#helvet magazine Genève | Hiver 2023-2024 | FR

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Genève La cosmopolite. L’insolite. La favorite. La plus grande des petites villes se dévoile. Ici, l’eau est le miroir du monde.

HIVER 2023-2024





What is it that drives someone to greatness? To take on the unknown, venture into the unseen and dare all? This is the spirit that gave birth to TUDOR, a spirit carried forward by every woman and man who wears this watch. Without it, there is no story, no legend and no victory. This is the spirit that drives David Beckham every single day. This is the spirit embodied by every TUDOR Watch. Some are born to follow. Others are born to dare.

BLACK BAY

RUE DU MONT-BLANC 17 - 1201 GENÈVE WWW.MONTRE-GENEVE.CH


JENNIFER LAWRENCE


MINI

DOLCEVITA

LONGINES BOUTIQUE Place de la Fusterie 40, Rue du Rhône 40 • 1204 Genève


Il y a Verbier et il y a Zermatt. Deux icônes suisses dans les montagnes. Une invitation à découvrir ces stations sous un angle intime, recueil d’envies, d’effervescences sportives et de personnalités attachantes.

living the high life helvet.swiss




Éditorial Descendu cet été des montagnes et de ses stations iconiques, le magazine helvet s’est implanté à Genève pour explorer une autre manière de vivre la Suisse — une manière hautement complémentaire, urbaine et plus internationale encore. De nombreux partenaires et institutions nous ont tendu la main dans cette aventure, dont l’excellent accueil a favorisé l’idée, puis la genèse, de ce numéro d’hiver. Aussi passionnément investis l’un que l’autre dans l’image et le rôle global de la Suisse dans le monde, helvet et GVA étaient faits pour se rencontrer. D’un côté, une cité au fort caractère et au riche patrimoine, un épicentre dynamique et rayonnant, au cœur battant de la planète, où incubent les idées et se construit le futur. De l’autre, un magazine pluriel et ambitieux, au regard tantôt sérieux, tantôt décalé, aussi fortement ancré localement que soucieux de porter au loin la voix suisse en partageant la beauté, l’identité et l’imaginaire de cette belle nation. La question revient, toujours, sur les lèvres des visiteurs… Le jet d’eau gèle-t-il l’hiver ? Genève plonge-t-elle alors dans la mélancolie ? Certes non. Si le froid qui s’abat pousse à s’emmitoufler, bonne humeur et plénitude infusent à l’année l’art de vivre qui s’est développé dans ce délicieux coin de lac. Alors que les foules estivales se sont dissipées, la ville, plus que jamais, cultive ses petits bonheurs, ses traditions et ses instants de plaisir. Une table, étoilée ou non (sans cesse plus nombreuses, plus diverses, plus riches). Un brunch. Une soirée au spa. Un temps pour soi. Nuit tombée, les lumières scintillent dans la magie de Noël approchant et, sous la neige précieuse des jours blancs, la ville se réveille, métamorphosée, ensorceleuse. Bien-être, bien-manger, bien-dire, bien-faire, bien-vivre, Genève est aimable en tous points. En un mot : bienheureuse.

Christian Bugnon Éditeur & rédacteur en chef



Sommaire

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Hiver 2023-2024

L’indispensable

Chopard, une histoire d’entrepreneurs et de valeurs

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Quand la bise fut venue

WEF : une capacité exceptionnelle

de Genève

News

Jours blancs à Genève

Genève Aéroport

De Genève pour le Monde

Le luxe, en toute sincérité

Les 9 meilleurs brunchs

à réunir les leaders mondiaux

28

Genève, un festin pour les sens

48

80

Un effort titanesque de 160 km

Dans les cuisines doublement

Rendez-vous au spa

étoilées d’Olivier Jean

À quelques gouttes de vapeur du bonheur

32

55

News

Bentley Genève Winter Tour 2024

Une passion genevoise

Hiver 2023-2024

Une belle Anglaise à la montagne

39

56

88

Les vins d’exception se vendent à Genève

Guillaume Cottancin

Watches & Shopping

Chocolats

Baghera/wines

Portfolio

La plus dure des courses d’aviron est genevoise

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Trends

Édition, administration et publicité District Creative Lab sàrl I Place de la Palud 23, 1003 Lausanne – Suisse I info@district.swiss I district.swiss I Tél : +41 21 312 41 41 Rédacteur en chef Christian Bugnon : christian@helvet.swiss Cheffe de projets Anne-Laure Bugnon : annelaure@district.swiss Rédaction info@helvet.swiss | Daniel Bauchervez, Christian Bugnon, Olivier Dufour, Isabelle Guignet, Claude Hervé-Bazin, Philippe D. Monnier, Yannick Nardin Photographes Guillaume Cottancin, Luca Fascini, Grégoire Gardette, Loris von Siebenthal, Stephan Torre — Genève Tourisme Graphisme District Creative Lab — Samuel Galley Traduction anglaise Karen Cooper Photolithographie Images3 Publicité info@district.swiss Copyright © 2023-2024 helvet magazine, tous droits réservés. Tous les textes et visuels publiés sont soumis au droit d’auteur. Leur reproduction, en tout ou partie, est strictement prohibée, sauf autorisation expresse des ayants droit respectifs. Cover Guillaume Cottancin | Prochaine édition Été 2024 I Dans la même collection : helvet magazine Zermatt et Verbier, livre helvet Verbier | shop sur helvet.swiss Living the high life !


BON PLAN

LES TRANSPORTS PUBLICS GRATUITS À GENÈVE ! Camping, auberge de jeunesse, Airbnb, hôtel ou palace, tout visiteur ayant réservé un hébergement en ville a droit à sa Geneva Transport Card. Trois jours avant l’arrivée, un lien permet de télécharger cette carte digitale sur son smartphone. Avec elle, bus, trams, trains et mouettes genevoises sont gratuits durant toute la durée du séjour ! À peine débarqué à l’aéroport, elle se révèle déjà utile pour rejoindre le centre. geneve.com

MANIFESTATION

INCONTOURNABLE FÊTE (ET COURSE) DE L’ESCALADE

BON PLAN

OUTDOORS

OASIS TROPICALES EN PLEINE VILLE

PANORAMAS AU SALÈVE

Le mercure plonge ? Les Conservatoire et Jardin botaniques de Genève, les plus grands de Suisse (situés dans le quartier international), ont la solution : un coup de chaud dans la touffeur de leurs serres tropicales. En ligne de mire : le délicieux Jardin d’hiver centenaire (1911) à coupole, tout de verre et de métal, où se côtoient palmiers, caféiers, cacaoyers et autres papayers ; et la Serre tropicale plus moderne, abritant 386 espèces recréant différents types de forêts tropicales humides, dont de nombreuses plantes épiphytes et orchidées. Ils sont ouverts tous les jours de 8 h à 17 h jusqu’à fin mars (20 h au-delà).

Le Salève ? L’emblématique montagne, culminant à 1’379 m en HauteSavoie (France) voisine, à fleur de frontière, offre un si beau point de vue sur le lac Léman et la Cité de Calvin qu’il en est venu à être surnommé « le balcon de Genève ». Depuis 1932, un téléphérique permet d’en rejoindre le sommet sans efforts. Géré par un groupement transfrontalier, il a rouvert cet automne après deux années d’un lifting d’envergure. L’occasion d’aller découvrir ses nouveaux restaurant panoramique, terrasse à 360°, expo permanente et grand mur d’escalade. telepherique-du-saleve.com

Tout Genevois qui se respecte connaît le 12 décembre. Prélude aux fêtes de Noël, ce jour anniversaire d’une victoire genevoise sur l’armée savoyarde (en 1602), célébrée par un grand défilé historique, est depuis longtemps devenu prétexte à réjouissances. En ligne de mire, dès les 2-3 décembre, la Course de l’Escalade voit s’affronter quelque 40’000 participants dans les rues de la vieille ville — les plus enjoués courant en costumes, by night, lors de la désormais célèbre Course de la Marmite. En prime : le prix du plus beau costume, une version marche pour les moins sportifs, du vin chaud à gogo, des musiciens dans toute la ville et… une grosse dose de bonne humeur.

cjbg.ch

maisondusaleve.com

escalade.ch


HIVER 2023-2024

OUTDOORS

ANIMATIONS

HORLOGERIE

PATINER SUR LES LACS GELÉS

LA BANQUISE DES EAUX-VIVES

AUDEMARS PIGUET PLUS GENEVOIS QUE JAMAIS

On l’appelle la Petite Sibérie. Avec un record de -45° C, la vallée de Joux, dans le proche Jura (à 1 h au nord de Genève), est assurément la plus froide de toutes les régions suisses. Pour peu que le thermomètre s’enfonce dans le rouge plusieurs jours durant, les plans d’eau gèlent vite — grand lac de Joux (9,5 km2) en tête. L’occasion pour les habitués de ressortir les patins dans les secteurs sécurisés du Pont, de L’Abbaye, du Rocheray ou des petits lacs Brenet et Ter. Devant soi : la plus grande patinoire naturelle du pays ! Des patins peuvent être loués à la cordonnerie Mouquin, Grand-Rue 39, au Sentier.

À la belle saison, le quai des EauxVives, étiré au pied du jet d’eau, s’anime autour de La Canopée où sont organisés gratuitement cours de sport et activités. Du 18 janvier au 26 mars, la Banquise prend le relais, sur le même principe. Exit yoga, zumba et pétanque, l’heure est désormais au lancer de hache, au mattcurling (version sans glace du curling) et au mölkky (quilles finlandaises) ! S’ajoutent un espace bien-être à fleur d’eau avec saunas-barriques au feu de bois (vue lac) et yourtes de repos, des activités pour les enfants, un foodtruck à l’accent canadien et, en fin de semaine, des animations musicales.

