Genève
La cosmopolite. L’insolite. La favorite. La plus grande des petites villes se dévoile. Ici, l’eau est le miroir du monde.
ÉTÉ 2023
What is it that drives someone to greatness?
To take on the unknown, venture into the unseen and dare all? This is the spirit that gave birth to TUDOR, a spirit carried forward by every woman and man who wears this watch. Without it, there is no story, no legend and no victory. This is the spirit that drives David Beckham every single day. This is the spirit embodied by every TUDOR Watch. Some are born to follow. Others are born to dare.
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“
LAISSEZ FILER LE TEMPS. IL VOUS PORTERA VERS UN ENDROIT EXCEPTIONNEL.”
YIQING YIN, CRÉATRICE DE HAUTE COUTURE, PORTE LA VACHERON CONSTANTIN ÉGÉRIE.
NOUS CONTACTER : +41 22 580 1755
Elegance is an attitude
Regé-Jean Page
LONGINES SPIRIT ZULU TIME
Longines
boutique Place de la Fusterie — Rue du Rhône, 40 1204 Genève
Éditorial
Les eaux parfois tumultueuses du Rhône ont montré le chemin. Après de nombreuses années consacrées à explorer les montagnes valaisannes, helvet magazine gagne les rives du Léman. Après Verbier, après Zermatt, voici Genève — dans toute sa splendeur. Plus que jamais, la quintessence suisse trouve sa place dans ces pages, à travers tout ce qui fait la grandeur, la beauté et l’âme de cette nation et de ce bien joli coin de lac.
Premier coup d’œil, premier souvenir, déjà, le jet d’eau, fulgurant, jaillissant au-dessus du Léman. Une sculpture liquide, un souffle vital, aussi délicat que pérenne, une signature tracée sur le ciel comme une promesse : le rayonnement d’une grande cité. À ses pieds : le cœur battant de la rade — où l’on se baigne, oui, dans une eau pure.
Genève, c’était une évidence, depuis longtemps. Un projet tout juste ralenti par une pandémie globale et les incertitudes sur la paix mondiale. Raison de plus, peut-être, pour se lancer. En matière de paix, en matière d’humanité, GNV est un peu l’épicentre. Une petite New York (autrement plus sûre !), un hub, diplomate dans l’âme, siège des plus grandes institutions internationales, où se croisent toutes les nations, toutes les bonnes intentions. Une ville-monde et une ville à taille humaine, tout en même temps.
Théâtrale par sa géographie, entre lac, fleuve, montagnes et ville haute, Genève n’est pas pour autant en représentation. Elle est au contraire authentique. À la fois puissante et discrète, forte de ses convictions et de ses industries (horlogère et bancaire notamment), historique mais à la pointe de la technologie, indubitablement prospère et pour autant soucieuse du bien commun. Ses maîtres-mots ? Savoir-vivre et qualité de vie. Grande adepte du shopping de qualité et du bien-manger (dans ses nombreux étoilés et gastros), elle s’épanouit aussi sans façon, l’été, sur le lac, sur les quais, dans les ginguettes et sur l’herbe tendre des parcs, autour d’un pique-nique ou d’une partie de street golf. Bien plus qu’une belle image, Genève est une ville qui se vit, intensément — et, toujours, au fil de l’eau.
Retrouvez-la désormais chaque année dans helvet Genève
Christian Bugnon Éditeur & rédacteur en chef
HAPPY SPORT
côté parcs
100 Marins d’eau douce (et fiers de l’être)
105
Watches and Wonders
Le rendez-vous horloger de l’année
106
Trends
Watches & Shopping
Édition, administration et publicité District Creative Lab sàrl I Place de la Palud 23, 1003 Lausanne — Suisse I info@district.swiss I district.swiss I Tél : +41 21 312 41 41 Rédacteur en chef Christian Bugnon : christian@helvet.swiss Cheffe de projets Anne-Laure Bugnon : annelaure@district.swiss Rédaction info@helvet.swiss | Daniel Bauchervez, Sharmila Bertin, Christian Bugnon, Isabelle Guignet, Claude Hervé-Bazin, Yannick Nardin, Marie de Pimodan Photographes Ralf Baumgarten (p.93), Karine Bauzin (p.64-70), Rebecca Bowring (p.34-37), David Carlier (p.60), Tom Claeren (p.102) Guillaume Cottancin (p.51, p.52-57), Valentin Del-Nista (p.97), Valentin Flauraud (p.105), Romain Keller (p.51), MezPhotographie (p.88), Patrice Moullet (p.34-37), Mario Schoby | Red Bull Content Pool (p.82), Samo Vidic | Alinghi Red Bull Racing (p.85), Genève Tourisme : Julien Dejeu (p.24), Gauvin Lapetoule (p.23, p.27, p.33, p.102), André Meier (p.74, p.101), Olivier Miche (p.102), Loris von Siebenthal (p.21, p.31, p.73, p.77, p.79, p.80). Jean-Jacques Steiner (p.20) Graphisme District Creative Lab — Samuel Galley Traduction anglaise Karen Cooper Photolithographie Images3 Publicité info@district.swiss Copyright © 2023 helvet magazine, tous droits réservés. Tous les textes et visuels publiés sont soumis au droit d’auteur. Leur reproduction, en tout ou partie, est strictement prohibée, sauf autorisation expresse des ayants droit respectifs. Cover André Meier | Prochaine édition Été 2024 I Dans la même collection : helvet magazine Zermatt et Verbier, livre helvet Verbier | shop sur helvet.swiss
12 News Été 2023 18 Genève, au fil de l’eau Lac, fleuve et au-delà 24 Au sommet de Genève Cent quarante mètres et des embruns 28 La Genève Internationale L’art de vivre à l’échelle mondiale 34 Règles de l’art et innovation L’EHG forme les jeunes à l’excellence 38 Hôtel InterContinental Réinventer l’expérience du luxe 46 Herbert Schott Le magicien de l’InterContinental 50 Rooftops de Genève 52 Petite anthologie du bien-manger 58 KA/NOA 100 % Made in Italy 62 News Été 2023 64 Portfolio Karine Bauzin, Fenêtres sur l’intimité 72 À l’heure de la baignade Genève, côté plages 78 Les Bains des Pâquis Volupté et poésie à fleur d’eau
Sommaire
vent dans les voiles Genève sur le chemin de la Coupe de l’America
80 Du
force tranquille de l’économie genevoise
Journe
comme un maître horloger
déjeuner sur l’herbe Genève,
88 CCIG La
92 F.P.
Libre
96 Un
Living the high life !
CULTURE L’ORCHESTRE DE SUISSE ROMANDE À LA PLAGE !
Il y a parfois eu du bon dans le Covid. C’est pour échapper aux salles de concert fermées que l’OSR s’est aventuré sur le gazon de Genève-Plage pour la première fois, en 2020. Malgré la météo morose de cette édition inaugurale, le succès a permis d’en faire une nouvelle tradition. C’est ainsi que, cette année encore, une partie des 112 musiciens de l’OSR s’installera sur une scène mobile à Genève-Plage pour trois soirées de musique en plein air, les 17, 18 et 19 août, à 20 h 45 — pour des soirées à tarif très réduit (20 francs) respectivement dédiées au classique, ciné-concert et jazz & crossover osr.ch
GASTRONOMIE UN ESPACE POUR DÉGUSTER LES VINS GENEVOIS
L’été venu, la plateforme en bois du pont de la Machine, tournée face au Rhône, accueille un espace de dégustation pour mieux faire connaissance avec les vins du canton de Genève — et ses bières, aussi. Ouvert en soirée à dates fixes, à partir de fin juin, il est animé directement par les producteurs. En vedette : chasselas, gamay, blondes, mais aussi jus de fruits et en-cas. Un excellente manière de promouvoir les circuits courts. pontdelamachine.ch
GASTRONOMIE LES SÉSAMES DES GOURMETS
Le concept du Passeport Gourmand, né à Lyon dans les années 1980, s’est étendu à tous les cantons suisses romands et jusqu’à Berne. Le principe ? Valide 1 an, il offre jusqu’à 50 % de réduction sur l’addition à deux (hors plats du jour, boissons et jours fériés). Le passeport de Genève, vendu 95 francs, recense pas moins de 142 tables, en ville mais aussi au-delà, en France voisine. La carte L’Assiette Genevoise (90 francs) fonctionne sur le même principe, mais est transmissible et autorise les paiements par carte de crédit. Ses réductions sont en outre valables pour une sélection d’hôtels, activités de loisirs et bien-être. passeport-gourmand.ch | assiettegenevoise.com
VIE
URBAINE
PUCES ET VIDE-GRENIERS
À 10 mn à pied des berges du Rhône et à deux pas du Parc des Bastions, les puces de la plaine de Plainpalais s’animent tous les mercredis et samedis de l’année, plus le premier dimanche du mois. Sous les marronniers et les tilleuls du Mail, s’empile un inventaire à la Prévert : bouquins, fringues et accessoires vintage, vaisselle en porcelaine (ou non), tableaux, bibelots et vieux sabots, bijoux, stand biblique, électronique, paniers et montres à gousset… Certains puciers sont fidèles au poste depuis plus de 40 ans ! Dans la même veine, de mi-mai à début octobre, la municipalité organise « La ville est à vous », des week-ends sans voiture dans les différents quartiers, qui permettent aux vide-greniers d’occuper les rues. Aux Pâquis les 23 et 24 septembre. Aux Eaux-Vices les 7 et 8 octobre, notamment. geneve.ch
VISITES DANS L’INTIMITÉ DU PALAIS DES NATIONS
C’est au nord-ouest du centre historique de Genève, au cœur du vaste parc de l’Ariana, que s’est implanté le siège européen des Nations-Unies (et de plusieurs de ses organismes), dans les anciens édifices de la Société des Nations — érigés dans les années 1930 et depuis complétés de nouveaux bâtiments (totalisant 206’345 m2 !). On peut en découvrir une petite partie au cours d’une visite guidée, à réserver d’autant plus longtemps à l’avance que les travaux de rénovation en cours en ont drastiquement limité le nombre. Des visites privées VIP d’1 h sont également proposées (280 francs).
ungeneva.org
VISITES LES SECRETS DU CERN
Centre Européen pour la Recherche Nucléaire, tel est son nom. Installé Esplanade des Particules (!), à la frontière franco-suisse, voici l’un des plus importants laboratoires scientifiques du monde. Sa mission : comprendre l’univers à travers l’étude des particules fondamentales. À défaut de maîtriser toute la complexité de ses travaux, des visites guidées gratuites permettent de s’en faire une petite idée — et de voir le Synchrocyclotron, l’ancêtre du célébrissime Grand collisionneur de hadrons du CERN, le plus grand et le plus puissant accélérateur de particules au monde, formant un anneau de… 27 km ! visit.cern/guided-tours-individuals
GASTRONOMIE LE REFETTORIO, GASTRONOMIQUE ET SOLIDAIRE
Installé rue de Lyon, près du parc des Franchises, Le Refettorio s’est donné pour mission d’offrir aux moins favorisés une cuisine contemporaine haut de gamme. Impossible ? Pourfendeur des injustices sociales à la tête de sa propre fondation d’utilité publique, l’ultradynamique Walter el Nagar, alias « Mad Chef », gratifié d’un 15/20 au Gault&Millau dans son établissement précédent, s’y emploie en facturant à prix normal (36 francs) les menus (omnivore ou végétarien) servis à tous le midi en semaine, pour pouvoir proposer 400 repas hebdomadaires gratuits le soir aux bénéficiaires d’associations locales. Une soupe populaire 2.0, en quelque sorte ! Dons et bénévoles sont les bienvenus. refettoriogeneva.org
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CULTURE
CURE DE JOUVENCE DANS LES MUSÉES GENEVOIS
Institution de référence, située à la charnière des villes haute et basse, le monumental Musée d’Art et d’Histoire (MAH) de Genève est dépositaire d’une collection encyclopédique de 650’000 objets d’archéologie, beauxarts, horlogerie et arts appliqués. Parmi les plus grands de Suisse, il est pourtant à l’étroit dans son bâtiment actuel, inauguré en 1910. Après un faux départ en 2016, restauration et agrandissement (de 6’000 m2) sont enfin à l’ordre du jour, avec adjonction, notamment, d’un campus muséal et d’un jardin paysager. Prochaine étape : le lancement du concours d’architecture, en septembre. Livraison prévue en 2030. Parallèlement, viennent de débuter les travaux préparatoires à l’extension du Muséum d’Histoire naturelle, qui devrait, elle, s’achever en 2027. museesdegeneve.ch
FESTIVALS
LA LAKE PARADE FAIT SON RETOUR
Lancée en 1997, suspendue 20 ans plus tard, la grande fête techno de Genève renaît de ses cendres ! Annoncée pour le samedi 15 juillet, elle débutera comme auparavant au parc Mon-Repos, autour d’une bonne dizaine de chars, pour se dérouler jusqu’à l’esplanade faisant face à la plage des Eaux-Vives — cadre, avec le quai Gustave-Ador, de la Lake Sensation, le plus grand open air de Suisse romande. Le lendemain 16 juillet, la manifestation se terminera par un brunch en musique (latino et 80s), dans une ambiance plus familiale. lakeparade.ch
FESTIVALS LA BÂTIE, 47 e ÉDITION
Tout Genevois qui se respecte vient y faire un tour. Né dans les années 1970 à Carouge dans la veine des « festivals libres », puis longuement installé au Bois de la Bâtie, ce rendez-vous culturel pluridisciplinaire ratisse large. Musique, théâtre, danse, cabaret, cirque, performances, le programme, du 31 août au 17 septembre, est chargé : pas moins d’une soixantaine de créations originales, à tendance alternative, à découvrir dans une multitude de lieux du canton et de la proche région, sur scène comme sur l’herbe !
batie.ch
ÉCOLOGIE GENÈVE AÉROPORT PASSE AU VERT
Fin 2022, Genève Aéroport s’est embarqué dans une aventure majeure : se raccorder, d’ici trois ans, au réseau hydrothermique GeniLac pour réduire (drastiquement) sa consommation d’énergies fossiles et effacer ainsi 60 % de son empreinte carbone annuelle. Ce mode de climatisation durable, dont bénéficient déjà l’ONU, le CICR et le HCR, est alimenté par les eaux du Léman, qui permettent de rafraîchir les bâtiments ou de les chauffer à l’aide de pompes à chaleur. La nouvelle aile Est de l’aéroport est conçue pour être directement raccordée. Le réseau GeniLac alimentera aussi plusieurs quartiers, permettant à Genève de s’affirmer parmi les villes suisses leaders de la transition énergétique.
