Lumières N°26 – Entretien avec Simon Deschamps – Dossier Rénovation de l'éclairage dans le tertiaire

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Lumières N° 26 - MARS 2019

- 19 E

LIGHTING DAYS AWARDS

Les femmes de lumière ENTRETIEN

Simon Deschamps, concepteur lumière, Studio Deschamps

DOSSIER

Rénovation de l’éclairage dans le tertiaire



Éditorial

par Isabelle Arnaud rédactrice en chef

©Trilux. Photographe : Christoph Meinschäfer Solution éclairage : Trilux (produit : Lunexo LED) Installateur : Thomas Hahn Elektrotechnik, Spornitz (Allemagne)

Directeur de la publication Jean Tillinac Édition 3e Médias 16, rue d’Athènes 75009 Paris www.filiere-3e.fr Rédactrice en chef Isabelle Arnaud Tél. : +33 (0)6 82 40 21 80 lumieres.redaction@filiere-3e.fr Publicité Sandrine de Montmorillon Tél. : +33 (0)6 51 30 28 68 sdm@filiere-3e.fr Ont collaboré à ce numéro : Alexandre Arène, Vincent Laganier (Light Zoom Lumière), Charles Pillou. Abonnements Solène Collat scollat@filiere-3e.fr Corrections Laurence Chabrun laurencechabrun@gmail.com Conception graphique et réalisation Planète Graphique Studio 95, boulevard Berthier 75017 Paris Impression et routage Imprimerie Chirat 42540 Saint-Just-La-Pendue © 3e Médias, Paris. Reproduction interdite. Dépôt légal : mars 2019 ISSN : 2259-3772

Paroles de femmes

D

ans le cadre de Lighting Days qui s’est déroulé à Lyon Eurexpo, GL Events (organisateur du salon) et le Syndicat de l’éclairage ont décidé de mettre à l’honneur neuf femmes de la lumière. Nous publions dans nos colonnes (voir page 9) des extraits des discours de Lionel Brunet, délégué général du Syndicat de l’éclairage, lors de la remise de ces « Awards » le 13 février dernier. J’exprime mes plus vifs remerciements à la filière de l’éclairage pour cette reconnaissance de ce métier de plume, bien souvent exercé dans l’ombre, et de cette mise en lumière. Je laisse la parole aux autres récipiendaires avec lesquelles j’ai le plaisir de partager ce prix. Marie-Pierre Alexandre, directrice générale de l’Association française de l’éclairage : « Je vous remercie d’avoir mis les femmes à l’honneur et dédie ce prix aux adhérents de l’AFE et aux non-adhérents qui vont bientôt nous rejoindre ! » Huguette Annas, architecte DPLG et expert lumière, EDF : « Je suis ravie que l’architecture, l’urbanisme et les femmes soient à l’honneur ce soir ; la lumière, c’est l’esthétisme et le pouvoir. » Sara Castagné, directrice générale, conceptrice lumière, Concepto : « Nous sommes mises en lumière ce soir et c’est gratifiant. Je souhaite partager ce trophée avec toutes les conceptrices lumière de plus en plus nombreuses ; rappelons qu’elles représentent aujourd’hui 50 % des adhérents à l’ACE. » Nathalie Coursière, responsable normalisation, Legrand, trésorière du Syndicat de l’éclairage : « Ce prix me fait plaisir à double titre, parce que je travaille à la fois sur la normalisation – qui n’est pas un sujet aussi rébarbatif qu’il n’y paraît mais un outil marketing stratégique de demain – et sur les produits et les applications de l’éclairage, ce qui me permet de mettre en relation deux univers qui ne se rencontrent pas forcément. » Patricia El Baâmrani, responsable Prescription IDF, Targetti : « C’est un moment émouvant car le travail d’ingénieur et de support back-office consiste souvent à rester derrière les équipes qui vont promouvoir la belle lumière. Continuons tous à œuvrer ensemble pour créer cette lumière. » Ourania Georgoutsakou, secrétaire générale, Lighting Europe : « Merci pour toutes ces belles aventures liées à cette formidable industrie et pour toutes celles qui nous attendent encore. » Agnès Jullian, présidente de Technilum : « Merci pour ce prix qui a permis de révéler les liens interprofessionnels que l’éclairage peut tisser et l’éventail des métiers de lumière représentés par les lauréates. » Carmen Munoz-Dormoy, directrice générale, Citelum : « Je remercie le Syndicat de l’éclairage pour ce prix qui m’a permis de constater que nous étions aussi nombreuses dans la profession de l’éclairage. Je suis ingénieur de formation et dois reconnaître que c’est un des métiers les plus gratifiants que j’ai pu exercer, car la lumière, c’est joli… » Enfin, terminons avec l’anecdote racontée par Nathalie Coursière : « Alors que nous allions commencer une réunion sur la normalisation européenne, un participant arrive en retard et salue l’assemblée d’un “Gentlemen !”. Mon voisin me fait alors ce commentaire, “Nathalie, great, you just got promoted !” »

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Lumières Sommaire

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ACTUALITÉS 06 A rrêté du 27 décembre 2018 relatif aux nuisances lumineuses 09 Lighting Days Awards 2019 : prix Femmes de lumière 10 L’industrie de l’éclairage à l’échelle européenne 12 Parole aux fabricants

Marcel Ragni, président de Ragni

13 Jean-Marc Vogel, président de Ledvance France 14 Marcel Masson, directeur général France de Zumtobel Group

25

© DR

15 Didier Petit-Brisson, fondateur et directeur de EAS Solutions

ENTRETIEN 16 S imon Deschamps, ingénieur et concepteur lumière, Studio Deschamps : Le concept lumière : une entité globale

PROJETS 19 I lluminations patrimoniales 2.0 22 La conception lumière s’invite en HLM à Maisons-Alfort

DOSSIER 25 Rénovation de l’éclairage dans le tertiaire 26 I nterview : Lionel Brunet, délégué général du Syndicat de l’éclairage, Pourquoi dépenser plus ? 27 La qualité retrouvée © RZB. Photo Caroline Ferraud

36 Enquête produits : Intelligence embarquée

43

39 DESIGNER Agathe Argod, Scène publique 40 SHOWROOM Zumtobel : S’approprier la lumière 43 CAHIER TECHNIQUE La lumière qui soigne 48 ZOOM Colonne Colmédia

PRODUITS 50 B.E.G. présente PD4-M-HCL, le détecteur de bien-être Sammode réédite Pierre Guariche 51 R agni redynamise l’éclairage urbain Citel propose un parafoudre pour systèmes d’éclairage à LED 53 Nouveaux produts

RENDEZ-VOUS

© toodtuphoto

58 Salons / Index

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Lumières Actualités

Arrêté du 27 décembre 2018 relatif aux nuisances lumineuses

C

et arrêté s’applique aux installations (art. 1er) : - a) d’éclairage extérieur destiné à favoriser la sécurité des déplacements, des personnes et des biens et le confort des usagers sur l’espace public ou privé, en particulier la voirie, à l’exclusion des dispositifs d’éclairage et de signalisation des véhicules, de l’éclairage des tunnels, aux installations d’éclairage établies pour assurer la sécurité aéronautique, la sécurité ferroviaire, la sécurité maritime et la sécurité fluviale ; - b) de mise en lumière du patrimoine, tel que défini à l’article L. 1 du Code du patrimoine, du cadre bâti, ainsi que des parcs et jardins privés et publics accessibles au public ou appartenant à des entreprises, des bailleurs sociaux ou des copropriétés ; -c ) des équipements sportifs de plein air ou découvrables ; - d) des bâtiments non résidentiels, recouvrant à la fois l’illumination des bâtiments et l’éclairage intérieur émis vers l’extérieur de ces mêmes bâtiments, à l’exclusion des gares de péage ; -e ) des parcs de stationnement non couverts ou semi-couverts ; - f) d’éclairage événementiel extérieur, constitué d’installations lumineuses temporaires utilisées à l’occasion d’une manifestation artistique, culturelle, commerciale, sportive ou de loisirs ; -g ) de chantiers en extérieur. Temporalité de l’éclairage (art. 2) (voir tableau ci-dessous) Des adaptations locales plus restrictives peuvent être prises par le préfet pour tenir compte de la sensibilité particulière aux effets de la lumière d’espèces faunistiques et floristiques ainsi que les continuités écologiques mentionnées à l’article L.371-1 du Code de l’environnement dans les conditions définies à l’article R.583-6. Les prescriptions relatives aux a), b), d), e) peuvent être adaptées lorsque ces installations sont couplées à des dispositifs de détection de présence et des dispositifs d’asservissement à l’éclairement naturel. Le maire peut déroger aux dispositions concernant l’extinction des installations d’éclairage visées aux b et d (sauf les façades de bâtiments) lors des veilles des jours fériés chômés et durant les illuminations de Noël. Le préfet peut déroger à ces dispositions lors d’événements exceptionnels à caractère local définis par arrêté préfectoral et dans les zones touristiques mentionnées à l’article L.3132-24 du Code du travail.

Le paragraphe VIII de l’article 2 prévoit que le cas échéant [sic], les gestionnaires d’installations d’éclairage puissent lancer une réflexion, avec les différents acteurs impliqués dans la lutte contre les nuisances lumineuses, sur les possibilités d’extinction de leurs installations [sans autre précision...]. Prescriptions pour installations mises en service après 2020 (art. 3) Installations

Flux lumineux

a) d’éclairage extérieur e) parcs de stationnement

- La valeur nominale de la proportion de lumière émise par le luminaire au-dessus de l’horizontale est strictement inférieure à 1 %, en agglomération et hors agglomération - Sur site, l’installation d’éclairage respecte les conditions de montage recommandées par le fabricant et assure une proportion de lumière émise au-dessus de l’horizontale strictement inférieure à 4 % (ces deux paragraphes s’appliquent aussi aux installations d’avant 2020 seulement si le réglage des luminaires est possible) - La proportion de flux lumineux émis dans l’hémisphère inférieur dans un angle solide de 3π/2 sr (angle solide équivalent à un cône de demi-angle 75,5°) par rapport au flux lumineux émis dans tout l’hémisphère inférieur (Code de Flux CIE n° 3) est supérieure à 95 %, en agglomération et hors agglomération (entrée en vigueur 1er janvier 2020)

a) d’éclairage extérieur d) bâtiments non résidentiels définis e) parcs de stationnement

Température de couleur La température de couleur ne dépasse pas la valeur maximale de 3 000 K en agglomération et hors agglomération (pour les installations situées dans le périmètre des sites d’observation astronomique listés dans l’arrêté du 27 décembre 2018, voir l’article 4)

Les installations lumineuses dont la proportion de lumière émise par le luminaire au-dessus de l’horizontale en condition d’installation est supérieure à 50 % sont remplacées par des luminaires conformes aux dispositions du présent arrêté au plus tard le 1er janvier 2025

Nouveauté de l’arrêté, la mention de « densité surfacique du flux lumineux » avec la définition suivante : « flux lumineux total des sources rapporté à la surface destinée à être éclairée », exprimée en lumens par mètre carré. Or, selon le Système international d’unités, « un flux lumineux de 1 lumen (lm) couvrant uniformément 1 mètre carré (m2) donne un éclairement de 1 lux ». Pourtant le mot « éclairement » n’est jamais utilisé dans

Installations

Allumage Extinction L’arrêté du 25 janvier 2013 relatif à l’éclairage nocturne des bâtiments non résidentiels, afin de limiter les nuisances lumineuses et les consommations d’énergie, a été abrogé le 29 décembre 2018

Entrée en vigueur le 1er janvier 2020 pour les installations lumineuses mises en service après cette date

a) éclairages extérieurs liés à une activité économique et situés dans un espace clos non couvert ou semi-couvert

- allumés à 7 heures du matin au plus tôt ou 1 heure avant le début de l’activité si celle-ci s’exerce plus tôt

- éteints au plus tard 1 heure après la cessation de l’activité

b) mise en lumière du patrimoine et parcs et jardins

- allumés au plus tôt au coucher du soleil

- au plus tard à 1 heure du matin ou, s’agissant des parcs et jardins, au plus tard 1 heure après leur fermeture

Pour les installations lumineuses mises en service avant le 1er janvier 2020 le 1er janvier 2021 (ne concerne que les installations qui ne requièrent pas la création d’un réseau d’alimentation séparé)

d) éclairages des bâtiments non résidentiels (illumination + éclairage intérieur émis vers l’extérieur)

- allumés au plus tôt au coucher du soleil - les éclairages de vitrines de magasins de commerce ou d’exposition sont allumés à 7 heures du matin au plus tôt ou 1 heure avant le début de l’activité si celle-ci s’exerce plus tôt

- les éclairages intérieurs de locaux à usage professionnel sont Le 29 décembre 2018 éteints au plus tard 1 heure après la fin de l’occupation de ces locaux et sont allumés à 7 heures du matin au plus tôt ou 1 heure avant le début de l’activité si celle-ci s’exerce plus tôt - les éclairages de vitrines de magasins de commerce ou d’exposition sont éteints à 1 heure du matin au plus tard ou 1 heure après la cessation de l’activité si celle-ci est plus tardive

e) parcs de stationnement annexés à un lieu ou une zone d’activité

- allumés au plus tôt au coucher du soleil et peuvent être rallumés à 7 heures du matin au plus tôt ou 1 heure avant le début de l’activité si celle-ci s’exerce plus tôt

- éteints 2 heures après la cessation de l’activité

g) éclairages des chantiers extérieurs

- allumés au plus tôt au coucher du soleil

- éteints au plus tard 1 heure après la cessation de l’activité

Mis en service avant le 1er janvier 2020 : le 1er janvier 2021 (ne concerne que les installations qui ne requièrent pas la création d’un réseau d’alimentation séparé)

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Lumières Actualités l’arrêté ! En revanche, ce sont bien des « lux » qui sont donnés pour la densité surfacique de flux lumineux pour les cheminements PMR. Installations

En agglomération (lm/m²)

Hors agglomération (lm/m²)

Éclairages extérieurs définis au a

< 35

< 25

Parcs et jardins définis au b

< 25

< 10

Bâtiments résidentiels définis au d

< 25

< 20

Parcs de stationnement définis au e

< 25

< 20

La densité surfacique de flux lumineux installé peut être diminuée durant la nuit, selon une plage horaire fixée par l’autorité compétente. Pour les cheminements extérieurs accessibles aux personnes à mobilité réduite ainsi que les parcs de stationnement extérieurs et leurs circulations piétonnes accessibles aux personnes à mobilité réduite, la densité surfacique de flux lumineux n’excède pas 20 lux [sic]. Les installations d’éclairage ne doivent pas émettre de lumière intrusive excessive dans les logements, quelle que soit la source de cette lumière. Autres dispositions (art. 4 et art. 5) L’article 4, relatif à certains espaces naturels, donne des indications concernant la proportion de lumière émise par le luminaire au-dessus de l’horizontale et les températures de couleur pour : - les installations définies au b et situées dans les sites d’observation astronomique listés dans l’arrêté du 27 décembre 2018 (texte 18), - les réserves naturelles et périmètres de protection et les parcs naturels régionaux et les parcs naturels marins mentionnés à l’annexe du décret du 12 juillet 2011. Les installations lumineuses de type canon à lumière, à faisceau fixe ou mobile, dont le flux lumineux est supérieur à 100 000 lumens, et les installations à faisceaux de rayonnement laser sont interdites dans les espaces naturels et dans le périmètre des sites d’observation astronomique, à l’exception des équipements nécessaires aux activités de ces observatoires (entrée en vigueur le 29 décembre 2018). Les installations d’éclairage visées à l’article 1er n’éclairent pas directement les cours d’eau, le domaine public fluvial (DPF), les plans d’eau, lacs, étangs, le domaine public maritime (DPM), sauf dans le cas de prescriptions du Code du travail concernant les professions de manutention portuaire et sauf pour des raisons de sécurité dans les zones de circulation et de stationnement en bordure de plans d’eau, pour un événement particulier ou dans le cadre d’une autorisation d’occupation temporaire du DPM ou du DPF. Afin de limiter la visibilité des points lumineux depuis la mer, toute nouvelle installation d’éclairage en zone littorale et visible depuis la mer ou la plage est orientée dos au DPM, et/ou équipée d’un dispositif masquant le point lumineux pour supprimer l’éclairage vers le DPM, et éclaire uniquement la surface terrestre utile (entrée en vigueur le 1er janvier 2020). L’article 5 stipule que le gestionnaire doit tenir à la disposition des agents réalisant les contrôles de conformité au présent arrêté les données techniques concernant les installations lumineuses dont il a la charge. Il doit également fournir les éléments permettant de vérifier la conformité des installations d’éclairage aux dispositions des articles 3 et 4. Le contrôle de la conformité des prescriptions définies à l’article 2 est réalisé visuellement par l’autorité compétente mentionnée à l’article L. 583-3 du Code de l’environnement. Pour les prescriptions définies à l’article 3, le contrôle peut être réalisé par mesure (température de couleur) et par calcul (flux lumineux installé moyen, code de flux CIE n° 3).