Le pionnier de la montre sportive de luxe agrandit ses locaux genevois. C’est à Meyrin-Satigny, à deux pas de son actuelle manufacture, que sera inauguré un nouvel édifice dédié à la fabrication de boîtes et de bracelets de la marque — ainsi que son Pôle Nouvelles Technologies. Conçu par FdMP Architectes dans le respect du label Minergie, il occupera (sur 9’400 m2) un emblématique édifice industriel des années 1960 réhabilité et agrandi d’une nouvelle structure. Parmi ses points forts : des espaces de production entièrement vitrés. Les travaux, entamés en septembre 2023, devraient s’achever fin 2025.

myvalleedejoux.ch

geneve.ch/fr/banquise

audemarspiguet.com

ANIMATIONS

GENÈVE, WEST SIDE STORY Rive gauche de l’Arve, à vol d’oiseau de la vieille ville, le quartier des Vernets s’articule autour du siège mondial de Rolex et d’une grande patinoire couverte — résidence du GSHC, le Genève-Servette Hockey Club. Cet hiver, le lieu accueillera en plus, chaque mois, une soirée disco sur glace animée par un DJ, avec bar en bord de piste. Rendez-vous les 16 décembre 2023, 13 janvier et 10 février 2024. Il ne reste plus qu’à aller s’entraîner un peu pour réussir à se déhancher patins aux pieds sans risquer la chute… gshc.ch

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HIVER 2023-2024

MANIFESTATION

SALON DE GENÈVE, LE RETOUR Après quatre annulations successives — covid, guerre et contrecoups obligent —, le prestigieux Salon de l’automobile de Genève (Geneva International Motor Show) fait son grand retour du 26 février au 3 mars 2024, avec ouverture au public à partir du 28 février. L’événement, qui a toujours fait la part belle aux marques haut de gamme, est reformaté sur une durée et une surface réduites, tout en ciblant nouveaux constructeurs et visiteurs. Révolutions technologiques, haute performance, innovations dans le domaine des énergies propres et design seront au cœur de cette édition centennale, qui attend près de 300’000 visiteurs. Parallèlement, le GIMS poursuit sa carrière au Qatar, où s’est tenu en octobre 2023 le premier motor show délocalisé griffé Salon de Genève. genevamotorshow.com

HORLOGERIE

URBANISME

INITIATION À L’HORLOGERIE CHEZ INITIUM

UNE NOUVELLE PASSERELLE CYCLABLE

L’horlogerie vous fascine ? Créé en 2015 par deux Jurassiens, Initium en-

Nœud gordien du trafic genevois, le pont du Mont-Blanc, qui relie la vieille ville au quartier de la gare, oblige piétons et vélos à partager ses trottoirs, au gré d’une piste cyclable unidirectionnelle fort étroite. Pas très sécurisant ! Pour remédier au problème, la Municipalité a validé la construction d’une nouvelle passerelle piétonne de 234 m, côté jet d’eau. Les trottoirs du pont seront ainsi libérés au profit des seuls vélos, permettant de boucler la boucle cyclable intégrale autour de la rade. Inauguration prévue vers 2027.

trouvre le voile des mystères de cette tradition genevoise pluricentenaire, le temps d’une initiation à la journée dans ses élégants locaux de la vieille ville (Grand-Rue, 17). D’abord un peu de théorie, puis la pratique, sous la conduite d’un vrai maître-horloger. Chacun choisit d’abord ses composants (qualité suisse) en fonction de ses goûts, avant de rejoindre l’établi pour apprendre à les assembler à l’aide des incontournables tournevis et brucelles. Le balancier vient en dernier, donnant vie au mouvement mécanique. Magique ! L’activité est proposée du lundi au samedi, sur réservation. initium.swiss

FÊTES DE NOËL

« UNE SOIRÉE À BROADWAY » Pour son gala de la Saint-Sylvestre, le Grand Théâtre de Genève accueille, le 31 décembre à 19 h 30, le baryton Simon Keenlyside pour une soirée spéciale placée sous le signe de la comédie musicale — un genre que le chanteur britannique affectionne particulièrement, comme en témoigne son album de 2014 Something’s Gotta Give. Il sera dirigé par David Greilsammer, directeur musical et artistique depuis une décennie du Geneva Camerata, dont l’ADN a toujours été de confronter styles et époques. gtg.ch

geneve.ch



HIVER 2023-2024

CULTURE

HORLOGERIE

« PAIE CE QU’IL TE PLAÎT »

ZBINDEN, UN HORLOGER DANS L’AIR DU TEMPS

L’opération, lancée au Musée d’Art et d’Histoire de Genève en 2022, ne fait que des heureux. Le concept est simple : le visiteur est invité à laisser la somme qu’il souhaite à l’entrée ou à la sortie des expositions temporaires du musée, qui sont habituellement payantes. Il peut aussi bien ne rien donner. Face au succès du dispositif, qui a vu tripler les recettes de l’institution, il a été étendu au Musée Rath et à la Maison Tavel. mahmah.ch

HORLOGERIE

WATCHES & WONDERS, LE SOMMET DE L’HORLOGERIE

Rituel genevois s’il en est, la 85e Coupe de Noël se déroulera les samedi 16 et dimanche 17 décembre 2023. Ni ski ni running au programme, mais la plus longue course de natation en eaux froides au monde ! Les quelque 4’000 participants s’affronteront dans la bonne humeur (et pour certains en costume) sur une distance de 120 m, parallèlement à la promenade du Jardin Anglais. Température attendue du lac : entre 5° et 10° C. Ceux qui survivent auront droit à un thé chaud pour se requinquer.

Héritier du Salon International de la haute horlogerie (SIHH), Watches & Wonders tiendra sa prochaine édition du 9 au 15 avril 2024 au Palexpo de Genève, dans un format modifié réunissant un nombre record de maisons horlogères : 55 ! L’événement, longtemps réservé aux professionnels, sera ouvert à tous les trois derniers jours, du samedi au lundi. Points de rencontre et de discussion se multiplient, tandis que le LAB prend de l’ampleur, pour mieux mettre en avant l’innovation au sein des manufactures et favoriser les vocations. Dans un même esprit de rapprochement avec le public, le salon se dédoublera en ville avec l’installation d’un Village des horlogers mettant en valeur pièces horlogères, métiers et talents, en parallèle de diverses expositions, présentations et activités — dont un concert gratuit.

gn1885.ch/cdn

watchesandwonders.com

OUTDOORS

LA COURSE DES GIVRÉS

Ernest, Raymond, Yves, Olivier, quatre générations de Zbinden se sont succédées à la tête de l’horlogerie-bijouterie depuis sa fondation à Genève dans les Années Folles par l’arrière-grand-père. Le 23 juin 1944, la maison s’installait au 17 de la rue du Mont-Blanc — où elle se trouve toujours aujourd’hui ! Un emplacement stratégique, devant lequel défilent des dizaines de milliers de personnes chaque jour, à la descente du train. Recentrée par Olivier Zbinden sur des partenariats (depuis longtemps) privilégiés avec huit marques horlogères, l’entreprise familiale s’apprête donc à souffler ses 80 bougies, dans un cadre sur le point d’être revisité… avec une grande surprise à la clef. Affaire à suivre. montre-geneve.ch



*CHAMPAGNE AOC GRANDE CUVÉE KRUG, BRUT, 75 CL

249.–

(10 CL = 33.20)

96 Robert Parker

19

*SAUVIGNON BLANC AUSTRALIA MARLBOROUGH CLOUDY BAY 2022, 75 CL

Vinum

34.95

(10 CL = 4.66)

*BOLGHERI DOC SASSICAIA TENUTA SAN GUIDO 2020, 75 CL

279.–

(10 CL = 37.20)

Des vins rares issus de notre cave ultra-select. En vente exclusivement en ligne sur:

mondovino.ch/vins-rares

Sous réserve de modifications de prix et de millésime. Coop ne vend pas d’alcool aux jeunes de moins de 18 ans. * En vente exclusivement sur mondovino.ch


HIVER 2023-2024

GASTRONOMIE

FESTIVAL

INTERNATIONAL

GARGANTUA MÉLOMANE

DES BALLONS DANS LE CIEL

GENÈVE REJOINT LE RÉSEAU « SMART CITIES »

Du 20 au 28 janvier 2024, la station vaudoise de Château-d’Œx, capitale autoproclamée de la montgolfière en milieu alpin, perchée entre marges orientales du lac Léman et Gruyère, accueillera son rituel Festival international des Ballons — 44e édition. Attirant des dizaines d’équipages du monde entier, cette (spectaculaire) fête des aérostiers réunit démonstrations et compétitions. Une excellente raison de venir prendre l’air de la montagne !

C’est une première en Suisse. Après le lancement de l’initiative Smart Geneva en 2021 par l’État de Genève, c’est au tour de la commune d’innover dans le domaine de la ville intelligente, en intégrant le réseau mondial OASC (pour Open and Agile Smart Cities). Le but ? Faire de Genève une cité numérique de demain, en s’appuyant sur les expériences des autres membres de la plate-forme, répartis dans une trentaine de pays à travers la planète — comme Amsterdam, Bruxelles, Copenhague, Glasgow ou Helsinki. En clair : tirer parti des technologies numériques pour faciliter la vie des citoyens.

Chaque mois, d’octobre 2023 à juin 2024, le Grand Théâtre de Genève marie bonne chère et grands airs lors de ses brunchs en musique dominicaux, organisés dans la débauche d’ors, de stucs et de lustres des foyers récemment restaurés, entre divinités anciennes et allégories. Interludes musicaux live et mets raffinés se succèdent, cocktail en main — un Bellini (prosecco-pulpe de pêche), naturellement. Les places étant limitées, mieux vaut réserver bien à l’avance (compter 70 CHF par personne). gtg.ch/la-plage/le-grand-brunch

festivaldeballons.ch

oascities.org

BON PLAN

LA CARTE EN RÉALITÉ AUGMENTÉE La Geneva Transport Card, c’est bien. Le Geneva City Pass, c’est encore mieux. Disponible pour 24 h (30 CHF), 48 h (40 CHF) ou 72 h (50 CHF), ce city pass offre la gratuité ou des réductions sur une soixantaine de musées et attractions en ville — sans oublier, là encore, l’ensemble des transports en commun. La croisière Geneva Tour ? Gratuit. L’entrée au Musée d’Art Moderne et Contemporain ? Gratuit. Le petit train de la vieille ville ? Gratuit. Les pédalos sur le lac ? Gratuit. Et voilà le prix de la carte déjà largement amorti. geneve.com

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Jours blancs à Genève Quand la bise fut venue Texte Claude Hervé-Bazin Photos Stephan Torre


Poumon vert au cœur de Genève, le parc Bertrand a troqué le gazon pour les flocons. Ses arbres remarquables, eux, cristallisent sous le givre.

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Certains jours d’hiver, le vent, puissant, dilate le jet d’eau. Le voici devenu cataracte, détrempant les quais de ses bruines froides.

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Début février 2012, la bise fait sortir le lac de ses gonds. Ses embruns gelés enveloppent les bancs, les bateaux et jusqu’aux véhicules garés à son flanc.

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Année après année, la neige et les glaces se raréfient sur les berges du Léman. Pour ne pas oublier la magie de ces jours blancs, Stephan Torre témoigne, par l’image.

En février 1985, Genève s’engourdit sous une carapace de poudreuse. Un demi-mètre, tombé d’un coup, comme par magie. L’espace d’un moment, la plaine joue aux montagnes et la cité de Calvin, engourdie, découvre le plaisir du ski dans les rues. La neige du siècle, dit-on. Un souvenir cher au cœur de Stephan Torre. Ce Genevois pur souche, auteur de plusieurs recueils d’images consacrés à sa ville, n’a cessé, depuis, de guetter le retour du grand manteau blanc. Après 35 années de collecte, il a publié en 2020 Jour Blanc — échos d’une ville comme suspendue dans le temps. Une « madeleine de Proust », savoure-t-il, pour parler aussi aux générations futures d’hivers jadis enivrants, réduits à peau de chagrin par le réchauffement climatique.

c’est un mode de vie, qui est en moi et l’a toujours été. Photographier, c’est fixer un moment, l’appréhender, le composer. C’est le regard sur ce qui nous entoure, sur tant de choses qui sont, qui font la vie sur notre planète. » Un témoignage. Une esthétique. Une quête de sens. Et, toujours, l’unicité d’une vision qui cherche à percer et franchir les arcanes du temps. Et maintenant ? Maintenant, Stephan Torre s’embarque dans un nouveau projet. Genève en 4 saisons. Une nouvelle ode à sa ville, encore en quête de partenaires.

