Zut Strasbourg 41

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City magazine

Strasbourg Printemps 2019

Un nouveau souffle.


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Bienvenue aux chasseurs de style

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À 30 MINUTES DE STRASBOURG LUNDI - SAMEDI : 10:00 - 19:00 NAVETTE GRATUITE DEPUIS STRASBOURG MODALITÉS SUR WWW.THESTYLEOUTLETS.FR


Photographe Alexis Delon / Preview — Réalisation Myriam Commot-Delon

Un nouveau souffle

——— L’hiver dernier, le numéro 40 de Zut, qui marquait le 10e anniversaire du magazine, nous avait obligés à nous replonger dans nos propres archives. Et ce geste somme toute un peu narcissique nous avait conduits à articuler nos propres lignes de force, celles qui s’étaient dessinées presque à notre insu, en tout cas de manière simple, intuitive, évidente, au gré des désirs communs. ——— Cette auto-analyse nous aura donné envie de repenser le magazine, d’affirmer plus clairement, dans une maquette allégée et plus lisible, ces lignes de forces comme autant d’intentions éditoriales.

——— Se replacer dans la Cité, aux côtés de ceux qui la font vibrer, la pensent, la réinventent, la partagent, lui donnent de nouvelles formes et de nouvelles voix. ——— Revendiquer un Style mêlant mode et design, pétri d’allures, de beaux gestes, de lieux et d’adresses précieuses, de figures singulières et d’objets bien dessinés. ——— Se mettre à Table avec, à l’esprit, l’idée que notre assiette nous révèle, dans toutes nos singularités. Prochain numéro été 2019 — sortie en juin


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Zut team

Contri— buteurs

contact@chicmedias.com ou prenom.nom@chicmedias.com www.zut-magazine.com

Rédacteurs

Directeur de la publication & de la rédaction Bruno Chibane Administration et gestion Gwenaëlle Lecointe Rédaction en chef Emmanuel Abela Sylvia Dubost Rédaction en chef Cahier La Table Cécile Becker Directeur artistique Hugues François — Brokism

Commercialisation & développement Léonor Anstett +33 (0)6 87 33 24 20 Bruno Chibane +33 (0)6 08 07 99 45 Olivia Chansana +33 (0)6 23 75 04 06 Caroline Lévy +33 (0)6 24 70 62 94 Philippe Schweyer +33 (0)6 22 44 68 67

Emmanuel Abela, Nathalie Bach, Cécile Becker, Marie Bohner, Myriam Commot-Delon, Sylvia Dubost, Caroline Lévy, Déborah Liss, Corinne Maix, JiBé Mathieu, Gilles Pudlowski, Philippe Schweyer, Romain Sublon. Stylistes Myriam Commot-Delon Caroline Lévy Photographes Jesus s. Baptista Pascal Bastien Klara Beck Alexis Delon / Preview Hugues François Frabrice Hirmance Benoît Linder Simon Pagès Christophe Urbain Henri Vogt Illustratrices

Directrice artistique Cahier Le Style Myriam Commot-Delon

Nadia Diz Garna Laetitia Gorsy

Design graphique Clémence Viardot

Emmanuel Van Hecke / Preview

Responsable promotion & partenariats Caroline Lévy

Amandine P. / www.upmodels.fr

Chargée de projets & développement Léonor Anstett

Retouche numérique

Mannequin

Coiffure Greg Alcudia / La FabriK + Avila Make-up Emeline Vogel Stagiaires Acsa Irakoze Loïs Lechouane Eva Windenberger

Ce magazine trimestriel est édité par chicmedias 12, rue des Poules 67000 Strasbourg +33 (0)3 67 08 20 87 www.chicmedias.com S.à.R.L. au capital de 47 057 euros Tirage : 9000 exemplaires Dépôt légal : avril 2019 SIRET : 50916928000013 ISSN : 1969-0789

Impression Ott imprimeurs Parc d’activités « Les Pins » 67319 Wasselonne Cedex Diffusion Novéa 4, rue de Haguenau 67000 Strasbourg Abonnements abonnement@chicmedias.com

Crédits couverture Robe et sac Fendi chez Ultima. Photographe Alexis Delon / Preview www.preview.fr Réalisation Myriam Commot-Delon Mannequin Amandine P. www.upmodels.fr Coiffeur Greg Alcudia La FabriK + Avila Make-up Emeline Vogel Studio Photo / Preview 28, rue du Général de Gaulle 67205 Oberhausbergen www.preview.fr


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Nouveau. À découvrir quai Zorn.

13 quai Zorn 67000 Strasbourg Tél. 03 90 23 06 84 ww.poliform-alsace.fr


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10 É ditorial 12 T u viens de Stras, toi ? Nadia Daam 14 L e choix de la rédaction 16 L ’actu − Calmos − Natacha Bieber − Les Internationaux de Strasbourg − Damien Deroubaix 24 P anier Culture 26 S trasbourg vu par − Luc Soler − Nicolas Decoud − Anne Kalebjian − Céline Moser − Jérémie Lotz & Emanuelle Alizon − Alice Frémeaux − Benjamin Pastwa 40 L e quartier Vaguer rue des Juifs

La Cité 50 T héâtre Édouard Louis Stanislas Nordey Conversation croisée sur l’art, le réel et l’engagement. 54 A rt Blutch Reportage lors de l’accrochage des trois expos consacrées au dessinateur. 58 A rt L’Estampe La galerie fête ses 40 ans. 60 I n situ Extra ordinaire Artistes et habitants transforment le Neuhof et la Meinau.

62 I nstant flash − Bulle Ogier − Bertrand Belin − Malik Djoudi 68 H istoire Sandra Boehringer Du sexe à l’individu, regarder hier pour comprendre aujourd’hui. 72 S port À l’IME de la Ganzau Dernier volet de notre série de reportages sur le sport hors les clubs. 78 T ravail Trouver le bon lieu Entre espaces de coworking, cafés et bureaux classiques, que choisir et pourquoi  ? 82 L ’actu


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Le Style

La Table

94 L a mode Laisser entrer la lumière

140 L es nouveaux lieux − Le Transsibérien − Maïence − L’allégorie − Nørrebro − La Cruche − Boca Boca

104 L e design Luminaires emballants 108 L e lieu Le musée Adolf Michaelis 110 L e parfum Les parfums cultes n°16 : Chamade de Guerlain 112 L e style Zut Copurchic 122 L ’homme Tenues d’éphèbe 126 U rban styles Allez Racing ! 128 L ’actu

146 L e dîner La « jeune cuisine » passe à table 152 L a recette Les suprêmes de poulet noir en croûte d’ail, herbes et parmesan des Douze Apôtres. 154 L e vin − Au pif − Café des Sports − Château Barouillet

156 L ’envie Le burger par Factory & Co 158 L ’actu − La nouvelle carte de La Fuga − Les brunchs de Tzatzi 160 L a boisson Battle de topping chez Manolya. 162 L a chronique Gilles Pudlowski au Crocodile.


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Votre nouvelle adresse Lundi : 14h — 19h Mardi au samedi 10h — 19h RCS PARIS P 339 487 654 - 04/ 04/2 /2016

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My little Brexit

Les élections européennes approchaient et je ne savais toujours pas pour qui voter. Je suis sorti boire une bière dans un bar à la déco parfaitement étudiée pour attirer une clientèle en mal de dépaysement. J’avais envie de parler de politique, mais je sentais bien qu’autour de moi tout le monde s’en fichait. Comme j’étais tout de même à Strasbourg, capitale de l’Europe, je me suis dit que ça valait la peine de tenter ma chance avec le serveur qui avait une bonne tête d’Européen venu du bout du monde. — Vous savez pour qui voter ? Il m’a regardé de travers. L’Europe n’était manifestement pas au cœur de ses préoccupations. En me retournant, j’ai repéré une belle rousse qui buvait une pinte toute seule au fond du bar. Je me suis approché pour entamer la conversation : — Vous savez pour qui voter ? — Je suis Anglaise. — Sorry… Pourquoi voulez-vous me quitter ? — Je ne veux pas vous quitter, on se connaît à peine. — Oui, mais vous avez voté pour me quitter. — Pas du tout, je n’ai jamais voté de ma vie. — Moi, je vote toujours. — Et vous allez voter pour qui cette fois ? — Je ne sais pas encore… Il faut que j’affine ma stratégie, mais je ne comprends pas grandchose à l’Europe. — Personne ne comprend plus rien à l’Europe. — Je suis contre les frontières, pour l’accueil des migrants, contre le nucléaire, pour Erasmus, contre le glyphosate, pour le fromage français, contre l’ultra-libéralisme… — Vous êtes un idéaliste. — J’aime votre accent anglais. — Vous êtes un idéaliste qui se prend pour un french lover.

10 Édito. Par Philippe Schweyer

— Un french lover un peu usé… — Un Froggies mangeur de munster. — Sorry, mais je ne suis pas doué en langues. — Et le french kiss, do you know it ? — The french kiss ? — Je suis Anglaise, mais j’aime la France et je ne veux pas vous quitter… — Je suis pour le rapprochement des peuples. — Vous êtes un idéaliste qui abuse des sous-entendus. — J’aime l’Europe et j’aime vos cheveux. — I don’t have any horses. — Je ne comprends pas. — Vous aimez l’Europe et vous ne comprenez pas l’anglais ? — J’aime un tas de choses que je ne comprends pas. — Vous êtes un french philosophe. — I love your English accent… — Congratulations, mais il y a encore des progrès à faire… — En langue ? — Oui, en langue ! Un Européen convaincu se doit de faire des progrès en langue. — Vous me donnerez des cours ? — Les Français sont nuls en langue. — Please please me, whoa yeah, like I please you. — Vous êtes un idéaliste qui a trop écouté les Beatles. — C’est tout ce que je connais… — Vous chantez plutôt bien pour un Français. — I need you ! — Dommage que vous soyez aussi collant. — Ok bye bye baby, baby goodbye.


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Nadia Daam Tu viens de Stras, toi ? Par Caroline Lévy

C’est qui, elle ? Journaliste, écrivaine et chroniqueuse féministe pour Libé, Europe 1, Arte et Slate. Loin d’être une enfant de la balle, Nadia Daam a fait sa révolution culturelle en entrant au lycée Pontonniers. Son parcours strasbourgeois « J’ai grandi jusqu’à mes 17 ans à la Cité de l’Ill. J’ai quitté Strasbourg deux semaines après avoir obtenu mon bac au lycée Pontonniers pour faire une fac d’arts du spectacle à Paris. »

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Sa rencontre « Avec M. Collin, mon prof de musique et de théâtre au collège de la Robertsau [actuel collège Jules Hoffmann, ndlr], qui m’a encouragé à m’inscrire au Lycée Pontonniers pour rejoindre l’option théâtre. Cette rencontre a été déterminante et il ne l’a jamais su, surtout que j’étais sacrément nulle en théâtre ! » Sa révélation « Mon arrivée en seconde à Pontonniers. Je n’avais plus que les tours de ma cité comme horizon, je découvrais enfin l’ouverture. La notion de mixité m’était totalement étrangère avant mon arrivée dans ce lycée international où les élèves sont originaires du monde entier. C’était comme un petit labo ! » Son héritage « L’initiation à la culture sous toutes ses formes grâce au lycée. Je n’avais pas de livres à la maison, c’est donc à Pontonniers que j’ai été formée ! Je me souviens notamment de masterclass au tns où j’ai rencontré Charles Berling. Je ne m’en remets toujours pas ! » Sa passion culinaire « La mauricette ! Enfin le bretzel et tout ce qui s’y rapporte. J’ai eu mon premier orgasme culinaire avec une mauricette au saumon acheté au marché de Noël ! Avec le mouvement féministe qui s’est lancé pour la révolution du clitoris, It’s not a bretzel, je me dis que j’ai trouvé le point de convergences parfait ! » Sa madeleine de Proust « Incontestablement, les assiettes de frites du Snack Michel supplément moutarde ! Ma cantine de l’époque, où j’ai de super souvenirs d’ado ! »

Photo : Simoné Eusobio

Ce qui lui reste ici ? « Toute ma famille ! »

—— Chroniqueuse dans l’émission 28 minutes, du lundi au vendredi à 20h05 sur Arte —— Journaliste pour Slate sur les thèmes du féminisme et de l’éducation —— Deux ouvrages en cours d’écriture aux éditions Fayard


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Le choix de la

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rédaction. Cécile Becker

Myriam Commot-Delon Emmanuel Abela

« Je croquerais bien toute la vaisselle Bonbons (photo) de la designeuse Sonia Verguet mais aussi son autre série en porcelaine blanche couverte de mignons croquis bleus ! Des pièces uniques réalisées main à Jingdezhen lors de sa dernière résidence en Chine (un projet soutenu par la Région Grand Est). Et zou, on file sur son store. » www.soniaverguet.com

« Il ne reste de la malheureuse Béatrice Cenci, jeune femme décapitée en 1599 pour avoir participé au complot qui a conduit à l’assassinat de son violeur de père, qu’un portrait réalisé par le peintre baroque Guido Reni. Une merveilleuse copie d’époque a été retrouvée au Louvre parmi les œuvres rapportées d’Allemagne par les Alliés. La provenance de cette œuvre, son parcours et ses propriétaires restent un mystère. À découvrir aux Musées de Beaux-Arts de Strasbourg. » musees.strasbourg.eu Anonyme, Femme au turban, Musée du Louvre / Photo : Gérard Blot / RMN-Grand Palais

« Deux initiatives féministes m'ont marquées : les Strasbourgeoises Solidaires, qui organisent des collectes de protections hygiéniques pour celles subissant la précarité menstruelle, et la campagne d’affichage (vue à Strasbourg) de Gang du clito. Oui, notre clitoris est un organe majestueux ! » Instagram : strasbourgeoises_solidaires gangduclito


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Caroline Lévy

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Sylvia Dubost

« L’architecte et urbaniste Balkrisha Doshi est le premier Indien à avoir obtenu le Pritzker Prize. En 2018, ce “Nobel de l’architecture” récompense une œuvre au confluent des influences modernistes et des techniques de construction locales, portée par une vision humaniste qui prend forme dans des bâtiments publics comme dans le quartier de logement social à Indore. Le Vitra Design Museum lui consacre sa première exposition monographique, et le catalogue, Architecture for the people, sera disponible dans toutes les bonnes librairies le 21 mai. » www.design-museum.de 1—Indian Institut of Management, Bangalore ©Vinay Panjwani 2—Cité Aranya (croquis), Indore ©Vastushilpa Foundation

« La marque locale Erasmooth décide de changer de blaze et devient Ville de cœur. Les quartiers de Strasbourg sont toujours à l’honneur mais l’amour s’affiche désormais en lettres capitales. Cœur sur eux pour leur engagement solidaire, puisqu’une partie des bénéfices est reversée à l’association Abribus. En plus de l’e-shop, toute la collection sera dispo dans le pop-up store Curieux, avant l’ouverture à la rentrée de son pendant féminin Curieuse ! » www.villedecoeur.fr Pop-up Curieux 4, quai des Bateliers


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Et bien en voilà du bon boulot ! Petit dernier du groupe Diabolo Poivre (La Hache, La Corde à Linge, Le Square Delicatessen, East Canteen, Tzatzi), un bistrot contemporain au décor bien ficelé et au nom qui détend illico. Chez Calmos, l'espace est signé V8 Designers, les travaux sont de Creatio, les serviettes sur-mesure de La Cerise sur le Gâteau, les cassolettes en cuivre et les plats canailles. Goûtés et approuvés le jour de notre visite : la friture d’éperlans escortée de son aïoli maison, un rougissant gravlax de saumon, des poireaux vinaigrette joliment braisés et une coquette trilogie d’œufs mimosas. Aperçu aussi, sortant tout chauds du monte-charge, le poisson chic du moment, un skrei aux légumes rôtis, un risotto végétarien et une salade César de compète, chapeautée de gros morceaux de poulet crousti-fondants. Une carte de saison bien campée et pile dans l’air du temps. Le coq, porte-bonheur solaire et emblème gaulois de la maison, azimute la charte graphique (signée Atelier Poste 4). Cocorico ! 69, Grand’Rue 03 67 68 03 30 Ouvert de midi à minuit (cuisine en continu)

Calmos

Par Myriam Commot-Delon Photos Alexis Delon / Preview


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Natacha Bieber

L’ouverture de sa boucherie sera l’événement miam du printemps. On le sait parce qu’ils nous l’ont dit (sous le sceau du secret) : certains chefs attendent avec impatience de pouvoir intégrer ses produits à leurs plats… Pour Natacha Bieber, la déterminée, c'est un aboutissement. Avant, elle était assistante de direction, commerciale, changeait tous les deux ans, ne trouvait pas sa place. Puis elle a décidé d’aller vers « une activité où [elle] maîtrise [son] savoir-faire ». Elle aime les gens, elle aime manger : les métiers de bouche sont une évidence.

Par Marie Bohner Photos Klara Beck

La boucherie ? La révélation vient lors de son premier stage dans une boucherie familiale. Un endroit qui « crée un vrai lien social ». Une semaine après, elle est inscrite au CFA de Haguenau, et ne s’est pas arrêtée depuis, perfectionnant ses lames et son tranchant chez Kirn, Yves-Marie Le Bourdonnec et Hugo Desnoyer (bouchers stars à Paris), L’Argot à Lyon, et même jusqu’en Californie. Elle est aussi allée visiter les élevages qui l’intéressaient. « Ça m’a ouvert les yeux », dit-elle, parce que c’est un travail dur et minutieux, et qu’elle n’a

pas rencontré « un éleveur qui n’aime pas ses bêtes ». Ouvrir sa boutique devient une évidence. Ce sera la Boucherie Natacha Bieber, qui proposera ce qui ne se fait pas ailleurs. On a hâte. Boucherie Natacha Bieber 17, rue de la Croix Ouverture 1re quinzaine de mai



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Internationaux de Strasbourg

Plus que jamais, la femme est vainqueur – si tant est qu’elle ait déjà perdu ! Ce qui semblait un joli positionnement – le fait de consacrer un tournoi exclusivement aux femmes – revêt désormais une dimension manifeste. Après une édition 2018 épique, avec une finale de 3h35 qui a vu la Russe Anastasia Pavlyunchenkova l’emporter face à la Slovaque Dominika Cibulkova (6-7, 7-6, 7-6), les Internationaux de Strasbourg remettent le

couvert. Une fois de plus, c’est le fleuron du tennis mondial qui se presse à Strasbourg, avec des premiers noms – Caroline Garcia, Pauline Parmentier et Monica Puig – qui en annoncent bien d’autres, dont au moins une dizaine de joueuses du top 50 du classement WTA. L’occasion de voir du beau jeu, mais aussi de profiter du beau temps tout en participant à l’aventure éco-responsable d’un tournoi engagé.

Par Emmanuel Abela Illustration Caroline Garcia par David Soyeur

Du 18 au 25 mai au Tennis Club de Strasbourg 20, rue Pierre de Coubertin www.internationauxstrasbourg.fr


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Photo : Victor Schallhausser

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Damien Deroubaix

Des miliers de doigts dans les poches, 2018 / Photo : Blaise Adilon © ADAGP Paris

Il y a quelque chose d’archaïque dans l’œuvre de Damien Deroubaix. Dans ses motifs tout d’abord : squelettes de danses macabres, idoles et totems, chevaliers de l’apocalypse, les mythes et les figures qui la peuplent proviennent du fond des âges et des tréfonds de nos civilisations. Dans sa manière aussi, où le geste semble importer moins que le contenu, où il semble, à tort, encore libre de toute la lourdeur de l’histoire de l’art (John Heartfield, Jérôme

Par Sylvia Dubost

The Artist, 2015 / Courtesy Galerie Nosbaum Reding © ADAGP Paris

Bosch ou Picasso s’invitent néanmoins dans ses toiles). Dans son intention, enfin : l’art doit bousculer les hommes et les consciences, sinon c’est de la décoration. Très sombre et quand même bien no future, la peinture de Deroubaix est profondément politique et renvoie, par son engagement radical et tonitruant, à la musique grindcore à laquelle l’artiste, installé depuis quelques années dans la verte vallée de Meisenthal, affiche clairement son attachement et dont les pochettes furent

pendant longtemps, avec les catalogues des tatoueurs, les seuls supports où s’affichaient les motifs dont il s’empare. De là à dire que Deroubaix est un artiste rock, il n’y a qu’un pas… Headbangers Ball II Jusqu’au 25 août au musée d’Art moderne et contemporain www.musees.strasbourg.eu


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Mickaël Labbé

Clément Paurd

La Notion de travail chez Simone Weil Demopolis —— Un peu de concentration nécessaire (que Simone Weil ne renierait pas tant on prenait son intelligence pour acquise sans en cerner les contours) pour lire cet essai qui creuse une des préoccupations de la philosophe et militante en adoptant presque son système de pensée. Le maître de conférences strasbourgeois part de la vie de Weil pour comprendre où s’ancrent ses réflexions. (C.B.)

La Traversée Éditions 2024 —— Ancien des Arts déco, Clément Paurd partage l’aventure sans fin du soldat Firmin et de son Capitaine : ils marchent, plongent, avancent, surplombent, s’enfoncent, croisent et rencontrent pour éventuellement trouver la lumière, et mener pourquoi pas une réflexion sur la guerre. (C.B.) www.editions2024.com

Jennifer & Arnaud Favre Haute Fondue Helvetiq —— La preuve – illustrée par de très belles photos de Dorian Rollin, collaborateur

de Zut – que la fondue se déguste hors hiver et se pare de bien d’épices, fromages et alcools… Un beau livre de recettes créatives. Parce le fromage, c’est la vie. (C.B.) www.helvetiq.com

Gros Gris 4 Duel Éditions Contrebande Des récits, des illustrations, des analyses, de l’art contemporain, des jeux typos… dans ce 4e numéro, comme dans les précédents, contributions de tout bord et de tous domaines s’agrègent pour interroger la notion de « duel » : combats physiques, mentaux, internes ou imaginaires. Un bel objet. (C.B.)