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Lumières Actualités

Lighting Days Awards 2019 Le Syndicat de l’éclairage et GL events, organisateur du salon Lighting Days, ont créé les Awards de la Lumière. Ce sont les femmes de la lumière qui ont été récompensées, celles qui œuvrent pour promouvoir les innovations, faire avancer les réglementations, réaliser des projets, mettre la lumière en lumière. Lionel Brunet, délégué général du Syndicat de l’éclairage, a remis les prix. Extraits. Marie-Pierre Alexandre, directrice générale de l’Association française de l’éclairage Dans un parcours professionnel cohérent, vous vous êtes engagée au sein de l’AFE, jusqu’à la diriger aujourd’hui. Vous ne niez pas cette addiction aux débats mettant en scène tout au long de ces années les plus grandes figures de l’éclairage en France : bataille d’Hernani ou tempête dans un bénitier ? Pour avoir été présent sur certains de ces champs de bataille, je vous reconnais bien volontiers une résilience peu commune, gage de votre sagesse acquise aujourd’hui et d’une fructueuse collaboration. Huguette Annas, architecte DPLG et expert lumière, EDF À un moment où certains tendent la sébile pour financer la rénovation des monuments historiques, d’autres, comme vous, sont dans l’action sur le terrain en mettant en valeur le patrimoine industriel d’EDF. Évoquons aussi votre activisme au sein de l’association internationale Womenability. Investie à parcourir les villes du monde pour analyser l’espace urbain par rapport au genre avec une même grille. Isabelle Arnaud, journaliste, traductrice et éditrice En deux mots, une « vraie plume » au service de notre métier. L’histoire de l’éclairage est un roman de familles tourmentées auquel vous avez participé de l’intérieur, au Centre d’information de l’éclairage d’abord, puis au Centre de formation de l’AFE et ensuite au sein de la revue Lux. Reste une fraîcheur dans votre approche des questions de notre métier qui vous permet de collaborer avec les fleurons de la presse professionnelle, sans oublier le Syndicat de l’éclairage comme cheville ouvrière de la collection « les Clés pour agir » de l’ADEME. Vous avez récemment relevé le défi en ressuscitant, en tant que rédactrice en chef, la revue Lumières qui, numéro après numéro, affine sa différence. Sara Castagné, directrice générale, conceptrice lumière, Concepto Est plasticienne celle qui recherche l’expression de la beauté par la reproduction ou la création de formes. De retour au bercail à l’agence Concepto, qui vous a formée à la mise en lumière, vous la dirigez aujourd’hui après son créateur Roger Narboni. Vous avez su aussi fédérer, en tant que présidente de l’ACE, vos alter ego dans la publication de ce manifeste de concepteurs lumière, bien en prise avec notre temps. Pour autant, le futur vous passionne, notamment la recherche médicale avec l’attente d’un homme « augmenté » qui disposerait de sa propre lumière intégrée. Nathalie Coursière, responsable normalisation, Legrand Dans la catégorie défenseur infatigable de la filière éclairage dans les instances normatives et professionnelles, ne se limitant pas au champ de compétences de l’éclairage de sécurité, vous êtes investie dans la gouvernance

d’organisations professionnelles nationales et internationales, comme IGNES ou Lighting Europe. Cette normalisation, crainte pour sa langue barbare aux acronymes multiples et par un processus abscons pour la plupart d’entre nous, ne peut s’apprécier qu’en buvant le calice jusqu’au bout. Vous êtes une de ces prêtresses qui a su vulgariser et mettre son savoir au service des ignorants que nous sommes. Patricia El Baâmrani, responsable Prescription IDF, Targetti Ingénieur éclairagiste, n’est-ce pas une vraie reconnaissance de la spécificité de notre métier par le monde universitaire et professionnel ? Vous avez toujours su communiquer votre passion du bel ouvrage, en rendant intelligibles les notions les plus ardues. Ce goût de la pédagogie vous vaut d’être sollicitée, comme récemment, au titre de présidente de la commission éclairage extérieur du Syndicat de l’éclairage. Aujourd’hui chez Targetti, j’espère que votre soif de partager vous laissera encore un peu de loisirs pour nous fréquenter. Ourania Georgoutsakou, secrétaire générale, Lighting Europe Polyglotte, douée d’un bon sens digne d’une fille de la terre, le Péloponnèse, avec un pouvoir de conviction inégalé, vous êtes une des influenceuses qui comptent depuis un certain temps à Bruxelles. Aujourd’hui porteuse de notre cause dans la définition du futur de notre métier en Europe, vous invitez à l’action en pointant l’insuffisance d’une posture qui se limiterait à la sphère du virtuel des réseaux sociaux. Agnès Jullian, présidente de Technilum À la tête de Technilum, fabricant de mobilier d’éclairage urbain, vous semblez aimer observer et jongler au cours d’échanges intellectuels en matière d’enjeux urbains avec tous ceux qui peuvent vous inspirer. Cette marque de fabrique vous a ouvert les portes des plus beaux espaces du monde, comme l’Arche de La Défense ou le Metropolitan Museum à New York. Engagée dans la French Fab, reconnue par cet autre label des Entreprises du patrimoine vivant, vous incarnez une icône de la French Touch. Carmen Munoz Dormoy, directrice générale, Citelum Vous êtes très impliquée au sein de l’association Elles Bougent, dont le but est de promouvoir la féminisation des métiers d’ingénieur. C’est probablement pour transmettre votre expérience après votre double diplôme Polytechnique Madrid et Centrale Paris. Cette biculture sonne à nos oreilles comme une invitation à ne pas nous refermer sur nos stéréotypes que certains ont pu qualifier de gaulois. C’est aussi ce plus qui vous a permis de franchir ces plafonds de verre invisibles à ceux dont le genre a donné une assurance originelle bien tranquille. LUMIÈRES N° 26 - MARS 2019 - 9

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L’industrie de l’éclairage à l’échelle européenne Au cours des mois et des années à venir, l’Union européenne va lancer un certain nombre d’initiatives politiques qui auront un impact important sur les modèles économiques des entreprises de l’industrie européenne de l’éclairage.

A

fin de réduire les risques et d’ouvrir les opportunités, LightingEurope (LE) s’engage auprès des décideurs à les aider à mettre en place le cadre stratégique approprié. Sans une voix claire à Bruxelles, l’industrie risque d’être victime d’une réglementation mal informée. Compte tenu de l’éventail des différentes initiatives stratégiques en cours ou sur le point d’être lancées, le risque potentiel est maintenant plus grand que jamais. Les règlements relatifs à l’énergie et à l’environnement sont toujours les plus pertinents et les plus nombreux, notamment ceux régissant l’utilisation de substances dangereuses, la durabilité et la réparabilité, visant à réduire les déchets qui aboutissent dans les décharges, sur l’efficacité énergétique, l’étiquetage énergétique et l’éco-conception. Ajoutons la réglementation dans les domaines du numérique et des données économiques, qui a une incidence sur un large éventail d’industries qui s’adaptent toutes pour tirer parti du potentiel offert par l’émergence du Big Data et de l’Internet des objets (IoT). Dans un environnement législatif aussi complexe, l’industrie de l’éclairage peut apprendre d’autres industries telles que l’automobile, l’électronique grand public et les appareils électroménagers, comment elles ont été affectées, par exemple, par les exigences du marquage CE ou les nouvelles règles de protection des données.

Une économie circulaire : à certaines conditions Mais en ce qui concerne la protection de l’environnement, l’industrie de l’éclairage montre souvent la voie. Pratiquement aucune autre industrie n’a fait plus pour optimiser l’empreinte écologique des produits qu’elle fabrique. La technologie LED a permis de réaliser des économies d’énergie supplémentaires et, associée aux systèmes d’éclairage, elle offre encore plus de possibilités. Il en va de même pour la facilité d’entretien et « l’économie circulaire ».

L’une des quatre boucles du cercle concerne l’entretien des produits en service afin d’en prolonger la durée de vie technique et économique et qui permet d’évoluer vers un modèle commercial basé sur des contrats de services plutôt que sur des contrats de fournisseurs de produits. Cette tendance n’en est encore qu’à ses débuts et elle est particulièrement évidente dans les aéroports, les entrepôts, et en éclairage public. Elle crée de nouvelles opportunités pour les professionnels qui offrent à leurs clients une valeur ajoutée par le biais de services de surveillance et de maintenance et établissent des relations plus solides avec eux. L’UE s’est dotée d’un plan d’action spécifique pour l’économie circulaire et cherche à promouvoir davantage de produits et de modèles commerciaux circulaires en Europe. Ce n’est pas qu’une question de facilité d’entretien, et ce n’est pas qu’une bonne nouvelle : certains éléments du plan d’action de l’UE posent de sérieux défis à de nombreux acteurs du secteur. Par exemple, certains décideurs politiques de l’UE préconisent des produits à plus longue durée de vie, faciles à réparer et à recycler, demandent des produits modulaires qui peuvent être ouverts et dont les composants peuvent être facilement séparés et remplacés par le client. Une proposition visant à rendre obligatoire l’enlèvement des sources lumineuses et des ballasts a été introduite dans un projet de règlement relatif à l’efficacité énergétique des produits d’éclairage. Cela pose des problèmes à de nombreux fabricants qui construisent des luminaires robustes et étanches conçus pour des conditions extrêmes, ou des luminaires LED domestiques dont la source lumineuse à longue durée de vie ne peut pas être enlevée ni remplacée. Citons aussi les fabricants de meubles ou d’appareils électroménagers qui intègrent des sources de lumière et des ballasts dans leurs produits (par exemple, meubles de cuisine, de salle de bains).

Exigences d’amovibilité des sources et composants Rendre obligatoire la possibilité de retirer les sources lumineuses et les ballasts de tous les produits, quelle que soit l’application à laquelle ils sont destinés, serait une grave erreur. Bien que les membres de LE souscrivent pleinement aux objectifs de l’économie circulaire, les acteurs individuels doivent être autorisés à choisir la technologie, la conception et le modèle d’affaires de leurs produits dans le cadre d’une économie circulaire. LE a indiqué clairement que si certaines exigences obligatoires sont acceptables, les décideurs politiques de l’UE doivent éviter d’adopter une approche unique en matière d’amovibilité et de conception circulaire des produits. LE a expliqué pourquoi il ne serait pas souhaitable d’exiger que tous les luminaires soient équipés de sources lumineuses amovibles, quels que soient l’endroit et la manière dont ils sont utilisés. Dans certaines circonstances, l’amovibilité imposée irait à l’encontre des intérêts des consommateurs et dans d’autres cas – comme un luminaire étanche à l’air et à la poussière dans un tunnel routier –, il pourrait même être dangereux d’insister pour que les sources lumineuses soient rendues amovibles. LE demande des orientations claires de la part des législateurs et préconise une approche de l’amovibilité qui soit pleinement conforme à la position développée au sein de l’organisme de normalisation CEN-CENELEC qui exige l’amovibilité seulement aux fins de vérification par les autorités de surveillance du marché et de recyclage en fin de vie des sources lumineuses et du luminaire, tous composants inclus.

Disparition progressive des anciennes technologies Outre la question de l’amovibilité, LE a exhorté les décideurs à ne pas fixer de délais stricts pour le retrait du marché des technologies d’éclairage autres que la LED (halogènes, fluorescentes T8, CFL, T5, HID), ou des lampes à usage spécial. L’abandon progressif de ces produits est un autre aspect de l’économie circulaire de l’UE qui souhaite éliminer les substances dangereuses risquant de nuire aux personnes et à l’environnement. Actuellement, les lampes conventionnelles font l’objet de deux processus européens distincts. Les lampes contenant du mercure telles que les T8, CFL, T5, HID et les lampes à usage spécial sont menacées par une initiative légis-

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lative parallèle sur la restriction des substances dangereuses. La direction de l’environnement de la Commission européenne se demande s’il y a lieu de renouveler les exemptions de RoHS pour la plupart des lampes conventionnelles et pourrait décider d’interdire du marché beaucoup de ces produits et plus rapidement que dans la proposition énergétique (qui prévoit une élimination progressive jusqu’en septembre 2021), c’est-à-dire d’en retirer davantage et même avant 2020. LE demande aux décideurs politiques de réaliser une analyse d’impact détaillée sur l’élimination des produits, et en particulier sur l’économie circulaire, avant la prochaine révision des règlements d’éco-conception qui devrait commencer vers 2024. Deux autres défis réglementaires sont à l’étude en Europe : le développement d’un système de notation pour évaluer la capacité à réparer et – le cas échéant – à améliorer les produits. Pour

l’instant, cette initiative exclut les luminaires, mais il est tout à fait possible que le système de notation de réparabilité devienne obligatoire et puisse être étendu à l’éclairage. L’autre défi est le cadre de la politique des produits de l’UE. Cette vaste initiative examinera les options et les actions potentielles pour adopter un cadre politique plus cohérent à partir des différents volets de la politique des produits de l’UE dans leur contribution à l’économie circulaire. Il comprendra notamment une analyse de l’utilisation des produits chimiques à toutes les étapes de la fabrication et leur impact sur le recyclage et la réutilisation des matériaux. Elle examinera s’il y a lieu d’utiliser les redevances pour les marchés publics écologiques et la responsabilité élargie des producteurs afin de booster les produits circulaires et d’inciter les consommateurs à les choisir. Les deux initiatives à venir s’inscrivent dans le cadre du Plan économie circulaire. Il est peu

probable que la Commission actuelle prenne des mesures concrètes dans l’un ou l’autre cas, au-delà des consultations qu’elle a lancées, laissant à la prochaine Commission le soin de l’examiner à partir de 2020. L’industrie de l’éclairage, notamment LightingEurope, doit collaborer avec les décideurs politiques pour transformer les initiatives politiques actuelles en opportunités commerciales et pour éviter le risque d’erreurs graves qui pourraient nuire aux entreprises du marché européen de l’éclairage. n

www.lightingeurope.org

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Lumières Parole

aux fabricants

© Franz Chavaroche

Ragni exporte le « fabriqué en France » En 2017, alors que l’entreprise fête les 90 ans de sa création, elle se voit attribuer le label Entreprise du Patrimoine Vivant. Cette distinction délivrée par l’État distingue les métiers rares et les savoir-faire d’excellence. Marcel Ragni, président de la société et troisième génération du nom, ambassadeur de la French Fab pour les Alpes-Maritimes, nous raconte l’ascension de cette entreprise familiale spécialisée en éclairage public.

Comment Ragni est-elle passée de la ferronnerie d’art à la fabrication de mâts et de luminaires d’éclairage public ? Marcel Ragni – L’histoire a commencé avec l’arrivée de mon grandpère, Victor Ragni, à Cagnes-sur-Mer, en 1927. Immigré italien, ferronnier d’art, il installe son atelier aux Vespins, au Cros-de-Cagnes. Il est rejoint en 1936 par son fils Joseph, qui donne, après la guerre, une première impulsion à l’atelier en apportant une dimension plus artistique au métier et en diversifiant les modèles fabriqués. Ses enfants Victor et Roger rejoignent à leur tour l’entreprise, respectivement en 1956 et 1959, et créent ensemble une société de fait. Quant à moi, j’intègre l’entreprise en 1971. En 1974, nous faisons construire l’usine du Vallon des Vaux et créons la SARL Ragni Frères, qui compte désormais cinq frères et sœurs. Au début des années 70, Ragni est le premier fabricant français de lanternes traditionnelles à utiliser de l’inox pour remplacer l’acier zingué. En 1989, nous rachetons les modèles et les droits de l’entreprise Clarel, jusqu’ici la référence en matière d’éclairage fonctionnel, et en 1993, c’est au tour des modèles de Soldi e Scati, un fabricant italien. À ce moment-là, Ragni se dote d’un service Recherche et Ingénierie appliquée au développement de nouveaux luminaires, et d’un laboratoire de photométrie qui permet de développer, dès 1995, le département export avec la création d’une équipe dédiée à la conquête de l’Europe, de l’Afrique et du Moyen-Orient. En 2004, Ragni devient une SAS et la quatrième génération prend le relais, avec mes deux nièces, Sandra et Stéphanie, et mes deux fils, Jean-Christophe et Stéphane. Si Ragni a su trouver sa place dans le secteur de l’éclairage, c’est grâce à son savoirfaire, cette âme d’artisan qui lui a garanti également une grande faculté d’adaptation, en particulier lors du passage à la technologie LED. Est-ce que la LED a représenté un virage difficile à prendre ? Non, pas pour nous. Dès 2005, nous présentions des produits pour remplacer les anciennes sources telles que les lampes à vapeur de mercure, puis les lampes sodium et enfin les lampes aux iodures métalliques. La principale difficulté à l’époque consistait surtout à maîtriser la dissipation de la chaleur et à proposer des performances photométriques avec des optiques adaptées à la LED. Notre bureau d’études et notre département R&D poursuivent leurs investigations pour proposer des solutions innovantes. L’industrie de l’éclairage connaît une grande transformation, notamment en ce qui concerne l’extérieur. L’éclairage public affiche son

intelligence avec des systèmes qui communiquent entre eux et avec d’autres usages. Nous devons suivre cette évolution, anticiper les besoins des communes afin d’être prêts à fournir les solutions à même de répondre à la demande le moment venu. Cette réflexion requiert de notre part une constante remise en question et surtout une écoute de tous les instants. Il y a une différence entre perpétuer un savoir-faire et rester enfermé dans la tradition ; nous devons avancer avec la technologie et aller de l’avant en intégrant le plus possible l’intelligence dans nos produits, afin d’en garantir des performances élevées. Il en va de même pour la réglementation, c’est notre rôle d’accompagner nos clients de façon pédagogique et de traduire ce que le législateur a voulu mettre en place. Vous faites allusion à l’arrêté du 27 décembre 2018 relatif aux nuisances lumineuses ? N’est-ce pas là un exemple typique d’une législation confuse, ou tout au moins peu explicite ? Oui, il nous est arrivé de prendre peur à la première lecture d’un texte réglementaire dont celui-là, notamment. Mais nos discussions et échanges au sein du Syndicat de l’éclairage ou de Lighting Europe nous permettent d’analyser, de comprendre et de traduire cette réglementation afin de développer des luminaires qui répondent aux nouvelles exigences. C’est en somme le meilleur moyen pour contrer des produits exotiques qui arrivent sur le marché européen et pour offrir des arguments professionnels à nos clients lorsque nous lançons des produits innovants comme la colonne multifonction Korner. Cette solution prolonge la tradition des produits Ragni adaptables et personnalisables en regroupant cette fois de nouvelles fonctionnalités liées à la transformation des infrastructures urbaines. Tantôt colonne design, tantôt outil de communication, Korner est un support d’éclairage dynamique, qualitatif et atypique, au service de l’humain dans l’espace urbain. Elle constitue l’illustration de notre savoir-faire, qui nous permet d’aller au-delà des frontières et de nous faire connaître aux USA, en Afrique, et en Europe centrale. Cette volonté de développement permanent nous assure une croissance liée à l’export tout en conservant notre âme de fabricant français, comme le démontrent les travaux d’agrandissement de nos locaux actuels. Tous ces développements ne nous font pas oublier que l’humain reste au centre de tous les débats et surtout au cœur de nos préoccupations. Propos recueillis par Isabelle Arnaud

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© Rainer Häckl

Ledvance fait avancer la lumière

Comment Ledvance a-t-elle construit son indépendance et son succès ? Jean-Marc Vogel – De fabricant de lampes traditionnelles, Ledvance est devenue, en deux ans, un des plus grands acteurs de l’éclairage général LED. Notre réussite est due au développement bien planifié de notre portefeuille de luminaires, en particulier dans le circuit professionnel, comme on a pu le démontrer sur le salon Light and Building de 2018, mais aussi lors de salons régionaux et mondiaux, de campagnes marketing marquantes, au travers d’échanges avec de nouveaux clients, via les études de projets, des formations sur les produits, des initiatives au niveau du commerce en ligne, tous soutenus par notre fonction support, qui a un écho formidable dans l’industrie. Nous avons mis l’accent sur des actions auprès de clients existants et de futurs partenaires, sur des lancements de produits, sur le développement du commerce électronique et de projets, et sur l’accélération du numérique. Le portefeuille de nos solutions est bien sûr en constante évolution, avec une attention particulière portée sur la qualité et à la fonctionnalité de nos produits qui se trouvent au cœur de nos développements : elles ont un impact majeur sur la valeur ajoutée que nous pouvons apporter. Ledvance propose désormais une offre complète pour l’éclairage général  : les LED et les technologies traditionnelles, les luminaires, les lampes et les composants, et nous continuons bien évidemment d’investir dans l’innovation. Quelles sont les dernières innovations, par exemple ? Sur ce marché disruptif et particulièrement concurrencé, seule une différenciation par l’innovation nous permettra d’amener de nouvelles fonctionnalités à nos produits. Trois centres de R&D sont répartis dans chaque grande région avec des responsabilités bien définies. En Europe, la R&D porte essentiellement sur le développement de produits de haute technologie comme le Human Centric Lighting (HCL : autrement dit de l’éclairage centré sur la personne) ou la LED, combinant notre savoir-faire historique et notre vision de l’avenir. L’innovation produit constitue un axe majeur pour améliorer le confort quotidien des utilisateurs sur leur lieu de travail et dans leur vie privée, et permet d’économiser l’énergie de façon substantielle. Prenons l’exemple du HCL. On fait souvent référence à la qualité de l’eau ou de l’air que nous respirons, en revanche, nous n’avons pas encore pris conscience de l’impact de la qualité de la lumière. Or, la science a récemment prouvé le rôle et l’effet de la lumière sur notre comportement et notre bien-être. Le Human Centric Lighting contrôle essentiellement la bonne quantité (l’intensité) et la qualité (distribution de fréquence sur le spectre de la lumière) selon une courbe circadienne ou une horloge interne afin de procurer bien-être et confort pendant toute la journée. Nous travaillons sur ce concept afin que le Human Centric Lighting fasse partie intégrante de l’éclairage général.