Stephan Torre a la vocation de collectionner les instants — ici, juché sur son vélo, au dos duquel il parcourt inlassablement la ville ; ailleurs, aux quatre coins du monde, à la rencontre des hommes, des femmes et de leur quotidien. Les Bains des Pâquis, Genève entre ombre et lumière, La rade aux vents, tous ses ouvrages genevois parlent de l’éphémère, de sentiments, du temps qui passe, de visions souvent sculptées par la lumière. Il y eut d’abord les cours de photo au collège, les pellicules 24x36, les économies pour acheter le premier agrandisseur entre amis, la lumière rouge de la chambre noire et l’odeur du révélateur dans son bac. Puis il y eut l’engouement pour les concerts et les grands groupes rock. Au fil des ans, la passion n’a fait que se développer. « La photographie,

Jour blanc, paysages d’hiver à Genève. Photographies de Stephan Torre, préface de Martin Beniston. En vente en ligne et à la librairie Payot.


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Genève, un festin pour les sens Dans les cuisines doublement étoilées d’Olivier Jean Texte Isabelle Guignet Photos Guillaume Cottancin

Bien plus qu’une plaque tournante diplomatique, Genève est aussi un paradis pour les gourmets, à la scène gastronomique enrichie par la diversité culturelle. Parmi les tables d’exception, L’Atelier Robuchon d’Olivier Jean a été récompensé d’une seconde étoile Michelin cet automne. Olivier Jean n’est pas loin de décrocher la lune, après avoir obtenu une 2e étoile, décernée par le Guide Michelin pour L’Atelier Robuchon de Genève.

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Le défi de la haute cuisine, sans cesse renouvelé, est bien de réussir à réunir en un seul plat architecture, esthétique, subtilité et harmonie des goûts.


Humble et discret, souriant et plein d’humour, Olivier Jean jubile. Tout juste deux ans après l’ouverture de L’Atelier de Joël Robuchon au sein de l’Hôtel The Woodward de Genève, le restaurant gastronomique teinté de rouge et de noir démontre une nouvelle fois son excellence grâce à son chef isérois, gratifié d’une deuxième étoile au Guide Michelin. Cerise sur le gâteau, cette seconde comète arrive seulement un an après la première. De quoi réjouir plus encore Olivier Jean, qui se dit fier et reconnaissant. « Cette deuxième étoile, je la dois à mon équipe, qui fournit un travail spectaculaire au quotidien », confesse le chef avec gratitude. Car ce n’est pas une personne, mais bien 11 qui s’activent derrière les fourneaux ! Ses maîtres mots : excellence et innovation. Son modèle : Joël Robuchon. Nommé chef exécutif de l’antenne taïwanaise de L’Atelier à seulement 27 ans, Olivier Jean se souvient encore de cette rare phrase prononcée par le maître, après qu’il eut goûté son tournedos Rossini : « Je suis fier de toi ». « Fabuleux », ajouta-t-il même… Ces mots résonnent encore dans la mémoire du jeune chef, comme si c’était hier. Robuchon les réitéra lorsqu’il décrocha sa première étoile en 2018. Honneur, gratitude, respect, confiance, voilà la multitude de sentiments qu’Olivier Jean éprouve aujourd’hui encore en recevant cette seconde étoile. Le reflet, croit-il savoir, des compétences acquises aux côtés du grand Robuchon. À n’en pas douter, ce dernier l’aurait félicité une fois de plus, comme un père fier de son fils. UN GASTRONOME ÉCLECTIQUE L’étoile montante de la gastronomie genevoise n’est pas pour autant du genre chichiteux. Partout, petites échoppes et food trucks l’attirent invariablement, avec leurs cuisines locales authentiques. À l’entendre, un simple steak-frites dans son assiette, avec sauce béarnaise et bon Bordeaux, font déjà de lui le plus heureux des hommes… Ce qu’il aime dans cette ville ? Plus que tout, la richesse de sa scène culinaire au confluent de nombreuses cultures, ses tables aussi locales qu’exotiques, multiples et variées. Olivier Jean n’est pas avare de conseils. Une envie de bons filets de perches du Léman ? Il recommande La Coupole,

établissement incontournable de la ville, où la fraîcheur est garantie par les pêcheurs partenaires de l’établissement. Le chef les y travaille délicatement au beurre citronné. Un restaurant bistronomique qui titille les papilles ? « C’est chez Serge Labrosse, à La Chaumière (1 étoile Michelin), qu’il faut aller, pour ses plats authentiques et finement travaillés ». Pour une cuisine française assurée et toujours élégante, direction l’Hôtel Président Wilson, chez Michel Roth — qu’il idolâtre. Pour les poissons et fruits de mer ? Jean-Marc Bessire, au Cigalon, détient la clef. « Tous les restaurants des chefs étoilés de Genève sont rayonnants, variés et intéressants », s’enthousiasme Olivier Jean. D’ailleurs, il en est sûr : le bout du lac connaît depuis un moment une fulgurante ascension en termes de qualité et d’art culinaire. L’ATELIER DE JOËL ROBUCHON, SA MAISON L’Atelier de Joël Robuchon Genève, c’est sa nouvelle maison. Deux ans, deux étoiles. Olivier Jean entend bien en prendre soin, tout en modestie. « On ne cesse jamais d’apprendre ! », s’exclame-t-il, comparant la cuisine à l’architecture, l’horlogerie ou encore la musique. Assurément, un art se doit d’être exercé tous les jours. « Ce qui fait un bon chef, c’est avant tout son palais, qu’il doit aiguiser à chaque instant ». Lui s’y applique : il ne goûte pas moins de 140 cuillères à café par jour, afin de s’assurer que tout ce qui sort de cuisine est parfait ! La carte ? « 50 % de plats signature, 50 % d’inventions conçues en fonction des saisons, des odeurs, des envies, mais également selon la demande des clients ». C’est ainsi qu’est né son Caviar Impérial, composé de tourteau rafraîchi d’une gelée de crustacés et sublimé de caviar impérial, créé en 2017 à Singapour. Quant à l’iconique purée de pommes de terre de Joël Robuchon, rien n’y fait, le jeune chef refuse de révéler la recette de son mentor. Seule info : 12 kilos de patates sont utilisés chaque jour, ainsi qu’une grande quantité de beurre. Pour le coup de main, il faut se rendre au comptoir du restaurant pour observer Olivier Jean et sa brigade à l’œuvre, avant de s’attabler dans ce bel établissement doublement étoilé. oetkercollection.com/fr/hotels/the-woodward

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C H O C O L A T S Une passion genevoise Texte Yannick Nardin Photos Guillaume Cottancin



Si les seuls cacaoyers de Genève se cachent dans la moiteur des serres des Conservatoire et jardin botaniques, les spécialistes genevois du chocolat ont largement contribué, en deux siècles, à façonner et perpétuer cette tradition hautement helvétique. Emblématiques « pavés » et « marmites » côtoient des créations de haute facture, nées d’un soupçon de folie et de beaucoup de passion.


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« Ce fut l’an mil six cent et deux, Qu’on vit ces Savoyards furieux, (…) Ah ! la belle Escalade, Savoyard, Savoyard » Ce refrain, probablement le plus enseigné dans les écoles genevoises, évoque un fait historique marquant : la nuit du 11 au 12 décembre 1602, la cité de Calvin repoussa l’assaut des belliqueux voisins, notamment grâce à la Mère Royaume qui, dit la légende, protégea les remparts en y déversant une marmite de soupe brûlante… Depuis, la tradition veut qu’à cette date anniversaire, on brise et se délecte de marmites en chocolat — entre autres festivités. L’occasion, pour les chocolatiers genevois, d’exprimer tout leur savoir-faire à travers moult interprétations de ces récipients gourmands débordant de friandises en pâte d’amande et douceurs. La coutume ne date pas d’hier. Voilà même deux bons siècles que les maisons de chocolat genevoises raffinent leurs créations avec Martel fondé à Carouge dès 1818 et Favarger, né à Genève en 1826. PAVÉS, PRINCESSES ET… POUBELLES ? Tout aussi emblématiques de l’art consommé du chocolat genevois, les « pavés » ne possèdent, quant à eux, aucun lien avec un quelconque évènement de 1968… Ces carrés gourmands saupoudrés de cacao tirent leur origine d’une recette mise au point en 1936 à la confiserie Rangel, transmise à la maison Rohr, qui les fabrique toujours tels qu’à l’origine. La chocolaterie Rohr est d’ailleurs l’initiatrice d’une autre étonnante création locale : les « poubelles genevoises », dont la coque en chocolat renferme un moelleux cœur truffé. Avec son nom de baptême autrement plus chic, l’« Amande Princesse » est née à la chocolaterie Auer avant de figurer en bonne place chez d’autres enseignes de la ville. Elle associe amandes grillées et caramélisées à une robe de chocolat au lait saupoudrée de cacao. UN GOURMAND AVERTI EN VAUT DEUX Spécialité séculaire de la ville, le chocolat se décline à l’envi dans la cité. Un « Choco Pass » permet ainsi de déguster des « assiettes » composées par les soins des meilleurs

et plus incontournables chocolatiers locaux. Le sésame ouvre en grand les présentoirs de Stettler & Castrischer, de Du Rhône, de La Bonbonnière, de Favarger, de Zeller, de Guillaume Bichet, de Canonica et de Sweetzerland Chocolatier. L’occasion d’une belle promenade… digestive. L’une de ces enseignes, La Bonbonnière, reprise en 2016 par des passionnés, a par ailleurs ouvert une « École du chocolat » proposant de nombreux ateliers à thème. Le cacao se déguste aussi d’une façon plus rituelle, lors de cérémonies mystiques proposées par des yogis de la ville… Parmi ses nombreuses vertus, le cacao ouvrirait à la spiritualité et favoriserait la relaxation grâce à sa haute concentration en sérotonine, selon des rituels inspirés par les pratiques des civilisations méso-amérindiennes. Mais voici que la voie du chocolat se poursuit hors de la ville. Dans la campagne genevoise d’abord, à Satigny, où œuvre Orfève. Créée par deux amoureux (dans la vie et du chocolat) la marque fait figure d’exception, car elle en maîtrise la conception depuis la fève — qu’elle traque jusque sur ses terres d’origine. Sélection, torréfaction, concassage, conchage… Caroline et François-Xavier ont appris à dompter chaque étape de la fabrication du chocolat pour s’approcher de leur rêve : créer les meilleures tablettes du monde. Au-delà, une halte à Perroy, village vaudois surplombant le lac Léman, se révèle tout aussi indispensable pour découvrir l’excellentissime chocolatier Tristan, un virtuose de la fève à la renommée internationale, d’ailleurs formé à Genève par Rohr. Pour compléter ce voyage en terres de cacao, direction Broc, dans la Gruyère, et la spectaculaire Fabrique de Chocolat Cailler. S’il ne s’agit plus ici d’artisanat depuis longtemps — la marque ayant littéralement conquis la planète —, la magie de la fabrication du chocolat suisse se vit sans demi-mesure grâce à une visite qui éveille l’entier des sens, avec permis de déguster.