Benoît Schupp Londres Auto-édition À raison d’une destination par mois en 2019, Benoît Schupp nous fait vivre ses propres escapades. Première étape : Londres avec 15 magnifiques photographies argentiques au sein d’un court volume très attachant tiré à 50 exemplaires. Prochaines stations : Bruxelles et Berlin. Vivement le mois prochain ! (E.A.) www.benoitschupp.fr


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Ils vivent, travaillent, créent et sortent à Strasbourg. Les hommes et les femmes qui font vibrer la ville nous font découvrir leur lieu préféré et jouent au modèle. Réalisation & textes Caroline Lévy

Strasbourg vu par

Nicolas Decoud 35 ans Auteur

Laverie Grand’Rue

« Il y a dix ans de cela, alors que j’avais quitté la laverie quelques minutes, je me suis fait voler l’intégralité de mes vêtements ! Que faire ? Perdre foi en l’humanité ? Cet épisode a été déterminant et le déclencheur d’une prise de conscience. L’envie de devenir adulte et de trouver un vrai job… pour enfin m’acheter une vraie machine à laver ! »

Actu

Sortie de son premier roman, L’École de rame, inspiré de son expérience d’officier militaire au Liban, chez Médiapop éditions. Disponible à la Vitrine Zut 14, rue Sainte-Hélène www.mediapop-editions.fr Blouson en cuir effet froissé Benheart

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Photo Henri Vogt

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Responsable du développement de la SPL Deux-Rives

Le Petit Rhin

« On ne le remarque pas mais ici, dans ce creux transformé en zone d’activités, coulait Le Petit Rhin, et sur ce pont démoli, passait déjà il y a plus d’un siècle le tramway vers l’Allemagne ! C’est un des points de départ et de rencontre du projet urbain des DeuxRives et de la Coop. Dans quelques années, ce paysage renaîtra sous la forme d’un parc mettant en avant la biodiversité du Ried. »

Actu

Le quartier Coop s’active avec l’installation d’ici septembre des artistes, artisans, illustrateurs, designers ou « makers ». Côté bassin Vauban, les premiers logements et bureaux du quartier Starlette entreront en chantier avant la fin de l’année. www.strasbourgdeuxrives.eu Perfecto clouté en cuir Liu Jo

Photo Pascal Bastien

Alice Frémeaux 33 ans


Maître Joaillier

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Tatoueuse

L’Observatoire astronomique « Entre le musée zoologique, le plané­ tarium et l'observatoire reconnaissable à son dôme, ce quartier concentre tous mes souvenirs d’enfance lorsque je venais à Strasbourg. Depuis, j’y ai fais mes études et y habite ; c’était donc un signe ! »

Actu

Organisation d’un Flash Day (motifs flash prêts à être tatouer) sur le thème « Geek », dans le cadre de la journée internationale des Geeks, le 25 mai. 6, rue Sainte-Madeleine www.cevelynetattoo.com Top High

Photo Hugues François

Céline Moser alias Cévelyne Tattoo 32 ans



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Fondateur de la brasserie Bendorf

Cour intérieure rue de Châtenois « C’est dans cette cour du Neudorf que tout a débuté. Elle a d’ailleurs inspiré le nom de notre marque [contraction de Benjamin du Neudorf, ndlr] et a été le théâtre d’expérimentations en tout genre : concassage du malt sur le trottoir, brassage dans la cour et tests des recettes dans la chambre avant de les déguster avec mes colocs de l’époque. C’était bricolé, mais j’en garde de sacrés souvenirs ! »

Actu

3e édition du Bendorf Festival : dégustation de bières, concerts et animations, du 26 au 28 avril à l’Espace 23 à Neudorf. Lancement d’une nouvelle bière à base de mangue, coco et raifort ! www.brasserie-bendorf.fr Chemise à manches courtes et blouson en denim Superdry

Photo Pascal Bastien

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Agence Noiizy

Palais de justice

« Cette place fraîchement rénovée devant le tribunal fait écho à nos valeurs de transparence, d’honnêteté et d’authenticité, pas toujours évidentes dans notre domaine d’activité… Sa transformation est aussi signe de renouveau, à l’instar de notre nouvelle aventure ! »

Actu

Création de Noiizy, agence de relations presse et de marketing d’influence. Accompagne notamment les projets de Strasbourg Europtimist, AST67, Bouygues Immobilier et de L’Industrie Magnifique. Jérémie : chemise en denim et chino Emmanuelle : imperméable en organza Le tout High

Photo Hugues François

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Directrice de la boutique dinh van

Place du Marché Gayot

« Entre sa légende, son patrimoine historique et son charme fou, cette place pavée de galets du Rhin est une bulle dans la ville. J’y ai passé de jolis moments familiaux… que de beaux souvenirs. »

Actu

La marque dinh van est partenaire des Internationaux de Strasbourg et sera présente dans le village du tournoi le 23 mai. 14 bis, rue de la Mésange www.dinhvan.com Trench Burberry chez Ultima prêt-à-porter Collier Menottes dinh van

Photo Henri Vogt

Anne Kalebjian 55 ans


SIRET 530 661 511 000 10 - 03 88 410 650 -


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Directeur scientifique de l’IRCAD Président de Visible Patient

Gare de Strasbourg

« C’est un des lieux que je fréquente le plus à Strasbourg, puisque j’y passe jusqu’à trois fois par semaine pour me rendre à Paris. J’ai toujours été sous le charme des vieux vestiges du patrimoine, ici sublimés par cette verrière. Une porte d’entrée idéale pour découvrir l’attractivité de notre ville ! »

Actu

Nommé Chief Optimist Officer (COO) dans le cadre de la campagne Strasbourg Europtimist. Lauréat du prix Marius Lavet-Ingénieur et inventeur 2019 pour Visible Patient, solutions techniques pour la chirurgie guidée notamment par des cartographies anatomiques 3D. www.visiblepatient.com Blazer et waistcoast Tagliatore chez Revenge Hom

Photo Henri Vogt

Luc Soler 49 ans



Vaguer. Rue des Juifs. Par Cécile Becker, Myriam Commot-Delon, Sylvia Dubost, Caroline Lévy Photos Pascal Bastien, Jesus s. Baptista, Myriam Commot-Delon, Alexis Delon/ Preview, Christophe Urbain

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Un air de village. L’été dernier, la rue des Juifs tournait définitivement le dos à une circulation automobile erratique, qui rendait celle des piétons et des cyclistes acrobatique. Au revoir voitures sur les trottoirs, bonjour revêtement pavé uniforme et bienvenus Strasbourgeois flâneurs et touristes fantassins ! Cette transformation simple et radicale a été portée par l’association de commerçants l’Ill Rive gauche et sa présidente, Florence Strasser, gérante de la boutique Ateliers de la maille. « C’est la première fois que des commerçants demandent une piétonisation, s’amuse-t-elle, d’habitude ils sont toujours contre ! » Ceux-ci ont réalisé l’intérêt d’un tel projet à l’occasion d’une fermeture à la circulation lors d’un marché de Noël. « Depuis la rue des Hallebardes, les gens continuaient alors que d’habitude ils bifurquent vers la rue du Dôme ou la rue des Juifs… » Robert Hermann, adjoint en charge de l’occupation du domaine public, s’empare du dossier. « Il y a eu plusieurs réunions, raconte Florence Strasser, on nous a présenté les projets, et les riverains eux-mêmes ont voté la suppression du stationnement. » Quant au mobilier urbain, c’est elle qui a proposé ces tables et chaises pliantes que les commerçants rentrent chaque soir, les habitants ayant rejeté toutes les autres options par peur des attroupements et du bruit (et des SDF aussi…). « Les gens s’y assoient tout le temps : une femme qui allaite, une dame âgée ou des enfants fatigués, un mari qui attend sa femme devant la boutique… » C’est certain, la physionomie de la rue a clairement changé : elle est devenue un vrai espace public.

Photo Myriam Commot-Delon

Florence Strasser, présidente de l'association l'Ill Rive gauche / Photo : Pascal Bastien


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N°19

Herboristerie suisse L'artiste Horéa / Photo : Christophe Urbain

N°11

Photos : Myriam Commot-Delon

Une cour intérieure Derrière les façades de la rue, les nombreuses cours intérieures sont autant de trésors cachés. L’artiste Horéa s’est installée dans celle-ci en 2015, succédant au tapissier Blanchard qui avait occupé les lieux pendant 40 ans. La rue inspire-t-elle votre travail artistique ? — C’est un emplacement de rêve, à 200m de la Cathédrale, qui est mon sujet de prédilection. Dans cette rue, on est ancré dans l’histoire. Quels avantages à être dans une cour intérieure ? — Elle évolue au fil des saisons, c’est un spectacle perpétuel qui attire beaucoup les curieux ! Avoir un atelier-galerie en retrait et au calme invite aussi à la contemplation.

N°15

Monogram Quelques bonnes raisons pour franchir la volée de marches qui mène à cette enseigne chérie par les fous d’écriture, de belle papeterie et d’accessoires en cuir transalpins ? L’iconique agenda en cuir Il Bisonte, les stylos plumes en or et laque des japonais Namiki ou cette carte postale en bois d’érable représentant De Niro, période Taxi Driver.

C’est l’une des adresses emblématiques de la rue, qui existe depuis 1936 ! On trouve moult plantes médicinales à tisanes (made in France en priorité), des mélanges maison (dont la “dépurative”, parfaite pour se détoxiner pour le printemps) créés par le fondateur, des cosmétiques et huiles essentielles bio. Le tout dans un décor suranné (les tiroirs !).


Photo : Pascal Bastien

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N°32

N°21

En moins d’un an, elle a su s’imposer comme le repaire accessible des modeuses strasbourgeoises. Aux manettes, Agathe Lehnhard, qui a quitté la capitale et propose une sélection rafraîchissante de pièces et objets déco de griffes européennes.

Antre des livres rares et précieux, une adresse pour collectionneurs du monde entier mais aussi pour novices en quête d’un cadeau qui marquera une occasion unique. On s’émeut devant les incunables (premiers livres imprimés datant du 15e siècle !), comme les danses macabres de Jean Geiler de Kaysersberg. On a raté une édition complète (avec planches !) de L’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert, qui n’a habité ici qu’une petite semaine avant de trouver preneur.

Photo : Henri Vogt

Boutique singulière Chaque samedi, on découvre la nouvelle phrase affichée sur le panneau devant la vitrine de la boutique Singulière.

N°3

United Legend Sans conteste la sélection mode la plus pointue de la rue (et de Strasbourg ?). Avec des griffes comme Jacquemus, Calvin Klein, Maison Margiela ou Jil Sander, le vestiaire est toujours plus radical, et désormais 100% féminin. Le conceptstore dédié à l’homme s'est installé rue de la Nuée bleue.

N°30

L’Air du Temps Photo : Alexis Delon / Preview

Nid à bijoux fins et délicats. Un endroit parfait pour dénicher une montre ou accessoiriser ses robes d’été sans se ruiner.

La Jument verte


N°28

La Bouquinette

Photo : Pascal Bastien

Cette vitrine changeante et charmante abrite l’une des plus anciennes librairies jeunesse de France. Depuis 1977, La Bouquinette rassasie petits et grands enfants avec un catalogue de 12 000 références. On en oublierait presque qu’elle propose aussi (entre autres) jeux, jouets et objets déco. En avril, la table centrale s’est couverte d’une sélection de livres-objets poétiques, mais un pèlerinage régulier s’impose pour attiser à l’infini les désirs de lectures.

Photos : Alexis Delon / Preview

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La rue des Juifs, pourquoi ce nom ? La légende —— Elle se nomme ainsi car c’est par là que les Juifs, chassés de la ville après la Grande Peste de 1349, quittaient la ville chaque soir à 22h, quand résonnait la Zehnerglock de la Cathédrale, qu’on entend encore aujourd’hui. L’histoire —— Vérification faite auprès de Jean-Jacques Schwien, maître de conférences en archéologie médiévale à l’Université de Strasbourg, le nom de la rue apparaît pour la 1re fois dans un acte de vente de 1233. Entre le XIe et le XIVe siècle, « les Juifs habitaient dans le cœur noble des villes […] près de leur lieu de culte. On suppose que la synagogue se trouvait rue des Charpentiers,

près du bain rituel, mais on n’en a pas de trace archéologique. » Interdits de résidence dans la ville après 1388, les Juifs doivent effectivement la quitter quand la Thorglock signale la fermeture des portes, bien avant 22h (« On suppose que c’est à la tombée de la nuit »). Cela concerne tous ceux qui n’ont pas d'habitation dans la ville. Le Judenblos, sonné au cor à 20h ou 21h suivant la saison, demandait aux Juifs revenus brièvement entre 1383 et 1388, de ne pas quitter leur maison. Il a été perpétué par antisémitisme et supprimé en 1789, quand les Juifs ont à nouveau eu le droit d'habiter en ville. Plus d'informations sur www.zut-magazine.com


Photo : Alexis Delon / Preview

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Photo : Pascal Bastien

N°18

Cotélac

N°1

Benheart

Au tout début de la rue, le charmant duo Manuel et Valérie a installé cette marque artisanale florentine depuis moins d’un an. Depuis leur établi aménagé en vitrine, ils personnalisent les pièces de cuir – blousons, souliers ou ceintures – en savourant la ville qui passe.

Un incontournable de la rue, où la boutique s’est installée il y a 20 ans ! Même lorsqu’il y avait encore des voitures devant la magnifique façade, on s’arrêtait toujours devant ses silhouettes singulières et décomplexées, ses godillots et son nuancier chaud, sa maille et ses matières gaufrés. Sans doute aussi la boutique à l’odeur la plus reconnaissable de la rue !

N°32

Photo : Alexis Delon / Preview

En février, Laurence di Costanzo a quitté la rue des Veaux pour installer sa boutique-atelier dans l’ancien espace d’Ambre de Chaldée. Elle a abandonné le mobilier pour se concentrer sur quelques objets de décoration, mais surtout sur sa délicate sélection de bijoux. On confesse un coup de cœur pour les bracelets-collier à nouer de Marie-Laure Chamorel, et on aime toujours autant les créations maison en miyuki (perles de verre japonaises) et pierres semi-précieuses.

Photo : Pascal Bastien

Pêle Mêle


Nos restos favoris N°28

N°24

Le côté rassurant des classiques avec ce qui fait la gourmandise de notre terroir.

Le restaurant gastronomique de la rue, un incontournable : une cuisine contemporaine avec beaucoup de reliefs.

La Table de Christophe

La Casserole

N°30

N°4

Trattoria Matteo

Big Fernand — Rue du Parchemin Une chaîne certes, mais qui se fournit localement et où tout est fait maison. Hamburgers à la française.

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La Closerie Bellot Une sélection ultra-fine dans cette épicerie dont l’objet est de mettre en avant le travail des producteurs français au travers de plateaux de fromages à emporter (ou à déguster sur place), des cidres fermiers goûteux, des confitures made in chez nous et autres sandwichs à emporter. En vente : un plateau de fromages designé par la céramiste du coin Barbara Lebœuf.

Photos : Alexis Delon / Preview

Des recettes de pâtes typiques et rarement croisées, une petite carte de pizzas, un service cash.

N°36

N°26

Photo : Christophe Urbain

Royal 26

N°28

Verre de Terre

L’ancienne sommelière Florence Brouillard a longtemps observé les vignerons à l’œuvre pour comprendre, puis transmettre – avec beaucoup de sensibilité – ce qui se passe sur ses étals. On y trouve vins bio, biodynamiques et naturels. Sa sélection a ce qu’il faut de droiture pour ne pas dérouter les amateurs de classiques.

Dans sa boutique de tapis Perles d’Ispahan, Charles Motarjem Madani accueillait pendant 20 ans ses clients autour d’un verre ou d’un café. Il a finalement transformé le lieu en café-bar, en s’associant à Paris Rostami, cheffe pâtissière et consultante « food & beverage » qui a fait ses armes aux quatre coins du monde. Un écrin aux influences orientales, soigné jusqu’au bout des pâtisseries pensées comme des œuvres d’art (et allégées en sucre !). Car « l’art doit aussi s’appliquer à la pâtisserie », confie la cheffe.


12, rue du Parchemin — La Nouvelle Poste

Photo : Jésus s. Baptista

Incontestablement le QG des habitants du quartier (et des autres !). La Nouvelle Poste est ouverte 365 jours par an, fait assez rare pour être noté. Ici, pas de chichi pour un café brasserie qui séduit tous les âges, hiver comme été. Un brassage qui évolue au fil des heures, laissant tour à tour notables, étudiants, commerçants, lycéens prendre possession des lieux et de la terrasse ensoleillée où planent des effluves de tartes flambées. Ambiance.

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Photo : Henri Vogt

Dans le prolongement de la rue des Juifs…

27, rue Brûlée Les Fleurs du Bien Casquette vissée sur la tête, l’artisan Thomas Wagner propose une sélection végétale subtile et bien choisie. Ici ça défile ! On y vient chercher une composition, un bouquet de saison ou simplement tailler le bout de gras avec l’hôte des lieux, engagé dans une démarche éco-responsable. Et ça fait du bien, comme ses fleurs !

9, rue du Parchemin — Malagacha Gallery Le street art n’avait pas encore contaminé cette rue, c’était sans compter l’ouverture de la galerie du Mulhousien Damien Seliciato. Inaugurée en février sur 60m2, elle est dédiée à l’art urbain et contemporain avec des expos solo ou des group show d’artistes internationaux ou de la scène locale. Membre actif du collectif Schlager Club, sa bande de potes artistes tous originaires du 68, le galeriste à la bonne humeur contagieuse a déjà réussi son intégration.

À l’angle de la rue Brûlée et de la rue du Parchemin, la jolie devanture attire les regards. Depuis 2015, la boutique d’optique s’est installée dans l’ancienne et iconique boutique Électricité Bruder. Bâti en 1905, cet immeuble pittoresque est surnommé Volkskunst, littéralement « art du peuple », car il est implanté en dehors des quartiers bourgeois traditionnels de la Neustadt et de l’Orangerie. Pour la transformation du magasin, l’atelier d’architecture CNB a préservé le lieu au maximum en révélant la beauté des matériaux d’origine. Pari réussi.

Photo : Henri Vogt

Photo : Henri Vogt

24, rue Brûlée — Les Lunettes de Gisèle


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Qui a tué mon père Édouard Louis | Stanislas Nordey

© Jean-Louis Frnandez

2 | 15 mai

Théâtre National de Strasbourg

03 88 24 88 24 | www.tns.fr | #tns1819


Je crois en la simplicité. Il est aussi étonnant qu’affligeant de constater combien de tâches insignifiantes l’homme le plus avisé croit devoir accomplir chaque jour, et combien il néglige la plus importante. Aussi, simplifiez le problème de la vie, distinguez le nécessaire et le vrai. […] Sondez la terre pour voir où plongent vos racines. […] Je suis simplement ce que je suis, ou du moins je commence à l’être. ——— La Cité.

Henry David Thoreau, Je suis simplement ce que je suis

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Paru en mai 2018, Qui a tué mon père, pamphlet autobiographique d’Édouard Louis, était une commande de Stanislas Nordey, directeur du TNS. Nous les avions rencontrés en juin 2018 alors qu’ils n’en étaient qu’au début de leurs échanges. L’occasion d’évoquer avec eux les relations entre art et politique et la nécessité de dire et de montrer. Par Cécile Becker / Photo Pascal Bastien La Cité—Théâtre

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Regarder vrai

Sur quoi votre amitié est-elle fondée ? Quels principes de vie vous reconnaissez-vous tous les deux ? E.L.   Quand j’ai écrit ce livre, j’ai beaucoup parlé d’une littérature de la confrontation. À partir du moment où tu publies quelque chose, c’est un acte public, donc tu es engagé dans le monde. Les livres ne sont plus censurés comme ont pu l’être ceux de Violette Leduc ou de Jean Genet. On est à un moment civilisationnel où les gens qui ont le plus souvent accès à la culture ont réussi à inventer des stratégies de diversion... C’est exactement ce que Geoffroy de Lagasnerie décrit lorsqu’on passe devant un sdf et qu’on l’ignore : à partir du moment où vous inventez cette technique de fuite, il n’y a même plus besoin de censurer. La littérature de confrontation empêche de tourner la tête, elle confronte la personne à ce qui est en train de se dire. Et le théâtre de Stanislas est tout autant confrontationnel. Stanislas est dans la réalité du monde, de la société, des gens, des corps, des vies, des

expériences. Aujourd’hui, il y a beaucoup de manière de penser les classes populaires, qui sont en fait des manières de ne jamais penser les femmes, les genres, les sexualités et les racismes. Beaucoup de gens disent encore que le discours d’un Trump ou du Front National fonctionne parce qu’on a parlé plus de l’homosexualité et du racisme que de problème de classes… Stanislas échappe à ça, il est plus proche de la vérité, parce que la vérité fonctionne avec cette complexité-là. Dans Qui a tué mon père, je dis que mon père s’est exclu du système scolaire à cause de l’obligation de la masculinité. Écouter à l’école et être bon à l’école, c’était un truc « de pd ou de filles », alors qu’il aurait pu étudier, avoir des diplômes, un métier mieux payé et une vie plus facile. Le problème de la domination masculine devient un problème de classe.

Cette amitié-là, comment s’est-elle traduite dans le travail de mise en scène ? S.N. Je suis devenu ami virtuel avec Édouard en le lisant. Histoire de la violence m’avait à ce point ravagé que j’en avais proposé une lecture ici au tns. C’est à ce moment-là que je l’ai rencontré. Il y a certains livres qui font que vous reconnaissez tout et que vous ne reconnaissez rien à la fois. C’est vous et ce n’est pas vous en même temps. J’ai toujours fonctionné comme ça, avec Pasolini, Peter Handke, Falk Richter, Pascal Rambert… Ce sont des gens qui me constituent. En tant qu’acteur, j’ai envie d’investir le corps : je rentre à l’intérieur et je deviens. C’est peut-être une particularité de l’acteur que je suis. Quand j’ai commencé à travailler dramaturgiquement le texte de Qui a tué mon père, c’est apparu naturellement : le mec qui parle, c’est Édouard Louis, donc il faut que je sois Édouard Louis. Ça ne veut pas dire que je vais me teindre les cheveux, mais ça veut


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La Cité—Théâtre

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« Prendre le poids et dire, ça a quelque chose de libérateur. » Édouard Louis

dire plonger à l’intérieur de lui et en même temps créer un hybride de ce que pourrait être un Édouard et un Stanislas. Quand je lui ai demandé d’écrire, je ne lui ai pas demandé : « Écris sur Macron, écris sur ton père », et ce texte est tombé juste. Il faut que ce qu’on dit sur les scènes de théâtre soit percussif, que ça ait du sens ; face à la situation politique, ce n’est pas possible de faire autrement.

