#helvet magazine Zermatt | Hiver 2023-2024 | FR

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Zermatt Les Alpes y triomphent. Le ski y est une évidence. Et, sous les toits enneigés des grands chalets, le temps suspend son vol.

HIVER 2023-2024


MARCO ODERMATT


CONQUEST MARCO ODERMATT



KHAKI FIELD EXPEDITION



Living the high life



Éditorial Ce n’est pas un mirage, mais l’image même de la Suisse. Le Cervin en majesté. Zermatt à ses pieds. Que l’on vienne de pays distants ou des rives du Léman, l’émotion est identique. Dans le cocon de ce fond de vallée, à parcourir le noyau de vieilles maisons et de grands chalets de la station, un doux sentiment envahit, pétri de souvenirs aux parfums d’éternité. À Noël, ce n’est que mieux. Saupoudrée de flocons, de sommets alpins et de glaciers, d’air pur, de calèches, de bois vieux et de pierre, Zermatt est plus intemporelle que jamais. Formidablement authentique. C’est là l’une des clefs de son succès planétaire. Un refuge dans l’hiver — refuge de l’âme. Quand tout va trop vite, Zermatt permet de lever le pied. D’ouvrir une fenêtre sur un passé que l’on craignait révolu, sur un temps serein, pur, silencieux, magique même. Ici règnent encore les familles zermattoises de toujours, soucieuses de leur vallée, de leur village, de leur image. Le sens de l’accueil est proverbial. Les valeurs de toujours préservées. Honnêteté. Travail. Sens du bien commun. Sans cesse, on investit, forgeant le futur dans une dualité féconde entre cadre préservé et hautes technologies. En 2023, fruit d’un projet de longue haleine, le téléphérique de la X-Alps a fini de conquérir les cimes, reliant les deux versants des Alpes sans émettre une once de CO2. Station historiquement sans voiture, Zermatt pense de plus en plus vert — à l’image du CERVO, membre éminent des Design Hotels et chantre de la responsabilité écologique et sociale, tout juste élu Best Sustainable Hotel de Suisse. Le souci du bien-faire a aussi conquis les tables, où les produits locaux de qualité trouvent leur meilleur expression. On ne le sait sans doute pas assez : rapporté à son nombre d’habitants, Zermatt est l’une des toutes premières destinations gastronomiques du monde ! L’occasion pour helvet d’explorer ce panorama des bonnes tables — au double sens du terme, entre art culinaire et vues extraordinaires. Dans l’axe ? Le Cervin, naturellement.

Christian Bugnon Éditeur & rédacteur en chef


More than just an extraordinary setting

T H E O M N IA

is a uniquely wonderful experience. Come and see for yourself.

THE OMNIA, Zermatt – Switzerland, Phone +41 27 966 71 71, www.the-omnia.com


Sommaire

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41

62

Hiver 2022-2023

Hiver 2022-2023

Panorama des meilleures tables

20

42

68

Un domaine au zénith

Joni Hedinger

L’art du ski en haute altitude

26

52

70

125 ans de bons et loyaux services

Dans les cuisines de Reinhold Wrobel

Les héros solitaires de la nuit

30

58

72

La championne superlative

Fréquentation et chiffres record

Là-haut sur la montagne

News

Z comme Zermatt

Gornergrat Bahn

Mikaela Shiffrin

34

News

Portfolio

Une table débordant de Saveurs

Zermatt au sommet

Zermatt gastronomique

La Patrouille des Glaciers revient

Conducteur de dameuse

Zum See

Quête de sens

Heinz Julen

60

76

Au CERVO, luxe rime avec durabilité

Un artiste pluridisciplinaire

Watches & Shopping

Trends

Édition, administration et publicité District Creative Lab sàrl I Place de la Palud 23, 1003 Lausanne – Suisse I info@district.swiss I district.swiss I Tél : +41 21 312 41 41 Rédacteur en chef Christian Bugnon : christian@district.swiss Cheffe de projets Anne-Laure Bugnon : annelaure@district.swiss Rédaction Christian Bugnon, Daniel Bauchervez, Isabelle Guignet, Claude Hervé-Bazin, Yannick Nardin Photographes David Carlier, Seya Eggler, Pascal Gertschen, Joni Hedinger, Marc Kronig, Lucas Meier, Kurt Reichenbach (Schweizer Illustrierte), Marco Schnyder, Florina Toma — Zermatt Tourisme Graphisme District Creative Lab — Samuel Galley Traduction anglaise Karen Cooper Traduction allemande Sabine Dröschel Photolithographie Images3 Publicité info@district.swiss Copyright © 2023-2024 helvet magazine, tous droits réservés. Tous les textes et visuels publiés sont soumis au droit d’auteur. Leur reproduction, en tout ou partie, est strictement prohibée, sauf autorisation expresse des ayants droit respectifs. Cover Michael Portmann | Prochaine édition Hiver 2024-2025 I Dans la même collection : helvet magazine Verbier et Genève, livre helvet Verbier | shop sur helvet.swiss Living the high life !


Swiss excellence in the treatment of mental health and issues of substance and behavioural dependency


YOU ARE UNIQUE AND SO ARE WE Clinic Les Alpes is an exceptionally private and secluded retreat. Located in a setting of outstanding natural beauty in the mountains close to the town of Montreux, Switzerland, the clinic has the added convenience of proximity to all major swiss airports. This exclusive clinic is fully medically licensed by the Swiss Department of Health and treats patients and their families with the issues of substance and behavioural dependency, along with debilitating emotional and mental conditions, such as anxiety, stress, depression and burnout. Clinic Les Alpes provides a fully integrated approach to treatment and each patient receives a bespoke programme created together with the medical team for his or her individual needs and requirements. The expertise of an international, highly skilled, multi-disciplinary team of medical, psychiatric, psychotherapeutic and complementary practitioners is on hand and available 24 hours a day, seven days a week to be of service to patients and their families who are referred from around the globe. The clinic is multilingual with the primary language being English. Clinic Les Alpes is beautifully appointed and each of the private ensuite bedrooms has superb views of lake Geneva, the snow capped mountains and alpine meadows. Below the main chateau building, three floors have been excavated from solid rock, flooded with natural light and housing state of the art medical and therapeutic facilities along with a complete floor dedicated to a full medical spa. Many services claim to deliver excellence. At Clinic Les Alpes we have set our sights on defining it. We are here to assist. Contact us in complete confidence at:

www.cliniclesalpes.com +41 58 360 55 00

admissions@cliniclesalpes.com


ACTIVITÉS

© Marco Schnyder

GORNERGRATBAHN : 125 ANS ET TOUTES SES DENTS On n’a pas 125 ans tous les jours. Pour célébrer l’événement, le plus haut train à crémaillère en plein air d’Europe est le héros d’une exposition spéciale organisée au musée Zermatlantis. L’occasion, aussi, de ressortir la vieille locomotive 3003, dorée et transformée en photospot au sommet de la voie du Gornergrat ! Pour y parvenir, rien de mieux que la nouvelle classe NostalChic, à bord d’un wagon d’époque, avec menu 4 plats, vins assortis et fenêtre sur panoramas garantie. Le wagon circule uniquement le mercredi, du 27 décembre 2023 au 17 avril 2024. gornergrat.ch

INFRASTRUCTURES

HÔTELLERIE

ÉCONOMIE

ZERMATT ÉLU BEST SKI RESORT IN THE ALPS 2023

L’HÔTEL BELLERIVE RÉNOVE SES CHAMBRES DELUXE

UNE NOUVELLE ANNÉE RECORD POUR LES ZERMATT BERGBAHNEN

Après 2014, après 2016, après 2020, Zermatt remporte une nouvelle fois le titre de Meilleure Station de Ski des Alpes — décerné au terme du plus grand sondage du genre, conduit tous les deux ans auprès de quelque 50’000 skieurs à travers 54 stations du continent. Parmi les quatorze critères déterminant le choix, Zermatt s’est particulièrement illustrée en termes d’ampleur et de qualité du domaine, de transports, d’hôtellerie et de gastronomie, mais aussi d’enneigement et de sécurité.

Smart & casual. Les nouvelles chambres deluxe de l’Hôtel Bellerive, installé au 3 de la Riedstrasse, à quelques pas seulement de la rivière et du célèbre cimetière des alpinistes, adoptent un style nouveau alliant le meilleur du confort et du design contemporain au charme alpin intemporel. Matériaux naturels de qualité supérieure, bois et tons chauds, attention aux détails, nouvelles salles de bains luxueuses avec douche pluie et luminothérapie, vue Cervin en prime, les hôtes sont dorlotés !

Si la saison de ski 2021-2022, en sortie de pandémie de covid, a établi un nouveau record en terme de fréquentation et de revenus pour la Société des remontées mécaniques de Zermatt, 2022-2023 l’a encore surpassée ! Annoncés fin septembre, les résultats font état d’une augmentation de près de 7 %, dépassant tous les standards du secteur. Les voyageurs en provenance d’Asie et, plus encore, d’Amérique du Nord, sont revenus en nombre, notamment grâce à la collaboration de la station avec l’Ikon Pass.

matterhornparadise.ch

bellerive-zermatt.ch

matterhornparadise.ch


HIVER 2023-2024

SOCIÉTÉ

RENCONTRE DU TROISIÈME TYPE CHEZ LES JULEN

Survolant le glacier de Théodule, le nouveau téléphérique achevant la traversée de la X-Alps entre le Klein Matterhorn (3’821 m) et le promontoire rocheux de Testa Grigia (3’458 m), touche terre aux marges du Plateau Rosa, sur la frontière italo-suisse. L’occasion, pour les novices, d’embrasser les joies de la glisse au nouveau parc de découverte et d’aventure qui y a été inauguré. Au programme : premiers pas à ski ou en snowboard avec les conseils d’un coach (location sur place), ou même snowtubing. Parfait pour faire connaissance avec la neige, au cœur des plus beaux panoramas du monde. matterhornparadise.ch

L’été, on les voit gambader dans les alpages, ratissant les fleurs des champs. Mais que deviennent les moutons à nez noir l’hiver ? Ils rejoignent l’étable, pardi. Longs poils blancs bouclés, museau, oreilles et pattes anthracite, les bestioles ont du charme. On les approche chaque mercredi de mi-décembre à mi-avril, en compagnie de Paul Julen ou de son fils Paul-Marc, soucieux d’ouvrir une porte sur cette tradition valaisanne qu’ils ont largement contribué à ressusciter. L’occasion d’une caresse, peut-être, et d’un apéro 100 % maison comprenant verre de vin, fromage, viande séchée et saucisses de la ferme. Santé !