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A B C D E F G

G

Remember to exhale. Bentayga S.

Discover a powerful obsession at Geneve.BentleyMotors.com Bentayga S (V8) WLTP drive cycle: fuel consumption, mpg (l/100km) – Combined 21.7 (13.0). Combined CO₂ Emissions – 294 g/km. Fuel efficiency class: G. The name ‘Bentley’ and the ‘B’ in wings device are registered trademarks. © 2024 Bentley Motors Limited. Model shown: Bentayga S.

BENTLEY GENÈVE


Baghera/wines Les vins d’exception se vendent à Genève Texte Isabelle Guignet Photo Baghera/wines

Leader européen des enchères de vins rares, Baghera/wines a fait de Genève le lieu de référence pour l’acquisition d’élixirs d’exception. Fondateurs de la maison, Julie Carpentier et Michael Ganne racontent leur histoire

Ce rare lot de 2 bouteilles du grand cru Romanée-Conti 2011 a été adjugé CHF 38’400.- au terme d’enchères particulièrement combatives !

pour helvet magazine. 2023 est une année anniversaire pour Julie Carpentier et Michael Ganne. Si tous deux fêtent leurs 45 ans, ce millésime marque avant tout vingt ans d’amitié. L’histoire, qui pourrait être racontée par Bacchus lui-même, débute en 2003 lorsque le vin les rapproche au sein de la maison Christie’s. Ils collaborent alors au développement du département des vins, à Paris comme à Genève. Au fil des ans, le lien qui les unit se renforce, aussi puissant que les tanins des grands crus de Bordeaux. Ils élaborent alors un projet qui verra le jour en 2015 à Genève : créer leur propre maison d’enchères de vins rares. CHEZ BAGHERA, IL EST TOUJOURS WINE O’CLOCK… Sous l’égide de Baghera/wines, les deux œnophiles et leur panel d’experts comptabilisent, sur huit années d’existence entre Genève, Singapour et Dijon, pas moins de 19 ventes aux enchères en salles et 77 ventes online — ces dernières baptisées de manière ludique « Wine o’clocks ». Quels sont les marchés les plus friands d’élixirs rares ? « L’Asie, les États-Unis et l’Europe, bien entendu » explique Julie Carpentier, ravie de constater que, en Extrême-Orient, « le vin se conjugue également désormais au féminin » ! « Au cours des dernières années, nous avons organisé une série impressionnante de ventes aux enchères remar-

quables » s’enthousiasme Michael Ganne. « Et nous avons conclu certaines des plus grandes ventes de vins jamais réalisées ! » Le record est détenu par un lot de 12 bouteilles de la maison Bouchard datant de 1865, adjugé en avril 2021 pour CHF 1’952’000.- dans le cadre d’une vente-événement consacrée exclusivement aux grands crus de La Romanée — la plus petite Appellation d’Origine Contrôlée au monde, étendue sur seulement 0,85 hectare, en Bourgogne. Plus cher encore ? Trois ans auparavant, Baghera/wines dispersait les 1’064 flacons de la cave du « maître du pinot noir » Henri Jayer pour la somme record de 34,5 millions de francs, lors d’enchères follement disputées. Les vins proposés par Baghera/wines proviennent aussi bien des caves de domaines historiques que de successions et de collections privées. Chaque bouteille est scrutée à la loupe avant d’être commercialisée, aux enchères ou en boutique. Car oui, pour les amateurs éclairés basés en Suisse — et plus précisément à Genève —, Baghera/wines a inauguré un luxueux club, qui fait également office d’espace de vente, au pied de l’Hôtel Beau-Rivage. L’occasion d’acquérir des breuvages d’exception, dès CHF 30.- la bouteille. bagherawines.com

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Genève Aéroport L’indispensable Texte Philippe D. Monnier Photo Swiss International Air Lines Ltd.

Après la pandémie, l’aéroport de Genève a connu une forte reprise et a retrouvé son rôle moteur pour la Genève internationale. Alors que l’actuel directeur général anticipe une faible croissance, son successeur pourrait concrétiser des opportunités inattendues.

Avec plus de 142 destinations et 14 millions de passagers par an, y compris quelque 5’000 chefs d’États et ministres, l’aéroport de Genève joue incontestablement un rôle clé dans le rayonnement de la Genève internationale. Grâce au rétablissement de son réseau de connexions et à la reprise postpandémique de son trafic aérien, cet établissement public autonome d’un millier d’employés a dégagé un bénéfice de CHF 46,3 millions en 2022. Malgré l’urgence climatique, l’engouement de la population pour les voyages ne donne aucun signe de ralentissement. UNE CROISSANCE MODÉRÉE DU TRAFIC PASSAGERS CONTINENTAL Ces dernières décennies, l’aéroport de Genève nous avait habitué à des taux de croissance du trafic passagers de l’ordre de 5 % par an. Toutefois, André Schneider, l’actuel directeur général, table sur une future croissance annuelle réduite à environ 1 %. La raison de ce ralentissement ? Une saturation des lignes continentales, actuellement au nombre d’environ 130. André Schneider souligne également que l’aéroport de Genève — à l’inverse de celui de Zurich — ne peut compter que sur son seul bassin de population, car il n’est pas considéré comme un hub aérien. Ces prévisions de faible croissance auront probablement une incidence sur la politique salariale et, sur ce point sensible, des négociations sont d’ailleurs actuellement en cours.

UNE AMBITION INTACTE D’ACCROÎTRE LE NOMBRE DE VOLS INTERCONTINENTAUX André Schneider souhaite voir augmenter le nombre de lignes passagers intercontinentales, relativement marginales par rapport au trafic continental. Aux douze dessertes actuelles, l’idée serait d’ajouter plusieurs connexions directes vers l’Asie, l’Amérique du Nord, voire l’Afrique subsaharienne. Nécessairement confronté à d’autres aéroports européens dans cet effort d’expansion, y compris celui de Zurich, l’Aéroport de Genève pourra mettre en avant un atout rare mais particulièrement pertinent quant à la profitabilité des compagnies aériennes : ce sont les billets de première classe et de classe affaires qui se vendent le mieux pour les vols intercontinentaux en partance et à destination de Genève. Le cas de l’Amérique latine est plus complexe et démontre l’importance de stimuler le trafic passagers dans les deux sens. En effet, s’il existe un intérêt certain pour des vols vers cette région au départ de Genève, l’enthousiasme pour les liaisons dans le sens inverse est certainement moins marqué, en raison des difficultés économiques que connaissent certains grands pays latino-américains. Or, pour préserver la réputation des compagnies aériennes comme de l’Aéroport de Genève, il est impératif de s’assurer que l’introduction d’une nouvelle liaison ne conduise pas à sa suspension moins d’un an plus tard.


TRÈS PEU DE CONCURRENCE L’Aéroport de Genève n’est pas situé à une distance considérable d’autres aéroports, notamment de celui de Lyon. Cependant, les destinations proposées diffèrent suffisamment pour qu’ils ne soient pas directement en concurrence. La véritable compétition se concentre sur les habitants des régions de Fribourg et de Berne, vivant à égale distance de la Cité de Calvin et de Zurich. En raison de la crise climatique, le train pourrait théoriquement tendre à remplacer certains vols. Néanmoins, les temps de voyage par le rail sont souvent nettement plus longs, surtout en l’absence de liaisons directes, et les tarifs généralement plus élevés. En pratique, seuls les trajets de Genève à Paris ou Zurich sont en concurrence avec l’avion. SAVOIR NAVIGUER DANS LA COMPLEXITÉ POLITICO-ADMINISTRATIVE André Schneider prendra sa retraite en 2024. Idéalement, son successeur devra être au bénéfice d’une combinaison fort rare de deux qualités. En premier lieu, le futur directeur général devra savoir naviguer dans une organisation infiniment complexe, régulée et politisée. En effet, en tant qu’établissement public autonome, Genève Aéroport est soumis à une législation et une gouvernance compliquées, sans parler de l’influence des différentes parties prenantes externes ;

les riverains ou les écologistes ont notamment prouvé leur capacité à lancer avec succès des initiatives populaires. DES FUTURES POSSIBILITÉS DE DÉVELOPPEMENT PROBABLEMENT INSOUPÇONNÉES Pour trouver un nouveau souffle, le futur directeur général devra aussi — et peut-être même surtout — être un homme d’affaires aguerri, capable de donner des impulsions puissantes à son aéroport. Les pistes sont multiples. Par exemple en développant de nouveaux services VIP ou non aéroportuaires. En attirant un pourcentage beaucoup plus élevé de passagers hautement profitables. En créant un mini-hub aérien pour certaines lignes intercontinentales. En entrant en concurrence avec des lignes continentales proposées par l’aéroport de Lyon. Ou en développant davantage l’aviation d’affaires, sur le modèle niçois. Reste aussi, comme dans toutes les grandes entreprises du monde, y compris celles aux mains de l’État, la possibilité de réduire fondamentalement les coûts et d’augmenter l’efficacité opérationnelle, principalement grâce à une refonte complète des processus. gva.ch

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De Genève pour le Monde WEF : une capacité exceptionnelle à réunir les leaders mondiaux Texte Philippe D. Monnier Photos World Economic Forum (WEF)

Bien que son événement phare ait lieu à Davos, le Forum économique mondial (WEF) est clairement ancré à Genève, qui lui offre à la fois la forte présence de nombreuses organisations internationales et les avantages d’une économie libérale. Cette fondation créée il y a 52 ans se considère même comme une ancienne start-up genevoise. Chaque mois de janvier, une cinquantaine de chefs d’États et de gouvernements, une septantaine de dirigeants d’entreprises de la liste « Fortune 100 » et de nombreux leaders de tous bords se retrouvent à Davos pour la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF). Si l’événement est célèbre, peu savent, précisément, à quoi œuvre le WEF. Créée en 1971 à Genève par le Professeur Klaus Schwab dans l’optique de sensibiliser les chefs d’entreprises aux pratiques de management à l’américaine eu Europe, l’organisation, unique en son genre, n’a cessé de prendre de l’ampleur, jusqu’à devenir l’un des principaux lieux de discussions économiques, sociales et politiques de la planète. Son but officiel, désormais : « améliorer l’état du monde ». Un vaste programme au chemin semé de défis, qui a vu ses domaines


