LIFEST YLE I SPORT I AVENTURE I VOYAGES
#ThisIsYourTime
TISSOT T-TOUCH EXPERT sOLAR swiss edition. ALIMENTÉE PAR L’ÉNERGIE SOLAIRE, OFFRANT 20 FONCTIONS POUR UN USAGE QUOTIDIEN DONT L’ALTIMÈTRE, LE BAROMÈTRE ET LA BOUSSOLE. TI S S OT WATC H E S .CO M TISSOT, INNOVATORS BY TRADITION
ÉDITORIAL Parler d’écologie, l’encourager, c’est bien. Agir pour progresser, c’est mieux. Partant de ce constat et de l’urgence environnementale, 30° degrés parie sur l’avenir en faisant peau neuve. Se réinvente. Par la forme, d’abord : votre magazine adopte un format légèrement réduit et un papier naturel FSC, léger, à la traçabilité assurée. Ces deux changements majeurs contribueront à réduire notablement notre empreinte écologique — tant au niveau de l’impression que du transport. Autre bonne nouvelle : la réduction du poids de notre magazine nous permet, du coup, de vous en offrir davantage. 30° degrés gagne 40 pages ! Côté contenu, l’évolution, quoique indéniable, est subtile. Notre priorité reste de vous surprendre et de vous émouvoir, au travers d’histoires et d’images hors du commun, présentées dans une nouvelle maquette dénuée d’artifices. Du papier à l’ambiance épurée de notre magazine, l’empreinte scandinave est forte. Le retour à l’essentiel, inscrit dans les nécessités du moment, est palpable. Mais l’âme de 30° degrés, elle, n’a pas changé. Notre souhait, plus que jamais : offrir des oasis de possibilités, explorer des lieux, des envies qui font vibrer la vie et la célèbrent, dépasser les certitudes, développer une vision positive du monde d’aujourd’hui et de demain, sans éclipser les défis majeurs qui nous attendent, mais en les saisissant à bras le corps. Une nouvelle rubrique « écologie » s’invite ainsi dans nos pages. Sans leçons de morale, pour réfléchir et moduler nos comportements. Nos adresses verdissent. Nos rencontres se densifient. Au-delà de l’exploit, c’est, plus que jamais, le sens même de l’existence qui s’exprime dans les histoires de nos héros, la communion avec la nature, la quête spirituelle d’un équilibre. Pour que nous, pour que vous, pour que tous, nous contribuions, à notre échelle, à faire de cette planète un endroit où il fait bon vivre. Pour longtemps. La génération future ne nous jugera pas tant à l’aune de notre implication personnelle dans la débâcle écologique quotidienne, que dans notre capacité — ou incapacité — à réformer nos habitudes pour le bien commun. Ma fille Clémence, née ce 6 mai, nous prend à témoin : serons-nous ceux qui contribueront à sauver sa planète ? Bienvenue à toi, Clémence Christian Bugnon — éditeur & rédacteur en chef
124
36
72
22
SOMMAIRE 8 GRAND ANGLE
22 SPORT
Le « gravel bike »prend les chemins de traverse
51
88 STAND-UP PADDLE
Aventure sur les lacs suisses
97 NEWS
32 NEWS
00 ÉCOLOGIE 1
36 RENCONTRE
Pas de fumée sans feu
Guillaume Néry : l’apnée nous renvoie à notre état naturel
46
49 INSTAGRAM
51 PORTFOLIO
TRENDS HORLOGERIE
68 LIFESTYLE L’esprit « Vanlife », odyssées au long cours
72 MONTAGNE
L'art méconnu du sawanobori
104 VOYAGE
Kenya, l’art du safari
Chris Schmid, l’Afrique au cœur
88
82 PORTRAIT
Alex Honnold, l’homme qui a dépassé la peur
112 ÉVÉNEMENT
Lausanne 2020 : les Jeux Olympiques de la Jeunesse 116 HORLOGERIE
Connectées à la vie 121 NEWS 122 TRENDS 124 HÔTEL
Art de vivre au Club Med Cefalù
N° 71
IMPRESSUM
RÉDACTEUR EN CHEF
PUBLICITÉ SUISSE (PRINT + DIGITAL)
Christian Bugnon christian@30degres.swiss
info@30degres.swiss www.30degres.swiss
RÉDACTION
SECRÉTARIAT
Claude Hervé-Bazin Laurent Grabet Marie de Pimodan-Bugnon Christian Bugnon Isabelle Guignet
Mélissa Hertzeisen melissa@30degres.swiss
PHOTOGRAPHES
Serge Shakuto, Dave Trumpore Jeremiah Watt, Eric Parker Frank Kretschmann, Kirsty Cane Tim Bardsley-Smith, Scott Markewitz PatitucciPhoto, Franck Seguin Julie Gautier, Simon Bischoff Chris Schmid, Matty Hong / The North Face PlanetVisible, Geran de Klerk Anoush Abrar, Fred Moix Julien Fernandez
ABONNEMENT POUR LA SUISSE
Parutions : mars / mai / septembre / décembre 1 an (4 éditions pour CHF 45.–, TVA 2,5 % incluse) 2 ans (8 éditions pour CHF 85.–, TVA 2,5 % incluse) -15 % pour les 18-22 ans et dès 65 ans info@30degres.swiss ABONNEMENT POUR L'EUROPE
Parution : mars / mai / septembre / décembre 1 an (4 éditions pour CHF 60.–) 2 ans (8 éditions pour CHF 113.–) info@30degres.swiss 30° présent dans les kiosques en Suisse numéro à CHF 12.–
DIRECTION ARTISTIQUE & LAYOUT
District Creative Lab Sàrl www.district.swiss GRAPHISME
camille@district.swiss tania@district.swiss TRADUCTION ALLEMANDE
Sabine Dröschel PHOTOLITHOGRAPHIE
Images 3 ÉDITION & ADMINISTRATION
30° degrés magazine District Creative Lab sàrl Place de l'Hôtel de Ville 2 1110 Morges – Suisse admin@30degres.swiss www.30degres.swiss Tél : +41 21 312 41 41
PHOTO DE COUVERTURE COPYRIGHT 30° 2002-2019
En vertu des dispositions relatives au droit d'auteur ainsi qu'à la loi contre la concurrence déloyale et, sous réserve de l'approbation préalable écrite de l'éditeur sont notamment interdites toute réimpression, reproduction, copie de texte rédactionnel ou d'annonce ainsi que toute utilisation sur des supports optiques, électroniques ou autres. L'exploitation intégrale ou partielle des annonces par des tiers non autorisés, notamment sur des services en ligne, est expressément interdite. Ce magazine a été imprimé sur papier issu de forêts gérées durablement. www.30degres.swiss #30degresmagazine #30degres
Chris Schmid À la saison sèche, les éléphants se regroupent autour des derniers trous d'eau de l'immense pan (lac salé) d'Etosha, en Namibie.
8
grand angle
Serge Shakuto / Red Bull Illume — Parc national du Bromo, Indonésie
10
grand angle
Dave Trumpore / Red Bull Illume — Whistler, Canada
12
grand angle
Jeremiah Watt / Red Bull Illume — Parc national de Zion, États-Unis
14
grand angle
Eric Parker / Red Bull Illume — Djúpivogur, Islande
Volvo Swiss Premium® avec service gratuit pendant 10 ans/150 000 kilomètres, garantie constructeur pendant 5 ans/150 000 kilomètres et réparations pour cause d’usure pendant
PLACE À L’AVENTURE. LA NOUVELLE VOLVO V60 CROSS COUNTRY. Indépendante par nature. La nouvelle Volvo V60 CROSS COUNTRY. Avec sa garde au sol rehaussée et ses protections additionnelles, notre break haut de gamme est le partenaire idéal de toutes vos aventures. MAINTENANT CHEZ VOTRE CONCESSIONNAIRE VOLVO OU SUR VOLVOCARS.CH/ V60CROSSCOUNTRY
INNOVATION MADE BY SWEDEN.
3 ans/150 000 kilomètres (au premier des termes échus). Valable uniquement chez les concessionnaires participants. Le modèle présenté dispose éventuellement d’options proposées contre supplément.
It began with a simple idea. In 1979, Rob Kaplan started making surf leashes so his friends could ride bigger waves. From these humble beginnings, Dakine has carefully built a reputation for creating, testing, breaking, fixing, testing again – everything. Let’s celebrate 40 years in the making.
dakine.ch
INSPIRÉ PAR DES HÉROS, POUR DES HÉROS
LE GRAVEL BIKE
PREND LES CHEMINS DE TRAVERSE
©Tim Bardsley-Smith / Scott Sports
Texte Laurent Grabet
©Scott Markewitz / Scott Sports
La piste poussiéreuse grimpant vers la ville fantôme de Ruby, dans l'extrême-sud de l'Arizona, est à la fois sauvage et roulante : parfait pour le gravel bike.
©PatitucciPhoto / Scott Sports
27
©PatitucciPhoto / Scott Sports
sport
Les Alpes semblent un autre terrain de jeu idéal pour le gravel bike, comme ici sur la Strada dell'Assietta, rendue célèbre par le Giro d'Italia.
©PatitucciPhoto / Scott Sports
sport
29
Avaleurs de bitume, vététistes et cyclistes du dimanche en quête d’aventures hors des sentiers battus l’adoptent de plus en plus souvent. Décodage d’un phénomène de niche en plein boom, idéalement adapté au milieu alpin.
Avez-vous déjà entendu parler du « gravel bike » ? Il y a une poignée d’années encore, la réponse aurait été le plus souvent négative. Dans les milieux cyclistes, beaucoup voyaient dans cette discipline émergente un simple coup marketing — ou, au mieux, un marché de niche, monté en épingle par les marchands de cycles, dans l'espoir de vendre encore plus de
Capable de s'attaquer à des itinéraires inaccessibles aux vélos de course, le gravel bike allie confort hors-bitume et (relative) rapidité. Jolie combinaison.
vélos. « Gravel bike, vraie pratique ou lubie marketing ? » titraient d’ailleurs, un brin provocateurs, nos collègues du magazine « Vélo romand » dans leur édition du printemps 2017… « Depuis trois ans, le gravel bike s’affirme comme une véritable tendance. Tendance de niche, certes, mais tendance tout de même, qui prend un peu plus d’ampleur chaque année. Aujourd’hui, 15 % des vélos de route que nous vendons sont des gravel. Soit 15 000 unités tout de même ! » décode l’ancien cycliste Pascal Ducrot, aujourd’hui vice-président de Scott, la grande entreprise de cycles suisso-américaine basée à Givisiez, aux portes de Fribourg.
DANS LA ROUE DES « GÉANTS DE LA ROUTE »
Rappelons d’abord de quoi il s’agit : ce vélo « de gravier » dessine un croisement plutôt improbable entre le vélo de route, le cyclocross et le VTT. Comme le premier, il permet de circuler vite sur des routes goudronnées. Comme le second, il se joue des chemins herbeux ou graveleux. Et, comme le troisième, il offre un certain confort. Ces montures, dont les plus légères dépassent à peine 7,5 kilos, se composent principalement d’un cadre renforcé typé cyclocross laissant la place à des pneus crantés tubeless de large section (jusqu’à 40 mm ou plus), de freins à disque permettant une décélération dosée et précise, de développements courts autorisant d’escalader des pentes raides et de pédales automatiques de VTT adaptées à des chaussures permettant la marche. Normal : en gravel, il arrive que, sur certaines sections, on porte presque autant son vélo qu’on ne le chevauche… La discipline, au savoureux goût d’aventure, séduit car elle permet d’imaginer de
ÉNERGISE TON ÉTÉ! Séjourne dans la région Verbier - Val de Bagnes - La Tzoumaz et profite d’une infinité d’activités gratuites ou à tarif réduit grâce au VIP Pass!
Remontées mécaniques gratuites ou à -50% (VTT) Cars postaux gratuits à Verbier - Val de Bagnes - La Tzoumaz
45 15 21 9
aventures à découvrir activités sportives activités culturelles et découvertes du patrimoine lieux incontournables à visiter
verbier.ch/vip-pass
sport
©PatitucciPhoto / Scott Sports
Crever a parfois certains mérites : celui de forcer la pause et, ici, de mieux profiter du panorama sur les crêtes entourant Sestrières, dans le Piémont.
longues et inédites randonnées montagneuses ou forestières, jusque-là limitées ou empêchées par la lenteur et la lourdeur
sur la route. Le gravel leur permet parfois de redécouvrir une région qu’ils croyaient connaître par cœur », explique, chez Scott,
d’un VTT ou la fragilité du vélo de course classique. Le gravel donne par moments la sensation d’être un « géant de la route » escaladant un col mythique et poussiéreux à la grande époque de Fausto Coppi ou de
Pascal Ducrot, lui-même pratiquant chevronné. Damien Bisetti, inventeur de la bière Vélosophe, constate lui aussi un véritable engouement autour de cette pratique.
Louison Bobet — confort en plus.