zermatters.ch/touch-snow

julen.ch/fr/evenements/visite-a-la-bergerie

© Marco Schnyder

INFRASTRUCTURES

SNOWXPERIENCE : UN (PREMIER) GOÛT DE NEIGE

HÔTELLERIE

UNE ODEUR DE CAFÉ FESTIVE FLOTTE SUR ZERMATT Dans la vague des collaborations étroites entre marques, Nespresso vient de se rapprocher de la marque de vêtements d’hiver Fusalp, fondée à Annecy en 1952 — et récemment remarquée par sa puissante montée en gamme. L’objet de leur alliance ? Une collection de cafés et accessoires en édition limitée, ainsi que des recettes de cocktails et de mocktails gourmands à base de café pour les fêtes, inspirés par le style « alpine chic » ! Pour les découvrir à l’heure de l’après-ski, Nespresso installe un élégant dôme sur la terrasse de l’emblématique Hôtel Zermatterhof, du 14 décembre 2023 au 28 janvier 2024. Retrouvez sans plus tarder la collection complète Nespresso x Fusalp dans les boutiques de la marque suisse. nespresso.com fusalp.com

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HIVER 2023-2024

GASTRONOMIE

FESTIVAL

DE NOUVELLES TABLES AU GAULT&MILLAU

INDÉBOULONNABLE ZERMATT UNPLUGGED

Bingo ! Comptant déjà vingt restaurants classés au Gault&Millau (record des Alpes par tête d’habitant), Zermatt en ajoute trois de plus au terme de la publication de l’édition 2024 du célèbre guide gastronomique. Les nouveaux lauréats se nomment Le Restaurant (à l’Hôtel Mont Cervin Palace), spécialiste des produits de la mer (14 points) ; le Potato, hyper localiste, dont aucun produit n’a parcouru plus de 50 km (13 points); et le 1818 Eat & Drink, installé dans un chalet décoré par l’architecte et artiste zermattois Heinz Julen, autour d’un grand grill au charbon de bois chauffant à 300°C (13 points). Dans un même temps, la Brasserie Uno et The Omnia ont chacun progressé, à 15 et 16 points respectivement.

Le plus grand festival de musique acoustique de Suisse se tiendra cette année du 9 au 13 avril 2024, réunissant, comme à l’accoutumée, des dizaines de groupes et musiciens sur un éventail de scènes réparties entre village et alpages, chapelle, chapiteaux, terrasses, clubs et hôtels — jusqu’au Blue Lounge perché à 2’580 m, en plein domaine skiable… Parmi eux, de jeunes espoirs, des artistes confirmés et comme toujours des têtes d’affiche, tous égaux, tous face à eux-mêmes, sans artifices. À faire tourner la tête !

montcervinpalace.ch

Parmi les plus grands tournois extérieurs de curling d’Europe, le Horu Trophy réunira, pour sa 32e édition, organisée du 25 au 28 janvier 2024, les meilleurs clubs de Suisse et du Liechtenstein pour trois journées de compétitions organisées sur la patinoire de Zermatt, en plein centreville. L’occasion d’apprendre à reconnaître curl (sens de rotation), maison (cible), bouton (centre de la cible) et autres take outs — lorsqu’un joueur réussit à chasser la pierre de l’adversaire en la poussant avec la sienne. Chaque mercredi d’hiver, on peut aussi, au même endroit, assister aux compétitions du club local.

ACTIVITÉS

cczermatt.ch

fatbikezermatt.ch

potatozermatt.com 1818zermatt.ch

© Seya Eggler

zermatt-unplugged.ch

COMPÉTITION

EN JANVIER, LE SUSPENSE DU HORU TROPHY FATBIKE DANS LA NOIRCEUR…

Pneus surdimensionnés, conduite souple, sensation d’amorti, le fatbike est un vrai petit miracle, qui permet de rouler dans la neige sans s’y enfoncer jusqu’au nez. Pour profiter de la sérénité des nuits hivernales de Zermatt et du spectacle des étoiles scintillant dans le ciel alpin, Beat Habegger propose des sorties nocturnes guidées en fat, pour une montée tranquille de 400 m à travers la forêt, dans une atmosphère confinant au mystique. Casque et frontale sont fournis.


REACT AMP PRO GOGGLE

AMPLIFY YOUR VISION NO SHORTCUTS Que faut-il pour devenir Champion du Monde de Ski Freeride? Skier des lignes que les autres ne peuvent pas voir. La technologie d'écran Amplifier a permis à Valentin Rainer de voir clairement tous les obstacles qui se dressaient face à lui et devenir le champion du Freeride World Tour 2023.

SCOTT-SPORTS.COM © SCOTT-Sports | 2023.24 | Photo: Moritz Ablinger


HIVER 2023-2024

HÔTELLERIE

CHRISTIAN ECKERT « HÔTELIER DE L’ANNÉE 2023 »

Au moment même où de nouveaux établissements zermattois intégraient le Gault&Millau, Michelin décernait au Bazaar, le restaurant de l’Hôtel CERVO, un Bib Gourmand — signalant les adresses présentant un remarquable rapport qualité-prix. Ouvert en continu (7 h-23 h), l’établissement sert, comme son nom l’indique, une cuisine fine inspirée principalement par l’Orient, mettant en scène une majorité de plats végétariens et/ou réalisés à partir d’ingrédients bio — sans oublier momos (raviolis tibétains), dim sum (bouchées chinoises), burgers et pâtes à l’italienne. Un sacré voyage ! guide.michelin.com cervo.swiss/fr/restaurants-bars/bazaar

© Florina Toma

GASTRONOMIE

LE BAZAAR AU BIB GOURMAND

HÔTELLERIE

LE RIFFELALP REVISITE SON SPA

Envie de poudre mais peur des conséquences ? Plutôt que de prendre des risques inutiles hors-piste, mieux vaut s’inscrire au cours de formation avalanche de Zermatters, la compagnie des guides de la station. Composé de deux volets complémentaires, il est proposé à la carte ou en petit groupe chaque samedi d’hiver (minimum 15 ans). Au programme : apprendre à maîtriser son équipement (notamment le DVA), la météo, les risques du moment et les manières de les réduire, le b.a.-ba du sauvetage, etc.

C’est le spa le plus élevé d’Europe ! Perché à 2’222 m d’altitude, le très chic Riffelalp Resort (5 étoiles), posé en balcon face à la vallée et au Cervin, offre l’un des plus impressionnants panoramas de Zermatt — qui n’en manque pourtant pas ! Piscine intérieure, piscine extérieure (ouverte l’après-midi ; chauffée à 35° C), sauna et bains de vapeur, nouvel espace fitness, nouvelles alcôves de détente, nouvelles salles de massage plus spacieuses (dont une pour couple), décoration revue et murs de mousse vivante à l’odeur envoûtante… les heureux hôtes de l’établissement ont bien de la chance : le spa leur est exclusivement réservé.

zermatters.ch

riffelalp.com

ACTIVITÉS

APPRIVOISER LES AVALANCHES

Le directeur général de l’Hôtel 5 étoiles Omnia, établissement phare de la station veillant sur le vieux centre depuis son rocher, s’est vu récemment décerner le titre d’ « hôtelier de l’année », remis par un jury de spécialistes. Cet oscar d’HôtellerieSuisse récompense non seulement un travailleur acharné, soucieux du moindre détail, mais aussi un homme à la cordialité naturelle, reconnu pour son implication constante auprès des clients comme des employés de l’établissement, promouvant créativité et innovation à tous les niveaux. Une manière d’encourager chacun à apporter sa pierre à l’édifice. the-omnia.com

SOCIÉTÉ

DES SAPINS DE NOËL RECYCLÉS Investie dans le développement durable, auquel elle consacre chaque année jusqu’à 1 million de francs en projets de renaturation et économies d’énergies, la Société des remontées mécaniques de Zermatt ne néglige aucun détail : ainsi, tous les sapins de Noël décorant ses infrastructures (hauts de 2 m à 3,50 m) sont systématiquement recyclés au début du mois de janvier, passé l’Épiphanie. Un geste de respect pour cette forêt qui, à Zermatt, atteint la plus haute altitude de Suisse (2’300 m). matterhornparadise.ch


ZERMATT BERGBAHNEN

Ready for magical moments? The Matterhorn Ski Paradise offers up to 360 kilometres of slopes and is one of the best ski resorts in the Alps. The perfectly prepared slopes, the panorama and the culinary delights on the mountainside offer a very special experience. The connection to Italy makes it possible to enjoy Swiss hospitality and Italian lifestyle in one day. Book your ticket now and enjoy magical moments.

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Open to public from Tuesday to Saturday

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HIVER 2023-2024

GASTRONOMIE

HÔTELLERIE

INFRASTRUCTURES

UN NOUVEAU RESTO POPUP BY CERVO CET HIVER

PEAK RELAXATION AU NOUVEL ESPACE SPA DE LA COURONNE

ZERMATT-FURI, RÉINVENTÉ

Jamais à court d’idées, l’hôtel CERVO inaugure le 7 décembre un restaurant pop-up rive gauche (Untere Mattenstrasse 50), dans le cadre peu banal de… la piscine de l’ancien Hôtel Sunstar. Son nom ? La Piscina, naturellement. Aux fourneaux, la sicilienne Gaia Bongiorno et sa comparse Silvia Mignini annoncent une « cuisine italienne maison », servie sous forme d’un menu unique en quatre plats, limité à 20 convives chaque soir. La table n’ouvrira que du jeudi au dimanche, jusqu’au 4 février. cervo.swiss

SOCIÉTÉ

BE WTR : L’EAU DURABLE DE ZERMATT C’est l’eau du robinet, en mieux. Sans micropolluants résiduels. Sans traces de bactéries. Fondée à Lausanne en 2020, l’entreprise BE WTR utilise une technologie d’ultrafiltration pour assurer à ses clients une « eau fraîche filtrée à la saveur locale ». En partenariat avec la brasserie Zermatt Matterhorn, elle vient d’installer, à destination des hôteliers et restaurateurs, une station de remplissage automatique qui livre une eau à la pureté maximalisée, en version plate ou pétillante, dans des bouteilles en verre encapsulées de 50 ou 75 cl, réutilisables. Un authentique modèle d’économie circulaire. Vertueuse jusqu’au bout, l’entreprise reverse 1 % de ses revenus à l’initiative 1 % for the Planet — pour soutenir des projets liés à l’eau, naturellement ! bewtr.com