Édouard Louis parle d’agresser la littérature. Dans cette vision de théâtre citoyen que vous portez, avez-vous au même titre envie d’agresser le théâtre ? S.N. Je pense qu’il y a beaucoup de choses épouvantables qui se font au théâtre. Le théâtre public aussi est un grand marché, malheureusement… Alors, comment lutter ? On se met en danger, constamment. Le grand truc de mes amis, alors que je mets en scène le texte d’Édouard, c’est d’avoir peur pour moi. Ils ont peur que je ne sois pas renommé à la direction du tns [le ministère devrait donner sa réponse quant à son renouvèlement ce printemps, ndlr]. Il ne faut pas agresser Macron… Si on commence par là, on n’a pas fini. Le théâtre, à sa naissance, la tragédie grecque, était brûlant. Il y a eu un tournant à la fin du xixe siècle où il devient un théâtre de chambre. Tout à l’heure, Édouard parlait de la forme de théâtre qui l’intéressait chez moi, cette adresse au spectateur qui est une manière pour moi de revenir à l’essence du théâtre : le saisissement. Je travaille quand même avec de l’argent public, il y a une question éthique. Alors comment peut-on saisir le public ? Comment violente-t-on le spectateur pour qu’il ne soit pas dans un confort ?

Si la politique est une histoire de vie, de mort donc finalement de corps, comment donner corps à cette histoire d’un père littéralement meurtri ? S.N. Ce n’est pas simple : comment représenter le père ? C’est étrange, le geste d’Édouard, parce que c’est comme s’il exhumait quelque chose, comme s’il remettait à la surface, comme s’il faisait réapparaître ce corps, donc il ne faut pas que le geste de mise en scène fasse retomber cela. Cette responsabilité-là est magnifique mais terrifiante. Parce que ce qui m’a toujours le plus terrifié, ce n’est pas l’apparition du public, mais la présence de l’auteur dans la salle qu’on trahit toujours forcément. Au mieux, on arrive à quelque chose de formidable qui est de le questionner : que l’auteur découvre des choses sur son texte. C’est un équilibre fragile d’arriver à saisir le geste et de ne pas l’épuiser. Ce qui me plaît le plus, c’est d’essayer de trouver cette compréhension profonde dans les signes qui ont été posés. Tout est là. Ce qu’il a déposé sur la page est déjà suffisant, en tout cas en théorie.

Édouard Louis, qu’avez-vous envie de découvrir de votre texte ? E.L. Je me mets toujours dans une position de surprise. Il y a des choses que je dis à Stanislas, des choses qui sont importantes pour moi visuellement ou structurellement, des choses qui ont un sens pour moi, notamment la manière dont Stanislas les dira. J’aime cette idée de pouvoir porter les histoires des autres. On ne choisit pas nos vies, on ne choisit pas les expériences qu’on a vécues, on ne choisit pas les souffrances qu’on a endurées. On ne devrait pas nécessairement être la personne obligée de les porter. Pour moi, il y

a un droit fondamental des individus à ne pas porter une souffrance qu’ils n’ont pas choisie. Le théâtre me permet d’être dépossédé ; une dépossession heureuse. Prendre le poids et dire, ça a quelque chose de libérateur, en particulier quand on parle de parole politique. C’est dur la politique, ça a un coût très élevé. Je me fais insulter tout le temps, je reçois des menaces de mort. Je n’adore pas ça, la politique, je préférerais boire des coups toute ma vie avec Stanislas en Italie et lire des beaux romans. Sauf que je sens que je n’ai pas le choix, c’est juste la réalité. Dans un monde parfait, on n’aurait pas besoin de politique. Mais pour l’instant, il faut partager le combat, mettre les gens ensemble, créer des collectifs pour être plus fort et faire face à la violence du monde. Qui a tué mon père Du 02 au 15 mai au TNS www.tns.fr


18-19 & 25-26 mai

14h–20h

→Alsace

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ateliers-ouverts.net

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Les artistes ouvrent les portes de leurs ateliers S AN  !

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Damien Deroubaix, Wunder der Natur, 2017-2018. Huile et collage sur toile, 200 × 150 cm. Collection privée. Photo : Blaise Adilon © ADAGP Paris 2019. Graphisme : Rebeka Aginako

6 avril – 25 août 2019

Damien Deroubaix

Headbangers Ball — Porteur de lumière

une exposition du Musée d’Art moderne et contemporain


Le dessinateur Blutch expose dans sa ville. L’occasion de suivre l’accrochage des trois expositions au MAMCS, au Musée Tomi Ungerer et à l’Aubette 1928. Par Emmanuel Abela / Photos Benoît Linder

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La Cité—Art

L’instant d’avant

Une exposition, ça se prépare longtemps à l’avance. Ce qu’on ne mesure guère, c’est qu’une fois sélectionnées et même acheminées sur site, les œuvres continuent de susciter des réflexions quant à leur disposition dans l’espace ou leur mise en relation. Ça se passe même en temps réel, au moment du montage final. Un conservateur ou une conservatrice, des commissaires, l’artiste lui-même, les ouvriers, tous s’affairent pour donner une forme finale à un ensemble qui se veut cohérent. L’accrochage donne une forme au tout, il concrétise ce qui n’était jusqu’alors que de belles intuitions. Étonnamment, les choses se passent parfois jusqu’à la dernière minute, à quelques instants même du vernissage – le déplacement d’une œuvre, un ajustement d’un cartel, la pose d’une affiche explicative – sans que le public ne prenne conscience de ces modifications ultimes. Dans le cas des expositions de Blutch dans trois musées de la Ville de Strasbourg – Musée Tomi Ungerer, Musée d’Art Moderne et Contemporain et Aubette 1928 –, on constate que l’opération a été rendue encore plus complexe du fait d’inscrire chacun de ces accrochages dans la cohérence d’un parcours multi-sites à travers la ville. D’assister à chacun de ces montages d’exposition a été riche d’enseignements. On a pu constater que malgré l’effervescence, les choses se passent de manière extrêmement méthodique dans un calme étonnant. L’on se surprend à chuchoter – même si parfois les débats peuvent être intenses sur le choix de tel ou tel emplacement ou la nécessité d’écarter une œuvre faute de place –, les œuvres font l’objet d’une attention

particulière et trouvent progressivement la place qui leur a été attribuée. Chaque détail compte ; une négligence, un choix erroné et c’est la salle toute entière qui en pâtit. Qu’il soit connaisseur ou néophyte, le spectateur exprime sa propre exigence, et il s’agit de se situer à la hauteur de son regard. Après, la magie opère : au mamcs, les confrontations des œuvres du célèbre dessinateur strasbourgeois donnent naissance à d’étonnantes mises en résonance, sans hiérarchie ni de qualité ni temporelle ; au Musée Tomi Ungerer, on y révèle un Blutch moins connu, celui du dessin libre, du dessin de presse et de l’affiche de cinéma ; et enfin, à l’Aubette, on découvre l’amoureux du 7e art qui cherche pourtant à En finir avec le cinéma, avec la quasi intégrale des planches de la bande dessinée en question, en relation avec la documentation qui a servi à son élaboration et quelques extraits de films emblématiques mentionnés dans l’ouvrage, dont Le Mépris de Jean-Luc Godard, La Femme infidèle de Claude Chabrol ou Dillinger est mort de Marco Ferreri, projetés dans la salle mythique du Ciné-Bal. — Art mineur de fonds MAMCS — Un autre paysage Musée Tomi Ungerer — Pour en finir avec le cinéma L’Aubette 1928 Jusqu'au 30 juin

Le dessin pour dire Blutch est un artiste strasbourgeois né en 1967. Diplômé de l’ancienne École des Arts Décoratifs, il a fait ses armes dans les magazines Fluide glacial, Lapin ou (À suivre), avant de devenir l’un des chefs de file de toute une génération de dessinateurs dans les années 90 et 2000. Connu pour ses bandes dessinées – Le Petit Christian mais aussi La Beauté, La Volupté, Pour en finir avec le cinéma ou Lune L’envers –, il explore d’autres voies qui s’apparentent à du dessin libre de manière surréelle, comme si l’inconscient s’imprimait directement sur le papier au fil de la plume. Les expositions strasbourgeoises, du dessin jeunesse à l’essai dessiné, révèlent l’étendue quasi infinie d’une œuvre respectueuse du passé, mais fortement ancrée dans son époque. À lire : Blutch, un autre paysage, Dargaud


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La disposition des œuvres dans leur vitrine nécessite une précision absolue, la gestuelle des mains crée une chorégraphie subtile. Ici, l'exposition de l'Aubette 1928.


La Cité—Art

Un travail de précision à 4 mains et 3 personnes pour une œuvre du dessinateur américain Ernie Bushmiller (1905-1982) qui fait partie de la collection de Blutch.

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Projet d’affiche non retenue pour le film Les Garçons sauvages de Bertrand Mandico

Résonances

Au moment où il vient de découvrir l’exposition, Paul Lang, directeur des Musées de la Ville de Strasbourg, nous livre un sentiment à chaud. En proposant cette carte blanche à Blutch au MAMCS, vous avez eu une intuition singulière. Il me semblait important de fédérer les collections d’arts graphiques – Cabinet des Estampes, Cabinet d’art graphique, Musée Tomi Ungerer et Bibliothèques des Musées, qui en réalité n’en sont qu’une et ont été dispatchées pour des raisons historiques. J’aime désenclaver, et l’occasion se présentait avec Blutch, qui exprime beaucoup d’humilité et est pleinement conscient de sa dette envers ses grands prédécesseurs.

Qu’avez-vous vu dans son travail qui vous a conduit à lui proposer cette carte blanche ? J’ai découvert son œuvre en 2011 avec la bande dessinée Pour en finir avec le cinéma ; ça a été la porte d’entrée. De plus, j’ai quelques amis qui sont fans. Quand je suis arrivé à la direction des Musées il y a un an, j’ai appris que Blutch était l’hôte d’honneur des Rencontres de l’Illustration. Une carte blanche lui avait été proposée, mais j’ai insisté pour qu’elle concerne les quatre collections d’art graphique, et non pas seulement celle du MAMCS. Ça permet de voir figurer des artistes antérieurs à 1830.

Avec des effets troublants, comme si on les redécouvrait. Oui, il y avait un vrai challenge en termes d’accrochage. Et je peux dire que je suis agréablement surpris : en regard des planches de Blutch, on découvre des relations tout à fait inattendues. Une feuille comme celle de Max Klinger [Centaure poursuivi, ndlr] est déjà célèbre, mais je sais que je la verrai autrement désormais. Il me semble important, à chaque fois qu’on expose un artiste contemporain, de resituer une mémoire. De donner une mémoire aux œuvres regardées, c’est pour moi la fonction-même des musées.


La Cité—Art

La galerie L’Estampe fête ses 40 ans !

Par Emmanuel Abela / Photo Jesus s. Baptista

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Réelles présences

Quand il ouvre sa petite galerie en 1979 dans le quartier Finkwiller, Thierry Lacan décide de se spécialiser dans la vente de gravures anciennes et d’estampes contemporaines. Il le fait par amour de l’œuvre sur papier et non par souci spéculatif, même s’il a bien conscience qu’il est plus aisé d’acquérir une estampe de certains artistes que des grandes toiles. Avec sa galerie – la plus ancienne galerie d’art strasbourgeoise –, il passe rapidement de la vente des œuvres à l’édition. En 1986, au moment du déménagement quai des Bateliers, la galerie travaille avec des artistes de renom, parmi lesquels les tenants de la Figuration Libre, Robert Combas ou Hervé di Rosa, et étend son réseau d’abord à l’échelle nationale, puis à l’international. Dès lors, beaucoup de choses se passent à Paris avec la venue des grands collectionneurs étrangers en quête des éditions

très limitées des artistes de renommée avec lesquels la galerie entame de belles relations : James Coignard, Corneille, Erró, Peter Klasen, Speedy Graphito, sans oublier les Alsaciens Christophe Hohler et Raymond-Émile Waydelich. Tous s’attachent dans les années 2000 à une technique que Jacques Lacan développe dans son atelier parisien : l’aquagravure. Avec le principe d’un moule dans lequel on coule de la pâte à papier avant d’y appliquer directement la couleur, cette technique très originale présente l’avantage du relief, avec des effets de textures saisissants. Ce qui lui confère une « présence » très particulière. Alors que le marché de l’art stagne, Thierry Lacan déménage en 2014 son atelier à Geispolsheim, le seul consacré à l’aquagravure aujourd’hui répertorié en France. Il poursuit sans relâche son travail de révélateur, en partenariat avec d’autres galeries ou

organismes privés auxquels il propose des expositions clés en main. En 40 ans d’existence, la galerie L’Estampe a non seulement porté un regard sur des techniques d’édition anciennes, mais elle a aussi posé les bases de formes nouvelles dont les développements restent infinis. Galerie L’Estampe 31, quai des Bateliers www.estampe.fr Exposition de 40 œuvres de 40 artistes Du 27 avril au 25 mai Vernissage sur le quai le 26 avril à 18h


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Extra-ordinaire, c’est 10 artistes de divers pays et disciplines qui s’installent dans les quartiers de la Meinau et du Neuhof pour créer des œuvres avec les habitants et les présenter dans l’espace public. Mais encore ? Par Sylvia Dubost

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La Cité—In situ

La vie (extra) ordinaire

Performance d'Androa Mindre Kolo en mai 2016 dans le quartier Gare

C’est qui ? Pole-Sud a invité le collectif SCU2 à implanter à Strasbourg une de ses Scénos urbaines, en partenariat avec l'espace Django Reinhardt et la Hear, et de nombreuses associations de la Meinau et du Neuhof. SCU2 ? Scénographes et enseignants à la Hear, Jean-Christophe Lanquetin et François Duconseille ont déjà mené ce principe de résidence-événement dans 8 villes (Douala, Kinshasa, Johannesburg, Alexandrie, Paris, Saint-Denis de la Réunion…). Ces Scénos urbaines s’attachent à créer des liens entre artistes de tous horizons et toutes disciplines, habitants et espaces, et se déploient pour la première fois en France. Pourquoi ? La parole à Pierre Chaput, directeur de l’espace Django Reinhardt : « Insérer l’art dans la cité, sortir de soi, faire en sorte que

la ville ne soit pas qu’un point d’arrivée mais aussi un point de départ, coopérer pour mettre en mouvement un quartier. Et faire d’un territoire une scène à ciel ouvert. » Le processus de travail « Depuis le mois de mars, on fait plein de rendez-vous, explique Jean-Christophe Lanquetin, et on constitue des groupes. Tout à l’heure, avec [le chorégraphe] Boyzie Cekwana, on a marché pendant 2h30 dans le quartier pour voir les lieux. C’est un processus de travail très particulier. » « On est sur des logiques de processus plutôt que de résultat, complète Pierre Chaput. La greffe avec les habitants, c’est là que tout réside. » Et pour l’instant, même si les groupes de travail restent fragiles, « le projet est systématiquement bien accueilli, affirme François Duconseille. Les gens sont curieux et touchés. » Les projets Ils s’appuieront beaucoup sur des témoignages, auxquels les artistes donneront

forme. « C’est l’ordinaire qu’on met en avant », résume Joëlle Smadja, directrice de PoleSud. Fanny de Chaillé réactive ainsi sa bibliothèque vivante, la metteuse en scène Catherine Boskowitz fera entrer des paroles de femmes sur la scène de PoleSud, le chorégraphe Abdoulaye Konaté travaille sur une pièce avec des collégiens, François Duconseille crée un livre à partir des récits des habitants d’un immeuble bientôt détruit, le plasticien Androa Mindre Kolo imagine un rituel de deuil dans un jardin interreligieux, et Jean-Christophe Lanquetin, une performance autour des déchets. Le parcours 3 jours d’événements à travers la Meinau et le Neuhof, qui s’achève à la fête du Parc Schulmeister, à la croisée des deux quartiers. Extra-ordinaire Du 13 au 15 juin au Neuhof et à la Meinau www.pole-sud.fr


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Des personnalités de passage, croisées dans la ville. Par Nathalie Bach et Emmanuel Abela/ Photo Henri Vogt

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La Cité—Instant Flash

La vague absolue. Bulle Ogier

Bulle Ogier à Strasbourg, l’événement est de taille. L’actrice de 79 ans, qui a fait ses armes dans les années 60 avec Marc’O, dramaturge et metteur en scène avant-gardiste, ami de Breton, avant d’être révélée dans La Salamandre d’Alain Tanner en 1971, est au TNS avec Un amour impossible, la pièce de Christine Angot mise en scène par Célie Pauthe. Quand on la voit arriver, en ce début d’après-midi, on repense à la première scène du spectacle, où ancrée dans le sol et statufiée telle une figure de L’Année dernière à Marienbad d’Alain Resnais, elle demande à Maria de Medeiros : « Ça va ? » Derrière ce « Ça va ? » initial, on sent le poids de la culpabilité d’une mère qui n’a su ni prévenir ni dénoncer les viols répétés de sa fille par son père. Dans la pénombre du petit salon de l’hôtel où nous avons rendez-vous, Bulle se dissimule derrière ses lunettes. Elle a un peu de mal à commenter son rôle, alors elle se défile un peu, répond à demi-mots, on essaie autre chose. Nous prenons conscience – nous le supposions déjà – que ce rôle, bien au-delà des situations malaisées de la pièce, la renvoie à un double rôle non sans répercussions : celui de la fille aimante qui puise encore dans la relation très affectueuse qu’elle entretenait à sa propre mère, artiste-peintre, et celle bien sûr de cette mère privée de son enfant, l’actrice Pascale Ogier, dont le doux prénom vient parfois ponctuer le fil de la conversation. Bien sûr, nous ne commettons pas la maladresse de chercher à creuser cette voie-là, et l’interrogeons sur

sa rencontre avec Christine Angot. Elle nous relate une histoire de boots rose vif en daim qu’elles convoitaient toutes deux chez Yohji Yamamoto à Paris – « Une solde de soldes ! » Christine interroge Bulle qui lui conseille de les prendre. « Nous étions dans un rapport de femmes, se souvient Bulle, un rapport intime. » Il s’avère que chacune a pu partir avec une paire de boots à sa taille. Le plus amusant c’est qu’il y a une suite à cette histoire. « Quand j’ai revu Christine par la suite, elle m’a avoué qu’elle avait tenté de teindre ses boots en noir et qu’elles ont fini par déteindre sur ses pieds. » D’anecdote en anecdote, on évoque le parcours de cette jeune femme « très rock » – un qualificatif qui lui sied à merveille – qui s’affichait aux côtés de Pierre Clémenti et tant d’autres dans Les Idoles, un film de 1968 demeuré culte. On en arrive à lui rappeler cette citation de Marguerite Duras qui la chérissait pour l’avoir dirigée sur les planches et au cinéma. « Bulle ça n’est pas la Nouvelle Vague, c’est la vague absolue. » Elle reste songeuse un court instant : « Notre relation était quotidienne et privilégiée, elle m’a fait acheter un appartement aux Roches Noires à Trouville pour qu’on soit plus proches. Mais un jour je l’ai contredite et nous avons cessé de nous voir. C’était peu de temps avant sa disparition. Avec elle, soit on était en amour soit on ne l’était plus. » Le débit de sa voix se fait plus lent, et elle relate la rencontre d’exception qu’elle a provoquée chez elle : celle de Marguerite Duras et d’Éric Rohmer. « Ils étaient très contents de

se rencontrer. Ils avaient décidé d’enregistrer une conversation sur la possibilité d’écrire un film pour Pascale [Ogier, ndlr] ; ils sont l’un face à l’autre, l’enregistreur est allumé. » Et là, il se produit l’inattendu : « Qui sonne à la porte ? Une personne qui ne sort jamais : Jacques Rivette ! Cette arrivée a fait que le charme est retombé. Marguerite a commencé à dérailler – elle disait qu’elle voyait le Gange de la fenêtre – et Rohmer n’a pas bien compris qu’elle délirait un peu. » On l’aura compris : le film n’a jamais été écrit. Un peu plus tard dans la discussion, « Pascale » est à nouveau mentionnée de manière plus grave comme ce « regret » qui restera à jamais l’immense détresse de toute une vie. On mesure dès lors que certains passages de la pièce de Christine Angot entrent en écho troublant avec le poids de ce regret-là… Après une heure d’entretien, il est temps de faire la photo : et là Bulle se transforme, enfile ses magnifiques gants rouges et remonte sur scène. Comme elle n’a jamais cessé de le faire. Propos recueillis le 19 mars à l’Hôtel Régent Contades, à l’occasion de la représentation de la pièce Un Amour impossible au TNS


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La Cité—Instant Flash

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Photo Alexis Delon / Preview

Marin chanteur. Bertrand Belin « J’ai souvent mis le tumulte de la ville de côté, je trouvais qu’il était tapageur et qu’il prenait tout l’espace de la communication, du récit, de la publicité, du commerce. Il m’a fallu du temps pour voir qu’à travers ce tissage d’émotions mercantiles et d’intentions rentables demeuraient la solitude et l’animalité de l’homme. » Propos recueillis le 01 mars 2019 – La Laiterie


SI MES DÉFAUTS NE VOUS PLAISENT PAS, RASSUREZ-VOUS, J’EN AI D’AUTRES EN STOCK. IL EST TEMPS D’ÊTRE SOI-MÊME. À l’EM Strasbourg, nous avons la prétention de croire que (tous) vos défauts font qu’il n’y en a pas deux comme vous. Alors, continuez à ne faire qu’un pour nous révéler l’étendue de vos talents cachés. Distinguez-vous en étant vous-même.


