MIRABAL EXPOSITION 24/11 > 10/01 JOURNÉE INTERNATIONALE POUR L’ÉLIMINATION DE LA VIOLENCE À L’ÉGARD DES FEMMES MATERNITÉS DOULOUREUSES
Maison des femmes 02 240 43 50
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Avec le soutien du Collège des bourgmestre et échevins, représenté par Sihame Haddioui, échevine de l’Égalité des genres et des chances.
EDITEUR RESPONSABLE
Administration communale de Schaerbeek Place Colignon 1 - 1030 Schaerbeek www.1030.be • 1030be
INFO
DU DÉBUT À LA FIN
Pour la 3e fois consécutive, la Maison des Femmes a fait appel aux artistes professionnel.le.s et amateur.e.s pour rendre visible l’invisible, et viser ainsi une égalité entre les hommes et les femmes.
Par le concours de cette année, la Maison des Femmes a voulu dénoncer avec les artistes les violences que subissent les femmes tout au long du processus de maternité. Du début à la fin (s’il y a une fin !) de ce processus, les femmes font face à des impasses, des incompréhensions, des impossibilités, des brutalités.
Cela commence par l’injonction d’être mère, faite indifféremment à toutes les femmes : nous avons peur pour le droit à l’avortement bafoué actuellement, nous revendiquons aussi le droit à la décision d’être mères ou non avant la grossesse, qui semble dans nos sociétés ne pas revenir directement aux femmes.
Cela concerne la grossesse, l’acte d’accouchement, l’allaitement, imprégnés de violences obstétricales et gynécologiques et de misogynie.
Cela perdure tout au long de la vie de l’enfant : de la dépression post-partum non acceptée, de la culpabilisation à la surcharge mentale, des responsabilités non partagées, de l’isolement des mamans solos à leur précarité financière, de la difficile conciliation entre la vie privée et la vie professionnelle.
Cela reste difficile dans les familles recomposées, discriminatoire dans les familles homoparentales, les familles trans…
Cela change définitivement les corps, les priorités, les libertés.
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BARSOLLE NOÉMIE
VIOLENCE AU CŒUR DE LA MATRICE
Dessin, illustration
« En 2022, j’ai été particulièrement choquée par l’abrogation de l’arrêt Roe vs Wade aux États-Unis, impactant les droits des femmes de manière universelle, et constituant selon moi, une nouvelle fois, une grande violence à l’égard des femmes et de leur liberté à disposer de leurs corps. »
Ce projet entre dans la lignée du travail que l’artiste consacre à la visibilisation des femmes et aux nombreux domaines d’inégalités et de violences dont elles sont victimes. Il prend la forme d’une affiche, objet qui constitue non seulement un moyen d’expression artistique, mais aussi un endroit de révolte et de contestation. Une affiche, c’est aussi un « mobilier urbain », et l’affiche réalisée veut contraster radicalement avec les publicités qui envahissent l’espace public, représentant généralement les femmes de manière objectifiée.
Au centre, une image symbolisant les femmes avec la mise en valeur de leur utérus – celui-ci ne servant pas uniquement à leur reproduction. Autour, sous forme de préquel, des portraits de femmes et leurs courts témoignages, mots ou phrases d’un vécu d’avortement.
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Avenue Louis Bertrand
BEGUIN SUZANNE
HOME ALONE
Illustration
Home alone, c’est une illustration de la solitude de la maternité.
La maternité, c’est aussi ce qu’on ne voit pas. C’est la solitude et les doutes de la mère assignée à résidence, devant l’inconnu et la découverte d’un enfant et d’une nouvelle elle-même.
Le congé de maternité n’a en fait rien d’un véritable congé, c’est épuisant, alors que le congé de paternité n’est toujours pas équivalent en durée. La mère subit des bouleversements physiologiques et psychiques et a besoin de soutien et de conseils. La maternité a besoin de communauté.
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Avenue Louis Bertrand
Avant d’écrire, elle a hésité longuement Poids des cultures, de l’éducation, injonctions sociétales Craintes de parler d’un sujet intime, privé Elle réfléchit, sa dignité est là, dans ces lignes, dans ce texte Alors, depuis ce concours, elle a décidé d’envoyer Ce texte à l’hôpital, pour que cessent les violences Toutes les violences faites aux femmes
BONNET LILI
SA DIGNITE EST LÀ… DANS CES QUELQUES LIGNES, DANS CE TEXTE
Poème, impression, lecture/performance
L’artiste présente un texte sur les violences subies pendant un accouchement. Le texte évoque, raconte par touche et décrit un acte, « l’expression abdominale », aujourd’hui interdit.
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Avenue Louis Bertrand
FARAONI JUDITH
SUR LE FIL
Dessin
Charge mentale : désigne le poids psychologique que fait peser – plus particulièrement sur les femmes – la gestion des tâches domestiques et éducatives, engendrant une fatigue physique et, surtout, psychique.
« Depuis que la femme s’est émancipée, j’ai l’impression qu’en tant que mère, elle est telle une funambule sur son fil, se démenant sans cesse entre les différentes tâches à mener à bien. On lui pose souvent la question : “Comment faites-vous pour concilier vie de famille et carrière ?” Question qui n’est jamais posée à un homme !