Le gravel bike est né dans le Midwest
Dans son magasin de cycles genevois, le fringant quinquagénaire vend d’ailleurs pas mal de vélos de gravel. « Au-delà de 40 ans, les gens vont se diriger de plus en plus vers cette pratique, car beaucoup en
américain, vers 2004, sous l’égide de Specialized, un constructeur de cycles parmi les plus innovants — il s’agissait, alors, de parcourir les interminables chemins creux reliant les grands axes à travers les champs de maïs. « Cette manière de rouler consiste à sortir des sentiers battus pour chercher l’aventure et l’exploration sans vrai souci de performance. Le gravel est plus léger, plus libre, plus réactif que le VTT et permet de s’inventer des itinéraires plus ambitieux », résume Samuel Dixneuf, co-organisateur de l’épreuve gravel culte « La Résistance », du côté d’Annecy (F). « Bien des cyclistes de 25 à 55 ans veulent désormais échapper à la circulation avec un vélo efficace aussi
ont marre de se retrouver coincés derrière les voitures. À cet âge, la performance pure est derrière eux, ils ont écumé pas mal de routes et le gravel leur ouvre d'intéressantes perspectives aventureuses et de nouveaux parcours… » Si certains se défient entre amis, beaucoup apprécient avant tout le caractère outdoor du gravel, en communion avec Dame Nature. Les « gravellers », soucieux d’autonomie, voyagent d’ailleurs souvent avec une ou plusieurs sacoches. Cyclotouristes amoureux d’aventures au long cours ou pratiquants récents affranchis des codes cyclistes, tout le monde a une bonne raison de se mettre au gravel, renouant ainsi avec l’essence même du cyclisme.
EN QUÊTE D’AVENTURE ET D’AUTONOMIE
31
Joey Schusler / Red Bull Illume
32 news
30° DE RETOUR AU RED BULL ILLUME
C’est le plus grand concours de photographie de sports d’aventure et outdoor au monde. Désormais organisé tous les deux ans (au lieu de trois précédemment), le Red Bull Illume a départagé lors de sa dernière édition (2016) près de 35’000 clichés. Un sacré boulot pour les 50 membres du jury, dont fera à nouveau partie le rédacteur en chef de 30°, Christian Bugnon, en 2019. Les vainqueurs seront connus en novembre, avant une grande exposition itinérante autour du monde. Les clichés doivent être déposés entre mai et juillet, à l’exception de ceux concourant dans la nouvelle catégorie « best of Instagram » — qui désigne un vainqueur mensuel entre février et juin 2019 pour se mettre en appétit. www.redbullillume.com
NOUVEAUX RECORDS AU SELLARONDA SKI MARATHON
La SellaRonda est le circuit de ski le plus connu des Dolomites. Parcouru en 6 à 7 heures, il dessine une boucle autour du superbe massif du Sella, via le val Gardena et le val di Fassa. Au menu : 26 km de plats et de descentes, entrecoupés de remontées mécaniques pour ne pas se fatiguer entre chaque section ! Le marathon, lui, se court sur 42,7 km, avec 4 cols au programme et 2’700 m de dénivelé positif. Petite originalité : il part à la tombée de la nuit ! L’an passé, Martin Anthamatten et Werner Marti avaient établi un nouveau record masculin en
3h04’30”. Il n’aura tenu qu’un an, les Italiens William Boffeli et Filippo Barazuol explosant cette année la barre des 3h (2h56’59”)… Chez les femmes, l’inoxydable Laetitia Roux et sa comparse Martina Valmassoi, régionale de l’étape, ont connu la même joie, en établissant un nouveau chrono de référence en 3h32’38”. www.sellaronda.it L’ASCENSION DU MONT BLANC ENCADRÉE
Le débat était lancé depuis l’été dernier : fallait-il créer un « permis d’ascension » pour le toit de l’Europe (4’809 m), de manière à réguler le (trop) grand nombre
de candidats à l’aventure (25’000 par an) ? Les autorités ont tranché. Finalement, elles se contentent d’imposer une réservation obligatoire dans l’un des refuges de la voie normale — Nid d’aigle (2’372 m), Tête rousse (3’167 m) ou Goûter (3’835 m). Le dispositif, géré par la Fédération française des clubs alpins et de montagne, assure la traçabilité des personnes hébergées et devrait limiter la surfréquentation du site, réduisant les problèmes de sécurité et d’incivilités, en empêchant notamment les arrivées impromptues... Gardiens et guides devraient retrouver des conditions de travail plus normales. www.ffcam.fr
news
14/7 PROJECT POSSIBLE
Il ne serait pas un peu présomptueux, Nirmal Purja ? Le Népalais, ancien membre des forces spéciales britanniques, s’est lancé un défi quasi irréalisable : gravir les quatorze 8’000 m de la planète en une seule saison (sept mois) ! Pour l’heure, le record de « vitesse », si l’on peut parler ainsi, est détenu par le Polonais Jerzy Kukuczka, à qui il a fallu 7 ans 11 mois et 14 jours pour arriver à dompter l’ensemble des plus hautes montagnes du monde. Spécialiste du combat en haute altitude, Nims détient déjà trois records homologués, dont celui de l’ascension consécutive de l’Everest, du Lhotse et du Makalu en... 5 jours ! www.projectpossible.co.uk PREMIÈRE (HIVERNALE) AU CHHOPPA BAMARE
Vous n’avez sans doute jamais entendu prononcer son nom. Planté quelque part vers la frontière entre le Népal et le Tibet, ce sommet de 6’109 m a longtemps échappé aux radars des alpinistes. Et pour cause : il fait partie des 103 sommets ouverts aux grimpeurs en 2014 par les autorités népalaises. Le Français Benjamin Billet et l’Américain John Kelley l’ont défloré au terme de 7 jours d’efforts, malgré des chutes de neige record. La
mésaventure a inspiré aux deux compères le nom de leur voie : Seto Hi’um, « Blanche Neige » ! LE K2 FAIT DE LA RÉSISTANCE
Deux expéditions étaient annoncées sur le dernier 8’000 himalayen résistant encore aux tentatives hivernales, le K2 (8’611 m). D’un côté, un team hispanopolono-népalais mené par le basque Alex Txikon (1er homme au sommet du Nanga Parbat en hiver, en 2016). De l’autre une équipe russo-kazhako-kirghize dirigée par Vassily Pivtsov (23e homme à avoir gravi les quatorze 8’000 m). Pas de miracle : tous ont échoué, repoussés par vents violents et températures glaciales. Les alpinistes ont en outre été déstabilisés par le sort funeste de l’Américain Tom Ballard et de l’Italien Daniele Nardi au Nanga Parbat voisin — que les Espagnols sont partis secourir, sans succès, avec l’aide de leurs drones. INCREVABLE CARLOS SORIA
Nous vous l’avions présenté dans nos pages. Né à la veille de la Seconde Guerre mondiale, Carlos Soria vient de fêter ses 80 printemps... Et alors ? Alpiniste passionné, l’Espagnol s’est lancé dans la conquête des 8’000 himalayens alors qu’il avait déjà plus de 50 ans. Depuis,
33
il accumule patiemment les sommets — le dernier, en 2016, étant l’Annapurna. Douze des quatorze 8’000 m reposent désormais dans son escarcelle. Restent le Shishapangma (dont il a déjà atteint le sommet central) et sa bête noire, le Daulaghiri (8’167 m). Opéré du genou à l’automne dernier, il y revient ce printemps pour sa… 10e tentative ! TROISIÈME 9A+ POUR LA GRIMPEUSE MARGO HAYES
Mais où donc s’arrêtera Margo Hayes ? L’Américaine, tout juste âgée de 21 ans, est devenue en mars dernier la première femme à réussir la trilogie des mythiques 9a+ en s’adjugeant « Papichulo » à Oliana, en Espagne. En février 2017, elle avait déjà marqué les esprits en devenant la première femme à sortir « La Rambla », à Siurana (Espagne), puis en récidivant en septembre de la même année sur la célèbre « Biographie », à Céüse, en France. La grimpeuse rejoint ainsi le club très fermé des grimpeurs ayant résolu ces trois « problèmes » majeurs, aux côtés de pointures comme Chris Sharma et Adam Ondra. À quand une première 9b ? Angela Eiter, grimpeuse autrichienne de 33 ans, a été la première femme à franchir une voie de cette cotation en 2017.
REACH YOUR SUMMIT C O NL’APNÉE N E C T E DNOUS RENVOIE À NOTRE ÉTAT NATUREL Texte Laurent Grabet
ALPINERX SMART OUTDOORS
No Charging Required: 2+ Years Battery Power Temperature + UV Indicator + Barometer + Altitude Connected GPS + Compass + Heart Rate Monitoring 100M/300FT Water-Resistant
L’APNÉE NOUS RENVOIE À NOTRE ÉTAT NATUREL Texte Laurent Grabet
Page précédente : Guillaume Néry et sa compagne, l’apnéiste Julie Gautier. Après 3 min 30 s passées dans les profondeurs de la rade de Villefranchesur-Mer, Guillaume Néry relâche l’air emprisonné dans ses poumons peu avant de crever la surface.
©Franck Seguin
©Franck Seguin
Au large de l'Île Maurice, Guillaume Néry semble marcher sur le dos d'un groupe de cachalots... Un effet de perspective : si l'homme mesure 1,85 m, les cétacés, eux, atteignent 15 m de la tête à la queue.
©Julie Gautier
rencontre
43
Parmi les meilleurs apnéistes de la planète, deux fois champion du monde de la discipline, Guillaume Néry s’est confié à 30° degrés lors du dernier Salon de la haute horlogerie de Genève, où l’avait convié son partenaire Panerai. Pendant ce temps, son dernier court-métrage cartonne sur le web.
Guillaume Néry est une force de la nature, capable de retenir sa respiration durant près de 8 minutes. Sa capacité pulmonaire affiche 10 litres, le double de la normale ! Au fil de ses 15 ans d’exploits, le Niçois s’est adjugé pas moins de quatre records du monde d’apnée en « poids constant », le premier à l’âge de 20 ans — à la seule force de sa monopalme, tant à la descente qu’à la remontée. « La verticalité dans les extrêmes, tel est mon équilibre… » affirme le longiligne trentenaire, à la chevelure en bataille et à l’œil malicieux. COMME UN POISSON SOUS L’EAU
Pour Guillaume Néry, l’apnée n’est pas un simple sport. Il la pratique comme d’autres le yoga, la méditation ou le chamanisme amazonien — toutes choses auxquelles il a d’ailleurs goûté. Sa plongée est « avant tout intérieure ». « Comme l’alpinisme, la navigation ou le surf, cette pratique nous renvoie à la nature brute, ainsi qu’à notre état animal. Cela implique une reconnexion à quelque chose d’essentiel en nous et cela nous nourrit. » C’est cette profondeur qui a conquis d’emblée le jeune Néry lorsqu’il s’initia par hasard à l’apnée à l’âge de 14 ans dans sa ville de Nice, avant de se voir encourager par deux ténors de la disci-
pline, Claude Chappuis et Loïc Leferme. Jusque-là, Guillaume avait surtout usé ses semelles sur les sentiers de l’arrière-pays niçois, en compagnie de ses parents… Une manière, déjà, de construire ce lien à la nature qui guide toujours sa vie. LA PRIVATION COMME VOIE D’EXPLORATION
« Arrêter de respirer est une transgression. La privation est un formidable moyen d’explorer sa vraie nature », poursuit l’intéressé, qui s’est aussi essayé au jeûne et à l’immersion prolongée en eaux glaciales… Autant d’épreuves et de privations qui réveillent le corps, ouvrant une porte sur soi-même : « ces pratiques réenclenchent en nous un mode survie qui nous oblige à mettre de côté le superflu pour s’installer dans le présent », analyse Guillaume. En apnée, l’athlète observe à l’extérieur des « infinies nuances de bleu qu’on ne trouve nulle part ailleurs ». Mais il s’observe surtout de l’intérieur. « L’eau nous enveloppe de manière maternelle dans un incontournable tête-à-tête avec nous-mêmes. On est alors hyperconnecté, mais pas dans le sens que l’on donne à ce mot dans nos sociétés… » Des images, surgies de l’inconscient, s’imposent dans le cerveau. Certaines
©Franck Seguin
rencontre
relèvent de la vision. Peut-on parler d’état de conscience modifié ? « Pas vraiment, car il reste le contrôle de sa non-respiration. » Le cœur bat alors à moins de 20 bpm, contre 60 à 80 en temps normal. L’expérience peut durer plus de 3 min. Une éternité dans ces conditions, surtout passé les 100 m, lorsque la perception du temps et de l’espace se trouve altérée par l’ivresse des profondeurs. Guillaume et sa compagne, l’apnéiste Julie Gautier, ne la recherchent pas, même s’ils lui ont consacré un fascinant court-métrage baptisé « Narcose ». « Ces instants ont longtemps été plutôt anxiogènes pour moi, jusqu’au jour où je m’en suis libéré en adoptant la position de spectateur de la situation et de mes pensées », confesse Guillaume. IL ÉCHAPPE DE PEU À LA MORT
Sous l’eau, la mort rode — comme ces requins qui tournent parfois autour des apnéistes. Les plus exposés sont les adeptes du « no limit », cette discipline star du film culte « Le Grand Bleu », consistant à descendre rapidement et très profondément, tracté par une gueuse, avant de remonter à l’aide d’un ballon gonflé d'air ou d’un câble. L’exentraîneur de l’équipe de France, Loïc Leferme, grand ami de Guillaume, y a succombé un funeste 11 avril 2007. En apnée « poids constant », les accidents sont plus rares. Guillaume en a pourtant été victime en 2015, à Chypre, alors qu’il tentait un nouveau record du monde à -129 m. À la suite d’une erreur
45
de mesure des organisateurs, il atteignit… -139 m, mais succomba à une syncope à la remontée, à quelques mètres de la surface. « Je n’ai aucun souvenir de cet accident, mais il m’a poussé à abandonner les records », confesse le jeune papa d’une petite Maï-Lou, 7 ans. Aujourd’hui, il aborde l’apnée dans un tout autre esprit. EXPÉRIENCE MYSTIQUE
C’est d’une « expérience quasi mystique » que parle Guillaume. De ce jour où, de passage à Nice, il fut saisi d’une envie subite de plonger en mer et de s’y « recharger ». Loin de toute notion de performance. Le sentiment se décrit difficilement, mais s’exprime sublimement à travers les images du film « One Breath Around The World » (lire ci-dessous). C’est une « symbiose totale avec l’eau, la nature et l’instant » qu’évoque l’apnéiste. Une « intensité finalement effrayante » qui l’a poussé à remonter alors qu’il pouvait encore tenir. Au risque de se fondre pour toujours dans l’immensité de l’océan, comme le héros du Grand Bleu ? www.guillaumenery.fr À lire la biographie Profondeurs, aux éditions Flammarion.
