Zut Haut-Rhin 02

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automne / hiver 2013

culture tendances lifestyle

Haut-Rhin NumĂŠro 2 / Gratuit



prochain numéro Zut ! numéro 3 Printemps / été édition Haut-Rhin

Contacts Direction de la rédaction & commercialisation Bruno Chibane bchibane@chicmedias.com 06 08 07 99 45 Rédacteur en chef Emmanuel Abela eabela@chicmedias.com 06 86 17 20 40 Directrice artistique mode Myriam Commot-Delon myriamdelon@noos.fr 06 14 72 00 67

Photo : Alexis Delon / Preview - www.preview-tm.fr

Directeur artistique brokism hello@brokism.com 06 22 76 58 32 Développement commercial Philippe Schweyer ps@mediapop.fr 06 22 44 68 67 Développement commercial Caroline Lévy levy_caroline@hotmail.com 06 24 70 62 94 Développement commercial Céline Loriotti cloriotti@chicmedias.com 06 64 22 49 57

sortie mai 2014


4 Zut ! Ours

contributeurs zut! team Directeur de la publication & de la rédaction Bruno Chibane Rédacteur en chef Emmanuel Abela Rédactrice en chef mode Myriam Commot-Delon Direction artistique brokism Responsable d’édition Sylvia Dubost

Rédacteurs Emmanuel Abela, Gabrielle Awad, Cécile Becker, Myriam Commot-Delon, Sylvia Dubost, Caroline Lévy, Flora-Lyse Mbella, Julien Pleis, Vanessa Schmitz-Grucker, Valentine Schroeter, Philippe Schweyer, Claire Tourdot Design graphique brokism Stylistes Myriam Commot-Delon, Caroline Lévy Photographes bentz + brokism, Oliver Clément, Alexis Delon / Preview, Tony Trichanh, Christophe Urbain, Olivier Roller, Dorian Rollin Illustratrices Laetitia Gorsy, Sylvie Kromer Stagiaire communication et développement Valentine Schroeter

Crédits couverture Photographe Alexis Delon / Preview Réalisation Myriam Commot-Delon Mannequin Wandi / Up Models Coiffeur Alexandre Lesmes Make-up artist Jacques Uzzardi Manteau en fourrure tie-dye Each x Other et sac Atelier Marchal, le tout chez K.Collections à Colmar. Bagues Pandora. Studio Photo / Preview 28, rue du Général de Gaulle 67205 Oberhausbergen 03 90 20 59 59 www.preview-tm.fr

Diffusion Urban Vélo Service / Colmar Bike in the City / Mulhouse Commercialisation & développement Bruno Chibane, François-Xavier Cheraitia, Caroline Lévy, Céline Loriotti, Philippe Schweyer Développement Allemagne et Suisse Roland Anstett

Retouche numérique Emmanuel Van Hecke et Camille Vogeleisen / Preview

Ce trimestriel est édité par Chic Médias 12, rue des Poules 67000 Strasbourg S.à.R.L. au capital de 25 000 euros Direction : Bruno Chibane Administration, gestion : Charles Combanaire

Mannequin Wandi / Up Models

Impression : Ott imprimeurs Parc d’activités « Les Pins » 67319 Wasselonne Cedex

Coiffure Alexandre Lesmes / Avila

Tirage : 5000 exemplaires Dépôt légal : novembre 2013 SIRET : 50916928000013 ISSN : 2269-9244

Make-up Jacques Uzzardi

www.zutmagazine.com


Marc Cain Collections

Marc Cain Store Strasbourg 8, rue Gutenberg | 67000 Strasbourg | TĂŠl 03 67 15 88 23 | Ouverture : Lundi 14.00 - 19.00 Du mardi au vendredi 10.00 -12.30 / 13.30 -19.00 Samedi 10.00 - 19.00 | www.marc-cain.com


6 Zut ! Sommaire

8 éditorial

10 courrier des lecteurs

35

12

Culture

au bon parfum Retour à Chypre

14 mulhouse vu par Sarah Hochster, Denis Scheubel, Fréderic Versolato, Majda Lhiyat, Claude et Marc Di Giuseppantonio

36 JEU VIDÉO David Cage "Beyond", le nouveau jeu vidéo du Mulhousien avec Willem Dafoe et Ellen Page.

38 MUSIQUE Festival GéNéRiQ Christophe poursuit sa tournée en solo, l'Intime Tour.

40 ARTS

24 colmar vu par Diana Ehretsmann, Martine Stoffel, Gilles Trescher, Geneviève et Lionel Klintz, Christophe Burger

Triptic et Motoco Reportage à la friche DMC, où Motoco construit la société de demain.

42 INSTANT FLASH

81 53 Tendances 54 MODE Never Land Shooting automnal.

64 FLASH MOOD

La Poste Rencontre avec Jean-Marc Kieny dans son restaurant étoilé à Riedisheim.

87 DOSSIER CRÉATION Il était une fois le motif Les motifs des musées du papier peint et de l'impression sur étoffes dans la création d'aujourd'hui.

66 HORLOGERIE

96 MÉTIERS D'ART

Garde-temps Ligne de montres Montblanc : l'horlogerie élégante et virile.

FREMAA La Fédération Régionale des Métiers d'Art d'Alsace, gardienne de talents locaux.

68 SHOPPING

44 CULTURE

70 MODE

10 / Dix Les dix commandements de l'hiver.

Christophe Mouty Des lunettes 100% naturelles en bois ou en corne.

72 MODE Bloch Gensburger Rencontre avec Brigitte Meyer, propriétaire de l'institution colmarienne.

74 DRESSING

édition Haut-Rhin

82 GASTRO

Up to Date Nos envies de saison : des fringues, des shoes, du design.

Brigitte Fontaine Vive rencontre avec la chanteuse qui débute une nouvelle tournée.

Les sélections de la rédaction

Lifestyle

Come as you are

76 TENDANCES Les sélections de la rédaction

100 CÉRAMIQUE Institut Européen des Arts céramiques Incursion dans le temple alsacien de la céramique.

102 DESIGN Collector Du mobilier original et fonctionnel pour les kids.

104 LIFESTYLE Les sélections de la rédaction



8 Zut ! édito

mytho man PAR PHILIPPE SCHWEYER

La soirée tirait en longueur. Chacun parlait de soi aux quatre coins de l’appartement. J’écoutais distraitement la petite musique des conversations, passant d’un groupe à l’autre en m’agrippant à mon verre. Je rêvais de retrouver mon lit, mais j’avais une réputation à défendre. Puisque je travaillais pour le magazine le plus cool de la région, j’étais censé faire la fête jusqu’au bout de la nuit pour soigner mon relationnel et du sport le reste du temps pour évacuer les toxines. Une femme élégante s’est approchée de moi alors que je venais d’enfourner un toast particulièrement volumineux. Elle tenait le dernier numéro de Zut ! entre ses doigts délicatement manucurés : « Il paraît que c’est vous qui écrivez cette prose égocentrique ? — Houmf… Houmf… (j’avais la bouche bien trop pleine pour articuler quoi que ce soit) — Je ne vous imaginais pas du tout comme ça. — Houmf… Houmf… ??? (tout en mastiquant péniblement, j’écarquillais les yeux de toutes mes forces pour lui signifier mon étonnement) — En vous lisant, je m’étais imaginé un homme avec une vraie classe, à la fois drôle, intelligent et plus à l’aise financièrement.

— Ah… (il suffisait donc de m’observer quelques secondes pour réaliser que je n’étais rien de tout ça) — J’ai l’impression que vous n’avez même pas les moyens de vous payer un bon psy. — Pourquoi voulez-vous que je me ruine ? Je vais très bien, merci. — Vous êtes dans le déni. C’est bien ce que je pensais, vous écrivez pour vous soulager… — Me soulager ? Je me donne un mal de chien pour vous faire sourire et vous me traitez de malade. — Vous n’êtes qu’un sale mythomane. — Comment ça un mythomane ? Vous n’aimez pas qu’on vous raconte des histoires ? — Je ne suis plus une gamine. — Ah, et vous ne lisez jamais de romans ? — Bien sûr que si. J’ai une pile de bouquins de Jean d’Ormesson sur ma table de nuit. — Très bien… Et le cinéma, vous y allez ? — Oui, au moins une fois par an pour le Woody Allen. — Vous voyez que vous aimez les histoires ! Pourquoi Woody aurait-il le droit de vous raconter des histoires et pas moi ? — Lui au moins, il ne cache pas ses névroses en se faisant passer pour Marcello Clooney ou George

Mastroianni. Maintenant que je sais qui vous êtes, comment voulez-vous que je continue à rêver en vous lisant ? » Elle s’est éloignée pour rejoindre un petit groupe d’agents immobiliers au bronzage irréprochable. Ils avaient de l’allure, de l’argent et pas mal d’autres choses dont j’ignorais jusqu’à l’existence. Bref, ils étaient terriblement ennuyeux. J’ai fini mon verre avant de m’éclipser discrètement. Dehors, il pleuvait. Aucune voiture de sport ne m’attendait. J’étais un mythomane perdu dans la nuit froide. Heureusement, il restait des milliers de femmes qui ne connaissaient pas mon vrai visage et rien ne pouvait me détourner de ma mission. Il fallait continuer à les faire rêver, coûte que coûte.


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10 Zut ! Chronique

Par Philippe Schweyer

Courrier des lecteurs

2

UN ZUT TRINATIONAL ?

PRINTEMPS - ÉTÉ 2013

Culture Te n d a n c e s Lifestyle

HAUT-RHIN NUMÉRO 1

Une lectrice qui rêve d’un magazine trinational à cheval sur les trois frontières, une jeune femme en mal de coaching, un lecteur aquaphobe qui envisage d’arrêter la picole, une lectrice qui se félicite d’avoir passé une soirée délicieuse dans un restaurant repéré dans nos pages… Une fois de plus, nos lecteurs réagissent et nos lectrices se dévoilent ! Tchuss Zut !, Moi qui suis bâloise, j’ai découvert Zut ! chez ma cousine germaine qui est française. Depuis, chaque matin, je me précipite sur zut-magazine.com pour lire les derniers posts avant d’avaler mon bol d’Ovo. Mon rêve serait un Zut ! bilingue qui parlerait aussi de ce qui se passe à Bâle et à Freiburg ! — Sylvia, 39 ans. Tchuss Sylvia, Vous n’êtes pas la première à nous écrire pour réclamer un Zut ! trinational. On se demande pourquoi on n’y avait pas pensé plus tôt. Peut-être parce que ça fait des années qu’on ne boit plus d’Ovomaltine au petit-déjeuner…

Coucou Zut !, Je suis un peu perdue en ce moment. Je ne supporte plus mon job, mon petit ami n’arrête pas de me quitter pour des filles moins bien que moi et ma mère me rend folle ! Pour me sortir de ce pétrin, mes copines me conseillent de prendre un coach. Qu’en pensez- vous ? — Katia, 40 ans.

Diamant Zut !, Après avoir lu le dernier Zut ! que j’avais mis bien en évidence sur son bureau le jour de notre anniversaire de mariage, mon mari m’a invité au Frichti’s à Colmar. Nous avons passé une délicieuse soirée sans nous disputer une seule fois. Merci Zut ! — Valentine, 82 ans.

Coucou Katia, La crise de la quarantaine, c’est notre truc chez Zut !. On va tous y passer, alors pas d’inquiétude. Un coach pour vous aider à sortir la tête de l’eau, c’est peutêtre une bonne idée, sauf s’il vous dit d’arrêter de lire Zut !

Diamant Valentine, C’est vrai que quand Zut ! recommande un restaurant, c’est que vous pouvez y aller les yeux fermés. Et si en plus vous avez réussi à passer toute la soirée sans vous disputer une seule fois, c’est que tout n’est pas perdu. Vive l’amour !

Ciao Zut !, Depuis que j’ai vu Venera Tistounet en photo dans Zut !, je regarde Mulhouse avec un œil neuf. Il y a même des matins où le Square de la Bourse me rappelle l’Italie. Dommage que les commerces situés sous les arcades ne soient pas plus pimpants ! — Marcello, 50 ans.

Aqua Zut !, J’ai adoré la photo qui illustre votre article sur la Fondation François Schneider à Wattwiller. Moi qui ne bois jamais d’eau, ça m’a presque donné envie d’arrêter de picoler ! — Roland, 77 ans.

Ciao Marcello, Un des objectifs de Zut ! est justement de vous faire prendre conscience de toutes les beautés qui vous entourent. Viva Italia ! Pile Poil Zut !, J’aime mon mari presque comme au premier jour, mais je n’en peux plus de tous les poils qui avilissent son corps. Il en a sur le torse, dans le dos, le nez et même dans les oreilles ! Que puis-je faire pour rendre plus présentable cette véritable bête sauvage à mi-chemin entre l’ours et le morse ? — Pauline, 37 ans. Pile Poil Pauline, Votre mari est viril, ne vous plaignez pas. Si sa pilosité refroidit vos ardeurs, il est temps de lui payer quelques séances d’épilation, par exemple au Centre laser dermatologique de Mulhouse. Après ça, vous pourrez retrouver une vie sociale épanouissante avec un mari redevenu présentable.

Aqua Roland, L’eau de source, c’est le pied ! Nettement moins cher que n’importe quelle drogue dure et nettement plus efficace qu’un alcool fort ! Il paraît même qu’en cas de coup de mou, il n’y a pas mieux qu’une petite cure d’eau de Mulhouse pour retrouver le moral… Love Zut !, J’espère que les éditions médiapop seront présentes au Salon du livre de Colmar. Je rêve de faire dédicacer mon exemplaire d’Îles grecques, mon amour par Philippe Lutz. Ça fait des mois que je le lis au lit avant de m’endormir et chaque soir c’est le même plaisir ! — Domna, 22 ans. Love Domna, Comme chaque année, les éditions médiapop seront présentes au Salon du livre et Philippe Lutz se fera un plaisir de dédicacer Îles grecques, mon amour ainsi que son nouveau livre, L’amour de la marche, à ses nombreuses admiratrices.



12 Zut ! Chronique

Par Sylvia Dubost Illustration Lætitia Gorsy

au bon parfum

4

RETOUR À CHYPRE

La mode est un éternel retour. Sur son blog Grain de musc, Denyse Beaulieu relevait, il y a déjà quelques temps, que le parfum avait renoué avec le chypre. Avec trois beaux lancements ces dernières années, il s’était à nouveau fait une place aussi bien dans la parfumerie mainstream (Bottega Veneta), que dans celle de niche (Azemour de Parfums d’empire) et « l’in between » (Mon parfum chéri d’Annick Goutal par Camille). Non qu’il avait réellement disparu, mais mal aimé et incompris, il a longtemps été étiquetté comme « ringard ». Clairement connotés 50s, les jus chyprés ne sont pas de ceux qu’on porte sans y penser… En 1917, la maison Coty connaît un succès retentissant avec Le Chypre, auquel on attribue souvent la paternité de cet accord de notes qui n’a, depuis, cessé d’être décliné. À la vérité, Le Chypre s’inscrit dans une déjà longue tradition. Les origines sont incertaines, mais il semblerait que, dès le XVIIe siècle, on fabrique sur l’île de Chypre des gants parfumés à la mousse de chêne, note de voûte des accords chyprés, qui lui associent à l’époque musc, civette et ambre. Au milieu du XVIIIe siècle, Roger & Gallet, Lubin et Guerlain préfèrent leur mousse accompagnée de bergamote,

patchouli et labdanum, accord qu’on retrouvera chez Coty et qui fera florès. Aujourd’hui disparu, Le Chypre a eu une engeance nombreuse, et la descendance a parfois perdu toute ressemblance avec son ancêtre. On y classe tout ce qui contient de la mousse de chêne, voire du patchouli, en notes de fond ; dès lors, on a bien du mal à trouver le point commun entre Cristalle (Chanel, 1974) et For her (Narciso Rodriguez, 2004), Mitsouko (Guerlain, 1919) et Miss Dior chérie (Dior, 2005)… Riche et rugueux, un vrai chypre ne lésine pas sur la mousse : il se reconnaît à ce fond amer et humide, à ses notes de sous-bois. Le chypre est un esprit, encore plus qu’un accord. C’est un parfum puissant, habillé et fatal, un parfum de femme de tête, qu’elle ait des allures de garçonne ou un brushing de working girl. Le chypre, c’est la féminité démonstrative, mais au contraire des orientaux, elle n’est ni sensuelle ni chaleureuse. Elle est froide et distante. La femme « chyprée » incarne le luxe et le pouvoir. Elle est toujours « grand soir », même en journée, n’est jamais aimable, même en privé. On la regarde sans lui parler ; elle n’est pas seulement loin, elle est au-dessus. C’est Marlène Dietrich en tailleur pantalon, Alexis

Carrington en épaulettes. Elle se drape dans ces chypres mythiques qui jalonnent l’histoire de la parfumerie : Mitsouko, Femme (Rochas, 1944), Miss Dior (Dior, 1947), Cabochard (Grès, 1959), Aromatics Elixir (Clinique, 1971), Parure (Guerlain, 1975), Diva (Ungaro, 1983), Knowing (Estée Lauder, 1988)… Des jus très amples et habillés, précieux à sentir, difficiles à porter. Ils sont comme ces peintures que l’on considère sans mal comme des chefs d’œuvre sans pour autant avoir envie de les accrocher dans son salon… Mais il est rassurant que, malgré l’image de la femme qu’il véhicule, pas toujours en accord avec celle qui domine dans la société, le chypre soit certes passé de mode mais n’ait jamais vraiment disparu. En 2006, par exemple, naissaient Soir de lune (Sisley) et Perles (Lalique). Aussi, trois récents lancements ne suffisent peutêtre pas à marquer un retour, mais ils sont en tout cas un beau pied de nez à l’air du temps, qui préfère une femme plus accessible et discrète et se rassure d’odeurs régressives. Ils sont surtout la preuve que l’über-luxe qu’incarne le chypre est le meilleur argument de vente…


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14

Mulhouse vu par Ils vivent, travaillent, créent et sortent à Mulhouse. Les hommes et les femmes qui font vibrer la ville nous font découvrir leur lieu préféré. Réalisation Caroline Lévy Photos Christophe Urbain

О


15

Sarah Hochster 24 ans

Danseuse au Ballet du Rhin

Jeu 31 oct

OÙ ? Square Steinbach Depuis le studio, je vois défiler les saisons en observant les arbres de ce coin de verdure au pied du Ballet. Il me rappelle mon Japon natal, avec ses jardins reposants où il fait bon venir se ressourcer.