Récemment, en parlant avec les mamans autour de moi, il s’avérait que toutes révélaient avoir une longue liste de tâches à gérer, alors que la plupart d’entre elles travaillent à temps plein. Comment est-ce possible ? Ensemble, nous avons pensé à rassembler toutes ces listes qui se ressemblaient toutes et j’ai imaginé toutes ces longues listes pendues au cou de chacune de ces mamans. Une performance certes intéressante, peut-être drôle mais oh combien lourde à porter et qui se résume à la “charge mentale” quotidienne ! »
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Avenue Louis Bertrand
LOTHE DEBORAH
M Tapisserie
M est une représentation stylisée de la position des examens gynécologiques, dite « sur les étriers ». Dans cette posture, la position des jambes et du corps forme curieusement un M symbolique.
Toutes, nous vivons cette situation, même hors maternité. Elle est emblématique du désir de grossesse, puis de la grossesse jusqu’à l’accouchement, et des nombreux examens qui en découlent (et encore plus en PMA). Au cours de la vie d’une femme, cette position est répétée, encore et encore... Brutale prise de conscience que tout le service gynécologique, étudiants compris, s’est retrouvé face à notre intimité.
Cette exposition, toujours vécue individuellement, est ici partagée publiquement. Sont évoquées aussi les dégradations corporelles que provoque un accouchement.
L’œuvre joue formellement des décalages entre la technique, la matière, les couleurs et ces sujets évoqués.
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Maison des Femmes
MONNENS ÉMILIE
MADONE À L’ENFANT Dessin
Au travers de mon œuvre « Madone à l’enfant », c’est plus qu’un simple dessin représentant le sans-abrisme que j’expose. Mon but est d’éveiller chez l’observateur différents niveaux de perception.
La Madone est par excellence le modèle auquel on ne touche pas, qui reste pur, gracieux, beau. Raison pour laquelle j’ai précisément voulu utiliser cette figure pour mettre en lumière ce à quoi on a peur de se confronter : utiliser un sujet que l’on connait et qui nous rassure pour introduire un sujet qui nous effraie.
L’œuvre ne doit pas se lire ou s’observer à hauteur des yeux. L’œuvre est placée au sol. Le but est d’amener le public à se baisser, se contorsionner, se plier en dix pour observer l’œuvre de près : même si la tâche est ardue, l’observateur gagne de lui-même le droit de s’approcher au plus près de sa réflexion, voire de l’introspection. Mon œuvre tente d’amener l’observateur à s’arrêter et à courber le dos, à accueillir, de manière volontaire, ce qu’il a l’habitude de fuir.
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Avenue Louis Bertrand
MOUNITION ORANNE
STONE BOOBS
Installation
Stone Boobs est une installation d’un amoncellement réalisée à partir de pierres créées en forme de seins.
Tout au long de l’histoire des luttes, les pierres ont toujours été l’ultime recours de défense des plus démunies.
Dans la mythologie grecque, le mythe de Pyrrha est l’histoire de cette femme, qui, échappée du Déluge, repeuple la terre suivant l’oracle de Thémis, en lançant des pierres qui, en atteignant le sol, se transforment en femmes.
Entre régénérescence et défense de soi, entre féminité et « sport de combat », l’installation revisite le mythe et le symbole.
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Avenue Louis Bertrand
MUNUERA ZORG
L’ŒUF
Feutre sur coton, vidéo
Artiste visuelle, Zorg Munuera utilise des procédés d’images (photomontage, dessins...) pour mettre en scène le corps comme matériel symbolique transformable, ce qui contribue au processus de « décolonisation » de soi. En tant que personne enby (non binaire), proposer un regard situé sur la question et transmettre un récit divergent des représentations conformes de la corporéité lui paraît être un acte politique nécessaire.
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Avenue Louis Bertrand & Maison des Femmes
Œuvre
Ce qui arrive mais n’est pas raconté cesse d’exister.
« En mars 2021, je tombe enceinte pour la première fois et décide d’avorter. Le constat est clair : le processus d’IVG est à l’intersection des plus grands tabous de notre société : la mort, la sexualité, la sacralisation du corps féminin.
Ces malaises impliquent une prise en charge médicale médiocre, des proches désemparés, une absence flagrante de récits...
Comment se réapproprier ces événements qui nous concernent et dont le pouvoir décisionnel nous a été spolié, est sans cesse remis en question ? Comment arriver à se soutenir collectivement et briser le silence ? »
Séquence onirique silencieuse, la sensualité du feutre absorbée par les fibres de coton offre un contraste intéressant avec l’atmosphère inquiétante et l’intensité du propos évoqué. Les personnages sont volontairement non genréeXs, afin que les personnes minoriséXs par leur genre puissent également s’identifier.
Vidéo
Partant d’une motivation personnelle de m’approprier cet évènement, j’ai créé une cérémonie rituelle funéraire avec mes proches le jour J de l’expulsion du fœtus. Plusieurs femmes m’ont par la suite remercié et ont déclaré en être sortie instruites, et inspirées.
