilateurs, on constate un joli souffle dans l’air quand ça se soulève. C’est la technique qui provoque cela et c’est plutôt bien. » Elle se refuse cependant à la dépendance qu’elle pourrait entretenir aux machines et se dit aussi attirée par des démarches artistiques plus immédiates, plus intimes peut-être, les dessins par exemple, ce qui explique la grande diversité rencontrée ici. L’unité se fait par l’omniprésence du noir, le noir des grandes pièces, le noir des dessins, le noir des lettrages textiles. « Contrairement à ce que l’on pense, le titre n’a rien à voir avec l’Afrique, non. Continents Noirs fait référence à Freud quand il dit que “la femme est un continent noir”. Il a dit aussi que les femmes n’avaient pas le sens de l’orientation parce qu’elles ne connaissaient pas leur sexe. » La petite pointe de cynisme contenue dans

la citation du célèbre psychanalyste, révèle une inquiétude profonde par rapport à un territoire, dont il ne serait pas venu à bout. Annette Messager reprend l’interrogation à son compte, sans chercher à y répondre. Tout au plus ponctue-t-elle le parcours de quelques mots qui ont une certaine importance pour elle, “chance” – qui sous certains aspects pourrait se lire “danse” –, “happy” et bien sûr le mot “désir” dans de grandes installations textiles murales. « Ce qui importe dans ces mots, ça n’est pas seulement le sens, mais c’est à la fois le son et le visuel. Happy, chance, sont des mots joyeux, mais avec les filets noirs ils rappellent une forme de deuil. » C’est une constante, chez Annette Messager, la lecture est double. Au moment de quitter l’espace d’exposition, nous repassons devant l’installation qui ouvrira le parcours ; l’artiste nous rappelle qu’un pantin gonflé sera animé par l’action d’une soufflerie. « Comme il est à l’entrée, je vais l’appeler M. Bonjour. Comme dans beaucoup de mes travaux, on peut lui attribuer un double sens : il semble à la fois joyeux et effrayant. Il se débat comme nous nous débattons tous, pour vivre, exister, faire quelque chose. » Une manière singulière de signifier l’irrépressible vitalité qui réside en chacun d’entre nous ; du noir, naît une bien étrange lumière.


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Faire la nique à la mort Questions à Annette Messager, autour de son univers plein de tendresse et de mélancolie.

De tout temps, vous avez cherché à jouer avec la mort. Est-ce une manière de vous confronter à vos propres peurs ? Oui, je cherche à faire la nique à la mort. On est vivants, on se débrouille comme on peut… Nous nous agitons souvent inutilement, mais nous n’avons que cela à faire dans la vie puisque on sait tous comment ça va finir. On cherche à oublier l’issue fatale. Dans votre travail, on trouve une référence constante à l’enfance : estce une nécessaire mise à distance par rapport à ce qui vous inquiète ? Quand je travaille je ne sais pas toujours où je vais. C’est comme une sorte de terrain de jeu, avec des pistes possibles. Mais si je sais trop à l’avance ce que je cherche à faire, je n’ai plus envie de faire parce que ça sera moins bien que ce que j’imagine. J’avance par tâtonnements, en touchant les matériaux, en allant dans une direction, puis dans une autre… Alors oui, je joue un peu comme les enfants, mais j’y vais sérieusement. Un ouvrage sera publié à l’occasion de cette exposition : vous l’avez confié à l’écrivain américain Norman Spinrad, un auteur de science-fiction. Une raison particulière à ce choix ? La pièce baptisée Continents Noirs fait penser à de la science-fiction ; elle se situe comme l’“après” quelque chose, mais on ne sait pas de quoi elle est l’“après”. Personnellement, je ne connais pas grand chose à la science-fiction, mais ça m’a intéressé justement de faire appel à un auteur, et non à un critique d’art.

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Que découvrez-vous de vous-même dans l’ouvrage ? Je ne sais pas si je découvre quelque chose [rires]. Et en même temps, il ne parle pas tant de moi… C’est ce qui m’intéresse. Et puis, il faut que ça fasse son chemin, je n’ai pas de distance, je suis trop dedans.

On apparente cette exposition à un conte philosophique, une fable. Quelle en serait la morale ? Moi, je n’ai pas de morale… J’aime lire les journaux, découper des images de presse, regarder ce qui se passe, mais je ne parle jamais directement des événements.

Vous même, avec l’exposition, vous construisez un récit en vous inspirant de Jonathan Swift et des Voyages de Gulliver. Qu’avez-vous puisé dans le roman ? Je m’en suis inspirée très vaguement, mais il est vrai que j’aime l’idée du changement d’échelle, ces passages d’une île à l’autre, la présence des Lilliputiens… De même pour les voyages fantastiques dans l’univers avec des professeurs qui sont fous. Gulliver, ça reste assez hallucinant !

On constate une grande diversité dans cette exposition avec des installations, des pièces monumentales, mais aussi des dessins sur papier. Au moment de les réaliser, établissiez-vous des liens entre ces différentes œuvres ? Oui, les liens existent sur une période assez courte, puisque ces travaux ont été réalisés entre 2010 et 2012. Le mot “chance” apparaît dans des dessins, mais il couvre une double réalité qui est celle du hasard aussi. Ce qui importe pour moi, c’est le parcours, le déroulement…

Le cheminement ? Oui c’est bien cela, le cheminement de l’exposition…

Continents Noirs, du 13 octobre au 3 février, au MAMCS 1, place Jean Arp www.musees.strasbourg.eu

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ARTS

UNE HISTOIRE DE L'ART ——— Propos recueillis par Emmanuel Abela, Sylvia Dubost et Vanessa Schmitz-Grucker ———

SANS LUI, L’ART CONTEMPORAIN N’AURAIT SANS DOUTE PAS LA MÊME PLACE À STRASBOURG. PIONNIER DE L’INSTALLATION D’ŒUVRES DANS L’ESPACE PUBLIC ET DU SOUTIEN AUX ARTISTES DU CRU, LE CEAAC FÊTE CETTE ANNÉE SES 25 ANS. L’OCCASION DE REVENIR SUR SON HISTOIRE ET SES MISSIONS, À TRAVERS LE REGARD DE QUELQUES FIGURES-CLÉ DE SON PASSÉ, PRÉSENT ET FUTUR…

ROBERT GROSSMANN & ROLAND RECHT Les fondateurs —— Quelle était, à l’époque, la place de l’art contemporain à Strasbourg ? RG : Il n’y avait qu’une œuvre visible in situ à Strasbourg, d’ailleurs moderne aujourd’hui : celle d’Henry Moore, que Rémy Pflimlin avait imposé… RR : On se représente mal la situation, qui n’est pourtant pas si ancienne. Il y avait un clivage entre deux catégories de plasticiens. Ceux qui pensaient qu’on ne s’occupait pas d’eux, qu’ils était des mal-aimés, que la région, la ville, les musées, l’état, personne ne faisait rien pour eux ; et les autres, les plus jeunes, créatifs, faisant des expositions sur leur propre initiative, aidés par quelques jeunes collectionneurs. Ce clivage était visible mais pas avoué, donc on avait le sentiment que ce n’était pas la peine de s’occuper des artistes de la région car il y aurait toujours des mécontents. […] RG : Quand Roland Recht parle de clivage, il y en avait un autre, évident malheureusement

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aujourd’hui encore, celui du monde des élus. On ne s’intéressait qu’aux vieilles pierres, et la création était laissée à l’abandon. Je pense que c’est une petite révolution que nous avons réussi à mettre en œuvre. Nous voulions mettre de l’art contemporain dans la rue, pour que le public voit ce que c’est, d’aider les jeunes artistes avec des bourses et en leur trouvant un atelier. Je crois que nous avons réussi tout cela et que nous avons, cher Roland !, complètement transformé le paysage. L’œuvre de Venet [place de Bordeaux, ndlr] est dans l’œil de tout le monde. Aujourd’hui c’est gagné sur ce plan, et sans fausse modestie, c’est quand même notre action !

EVELYNE LOUX La directrice depuis 1992 —— La commande publique « Au début, nous essuyions des refus partout. Nous avons démarché sans relâche pour être autorisés à installer des œuvres et financièrement nous devions tout assumer : l’installation, l’entretien, les assurances. Il ne fallait gêner en aucun cas et surtout assumer

pleinement la responsabilité des choix artistiques. Le politique devait pouvoir déléguer et se reposer sur l’expertise de notre comité technique. Petit à petit, les choses ont changé, nous avons commencé à être sollicités pour installer des œuvres dans les communes et notre action s’est recentrée sur le conseil et l’accompagnement de projet. » Un lieu pour exister « Dès mon arrivée au sein du CEAAC, un lieu d’exposition était pour moi un outil indispensable aux missions qui étaient celles de l’association. Le meilleur moyen de soutenir les artistes, c’est de montrer leur travail. Le centre d’art était également nécessaire pour accompagner le travail que nous défendions déjà dans l’espace public. Il fallait expliquer, faire un vrai travail de pédagogie et donner des réponses à ceux qui s’interrogeaient sur les œuvres dans l’espace public. Nous devions aussi être identifiés en tant que responsable de ces installations. Le politique ne devant pas assumer ni être pris à parti sur des questions de choix artistiques. Il était nécessaire d’exister en tant que structure pour revendiquer une légitimité publique. »


Corindon, prêt du Musée minéralogique de l’Université de Strasbourg - Photo : Klaus Stöber

BERNAR VENET Un des premiers artistes « installés » par le CEAAC ——

DAVID CASCARO, Le directeur de la Haute École des arts du Rhin ——

« C’était à l’extrême fin des années 80. J’avais rencontré Robert Grossmann et cette idée de réaliser une pièce pour la ville de Strasbourg m’avait plu. J’adore cette ville ; il s’y passe des choses, c’est une ville très dynamique, une ville géniale. Et on me proposait de réaliser une sculpture monumentale. Je venais d’achever une pièce à Norfolk en Virginie, une à Paris et une à Épinal, mais dans des formats plus réduits. C’était ma première commande publique et c’est la plus réussie. La pièce en soi fonctionne très bien mais c’est surtout celle qui fonctionne le mieux dans son espace. Elle est adaptée à la réalité de son environnement, un espace formidable et généreux. On a ensuite compris que je pouvais réaliser des pièces monumentales et quatre ans durant, de 1987 à 1991, les commandes se sont enchaînées de façon ininterrompue. »

Une mission de proximité « Entrer dans une école d’art c’est entrer dans la communauté artistique – sans forcément devenir artiste –, et cette communauté artistique implique des lieux de diffusion. En ce qui concerne le CEAAC, si ça n’était qu’un lieu de diffusion ça ne serait pas très intéressant. Or justement, il me semble que le CEAAC depuis de longues années est dans la communauté artistique parce qu’il n’est pas qu’un centre d’art. Il s’agit de le répéter : il s’agit d’une agence artistique avec plein de missions, et une mission principale de grande proximité aux artistes. Les étudiants savent qu’on rencontre ici une connaissance régionale, transnationale, et une écoute. » Des effets de quartier « Avoir la possibilité d’investir ainsi un espace professionnel avec ses équipes pour un travail de production, c’est un luxe inouï. Je ne suis pas sûr qu’on soit allé jusqu’au bout mais il faut jouer sur la proximité entre l’école, la

Chaufferie et le CEAAC. Je suis très attentif aux effets de quartiers, et il faut valoriser ces possibilités-là. […] Il n’y a pas de mystère : travailler avec un artiste c’est la clé en art contemporain ! » Le CEAAC 7, rue de l’Abreuvoir www.ceeac.org

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Prochaines expositions : Disarray/Rococo n°33, du 9 novembre au 2 décembre Doppelgänger – Les Séparés, du 9 novembre au 6 janvier

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Soirée pour les 25 ans du CEAAC, le 20 octobre Hors-série du magazine Novo, à paraître le 20 octobre

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OPÉRA

LE CHATOIEMENT DES LIGNES ——— Par Emmanuel Abela Photos brokism ———

LE GRENIER D’ABONDANCE ABRITAIT JADIS LES CÉRÉALES PRÉVUES EN CAS DE PÉNURIE. AUJOURD’HUI, IL RECÈLE D’AUTRES TRÉSORS À L’ABRI DES REGARDS DU PUBLIC : DES SALLES DE RÉPÉTITION, DES STUDIOS, LES ATELIERS COSTUME ET PERRUQUE DE L’OPÉRA NATIONAL DU RHIN. LE CRÉATEUR DE COSTUMES THIBAULT VANCRAENENBROECK NOUS Y PRÉSENTE SES CRÉATIONS POUR L’OPÉRA LE SON LOINTAIN, DANS LE CADRE D’UNE VISITE PLEINE DE SURPRISES VISUELLES.

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La maison des masques « L’histoire du Son Lointain se déroule sur quinze ans : elle démarre en 1912, année de l’écriture de l’opéra. On poursuit après la Première Guerre mondiale, à une époque où le costume évolue énormément. Dans l’acte 1, les costumes sont assez provinciaux, car l’action se situe dans une petite bourgade en Allemagne. Le gros du travail porte sur l’acte 2, avec une ambiance très riche, aristocratique, à la fois féérique mais finalement assez macabre : l’action se déroule dans la Casa delle maschere – la maison des masques – sur la lagune de Venise. Dans ce lieu très mystérieux, des hommes débarquent en gondoles pour y retrouver des prostituées de luxe. Tous les chœurs hommes côtoient tous les chœurs femmes ; au niveau des costumes, c’est pour nous le grand tableau avec des créations sophistiquées. À l’acte 3, nous nous retrouvons dans une grande ville, à la sortie d’un opéra, où le personnage de la pièce vient de jouer sa dernière création. » Tableau en noir et blanc « Avec le metteur en scène, nous travaillons très en amont, pendant des mois. Là, dans le cas du Son Lointain de Franz Schreker, je découvrais l’œuvre. Nous en avons parlé, nous avons échangé des impressions et exposé des envies. En ce qui concerne Stéphane Braunschweig, ce qui est particulier c’est qu’il signe la mise en scène, mais également la scénographie. Une fois qu’il a posé les prémaquettes du décor, naissent des discussions

plus précises sur les costumes. Dans l’acte 2 par exemple, Stéphane n’a pas fait figurer le faste des palais vénitiens, c’est plus abstrait : il a transposé cela en volumes, avec une dune dans un rouge très profond. Nous avons échangé à propos des matières, lesquelles pouvaient évoquer à la fois une forme de sensualité et quelque chose de très mystérieux. À partir de là, nous avons exploré des références communes, les films de Fellini ou des choses plus récentes comme Eyes Wide Shut, la dernière réalisation de Stanley Kubrick. On y trouve un espèce de rendez-vous échangiste très hype qui fait penser à une société secrète : l’ambiance y est fantasmatique et en même temps assez sordide, les filles y sont instrumentalisées, voire totalement exploitées. Au niveau esthétique, comme la dune donnait une dominante de rouge, j’ai décidé de ne pas rajouter de couleurs franches supplémentaires, mais de travailler tout un tableau en noir et blanc, avec une dominante de noir chez les hommes, et une dominante de blanc chez les femmes. Les hommes sont habillés de manière stricte avec des capes et des fracs, mais les femmes portent des vêtements légers et délicats. Pour cela, j’ai transposé des modèles de manteaux de l’époque qui allaient chercher autant dans l’orientalisme que dans les accessoires de chez Fortuny à l’époque. L’idée c’était de partir d’une lingerie très soignée, mais pour réaliser des vêtements destinés à être vus, avec par-dessus, kimonos, manteaux dans des tissus très transparents… »

L’inspiration du moment « Les costumes des chœurs sont aussi soignés que ceux des solistes. La particularité de cet opéra c’est qu’on dénombre beaucoup de solistes, dont certains sont pris dans le chœur. Nous n’avons pas de séries ni de groupes, ça demande donc un travail très individualisé ; nous ne pouvons rien systématiser : chaque personne est habillée de manière très différente. Les thèmes de couleur donnent une unité, mais chaque costume est étudié par rapport à un chanteur ou une chanteuse. Pour cet opéra, ça m’amusait de traverser quinze années d’époque du costume, mais j’ai pris des libertés, j’ai choisi ce que je trouvais de plus élégant, de plus adaptable en rapport avec les corps d’aujourd’hui. Nous habillons un chœur, et non pas des mannequins. Nous travaillons en fonction de la morphologie des gens, il faut vraiment que tout le monde puisse être à son avantage. J’ai donc opté pour ce qui me semblait le plus pertinent, le plus lisible. C’est évocateur d’une époque, mais c’est adapté en fonction de matériaux qui ont évolué et de l’inspiration du moment. Au niveau des corsets et des lingeries, on se situe dans une période antérieure, au tout début du siècle, alors que les manteaux sont plutôt identifiés années 20. J’ai opéré un glissement d’époque, et en même temps il fut un temps où l’on mélangeait et l’on se situait à cheval entre deux décennies. Le phénomène d’une mode changeante et précisément inscrite dans un temps donné est assez récent. À l’époque, il n’y avait pas

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« Nous ne sommes pas là pour faire un musée ni un défilé de mode. Il faut rester au plus proche du vivant, c’est le chanteur qui est au centre du travail. » de magazines qui diffusaient les tendances aussi vite ; entre la France, l’Angleterre ou l’Italie, les choses évoluaient à leur rythme et seuls les gens très riches qui avaient l’occasion de voyager rapportaient des modes plus ou moins exotiques. Et comme Venise était le monde de tous les départs en voyage, on peut imaginer des mélanges possibles. Nous avons d’ailleurs beaucoup joué sur le thème marin, la lagune, les coraux, etc. J’ai travaillé des formes qui peuvent évoquer la présence de sirènes avec des paillettes et des formes longilignes, fluides. J’espère que tout cela va donner ce tableau inquiétant par ce qui se joue dans l’opéra et fascinant d’un point de vue plastique. » Féérie vénitienne « Dans l’acte 2, presque toutes les femmes ont des perruques, ce qui permet de faire des coiffures très sophistiquées et de les poser très rapidement. Chaque chanteuse a une perruque faite sur mesure, avec des cheveux naturels plantés à la main, c’est rare ! Dans cet acte, quand les hommes débarquent en gondoles, ils portent des masques de poisson assez inquiétants. À partir de quatre modèles originaux, on crée des variations avec d’autres couleurs et ornementations personnalisées. Voilà une chose qu’on n’aurait pas pu faire dans d’autres maisons ; ici, nous sommes en présence d’un atelier bien équipé. Quand je suis arrivé, je pensais qu’on allait devoir faire réaliser ces éléments ailleurs, alors que nous avons eu l’opportunité d’élaborer tout cela ensemble, de la matrice originelle jusqu’à la reproduction en série, avec des matériaux tout à fait modernes, thermoformés ici, puis équipés, ornementés, etc. Ils sont adaptés à chaque chanteur. Cela nécessitera des mises au point dans la mesure où le masque influe sur l’acoustique et sur l’écoute de sa propre voix. C’est pour cela que nous avons opté pour des demi-masques ou trois-quart de masques, avec une bouche

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grande ouverte. [en s’adressant à Isabelle Dolt, chef perruquière et maquilleuse, ndlr] C’est super, ils se sont lâchés ! On trouve à la fois cette féérie vénitienne et la dimension sinistre et volontairement lubrique de ces hommes très chics qui viennent s’encanailler et “consommer”. Le thème du poisson est moins développé chez les femmes que chez les hommes parce qu’il amène moins d’élégance. Elles auront des masques à tiges décorés avec des éléments qui rappellent la nacre. Par contre, nous ne faisons jamais de reconstitution, nous réinterprétons avec des filtres selon nos propres goûts et notre propre sensibilité. Chaque spectacle demande donc la construction d’un code esthétique global. Il faut qu’à l’intérieur du spectacle on induise les codes de lecture de l’esthétique qu’on développe. On compose un alphabet, puis des mots, pour constituer

ensuite des phrases. Même si ce sont des choses complètement imaginaires, qui n’ont pas de rapport documentaire ou historique, il faut qu’apparaisse une forme d’évidence à la découverte de notre lexique. »


———— THIBAULT VANCRAENENBROECK

———— À PROPOS DU SON LOINTAIN (1912)

Thibault Vancraenenbroeck est né à Bruxelles en 1967. Il crée scénographies et costumes pour la danse, le théâtre et l’opéra et collabore avec plusieurs metteurs en scène et chorégraphes : Olga de Soto, Pierre Droulers, Yves Beaunesne, Boris Charmatz… À partir de 1996, il entame une collaboration avec Stéphane Braunschweig en réalisant les costumes de toutes ses mises en scène de théâtre et d’opéra : Jenufa (Janácek), La Flûte enchantée (Mozart), Elektra (Strauss), Le Ring (Wagner), Pelléas et Mélisande (Debussy)… De 2001 à 2008, il intervient régulièrement à l’École Supérieure d’Art Dramatique du TNS comme enseignant et membre du jury.