Jean-Marc Vogel, président de Ledvance France et managing director Europe, fait le point sur l’ascension de l’entreprise depuis sa scission avec Osram. Née il y a deux ans à peine, mais forte d’une expérience de près de 100 ans, Ledvance mise sur deux axes de développement majeurs : l’innovation et la qualité produit. Vous avez évoqué le numérique. En quoi la digitalisation impacte-t-elle l’éclairage ? La digitalisation et la gestion des données sont des domaines de développement essentiels et stratégiques et deviennent donc un avantage concurrentiel durable pour une entreprise. La digitalisation de la lumière ouvre une multitude de champs possibles telle la transmission de données dans un monde de plus en plus connecté. Cela soutiendra, par exemple, le concept de « lumière en tant que service » et inclut la collecte d’informations par le biais de capteurs intelligents pour une utilisation intelligente de la lumière ou la maintenance préventive, pour ne mentionner que quelques applications rendues possibles par les technologies numériques. Ledvance considère l’éclairage intelligent comme un moyen idéal pour les consommateurs de se lancer dans le monde des « maisons intelligentes ». Cependant, pour conquérir les consommateurs, l’éclairage intelligent doit avant toute chose être simple. Par ailleurs, il doit être facile à intégrer dans un système de maison intelligente et facile à utiliser pour créer instantanément une atmosphère plus confortable. L’évolution de nos produits doit suivre celle des besoins de nos clients. Comment ces besoins ont-ils changé ? Actuellement, les clients ont accès à de nombreuses informations, à la vitesse de la lumière pour ainsi dire. Ils peuvent comparer des données provenant de différentes sources et sont devenus plus exigeants en matière de prix, de services. D’un autre côté, avec cette importante quantité d’informations disponibles, la complexité augmente. Les clients rencontrent souvent des difficultés pour faire leur choix parmi les larges gammes d’offres. C’est pourquoi ils recherchent des partenaires capables de répondre rapidement à leurs besoins et de les soutenir techniquement et commercialement dans cet environnement digital. Depuis la scission avec Osram, en passant par les différentes étapes de la directive européenne bannissant les lampes halogènes énergivores, nous avons su prouver que nous étions un acteur solide, avec une réelle faculté à développer rapidement notre portfolio afin de proposer à nos clients des solutions adaptées à leurs demandes et pour quasiment toutes les configurations et applications. La lumière est un marqueur technologique et sociétal qui affecte de nombreux aspects de nos vies. Peu importe à qui vous vous adressez, de l’architecte au physicien, en passant par le concepteur et l’ingénieur, chaque personne travaillant avec la lumière peut vous parler de l’engouement, de l’émotion et de la fascination qui y sont associés. C’est l’adaptabilité et l’écoute de Ledvance qui ont marqué cette ascension, l’une des plus rapides sur le marché ces deux dernières années en termes de développement de solutions. Propos recueillis par Alexandre Arène

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© Studio Falour

Zumtobel Group : remettre la culture de l’éclairage au premier plan Nommé en septembre 2018 au poste de directeur général France de Zumtobel Group, Marcel Masson a exercé durant plus de 20 ans des fonctions de direction au sein de grands groupes internationaux, dans le domaine du bâtiment et de la construction. Rompu à l’exercice managérial et aux stratégies de développement des entreprises sur des marchés compétitifs, il a aujourd’hui pour objectif de consolider les relations entre ses différentes marques, les prescripteurs et les clients finaux, pour renforcer la place de l’éclairage dans les projets de construction.

Vous êtes à la tête de Zumtobel Group en France depuis quelques mois maintenant. Quel premier bilan tirez-vous de cette période ? Marcel Masson – Je suis agréablement surpris de ce que j’ai découvert. Il s’agit d’un groupe affichant un très haut niveau d’exigence, une forte ambition, et très attaché à la qualité de ses produits ainsi qu’à ses racines européennes. Le marché de l’éclairage continue d’être chahuté par les entreprises asiatiques, très présentes sur le secteur de la LED. Sauvegarder et consolider cette image de qualité et cette exigence représentent donc un défi important. Pouvez-vous nous présenter les différentes marques du groupe Zumtobel et leurs principales caractéristiques ? Le groupe compte cinq marques, dont deux principales : Zumtobel, spécialiste de l’éclairage holistique et connu pour la qualité de l’éclairage et le design, mais également pour ses solutions de gestion. Thorn, marque généraliste, propose des produits techniques qui couvrent un large champ d’applications d’éclairage intérieur et extérieur, notamment l’éclairage routier, urbain ou encore les projecteurs extérieurs, pour les environnements sportifs, logistiques et industriels. THORNeco, l’offre access de Thorn, qui regroupe les produits dédiés à la distribution, avec des prix d’entrée de gamme et des solutions simplifiées destinées aux installateurs. acdc, d’origine anglaise, est spécialisée dans la mise en lumière des façades. Enfin, le groupe dispose de Zumtobel Group Services (ZGS), qui rassemble les solutions de gestion et de connectivité de l’éclairage, principalement pour les marques Zumtobel et Thorn. Quelle stratégie allez-vous appliquer dans les mois et les années à venir ? Nous allons mettre en place une stratégie de spécialisation dans l’approche client. Le marché de l’éclairage est actuellement très segmenté et s’adresse à des interlocuteurs bien différents selon la typologie de projet et les acteurs en jeu. Par exemple, le groupe est positionné sur trois marchés distincts : la prescription sur des chantiers techniques à haute valeur ajoutée, l’éclairage extérieur et la distribution professionnelle. Nous souhaitons adapter notre approche aux demandes bien particulières de ces trois marchés tout en intensifiant notre présence par trois biais distincts : affirmer notre ADN et notre savoir-faire, mettre à profit les différents outils marketing à notre disposition et renforcer notre stratégie

commerciale. Nous souhaitons également créer davantage de synergies entre nos trois marchés, de manière à accompagner nos clients au mieux et répondre à leurs besoins de la manière la plus précise possible. De quelle manière allez-vous renforcer vos relations avec la prescription, et plus particulièrement avec les architectes et les concepteurs lumière ? En 2018, nous avons restructuré notre showroom de la rue d’Uzès, à Paris, pour en faire un véritable centre lumière, lieu de formation et d’information pour nos clients. Dans ce lieu sont regroupées les différentes marques du groupe, comme un trait d’union entre nos différents marchés. L’objectif de cette restructuration était de créer un lieu de rencontre entre le groupe Zumtobel, les prescripteurs et le client final, dans l’optique de promouvoir nos produits d’éclairage et nos solutions de gestion. De plus, nous allons augmenter le nombre de voyages thématiques, notamment vers notre siège de Dornbirn, en Autriche, et organiser des conférences en régions. Notre principale mission consiste à développer un dialogue constructif avec les architectes et les concepteurs lumière et à rendre ses lettres de noblesse à l’éclairage, qui est un métier trop souvent banalisé ou mis de côté lors des projets architecturaux. Depuis de nombreuses années, ce marché a subi une déviation des règles et des normes et a été grandement perturbé par l’arrivée de nouveaux entrants. Dans ce contexte, nous souhaitons apporter de la culture sur le sujet de la lumière et cette connaissance passe obligatoirement par les prescripteurs, qui, en dialoguant avec les autres parties prenantes des projets et les clients finaux, remettent cette culture de l’éclairage à sa juste place. Notre volonté est donc de faire un important travail de pédagogie et de nouer des relations de travail fortes avec les architectes et les concepteurs lumière, en vue de faire avancer la profession tout entière. Propos recueillis par Alexandre Arène

Zumtobel Group en chiffres : - Chiffre d’affaires : 1 197 millions € (éclairage et composants 2017/18) - Nombre d’employés : 6 224 (2017/18) - R&D : 6,1 % du CA (2017/18) - Implantation : 11 sites de production dans le monde

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EAS Solutions : 10 ans d’innovations Didier Petit-Brisson, après une expérience de 22 ans dans les composants électroniques, mise sur le potentiel de la technologie LED pour moderniser l’éclairage professionnel traditionnel très énergivore et crée EAS (Energies & Alternatives Solaires) Solutions en janvier 2009. Aujourd’hui, il dresse le bilan de l’entreprise qui a su rester à l’écoute de ses clients.

Comment l’histoire d’EAS Solutions a-t-elle démarré ? Didier Petit-Brisson – En 2009, EAS arrive sur le marché de l’éclairage et s’installe à Floirac (Gironde) où nous nous trouvons encore aujourd’hui. En 2010, je m’associe avec Pascal Perreau, directeur technique et en 2015 avec Pascal Le Pallec, directeur commercial. Nous avons commencé à travailler avec des clients que je connaissais et qui m’ont fait confiance. L’entreprise a rapidement élargi son portefeuille produits afin de répondre aux besoins de notre clientèle qui, dès le début, se composait de nombreux groupes leaders de l’industrie, l’aéronautique, la distribution, l’agroalimentaire, l’industrie pharmaceutique, l’énergie, les transports et les services. EAS Solutions fabrique tout en France ? Nous concevons en interne des gammes de produits d’éclairage LED en travaillant avec des fabricants mondiaux performants. Un accord de cobranding est notamment mis en place avec Osram Opto Semiconductors. EAS Solutions distribue les produits de Digital Lumens (division du groupe Osram), Innolumis et Dialight. Tous les luminaires de notre marque EAS Solutions sont développés par nos équipes. Les pièces qui les composent sont fabriquées et assemblées en France, permettant ainsi d’offrir des garanties commerciales allant de 3 à 10 ans. Depuis plusieurs années, nous proposons des solutions à forte valeur ajoutée, avec notamment des produits à intelligence embarquée, qui allient éclairage connecté, capteurs IIoT (industrial Internet of things) et logiciels pour intégrer des bâtiments intelligents de nouvelle génération. Quelle stratégie allez-vous appliquer dans les mois et les années à venir ? L’éclairage LED intelligent offre de nouvelles opportunités aux entreprises en matière de contrôle et de rationalisation des coûts et permet de réduire de façon drastique les dépenses énergétiques. Il contribue à augmenter l’efficacité, la productivité et la sécurité au sein d’un bâtiment tout en améliorant le bien-être de ses utilisateurs. La décennie à venir va nous permettre d’optimiser encore ces solutions d’éclairage LED intelligent en nous appuyant sur un réseau de communication de luminaires LED interconnectés qui s’inscrit directement dans le monde des usines 4.0. www.eas-solutions.fr

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Simon DESCHAMPS Ingénieur et concepteur lumière Studio Deschamps

Le concept lumière : une entité globale Parcours • • • Dans un premier temps, Simon Deschamps opte pour une formation approfondie au sein de l’école d’ingénieur de Poitiers : l’Ensip, spécialisation Éclairage. Admiratif du métier de directeur photo de cinéma, qu’il considère comme faiseur d’ombres et de lumières de haute technicité, il s’oriente naturellement vers la conception lumière. Simon Deschamps prend ses marques au sein de Vinci Energies en tant que concepteur et installateur pendant deux ans : il est ainsi à l’origine de nombreuses mises en lumière, notamment la scénographie lumineuse d’envergure sur la place de la Victoire à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, en 2006. À la suite, il effectue plusieurs missions au sein d’agences de conception lumière parisiennes. En 2010, il crée son agence indépendante, Studio Deschamps, à Clermont-Ferrand puis à Paris, avec un regard aiguisé sur des notions de scénographie, de vision et d’architecture. Ces projets ont pour objectifs d’explorer et d’œuvrer pour une lumière qualitative.

En qualité d'ingénieur en éclairage et concepteur lumière, Simon Deschamps intervient aussi bien dans des applications intérieures qu’extérieures, associant les notions à la fois de dialogue architectural et de scénographie lumineuse, comme il le décrit à travers deux exemples majeurs : le cinéma Studio Ferry à Agen et le théâtre du Châtelet récemment rénové. Vous refusez qu’on vous inscrive dans une démarche catégorielle et préférez la pluridisciplinarité à la singularité compartimentale éclairage intérieur ou extérieur. Je trouve en effet plus intéressant de réfléchir à la narration lumineuse sur l’ensemble du projet que sur une fraction, ma formation d’ingénieur en est sans doute la cause. Un des premiers projets d’envergure fut la conversion d’une grande caserne et son parc en école d’infirmières. En plus du volet patrimonial, l’agence ACA Architectures souhaitait une affirmation forte de ce nouvel usage par la lumière. Pour suggérer le caractère médical, mes recherches ont convergé vers l’utilisation d’une matière évocatrice des luminaires de salles d’opération : le PMMA prismatique. Les suspensions des grandes salles, les plafonniers de l’escalier et les projecteurs des couloirs en sont équipés, ceci répond également aux problématiques croisées de valorisation patrimoniale,

de confort et d’efficacité lumineuse. Un système de réflecteur d’éclairage naturel a été expérimenté et construit sur ce principe pour l’amphithéâtre. En écho extérieur, nous avons dessiné, avec le paysagiste, un concept d’implantation de mâts à végétation grimpante équipés d’un luminaire à vasque prismatique, cette astuce évitait que la plante grimpante ne vienne obstruer la lampe. À réflexion globale, réponse globale. À l’instar de la réhabilitation d’une ancienne école en cinéma à Agen, qui fut quasiment ma première réalisation culturelle. Le projet comprenait également une lecture à la fois intérieure et extérieure du bâtiment ? Le bâtiment se divise en deux : d’une part, les salles de cinéma et d’autre part, les espaces publics : bar associatif ; accueil et une cour extérieure. J’ai imaginé l’éclairage de la salle au moment où on y pénètre lorsque le générique a déjà commencé : la salle est sombre, il est essentiel de distinguer

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Comme votre intervention dans le cadre de la rénovation du théâtre du Châtelet ? En effet, l’agence d’architecture Pumain et Christian Laporte m’ont missionné pour mettre en lumière la façade, les coursives, la grande salle, le vestibule, le foyer et les circulations. Les travaux avaient pour objectif de moderniser le théâtre, tant en ce qui concernait la dimension architecturale et patrimoniale que technique, fonctionnelle et scénographique. Un important programme de mise en accessibilité a été entrepris dans le théâtre, comprenant la rénovation et la mise aux normes de l’ensemble des installations techniques, tout comme l’amélioration de la scénographie. Sur la grande salle, l’éclairage a

Votre métier change ? Comment voyez-vous son évolution ? Le travail sur la lumière a fait du chemin dans le bon sens. Les architectes et paysagistes ont pris conscience du potentiel d’intégration du matériel LED, sans avoir la maîtrise de sa diffusion lumineuse et de son design. À cette perspective, notre profession s’articule pour sensibiliser l’ensemble des acteurs à cet enjeu lumière. C’est dans cet esprit que je souhaite développer mon travail sur le design afin de proposer un éclairage novateur qui réponde en même temps aux exigences et au côté fonctionnel. n Propos recueillis par Isabelle Arnaud

Cinéma d’Agen.

© Studio Deschamps

Aborder l’éclairage dans sa globalité est un passage obligé pour vous ? Passage obligé, peut-être pas, mais essentiel et cohérent, oui : avec la volonté de dialoguer avec l’architecte sur la meilleure solution technique à apporter. Bien souvent, les intervenants sont multiples, entre le paysagiste, l’architecte, le scénographe, l’éclairagiste et l’installateur, chacun joue son propre rôle sans avoir une vision d’ensemble du projet, ce qui est très frustrant. Cela fait partie de mon travail de sensibiliser les agences d’architecture à la nécessité de travailler l’éclairage dans tous les espaces et d’apporter une réponse réfléchie en adéquation avec le projet architectural pour lui donner vie grâce à la lumière, comme une respiration. J’aime travailler sur des entités lumineuses, en incluant dans un deuxième temps la partie scénographique, que je développe avec plaisir et ambition et ce, autant sur des projets purement fonctionnels qu’artistiques.

été accentué sur les surfaces par des encastrés disposés dans le plafond staff sous les balcons, et la verrière sera rétroéclairée en DMX pour redonner un aspect zénithal et majestueux à cette grande salle. L’éclairage incandescent de la salle a ainsi été remplacé par des appliques à LED en périphérie, avec variation possible jusqu’à 0 % pour répondre aux besoins de théâtralisation. Ce programme de rénovation patrimoniale implique également l’extérieur du bâtiment, façades, toitures et corniches hautes, auxquelles la mise en lumière redonne du volume, un aspect monumental et volumétrique, notamment aux sculptures. Finalement, il n’est pas très difficile d’associer les deux aspects, intérieur et extérieur, à l’étude d’éclairage : ils sont le plus souvent liés par l’histoire et l’architecture du bâtiment.