Une nouvelle génération a repris le flambeau à l’Hôtel La Couronne. Établi Kirchstrasse 17, en bord de rivière et face au cimetière des alpinistes, l’établissement intègre désormais un magasin de sport, un bike shop et un spa réinventé invitant à la relaxation totale, cumulant piscine intérieure, piscine extérieure tournée vers le Cervin, trois saunas et un hammam contrastant avec le froid revigorant du snow room, espaces de repos, de massage et chaises longues à infrarouges. Idéal pour se délasser et se réchauffer après une longue journée d’engagement sur les pistes… en version textile ou sans textile (adults only) ! Cerise sur le gâteau, l’eau chaude est désormais générée à l’aide de pompes à chaleur. hotel-couronne.ch

Pari tenu ! Lancés au printemps 2022, les travaux de remplacement de la gare et du téléphérique reliant Zermatt au hameau d’alpage de Furi (1’867 m) se sont achevés comme prévu à l’automne 2023. Les nouvelles cabines panoramiques, pouvant accueillir jusqu’à 100 personnes, assurent une vue splendide sur le Cervin — à découvrir pour les plus téméraires depuis le toit ! La station de départ, conçue selon les normes écologiques Minergie-P, s’est vue doter de casiers à skis et devrait aussi bientôt accueillir un comptoir d’enregistrement des bagages pour ceux qui rejoignent l’Italie par la X-Alps ! matterhornparadise.ch

HÔTELLERIE

L’HÔTEL BASECAMP PLUS ALPIN QUE JAMAIS A small hotel with a big heart, dit le slogan. Ex-gardiens de la cabane du mont Rose et de la Gandegghütte, le guide de montagne Richard Lehner et son épouse Yvette ont repris en 2017 la gestion de l’Hôtel BaseCamp, situé Riedstrasse 80, juste au-dessus du centre. Drapeaux tibétains (et suisses) dans le jardin, Cervin dans l’axe, sauna à demeure et petit déjeuner costaud (inclus) peignent une atmosphère à la fois bon enfant et confortable, renforcée par la toute fraîche rénovation des 27 chambres et appartements. À chacun, désormais, son nom de montagne et sa décoration à thème ! hotel-basecamp.ch

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Z comme Zermatt Un domaine au zénith Texte Claude Hervé-Bazin Photos Pascal Gertschen | Marco Schnyder

Pour présenter Zermatt et son domaine skiable, chiffres et superlatifs abondent, mais rien ne vaut de se plonger dans cet océan de poudreuse qui ranime les zygomatiques.

Zone (dans la) Nichée au fin fond de sa vallée, au plus près du Cervin mais loin des vicissitudes du monde, Zermatt a toujours vécu sur son quant-à-soi, zieutant une corolle des plus beaux sommets alpins. Vingt-trois 4’000 si l’on se contente de ceux qui pointent à proximité immédiate, trente-huit si on leur ajoute tout ce qui fait le cœur des Alpes valaisannes — du très accessible Allalinhorn (4’027 m) à la Zumsteinspitze (4’563 m), veillée par la pointe Dufour (4’634 m) où culmine la Suisse. Plus qu’une carte postale, un zoom sur l’âme montagnarde. Zou! Le domaine skiable s’accroche là, recto verso, déroulant sous l’azur 360 km de pistes zappant de vallée en vallée, de glacier en glacier, de panorama en panorama, de pays


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Sans être réservé aux seuls bons skieurs, le domaine de Zermatt leur réserve une part prépondérante de pistes rouges et noires.



SAVOIR VIVRE IN THE ALPS AT

Schönegg


(Suisse) en pays (Italie). Pas de panneau Zoll ici, pas de douanier, juste de grands champs de neige binationaux offerts aux spatules sans interruption — dont l’altitude garantit, plus que nulle part ailleurs, la blancheur immaculée. De sacrés runs : 17,9 % de noires, 61,4 % de rouges, 20,7 % de bleues… Zigzaguant à touche-touche avec le Cervin depuis le nid d’aigle du Mountain Glacier Paradise (3’883 m), le plus long atteint 25 km pour 2’321 m de dénivelé ! Un record mondial et un souvenir impérissable. Zirkus Pour s’approcher de ce grand cirque blanc, tout un éventail de remontées mécaniques (54) tisse sa toile : télésièges, télécabines, téléphériques, métro alpin et légendaire zug (train) à crémaillère du Gornergrat Bahn, célébrant cette année ses 125 ans de bons et loyaux services. À l’autre extrémité de la technologie et de la chronologie, la X-Alps, tout juste inaugurée, concrétise désormais la promesse de pouvoir traverser la chaîne par la voie des airs. Zeitgeist Zéro pollution. Zéro bruit. And a zillion memories… Zermatt est dans l’air du temps, assurément. Difficile de faire plus zen, plus actuel, plus réconfortant que cette iconique station de chalets sans voitures, où le présent est, c’est rare, à un optimisme contagieux. matterhornparadise.ch

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Gornergrat Bahn 125 ans de bons et loyaux services Texte Claude Hervé-Bazin Photos Gornergrat Bahn

Au cours du XIXe siècle, les Alpes cessent peu à peu d’être ce monde hostile et mystérieux qui effraie. Les premiers touristes se hissent sur les pentes, toujours plus près des sommets et des glaciers. Dans leur foulée, en 1898, le pionnier des trains à crémaillère électriques suisses franchit la barre des 3’000 m pour côtoyer les séracs du Gornergletscher. Il célèbre cette année ses 125 ans.


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Dès l’origine, le Gornergrat Bahn s’est fait écologique. Outre l’hydroélectricité qui l’alimente, il utilise un système de récupération d’énergie, qui permet à trois descentes de fournir de quoi alimenter une à deux ascensions  !

« De là-haut, j’avais une vue extraordinaire sur le Monte Rosa et, semble-t-il, tout le reste du massif alpin. Une impressionnante foule de sommets enneigés encombrait l’horizon. (…) Nulle part ailleurs on ne peut admirer une telle démonstration de grandeur et de beauté alpine », écrit l’écrivain-voyageur Mark Twain en 1878, au terme de la randonnée qui l’a mené du vieux village de Zermatt jusqu’au rebord du grand glacier du Gornergrat. Sous ses yeux, alors, le serpent de glace, plus long que jamais, dévale royalement vers la vallée sur 15 km, sous l’œil du Cervin et d’une trentaine d’autres pics dépassant les 4’000 m. Au fil des ans et des conquêtes de sommets, popularisées par la presse et les sociétés de géographie, les curieux se multiplient. Ils sont bientôt des milliers, chaque année, issus de la bonne société, à venir admirer le panorama du Gornergrat, cheminant qui à pied, qui à dos de mule, à cheval ou en chaise à porteurs. Le Conseil fédéral décèle là une opportunité. Le train atteint Zermatt en 1891. Et si l’on montait plus haut, encore ? TOUJOURS PLUS PRÈS DU CIEL Un imprimeur biennois y a déjà songé. Son rêve ? Atteindre le Gornergrat et le Cervin. Trop ambitieux. C’est l’entreprise Haag & Greulich qui se voit confier le projet. Malgré l’opposition initiale des Zermattois et du canton, soucieux de protéger les guides de la concurrence, les travaux sont lancés en mai 1896. Réduits à la courte période estivale, ralentis par la construction de deux ponts et cinq tunnels, ils avancent

néanmoins rapidement grâce au millier d’ouvriers italiens appelés en renfort. Devant eux : 9’029 m de rails à dérouler. Pour alimenter la ligne, une centrale hydroélectrique est bâtie sur le torrent du Findelbach. Le samedi 20 août 1898, à 10 heures, une motrice et deux wagons de bois s’élancent de Zermatt sous un soleil radieux, pour une ascension à petit train. Le voyage, trois fois plus lent qu’aujourd’hui, dure alors une heure et demie, à 7,2 km/ h de moyenne ! Terminus à 3’018 m (3’089 m actuellement), pour un très chic pique-nique en jupe, corset et large chapeau. Le plus haut train électrique d’Europe à ciel ouvert (aujourd’hui encore !) est inauguré. « Tous ceux qui ont fait ce trajet sont enchantés de la nouvelle ligne, qui est certainement appelée à un grand succès », écrit le journal Le Confédéré. Les années qui passent ne font que confirmer la prédiction, avec la construction du Kulmhotel, perché au-dessus de la gare sommitale, à 3’100 m (record de Suisse). S’il ne circule d’abord que de juin à septembre, le train poursuit à partir de 1927-28 son ascension l’hiver jusqu’à Riffelalp, où débarquent les skieurs, puis Riffelboden. En 1941, finalement, il atteint le Gornergrat sous la neige. Loin d’avoir retiré le pain de la bouche des Zermattois, le Gornergrat Bahn a largement contribué — et contribue toujours, par son aura historique — à attirer dans la station les visiteurs fascinés par les panoramas alpins uniques qu’il dévoile. gornergrat.ch

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Mikaela Shiffrin La championne superlative Texte Claude Hervé-Bazin Photos Longines

À seulement 28 ans, l’attachante skieuse Américaine, native de Vail dans le Colorado, affiche un palmarès à nul autre pareil. Qu’espérer encore, à l’orée de cette nouvelle saison, inaugurée début novembre par une 89e victoire en Coupe du Monde, à Levi, en Finlande ? Personne n’a jamais fait aussi bien. Avec trois médailles olympiques (deux d’or), sept titres de championne du monde, 89 victoires en Coupe du Monde au moment d’écrire ces lignes, 139 podiums combinés, des breloques décrochées dans quatre des cinq disciplines majeures du ski (descente exceptée) et des gros globes de cristal à ne plus savoir qu’en faire (six !), Mikaela Shiffrin est un sacré phénomène. Le record d’Ingemar Stenmark est battu, celui de Lindsey Vonn écrasé. Autant pour les ex-légendes du ski. Née lattes aux pieds à Vail, l’une des Mecque américaines de la glisse, Mikaela Shiffrin est une gagneuse. À l’âge de 5 ans,

elle décide d’être skieuse de compétition. Elle ne dérogera plus à l’idée. Sur son casque, un acronyme grave dans le marbre sa volonté de fer : ABFTTB — Always Be Faster Than The Boys ! Elle quitte ses parents pour rejoindre la Burke Mountain Academy High School, dans le Vermont, à l’autre bout du pays. Un lieu unique en son genre, destiné à façonner des champions doublés de visionnaires et d’entrepreneurs. La valeur n’attend point le nombre des années, dit le dicton. Mikaela en fait la démonstration grandeur nature, en remportant, à 16 ans seulement, le titre de championne de slalom des États-Unis… Deux ans plus tard, à Sotchi, elle


Égérie de la marque Longines depuis 2014, Mikaela Shiffrin est une championne exemplaire, cumulant exploits sportifs, moral d’acier et volonté puissante d’inspirer les jeunes générations.