DOUZE MINUTES EN APNÉE
Guillaume Néry et sa compagne Julie Gautier ont déjà mis leurs talents de cinéastes sous-marins au service de la chanteuse Beyoncé dans le clip « Runnin ». Leur dernier court-métrage, « One Breath Around The World », est d’un tout autre genre. Visible gratuitement sur internet depuis début février, il a déjà engrangé plus de trois millions et demi de vues ! Le temps de retenir une (longue) respiration, Néry nous happe doucement dans le monde sous-marin qui l’a ensorcelé à l’âge de 14 ans, sous les fonds glacés, puis aux côtés des requins et des cachalots. Un voyage hors du temps inspiré de sa récente « expérience quasi mystique » (voir ci-dessus). Un film traduisant sans un mot l’harmonie du vivant et son unité.
TEMPS DE DÉCOMPRESSION par Marie de Pimodan-Bugnon
ANONIMO NAUTILO VINTAGE BLEUE
Un peu plus de 10 ans après la première édition de la Nautilo, la maison florentine revisite cette championne des fonds marins dans une version vintage bleue étanche à 200 m. Du design imaginé par l’ingénieur naval Dino Zei, cette pièce conserve les codes identitaires tels la forme coussin du boîtier de 42 mm et la couronne vissée à 4h. Ses nouveaux arguments ? Un look plus rétro et raffiné, un cadran bleu glacier soleillé évoquant l'océan, une lunette tournante unidirectionnelle graduée en céramique bleue et un bracelet en acier ultra confortable. Chic et sportive, tout à la fois ! www.anonimo.com TUDOR BLACK BAY P01
En plongeant dans ses archives, Tudor a fait émerger un prototype légendaire développé à la fin des années 1960 pour équiper la marine américaine. Si le modèle ne fut finalement pas retenu par l’US Navy, son esthétique revit aujourd’hui sous le nom de Black Bay P01. Tudor a conservé du modèle originel la robustesse du boîtier en acier de 42 mm, surmonté par une lunette tournante ultra-lisible équipée d’un système d’arrêt original. Mais ce design vintage est désormais cadencé par un calibre Manufacture automatique certifié COSC. Fiabilité et style garantis, jusqu’à une profondeur de 200 m. www.tudorwatch.com
trends horlogerie
LONGINES HYDROCONQUEST
ZrO2 : un nouveau mélange gazeux contenu dans les bouteilles de plongée ? Il s’agit plutôt de la composition chimique de la céramique noire dont se drape la nouvelle HydroConquest. Hyper-résistant aux rayures, ce matériau high-tech garantit que le boîtier de 43 mm ne se laissera pas égratigner par les récifs croisés en descendant jusqu’à 300 m de profondeur. Une tenue de choc que complète un cadran noir ponctué par des index et aiguilles luminescents, histoire de pouvoir lire l’heure dans toutes les situations — au rythme d’un mouvement automatique développé pour Longines. www.longines.com BREITLING SUPEROCEAN AUTOMATIQUE 48
Un boîtier monumental – 48 mm ! –, taillé dans le titane pour un poids plume garanti : voici la nouvelle Superocean Automatique 48, dernière-née d’une longue lignée de « plongeuses » produites par Breitling depuis 1957. Celle-ci est équipée d’une impressionnante lunette en céramique bleu nuit qui joue le ton sur ton avec le cadran et le bracelet en caoutchouc aéré. Cette reine des abysses est conçue pour résister à tout : au temps qui passe, rythmé avec la précision du calibre automatique Breitling 17, certifié COSC, mais aussi à la pression sous-marine, jusqu’à 300 m. www.breitling.com OMEGA SEAMASTER DIVER 300M
La combinaison parfaite pour explorer le monde du silence ? Un boîtier de 43,5 mm en céramique noire polie et brossée, une lunette en céramique noire ponctuée d’une échelle de plongée en émail blanc et un cadran tout aussi sombre, gravé du motif de vagues caractéristique de la collection. Ajoutez à cela des aiguilles et des index luminescents pour y voir clair à 300 m de profondeur et un calibre OmegaMaster Chronometer 8806 — que les mordus de technologie ne manqueront pas d’admirer à travers le fond saphir. Pourvu qu’ils n’aient pas déjà succombé à l’ivresse des profondeurs… www.omegawatches.com
47
In it for the Long Haul
Photo: Dan Patitucci © 2019 Patagonia, Inc.
In it for the Long Haul
The Long Haul Trail Collection
The LongLight, Haul Trail Collection fast and minimalist Our Long Haul trail collection developed in the field Light, fast andwas minimalist using feedback, fit and performance input from our trail Our Long Haul trail collection was in the field running ambassadors. It’s made to developed embrace repetition and endure theperformance work you put itinput through. using feedback, fit and from our trail
running ambassadors. It’s made to embrace repetition and endure the work you put it through.
PAT_S19_LongHaulTrailKit-FP-V2.indd 1
2/12/19 7:53 AM
49
Dans cette nouvelle rubrique, la rédaction vous offre ses coups de cœur Instagram du moment. Plongez dans le bain !
@meirr #leviniglut Laponie, Finlande
@alexstrohl #socariver Kobarid, Slovénie
@bertymandagie #IamATraveler Arizona, États-Unis
@sofiabagenholm #freediver Gili Trawangan, Indonésie
@colerise #lethawaiihappen Hawai'i États-Unis
@eventyr #theglobewanderer Lóndrangar, Islande
@upsurferdan #surferdan Lac Supérieur, États-Unis
@julia__huber #jurassiccoast Devon, Angleterre
Photo: Dan Patitucci © 2019 Patagonia, Inc.
@coreyrichproduction #dawnwallfilm Yosemite, États-Unis
MÊME SI LE MONDE N’A PAS QUATRE COINS, 30° LES EXPLORERA QUAND MÊME. DES SOMMETS HIMALAYENS AU PLUS PROFOND DES MERS DU SUD (OU DU GRAND NORD) SUR DES PLAGES PARADISIAQUES OU CAUCHEMARDESQUES. PEU IMPORTE, POURVU QUE L’AVENTURE SOIT AU RENDEZ-VOUS ET VOUS ? QUAND PARTEZ-VOUS ? DE LA POLYNÉSIE À LA THURGOVIE, IL Y A TOUJOURS UNE BONNE RAISON DE FAIRE SES BAGAGES. QUE VOUS VOYAGIEZ PRATIQUE, LÉGER, URBAIN OU TOUT TERRAIN, OU QUE VOUS VOULIEZ FAIRE PLAISIR À UN(E) AMI(E), 30° A PENSÉ À SES LECTEURS À L’ÂME VAGABONDE...
WWW.30DEGRES.SWISS/SHOP Prix spécial pour l'été jusqu'à fin juillet CHF 69.– au lieu de CHF 109.– (frais de port en sus)
PORTFOLIO
CHRIS SCHMID
L’AFRIQUE AU CŒUR Texte Claude Hervé-Bazin | Photos Chris Schmid
Après la chasse, l'heure de la récompense pour un léopard, dans le delta de l'Okavango, au Botswana.
Chaque printemps, le grand cycle des migrations ramène les gnous et les zèbres dans les plaines verdoyantes du Serengeti tanzanien.
Pour mieux observer les alentours et repérer une proie potentielle, une famille entière de lions a pris position dans un arbre du Serengeti tanzanien.
Malgré son épaisseur (1-2 cm) et son aspect rugueux et ridé, la peau de l'éléphant est fragile : pour la protéger, l'animal s'asperge régulièrement de poussière ou de boue.
C'est à la frontière de l'Ouganda et du Rwanda, dans les épaisses forêts des pentes du vieux volcan Gahinga, que l'on a le plus de chances de rencontrer les gorilles.
C'est pour se débarrasser des parasites que les buffles se roulent ainsi dans la boue : en séchant, elle les entraîne dans sa chute.
Image rare : ce jour-là, pas moins de cinq guépards s'étaient réunis pour attaquer un gnou lors d'une chasse épique dans le Masai Mara (Kenya). Habituellement, l'animal chasse plutôt en solitaire.
Sous les nuages d'orage du Masai Mara comme dans les marécages reverdis de l'Okavango — où a été surprise cette lionne —, la saison des pluies dicte le rythme de vie des espèces dans les grands espaces sauvages africains.
portfolio
65
C’est la passion de l’image et la force émanant de la nature préservée qui ont, peu à peu, conduit Chris Schmid à la photographie animalière. L’Afrique l’a envoûté et a changé son destin. Le voici devenu porte-parole du monde sauvage et, plus encore, de ses sujets de prédilection : les grands fauves.
Sa passion de la photo se dessine dès l’enfance. « Gamin, je potassais fasciné Chasseur d’images et National Geographic », se remémore en souriant Chris Schmid, aujourd’hui âgé de 34 ans. Avec un petit réflex, il aiguise son œil dans un parc de Perly, enchaînant les macros de petites fleurs — « sans utiliser trop de pellicule, parce que ça coûtait cher ». En 2005, à 20 ans, le jeune homme aligne des chronos d’enfer : 53 secondes au 100 m nage libre. Le voilà qui part se perfectionner en Australie. Une découverte, qu’il immortalise grâce à un Nikon D70 flambant neuf — son premier numérique. Sept mois durant, il nage et, à peine séché, mitraille ce qu’il voit ! Le retour en Suisse est plus incertain jusqu’à ce que, en 2007, Chris soit sélectionné parmi les finalistes des Sony World Photography Awards pour une image montrant les pieds de nageurs s’élançant de leur plongeoir. Ce départ annonce celui de sa carrière. Le jeune photographe couvre les Jeux olympiques de Pékin, puis ceux de Londres.
L’AFRIQUE L’ENVOÛTE
Les voyages, désormais, font partie de sa vie. En 2013, Chris met pour la première fois le pied en Namibie. Un coup de foudre. « Ce continent est une drogue. Plus on y va, plus on a envie d’y aller. Se retrouver seul au milieu des grands espaces du Namib avec un ciel étoilé jusqu’à l’horizon, ou se frotter au mode de vie rustique des Massaï au Kenya, ce sont des moments inoubliables. » Chris Schmid les immortalise sans flash ni artifice, guidé par cette envie de « partager avec un maximum de gens et de leur donner envie de se plonger au cœur de cette nature qui nous entoure et sans laquelle on n’est rien. » La photo est désormais pour lui un « moyen d’éduquer le public sur le patrimoine naturel » — et de grandir luimême. D’ailleurs, affirme-t-il, « comme dans le sport, pour réussir, il faut tout connaître du sujet que l’on photographie ». Se documenter. Être persévérant. Anticiper les besoins et les réactions de
66 portfolio Au fil des migrations incessantes, les centaines de milliers de sabots des gnous et des zèbres ont gravé leur passage à même le sol du Serengeti.
ses sujets, connaître leurs limites et les raisons de leurs réactions. Savoir lire les empreintes, reconnaître les bruits, les cris. Plus essentiel encore : ne pas compter son temps. Chris suit souvent les mêmes félins des semaines durant, jusqu’à ce que sa présence leur devienne coutumière. C’est alors qu’ils expriment le mieux leur vérité, leur individualité. Sa devise ? « Ne pas pousser les animaux dans leurs retranchements. Se contenter d’observer. » DE LA PHOTO À LA VIDÉO
Aujourd’hui, le jeune homme jouit du statut prestigieux d’ambassadeur Sony et est représenté par National Geographic. Ses images paraissent dans le NG, le magazine de la BBC Discover Wildlife, Géo. Il organise des ateliers et des safaris photo, donne des conférences, collabore avec la fondation WildAid et l’ONG animalière Born Free. À la photo, il a ajouté la vidéo, sans rechigner sur la technique : caméras numériques haute performance, drone, nacelles stabilisées… tout est bon pour ramener les meilleures images possible. À un premier film dédié aux gauchos
brésiliens en 2017, a succédé, l’année passée, The Frozen Warriors, consacré aux bœufs musqués affrontant l’hiver arctique — distingué aux LA Film Awards et LA Short Awards. Un nouveau documentaire est en cours de production : The African Survivors, mettant en scène la lutte pour la survie des fauves africains dans le parc tanzanien de Ruaha et au-delà. Lions, guépards, léopards et lycaons y tiennent les rôles centraux, sur fond de savane sèche et de berges-oasis, de chasses épiques et de confrontations déterminées par la force brute. D’autres aventures encore ? Le Serengeti et ses lions perchés. Le désert du Namib et ses lions assoifés, menacés par la difficile coexistence avec les éleveurs — un projet pour lequel Chris Schmid s’est vu attribuer une bourse par le National Geographic. Le défi, dans tous les cas ? « Essayer de saisir ce moment fugace qui résume l’âme de l’animal. www.schmidchris.com
Des paroles aux actes n° 107
Nous invitons les parcs suisses dans nos magasins. Les parcs suisses abritent une riche biodiversité: nombre d’animaux et de plantes y prospèrent. En outre, les parcs offrant des emplois permettent de dynamiser l’économie des régions sur le long terme. C’est pour cette raison que nous proposons chez Coop des produits issus des parcs suisses.