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Olivier Schwab, membre du World Economic Forum depuis 2010 et actuel Managing Director.


d’activités connaître une expansion significative, sous la conduite de son fondateur et « Executive Chairman » de toujours, Klaus Schwab. C’est dans ce contexte qu’helvet a interviewé son fils, Olivier Schwab, « Managing Director » du WEF. Issu de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et du Massachusetts Institute of Technology (MIT), l’homme a rejoint le Forum en 2010, après un début de carrière notamment au sein du groupe Schindler. Le WEF a été créé à Genève en 1971. Pourquoi avoir choisi ce canton ? Le choix s’est fait tout naturellement car, à cette époque, notre fondateur, le Professeur Schwab, enseignait à l’Université de Genève. Il n’est d’ailleurs pas faux d’affirmer que le Forum est une ancienne start-up genevoise puisque, au tout début, il n’y avait que lui et sa future femme ! De plus, Genève offre deux atouts de taille : une approche libérale envers l’entrepreneuriat et la présence d’une multitude d’organisations internationales. La neutralité suisse, parfois critiquée, reste-t-elle un atout ? Non seulement son importance reste entière mais, en plus, nous la considérons comme un modèle à suivre pour l’ensemble de nos activités, en particulier dans un monde tellement polarisé. Quels sont vos rapports avec les autorités genevoises ? Ces rapports ont toujours été très positifs. Dans une phase initiale, le Forum a même reçu un soutien financier de la Banque Cantonale de Genève. Les autorités genevoises sont systématiquement représentées à nos réunions annuelles à Davos ; en janvier 2023, nous avons accueilli Nathalie Fontanet (Conseillère d’État) et Marie Barbey-Chappuis (alors Maire de Genève). Sur un tout autre plan, le Forum vient de recevoir un prix spécial du jury dans le cadre des Grands Prix de l’économie genevoise ! Les principaux événements du WEF se tiennent hors de Genève, notamment à Davos. La ville du bout du lac n’at-elle jamais été candidate pour ces grandes réunions ? Nous avons toujours souhaité organiser nos réunions annuelles dans un petit village reculé, en l’occurrence à Davos. En optant pour un tel lieu dans les Alpes grisonnes, les participants sont encouragés à se concentrer sur nos forums plutôt qu’à s’adonner à d’autres activités dans une métropole. C’est ce que nous appelons aujourd’hui « l’esprit de Davos ». Au fil des années, le WEF a mis sur pied une série d’antennes à l’étranger… Oui, actuellement, nous disposons de nos propres antennes à New York, San Francisco, Beijing (Pékin) et Tokyo. En plus, nous soutenons et collaborons avec une série d’antennes externes. Notre fondation emploie environ 1’000 personnes, y compris 350 employés détachés

par leurs organisations pour travailler au sein du Forum. Étant donné notre taille et le caractère planétaire de nos activités, il est normal que nous ayons diverses présences à l’étranger. Cela étant, 80 % de nos employés restent basés à Genève, où demeurera notre siège. Avec quelles organisations internationales basées à Genève travaillez-vous en priorité ? Que leur apportez-vous ? Nous collaborons intensément avec une multitude d’organisations internationales, notamment l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Nous sommes également très impliqués dans les travaux préparatoires de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP). Les partenaires naturels de ce type d’organisations internationales sont les gouvernements ; le Forum leur apporte une véritable dimension multipartite en impliquant le secteur privé, la société civile et le monde académique. Le WEF est financé par ses membres du secteur privé. Parmi ces derniers, est-ce que les entreprises suisses sont bien représentées ? Plus d’une dizaine de conglomérats suisses comptent parmi notre centaine de « Strategic Partners », désignant les entreprises mondiales qui sont le plus impliquées dans nos activités et nous financent à hauteur de 600’000 francs par an et par entreprise. En tout, 800 entreprises financent le Forum ; un tiers d’entre elles est basé en Europe, un tiers en Amérique du Nord et le dernier tiers dans le reste du monde — nous cherchons d’ailleurs à accroître ce troisième tiers. En 2018, le WEF a été officiellement désigné « organisation internationale de coopération public-privé » par la Confédération suisse. Quels avantages en avez-vous retirés ? Ce nouveau statut a renforcé notre reconnaissance auprès de nos États partenaires, même si notre réputation était déjà bien établie avant cette désignation. L’obtention de ce statut n’a pas été simple car le soutien de nombreux pays était une condition sine qua non. Pour l’heure, seul le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le Forum en bénéficient. C’est également pour renforcer notre reconnaissance que nous avons signé en 2019 un accord de partenariat avec les Nations Unies ; cette initiative vise à accélérer la mise en œuvre de l’Agenda 2030 pour le développement durable. Le but officiel du WEF est « d’améliorer l’état du monde ». Comment mesurez-vous votre degré de succès ? Un critère essentiel est l’engagement général et financier de nos membres du secteur privé. Un autre élément important est la confiance que nous témoignent nos autres partenaires, notamment les gouvernements, les académiciens, les

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Le campus du WEF, sis à Cologny, en face du Golf Club de Genève, offre une vue dominante imprenable sur le lac Léman.

représentants de la société civile, etc. Pour le Forum, il est essentiel que tous ces acteurs clés continuent à participer activement à ses diverses activités. Notre succès se mesure aussi aux nombreuses initiatives lancées dans le cadre de nos réunions et parfois incubées dans notre organisation.

ce canton comme mon chez-moi. Malgré sa taille moyenne, Genève a énormément à offrir à ses habitants, notamment en termes d’offre culinaire, qui ne cesse de s’améliorer. Néanmoins, mon activité préférée est de me rendre aux festivités de l’Escalade avec mes enfants.

Quelques exemples d’initiatives lancées à Davos ? Je peux citer l’ « Alliance of CEO Climate Leaders », c’est-à-dire une communauté de 120 CEOs déterminés à accélérer la transition vers une économie nette zéro. Je pense aussi à la « First Movers Coalition » (la Coalition des précurseurs) : il s’agit de 65 grandes entreprises — dont beaucoup font partie de la liste Fortune 100 — qui se sont engagées à accroître d’une manière significative la durabilité de leurs chaînes d’approvisionnement.

Votre fondateur, le Professeur Klaus Schwab, dirige le WEF depuis plus de cinquante ans. Le jour où il décidera de se mettre en retrait, à quels changements fondamentaux vous attendez-vous ? Le Forum a mis en place une gestion professionnelle et stable. En plus du Conseil de fondation, présidé par Klaus Schwab, nous avons un Comité de direction, présidé par Børge Brende. Ce dernier réalise un travail exceptionnel. Durant cette dernière décennie, le Conseil de fondation est devenu de plus en plus actif, notamment avec la mise sur pied de sous-comités activement impliqués dans la définition de notre stratégie.

Le WEF a beaucoup évolué au fil des années. Quelles ont été les principales étapes de votre développement ? Initialement, nous étions un organisateur de conférences internationales. Ensuite, nous avons rajouté la cocréation de contenu, la gestion de communautés, la cogestion de projets pilotes ainsi que l’incubation d’initiatives comme celles mentionnées précédemment. Avec tous les voyages que vous faites à travers le monde, gardez-vous un lien personnel fort avec Genève ? Bien évidemment ! Je suis né et j’ai grandi à Genève et je considère

La succession d’un fondateur comme le Professeur Klaus Schwab n’est pas pour autant un sujet anodin… En effet. Néanmoins, je suis persuadé que, le moment venu, le Conseil de fondation sera parfaitement à même de gérer au mieux cette succession. En tout cas, nous n’avons aucun souci à nous faire quant à des changements radicaux de direction ou un délaissement d’initiatives clés. weforum.org

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Rendez-vous au spa À quelques gouttes de vapeur du bonheur

© Woodward Hotel

Texte Yannick Nardin

Tout de blancs éthérés et marbrés, le spa de l’hôtel Woodward cache la plus longue piscine intérieure de Genève : 21 m.

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Lorsque l’hiver se fait rude, Genève répond par des adresses hautement réconfortantes, à même d’apaiser les pires traumas météorologiques. Au gré des rues glacées, des senteurs divines s’échappent des spas, invitant à suivre la voie du

© Luca Fascini

lâcher-prise.


© Woodward Hotel

Ville d’eau par excellence, Genève décline les plaisirs aquatiques en toutes saisons. Lorsque, l’hiver, le brouillard se lève au contact de l’air froid et des eaux encore tièdes du lac Léman, les Genevoises et Genevois avertis le savent : prendre soin de soi peut insuffler le courage nécessaire pour résister à la baisse de vitalité saisonnière. En ville, les meilleures adresses de centres d’hydrothérapie ou de traitements wellness s’échangent d’autant plus volontiers qu’anciens et plus récents établissements n’ont de cesse de rivaliser d’architectures luxueuses et zen, d’innovations en matière de soins esthétiques et autres massages ensorcelants. Détendre, gommer les signes de la fatigue, voire du passage du temps, et même atténuer les soucis de forme(s) : les multiples expertises déployées dans ces lieux hors du temps promettent une métamorphose quasi intégrale. POUR LES JEUNES DE TOUS LES ÂGES La parenthèse s’ouvre un vendredi après-midi, au sortir d’une semaine éreintante, à la faveur de quelques heures glanées sur un agenda surchargé. D’un pas (encore) stressé, on rejoint les luxueuses rues basses de la Rive gauche, entre lac et vieille ville, sans même un regard pour les splendides vitrines décorées pour les fêtes. Rue du Rhône,

L.Raphaël accueille hommes et femmes dans son « temple de la beauté » inauguré en 2005. Ici, la technologie phare repose sur l’oxygène pur, dont l’action renforce l’efficacité d’une composition anti-âge spécifique à la marque. Le soin, combiné à des massages experts, se mue en intense sensation de relaxation : le souffle vivifiant de l’O2 transporte sur les cimes et la peau respire à nouveau, éclatante. Si seulement la bise noire possédait ce pouvoir ! Cette première expérience exclusive inspire d’autres envies. À Champel, autre très beau quartier de la ville plutôt résidentiel, le spa After The Rain adopte un concept original de « capsules ». Ici, les cartes de soins s’effacent au profit de traitements adaptés aux besoins du moment. Comme la nature après une pluie régénérante, on s’abandonne, à deux ou en solo, aux bienfaits du hammam et des massages thérapeutiques aux inspirations multiples — du kobido au lomi lomi en passant par le massage rebouteux et la lithothérapie. EN PEIGNOIR ET CHAUSSONS Voici que naît le rêve un peu fou de vivre une existence faite de séances de bien-être. Fort heureusement, les nombreux hôtels haut de gamme de la région se sont donné pour mission de métamorphoser n’importe quelle chenille en manque

