INNOVATION ART DE VIVRE ECO HABITAT CONCEPTION ASSISTÉE
En matière d’immobilier résidentiel, DELTA PROMOTION est soucieux d’apporter satisfaction et sérénité à ses clients Fondés sur notre culture du « bien construire », nos programmes sont élaborés pour vous procurer des lieux de vie harmonieux et parfaitement agencés
Confidences
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Le Domaine du Veilleur
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Quoi de neuf chicmedias ?
01— ZUT Strasbourg, magazine trimestriel lifestyle 100% local #53
02— ZUT Haguenau et alentours / Alsace du Nord, journal trimestriel #13
03— Novo, magazine culturel trimestriel du Grand Est #68
04— ZUT Hors-série, Un seul amour et pour toujours #3 - Racing, bleu comme toi
05— Le journal de la Coop #4, Pas à pas, l’invention d’un quartier
06— L’Humour des notes, 30 ans de festival, by Zut Magazine
07— 190 ans de la SAAMS, Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg
08— ZAP, Zone d’Architecture Possible, magazine pour l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg #6
09— Guide des bonnes pratiques pour des tiers-lieux écoresponsables Kaleidoscoop
10— PDR, le journal du Port du Rhin #6
11— Chronique du temps qui passe, par Nicolas Comment
12— Playlist, 50 pop songs, 50 posters, 50 textes, par Mickael Dard
La Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg (SAAMS) fête ses 190 ans ! Un âge vénérable pour une dame très dynamique qui contribue à l'enrichissement des musées mais aussi à la diffusion de la culture à Strasbourg. Afin de valoriser les dons et restaurations faits au profit des musées de Strasbourg, la SAAMS a invité 37 personnalités alsaciennes à choisir une œuvre parmi les plus représentatives de la collection et d'en parler avec leur cœur. Ces témoignages sont riches d'émotions et de vécus et résonnent de façon intime avec les œuvres choisies. Découvrez ces tête-à-tête artistiques au fil des pages qui se révèlent comme autant de pépites !
Le Bureau 37, rue du Fossé des Treize à Strasbourg +33 (0)3 67 08 20 87 chicmedias.com
La Vitrine
14, rue Sainte-Hélène à Strasbourg shop.chicmedias.com
contre l’exclusion D’un lieu mutualisé avec le Centre médico-social, fruit d’une démarche collective, trouvant sa place dans l’environnement immédiat des habitant·es du Port du Rhin. Des chants multilingues, des chœurs d’enfants… des verres qui trinquent, des rires et des paroles intergénérationnelles échangées. Autant de sons qui nous rappellent que pour ce sixième
Contributeurs Zut team Prochaines parutions
Artisanat Le livre + le magazine hors-série n°5, L’artisanat dans l’Eurométropole et en Alsace début juin 2023
Haguenau et alentours n°14 fin juin 2023
Strasbourg n°54 fin juin 2023
Directeur de la publication & de la rédaction
Bruno Chibane
Administration et gestion
Gwenaëlle Lecointe
Rédaction en chef
Cahier La Culture
Emmanuel Dosda
Directrice artistique et rédaction en chef
Cahier Le Style
Myriam Commot-Delon
Rédaction en chef
Cahier La Table
Tatiana Geiselmann
Rédaction en chef
Cahier Les Escapades
Cahier Les Métiers
Bruno Chibane et Myriam Commot-Delon
Graphisme
Séverine Voegeli
Mickaël Dard
Secrétaire de rédaction
Manon Landreau
Chargée de projets & développement
Léonor Anstett
Commercialisation
Léonor Anstett 06 87 33 24 20
Bruno Chibane 06 08 07 99 45
Delphine Mesas 06 79 95 60 48
Philippe Schweyer 06 22 44 68 67
Anne Walter 06 65 30 27 34
contact@chicmedias.com ou prenom.nom@chicmedias.com
Rédacteurs
Valérie Bisson, Myriam Commot-Delon, Emmanuel Dosda, Tatiana Geiselmann, Caroline Lévy, Delphine Mesas, Emma Schneider, Maïta Stébé, Aurélie Vautrin, Sonia Verguet, Fabrice Voné
Styliste
Myriam Commot-Delon
Photographes
Jésus s. Baptista, Christoph de Barry, Pascal Bastien, Alexis Delon @StudioPreview, Teona Goreci, Ignacio Haaser, William Henrion @StudioPreview, Gregory Massat, Dorian Rollin, Christophe Urbain, Sonia Verguet, Sandro Weltin
Retouche numérique
Emmanuel Van Hecke @StudioPreview
Assistante du photographe
Cécile Jacquot
Mannequin
Chihiro @Upmodels Paris
Coiffure
Melissa Kuntzler @Avila
Make-up
Pierre Duchemin
Ce magazine trimestriel est édité par chicmedias
37, rue du Fossé des Treize 67000 Strasbourg +33 (0)3 67 08 20 87 www.chicmedias.com
Sàrl au capital de 47 057 euros
Tirage : 9000 exemplaires
Dépôt légal : avril 2023
SIRET : 509 169 280 00047
ISSN : 1969-0789
Ce magazine est entièrement conçu, réalisé et imprimé en Alsace
Impression Ott imprimeurs Parc d’activités « Les Pins » 67319 Wasselonne Cedex
Diffusion Novéa et Zut Team
Abonnements abonnement@chicmedias.com
Crédits couverture
Photo Alexis Delon @ StudioPreview Réalisation Myriam Commot-Delon Mannequin Chihiro @UpModels Paris
Chemise Balenciaga chez Ultima. Collier Une nuit à Jaipur, grenat violet et brillant, cabochon tanzanite, collection Fil de Lumière Eric Humbert
Pages d’ouverture cahiers
Photos Alexis Delon @StudioPreview + direction artistique Myriam Commot-Delon
Série Les devenirs
Studio Photo / Preview 28, rue du Général de Gaulle 67205 Oberhausbergen www.preview.fr
À STRASBOURG
2 ADRESSES DE QUALITÉ POUR HABITER OU INVESTIR EN PINEL (1) OU PINEL+(2)
Comme tout investissement, investir avec le dispositif Pinel peut présenter des risques. Le non-respect des engagements entraîne la perte du bénéfice des incitations fiscales.
03 67 140 140
APPEL NON SURTAXÉ
(1) Le dispositif Pinel applicable pour la période du 01/01/2023 au 31/12/2023 permet une réduction d’impôts dont le montant dépend de la durée de l’engagement pris par l’acquéreur - réduction variant de 10,5% à 17,5% sur le prix d’acquisition du bien acheté dans la limite de 300 000 € et d’un plafond de prix d’achat de 5 500 €/m² pour l’acquisition d’un logement neuf situé dans certaines zones géographiques, destiné à la location pendant 6 ans minimum à un loyer plafonné et sous conditions de plafonds de ressources des locataires, pour un acte authentique signé avant le 31/12/2023. Le non-respect des engagements entraîne la perte du bénéfice des incitations fiscales. Un investissement avec le dispositif Pinel peut présenter des risques pouvant remettre en cause son équilibre économique : vacance locative, taux de rendement minorés, moins-value à la revente, etc. Plus d’informations sur cogedim.com. (2) Le dispositif Pinel+ applicable à partir du 1/01/2023 permet une réduction d’impôts dont le montant dépend de la durée de l’engagement pris par l’acquéreur - réduction variant de 12% à 21% sur le prix d’acquisition du bien acheté dans la limite de 300 000 € et d’un plafond de prix d’achat de 5 500 €/m² pour l’acquisition d’un logement neuf situé dans certaines zones géographiques, destiné à la location pendant 6 ans minimum à un loyer plafonné et sous conditions de plafonds de ressources des locataires. Le non-respect des engagements entraîne la perte du bénéfice des incitations fiscales. Un investissement avec le dispositif Pinel+ peut présenter des risques pouvant remettre en cause son équilibre économique : vacance locative, taux de rendement minorés, moins-value à la revente, etc. Plus d’informations sur cogedim.com. Cogedim SAS, 87 rue de Richelieu
75002 Paris, RCS PARIS n°054500814 - SIRET 054 500 814 00063. Illustrations non contractuelles destinées à exprimer une intention architecturale d’ensemble et susceptibles d’adaptations : Views. Les appartements et surfaces extérieures sont vendus et livrés non aménagés et non meublés. Architecte : Beaudoin Architectes - Perspectiviste : Custhome - Document non contractuel. Les informations sur les risques auxquels ce bien est exposé sont disponibles sur le site Géorisques : www.georisques.gouv.fr - Réalisation : - Avril 2023
12 Édito 14 Strasbourg vu par
— Myriam Isnard
— Étienne Hunsinger et Cécile Becker
— Alain Berizzi
— Laetitia Arnold
— Lev Fraenckel
24 La chronique
Caroline Lévy Femmes like you
28 Portfolio
Sandro Weltin
Strasbourg, dans les archives du photographe.
33 La Culture
34 Zut, v’là Dosda
Stéphane Sauzedde Incruste chez le nouveau directeur de la HEAR.
38 Cinéma
Charlotte Gainsbourg
Discussion autour d’une café avec l’actrice et musicienne, à l’occasion de la sortie de son nouveau film.
40 Rencontre
Laurence Bentz
L’illustratrice alsacienne dessine des passerelles vers le Japon.
44 Portrait
Keishu Kawai
La Maître de calligraphie japonaise distille la couleur dans son art séculaire.
46 Arts
Galerie Radial
Frédéric Croizer, directeur de la galerie d’art contemporain, fait dialoguer éclats chromatiques et beautés mécaniques.
48 Théâtre
L’Esthétique de la résistance
Le Groupe 47 de l’École du TNS s’attaque à un texte fondateur de notre monde contemporain.
52 Actus
La culture en bref
Danse, théâtre, musique, expos… les événements à ne pas rater, en compagnie de ceux qui font bouger les arts.
69 Le Style
70 Mode Particularités vestimentaires : des motifs et des classiques.
84 Mode homme
Où est le chic, où est le cool ce printemps ?
88 Slow design
En finir avec le trop-plein.
90 Slow fashion
Quatre nouveaux labels éthiques et euphorisants.
92 News
Showroom immersif, beauté holistique et chaises musicales.
94 Design
Lumière sur la cuisine. Nouveau QG pour decoburo.
99
La Table
100 La chronique Sonia Verguet Pour créer du neuf ce printemps, on valorise l’existant et on ose les mélanges.
104 Actus Étoiles alsaciennes Trois jeunes talents locaux ont été récompensés par le Guide Michelin.
106 Inauguration Chère Amie
La nouvelle brasserie chic de la Neustadt a ouvert ses portes dans l’ancien Hôtel des Postes.
108 Actus Nouveaux Lieux Classiques revisités, twist franco-indien et saveurs méditerranéennes.
110 Actus
Les potins des popotes Nouvelles en vrac et ragots tout frais.
113 Dossier
Japon : Itadakimasu ! Voyage contemplatif et gustatif au pays du SoleilLevant.
114 Quand c’est l’heure Samedi, 13 h
116 La recette Sacré Saké
Lobna Liverneaux, poète des saveurs, nous livre sa recette de velouté d’asperges et de tofu au thé vert et saké.
129
Les Escapades
130 Séjour insolite Nids des Vosges Vertigineuses, les cabanes perchées de Champdray !
132 Sorties culturelles Fugue à Metz Expos et bonnes adresses, à la découverte de la ville jaune soleil.
134 Shopping
Faire le plein de terroir et de naturalité.
136 Plein air
La réserve de biosphère transfrontière Côté allemand et français, la réserve célèbre 25 ans de préservation de la biodiversité.
139
Les Métiers
140 Reportage Maisons booa L’ascension d’une entreprise familiale qui fait bouger le paysage alsacien.
142 Reportage Les Compagnons du Devoir L’institution va bénéficier début juin d’un tout nouveau centre de formation.
144 Portrait High Society La boutique franchisée du n°1 français du CBD.
Zut est zen
Par Emmanuel DosdaLe Musée du silence. Le réfectoire un soir et une piscine sous la pluie. La Petite Pièce hexagonale. Parfum de glace. Le Monde sans les mots. Cherchez l’intrus… Je vous aide : le dernier n’est pas un titre de Yoka Ogawa, mais de Ryūichi Tamura. L’auteur japonais contemporain a inspiré Anne Laure Sacriste, artiste exposée au CEAAC rendant hommage à un poète qui, selon elle, « s’est tourné vers un monde de l’animalité, des végétaux, du minéral pour tenter de restituer une vision qui ne serait pas déformée par l’arbitraire du langage ». Dans ce numéro, chaque syllabe est pesée (le poids plume des mots), ainsi que chaque image (le choix précis des photos). Avec minutie, nous avons réalisé ce Zut printanier qui prend des airs nippons. Au secours, sommes-nous tombés chez Marie Kondo ? Non, notre équipe n’a pas fichu le feu à ses livres, disques ou fringues – qui reviendront, forcément, par la petite porte de la mode, à un moment ou un autre. Stéphane Sauzedde, nouveau directeur de la HEAR et accumulateur incurable ne nous contredira pas. Ni l’énergique Kaori Ito, nouvelle directrice du TJP, amoureuse avisée de sa culture japonaise. Sonia Verguet, Japan (doucement) addict, nous propose de fureter dans nos placards pour y dégoter de quoi faire un dîner. Avec un peu de modestie et une bonne dose de sens pratique, quelques fonds de tiroirs deviennent mets exquis du terroir. Une envie de valoriser l’existant qui fait écho à la philosophie wabi-sabi prônée par Nikosan. L’envie commune de la rédaction et du photographe Alexis Delon d’incarner notre éditorial mode avec une mannequin japonaise prend tout son sens alors que des effluves fleuris de cerisiers parcourent le magazine. Enfin, yin et yang riment avec Charlotte G. et son humour effronté, comme vous le lirez en nos pages. Zut, sacrons le printemps !
LE COSMOS OUVRE...
Strasbourg vu par
Ils vivent, travaillent, créent et sortent à Strasbourg. Les femmes et les hommes qui font vibrer la ville nous font découvrir leur lieu préféré.
Myriam
Isnard 52 ans
Directrice de Tellos Immobilier
Où ? Le marché place Broglie
« Parce que le lien social y est roi et qu’on y trouve des produits de saison mis en avant par des producteurs locaux passionnés. »
Actu ?
« En tant que défenseurs du bien-vivre ensemble, nous avons imaginé la résidence Hikari au cœur de l’écoquartier Thurot à Haguenau. Une résidence – réalisée en co-promotion avec notre partenaire Demathieu et Bard Immobilier – qui favorise
les échanges et la proximité par la création d’espaces partagés, tels que des jardins potagers, une terrasse sportive ou encore une bibliothèque. »
ZUT à qui ou à quoi ?
« Zut aux détracteurs du marché de Noël ! »
tellos-immobilier.fr
Veste en lin et pantalon, boutique Ipsae.
Propos recueillis par Myriam Commot-Delon & Caroline Levy Photos Jesus s.BaptistaÉtienne Hunsinger
37 ans
Directeur d’exploitation du cinéma Le Cosmos
Cécile Becker 35 ans
Secrétaire générale du cinéma
Le Cosmos
Où ? Le cinéma Le Cosmos « Parce que c’est notre nouvelle maison, on y passe le plus clair de notre temps, c’est ici qu’aura lieu une renaissance tant attendue. »
Actu ?
Le Cosmos hors les murs, du 26 au 30 avril : projections, karaoké, ciné-bingo… à la salle des Colonnes.
ZUT à qui ou à quoi ?
Étienne : « Zut à la poussière ! »
C écile : « Zut aux gens qui écrivent “merci de” dans les mails. »
cinema-cosmos.eu
Cécile : chemisier sans manches à plastron, boutique Marbre Étienne : veste de travail en moleskine Bleu de Chauffe et tee-shirt Barbour chez Algorithme La Loggia
UNE SOCIÉTÉ STRASBOURGEOISE AU SERVICE DU CINÉMA ET DE LA TÉLÉVISION
WILL STUDIO c’est d’abord un pôle de compétences qui travaille chaque jour à rendre vos séances de cinéma et télévisuelles plus incroyables encore. Un lieu unique en région Grand Est !
Nous disposons de 1300m2 au coeur de Strasbourg, accueillant auditoriums de mixage, de bruitage, de montage son et image, d’étalonnage et d’enregistrement voix et musique.
Investi dans les problématiques réelles d’une société en perpétuel mouvement, WILL STUDIO est engagé pour la transition écologique en tant que membre de la charte ECOPROD et GREENSHOOTING.
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Alain Berizzi 53 ans Gérant de l’agence Cup of Zi et directeur de la programmation des collections à La Trézorerie
Où ? L’ancienne imprimerie
IREG
« C’est là que j’ai impulsé il y a un an La Trézorerie. Un espace dédié à la valorisation des collections privées. Un lieu événementiel créatif et collaboratif devenu un espace d’exposition et de rencontres en tous genres. »
Actu
« Exposition Féebrile. Autoportraits de la photographe Isabelle Féebrile, jusqu’au 28 mai à la Trézorerie. »
Zut à qui ou à quoi ? « Zut à l’ennui ! »
La Trézorerie
35, rue du Fossé-des-Treize latrezorerie.com
Laetitia Arnold 41 ans
Directrice marketing et événementiel du Sofitel
Strasbourg Grande-Île
Où ? Le cloître
Saint-Pierre-le-Jeune
« Empreint d’histoire, ce lieu ressourçant situé en face de l’hôtel est totalement unique. Préservé dans l’enceinte de l’église Saint-Pierre-le-Jeune que je trouve aussi très belle. J’invite régulièrement les visiteurs à y faire une halte. »
Actu
« L’ouverture des terrasses du bar le Link et du restaurant Terroir &Co. Lancement de la toute nouvelle chambre sur le thème du Petit Prince. »
Zut à qui ou à quoi ?
« Zut à la météo pour enfin profiter des terrasses ! »
sofitel-strasbourg.com
Blouse et veste Dsquared2 chez Ultima Prêt-à-porter.
Lev Fraenckel 41 ans
Professeur de philosophie et TikTokeur
Où ? La faculté de philosophie « Cette fac n’est pas seulement un lieu physique, pour moi c’est aussi le lieu où j’ai fait connaissance avec moi-même. »
Actu
Sortie du livre La philo en mode Serial Thinker, éd. Hachette.
Zut à qui ou à quoi ?
« Zut à l’esprit de sérieux ! C’est la conclusion en une phrase d’un énorme pavé métaphysique de 700 pages écrit par Jean-Paul Sartre. »
TikTok : Serial Thinkeur
T-shirt Gran Sasso et veste zippée Corneliani chez Dome.
femmes like you
Et si je vous embarquais avec moi dans Strasbourg ? Vous seriez les témoins de mes rencontres, de mes pérégrinations à travers la ville de jour comme de nuit. J’ai envie de sentir son poumon aussi à travers les femmes qui la font vivre, la rendent encore plus belle et plus lumineuse. Des femmes qui ont choisi de faire bouger les lignes, des héroïnes du quotidien qui osent, s’expriment par leur art, dans leur mission ou par le simple fait d’être femme. Un itinéraire garanti 100 % girl power.
Mardi 10 h 30 — Ayako Okubo
La Fabrique de Théâtre
Le début de ce périple féminin démarre sur une date symbolique sans réellement le vouloir. Je suis invitée à assister à un atelier un peu particulier animé par HANATSUmiroir, une association lancée il y a 13 ans par le duo de musiciens franco-japonais Olivier Maurel et Ayako Okubo, qui se définit comme un ensemble de musiques inclassées. Et je dois admettre que leur création est inclassable ! À mi-chemin entre musique contemporaine et expérimentale, HANATSUmiroir (« lâcher prise » en japonais) incarne le vivant du spectacle dans sa dimension la plus noble, mêlant ainsi performances, danses, sons et scénographies.
Une fois le labyrinthe de la Fabrique de Théâtre franchi, j’assiste ce matin-là à un atelier de MAO (Musique Assistée par Ordinateur) avec une poignée de participantes amenée par l’association Plurielles, qui vise à accompagner les femmes immigrées vers l’insertion sociale et professionnelle. Mon regard se pose sur
cette Ukrainienne venue avec son petit-fils. Ils n’ont pas l’air de comprendre pourquoi ils sont là et à quoi va bien pouvoir servir cette création musicale réalisée à plusieurs mains. Car c’est l’objet de cette matinée, composer de la musique à l’aide de logiciels, à partir de sons de leur quotidien. On y décèle des rires, des bruits de la rue et des bouts de conversation. Une matière sonore qui se transformera en création inédite à la dimension pourtant très universelle. La musique rassemble et peut faire tomber les barrières, celles de la langue d’abord mais aussi du statut social. Le climat est doux et apaisé, ces femmes semblent passer un bon moment et le couple à la médiation est satisfait du résultat.
Inclassés et hors cadres comme leur musique, Ayako et Olivier, respectivement flûtiste et percussionniste, tous deux responsables artistiques d’HANATSUmiroir, se sont rencontrés au Conservatoire de Strasbourg où la magie a opéré lors de l’examen de fin d’études d’Ayako, alors animée par l’envie de proposer au jury un mini-spectacle différent : « À cet examen, j’ai imposé de pousser les chaises et de baisser l’intensité des lumières pour jouer
de mon instrument. J’en ai fait un vrai combat ! » s’amuse la musicienne. Fille d’un père professeur de musique, Ayako est née au Japon et a fait ses armes en Europe, notamment au Conservatoire d’Amsterdam, avant de s’installer à Strasbourg pour ses deux dernières années d’études.
Un retour au Japon plus tard où elle peine à retrouver une place et elle décide de revenir à Strasbourg pour rejoindre l’ensemble musical Accroche Note. Elle se sent alors trop imprégnée par la culture européenne, confrontée à une multitude de langues qui l’empêche de se construire un discours. « Je suis discriminée à plusieurs niveaux, du fait d’être une femme dans l’industrie musicale et du spectacle vivant, mais aussi à cause de mes origines. Je subis encore chaque jour des micro-agressions. J’ai longtemps été transparente : on ne me regardait pas ou on ne s’adressait pas à moi, encore moins lorsque j’arrivais à un rendez-vous avec Olivier ! » Une prise de conscience renforcée par d’autres inégalités systémiques dans le spectacle vivant, contre lesquelles elle se soulève en créant l’événement Expressions d’ELLES , une programmation exigeante qui donne de la visibilité aux artistes femmes . « J’aimerais un jour que cette manifestation change de nom et qu’on ne parle plus que d’Expressions dans sa forme universelle. Cela voudrait dire que les choses ont bien évolué ! »
Mercredi 11 h 30 — Nadya Hokmi Madame Boxing
La rencontre qui s’annonce est insolite. Pour échanger avec Madame Boxing, j’arrive en tenue de sport pour pratiquer. C’est le deal ! Aucune communication au pied de cet immeuble de centre-ville, je vérifie même l’adresse qui se veut apparemment très confidentielle. C’est bien ici au 3 e étage que m’attendent Nadya et Mouss dans leur cabinet de curiosités et de développement personnel qui se joue à ring ouvert.
On comprend à la seconde où l’on franchit la porte qu’on ne se trouve pas dans une salle de sport habituelle, ni même un club branché. Ici, sacs de frappe et gants de boxe côtoient lustres et canapés capitonnés. Un endroit feutré et élégant pour un entraînement de boxe sur mesure où l’on transpire proprement, le tout dispensé par la triple championne du monde de boxe anglaise Nadya Hokmi. Pas de temps à perdre, car il est précieux et le planning serré. L’entretien se déroule à coup d’uppercuts et crochets fatigués pour ma part, dans une ambiance chaleureuse. « Tu as des soucis de concentration, toi ? La boxe peut t’aider à rester focus ! » entame Mouss qui passait par là. On les sent complices et complémentaires dans
Ayako Okubo Nadya Hokmicet écrin qu’ils ont pensé à deux en pleine période Covid, à l’heure où le coaching à domicile devenait impossible.