gva.ch
ÉTÉ 2023
L’INTIMITÉ est aussi
au menu
Un voyage incroyable vers une destination exceptionnelle. Votre propre suite privée de luxe en Première Classe, un repas gastronomique servi à tout moment et des sièges en cuir souple qui se transforment en lit parfaitement plat pour vous reposer afin d’arriver frais à votre destination. Vos vacances commencent avant même d’arriver. Offrez-vous la Première Classe Emirates.
emirates.ch
HORLOGERIE CHANGEMENT DYNAMIQUE POUR ZBINDEN
Représentant la 4e génération d’horlogers, Olivier Zbinden annonce un changement dynamique pour la boutique familiale implantée depuis 1944 au 17 de la rue du Mont-Blanc, à quelques pas de la gare de Genève, en un lieu où défilent chaque jour près de 60’000 personnes. Clientèles touristique et locale pourront désormais compter sur un écrin présentant uniquement six marques horlogères prestigieuses — ravies de ce recentrage bien réfléchi — dans un espace plus élégant, au design épuré, revalorisant les horlogers partenaires via des corners accueillants et personnalisés. montre-geneve.ch
GASTRONOMIE L’ITALIE AU CŒUR DE GENÈVE
Retrouver le meilleur de l’Italie au cœur de Genève, c’est possible ! Située 11 boulevard du Pont-d’Arve, l’épicerie fine Saveurs d’Italie est le lieu incontournable de la ville où dénicher tous les produits traditionnels et typiques de la Botte. Vins, charcuterie, fromages et pâtes, sans oublier les nombreux autres éléments de la gastronomie italienne tels que les antipasti, tout est directement importé de chez les meilleurs producteurs d’Italie. La belle plus-value des lieux : la restauration sur place possible sur réservation préalable. Une grande table façon table d’hôtes accueille la clientèle autour de plats du jour tout aussi fins et chaleureux que l’Italie elle-même. Buon Appetito ! saveursditalie.ch
GASTRONOMIE DU FROMAGE, À SE DAMNER
La Halle de Rive rappelle les Halles Paul Bocuse de Lyon ou celles d’Östermalm à Stockholm. L’escale idéale pour faire le plein de victuailles. À la fromagerie Bruand, pilier de ces galeries genevoises, plus de 300 variétés de fromages sont proposées — dont une stracciatella de bufflonne et un brie à la truffe qui méritent le détour. Sans (aucune) hésitation. fromage-bruand.ch
SHOPPING CASA ANDREA, LA FRIPERIE CHIC
Raphaëlle Lota, créatrice du concept store genevois Casa Andrea, est férue des arts de la table, de brocante et d’objets originaux et uniques. Dans sa boutique du 10 rue Verdaine, les articles de décoration aux couleurs vives partagent l’espace avec une sélection chatoyante et exclusive de vêtements, de pièces vintage et contemporaines, de créations d’artisans d’ici et d’ailleurs. En boutique, notamment : de belles santiags Jessie Western, des bagues signées Jacquie Aiche ou encore des tricots de cachemire d’Écosse Barrie… De parents américains et égyptiens, Raphaëlle draine sur son héritage culturel pour fusionner designs amérindien, moyen-oriental et new age. Il y en a assurément pour tous les goûts. casaandrea.store
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Genève, au fil de l’eau
Lac, fleuve et au-delà
Texte Claude Hervé-Bazin
Photos Genève Tourisme
Genève a grandi à l’extrémité ouest du Léman, précisément là où le lac se déverse dans le Rhône. Un emplacement de choix, les pieds dans l’eau !
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Stratégiquement établie au débouché du Léman dans le Rhône, Genève s’est très tôt faite lieu d’échanges. Échange de biens, d’abord. Puis d’idées. De quoi faire d’elle une ville tolérante, une ville-monde, cosmopolite et conquérante.
Vu d’avion, il est déjà là, dans sa grande baignoire coincée entre Alpes et Jura. Lac de Genève ou lac Léman ? Appropriation ! râlent les Vaudois et les Savoyards, jaloux de leurs mètres cubes. Lake Geneva disent pourtant les Anglais, mettant la ville au premier plan. Genfersee renchérissent les Germaniques. Une chose est sûre : on évitera de dire lac Léman. Redondant. N’en déplaise aux Romains, « léman » signifie déjà « lac »… Mais tout ça, c’est du celte !
LACUS LEMANUS
À chacun son océan. Pour Genève, le Léman, c’est déjà la mer, le sel en moins. Une mer intérieure de 581,3 km2, atteignant une profondeur bien supérieure à celle de la Manche (309,7 m). Plus grand lac d’Europe de l’Ouest, le Léman est si vaste qu’il subit même des marées, certes limitées, de 4 mm… Côté canton de Genève, on se concentre sur le bout étroit, le Petit-lac, ainsi défini par opposition au Grand-lac étendu au-delà de Nyon, plus large et profond — longtemps appelé « lac de Lausanne », histoire de tout compliquer…
Pour le fantasque Rabelais, c’est le géant Gargantua qui le creusa pour étancher sa soif. Les géologues s’inscrivent en faux. Le Léman, c’est un souvenir, disent-ils. Le souvenir du phénoménal glacier du Rhône qui, il y a 15’000 ans, recouvrait encore l’actuel emplacement de la ville de quelque 700 m de séracs ! Si la physionomie des lieux a bien changé, cette grande cuvette de 89 km3 est encore alimentée aux trois-quarts par le fleuve — qui y pénètre au sortir du Valais pour en ressortir à Genève avant d’entamer sa longue course française vers la Méditerranée.
UN OCÉAN DE POSSIBILITÉS
Est-ce déjà le cœur de ville ou son séduisant préambule ?
Là où s’achève le Léman se creuse la rade de Genève. Un entonnoir, délimité rive droite (côté palaces) par la jetée des Bains des Pâquis et, rive gauche (côté jet d’eau), par celle du port-plage des Eaux-Vives. Navettes lacustres des mouettes genevoises, vapeurs historiques et bateaux de la CGN, barques du Léman, bateaux-taxis, voiliers et catamarans,
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Le Rhône est un boulevard qui unit plus qu’il ne sépare, et les Alpes, en toile de fond, rappellent la position singulière et privilégiée de la ville, charnière.
tout ce qui flotte barbote dans ce chaudron-là. Sans oublier les pierres du Niton, deux blocs de granite émergés, déposés par le glacier il y a une bonne dizaine de millénaires, sans doute descendus du mont Blanc !
Bains au nord, plages au sud, on se baigne. On se promène aussi sur les larges quais, butinant de terrasse en terrasse, en compagnie des goélands, des cygnes et des canards. À la belle saison, les lieux éphémères resurgissent, dans une ambiance bon enfant et souvent musicale. Verre en main, on zyeute déjà le Jardin Anglais et son iconique Horloge fleurie — symbole de la tradition horlogère genevoise. Séquoia, magnolia et tulipier y font la cour à une fontaine de 1863 dument placée sous le signe de Neptune. Dans l’axe, la vieille ville s’agrippe à sa colline. C’est sur ce roc, ce pic, cette péninsule, à l’abri des eaux, que la Genève médiévale a grandi, autour de sa cathédrale. Vus du sommet des 157 marches menant au clocher, 1 million de Genevois occupent l’espace.
L’EXUTOIRE
Genève, en gaulois, c’est « l’embouchure ». En ligure, « l’endroit de l’eau ». Beaucoup d’eau a coulé sous le pont du Mont-Blanc depuis sa première version en tôle, lancée là en 1862. Voilà l’exutoire. Une frontière, en quelque sorte. D’un côté le lac, de l’autre le Rhône, avec l’île Rousseau pour témoin ; un confetti caréné de béton, étrave face au courant, où un bouquet de platanes fait de l’ombre au célèbre philo -
sophe (Jean-Jacques), « citoyen de Genève ». Une passerelle y mène depuis le pont des Bergues, réservé aux piétons. À l’automne, des milliers d’étourneaux crèchent là à grand bruit, en chemin vers le Sud, eux aussi.
En aval, le fleuve avale un ancien banc de sable, depuis longtemps construit, simplement baptisé L’Île. Jules César y détruisit un pont en 58 avant J.-C. pour empêcher le passage des Helvètes. Bien d’autres ont poussé depuis, dans cette zone longtemps industrieuse. Suivent l’ancien Bâtiment des Forces Motrices, qui donna vie au premier jet d’eau genevois, puis le barrage du Seujet, avec écluse, échelle à poissons et… passe à castors (!).
Le Sentier du Rhône se déroule peu après, rive gauche, à l’abri du trafic. La chlorophylle y chasse peu à peu le béton. Bancs, gazon et barbecues invitent à l’escale, sur fond de graffs, pieds dans l’eau — une eau turquoise et limpide, pleine de promesses. Les jours de canicule, certains osent le plouf et dérivent sur de grosses bouées. Mais voilà déjà la pointe de La Jonction : Rhône à tribord, Arve à bâbord, au lit trouble et glacé, qui jette son froid. Au-delà, 12 km de méandres se déroulent jusqu’au barrage de Verbois. Fuligules morillons, renards, blaireaux et martins-pêcheurs, Genève y retrouve un vrai goût de nature.
geneve.ch
Rhône bleu et limpide à gauche, Arve brunâtre et trouble à droite... Il faut quelques centaines de mètres, passé la pointe de la Jonction, pour que leurs eaux se mêlent enfin.
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Au sommet de Genève
Cent quarante mètres et des embruns
Texte Daniel Bauchervez
Photos Genève Tourisme
Signature visuelle de Genève, le grand jet d’eau
Douche garantie. Le parapluie n’y fait rien. Volatilisée en milliards de particules, l’eau devient nuée, enveloppe, imprègne, comme au cœur d’un Niagara urbain. Pour voir le jet d’eau de près, il faut risquer le torticolis. Dérouler la large jetée en bois, pour saisir toute la force de cette monstrueuse colonne d’eau et sentir les embruns s’accumuler. Un coup de vent et, hop, le panorama se transforme en cataracte.
À la fin du XIXe siècle, Genève est en plein boom industriel. La population augmente rapidement et les besoins aussi. Une usine hydraulique est alors bâtie sur le Rhône, à La Coulouvrenière, pour alimenter la cité et ses artisans en eau. D’un moment de la journée à l’autre, toutefois, la demande varie et, le soir, quand les ateliers ferment leurs portes, la surpression menace les tuyaux d’alimentation. Une solution originale est trouvée : une vanne libère le surplus sous pression… en formant un jet d’eau.
Le panache, qui s’élève alors à une trentaine de mètres, devient vite attraction. Et lorsque, quelques années plus tard, le jet perd son usage technique, il est décidé de le conserver. Il déménage toutefois, à l’extrémité de la jetée des Eaux-Vives, au cœur de la rade. Le voilà propulsé à
90 m de haut, avec quatre « branches » latérales (comme un arbre !) et bientôt éclairé pour célébrer, le 1er août 1891, les 600 ans de la Confédération.
En 1951 est installé un nouveau mécanisme — toujours en usage. Le jet, séparé du réseau d’eau potable, est désormais directement alimenté à la source du lac et culmine à… 140 m ! Un record, à raison de 7 tonnes d’eau et de microscopiques bulles d’air suspendues à tout instant. Joli, mais techniquement compliqué. Pour atteindre une telle hauteur, l’eau est projetée par une buse de 16 cm de diamètre, à près de 200 km/h et à raison de 500 litres par seconde, pour une culbute qui dure en tout et pour tout 16 secondes.
Fendant le ciel de son blanc halo du matin jusqu’en fin de soirée, le jet d’eau entre parfois en sommeil lorsque la bise ou le joran se font trop violents, ou que le mercure plonge sous le point de gel… au risque de se transformer en canon à neige ! Avant 2003, il hibernait même durant quatre mois. Seuls cinq hommes, tous retraités des Services Industriels de Genève — qui assurent les services essentiels de la ville —, ont ce pouvoir de décision. Seuls eux ont le droit d’allumer et d’éteindre l’incendie liquide.
arrosant la rade, culminant à 140 m de hauteur, est le plus ancien au monde. Un véritable monument liquide, né du hasard, qui symbolise aujourd’hui les ambitions et le dynamisme de la cité.
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La Genève Internationale
L’art de vivre à l’échelle mondiale
Texte Yannick Nardin Photos Genève Tourisme
La création du CICR il y a 160 ans marque le début de la métamorphose humanitaire et internationale de Genève. Elle se développe considérablement au sortir de la Première Guerre mondiale, puis se diversifie selon les problématiques émergentes. En matière de gouvernance planétaire, la « Suisse internationale par Genève », comme la nomme le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), devient incontournable et, bientôt, la Cité de Calvin joue avec les plus grands sur l’échiquier mondial, accueillant réunions et décisions à impact global.
Quelques chiffres s’imposent… et en imposent ! Aujourd’hui, pas moins de 750 ONGs et 52 organisations internationales sont implantées en ville, ainsi que les missions permanentes de 179 états. Ces entités drainent quantité de fonctionnaires internationaux, diplomates et représentants de la société civile — environ 32’000 — qui, en retour, ont contribué et contribuent toujours à façonner la ville en profondeur, impactant l’urbanisme comme la culture locale. Avec toujours, en filigrane, ces valeurs qui sous-tendent l’action internationale : paix et engagement en faveur de l’humanité.
LA RÉVOLUTION HUMANITAIRE
Convaincre les gouvernements de secourir les soldats blessés, amis ou ennemis — quel changement de perspective ! Et pourtant, c’est bien ce que professe le Genevois Henry
Dunant, choqué par les horreurs de la bataille de Solferino (1859), en Lombardie. Une première réunion a lieu à Genève en février 1863 : les prémices du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). L’action, Dunant en est convaincu, doit avoir lieu sur le terrain : il propose donc de créer des sociétés nationales de secours, et même de seconder les services médicaux militaires. Le comité parvient in fine à décider les représentants des gouvernements à adopter, en août 1864, la Ire Convention de Genève. Les armées des pays signataires ont désormais l’obligation de soigner tous les soldats blessés, quel que soit leur camp. Sur le champ de bataille, l’emblème de la croix rouge sur fond blanc distingue dès lors ces services médicaux d’un nouveau genre. Cette véritable révolution humanitaire plante les premières graines d’une longue tradition genevoise.
Durant la Première Guerre mondiale, le CICR affirme son rôle-clé. En 1919, sur décision des pays vainqueurs, Genève devient le siège du BIT (Bureau international du travail) et, surtout, de la Société des Nations — prélude à l’installation du siège européen de l’ONU en 1945. Dès 1927, l’Institut des Hautes Études Internationales (HEI) ouvre ses portes. Un document de la cérémonie d’ouverture relate : « À la Société des Nations, on fait non seulement des humanités, mais de l’humanité ! L’étudiant comprendra cet énorme travail et pourra servir la grande œuvre de la paix ».