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devient la plus jeune athlète de l’histoire à décrocher l’or olympique dans cette discipline. Sa carrière est lancée. Le slalom lui offre tous ses premiers titres. Pour autant, Mikaela est une skieuse à large spectre. On pourrait même dire qu’elle est bonne dans toutes les disciplines ! En 2019, entrant dans un club très fermé, elle établit un quadruplé historique aux Mondiaux : classement général, slalom, géant et super G (dès sa première saison !). Elle s’adjuge au passage un nouveau record de victoires en une seule saison (17), hommes et femmes confondus… Un vrai phénomène, cette Shiffrin. Suprahumaine, disent certains. Sa signature ? Une mise en action rapide et des descentes tout en contrôle. Une volonté féroce de locomotive et une attitude invariablement positive. Une tendance marquée à

faire la sieste, aussi… et à esquisser quelques pas de danse lorsque le chronomètre s’affiche en sa faveur ! Son objectif, chevillé au corps : être la meilleure skieuse au monde. Pour cela, il y a les Jeux Olympiques. Pékin dans le viseur. À la veille de l’événement, en 2022, les bookmakers placent Mikaela favorite dans trois des six épreuves auxquelles elle compte participer. Sacré poids sur les épaules. Une trajectoire très agressive, très risquée, la voit sortir d’emblée. Un mauvais souvenir, déjà balayé. « L’important n’est pas tant de gagner que d’inspirer la génération suivante », confesse la championne, qui n’a plus rien à prouver — et vient pourtant de remporter le 2e slalom de la saison à Lévi (Finlande). Une devise qu’elle entend porter plus que jamais cet hiver. fis-ski.com

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Quête de sens Au CERVO, luxe rime avec durabilité Texte Yannick Nardin Photos CERVO Mountain Resort

Niché sur un flanc de montagne, l’écrin de l’Hôtel CERVO invite certainement à considérer avec respect la nature environnante — son éminence le Cervin surplombant le panorama. Fort de cette conviction, l’établissement s’est réinventé en destination durable, célébrée à travers un festival, A Love Beyond. Le long de l’escalier menant au spa, un majestueux macramé déroule ses longs nœuds couleur crème. « Il s’agit d’une œuvre commune, réalisée par les participants au festival A Love Beyond l’an passé ; c’est un beau souvenir du temps passé ensemble », se rappelle Dörte Bundt. L’artiste berlinoise revenait cette année pour la troisième édition de l’évènement, durant lequel elle devait animer un atelier de tissage d’herbes séchées, laine, pommes de pin et autres trésors naturels sur un canevas de branches. Le festival est orchestré par son compagnon Joel Isaac Black — DJ aux multiples talents, dont le look autant que l’état d’esprit sont décidément super tendance. Par de telles initiatives, le CERVO fait souffler un vent d’in-


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Le CERVO propose 54 chambres et suites et 7 chalets, dans un élégant style alpin contemporain.


novation sur l’hôtellerie haut-valaisanne, démontrant que haut de gamme peut rimer avec durabilité, authenticité et « coolitude ». Cette certitude infuse le festival A Love Beyond, mais aussi tout le calendrier de cet hôtel ecofriendly. LA DURABILITÉ, LE VRAI LUXE ! Au CERVO, la sobriété est devenue un principe de base. L’objectif ? Une production d’énergie totalement neutre en CO2 pour le chauffage et l’eau chaude — aujourd’hui produite à 99 % par géothermie. Un engagement ferme en faveur de l’approvisionnement local, aussi. Ainsi, les restaurants Ferdinand et Madre Nostra se concentrent-ils sur les mets

régionaux et la table orientale du Bazaar sur des plats majoritairement végétariens. Membre fondateur du réseau Responsible Hotels of Switzerland, détenteur des labels Sustainable living et Fairstay, le CERVO a remporté en 2023 la palme suisse des établissements de luxe durables remise lors des World Luxury Hotel Awards — et même le titre mondial dans la catégorie « complexes hôteliers de montagne ». Chambres et appartements de ses chalets de bois n’abandonnent pourtant rien en termes de luxe, comme si l’expérience avait tout simplement été ajustée au respect des limites de la planète. Ce positionnement se ressent jusque

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Inspiré par la culture des marchés d’Orient, le restaurant Bazaar se veut un lieu de rencontres et d’échanges pour tous.


dans la décoration, qui fait la part (très) belle aux matières naturelles, bois et pierre, relevées des couleurs de bouquets de fleurs séchées. Au spa, une piscine naturelle bordée de joncs côtoie un bassin thermal se déversant en cascade et une yourte. Menu de soins relaxants, menu d’oreillers dans chaque chambre, tout est pensé pour le confort des hôtes. Au final, ce positionnement dans le luxe durable s’avère fructueux : l’hôtel affiche souvent complet. PARENTHÈSES INSPIRANTES A Love Beyond aura été, cette année encore, l’occasion de tisser des liens. Tout est fait pour. Musiciens, professeurs de yoga, artistes et même employés du CERVO échangent volontiers avec les clients — une décontraction voulue par l’établissement. Les activités proposées cherchent à faire éclore une certaine magie. Bols chantants, ateliers de cuisine, de photographie, de teinture naturelle, DJ live-sets, concerts de guitare, mais aussi yoga, quantum healing et psychedelic breathwork… lorsque l’intitulé s’avère mystérieux, « autant tenter l’expérience ! » déclarent les participants, qui expliquent vouloir « se ressourcer et se reconnecter ». Si l’ambiance évoque le flower power, les thématiques de la durabilité et du retour à la nature ne pourraient être plus actuelles, dans l’état d’urgence climatique. Ainsi, la marque Breitling — partenaire du CERVO depuis sa rénovation et son repositionnement en 2021 — est venue présenter de façon informelle, à travers quelques anecdotes, sa stratégie et les chiffres-clés de son Rapport de responsabilité sociale et environnementale. Moment très attendu du festival, l’ambassadeur de Breitling Bertrand Piccard délivrait quant à lui un inspirant discours. L’explorateur y soulignait la nécessité de « créer une nouvelle narration autour de la protection de l’environnement », grâce à des entreprises innovantes en matière de durabilité. L’homme parle d’expérience : « Les professionnels de l’aviation déclaraient impossible la réalisation d’un tour du monde en avion sans recours à de l’énergie fossile. Je ne connaissais rien au domaine, c’est ce qui m’a permis d’envisager le défi sous un angle nouveau… et de réussir ! » Galvanisée par ces mots, l’assistance, des étoiles dans les yeux, se montre soudain prête à déplacer des montagnes — avant d’échanger sur la terrasse du CERVO, sur fond mordoré d’été indien et de musique électronique. cervo.swiss

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P O R T F O L

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Joni Hedinger L’œil rivé sur les Alpes suisses Texte Claude Hervé-Bazin Photos Joni Hedinger

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Le jour se lève sur le fleuve de glace du Gornergratgletscher. Au fond, dans la lumière encore bleutée de l’aurore, trône le roi des sommets suisses : le mont Rose (4’634 m).


Difficile de faire plus iconique que cette image du Cervin (4’478 m) reflété, à l’aube, dans un petit lac dessiné juste en contrebas du grand Riffelsee.

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Trois jours de suite, Joni Hedinger a repris le chemin du sommet du Bishorn pour parvenir à capter, matin et soir, la face nord du Weisshorn dominant une mer de nuages.


En contrebas de l’arête sommitale du Bishorn, soulignée par une intense lumière rosée, une mer de nuages enveloppe la vallée de Zermatt (Mattertal).




Charpentier de formation, Joni Hedinger est devenu photographe professionnel par la grâce d’Instagram. Une reconversion éclair qui lui permet désormais de vivre de sa passion des grands espaces et de la montagne.

Lac (de Zurich) sous les yeux, montagnes (alpines) à l’horizon, Joni Hedinger a fait de Rapperswil sa base et des paysages suisses éternels son sujet de prédilection. « Pas (encore) de philosophie » chez ce jeune homme de 31 ans en plein élan, mais une envie évidente de mordre la vie, appareil photo en bandoulière. Tout commence lorsque Joni, adolescent, poste sur Instagram ses premières images prises avec son smartphone. Tandis qu’il jongle encore au quotidien avec rabots, gouges et scies (il suit une formation de charpentier), le compteur des followers grimpe. Puis s’affole. À 23 ans, le Saint-Gallois s’offre son premier appareil photo. Trois ans plus tard, confiance acquise grâce à plusieurs milliers d’abonnés, il abandonne la menuiserie pour la photographie. UN PASSIONNÉ DE MONTAGNE Passe-temps, passion, travail, créativité, les quatre éléments s’entremêlent dans le quotidien de Joni. Œuvrant aujourd’hui aussi bien pour des marques prestigieuses que pour nourrir son compte Instagram (affichant désormais 157’000 followers), le jeune homme butine d’un projet à l’autre. Toujours prêt à enfiler ses chaussures de randonnée et charger un sac de couchage sur ses épaules, il n’est jamais aussi à l’aise qu’en montagne, « entre aventure et inspiration ». Ce qui le fait vibrer ? Le sentiment puissant de vivre des instants magiques, là-haut, au-dessus du monde réel.

Ce qui le motive ? Transmettre cette énergie à d’autres, la partager. « Ce que j’aime plus que tout, ce sont les photos minimalistes de montagne et les images d’aventure qui font battre le cœur de celui qui les regarde. » La preuve ? Joni est membre du collectif The Alpinists, réunissant onze passionnés de photo venus d’Instagram. Aux premiers échanges et félicitations ont succédé des discussions constructives, des balades en commun, un groupe WhatsApp, un compte Instagram dédié, puis une véritable association au sens juridique du terme, porteuse de projets — notamment des ateliers de photographie et deux livres de randonnée photo, Lost in the Alps et Lost in the Alps 2. « Un énorme privilège », reconnaît Joni, conscient de la chance qu’il a de vivre de sa passion… Pas de hasard, cependant. Le Saint-Gallois est un homme organisé, qui planifie beaucoup lieux et lumières, contrôle son équipement jusqu’à la névrose, jongle entre appareil, drone et vidéo, explore les lieux et revient autant que nécessaire — comme ce fut le cas pour les images du Cervin et du Weisshorn de ce portfolio. Pour le reste, les éléments détiennent comme toujours la clef du succès, offrant de temps en temps au photographe la joie intense de saisir un instant rare et précieux… jonihedinger.ch

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Une table débordant de Saveurs Dans les cuisines de Reinhold Wrobel Texte Daniel Bauchervez Photos Chalet Hotel Schönegg


La touche finale sur un plat de pâtes. Travaillée mais sans prétentions, la cuisine du chef Reinhold Wrobel conjugue textures, force du goût et esthétique.