Pourtant, c’est bien la carrière de Nadya qui est mise en avant ici, les ceintures de ses victoires sont exposées aux côtés de portraits de la championne en plein combat. Sans compter un nom évocateur, « Madame Boxing », qu’elle aimerait développer en franchise, comme un pied de nez à cette vocation considérée au départ comme trop masculine par ses proches. Cette Strasbourgeoise d’origine marocaine a grandi dans une famille de cinq enfants dans le quartier du Neuhof. Une jeunesse joyeuse dans laquelle Nadya va s’épanouir dans tous les sports, avant de s’inspirer de son grand frère, amateur de boxe pieds-poings. Déterminée et au caractère bien trempé, elle s’initie à ce sport dont les grands noms comme Mohammed Ali ou Mike Tyson la font rêver, même si les modèles féminins sont rares, voire inexistants. C’est à 18 ans, seulement un mois après son entrée sur un ring, qu’elle remportera son premier combat en Allemagne, où elle obtiendra sa licence. « La boxe féminine a fait son entrée aux JO en 2012, c’est très récent ! Mais en Allemagne, la discipline s’est développée plus tôt qu’en France. Je me suis entraînée à Offenburg puis Karlsruhe, où j’ai fait mes armes », raconte la coach.
Mon cardio est en berne, parler en s’entraînant s’avère plus complexe que prévu. Je salue à ce moment-là les performeurs en plein show en pensant à Beyoncé. On reprend ses esprits en profitant une dernière fois du cadre exceptionnel avec vue sur la cathédrale, mais aussi du décor: « La boxe anglaise est considérée comme un art noble, j’avais envie de mettre du beau dans ce lieu. L’éloigner des clubs aux sacs de frappe défraîchis qui sentent la transpi. » Pari réussi pour ce cabinet de coaching où l’on va certainement mieux après qu’avant d’y arriver !
madameboxing.fr
Jeudi 11 h 30 — Nygel Panasco Chez elle à Neudorf
La 8 e édition des Rencontres de l’Illustration vient de démarrer à Strasbourg et cette année, il est question de femmes, d’identité et de visibilité. En marge de ce temps fort, le festival Central Vapeur accueille l’une de ses têtes d’affiche, l’illustratrice belge Dominique Goblet qui dialoguera en dessins avec notre hôte, l’artiste strasbourgeoise Nygel Panasco, aussi à l’aise avec un crayon qu’un micro. Ma rencontre avec l’artiste ne date pas d’hier. Photographiée par Christophe Urbain dans mon ancienne rubrique Urban Styles, je me souviens l’avoir coursée pour lui donner rendez-vous pour un portrait consacré aux influences africaines dans la mode. Du style, elle en a. Et elle s’appelle alors Mireille, étudie à la HEAR et porte un tailleur en wax qu’elle a fabriqué main et qui illuminera nos pages.
Diplômée en 2018, l’ancienne étudiante s’est depuis construit le personnage de Nygel, voyageur venu du futur, être mouvant et habité sur scène ou dans ses dessins. Mireille nous ouvre les portes de chez elle, à Neudorf, en pleine répétition avant son concert le lendemain à la C OOP. C’est ici qu’elle nourrit son imaginaire et puise son inspiration. Les pinceaux sont disposés au bord de son clavier d’ordinateur où elle compose sa musique, ses micros encadrent des symboles africains, à commencer par une gigantesque carte du Cameroun, sa terre-ressource qu’elle a quittée définitivement à l’âge de 15 ans. « Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours chanté. Déjà à l’église au Cameroun, ma mère me disait qu’elle comprenait mieux les paroles des prières lorsque je les chantais. Aujourd’hui je suis sur un territoire hybride où je m’autorise tout », confie l’artiste. Une identité musicale toujours en construction, oscillant entre influences R’n’B et rap old school, avec quelques nuances indie pop, dont un prochain EP est en préparation pour l’été 2023.
Sa vocation pour le dessin est aussi apparue tôt. D’abord influencée par son frère dans l’univers des mangas, ce n’est qu’au lycée qu’elle envisage l’illustration comme une voie de carrière possible, grâce à une rencontre déterminante avec l’artiste strasbourgeois Peixe Collardot. Mireille ou Nygel, on ne sait plus trop qui est en face : la mue s’est opérée au fil du temps. On arrive à distinguer sur un coin de table un bout de son personnage, des cornes en silicone qu’elle a elle-même confectionnées dans ce salon et qui ornent la tête de Nygel lorsque qu’il prend vie sur scène : « C’est un être hybride et démoniaque ! Au début, je me peignais la moitié du visage en blanc et me produisais dans la rue en reprenant des standards de la chanson française. Je ne l’avais pas conscientisé, mais aujourd’hui je me rends compte du message : c’est une femme noire dans un monde de blancs qui doit sans cesse s’adapter. »
Aujourd’hui Mireille alias Nygel navigue entre les médiums artistiques dans son travail d’écriture et d’illustration où elle questionne le genre, l’identité et la sexualité. « Mes personnages n’ont pas vraiment de genre. Personnellement le fait d’être une femme n’a pas toujours été évident et je le suis devenue par choix. Après beaucoup d’interrogations, j’ai l’impression d’être passée à une étape supérieure, un peu comme Dragon Ball Z ! »
Jeudi 15 h — Adèle Roy
Love Store (Dé)boutonné•e•s
Ultime stop dans une boutique pour adultes où m’attend sa gérante et créatrice, Adèle Roy. Pour m’y rendre, je dois d’abord traverser le centreville et me retrouve bloquée dans une nouvelle manifestation en ce jeudi noir. Certains chars colorés me font un peu penser à ceux de la Gay Pride, mais cette fois le message de revendication est bien différent ! Les commerces sont désertés mais pas celui-ci, le shop ne désemplit pas et j’assiste à un défilé de curieux aussi éclectique que surprenant. « Est-ce que tu as nettoyé le masturbateur ? » lance Adèle à l’une de ses vendeuses. Avant de renchérir amusée : « Il faudra talquer l’œuf aussi ! »
Depuis 2020, le love store inclusif (Dé)boutonné•e•s propose des curiosités érotiques. On y parle de préférences et pratiques sexuelles de façon ultra-libérée comme on parlerait de make-up. « J’ai ouvert ce lieu avec ma mère entre deux périodes de confinement, raconte Adèle. Ça peut surprendre mais dans la famille, on parle sans tabou de sexualité, sans pour autant évoquer nos propres sexualités ! » Elle même consommatrice de
sextoys depuis l’adolescence (elle en comptabilise 46 au total chez elle !), Adèle se souvient avoir été démasquée à cause d’un achat en ligne avec la carte bleue de sa mère. Depuis, cette anecdote fait partie de l’histoire de (Dé)boutonné•e•s et de celles qui l’incarnent.
Pétillante et communicative, Adèle prône une sexualité positive et joyeuse loin des diktats. Une philosophie qu’elle infuse aussi sur son compte Instagram personnel, où elle raconte avec humour tout un tas d’expériences, comme ses premiers ateliers de shibari (art érotique japonais de bondage) ou sa toute première soirée BDSM. Aussi tordant qu’instructif ! « Il n’y a pas de normalité dans la sexualité. Ce lieu se veut inclusif et ouvert à tout le monde. On ne part pas du principe que tu es hétéro lorsque tu franchis la porte », précise Adèle pour qui l’inclusion est définitivement le maître-mot, du choix des collaboratrices aux produits vendus : « Je ne prends pas des harnais qui s’arrêtent au 36 par exemple. » Son dernier fait d’arme, la création de Smack, un jeu de société érotique inclusif élaboré avec le studio graphique strasbourgeois Ben&Jo. Pour s’amuser, prendre du plaisir et surtout assumer sa curiosité, un très bon défaut !
Mireille Nyangono Ebene alias Nygel Panasco Adèle Roy 5, rue du Marché deboutonnees.comdans
Photographier sa propre ville. Pourquoi cela semble t-il plus difficile que d’aborder une ville étrangère ?
L’inconnu serait-il forcément plus séduisant pour le photographe que je suis ? Je reste pourtant convaincu que l’exotisme peut exister juste là, en bas de chez soi.
Pris dans le tourbillon du quotidien, cet exotisme est plus difficile à percevoir et m’impose d’être pleinement disponible. Là et nul par ailleurs, avec moi-même et ce qui m’entoure. Pratiquer la photographie est un état d’esprit, une façon de regarder pour peut-être mieux voir.
La culture
La Culture Rencontre En compagnie de Christophe, photographe, à l’heure du thé sencha, je me suis invité chez Stéphane Sauzedde pour étudier l’intérieur – temporaire, mais chargé de souvenirs – du nouveau directeur de la HEAR. On en profitera, accessoirement, pour évoquer le projet pédagogique de ce « diplomate jardinier », même s’il n’a pour l’heure que « trois plantes vertes » chez lui…
Par Emmanuel Dosda / Photos Christophe UrbainZut, v’la Dosda !
Mauvais départ !
À peine arrivés dans le petit mais coquet studio de Stéphane Sauzedde, j’arrache le porte-manteau à l’entrée. Mon lourd pardessus en laine a eu raison du système d’attache, laissant des trous béants dans un poudreux nuage de plâtre blanc. Le nouveau directeur de la Haute École des arts du Rhin (HEAR), ancien DG de l’ESAAA – École supérieure d’art Annecy Alpes, ne semble pas offusqué : il nous propose une boisson chaude et nous installe dans de moelleux fauteuils rapatriés de Grenoble en son « pied-à-terre strasbourgeois ». Les sièges suédois sont des copies conformes de ceux du Centre éducatif des Marquisats construit en 1963 par André Wogenscky, bras droit du Corbusier. La MJC aux allures de Cité radieuse deviendra l’école d’art d’Annecy où officia Stéphane avant de se trouver en « la modestie des m2 de mon appartement ».
Irriguer l’école
Il jette un œil pensif par la fenêtre. « L’eau était omniprésente à la Krutenau : il y avait beaucoup de canaux qui menaient au Rhin. Je propose d’ailleurs d’insister sur la HEAR en tant que Haute École des arts du fleuve » avec tout l’imaginaire que cela peut charrier. « À la Manufacture des tabacs, où nous allons installer une partie de l’école, nous partagerons les lieux avec l’ENGEES, une école
d’ingénieurs dédiée à l’eau et à l’environnement, des thématiques essentielles aujourd’hui et que nous pourrons aborder ensemble. » Stéphane Sauzedde songe à la création d’ateliers de création flottants sur le Rhin… Le directeur ne nous mène pas en bateau lorsqu’il affirme avoir pour projet de se procurer une embarcation qui puisse, « comme dans Les Furtifs de Damasio, devenir espace de travail mais aussi un lieu onirique et mental. » Il rêve déjà de jeter une barque dans l’Ill, à proximité de chez lui et de l’école, pour organiser des convois entre Strasbourg et le site mulhousien de la HEAR, « le plus expérimental ». « We are water ! Nos corps sont constitués à 80 % d’eau », aime à rappeler celui qui se sent très proche de la nature et sensible aux questions écologiques, à la « surchauffe climatique » actuelle. Cette dernière est notamment responsable de l’« Effondrement des Alpes », titre de l’exposition qu’il a commissionnée en 2021 au macLYON, transformé pour l’occasion en « camp de base » par les artistes participants qui savent pertinemment, qu’hélas, les montagnes vont inexorablement se détériorer, mais que « des gestes, des formes, des mots apparaissent pour nous aider à vivre, à mourir, (se) décentrer et célébrer – la puissance de ce que nous appelons communément art est intacte », écrit Stéphane Sauzedde dans le catalogue, son manifeste.
chez Stéphane Sauzedde
À gauche du directeur, un des fameux fauteuils dessinés par André WogensckyL’utopie de la douceur
En son cocon temporaire, parmi toutes « les choses qui habitent positivement les yeux », des objets ramenés à Strasbourg – un 33 tours moscovite, des coquillages ancestraux « de 100 millions d’années », des mini-chaussons biélorusses (offerts par des artistes exilés dans le cadre d’un dispositif d’accueil à réitérer à la HEAR) – il y a des bouts de plâtre, de chaux ou de béton placés dans un bocal étiqueté « Prélèvement volume ». Nous remarquons également un bob en wax, relique bariolée issue de l’expo « Effondrement des Alpes » : c’est un des éléments de l’installation/ performance de Toma Muteba Luntumbue (professeur de textile en Belgique) autour d’un rituel collectif inspiré du Bobongo, une cérémonie évolutive des Ekonda du Congo, durant laquelle les hommes et leur environnement fusionnent et relancent les forces de vie après un décès ou un drame. « Comme l’artiste SMITH, actuellement à la Filature à Mulhouse, je pense qu’il faut arrêter de penser de manière dialectique, en finir avec les logiques de centre et de périphérie ! »
L’institution, la complexité et la permaculture
Le nouveau directeur cherche à donner des impulsions, pas des ordres. « Il faut inventer un mode de gouvernance collégiale, pour en finir avec la vision technocratique de l’école en tant qu’institution. Je ne suis pas naïf ou angélique et je connais bien les rouages administratifs de ce type d’établissement », affirme Stéphane qui nous tend un livre posé près de son lit, sur une table de nuit de fortune (normal pour celui qui défend le recyclage
et les modes de production écolo au sein de l’école) : Le conflit n’est pas une agression, calligraphié en majuscules or sur fond noir. Cet ouvrage de Sarah Schulman « théorise et autorise le fait qu’on ne soit pas toujours d’accord – même esthétiquement – sur un sujet. Il faut en débattre, vivement, si c’est nécessaire. J’ai une approche permaculturelle de la différence et je refuse d’être un idéologue avec 800 étudiants et autant de voix discordantes. » La biodiversité ? Obligée, aux yeux de Stéphane, qui laisse de la place à toutes les pensées, même s’il y a des moments de friction et que « ça fighte ».
L’affaire du porte-manteau
Le lendemain de notre visite, je reçois ce message : « J’ai réparé mon porte-manteau, juste après que vous m’ayez quitté, en environ une minute trente : deux chevilles, un coup de tournevis et hop ! » Les Alpes s’effondrent, les glaciers fondent, le peuple gronde, les missiles tombent, mais Stéphane Sauzedde garde la foi et met tout en œuvre pour soigner. Réinterprétant Félix Guattari, il revendique « une utopie de la douceur, une écologie politique, avec des organes de construction, de discussions et de décisions collégiales au sein de l’école que je vois comme un endroit de fabrique, où l’on apprend des méthodes à appliquer plus tard dans la vie professionnelle. » Pour lui, « l’intime est plus que jamais politique. C’est la raison pour laquelle je vous ai invité ce samedi matin, chez moi. » Des mots, rien que des mots ? Après débriefing, nous y croyons. Selon notre sondage, non validé par l’Ifop, le nouveau directeur ferait l’unanimité à l’école. Bon départ !
À gauche : Bob en wax de Toma Muteba Luntumbue
À droite : Un sage hibou pour le directeur, du rouge vif pour votre serviteur !
Éclat #3
Le troisième numéro d’Éclat (éditée par la HEAR et diffusée par les Éditions 2024), publication « poétique et politique, fruit de réflexions d’artistes sur un monde en surchauffe », selon Stéphane Sauzedde, conçue par les élèves de l’atelier d’Illustration, interroge la question du genre en images. Cette année, la revue a pris la forme journal (avec deux posters). Revue notamment disponible à la librairie Le Tigre 36, quai des Bateliers librairie-letigre.fr
Le week-end des diplômes 30.06 --> 02.07 Concert d’ouverture par les élèves de la HEAR-Musique 29.07 – En soirée
Le festival Psssst (diplômes de l’atelier Scénographie) se déroulera en divers lieux du quartier de la HEAR, à la Krutenau
Haute École des arts du Rhin 1, rue de l’Académie hear.fr
La Culture Cinéma En ce dimanche de changement d’heure, il est 11 h ou midi, selon les pendules du bar du Sofitel. Charlotte commande un thé vert et un double expresso avec de l’eau chaude et des glaçons : « J’ai un problème avec la température des boissons », admet-elle. Entretien sans tiédeur à l’occasion de la sortie de La Vie pour de vrai de Dany Boon.
Par Emmanuel Dosda / Photo Dorian RollinUn allongé avec Charlotte Gainsbourg
La Vie pour de vrai de Dany Boon (avec Dany Boon, Charlotte Gainsbourg, Kad Merad) à l’UGC Ciné Cité Strasbourg (sortie le 19 avril)
ugc.fr
pathefilms.com
Vous n’habitez plus à New York ? Je me sentais trop loin de ma famille, de mes valeurs. Après l’épisode du Covid, la violence de Trump et l’affaire Floyd, j’ai ressenti un besoin d’Europe : avec Yvan et nos trois enfants, nous sommes retournés en France. Ça n’a pas été facile, l’aprèscoup, ce calme suivant la tempête, m’a conduite à la dépression…
Dans La Vie pour de vrai on voit une capitale française de carte postale, puis une vision CNews de celle-ci, à feu et à sang… Quel est votre Paris ? Je suis très nostalgique du Paris des années 1980, époque de mon premier amour de cette cité. C’était le moment de la séparation de mes parents : je prenais le métro seule, allant du XVIe où vivait ma mère pour aller chez mon père, rue de Verneuil. C’était magique : papa m’amenait dans des drugstores pour acheter des gadgets ridicules, comme un gosse, ou dans des boutiques pour dégoter des VHS en import américain : on se faisait des projections à la maison.
Vous viviez dans le luxe ? Oui, mais même au Ritz ou au Raphael, mon père gardait des yeux d’enfant. Il m’a transmis sa spontanéité, son absence de snobisme… Je suis née à Londres, mais je me sens totalement Parisienne ! On dit beaucoup de mal des Parisiens, mais ma vision est déformée car on m’offre beaucoup de sourires, de cadeaux… [Un pouêt-pouêt retentit : Daphnée, la chienne de Charlotte, magnifique bull terrier blanc, s’énerve sur une bretzel en caoutchouc donnée par l’hôtesse d’accueil de l’hôtel.]
Dans le film, il est beaucoup question de simplicité et d’humilité. Des mots qui vous définissent ? L’humilité oui, mais j’y était forcée. Les gens aiment d’abord mes parents… qu’ils respectent avant tout. J’ai toujours été dans l’obligation d’entendre ce message-là.
Qu’est-ce qui traverse le temps ? Le manque. Ça s’apaise, mais ça reste. Serge [Gainsbourg] et Kate [Barry] manquent terriblement à toute la famille.
Et l’art ? Oui, la musique traverse également le temps, celle de Bach par exemple : elle est à la fois dynamisante, relaxante et exaltante. Bach provoque quelque chose de l’ordre de l’équilibre chez moi.
Égérie d’Yves Saint Laurent, comédienne, chanteuse… Dans quelle catégorie vous sentez-vous le plus légitime ? Le cinéma, sans hésitation.
Au ciné, vous faites d’incroyables grands écarts entre Chéreau et Gondry, Lars Von Trier et Dany Boon… [Venu de nulle part – en fait de sa chambre d’hôtel – Dany Boon débarque pour demander à Charlotte de se dépêcher : il faut vite déjeuner et reprendre la route.]
Chez Lars Von Trier et Dany Boon ? Je suis une nympho dans les deux cas [rires] ! J’aime beaucoup participer à différents univers. D’un tempérament calme, timide, réservé, je ressens un fort besoin de sensations d’extrêmes.
Vous avez été servie avec Lars Von Trier… On peut dire ça, oui ! Les réalisateurs sont des excuses, des prétextes pour me permettre de sortir de moi-même, de ma personnalité.
Vous souvenez-vous de votre première ivresse ? Oui, une cuite mémorable lors d’une fête sur le tournage de L’Effrontée de Claude Miller. J’avais 13 ans et j’avais mis de la vodka dans ma bouteille d’eau ! J’ai essayé d’avoir l’air normale une fois rentrée chez ma grand-mère, mais je titubais lamentablement… [C’est au tour de Kad Merad de nous interrompre et ainsi clore le sketch entamé par Daphnée : « Désolé, mais on ferme ! » OK, vite, une dernière question.]
C’est quoi la vie pour de vrai ? Aucune idée : je flotte entre rêve et réalité en m’y accommodant totalement.
chicmedias éditions
Chronique du temps qui passe, exercices d’admiration, Nicolas Comment
Photographe, auteur-compositeur
-> 35 € | 14,5x21 cm | 308 pages | 750 ex.
-> 100 € | Édition spéciale de 100 exemplaires numérotés et signés : livre et photographie (14x20 cm), au choix parmi une sélection de 10 images.
Ces « Exercices d’admiration » – comme les nommait Cioran – ont été écrits au fil de la plume, sans prétexte d’actualité, ni ordre d’importance. Les chanteurs Yves Simon, Christophe 1 , Gérard Manset ou Philippe Pascal y côtoient des figures de l’underground français telles que l’écrivain JeanJacques Schuhl, les cinéastes Jean-Luc Godard 2 , André S. Labarthe et Marc’O ou bien encore la muse d’Helmut Newton, Arielle Burgelin. On y croise Jeanne Balibar, Edmonde Charles-Roux, Jacques Higelin, Bob Dylan ou Rodolphe Burger autant que Philippe Katerine 3 , Alain Bashung, Étienne Daho, Yannick Haenel ou Chloé Delaume sans autre choix que celui forcément capricieux de la magie des rencontres et du hasard photographique.
Disponible sur shop.chicmedias.com
Depuis sa première vraie rencontre avec le Japon en 2014, l’illustratrice alsacienne Laurence Bentz, qui a fait ses armes chez Zut
Laurence, je t’aime
« J’ai été japonaise dans une autre vie, dommage que j’y ai tout perdu de ma langue ! » lance d’emblée l’illustratrice Laurence Bentz lorsqu’elle se raconte et livre son attachement pour cette terre insulaire, devenue en près de dix ans son pays de prédilection. Fraîchement diplômée de la HEAR en 2009 en didactique visuelle, la jeune illustratrice qui travaille sur tablette s’installe comme indépendante dès 2010, et entame sa collaboration avec Zut par un tout premier dessin de choucroute ! Cette native de Colmar revendique une patte bien à elle à travers une palette de couleurs vives qu’elle explore et affine au fil de son travail exigeant et précis, devenu reconnaissable.
Japan addict
L’univers du manga est véritablement sa première rencontre avec le Japon. Dès l’enfance, les dessins animés lui ouvrent un imaginaire et stimulent un fantasme autour du Japon, avec Juliette, je t’aime comme référence ( Maison Ikkoku , en japonais) : « Tout me plaisait dans ces images. De l’architecture des maisons et leurs portes coulissantes à l’opulence de nourriture et les scènes attablées à même le sol, un peu comme des enfants », confie l’illustratrice. Les traditions nipponnes et le mode de vie local éveillent sa curiosité, mais elle a besoin de les vivre en vrai, loin de la carte postale. Lors de son premier séjour en 2014, elle sait tout de suite en arrivant qu’il sera déterminant et qu’elle effectue le voyage de sa vie. L’atmosphère et la lumière du pays du Soleil-Levant n’en finissent pas de l’éblouir, des grandes mégalopoles à la nature saisissante de la campagne. Elle s’enivre de la diversité des paysages d’Okinawa à Hokkaidō, si bien qu’elle reviendra au Japon chaque année, jusqu’à y poser ses valises en 2019 pour une première résidence au centre d’art Koganecho, où elle enchaînera plusieurs expositions, workshops et partenariats (Renault Japon, notamment) et sera l’invitée du Mois de la France au Japon.