« Le sujet est complètement en phase avec l’époque et le lieu : la Vienne d’avant-guerre de Freud et Schnitzler. Le personnage principal est un compositeur en quête d’idéal qui doit sacrifier son amour pour aller à la recherche du son parfait, mais ne le trouvera qu’en retournant vers son amour. C’est un sujet un peu symboliste, et Schrecker fait des tentatives formelles fortes, en séparant l’orchestre en deux, tout en étant très généreux. La musique est chatoyante, avec une recherche de sons dans l’orchestre tout à fait étonnante. Schrecker s’inscrit dans la suite de Wagner mais avec une musique plus personnelle. C’est un opéra avec énormément de poésie, qui peut aussi s’adresser au grand public. » Stéphane Braunschweig, metteur en scène et scénographie Le Son lointain, de Franz Schreker mis en scène par Stéphane Braunschweig, du 19 au 30 octobre à l’Opéra de Strasbourg www.operanationaldurhin.eu

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EXPOSITION

F I C T I O N R O M A N C E ——— Par Cécile Becker ———

NON, LE ROMAN-PHOTO N’EST PAS MORT, D’AILLEURS, IL FÊTE SES 65 ANS. HISTOIRES D’AMOUR, REPRISES DE FILMS, IMAGES KITSCHS ET MÊME PASTICHES, IL A TOUT CONNU ET CONTINUE DE FAIRE DÉBAT : POTACHE ? SÉRIEUX ? LÉGER ? BEAU ? LA MÉDIATHÈQUE ANDRÉ MALRAUX LUI CONSACRE UNE EXPOSITION ENTRE CLICHÉS, HUMOUR ET ANALYSE.

Si l’on vivait comme dans un romanphoto, avouez que ce serait plutôt drôle. Visage immobile, bouche ouverte en O – « Oups, j’ai fait tomber mon stylo ! » –, tout ça pour draguer un collègue de bureau... Cet aspect action figée fait débat dans le romanphoto, à tel point que l’on parle parfois de bande dessinée de la réalité. Avons-nous raison ? « Absolument pas, nous répond Jan Baetens, professeur à l’université de Louvain et auteur du livre Pour le roman-photo. Les images décrivent des variations sur la figure et le corps des personnages, et le récit passe la plupart du temps par le texte, ce qui peut donner lieu à des reproches parfois très durs. Selon certains, le texte jouerait contre l’image, qui devient secondaire. » Une relation imagetexte qui renforce cette impression de kitsch et participe de ce plaisir coupable lorsqu’il nous arrive de feuilleter des numéros de Nous Deux ou Confidences. Lire un roman-photo

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s’apparente aujourd’hui à regarder une série télé romantique, mais cela n’a pas toujours été le cas. Avant de passionner les mères de famille (et les pères aussi, mais en secret...), le roman-photo trouve ses racines dans le cinéroman : des reprises de films basées sur la narration, les dialogues et la photographie. Après l’arrivée des soaps dans les années 60, si le rayonnement des romans-photos s’amoindrit, certaines revues et humoristes continuent de jouer sur ses stéréotypes, en en faisant des pastiches décalés. Comment parler de ces pastiches sans évoquer le professeur Choron et la bande de Cavanna au sein de la revue Hara-Kiri ? Dans la rubrique Le professeur Choron a réponse à tout, ils parodiaient les romans-photo à l’eau de rose en les passant à la moulinette de l’humour bête et méchant. On y a vu passer Alain Souchon, Serge Gainsbourg, sans oublier les Hara-Kiri girls. Aujourd’hui, il y a toujours des

collectionneurs – que vous entendrez parler à la médiathèque – et quelques irréductibles sévissant sur les forums. Sans parler des romans-photos maisons que l’on peut vous offrir pour votre anniversaire... Kitschissime. Fabuleux. Un amour de roman-photo, exposition et conférences du 12 octobre au 15 décembre au Centre de l’illustration de la médiathèque André Malraux www.mediatheques-cus.fr


060 ROMANS PHOTOS PROF CHORON

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Georges Wolinski et Chenz, Les romans-photos du Professeur Choron, ĂŠd. Drugstore, 139 240p.

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ARTS

HOPE POP Par Emmanuel Abela / Portrait Christophe Urbain

Le corps est omniprésent dans les œuvres de Marc Felten. Aussi loin qu’il se souvienne, il « a toujours peint des corps ». De son propre aveu, depuis l’âge de 12-13 ans, il n’a pas peint ni dessiné autre chose. « Dans mes dessins anciens ou mes aquarelles, on ne trouve que des corps humains, alors que mon père, également peintre, réalisait des paysages, rarement des corps. » Une figure masculine la plupart du temps, toujours la même, est générée spontanément. Souvent présentée dans sa nudité originelle, elle porte le poids du regard inquiet que le peintre pose sur le monde. En proie à des convulsions qui s’apparentent à une étonnante chorégraphie, elle manifeste les doutes d’une humanité confrontée à ses propres pulsions destruc-

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EN TANT QU’ANCIEN COMMUNICANT, MARC FELTEN DÉVELOPPE UN UNIVERS PICTURAL AUX SOURCES VISUELLES MULTIPLES, EXPRESSIONNISTE AVEC UNE TOUCHE GRAPHIQUE POP, QUI CONFRONTE LE CORPS HUMAIN À SON ENVIRONNEMENT IMMÉDIAT. DERRIÈRE LES IMAGES, UN MESSAGE QUI NOUS INVITE À UNE NÉCESSAIRE PRISE DE CONSCIENCE.

trices : la surconsommation et le non respect de l’environnement. Avec force, elle se détache sur des aplats de couleur pop, mais nous saisit par la vigueur d’un trait généralement renforcé au fusain ou au charbon. Marc Felten a longtemps travaillé dans la publicité, et sa peinture emprunte parfois des codes qui visent à un impact sur la durée : le message est là, il est signifié par le trait, magnifié par la couleur. Il l’admet volontiers : cette figure est générique – « elle n’a pas de nom, les traits ne sont pas identifiables, elle a une silhouette » –, elle nous représente à la fois dans ce que nous sommes amenés à subir, elle nous rappelle à notre propre responsabilité dans les dommages causés et nous invite aussi à nous montrer en capacité de réagir.

En cela, elle nous interpelle doublement. Aujourd’hui, elle s’anime, révèle un visage et parfois pousse un cri. Quand, avec un brin de modestie, Marc Felten se cache derrière sa propre spontanéité – « Les éléments m’apparaissent comme ça, et je ne cherche pas à savoir pourquoi » –, on le sait forcément de très bonne foi, on sait qu’il fonctionne à l’instinct et qu’il laisse libre cours à l’inspiration de l’instant, et en même temps on mesure le poids du message qu’il cherche à délivrer. « Je suis un expressionniste », nous précise l’artiste qui puise dans le background graphique des artistes germaniques la force de l’expressivité. Il révèle une vie de l’intérieur, quitte à déverser sur la toile quelque chose de totalement organique – on pense immanquablement à


©Mateo

P

Francis Bacon, mais aussi par certains aspects à Roberto Matta, cette grande figure du surréalisme –, dans une veine qui mêle intensité dramatique mais aussi onirisme. Un combat naît entre la figure et l’espace du cadre dans lequel elle se situe ; déséquilibrée par le désir, elle cherche à s’échapper mais immanquablement la composition la ramène au centre, créant ainsi le juste équilibre entre le fantasme d’une émancipation possible et la dure réalité des temps. Ces figures sont touchantes parce qu’elles nous ressemblent par bien des aspects : elles expriment nos propres doutes tout en exaltant la vitalité qu’on place à les exprimer très fort. Si l’humour n’est pas le moindre des paradoxes dans le travail de Marc Felten, la réalité se rappelle au spectateur avec une vigueur renouvelée. Nulle complaisance cependant, l’espoir resté intact situe la force de l’action et son instantanéité à la manière des peintres baroques : du martyre naît la rédemption. L’homme doute et, s’il semble dans l’impasse, il mesure grâce à la pensée un cheminement possible. C’est sans doute ce qu’il faut retenir d’un geste pictural vif qui fait appel aux sens et à la raison : quand il œuvre, Marc Felten pose un regard sur le monde en humaniste véritable, un regard dont l’acuité va sans cesse grandissante, et puise dans la tradition ce qui fait toute la modernité de sa peinture. Marc Felten, Œuvres récentes, jusqu’au 16 novembre à la Galerie Nicole Buck 4, rue des Orfèvres www.galerienicolebuck.net Marc Felten à St-art, du 23 au 26 novembre au Parc des expositions www.st-art.fr

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PU

EN VENTE EN LIBRAIRIES + cutlarevue.fr

Artisan : Raymond Butz – Tourneur sur bois • Photo : Copyright Pygmalion • Graphisme : nathyi (nathyi.natui.free.fr)

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LITTÉRATURE

BACK IN BL ACK Par Claire Tourdot / Portrait Pascal Bastien

COMMUNICANT LE JOUR, ÉCRIVAIN LA NUIT, MICHEL BEDEZ SIGNE AVEC LE BOA SON PREMIER ROMAN. RATTACHÉS PAR LE NOMBRIL, UNE MÈRE ET SON FILS HERMAPHRODITE CHERCHENT À SURVIVRE DANS UN MONDE DÉGÉNÉRÉ. ÉROTISME MACABRE ET DÉLIRES FANTASTIQUES COEXISTENT AU PLUS PROFOND DE CET ENFER DANTESQUE. RENCONTRE. Quel est pour vous le sujet de ce premier roman… C’est un livre sur le lien, dans tout ce que cela représente. Il y a évidemment celui avec la mère, même si ce n’est pas une déclaration d’amour pour autant... ce serait un peu trash ! D’un autre côté, c’est une sorte de road movie. Une histoire d’errance que j’ai réellement vécue puisque le personnage principal m’a emporté dans l’écriture. Je n’avais pas de scénario préétabli au départ. Tout est venu naturellement, je pensais à ce garçon depuis pas mal de temps.

à consacrer à tout ça et j’écris beaucoup la nuit : les pénombres se retrouvent dans Le Boa, avec pour conséquence une écriture particulière, plus sauvage et brute. Le texte a bien sûr été retravaillé mais c’est presque de l’instantané.

À côté de votre passion pour l’écriture, vous continuez à travailler pour l’agence en communication PasseMuraille. Comment se conjugue la double casquette d’écrivain et de communicant ? Je m’embêtais un peu, avant... J’ai eu envie de remplir ma vie autrement, en créant quelque chose. Puis, l’exutoire de l’écriture m’a permis de me renforcer et d’être plus performant par la suite dans ma vie professionnelle. J’ai cependant peu de temps

Comment peut-on qualifier cette écriture naissante ? Je pense que c’est une écriture de survie. C’est simple, soit j’écrivais, soit je tournais mal. J’ai fait déborder mon désespoir intérieur dans ma création en y déversant un trop plein de noirceur. Il y a là un côté brutal, proche de la folie, une sorte de fulgurance qu’on retrouve chez beaucoup d’artistes. C’est assez proche du Grand Guignol ou de l’univers des contes, on sourit et en même temps on a peur.

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À ce propos, d’où vient cet univers à la fois fantastique et macabre ? La vallée de Sainte-Marie-aux-Mines, l’endroit où je suis né, est très important : il y a plein de châteaux en ruine, des forêts obscures, beaucoup de légendes autours des nains, des seigneurs, des elfes et des sorcières. Cette atmosphère m’a nourri sans que je n’en prenne forcément conscience. Et puis, la mort est présente à mes côtés depuis mon plus jeune âge. L’érotisme est aussi quelque chose d’important, ainsi que la sensualité de la nourriture... Vous avez un petit côté rabelaisien... Exactement, j’ai toujours était dans l’excès et cela se reflète dans mes mots.


Christophe Meyer, dessin préparatoire pour Le Boa

“ J’essaie d’avoir le désespoir élégant ”

Il y a un réel fond psychanalytique dans Le Boa : on y décèle une part autobiographique mais aussi une critique aigüe de la société. C’est exact, je suis un humaniste mais pas un utopiste. De nos jours, il n’y a pas d’issue à notre condition, l’homme n’est plus qu’un animal. Les rapports humains sont d’une noirceur invraisemblable. J’ai une vision apocalyptique du monde qu’on peut retrouver dans Le Boa. J’essaie cependant d’avoir le désespoir élégant, en y ajoutant une touche d’humour. Vous n’y allez d’ailleurs pas de main morte avec la religion... Il y a derrière moi le vécu d’un ancien servant de messe avec tout ces rituels et le mystère du sacré… Tout ça n’existe plus maintenant. Je ne crois ni en l’homme ni en Dieu. C’est pour cela sûrement que je suis aussi noir : il n’y a pas d’espoir ni terrestre ni céleste. Michel Bedez, Le Boa, édition Chapeau Claque

jazzdor festival de jazz de strasbourg 27e édition du 08 au 23 novembre 2012

08.11.

JEUDI

— Reut Regev R* Time

09.11.

VENDREDI

— Andy Emler MegaOctet et les Percussions de Strasbourg “Childhood Journeys”

10.11.

SAMEDI

— Bojan Z / Nils Wogram + Heinz Sauer / Daniel Erdmann / Johannes Fink / Christophe Marguet “Special Relativity”

11.11.

DIMANCHE

CHAPEAU CLAQUE « Idées fines, divertissement de l’âme et tours de passe-passe », voilà comment se résume ce projet qui a pour but de « soutenir la création artistique entre amis ». Maison d’édition pour Le Boa, de production pour le spectacle Les GarSon, Chapeau Claque est ce qu’on pourrait appeler un cabinet de curiosité. À venir ? Le Val d’Argent, prochain roman de Michel Bedez, paraîtra très bientôt. http://chapeauclaque.fr

— Peter Brötzmann Chicago Tentet +1 — Otis Taylor’s Contraband

13.11.

MARDI

— Imperial Quartet — Bill Frisell “The Great Flood” — Le Maigre Feu de la Nonne en Hiver “Melodramatic French Songs”

14.11.

MERCREDI

— Actuum — Lucian Ban’s Enesco Re‑Imagined — Misja Fitzgerald Michel “Time of No Reply”

15.11.

JEUDI

— Trio Celea / Parisien / Reisinger “Yes Ornette” — Marc Ducret Tower‑Bridge

16.11.

VENDREDI

— Michael Wollny / Nguyên Lê + Billy Hart Quartet — Pierre de Bethmann Quartet

17.11.

SAMEDI

— Jacques Coursil solo — François Corne‑ loup / Mark Solborg — Julia Hülsmann Trio + Ravi Coltrane New Quartet — Pascal Niggenkem‑ per’s Vision7

18.11.

DIMANCHE

— The new John Abercrombie Quartet

20.11.

MARDI

— Aka Moon — Ovale

21.11.

MERCREDI

— Bruno Chevillon / Lotte Anker — Pascal Contet “Gosses de Tokyo” (ciné-concert) — Hildegard Lernt Fliegen

22.11.

JEUDI

— We Are All Americans — Journal Intime “joue Hendrix”

23.11.

VENDREDI

— Ron Carter “Golden Striker” Trio

Les partenaires : Ville de Strasbourg / Conseil Général du Bas-Rhin / Région Alsace / Ministère de la Culture et de la Communication / Eurodistrict / Sacem / Spedidam / FCM / CNV / L’Acsé / OFAJ / Onda / Goethe Institut / Pro Helvetia / Kulturbüro Offenburg / France Musique / Fip / DNA / Jazzthetik / Jazzmagazine / Arte Live Web

www.jazzdor.com — tél. 03 88 36 30 48


Par Cécile Becker / Photos brokism

SÉSAME OUVRE TOI ! 1992-2012, LA CARTE CULTURE A 20 ANS. MAIS COMMENT EST NÉ CE DISPOSITIF QUE LE MONDE ENTIER NOUS ENVIE ? SI D’AUTRES VILLES ET D’AUTRES PAYS S’EN INSPIRENT, COMMENT FONCTIONNE T-IL DANS SA RÉGION DE NAISSANCE ? ÉLÉMENTS DE RÉPONSE. 1991. Jean-Louis Flecniakoska est professeur d’arts plastiques. Il a des envies, des idées claires sur une politique culturelle qu’il souhaite ouverte aux étudiants. Il pense la Carte Culture, l’imagine, la propose au service universitaire de l’action culturelle de l’Université Marc Bloch et convainc le Pôle universitaire européen de Strasbourg de porter le projet. Le Pôle, représenté par le professeur Bernier, suit cette idée folle. Un an plus tard, la Ville qui soutient le projet, l’Université et les partenaires culturels organisent un lancement où Jack Lang, à l’époque ministre de l’Éducation et de la Culture est attendu, mais il ne viendra pas, retenu à Paris. Le professeur Bernier se charge donc de l’événement et lance : « Elle sera un plein succès si elle fonctionne comme un aiguillon de la curiosité. » Catherine Trautmann, elle, se souvient : « Dès la mise en place de la Carte Culture, les vélos se sont massés devant la façade de l’Opéra. C’était

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CLAIRE RUCK

— ÉTUDIANTE EN PREMIÈRE ANNÉE DE PSYCHOLOGIE

signe que ça allait marcher ! » 20 ans plus tard, ces prophéties semblent se confirmer, 35 000 étudiants l’utilisent en Alsace. Si 62% d’entre ceux qui se sont rendus à l’Opéra ont utilisé la Carte Culture, qu’en est-il des 38 autres ? Pourquoi ne l’ont-ils pas utilisé ? Claire Ruck, en première année de psychologie explique que « la Carte Culture n’est pas assez mise en avant à la fac. Certains ne savent pas comment faire pour en bénéficier. » Un manque dû à un problème communication auquel de nouveaux outils pourraient remédier : un site flambant neuf a été lancé en septembre dernier, et une application Carte Culture Alsace devrait être mise en place durant les festivités autour des 20 ans. Reste que « 70% des étudiants déclarent que la Carte Culture leur a permis d’accéder à un plus grand nombre de spectacles, plus variés », nous dit Catherine Trautmann. L’offre en Alsace est grande et les tarifs Carte Culture sont dérisoires. Faire plus ? « De tout cela, je conclurai simplement que tout n’est pas fermé en matière d’action culturelle universitaire : au contraire, beaucoup de choses sont possibles », disait Jean-Luc Flecniakoska lors d’une table ronde consacrée aux moyens culturels des universités au musée du Louvre, en 1999.

Comment avez-vous entendu parler de la Carte Culture ? Quand je suis arrivée à la fac, des copains m’en ont parlé et m’ont dit qu’elle était gratuite la première année. Je l’ai depuis le mois de septembre. Comment l’utilisez-vous ? Pour l’instant, je suis allée voir l’exposition Max Klinger au musée d’Art moderne et je suis allée voir un film au cinéma. Les tarifs sont vraiment avantageux. Je prévois de continuer à courir les musées, d’aller voir des concerts à La Laiterie, tout dépend des programmations mais c’est sûr que je l’utiliserai souvent. Aviez-vous déjà des affinités avec la culture ? Avec mes parents, j’allais voir des spectacles, du théâtre ou visiter des musées, donc je suis habituée. Mais c’était souvent des choses très traditionnelles. Avec la Carte Culture, je me sens plus indépendante, et comme je suis plus intéressée, ça m’ouvre des possibilités. Après l’exposition Klinger par exemple, j’ai fait des recherches. Ce qui est sûr c’est que je la prendrai l’année prochaine : 6€50, c’est vite rentabilisé !


LAMBCHOP nouvel album : Mr. M CONCERT- Vendredi 16 Novembre 2012 à 20h30

LAËTITIA CHABAUD

— SANS EMPLOI

Vous avez bénéficié de la Carte Culture à ses débuts, vous souvenez-vous des spectacles que vous avez vu ? Un des premiers spectacles que j’ai vu à Strasbourg était Roberto Zucco au TNS, mis en scène par Jean-Louis Martinelli en 1995 je crois. J’y ai découvert Charles Berling, mes premiers émois... [rires] À l’époque, j’étudiais les lettres modernes et j’habitais Mulhouse, alors la Carte Culture était une bonne excuse pour emprunter la voiture des parents et partir avec les copines. Que vous a-t-elle permis ? J’assistais à énormément de manifestations, à Mulhouse ou à Strasbourg, à des tarifs vraiment dérisoires. Si j’étais plus encline à la culture de part mes études, ça m’a rendue plus curieuse et j’ai pu rencontrer pas mal de gens, développer des affinités. Est-ce qu’on peut dire que la Carte Culture a forgé vos intérêts ? Il reste beaucoup d’envies, je vais énormément au cinéma. Aujourd’hui, je vais moins voir des spectacles, parce que je n’ai plus la Carte Culture. Rendez-la moi !

—————————— LA CARTE CULTURE CÔTÉ PRATIQUE - 45 salles de spectacles et festivals et 11 cinémas avec des tarifs allant de 3 à 5,50€ - Entrée libre dans 21 musées et le Pass musées à 15€ - Gratuite la première année d’études, 6€50 les suivantes - Des festivités en octobre et novembre pour fêter les 20 ans de la Carte Culture : performances, visites, spectacles, festival et expositions à tarif préférentiel Espace Carte Culture de l’Université de Strasbourg, Le Platane, campus centre, allée René Capitant à Strasbourg 03 68 85 67 80 www.carte-culture.org

——————————

Rock ou baroque ? www.szenik.eu LE MEILLEUR DES SCÈNES DU RHIN SUPÉRIEUR DAS BESTE DER BÜHNEN AM OBERRHEIN


ILS VIENNENT SE PRODUIRE SUR UNE SCÈNE À STRASBOURG, ASSURENT DES INSTANTS DE PROMOTION. ARTISTES POP, ACTEURS, RÉALISATEURS OU ÉCRIVAINS… ILS POSENT ET S’EXPOSENT. L’ÉQUIPE DE ZUT ! EN PROFITE POUR LES RENCONTRER.