La Cité—Instant Flash

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Photo Christophe Urbain

L’électro-sensible. Malik Djoudi « Dans la musique aujourd’hui – mais ça dépasse ce cadre –, on a envie de revenir à la simplicité, à la sincérité et à l’intégrité. Je ne me vois pas faire autrement, je n’ai pas envie de faire des choses légères. J’ai envie d’aller en profondeur. Une chanson pour moi, c’est une œuvre, c’est sacré. Ça m’habite, c’est comme ça. » Propos recueillis le 29 mars 2019 – La Laiterie


I CAROLINE GARCIA I

VAINQUEUR IS 2016 & PARTICIPANTE IS 2019


Maîtresse de conférences d’histoire grecque à l’Université de Strasbourg, autrice et traductrice de plusieurs ouvrages, Sandra Boehringer se penche notamment sur l’histoire du genre et de la sexualité, et sur la construction des identités individuelles et collectives. Extraits d’une conversation où l’on a regardé l’antiquité pour mieux comprendre la société d’aujourd’hui. Propos recueillis par Cécile Becker / Avec l’aimable collaboration de Sylvia Dubost La Cité—Histoire

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Du sexe à l’individu, d’hier à aujourd’hui

Égalité femmes-hommes prendre de la distance « Il est toujours très intéressant d’observer les choses depuis un autre point de vue, comme le fait l’anthropologue qui va voir dans une autre société comment les choses s’articulent. C’est aussi intéressant de voir comment elles se formulent à une autre époque. On comprend ainsi que, par exemple, porter un type de vêtement qu’on considère aujourd’hui comme féminin caractérise, à d’autres périodes, d’autres types de personnes, voire d’autres types de comportements. On se rend aussi compte que la différenciation femme-homme est quelque chose de culturellement construit. Et c’est vraiment le point le plus important : il n’y a pas, à la base, en dehors de quelques différenciations biologiques − et même dans la biologie, il y a ce à quoi on décide de donner du sens, et ce à quoi on décide de ne pas donner de sens −, de différence donnée une fois pour toutes, qui serait un fait immanent. Cela permet un premier constat : les choses changent, donc on peut faire changer les choses. Les recherches des historiens montrent que les sociétés ont produit des systèmes et des dispositifs de pouvoir qui

permettent des inégalités ou qui au contraire promeuvent des égalités, et cela donne des outils aux représentants démocratiques pour réfléchir à des politiques publiques. »

Les femmes un groupe ? « En Grèce antique, on ne pouvait pas parler de catégorie “femme”, pas plus que de catégorie “homme” : il y avait en premier lieu des personnes libres et non-libres. Ce qui compte c’est le corps : est-ce que mon corps m’appartient ? Ou suis-je la propriété de quelqu’un d’autre (ce qui était le cas d’une grande partie de la population à Athènes) ? Peu de femmes pouvaient se dire qu’elles avaient le même vécu et subissaient les mêmes inégalités. Les parcours des femmes, en fonction de leur couche sociale, étaient bien plus différents qu’aujourd’hui. […] Quand on travaille sur ces questions, on est toujours amené à poser des questions de classe sociale, de richesse, d’origine − quand on est étranger, on n’a pas les mêmes droits, ces questions se posent aujourd’hui de la même manière… Aujourd’hui on peut aussi intégrer les questions de handicap, de religion,

etc. Tout cela permet de poser les situations individuelles de façon plus complexe, donc plus proches du réel, que l’unique opposition femmes-hommes. Cela permet de mettre au jour d’autres formes de domination, qu’on ne perçoit pas a priori. »

Les femmes dans la Cité grecque quelle place ? « Athènes au Ve siècle avant J.-C., la période qu’on connaît le mieux, c’est la naissance de la démocratie. Ce n’est pas le pouvoir du peuple, c’est d’abord la possibilité pour le citoyen de participer à la vie de la cité, mais tout le monde n’est pas citoyen : 70% des Athéniens ne participaient pas aux décisions de la cité. La femme citoyenne ne représente pas non plus l’ensemble des femmes, et elle n’a pas non plus les mêmes droits que les citoyens qui, eux, ont accès à l’assemblée. On peut poser la question autrement : qu’est-ce que le politique ? Est-ce que participer à la vie de la ville où l’on habite, ce n’est pas aussi faire du politique ? Les femmes citoyennes, tout comme les femmes et les hommes métèques [étrangers résidant à


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Détails de moulages du Musée Adolf Michaelis, Palais Universaitaire / Photos : Myriam Commot-Delon


La Cité—Histoire

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Athènes, ndlr], participent par exemple aux fêtes. Dans l’antiquité, la religion fait partie du politique, et il y avait énormément de femmes prêtresses. Et c’est une magistrature d’ordre politique ; il y a donc des responsabilités politiques données aux femmes. Il existe par ailleurs énormément de traces d’actions de femmes riches, évergètes, qui ont fait des dons pour construire des bâtiments, aidé la cité à des moments particuliers. La visibilité des femmes dans la cité existe réellement. »

Violences sexuelles une réalité antique ? « Les définitions sont différentes, aussi la question est plutôt : quels corps sont protégés ? Il n’y a pas de terme antique pour le viol. Il existe un terme plus large, celui d’hubris, qui veut dire aussi démesure, outrage, outrage aux dieux, et que l’on trouve souvent dans la tragédie grecque. Le verbe hubrizein, outrager, désigne des violences faites à des hommes comme à des femmes, d’abord à un corps libre. Si on viole un esclave, soit c’est son propre esclave et il n’y a aucun problème, soit c’est l’esclave de quelqu’un d’autre et il y a eu destruction, dégradation de bien, et son propriétaire peut porter plainte. L’homme citoyen peut être protégé contre les violences sexuelles, son épouse aussi, à condition que son époux considère qu’il y a eu violence. Sont protégées les personnes de la couche dominante. La comparaison avec l’époque contemporaine est intéressante : aujourd’hui, ce sont les personnes les plus vulnérables que l’on tente de protéger. »

Sexualité, identité, individualité « Dans nos sociétés, et pour cela je m’appuie sur les travaux de Michel Foucault, en particulier avec son Histoire de la sexualité, l’individu est amené à se définir par rapport à son sexe, un sexe qui dirait quelque chose de ce qu’on est, de la façon dont on se vit, et aussi par rapport à la façon dont on vit sa sexualité. À la fin du XXe siècle, la sexualité est caractérisée par le sexe de la personne aimée : au fur et à mesure, la question de l’orientation sexuelle est venue dire quelque chose de nous, en termes de parcours de vie, d’inclusion ou d’exclusion dans les normes, de sentiment de culpabilité, de faute, de péché, de résistance. Aujourd’hui, cet aspect-là de la sexualité est venu prendre une place dans notre vie psychique. Or, dans l’antiquité, le fait d’aimer un homme ou une femme ne disait rien de l’identité d’une personne. Dans les textes, c’est l’erôs, l’élan érotique, qui est important. Évidemment, cela varie selon les périodes, mais à l’époque archaïque, aux VIIe-Ve siècles avant notre ère, il existe des poèmes érotiques particulièrement brûlants de femmes pour des femmes, d’hommes pour des hommes, et on a aussi, un peu moins, de poèmes et d’images érotiques entre homme et femme. Ce qui intéresse les Grecs, c’est de déterminer dans quelle sphère de la vie quotidienne viennent se manifester ces émotions. Dans le couple conjugal, ce n’est pas tant l’erôs qui a sa place que l’idée de philia. L’idéal d’un couple serait d’avoir une bonne entente, pour gérer l’oikos [ensemble des biens, ndlr], transmettre sa terre et fabriquer des héritiers. On retrouve cela bien sûr à d’autres moments de l’histoire. Quand il y a erôs dans le couple marié, on pense que cela vient compliquer les choses, car cet élan fragilise la personne qui le ressent. La pratique

Portrait : Jesus s. Baptista

« Dans l’antiquité, le fait d’aimer un homme ou une femme ne disait rien de l’identité d’une personne. »

sexuelle extra-conjugale est très importante : les maris vont voir des prostituées, hommes ou femmes. Il n’y a pas de faute ni de considération d’anormalité pour un élan érotique en fonction de sexe du partenaire. D’emblée, cela construit des individualités bien différentes de la façon dont elles se formulent aujourd’hui. Pour synthétiser, on peut dire que, dans l’antiquité, l’opposition homosexualité-hétérosexualité n’a jamais existé, et il aurait semblé loufoque à un Grec de se sentir proche de quelqu’un d’autre juste parce que, comme lui, il serait attiré par les garçons. Cela vient déconstruire l’idée d’une “identité” homosexuelle ou hétérosexuelle hors histoire. »

Sexe, genre, sexualité « Au cours du XVIIIe siècle, Michel Foucault constate que viennent s’articuler, en termes de discours moraux, l’identité de sexe, de genre et des identités d’orientation sexuelle mais pas seulement. Les discours médicaux sont venus définir ce qu’est une bonne sexualité – elle est hétérosexuelle – mais aussi des types de pratiques. À cette époque émergent des discours sur les formes de sexualité, où on en vient à catégoriser, et aussi à dessiner, la catégorie du pervers, celui qui ne pratique pas la sexualité comme il convient, pour arriver, dans la médecine du XIXe,, à en faire des portraits quasiment physiognomoniques. Dans ces définitions-là apparaissaient des notions de genre, avec une idée de déviance. Et pendant longtemps, une déviation de genre pouvait être le signe d’une sexualité pathologique ou psychopathologique. On assiste alors, dans les discours de condamnation d’abord sociaux puis moraux, à une articulation explicite entre genre et sexualité. »


Histoire des femmes et du genre à l’université « Lorsque ce cours a été créé en 2003 ou 2004 à la faculté des sciences historiques, c’était une option. Cette année, c’est un cours obligatoire, au même titre que l’Histoire des religions ou les cultures politiques. Quand j’ai commencé à faire ce cours, dans les premières séances j’expliquais les notions, et je sentais des résistances (nous étions en plein débats tendus autour du pacs qui traumatisait pas mal de gens), et la littérature sur les questions d’inégalités était moins connue. Alors même qu’on arrivait avec des outils et des définitions scientifiques, des documents historiques, on était regardés comme des personnes trop engagées. Aujourd’hui, lors de mes premières séances de cours, je n’ai plus besoin de faire ces mises au point théoriques, car je vois dans les yeux des étudiants qu’il y a pour eux des évidences. Ce sont les jeunes qui ont changé. Désormais, je dois aller plus loin dans mon cours car les deux premières séances que j’avais préparées ne sont plus nécessaires. Il y a eu une prise de conscience des questions d’égalité, de genre, qui s’articulent avec les questions d’intersectionnalité*, d’hiérarchisation, de vulnérabilisation. Il est aujourd’hui possible d’aller beaucoup plus loin dans nos approches des documents, et la recherche – même sur l’antiquité – va avancer aussi avec ces nouvelles formes de luttes sociales. »

- vin nature -

À lire — Une histoire des sexualités (chapitre Sociétés ancienne : la Grèce et Rome), sous la direction de Sylvie Steinberg, PUF (août 2018) — Bien avant la sexualité. L’expérience érotique en Grèce ancienne David Halperin, John Winkler & Froma Zeitlin (dir.), traduction (dir.) et préface Sandra Boehringer, éditions Epel, à paraître le 16 avril

* Intersectionnalité : désigne en sciences sociales la situation de personnes subissant plusieurs formes de domination ou de discrimination dans une société.

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Fin de notre série consacrée à la pratique du sport dans des lieux qui ne lui sont pas dédiés. Et place à l’IME (Institut Médico-Éducatif) de la Ganzau. Où il sera question de Canal+, de bowling, de cible, d’appel /contre-appel et même d’amour. Par Romain Sublon / Photos Pascal Bastien La Cité—Sport

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Danser sur les marges

Il y a des mondes que l’on fantasme et qui sont eux-mêmes un fantasme, au sens « production de l’imaginaire par laquelle le moi cherche à échapper à l’emprise de la réalité », précise Le Petit Robert. Dès nos premiers pas à l’ime (Institut MédicoÉducatif ) de la Ganzau, l’ordre des choses est bousculé. Ici, il n’y a pas de temps pour les rounds d’observation, tout est assujetti à l’instant. La main tendue peut se replier quand on pensait s’en saisir, la première question posée n’arriverait peut-être même pas sur le tapis à la fin d’une soirée où des boissons auraient été consommées. Il faudra s’y faire ; rien ne se passera, non seulement comme prévu, mais aussi comme attendu. « T’es journaliste ? », demande Hugo, 18 ans, avant de rapidement préciser sa question : « Tu travailles pour Canal+ ? » « Non. C’est grave ? » « Ah nan nan, mais Canal+ c’est mieux. » Canal+ ne serait donc pas ringard, un truc de vieux con qui se souvient de l’impertinence au siècle dernier ? Ça alors. Nicolas surgit quand on ne l’attend pas – mais qu’attend-on finalement ? « Et tu fais du bowling toi ?! Moi je peux en faire du matin au soir… » « Ah oui oui je joue au bowling, j’adore ça. » « Mon père fait 400 points !! » « Mais c’est pas possible Nicolas. »

« Si. Et mon frère lui il fait 300 » « 300 c’est le max… » « Non. Aymé, Aymé !! On joue ? » « Nicolas ? » « Et tu lis des comics ? Moi je les collectionne tous », me confie Hugo avant que je ne puisse régler cette histoire de bowling. « J’adore les comics. J’en ai eu pour mes 18 ans. » « Et tu as fait une fête ? » « Ouais. Et j’aime le badminton, le krav-maga et la boxe. » Nicolas revient : « Hugo, il aime pas que je l’embête. » « Et donc, tu l’embêtes ? » « Ouais mais j’aime bien, et il aime bien. » J’ai rarement préparé mes questions à l’avance, mais là, les quelques-unes que j’avais en back-up, comme on mettrait un deuxième pull dans son sac les soirs d’hiver, je les ai rayées d’un trait joyeux. Rien ne sert de préméditer, il faut arriver à point ! Coralie Drapeau est l’éducatrice sportive de l’ime. Titulaire d’un deust en sport adapté, elle a très vite choisi cette filière parce qu’il y a « beaucoup de stages, certains assez longs, où l’on peut acquérir de l’expérience sans passer trop de temps sur les bancs de la Fac ». À l’ime de la Ganzau, Coralie a carte blanche pour mener ses projets. Son champ d’exploration est large, chaque pensionnaire présente une histoire propre, une personnalité et parfois une pathologie qu’il faut envisager autant sur le plan m ­ édical que social. « Quand ils arrivent ici, c’est avant tout parce qu’ils souffrent d’évoluer dans un milieu qui ne leur est pas adapté », confie Coralie. Ce milieu, le premier à agir comme un révélateur, est souvent l’école. Le rased (Réseau d’Aides Spécialisées aux Élèves en Difficulté) est une équipe pluridisciplinaire qui dépend de l’Éducation nationale et qui peut donner les premiers signaux d’alerte.


La Cité—Sport

Quand ils arrivent à l’ime, ils ont la reconnaissance de personnes handicapées. Ici, il s’agit forcément d’un ­h andicap intellectuel, auquel peut s’ajouter un handicap physique. Chaque pensionnaire a précédemment été diagnostiqué par un médecin. « Il existe toutes sortes de pathologies ; des enfants malades dès la naissance, ceux qui ont un développement dit normal et puis petit à petit ils se détachent du milieu ordinaire, ceux issus d’un milieu exclu et qui crée un handicap social, ou alors une crise d’épilepsie qui laisse des séquelles, une grossesse difficile, des symptômes neurologiques… Quand ils sont accueillis, on remonte le fil de leur vie, c’est très important de connaître leur passé, cela nous permet de comprendre, et aussi de ne pas tout mettre sur le compte de la maladie ou d’une pathologie. » Quid de l’autisme ? Devenu un mot fourre-tout pour stigmatiser la différence (de comportement, social, notamment), il est régulièrement avancé quand on parle des pensionnaires de l’ime (le mot autisme

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est d’ailleurs en évidence sur la plaquette de présentation, à l’entrée du site). « L’autisme est mis en avant c’est vrai, c’est parfois un pare-feu. L’autisme, c’est d’abord une altération du rapport à l’autre, rappelle Coralie. On peut tous l’être à un moment de notre vie, mais pour certains d’entre eux c’est une constante, et une douleur. » Il y a aussi le cas particulier des imc (Infirme Moteur Cérébral), souvent dûs à un accident ou à un manque d’oxygène à la naissance. « Ils ont du mal à s’exprimer, du coup les gens leur parlent bizarrement mais eux comprennent tout ! Ça peut créer des décalages… » Place au terrain, celui du jeu, du sport, qui se pratique tous les jours à l’ime ; pour cette première heure du lundi après-midi, il s’agit de badminton. Six élèves sont présents. « Ils viennent sur la base du volontariat. Les cours de sport, comme tous les cours d’ailleurs, ne sont pas obligatoires… Si on les oblige, on va au clash ! Si les gamins sont en refus cela ne peut rien générer de bien. Par contre, évidemment, une fois qu’il se sont

« Pour moi, c’est trop facile, je fais 10 à tous les coups. » SELIM.


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inscrits, c’est moi qui organise les groupes et ils sont tenus d’être présents. Je fais les groupes en fonction des liens affectifs mais aussi des personnalités, ceux qui sont plus dans le jeu ou ceux qui sont plus dans la compétition. » Soeb et Jeanne sont déjà à la recherche de leur quatrième souffle, si ce n’est pas le cinquième. « Il faut gérer votre effort, normalement vous ne devriez pas être fatigués pendant votre échauffement », leur rappelle Coralie. Gérer les efforts, appréhender son corps, ses capacités et ses limites, le comprendre, le sport permet cela, avant tout. « Ils ont des réactions inattendues, ils peuvent pleurer, rire ou s’énerver à tout moment sans que l’on sache vraiment pourquoi. Les séances de sport leur permettent de sortir toutes ces émotions, ou même de régler des soucis qu’il y a eu dehors. Ça peut permettre à certains qui se détestent toute l’année de se réunir le temps d’un match, d’une équipe. » Place au premier jeu : 24 volants au total, 12 de chaque côté, il faut que chaque équipe en envoie un maximum dans l’autre

camp, celui qui en a le moins au bout de deux minutes a gagné. Basique, ludique, efficace. « Alors Hugo, t’as les nerfs hein, on est les plus fort. » « Non j’ai pas les nerfs. » « Si t’as les nerfs. » « Non » Finalement, ici ou ailleurs, les dialogues sur un terrain de sport sont sensiblement les mêmes. « Ils peuvent râler mais ça ne dure pas longtemps, s’amuse Coralie. Et parfois ils râlent sans même savoir pourquoi. Ils peuvent marquer un point, gagner et râler. » Effectivement, ça c’est plus rare. Fin de la séance de badminton, place au tir à l’arc (belle audace). Un nouveau groupe, de cinq, débarque. Plus timides, ils sont déjà concentrés sur la cible. Sauf peut-être Manon, dont la visite d’un futur pensionnaire a quelque peu déplacé le cœur… de cible. Selim, lui, reste focus : « Pour moi, c’est trop facile, je fais 10 à tous les coups. » Annoncer cela avant d’avoir tiré sa première flèche, c’est panache. Bon, Selim ne fera pas 10 à tous les coups, mais chacune de ses flèches touche la cible et

— L’ime de la Ganzau En quelques mots, simples et justes, l’ime de la Ganzau se présente ainsi : « Créé en 1963, l’ime Site Ganzau accueille 106 jeunes de 14 à 20 ans, déficients intellectuels avec ou sans troubles associés, sur orientation de la Commission des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapées. L’établissement fonctionne en semi-internat du lundi au vendredi. » Les pensionnaires ne dorment donc pas sur le site, ils sont là en accueil de jour, et en autonomie pour venir et repartir. Ils font parfois des stages en dehors du site. L’arsea est une association dont dépend l’ime de la Ganzau qui est une structure privée mais dans le handicap, les structures privées sont financées par l’État.

— L’association Nouvel Envol De son côté, l’association Nouvel Envol se présente ainsi : « L’association Nouvel Envol regroupe des bénévoles et salariés au service de l’épanouissement des personnes en situation de handicap en rendant accessible les activités sportives, de loisirs et de vacances. Nouvel Envol s’adresse à des personnes en situation de handicap quelle que soit leur déficience de tout âge et à leur famille, aux jeunes et adultes vivant ou non en institution spécialisée. » Avec pour point d’orgue un grand rassemblement annuel où il y aura des ateliers sportifs et artistiques, mais aussi des spectacles. La date de cette grande journée est fixée au 16 mai 2019.


La Cité—Sport

rien que pour son aisance et son flegme, on lui donne un 10. Sur 10. Anthony, lui, considère s’être bien amélioré en stratégie, et c’est pas faux. La dernière séance du jour nous conduit sur un terrain de football. C’est le rendez-­ vous du lundi 16h et il est attendu ! Antonin Degand est là. Antonin est éducateur sportif spécialisé, comme Coralie, mais pour l’association Nouvel Envol (cf. encadré) et tous les lundis, il dirige la séance. Le foot exacerbe-t-il les f­ rustrations, les tensions, comme on pourrait l’imaginer ? « Hé ben non en fait, ils sont tous plutôt bon esprit. Après, on adapte selon certaines personnalités ou certaines pathologies… S’il y a contact, ce sera involontaire, ce sera plus de la maladresse. Ils sont plutôt douillets d’ailleurs, ils cherchent à éviter le contact, confie Antonin. Le foot ouvre de grands espaces qui permet aussi de mieux appréhender leur rapport au corps, leur coordination, leur motricité fine. Là c’est juste un entraînement mais certains d’entre eux disputent aussi un championnat de foot adapté. Bon c’est un groupe qui a l’habitude de gagner, au pire ils finissent deuxième… Mais dès qu’il y a une défaite ils se regardent et se disent : “Ah, on peut perdre ?” »

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Arborant avec courage un maillot du PSG quelques jours après la défaite face à Manchester, Yousri se réjouit de la reprise du championnat. « Moi j’suis premier de mon équipe en Alsace et en France. J’suis trop fort. Je joue avec Johnny. Moi je joue en défense », s’exclame-t-il, tout en mimant des gestes d’attaque ce qui, convenons-en, peut dérouter l’adversaire. Pendant les différents exercices, chacun se donne à fond et tout y passe ; encouragements, petites invectives, un peu de chambrage, aussi, et des célébrations à la Ronaldo ou Mbappé. La génération YouTube est partout. « C’est bien joué Julien, t’as vu mon appel / contre-appel ? », se félicite Johnny. « Non non », répond Julien. « Si si, tu l’as vu », insiste Johnny. Implacable. Par le passé, Coralie et Antonin ont tenté des rencontres mixtes, avec le milieu ordinaire comme le mentionne le jargon de la loi de 2005 prônant l’intégration de la personne handicapée en milieu ordinaire (avec des guillemets à ordinaire…). Mais… « C’est limité !, regrette Coralie. Même si certaines structures font un vrai effort, d’autres veulent juste les subventions qui vont avec… Et puis, c’est souvent infructueux parce que l’on

se retrouve avec des jeunes plus forts ou beaucoup plus jeunes pour coller au niveau, mais dans ce cas c’est infantilisant… Du coup ben, on reste plus entre nous. » Antonin embraye : « Là, on a un gamin qui joue au foot en milieu ordinaire mais il joue avec des gamins de deux-trois ans plus jeunes. Et quand il y a des matches importants, souvent il ne joue pas. Il a obtenu une dérogation pour pouvoir jouer en milieu ordinaire et déjà ça c’est galère à obtenir. » Quand la dure loi du sport se mêle à la dure loi sociale… Le chemin est semé d’embûches, on le sait, mais quand on passe quelques heures avec chacun d’entre eux, d’entre elles, on se dit que oui, pourquoi pas franchir ces obstacles en sifflotant un doux air d’innocence. www.arsea.fr www.nouvelenvol.fr


Le Bas-Rhin dit NON à l’antisémitisme et à toutes les formes de racisme et de rejet de l’autre.