Du stylet au pinceau
« J’avais besoin de cette immersion totale et d’être dans le dur, tout en étant parfaitement consciente d’être chanceuse en tant que femme européenne libre. » Laurence décide alors de s’entourer d’un agent artistique japonais et d’entamer
une seconde résidence au Japon, plus longue cette fois. Plongé dans la pandémie, le pays des masques se montre plus souple sur les restrictions qu’en Europe. Une ironie du sort ! Cette période au ralenti la reconnecte au dessin et elle s’éloigne peu à peu de sa fidèle tablette graphique pour renouer avec le papier et découvrir la beauté de l’encre de Chine. Elle teste et expérimente un nouveau style, un travail personnel plus brut, qu’elle exposera quelque mois plus tard. Aujourd’hui Laurence Bentz vit en Allemagne et se rend régulièrement au Japon. Chaque séjour laisse place à de nouvelles inspirations, comme la jeunesse tokyoïte, les objets traditionnels japonais ou les ensembles urbains éclairés au néon. Une chose est sûre, la grande histoire d’amour entre l’illustratrice et son pays de cœur n’en est qu’à ses débuts.
laurencebentz.com
La Culture Rencontre
, a pris un tournant dans son cœur et dans son style. Entre voyage, résidences artistiques et immersion dans la vie locale, itinéraire d’une Japonaise en devenir.
Par Caroline Lévy / Portrait DR
Le Japon au fil des saisons artistiques par Laurence Bentz
01— 2019. L’arrivée au Japon
« En arrivant, j’ai le désir d’évoluer et de changer ma manière de travailler. Je suis diplômée depuis dix ans et j’ai besoin de sortir de ma zone de confort. Je me dirige alors vers un travail plus expérimental avec l’utilisation de l’encre de Chine et du pinceau, où je ne sais pas toujours où je vais ! Avec la tablette graphique, l’accident ne peut pas arriver, contrairement à ce nouvel outil qui ne me fera pas de cadeau. Je livre des dessins bruts et sincères dénués de toute la palette de couleurs que j’utilisais énormément jusqu’à présent. Cette expérimentation artistique, je vais aussi l’insuffler en ornant un accessoire traditionnel japonais : l’éventail (uchiwa en japonais). »
02—2020. Le Japon à l’heure du Covid
« Je suis dans ma seconde résidence, toujours au centre de Koganecho à Yokohama en pleine période de Covid. Les gens sont masqués,
comme toujours, mais les regards sont fuyants et perdus, même si les recommandations de confinement ne sont pas obligatoires ici. Je vis en décalage avec ce qui se passe en France et commence à dessiner des portraits par dizaines. Une galerie de 300 portraits noir et blanc qui sera exposée. »
03—2021. La jeunesse se réveille
« On est dans une euphorie post-Covid. Je m’intéresse à cette jeunesse japonaise au look racé qui revit à nouveau. Je dessine des portraits de jeunes femmes, car les hommes m’ennuient un peu ! Le regard est frontal voire arrogant et le style assumé. J’utilise des couleurs clinquantes rappelant les néons des grandes mégalopoles. »
04—2022-2023. Vintage Japan
« Depuis que je ne vis plus au Japon, je replonge à chaque visite dans une certaine nostalgie d’un Japon suranné à travers ses objets traditionnels comme par exemple les poupées Kokeshi. Je me surprends à utiliser à outrance le rouge et le orange, qui ne faisaient pas partie de ma palette de couleurs jusqu’à présent. »
La French Touch de Keishu Kawai
Symboles de la beauté éphémère, les cerisiers du Japon sont en fleurs en cette fin mars aux abords du Palais de l’Europe. Plantés en 2021, pour célébrer le 25e anniversaire de l’accession du pays du Soleil-Levant au statut d’observateur permanent auprès du Conseil de l’Europe, ils semblent faire écho à la dernière exposition de Keishu Kawai qui s’est tenue, au mois de mars, dans les entrailles de l’institution. Intitulée « Beauté d’espace vide », l’exposition donnait à voir une quarantaine d’œuvres de cette Maître de calligraphie, formée dans la prestigieuse université de Tsukuba puis par le Grand Maître Sôin Furutani à Kyoto.
Installée en Alsace depuis une quinzaine d’années, Keishu Kawai y enseigne l’art du « Shodō » au travers d’ateliers et de workshops. « Ce n’est pas uniquement un travail d’écriture, affirme-t-elle. C’est un travail de l’intérieur qui reprend la philosophie du zen. » La préparation de l’encre de Chine et des pinceaux sont ainsi des rituels obligatoires avant de tracer un idéogramme. « Avant d’écrire, il est essentiel de faire le calme dans son cœur et de concentrer son esprit », poursuit-elle.
Un esprit qui n’a eu de cesse de s’ouvrir et de se nourrir d’échanges depuis qu’elle réside en France. En 2018, sa rencontre avec le photographe Olivier Klencklen avait débouché sur le livre Naissance de l’encre aux éditions du Tourneciel . Avec la société Barrisol ®, leader
mondial du plafond tendu, elle appose sa calligraphie sur des grands formats qui apportent pureté et élégance dans l’architecture classique ou contemporaine.
« J’utilise désormais le terme de “ french touch ” pour parler de ma calligraphie .» Celle-ci s’est affranchie de la tradition japonaise par l’utilisation de la couleur et de formes plus graphiques.
Où l’essence du trait et son sens de la composition se jouent du vide de la page blanche d’où surgissent des formes, lunes et paysages imprégnés de poésie.
keishukawai.com
La Culture Portrait Le pinceau comme prolongement de la main et l’encre de Chine au révélateur du geste. Rencontre avec Keishu Kawai, Maître de calligraphie japonaise installée en Alsace depuis une quinzaine d’années, dont l’art se joue du vide au gré de ses rencontres.
Par Fabrice Voné / Photos Pascal Bastien
La Culture Arts
Radi(c)al
« Mon métier a considérablement changé depuis que je l’exerce. » Frédéric Croizer évoque sa profession en perpétuelle mutation parmi les courbes colorées de Jean-Daniel Salvat. Proche de Claude Viallat et du mouvement Support / Surface, il produit des acryliques sous vinyle, apparaissant par transparence, entrant pour l’occasion en dialogue avec les sculptures de verre signées Julius Weiland. Lorsqu’on questionne Frédéric – toujours tiré à quatre épingles – sur sa vie d’avant la galerie qu’il créa en 2010, quai de Turckheim, sa réponse est tranchante : « Le passé est le passé. » Aucun secret à cacher mais, avec le directeur de Radial, pas de fioritures, ni de mots inutiles : droit au brut ! Les blocs de verre attaqués à la
perceuse de Till Augustin, les œuvres d’aluminium et de gomme de pneu de Carlo Borer, rutilantes comme des bolides sortis d’usine, la verticalité des laques sur alu de Frank Fischer, les spectaculaires implosions du sculpteur Ewerdt Hilgemann, les sculptures froissées de Willi Siber, les fabuleux et lumineux reflets en trompe-l’œil de Ben Jack Nash… Aux longs discours sur son parcours, Frédéric Croizer préfère laisser la parole aux œuvres. Leur présence est charismatique, frontale, frappante, éclatante.
Imaginaires du bâti
Guidé vers l’art contemporain grâce aux découvertes de jeunesse de Picasso, Miró ou Calder
Frédéric Croizer, directeur de Radial, affirme une ligne artistique forte en sa galerie où cercles concentriques et lignes géométriques jouxtent éclats chromatiques et beautés mécaniques. Radical. Par Emmanuel Dosda / Portrait Pascal Bastien
figures tutélaires ne cessant de l’accompagner –, Frédéric se passionne pour l’abstraction, déclinée en peintures graphiques, surfaces minimalistes ou volumes géométriques. Fidèle à ses choix esthétiques et aux artistes qu’il défend, le galeriste a su s’adapter au métier. Attendre patiemment le chaland confortablement assis au centre de son white cube ? Pas le style de la maison… Pour ses ventes – en très grande majorité à des acheteurs étrangers –, il multiplie les « activités satellitaires », notamment en faisant l’interface entre plasticiens de son catalogue et agences d’architecture qui cherchent un supplément d’âme à leurs constructions. « De plus en plus, je joue le rôle de conseiller auprès de commanditaires, en collaboration avec des artistes capables de transposer leur imaginaire à différentes échelles et dans divers contextes. » Outre la commande d’une œuvre pour le nouveau siège parisien de la banque Goldman Sachs (à la demande d’un cabinet d’architectes londoniens), Estelle Lagarde s’apprête à concevoir une série de photographies en un monument ancien prêt à une seconde vie, un château avant restauration, y plaçant des personnages fantomatiques qui auraient habité les lieux avant qu’ils ne glissent vers l’état de ruines. Un décor théâtral, une fiction se mettant doucement en place, grâce à l’objectif de la seule artiste figurative de l’écurie Radial.
L’intuition comme moteur
La galerie représente une vingtaine de peintres ou sculpteurs, parfois les deux à la fois. Frédéric, sourire malin en coin : « Je les connais très bien, depuis longtemps parfois, et me permets de fouiller dans leurs ateliers pour y trouver les pièces les plus extrêmes », reléguées dans des caisses, oubliées sous des piles d’autres travaux. Il a par exemple fureté durant trois jours chez Alain Clément pour dégoter des « exceptions, allant à contre-pied de ce qu’on sait de lui : des œuvres qui répondaient à des préoccupations d’une époque révolue, mais qui en disent beaucoup sur son parcours . » Un choix stratégique ? Le galeriste a tout simplement confiance en son intuition, tout comme ses acheteurs et les artistes qu’il suit de près et « soutient sur la durée ». Tous pratiquent un art de recherche quasi scientifique, au process complexe ou nécessitant une technologie de pointe. Il s’apprête à offrir un show solo à Bodo Korsig, artiste « protéiforme » que Frédéric connait depuis ses années new-yorkaises. Ses formes sculpturales ont la semblance d’énigmatiques anamorphoses, d’images grossies par l’objectif d’un microscope, de symboles médicaux, de molécules chimiques… Korsig, passionné de neurosciences, exprime plastiquement l’angoisse ou la violence. Son expression est abstraite mais, comme souvent chez Radial, les sentiments humains se cachent sous le vernis.
Galerie Radial art contemporain 11b, quai de Turckheim
radialartcontemporain.com
Intensity of the moment de Bodo Korsig
21.04 → 31.05
Galerie Radial
Radial à art KARLSRUHE, Foire internationale d’art moderne et contemporain, Hall 2 Stand A19 (avec Frank Fischer, Bodo Korsig, Lars Strandh, Alain Clément et Javier León Pérez) 04 → 07.05
art-karlsruhe.de
L’art de la lutte
Les habitués du TNS ne sont pas sortis indemnes d’Angelus Novus AntiFaust (2016), de Banquet Capital (2019) ou des Frères Karamazov (2022). Le théâtre de Sylvain Creuzevault ? Une marmite bouillonnante prête à exploser, un chaudron en fusion, une cocotte dans laquelle dansent les neurones, tandis que les événements se percutent et que les fantômes du passé ressurgissent pour nous aider à lire le présent. Creuzevault a demandé à l’ensemble du Groupe 47 de s’attaquer à une montagne, L’Esthétique de la résistance de Peter Weiss (1916-1982) « écrivain issu de l’école brechtienne ». L’auteur (notamment pour le théâtre), réalisateur et peintre est né dans une famille de modestes industriels juifs berlinois, obligée de fuir l’Allemagne nazie. Après une cavale le conduisant de ville en ville, il consacre les dernières années de sa vie à un grand projet, un roman entre fiction, pamphlet et essai intitulé Die Ästhetik des Widerstands. Il débute en 1937 avec la découverte par le narrateur, un jeune ouvrier, et ses amis du Grand Autel de Pergame. La description de ce monument conservé à Berlin ouvre le livre : « Tout autour de nous les corps surgissaient de la pierre, pressés en groupes, entrelacés ou éclatés en fragments […] Une lutte gigantesque émergeant du mur gris […] » Ce qu’il exprime pour Weiss ? Le massacre des hommes par les dieux, une transposition mythologique du pouvoir des puissants sur les plus faibles.
L’œuvre d’art, outil de résistance ?
Selon Creuzevault, ce roman traite de « la lutte des classes dans un moment de catastrophe. Pourquoi le prolétariat allemand, le PC, les différentes forces de
gauche n’ont-ils pas réussi à s’unir pour combattre le nazisme ? Le narrateur traverse la Seconde Guerre mondiale comme Dante traverse l’Enfer. De pays en pays – il rejoint notamment les Brigades internationales en Espagne –, il se construit une histoire de l’art en autodidacte, la possibilité de lire les œuvres d’art alors qu’il n’y avait pas eu accès. Il produit une expropriation de celles-ci, privatisées par une classe sociale. Elles l’aident à se forger un regard critique, à appréhender le monde et à résister à l’ordre établi. » Pétri de doutes et de contradictions, il ne sait pas s’il peut faire confiance à l’art, « colonisé » par la bourgeoisie.
Il suit Staline et assiste aux purges, se rendant compte que son propre camp utilise des méthodes contre lesquelles il se bat. Tiraillé, il ressent « le besoin de balancer tous ces éléments dans son bouillon » pour mener sa réflexion. « Il lui est impossible de rester immobile car le rouleau compresseur avance. »
Créer n’est pas lutter
Le Groupe 47 a commencé par un temps de lecture du texte qui regorge de détails faisant bloc. Loïse Beauseigneur, scénographe (avec Valentine Lê), témoigne : « L’Esthétique de la résistance est d’une grande densité, avec beaucoup de descriptions de lieux, de visages, de protagonistes… Chaque œuvre est associée à un contexte historique, à un lieu bien précis, lui-même dépeint avec minutie. » La Tête de supplicié de Géricault, La Chute d’Icare de Brueghel l’Ancien, La Liberté guidant le peuple de Delacroix… Pour Arthur Mandô, régisseur général du spectacle, « les œuvres présentes dans le livre font partie de l’imaginaire collectif,
Culture Théâtre « Une immense fête de fin d’année » après laquelle on se jetterait à corps perdu dans la vie professionnelle. Voici comment Sylvain Creuzevault envisage le spectacle de sortie du Groupe 47 de l’École du TNS. Le texte ?
Un pavé en trois tomes signé Peter Weiss : L’Esthétique de la résistance . Camarade, aiguise ton œil et réapproprie-toi les chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art !
mais Weiss demande de percevoir l’anamorphose en les regardant de biais ! » Loïse Beauseigneur ajoute : « L’auteur pose d’autres questions : comment représenter la mort, par exemple, ou le fascisme ? En réalité, créer n’est pas lutter… » Jeanne Daniel-Nguyen, costumière (avec Sarah Barzic), acquiesce : « Qu’est-ce que ça implique de créer dans un monde en guerre ? » Peindre Guernica (1937) peut-il stopper l’avancée du mal ? « Quand on est artiste, on n’est pas sur le terrain ! » Naïsha Randrianasolo, comédienne, tranche : « Écrire, loin du champ de bataille, c’est quitter le game ! »
Le discours, la méthode
La lecture collective du roman de Weiss est suivie par de longues répétitions, fin 2021 et en mai 2022. Un inventaire est effectué : « Un vase en faïence, un mur écaillé, un portrait de famille, une assiette au motif Don Quichotte… » Ce catalogue est, pour les élèves, « une manière de s’immerger ». À partir des éléments retenus, les comédiennes et comédiens peuvent commencer à improviser. Lors du travail préparatoire collégial, entre le 47 et quelques membres de la compagnie du metteur en scène, les stocks du TNS et des Abattoirs d’Eymoutiers – fief de Creuzevault – regorgent d’éléments de décor ou de costumes permettant de poser le dispositif, non définitif. Durant les prochaines semaines, l’équipe gardera l’essence des séances d’impro. Jeanne Daniel- Nguyen ne s’affole pas trop, sachant pourtant qu’il y a une centaine de silhouettes à créer, chaque élève ayant plusieurs rôles dans la pièce. Elle souligne : « L’action du livre se déroule de 1937 à 1945 et nous respectons l’époque. Le livre de Weiss est impossible à décontextualiser car il restitue des moments historiques précis comme les procès de Moscou . » Coupe
des vestes, types de tissus, couleurs… Le défi est de concorder avec l’histoire tout en réalisant un vestiaire « qui joue avec des corps d’aujourd’hui . Nous ferons également fabriquer des pièces par les ateliers de construction ou de couture du TNS afin de rester fidèle aux années 1940. » En ce moment, les élèves planchent sur une série de masques à gaz et un émetteur radio, à la semblance de ceux qui permettaient d’envoyer et de recevoir des messages codés.
Le juste je Naïsha Randrianasolo, comédienne : « Dans L’Esthétique de la résistance, les tableaux sont analysés, pas contemplés. Cette approche m’a permis de trouver le juste jeu : j’interprète une mère juive des années 1940, ce qui est très éloigné de moi, mais le texte, aussi complexe soit-il, m’a aidée. » Yanis Bouferrache, comédien, souligne : « Ce difficile exercice de sortie d’école est imbriqué dans notre cursus. C’est une formation, comme un long stage menant à la pièce. Il n’y avait pas de manière imposée, la diversité de regards était préconisée car nos énergies sont motrices. Nous nous trouvions face à un gros morceau de marbre : il y avait de nombreuses manières de l’attaquer, de tailler dans la roche. » Arthur Mandô : « Nous n’aurons sans doute plus jamais l’occasion de concevoir un spectacle pareil, sur un si long temps, avec des moyens pareils, un son spatialisé dans le théâtre… L’Esthétique de la résistance est une sortie royale de l’école ! »
L’Esthétique de la résistance
23 --> 28.05
Théâtre national de Strasbourg
tns.fr
Art
Art-objet
Communication graphique
Design
Design textile
Didactique visuelle
Illustration
Musique
Scénographie
La culture en bref.
L’humanité devrait gagner en souplesse
La chorégraphe Kaori Ito, nouvelle directrice du TJP Centre Dramatique National de Strasbourg – Grand Est, travaille actuellement sur Waré Mono, création dansée et marionnettique inspirée d’un art du Japon dont elle est originaire consistant à réparer les objets en céramique avec de l’or fondu. Sur le plateau, elle compte « restaurer l’enfance ». À travers ce spectacle, toute la philosophie de Kaori Ito se dévoile. Par
Vous avez commencé à danser parce que vous vous méfiiez des mots ?
Enfant, au Japon, je ne savais pas utiliser les mots. D’ailleurs, dans la culture de mon pays d’origine, on ne dit pas les choses telles qu’elles sont. Si on vous dit : « N’hésitez pas à prendre votre temps et rester ici en ma compagnie », ça signifie le contraire, qu’il faut partir. Aussi, le silence est utilisé comme un instrument de violence au Japon. Le rapport est bien différent d’ici. J’ai appris à m’exprimer par le corps, pour trouver ma place : la danse a été une question de survie.
Aujourd’hui, la récolte de paroles est omniprésente dans vos travaux…. À l’âge de 5 ans, j’avais peur de mourir et pour laisser une trace à mes parents, j’enregistrais des cassettes… J’ai gardé ce goût pour le témoignage, l’enquête sociologique. La parole sert la dramaturgie corporelle de mes pièces. Waré Mono part de mots d’enfants, leurs souvenirs, leur résilience, leurs blessures. Je partagerai la scène avec le danseur Issue Park et une marionnette représentant l’enfance : elle sera soignée, réparée selon la technique du kintsugi qui souligne d’or les fêlures.
Rapiécer, sans effacer…
Exactement. Nous sommes tous marqués par nos cicatrices d’enfant. Je suis en train de mettre en place un « Comité d’enfants » au TJP. Celui-ci accompagnera la création de Waré Mono, donnera son point de vue sur la construction de la pièce. De manière plus globale, cette cellule d’enfants et adolescents va impulser de nouveaux projets, inventer des outils de médiation, suivre l’équipe de communication… elle va investir le théâtre et nous assistera pour aller vers un plus grand accès aux droits culturels.
Ce comité vous aidera à « bouger l’espace » ?
C’est très important d’être conscient de l’espace qui est plus grand que soi ! Je ne vais pas vous faire une leçon de physique quantique, mais le vide est plein et la danse permet de matérialiser tout ce qui ne se voit pas. Chacun l’appréhende différemment : au Japon, par exemple, l’espace public est considéré comme privé et on ne s’étonnera pas de voir des passagers lire des magazines pornographiques dans le métro ! Avec l’équipe du TJP, nous avons instauré des ateliers matinaux où nous faisons des exercices, de la gym, de la boxe… L’idée est de mieux connaître son propre corps et celui de l’autre, pour avoir envie de partager les lieux. Un Centre Dramatique National doit être l’endroit des rencontres ! Il faut savoir s’immiscer dans les failles : c’est la porte vers d’autres espaces à explorer !
Comment s’adapter à notre écosystème ?
Au Japon, notre maison était en béton, sans aucune résistance aux secousses sismiques. Aujourd’hui, on construit des bâtiments qui tremblent avec la terre. L’humanité devrait gagner en souplesse et le théâtre – le moyen d’être tout et tout le monde – peut y contribuer.
Vous croyez aux fantômes ?
Je crois aux ondes wifi, donc pourquoi je ne croirais pas aux fantômes ? Il y a une énergie plus forte que nous… Avec Caroline Guiela Nguyen, nouvelle directrice du TNS, nous souhaitons créer une cabine téléphonique itinérante permettant de s’adresser aux morts. Elle se déplacera en divers lieux strasbourgeois. Et vous, vous croyez aux fantômes ?
Traverser les murs opaques (Marion Collé)
16 + 17.05
En partenariat avec le Maillon After All Springville, Disasters and Amusement Parks (Miet Warlop)
01 → 03.06
En partenariat avec le Maillon Waré Mono sera présenté la saison prochaine, en automne, au TJP tjp-strasbourg.com kaoriito.com
Festival Arsmondo Slave
21 avril → 14 mai
Strasbourg, Mulhouse et Colmar Exposition « À l’image et à la dissemblance » et ouverture du festival à l’Espace Apollonia le 21 avril
Par Maïta StébéInitié par l’Opéra national du Rhin, ce temps fort rhizomatique navigue entre les disciplines et les lieux. Au programme : de la musique et du chant, bien sûr, des projections au cinéma Star ou encore un Lac des cygnes revisité à L’Aubette. Autant de rendez-vous qui captent l’âme singulière mais plurielle des cultures slaves. Car, si l’événement est interdisciplinaire, il est aussi transnational. Dans un contexte géopolitique proche où la guerre fait rage aux frontières des États, le festival choisit de les mettre au second plan. Les pièces et les artistes qui les jouent sont polonais, bulgares, tchèques, ukrainiens ou russes, offrant un panorama des effusions culturelles de cette région. L’échange offert par la poésie des œuvres se poursuivra lors de rencontres ou conférences, notamment scientifiques à la BNU. À noter, l’exposition photo et vidéographique présentée à L’Espace Apollonia qui continue ainsi à tisser des liens entre l’Europe centrale et orientale. Arsmondo fait venir à nous cette « autre » Europe…
Exposition
Enigma de Pierre Coulibeuf
8 avril → 3 juin
Vernissage le 06.04 – 17 h Galerie East galerieeast.com
Par Aurélie VautrinSi son nom est encore assez méconnu du grand public, Pierre Coulibeuf n’en est pas moins l’un des artistes-vidéastes d’avantgarde les plus influents de sa génération, tant en France qu’à l’étranger – ses œuvres ont ainsi déjà voyagé de Hambourg à Lisbonne en passant par Reykjavik, le Brésil et la Chine. Réalisateur, monteur, scénariste, plasticien, l’artiste explore depuis plus de quarante ans les méandres de l’art et de la métamorphose, multipliant les expérimentations et faisant fi des frontières des genres et du rapport fiction-réalité. Au printemps, il s’installe à la galerie EAST avec ENIGMA, un projet artistique transmédia qui met en relation quatre images en mouvement, douze photographies et un chant d’opéra… Des éléments qui sont en réalité extraits d’un tournage de film, et qui ont été déconstruits, réinterprétés et réinstallés pour créer une expérience immersive invitant le visiteur à explorer les multiples facettes de l’être humain. On y suit deux actrices-performeuses évoluant dans un univers étrange, attirées par un chant qui, tel celui d’une sirène, finit par les perdre dans un dédale urbain… Une exposition, à la fois poétique et conceptuelle, qui souligne l’importance de la perception et de la mémoire dans notre compréhension de la réalité.