Actu !

Le Sang des étoiles, du 13 au 17 novembre à l’Opéra du Rhin à Strasbourg. Pinocchio, du 31 janvier au 2 février à La Filature de Mulhouse et les 8 et 9 février au Théâtre municipal de Colmar / www.operanationaldurhin.eu Manteau Tara Jarmon chez Imagine à Mulhouse.


16

Denis Scheubel 47 ans Musicien et plasticien

Mer 30 oct

Où ?

Bâtiment annulaire À proximité de la Gare et du Port, c’est une des seules constructions rondes de France. La ville de Peugeot invite aussi à l’exotisme, on retrouve dans cet immeuble un peu du Colisée !

Actu !

Nouveau local dans le bâtiment 75 de la friche DMC, dans le cadre de Motoco. Sortie de l’album éponyme de Singe Chromés chez Médiapop Records, le 1er janvier 2014. Jean Dior, pull et veste en laine Gucci, le tout chez United Legend à Mulhouse.


mer. 27.11

20:30

starHlight ~ Photo : © Marcel Hartmann

par la scène indépendante contemporaine

demain il fera jour

lacoupole.fr

29. November > 19. Dezember 2013 von Imre Kertész regie Julie Brochen Uraufführung des Tns +33 (0)3 88 24 88 24 • www.tns.fr > DEUTSCHE ÜBERTITELTE SONDERVORSTELLUNG Samstag, den 14. Dezember

03 89 70 03 13

N° de licence d’entrepreneur du spectacle : 1050935-936-937 Réagir sur le

b l o www.tns.fr/blog


18

Fréderic Versolato 55 ans

Libraire

Jeu 31 oct

Où ?

Le Belvédère Cette vue sur Mulhouse montre une ville ponctuée de jardins ouvriers. Cette perspective permet de voir plus loin, elle me fait penser à mon grand-père et me porte jusqu’en Italie, mes origines !

Actu !

Conférence-rencontre avec Olivier Paquet dans le cadre de Tout Mulhouse lit, autour de Le Melkine, éd. de l’Atalante, le 15 novembre à 20h. Dédicaces de Jean-François Hirn pour Mémoire Ouvrière SACM, éd. Nota Bene, et Gabriel Braeuner pour Alsace au temps du Reichland, éd. du Belvédère, le 16 novembre. Conférence-rencontre avec Patricia Beucher pour Jardiner sans se planter, éd. Ulmer, le 22 novembre à 20h.

Librairie 47°Nord Maison Engelmann 8, rue du Moulin à Mulhouse 03 89 36 80 00 www.47degresnord.com Cardigan Hugo Boss et veste en tweed Gucci chez United Legend à Mulhouse.


André S. Labarthe

Deux nouveaux titres disponibles

André S. Labarthe

André S. Labarthe

Madagascar

recueil de dessins

Belle à faire peur (accords perdus 4)

Photo : Patrick Messina

« On l'aura compris : le lapsus est au cœur de ces recueils dont l'agencement doit tout au hasard. Le lapsus et son cortège de vérités noires jetées sur le papier comme on se jette par la fenêtre au terme d'une vie encombrée de méprises ou d'approximations également inexcusables, de faux souvenirs, de contrevérités, de déchets divers, de tout ce que je reproche aux écrivains que j'admire de traquer avec soin puis d'éliminer. Oui, c'est cela : je souhaite qu'on circule parmi ces notes comme dans un inconscient. »

Autres livres d'André S. Labarthe parus chez LimeLight Éditions, disponibles au siège de l’association :

Le Traité du verre, en effet (Accords Perdus 3), 2011, 15 € Happy end (Accords Perdus 2), 2008, 15 € Bataille, Sollers, Artaud, 2002, 20 € Bataille à Perte de Vue (Le Carnet), 1997, 14 € À Corps Perdu, Évidemment, 1997, 15 € Tempo, 1993, 10 €

Chic Médias - LimeLight Éditions

Chic Médias - LimeLight Éditions

82 pages - 24 €

72 pages - 19 €

LimeLight Éditions 11, rue du Milieu - 67202 Wolfisheim / bruno@limelight-editions.fr


20

Majda Lhiyat 44 ans

Gérante du restaurant Sushi’s

Mer 30 oct

Où ?

Actu !

J’entretiens un rapport particulier avec la rue du Sauvage dans laquelle je travaille depuis longtemps. Ce mur en trompe-l’œil juste en face du restaurant est une perspective qui ne me quitte pas de la journée. Sans être esthétique, il a un côté insolite que j’aime beaucoup !

Sushi’s 22, rue du Sauvage 03 89 42 15 15 www.resto-sushis.com

Fresque rue des Cordiers

Préparation de nouveaux plateaux pour les fêtes de fin d’année. Ouverture en continu tous les samedis du mois de décembre.

Perfecto Gusto et robe-tunique Stella Forest chez Imagine à Mulhouse.


COMMUNIQUÉ

CAMPAGNE DE DÉTECTION & NOUVEAU TRAITEMENT

L’arme révolutionnaire contre la sécheresse oculaire. Plus de 9 millions de Français souffrent de la sécheresse oculaire*. Sensations de brûlures et de démangeaisons, vision brouillée, fatigue des yeux sont les symptômes d’un problème chronique qui se dépiste et se corrige. Aujourd’hui une solution innovante et exclusive a été mise au point avec des résultats très prometteurs.

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22

Jeu 31 oct

Claude et Marc Di Giuseppantonio 44 et 46 ans

Promoteurs immobilier

Où ?

Friche EDF Cette friche méconnue de la plupart des Mulhousiens reste un vestige architectural incroyable, sur laquelle nous allons bâtir Almaleggo… Avec ses charpentes Eiffel et sa construction d’époque, elle nous replonge dans une ambiance particulière, très Orange mécanique !

Actu !

Sodico est mécène de la 2e édition du Salon international d’art contemporain Art3f, du 29 novembre au 1er décembre au Parc expo de Mulhouse. Exposition de 5 artistes sélectionnés sur 50 auditionnés. Lancement de Montana Résidences, programme de grand standing dans les hauteurs de Brunstatt. www.sodico.fr Claude : caban avec col en fourrure Dior. Marc : chemise et pull Gucci, veste en velours côtelé Ralph Lauren, le tout chez United Legend à Mulhouse.


23e festival international jeune public

1>26 décembre 2013 www.noelbleu-alsace.eu

NOËL BLEU

fête ses Inauguration

Kingersheim du 30 janvier au 10 février 2014

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5 ans!

le dimanche 1er décembre PARADE DE LUMIÈRES Les week-ends des

7/8, 14/15 et 21/22 décembre Clôture

le 26 décembre FEU D’ARTIFICE

PROJECTIONS MONUMENTALES Direction artistique : Artswaves – Arnaud Masson Avec la participation exceptionnelle de Damien Fontaine (lauréat des Lumières de Lyon 2012)

Église Saint Léger AMBIANCE Hôtel de Ville FORÊT DE LUMIÈRES

ESPACE PHOTOS cabine ou cabanon? MARCHÉ DE NOËL bio et terroir MUSÉE THÉODORE DECK La boîte à secret DOMINICAINS DE HAUTE-ALSACE visites audio-guidées

Et beaucoup d’autres surprises

décors de lumières, concerts, théâtre, marché traditionnel couvert...

Entrées libres

Illustration : Sabine Allard / alphabet Momix : Daniel Depoutot

Église Notre Dame LES MÉTAMORPHOSES DE NOTRE DAME

ouverture de la billetterie le 2 décembre 2013

Partenaires : Mécènes :

Partenaires médias :

CRÉA, scène conventionnée jeune public


24

Colmar vu par Ils vivent, travaillent, créent et sortent à Colmar. Les hommes et les femmes qui font vibrer la ville nous font découvrir leur lieu préféré. Réalisation Myriam Commot-Delon Photos Oliver Clément

О

Mer 30 oct


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Geneviève et Lionel Klintz 61 et 56 ans

Dirigeants de la société decoburo

OÙ ? Le chantier de réhabilitation et d'extension du Musée Unterlinden par Herzog & de Meuron Un geste architectural, au cœur de la vieille ville, confortant l’adage « La forme découle de la fonction ». Cette extension futuriste, qui intègrera le Musée Unterlinden et les Bains Municipaux – un bâtiment historique cher aux Colmariens – est en pleine métamorphose et correspond parfaitement à notre sensibilité.

Actu !

decoburo distribue la marque USM, classique incontournable du mobilier système reconfigurable à l’infini, forte de ses presque 50 ans d’âge. Le magasin développe actuellement un site de vente en ligne, pour diffuser ce produit d’exception. decoburo 4, le Schlossberg à Zellenberg 03 89 21 72 00 Geneviève Massot-Klintz : manteau Marithé & François Girbaud et étole en laine et soie Paul Smith chez La Corrida à Colmar. Coiffure Dorothée chez Serge Comtesse à Horbourg Lionel Klintz : veste Benvenuto et chemise Seidensticker chez Bloch Gensburger à Colmar.


26

Mer 30 oct

Gilles Trescher

Directeur de la concession Citroën-Oblinger à Colmar, Sélestat et Saverne

45 ans

Où ?

Le Marché Couvert Les matériaux utilisés, la fonte, la brique et le fer font de cette halle, à la forte connotation industrielle, un des beaux endroits du cœur historique de Colmar. J’y ai aussi des souvenirs lorsque j’y allais enfant, avec ma famille…

Actu !

Inauguration de la nouvelle concession Citroën après deux ans de travaux. Elle est la première en France à accueillir le nouvel espace consacré aux modèles DS. Concession Citroën-Oblinger 4, rue Timken à Colmar 03 89 20 85 85 Parka Partner's et pull col cheminée Nani Bon, les deux chez Bloch Gensburger à Colmar.


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Co-dirigeante de la Chocolaterie du vignoble Daniel Stoffel

Martine Stoffel 45 ans

Mer 30 oct

Où ?

Musée Bartholdi Ce lieu concentre le génie d’un artiste visionnaire qui a conduit l’Alsace très loin. Il se trouve que c’est aussi sa maison natale, et cette notion de famille, de durée, raisonne beaucoup en moi. Peut-être aussi parce que, moi qui suis très petite, j’ai nourri une certaine fascination pour cet artiste aux œuvres monumentales !

Actu !

Nomination de Martine Stoffel, avec 5 autres candidates, au Trophée DNALCL des « Femmes qui font bouger la région ». La chocolaterie fête cette année ses 50 ans et vient de lancer son nouveau site internet : www.daniel-stoffel.fr Chocolaterie du Vignoble Route de Guémar à Ribeauvillé 03 89 71 20 20 Manteau en astrakan et col en tulle amovible, Red Valentino chez La Corrida.


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Diana Ehretsmann 34 ans

Masseuse bien-être

Mer 30 oct

Où ? Chemin de la Fecht J'aime m'y retrouver, que ce soit pour simplement traverser le vignoble pour me rendre au boulot, ou bien m'y promener, courir. C'est mon sas de décompression en quelque sorte, la nature aux portes de Colmar. Tout particulièrement en automne, avec ces paysages contrastés.

Actu !

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Christophe Burger 63 ans

Créateur de bijoux et designer

Mer 30 oct

Où ?

Rue Voltaire Cette maison années 30, avec ses bas-reliefs et sa vue sur le parc du château Kiener, est quelque chose d’assez rare dans cette ville. Enfant, elle m’intriguait quand je cheminais entre la rue Wilson (où j’ai habité de 5 à 20 ans) et le lycée Bartholdi. Un jour, j’ai dû la trouver kitsch, sans doute… Mais aujourd’hui c'est un endroit où je pourrais habiter.

Actu !

Expos Scènes du bijou contemporain en France, jusqu’au 2 mars au musée des Arts Décoratifs de Paris, et Corpus 7 : le bijou contemporain au regard de la collection Maciet, jusqu’au 24 décembre à la Bibliothèque des Arts Décoratifs à Paris. Atelier-boutique à Colmar Visite sur rendez- vous au 03 89 23 38 65 Trench Florentino et pull en cachemire Esthème les deux chez Bloch Gensburger à Colmar.



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Culture

Zut  — 02


36 Zut ! Culture Jeu vidéo

VERS L’INFINI, ET AU-DELÀ PAR EMMANUEL ABELA

À l’ère du tout électronique, la problématique pourrait être généralisée : comment créer du sentiment à partir d’une chose aussi froide et inerte que la machine ? La question a été posée à bien des endroits, notamment dans le domaine des musiques électroniques, avec parfois des réponses convaincantes. Le jeu vidéo n’échappe pas à cette interrogation. Depuis l’avènement des consoles de jeu dans les années 90, nombreuses ont été, bien que souvent isolées, les expériences menées pour insuffler une forme de vitalité, et mieux que cela, une forme d’émotion au récit qui se découvre à l’écran. C’est l’une des préoccupations qui a d’emblée animé le concepteur de jeu, David Cage. Né à Mulhouse en 1969, le jeune David de Gruttola – son vrai nom avant qu’il n’opte pour le pseudonyme de Cage – se destinait tout d’abord à la composition musicale ; après un passage par la faculté de sciences économiques à Strasbourg, il s’installe à Paris pour travailler la musique, à un moment où des signes avant-coureurs annoncent la future révolution numérique. Par l’intermédiaire de ses amis, concepteurs, programmeurs et infographistes, il se retrouve confronté à l’univers du jeu vidéo, dans un monde qu’il ne tarde pas à intégrer avec sa propre vision des choses. Sont-ce ses lectures des auteurs anciens, grecs notamment, qui conduisent ce passionné d’écriture à penser narration et émotion ? Quoi qu’il en soit, les choses se précipitent : sa société, Quantic Dream, est créée dès 1997. L’histoire est belle : David Cage sollicite un autre David, Bowie en l’occurrence, pour lui demander la permission d’utiliser quelques extraits de Heroes – ce qui dénote chez lui d’un goût musical certain ! – ; au final, la star pop anglaise décide de signer intégralement la B.O. du jeu The Nomad Soul, et mieux que cela, d’interpréter le rôle du person-

En pionnier, le Mulhousien David Cage a décidé d’amener le jeu vidéo vers plus de sentiment. À l’instar de son dernier né, Beyond, dans lequel il fait jouer les stars Willem Dafoe et Ellen Page, il crée une nouvelle forme de récit aux développements, à terme, insoupçonnés.