Pour tout savoir sur l’engagement de Coop en faveur du développement durable, rendez-vous sur des-paroles-aux-actes.ch
L’ESPRIT « VANLIFE » ODYSSÉES AU LONG COURS Texte Isabelle Guignet
©Frank Kretschmann / Red Bull Illume
instagram©Kirsty Cane
On les croise désormais aux quatre coins du monde, butinant de lieu en lieu, à vitesse réduite, dans leurs vieux vans retapés, souvent bariolés. Néo-babas ? Réfractaires à la société de consommation ? Pas seulement. Les vanlifers repensent la vie en brisant les frontières...
lifestyle
« Vanlife ». Drôle de néologisme… Ce terme anglophone s’est imposé ces dernières années pour décrire tous ces adeptes des roadtrips qui sillonnent la planète dans leurs vans, fourgons réaménagés et autres camping-cars. Des retraités sans peur ni reproche. Des familles entières avec enfants. Des jeunes happés par l’appel de la route et de la découverte. Autrement. Sans voler. Sans courir. En communion avec les lieux traversés. Au fil du temps, toute une communauté s’est développée autour de ce mode de pensée qui réinvente l’évasion, en boudant les congés payés et les lendemains déjà annoncés. L’esprit « Vanlife », c’est un univers qui dévoile une recherche de bien-être mais, surtout, érige la liberté de temps et de mouvement en partie essentielle du voyage. Les vacances ne s’arrêtent plus à quelques jours et à des destinations fixes, préétablies, au all-inclusive, mais se prolongent en mois, en années, en kilométrages non déterminés. Certains tournent ainsi sans fin autour de la Terre, de rencontre en rencontre. VOYAGEURS 2.0
Beaucoup de ces nouveaux globe-trotters n’ont qu’une envie : vivre simplement, au gré des envies du moment. Peu importent l’âge et les circonstances, ils font leurs sacs, plaquent tout, quittant le confort et la stabilité du métro-boulot-dodo, pour une vie nomade sur quatre roues, à la fois minimaliste et forcément enrichissante. Leurs nouveaux maîtres-mots : l’aventure, l’indépendance, la liberté retrouvée. Le camping-car 2.0 est né et propage désormais sa bonne parole en Suisse comme à l’international — les comptes Instagram éponymes et les innombrables
hashtags envahissant les réseaux en témoignent. L’ASTAG, l’Association suisse des transports routiers, révèle que le nombre de véhicules de type van, minibus et fourgon retapés immatriculés en Suisse a nettement augmenté ces cinq dernières années. Même constat chez Volkswagen pour les ventes de bus utilitaires — avec, rien qu'au premier trimestre 2019, une nouvelle croissance de 10,5 %. Le vieux VW couinant reste toutefois le préféré de beaucoup, renforçant le cliché du baroudeur libre… Mais là où les adeptes de la route des Indes, dans les années 1970, n’avaient en tête que le voyage pur et les expériences nouvelles, les Vanlifers d’aujourd’hui emportent souvent un peu de leur monde avec eux, reconstruisant au fil de la route un chez-eux aux contours sans cesse évolutifs, mais volontiers cosy. Vieux VW, camions et bus se muent ainsi en maisonnettes mobiles, charme et confort à la clef. Rideaux, coussins, lit amovible, kitchenette ultra-aménagée, certains s’inspirent des meilleures pages des grands magazines de décoration et ameublement ! Un réservoir alimente parfois une douche (extérieure). Et même le chien (ou le chat) a sa place dans cet espace qui façonne un cocon à l’abri des incontournables surprises du quotidien. EN MARGE DE LA SOCIÉTÉ DE CONSOMMATION
David Vachon, fondateur de VantLife MTL, basé au Québec, l’affirme : « c’est plus qu’une tendance, c’est désormais un mode de vie. Les adeptes se retrouvent aux quatre coins du globe. Il s’agit de voyageurs qui recherchent une certaine liberté et qui désirent se reconnecter
71
avec la nature ». Le jeune homme, qui a créé une entreprise prospérant autour de cette idée, ajoute : « la course de la société moderne n’est pas toujours reposante, l’être humain est constamment sollicité pour consommer. C’est notamment pour cette raison que certains adeptes de la Vanlife ont choisi ce mode de vie, afin de retourner aux sources et de vivre de manière plus minimaliste ». Une vie en van ramène à l’essentiel et permet de cibler plus précisément ses besoins. La nécessité et le bon sens permettent de définir ses priorités, de se limiter aux biens réellement nécessaires selon l’espace disponible. On se rend mieux compte, alors, de tout ce qui nous encombre et, immanquablement, la surconsommation en prend un coup — ce qui réduit d'autant les dépenses. Cette réduction du train de vie, largement dans l’air du temps écologique, va généralement de pair avec le ralentissement du rythme de vie. Au gré des heures au volant, on redécouvre le vrai sens de son quotidien. Le tourisme de masse apparaît pour ce qu’il est : une verrue qui transforme le monde, le monétise et biaise les relations entre humains. L’important, dans ce type de voyage expérimental, c’est de s’écouter, se retrouver, écouter les autres et vivre chaque instant pleinement. Qu’il soit aventurier, rêveur, amoureux des paysages ou les trois à la fois, le Vanlifer est ce que tout le monde aspire à devenir : un être libre. www.vanlifemtl.com
L'ART MÉCONNU DU SAWANOBORI
Texte Laurent Grabet | Photos Matty Hong / The North Face
Légende vivante de l'escalade japonaise, Yuji Hirayama engage dans la partie finale des chutes de Shōmyō. Sous ses pieds : 130 m de vide et des trombes d'eau !
Comment adhérer (un minimum) au rocher mouillé et moussu en grimpant sur les flancs des cascades ? Rien de plus simple : en enfilant des chaussons d'escalade à la semelle en feutre.
montagne
77
montagne
79
Escortés par trois autres pointures de l’escalade, Caroline Ciavaldini et James Pearson se sont essayés au « sawanobori », l’art japonais d’escalader des cascades sur l’un des spots les plus engagés du pays du Soleil Levant.
« Ce climb trip a été le plus gratifiant, le plus amusant et le plus bizarre qu’il nous ait été donné de vivre ! » s’exclame James Pearson. Voilà qui n’est pas peu dire. Depuis presque dix ans, le grimpeur britannique et sa femme Caroline Ciavaldini écument les spots de grimpe les plus dingues de la planète. Si le duo aime les défis sportifs, il les veut aussi esthétiques. L’exploit réalisé l’été dernier à Shōmyō-daki, au Japon, l’est furieusement. Le couple et son grand ami, le légendaire grimpeur japonais Yuji Hirayama, se sont attaqués à une cascade. Pas n’importe quelle cascade : la plus haute du pays, aux quatre sections totalisant 350 m. N’imaginez pas une cascade de glace ou du canyoning, mais une véritable escalade, l’humidité en plus ! Cette idée un peu folle est née en 2015 lors d’un précédent trip japonais à Kinkasan, une île dévastée lors du tsunami de 2011, riche en voies inexplorées. « Lors de ce voyage, Toru Nakajima, l’un des meilleurs grimpeurs que je connaisse, nous a parlé du sawanobori », explique James Pearson. De quoi s’agit-il ? De « l’art japonais d’escalader des cascades » ! Le concept même a semblé totalement fou au duo Ciavaldini – Pearson. En esca-
lade, la prise se doit d’être sèche pour être sûre. Impossible sous ou à proximité d’une chute d’eau… « Mais cela a titillé notre curiosité. Comment tout cela pouvait-il être possible ? Quelles techniques devaient être utilisées et quel matériel ? C’était si dingue que cela devait immanquablement être aussi très amusant », explique Caroline. UNE CHUTE DANTESQUE
Fidèle à ses habitudes, le couple a visé grand en prévoyant de s’attaquer aux mythiques chutes de Shōmyō, escaladées à une seule reprise par Royoji Onishi, grimpeur japonais spécialiste du sawanobori. C’était en août dernier, alors que Caroline était déjà enceinte de 5 mois… Le grimpeur américain Matty Hong, par ailleurs photographe (et auteur des clichés de cet article), s’est joint à Toru, Yuji, James et Caroline. Le début de l’aventure n’a pas été de tout repos : à peine posés sur le sol nippon, les non-Japonais du groupe ont attaqué leur première journée dès 4h du matin pour rallier un spot situé à 3h de marche, jetlag dans les dents… La première escalade sur cette cascade d’initiation se passa malgré tout bien. Mais face à la cascade de Shōmyō, les doutes
- Annecy - 502 792 393 - JULBO RCS 645 950 197 - © Semaphore - Shutterstock. Christophe Dumarest - *Peu importe le temps - 02/2019.
NO MATTER * THE WEATHER
Conçue pour des athlètes engagés sur tous les terrains et en toutes conditions, la technologie REACTIV® Photochromic adapte instantanément les verres à la luminosité ambiante pour une vision ultra-précise, quel que soit le temps. Ils foncent ou s’éclaircissent selon l’intensité lumineuse. D’une très haute qualité optique, le verre REACTIV® High Mountain 2- 4 s’adapte aux variations de lumières et apporte une vision contrastée pour le l’alpinisme, le ski et la randonnée.
EXPLORER 2.0
julbo.com
montagne
81
Caroline Ciavaldini, préposée à la photo, immortalise ici (de gauche à droite) Yuji Hirayama, Toru Nakajima, Matty Hong et son mari James Pearson.
commencèrent à poindre : n’avaient-ils pas visé trop haut ? « L’adjectif “ intimidante ” semblait faible pour décrire cette cascade, confesse James. À des centaines de mètres de distance, on pouvait sentir sa bruine sur nos visages. Nulle surprise que les légendes japonaises en fassent la demeure des Dieux ! » L’équipe s’est alors prescrite deux semaines de préparation intensive sur des cascades plus modestes. L’occasion, pour ses membres, de se familiariser avec le matériel. En sawanobori, les habituels chaussons d’escalade à la semelle en gomme sont remplacés par des modèles à l’épaisse semelle en feutre... Aux mains : des gants de jardinier, presque aussi efficaces ! Le corps est, quant à lui, protégé par une combinaison en néoprène et une veste étanche, histoire de se préserver autant que possible des morsures du froid. DÉCOUVERTE D’AUTRES POSSIBLES
Une fois préparés, les grimpeurs ont commencé à approcher la cascade de Shōmyō. Le premier jour fut le plus difficile techniquement. Si le vent, soufflant dans un sens favorable, aida d’abord à sécher en partie le rocher, les grimpeurs se retrouvèrent bientôt douchés par un orage. « Il a tant mouillé la voie que nous
avions quasiment l’impression d’être sous la cascade… Mais, aussi incroyable que cela puisse paraître, ce fut l’escalade la plus excitante que j’ai jamais vécue. J’ai réalisé que, même sous une pluie torrentielle, il est possible de grimper pour peu que l’on prenne son temps et que l’on reste concentré sur chaque mouvement », raconte James. Le second jour, le groupe décida de rejoindre la berge opposée de la rivière — où la falaise était plus sèche — en sautant au-dessus du cours d’eau là où il était le moins large. Périlleux sur un rocher glissant et avec, sous les pieds, 3 m3 d’eaux glacées défilant chaque seconde. « Mais nous y sommes tous parvenus », raconte James. Une fois à pied d’œuvre, il a fallu grimper vite pour ne pas risquer d’être pris par la nuit sur la paroi, en posant très peu de pitons et coinceurs. « Seulement quatre tous les 70 m par endroits, précise James ! Le tout, parfois, sans avoir de visibilité au-delà de quelques mètres... La récompense les attendait au sommet : le sentiment du défi relevé, une vue à couper le souffle et une sorte de piscine bleu azur franchement magique. www.onceuponaclimb.co.uk
ALEX HONNOLD L’HOMME QUI A DÉPASSÉ LA PEUR Texte Laurent Grabet | Photos Fred Moix
portrait
85
Oscar du meilleur documentaire. Rien que ça. Free Solo est le premier film d’escalade jamais distingué lors des Academy Awards. Son sujet ? La folle ascension en libre intégral de la mythique falaise d’El Capitan, à Yosemite, par le grimpeur californien Alex Honnold. Retour sur un exploit sans peur ni reproche.