Théâtre
J’ai saigné de Jean-Christophe Cochard et Jean-Yves Ruf
D’après le texte de Blaise Cendrars
Par Aurélie VautrinAmputé de la main droite – sa main d’écrivain –directement sur le champ de bataille au cours de la Première Guerre mondiale, le poète-aventurier Blaise Cendrars fut transporté en urgence en 1915 dans un hospice transformé un hôpital militaire… Commença alors pour lui une période intense de souffrance, de douleur partagée, de combat intérieur – puis de résilience, de solidarité et de renaissance, qu’il racontera quelques années plus tard dans J’ai saigné, un court récit qui marquera à jamais la littérature de guerre. Un témoignage direct, simple, sans fioritures, de la folie humaine, où Cendrars dépeint l’horreur des tranchées et la souffrance des frères d’armes, les plaies à panser et les âmes à soigner – et l’humanité qui tient
tête à la barbarie, malgré le cauchemar éveillé, la mort omniprésente, malgré tout. Après avoir travaillé ensemble sur Erwan et les oiseaux ou Figures Péguy, Jean-Christophe Cochard et JeanYves Ruf se retrouvent aujourd’hui pour l’adaptation de cette nouvelle en une pièce de théâtre épurée. « Aprè s avoir interprété en solo un texte d’Antoine Jaccoud, j’ai eu envie de réfléchir à la maniè re de continuer à creuser l’art de l’acteur, raconte Jean-Christophe Cochard, ici co-metteur en scène. Parce que c’est une manière d’engager le corps autrement. » En résulte un seul-en-scène poignant porté à bout de bras par son acolyte de toujours Jean-Yves Ruf, et sublimé par une mise en scène où l’équilibre entre drame et légèreté tient du miracle de la vie.
10 → 12 mai
Théâtre Actuel et Public de Strasbourg taps.strasbourg.eu
Entrez en leur antre
Quatorzième édition des Ateliers ouverts. L’événement organisé par Accélérateur de particules permet d’entrer dans les coulisses de la création, partout en Alsace. Sélection d’artistes strasbourgeois à découvrir absolument.
Les Ateliers Ouverts 2023, un peu partout en Alsace
13-14 & 20-21 mai ateliers-ouverts.net
Trois questions à Nahrae Lee (Ateliers du Bastion XIV)
Pourquoi ouvrir les portes d’un espace qui peut s’avérer intime, un lieu « jardin secret » ?
Eh bien... la vie d’artiste que je souhaite personnellement n’est pas celle d’un artiste solitaire. Il est très important pour moi d’être en contact permanent avec les gens, de connaître leur ressenti et leur opinion sur mon travail. C’est essentiel pour moi de savoir si leur appréciation se rapproche ou s’éloigne du message que j’ai voulu transmettre. Ainsi, avoir un lieu pour présenter mon travail est extrêmement important.
Quels sont tes travaux actuels ? Sur quels sujets, quels médiums es-tu concentrée en ce moment ?
grand-mère à la mère jusqu’à moi-même. Cette image de la peluche représente la transition de l’héritage maternel vers une nouvelle identité autonome et individuelle.
Quel rapport entretiens-tu avec ton pays d’origine ? Y a-t-il un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout, de Corée dans tes œuvres ?
Parmi ses nombreuses actualités à venir, Nahrae Lee fera partie de l’exposition collective des anciens gagnants du prix de la SAAMS
23.09 → 26.09 à ST-ART st-art.com
@nahrae.lee
Le thème principal de mon travail est la transformation humaine. En représentant les gens de différentes manières et avec de nouvelles normes, je remets en question l’ordre naturel des choses et notre capacité à évoluer et à changer nous-mêmes. Récemment, je me suis particulièrement intéressée à l’héritage et à la naissance. J’utilise le phénomène d’une bouloche sur un pull comme métaphore que je réalise sous forme de sculptures pour exprimer l’idée d’une existence indépendante de la lignée maternelle qui va de la
Je dirais que mon travail est plus lié aux personnes que j’ai rencontrées dans ma vie qu’à mon pays d’origine. Je suis née en Corée du Sud, j’ai passé mon adolescence en Chine, je suis arrivée en France à l’âge de 27 ans et j’ai commencé mes études d’art à la HEAR à l’âge de 29 ans. Bien sûr, je parle beaucoup de ma famille dans mon travail, ce qui peut être considéré comme un lien avec la Corée, mais ce sont les expériences que j’ai vécues avec les personnes que j’ai rencontrées dans ma vie, quel que soit le pays, qui ont influencé mon travail. Ces expériences ont façonné ce que je suis aujourd’hui et tout ce que j’ai vécu est une source d’inspiration pour ma création artistique actuelle. Mon identité est un mélange de trois cultures très différentes, mais en fin de compte, je suis le même être humain, quelle que soit ma nationalité.
Trois questions à Eric Androa Mindre Kolo
(Ateliers du collectif Le CRIC à la COOP)
Pourquoi ouvrir les portes d’un espace qui peut s’avérer intime, un lieu « jardin secret » ? J’ouvre mon atelier pour permettre au public de connaître mon travail : cela me donne l’occasion de rayonner sur le territoire. Ouvrir mon atelier, c’est ouvrir la porte de mon œuvre et présenter mes créations intimes.
Quels sont tes travaux actuels ? Sur quels sujets, quels médiums es-tu concentré en ce moment ?
En ce moment, je développe un projet sur les rites, avec le chorégraphe d’origine ivoirienne vivant à Strasbourg Jean-Louis Gadé. Ce travail en commun va donner naissance à un projet de danses et performances. Je suis actuellement concentré sur l’importance du corps dans le rituel, les rituels comme dynamique des pratiques sociales.
Quel rapport entretiens-tu avec ton pays d’origine ? Y a-t-il un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout, de Congo dans tes œuvres ?
Il s’agit de rapports sociaux, artistiques, mais aussi politiques. Ceci me permet de parler des problèmes qui traversent le continent africain et son peuple. Je suis actuellement porteur d’un projet qui s’intitule Rétro, fiction autobiographique sous forme de court métrage. Je retourne au Congo à Aru, mon village natal, pour performer avec et parmi les membres de ma famille, les habitants, les artistes et artisans du village.
Eric Androa Mindre Kolo est le premier bénéficiaire du nouveau dispositif de résidence mis en place par Accélérateur de particules, avec le duo suisse formé par l’association
Le Ventre à Hégenheim et le centre culturel Fachwerk à Allschwill
Eric Androa Mindre Kolo et le chorégraphe
Jean-Louis Gadé seront en résidence à Pôle Sud pour travailler sur le spectacle
Rites
17.04 → 21.04
pole-sud.fr
@androamindrekolo
Photo : Martin Petit JeanLes anciens et les modernes
L’astre libre et montant de la scène belge, Benjamin Abel Meirhaeghe, adapte les Madrigali guerrieri et amorosi, de Claudio Monteverdi (1638) pour en faire une pièce dansée mi-baroque, mi-electropop. Madrigals interroge nos représentations à la lumière du jour.
Par Valérie BissonContre-ténor, interprète, réalisateur de performances sonores et visuelles, Benjamin Abel Meirhaeghe incarne plusieurs aspects de la créature hybridée dans une temporalité qui dépasse les représentations couramment admises. Dans Madrigals, il met en scène huit interprètes, deux chanteurs professionnels, cinq danseurs et un performer de théâtre musical, en maître de cérémonie, pour se réapproprier le livre huit des madrigaux de Monteverdi et déployer, autour d’un feu originel, ce qui fait l’amour et la guerre. Les poèmes lyriques polyphoniques mêlent les sentiments de la nature à un élan métaphysique et se marient, sur une partition enrichie par la pop expérimentale de Jesse Kanda – qui a notamment œuvré avec Björk, Arca ou FKA Twigs –, aux danseurs-chanteurs qui s’approprient le raffinement de la Renaissance tardive italienne. Sur scène, la communauté dénudée et débridée, en quête de sens, va s’agiter et se ritualiser autour des flammes, au rythme de petites cantates dramatiques et dans un mouvement perpétuel d’agitation puis de repos. La mise à distance du désir, des émotions et de la sensualité, que propose Meirhaeghe porte la marque d’un besoin puissant d’affranchissement et le sceau d’une restitution organique de la beauté.
Après The Ballet, performance conçue avec le danseur Emiel Vandenberghe, Meirhaeghe affine sa voie/x à l’Opera Ballet Vlaanderen où il créé A Revue en 2020, un spectacle à la puissance visuelle étonnante. En 2021, Spectacles prend la forme d’un concert rituel transformé en expérience théâtrale qui n’est pas sans rappeler la démarche de Romeo Castellucci et son Requiem . En 2021 toujours, il ouvre le défilé d’ouverture de la Semaine de la mode de Berlin et donne un caractère performatif à l’exposition « E/MOTION » du MOMU d’Anvers. Il fait désormais partie de la direction artistique de la Toneelhuis à Anvers. Porté par une vision de Gesamtkunstwerk, la scène devient une chambre d’écho où les formes traditionnelles et les expérimentations nouvelles peuvent se rencontrer. Fasciné par les révolutions à venir, sans s’opposer à la préservation du répertoire existant, Meirhaeghe relève le défi de combiner des fragments classiques avec des représentations actuelles et des sons radicaux. Ses spectacles sont comme des rituels mystérieux et contemporains qui peuvent se reconnecter à la vie qu’il connaît, aux émotions réelles, à nos expériences et à la pensée politique d’aujourd’hui.
Théâtre Madrigals
11 & 12 mai
Le Maillon maillon.eu
Faire sauter les frontières
La Strasbourg Music Week, c’est la première convention transfrontalière dédiée aux musiques actuelles : quatre jours de conférences, showcases et workshops pour favoriser la circulation des infos, des artistes et des œuvres entre professionnels, newcomers et grand public du Grand Est, de Suisse, d’Allemagne, de Belgique et du Luxembourg. Rencontre avec Isabelle Sirre, directrice et coordinatrice de ce nouveau rendez-vous au cœur de la ville.
Par Aurélie VautrinComment est né ce projet ?
On a commencé à se poser ces questions de coopération internationale pendant le Covid, lors de groupes de travail au sein de Grabuge, le réseau de développement des musiques actuelles du Grand Est. Et quand, en post-Covid, on a vu que la reprise n’allait pas être évidente, l’envie est venue de créer un projet qui prendrait en compte les acteurs culturels de la ville. Parce que Strasbourg est au cœur d’une eurorégion de 15 millions d’habitants ! C’est un événement qui pose la question : « Est-il possible de travailler ensemble ? » Avec l’idée d’accroître la visibilité de tous les acteurs de la filière : artiste, directeur de label, diffuseur, producteur de spectacles… Mettre en place un rendez-vous pérenne, avec des rencontres, des débats, et des concerts aussi.
S’il fallait schématiser un peu, Strasbourg Music Week tend plus vers l’événement festif ou le cri d’alerte ?
Ça, on le saura quand on aura terminé ! Le secteur des musiques actuelles – et de la musique en général – a été beaucoup affecté, d’ailleurs il l’est encore. Et les questions que l’on pose dans les conférences et les workshops sont effectivement des questions d’urgence ou sociétales, autour des minorités de genre, la santé mentale ou l’écoresponsabilité. Mais on tient à partager également les spécificités des marchés voisins, les dispositifs, l’accompagnement et les formations qui existent… Favoriser les rencontres et avoir un effet tremplin.
Il y a un certain engagement dans les thématiques abordées la journée, est-ce que cet état d’esprit se retrouvera le soir sur scène ? Notre parti pris a surtout été de se dire : « Restons proches de nos envies à nous ! » On tenait à faire découvrir des artistes de cette eurorégion via une prog très hétéroclite, grâce à une collab avec Pelpass. Mais nos engagements, on les trouve aussi dans le fait qu’il y a 45 % de femmes à tout niveau du projet – mais sans avoir pris des filles juste pour remplir les quotas ! Il est important de montrer que les choses, si elles sont cohérentes, sont possibles.
16 mai → 19 mai
strasbourgmusicweek.eu
La Métamorphose
Démostratif, festival pluridisciplinaire consacré aux arts scéniques émergents, convie – gratuitement ! – curieuses et curieux à s’approcher des Étranges mutations que traverse notre actualité troublée. Questions à Sacha Vilmar, directeur artistique et metteur en scène d’Adieu mes chers cons.
Par Emmanuel Dosda / Photo Teona GoreciSelon toi, le théâtre est-il un formidable outil pour « comprendre et penser le monde » ou est-ce son reflet ?
J’ai écrit cette phrase il y a six ans maintenant : « Pour comprendre et penser notre monde, nous associons à la programmation un thème et un·e auteur·trice. » Il y avait l’envie de défendre les écritures contemporaines ; il y a l’envie, toujours présente, et surtout le besoin de clarté, de visibilité, de hauteur sur le monde. J’ai changé – pour ne pas dire muté… [rires] Les éditions passant et la vie suivant son chemin me font dire que je ne veux pas comprendre ce monde. Je fais du théâtre précisément pour le fuir : c’est bien que je ne le comprends pas ! Le théâtre, par le moyen du masque, du costume, de l’artifice, rend possible ce que la réalité ne peut se permettre. Il n’est pas fait pour créer une vie meilleure, une vie dans laquelle rien ne se passe, une vie plus grande ou plus petite, mais pour produire autre chose : des événements d’une nature tout à fait différente qui ne se produisent que dans l’imaginaire. Quant à
être le reflet du monde, je ne crois pas. Il l’est par extension, parce qu’il est pratiqué par des gens qui composent ce monde, mais il ne l’est que partiellement. C’est le reflet d’un miroir brisé. Où sont les personnes racisées au théâtre ? Où sont les personnes trans ? Combien de personnages non-binaires ? Combien de femmes metteuses en scène dans les programmations ? Le théâtre est un formidable outil pour dire mais surtout pour agir : on peut répondre à toutes ces questions par le théâtre – et pas que : par l’art, pour l’humanité, ça ne vous rappelle rien ?
Après les Affaires sordides et les Inévitables révoltes, la thématique de cette édition porte sur les transformations. Sont-elles sociales, sexuelles, climatiques… ?
Elles sont totales ! Partout et tout le temps ! La notion de temps m’interroge énormément depuis quelques mois. J’ai longtemps lutté contre la fatalité due au temps qui passe. Avec mes parents notamment, qui répétaient à longueur de journée
Festival Démostratif (en collaboration avec l’Université de Strasbourg)
06 → 10 juin
Village du festival sur le campus universitaire (un chapiteau Magic Mirror y sera installé), Salle d’Évolution, La Pokop…
Comme toujours, le festival donne l’occasion de se rassembler dans les jardins de l’Université autour de son bar ou son food truck, dans sa librairie éphémère, sur un transat, sous les arbres ou le soleil.
que « le temps passe à une vitesse », sans pour autant agir sur celui-ci. Et là, depuis quelques mois, je me dis qu’en effet : le temps passe à une vitesse folle. Je change, je grandis, je vieillis, je mute… hop, je l’ai dit ! Je regarde plus tendrement mes parents et ce vieil ennemi qu’est le temps. C’est surtout cette notion qui m’intéresse dans la mutation : le temps que prennent les choses pour grandir, vieillir, pourrir, disparaître. Alors, elles sont sociales bien sûr – les règles du jeu de notre société changent et c’est pour le mieux –, sexuelles aussi mais surtout intimes – l’écoute de soi, la notion de consentement, le fait d’assumer ses désirs sont des perspectives rassurantes et plaisantes –, climatiques et comment ! Nous devons repenser notre place dans le vivant, retrouver de l’humilité... Mais la liste est longue : mutations artistiques, pédagogiques, alimentaires, spirituelles, économiques…
Notre monde connaît en effet aujourd’hui beaucoup d’« étranges mutations », pour le meilleur et le pire. Quelles sont celles qui sont abordées voire analysées dans la programmation ?
La première qui me vient porte sur le genre. Je trouve stupide cette binarité, maladif ce besoin de tout expliquer, étrange cette prétendue évidence des choses. Les 12 Travelos d’Hercule ou encore Chipo – une drag rappeuse qui clôturera le festival – viennent dénoncer ça et nous font jouir de tous les possibles. C’est aussi ce que fait la compagnie RØSS avec Les Voix du Cypher – le cypher est le cercle formé par les danseurs·euses lors d’un battle – menée par Camille Mahout entre autres, qui dénonce et révèle les attitudes machistes et sexistes dans les battles de danse : tous ces signes qui mettent le public en transe mais qui, en réalité, disent des choses terribles sur les représentations de ce que devrait être la masculinité. Je pense aussi aux mutations techniques : on accueille un spectacle qui aborde le passage de la charrue au tracteur dans le milieu paysan ( Au temps de la bergère Juliette), mais aussi technologiques avec le grand retour de Romain Nicolas à Strasbourg qui composera un texte en duo avec de l’intelligence artificielle (Que la machine vive en moi ).
Avec Adieu mes chers cons d’Anette Gillard (présenté durant le festival), tu mets en scène le fameux corbeau de l’affaire Grégory. Je retiens, dans ce spectacle, la terreur produite par un être maléfique anonyme. Est-ce que nos principaux ennemis sont invisibles ? Je pense surtout qu’on est notre premier ennemi. Et le fait de le savoir change la donne ! En l’occurrence, dans Adieu mes chers cons, ces personnages veulent à tout prix connaître la vérité sur une affaire, au point de se saboter eux-mêmes. Ils sont leurs propres ennemis et se battent – en vain – contre un invisible qui n’est pas le méchant de l’histoire. Ils décident collectivement qu’il doit y avoir un méchant et s’empressent de le désigner. Le monde est truffé d’ennemis, visibles ou invisibles, mais aussi d’amis ! Le théâtre est un moyen de se regarder en face. Antonin Artaud a écrit une phrase géniale dans Le Théâtre et son double (1938) : « L’action du théâtre comme celle de la peste est bienfaisante, car poussant les Hommes à se voir tels qu’ils sont, elle fait tomber le masque, elle découvre le mensonge, la veulerie, la bassesse, la tartufferie. »
Tour de pass-pass
Déjà le sixième Pelpass, festival de musique exemplaire pour sa programmation musicale « de découvertes » – avec Charlotte Adigéry & Bolis Pupul, Voyou ou Lent – et l’ambiance décontractée qui règne au Jardin des Deux-Rives durant quatre jours. Questions à Jérémie Fallecker, grand agitateur culturel à casquette.
Par Emmanuel DosdaComment expliquer ce bon esprit qui flotte sur chaque édition ?
La question de l’accueil est essentielle dans nos réunions d’organisation. Nous sommes également des festivaliers et avons envie que le public passe un aussi chouette moment que notre équipe : organisation, technique, bénévoles… Tous sont moteur de cette ambiance. Ils passent un bon moment et le transmettent ! Nous nous impliquons également beaucoup côté concerts : la scénographie, les chapiteaux, les jeux, la radio transmettant en live, le bar à mômes, le camping ou le bar pailleté participent largement à ce bon esprit. De plus, Pelpass est une asso qui existe depuis maintenant 17 ans, donc beaucoup de gens de toutes générations s’impliquent dans le projet, autant des personnes présentes depuis le début que de nouveaux venus souhaitant participer à l’aventure.
J’ai noté la venue de Lent, groupe rock qui galope vers d’autres esthétiques en cherchant à brouiller les pistes, de Charlotte Adigéry & Bolis Pupul qui font groover l’engagement politique placé sous les sunlights des tropiques ou encore Voyou et ses chansons pop de mauvais garçon. Quels sont tes coups de cœur ?
Pour que le public se laisse surprendre, on essaye de construire une programmation en équilibre entre plusieurs univers très différents, composée
de coups de cœur, donc il y en a beaucoup ! Je suis curieux de savoir ce que vous allez penser du rap alternatif théâtralisé des Australiens de Curse Ov Dialect, du créatif et survolté Lynks et ses danseuses, de la finesse et la puissance du rock des Montréalais de Zouz, de l’hyperpop futuriste et groove de Zouj. Soyez curieux, venez tous, venez tôt et venez passer un chouette moment sur le site, avec nous et avec les artistes.
Chaque année, les artistes du coin sont mis en avant et contribuent largement à créer des moments forts pour les festivaliers, au même titre que les têtes d’affiche : je pense notamment à la claque mise par La Flopée l’an passé. Cette année, des rencontres musicales sont organisées entre Laventure et Hiba ou Le Lou avec Timéa et Pollux… Nous travaillons ce format « versus » depuis cinq ans pour initier un projet de création présenté sur le festival. Ces échanges entre artistes donnent lieu à de mémorables concerts. Je pense à T/O et Chester Remington l’an dernier, par exemple. La création est complétement libre, mais on retrouve toujours un peu de l’univers de chaque artiste dans ces concerts.
18 → 21 mai pelpass.net
Les concerts de Culture the Kid, Siggatunez, Team Delphin, Beatris, marcel, Zouj, Tout Bleu et Tukan ont lieu dans le cadre de l’événement Strasbourg Music Week (lire notre article p. 59) strasbourgmusicweek.eu
Benjamin Abel Meirhaeghe / Muziektheater Transparant
Théâtre, Danse / Belgique
AVRIL-MAI 2023
Les spectacles
Mon absente
Pascal Rambert *
28 mars | 6 avril
Tout mon amour
Laurent Mauvignier | Arnaud Meunier
11 | 15 avril
L’Esthétique de la résistance
CRÉATION AU TNS
Peter Weiss | Sylvain Creuzevault
23 | 28 mai
* Auteur associé au TNS
L’autre saison
Spectacle de la Troupe Avenir #7
IMMERSIONS THÉÂTRALES 16-25 ANS
Iannis Haillet et Florence Albaret
Ven 21 et sam 22 avril | Espace Grüber
Entrée gratuite | Détails sur tns.fr
© Fred DebrockFestival
Wolfi Jazz #13
Par Aurélie Vautrin22 juin → 26 juin
Fort Kléber de Wolfisheim wolfijazz.com
Cinq jours de festivités, une vingtaine de concerts, deux scènes installées aux pieds du Fort Kléber et une centaine d’artistes nationaux et internationaux annoncés : le Wolfi Jazz revient cette année dans sa version originale, telle qu’on la connaissait avant la pandémie. En voilà une bonne nouvelle ! Au programme, toujours un savant mélange entre artistes emblématiques de la scène jazz (Dee Dee Bridgewater, Marcus Miller, Avishai Cohen, les frères Belmondo) et des musiques actuelles (Deluxe, Emile Londonien), sans oublier de chouettes voyages sonores avec Yuri Buenaventura, Mansfarroll & Campana Project, Sarah Lenka ou encore Franck Wolf & Mieko Miyazaki 6tet. Le tout à découvrir en plein air dans le cadre bucolique et atypique de l’ancien fort militaire de Wolfisheim … Ajoutez à cela pléthore de découvertes grâce aux concerts
gratuits de la scène des Douves, un spectacle jeune public et une ambiance familiale et ultraconviviale garantie, avec la mise en place du village des P’tits Loups qui permet à toutes les générations de profiter du festival de la meilleure façon, et ça n’étonnerait personne si tout cela vous donnait sacrément envie de suivre la meute pour crier à la lune.