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L’Hôtel Schönegg est un oiseau rare. Aimanté par le Cervin, l’unique Relais & Châteaux de Zermatt réunit sous un même toit — enneigé — cadre exceptionnel, qualité de service, confort irréprochable, accueil familial chaleureux et table d’exception. Son nom coule de source : Saveurs.


Allemand d’origine, le chef Reinhold Wrobel est implanté à Zermatt depuis plus de deux décennies.

C’est un grand chalet posé en léger surplomb du village, pas tout à fait nid d’aigle, mais déjà bien au-dessus du plancher des vaches. Avantage aux mieux perchés : Alpes à gauche, Alpes à droite, Cervin dans l’axe, la terrasse infinity précédant l’établissement n’a que peu d’égales en termes de panorama. Beaucoup de bois et de balcons, beaucoup de fenêtres aussi : des chambres comme de la salle à manger, l’œil est ici constamment à la fête. Dans le club très fermé des Relais & Châteaux, la table compose évidemment une part essentielle de la partition. Au Schönegg, la pierre angulaire, c’est le restaurant Saveurs. 14 points. Mieux que bien, a encore tranché le guide Gault&Millau dans sa dernière édition, millésime 2024. « Un avantage pour recruter les talents et une motivation pour conserver les meilleurs éléments », constatent Line Février et Sebastian Metry, le dynamique jeune couple à la tête de l’établissement. Un surcroit de pression, aussi, pour le chef Reinhold Wrobel, qui s’ingénie, plus que jamais, à soigner les présentations de ses plats.

UN CHEF À LA DISCRÉTION ASSUMÉE Le chef allemand, arrivé en Suisse en tout début de carrière depuis sa Bavière natale, officie derrière les fourneaux de la maison depuis désormais plus de deux décennies — après avoir patiemment gravi l’échelle des postes et des valeurs, d’Ascona à Davos en passant par St. Moritz et Gstaad. Parmi ses souvenirs les plus mémorables : quatre saisons au Castello del Sole, un autre Relais & Châteaux, aux côtés d’Othmar Schlegel, meilleure table du Tessin. Nommé sous-chef au Chalet Hotel Schönegg en 2000, il en a pris la direction deux ans plus tard, pour ne plus la quitter. À la croisée des chemins, Reinhold Wrobel aime tendre des passerelles entre traditions et modernité, entre produits régionaux et air du temps. « En surprenant, toujours », précise-t-il modestement. Peu habitué aux couvertures de magazines, l’homme n’est pas un grand bavard, mais il est précis et déterminé. Doué d’une constance de coucou suisse. Viandes, poissons, légumes, rien n’échappe à sa technique et son inspiration. « Mon cheval de bataille, cela

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Atmosphère chaleureuse de chalet, cuisine savoureuse, vue incroyable sur le Cervin : bienvenue au Saveurs.

dit, ce seraient plutôt les entrées froides, qui autorisent le plus de créativité. J’aime travailler le contraste des saveurs et des textures, entre sucré et salé, entre crémeux et croustillant, entre cru et cuit, épicé et doux. » L’ICONIQUE COQ AU VIN VALAISAN « Nous essayons d’acheter nos produits dans un rayon de 150 kilomètres maximum », précise le chef. Tout ou presque est donc suisse et bien souvent valaisan, à l’image du sandre alpin, des filets de perche de Rarogne et de la viande séchée, provenant de chez Molinari Sempione dans la région du Simplon. Le plat signature ? Le coq au vin assurément, élevé au maïs dans le Valais et mariné deux jours durant dans le pinot noir (avec épices et légumes), avant d’être cuit sept heures à 69° C. Pour lui tenir compagnie : purée de pommes de terre et légumes-racines. Complexe à préparer, mais simple à apprécier ! Tout le reste, ou presque, change selon le marché et l’inspiration du moment, à commencer par le menu dégustation en quatre plats, qui évolue quotidiennement. Une attrayante déclinaison végétarienne a même été récemment ajoutée, qui puise dans le même vivier de produits locaux, valaisans et suisses.

UNE CAVE POUR ŒNOPHILES AVERTIS Chez les Metry, on a la vigne dans le sang. Du côté de Varen, sur l’autre versant de la vallée du Rhône (parfaitement exposé au soleil du Sud), la famille cultive depuis quatre générations ses propres arpents de Pinot noir et de Fendant. Une paille : 2’000 bouteilles par an, pas plus. Œnophile passionné, Sebastian Metry a constitué une cave hors du commun réunissant plus de 5’000 bouteilles et 400 références. Il y a là l’une des plus belles collections zermattoises de Romanée Conti et de Bordeaux, dont du Petrus 1988, mais aussi — et surtout — un remarquable choix de crus valaisans, petits et grands, connus et méconnus, qu’il s’ingénie à faire découvrir. « Beaucoup de vins de super haute qualité », précise-t-il. Envie de goûter ? Rien de plus facile : au restaurant Saveurs comme au bar Uncorked, la maison offre une fort belle sélection au verre, dont plusieurs grands crus ! Sebastian invite même parfois habitués et passionnés à la cave pour des apéritifs entre connaisseurs. Sacrément convivial pour un Relais & Châteaux. schonegg.ch

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La destination Zermatt au sommet Fréquentation et chiffres record Texte Daniel Bauchervez Photos Pascal Gertschen

L’année passée, les chiffres étaient excellents. Cette année, ils sont encore meilleurs ! Promesse de cadre grandiose, d’air pur et de sérénité retrouvée au plus près de la nature, Zermatt conquiert plus que jamais les cœurs et bat des records d’affluence depuis la sortie de covid. Comment résister ? L’engouement pour les destinations nature et authentiques n’a jamais été aussi puissant dans le monde. En tête de liste suisse, Zermatt offre tout ce qui fait défaut ailleurs : la beauté, la grandeur (nature), la pureté, le calme et cette sensation bien particulière de refermer une porte pour en ouvrir une autre, à l’abri des contingences et des soucis. UNE STRATÉGIE PAYANTE Loin de la demi-teinte, les bilans explosent d’enthousiasme et surclassent ceux de toutes les autres stations du pays. Aux Zermatt Bergbahnen (ZBAG), la société des remontées mécaniques locale, la parenthèse covid est bien refermée, avec un retour aux équilibres économiques antérieurs. Le rapport financier 2022-2023 souligne des chiffres record tous azimuts — et ce malgré la guerre en Ukraine, la disruption des chaînes d’approvisionnement, la flambée des coûts de l’énergie, l’inflation, l’augmentation de 5 % des employés et l’octroi d’une semaine de vacances supplémentaire ! Le président du conseil d’administration de la société, Franz

Julen, attribue l’essentiel de ce succès à la stratégie 20182022, développée autour de trois axes majeurs : qualité de service et des infrastructures, investissements constants et innovation dans l’offre, permettant de pratiquer une politique de prix (dynamiques) élevés et d’assurer ainsi les investissements futurs. La Stratégie 2023-2027 renforce encore cette vision, couplée à la digitalisation, la responsabilité sociale envers les employés et un respect sans cesse accru de l’écologie. Dès l’été 2022, la clientèle asiatique et nord-américaine était de retour. L’été 2023 a été encore plus positif, avec une augmentation de la fréquentation dépassant les 10 % — battant le record de 2019. La saison estivale reste toutefois minoritaire, ne représentant qu’un quart des revenus du groupe. L’hiver, locomotive éternelle du tourisme zermattois, a lui aussi bénéficié du retour des skieurs étrangers, notamment américains, de plus en plus nombreux à fréquenter la station grâce au partenariat pionnier développé avec l’Ikon Pass — ce forfait multi-stations valide dans une cinquantaine de


lieux à travers le monde (11 pays), dont Zermatt est l’unique partenaire suisse. Là encore, la vision novatrice des Zermatt Bergbahnen, toujours promptes à anticiper, a payé. La remarque vaut aussi pour l’enneigement mécanique qui, couvrant quelque 80 % du domaine, a permis de compenser la faiblesse des chutes de neige tout au long des deux dernières années et d’offrir, grâce à l’altitude élevée, des pistes d’une qualité constante. Une réalité reconnue par l’obtention, une nouvelle fois, du titre de Best Ski Resort in the Alps 2023. PROJETS RÉALISÉS ET PROJETS FUTURS Durant l’année écoulée, les seuls Zermatt Bergbahnen ont investi pas moins de 44,5 millions de francs dans le développement des infrastructures. Une part prépondérante a été allouée au projet phare, inauguré à l’été 2023, le Matterhorn Alpine Crossing (X-Alps) qui, prolongeant le téléphérique du Klein Matterhorn vers Testa Grigia (Plateau Rosa), permet désormais de passer à pied sec de Suisse (Zermatt) en Italie (Breuil-Cervinia) en survolant intégralement les Alpes — un

atout supplémentaire pour consolider le tourisme, notamment estival. Un vrai exploit technique : le tracé, long de 1,6 km, ne repose en effet sur aucun pylône intermédiaire ! Autre ambition majeure : moderniser les stations et le téléphérique Zermatt-Furi — remis en service, comme prévu, en novembre 2023. À cela s’ajoutent encore des travaux au Klein Matterhorn dans l’optique de l’extension des infrastructures sommitales, ainsi que divers achats de matériel (véhicules, canons à neige) et projets de renaturation — notamment du côté du glacier de Stafel, impacté l’an passé par les travaux de la télécabine de Kumme. Les investissements pour l’année 2023-2024 ont, eux, été définis à hauteur de 42 millions de francs, dont une moitié consacrée à l’achèvement du téléphérique de Furi et de son nouveau bâtiment administratif et centre de ventes. Une somme de 4 millions a en outre été allouée pour parachever les travaux d’aménagement de la nouvelle station de Testa Grigia et de ses abords.. matterhornalpinecrossing.com

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Heinz Julen Un artiste pluridisciplinaire Texte Claude Hervé-Bazin Photos Heinz Julen | Kurt Reichenbach, Schweizer Illustrierte

Issu d’une famille incontournable dans les affaires zermattoises, Heinz Julen est un électron libre, volontiers anticonformiste. Artiste, architecte, designer, hôtelier, ses casquettes sont multiples et ses réalisations immanquables dans la station. L’homme n’a jamais rien fait comme tout le monde. Son prénom, déjà, surprend… Hans ? Non, Heinz. L’histoire n’est pas banale : dans les années 1960, son père August promet à un client fidèle de son restaurant de Findeln, devenu ami, de nommer son premier fils d’après lui. Mais qui est donc cet inconnu ? Mister Heinz dirige alors, en Pennsylvanie, une célèbre entreprise de sauces et ketchups… L’enfant naît un 29 février. Un signe du destin, sans doute. Racines plantées sur les hauteurs de la Mattertal, Heinz Julen grandit entre trois sœurs, des alpages fleuris et une toile des plus beaux sommets alpins. Le jeune homme s’intéresse au dessin et à la peinture. Ses premières esquisses sont pour le Cervin ; il les expose au bord du chemin, à Findeln, avant d’y aménager son premier studio. Il n’a que 16 ans, alors. Le ready-made le fascine mais l’école d’art de Sion ne le retient qu’un moment. Heinz ne peut respirer loin de ses chères montagnes. À 20 ans, il construit sa propre galerie au cœur de Zermatt, puis un nouveau studio. Collages, sculpture, le jeune homme est boulimique. Les expositions s’enchaînent, ici, ailleurs. En 1990, à 26 ans seulement, il lance le centre culturel du Vernissage. Le concept ? Réunir sous un même toit galerie, cinéma, théâtre, spectacles, bar et boîte, films anciens tournés par Julen père, blockbusters, artistes internationaux et anonymes dans une même convivialité. En quête de mobilier susceptible de convenir à ce lieu multifonctionnel, Heinz doit se rendre à l’évidence : ce qu’il cherche n’existe pas. Soit. L’artiste devient designer.