nage principal dans le jeu. Comment finalement explorer le sentiment si ce n’est de lui donner une incarnation, celle de l’acteur dont les traits s’animent grâce aux capteurs. La notoriété de David Cage est installée, son jeu reste près de quinze ans plus tard culte ; il est fondateur à bien des égards d’une façon nouvelle de jouer, mais aussi de créer pour l’industrie du jeu. Cela ne va pas forcément sans susciter jalousie et aigreur, certains développeurs voyant dans la démarche une hérésie par rapport à l’idéologie ludique dominante, à savoir jouer – bastonner au passage ! –, jouer encore et jouer toujours. La présence de l’illustre Willem Dafoe et d’Ellen Page dans le dernier jeu né chez Quantic Dream, Beyond: Two Souls, montre que l’idée première a non seulement fait recette, mais surtout qu’elle initie quelque chose de nouveau : avec sa volonté de faire interpréter ses personnages par des acteurs dont il assure la direction, David Cage crée un média nouveau, qui n’est plus du cinéma, qui n’est plus non plus du simple jeu vidéo, mais qui se situe ailleurs, bien au-delà. S’il semble exagéré de considérer David comme le « Bergman du jeu vidéo » – Dafoe dixit –, il avance néanmoins en pionnier vers cette forme nouvelle qui révèle des sentiments éternels, le désir et la mélancolie. Beyond: Two Souls sur PS3, Quantic Dreams


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38 Zut ! Culture Musiques

O SOLE MIO PAR EMMANUEL ABELA PHOTO OLIVIER ROLLER

En France, il est l’un des seuls à faire le lien entre chanson, rock et musique électronique. Inutile de chercher à maintenir Christophe en place : cet étrange animal nocturne évolue en état d’alerte permanent à l’affût d’expériences nouvelles, comme l’Intime Tour qu’il a entamé en solo et qui s'arrête dans la région à l'occasion de GéNéRiQ. Depuis le début de l’année 2013, vous vous produisez en solo à la guitare, au piano et au synthé dans le cadre de l’Intime Tour. On imagine une préparation particulière. Oui, ça me fait travailler davantage. Pour cette tournée, je transporte sur la scène tout le travail que je mène chez moi en studio. Je progresse au piano et me sens de mieux en mieux par rapport aux premiers concerts. Le plaisir que ce confort me procure me semble très favorable à la création ; il me permet de me sentir libre dans l’improvisation. C’est important pour quelqu’un comme moi qui cherche à éviter tout formatage. On vous sait plus attaché au « son » qu’au chant, et pourtant cette configuration en solo vous expose davantage au niveau de la voix. Oui, c’est vrai, ce qui m’importe c’est effectivement le son. C’est bien pour cela que je travaille le traitement sur la voix. Mis à part des gens comme Brassens, j’ai horreur de ces voix qui ne ressemblent qu’à des voix. Je travaille sur les échos et les ambiances, aussi bien chez moi qu’en studio d’enregistrement. Sur scène, c’est plus difficile, mais c’est

pourtant ce qui m’intéresse. Depuis le début de la tournée, j’ai apporté quelques modifications techniques qui me permettent d’accéder à un nouveau confort, même si ma démarche reste expérimentale. Là, je dispose d’un système autonome près du piano qui me permet d’utiliser des effets au moment où je le souhaite, sans attendre. Après, je suis bien obligé d’admettre qu’il y a toujours un décalage entre ce que je tente sur scène et ce que le public reçoit.

Justement, je suppose qu’en solo vous interagissez avec le public. Absolument, je fais évoluer la set-list en fonction de la salle – aussi bien la jauge que sa configuration, une salle de concert, un théâtre, etc. –, mais aussi en fonction de l’âge des spectateurs. Pour moi, le public joue un rôle précieux : je suis à l’écoute des silences, mais aussi des murmures. Pour moi, le public constitue un son en lui-même, et sa présence déclenche ce feeling dont j’ai besoin.


39 La sélection Zut ! pour le festival GéNéRiQ Les mots d’aujourd’hui Fauve ne laisse pas indifférent : on les aime, on les déteste, avec sans doute la même mauvaise foi. Si ces Parisiens suscitent de telles réactions, c’est qu’ils se situent très loin de ce que le rock Made in France a pu produire ces dernières années. Il faut remonter aux débuts de Bérurier Noir, NTM ou Noir Désir pour retrouver une telle puissance dévastatrice. Avec un phrasé emprunté à la fois au hip hop et à la scène pop indépendante française, il formule de manière crue et directe les maux d’une jeunesse en mal de transition. (E.A.) Fauve, le 20 novembre au Noumatrouff à Mulhouse

Electron libre

Christophe en concert dans le cadre du festival GéNéRiQ le 15 novembre au Granit, 1, faubourg de Montbéliard à Belfort www.generiq-festival.com

Cette année, GéNéRiQ donne une teneur plus électronique à sa programmation avec deux soirées 100% boom boom. Quand Bakermat, docteur ès sons house mélodiques s’inspire du jazz et de la soul, Joris Delacroix plonge dans les profondeurs de la deep house alors que Tristesse Contemporaine s’imprègne de krautrock et de new wave. Is Tropical propose une musique sur ressorts et DJ Valy Mo saupoudrera le tout de sa trap music. Un melting pot d’inspirations qui prouve la vigueur du dernier mouvement musical qui a secoué la planète. À noter que Blackie, considéré comme le nouveau messie punk électronique, se produira gratuitement la veille à la Haute École des Arts du Rhin : une bien belle mise en bouche ! (C.B.) Blackie en concert gratuit le 21 novembre à la Haute École des Arts du Rhin, à Mulhouse Soirée électronique, le 22 novembre au Noumatrouff à Mulhouse www.generiq-festival.com


40 Zut ! Culture Lieu

A/VENIR PAR CÉCILE BECKER PHOTOS DORIAN ROLLIN

C’est ici, dans le bâtiment 75 de la friche DMC, que l'association Motoco réalise son utopie de société post-industrielle, où la créativité s’exprimerait pleinement. Petit à petit, une nouvelle communauté se dessine, emmenée par les artistes. Reportage.


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La voilà, la « ville aux cents cheminées », là dans cette bulle industrielle où la filature DMC a assis la réputation textile de Mulhouse depuis 1746. La mythique enseigne n'occupe plus que cinq hectares, les 10 autres sont libres, laissant place aux utopies les plus folles. Au centre, le bâtiment 75 s’élève fièrement, comme pour nous montrer que c'est en son sein que la société post-industrielle dessine ses contours depuis début 2013. Car c'est là le but de l'association Motoco créée par Mischa Schaub, directeur de l'Hyperwerk (atelier de design post-industriel rattaché à l'école d'art de Bâle) : relier ceux qui feront le monde de demain : artistes, designers, entrepreneurs, ingénieurs, en proposant des espaces de travail connectés entre eux sur un campus. Le tout en étroite collaboration avec les écoles d'art alentour et les institutions culturelles du territoire, comme la Kunsthalle. À travers ce lieu-laboratoire, Mischa Schaub souhaite poser des pistes pour construire une autre société, qui capitaliserait sur la création. Premier acte : l’installation d’artistes français, allemands et suisses. La suite : des entrepreneurs, des ingénieurs, qui imagineront avec eux une économie créative et tri-nationale. Mais pour l’heure, l’agitation est à venir, et l’endroit est en construction. Les artistes qui vont expérimenter cette utopie prennent progressivement possession des lieux. Au rez-de-chaussée par exemple, l’endroit paraît désert. On entend au loin une musique provenant du bar. Julien y recharge son ordinateur avant de rejoindre un ami artiste qui a installé son atelier non loin de là. « Je viens souvent ici, c’est un

chouette endroit. Peut-être qu’un jour, j’aurai un atelier ici, mais pour le moment, ça me paraît difficile. C’est drôle, j’ai l’impression que plus un espace n’est disponible mais ironiquement, je ne vois jamais personne. » Comme pour le contredire, Denis passe au même moment et nous salue, puis file vers le vide. Julien nous conduit alors à son ami, Irakli, qui sévit dans un minuscule atelier où il crayonne les murs de fresques étranges : « Je suis ici depuis 40 jours, nous dit-il avec un accent venu d’ailleurs. Je suis sculpteur à la base, mais là j’ai décidé de travailler les murs avec de la craie, du pastel, du charbon et de l’herbe. Ici, à part qu’on me salue en hélant : Salut Imam ! et le fait que j’attends toujours avec impatience les visites de ma voisine suisse, pour le moment, il ne se passe pas grand chose. » Un semi-vide qui s’explique sûrement par le fait que le chauffage n’est pas encore installé, et que certains artistes ne sont pas encore arrivés. Denis, croisé au rez-de-chaussée, explique : « En tant qu’artiste, on a peut-être des horaires particuliers : moi, par exemple, je travaille la nuit et le weekend. » Quelques chanceux ont cependant apporté un chauffage électrique : c’est le cas de Céline, artiste multi-casquettes, chez qui Denis vient justement de s’inviter pour le thé. « Chez elle », on est sûrement dans l’atelier le plus abouti, elle a tout arraché, tout rénové à peine entrée comme à la maison. Elle débourse « même pas 50 euros par mois » pour ce bel espace. Pour elle, Motoco est un don du ciel : « Ça faisait cinq ans que j’attendais un atelier. Là, c’est miraculeux : non seulement, c’est un espace pour créer, mais c’est surtout

un espace d’échange incroyable. On croise de tout, de partout. » Ses voisins sont justement des Suisses chez qui nous tentons de frapper. La porte nous prévient que nous entrons en « République libre ». Un grand et large espace s’ouvre avec un second bar, une petite scène et un espace « lounge ». La table de mixage est allumée, ils ne doivent pas être bien loin. Mais dans les petites pièces attenantes, personne. Entrer ici, c’est constater que chacun s’organise comme il le souhaite : à chaque espace, une atmosphère, un pays. Alors c’est peut-être ça la société post-industrielle : un espace en construction, un lieu cosmopolite, un sourire. Une planète où personne ne se serre les mains parce qu’elles sont pleines de peinture. Ici, on se serre le bras et on rêve en communauté du monde de demain. C’est déjà pas mal. Le reste est à venir. Motoco, projet de design sociétal pour la friche DMC à Mulhouse, dans le cadre du programme Triptic motoco.me www.triptic-culture.net


42 Zut ! Culture Instant Flash

Révoltée survoltée

Brigitte Fontaine PAR PHILIPPE SCHWEYER ILLUSTRATION SYLVIE KROMER

Alors qu’elle vient tout juste de terminer sa balance, on retrouve Brigitte Fontaine dans sa loge quelques minutes avant son concert à La Filature, un des tous premiers de sa nouvelle tournée. De prime abord un peu sauvage, la chanteuse se prête finalement de bon cœur au jeu des questions-réponses.


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À quoi avez-vous avez envie de dire zut ? Non pas zut, j’ai envie de dire merde !

Je n’y crois pas. Je sais quand même mieux que vous !

Qu’est-ce qui vous révolte en ce moment ? Oh comme d’habitude ! Le racisme, bien que ce soit impropre comme mot, puisque les races n’existent pas. Il n’y a qu’une seule race, la race humaine. Comment ils traitent les sans-papiers, comment les jeunes n’ont pas d’emploi, tout ce qu’on connaît…

Les vrais paresseux ne font pas tout ce que vous faites. Je suis la fainéantise même, voilà ! Mais quand je me mets à écrire, je suis passionnée !

Êtes-vous plus révolté qu’il y a vingt ou quarante ans ? Ça a toujours été pareil. Je suis révoltée contre les adultes en général. Depuis que je suis petite. Ça ne m’a pas quitté… Enfant, vous vous imaginiez écrivain plutôt que chanteuse… J’étais sûr que je ferai du théâtre et que j’écrirai. Chanter, c’est venu par accident. J’écris beaucoup de livres et je vais bientôt refaire du théâtre comme comédienne et comme auteur malheureusement. Pourquoi malheureusement ? Parce que j’en ai marre de jouer mes pièces. Quand j’étais très très jeune j’ai joué dans d’autres pièces. Il y a des auteurs que vous aimeriez jouer ? Tchekhov et Shakespeare ! Et Tennessee Williams. Et ça ne se fait pas ? C’est trop compliqué… Je suis une paresseuse. C’est ce que vous dites toujours, mais quand on voit le nombre de livre que vous avez écrit… J’écris très vite, voilà. En ce moment, vous êtes en train d’écrire ? Pas du tout. Je n’ai pas écrit depuis des mois et des mois. Flammarion attend un livre depuis plus de six mois. Je ne peux pas… Je suis trop fatigué… Je suis trop paresseuse.

Quand vous vous mettez à écrire, vous savez déjà ce que vous allez écrire ? Non, ça vient au fur et à mesure. Sauf exception. Pour Le bon peuple du sang je savais ce que je voulais faire. À cause du titre que j’ai trouvé d’abord. Le prochain s’appellera Les hommes préfèrent les hommes. C’est un roman noir qui se passe chez les truands gays. Il y a de plus en plus de gens qui deviennent homos. C’est avéré statistiquement ? Moi je constate autour de moi, voilà… Vous savez pourquoi ? C’est l’âge du verseau. Donc la fusion des sexes, le mélange des sexes. Est-ce que vous sentez une pression avant de monter sur scène ? Pression, excitation et légère appréhension… mais ça va. Avez-vous pris le temps de vous balader à Mulhouse ? Non. Je n’ai pas le temps. Je me repose parce que je suis très fatiguée en ce moment. J’ai eu le temps d’aller m’acheter un pull quand même. Je suis folle des fringues. Pas de la mode, des fringues ! Regardez-vous ce qui se passe dans la rue ? Beaucoup. J’aime regarder les gens. Il y a des tenues qui vous ont marqué ces derniers temps ? Oh, dans les magazines. Dans Vogue ils appellent ça la fièvre grunge et je suis tout à fait pour ! Moi aussi je suis un peu grunge par moments… Mais je n’ai pas les moyens de m’acheter des trucs comme dans Vogue.

Chez vous, vous avez plein de fringues ? Partout ! Des tas ! Areski, ça le rend fou ! Les mecs ne peuvent pas comprendre, ils ne sont pas intelligents ! Vous avez toujours été comme ça ? Oui, mais ça s’aggrave ! [rires] Et à Mulhouse, vous avez acheté quelque chose ? Mais oui, je vous ai dit que j’ai acheté le pull ! Vous l’avez trouvé où ? À côté de l’hôtel. C’est juste ce qu’il me fallait. Ça va avec un truc qu’on m’a offert… C’est pas noir cette fois… ni blanc… c’est “tourterelle”… un pull comme une dentelle de laine assez lâche et qui s’arrête là et derrière c’est plus long… Quand vous portez un vêtement, vous vous souvenez de l’endroit et du moment où vous l’avez acheté ? Oui, mais je ne me souviens de rien dans les villes. Je suis sûrement venue plusieurs fois à Mulhouse, mais je ne m’en souviens pas. Propos recueillis à La Filature, Scène nationale de Mulhouse, le 8 octobre


44 SÉLECTIONS culture

NOËL

Noël en lumière

« I’m dreaming of a blue Christmas », voilà ce qu’aurait pu chanter Bing Crosby s’il s’était rendu en décembre à Guebwiller ! Chaque week-end de l’Avent depuis 2009, la ville se transforme au gré d’éclairages futuristes, de musiques électroniques et d’installations féériques pour célébrer son Noël bleu. Cette 5e édition sera l’occasion de retrouver les succès de l’événement (la parade lumineuse, le marché bio et terroir, le photomaton, le jardin lumineux sur la place de l’Hôtel de Ville...) mais aussi d’affirmer la position de Guebwiller comme centre majeur du mapping vidéo 3D. L’église Notre-Dame aura l’honneur d’être

habillée par Damien Fontaine, lauréat des Lumières 2012 de Lyon, tandis qu’une forêt entière de sapin fera l’objet d’une immense projection pour la première fois au monde. Une édition pleine de surprises, qui saura émerveiller petits et grands. (C.T.) Noël bleu, du 1er au 26 décembre dans les rues de Guebwiller et au couvent des Dominicains www.noelbleu-alsace.eu


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ARTS CINÉMA MUSIQUE

Balkan-Beats L’homme est ici à la maison. Avec ses rythmes à la Emir Kusturica, DJ Shantel aka Stefan Hantel met régulièrement le feu au Jazzhaus de Freiburg. En France, on l’a découvert avec son hit Disco Partizani. Confidentiel à ses débuts, son Bucovina Club est devenu une véritable institution destinée à faire vibrer les pistes de danse au son des rythmes balkaniques… Les clubs qui l’accueillent outre-Rhin ne désemplissent pas. Qui l’eut crû ! Les mannequins de la Fashion Week de Milan ont déjà défilé au son de sa musique, et le réalisateur allemand Fatih Akin l’a choisi pour figurer sur la bande-son de son film De l’autre côté. Shantel, lui, n’en a rien perdu de son flegme et continue de se la jouer benêt des Balkans. Il produit des morceaux hédonistes destinés à faire la fête, avec des mélodies obsédantes qui mêlent rock des sixties à l’électro-funk et, évidemment, aux Balkan-Beats. (C.C.) Bucovina Club, avec DJ Shantel, le 20 décembre au Jazzhaus de Freiburg +49 (0) 761-2923446 www.jazzhaus.de Photo : Harald Schroeder