La première convention musicale professionnelle et transfrontalière
16-19
CONFERENCES
WORKSHOPS
SHOWCASES SOUNDWALK
Infos - Billetterie : strasbourgmusicweek.eu
LYNKS BIBI TANGA & THE SELENITES BONBON VODOU SARA HEBE PI JA MA
MALADY MINA MONSIEUR DOUMANI MARCEL ATOMIC PING PONG
NES CHARLOTTE ADIGÉRY & BOLIS PUPUL A2H VOYOU BOMBINO TODD TERJE DJ SET S.T.O.R.M ANTTI PAALANEN ZOUJ
KABYLIE MINOGUE TUKAN LES FRÈRES TIMAL
CLT DRP CULTURE THE KID LAVENTURE VS HIBA
DANSE MUSIQUE RHÔNE ALPES
FOUKI ROMANE SIERRA TEAM DELPHIN ZHAR
OSTALGIE
NONE SOUNDS BEATRIS JEAN DAVID HARMONY
& CHÉTIF TOUT BLEU LA FINCA
LENT ZOUZ LOU VS POLLUX VS TIMEA EPIC SCHMETTERLING & PHILIP PENTACLE
Où est Comment ?
Où est Nicolas Comment ? Le photographe, écrivain, auteur et compositeur est toujours par monts et par vaux. Cet ange du bizarre, exposé actuellement à la galerie La Pierre Large, a récemment sorti deux ouvrages traversés par la silhouette de Milo, sa Vénus. Par
L’usage du monde… En compagnie de Milo, « la muse et l’amante », Nicolas s’est rendu à Tanger, Barcelone, Berlin… Partout, il écrit et photographie celle qu’il « absorbe », qu’il « acclame », qu’il « admire ». « Yeux verts, cheveux noirs, 1 m 72, 92-66-90. »
Le duo amoureux s’est également rendu à SaintTropez, mais sous la pluie (« parce que c’est beau aussi… ») pour y mener la dolce vita et prendre quelques clichés. « Je rentrais le soir m’essorer en pensant aux images enneigées de Saul Leiter à New York ou bien à la douceur des gris de Bernard Plossu qui m’envoyait des mails de La Ciotat, dans sa langue parlée : “ Pour moi qui vis ici, le mauvais temps dans le Midi est le plus photogénique !” » Il ne pleut (presque) jamais à Saint-Trop’, qui est ici vidé de ses touristes, voilé par la bruine, érotisé par la présence de sa Vénus.
On la retrouve iconisée en Nico dans sa Chronique du Temps qui passe, rassemblant articles et photos sur et de Christophe, Bob Dylan, Alain Bashung, Gérard Manset ou Étienne Daho. Autant d’« exercices d’admiration » qui « ont été écrits au fil de la plume, sans prétexte d’actualité, ni ordre d’importance ». On y découvre Milo, appareil photo à la main, se reflétant dans la vitre d’une fenêtre. I’ll be your mirror…
Exposition
Impair, rouge et passe (70 photographies de Nicolas Comment réalisées depuis 2001, présentées sur écran dans une superbe scénographie)
→ 22 avril
Galerie La Pierre Large galerielapierrelarge.fr
chicmedias éditions
Étienne Daho, Hôtel des infidèles (2021) Reverb (2017) et Milo – Songbook (2016) shop.chicmedias.com
Chronique du Temps qui passe : Exercices d’admiration (2023) shop.chicmedias.com + mediapop-editions.fr
Éditions de l’air, des livres Saint-Tropez sous la pluie (2022) delair.fr/de-lair-des-livres
Chroniques Novo
Nicolas Comment apparaît régulièrement dans les pages du magazine Novo où il livre dorénavant sa « Feuille de routes ». La première étape, dans le n°68, nous mène aux îles d’Aran, en 1998, « année de la disparition de Nicolas Bouvier ».
nicolascomment.com
PAUL SMITH
ELISABETTA FRANCHI
IVI
HANAMI D’OR
RRD MASONS
RICK OWENS
MASNADA
ISABEL BENENATO
LA HAINE INSIDE US
PARAJUMPERS
BARBOUR
PHILIPPE MODEL
PREMIATA SABOT YOUYOU IBELIV
CLARIS VIROT BLEU DE CHAUFFE VERNIS ÉCO KURE BAZAAR
SECRID BAR À PARFUMS
BIJOUX CATHERINE MICHIELS ROSAMARIA MON PRÉCIEUX GEM… MONTRES FOB KOBJA
Le style
Un peu de tenue(s), et de design, s’il vous plaitSérie Les devenirs, photos Alexis Delon @StudioPreview + direction artistique Myriam Commot-Delon
Particularités vestimentaires
Photos Alexis Delon @StudioPreview Réalisation Myriam Commot-DelonLes itérations d’un vestiaire printanier, la personnalité facétieuse de la mannequin kyotoïte Chihiro, tout oscille cette saison entre classiques twistés et motifs à forte personnalité.
Le patchwork animalier
Le gilet sartorial
La double peau Veste croisée en peau Tagliatore chez Revenge Hom. B ague Givre en or, brillants et opale de feu Eric Humbert .
Mannequin Chihiro
@UpModels Paris
Assistante du photographe
Cécile Jacquot
Maquillage
Pierre Duchemin
Coiffure
Melissa Kuntzler
@Avila
Post-prod
Emmanuel Van Hecke
@StudioPreview
Où est le chic ce printemps ?
04 Influence Miyazakienne
Fauteuil Tottori par la designeuse ukrainienne Kateryna Sokolova (ici en version tissu, mais il est à découvrir en cuir orange dans le showroom
Home Contemporain) Driade
OÙ ? Home Contemporain 13, rue du 22 Novembre homecontemporainstrasbourg.fr
05 + 06 Beat Generation
Chemisette rayée en viscose à col cubain Paul Smith et pour tailler la route, sac à dos Edfu Cargo en cuir de veau Rick Owens.
OÙ ? Algorithme La Loggia 6, rue Gutenberg algorithmelaloggia.com
07
L’indéchirable
Pantalon à taille élastique, imprimé GG, collection Cruise 2023 Gucci.
OÙ ? Ultima Homme 16, rue de la Mésange ultimamode.com
08
Sophistication
sonore
Enceinte Beosound Balance, disponible avec assistant Google Bang & Olufsen. bang-olufsen.com
01 + 02 + 03
Mood chromatique
Blouson en lin terre de Sienne, pantalon lie de vin, polo et sandales Tagliatore
OÙ ? Revenge Hom
4, rue du Fossé-des-Tailleurs revenge-hom.com
Le Style Mode homme Par Myriam Commot-Delon 01 + 02 + 03 Photo Alexis Delon @StudioPreviewOù est le cool ce printemps ?
01 Mignoter les garçons
Chouchou en Re-nylon Prada OÙ ? Galeries Lafayette 34, rue du 22 Novembre galerieslafayette.com
02 Flower bomb
Bomber réversible en satin brodé de fleurs de cerisiers Sakura, Scotch & Soda.
OÙ ? 13, rue de la Mésange scotch-soda.com
03 Collector !
Avis aux traqueurs de raretés, quelques pièces de la série limitée True Pink USM Haller x Monocle – présentée l’été dernier à Milan –, sont arrivées à Strasbourg.
OÙ ? decoburo
13, rue du Vieux-Marchéaux-Vins decoburo-store.com
04 Obsession texane
Bottines Vegas en veau Hermès OÙ ? Hermès
23, place Broglie hermes.com
05 Print tes courses
Grand sac shopping Bastua Ikea x Marimekko ikea.com
06 Lueur moniale
Lampadaire Chiara en feuille d’acier (livrée à plat), design Mario Bellini (réédition 1969) Flos.
OÙ ? Home Contemporain 13, rue du 22 Novembre homecontemporainstrasbourg.fr
07 Flashé !
Tee-shirt en coton Gucci x Disney
OÙ ? Ultima Homme 16, rue de la Mésange ultimamode.com
08 Assise workwear
Banc pliant outdoor Lumen en aluminium et toile déperlante Carhartt WIP
OÙ ? Impact Premium
1, petite rue de l’Église impact-premium.com
09 Arc-en-ciel
Arrivage de nouvelles couleurs pour les Eames Plastic Chairs (1950) Charles & Ray Eames / Vitra
OÙ ? Galerie Fou du Roi
4, rue du Faisan
fouduroi.eu
Le Style Slow design Quand faire avec l’existant crée de la désidérabilité.
Par Myriam Commot-Delon Photos Alexis Delon @StudioPreviewSac dormant
Vitupérer l’époque et la surproduction ne suffit pas. Pour en découdre avec ce trop plein, les « stocks dormants », ou « sleeping stocks », font partie de ces solutions revalorisantes utilisées par la nouvelle garde des designers, des étudiants en école de mode aux maisons de couture. Les peaux et tissus, relégués saison après saison dans les réserves des maisons de luxe ou chez leurs fournisseurs entraînent un coût logistique inutile à ces entreprises. En les mettant à disposition sur des plateformes dédiées, c’est une super matière première, qualitative et immédiate (sans attente de mise en production) qui peut enfin être réutilisée.
L’exemple
Chez Patou, le sac signature, fabriqué avec des fins de stock soigneusement sélectionnées, est un de ces accessoires inclusifs cristallisant nos envies printanières, tout en limitant notre impact environnemental.
En photo Le sac demi-lune (l’obsession format de la saison) Le Petit Patou par Guillaume Henri (le directeur artistique de Patou) en cuir de veau ivoire (mais aussi en rose orchidée et argile safran), numéroté et disponible uniquement en série limitée (entre 60 et 120 exemplaires suivant les couleurs).
À porter Façon extension corporelle, glissé sous le bras et basculé sur l’arrière.
Le + Leur packaging 100 % écoresponsable et joliment appelé Patou Way, des housses d’emballage en coton biologique jusqu’aux étiquettes en papier recyclé. Où ? Chez Ultima, qui vient d’accueillir Patou dans son très chic vestiaire.
Ultima Prêt-à-Porter 4, petite rue de l’Église ultimamode.com
Une nouvelle histoire…
Herno
Aspesi
Alberto Biani
Closed Vince
Gran Sasso
Paul Smith
Pierre Louis Mascia
Laura Urbinati
Lis Lareda
Harris Wharf
Chic(he) !
Quand Cabana (1), le plus culte magazine d’intérieur milanais et son affolante sélection lifestyle collabore avec Zara Home, les motifs pour craquer sont nombreux ! Une débauche d’imprimés, de l’assiette aux nappes. On vous prévient : il va falloir assortir sa vêture au décor.
zarahome.com
Quatre nouveaux labels éthiques et euphorisants
Chez Algorithme La Loggia , la luxueuse marque allemande Ivi Collection (2) de Corinna et Ivonne met à l’honneur l’artisanat, la durabilité et les matières premières renouvelables. Un dressing estival anxiolytique, à réchauffer des cachemires toscans Canessa (5).
algorithmelaloggia.com
Chez Marbre, les sacs recyclés En Shalla (4) sont tous entièrement brodés main par des communautés de femmes vivant dans la campagne marrackechoise. Quant à Xiwikj (3), c’est entre Vérone et Jaipur que Federica et Bali ont créé leur entreprise textile, offrant subsistance à des familles rajasthanaises avec leur vestiaire de coton imprimé main au block print et proposé à des prix justes et abordables.
marbre-strasbourg.com
197.Design, vous invite à découvrir les dernières tendances en matière de décoration et d’aménagement. Sur 1200 m², une exposition de grandes marques du design vous plongera dans un univers intemporel et avant-gardiste. Imprégnez-vous des tendances actuelles et explorez le champ des possibles pour vos canapés, meubles, chambres, cuisines et salles de bains ! Venez rencontrer notre équipe qui vous aidera à façonner votre intérieur afin d’en faire un véritable art de vivre.
Déco Matérialités crafts
Empruntant les codes d’un showroom de luxe avec ses 400 m 2 enrobés de bois, l’enseigne Décoplus, 1er réseau spécialiste du parquet en France avec 30 showrooms, vient de s’implanter place Kléber, offrant ainsi une expérience immersive unique, destinée à tous les budgets. D’essences indigènes ou exotiques, en gammes de sols stratifiés ou parquets d’exception , le spectre boisé proposé est emprunt de sophistication et d’une naturalité réconfortante. Classique, moderne ou contemporain, le choix d’un parquet fédère et apporte définitivement chaleur et caractère à un espace, qu’il soit intérieur ou extérieur.
Décoplus Parquets
5, place Kléber decoplus-parquet.com
Beauté L’alternative
Le concept store beauté Oh My Cream ! fondé par Juliette Lévy est le spot healthy qu’on attendait tous.tes à Strasbourg. Niché dans la tr è s tendance rue des Juifs, on se réjouit de l’ inclure dans la balade shopping qu’offre ses jolis pavés. Ses deux expertes beauté, Lorette et Claudia, vous initieront à l’approche holistique et alternative de sa fondatrice, construite autour de sa propre marque Oh ! My Cream Skinskare, de labels cultes comme Tata Harper ou Dermalogica, tout en nous expliquant comment bousculer nos routines beauté et make-up en adoptant le less is more et les formules clean. Et pour le lâcher-prise, on file prendre rendez-vous pour un soin cabine pointu et personnalisé.
Oh ! My Cream
3, rue des Juifs ohmycream.com
Chaises musicales
Les cachemires Notshy, auparavant installés rue du VieuxMarché-aux-Poissons déménagent rue de la Mésange, offrant ainsi un vaste espace à la marque de bijoux APM Monaco. notshycashmere.com | apm.mc
La boutique femme du concept store United Legend est remplacée par Oh My Cream ! et fait désormais vestiaire mixte avec son autre adresse dédiée aux hommes, rue de la Nuée-Bleue. unitedlegend.com | ohmycream.com
Le groupe SMCP (Sandro Maje Claudie Pierlot), également propriétaire de De Fursac, déploie ses ailes de la place Gutenberg à la rue du Vieux-Marché-aux-Poissons : le dressing féminin de Judith Milgrom, fondatrice et directrice artistique de Maje prend la place d’Orcanta, quant au décor boisé du vestiaire masculin Fursac , il est désormais immaculé et dessiné par Gauthier Borsarello, le nouveau directeur artistique de la marque et rédac chef du magazine masculin L’Étiquette. Autre signe d’épure ? La marque, qui au passage a perdu sa particule. fursac. com | maje.com
La chic rue des Hallebardes prend des couleurs : à l’angle de la rue du Dôme, le groupe Clinique des Champs-Élysées, leader de chirurgie et médecine esthétique en France, vient de déployer son douzième écrin à la déco décalée et aux interventions auréolées de cette fameuse French Touch tant recherchée par une patientèle à la recherche d’un résultat ultra-naturel. À l’opposé, c’est l’arrivée prochaine de la maille italienne euphorisante de United Colors of Benetton qui nous met en émoi, avec la première collection d’Andrea Incontri en tant que directeur de la création. crpce.com | benetton.com
13-14 & 20-21 mai 14h → 19h Alsace, 24 e édition En mai, faites le tour des ateliers d’artistes !
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Pièces à clarté
Flirtant avec le sculptural, le showroom
197.Design nous met l’eau à la bouche avec les lignes laquées et sur mesure du cuisiniste allemand Noblessa. De quoi réveiller nos envies de beurre frais… healthy. Pour l’architecte et designer Ariel Unbekandt , la cuisine – qui est le cœur de métier de 197.Design –est un domaine où l’on n’improvise pas, et si c’est parfois le cas quand on tente de nouvelles expériences culinaires, la qualité des ingrédients utilisés reste essentielle. Cela nécessite donc des connaissances très ciblées, où « la vraie maîtrise est primordiale », comme avec cette version immaculée du modèle Passion 87 qui ravira les
top-chef.fe.s féru.e.s de monochromie laborantine. Son imparable contemporanéité s’articulant autour de trois parallélépip èdes monolithiques dont on notera l’absence de poignées, du plan de travail en céramique marbre Capraia et de l’intégration d’étagères en bois blond pour y exposer sa bibliothèque culinaire et ses céramiques préférées.
197.Design
197, avenue de Strasbourg à Brumath
197design.com
Le Style Design Rayonnements de saison, pour cuisiner le printemps en pleine lumière.Photo Alexis Delon @StudioPreview
Trois lampes à fort pouvoir émotionnel
La lunaire 1+2 Suspensions connectées Calipso, compos ées de tubes de différents diam è tres agencés aléatoirement, offrant une lumière aussi poétique que high-tech, design Neil Poulton pour Artemide. salustra.fr
L’intégrée 3 Issue de la collection Folia de Noé DuchaufourLawrance pour Saint-Louis – vingt-cinq pièces d’art de la table, de décoration, de luminaires et de mobilier en hommage à la feuille du bois de Moselle –, console en bois de frêne à luminaire cloche en cristal taillé, Saint-Louis. saint-louis.com
La pop 4 Dessinée en 1968 par Verner Panton, les jolies rondeurs de l’iconique FlowerPot VP2 se parent cette saison de six nouvelles couleurs vives, dont cette hypnotique version bicolore, &Tradition. fouduroi.eu
Le Style Design L’enseigne haut-rhinoise decoburo, une référence en termes d’agencement et de mobilier design, s’installe au cœur de la capitale européenne. L’occasion de (re)découvrir l’iconique système du fabricant suisse USM Haller, ainsi qu’une très sérieuse garde rapprochée d’éditeurs internationaux. Par Myriam
Lieu à jonctions
Ultra-versatile, USM a des atouts de taille : sa flexibilité, sa durabilité et son intemporalité. Adulé par les architectes, le système inventé par Fritz Haller était à l’origine destiné au monde professionnel, mais son « bon design » à forte personnalité a su s’intégrer aussi dans nos intérieurs, n’en finissant plus aujourd’hui de séduire les particuliers. Il faut avouer qu’une pièce USM a du panache et est exemplaire d’un point de vue environnemental – ils possèdent la prestigieuse certification Greenguard contre l’émission de produits chimiques et de particules ainsi que celle du Cradle to Cradle pour le développement de produits upcyclables. Pour Geneviève Massot-Klintz et Lionel Klintz, les
deux fondateurs de decoburo, être distributeur exclusif de la marque en Alsace concentre toutes leurs convictions. De son ingénieu se structure, constituée de tôle et de tubes d’acier reliés par des boules de connexion, ils aiment toutes les facettes : « Le design d’USM est une référence de simplicité, de pureté et de sobriété si caractéristiques du design suisse. Il n’existe pas d’équivalent au monde, et ce, depuis près d’un demi-siècle, ce qui explique certainement que leur concept est aujourd’hui exposé au MoMA, à New York. »
In situ
Après l’ouverture d’une e-boutique dédiée à la marque, le tandem projetait d’ajouter une antenne strasbourgeoise à leur QG de Zellenberg pour y exposer leur marque phare. Le local trouvé, c’est à leur fille Deborah – de retour en Alsace après quelques années parisiennes à développer plusieurs projets pour l’entreprise familiale – qu’ils ont confié la tête du showroom. Parmi le nuancier original de 14 teintes, le trio a choisi le bleu acier – un bleu encré presque noir – pour escorter les murs tout habillés de blanc et revêtir la devanture. À l’intérieur, dans un espace d’exposition traversant, tout en longueur et avec vue sur l’Ill, s’inscrivent des espaces mi-ouverts, fonctionnels et pensés pour répondre aux besoins spatiaux nécessaires à l’aménagement d’open spaces professionnels et intérieurs personnels. D’USM, on peut découvrir un panel de configurations colorées, dont la dernière gamme USM Haller E, où le courant transite par la structure même des meubles, ainsi que ces nouvelles plaques perforées conçues pour être végétalisées. S’y trouvent en plus quelques autres éditeurs triés sur le volet : Arper et son élégance italienne intemporelle mais aussi Vibia et Luceplan, maîtres ès éclairages. Une dernière référence archi-locale, parmi la (bonne) quarantaine d’éditeurs avec lesquels ils travaillent ? La maison colmarienne E . Boehm et ses voluptueux tapis tableaux en velours de laine ou en fibres d’orties, exposés à la verticale, telles des tentures.
decoburo
13, rue du Vieux-Marché-aux-Vins
4, Le Schlossberg à Zellenberg decoburo-store.com
STRASBOURG
programme complet à découvrir sur : les48h.com/strasbourg
Festival du jardinage en Ville
Dimanche 30 avril | 10h30 - 17h30
Terrasse du Palais Rohan et Place du Marché-aux-poissons
Programmation élargie du 27 avril au 3 mai 2023
PRODUIRE • FLEURIR • JARDINER LA VILLELa table La chronique Printemps = envies de changements ! Pour créer du new, on envoie tout valser ou on regarde les choses autrement ? Nul besoin de jeter l’intégralité de ses placards pour rendre la table fun à nouveau, voyons ce qu’on peut faire avec l’existant avant de changer de crèmerie.
Photos + texte Sonia VerguetDouce révolution
On ne part jamais de zéro : on invente toujours nourri d’une base existante. L’évolution des recettes et des arts de la table en témoigne. Le cronut, imaginé par le pâtissier français Dominique Ansel installé aux États-Unis, est un mix du feuilleté du croissant et du frit du beignet. Deux saveurs connues de tous qui se sont mariées et forment un couple des plus heureux. Tout réside donc dans notre capacité à ouvrir nos œillères, à aimer les différences ou à rassembler les préférences. La nouveauté vient souvent du métissage, osez alors les mélanges !
Vivre avec son temps, c’est d’abord faire avec ce qu’on a , aujourd’hui encore plus qu’hier. Nos cuisines sont souvent suffisamment bien remplies pour préparer un bon repas. Nul besoin de tel nouvel ustensile ou ingrédient pour épater vos invités. Ouvrez vos placards, donnez une seconde chance à ce moule magnifique, à ces algues séchées ou encore à la fève tonka offerte par votre cousine à Noël dernier (elle fera des merveilles râpée dans une blanquette de veau, dixit un chef récemment rencontré). On ne vit qu’une fois donc assumez votre différence : oui, votre repas préféré peut être le petit déjeuner comme Paulie Bleeker dans le film Juno. D’ailleurs, si c’est le dernier (on ne sait jamais de quoi demain sera fait), vous serez ravis de l’avoir dévoré sans honte. Enfin, restez simples car les meilleures choses se font toujours naturellement, comme les fleurs qui reviennent au printemps. Be cool !
Faire avec ce qu’on a Nos envies changent avec le temps et l’on a parfois besoin d’un coup de pouce pour se renouveler en cuisine. Si l’on dit souvent que ce sont dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes… c’est quand même mieux si la soupe n’est pas toujours la même ! Petit truc pour grands changements : mettez de vos rencontres, de vos vacances, de votre ingrédient favori dans les recettes traditionnelles. Il suffit parfois d’une simple herbe, d’un épice ou d’une nouvelle forme à un mets pour l’aimer encore plus fort ou l’aimer pour la première fois.
Je n’ai jamais spécialement apprécié le kouglof mais ai toujours trouvé sa plastique folle : généreuse, incongrue, faite de vallons et d’un creux. L’extraterrestre formel des boulangeries et des pâtisseries m’a toujours fait de l’oeil sans que j’aille jusqu’à lui donner RDV. Aussi, en mettant dans le moule des choses que j’apprécie plus que la pâte briochée aux raisins secs, j’ai découvert le kouglof. Il m’a séduite. Il m’a eue. Je peux maintenant dire que je l’aime. J’en ai certes fait un coolglof aux yeux des autres mais pour moi, il reste un kouglof à ma sauce.
En s’autorisant à quitter son livre de recettes de cuisine – celles des autres finalement –, non seulement on recuisine avec entrain et on contribue, comme ici avec cet emblème régional, à donner un petit coup de lifting à ce qu’on connaissait par cœur et qui ne nous excitait plus. On se rencontre. Alors, avec qui allez-vous fixer un rencard bientôt ?
Designer culinaire, Sonia Verguet questionne le moment du repas. Elle participe cette année à une résidence de trois mois à Prague, au centre d’art Meet Factory, grâce au programme d’échanges du CEAAC de Strasbourg. L’objectif ? Étudier les arts et les traditions populaires, dans lesquelles s’inscrivent les pratiques culinaires. Son dernier livre, 100 Coolglofs. Cuisiner le kouglof autrement (Kéribus éditions) est disponible à la Vitrine Chicmedias – 14 rue Sainte-Hélène.