PALPITANTE DIPLOMATIE
Instrument précieux et plateforme de première importance pour la politique extérieure de la Suisse, la Genève internationale est étroitement liée au rôle de médiateur du pays dans la diplomatie mondiale. Ainsi, fait peu connu, lors de la Révolution iranienne de 1979 et la prise d’otages de 52 diplomates et personnels de l’ambassade américaine de Téhéran qui s’ensuivit, la Confédération endossa-t-elle le rôle de représentant des intérêts américains en Iran par l’intermédiaire de son ambassadeur dans le pays, Erik Lang — qui s’improvisa « facteur » entre Washington et le chargé d’affaires américain retenu captif. Le président américain Jimmy Carter le consulta avant ses conférences de presse, ainsi que l’ambassadeur suisse à Washington, Franz Muheim. Cette action valut à la Suisse le mandat des « bons offices », défini dans la charte des Nations Unies comme toute « initiative diplomatique ou humanitaire entreprise par un pays tiers ou une institution neutre dans le but de résoudre ou de surmonter un conflit bilatéral ou international. »
DES RENCONTRES ÉLECTRIQUES
Haut lieu de la diplomatie caractérisé par la neutralité suisse, Genève a vu signer des documents majeurs, à commencer par les traités des Conventions de Genève de 1949, qui ont posé les bases du droit humanitaire international. Mais la ville a aussi été le théâtre de rendez-vous politiques
essentiels, notamment entre trois des présidents américains (Carter, Bush et Clinton) et leur homonyme syrien, Hafez el-Assad, pour tenter de démêler l’imbroglio moyen-oriental. En 1985, à Genève toujours, Reagan et Gorbatchev s’efforcèrent d’en finir avec la dangereuse course aux armements (nucléaires). Un moment historique scellé par une poignée de mains — un tournant particulièrement important dans les relations internationales. Pour l’événement, 3’000 journalistes séjournèrent à Genève et la réputation d’hôte de la ville et de la Suisse s’en trouva renforcée.
Plus récemment, en 2021, la cité a accueilli Joe Biden et Vladimir Poutine, dans un contexte de sécurité maximale. Le parc de la Grange fut pour l’occasion entièrement barbelé et tout le quartier attenant bouclé, avec bateaux militaires sur le lac et tanks à terre ! L’occasion, surtout, d’une prise de contact pour, selon les mots de Poutine à la télévision russe, « rétablir [les] relations personnelles [avec Joe Biden, qui l’avait traité publiquement de « tueur »], améliorer le dialogue direct, créer des mécanismes fonctionnels sur les sujets d’intérêt commun ».
UNE COMPÉTENCE ATTIRE L’AUTRE
La singularité de la Genève internationale s’étend bien au-delà de l’action diplomatique et humanitaire. Étroitement connectée aux problématiques globales, la ville s’est affirmée comme pôle de compétence en matière de paix, de sécurité et de
Une monumentale chaise à trois pieds plantée devant une allée de drapeaux du monde entier, quantité d’ONGs et de voitures diplomatiques, des quartiers bouclés pour visites stratégiques, des clubs et des supermarchés où l’on parle l’anglais… mais surtout, une extraordinaire tradition d’engagement en faveur de la paix et de l’humanité. Aucun doute, l’ADN de Genève est profondément international. Décryptage d’une ville qui pulse au rythme du globe.
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désarmement, d’action et de droit humanitaire, de droits de l’homme et de migrations, mais aussi de droit du travail, d’économie, de commerce, de science et de télécommunications, de santé, d’environnement et de développement durable. Le CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire) s’est établi en périphérie en 1954 et y a enfanté le web en 1989. Le Forum économique mondial (WEF) y possède depuis 1973 ses superbes quartiers surplombant le lac à Cologny. La cause écologique a aussi trouvé à Genève un terreau fertile. Pour présenter en 1987 devant l’assemblée générale des Nations Unies le rapport Brundtland, qui inaugura le terme de « développement durable » et fut à l’origine du premier Sommet de la Terre, la commission procéda à de nombreuses auditions à Genève — d’ONGs, de gouvernements, de civils sur les questions relatives au développement et à l’environnement telles que forêt, énergie, agriculture et transfert de technologies. Puis, en 1988, le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) s’est installé en ville.
Aujourd’hui, ce sont les nouveaux acteurs du domaine de la santé qui profitent du pôle de compétences de la Genève internationale, comme l’alliance GAVI, créée pour faciliter l’accès à la vaccination des enfants vivant dans les pays les plus pauvres du monde, ou la DNDi (Drugs for Neglected Diseases initiative), qui encourage la recherche sur les maladies tropicales négligées.
URBANISME INTERNATIONAL
Situé à l’entrée nord de la ville, à proximité de l’aéroport de Cointrin, le quartier des Nations s’est développé dès 1926 avec l’arrivée du BIT (Bureau International du Travail) au centre William Rappard. Premier bâtiment à être construit pour les organisations internationales à Genève, l’édifice accueille aujourd’hui le siège de l’OMC (Organisation mondiale du commerce). Le Palais des Nations a pour sa part été bâti en 1936, précédant l’apparition du Centre International de Conférences de Genève (CICG) en 1973 et, plus récemment, du Campus de la Santé mondiale (2018).
Parmi les lieux incontournables à visiter à Genève, la vaste Place des Nations s’étend devant la longue allée de drapeaux menant à l’entrée de l’ONU. Cette singulière esplanade, désormais coincée entre des axes routiers hautement fréquentés et des voies de bus et de trams, n’en conserve pas moins une position stratégique et accueille de fréquentes manifestations. Une chaise monumentale haute de 12 m, la « Broken Chair », s’y tient sur trois pieds, le quatrième brisé. Commandée par Handicap International à l’artiste Daniel Berset, cette œuvre en bois de 5,5 tonnes symbolise le refus des mines anti-personnel et des armes à sous-munitions. Elle incarne aussi l’appel de la société civile — révoltée par les horreurs de la guerre — aux chefs d’États en visite à Genève.
Installée en 1997 sur la Place des Nations, la « Broken Chair » de l’artiste suisse Daniel Berset n’aurait dû y demeurer que quelques mois, jusqu’à la signature du Traité d’Ottawa qui interdit l’acquisition, la production, le stockage et l’utilisation de mines antipersonnel.
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ART DE VIVRE : L’IMPULSION DES « EXPATS »
Quelque 32’000 fonctionnaires internationaux vivent à Genève, auxquels s’ajoute une foule d’expatriés séduits par la réputation de la Cité de Calvin en tant que centre universitaire et de recherche, mais aussi en tant que pôle économique hébergeant de nombreuses multinationales. Forte d’une longue tradition bancaire, et de son rôle important dans le négoce et le financement du commerce mondial — avec 500 sociétés de trading —, Genève attire une multitude de talents venus de tous les horizons. Leur influence se retrouve partout, notamment dans l’éducation, favorisant la dynamique des écoles privées, qui offrent l’accès à des programmes scolaires étrangers. En 2020, ils étaient 8’500 élèves non-nationaux à les fréquenter (65 % des effectifs inscrits en école privée).
Toute cette population aux goûts d’ailleurs donne aussi l’impulsion nécessaire au développement de loisirs bien spécifiques. En ville, mieux vaut parler l’anglais pour s’adonner à certains hobbies ! Officieusement devenu la seconde langue de la ville, il permet de communiquer avec l’importante population non-francophone — que ce soit dans les clubs de sport comme Holmes Place, dans les studios de yoga, ou encore dans les centres de CrossFit. Certains lieux attirent tout particulièrement les expatriés, à l’image du club de frisbee ! Très apprécié dans les universités du monde entier,
Face à l’immense Cour d’honneur du Palais des Nations, la Sphère céleste, érigée en 1939 au moment même où était déclenchée la Seconde Guerre mondiale, en est venue à symboliser la coopération internationale et la quête de la paix.
il continue à être pratiqué à Genève par des doctorants, des avocats en droit international, des fonctionnaires internationaux ou des chercheurs du CERN !
Outre le quartier des ONGs, deux autres secteurs de la ville vivent sur un tempo international. Cologny, où de nombreux VIP et VVIP venus des quatre coins du globe ont établi leur « base » de luxe. Mais surtout Les Pâquis, le plus multiculturel, stratégiquement situé entre le lac et les quartiers des ONGs et du Sécheron. Expatriés, fonctionnaires internationaux, étudiants et Genevois de père en fils s’y côtoient pour une baignade ou un sauna aux Bains des Pâquis, une promenade le long du lac et dans les parcs, ou pour goûter aux innombrables saveurs proposées par les tables des environs. En toute paix et humanité, évidemment !
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Règles de l’art et innovation
L’École Hôtelière de Genève forme les jeunes à l’excellence
Texte Yannick Nardin Photos Rebecca Bowring | Patrice Moullet
Chignons tirés et barbes taillées, à l’École Hôtelière de Genève, l’art et la manière prennent un visage traditionnel assumé. Ce maintien histo -
rique, ancré dans un terroir genevois profondément international, n’empêche pourtant pas d’ausculter les tendances de demain.
CICR, ONU, ambassades des États-Unis et de Turquie… le voisinage de l’École Hôtelière de Genève (EHG) reflète tout autant l’envergure internationale du quartier que celle de l’établissement. Spécialiste de la restauration et de l’hôtellerie (appartenant au groupe GastroSuisse), l’EHG a fait sa place à Genève depuis 1951, dans une élégante villa datant de la fin du XVIIIe siècle. Sa localisation pour le moins unique lui permet d’offrir quotidiennement ses services aux organisations non-gouvernementales, aux diplomates, aux hôtels, aux entreprises régionales, multinationales et autres illustres mandataires. Mais cet ADN sans frontières va de pair avec une âme profondément familiale, souligne Susanne Welle, sa directrice. Dans ce « bijou d’école », ainsi qu’elle le surnomme, l’enseignement est dispensé en français — une rareté dans le domaine — à quelque 200 étudiants. Au-delà du paradoxe apparent, un positionnement unique, entre respect des usages et impulsions progressistes.
HONORER UN SAVOIR-FAIRE HISTORIQUE
Dans l’environnement très concurrentiel des écoles hôtelières, l’EHG cultive la fidélité aux traditions, combinant l’art de recevoir à l’acquisition de compétences managériales. Ainsi, le cursus – couronné par un diplôme d’école supérieure au terme de trois ans – inclut des passages obligés en cuisine, au service et dans la préparation des chambres d’hôtel. «Nos mandataires apprécient beaucoup que nos étudiants maîtrisent cette grammaire de l’excellence» relève Susanne Welle, qui a elle-même forgé son expérience au fil de plusieurs institutions helvétiques. Les plus enclins à effectuer des «extras» profitent ainsi de nombreuses opportunités.
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Deux pavillons modernes, baignés de lumière naturelle, abritent les salles de cours équipées des dernières technologies.
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«Nous proposons des services sur-mesure: privatisation de notre restaurant historique Vieux-Bois, réceptions, cocktails, séminaires de team building, ateliers de savoir-faire et de savoir-être ou événements œnologiques.» Grâce à ces prestations, les élèves peuvent aiguiser leurs compétences au contact d’une clientèle internationale exigeante.
La formation se divise ainsi à parts égales entre théorie et pratique. « L’EHG forme ses étudiants pour qu’ils soient aptes à plonger directement dans le monde du travail ; nous tenons beaucoup à ce côté ‘plug and play’ », explique Susanne Welle. L’EHG a d’ailleurs conclu en mars 2023 un partenariat étroit avec le Geneva Marriott Hotel, devenu « hôtel d’application ». Son directeur, Pierre-Henri Perrin, joue également le rôle de parrain pour certaines volées d’étudiants, aux côtés d’autres professionnels reconnus du secteur.
PRÉPARER LES JEUNES AUX EMPLOIS DU FUTUR
Qui dit excellence dit aussi expertise en matière de tendances. Formation interne, spécialistes invités, Susanne Welle insuffle du dynamisme à l’EHG à plusieurs niveaux. « Nous initions volontiers des discussions avec les acteurs du marché et ses trends, par exemple celle de ChatGPT, à laquelle l’un de nos professeurs s’est formé. Nous béné-
Le chef Stéphane Faval est au piano des cuisines du restaurant VieuxBois — installé dans l’ancienne demeure de Rodolphe Töpffer, considéré comme l’inventeur de la bande dessinée.
ficions aussi de précieuses informations sur l’état de l’industrie grâce au propriétaire de l’école, GastroSuisse. » En outre, lors des « start-up Bootcamps », créés il y a près de trois ans, les étudiants planchent lors de deux journées intenses sur un sujet innovant, avant de le présenter à un jury sous forme de compétition. Quant au travail de diplôme, il consiste à proposer une solution répondant à une problématique rencontrée par une entreprise. « Les étudiants sont ainsi au cœur de l’actualité et manipulent des cas et des chiffres réels. En 2022, nous leur avons par exemple demandé de réfléchir au concept de la restauration interne et de la digitalisation à Palexpo. »
Ce dynamisme se double toujours d’une grande attention aux étudiants. « Du fait de notre ‘taille humaine’, ils bénéficient d’un suivi individuel, précise Susanne Welle. Nous les soutenons dans leurs recherches de stages et les conseillons stratégiquement. Ils bénéficient de plus de notre important réseau d’alumni actifs à travers le monde ». Voilà bien encore l’un des avantages de cette formation tirée à quatre épingles et ancrée dans la Genève internationale : son champ d’application s’étend bien au-delà des frontières.
ehg.ch
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Hôtel InterContinental
Réinventer l’expérience du luxe
Texte Yannick Nardin Photos Hôtel InterContinental Genève
À l’Hôtel InterContinental, la légende n’a rien d’intimidant. Si ses murs respirent l’histoire, et accueillirent éminences politiques et stars planétaires, l’hôtel a repensé ses services, heureux d’accueillir une — encore plus heureuse ! — clientèle locale, dans une atmosphère toujours plus luxueuse. Rendez-vous est pris au bord de la piscine.
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Martin Luther King, le Dalaï-Lama, Sophia Loren… une myriade d’hôtes de renom a séjourné à l’InterContinental, « le » 5 étoiles du quartier des ONGs. Qu’ils y aient fait escale pour prononcer un grand discours, pour une rencontre diplomatique majeure ou juste pour le plaisir, la venue de tels visiteurs a bâti la réputation de l’établissement depuis son inauguration en 1964. Pourtant, bien loin de se retrancher dans l’ombre de ces pensionnaires émérites, l’hôtel continue à évoluer. Tout en demeurant l’un des points d’ancrage de la clientèle diplomatique, qui apprécie autant ses chambres que ses salons, l’établissement a développé une nouvelle offre en réponse à la pandémie mondiale. L’objectif : inciter les résidents genevois à franchir ses — monumentales ! — portes. Directeur depuis 2021, Hans Heijligers déploie ses talents en ce sens, secondé d’équipes pleines d’allant (en témoignent quelques chorégraphies mémorables sur les réseaux sociaux). Les nouvelles ambitions de ce casting très dynamique: davantage d’ouverture au public, des services destinés tout spécialement à faciliter le séjour des familles, ainsi qu’une montée en gamme globale. Pour une expérience encore plus luxueuse — tout simplement.