Théâtre du Châtelet. Architecte Philippe Pumain. Architecte du patrimoine Christian Laporte.

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la circulation, j’ai exploité ce contexte et réalisé un phénomène lumineux sur les contremarches. Chacune d’elles est éclairée par un encastré muni d’un miroir sans tain qui crée des tubes de lumière se reflétant à l’infini. La sensation visuelle et les effets d’optique sont saisissants. Dans une forme simplifiée, j’ai décliné ce principe pour l’éclairage latéral des murs. L’extérieur, une cour reliée au bar par une terrasse, a été traité comme un lieu de vie et de détente ouvert et accessible en permanence de façon ludique avec des projecteurs dotés de trois teintes : blanc chaud, bleu cyan et bleu profond qui superposent des ombres de trois teintes différentes. La façade, quant à elle, a été éclairée de façon à révéler les détails patrimoniaux de l’ancienne école.

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ILLUMINATIONS PATRIMONIALES 2.0 Le dispositif Lumi-R, élaboré par l’agence Concepto est une application dédiée à la mise en lumière virtuelle et réelle du patrimoine. En Novembre dernier, il a reçu le « Grand Prix 2018 de la conception lumière du patrimoine bâti », décerné par l’ACE (Association française des concepteurs lumière et éclairagistes).

Conception lumière Concepto, Roger Narboni et Fanny Guerard Dimension virtuelle La Fabrique d’étincelles Application mobile MyOrpheo Modélisation 3D E.magein3D Installateur Bouygues E&S

l’attrait touristique, mais faisaient face à des moyens limités », explique Roger Narboni, concepteur lumière, Concepto. Lumières virtuelles vs scénographies réelles Les concepteurs lumière avaient imaginé au départ de mettre en scène de toutes petites parties de quelques édifices patrimoniaux majeurs non encore illuminés (portail, fenêtre, tourelle), afin d’attirer le regard des passants et susciter un questionnement et une redécouverte nocturne du monument. Parallèlement, Concepto souhaitait élaborer en collaboration avec l’office du tourisme rennais des promenades nocturnes virtuelles libres, afin de découvrir sur son smartphone ou sur une tablette

© Concepto

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ors de l’élaboration, en 2011, du schéma directeur d’aménagement lumière de la ville de Rennes, l’agence de conception lumière parisienne Concepto a proposé aux élus de porter un regard différent sur les édifices historiques ; de ne plus les considérer comme des objets architecturaux à mettre systématiquement en lumière, mais comme des éléments urbains, porteurs d’échanges et d’imaginaire. La ville de Rennes comptait alors un très faible nombre d’illuminations patrimoniales, comparé à d’autres villes françaises de taille semblable. Ce déficit semblait offrir une chance et une occasion unique de repenser totalement l’idée même d’un ensemble d’illuminations de monuments, statique et pérenne. « Les élus souhaitaient développer

Maîtrise d’ouvrage Ville de Rennes

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L’appli permet d’activer des mises en lumière virtuelles et de découvrir des infographies et vidéos 3D avec la possibilité de passer en mode immersif en utilisant un casque en carton sur lequel peut être installé un smartphone.

Le visiteur peut aussi interagir directement sur les véritables mises en lumière de certaines façades.

© Concepto

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informatique en prêt des infographies et des vidéos 3D nocturnes représentant différentes illuminations des monuments. Cette démarche, originale, innovante et unique en France comme à l’étranger, offrait aux yeux des concepteurs lumière l’avantage de lectures nocturnes multiples du patrimoine rennais, éventuellement renouvelables dans le temps, sans consommation énergétique, sans investissements importants et sans travaux difficiles d’installation d’appareils d’éclairage et de câbles électriques disgracieux sur les édifices historiques concernés. « Pour finir, les deux types d’installation ont été réalisés : des illuminations virtuelles ainsi que de véritables projections d’images sur les façades, précise Roger Narboni. Rennes constitue un riche terreau de startups, donc nous n’avons eu aucune difficulté à nous associer à deux d’entre elles pour mener à bien notre projet d’illuminations virtuelles. » L’application peut être téléchargée à tout moment, mais les illuminations, qu’elles soient réelles ou virtuelles, sont reliées à une horloge astronomique qui ne se déclenche que la nuit tombée. Des illuminations au bout des doigts Dès le début de l’étude, Concepto a voulu que ces infographies et ces vidéos dédiées aux illuminations virtuelles ne soient visibles qu’à la nuit tombée et accessibles uniquement à l’approche de l’édifice concerné (dans un rayon de 50 mètres au maximum), de manière à encourager et à induire le déplacement physique des visiteurs et des touristes dans la ville de Rennes. Progressivement, les fragments d’illuminations réelles ont été réduits à deux façades seulement, alors que les illuminations virtuelles ont été développées pour sept édifices historiques. La première promenade nocturne dans le centre ancien a été inaugurée en septembre 2018. L’application Lumi-R, téléchargeable sur smartphone et tablette, est gratuite. Elle permet aujourd’hui deux fonctionnalités : - activer, sur les deux façades, trois mises en lumière réelles et interagir directement sur les possibilités d’éclairage des façades ; - activer des mises en lumière virtuelles et découvrir des infographies/vidéo 3D en 180 et 360 degrés (vidéos relatant des scènes anciennes en lien avec la façade ou la rue concernée), avec la possibilité de passer en mode immersif (3D) en utilisant un casque de réalité virtuelle en carton fourni gratuitement et sur lequel peut être installé directement son smartphone. « La déambulation nocturne est proposée librement, sans ordre défini : l’application permet de géolocaliser les différents sites activables. Devant

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Isabelle Arnaud

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chacun des sept bâtiments, chacun peut appréhender le dispositif à partir de son smartphone, selon ses envies. Des logos de l’application sont projetés au sol pour signaler aux visiteurs le meilleur angle de vision. Des symboles ont été disposés sur les façades et indiquent aux visiteurs si l’illumination est réelle ou virtuelle, détaille Roger Narboni. Lumi-R est une application évolutive, le nombre de façades illuminées virtuellement devrait s’étendre, dans les prochaines années, sur d’autres secteurs du centre-ville et d’autres villes, en France et à l’étranger. » Cette réalisation, très innovante sur le plan technologique, répond parfaitement aux nouvelles exigences de réduction de la facture énergétique des villes et de pollution lumineuse. Les retours des habitants, des commerçants et de l’office du tourisme rennais sont très positifs. Pour Roger Narboni, « il sera facile par la suite de coupler, par exemple, avec des informations historiques sur le site ou architecturales sur le bâtiment ». Le dispositif Lumi-R vise à concevoir autrement l’éclairage architectural patrimonial en ville et à imaginer à terme une ville nocturne virtuelle capable de proposer aux citadins différentes images et silhouettes nocturnes à expérimenter. n

© La Fabrique d'étincelles

Virtual lighting - Champ Jacquet.

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© Agence Timothé Toury. Photo Frédéric Christophorides

Maîtrise d’ouvrage Groupe Valophis Concepteur lumière Timothé Toury Architecte des bâtiments de France Nathalie Barry - UDAP du Val-de-Marne Installateur lumière Sotrelec Solutions éclairage Erco (projecteurs), Sylvania (rubans lumineux), Targetti (appliques), Derksen (projecteurs à gobos)

Statue centrale du Petit Chaperon Rouge du sculpteur Maurice Saulo éclairée par des projecteurs à gobos.

LA CONCEPTION LUMIÈRE S’INVITE EN HLM À MAISONS-ALFORT Conçu en 1934 par les architectes André Dubreuil et Roger Hummel, le square Dufourmantelle, à Maisons-Alfort, est un ensemble HLM héritier des HBM (Habitations à Bon Marché). Il bénéficie désormais d’une mise en lumière signée de Timothé Toury.

© Agence Timothé Toury. Photo Frédéric Christophorides

C

’est en 2018 que le groupe Valophis, maître d’ouvrage déjà sensibilisé au travail de Timothé Toury, lui confie la mise en lumière de cet ensemble, remarquable et emblématique des années 1930, inscrit à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques. « Nous souhaitions changer l’image du logement social en valorisant chaque espace, chaque site. La mise en lumière entre pleinement dans cette volonté d’embellir les espaces de vie et nous permet de nous adapter à l’histoire, à la géographie, aux fondamentaux d’un lieu, souligne Farid Bouali, directeur général adjoint de Valophis. Le square Dufourmantelle, que nous gérons depuis 1982, en est un exemple majeur. Nous avons été accompagnés dans

cette démarche par la DRAC ainsi que par les services du Patrimoine. » Le site, d’une superficie totale de 23 537 m², représente l’un des plus grands ensembles de la commune avec près de 540 logements sociaux et plus de 1 000 habitants. Dans un extrait de La Technique des Travaux datant d’avril 1935, on peut lire une description détaillée de la construction : « Les architectes ont prévu, pour son utilisation, une sorte de croix de Genève complétée, parallèlement à la grande rue, par deux lignes de bâtiments pratiquement en bordure des emprises. Dans le creux principal de la croix se trouvent encore deux bâtiments en U… Les architectes ont adopté une brique bien moulue, d’un rouge moyen très

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agréable. Tous les encadrements des baies sont en matière moulée de ton très clair. Les baies sont ou simples ou longues et horizontales, mais recoupées de piliers ronds et courts. Les baies d’angle, en retrait, constituent d’autres accents. D’autre part, les balcons moulés sont subdivisés sur leur hauteur par des frettes. Les grands linteaux des porches, enfin, sont nettement moulurés. L’appareillage des briques est établi à joints creux horizontaux. Les porches sont de plusieurs types : soit en plein cintre, soit à linteau, les pilastres étant tantôt arrondis avec lignes horizontales de briques en relief, tantôt à redents successifs verticaux. » Une approche lumière sociale et architecturale Le plan lumière a fait suite à une série de campagnes de rénovation du site, dont la mise aux normes incendie et l’isolation des 53 cages d’escalier avec le remplacement du verre cathédrale. « Ces baies verticales de grande hauteur et ouvrantes ont aussi bénéficié d’un nouvel éclairage LED intérieur équipé de dispositifs de détection de présence, précise Xavier Charlet, directeur de projet, Valophis. Cette opération a été le déclencheur de tout le projet d’éclairage réalisé dans un souci d’économie d’énergie, puisque toute l’installation est en LED et contrôlée par interrupteur crépusculaire qui déclenche l’allumage en fonction de la luminosité et programme la durée de l’éclairage selon les saisons. » L’éclairage fonctionnel des circulations, qui avait fait l’objet d’une rénovation

distincte il y a quelques années, fonctionne quant à lui, toute la nuit. Timothé Toury est intervenu à la fois sur les bâtiments et les porches traversants. « La lumière doit s’exprimer dans le respect du trait et de la volonté architecturale initialement posés, sans dénaturer l’édifice. » Le traitement des façades extérieures et intérieures souligne les verticales et les arrêtes des bâtiments en briques rouges en 3 000 K, tandis que les grands porches décoratifs à linteaux, porches en plein cintre et corniches s’animent également dans des tonalités de blanc chaud. Les projecteurs en faisceau serré, positionnés de part et d’autre des fenêtres des pièces d’eau, viennent en élévation des façades intérieures et extérieures. « Ils gomment en quelque sorte l’aspect massif des bâtiments en briques rouges qui bénéficient d’un éclairage rasant précis ayant nécessité des réglages d’une grande minutie. L’inclinaison de chaque diffuseur s’est faite spot par spot », ajoute Timothé Toury. Les appliques murales, distillées au gré des porches à caissons et corniches, soulignent les détails architecturaux et sécurisent les zones de circulation. « L’œuvre en pierre grise de Saulo représentant le Petit Chaperon Rouge et le loup, au centre de l’espace public, a fait l’objet d’une mise en lumière réalisée avec des projecteurs à gobos qui offrent un aspect chromatique réaliste à la sculpture, une fois la nuit tombée », précise le concepteur lumière. Les bandeaux LED en forme de parallélépipède ont été positionnés parallèlement à chaque façade,

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Lumières Projets

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Lumières Projets conférant au site une signature lumineuse qui assure un effet de contrastes sur l’ensemble des façades. « L’installation de ces bandeaux fut délicate, tant pour préserver les décors existants que pour les positionner au-dessous des acrotères des balcons de grande hauteur situés avenue de la Liberté, avec l’intervention de deux équipes de cordistes », raconte Timothé Toury. Sous le regard attentif de Nathalie Barry, architecte des bâtiments de France, l’installateur a veillé à rendre le câblage invisible… L’ensemble du réseau (pas moins de 8 km de câbles) est inséré dans les joints et passe d’une brique à l’autre par des attaches spécifiques – à petits colliers et de couleur noire – pour une discrétion absolue.

“Par son histoire, le nombre de logements et sa position géographique stratégique, cette cité rouge – comme l’appellent encore certains Maisonnais – est un lieu phare de la ville. Sa mise en lumière, se vit comme un élément fédérateur par les résidents et tous les habitants.”

Un nouveau cadre de vie apprécié des habitants Au fil de la visite, nous croisons des habitants du Square Dufourmantelle qui, les uns après les autres, commentent avec enthousiasme « la nouvelle lumière ». Le cadre de vie a été valorisé et amélioré grâce à ces éclairages aux tonalités chaudes et sécurisants qui imposent un rythme doux, jouent des symétries et offrent un équilibre harmonieux entre efficacité et intégration à l’architecture. Pour Farid Bouali, « l’opération s’avère une belle réussite qui s’inscrit dans une démarche de développement durable, par l’utilisation de la technologie LED, et dans le respect de l’environnement et des contraintes de sécurité ». Olivier Capitanio, maire de Maisons-Alfort, se réjouit également de la mise en lumière d’un des fleurons architecturaux de la ville. « Le square Dufourmantelle constitue un élément remarquable de notre patrimoine. Typique des années 1930, il symbolise une architecture novatrice avec notamment – pour la première fois dans des logements sociaux – deux points d’eau distincts par appartement et de grandes cours intérieures paysagères. Il représente l’un des plus grands ensembles de la commune avec près de 540 logements sociaux. » n Isabelle Arnaud

© Agence Timothé Toury. Photo Frédéric Christophorides

© Agence Timothé Toury. Photo Frédéric Christophorides

© Agence Timothé Toury. Photo Frédéric Christophorides

Olivier Capitanio, maire de Maisons-Alfort

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Lumières Dossier

Rénovation de l’éclairage dans le tertiaire © RZB. Photo Caroline Ferraud

Dossier réalisé par Isabelle Arnaud

Bureaux d’Ixapack (Mauléon, Deux-Sèvres) Solution éclairage : RZB Maître d’œuvre : Rexel

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Lumières Dossier Lionel BRUNET, délégué général du Syndicat de l’éclairage

© Corinne Delvallée

Pourquoi continuer à dépenser plus ?

Pourquoi est-il urgent de rénover les installations d’éclairage dans le tertiaire ? L’étude réalisée par le Ceren en 2017 a montré que plus de 50 % des installations du tertiaire avaient plus de 30 ans. Elles sont équipées de tubes fluorescents T8 très coûteux en termes de consommation et de maintenance. Or, aujourd’hui, il existe des solutions à la fois plus économiques en matière d’efficacité énergétique, grâce à la LED qui consomme très peu, plus modulables également, et avec une durée de vie permettant un rallongement des intervalles d’intervention de maintenance et de changement des sources lumineuses. Alors pourquoi continuer à dépenser plus ? Le tertiaire touche principalement le monde du travail et le bien-être des salariés ; il s’articule autour des notions de confort et de santé qui devraient représenter la première préoccupation des chefs d’entreprise avec obligation de résultat. Le Code du travail précise bien que les salariés doivent bénéficier d’un accès à la lumière naturelle complétée par un éclairage artificiel dès que celle-ci devient insuffisante. L’acte de rénover n’est certes pas une obligation en soi, la décision appartient au chef d’entreprise, mais quel que soit le local, le respect de l’arrêté du 22 mars 2017 (modifiant l’arrêté du 3 mai 2007) relatif aux caractéristiques thermiques et à la performance énergétique des bâtiments existants, en revanche, impose l’objectif de 1,6 W/m² et, par tranche d’éclairement moyen à maintenir, de 100 lux. On voit bien que ces exigences d’efficacité énergétique demandées par le législateur s’articulent aussi autour des quantités d’éclairage nécessaires pour assurer

Le Syndicat de l’éclairage rassemble les fabricants de lampes, de matériels d’éclairage pour l’intérieur et l’extérieur, luminaires, candélabres, auxiliaires électriques et électroniques, systèmes de commande et de gestion de l’éclairage et services associés. Il compte actuellement 51 adhérents et autant d’unités de production sont présentes sur tout le territoire, soit 7 000 salariés. Lionel Brunet expose les enjeux liés à la rénovation, qu’ils relèvent de l’efficacité énergétique, de la santé publique, de la productivité mais aussi de l’attractivité de l’entreprise.

des conditions de travail optimales, mais pas seulement ; la qualité de lumière joue un rôle primordial pour le bien-être au travail. À quels critères doit répondre un éclairage de qualité dans le tertiaire ? Il est difficile de définir cette qualité de lumière, car nous sommes loin d’être égaux devant nos besoins : en effet, nos préférences diffèrent selon l’âge, la génétique, la culture, et selon la tâche. Donc cette adaptabilité instantanée de la lumière est essentielle car aujourd’hui, les salariés sont multi-activités, se déplacent, et doivent pouvoir « emporter » avec eux les paramètres de confort sans devoir sans cesse procéder à des réglages. Et c’est le cas avec les capteurs sensoriels qui permettent d’adapter la lumière et d’offrir un éclairage intelligent grâce à une connectivité qui ajuste les caractéristiques de l’installation aux besoins des occupants via leurs smartphones, par exemple. Il devient facile désormais de faire varier l’intensité, la température de couleur et donc d’améliorer leur bien-être dans le respect du cycle biologique. Des études ont déjà démontré que de tels dispositifs, à l’école ou au travail, réduisaient la fatigue et augmentaient les performances notamment cognitives. La technologie existe, les solutions sont multiples dans des conditions d’exploitation rentables, efficaces et durables en optant pour la LED, notamment. Pourquoi accuse-t-on encore ce retard dans la rénovation de l’éclairage ? Plusieurs raisons peuvent expliquer la lenteur du changement. Tout d’abord, la LED est

encore méconnue et on reste enfermé dans des modèles cartésiens anciens, en résistant aux nouvelles technologies. C’est pour cette raison que le Syndicat de l’éclairage a récemment publié une charte LED à laquelle nos adhérents se conforment pour garantir un éclairage artificiel de qualité. Le manque de formation représente aussi un frein, et l’éclairage artificiel est perçu comme une contrainte et non comme une opportunité. Enfin, on constate que, sur le plan de la santé publique, la qualité de l’éclairage ne mobilise pas autant les pouvoirs publics que la qualité de l’air, par exemple, alors que la lumière va impacter aussi bien l’efficacité énergétique que la performance des salariés et leur confort. Les maîtres d’ouvrage et les exploitants commencent cependant à prendre conscience des atouts d’un éclairage de qualité, tant en ce qui concerne les consommations que son pouvoir d’attractivité : aujourd’hui, il devient possible d’éclairer tout un bâtiment et d’obtenir des réalisations spectaculaires tout en réduisant la facture énergétique : prenons juste l’exemple des gares dont les exploitants ont bien pris la mesure de la valeur ajoutée par l’éclairage. Les outils existent, les produits sont matures, la qualité est au rendez-vous, les paramètres modulables s’ajustent aux différents usages tout en apportant la garantie de la tenue des performances dans le temps. Alors pourquoi continuer à dépenser plus et éclairer moins (bien) ? n Propos recueillis par Isabelle Arnaud

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© Ledvance

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La qualité retrouvée Pourquoi rénover ? Dans l’interview ci-contre, qui introduit ce dossier sur la rénovation, Lionel Brunet répond par une autre question : pourquoi dépenser plus ? En effet, avant même d’aborder les textes réglementaires ou les notions de confort, voire de bien-être, considérons les économies d’énergie que des éclairages performants et efficaces peuvent générer. Remplacer le matériel existant, installé depuis deux ou trois décennies, est presque un jeu d’enfant désormais avec des solutions LED qui se positionnent en lieu et place des anciens appareils. Outre le fait qu’elles offrent des possibilités de gestion multiples – détection de présence et luminosité, maintien du flux lumineux, variation de la température de couleur –, elles procurent une meilleure qualité de lumière avec des efficacités lumineuses élevées, des optiques adaptées et des commandes qui permettent de moduler l’éclairage selon les besoins de chacun.