Par Caroline Lévy // Photo Christophe Urbain

FRANÇOIS CLUZET ACTEUR POPULAIRE

Comment toucher l’intouchable le plus actif du cinéma, après le record historique du film français le plus vu au monde ? Actuellement à l’affiche de la nouvelle comédie d’Yvan Attal, Do Not Disturb, François Cluzet est souriant, docile et d’une sérénité presque déroutante. Rencontre avec un acteur populaire mais pas lisse, qui triomphe sans étaler ses trophées, qui évoque avec nous ses restes d’enfance et son jusqu’au-boutisme légendaire Vous êtes un acteur polymorphe. Comment avez-vous appréhendé le personnage de Jeff ? Après Intouchables, j’avais envie de faire un film et de revenir à mon métier d’acteur, en faisant des choix plus audacieux, plus irrévérencieux. Un artiste a tout à prouver et ne doit pas être trop propre. Le scénario est très drôle, il m’a fait penser aux Valseuses. J’ai été opportuniste sur ce film et je n’ai pas regretté ! Je déteste la maîtrise. Je pense que c’est un truc de débutant et qu’une fois que l’on a passé ce cap, on arrive à sortir des choses qu’on ne sait pas de soi. Avec mon expérience au théâtre, j’ai joué avec des metteurs en scène qui justement demandaient de l’abandon. Jusqu'à en faire disparaître votre égo, parfois en poussant au ridicule certains rôles… Je n’aime pas l’égo, je m’en méfie énormément. Quand on débute, on est excessivement égocentrique. On pense à son éventuelle réussite et à son ambition ; on est tout le temps concentré sur soi et c’est chiant comme la pluie ! Les acteurs doivent se sauvegarder d’un égo hypertrophié, surtout quand on travaille en collectif. Regardez les matchs du PSG par exemple, ils ne jouent qu’en individuel… Ça ne pourra pas gagner, parce que le collectif vous demande de l’abnégation, le contraire de l’égo. Moi ce qui m’intéresse c’est de « devenir », parce que je vais être vieux un jour…

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…mais pas tout de suite ! Je suis un vieil enfant, je n’ai jamais été adulte et je n’ai jamais voulu l’être. Les adultes ne m’ont pas donné envie de leur ressembler. On devrait rester des enfants qui vieillissent et j’ai la chance de faire un métier qui me le permet. Il nous permet aussi d’être ambigu, c’est comme cela que l’on reste crédible dans une interprétation. Si demain je dois jouer un junky homo et pervers, j’espère que je serais crédible ! Je ne veux pas être le gendre idéal. Je ne suis pas un animateur télé comme Michel Drucker, même si je l’apprécie ! Enfant, votre père tenait un commerce de journaux. Vous avez longtemps fais un rejet de la lecture, de l’encre et du papier… Où en êtes-vous aujourd’hui ? J’ai découvert la littérature au théâtre. Pour jouer dans une pièce, il a fallu la lire ! C’est comme cela que j’ai découvert Tchekhov, Marivaux, Molière… Depuis, je lis la presse, je lis les livres, mais je ne vais que rarement au cinéma. Petit, déjà, vous rêviez de célébrité, avec ces auto-interviews auxquelles vous répondiez : « Oh, n’exagérons rien ! » Si je vous dis que vous être un grand acteur, vous me répondriez pareil aujourd’hui ? Lorsque j’ai rencontré Coluche pour la première fois, j’étais tout jeune mais je commençais déjà à pas mal jouer. On lui dit alors : « Michel je te présente un grand acteur » et il a répondu « je préfère être une petite vedette qu’un grand acteur ! » Aujourd’hui, je suis un acteur populaire et c’est ce que j’ai toujours voulu. Propos recueillis à l’Hôtel Régent Petite France, à l’occasion de l’avant-première du film Do Not Disturb, le 27 août à l’UGC Ciné Cité


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Par Cécile Becker // Photo Eric Antoine

ELECTRIC GUEST ENFANTS DE LA POP

Il y a des tubes de printemps qui se transforment en tube de l’été, alors pourquoi pas finalement en tubes de l’automne. Heureusement, les chickita chickita ont laissé place aux Oh, oh I go higher scandés par Asa Taccone sur This Head I Hold, morceau immédiat capable même, de rendre l’hiver plus doux. Electric Guest, c’est une pop non moins cérébrale renforcée par la patte Danger Mouse et des mélodies physiques. Matthew Compton, le batteur, acquiesce : « Nous sommes tous les deux très attachés à la chaleur qui se dégage d’une chanson, aux ressentis et aux gestes que peut provoquer notre musique. » Leur album Mondo saute aux oreilles, une évidente source d’inquiétude : « Aujourd’hui, les kids sont moins loyaux envers les groupes qu’ils aiment simplement parce qu’ils ont le choix. C’est génial de pouvoir s’amuser sur une chanson, mais peut-être qu’après avoir dansé plusieurs fois, ils s’assiéront et prendront le temps d’aller chercher plus loin. J’aimerais croire à l’idée qu’il y a différents niveaux de lecture dans notre musique. » En profondeur, il y a aussi le funk dont ils s’inspirent. Évoquant alors avec eux Charles Bradley, Matthew s’amuse de la coïncidence alors

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que Todd Dahlhoff – le bassiste, également fan de Lee Fields ! – le lui faisait découvrir tout récemment. Et The Lonely Island ? Asa rit. Ayant composé quelques morceaux pour le trio de comiques troubadours du Saturday Night Live où officie son frère Jorma, il n’est autre que l’auteur de l’hilarante Dick in A Box interprétée par Andy Samberg et Justin Timberlake. « Oui bon, j’ai fait ça au début pour payer mes factures. Je pensais vraiment que c’était une mauvaise idée d’écrire une chanson dont le titre était Dick in A Box, mais au final... » Un Emmy oui. Car enfants de la culture pop, ils en maîtrisent autant les codes que la musique qu’ils délivrent dans un flot continu de bonheur. Propos recueillis le 21 septembre à La Laiterie Electric Guest, Mondo, Because Music


SALLINGER 20 novembre > 7 décembre 2012 de Bernard-Marie Koltès Mise en scène Catherine Marnas > Coproduction & création au TNS • 03 88 24 88 24 • www.tns.fr Réagir sur le

b l o www.tns.fr/blog


Par Anne-Claire Cieutat // Illustration Chloé Fournier

NOÉMIE LVOVSKY ACTRICE DUELLE

Il y a, à l’abord de cette artiste plurielle (scénariste, réalisatrice, actrice), un espace suspendu à franchir, avec douceur. Celui que la bienséance exige, quel que soit le contexte ; celui que tout attaché de presse installe avec plus ou moins d’exigence autour du « talent » dont il s’occupe. Ce jour-là, au cœur des festivités de l’opération Ciné-Cool, Noémie Lvovsky était entourée d’une équipe bienveillante à l’égard de tous, et le silence aux alentours du lieu de la rencontre en disait long sur l’aura et le charme de sa personne. Dans Camille redouble, son beau film inspiré de Peggy Sue s’est mariée de Coppola, elle se propulse, dans son corps actuel, à l’époque de ses 16 ans. L’élan est vertigineux : elle y retrouve son univers affectif, ses parents, son lycée, ses amies, son premier amour, avec son regard de quadra, stupéfait, enchanté. La mélancolie inhérente au sujet valse avec la joie, les entrechocs produisent des étincelles, ouvrent des interstices où il fait bon s’engouffrer avec émoi et tressaillement. C’est qu’il y a quelque chose de troublant dans cette expérience. À l’écran, Noémie Lvovsky a deux âges à la fois, et dans cet espacetemps composite se nouent et se dénouent les rêves et angoisses

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de chacun. Une spectatrice du Star Saint-Exupéry lui fait part de son trouble : « C’est étrange de vous voir, en vrai, débarquée de l’écran où vous faites un saut dans le temps. On s’y perd. » Noémie Lvovsky sourit, cherche les mots, les trouve, admet l’étrangeté de la situation. Lors d’une seconde rencontre publique à l’UGC Ciné-Cité, dans une salle à capacité modérée pour l’immensité du bâtiment, les langues se délient, l’émotion partagée s’exprime. Les lieux sont tapissés de moquette et le son du débat est ouaté : la réalisatrice parle avec grâce, visage relevé, regard souriant et trouve son juste relief. Noémie Lvovsky, le temps de cet échange en public, est présente et secrète à la fois. Son mystère s’installe et crée un climat rassurant. On aurait souhaité l’écouter longtemps, que sa voix nous berce et jamais ne nous quitte. Rencontre le mercredi 28 août 2012, dans le cadre de Ciné Cool, à l'occasion de l'avant-première de Camille redouble


Mobilier et objets design, bijoux de createurs, expositions

9 rue des veaux 67000 Strasbourg ————————————— pelemail@noos.fr http://facebook.com/pages/pêlemêle Du mardi au samedi de 10h30 à 12h30 et de 14h à 19h sauf mercredi matin

continents noirs

Annette

13 OCTOBRE 2012  3 FÉVRIER 2013 MUSÉE D’ART MODERNE ET CONTEMPORAIN 1, PLACE HANS-JEAN-ARP, STRASBOURG WWW.MUSEES.STRASBOURG.EU

Annette Messager, Motion-Emotion (détail), 2011 / 2012. 22 éléments, technique mixte, ventilateurs, dimensions variables. Courtesy de l’artiste et Marian Goodman Gallery New York / Paris. Photo : Marc Domage © ADAGP, Paris. 2012. Graphisme : R. Aginako

Messager


Par Cécile Becker // Photo Eric Antoine

JENNIFER CARDINI MADAME MINIMALE

Alors que la quatrième soirée Ososphère bat son plein, Jennifer Cardini se balade incognito dans le hall de La Laiterie, mains dans les poches de son trench. « T’as vu mes nouvelles baskets, elles sont canons hein ? » nous dit-elle en exhibant sa paire de New Balance. Une soirée consacrée au label Kompakt, entre intimité et simplicité : « Je travaille avec eux depuis dix ans, explique t-elle. Ce sont mes amis, ma famille. » Dix ans de productions, de mixes et de compilations avec Kompakt, quinze ans en tant que résidente de l’emblématique Pulp à Paris puis du Rex Club. « J’avais envie de changer de vie, envie de me retrouver un peu après des années de nuits mouvementées à Paris, alors j’ai déménagé à Cologne. Et puis j’ai retrouvé ma chérie là-bas. » Elle repense parfois à l’histoire du Pulp édifiée avec ses copains Kill the DJ : Chloé, Ivan Smagghe et Rebotini : « Je ne suis pas nostalgique, mais on a vraiment grandi ensemble. J’ai des souvenirs de premières tournées avec Chloé, de mon premier studio avec Rebotini et des CDs donnés par Ivan quand je m’extasiais sur ses mixes. » Ce qu’il en reste aujourd’hui : un amour pour toutes les musiques, avec toujours Roxy Music en toile de fond : « Je vouais un culte à Bryan Ferry, c’est vraiment un truc d’enfance. Je me rappelle d’Avalon et de Slave to

ZUT ! 80

Love, et surtout des clips. Je pense que je savais déjà que j’étais gay, je fantasmais sur les meufs dans ses clips, style Yves Saint Laurent. Il y avait une élégance qui me plaisait quand j’étais enfant, que j’aime toujours dans la musique aujourd’hui. Et puis Don’t Stop the Dance, quand même ! » Aujourd’hui dans son iPod, elle a le dernier album de Matthew Dear mais ne l’a pas encore écouté. Et sinon, son album à elle ? « Il est en préparation depuis dix ans. Je crois que je vais arrêter d’en parler à force... J’ai envie de faire quelque chose seule mais le problème c’est que j’ai l’habitude de travailler en collaboration. C’est un peu compliqué. Et je suis timide, malgré tout. » Casque vissé sur la tête, yeux rivés sur ses platines, timide oui, mais redoutable. Propos recueillis le 6 octobre à La Laiterie


Quand la musique danse

Les

Variations

Goldberg CHORéGRaPHie

Heinz Spoerli muSiQue

Jean-Sébastien Bach PiaNO

Alexey Botvinov

Sarah Hochster et Lateef Williams, BOnR • Photo Nis&For • Graphisme OnR • Licences 2-1055775 et 3-1055776 • saison 2012-2013

Ballet de l’OnR

muLHOuSe La FiLaTuRe 12, 13 oct 20 h 14 oct 15 h

COLmaR THéâTRe 27 oct 20 h 28 oct 15 h

STRaSBOuRG OPéRa 7, 8, 9, 10 nov 20 h 9 nov 14 h 30

www.operanationaldurhin.eu


CULTURE ZUT ! ART BÉTON

EXPOSITION

THÉÂTRE Photo : Pierre Grosbois

FAILLES

La saison dernière, Catherine Marnas avait exploré, avec Lignes de faille de Nancy Huston, la façon dont les douleurs du passé ne cessent de rejaillir au fil d’une histoire familiale, condamnant les enfants à les subir sans pouvoir agir. Avec Sallinger, la pièce de BernardMarie Koltès, elle s’intéresse à nouveau à la construction de l’individu, et plus précisément au périlleux passage de l’adolescence. Accompagnée d'une partie de la troupe du TNS, elle ausculte les zones d’ombre de ce jeune New-Yorkais admiré de tous, dont le suicide ébranle définitivement son entourage. (S.D.) Sallinger, du 20 novembre au 7 décembre au TNS www.tns.fr

Comme à chaque fois, tout Strasbourg profite de St-art, la foire internationale d’art contemporain, pour mettre à l’honneur les créateurs d’aujourd’hui. Aussi, on trouve des œuvres dans les lieux les plus inattendus. Chez COR interlübke, par exemple, qui dans son showroom habité par des créations design accueille un peintre et un sculpteur, invités par la galerie Bertrand Gillig et l’agence Des artistes. Les œuvres de Patrick Cornillet et Michaël Delattre, qui déclinent des architectures en béton, s’intègrent parfaitement dans cet ancien espace industriel. (S.D.) Off de St-Art 2012, du 24 novembre au 19 janvier chez COR interlübke Studio 6a, quai Kellermann

SALON

Illustration : Laurence Bentz

BAZAR LITTÉRAIRE

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Comme tous les ans, Colmar fête la rentrée littéraire et célèbre cette année le chaos de la vie. Avec le thème Bazar, elle veut inviter à la rencontre, entre les univers et entre les genres. 25 000 personnes sont attendues, qui déambuleront entre les stands des libraires, assisteront aux cafés littéraires où l’on attend notamment Jean-Christophe Rufin, Patrick Raynal, Maylis de Kerangal et Olivier Adam, et auront l’occasion de taper la discute avec éditeurs, auteurs, bibliothécaires, bouquinistes… bref, un joyeux bazar où tous les participants n’auront qu’un seul point commun : l’amour du livre et de la lecture. (S.D.) Salon du livre de Colmar, les 24 et 25 novembre au Parc des expositions www.salon-du-livre-colmar.com


LIVRES

DIALOGUES Comme tous les mois, la librairie Kléber met le paquet pour permettre aux férus de littérature (et d’essais) de dialoguer avec les auteurs. Les rencontres s’enchaînent en ces mois de rentrée littéraire (quasiment une par jour), et parmi la flopée programmée, on ira sans hésiter écouter Olivier Adam parler de son dernier roman, Les Lisières (Flammarion), le 17 octobre, et on sera tout particulièrement attentif à l’artiste et écrivain du cru Claudie Hunzinger, en lice pour le Fémina avec La Survivance (Grasset), invitée à la librairie le 20 octobre. (S.D.) www.librairie-kleber.com

ARTS THÉÂTRE

Visuel : Sul concetto di volto nel figlio di Dio – Photo : Klaus Lefebvre

DE L’IMAGE Il est de ces artistes pour lesquels on se déplace sans condition. Avec son théâtre d’images sidérant(es), le plasticien et metteur en scène Romeo Castellucci éclaire sans fard et tout en sous-texte les fondements de notre société et de notre culture. Après sa Divine Comédie, il revient à Strasbourg avec deux spectacles : Sur le concept du visage du fils de Dieu (qui avait passablement énervé quelques extrémistes catholiques l’an passé) et The Four Seasons Restaurant, sa dernière création, du nom du lieu dont Mark Rothko avait retiré toutes les toiles qui lui avaient été commandées. Deux spectacles où il est question du rapport fondamental de notre société à l’image. (S.D.) Romeo Castellucci, du 14 au 21 novembre au Maillon www.maillon.eu

GRAMMAIRE Avec ses Meta-formes, Annick Mischler propose bien plus qu’une recherche sur le motif. C’est une cosmogonie qu’elle construit, un langage et une grammaire dont les éléments peuvent être assemblés et réagencés à l’envi pour former un sens toujours nouveau, ouvert à l’interprétation du spectateur. À l’occasion de sa nouvelle exposition, qui réunit peintures et dessins réalisés depuis 2011, l’artiste produit trois sérigraphies, tirées à 12 exemplaires, numérotées et signées. Meta-formes, jusqu’au 20 octobre au Continuum 19a, rue de Molsheim à Strasbourg www.ateliersarahlang.fr

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Visuel : This ain’t California de Marten Persiel

CULTURE ZUT !

CINÉMA

ICH LIEBE KINO Il n’y a pas que les cinémas français ou américains dans la vie. En tant que région transfrontalière, l’Alsace s’intéresse de près aux films allemands et suisses, de quoi être surpris par la vitalité de nos voisins. Par l’intermédiaire du réseau Alsace Cinémas et du festival Augenblick, la nouvelle génération de cinéastes germanophones et les classiques oubliés sont célébrés. Entre les films en compétition, comme le poétique Mur Invisible de Julian Pölsler ou This Ain’t California de Marten Persiel, documentaire sur les années skate avant la chute du mur, une rétrospective est consacrée aux adaptations littéraires. On pourra aussi revoir Jean de La Lune de Stephan Schesch, inspiré de Tomi Ungerer. 18 jours de films dans 27 cinémas en Alsace, et vous, vous irez voir quoi ? Alles. (C.B.)

MUSIQUE

MR.KURT Parmi les groupes qui comptent aux EtatsUnis, Lambchop se montre discret, et pourtant depuis bientôt 20 ans, Kurt Wagner ne cesse de magnifier sa pop impressionniste d’inspiration soul avec une classe folle. Après les avoir découverts sur scène, lui et sa petite bande, nul doute que l’émotion s’en fera ressentir longuement… (E.A.) Lambchop en concert le 16 novembre à l’Espace Culturel de Vendenheim 14, rue Jean Holweg, à Vendenheim www.vendenheim.fr

Augenblick, du 13 au 30 novembre dans les cinémas indépendants d’Alsace www.festival-augenblick.fr

Joël Kermarrec, Ardoise, 1991

SOUS LES COULEURS...

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ARTS

Collage, peinture, dessin, Joël Kermarrec exploite les formes pour disséquer le réel d’une manière quasi-scientifique, sans toutefois chercher à le comprendre. Il ouvre ses œuvres à des questions plus larges et complète parfois ses réflexions de phrases ou de mots difficiles à décrypter. Entre dadaïsme, surréalisme, pop art, nouveau réalisme et anthropologie, l’art de Joël Kermarrec rend hommage à ses passions, et touche à l’ésotérisme comme au pouvoir des signes. Une exposition mystique, presque philosophique, qui pose des questions sans toutefois y répondre. D’ailleurs, pourquoi y répondre ? (C.B.) Peintures et dessins, Joël Kermarrec, jusqu’au 27 octobre à la galerie J.P. Ritsch-Fisch 6, rue des Charpentiers www.ritschfisch.com

LOISIRS

GET THE RYTHM La danse africaine vous tente depuis des années mais votre condition physique vous fait douter ? La compagnie Jean-Louis Gadé, l’une des plus anciennement installées à Strasbourg, propose désormais à toutes les natures d’onduler au son des percussions traditionnelles, avec un cours de danse africaine douce, taillé sur mesure pour la pause déjeuner. N’hésitez plus, et renseignezvous sur le site pour les horaires et tarifs ! www.gadecompagnie.com


M A R C F E L T E N OEUVRES RECENTES

Exposition du vendredi 5 octobre au 16 novembre 2012. Les mercredis, jeudis, vendredis, samedis, de 15h à 19h30 et sur rendez-vous.

4 rue des Orfévres - 67000 Strasbourg - Tél. 06 85 22 95 42 - galerie.nicolebuck@wanadoo.fr - www.galerienicolebuck.fr


Visuel : Julia Stone – Photo : Bec Parsons et Bartolomeo Celestino

CULTURE ZUT !