UN MONUMENT ÉVOLUANT ENTRE LES ÉPOQUES…
La stature de l’InterContinental en impose. De ses pieds, le visiteur lève le regard vers 18 étages — offrant, du sommet, la plus haute vue de Genève. Avec ses 16 salons de
réception, ses 333 chambres et ses 52 suites, l’hôtel possède un aplomb indéniable. Sa suite la plus spectaculaire, La Résidence, où séjourna notamment le président Joe Biden, peut même s’étendre sur l’entier du dernier étage ! Entre autres luxes affolants, elle comprend une salle de sport et de royales baignoires en marbre avec vue sur le jet d’eau. L’architecture d’intérieur a bénéficié, au début de ce millénaire, d’une rénovation monumentale chiffrée à 42 millions de francs. Son maître-d’œuvre ? Le designer Tony Chi, à qui de nombreux cinq étoiles doivent leurs traits et attraits. Souvenir de l’époque de la construction de l’établissement, lorsque le personnel de la compagnie aérienne Pan Am y séjournait aux côtés des jet setters d’alors, la décoration reste authentiquement sixties, avec des pièces rares chinées par le designer aux quatre coins du globe.
Le chantier, achevé en 2013, a permis à l’irrésistible charme vintage de l’hôtel de s’épanouir. Bois, cuir, verre, métal ciselé par le studio d’orfèvrerie parisien Christofle, matières brutes et finement travaillées rythment les espaces. Chaque pièce de mobilier ou de décoration s’insère dans la vision du designer. « Nous consultons régulièrement les guidelines de Tony Chi, pour nous assurer que nous restons fidèles à l’esprit de son travail » explique Alexandra Devilly, directrice communication et marketing. Le résultat se mesure dès le pas de l’hôtel franchi, dans une entrée cathédrale aux
Lors de la rénovation de l’hôtel, le restaurant du 18 e étage a cédé la place à La Résidence, une suite qui peut s’étendre sur plus de 600 m 2
volumes hors norme. Ici, là, la patte du designer est parvenue à exprimer toute la (grandiose) personnalité de cet hôtel à l’atmosphère sixties et pourtant bien dans l’air du temps.
… TOUJOURS PROCHE DES GENEVOIS
Tout aussi gigantesque que soit l’InterContinental, les Genevois n’hésitent pas à l’appeler par son petit nom… « l’Inter » !
« Tout le monde à Genève a une histoire à raconter au sujet de l’InterContinental, sourit Alexandra Devilly. Certains y sont venus pour un bal, pour une cérémonie ou un repas de jubilé — un moment exceptionnel qui les a marqués, d’une manière ou d’une autre. Aujourd’hui, après avoir réimaginé nos services, nous avons à cœur de rendre l’InterContinental ‘moins intimidant’ en offrant davantage de services spécifiquement destinés aux locaux.», ajoute la jeune femme.
La désirabilité auprès de la clientèle genevoise est ainsi stimulée à coups de brunchs opulents, de jus de fruits distillés en bord de piscine et de services pensés pour les familles. Les agapes dominicales affichent complet — seraient-ce les bénéfices collatéraux du service de baby-sitting proposé ?
L’hôtel célèbre aussi le rituel du thé avec d’alléchantes pâtisseries et propose des afterworks cosy dans le bar à vins, à proximité du fumoir naturellement apprécié des amateurs de cigares. « Nous avons également repensé toute l’offre ‘poolside’, notamment avec une restauration méditerranéenne.
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Depuis sa création, la piscine de l’InterContinental est accessible au public. 43
Nous proposons dès l’été 2023 un nouveau concept ‘Chill et Rosé’, combinant entrée piscine, verre de rosé et mezzé du jour, en semaine dès 16 heures. »
Avec ses airs d’escapade tropicale, le potentiel de cette piscine azur ne date pas d’hier. Elle fut d’ailleurs toujours ouverte au public ! Le pape de l’hôtellerie genevoise, Herbert A. Schott, à peine engagé en 1967 par l’InterContinental pour développer la fréquentation de l’établissement, décela immédiatement le magnétisme de ce bassin alors tout juste inauguré. Jamais à court d’idées pour attirer et satisfaire la clientèle, il décida d’offrir l’entrée aux Genevois et aux employés des Nations Unies, embrasant le bouche-à-oreille local.
ANCRAGE LACUSTRE
Au menu de ce nouvel élan « genevois » de l’InterContinental, figure aussi un récent partenariat avec le Bol d’Or Mirabaud — également soutenu par l’horloger Tudor, « petit frère » de Rolex. L’hôtel s’est associé en 2022, pour 5 ans, avec cette régate mythique tenue sur le Léman depuis 1939, la plus importante du monde en bassin fermé. L’InterContinental soutient en outre la Sailing Squad, sa seule équipe féminine, et décerne le prix spécial du monocoque à foil en temps réel.
La nouvelle stratégie de l’InterContinental repose en outre sur une débauche (durable !) de luxe. Sous l’œil aiguisé de Marion Lozac’h, responsable qualité, les attentions aux hôtes se multiplient, pour une expérience haut de gamme jusque dans le moelleux des chaussons. L’espace wellness s’est associé aux soins Spa Cinq Mondes. Deux programmes de fidélisation sont en outre proposés : le « Cercle Gourmet » pour les restaurants de l’InterContinental et du Crown Plaza de Genève, et le « IHG One Rewards » au niveau international (plus de 6’500 hôtels dans le monde). La métamorphose passe enfin par une transition vers davantage de durabilité, favorisant les circuits courts, l’approvisionnement local et limitant les déchets plastiques.
Décidément, à l’InterContinental, la légende sait se réinventer. Sous le slogan Be part of the legend, l’établissement continue, à travers les décennies, à mettre des paillettes dans les yeux de ses hôtes. Nul doute que ses nouveaux services sauront, passez-nous l’expression, « rendre l’Inter aux Genevois ». Une clientèle sans conteste très complémentaire de celle composée d’illustres diplomates et d’exigeantes stars de cinéma. M. Schott appréciera.
Après avoir dirigé le Groupe InterContinental Hotel au Japon, Hans Heijligers a pris la tête de l’établissement genevois en 2021, qui a bénéficié d’une rénovation intérieure intégrale sans abandonner son architecture des années 1960 ni l’esprit de sa décoration d’époque.
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geneva.intercontinental.com
Herbert Schott
Le magicien de l’InterContinental
Texte Yannick Nardin Photos Hôtel InterContinental Genève
En 2024, l’InterContinental soufflera 60 bougies, dont 34 de « vie commune » avec Herbert Schott — l’homme qui fit entrer l’hôtel dans la légende… en y faisant entrer les grands de ce monde ! Sa baguette magique : un extraordinaire sens des enjeux et du service.
Les clichés parlent d’eux-mêmes, témoins du passage des plus grandes célébrités et de politiciens de premier plan à l’InterContinental. Aujourd’hui, négociations et séjours au sommet sont toujours monnaie courante dans l’établissement, idéalement situé dans le quartier des organisations internationales et des ambassades. Les diplomates américains, l’ONU et l’OMC recourent notamment régulièrement à ses services. En 2021, Joe Biden a d’ailleurs séjourné à l’InterContinental, en marge de sa rencontre avec Vladimir Poutine. La réputation internationale de l’hôtel a été construite au fil de plusieurs décennies par un homme clef : Herbert Schott. Entré au service de l’établissement en 1967, puis directeur de 1981 à 2002, il a été le véritable chef d’orchestre de ce positionnement. Retour sur un remarquable parcours.
« CARTE BLANCHE »
En 1967, la carrière du jeune Herbert, né à Cologne et âgé d’à peine plus de vingt ans, se présente sous les meilleurs auspices, après de premières expériences réussies à Paris, Rome, Madrid et Londres. La direction d’un grand hôtel à
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fil des années, « L’hôtelier » Herbert Schott, devenu figure emblématique de la Genève internationale, a rencontré et serré la main de femmes et d’hommes d’exception.
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Los Angeles lui est proposée. Mais c’est finalement l’InterContinental de Genève qu’il choisit, devenant rapidement directeur de la réception — sous l’impulsion de son épouse, désireuse de vivre sous les cieux européens.
À cette époque, les affaires de l’hôtel ne sont pas au mieux, même si Martin Luther King y prononce déjà son discours lors de la conférence sur la paix de 1968. Le directeur d’alors, M. Desbaillet, confie à Herbert Schott le développement du secteur diplomatique. « Une carte blanche m’a été donnée à cet effet », relate Herbert Schott dans ses mémoires, publiées sous le titre « L’hôtelier » et parsemées d’anecdotes. Le jeune homme dresse alors la liste du personnel des organisations internationales et l’invite à se familiariser avec l’hôtel, offrant au passage des entrées pour la piscine nouvellement inaugurée.
SOPHIA LOREN POUR BONNE FÉE
C’est néanmoins le séjour de l’actrice Sophia Loren qui propulse l’InterContinental sur la scène internationale, la même année. L’actrice vit une grossesse difficile ; le spécialiste genevois qui la suit prescrit l’alitement durant 7 mois et un régime strict, exigeant des en-cas réguliers, y compris la nuit. Le producteur Carlo Ponti, époux de la star, se confie à Herbert Schott à propos des difficultés à trouver un hébergement apte à fournir les services requis. Il n’en faut pas plus au génie de l’à-propos pour loger l’actrice dans un appartement à prix avantageux, avec un personnel aux petits soins. Durant son séjour, Sophia Loren reçoit des visites de célébrités du monde entier. L’hôtel lui assure une parfaite sécurité et une totale discrétion face à l’assaut de journalistes venus arracher les premiers clichés du bébé. La réputation de l’InterContinental est faite.
HAUT LIEU DE LA DIPLOMATIE
En parallèle, Herbert Schott s’attache à développer la clientèle diplomatique de l’hôtel. Prêt à tout pour la satisfaire, il va jusqu’à transformer en quelques heures un local à bagages en salle de conférence pour une délégation de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole). Dès lors et pendant plus de 15 ans, l’organisation y tiendra de nombreuses rencontres, faisant même de l’InterContinental le siège de ses conférences en 1976. Herbert Schott a alors la délicatesse de créer quatorze chambres identiques pour tous les représentants des États membres. Brillant !
Fidel Castro, Yasser Arafat, Bill Clinton, Georges H.W. Bush, le président indonésien Suharto, le colonel Kadhafi, Gianni Infantino (directeur de la FIFA), Lady Di… Sous la houlette d’Herbert Schott, puis de ses successeurs, l’InterContinental accueille les plus grands, au fil de rencontres cruciales : Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev en 1985, le Dalaï-Lama et l’Aga Khan en 1988, ou encore Bill Clinton et Hafez el-Assad en 1994. Lors de tels événements, l’hôtel et ses environs sont passés au crible de la sécurité et le quartier généralement bouclé.
En 2002, finalement, Herbert Schott prend sa retraite, quittant du même coup plusieurs conseils d’administration de la région et de l’industrie hôtelière suisse. « Comblé et content de ma réussite genevoise ainsi que d’une carrière (…) commencée comme porteur de valises ! » précise l’intéressé.
geneva.intercontinental.com
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Lors de leurs séjours, les stars appréciaient — et apprécient toujours — la discrétion de l’hôtel. Une valeur cardinale pour Herbert Schott.
RO OF TO PS
Pour découvrir la cité de Calvin sous un autre angle, ces rooftops sont à tester absolument, de jour comme à la tombée de la nuit.
Texte Isabelle Guignet
FOUR SEASONS IZUMI
L’imprenable vue sur le Rhône fourseasons.com
L’Hôtel des Bergues abrite l’un des restaurants les plus prisés de Genève, l’Izumi. Installé l’hiver au dernier étage du bâtiment, l’été venu, il prend place sur le rooftop de l’hôtel, offrant l’une des plus belles vues de la ville et du lac. On y déguste une gastronomie dite nikkei, succulente fusion entre les cuisines japonaise et péruvienne, toutes deux orientées vers les produits de la mer.
MET ROOFTOP LOUNGE
Les rives n’ont plus de secret metropole.ch
Situé en face du Jardin anglais et du jet d’eau, l’hôtel Métropole jouit de l’une des meilleures situations de la ville. Bien installé sur le rooftop, on bénéficie d’un coup d’œil panoramique à 360° sur le parc et les rives du lac. Au bar, il faut déguster la version helvète du Spritz, l’Apérol Swiss, concocté avec du Baccarat, un vin blanc mousseux genevois (chardonnay) aux fines bulles.
ROOFTOP 42
Le nightlife spot immanquable rooftop42.com
On y fait assurément la fête en soirée, grâce aux talentueux DJs des lieux. Mais le Rooftop 42 est avant tout un bar-restaurant qui offre une vue magnifique sur le jet d’eau de Genève. Très prisés, les afterworks sont le meilleur moment pour venir y déguster un cocktail, tout en contemplant la ville et les rives du lac. Le must : les frites à la truffe.
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Petite anthologie du bien-manger
À Genève, des tables ouvertes sur l’horizon
Texte Isabelle Guignet Photos Guillaume Cottancin
Internationale, la ville de Genève a de quoi en mettre plein la vue, et tout autant en bouche. Des établissements étoilés au petit troquet de quartier, nombreux sont les restaurants jonglant entre originalité, exotisme, tradition et innovation.
Célébrée par un 17 / 20 au Gault&Millau, la cuisine élégante et épurée du chef Armel Bedouet à L’Aparté est réservée à un tout petit nombre : pas plus de 15 convives à chaque repas !
AMBIANCE TAMISÉE ET PRODUITS NOBLES
C’est au rez inférieur du luxueux hôtel The Woodward que se trouve le non moins chic Atelier de Joël Robuchon, 1* au guide Michelin, dans une ambiance tamisée de rouge et de noir. Perché sur les chaises du bar — très tendance —, l’œil dévore déjà la carte élégamment élaborée par le chef Olivier Jean, un fidèle du maître, auprès duquel il a travaillé près de dix ans, après avoir fait ses premières armes aux côtés d’Alain Ducasse. Les propositions font la part belle aux produits nobles, tels le homard bleu ou la langoustine, tout en mettant en avant les ingrédients locaux travaillés avec finesse — à l’instar des légumes des Potagers de Gaia, un maraîcher bio situé à Hermance, dans le canton de Genève. Le plat phare ? Le succulent caviar impérial de Sologne accompagné de tourteau, rafraîchis d’une gelée de homard. Une composition aussi élégante qu’excellente. Pour finir en beauté, les talents de Titouan Claudet, chef pâtissier, entrent en scène. Son dada : la viennoiserie !
oetkercollection.com
BISTRONOMIQUE ET SI CHIC !