-> Houmous, quand l’Alsace se fait libanaise Un des 100 kouglofs revisités extrait du livre 100 Coolglofs Cuisiner le kouglof autrement (éditions Kéribus)
-^
Clé à patate Ici, on aime toutes les rondeurs. Petites, grandes, fines, grosses, avec de l’ail, elles sont toutes sublimes.
<Chacun ses petits plaisirs. Et vous, c’est quoi votre inavouable péché mignon ?
Dites-le à Sonia qui répertorie tous nos travers qu’elle trouve droits (soniaverguet@ yahoo.fr)
Assumer sa différence
Vous avez des goûts qui paraissent douteux aux yeux des autres : vous aimez l’ananas sur la pizza, les raviolis froids à même la boîte, dîner à 18 h 30 ou encore tremper votre tartine de camembert dans le café. Vous réservez ces plaisirs au cadre privé et ne les partagez surtout pas. Ils vous font presque honte. Rigolez-en, assumez et partagez. Les conventions sociales autour du repas sont nombreuses et plutôt que nous rassembler, elles contribuent plus qu’il n’y paraît à nous séparer. La table est le lieu qui dit beaucoup de nous, mieux vaut s’y sentir à l’aise. Au-delà des goûts ou des dégoûts des uns et des autres, manger quand on veut, quand on a faim et dans les quantités qui nous correspondent contribue véritablement à notre bien-être. Ce n’est donc pas à prendre à la légère !
S’assumer ne veut pas pour autant dire se couper du merveilleux lien social que procure le fait d’être ensemble au bistrot. Ce que vous buvez ne vous rendra pas plus ou moins cool, vous avez la coolitude en vous, quatrième verre de rouge commandé ou pas. Pendant que les autres continuent à boire, commandez à manger ! Quelques adresses pour mêler les deux et continuer la soirée tous ensemble : le Jaja (flammekueche et planchettes sourcées – place Saint-Nicolas-auxOndes), le Garde Fou (plats cuisinés aux petits oignons – 8 rue du Faubourg-National), La Belle (pas de grande cuisine ici mais des jeux en bonus et un accueil chaleureux – 13 rue Vauban).
Rester simple
Le changement de saison amène naturellement celui des aliments dans l’assiette. La nature fait si bien les choses qu’elle nous apporte régulièrement de quoi ne pas nous ennuyer à table : ce qu’on connaît déjà mais dont on rêvait pourtant (les asperges de retour au printemps, les tomates en été…).
Aussi, il ne sert à rien de trop se casser la tête, observons l’existant car il fait souvent bien les choses. À l’image de la nature, laissons faire et laissons-nous surprendre. Le contrôle de notre alimentation nous en a éloigné et elle a perdu beaucoup de saveurs au passage.
Où trouver de la vérité vraie ? Par exemple, au restaurant Aida où le chef Daniel Fierro réalise ses propres tortillas à base de maïs jaune alsacien et de maïs bleu mexicain qu’il réduit lui-même en poudre sur place. Il agit tout simplement avec ce qui l’entoure et ce qu’il connaît le mieux. Il cuisine donc les choses dans les règles de l’art et y injecte un peu de lui pour des plats authentiques et donc inévitablement sublimes. J’ai envie de dire, what else ?
À son image, retour aux sources : pensez à ce qui vous caractérise (l’origine de votre famille, là où vous avez grandi, ce qui vous anime le plus aujourd’hui…) et partagez-le avec votre entourage. La tablée sera heureuse de manger… un morceau de vous !
Étoiles alsaciennes
Pour la première fois, le Guide Michelin a choisi Strasbourg pour annoncer sa liste de nouvelles tables étoilées. Une cérémonie que Zut ne pouvait pas manquer. Et si on s’attendait à voir le retour en Alsace d’un restaurant triplement étoilé, ce sont finalement trois jeunes talents qui ont été récompensés. Une sélection plus qu’approuvée.
Enfin
Lorsque Carole Eckert s’était associée à Bérengère Pellissard pour ouvrir le Comptoir à manger, rue des Dentelles, l’adresse avait conquis le cœur (et l’estomac) de Zut. Déception immense donc de voir l’aventure se briser sur le mur du Covid. Mais c’était sans compter la ténacité de l’autodidacte alsacienne, qui s’est délocalisée à Barr pour lancer Enfin, restaurant toujours axé sur le végétal et le local. Pour gérer les fourneaux, elle a recruté le jeune chef Lucas Engel, qui déploie une créativité sans égal pour jouer avec les produits de saison : associations sucrées-salées, pointes d’amertume ou d’acidité. Une cuisine audacieuse désormais couronnée d’une étoile amplement méritée.
2, chemin du Château-d’Andlau, à Barr @enfinbarr
Relais de la Poste
Il n’aura pas fallu longtemps au Relais de la Poste pour retrouver son ciel étoilé. Après huit ans à l’arborer fièrement (sous la houlette de Caroline Van Maenen), le bel établissement de La Wantzenau perdait son étoile en 2019. L’occasion d’un changement d’équipe, d’un coup de jeune à la déco et d’un renouveau culinaire, opéré par le fraîchement nommé chef Thomas Koebel. À la carte : des produits locaux d’exception, travaillés avec précision. Ris de veau au bibeleskaes, cromesquis d’escargot à la crème d’ail, blanc-manger aux agrumes et safran. Une cuisine « moderne en diable » pour citer le guide rouge, qui salue aussi la superbe carte des vins, et redonne donc au Relais son macaron étoilé. 21, rue du Général-de-Gaulle, à La Wantzenau @relaisdelaposte
De:ja
C’est une maison que la rédaction de Zut suit depuis son ouverture, en octobre 2021 : De:ja, l’épuré restaurant de Jeanne Satori et David Degoursy décroche sa première étoile au Guide Michelin, à peine plus d’un an après son ouverture. Il faut dire qu’ici les plats sont maîtrisés à la perfection, les associations audacieuses et fichtrement harmonieuses. Inspiration scandinave, lacto-fermentations, pains maison, prédominance du végétal et accent mis sur le bien-être animal. Côté boisson, que du bon, avec des vins nature ou du kéfir et kombucha maison. Le duo strasbourgeois réussit d’ailleurs le doublé du guide rouge en décrochant aussi l’étoile verte, gage d’une cuisine écoresponsable.
1, rue de Schimper, à Strasbourg @dejalerestaurantDétendez-vous au coeur de Strasbourg, sous une terrasse ombragée et découvrez les meilleurs produits de notre belle région avec un twist de fraîcheur et de modernité dans la carte de notre chef, Mathieu Klein.
Menu 2 plats à partir de 29€, au déjeuner Service voiturier gratuit inclus
Restaurant Terroir & Co 4 Place Saint Pierre-Le-Jeune, 67000 Strasbourg 03 88 15 49 10 - h0568-fb1@sofitel.com
Inauguration Le pari ambitieux (et réussi) du groupe Diabolo Poivre a ouvert ses portes le 31 mars. Chère Amie est la nouvelle brasserie chic qui entend bien réveiller le quartier de la Neustadt. Installée dans le mythique Hôtel des Postes, elle rend hommage au centre de tri postal qu’abritait autrefois ce bâtiment aux dimensions et à l’architecture exceptionnelles.
Par Delphine Mesas / Photos Alexis Delon @StudioPreviewAmicalement vôtre
Il aura fallu onze mois de travaux d’aménagement et de mise aux normes pour que la nouvelle identité de l’Hôtel des Postes se dévoile à ses premiers visiteurs. Derrière la grande porte de l’avenue de la Marseillaise, on découvre un lieu moderne et élégant : une salle lumineuse de 300 m 2 dans laquelle trône un imposant bar central sous une triple verrière. Entièrement signé par Pascal Claude Drach, qui navigue avec subtilité entre modernité et codes classiques, le design épuré a été pensé autour de la correspondance épistolaire et des écritures galantes. Quatre cents coupons textiles surplombant le bar font référence aux pages blanches, et des anciennes lettres chinées par le designer habillent le mur.
« Si vous regardez bien, les timbres des lettres sont aux couleurs du restaurant », nous confie Pascal Claude Drach. Le style épuré et sobre voulu par le designer s’ajoute aux lampes dorées, au bois de chêne et aux teintes choisies – rouge brique et vert sauge – pour une ambiance chaleureuse et conviviale.
Comme une lettre à la poste La cuisine ouverte, derrière la baie vitrée, participe à l’effervescence du lieu en mettant toute la lumière sur la brigade composée d’une vingtaine de personnes et dirigée par Alexandre Haudenschild, l’ancien chef de la Hache. La carte est bien remplie : les classiques du bistrot sont revisités avec goût et simplicité et servis en continu de 12 h à minuit tous les jours de la semaine. On y redécouvre, entre autres, le classique œuf-mayo, l’os à moelle, la choucroute, et de nombreux plats autour du poisson et de la viande (picanha de veau, échine de cochon…). Coup de cœur pour le gratin aux coquillettes, « un plat régressif et réconfortant comme on aime », nous dit le chef. Un buffet de la mer propose également un vaste choix entre maquereaux, fruits de mer et ceviches. Côté dessert, les douceurs sont signées Rémi Sorbier, qui a dédié son nouveau dessert signature à l’histoire du lieu : un entremet chocolat répondant au doux nom de L’Enveloppe. Pensé comme un lieu de vie et de rencontres dans lequel on s’imagine déjà passer du bon temps, Chère Amie est le huitième projet du groupe et a déjà tout d’un grand.
Chère Amie
5, avenue de la Marseillaise chere-amie.fr
Cuisine du marché
Bar à vin — Caviste
L’Assiette du Vin
Bistro-Cave
Fête des Pères :
Du 1er mai au 18 juin 2023
Une bouteille achetée, la 2e à -10 %
Offre valable sur toute la cave
Ouvert tous les midis lundi → samedi
Afterwork à partir de 18h jeudi + vendredi
154, route de Bischwiller, Schiltigheim 03 90 46 54 19
Nouveaux Lieux
Bistrot du Quai
Quatre copains, un apéro animé et une envie de changer. Il n’en fallait pas plus pour que Camille, Ludovic, Mickaël et Léa décident à l’automne dernier de reprendre le Bistrot du Quai, sur celui des Pêcheurs. Un p’tit coup de jeune dans la déco, du bois, des plantes vertes, tout en gardant le cachet de cet ancien troquet de quartier. Au menu, des plats bistronomiques et locavoristes, avec au moins une option végé. Le midi, on opte pour la formule entrée-plat ou plat-dessert à moins de 20 euros. Le soir, la température monte (les prix aussi) : lumière tamisée et assiettes plus travaillées.
Quai-ce-que c’est bon Nous, c’est pour le déjeuner qu’on s’y est attablés. À l’ardoise ce jour-là : un wok de nouilles fraîches, légumes hivernaux, noix de cajou et œuf mariné. Réconfortant et divinement rassasiant. Gros coup de cœur aussi pour le poisson, snacké à la perfection (et à la plancha), servi sur un lit de carottes, patates douces et panais, twistés d’un mélange d’épices dont on aimerait connaître le secret. Pour faire glisser le tout, un moelleux cake citronné, doux comme un oreiller, paré d’une vive crème au citron.
11, quai des Pêcheurs
@aubistrotduquai
Ranna Ghor
Envie d’une cuisine fine, maîtrisée et diablement savoureuse ? Alors direction le Ranna Ghor, nouveau resto bistronomique, installé en lieu et place de feu Bistrot Paulus. Dans un sobre mais chaleureux cadre type bistrot de quartier (tables en bois, cascade de plantes vertes, grand miroir) on goûte les plats teintés d’épices du chef Sabbir, 24 ans, d’origine bengali. Après avoir aiguisé ses lames comme second à l’AEDAEN Place, il concocte désormais dans cette nouvelle adresse de la Krut’ des plats issus de la gastronomie française, twistés d’influence indienne.
Festival d’épices
Le menu change toutes les semaines, avec toujours du poisson, une viande et une option végé. Dans nos assiettes ce soir là : un irréprochable œuf parfait(ement) exécuté sur lit de crème de cresson, craquants croutons et émulsion parmesan. À saucer jusqu’à la dernière gouttelette. Pour la suite : explosion de saveurs, avec le fondantissime poulet « façon bengali », mariné 12 h dans un mélange d’épices sacrément convaincant, et le saumon « shorshe », laqué à l’huile de moutarde et baignant dans une riche sauce aux tomates, yaourt, curry et curcuma. Pour éponger tout ça, un riz presque grillé au cumin et ghee.
33, rue de Zurich
@ranna_ghor67
La Table Actus Classiques revisités, twist franco-indien et saveurs méditerranéennes : ces trois nouvelles adresses s’activent à faire voyager les palais strasbourgeois. Par Tatiana GeiselmannPhoto DR Photo Paul Kempf
CAVISTE COURS D'ŒNOLOGIE
33, rue de Zurich 67000 Strasbourg 03 88 36 10 87
www.oenosphere.com
Épicerie Baeck
Adeus chouriços, olives noires et morue salée ; benvenuto guanciale, scamorza et passata di pomodoro. Depuis octobre dernier, l’épicerie portugaise de la rue du Faubourg-dePierre a changé de nom, de façade et de patron. Désormais ce sont deux quadras, Yann Bourquin et Laurent Esseghir, qui pilotent la petite échoppe, rebaptisée Baeck. Une adresse qui a conquis la rédaction de Zut. On y vient le midi pour composer nos sandwichs avec les fromages et charcuteries proposés à la coupe (la plupart viennent du bassin méditerranéen, mais aussi d’Alsace et de Franche-Comté).
Épatant pâté
Autre spécialité de la maison : le pâté en croûte, dont la recette change selon les produits du moment et les envies des gérants. Tantôt foie gras, ris de veau-noisette ou vin jaune, comté et noix. Un pur délice à chaque fois. On s’y rend aussi pour faire le plein de produits d’épicerie fine : pâtes italiennes, huile d’olive tunisienne, sardines espagnoles, poivre du Cambodge ou encore chocolat. Côté vin : une soixantaine de références, principalement en bio et biodynamie. C’est un grand oui ! 65, rue du Faubourg-de-Pierre @epiceriebaeck
L E GAVE UR DU KOCHERSBERG FER ME NO NN ENMACHER
Produits du Terroir & Foie Gras d’Alsace
LES ASPERGES DE WOELLENHEIM
Nos asperges, réputées dans la région, sont cultivées, cueillies, transformées directement chez nous, à la ferme.
Vente à la ferme
Du lundi au samedi de 8h30 à 12h et de 13h à 19h sauf lundi 18h30 et samedi 17h
14 route de Hochfelde à 67370 Woellenheim +33 (0)3 88 69 90 77 | gaveur-kochersberg.fr
Photo Alexis Delon @StudioPreviewLIBRAIRIE CULINAIRE
L’Alsace est dans l’assiette
C’est un gros livre rouge paru la veille de la sortie du petit guide rouge : Nos recettes alsaciennes , anthologie culinaire du terroir alsacien. Un pavé de 350 pages qui regroupe 200 recettes de chefs (étoilés ou non) de la région, ainsi qu’une centaine de cuisiniers amateurs. À découvrir notamment : les rouelles d’anguille au Melfor et herbes sauvages d’Alexis Albrecht (Au Vieux Couvent à Rhinau), l’œuf parfait saveur tarte flambée de Joël Philipps (Le Cerf à Marlenheim), les knepfle de maman et la choucroute du lendemain. Chaque recette est doublée d’un accord met-vin, alsacien, évidemment.
Les potins des popotes
Par Tatiana GeiselmannPépites locales
Claire
Arrivée il y a 2 ans aux Funambules, la jeune cheffe d’à peine 30 ans s’est vue couronnée du « Trophée pâtissier » du Gault&Millau.
Nos recettes alsaciennes, Éditions des Lacs, 35 € Disponible à la boutique des Étoiles d’Alsace
2, rue de Copenhague, à Schiltigheim
Un festin pour les yeux
Chaque année, Gros Gris, maison d’édition indépendante basée à Strasbourg et portée par un collectif d’artistes, autrices, graphistes et éditrices, publie une revue thématique mêlant textes et images. Après avoir sondé les Croyances, le Temps libre et la Disparition, la revue consacre son nouveau numéro à la Table. Et on est conquis : de la poésie, des illustrations, un peu de fiction, et tant de textes si bien écrits. Quelques exemples pour vous mettre l’eau à la bouche : des gâteaux outrageusement kitschs signés Le Bisous, un drôle de texte sur le ramasse-miettes et des gendarmes dans la choucroute.
À table !, Gros Gris, 16 € Disponible dans les librairies Quai des Brumes,
L’oiseau rare, au CEAAC et au Syndicat Potentiel. Ou en ligne sur shop.grosgris.fr
LES
RAGOTS DU MARCHÉ
Si l’Alsace a gagné trois nouvelles étoiles cette année, suite à la cérémonie du Guide Michelin, elle en a aussi perdu une, passée plus inaperçue : celle de la Maison Kieny, à Riedisheim. Table étoilée depuis 1990, l’établissement a subi au cours des trois dernières années une valse des chefs, qui vient donc de lui coûter son macaron rouge. Restaurant Maison Kieny
7, rue du Général-de-Gaulle, à Riedisheim
C’est une winstub de référence à Strasbourg : Chez Yvonne, à deux pas de la cathédrale, rejoint la sélection 2023 du Bib gourmand, qui récompense les établissements avec le meilleur rapport qualité-prix. Autre Alsacien distingué parmi les 49 établissements que compte la sélection : L’Olivier, à Munster.
Chez Yvonne
10, rue du Sanglier, à Strasbourg
Strasbourg, numéro 1 des villes à se faire livrer vegan en France, selon une étude Deliveroo. La ville arrive aussi en troisième position nationale pour son offre de restaurants vegan. En top 3 des plats les plus commandés sur l’appli : les kebabs vegan, les bowls vegan et le houmous.
Olivier
Un très beau lot de consolation pour le chef du Chambard de Kaysersberg (à défaut de la troisième étoile Michelin) : le titre de « Cuisinier de l’année » du Gault&Millau.
Sommelier au restaurant étoilé Thierry Schwartz à Obernai, l’Alsacien d’adoption s’est vu décerner le « Prix de la sommellerie 2023 » lors de la cérémonie du Guide Michelin.
UN HAVRE DE PAIX ET DE DÉTENTE AU CŒUR DE L’ALSACE
Véritable invitation au lâcher-prise et à la déconnexion totale. Posé comme une pépite dans un luxuriant écrin de verdure, ce havre de paix entièrement dédié au bien-être et à la gastronomie
3
Hostellerie des Châteaux & Spa
11, rue des Châteaux - 67530 Ottrott - Alsace
Tel : +33(0)3.88.48.14.14
www.hostellerie-chateaux.fr
2 500 M² ENTIÈREMENT DÉDIÉS AU BIEN-ÊTRE piscines, 2 jacuzzis, 10 saunas et hammams, 3 salles de reposLa Table Dossier « La cuisine japonaise n’est pas chose qui se mange, mais chose qui se regarde », a écrit Jun’ichirō Tanizaki dans son Éloge de l’ombre. On pourrait même dire que la cuisine japonaise est chose qui se vit, tant elle incarne une philosophie à part entière chez ceux qui s’en réclament. Esthétique de la lenteur, éloge de la simplicité et recherche de l’harmonie sont autant d’idéaux qui animent ces gastronomes strasbourgeois férus de saveurs nipponnes.
Itadakimasu !*
*Scandée comme un rituel avant de commencer à manger et souvent traduite à tort par « bon appétit », cette formule signifie plus littéralement : « Je reçois humblement ce repas. »
Photos NikosanL’instant thé
Par Tatiana Geiselmann / Photos NikosanNikosan, artiste protéiforme strasbourgeois, tire son inspiration de l’univers du thé. Une passion qu’il a érigée en véritable art de vivre en la traduisant au quotidien par un amour des choses simples et imparfaites, hérité de la philosophie wabi-sabi.
Dans la maison de Nicolas Dupuis, alias Nikosan, artiste strasbourgeois passionné par l’univers du thé, on s’attendait à trouver dans un coin du salon une collection de théières soigneusement disposées sur une étagère minimaliste. Il faut dire qu’il en possède pas moins d’une vingtaine : en argile, émaillées ou non, mouchetées, tachetées, chinées sur Internet ou auprès de potiers locaux, de facture industrielle, raretés du xixe, créations contemporaines… Mais comme n’importe quelle vaisselle du quotidien, ses théières sont rangées dans un placard en bois, à côté de sa collection de tasses. « Je me suis même débarrassé de certaines pièces, car je n’aime pas que les choses ne soient pas utilisées », justifie-t-il simplement.
Méditation à infuser
Depuis une vingtaine d’années, Nikosan explore et déguste le thé, comme certains dégusteraient du vin. « Pour moi qui ne suis pas un grand voyageur, le thé est une manière de m’évader. » C’est aussi une esthétique qui inspire son art, qu’il soit plastique, illustratif ou photographique. Il pourrait en parler des heures, détailler les terroirs, les variétés, les différentes formes de feuilles, leur vieillissement, les temps d’infusion, la symbiose entre un thé et une théière ou l’osmose qui peut se faire avec la terre. Mais plutôt que des mots et des techniques, ce qu’il préfère partager, c’est la dégustation en elle-même : plonger avec ses hôtes dans une ambiance particulière. Car lorsque Nikosan prépare un thé, ce n’est pas une affaire de quelques minutes, c’est tout un rituel, influencé par le wabi-sabi*, cet art de vivre japonais. « Le wabi évoque quelque chose de simple, de brut, la nature, mais aussi une certaine mélancolie, tandis que le sabi permet d’apprécier le temps
qui passe », essaye-t-il de simplifier. Un exemple pour l’illustrer : tandis qu’en Europe, on astique avec ardeur la ménagère de grand-mère pour lui rendre son lustre d’antan, au Japon, on apprécie au contraire la patine du temps et l’histoire qu’elle raconte.
Un moment à soi Même s’il s’est rendu sur l’archipel japonais il y a une dizaine d’années, Nicolas Dupuis ne pratique pas le chanoyu, la cérémonie de thé traditionnelle nippone, très codifiée. « Moi ce qui m’intéresse, c’est de pouvoir me réapproprier cette culture et m’en inspirer. » Selon son humeur, la météo, la saison, il sort donc sa « dinette » comme il l’appelle, une théière, une tasse, un bâton de bois pour remuer les feuilles de thé Sencha, Hojicha, ou encore Genmaicha, un carré de tissu pour tout disposer et il prend le temps de préparer son élixir. Attendre que l’eau chauffe, doucement, puis la verser sur le thé, voir la boisson se colorer ; un assemblage de petits détails qui permet d’apprécier pleinement ce fragment de temps qu’on a décidé de s’accorder.
@nikosan
-^
Parmi la collection de théières et verseuses de Nikosan, on trouve des créations signées par David Louveau, céramiste d’art installé en Suède.
<Nicolas Dupuis s’inspire des sceaux (hanko) japonais, traditionnellement utilisés pour la signature, pour créer ses tampons aux motifs originaux.
Le wabi-sabi
Issu du bouddhisme japonais, le wabi-sabi est un concept esthétique et spirituel qui célèbre l’imperfection des choses. Cet art de vivre dans la simplicité apparaît au xive siècle, en opposition aux cérémonies du thé traditionnelles, devenues l’occasion pour l’élite de pavoiser grâce à leur vaisselle chinoise raffinée. À l’inverse de ce faste, le moine zen Murata
Shuko choisit de servir son thé dans des ustensiles artisanaux locaux, jugés grossiers et dotés de défauts. Une approche reprise deux siècles plus tard par le maître de thé Sen No Rikyû, qui développe le concept de wabi-sabi et prône un retour au naturel et à la spontanéité.
En haut à gauche :
Cécile Didierjean mesure le taux de sucre de son anko à l’aide d’un réfractomètre, « indispensable pour assurer la même qualité d’une crème à l’autre ».