Regards croisés Le temps d’une soirée, le Colisée de Colmar met à l’honneur les collaborations entre réalisateurs français et algériens, parcourant sur grand écran la diversité d’un pays où liberté est synonyme de bataille. Avec L’Algérie nouvelle, on y croyait (2011), Chloé Hunzinger retrace l’Algérie des années 1960 aux prémices de l’indépendance, lorsqu’une poignée de français fait le choix d’émigrer vers cette terre d’espoir. Le documentaire marque le désenchantement progressif de toute une nation face à la complexité des relations franco-algériennes. Ancré dans la fiction, Le Repenti (2013) de Merzak Allouache brosse lui le portrait d’un islamiste repenti, désireux de s’intégrer dans une société hantée par la guerre civile. Deux belles découvertes, deux créations coup de poing. (C.T.) Soirée « Chroniques algériennes », le 13 décembre au Colisée de Colmar www.lezard.org

Mobiles La Fondation Beyeler consacre un nouvel espace aux mobiles que Calder avaient destinés à être installés en extérieur. L’artiste avait déjà expérimenté à Paris, mais lorsqu’il regagne l’Amérique en 1939, il travaille à des modèles avant-gardistes qui, à l’origine, devaient prendre place au Zoo du Bronx. Le projet n’a pas abouti mais on y lit tout le vocabulaire plastique de l’artiste, une nouvelle méthode même, dont les combinaisons trouveront un écho jusque dans le travail d’un Tinguely ou encore d’un Veilhan. Ses « dessins dans l’espace » reposent sur un équilibre fragile qui forment un groupe insolite toujours en mouvement, un mouvement lent mu par des forces abstraites tel une girouette. Cette nouvelle salle et ses œuvres éclairent ainsi Tree, le monumental stabile-mobile installé depuis longtemps dans le parc de la Fondation, alliance d’un mobile dont les éléments fluctuent et d’un stabile, sculpture maintenue et ancrée dans l’espace. (V.S.G) Alexander Calder, Arbres - Désigner l’abstraction, jusqu’au 12 janvier 2014 à la Fondation Beyeler, à Riehen (Bâle) www.fondationbeyeler.ch Alexander Calder, The Hairpins, 1939. Collezione Gori – Fattoria di Celle, Santomato, Pistoia, Italie © 2013 Calder Foundation, New York / Artists Rights Society, New York/ ProLitteris, Zurich. Photo : Roberto Quagli, Florence


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EXPO

Les lois de la physique

En cette fin d’année, Colmar ouvre grand ses portes à Vladimir Skoda ! Depuis les années 70, le Praguois étonne le monde artistique avec ses sculptures géométriques, véritables terrains de jeux entre matière et physique. Rendez-vous tout d’abord à l’Espace d’Art Contemporain André Malraux pour découvrir les pièces maîtresses de l’artiste : boules, sphères et toupies métalliques jonchent le lieu transformé en rêverie astronomique. L’espace Lézard accueille quant à lui l’étonnante Pyramide Fatale – une sculpture photographie réunissant 2300 balles de golf en hommage à Constantin Brancusi – ainsi que Transparence, une série de neuf photographies. De quoi faire tourner la tête à plus d’un ! (C.T.)

Miroir du temps, exposition de Vladimir Skoda, du 8 novembre au 12 janvier à l’Espace d’Art Contemporain André Malraux de Colmar La Pyramide Fatale, du 8 novembre au 19 décembre à l’espace Lézard www.lezard.org


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SPECTACLE

EXPO

En apesanteur

Less is more

Qui n’a jamais rêvé de pouvoir voler ? Réalisant un des plus grands fantasmes de l’homme, la compagnie Emiliano Pellisari Studio défie la gravité dans De l’enfer au paradis. Véritable magie aérienne, le spectacle conjugue danse, acrobatie et théâtre d’image pour un résultat époustouflant d’onirisme inspiré de La Divine Comédie de Dante. Mêlant l’atmosphère fantastique du théâtre de la Renaissance aux inventions mécaniques baroques du XVIIe siècle, Emiliano Pellisari confirme un génie encore peu connu en France. Les frontières entre rêve et réalité se brouillent tandis que six danseurs et danseuses voltigent au-dessus du sol dans un ballet orchestré au millimètre près. Le voyage de l’après-vie débute par l’Enfer, se poursuit par le Purgatoire et le Paradis, repoussant tableau après tableau les possibles du corps face à l’apesanteur. (C.T.)

Ça pourrait ressembler à de la pierre, de l’ardoise, des morceaux de murs décrépis qu’on aurait rassemblés et collés sur un pan de mur. Mais il s’agit bien là de peinture. Les œuvres de Joseph Bey ont le pouvoir de nous faire croire bien des choses et pourtant, la seule arme de l’artiste reste la simplicité. Des jeux de noirs, parfois polis, parfois usés, des gestes furtifs que l’on devine ; la peinture de Joseph Bey révèle du volume, presque comme une sculpture. La couleur est réduite au minimum, les gestes sont furtifs. L’artiste résume : « Voilà quelques années que je mène au travers de l’art contemporain une recherche sur les émotions, les sensations qui viennent de loin. Comme à la recherche du Graal, au travers de collages de plus en plus épurés à la couleur ardoise, je m’aventure dans les dédales de la simplicité. » Il invite ainsi le spectateur à devenir acteur, à se laisser guider par les lignes, à s’imaginer un chemin ou même un paysage, et enfin à s’approprier l’œuvre tout en l’interprétant à sa manière. (G.A.)

De l ’enfer au paradis, le 12 décembre à La Coupole de Saint-Louis www.lacoupole.fr Photo : Emiliano Pellisari Studio

EXPO

Recto-verso Pour sa première exposition personnelle en France, Elisabetta Benassi déploie au CRAC Alsace une œuvre labyrinthique où acteurs anonymes et figures majeures du XXe siècle se croisent dans un tableau à la temporalité flottante. Collectant des milliers de clichés dans les fonds documentaires de grandes agences de presse ou de quotidiens nationaux, l’artiste italienne livre avec Smog a Los Angeles un monumental travail d’archivage. Mais ne vous attendez pas à observer les fameuses photographies ! Seul le verso des documents est visible de manière à exacerber l’imagination du spectateur : pas si simple de représenter ce que l’on ne peut observer. Tampons, dédicaces, légendes, crédits, notes… sont les résidus d’un passé sans chronologie, entassés dans l’angle mort de l’Histoire. (C.T.) Smog a Los Angeles, jusqu’au 26 janvier au CRAC Alsace à Altkirch www.cracalsace.com Elisabetta Benassi, Passato e presente, 2013. Courtesy the artist and Magazzino, Rome

Joseph Bey, du 14 au 24 novembre à la galerie Courant d’art à Mulhouse 03 89 66 33 77 www.courantdart.fr


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FOCUS

Culture sans frontière

Les saisons culturelles s’exportent au bout du monde ! Après une saison française en Afrique du Sud remarquée l’an passé, c’est au tour de l’Afrique du Sud de franchir les frontières et de déposer ses valises… à Mulhouse ! La Filature, partenaire de l’événement, accueille des artistes de renoms et en devenir, reflets d’une nation à la culture polymorphe. Au programme, la Handspring Puppet Company manipule ses marionnettes de bois dans Ouroboros, un conte philosophique aussi drôle que poétique. Côté danse, Mamela et les kids de Soweto incarnent deux générations séparées par l’apartheid dans un spectacle transpirant d’intensité. Le regard se perd pour finir dans les contrastes de Johannesburg au fil de l’exposition COMMITMENT #3 grâce aux photographies de David Goldblatt, Mikhael Subotzky et Jodi Bieber. (C.T.)

Focus Afrique du Sud, du 26 novembre au 22 décembre à La Filature de Mulhouse Inauguration et vernissage de l’exposition COMMITMENT #3 le 26 novembre à 19h www.lafilature.org Photo : David Goldblatt


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EXPO

Art & design THÉÂTRE

Fin de partie Comme un pied de nez, Julie Brochen a choisi pour sa dernière création solo à la tête du TNS de porter à la scène Liquidation, le roman d’Imre Kertész, prix Nobel de Littérature en 2002. Keserű, éditeur, persuadé que son ami écrivain a laissé avant de se suicider un ultime chef d’œuvre, mène l’enquête pour mettre la main sur le manuscrit. Grâce aux personnages qui ont traversé la vie de cet auteur, Keserű remonte le fil d’une personnalité et d’un parcours marqués par l’Histoire, où l’on lit en filigrane celui de Kertész. Avec l’ensemble de la troupe permanente, Julie Brochen retranscrit ce récit polyphonique sur le plateau. Une réécriture pour aborder des questions à la fois artistiques et métaphysiques. (S.D.) Liquidation, du 29 novembre au 19 décembre au Théâtre National de Strasbourg www.tns.fr

Seltz, temple du meuble d’ébéniste contemporain à Mulhouse, a laissé carte blanche à la galerie d’art Espaces Temps pour organiser des expositions au sein de la boutique. Le lieu, totalement revu et épuré aussi bien pour mettre en valeur les meubles que pour installer les œuvres d’artistes locaux, accueillera prochainement une série de créations hétéroclites. Cette galerie atypique sera dans un premier temps investie par Francis Hungler, graveur alsacien diplômé des Arts Décoratifs de Strasbourg (actuelle HEAR), qui participera également à l’exposition suivante réunissant les travaux de la photographe Christine Hart et des plasticiens MDGP, Marie-Claire Zerkout et Brigitte Bourdon. Le fil conducteur de cet événement : les petits formats. De vraies découvertes en perspective ! (V.S.) Exposition Francis Hungler, du 16 au 30 novembre Exposition Petits Formats, du 13 décembre au 11 janvier Meubles Seltz 6, rue du Mittelbach à Mulhouse 03 89 46 54 23 info@meubles-seltz.fr

EXPO

Eternel recommencement Il y a des questions, dans le domaine de l’Art, qui ne cessent de faire parler d’elles. Avec Fait et à faire, la Kunsthalle de Mulhouse invite les artistes contemporains à explorer ces interrogations éternelles dans le cadre de Régionale 14. Le tableau est-il forcément une image fixe ? Le marbre fait-il la sculpture ? Collectionner est-ce un art de vivre ou un acte compulsif ? Autant de réflexions indémodables dont il est encore possible aujourd’hui de dégager de nouvelles pistes. Pendant de l’exposition, Voir et à revoir réunit à La Filature une sélection de vidéos revisitant les notions d’histoire, d’espace et de temps. Une recherche atemporelle qui se poursuit par delà les frontières et les mentalités. (C.T.) Fait et à faire – Régionale 14, du 29 novembre au 12 janvier à la Kunsthalle de Mulhouse Vernissage le 28 novembre www.kunsthallemulhouse.com www.regionale.org


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PHOTO

Revolution rock

Richard Bellia est l’un des meilleurs photographes rock français. Ce trublion qu’on croise toujours bien placé, à l’affût, sur les côtés de la scène ou backstage n’a pas son pareil pour restituer à la fois l’intimité et l’intensité de l’acte rock en lui-même. Il faut dire que cet ancien correspondant du Melody Maker, qui a fait ses armes auprès des plus grands, The Cure, Blur ou Radiohead, les a tous vus passer soit dans son studio londonien dans les années 80 soit sur les routes à travers les plus grands festivals européens. Il apporte cette touche de fantaisie dans un milieu, la photo rock, qui a eu le malheur

de s’enfermer progressivement dans ses propres codes. Ainsi, il porte un regard plein d’acuité sur ce qui semble impossible à capter, la musique, et cela bien au-delà de tout gimmick. (E.A) Richard Bellia, Un œil sur la musique, à partir du 28 novembre au bar Le Gambrinus à Mulhouse www.legambrinus.com Visuel : Joe Strummer, Londres, 1989


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THÉÂTRE

Péché d’hybris

JEUNE PUBLIC

Mix des genres Pour sa 23e édition, le festival alsacien Momix perpétue le brassage culturel qui fait sa réputation. 40 compagnies venues du monde entier se donnent rendez-vous à Kingersheim et alentour pour offrir aux petits et grands des spectacles de qualité et inédits. Cette année, Momix déroule le tapis rouge au cirque et aux arts de rue sans délaisser pour autant la musique, le théâtre et la danse. Notons également la place de choix réservée aux arts numériques qui côtoient marionnettes et acteurs plus familiers, ancrant ainsi le festival dans l’air du temps. De l’exploration de la vie avec la compagnie 4Hoog, à la question de l’immigration dans le concert de la compagnie Miczzaj, le festival propose des interventions adroitement ficelées qui adaptent l’actualité aux yeux et aux oreilles d’un public panaché. Un lien fort se crée entre les générations grâce au plaisir simple d’un moment de partage. (V.S.) Festival Momix, du 30 janvier au 10 février à Kingersheim 03 89 50 68 50 www.momix.org

C’est en pensant à Mahmoud Darwich, poète engagé palestinien disparu en 2008, qu’Adel Hakim met en scène son Antigone. Entouré de 7 acteurs attachés au Théâtre National Palestinien, le codirecteur du Théâtre des Quartiers d’Ivry livre une tragédie grecque en langue arable (surtitrée en français) à la résonance contemporaine. Il y a 2500 ans, Antigone naissait de la plume de Sophocle, mettant en scène la lutte fratricide pour le trône et l’absurdité des lois ancestrales. Pris dans une spirale tragique, des personnages à l’hybris démesuré luttent à contre courant pour la vie dans un monde dirigé par les morts. S’opposant à la volonté céleste, Antigone incarne ce vent de révolte, générateur de transcendance. Et comme une respiration, la mise en scène d’Adel Hakim dévoile une écriture sophocléenne étonnamment moderne, ancrée dans une Palestine contemporaine au temps troublé. (C.T.) Antigone, les 18 et 19 décembre à la Comédie de l’est à Colmar. www.comedie-est.com 03 89 24 31 78 Photo : Nabil Boutros

EXPO

Le musée en fête Noël se célèbre également au musée ! À l’occasion des réjouissances de fin d’année, outre les boules de Noël de Meisenthal, le musée Unterlinden proposera un foulard en édition limitée de la designer et scénographe Nathalia Moutinho inspiré par les motifs très “graphique” du Retable des Dominicains réalisé par Martin Schongauer à la fin du XVe. Voilà une manière tout à fait originale de célébrer le déménagement du Retable d’Issenheim vers l’église des Dominicains, où l’art flamboyant de Grünewald côtoiera, le temps des travaux d’agrandissement du Musée Unterlinden, l’une des plus belles réalisations de l’un de ses maîtres incontestés. Des travaux, justement, dont les mécènes sont mis à l’honneur sur les palissades extérieures grâce aux 22 clichés de Dorian Rollin, photographe et portraitiste que les lecteurs de Zut ! connaissent bien. (V.S.) Nathalia Mouthinho et Dorian Rollin au Musée Unterlinden jusqu’au 31 décembre www.musee-unterlinden.com

Visuel : Le Regard du promeneur Photo : Dorian Rollin


Modèles : Rick Owens

Rick Owens Paul Smith Dsquared2 Kris Van Assche Diane Von Fürstenberg Red Valentino Church’s Barbour Parajumpers Allude Bleu de Chauffe Patrizia Pepe Philipp Plein Scunzani

PRÊT-À-PORTER - CHAUSSURES - ACCESSOIRES - BEAUTÉ

6 rue Gutenberg - 67000 Strasbourg - 03 88 23 61 61


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bentz + brokism

Tendances

Zut  — 02


Photographe Alexis Delon / Preview RĂŠalisation Myriam Commot-Delon

Coiffeur Alexandre Lesmes - Avila - www.avilacoiffure.fr Make-up artist Jacques Uzzardi - www.jacquesuzzardi.com Maquillage M.A.C Cosmetics - Galeries Lafayette - www.maccosmetics.fr Mannequin Wandi / Up Models Post-prod Camille Vogeleisen - Preview Assistante Valentine Schroeter


Manteau RED VALENTINO chez Algorithme la Loggia à Strasbourg. Pochette SAINT LAURENT et bottes JIMMY CHOO chez Ultima à Strasbourg. Bagues PANDORA.