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© G.Gardette

Au bord du Léman, dans un parc de 4 ha, le très théâtral spa de l’hôtel La Réserve cultive un sentiment hors du temps.

de vitamine D en un magnifique papillon. Comment ? En développant leurs propres rituels ou en s’associant à des marques cosmétiques réputées. L’accès à leurs piscines, spas et soins n’est généralement pas limité aux seuls résidents, mais ouvert au public. Ainsi, le Jiva Hill, le Président Wilson (La Mer), le Four Seasons, le Fairmont (Valmont), l’InterContinental (Cinq Mondes) et le Bristol concoctentils tous des programmes rédempteurs. Au Woodward, la marque Guerlain, fine connaisseuse des principes actifs de l’orchidée (réputée pour sa longévité), se charge de prodiguer les soins. Son spa de 1200 m2 cache la plus longue piscine intérieure de Genève (21 m), dans un écrin épuré baigné de lumière, entre saunas, hammams et bains suédois. Faut-il vraiment briser l’enchantement ? Pour éviter un retour trop précoce à la réalité, la plupart de ces établissements proposent des séjours bien-être en version « staycations ». Ainsi, la cure Nescens better-aging de La Réserve

s’étend-elle sur 7, voire 14 jours, avec personal training, soins, massages, balnéothérapie et, bien entendu, repas santé. Et si l’on s’éclipsait un moment, pour réapparaitre avec des airs divinement resplendissants ? BAINS « PUBLICS » Reste la bulle de l’incontournable Bain Bleu. Situé depuis 2015 au bord du lac, tout contre la piscine estivale de GenèvePlage, cet « océan bleu », comme l’appellent les stratèges en marketing, offre une adresse plus abordable. Sous son air plutôt discret, se révèle une splendide architecture aux bassins et hammams baignant dans une ambiance orientale, œuvre du cabinet genevois GMAA. Clou du spectacle, une piscine chaude, sur les toits, garantit une vue spectaculaire sur le Léman. Cocktails et coupes pétillantes s’y dégustent face au soleil couchant, puis sous les étoiles, pour une expérience de « bulles dans les bulles ». Idéal pour parachever cette quête de bien-être.

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P O R T F O L

I

O

Guillaume Cottancin L’appétit vient en photographiant Texte Claude Hervé-Bazin Photos Guillaume Cottancin

Caviar impérial et tourteau rafraîchi d’une gelée de crustacés : un plat tout en symétries du chef Olivier Jean à l’Atelier Robuchon du Woodward Hotel Genève.




Feuille, galet, contenu secret. Le travail du photographe consiste aussi à trouver l’adéquation parfait entre identité du lieu, matières et textures.

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Le chef de cuisine Jérémy Verquiere, de l’Agape, à Carouge, créé ici une raviole de concombre et caviar à la forte épure.




La lumière latérale sublime Jordbaer, le dessert à la fraise, citron noir et collerette sucrée de la cheffe Francesca Fucci au Fiskebar du Ritz Carlton.

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Marier contenant et contenu : la gastronomie est aussi un art visuel et la photographie son héraut.


La forêt infuse le croquant cassis du chef Paul Cousin (restaurant MAPO) avec son sirop infusé au sapin. Ci-contre tataki de thon revisité, version L’Agape.


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La gastronomie est l’art d’utiliser la nourriture pour créer le bonheur, a écrit le philosophe et sociologue britannique Theodore Zeldin. Pour Guillaume Cottancin, le bonheur, c’est aussi de photographier les plus belles créations des chefs.


Au Four Seasons, Jean-Marie Roger propose un spectaculaire assemblage de mangue, citron kaffir indonésien et poivre pamplemousse népalais.

TOMBÉ DANS LA MARMITE C’est l’histoire d’un coup de chance. Un hasard, qui fait bien les choses. Étudiant en économie, Guillaume Cottancin travaille dans un restaurant de burgers artisanaux genevois. La communication l’intéresse. Le patron, séduit, le charge d’alimenter les réseaux de l’entreprise. Besoin d’images ? Le chef lui prête son appareil, ses lampes et hop, le voilà lancé dans une voie peu banale : photographe culinaire. Il y a du pain sur la planche. À cet instant, Guillaume n’y connaît pas grand-chose, en photo. Il faut apprendre, lire, se documenter et, surtout, se coller l’œil à l’œilleton. Les assiettes défilent et les souvenirs d’enfance resurgissent. Ne voulait-il pas être cuisinier, dans ses jeunes années ? N’a-t-il pas souvent mis la main à la pâte, auprès de sa mère ? Barman, serveur, Guillaume dévore chaque jour des yeux les plats qui lui passent entre les mains, avant de passer de l’autre côté du miroir. QUAND C’EST BEAU, C’EST DÉJÀ BON ! Quelques années plus tard, l’autodidacte est devenu un photographe chevronné, reconnu dans son domaine et apprécié pour sa fidélité aux lieux et aux produits. Celui qui est fidèle dans les petites choses sera aussi fidèle dans les grandes, aime à rappeler Guillaume, citant les Évangiles. Sa démarche est on ne peut plus limpide : rester focalisé sur son travail, avec l’aide précieuse de son épouse. Pas d’extravagances dans ses images, mais une recherche de pureté et de sobriété. « Au fur et à mesure que ma technique de lumière s’est affinée, j’ai enlevé des choses à mes photos. Pour revenir et rester à l’essentiel. L’assiette du chef. » Photographier un plat n’est pas si simple. Le photographier avec créativité et en se renouvelant l’est encore moins.

« J’aime beaucoup jouer avec la lumière et les textures du restaurant pour contextualiser le plat, précise le jeune homme. Je shoote surtout les assiettes hors de la table. » Sur le carrelage ? Pourquoi pas ! « C’est là qu’on s’amuse, que l’on peut être inventif et réaliser des photos uniques. Mais il ne s’agit pas pour autant d’imposer ma vision des choses. La photographie est un métier de partage et de service, tout comme la restauration. Je propose, le client dispose. Le but, c’est qu’il soit content, et moi satisfait de mon travail, en faisant concorder les visions pour arriver à un résultat unique et propre à l’établissement. » « GASTRONOME ? ABSOLUMENT ! » Guillaume n’a pas que l’œil aiguisé, il a aussi un bon coup de fourchette. « Gastronome ? Absolument ! C’est le métier qui le veut et ma plus grande source de dépenses ! » Cerise sur le gâteau, d’un shooting à l’autre, le jeune photographe a souvent l’occasion de goûter aux créations qu’il vient de mettre en boîte. Les chefs protestent, certes… leurs plats ne sont pas faits pour être mangés froids ! Mais ils partagent aussi de bons conseils, à mettre en pratique à la maison. « J’admire notamment les restaurants et hôtels qui prennent le temps de trouver des solutions innovantes pour diminuer les déchets alimentaires, et ceux qui encouragent les productions régionales, en sourçant localement des ingrédients comme le beurre, les légumes ou la viande. On produit de très belles viandes et poissons en Suisse ! Il s’agit de trouver le temps de les trouver (!) pour leur éviter une traversée de l’Atlantique… Bien sûr, ces efforts ont un coût et cela fait aussi partie de la responsabilité du client d’encourager ce type de pratique en y mettant le prix. » guillaumecottancin.com

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Le luxe, en toute sincérité Chopard, une histoire d’entrepreneurs et de valeurs Texte Yannick Nardin Photos Chopard

Karl-Friedrich Scheufele, féru d’automobile, est à l’origine du partenariat de Chopard avec le rallye de voitures historiques des 1000 Miglia.




Comme des « happy diamonds » valsant sur un bijou, comme des secondes égrenées sur une montre d’exception, tout un univers gravite et palpite autour de Chopard. Un monde enraciné dans l’excellence, la passion et une éthique forte, cultivées par la famille à la tête de la Maison, les Scheufele. Caroline et Karl-Friedrich Scheufele, co-Présidents de Chopard, gèrent respectivement la joaillerie et l’horlogerie.

Parmi les plus grandes maisons horlogères et joaillières, Chopard ne ressemble à aucune autre. Voilà une marque singulière, toujours indépendante et à l’identité multiple, ancrée entre la Suisse et l’Allemagne, entre Genève et le Jura horloger. Son histoire est intimement liée aux origines et aux talents de deux familles. Les Chopard, d’abord, qui fondèrent la manufacture à Sonvilier (BE) en 1860, avant de s’établir dans la Cité de Calvin en 1937. Les Scheufele, ensuite, originaires du Sud-Ouest de l’Allemagne, qui l’acquirent en 1963 et lui ont donné une ampleur nouvelle : modernisation conduite par Karl Scheufele III, puis essor planétaire grâce à ses enfants, Caroline et Karl-Friedrich, déjà vice-Présidents en 1985 puis co-Présidents depuis 2001, aux impulsions parfois visionnaires. En charge du pôle horloger, Karl-Friedrich a ainsi choisi d’intégrer à l’entreprise la fabrication de mouvements, envers et contre la tendance en vogue dans l’industrie. Investi très tôt dans la manufacture, dont il a dessiné la première montre sportive à l’âge de 22 ans (la St. Moritz, inspiration de l’actuelle Alpine Eagle), ce passionné de voitures anciennes a aussi fait naître la Mille Miglia. Cette collection, devenue un pilier de Chopard, est issue d’un partenariat (le plus long du genre!) avec la célèbre course automobile italienne, à laquelle Karl-Friedrich participe chaque année depuis 1989. Autant de décisions illustrant

une volonté robuste et une vision. Le co-Président de la Maison explique ainsi n’avoir « jamais misé sur le profit à court terme, mais sur la stabilité, l’indépendance, le progrès et l’authenticité nécessaires pour créer une expression horlogère unique pour les 25 prochaines années — et au-delà ». Caroline, elle, a donné jour en 1985 au pôle joaillier de la marque, développé initialement à travers le concept phare des diamants mobiles des montres Happy Diamonds, en version bijou. Mais elle a aussi fait naître un partenariat qui a offert une visibilité exceptionnelle à Chopard… En 1997, la créatrice a convaincu le directeur du Festival de Cannes de redessiner rien moins que la Palme d’or ! Ainsi, depuis 1998, la Maison se charge-t-elle de la fabrication de cette distinction si convoitée — en écho au défilé des créations les plus spectaculaires de Chopard (et d’autres) sur le tapis rouge. Cette belle histoire a même débouché sur un engagement fort en matière de durabilité. UN LUXE RESPONSABLE Tout commence en 2011, lorsque Caroline rencontre Livia Firth, l’épouse de l’acteur britannique Colin Firth. Engagée dans la mode écoresponsable, celle-ci s’enquiert de la provenance de l’or utilisé par Chopard… Caroline ne peut répondre. Elle connaît le nom des banques qui la fournissent, mais pas l’origine exacte du métal.