EXPOSITION

En Ukraine, où Viktoria Sorochinski est née, et en périphérie de Moscou où Tim Parchikov a grandi, les conséquences des politiques ne cessent de faire pression sur le quotidien des habitants. Viktoria Sorochinski a suivi Anna et Eve, mère et fille, mettant en scène leur relation parfois inquiétante, voire angoissante. Sur ces photographies lissées, l’on voit apparaître les détails cinglants d’une relation fusionnelle en forme de jeu de rôle. Ode au monde imaginaire de l’enfance, au glissement entre le bien et le mal, ces images touchent par les histoires qu’elles cachent. À Stimultania, cette série est complétée par La Boîte d’allumettes, film de Tim Parchikov où l’horreur sous-jacente d’une mise à mort se banalise tout en glaçant le spectateur. Réalités fictionnelles, les œuvres de ces deux artistes traversent la nostalgie, l’exil, la mort et la recherche d’identité. (C.B.) Avancées de la fiction sur le réel, vents forts et perturbations à l’est, jusqu’au 2 décembre chez Stimultania et jusqu’au 15 octobre à la Fnac www.stimultania.org

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SOUL IS SHINING Un jour, pour un autre magazine, j’ai rencontré Julia Stone à Londres. Un souvenir lumineux que je vous raconterai bientôt sur notre site, www.zut-magazine.com. Mais pour vous en dire un peu plus : elle m’a touché. Sa voix douce, une fragilité exacerbée et une gentillesse rare ont fait de cette rencontre un moment unique. Éloignée de son frère Angus, elle délivre une musique romantique entre soul et folk et développe avec son public une intimité sans pareille. (C.B.) Julia Stone, en concert le 20 octobre à La Laiterie à Strasbourg www.laiterie.artefact.org

ILLUSTRATION

Visuel : David Sala

PERTURBATIONS À L’EST

POUR LES MÔMES

Schiltigheim organise cette année son premier salon de l’illustration et du livre de jeunesse, joliment intitulé Schilick on Carnet. Chapeauté par l’illustrateur schilikois Christian Heinrich et par la librairie Totem, une quinzaine d’auteurs et d’illustrateurs seront présents et parleront de leurs livres et leurs dessins autour d’une exposition, d’ateliers, de films et de spectacles. À vos histoires ! (C.B.) Schilick on carnet, les 17 et 18 novembre au Brassin 38, rue de Vendenheim à Schiltigheim - www.ville-schiltigheim.fr


Le programme 2012-2013 des médiathèques est disponible

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L A U R E N C E

B E N T Z

T E N D A N C E S


A G E N T D O U B L E T N E G A E L B U O D Photographe Alexis Delon / Preview

RĂŠalisation Myriam Commot-Delon

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Chemisier en shantung de soie bleue sous un top en soie brochée et jupe en tweed MIU MIU, babies à talon PRADA, le tout chez Ultima. Lunettes rondes en écaille strassée THIERRY LASRY chez Opticiens Maurice Frères.

93 ZUT !


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Top en crêpe de laine boutonnage dos et jupe à plis creux, les deux DICE KAYEK chez Ipsae. Escarpins CÉLINE chez Ultima. Sac Padlock en veau noir et ottoman taupe BALENCIAGA aux Galeries Lafayette. Bague Nigeria et montre Tank en or blanc et diamants CARTIER.

95 ZUT !


ZUT ! 96


Top foulard en soie (plusieurs manières de le nouer) à liens en cuir surpiqués, veste et pantalon en lainage GUSTAVOLINS, bottines MAISON MARTIN MARGIELA, le tout chez K.Collections. Shorty CHANTELLE chez Alice LangeLe Boudoir. Escarpins DIOR et pochette en cuir verni à motifs appliqués PRADA, les deux chez Ultima.

97 ZUT ! 101 ZUT !


Robe en soie imprimée gansée de cuir, bottes en cuir fauve BARBARA BUI, les deux chez L’Altra. Bague Nigeria et montre Tank en or blanc et diamants CARTIER.

ZUT ! 98


Veste saharienne sans manches en fourrure et cuir, pull-chaussette bicolore et jupe plissée en lainage JUST CAVALLI, bottines lacées BURBERRY, le tout chez L’Altra. Lunettes noires ALEXANDER McQUEEN chez Opticiens Maurice Frères.

99 ZUT !


Manteau sans col en vison rasé, ceinture amovible 32 PARADIS pour SPRUNG FRÈRES, jean réversible de couleur kaki et bleu nuit BLEU LAB, bottines MAISON MARTIN MARGIELA, le tout chez K.Collections.

ZUT ! 100


Chemise en popeline et pantalon en lainage à fines bretelles en ruban de satin JEAN-PAUL KNOTT, bottines à plateau en daim A.F VANDERVORST, sac en cuir à poignées cachées MAISON MARTIN MARGIELA, le tout chez K.Collections.

101 ZUT !


Robe en soie et sac Falabella Shaggy en cuir végétal et chaîne argentée, les deux STELLA McCARTNEY chez Albe. Escarpins en cuir laqué argent, JIMMY CHOO chez Ultima.

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Coiffeur Alexandre Lesmes / Avila www.facebook.com/avilafactory Make-up artist Jacques Uzzardi www.jacquesuzzardi.com Mannequin Gabi / Studio KLRP Post-prod Camille Vogeleisen / Preview Assistant photo Gautier Ramin Assistantes stylisme Emmanuelle Chauvet, Laurence Bentz

Manteau sans col en vison kaki SPRUNG FRÈRES, pull à dos plongeant JOSEPH, pantalon masculin en lainage ARMANI, derbies en cuir chocolat CHURCH’S, sac en cuir et daim CÉLINE, le tout chez Albe. Lunettes solaires en acétate Terrazzo THIERRY LASRY chez Opticiens Maurice Frères.

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Photographe Alexis Delon / Preview

Réalisation

Myriam Commot-Delon

THINKING Post-prod

Camille Vogeleisen / Preview

MEN’S Assistante photo

Laurianne Rieffel-Kast / Preview

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Merci

Étienne, Jérôme et Théau

CHAIRS


Coiffeur

Alexandre Lesmes / Avila www.facebook.com/avilafactory

Mobilier Pyramide

Assistante stylisme Emmanuelle Chauvet

Vêtements

Dôme, Eden Park, G.Star, Heschung, Montblanc, Opticiens Maurice frères, Revenge Hom, Ultima, United Legend

105 ZUT !


Veste en lainage à doublure zippée en nylon, pantalon en laine et mohair et creepers en cuir verni PRADA Sur la chaise, doudoune avec harnais intérieur MONCLER, le tout chez Ultima

Lunettes rondes à verres miroir ANDY WOLF Eyewear chez Opticiens Maurice frères

Chaise Vol au Vent, design Mario Bellini, éditeur B&B ITALIA, en vente chez Pyramide

—— Jérôme ——

ZUT ! 106


Lunettes de vue, modèle KS.Scala, VINCENT KAES chez Opticiens Maurice frères

—— Étienne ——

Veste en lainage matelassé HENRY COTTONS Pantalon FRANCESCO SMALTO et bottines zippées en cuir suédé patiné PAUL SMITH, le tout chez Dôme

Montre chronographe, modèle TimeWalker Twinfly, édition limitée, MONTBLANC

Tabouret LC8 (1928) par Le Corbusier, Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand, éditeur CASSINA, en vente chez Pyramide

107 ZUT !


Gilet col châle en laine et cachemire, chemise à carreaux, cravate en lainage, doudoune en coton et laine, ceinture en cuir tressé et jean brut, le tout EDEN PARK

Fauteuil LC1 UAM (1929) par Le Corbusier chez CASSINA, en vente chez Pyramide —— Étienne ——

Boots Cyprès en cuir Yucatan et laine Arpin, semelle Vibram noire, ATELIERS HESCHUNG

ZUT ! 108


Veste tartan avec gilet intérieur attenant, pantalon sarouel en pure laine vierge, chemise en popeline et manteau redingote en laine et cachemire à col de lapin VIVIENNE WESTWOOD LONDON. Bottines en cuir Cordovan CARMINA. Le tout chez Revenge Hom

Tabouret LC8 (1928) par Le Corbusier, Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand, éditeur CASSINA, en vente chez Pyramide.

—— Théau ——

109 ZUT !


Chaise Vol au Vent, design Mario Bellini, éditeur B&B Italia, en vente chez Pyramide.

Twin-set en lainage Tie & Dye ANN DEMEULEMEESTER, jean slim en coton noir DIOR HOMME, sac à dos en cuir NEIL BARETT, le tout chez United Legend.

—— Théau ——

ZUT ! 110


Fauteuil LC1 UAM (1929) par Le Corbusier chez CASSINA, éditeur CASSINA, en vente chez Pyramide.

—— Jérôme ——

Lunettes en acétate écaillemodèle Le Corbusier chez Opticiens Maurice frères

Veste en lin et coton, doublée de chambray bleu, t-shirt coton et chino en velours côtelé, le tout G.STAR RAW.

Boots Parkia en cuir et toile wax cognac ATELIERS HESCHUNG.

111 ZUT !


PÆNUMBRA

Photographe Alexis Delon / Preview Réalisation Myriam Commot-Delon


Bague en or rose et or jaune rehaussĂŠe de laque noire, sertie de rubellites, saphirs et diamants CARTIER.


Bague et bracelet en or blanc et diamants, collection 4810 MONTBLANC.


Bague Masha en or noir et diamants noirs ETERNAMÉ chez Gabrièle Schwartz. Manchette en or blanc et diamants ISABELLE LANGLOIS chez Gabrièle Schwartz. Soutien-gorge en tulle et dentelle de couleur LA PERLA chez Alice Lange-Le Boudoir.


Bracelets à clip en or jaune et émaux, plusieurs tailles de poignet disponibles. Deux modèles de la collection Gustave Klimt et, au centre, un modèle de la collection Safari (nouveauté automne-hiver 2012-2013) FREY WILLE.


Bague PsydĂŠlic en argent et cristal BACCARAT.


C O P I É- C O L L É Par Myriam Commot-Delon ——— Illustration Isaac Bonan

SAD E A DU De l’or, du denim et une pointe de velours.

Bracelets porte-bonheur bouddhistes, BAAN, 12€ le bracelet, 2 tailles disponibles. www.baan-baan.com

Manchette XXL en or jaune recyclé 18 carats Voids, design India Mahdavi pour JEM www.jem-paris.com

Blouson jean, pattes de serrage dos, 149,90€ Jean, poche arrière zippée, 119,90€ G.STAR RAW

Bracelets en liens et chaînes tressées de la marque californienne SOGOLI, en vente chez Pêle-Mêle, à partir de 36€

Créoles torsadées en or 9 carats STÉPHANIE JEWELS chez Les Trouvailles d’Elsa, 163€ www.lestrouvaillesdelsa.fr

ZUT ! 118

Slippers en velours brodé or et pierres de cristal sur le talon MIU MIU chez Ultima, 450€

Blouson jean gris, 129€ Jean gris, poches arrière zippées,109€ FREEMAN T PORTER


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Visuel : Alberto Biani / Conception graphique : Chic Medias

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A C C E S S O I R E S

—B O N C O U— Par Myriam Commot-Delon ——— Illustration Isaac Bonan

— LE NŒUD PAP’ SUR MESURE — Un nœud pap’, oui, mais un nœud pap’ qu’on retrouve au cou du voisin, non. Pour échapper à cette situation gênante, filez chez Xavier Hédoire, tailleur nouvelle génération qui vous recevra dans une boutique-galerie bien meublée. Après avoir lorgné sur sa belle enfilade fifties, vous composerez votre nœud avec moult échantillons de textures et d’imprimés qui sauront débrider votre audace. Mais attention, vous risquez d’y prendre goût et de vous faire tailler aussi une veste à vos mesures… À porter comme il se doit avec un denim et un nœud papillon, comme le créateur des lieux, ancien architecte à l’allure très Savile Row.

Nœuds papillons bi-matières en laine et soie, XAVIER HEDOIRE, à partir de 65€ 30, rue du Vieil Hôpital / 03 90 20 39 04 www.xavierhedoire.com

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—————— Cet hiver, la guerre des cols est déclarée ! ——————

LE COL ROULÉ — RÉTRO-FUTURISTE —

LA CHEMISE À COL — INTERCHANGEABLE —

Même Gary Oldman, Adrian Brody, Tim Roth et Jamie Bell, les super boys de Miuccia Prada, arborent des cols roulés. Plus aucune excuse, donc, pour vous geler en chemise et redingote par - 20°C. Cette saison, le col préféré des Frères Jacques est l’outsider gagnant et booste le vestiaire d’une pincée spatio-temporelle. Improbable mais chaud.

Les hommes malins et multi-tâches seront vite accro de cette chemise à col amovible. Col français, italien ou clergyman, cassé ou col Claudine, vous allez jouer avec les nerfs de vos collègues. Et les achever avec le jeu de poignets superposables qui complète cette chemise de jeune loup aux dents longues...

PRADA HOMME en vente chez Ultima prêt-à-porter —— 4, petite rue de l'Église 03 88 21 91 66 www.ultima-mode.com

LA COMÉDIE HUMAINE Chemise modèle Rastignac, à partir de 35€ le col de chemise En vente chez Revenge Hom —— 4, rue du Fossé des Tailleurs 03 90 22 37 69 http://revenge-hom.com www.lacomediehumaine.com

LE FOULARD — À IMPRIMÉ TRENDY — À scooter ou pour réchauffer l’encolure loose d’un pull-over trop échancré, un foulard de soie est indispensable. L’imprimé cubiste du moment et une belle soie lyonnaise convaincra les jeunes gens modernes. Et pour être encore plus pointu, rien de plus affuté que ces bijoux serrefoulards réalisé en série limitée par Harpo et fabriqué à la main en Arizona par un artiste Navajo. Si, si, c’est revenu…

A PIECE OF CHIC —— www.a-piece-of-chic.com

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A C C E S S O I R E S

D U C U I R , D E S C L O U S... C ’ E S T T O U T. Par Myriam Commot-Delon Photos Preview

Qu’ils soient micro, maxi, dorés, en strass ou plus techno, les clous scarifient et perforent nos accessoires jusqu’à l’overdose.

Bottines lacées MONA, 369€.

Bottines en cuir et strass de Swarovski MONA, 269€.

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Escarpins à talon clouté or GUCCI chez Ultima2, 450€.

Ballerines BB en daim et strass de Swarovski REPETTO chez Ultima bis, 375€.

Sac bourse MIU MIU chez Ultima2, 470€.

Sac bicolore PIANURA STUDIO chez Vicino, 170€.

Santiags STRATEGIA chez Ultima bis, 390€.

Sneakers en cuir taupe MONA, 235€.


—— PRÊT À PORTER & ACCESSOIRES

——

BURBERRY LONDON BURBERRY BRIT BARBARA BUI BRUNELLO CUCINELLI ELEONORE DE MUSSET L I L P O U R L’ A U T R E VENTCOUVERT JUST CAVALLI PLEIN SUD ARMANI

RIZAL FOURRURES PÔLES

PLACE DU TEMPLE NEUF STRASBOURG | 03 88 75 12 11 W W W . A L T R A M O D E - M P. C O M

Conception graphique : Chic Medias / Photo : Preview

TRUSSARDI


Par Caroline Lévy

U R B A N

S T Y L E S

T H É A U

22 A N S / ÉTUDIANT EN ART Look over rock pour cet étudiant à la fossette saillante et charmante : boots lamées d’une autre époque et bijoux savamment étudiés pour golden boy. Théau top !

LE TITRE QUI DÉFINIT T O N S T Y L E ?

She Is The New Thing de The Horrors

TON DERNIER ZUT !

Etre rentré d’une soirée sans me rendre compte que j’avais marché dans la merde ! Résultat, un appartement tout crotté le lendemain…

ZUT ! 124

Z O É

23 A N S / ÉTUDIANTE EN ART Amoureuse de la fripe, la grande Zoé ose le camaïeu de bleu associé à son pantalon façon pyjama aux motifs hasardeux ! Une attitude tellement cool, qu’on se voit déjà l’accompagner faire le tour des festivals l’été prochain et accumuler comme elle les bracelets souvenir…

LE TITRE QUI DÉFINIT TON ST YLE ?

La P’tite Lady de Vivien Savage

T O N FA S H I O N-FA U X PA S

Des total looks en survêtement quand j’étais au collège. Une classe folle ! Mais maintenant que j’y repense, c’était pas si mal…


CANALI ALLEGRI VAN LAACK CERRUTI HENRY COTTON’S CHURCH’S PAUL SMITH CORNELIANI SMALTO

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URBAN S TY L E S

25 A N S / DESIGNER Cette designer fraîchement diplômée nous déstabi-Lise avec son look néo-preppy-boyishgrunge ! Sa dernière trouvaille venue des puces – une montre Cartier achetée 1€ – sty-Lise discrètement ses piercings et tatoos.

LE TITRE QUI DÉFINIT T O N S T Y L E ?

Cendrillon de Téléphone

T O N FA S H I O N-FA U X PA S

J’ai osé le col roulé sans manches ! Il faudrait que l’on m’explique son utilité un jour : en plus d’être inesthétique, il ne sert à rien !

N I N A L I S E

21 A N S CONSEIL EN IMAGE Avec sa silhouette longiligne, Nina arrive à faire twister son style en mixant sa veste army, dénichée au Léopard, à son sac 2.55 Chanel offert pour ses 18 ans. Son tregging en cuir et ses boots cloutées viennent parfaire l’esprit rock de la tenue. Well done !

LE TITRE QUI DÉFINIT TON ST YLE ?

Back Against The Wall de Cage the Elephant

TON DERNIER ZUT !

Quand j’ai coincé ma robe dans ma culotte en allant à la boulangerie avant de m’en rendre compte grâce au fou-rire de ma mère plus tard… ninamodedemploi.wordpress.com ninarelookelamode.wix.com/ninarelookelamode

ZUT ! 126


JOHN GALLIANO CHANTAL THOMASS PRIMA DONNA RACHEL PAPPO SIMONE PÉRÈLE PAIN DE SUCRE OSCALITO LA PERLA CHRISTIES FERAUD ERES … L I S E C HA R M E L

LI N G E R I E • MA I L LOTS D E B A I N LI NG E R I E DE N U IT P R OT H È S E S M A M M A I R E S

4 , r u e d e l ' Ou tr e - S t r a s b our g 0 3 8 8 22 6 9 8 3


OCCASE

Visuel : Pagan Poetry

Ô LE DRESSING! BOUTIQUE

ACCESSOIRES ESSENTIELS Quand l’éphémère devient permanent, ce n’est pas pour déplaire aux fashionistas en mal de créations… Après plusieurs années à investir des espaces différents à Strasbourg, le tout mini pop-up store Hic & Nunc devient grand et ouvre enfin sa boutique. Une ribambelle de créateurs de bijoux, sacs et vêtements viendra habiller cette toute nouvelle vitrine dont l’ouverture est prévue courant octobre. Les plus averties, (re)découvriront les griffes de Léon Rose Magma et leurs silhouettes structurées, les bijoux raffinés de Judith Bénita, Pagan Poetry ou Peau de fleur et les sacs graphiques de Sandrine Collin. Notre futur it-shop ! (C.L.) Hic & Nunc - 4, rue de la Brigade Alsace Lorraine http://hicetnuncstoreleblog.blogspot.fr http://hicetnunc-store.com/le-store

BEAU LE BIO

Le dimanche, énième vide-dressing où l’on fouille, peste sans jamais rien trouver, ou si peu. Souriez, vous êtes sauvées ! Stilbé Schroeder (oui, c’est le nom d’une nymphe de la mythologie grecque), Luxembourgeoise exilée à Strasbourg, a décidé de tordre le cou au symptôme du panier vide. Elle s’impose un thème à chaque vide-dressing et fouine parmi les vêtements de ses adeptes pour trouver les perles rares. Et inutile de se lever tôt, elle organise ses vide-dressings le samedi après-midi et saupoudre le tout de petits gâteaux, de délicieuses playlists et même d’apéro pour les dernières chanceuses, le tout avec un goût inné pour le graphisme et les belles choses. Le vide-dressing ôtrement. Amour. (C.B.) Vide-dressings Ôtrement, tous les mois 40, rue de la Première Armée Prochaine date : le 26 octobre www.facebook.com/OO.trement

SHOPPING

Photo : Lucas Grisinelli

Quand on pense vêtement bio, on pense pantalons difformes portés par les cracheurs de feu. À tort. La boutique Fibres & Formes vend vêtements éthiques et écologiques dessinés par des marques créatives, pour hommes, femmes et enfants. La collection hiver regorge de chaleur et de bonheur : on y trouve des gilets à flocon de neige parfaits pour l’amoureux au coin du feu ; Komodo, marque british miraculeuse ; Madness, plus classique mais avec coupes seyantes, collants résistants et mitaines moelleuses. Louise Geber propose également sa marque propre, elle dessine et les mains de fées de Sirogojno tricotent : des pulls d’inspiration Europe de l’est, d’autres en grosse maille et même des robes de soirées étonnantes. Sauver la planète en shoppant, enfin ! (C.B.) Concept Fibres & Formes, 15 rue Sainte-Madeleine - 09 51 32 64 01 www.vetementbio.com

ZUT ! 128

Photo : Laura W. Ruby

TENDANCES ZUT !


LUISA CERANO ANNETTE GÖRTZ CREENSTONE

MAX & MOI LIU.JO jeans LIU.JO accessoire

PIANURASTUDIO TRICOT CHIC DISMERO

LIU.JO collection MARCCAIN TWIN-SET

CALIBAN

[ C] STUDIO

Prêt à porter féminin 6 rue Frédéric Piton - Strasbourg 03 88 23 19 39 129 ZUT !


TENDANCES ZUT !