Entre espaces de coworking, cafés et bureaux classiques, les possibilités d’espaces de travail se multiplient. Mais le lieu idéal est rare : il doit être convivial et accessible, libérer la créativité et encourager la productivité. Alors, à Strasbourg, on va où, et pourquoi ? Par Déborah Liss / Illustration Nadia Diz Grana La Cité—Travail

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Au bureau comme à la maison ?

Le Lodge, le Quai n°10, Welcome coworking… Depuis l’apparition de la Plage digitale en 2012, les espaces de coworking ont fleuri à Strasbourg. Le coworking, ou co-travail, c’est l’idée de partager un lieu entre professionnels de divers horizons… Ces espaces proposent désormais bien plus qu’un simple bureau. « Nous partageons des valeurs, et pas que des bureaux. Notre présence nous permet d’accompagner dans des attentes particulières, en toute convivialité », annonce Sandra Monteiro, la “Chief Happiness Officer” de Cow wow, le nouvel espace de « coworking cocooning ». Estimant que le coworking a encore de beaux jours devant lui et que la demande est forte, Melpia, sa « fabrique artisanale de solutions digitales », a investi un étage supplémentaire dans ses locaux du centre commercial des Halles. Au cœur du projet, liberté et personnalisation : « Les locations se font sans poser de question. On peut réserver très facilement à toute heure, en dernière minute, sur Internet. Une fois le bureau choisi, on le garde. Ce ne sont pas des postes nomades. Ils peuvent être personnalisés. » D’où le choix d’un nombre restreint de places, avec 12 bureaux, et d’équipements ajoutant du confort.

Un lieu chaleureux… La carte de la personnalisation et du « comme chez soi », Hello’Working a choisi de la jouer à fond, dès son ouverture à la rentrée 2018, en commençant par baptiser ses bureaux (vous préférez Francis ou Madeleine ?). « Mylène Debord [la directrice générale d’Hello’Working, ndlr] a créé un nid où on se sent super bien. On n’a pas l’impression de venir travailler », se réjouit Elodie Khenifar, vétérinaire consultante, qui se rend dans ce « cocon chaleureux » de la rue Adolphe Seyboth depuis le mois de février. Ils sont une quinzaine à se partager cet espace, dont une dizaine de workers quasi fixes (d’ailleurs, il reste quelques places !). Élodie a choisi le forfait « Peinard », payé au mois. Elle passe environ 3 semaines sur 4 dans ce lieu qu’elle a choisi pour « avoir de véritables collègues » et profiter des événements (afterworks, petits-déjeuners d’échanges), qui constituent selon elle le grand « plus » du lieu, comparé à des espaces plus classiques de coworking, qu’elle avait déjà testés. « Ils n’avaient pas cette âme qu’on trouve ici », précise-t-elle. Elle aime aussi le fait de miser sur la communauté et le réseau, avec les prestations des partenaires d’Hello’Working (allant du bien-être à la comptabilité, en passant par

le conseil en image), la cuisine, la salle de réunion, la salle pour appels téléphoniques, etc. « Ce que je préfère, c’est la salle Hello Relax, une pièce pour déconnecter, pour faire une pause comme à la maison, avec une bibliothèque. D’ailleurs, on n’a pas le droit d’y garder ses chaussures », raconte Céline Nussli, illustratrice et créatrice de contenus. « Je travaillais chez moi et j’ai commencé à me sentir seule et à tourner en rond. J’ai ressenti un plus vis-à-vis de mon activité. La qualité du travail et ma productivité se sont améliorées, et cela s’est aussi ressenti dans l’envie. » … pour mieux travailler Mais pour profiter des équipements d’Hello’Working et des autres espaces partagés, il faut pouvoir se le permettre (le forfait d’un mois est autour de 270€ à Cow wow et à Hello’Working, et il faut compter un forfait journée de 16 à 23€). Or, Céline le concède, « l’argent peut être une question compliquée quand on est free lance ». Certains ont trouvé une solution plus simple : rédacteurs, traducteurs indépendants, illustrateurs ou graphistes peuplent des endroits comme le Boma, l’Anticafé, le Square Delicatessen ou le Café Bretelles, avec leur ordinateur portable ou leurs feuilles éparpillées. « Ça me permet de me concentrer plus


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« C’est un nid où on se sent super bien. On n’a pas l’impression d’aller travailler. » Elodie Khenifar Vétérinaire consultante

facilement, et de séparer lieu de vie et lieu de travail, tout en voyant des gens », raconte Gaétan. Il est guide touristique en auto-entrepreneur et prépare et construit seul ses visites guidées. Pour ses recherches, il privilégie parfois la médiathèque Malraux, « idéale car on y trouve des prises et du wifi, un peu de calme mais aussi de la compagnie, et un café au rez-de-chaussée ». D’autres fois, il choisit Oh My Goodness (café associatif rue de la 1ère armée) ou le Marché bar, petit établissement au cœur de la Krutenau. Cela convient aussi à sa bourse. « Je ne pense pas aller travailler en coworking car je n’en ai pas les moyens », explique-t-il. S’il allait au Café Berlin, place d’Austerlitz, il croiserait sans doute d’autres indépendants, mais pas seulement. Cédric Bonin est co-gérant de la société de production audiovisuelle Seppia et organise régulièrement des réunions en-dehors de ses locaux de la rue Auguste Lamey. « C’est plus pratique quand nous travaillons avec des partenaires, explique-t-il. En ce moment, pour un projet avec des professeurs du Conservatoire, nous nous retrouvons pas loin de la Cité de la musique et de la danse. » C’est aussi un moyen pour lui de travailler avec des auteurs ou réalisateurs dans un espace séparé des collègues et du téléphone qui sonne. Parmi ses lieux de prédilection, il y a aussi le Snack Michel et le Café Stern. « Ce sont des lieux inspirants et détendus, c’est important quand on est dans un métier créatif », rappelle-t-il. Parfois, il s’y rend seul, quand, paradoxalement, il a besoin de sortir du bureau pour mieux travailler, mieux se concentrer : « C’est un moment choisi pour s’extraire du flux tendu, pour se donner un temps pour lire ou relire des dossiers de films ou de documentaires. »

La fin de l’open space ? Un besoin de calme et de concentration dans un cadre agréable qui se retrouve même dans les tendances d’usage de bureaux “classiques”. « On n’est plus dans cette tendance Google des années 2000 avec les bureaux en forme de toboggan et l’image du collaborateur cool , explique Alexandre Voos, gérant de Voos Design. L’hypercollectif et l’ordinateur sur le canapé, c’est une image d’Epinal. » Avec son entreprise, il mesure les besoins des employés et son constat est sans appel : ils sont en manque de territoire personnel et d’écoute quant à leur espace de travail, qu’ils ont envie de faire correspondre à leurs besoins et qui prend une dimension affective. Les aménagements récents de la société d’avocats Mazars ont été personnalisés selon les préférences des collaborateurs (un espace pour les classeurs, deux écrans, un bureau partagé ou individuel, etc). Les 2500 m2 ont été conçus « comme un village où on se rencontre », raconte Alexandre Voos. Il n’y a jamais plus de 7 ou 8 postes en open space, et les collaborateurs ont rapporté un « regain d’énergie » et une « sensation de bien-être ». C’est bien le point commun de tous ces coworkers, ces indépendants et autres professionnels qui cherchent le lieu idéal pour chaque besoin : celui de travailler dans les meilleures conditions, et, plus largement, de se sentir bien.

Cow wow Un espace de coworking avec un nombre limité de places pour plus de confort et une ambiance studieuse. Le + ? La terrasse panoramique. 3, quai Kléber cowow.fr

Hello’Working Aménagé comme un appartement, où tout est mis en œuvre pour créer du lien entre les usagers. 20, rue Adolphe Seyboth helloworking.fr

Boma Le bar-restaurant de l’hôtel se voulait un lieu destiné aux Strasbourgeois, et c’est réussi : il est investi en journée pour des séances de travail solitaires ou des rendezvous. Notre bureau bis préféré. 7, rue du 22 Novembre boma-hotel.com


Welcome Byzance


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Photo : Bartosch Salmanski

Makerland

Weronika Gęsicka

La Mini Maker Faire devient Makerland, et reste la rencontre de tous ceux qui veulent apprendre à fabriquer et à inventer. Petit rappel : cet événement grand public qui mêle art, technologies et DIY s’inscrit dans le mouvement maker qui défend l’idée que chaque citoyen est en capacité de produire et d’innover. En clair, qu’il est un citoyen producteur et non plus seulement consommateur. Cela passe par le partage de connaissances et d’outils, et ce sera le cas puisque pendant 3 jours, on pourra coller, souder, scier, coder, mais aussi regarder et discuter. Objectif : entamer la construction d’un futur responsable. On souscrit, évidemment ! (S.D.)

La société de consommation comme un synonyme du progrès, ça fait quand même quelques années qu’on n’y croit plus… Enfin, peut-être que si, encore un peu, parfois… Et ces images de familles et de maisons idéales tout équipées des années 50, qui vendaient du rêve américain, de l’électroménager et du patriarcat, nous apparaissent au moins depuis la série Mad Men comme un vernis brillant apposé sur une société d’individus craquelés par la rigidité de la morale et les normes. La photographe polonaise Weronika Gęsicka recrée minutieusement des images des glorieuses 50’s , avec tous les codes, si ce n’est que ces failles sont ici pointées avec une ironie mordante. (S.D.)

NB : Makerland se déploie sur deux villes, Strasbourg (porté par AV Lab) et Metz (avec Bliiida)

Du 17 au 19 mai sur la presqu’île André Malraux www.av-lab.net

Du 27 avril au 8 juin | La Chambre www.la-chambre.org


Chic, un Site.

En salle et ! e dans la ru

28 e ÉDITION

FESTIVAL

L'HUMOUR 25 MAI DES NOTES 2 JUIN

Mannequin : Lilas Marchand / Up Models - www.dmg-paris.com

W W W. H U M O U R - D E S - N O T E S .CO M

chicmedias.com

03 88 73 30 54

2019


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Les 25 ans des Jardins de Gaïa 25 ans que la marque Les Jardins de Gaïa s’engage pour une culture des thés plus équitable, plus humaine et aussi plus qualitative : des thés 100% bios (qui ne lésinent pas sur le goût), sourcés, natures ou parfumés mais aussi toute une gamme de rooibos, tisanes et épices. Pour célébrer cet engagement, la maison de Wittisheim fait venir Tiken Jah Fakoly, as du reggae et fervent défenseur de la liberté, et propose une journée portes ouvertes avec visites guidées, dégustations de thés, conférences de producteurs de thés, spectacles et foodtrucks. Bon anniversaire ! (C.B.) Concert de Tiken Jah Fakoly le 24 mai Portes ouvertes au 25 mai Les Jardins de Gaïa 6, rue de l’Écluse à Wittisheim www.jardinsdegaia.com

L’Humour des Notes 28 fois déjà que le festival déploie un feu d’artifice de propositions artistiques sonores et visuelles. Ce festival de l’humour musical (mais pas seulement) est un incontournable du printemps en Alsace, et invite cette année encore près de 30 compagnies pour des représentations en grande majorité gratuites. On dit que la culture est le terreau de nos consciences individuelles et collectives, on ne peut donc que saluer les événements qui facilitent ainsi leur accès. Et c’est d’autant plus important cette année que, comme le rappelle justement la présidente du festival Isabelle Deutschmann, l’hiver a été rude, « socialement, collectivement, humainement ». Alors merci à l’HDN d’offrir une occasion de partager nos émotions, dans la rue, au Théâtre, au village des enfants et dans les bars de la ville. (S.D.) Du 25 mai au 2 juin à Haguenau www.humour-des-notes.com


GUIDE GRATUIT ÉDITION 2019

Graphisme vilim.fr - Illustration Cachoux Leclerc - Photo H. Weis – iStock

CARNET DU PARC

Consultable sur bit.ly/carnetduparc2019 + de 500 points de dépôt Rens : 03 88 01 49 59 contact@parc-vosges-nord.fr

parcvosgesnord.fr


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Atelier Beranek à Masevaux / Photo : Alex Flores

Photo : Sébastien Audige

Ateliers ouverts

NL Contest by Caisse d’Épargne

20 ans ! 20 ans que les Ateliers ouverts, portés par l’association Accélérateur de particules, nous permettent de rencontrer les artistes dans leur antre, de découvrir leur œuvre, de mieux comprendre leur travail en particulier et le processus de création en général. Cette année : 2 week-ends, 132 ateliers, 372 artistes dans toutes l’Alsace et même outre-Rhin. Rendez-vous sur leur site pour découvrir les adresses, la sélection d’atelier de l’équipe du MAMCS, qui fête lui aussi ses 20 ans, et l’agenda des événements. Et rendez-vous aussi le 17 mai au Bastion 14 pour une méga teuf de vernissage ! (S.D.) Les 18, 19, 25 et 26 mai à Strasbourg et dans toute l’Alsace www.ateliers-ouverts.net

14e édition du NL Contest, déjà ! À chaque édition supplémentaire, la team Nouvelle Ligne ajoute des nouveautés (ici le tricking, associant arts martiaux et acrobaties) et des partenariats qui en font un event ultra-complet dédié à toutes les cultures urbaines : sportives, musicales ou visuelles. Cette année, avant même la grand-messe, le off s’étale sur trois mois avec expos, démos, workshops et soirées… Puis, durant 3 jours, rollos (5 compétitions – le roller ayant toujours été la discipline de cœur de Nouvelle Ligne), skaters et riders BMX et Scooters se succéderont sur le SkatePark Rotonde spécialement aménagé avec, en plus, du basket-ball, de la danse urbaine, de l’escalade, des concerts (les Neg’ Marrons !), du graffiti, du parkour et une zone chill. Un programme étourdissant ! (C.B.) Du 24 au 26 mai au SkatePark Rotonde Le Off du NL, jusqu’au 19 mai www.nlcontest.com


14, rue Sainte-Hélène | Strasbourg

© Blutch / Dargaud 2019

EN VENTE À LA VITRINE !


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Antonia de Rendinger – Photo : Kasia Kosinski

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Printemps Klassic

Une nouvelle salle entièrement dédiée au One man show et à l’humour ; il faut dire que cela manquait un peu à Strasbourg. Gérée par le groupe Happy Comédie, qui possède quatre salles à Paris et une à Nice, La Scène a ouvert ses portes fin mars avec la comédie à succès Le Clan des divorcées. Avec une belle jauge de 500 spectateurs, elle s’est installée à la Meinau, sur la même parcelle que le club Kalt. Est-ce à dire que c’est le nouveau quartier qui bouge ? En tout cas, la prochaine à fouler les planches sera la locale de l’étape Antonia de Rendinger, dont le dernier spectacle, Moi Jeu !, où elle incarne une vingtaine de personnages, cartonne partout en France. Alors on réserve fissa ! (S.D.)

Retour d’un événement festif consacré à la musique classique, après le fiasco du Festival de musique de Strasbourg que tout le monde essaye encore d’oublier… Avec un format somme toute plus modeste mais peut-être aussi plus convivial ; Olivier et Gautier Duong, passionnés mais pas du tout du sérail, proposent ici une série de cinq concerts et un bel éclairage sur la nouvelle génération de pianistes (entre autres Dmitry Masleev, vainqueur du prestigieux concours Tchaïkovski, qui donnera le concert d’ouverture). Une heure avant chaque concert, Guillaume Benoît, le youtubeur créateur de la chaîne Révisons nos classiques, présentera les œuvres, les musiciens et les compositeurs. Sans doute une bonne manière de croiser les publics. (S.D.)

La Scène | 1, rue Lafayette Antonia de Rendinger, Moi Jeu!, le 3 mai www.happycomedie.com

Du 7 au 11 mai Palais de la Musique et des Congrès & à l’auditorium de la Cité de la Musique et de la Danse www.printemps-klassic.fr


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1ère partie The Clockmakers

À 20h00

Photo : Elisabeth Carrecchio

Tarif unique 27 €

Ça Dada Diplômée de l’école du TNS il y a quelques années, en section scénographie, Alice Laloy est devenue en une quinzaine d’années une personnalité importante du théâtre de marionnettes / d’objets tout public. Avec sa compagnie S’appelle reviens, elle explore un univers où se croisent machines, acteurs, poupées et expérimentations sonores, « au service d’une expérimentation poétique ». Avec Ça Dada, elle se penche donc sur ce mouvement qui, il y a plus d’un siècle, a joyeusement mais sérieusement bousculé notre rapport à l’art et le rapport de l’art au monde. Sur scène, dans un joyeux fatras, ils vont revivre cette révolution aux spectateurs à partir de 6 ans, en un « chaos jubilatoire et provocateur » (RTS Culture). (S.D.) 25 au 30 avril au Théâtre de Hautepierre Présenté par Le-Maillon et le TJP www.maillon.eu www.tjp-strasbourg.com

De 10h00 à 19h00 ENTRÉE GRATUITE  ÉVÉNEMENT FAMILIAL Dégustations et ateliers autour du thé - Atelier Médi’thé Visites d’entreprise - Conférences - Spectacles & contes - Bar à cocktails - Restauration sur place, foodtrucks...

Programmation complète :

LES JARDINS DE GAÏA ZA 6, rue de l’écluse - 67820 WITTISHEIM Tél. : 03 88 85 88 30 - jdg25ans@jardinsdegaia.com


www.mediapop-records.fr

MOUSE DTC

Dead The Cat MPR023 CD / Vinyle

DEEJAY SCRIBE PRESENTS

NAPOLEON DA LEGEND

Mulhouse 2 Brooklyn MPR022 / Vinyle

FÉROCES Joséphine MPR021 CD / Vinyle

FRED POULET

MANSON’S CHILD

SCARLATINE

NAPOLEON DA LEGEND

FÉROCES

THE HOOK

The Soleil MPR020 Vinyle 33T

Brooklyn In Mulhouse MPR017 CD / Vinyle

Catalog MPR019 Double album Vinyle 33T

Victor MPR016 CD / Vinyle

Scarlatine MPR018 CD / Vinyle

Too Much Blood MPR015 CD / Vinyle


www.mediapop-editions.fr L’homme qui aimait les livres Philippe Lutz

L’école de rame Nicolas Decoud

L’homme qui aimait les livres Philippe Lutz

Chroniques des années d’amour et d’imposture Christophe Fourvel

Les Grands Turbulents

Portraits de groupes 1880 – 1980

Let go Chloé Mons

Avant-propos et direction d’ouvrage Nora Philippe et Cloé Korman

Les sentiments de l’été Pascal Bastien

À vélo Bernard Plossu et David Le Breton

Lebensformen (Formes de vie) Janine Bächle

Ailleurs

Sublime

Présenté par Nicole Marchand-Zañartu

Dans la peau d’une poupée noire


Une nouvelle histoire… Jil Sander Navy Paul Smith Inès de la Fressange Momoni Aspesi Alberto Biani Gran Sasso Piazza Sempione Jean’s

Photo : Alber to Biani

Closed Armani Trussardi Notify

14, quai des Bateliers - Strasbourg 03 88 35 28 85


C’est assez désagréable, s’écria Édouard, de ne pouvoir plus rien apprendre pour toute la vie ! Nos aïeux s’en tenaient aux enseignements qu’ils avaient reçus dans leur jeunesse : mais nous, il nous faut recommencer tous les cinq ans, si nous ne voulons pas être démodés. ——— Le Style.

Johann Wolfgang von Goethe, Les Affinités électives

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Caftan en soie Ă motif patchwork Pierre-Louis Mascia chez Marbre.


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Daylight Matters Photographe Alexis Delon / Preview RĂŠalisation | stylisme & set design Myriam Commot-Delon

Mannequin Amandine P. | www.upmodels.fr Coiffure Greg Alcudia - www.la-fabrik.art | www.avila-coiffure.com Maquillage Emeline Vogel / www.emelinevogel.fr Assistante mode Prune D. Post-prod Emmanuel Van Hecke / Preview | www.preview.fr


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Trench long Black Shine en gabardine et bottines cow-boy Jade Liu Jo. Chaise vintage SĂŠrie 7, design Arne Jacobsen, Fritz Hansen.


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Robe Egitto en popeline de coton Momoni et sac bandoulière Baby Senda en cuir camel Inès de La Fressange, les deux chez Marbre.


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Pull, pantalon en soie à motif patchwork et bottines Rylee, le tout Chloé chez Ultima. Fauteuil Butterfly Chair à assise en feutre, Knoll chez Pyramide. Coupe Nera Bowls, design Monica Förster, Zanat à la Galerie Fou du Roi. Végétaux Fleurs de Pays.


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Top Poncho et jupe longue ĂŠvasĂŠe Diamantina en jersey de lin Notshy. Chaise 280 Zig Zag, design Gerrit Thomas Rietveld, Cassina chez Pyramide. Chemise kimono et pantalon en satin Paradise Seduction Liu Jo.


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Tunique à col chemise lacé en coton jacquard bandana Saint Laurent chez Ultima. Pantalon Ipsaé.


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Veste et pantalon en lin sur un top sans manches en coton à empiècement dentelle de Calais, le tout Ipsae. Sandales Giuseppe Zanotti chez Ultima.


Le Style—Design

Places réservées

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Le Musée Adolf Michaelis, l’écrin rêvé pour un flirt sans réserve entre luminaires design et moulages antiques voilés de plastique. Réalisation Myriam Commot-Delon Photos Alexis Delon / Preview | www.preview.fr Post-prod Camille Vogeleisen / Preview | www.preview.fr

Lampe SNCF (2017) ——— Design Ionna Vautrin, co-édition TGV / Moustache

L’équation.  Un pied + deux têtes lumineuses gémellaires = un design équilibré, doux et rassurant, entre surfaces organiques et lignes géométriques.

Un bonus.  Sur son Tumblr, on retrouve les contours de la lampe SNCF dans ses illustrations érotiques hilarantes : www.ionnavautrin.tumblr.com

Où ? À la Galerie Fou du Roi www.fouduroi.eu

Musée Adolf Michaelis, Palais Universitaire de Strasbourg. Contact, renseignements et horaires de visites : www.amamstrasbourg.org

L’inspiration.  C’est à la Cité du Train à Mulhouse (avec son héritage ferroviaire entre art, industrie et technologie) que Ionna Vautrin a trouvé l’impulsion pour dessiner cette lampe atypique, à retrouver dans les TGV ou à s’offrir pour voyager aussi chez soi.