« Une chute en plein solo me vaudrait de vivre les pires quatre dernières secondes de ma vie », ironise, pince-sans-rire, Alex Honnold, dans un français impeccable enseigné par sa professeure de mère. Âgé de 33 ans, le grimpeur professionnel américain est un adepte assidu du free solo : il s’attaque à des falaises interminables en des temps records sans aucun assurage ! Le jour où il chutera, il mourra. Free Solo, c’est aussi le titre d’un film que lui ont consacré Jimmy Chin et Elizabeth Chai Vasarhelyi, sacré meilleur documentaire lors des oscars fin février. « Cette œuvre profonde sera très probablement à l’affiche du Festival du film alpin des Diablerets », nous a confié Benoît Aymon, directeur artistique de la manifestation. EL CAP, LE MYTHE REVISITÉ Page précédente : Solo intégral à vue de la Fessura della Disperazione, dans le Val d’Orco italien.
Dans Free Solo, Honnold s’attaque à la mythique paroi d’El Capitan, dans le parc national californien de Yosemite. Au menu : 900 m de falaise granitique verticale sur laquelle les meilleurs grimpeurs se sont cassés les dents. Les premiers à
en venir à bout, en 1958, mirent 47 jours… Le natif de Sacramento, lui, en a atteint le sommet, le 3 juin 2017, en 3 heures et 56 minutes — mais après deux ans d’entraînement intensif ! Free Solo ne fait pas que raconter cet exploit. Il raconte aussi l’homme, sa timidité originelle, sa réserve actuelle, sa biologie même. On découvre ainsi, IRM à l’appui, que le circuit de la peur d’Alex Honnold est naturellement inhibé… Soumise à des images horribles ou violentes, la zone de son cerveau associée à ce sentiment reste étrangement inactive. Sans peur, Alex Honnold ? Pas exactement. « J’ai tant ressenti la peur que je l’ai finalement apprivoisée. Beaucoup de gens l’ignorent, mais la peur peut se dépasser. Elle se manifeste toujours dans le corps, mais le mental garde le contrôle et la maîtrise s’installe », confie le trompe-la-mort. « NO BIG DEAL » HONNOLD
Cette capacité très particulière a valu à Alex Honnold l’amusant surnom de « no big deal » — « pas grave », que l’on pourrait
MAGASINS Aarau Bâle Berne Coire Conthey Kriens Lausanne Pfäffikon Saint-Gall Thoune Volketswil Zurich
COURIR LES ARÊTES MAIS BIEN ÉQUIPÉ Votre référence pour les sports de montagne, là où vous rencontrez des passionnés, là où l’on partage votre enthousiasme et où l’on comprend vos objectifs. Avec nous, vous bénéficiez du plus vaste choix, de prix équitables et d’un service de première qualité. Bienvenue chez Bächli !
www.baechli-sportsdemontagne.ch
portrait
87
Alex lors d'une escalade encordée dans les Alpes suisses.
aussi traduire, dans le cas présent, par « même pas peur » ! « Alex pense que rien n’est dangereux », confiait ainsi son complice Tommy Caldwell, en 2015, lorsque tous deux raflèrent un Piolet d’or pour leur traversée du nord au sud de la chaîne patagonienne du Fitzroy. Le photographe et grimpeur valaisan Fred Moix confirme : « je me rappellerai toute ma vie ce jour de 2014 où j’ai vu Alex réussir un solo à vue (sans repérage physique préalable) dans une fissure pas évidente du Val d’Orco (I). Je ne comprenais pas comment il pouvait avancer avec tant de facilité dans un endroit pareil. Pour moi, Alex est le Mozart de l’escalade ! » PAS DE PLACE POUR LES « PEUT-ÊTRE »
L’Américain n’est pas pour autant une tête brûlée. Il prépare minutieusement chaque solo important en procédant à des repérages avec corde, en nettoyant ses prises, en potassant les topos et en se renseignant auprès d’autres grimpeurs. « Quand je suis en solo, il n’y a pas de place pour les “peut-être”. Je suis tou-
jours certain d’arriver en haut vivant. Il n’y a que ceux qui regardent mes vidéos sur YouTube en me traitant d’inconscient pour croire que je me lance comme ça ! » Mais pourquoi faire tout ça, si ce n’est pour la gloire ou l’adrénaline ? « Une bonne part du plaisir du solo intégral consiste à s’attaquer à quelque chose qui a l’air très dangereux et à se débrouiller pour que cela devienne sûr. Bref, à faire ce qu’il faut pour prendre le pas sur le risque et atteindre la sérénité… » www.alexhonnold.com
AVENTURE
SUR LES LACS SUISSES Texte et photos PlanetVisible
Soirée polynésienne baignée par l'or du couchant ? Non. L'immensité du lac Léman, incitant à une lente dérive contemplative en paddle au flanc des montagnes.
L'été, l'eau de nombreux lacs suisses dépasse les 20°C — et atteint même 24°C au lac de Lugano. Un air de vacances dans le Sud, farniente inclus.
stand-up paddle
95
Embarquant les derniers-nés des stand up paddle-boards gonflables, plus légers et compacts que jamais, la team PlanetVisible se lance dans une aventure peu banale : sillonner en quatre jours les eaux de trois des lacs suisses les plus emblématiques, dans chacune des principales régions linguistiques du pays.
LE LÉMAN, CÔTÉ CHÂTEAU DE CHILLON
Descendue du train en gare de Chexbres, la team se retrouve déjà, quelques rues plus loin, le nez dans les vignes. Sur le dos : le nouveau stand-up paddle-board gonflable du fabricant suisse Airboard, dont le poids n’excède pas 5,2 kilos. Facile à glisser dans un sac, l’engin permet d’explorer des zones difficilement accessibles. Et offre, comme ici, une rare facilité à se déplacer en toute liberté. Le terrain, raide, est parcouru de murs de pierre médiévaux et de sentiers sinueux, dessinant une sorte de puzzle géant aux verdoyances estivales. Impossible de se perdre : tous mènent, d’une manière ou d’une autre, au rivage. Idéal pour se dégourdir et se mettre en jambes avant de se lancer à l’eau. Moins d’une heure plus tard, face à l’étrave du SUP, un paysage immuable et féérique se déroule : sur le miroir de la surface, laissée lisse par l’absence de vent, se reflètent des montagnes dressées en palissades et des villages en nids d’aigles de carte postale. Voilà bien l’un des atouts du SUP : la lenteur du mouvement permet au pagayeur de profiter pleinement de son environnement, de se fondre dans la nature, respirer sa sérénité. Les coups de pagaie s’enchaînent, face à des côtes tantôt sauvages, tantôt urbaines. Passé Montreux, se dessine à l’horizon la masse quadrangulaire du château de Chillon, surmontée de son donjon et de ses tours rondes, comme
surgis des profondeurs sombres du lac. À deux pas, une grève offre aux membres de la team l’occasion de dresser leur premier bivouac, face au verrou valaisan — les SUP pour tout matelas. LE LAC DES QUATRE-CANTONS, IDYLLIQUE
Étape n° 2. Réveillés aux aurores, les paddlers s’offrent une baignade vivifiante dans le Léman avant de rejoindre Montreux (à la pagaie, bien sûr) et de sauter dans un train pour Lucerne, en Suisse alémanique. Il n’a fallu que de brefs instants pour dégonfler les SUP et les ranger, puis quelques plus longues minutes pour les regonfler, fixer le gouvernail et arrimer les sacs étanches à leur bord. Facile. La température de l’eau, 21°C, est parfaite. Le SUP glisse sur le lac, tandis que les bruits riverains s’estompent, malgré l’importance initiale du trafic lacustre — voiliers, yachts, bateaux à aubes historiques… Bientôt, seul le silence demeure, entrecoupé par les floc floc des pagaies entrant et sortant de l’eau en dégoulinant. Le temps s’étire. Les pentes vertes sont entretenues comme les allées d’un parcours de golf. Des manoirs du XIXe siècle s’alignent nombreux sur les rives, tandis que les puissantes Alpes auréolées de neige s’élèvent à l’horizon. Une plage s’offre, finalement, pour un débarquement. Dans la lumière du soir, le mythique mont Pilate, à la silhouette si caractéristique, commence à se fondre
dans l’obscurité, trônant un dernier instant au dessus de ce monde idyllique. LE LAC DE LUGANO, ITALIANO VERO
Étape n° 3 : cap au Sud. Des berges du lac des Quatre-Cantons, il ne faut guère qu’une demi-heure pour gagner à pied la gare de Meggen. Et deux heures de plus pour rejoindre en train Lugano par le tunnel de base du Saint-Gothard. À son débouché, un autre monde se dessine. Plus chaud. Plus lumineux. Arrivée à bon port, la team se jette à l’eau pour la troisième fois en trois jours, au beau milieu des badauds déambulant en famille à travers les béatitudes dominicales du Parco Ciani. Le SUP a bien des vertus, notamment celle de ne pas déranger autrui. Aucun moteur, aucune pollution, aucune atteinte à l’environnement. Pagayant vers le sud à l’ombre du prodigieux monte San Salvatore, sans but précis, les membres de la team déjeunent à califourchon sur leurs planches, se baignent pour se rafraîchir (l’eau atteint ici 24°C !), pour finalement établir leur campement lorsque la fatigue se fait trop forte. C’est une modeste jetée publique, ce dernier soir, qui fait office de port d’attache, aux portes du croquignolet village de Morcote, cerné de villas somptueuses agrippées aux pentes et veillé par le fanal de l’église Santa Maria dell Sasso. Terminus, le lendemain, à Ponte Tresa, à la frontière italienne, l’esprit encore sidéré par l’incroyable variété et beauté des paysages suisses vus des eaux.
#TWOPIECEBOARDS Take your board ANYWHERE with you.
ALL BOARDS ARE AVAILABLE IN TWO-PIECES DISTRIBUTED BY BUCHER + WALT . INFO@BUCHER-WALT.CH . WWW.BUCHER-WALT.CH
news
DES PLANCHES DE SURF EN LAINE
Si, si, vous avez bien lu. Des planches néo-zélandaises, bien sûr : avec 60 millions de moutons pour 4,8 millions d’habitants, la matière première est plus qu’abondante aux antipodes ! C’est en renversant par accident de la résine sur son pull que Paul Barron, shaper de son état, s’est rendu compte des qualités de la laine — un matériau 100 % recyclable qu’il utilise pour remplacer la fibre de verre. « Outre son beau look naturel, la Woolight offre résistance et souplesse » affirme son inventeur, qui a longuement planché sur le projet. www.barronsurfboards.co.nz L’ÉLITE MONDIALE DES SURFEURS ET SURFEUSES EST DE RETOUR
Qui succédera au Brésilien Gabriel Medina et à l’Australienne Stephanie Gilmore
à la tête de l’élite du surf mondial ? Vous le saurez au plus tard en décembre à l’issue du World Surf Tour, dont l’édition 2019 a débuté sur les chapeaux de roues en avril. La première étape a été remportée par l’Américaine Caroline Marks chez les dames et par le Brésilien Italo Ferreira chez les hommes. L’increvable Kelly Slater, 47 ans et 11 titres mondiaux au compteur, est de la partie. Chez les filles, il faudra suivre la talentueuse et gracieuse hawaïenne Carissa Moore, plus jeune championne du monde de surf en 2011, à l’âge de 19 ans (elle a depuis remporté deux autres titres). www.worldsurfleague.com 0 POINTÉ AU BARKLEY
Les aficionados le considèrent comme la course la plus dure au monde. Organisé dans les montagnes du Tennessee, le
97
Barkley Marathons n’a, une fois encore, vu aucun coureur franchir la ligne d’arrivée ! Le dernier à y être parvenu, John Kelly, l’a passée en 2017. En fait, ils ne sont que 18, depuis le lancement en 1986 de ce marathon très spécial de 100 miles (161 km) et 60’000 pieds (18’000 D+), à en être venus à bout ! Le parcours, régulièrement modifié par son créateur, Gary Cantrell, comprend cinq boucles non balisées à travers la forêt, qui doivent être parcourues en un temps maximal de 12 heures chacune (60 heures au total). L’inscription ne coûte que 1,60 $, mais chaque candidat doit soumettre une lettre de motivation. Attention au départ... il a lieu quand Cantrell allume sa cigarette ! www.barkleymarathons.com
GRANT BAKER, EMPEREUR DES BIG WAVES
Hugo Silva/Red Bull Content Pool
C’est la troisième fois que le SudAfricain Grant « Twiggy » Baker remporte le Big Wave Tour. Une performance d’autant plus remarquable que, à 45 ans, il se trouve désormais en compétition face à des jeunots moitié moins âgés. Ce titre de champion du monde de surf de gros, il le doit avant tout à sa victoire à Nazaré et à sa bonne prestation (5e place) à Maui lors du Jaws Challenge — la troisième épreuve, à Mavericks, ayant dû être annulée. www.worldsurfleague.com
WWW.30DEGRES.SWISS/ABONNEMENTS
TROP D’OBJETS INUTILES? OFFREZ PLUTÔT QUELQUES HEURES D’AVENTURE À VOS PROCHES...