MODE MAJEUR

SHOPPING

HOMME Lorsque le temple de la mode du boulevard Haussmann exporte son concept luxe et le décline dans les moindres détails dans son magasin strasbourgeois, on est sous le charme. Sur 3000 m2 totalement dédiés au luxe, le rez-de-chaussée des Galeries Lafayette fait peau neuve et se pare d’un écrin 5 étoiles… Sans la mythique coupole parisienne, mais magnifié par une architecture signée Bruno Moinard, ce tout nouvel espace fait coexister les univers de la maroquinerie et de la joaillerie avec une offre de standing exclusive. Les corners Gucci, Prada et Bottega Veneta viennent encadrer les chiquissimes griffes Givenchy, Yves Saint Laurent, Chloé, Céline et Balenciaga. Côté bijoux précieux, on se laisserait volontiers tenter par Messika, DoDo, Chopard, Boucheron, Pomellato, ou Chaumet. À venir, des espaces beauté et chaussures femmes totalement repensés, qui feront du grand magasin le paradis de la modeuse locale et internationale ! (C.L.) Galeries Lafayette 34, rue du 22 Novembre 03 88 15 23 00 www.galerieslafayette.com

TELEX

NEW

Vous adorez l’univers raffiné et moderne de PATRIZIA PEPE ? Filez découvrir cette enseigne nouvellement ouverte, 8, rue Gutenberg, et entièrement dédiée au charmant vestiaire féminin de cette créatrice florentine.

ZUT ! 130

MÉCANISMES BANCAIRES

Comment updater un ennuyeux costume de banquier ? Grâce au Londonien Robert Tateossian, ex-golden boy reconverti en créateur de bijoux. Les passionnés de montres anciennes ne pourront résister à ces bouton de manchette à mécanisme apparent. (M.C.D) Boutons de manchette en rhodium de couleur titane, 2cm de diam, TATEOSSIAN chez Revenge Hom, 185€

MÂLE ADROIT HOMME Et si le nouveau chic masculin était l’intemporel ? Avec la mythique griffe Smalto – qui vient de fêter ses 50 ans –, le vestiaire de la saison réinvente ses classiques, accentue les lignes dans une sophistication qui lui est chère. L’homme Smalto est élégant et racé, il respecte l’esprit tailleur de la Maison d’une allure résolument dandy qu’il maîtrise sans ostentation. Les détails et finitions font sa force, et cet hiver, il portera le col en fourrure, la peau lainée et la veste croisée comme personne. On a trouvé notre mec plus ultra ! (C.L.) Smalto by chez DOME 24, rue du Vieux marché aux Grains 03 88 75 54 88


atmostore 4 quai des bateliers 67000 strasbourg 0388251538

CAFÉ - RESTAURANT

1, rue de Berne / 67000 Strasbourg / 03 88 35 91 71

new

and

Le disquaire ultra-design de Strasbourg 83 Grand’rue / 67000 Strasbourg / 03 88 23 29 22

49 Grand’rue | STRASBOURG Tél. 03 88 22 44 48 | www.33andco.com


Photos : Fabrice Keusch

TENDANCES ZUT ! COIFFURE

MODE

PREMIER RÔLE

Acte IV et lever de rideau sur la dernière phase de travaux des boutiques Ultima : la première boutique ouverte par Philippe Moubarak est désormais entièrement assortie à ses consoeurs et a revêtu l’habit de scène que l’atelier d’architecture Briot-Gomez avait déjà attribué aux autres espaces de l’enseigne. Du noir et du blanc, graphique et luxueux, pour ce lieu de désir destiné aux accessoires. C’est ici que vous aurez le plus beau choix de sacs et de chaussures DIOR, YSL, FENDI, ZANOTTI, CÉLINE, TOD’S, HOGAN, BALENCIAGA… Une distribution et un spectacle jouissif : pléthore de nouveautés désirables et de it-bags sublimes vous tendent dans un espace au lifting réussi. (M.C.D) Ultima 8, petite rue de l’Église - 03 88 32 87 69 www.ultima-mode.com

SUR LA ROUTE AVEC KLIMT

JOAILLERIE

Avoir un Klimt autour du cou, c’est possible grâce à Frey Wille ! L’orfèvre émailleur autrichien met à l’honneur le génie de l’Art Nouveau à l’occasion des 150 ans de sa naissance. Arabesques et motifs cultes ornent les bijoux de la maison le temps d’une collection hommage accompagnée d’une exposition itinérante entre Paris et Strasbourg. (C.T.) Du 4 au 14 octobre, chez Frey Wille 1, place du Temple Neuf - 03 88 32 13 85

ZUT ! 132

COUPER DÉCALER Texturée, vaporeuse, graphique ou déstructurée, la coupe de cette rentrée se vit avec audace et individualité. Inspiration des défilés ou simple envie de changer look, les nouvelles tendances coiffure n’en finissent pas de nous surprendre. Et comme du podium au salon, il n’y a parfois qu’un cheveu, Atmostore accueille deux nouvelles gammes professionnelles qui sauront accompagner vos exigences capillaires. La marque pointue Bristish Hair arrive en exclusivité en France ainsi que label.m, ligne de soins ultra pro de Tony & Guy adaptée à tous les besoins. Le salon propose aussi désormais le must du lissage brésilien, pour un cheveu dompté en pleine santé. Et la belle aime ! (C.L) Atmostore 4, quai des Bateliers 03 88 25 15 38


30 rue du Vieil H么pital STRASBOURG 03 90 20 39 04 www.xavierhedoire.com

35, quai des Bateliers Strasbourg 03 88 52 13 55


Flowerpot by Verner Panton (&Tradition)

Tree (Lovi)

Arts de la table Luminaires Tissus Papiers peints Petits mobiliers Textiles Objets décoratifs Idées cadéaux!

Songbirds by Kay Bojesen (Rosendahl)

Aalto tray, Origo bowl (Iittala)

5 quai des Pêcheurs, 67000 Strasbourg · Tél. 06 08 86 67 30 · info@lamaisonscandinave.fr www.lamaisonscandinave.fr · Horaires d’ouverture: mardi – samedi 10h – 18h30


L A U R E N C E

B E N T Z

L I F E S T Y L E


H L A B O Z U T M E

Par Myriam Commot-Delon

l Artwork Zoé Rumeau www.zoerumeau.com l

ZUT ! 136


GÉ O IES M ÉTR VA R IA BL E S l

Plateaux Kaleido, design Clara von Zweigbergk pour HAY DESIGN à la galerie Fou du Roi, à partir de 21€.

l Ligne abc Collection et imprimé Sienna, décliné sur différents supports, design ARTEK et TAPIO WIRKKALA à La Maison scandinave.

l Papier peint FERM LIVING, rouleau de 10m x 53 cm à La Maison scandinave, 67,50€.

l

l

l

l Bibliothèque La Folie LAURETTE chez Flat Concept Store, 795€. l

l Étagère en acier laqué, design FREDERIK ROIJÉ chez Flat Concept Store, 245€. l

l Tapis Gem, design Anne Lehmann pour NORMANN COPENHAGEN à La Maison scandinave, prix sur demande. l l Coupe Crushed, design Jds Architect pour MUUTO chez Flat Concept Store, à partir de 39,50€. l

l

l Étagère MUUTO chez Flat Concept Store, de 79€ le module ouvert en blanc à 169€ le module large avec fond en frêne.

Plaid en coton, FERM LIVING à La Maison scandinave, 100€. l

l

137 ZUT !


D E C R Y P TA G E DESIGN

BASIC INSTINCT

3

Par Myriam Commot-Delon

Cette rentrée déco ne se fera pas sans lui, autant vous prévenir tout de suite. Considéré dans la famille déco comme l’un des « bons » élèves de la jeune garde française, Fred Rieffel fait vraiment du « beau » design. Mais comment fait-il pour rendre sexy et désirable des meubles basiques ? Décryptage de ses quatre dernières réalisations.

Portrait : Ysé Rieffel

UNE TABLE D’APPOINT / TANDEM S’il est un bien un petit meuble indispensable, c’est le bout de canapé ! Cette version propose une réflexion sur le bois qui travaille… Ceinturé d’un cerclage métallique, il saura garder la ligne pour accueillir votre dernier roman, ZUT !, vos lunettes, votre thé ou un luminaire d’appoint. Son plateau en lévitation épouse parfaitement un bloc de bois à la coupe nickel : un beau couple dans une jolie gamme de couleurs. Disponible chez Roche Bobois à Lampertheim. Prix public : 641€

4

1 UN FAUTEUIL / OBLIK Cette chauffeuse en épicéa huilé attendait gentiment depuis 2007 de trouver un éditeur. C’est chose faite depuis la rentrée : la belle endormie sera enfin présente à NOW en janvier prochain … En avance sur la tendance « bois de chantier, Batipin et OSB », qui ravit un fan-club avide de meubles écolo, en bois et sans chichis, Oblik va faire l’unanimité. Sa galette en lainage surpiqué adoucit son assise et apporte une belle touche de couleur, ce qui ne sera pas superflu cet hiver… Édité par Doow / www.doow.fr Prix public version de base : 935€

ZUT ! 138

2 UNE TABLE BASSE / CIRCUS UNE BIBLIOTHÈQUE / REZO On aime la pureté de ses lignes : des planches en bois d’épicéa + des supports graciles en acier laqué de trois couleurs. Simplissime et fonctionnelle, cette étagère n’en est pas moins sophistiquée : grâce à des gorges usinées dans les planches, les modules de jonctions se placent de manière intuitive… Chic, le montage va pouvoir se faire avec les kids ! Et sera beaucoup moins compliqué à monter qu’un meuble suédois en kit, c’est promis. Ce projet a bénéficié d’une aide à projets du VIA et est désormais édité par Doow / www.doow.fr Disponible à Strasbourg à la galerie Fou du Roi. 1700€ la version 3 planches

La table basse est un meuble récurrent dans la production de Fred Rieffel, et ce modèle en verre coloré est déjà sa 7e création pour l’éditeur de mobilier contemporain Roche Bobois. Constituée de huit lames et de deux plateaux circulaires, on retrouve les codes chers au designer : du sens et de la fonction. Maline et d’une sophistication extrême, elle permet de ranger ses livres comme dans une bibliothèque circulaire… Donc de pouvoir lire la tranche des livres, ce qui est tout de même plus agréable pour les consulter que de les avoir empilés ! Disponible chez Roche Bobois à Lampertheim. www.roche-bobois.com Prix public : 1750€ www.fredrieffel.com


Tulip Arm Chair / Knoll

intérieur design décor ation éco

tapissier décorateur siège - rideau - s t ore - tapis literie - textile - cuir conseil, création & rénovation

8 quai des pêcheurs 67000 s tr asbourg 03 88 36 03 91 www.idde-stras.fr

MOBILIER

CONTEMPORAIN

::

ARCHITECTURE

INTERIEURE

ARCHITECTURE INTÉRIEURE MOBILIERS CONTEMPORAIN 32, Quai des Bateliers - Strasbourg +33 (0)3 88 37 31 95

www.pyramide-design.com


DÉCO

Par Myriam Commot-Delon

NEWS DESIGN

G LOSSY

M

arion Fortat, jeune designer française ayant étudié et vivant au Danemark, nous enchante avec ses vases asymétriques aux couleurs pastels. Un appel à l’accumulation, aux bouquets graciles, et un bon remède à la morosité hivernale. Collection Crooks, MARION FORTAT, disponible en bleu, orange, vert et violet. 2 tailles disponibles, 19cm et 10cm de hauteur, en vente à la galerie Pêle-Mêle. ZUT ! 140


G I MMI CK EMPIL EZ-MOI ! PI E D M A R I N

I

nspirée par le monde de la mer et de la construction navale, cette petite chaise à trois pieds est d’une grande stabilité. Petite Gigue design François Azambourg pour MOUSTACHE. Existe en chêne naturel, laqué rouge ou noir, chez Flat Concept Store, 370€.

U

no est la chaise parfaite que vous attendiez : gracile, ultralégère, en polypropylène et disponible en 5 couleurs. Design James Irvine pour ARPER chez decoburo, à partir de 132,75€.

O

n rêve d’accrocher au mur du salon un des masques déjantés de Bertjan Pot, designer néerlandais qui tire les ficelles avec dextérité. www.bertjanpot.nl

LUG E LOUNG E

A DJ U GÉ !

L

oop est un canapé déhoussable aux lignes fluides et architecturales, disponible en 2 ou 4 places, design Lievore Altherr Molina pour ARPER chez decoburo, à partir de 3025€.

S

e prélasser allongé sur ce fauteuil est une excuse valable pour ne pas céder aux joies des sports d’hiver. Plusieurs revêtements disponibles, en cuir et tissu personnalisables. Catifa 70, design Lievore Altherr Molina pour ARPER chez decoburo, à partir de 1210,50€.

141 ZUT !


DÉCO

CO LLE C TO R

S

tring est un système d’étagère suédoises crées en 1949 par Nils Strinning : de simples montants filaires supportant de simples étagères. Légère mais stable, on la veut partout dans la maison ! String Pocket, étagère à 3 niveaux, disponibles en plusieurs coloris. STRING FURNITURE à La Maison scandinave, à partir de 137€.

ZUT ! 142


PO P & PR ÉCI EUX L I G H T-S H OW

L

ouise Campbell peut être ravie, sa signature vient de rejoindre le très chic catalogue de l’éditeur danois LOUIS POULSEN et c’est légitime : la suspension LC Shutters est lumineuse. Ultra raffinée, elle tamise la lumière et la diffuse grâce à un verre opalin qui dissimule l’ampoule, le tout filtrant à travers les fentes d’un abat-jour en aluminium. Deux versions sont disponibles, la blanche à 425€ et l’autre colorée de teintes acidulées à 525€. À La Maison scandinave.

PATRICIA URQUIOLA Q uand réinterprète tout en féminité les

principes de taille du savoir-faire Baccarat, le résultat est sculptural. Un jeu d’accumulation et d’empilement de formes graphiques et ciselées qui enchante les vases et verres colorés de sa collection Variation, BACCARAT. www.baccarat.com

ASPI RATE UR À STRESS

C

omme le canapé Bahir a été conçu pour la détente absolue, lire ou surfer ne sera pas le plus difficile, mais arriver à s’en extirper, oui ! Des airs de matelas moelleux dont on aurait aspiré l’intérieur pour former un creux où se vautrer avec délectation. Disponible en quatre tailles, il se décline également en fauteuil et ottoman. Design par Jörg Boner pour COR.

I CÔNI QUE À TA B L E ! S U R-M E S U R ES

E

nfilade TV et audio, composée à partir de l’indémodable système de rayonnage dessiné en 1965 par Fritz Haller et Paul Schärer jr. USM Haller chez decoburo, prix et configuration sur demande.

et immaculée, cette table de O voïde salle à manger aux lignes douces et

contemporaines aime s’entourer de chaises aux lignes papillonnantes. Table Conic, design par Hauke Murken et Sven Hansen et chaise Shrimp, design par Jehs+Laub, COR.

D

essinée en 1940 par CHARLOTTE PERRIAND lors de son séjour au Japon, la chaise longue basculante en teck Tokyo est une déclinaison de la LC4 signée Le Corbusier. Cette redoutable « machine à se reposer » est disponible chez Pyramide.

143 ZUT !


DESIGN

——

POÏÉTIQUE DE L’OBJET —— Par Cécile Fassel

La bibliothèque à habiter

QUE DIT LE DESIGN DE NOTRE SOCIÉTÉ CONTEMPORAINE ? ST-ART 2012 NOUS INVITE CETTE ANNÉE À NOUS INTERROGER SUR LE SUJET ET NOUS FAIT DÉCOUVRIR DE NOUVELLES ATTITUDES DESIGN À TRAVERS 20 PROJETS MADE IN ALSACE... PIERRE LITZLER, ARCHITECTE ET RESPONSABLE DU MASTER DESIGN DE L’UFR ARTS, NOUS DONNE QUELQUES PISTES DE LECTURE, DU THÈME ET DES PIÈCES EXPOSÉES. Comme à chaque édition, St-art, foire d’Art contemporain, invite la Ville de Strasbourg qui invite à son tour… qui elle veut. Celle-ci a choisi, cette année, d’offrir son espace à des designers, plutôt qu’à des plasticiens. Manière de souligner la complexité de leur démarche, loin de la simple esthétique industrielle. Pour cela, elle s’est adjoint le regard de Pierre Litzler, architecte, professeur chercheur à l’UFR des Arts et responsable du Master Design. Lui défend le design comme attitude, comme regard sur le monde. Dans son texte d’introduction aux 20 projets alsaciens exposés, il fait allusion à Joseph Beuys et sa “sculpture sociale”. Litzler rappelle ainsi que le design ne peut plus être considéré comme

ZUT ! 144

« la recherche de formes nouvelles pour un objet fonctionnel » mais bien comme « une attitude de transformation par la création, un moyen de questionner notre manière de vivre qui nécessite une conscience ». « Le contexte de St-art est particulier, précise-til, il s’agit d’un événement commerçant et nous souhaitions, la Direction de la Culture et moi-même, introduire une notion du design actuel plus politique. » Il s’agit de déplacer l’idée du design, qui transforme nos espaces de vie non pas de manière décorative, mais en profondeur. Il modifie nos modes de vie, ainsi que la société dans laquelle nous évoluons. « Une esthétique, une fonction et la production d’un nouveau

mode d’existence, précise Pierre Litzler. Voilà en quoi le design actuel rejoint cette idée de sculpture sociale. Nous souhaitons que le public puisse découvrir cette dimension. » Cinq grands thèmes viennent cartographier l’espace d’exposition et renseignent sur la manière dont les designers abordent aujourd’hui leur pratique : les attitudes anthropologiques, collaboratives, pragmatiques, expérimentales et génériques. Focus sur quatre projets qui proposent une autre compréhension de notre environnement social et révèlent de nouveaux potentiels de développement.


Folklore

— DISCOURS ET NON-DITS

de Justine Frémiot et Elisa Quirin « Dans cette réalisation graphique, les designers proposent de visualiser un discours politique. Inspirée du débat Sarkozy-Royal de 2007, l’idée a été de construire une application ludique qui permette de créer une phonétique des thèmes récurrents au cours d’un débat politique. Ce projet souligne donc une démarche et un protocole en même temps qu’il ouvre des possibilités. »

— GELLY

d’Élodie Castillo, Alexia Magnenet, Aurélie Desquet « Ces trois créatrices ont choisi de travailler le bonbon comme matière première de leur création d’objet. L’objectif est de transposer une matière connue, de la détourner pour en découvrir un nouvel usage. Ici, elles en composent une vaisselle décorative et festive, 100% colorée et surtout gustative. Par une recherche approfondie, le bonbon se transforme en gelée qui permettra la création d’une gamme de vaisselle recyclable, avec une durée de vie de quelques semaines. »

— FOLKLORE

de Sonia Verguet « Revisiter l’archétype alsacien, en réinterprétant ce motif traditionnel dans une forme plus contemporaine, avec une gamme complète des arts de la table, vaisselle, torchons, etc. Ces différents projets surprennent, interrogent le visiteur, le déstabilisent pour mieux aiguiser sa curiosité. Le design made in 2012 est une réinterprétation toujours plus contemporaine d’habitudes, d’acquis que nous pouvons tous nous réapproprier. »

——

Design & Attitudes, stand de la ville de Strasbourg à St-art, du 23 au 26 novembre www.st-art.com

——

— LA BIBLIOTHÈQUE À HABITER

de Malo Mangin, Romy Desseaux, Cyril Schmitt et Vanessa Kiffer « Le sujet du concours Minimaousse 4 [le concours biennal de microarchitecture, ndlr] était contraignant : construire XXS pour les tout petits avec du carton, du bois et du papier. Le collectif a opté pour un « espace » à habiter, modulable et variable dans le temps et l’espace. Il a fait porter sa réflexion sur la « spatialisation » de la lecture, afin de permettre de se situer dans un « monde » à travers le livre mais aussi un lieu… »

145 ZUT !


DESIGN

—— DESIGN HERE & TODAY —— Par Cécile Becker

Qu’a permis cette première du concours Commerce Design ? Nous avons mis l’accent sur l’innovation en matière de concepts commerciaux, aussi bien dans le commerce que dans l’hôtellerierestauration. Le client a pu découvrir sa ville autrement, et non une cité uniformisée et uniforme. L’effet d’entraînement est recherché, il est primordial pour les commerçants de se remettre en question dans leur manière de présenter leurs produits et d’accueillir le public. On essaye d’exprimer que ce n’est pas forcément coûteux, ce qui est recherché c’est l’originalité du concept. A-t-il été difficile de choisir 20 lauréats sur les 70 dossiers ? L’objectif du concours était de mettre en avant les commerces, ce qui a fonctionné. L’hôtel Mercure a compris la démarche du concours. En le remportant, il a réalisé l’importance d’une promotion du design auprès du public. Sur 70 dossiers, ça n’a pas été évident de choisir mais on a poussé les commerces à se représenter dans deux ans.

ZUT ! 146

LA PREMIERE ÉDITION DU CONCOURS COMMERCE DESIGN STRASBOURGEOIS S’EST ACHEVÉE SUR LE VOTE DU PUBLIC, QUI A ÉLU L’HOTEL MERCURE PARMI LES 20 LAUREATS DESIGNÉS PAR UN JURY DE PROFESSIONNELS. CATHERINE SALOMON, COMMERÇANTE ET MEMBRE TITULAIRE DE LA CHAMBRE DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE DE STRASBOURG, A INITIÉ LE CONCOURS. ELLE REVIENT SUR SON SUCCÈS ET PARLE DE L’AVENIR.