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ix ans après l’enquête réalisée sur environ 150 établissements du tertiaire(1), qui avait mis en évidence une situation médiocre du parc installé d’éclairage, l’ADEME, RTE, le Syndicat de l’éclairage et Récylum ont reconduit, en 2017, une étude qui ne montre pas de changement significatif comparée à la précédente. « Ce n’est pas tant les technologies que le comportement des maîtres d’ouvrage qui freinent le changement dans notre industrie », constate Lionel Brunet, délégué général du Syndicat de l’éclairage. En effet, ce n’est pas le matériel utilisé dans les rénovations qui est en cause, mais plutôt le rythme de ces dernières. Pourtant, les gisements d’économie sont considérables : l’étude a révélé que la consommation pour l’éclairage des bâtiments tertiaires à usage de bureaux représente environ 7 TWh (milliards de kilowattheures), soit 18 % de la consommation totale d’électricité du secteur. L’éclairage général représente 90 % des consommations, le reste est constitué de l’éclairage d’accentuation ou localisé. À noter que, comme pour toutes les statistiques officielles sur les consommations d’énergie dans le bâtiment, marquées par une approche essentiellement thermique, le CEREN n’a pris en compte que les surfaces chauffées. Les consommations d’éclairage des parkings et autres surfaces non

chauffées, parfois considérables, ne sont donc pas comptabilisées. Les consommations sont plus importantes dans les circulations que dans les halls et les salles de réunion, en raison de la durée de fonctionnement de l’éclairage. Des matériels existants énergivores Les bâtiments de bureaux utilisent près de 100 millions de lampes, dont le nombre au mètre carré varie peu selon le type d’espace, à l’exception des salles de réunion qui bénéficient d’un nombre de lampes plus important. La puissance moyenne par lampe, toutes technologies confondues, se situe globalement entre 25 et 30 W pour chacun des espaces. La fluorescence reste prépondérante dans les bâtiments tertiaires avec des tubes T8, parfois T5, et T12 très marginalement, qui représentent 80 % des luminaires des espaces de bureaux et 35 % des appareils installés dans les halls et circulations. Le nombre total de luminaires a été évalué à 46 millions d’appareils, principalement fluorescents donc, et encore équipés à 80 % de ballasts ferromagnétiques, qui augmentent (de 20 %) la consommation des lampes et empêchent la mise en œuvre de toute gestion intelligente.

Sur 80 % des surfaces, on trouve un interrupteur manuel central qui permet d’éteindre toute l’installation d’éclairage. La présence de systèmes de gestion automatique reste encore très faible : le taux de détecteurs de présence varie entre moins de 5 % pour les salles de réunion et les halls à environ 12 % pour les locaux divers, alors qu’il s’agit d’espaces peu occupés. Au total, on évalue à 25 millions de mètres carrés les surfaces équipées de détecteurs de présence. Les systèmes d’ajustement de l’éclairage artificiel en fonction de la lumière naturelle sont encore moins mis en œuvre que la détection de présence. La surface concernée est évaluée à environ 13 millions de m². Il s’agit soit d’une fonction allumage/extinction selon un niveau d’éclairement déterminé, soit de gradation en continu de l’éclairement en fonction des apports de lumière du jour. Les gisements d’économie Évaluées par le CEREN, les économies attendues du fait de la rénovation ont été calculées (1) Enquête réalisée par le CEREN (Centre d’études et de recherches économiques sur l’énergie), disponible auprès du Syndicat de l’éclairage.

• • • Suite p. 30

Pour ses locaux à Bâle, Swisscom Ag a misé sur le projecteur pour rails Sua et la ligne lumineuse ultraplate Purelite de Regent. Architecte : Christoph Scherrer. Planificateur de l’éclairage : Toni Oegger, Bering Ag © Regent

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© Sylvania

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Sylvania, opération rénovation : 70 % d’économies École supérieure de commerce d’Amiens « La rénovation concernait tous les locaux (salles de cours, bureaux, circulations) de l’école, explique Romain Viry, chef de produits pour solutions bureaux et tertiaire et gestion de l’éclairage. Nous avons réalisé un audit portant sur 696 points lumineux (lampes ou luminaires) avec un remplacement optimisé par 614 points lumineux (soit moins de 12 %). » L’existant comportait des appareils équipés de sources halogènes ou T8 qui ont été remplacés par des pavés LED Start Panel Flat, des Syl-Lighter et des luminaires LED Insaver à détection de présence. L’ajout d’un système de gestion d’éclairage intelligent intégré dans certains luminaires a permis de réaliser (à travers les luminaires Rana associés au système SylSmart Connected Building de détection de présence et de prise en compte de l’apport de lumière naturelle sur 15 % de l’installation) jusqu’à 70 % d’économies supplémentaires sur la solution proposée. Le temps de fonctionnement annuel varie de 920 à

2 875 heures (selon les zones) ; le coût d’électricité moyen est de 0,13 €/kWh, avec une augmentation de 1 % par an. Les coûts opérationnels actuels se composent d'une partie liée à la consommation énergétique (16 430 €/an), et d’une partie maintenance (7 117 €/an) correspondant aux ressources allouées pour maintenir l’éclairage dans les espaces audités sans oublier le coût des sources à

remplacer. L’économie annuelle est estimée à 18 729 € par rapport à la situation existante. Le coût d’exploitation cumulé a été évalué sur les dix prochaines années pour la solution existante et la solution proposée. En optant pour la solution proposée, les économies sur 10 ans s’élèvent à 135 203 €. La solution LOGIC permet de lisser l’investissement initial sur les 3,08 ans.

Comparatif des coûts opérationnels actuels avec la solution proposée Coûts opérationnels actuels/an

Coûts opérationnels proposés/an

Économies annuelles proposées

23 547 €

4 817 €

18 729 €

(basés sur les informations fournies par ECS Amiens)

(basés sur les hypothèses ci-dessous)

(soit 1 561 € /mois) Ces économies permettent de financer l'investissement nécessaire

Coût total du projet

Simulation LOGIC

Économie réalisée sur 10 ans

58 988 €

1 596 €/mois

135 203 €

Montant à investir pour réaliser les économies proposées

Simulation d’une redevance mensuelle pendant 36,96 mois

Le montant total du projet pour réaliser les économies d’énergie proposées est évalué à 58 988 €. Sur la base de ces économies d’énergie générées et les hypothèses fournies, l’économie globale réalisée sur 10 ans au travers de la future installation s’élève à 135 203 €. La solution LOGIC permet de simuler une redevance mensuelle pendant 36,96 mois pour éviter un investissement initial. LUMIÈRES N° 26 - MARS 2019 - 29

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Lumières Dossier • • • suite de la p. 28 uniquement sur les espaces de bureaux et correspondent à des exigences de performance du matériel. Un éclairement moyen de 300 lux a été retenu, bien que la norme NF EN 12464-1 recommande 500 lux sur la zone de travail (le bureau en tant que meuble), et 300 lux pour la zone environnante. Ces gisements sont classés en trois niveaux de performance : - niveau 1 : un gisement immédiat sur la base d’un scénario à 2,8 W/m²/100 lux (luminaires T5 et surtout luminaires LED basiques) ; - niveau 2 : à moyen terme (2020), 2,2 W/m²/100 lux, avec des luminaires LED plus performants ; - niveau 3 : à long terme (2030), sur une technologie LED performante équipée de gestion, avec une puissance installée d’1,6 W/m²/100 lux, exigence de la RT par éléments. Le gisement immédiat, de niveau 1, représente à lui seul une baisse de 40 % de la consommation constatée, car il consiste à remplacer essentiellement des luminaires fluorescents T8 ferromagnétiques énergivores. « Aujourd’hui, il est recommandé d’adopter immédiatement une technologie LED performante avec gestion, conformément à la réglementation rénovation, ce qui permettra au parc installé d’atteindre plus vite la puissance moyenne totale du niveau 3 », remarque Lionel Brunet. Deux technologies tirent leur épingle du jeu en termes d’efficacité et de durée de vie : la fluorescence avec les tubes T5 et, encore plus performante, la LED. Le moyen le plus efficace de diminuer les coûts de fonctionnement réside dans une solution qui minimise à la fois la consommation d’énergie et les frais de maintenance : les appareils LED offrent une durée de vie moyenne de 50 000 heures, soit un fonctionnement équivalant à 16 heures par jour, 5 jours par semaine, sur une durée de 12 ans. Un tiers des installations sont de qualité médiocre et très médiocre et un tiers de qualité moyenne, avec comme principaux défauts constatés : - un éblouissement direct dû à la présence de sources lumineuses dans le champ de vision ; - une fatigue visuelle due à l’alternance de zones fortement éclairées et faiblement éclairées ; - des températures de couleur de la lumière souvent trop froides, d’où des ambiances lumineuses désagréables. Pour 8 % des installations d’éclairage, il n’est pas possible d’atteindre le niveau d’éclairement en tous points de 120 lux exigés par l’article R4223-4 du Code du travail. Quels sont les autres textes réglementaires en vigueur ? • • • Suite p. 32

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© Erco. Gustavo Allidi Bernasconi

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Manufacture d’Interior Design de Bernd Gruber, Kitzbühel, Autriche. Maîtrise d’ouvrage : Bernd Gruber - Architectes : Stöckl Egger und Partner - Études d’électricité : Rendl Planungs GmbH. La surface de la manufacture est passée de 2 000 à 3 500 m². L’entrée, les postes de travail, les salles de réunion, la cuisine d’entreprise et les zones de passage bénéficient d’un éclairage ERCO. L’ensemble est éclairé par des projecteurs Parscan avec les répartitions de lumière Spot, Flood et Wide Flood, une puissance consommée de 15 ou 30 W, un flux lumineux de 1 260 ou 2 520 lumens et une couleur de lumière de 3 000 K. L’éclairage d’accentuation souligne le contraste formel entre matériaux naturels et surfaces noires.

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t Siège de SCC Shopping Center Company, au Plessis-Robinson. Matériel d’éclairage : luminaires Leader et Leno de Lamdalux. Groupe Daiichi Sankyo, Rome. Architecte : Studio Unispace, Salvatore Marinaro. Matériels d’éclairage : Logico, CCTLED tube, Threesixty, Ray Micro de Targetti.

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© Targetti. Photographe Ramy Leon Lorenco

Les textes de référence L’arrêté du 3 mai 2007, modifié par l’arrêté du 22 mars 2017, Performance énergétique relative aux bâtiments existants (autres que d’habitation) s’applique à toutes les rénovations, sauf à celles de bâtiments de plus de 1 000 m² construits après 1948, lorsque le coût total des travaux atteint 25 % du coût estimé du bâtiment. Si ces trois conditions sont remplies, c’est alors l’arrêté du 13 juin 2008 qui s’applique (voir ci-dessous). Les principales nouveautés issues des modifications de 2017 : - gradation ou extinction par détection de présence ainsi que gradation automatique de l’éclairage artificiel en fonction des apports de lumière du jour ; - puissance installée maximale pour l’éclairage général d’1,6 W/m² par tranche de 100 lux d’éclairement moyen à maintenir. - Art. 45. Toute nouvelle installation d’éclairage dont l’allumage et l’extinction sont gérés à distance comporte un dispositif qui permet de visualiser l’état de l’éclairage au niveau de la commande. - Art. 46. Les locaux ayant plusieurs usages requérant des niveaux d’éclairement très différents tels que les locaux sportifs et les salles polyvalentes sont équipés d’un dispositif permettant plusieurs niveaux d’éclairement. L’arrêté du 13 juin 2008, relatif à la performance énergétique des bâtiments existants de surface supérieure à 1 000 m², s’applique aux bâtiments de plus de 1 000 m² construits après 1948, lorsque le coût total des travaux atteint 25 % du coût estimé du bâtiment. Les exigences de l’éclairage s’inspirent de la RT 2005, avec des valeurs bien inférieures à celles préconisées par l’arrêté du 3 mai 2007, modifié en 2017. Mentionnons également la norme NF X35-103, Principes d’ergonomie applicables à l’éclairage des lieux de travail, qui n’est pas spécifique à la rénovation mais qui liste les informations minimales dont il faut tenir compte pour éviter qu’un éclairage mal conçu ne dégrade les conditions de travail : - les déterminants de la population : âge, ancienneté au poste, formation, situation de handicap ; - les difficultés à percevoir les détails fins, les contrastes de luminances et de couleurs ; - les plaintes visuelles : fatigue visuelle, sensation d’éblouissement ; - les contraintes posturales ; - les incidents et accidents matériels, de circulation, les chutes, accidents par glissade ; - la zone climatique de l’entreprise. La norme donne également des définitions de

© Lamdalux

• • • suite de la p. 30

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termes essentiels tels que « éblouissement », « éclairement », « fatigue visuelle », « luminance », par exemple. Ces indications montrent bien à quel point la qualité de l’éclairage occupe une place importante dans le projet.

Trilux au cœur de l’éclairage biodynamique Lionel Witkowski, président de Trilux

«L

a lumière agit sur les phases de veille et de sommeil, entretenant ainsi le rythme circadien : la phase active démarre dès que le jour se lève et la phase de repos dès que la nuit tombe. Il est donc essentiel que l’éclairage s’oriente sur le modèle de la lumière naturelle et de ses modifications, en jouant notamment sur la température de couleur. Cette approche dite « Human Centric Lighting » (HCL) dépasse la conception traditionnelle basée sur de purs critères d’éclairage et d’efficacité énergétique en s’attachant davantage aux effets de la lumière sur le bien-être et la santé de l’homme. L’éclairage joue donc un rôle primordial avec, à la clé, l’amélioration de la concentration, de la créativité et de la performance grâce à l’équilibre entre les effets stimulants et apaisants de la lumière. On sous-estime encore les bénéfices du HCL, c’est la découverte, en 1990, d’un troisième type de récepteur dans notre perception visuelle qui est à l’origine de l’éclairage biodynamique. Plus récemment, le prix Nobel a été attribué en 2017 à trois Américains pour leurs travaux sur les mécanismes moléculaires qui règlent le rythme circadien. Dans ce contexte, nous avons développé des solutions qui apportent bienêtre et individualité sans négliger pour autant la qualité intrinsèque de l’éclairage (contrôle de l’éblouissement, niveau d’éclairement, IRC, luminances, etc.). Cela demeure le prérequis avant d’ajouter la touche d’éclairage biodynamique. Les rénovations dans les bureaux entraînent souvent l’introduction de l’asservissement automatique de l’éclairage. Ce qui, en soi, constitue un bon réflexe, mais prive l’utilisateur de cette individualité que j’évoquais. Pour cette raison, nous veillons à ce qu’un point de commande soit disponible afin de “laisser la main” à l’usager. C’est ce que nous proposons par exemple avec le luminaire Bicult, qui éclaire simultanément le

poste de travail et tout l’environnement de bureau, et l’appli du même nom qui permet de régler, avec un smartphone, la température de couleur et l’intensité lumineuse, ainsi que la sensibilité et la portée du capteur de lumière du jour et détecteur de présence selon les préférences de chacun ou de créer jusqu’à six scènes lumineuses dont quatre sont définies par défaut.