Non loin du vieux Carouge, aux Acacias, L’Agape porte en lui une promesse. Ce petit restaurant bistronomique tout en convivialité propose une carte succincte, déclinant des plats plus alléchants les uns que les autres, d’une originalité surgie de l’esprit du chef Clément Thellier. Gravlax de bœuf et son caviar osciètre et crème d’estragon. Ris de veau en barigoule. Maquereau umami et ses pâtes au blé noir. Tournedos façon Rossini et sa brioche maison. Et pour terminer sur une note sucrée : ananas poché et laqué, banane chocolat ou pain perdu à la patate douce et vanille. Côté décoration, les lieux offrent une ambiance rétro chic accueillante et chaleureuse. Le vieux carrelage, le gros lustre composé de vénérables casseroles en cuivre et les miroirs dessinent un univers renforcé par les anciennes banquettes en bois au cachet indéniable. De quoi se sentir comme à la maison.
lagape.ch
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EXPÉRIENCE GASTRONOMIQUE AU COIN DU BAR
Sachi, voici le nom du restaurant concept du Mandarin Oriental. Et ce mot est aussi doux à l’oreille que sa signification : « bonheur ». Ici, c’est une véritable expérience que propose Mitsuru Tsukada, à la tête de ce nouvel établissement japonais né en octobre dernier. L’aventure se déroule au comptoir « omakase », qui signifie je m’en remets à vous Formé par le maître Nobu Matsuhisa (des restaurants Nobu), chef du restaurant Izumi à l’hôtel Four Seasons des Bergues durant près de dix ans, le Chef Mitsu y prend un soin tout particulier à contenter les papilles de ses clients en cuisinant des produits de saison (d’ici et d’ailleurs) adaptés à leurs goûts. La carte, variée, propose un menu surprise de 6, 8 ou 10 plats. Chapeau bas aux sushis de bœuf wagyu, ou à ceux à l’écrevisse surmontés de caviar français. Ou encore à la poêlée de champignons teriyaki. De quoi émoustiller les papilles.
mandarinoriental.com
FUSION FOOD VENUE DU NORD
Petite enclave scandinave au Ritz-Carlton Hôtel de la Paix, Geneva, le Fiskebar envoûte le palais des gastronomes avec sa cuisine tantôt iodée, tantôt fermentée puisant dans le vivier des circuits courts et le meilleur de la production locale. La palette nordique s’y enrichit à l’envie de touches méditerranéennes, ébauchant une cuisine fusion originale, matérialisée par des plats tels que le lobster roll, le homard bleu et passatelli, ou encore les French Toast bites. À partir de 6 convives, le menu « Expérience nordique », déroulé en 3 ou 5 temps, explore plus avant les saveurs septentrionales. L’éventail de cocktails innovants et originaux du Fred by Fiskebar n’est pas en reste, ni la carte des vins, proposant de jolies références, dont de nombreuses en biodynamie. Cerise sur le gâteau, la décoration, digne des meilleurs designs d’intérieur scandinaves, séduit par son ambiance réconfortante et accueillante. geneva-fiskebar.com
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KA/NOA, 100 % Made in Italy
Sobre, élégant, décontracté, durable et pratique
Texte Daniel Bauchervez
Photos KA/NOA
Made in Italy, by Humans, for Humans. Ainsi va le slogan de KA/NOA. Fondée par un Transalpin sur les bords du Léman en 2017, la marque pour hommes se veut stylée mais sans effets de manches. Intemporelle, sobre et de qualité. L’idée ? Durer. Conjuguer tous les usages. Et passer, sans détour par la penderie ou la chambre d’hôtel, du rendez-vous professionnel à l’after-work ou la soirée entre amis.
La genèse de KA/NOA est intime et sans prétention. « Ne trouvant pas forcément ce que je cherchais sur le marché, j’ai dessiné et créé mon propre dressing », se remémore Bruno Grande, le fondateur de la marque. « Chaque modèle porte un nom et est comme un nouveau membre de la famille. Et, pour moi, la famille est essentielle ! », précise-t-il. Le nom ? La contraction des prénoms de ses enfants, Kaia et Noah.
KA/NOA est comme ça. Dans la simplicité et dans l’air du temps, tout en même temps. Proche, basique et sophistiqué. Contemporain et sobre en couleurs. Sans motifs. Et sans faute de goût — à l’image de l’emblématique chemise
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Bruno Grande, le fondateur de KA/NOA (à gauche) en compagnie de l’écrivain genevois Joel Dicker (à droite), ami de la marque et de la famille.
Conrad cintrée, au col retourné. Les vêtements de la marque, tendance confortables et infroissables, ont été pensés pour que chaque pièce de la collection puisse matcher avec une autre. Idéal pour boucler sa valise en 5 mn sans faux pas.
DE L’HORLOGERIE À LA MODE
Mais pourquoi se lancer dans la mode ? Pour Bruno Grande, l’itinéraire semble tracé. Entré chez Swatch Group en l’an 2000, il fait carrière dans l’horlogerie. Mais le Piémontais se souvient de la passion de son père, tapissier, pour la couture. De leurs dimanches partagés entre étoffes et coups de craie. Et lorsque le paternel tire sa révérence, KA/NOA devient hommage. Le nom coule de source. Il passe le témoin, d’une génération à une autre. « En italien, il évoque aussi un moyen de transport lent, le canoé. J’aimais cette idée de se laisser voguer, de donner du temps aux choses pour être faites et bien faites. La sensation d’un voyage. De là est né notre manifeste. »
DANS LA MOUVANCE DU SLOWEAR
Antithèse de la fast-fashion, le prêt-à-porter de niche de KA/NOA est aussi chic que responsable. Son essence ? Une authenticité et une identité confinant à la nostalgie — s’inscrivant dans le même mouvement que la slow food, née dans ce Piémont un rien austère qui aime réfléchir avant d’agir. Une volonté de s’inscrire en faux contre le caractère éphémère de la mode et le superficiel.
Ses maîtres-mots ? Long terme. Localisme. Défense des savoir-faire. « Une vraie philosophie », précise Bruno Grande, qui s’acharne à penser et produire des vêtements 100 % Made in Italy. Tissus, boutons (en nacre et corne), fermetures éclairs… 100 %, vraiment, « du fil à l’étiquette » ! « Une folie ! », réagirent les premiers artisans du nord de la Botte consultés. Un cas unique dans la profession, au final, qui a débouché sur des relations de confiance et d’amitié avec nombre d’entre eux — comme Tallia di Delfino, fondé en 1903 à 50 km du Cervin, qui fournit laines d’excellence et tissus d’avant-garde. Derrière chaque élément se cachent des histoires de familles. Les faire travailler, c’est aussi préserver une tradition que l’Italie est en train de perdre.
Petit à petit, KA/NOA fait son nid, avec déjà 5 boutiques à Lausanne, Crans-Montana, Zurich, Verbier et Genève, et une ou deux ouvertures à l’horizon cette année. La vente en ligne, c’est bien, « mais il faut toucher pour comprendre », affirme Bruno Grande. Le style « luxe chuchoté » de la marque s’affirme et fait des émules. Elle habille notamment l’écrivain Joël Dicker — discret client de KA/NOA depuis ses origines. « La naissance d’une belle amitié, très authentique », précise Bruno. Faut-il en conclure que KA/NOA est également sur la voie du best-seller ?
kanoaitalia.com
Luxe et discrétion, intemporalité et décontraction, tout en un, tel est KA/NOA. Derrière le nom, les deux enfants du fondateur : Kaia et Noah. Une vraie affaire de famille.
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SOIRÉES CINÉ (GRATUITES) À LA PERLE DU LAC
La 15e édition de CinéTransat aura lieu du 13 juillet au 20 août, dans le cadre inchangé du parc de La Perle du Lac, face au Léman — plein cadre. Le principe ? Venir avec son pique-nique, s’installer sur l’herbe ou une chaise longue au soleil déclinant et se laisser emporter par l’histoire du jour, projetée sur un écran géant gonflé sous vos yeux. Courts et longs métrages, productions suisses et internationales, blockbusters et films d’auteurs, il y en a pour tous les goûts. L’expérience, hautement interactive, commence souvent en musique, à danser les pieds dans l’herbe. Jeune, convivial et dé-con-trac-té ! cinetransat.ch
VIE URBAINE LAISSEZ LES BONS TEMPS ROULER
Vous en rêviez, Genève l’a fait. Pour mieux célébrer l’été, la municipalité met (gratuitement !) à disposition des Genevois et des visiteurs des centaines de chaises longues dans plusieurs parcs de la ville, en juillet-août. On en retrouve jusque sur le quai Gustave-Ador, rive gauche de la rade. Des activités conviviales sont aussi organisées. geneve.ch
ÉCOLOGIE LA VÉGÉTALISATION DE LA VILLE BAT SON PLEIN
Apportant sa pierre à l’édifice du combat contre le réchauffement climatique, la ville de Genève a adopté un ambitieux plan stratégique de végétalisation, qui fait écho à ses différents autres programmes conçus pour favoriser la biodiversité dans les espaces verts de l’agglomération. Il s’agit notamment d’aménager des corridors boisés qui permettent aux espèces de circuler, mais aussi et surtout de lutter contre les îlots de chaleur en période de canicule, de fixer le CO2 et de contribuer à atténuer le bruit. geneve.ch
ACTIVITÉS INSOLITE : LE LANCER DE HACHE
La discipline, lancée en Grande-Bretagne et en Pologne en 2016, commence à faire des émules en Suisse. Le principe ? Viser une cible, comme au tir à l’arc, mais avec une hache ! Nul besoin d’être un gros baraqué ou un bûcheron assermenté pour s’essayer à cette discipline, qui compte désormais ses propres ligues et fédérations. À Genève, ça se passe chez Axvetik, aux Eaux-Vives (17 h-21 h mardi-vendredi, 11 h-21 h le samedi, 14 h-18 h le dimanche). Compter 80 francs l’heure pour 3 personnes maximum.
axvetik.com
ÉTÉ 2023
VIE URBAINE
nobis.ch
Karine Bauzin, Fenêtres sur l’intimité Un regard curieux et bienveillant sur les hommes
L
P T
O F I R O O
Texte Daniel Bauchervez Photos Karine Bauzin
En haut : Jacqueline, 14 mai, 10 h 35, entrée de Genève-Plage, enthousiaste de retrouver sa cabine pour une nouvelle saison. En bas : Jean-Pierre, Georges, Nicolas et Georges, 4 juin 2022, 16 h 50, entament leur 6 e partie de jass.
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29 juin, 14 h 10, une tranche de pastèque pour combattre les 33°C… 25 août, 15 h 48, l’équipe de joueurs de cartes en mode Dalton.
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25 août, 16 h 02, côté lac, réunion au plongeoir des 3 mètres
Mai à septembre 2022, extraits d’une saison estivale des encabanés à Genève-Plage.
À 20 ans, à l’âge auquel la vie et les envies bouillonnent, Karine Bauzin subit une rupture d’anévrisme. « Je me suis retrouvée sans moyen de communiquer et, dans mon malheur, j’ai eu la chance de découvrir mon métier ! C’est ainsi que je me suis intéressée à la photographie. Idéal pour exprimer ma sensibilité à travers l’image tout en s’intéressant aux autres », se rappelle-t-elle.
L’OMBRE TUTÉLAIRE DE RAYMOND DEPARDON
À l’origine de cette réinvention, une rencontre « révélatrice » avec un monstre sacré : Raymond Depardon. Le photographe français, membre fondateur de l’agence Gamma — pépinière de talents des années 1970-1980 —, l’initie à la photographie de presse et au reportage social, en lui transmettant sa quête d’images « intenses dans leur simplicité et authenticité ». Peu à peu, l’excitant éphémère de l’actualité cède le pas au regard profond du reportage, travaillé au fil des semaines, des mois, des années. « Pour m’immerger plus intensément dans des projets, explorer différents angles et m’accorder du temps pour développer ma vision ». L’idée : s’éloigner de la dictature de l’instant, prendre du recul et affiner son regard sur le monde.
Travaillant largement « à l’instinct », Karine aime traquer les « signes d’absurdité de notre vie quotidienne ». Images décalées ? Esthétiques ? Peu importe, « il s’agit surtout de transmettre une émotion et d’interpeller. » Pas seulement de donner à voir, mais aussi de donner à ressentir. Naviguer sur l’océan des sentiments, en quête de ce qui relie les humains. Karine assume la dimension sociale de sa photographie. Une démarche concrétisée par son ralliement un temps à la jeune agence Regardirect, un collectif suisse fortement engagé dans la photographie documentaire.
« Le reportage sur le terrain permet d’avoir accès à des univers très variés, peu accessibles à la plupart des gens. Se plonger dans des mondes inconnus pousse encore plus
ma curiosité et l’envie de partager des histoires singulières. Vivre et capturer des instants uniques me permet de côtoyer mille et une vies… C’est magique. »
DES PROJETS TOUS AZIMUTS
En couleur. En noir et blanc — l’outil le plus puissant pour révéler l’intime, dont le caractère intemporel offre « une tout autre dimension ». La preuve par Mémoires d’une pandémie, un documentaire coréalisé en 2022 avec Audrey Leclerc. À elle les interviews filmées en couleur, à Karine les portraits fixes en noir-blanc. « Pour raconter ce qui a bousculé notre vie affective, sociale et économique à tous. Pour laisser une trace. »
Parmi les projets de longue haleine entrepris par Karine, What time is it ?, lancé il y a une décennie, s’intéresse à notre rapport au temps. « En photographiant des personnes qui me donnent l’heure, spontanément. » Au fil des ans, « la technologie a pris le dessus avec des montres connectées ou des téléphones comme moyen de se situer dans le temps », constate Karine. Une manière de retracer l’évolution de la société et de questionner ses urgences et ses temps morts — objet d’une exposition tout au long de l’été (1er juin au 10 septembre) à la Fondation de la Haute Horlogerie, au Pont de la Machine.
Volontiers humaniste, Karine explore deux autres projets en parallèle : l’un consacré aux urgences médicales ; l’autre plus léger mais pas moins profond, aux propriétaires de cabanes de plage — « une utopie sous forme d’oasis en milieu urbain ». À travers « leur attachement à ces 2 m 3 », ce sont les liens sociaux et « l’universalité des rapports humains » qui sautent aux yeux. Un reportage couronné par le Swiss Press Photo Award 2023 (catégorie vie quotidienne) qui fera à terme l’objet d’un livre.
karinebauzin.ch
Leica en mains, la photographe Karine Bauzin explore les mondes que façonnent les humains à travers ses images exprimant états d’esprit, situations ou même vies entières. Dans la rue, les salles d’opération ou, comme ici, autour des cabanes de plage.