Est-ce que le design aura changé d’ici là ? J’ai la sensation que dans deux ans, les lignes auront encore bougé. On peut s’inscrire dans la tradition et quand même faire du design. Le design vintage revient beaucoup, ce n’est pas très présent en Alsace mais cela va venir. Les commerces recherchent de plus en plus la convivialité.

Cela pourrait permettre à des jeunes de se lancer, d’expérimenter. Il ne reste qu’à trouver un industriel qui porterait le projet. Les pop-up shops marchent très bien ailleurs, il y en a quelques-uns à Paris, mais pour Strasbourg, capitale européenne, ce serait formidable. Il faut se battre pour ce projet-là, j’espère qu’il se concrétisera en 2014…

Quels sont les projets qui vous tiennent à cœur aujourd’hui ? Nous avons associé le commerce non sédentaire au concours Commerce Design, j’y tenais. Nous avons organisé un concours avec des écoles d’architecture, ainsi les étudiants ont présenté des projets de commerces éphémères. Il y en a eu de très beaux, l’un d’eux a été primé. Ce qu’on recherche aujourd’hui, c’est réussir à monter au moins un des trois projets choisis avec la Ville. Pour la prochaine édition du concours Commerce Design en 2014, on aimerait créer un kiosque qui puisse accueillir tous types de commerce : métiers de la bouche, services, créateurs, fleuristes…

Prochain événement : Nuit de l’e-commerce, le 19 novembre de 18h à 23h au Pôle Formation CCI 234, avenue de Colmar à Strasbourg www.commercedesignstrasbourg.com www.strasbourg.cci.fr


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JOAILLERIE

MYSTIQUE DES BELLES PIERRES Par Claire Tourdot / Portrait Pascal Bastien

ERIC HUMBERT EST DE CES ARTISANS QUI VIVENT LEUR PROFESSION AVEC INTENSITÉ. « JOAILLIER INSPIRÉ », COMME IL AIME À SE DÉFINIR, SES CRÉATIONS REFLÈTENT UNE SENSIBILITÉ À FLEUR DE PEAU, ENTRE RÊVERIES EXOTIQUES ET QUESTIONNEMENTS INTÉRIEURS. Le métier de joailler est entré dans la vie d’Eric Humbert par la porte de l’entraide. Ce n’était ni un choix, ni une vocation, mais une obligation. Celle de soutenir son père, maître joailler et handicapé par un accident, de lui prêter main forte au sein de son atelier dès l’âge de 17 ans. Débuts difficiles pour celui qui ne s’imaginait pas passer le reste de ces jours vissé sur un tabouret, à regarder de jolis cailloux. Finalement, Claude Humbert réussira à donner à son fils la passion de la belle ouvrage... jusqu’à son décès en 1996 : « d’une certaine manière, sa plus belle leçon a été sa disparition. J’ai dû trouver une nouvelle façon de travailler et me reconstruire. Cela a été une vraie évolution personnelle. » Depuis, Eric Humbert a tracé son propre chemin, un chemin qui l’a mené très loin. Il est ainsi parfois possible de voir la petite boutique de la rue des hallebardes fermer ses portes pendant plusieurs semaines. Ne vous étonnez pas, le joaillier est aussi un grand voyageur. Amérique du sud, Polynésie, Aus-

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tralie, il sillonne le monde tel un Indiana Jones à la recherche de trésors cachés : au fil de la discussion, il pointe du doigt l’énorme racine qui trône au centre de sa vitrine, « un souvenir de Colombie ». Mais plus que les rencontres et les beaux panoramas, c’est l’inspiration qu’il trouve enfouie au plus profond des continents. « Je ne peux pas rester enfermer, au bout d’un moment j’étouffe. Un rythme de travail s’est installé peu à peu, je pars en voyage puis je reviens nourri d’idées, c’est un peu ma danse. J’ingère ce que je vis, les

images, les situations, puis je les digère, les mélange, et à un moment, tout ça jaillit sous forme de rêves, d’intuitions, de flashs. » Une opale éthiopienne, un chapeau péruvien, une couleur, une forme… l’héritage technique acquis durement se nourrie des voyages de l’aventurier, promettant des créations inattendues. À cela s’ajoute le gage du made in Alsace et une clientèle fidèle : « c’est aussi elle qui m’a fait évolué : si j’ai une qualité dans mon travail, c’est parce que mes clients sont exigeants », me confie-t-il avec modestie.


CENTRE EUROPÉEN D’ACTIONS ARTISTIQUES CONTEMPORAINES

Dans une société en manque de spiritualité, ses bijoux prennent la valeur d’un memento mori

Au milieu des colliers de perles et bagues diamantées, une petite tête de mort attire l’œil : « c’est mon côté artiste, je me fais plaisir, je me décontracte. » Eric Humbert se lève et va chercher sa collection de Vanités bien rangées dans l’atelier. « Ces têtes de mort sont pour moi le symbole que nous ne sommes pas immortels, nous devons vivre l’instant présent en réfléchissant aux conséquences de nos actes. Bien que ces figures paraissent sombres, c’est avant tout un message de vie, je ne me prend pas au sérieux », explique le joaillier, le regard soudainement passionné. Dans une société en manque de spiritualité, ses bijoux prennent la valeur d’un memento mori, portant en elles la volonté d’une prise de conscience. Bientôt, les Vanités sortiront de l’arrière boutique pour rejoindre les allées de la 17e foire d’art contemporain St-art. Eric Humbert est l’invité du stand de Francis Waydelich. Il y présentera Avenir d’un Monde sans Conscience, un ramassis de crânes créé spécialement pour l’occasion, représentation du Calvaire, « de quoi interpeller et faire réfléchir les visiteurs ».

Joaillerie Humbert 48, rue des Hallebardes www.eric-humbert.com Eric Humbert à St-art, du 23 au 26 novembre au Parc des expositions, sur le stand de Francis Waydelich www.st-art.fr

DANSEZ MAINTENANT ! DANSEZ,

À L’OCCASION DE SES 25 ANS, LE CEAAC VOUS PROPOSE UNE SOIRÉE MUSICALE ET DANSANTE AU PROGRAMME

19h30 : Louison Moretti, duo piano et batterie 22h30 : Funk the Power, Dj set 00h30 : Amy Binouze, Dj set

ENTRÉE LIBRE

Buvette et petite restauration sur place Cet anniversaire s’accompagne de la parution d’un numéro spécial du magazine NOVO consacré au CEAAC, à ses 25 ans d’existence et à ses projets futurs.

7, rue de l’Abreuvoir - 67000 Strasbourg +33 (0)3 88 25 69 70 communication@ceaac.org www.ceaac.org


M É T I E R S D 'A R T

Dossier coordonné par Cécile Becker Photos Christophe Urbain Illustration Laurence Bentz

A R T-I S A N S ALORS QUE LES ARTISANS D’ART SE FONT RARES, IL EST NÉCESSAIRE DE FÉDÉRER ET DE DYNAMISER LE MÉTIER. LA FÉDÉRATION RÉGIONALE DES MÉTIERS D’ART D’ALSACE (FRÉMAA) SE BAT POUR FAIRE PERDURER LA PROFESSION. EN ALSACE, 900 ENTREPRISES LA REPRÉSENTENT. QUI SONT CES ARTISANS ET QUE FONT-ILS ?

Commençons par le commencement. Que sont les métiers d’art ? Ninon Derienzo, directrice de la frémaa, répond : « Il faut que l’artisan maîtrise une technique et un ensemble de savoir-faire, et qu’il y ait une transformation de la matière première. Il y a une notion de transmission, qui n’est pas applicable à l’art contemporain. Enfin, les objets créés sont uniques ou fabriqués en petites séries, il y a une véritable plus-value artistique. » Ils se situent tout à fait entre l’art et l’artisanat. En 2003, le ministère de la Culture crée l’appellation « métier d’art », recensant 217 métiers. Trois domaines sont représentés : création contemporaine, tradition, conservation et restauration du patrimoine. « L’image poussiéreuse des métiers d’art porte préjudice à la profession, explique Ninon Derienzo. On souhaite en montrer autre chose, afin de les sauvegarder. Grâce à eux, on échappe aux productions standardisées. On est dans une production durable, à des prix accessibles. » La frémaa s’attache aussi à la question de la transmission, des valeurs et des techniques. Pour Maurice Salmon, « ce qui sclérose [ces] métiers, ce sont les secrets

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de fabrication. Il ne devrait pas y avoir de secret, tout devrait se transmettre. Bien sûr, nous avons nos petits trucs, notre signature. Mais il faut être transparent. » Pour palier les manques, la frémaa organise dès sa création en 1996 salons et expositions, et développe ses réseaux pour permettre aux adhérents d’exposer leur travail un peu partout. Des adhérents passionnés et attachés à leurs pratiques. ———————

Salon européen des métiers d’arts résonance(s), du 9 au 12 novembre au Wacken à Strasbourg Pièces d’exception, du 22 novembre au 31 décembre à l’église des Dominicains à Colmar www.salon-resonances.com www.fremaa.com ———————


MAURICE SALMON

R E L I E U R Voisin d’un temple chinois, Maurice Salmon pratique l’art de la reliure. Une situation qui force à la méditation. D’ailleurs, lorsqu’on arrive, il est en pleine broderie. S’il maîtrise plusieurs techniques, il privilégie les broderies, une méthode médiévale plus durable et plus robuste. « Je me sers de techniques anciennes pour des créations contemporaines. Tout est fait main. Le suminagashi, ancêtre du papier marbré, est un art de l’aléa, les pièces sont uniques », explique t-il. En effet, les carnets qu’il crée présentent des couvertures réalisées grâce au suminagashi : le papier est plongé plusieurs fois dans un bac où flottent librement des encres de Chine. Les détails sont frappants. « Le papier et le livre me plaisent, parce qu’il y a tout. J’y applique autant des théories de reliures que j’ai apprises aux arts décoratifs de Strasbourg, que d’autres arts : le dessin, la maquette, la broderie, le cuir, la lecture. » Bien sûr, Maurice Salmon se voit confier des restaurations par des particuliers ou des institutions.

« J’essaye de ne pas pratiquer de collage car c’est acide et ça ne tient pas sur la durée. J’en fais le moins possible, mais le plus possible pour la conservation. Il faut avoir à l’esprit que ce qu’on fait, un autre relieur devra le défaire plus tard. » Une responsabilité qui s’inscrit dans une démarche durable mais aussi très intime. Chaque livre renferme une charge personnelle et émotionnelle. « Ce qui est drôle, c’est que dans certains livres du XVIIIe siècle, les imprimeurs ont laissé des instructions à l’attention des relieurs. Une sorte de dialogue s’installe entre nous », raconte t-il. Autour de chaque reliure à restaurer, il fait aussi des recherches pour connaître le type de papier et ses composants afin de ne pas abîmer l’ouvrage. Maurice Salmon en apprend tous les jours. Et ses savoirs ? « Ils ne m’appartiennent pas, j’ai à cœur de transmettre à travers des ateliers, des stages, des formations. L’artisanat devient un luxe car il y a beaucoup de main d’œuvre, on y revient, car l’humain revient. » Si dans les livres, on lit de belles histoires, l’histoire de leur esthétique est toute aussi passionnante.

“ Mes savoirs ne m'appartiennent pas.” ——————— Atelier Salmon 9, rue de Guebwiller à Strasbourg 03 88 37 32 47 www.reliure-art.com Maurice Salmon participe au salon Résonance(s) ———————

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M É T I E R S D 'A R T

BRUNO METZGER

MAÎTRE BOTTIER CORDONNIER

Lundi matin. La boutique est fermée mais Bruno Metzger, sa femme Sonia et son collaborateur Jessie s’affairent dans l’atelier. Les créations maison ornent l’entrée : des chaussures en cuir véritable. Derrière, toutes sortes d’outils et des semelles, partout. Une odeur de cuir et de vernis. Bruno Metzger est installé ici depuis 30 ans, après avoir suivi les traces de sa famille et passé un brevet de maîtrise. 30 heures de travail et 300 opérations sont nécessaires pour réaliser une paire de souliers sur mesure. « Le client sait tout de suite ce qu’il veut, il apporte des photographies, explique Bruno Metzger. On choisit le cuir ensemble, il y en a de toutes sortes : galuchat, serpent, crocodile, exotiques, veau, c’est un cuir brut que l’on tanne à la demande. » Après les mesures du pied et le moulage, on crée un formier, une forme en bois basée sur les mesures du client que le bottier corrige en fonction de la forme de la chaussure : pointue, carrée, ronde. Pour être certain, il fabrique une chaussure en plastique moulée que le client essaye, c’est à ce moment là que les défauts sont corrigés. Puis vient le patro-

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nage. Comme les couturiers, il découpe dans le cuir les différentes parties de la chaussure sur une feuille : la claque (partie avant de la chaussure), les côtés, l’arrière, les doublures, assemblés par la piqueuse. Le cuir est ensuite posé sur le formier. « Je pince le cuir, le tire et le mouille pour qu’il soit plus malléable, je le fixe sur le formier à l’aide de clou. » La paire sèche ensuite une semaine environ avant que le bottier ne retire les clous, qu’il ne teigne le cuir, et qu’il n’y couse la semelle à la main ou à la machine. Si la machine en question a l’air de sortir des années 50, elle est en fait assez moderne : « Dans le métier, il n’y a pas d’évolution. C’est plutôt à nous, hommes, de nous adapter à la matière. » En 2012, il avoue avoir retrouvé une activité florissante après quelques années de creux : « Je pense que les gens veulent retrouver de belles choses qui durent, c’est pourquoi on en revient à l’artisanat. » Voilà qui est dit.

“ C'est plutôt à nous, hommes, de nous adapter à la matière.” ——————— Bruno Metzger Maître bottier cordonnier 14, route de Schirmeck à Strasbourg 03 88 30 73 81 www.bottiermetzger.fr Bruno participe au salon Résonance(s) de la frémaa ———————


Multi

Moi Multipliez vos lunettes !

strasbourg - 40 rue des Hallebardes - www.maurice-freres.com


M É T I E R S D 'A R T

PASCAL MEYER

D O R E U R , R E S T A U R A T E U R D E B O I S D O R É S L’atelier de restauration Meyer a été gratifié du label Entreprise du patrimoine vivant récompensant les entreprises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence, son personnel est habilité Musées de France. Pascal Meyer a été élu meilleur ouvrier de France comme ses parents et ses grands-parents avant lui. Il gère la partie dorure et son épouse, Elàdia Arrizabalaga, est chargée des tableaux. Pour son travail à elle, la restauration respecte deux principes : la réversibilité et la compatibilité. Chaque retouche doit pouvoir être retirée sans difficultés. Ainsi, après avoir trouvé les composants des vernis et des pigments grâce à des enzymes, la restauratrice récupère la toile si elle est abîmée, elle mastique, façonne, puis applique de l’aquarelle, une couche de vernis, de la peinture à l’huile et à nouveau du vernis. Plus loin, dans l’antre de monsieur, trônent deux confessionnaux démembrés de l’abbatiale d’Ebermunster. Il y en a 12 à redorer. Cinq semaines de travail sont nécessaires pour les éléments de ces deux confessionnaux.

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« On applique neuf couches d’un mélange de colle de peau de lapin et de craie, du plus au moins concentré en colle. Entre chaque couche, on attend 24 heures. On ponce, puis on redonne aux traits leur finesse. Selon que les parties soient mates ou brillantes, on applique ensuite un mélange différent de colle et d’argile puis on détrempe le tout pour que la colle adhère. » Pascal active l’électricité statique en frottant la palette sur sa joue, la feuille d’or peut ainsi appliquée sans difficulté : « Une feuille est très fragile, elle a une épaisseur de deux à trois microns et l’or pèse 22,5 carats. Sur le dôme des Invalides à Paris, il y avait un kilo d’or par exemple... » Pascal Meyer a de quoi faire jusqu’à l’année prochaine : « Il y a beaucoup de travail mais ça peut être difficile de décrocher des contrats. En Alsace, les structures ont conscience de la nécessité d’un travail de restauration. » Toute le monde a besoin de se faire redorer… même la plante décorative de la boutique s’est ornée de quelques dorures...

“ En Alsace, les structures ont conscience de la nécessité d’un travail de restauration.” ——————— Atelier de restauration Meyer 36, rue Principale à Schiltigheim 03 88 19 02 44 www.ateliermeyer.fr ———————



GASTRONOMIE

L’I L L A U X ÉTOILES

Par Flora-Lyse M’Bella Photos Christophe Urbain

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ILS LA CITENT TOUS EN EXEMPLE. LA DYNASTIE DES HAEBERLIN. LA FAMILLE AU SENS NOBLE. CELLE QUI RÉSISTE, QUI RESTE UNIE ET QUI DEMEURE AU SOMMET DE SON ART, TRAVERSANT LES ANNÉES ET LES GÉNÉRATIONS. DANS SON VILLAGE ET JUSTE UN PEU AU-DELÀ.

C’était un dimanche. Il faisait beau. On a découvert une plaque. Place des Frères Haeberlin, à Illhauesern, un village administré quatre mandats durant par Jean-Pierre Haeberlin, artiste et maître de la salle de l’Auberge de l’Ill pendant… combien d’années ? On l’ignore finalement car il est toujours là aujourd’hui, fidèle au poste. Ce n’est pourtant pas le chef de famille. Il aurait préféré que la plaque soit dédiée aux deux Pauls, Bocuse et Haeberlin, les frères amis de la gastronomie française. Le chef de famille, c’est le fils de Paul, Marc Haeberlin. Contrairement aux idées reçues, il ne représente pas la deuxième génération des aubergistes de sa famille. Il est issu de la quatrième. L’Arbre vert était un café de village, tenu par les femmes de la famille, avant d’être détruit par la deuxième guerre mondiale. À la fin du conflit, son père et son oncle ont rebâti une grange. Paul Haeberlin était à la cuisine et Jean-Pierre s’occupait du service après ses études aux arts décoratifs de Strasbourg : « Mon père m’a dit au bout de deux ans : On t’a laissé longtemps jouer l’artiste. Est-ce qu’enfin tu vas devenir sérieux ? Si oui, je vous donne l’affaire à ton frère et toi. Je suis allé à Paris apprendre le service, et c’était parti », se souvient-il. Après cinq ans, un bâtiment en dur est construit : c’est le vrai début de l’Auberge de l’Ill, qui obtient une étoile au guide Michelin en 1952, la deuxième en 1957 et la troisième en 1967, un an après la troisième breloque de « l’autre monsieur Paul », Paul Bocuse. Les deux maisons n’ont jamais lâché leur trois étoiles depuis toutes ces années : 45 ans en tout pour l’auberge alsacienne. C’est un véritable combat : « Ce n’est pas un concours ou un diplôme qui, une fois qu’on l’a eu, est garanti à vie. Il faut se battre tous les jours, à chaque service pour les conserver. C’est plutôt une épée de Damoclès car ce n’est pas un héritage. Mais c’est un stimulant puissant », confie Marc Haeberlin.