Manteau et jean en fourrure et velours tie-dye EACH x OTHER, bottines FREELANCE et sac ATELIER MARCHAL, le tout chez K.Collections Ă Colmar. Bagues PANDORA.


Manteau et sac CÉLINE, robe en soie EQUIPEMENT, le tout chez Albe à Strasbourg. Bagues PANDORA


Escarpins GIUSEPPE ZANOTTI chez Ultima à Strasbourg.


Perfecto EACH x OTHER et jean en coton ciré J.BRAND chez K.Collections à Colmar. Bagues PANDORA


Jupe en lainage et chemisier en popeline bicolore ANNE VALÉRIE HASH, sac ATELIER MARCHAL, baskets compensées FREELANCE et casquette en drap de laine KARL LAGERFELD, le tout chez K.Collections à Colmar. Bagues PANDORA.


Robe patineuse à découpes ajourées PLEIN SUD et sac BARBARA BUI chez L’Altra à Strasbourg. Lunettes ALAIN MIKLI chez Opticiens Maurice Frères à Strasbourg.



64 Zut ! Tendances § Flash Mood

UP to date PAR MYRIAM COMMOT-DELON

Des envies, en vrac : des fringues, des shoes, du design, tout et rien.

Home kids

Photos : By Spielplatz

Indispensable pour hipsteriser le corner jouet du salon. Un pochon en coton sérigraphié et 6 petites maisons en cèdre de l’Atlas non traité pour du 100 % handmade réalisé en Alsace. Où ? Dans le shop du très joli blog By Spielplatz. www.byspielplatz.com

Rio Gonflé Inconfortable et dur, le bois ? Pas celui du designer brésilien Zanini de Zanine, qui suit la voie de ses ainés et inscrit la collection Inflated Wood au panthéon des beautés brésiliennes. Pourquoi ? Pour ses courbes sinueuses et comme soufflées à la main. Où ? Édité chez Capellini et disponible en Alsace chez Quartz Design à Mulhouse. www.quartz-design.fr

Ready boots Ethniquement élémentaires ces bottes Howsty, mi-camarguaises, mi-kilim. Pourquoi ? Nickel pour dynamiter l’hiver d’une touche bohémienne. Qui ? Déjà adoubées par la it-girl Poppy Delevingne pour arpenter le festival de Glastonbury. Où ? Chez Imagine, 16, rue Henriette à Mulhouse 03 89 56 12 11

Ça va saigner Préfab Chics bouquets BTP avec Truss vases, des contenants en béton et structures en métal. Qui ? Decha Archjananun et Ploypan Theerachai du studio Thinkk à Bangkok. Où ? Damned, la collection Truss vases n’est encore éditée, par contre Weight Vases, qui mixe aussi filaire et béton, est à shopper d’un clic sur l’e-shop de Made in design. www.thinkk-studio.com www.madeindesign.com

Eleven Paris, ce n’est pas qu’une histoire de t-shirts à moustaches. Mais ? Aussi un vestiaire mixte épatant, avec des t-shirts coolab comme ceux de Tanguy Roland. Où ? Une première boutique vient enfin d’ouvrir dans l’Est. Qui ? Valentina Meier, pétillante responsable des lieux. L’adresse ? Eleven Paris, 13, rue de La Mésange à Strasbourg – 03 88 24 60 29


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8 rue des Marchands 68000 Colmar


66 Zut ! Tendances § Horlogerie

Garde-temps Photos Alexis Delon / Preview Réalisation Myriam Commot-Delon

Résolument moderne, précise et ultra contemporaine, la ligne Montblanc Timewalker est un modèle étoilé, un petit précis d’horlogerie où matériaux et techniques de pointe rivalisent d’élégance et de virilité.

Montre Chronographe automatique Montblanc Timewalker, acier Titanium, 42 mm, bracelet noir piqué sellier bleu électrique.

Boutique Montblanc Strasbourg 18, rue de la Mésange 03 88 22 20 98


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(à gauche) Montre Chronographe automatique Montblanc Timewalker, acier Titanium, 42 mm, bracelet en Titanium. vvvvvvvvvvvvww(à droite) Montre Chronographe automatique Montblanc Timewalker, acier, 43 mm, flyback et bracelet en alligator. Lampes Field, design Arnaud Lapierre chez Petite Friture. En vente à la Galerie Fou du Roi - www.fouduroi.eu


68 Zut ! Tendances § Shopping

Dix/10

PAR MYRIAM COMMOT-DELON

Insimio 8, rue des Marchands à Colmar 03 69 34 09 67

Zut ! vous livre les 10 commandements de l’hiver. Avec la complicité de Valentin Bollino et Adrien Klein, co-gérants de la boutique Insimio à Colmar, voici quelques précieux faux pas à éviter, tendances à suivre ou accessoire phare à adopter pour booster vos classiques.

1—

2—

Zappez l’uni

Matelassez-vous…

Cet hiver, misez sur un manteau bicolore, écossais ou dégradé, à shopper dans la collection automne-hiver 2013-14 de Patrizia Pepe.

… tout en restant hyper féminine. Cette veste Patrizia Pepe, joliment ouatée, à col cheminée et poignets surdimensionnés devrait réussir sa mission.


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3—

Chaussez- vous smart Une vingtaine de maîtres artisans sont nécessaires pour réaliser une paire de chaussures Santoni. Exemple : le derby Regen, simplissime et élancé, qui arbore un glaçage raffiné.

4 — Oubliez le tote bag Et optez pour un sac à dos Herschel Supply Co, un label canadien à prix friendly qui possède tous les codes hipster de rigueur.

5—

Simplifiezvous la vie Un perfecto en lainage + un jean brut + un pull à col rond = le nouvel uniforme. Look Z Zegna par Ermenegildo Zegna.

7— 6 — Soyez sexy Comme le top model australien Jarrod Scott posant cet hiver pour Francesco Smalto, et endossez sans sourciller la très affutée ligne Smalto by.

Osez les dirty sneakers Ultra-confortables et de fabrication italienne, les baskets Leather Crown, avec leur look vintage et sauvage cachent aussi 3 cm de talons dans leur semelle intérieure.

8—

Portez du Colmar

Depuis 1923, le label italien Colmar Originals, sportif et confidentiel, était plutôt connu du monde du ski. Sa ligne après-ski cultive désormais coolitude et technicité pour affronter le froid urbain.

9—

Partez à la conquête de l’Ouest Avec cette paire de bottines used N.D.C. made by hand, de couleur chamois et digne d’une vraie cowgirl.

10 —

Découvrez le denim maestro Les jeans « Haute Couture » de Jacob Cohen cumulent les bons points : Made in Italy + toile japonaise + bandana en soie assorti + exclu alsacienne chez Insimio.


70 Zut ! Tendances § Accessoires

Regard au naturel PAR CÉCILE BECKER PHOTOS CHRISTOPHE URBAIN

Des lunettes, oui, mais pourvu qu’elles soient épaisses ! C'est l'accessoire ultime de tout hipster qui se respecte. Christophe Mouty, jeune entrepreneur mulhousien surfant sur la vague, propose des montures chics en matières naturelles : bois massif, bois lamellé-collé et cornes.


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Des vélos en bois, des maisons en bois, du bois partout dans la maison et désormais sur le bout de votre nez. Les marques se mettent au vert et les opticiens suivent la tendance en choisissant des montures en matières naturelles. Si l’on trouve facilement des lunettes en corne, les lunettes en bois, elles, se font encore rares. Selon Christophe Mouty, seules 200 sociétés dans le monde commercialisent des lunettes en bois. Pourquoi ? Le bois reste une matière assez lourde et difficile à travailler. Désormais la tendance, hipsters en tête, permet d’assumer la monture épaisse, et Christophe Mouty l’a bien compris. Ingénieur opticien de formation, il a travaillé pendant près de 10 ans chez Essilor à Paris, une entreprise du CAC40. Spécialisé dans l’export, il voyage beaucoup mais décide un jour de se poser. « J’en avais un peu marre de mon boulot, raconte-t-il, je voulais créer quelque chose. J’ai mûri l’idée de mon entreprise au fur et à mesure de mes voyages, en visitant beaucoup de salons optiques. Mon idée était de rester dans la lunette, mais de remettre au goût du jour les matières naturelles. » Aujourd’hui, la plupart des lunettes sont en plastique ou en métal.

Avec un retour aux sources précipité par la crise et un respect de l’environnement grandissant, Christophe Mouty tape juste en choisissant le bois et la corne. Il dessine ses premiers prototypes : Origineyes naît alors en 2010. Il fait alors tout lui-même, design, fabrication, achat des matières premières, revente, de chez lui, dans son petit atelier aménagé de machines professionnelles. Il choisit d’abord de travailler le bois massif, un défi de taille : « Il faut arriver à maîtriser l’humidité, et le bois n’est pas réglable, alors il faut faire au mieux et de manière ergonomique. L’avantage avec cette matière, c’est qu’on est vraiment dans l’esprit brut, que les gens aiment beaucoup. » Au niveau des formes, Origineyes décline l’esprit vintage que ce soit pour hommes ou femmes en évoquant Jackie Kennedy ou Yves Saint Laurent. Aujourd’hui, le jeune entrepreneur est accompagné par un designer, Damien Fourgeaud, qui travaille avec les formes de ses modèles, il veut éviter le trop classique tout en se référant à l’évidence de certains styles. Le bois d’accord, mais il lui faut une matière qui lui permette de créer une ligne plus fine. En faisant des recherches, il constate

que la corne est une matière délaissée car très onéreuse : le travail se fait à la main et les spécialistes, notamment en France, se font de plus en plus rares. « Contrairement aux lunettes en corne que l’on trouve chez les grands faiseurs comme Bonnet à Paris, nous taillons dans la masse de la corne, ça a l’avantage d’être beaucoup moins cher. Alors que les lunettes en corne coûtent 600 euros minimum, nous en proposons à 349 euros. Aujourd’hui, on orne la corne de branches en métal, ce qui permet aussi un mélange des matières. » Outre la beauté et la légèreté des lunettes en corne, les couleurs sont uniques : des reflets tout à fait naturels viennent relever les montures. Christophe Mouty porte une grande attention à sa provenance : la corne est prélevée sur des buffles d’eau d’Asie destinés à l’alimentation, qui ne sont donc pas tués pour leur précieuse matière. Sa finesse de celle-ci inspire d’ailleurs au créateur une nouvelle collection en bois, cette fois en laminé-collé, qui permet un travail des lignes plus précis et délicat : « C’est une tendance de fond. C’est une matière beaucoup plus souple et plus légère. Elle nous permet aussi d’assembler des feuilles de bois de couleurs différentes. » Alors que Christophe a commencé seul en proposant trois modèles en corne et quatre modèles en bois, il est aujourd’hui appuyé par une équipe de six représentants qui couvre tout le territoire français et propose plus de vingt modèles déclinés en différentes gammes solaires ou ophtalmiques. Sa nouvelle collection en laminécollé sera lancée en 2014 quand de nouvelles branches en chrome viendront compléter les modèles arborant déjà des branches métalliques. Tout en favorisant au maximum la fabrication au cœur de son atelier mulhousien, Origineyes espère bien asseoir sa visibilité et augmenter la liste de ses 60 points de diffusion en France. Avec, on l’aura compris, du bois, de la corne, de la beauté, de l’élégance, et de la singularité. www.origineyes.com


72 Zut ! Tendances § Mode

Sweet revolution PAR VALENTINE SCHROETER PHOTO DORIAN ROLLIN

Voilà six ans que la boutique de prêt-à-porter Bloch Gensburger a changé de propriétaire. Brigitte Meyer s’était faite discrète jusqu’ici, mais le nouvel esprit qu’elle insuffle à cette institution colmarienne mérite d’être désormais révélé au grand jour.

D’emblée, le magasin en impose par sa devanture avec son nom ancré dans le pavage de la rue, un encadrement de porte en pierre de taille et des vitrines soigneusement décorées. À l’intérieur, le parquet blond donne à la boutique une ambiance chaleureuse. Des murs blancs, des meubles aux lignes épurées… Un endroit d’une noble sobriété. Une voix rauque résonne dans la pièce : Brigitte Meyer nous accueille. Cette grande dame à l’indéniable prestance, commerciale pour la maison Weil pendant plus de vingt ans, a racheté l’affaire il y a maintenant six ans. Proche des anciens propriétaires qui tenaient la boutique depuis trois générations, Brigitte Meyer a su gagner leur confiance et a été choisie pour leur succéder. Depuis, elle a veillé à entretenir l’âme de l’institution jusqu’à conserver la même équipe de vendeurs. Elle ne s’est pas pour autant reposée sur les acquis du magasin, mais s’est plutôt servie de ces bases solides pour le moderniser. Petit à petit, Madame Meyer invite les couleurs à rejoindre les rayons, autrefois plutôt teintés de noir et blanc. Elle met en œuvre une douce révolution pour créer une boutique à son image mais aussi pour s’adapter à l’évolution des modes féminines et masculines. « La femme a beaucoup évolué. Elle s’habille de manière moins classique, moins apprêtée, elle veut se sentir à l’aise. Les hommes osent la couleur, ils se féminisent un peu. » Brigitte Meyer habille

des hommes et des femmes de 25 à 90 ans, toujours avec le même credo : sublimer ses clients. Soucieuse et attentive, elle sait conseiller en toute franchise – même si elle a appris à nuancer ses avis avec le temps. Et Madame sait de quoi elle parle : diplômée de gestion commerciale option textile, les tissus et les coupes n’ont aucun secret pour elle. Aussi, lorsqu’elle sélectionne ses produits, rien ne lui échappe. Comble de son engagement, elle essaye tout ce qu’elle commande : « À partir du moment que ça me va, ça doit aller à toute la clientèle : vestibilité et qualité. » Pour Brigitte Meyer, avant

tout passionnée par son métier, chaque détail compte : de la sélection minutieuse des produits au conseil personnalisé des clients, elle s’investit à 100 % dans tout ce qu’elle entreprend. Son prochain défi : casser l’image de boutique bourgeoise qui perdure et convaincre que chacun peut trouver chaussure à son pied chez Bloch Gensburger. Bloch Gensburger 3 et 5, rue des Boulangers 03 89 41 26 47 www.bloch-gensburger.fr


2, rue Bonbonnière Mulhouse - 03 89 56 01 29

I M A G I N E W O M E N

C O L L E C T I O N

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SERAFINI PURA LOPEZ MELLOW YELLOW JB MARTIN O.X.S. SANS INTERDIT UN MATIN D’ÉTÉ VIC MANAS U.S POLO ASSN LOGAN MINKA GOLDMUD TOSCA BLU KENNEL & SCHMENGER


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PAR MYRIAM COMMOT-DELON

Zut ! Tendances § Dressing

PHOTOS TONY TRICHANH

Come As You Are

Pour une rentrée studieuse, stylée et un brin rock, Zut ! a demandé à la blogueuse d’Ashes of Midnight de glisser ses indispensables dans sa valise de rentrée. Un sans-faute et un bien joli paquetage !

Passeport, mademoiselle ! Hélène Huynh, je suis Alsacienne, originaire du Vietnam. Cette année, je suis étudiante en Master1 Management à Mulhouse puis j’enchainerai sur un M2 Luxe à Lyon ; j’ai déjà fait des stages chez Bijorhca, Romwe et Sugarlips… Sur mon blog Ashes of Midnight, je poste mes looks quand j’en ai le temps et l’envie. Comme c’est l’été [à l’heure où nous rédigions ces lignes, ndlr…], je suis en transit entre la Suisse, pour un job d’été pas très glamour – il faut bien préparer la rentrée, Mulhouse et Strasbourg… D’où ma valise [vintage en popeline beige et cuir chocolat, ndlr] ! http://ashesofmidnight.blogspot.fr Ton style ? Rock-preppy mais surtout cool. Cool Raoul, je dirais même ! J’aime être à l’aise dans mes vêtements ! Ta fashion fixette ? Un petit col, blanc de préférence, bien boutonné : ma marque de fabrique ! Ta tenue, aujourd’hui ? Un chemisier imprimé et une combishort en jean délavé Monki avec des creepers bordeaux. Toutes griffes dehors ou pas ? Principalement des pièces abordables et du shopping en ligne : Asos et Monki sont mes préférées, sinon Massimo Dutti, Pull & Bear, Top Shop ou Rad. Côté bijoux, des bagues en accumulation ou alors une seule, plus rock et imposante… Tes shoes ? Des Chelsea boots et surtout mes Keds et uniquement des Keds. En blanc, noir, marine, même usées, je les adore, elles font un si joli pied… Surtout pas de Vans, c’est trop lourd… Mes running aussi, mais uniquement pour le sport.