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En mars 2023, l’actrice Julia Roberts, ambassadrice Chopard, s’est jointe à Caroline et Karl-Friedrich Scheufele pour annoncer l’engagement de la Maison d’utiliser, dans toutes ses montres en acier, 80 % de métal recyclé.

La co-présidente de Chopard et son frère saisissent le défi à bras le corps. Pour s’assurer du sourcing éthique des matériaux, la Maison collabore avec des initiatives comme Fairmined, le Swiss Better Gold et le Responsible Jewelery Council (RJC). Ainsi, en 2014, la Palme d’or est forgée pour la première fois en or Fairmined – une petite révolution dans le monde de la joaillerie et de l’orfèvrerie. Depuis 2018, l’ensemble des montres et bijoux Chopard sont réalisés en or éthique et sertis de pierres précieuses certifiées RJC. Pas supplémentaire sur cette voie vertueuse, en 2023, la Maison s’est engagée à n’utiliser plus que de l’acier recyclé à hauteur de 80 % (son alliage exclusif Lucent Steel) — un taux qui augmentera jusqu’à 95 % en 2025. UN ANCRAGE GENEVOIS… PARFOIS INATTENDU ! Si les bijoux prennent forme(s) en Allemagne, à Pforzheim, et que les mouvements des montres voient le jour à Fleurier, le siège de Chopard se trouve bien à Genève. Dans la manufacture de Meyrin sont rassemblés des départements et des ateliers-clés, notamment dévolus à la fonte de l’or — une rareté dans l’industrie —, à la fabrication des boîtes et des bracelets (également une exception pour une marque), ainsi qu’à l’assemblage et au réglage de montres certifiées Poinçon de Genève.

En ville, Chopard a pignon sur la rue du Rhône, au n° 27. Plus inattendu, Karl-Friedrich s’est aussi investi, dès les années 1990, dans le domaine du vin — une autre de ses passions. Les amateurs de bons crus genevois connaissent tous le Caveau de Bacchus, situé Cours de Rive, distributeur exclusif en Suisse romande du très recherché Domaine Romanée Conti. L’intérêt de Karl-Friedrich pour le sujet est tel qu’il a acquis dans la région de Bergerac, en France, le Château Monestier-La-Tour, converti à la culture en biodynamie. Autre sujet, autre surprise : à quelques kilomètres de Genève, le long du lac Léman, la fondation Alpine Eagle, co-fondée par Karl-Friedrich, féru de causes environnementales, aide à réintroduire les aigles dans la nature. Ce projet fait écho à la collection Alpine Eagle, dont la finition du cadran rappelle l’iris du rapace. Et maintenant ? Les années à venir s’annoncent prometteuses. La prochaine génération de Scheufele, déjà très impliquée, s’apprête à reprendre le flambeau, fidèle aux valeurs de cette famille décidément hors du commun. chopard.com

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Les

meilleurs BRUNCHS de Genève Texte Isabelle Guignet


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1. L’IODE Brunch à la parisienne

2. L’INTERCONTINENTAL Expérience haut de gamme

3. GRANOLA Aussi bon que sain

tiffanyhotel.ch

geneva.intercontinental.com

granola-geneva.com

Dans un cadre élégant digne des plus chic brasseries parisiennes, le brunch de L’Iode se décline en plusieurs versions et en petites merveilles : pancakes à la figue et au miel, salade de courge, feta et grenade, ou œufs Bénédicte aux champignons, tout est pour ravir les papilles. À tester aussi, le Bun’n’Roll aux crevettes et guacamole !

Copieux et raffinés, les brunchs du restaurant Woods à l’InterContinental font partie des incontournables du dimanche. Une expérience haut de gamme autour d’un spectaculaire buffet naviguant des viennoiseries traditionnelles et pâtisseries aux mets plus sophistiqués, façon fruits de mer ou bœuf Wellington.

Fort de son succès, le temple du brunch santé propose aujourd’hui 2 enseignes. À la carte figurent les succulents toasts à l’avocat empruntés aux Australiens, des bowls colorés, des pâtisseries sans lactose ni gluten, sans oublier la « chiatella », un surprenant pudding aux graines de chia, neige de coco et Nutella.

4. ALIVE Local et durable

5. HÔTEL PRÉSIDENT WILSON Brunch by Michel Roth

6. BIRDIE FOOD & COFFEE Minimaliste au grand succès

alive.swiss

marriott.com

birdiefoodandcoffee.com

Voici le concept store de Genève où il fait bon bruncher – en mode végan et superfoods. La carte est colorée et savoureuse, proposant notamment bircher, houmous de betterave, choufleur rôti, rillette de pleurotes et quesadilla aux haricots rouges. Comme il est bon de manger frais, local, bio et de saison !

Chaque dimanche, le Brunch By Michel Roth déroule un (très) large buffet chaud et froid, complété d’un éventail de plats préparés à la minute — servis dans le jardin d’hiver à la saison froide. En vedette : les viennoiseries signées par le chef pâtissier Didier Steudler. Un brunch revisité, gagnant !

Parmi les tout premiers lieux pour bruncher à avoir vu le jour à Genève, dans un cadre minimaliste un peu étroit, Birdie continue de survoler la concurrence. L’enseigne propose entre autres granola, toasts à l’avocat, « œufs parfaits » et croque-monsieur, sans oublier un bel assortiment de cafés de torréfaction locale.

7. MARCEL Aussi simple qu’efficace

8. KIOSQUE DES BASTIONS Gourmand et décontracté

9. CHRISTIE’S BAKERY Pour bruncher tous les jours

restaurantmarcel.ch

bastions.ch

christiesbakery.ch

A l’entrée du quartier des Eaux-Vives, Marcel vous accueille en toute simplicité. La carte des brunchs (quotidiens, ici aussi !) séduit avec son Super Healthy Bowl débordant de fruits, ses pancakes, gaufres et œufs – Bénédicte, pochés avec saumon fumé ou brouillés, sans oublier l’incroyable Full English qui comblera les plus affamés.

Délicieusement installé au cœur du parc des Bastions, dans son cocon de verdure et de baies vitrées, le Kiosque (à musique, bâti en 1882) déroule chaque dimanche un grand buffet en deux services : pancakes, salades, plateaux de fromages et charcuteries, viennoiseries… un large de choix de mets allant du sucré au salé.

Pour une étape so chic dans une ambiance bonbonnière, misez sur Christie’s ! Avec un large choix de pâtisseries, des cupcakes savoureux, le gâteau au miel russe medovic et d’autres spécialités slaves salées, ce salon de thé a tout pour contenter les papilles. Cerise sur le… gâteau, le brunch est proposé tous les jours !

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Un effort titanesque de 160 km La plus dure des courses d’aviron est genevoise Texte Olivier Dufour Photos Loris von Siebenthal / Société Nautique de Genève



Chaque année, une centaine de rameurs et rameuses rejoignent la Société Nautique de Genève à la fin septembre pour y vivre une aventure hors du commun. Le plus ancien et plus prestigieux club du lac organise alors le BCGE Tour du Léman à l’Aviron, une infernale épreuve sportive disputée dans un décor paradisiaque.

Le jour vient juste de poindre sur un Léman encore calme en ce dernier week-end du mois de septembre. Stagnant au large de la Société Nautique de Genève (SNG), une flotte silencieuse d’une vingtaine d’embarcations attend son heure. Ramené aux proportions d’une perche flânant sous la surface de l’eau, il pourrait s’agir du siège de la ville par une armada de galères romaines. La chiourme qui se trouve à bord et manie les avirons n’a pourtant pas d’intentions belliqueuses, bien qu’elle s’apprête à souffrir profusément, au cours d’une odyssée unique au monde : le BCGE Tour du Léman à l’Aviron. Devenu incontournable pour les adeptes de la longue distance, le tour du lac à la rame a été créé en 1972 pour célébrer le centenaire de la SNG — née autour d’un club d’aviron, avant d’intégrer au fil du temps trois autres sections (Cercle de la voile, Yachting léger et Hélice). Longue de 160 km, cette circumnavigation lémanique de Genève à Genève, passant par Le Bouveret et des points de contrôle disséminés sur chaque rive, forme la plus longue épreuve du monde en bassin fermé et sans escale ! Un authentique défi, dont le record, remontant à 2011, s’établit à 11 heures, 43 minutes et 30 secondes.


Les rameurs de la SNG évoluent sur deux plans d’eau aux charmes incomparables : lac Léman d’un côté, Rhône de l’autre.

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Lors de la 51 e édition du BCGE Tour du Léman à l’Aviron, le collectif allemand réunissant des rameurs de Bonn, Cologne, Neuwied et Stuttgart a signé son troisième succès consécutif. Depuis la création de l’épreuve, les équipages d’Allemagne ont fait main basse sur presque toutes les éditions.

Chaque année, la course réunit rameurs et rameuses d’horizons divers. Aux quelques yolettes suisses se joignent des collectifs majoritairement venus d’Allemagne, nation dominante de l’effort long et qui a remporté quasiment toutes les éditions du tour à ce jour, mais aussi de France, des Pays-Bas, du Royaume-Uni ou de plus loin encore. Tous sont attirés par ce plan d’eau unique, niché dans un décor d’une rare splendeur. En 2022, à l’occasion de sa 50e édition, marquant le 150e anniversaire du club, la régate a accueilli la bagatelle de 26 bateaux partants, flirtant avec la limite de participation. Pour des raisons de logistique et de sécurité — chaque yolette étant suivie par un canot à moteur — l’organisation contingente en effet les embarcations. Toutes ne rallient d’ailleurs pas toujours l’arrivée. L’épuisement ou la lassitude poussent plus d’un équipage à l’abandon. D’autres font naufrage à cause du vent, principal ennemi de l’aviron, qui forme des vagues risquant à tout moment de remplir d’eau les bateaux. Heureusement, les dispositifs de surveillance et de sauvetage lémaniques veillent au grain. Il arrive aussi qu’il faille raccourcir le parcours, voire annuler la course, lorsque les éléments se déchaînent. En 2018, le tour s’est même exceptionnellement et sagement délocalisé

sur un tronçon du Rhône, en raison de vents trop soutenus. Ce fut l’occasion pour les équipes de découvrir l’autre plan d’eau, plus discret mais pas moins beau, dont profitent les rameurs genevois. Le fleuve sert d’ailleurs de base d’entraînement au groupe compétition de la SNG, qui dispute des courses sur la distance olympique de 2’000 m. Même si la Suisse n’est pas une nation phare de l’aviron, elle a tout de même cueilli de nombreux succès de prestige au fil des ans. Les ténors suisses actuels ont pour noms Andrin Gulich et Roman Röösli, les champions du monde en titre du deux sans barreur, qui rêvent des prochains JO, à Paris — tout comme Eline Rol, championne d’Europe et du monde M23 en 2019 et figure de proue de la Société Nautique de Genève. Pour autant, seuls quelques rares champions de ce calibre, à l’instar du Lausannois Barnabé Delarze en 2019, se sont un jour risqués au départ du tour du lac. Cette course unique ne se laisse en effet dompter que par celles et ceux qui ont enchaîné les longues heures d’une préparation spécifique, qui tiennent un rythme de forçat durant une journée, voire une nuit entières et qui ne craignent pas de souffrir. Chiche ? Partez ! nautique.ch