— 45 ans à trois macarons La famille Haeberlin, c’est bien évidemment cette histoire de succès, ces trois joyaux qui brillent mais pas seulement. C’est aussi Danièle, la sœur de Marc Haeberlin, et son époux Marco qui tient l’hôtel des Berges, petit palace à la campagne pourvu de ses 5 étoiles. C’est aussi sa fille Laetitia, jeune maman d’un petit Gabin qui fait fondre le jeune grand-père et qui perpétuera peut-être l’envie de cuisine. En mai 2008, la disparition du très discret Paul Haeberlin faisait la Une partout, l’église de Colmar où ses funérailles ont été célébrées était pleine à craquer. Partout, des hommages, des éloges, des larmes… Pas une polémique, pas une récrimination. L’expression « Monsieur Paul » prenait alors tout son sens : Monsieur pour le respect qu’il inspirait à tous ceux qui poussaient la porte de l’Auberge, et Paul pour l’affection partagée avec ses troupes. Paul Haeberlin préparait le café de tous le matin et avait renoncé peu de temps avant sa disparition à cuisiner le repas des employés. Son buste en bronze veille toujours sur le travail de la brigade, en cuisine. Une présence rassurante et souriante pour chacun. « Monsieur Marc » avait repris le flambeau depuis longtemps. De l’extérieur, on se dit toujours que finalement, dans ce genre de contexte, la logique veut que le fils de la maison reprenne. Ce ne serait qu’une question d’atavisme familial ou peut-être une question qui ne se pose même pas car c’est écrit d’avance : le fils n’a tout simplement pas d’autre choix. Là encore, les Haeberlin se différencient : « Jamais on ne m’a obligé à prendre la suite. Jamais on ne m’a forcé la main, pas le moins du monde, martèle Marc Haeberlin. J’ai toujours aimé la cuisine, bien sûr, j’ai donné un coup de main très vite les jours de congés ou les week-ends, dès mes 12-13 ans. J’aimais ça car dans la cuisine, on produisait quelque chose : c’était déjà attirant. Mais surtout, Papa avait toujours un ou deux apprentis, des jeunes de mon âge, avec un ou deux ans de plus à ses côtés : je voulais produire des choses avec eux. Tout simplement. »

“ Pour moi, la cuisine, c’est partager ce qu’on aime avec les gens qu’on aime, clients, famille, amis. ”

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GASTRONOMIE

— Vocation presque naturelle Quand on évoque le mot dynastie, quand ce mot résonne aux oreilles de Marc Haeberlin, c’est le métier qui ressort, son enfance, son envie « presque naturelle. Je ne me suis jamais rendu compte que c’était une dynastie, ce n’est pas quelque chose qu’on a en tête quand on en fait partie. Je suis juste heureux et fier de continuer l’œuvre de mon père, mon oncle et de mes grands-parents ». Le designer Patrick Join ne s’y est pas trompé en exposant les photos de famille dans le hall de l’auberge, qu’il a entièrement relookée il y a quatre ans. « Je lui ai dit : mais on ne va pas me mettre en photo enfant avec un chien ?! et il a répondu : si si, ça, c’est l’Histoire. » Cette dynastie ne s’arrête pourtant pas à ceux qui sont des parents directs. Car Paul Haeberlin a beaucoup d’enfants, des fils spirituels qui ont appris le métier avec lui et qui finalement poursuivent son œuvre à travers le monde. Ce qui fait des Haeberlin une dynastie, ce qui fait qu’on la cite souvent en exemple, c’est peutêtre aussi cela : la famille s’étend bien au delà du lien du sang. « Beaucoup de confrères à travers le monde ont mon père comme mentor, comme père spirituel. Il avait cette fibre très paternelle pour tous les gens qui ont un jour travaillé ici, observe Marc Haeberlin. Parmi eux, il y a Jean-Georges Von Gerichten à New York, Hubert Keller à San Francisco et Las Vegas, Jean Joho à Chicago ou Eckart Witzigmann, un de ses préférés à Munich. En Alsace, aussi, il y en a beaucoup. » Marc Haeberlin reconnaît volontiers que cette ambiance à la fois familiale, bon enfant et rigoureuse dans le travail leur permet aussi de durer. « On ne peut pas vivre et travailler uniquement dans le stress ». Cette image familiale et cette longévité au sommet des constellations du guide Michelin auraient pu être exploitées davantage avec la société telle que nous la connaissons aujourd’hui. N’y a-t-il pas des concours de cuisine télévisés partout avec des professionnels qui viennent plus ou moins faire leur promotion personnelle ? N’y a-t-il pas des chefs qui créent des magazines, des lignes de casseroles, des produits pour l’industrie

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agro-alimentaire en touchant des sommes pharaoniques au passage ? Toutes ces sirènes ont beau déployer leurs chants les plus sonnants et trébuchants, Marc Haeberlin fait la sourde oreille. « On a toujours eu la chance de pouvoir dire non, nos finances nous le permettent. De fait, j’ai peur du contrôle de la qualité. Faire un plat une fois, le mettre sous vide ou le congeler, voilà tout. Mais reproduire ce plat à des milliers, voire des millions d’exemplaires, on ne peut pas contrôler que la qualité reste comme on la souhaite et surtout pas dans la durée. C’est aussi cela qui me fait dire non. » — L’autre Paul Marc Haeberlin a deux pères et un oncle. Ou trois pères, au choix. Il y a Paul, Jean-Pierre et l’autre Paul, Paul Bocuse, qui appelle plusieurs fois par semaine, à 8h du matin. L’icône de la cuisine française est celui qui a persuadé Marc Haeberlin de sortir un peu de sa cuisine. C’est lui qui l’a convaincu d’aller au Japon et de conclure une alliance avec le financier Hiramatsu, propriétaire des deux Auberges de l’Ill du bout du monde, à Nagoya et Tokyo, que la famille conseille. « Il y règne aussi une ambiance familiale. Ce sont toujours les mêmes employés. Ils viennent ici plusieurs fois par an se former, les plats proposés sont des copies conformes de nos créations. » Quel contraste cependant entre la médiatisation de la star de Collonges au Mont d’Or et

son confrère alsacien, qui a toujours cultivé sa discrétion. La gastronomie a plutôt emboîté le pas et le modèle de Paul Bocuse ces dernières années, Marc Haeberlin a réglé son pas sur celui de son père. Les interviews se font dans sa cuisine ou dans le petit salon du restaurant, les rendez-vous se prennent directement avec lui : les attachées de presse ne sont pas d’actualité : « On n’a même pas de pressbook ! Il y a certains jeunes chefs que je n’arrive même plus à joindre directement. C’est terrible, et je ne parle même pas des plus connus. Certains devraient quand même penser à cuisiner avant d’embaucher une chargée de communication. » En tout, malgré la profusion des émissions de télévision consacrées à la cuisine, Marc Haeberlin n’en a fait que deux, l’une produite par Guy Job, qui a longtemps travaillé avec Joël Robuchon et l’autre, l’année dernière : la finale du Dîner presque parfait, à la tête de l’association Les Grandes Tables du Monde, qu’il préside. « On m’en a énormément proposé mais c’est une arme à double tranchant. Au moindre petit grain de sable, les gens vont dire « il ferait mieux de rester chez lui qu’aller faire de la télé ». C’est ça qui me fait peur. Ce qui est surprenant, en revanche, maintenant, quand on interroge les Français sur les plus grands chefs hexagonaux, c’est Cyril Lignac ou Frédéric Anton, mais plus Bocuse, Robuchon ou Ducasse », constate-t-il, un peu dépité.


Le chef ne retrouve pas dans ces émissions plutôt taillées pour créer rapidement une célébrité qui restera toute relative à long terme. Cela ne correspond pas à son système de valeurs, surtout celles qui régissent sa cuisine : « Pour moi, la cuisine, c’est partager ce qu’on aime avec les gens qu’on aime, clients, famille, amis. Mais il faut aimer ce qu’on cuisine, avant tout. » Quand, pour la dernière question, on demande quelle dynastie Marc et Jean-Pierre Haeberlin admirent, impossible de faire comme les autres et de donner leur propre nom : il faut bien trouver autre chose. « Je n’y ai jamais pensé », s’étonne Marc avant de

citer les Hugel en viticulture et les Haag dans la brasserie pour l’Alsace, puis en France, les Pic à Valence, les Peugeot aussi, qui sont tous venus à l’Auberge, parfois même du temps de l’Arbre Vert des ancêtres. Une autre, celle des Michelin, est aussi venue dans les réponses mais ce sont surtout les visites et le ressenti de leurs employés qui font l’événement.

——— Auberge de l’Ill 2, rue de Collonges au Mont d'Or 68970 Illhaeusern 03 89 71 89 00

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GASTRONOMIE

TABLES OUVERTES Huit nouveaux lieux à découvrir ! Par Flora-Lyse M’Bella

Photo : Stéphane Louis

— Petit bijou C’est dans une cour aux pavés biscornus (périlleuse avec des talons hauts) au cœur de la Petite France. La densité de restaurants et de concepts différents est élevée, voire relevée, dans cette rue des Dentelles pourvue de deux étoilés Michelin (La Cambuse de Babette Lefebvre et Umami de René Fieger). Perles de Saveurs, c’est un petit restaurant d’une trentaine de couverts plutôt cosy et chaleureux avec sa mezzanine, son décor blanc et boisé, orné de peintures d’artistes qui se succèdent. La carte est simple, courte et efficace, avec des produits de saison qui donnent envie. Idem pour les vins : une sélection resserrée mais complète. Pour les entrées, les rouelles de chèvre sont juste tièdes avec un pain aux graines craquant ; le velouté de chou-fleur porte bien son nom, tout en douceur ; le foie gras de canard est épicé comme il faut. Côté plats, les gigantesques allumettes d’entrecôte sont tendres, les Saint-Jacques et leur petit risotto avec cèpes sont à la hauteur. Quant au dessert, les quetsches et leur glace au fromage blanc sont appétissantes et tiennent leurs promesses. À signaler, pour le grand bonheur de la chroniqueuse, du rooïbos sur la carte des boissons chaudes. Une rareté et un plaisir. ——— Perles de Saveurs 9, rue des Dentelles 03 88 22 19 81 perlesdesaveurs.fr

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Venez découvrir nos bars ! —— Bar à vins Bar «Le Meyerhof ® » Bar à thés «Dilmah® » ——

Le Bouclier d’Or - Hôtel BBBB Photo : Preview

À la Petite France, dans le cœur historique de Strasbourg

1, rue du bouclier - 67000 Strasbourg 03 88 13 73 55 - contact@lebouclierdor.com

Chut Hôtel - Restaurant CHUT 4 rue du Bain aux Plantes 67000 Strasbourg - France Tel. +33 (0)3 88 32 05 06 Fax. +33 (0)3 88 32 05 50 E-mail. contact@hote-strasbourg.fr www.hote-strasbourg.fr


GASTRONOMIE

— Le vert est sa couleur — A l’Est, du nouveau

Photo : Stéphane Louis

Un restaurant serbe. Voilà la curiosité piquée. C’est à Schiltigheim, au fond d’une cour encadrée de lieux gourmands, en lieu et place d’un végétarien. Le décor, dominé par une mezzanine plutôt sympa, entièrement en gris, blanc et noir, est très sobre mais chaleureux et décoré avec beaucoup de goût, notamment de photos… en noir et blanc bien sûr. L’accueil est souriant, le conseil aimable parce que sur la carte, les plats sont indiqués en serbe, avec une petite explication, mais rien ne vaut celle du serveur. En entrée, il conseille l’Urnebes, purée de poivrons et d’aubergines enrichie de feta, ail et persil. Une toute petite entrée pleine de goût et de fraîcheur. Ensuite, la Pljeskavica gourmande (viande hachée de bœuf et porc aux oignons, gouda et lardons) accompagnée de très savoureux légumes juteux et craquants et… de pommes de terre en cube qu’on devine achetées en l’état. Le plat n’est malheureusement pas aussi gourmand que présenté, il est même assez sec. Le serveur dit que c’est bien cuit à cause du porc mais là, c’est vraiment trop. Dommage. En dessert, la curiosité l’emporte : on prend l’assiette dégustation pour deux personnes. Un croissant très oriental se présente, pourvu de beaucoup de noisettes, sorte de corne de gazelle en bien plus gourmande : un bon point. Un gâteau très mousseux et paradoxalement très dense au chocolat et à la noix de coco : le goût y est. Un petit sablé pour terminer, avec des petites framboises. On aime aussi. ——— Aux Pays de l’Est 8a, rue Principale à Schiltigheim 03 88 83 39 32

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Le vert, c’est la couleur de ce qui est prometteur, pas encore tout à fait mûr. C’est ce que l’on a ressenti à Quai Sud. Au passage, c’est aussi la couleur dominante dans la décoration : un beau vert anis. Après deux semaines d’ouverture, avec une toute nouvelle équipe, c’est normal qu’on se rôde encore un peu. L’accueil est dynamique, aimable et souriant, la carte très teintée sud est séduisante. Le buzz du retour de l’étoilé prodigue Bruno Sohn est réussi, le restaurant est plein. Les rillettes au citron de Menton permettent de bien commencer, même sans pain à la limite. Ce citron est juste acidulé, pas acide et ça change tout : le thon est apaisé. Ensuite, le cabillaud de ligne est nacré et fondant, il aurait peut-être mérité quelques secondes de cuisson en plus. L’écrasé de pommes de terre qui l’accompagne est délicieusement régressif, avec un peu de tomate séchée et d’olive qui relève l’extrême douceur de l’ensemble. Un tout petit coup de fouet de goût en plus aurait été bien accueilli. Enfin, le dessert, crème brûlée à la pistache à l’amarena : une touche finale magistrale, onctueuse, fine, légère et gourmande à la fois. On dit bravo et on attend la suite. ——— Quai Sud 1, place du Corbeau 03 88 36 98 66 www.quaisud-strasbourg.com


Conception graphique : Chic medias / Photo : Christophe Urbain

Restauration 7j/7 • Entreprises • Fêtes de fin d'année • Cocktails • Réceptions

Le Jardin de l’Orangerie

Parc de l’Orangerie • 67000 Strasbourg • 03 90 41 68 05 W W W. J A R D I N O R A N G E R I E . F R


GASTRONOMIE

— Quand caramba devient hoplà

— Tempo lent

— Vin pas si fou

Photo : Stéphane Louis

La Taqueria n’est plus, vive le Meiselocker. Une winstub dans le quartier étudiant, pourquoi pas, après tout ? C’est flambant neuf et c’est presque déjà patiné, avec de grandes stubs qui courent le long des deux murs extérieurs, du bois miel partout, du kelsch pas kitsch sur les tables. Et après deux semaines d’exploitation, on tourne tellement bien que la spécialité annoncée n’y est plus : la matelote s’est fait la malle, victime de son succès. Reste la deuxième spécialité : la bouchée à la reine. Délicate et bien feuilletée, généreuse aussi mais fine. On n’a presque pas besoin des tagliatelles proposées avec. Mais on y goûte quand même parce qu’elles sont là et parce qu’on a raison : elles sont bien cuites et glissent juste comme il faut. Auparavant, l’œuf cocotte au foie gras, dans son pot Le Parfait, manquait un chouya de cuisson. Mais les bons produits utilisés le sauvent largement et sa purée est si douce. Pour terminer, la petite crème brûlée à la quetsche. Son onctuosité contraste avec pas mal de ses consoeurs à la limite de la gelée. Et elle a un vrai goût de vanille. Une vraie réussite avec des vins à l’avenant. Dernier détail : on sert jusqu’à 15h et 1h du matin 7 jours sur 7. ——— Meiselocker 39, rue des Frères 03 88 37 30 31 www.meiselocker.fr

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C’est un couple, une Alsacienne, un Autrichien, qui après avoir passé beaucoup de temps au pays de Franz et Sissi, sont revenus se fixer au Neudorf pour ouvrir un restaurant à deux. Le cadre, passé la façade peu engageante, est très sympathique, avec un bar imposant (Madame est fan de cocktails) et une grosse vingtaine de places dans la salle grise mais chaleureuse. L’accueil, en revanche, est assez froid, la patronne Martine Hiss se détend et sourit davantage au fur et à mesure. La carte est un mélange de cuisine française, autrichienne et asiatique. Elle est très (trop ?) fournie et laisse l’embarras du choix. Originalité : ces tartines garnies pour l’entrée et deux pages de salades variées. L’assiette met du temps à venir, le chef Michel-Herbert Fucek étant seul en cuisine, mais elle ne déçoit pas. La présentation est jolie, le plat est bien chaud. La petite soupe asiatique au lait de coco est parfumée, la quenelle de foie de bœuf dans son bouillon se tient très bien. Le pot-au-feu autrichien ou Tafelspitz est une petite merveille fondante et douce. L’escalope de veau autrichienne est digne de Gargantua, avec de vrais produits frais. Les desserts mériteraient un peu plus de maîtrise car la (bonne) intention y est. Bilan contrasté, mais Amadeus mérite un petit détour. ——— Amadeus 20, rue de Rhinau à Neudorf 09 80 36 16 84

Vino Strada, c’est une marque. Plusieurs boutiques à Colmar, Sélestat, Strasbourg. C’est une péniche amarrée sur le célèbre quai des Pêcheurs. Mais c’est aussi aujourd’hui un restaurant. Il a eu mauvaise presse ces derniers temps mais on n’est pas d’accord. Parce qu’il y a un choix de vin quasi unique, parce que la carte associe automatiquement les mets et les vins. Parce que les plats sont goûteux, inventifs et qu’ils collent aux saisons, comme ce risotto aux champignons très crémeux ou cette poêlée de quetsches fondante et parfumée. Parce que le personnel est aux petits soins, comme de donner la crème fraîche imprévue pour mieux déguster une tatin. Parce que le décor est chaleureux et l’ambiance invite à une sympathique décontraction. En revanche, on n’a pas aimé la carte, très confuse dans sa présentation, et des entrées réduites à leur plus simple expression. ——— Vino Strada Stub 8, rue du Temple Neuf 03 88 16 96 21 www.vinostrada.com


Graphisme : Chicmedias / photo : Stéphane Louis

Hôtel contemporain de luxe situé au coeur du quartier historique de la ville de Colmar

www.hotelquatorze.com

9, rue des dentelles 67000 Strasbourg 03 88 22 19 81

www. p e r les d es a veur s . fr


GASTRONOMIE

— Il est frais mon poisson !

Photo : Stéphane Louis

— Bistrot mais pas trop C’est le petit frère de La Locomotive de Koenigshoffen. Cette fois, on est dans le centre-ville dans un décor tout en longueur, en couleurs aussi. Grande nouvelle pour ceux qui ont un doute par moment : quand on fait de la bonne cuisine, on remplit son restaurant. Même un mardi soir d’octobre. Et comme nous sommes dans un bistrot, la carte est sur des tableaux noirs, elle est variée et elle aime les produits de saison, tendance sud et avec légèreté. On n’est donc pas dans le bistrot classique et ce n’est pas plus mal. Le feuilleté d’escargots aux champignons est bien exécuté, avec une salade à la vinaigrette un peu envahissante mais une pâte feuilletée impeccable, des champignons fondants et des escargots à point. Ensuite, le tartare de bœuf, coupé au couteau, mais en version sud, bien plus doux que le tartare habituel, servi lui aussi avec sa salade et ses petites rattes fondantes et fermes. Enfin, un bouquet final avec ce dessert, la tatin « au fil du temps » et surtout des produits de saison : une très agréable sortie. Le service est sympathique et souriant, bien qu’un peu lent, mais encore une fois, c’était complet. La rançon du succès. ——— L’Hacienda Bistrot 5, rue Gustave Doré 03 88 32 15 54 www.hacienda-strasbourg.com

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« Une de plus », me direz-vous. Eh bien figurez-vous que cette nouvelle enseigne de sushis, qui ouvre tout juste à Strasbourg (après Colmar, Mulhouse, Paris et Bruxelles) nous a plu. D’abord parce que le restaurant flambant neuf est agréable, avec ses lumières tamisées, sa musique douce, son canapé pour attendre la commande à emporter, et ses tables joliment décorées pour ceux qui dégustent sur place. Pas de luxe excessif pour la présentation de la carte mais de la solidité et de jolies couleurs. Les traditionnels makis, sashimis, yakitoris (brochettes) et sushis saumon et thon y sont bien présents mais il y a aussi des inédits : sushis tartares ou aux œufs de saumon, makis enrobés de feuilles de riz et de laitue aux saveurs variées (jusqu’au végétarien), un bon travail sur la daurade, etc… Les éléments se tiennent, les plateaux sont généreux et d’un bon rapport qualité prix avec des produits bien frais, d’autant que les commandes sont préparées minute avec seulement 15 minutes d’attente pour un plateau à emporter. On vous offre des petits amuse-bouche pour que le temps semble moins long, on vous demande quelle sauce soja vous préférez (avouez : il y en a plein dans votre frigo !). Bref, c’est une réussite. Détails pratiques : la livraison est gratuite et les commandes à emporter bénéficient de 10% de réduction. Sushi’s 34, rue Boecklin 03 88 44 88 44 www.resto-sushis.com


Découvrez nos Brunchs au restaurant Carvi tous les dimanches à partir de 12h30 et nos Afterworks au H! Bar & Lounge tous les jeudis à partir de 19h. 1, avenue Herrenschmidt - 67000 STRASBOURG

HILTON STRASBOURG Tel. 03 88 37 10 10 - Email : strasbourg.info@hilton.com

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SPORTS

LE CLUB STRASBOURGEOIS N’A JAMAIS RÉUSSI À CAPITALISER SUR LE TITRE CONQUIS EN 2005. EN DIFFICULTÉ FINANCIÈRE EN 2009, LA SIG S’EST RETROUVÉE À LUTTER POUR LE MAINTIEN AVANT DE RESPIRER UN PEU L’AN PASSÉ. À L’AUBE D’UNE SAISON DÉCISIVE, UN TOUR D’HORIZON AVEC LE PRÉSIDENT MARTIAL BELLON, LES FRÈRES GREER À NOUVEAU RÉUNIS AU SEIN DE L’ÉQUIPE ET CHARLES ZORNER, SUPER-INTENDANT ET MÉMOIRE DU CLUB.

MARTIAL BELLON

OBJECTIF EN VUE

Dossier coordonné par Sébastien Ruffet —— Photos Milan Szypura

UNE NOUVELLE AMBITION

Tout d’abord, l’intersaison s’est-elle bien passée ? Martial Bellon : Très bien. Le recrutement a été bouclé rapidement. Après les prolongations de Zianveni et de Ricardo Greer, il ne nous restait que trois joueurs à recruter, et je crois pouvoir affirmer que nous aurons une équipe meilleure que l’an passé. D’abord parce qu’il y a de la stabilité, donc les joueurs se connaissent et connaissent l’entraîneur, ensuite parce que je pense qu’on a fait trois bonnes pioches [Gérald Fitch, Louis Campbell et le retour de Jeff Greer, ndlr]. Cela signifie-t-il que la SIG va retrouver de l’ambition ? Nous venons de vivre deux années difficiles. Le sport professionnel, c’est d’abord de l’argent, et quand nous avons repris le club il y a deux ans, il y avait un trou de 300 000 euros. La ligue a encadré le recrutement et nous a donné trois ans pour rétablir la situation. Nous avons réussi à combler ce déficit en seulement deux ans. Comment ? En ne dépensant pas l’argent qui

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rentrait. L’an passé, nous étions autour de la 10e masse salariale de ProA. Cette année, ce sera autour de la 5 ou 6e. Et si vous regardez les huit premiers de la saison dernière, il y a les sept plus grosses masses salariales. Il n’y a pas de mystère. Je pense que le plus dur est derrière nous, et l’objectif, c’est clairement les play-offs. Est-ce que ça veut dire que le club repart pour jouer les premiers rôles ? Nous venons de présenter aux actionnaires un projet sur trois ans. Cette année, les play-offs. En 2013-2014, il faudra être dans les cinq premiers avec une qualification en Eurocoupe au bout, et en 2014-2015, être en mesure de jouer le Top3 et d’accrocher l’Euroligue. Pour cela, il faudra augmenter le budget d’un million d’euros. Quand je suis arrivé, il était de 3,9 millions. L’an passé, c’était 4,4, cette année environ 4,7. Cela veut dire que les partenaires doivent adhérer au projet pour arriver autour des 5,5 millions d’euros de budget. Et pour cela, il faut être ambitieux et être professionnels à tous les niveaux.