“ON SOUS-ESTIME ENCORE LES BÉNÉFICES DU HCL” Ces innovations créent une certaine dynamique sur le marché, mais aussi une certaine incertitude chez les investisseurs. De ce fait, je pense que le marché de l’éclairage s’oriente à grands pas vers de la location de matériel d’éclairage. On peut imaginer à moyen terme la généralisation de cette démarche, avec un marché de l’occasion qui peut se développer grâce à la durabilité des produits et à l’intelligence de la lumière. »

© Trilux

Rénover pour améliorer la qualité de la lumière Rajeunir les installations d’éclairage n’est pas seulement une question d’économies mais aussi et surtout de qualité de vie. « Il faudrait pouvoir bénéficier avec soi et en permanence de critères de confort », lance Lionel Brunet, rejoint dans cette position par Lionel Witkowski, président de la commission d’éclairage intérieur du Syndicat de l'éclairage, qui regrette également que « malgré le potentiel important d’amélioration de la qualité de la lumière artificielle, le taux de rénovation des installations reste aussi bas. L’industrie de l’éclairage a fait des progrès considérables, mettant à disposition des solutions avec intelligence embarquée et pilotables automatiquement ». La réglementation thermique, en mettant l’accent sur les économies d’énergie, aurait-elle occulté la qualité ? Pourtant, que ce soit du côté des maîtres d’ouvrage ou de celui des usagers, une certaine prise de conscience transforme l’éclairage des bureaux en une véritable carte qui propose des ambiances variées, personnalisables, adaptables à sa propre perception, mais… dans le neuf. Les outils sont relativement simples à installer et encore davantage à utiliser : par exemple la variation de l’intensité permet de doser la lumière, qui n’est pas nécessaire tout le temps, partout et au niveau maximum. Selon les plages horaires et les zones, des stratégies d’allumage, d’adaptation des niveaux d’éclairement, d’extinction, de scénarios d’éclairage sont possibles, jusqu’à la création d’ambiances lumineuses. La gestion de l’éclairage comprend au minimum la détection de présence, qui garantit l’extinction des espaces inoccupés, et la prise en compte des apports de lumière du jour qui permet de limiter le recours à l’éclairage artificiel. Intégrés ou non dans le luminaire, les détecteurs sont sensibles à la présence ou au déplacement des personnes. Ils transfèrent cette information aux luminaires afin d’éclairer uniquement lorsque l’espace est occupé, d’éteindre ou d’abaisser l’éclairement progressivement. Les capteurs de luminosité (sous-entendue naturelle) garantissent un niveau d’éclairement constant sur la zone de travail, permettant ainsi de disposer en permanence de suffisamment de lumière. • • • suite p. 35

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Station F, Paris.

longue nef centrale, dans laquelle le premier point d’accroche culmine à 8,50 m, et une lumière flexible à basse luminance pour les espaces de travail. Dans la nef centrale, Jean-Michel Wilmotte a choisi le projecteur Platea Pro, un appareil conçu par le studio Wilmotte & Industries pour les applications extérieures, et capable pour cette raison d’assurer la puissance lumineuse attendue, compte tenu des grandes hauteurs du bâtiment. Deux optiques différentes ont été utilisées, une Wide Flood et une optique routière asymétrique, afin d’assurer un large flux, net et homogène. Pour l’installation des appareils, un étrier métallique a été mis au point, qui se clipse sur les 29 tirants horizontaux en béton, créant ainsi un rythme constant sur les 300 m de la nef centrale. Le Platea Pro a également été retenu pour éclairer les longues façades extérieures de la halle. Des encastrés Ledplus à optique Floor Washer, installés dans la consigne/vestiaire de Station F, créent une atmosphère douce et homogène. Des Laser Blade InOut, logés dans un boîtier spécial, marquent l’entrée principale de la Station F, parvis Alan Turing.

© iGuzzini. Photographe Didier Boy de la Tour

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ivré à la fin de l’année 2017, Station F est le plus grand campus de startups au monde. Hébergé dans une ancienne gare de transbordement pour trains et camions, construite entre 1927 et 1929 par l’ingénieur Eugène Freyssinet et autrefois raccordée au réseau ferroviaire de la gare d’Austerlitz, Station F se développe sur 34 000 m². La halle Freyssinet, comme elle s’appelait alors, est un bâtiment exceptionnel : l’extraordinaire légèreté de sa structure porteuse résulte de l’emploi du béton précontraint, inventé et breveté pour l’occasion par le génial ingénieur. Cela lui a valu d’être inscrite à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques en 2012. Longue de 310 m sur 58 m de large, Station F se compose de trois nefs parallèles – fines voûtes en béton précontraint. La réhabilitation conduite par le cabinet Wilmotte & Associés, simple et efficace, restitue à la structure originelle son élégance et met en valeur les proportions raffinées des éléments en béton précontraint (voûtes, poteaux et auvents). Les nouvelles menuiseries en acier laqué noir ferment l’édifice, autrefois ouvert, et assurent un environnement confortable aux utilisateurs. La Station F est « découpée » en trois parties, qui correspondent chacune à une zone d’activité bien spécifique : la Share Zone, espace semi-public, est un forum de rencontres et de partage numérique ; la Create Zone est dédiée aux espaces de travail des startups et réservée à la création ; la Chill Zone, dernier tronçon de la halle, héberge un restaurant multifonctionnel atypique fonctionnant en service continu 24 h/24. La réorganisation des différents espaces de la halle a engendré une vraie réflexion sur la lumière : il fallait concevoir un éclairage général pour la

Maître(s) d’ouvrage : SDECN - Xavier Niel Architecte(s) : 2B2M Design et conception lumière : Wilmotte & Associés Structural engineering : Mizrahi

© iGuzzini. Photographe Didier Boy de la Tour

Station F par iGuzzini

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Lumières Dossier • • • suite de la p. 33 Les préférences en éclairage varient souvent en fonction de l’âge, des horaires et de la tâche de travail, mais les utilisateurs expriment tous un même besoin : pouvoir adapter « son » éclairage à ses préférences ou au moment de la journée en faisant varier par exemple la température des couleurs, soit en fonction des préférences de chacun, soit selon le rythme de la lumière naturelle : ambiances chaudes le matin, environ 2 700 K à 3 000 K, qui se refroidissent au fur et à mesure qu’on se rapproche de midi (5 000 K à 6 000 K) pour atteindre de nouveau des tonalités plus chaudes le soir. Cette intelligence se traduit au travers de systèmes de gestion de l’éclairage intelligent comme le contrôle sans fil de l’éclairage via Bluetooth smart + free, développé par RZB, « qui offre aux planificateurs et aux utilisateurs la possibilité de bénéficier de la valeur ajoutée des fonctionnalités intelligentes », précise Stéphane Vanel, directeur commercial RZB France. Smart-free permet de commuter et d’éteindre individuellement l’éclairage et de configurer des groupes et des scénarios lumineux. De plus, la température de couleur des luminaires Tunable White peut être contrôlée, et des réglages de couleur peuvent être effectués pour les luminaires RGB ou RGBW. Sous « Animations », des séquences individuelles peuvent être créées et démarrées à partir de différentes scènes. La fonction « Minuterie » offre la possibilité de changer un luminaire ou une scène entière certains jours et à certaines heures. Par le biais d’un smartphone ou d’une tablette, la plupart des séries de luminaires RZB équipées d’un module Casambi peuvent déjà être contrôlées. « Les solutions smart + free conviennent particulièrement aux bâtiments publics existants et aux bâtiments résidentiels privés, car un câblage à 3 fils conducteurs suffit », ajoute Stéphane Vanel. n

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Ixapack. Matériel d’éclairage : RZB t

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Enquête produits

Intelligence embarquée Ils font tout, tout seuls, ces luminaires : ils captent le niveau de lumière naturelle pour déclencher ou adapter l’éclairage artificiel ; ils détectent la présence et le mouvement des personnes ; ils changent de température de couleur selon le moment de la journée, ou mieux, ils proposent une commande qui permet à l’utilisateur de choisir la teinte qui lui convient. Les consommations baissent tandis que les flux augmentent. Les optiques contrôlent l’éblouissement. Les faisceaux se déclinent en différentes largeurs pour mieux répondre au besoin… La rénovation est en marche.

Isola d’iGuzzini Cette suspension propose trois dimensions scalaires et offre une efficacité lumineuse supérieure à 100 lm/W pour la plupart des modèles (de 3 700 lm à 27 700 lm), deux températures de couleur, 3 000 K et 4 000 K et existe aussi en Tunable White. UGR inférieur à 19, 3 000 cd/m². La suspension est proposée en deux coloris : blanc ou noir. www.iguzzini.com

Linear Indiviled de Ledvance Pour l’éclairage des bureaux, Linear Indiviled offre une installation simple, des coûts d’exploitation réduits et une maintenance minimale. Il existe en saillie, suspension ou ligne continue et propose un flux de 5 000 lm (dont 1 000 lm en indirect), soit une efficacité lumineuse de 120 Im/W, et deux températures de couleur, 3 000 K et 4 000 K. Il se décline en standard (ON/OFF), DALI, avec détection de présence, DALI Sensor (détection de présence et de luminosité). Durée de vie 50 000 heures (L70). Garanti 5 ans. www.ledvance.fr

Jilly d’Erco Ces appareils pour rails conducteurs assurent un éclairage performant avec une efficacité lumineuse de près de 154 lm/W en 3 000 K et 4 000 K. Puissance et répartition de lumière (Extra Wide Flood : répartition à symétrie radiaire et à faisceau large – Oval Wide Flood : répartition de lumière à symétrie orthogonale et à faisceau large) autorisent des entraxes importants pour des concepts d’éclairage économiques et conformes aux normes. Le montage au moyen d’adaptateurs pour rails conducteurs permet une orientation optimale des appareils des postes de travail. Gradable. www.erco.com

Dim HCL de Lamdalux Le système DIM HCL permet de varier la température de couleur et l’intensité lumineuse pour correspondre à la lumière naturelle en fonction de la saison, du lieu et de l’heure. DIM HCL est un capteur intelligent intégrant un capteur de présence infrarouge, de luminosité et une unité de contrôle automatique de la température de couleur et de luminosité. DIM HCL extension est un capteur de présence et de luminosité permettant d’étendre la zone de détection du capteur DIMHCL. Une cellule DIMHCL peut contrôler jusqu’à 40 luminaires et 4 cellules DIMHCL extension. www.sermes.fr/lamdalux

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Lumières Dossier

Pixer de Sylvania Hautement performantes (jusqu’à 150 lm/W), les optiques sont intégrées dans des modules de 300 x 300 mm dont la hauteur et l’inclinaison sont réglables individuellement (même après installation). Pixer est disponible en 3 000 K et 4 000 K et 4 flux lumineux (3 550, 3 750, 4 500 et 4 750 lm). Il est doté d’un UGR < 19 sur toutes les versions, et d’une luminance à 65° inférieure à 3 000 cd/m². Il sera proposé en version Tunable White pour varier la température de couleur tout au long de la journée indépendamment de la saison. Gradable avec le protocole de communication DALI, il se décline également en version SylSmart Connected Building et SylSmart Standalone Room pour une gestion d’éclairage intelligente. www.sylvania-lighting.com/fr

Bicult de Trilux Véritable « tout-en-un » de l’éclairage de bureau, Bicult LED combine éclairage direct et indirect. Alors que la composante indirecte éclaire tout le bureau sans éblouissement, la composante directe crée un éclairage homogène du poste de travail. S’il vient à être déplacé, Bicult LED se reprogramme automatiquement. La personnalisation des scènes lumineuses s’effectue directement sur le luminaire ou via une application dédiée pour répondre aux besoins spécifiques de l’utilisateur tout au long de la journée. Différents paramètres, dont la température de couleur, peuvent être modifiés via l’application. La tête de Bicult LED est réglable individuellement en hauteur. www.trilux.com

Twindot de RZB Cette suspension comprend des systèmes microprismatiques qui transforment la réflexion totale des ondes lumineuses dans le plexiglas transparent en lumière féerique. Elle affiche une efficacité lumineuse de 130 lm/W, avec deux flux lumineux : 6 500 lm pour la version 1 200 mm et 8 500 lm pour celle en 1 500 lm avec un UGR inférieur à 19. Disponible avec détecteur de présence et de lumière du jour. Version Tunable White de 2 700 K à 6 500 K. www.rzb.de/fr

Panos infinity adjustable de Zumtobel Les downlights réglables sont des outils d’éclairage innovants pour créer des accentuations ciblées tout en conférant au plafond un aspect apaisant. Panos infinity offre cette option pour deux systèmes différents. Dans les modèles compacts de taille 68, la position de la tête d’éclairage est adaptable manuellement. Le format 100 supérieur se présente comme un système d’éclairage fermé, apte à éliminer toute lumière parasite du plafond. Grâce au système de lentille spécialement élaboré, le faisceau lumineux peut être rapidement tourné et pivoté sans outils ni modification de l’aspect extérieur. Se décline en forme ronde ou carrée, plusieurs flux et températures de couleur ainsi que Tunable White. www.zumtobel.com

Purelite de Regent Disponible en plafonnier et applique murale, Purelite C-LED présente un flux lumineux de luminaire 3 880 lm, un IRC supérieur à 80 et une température de couleur de 4 000 K, (SDCM 3). Il comporte un rayonnement omnidirectionnel avec éclaircissement du plafond, boîtier en aluminium, incolore anodisé, diffuseur en matière synthétique et diffuseur microprismatique CLD (Controlled Luminance Diffuser). www.regent.ch

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Lumières Designer

Lumières scéniques Architecte de formation, Agathe Argod, Scène Publique, s’est rapidement tournée vers le paysage, puis la lumière. Spécialisée dans l’aménagement lumière des espaces publics à Paris, elle exerce depuis 1994 comme scénographe au théâtre, pour des expositions ou pour des aménagements extérieurs. En plus de cette activité, elle conçoit des produits d’éclairage extérieurs, comme pour la gamme Onyx développée par Nowatt Lighting.

Qu’est-ce qui vous a donné goût à la lumière ?

Mon premier contact avec la lumière a eu lieu lorsque je vivais au nord de la Finlande, en Laponie, où la lumière naturelle est très particulière. En rentrant à Paris, je me suis orientée vers l’étude des paysages. Puis j’ai voulu approfondir la question de la lumière pour exercer à la fois sur l’espace public et au théâtre. Aujourd’hui, je suis missionnée comme scénographe sur des projets de conception lumière dans ces deux domaines d’application. Selon moi, la lumière permet de mettre en scène le réel, avec une certaine économie de moyens et avec un résultat magique.

Quelles sont pour vous les caractéristiques d’un bon luminaire ?

Les produits que j’aime prescrire ont été dessinés dans un but spécifique, et répondent précisément à cet objectif. Si le cahier des charges est bien défini dès le départ, il peut être facilement porté et exprimé par le design. Lors de notre collaboration avec Nowatt, nous aurions pu choisir de concevoir un point lumineux très discret et proposer une solution solaire purement technique. Nous avons cherché à créer un produit solaire et beau, ce qui n’existe pas sur le marché. J’apprécie les produits dont les intentions sont évidentes car portées par le design.

De quelle manière s’est déroulée votre collaboration avec Nowatt Lighting ?

Étant très spécialisée en éclairage extérieur, je connais bien ce marché et les différents fabricants. Au départ du projet, Nowatt

Lighting m’a demandé quel serait pour moi le luminaire solaire rêvé. Il s’agissait là du premier produit de Nowatt. Nous sommes assez vite tombés d’accord pour développer une solution d’éclairage solaire de façade. Il est vrai qu’intégrer un matériel en façade peut être rapidement assez complexe, pas tant en raison de l’appareil, mais plutôt à cause du câblage. C’est ainsi qu’est née l’idée d’un éclairage en façade et sans fil.

Quels ont été les partis pris esthétiques de la gamme Onyx ?

Concernant les optiques, nous avons opté pour un choix esthétique et technique : le bloc optique en PMMA est transparent, ce qui le rend lumineux la nuit. Je trouve qu’avec notre souci de développement durable, les produits qui existent sur le marché apportent des réponses souvent très techniques. La source n’est plus visible, et cet aspect manque un peu pour des façades anciennes ou de centres-villes, par exemple. Il s’agit également d’un choix technique : les optiques présentent un grand diamètre, ce qui permet des faisceaux très pointus, des angles plus serrés que les petites optiques. Initialement, le produit était plus fin. Nous avons été amenés à reprendre le dessin pour intégrer davantage de dissipation thermique. Nous nous sommes accordés sur les finitions et avons proposé en standard des teintes qui évoquent des matériaux, plus que des couleurs : brique, cuivre, pierre, bronze, graphite, etc., pour apporter qualité et noblesse au produit. Rubrique réalisée par Alexandre Arène

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S’APPROPRIER

la lumière

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Lumières Showroom

Rubrique réalisée par Alexandre Arène

Depuis un an, le siège de Zumtobel Group a emménagé rue d’Uzès et s’est agrandi grâce à l’acquisition de locaux attenants. Le showroom de l’éclairagiste autrichien en a profité pour faire peau neuve. Il a subi, fin 2018, une rénovation complète et intègre désormais les produits Thorn et acdc. Composé de deux espaces principaux, au rez-de-chaussée et au sous-sol, il est articulé autour des différentes applications couvertes par le groupe.

« Cet espace permet d’expérimenter toutes les dimensions de la lumière » « Faszinosum »

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Cette installation lumineuse unique, composée d’un émetteur, le « Light Ceiling » (plafond lumineux), et d’un récepteur, le « Brand Wall » (mur de la marque), permet de créer des ambiances fascinantes, d’où son nom : « Faszinosum ». Dans cet espace, aucune solution d’éclairage à proprement parler n’est présentée. Il s’agit plutôt d’une première immersion dans la lumière, qui sert de point de départ à la visite du showroom.

« Un espace dédié aux réunions informelles et au travail d’équipe regroupe les solutions d’éclairage de bureau où le bien-être est mis en avant »

© Zumtobel

« Lumière douce »

Dans cet espace informel, nous retrouvons la gamme « Lumière douce ». Cette gamme d’encastrés plafond est une solution d’éclairage fonctionnel performant qui diffuse une lumière d’ambiance. Elle illumine les murs, les plafonds, les visages, le tout grâce à une lumière verticale. La solution « Lumière douce » intègre la technologie Tunable White, avec des températures de couleur variant de 2 700 à 6 500 K au cours de la journée, pour un IRC > 90. En plus du confort visuel, cette solution offre donc un confort biologique et stimule les usagers en reproduisant un éclairage naturel.

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Lumières Showroom « L’architecture typique du lieu met en valeur les solutions d’éclairage pour les applications d’art et de culture » Art et culture

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Sous la verrière, au rez-de-chaussée, un espace est dédié aux solutions d’éclairage des bâtiments culturels, incluant les musées, les médiathèques ou encore les salles de concert. Dans cet espace, la lumière joue un rôle émotionnel important et l’effet créé est subtil. Il s’agit d’une mise en situation grandeur nature, ayant pour objectif d’inspirer les concepteurs lumière. On y retrouve notamment le projecteur LED destiné aux musées Arcos et Supersystem, solution flexible pour l’éclairage des musées, des magasins, des bars et des restaurants.