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PEDDUZZI MÉLANIE
OCÉAN
Vidéo
« Cette vidéo mélange le film de mon accouchement à celui d’une action performative réalisée au bord de la mer.
Les femmes entre elles partagent ou oublient de le faire. Chaque accouchement est différent. Je vais vous montrer le mien. Faire cet objet vidéo était pour moi essentiel. D’une part pour avancer. Aussi pour me souvenir. Et surtout pour partager un récit de cette expérience qui rend les femmes bien souvent amnésiques. »
Attention cette vidéo peut être dure à regarder. Elle donne aussi de la force !
Vidéo sous-titrée en anglais.
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Maison des Femmes
SIMON ANNA
OVAIRES, HORLOGE BIOLOGIQUE
Dessin au charbon sur papier
« Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants... ou pas. »
Extraits de L’horloge biologique, on t’a pas sonnée (« Un podcast à soi », Charlotte Bienaimé) :
« Si je n’ai pas d’enfants, à quoi aura servi ma vie ? Je serai inaccomplie, inachevée... vide... »
« On voit dans le corps de la femme un corps qui est fait pour se reproduire, on l’assigne à cela, plus qu’un homme ; le corps des femmes est constamment contrôlé. »
« La féminité est encore en grande partie constituée par la maternité ; avoir un enfant pour une femme serait “l’accomplissement de sa nature”, l’épanouissement assuré, et dans les films, la pub, les femmes sans enfants deviennent souvent folles... »
« Dire “je n’ai pas d’enfant” a le don de faire circuler autour de soi un air froid, le verdict muet d’une antique réprobation. On sent qu’on doit se justifier (plus qu’un homme ne doit le faire s’il n’est pas père). »
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Avenue Louis Bertrand
TIMMERS MADELON
LOUD SILENCE
Dessin, vidéo
« J’ai été victime de violences obstétricales et gynécologiques. Notamment lors de la naissance de ma fille qui a été extrêmement brutale et traumatisante humainement et médicalement parlant. »
Étape par étape... Il faut toujours marcher sur le sentier qui permet de retrouver son équilibre mais, avec un enfant, c’est une course qu’il faut effectuer.
C’est un peu l’idée de ce dessin. On peut, à un moment donné, sentir son âme et son corps se fractionner.
Tout comme dans la vie d’une femme, l’œuvre représente les différentes facettes et combats. Il faut retrouver sans cesse son équilibre et rassembler chaque morceau ensemble. Partie par partie.
Il y a une notion de solitude également dans le dessin. Des sensations, des douleurs, de la joie, de l’amour inconditionnel, de la peur, de l’injustice, de l’incompréhension... Beaucoup d’étapes qui ne sont pas forcément faciles à exprimer ou à faire ressentir chez l’autre... Il y a cet instant magique et à la fois vertigineux où on se retrouve dans l’inconnu tout en étant déjà une mère et prête coûte que coûte à traverser les tempêtes.
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Avenue Louis Bertrand & Maison des Femmes
VANDERREYDT BÉNÉDICTE
CONTROL
Photographie
« Depuis mon adolescence, j’ai souvent subi des violences obstétricales et j’ai toujours trouvé cela normal. J’ai découvert ma féminité pendant la maternité. Je cherche à explorer le corps féminin ou comment la femme se met au service d’un autre pouvoir que le sien. »
Dans un monde de plus en plus dématérialisé, l’artiste questionne ce rapport étroit qu’entretient l’humain avec la science et l’empreinte scientifique sur le corps et la psyché des femmes. Elle s’inscrit dans une démarche qui explore le corps féminin, le seul qui puisse matérialiser la vie sur terre. Un pouvoir parfois placé entre les mains de la science.
Quand deux pouvoirs se rencontrent, comment dialoguent-ils ? Coexistent-ils ? La maîtrise et le contrôle peuvent-ils gagner sur les forces profondes de la féminité ?
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Avenue Louis Bertrand
VOGT VALERIE
PETITS CORPS AUX ÉCHOS
Installation, verre et bois, éprouvettes, peinture tempera
Maison des Femmes
Meurtrissures qui marquent — au fer rouge — le corps et l’âme de ces femmes, de ces presque mères, de ces mères.
Leurs corps et leurs âmes touchés, marqués, troués, percés, perforés, vidés, bornés, bordés.
Meurtrissures, violences, laissant autant de traces immatérielles dans le corps même de l’enfant.
Ainsi, une douleur qui jamais ne cesse.
Un équilibre précaire à chaque jour recommencé.
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WIL DELPHINE
MÈRES
Installation sonore
L’installation sonore que l’artiste propose donne la parole à des femmes bruxelloises ayant subi des violences au cours de leur grossesse, de leur accouchement ou en tant que mères. Chacune d’elle raconte une part de notre société, dans laquelle la maternité n’est pas toujours respectée.
Le public écoute ces récits au casque pour les témoignages les plus intimes et « difficiles à entendre », à travers un haut-parleur pour les histoires plus « accessibles ».
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Avenue Louis Bertrand