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“Je n’achète pas ce qui est la mode, loin de là… J’aime les intemporels. ”

Alors, cette valise ? La poignée a cédé pendant le voyage ! J’y ai glissé mes classiques : un sweat gris imprimé, à porter avec un petit chemisier (pour le col, toujours), deux shorts féminins en crêpe, un pull marin… In-dé-mo-da-ble ! C’est la pièce à avoir toute l’année dans son armoire. Sinon, été comme hiver, il faut un skinny noir. Le mien ? Un Zara, acheté il y a trois ans, nickel. C’est ma base rock incontournable. J’y ai aussi glissé un pull loose tout simple en maille chinée, qui sera parfait sous mon petit perf noir un peu straight, et une jolie blouse à col en macramé et voile transparent… toujours porter avec un top en dessous ou sous un pull, sinon ça vire au vulgaire, je déteste… Et puis un trench beige et un manteau bleu marine, très pensionnat, de chez Monki. Côté sac, pour cet automne, ce sera ce sac à dos en feutre trouvé au rayon homme chez Monoprix. Ah ! Et ma paire de collants noirs et opaques. Un couturier ? Dans les meilleurs ? En haute couture ? Alber Elbaz pour Lanvin ! Des it-girls ? Alexa Chung, Cara Delevingne ou le mannequin danois Freja Beha Erichsen. Ton dernier livre ? J’en suis à la moitié : Une vie de Guy de Maupassant.

Dans ton ipod ? Du rock indépendant : The Vaccines, Phoenix, Vampire Weekend… Blog & web : tes préférés ? http://fellt.com/garypepper http://natalieoffduty.blogspot.fr http://songofstyle.blogspot.fr http://mariannan.costume.fi


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SÉLECTIONS tendances

MODE

Marc Who ?

Marc Cain ! Leader du prêt-à-porter féminin en Allemagne, la multinationale est une marque familiale fondée en 1973 par son directeur général Helmut Schlotterer et réputée pour ses matières sophistiquées et son prêt à porter féminin haut de gamme.

Plusieurs lignes ? Marc Cain Collections et sa couture à la pointe de la technologie se mixe avec Marc Cain Sport, plus cool avec des motifs sophistiqués et ultra confort. D’ailleurs les deux se croisent en boutique, comme dans un vrai dressing.

Le plus ? Un tombé et des coupes irréprochables pour un vestiaire entièrement lavable à la machine, des imprimés exclusifs et d’une technicité rare.

Où ? À Strasbourg, à la place de Patricia Pepe, qui rejoint les rayons voisins d’Algorithme La Loggia pour faire place à la première boutique française de Marc Cain. (M.C.D)

Pour qui ? Des femmes actives à la vie trépidante, qui aiment la mode et recherchent une garde-robe s’adaptant à toutes les situations.

Marc Cain 8, rue Gutenberg à Strasbourg 03 67 15 88 23


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ACCESSOIRES

Visuel : Set, collection automne-hiver 2013-14

Bag à part Atelier Marchal est une ligne artisanale de maroquinerie belge aux détails soignés, créée par le créateur espagnol Josep Garcia-Marchal et sa sœur Ana. Leurs it-bags ? Un cabas à une seule poignée qui vous twiste l'allure et un mini-sac disque à la rondeur moderne où glisser l'essentiel. Le plus ? Une bandoulière (amovible comme la poignée) pour un porté plus cool (voir la série mode de ce numéro pour sa version en cuir canari). De quoi upgrader d’un geste théâtral notre dégaine hivernal.e (M.C.D) Sacs Atelier Marchal en exclusivité chez K.Collections 5, rue de Marchands à Colmar 03 89 23 07 06

MODE

Inventory

SHOES

Perché Les sneakers compensés ? Isabel Marant en a fait un must-have. Verdict ? Plus un dressing sans une paire de baskets à talons. Never too much, elles sont de plus en plus sophistiquées, la preuve avec ce modèle bleu électrique de Groundfive et cette version argentée chez Serafini. Un must-have à se procurer chez Reflexe, vivier de souliers tendances où vous trouverez aussi pléthore de loafers, bottes motardes, rangers, stilettos, ballerines ou boots rock. (M.C.D) Sneakers chez Reflexe 2, rue Bonbonnière à Mulhouse 03 89 56 01 29 www.facebook.com/chausseur

Imagine fait partie de ces hot spots multimarque dans la ligne de mire des modeuses. On y picore les yeux fermés la sélection extra de Patricia Vest dont la boutique vient d’être reliftée dans un esprit vintage par les artistes du collectif Herr Zatz. Une nouvelle peau « originale et chic », selon sa pétillante propriétaire qui pimente avec énergie le dressing des Mulhousiennes depuis maintenant près de 30 ans. Présidente de l’Association des Commerçants du « Cœur de Mulhouse », cet électron libre est secondé avec efficacité par Isabelle, qui saura toujours vous guider avec justesse dans ce dressing branché mixant Claudie Pierlot, American Vintage, les doudounes Gertrude, Brigitte Bardot, Nice Things, Reiko ou Jolie Jolie par Petite Mendigote. Côté accessoires, place aux créateurs français comme la marque Maison Brokante et coup de cœur Zut ! pour la griffe allemande Set et son long pull skull en mohair noir et blanc ! (M.C.D) Imagine 16, rue Henriette à Mulhouse 03 89 56 12 11


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BOUTIQUE

Le style en décalé Niché près de la place Gutenberg à Strasbourg, Algorithme La Loggia est un concept store pour férus de mode. Dans ce fluide espace en open space, Patricia et Bernard Bonneau élaborent un vestiaire créatif avec la fine fleur de la création internationale comme Rick Owens, Dsquared2 ou Kris Van Hassche. Les collections homme et femme de Paul Smith (dont la grande ligne Black Label) sont des invités permanents, mais aussi Patrizia Pepe pour l’homme et la femme, Barbour, Parajumpers, les modèles les plus luxueux de Church’s ou les impeccables chinos Mason’s. Côté femme, la boutique est l’incarnation d’un dressing féminin modèle avec Diane Von Furstenberg, Red Valentino, Allude… Quant au corner beauté, il se la joue pointu avec les vernis bio Kure Bazar, les parfums de niche d’Honoré des Prés ou Histoires de Parfums et pléthore d’idées cadeaux, comme les bijoux bohème de Catherine Michiels ou la maroquinerie worker de Bleu de Chauffe. (M.C.D) Algorithme La Loggia 6, rue Gutenberg à Strasbourg 09 66 41 56 44 www.algorithmelaloggia.com

MODE

Paso doble Musique à deux temps pour La Corrida, le labo arty de Catherine Garnier. Après avoir boosté l’ADN de sa boutique l’été dernier en accueillant les créations de Mary Katranzou, il ne manquait plus que l’arrivée de Carven cet automne pour que les aficionadas s’affolent ! Pourquoi ? Guillaume Henri, qui a rhabillé Carven d’une aura hype, est vénéré des modeuses averties mais aussi d’une clientèle cherchant une mode différente sans pour autant être élitiste. On y shoppe quoi ? Tout et surtout fissa ! Les pièces pointues partent vite… Mention TB pour le sweat gris découpé sur le nombril et brodé d’un Carven rouge sang.

Et on le porte comment ? Façon collègesexy, avec le gimmick charmant de la chemise à col blanc, de la jupette évasée et de l’indispensable accessoire revival : la chaussette mi-cuisse. Quel nouveau motif ? L’imprimé Bambi, qui change du panthère et autres sauvages imprimés. 20/20 à la jupe longueur genoux 100 % faux faon. (M.C.D) La Corrida 33b, rue des Clefs à Colmar 03 89 24 28 44 www.la-corrida.com


P R É-P R O D U C T I O N

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W W W. P R E V I E W-T M . F R

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Zut  — 02


82 Zut ! Lifestyle × Gastro

Poste restante PAR FLORA-LYSE MBELLA PHOTOS CHRISTOPHE URBAIN


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Depuis 1850, la famille de Jean-Marc Kieny a investi ce qui n’était qu’un relais de diligence à Riedisheim : La Poste. Issu de la sixième génération, le chef a continué et magnifié l’œuvre de son père qui avait pris un virage plus gastronomique que ses ancêtres, avec une étoile Michelin obtenue en 1987.

Jean-Marc et Mariella Kieny ont le sourire. Depuis quelques années, ils ont entrepris à leur façon la mue de leur établissement La Poste. D’abord, ils ont totalement refondu la cuisine et l’ont dotée de nouveaux équipements. Ensuite, c’est la façade qui s’est retrouvée plus accueillante à la faveur d’un solide lifting. Enfin, à la faveur de l’été, l’intérieur de l’établissement a été métamorphosé : « Enfin, tout est en adéquation avec l’esprit de notre maison, celui que nous instaurons dans la salle mais aussi dans les assiettes avec la cuisine de JeanMarc », se réjouit Mariella Kieny. Et comme d’habitude, le changement est subtil : on n’aime pas bousculer, chez les Kieny. Hors de question de désorienter les clients, ni l’équipe. Pourtant, dans cette honorable maison, qui « a toujours été une référence dans la région » selon Jean-Marc Kieny, se cache un ancien « petit fou furieux ». Enfant de la balle, le chef ne s’est jamais posé de question sur son avenir. Il était tout tracé, et dans une cuisine. D’autant plus que la famille vit depuis toujours, et encore aujourd’hui, au-dessus du restaurant. « J’ai retrouvé un cahier de mon frère (le pâtissier Laurent Kieny est son cadet de quatre ans et sa boutique est juste en face du restaurant, ndlr). Il y avait une petite rédaction de quelques lignes et un dessin. Il fallait dire ce qu’on voulait faire quand on serait grand. Mon frère a répondu qu’il sera pâtissier et moi cuisinier, en nous dessinant en tenue professionnelle. Parce que ça va bien ensemble. Étonnant, non ? » Quand il raconte l’histoire de sa famille, il décrit une vie de labeur, surtout concernant ses parents « qui ont tout donné ». Lui avait sa veste de chef avant ses dix ans et servait beaucoup. Mais à l’adolescence, il donna moins de coups de main et, à l’instar de beaucoup de chefs alsaciens, après le lycée hôtelier, il partit se former dans les grandes maisons, notamment chez Lameloise à Chagny ou au Crocodile d’Emile Jung à Strasbourg. Il faillit même partir à Singapour mais, finalement, l’af-

faire ne s’est pas faite. En 1987, il était de retour dans la maison familiale et lança sa révolution de velours : « J’étais devenu un chasseur d’étoiles. On m’a laissé faire, modifier tous ces petits détails qui font d’une bonne maison un restaurant digne d’être remarqué. Je m’étais donné cinq ans pour décrocher cette étoile Michelin, nous l’avons fait en trois ans. Et nous avons tous pleuré quand nous l’avons appris, mes collaborateurs et moi. » Nous sommes en 1990. Déjà en 1987, Gilles Pudlowski, qui a fait de Jean-Marc Kieny le meilleur chef d’Alsace en 2013, avait titré : Attention, Kieny arrive. De fait, pendant son tour de France, Jean-Marc Kieny avait appris le métier, mais aussi la vie. Il se souvient de grands messieurs, de chefs-patrons exceptionnels autant dans le talent que dans l’humilité. Il regrette juste de ne pas avoir travaillé à Paris, frustré de ne pas avoir vécu l’expérience de la capitale. Mais il a pourtant choisi le retour au bercail. Etoile et soleil L’obtention de l’étoile Michelin fut un argument de poids pour que le « petit fou furieux » se fixe mais un autre astre l’avait déjà ébloui. Une jeune femme qui travaillait au restaurant pour payer ses études d’anglais. Elle était à l’office mais un jour, elle n’est plus venue. Et le jeune chef a insisté auprès de sa mère pour qu’elle la rappelle, parce que le restaurant avait besoin d’elle, bien entendu. Après deux mois d’une cour assidue, elle se laissa inviter et ne quitta plus la maison. Mariella Kieny a abandonné ses études, suivi des formations sur le vin, écouté les conseils de sa belle-mère et de celle qui a aidé nombre d’épouses de chefs de restaurants gastronomiques en Alsace : Monique Jung du Crocodile à Strasbourg. « C’était ce qu’on appelle le coup de foudre. Dès que je l’ai vue, il n’y avait plus qu’elle, confie Jean-Marc Kieny. Elle m’a apaisé et depuis, nous menons l’affaire tous les deux. Moi en cuisine, elle en salle : c’est un vrai partage des tâches entre Mariella et moi. »


84 × Gastro La Poste

L’harmonie du couple rejaillit sur l’établissement, avec une répartition très nette des choses. « Nous ne nous disputons jamais. Parfois, nous avons des échanges plus vifs mais il n’y a jamais de conflit. Et puis, nous savons aussi laisser le travail là où il est quand nous quittons le restaurant. Il faut savoir faire la part des choses. Et ce qui compte le plus pour moi, c’est ma famille. » Cet équilibre s’applique partout. Les meilleurs amis du chef ne sont pas des chefs. Ce sont ses équipiers du basket. « Si jamais j’ai l’idée d’essayer de prendre la grosse tête, j’en connais qui vont me la dégonfler rapidement », rigole-t-il. Sage ambition Cependant, on se dit qu’à 50 ans, il est temps. Temps de prendre une autre dimension. Son humilité et sa discrétion font qu’il n’aime pas l’avouer, mais Jean-

Marc Kieny a envie de la deuxième étoile. Il est vrai qu’il s’en est donné les moyens par ses travaux et pour les connaisseurs, il la mérite amplement. Sa cuisine est un savant équilibre entre le terroir alsacien et français et les origines italiennes de son épouse et de sa propre mère, et le service réglé par Mariella est à la fois élégant et souple, souriant et simple. « Si le Michelin veut du bling-bling dans les deux étoiles, alors nous ne la décrocherons pas. C’est la simplicité et la chaleur que nous aimons. Nous aurions pu faire du restaurant un lieu « branchouille » mais ça n’est pas nous. » Si elle ne vient pas, ce sera une déception, mais il y aura toujours du monde sur la table « Stammtisch » du restaurant, réservée aux amis, alors cela ne sera pas si grave. L’essentiel est vraiment ailleurs pour Jean-Marc Kieny : « Mon rêve, ce serait un petit bistrot à la

campagne, 20 couverts, un commis et moi en cuisine, avec Mariella en salle. Nous ferions une cuisine simple et fraîche, avec les produits du marché et les copains viendraient manger. Ce n’est qu’un rêve mais ce serait un de ces pieds. » La Poste 7, rue du Général de Gaulle à Riedisheim 03 89 44 07 71 www.restaurant-kieny.com


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0 IL ÉTAIT UNE ≈ FOIS ◊ LE MOTIF À Mulhouse, les collections des musées du papier peint et de l’impression sur étoffes sont une source d’inspiration inépuisable pour les créateurs de tout poil et du monde entier. Car en matière de motif, la création est un éternel recommencement.

MOTIF CRÉATION DÉCORATION

Papier peint et impression textile : les deux mamelles de Mulhouse. En 1746, Jean-Jacques Schmalzer, Samuel Koechlin et Jean-Henri Dollfus fondent la première manufacture d’impression sur étoffes. 40 ans plus tard, 26 manufactures textiles sont installées sur le territoire faisant de Mulhouse la « Manchester française ». Côté papier peint, la manufacture Zuber fait rayonner la région de sa production riche passant les frontières et les océans. Ici comme ailleurs, les deux domaines sont

intimement liés* : les techniques utilisés sont souvent les mêmes, et les motifs se retrouvent aussi bien dans l’habillement que dans la décoration intérieure. En matière de motif, d’ailleurs, les manufactures mulhousiennes se sont révélées particulièrement créatives, précédant les goûts de leurs époques. Elles n’en finissent pas d’inspirer designers textiles et décorateurs, comme Alexandre Poulaillon, peintre-

décorateur et dominotier, qui reprennent ou réinterprètent les créations d’antan. Par l’intermédiaire de ces deux musées, qui rassemblent et transmettent aujourd’hui ce riche patrimoine, les créateurs se plongent dans le passé pour habiller le futur. * d’ailleurs, le Musée du papier peint de Rixheim et le Musée d’impression sur étoffes de Mulhouse se partagent aujourd’hui la même conservatrice, Isabelle Dubois-Brinkmann


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IL ÉTAIT UNE FOIS LE MOTIF création | décoration

L'ILLUSIONNISTE PAR CÉCILE BECKER PHOTOS CHRISTOPHE URBAIN

Peintre-décorateur installé à Mulhouse, Alexandre Poulaillon s’attache à ressusciter l'ancêtre du papier peint : le papier dominoté. Cet artisan, par ailleurs passé maître dans l'art du trompe-l’œil, remet ainsi au goût du jour la riche histoire du motif.