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Lampe Atollo 233 (1977) —— Design Vico Magistretti, Oluce

L’équation.  Un dôme + une base circulaire en verre de Murano à la blancheur futuriste + un fin tube de métal de jonction = une œuvre d’art lumineuse à la géométrique parfaite.

Un angle.  Il faut savoir ajuster sa fenêtre de tir pour l’admirer, afin que le dôme soit comme suspendu dans les airs, pile au-dessus du piétement.

Une distinction.  Celle du prestigieux Compasso d’Oro en 1979.

Où ? Chez Pyramide www.pyramide-design.fr


Le Style—Design

Lampe Shogun (1986) ——— Design Mario Botta, Artemide

L’équation.  Une structure cylindrique en métal verni noir et blanc + des diffuseurs orientables en tôle d’acier perforé verni = une courbe et un angle.

Son halo.  Un travail d’orfèvre tout en clair-obscur et un vocabulaire graphique aussi impactant éteint qu’allumé.

Les influences.  Aux fondements du mode de pensée de Mario Botta, l’empreinte de Le Corbusier et de Carlo Scarpa.

Où ? Chez Pyramide www.pyramide-design.fr

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Lampe I Ricchi Poveri Toto (2014) —— Design & édition Ingo Maurer

L’équation.  Un piétement métallique solide + une fine tige métallique + un câble rouge + une ampoule à oreillettes = la tête à Toto.

Son halo.  Intense ou doux grâce au variateur de l’ampoule halogène à bas voltage.

La référence.  Toto, avec son mignon capuchon en laiton reprenant la silhouette du Mickey Mouse de Walt Disney, fait partie de la famille I Ricchi Poveri, une série de petits objets lumineux d’une grande simplicité. Où ? Chez Pyramide www.pyramide-design.fr


Le Style—Le lieu

Le Musée Adolf Michaelis ——— Véritable coup de cœur de Zut et décor des pages qui précèdent, le Musée Adolf Michaelis recèle bien des trésors.

Comme par enchantement, des moulages faisaient parfois leur apparition dans l’aula du Palais U. On les savait entreposés dans le dédale que constitue le rez-de-jardin du célèbre bâtiment. Mais depuis 2014, la gypsothèque – entendez le lieu où l’on entrepose moulages, plâtres et œuvres sculptées – a été rénovée, et un petit musée s’est ouvert. Il porte le nom du professeur allemand Adolf Michaelis, qui réunit dès 1872 une somptueuse collection de plusieurs centaines de pièces qu’il commandaient à travers toute l’Europe à des fins pédagogiques. Les moulages de sculptures grecques dominent largement, mais la collection comprend également des moulages égyptiens et orientaux, ainsi que des moulages de copies romaines. À la fin du XIXe, le volume s’élevait à près de 2000 pièces, augmentées de 20000 plaques photographiques et 1500 tirages argentiques. Dès 1969, l’archéologue Gérard Siebert – « Ah, la Ménade de Dresde ! » – a œuvré pour la restauration de ces pièces. Aujourd’hui, l’association des Amis du Musée Adolf Michaelis poursuit cette noble tâche et permet à un large public de s’approprier ce trésor secret.

Musée Adolf Michaelis Ouvert les lundis, mercredis et vendredis après-midis Palais Universitaire de Strasbourg www.amamstrasbourg.org

Par Emmanuel Abela Photos Alexis Delon / Preview

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Le Style—Le parfum

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——— Par Sylvia Dubost / Illustration Laetitia Gorsy

Les parfums cultes n°16 : Chamade de Guerlain, 1969 Nez — Jean-Paul Guerlain

« 69, année érotique », annonçaient Jane et Serge dans une rengaine iconique sortie l’année précédente. Érotique, elle le fût en effet, et surtout libérée. La révolution sexuelle est en marche, les mini-jupes inondent le marché, le corps des femmes est en passe de leur appartenir. La mode et la parfumerie sont au diapason de l’époque, et Paco Rabanne lance cette année-là son parfum Calandre, fleuri métallique qui évoque pour lui un couple faisant l’amour sur le capot d’une voiture… Pour Jean-Paul Guerlain, petit-fils du grand Jacques et parfumeur maison depuis 1959, héritier de la grande bourgeoisie parisienne, cette révolution est moins ébouriffée. Ce génie (on dit qu’il est capable de reconnaître mille notes), qui offrira à la maison familiale des créations essentielles pendant un demi-siècle, signe ici son premier chef-d’œuvre. On lui doit déjà Chant d’arômes, sortie en 1962, fleuri aldéhydé classique ; pas un grand parfum, mais sa gaîté et son charme incomparables

en font un de nos favoris personnels (fin de la digression). Chamade est clairement une ode à l’amour et à la sensualité. Une sensualité plutôt bien peignée, donc, comme Catherine Deneuve dans La Chamade, adaptation d’Alain Cavalier du roman de Françoise Sagan auquel JP Guerlain, grand amoureux de littérature, rend ici hommage. Mais tout de même, cette femme en couple en aime un autre et se réfugie en Suisse pour avorter… Car la chamade, c’est d’abord le rythme particulier des tambours de l’armée napoléonienne annonçant la retraite, c’est la raison qui cède du cœur et/ou du corps, c’est le choix libre et paradoxal de succomber. Un départ vif et vert où dominent le piquant froid de la jacinthe et la verdeur fruité du bourgeon de cassis, utilisé pour la première fois en parfumerie ; un cœur floral opulent où jasmin, rose et ylang-ylang se mêlent dans un bouquet somme toute presque classique mais particulièrement somptueux ; un fond chaud et crémeux

de benjoin, santal et vanille, tellement Guerlain et à la tenue si spectaculaire qu’on le retrouve l’hiver suivant au creux d’une écharpe. Avec le piquant en leitmotiv, ce parfum changeant trace un voyage olfactif sidérant qui dure de longues heures. Tour à tour gai, frondeur, amoureux et langoureux, certains ont vu dans cette succession de facettes l’inconstance de la femme. On peut aussi y voir les étapes d’un voyage amoureux ou érotique : piquer, succomber, s’alanguir. Rarement telle maîtrise fût si émouvante, rarement un parfum n’eut autant de beauté et de génie. Inégalable et inégalé. De façon tout à fait incompréhensible, Guerlain a supprimé la version eau de parfum, à notre nez, bien plus réussie que l’eau de toilette. Reformulée, celle-ci a perdu de sa profondeur et échoue comme beaucoup d’autres dans le flacon abeilles de la marque, ce qui ne rend pas justice à sa singularité…


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Depuis 1878

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Le Style—Mode + design

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Copurchic Zut déclare ouvert son nouveau cahier Style, où se croisent mode et design. Sans vlan et sans élégance tapageuse, mais d’un chic… pur. Copurchic*, quoi ! Par Myriam Commot-Delon

*Copurchic | Fam. et vieilli. Ce qui se fait de mieux en matière d’élégance et de mode.

Short de bain Sandro aux Galeries Lafayette. www.galerieslafayette.com

— À la coque Exit la fibre de verre nocive ! L’iconique Eames Fiberglass Side Chair de Charles et Ray Eames est de retour chez Vitra, au plus proche de sa patine originelle mais dans une version recyclable. www.vitra.com / www.fouduroi.eu

Soutien-gorge triangle Tender Maison Lejaby au Printemps www.printempsfrance.com

— Bain de soleil Transat Rams, design Victor Carrasco pour Paola Lenti. Decoburo 4 le Schlossberg à Zellenberg www.decoburo-store.com


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Ultima accueille le label anglais dès ce printemps.

Une première collection — Adoubée par la critique, Ricardo Tisci l’a voulue 100 % brit, moderne, multigénérationnelle, fidèle à l’ADN de la marque. Un hommage aux lords et lady anglaises, saupoudré d’une pincée de punk et de streetwear.

Les chaises musicales — Après 17 ans passés à la tête de la maison anglaise, Christopher Bailey a cédé sa place de directeur créatif à l’Italien Riccardo Tisci.

Un retour aux sources — « J’ai beaucoup réfléchi à mon parcours pendant la création de cette première collection, de mon défilé de fin d’année en tant qu’étudiant [à la Central Saint Martins, ndlr] à mon retour à Londres 20 ans plus tard. Je me suis également inspiré de l’incroyable évolution de cette ville, celle qui m’a donné envie de devenir créateur. »

La marque Burberry

La palette — Des couleurs sobres, dominées par le beige, la teinte emblématique de la maison, des imprimés discrets et un tartan revisité. Sa première campagne — Une collaboration photographique avec 6 photographes : Nick Knight, Danko Steiner, Hugo Comte, Peter Langer, Colin Dodgson et Letty Schmiterlow. « J’ai su que je voulais travailler avec plus d’un artiste pour exprimer ce que représente cette maison de renom, que ce soit pour les millenials ou les gens plus âgés, les Britanniques et le monde entier. » Un gimmick à piquer — Les chignons d’hôtesse du défilé, noués d’un foulard monogrammé. Un incontournable — Le trench, la nouvelle obsession de Tisci, qui n’en n’avait jamais dessiné auparavant. Un motif — Exhumé des archives Thomas Burberry, un nouveau monogramme et un logo en collaboration avec le designer graphique Peter Saville. Un hashtag — #BurberryHeritage La bande son du défilé PÉ19 ? — Baptisée Kingdom, la collection et ses 134 looks homme et femme ont défilé, rythmés par les sons de Robert Del Naja de Massive Attack. 3,4 et 8, petite rue de l’Église Facebook : ultimastrasbourg


Le Style—Mode + design

L’essence des choses Le showroom 197 Design, dans sa perpétuelle recherche esthétique concernant l’aménagement intérieur, attache un soin tout particulier à l’univers des cuisines. À l’image du système Forma Mentis de Valcucine, pétri de détails techniques surdoués et de vastes espaces de rangements qui raviront les plus exigeants. Cette composition, aussi immaculée que boisée, s’inscrit avec évidence comme l’écrin rêvé pour les porcelaines de la Strasbourgeoise Barbara Lebœuf (non visible sur la photo), judicieusement sélectionnées par l’architecte d’intérieur Ariel Unbekant et ses collaborateurs. 197 Design 197, avenue de Strasbourg à Brumath www.197design.com

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L’obsession Le légendaire mocassin de J.M. Weston, le 180, dans sa version triple semelle et en cuir marron bergeronette. Pieds nus avec un denim blanc ou avec des chaussettes immaculées et un short militaire beige. Galeries Lafayette www.galerieslafayette.com


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Signés Pleins feux sur les nouveaux bracelets Croix du joaillier Eric Humbert, librement inspirés par ses voyages en Amérique latine. Pour épouser aussi religieusement les poignets masculins que féminins, à porter seuls ou en layering en mixant or jaune et blanc, qu’ils soient sertis ou non de pierres précieuses.

Photos Alexis Delon / Preview

Eric Humbert 46, rue des Hallebardes www.eric-humbert.com

Paille au bras

Un sac qui se plie a deux avantages : il se glisse facilement dans un bagage et il se transforme en clutch le soir. Zara, 39,95 €

L’été dernier, son chapeau XXL était de tous les éditos, cette saison, ce sera ce sac. Sac Le grand Baci, Jacquemus chez United Legend, 810 €

Du raphia malgache tressé main et des teintures artisanales, ça pose son sac, non ? Cabas Ibeliv chez Algorithme la Loggia, 109 €

À porter du bout des doigts, un délicat échafaudage de raphia structuré de métal, Mango au CC Rivetoile, 79,99 €


Le Style—Mode + design

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Ces petits luxes

Photos Alexis Delon / Preview

Avec leur nuancier oscillant de la teinte la plus classique à la plus flashy et leur production réalisée main dans leurs ateliers artisanaux de Mazamet, les sacs Berthille nous font de l’œil chez Pôles. Une maroquinerie de très belle facture, plus que parfaite pour accessoiriser les pulls en maille, de Maison Montagut, comme ce nouveau modèle en maille de coton chinée et aux petits boutonnages d’épaule dorés. Pôles 90, Grand’Rue 03 88 22 13 40

Les deux tubes de l’été Le + contemporain —— version horizontale de la suspension Guise (aussi disponible en version verticale), design Stefan Diez, Vibia. Le + néo-rétro —— suspension In The Tube, design Dominique Perrault et Gaëlle LauriotPrévost, DCW Editions Lumières d’Alsace 1, rue Girlenhirsch à IllkirchGraffenstaden www.lumieres-alsace.com


collection Le Cube Diamant - dinhvan.com

14 bis, rue de la Mesange - 67 000 Strasbourg


Le Style—Mode + design

À suivre Atelier Ordinaire 15,8k Instagram : atelierordinaire

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Qui ? —— Thomas Walter. À Strasbourg, on le connaît musicien (sous le patronyme de Thomas Joseph, dit T), il est aussi le fondateur d’Atelier Ordinaire, un studio d’architecture à l’esthétique radicale. Pourquoi Insta ? —— « La force d’Instagram, c’est de connecter beaucoup de monde. Cela peut paraître futile pour certains mais c’est un outil très fort qui m’a permis de travailler, non pas en Alsace, mais partout en France. » Pour qui ? —— De jeunes gens modernes en quête d’inspiration et de bien-être, chérissant le rêve secret de quitter leur vie urbaine pour une maison contemporaine en bois inscrite dans un environnement naturel. On scrolle ? —— D’un jouet archétypal à une façade en bois encré, d’un meuble

bien dessiné à un angle architectural. Des images qui manifestent un extrême souci du détail, de la forme, des matériaux. Le tout entrecoupé de portraits slow life et d’instants précieux, d’une ombre solaire sur un mur ou d’une petite fille contemplative face à une baie vitrée baignée de végétation. L’envie ? —— Non pas ce sentiment désagréable éprouvé à la vue de ce que d’autres possèdent, mais l’envie de vivre sa vie ainsi. Débarrassée du superflu.

Abonné à ? @ronanbouroullec « Pour son humilité et son génie. Grâce à Instagram, on a pu se rencontrer. » @irisdemouy « J’aime ses dessins minimalistes ; elle m’a commandé un lit pour ses enfants. » @_aurelielecuyer « Aurélie Lécuyer [photographe et styliste, ndlr], c’est ma dernière commande de maison… Sa com non-professionnelle est hyper forte. » @byspielplatz « Angèle, la mère de mes enfants. Nous partageons nos références, nos envies, notre envie. »



Le Style—Mode + design

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Super pouvoirs Pourvu d’ailettes positionnables verticalement ou horizontalement, ce luminaire est doté de performances acoustiques exceptionnelles. Un son et lumière maîtrisé pour réduire avec contemporanéité les nuisances sonores d’un espace de coworking ou d’un loft. — Suspension acoustique à LED Diade, design Monica Armani, Luceplan. decoburo 4, Schlossberg à Zellenberg www.decoburo-store.com

La réédition Photo Alexis Delon / Preview

Le Saparella de Michel Ducaroy, un canapé modulable sorti en 1965 (8 ans avant le Togo, son petit frère superstar) a rejoint les collections Cinna dans une version outdoor. Ligne Roset / Cinna / Elastabil 8, quai Kellermann 03 88 23 16 23

Volcanique Des solaires à inviter sur le sable noir de vos week-ends printaniers. — Octogonales et réalisées à la main à Berlin, modèle Alessia, collection Decade, Mykita. —À double pont et fabriquées au Japon, lunettes Shai, Oliver Peoples. —Monture ronde en acétate colorée de la marque danoise Lindberg.

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CANALI* SANTONI CANADA GOOSE VAN LAACK* GRAN SASSO CUIR GMS CORNELIANI* FEDELI TRAMAROSSA LBM OUTHERE KEAN 4X5 SCHNEIDERS *Possibilité de prise de mesure

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Le Style—Mode Homme

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Réalisation Myriam Commot-Delon Photos Alexis Delon / Preview | www.preview.fr Post-prod Emmanuel Van Hecke / Preview | www.preview.fr

effets d’éphèbe

L’Éphèbe de Subiaco, musée Adolf Michaelis, Palais universitaire de Strasbourg www.amamstrasbourg.org

Trois archétypes du style workwear pour bien se couvrir ce printemps.


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Workwear — héritage Veste en toile de coton Carhartt, jean en denim brut Edwin, veste à capuche en PU mat imperméable Rains, sac banane Piqpoq, tennis en toile et semelle en caoutchouc La classique G2 Spring Court, le tout chez Curieux?.


Le Style—Mode Homme

Workwear — skate Parka 80s oversize en tissu technique et capuche repliable, jean droit et trainers Track en mesh et nylon blanc et orange Balenciaga, T-shirt et hoodie Acne Studios, le tout chez Ultima Homme.

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Workwear — city Costume en coton façon bleu de travail Archive 18-20, chemise en lin à col officier Transit Uomo, pochette en soie Calabrese 1924 et sneakers en cuir The Last Conspiracy, le tout chez Revenge Hom.


Le Style—Street

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Par Caroline Lévy — Photos Christophe Urbain

Moment de liesse place Kléber pour accueillir l’équipe du Racing Club de Strasbourg, qui vient ramener la Coupe de la Ligue. Le spectacle se passe parfois aussi dans la foule ; ces supporters n’ont qu’un seul amour et nous le prouvent !

Urban Styles

Quentin

26 ans, étudiant

Fan de l’équipe jusqu’au bout des cheveux, Quentin dissimule son maillot sous un survêt tricolore. Son soutien, c’est surtout sur son crâne qu’on arrive à le déchiffrer. Allez Racing !

Clément

Joanna

Mixer le drapeau alsacien porté façon cape avec le parfait attirail du supporter du RCS : on a trouvé notre super-héros !

Cette supportrice qui a fait le déplacement jusqu’à Lille revient avec son écharpe, portée fièrement sur un perfecto de saison. Mais c’est incontestablement le legging qui fait la différence !

34 ans, travaille à Europa-Park

25 ans, animatrice en crèche

Foued 29 ans

De retour de Lille après une folle nuit à fêter les Bleus, c’est derrière ses lunettes de soleil que Foued arbore le sourire franc de la victoire, et porte haut les couleurs de son club de cœur.


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Le Style

Photo : Alexis Delon / Preview

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Sur-mesure La maison italienne vient d’ouvrir à Strasbourg son Home living, un vaste espace avec vue sur l’Aar où se déploie son mobilier sophistiqué, de la cuisine à la chambre. Du très chic canapé Mondrian de Jean-Marie Massaud, faisant face au rangement mural Wall Système (photo), à la cuisine Artex, vaisseau noir aux lumineux rangements vitrés, c’est le nouvel écrin contemporain à découvrir d’urgence. Un univers global créé en partenariat avec la société Créa Diffusion, spécialiste et transformateur Corian ® depuis plus de 25 ans, aux savoir-faire aussi bluffants que ce matériau, un mélange de

résine acrylique et de minéraux naturels façonnable à l’infini. Les + ? Un parking privé et un accueil des clients uniquement sur rendez-vous, qu’ils soient architectes, décorateurs, designers ou particuliers. (M.C.D.) Poliform 13, quai Zorn www.poliform-alsace.fr www.crea-diffusion.com


Photo Alexis Delon / Preview

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Sunshine On s’est emmitouflé tout l’hiver dans les cachemires Notshy, et ce printemps, on les troque contre leurs divines mailles d’été en cachemire, lin et coton. Difficile de résister à cette collection aussi ravissante que stylée. Un véritable condensé d’été, avec son lot de robes, jupes et blouses piquetées d’imprimés floraux et de broderie anglaise. (M.C.D.) Notshy 20, rue du Vieux-Marchéaux-Poissons www.notshy.fr

Tambour battant Nul besoin de laver 100 fois ce bermuda et ce tee-shirt pour qu’ils deviennent tout doux. Les cotons Superdry ont ce délavage vintage et cette patine used qui donnent juste envie de se glisser dedans. (M.C.D.) Superdry 10, rue des Grandes Arcades 03 88 23 24 89


Le Style

Photo Alexis Delon / Preview

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Ça déménage C’est dans ce nouvel espace, vaste et lumineux, que Pascal Sarliève et ses collaborateurs vont désormais écrire les nouvelles pages de Mobilier de France en Alsace. L’identité de la marque, entre innovation et tradition, a su intégrer des technologies de pointe (avec des assises aux têtières intelligentes ou à mémoire de forme) et perdurer depuis près d’un siècle, en utilisant les meilleurs matériaux. L’enseigne, dans une recherche de qualité permanente, s’est ainsi forgée une très respectable réputation d’ensemblier. Tout en s’adaptant aux besoins des

consommateurs d’aujourd’hui, en leur proposant des salons modulables et des compositions murales conçues pour accueillir leurs derniers équipements multimédia. (C.P.M.) Mobilier de France 6, rue du Chemin de Fer Lampertheim 03 88 97 65 65 www.mobilierdefrance.com


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Le Style

French Riviera Depuis les années 50, le preppy à la française de la griffe niçoise n’a rien perdu de sa superbe. Alors qu’elle a déserté Strasbourg depuis quelques années, on a plaisir à la retrouver à Roppenheim dans son nouvel écrin, plus affranchie mais toujours aussi élégante. On se voit déjà flâner cet été sur la Côte dans des tenues impeccablement façonnées et à prix doux. So chic. (C.L.) Façonnable Roppenheim The Style Outlets www.roppenheim.thestyleoutlets.fr

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Le Style

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Sérénité

#Fitforsummer

Dans ses 250 m2 dédiés à la beauté et au bienêtre, Beauty Success fait de l'esthétique une affaire d’experts. « Notre point fort, c’est le conseil et la technique avec neuf esthéticiennes ! » Audrey et Maxime Dutscher ont ouvert cette franchise à Haguenau en février et visent une clientèle exigeante. Vous cherchez une spécialiste du microblading, la dernière tendance pour des sourcils parfaits ? Une bloggeuse qui organise des séances de maquillage entre copines ? Une experte du nail art ? Des masseuses aux doigts de fée formées aux dernières techniques minceur (cryothérapie, pressothérapie, stretching cellulaire) pour retrouver la ligne grâce à un diagnostic et un soin très personnalisés ? Tout est là, plus l’accueil souriant et décontracté. Nul doute que les Strasbourgeoises vont s’échanger cette adresse. (C.M.)