« Nous sommes fiers de pouvoir présenter autant de solutions d’éclairage extérieur en intérieur et sur une si grande surface »

© Zumtobel

Espace extérieur

Cet espace, disposé comme un salon, accueille des solutions d’éclairage résidentiel, urbain, fonctionnel et architectural. Il a été découpé en plusieurs zones, couvrant les différents besoins : centres-villes, parcs, routes et zones résidentielles. Une des solutions mises en avant est la gamme Urba, qui couvre plusieurs applications sous un design unique : lanterne résidentielle, lanterne routière, borne... L’objectif de cette gamme est de créer de la continuité dans le design des produits, de la performance et de la résistance.

«  Dans cet espace, des meubles accueillent des produits classés par marque et par application » Salle projet

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La salle projet constitue une zone complémentaire au showroom et permet de présenter le reste des solutions. Chez Zumtobel ou chez Thorn, certaines gammes sont extrêmement larges et cet espace peut les accueillir dans leur intégralité. Il s’agit d’un lieu pensé pour inspirer les concepteurs lumière, qui peuvent réfléchir à leurs besoins, entrer dans le détail des produits, et les toucher. Une des solutions mises en avant est le luminaire Amphibia, tube étanche translucide haut de gamme, avec un design empêchant l’encrassement, un éclairage direct/indirect, avec trois choix de plastiques selon l’ambiance chimique du lieu.

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Centre Lumière Zumtobel Group

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10, rue d’Uzès, 75002 Paris 07 62 45 11 94 francois.baoudour@zumtobelgroup.com LUMIÈRES N° 26 - MARS 2019 - 41

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Lumières Cahier

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LA LUMIÈRE QUI SOIGNE

© toodtuphoto

Dossier réalisé par Isabelle Arnaud

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technique

© Photo Rocky89

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Il a beaucoup été question récemment des dangers de la lumière bleue des LED (voir Lumières N°18, Peur bleue : quand les médias raccourcissent le temps de la science, par Sébastien Point et Lumières N°20, Effets sanitaires des LED) et moins du rôle de la lumière au bénéfice de la santé. Elle revient un peu sur le devant de la scène, cependant via les questions liées au bien-être et donc au Human Centric Lighting. Mais ses bienfaits vont bien au-delà, car la lumière est utilisée dans le secteur de la santé plus souvent qu’il n’y paraît. Du jetlag à la maladie d’Alzheimer, en passant par la dépression saisonnière (SAD : seasonal affective disorder) ou l’ictère néonatal, il y a bien longtemps finalement que la lumière aide à soigner toutes sortes de maux et qu’elle perpétue son lien avec les récipiendaires des prix Nobel de médecine.

uminothérapie ou photothérapie ? Parlons plutôt de thérapie par la lumière. Celleci remonte à la fin du XIXe siècle. L’effet de la lumière naturelle sur la stimulation du système immunitaire et pour lutter contre les infections fut mis en évidence par un médecin danois, Niels Ryberg Finsen, qui reçut le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1903, pour sa découverte des vertus curatives de la lumière et en particulier pour le traitement du lupus vulgaire. Encore étudiant en médecine, Finsen souffre des premiers symptômes de la maladie de Pick qui atteint progressivement les organes vitaux. Finsen pense que l’exposition à la lumière du soleil lui serait bénéfique et entame des recherches sur les causes physiologiques des effets de la lumière ; il montre que la lumière est composée de différents types de radiations, dont les ultraviolets. Il remarque l’importance du dosage et de la nature des radiations appliquées, notant les effets destructeurs d’un surdosage et le rôle protecteur de la pigmentation cutanée.

Parallèlement, passant à des essais cliniques, il découvre le traitement de maladies de la peau, la variole soignée avec la lumière rouge, le lupus vulgaire traité localement avec des faisceaux de rayons concentrés, ou encore le lupus tuberculeux avec des bains de soleil. La dépression saisonnière En France, il faudra attendre 1984 pour voir la luminothérapie utilisée en médecine, et plus spécifiquement pour soigner la dépression saisonnière (appelée SAD en anglais seasonal affective disorder), grâce aux découvertes de Norman E. Rosenthal du National Institute of Mental Health aux États-Unis. Et il faudra attendre encore une vingtaine d’années de plus avant que le corps médical (toutefois pas à l’unanimité) reconnaisse les vertus thérapeutiques de la lumière. Chez les personnes affectées, la production de la mélatonine (hormone du sommeil) augmente durant le jour, tandis que le taux de

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La lumière qui apaise Sans parler vraiment de maladie, le jetlag, syndrome du décalage horaire, parfois nommé arythmie circadienne, est une condition physiologique qui résulte d’un voyage rapide à travers plusieurs fuseaux horaires, généralement en avion. Un tel voyage décale effectivement les différentes horloges internes (rythme circadien ou cycles du sommeil) et l’activité extérieure (alternance jour/nuit). Pour pallier cet inconfort, Airbus a créé en 2016 « Airspace », un nouveau design des A320 qui met en œuvre, entre autres, un éclairage de plafond

© Andresr

Éclairages à LED à variation chromatique conçus pour Airspace par Airbus.

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© Airspace by Airbus

L'ictère néonatal Un ictère, ou plus communément appelé jaunisse, traduit l’excès de bilirubine dans le sang, qui teinte la peau et les muqueuses en jaune par transparence. Les globules rouges sont fabriqués en permanence dans la moelle osseuse. Ils passent ensuite dans le sang et, après une vie de 120 jours, vont mourir dans la rate. Cette destruction normale donne lieu à la libération de bilirubine libre qui est toxique pour le cerveau à partir d’un certain taux. Il y a quelques décennies, la transfusion de sang était presque systématique, mais aujourd’hui, la jaunisse du nouveau-né « banale » disparaît après quelques heures de photothérapie. La procédure : le bébé, nu, est exposé à une lumière bleue (sans ultraviolets) dans une pièce spéciale, les yeux protégés par un masque. Le pigment jaune de l’ictère, rendu soluble dans l’eau par cette lumière spécifique, est transformé dans la peau, ce qui permet ensuite son élimination plus rapide par le foie et les reins. Généralement, quelques jours, voire quelques heures, suffisent à faire disparaître l’ictère.

Ictère de nouveau-né soigné par photothérapie.

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© Airspace by Airbus

sérotonine (neurotransmetteur) baisse, entraînant un dérèglement de l’horloge interne qui explique une grande fatigue durant la journée. Comment la lumière agit-elle ? Elle stimule les régions de la base du cerveau et augmente le niveau de sérotonine qui a un effet antidépresseur et régulateur de l’appétit. Par son inhibition de la sécrétion de mélatonine, la lumière permet un réveil amélioré et une meilleure synchronisation des rythmes biologiques, ce qui entraîne plus de vitalité. De plus, cette reprogrammation de l’horloge biologique permet une sécrétion normale de la mélatonine la nuit en fonction des phases du sommeil. On utilise un spectre lumineux solaire mais sans ultraviolets (UV) qui pourraient nuire à la peau et la cornée. Le niveau d’éclairement (plusieurs milliers de lux), la distance à maintenir par rapport à la source de lumière ainsi que la durée d’exposition doivent être indiquées par des spécialistes, selon la technologie utilisée. La température de couleur de la lumière est généralement de 4 000 K.

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Lumières Cahier

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© Johnny Greig

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et d’ambiance, par LED avec 16,4 millions de couleurs, adaptable à volonté et commençant dès l’entrée dans l’avion. Les changements de couleurs s’effectuent à la fois en fonction des repas et du pays de destination, permettant aux passagers de passer en douceur le cap du décalage horaire. Autre exemple d’utilisation de la lumière colorée : dans les salles de scanner ou d’IRM. Il y a une dizaine d’années, Philips Lighting (aujourd’hui Signify), développait un système pour les salles de scanners et IRM qui intégrait un éclairage personnalisable (le patient pouvait choisir la couleur de la lumière) afin d’apporter davantage de sérénité aux patients confrontés à des examens souvent anxiogènes. Une personne apaisée ne bouge pas pendant l’examen, ce qui permet d’optimiser l’efficacité de ce dernier. D’autres fabricants de matériel d’éclairage ont pratiqué des études sur l’influence de la lumière dans le secteur de la santé ; il s’agit de Trilux pour un éclairage dynamique en unité Alzheimer et de Zumtobel pour une en maison de retraite St. Katharina a Vienne (voir Lumières N°18). Dans le cadre de l’étude effectuée par le groupe Orpea, en collaboration avec le CHU de Nice, le Centre d’Innovation et d’Usages en Santé, Trilux avait installé ses solutions d’éclairage Liventy Flat et Plenar HD1-Q ; la température de couleur des luminaires variait entre 3 000 et 6 500 K, reproduisant le rythme de 24 heures de la lumière naturelle. Les résultats ont montré une amélioration statistiquement significative de la qualité de vie des résidents, due uniquement à l’installation d’un éclairage

circadien dans les espaces d’activités. Le gain de sommeil était en moyenne de 55 minutes par 24 h, avec une diminution du nombre de réveils nocturnes, ainsi qu’une diminution significative des troubles du comportement. Dans la maison de retraite de St. Katharina, le concept d’éclairage a été réalisé dans l’espace collectif de l’unité et mettait en œuvre des plafonds lumineux équipés de lampes fluorescentes de 3 000 K, 6 500 K et 8 000 K avec un IRC supérieur à 80. Deux éclairages statiques et un éclairage dynamique (simulant les changements de la lumière naturelle au cours de la journée), variant au niveau de l’intensité et de la couleur de lumière, ont été conçus avec trois situations lumineuses : la situation lumineuse 1 comprenait une augmentation de l’intensité de 300 à 2 200 lux ; la situation lumineuse 2 une modification de la couleur de lumière de 3 000 K a 8 000 K ; la situation 3 une variation dynamique de l’éclairement (de 300 à 2 200 lux) et de la couleur de lumière (de 3 000 à 8 000 K) en fonction du moment de la journée. Les mesures se sont étendues sur deux ans. Toutes les situations lumineuses ont été réalisées deux fois au cours d’une année. Les résultats ont montré que les résidents communiquent nettement plus intensément avec le personnel soignant dans la situation lumineuse 1, surtout l’après-midi ; plus souvent et plus intensément avec plusieurs personnes dans les trois situations lumineuses que dans la situation d’éclairage standard, en particulier l’après-midi. Ils participent plus souvent à des activités sociales, surtout avec un éclairement élevé (L1). n

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© Zumtobel

© Zumtobel

Dans la maison de retraite de St. Katharina, l’espace collectif de l’unité mettait en œuvre un éclairage dynamique simulant les fluctuations de la lumière naturelle au cours de la journée, variant au niveau de l’intensité et de la couleur de lumière.

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Lumières Zoom

Nouveau mobilier urbain réalisé pour le plan d’animation lumière de la ville de Colmar, la Colmédia est une colonne modulaire, innovante et multimédia, conçue par Vialis et fabriquée par Concept Light en Alsace. Son nom est la contraction de Col, pour Colmar, et de Média, pour tous les systèmes de projection qu’elle peut accueillir. Reportage.

www.lightzoomlumiere.fr Rubrique réalisée par Vincent Laganier, Light ZOOM Lumière

© Light ZOOM Lumiere

Colmédia avec vidéoprojecteurs, maison des Têtes, Colmar, France - Designer et création vidéo Vialis Fabricant Concept Light

COLONNE

Colmédia

Implantation en ville « Comme nous sommes en secteur sauvegardé, nous définissons l’implantation de la Colmédia d’une hauteur adaptée au nombre de vidéoprojecteurs à installer et aux possibles circulations des piétons dans le champ de projection », résume Gabriel Mertz, directeur éclairage de Vialis.

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Cahier des charges « Le dessin de la colonne découle de sa fonction et des contraintes associées : volume optimisé pour l’intégration de vidéoprojecteur, modularité, besoin d’orientation précis et sur 360°, facilité d’accès aux équipements », explique Emmanuel Breysse, de Vialis, concepteur et designer de la Colmédia.

© Light ZOOM Lumière

Lumières Zoom

Design urbain « La forme cylindrique apparaissait donc comme une évidence » à Emmanuel Breysse. « J’ai cherché à atténuer sa masse et à structurer le volume en ajoutant ces joints creux, ces tuiles et la visserie apparente. »

© Concept Light

Technique sur mesure Ce nouveau mobilier urbain « intègre une ventilation, une hygrométrie maîtrisée, une armoire de commande, un système de pilotage player média », développe Victor Vincentz, de Concept Light. « En option, des grilles de sonorisation permettent d’inclure une animation sonore. »

Colmédia avec vidéoprojecteurs, place du marché aux fruits, Colmar, France - Designer Vialis - Fabricant Concept Light

© Light ZOOM Lumière

Colmédia 5m

Colmédia pour vidéoprojecteur, détail fenêtre, Colmar, France - Designer Vialis - Fabricant Concept Light

Vidéoprojecteur Pour le plan d’animation lumière de Colmar, « des optiques spécifiques équipent les vidéoprojecteurs Laser LED 10 000 lumens de Panasonic », précise Victor Vincentz.

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Lumières Produits

B.E.G. présente PD4-M-HCL, « détecteur de bien-être » Il est doté de la fonction Tunable White pour Human Centric Lighting (HCL). Comme les autres détecteurs de présence DALI, il gère différents groupes d’éclairage en fonction de l’occupation des locaux et de la lumière du jour pour améliorer le confort et l’efficacité énergétique. Il peut également commander la couleur de lumière dans la pièce lorsque des appareils d’éclairage DALI avec la fonction Tunable White (DT 8) sont reliés. Des profils prédéfinis peuvent être sélectionnés pour s’adapter aux différents environnements. Ces profils gèrent au fil de la journée la température de couleur et la luminosité dans la pièce. Le passage de la couleur de lumière de blanc chaud à blanc froid, ainsi que le changement de luminosité tiennent compte du rythme biologique humain. Cette très lente transition est presque imperceptible par l’utilisateur. Le recours à cette technologie permet d’obtenir des résultats positifs dans les écoles et le secteur de la santé. Dans les résidences pour personnes âgées, la lumière biodynamique aide l’horloge interne et améliore notablement la qualité de sommeil des résidents. Les détecteurs sont entièrement indépendants grâce à l’horloge temps réel et au contrôleur DALI intégrés. Chaque pièce peut être configurée individuellement. Le détecteur commande ainsi jusqu’à 4 groupes d’éclairage DALI et 3 entrées de bouton-poussoir. Grâce à l’appli bidirectionnelle B.E.G. pour smartphone, le groupage d’appareils d’éclairage DALI devient rapide et simple. Le PD4-M-HCL convient bien à la modernisation ou la rénovation de bâtiments sans système BUS. Grâce à sa grande portée de détection de 24 m, il peut être facilement installé dans des zones avec jusqu’à 64 appareils d’éclairage DALI. www.begfrance.fr

Sammode réédite les luminaires de Pierre Guariche S’il est un domaine dans lequel il excellait, c’est bien le luminaire. Le designer et architecte d’intérieur Pierre Guariche en est un des créateurs les plus féconds des années 1950. En témoigne sa fructueuse collaboration avec l’éditeur de lampes Disderot, dont il fut, à cette période, le concepteur attitré et pour lequel il développa plus d’une quarantaine de spécimens qui ont marqué leur époque. Pierre Guariche a conçu une gamme complète de luminaires ou, plus exactement, des familles – lampe de bureau, lampadaire, applique, suspension…–, qui comblent tous les besoins identifiés de chaque espace. Ses luminaires offrent un grand confort d’utilisation – aucune source lumineuse n’est apparente – et une qualité de lumière idoine : éclairage général ou de circulation, d’ambiance ou ponctuel, doux ou puissant, voire diffusé par réflexion. En 2019, Sammode invite à redécouvrir une sélection de modèles, dans une réédition fidèle et contemporaine, avec pour commencer des créations comme le G30, un lampadaire également appelé cerf-volant, l’applique G3, intemporelle, ou encore le plafonnier G13. Le designer a inventé une grande variété de dispositifs : balancier orienLampadaire G21 Applique G25 table, porte-à-faux, potence pivotante ou basculante, bras articulé à l’aide de rotules et de sphères-contrepoids… Chez Pierre Guariche : aucun stylisme gratuit, ni détail non justifié, que ce soit techniquement ou fonctionnellement. Il a mis en place les codes d’une esthétique radicale, sinon avant-gardiste. D’un côté, des lignes pures et des formes inédites. De l’autre, une dimension technique novatrice et une intelligence des matériaux, notamment pour le métal. Fils d’orfèvres parisiens, Pierre Guariche (1926-1995) entre, à 19 ans, à l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris, section Architecture intérieure. En 1951, il crée sa propre agence. Son credo : concevoir du mobilier et des luminaires modernes rationnels dans l’optique de les produire en série grâce à des procédés industriels nouveaux, afin de les rendre abordables pour le plus grand nombre. En 1965, Pierre Guariche décroche le Prix René-Gabriel qui récompense « des créateurs imaginant des modèles innovants dans une gamme qualitative et économique », reconnaissance ultime de son rôle dans l’histoire du mobilier et des luminaires modernes de série. Concepteur-fabricant, Sammode met au service de cette nouvelle collection son expertise industrielle dans la fabrication des luminaires, en particulier la justesse de l’éclairage et une profonde connaissance du travail du métal. Fidèles au dessin originel et intégrant des technologies contemporaines, les modèles siglés Sammode-Pierre Guariche bénéficient, à l’instar de l’ensemble des luminaires Sammode, d’une fabrication française. www.sammode.com

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Lumières Produits

Ragni redynamise l’éclairage urbain Ragni propose une borne multifonction modulable utile qui fournit un éclairage fonctionnel ou architectural, agréable, voire festif. De section carrée, Korner présente ses modules d’éclairage dans les coins, arbore une découpe à votre image et reçoit différentes fonctionnalités permettant de mutualiser les services municipaux sur un seul support : connectivité, sécurité, animations festives, diffusion d’informations… Le concept Korner s’appuie sur deux objectifs : la modularité et la multifonctionnalité. Construite en aluminium, la borne repose sur l’empilement de modules IP66 et IK10. Elle offre une infinité de configurations et les outils d’éclairage sont variés : éclairage fonctionnel grâce au module asymétrique, architectural avec les spots directionnels de mise en valeur, balisage avec le module RGBW avec pilotage DMX dynamique et enfin rétroéclairage décoratif derrière la découpe. Le tout offre des possibilités de scénarios dynamiques totalement originaux, avec une synchronisation entre les modules. Elle comprend 16 LED qui délivrent un flux allant de 1 950 à 3 965 lumens, avec deux températures de couleur, 3 000 K ou 4 000 K (autres températures sur demande) et un IRC supérieur à 70. La personnalisation se poursuit dans le choix de la découpe et dans l’association des peintures. Enfin, les éclisses de fixation placées entre les modules permettent d’orienter ces derniers à 360° et de les immobiliser dans la position voulue. La borne propose un mobilier urbain multimodal avec des fonctions de vidéosurveillance, de sonorisation ou de connectivité. Elle reçoit également une plateforme de recharge USB. www.ragni.com