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Les eaux du Léman, longuement décantées, sont d’une rare pureté. L’occasion d’une baignade vivifiante à la plage des Eaux-Vives.
À l’heure de la baignade
Genève, côté plages
Texte Daniel Bauchervez
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Photos Genève Tourisme
Vivre Genève, c’est aussi se jeter à l’eau. Un quai, du sable, des galets, de l’herbe, il y a le choix. Des spas, aussi, pour se réchauffer, et une foule de buvettes d’été, les pieds dans le lac ou le Rhône (pas si frisquets !) pour profiter de la ville en mode balnéaire.
Juste au nord de Genève-Plage, le quai de Cologny a été doté d’un ponton sphérique en bois de chêne facilitant la baignade. Le plus grand du genre au monde !
En bouclant la valise, il faudrait voir à ne pas oublier le costume de bain. Pourquoi ? Pour aller faire trempette aux Pâquis, pardi (voir notre article). Une délicieuse entrée en matière et une bonne manière de croiser les Genevois de tous âges, dans la poésie rétro de ces bains en pleine rade, installés là bien avant le jet d’eau.
BAIGNADES EN CASCADE
Un coup de mouette et, rive gauche, Genève-Plage avance ses propres arguments : piscine olympique, pataugeoire pour bambins et 4 ha de gazon où s’étalent serviettes et pique-nique. Ambiance populaire garantie, avec (longue) brochette de cabines bleu et blanc pour se changer, toboggan aquatique, paillottes, beach volley et grand plongeoir. C’est de là, à la fin de l’été, que s’élance le millier de nageurs de La Traversée de la rade, 1,8 km jusqu’aux Pâquis, sans chrono ni podium, pour le seul plaisir de se jeter à l’eau — limpide et tutoyant alors les 20° C. Windsurf, paddle, on se croirait presque à la mer.
Beaucoup de monde ? En arrière-plan, Le Bain Bleu joue les alternatives, avec deux piscines superposées aux notes bien différentes : cubiste en bas, dans un assaut de béton brut et cascades ; horizontale et panoramique en rooftop, avec ses espaces-alcôves, ses jets massants et ses chaises longues tournées vers le lac et le Jura. Un favori des pool parties. Baignade unlimited en semaine. En prime : le spa et le hammam, tamisé et mystérieux, jouant un Orient rougeoyant autour d’un long bassin caverneux.
De l’autre côté de la marina du Port-Noir, la plage des Eaux-Vives, réinventée en 2020, déroule 1,5 ha de gazon à caresser du pied et quatre anses nappées de petits galets. Les bambins y ont leur fond, comme on dit ici — ils y ont pied, grâce à la pente toute douce côté Baby-Plage (taille XXS), où le sable l’emporte. Vélos et tongs, poussettes, patinettes et serviettes, l’été se vit balnéaire sur ces 400 m de Léman. À portée de cerf-volant, un long ponton avec vente à l’emporter invite à lézarder verre en main, regard sur le Salève et l’iconique jet d’eau, qui s’acharne à graver sa sculpture liquide sur le ciel genevois.
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Il y a Verbier et il y a Zermatt. Deux icônes suisses dans les montagnes. Une invitation à découvrir ces stations sous un angle intime, recueil d’envies, d’effervescences sportives et de personnalités attachantes.
living the high life helvet.swiss
UNE BROCHETTE DE BUVETTES
Épousant la rade, le large quai Gustave-Ador longe la marina des Eaux-Vives, où les enfants naviguent à bord de bateaux miniatures électriques, entre hors-bord et voiliers. De début juin à début septembre surgit La Canopée. Une structure couverte où, chaque matin, sont organisés (gratuitement) cours de sport et activités. Sans oublier un bouquet de hamacs, une buvette et un foodtruck pour se remplumer. Et si on se faisait une pétanque ?
L’animation se cristallise autour des buvettes saisonnières. Face à la jetée du jet d’eau, Bronzette jongle entre apéros, gelato, palmiers en pots, parasols or et transats à fleur d’eau (pour parfaire son hâle). Concerts, stand-up, magie, il s’y passe souvent quelque chose. Juste à côté, le Glacier du jet d’eau ajoute sa dolce vita. Un bout de pain et les cygnes s’approchent avec entrain. À quelques pas, le blanc Bateau Genève, retraité de la CGN reconverti en lieu d’accueil et association d’insertion, se mue l’été en buvette embarquée, lui aussi avec concerts épisodiques. Passé le Jardin Anglais, là où le lac redevient fleuve, Les Jardins du Rhône offrent leur alternative sur l’eau.
D’autres jolies escales se dessinent bientôt, au fil des berges. Tapas et fondues au Bateau-Lavoir au rythme du
courant (ça flotte !), transats et cocktails à La Barje. L’alternatif triomphe. Et encore : parasols blancs, cocktails, vins et bières du coin, plats du jour le midi, afterworks ensoleillés et scène éphémère à large spectre à L’Estivale (mai-septembre), quai du Rhône.
À L’ÉPREUVE DU FLEUVE
Si le lac réunit tout le monde, le Rhône joue plutôt le délit d’initiés. Au plus chaud de l’été, certains Genevois n’hésitent pas à s’y jeter. Et si le plongeon depuis le pont de Sous-Terre est interdit (quoique pratiqué), la descente au fil du fleuve, en aval, est autorisée. À la nage, batailler contre le courant peut cependant vite se révéler épuisant. En kayak, sur un paddle ou une grosse bouée, ventre au soleil, c’est une autre histoire. Certains se laissent dériver ainsi des heures, en pleine nature, jusqu’aux abords du barrage de Verbois. Autre remède à la canicule (certes moins efficace) : planter un hamac à l’ombre, entre deux troncs, sur les rives boisées.
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geneve-plage.ch
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Genève joue les originales. Une balade en paddle sous les embruns du jet d’eau, au pied de la vieille ville... Et pourquoi pas ?
Les Bains des Pâquis
Volupté et poésie à fleur d’eau
Texte Marie de Pimodan
Genève Tourisme
Côté plage, c’est un regard sur les eaux du lac, à perte de vue. De l’autre, les bassins des bains, le plongeoir et la buvette se tournent vers la ville et le jet d’eau, en plein soleil, à l’abri des vents du nord. Amarrés à la longue jetée qui s’étire dans la rade de Genève, les Bains des Pâquis s’imposent depuis 1872 comme un lieu incontournable — et indémodable — de la ville. Tout d’abord en bois, les Bains ont été rebâtis en béton en 1932. Leurs lignes simples et épurées, fonctionnelles, n’ont depuis pas pris une ride. Et si le temps a passé, les générations s’y sont succédé sans jamais entamer ce fameux esprit des Bains qui en fait un endroit tellement singulier. Une adresse lacustre conviviale et intemporelle qui tient une place à part dans le cœur des Genevois.
Si les habitants de la ville les adorent, c’est avant tout pour leur situation privilégiée. Depuis bientôt 150 ans, le bout de la jetée offre un point de vue incomparable sur la ville et les rives du Léman. À toute heure, on vient y flâner, y rêver. Que l’on soit artiste ou banquier, bobo ou dandy, en famille ou entre copains, on s’y alanguit comme lézard au soleil, on s’y baigne, on s’y rencontre toute l’année. Pour le coup d’œil, mais aussi pour profiter de ses deux saunas mixtes, de son bain turc et de ses deux hammams — dont un réservé aux femmes. Le lieu, baignant dans une ambiance populaire et un éternel esprit de vacances, offre une jolie
parenthèse antistress dans la course du quotidien. Si l’on se trempe en toute saison aux Bains des Pâquis, si, au cœur de l’hiver, une partie des lieux est couverte pour accueillir les amateurs de fondue au crémant, c’est en période estivale que l’endroit bat son plein. Des baigneurs enroulés dans leurs serviettes y discutent autour d’un verre, d’une salade ou d’un plat du jour — généralement délicieux. Des cygnes font la loi. Des canards déambulent. Peaux tannées, senteurs de crème solaire, rires et éclaboussures… Sur les galets ou les lattes de bois, à l’ombre d’un platane ou à même le béton brûlant, l’ambiance, toujours, est à la volupté et la relaxation. Aux premiers rayons du soleil, entre 6h et 7 h, quelques jours de l’été, les Bains des Pâquis accueillent même des concerts. Ces « aubes musicales » sont un moment de pure magie pour qui accepte de se lever tôt. Le soir, le spot est idéal pour un apéritif ou un dîner en plein air. Bref, voilà un lieu parfait pour s’évader, se reposer et vivre ensemble. Au dernier palier du grand plongeoir, un mot en six lettres gigantesques donne, sans doute mieux qu’aucun autre, le ton qui règne aux Bains des Pâquis : poésie.
Les Bains des Pâquis, Quai du Mont-Blanc 30, 1200 Genève Horaires d’été de la buvette : 7 h à 23 h
Bains ouverts tous les jours, horaires selon la météo bains-des-paquis.ch
Photo
Au milieu du lac, adossés à la jetée qui découpe la rade de Genève, les Bains des Pâquis invitent à la rêverie et à la détente. Une adresse conviviale, authentique et populaire, qui figure parmi les escapades estivales préférées des Genevois.
Les Bains des Pâquis, le plongeoir, le jet d’eau : plus qu’une après-midi, une tranche de vie. La quintessence de Genève.
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Du vent dans les voiles
Genève sur le chemin de la Coupe de l’America
Texte Claude Hervé-Bazin
Photos Loris Von Siebenthal | Mario Schoby, Red Bull Content Pool | Samo Vidic, Alinghi Red Bull Racing
Une mer calme n’a jamais fait un bon marin, prétend l’expression… Mais faut-il vraiment un océan pour faire un grand navigateur ? Le Léman semble suffire. Genève a beau être encadrée de montagnes, ici aussi, on sait tirer un bord et affaler une voile.
Tout commence en 1872, avec la fondation de la Société Nautique de Genève. Ses membres se consacrent d’abord à l’aviron et aux fêtes sur l’eau à l’italienne, organisées au cœur de la rade. Puis quelques bateaux à moteur et des voiles surgissent. La plaisance prend son essor avec la Section de la Voile, créée en 1903 et bientôt rebaptisée Cercle de la Voile.
Au début des années 1930, la SNG jette l’ancre au Port-Noir, à touche-touche avec les nouvelles installations de GenèvePlage — elle y est toujours, dans son édifice un rien Art Déco, à deux pas de la piscine olympique, face à une marina passée au fil du temps de 200 à 1’000 places. Au milieu des années 1960, le yachting léger s’y implante, favorisant l’émergence d’une quatrième section à la SNG. Monocoques, multicoques, le Léman voit débarquer et embarquer de drôles de bateaux, plus habitués à l’air iodé.
LA PLUS GRANDE RÉGATE LACUSTRE DU MONDE Excellence et performance sportive, voilà l’ADN de la SNG. Plus de 150 ans après sa fondation, cette institution est devenue la principale société nautique de Suisse, forte de plus de 4’000 membres. Un club privé très select, où l’on ne rentre que par cooptation.
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Sailing on the Lake
Ressentez la fraîcheur du lac lors d’une chaude journée d’été. Un mélange de notes aquatiques, de feuilles froissées et d’ambre solaire. Une ambiance olfactive qui vous fera naviguer le long des rives sauvages du Léman.
Design : district.swiss En précommande sur helvet.swiss
Alinghi a marqué l’histoire de la voile en Suisse. Ici, les 13 membres d’équipage du Team, engagés sur plusieurs circuits monotypes en multicoques — menés par le co-skipper Arnaud Psarofaghis (4 e en partant de la gauche) et le tacticien Nicolas Charbonnier (5 e).
Un club aux grandes ambitions, aussi, qui organise notamment la Translémanique en solitaire (26 août), la Semaine de la Voile (26-30 juin) et le Bol d’Or Mirabaud (9-11 juin). Événement phare de la Nautique depuis… 1939, financièrement soutenu par la banque Mirabaud et l’horloger Tudor (en partenariat avec l’Hôtel InterContinental de Genève), le BOM est la plus importante régate en bassin fermé de la planète ! Réunissant un panel des meilleurs marins du monde, il a encore attiré en 2022 plus de 400 participants. Des locaux, à l’image du sorcier du lac Christian Wahl, sept fois vainqueur de l’épreuve, barrant le Ville de Genève en compagnie de jeunes formés au CER (Centre d’Entraînement à la Régate) local. Des invités prestigieux à la barbe dégoulinant d’embruns, comme Loïck Perron. Des multicoques. Des monocoques de tout poil. Des OVNI, aussi. Car, oui, le Bol d’Or est plus qu’une course. C’est un catalyseur, un laboratoire où les ambitions démesurées de vélocité des architectes navals et des ingénieurs se confrontent à la réalité. En 2022, ce furent les nouveaux catamarans à foils TF35, volant, grâce à un coup de vent tardif, à 25 nœuds vers le coup de canon final…
LE LABORATOIRE DE L’EXCELLENCE
Voilà un moment, en vérité, que le Léman joue les laboratoires de la voile. L’aventure Alinghi en atteste. Lancé dans les années 1990 par l’homme d’affaires suisse Ernesto Bertarelli, un passionné, le team Alinghi a aligné lui aussi 7 victoires au Bol d’Or Mirabaud. Mais il a surtout réussi l’exploit de devenir le premier équipage européen à remporter
la mythique Coupe de l’America — le plus ancien trophée de l’histoire du sport, décerné tous les quatre ans seulement. Non pas une, mais deux fois, coup sur coup, en 2003 et 2007 ! Ce doublé a favorisé l’émergence d’une nouvelle génération de skippers suisses, qui pointent désormais parmi les meilleurs mondiaux.
Bertarelli et ses hommes comptent bien rééditer l’exploit en 2024 à Barcelone pour la 37 e édition de la Coupe. En partenariat étroit avec Red Bull Racing et avec le soutien doublement fervent de l’horloger Tudor, le team Alinghi sera drivé cette fois par l’Autrichien Hans-Peter Steinacher, double champion olympique sur Tornado au début des années 2000, passé ensuite à la voile volante en tant que leader de la Red Bull Extreme Sailing Team dans le cadre des spectaculaires et regrettées Extreme Sailing Series. Les priorités de Herr Steinacher ? S’appuyer sur cette nouvelle génération de skippers suisses maîtrisant les secrets des foils en général et des monocoques AC75 en particulier — apparus lors de l’édition 2021. Le nouveau protocole laisse entrevoir des Formule 1 des mers allégées, aux foils plus larges permettant un envol plus précoce et des pointes jusqu’à 52 nœuds ! Tout l’enjeu est là, aujourd’hui : gagner encore en vitesse, à fleur d’eau… et faire flotter haut, une nouvelle fois, l’étendard de la Société Nautique de Genève.
nautique.ch boldormirabaud.ch alinghi.com
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La Maison de l’Économie, siège de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Genève, au 4 boulevard du Théâtre, à deux pas du Victoria Hall.