Puis bâtisseur. Suivront, encore, l’hôtel Backstage, puis ses chalets et lofts, tous modelés avec cette patte unique au confluent de l’art, du design et des Alpes. DIEU, LA MONTAGNE ET L’ART On peut avoir un pied dans la réalité et un autre au ciel, semble dire ce personnage hors du commun. « Tout est question de passion », précise l’intéressé. L’art et le mysticisme l’habitent, mais la peinture figurative le frustre, d’abord. « Jamais on ne fera aussi beau, aussi émouvant que la nature environnante ». La réponse est dans l’idée. Naissent les Mountain Cubes : des cubes de zinc colorés de 30 cm de côté, largués du haut des sommets. C’est la montagne elle-même qui, à force de rebonds et de balafres, façonne l’œuvre. « Un sentiment sublime, libérateur », se souvient Heinz. Plus récemment, dans la même veine, le Zermattois collecte et revisite les déchets — jetés par d’autres, transformés par le hasard. Puis une rencontre avec l’artiste contemporain Peter Doig (parmi les plus cotés au monde) le pousse à renouer avec la peinture… à sa manière. Ses grands formats représentant montagnes et glaciers, ou son atelier de Findeln, sont destinés à la métamorphose : le papier, froissé, suit son propre destin, avant d’être retravaillé en trois dimensions. L’action surpasse l’objet pour tenter, ainsi, de saisir l’essentiel : « le mystère de la vie ». Les dernières créations de Heinz Julen seront présentées à la Kunsträume de l’Hôtel Backstage à partir de mi-février 2024. heinzjulen.com


Peinture, sculpture, design, Heinz Julen est un artiste prolixe, qui trouve son inspiration dans la nature qui l’entoure, les traditions et la spiritualité.

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Zermatt gastronomique Panorama des meilleures tables Texte Claude Hervé-Bazin Photos Grand Hotel Zermatterhof | CERVO Mountain Resort | Schweizerhoff Zermatt

Peu de lieux au monde peuvent se targuer de recenser autant de restaurants classés pour un si petit nombre d’habitants. Tradition, gastronomie contemporaine pétrie d’inventivité, adresses exotiques, il y en a pour tous les goûts, sur fond de produits locaux ultrafrais.


Suprême de caille dans ses sucs, topinambour, café, noisettes; une recette créée par Heinz Rufibach à l’Alpine Gourmet Prato Borni.

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Le plat signature du restaurant Bazaar du CERVO Mountain Resort : l’aubergine grillée aux pépites de grenade.


Aucun doute, on mange bien à Zermatt. Parmi les quelque 150 établissements répertoriés, entre station et alpages, le guide Michelin a décerné 4 étoiles et le Gault&Millau a classé… 21 maisons, pour un total de 298 points ! Un chiffre en constante augmentation, qui place le village loin, très loin devant la concurrence. Pour célébrer cet héritage, Taste of Zermatt (tasteofzermatt.ch) organise des manifestations culinaires, dont une randonnée gourmande à la découverte des restaurants d’altitude — qui aura lieu cet hiver le 27 janvier à Findeln. L’occasion de profiter d’un autre point fort des tables zermattoises : le panorama. Spécificité locale, beaucoup de bons restaurants sont liés à des hôtels. La plupart n’ouvrent que pour la saison, de fin novembre ou début décembre jusqu’en avril. LES STARS CULINAIRES ET LES ÉTOILES MONTANTES À l’heure de dîner chic à Zermatt, l’embouteillage menace… Certes pas dans les rues, où ne résonnent que les grelots des chevaux, mais, vraiment, quelle table choisir ? Au palmarès gastronomique, l’Alpine Gourmet Prato Borni (1 étoile Michelin et 16 points) du Grand Hôtel Zermatterhof jongle entre deux menus de référence éminemment inventifs, l’un très locavore, l’autre voyageur. Le wine pairing est ici un must : Peter Zimmermann a été élu « sommelier de l’année » 2023. Presque aussi bien noté (15 points), le restaurant du très chic Omnia puise au même vivier alpin d’exception, sur des notes fortement végétariennes, mais sans rien s’interdire. À l’Hôtel Backstage, l’After Seven (lui aussi étoilé et nanti de 17 points) conjugue cuisine de haut vol et cadre fantasmagorique pensé par le proprio-architecte Heinz Julen — qui s’invite régulièrement en salle. Au menu surprise : beaucoup, beaucoup de surprises ! Trois étages en dessous, le Diner’s Club (15 points) rejoue la partition au légendaire Vernissage dans une atmosphère musicale décontractée. Plus traditionnel, Le Restaurant, au Mont Cervin Palace (14 points), se spécialise dans les poissons et fruits de mer sur des notes franco-méditerranéennes. Au Chalet Hôtel Schönegg, griffé Relais & Châteaux, Saveurs (14 points) décline menu en quatre temps et courte carte, servis par une fabuleuse collection de vins — notamment valaisans. En prime, de jour : le Cervin plein cadre. Récemment gratifié d’une Green Star, la Brasserie Uno (1 étoile Michelin et 14 points) propose un unique menu surprise, privilégie le bio et épouse fidèlement le rythme des saisons. Végétariens et végans y sont comblés. Le Potato Fine Food Restaurant se veut lui aussi 100 % locavore et ne met en avant que des vins du Valais — plus quelques (très) grands crus venus d’ailleurs. Plus discret, l’hôtel 22 Summits accueille les convives du jeudi au samedi soir autour d’un

menu remarquable composé par le chef Zermattois Alain Lerjen, baptisé Soulfood by Alain. Ses plats signature ? La soupe au fendant et le brie aux truffes maison. LES TRADITIONNELS, EN STATION Séjourner dans le Valais sans s’offrir une fondue, une raclette ou un bon vieux potage à l’orge et à la viande séchée (IGP) serait un peu comme ignorer le jet d’eau à Genève… Heureusement, les restaurants traditionnels, nappés dans leur rustique mais chaleureuse carapace de bois vieux, ne manquent pas au cœur du village. Au sommet de la liste : le bien joli Schäferstube, le Walliserstube Zermatt, le Whymper-Stube, le Swiss Chalet (si charmant) et le discret mais centenaire Café du Pont. Parmi les plus cotés en ville, le Restaurant Julen (avec cheminée) tente le grand écart entre tradition et cuisine d’aujourd’hui. À l’hôtel CERVO, le Ferdinand revisite aussi la partition dans un cadre contemporain, autour (notamment) de fondues personnalisables à l’abricotine ou à la poire. Surfant sur la même piste, l’incontournable et intimiste Saycheese ! dit bien de quoi il retourne : ici, c’est fromage à tous les étages — et fondue, surtout. L’agneau local est la vedette Chez Heini (14 points), grillé au charbon de bois, de même qu’à l’Im Hof — qui se fournit dans la ferme Julen de moutons à nez noir. La recette tout feu tout flammes s’applique aussi chez Spycher (la viande est découpée à la table), entre fusils et trophées de chasse, Chez Max Julen, au Grill Le Cervin (14 points) et au 1818 Eat & Drink (13 points) décoré par l’incontournable Heinz Julen. Aux portes de Zermatt, le Sonnmatten (13 points) est spécialiste des Wiener Schnitzel. Chez Filet & Fils, c’est le tomahawk. Quant à The Grill, très locavore, il prépare ses propres jambon cru, viande séchée et saumon fumé. Petite spécificité : ici, le cadre joue plutôt le rouge britannique et le vert bouteille ! LES RESTAURANTS DE MONTAGNE (PANORAMAS INCLUS) Là-haut sur la montagne, une cinquantaine de cabanes, stübli, restaurants, bars et selfs permettent aux skieurs, lugeurs et simples esthètes de se régaler dans le plus beau des cadres. Sous les yeux : le Cervin, (très) souvent, et toute sa cour alpine. Si Zermatt est réputée pour sa scène gastronomique, l’affirmation vaut aussi pour ces restaurants d’altitude : plusieurs sont classés au Gault&Millau ou au Michelin ! Direction Furi (1’867 m), carrefour des remontées mécaniques. À 45 mn de balade du centre ou 5 mn par la nouvelle télécabine, il y a là l’hôtel Silvana et son chaleureux GitzGädi, où l’on se délecte de rösti, fondue, viande séchée, agneau et même cabri, bercé par le crépitement d’un bon

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*CHAMPAGNE AOC GRANDE CUVÉE KRUG, BRUT, 75 CL

249.–

(10 CL = 33.20)

96 Robert Parker

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*SAUVIGNON BLANC AUSTRALIA MARLBOROUGH CLOUDY BAY 2022, 75 CL

Vinum

34.95

(10 CL = 4.66)

*BOLGHERI DOC SASSICAIA TENUTA SAN GUIDO 2020, 75 CL

279.–

(10 CL = 37.20)

Des vins rares issus de notre cave ultra-select. En vente exclusivement en ligne sur:

mondovino.ch/vins-rares

Sous réserve de modifications de prix et de millésime. Coop ne vend pas d’alcool aux jeunes de moins de 18 ans. * En vente exclusivement sur mondovino.ch


Shake ceviche — un plat bien connu de La Muña au Schweizerhof Zermatt: saumon, fruit de la passion, avocat, ikura, ají amarillo et salicorne.