L'art est un silence qui parle. Comme l'écrit Maurice Blanchot, depuis Lascaux, on cherche dans ces dessins notre origine, des significations obscures et des référents mythiques. Ce regard vers le passé nous renseigne sur une sensibilité esthétique présente depuis la nuit des temps et illumine notre propre évolution. Le point commun entre Maurice Blanchot et Alexandre Poulaillon, dominotier ? Pas grand chose, si ce n'est ce renvoi constant à une histoire de l'art ne cessant de nourrir des imaginaires contemporains. De Lascaux, Alexandre Poulaillon garde les pochoirs ; de l'histoire, il garde tout. Depuis l'âge de 16 ans, il collectionne des livres sur les motifs et ne cesse d'invoquer l'histoire de l'art et du papier-peint, plus spécialement dans sa région : le HautRhin, où le textile a toujours été omniprésent. Dans son petit atelier de Mulhouse, il fait revivre un art disparu, ancêtre du papier peint : le papier dominoté, imprimé sur des feuilles pur chiffon, qui, mises bout à bout, peuvent orner un pan de mur, des dessus de cheminées ou même des objets. Originellement, cette technique était utilisée pour relier les livres et se basait sur la gravure : avant d'être imprimés sur les

0 feuilles, les motifs étaient gravés sur des planches en bois. Aujourd'hui, Alexandre Poulaillon s'inspire de cette technique pour rééditer des motifs anciens (il remonte jusqu'au 18e siècle), mais utilise le numérique pour remplacer la gravure, très contraignante. Pour autant, il veut conserver une certaine authenticité : pour un papier dominoté haut-de-gamme, il peint à la main et utilise le cas échéant des pochoirs ou pochoirs adhésifs. S'il va souvent dénicher des motifs au musée de l'Impression sur Étoffes à Mulhouse – le SUD, service d'Utilisation des Documents, dispose de six millions d'échantillons (lire pages suivantes) – ou ressuscite des dessins trouvés dans sa bibliothèque personnelle, Alexandre Poulaillon tend

aujourd'hui à créer ses propres motifs : « Je me considère avant tout artisan, pas artiste. Ceci dit, dans l’artisanat, il y a un rapport à la création un peu fermé : comme si un artisan ne pouvait pas créer, ce qui est complètement aberrant. » Dernièrement, s'inspirant de faits divers affabulés du 18e siècle, il a imaginé avec une illustratrice une fresque de papiers dominotés où se côtoient poissons et monstres marins et sur lesquels on doit se pencher pour découvrir tous les détails. Mais plus généralement, il souhaite retranscrire en motifs des sentiments plus personnels : « J'aimerais développer des collections propres, lancer la maison d'édition Poulaillon : du papier peint, dominoté ou sérigraphié. » Des idées, il en a plein les poches, mais


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IL ÉTAIT UNE FOIS LE MOTIF création | décoration

Dorure à la feuille au pochoir, réalisée par Alexandre Poulaillon

0 Décor au pochoir sur béton, réalisé par Alexandre Poulaillon

du temps, un peu moins. Car depuis ses débuts, Alexandre Poulaillon est aussi un peintre-décorateur hors pair travaillant sur l'illusion. Il découvre la peinture très jeune grâce à la petite entreprise de ses parents à Baccarat, qui restaurent des enseignes. Il suit une formation à Reims en se penchant d'abord sur la peinture en lettres puis sur le décor peint. Il apprend dès lors toutes les techniques pour construire des fausses matières, des fausses moulures et des trompe-l’œil. Rapidement, il se retrouve salarié à Paris et travaille sur des chantiers d'exception : hôtels de luxe, pour l’émir du Qatar, les sultans de Brunei, Rotschild, etc. La saga aurait pu continuer mais il refuse : « Sur ce genre de chantiers, il faut souvent avoir fini avant de commencer… Je me suis alors reconverti dans les monuments historiques, j'ai par exemple travaillé dans la cathédrale d'Orléans. C'était génial, j’étais seul et restais parfois enfermé pendant des mois. Ce travail a achevé mon apprentissage de la couleur. » Après cinq ans en freelance où il se déplace au Koweït, en Égypte ou à Londres, il abandonne tout pour rester auprès des siens, désormais installés à Mulhouse. Après une petite expérience de charpentier, il s'intéresse aux papiers anciens. Pendant un an, il s'enferme dans son petit atelier Algeco pour faire des recherches avant de se mettre à la réédition de papiers dominotés. Depuis, il partage son temps entre la peinture décorative et le papier :

« C'est parfois compliqué pour moi de savoir où je veux aller, je suis entre les deux. Ce qui m'importe avant tout, c'est de créer une patte qui soit la mienne tout en conservant des techniques qui sont déjà très particulières. » Installé, comme il le dit lui-même « dans la capitale européenne du motif », il souhaite désormais faire de son atelier une manufacture de papier-peint mulhousienne et travailler de concert avec la Ville pour orner des façades et créer une sorte de parcours urbain. À Strasbourg, Alexandre Poulaillon travaille avec l'hôtel Sofitel pour installer un mur de papier dominoté, avant de partir pour l'Afrique avec l'architecte Hubert Givenchy (le neveu du couturier) pour décorer la résidence d'un particulier. D'autres chantiers se profilent déjà pour l'année prochaine, notamment celui d'un restaurant sur les Champs-Elysées. Un agenda dense… Mais avec ses papiers, ses pinceaux, un savoir-faire et une volonté de fer, Alexandre Poulaillon est bien armé. www.atelier-poulaillon.fr

Décor au sol, réalisé par Alexandre Poulaillon, peint à la main sur un béton de teinte bleue

Papier dominoté : feuilles pur chiffon imprimées. Utilisées seules ou mises bout à bout, elles peuvent orner un pan de mur ou un objet.


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IL ÉTAIT UNE FOIS LE MOTIF création | décoration

DESSINE-MOI UN MOTIF PAR CÉCILE BECKER PHOTOS DORIAN ROLLIN

À deux pas de Mulhouse, le Musée du papier peint se fait discret. Niché dans l’aile droite de l’ancienne Commanderie de chevaliers teutoniques, il retrace la riche histoire du papier peint dans tout ce qu’elle a de passionnant au regard de l’art, de la technique et de la société.

Un joli soleil d’automne s’invite dans l’ancienne Commanderie de Rixheim, partagée aujourd’hui par l’hôtel de Ville, la manufacture Zuber, toujours en activité, et le Musée du papier peint. D’abord Commanderie, ce monument classé historique est racheté entièrement par en 1802 Jean Zuber. Il y fera fleurir sa manufacture fondée en 1797. De ce magnifique bâtiment, il donnera ses lettres de noblesse au papier peint et construira sa légende autour des panoramiques : de grands panneaux décoratifs, fleurons des intérieurs bourgeois du XIXe siècle. En 1983, le Musée du papier peint est créé à partir des nombreuses archives de la manufacture Zuber laissées sur place : des machines – c’est la particularité de ce musée –, des échantillons de papiers et d’anciens carnets de gravures. Plus de 100 000 documents provenant de la manufacture voisine y sont réunis, et l’on y trouve aussi 60 000 autres documents récupérés auprès d’autres manufactures et un fonds partagé avec le Musée de l’impression sur étoffes. Ces riches archives permettent au Musée, à son directeur

Cécile Vaxelaire, documentaliste.

Philippe de Fabry et à sa conservatrice Isabelle Dubois-Brinkmann de monter une exposition par an et de retracer l’histoire de ce médium qui a fait entrer la mode à l’intérieur des maisons. Cécile Vaxelaire, documentaliste, raconte : « Tous ces documents sont comme une réserve à partir de laquelle réfléchir. On peut créer des liens, trouver des lieux communs, des cohérences, ce qui nous permet de construire de belles expositions. Tout cela nourrit aussi l’imaginaire : on peut se créer des histoires autour d’une époque, et bien sûr comprendre l’Histoire. Au-delà de ça, c’est un vivier pour la création. » De nombreuses écoles françaises, suisses ou allemandes amènent leurs étudiants à travailler sur ces documents, et des designers, graphistes et artistes viennent y puiser leur inspiration. Très loin d’une

institution qui ressasse le passé, le Musée du papier peint de Rixheim fait la part belle à la forme de décor mural la plus courante en Occident : un art qui, depuis le XVIIIe siècle, fait preuve d’une créativité étonnante en anticipant des courants de peinture à venir, avec des motifs abstraits voire franchement psychédéliques. L’une des premières œuvres que le musée présente est d’ailleurs un papier peint à motifs de draperies de Joseph Dufour – l’un des concurrents de Jean Zuber – : un trompe-l’œil de satin utilisant près de 10 nuances de gris, conçu aux alentours de 1820. Un mélange entre un traitement de textures, de couleurs et de motifs, très moderne et un sujet classique. La technique ? Une planche par couleur, planche gravée dans le bois. Un procédé fastidieux datant du XVIIIe qui sera peu à peu rempla-


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IL ÉTAIT UNE FOIS LE MOTIF création | décoration

◊ cé par l’impression par cylindres, moins coûteuse et plus pratique : les rouleaux de papier parfois raboutés sont imprimés plus rapidement. En marge du papier peint, on retrouve les papiers dominotés : l’impression se fait par planche sur une feuille simple, plus petite. Cet art est souvent défini comme l’ancêtre du papier peint, un peu à tort. Cécile Vaxelaire explique : « Le papier dominoté servait très rarement à décorer de grandes pièces, il était plutôt destiné à servir de reliures d’attente aux livres, à décorer de petites boîtes ou des alcôves. » Il reste cependant une culture commune du motif répétitif. Qu’il soit classique, animal, naturel ou qu’il imite la matière, le motif est omniprésent. Un des exemples les plus frappants est sans doute la fleur, qui a autant traversé les techniques d’impression que les courants artistiques. Motif universel étudié dès le XVIIIe siècle, la fleur sur le papier peint est, à ses débuts, inspirée des toiles rapportées d’Inde. Sous le règne de Louis XVI, elle devient plus petite et parsème le papier alors qu’à la fin du XVIIIe elle s’inspire des plantes exotiques et de leurs couleurs chatoyantes pour finir de manière très géométrique à l’ère du Pop Art. Si aujourd’hui, ce motif est toujours exploré, l’impression numérique permet autant des réalisations contemporaines que des références à des formes graphiques d’antan. « Il y a une histoire des motifs qui transcende les supports, développe Cécile Vaxelaire. On se rend compte qu’il y a des interférences entre les domaines scientifiques, politiques et botaniques. Le motif nous parle de la société. »

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Des plantes et des hommes C’est à l’étage des panoramiques que tout s’éclaire. Un domaine trusté par la manufacture Zuber mais exploré par de nombreux imprimeurs qui ont rivalisé d’imagination pour créer des fresques impressionnantes. Ces grands décors en couleur – moins chers à l’achat à l’époque qu’un fauteuil capitonné, il faut le savoir – explorent les domaines du rêve et du voyage : ils évoquent surtout une certaine vision de l’Orient avec ses clichés sur les barbares, l’esclavagisme et les plantes exotiques. D’abord centrés sur la découverte d’un nouveau monde, figurant les colonisateurs et les peuples du Brésil ou de la Grèce, ils laissent dès 1849 place à des paysages très naturalistes. L’une des fiertés de la région est sans doute le panoramique de Zuber Les Vues d’Amérique du Nord, qui établit des liens visuels entre Mulhouse et New York. Cette fresque a été offerte par des antiquaires passionnés à Jackie Kennedy et installée à la Maison Blanche au courant des années 60, dans le salon des Ambassadeurs. Aujourd’hui, on voit parfois Barack Obama donner des discours devant les couleurs de Zuber. Alors que les panoramiques évoquent le voyage aux quatre coins du monde, le

Expositions au Musée du papier peint à Rixheim www.museepapierpeint.org

japonisme est traité dans le papier peint dès les années 1860 et jusqu’à nos jours, présentant des lieux communs du Japon : les samouraï, les geisha, les oiseaux, les fleurs, des thématiques qui ont toujours inspirées les imprimeurs. Un courant qui permet de constater une évolution contemporaine : aujourd’hui les papiers peints deviennent des gadgets à part entière. On peut flasher des QR Codes imprimés, personnaliser des motifs parfois même imprimés sur du latex ! Si l’opulence a laissé place au minimalisme – le papier peint s’affiche aujourd’hui sur de petites parcelles de mur –, il reste cette fascination tenace pour des techniques anciennes mais aussi pour des motifs vintage, utilisés aussi bien dans la décoration que dans le textile.


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IL ÉTAIT UNE FOIS LE MOTIF création | décoration

ON DIRAIT LE SUD PAR CÉCILE BECKER PHOTOS DORIAN ROLLIN

Retour vers le futur et direction le SUD (Service d’utilisation des documents) du Musée de l’impression sur étoffes, là où les motifs font une fuite en avant. DMC, Thierry Mieg, Koechlin : les dynasties d’entreprises textiles ont laissé leur empreinte sur Mulhouse qui s’efforce aujourd’hui de continuer à faire parler un patrimoine qu’on ne soupçonnait pas aussi riche. Au XIXe siècle, Mulhouse regorgeait d’ouvriers-dessinateurs capables de produire des textiles japonais mieux que les Japonais eux-mêmes – les laines ponceau de Thierry Mieg sont un exemple parmi d’autres. Avec un objectif tout d’abord économique, les industriels veulent éduquer les ouvriers au motif en réunissant une bibliothèque de motifs récupérés aussi bien dans la production locale que des pays du monde entier. Le résultat de cette documentation est conservé des siècles durant et reste consultable au même endroit, rebaptisé SUD, au sein même du Musée de l’impression sur étoffes. Sur des étagères qui courent du sol au plafond, de grands et gros livres aux reliures abîmées sont entreposés : six millions d’échantillons retracent l’histoire du textile et du motif, de la fin du XIXe aux années 50. Le premier bottin que sort Jean-François Keller, délégué à la conservation, date de 1850. Les motifs révèlent une telle modernité qu’ils pourraient tout aussi bien provenir des années 20. Il explique : « Dans ces ouvrages, on constate que la forme et la couleur sont présents bien avant qu’ils ne fassent leur apparition dans la peinture. » Là, on trouve des motifs ethniques servant de doublure, un peu plus loin des formes

complètement psychédéliques. L’inventivité des ouvriers de l’époque était infinie. Pas étonnant alors que des stylistes continuent aujourd’hui de chercher l’inspiration dans cette base de données : « La plupart des tissus que l’on trouve chez Ikea aujourd’hui proviennent du SUD ! Lorsque les stylistes viennent ici, il y a deux réactions : soit ils prennent la fuite de peur que leur créativité soit bridée par celle de leurs ancêtres, soit ils s’en inspirent pour en créer d’autres. » Pour utiliser un motif choisi dans une large éventail de styles et d’époques, il faut compter entre 300 et 800 euros. Une mine d’or avant-gardiste, qui pousserait même à se poser la question fatidique : la nouveauté est-elle encore possible ?