Pas seulement sur l’encadrement sportif donc ? On a souvent montré du doigt la gestion du club… Les choses ne se construisent pas en claquant des doigts. La SIG n’est pas encore un vrai club professionnel. Moi, je suis un chef d’entreprise, et il faut que le club fonctionne comme une entreprise. Il faut que ça marche à tous les niveaux. Par exemple, j’ai demandé aux bénévoles de se structurer. On a besoin des bénévoles, mais il faut qu’ils soient aussi dans cette logique professionnelle. Ils se sont donc regroupés en association, ont créé des commissions, se sont répartis les rôles. Ça nous permet aussi de leur verser une subvention, et à eux, d’être plus efficaces. On a aussi des efforts à faire sur le plan commercial. On doit mieux se vendre.

JEFF & RICARDO GREER

JAMAIS SANS MON FRÈRE

C’est ce qui explique que le club n’a pas su enchaîner après le titre de 2005 ? Je me garderai bien de commenter et d’analyser les saisons où je n’étais pas au club. Simplement, il faut bien se rendre compte que la SIG, c’est à la fois une entreprise, une institution et un spectacle du samedi soir. Il faut faire cohabiter tout cela. Et les crises n’arrivent jamais par hasard. Le potentiel est-il là pour bâtir un club de premier ordre ? Il est là. L’an passé, le Rhénus s’est rempli trois fois : une fois pour la venue de Villeurbanne, deux fois pour l’équipe de France. Ça veut dire que le public est là, mais qu’il est exigeant. On est dans un territoire frustré sur le plan sportif pour différentes raisons. À nous de gagner des matchs pour que les gens viennent. Vous mettez un peu la pression sur Vincent Collet, là… Je ne la mets pas un peu, je la mets carrément. D’ailleurs nous engageons notre responsabilité sur ce projet. Si nous n’allons pas en play-offs cette année, il y aura une sérieuse remise en question de notre action à la tête du club. Ça ne m’intéresse pas d’être le président d’un club 10e de ProA. On n’aura jamais la dimension du Racing Club de Strasbourg, mais on représente un territoire, et on doit représenter Strasbourg au plus haut niveau. Et puis Vincent n’a pas besoin de moi, c’est un grand garçon, un compétiteur qui aime gagner des matchs. Je lui fais confiance pour cela.

Les frères Greer ont joué une bonne partie de leur carrière ensemble. Jeff et Ricardo, deux joueurs différents, deux tempéraments qui se complètent, mais surtout, une histoire de famille sans égale. La ProA connaît bien les fratries. Didier et Thierry Gadou ont fait les belles heures du basket français, avant de voir Mickaël et Florent Piétrus les imiter sous le maillot de l’équipe de France. Bien sûr, Jeff et Ricardo Greer, internationaux dominicains, n’ont jamais porté le maillot bleu. Ils n’en ont pas moins fait une carrière d’envergure au sein de l’élite française. À 35 et 33 ans, Ricardo et Jeff ont notamment conquis deux titres de champions de France, ensemble, d’abord avec Strasbourg en 2005 puis avec Nancy en 2008. MVP de la finale de 2008, Jeff Greer, 1m96, dit vivre « une situation très spéciale. On n’aurait pas pu imaginer vivre tout ce qu’on a fait ensemble ». Ricardo, 1m95, affirme lui qu’avec son frère, « c’est plus que du basket. Maintenant, il y a sa famille, la mienne, c’est incroyable de pouvoir se voir en dehors du basket comme ça. »

“ Un coéquipier c’est une chose, un frère c’en est une autre ” Si le cadet des frangins avoue quelques relations tendues à l’adolescence, il soutient que désormais, il n’y a jamais un mot plus haut que l’autre entre eux deux. Même après une défaite. « Quand t’as fait un sale match, les coéquipiers, c’est une chose, un frère, c’en est une autre, note Ricardo. Jeff, c’est d’abord mon frère avant d’être un joueur de mon équipe. Il a toujours été honnête avec moi, on peut se dire les choses. » Les égos des sportifs de haut niveau ont parfois du mal à accepter la critique. Laver son linge sale en famille, c’est aussi une manière de se remettre en question. Alors à l’entraînement, pas question de laisser filer. « On se motive mutuellement, raconte Jeff. Les autres le voient. Ils se disent « il essaye de rendre son frère meilleur », et ça les emmène avec. Cette exigence qu’on peut avoir l’en envers l’autre oblige les autres à l’être également. » Propos confirmés par le meneur Aymeric Jeanneau, pour qui « deux frères dans une même équipe, c’est une force incroyable. Ils n’ont pas besoin de se parler, ils se connaissent, et l’état d’esprit du groupe est vraiment différent. »

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SPORTS

Parmi leurs meilleurs souvenirs communs, il y a en premier lieu les naissances. RJ et Maddison côté Ricardo, Aiden et Maia côté Jeff, quatre « bambinos » qui ont changé leurs vies. « Quand Jeff est devenu papa, je l’ai vu différemment. Il a toujours été mon petit frère, et là je voyais un homme. » D’un point de vue sportif, les Dominicains gardent en mémoire le titre de 2005. « Après la finale de Bercy, on avait mis 2h30 pour rentrer à l’hôtel, se rappelle Jeff. Les supporters ne nous laissaient pas partir, c’était une ambiance fantastique, un grand souvenir. »

“ Le

matin, Jeff fait un drôle de bruit ” Depuis leurs premiers pas sur les playground de New York, les frangins ont pris l’habitude de se parler en Espagnol, « pour que les autres ne nous comprennent pas. On a gardé ça entre nous. » Et sur un parquet, Ricardo, meilleur étranger de ProA en 2010, trois fois sélectionné pour le All Star Game, apparaît comme un compétiteur hors norme. Une machine. Un bulldozer. Pourtant, Jeff raconte « un mec totalement différent quand il n’est plus sur le terrain. C’est le mec le plus doux du vestiaire. Il fait des blagues tout le temps, il s’inquiète pour tout le monde. Rien à voir. » Ricardo aussi livre son petit secret : « Quand il se lève le matin, Jeff fait un drôle de bruit [un raclement de gorge particulier, ndlr], et c’est exactement le même bruit que ma mère faisait. A chaque fois que je l’entends faire ça, je me rappelle ma mère. » Une mère décédée alors qu’ils n’étaient qu’adolescents. Elevés par leur grand frère et leur sœur, Ricardo et Jeff ont finalement su conserver un noyau familial très fort. C’est peut-être ce qui les a sauvés et leur a permis d’effectuer une carrière de haut vol.

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CHARLES ZORNER

L’ H O M M E ET SA MACHINE Propos recueillis par Sébastien Ruffet

À bientôt 70 ans, Charles Zorner est une sorte de super-intendant de la SIG. Maillots à laver, chaussures à changer, ampoules à remplacer ou lit à acheter, il est partout, et surtout aux petits soins pour « ses » joueurs.

Dans l’antre du Rhénus Sport, Charles Zorner, alias « La nounou », dispose de deux pièces. La première lui permet de stocker boîtes de chaussures et maillots fraîchement nettoyés. Dans l’autre, deux machines à laver, qui tournent presque en continue, et quelques souvenirs depuis son arrivée au club en 2003. L’ancien ouvrier de General Motors, puis chauffeur de direction au Crédit agricole, est arrivé là un peu par hasard. Après un an et demi de retraite, l’évidence était là, il lui fallait une activité. L’homme ne tient pas en place. « J’ai revu Patrick Tonussi, qui était l’ancien professeur de judo de mon fils et qui était à ce moment-là préparateur physique de la SIG. Il m’a dit que le club cherchait un intendant pour quelques tâches à effectuer, et ça s’est fait rapidement. » Depuis, il lave les équipements de match, mais aussi d’entraînement. « C’était une demande de l’entraîneur Eric Girard quand il est arrivé en 2004. Il voulait que les joueurs aient tous le même équipement. Du coup, il fallait aussi que je m’en occupe. » “Charly” a aussi en charge le linge des espoirs, parfois même leurs effets personnels, « pour ceux qui ne rentrent que rarement chez eux ». Alors pour ces jeunes, il est « le papa ».

les joueurs champions de France, des maillots de match dédicacés, le trophée de meilleur espoir de la saison laissé par Thomas Heurtel et plus prestigieux encore celui remis au MVP Chuck Eidson, « un joueur exceptionnel », qui a gardé une place à part dans les derniers castings de la SIG. Si les joueurs lui laissent volontiers quelques souvenirs ou le prennent avec plaisir dans leurs bras à l’image d’un Ricardo Greer, c’est aussi parce que “Carlito” – l’autre surnom donné par l’ailier dominicain – s’occupe de tout. Les appartements par exemple. « Quand il y a une ampoule à changer, les joueurs m’appellent ! Certains ne savent pas non plus comment remettre les plombs quand ça saute. Et j’ai dû filer à Ikea trouver un lit plus grand pour Ajinça. » Ikea et But, ses deux enseignes favorites, le voient régulièrement. Tantôt avec la carte bleue du club, tantôt avec la sienne. « Oui, il m’arrive d’avancer l’argent. Mais avec la facture, je me fais rembourser. » L’évidence, sauf que… « Désormais, même si je suis bénévole, on me défraye mes déplacements. Au début, j’allais à Francfort, j’allais partout chercher du matériel ou des vêtements, et c’était de ma poche. »

Carlito chez Ikea Sur fond de vrombissement de la Whirlpool – « J’ai fait 1340 machines la saison passée » – Charles Zorner chouchoute sa collection, à l’abri des regards. Une série de fanions, quelques photos agrandies comme ce déplacement à Tel Aviv où tout le club avait été invité dans la famille du facétieux Afik Nissim, et quelques reliques : un ballon signé par

Les lacets de Crawford Palmer Au fil des ans, Charles Zorner a aussi acquis une vision affûtée des détails. « Je sais par exemple qu’Aymeric (Jeanneau) et Max (Zianveni) sont les seuls à remettre les surmaillots en sortant du terrain. Alors je leur prépare. Et j’ai deux jeux de serviettes, comme ça, pour la deuxième mi-temps, les joueurs ont des serviettes sèches. » Des dé-


tails qui font la différence auprès des joueurs. Autre anecdote, qui prouve que c’est de la galère qu’on apprend : « Un jour, à Gravelines, Crawford Palmer casse un lacet. On n’en avait pas de rechange. J’ai fait tous les cordonniers de la ville, et finalement, je n’ai pas trouvé la bonne couleur. Alors maintenant, dans mon sac, il y a des lacets de secours ! » Le gigantesque Palmer qui restera, malgré cet épisode, « le joueur le plus professionnel que j’ai connu. Une hygiène de vie incroyable. Cela se voyait sur lui. Aymeric Jeanneau est un peu pareil, mais pour moi, Crawford est au-dessus du lot. C’était un bonhomme. » Deux objets attirent encore l’attention. Une chaise rouge, banale, à une inscription près, au feutre noir : « Rick’s Ass Chair » (« La chaise aux fesses de Rick »). Charly en rigole encore : « Cette chaise était toujours devant le vestiaire de Ricardo. Un jour, il a décidé qu’elle lui appartenait personnellement. » L’autre souvenir, marquant, c’est cette chaussure de Léon Williams, le géant qui n’est resté qu’un mois en 2010 avant de disparaître

dans la nature. « C’est du 19 US, autrement dit du 54 2/3. C’est énorme. Celle-là, je l’ai gardée. » Carlito retourne finalement boucler les cartons qu’il renvoie à l’équipementier du club. En mai, il a reçu 200 cartons à trier, avec les équipements de toutes les tailles, puisqu’à ce moment de l’année, « on ne sait pas encore qui composera l’équipe. On prévoit large. » Et quand l’effectif est connu, tout le stock qui n’a pas servi est renvoyé. À une exception près…

“ Quand il y a une ampoule à changer, les joueurs m’appellent ! ”

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LIFESTYLE ZUT ! CUISINE

SÉSAME…

SPACE

CUISINE

Une arche monumentale qui raccorde deux espaces, voilà une cuisine qui sait se faire remarquer ! Destiné aux open space, le dernier modèle du cuisiniste allemand Poggenpohl délimite l’espace avec sophistication et minimalisme. Bluffant. (M.C.D) Cuisine + Artesio, design Hadi Teheranipour pour Poggenpohl, chez Cor - 6a, quai Kellermann - 03 88 32 40 07 www.cor-interluebke.de

BON PION

… ouvre-toi ! Ce four est surdoué et il sait tout faire : cuire, réchauffer, décongeler à la vapeur ou réaliser en mode combiné du pain doré et croustillant, des pâtes feuilletées bien aérées, des viandes tendres et juteuses ou des poissons fondants… Les gourmets qui rêvaient d’un four de pro vont être comblés. Son utilisation est simple, son design est parfait, bref, un vrai régal ! (M.C.D) Four vapeur combiné DGC 5080 XL, MIELE

BIKE

BIEN CAROSSÉ

Un jeu d’échecs en carton recyclé ? Idéal pour familiariser les enfants à la stratégie, pour offrir à une birthday party ou à emporter en vacances. (M.C.D)

Un design impeccable aux accents vintage, un nuancier qui ne cesse de s’enrichir et une arrivée prochaine dans les concept stores branchés parisiens… Oui, les vélos Cycles Angot ont le vent en poupe ! À compléter de sacoches Vacquier, une toute jeune marque trendy de maroquinerie française adaptée au cycliste urbain. (M.C.D)

Échiquier Londji, 15€ En vente chez Céleste - 30, Grand’Rue - 09 80 31 98 49 Et chez Les Ambassadrices - www.lesambassadrices.com

Cycles Angot et sacoches Vacquier, chez Velojob - 58, rue de Zürich. http://cyclesangot.fr

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LIFESTYLE ZUT ! SALON

VOYAGE VOYAGE Sortir un peu de la grisaille de l’automne, qui n’en rêve pas ? L’été est déjà loin, le suivant encore plus, et il vous faut vous changer les idées pour repartir de plus belle. Alors venez donc shopper au SITV de Colmar, l’un des plus importants salon du tourisme en France, et choisir la destination qui vous regonflera à bloc. Le salon met cette année à l’honneur le Pérou, pays de découverte par excellence. Séjour détente ou culture, tous les goûts sont cependant dans la nature, et ils pourront tous être satisfaits. Même les plus responsables trouveront leur bonheur dans les allées de Solidarissimo, le salon du tourisme et de l’économie solidaire, accueilli par le SITV. Qu’est-ce qu’on attend pour décoller ? SITV et Solidarissimo, du 9 au 11 novembre au Parc des Expositions de Colmar www.sitvcolmar.com

BIEN-ÊTRE

CHAUD BOUILLANT Accordez-vous une parenthèse de sérénité ! Depuis 25 ans, les saunas Klafs mettent tout leur savoir-faire au service du design, du luxe et de la qualité. La marque allemande (deutsche Qualität !) est l’une des plus pointues dans le domaine, et vient d’aménager un bel espace au cœur du chiquissime l’hôtel-spa quatre étoiles Le bouclier d’or à Strasbourg. Vous pourrez y tester le sauna Lightlift, où se diffuse une lumière censée activer la production de collagène : en clair, il rajeunit votre peau en même temps qu’il la purifie ! Cet équipement bien tentant, vous pouvez aussi l’installer chez vous. Chez Henry-Soredi à Orbey, l’équipe Klafs vous attend dans un showroom de 200m2, pour vous offrir ses précieux conseils en matière d’aménagement Au sein de sa large gamme, qui s’adapte à tous les espaces et tous les goûts, vous trouverez forcément un sauna ou hammam à vos mesures. De quoi traverser l’hiver comme un charme ! Sauna Klafs, chez Soredi-Henry 34, rue Charles de Gaulle à Orbey www.klafs-sauna.com

Sauna Liftlight à l’hôtel & spa Le bouclier d’or 1, rue du Bouclier www.lebouclierdor.com

TOI MON TOIT

IMMO

Et si transaction était synonyme de bonne action ? C’est le concept de l’agence immobilière Robin des Toits, dont une partie des commissions est reversée à des associations caritatives d’aides au logement. Première agence française engagée, elle totalise plus de 167 000€ de dons après seulement six ans d’exercice. Parmi les heureux bénéficiaires de cette démarche responsable, on compte Habitat et Humanisme, la Fondation de France ou encore le Secours populaire. Hormis son esprit résolument éthique, l’agence est exclusivement spécialisée dans l’achat et la vente de biens immobiliers, qui font systématiquement l’objet d’une visite guidée des lieux en vidéo. Juste bien. (C.L) Robin des toits 5, rue du Faubourg de Pierre - 03 88 33 54 47 www.robindestoits.com

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TISSU

BICHE Ô MA BICHE

Cet automne, votre cuisine va bicher ce tout nouvel imprimé scandinave de la marque scandinave Marimekko. (M.C.D)

Tissu Kaunis Kauris, design Teresa Moorhouse pour Marimekko, en vente à La Maison scandinave 5, quai des Pêcheurs 06 08 86 67 30

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ACCESSOIRE

Vous cherchez un sac pour homme, cool, looké mais pas hors de prix pour tout transporter, des affaires de sport aux affaires de crèche en passant par les fiches de cours ? Cette besace de postier en coton et cuir, avec son volume généreux, se défend très bien et saura donner un sacré petit de pouce à vos déambulations urbaines. (M.C.D) Besace Wilfried, 89 €, en vente chez Freeman T Porter 17, rue de la Haute Montée 03 88 15 06 88

FLATCONCEPTstore . mobilier . accessoires aménagement intérieur photographie 21, rue de la Krutenau 67000 Strasbourg 03 88 32 41 86

www.flatconceptstore.com 175 ZUT !


LIFESTYLE ZUT ! DESIGN

BEAU DUO

HÔTEL

Deux carafes pour une belle table. La première, avec un col en silicone anti-gouttes, pour conserver l'eau fraîche au réfrigérateur. La deuxième, pour décanter le vin, vous permettra d'oxygéner votre bouteille en moins de deux minutes. Il suffira pour cela de la visser sur le goulot, de retourner l'ensemble et de laisser le vin tourbillonner en glissant sur les parois de la carafe. (M.C.D) Coffret composé des deux carafes, design Norm Architects pour MENU, en vente à La Maison Scandinave, 79,95€

GO GO GO !

Illustration : Laurence Bentz

BIEN-ÊTRE

Un lieu dédié au mieux-être et à la découverte de soi, voilà ce que propose l’équipe du tout jeune espace Beethoven. Les hypnothérapeutes Yan-Erik Decorde et Stephanie Scharf Chantelat, la coach Michal Benedick et la naturopathe Christine Boriancic Massion se plient en quatre pour vous aider à maitriser crises d’angoisse, blocages, réaliser en toute confiance vos rêves d’enfant ou changer de vie professionnelle. Plus d’excuse, on va enfin pouvoir être nous, en mieux. (C.T.) Espace Beethoven - 11, rue Beethoven www.espace-beethoven.com

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L’ART DU BREAKFAST

Imaginez-vous en plein spectacle culinaire, avec des chefs officiant comme des artistes ? C’est le show que propose quotidiennement l’hôtel du Parc à Obernai pour son petitdéjeuner, dans sa nouvelle salle Tomi inaugurée par Alain Ducasse himself ! Dans ce concept de live cuisine inspiré d’Asie, l’esprit alsacien n’est pas occulté, bien au contraire. Les produits sont issus des fermes locales et le lieu est aux couleurs de l’artiste Tomi Ungerer. Il y laisse son empreinte, des fauteuils corsetés imaginés par André Siegrist à ses dessins illustrant l’univers de la gastronomie. Ce spectacle gourmand est évidemment ouvert à la clientèle extérieure, de quoi faire du matin le meilleur moment de la journée ! (C.L) Petit-déjeuner, 21€ et 11€ pour les enfants jusqu'à 10 ans Le Parc**** hôtel, restaurant & spa 109, route d’Ottrott à Obernai 03 88 95 50 08 www.hotel-du-parc.com


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médiapopéditions about rock, sex and cities far out ! de buffalo bill à automo bill songs to learn and sing small eternitY la faute aux dinosaures funkY boY

Un livre témoignage du photographe Bernard Plossu sur les années hippies… Libération

Un très beau livre mélancolique… Les Inrockuptibles

La Courneuve, Mémoires vives a une dimension d’hommage mais aussi de combat… Mediapart

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David Le Breton signe la préface truffée de références au western d’un ouvrage présentant des photographies de son ami Bernard Plossu, qui fixa, entre 1966 et 1985, les signes de l’ancien « Far West », recyclés par la société de consommation américaine. L’Alsace

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Collection Trinity

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