©Jody Macdonlad
LE MONDE EST VASTE, LE MONDE EST BEAU ET 30° VOUS LE LIVRE SUR UN PLATEAU. À DÉFAUT (OU EN ATTENDANT) DE LE PARCOURIR INTÉGRALEMENT PAR VOUS-MÊME, EXPLOREZ-LE AVEC NOUS, À CHAQUE NOUVEAU NUMÉRO, SANS EN PERDRE UNE MIETTE. ABONNEZ-VOUS !
PAS DE FUMÉE SANS FEU
Texte Claude Hervé-Bazin | Photo Geran de Klerk
écologie
101
Il n’est plus temps de tergiverser. Déforestation sans cesse accrue, réchauffement climatique, les forêts du monde souffrent plus que jamais. Et si l’Amazonie a fait durant une décennie figure de bon élève (l’arbre qui cache la forêt), si l’accord de Paris a fait espérer une prise de conscience mondiale, les maigres acquis menacent désormais de partir en fumée.
LE POINT SUR LA DÉFORESTATION
Le chiffre peut sembler rassurant : la planète compterait quelque 3 billions d’arbres. 3 000 000 000 000 d’arbres pour moins de 8 000 000 000 d’êtres humains, soit presque 375 arbres par habitant de la Terre. Tout va bien, donc ? Pas si sûr. Jour après jour, de nombreux rapports soulignent l’aggravation de la déforestation à l’échelle globale. Les forêts ne couvrent plus aujourd’hui que 30,6 % des terres émergées, contre environ 50 % à l’origine. Dans les années 1990, les ravages liés à l’exploitation incontrôlée des bois tropicaux, à l’expansion de l’élevage bovin et des cultures en Amazonie ont fait les gros titres, avec l’aide de quelques activistes stars comme Sting. Un cinquième de la forêt amazonienne a disparu. Mais le travail de sensibilisation a payé : le déboisement a été divisé par quatre au Brésil entre 1995 et 2012. Un pari gagné ? Voir. Si la destruction a ralenti,
elle n’a pas pour autant été stoppée. Pire : depuis cette date, le déboisement a de nouveau augmenté... Le relâchement des règles environnementales strictes édictées dans les années 2000 et la crise économique que traverse le pays ont relancé les tronçonneuses et les mesures très controversées annoncées par le nouveau gouvernement Bolsonaro ne prédisent guère que de nouveaux ennuis sur ce front ô combien crucial. Partout ou presque, la forêt brûle. Si l’on en croît les chercheurs de l’Université du Maryland, spécialistes de la question, la Terre aurait encore perdu 73’000 km2 de forêts en 2016. L’Indonésie est souvent montrée du doigt. L’extension massive de la culture de palmiers à huile y est responsable d’une bonne part de la déforestation, désormais deux fois plus rapide qu’au Brésil... Le couvert forestier du pays a été réduit de 15 % depuis l’an 2000.
102 écologie
L’interdiction des biocarburants issus de l’huile de palme dans l’Union Européenne en 2021 devrait aider à ralentir le désastre. Mais le gouvernement indonésien rechigne à contrôler ce secteur essentiel à son économie, gangréné par la corruption, et les multinationales ferment volontiers les yeux sur l’origine controversée de certaines des matières premières qu’elles utilisent — entre 40 et 75 % des produits forestiers indonésiens seraient d’origine illégale (tout comme au Laos, en Papouasie ou au Congo) ! La Malaisie, le Cambodge sont eux aussi touchés par cette gestion déplorable. Le reste du monde tropical également : à Madagascar, 44 % des forêts naturelles ont disparu en 60 ans. Là aussi, les tentatives de lutte se heurtent à la corruption à grande échelle. Résultat : Interpol estime que 15 à 30 % du bois mondial est d’origine illégale... alors même que le bois légal est lui-même souvent surexploité. Outre l’appât du gain de certains et le règne du court-termisme, une cause première se dessine : l’expansion démographique. Il faut bien cultiver pour nourrir la population mondiale, en expansion constante. À l’échelle planétaire, le bois est encore utilisé par le tiers des habitants de la Terre pour se chauffer, cuisiner et faire bouillir l’eau qu’ils boivent. Pour changer, pour emporter leur adhésion, il n’y a pas 36 solutions : il faut imaginer des modèles de développement qui leur permettent de bénéficier directement de la protection ou de la bonne gestion des forêts.
ET EN EUROPE, ALORS ?
La première impression est rassurante : ici, si l’on excepte quelques scandales, comme la décision du gouvernement polonais d’autoriser l’abattage d’arbres dans la splendide forêt primaire de Białowieża, la déforestation est pour ainsi dire maîtrisée. Depuis l’émergence de formes alternatives d’énergie il y a plus d’un siècle et le recul des surfaces cultivées, la forêt européenne a même progressé d’un tiers pour couvrir aujourd’hui environ 40 % du continent — davantage à l’est, moins à l’ouest. La Suisse, elle, affiche un chiffre très honorable compte tenu de son relief, avec près de 32 % de forêts (en augmentation). Reste que, réduite par deux millénaires d’utilisation, la forêt primaire ne subsiste plus qu’à l’état de traces, principalement en Europe de l’Est. En Suisse, elle se résume à deux espaces très abrupts : les bois d’épicéas et de sapins de Derborence, dans le Valais, et la pessière de Scatlè, dans les Grisons. Globalement, le couvert européen est aujourd’hui constitué à 90 % de forêts secondaires, exploitées, et de plantations à la biodiversité réduite. Outre la pollution, de nouvelles menaces se précisent : avec le réchauffement climatique, les spécialistes constatent déjà un risque accru d’incendies, de maladies et d’infestations par des plantes exogènes et des insectes venus de climats plus cléments. Les polluants aériens acidifient les sols. En Suisse, heureusement, le facteur de l’altitude module ces effets et le caractère accidenté du pays lui vaut
de peu exploiter ses forêts — pour la plupart non rentables. Légalement parlant, toute zone déboisée doit être obligatoirement reboisée, en tenant compte d’une proportion de conifères et de feuillus à peu près naturelle. Un modèle du genre, soutenu par la Politique Forestière 2020, qui définit précisément la bonne gestion durable des forêts du pays. LA FORÊT TROPICALE : REFUGE DE LA BIODIVERSITÉ
Le Brésil, champion toutes catégories de la biodiversité, regroupe à lui seul plus de 20 % de l’ensemble des espèces de la planète, dont 2,5 millions d’insectes différents et au moins 40’000 sortes de végétaux — sans parler des inconnus. Eu égard à la grandeur de son territoire, c’est cependant le Costa Rica, devenu un modèle de développement éco-touristique, qui remporte la palme : il abrite 4 à 5 % des espèces connues sur 0,03 % des terres émergées. Dans la forêt tropicale humide (au centre et à l’est) ou dans la forêt sèche (à l’ouest). Les écosystèmes isolés, qui se sont développés sans interaction avec le reste du monde, sont toutefois les plus surprenants : à Madagascar, par exemple, 90 % des espèces sont endémiques — on ne les trouve nulle part ailleurs dans le monde. Plus largement, les forêts tropicales constituent un colossal réservoir de diversité : elles regroupent à elles seules environ 90 % de toutes les espèces végétales et animales de la Terre, alors qu’elles n’occupent qu’environ 6 % des terres. Prodigieux ! La mauvaise nouvelle, c’est que, en moyenne, trois espèces
écologie
disparaissent chaque heure, principalement en raison de la déforestation (un taux 1000 fois supérieur à l’évolution naturelle). LES CONSÉQUENCES DU DÉBOISEMENT
L’accord de Paris sur le climat de décembre 2015 a clairement défini les enjeux : les arbres jouent un rôle important en ralentissant (un peu) l’accumulation de carbone dans notre atmosphère — dans la mesure où ils absorbent pour leur croissance quelque 2 milliards de tonnes de CO2 chaque année. Ce n’est pas considérable comparé aux 41 milliards émis en 2017, mais c’est déjà ça ! La forêt contribue aussi à épurer l’air (en captant poussières et polluants atmosphériques) et à stabiliser le climat. A contrario, la déforestation accroît l’augmentation des températures déjà observée à cause du réchauffement climatique : les sols mis à nu, souffrant d’érosion, absorbent davantage l’énergie solaire, poussant le mercure à la hausse, augmentant l’évaporation et les risques de sécheresses et de feux (la forêt boréale a brûlé en Norvège durant les étés 2017 et 2018). Le déboisement, c’est aussi le morcellement des territoires, qui réduit la circulation des espèces et les échanges génétiques, appauvrissant la biodiversité. C’est en outre une menace pour les ressources en eau : partout où la forêt cède la place à l’agriculture ou à l’élevage, elles se raréfient et sont souvent victimes de pollutions — affectant en premier lieu les plus pauvres. Bref, comme en Arctique
avec la fonte des glaces, les problèmes se cumulent et font boule de neige. LA SCIENCE ET LES INSTITUTIONS INTERNATIONALES AU CHEVET DE LA FORÊT
Que faire ? Les réponses sont aussi multiples que difficiles à définir. De toute évidence, planter un arbre ne suffira pas : avec 10 à 50 kilos de CO2 absorbés chaque année, selon les espèces et les conditions, on est loin du compte. Toutes les terres de la planète n’y suffiraient pas. L’interdiction d’importer des bois illégaux aux États-Unis (2008) puis en Europe (2012), deux des principales destinations des marchandises, ont naturellement eu leur importance. Mais rien de tel sous d’autres latitudes… Et puis, comment s’assurer de l’origine des bois ? Pour mieux mesurer l’ampleur du phénomène, le déboisement est désormais scruté par satellite, exposé jour après jour, sans dénégation possible des pays concernés. L’ADN des chargements de bois précieux peut être analysé chimiquement, génétiquement ou au spectromètre pour révéler leur origine fréquemment illégale... Il est même désormais possible d’utiliser un microscope 3D à très haute résolution pour identifier la provenance du charbon de bois ! Le Forest Stewardship Council (FSC), organisme de certification volontaire basé à Bonn (D), développe de son côté, en partenariat avec d’autres organismes spécialisés, un catalogue d’échantillons de bois géolocalisés, le plus complet possible, pour
103
aider à coincer les fraudeurs. Et le XyloTron mis au point par le Forest Products Laboratory automatise le processus. Bien sûr, tout se complique lorsqu’il s’agit de contreplaqué, qui peut intégrer jusqu’à 18 sortes de bois différentes ! Si les responsabilités restent toujours difficiles à établir, si la corruption reste encore considérable, les ONG et les spécialistes disposent aujourd’hui d’instruments et d’arguments irréfutables pour démontrer, convaincre et pousser au changement grands groupes industriels et gouvernements — en conditionnant, par exemple, l’aide internationale au respect de certains objectifs. Signée en 2014 sous l’égide de l’ONU, à une époque où le succès brésilien semblait dessiner une possible solution globale, la New York Declaration on Forests s’est donnée pour mission de diviser par deux la déforestation mondiale à l’horizon 2020 et d’en venir à bout d’ici à 2030. Autre ambition : restaurer d’ici là 350 millions d’hectares d’espaces forestiers. L’intention est louable, mais la date butoir approche et seuls 40 pays et 57 multinationales se sont pour l’heure engagés… www.globalforestwatch.org www.forestdeclaration.org www.calculcarbone.org
KENYA
L’ART DU SAFARI Texte Claude Hervé-Bazin | Photos Chris Schmid
Les vastes plaines du Masai Mara sont célèbres pour leur population de lions. Mais sous la pression des éleveurs, le félin a malheureusement vu sa population décroître.
voyage
109
Un mot symbolise tout le Kenya : safari. En swahili, ce nom, dérivé de l'arabe, ne désigne pas seulement une expédition de chasse, mais un voyage. Un bien beau voyage.
L'aube pointe à peine son nez derrière les reliefs de la vallée du Rift. Envahie encore par l’ombre de la nuit qui s’achève, la vaste plaine du Masai Mara s’anime pourtant déjà. Sur le bord de la piste, une famille de girafes massaï effeuille méticuleusement un acacia. Un éléphant solitaire traverse de son pas de patriarche. Des buffles baignent dans la première lumière orangée du jour naissant. Et, en toile de fond, les douces collines semblent onduler d'un même mouvement lent et erratique : ce sont des gnous, des centaines, des milliers, des millions de gnous qui défilent, certains nés de la dernière pluie, les pattes encore mal assurées. Au milieu de cette masse mouvante, brune et poussiéreuse, se détachent les stries insensées des zèbres et les taches claires des bubales, nombreux à accompagner la migration depuis le Serengeti tanzanien. Vivant aux portes de la réserve du Masai Mara, les Massaï vivent désormais un pied entre deux mondes : pasteurs toujours, mais aussi acteurs touristiques.