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96 Zut ! Lifestyle × Métiers d'art

Les piliers de la création PAR JULIEN PLEIS

La FREMAA (Fédération Régionale des Métiers d’Art d’Alsace) est devenue l’ambassadrice des artisanscréateurs de la région. Elle mène un combat ininterrompu pour faire connaître et prospérer le travail de ce vivier de talents. Il y a bien des obstacles à surmonter, mais la voie est tracée et le terrain riche…

Laurianne Firoben, céramiste


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Caroline Colomba, céramiste

Cécile Mairet, créatrice d'ameublement

Tel un justicier redresseur de torts, la FREMAA, depuis sa fondation, s’est fixé pour but de protéger le savoir-faire de ses membres. Certains sont parmi les derniers représentants de corps de métiers quasiment jetés aux oubliettes. Après des années de débrouille en solitaire, les dominotiers, les corsetières et autres vitraillistes ont enfin un organisme régional efficace, qui leur permet de faire connaitre leur travail. Il faut dire que leur situation actuelle n’est pas des plus confortables. Coincés entre le design et les milieux artistiques, qui s’aventurent parfois sur leur terrain, les artisans d’art occupent une micro-niche bien peu considérée. « La frontière est floue, constate Ninon de Rienzo, la directrice de l’association, du fait de l’intrication des différents domaines créatifs. L’artisan d’art se retrouve vite réduit à un statut d’ouvrier-technicien. » De même, les formations aux métiers manuels sont souvent réservées aux élèves moyens ou en échec scolaire, l’Éducation Nationale cultivant encore trop souvent l’image de l’artisan crétin… La FREMAA tient alors à véhiculer une image d’excellence. Les adhérents y sont admis sur dossier, évalués par un jury exigeant et dans le respect de la charte déontologique de la fédération. En conséquence, elle a su s’imposer au fil des années comme un label, « un gage de qualité pour la clientèle et les partenaire des créateurs », indique fièrement Ninon de Rienzo. La FREMAA valorise ainsi les acteurs du secteur par le biais d’expositions thématiques et d’événements haut

de gamme, comme Résonances, le Salon européen des métiers d’art. Une vitrine qui attire un public large et suscitera peut être quelques vocations. Car c’est essentiellement sur le terrain, « en allant à la rencontre du public, plus particulièrement les jeunes », que tout ce travail de reconnaissance et de mise en lumière porte ses fruits. Au delà des expositions qu’elle organise, cette structure associative permet aussi de mettre en contact les artisans de tous horizons, de les faire se rencontrer et les amener à travailler de concert, ponctuellement ou dans la durée, diversifiant ainsi leur projets professionnels. Outre la réhabilitation d’un statut, ces initiatives permettent parfois de sauver des carrières, autrement vouées à disparaitre. Car le fossé est énorme avec les grosses structures marchandes, et faute de visibilité ou de circuit de distribution, certains artisans-créateurs peinent à équilibrer leurs finances. Or, malgré le climat économique actuel, « il n’y a que cinq activités se sont éteintes en 2012 pour des raisons budgétaires », rappelle Ninon de Rienzo. Les espoirs sont grands donc, et la lutte continue pour pérenniser le travail et la richesse des métiers d’art. La FREMAA, c’est — 17 années de d’existence — 160 adhérents — Plus de 50 métiers représentés — 45 jeunes formés durant 1 an

Pièces d’exception 2013 du 22 novembre au 31 décembre à la Bibliothèque des Dominicains 1, place des Martyrs de la Résistance à Colmar Oz, les métiers d’art du 13 au 22 décembre résidence Charles de Foucauld 1, rue de la Comédie Française à Strasbourg www.fremaa.com

Rita Tatai, designer textile


98 × Métiers d'art La fremaa

L’art de chapeauter PAR JULIEN PLEIS PORTRAIT DORIAN ROLLIN

Aujourd’hui présidente de la FREMAA, Annie Basté-Mantzer, pimpante septuagénaire et modiste, est entrée très tôt dans la fédération, comme simple adhérente. Retour sur un parcours emprunt d’enthousiasme et de combativité. De retour du salon Mode & Tissus à Sainte-Marie-aux-Mines, Annie BastéMantzer s’active sans répit dans son atelier, sur les hauteurs du Val d’Argent. Sa petite silhouette trottine en tous sens pour redonner un peu d’ordre à sa tanière, débordante d’outils de couture et d’étoffes multicolores. Trois coups de balai plus tard, reportant finalement l’agencement de l’espace à plus tard, elle se prête volontiers au jeu de l’interview et se remémore avec bonheur les étapes de son parcours, notamment ses débuts en 1973. Elle s’établit alors en tant que tisserande modiste et conçoit des couvrechefs de toutes formes et de toutes couleurs. De la fabrication à la vente, elle gère toutes les opérations ; même les tissus sont en partie son œuvre puisqu’elle acquiert des métiers sur lesquels elle fait naitre ses propres motifs. Habituée à sa condition d’artisan solitaire, elle mène sa barque avec assiduité, ignorant presque l’existence de ses semblables, disséminés dans toute l’Alsace. Mais en 1996, le vent du changement se met à souffler. À la suite d’une exposition qu’elle a organisée, Jean-Jacques Erny, alors président de la toute jeune FREMAA, lui propose de rejoindre les rangs de cette association fondée quelques mois plus tôt. Elle hésite et doute d’y avoir sa place. Timidement, elle se laisse convaincre ; rapidement, cette notion de groupe la séduit et la galvanise. Son univers s’élargit d’un coup et la fait se sentir « comme Alice découvrant le Pays des Merveilles », nous explique-t-elle en éclatant de rire. Elle prend subitement conscience de la réalité « d’autres gens comme elle », d’autres artisans-créateurs œuvrant jusqu’alors, eux aussi, de manière isolée. Annie se rappelle, avec une joie non dissimulée, avoir vu fleurir les interactions entre les uns et les autres, les collaborations et

l’émulation que crée un tel réseau d’activités. Un véritable ouragan ! Malgré tout, elle peine encore à s’assumer pleinement parmi ses collègues créateurs, et pèche encore par excès de modestie. Elle confesse s’être même éclipsée prématurément lors des premiers événements organisés par l’association, « de peur de déranger ». Le temps, l’expérience et les succès aidant, elle poursuit sa route au sein de sa nouvelle « confrérie ». Au terme de 12 années d’échanges et d’implication, elle se voit même proposer la place de présidente en septembre 2008. Consciente des enjeux liés à sa nouvelle fonction, madame la Présidente s’emploie désormais à construire l’avenir de la profession avec une détermination féroce. Son objectif est à la fois de pérenniser le travail accompli par ses prédécesseurs et de revaloriser le statut d’artisan-créateur. Car pour Annie, le constat est sans appel : trop souvent assimilé aux loisirs créatifs, « le savoir-faire des métiers d’art ne bénéficie pas de la reconnaissance qui lui est du ! », bouillonne-t-elle. Sous son impulsion se sont construits des événements majeurs, comme Résonances, qui offrent une tribune aux adhérents et aux compétences des « petites mains » de l’artisanat d’art. Forte de ses convictions, et avec la volonté d’accroître l’aura de la FREMAA et de ses partenaires à travers toute l’Alsace, la pétillante présidente envisage l’avenir avec optimisme. Chapeau bas ! Annie Basté-Mantzer 68150 Aubure Accueil sur rendez-vous 03 89 73 92 01 06 18 55 35 02 annie.b.mantzer@gmail.com


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SOMMER 2013

Haut-Rhin Numéro 2 / Gratuit

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100 Zut ! Lifestyle × Arts du feu

Le chant de la Terre PAR JULIEN PLEIS PHOTOS DORIAN ROLLIN

Art ancestral de la terre et du feu, la céramique peine à propager son héritage aux générations actuelles. Pourtant, dans le sud de l’Alsace, il existe un bastion d’irréductibles passionnés qui, sous l’égide de l’Institut Européen des Arts Céramiques, œuvrent à transmettre

le flambeau.

Marie Heughebaert, en formation à l'IEAC


101

“ Nous cherchons à amener chaque élève à s’affirmer en tant que personne et à développer sa propre démarche dans son processus créatif. ”

L’histoire d’amour entre Guebwiller et les arts du feu remonte au 19e siècle. C’est ici que naît Théodore Deck, l’un des plus prestigieux céramistes français. En 1982, c’est d’abord à la Maison de la Céramique que revient la charge de transmettre son héritage, puis, à partir de 2004, à l’IEAC. Sa mission : redonner ses lettres de noblesse aux arts céramiques, mésestimés alors que des artistes comme Picasso les ont pourtant pratiqués. Ses moyens : des ateliers d’initiation, des expositions et, surtout, une formation professionnelle, le cursus de « Créateur en Arts Céramiques ». À la tête de l’équipe pédagogique, Thiebaut Dietrich, lui-même céramiste, a axé la formation sur l’interaction des savoirs et des techniques. Le programme est conçu pour inciter chacun à donner du sens à son travail et encourager la création personnelle. Edith Weber, la présidente de l’IEAC, souligne l’importance de cette approche dans l’enseignement : « Nous cherchons à amener chaque élève à s’affirmer en tant que personne et à développer sa propre démarche dans son processus créatif. » Une formation exigeante qui exige des étudiants une implication totale et assoit la réputation de l’IEAC : les postulants sont nombreux et viennent de tous horizons. Marie, par exemple, a débarqué de Paris après avoir terminé ses études d’histoire de l’art. D’une pratique de la terre en amateur, elle a choisi de faire son métier,

et se coltine désormais tout l’arsenal technique. Un an d’expérimentation pour acquérir la maîtrise des chamottes, colombins et barbotines, avec une démarche placée sous le signe du chantier. Pour Thierry, c’est un « retour à l’envie » qui lui a fait intégrer la formation. Après plus de 20 années passées à travailler dans la communication, il a fait le choix de retourner à ses premières amours, rencontrés aux Arts Décoratifs de Strasbourg, et de démarrer une deuxième vie où sa vocation artistique peut réellement s’exprimer. Entre labeur et passion, les diverses personnalités de chaque promotion tentent de rejoindre certains noms reconnus dans le domaine des arts céramiques et qui les ont précédés en ces murs, comme Anne Verdier ou Laurent Petit. Peut-être retrouvera-t-on d’ici quelque temps leurs œuvres dans l’une des expositions proposées par l’IEAC, qui contribue décidément à élargir le champ des possibles et à faire fleurir les futures œuvres issues de la terre. IEAC 10, rue Jules Grosjean à Guebwiller 03 89 74 12 09 http://ieac.free.fr


102 Zut ! Lifestyle × Design

Collector PAR MYRIAM COMMOT-DELON

Avant que vos kids ne sortent du nid, offrez-leur du mobilier qui grandira avec eux, et prenez le risque qu’ils ne veuillent pas s’en séparer.

Moduler Véritable must-have, les systèmes d’aménagement USM savent aussi s’adapter à l’évolution et aux besoins des enfants et des ados. Vous pourrez les compléter et les déplacer à l’envi, ils évolueront pour le bien-être de leurs jeunes utilisateurs. Un design et une durabilité à faire naitre des vocations d’architectes et designers !

Meuble mixte composé de 3 rangements à portes abattantes et de 3 rangements ouverts, caisson roulant à 3 tiroirs (14 couleurs disponibles) USM Haller, en vente chez decoburo 4, le Schlossberg, à Zellenberg 08 77 45 08 08 www.usm.com


103

Jouer

Transgresser

Découvrir

Lampe volant de Godefroy de Virieu pour L’Atelier d’exercices. Orientable grâce à un système de culbuto intégré, éclairage LED. www.atelierdexercices.com

Patère Handjob Hooks, modèle Rock On d’Yve Thelermont et David Hupton. www.thelermonthupton.com

Monographie de Fredun Shapur, Playing with design par Mira Shapur et Amy F. Ogata, éditions Piqpoq. www.piqpoq.fr

S’asseoir

Photos : Gulli Mar

Chaise Chair One B de Konstantin Grcic pour Magis. Assise en fonte d’aluminium et base en béton, nouvelle version jaune disponible en exclusivité chez www.madeindesign.com

Ranger

Grandir The Baby Seal et The Sealpelt, gigoteuses en laine pour enfant et adulte par le collectif islandais Vík Prjónsdóttir. www.vikprjonsdottir.com

Porte-manteau Hang It All de Charles et Ray Eames, édité chez Vitra. En vente chez Quartz, 20-24, rue des Tanneurs à Mulhouse. www.quartz-design.fr


104 SÉLECTIONS lifestyle

DESIGN

Héros des bois

Attention, Noël supersonique en vue ! Aussi vite que Buzz l’Éclair, la boule 2013 éditée par le Centre International d’Art Verrier (CIAV) de Meisenthal rejoindra sans aucun doute les branches de votre sapin pour des festivités placées sous le signe des super-héros. Cette création est le dernier fruit de la ligne de boules contemporaines, contrepoint à la désormais légendaire collection traditionnelle et issue d’une série de partenariats fertiles avec des artistes et designers, initiée en 1999. Répondant au doux nom de Sylvestre, le nouveau et ludique héros des Vosges du Nord, Stallone

de la forêt, joue aussi les défenseurs d’une mémoire industrielle et artistique en permanent renouvellement. Ligne contemporaine, déclinaison de coloris, légèreté du trait… cette boule de Noël imaginée par le studio BrichetZiegler est le must have de l’hiver en matière de wonder déco. Et chez Zut !, on adore ! (C.T.) Boule Sylvestre, design studio BrichetZiegler Informations et points de vente sur www.ciav-meisenthal.fr www.studiobrichetziegler.com


DÉCO

QG de famille Au-delà du respect des techniques de fabrication traditionnelles, Seltz cultive des valeurs essentielles. L'esprit de famille, par exemple, comme en témoigne Éol, une table pentagonale à rallonge, idéale pour les repas conviviaux et autres réunions festives. Ce meuble indispensable a été repensé par les designers de la maison alsacienne : des lignes pures et l'imbrication de cinq pieds de forme courbe lui confèrent une ligne aérienne, magnifiée par l'insert en verre dans la partie centrale du plateau. Un petit QG familial design et authentique. (V.S.) Table Éol chez Meubles Seltz 6, rue du Mittelbach à Mulhouse - 03 89 46 54 23 - www.meubles-seltz.fr

DESIGN

Upcycling Après la chaise, je demande la table. Et du passé pas question de faire table rase. Le pitch ? Pour acquérir cette chaise, il vous faudra envoyer chez l’éditeur Casamania 6kg de vos vieux jeans (ou un mix jean - T-shirts), adulés, usés, que vous ne portez plus mais dont vous n’arrivez pas à vous séparer. La technique ? Les vêtements sont solidifiés à l’aide d’une résine. L’idée à garder ? On ne jette plus ses vieux denim car ça peut toujours servir pour apporter une touche arty à votre salon ! (M.C.D) Chaise et table Remenber me, design Tobias Juretzek chez Casamania, chez Quartz 24, rue des Tanneurs à Mulhouse - 03 89 45 87 07 7, route de Neuf-Brisach à Colmar - 03 89 23 20 48 -www.quartz-design.fr


106

RESTO

Frenchy sushi On le sait, le sushi fait désormais partie intégrante de la gastronomie française. En adopte-t-il pour autant les ingrédients ? Le restaurant Sushi’s propose des éléments de réponse en revisitant les incontournables makis et sashimis : ainsi, le foie gras rejoint les traditionnels riz vinaigré, poisson cru et avocat. Le chef nous concocte en ce moment des créations alléchantes pour les fêtes, promesse de nouvelles expériences gustatives à vivre sur place, à emporter ou en livraison à domicile grâce à la joyeuse équipe de Sushi’s. (V.S.)

Rody Graumans, 85 Lamps, 1992, éd. Droog Design

Restaurant Sushi’s 22, rue du Sauvage à Mulhouse 03 89 42 15 15 68, grand’rue à Colmar - 03 89 29 02 90 www.resto-sushis.com

LUXE

Plume Balzacienne Cette année, place au dandysme et au père du réalisme littéraire. Mont Blanc rend hommage à l’écrivain Honoré de Balzac. Chaque stylo est réalisé en résine précieuse, de couleur noire dont le réservoir en laque gris foncé à fines rayures rend hommage à la redingote de Balzac, pièce phare de sa garde-robe. (M.C.D) Collection Édition Écrivains, série limitée Honoré de Balzac, à la boutique Mont Blanc de Strasbourg 03 88 22 20 98 www.montblanc-boutique-strasbourg.com

EXPO

Que la lumière soit ! L’exposition Lightopia offre aux spectateurs un panorama du design et de l’art de la lumière, des débuts de la société industrielle jusqu’aux visions qui construiront notre futur. En tout, 300 œuvres de designers, d’architectes et d’artistes qui explorent les techniques et les formes. La liste donne le tournis : Wilhelm Wagenfeld, Achille Castiglioni, Ingo Maurer, Olafur Eliasson, Front Design… et László Moholy-Nagy, dont on peut voir le célèbre et rare Licht-Raum-Modulator (modulateur-espace-lumière, 1922-1930). De quoi permettre de comprendre comment la lumière électrique a révolutionné notre rapport à l’espace et à l’art. (G.A.) Lightopia, jusqu’au 22 mars au Vitra Design Museum de Weil-am-Rhein (D) Départ en bus de La Filature de Mulhouse le samedi 23 novembre à 15h www.design-museum.de


Art de de vivre Art vivre L’adaptabilité L’adaptabilitéest estsymbole symbolede demodernité modernité– –– Art de vivre L’adaptabilité est symbole de modernité Les systèmes systèmes d’aménagement créativité. Les d’aménagementUSM USMconjuguent conjuguentesthétique esthétiqueetet et créativité. Les systèmes d’aménagement USM conjuguent esthétique créativité.            

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Ventes : 03 88 23 84 65 (boutique culture) ou www.festival-musique-strasbourg.alsace


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