Ce studio de remise en forme est spécialisé dans l’électrostimulation, et pas n’importe laquelle. Miha Bodytec est une technologique allemande ultra-efficace, qui produit en 20min de stimulation les effets de 4h de contraction musculaire ! Imparable, et adapté aussi bien aux sportifs de haut niveau et à leurs besoins ciblés qu’à ceux que la pratique d’un sport rebute ou qui ont simplement du mal à l’intégrer dans un emploi du temps déjà surchargé. Ici, pas besoin de venir avec un sac de sport : tout est sur place, du matériel aux produits de soin pour la douche. Et la durée de la séance la rend facile à glisser pendant la pause méridienne. Un rendez-vous par semaine suffit, accompagné évidemment d’un coach qui l’adapte à vos besoins (perte de poids, santé, amélioration des performances sportives). Et on vous le confirme : les muscles se font bien sentir ! (S.D.)

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Votre espace de coworking à Strasbourg Découvrez COW WOW, l’espace de coworking cocooning situé au cœur de Strasbourg.

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Le Style—Les nouveautés

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Ce jeune label français d’optique française vient de s’installer à Strasbourg. Une nouvelle qui va plaire à la génération Y alsacienne, qui affectionne ses prix accessibles et son regard aussi alluré que généreux : à chaque monture achetée, une paire est offerte à une personne dans le besoin, grâce à des partenariats avec des associations caritatives. (M.C.D.) 48, rue du Vieux-Marchéaux-Poissons www.jimmyfairly.com

Faguo 2 Avec son concept éco-responsable (pour un article acheté, un arbre de planté), Faguo mérite déjà un bon point carbone. En plus, la marque qui vient d’inaugurer sa boutique strasbourgeoise fête ses (déjà) 10 ans en nous gâtant d’une collection capsule aussi rétro que colorée. (M.C.D.) 22, rue des Frères www.faguo-store.com

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Impact Premium 3 Après son succès à Mulhouse, le temple du streetwear et de la sneaker vient de s’installer sur 300m2. Dans cet écrin digne des boutiques les plus premium, on trouve de la sape et des baskets souvent en exclusivité, notamment dans l’espace pop-up store dédié aux grandes marques pour des collections capsules. Du lourd. (C.L.)

1, petite rue de l’Église www.impact-premium.com

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Horaires : Ouvert 7 jours sur 7 cuisine en continu


Mange ta soupe. Tiens-toi droit. Mange lentement. Ne mange pas si vite. Bois en mangeant. Coupe ta viande en petits morceaux. Tu ne fais que tordre et avaler. Ne joue pas avec ton couteau. Ce n’est pas comme ça qu’on tient sa fourchette. On ne chante pas à table. Vide ton assiette. Ne te balance pas sur ta chaise. Finis ton pain. Pousse ton pain. Mâche. Ne parle pas la bouche pleine. Ne mets pas tes coudes sur la table. Ramasse ta serviette. Ne fais pas de bruit en mangeant. Tu sortiras de table quand on aura fini. Essuie ta bouche avant de m’embrasser. Cette petite liste réveille une foule de souvenirs, ceux de l’enfance… C’est très longtemps après qu’on arrive à comprendre qu’un dîner peut être un véritable chef-d’œuvre. ——— La Table.

Jean Cocteau, Petite Lettre à la dérive

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La Table

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Les nouveaux lieux Par Cécile Becker et Caroline Lévy


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Maïence 1+2

L’Allégorie3

Le Transsibérien4

7, rue du Vieux-Marché-aux-Poissons 03 88 10 09 19

17, rue d’Austerlitz 03 88 66 89 59

3, ruelle de la Bruche 03 88 38 86 72

Le concept Amateurs de cuisine iodée, vous allez être servis. Dans cette table gastronomique de 40 couverts, le végétal et le poisson sont rois. Un hommage au nom de la rue où il s’est installé. Une pêche de saison à forte traçabilité et une sélection de produits favorisant le circuit court. On aime.

Quoi ? Une boulangerie « vertueuse », « parce qu’on ne travaille qu’avec des produits de qualité et qu’on se tourne vers des farines bio Label Rouge issues de blés cultivés en France », explique Sébastien Vaille, boulanger depuis près de 30 ans.

Faux-semblants Il faut dépasser la déco froide pour s’attabler et goûter à une véritable cuisine russe débordant de sauces gourmandes et de viandes mijotées.

Aux manettes Le propriétaire Cédric Moulot et Gilles Goujon – le chef triplement étoilé qui signe la carte – se sont entourés de quatre Meilleurs Ouvriers de France (MOF), dont Cyrille Lorho, notre fromager star. Le + Pour vivre l’expérience jusqu’au bout, on observe l’équipe s’affairer dans les caves à vins et à fromages, réalisées par la métallerie Schaffner. (C.L.)

Le vrai pain, c’est quoi ? « Quand la mie est grasse et quand la pâte vous parle ! » Notre cœur balance entre le pain aux céréales et celui à l’épeautre : les goûts s’expriment avec beaucoup de franchise. Coup de cœur pour les petits pains spéciaux qui égaieront les apéros. Et pour les sandwichs confectionnés avec de vrais bons produits. Mais aussi C’est une boulangerie, bien que l’espace salon de thé éclipse les très beaux pains. Les tartes façon grand-mère et éclairs revisités valent le détour. (C.B.)

Qui ? Quoi ? Damir Anissimov est en cuisine, Anastassia Zamahajev, sa compagne, est en salle. Bœuf Strogonov, bortsch, Canard du Tsar, Paprikash de poulet, pelmeni (ravioli russes) et des suggestions du jour qui se laissent découvrir avec enthousiasme. Une cuisine familiale, généreusement dressée. On prend quoi ? Quitte à découvrir, autant choisir la formule du midi (entrée, plat, dessert pour 13 €). Ce jour-là, on aura copieusement déjeuné, tant et si bien que nous aurons fait l’impasse sur les desserts qui sont, aux dires de collègues, étonnants et techniques. (C.B.)


La Table — Les nouveaux lieux

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Par Cécile Becker / Photo Christophe Urbain

La Cruche

6, rue des Tonneliers 03 88 32 11 23

Après Com.O.Resto, Emmanuel Morin voit plus grand en reprenant La Cruche d’or. Un bistrot de 32 couverts où il fait bon goûter une cuisine typée winstub contemporaine.

Un bistrot sans chichi Strasbourg déborde de restaurants aux concepts élaborés. Ici, pas de lampes design, de sièges hygge ou de dressage scolaire : on vient pour bien manger et passer un bon moment dans un décor authentique et puis c’est tout (et ça fait un bien fou !). On prend plaisir à s’attabler autour de nappes alsaciennes dans un décor cerné de vieux bois. L’esprit du Stammtisch.

Manu qui ? Emmanuel Morin, pour celles et ceux qui ne le connaîtraient pas encore, c’est ce bonhomme débordant d’énergie et de sympathie qui nous avait déjà séduits avec Com.o.resto (Krutenau) : fast good à emporter mêlant recettes du marché et autres cordons bleus twistés. À La Cruche, le principe est le même : des recettes revisitées et d’autres plats aux influences et assaisonnements asiatiques. Manu est au service et Lucas, qu’il forme à ses recettes, en cuisine.

Ouvert midi & soir, fermé dimanche et lundi

Des recettes qui pètent Jambonneau au caramel de picon, tartares qui se voient tailler (au couteau) des assaisonnements sur-mesure et étonnants, salade de pot-au-feu et sa viande cuite au cordeau, longe de thon mi-cuit sauce satay et des desserts à se taper le derrière – bonjour, bonsoir Forêt Noire légère et aérienne.

Les + ? Une formule du jour gourmande avec ses deux plats (un viandard, l’autre végé), sa boisson et son café : 13 €. Le tout arrosé de belles bouteilles (notamment des grands crus), avec toujours une option nature. Des brunchs de fou-furieux et, bientôt, des horaires étendus.


La Table — Les nouveaux lieux

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Par Cécile Becker / Photos Jesus s. Baptista

Boca Boca

8, rue d’Austerlitz 03 88 36 22 42

Après Bistrot Coco et Bastardo, la saga Nicolas Di Pol Moro se poursuit avec Boca Boca, restaurant inspiré de ses origines portugaises. Une cuisine de parfum, de plaisir et de partage.

père, il fallait puiser du côté de ma mère, installée au Portugal, qui m’a transmis le goût de la cuisine et des bonnes choses. »

Nicolas, bourreau de travail 31 ans, trois restaurants ! À 14 ans, il a commencé pizzaiolo et ne s’est plus arrêté. Tous les jours, il jongle entre ses restaurants et n’hésite jamais à mouiller le maillot, ou plutôt le (fameux) bandana et le tablier, en prêtant mains fortes en cuisine. C’est lui, avec son équipe, qui élabore les cartes, goûte, décore, communique, fait les playlists (ambiance Narcos garantie). Si si, la famille Chez Bistrot Coco et Bastardo, on était plutôt du côté de la botte. Chez Boca Boca, le Portugal ouvre sur tout un vocabulaire de la bouche (pour “boca”), forcément sensuel et latino avec des touches mexicaines, colombiennes et andalouses. « Après avoir salué la nationalité de mon

Ouvert midi & soir, fermé dimanche et lundi

Déjà des signatures Depuis l’ouverture, la carte a évolué avec toujours cette tentation du partage (Boca Boca pour “bouche-à-bouche”). « On goûte, on échange, on picore », surtout les entrées, et bientôt une ribambelle de plats au sein d’une formule découverte. Le best-seller : le poulpe qui se grille et parfume au gré des envies de Nicolas. Ce jour-là il s’étale sur une tortilla, et voisine avec un ceviche de crevettes bougrement bien assaisonné. On aime le côté régressif du burger Boca Boca accompagné de frites de patate douce au goût de reviens-y. La carte fleure bon les vacances, emmenée par les souvenirs d’enfance de Nicolas : churros copieux, namelaka chocolat noir saupoudrée de sucre pétillant et, notre coup de cœur, la banoffee pie revisitée. La carte s’enrichit de plats du jour et, côté bar, d’une belle liste de cocktails.


La Table — Les nouveaux lieux

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Par JiBé Mathieu / Photos Hugues François

Nørrebro

19, rue d’Austerlitz 03 90 22 73 66

Nørrebro est un coffee shop sauce danoise imaginé par Johnson Mensah. On y file pour bruncher, siroter un Chaï latte, une bière ou un café, pour déguster les smørrebrod, tartines graphiques et énergisantes.

Le smørrebrod, pas-à-pas… Prenez une tranche de pain de seigle dopé aux graines de lin, de tournesol, de sésame et de pavot (élaboré par la boulangerie Gerome à la Meinau), disposez-y une sauce ou une tartinade, un condiment de viande, de poisson ou de légume. Dressez en soignant l’esthétique. Dégustez !

Johnson, c’est qui ? Un Strasbourgeois diplômé d’une école de commerce bordelaise, tombé raide dingue du Danemark à l’occasion de ses vacances, puis d’une mission de Volontariat International en Entreprise (VIE) à Copenhague. Nørrebro, quésaco ? Le nom d’un quartier de Copenhague où Johnson a vécu deux ans. Un coin de ville cosmopolite et bohème, à la fois populaire et étudiant, où il fait bon sortir, boire un verre et flâner à la danoise. Nos favoris ? Rosbif sauce rémoulade ou truite fumée sauce fromage blanc et raifort. Mais on attend avec impatience l’arrivée du maquereau fumé et du hareng mariné.

mar. → sam. | 11h30 - 18h dim | 10h à 15h www.norrebroshop.com

What else ? Des pâtisseries scandinaves comme les cinnamon rolls ou la semla, une brioche fourrée à la pâte d’amande et à la crème, mais aussi, en entrée, des soupes, des salades variées dès cet été, des jus frais pressés (pomme-carotte-gingembre / pomme-poire ou pomme-kiwi), du muesli scandinave ou des ristetbrod…

P’tit plus… Dès l’arrivée des beaux jours (et de la terrasse), Johnson prévoit d’organiser du jeudi au samedi des soirées dégustation à thème. Velbekomme ! (Bon appétit, en danois).


Chan Chira RESTAURANT THAÏLANDAIS À LA PETITE FRANCE

MAR > VEN | 12:00-14:30 / 19:00-22:00 SAM > LUN | 19:00-22:00

2, rue des Moulins | Strasbourg | +33 3 88 32 68 34

Ouvert tous les jours de 10h à 23h Centre Commercial Rivetoile 3, place Dauphine | 67100 Strasbourg | 03 88 34 59 05 www.factoryandco.com

Au Fil de l’Eau l’Esprit du Vin libre et joyeux 26, quai des Bateliers I Strasbourg 03 88 35 12 09 www.aufilduvinlibre-strasbourg.com


La table — Le dîner

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Elles et ils sont au four et au moulin, comprendre, aux fourneaux et aux manettes de leur restaurant ou à leur compte. Zut a réuni la nouvelle génération de toqués de cuisine du coin pour parler crèmeries, tripes et cuisine interne… Par Cécile Becker / Photos Alexis Delon / Preview

La « jeune cuisine » passe à table Bérangère Pelissard et Carole Eckert —— Victimes de leur succès, elles auraient préféré rester discrètes… on les aura fait sortir de leur Comptoir à manger. Un duo au resto comme à la ville, un menu unique qui révèle le panache naturel des produits.

Agata Felluga —— Après Pascal Barbot, Alain Senderens et Inaki Aizpitarte, elle a choisi Strasbourg et le regretté Jour de Fête. Aujourd’hui, elle aspire à plus de promiscuité et d’intimité en cuisinant à 4 mains (en cheffe invitée) et pour des groupes de rock.

Guillaume Besson —— Lui est en cuisine, son camarade Jean-Baptiste Becker du Lycée hôtelier Alexandre Dumas est aux quilles. Ils tiennent Les Funambules, fraîchement auréolé d’une étoile. Sur le produit, entre épure et twists d’ailleurs.

Anouk Bonnet et Xavier Jarry —— À La Dame de Pic, elle était directrice de salle, il était chef. En 2016, il décide de revenir dans la région qui l’a vu naître et, ensemble, ils ouvrent La Fabrique à Schiltigheim. Une cuisine de saison élégante.

Olivier Meyer —— Chef itinérant, il a ouvert son labo, Kuirado. Il y cuisine, reçoit d’autres cuistos au gré de leurs besoins et mène des ateliers à destination d’entreprises (notamment). Une cuisine radicale – sur le fond comme sur la forme.

Antoine Kuster —— Ancien du Crocodile et de Chez Julien à Fouday, il est désormais chef et gérant du Bistrot d’Antoine. Son assiette ? Bourgeoise, généreuse et, disons-le, carrément viandarde. Romain Creutzmeyer —— Il a été chef garde-manger au Buerehiesel, a officié avec sa compagne Stéphanie au golf d’Illkirch. Tous deux ont jeté leur dévolu sur Le Colbert à Cronenbourg. Cuisine technique et gourmande.


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En haut, de gauche à droite : Olivier Meyer, Carole Eckert, Antoine Kuster, Guillaume Besson, Agata Felluga, Anouk Bonnet. En bas : Romain Creutzmeyer, Xavier Jarry, Bérangère Pelissard.


La Table — Le dîner

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« Ce qui a changé, c’est que les guides Le Fooding et Omnivore ont fait de la nouvelle génération un mouvement homogène, avec ses codes et ses stars, soi-disant branchés… » AGATA FELLUGA


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Ce sujet, on l’a fantasmé des mois durant : réunir les jeunes chef.fe.s et patron.ne.s autour d’une table et orchestrer une discussion sur ce qui fait le sel de la cuisine d’aujourd’hui. Ce sujet, c’est Romain Creutzmeyer qui nous l’avait suggéré sans le savoir, par messager interposé. Au hasard d’un portrait de Xavier Jarry publié dans nos pages, on avait découvert que le chef du Colbert tentait régulièrement de réunir ses jeunes pairs pour des repas cuisinés à 4 mains. On avait pressenti que derrière ces réunions informelles se dessinait une sorte de nouvelle tribu qui, au-delà d’officier dans une même ville, partageait des valeurs, une vision, des envies. La « jeune cuisine », comme a choisi de la nommer le guide/festival Omnivore, est composée d’expériences et de goûts parfois aux antipodes, qui se complètent. Loin de se voir comme des concurrent.e.s, elles et ils ont la sensation de faire partie d’un mouvement qui remet le bon sens au cœur de l’assiette et l’instinct au centre de leur démarche. Quelque chose de fondamentalement humain et serein, malgré une culture qui tend à starifier (plus volontiers les hommes, on y reviendra, les cuisiniers et, qui plus est, les cuisiniers de la capitale). Il fallait donc remettre les pendules à l’heure et, par la même occasion, s’énergiser en leur demandant d’apporter chacun un mets de leur choix. Il y eut une terrine, un foie gras, un pâté en croûte de légumes racines, des poireaux vinaigrette ou encore un saumon gravlax. Mais il y eut surtout beaucoup d’enthousiasme et de discussions enlevées. « C’est une fête quand on se retrouve ! » Ou, en v.o. : « C’est que nous aussi on aime se la coller ! » « Jeune cuisine », vraiment ? « Ce terme “jeune cuisine” m’agace !, lance Agata Felluga. Ça voudrait dire qu’il y aurait une “vieille” cuisine et qu’on serait dans une forme de confrontation. Ce qui a changé, c’est que les guides Le Fooding et Omnivore ont fait de la nouvelle génération un mouvement homogène, avec ses codes et ses stars, soi-disant branchés… » Ce qui relève du bon sens aujourd’hui, travailler avec les saisons et les producteurs locaux, était déjà valable hier. De leurs aînés, ils ont gardé l'esprit du goût, les gestes et

la technique et se montrent redevables, « fascinés » même. « C’est grâce à cette transmission que ma vision de la cuisine et de la restauration est ce qu’elle est », affirme Antoine Kuster, complété par Guillaume Besson : « Réaliser un fond, faire des sauces, tourner un champignon, c’est la base et on en a tous besoin. Il y a néanmoins une chose qui nous a permis de travailler autrement, c’est l’amélioration technologique [exemple : le four vapeur, le Pacojet qui permet de réaliser toutes sortes de glaces ultra-rapidement, ndlr] qui divise les besoins en personnel. » C’est en effet un point commun : tous travaillent seuls ou en couple, leur masse salariale est réduite et leurs établissements sont à taille humaine. Rien à voir avec les grandes maisons “d’antan”. À chaque enseigne sa patte et sa famille, réelle ou composée : « une question de confiance, de confort et de sécurité », explique Xavier Jarry. Ce modèle économique leur permet de moins s’attacher à l’espace en général et, peut-être, de prendre plus de risque. « Avant, on ouvrait rarement un resto avant 40 ans, rappelle Bérangère Pelissard. Peutêtre qu’on se sent plus libres ? En tout cas, on est plus à l’écoute de nos envies. Mais c’est aussi l’époque qui veut ça. » Les femmes, oubliées ? Anouk Bonnet, cheffe de salle de La Fabrique (et compagne de Xavier), raconte : « Il me semble que la ­starification commence avec Bocuse, mais elle a pris une autre tournure avec Top Chef. Depuis, ce sont les chefs qui incarnent leur restaurant. » Au risque d’éclipser celles qui ont aussi tout investi pour ouvrir leur adresse, y travaillent et supportent les sautes d’humeur de leur compagne ou compagnon en cuisine... (qu’hom­ m age leur soit ici rendu !). « Machiste, la cuisine l’est !, confirme Bérangère. C’est clair que c’est plus difficile de se faire une place quand on est une femme. Mais ces derniers temps, on tomberait presque dans de la discrimination positive. » La culture food suit l’évolution des mœurs. Le revers de la médaille, c’est qu’étant sauvagement tendance, on ne retiendrait de la cuisine que l’image et le prestige. Or, les horaires contraignants, le stress et la charge de travail font bel et bien partie du

tableau. Résultat ? « Les jeunes qui sortent du lycée hôtelier ne savent même pas nettoyer et ne connaissent pas la réalité du métier, témoigne Antoine Kuster. Ils abandonnent rapidement… » Difficile de recruter et de dénicher de bons éléments… La formation : faire autrement ? Le seul salut : « mettre la main à la pâte. » Donc le travail de cuisinier qui, de leurs dires, se fait de plus en plus rare à la sortie de l’école hôtelière. Certains vantent « la voie de l’apprentissage » : « c’est dans le faire qu’on apprend. » Eux ont fait et refait, parfois dans la douleur : les humiliations et autres brimades, parfois violentes, sont monnaie courante dans les coulisses de la voie lactée. On entend parler d’une purée ratée ingérée en totalité par un malheureux, de mises en place totalement refaites à quelques minutes de l’ouverture, de « coups de torchon », « d’insultes » ; la pression est telle que certains, dont Olivier Meyer, ont préféré quitter les grandes cuisines pour se mettre à leur compte. « J’ai été puni, humilié, frappé aussi, c’est sûrement pour ça que j’ai choisi de ne pas avoir de restaurant… quoique j’y reviendrai prochainement [avec des amis, il ouvrira un restaurant à la Manufacture des tabacs, ndlr]. Je pense que si une équipe est soudée, s’il y a une bonne ambiance et qu’on déconne, les coups de feu peuvent être mieux encaissés. » Répètent-ils les mêmes travers ? La violence, non. Mais le stress reste communicatif : « Difficile de trouver le juste milieu », selon Xavier. Pour Bérangère, « c’est un métier particulièrement dur. Que tu sois fatigué, qu’il fasse chaud, que tu aies un coup de mou dans ta vie perso ou un service difficile avec des clients désagréables, il faut sortir une assiette, la plus parfaite possible. La cuisine, c’est un truc hyper personnel, tu y mets tes tripes alors tout se mélange et parfois ça pète. » « Et puis on le dit aux jeunes à l’embauche, précise Anouk, on n’a pas le temps de faire du social. » Romain Creutzmeyer ajoute, lucide : « Le problème aussi, c’est qu’on attend que les jeunes cuisiniers aient la même exigence que la nôtre, ce n’est pas possible. » Ils ont tous conscience d’être « un peu, voire carrément maso, allumés en tout cas ». Et Agata de compléter : « Allumés mais animés .» La passion.