CCIG, la force tranquille de l’économie genevoise
Texte Claude Hervé-Bazin
Photo MezPhotographie
Fondée en 1865, la Chambre de Commerce, d’Industrie et des services de Genève occupe l’historique et élégante Maison de l’économie, aux airs de banque prospère et discrète. Un service public ?
Nullement. Association autonome, de droit privé, la CCIG s’impose comme l’interlocutrice privilégiée des autorités dans la sphère de l’économie genevoise.
Chambre de Commerce, d’Industrie et des services de Genève
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THIS IS VERBIER.
SCAN TO SEE MORE
DESTINATION OF CONTRASTS
LE PLUS IMPORTANT RÉSEAU
D’AFFAIRES CANTONAL
Sa mission ? « Éclairer le gouvernement cantonal et fédéral, leur adresser des demandes et des suggestions (…) et propager les principes de liberté commerciale », précisait le banquier et homme politique Ernest Pictet lors de la fondation de l’association. La CCIG a ainsi permis la création des Ports-Francs (1887), de l’École de Commerce (1888) et de l’Alliance des Chambres de Commerce Suisses (1956), tout en s’engageant contre les tarifs douaniers, pour la création d’un bureau de certification des origines et, toujours, en faveur du développement des transports dans le canton et la région.
Aujourd’hui, il s’agit d’assurer une économie forte et pérenne pour Genève. En se faisant entendre lors des votations et en aidant à améliorer les conditions cadre essentielles : aménagement, énergie, fiscalité, mobilité. En favorisant les échanges et rencontres et la promotion de ses près de 2’500 entreprises membres, représentant quelque 120’000 emplois. En les soutenant, aussi, à travers ses analyses de marché, ses ressources en intelligence économique et son service Export qui facilite les formalités douanières. Et en promouvant bonnes pratiques, digitalisation et durabilité.
UN LARGE ÉVENTAIL D’ENTREPRISES
Au fil des générations, le conseil de la CCIG a évolué : aux côtés de la banque et de l’horlogerie — moteurs historiques de l’économie locale —, fonderie, tabac et tannerie des origines ont cédé la place à la chimie, à la pharmacie, aux technologies de l’information… Qui appartient à la Chambre aujourd’hui ? Beaucoup de PME, « épine dorsale de notre tissu économique », précise Vincent Subilia, à la tête de l’organisation. Des sociétés aux racines ancrées dans le terroir genevois, comme la Banque Pictet (fondée
en 1805 !), la Banque Cantonale de Genève (1816) ou la CGN (1873). De nombreuses sociétés internationales siégeant ou non dans le canton, comme les géants de création de fragrances Firmenich et Givaudan, le leader mondial du transport maritime MSC, etc. La CCIG compte aussi dans ses rangs des pépites de l’innovation, dont le légendaire CERN, qui a vu naître l’Internet, et deux Grands Prix de l’économie, la fondation Artanim (Dreamscape) associée aux studios de Steven Spielberg, et ID quantique, leader du cryptage de réseau sécurisé quantique.
DES ÉVÉNEMENTS PHARES
Depuis plus d’une décennie, la CCIG remet en effet chaque automne, avec l’État de Genève, le Prix de l’économie genevoise, le Prix de l’innovation et, depuis 2021, le Prix de l’égalité.
Si la visibilité ainsi acquise est grande, rien n’égale l’événement phare de 2023 : le 13 e Congrès mondial des chambres de commerce, co-organisé, du 21 au 23 juin à Palexpo, par la CCIG et la Fédération mondiale des chambres (WFC), regroupant 42 millions d’entreprises de 120 pays. « Le plus important événement organisé par la CCIG en 158 ans d’histoire », s’enthousiasme Vincent Subilia, idéal pour « mettre en avant le savoir-faire helvétique ». Au programme : une quarantaine de rencontres, ateliers et conférences, en présence de 80 orateurs et 1’500 participants de haut vol venus de plus de 80 pays — dont les dirigeants de l’OCDE, l’ONU et l’OMC. Le thème central est d’actualité : le multilatéralisme au service de la paix et de la prospérité. « Ce multilatéralisme dont la ville est le berceau et le bastion, une denrée rare et précieuse, qui fait l’esprit de Genève » conclut Vincent Subilia.
ccig.ch
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F.P. Journe
Texte Yannick Nardin
Pour les amateurs de montres, Genève a des allures de paradis, exceptionnel vivier de petites et plus grandes marques — certaines quasi des institutions, comme Rolex ou Patek Philippe.
Talentueux outsider, François-Paul Journe, maître horloger originaire de Marseille, a su faire de son nom une référence. Ses créations, aussi rares que d’une excellence constante, font vibrer le cœur des collectionneurs.
Libre comme un maître horloger
Photos F.P. Journe
La formule d’une montre de haute horlogerie ? Un bon zeste d’innovation, une grosse pincée de tradition et beaucoup d’esthétique, sans oublier bien sûr de la technique — à revendre. En la matière, chaque horloger expérimente sa propre recette, selon ses domaines de prédilection et ses aspirations. François-Paul Journe n’en fait aucun mystère : le XVIIIe siècle le fait palpiter, avec ses inventeurs hors pair comme Abraham-Louis Breguet auteur du génial tourbillon, ou Antide Janvier, dont une pendule orne l’entrée de la manufacture. François-Paul Journe a choisi de s’inscrire dans cet héritage porteur d’inspiration, de le préserver et de le faire vivre, pour « innover et sauvegarder, voire surpasser, les exigences de la haute horlogerie ». Grand défenseur de l’histoire et de la culture horlogère, il a même acquis aux enchères, en 2015, la bibliothèque spécialisée de l’expert Jean-Claude Sabrier, pour CHF 760’000. Nous voilà, assurément, chez un horloger qui a fait vœu d’exception.
DE MARSEILLE LA BELLE À GENÈVE L’HORLOGÈRE
Des fées équipées de pinces brucelles et de loupes horlogères se sont certainement penchées sur le berceau de Fran-
çois-Paul Journe. Né en 1957 dans la cité phocéenne, il s’y passionne pour l’horlogerie dès l’âge de 14 ans, puis part pour Paris, où son oncle le forme à l’art de la restauration. L’occasion de redonner leurs pulsations aux plus belles merveilles du passé. Mais le jeune homme rêve d’horizons plus vastes, de toquantes plus immortelles. Devenu maître horloger concepteur, il crée des mouvements pour des marques horlogères. Le succès amène le Marseillais à fonder sa propre manufacture à Genève.
L’heure a sonné. Il est temps de donner de l’ampleur à sa passion, de révéler à un plus large public son art, sa vision, ses « garde-temps contemporains dont l’interprétation technique pourrait se targuer d’être authentiquement novatrice ». François-Paul Journe matérialise cet ambitieux programme en 1999. Son Tourbillon Souverain incorpore pour la première fois dans une montre-bracelet un mécanisme de remontoir d’égalité — prélude à une série de pièces d’exception. L’horloger dévoile aussi une collection de chronomètres signés F.P. Journe — Invenit et Fecit (du latin « inventé et fait », en d’autres termes, « de la conception jusqu’à la
A. R. T. pour « Authenticité, Rareté et Talent ». Les fondements de la philosophie de F.P. Journe se retrouvent dans ses créations, mais aussi dans ses boutiques, imaginées comme une immersion totale dans son univers. Ci-contre l’Automatique Calibre 1300.3.
réalisation »). Voilà son nom élevé au rang de marque. Et le voici, lui, propulsé dans la galaxie des meilleurs horlogers indépendants contemporains.
LA HAUTE HORLOGERIE LIBRE
Jusqu’au-boutiste, François-Paul Journe reste « gardien en sa demeure » en tant que maître horloger en titre de sa manufacture. Il en supervise le développement sous tous ses aspects. Et conçoit ses montres comme des œuvres d’art horlogères, alliant technique et dimension créative. Amoureux et respectueux de la tradition, l’homme fait néanmoins appel à des matières innovantes, comme le tantale ou l’aluminium, et crée des mécanismes hors normes. La FFC (pour Francis-Ford Coppola, avec qui il trouva le concept d’affichage), par exemple, indique l’heure grâce à une main aux doigts animés.
L’horloger a l’intelligence de défendre sa liberté créative en s’assurant une enviable indépendance. F.P. Journe produit ainsi la quasi intégralité des composants nécessaires à la fabrication de ses montres, mouvements, boîtiers et cadrans compris. De nombreuses récompenses ont salué son travail
— faisant carrément de lui l’horloger le plus primé au Grand Prix de l’Horlogerie de Genève, institution en la matière. En 2006, le Ministre français de la Culture lui a même décerné le titre de Chevalier des Arts et des Lettres.
Autre reconnaissance d’envergure pour F.P. Journe : lors des ventes aux enchères, ses modèles partagent, depuis des années déjà, la tête d’affiche avec des marques « stars » comme Rolex et Patek Philippe. Produites à raison de 900 exemplaires par an, ses montres, rares et intemporelles, équipées de complications tout aussi exceptionnelles, attisent les passions. En mai 2023, la maison Christie’s a d’ailleurs dédié à l’horloger toute une vente de 40 montres. Avec un record à la clef : celui du Tourbillon Souverain « Souscription » de 1999, adjugé pour CHF 2’707’000. Malgré ce succès en forme de consécration, l’horloger explique se méfier de la spéculation, et continue d’appliquer sa philosophie, sans en dévier : un investissement minime en marketing, mais majeur en matière de valeur horlogère.
fpjourne.com
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Un déjeuner sur l’herbe
Genève, côté parcs
Texte Claude Hervé-Bazin
Si Genève est une ville d’eau, c’est aussi une ville verte. Très verte. Les nombreux parcs, essentiels à la qualité de vie, couvrent 20 % du territoire municipal. Bien plus qu’un joli décor, on y vit l’été intensément, entre passeggiata, pique-nique, cinéma et golf !
Photo Valentin Del-Nista
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Sous réserve de modifications de prix et de millésime. Coop ne vend pas d’alcool aux jeunes de moins de 18 ans. * En vente exclusivement sur mondovino.ch Les Mondovino Highlights En vente exclusivement en ligne sur: mondovino.ch/highlights *CHABLAIS AOC MERLOT VIEILLES VIGNES APICIUS HAMMEL CLOS DU CHÂTELARD 2014, 75 CL 38.– (10 CL = 5.07) *LA CÔTE AOC FÉCHY GRAND CRU DOMAINE DE CHANTEGRIVE 2021, 75 CL 18.95 (10 CL = 2.53) *LAVAUX AOC SAINT-SAPHORIN J. ET M. DIZERENS 2021, 70 CL 15.95 (10 CL = 2.28)
Les chiffres sont parlants : avec 310 ha d’espaces verts, 70 ha de forêts, 40’000 arbres et autant de rosiers, Genève ne manque pas de chlorophylle. Spécificité locale, beaucoup de ses quelque 60 parcs, légués à la ville par des familles de notables au XIXe siècle, renferment villas et arbres remarquables. Très soucieuse d’écologie, la municipalité y a banni les produits chimiques et s’active à y renforcer constamment la biodiversité.
DU GAZON, DES ARBRES, DES VILLAS ET DES VUES
Un coup de mouette genevoise depuis les Pâquis (avec changement au Port-Noir) et voilà que se dessine, rive droite, le plus bel espace vert de Genève : cinq parcs contigus entourant la célèbre Perle du Lac, grands ouverts sur la rade et son jet d’eau, le Salève et les Alpes. Entre vastes pelouses, parterres et gazons fleuris, bois et allées arborées, surgissent là plusieurs demeures de maître XIXe aux lignes rétro, réinvesties par musées et institutions. Mon Repos, où séjournèrent Andersen et Châteaubriand. La Villa Moynier, ombragée par de superbes magnolias, qui accueillit Madame de Staël et la reine Victoria. La Villa Bartholoni, néo-florentine, ombragée par un grand tulipier de Virginie. La rose Villa Barton, entourée de sa mini-forêt de séquoias californiens…
Le proche Jardin botanique, doublé d’un conservatoire (stockant 3 millions de graines), s’étend sur 28 ha, entre lac et parc de l’ONU. Première suisse, ses 14’000 espèces de plantes sont cultivées en tout bio. En vedette : les métaséquoias chinois, que l’on crut jadis disparus, et d’impressionnants platanes tricentenaires. Baignées de lumière, les serres de fer et de verre fourmillent, elles, de cactées, de palmiers rares, de fougères (arborescentes), balisiers, grandes mousses espagnoles tombant en pluie et autres épiphytes, manguier, bananiers et même papayer (fructifiant !). Un sacré dépaysement, si près du Léman.
Derrière la gare, les plus vieux cèdres du Liban de Suisse, semés il y a 288 ans, font de l’ombre au parc Beaulieu. Circonférence : 6 m ! Certains de leurs plantons ont pris racine, rive gauche, au parc La Grange, rejoint en un autre coup de mouette. Le plus vaste de Genève, prolongé au nord par le parc des Eaux-Vives (site du Geneva Open de tennis), il occupe un domaine du XVIIIe siècle centré sur une élégante
villa — qui a encore vu passer Joe Biden et Poutine en 2021. Autour, d’immenses pelouses brodées de dentelles florales, d’arbres remarquables et d’allées sinueuses dévalent vers étang, rocaille alpine et jeune roseraie. Les concerts gratuits de Musiques en été, le festival phare de la belle saison, sont organisés ici, dans le théâtre de verdure de la Scène Ella Fitzgerald. Un petit creux ? La Guinguette du parc, occupant l’ancienne crèmerie, aux charmantes arcades, propose planchette de fromages ou de charcuterie à dévorer entre deux jeux de boules, verre de vin ou Apérol Spritz en main. Des transats invitent à lézarder. Ambiance vacances garantie.
LE TEMPO DE L’ÉTÉ
Loin de l’image collet monté qui lui colle à la peau, Genève est une bonne vivante. En plein été, pour l’Opération chaises longues, des centaines de transats sont mis à disposition (gratuitement) dans les parcs de plusieurs quartiers, histoire de profiter et de tisser du lien social. Envie de pique-niquer ? On s’installe sur le gazon sans autre forme de procès. Au Parc La Grange, à la Perle du Lac et au Parc des Franchises, des barbecues sont installés ! D’autres lieux organisent, eux, des grillades publiques hebdomadaires. Même les bibliothèques se mettent au vert, avec un programme de lectures et ateliers en extérieurs.