Quittant le grand parc voisin environ deux mois après les pluies, l'herbe fraîche de la nouvelle saison une fois épuisée, les légions tracent peu à peu leur chemin vers le Masai Mara, atteignant ses pâturages encore verdoyants au début de l’été. Leur épreuve la plus redoutable les y attend : la traversée de la Mara River, sous l’œil et la menace des crocodiles —
dont certains ne se sont guère restaurés depuis la migration de l'an passé… Davantage s’enlisent, se noient ou se jettent dans la gueule des lion(ne)s. Excitées, les femelles plongent la tête dans le ventre ouvert d’un coup d’incisives, extirpant les entrailles fumantes dans l’air encore frais. L’odeur est fétide, la satisfaction évidente. Puis elles se pourlèchent avidement, tête et poitrail couverts de sang. Au temps fort de la chasse succèdent les longues siestes des heures chaudes. Sous le soleil ardent, chaque acacia solitaire devient parasol. Fauves ici. Gazelles et zèbres là. Pour tous, la pause s’impose. Jusqu'au retour, au crépuscule prochain, du combat ardent pour la vie. PACHYDERMES À GOGO
Niché au fond de la vallée du Rift, le lac Nakuru était autrefois célèbre pour ses millions de flamants roses écumant ses eaux peu profondes. Après avoir déserté ses rives en faveur du lac Bogoria, ils sont de retour — en plus petit nombre — depuis 2017. Mais le parc abrite aussi d’autres hôtes de choix : des léopards notamment, de rares girafes de Rothschild et le très menacé rhinocéros. On en rencontre ici deux sortes : le noir endémique (60 animaux) qui se planque souvent dans les broussailles,
C’est fou comme quelques clics peuvent améliorer un voyage. ResaPark
Pack VIP
Plus de confort au départ c’est plus de bien-être à l’arrivée.
Réservation www.gva.ch/eservices
0
3
0
P51 PL
AC E S DIS PO
S
Gagnez du temps en accédant en priorité à la zone d’embarquement.
ResaPark LE
Priority Lane
NOUVEAU
I
B
La garantie de toujours trouver une place pour vous garer.
N
-50% sur les frais de réservation
voyage
et le blanc (40) importé d’Afrique du Sud, moins froussard, qui se laisse facilement voir au sud du plan d’eau, près du Lake Nakuru Lodge. Au parc d’Amboseli, au pied du Kilimandjaro, ce sont les éléphants qui règnent en maîtres incontestés. Ils sont plus de 1500 à écumer le territoire, par bandes familiales de 10 à 20 membres, passant de longues heures à brouter et barboter dans les marais nés des eaux de fonte du toit de l’Afrique. Si les éléphants du Kenya sont globalement peu farouches, ceux d’Amboseli sont carrément insouciants. Et lorsque de jeunes mâles s’entraînent à s’affronter, défenses contre défenses, trompe contre trompe, arc-boutés sur leurs pieds énormes, quelques frissons courent le long de l’échine au moment où ils s’approchent à moins de 5 m du 4x4… À 3 m, le souffle de leurs oreilles agitées en signe de mécontentement est perceptible. AUX PORTES DU DÉSERT
Plein nord, passé le phare parfois enneigé du mont Kenya (5'199 m), la route plonge vers l’immensité semi-désertique qui occupe le tiers nord du pays — patrie
des pasteurs Samburu, des guerriers Rendille, des Oromo et d’une forte communauté somalie. Les champs ont disparu, les broussailles se font de plus en plus éparses, la chaleur plus torride encore. Puis, de la poussière, surgit une oasis : l’Ewaso Ngiro, une rivière trop peu puissante, noyée dans un océan de sécheresse, se meurt ici, en plein milieu de nulle part, sans jamais réussir à atteindre la mer. Comme le célèbre Okavango botswanais. Sur ses flancs sablonneux, de grands palmiers doums attirent les éléphants, qui raffolent de leurs fruits — avant ou après l’heure du bain. Les crocodiles, certains géants, se dorent au soleil sur les berges. En retrait, s’étend une terre caillouteuse et sèche, veillée par les échines rocailleuses et nues des monts Koitogor et Ololokwe. La rare girafe réticulée, à la robe parfaitement géométrique, y côtoie les zèbres de Grévy aux très fines rayures, l’étrange gérénuk (une antilope au cou démesuré) et des troupeaux d’oryx aux cornes longues et droites parfaitement parallèles — qui les fait ressembler, de profil, à d’improbables licornes. www.magicalkenya.com www.kws.go.ke
111
LE SAFARI FACILE
Le réseau africain de l’aéroport de Genève s’agrandit. Après l’inauguration d’une liaison directe vers Addis-Abeba (Éthiopie) l’an passé, c’est Nairobi qui s’ajoute désormais. Le vol, assuré par Kenya Airways (membre Skyteam), sera assuré 4 fois par semaine (lundi, mardi, jeudi et samedi) à compter du 13 juin. Les retours, de nuit, sont proposés les lundi, mercredi, vendredi et dimanche. De son hub de Nairobi, la compagnie nationale kenyane dessert pas moins de 53 destinations, dont 43 sur le continent noir. www.kenya-airways.com www.gva.ch
©Anoush Abrar
événement
113
« CES JEUX SÈMERONT DES GRAÎNES DE VOCATIONS » Difficile d’y échapper ces derniers mois : les prochains Jeux olympiques d’hiver de la jeunesse (JOJ) sont partout. Lausanne accueillera la manifestation du 9 au 22 janvier — un juste retour des choses pour la Capitale olympique. Petit point de la situation à J-6 (mois).
Texte Laurent Grabet
C’est une femme de caractère qui tient les rênes de Lausanne 2020. Ex-championne du monde de ski freestyle, Virginie Faivre, retirée de la compétition depuis 2016, préside le comité d’organisation de la manifestation depuis décembre dernier. La Vaudoise, âgée de 36 ans, s’est d’abord longuement battue pour la candidature lausannoise avant d’être nommée ambassadrice de l’événement, puis propulsée à sa tête suite au décès tragique du regretté Patrick Baumann à l’automne 2018. Elle est également responsable pour la Romandie de la fondation de l’Aide sportive suisse. À 6 mois du Jour J, 30° degrés l’a rencontrée pour mieux cerner cette manifestation novatrice — pensée pour redorer le blason un peu terni de l’olympisme. VIRGINIE FAIVRE, « LAUSANNE 2020 » C’EST QUOI ?
Le second plus gros événement multisports hivernal au monde ! La manifestation, budgétée 40 millions de francs, verra quelque 1880 athlètes de 15 à 18 ans, issus de 80 pays, poser leurs valises à Lausanne pour se mesurer dans seize
disciplines, sur huit sites répartis entre trois cantons et deux pays (Suisse et France). Pour ces jeunes, cela constituera une expérience unique sur le chemin d’une éventuelle carrière professionnelle. Concourir avec les anneaux olympiques sur le dossard, ce n’est pas rien. C’est motivant et formateur, alors même que, à cet âge crucial, beaucoup abandonnent les rigueurs d’une carrière sportive... J’aurais moi-même rêvé de participer à une telle compétition internationale à cet âge ! Ces jeux seront aussi un formidable outil de promotion du sport auprès du public. Et puis il y a l’esprit... JUSTEMENT, QUEL EST L’ESPRIT DE CES JEUX OLYMPIQUES DE LA JEUNESSE ?
L’olympisme et la recherche de l’excellence restent les maîtres-mots, avec un accent marqué mis sur le côté éducatif et culturel. Ces jeux seront aussi durables, à l’image du Vortex, ce bâtiment hélicoïdal novateur qui accueillera le village olympique avant de venir combler le déficit de logements étudiants de Lausanne. La même approche s’impose côté organisa-
13.04.2019– 15.03.2020
événement
115
©CPEV (Caisse de pension de l’Etat de Vaud)
Les jeunes athlètes qui participeront en janvier 2020 à la 3e édition des JOJ d’hiver seront logés dans le Vortex, un luxueux bâtiment circulaire de 36’700 m2 édifié au cœur du campus de l’Université de Lausanne (UNIL). En forme d’anneau (circonférence : 430 m ; hauteur : 27 m), enserrant une cour couvrant à elle seule 4’000 m2, il accueillera les 1880 concurrents dans 952 chambres ou appartements.
tion, avec de nombreuses infrastructures déjà existantes dans le Jura français (dont un tremplin de saut à ski), sur lesquelles les espoirs suisses romands pourront continuer à s’entraîner les 20 années qui suivront ! Lausanne 2020 se fait aussi fort de générer un héritage... Leysin dispose par exemple désormais d’un Snow Park et d’un halfpipe de qualité internationale. Lors de la manifestation, quantité de graînes de vocations seront semées qui fleuriront dans le futur... LE CIO PREND CETTE MANIFESTATION TRÈS AU SÉRIEUX...
Oui, car elle contribue à dessiner l’avenir de l’olympisme, tant à travers son caractère durable qu’en tant que banc d’essai pour de nouvelles disciplines comme le ski-alpinisme. Et puis, ces jeux sont organisés à domicile, dans la capitale olympique, et constituent une formidable vitrine pour Lausanne, le canton de Vaud et la Romandie. Pour toutes ces raisons, le CIO nous fait profiter de son expertise et nous apporte un fort soutien, tout comme les nombreuses fédérations sportives internationales qui sont présentes à Lausanne et en Suisse.
LA VOLONTÉ D’IMPLIQUER LA POPULATION, JEUNE NOTAMMENT, EST FORTE. ÇA MARCHE ?
Oui. Ces jeux sont faits par les jeunes et pour les jeunes. Les apprentis de l’Eracom ont conçu la mascotte. Les étudiants de l’Ecal se sont penchés sur la vasque. Ceux de l’École hôtelière ont développé le programme des bénévoles — ils seront 3000 qui permettront de faire vivre la manifestation par leur engagement. Sur les huit sites que nous avons pu tester l’hiver dernier lors de diverses compétitions internationales, les équipes sur place ont fait un immense travail. Les locaux sont motivés et désireux d’offrir le meilleur, c’est formidable ! PERSONNELLEMENT, QUEL EST VOTRE ÉTAT D’ESPRIT DANS CETTE DERNIÈRE LIGNE DROITE ?
Comme mes collègues du comité, je suis excitée et animée de la volonté farouche d’organiser les meilleurs jeux possible ! Nous peaufinons désormais chaque détail. De mon côté, ces jeux m’habitent comme le faisaient les grandes compétitions il n’y a pas si longtemps. J’aimerais leur apporter un regard différent, fémi-
nin, dans un milieu sportif encore plutôt masculin. Les Jeux Lausanne 2020 seront d’ailleurs les premiers de l’histoire à présenter un nombre égal de participants et de participantes. Cette parité inédite est un signal fort ! En tant qu’ancienne athlète, je sais parallèlement ce que les sportifs attendent d’un tel événement et comment créer les meilleures conditions pour leur permettre d’être performants le jour J. Le sport d’élite est la meilleure école de la vie qui soit. Cette conviction me porte.
www.lausanne2020.sport
©Tag Heuer
Éviter les obstacles, affiner ses coups, améliorer ses performances… Un jeu d’enfant pour les golfeurs grâce à la nouvelle TAG Heuer Connected Modular 45 Golf Edition.
horlogerie
117
CONNECTÉES À LA VIE
À ceux qui se demandent encore s’il est bien utile de posséder une montre connectée, ces quatre modèles démontrent combien ces petits accessoires électroniques peuvent nous faciliter l’existence. Et plus encore si l’on est un inconditionnel de sports outdoor. Texte Marie de Pimodan-Bugnon
En quelques années, les smartwatches ont fait un bond en avant en intégrant de multiples fonctionnalités inédites. La priorité des horlogers était simple : proposer des montres connectées, c’est bien, les rendre indispensables, c’est mieux. Que l’on soit assoiffé de sports d’aventure, d’activités outdoor ou simplement adepte de farniente au bord de la piscine, la technologie des montres intelligentes évolue pour être aujourd’hui pleinement en phase avec les besoins de ses utilisateurs. Intuitives, futées, fiables et, surtout, utiles, les nouvelles smartwatches savent se rendre incontournables. L’objectif est clairement annoncé : être connecté facilite la vie. TOUJOURS PLUS LOIN
En 2019, TAG Heuer fait swinguer la communauté des golfeurs avec le lancement de sa Connected Modular 45 Golf Edition, connectée à l’application TAG Heuer Golf sous iOS et Android. Les amateurs de 18-trous disposent désormais d’un outil des plus performant, intégrant l’application consacrée au golf la plus avancée à
ce jour, avec cartographie 2D et 3D interactive exclusive de plus de 39 000 parcours dans le monde ! Equipée d’un capteur GPS, la Connected Modular 45 Golf Edition décline toutes les informations utiles pour améliorer ses performances — personnalisation et esthétique inspirée du golf en prime. Au menu : informations sur les obstacles et les distances, carte de scores jusqu’à quatre joueurs, distance des coups à un mètre près, statistiques détaillées… Tout cela grâce à 512 Mo de mémoire et 4 Go de stockage, avec une autonomie de 25 heures. En somme, derrière son boîtier en titane de 45 mm et son bracelet blanc en cuir synthétique et caoutchouc, se cache un véritable caddy professionnel. À cela près que la TAG Heuer Connected Modular 45 Golf Edition ne parle pas et qu’elle vous laissera porter votre sac vous-même. TOUJOURS PLUS HAUT
Pour les plus actifs, Alpina déplace le curseur vers de nouveaux sommets. Dans la foulée de la campagne Kickstarter qui a mobilisé quelque 3000 utilisateurs en
Gourmet Pass Findeln
One hike, four courses and 41 Gault Millau points Take the Gourmet Pass Findeln, and set on a culinary hike with 41 Gault Millau points through the idyllic hamlet of Findeln. At Sunnegga a welcoming aperitif with Valais specialties awaits you. After a short hike, the restaurants Paradies, Chez Vrony and Findlerhof will spoil you with fine cookery. Book your Gourmet Pass online and get a discount.
matterhornparadise.ch
horlogerie
TAG Heuer Connected Modular 45 Golf Edition Look sportif pour ce robuste modèle en titane noirci et céramique noire conçu pour améliorer l’expérience des golfeurs globe-trotters partout dans le monde, sur 39 000 parcours cartographiés en 3D avec une précision hors-pair. www.tagheuer.com
AlpinerX Surveillance de la fréquence cardiaque, UV, température, altitude, pression, direction… Toutes ces fonctions sont réunies pour le plus grand plaisir des adeptes d’activités outdoors dans un résistant boîtier de 45 mm en acier et fibres de verre. www.alpinerx.watch
2018, la marque lance cette année les quatre modèles les plus sollicités par les contributeurs à partir d’un choix de personnalisations comprenant plus de 11 000 options. Conçue pour les aventuriers et les fondus d’activités en plein air, l’AlpinerX Outdoor Smartwatch combine une multitude de fonctionnalités dans un design sportif particulièrement racé : surveillance de la fréquence cardiaque, indication des indices UV, température, altitude, baromètre, boussole… Reliée à l’application dédiée AlpinerX disponible sous Android et iOS, la montre s’impose comme un véritable ordinateur de bord au poignet. N’oublions pas l’excellente résistance aux chocs de son imposant boîtier en acier de 45 mm et une étanchéité à 100 mètres.