La crème de la crème
Par Tatiana Geiselmann / Photos Mari ShinmuraCécile Didierjean n’a pas attendu que la vague dorayakis déferle en France pour importer chez nous les douceurs nippones. Avec ses haricots azuki cultivés localement et transformés à Colmar, elle confectionne selon les méthodes japonaises une crème sucrée, l’anko, qu’elle décline et propose aux restaurateurs, pâtissiers et particuliers.
C’est en 1993, lorsqu’elle part pour la première fois comme fille au pair au pays du Soleil-Levant, que Cécile Diderjean s’amourache de pâtisseries japonaises. Une passion qui deviendra dévorante au fil de ses allers-retours sur l’archipel, du fait de son travail d’ethnologue. Dès qu’elle en a le temps, elle se faufile dans les cuisines de grands pâtissiers japonais pour apprendre leur savoirfaire et leur technique, avec une obsession : l’anko, la crème de haricots azukis. « L’azuki et le miso sont les produits phares du terroir japonais, comme peuvent l’être le vin et le fromage chez nous, résume la quadragénaire. En pâtisserie, l’anko est l’équivalent du chocolat ou de la crème pâtissière. » Une « soul food », nourriture de l’âme que l’Alsacienne d’origine s’est donné pour mission de faire découvrir en France.
Patience, poigne et perfectionnisme
Dans son laboratoire de Colmar, notre patissière applique à la lettre chaque étape de la préparation de l’anko, en commençant par trier un à un les grains d’azuki pour détecter les éventuels intrus ou spécimens fripés. Ensuite on blanchit plusieurs fois « jusqu’à ce que le haricot ne porte plus de ridule et que sa peau soit redevenue lisse », détaille-t-elle. Puis vient la danse : « On place les légumineuses dans un panier métallique doté d’une cheminée centrale, qui va leur permettre de virevolter dans l’eau sans se briser. » Un outillage bien spécifique qu’elle a rapporté dans ses valises. Le temps de cuisson ? « Ça dépend de la variété d’azukis et de leur année de récolte. » Lors de ses premiers essais, Cécile Didierjean devait cuire ses graines venues de Chine pendant plus de trois heures. Depuis, elle a remué ciel et surtout terre pour dégoter une variété qui s’acclimate à nos latitudes alsaciennes, convaincre un agriculteur de cultiver sa petite graine et trouver où stocker sa récolte et la sécher. « Pour avoir une belle crème d’azuki, il faut une légumineuse extrafraîche », justifie la jusqu’au-boutiste qui, comme ses maîtres japonais, n’utilise que la récolte de l’année pour préparer son anko. Désormais, il lui faut moins d’une heure pour cuire ses diamants rouges. « Pour vérifier qu’ils sont prêts, on les écrase entre le pouce et l’index. La pulpe doit être parfaitement lisse. Si l’aspect est encore granuleux, on laisse encore mijoter. » Pour un résultat parfait, on juge à l’œil et au doigté.
Délice à marier
La suite, c’est un peu comme une confiture. Après avoir laissé les haricots étuver dans leur eau, on en extrait une partie (que l’on boit !), on ajoute du sucre et on laisse macérer cinq heures avant de réduire à feu doux. « Quand la crème retombe de la cuillère en formant une montagne, elle est prête. » Ne reste plus qu’à la disposer sur une plaque en petits paquets pour qu’elle finisse de s’évaporer. En plus de cette recette, Cécile Didierjean prépare bien d’autres variétés : des crèmes lisses notamment, qu’elle presse avec force à travers des tamis avant de les mettre en pot ou de les enrichir de framboise, miso ou sésame noir. « On peut en agrémenter un yaourt, mais aussi l’utiliser dans des préparations sucrées. » L’Arpège, restaurant biologique et gastronomique de Colmar, le propose en duo avec la poire. Un exemple parmi les possibilités infinies de création que cette crème permet. @azukiya_alsace
La Table—Dossier De la sympatoche cantoche de midi au temple de l’umami, Zut vous propose un tour d’horizon des meilleures tables d’inspiration nippone. Sélection subjective et non exhaustive pour un voyage stomacal au pays du Soleil-Levant.
Par Tatiana GeiselmannÀ vos baguettes
L’étoilé
Umami
Un an seulement après son ouverture, Umami décroche sa première étoile au guide Michelin. 14 ans plus tard, le petit macaron rouge est toujours fièrement accroché sur la façade bleue cobalt de cette secrète adresse de la Petite France. Seule en salle, Jessica s’occupe avec douceur des 16 convives que peut contenir la salle. En cuisine, son mari, le chef René Fieger (lui aussi seul en coulisses !) fusionne avec finesse et précision les saveurs de la cuisine asiatique avec celles du terroir alsacien. Truffe et pissenlit s’invitent ainsi dans un dodu bao, le chou rave se pare de curry rouge, la betterave se décline en carpaccio mariné au ponzu et fruits de la passion. Une cuisine créative et parfumée, umaminement approuvée !
8, rue des Dentelles
restaurant-umami.com
Les bistronomiques
→
Alma
Une façade discrète, mais une adresse bien connue des Strasbourgeois : Alma, resto fusion japano-péruvien. Passerelle étonnante mais franchement convaincante entre le Japon et l’Amérique du Sud, ce temple du poisson cru le décline sous toutes ses formes : sushi, maki, ceviche, tataki et tiradito (sorte de carpaccio péruvien). Notre favori : le saumon aburi à 14 €, de fines tranches de poisson, subtilement grillées à la flamme et arrosées d’une sauce miso-fruit de la passion.
Une texture aussi ronde que celle d’un sashimi, avec un léger goût de fumée en plus pour un plat inoubliable.
18, rue Hannong
@alma_strasbourg
HiBiKi
La cuisine d’HiBiKi vaut la peine de pédaler jusqu’à Schilick pour s’attabler au sein de ce restaurant de tout juste 15 couverts (pensez à réserver !). Dans les assiettes, des plats atypiques, dressés avec délicatesse. On garde un souvenir impérissable du fondantissime tofu maison au sésame blanc et à la sauce ponzu (mélange de sauce soja, vinaigre, mirin et agrumes). Autre spécialité du chef : le Yakibuta, un roulé de porc grillé aux cinq épices. Laissez vous tenter par le menu dégustation : trois entrées, un sashimi et un plat au choix entre poulet teriyaki, saumon miso et suggestion du jour, le tout pour 28 €
6, rue de la Mairie, à Schiltigheim
@hibiki_schilick
02— Au menu chez HiBiKi : dos d’espadon légèrement grillé accompagné de purée de citron et de sauce Tentsuyu.
DR 03—
sashimi de saumon signé Alma, avec huile chaude, yuzu, soja et ciboulette.
Les cantines
Umaï Ramen
Pour slurper goulûment des ramens bien corsés, on court chez Umaï ramen, à la Krutenau. Dans les arrière-cuisines de ce cocon de bois clair, la cheffe Loan Nguyen mitonne avec patience des bouillons bien relevés (6 h minimum pour le Paitan, le plus riche et crémeux, notre préféré), servis avec du porc ou du poulet alsaciens, des nouilles à l’irrégularité toute artisanale et une ribambelle de légumes fondants-craquants. On plus-que-valide aussi les tsukemen, ces pâtes froides à dipper dans un bouillon chaud, original, salissant et bien rassasiant. On fait d’ailleurs l’impasse sur les entrées, pour garder de la place pour le cotonneux tiramisu au thé matcha.
5, rue des Orphelins
@umai_ramen_strasbourg
IchiNiSan&Go
IchiNiSan&Go c’est l’adresse jap’ du quartier des Halles passée un peu sous les radars. Pourtant, selon une amie épicurienne parisienne, « c’est aussi bon que les restos de la rue Sainte-Anne ». L’objectif du chef Mingjie Jia : faire découvrir la variété des plats de l’archipel japonais et sortir du redondant duo sushi-ramen. Notre coup de cœur : l’unagidon à 14,90 €, des tronçons d’anguille légèrement grillés, laqués d’une addictive sauce sucrée-salée au soja et au mirin. Un plaisir pour les yeux avec la splendide rosace d’avocat posée sur le lit de riz japonais qui accompagne le plat.
8, rue du Marché
@ichinisan_and_go
Le plus typique
Matsumotoya
Cadets de leur sushis, la carte du petit restaurant strasbourgeois Matsumotoya de Takeshi Matsumoto fricote plutôt du côté authentico-réconfortant : takoyaki, nouilles soba ou curry japonais, des plats faits pour nourrir les estomacs sur pattes ultra-pressés que l'on était ce midi-là. Dans un bento en bois laqué remplis à ras bord, un impec donburi buta don à 13,90 € : mariage moelleux de riz et de porc mijoté à la sauce teriyaki, épousé d’un œuf battu relevé d’algues. S’y presse midi et soir une clientèle d’habitué.e.s faisant fi de la déco de bric et de broc un peu fanée (mais à l’intéressant crépi rose), pouvant choisir de s’asseoir sur les tatamis des tables dites : « à la japonaise », tout en dégustant des sakés de qualité avec le menu découverte à 35,90 €.
13, rue des Veaux
@matsumotoya.stras
Et pour faire ses courses ?
Par Tatiana GeiselmannCASE MÉTISSE
La micro-sélection de basiques de la cuisine japonaise (miso, mirin, nouilles soba) permet de dépanner, mais c’est surtout pour sa poudre de wasabi et ses algues wakamé vendues en vrac et au poids, qu’on passe y faire un crochet. 46, rue de la Krutenau Facebook : Case Métisse
SO CANDY
Certes le Japon est connu pour sa cuisine raffinée, mais il l’est aussi pour ses confiseries ultra-chimiques aux goûts parfois douteux (bonbons saveur poisson ou bière, par exemple), donc impossible de faire l’impasse sur So Candy, le royaume de la friandise japonaise. Du mou, du craquant, du moelleux, de la couleur en veux-tu, en voilà. Une parfaite immersion dans la pop culture japonaise.
6, rue des Francs-Bourgeois @so_candy_strasbourg
LA MAISON VITALE
Une des seules adresses de Strasbourg à vendre les algues bretonnes de la marque Marinoë, pour minimiser l’empreinte carbone des feuilles nori de nos makis. On en profite aussi pour y acheter de la purée de prunes umeboshi, pour pimper un onigiri ou agrémenter un riz gluant.
2, rue Adolphe-Seyboth mv-bio.com
TANG HENG LONG
Mini-échoppe derrière la cathédrale qui déborde de produits asiatiques, avec tous les essentiels de la cuisine japonaise : nouilles soba, udon, panko, vinaigre de riz, sauce tonkatsu. Comme Paris Store, mais en plus petit.
9B, rue des Frères
PARIS STORE
Si on aime les grands supermarchés, on peut aller se perdre dans les rayons de Paris Store et remplir son caddy avec les essentiels de la cuisine japonaise.
27, rue du Faubourg-de-Saverne
2, rue Charles-Adolphe-Wurtz, à Wolfisheim paris-store.com
MIDORI
LA boutique nippone de Strasbourg, avec une courte mais très pointue sélection de produits japonais. On y va notamment pour faire le plein de haricots azuki, de riz Fukumaru (une variété qui rend les sushis inratables) et de curry japonais (une rareté !).
8, rue du Coq midori-boutique.com
ÉPICERIE MADAME
Le temple des condiments. On craque notamment pour l’incroyable sélection de sauces soja et de sauces ponzu (mélange soja-yuzu). Mention spéciale aussi pour les bouillons de la marque J.Kinski, un pur concentré de saveur, pour se faire des ramens en deux temps trois mouvements.
16, rue du Vieux-Marché-aux-Poissons epiceriemadame.fr
LE CHOIX STORE
Incroyable supérette chinoise du quartier de l’Esplanade, avec un large choix de produits japonais. En farfouillant, on trouve quelques pépites : pâte et huile de sésame noir (divin et pourtant si rare), nouilles soba à la spiruline, et sucreries kawai (les fameux KitKat® goût melon, thé au lait ou gâteau chocolat-fraise. À goûter absolument).
Centre commercial Esplanade
8, rue de Londres
@lechoixstore
Samedi → 13h
L’empire des sens avec 50 €
Art de la table
L’heure slurp
Christofle
30, rue de la Mésange christofle.com
L’art du savoir-vivre à la française, c’est aussi savoir s’adapter aux nouvelles habitudes de partage culinaire. Preuve en est avec l’iconique écrin ovoïde MOOD by Christofle, un trésor d’orfèvrerie luxueusement décomplexé, proposant en self-service un set de couverts pour 6 personnes. Sa dernière déclinaison, le MOOD Asia, s’adresse aux gastronomes nippomaniaques, pour lesquels la maison a développé de nouvelles baguettes et porte-baguettes, ainsi qu’une cuillère à bouillon à l’ergonomie parfaite.
À siroter
Cette liqueur de prunes artisanale, fabriquée par la maison Matsuuraichi qui est tenue par la famille de M. Tajiri depuis 18 générations ! À déguster sur un foie gras d’Alsace ou pour accompagner le Matcha azuki, l’un des entremets signature de la pâtisserie Erithaj. erithajchocolat.com
--> Umeshu Matsuuraichi, 72 cl, 51 €
Midori
8, rue du Coq midori-boutique.com
À écouter Oui, au japon, l’encens « s’écoute », et les odeurs sont choisies selon les saisons. Ceux de chez Astier de Villatte sont tous fabriqués sur l’île d’Awaji de façon artisanale par les Koh-shis ou maîtres des arômes.
--> Boîte de 125 bâtonnets, 50 € Le 7 Parfumerie d’Auteurs
7, rue du Sanglier @le7parfumeriedauteurs
Le pitch ? Dans le Zutviseur des lieux food et déco qui font voyager derechef et briller les mirettes, le second East Canteen – ouvert l’an passé GrandRue par la famille Diabolo Poivre – ne pouvait que se glisser dans nos adresses japonaises… son concept faisant amiami avec TOUTE la street food asiatique ! Pas possible non plus de zapper cette coquette cantoche fusion à la déco immersive – appelons ça : « une mise en œil ! » – donnant juste envie de s’y encaquer joyeusement avec sa bande d’ami.e.s pour y entrechoquer ses baguettes autour de plats à partager. Les + de la déco ? Des murs finement cannelés de céramique bleutée et néonisés d’un dragon rosé, le tout encanaillé d’échafaudages de bambous et d’une armée de panneaux d’affichage logogrammés. Côté assises, on se cale au choix sur des banquettes pink bien
rembourrées, ou sur la mythique chaise Surpil de Julien-Henri Porché, une belle intemporelle française qui a marqué l’avant-garde du design des années 1930. Sans oublier la grande terrasse en U, à prendre d’assaut dès les beaux jours. Et à la carte ? Un voyage culinaire sous influences chinoises, coréennes, thaï, viet et jap. En vrac : bo bun (en version veggie aussi), bouchées takoyaki, pad thaï dak gangjeong bien frits comme à Séoul, baos bien rembourrés, salades crunchy pour les envies printanières et okonomiyakis comme à Osaka, chapeautés de pétales de bonite virevoltante. Sans oublier une replète proposition de thés glacés pour zapper sans frustration l’option « boisson alcoolisée » et une ouverture quotidienne de 12 h à 00 h 30 (les plats étant servis jusqu’à 23 h). Félicité du ciel pour qui cherche à à se repaître après un spectacle ou un ciné.
East Canteen 69, Grand-Rue 2, place des Orphelins eastcanteen.comQG Pause asie-mutée dans une cantine agitée
La
Par Tatiana Geiselmann / Photo Ignacio HaaserSacré Saké
Avec une mère cheffe de cuisine dans les ambassades parisiennes, Lobna Liverneaux ne pouvait que grandir avec un palais bien affuté. Pourtant, à la sortie du bac, c’est vers des études de lettres et de philosophie qu’elle se tourne. Une rencontre va changer son destin : celle avec le Japon, qu’elle découvre en suivant son mari sur un voyage d’affaires en 1992. « Un coup de cœur. Je n’avais jamais vu un pays pareil. » Pour s’immerger au plus profond de la culture nippone, la jeune Parisienne décide donc de se former à la fabrication et la dégustation du tofu, la base de la cuisine japonaise. Cela lui prendra dix ans, dix ans d’allers-retours incessants au pays du SoleilLevant, pour percer les secrets de cette pâte de soja fermenté et acquérir le prestigieux titre de « maître tofu ».
Au gré de ces pèlerinages sur l’archipel nippon, une autre passion vient titiller les papilles de notre japonophile entêtée : le saké. « Ça m’a saisie dans un restaurant au pied de la Tokyo Tower. Ces arômes de fruits et de fleurs, si doux et si élégants. » Élaborée via une double fermentation du riz (la première pour transformer l’amidon en sucre, la seconde pour transformer le sucre en alcool), la boisson typique de l’archipel japonais pourrait s’apparenter au vin français, selon Lobna Liverneaux. C’est donc tout naturellement que l’infatigable écolière déniche une formation de sommelière saké à Londres et décroche son diplôme en 2016.
Cuisine, art et poésie
Pour parfaire ses connaissances culinaires, et malgré la naissance de ses deux enfants dans le même laps de temps, Lobna Liverneaux s’inscrit en parallèle de son apprentissage de la cuisine japonaise à l’école hôtelière d’Illkirch-Graffenstaden, où elle vient de déménager. Perfectionniste
jusqu’au bout des spatules, elle enchaîne avec une deuxième formation à l’école Alain Ducasse de Paris, puis une troisième à l’école Lenôtre. Bardée de diplômes et surtout de connaissances, elle revient finalement à Strasbourg pour lancer son activité de cheffe de cuisine, avec un concept bien particulier : la « cuisine émotionnelle ». « Je voulais mêler mes trois passions : la cuisine, l’art et la poésie. » C’est donc sous forme de table d’hôtes artistique que l’Alsacienne d’adoption accueille ses invités au sein de son foyer. Après avoir fait le tour d’une courte exposition accrochée sur les murs de son salon, les convives s’attablent dans la salle à manger pour découvrir le menu en sept services concocté par la dynamique cheffe de cuisine. À chaque assiette son poème associé. Et à chaque plat son vin, ou bien sûr son saké, que notre sommelière passionnée a toujours plaisir à faire découvrir à ses invités.
Cuisine émotionnelle
14, rue de l’Ail, à Strasbourg Dîners pour 8-10 couverts, sur réservation cuisine-emotionnelle.fr
Envie d’explorer le vaste monde du saké ? Lobna Liverneaux nous livre ses adresses fétiches pour dénicher de (très) bons sakés japonais, à Strasbourg.
Le Cellier des Boulevards 23, boulevard de la Marne
Le Théâtre du Vin
2, rue du Marché-Gare
La Cave à Terroirs 48, rue Boecklin
Vino Strada Cave
1, rue du Temple-Neuf
Tendance saké : des recettes surprenantes par Lobna Liverneaux, 68 pages, Éditions du Signe. 20 €
Un deuxième tome est en préparation ; parution prévue courant 2024.
Table—La recette Sommelière saké et cheffe de cuisine à Strasbourg, Lobna Liverneaux livre en avant-première sa recette de velouté d’asperges au thé vert et saké, à paraître dans sa prochaine anthologie culinaire sur le fameux alcool de riz.
Velouté d’asperges vertes au tofu soyeux --> 4 pers.
· 2 bottes d’asperges vertes
· 1 oignon finement émincé
· 1,5 l de bouillon de légumes
· 120 g (90 g + 30 g) de tofu soyeux
· 1 c.s. de thé vert japonais
· 5 cl de saké junmaï
· 1 c.s. d’huile d’olive
· 20 g de beurre doux
· Feuilles de shiso et œillets du poète
---> Le bouillon
Porter à ébullition le bouillon de légumes, faire infuser le thé vert 2 minutes. Réserver.
---> Les asperges
Éplucher délicatement les asperges, couper les pointes et les réserver. Découper le reste en petits morceaux, les saisir 2 à 3 minutes dans un mélange de beurre et d’huile d’olive, avec l’oignon émincé. Déglacer au saké. Mouiller à hauteur avec le bouillon au thé vert. Cuire le tout entre 5 et 10 minutes, selon le calibre des asperges.
Ajouter 30 g de tofu soyeux et mixer. Vérifier l’assaisonnement.
---> L’assemblage
Dresser le velouté dans des assiettes creuses. Répartir les pointes d’asperges et les dés de tofu soyeux sur le dessus.
Décorer avec les feuilles de shiso et les œillets du poète. Servir chaud.
ROCHER DES PAÏENS SUR LE CIRCUIT DES 3 ROCHERS - LA PETITE PIERRE Yvon MeyerLes escapades
Les escapades Séjour insolite
DANS UN ARBRE PERCHÉ
À Champdray, Nids des Vos g es propose depuis 2011 des hébergements insolites au sein de cabanes perchées, allant des plus cosy aux plus luxueuses.
46, route de Laveline-du-Houx, à Champdray nidsdesvosges.com Par Emma Schneider / Photos Gregory MassatLes cabanes perchées de Nids des Vosges ont chacune leur singularité : structure pyramidale pour l’une, cylindrique pour l’autre ou bien agrémentée d’un dôme transparent, offrant ainsi une vue magistrale sur la cime des arbres et le ciel. La plus haute du site, « L’Observatoire », est vertigineusement située à 11 mètres du sol. « L’Avancée Nature » est accessible aux personnes à mobilité réduite grâce à un long ponton qui serpente à travers les arbres. « Le Repère » est blotti dans les branches d’un majestueux frêne centenaire, tandis que la « Fun » comblera les enfants avec son long pont suspendu et son échelle. La prouesse architecturale réside dans les cabanes Deluxe, condensés d’élégance au design impeccable. La « Deluxe Forêt » comprend un bain finlandais installé sur la terrasse et la « Deluxe Bien-Hêtre » possède un sauna privé. Enfin, la « Deluxe Les Deux-Sapins » offre deux cabanes avec terrasse et spa en commun.
Retour tout confort à la nature
Les décorations et les aménagements intérieurs se fondent parfaitement avec la forêt : la souche servant de table basse, les bâtons en guise de poignées de porte, la « douche-arbre » et la multitude de détails taillés dans le bois brut ajoutent à l’atmosphère nature et chaleureuse de ces cabanes éco-conçues. En créant Nids des Vosges, Yvan Muller et François Horcholle avaient à cœur de créer un lieu « qui apporte du rêve aux gens, en alliant l’insolite de cabanes perchées, le cadre fabuleux de la forêt et le bien-être de logements haut de gamme et tout confort ». À cet effet, leurs hébergements comprennent tout l’équipement nécessaire : cuisine équipée, lave-vaisselle, salle de bain et toilettes, prises de courant, chauffage… Pour le repas, on peut choisir de cuisiner soi-même ou de faire appel au service traiteur proposé. Au menu du dîner, des plats du terroir faits maison par l’Auberge de Liézey sont livrés directement au pied de la cabane. Pour le petit déjeuner, Nids des Vosges propose pain frais, croissants, confitures artisanales et miel, boissons chaudes et jus d’orange bio. Les amateurs de salé peuvent également commander un plateau artisanal composé de jambon, de saucisson, de fromage et d’œufs.
La Villa Forêt, merveille architecturale En fin d’année dernière, Yvan et François ont ouvert les portes de la Villa Forêt et Spa, conception monumentale créée par l’agence Sonar Architectes. Installée sur un terrain boisé, une maison de 120 m2 est surmontée de trois imposantes cabanes sur pilotis. Dans la maison, deux immenses baies vitrées offrent une vue sur la nature et un accès aux trois cabanes individuelles perchées au-dessus. La mezzanine accueille un billard tandis qu’un espace bien-être propose hammam et jacuzzi. Ce dernier s’ouvre sur un deck qui donne accès au bain finlandais et au sauna. « La maison accueille les espaces communs, détaille François, tandis que les cabanes sont composées de chambres et de salles de bain privées. On peut louer l’ensemble pour les groupes jusqu’à 20 personnes, ou les trois cabanes individuellement avec la grande pièce, la cuisine et l’espace détente en commun, comme dans une maison d’hôtes. »
À l’heure où le retour à la nature n’a jamais été aussi important, Nids des Vosges propose également des stages de sylvothérapie coachés par une accompagnatrice en montagne brevetée d’État. À François de conclure : « Les dernières années nous ont fait réaliser que notre équilibre psychique et physique est fragile, on ne vit qu’une fois, alors autant se faire des souvenirs extraordinaires. »
FUGUE
À METZ
Romanesque la ville de Metz ? Ou transgressive et radicale comme ces deux expositions à ne rater sous aucun prétexte ? Les deux, et plus encore. De la cathédrale Saint-Étienne au Centre PompidouMetz, en passant par le jardin botanique et le grand marché aux puces, la ville regorge de bonnes adresses, entre hôtel arty, conceptstores déco et tablées réconfortantes.