Citel propose un parafoudre pour systèmes d’éclairage à LED En activité depuis 80 ans, le groupe Citel conçoit et fabrique des systèmes de protection contre les surtensions transitoires créées par la foudre. Citel propose une gamme complète de parafoudres destinés à l'éclairage urbain, architectural et des tunnels, et à être installés sur les différents points du réseau d’éclairage (lanternes, pieds de poteaux, armoires de rue). L’éclairage LED est désormais largement utilisé pour sa performance, son efficacité énergétique et sa durée de vie. Néanmoins, cette technologie a un inconvénient majeur : sa sensibilité extrême aux surtensions transitoires créées par la foudre ou par les opérations de commutation sur le réseau AC. À cause de leurs localisations très exposées, les éclairages LED vont subir des surtensions élevées qui créeront des défaillances dans les circuits d’alimentation, sur les composants LED, ou des pertes d’efficacité d’éclairage. Pour ces raisons, l’utilisation de parafoudres situés en amont des systèmes d’éclairage LED est fortement recommandée. MLPC, parafoudre très compact destiné à être installé dans des espaces réduits. Il est proposé en deux types de connectiques (bornier bis ou ressort), ainsi qu’en deux orientations de câblage (entrée/sortie opposées ou (entrée/sortie du même côté). DSLP ce dispositif est installé à l’intérieur des coffrets de bas de poteau : sa dimension très compacte et sa hauteur réduite le rendent compatible avec le montage sur rail DIN. DLPM ce dispositif est installé à l’intérieur des coffrets de bas de poteau : parafoudre de Type2 avec indicateur de déconnexion mécanique. www.citel.fr

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Lumières Produits

AURORA

AONE BLUETOOTH Ce système permet, via un smartphone ou une tablette et une application dédiée, la commande de l’éclairage sans fil, sans aucune passerelle ni routeur. Salle de séjour, salon, salle à manger, chambre à coucher, terrasse… chacun des lieux de vie de la maison profite d’une gestion optimale et/ ou programmée de son éclairage en fonction de la qualité de lumière ou de l’ambiance recherchée, de la saison ou de la luminosité extérieure. Dans l’hôtellerie et la restauration, Aone Bluetooth orchestre les flux lumineux en fonction des lieux ou des paramètres souhaités : intensité de la lumière extérieure, espace lounge ou de repas, heure de fermeture... auroralighting.com/fr

EAS SOLUTIONS

PROJECTEUR LED ZAURAK Cette gamme de projecteurs possède une optique elliptique ultra large permettant un éclairage général puissant de 6 600 lm avec une efficacité lumineuse élevée de 120 lm/W en 4 000 K. Elle est disponible en trois températures de couleur (3 200 K, 4 000 K, 5 700 K). IP65 (corps en aluminium anodisé, diffuseur en polycarbonate, vis inox) et disposant d’une durée de vie de 100 000 h, elle est parfaitement adaptée à la mise en lumière d’environnements extérieurs. Des capteurs supplémentaires, notamment des capteurs de présence, peuvent être intégrés en option pour obtenir une meilleure gestion du luminaire afin d’accroître la performance énergétique de l’installation. www.eas-solutions.fr

LEDVANCE

PANEL Ces luminaires se caractérisent par une excellente qualité de lumière (<4 sdcm) obtenue grâce à une optique exclusive Ledvance qui gère individuellement chaque point lumineux. Chaque LED possède ses propres lentille et réflecteur, ce qui assure une parfaite distribution de la lumière et réduit grandement l’éblouissement (UGR <16 - classe risque RG0). Cette solution très efficace - jusqu’à 120 lm/W - se décline en version On/Off ou DALI pour une association avec un système de gestion. Les Panel IndiviLED existent en 600 x 600 mm ou 625 x 625 mm et peuvent être montés en saillie ou suspension (kit additionnel à prévoir). www.ledvance.fr LUMIÈRES N° 26 - MARS 2019 - 53

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Lumières Produits

ORSTEEL LIGHT

REGENT

RIDI

POLYNESIA

STREAM

Projecteur immergeable de très forte puissance, éclairage et mise en valeur de fond marin. Flux lumineux important permettant une excellente diffusion de la lumière sous l’eau. Seule une connexion IP68 au réseau électrique garantit le degré IP68 du produit. Il offre un flux lumineux de 27 000 lm et propose plusieurs températures de couleur, 2 700 K, 3 000 K, 4 000 K, 6 000 K et quatre angles de faisceau : 6°, 25°, 40°, 115°. Durée de vie 60 000 heures (L90/B10).

Stream, grâce à sa technique de réflecteur et à son faisceau étroit, assure une luminosité d’ambiance suffisante avec un éclairage uniquement indirect et répond en même temps aux exigences normatives concernant la limitation de l’éblouissement dans les bureaux. Grâce à son corps aimanté, le boîtier d’équipements, qui abrite aussi l’appareillage, peut être fixé de manière aisée et rapide directement sur la colonnette, le pied de table ou encore dans le repose-câbles de la table. En option : détection de présence et de lumière du jour. 14 500 lm et 16 500 lm en 3 000 K et 4 000 K.

SPECTRAL BLADE Ce luminaire apparent pour montage par suspension en éclairage direct comprend un corps en tôle d’acier, couleur similaire au RAL 9003. Le module LED linéaire offre un éclairage efficace et homogène. Guidage du flux par une vitre opale satinée. L’appareil se suspend par des serrecâbles automatiques avec filins de 1,5 m, la hauteur de suspension réglable (minimum 80 mm). Le luminaire est équipé d'un câble de raccordement transparent de 2,5 m de long. Il possède un flux lumineux de 2 750 lm avec une température de couleur de 3 000 K.

www.orsteel-light.com

www.regent.ch/fr

www.ridi.fr

SECURLITE

SYLVANIA

TRIDONIC

SENSPOT LED

KOMETA

Downlight LED antivandale à fermeture sécurisée, résistant aux chocs jusqu’à IK10/50 J et étanche aux insectes et aux infiltrations (IP65 intégral), ce spot encastré est disponible en 4 000 K et 3 000 K (sur demande) avec une efficacité lumineuse globale de 108 lm/W. Dans sa version IP44, il peut être installé dans des plafonds à faible profondeur d’encastrement, grâce à une hauteur réduite de 70 mm. Le détecteur de présence est réglable par télécommande afin d’optimiser les temps d’éclairage (de 5 s à 30 min). 50 000 heures, garanti 5 ans. Labellisé Origine France Garantie.

Avec son design circulaire inédit de 300 mm de diamètre, cet encastré associe un diffuseur opalisé en polycarbonate blanc pour une lumière d’ambiance à un réflecteur de lumière en aluminium anodisé qui fait office de downlight, permettant de focaliser l’éclairage vers un point concret et de proposer la fonction de double allumage. Doté d’un IRC > 80 et d’une puissance système de 17 W pour le diffuseur et de 19 W pour le réflecteur, ce luminaire optimise le confort visuel des utilisateurs : en 3 000 K, 1 020 lm (diffuseur) et 2 485 lm (réflecteur downlight), en 4 000 K, 1 020 lm (diffuseur) et 2 525 lm (réflecteur downlight). 50 000 heures (L70B50).

TUNABLE WHITE DLE G2 PRE Avec sa zone de température de couleur réglable comprise entre 2 700 et 6 500 K, le système pré-étalonné en usine comprend un driver DALI DT8 à deux canaux et un module LED DLE G2 PRE. Il couvre l’ensemble de la gamme de blancs, de la lumière blanche chaude à la lumière blanche froide, sans variation du flux lumineux. Ce système facilite la mise en œuvre des solutions d’éclairage dynamiques telles que Tunable White et Human Centric Lighting. Le système Tunable White affiche une efficacité jusqu’à 100 lm/W et est particulièrement économique en mode veille (0,25 W). Sa durée de vie est de 50 000 heures. Garanti 5 ans.

www.securlite.com

www.sylvania-lighting.com

www.tridonic.com

LUMIÈRES N° 26 - MARS 2019 - 55

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Lumières Produits

TUNGSRAM

LAMPE LED A55 Depuis le 1er septembre 2018, l’étape 6 du règlement européen 244/2009 est entrée en vigueur : les lampes halogènes non dirigées à tension de secteur ne répondant plus aux exigences de l’Union européenne en matière d’éco-conception, elles ne sont plus introduites sur le marché européen. Des lampes LED sont désormais disponibles : à culot à vis (E27) ou à baïonnette (B22) : en 8 W pour remplacer directement les lampes halogènes 42 W, et 10 W pour remplacer les halogènes de 53 W. Elles existent en 3 000 K et 6 500 K avec un IRC de 80. Durée de vie : 10 000 h. www.tungsram.com

TRILUX

SONNOS LED Sonnos LED est une gamme homogène de downlights polyvalents, disponibles en format carré ou rond et en 4 tailles. Toute la gamme dispose d’un design homogène pour la réalisation de projets d’éclairage. 5 répartitions lumineuses et 4 possibilités de montage offrent une grande liberté de mise en œuvre. La gamme propose aussi 4 réflecteurs, plusieurs anneaux de recouvrement ou boîtiers apparents et 3 coloris. Flux lumineux : 800 lm, 1 400 lm, 2 000 lm, 2 600 lm ou 3 800 lm. Températures de couleur : 2 700 K, 3 000 K, 4 000 K ou Active (de 2 700 K à 6 500 K) www.trilux.com/fr

ZUMTOBEL

SUPERSYSTEM INTEGRAL Le point commun de tous les produits de la gamme est leur parfaite linéarité, que Supersystem integral soit utilisé comme luminaire individuel ou fixé au rail. Il est désormais disponible pour tous les types d’éclairage, direct ou d’accentuation, horizontal ou vertical. Chaque luminaire individuel prend la dimension du rail. Fixe, rotatif et pivotant : de l’extérieur, la différence est difficilement perceptible. Même le lèche-mur s’intègre discrètement dans le système. Des finitions de qualité viennent compléter une esthétique minimaliste, mais largement personnalisable. Les luminaires et réflecteurs sur pied peuvent faire l’objet de combinaisons de couleurs les plus diverses. www.zumtobel.com/fr LUMIÈRES N° 26 - MARS 2019 - 57

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Lumières Index ENTREPRISES ET ORGANISMES CITÉS

SALONS

ESPACE COMMINES 17 RUE COMMINES, 75003 PARIS Les 19 et 20 mars Les Rendez-vous de la Matière est un salon professionnel consacré aux matériaux innovants pour l’architecture, le design, la décoration et l’aménagement d’intérieur. C’est un parcours sur 650 m² dans un nouvel espace dans le 3e arrondissement à Paris doublé d’un programme de conférences sur les deux jours. www.rendezvousdelamatiere.com/fr

BORDEAUX PARC DES EXPOSITIONS Les 28 et 29 mars Architect@work présente les innovations produits des industriels de la construction. Ce concept s’adresse aux architectes, architectes d’intérieur et agenceurs, mais aussi aux économistes de la construction et aux bureaux d’études. www.architectatwork.fr

PAVILLON 1 PARIS PORTE DE VERSAILLES Du 16 au 18 avril Réunies par Weyou pendant trois jours, 220 marques françaises et internationales présenteront leurs innovations et solutions pour concilier productivité et bien-être, gain de temps et confort. Le salon proposera au quotidien un cycle de conférences et de workshops avec des professionnels et des experts. www.workspace-expo.com MATERIALS & LIGHT - C ARREAU DU TEMPLE 4 RUE EUGÈNE SPULLER, 75003 PARIS Les 24 et 25 avril Organisé par le magazine d’a en partenariat avec Muuuz, Séquences Bois et Traits Urbains, Materials & Light est l’occasion pour plus de 2 000 visiteurs architectes, architectes d’intérieur, décorateurs ou designers, de découvrir une sélection de produits et de matériaux innovants, valorisés par une scénographie sculpturale et une mise en lumière originale. Une scénographie signée Violette Cros qui conforte le positionnement original de Materials & Light entre showroom et exposition artistique. www.ml.darchitectures.com PARIS EXPO PORTE DE VERSAILLES PAVILLONS 7.2 / 7.3 Du 21 au 23 mai L’événement accueillera : le salon HIT, HopitalExpo et GerontHandicapExpo, le Salon HIT et le Salon Infirmier. Ces espaces permettent aux industriels du secteur de présenter des réalisations significatives de l’utilisation de leurs solutions au sein des établissements de santé au travers de retours d’expérience et 3 jours de conférences, ateliers et animations. www.parishealthcareweek.com/fr EUREXPO - BOULEVARD DE L'EUROPE - CHASSIEU Les 19 et 20 juin Une approche originale et innovante est au cœur du salon orienté vers les réponses aux questions spécifiques des utilisateurs, des maîtres d’œuvre et des maîtres d’ouvrage. Conférences et tables rondes - Retours d’expériences de maîtres d’œuvre - Délégations de maîtres d’œuvre et de prescripteurs Parcours exposants thématiques - Démonstrations technologiques. En 2019 Onlylight innove en organisant une nocturne, le mercredi 19, jusqu'à 22 h. www.onlylight-event.com

ACA Architectes....................................... www.aca-architectes.com..................................................16 ACE......................................................... www.ace-fr.org.................................................................3, 9 Agence Timothé Toury............................. www.timothetoury.com...........................................22, 23, 24 Association française de l’éclairage........ www.afe-eclairage.fr.........................................................3, 9 Aurora..................................................... auroralighting.com..............................................................53 B.E.G....................................................... www.begfrance.fr................................................................50 CEREN..................................................... www.ceren.fr......................................................................28 Citel......................................................... www.citel.fr.........................................................................51 Citelum.................................................... www.citelum.fr..................................................................3, 9 Concept Light.......................................... www.conceptlight.fr......................................................48, 49 Concepto................................................. www.concepto.fr............................................ 3, 9, 19, 20, 21 EAS Solutions.......................................... www.eas-solutions.fr....................................................15, 53 EDF......................................................... www.edf.fr........................................................................3, 9 ENSIP...................................................... www.ensip.univ-poitiers.fr..................................................16 Erco......................................................... www.erco.com.................................................. 22, 30, 31, 36 Groupe Valophis...................................... www.groupevalophis.fr...........................................22, 23, 24 iGuzzini................................................... www.iguzzini.com/fr................................................22, 34, 36 La Fabrique d’étincelles.......................... www.fabrique-etincelles.fr..................................................19 Lamdalux................................................ www.sermes.fr/lamdalux..............................................32, 36 Ledvance................................................ www.ledvance.fr............................................... 13, 27, 36, 53 Legrand................................................... www.legrand.fr.................................................................3, 9 Light ZOOM Lumière............................... www.lightzoomlumiere.fr..............................................48, 49 Lighting Europe....................................... www.lightingeurope.org.............................................. 3, 9, 10 Nowatt Lighting....................................... www.nowatt-lighting.com...................................................39 Orsteel Light............................................ www.orsteel-light.com........................................................55 Philippe Pumain architecte...................... www.pumain.fr..............................................................16, 17 Ragni....................................................... www.ragni.com.............................................................12, 51 Regent.................................................... www.regent.ch/fr....................................................28, 37, 55 Ridi.......................................................... www.ridi.fr..........................................................................55 RZB......................................................... www.rzb.de.fr..........................................................25, 35, 37 Sammode................................................ www.sammode.com...........................................................50 Scène Publique....................................... www.scenepublique.fr/.......................................................39 Sécurlite.................................................. www.securlite.com.............................................................55 Sotrelec................................................... www.sotrelec.fr...................................................................22 Studio Deschamps.................................. www.studio-deschamps.com........................................16, 17 Sylvania.................................................. www.sylvania-lighting.com............................... 22, 29, 37, 55 Syndicat de l’éclairage ........................... www.syndicat-eclairage.com................... 3, 9, 26, 28, 30, 33 Targetti.................................................... www.targetti.com/fr.............................................. 3, 9, 22, 32 Technilum............................................... www.technilum.com.........................................................3, 9 Thorn...................................................... www.thornlighting.fr............................................................14 Tridonic................................................... www.tridonic.com...............................................................55 Trilux....................................................... www.trilux.com/fr.......................................... 3, 33, 37, 46, 57 Tungsram................................................ www.tungsram.com............................................................57 Zumtobel................................................. www.zumtobel.com.............................. 14, 37, 40, 41, 46, 57

ANNONCEURS TRILUX.................................................... www.trilux.com/fr........................................................2e couv. B.E.G....................................................... www.begfrance.fr........................................................3e couv. LEDVANCE............................................... www.ledvance.fr........................................................ 4e couv. ARCHITECT@WORK................................ www.architectatwork.fr.......................................................38 CITEL....................................................... www.citel.fr.........................................................................11 COMATELEC............................................ www.schreder.com...............................................................8 DIAL........................................................ www.dial.de/fr.....................................................................57 EAS SOLUTIONS...................................... www.eas-solutions.fr..........................................................15 LES RENDEZ-VOUS DE LA MATIERE........ www.rendezvousdelamatiere.com/fr...................................54 ONLYLIGHT.............................................. onlylight-event.com.............................................................18 PARIS HEALTH CARE WEEK...................... www.parishealthcareweek.com..........................................56 RAGNI...................................................... www.ragni.com.....................................................................7 REGENT................................................... www.regent.ch/fr................................................................53 RZB......................................................... www.rzb.de.fr......................................................................35 SYLVANIA................................................. www.sylvania-lighting.com...................................................5 TUNGSRAM............................................. tungsram.com/fr..................................................................42 WORKSPACE EXPO.................................. www.workspace-expo.com.................................................52 ZUMTOBEL ............................................. www.zumtobel.com............................................................47

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Lumières N° 26 - MARS 2019

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LIGHTING DAYS AWARDS

Les femmes de lumière ENTRETIEN

Simon Deschamps, concepteur lumière, Studio Deschamps

DOSSIER

Rénovation de l’éclairage dans le tertiaire


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