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S E C R E T

S A N C T U A R Y

thealpinagstaad.ch


Bentley Geneva Winter Tour 2024 A British classic takes to the mountains Text Daniel Bauchervez Photo Bentley Motors

Who hasn’t dreamt of sliding behind the wheel of a Bentley each morning? If you’ve ever wanted to run your hands over those smooth leather seats and the fine wood dashboard, your dreams may soon become a reality. This winter, Bentley Geneva is bringing their test drives to Switzerland’s most prestigious ski resorts. With a rich racing history that harks back to the Roaring Twenties and an unwavering passion for detail, Bentley still stands by W.O. Bentley’s iconic vision: “to build a fast car, a good car, the best in its class.” The British company, now more than ever, is known for its tradition, know-how, and customised vehicles. The cost of a Bentley (while certainly high) encompasses the brand’s patience, practised gestures, and rigorous respect for tradition that expertly harmonizes with the latest technologies. In the nearly 100-year-old brick building of the Crewe Bentley factory in northern England (close to Manchester), automations take a back seat to a good eye and keen perception. Judging the grain quality of fine wood or spotting possible defects in the leather — which is carefully sourced from northern European farms that don’t use barbed wire — requires a human eye (no machine could do it), meaning that each of the Bentley artisans in the production line adds their unique touch to the final product. A recipe for success: the brand sold more cars in 2022 than ever before. A WINTER TOUR IN CRANS-MONTANA, GSTAAD AND VERBIER The only real way to properly experience a Bentley is to ride in one. Geneva is home to the brand’s only Swiss garage, but that’s changing this winter as the Bentley Geneva team temporarily relocates to Switzerland’s most

beautiful Alpine roads in search of thrilling fresh experiences and new customers. The Bentley Winter Tour consists of two-day stopovers in Crans-Montana (January), Gstaad (February), and Verbier (March), to share the Bentley spirit and values with the beauty, luxury, and elegance of these iconic Swiss ski resorts. It’s a chance for new audiences to feel, breathe in, and live the otherwise inconceivably high quality of a Bentley vehicle in all its essence. Many of the company’s most successful models will be available to test drive: the legendary Continental GT and GTC, which are inextricably linked to the brand; the impressive 5.31 m Flying Spur, which feels like being immersed in a stately lounge; and even the recent Bentayga (EWB and the classic configuration), aka “the most luxurious SUV in the world,” available in legendary W12, V8 or hybrid models until the brand’s first fully-electric vehicle is released next year (Bentley aims to be carbon neutral by 2030). The driving routes have been carefully drawn out to highlight the exceptional qualities of these automotive masterpieces. Expect unparalleled comfort, adaptability, power, and manoeuvrability, even in demanding winter conditions. To make an appointment, simply scan a QR code — proof that steadfast tradition and new technologies can go hand-in-hand. geneve.bentleymotors.com

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Bulgari Serpenti Tubogas Chic et glamour, le bracelet au motif écailles bicolores enlace langoureusement le poignet — en total look reptilien, déclinaison du modèle Serpenti présenté en 1948 et toujours aussi ensorcelant. Son cadran en opaline noire adopte, lui, une forme galbée sensuelle, très féminine, qui épouse celle de la spirale Tubogas. bulgari.com


Omega Aqua Terra Shades

Patek Philippe Calatrava 4997/200R

Vacheron Constantin Patrimony automatique

Épure et raffinement se conjuguent harmonieusement au cœur de l’Aqua Terra Shades. Le garde-temps, en or Sedna© 18K poli, décline lunette pavée de diamants, couronne conique, cadran laqué et soleillé couleur grès, et index rhodiés revêtus de Super-Luminova blanc. De quoi briller sans aveugler.

Des nuances chaleureuses d’or rose et de violet habillent cette Calatrava au cadran frappé d’un motif à l’effet hypnotique — dont les vagues concentriques, recouvertes d’une cinquantaine de couches de laque, offrent un fascinant effet de profondeur. On y ajoute une lunette sertie de diamants pour un accord parfait.

Il puise son esthétique minimaliste dans l’élégance sobre et intemporelle de modèles Vacheron Constantin des années 1950. Décliné en or rose, ce garde-temps au bracelet interchangeable s’inscrit dans un boîtier de 36,5 mm au cadran rose blush, avec une minuterie perlée et une lunette sertie de 72 diamants.

omegawatches.com

patek.com

vacheron-constantin.com

Co-Axial Master Chronometer 38 mm

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Rolex Oyster Perpetual GMT-Master II

Piaget Polo Date

Cartier Tank Américaine

C’est le grand retour de l’or jaune ! Revisité, le modèle est disponible en deux nouvelles versions, une bicolore en acier et or, la seconde, sans compromis, parée entièrement du flamboyant métal précieux. Toutes deux disposent d’un disque en céramique grise et noire, une combinaison de couleurs inédite.

Sportive et pourtant si féminine, la Polo Date a de quoi séduire avec son boîtier de 36 mm bicolore. Façonnée en or rose et acier, elle se voit élégamment sertie de 60 diamants taille brillant sur sa lunette et 36 de plus sur son cadran — 3 par index. Le bracelet interchangeable, lui, permet de varier les styles.

Parmi les nombreux modèles de la Tank, l’Américaine séduit avec sa boîte rectangulaire et sa couronne octogonale en or rose, serties de 33 diamants taille brillant. Le cadran argenté arbore le légendaire chemin de fer en son centre, qui souligne élégamment les aiguilles glaive en acier bleui. Un choix gagnant.

rolex.com

piaget.com

cartier.com


Breitling Super Chronomat Origins

Audemars Piguet Royal Oak Automatique 34 mm

Chopard Alpine Eagle

Soucieuse de durabilité, Breitling développe une stratégie ad hoc, dans laquelle s’inscrit sa collection de montres Origins, au meilleur impact social et environnemental. En vedette : diamants synthétiques et Swiss Better Gold, un or issu d’une initiative de traçabilité intégrale qui soutient les petites mines vers de meilleures pratiques.

Voici la première Royal Oak Automatique 34 mm entièrement conçue en céramique blanche. Un écho puissant à la version full black, qui a récemment connu un grand succès. Son blanc pur offre un brillant contraste avec l’or rose des aiguilles, index, vis, fond de boîte et masse oscillante. Splendide !

Sur les hauteurs plane l’aigle au regard perçant. Chopard capte toute la force de l’iris de cet animal symbolique avec la fascinante finition de cadran de l’Alpine Eagle. Façonnée en or rose éthique et en acier exclusif à la marque (comprenant au moins 80 % de chutes recyclées), cette belle d’un diamètre de 36 mm pousse à l’ivresse des cimes.

breitling.com

audemarspiguet.com

chopard.com

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3. Baume & Mercier Riviera 10717

1. Chanel Première Lucky Star Et si l’on voyageait à travers l’espace et le temps, avec l’élégance intemporelle de Gabrielle Chanel ? Cadran laqué de noir pailleté façon aventurine, à l’étincelante sobriété, lunette et charme « étoile » sertis de diamants pour l’éclat, la montre Première Lucky Star de la collection capsule Interstellar reflète la magie d’un ciel étoilé. chanel.com

2. Longines HydroConquest Cette déclinaison de l’HydroConquest, collection née en 2007 et étanche à 300 m, réinterprète les codes des montres de plongée dans un costume entièrement noir, doté d’une lunette et d’une boîte en céramique démultipliant son ADN sportif. Un facteur d’une grande élégance… et d’une grande résistance aux rayures. longines.com

Voilà le compagnon chic idéal pour les amateurs de sports nautiques ! Étanche jusqu’à 300 mètres, ce garde-temps de forme dodécagonale, au look assurément puissant, bénéficie d’une réserve de marche de 120 heures. Sa lunette tournante unidirectionnelle permet de calculer les temps de plongée — un atout bien précieux. baume-et-mercier.com

4. Hamilton Ventura Flex Saviez-vous qu’Elvis Presley a porté la Ventura ? La toute première montre électrique au monde rend hommage au King avec un bracelet d’une rare souplesse. Design et géométrie atypique se réunissent pour un look rock et percutant, sous la bonne garde d’un mouvement quartz désormais automatique. hamiltonwatch.com

5. Norqain Wild ONE TCS NY Voici LA montre des marathoniens, celle qui stimule une foulée aérienne ! Façonnée en matériau Norteq 6 fois plus léger que l’acier (et 3,5 fois plus que le titane), elle fait preuve d’une excellente résistance aux chocs. Le cadran de cette édition limitée à 262 exemplaires retrace l’itinéraire du marathon de New York — tout un mythe. norqain.com

6. Hublot Square Bang Unico Titanium Après avoir osé la forme « tonneau » en 2014, la célèbre Big Bang s’est à nouveau métamorphosée pour adopter le carré en 2022. Tout l’ADN d’Hublot — célébrant « l’art de la fusion » — se retrouve dans cette nouvelle interprétation forte en caractère, à la boîte façonnée en titane robuste et léger. Au poignet: un bracelet caoutchouc. hublot.com

7. Tudor Pelagos FXD Chrono Trois, deux, un… plongez ! La lunette tournante bidirectionnelle de la Pelagos FXD facilite la navigation par caps successifs lorsqu’elle est combinée à un compas magnétique. Idéal pour les plongeurs de combat. Et logique : le modèle, né en 1950, répond à un cahier de spécifications élaboré avec une unité de la marine française. tudorwatch.com


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1. Dolce & Gabbana Robe plissée courte à amples manches pailletées dolcegabbana.com

2. Graff Bague en diamants Tilda’s Bow Classic graff.com

3. Dom Pérignon Champagne Vintage 2008 par Juliette Clovis domperignon.com

4. Chanel Collection Coco Neige Bottines chanel.com

5. Jacob & Co Billionaire Ashoka jacobandco.com

6. Georg Jensen Henning Koppel Pichet 1

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1. Prada Sac de sport en cuir Saffiano prada.com

2. Dior Pull Dior Oblique dior.com

3. Byredo Eau de parfum Animalique globus.ch

4. Bolia & Pioneer DJ Console DJ Cord, 4 platines bolia.com

5. Brunello Cucinelli Bottines Mountain shop.brunellocucinelli.com

6. Loewe Sac Anton Sling en cuir 1

loewe.com


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1. Louis Vuitton Sac Keepall Clutch Blown Up 25 louisvuitton.com

2. Timeline Nutrition La Crème de Jour timelinenutrition.com

3. Alessi by Philippe Starck Poêle Collection, Chaise Monocoque ch.alessi.com

4. Roche Bobois by Christian Ghion Lampadaire Autographe roche-bobois.com



helvet.swiss


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