Fractal
Au Frac Lorraine, les œuvres de quatre artistes forment un parcours hétéroclite où il est question du corps humain dans son environnement, qu’il soit social ou naturel. Par Maïta Stébé
Il y a du trop-plein, celui des pages saturées de formules et de schémas à l’allure scientifique de l’artiste brut Adelhyd van Bender. Il y aussi des vides, ceux découpés stratégiquement sur la poitrine d’une veste de tailleur par Pippa Garner ou celui, massif, à l’intérieur d’un drapeau américain préalablement composté par Claire Pentecost. Les questions relatives aux normes de genre ainsi qu’à des urgences écologiques se rencontrent au croisement de ces pratiques artistiques d’horizons divers. L’espace dédié aux artistes régionaux, Degrés Est, est quant à lui transformé en salle de méditation peu commune par Marine Froeliger. Des tapis détonants car imprimés d’œuvres (photo)graphiques invitant le public à prendre le temps de s’approprier le lieu. De la méditation à la médiation, il n’y a qu’un pas.
Pippa Garner, Adelhyd van Bender & Claire Pentecost
Degrés Est : Marine Froeliger Frac Lorraine (Metz) fraclorraine.org
→ 11.08
Suzanne Valadon, Un monde à soi
Dans une dynamique de reconstruction d’une histoire de l’art restée trop longtemps masculine, le Centre Pompidou-Metz consacre une rétrospective à Suzanne Valadon, peintre moderne et indépendante. Ses œuvres y sont mises en regard de celles d’artistes montmartrois qui composaient son cercle à la charnière des xixe et xxe siècles.
Karine Touati et Frank Junge
→ Dirigeants de l’agence Kosmo Communication kosmo.lu
Partenaires à la ville comme à la campagne, ces deux épicuriens passionnés de musique dirigent depuis 15 ans une petite agence de communication indépendante au Luxembourg, mais ne manquent pas de revenir, le soir venu, dans leur ville jaune soleil qu’ils aiment tant. « On adore aussi Strasbourg et on vient y flâner dès que possible. Faites de même ! Ils sont sympas, les Messins… »
→ Pour dormir 01
Le Grand Hôtel de Metz s’est offert un joli lifting en novembre dernier en devenant le Mercure Centre Cathédrale. De jolies chambres arty, des salles de bains graphiques et l’emplacement i-dé-al pour une escapade de week-end.
hotel-metz.com
→ Pour faire du shopping
On file au 44, rue de la Chèvre, faire le plein de livres à la librairie Autour du Monde, puis rue Gambetta, chez Dallas pour son cocktail acidulé de labels trendy (et pour les cabas en jute tressée The Jacksons).
On enchaîne ensuite avec deux concept stores déco : le ludique et design Atypique rue Mozart et Chambre Cinquante-Sept, le cabinet de curiosités de Philippe Chapon qui installe ses quartiers au très convoité n° 2 de la rue Ambroise-Thomas.
dallasgambetta.myshopify.com
atypique-metz.fr
@chambrecinquantesept
→ Pour se sustenter 02
Cantino n’a rien d’une cantine, on y va pour se frotter à la gastronomie italienne ! Au piano : Tino. À la carte : trois entrées, plats, desserts (et basta !). En salle : Farid qui fait danser les étiquettes nature. Le bonheur. Cantino – 7, rue du Grand-Cerf 03 87 36 19 01
Et pour un tea time, on fait Ô ! Ô Sœurs Saveurs – 19, rue Taison osoeurssaveurs.fr
→ 3 places to be Dans cet ordre princier : place de la Cathédrale pour le marché du samedi matin, puis place de la Comédie pour un apéro chez Momo au bar du Théatris (la plus jolie terrasse avec vue) et place de la Chambre, pour le déjeuner post-marché au resto Loulou. eltheatris.fr
@loulourestaurant.metz
Et pour voir Metz autrement ?
« Loin des poncifs et des sentiers battus, contactez de notre part Thomas Wilwert, un guide iconoclaste et passionnant ! »
visitermetz.wordpress.com
Ne manquez pas les adresses de nos deux guides plein d’allant :
BALUCHON
Faire le plein de terroirs et de naturalité.
03 La puissance de la voix.
Coûte que coûte, l’objectif du studio créatif À demain Maurice d’Harmonie Begon est de nous sensibiliser à la production artisanale d’objets. Elle nous entraîne désormais dans l’aventure « podcastique » avec Dans la vallée, un compte-rendu vocal issu de sa résidence artistique sur le territoire du Val d’Argent et de sa production textile aujourd’hui révolue. ademainmaurice.fr podcasts.apple.com
01 Coup de cœur de la rédaction. Pour la collection Résiliences de l’éditeur Ulmer, portée par Charles Hervé-Gruyer, de la Ferme du Bec Hellouin. Des petits guides simples et pratiques à thématique unique et dédiés à l’autonomie. Dans leurs nouveautés printanières, ces deux ouvrages illustrés et réalisés par deux autrices passées par la Haute École des arts du Rhin. editions-ulmer.fr
librairie-kleber.com
01 → Fabriquer son matériel d’art avec les ressources de la nature par Lucie Broisin Schoch, 15,90 €
Lucie Broisin Schoch vit à Strasbourg. C’est lors du premier confinement, alors qu’elle manquait de matériel, qu’elle prit conscience qu’elle utilisait des produits polluants. Son guide est le fruit de recherches pour une fabrication naturelle de son matériel d’art. Un retour aux sources et aux techniques d’antan. @lapigmentiere
02 → Faire sa poterie dans son jardin par Coralie Lesage, 15,90 € Coralie Lesage vit en Haute-Marne. Après ses études à la HEAR, elle est devenue enseignante au sein de son atelier de céramique Concret (aujourd’hui devenu l’Atelier Chapotier de Charlotte Tresch). Potière low-tech, écologique et enthousiaste, elle nous offre avec son livre de découvrir comment revenir à « une poterie primitive vivante et innovante ». @coralielesage
04
Le goût végétal. Les jardiniers amateurs sont aussi les garants de la biodiversité cultivée. Alors pour bien débuter son potager, cap sur Alsagarden à Niederhaslach, une jardinerie-graineterie familiale et indépendante fondée en 2010 par Lucas Heitz. Sa spécialité ? Les plantes rares et les variétés anciennes potagères biologiques et reproductibles. De mars à septembre, on s’offre donc une petite virée dans la vallée de la Hasel pour se ravitailler en graines ou en herbes aromatiques. L’occasion de faire une sortie kids-friendly avec la visite du jardin potager ou entre ami.e.s au cours d’ateliers découverte. Quelques curiosités ?
Dénichés parmi plus de 500 variétés, le haricot bretzel et une belle verruqueuse à la Yayoi Kusama : la courge galeuse du Maroc.
--> Vente en ligne et sur le site (uniquement le mercredi et le samedi).
Alsagarden
3, place de l’Église à Niederhaslach alsagarden.com
Ravissant. Toujours chez l’éditeur Ulmer, encore une autrice d’origine alsacienne, mais cette fois-ci une peintre et artiste transdisciplinaire, vivant aujourd’hui au Royaume-Uni (et avec laquelle Zut a eu le plaisir de collaborer, il y a de cela quelques années). L’ouvrage de Johanna est le plus doux et charmant objet livresque de ce printemps, un délicat espace de partage où elle nous effeuille les joies qui l’animent, y mêlant art, écologie et spiritualité. Des moments suspendus, souvenirs de petits bonheurs simples qu’on a juste envie de faire siens.
Créer avec la nature - Pratiques artistiques et méditatives pour se relier au vivant par Johanna Tagada Hoffbeck, 140 illustrations, 144 pages, 22 € johannatagada.net
AU-DELÀ
DES FORÊTS
Créée en 1998, la Réserve de biosphère transfrontière Vosges du Nord-Pfälzerwald célèbre son 25e anniversaire cette année.
Un modèle de coopération ! Depuis sa création en 1998, la réserve de biosphère transfrontiè re (RBT) Vosges du NordPfälzerwald a joué un rôle important dans la préservation de la biodiversité et la promotion d’un développement durable entre la France et l’Allemagne. Cette entité est l’une des 714 réserves de biosphère dans le monde, reconnue par l’UNESCO pour la qualité de ses écosystèmes.
Entre Vosges du Nord, Lorraine et Palatinat, s’étale une mosaïque de paysages comprenant des forêts, des prairies, des rivières, des zones humides et des formations rocheuses au détour de ruines romantiques de châteaux médiévaux. À découvrir tout au long des sentiers balisés – 2 600 km côté français et environ 7 000 km côté allemand – dans un cadre qui s’apparente à un authentique paradis pour les randonneurs.
Fête du vélo et marché paysan transfrontalier
Les forêts, qui couvrent une grande partie de la réserve (72 % sur une superficie de 3 062 km 2 ), sont principalement constituées de hêtres, de chênes et de sapins. On y dénombre de nombreuses esp è ces animales, dont certaines sont rares comme le lynx, et d’autres menacées d’extinction, telles l’écrevisse de torrent, le Grand Murin et l’Azuré des paluds. Les zones humides de la réserve sont également importantes pour les oiseaux migrateurs, les batraciens et les invertébrés. La réserve de biosphère transfrontière est marquée par une forte présence humaine (337 200 habitants) avec des villages, des fermes et des activités agricoles traditionnelles dans les zones rurales. Elle s’efforce de promouvoir un développement durable en encourageant des pratiques respectueuses de l’environnement, des activités économiques durables et des initiatives de sensibilisation du public. Comme l’opération « Jardiner pour la biodiversité » où les jardiniers amateurs sont invités à rivaliser d’ingéniosité pour créer les espaces verts les plus respectueux de la nature autour de leurs maisons et sur leurs terrasses.
Ce 25e anniversaire prolongera cette œuvre de trait-d’union autour de deux temps forts : une fête du vélo (le 21 mai), avec quatre circuits de part et d’autre ponctués de onze places festives, et un marché paysan transfrontalier à Trulben en Allemagne (le 25 juin).
parc-vosges-nord.frNOUVEAU PROGRAMME
pré-production prises de vues photo post-production vidéo numérique
Un jour, une maison
La raillerie reste sans doute le meilleur point de départ à toute success story. Il y a douze ans, Bertrand Burger présentait le premier modèle d’exposition d’une maison booa, déjà bien identifiable par son ossature bois, ses performances énergétiques, sa luminosité et son style résolument contemporain à l’image de son toit plat, sans omettre des possibilités de sur-mesure selon les desiderata des clients. « À l’époque, en Alsace, on nous disait qu’on n’en vendrait aucune, voire trois si tout va bien », se souvient l’actuel président du conseil de surveillance du groupe Burger & Cie, en esquissant un sourire dans son bureau chaleureusement boisé et décoré d’originaux de Keith Haring et de Christophe Meyer au siège de Lièpvre.
En 2011, l’entreprise familiale fondée en 1847 dans la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines, à partir de l’acquisition d’un moulin transformé en scierie mécanique, cherche à se diversifier. Et à prendre quelques distances avec les enseignes de bricolage de la grande distribution auxquelles elle fournit divers produits pour l’aménagement intérieur et extérieur, comme des balustrades ou encore des terrasses. « Il y avait une grande concentration dans ce secteur et nous avions de moins en moins de clients. Cela devenait dangereux pour la pérennité de l’entreprise », poursuit le frère de Rodolphe Burger. La décision est prise de travailler en B to C , c’est-à-dire en direction du particulier en lui proposant des maisons à ossature bois. Voilà pour l’idée, reste à affiner le concept. Éric Sembach s’en charge. Le publicitaire strasbourgeois trouve le nom de « booa » associé à un logo très design autour de quatre ronds laissant suggérer les anneaux olympiques. En fin de compte, la médaille ne se fait guère attendre. « On a eu un développement beaucoup plus important que tout ce qu’on pouvait espérer ou même imaginer », relate Bertrand Burger.
« Comme un Lego® »
Douze ans plus tard, plus d’une maison sort chaque jour du site de Châtenois. À savoir, un bâtiment tout en longueur avec vue sur les majestueuses forêts du Val d’Argent. Les portes s’ouvrent sur le bureau d’études qui dessine à 100 % les demeures finalisées dans l’atelier situé au bout d’un couloir. « C’est comme un Lego® », prévient Jeremy Kirscher qui guide la visite d’un lieu « dimensionné pour fabriquer 1 000 maisons à l’année ». Une grosse agrafeuse commence à découper sur une façade l’espace dévolu aux fenêtres avant que des ouvriers apposent manuellement les matières isolantes. Quelques mètres plus loin, d’autres réalisent le bardage. Une équipe s’attaque aux menuiseries et aux finitions. En utilisant la plupart du temps des termes introuvables dans les dictionnaires comme le fait de « knapper » des murs – verbe plus ou moins barbare qui désigne leur assemblage final au moment de la pose de la maison qui, généralement, se fait aussi en une journée. Cette dernière étape relève pratiquement de l’événementiel. Il n’est ainsi pas rare que booa convie, via ses réseaux sociaux, la population à assister à ces chantiers éphémères mais non moins spectaculaires. La société dispose d’un showroom grandeur nature et à ciel ouvert à Logelbach, entre Colmar et Wintzenheim. Un lotissement composé de 35 maisons hétéroclites, c’est-à-dire pour toutes les bourses, bâties sur les décombres de l ’usine Velcorex . Cet assemblage compose un quartier à part entière auquel est venu se joindre une boulangerie. D’autres exemples ont vu le jour à Burnhaupt-le-Haut et à Mollkirch en attendant un lotissement du côté d’Ensisheim. Outre son style joliment épuré pouvant faire office de signature, booa se positionne également au niveau de « la garantie de qualité ». Car, mine de rien, leurs maisons semblent avoir esquissé
Les métiers Reportage En douze ans, les maisons booa se sont incrustées dans les paysages d’Alsace et d’ailleurs. Retour sur cette fulgurante ascension qui prend racine dans le Val d’Argent cher à la famille Burger. Par Fabrice Voné
une tendance lourde en Alsace et au-delà, au gré des réglementations environnementales. « Des constructeurs se sont mis à faire des copies plus ou moins réussies. Aujourd’hui, on voit plein de cubes de la sorte », indique le président qui ne conçoit pas de se limiter aux maisons individuelles. Le manque d’espace en milieu urbain et les problématiques environnementales modifient sensiblement la donne. Comme à Hambourg où les élus écologistes ont décidé de rejeter tout nouveau permis de construire pour les maisons individuelles. L’initiative des politiques de la cité hanséatique fera-t-elle prochainement des émules de ce côté-ci du Rhin ?
Des modules et de la hauteur En attendant, booa a pris de la hauteur. « Notre objectif est de nous diversifier aussi bien sur du tertiaire que des immeubles collectifs », révèle Bertrand Burger. Un premier ensemble de plus de 1 500 m 2 sur trois étages accueillant un cabinet d’experts-comptables a vu le jour dans les environs de Colmar. Prélude à la pose d’un bâtiment collectif aux Erlen, dans la cité de Bartholdi, où une agence booa prendra également ses quartiers.
Jusque-là, la société du Val d’Argent se « contentait » d’assembler des murs entre eux. La prochaine étape concernera des modules entiers.
« Pour demain, on veut aller plus loin. C’est-à-dire intégrer le second œuvre en usine puisqu’on a une vraie maitrise de la qualité », détaille Bertrand Burger. Bonus non négligeable, cela atténue les contraintes inhérentes aux chantiers d’aujourd’hui. Pour réaliser un immeuble collectif traditionnel, les travaux s’échelonnent habituellement sur un an et demi. « On peut le faire sur un mois et demi voire deux mois, assure le fondateur de booa. Avec beaucoup moins de nuisances pour des constructions à économie circulaire. » Autre avantage, ces pièces de puzzle en 3D peuvent être ensuite réaménagées ou démontées en un tour de grue.
Promesse d’un avenir radieux ? Toujours est-il qu’en 2022, la société a opéré sa transition familiale puisque Lou et Paul, les deux enfants de Bertrand Burger qui représentent la sixième génération, ont repris le flambeau. Paul héritant des marques Burger (garde-corps), Jardipolys (aménagement de jardin) et Grad (terrasses) regroupées sur le site de Lièpvre tandis que Lou a en charge le développement des maisons booa. Tous deux se retrouvent à la tête de 300 salariés.
Maisons booa
2, rue de l’Industrie à Châtenois booa.fr
Reportage Comme un symbole du retour au travail manuel, les Compagnons du Devoir ont doublé leurs effectifs en quatre ans. À Strasbourg, l’institution a également le vent en poupe. D’autant qu’elle va bénéficier, début juin, d’un nouveau centre de formation à Koenigshoffen adapté aux métiers d’aujourd’hui tout en conservant un attachement privilégié aux traditions, à l’entraide et à la transmission.
Par Fabrice Voné / Photos Christoph de BarryEn bonne compagnie
Attention, maison sérieuse. Les Compagnons du Devoir ont le vent en poupe. En quatre ans, leurs effectifs ont doublé passant, sur le plan national, de 5 500 à 11 000 futurs charpentiers, plâtriers, pâtissiers, couvreurs… Sans doute que la pandémie a révélé chez beaucoup de nouveaux attraits pour le travail manuel, tandis que l’apprentissage est devenu un enjeu central durant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron.
Cette image redorée n’a pas ignoré la Maison de Strasbourg qui fait office de siège régional à cette association, fondée en 1941 et reconnue d’utilité publique. Rue de Wasselonne, le centre de formation (CFA) accueille près de 600 élèves (CAP, bac pro, formation continue…). Parmi eux, certains sont pensionnaires dans le cadre du Tour de France qu’ils effectuent durant leur cursus. L’une des particularités des Compagnons qui se démarquent également par des rituels très solennels et un vocabulaire qui leur est propre.
Ainsi, Julien Guénneuguès occupe la fonction de prévôt, l’équivalent du proviseur que les élèves tutoient allègrement car il n’est guère plus âgé que la moyenne. Ce jardinier-paysagiste de formation, originaire de Bretagne, occupe le poste depuis août 2019. « Mon rôle, c’est de planifier la formation sur l’aspect réglementaire et de dynamiser la vie dans le CFA, dit-il. Je suis le point pivot entre les jeunes, les parents et les entreprises. »
Ces dernières constituent un réseau sûr avec, bien souvent, d’anciens Compagnons à leur tête et qui jouent les courroies de transmission entre les savoir-faire. « On se porte bien parce que l’artisanat et l’alternance ont aussi le vent en poupe en Alsace », poursuit-il.
D’autant que les Compagnons du Devoir vont hériter d’une nouvelle vitrine avec un centre de formation flambant neuf à Koenigshoffen. Prévu pour juin 2023, le site de 6 500 m 2 accueillera les nouveaux ateliers des pôles bâtiment, aménagement, bois, énergies, enveloppe et couverture, fer et goût. S’ajouteront un studio numérique, un FabLab, un espace de conférences ainsi que 100 lits supplémentaires. « On a opté pour la page blanche afin d’imaginer le centre de formation de demain plutôt que de réhabiliter par-ci par-là, ce qu’on fait depuis 30 ans », souligne Julien Guénneuguès en référence à l’ancien moulin à farine que les Compagnons occupent depuis 1951 et qui se mue rapidement en usine occasionnant parfois quelques nuisances sonores pour le voisinage immédiat.
« On ne cherche pas à gonfler nos effectifs mais du confort et de la technologie pour nos formations. C’est important d’être en phase avec nos métiers. » Ce qui ne les empêchera pas de rester farouchement attachés à leurs traditions. Que ce soit dans le contenu des enseignements où les apprentis en bâtiment, par exemple, ont encore des cours de dessin technique. À l’ancienne comme les cérémonies d’intronisation avec un dress code coloré et des cannes pouvant être gravées du surnom du Compagnon en rapport avec sa région d’origine. « Ce n’est pas du folklore, martèle le prévôt. Les symboliques dans nos cérémonies servent à apporter du sens à ce qu’on entreprend pour qu’ils soient fiers de leur engagement. Quand on fait le Tour de France [habituellement sur cinq ans, ndlr], c’est une centaine de Compagnons qui se mobilisent pour un seul jeune. » Une entraide, non dénuée d’un certain goût de l’effort, au service de l’excellence.
Julien Guénneuguès, prévôt des Compagnons.Les métiers Portrait Une sélection soignée alliée à une forte image de marque. La boutique franchisée High Society, installée depuis deux ans à Strasbourg, propose aux consommateurs différentes variétés de fleurs, de résines ainsi qu’une gamme de produits dérivés du cannabidiol : infusions, huiles sublinguales et cosmétiques.
Par Emma Schneider / Photos Pascal BastienLe nouvel or vert
Derrière la devanture aux tons beiges et aux larges baies vitrées, la boutique s’ouvre sur un cadre épuré, un brin bobo, avec mur végétal et bois clair. Ici, le produit phare est le cannabidiol. Plus communément appelé CBD, cette molécule issue du chanvre, tout comme le cannabis, contient moins de 0,3 % de THC, la substance aux effets psychotropes que l’on trouve chez son cousin. Légalisé en France, le CBD ne modifie pas l’état de conscience et n’a pas d’effets nocifs sur le corps ou l’esprit. À l’inverse, depuis une poignée d’années, il suscite un vaste engouement pour ses vertus anxiolytiques, anti-inflammatoires, antioxydantes et analgésiques. C’est le début d’un business florissant dont certains pressentent rapidement le potentiel, à l’image de Mao Aoust, qui fonde High Society à Marseille en 2018. La société, reconnue pour ses produits et son expertise, se positionne comme numéro un du commerce du CBD en France. Frédéric Roth, aujourd’hui co-gérant de l’enseigne strasbourgeoise, voit sa curiosité piquée par le concept : « J’étais intéressé par le milieu du CBD depuis plusieurs années et l’envie de lancer une boutique me trottait dans la tête. En découvrant High Society lors de vacances dans le Sud, j’ai été emballé par les produits, je n’avais jamais trouvé cette qualité à Strasbourg. » Le paysagiste de métier propose à son frère cadet, salarié dans l’entreprise d’horticulture familiale, de s’associer et de lancer une franchise dans la capitale alsacienne. L’occasion pour les frangins de conserver leur activité principale, tout en s’essayant à ce nouveau projet vert.
Conseils et traçabilité
Au comptoir, Sébastien, salarié de la boîte et ami des deux frères, offre un conseil personnalisé selon les besoins de chacun. Que l’on veuille soulager certaines pathologies chroniques, appréhender le stress, pallier aux insomnies ou améliorer la digestion, le choix du produit ainsi que sa concentration importent. Et si les huiles sublinguales, les cosmétiques et les infusions connaissent leur petit succès, ce sont les fleurs de chanvre et la résine qui en est extraite qui représentent les meilleures ventes de l’enseigne. Cultivé biologiquement en Suisse, leur chanvre est transformé et conditionné à Marseille puis distribué dans tout le réseau de points de vente. Une traçabilité optimale pour un produit qui séduit de plus en plus de consommateurs, en témoignent les 132 boutiques High Society désormais ouvertes dans toute la France.
High Society
46, rue du Faubourg-de-Pierre highsociety.fr
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