feu. Il y a le Simi, entre tradition et cuisine contemporaine. L’Aroleid (Bib Michelin), à la cuisine interactive créative volontiers végétarienne, qui donne des cours de poterie et de barista ! L’Alm, au début du Moos-Trail, spécialiste de la truite. Et le proche Ritti, qui pourrait avoir été prescrit par votre médecin, avec son lourd toit de lauzes et sa microterrasse nichée entre les arbres. Ah ses rösti et sa fondue ! L’un des chemins reliant Furi à Zermatt passe par les adorables hameaux de Blatten et Zum See. À chacun ses raccards de mélèze noirci, vieux de trois ou quatre siècles. À chacun son restaurant. Le Zum See (14 points), à la touchante patine montagnarde et magnifique terrasse, navigue entre classiques alpins et cuisine fine. La spécialité ? Le foie de veau émincé aux rösti. L’attachant Blatten, plus familial encore, est über traditionnel avec sa soupe de bolets nappée de pâte feuilletée et sa soirée fondue du mercredi. Plus haut, à 2’200 m, au pied même du Cervin, le très lumineux Stafelalp, précédé par une vaste terrasse, n’est accessible qu’à ski (par la piste rouge 52). Géré par la Maison Matthiol, il a récemment fait son entrée au classement Gault&Millau (13 points). Côté est, le délicieux mayen de Findeln est l’un des QG gastronomiques de Zermatt, avec deux incontournables (à 14 points). Chez Vrony met superbement en valeur les produits valaisans (viande séchée maison), souvent bio, sur des notes créatives, dans une ambiance chill-out un peu chic et un décor réalisé par Heinz Julen — le frère de Vrony. En contrebas, le Findlerhof, aux terrasses panoramiques, est célèbre pour l’accueil de Franz et Heidi, ses raviolis au fromage de montagne, ses quiches et ses gargantuesques rösti Matterhorn. Trois autres établissements proches méritent une halte : l’Adler Hitta, avec musique live épisodique, l’Enzian et le @Paradise (13 points), repris par l’équipe Vrony.

Les options s’accumulent, encore. Du côté de Riffelalp (2’222 m), à l’amical Alphitta, où l’on déjeune en musique. À Blauherd (2’571 m), au Blue Lounge, tout en bois clair, bercé lui aussi l’hiver par groupes ou DJs, où l’on déjeune de simples sandwichs, tartes flambées et burgers, Cervin sous le nez. À l’étage supérieur (3’103 m !), le Rothorn Ristorante Pizzeria ne déçoit pas. Mais on lui préfère Fluhalp : une solide et amicale cabane de montagne des années 1930, aux assiettes valaisannes, fondues, rösti, pâtes maison et tartes à se lécher les babines… SUR DES NOTES VOYAGEUSES Station internationale s’il en est, Zermatt voyage aussi par l’assiette. L’Italie voisine inspire. Elle rayonne au Capri (1 étoile, 17 points), à l’excellent Madre Nostra du CERVO (14 points) et, sur des notes plus informelles, au Vieux-Valais da Nico (excellentes pizzas au feu bois), chez Grampi’s (même punition) et au Chalet da Giuseppe. Au Bistro Zermama et à la Zermatt Kitchen (liée à l’Aroleid), le monde entier s’invite à la table, entre choléra (une tourte poireaux-pommes de terre valaisanne), mezzés, superfoods et notes asiatiques. On brunche chez l’un comme chez l’autre. Sous le feu des projecteurs, le très tendance Bazaar by CERVO (Bib Michelin) privilégie non seulement les cuisines de monde (tendance moyen-orientale), mais aussi les plats végétariens à faible impact environnemental. Carrément exotique ? Le Golden India est reconnu comme l’un des meilleurs restaurants indiens de Suisse. Chantre de la fusion nippo-péruvienne, La Muña a gagné ses 13 points au Gault&Millau. China Garden en a 14. Et puis Zermatt compte aussi deux restaurants 100 % japonais : le Myoko (13 points), qui déménage cet hiver au Schweizerhof, et le Shogun, dont l’intérieur de bois épuré évoque une auberge campagnarde nippone. Sacré voyage !

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La Patrouille des Glaciers revient L’art du ski en haute altitude Texte Daniel Bauchervez Photos David Carlier


La 24e édition de la plus célèbre course (bisannuelle) de ski-alpinisme de Suisse, reliant Zermatt (ou Arolla) à Verbier, se tiendra du 15 au 21 avril 2024. Son nouveau commandant, Christian Sieber, nous détaille ses priorités et ses dernières évolutions.

Trois hommes (ou femmes) encordés. 53 kilomètres de haute montagne — correspondant à 110 kilomètres effort. 4’386 m de dénivelé positif à avaler, skis aux pieds, col après col. La Patrouille des Glaciers revient avec son lot de sueur, d’acharnement, d’épuisement, de solidarité et d’émotions. Petit flashback. La course germe dans l’esprit de deux hommes, deux capitaines de la division de montagne 10, deux Valaisans : Roger Bonvin, futur conseiller fédéral et Président de la Confédération, et Rodolphe Tissières, futur fondateur de Téléverbier. Leur volonté ? Tester ainsi les compétences de leurs hommes à défendre les plus hautes frontières du pays, en pleine Seconde Guerre mondiale (1943). Le tracé ? La Haute Route entre Zermatt et Verbier, en une seule étape, tout simplement. La belle idée, tuée dans l’œuf par la mort de trois patrouilleurs en 1949, renaît en 1984, pour remporter le succès qu’on lui connaît, en s’ouvrant aux civils et en laissant tomber l’épreuve de tir originelle… En l’espace de trois générations, le chrono s’emballe. S’il a fallu 13 heures aux vainqueurs de l’édition de 1944, la cordée italienne qui a établi le record en date, en 2018, n’a mis que 5 heures 35 minutes et 27 secondes. Prodigieux. « ENSEMBLE, AU CŒUR DE L’EFFORT » La Patrouille des Glaciers est aujourd’hui attachée à la coupe et aux championnats suisses de ski-alpinisme, mais aussi intégrée aux Championnats du monde longue distance — une manière de « renforcer son statut iconique en tant que l’une des courses les plus prestigieuses au monde dans cette discipline », souligne le nouveau commandant de la PdG, le brigadier Christian Sieber. Succédant au colonel Schwery, ce dernier, chef de la police régionale Mittelland Emmental Haute-Argovie, a pris le com-

mandement de la PdG début 2023. « Un honneur, précise-t-il. Bien que je sois originaire du Seeland Bernois, la montagne a toujours fait partie de ma vie. Je suis imprégné d’excitation et de détermination. Je me réjouis de prendre en charge cette épreuve prestigieuse, mon objectif premier étant d’assurer la sécurité et la satisfaction des participants. Je souhaite que cette épreuve soit un succès pour tous les patrouilleurs, un défi gratifiant qui mettra en lumière leur endurance et leur dévouement. Le slogan de cette 21e édition, ensemble, au cœur de l’effort, illustre parfaitement cet esprit d’unité qui transcende l’événement. » UNE NOUVELLE ARCHITECTURE ORGANISATIONNELLE Au fil du temps, l’encadrement a pris de l’ampleur : pas moins de 1’600 militaires et une centaine de bénévoles sont chaque fois appelés en renfort. L’édition 2024 inaugure à cet égard la collaboration entre l’armée et la nouvelle Fondation (d’utilité publique) de la Patrouille des Glaciers — dirigée par l’ancien chef de l’Armée suisse, le commandant Philippe Rebord, et placée sous la tutelle du canton du Valais. Si la première conserve l’organisation et la sécurité, la seconde se charge désormais de l’aspect matériel et de la communication de la course. « Une collaboration d’ores et déjà constructive et positive au cours de la phase de planification », souligne le brigadier Sieber. D’autres changements ? « Rien de majeur depuis l’édition 2022, même si la PdG évolue en permanence pour améliorer l’expérience des patrouilleurs, du public, tout en cherchant à optimiser notre impact sur l’environnement. » Alors même que la course fête les 40 ans de sa relance, l’ordre du jour est à la modestie. pdg.ch

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Les Zermatt Bergbahnen proposent une offre des plus originale : accompagner un conducteur de dameuse pendant son travail durant 4 h.


Profession : conducteur de dameuse Les héros solitaires de la nuit Texte Daniel Bauchervez Photo Zermatt Bergbahnen

Sans eux, le Meilleur Domaine skiable des Alpes ne serait que l’ombre de luimême. Ils sont les elfes de la montagne, peignant méticuleusement la neige, nuit après nuit, à bord de leurs gros engins à chenilles. Conducteur de dameuse : un drôle de métier. Avec 360 km de pistes étalées sur deux pays, au pied du Cervin et d’un fantastique cénacle de sommets étincelants, le domaine skiable de Zermatt n’a pas son pareil. Pour autant, le cadre n’est qu’une partie de l’équation. Et si la station a été réélue en 2023 Best ski resort in the Alps pour la quatrième fois, c’est aussi — beaucoup — grâce à la qualité de son réseau de remontées mécaniques et à l’entretien exemplaire de ses pistes. Leur travail débute quand la journée des skieurs s’achève. Tandis que les lumières s’allument et qu’apparaissent les étoiles, les dameuses remontent doucement la pente. Vues du village, elles semblent des points dans l’océan de la nuit qui tombe. Là-haut, leurs phares balaient la neige pour établir le constat du jour. Les opérations à effectuer, variables en fonction de la météo, sont multiples. Il faut boucher les trous. Couper les bosses. Tasser pour obtenir un manteau homogène. Casser les portions englacées à l’aide de la puissante lame de l’engin, les pulvériser à l’aide de la fraise, puis les recouvrir d’un blanc tapis. L’essentiel du travail, néanmoins, consiste à remonter vers le haut la neige descendue dans la journée sous les lattes des skieurs, et répartir harmonieusement

les flocons fraîchement tombés ou la neige artificielle (qui couvre ici, en cas de besoin, 80 % du domaine). Mieux vaut une bonne grosse chute qu’une pente déplumée… Pas moins d’une trentaine d’engins arpentent ainsi chaque nuit les pentes du Matterhorn Ski Paradise, dans un ballet précisément coordonné — à chacun son secteur. Vus de près, les insectes imaginés de loin se muent en monstres de 11 tonnes, mus par des moteurs diesel de 390 chevaux alimentés grâce à un carburant sans souffre, plus cher mais moins polluant. Ces machines, très chères et complexes à maîtriser, demandent une formation spécifique. Car si les larges chenilles assurent une adhérence maximale, lorsque la pente touche au vertigineux, les conducteurs de dameuses doivent s’en remettre au treuil. Long d’1 km, il permet d’amarrer le véhicule sans risque de le voir glisser… « C’est pour moi plus une passion qu’un métier, s’enthousiasme Sascha Imboden, conducteur de dameuse à Zermatt depuis trois ans. Pour l’aspect technique de ces fascinants engins, mais aussi pour la vue et le calme de la montagne. » Un instant toujours magique, au crépuscule. matterhornparadise.ch

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Zum See Là-haut sur la montagne Texte Claude Hervé-Bazin Photos Marc Kronig | Lucas Meier

Parmi les restaurants d’altitude les plus célèbres de Zermatt, le Zum See s’apprête à célébrer quatre décennies de gastronomie authentique et savoureuse. Rencontre avec Max et Greti, ses sympathiques propriétaires, et leur fils et belle-fille Markus et Marion, qui ont pris la relève.