Un peu partout, alors, les scènes musicales et les buvettes associatives (ou non) refleurissent. Au Jardin des Nations (avec citronnade maison). Aux Chaumettes. Au parc des Franchises. Au Parc Bertrand. À la Pointe de la Jonction. Au parc de La Perle du Lac, on demande plutôt le programme : de mi-juillet au 20 août, pour CinéTransat, des films sont projetés en plein air, sur écran gonflable et… tapis d’herbe tendre.
Encore plus inattendu ? En juillet-août, un parcours de street golf de 7-trous est aménagé en pleine ville. Chaque aprèsmidi, clubs et balles (en mousse compensée !) sont prêtés au chalet du parc des Bastions. Maximum 7 coups autorisés par trou. Une seule contrainte : attendre que les passants soient passés ! Et, hop, c’est parti pour un tour entre vieille ville et rives du lac, via la promenade de la Treille, le Jardin Anglais, le Monument Brunswick et retour. Autant de lieux panoramiques. Et plus encore en s’offrant un tour sur la grande roue plantée à l’orée du lac. Rade, ville, Rhône et parcs, rien n’y échappe à l’œil.
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Marins d’eau douce (et fiers de l’être)
Genève, comme un poisson dans l’eau
Texte Claude Hervé-Bazin
Photos Genève Tourisme | La Réserve Genève
Aucun autre lac n’a fourni aux océans autant de marins chevronnés que la petite mer intérieure du Léman.
Vapeurs centenaires, mouettes historiques ou motoscafi à l’italienne, le lac est prétexte à toutes les traversées.
Lacustre et riveraine, Genève vit entre deux eaux.
Petite mer du Léman
Pour prendre le pouls de Genève, rien ne vaut d’embarquer. Et, déjà, traverser tranquillement le lac à bord d’une de ces longilignes mouettes genevoises à l’emblématique coque jaune et rouge, en compagnie des pendulaires. Lancée en 1897, la compagnie prit la suite des bateaux-mouches et des lents bateaux à manège munis d’une aube actionnée par des chevaux tournant en rond sur le pont (!). Elle relie désormais les deux rives à l’année, au gré de quatre lignes, in et hors rade. Molard, Pâquis, Eaux-Vives, Port-Noir, parc de la Perle du Lac : la quadrature du cercle. 2 francs tout rond, pour 10-12 minutes de croisière, c’est donné. Croix suisse flottant à la poupe, bois verni historique, longs bancs communs et rangées de gilets de sauvetage par-dessus tête : une quintessence genevoise. Et pour ne pas insulter l’époque, les mouettes se sont aussi mises à l’électro-solaire.
EMBARQUEMENT IMMÉDIAT
Pour les visiteurs, l’appel du large se nomme aussi CGN. La Compagnie Générale de Navigation, qui fête cette année son 150e anniversaire, a fait de Genève l’un de ses ports d’attache. La belle saison revenue, la plus grande flotte à vapeur du monde reprend le lac, ramenant le Léman un bon siècle en arrière. Hercule Poirot est-il à bord ? On le jurerait, à voir la ligne gracile de La Suisse (1910) ou du Simplon (1920), leur proue effilée, leur salon Belle Époque et leur cheminée dardée vers le ciel, fumant blanc. 78,5 m de long. Deux fleurons, parmi huit. L’œil agrippe d’emblée les pistons et les bielles géantes du moteur d’origine, parfaitement lustrés. Voici les machines à vapeur les plus puissantes d’Europe.
Le cœur battant du bateau, dont l’unique touuut rauque souffle le départ. Par les fenêtres défilent le Jardin Anglais, les villas cossues, les rives tournées au sud du Petit-Lac, puis des aquarelles aux cent tonalités de bleu et de gris. Et pourquoi ne pas prolonger vers Lausanne, via l’adorable village médiéval d’Yvoire (côté français) ?
PERLES LACUSTRES
Il y a le public et le privé. Le tout-venant et l’exclusif. Ceux qui passent par la route et ceux qui filent sur le lac. Par l’élégant motoscafo tout en bois de La Réserve, par exemple, qui de fin mars à mi-octobre transporte gratuitement jusqu’au 5-étoiles (sur réservation préalable), depuis le Quai Fleuri, ceux qui viennent y loger ou manger ! Stylé.
Plus inattendu encore ? Et si l’on embarquait pour une croisière solaire à bord du FloatInn ? Ce petit bateau électro-solaire, naviguant doucement, propose des sorties de quelques heures ou de quelques jours. Cinq personnes peuvent dormir à bord, cuisiner et se doucher ! De novembre à mars, hors saison de navigation, la même compagnie ouvre un bed & breakfast à bord de son grand catamaran Juusan, amarré aux Eaux-Vives, doté de six cabines. Après ça, allez dire que Genève n’a pas le pied marin !
mouettesgenevoises.ch cgn.ch
lareserve-geneve.com
floatinn.swiss
(généralement) placide.
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Rhône impétueux qui s’en extrait et poursuit sa course en avalant l’Arve au passage. Pas étonnant que, pour les Genevois, naviguer coule de source.
The Cambrian
Watches and Wonders
Le rendez-vous incontournable de l’année horlogère
Texte Yannick Nardin Photo Valentin Flauraud
Saviez-vous que l’essor de l’horlogerie à Genève, Cité de Calvin, est notamment dû à l’influence du réformateur ? Au XVIe siècle, les montres étaient en effet les seules parures tolérées par l’austérité religieuse. Depuis, la ville et ses environs n’ont jamais cessé de bruisser de tic-tacs. Désormais bien installé sous les auspices du printemps, le salon Watches and Wonders confirme Genève comme le centre névralgique de l’horlogerie.
Pour les initiés, Watches and Wonders consacre les noces de l’ex-Salon International de la Haute Horlogerie (SIHH) — dédié au groupe Richemont « and friends » — et d’acteurs majeurs de feu Baselworld, la « locomotive » Rolex en tête. Une exceptionnelle concentration de marques qui entraîne toute une industrie dans son sillage.
Grand succès, l’édition 2023 a réuni 48 exposants et 43’000 visiteurs originaires de 125 nationalités — près du double de l’année précédente, en partie grâce à un week-end d’ouverture au public. Des marques réputées y ont côtoyé de belles décou-
vertes, dans une atmosphère réjouie témoignant de la bonne marche des affaires. Plusieurs stars éprises de toquantes ont foulé à cette occasion les allées feutrées de Palexpo : Roger Federer pour Rolex, Julia Roberts pour Chopard, David Beckham pour Tudor, Edward Chen Hao-sen pour Piaget, ou encore Ronaldinho pour Rebellion (et pour le plaisir !).
Dans la perspective de faire participer le public à cette grand-messe horlogère, les festivités se sont déployées en ville de Genève à travers le concept « In the City » et dans les boutiques de la rue du Rhône. Plusieurs autres têtes d’affiches, telles que Bulgari, ont investi les plus beaux palaces genevois, de l’Hôtel des Bergues au Président Wilson. En parallèle, à la Haute École d’Art et de Design (HEAD), la seconde édition de Time to Watches a rassemblé 55 marques et 5’800 visiteurs. L’occasion, notamment, d’annoncer la création d’un Prix de l’innovation et du design. Rendez-vous est pris pour le printemps 2024.
watchesandwonders.com
Sous les premiers rayons du printemps, lors d’une semaine où chaque seconde compte, le salon Watches and Wonders enflamme les passions horlogères dans toute la ville.
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Watches and Wonders accueillait de nombreuses personnalités, dont Roger Federer, ambassadeur pour Rolex.
Tudor
Black Bay 54
Plébiscitée par les aficionados, la plongeuse Oyster Prince Submariner de 1954 a été déclinée de multiples fois. Le diamètre de la nouvelle Black Bay 54, déjà passé de 41 à 39 mm, s’affine encore jusqu’à 37 mm dans cette version très fidèle à l’originale, au look résolument vintage.
tudorwatch.com
Née sur les circuits automobiles, la légendaire montre Carrera, synonyme d’exaltation, vitesse et liberté, fête son 60e anniversaire avec, notamment, ce chronographe automatique en acier. Son cadran dit « panda », protégé par une glace saphir bombée, permet une lecture aisée et immédiate des temps courts.
tagheuer.com
Les références sibyllines de la marque adulée des collectionneurs peuvent heureusement se traduire en « langage horloger courant ». L’intéressée est une nouvelle Aquanaut chronographe flyback automatique en or rose au cadran brun soleil subtilement dégradé de noir. Admirable, assurément.
patek.com
Chopard L.U.C 1963 Heritage Chronograph
Silhouette en acier Lucent Steel © , visage radieux teinté d’un beau vert olive que survolent des aiguilles de forme dauphine fusée et mouvement de manufacture à remontage manuel : ce chronographe avec retour en vol L.U.C 1963 Heritage, doublement certifié, est la définition même du raffinement horloger.
chopard.com
Patek Philippe Aquanaut 5968R-001
Tag Heuer Carrera Chronograph
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1. Parmigiani Fleurier
Tonda PF Minute Rattrapante
Les amateurs d’élégance minimaliste en rêvaient, Parmigiani Fleurier l’a fait. Quintessence de la collection Tonda, la nouvelle PF affirme une esthétique pure, aucunement perturbée par la minute rattrapante, une complication qui réinvente le compte à rebours des minutes grâce à une seconde aiguille des minutes.
parmigiani.com
2. Bulgari
Octo Roma Chronograph
Si Rome ne s’est pas faite en un jour, sa puissance a largement traversé le temps. Il en va de même avec Bulgari et son nouveau chronographe Octo Roma, emblématique de l’inépuisable expression créative de la marque. Son boîtier octogonal en acier renferme un cadran bleu épuré habillé de clous de Paris, aux trois compteurs.
bulgari.com
3. Longines Pilot Majetek
Les instruments Longines ont été utilisés par des pionniers de l’aviation : une histoire à la richesse inépuisable pour la marque. La nouvelle Pilot Majetek remet au goût (et aux technologies) du jour les codes de la version de 1935, dont un désormais peu commun triangle-repère interne couplé à la lunette.
longines.com
4. Frédérique Constant
Highlife Worldtimer
Manufacture Steel Brown
Frédérique Constant célèbre ses 35 ans avec le modèle Worldtimer, aux 24 fuseaux horaires. Lovée dans un boîtier de 41 mm en acier, battant au rythme du mouvement de manufacture FC-718, cette pièce au cadran bronze est acquise avec trois bracelets interchangeables, en acier, nubuck et caoutchouc bleu. Un look pour chaque occasion.
frederiqueconstant.com
5. Panerai Radiomir Otto Giorni – PAM01347
Panerai pousse l’irrésistible attrait du vintage à son comble, avec la mise au point du « brunito », une nouvelle finition de boîtier. Celui-ci donne des airs magnifiquement usés aux surfaces façonnées dans l’eSteel©, un acier recyclé innovant de la marque. De quoi réunir charme du passé et futur.
panerai.com
Réinventée en 1972 par le mythique créateur de montres Gérald Genta, la montre Ingenieur se renouvelle en trois références en acier, dotées de cadrans noir, argenté et bleu canard. Elle embarque le calibre automatique 32111 qui, une fois pleinement remonté, délivre une formidable réserve d’énergie de cinq jours.
iwc.com
7.
Le rond vous lasse ? La H08 d’Hermès explore la forme coussin, avec sa boîte carrée aux angles arrondis. La belle exhibe des lignes graphiques et sportives, forgées dans un matériau high tech, composite, chargé de graphène. Des touches colorées réveillent son look autrement ténébreux.
hermes.com
6. IWC Ingenieur Automatic 40
Hermès H08
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2 3 1 4 7 5 6
Robuste et efficace, plus sportif et dynamique que jamais, le nouveau modèle d’Hamilton réveille la collection iconique Jazzmaster. Doté d’un boîtier de 42 mm flanqué de cornes allongées, il affirme un look racé avec son échelle tachymétrique apposée sur la lunette fixe. Le mouvement, gravé du logo de la marque, offre une réserve de marche de 60 h.
hamiltonwatch.com
Ce n’est plus un secret : Rolex maîtrise le titane grade 5 — en alliage maison RLX. De quoi faire soupirer d’aise les poignets sportifs. Très difficile à travailler, ce matériau robuste et un tiers plus léger que l’acier, a requis la mise au point de processus de fabrication spécifiques. Les férus de voile apprécieront !
rolex.com
Le bolide d’Omega embarque le nouveau système Spirate© doté d’un spiral révolutionnaire à la précision certifiée de seulement 0/+2 secondes par jour. Rendant hommage aux prouesses de résistance magnétique de l’Omega de 2013, cette nouveauté, au cadran nid d’abeille parsemé de Super-Luminova d’un jaune audacieux, a de quoi piquer l’attention !
omegawatches.com
Il y a un an Hublot dévoilait la Square Bang, son premier modèle de forme carrée. Le voici de retour — revisité — dans un boîtier de 42 mm en verre saphir transparent. Le cadran à cœur ouvert laisse voir le mécanisme, sans empêcher la lecture des heures et des minutes, du chrono avec date à 3 h et des secondes à 9 h. Carrément plaisant.
hublot.com
Façonnées dans la céramique noire, les lignes structurées, angulaires et rythmées de la Defy Skyline voient leur pouvoir d’envoûtement décuplé. Ce modèle parsemé d’étoiles, emblèmes de la manufacture, est doté d’un affichage tout aussi ensorcelant que le firmament : une aiguille indiquant le 10 e de seconde.
zenith-watches.com
Notamment portée par Nims Dai, vainqueur en 6 mois et des poussières des 14 x 8’000 m du monde, la marque spécialiste des cimes a expressément conçu une montre pour les altitudes extrêmes. Aucune trace d’oxygène dans son boîtier pour éviter les éventuels méfaits de l’humidité contenue dans l’air !
montblanc.com
« The Beast », la création XXL d’Emmanuel Gueit, fête son 30e anniversaire avec ce chronographe automatique Royal Oak Offshore de 43 mm de diamètre tout en céramique noire, limité à 500 exemplaires. Quelques touches de jaune vif suffisent à illuminer son cadran recouvert du célèbre motif méga-tapisserie.
audemarspiguet.com
6. Zenith Defy Skyline Ceramic
4. Hublot Square Bang Sapphire
1. Hamilton Jazzmaster Performer Automatic Chronograph
5. Montblanc
1858 Geosphere Chronograph 0 Oxygen The 8000 Limited Edition
3. Omega Speedmaster Super Racing 2023
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7. Audemars Piguet Royal Oak Offshore Chronograph
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