La Table — Le dîner

La cuisine, chacun son style ? Une passion qui prend tout : toute la place, tout le temps, toutes les discussions qui, bien avant qu’on ne s’en mêle ce soir-là, ne tournaient déjà qu’autour de ça. La cuisine. Les voyages, les lectures, les écoutes, les rencontres, tout est susceptible d’alimenter une assiette. De la cuisine comme mode de vie. Quelle cuisine ? « Celle de l’instinct et celle de l’instant, mais avec beau­coup de rigueur », résume Guillaume. Un savant mélange d’improvisations et de techniques, empreint d’influences, car les chefs, comme le dit Anouk, sont « voyageurs » mais en même temps très ancrés : ils travaillent tous en complicité avec les producteurs du coin. Le terroir avant tout. Romain plaisante : « La mode, là, c’est d’avoir une poule dans son jardin, ça devient dogmatique. Tout pour rentrer dans la marque Michelin. Va falloir se détendre à un moment... Je crois qu’en fait, il faut faire ce qu’on a envie de faire. » Avec cette chance supplémentaire qu’en Alsace et à Strasbourg, les restaurants sont souvent remplis de gourmets curieux. Ici, la gastronomie est une affaire sérieuse : « L’Alsacien est bon vivant, il va plus facilement au restaurant », témoigne Guillaume. Bon vivant mais particulièrement exigeant. Une attitude globale des clients, sensibilisés à la bonne chère, qui participe à la pression en cuisine. Des clients si “experts” que certains d’entres eux s’aventurent à critiquer durement (souvent sur Internet…) une cuisine dont ils ignorent les dessous et les contraintes. Pas le droit à l’erreur – si tant est qu’elle en soit une... Or, il serait de bon ton de se rappeler que manger bio, bon et local relève d’une démarche globale remettant l’humain au centre du système. On aurait presque tendance à l’oublier mais nos restauratrices et restaurateurs sont avant tout des femmes et des hommes… Étonnant !

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À la table de Preview Ce dîner était aussi l’occasion de tester la nouvelle mouture du studio Preview – les séries mode de Zut, entre autres, c’est lui – et de s’installer autour de sa très chic table. Le studio s’est récemment offert une belle lumière naturelle grâce à un lifting de fond en comble et s’ouvre désormais à l’événementiel. Réunions, déjeuners, dîners ou soirées d’entreprises pourront être baignés dans le mood indus’ et créatif des lieux. Des événements sur-mesure orchestrés par une team qui réunit la touche scéno de notre DA, Myriam Commot-Delon, DJs, VJs, chef.fe.s, photos, vidéos, etc. www.preview.fr

Au fil des verres Le caviste Jean Walch (Au fil du vin libre) a arrosé notre équipe de gourmets de quelques quilles finement choisies. Il travaille déjà avec Les Funambules, Le Comptoir à manger, Le Bistrot d’Antoine, Agata Felluga et Olivier Meyer. Qu’avait-il dans sa caisse à malices 100% nature ? Maisons Brûlées (Paul Gillet), R2L’O, 2017 Rouge – 15,60 € —— « Un assemblage Pineau d’Aunis, Pinot noir et Gamay. Il y a un côté poivré, épicé, très équilibré. Il y a ici une belle complexité sans aller sur quelque chose de très tanique ou de très alcoolisé. » Vini Viti Vinci (Nicolas Vauthier) Coulanges la Vineuse, 2017 Rouge – 14,40 € —— « Ce vin est conçu dans une partie de la région qui est considérée comme la sous-Bourgogne. Un Pinot noir d’une grande maturité et gourmand.

Il n’a pas ce côté boisé typique du Pinot ; là, c'est de la dentelle. Et imbattable vu les tarifs pratiqués en Bourgogne… » Les Bottes Rouges (Jean-Baptiste Menigoz), Gibus, 2016 – Rouge – 30 € —— « Le Jura est une région qui a le vent en poupe car son climat est moins impacté par le réchauffement. Il y fait plus frais ce qui joue sur la buvabilité de ses vins. On est sur un cépage Trousseau : un grain dense mais soyeux, presque charmeur. » Chahut et Prodiges (Gregory Leclerc) Nid de guêpes, 2017 Pétillant naturel – 15 € —— « Un pétillant naturel sec – c’est rare – avec une grande vinosité, une belle profondeur et une grosse minéralité qui rappelle nos Riesling. »

Au fil du vin libre 26, quai des Bateliers 03 88 35 12 09


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Avec l'aide d'Antoine Kuster, Xavier Jarry découpe le saumon gravlax qu'il a apporté. Ce poisson au fumé délicat sera dégusté avec le pain maison de Romain Creutzmeyer.

Jean Walch a ce soir-là apporté huit bouteilles. Nous en avons sélectionné quatre (lire ci-contre).


La Table — La recette

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Aux Douze Apôtres : une adresse de goût au cœur du quartier Cathédrale ! Une carte brasserie modernisée à base de mets réconfortants et travaillés, une équipe funky – emmenée par Ilona Garnier qui pimpe régulièrement la carte des flacons – et une déco géométrique, creusant le motif de l’alcôve. Photo Simon Pagès

Suprêmes de poulet noir en croûte d’ail, herbe et parmesan Ingrédients 4 pers. — 2h

• 4 suprêmes de poulet noir de Challans label rouge et fermier • 2 branches de thym • 2 gousses d’ail • 100g de beurre • 8 asperges • 2 courgettes • 150g de petits pois • 150g de haricots verts • 3 branches de persil • 1 gousse d’ail • 20g de beurre Pour la croûte • 50g de beurre pommade • 40g de chapelure • 20g de parmesan • 1 gousse d’ail • 1 branche de persil Jus de volaille • 1 carcasse de poulet ou de canard • 1/2l de vin rouge • 3 carottes • 3 oignons • 1 gousse d’ail • 2 branches de thym • 30g de beurre

Jus de volaille — Colorer la carcasse avec des oignons, des carottes et du thym dans une grande casserole. — Déglacer au vin rouge et laisser réduire doucement 1 à 2h. Suprêmes de poulet noir — Assaisonner le suprême de poulet noir de sel et poivre. Marquer le côté peau dans une poêle bien chaude et cuire au four à 90°C pendant 1h environ. — Faire fondre le beurre dans une casserole et ajouter le thym et une gousse d’ail écrasée. Arroser la viande avec le beurre fondu parfumé à l’ail et au thym durant la cuisson au four. Croûte d’herbes, ail et parmesan — Mixer le beurre avec la chapelure, le parmesan, l’ail et le persil. Étaler la croûte entre deux feuilles de papier cuisson et mettre au frigo. Légumes — Cuire les légumes (idéalement séparément) dans une eau bouillante salée. Une fois cuits, plonger les légumes dans de l’eau glacée afin de stopper la cuisson et conserver leur couleur verte.

Aux Douze Apôtres 7, rue Mercière 03 88 16 51 07 www.aux12apotres.com

Pour terminer — Mettre le suprême de poulet noir recouvert de la croûte d’ail, herbes et parmesan au four pendant 5min. Monter le jus avec le beurre, en l’incorporant délicatement au fouet. Le beurre donnera du goût et une belle brillance à la sauce. — Pour réaliser la persillade, hacher une gousse d’ail et quelques branches de persil puis faire revenir les légumes dans un peu de beurre et ajouter ce mélange. Servir avec le jus de volaille.

— Les conseils du chef Philippe Sovalat « Vous pouvez très bien réaliser cette recette avec un autre type de volaille, mais un poulet fermier ou bio reste la meilleure option ! La cuisson au four à basse température permet à la viande de rester tendre. Pour le jus de volaille, demandez une carcasse à votre boucher. »


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La Table — Le vin

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Amateurs et professionnels du beau raisin, réjouissez-vous ! Voici un nouvel écrin pour des vins de grand à très grand cru. Du simple verre au menu dans les règles : un moment hors du temps. Par Marie Bohner / Photo Christophe urbain

Au pif

En fonction des envies Au pif, qui revendique l’élégance dans la simplicité, a été créé par des hyperactifs du goût, Anna et Arnaud Lesage. Barman et barmaid, ils sont avant tout amoureux des lieux et des tendances : « Nous voulions quelque chose de premium, sans le rituel guindé de l’étoilé. » Au pif, on peut donc tout simplement boire un verre, l’accompagner d’un grignotage raffiné – les fromages sont de la Maison Lohro – ou se laisser tenter par un menu complet.

cuisine. » Il a voyagé, rencontré les vignerons, fait sa sélection. Le résultat ? Une carte de plus de 200 références, connues ou confidentielles, des conventionnels de renom aux vins en biodynamie, français ou étrangers. On notera un Selosse « Initial » 100 % Chardonnay pour les Champagnes, de beaux produits de la Maison Josmeyer ou le Domaine de l’Achillée pour l’Alsace et des références de Croatie ou d’Afrique du Sud. La – très – bonne nouvelle : une grande partie de ces références est accessible au verre !

Prestige à portée de verre Pour la carte des vins, Anna et Arnaud ont missionné le chef sommelier Thibault Daubresse. « Parce que nous préférons nous entourer de gens qui savent, comme pour la

Équilibre des saveurs Les noms des plats sont épurés, l’attente un peu longue mais bien récompensée. Ainsi, le filet de bœuf est une viande fondante de l’Aubrac, cuite comme il faut,

agrémentée pour la surprise des papilles par des graines de moutarde en risotto et d’une fabuleuse sauce à la fève tonka. On la dégustera avec un Esprit de Chevalier 2012 de Pessac-Léognan. Le maigre rôti, quant à lui, trouvera avec sa déclinaison de navet, basilic et chorizo, un écho agréable dans un Chablis de Bernard Michaut de 2017, une « appellation qui rassure, sur de beaux domaines ». Une adresse plaisir, indéniablement. 21, rue de l’Ail reservation.au-pif.fr Ouvert tous les soirs de 18h30 à minuit Lun → ven | 12h → 14h


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« J’aime pas la bière… » Mais très bien mon petit chat ! File au Café des Sports où, en plus d’une sélection de bières artisanales (quand même !) s’étalent de belles références de vins naturels et quelques délicatesses à grignoter. Par Cécile Becker / Photo Pascal Bastien

Le Café des Sports

On boit quoi ? Bergecrac blanc Assemblage Sauvignon blanc, Sauvignon Gris, Sémillon, Chenin Château Barouillet

L’histoire — Le domaine est dans la famille depuis 8 générations, il est aujourd’hui repris par Vincent Alexis qui n’a pas hésité à le dépoussiérer (son père produisait du vin en vrac) et à retrousser ses manches pour convertir les 40 ha en bio et tendre vers des vins les plus propres possibles à la vinification. La démarche du vigneron — « Au début, j’étais très radical, je n’ajoutais pas de soufre du tout [les millésimes 2015, 2016, 2017 en sont exempts ; 2018 ayant été une année plus difficile, Vincent a ajouté 20 mg/l à la vinification, ndlr]. Aujourd’hui, je suis un peu plus souple tout en essayant d’exprimer la naturelle richesse du terroir. »

Il va falloir rendre justice au duo Geoffroy Deshayes et Xavier Padilla, à la tête du Café des Sports – sports = levée de coude pour les uns + baby foot et match sur grand écran pour les autres. Quelques semaines après l’ouverture, Zut avait missionné son journaliste baroudeur Fabrice Voné pour écrire une petite bafouille publiée sur notre site Internet. Il avait retenu, à juste titre, cette expression du tenancier pour décrire son échoppe : « un peu prout prout » et « un peu plouc ». Ces qualificatifs, nous les avons trouvés très justes car ils décrivent la déco, léchée mais pas criarde, et aussi la volonté de s’adresser à tous et surtout pas qu’à la clique de fatigants branchouilles instagrammeurs (dont nous faisons partie, soyons clairs). Le Café des Sports est un bar normal où il

fait bon se retrouver pour trinquer, taper le carton ou se taper un bon petit gueuleton. Ici, la journaliste a découvert son nouveau domaine préféré, Château Barouillet (lire ci-contre) et en l’occurrence le très bon Bergecrac blanc. Il y a même une terrasse. On adore Le Café des Sports (et c’est pas que pour la rime). 16, rue Sainte-Hélène Facebook : Le Café des Sports Ouvert du mardi au samedi 11h30 à minuit en semaine 11h30 → 1h30 le week-end

Bergecrac — Espiègle, Vincent aura discrètement ajouté un « c » au Bergerac de l’étiquette, paniquant son père qui le remarquera en plein milieu de la mise en bouteille. Ce vin existe dans une version rouge (goûtée en magnum : un vin glouglou, quelques notes fruitées). Nous avons flashé sur le blanc : droit, net, sec avec le petit côté rafraîchissant des fleurs et ce qu’il faut de gras. Le pétillant naturel Splash vaut aussi le détour ! Le prix, jamais excessif, est un atout de taille.

Château Barouillet chez Œnosphère 33, rue de Zurich www.oenosphere.com


La Table — L'envie

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Le burger est partout, du fast food du coin à l’enseigne chic. On s’y perdrait presque… L’enseigne Factory & Co mise sur un retour aux racines : le bon burger, c’est sûr, est new-yorkais. Par Marie Bohner / Photo Henri Vogt

Le burger Basique « Frais, généreux, authentique » : c’est ainsi que Samira, manager de Factory & Co à Strasbourg, décrit le véritable burger américain fabriqué in situ. Cette recette a l’avantage de la simplicité. Le classique absolu, selon Céline Gallardo, directrice marketing de la firme, « c’est le cheeseburger », ici constitué d’un steak de 135g de bœuf, de cheddar fondu sur le steak, d’une rondelle de tomate fraîche, d’oignon rouge, de pickles, d’une tranche de Batavia et de la « sauce Burger

Signature » – avec du relish (sauce à base de légumes) et une larme de vinaigre de cidre. Pour prolonger cette expérience délicieusement coupable, on aime évidemment le Southwestern et son bacon caramélisé. Obsession Chaque franchise locale – il y en a 15 en France – a le choix de la provenance de ses fruits et légumes, avec la recommandation de privilégier les circuits locaux. Le pain,

la viande et le cheddar constituent quant à eux le socle commun des recettes Factory & Co. Une qualité standardisée revendiquée par la maison mère, à l’image du fondateur Jonathan Jablonski que Céline Gallardo décrit comme « un obsédé du produit ». Le bun est préparé en centrale puis cuit dans les franchises locales, « au beurre de baratte et doré à l’œuf avant cuisson ». Et la course au meilleur produit se poursuit avec l’arrivée imminente d’un « cheddar anglais affiné 3 mois minimum, fromage de caractère qui fond terriblement ». Fondamental Le bœuf vient de « chez Manuel, producteur de viandes du Mont-Saint-Michel », explique Jonathan Jablonski. « Notre choix s’est porté sur la race Limousine et Manu a conçu un système de hachage ultrafin spécifique pour nous. Pour la cuisson, je suis très exigeant sur la caramélisation. Décoller le steak de la plaque avec précision et, surtout… le retourner sans appuyer pour garder tout le jus ! » Bleu, saignant, à point ou bien cuit…

Factory & Co au CC Rivetoile 3, place Dauphine www.factoryandco.com Ouvert tous les jours de 10h à 23h


La Maison Stoffel, à chaque instant une émotion et des créations d’exception Mo n

www.daniel-stoffel.fr

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L’art du


La Table — L’actu

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Par Cécile Becker / Photo Simon Pagès

Par Cécile Becker / Photo Alexis Delon / Preview

La nouvelle carte de La Fuga

Les brunchs de Tzatzi

Un vent de renouveau a soufflé sur La Fuga, et a germé une longue liste de nouveautés qui devraient séduire la faune urbaine comme celle du Kochersberg. La déco aux petits oignons reste, une partie de l’équipe change – managée en salle par le connoisseur Fabrice Melin –, les horaires aussi, et la carte, contemporaine à souhait, se voit bousculée pour accueillir de beaux classiques italiens. En tête ? L’escalope milanaise ou de veau à la crème au gorgonzola et champignons, les spaghetti à la carbonara (les vraies, on vous assure, on a goûté : du guanciale – joue de porc – doré, de l’œuf, du parmesan, e basta), bolognaise et autres carpaccio. La maison conserve sa touche audacieuse avec ses créations : ce midi-là, des tagliatelles au ragoût de pintade truffée s’accordant étonnamment bien avec une crème de fenouil (photo), ou de la scamorza rôtie au four surmontée d’anchois pour nous ouvrir l’appétit. La carte des glou-glou suit la tendance avec, niveau vins, les grands classiques d’une table qui chante (vous avez dit Valpolicella ?), des cocktails à siroter en terrasse – c’est le retour du Spritz ! Autres news : la vente à emporter midi & soir dans des packagings aussi beaux qu’un spaghetto al dente.

Il arrive que pour des raisons plus ou moins justifiées (l’ivresse de la veille ?), la perspective de cuisiner un dimanche midi nous décourage. Alors, au lieu des énièmes œufs brouillés-bacon – aisément réalisables chez soi à moindre prix –, pourquoi pas Tzatzi ? Les saveurs méditerranéennes et citronnées des mezzes (une végétarienne, une classique) s’accordent au réconfort des classiques sucrés – dont des pâtes à tartiner maison– disponibles à volonté sur le comptoir. Dans les mezzes ? La végé mêle caviar de butternut, houmous, tzatziki, falafels, frites de polenta et de délectables borecks, la classique ajoute aux 4 premiers éléments sus-cités poulet croustillant et brochette de bœuf. Ces deux assiettes au choix, déjà copieuses, seront suivies d’une shakshuka verte : légumes de saison surmontés de feta grillée. Des boissons froides (enfin un thé glacé maison pas trop sucré !), chaudes, une douce playlist et un service attentif et souriant. Et en terrasse tant qu’à faire !

La Fuga Mar. → sam. | midi & soir Dim. | midi 4, place du Marché à Truchtersheim www.lafuga.fr

Tzatzi Brunch | 25 € par personne Tous les dimanches de 10h30 à 16h 1, rue de la Demi Lune www.tzatzi.fr


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Restaurant ⁄ Bar ⁄ Brasserie

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La Table — La boisson

Manolya forever Manolya Coffee 2, petite rue du Vieux Marché aux Vins Facebook : Manolya-Coffee Instagram : manolyacoffee

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Depuis ses débuts, Manolya Coffee prône le fait-maison et le sourcing d’ingrédients de qualité. Sur plusieurs saisons, nous avions élaboré ensemble des boissons exclusives. Place maintenant aux fans de ce hot spot, qui ont sélectionné leur breuvage préféré. Par Caroline Lévy / Photos Henri Vogt

T'y vas quand ? Lyna — Quotidiennement (parfois deux fois par jour !) David — Plusieurs fois par semaine.

Ton péché gourmand ? Lyna — Selon les saisons, chocolat chaud ou chaï latte en hiver et l’été le rafraîchissant thé glacé Lemon Fresh. David — Tout ce qui est à base de fraise. Comme le le Strawberry frappé, une tuerie !

Ton topping au top Lyna — Biscuits, coulis choco et morceaux de chocolat. David — Des bonbons à profusion.

Lyna, 15 ans , lycéenne — @itsbaelyy

David, 32 ans, coiffeur — @davidkodat


:SJ FZYWJ NI­J IJ QF LFWIJ ¤ QF maison…

CUISINE DE PROXIMITÉ PRODUITS FRAIS ET DE SAISON

Sortie d’école, de crèches, FHHTRUFLSJRJSY RFYNS WJQFNX HTUFNSX GFG^XNYYNSL… Babychou Services Strasbourg 10 rue Sainte Madeleine – 67000 Strasbourg Tel: 09 83 36 75 86 www.babychou.com

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La Table

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Par Gilles Pudlowski

La chronique de Pudlo Le Crocodile a changé. Il n’est plus l’institution sage d’Émile et Monique Jung, ni le Croco rebelle de Philippe Bohrer. Il est devenu une demeure de son temps, volontiers tendance. Les nouveaux acteurs du lieu : Cédric Moulot, Franck Pelux et Sarah Benahmed.

Le premier, businessman à tête chercheuse, possède déjà le 1741, Le TireBouchon, le Meiselocker, La Vignette, Le Dôme, Au Bon Vivant, Aux Armes de Strasbourg et le tout nouveau Maïence, en lieu et place de l’ancienne Mauresse et de l’ex Table de Louise. Le second, finaliste de Top Chef 2017, a travaillé avec sa compagne Sarah au Cheval Blanc de Courchevel avec Yannick Alléno, ainsi qu’à la Résidence de la Pinède, au côté d’Arnaud Donckele à Saint-Tropez. Deux trois étoiles ! Et la troisième, elle, vient d’être nommée par le dernier Michelin, « hôtesse de l’année ». La maison, certes, ne possède qu’une seule étoile au guide rouge, ce qui paraît bien injuste au gré des prestations servies. Mais elle a été élue meilleure table du monde par les internautes fans de TripAdvisor, un classement qui réchauffe le cœur, d’autant que les places suivantes du classement des Travellers’ Choice Awards sont occupées Martin Berasategui de Lasarte au pays basque espagnol, à El Celler de Can Roca des frères Roca en Catalogne à Gérone, deux « trois étoiles » espagnols bien dans la tendance. Est-ce à dire que le trio MoulotPelux-Benahmed va trop vite, que le Croco nouvelle vague plaît davantage aux

étrangers qu’aux français, que le Michelin est en retard d’une mode ? Ce qui est sûr, c’est que la maison a été à nouveau adoptée par l’Alsace, que son style moderne colle fort bien au moule régional après des débuts un peu azimutés. Le gars Pelux, malicieux comme pas deux, sait mêler finesse et audace, tradition et modernité, travaillant le produit d’ici mêlé aux idées d’ailleurs, notamment issues de ses voyages en Asie, avec un bel entrain. Sarah, elle, gère la salle avec élégance et classe, faisant, avec son sourire et son chignon, songer à la grande Monique Jung qui donna le ton du service ici-même que alors son mari Émile régnait, depuis la rue de l’Outre, sur la grande cuisine d’Alsace. Le nouveau style de la maison ? Il est fait de retrouvailles des traditions, d’incursions côté mer, de clins d’œil à la Bretagne comme à la Méditerranée. Ce que traduisent les dampfnudle avec leur consommé aux poireaux, la bavaroise de foie gras et son magret au verjus, plus une râpée de foie gras, ou encore les grosses langoustines sauce satay « retour d’Asie ». En relief et clin d’œil à Émile Jung, la version culottée du sandre Père Woelfflé de jadis revu poché avec sa mousse d’amandine fermentée, son extraction

d’un jus de choucroute fait merveille. Il y a encore la volaille d’Alsace aux écrevisses, le chevreuil aux betteraves sauce poivrade avec nems de chevreuil et foie gras. On ne fait pas l’impasse sur les fromages du voisin MOF Cyrille Lorho. Mais les desserts méritent également l’éloge avec la variation sur le thème de la Forêt Noire avec un fin entremet chocolat, des cerises en giboulée et une glace au kirsch renversante. Plus des choux au caramel et une truffe au chocolat qui clôt des agapes de fête avec brio. On promet à ce Crocodile nouvelle vague tous les succès et toutes les étoiles. Au Crocodile 10, rue de l’Outre 03 88 32 13 02 www.au-crocodile.com 
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