Pas de route, pas de chemin, juste un étroit sentier et la piste de ski qui passe à quelques mètres. Zum See est un hameau d’une trentaine de chalets, d’étables et de raccards de mélèze noircis par le temps, aux toits de larges lauzes, posé sur un replat d’alpage à 1’760 m. En face : la pointe du Cervin dressée derrière un bosquet de mélèzes protecteur. Une carte postale valaisanne comme on n’en fait plus, pétrie par les siècles. La télécabine de Furi n’est qu’à 15 mn de marche, mais à des années-lumière. En décembre 1976, Max et Greti débarquent à Zermatt pour l’hiver. Lui est Allemand et chef saucier au Grand Hotel Zermatterhof, elle Autrichienne et issue d’une famille de restaurateurs, serveuse au Walliserhof. Le jeune couple se fréquente depuis quatre ans déjà, enchaînant les saisons en Suisse. Zermatt les retient. Deux ans plus tard, un premier enfant naît. À leurs heures perdues, les tourtereaux filent se balader sur les pentes dominant le village. En chemin vers Furi, Zum See et son modeste restaurant, propriété de la famille Taugwalder, les enchante. Ils s’y verraient bien. Les années passent. Max, devenu chef de cuisine à l’Hôtel Pollux, développe son savoir-faire et son réseau de fournisseurs. Et, soudain, en 1984, le rêve devient réalité. Malgré de modestes finances et trois enfants dans les pattes, Max et Greti décident de relever le défi : oui, ils vont reprendre Zum See.

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Après Verbier, après Zermatt, voici Genève — dans toute sa splendeur. Plus que jamais, la quintessence suisse trouve sa place dans ces pages, à travers tout ce qui fait la grandeur, la beauté et l’âme de cette nation qu'est la Suisse.

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La famille Mennig réunie autour du restaurant Zum See : Marion et Markus, ses parents Max et Greti.

LE MOT D’ORDRE : TRADITION À cette époque, les restos de montagne ne font pas dans la dentelle. Rösti. Croûtes au fromage. Bratwurst. Randonneurs ou skieurs, les plats doivent tenir au corps. Max et Greti sont plus ambitieux. « Aux classiques, nous voulions ajouter une cuisine plus haut de gamme. Dès le début, nous avons élaboré nos propres pâtes, servi soupes, légumes et salades, foie de veau et filet d’agneau — et même du saumon frais, une rareté, alors », se souviennent-ils. Au fil du temps, succès aidant, la carte s’enrichit. Aujourd’hui plus que jamais, les produits frais importent. Le poisson arrive quotidiennement de Zurich. La viande est livrée par Matterhornfleisch et les vins proviennent, majoritairement, du Valais. « J’aime décrire notre cuisine comme authentique », précise Max. Si des chefs lui ont succédé dans la minuscule cuisine, ce sont toujours ses recettes, peu à peu affinées, qu’ils mitonnent. « La grande priorité, ici, c’est le fait maison. Une cuisine honnête, de qualité et un service fidèle ». DES RENCONTRES INATTENDUES Année après année, les clients reviennent, charmés par l’authenticité du lieu. Deviennent parfois des amis. Leurs enfants, petits-fils les suivent à Zum See. « Certains mangent chez nous depuis l’ouverture. D’autres, désormais trop âgés pour monter, nous envoient leur bonjour. » Parmi les convives attablés chez Max et Greti, beaucoup de VIPs. L’anecdote fait encore rire le restaurateur... Un jour d’hiver de grande affluence, pressés par le manque

de place, ils font asseoir à la même table quatre personnes qui avaient réservé deux tables différentes en même temps. Un peu curieusement, deux des convives s’éloignent le plus possible des deux autres. « Étrange » pensent les patrons, sans plus y prêter attention. En fin de service, des habitués s’approchent, avec la clef de l’énigme. « Vous ne les avez donc pas reconnus ? C’étaient le roi et la reine de Belgique avec leurs gardes du corps — qui essayaient de leur laisser le plus d’intimité possible. » LA NOUVELLE GÉNÉRATION Depuis son enfance, Markus donne un coup de main à ses parents le week-end et durant les vacances. Au début des années 2000, fraîchement diplômé de l’École Hôtelière de Lausanne, il rejoint Max et Greti à Zum See pour une saison, puis deux. Après quelques années formatrices à New York, il revient avec sa compagne Marion, rencontrée à l’EHL. Comment résister à l’appel puissant de Zum See ? Au fil du temps, le jeune couple trouve sa place, apprend à connaître les habitués, leurs envies et les nécessités du métier — revu et corrigé sur l’alpage. En 2022, finalement, Max et Greti décident de se retirer pour leur laisser le champ libre. « Un sacré challenge, reconnaît Markus. Nous ne pouvons pas faire exactement comme eux, les temps ont changé et nous sommes nous-mêmes des gens différents. Mais Marion et moi nous donnons à fond pour faire perdurer leur philosophie d’accueil chaleureux. » Leur mission ? « S’assurer qu’un sourire s’accroche à chaque visage ». zumsee.ch

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Rolex Oyster Perpetual GMT-Master II C’est le grand retour de l’or jaune ! Revisité, le modèle est disponible en deux nouvelles versions, une bicolore en acier et or, la seconde, sans compromis, parée entièrement du flamboyant métal précieux. Toutes deux disposent d’un disque en céramique grise et noire, une combinaison de couleurs inédite. rolex.com


Tudor Pelagos FXD

Hublot Square Bang Unico Titanium

Longines HydroConquest

Trois, deux, un… plongez ! La lunette tournante bidirectionnelle de la Pelagos FXD facilite la navigation par caps successifs lorsqu’elle est combinée à un compas magnétique. Idéal pour les plongeurs de combat. Et logique : le modèle, né en 1950, répond à un cahier de spécifications élaboré avec une unité de la marine française.

Après avoir osé la forme « tonneau » en 2014, la célèbre Big Bang s’est à nouveau métamorphosée pour adopter le carré en 2022. Tout l’ADN d’Hublot — célébrant « l’art de la fusion » — se retrouve dans cette nouvelle interprétation forte en caractère, à la boîte façonnée en titane robuste et léger. Au poignet: un bracelet caoutchouc.

Cette déclinaison de l’HydroConquest, collection née en 2007 et étanche à 300 m, réinterprète les codes des montres de plongée dans un costume entièrement noir, doté d’une lunette et d’une boîte en céramique démultipliant son ADN sportif. Un facteur d’une grande élégance… et d’une grande résistance aux rayures.

tudorwatch.com

hublot.com

longines.com

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1. Hamilton Ventura Flex

2. Norqain Wild ONE TCS NY

3. Baume & Mercier Riviera 10717

Saviez-vous qu’Elvis Presley a porté la Ventura ? La toute première montre électrique au monde rend hommage au King avec un bracelet d’une rare souplesse. Design et géométrie atypique se réunissent pour un look rock et percutant, sous la bonne garde d’un mouvement quartz désormais automatique.

Voici LA montre des marathoniens, celle qui stimule une foulée aérienne ! Façonnée en matériau Norteq 6 fois plus léger que l’acier (et 3,5 fois plus que le titane), elle fait preuve d’une excellente résistance aux chocs. Le cadran de cette édition limitée à 262 exemplaires retrace l’itinéraire du marathon de New York — tout un mythe.

Voilà le compagnon chic idéal pour les amateurs de sports nautiques ! Étanche jusqu’à 300 mètres, ce garde-temps de forme dodécagonale, au look assurément puissant, bénéficie d’une réserve de marche de 120 heures. Sa lunette tournante unidirectionnelle permet de calculer les temps de plongée — un atout bien précieux.

hamiltonwatch.com

norqain.com

baume-et-mercier.com

4. Piaget Polo Date

5. Chopard Alpine Eagle

6. Panerai Luminor Due

Sportive et pourtant si féminine, la Polo Date a de quoi séduire avec son boîtier de 36 mm bicolore. Façonnée en or rose et acier, elle se voit élégamment sertie de 60 diamants taille brillant sur sa lunette et 36 de plus sur son cadran — 3 par index. Le bracelet interchangeable, lui, permet de varier les styles.

Sur les hauteurs plane l’aigle au regard perçant. Chopard capte toute la force de l’iris de cet animal symbolique avec la fascinante finition de cadran de l’Alpine Eagle. Façonnée en or rose éthique et en acier exclusif à la marque (comprenant au moins 80 % de chutes recyclées), cette belle d’un diamètre de 36 mm pousse à l’ivresse des cimes.

Vous cherchiez une montre moderne, chic et sportive, dotée d’une élégante touche italienne ? La voici, sans compromis ! La Luminor Due 38 mm séduit, dans cette version, par ses courbes racées, son cadran anthracite satiné soleil et ses aiguilles en or rose et Super-Luminova, qui subliment subtilement la pièce.

piaget.com

chopard.com

panerai.com


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1. Moncler Combinaison de ski femme moncler.com

2. Bogner Sac à dos Monte Voggo Ash bogner.com

3. Rolex Oyster Explorer rolex.com

4. Bally Derbies Neasden en Cuir bally.ch

5. Scott Vélo Axis eRIDE FS 10 1

scott-sports.com


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1. Heinz Julen Sun Lounger heinzjulen.com

2. Zai Ski smoked oak zai.ch

4. Holmegaard Lanterne Design with Light connox.ch

5. Bang & Olufsen Beolab 50 Oak bang-olufsen.com

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La Suisse est un cocon, ses montagnes une source d’inspiration, l’architecture contemporaine de ses plus belles stations, une rencontre unique entre hier et demain. Découvrez la quintessence du Val de Bagnes et ses paysages à couper le souffle, hiver comme été, à travers 288 pages à l’iconographie exceptionnelle. Bienvenu à Verbier. Commandez votre exemplaire sur helvet.swiss pour CHF 109.– (expédition incluse)

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