Tissot T-Touch Swiss Edition Avec son boîtier de 45 mm en titane satiné, sa lunette en céramique et son cadran couleur cacao, ce modèle évoque les meilleurs chocolats suisses. C’est aussi une alliée de choc pour les aventures en montagne grâce à ses multiples fonctions tactiles. www.tissotwatches.com
UN PORTE-MONNAIE AU POIGNET
les pièces qui alourdissent les poches, SwatchPAY ! permet d’effectuer des paiements sur n’importe quel terminal de point de vente sans contact — sachant que plus des trois quarts des systèmes de caisses électroniques acceptent le paiement sans contact en Suisse. Le procédé ? Une puce radio NFC reliée à votre compte bancaire est dissimulée sous le cadran de la montre. L’échange des informations de paiement s’effectue sans contact avec le terminal qui fournit l’énergie nécessaire aux transactions. Avantage : les paiements sont toujours possibles, même quand la batterie de la montre est à plat. Dernier argument malin : les quatre modèles dotés de la technologie SwatchPAY ! sont tous étanches à 30 mètres. Largement suffisant pour partir siroter un cocktail à la plage, les mains vides et les doigts de pieds en éventail.
Parmi les dernières nouveautés, quatre montres Swatch équipées de la technologie de paiement sans contact SwatchPAY ! débarquent cette année en Suisse après un lancement réussi en Chine. Exit le porte-monnaie traditionnel et
Ce n’est pas une smartwatch, mais cette montre tactile précurseur, qui déclinait ses fonctionnalités utiles bien avant l’apparition des premiers smartphones,
L’INFO UTILE AU BOUT DES DOIGTS
119
SwatchPAY! Plus qu’une montre, la dernière-née de Swatch permet de régler tous les achats d’un simple coup de poignet grâce à sa puce radio NFC reliée au compte bancaire de son porteur. Une technologie à découvrir sur quatre modèles de la collection. www.swatch.com
mérite de figurer sur la liste des compagnes futées dont on ne se lasse pas de vanter les mérites. De qui parle-t-on ? De la T-Touch de Tissot, bien sûr, qui fête cette année ses 20 ans. Pourvu de la même technologie que la Solar Expert 2 présentée en 2014, le nouveau modèle Swiss Edition en titane satiné et céramique brun chocolat assure dans toutes les situations. En montagne, en mer ou sur les circuits automobiles, chargée à bloc grâce à l’énergie solaire, elle indique la météo, l’altitude, les dénivelés et les directions. Sans oublier les fonctions régate, compte à rebours, chronographe, alarme, GMT et calendrier perpétuel. Une palette complète de services qui rendent la vie plus facile, particulièrement pour tous ceux qui privilégient les activités en plein air pour mieux… déconnecter.
THE DARKSIDE OF ELEGANCE IN 7 COLORS
news
121
LE GRAND RAID SE MET À L’HEURE DE LA « RANDO E-BIKE »
Tobias Bast
La 30e édition du mythique Grand Raid se déroulera le samedi 24 août entre Verbier et Grimentz sur le grand parcours original de 125 km (D+5025 m). Pour les moins entraînés, des versions de 37, 68 et 93 km sont également au menu. Et pour les plus contemplatifs, l’édition 2019 propose une belle nouveauté : un parcours « Rando e-bike » entre Evolène et Grimentz (37 km, D+1845 m), dans un esprit balade gourmande, sans passer par le redoutable Pas de Lona. Une belle occasion de se frotter à un mythe sans risque de déception côté classement ou chronomètre ! www.grand-raid-bcvs.ch
LE 50 e FIFAD TOUT EN PROFONDEUR
Le Festival du film alpin des Diablerets célèbrera sa 50e édition du 10 au 17 août. La sélection finale ne sera dévoilée que courant mai, mais on sait déjà que « Path to Everest » sera de l’aventure. Ce documentaire revient sur l’exploit de Kilian Jornet qui, en mai 2017, a gravi le toit du monde deux fois en quelques jours. « Ce film va bien au-delà de l’aspect performance. Il pose de bonnes questions. On y sent la souffrance et aussi ce “syndrome de l’accomplissement absolu” », résume Benoît Aymon, le nouveau directeur artistique du FIFAD. La sélection devrait aussi intégrer « Free solo », le documentaire oscarisé revenant sur l’ascension en libre intégral d’El Capitan par Alex Honnold (lire notre article page 82), et « Ours, simplement sauvage », le premier film du
photographe animalier Vincent Munier. « Nous mettrons aussi en lumière des aspects environnementaux. L’idée est de proposer une approche culturelle de la montagne, de divertir tout en informant mais sans être militants non plus », synthétise Benoît Aymon. www.fifad.ch VERBIER EN BEAU LIVRE BY HELVET
Il est beau, il est tout chaud. Le premier livre de la collection helvet est paru. Au menu : 288 (superbes) pages pour explorer l’univers étincelant de la plus grande station de ski suisse, entre sommets éternels, pentes raides et chalets d’exception. Tout l’esprit helvet se retrouve dans cette somme d’images iconiques et de textes affutés qui célèbrent à la fois le caractère intemporel du lieu et son ancrage dans l’univers contemporain. www.helvet.swiss
LA FÊTE DES VIGNERONS ENIVRERA VEVEY, 20 ANS APRÈS
Ça n’arrive que tous les vingt ans ! Du 18 juillet au 11 août, la légendaire Fête des vignerons, qui trouve ses origines dès le XVIIe siècle, enflammera la place du Marché de Vevey. Cette manifestation rend hommage aux traditions viticoles multicentenaires de la région. Elle est la première tradition vivante de Suisse à avoir bénéficié de la reconnaissance de l’UNESCO. L’édition 2019 raconte une année dans la vie de la vigne à travers une vingtaine de tableaux interprétés par 5500 acteurs et figurants en costumes. Féeriques, grandioses, dynamiques, poétiques, conçus à 360°, ils mêleront musique, chants, poèmes, chorégraphies, images et vidéos. Aux manettes : le célèbre metteur en scène tessinois Daniele Finzi Pasca. www.fetedesvignerons.ch
TRENDS SPORT par Christian Bugnon
2.
1.
3.
4.
1. Patagonia Down sweater hoody eu.patagonia.com — 2. Sony caméra RXO II www.sony.ch — 3. Scarpa Ribelle Lite OD www.baechlisportsdemontagne.ch 4. Victorinox Skipper Navy Camouflage www.victorinox.com — 5. Marshall Kilburn II marshallheadphones.com
5.
trends
123
7.
6.
8.
9.
10.
6. Scott Axis eRide EVO www.scott-sports.com — 7. Julbo lunettes Stream www.julbo.com — 8. Lumos casque de vélo www.lumos-helmet.ch 9. Dynafit Feline Up Pro www.dynafit.com — 10. Sunova Flatwater Faast Pro distribué par www.bucher-walt.ch
ART DE VIVRE
AU CLUB MED CEFALÙ Texte Claude Hervé-Bazin | Photos Julien Fernandez
Le Club Med Cefalù se fond au rocher de la côte nord sicilienne, entre falaises, eaux turquoise et panoramas marins. En toile de fond : la vieille ville, au pied de son rocher veillée par sa cathédrale presque millénaire.
À Cefalù, sur la côte nord sicilienne, le Club Med renaît en Resort Exclusive Collection. L’occasion de se laisser aller à la dolce vita, un œil sur le bleu joyeux de la mer Tyrrhénienne, l’autre sur la pierre dorée de la vieille ville adossée à sa montagne.
Il a jeté l’ancre face à la mer, derrière un rideau d’oliviers. Occupant carrément sa propre péninsule rocheuse soulignée par intervalles de courtes falaises, à l’approche de la charmante ville historique de Cefalù, le Club Med local a récemment rouvert ses portes sous la griffe Resort Exclusive Collection 5 tridents — le premier du genre en Europe. Fondues au rocher, dans un paysage minéral égayé de jeunes lauriers roses et palmiers, les Villettas privées, aux lignes mi-cubiques mi-rondes, rappellent les vieux muragghi et dammusi de pierre sèche éparpillés à travers les campagnes siciliennes. Sous leur carapace rustique, aucune place pour le passé. Tout ici est épure, confort et joie de vivre retrouvée : la chambre spacieuse (34-36 m2) et lumineuse aux touches turquoise, les lits douillets aux trois épaisseurs de matelas, le chaud soleil du sud atténué par des panneaux de bois à claire-voie, la salle de bains ouverte qui s’annonce par une baignoire-îlot profonde comme la Méditerranée, un miroir aux allures de hublot (géant) à son chevet…
hôtel
129
©Maud Delaflotte
130 hôtel
PANORAMAS
Les Villettas les plus avancées, piquetant l’abord de l’escarpement, échappent à tout vis-à-vis. Devant leurs baies vitrées : une terrasse et la mer, tout simplement. Ailleurs, accessibles à tous, un canapé, un fauteuil et leurs coussins prennent eux aussi l’air du large. Et, tout au bout du parc, sur sa longue terrasse suspendue au-dessus des flots, une piscine à débordement s’allonge, mêlant à l’œil ses eaux à celles de la grande bleue. Elle cumule deux bassins : l’un classique ; l’autre naturel, où prennent déjà pied quelques plantes aquatiques. Les chaises longues, sous leurs grands parasols solides, se tournent magnétiquement vers l’horizon et les figuiers de Barbarie. D’autres se juchent en estrade, comme à la parade. Quelques escaliers courent entre les rochers, glissent jusqu’à la pointe. Plein est, plein axe, le vieux centre de Cefalù, étalé au pied de son monolitheforteresse, baigne dans la lumière rosée du couchant. La célèbre cathédrale normande est là, à l'avant-poste, dépositaire de certaines des plus belles mosaïques de Méditerranée, réalisées au XIIe siècle par des artistes byzantins. Un Christ Pantocrator y règne sans partage sous la voûte, sur fond d’or. LES PIEDS DANS L’EAU
Dans sa corolle de falaises, le ponton de l’hôtel s’étire face au même panorama. On y saute sur un Hobie Cat pour une
session de glisse parfumée d’embruns, ou l’on y embarque sur une planche de SUP pour un voyage contemplatif sur les eaux — paddle classique, paddle-fitness ou paddle-yoga, au choix. C’est un Club Med, après tout, alors les activités ne manquent pas : tennis (cours impeccables), tir à l’arc et même, pourquoi pas, surf… électrique !? Derrière les fourneaux, les cuistots n’ont pas le temps de méditer, eux. Il s’agit, ici, de donner toute son ampleur au menu pensé par le chef-star Andrea Berton. Passé par la légendaire Enoteca Pinchiorri florentine, puis aux côtés d’Alain Ducasse, l’homme a collectionné au fil du temps 4 étoiles Michelin. S’il se consacre aujourd’hui principalement à son navire-amiral milanais (le Berton), il a signé la carte d’Il Palazzo Gourmet Lounge, le gastro du Club Med Cefalù — où l’on déguste une délicate cuisine aux accents du Frioul, dans un décor aux lignes pures rendant hommage aux grandes heures du cinéma italien. Plus mer-à-mer, le Riva Beach, qui ouvre ses portes exclusivement à la belle saison, joue, lui, la carte barbecue sous des airs de brise marine (ou se contente de la vue lorsqu’elle souffle trop). Pour finir : un gelato (al limon), les pieds dans l’eau. L’été sera chaud, l’été sera intense. www.clubmed.ch
Aussi
pour les
escapades.